En cours au Siège de l'ONU

Conseil de sécurité,
7687e séance – après-midi
CS/12351

Le Conseil de sécurité appelé à faire respecter l’accord de cessation des hostilités en Syrie

Face au déferlement de violence que connaît la ville d’Alep en particulier, les Secrétaires généraux adjoints aux affaires politiques et aux affaires humanitaires ont tous deux appelé le Conseil de sécurité, réuni en urgence, cet après-midi, à faire respecter l’accord de cessation des hostilités en Syrie qu’il avait entériné le 26 février dernier, par la résolution 2268 (2016).

Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, a dressé un tableau de la situation tragique qui prévaut à Alep, en particulier, et en Syrie en général.  Au cours de ces deux dernières semaines, aucune partie d’Alep n’a été épargnée par les bombardements du Gouvernement et de l’opposition, a-t-il dit, cette situation faisant craindre une escalade de ces attaques et contre-attaques qui pourraient alors s’étendre au-delà d’Alep. 

Des informations récentes, a ajouté M. Feltman, font état du fait que des parties à l’accord de cessation des hostilités ont repris les armes, tout comme celles n’y étant pas impliquées, notamment le Front el-Nosra.  Le Secrétaire général adjoint a néanmoins salué l’accord conclu hier par les États-Unis et la Fédération de Russie, lequel a connu une application difficile, mais qui a tout de même permis de faire baisser la violence. 

Consolider et étendre cet accord serait une étape importante dans la bonne direction, a-t-il jugé, ajoutant qu’il souhaitait également que le principe de « jours de silence » respecté dans certaines parties de Damas et de la partie rurale de Lattaquié soit également renforcé. 

Au sujet du processus politique, M. Feltman a rappelé que l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, comptait convoquer de nouveau les pourparlers intra-syriens en mai.  Mais il a souligné que le faire sans qu’il y ait des progrès tangibles sur le terrain en termes d’une cessation des hostilités et un accès humanitaire accru faisait courir le risque de l’échec du processus politique.  

« Nous sommes à un point où le soutien renouvelé du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS) est nécessaire pour aller de l’avant », a-t-il noté, tout en rappelant que le processus politique syrien se devait de respecter les recommandations de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.   

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Stephen O’Brien, a pour sa part indiqué que les 300 000 personnes qui vivent dans la partie est d’Alep sont sous la menace constante d’une prochaine attaque aérienne, tandis que les 1,3 million de personnes de la partie ouest sont retranchées dans des caves à l’abri des tirs de mortiers qui continuent de frapper ce qu’il reste de leur maison.    

M. O’Brien a demandé aux membres du Conseil de sécurité combien de morts et de souffrance ils pouvaient encore tolérer avant de s’attaquer collectivement à cette crise syrienne insensée, qui affecte non seulement les Syriens, mais aussi leurs voisins.  

Pour la représentante des États-Unis, même si toutes les parties en conflit sont responsables de la situation qui domine à Alep, l’escalade est due aux attaques du régime syrien.  Elle s’est félicitée de l’accord auquel son pays est parvenu hier avec la Fédération de Russie.  Elle a expliqué que pour sortir de l’impasse en Syrie, il faudrait progresser vers les trois points du processus de paix, à savoir le cessez-le-feu, l’accès humanitaire et des négociations pour une transition politique. 

Le représentant de la France a comparé Alep, « ville martyre » à Sarajevo de la Bosnie.  Il a affirmé que le Conseil de sécurité devait jouer un rôle dans la surveillance du respect de la trêve et la sanction des violations les plus graves en exploitant les informations qui doivent lui être relayées sur une base mensuelle comme le prévoit la résolution 2268 (2016).  

Il a également rappelé que son pays demandait l’organisation d’une réunion ministérielle du GISS avec trois objectifs: obtenir de meilleures garanties du respect de la trêve; réaffirmer la nécessité de protéger et porter assistance aux populations civiles; et relancer les négociations en vue d’une solution politique. 

Son homologue du Royaume-Uni a proposé une déclaration à la presse sur la situation d’Alep que les membres du Conseil ont promis d’examiner.

Pour le délégué de la Fédération de Russie, la vie aurait repris son cours normal en Syrie, « n’en déplaise à ceux qui souhaitent la prolongation du conflit pour consolider leurs accusations à l’encontre des forces gouvernementales ».  Il a accusé les terroristes d’utiliser des « mines » et des « bombes à fragmentation » à Alep.

Cette réalité a fait dire au représentant de la Syrie que les soi-disant opposants modérés font pleuvoir des milliers de bombes, de roquettes lourdes et légères, de grenades et de mortiers sur la population, « tuant 118 civils et faisant plus de 200 blessés rien qu’au cours des 10 derniers jours ».  Il a accusé l’Arabie saoudite d’être derrière les agissements de tels groupes, avant de rappeler que les autorités syriennes sont disposées à participer à tout dialogue visant à permettre aux Syriens de décider par eux-mêmes de leur avenir. 

Son homologue de l’Égypte a pour sa part affirmé que la cessation des hostilités avait malheureusement permis au Front el-Nosra de s’implanter de nouveau à Alep et d’y recruter des groupes locaux qu’il a armés, causant ainsi les confrontations actuelles que connaît la ville.

Le représentant de la Chine a plaidé pour que les Syriens eux-mêmes décident de leur avenir, soulignant aussi le rôle d’accompagnement que devrait jouer l’ONU à cet effet, notamment l’Envoyé spécial du Secrétaire général.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. JEFFREY FELTMAN, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a indiqué qu’aucune partie d’Alep n’avait été épargnée, et que les bombardements aériens du Gouvernement sur la ville, au cours des deux dernières semaines, apparaissaient comme parmi les plus horribles de cette guerre.  Il a ajouté que les bombardements, par l’opposition, de zones contrôlées par le Gouvernement avaient également conduit à des morts et des destructions.  Il existe, selon lui, le danger que l’escalade de ces attaques et contre-attaques ne continue et ne s’étende au-delà d’Alep. 

Il a dit prendre note du communiqué du Département d’État des États-Unis qui a fait savoir que les États-Unis et la Fédération de Russie avaient conclu un accord hier soir afin d’étendre l’accord de cessation des hostilités en Syrie à la ville d’Alep.  Il a exhorté les parties à appliquer cet accord immédiatement et complètement.

Sur le plan humanitaire, il a en outre déclaré qu’empêcher les gens d’accéder à l’aide humanitaire essentielle était une violation sérieuse du droit international humanitaire, ajoutant que l’utilisation de la famine comme arme lors d’un conflit était un crime de guerre.  Il a rappelé aux parties en conflit qu’elles devaient respecter le droit international humanitaire, rappelant à cet effet que le Secrétaire général avait demandé que la situation en Syrie soit renvoyée devant la Cour pénale internationale (CPI).  « Les responsables de crimes de guerre doivent être tenus de rendre compte », a-t-il dit. 

Il a de nouveau indiqué que les attaques intentionnelles et directes contre des hôpitaux étaient des crimes de guerre.  Il a noté qu’il y avait eu, au cours de ces dernières semaines, des tentatives de gagner du terrain de la part à la fois du Gouvernement et des forces de l’opposition.  Il a déclaré que des rapports récents faisaient état du fait que des parties à l’accord de cessation des hostilités avaient repris les armes, tout comme celles n’y étant pas impliquées, notamment le Front el-Nosra. 

La situation générale à Alep ressemble de plus en plus à certains des pires jours de la période avant la cessation des hostilités.  Il a relevé que l’accord conclu hier par les États-Unis et la Fédération de Russie, et qui devait entrer en vigueur à partir de minuit et une minute à Damas, avait connu une application difficile, mais qu’il avait néanmoins permis de faire baisser la violence. 

Consolider et étendre cet accord serait une étape importante dans la bonne direction.  Il a également dit espérer que le principe de « jours de silence » dans certaines parties de Damas et de la partie rurale de Lataquié serait également consolidé.  Il a salué la nouvelle faisant état de l’extension du « silence » dans la banlieue orientale de Damas, à Ghouta, pour les prochaines 48 heures.  « Nous devons remettre la cessation des hostilités en application dans tout le pays », a encore déclaré M. Feltman. 

À cet égard, l’Envoyé spécial du Secrétaire général sur la Syrie, M. Staffan de Mistura a tenu des consultations avec les coprésidents du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS) au cours des deux derniers jours, et il est aujourd’hui à Berlin en réunion avec les fonctionnaires allemands et français.  Il a également rencontré le chef du Haut Comité des négociations pour l’opposition.  

Au sujet du processus politique, il a rappelé que M. de Mistura avait indiqué devant le Conseil, le 27 avril dernier, que pour être crédible, le prochain cycle de négociations devrait être soutenu par des progrès tangibles sur le terrain en termes d’une cessation des hostilités et un accès humanitaire accru.  L’Envoyé spécial compte convoquer de nouveau les pourparlers intra-syriens en mai, a confié le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques.  Mais il a souligné que le faire sans qu’il n’y ait des avancées sur les deux points précédemment évoqués faisait courir le risque de l’échec du processus politique.

Il a expliqué en effet que le niveau actuel de violence à Alep sapait la possibilité de voir les parties syriennes s’engager dans des négociations.  Il a de nouveau affirmé que la seule façon de parvenir à la paix en Syrie était une solution politique fondée sur une transition politique crédible qui émergerait de négociations intra-syriennes.  Il a rappelé qu’au cours du cycle des négociations, qui a eu lieu du 13 au 27 avril, l’Envoyé spécial avait élaboré un « Résumé du médiateur » qui a identifié 18 points nécessaires pour aller de l’avant pour une transition politique. 

Il a salué le fait qu’au cours de ces pourparlers, tous les participants, y compris le Gouvernement syrien, avaient accepté qu’une transition dirigée par les Syriens était nécessaire pour mettre fin au conflit.  Il est maintenant nécessaire, a-t-il expliqué, de déterminer les contours de cette transition qui devraient respecter les recommandations de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.  « Nous sommes à un point où le soutien renouvelé du GISS est nécessaire pour aller de l’avant », a-t-il noté.

M. Feltman a ensuite observé que la nécessité d’aborder la question de la lutte contre le terrorisme en Syrie ne devrait pas empêcher de faire des avancées politiques.  L’une des plus grandes contributions que nous pouvons faire pour lutter contre Daech et el-Nosra est de parvenir à une transition politique globale vers un État inclusif, participatif et démocratique en Syrie, a-t-il argué.  Il a affirmé que, conformément à la résolution 2254 (2015), le Secrétaire général et son Envoyé spécial espéraient arriver à un accord sur la transition d’ici au mois d’août.

M. STEPHEN O’BRIEN, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, s’est dit choqué par le niveau de destruction qui règne à Alep avec l’utilisation d’armes explosives dans des zones densément peuplées où des centaines de civils ont été tués ou blessés.  Il a indiqué que l’accès aux services de base comme l’eau et l’électricité se faisait au compte-gouttes. 

Les 300 000 personnes qui vivent dans la partie est d’Alep vivent sous la menace constante d’une prochaine attaque aérienne, tandis que les 1,3 million de personnes de la partie ouest sont retranchées dans des caves à l’abri des tirs de mortiers qui continuent de frapper ce qu’il reste de leur maison. 

S’agissant des terribles attaques qui continuent de toucher quotidiennement les installations médicales, il a noté qu’elles avaient un effet multiplicateur en empêchant des milliers de civils d’avoir accès à des services de soins.  Il a rappelé que selon l’organisation non gouvernementale Médecins pour les droits de l’homme, 360 attaques contre 250 infrastructures de santé ont été recensées, faisant 730 morts parmi le personnel médical. 

Des femmes enceintes n’ont plus accès à un endroit sûr pour accoucher alors que la fourniture d’aide médicale ne peut plus être garantie.  Ceux qui sont à l’origine de ces attaques, quel que soit leur camp, doivent savoir qu’ils ne seront pas oubliés et qu’ils devront rendre des comptes pour ces crimes de guerre et crimes contre l’humanité.  Il s’est dit extrêmement préoccupé par le fait que de nombreux acteurs humanitaires ont dû interrompre leurs activités. 

Il a expliqué que de nombreux enfants n’avaient pu être vaccinés comme prévu.  Au-delà d’Alep, la destruction d’infrastructures continue d’affecter les civils dans l’ensemble du pays, a-t-il rappelé avant d’appeler à ce que toutes les attaques contre les civils s’arrêtent immédiatement. 

Avant de conclure, le chef des affaires humanitaires de l’ONU a demandé aux membres du Conseil de sécurité combien de morts et de souffrance ils pouvaient encore tolérer avant de s’attaquer collectivement à cette crise syrienne insensée, qui affecte non seulement les Syriens, mais aussi leurs voisins.  

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a déclaré que la cessation des hostilités n’était pas du tout respectée à Alep comme le laisse voir les comptes rendus des médias.  Il a rappelé que cette cessation des hostilités devait être l’un des piliers de la paix durable en Syrie.  La situation actuelle montre que le Président syrien ne peut rester au pouvoir, car il est à l’origine de l’escalade du conflit et il ne peut pas jouer un rôle dans l’avenir du pays, étant donné qu’il empêche l’aide humanitaire de parvenir à ses concitoyens.  Il a dit que les attaques contre les civils, notamment les hôpitaux et écoles ne pouvaient être justifiées par la lutte contre le terrorisme, ajoutant que ces attaques s’apparentaient à un crime contre l’humanité.

Ce Conseil doit faire quelque chose pour les populations d’Alep, et la meilleure façon de reconstruire la confiance est de mettre fin à ces attaques, a-t-il estimé.  Il s’est félicité du nouvel accord entre les États-Unis et la Fédération de Russie et il a appelé le Conseil à agir au plus vite en adoptant une déclaration à la presse que sa délégation a préparée.  Rester silencieux face à cette situation reviendrait à se rendre complice de ce qui se passe à Alep, a—t-il conclu. 

M. FRANCOIS DELATTRE (France) a déclaré qu’Alep, ville martyre, cœur de la résistance à la brutalité du régime d’Assad, était à la Syrie ce que Sarajevo était à la Bosnie.  Il a rappelé que depuis le 22 avril, le régime a pris la décision d’entamer une nouvelle offensive sur la ville d’Alep et que cette reprise des combats a entraîné plus de 280 morts et provoqué un nouvel afflux de personnes déplacées à la frontière turque.  Le représentant de la France a estimé que le régime du Président syrien portait l’entière responsabilité de la rupture de la trêve à Alep.  Il a regretté que le fragile accord entre Russes et Américains, entré en vigueur la nuit dernière à Alep, n’ait pas été respecté. 

Face à ce constat, il a affirmé que le Conseil de sécurité devait jouer un rôle dans la surveillance du respect de la trêve et la sanction des violations les plus graves en exploitant les informations qui doivent lui être relayées sur une base mensuelle comme le prévoit la résolution 2268 (2016). 

« Dans l’immédiat, a-t-il insisté, les soutiens au régime doivent prendre leur responsabilité et user de leur influence sur Damas pour faire taire les armes. »  M. Delattre a souhaité que le Conseil de sécurité puisse envoyer un message clair sur la nécessité de faire cesser les combats d’Alep et de renforcer la cessation des hostilités.  Il ne s’agit ni plus ni moins, a insisté le représentant de la France, que de faire respecter la résolution 2268 (2016) adoptée à l’unanimité sur la proposition conjointe de la Russie et des États-Unis. 

Le représentant de la France a rappelé que son pays demandait de plusieurs jours l’organisation d’une réunion ministérielle du Groupe international de soutien à la Syrie avec trois objectifs: obtenir de meilleures garanties du respect de la trêve; réaffirmer la nécessité de protéger et porter assistance aux populations civiles; et relancer les négociations en vue d’une solution politique.  Il a rappelé qu’il fallait tout faire aussi pour permettre la reprise d’une négociation destinée à mettre en œuvre la résolution 2254 (2015) et le Communiqué de Genève.

M. ROMAN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a rappelé qu’hier, la Présidente de Médecins sans frontières (MSF), qui était assise là où se trouve la délégation syrienne, avait fait état des dévastations en cours en Syrie.  Le Conseil de sécurité doit appuyer les activités de l’Envoyé spécial Staffan De Mistura, avec pour priorité de parvenir à la cessation complète des hostilités, a estimé le représentant.

Hier, a eu lieu la dernière attaque des forces gouvernementales contre un hôpital, a déploré la délégation, qui a demandé au régime syrien de mettre fin à de telles violations du droit international humanitaire.  « Alep est l’occasion de montrer notre tolérance zéro » à l’égard de ce type d’attaques, a ajouté M. Marchesi, plaidant en faveur d’une résolution. 

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a dit qu’après tant de siècles d’histoire, la ville d’Alep se mourait.  Pour la sauver, elle a proposé de progresser vers les trois points du processus de paix, à savoir le cessez-le-feu, l’accès humanitaire et des négociations pour une transition politique.  Ce résultat est possible avec une volonté politique, a-t-elle dit, estimant néanmoins que ces points étaient liés les uns aux autres et devaient être traités de manière concomitante.  Elle a noté que toutes les parties en conflit étaient responsables de la situation qui prévalait à Alep, même si l’escalade est due aux attaques du régime syrien, a-t-elle précisé. 

Elle a déploré le fait que le régime et ses alliés disent s’attaquer aux terroristes, alors que les cibles qu’ils frappent montrent le contraire.  Elle a annoncé que les États-Unis et la Fédération de Russie s’étaient mis d’accord pour faire respecter de nouveau l’accord de cessation des hostilités. 

Mme Power a en outre regretté que le régime syrien n’ait pas approuvé la distribution de l’aide humanitaire censée soulager les populations d’Alep.  Ce refus n’est pas une coïncidence, étant donné que cette même ville fait l’objet de bombardements, a-t-elle observé.  Elle a également fermement condamné les confiscations d’articles médicaux par le régime syrien, regrettant que sur les 33 hôpitaux que comptait Alep en 2010, moins de 10 fonctionnaient encore. 

Elle a rendu hommage à Mohammed Maaz, le dernier pédiatre d’Alep qui est mort à la suite du bombardement de l’hôpital dans lequel il officiait.  Elle a estimé que ce bombardement fatal n’était pas une erreur, puisqu’il était le troisième à viser le même site.

Selon Mme Power, le conflit ne peut être réglé que par la voie politique.  Elle a souligné que tant qu’une des parties en conflit ne respectait pas ses engagements, elle mettrait en péril les négociations.  Elle a invité « tous ceux qui ont une influence sur le régime syrien », notamment la Fédération de Russie, à faire pression sur lui afin qu’il mette un terme à la guerre.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé que, grâce au régime de cessation des hostilités établi sous les auspices de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, le niveau des violences avait sensiblement décliné en Syrie.  Il a ainsi brossé un tableau bien différent de la situation dans le pays où, dans plusieurs provinces, la vie aurait repris son cours, « n’en déplaise à ceux qui souhaitent la prolongation du conflit pour consolider leurs accusations à l’encontre des forces gouvernementales ». 

Selon M. Churkin, celles-ci font face à Alep à des terroristes qu’il a accusés d’utiliser des « mines » et des « bombes à fragmentation ».  « Cela bien longtemps que les brigades prétendument modérées doivent se désolidariser du Front el-Nosra, mais leur décision se fait toujours attendre », a ironisé le représentant.

La délégation russe a proposé, « dès le début du conflit à Alep », le genre de coopération qui a permis d’aboutir aujourd’hui à une cessation des hostilités à Alep, « mais il a fallu six mois pour que ses partenaires y agréent ».  M. Churkin a fustigé plusieurs groupes que la Fédération de Russie considère comme terroristes. 

Des preuves de l’utilisation de gaz moutarde « et de combat » par des terroristes ont été réunies, a-t-il soutenu, regrettant l’opposition de certains membres occidentaux du Conseil à l’initiative sino-russe d’enquêter sur ces crimes.  Il a insisté sur la nécessité de mettre fin aux « réseaux d’approvisionnement » à la frontière entre la Syrie et la Turquie.  Le représentant a déclaré en conclusion être disposé à examiner la déclaration à la presse que la délégation britannique a fait circuler parmi les membres du Conseil.

M. GERARD van BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) s’est dit profondément préoccupé par la violence à Alep et ailleurs en Syrie et « choqué » par l’indifférence apparente des parties, et de ceux qui les soutiennent, face à l’épouvantable souffrance du peuple syrien.  Même si les parties continuent de rechercher une solution par voie militaire, sa délégation reste convaincue qu’une telle solution n’existe pas et qu’il faut qu’elles s’engagent dans le processus politique « qui représente la meilleure chance » pour mettre un terme à cette guerre « horrible ». 

Il craint que les actions du Gouvernement syrien et de certains membres de l’opposition ne fassent dérailler ce processus ainsi que la cessation des hostilités.  Pour sa délégation, la responsabilité est partagée et il faut soutenir l’Envoyé spécial du Secrétaire général et faire pression sur les parties à la table de négociation pour y participer de bonne foi, ce qui signifie, selon lui, d’autoriser l’accès à l’aide humanitaire, de négocier la libération des prisonniers, d’arrêter les combats et de s’engager dans une transition politique.

La Nouvelle-Zélande redoute que, dans le cadre des efforts internationaux pour combattre le terrorisme, il n’y ait une nouvelle tendance à utiliser le terme de « terrorisme » avec légèreté et comme une justification à des réponses militaires.  « Cette situation doit cesser », a exigé M. Van Bohemen, pour lequel toute intervention militaire doit se faire dans le respect du droit international humanitaire et éviter les cibles civiles.

La Nouvelle-Zélande soutient les pourparlers actuellement en cours sous les auspices de l’Envoyé spécial, de la Russie et des États-Unis, tout en soulignant qu’il ne s’agit pas là des seuls acteurs qui « peuvent changer la donne ».  Elle encourage le Conseil de sécurité et le Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS) à mettre tout leur poids derrière ces pourparlers politiques, et, à cet égard, souhaiterait entendre les points de vue de la Russie, des États-Unis et de l’Envoyé spécial sur ce que le Conseil de sécurité pourrait faire pour soutenir au mieux leurs efforts.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a condamné les bombardements qui ont cours en Syrie, notamment à Alep, ces derniers temps.  Il a déploré la destruction d’infrastructures civiles par le régime, ajoutant que ces attaques ne pouvaient se faire sans le soutien de son allié, lequel se présente comme un médiateur dans le conflit.  Il a appelé toutes les parties en conflit à respecter leurs obligations, notamment l’accord de cessation des hostilités et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a dit que sa délégation appuyait la déclaration à la presse que la délégation du Royaume-Uni avait préparée.  

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a déclaré que la cessation des hostilités avait redonné un espoir aux populations civiles syriennes, espoir qui était en train de s’évanouir à Alep.  Aussi, s’est-il félicité de l’accord auquel la Fédération de Russie et les États-Unis sont parvenus aujourd’hui.  Le représentant a exhorté tous les États concernés à mettre en œuvre la résolution adoptée hier sur la protection des personnels de santé dans les conflits armés.  Selon lui, enfin, le projet de déclaration à la presse préparé par le Royaume-Uni contient tous les éléments pertinents.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a cité Bob Dylan, en se demandant « combien de morts seraient nécessaires pour que l’on sache combien de vies ont été perdues ».  Il a rappelé aux États la responsabilité qui est la leur de mettre fin au conflit, en particulier les « États ayant de l’influence sur les parties au conflit », y compris sur les acteurs non étatiques présents sur le terrain.  Le représentant a estimé qu’il fallait redoubler d’efforts pour mettre en œuvre le plan préparé par l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a invité les parties en conflit en Syrie à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  Il a salué les efforts consentis par l’Envoyé spécial du Secrétaire général, assurant que la paix en Syrie ne pouvait passer que par un processus politique.  Il a estimé qu’une déclaration du Conseil de sécurité sur la situation à Alep était de bon aloi.

M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a estimé que l’espace politique créé à Genève devait être préservé et que la cessation des hostilités avait eu un impact sur la relance des négociations sous la houlette de Staffan de Mistura.  Il a exhorté l’opposition syrienne à adopter une « position constructive » et à se dissocier du Front Al-Nosra. 

« Nous espérons que toutes les parties seront représentées dans le cadre de ces pourparlers, où doit être garantie la représentation des différents segments de la société syrienne. »  Le représentant a condamné en conclusion les attaques aveugles contre des hôpitaux et infrastructures médicales, qui violent la résolution 2286 (2016), adoptée hier à l’unanimité par le Conseil.

M. LIU JIEYI (Chine) a salué la relance du cessez-le-feu par les États-Unis et la Fédération de Russie.  Il a appelé les parties syriennes à faire primer l’intérêt de leur pays, condamnant également les attaques contre les civils.  Il a appelé les pays de la région à jouer un rôle constructif dans la paix en Syrie.  Plus la situation est complexe, plus il est impérieux de trouver un règlement politique à la crise, a-t-il affirmé. 

« Il faut que les Syriens eux-mêmes décident de leur avenir », a-t-il aussi plaidé, soulignant le rôle d’accompagnement que devrait jouer l’ONU à cet effet, notamment l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Staffan de Mistura.  Il a par ailleurs estimé que tant que le terrorisme serait présent en Syrie, le peuple ne connaîtrait jamais de paix, encore moins les pays de la région.

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a regretté de constater que, pas plus tard qu’hier, alors que le Conseil adoptait une résolution historique pour protéger les personnels soignants et sanctuariser les hôpitaux, la maternité Al-Dabit près d’Alep avait été la cible d’une attaque qui a tué au moins trois médecins. 

Elle a exhorté les parties au conflit à cesser les hostilités, à permettre un accès sûr à la population civile d’Alep et à s’appuyer sur le consensus trouvé aujourd’hui pour une cessation des hostilités à Alep.  Il faut maintenant travailler avec l’ONU et l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, pour reprendre les négociations sur la base du Communiqué de Genève, a ajouté la délégation.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a fait observer qu’un règlement militaire de la crise syrienne ne pouvait durer.  Il a déploré le fait que certains États continuaient d’appuyer les parties en conflit.  Il a invité la communauté internationale à soutenir les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Staffan de Mistura. 

Le représentant a déclaré que la situation actuelle en Syrie était encore plus complexe du fait de la présence de groupes terroristes dans le pays.  Il a appelé également les parties en conflit à faciliter l’accès humanitaire afin que l’aide puisse parvenir aux populations.  Il a conclu en souhaitant que le processus de Genève ne s’effondre pas.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a dit qu’il parlait non seulement en tant que représentant de l’Égypte, mais également en tant que « citoyen arabe » meurtri par le sort des populations syriennes.  Il a noté que le mouvement de départ qui était une revendication politique pacifique il y a cinq ans en Syrie avait donné ensuite lieu à des groupes de combattants, armés par des parties internes et externes pour déstabiliser le pays.  Il a déploré la mort de tant d’innocents à Alep et il a condamné les bombardements de civils et notamment des hôpitaux.  Il a appelé les parties syriennes à respecter le droit international humanitaire, rappelant que la résolution 2286 (2016), adoptée hier par le Conseil de sécurité, condamnait ces attaques contre les services de santé.

Le Conseil de sécurité et les membres du Groupe international de soutien à la Syrie ont convenu d’exclure les groupes terroristes de l’accord de cessation des hostilités, a-t-il rappelé.  Il a affirmé que cette cessation des hostilités avait malheureusement permis au Front el-Nosra de s’implanter de nouveau à Alep et d’y recruter des groupes locaux qu’il a armés.  Il a affirmé que le Front el-Nosra était tout aussi dangereux que Daech.  Il a ajouté que le processus de Genève restait la seule voie pour un règlement pacifique du conflit syrien.  Il a appelé la communauté internationale à soutenir ce processus et les efforts de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura.

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a rappelé qu’hier, 28 civils étaient morts en martyrs, et que plus 80 autres avaient été blessés, après une attaque lancée par des groupes armés ou « opposition modérée », comme les appellent certains.  Il s’est tourné vers les États qui protègent ces groupes en se demandant comment ceux-ci pouvaient être qualifiés d’opposants modérés lorsqu’ils font pleuvoir des milliers de bombes, de roquettes lourdes et légères, de grenades et de mortiers sur la population, « tuant 118 civils et faisant plus de 200 blessés rien qu’au cours des 10 derniers jours ». 

Dénonçant cette escalade de la « terreur », le représentant syrien a assuré que son gouvernement avait participé de bonne foi aux pourparlers de Genève pour parvenir à un règlement politique de la crise et respecté l’accord de cessation des hostilités.  Cette attitude, a-t-il dit, reflète la volonté de Damas de protéger les civils innocents « pendant que les groupes armés violaient cet accord, notamment à Alep ».  Sa délégation a accusé l’Arabie saoudite d’être derrière les agissements de tels groupes, avant de rappeler que les autorités syriennes sont disposées à participer à tout dialogue visant à permettre aux Syriens de décider par eux-mêmes de leur avenir. 

S’élevant de nouveau contre l’appui prêté par certains États aux groupes armés opérant en Syrie, M. Mounzer a souligné la nécessité pour eux de sécuriser la frontière, en particulier la Turquie.

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