En cours au Siège de l'ONU

Le Comité de l’information en faveur du respect de la parité linguistique

Trente-huitième session,
5e séance – après-midi
PI/2168

Le Comité de l’information en faveur du respect de la parité linguistique

En achevant, cet après-midi, sa trente-huitième session, le Comité de l’information a exprimé sa reconnaissance au Département de l’information (DPI) des Nations Unies pour le travail accompli depuis le mois de mai 2015 et fixé ses priorités pour l’année à venir, notamment la promotion du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur le climat.

Au terme de deux semaines de travaux, le Comité a ainsi adopté son rapport* qui contient deux projets de résolution, l’un intitulé « L’information au service de l’humanité », et l’autre qui présente en détail les recommandations sur les « activités et politiques des Nations Unies en matière d’information ».

Ce deuxième texte demande au Département et à ses trois Divisions –communication stratégique; information et médias; et sensibilisation du public– d’accorder une importance particulière aux questions de paix et de sécurité, de développement durable et de droits de l’homme, d’éradication de la pauvreté et de la crise alimentaire mondiale, des épidémies et du désarmement, et de la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes et des besoins du continent africain.

Le DPI devra également continuer à prendre les mesures appropriées, notamment dans le cadre de campagnes promotionnelles, pour renforcer la sensibilisation de l’opinion publique mondiale au Programme de développement durable à l’horizon 2030, adoptée en septembre dernier, et à la réalisation de ses objectifs.

La Secrétaire générale adjointe à la communication et à l’information, Mme Cristina Gallach, s’est félicitée de cette résolution, qui exprime « avec générosité » la reconnaissance du Comité vis-à-vis du travail fourni par le Département en 2015 dans le monde entier.  Ce texte n’en pose pas moins des « défis » quant aux attentes dont il se fait l’écho, « attentes auxquelles nous ferons de notre mieux pour répondre », a-t-elle dit.

« Qu’il s’agisse de la nécessité de renforcer la sensibilisation du public mondial à la situation des réfugiés et des migrants, ou votre reconnaissance du potentiel de nos sites Web à intégrer des supports écrits et audiovisuels dans toutes les langues officielles, ou votre appréciation des partenariats économiques que nous avons noués avec succès, et sans incidence financière, vous demeurez une source d’encouragement et d’orientation constructifs pour nos efforts collectifs », a déclaré Mme Gallach aux membres du Comité.

Au nombre des réunions de haut niveau, que le Département devra couvrir et promouvoir prochainement, figurent le Sommet humanitaire mondial à Istanbul (Turquie), du 23 au 24 mai; l’examen à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés, qui se déroulera à Antalya (Turquie), du 27 au 29 mai; et la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III), qui se déroulera à Quito (Équateur), du 17 au 20 octobre; et la vingt-deuxième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP22), qui se tiendra à Marrakech (Maroc), du 7 au 18 novembre 2016.

Qualifiant le multilinguisme de « valeur fondamentale » de l’Organisation, la résolution réitère la préoccupation croissante du Comité concernant le fait que la production de communiqués de presse quotidiens n’a toujours pas été étendue à toutes les langues officielles.  C’est pourquoi, il demande de nouveau que le Département de l’information, à « titre prioritaire », élabore une stratégie visant à publier ces mêmes communiqués dans les six langues officielles à travers de « moyens créatifs », et sans coûts supplémentaires.

Dans le cadre de la réalisation du multilinguisme, le Département est encouragé à poursuivre ses efforts pour généraliser les « points focaux thématiques », que les unités linguistiques des sites Web utilisent déjà « comme pratique optimale du multilinguisme pour améliorer la qualité des contenus ».

Reconnaissant les efforts du Département de l’information pour produire divers supports multimédias, le Comité l’encourage à continuer d’offrir ces contenus, en intégrant à la fois des éléments rédactionnels et des éléments audiovisuels dans toutes les langues officielles.  Il lui est également demandé d’intégrer le multilinguisme dans ses campagnes de communication, y compris la conception de « logotypes » dans différentes langues, ainsi que l’utilisation des « hashtags » sur les réseaux sociaux « dans plus d’une langue », en fonction des publics ciblés.

La Secrétaire générale adjointe a rappelé les contraintes budgétaires auxquelles le DPI fait face.  « Nous comprenons que, dans le contexte du multilinguisme, le Département est invité à redoubler d’efforts dans la limite de ses capacités existantes pour assurer le traitement complet et équitable de toutes les langues officielles et à faire rapport à ce sujet lors de la prochaine session du Comité », a-t-elle ajouté.

Mme Gallach a en outre assuré que le DPI continuerait de travailler pour étendre la portée des messages des Nations Unies en s’appuyant sur la gamme complète des supports dont elle dispose, et à travers des partenariats créatifs, notamment avec les États Membres.  La campagne « Le monde en bleu ONU » est un exemple flagrant de la façon dont leur soutien et leur participation peuvent élargir nos horizons et notre impact, a relevé Mme Gallach.

« Est-ce que notre approche concernant les ressources budgétaires est la bonne?  Est-ce que cette résolution donne les bonnes directives politiques pour le Département et les États Membres? » s’est interrogé, de son côté, le Président du Comité de l’information, M. Kaha Imnadze, de la Géorgie. 

Par ailleurs, le Secrétaire général de l’ONU est prié par la résolution d’inclure dans un prochain rapport des informations complètes sur le fonctionnement des centres d’information des Nations Unies, y compris les résultats de l’examen de l’allocation « effective et efficace » du personnel et des ressources financières à ces centres, et les mesures possibles pour améliorer le fonctionnement de ceux qui se trouvent dans les pays en développement.

Enfin, outre les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, le Département devra désormais étendre ses activités aux missions politiques spéciales et aux travaux de la Commission de consolidation de la paix (CCP).  

Le représentant de la Fédération de Russie a regretté que les propositions faites par sa délégation n’aient pas été retenues dans le rapport adopté, notamment celles faisant référence au Pacte international relatif aux droits civils et politiques et au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

* La cote et la version française de ce document seront communiquées ultérieurement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Représentant du Secrétaire général en Iraq dénonce une crise politique profonde qui complique une situation déjà complexe

Conseil de sécurité,
7689e séance – matin
CS/12354

Conseil de sécurité: le Représentant du Secrétaire général en Iraq dénonce une crise politique profonde qui complique une situation déjà complexe

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Iraq (MANUI), M. Jan Kubiš, a relevé ce matin devant le Conseil de sécurité que la crise politique profonde qui règne à Bagdad et dans tout le pays paralyse le Gouvernement et le Conseil des représentants et ajoute une nouvelle couche de complications à une situation déjà complexe du point de vue militaire, sécuritaire, humanitaire, économique et des droits de l’homme.  Les représentants de l’Iraq, de la Fédération de Russie, des États-Unis et de l’Égypte ont fait des commentaires.

Le Représentant spécial, qui intervenait par vidéoconférence depuis Bagdad pour présenter le rapport trimestriel du Secrétaire général, a expliqué: « L’échec du Gouvernement et de la classe politique à se mettre d’accord sur de vraies réformes qui amélioreraient la gouvernance et la redevabilité et assureraient l’accès égal de tous à la justice, à l’emploi et aux services, tout en luttant contre la corruption, a poussé les gens dans la rue pour réclamer, entre autres, la fin de la politique des quotas par ethnie et par secte »

M. Kubiš a dit craindre que les solutions actuellement en discussions ne répondent pas aux revendications du peuple et que les manifestations continuent.  Or, a-t-il mis en garde, la crise politique et le chaos ne serviraient que les intérêts des ennemis de l’Iraq et, surtout, les terroristes de Daech.  Le Représentant spécial a insisté sur le fait que la stabilité, la sécurité et l’unité de l’Iraq résident dans un système politique « effectif et inclusif », dans un processus «égalitaire » de prise de décisions aux niveaux fédéral et local et dans des mesures concrètes pour prévenir l’exclusion politique et sectaire.  Il a par exemple jugé important que Bagdad et Erbil parviennent à un accord sur les exportations et le partage des revenus du pétrole, sur le salaire des peshmergas et autres questions en suspens dont celles des zones libérées et disputées.

Le Représentant spécial a dit avoir accueilli la visite que le Secrétaire général de l’ONU a effectuée à Bagdad le 26 mars dernier, aux côtés du Président de la Banque mondiale et de celui de la Banque islamique de développement, comme « une marque du sérieux » de la communauté internationale dans son appui à l’Iraq d’autant que la crise humanitaire dans le pays demeure l’une des pires au monde.  M. Kubiš a indiqué que près d’un tiers de la population a besoin d’aide et qu’environ deux millions de personnes pourraient être forcées de se déplacer d’ici à la fin de l’année.  Il s’est particulièrement dit inquiet de la situation humanitaire à Falloujah, sous le contrôle de Daech. 

L’édition 2016 du Plan de réponse humanitaire vise les 861 millions de dollars pour sept millions d’Iraquiens.  Or, seul un quart de cette somme a été versé jusqu’ici.  Si une somme de 300 millions de dollars n’est pas collectée d’ici au moins de juin, des programmes essentiels devront être réduits ou carrément supprimés. 

Le représentant de l’Iraq, M. Mohamed Ali Alhakim, a assuré que les autorités iraquiennes s’efforcent de mettre sur pied le nouveau gouvernement et de lancer les réformes institutionnelles.  Il a souligné que 2016 est une année cruciale pour son pays qui s’est fixé pour objectif de reprendre aux terroristes les territoires qu’ils contrôlent.  Il faut absolument éviter le vide institutionnel en Iraq, a commenté le représentant de l’Égypte et Président du Conseil pour le mois de mai, M. Amr Abdellatif Aboulatta.

Les problèmes politiques iraquiens doivent se régler en interne, sans ingérence étrangère, a souligné le représentant de Fédération de Russie, M. Vitaly Churkin.  Réitérant le soutien de son pays à la lutte de l’Iraq contre le terrorisme, il a précisé que seule une approche globale et respectueuse du droit international peut donner des résultats probants.  Le Représentant spécial du Secrétaire général s’étant dit préoccupé par l’utilisation d’armes chimiques en Iraq, le délégué russe s’est étonné que « certains États n’en parlent même pas, préférant réserver leurs accusations au Président Assad ».  Le délégué a affirmé que l’origine des agents chimiques utilisés par les terroristes dans la ville iraquienne de Tikrīt a pu être identifiée.  C’est la Turquie dont, par ailleurs, les frappes aériennes menées en Iraq ont fait de nombreuses victimes civiles, a-t-il encore dénoncé. 

Son homologue des États-Unis, Mme Michele Sison, a souligné que l’utilisation d’armes chimiques est à déplorer, quels qu’en soient les responsables.  Elle a invité le Conseil de sécurité à rester uni et à renforcer sa collaboration pour lutter efficacement contre les groupes terroristes.  Le représentant de l’Iraq a d’ailleurs demandé la poursuite de l’appui aérien de la Coalition, l’aide au renforcement des capacités des forces iraquiennes et un soutien logistique aux opérations de déminage.  Il a également appelé à mettre fin à l’afflux des combattants étrangers vers la Syrie et l’Iraq, exhortant les pays de transit à les refouler.  S’agissant du financement des terroristes, il a affirmé que ces derniers s’enrichissent de la contrebande du pétrole et des antiquités iraquiens, notamment par la frontière turque.

Il a demandé au Conseil de sécurité d’obtenir de la Turquie le retrait de ses troupes d’Iraq.  Il a en outre annoncé que son gouvernement vient d’approuver une loi d’amnistie et une autre sur la création d’une garde nationale censée absorber les membres des milices tribales qui combattent aux côtés des Forces armées iraquiennes.

*S/2016/396

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC débat des moyens de réduire les risques des pays gravement frappés par le phénomène climatique El Niño

Session de 2016,
24e séance - après-midi
ECOSOC/6758

L’ECOSOC débat des moyens de réduire les risques des pays gravement frappés par le phénomène climatique El Niño

Le Conseil économique et social (ECOSOC) s’est penché, aujourd’hui, sur les conséquences de l’épisode 2015-2016 d’El Niño, l’un des phénomènes climatiques les plus intenses des cent dernières années, qui a entraîné un réchauffement sans précédent des eaux du Pacifique, des sécheresses, des inondations touchant plus de 60 millions de personnes à travers l’Amérique latine et centrale, l’Asie et la corne de l’Afrique.

Les participants à cette « réunion spéciale », organisée par le Département des affaires économiques et sociales et l’ECOSOC, en collaboration avec le Secrétariat interinstitutions de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes et l’Organisation météorologique mondiale (OMM), se sont attachés à discuter de la façon de « diminuer les risques et saisir les chances » face à ce phénomène considéré comme mondial.

Cette réunion, que conduisait le Président de l’ECOSOC, M. Oh Joon (République de Corée), et animé par la journaliste de CBS News Pamela Falk, CBS News, a tout d’abord vu le Représentant spécial du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, M. Robert Glasser, expliquer l’impact socioéconomique d’El Niño, qui frappe, de manière disproportionnée, les communautés des pays à faible revenu et des petits États insulaires en développement (PEID).

Selon M. Glasser, les changements climatiques risquent d’augmenter davantage les risques liés à El Niño, d’où l’urgence d’inclure ce facteur dans des stratégies de développement à long terme.  Il faut, a-t-il dit, prendre des décisions éclairées dans les différents secteurs de développement ainsi que des mesures dynamiques pour limiter les conséquences de ce phénomène qui, quoique prévisible par les technologies actuelles, reste impossible à prédire dans son intensité. 

Le Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030), adopté l’an dernier, ainsi que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord sur le climat de Paris sont les instruments de référence de l’action à mener en vue de minimiser l’impact futur du phénomène El Niño.

La Sous-Secrétaire générale de l’OMM, Mme Elena Manaenkova, a affirmé que son organisation avait pu développer et appuyer de façon continue des organismes d’excellence homologués, tels que les centres climatiques régionaux, qui assistent les États Membres en fournissant des prévisions météorologiques fiables.  L’OMM dispose de plusieurs mécanismes qui permettent de fournir des services mondiaux.  

Mme Manaenkova a dit constater une demande d’informations, techniques ou non, de plus en plus grande des phénomènes El Niño ou El Niña, ce dernier se traduisant par une diminution de la température à la surface des eaux de l’est de l’océan Pacifique, autour de l’Équateur.  L’OMM a élaboré des données en coopération avec des agences météorologiques internationales.  Celles-ci, mises à jour, seront publiées la semaine prochaine.

Néanmoins, a-t-elle déjà annoncé un affaiblissement du phénomène d’El Niño en 2015-2016, et un changement, dans les prochains mois, d’ENSO, un phénomène climatique et océanographique reliant El Niño et l’oscillation australe de la pression atmosphérique.

Confirmant ce point de vue, M. Tony Barnston, professeur de l’Institut des recherches climatiques de l’Université de Columbia, a estimé qu’il y avait 60% de chances d’avoir un phénomène El Niña à partir du mois d’août, mais qu’à ce stade il était impossible d’en connaître l’intensité.

Table ronde interactive

M. JUAN MANUEL BENITES RAMOS, Ministre de l’agriculture et de l’irrigation du Pérou, qui présidait ce dialogue, a présenté l’expérience face au phénomène Niño de son pays, l’un des cinq au monde les plus touchés par les changements climatiques.  Le mot d’ordre du Gouvernement, a-t-il déclaré, est la prévention.  « S’il est impossible d’éviter les catastrophes naturelles, on doit néanmoins élaborer des scénarios pour protéger les populations exposées », a-t-il affirmé, précisant que l’état d’urgence déclaré en 2014 dans 14 départements du Pérou avait permis d’y mener des actions de prévention de l’impact d’El Niño.

Un conseil de ministres a été mis en place, depuis, pour élaborer des stratégies visant à développer les capacités nationales, régionales et locales et sensibiliser la population locale.  Pour 2016, environ 1 milliard de dollars a été alloué à la prévention du phénomène El Niño.  Les actions menées par ce centre d’opération ont notamment porté sur la mise à jour des systèmes d’assainissement, l’installation d’hôpitaux de campagne, le nettoyage des lits des fleuves, des actions de prévention des virus Zika et de la dengue ainsi que la création de centres de distribution d’eau, d’aliments, de vêtements au cas où il y aurait des problèmes d’accès à certaines zones.

Commissaire pour la gestion des catastrophes de l’Éthiopie, M. MITIKU KASSA, a souligné de son côté qu’en raison de la sécheresse la plus grave jamais traversée par son pays depuis 15 ans, qui a affecté durement les secteurs de l’éducation et de l’approvisionnement, des millions de personnes étaient actuellement dépendantes de l’aide alimentaire. 

Face à la réponse insuffisante de la communauté internationale, le Gouvernement a dû débloquer 130 millions de dollars pour faire face aux besoins alimentaires de la population par le biais d’un comité créé à cet effet.  

Représentant les petits États insulaires en développement, M. AHMED SAREER, a rappelé l’impact énorme du phénomène 2015-2016 d’El Niño sur ces pays, qui ont subi de nombreuses pertes en vies humaines et des centaines de millions de dollars de dommages liés aux cyclones et aux sécheresses, parmi les plus longues jamais enregistrées par certaines îles.  

L’acidification des océans se poursuit, les écosystèmes deviennent des zones « fantômes », les récifs ne cessent de se dégrader, a rappelé M. Sareer, qui a insisté sur le fait que les PEID, compte tenu de leur vulnérabilité spécifique due à la fois à leur éloignement et à leur manque de ressources, demandaient un appui des Nations Unies dans le cadre des accords de Sendai.  En raison de la fréquence de ces phénomènes naturels, ces pays disposent de très peu de temps pour se redresser, ce qui porte directement atteinte à leur développement, a-t-il dit, à l’unisson avec son collègue de Vanuatu.

Le représentant de l’Indonésie, M. DIAN TRIANSYAH DJANI, a également fait le point des actions menées dans son pays pour contrecarrer l’impact socioéconomique du phénomène El Niño.  En dépit de son expérience de 1997, l’Indonésie voit toujours sa production agricole affectée, en particulier celle du riz, suite aux sécheresses et aux incendies.  

Il a mis l’accent sur l’urgence d’une large coopération internationale dans la lutte contre l’impact des changements climatiques et, pour éviter les doublons, a appelé les agences onusiennes à travailler dans les limites de leurs mandats respectifs.

M. TELMO DE LA CUADRA, du Secrétariat de l’évaluation des risques de catastrophes de l’Équateur, intervenant par vidéoconférence, a expliqué que la gestion des risques dans son pays avait totalement changé en 2008 avec l’adoption d’une loi organique qui charge l’État de la protection des personnes et de l’environnement.  Cette loi a permis de passer d’une gestion centralisée à une gestion décentralisée des risques.  En outre, des instruments de mesure des tendances et de prévision ont été mis en place.  Le phénomène El Niño 2015-2016 a été moins fort que ce qui avait été anticipé mais certaines zones restent fortement touchées, comme celle d’Esmeralda. 

Pour la représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), El Niño est le phénomène climatique le plus grave des 60 dernières années d’un point de vue alimentaire et agricole: mauvaises récoltes, pertes de terres agricoles et de bétails, nappes phréatiques déficitaires sont autant de facteurs qui ont créé une insécurité alimentaire dont de nombreux représentants d’Amérique latine et centrale ont témoigné aujourd’hui, notamment du Honduras, du Nicaragua, du Guatemala ou d’El Salvador.  

En effet, avec 16,5 millions de personnes touchées directement en Amérique latine et centrale et 3,5 millions de personnes qui ont besoin d’une aide alimentaire, le « cercle vicieux de sécheresses suivies d’inondations graves », a eu un impact majeur sur ces pays, même si ce phénomène concerne aussi l’Afrique du Sud, l’Afrique australe, certains pays d’Asie et, plus généralement, les îles. 

Si tous s’accordent à dire qu’il est plus onéreux de réparer que de mettre en place des mesures de prévention, la FAO a tiré la sonnette d’alarme en affirmant qu’il y avait des menaces réelles d’augmentation des conséquences d’El Niño que les gouvernements ne peuvent gérer à eux-seuls.  « Sans un appui concerté mondial, les gains socioéconomiques des pays en développement risquent d’être entamés par l’impact de ce phénomène et il est urgent de sauver les moyens de subsistance des populations par des actions de prévention », a déclaré la représentante, exprimant à cet égard une revendication partagée par les pays frappés par El Niño. 

L’efficacité des efforts de la communauté internationale en la matière passe par le décloisonnement de l’action humanitaire et de l’action en faveur du développement et par des financements à la hauteur des besoins sur le terrain, a-t-elle estimé, tout comme son homologue du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Le représentant de l’Allemagne, en tant que pays bailleur de fonds, a insisté sur la nécessité d’un effort concerté consistant, multilatéral et bilatéral, pour faire face à l’impact d’ENSO et augmenter la résilience des pays.  Les mesures en amont doivent être améliorées pour permettre aux pays d’être prêts avant même qu’une catastrophe naturelle ne les frappe.

La représentante du Programme alimentaire mondial (PAM) a ainsi fait état du programme « Food Secure » qui permet de débloquer des fonds avant d’éventuelles catastrophes.

Le délégué allemand s’est aussi interrogé sur ce que pourrait être la contribution de la troisième Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III), qui se tiendra à Quito, en Équateur, du 17 au 20 octobre 2016 sur le thème: « Le développement urbain durable: l’avenir de l’urbanisation? »

Son homologue de l’Indonésie a souhaité notamment que cette conférence mette l’accent sur les villes et villages côtiers alors que le représentant de la Colombie a appelé à saisir cette opportunité pour réfléchir aux établissements humains résilients au phénomène d’El Niño.

Autre pays bailleur de fonds, la Suède a estimé que si la réponse humanitaire s’inscrivait dans le court terme, seuls des investissements à long terme pouvaient augmenter la résilience des pays concernés par les phénomènes climatiques. 

La représentante des États-Unis a observé que les incidences négatives sur les gains en termes de développement étaient énormes.  Son collègue du Nicaragua a jugé que l’insécurité alimentaire, conséquence directe d’El Niño, menaçait les objectifs de développement durable.

La représentante de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a attiré l’attention sur la nécessité de réduire les effets d’El Niño sur la santé qui perdureront au-delà de 2016.  Parmi les préoccupations de l’OMS, figurent les maladies transmises par les moustiques comme la dengue et Zika; les ruptures d’approvisionnement en médicaments; la sous-alimentation; les résurgences de maladies; la pénurie de vaccins pour lutter contre des épidémies; et, surtout, l’énorme problème de financement qui entrave le bon fonctionnement de l’OMS, laquelle a demandé 51 millions de dollars pour lutter contre les effets induits par El Niño. 

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, dans ses remarques de clôture, a mis l’accent sur l’urgence de traiter des dimensions socioéconomiques du phénomène El Niño si l’on veut atteindre les objectifs de développement durable.  Il faut réduire cet impact sur les secteurs de développement clef afin d’aider les pays à atteindre les objectifs de développement durable par le biais de politiques de réduction des risques et promouvoir des mécanismes d’alerte rapide, a-t-il dit.  Parallèlement, les investissements doivent permettre d’accroître la résilience de ces pays tant sur le plan local que national, a ajouté M. Wu, précisant que le Département des affaires économiques et sociales se tenait à la disposition des États Membres dans la mise en œuvre du Cadre d’action de Sendai.

Enfin, le Président de l’ECOSOC, M. Oh Joon, a indiqué qu’il publierait une déclaration présidentielle qui reprendrait les recommandations clefs faites dans le cadre de cette réunion spéciales.

Auparavant, l’ECOSOC avait décidé, sans vote, que le thème du débat consacré aux affaires humanitaires de sa session 2016 serait « Restaurer l’humanité en ne laissant personne de côté: agir de concert pour réduire les besoins humanitaires, les risques et la vulnérabilité des populations ».

* E/2016/L.14

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission examine une proposition budgétaire d’un milliard de dollars pour la Mission de l’ONU au Darfour

Soixante-dixième session, Deuxième partie de la reprise de session,
35e séance – matin
AG/AB/4197

La Cinquième Commission examine une proposition budgétaire d’un milliard de dollars pour la Mission de l’ONU au Darfour

Un milliard de dollars à l’Opération de l’ONU au Darfour pour 2016-2017.  C’est la proposition dont la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a été saisie ce matin, en plus d’une autre sur le financement de la Force à Chypre.  La Commission a aussi commencé à examiner les reliquats des opérations fermées en République centrafricaine, au Timor-leste et en Syrie.

Pour l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour1 (MINUAD), le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) recommande à la Commission, pour la période allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017, l’ouverture d’un crédit d’1 milliard 095 213 500 millions de dollars, soit une réduction de 3 millions par rapport à la proposition du Secrétaire général et ce, grâce à la suppression de 12 postes vacants depuis trop longtemps, dont l’un pendant plus de six ans, et à des coupes dans les frais de voyages officiels et de carburant.

S’agissant de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre2 (UNFYCIP), le CCQAB a recommandé l’ouverture d’un crédit de 54 millions 849 900 dollars, dont les contributions volontaires de 17 millions 535 867 dollars du Gouvernement chypriote et de 6 millions 500 000 dollars du Gouvernement grec.  Le budget recommandé représente une réduction de 642 400 dollars par rapport à la proposition du Secrétaire général.

La Cinquième Commission a aussi examiné les reliquats budgétaires de trois missions clôturées.  Pour la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad3 (MINURCAT) créée par la résolution 1778 (2007) du Conseil de sécurité et qui a pris fin le 31 décembre 2010, le CCQAB recommande que soit porté au crédit des États Membres le solde de 34 millions 049 000 dollars au 31 décembre 2015.  Il s’agit d’une somme de 9,07 millions pour la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste4 (MINUT) créée par la résolution 1704 (2006) et fermée le 31 décembre 2012; et d’1,82 million pour la Mission de supervision des Nations Unies en République arabe syrienne (MISNUS) créée par la résolution5 2059 (2012) et fermée le 19 août 2012.    

La Commission a enfin recommandé à l’Assemblée générale de nommer M. Simon Hough, du Royaume-Uni au Comité des contributions pour remplacer jusqu’au 31 décembre 2017 son compatriote M. Kunal Khatri, démissionnaire6.

La prochaine réunion de la Cinquième Commission est prévue pour lundi 9 mai à partir de 10 heures.

1A/70/742/Add.6

2A/70/742/Add.7

3A/70/856

4A/70/857

5A/70/858

6A/70/102/Add.1 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Accord de paix de Dayton, feuille de route de la Bosnie-Herzégovine vers l’intégration euro-atlantique, selon le Haut-Représentant européen

Conseil de sécurité,
7688e séance – matin
CS/12353

L’Accord de paix de Dayton, feuille de route de la Bosnie-Herzégovine vers l’intégration euro-atlantique, selon le Haut-Représentant européen

« 2016 peut être une année de progrès vers l’intégration euro-atlantique de la Bosnie-Herzégovine, la croissance économique et la création d’emplois, mais seulement si le pays fait preuve d’unité.  Remettre en cause les principes fondamentaux de l’Accord de Dayton n’est pas une option à cet égard », a prévenu, ce matin, le Haut-Représentant chargé d’assurer le suivi de l’application de l’Accord de paix relatif à la Bosnie-Herzégovine, signé il y a 20 ans.

M. Valentin Inzko était venu présenter au Conseil de sécurité son dernier rapport en date, qui couvre la situation dans ce pays des Balkans au cours des six mois écoulés.  La période considérée a été dominée, a-t-il expliqué, par plusieurs faits marquants, à commencer par le dépôt, le 15 février dernier, par la Bosnie-Herzégovine de sa demande d’adhésion à l’Union européenne.

Saluant cette « décision historique », le haut fonctionnaire a toutefois expliqué que la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix par toutes les parties constituait une condition sine qua non pour réaliser l’intégration harmonieuse de la Bosnie-Herzégovine dans le giron européen.

Bien que doté du « pouvoir exécutif », précise le rapport, le Haut-Représentant s’est abstenu d’en faire usage, conformément à la politique du Comité directeur du Conseil de mise en œuvre de la paix, qui consiste à privilégier l’appropriation des décisions par les intéressés à l’échelon local et non international.

S’il a salué les réformes entreprises par les autorités bosniennes, notamment l’adoption de lois sur le travail au niveau des entités, M. Inzko les a encouragées à adopter un rythme plus soutenu.  Le représentant de la Bosnie-Herzégovine a reconnu qu’il est nécessaire de revoir les « cadres juridiques et fiscaux » en vue d’attirer les investissements, se félicitant tout de même d’un taux de croissance industrielle de 2,5 %et d’une inflation zéro.

Autre motif de satisfaction pour M. Inzko: les efforts déployés pour transférer à l’État de Bosnie-Herzégovine la propriété d’immeubles « utilisables par la défense », une des conditions préalable à l’adhésion à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et à la fermeture du Bureau du Haut-Représentant, même si la Republika Srpska s’y refuse pour l’instant.

Les six derniers mois, a constaté le haut fonctionnaire, ont aussi été marqués par les tentatives de la Republika Srpska de « saper la souveraineté et l’autorité de l’État » et des appels à la sécession par ses dirigeants, jugés inacceptables par plusieurs membres du Conseil, dont la France.  Pour la Croatie, cette « rhétorique » n’augure rien de bon à l’approche des élections municipales d’octobre 2016.

Si les dirigeants de la République serbe de Bosnie ont assuré que le référendum portant sur les compétences de la Cour d’État et du Bureau du Procureur de la Bosnie-Herzégovine, ainsi que sur les compétences et les décisions du Haut-Représentant, n’aurait pas lieu, il n’en reste pas moins que la décision de l’Assemblée nationale n’a pas encore été annulée, a observé M. Inzko.

De plus, a-t-il regretté, des « acteurs politiques » continuent de préconiser l’organisation d’un autre référendum, celui-ci sur la validité d’une décision récente rendue par la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine.  Plusieurs membres du Conseil ont dénoncé cette réticence à se plier aux décisions de justice, notamment l’Égypte, qui a déclaré qu’elles devaient être respectées, que les juridictions soient nationales ou internationales.

En outre, « les réactions très contrastées suscitées par les jugements en première instance rendus par le Tribunal international pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) dans les procès de l’ex-Président de la Republika Srpska, Radovan Karadžić, et de Vojislav Šešelj, soulignent la nécessité d’accroître les efforts de réconciliation », a relevé le Haut-Représentant.

Alors que la Serbie, par la voix de son représentant, réaffirmait son engagement en faveur de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine, la Fédération de Russie a fustigé le rapport du Haut-Représentant, reprochant à M. Inzko de donner de manière « inappropriée » son « avis » sur les processus initiés par les autorités nationales ou les verdicts rendus par le TPIY.  Plaidant pour une réduction du personnel et du budget du Bureau du Haut-Représentant, il a estimé que « l’époque du protectorat était révolue ».

Le délégué de l’Union européenne a cependant confirmé l’intention de cette organisation régionale de maintenir sa présence en Bosnie-Herzégovine, y compris au travers de sa Force de maintien de la paix (EUFOR Althéa).  Si la stabilité du pays se renforce et que les réformes en vue de son adhésion à l’Union européenne sont menées à bien, l’Union, a-t-il expliqué, serait alors « disposée à discuter de la reconfiguration de la présence internationale » dans le pays.  Aussi a-t-il invité, de conserve avec les États-Unis, les autorités bosniennes à remplir les conditions préalables à la fermeture du Bureau du Haut-Représentant.

Ce dernier a dressé la liste des priorités qui attendent la Bosnie-Herzégovine dans les mois à venir.  Outre la publication des résultats du recensement de 2013, il faudra parvenir à un accord final sur le mécanisme de coordination de l’Union européenne. 

Ensuite, M. Inzko a demandé la mise en œuvre « intégrale » des décisions de la Cour constitutionnelle, soulignant que des progrès « quantifiables » doivent être accomplis dans les réformes fiscales et économiques, y compris pour répondre aux conditions fixées par le Fonds monétaire international (FMI) pour un nouvel arrangement.

* S/2016/395

LA SITUATION EN BOSNIE-HERZÉGOVINE

Lettre datée du 26 avril 2016, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2016/395)

Exposé

M. VALENTIN INZKO, Haut-Représentant chargé d’assurer le suivi de l’application de l’Accord de paix relatif à la Bosnie-Herzégovine, a rappelé qu’il y a six mois, la dernière fois qu’il est venu s’exprimer devant le Conseil de sécurité, « nous étions à la veille du vingtième anniversaire de l’Accord de paix de Dayton ».  Ce fut l’occasion de célébrer le chemin parcouru, mais aussi de reconnaître qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour garantir la stabilité et un avenir durable pour le peuple de ce beau pays ». 

Dans ce contexte, a-t-il observé, le 15 février dernier, la Bosnie-Herzégovine a pris la « décision historique » de présenter sa demande d’adhésion à l’Union européenne.  Bien sûr, a observé M. Inzko, « la transition est un processus et non un événement », mais la transformation dans laquelle le pays doit s’engager sur la voie de l’adhésion améliorera les conditions de ses habitants. 

Par conséquent, « nous sommes entièrement unis pour soutenir le pays dans ses aspirations à intégrer l’Union européenne ».  « Ce qui attend la Bosnie-Herzégovine sera sans aucun doute difficile, mais elle s’en sortira à condition que toutes les parties travaillent ensemble et respectent pleinement l’Accord de paix de Dayton. »  Il s’agit d’une condition sine qua non, a souligné le Haut-Représentant, pour qui les dirigeants bosniens doivent s’unir et démontrer la volonté politique pour mettre en œuvre un train de réformes « sérieuses ».

Au cours de la période à l’examen, les progrès réalisés en ce sens ont été réels, mais le rythme de ces réformes doit être accéléré, a estimé le haut fonctionnaire.  Il s’est félicité de la décision des autorités de la Republika Srpska de ne pas prendre de nouvelles mesures pour organiser un référendum portant sur l’autorité de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine, du Bureau du Procureur et du Haut-Représentant, qui constituerait une « violation flagrante » de l’Accord de paix. 

Même si le référendum a n’a pas été officiellement annulé, il semble avoir été mis de côté, a analysé M. Inzko.  Mais il s’est dit toutefois préoccupé par les déclarations de divers acteurs politiques, qui continuent de préconiser l’organisation d’un autre référendum, celui-ci sur la validité d’une décision récente rendue par cette même Cour constitutionnelle.

Le Haut-Représentant a salué les efforts des autorités pour enregistrer les propriétés militaires auprès de l’État de Bosnie-Herzégovine, une condition préalable à l’activation d’un plan d’action pour l’adhésion à l’OTAN et à la fermeture du Bureau du Haut-Représentant.  Il a demandé à la Republika Srpska de faire de même, « puisqu’elle est désireuse de voir la fermeture de mon bureau ».  

Autre facteur positif: la situation régionale, marqué par l’engagement personnel du Premier Ministre serbe, M. Aleksandar Vučić, en faveur de la réconciliation et la convocation de la première session conjointe du Conseil des ministres de Bosnie-Herzégovine et du Gouvernement de la Serbie en novembre 2015.  Une session conjointe similaire avec le Gouvernement croate a été annoncée, a relevé M. Inzko, prenant également note de réunions trilatérales entre la Bosnie-Herzégovine, la Croatie et la Turquie.

En dépit de ces évolutions positives, l’élan a été freiné par la volonté de certains acteurs politiques de contester l’Accord de paix, y compris par de nouvelles tentatives de saper la souveraineté et l’autorité de l’État.  « Les réactions très divergentes à l’annonce du verdict du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) dans le procès du Président de la Republika Srpska, Radovan Karadžić, soulignent la nécessité d’accroître les efforts de réconciliation », a insisté le Haut-Représentant.  « J’ai été profondément choqué par l’inauguration par le Président de la Republika Srpska d’une résidence universitaire portant le nom de Karadžić, deux jours à peine avant sa condamnation pour génocide et crimes contre l’humanité », a-t-il déclaré, qualifiant ce geste de « message insidieux » aux victimes.

Le Haut-Représentant a également saisi l’occasion de rejeter la thèse selon laquelle l’équité en matière de justice transitionnelle signifie qu’un nombre égal de criminels de guerre doivent être poursuivis au sein de différents groupes ethniques.  « La justice doit être rendue pour toutes les victimes à titre individuel et l’application d’un principe de parité ethnique rend un mauvais service aux victimes et aux survivants de toutes nationalités », a-t-il tranché. 

En outre, a relevé le haut fonctionnaire, une attaque « d’inspiration terroriste » lancée par un assaillant à Sarajevo le 18 novembre a provoqué la mort de deux soldats des Forces armées de Bosnie-Herzégovine.  Une source supplémentaire de préoccupation est la participation aux conflits étrangers de certains citoyens de la Bosnie-Herzégovine, dont certains de retour chez eux pourraient présenter une menace pour la stabilité future de leur pays d’origine, a mis en garde M. Inzko.

Par ailleurs, il s’est dit profondément inquiet de la politique menée par les représentants du parti au pouvoir en Republika Srpska, « en particulier son Président », pour plaider en faveur de la sécession de cette entité de la Bosnie-Herzégovine.  Il s’est dit tout particulièrement préoccupé par la menace brandie d’organiser un référendum sur l’indépendance en 2018 « si certaines conditions ne sont pas remplies ».  « L’Accord de paix ne donne pas aux entités le droit de faire sécession », a clairement souligné le Haut-Représentant. 

Enfin, alors que les prochaines élections locales auront lieu le 2 octobre prochain, il est non seulement essentiel que ce scrutin soit organisé dans le respect des normes les plus élevées, mais qu’elles soient enfin organisées à Mostar.  « À l’heure actuelle, ce n’est pas possible parce que les parties continuent à ne pas mettre en œuvre la décision de 2010 de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine », a regretté M. Inzko. 

Au cours des six prochains mois, le Haut-Représentant a estimé que la Bosnie-Herzégovine devra relever les défis suivants.  Tout d’abord, il faudra publier les résultats du recensement de 2013 et parvenir à un accord final sur le mécanisme de coordination de l’Union européenne.  Ensuite, M. Inzko a demandé la mise en œuvre complète des décisions de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine. 

Selon lui également, des progrès « quantifiables » devront être accomplis dans les réformes fiscales et économiques, y compris pour répondre aux conditions fixées par le Fonds monétaire international (FMI) pour un nouvel arrangement.  Enfin, de réels progrès devront être réalisés dans le respect des exigences qui conditionnent la fermeture du Bureau du Haut-Représentant.

En conclusion, a-t-il dit, « 2016 peut être une année de progrès vers l’intégration euro-atlantique, la croissance économique et la création d’emplois, mais seulement si le pays fait preuve d’unité.  Remettre en cause les principes fondamentaux de l’Accord de paix n’est pas une option à cet égard, a-t-il prévenu.  Compte tenu de l’environnement complexe qui continue de régner dans le pays, la présence de la Force de maintien de la paix de l’Union européenne (EUFOR) en Bosnie-Herzégovine demeure d’une importance vitale, a estimé M. Inzko.

Déclarations

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a félicité le Gouvernement et les citoyens de la Bosnie-Herzégovine pour le récent dépôt d’une demande d’adhésion à l’Union européenne.  Il a espéré que cette décision historique entraînerait de nouveaux progrès sous l’égide de l’accord de paix.  Il a espéré la conclusion d’un accord final entre l’Union européenne et la Bosnie-Herzégovine sur l’adaptation des dispositions commerciales de l’accord de stabilisation et d’association. 

Le représentant de l’Ukraine a aussi appuyé les efforts de la Bosnie-Herzégovine en matière de coopération avec l’OTAN, qu’il a qualifiée d’importante pour la sécurité en Europe.  Un peu plus de 20 ans après la signature des Accords de Dayton-Paris, le pays continue d’être témoin de divisions politiques, s’est inquiété M. Yelchenko. 

Il a prévenu que la tenue d’un référendum de la République serbe de Bosnie en contradiction avec la Constitution de la Bosnie-Herzégovine et l’Accord de Dayton serait illégitime.  Il a fait siennes les inquiétudes du Haut-Représentant au sujet de certaines déclarations de représentants de la République serbe de Bosnie avant de condamner tout acte de provocation. 

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a dit attendre avec impatience le jour où la Bosnie-Herzégovine répondra aux objectifs fixés pour permettre de fermer le bureau du Haut-Représentant.  Il s’est félicité des mesures positives prises par ce pays pour adhérer à l’Union européenne.  Il s’est également félicité du fait que 21 sites de défense aient été enregistrés comme propriété de l’État de Bosnie-Herzégovine.  Cela démontre les progrès sur la voie de l’adhésion à l’Organisation du Traité de l’atlantique Nord (OTAN), a-t-il dit tout en prévenant que le pays devrait faire preuve d’une véritable volonté politique en respectant les engagements souscrits et les recommandations du Conseil de mise en œuvre de la paix.  Il a aussi recommandé de continuer à enregistrer les biens restant.

Selon l’avis de la délégation américaine, de nouvelles lois s’imposent pour améliorer le climat des affaires et le rendre plus concurrentiel.  Il faut en même temps, a-t-il ajouté, lutter contre la corruption et améliorer le climat général dans le pays.  L’impunité et la division ne sont pas acceptables, a-t-il dit, se disant choqué par des décisions scandaleuses, notamment la décision provocatrice de donner le nom de Karadžić à un foyer d’étudiants, alors même que le TPIY avait déjà rendu sa décision contre M. Karadžić.  Ce sont des manœuvres politiques qui ne sont pas dans l’intérêt du pays, a estimé M. Pressman avant d’exprimer également sa préoccupation au sujet du comportement des hommes politiques qui essaient de compromettre les institutions de l’État. 

Lorsque nous pourrons dire que la Bosnie-Herzégovine respecte pleinement l’Accord de Dayton et qu’elle est un État pacifique sur la voie de l’intégration européenne, nous pourrons dire que nous aurons vraiment progressé.  Il a encouragé les dirigeants à adopter les mesures nécessaires pour apporter tout le soutien utile au Haut-Représentant.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a salué le processus engagé par la Bosnie-Herzégovine pour adhérer à l’Union Européenne.  Il a déploré le fait que des incidents aient émaillé la période couverte par le rapport, y compris après les jugements en première instance rendus par le Tribunal international chargé de juger les personnes accusées de violations graves du droit international humanitaire commises sur le territoire de l’ex-Yougoslavie depuis 1991 (TPIY), notamment Radovan Karadžić.  Il a également dit son inquiétude face au phénomène des combattants terroristes étrangers, qui, a-t-il rappelé, peuvent constituer un danger pour leur pays d’origine après leur retour des zones de combats. 

Il a rappelé que la souveraineté territoriale du pays était garantie par la Constitution nationale, regrettant que les officiels de la Republika Srpska aient tenu des propos qui tendent à déstabiliser l’unité nationale, déplorant également les actes menés par des individus se réclamant de cette entité, contribuant à saper le travail du Haut-Représentant chargé d’assurer le suivi de l’application de l’accord de paix relatif à la Bosnie-Herzégovine.

M. PHILIPPE BERTOUX (France) a affirmé que la perspective européenne constituait, de manière générale, le principal moteur de développement et de consolidation de la Bosnie-Herzégovine.  Le récent dépôt par celle-ci de sa demande d’adhésion à l’Union européenne reflète le soutien massif à cette perspective au sein de la population bosnienne ainsi que l’unanimité qui existe autour de cette thématique au sein de la présidence collégiale du pays.

Pour autant, a ajouté M. Bertoux, les autorités de Bosnie-Herzégovine doivent garder à l’esprit que le dépôt de candidature ne constitue que le début d’un processus long et exigeant, qui impliquera des efforts au niveau de l’État central comme des entités.  À cet égard, il importe qu’un mécanisme de coordination européen pleinement opérationnel soit mis en place dans les meilleurs délais, que des progrès significatifs soient réalisés dans la mise en œuvre du programme des réformes et de l’accord de stabilisation et d’association et que le pays progresse en direction d’un système judiciaire pleinement indépendant, impartial et efficace.

M. Bertoux a ajouté que plus de 20 ans après leur signature, les Accords de Dayton-Paris continuaient de constituer la clef de voûte de la stabilité en Bosnie-Herzégovine.  Il reviendra aux Bosniens eux-mêmes de faire évoluer, le moment venu, les institutions qui en découlent.  Il a en outre indiqué qu’alors que le pays entrait dans une année électorale, l’ensemble des forces politiques devraient mettre de côté les rhétoriques surannées de division pour y préférer la construction de l’avenir.  Les Bosniens méritent que la priorité soit donnée au développement économique des territoires. 

Le représentant s’est dit par ailleurs préoccupé par la situation à Mostar, où, faute de consensus entre les forces politiques, les habitants sont privés, sur le plan local, de leurs droits civiques les plus essentiels depuis près de huit ans.  Il a appelé les acteurs politiques locaux à tout mettre en œuvre pour que des élections puissent se tenir cette année, dans le respect des principes réaffirmés par le communiqué du Conseil pour la mise en œuvre de la paix du 2 décembre 2015.

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a salué le dépôt de la candidature de la Bosnie-Herzégovine à l’Union européenne.  Elle a invité les autorités nationales à redoubler d’efforts afin de bâtir une économie florissante qui leur permettrait de s’intégrer aisément dans l’Union européenne.  Elle a appelé les dirigeants de la Republika Srpska à respecter l’Accord de Dayton, saluant en outre l’annonce qu’ils ont faite d’annuler le référendum sur la validité de la législation relative à la Cour et au Parquet de Bosnie-Herzégovine et l’applicabilité des décisions de ces institutions sur le territoire de la Republika Srpska. 

Vingt ans après la guerre dans la région, on ne peut pas tolérer que la région retombe dans la violence, a-t-elle argué.  Elle a fermement condamné les menaces dont fait l’objet le Haut-Représentant.

M. M. WU HAITAO (Chine) s’est déclaré convaincu du fait que le peuple de la Bosnie-Herzégovine a le droit de déterminer la direction qu’il souhaitera prendre à l’avenir.  Dans ce contexte, la communauté internationale devrait donc adopter une « approche prudente » dans le souci de contribuer à l’harmonie et à la stabilité à long terme dans le pays.  La délégation chinoise s’efforcera de contribuer à cet effort, a assuré le représentant.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a relevé que, malgré les avancées de ces derniers temps, la voie de la paix durable en Bosnie-Herzégovine n’était pas encore assurée.  Il a affirmé que le verdict du Tribunal international chargé de juger les personnes accusées de violations graves du droit international humanitaire commises sur le territoire de l’ex-Yougoslavie (TPIY), n’était qu’une étape vers la réconciliation nationale en Bosnie-Herzégovine.  Il s’est félicité du fait que le référendum prévu par la Republika Srpska ait été annulé, ajoutant qu’il attendait toujours une annulation officielle.

Le représentant a dit qu’après des années d’inertie, le pays avait la possibilité de se tourner vers l’avenir, un avenir dans l’Union européenne, a-t-il précisé.  Il a affirmé appuyer l’appel lancé par le Haut-Représentant pour que cette adhésion puisse se faire.  Il a également souhaité que les résultats du recensement de la population de 2013 soient publiés au plus vite.  Il a en outre souligné que la stabilité de la Bosnie-Herzégovine n’était pas encore solide et que, de ce fait, la Force de maintien de la paix de l’Union européenne (EUFOR) restait essentielle et devrait garder son mandat exécutif.   

M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a réaffirmé son plein appui à la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de la Bosnie-Herzégovine, souhaitant que la communauté internationale continue à appuyer la mise en œuvre de l’Accord-cadre général pour la paix de 1995.  Il appartient au peuple de la Bosnie-Herzégovine de mener les efforts nécessaires en ce sens, a-t-il recommandé en invitant aussi les groupes ethniques à œuvrer par le biais du dialogue et dans le respect des lois et des institutions. 

Il a souhaité que le Haut-représentant encourage ce travail constructif, en tenant compte des opinions de tous les acteurs impliqués.  Le représentant a aussi salué le renforcement des relations du pays avec ses voisins.  En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, il a apprécié les mesures prises pour éviter le recrutement des combattants terroristes étrangers.  Il a aussi appuyé le travail du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) qui a joué jusqu’à présent un rôle primordial dans le renforcement de l’état de droit et la promotion de la stabilité à long terme. 

M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a déclaré qu’au vu du tableau peint aujourd’hui par le Haut-Représentant, le maintien de la présence de la Force de maintien de la paix de l’Union européenne (EUFOR) est un élément absolument nécessaire pour garantir la stabilité du pays.  Il a espéré que les décisions rendues par Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), notamment à l’encontre de Radovan Karadžić et de Vojislav Šešelj, ne seront pas instrumentalisées par certains groupes pour alimenter les divisions.  Le représentant s’est toutefois félicité de l’amélioration des relations avec les pays de la région, notamment avec le Monténégro. 

En outre, le dépôt récent de la candidature de la Bosnie-Herzégovine est une source de satisfaction, a noté le représentant, même s’il est indispensable de hâter le rythme des réformes engagées par l’État.  À la suite du Haut-Représentant, la délégation a demandé la publication du recensement de 2013 et le règlement de la situation à Mostar, fustigeant l’attitude générale de la Republika Srpska.  Le comportement de certains dirigeants de cette entité présente un défi pour la stabilité de la Bosnie-Herzégovine et pour l’intégrité de l’Accord de Dayton, a ajouté le représentant.

Mme CAROLYN SHWALGER (Nouvelle-Zélande) a salué le programme de réformes et de modernisation lancé par la Bosnie-Herzégovine, tout en prévenant des difficultés qui vont se poser sur cette route.  Elle a souligné en particulier les fruits que devraient porter ces réformes en termes d’emploi.  « Nous encourageons la communauté internationale, et en particulier les pays voisins et de l’Union européenne, à soutenir le processus de réforme de la Bosnie-Herzégovine », a-t-elle dit, avant de demander aux acteurs politiques de ne pas faire reculer ce processus.

Mme Shwalger a exhorté les parties et la communauté internationale à travailler sur les questions non traitées par l’Accord de Dayton, en évitant des discours qui remettent en cause la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine.  « Nous espérons, a-t-elle dit, que tout le monde respectera les conclusions des processus judiciaires indépendants, quels que soient leur résultat. »  Elle a souhaité que ces processus soient une occasion d’aller de l’avant tous ensemble, se ralliant à l’appel du Haut-Représentant pour que le pouvoir judiciaire ne subisse pas de pression politique.  Enfin, elle a espéré davantage de progrès pour arriver à fermer le Bureau du Haut-Représentant.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a dit qu’il était fondamental de mettre pleinement en œuvre l’Accord de Dayton.  Il a salué les avancées qui ont été faites en Bosnie-Herzégovine pour mettre en œuvre le programme « 5 plus 2 ».  Il a salué les décisions prises par le Président du pays pour détruire les munitions obsolètes et les accords relatifs aux frontières qui ont été signés avec les pays voisins.  Il a dit espérer que la présente année permette de poursuivre cet élan, souhaitant enfin que la Bosnie-Herzégovine soit un pays où cohabitent harmonieusement diverses communautés. 

M. GORGUI CISS (Sénégal) a rappelé que, plus de 20 ans après la signature de l’Accord de paix de Dayton, la Bosnie-Herzégovine poursuit sa marche sur la voie de la réunification et du développement socioéconomique.  Il s’est félicité de plusieurs réformes, même si, a-t-il estimé, elles pourraient se faire à un rythme plus soutenu.  Le représentant a également souhaité la mise en œuvre de la décision de la Cour institutionnelle de Bosnie-Herzégovine concernant Mostar et la publication des résultats du recensement de 2013, soulignant aussi la nécessité de remplir les exigences posées par le Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre du nouvel arrangement. 

Au nombre de ses préoccupations, figure aussi le refus affiché par la Republika Srpska d’appliquer la décision, prise le 26 novembre dernier par la même Cour constitutionnelle, au sujet de l’inconstitutionnalité de la loi sur les jours fériés.  Dans ce contexte, a estimé le Sénégal, la présence dans ce pays de l’EUFOR doté d’un mandat exécutif est toujours aussi nécessaire, de même que le soutien de l’Union européenne.  Il a donc encouragé celle-ci à poursuivre son programme de réformes en cours en faveur de la Bosnie-Herzégovine.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a déclaré que la réconciliation nationale était essentielle en Bosnie-Herzégovine compte tenu des défis auxquels le pays fait face.  Il a estimé que le rapport du Haut-Représentant était loin d’être équilibré, car il fait étalage des problèmes de la société sans pour autant se pencher sur les causes profondes et les solutions éventuelles.  Il a affirmé qu’il était inapproprié que le Haut-Représentant donne son avis sur les processus initiés par les autorités nationales, notamment le dépôt de candidature pour l’adhésion à l’Union européenne et la volonté nationale de se rapprocher de l’Organisation du Traité de l’atlantique Nord (OTAN). 

En agissant de la sorte, il s’écarte de son mandat principal qui est d’accompagner le processus de réconciliation nationale, a-t-il déploré, ajoutant que le haut fonctionnaire faisait ainsi montre de parti pris et qu’il confondait son poste à celui de Représentant spécial de l’Union européenne.  Il lui a en outre reproché d’avoir partagé son avis à la suite des condamnations de Radovan Karadžić et de Vojislav Šešelj, lui rappelant que l’ingérence criante de l’un de ses prédécesseurs avait conduit à un blocage total du processus de réconciliation nationale.

Le délégué a ensuite regretté que la question des combattants terroristes étrangers n’eût pas occupé une place plus importante dans le rapport, affirmant que ce phénomène était un facteur probable de déstabilisation nationale.  Au vu de tous ces manquements, le représentant a appelé le Conseil de sécurité à lire avec attention les rapports produits par le Gouvernement de la Republika Srpska portant sur la mise en œuvre de l’Accord de Dayton afin de se faire une autre idée des réalités de terrain.  Il n’a pas jugé souhaitable que le Haut-Représentant s’ingère dans le règlement de la question de la loi sur la Cour constitutionnelle du pays. 

Il a par ailleurs appelé à la réduction du personnel et du budget du Bureau du Haut-Représentant, déclarant que « l’époque du protectorat était révolue ».  Il a conclu en faisant observer que la paix durable en Bosnie-Herzégovine reposait sur le consensus qui devrait découler des consultations entre les trois peuples qui constituent ce pays.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a estimé que la prospérité et la stabilité sont les objectifs vers lesquels doit tendre la Bosnie-Herzégovine, dans son intérêt national, mais aussi dans celui de la région.  Il s’est félicité des déclarations des autorités de la Republika Srpska indiquant que le référendum portant sur les compétences de la Cour d’État et du Bureau du Procureur de la Bosnie-Herzégovine, ainsi que sur les compétences et les décisions du Haut-Représentant, n’aurait pas lieu, « référendum qui constituerait une violation de l’Accord de paix de Dayton ». 

Le représentant s’est toutefois dit inquiet de constater qu’en dépit des assurances données par le Président de la Republika Srpska, la décision de l’Assemblée nationale à ce sujet n’avait toujours pas été abrogée et que les dirigeants politiques continuent à se livrer à des déclarations incendiaires.  En conclusion, le Japon a tenu à rappeler que son pays finançait 10% du budget annuel du Bureau du Haut-Représentant, souhaitant que celui-ci puisse réunir à terme les conditions pour en garantir la fermeture.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a constaté que la Bosnie-Herzégovine continue de se heurter à des difficultés persistantes sur la voie de la stabilité, rappelant que l’Accord de paix de Dayton reste le principal outil pour réaliser la paix dans la région.  Il s’est donc dit inquiet des discours de certains dirigeants politiques prônant la sécession, soulignant les risques encourus pour les populations civiles du pays mais aussi de la région. 

Tous les partis doivent respecter la souveraineté et l’intégrité territoriales ainsi que toutes les décisions de justice, qu’elles soient rendues par la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine ou par des juridictions internationales.  L’analyse de la situation dans ce pays étant indissociable de celle qui règne dans la région, a rappelé M. Aboulatta, le dialogue doit donc être constamment privilégié dans le cadre des relations bilatérales et multilatérales de ce pays avec ses voisins des Balkans.

M. MILOŠ VUKAŠINOVIĆ (Bosnie-Herzégovine) a fait valoir les réformes socioéconomiques que son pays continue à mettre en œuvre, reconnaissant cependant la nécessité de revoir les cadres juridiques et fiscaux afin de les rendre plus propices aux investissements.  La Bosnie-Herzégovine a présidé avec succès le Comité des ministres du Conseil de l’Europe au moment où il a fallu coordonner la réponse à la crise des réfugiés, a-t-il rappelé.  C’est aussi sous sa présidence que fut mené le processus d’ouverture à la signature du Protocole additionnel à la Convention pour la prévention et la répression du terrorisme qui porte sur les combattants étrangers.  En outre, a-t-il ajouté, la Bosnie-Herzégovine a soumis sa candidature à l’Union européenne le 15 février 2016.

M. Vukašinović a indiqué que, bien qu’il ait souffert du ralentissement de l’économie, le pays a obtenu une croissance de 2,5% de sa production industrielle tandis que le taux d’inflation était négatif (-0,8%).  Il s’est également prévalu d’une coopération constructive avec les pays de la région dans des domaines d’intérêt commun comme le transport et l’énergie.  La Foire économique internationale de Mostar, en avril dernier, a permis de renforcer cette coopération régionale et d’organiser des réunions bilatérales avec les dirigeants de pays voisins.

Le représentant a ensuite réaffirmé sa volonté de coopérer avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) tout en poursuivant les criminels devant ses juridictions nationales, notamment grâce à une stratégie nationale destinée à poursuivre les crimes de guerre.  Le pays est aussi déterminé à lutter contre le terrorisme, notamment en poursuivant ceux qui facilitent le recrutement de combattants terroristes étrangers. 

Avec le soutien de l’Union européenne, la Bosnie-Herzégovine présenté une initiative régionale de prévention du terrorisme et de commerce illicite d’armes.  Reconnaissant que le flux de migrants et de réfugiés dans les Balkans reste un problème majeur, il a indiqué que son pays n’avait pas encore été soumis à une trop grande pression à cet égard.  Il a cependant a pris des mesures, notamment humanitaires et en matière de sécurité, pour parer à une arrivée massive de réfugiés. 

M. IOANNIS VRAILAS, Délégué de l’Union européenne, a affirmé qu’une bonne partie de la population de la Bosnie-Herzégovine soutenait la candidature d’adhésion du pays à l’Union européenne, laquelle, a-t-il rappelé, a été déposée le 15 février dernier.  Il a relevé que le pays, fort du soutien de l’Union européenne et des partenaires internationaux, avait développé et était en train de mettre en œuvre le plus important paquet global de réformes socioéconomiques que le pays n’a connu dans son histoire récente. 

Il a estimé que la Bosnie-Herzégovine se devait de redynamiser son économie en la rendant plus compétitive, ajoutant que des efforts notables à cet effet étaient nécessaires afin de permettre au Conseil de l’Union européenne de décider des étapes suivantes du processus devant mener à l’adhésion de la Bosnie-Herzégovine.

Le délégué a ensuite déploré les divisions politiques qui ont cours dans le pays, appelant les dirigeants à éviter les propos sectaires avant les élections municipales d’octobre prochain, susceptibles d’affaiblir cet élan d’unité alors que le pays a besoin de mobiliser ses ressources pour les réformes entamées.  Il a en outre regretté le fait que les autorités de la Republika Srpska aient envisagé d’organiser un certain nombre de référendums, de nature à saper la stabilité du pays.  Il a aussi appelé toutes les parties à trouver un accord au plus vite afin de permettre que les élections aient lieu à Mostar en octobre prochain.

M. Vrailas a souligné que la réconciliation devait être promue entre les citoyens et entre les dirigeants politiques qui les représentent.  Il a réitéré l’engagement de l’Union européenne en faveur de l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine en tant que pays souverain et unifié. 

Il a confirmé la décision de l’Union européenne de maintenir sa présence en Bosnie-Herzégovine, y compris à travers la Force de maintien de la paix de l’Union européenne et la Force Althea.  Il a souligné que si la stabilité du pays se renforçait et que les réformes en vue de son adhésion à l’Union européenne se mettaient en place, cette dernière serait alors disposée à discuter de la reconfiguration de la présence internationale en Bosnie-Herzégovine.  Dans ce contexte, il a invité les autorités bosniennes à remplir les conditions pour la fermeture du Bureau du Haut-Représentant.

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a déclaré que son pays, en tant que signataire de l’Accord de Dayton, avait une responsabilité particulière à l’égard de la Bosnie-Herzégovine.  Dans ce contexte, il a mis l’accent sur trois questions d’une importance particulière pour la Croatie: l’intégration européenne; l’intégrité territoriale, la stabilité et la fonctionnalité de la Bosnie-Herzégovine en tant que pays souverain et uni; et la redevabilité et la réconciliation. 

S’agissant de l’intégration européenne, il a dit l’importance de l’intégration euro-atlantique de la Bosnie-Herzégovine avant de saluer la demande d’adhésion formulée par ce pays en février auprès de l’Union européenne.  « Il n’y a aucun doute, a insisté le représentant de la Croatie, que le processus d’intégration européenne crée une atmosphère propice à la consolidation et à la modernisation du pays. » 

Par ailleurs, il a jugé que la fonctionnalité de la Bosnie-Herzégovine était un prérequis indispensable pour la stabilité de l’Europe du Sud-Est.  Il a dit la nécessité de parvenir à une égalité entre les trois peuples de la Bosnie-Herzégovine avant de juger inadmissible la persistance d’une rhétorique sécessionniste de la République serbe de Bosnie.  Il a dit que le projet de la République serbe de mener un référendum sur l’autorité du Haut-Représentant, la Cour de justice et le Bureau du Procureur de la Bosnie-Herzégovine constituait une menace à la souveraineté de la Bosnie-Herzégovine.  Il s’est particulièrement inquiet de la persistance de cette source de division à l’aune des élections municipales d’octobre 2016. 

Pour ce qui est de la redevabilité et de la réconciliation, le représentant de la Croatie a rappelé que le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) a, au mois de mars 2016, reconnu Radovan Karadžić coupable de crimes contre l’humanité.  Il a noté qu’il a fallu attendre 20 ans pour obtenir ce verdict, avant de prévenir qu’il faudra bien plus d’efforts pour guérir les blessures des familles des victimes.  Il a dit que l’avenir prospère de la Bosnie-Herzégovine reposait maintenant sur l’Union européenne et l’OTAN. 

Le délégué a affirmé que la Croatie et la Bosnie-Herzégovine avaient lancé de conserve un projet financé par l’Union européenne qui vise à transformer 200 kilomètres de lignes de chemin de fer en pistes cyclables transfrontalières qui permettront d’apprécier les zones côtières et montagneuses des deux pays tout en générant un revenu touristique pour les populations locales. 

M. MILAN MILANOVIĆ (Serbie) a déclaré que le Premier Ministre serbe, M. Aleksandar Vučić, avait lancé de nombreuses initiatives en matière de coopération avec les partenaires en Bosnie-Herzégovine et qui rapprochent de l’objectif commun de réconciliation, de confiance mutuelle, de développement économique rapide et d’intégration à l’Union européenne. 

En tant que garant de l’Accord de Dayton, la Serbie réaffirme son engagement à protéger la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine qui sont les conditions de la stabilité, du développement et de l’amélioration de la qualité de la vie de son peuple. 

Patrie de nombreux Serbes, la Bosnie-Herzégovine se trouve à un pas d’un avenir meilleur que son intégration régionale renforcera.  Les infrastructures, l’administration et l’économie continueront de se développer en même temps qu’elle progressera sur le chemin de l’intégration, a estimé le représentant.

M. Milanović a affirmé que le Premier Ministre serbe avait visité, le 12 avril dernier, la ville de Mostar pour un événement économique et au cours duquel il a rencontré tous les membres de la présidence de la Bosnie-Herzégovine.  La Serbie est engagée en faveur de la poursuite de relations transparentes avec la Republika Srpska et d’une coopération renforcée avec la Fédération de Bosnie-Herzégovine. 

Le représentant a ensuite salué le dépôt de candidature de la Bosnie-Herzégovine à l’Union européenne.  La Serbie est disposée à partager son expérience dans le processus de négociations, a dit le représentant.   

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC achève sa session consacrée à l’intégration de tous les aspects du Programme de développement durable à l’horizon 2030

Conseil économique et social - Session de 2016,
23e séance - matin
ECOSOC/6757

L’ECOSOC achève sa session consacrée à l’intégration de tous les aspects du Programme de développement durable à l’horizon 2030

Les organes spécialisés du système de l’ONU sont invités à jeter des ponts entre eux pour travailler ensemble à cet objectif

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé, aujourd’hui, son segment d’intégration de trois jours qui visait à faire avancer le processus de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 en examinant les politiques innovantes et les politiques d’intégration.

Le débat consacré à l’intégration est l’occasion de rassembler toutes les compétences analytiques et de partager les expériences et les difficultés, dans l’effort d’intégration des trois piliers du développement durable, a relevé le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo.

Il a jugé ce processus crucial pour aborder les questions politiques clefs, prévenant que de nombreuses questions complexes allaient se poser sur la voie de la mise en œuvre.  Pour concrétiser le Programme 2030, il faudra des approches en aval et d’autres en amont.  Il faudra aussi allier les compétences du secteur privé avec celles du secteur public en vue de trouver des solutions novatrices et pratiques.

Passant en revue les activités entreprises par le Département des affaires économiques et sociales (DAES) pour soutenir la mise en œuvre des objectifs de développement durable de manière intégrée, M. Wu a mentionné sa capacité d’analyse et sa coopération technique, ainsi que les services consultatifs qu’il fournit aux États Membres.  Le Département promeut également la participation de tous les secteurs (universitaire, scientifique, société civile et secteur privé).

Par le biais de son Comité exécutif pour les affaires économiques et sociales, le DAES donne des directives aux programmes de l’ONU dans ces domaines.  Pour contribuer à une mise en œuvre sur le terrain, a-t-il ajouté, nous fournissons des analyses et des recommandations aux États Membres pour les informer des activités opérationnelles au niveau des pays.  Enfin, le DAES apporte son soutien aux discussions intergouvernementales menées dans le cadre de l’ECOSOC.

Nous avons pris un bon départ, a estimé le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Sven Jürgenson, de l’Estonie, en résumant les messages clefs de cette session.  Chaque pays connaissant des défis propres dans la mise en œuvre, il est important de respecter les priorités nationales.  Il est apparu par ailleurs que les innovations doivent être partagées en utilisant de nouvelles approches et pas seulement les technologies.  Il faut, en outre, que les pays investissent à long terme, en s’appuyant sur les succès passés et en apprenant des échecs.  Il faut aussi doter les institutions du secteur public des compétences nécessaires pour forger les bonnes politiques.  Enfin, il faut faire un bon usage des technologies novatrices. 

La table ronde tenue ce matin a envisagé les questions de l’intégration et de l’innovation en matière de politiques sous l’angle de la contribution que peut apporter le système multilatéral, à commencer par l’ONU.  « L’approche systémique et holistique à l’échelle du système » est l’une des trois façons de réaliser l’intégration, a expliqué le Directeur exécutif de Stakeholder Forum for a Sustainable Future en citant les deux autres: l’équilibre entre les trois dimensions du développement durable, et le lien à faire entre les objectifs et les cibles.

Des responsables du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et d’ONU-Femmes étaient venus dans ce cadre exprimer leur engagement à renforcer leur coopération « à l’échelle du système ».  Celle-ci est déjà en place, a-t-on remarqué, en citant par exemple l’initiative « Unis dans l’action », mise en œuvre dans 53 pays à la demande des gouvernements, qui permet de traiter le problème du morcèlement des activités de l’ONU.

Si certains ont appelé à « faire voler en éclats » les obstacles et les silos qui entravent la collaboration, le représentant du PNUE a conseillé de ne pas chercher à détruire les silos car ils sont dus à une spécialisation nécessaire des différents organes.  Il a tout simplement recommandé de mettre en place des passerelles entre ces silos, pour permettre les discussions et le travail en commun.  Cette coordination doit commencer au Siège et se poursuivre sur le terrain, a-t-il précisé.

Au niveau régional, le représentant de la Commission économique pour l’Europe (CEE) a mentionné les comités mis en place sur les questions d’énergie, de transport, ou encore de logement.  De son côté, le Secrétaire général adjoint et Conseiller spécial pour l’Afrique a invité à réfléchir aux moyens de promouvoir l’intégration du Programme 2030 au Programme 2063 de l’Union africaine pour la prospérité, l’unité et la paix. 

Si l’exercice d’intégration est ainsi pratiqué par le système multilatéral, il doit l’être également par les États Membres, ont rappelé les intervenants tout en constatant que les pays ont déjà mis en place des mécanismes pour que les ministères travaillent ensemble à la mise en œuvre du Programme 2030.

Le travail d’intégration ne sera complet que si on tient compte, à tous les niveaux, des liens qui relient les objectifs de développement durable entre eux.  La Sous-Secrétaire générale Lakshmi Puri, représentante d’ONU-Femmes, a attiré en particulier l’attention sur les liens évidents qui existent entre l’objectif numéro 5 sur l’égalité entre les sexes et l’objectif numéro 10 sur la réduction des inégalités.

Le Vice-Président de l’ECOSOC a annoncé qu’il publierait le résumé des trois jours de débats qui seront, en outre, présentés en juillet prochain lors de la radiodiffusion du programme « Mon monde parfait » de la BBC.

DÉBAT CONSACRÉ AUX QUESTIONS D’INTÉGRATION

Table ronde sur le thème « Innovation et intégration en matière de politiques – perspectives du système multilatéral »

Déclarations liminaires

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a tenu ce matin sa dernière table ronde sur le thème « Innovation et intégration en matière de politiques – perspectives du système multilatéral », dans le cadre de son segment sur les questions d’intégration. 

M. SVEN JÜRGENSON, Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), qui présidait la table ronde, a souligné l’importance de l’universalité des objectifs de développement durable.  Mais, a-t-il indiqué, le terme « universalité » est utilisé sans que l’on sache exactement sa signification notamment pour les pays en développement.  Comment trouver l’équilibre entre les trois dimensions du développement et les questions d’intégration?  Quels sont les liens entre les objectifs et les cibles et comment les intégrer les uns aux autres?

M. FAROOQ ULLAH, Directeur exécutif du « Forum des parties prenantes », qui animait la table ronde, a affirmé que le Forum avait trouvé 23 liens entre les objectifs de développement durable et les 169 cibles en prenant l’exemple de la cible qui vise à réduire le nombre de décès dus aux produits chimiques qui est étroitement liée à la cible sur la réduction des produits chimiques dans l’eau.  Comment fonctionne l’intégration et quel partenariat pour la faire marcher? a-t-il demandé, avant de lancer les discussions.

Le Secrétaire général adjoint et Directeur exécutif de la Commission économique pour l’Europe (CEE), M. CHRISTIAN FRIIS BACH, s’est félicité d’avoir participé à la « grande aventure » de la préparation des objectifs de développement durable, dès la Conférence Rio+20 où il représentait le Danemark.  Puis, en tant que représentant de la CEE, il a noté combien les idées étaient brassées dans le cadre de ce processus multilatéral.  Alors qu’on ne voyait, par le passé, que des contraintes et des obstacles, on a changé de cap avec les perspectives qu’offrent les énergies renouvelables, en termes d’emploi verts notamment.  Il nous faut faire voler en éclats les obstacles qui nous empêchent de collaborer, a-t-il lancé en souhaitant la disparition des silos qui empêchent de travailler ensemble.

Comment pouvons-nous trouver des nouveaux mécanismes de financement et de nouveaux modes de gestion?  Comment faire pour que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne soit vu que comme « un seul mandat »?  « Nous constatons, a noté M. Bach, des efforts sincères pour éliminer les obstacles, les pays mettant en place des mécanismes pour que les ministères travaillent ensemble à la mise en œuvre du Programme 2030. »  Au niveau régional, il a mentionné les comités mis en place sur les questions d’énergie, de transport, ou encore de logement, qui permettent de surmonter les obstacles traditionnels.  La Confédération européenne de l’agriculture (CEA), par exemple, a publié un rapport sur l’industrialisation verte de l’Afrique.  La CEE se penche quant à elle sur différents domaines comme les transports, la santé et l’environnement.

Pour ce qui le concerne, M. MAGED ABDELAZIZ, Secrétaire général adjoint et Conseiller spécial pour l’Afrique, a dit que du point de vue africain, on ne peut pas soustraire les questions de l’intégration des objectifs de développement durable aux réalités du continent.  La question qui se pose est comment promouvoir l’intégration du Programme de développement durable à l’horizon 2030 au Programme 2063 de l’Union africaine pour la prospérité, l’unité et la paix.  Le Conseil spécial a rappelé que comme l’Afrique reste le continent le plus pauvre au monde, elle a besoin notamment d’une croissance forte et soutenue, d’une gestion efficace des ressources naturelles, d’une agriculture, des investissements dans les infrastructures, de la lutte contre les impacts des changements climatiques, de renforcement des capacités et de la résilience, et de la bonne gouvernance. 

Le système multilatéral doit soutenir la mise en œuvre du Programme 2063 de l’Union africaine en s’appuyant sur les recommandations des discussions en Afrique qui ont eu lieu en 2014 et en 2015.  Ces recommandations sont notamment la mise au pont d’un cadre et d’un mécanisme de mise en œuvre du Programme 2063 et du Programme 2030, le renforcement des capacités statistiques nationales, le soutien à la transformation socioéconomique de l’Afrique, la lutte contre les flux financiers illicites et les trafics de ressources nationales et le respect des engagements pris dans le cadre de l’aide publique au développement. 

En outre, de nouveaux mécanismes de financement sont nécessaires pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a rappelé le Plan d’action d’Addis-Abeba.  De son côté, l’Union africaine entend redoubler d’efforts pour soutenir notamment les commissions régionales.  Le Conseiller spécial a également suggéré de maintenir le dividende démographique en Afrique pour assurer et pérenniser le développement du continent.  Cela exige des investissements notamment dans l’éducation, l’emploi et les technologies de l’information et des communications.  Il a terminé en soulignant l’importance de la participation des jeunes et des femmes dans la mise en œuvre des deux programmes.

Pour M. MICHAEL O’NEILL, Administrateur adjoint et Directeur du Bureau des relations extérieures et de la promotion au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’examen triennal que mèneront les États Membres cet automne sera le processus idoine pour concrétiser l’intégration au niveau du système multilatéral, de même que les dialogues organisés par l’ECOSOC.  Il y a eu des progrès sur cette voie, a-t-il noté en citant l’initiative « Unis dans l’action », mise en œuvre dans 53 pays à la demande des gouvernements, qui permet de traiter le problème du morcèlement des activités de l’ONU.  Notant également les progrès accomplis en termes de transparence, il a signalé que le PNUD était depuis deux ans l’agence d’aide la plus transparente.

Ces constatations n’ont pas empêché M. O’Neill de lancer un appel en faveur d’un engagement toujours plus constant, en commençant par celui des États Membres.  Les nouveaux défis que représentent les objectifs de développement durable sont une bonne occasion, à son avis, pour établir une corrélation stratégique entre les activités menées, dans le but final de parvenir à une véritable transformation.  Veiller à la complémentarité des actions est un autre mot d’ordre qu’il a donné au système de l’ONU en souhaitant une coopération où chacun soit gagnant.  Enfin, M. O’Neill a appelé à travailler de manière étroite avec le secteur privé.

Mme LAKSHMI PURI, Sous-Secrétaire générale chargée de l’appui intergouvernemental et des partenariats stratégiques à ONU-Femmes, a insisté sur l’importance de l’intégration de l’égalité entre les sexes pour réaliser les objectifs de développement durable.  Il faut pour cela un engagement général des États Membres pour notamment combler les écarts entre les sexes au plan institutionnel, et pour suivre la feuille de route que constituent les objectifs de développement durable numéro 5 sur l’égalité entre les sexes et numéro 10 sur la réduction des inégalités.  Mais est-ce que tous les États Membres suivent cette feuille de route? a interrogé Mme Puri pour qui un travail de plaidoyer est nécessaire à cet effet pour mobiliser les États et tous les organes de l’ONU. 

Mme Puri a ensuite mis l’accent sur l’innovation pour remettre en cause les inégalités dont sont victimes les femmes et mettre en œuvre la feuille de route.  Tout doit être mis en œuvre car les objectifs de développement durable sont indivisibles, a-t-elle aussi dit.  Elle a également soutenu l’importance des investissements, y compris à l’intérieur du système des Nations Unies, pour réaliser les objectifs de développement durable et en particulier les objectifs de développement durable qui sont relatifs aux femmes.

Expliquant les avantages qu’apportent les organes spécialisés de l’ONU, M. ELLIOT HARRIS, Sous-Secrétaire général et Chef du Bureau de New York du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a estimé qu’ils ne pouvaient pas être des généralistes.  « Si nous perdons nos spécialisations, nous perdons notre capacité à aider les États Membres », a-t-il dit, en conseillant non pas de détruire les silos mais de faire en sorte qu’ils n’empêchent pas les discussions et le travail en commun.  Notant que les équipes de l’ONU sur le terrain mettent en œuvre des politiques adoptées au Siège, il a prévenu que si elles ont été élaborées en silos, les équipent ne pourront que les mettre en œuvre telles qu’elles.  Il a donc conseillé aux équipes du Siège de faire l’effort de se coordonner. 

Prenant l’exemple du déboisement, il a souligné ses nombreuses conséquences sur l’érosion des sols, la production agricole, les migrations, l’urbanisme.  Chaque équipe chargée de ces questions peut contribuer à régler le problème, en travaillant de manière coordonnée.  Cela nécessite en outre la coopération des gouvernements, a-t-il ajouté en lançant un appel aux États Membres pour qu’ils prennent pleinement conscience de cette exigence. 

Débat interactif

Le représentant du Chili a dit qu’au sein des Nations Unies existait une résistance face aux questions d’intégration.  « À l’ONU, tout le monde veut être coordonnateur, mais personne ne veut être coordonné », a-t-il déclaré en rappelant le chaos qui avait régné en Haïti entre les organes des Nations Unies après le tremblement de terre qui avait secoué ce pays en 2010.  Il a aussi pris l’exemple de la proposition faite la semaine dernière sur le changement du logo de l’ECOSOC.  Des formations devraient-elles être organisées pour initier les agents de l’ONU et de ses organes à ne pas travailler en silo?

Le Directeur exécutif de la Commission économique pour l’Europe (CEE) a répondu que les objectifs de développement durable offraient une base pour faire voler en éclat les silos.  Les États Membres devraient donner une orientation stratégique, un mandat unique et la liberté de les mettre en œuvre, a-t-il suggéré.  M. BACH a conseillé d’établir des passerelles entre les différentes spécialisations et de tenir compte du contexte de chaque pays.  Il faut être souple pour répondre aux besoins des États Membres qui se trouvent à différentes étapes de leur développement.

La Directrice exécutive adjointe du Bureau de l’appui aux mécanismes intergouvernementaux et des partenariats stratégiques a insisté sur l’importance de la coordination et de l’intégration entre les différents organes des Nations Unies et ses organes.  

Le Directeur du Bureau des relations extérieures et de la promotion au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a estimé que travailler en silo n’est pas le propre des Nations Unies mais avant tout celui de la nature humaine et de la bureaucratie.  Les Nations Unies sont composées d’hommes et de femmes et l’ONU est aussi une bureaucratie comme une autre.  Mais il a fait remarquer qu’il existait toujours des marges de manœuvre pour améliorer les choses.  Il a préconisé le dialogue, l’amélioration de la gestion et la cohérence.  Il faut aussi garder à l’esprit le besoin de réforme pour toute entité publique et saisir toutes les occasions pour dire aux États Membres la nécessité de la réforme. 

Pour le Chef du Bureau de New York du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), la question qui se pose est de savoir comment faire pour que les spécialisations ne constituent pas des obstacles.  Il a répondu que la mise en œuvre des mandats des organes spécialisés dépendait notamment des décisions de l’ECOSOC et du Secrétariat.  Le Secrétaire général a déjà demandé la réduction des mandats, la clarification des liens entre les mandats pour qu’il y ait des résultats, a rappelé M. Harris.

Le représentant de l’Iraq a demandé des précisions au représentant de la CEE sur la manière avec laquelle la Commission gère les relations avec les trois groupes de pays composant l’Union européenne: les États membres, les pays candidats et les candidats potentiels.  Comment faites-vous pour les fédérer en vue de la mise en œuvre des objectifs de développement durable?

Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Europe (CEE) a répondu que les commissions régionales peuvent faire beaucoup pour la réalisation des objectifs de développement durable en jouant le rôle de passerelle entre les organisations régionales, internationales et les autres parties prenantes.  Beaucoup de pays et la plupart des membres de la société civile travaillent au niveau régional, a-t-il fait remarquer.  Il a ajouté que de nombreux accords et normes existent au niveau régional et qu’il savoir en tirer parti. 

Le représentant de l’Iraq a demandé au Conseiller spécial pour l’Afrique, ce que compte faire son bureau pour l’intégration des objectifs de développement durable au Programme 2063 de l’Union africaine.  Le représentant de l’Afrique du Sud a aussi demandé à M. Maged Abdelaziz comment l’ONU peut aider l’Afrique à lutter contre les flux financiers illicites en Afrique.  

Le Conseiller spécial a répondu que le « Rapport Mbeki » du Groupe de haut niveau chargé de la question des flux financiers illicites en provenance d’Afrique, créé par la Commission économique pour l’Afrique et l’Union africaine, publié en 2015, avançait des réponses concrètes à ces questions notamment en ce qui concerne la gestion des ressources naturelles, la lutte contre la corruption et l’exonération fiscale accordée aux investisseurs étrangers en Afrique.  Ces exonérations fiscales font perdre plus de 50 milliards de dollars annuels au continent, a regretté le Conseil spécial qui a dit que l’Afrique avait besoin de cet argent pour réaliser le Programme 2063. 

Le mandat de son bureau est de soutenir l’Union africaine qui a son propre programme de développement.  Ce programme va au-delà de 2030, a-t-il noté.  En outre, l’Union africaine a son propre plan de mise en œuvre et des objectifs très précis comme la réduction de 25% du chômage des jeunes avant 2030, a déclaré le Conseiller spécial.      

Participant au débat, le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a préconisé de prendre en compte la situation spécifique dans la réalisation des objectifs de développement durable dans le cadre normatif de l’ONU.  Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Europe (CEE), a reconnu la nécessité de travailler dans le cadre existant.  Le Conseiller spécial pour l’Afrique, a suggéré une meilleure coordination entre les organes de l’ONU et de l’Union africaine sur la base des structures existantes. 

Les questions d’intégration sont un processus évolutif et sont à leur début, a repris le modérateur, qui a rappelé les trois caractéristiques de l’intégration: l’intégration se fait sur le long terme, elle nécessite une politique d’ouverture aux autres parties prenantes et elle fait également appel à la planification et à la nécessité de trouver tous les liens entre les objectifs de développement durable.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité appelé à faire respecter l’accord de cessation des hostilités en Syrie

Conseil de sécurité,
7687e séance – après-midi
CS/12351

Le Conseil de sécurité appelé à faire respecter l’accord de cessation des hostilités en Syrie

Face au déferlement de violence que connaît la ville d’Alep en particulier, les Secrétaires généraux adjoints aux affaires politiques et aux affaires humanitaires ont tous deux appelé le Conseil de sécurité, réuni en urgence, cet après-midi, à faire respecter l’accord de cessation des hostilités en Syrie qu’il avait entériné le 26 février dernier, par la résolution 2268 (2016).

Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, a dressé un tableau de la situation tragique qui prévaut à Alep, en particulier, et en Syrie en général.  Au cours de ces deux dernières semaines, aucune partie d’Alep n’a été épargnée par les bombardements du Gouvernement et de l’opposition, a-t-il dit, cette situation faisant craindre une escalade de ces attaques et contre-attaques qui pourraient alors s’étendre au-delà d’Alep. 

Des informations récentes, a ajouté M. Feltman, font état du fait que des parties à l’accord de cessation des hostilités ont repris les armes, tout comme celles n’y étant pas impliquées, notamment le Front el-Nosra.  Le Secrétaire général adjoint a néanmoins salué l’accord conclu hier par les États-Unis et la Fédération de Russie, lequel a connu une application difficile, mais qui a tout de même permis de faire baisser la violence. 

Consolider et étendre cet accord serait une étape importante dans la bonne direction, a-t-il jugé, ajoutant qu’il souhaitait également que le principe de « jours de silence » respecté dans certaines parties de Damas et de la partie rurale de Lattaquié soit également renforcé. 

Au sujet du processus politique, M. Feltman a rappelé que l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, comptait convoquer de nouveau les pourparlers intra-syriens en mai.  Mais il a souligné que le faire sans qu’il y ait des progrès tangibles sur le terrain en termes d’une cessation des hostilités et un accès humanitaire accru faisait courir le risque de l’échec du processus politique.  

« Nous sommes à un point où le soutien renouvelé du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS) est nécessaire pour aller de l’avant », a-t-il noté, tout en rappelant que le processus politique syrien se devait de respecter les recommandations de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.   

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Stephen O’Brien, a pour sa part indiqué que les 300 000 personnes qui vivent dans la partie est d’Alep sont sous la menace constante d’une prochaine attaque aérienne, tandis que les 1,3 million de personnes de la partie ouest sont retranchées dans des caves à l’abri des tirs de mortiers qui continuent de frapper ce qu’il reste de leur maison.    

M. O’Brien a demandé aux membres du Conseil de sécurité combien de morts et de souffrance ils pouvaient encore tolérer avant de s’attaquer collectivement à cette crise syrienne insensée, qui affecte non seulement les Syriens, mais aussi leurs voisins.  

Pour la représentante des États-Unis, même si toutes les parties en conflit sont responsables de la situation qui domine à Alep, l’escalade est due aux attaques du régime syrien.  Elle s’est félicitée de l’accord auquel son pays est parvenu hier avec la Fédération de Russie.  Elle a expliqué que pour sortir de l’impasse en Syrie, il faudrait progresser vers les trois points du processus de paix, à savoir le cessez-le-feu, l’accès humanitaire et des négociations pour une transition politique. 

Le représentant de la France a comparé Alep, « ville martyre » à Sarajevo de la Bosnie.  Il a affirmé que le Conseil de sécurité devait jouer un rôle dans la surveillance du respect de la trêve et la sanction des violations les plus graves en exploitant les informations qui doivent lui être relayées sur une base mensuelle comme le prévoit la résolution 2268 (2016).  

Il a également rappelé que son pays demandait l’organisation d’une réunion ministérielle du GISS avec trois objectifs: obtenir de meilleures garanties du respect de la trêve; réaffirmer la nécessité de protéger et porter assistance aux populations civiles; et relancer les négociations en vue d’une solution politique. 

Son homologue du Royaume-Uni a proposé une déclaration à la presse sur la situation d’Alep que les membres du Conseil ont promis d’examiner.

Pour le délégué de la Fédération de Russie, la vie aurait repris son cours normal en Syrie, « n’en déplaise à ceux qui souhaitent la prolongation du conflit pour consolider leurs accusations à l’encontre des forces gouvernementales ».  Il a accusé les terroristes d’utiliser des « mines » et des « bombes à fragmentation » à Alep.

Cette réalité a fait dire au représentant de la Syrie que les soi-disant opposants modérés font pleuvoir des milliers de bombes, de roquettes lourdes et légères, de grenades et de mortiers sur la population, « tuant 118 civils et faisant plus de 200 blessés rien qu’au cours des 10 derniers jours ».  Il a accusé l’Arabie saoudite d’être derrière les agissements de tels groupes, avant de rappeler que les autorités syriennes sont disposées à participer à tout dialogue visant à permettre aux Syriens de décider par eux-mêmes de leur avenir. 

Son homologue de l’Égypte a pour sa part affirmé que la cessation des hostilités avait malheureusement permis au Front el-Nosra de s’implanter de nouveau à Alep et d’y recruter des groupes locaux qu’il a armés, causant ainsi les confrontations actuelles que connaît la ville.

Le représentant de la Chine a plaidé pour que les Syriens eux-mêmes décident de leur avenir, soulignant aussi le rôle d’accompagnement que devrait jouer l’ONU à cet effet, notamment l’Envoyé spécial du Secrétaire général.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. JEFFREY FELTMAN, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a indiqué qu’aucune partie d’Alep n’avait été épargnée, et que les bombardements aériens du Gouvernement sur la ville, au cours des deux dernières semaines, apparaissaient comme parmi les plus horribles de cette guerre.  Il a ajouté que les bombardements, par l’opposition, de zones contrôlées par le Gouvernement avaient également conduit à des morts et des destructions.  Il existe, selon lui, le danger que l’escalade de ces attaques et contre-attaques ne continue et ne s’étende au-delà d’Alep. 

Il a dit prendre note du communiqué du Département d’État des États-Unis qui a fait savoir que les États-Unis et la Fédération de Russie avaient conclu un accord hier soir afin d’étendre l’accord de cessation des hostilités en Syrie à la ville d’Alep.  Il a exhorté les parties à appliquer cet accord immédiatement et complètement.

Sur le plan humanitaire, il a en outre déclaré qu’empêcher les gens d’accéder à l’aide humanitaire essentielle était une violation sérieuse du droit international humanitaire, ajoutant que l’utilisation de la famine comme arme lors d’un conflit était un crime de guerre.  Il a rappelé aux parties en conflit qu’elles devaient respecter le droit international humanitaire, rappelant à cet effet que le Secrétaire général avait demandé que la situation en Syrie soit renvoyée devant la Cour pénale internationale (CPI).  « Les responsables de crimes de guerre doivent être tenus de rendre compte », a-t-il dit. 

Il a de nouveau indiqué que les attaques intentionnelles et directes contre des hôpitaux étaient des crimes de guerre.  Il a noté qu’il y avait eu, au cours de ces dernières semaines, des tentatives de gagner du terrain de la part à la fois du Gouvernement et des forces de l’opposition.  Il a déclaré que des rapports récents faisaient état du fait que des parties à l’accord de cessation des hostilités avaient repris les armes, tout comme celles n’y étant pas impliquées, notamment le Front el-Nosra. 

La situation générale à Alep ressemble de plus en plus à certains des pires jours de la période avant la cessation des hostilités.  Il a relevé que l’accord conclu hier par les États-Unis et la Fédération de Russie, et qui devait entrer en vigueur à partir de minuit et une minute à Damas, avait connu une application difficile, mais qu’il avait néanmoins permis de faire baisser la violence. 

Consolider et étendre cet accord serait une étape importante dans la bonne direction.  Il a également dit espérer que le principe de « jours de silence » dans certaines parties de Damas et de la partie rurale de Lataquié serait également consolidé.  Il a salué la nouvelle faisant état de l’extension du « silence » dans la banlieue orientale de Damas, à Ghouta, pour les prochaines 48 heures.  « Nous devons remettre la cessation des hostilités en application dans tout le pays », a encore déclaré M. Feltman. 

À cet égard, l’Envoyé spécial du Secrétaire général sur la Syrie, M. Staffan de Mistura a tenu des consultations avec les coprésidents du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS) au cours des deux derniers jours, et il est aujourd’hui à Berlin en réunion avec les fonctionnaires allemands et français.  Il a également rencontré le chef du Haut Comité des négociations pour l’opposition.  

Au sujet du processus politique, il a rappelé que M. de Mistura avait indiqué devant le Conseil, le 27 avril dernier, que pour être crédible, le prochain cycle de négociations devrait être soutenu par des progrès tangibles sur le terrain en termes d’une cessation des hostilités et un accès humanitaire accru.  L’Envoyé spécial compte convoquer de nouveau les pourparlers intra-syriens en mai, a confié le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques.  Mais il a souligné que le faire sans qu’il n’y ait des avancées sur les deux points précédemment évoqués faisait courir le risque de l’échec du processus politique.

Il a expliqué en effet que le niveau actuel de violence à Alep sapait la possibilité de voir les parties syriennes s’engager dans des négociations.  Il a de nouveau affirmé que la seule façon de parvenir à la paix en Syrie était une solution politique fondée sur une transition politique crédible qui émergerait de négociations intra-syriennes.  Il a rappelé qu’au cours du cycle des négociations, qui a eu lieu du 13 au 27 avril, l’Envoyé spécial avait élaboré un « Résumé du médiateur » qui a identifié 18 points nécessaires pour aller de l’avant pour une transition politique. 

Il a salué le fait qu’au cours de ces pourparlers, tous les participants, y compris le Gouvernement syrien, avaient accepté qu’une transition dirigée par les Syriens était nécessaire pour mettre fin au conflit.  Il est maintenant nécessaire, a-t-il expliqué, de déterminer les contours de cette transition qui devraient respecter les recommandations de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.  « Nous sommes à un point où le soutien renouvelé du GISS est nécessaire pour aller de l’avant », a-t-il noté.

M. Feltman a ensuite observé que la nécessité d’aborder la question de la lutte contre le terrorisme en Syrie ne devrait pas empêcher de faire des avancées politiques.  L’une des plus grandes contributions que nous pouvons faire pour lutter contre Daech et el-Nosra est de parvenir à une transition politique globale vers un État inclusif, participatif et démocratique en Syrie, a-t-il argué.  Il a affirmé que, conformément à la résolution 2254 (2015), le Secrétaire général et son Envoyé spécial espéraient arriver à un accord sur la transition d’ici au mois d’août.

M. STEPHEN O’BRIEN, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, s’est dit choqué par le niveau de destruction qui règne à Alep avec l’utilisation d’armes explosives dans des zones densément peuplées où des centaines de civils ont été tués ou blessés.  Il a indiqué que l’accès aux services de base comme l’eau et l’électricité se faisait au compte-gouttes. 

Les 300 000 personnes qui vivent dans la partie est d’Alep vivent sous la menace constante d’une prochaine attaque aérienne, tandis que les 1,3 million de personnes de la partie ouest sont retranchées dans des caves à l’abri des tirs de mortiers qui continuent de frapper ce qu’il reste de leur maison. 

S’agissant des terribles attaques qui continuent de toucher quotidiennement les installations médicales, il a noté qu’elles avaient un effet multiplicateur en empêchant des milliers de civils d’avoir accès à des services de soins.  Il a rappelé que selon l’organisation non gouvernementale Médecins pour les droits de l’homme, 360 attaques contre 250 infrastructures de santé ont été recensées, faisant 730 morts parmi le personnel médical. 

Des femmes enceintes n’ont plus accès à un endroit sûr pour accoucher alors que la fourniture d’aide médicale ne peut plus être garantie.  Ceux qui sont à l’origine de ces attaques, quel que soit leur camp, doivent savoir qu’ils ne seront pas oubliés et qu’ils devront rendre des comptes pour ces crimes de guerre et crimes contre l’humanité.  Il s’est dit extrêmement préoccupé par le fait que de nombreux acteurs humanitaires ont dû interrompre leurs activités. 

Il a expliqué que de nombreux enfants n’avaient pu être vaccinés comme prévu.  Au-delà d’Alep, la destruction d’infrastructures continue d’affecter les civils dans l’ensemble du pays, a-t-il rappelé avant d’appeler à ce que toutes les attaques contre les civils s’arrêtent immédiatement. 

Avant de conclure, le chef des affaires humanitaires de l’ONU a demandé aux membres du Conseil de sécurité combien de morts et de souffrance ils pouvaient encore tolérer avant de s’attaquer collectivement à cette crise syrienne insensée, qui affecte non seulement les Syriens, mais aussi leurs voisins.  

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a déclaré que la cessation des hostilités n’était pas du tout respectée à Alep comme le laisse voir les comptes rendus des médias.  Il a rappelé que cette cessation des hostilités devait être l’un des piliers de la paix durable en Syrie.  La situation actuelle montre que le Président syrien ne peut rester au pouvoir, car il est à l’origine de l’escalade du conflit et il ne peut pas jouer un rôle dans l’avenir du pays, étant donné qu’il empêche l’aide humanitaire de parvenir à ses concitoyens.  Il a dit que les attaques contre les civils, notamment les hôpitaux et écoles ne pouvaient être justifiées par la lutte contre le terrorisme, ajoutant que ces attaques s’apparentaient à un crime contre l’humanité.

Ce Conseil doit faire quelque chose pour les populations d’Alep, et la meilleure façon de reconstruire la confiance est de mettre fin à ces attaques, a-t-il estimé.  Il s’est félicité du nouvel accord entre les États-Unis et la Fédération de Russie et il a appelé le Conseil à agir au plus vite en adoptant une déclaration à la presse que sa délégation a préparée.  Rester silencieux face à cette situation reviendrait à se rendre complice de ce qui se passe à Alep, a—t-il conclu. 

M. FRANCOIS DELATTRE (France) a déclaré qu’Alep, ville martyre, cœur de la résistance à la brutalité du régime d’Assad, était à la Syrie ce que Sarajevo était à la Bosnie.  Il a rappelé que depuis le 22 avril, le régime a pris la décision d’entamer une nouvelle offensive sur la ville d’Alep et que cette reprise des combats a entraîné plus de 280 morts et provoqué un nouvel afflux de personnes déplacées à la frontière turque.  Le représentant de la France a estimé que le régime du Président syrien portait l’entière responsabilité de la rupture de la trêve à Alep.  Il a regretté que le fragile accord entre Russes et Américains, entré en vigueur la nuit dernière à Alep, n’ait pas été respecté. 

Face à ce constat, il a affirmé que le Conseil de sécurité devait jouer un rôle dans la surveillance du respect de la trêve et la sanction des violations les plus graves en exploitant les informations qui doivent lui être relayées sur une base mensuelle comme le prévoit la résolution 2268 (2016). 

« Dans l’immédiat, a-t-il insisté, les soutiens au régime doivent prendre leur responsabilité et user de leur influence sur Damas pour faire taire les armes. »  M. Delattre a souhaité que le Conseil de sécurité puisse envoyer un message clair sur la nécessité de faire cesser les combats d’Alep et de renforcer la cessation des hostilités.  Il ne s’agit ni plus ni moins, a insisté le représentant de la France, que de faire respecter la résolution 2268 (2016) adoptée à l’unanimité sur la proposition conjointe de la Russie et des États-Unis. 

Le représentant de la France a rappelé que son pays demandait de plusieurs jours l’organisation d’une réunion ministérielle du Groupe international de soutien à la Syrie avec trois objectifs: obtenir de meilleures garanties du respect de la trêve; réaffirmer la nécessité de protéger et porter assistance aux populations civiles; et relancer les négociations en vue d’une solution politique.  Il a rappelé qu’il fallait tout faire aussi pour permettre la reprise d’une négociation destinée à mettre en œuvre la résolution 2254 (2015) et le Communiqué de Genève.

M. ROMAN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a rappelé qu’hier, la Présidente de Médecins sans frontières (MSF), qui était assise là où se trouve la délégation syrienne, avait fait état des dévastations en cours en Syrie.  Le Conseil de sécurité doit appuyer les activités de l’Envoyé spécial Staffan De Mistura, avec pour priorité de parvenir à la cessation complète des hostilités, a estimé le représentant.

Hier, a eu lieu la dernière attaque des forces gouvernementales contre un hôpital, a déploré la délégation, qui a demandé au régime syrien de mettre fin à de telles violations du droit international humanitaire.  « Alep est l’occasion de montrer notre tolérance zéro » à l’égard de ce type d’attaques, a ajouté M. Marchesi, plaidant en faveur d’une résolution. 

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a dit qu’après tant de siècles d’histoire, la ville d’Alep se mourait.  Pour la sauver, elle a proposé de progresser vers les trois points du processus de paix, à savoir le cessez-le-feu, l’accès humanitaire et des négociations pour une transition politique.  Ce résultat est possible avec une volonté politique, a-t-elle dit, estimant néanmoins que ces points étaient liés les uns aux autres et devaient être traités de manière concomitante.  Elle a noté que toutes les parties en conflit étaient responsables de la situation qui prévalait à Alep, même si l’escalade est due aux attaques du régime syrien, a-t-elle précisé. 

Elle a déploré le fait que le régime et ses alliés disent s’attaquer aux terroristes, alors que les cibles qu’ils frappent montrent le contraire.  Elle a annoncé que les États-Unis et la Fédération de Russie s’étaient mis d’accord pour faire respecter de nouveau l’accord de cessation des hostilités. 

Mme Power a en outre regretté que le régime syrien n’ait pas approuvé la distribution de l’aide humanitaire censée soulager les populations d’Alep.  Ce refus n’est pas une coïncidence, étant donné que cette même ville fait l’objet de bombardements, a-t-elle observé.  Elle a également fermement condamné les confiscations d’articles médicaux par le régime syrien, regrettant que sur les 33 hôpitaux que comptait Alep en 2010, moins de 10 fonctionnaient encore. 

Elle a rendu hommage à Mohammed Maaz, le dernier pédiatre d’Alep qui est mort à la suite du bombardement de l’hôpital dans lequel il officiait.  Elle a estimé que ce bombardement fatal n’était pas une erreur, puisqu’il était le troisième à viser le même site.

Selon Mme Power, le conflit ne peut être réglé que par la voie politique.  Elle a souligné que tant qu’une des parties en conflit ne respectait pas ses engagements, elle mettrait en péril les négociations.  Elle a invité « tous ceux qui ont une influence sur le régime syrien », notamment la Fédération de Russie, à faire pression sur lui afin qu’il mette un terme à la guerre.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé que, grâce au régime de cessation des hostilités établi sous les auspices de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, le niveau des violences avait sensiblement décliné en Syrie.  Il a ainsi brossé un tableau bien différent de la situation dans le pays où, dans plusieurs provinces, la vie aurait repris son cours, « n’en déplaise à ceux qui souhaitent la prolongation du conflit pour consolider leurs accusations à l’encontre des forces gouvernementales ». 

Selon M. Churkin, celles-ci font face à Alep à des terroristes qu’il a accusés d’utiliser des « mines » et des « bombes à fragmentation ».  « Cela bien longtemps que les brigades prétendument modérées doivent se désolidariser du Front el-Nosra, mais leur décision se fait toujours attendre », a ironisé le représentant.

La délégation russe a proposé, « dès le début du conflit à Alep », le genre de coopération qui a permis d’aboutir aujourd’hui à une cessation des hostilités à Alep, « mais il a fallu six mois pour que ses partenaires y agréent ».  M. Churkin a fustigé plusieurs groupes que la Fédération de Russie considère comme terroristes. 

Des preuves de l’utilisation de gaz moutarde « et de combat » par des terroristes ont été réunies, a-t-il soutenu, regrettant l’opposition de certains membres occidentaux du Conseil à l’initiative sino-russe d’enquêter sur ces crimes.  Il a insisté sur la nécessité de mettre fin aux « réseaux d’approvisionnement » à la frontière entre la Syrie et la Turquie.  Le représentant a déclaré en conclusion être disposé à examiner la déclaration à la presse que la délégation britannique a fait circuler parmi les membres du Conseil.

M. GERARD van BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) s’est dit profondément préoccupé par la violence à Alep et ailleurs en Syrie et « choqué » par l’indifférence apparente des parties, et de ceux qui les soutiennent, face à l’épouvantable souffrance du peuple syrien.  Même si les parties continuent de rechercher une solution par voie militaire, sa délégation reste convaincue qu’une telle solution n’existe pas et qu’il faut qu’elles s’engagent dans le processus politique « qui représente la meilleure chance » pour mettre un terme à cette guerre « horrible ». 

Il craint que les actions du Gouvernement syrien et de certains membres de l’opposition ne fassent dérailler ce processus ainsi que la cessation des hostilités.  Pour sa délégation, la responsabilité est partagée et il faut soutenir l’Envoyé spécial du Secrétaire général et faire pression sur les parties à la table de négociation pour y participer de bonne foi, ce qui signifie, selon lui, d’autoriser l’accès à l’aide humanitaire, de négocier la libération des prisonniers, d’arrêter les combats et de s’engager dans une transition politique.

La Nouvelle-Zélande redoute que, dans le cadre des efforts internationaux pour combattre le terrorisme, il n’y ait une nouvelle tendance à utiliser le terme de « terrorisme » avec légèreté et comme une justification à des réponses militaires.  « Cette situation doit cesser », a exigé M. Van Bohemen, pour lequel toute intervention militaire doit se faire dans le respect du droit international humanitaire et éviter les cibles civiles.

La Nouvelle-Zélande soutient les pourparlers actuellement en cours sous les auspices de l’Envoyé spécial, de la Russie et des États-Unis, tout en soulignant qu’il ne s’agit pas là des seuls acteurs qui « peuvent changer la donne ».  Elle encourage le Conseil de sécurité et le Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS) à mettre tout leur poids derrière ces pourparlers politiques, et, à cet égard, souhaiterait entendre les points de vue de la Russie, des États-Unis et de l’Envoyé spécial sur ce que le Conseil de sécurité pourrait faire pour soutenir au mieux leurs efforts.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a condamné les bombardements qui ont cours en Syrie, notamment à Alep, ces derniers temps.  Il a déploré la destruction d’infrastructures civiles par le régime, ajoutant que ces attaques ne pouvaient se faire sans le soutien de son allié, lequel se présente comme un médiateur dans le conflit.  Il a appelé toutes les parties en conflit à respecter leurs obligations, notamment l’accord de cessation des hostilités et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a dit que sa délégation appuyait la déclaration à la presse que la délégation du Royaume-Uni avait préparée.  

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a déclaré que la cessation des hostilités avait redonné un espoir aux populations civiles syriennes, espoir qui était en train de s’évanouir à Alep.  Aussi, s’est-il félicité de l’accord auquel la Fédération de Russie et les États-Unis sont parvenus aujourd’hui.  Le représentant a exhorté tous les États concernés à mettre en œuvre la résolution adoptée hier sur la protection des personnels de santé dans les conflits armés.  Selon lui, enfin, le projet de déclaration à la presse préparé par le Royaume-Uni contient tous les éléments pertinents.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a cité Bob Dylan, en se demandant « combien de morts seraient nécessaires pour que l’on sache combien de vies ont été perdues ».  Il a rappelé aux États la responsabilité qui est la leur de mettre fin au conflit, en particulier les « États ayant de l’influence sur les parties au conflit », y compris sur les acteurs non étatiques présents sur le terrain.  Le représentant a estimé qu’il fallait redoubler d’efforts pour mettre en œuvre le plan préparé par l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a invité les parties en conflit en Syrie à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  Il a salué les efforts consentis par l’Envoyé spécial du Secrétaire général, assurant que la paix en Syrie ne pouvait passer que par un processus politique.  Il a estimé qu’une déclaration du Conseil de sécurité sur la situation à Alep était de bon aloi.

M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a estimé que l’espace politique créé à Genève devait être préservé et que la cessation des hostilités avait eu un impact sur la relance des négociations sous la houlette de Staffan de Mistura.  Il a exhorté l’opposition syrienne à adopter une « position constructive » et à se dissocier du Front Al-Nosra. 

« Nous espérons que toutes les parties seront représentées dans le cadre de ces pourparlers, où doit être garantie la représentation des différents segments de la société syrienne. »  Le représentant a condamné en conclusion les attaques aveugles contre des hôpitaux et infrastructures médicales, qui violent la résolution 2286 (2016), adoptée hier à l’unanimité par le Conseil.

M. LIU JIEYI (Chine) a salué la relance du cessez-le-feu par les États-Unis et la Fédération de Russie.  Il a appelé les parties syriennes à faire primer l’intérêt de leur pays, condamnant également les attaques contre les civils.  Il a appelé les pays de la région à jouer un rôle constructif dans la paix en Syrie.  Plus la situation est complexe, plus il est impérieux de trouver un règlement politique à la crise, a-t-il affirmé. 

« Il faut que les Syriens eux-mêmes décident de leur avenir », a-t-il aussi plaidé, soulignant le rôle d’accompagnement que devrait jouer l’ONU à cet effet, notamment l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Staffan de Mistura.  Il a par ailleurs estimé que tant que le terrorisme serait présent en Syrie, le peuple ne connaîtrait jamais de paix, encore moins les pays de la région.

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a regretté de constater que, pas plus tard qu’hier, alors que le Conseil adoptait une résolution historique pour protéger les personnels soignants et sanctuariser les hôpitaux, la maternité Al-Dabit près d’Alep avait été la cible d’une attaque qui a tué au moins trois médecins. 

Elle a exhorté les parties au conflit à cesser les hostilités, à permettre un accès sûr à la population civile d’Alep et à s’appuyer sur le consensus trouvé aujourd’hui pour une cessation des hostilités à Alep.  Il faut maintenant travailler avec l’ONU et l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, pour reprendre les négociations sur la base du Communiqué de Genève, a ajouté la délégation.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a fait observer qu’un règlement militaire de la crise syrienne ne pouvait durer.  Il a déploré le fait que certains États continuaient d’appuyer les parties en conflit.  Il a invité la communauté internationale à soutenir les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Staffan de Mistura. 

Le représentant a déclaré que la situation actuelle en Syrie était encore plus complexe du fait de la présence de groupes terroristes dans le pays.  Il a appelé également les parties en conflit à faciliter l’accès humanitaire afin que l’aide puisse parvenir aux populations.  Il a conclu en souhaitant que le processus de Genève ne s’effondre pas.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a dit qu’il parlait non seulement en tant que représentant de l’Égypte, mais également en tant que « citoyen arabe » meurtri par le sort des populations syriennes.  Il a noté que le mouvement de départ qui était une revendication politique pacifique il y a cinq ans en Syrie avait donné ensuite lieu à des groupes de combattants, armés par des parties internes et externes pour déstabiliser le pays.  Il a déploré la mort de tant d’innocents à Alep et il a condamné les bombardements de civils et notamment des hôpitaux.  Il a appelé les parties syriennes à respecter le droit international humanitaire, rappelant que la résolution 2286 (2016), adoptée hier par le Conseil de sécurité, condamnait ces attaques contre les services de santé.

Le Conseil de sécurité et les membres du Groupe international de soutien à la Syrie ont convenu d’exclure les groupes terroristes de l’accord de cessation des hostilités, a-t-il rappelé.  Il a affirmé que cette cessation des hostilités avait malheureusement permis au Front el-Nosra de s’implanter de nouveau à Alep et d’y recruter des groupes locaux qu’il a armés.  Il a affirmé que le Front el-Nosra était tout aussi dangereux que Daech.  Il a ajouté que le processus de Genève restait la seule voie pour un règlement pacifique du conflit syrien.  Il a appelé la communauté internationale à soutenir ce processus et les efforts de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura.

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a rappelé qu’hier, 28 civils étaient morts en martyrs, et que plus 80 autres avaient été blessés, après une attaque lancée par des groupes armés ou « opposition modérée », comme les appellent certains.  Il s’est tourné vers les États qui protègent ces groupes en se demandant comment ceux-ci pouvaient être qualifiés d’opposants modérés lorsqu’ils font pleuvoir des milliers de bombes, de roquettes lourdes et légères, de grenades et de mortiers sur la population, « tuant 118 civils et faisant plus de 200 blessés rien qu’au cours des 10 derniers jours ». 

Dénonçant cette escalade de la « terreur », le représentant syrien a assuré que son gouvernement avait participé de bonne foi aux pourparlers de Genève pour parvenir à un règlement politique de la crise et respecté l’accord de cessation des hostilités.  Cette attitude, a-t-il dit, reflète la volonté de Damas de protéger les civils innocents « pendant que les groupes armés violaient cet accord, notamment à Alep ».  Sa délégation a accusé l’Arabie saoudite d’être derrière les agissements de tels groupes, avant de rappeler que les autorités syriennes sont disposées à participer à tout dialogue visant à permettre aux Syriens de décider par eux-mêmes de leur avenir. 

S’élevant de nouveau contre l’appui prêté par certains États aux groupes armés opérant en Syrie, M. Mounzer a souligné la nécessité pour eux de sécuriser la frontière, en particulier la Turquie.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Face à une menace en constante évolution, les Comités antiterroristes du Conseil de sécurité placent la question de la mise en œuvre des sanctions au cœur de leur action

7686e séance – matin 
CS/12349

Face à une menace en constante évolution, les Comités antiterroristes du Conseil de sécurité placent la question de la mise en œuvre des sanctions au cœur de leur action

Le Conseil de sécurité a, ce matin, entendu les Présidents de ses trois Comités concernant la lutte contre le terrorisme lui présenter les travaux de ces organes subsidiaires chargés de surveiller la mise en œuvre des régimes de sanctions pertinentes, à quelques semaines du dixième anniversaire de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

Le Président du Comité créé par la résolution 1267 (1999) concernant Daech et Al-Qaida, M. Gerard Von Bohemen, a rappelé que le mandat de cet organe avait connu un réalignement, à la suite de l’adoption, en décembre dernier, de la résolution 2253 (2015), qui enjoint aux États Membres de tarir les sources de financement de ces deux organisations terroristes.

« Depuis décembre dernier, la menace posée par Daech a évolué.  Le noyau dur de cette organisation en Iraq et en Syrie est sous pression.  Il a perdu des portions de territoire.  La destruction d’une partie de ses exploitations pétrolières est à l’origine de pertes de revenus.  Parallèlement, Daech s’est efforcé de trouver d’autres sources de financement pour ses activités, y compris en élargissant son assiette fiscale, en se livrant au trafic d’antiquités et en procédant à des enlèvements contre rançon », a déclaré M. Von Bohemen.

Face à l’évolution des tactiques de Daech, le Président du Comité créé par la résolution 1373 (2001) concernant la lutte antiterroriste, M. Amr Abdellatif Aboulatta, a souligné qu’il était impératif de couper les sources de financement des terroristes afin d’éliminer leur capacité à recruter de nouveaux combattants et à mener des attaques.  Il a donc annoncé que le Comité 1373 organiserait, en décembre prochain, une réunion sur cette question, en coopération avec le Comité 1267 et avec la participation du Groupe d’action financière (GAFI).

Daech « déplace son centre de gravité », a poursuivi M. Von Bohemen, en faisant état de la multiplication des franchises à travers le monde, notamment en Libye, en Afghanistan et au Yémen.  En outre, a-t-il fait observer, alors qu’au moins 30 000 combattants terroristes étrangers ont fait le déplacement en Iraq et en Syrie jusqu’à présent, de nombreux combattants étrangers rentrent dans leur pays d’origine, certains radicalisés, avec l’intention de s’en prendre à des cibles civiles.

Tandis que les délégations du Sénégal et de la Chine se sont attardés sur le recours, de plus en plus fréquent, aux technologies de l’information et des communications (TIC) par les terroristes, et notamment des réseaux sociaux, l’Ambassadeur Aboulatta a assuré que le Comité contre le terrorisme, avec le soutien de sa Direction exécutive, organiserait prochainement une réunion sur ce thème pour évaluer les progrès dans la mise en œuvre des recommandations émises en décembre dernier.

Pour M. Von Bohemen, les nouveaux « défis » posés par Daech représentent aussi une « opportunité » pour le Comité 1267, celle d’améliorer l’impact et l’efficacité de ses travaux.  Pour y parvenir, les États Membres doivent non seulement veiller à la mise en œuvre des sanctions –gel des avoirs, interdictions de voyager et embargo sur les armes– mais aussi fournir des informations à jour pour actualiser la Liste récapitulative des personnes et entités désignées.

« Le Conseil de sécurité et la communauté internationale ne peuvent ajuster leur réponse qu’une fois en possession d’informations à jour », a insisté le Président du Comité, en s’adressant aux États Membres ne l’ayant pas encore fait pour qu’ils soumettent leurs rapports sur les obstacles rencontrés pour appliquer les mesures et les dispositions qu’ils ont prises pour les surmonter.

Plutôt que d’y voir un « manque de bonne volonté », le représentant de l’Uruguay a considéré que les cas de « non-respect » sont souvent liés à l’insuffisance des capacités techniques et institutionnelles des États concernés, « ne serait-ce que pour sécuriser les frontières ».  C’est la raison pour laquelle la coopération internationale demeure indispensable, a-t-il souligné, rejoint en ce sens par plusieurs membres du Conseil, dont la Chine, désireuse qu’une assistance technique soit prêtée aux États qui en font la demande.

Se félicitant, de son côté, de la tendance grandissante au renforcement des services de douane efficaces dans les pays en développement, le Japon a rappelé que son pays organise, « depuis plus de 20 ans », des ateliers de formation aux contrôles des exportations.

Le même problème de mise en œuvre, a noté la représentante des États-Unis, se pose également dans certaines régions du monde –dont le Moyen-Orient et l’Afrique– pour la résolution 1540 (2004), qui vise à mettre fin à la prolifération des armes de destruction massive.  Le Président du Comité créé en vertu de cette résolution, M. Roman Oyarzun Marchesi, a lancé un appel à la vigilance, à l’heure où « Daech dispose d’un programme d’armes chimiques et développe des engins explosifs ».

« Le Comité sait qu’il doit améliorer son mécanisme d’assistance » auprès des États Membres, a reconnu son Président, qui a expliqué qu’une approche régionale avait été tentée en Afrique avec l’appui de l’Union africaine.  Évoquant la difficulté de sensibiliser l’opinion publique pour un Comité qui ne se déplace qu’« à l’invitation des pays », M. Marchesi a toutefois cité quelques nouveautés, dont une réunion à Abidjan avec 70 parlementaires africains, organisée en coopération avec l’Union interparlementaire, ou encore le lancement de cours de formation à l’intention des « points focaux nationaux ». 

« Le régime de non-prolifération n’est jamais aussi fort que son maillon faible.  Il exige l’attention constante des États, compte tenu du modus operandi en évolution permanente des acteurs non étatiques et des progrès rapides dans tous les aspects de la science, de la technologie et du commerce international », a lancé le Président du Comité.

EXPOSÉS DES PRÉSIDENTS DES ORGANES SUBSIDIAIRES DU CONSEIL DE SÉCURITÉ

Déclarations

M. GERARD VON BOHEMEN, Président du Conseil de sécurité créé par les résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015) concernant Daech et le réseau Al Qaeda et les personnes, groupes, entreprises et entités qui leur sont associés, a rappelé que, depuis sa dernière présentation en date, le Conseil avait adopté la résolution 2253 (2015), qui a aligné les travaux du Comité sur la nécessité de tarir les sources de financement de Daech.  « Depuis décembre dernier, la menace posée par Daech a évolué.  Le noyau dur de l’organisation en Iraq et en Syrie est sous pression.  Il a perdu des portions de territoire.  Et la destruction de parties significatives de ses exploitations pétrolières est à l’origine de pertes de revenus.

Mais en réponse à cela, « Daech s’est efforcé de trouver d’autres sources de revenus, y compris en élargissant son assiette fiscale, en se livrant au trafic d’antiquités et en procédant à des enlèvements contre rançon », a expliqué le Président.  Par ailleurs, a-t-il confirmé, Daech ne manque ni d’armes ni de combattants.  Bien que des informations récentes révèlent une baisse du nombre de recrues, il n’en reste pas moins qu’environ 30 000 combattants terroristes étrangers ont fait le déplacement en Iraq et en Syrie jusqu’à présent.

En réponse à cette pression exercée sur son centre stratégique, le centre de gravité de Daech se déplace.  « La menace s’étend sur le plan géographique alors que les affiliations et les franchises se multiplient à travers le monde, notamment en Libye, en Afghanistan et au Yémen », a mis en garde M. Von Bohemen, qui a rappelé qu’une des conséquences, c’est que les combattants étrangers rentrent dans leur pays d’origine, dont un certain nombre radicalisés et avec l’intention de commettre des attaques contre des cibles civiles.  « Ces développements sont à la fois un défi et une opportunité, celle d’améliorer l’impact et l’efficacité du Comité de sanctions 1267 », a estimé le Président. 

Selon lui, il est devenu indispensable pour les États Membres de mettre en œuvre les mesures prévues par les résolutions 2170 (2014) et 2178 (2014) du Conseil de sécurité relatives au partage de l’information, afin de pouvoir détecter et neutraliser en amont les déplacements de combattants terroristes étrangers, a-t-il dit.

De plus, les flux financiers et de combattants en dehors des territoires placés sous le contrôle de Daech fournissent une opportunité aux États Membres de détecter et de prévenir l’extension de la menace posée par ce groupe.  C’est la raison pour laquelle les sanctions peuvent avoir un réel impact.  Lorsqu’elles sont appliquées avec précision, ces mesures exercent une réelle pression sur Daech et ses affiliés, perturbant les transferts de ressources financières et la planification d’attaques contre les populations civiles, a souligné le Président du Comité.  

Le gel des avoirs est l’un des domaines où les sanctions peuvent réellement faire la différence selon lui.  Mais pour y parvenir, a insisté M. Von Bohemen, le Comité a besoin que lui soient désignés les individus impliqués dans ce processus, en soumettant des demandes d’inscription sur la Liste récapitulative, comme la résolution 2253 (2015) encourage les États Membres à le faire.

Il est également crucial que ces derniers s’engagent à fournir à l’Équipe de surveillance et au Comité 1267, des informations mises à jour sur la nature de la menace, les individus et entités figurant déjà sur la Liste, l’état de la mise en œuvre du régime de sanctions.  « Le Conseil et la communauté internationale ne peuvent ajuster leur réponse qu’avec des informations actualisées », a insisté le Président, qui a donc demandé aux États Membres ne l’ayant pas encore fait de fournir au Comité leurs rapports.  M. Von Bohemen a ajouté que les États Membres devaient s’engager dans une coopération étroite avec le Comité, notamment dans le cadre des réunions d’informations publique qu’il organise désormais périodiquement.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte), Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1373 (2001) concernant la lutte antiterroriste, a indiqué qu’avec le soutien de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, le Comité avait mené un certain nombre d’activités pour lutter contre le phénomène des combattants terroristes étrangers.  Il a déclaré que le Comité était en train de développer de nouveaux outils pour améliorer sa coopération avec les États Membres, en droite ligne de la mise en œuvre des résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005) du Conseil de sécurité.  Dans le même temps, a-t-il noté, le Comité met en place des outils pour améliorer son analyse des mesures prises en rapport avec la résolution 2178 (2014) relative aux combattants terroristes étrangers. 

Les activités du Comité au cours des derniers mois, a-t-il indiqué, sont axées sur l’analyse des lacunes et des meilleures pratiques dans la perspective d’endiguer le flux des combattants terroristes étrangers.  Dans le même temps, le Comité a poursuivi sa coopération avec les organisations internationales et régionales, ainsi qu’avec les organes des Nations Unies et d’autres partenaires.  Il a rappelé qu’en sa capacité de Président du Comité, il avait présenté au Conseil, en janvier dernier, les résultats d’une étude menée auprès des États Membres et portant sur la mise en œuvre des résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005).

Le Président a aussi relevé que son Comité avait également analysé la question de l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) dans le cadre des activités terroristes.  Il a rappelé qu’une réunion sur cette question avait eu lieu en décembre dernier, en présence des États Membres, des organisations internationales et régionales, du secteur privé et de la société civile.  Le Comité, avec le soutien de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, entend organiser une autre réunion sur le même thème afin d’évaluer les progrès dans la mise en œuvre des recommandations de la rencontre de décembre.

Il a par ailleurs relevé que Daech et ses affiliés exploitent de plus en plus les ressources naturelles des territoires sous son contrôle, pillant aussi les banques et les antiquités.  M. Aboulatta a estimé qu’en coupant les sources de financement des terroristes, on pourrait saper leur capacité à recruter de nouveaux combattants et à mener des attaques.  Il a annoncé que le Comité allait organiser une réunion sur cette question en décembre prochain, en coopération avec le Comité portant sur les résolutions 1267, 1989 et 2253, et avec la participation du Groupe d’action financière (GAFI).  Compte tenu des spécificités de chaque pays, il faudrait éviter de croire qu’une seule approche serait efficace pour lutter contre le phénomène des combattants terroristes étrangers.  Il a donc invité les États à prendre des mesures appropriées au niveau national, tout en précisant que celles-ci doivent être conformes au droit international et au droit international humanitaire.  Il a enfin promis que le Comité allait veiller à améliorer son dialogue avec les États Membres.  

M. ROMAN OYARZUN MARCHESI, Président du Comité créé en vertu de la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité, a prévenu que la seule façon d’empêcher l’accès des terroristes aux armes nucléaires, chimiques ou biologiques est de rester « vigilant ».  « Nous ne sommes plus dans la théorie », a-t-il alerté, rappelant que Daech avait un programme d’armes chimiques et qu’il développe des engins explosifs.  C’est dans ce contexte, a-t-il souligné, que le Comité procède à l’évaluation globale de la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004). 

Les premiers éléments montrent que depuis 2010 le nombre des mesures d’application n’a cessé d’augmenter quoique très lentement.  Ils montrent aussi une meilleure reconnaissance du rôle que les « champions » régionaux de la résolution peuvent jouer pour faciliter une mise en œuvre effective.  Les éléments pointent également vers la nécessité de renforcer l’interaction du Comité avec les États, en particulier avec ceux qui ont besoin d’un appui.  Ils montrent enfin que les plans nationaux de mise en œuvre sont des outils efficaces de coordination à l’échelle des pays.

Le Comité sait, a poursuivi son Président, qu’il doit améliorer son mécanisme d’assistance.  En avril, le Comité a essayé une approche régionale en Afrique avec l’appui de l’Union africaine.  Le but était de réunir les pays africains qui ont besoin d’un appui et les fournisseurs de cet appui.  À cet égard, a dit avoir constaté le Président, le Comité doit faire plus pour nouer des partenariats avec des organisations clefs dont l’Organisation mondiale des douanes. 

Le Comité devrait aussi réfléchir à la manière de gommer un peu la différence entre les organisations internationales, qu’il s’agisse de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui fournit des programmes d’assistance bien connus, de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), dont les contrôles sont tout aussi connus, ou de la Convention sur les armes biologiques, qui n’a aucun mécanisme comparable. 

Quant à la difficulté de sensibiliser l’opinion publique pour un Comité qui ne se déplace qu’« à l’invitation des pays », le Président a cité quelques nouveautés, dont la réunion à Abidjan avec 70 parlementaires africains, organisée en coopération avec l’Union interparlementaire ou le lancement des cours de formation à l’intention des points focaux nationaux.  Compte tenu de l’impact, le Comité, a insisté le Président, doit continuer à rechercher des moyens novateurs d’interagir directement avec les États mais surtout dans les régions où l’assistance est la plus demandée. 

S’agissant en particulier de la société civile, le Président a parlé d’une réunion informelle avec des universitaires pour discuter des progrès scientifiques et technologiques liés à la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004).  Cette réunion, a reconu le Président, « nous a ouvert les yeux » sur tout ce qui a changé depuis l’adoption de la résolution en 2004 et tout ce qui affecte directement le type de mesures de contrôle dont les États pourraient avoir besoin pour mettre en œuvre efficacement la résolution.  Grâce à l’appui de l’Allemagne, l’implication de « l’industrie » se maintient, s’est félicité le Président, en citant la réunion prévue du 20 au 22 juin 2016 entre les États, les organisations régionales et internationales et les représentants sélectionnés de la société civile.  Le Comité attend avec intérêt les idées de toutes les parties prenantes sur la manière de renforcer la mise en œuvre de la résolution.

Le régime de non-prolifération n’est jamais aussi fort que son maillon faible.  Il exige l’attention constante des États, compte tenu du modus operandi en constante mutation des acteurs non étatiques et des progrès rapides dans tous les aspects de la science, de la technologie et du commerce international. 

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a salué les rapports présentés par les présidents des divers Comités.  Il a aussi salué l’engagement du Conseil dans la lutte contre le terrorisme.  Il s’est dit inquiet du constat fait dans les rapports des comités sur les dangers que présente le retour des combattants terroristes étrangers dans leur pays d’origine.  Ce phénomène, a-t-il dit, appelle à une coopération entre États Membres et tous les partenaires utiles.  Le délégué de l’Angola a appelé les États Membres à faire preuve de vigilance afin d’empêcher que les armes de destruction massive ne tombent pas entre les mains des terroristes.

M. HAITAO WU (Chine) s’est félicité de constater que de réels progrès avaient été réalisés par les trois comités de sanctions que leur président respectif vient de présenter au Conseil.  La communauté internationale doit maintenant trouver des moyens innovants de réagir à l’évolution des menaces posées par les organisations terroristes visées par les régimes de sanctions, dans le respect des règles les régissant.  Le représentant de la Chine s’est déclaré favorable à l’application intégrale de la résolution 1373 (2005) du Conseil, notamment en ce qui concerne les visites de terrain des membres du Comité, dans l’objectif de prêter une assistance aux États Membres qui en font la demande pour parvenir à une pleine mise en œuvre des mesures de sanctions.  Il a tout particulièrement mis l’accent sur la nécessité de mettre fin au recrutement de combattants terroristes étrangers sur les réseaux sociaux.  Le représentant a également plaidé en faveur d’efforts supplémentaires pour empêcher des acteurs non étatiques d’acquérir des armes de destruction massive, en soulignant que la diplomatie préventive devrait prévaloir avant toute autre considération, « dans l’espoir de créer un environnement international propice à la non-prolifération ».  C’est dans cet esprit que la Chine a organisé le mois dernier un atelier sur ce thème pour les pays de la région Asie-Pacifique, a-t-il ajouté.

M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie) a fait part de son inquiétude face à l’expansion de Daech, qui est désormais présent en Libye.  Il a estimé que les terroristes seraient moins dynamiques si les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité étaient mises en œuvre, et il a rappelé le rôle crucial que devraient jouer les pays voisins des zones de conflit à cet effet. 

Au sujet du Comité sur Daech, il a regretté que ses rapports ne contiennent pas suffisamment de données, alors même que celles-ci sont disponibles dans le domaine public.  Il a par exemple rappelé que la Fédération de Russie avait transmis au Conseil des éléments expliquant comment Daech utilisait le territoire turc pour écouler ses marchandises. 

Il a dit que la communauté internationale devait regarder la réalité en face, notamment ces données sur Daech, si elle comptait venir à bout de l’organisation terroriste.  Le représentant a par ailleurs fait part de ses critiques face à la volonté de création de nouvelles structures administratives pour faciliter le travail du Comité 1540.  Il a mis en garde contre le risque de doublon, estimant qu’il est plus facile pour les États Membres de collaborer directement avec le Comité. 

Si elle s’est félicitée des travaux accomplis par les trois Comités du Conseil de sécurité concernant la lutte contre le terrorisme, Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) s’est toutefois dit préoccupée par les changements de cap amorcés par Daech, qui étend son emprise à d’autres théâtres d’opérations et multiplie les attaques terroristes prenant pour cible la population ou les infrastructures civiles.  Compte tenu du caractère évolutif de la menace, elle a souhaité que tous les États Membres apportent leur soutien au plan que le Secrétaire général présentera, en juin prochain, dans le cadre de l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Pour la délégation américaine, le Comité 1267 est vital pour contrer la menace que représente Daech.  Mais, a-t-elle souligné, si la mise en œuvre des sanctions reste déterminante, il est tout aussi important d’accorder l’attention qu’elle mérite à la conduite des travaux du Comité, qui représente l’action du Conseil contre l’État islamique.  La représentante a ensuite demandé à tous les États Membres de renforcer leur coopération avec les trois comités, et de fournir les ressources appropriées à l’Équipe de suivi.

Pour les États-Unis, la résolution 1540 est un instrument fondamental de l’architecture de non-prolifération, au moment où des informations font état de l’utilisation d’armes chimiques par Daech.  À cet égard, la déléguée s’est déclarée préoccupée par le fait que quatre groupes régionaux, dont l’Afrique et le Moyen-Orient, affichent un « taux de mise en œuvre » bien moindre qu’ailleurs, compte tenu du nombre d’organisations terroristes qui y opèrent.  Elle a donc adressé un message aux États Membres de l’ONU pour les orienter dans leur mise en œuvre de la résolution 1540: « S’engager, renforcer et arrêter (certaines stratégies inopérantes) ». 

M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a appelé la communauté internationale à s’assurer que les armes ne tombent pas entre les mains des terroristes et de tous les acteurs non étatiques.  Le Conseil doit prendre des mesures radicales pour empêcher la formation de ces groupes, a-t-il plaidé, appelant également à l’adoption d’une approche holistique et ferme pour prévenir, combattre et éliminer le fléau du terrorisme. 

Il a salué les efforts consentis par le Bureau de la médiatrice du Comité 1267, Mme Catherine Marchi-Uhel.  Il a en outre mis l’accent sur le renforcement des contrôles aux frontières et a appelé à mettre en place des mesures pour tarir les sources de financement des terroristes et contrer la propagation de leur idéologie. 

Au sujet spécifiquement du Comité 1540, qui porte sur la non-prolifération des armes de destruction massive, il a souhaité que la mise en œuvre des recommandations de la résolution y relative n’entrave pas les capacités et les besoins de développement des pays les moins avancés.

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a déclaré que son pays avait renforcé sa sécurité aux frontières, par exemple en généralisant les lecteurs biométriques pour les voyageurs arrivant sur son territoire.  Il a rappelé que les terroristes exploitaient les pays vulnérables qui manquent des ressources nécessaires à la mise en œuvre des mesures de sanctions prévues par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  C’est pourquoi sa délégation a prêté à un certain nombre d’États Membres en difficulté une assistance technique, pour un montant total de 28 millions de dollars au cours des deux dernières années.

Selon le représentant, il faut s’employer à mettre à jour les activités entre les groupes terroristes et les organisations clandestines qui financent leurs activités.  Dans ce contexte, le renforcement des capacités a également un rôle important à jouer, a insisté le Japon, qui organise depuis plus de 20 ans des ateliers de formation aux contrôles des exportations.  Sur ce point, la délégation s’est félicitée de la tendance grandissante dans les pays en développement à opérationnaliser des services de douane efficaces.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a salué le travail des comités dont les rapports ont été présentés.  Il s’est aussi félicité de la réunion d’Addis-Abeba, en octobre dernier, concernant la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004) portant sur la non-prolifération des armes de destruction massive.  Il a appelé le Comité 1540 à continuer de répondre favorablement aux demandes d’assistance venant des pays africains. 

Il a en outre rappelé que les terroristes utilisent de plus en plus les technologies de l’information et des communications (TIC), s’inquiétant aussi du danger croissant que représente le phénomène des combattants terroristes étrangers.  Face à cette situation, il a prôné le renforcement des contrôles aux frontières, sans pour autant entraver, a-t-il précisé, les déplacements des hommes et des biens.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a déclaré que le succès des travaux des trois Comités dépendait de la manière dont les États Membres assumaient leurs responsabilités dans la mise en œuvre des régimes de sanction.  Ce qui pose, dès lors, la question des capacités institutionnelles et techniques de ces mêmes États pour faire appliquer les mesures décidées par le Conseil de sécurité. 

Les cas de non-respect sont bien souvent le fait, non pas d’un manque de bonne volonté, mais d’un manque de capacités, ne serait-ce que pour sécuriser les frontières, a plaidé la délégation.  Dans un tel contexte, la coopération internationale est donc fondamentale, sous peine de ne pas parvenir à l’universalisation des régimes de sanctions.  « Nous devons veiller à ce que le terrorisme ne devienne pas une alternative souhaitable pour nos populations », a résumé en conclusion le représentant.

Mme ELBIO ROSSELLI (Malaisie) a souhaité que les différents comités, dont les rapports ont été présentés ce matin, améliorent les activités de sensibilisation qu’ils mènent en direction du secteur privé et de la société civile notamment.  Elle a fait part de son inquiétude face au phénomène des combattants terroristes étrangers, se disant aussi préoccupée par la volonté affichée par les groupes terroristes de s’accaparer d’armes de destruction massive. 

Elle a proposé que chaque région tienne des réunions consacrées à la prévention des actes terroristes en s’appuyant notamment sur les activités des divers Comités.  Elle a également appelé ces derniers à travailler en synergie, étant donné, a-t-elle justifié, que leurs activités sont proches et leur objectif commun.  

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) s’est félicité de l’architecture complexe dont dispose le Conseil pour lutter contre le terrorisme.  Mais la menace a considérablement évolué au cours des 10 dernières années, a-t-il relevé, en espérant que l’examen, en juin, de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies fournirait l’occasion de réfléchir aux moyens d’agir plus efficacement, en particulier contre l’afflux de combattants terroristes étrangers.  Le retour de ces individus, qui voyagent, parfois avec plusieurs passeports, dans leur pays d’origine ou ailleurs, est un problème majeur, a estimé la délégation britannique. 

Par ailleurs, a noté M. Rycroft, la pleine mise en œuvre de la résolution 1540 (2004) serait un grand pas en avant pour réaliser l’objectif universel de non-prolifération auquel la communauté internationale est attachée.  Or, l’utilisation d’armes chimiques en Syrie constitue une violation flagrante de cette résolution, a-t-il accusé, affirmant qu’à partir du moment où elles sont détruites, de tels arsenaux « ne peuvent pas tomber entre les mains d’acteurs non étatiques ».  Il a donc encouragé tous les États Membres à se conformer aux dispositions de ce texte.

Rappelant qu’il fallait rester à l’avant-garde du combat contre l’extrémisme violent, le représentant a indiqué être favorable à un « examen ambitieux », dans le cadre duquel, par exemple, le plan préparé par le Secrétaire général serait intégré à tous les échelons du système des Nations Unies.

Pour Mme MARIE AUDOUARD (France), l’adoption de la résolution 2253 (2015) a constitué une étape importante pour refléter au mieux la menace terroriste actuelle.  Ainsi, le Comité 1267, portant sur les sanctions contre Daech et Al Qaeda, remplit au moins deux missions essentielles auxquelles la France accorde une grande importance: d’une part l’analyse de la menace terroriste, et, d’autre part, la mise en œuvre et le suivi rigoureux de la liste de sanctions.

À cet égard, la France encourage les États Membres à continuer de soumettre des demandes d’inscriptions sur la liste.  Pour que ce régime reste crédible, il faut également que les procédures respectent les libertés fondamentales des personnes inscrites sur la liste, a–t-elle estimé avant de saluer la nomination de Mme Marchi-Uhel au poste de Médiateur dans ce régime.

S’agissant du Comité 1373 contre le terrorisme, la France rappelle ses deux fonctions essentielles qui sont de sensibiliser au mieux les États aux nouvelles tendances qui caractérisent une menace terroriste sans cesse changeante, et, d’étudier la manière dont les États mettent en œuvre la résolution 1373 (2001) (lutte contre le terrorisme en général et financement), mais également d’autres résolutions comme la 1624 (2004) et la 2178 (2014).  Pour la France, il est ainsi indispensable que les États acceptent les visites de la Direction exécutive afin qu’elle puisse auditer leur système de lutte contre le terrorisme et formuler les meilleures recommandations. 

S’agissant du Comité 1540 sur la lutte contre la prolifération nucléaire, elle a évoqué le risque de voir des matières biologiques, chimiques, radiologiques et nucléaires tomber entre les mains de terroristes.  « Les informations particulièrement préoccupantes qui nous parviennent d’Iraq et de Syrie ne nous permettent plus d’écarter cette possibilité », a-t-elle déclaré.  Sa délégation tient néanmoins à souligner les importantes réussites de la résolution 1540 (2004), à commencer par le fait qu’aujourd’hui l’écrasante majorité des États Membres de l’ONU a adopté des mesures transposant en droit national les dispositions de la résolution. 

Pour la France, l’examen de la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004), qui est en cours, sera l’occasion d’adapter et renforcer les outils pour lutter contre cette menace.  En renforçant les mécanismes d’assistance, ainsi que le dialogue du Comité avec les organisations internationales, « nous parviendrons à mieux prévenir le risque d’acquisition d’armes de destruction massive par les acteurs non étatiques ».  Pour la France, la réunion de Madrid dans quelques jours, puis celle de New York en juin, seront des échéances majeures.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a salué l’étroite collaboration qui existe entre les Comités 1267 et 1373 concernant le suivi de la mise en œuvre de mesures antiterroristes spécifiques établies par le Conseil de sécurité et la coopération internationale dans ce domaine.  Il a notamment souligné le travail conjoint des Comités pour identifier l’émergence de nouvelles menaces posées par l’État islamique et les groupes affiliés, ainsi que le partage des rapports thématiques sur les moyens de tarir le financement des activités terroristes. 

Pour l’Ukraine, il est urgent aujourd’hui de prévenir que le terrorisme ne s’étende à d’autres régions en faisant obstacle aux flux de combattants terroristes étrangers et en adoptant une stratégie pour mieux faire face aux risques que peut poser le retour de ces « insurgés » dans leur pays d’origine.  Il faut également combattre la propagande terroriste et l’extrémisme violent en ligne.  L’Ukraine se réjouit de voir ces questions inscrites à l’ordre du jour des deux Comités et soutient l’appel lancé en faveur de sanctions antiterroristes ciblées pour lutter contre le financement terroriste et les voyages vers les zones de conflit.

S’agissant de la résolution 1540 (2004), le représentant a assuré que l’Ukraine était favorable à toute initiative visant à renforcer le rôle et la portée de cette résolution à long terme et salue, à cet égard, la constitution du Groupe d’amis.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: la situation financière de l’ONU est « saine et positive » malgré des impayés importants

Soixante-dixième session, Deuxième partie de la reprise de session,
34e séance – matin
AG/AB/4196

Cinquième Commission: la situation financière de l’ONU est « saine et positive » malgré des impayés importants

Le Secrétaire général adjoint à la gestion, M. Yukio Takasu, a présenté ce matin à la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires une situation financière de l’ONU « saine et positive », même s’il y a certains domaines qu’il faudra surveiller de près.

Au 30 avril 2016, 79 des 193 États Membres avaient réglé la totalité de leur contribution au budget ordinaire fixé pour cette année à 2,7 milliards de dollars.  Les impayés de 1,4 milliard de dollars sont essentiellement imputables aux États-Unis, au Brésil, au Mexique, au Venezuela ou encore à l’Iran dont le processus budgétaire est décalé par rapport à celui de l’ONU. 

Pour ce qui est des opérations de maintien de la paix (OMP) dont le budget de 6,38 milliards de dollars couvre la période allant du 1er juillet 2015 au 30 juin 2016, les impayés s’élevaient, au 30 avril 2016, à 2,4 milliards de dollars imputables aux États-Unis, au Brésil, à l’Ukraine, au Royaume-Uni ou encore aux Émirats arabes unis.  Quant aux montants à rembourser aux pays contributeurs de troupes, d’effectifs de police et de matériels, ils s’élevaient à 818 millions de dollars.

Concernant les deux Tribunaux pénaux internationaux et le Mécanisme chargé de prendre leur relais, les impayés s’élevaient au 30 avril 2016, à 93 millions de dollars sur un budget de 190 millions.  En revanche, le Plan de réhabilitation du Siège de l’ONU à New York montre « une situation tout à fait remarquable » où seuls 200 000 dollars sont à récupérer et où 185 des 193 États Membres de l’ONU ont versé la totalité de leurs contributions. 

La Cinquième Commission tiendra son débat sur la situation financière de l’ONU mercredi 11 mai à partir de 10 heures.

Déclaration du Secrétaire général adjoint à la gestion sur la situation financière de l’Organisation

M. YUKIO TAKASU, Secrétaire général adjoint à la gestion, a articulé son intervention autour de quatre indicateurs financiers principaux: les contributions des États au budget de l’ONU « quotes-parts au budget ordinaire, aux opérations de maintien de la paix, aux Tribunaux pénaux internationaux et Plan-cadre d’équipement; les contributions impayées, les réserves de liquidités et les sommes dues aux États contributeurs de troupes, d’effectifs de police et de matériels aux opérations de maintien de la paix. 

Le Secrétaire général adjoint a présenté les états au 31 décembre 2015 par rapport au 31 décembre 2014, et au 30 avril 2016 par rapport au 30 avril 2015.  La situation financière de l’ONU est globalement saine avec au 30 avril 2016 des niveaux de contributions dues inférieurs à l’année précédente.  Plus précisément, à la fin du mois dernier, les contributions non acquittées étaient moins élevées pour le budget ordinaire et plus élevées pour le budget des opérations de maintien de la paix.  Pour sa part, le montant des sommes dues aux pays contributeurs de troupes et de matériel a atteint 827 millions de dollars au 30 avril 2016 contre 653 à la même date l’année dernière, a précisé M. Takasu.  

Pour le budget ordinaire, le montant des contributions non acquittées était de 1,4 milliard de dollars au 30 avril 2016, soit 163 millions de dollars de moins qu’au 30 avril 2015.  L’essentiel des contributions non acquittées est imputable aux États-Unis avec 917 millions de dollars; au Brésil avec 219 millions de dollars; au Mexique avec 35 millions de dollars; au Venezuela avec 31 millions de dollars et l’Iran avec 21 millions de dollars.  M. Takasu a tout de même rappelé que ces retards de paiements sont liés au calendrier des processus budgétaires de ces pays.  Au 30 avril 2016, 79 pays avaient réglé la totalité de leur quote-part au budget ordinaire. 

Au 30 avril 2016, le niveau de liquidités disponibles étaient de 821 millions de dollars, dont 471 millions dans le budget ordinaire, 150 millions dans le Fonds de réserve et 200 millions dans le Compte spécial.  Ces deux dernières entités ont couvert le déficit de 217 millions de dollars que le budget ordinaire accusait au 31 décembre 2015.  Pour cette année 2016, les contributions à verser au budget ordinaire sont de 2,549 milliards de dollars. 

Pour ce qui est des opérations de maintien de la paix (OMP) dont le budget couvre la période allant 1er juillet d’une année au 30 juin de la prochaine, le niveau des contributions non acquittées au 30 avril 2016, s’élevait à 2 milliards 396 millions de dollars, imputable à un tout petit nombre d’États, à savoir les États-Unis avec 1,3 milliard de dollars, le Brésil avec 130 millions, l’Ukraine avec 124 millions, le Royaume-Uni avec 111 millions et les Émirats arabes unis avec 88 millions.  Au 30 avril 2016, 40 États avaient réglé la totalité de leurs engagements aux opérations de maintien de la paix.  

Le montant des liquidités disponibles pour le budget des OMP s’élevait à près de 3 milliards de dollars, dont 2,6 milliards au titre des missions actives, 217 millions au titre des missions fermées et 139 millions dans le Fonds de réserve des opérations de maintien de la paix.

Quant aux montants à rembourser aux pays contributeurs de troupes, ils s’élevaient à 818 millions au 30 avril 2016, dont 257 millions au titre des unités militaires et de police, 475 millions au titre du matériel appartenant aux contingents pour les missions actives et 86 millions au titre du matériel appartenant aux contingents pour les missions achevées.  Le graphique indique que 86 pays sont concernés et que les sommes les plus importantes sont dues à l’Inde, 62 millions, au Bangladesh, 59 millions, au Pakistan, 49 millions et à l’Éthiopie, 47 millions.

Concernant les deux Tribunaux pénaux internationaux et le Mécanisme résiduel, au 30 avril 2016, 52 États avaient déjà payé leurs contributions et le niveau des impayés s’élevait à 93 millions de dollars.

Quant au Plan-cadre d’équipement, au 30 avril 2016, la presque totalité des 1,87 milliard de contributions mises en recouvrement a été reçue et il ne reste plus que 200 000 dollars à récupérer.  Sur les 193 États Membres de l’ONU, 185 avaient, à la fin du mois d’avril, versé la totalité de leurs contributions.  Il s’agit là d’« une situation tout à fait remarquable », s’est félicité le Secrétaire général adjoint à la gestion qui a répété qu’au 30 avril 2016, la situation de trésorerie était positive dans les quatre domaines couverts, tout en prévenant que l’on s’attend à un déficit d’ici à la fin de l’année.  À ce stade, les fonds de réserve ne couvrent que six semaines.  

Le Secrétariat continuera de gérer de la manière la plus prudente les liquidités, a assuré M. Takasu dont la déclaration sera publiée sous la forme d’un rapport sur la situation financière de l’ONU et sous la cote A/70/433/add.1. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC se penche sur les perspectives nationales dans l’élaboration de politiques de mise en œuvre du Programme 2030

Conseil économique et social - Session de 2016,
21e & 22e séances - matin & après-midi
ECOSOC/6756

L’ECOSOC se penche sur les perspectives nationales dans l’élaboration de politiques de mise en œuvre du Programme 2030

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a poursuivi, aujourd’hui, son segment d’intégration de trois jours par deux tables rondes sur les perspectives nationales dans la formulation de politiques de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Quels sont les organes à restructurer au sein des Nations Unies et au niveau des gouvernements?  Que peuvent faire les États sur le plan individuel?  Comment engager toute une série de parties prenantes y compris le secteur privé et la société civile dans la réalisation de ces objectifs?

Experts et délégations se sont efforcés, au cours de ces deux dialogues, intitulés respectivement « Cadres institutionnels et planification des politiques » et « Pour en arriver à des résultats: vision commune et réflexion novatrice en action », de réfléchir aux moyens à développer pour, à l’heure de la première phase de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté en septembre 2015, « ne laisser personne en arrière ». 

Les Nations Unies et toutes les parties prenantes doivent commencer à mettre en place les cadres institutionnels et politiques et cela suppose, a-t-il été généralement relevé, des processus inclusifs et transparents en vue de permettre l’appropriation du Programme 2030 par tous les concitoyens.

La réalisation des objectifs de développement durable passe en large partie par l’adhésion de la population à ces concepts, comme l’a souligné le Ministre sectoriel pour le développement social et l’inclusion du Honduras, préconisant à la fois des décisions du haut vers le bas, mais aussi des mesures permettant d’autonomiser le citoyen et d’être à son écoute.

Le représentant de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a insisté pour que le secteur privé et les entreprises soient associés à la mise en œuvre des objectifs de développement durable au même titre que les citoyens, tandis que le Viet Nam a invité à miser sur Internet pour offrir des services gratuits aux communes rurales et engager un dialogue interactif entre les bailleurs de fonds et toutes les catégories de la population. 

Plusieurs intervenants ont mis l’accent sur une nécessaire volonté politique et responsabilisation à tous les niveaux; les capacités institutionnelles et la bonne gouvernance; l’évaluation des acquis et des retards dans la mise en œuvre du Programme; le partage des connaissances et les partenariats public-privé. 

Demain, l’ECOSOC finira les travaux de sa session d’intégration par une table ronde, à 10 heures, qui portera sur « Les politiques d’innovation et d’intégration - les points de vue du système multilatéral ».

DÉBAT CONSACRÉ AUX QUESTIONS D’INTÉGRATION

Débat sur le thème « Ne laisser personne en arrière: perspectives nationales en matière d’élaboration de politiques »

Table ronde 1 sur le thème « Cadres institutionnels et planification des politiques »

Le Conseil économique et social (ECOSOC) s’est penché, ce matin, sur les moyens de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 au niveau national, dans le cadre de la troisième table ronde de son segment de trois jours consacré aux questions d’intégration.  Présidée par le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Sven Jürgenson, de l’Estonie, cette table ronde était animée par M. David Donoghue (Irlande), l’un des cofacilitateurs du Programme 2030. 

Pour cadrer le débat, M. Donoghue a souligné que, quelques mois après l’adoption de ce Programme, les discussions se poursuivent sur la façon de le mettre en œuvre et sur les structures nécessaires à cet effet.  « Nous en sommes à la première année de la mise en œuvre et il nous faut maintenir l’élan », a-t-il déclaré, en expliquant que le Programme 2030 en tant que tel n’avait pas pu répondre à toutes les questions de sa mise en œuvre. 

Aujourd’hui, plusieurs questions émergent.  Quels sont les organes à restructurer au sein des Nations Unies et au niveau des gouvernements?  Que peuvent faire les États sur le plan individuel?  Comment engager toute une série de parties prenantes y compris le secteur privé et la société civile dans la réalisation de ces objectifs?  Les Nations Unies et toutes les parties prenantes doivent commencer à mettre en place les cadres institutionnels et politiques appropriés pour permettre la mise en œuvre du Programme 2030, et cela suppose des processus inclusifs et transparents en vue de permettre l’appropriation de ce Programme par tous les concitoyens.

Les systèmes sur le plan niveau national doivent être décloisonnés et il faut veiller à ce que les droits de l’homme et l’égalité entre les sexes soient traités de manière globale, a souligné M. Donoghue.

Le premier intervenant, M. RICARDO CARDONA, Ministre sectoriel pour le développement social et l’inclusion du Honduras, a rappelé la difficulté des années 2014-2015 pour son pays et les mesures prises par son gouvernement pour faire face aux effets du phénomène d’El Niño, à la perte d’une grande partie de ses forêts suite à une maladie et à une sècheresse significatives.  La priorité était d’éviter la famine dans le pays et de lutter contre la pauvreté extrême, a expliqué le Ministre, qui a accompagné le Président dans l’une des municipalités les plus pauvres pour faire un état des lieux des problèmes sur le terrain. 

Suite à ces visites, les politiques nationales ont intégré les leçons du terrain et le dénominateur commun pour aider toutes ces municipalités sont trois politiques, a expliqué le Ministre: « Vida Mejor » une politique qui a touché 1,6 million de personnes pour réduire la pauvreté extrême; la politique de l’utilisation des ressources hydrauliques et d’aménagement du territoire pour avoir des cultures durables; et la nouvelle politique économique qui a notamment permis la création de caisses d’épargne rurales et de financement de petites et moyennes entreprises.  Le Honduras a augmenté l’impôt sur les ventes de 11 à 15% pour financer ces trois politiques.

Le Ministre a expliqué que pour relever le pari du Programme 2030 il faut faire en sorte que les objectifs de développement durable deviennent des politiques d’État dans tous les pays et que ces politiques doivent être pérennes et bénéficier du soutien et de l’adhésion de la population, ce qui suppose à la fois des décision du haut vers le bas, mais aussi d’autonomiser le citoyen et d’être à son écoute, en l’associant à ce défi notamment en communiquant sur ces objectifs, y compris dans les écoles.

M. DANG HUY DONG, Vice-Ministre du plan et de l’investissement du Viet Nam, a parlé de la politique de promotion des entreprises privées vietnamiennes.  Le processus a commencé depuis quelques années avec la privatisation des entreprises publiques ou étatiques.  Aujourd’hui, le nombre et la participation de l’État dans les entreprises publiques ont été réduits.  Cette politique a fait que plus de 70% du produit intérieur brut du Viet Nam est le fait du secteur privé.  Le Ministre a reconnu que les difficultés ont été nombreuses et que la privatisation fut un processus difficile.  Mais il s’est réjoui du fait que les entreprises privées sont plus efficaces et créent des emplois. 

Toujours dans le cadre du processus de privatisation, M. Dang Huy Dong a indiqué que le Gouvernement tenait à garantir la répartition égalitaire de la richesse créée.  L’argent obtenu grâce à la privatisation des entreprises publiques est investi dans le secteur social.  Trois milliards de dollars ont été investis et le Gouvernement a récemment lancé la construction de cinq hôpitaux.  Il a également favorisé la création des entreprises sociales qui prennent en charge les groupes les plus vulnérables de la société.  Ces entreprises connaissent les problèmes vécus par la population en milieu rural.  Elles contribuent avec l’encouragement du Gouvernement aux efforts pour l’élimination de la pauvreté. 

Le Gouvernement et le secteur privé ont lancé une initiative visant à offrir des services gratuits aux communes rurales par Internet.  Un dialogue interactif entre les bailleurs de fonds et toutes les catégories de la population par l’intermédiaire d’un site Internet s’est mis en place.  Chaque entreprise est libre de choisir la communauté et le type d’activité sociale qu’elle compte mener. 

M. ROLF ALTER, Directeur de la gouvernance publique et du développement territorial à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a mis l’accent sur la pertinence de la bonne gouvernance pour la mise en œuvre du Programme 2030.  Pour M. Alter, les données sont essentielles pour assurer la bonne gouvernance car sans données fiables il est impossible de mesurer ce qui est fait.

Pour l’OCDE, il y a trois facteurs déterminants qui sont les institutions, les acteurs et la connaissance.  En tant qu’organisation intergouvernementale, l’OCDE réfléchit à la meilleure façon de soutenir les gouvernements pour qu’ils soient en mesure d’accomplir les tâches qui leur sont confiées, compte tenu de la complexité qui s’y ajoute avec les objectifs de développement durable.  Beaucoup de pays n’ont toujours pas réussi à organiser leur gouvernance centrale de manière suffisamment efficace, a regretté M. Alter qui pense qu’il faut y remédier et que l’OCDE peut jouer un rôle en ce sens. 

Il a notamment souligné le fait que la coordination doit être renforcée pour assurer une meilleure gouvernance et les objectifs de développement durable doivent être intégrés dans les stratégies nationales au centre du Gouvernement.  Il faut également que les agences gouvernementales travaillent main dans la main pour la mise en œuvre de ces objectifs, ce qui suppose une vision et des ressources adéquates, y compris humaines. 

S’agissant du secteur privé, il estime que les entreprises doivent être associées à la mise en œuvre des objectifs de développement durable au même titre que les citoyens.  M. Alter a également mis l’accent sur la nécessité d’un environnement propice à la bonne marche des politiques nationales et des réformes, ce qui suppose la confiance des citoyens dans leurs gouvernements.

Mme ASA PERSSON, Chercheure principale à l’Institut de l’environnement de Stockholm (Suède), a dit que deux à trois décennies de recherche ont montré que la volonté politique est essentielle dans toute politique d’intégration, en particulier dans les cas d’intégration de valeurs.  La volonté politique est importante dans la pérennisation des nouvelles politiques mises en place.  La volonté politique est nécessaire pour éviter la dilution des politiques menées étant donné que les résultats attendus sont fluctuants.  En outre, il faut avoir la volonté politique de faire des évaluations pour savoir ce qui n’a pas marché et ce qui devrait être amélioré.  Dès le départ, il faut comprendre que les politiques d’intégration se déroulent sur le long terme et que beaucoup de choses peuvent survenir en cours d’exécution.  Mais Mme Asa Persson s’est réjouie de voir que des pays commencent à mettre en place des partenariats en matière de politiques d’intégration.

M. JENIK RADON, Professeur adjoint en affaires publiques et internationales à l’Université de Columbia, a axé son intervention sur la nécessité de faire en sorte que toutes les voix soient entendues, notamment celles des communautés, et d’encourager le partage des enseignements tirés et des connaissances.  Il a évoqué l’exemple de l’évaluation sur l’impact environnemental qu’a faite la compagnie pétrolière BP sur l’accident qui a eu lieu dans le golfe du Mexique, en regrettant que les personnes impactées n’aient pas lu ce rapport de 600 pages et n’y aient pas été associées.  Revenant également sur l’intervention du Premier Ministre de l’Estonie hier, il a retenu qu’il avait expliqué que son gouvernement avait repris beaucoup d’idées déjà mises en œuvre en Finlande, et c’est là une illustration de l’importance du partage des enseignements tirés.

La représentante de la République de Corée a rappelé la nécessité de disposer d’institutions robustes pour créer et recevoir les idées pour la mise en œuvre du Programme 2030.  Le Gouvernement de la République de Corée a élaboré sa politique de développement et son cadre institutionnel de mise en œuvre, a dit la représentante. 

Le représentant du Guyana a insisté sur l’importance de l’ouverture au changement et aux ajustements au cours de la mise en œuvre du Programme 2030.  Quels sont les risques en matière d’intégration politiques? a demandé le représentant. 

En réponse à cette question, la Chercheure principale à l’Institut de l’environnement de Stockholm a dit qu’il ne faut pas créer une situation de conflit entre les parties prenantes.  Il s’agit d’une question d’intérêt politique pour lequel il faut chercher un équilibre afin d’avancer. 

Le représentant de l’Union internationale des télécommunications (UIT) a noté la tendance à traiter les technologies comme une chose éloignée des préoccupations de développement.  Selon la Banque mondiale, a-t-il dit, le dividende numérique ne peut rien apporter au développement s’il n’est pas accompagné d’une politique d’intégrations efficace.  

Reprenant la parole, le Ministre sectoriel pour le développement social et l’inclusion du Honduras est revenu sur l’importance de la technologie et a expliqué que, sous sa houlette, 80% des écoles du Honduras ainsi que les parcs publics avaient été connectés au réseau Internet grâce à un partenariat public-privé.  Ce genre de partenariats est essentiel pour éliminer la pauvreté, selon lui.

Le Vice-Ministre du plan et de l’investissement du Viet Nam a affirmé notamment qu’un bon environnement Internet permettait à la fois plus de transparence et à toutes les voix d’être entendues.  D’ailleurs, le Viet Nam est en train de mettre en place un système de e-gouvernement, ce qui devrait également contribuer à l’amélioration de la bonne gouvernance.

Le Directeur de la gouvernance publique et du développement territorial l’OCDE est revenu sur les risques inhérents aux politiques d’intégration, soulignant la nécessité de les reconnaître, de les évaluer et d’y remédier.  Pour lui, il y a notamment des risques de baisse potentielle du rythme de la mise en œuvre du Programme 2030 et des politiques nationales.  Pour une meilleure intégration, il faut, selon lui, apprendre des écueils des cycles précédents.

Le Professeur adjoint en affaires publiques et internationales à l’Université de Columbia a répété que le gouvernement devait créer l’environnement propice, les politiques et les législations appropriées à la mise en œuvre du Programme 2030.  L’innovation doit être partagée et il faut solliciter la contribution de tous.  C’est à la fois un défi mais aussi le seul moyen de garantir l’appropriation des objectifs de développement durable par tous les concitoyens, a-t-il assuré.

Table ronde 2 sur le thème « Pour en arriver à des résultats: vision commune et réflexion novatrice en action »

Pour projeter les participants dans un avenir qui sera rendu durable grâce à « l’intégration », Mme RACHEL KYTE, Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’énergie durable pour tous et Directrice exécutive de SE4All, leur a demandé d’imaginer qu’ils étaient en 2024 à la fin de la Décennie pour l’énergie durable pour tous, dans un village d’Afrique centrale.  Dans les maisons bien éclairées, les enfants étudient, les téléphones portables sont en charge.  Dans une clinique bien équipée et bien éclairée, une procédure d’urgence est en cours avec un système de stérilisation efficace et une infirmière de garde recrutée localement.

En même temps, à Londres en 2024, se tient une réunion de conseils d’administration de sociétés d’énergie durable, composés essentiellement de femmes.  Dans ce pays, le taux de placement de femmes ingénieurs a atteint des records.  Toujours en 2024, au Bangladesh, une petite fille lit un livre où elle apprend que, il y a 10 ans, quatre millions de personnes mouraient chaque année à cause de la pollution de l’air dans les maisons.  Elle va à l’école et a des perspectives d’éducation et d’avenir durable.

« C’est ça l’intégration », a expliqué Mme Kyte en soulignant que chaque objectif de développement durable qui est atteint permet d’en atteindre un autre.  Elle a invité à promouvoir les solutions locales au niveau local, en ciblant bien l’aide fournie.  Cela passe par des partenariats et par l’intégration des parties prenantes afin qu’elles trouvent, ensemble, des solutions.

Tout est lié, a-t-elle résumé: une énergie propre pour tous est synonyme de santé pour tous, de dignité, d’entreprenariat.  Le bouquet énergétique nécessite un « bouquet de dirigeants énergétiques variés », a-t-elle recommandé en regrettant que seulement 6% des sièges des sociétés énergétiques soient à l’heure actuelle occupés par des femmes.

L’animatrice de la discussion, Mme SHARON DAWES, Professeur émérite à Rockefeller College of Public Affairs de University of Albany, a appelé à ouvrir la porte à toute la gamme de compétences des parties prenantes, en dépassant les frontières propres à chaque niveau (régional, national et international), aux langues, aux cultures, aux valeurs, aux religions, aux institutions, entre autres.

Pour M. DAVID MILLER, Président-Directeur général de World Wildlife Fund Canada, ancien maire de Toronto, membre du Network of Political Leaders United to Support Shared Societies (NETPLUSS) du Club de Madrid, la solution pour faire tomber les obstacles au développement durable se trouve dans la mobilisation des populations et dans le respect des peuples.  Cette solution a trois aspects qui se renforcent mutuellement, à savoir la volonté politique, la primauté des valeurs humaines et la prise de conscience de notre avenir partagé et de notre responsabilité partagée.  

Le concept de société partagée oblige les Nations Unies à identifier les questions que chacun devrait se poser pour évaluer les résultats des programmes.  Le Club de Madrid demande simplement aux parties prenantes si elles agissent de manière inclusive, participative, respectueuse de la dignité des autres et de la planète, et de manière à libérer la capacité humaine et la richesse pour améliorer le bien-être de tous, des questions, a-t-il suggéré, qu’il faudrait intégrer dans des examens par les pairs et dans le suivi. 

M. JULIÁN UGARTE FUENTES, Directeur exécutif de Latin America, Socialab, a présenté sa plateforme qui compte 500 000 usagers.  Ceux-ci reçoivent une aide pour pouvoir contribuer à la durabilité des villes.  « Au Chili, par exemple, nous touchons un million de personnes qui peuvent ainsi avoir accès à l’eau et à l’énergie.  Les jeunes ne veulent pas nécessairement créer une entreprise pour faire profit, mais ils veulent donner un sens à leur vie.  Nous passons ainsi d’une perspective centrée sur l’argent et le profit à une démarche empathique. »  Il a donc conseillé d’investir dans les individus qui s’occupent des autres, pour passer de l’« économie de l’égoïsme » à l’« économie de l’amour ».

Mme ANA VAZ, Chercheuse à Oxford Poverty and Human Development Initiative, a indiqué que les mesures actuelles utilisées pour évaluer la pauvreté ne donnent pas la mesure du « cumul des manques » dont souffrent les populations pauvres.  C’est à partir de ce constat que la méthode « Alkire Forster » a été élaborée, dans le but d’évaluer les manques dans les domaines comme la santé, l’éducation et le niveau de vie.  Cette méthodologie peut aider les gouvernements à élaborer leurs politiques et programmes de développement dans la mesure où elle peut être aisément adaptée aux réalités nationales, aux priorités de chaque pays, ainsi qu’aux objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Interrogée par le représentant du Pérou sur la nécessité d’un indicateur de pauvreté au niveau mondial, Mme Vaz a préféré un indicateur sur le plan niveau national et recommandé de ne pas comparer les pays entre eux.  Elle a aussi expliqué qu’identifier les groupes les plus pauvres permet de prendre des mesures mieux ciblées à leur égard.  En Colombie, par exemple, on n’arrivait pas à atteindre les plus pauvres au niveau local à défaut de pouvoir les identifier. 

La représentante d’El Salvador a fait part de l’expérience de son pays qui a utilisé un instrument de mesure de la pauvreté, composé de 20 indicateurs, qui s’éloigne des mesures classiques pour mesurer plutôt les besoins précis des plus pauvres.  De son côté, le représentant du Club de Madrid a donné l’exemple de Toronto où la priorité a été donnée aux investissements publics dans les quartiers qui en ont le plus besoin, en comparant le ratio pauvreté/taux d’investissement public.

Pour répondre à la question du Chili sur le concept d’économie de l’amour, le représentant de Socialab a assuré qu’il y avait une vraie révolution en cours au Chili, émettant le vœu que ce type d’économie puisse vraiment changer les choses.  Il a souhaité que l’ONU aide à construire des lieux où les différents acteurs cherchent et trouvent des solutions.  Les Nations Unies sont un réservoir d’expériences, réussies ou non, a relevé à ce propos le délégué de l’Iraq avant de pousser au « décloisonnement » pour une véritable politique intégrée de mise en œuvre du Programme 2030.

Un autre expert arrivé tout juste de Chine, M. WU XUN, Professeur et Directeur adjoint de l’Institut de politique publique de l’Université de Science de Hong Kong, a axé son intervention sur l’importance du renforcement de capacités.  Les idées novatrices ne peuvent être intégrées dans les cadres existants et dans les politiques actuelles sans renforcement de capacités, a-t-il constaté.  Le principal facteur de réussite, a dit M. Xun, est la capacité analytique.  On a aussi besoin de capacité opérationnelle et de capacité politique, car il ne suffit d’avoir de bonnes idées, mais il faut aussi qu’elles marchent.  Le renforcement de ces capacités permet de savoir ce qu’il faut faire, de mener à bien les programmes, de bien analyser les données et de faire des évaluations lorsqu’il y a des obstacles.  Il a conseillé de se concentrer sur la recherche, d’une part, et de travailler avec chaque pays individuellement, d’autre part.

Le renforcement des capacités permet aussi d’améliorer la qualité des données, a souligné l’experte d’Oxford Poverty and Human Development Initiative.  Mais comment faire lorsqu’on n’a pas toutes les données? a interrogé une représentante de la société civile.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.