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La Conférence d’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA s’ouvre avec un appel à la mobilisation de tous les acteurs du développement

Examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul,
1re & 2e séances plénières – matin & après-midi
DEV/3231

La Conférence d’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA s’ouvre avec un appel à la mobilisation de tous les acteurs du développement

ANTALYA, Turquie, 27 mai - La Conférence d’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés (PMA) a ouvert ses portes, aujourd’hui à Antalya, sur la côte méditerranéenne de la Turquie, par un appel de responsables de haut niveau du monde entier pour accélérer les progrès réalisés jusqu’ici par ces pays où près d'un milliard de personnes sont confrontées à des défis de développement considérables.

« Il est important de recentrer nos efforts et de les intensifier en vue de réaliser les visions du Programme d’action d’Istanbul », a déclaré à l’ouverture de la Conférence, au nom des pays les moins avancés, le Ministre pour les collectivités locales, le développement rural et les coopératives du Bangladesh, M. Khandker Mosharraf Hossain. 

À cinq ans de l’échéance de la mise en œuvre complète du Programme d’action M. Hossain a souligné la contribution de tous les acteurs -les PMA, l’ONU, la société civile et toute la communauté internationale- pour réaliser ses objectifs ambitieux.

Tout au long de la première journée de la Conférence d’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul, qui se tient jusqu’au 29 mai, les hauts responsables de plusieurs dizaines de pays ont jugé nécessaire de progresser dans plusieurs domaines, tels que la réduction de la pauvreté, le développement des infrastructures, l’accès à l’énergie, l’autonomisation des femmes ou l’emploi, en particulier celui des jeunes.

Présidée par le Ministre turc des affaires étrangères, M. Mevlüt Çavuşoğlu, la Conférence suit de quelques jours à peine le Sommet humanitaire mondial, qui a eu lieu à Istanbul, lequel a attiré l'attention de la planète sur les crises humanitaires, dont beaucoup ont un impact disproportionné sur les populations des pays les moins avancés.  

« Un long chemin reste à parcourir pour les PMA, même si les progrès accomplis depuis l’adoption du Programme d’action en 2011 sont certains », a fait observer M. Çavuşoğlu, qui a insisté sur l’importance du projet de déclaration qui doit être adoptée à l’issue de la Conférence d’Antalya.

L’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul coïncide, ainsi que l’ont relevé la plupart des intervenants, avec le début de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, de l’Accord de Paris sur le climat, du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et du Programme d’action d’Addis-Abeba.

Adopté en 2011, il constitue pour les PMA une feuille de route d’une durée de 10 ans visant à appuyer leur développement durable.  Au total, 48 pays sont classés par l’ONU dans cette catégorie, ce qui leur donne droit, notamment, à diverses concessions, parmi lesquelles un accès préférentiel au marché et à une assistance technique spéciale.

L’Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui s’exprimait au nom du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a affirmé que les progrès réalisés jusqu’ici par les PMA pour réduire la pauvreté, promouvoir le développement humain et consolider les infrastructures, y compris celles de l’information, des communications et des technologies, avaient été inégalement répartis. 

Pour le Secrétaire général, des efforts doivent être entrepris pour mobiliser des ressources grâce au renforcement des capacités, au développement du secteur privé, à la coopération fiscale internationale et à de meilleures interventions politiques et institutionnelles.  Les partenariats entre les secteurs public et privé, la coopération triangulaire et les coopérations Nord-Sud et Sud-Sud et Nord-Sud sont à ce titre essentiels. 

« Toutes les parties prenantes doivent être conscientes de leur rôle », a ainsi estimé le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, M. Moggens Lykketoft.  « Seuls des efforts concertés pourront nous permettre d’assurer un avenir meilleur pour tous, y compris pour les personnes en marge. » 

Le Groupe des 77 et la Chine, par la voix de la Thaïlande, a appelé tous les partenaires de développement à consacrer 0,2% de leur revenu national brut aux PMA comme ils s’y sont engagés, et à leur allouer 50% de leur aide publique au développement (APD).  Il a également demandé la levée et l’élimination totale des mesures économiques unilatérales imposées aux pays en développement, en particulier aux PMA, lesquelles ont des « effets négatifs » sur leur développement et leur prospérité, ainsi que sur leurs efforts en vue de la radiation de la liste des PMA.

Le représentant des Maldives, pays sorti de cette catégorie il y a cinq ans, a, quant à lui, préconisé avec vigueur un réexamen des critères de radiation de la liste, qu’il a jugés « inadaptés », car ne tenant pas compte de la vulnérabilité de certains des PMA, par exemple leur vulnérabilité face aux effets des changements climatiques.

La liste des PMA est réexaminée tous les trois ans par le Conseil économique et social (ECOSOC), en application des recommandations du Comité des politiques de développement.  Trois critères sont pris actuellement en considération par le Comité: le revenu par habitant, le capital humain et la vulnérabilité économique.

Parallèlement à ce débat avaient lieu tout au long de la journée plusieurs événements portant sur le financement des objectifs de développement durable, les mesures de soutien, l’investissement dans l’agriculture, la mise en œuvre des objectifs de développement durable dans les PMA d’Asie-Pacifique ou la croissance, l’emploi et le travail décent.

La plénière de la Conférence reprendra demain, samedi 28 mai à 10 heures.

Déclarations d’ouverture

M. MEVLÜT ÇAVUŞOĞLU, Président de la Conférence et Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a souligné la nécessité d’assurer le suivi des engagements pris il y a cinq ans pour assister les pays les moins avancés (PMA).  À ce jour, 800 millions de personnes vivent dans les PMA, a-t-il rappelé, en appelant à tirer profit de leur productivité.  Il a déclaré que l’aide aux PMA était cruciale, avant de se dire alarmé par la diminution de l’aide publique au développement.  Les échanges commerciaux doivent être un moteur de la croissance des PMA, a-t-il souligné, en souhaitant que la part des PMA dans les échanges mondiaux soit multipliée par 2 dans les années à venir.  M. Çavuşoğlu a ensuite insisté sur l’importance de remédier au défi de la sécurité alimentaire, de renforcer les capacités technologiques des PMA et de promouvoir dans ces pays une croissance riche en emplois.  Le Ministre a assuré que la Turquie allouait 300 millions de dollars par an aux PMA en vue, notamment, de renforcer leurs capacités technologiques.  Un long chemin reste à parcourir pour les PMA, même si les progrès accomplis depuis l’adoption du Programme d’action en 2011 sont certains, a-t-il dit.  En conclusion, le Président de la Conférence et Ministre des affaires étrangères de la Turquie a mis l’accent sur l’importance du projet de déclaration qui doit être adopté à l’issue de la Conférence d’Antalya.

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a rappelé le message du Sommet humanitaire mondial, qui vient d’avoir lieu à Istanbul, en précisant qu’il était l’essence du Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 et du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La déclaration politique de la Conférence d’Antalya déterminera ce que l’on pourra faire pour relever les défis auxquels sont confrontés les pays les moins avancés.  Il faut que nous passions davantage de temps à agir et à trouver plus de temps pour régler ces problèmes, a déclaré le Président de l’Assemblée générale.

La déclaration politique fait référence à des engagements, lesquels, s’ils sont mis en œuvre, appuieront ces pays en développement.  C’est en travaillant notamment avec la société civile, le secteur privé et les partenaires en développement que les objectifs pourront être réalisés, a-t-il dit. 

M. Lykketoft a en outre appelé à allouer davantage de ressources, à renforcer l’aide publique au développement (APD) et la coopération Sud-Sud.  Toutes les parties prenantes, a-t-il souligné, doivent être conscientes de leur rôle.  Seuls des efforts concertés pourront nous permettre d’assurer un avenir meilleur pour tous, y compris pour les personnes en marge, a-t-il estimé avant de conclure.

Mme HELEN CLARK, Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui s’exprimait au nom du Secrétaire général de l’ONU, M. BAN KI-MOON, a affirmé que les progrès réalisés jusqu’ici par les pays les moins avancés pour réduire la pauvreté, promouvoir le développement humain et consolider les infrastructures, y compris celles de l’information, des communications et des technologies, avaient été inégalement répartis.  Le Secrétaire général rappelle l’importance du Programme de développement durable à l’horizon 2030, de l’Accord de Paris sur le climat, du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, du Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, a-t-elle dit. 

De même, a ajouté Mme Clark, le Secrétaire général appelle à renforcer les capacités des PMA et à mobiliser d’autres sources de financement.  Des efforts doivent être entrepris pour mobiliser des ressources grâce au renforcement des capacités, au développement du secteur privé, à la coopération fiscale internationale et à de meilleures interventions politiques et institutionnelles.  Pour M. Ban, a-t-elle ajouté, les partenariats entre les secteurs public et privé, la coopération triangulaire et les coopérations Nord-Sud, Sud-Sud et Nord-Sud doivent jouer également leur rôle. 

Dans la déclaration lue par l’Administratrice du PNUD, le Secrétaire général appelle aussi à faciliter la circulation des échanges et l’accès aux marchés.  Il souligne également l’importance de l’accès à la technologie pour les PMA.  Il rappelle ainsi avoir établi le Conseil d’administration de la Banque de technologie, en espérant qu’il sera pleinement opérationnel d’ici à 2017.

Mme Clark a ensuite mis l’accent sur la nécessité d’accélérer les progrès dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul, en faisant ainsi état des initiatives et efforts engagés par le PNUD en faveur des 48 PMA.  Il sera très important à l’avenir, a estimé l’Administratrice du PNUD, de tirer pleinement parti des synergies et des complémentarités qui existent entre le Programme d’action d’Istanbul et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Appuyer les PMA est au cœur des différents mandats des organismes des Nations Unies, a assuré Mme Clark en conclusion.

M. ABDOULAYE BIO-TCHANÉ, Ministre d’État chargé du plan et du développement du Bénin et ancien Président du Groupe des PMA, a assuré que les pays africains prenaient en main leur destin mais qu’ils devaient bénéficier du savoir-faire des pays développés. Notant l’importance de la présente Conférence, il a plaidé pour des ajustements dans la mise en œuvre des programmes internationaux afin qu’ils bénéficient pleinement aux PMA. Il faut apporter des modifications aux mesures de mise en œuvre  du Programme d’action d’Istanbul en vue de favoriser les synergies, a-t-il dit.  Le nouveau Président du Bénin, a indiqué M. Bio-Tchané s’est engagé à autonomiser les femmes, à promouvoir les emplois des jeunes,  à favoriser une croissance plus stable et inclusive, à garantir l’état de droit et à assurer le bien-être de la population. Ces dernières années, l’Afrique a fait montre de résilience et mis en œuvre des réformes audacieuses, a-t-il déclaré, avant d’insister, en conclusion, sur l’importance que la population touche désormais les dividendes de telles réformes.

« Nous savons tous que les pays les moins avancés, en raison de leurs faiblesses structurelles, sont le plus souvent les plus vulnérables aux crises régionales, nationales ou internationales », a déclaré M. KHANDKER MOSHARRAF HOSSAIN, Ministre pour les collectivités locales, le développement rural et les coopératives du Bangladesh, au nom des pays les moins avancés. En tant que groupe, les pays les moins avancés ont enregistré un taux de croissance moyen de 7% lors de la première décennie de ce millénaire, bien que ce taux ait chuté depuis cette date de manière significative.  Il n’est pas sûr qu’ils puissent retrouver un sentier de croissance élevée, a-t-il fait remarquer, en précisant que nombre de ces pays subissaient les conséquences de catastrophes naturelles, de crises sanitaires et de chocs économiques.  Il a aussi noté les obstacles importants auxquels les PMA en proie à un conflit ou émergeant d’un conflit doivent faire face.

« Dans le contexte de l’adoption du Programme de développement durable à l'horizon 2030, qui reconnaît le besoin d’un traitement préférentiel et différentiel des PMA par la communauté internationale, il est important de recentrer nos efforts et de les intensifier en vue de réaliser les visions du Programme d’action d’Istanbul », a estimé M. Hossain, avant de se féliciter de l’accord obtenu sur un projet de déclaration politique à l’issue de cette Conférence d’examen de mi-parcours.  Cette déclaration, a-t-il indiqué, traite de manière équilibrée les piliers du développement durable, à savoir économique, social et environnemental.

Le Ministre a ensuite insisté sur les principales préoccupations des PMA, la première étant l’insuffisance de l’aide publique au développement.  Il a espéré que la cible de 0,20% du revenu national brut consacré à l’APD sera bientôt atteinte, avant de mettre l’accent sur l’importance de la mobilisation des ressources intérieures pour le développement des PMA.  Il a indiqué que les PMA accordaient la plus grande importance à la mobilisation de ces ressources, l’appui de la communauté internationale demeurant néanmoins vital en raison de l’étroitesse de leur base fiscale et de leurs faiblesses structurelles.  Il a ensuite appelé tous les pays développés et tous les pays en développement en mesure de le faire de ménager un accès en franchise de droits aux produits de tous les PMA.  Il est important de mettre en œuvre des règles d’origine des produits qui soient en faveur des PMA, a-t-il souligné, en soutenant que les mesures précitées permettraient aux PMA de doubler leurs échanges internationaux.  M. Hossain a appelé à éliminer toutes les mesures économiques unilatérales qui frappent les pays en développement, y compris les PMA, avant d’insister sur l’importance des transferts de technologie en vue d’une transformation structurelle de ces pays.  Il est également de notre responsabilité que les revenus envoyés par les travailleurs migrants bénéficient pleinement à leurs familles, en souhaitant que les frais de transactions soient réduits et n’excèdent pas 3% de la somme transférée.

« Il est crucial que la catégorie des PMA soit reconnue par toutes les entités onusiennes », a-t-il dit, avant de demander que ces pays disposent d’une voix forte au sein des instances chargées de la gouvernance économique internationale.  Tout en rappelant qu’il ne restait plus que cinq ans dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul, M. Hossain a souligné la contribution de tous les acteurs –les PMA, l’ONU, la société civile, la société civile et toute la communauté internationale– pour réaliser les objectifs ambitieux de ce Programme d’action.

M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Ministre des affaires étrangères du Tchad et Président du Conseil exécutif des ministres de l’Union africaine, a rappelé que sur les 48 pays les moins avancés, 33 étaient en Afrique.  L’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, de l’Accord de Paris sur le climat, du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, du Programme d’action d’Addis-Abeba avait marqué l’an dernier une étape cruciale dans la recherche des objectifs suivis par les PMA. 

Les PMA, a-t-il dit, se doivent de mettre en place des politiques cohérentes.  C’est dans cette perspective que l’Union africaine a adopté et mis en œuvre l’Agenda 2063.

La communauté internationale doit prendre ses responsabilités pour appuyer les PMA.  Plus que d’aide, les PMA ont besoin d’équité, de justice, de solidarité, d’investissements et d’accompagnement, a estimé M. Mahamat.

Le Ministre a rappelé que les pays africains étaient confrontés au terrorisme, à la criminalité transfrontalière et aux trafics de tout genre.  Il a souligné qu’ils essayaient individuellement et collectivement de se mobiliser pour y faire face, en énumérant différentes mesures et initiatives régionales et sous-régionales prises en ce sens.  Une attention particulière doit être accordée aux pays du Sahel, qui consacrent une part importante de leurs ressources à assurer leur sécurité au détriment du développement, a-t-il souhaité avant de conclure.

M. NEVEN MIMICA, Commissaire chargé de la coopération internationale et du développement de l’Union européenne, a plaidé pour un traitement préférentiel des PMA et salué les progrès accomplis afin de sortir de cette catégorie.  L’Union européenne appuie une sortie sans heurt et s’engage à assister la moitié de ces PMA, a-t-il dit.  Reconnaissant la lenteur des progrès enregistrés jusqu’à présent, il a indiqué que les accords conclus en 2015 à Addis-Abeba, Paris et New York devraient permettre de remettre les PMA sur la bonne voie.  L’Union européenne est déterminée à traduire ses engagements en faveur des PMA par des mesures concrètes, a-t-il affirmé.  L’Union européenne, qui est le principal bailleur de fonds des PMA, veillera à consacrer 0,2% de son revenu brut consacré à l’APD en faveur de ces pays d’ici à 2030, ce qui représentera le double du montant actuel.  Le représentant a également indiqué que l’Union européenne assurait un accès en franchise de droits et sans quotas des produits des PMA, sauf en ce qui concerne les armes.  Pour la période 2014-2020, l’Union européenne consacrera 14 milliards à la lutte contre les changements climatiques qui, a-t-il rappelé, frappent de manière disproportionnée les PMA.  « Notre attachement aux PMA reste aussi solide que jamais », a tenu à préciser le délégué avant de conclure.

Mme SRI MULYANI INDRAWATI, Directrice de gestion et Chef des opérations de la Banque mondiale, qui représentait le Président du Groupe de la Banque mondiale, a dit que les pays les moins avancés avaient un immense potentiel pour la prospérité mondiale.  Elle a ainsi énuméré les différentes et mesures prises par l'Association internationale de développement (IDA), laquelle a pour mission d'aider les pays les plus pauvres du monde.

Mme Indrawati a souligné que 700 millions de personnes vivaient dans la pauvreté, confrontées à une économie mondiale qui s’affaiblit, aux effets des changements climatiques qui menacent de jeter 100 autres millions dans la précarité, aux menaces de déstabilisation géopolitiques.  Des mesures plus vigoureuses doivent être prises pour stimuler l’investissement en faveur des PMA car, a-t-elle soutenu, cela contribue à réduire la pauvreté.

Les PMA représentent 12% de la population mondiale, mais ne génèrent que moins de 2% des richesses mondiales, a-t-elle fait observer.  Mme Indrawati a ainsi appelé la communauté internationale à appuyer l’Association internationale de développement et à la doter de ressources suffisantes pour aider les pays les moins avancés à progresser vers la voie du développement durable.

M. GAURI PRADHAN, Coordonnateur international de l’Observatoire des PMA, a reconnu la lenteur des progrès accomplis par les PMA depuis 2011.  Le contexte économique international défavorable et la mise en œuvre insuffisante des engagements souscrits par les partenaires de développement n’ont pas permis d’apporter une transformation structurelle des PMA afin d’éradiquer la pauvreté, a-t-il fait remarquer.  M. Pradhan a également insisté sur l’acuité des défis que posent la persistance des conflits dans ces pays et les changements climatiques.  « S’il n’y a pas d’amélioration des perspectives des PMA, il sera difficile d’atteindre l’objectif de sortie de la moitié des PMA de cette catégorie d’ici à 2020 », a-t-il mis en garde.  La déclaration du Forum de la société civile pour les PMA, qui sera adoptée le 28 mai, reflétera ces préoccupations, a-t-il indiqué.  M. Pradhan a ensuite appelé les PMA et leurs partenaires de développement à s’engager en faveur d’un authentique partenariat global pour le développement.  « Les PMA doivent être au centre de la coopération pour le développement si nous voulons vraiment un monde de paix, de progrès et de prospérité ».  La redevabilité et la transparence à tous les niveaux -national, régional et international- sont des éléments clefs pour la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul, a souligné M. Pradhan.

M. ÖMER CIHAD VARDAN, Président du Conseil des relations étrangères économiques de la Turquie, a rappelé que cet organisme représentait le secteur privé créé en 1986 et était présent dans 126 pays différents.  Il a pour mandat, a-t-il précisé, d’assister  les pays les moins avancés dans la réalisation des objectifs de développement. 

Il a également rendu compte du Forum du secteur privé organisé hier.  Ce dialogue a notamment permis de conclure qu’au lieu de considérer les PMA comme des pays pauvres et faibles, il convenait plutôt de miser sur le potentiel important qu’ils représentent.  Investir dans les PMA, ce n’est pas une question de charité, mais une initiative intelligente, a-t-il également été dit lors de ce Forum, a affirmé M. Vardan. 

Déclarations

M. JOSEPH NYUMA BOAKAI, Vice-Président du Libéria, a détaillé les mesures prises par son pays pour mettre en œuvre le Programme d’action d’Istanbul, citant notamment le lancement en 2012 d’un programme pour la transformation du Libéria.  Il a néanmoins reconnu que les conséquences de l’épidémie à virus Ebola et la baisse des cours des produits de base avaient entravé cette mise en œuvre.  Le Vice-Président a affirmé que son pays s’était attaché à instaurer un environnement favorable aux investisseurs internationaux et aux entreprises locales afin d’améliorer la compétitivité de l’économie.  Il a également cité, parmi les autres priorités de son pays, le développement des infrastructures de transport, en particulier dans la partie sud-est du pays, et le renforcement du secteur agricole afin d’améliorer sa compétitivité et de garantir la sécurité alimentaire.  Le Libéria, qui renaît des cendres d’un conflit prolongé et qui émerge d’une épidémie meurtrière, est plus déterminé que jamais à atteindre ses objectifs de développement, a assuré M. Boakai.

M. KWESİ BEKOE AMİSSAH ARTHUR, Vice-Président du Ghana, a affirmé que la Conférence d’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA avait lieu à un moment critique pour de nombreux pays, dans un contexte économique mondial instable et de montée de l’insécurité, en particulier du terrorisme.  Les initiatives d’intégration régionales axées sur le développement peuvent compenser les initiatives individuelles, a-t-il expliqué, en précisant que les PMA possédaient d’immenses ressources humaines et naturelles pour apporter leur contribution à la prospérité mondiale.

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030, de l’Accord de Paris sur le climat, le Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, le Programme d’action d’Addis-Abeba et l’Agenda 2063 de l’Union africaine représentent un nouvel engagement pour lutter contre l’augmentation des inégalités extrêmes, la pauvreté et les effets des changements climatiques, a-t-il déclaré.  Le Vice-Président a souligné que le Ghana avait pris des initiatives pour veiller à ce que ces objectifs soient intégrés dans les différentes politiques nationales en faveur du développement durable du pays.   

Mme SAARA KUUGONGELWA-AMADHILA, Namibie, a rappelé que deux tiers de la population des PMA vivaient dans des zones rurales où la pauvreté est grande et les infrastructures insuffisantes.  Le développement rural sera crucial pour la réalisation des objectifs de développement de ces pays, a-t-elle dit, avant de demander un appui « adéquat » de la communauté internationale.  Elle a indiqué que le règlement des défis auxquels font face les PMA exigera de ces derniers une volonté politique forte et un appui sans faille de la communauté internationale, notamment en ce qui concerne la mobilisation des ressources.  Elle a également plaidé pour une meilleure intégration des PMA au sein de l’économie mondiale, grâce notamment à une facilitation d’accès de leurs produits aux marchés internationaux.  Il est important également d’appuyer la coopération Sud-Sud, a souligné Mme Kuugongelwa-Amadhila, avant d’ajouter que la Namibie était pleinement engagée en faveur de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Enfin, elle a plaidé pour la bonne mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat et pour une augmentation, à cette fin, de l’appui financier aux pays en développement.

M. KAMAL THAPA, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Népal, a affirmé que la pleine mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul représentait un défi.  Il a plaidé pour assurer sa mise en œuvre de façon cohérente et en synergie avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’autres accords internationaux conclus l’an dernier.  Selon le Vice-Premier Ministre, les efforts nationaux doivent être complétés par des mesures internationales d’appui pertinentes dans tous les domaines clefs, y compris l’aide publique au développement (APD), les investissements, le commerce et les transferts de technologie.

Le Népal a déployé tous les efforts nécessaires pour appliquer le Programme d’action d’Istanbul, lequel, a-t-il dit, a été intégré dans les programmes nationaux de développement.  Il a indiqué que les tremblements de terre d’avril et de mai 2015 avaient affecté la totalité de l’économie népalaise, le coût de la reconstruction étant estimé à 8,3 milliards de dollars.  Cette reconstruction a commencé avec la certitude qu’avec un appui international soutenu et renforcé, a-t-il dit, le pays progressera mieux et de manière plus intelligente.  De même, avec la promulgation d’une Constitution inclusive et progressiste en septembre 2015, le Népal est entré dans une nouvelle ère de confiance et de développement national, a-t-il assuré.

M. ZİAD ABU AMR, Vice-Premier Ministre de l’État de Palestine, a tout d’abord salué l’appui apporté par les pays les moins avancés (PMA) à la lutte légitime du peuple palestinien.  Il a ensuite plaidé pour que les PMA puissent bénéficier d’une assistance technique afin de réaliser la mise en œuvre  des objectifs du développement.  Les infrastructures nationales doivent ainsi être renforcées.  La communauté internationale doit assister les PMA à éliminer les obstacles qui pourraient entraver la mise en œuvre du Programme de développement à horizon 2030, a insisté le Vice-Premier Ministre.  Cela exige des pays développés qu’ils honorent leurs engagements financiers, s’agissant notamment de l’APD et de l’aide visant à atténuer les conséquences des changements climatiques.  Il a ensuite mis l’accent sur les progrès socioéconomiques enregistrés par la Palestine, malgré le défi majeur que constitue l’occupation israélienne.  Le taux d’analphabétisme en Palestine, s’est-il indigné, est proche de zéro.  Même si la Palestine n’est pas un bailleur de fonds, elle a cependant mis en place une agence pour la coopération internationale afin de contribuer aux efforts visant à renforcer les capacités des PMA, a assuré le Vice-Premier Ministre avant de conclure.

M. MANASSEH MAELANGA, Vice-Premier Ministre des Îles Salomon, a affirmé que le Programme d’action d’Istanbul coïncidait avec le début de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, de l’Accord de Paris sur le climat, du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement pour le développement.  Il a souligné que les objectifs et priorités du Programme d’action d’Istanbul avaient été traduits dans la Stratégies nationale de développement 2016-2030 de son pays. 

Pour le Vice-Premier Ministre, les effets des changements climatiques et les catastrophes naturelles, associées à d’autres questions émergentes, continuaient de représenter une menace pour le développement durable des pays les moins avancés, dont le sien.  Il a ainsi souligné la nécessité de leur accorder de plus amples ressources affectées à l’atténuation des crises et au renforcement de la résilience. 

M. MOTHETJOA METSİNG, Vice-Premier Ministre du Lesotho, a insisté sur les efforts concertés de son pays pour sortir de la catégorie des PMA.  L’adoption du Programme d’action d’Istanbul a coïncidé avec le lancement de notre Plan national stratégique de développement, a-t-il dit, avant d’insister sur les progrès significatifs accomplis depuis 2011, dont l’augmentation des échanges commerciaux du Lesotho.  Le Gouvernement du Lesotho s’est engagé à mobiliser le secteur privé afin d’élaborer des stratégies de promotion d’une croissance riche en emplois, a-t-il assuré.  Le taux d’alphabétisation a augmenté, ainsi que le taux de scolarisation secondaire.  Le déclin du taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est passé de 117 à 85 pour 1 000, a également rappelé le Vice-Premier Ministre. Saluant le soutien précieux des partenaires de développement du Lesotho, M. Mothetjoa Metsing a affirmé que la compétitivité de son pays était limitée par son enclavement géographique, alors que la sécheresse persistante avait conduit à une augmentation du prix des produits de base.  Le Lesotho procède actuellement à l’examen de son prochain plan national de développement afin d’intégrer les objectifs de développement durable et de mettre en œuvre avec une volonté accrue le Programme d’action d’Istanbul sur les pays les moins avancés, a conclu le Vice-Premier Ministre du Lesotho.

M. ÉDOUARD NDUWIMANA, Vice-Président du Président de l’Assemblée nationale du Burundi, a souligné que la Conférence offrait une excellente occasion aux pays les moins avancés et à leurs partenaires techniques et financiers pour réaffirmer leurs engagements de travailler vers un objectif commun, qui est d’éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes, tout en mettant l’accent sur la coopération internationale comme étant un élément central et critique pour traiter des goulots d’étranglement du développement économique et des lacunes de ces pays.

Le soutien inconditionnel des pays partenaires et de la communauté internationale dans la mise en œuvre des axes stratégiques s’avère incontournable et essentiel pour mieux éliminer la pauvreté dans un esprit d’ouverture qui ne laisse personne de côté.  Il a noté l’importance du respect de l’appropriation nationale dans le processus concernant la mise en œuvre des engagements des partenaires.  Par ailleurs, M. Nduwimana a appelé à investir massivement en faveur de la jeunesse, et surtout en faveur des jeunes filles, à travers une éducation professionnelle ciblée pour faire des jeunes des acteurs de la paix et du développement et les retirer des griffes des politiciens qui les manipulent à des fins politiques.

M. ARDALAN SHEKARABI, Ministre pour l’administration publique de la Suède, a indiqué que son pays se tenait fermement aux côtés des pays les moins avancés (PMA).  La Suède est l’un des principaux donateurs des PMA et leur consacre, chaque année, 0,3% de son revenu national brut, a-t-il dit, avant d’appeler les pays développés à suivre l’exemple et à honorer leurs engagements financiers.  Il a ensuite plaidé pour des échanges commerciaux internationaux plus équitables, en insistant sur un accès en franchise de droits et sans quotas des produits des PMA.  Au titre de la lutte contre les changements climatiques, M. Shekarabi a indiqué que cette année, la Suède allait doubler son aide publique au développement, en particulier en faveur des PMA.  « Nous avons besoin d’un engagement mondial en faveur de la lutte contre les inégalités, entre les pays et au sein des pays », a-t-il affirmé, en soulignant la contribution que pourrait apporter à cette fin la Banque technologique basée en Turquie.  Le Ministre a également plaidé pour la mise en place de politiques responsables visant à répondre aux besoins spécifiques des PMA.  « Nous devons également nous engager à faciliter la transition des pays ayant quitté la catégorie des PMA grâce à des arrangements adéquats », a-t-il dit.  « Nous avons promis de ne laisser personne de côté. »

M. LYONPO DAMCHO DORJI, Ministre des affaires étrangères du Bhoutan, a affirmé que l’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul coïncidait avec le début de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, de l’Accord de Paris sur le climat, du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il a estimé que des transformations importantes doivent avoir lieu d’ici à 2030 au sein des pays les moins avancés.  Le Bhoutan a intégré les objectifs du Programme d’action d’Istanbul dans ses plans nationaux de développement et réalisé, à travers la mise en œuvre de ce Programme, des progrès économiques et sociaux importants dans des domaines prioritaires.

Le Ministre a indiqué que le Bhoutan poursuivait l’objectif de sortie de la catégorie des PMA.  En mars 2015, a-t-il expliqué, le Comité des politiques de développement a jugé pour la première fois le Bhoutan éligible, le pays ayant réuni les critères du capital humain et du revenu par habitant.  En revanche, a-t-il ajouté, le pays est encore loin de remplir le critère de la vulnérabilité économique.  La sortie de la catégorie des PMA doit être considérée dans le contexte plus large de la réalisation du Programme d’action d’Istanbul et du Programme de développement durable à l’horizon 2030, ainsi que des objectifs de développement durable, a-t-il recommandé avant de conclure.

M. OTINIELU TAUTELEIMALAE TAUSI, Président du Parlement de Tuvalu, a exhorté les partenaires de développement des PMA à honorer leurs engagements au titre de l’aide publique au développement et à faciliter les efforts de ces pays et des petits États insulaires en développement visant à atténuer les conséquences des changements climatiques.  De leur côté, les PMA doivent instaurer la stabilité sur leur territoire grâce à une bonne gouvernance, a-t-il souligné, en faisant remarquer que cette stabilité était essentielle pour attirer les investissements étrangers.  Les PMA doivent également assurer l’égalité entre les sexes et faire en sorte que tous les citoyens puissent participer à la vie du pays, a-t-il estimé.

Le Siège de l’ONU à New York ne doit pas avoir le monopole de l’action en faveur des PMA car, a-t-il précisé, les cinq commissions régionales de l’ONU doivent voir leur rôle renforcé afin qu’elles puissent faciliter la mise en œuvre des accords internationaux sur le développement durable, y compris les Orientations de Samoa.  Le Président a plaidé pour une décentralisation maximale de la mise en œuvre du Programme de développement à l’horizon 2030, afin de conférer à ce Programme une véritable portée transformatrice.  Les PMA doivent être soutenus dans cette mise en œuvre.  Avant de conclure, le Président du Parlement de Tuvalu a attiré l’attention sur les graves conséquences des changements climatiques pour ces pays et les petits États insulaires en développement, en insistant sur la nécessité de respecter la cible d’une augmentation de la température mondiale d’1,5 degré.

M. SAMURA M. W. KAMARA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone, a souligné les éléments essentiels que constituent une paix durable, une bonne gouvernance, l’état de droit et la sécurité, des institutions efficaces et une appropriation par les autorités locales, l’autonomisation des femmes et la lutte contre le chômage des jeunes.

En tant que pays sortant d’un conflit, la Sierra Leone accorde une grande importance importante à une transition sans heurts de la guerre vers la paix, a assuré le Ministre.  La Sierra Leone est passée d’un pays inscrit à l’ordre du jour du Conseil de sécurité à un pays qui a réussi à tirer les enseignements pour s’écarter de la guerre et s’orienter vers la paix et le développement.  Il est impossible de réaliser le développement sans la paix, tout comme la paix ne peut être établie sans le développement, a-t-il tenu à rappeler.  C’est pourquoi, il faut s’attaquer vigoureusement à la pauvreté, a-t-il a insisté, en appelant à engager des efforts concertés avec le soutien de l’ensemble de la communauté internationale.  Exprimant les craintes de son pays face à la diminution de l’aide publique au développement (APD), il a souhaité que les pays développés respectent leurs engagements à cet égard.

M. ERNESTO MAX TONELA, Ministre de l’industrie et du commerce du Mozambique, a mentionné les priorités de son gouvernement, parmi lesquelles l’instauration d’un environnement favorable à la création de micro, petites et moyennes entreprises; à la promotion des investissements nationaux et internationaux et l’édification d’infrastructures de base.  Au titre des progrès enregistrés jusqu’à présent, le Ministre a cité l’élargissement des services sociaux, en particulier dans les domaines de l’éducation et de la santé, une plus grande égalité entre les sexes ou bien encore le renforcement de l’état de droit.  Pour les années à venir, le Mozambique veillera notamment à diversifier son économie afin de la rendre moins dépendante des cours des produits de base, à promouvoir le secteur des petites et moyennes entreprises, à attirer davantage des investisseurs étrangers et à doter ses jeunes des compétences nécessaires à la réalisation de leur potentiel.  En conclusion, M. Tonela a estimé que les objectifs du Programme d’action d’Istanbul ne pourront être atteints que si les efforts nationaux et régionaux des PMA sont appuyés par les partenaires de développement.

M. OMAR HAMIDOU TCHIANA, Ministre des transports du Niger, a rappelé l’objectif de son pays de sortir de la catégorie des PMA d’ici à 2020.  La création de plans pour les jeunes, pour l’agriculture, le développement des infrastructures de transport et la promotion de la résilience ont été au centre des priorités du Président de la République, a-t-il dit.

Le Ministre a mis l’accent sur les problèmes de sécurité rencontrés par son pays, avec la menace que constitue par exemple l’organisation terroriste Boko Haram ou les trafics en tout genre qui ont fait augmenter de 10 fois les dépenses budgétaires en faveur de la défense.  M. Tchiana s’est félicité du projet de document final, même si celui-ci n’a pas pris en compte toutes les préoccupations du pays.  Il a ensuite souligné l’importance de l’établissement d’une banque agricole des PMA et d’un mécanisme d’atténuation des crises et de renforcement de la résilience.

Mme MOUNIA MESLEM AMER, Ministre de la solidarité nationale, de la famille et de la condition des femmes de l’Algérie, a déclaré que les PMA souffraient davantage des crises économiques car ils n’ont pas les moyens de les atténuer.  Les résultats économiques encourageants des PMA, a-t-elle fait remarquer, ne doivent pas occulter le fait que leur nombre a augmenté et que la mise en œuvre du programme d’action d’Istanbul n’est pas à la hauteur des attentes.  Mme Meslem Amer a pointé les facteurs internes qui font obstacle au développement économique des PMA, tels que le déficit budgétaire et la persistance de la pauvreté.  La Ministre a plaidé pour des efforts concertés dans un cadre de coopération agréé par tous et souligné la pertinence du Programme  d’Action adopté à Addis-Abeba en juillet dernier.  L’APD pour les PMA a diminué en 2014, a-t-elle fait observer, en précisant que huit pays seulement parmi les bailleurs de fonds avaient atteint la cible de 0,15% de leur revenu national en faveur de l’APD pour les PMA.  En 2011, ce nombre était de 10.

C’est pourquoi, la Ministre a appelé les pays développés à honorer leurs engagements afin de garantir une aide constante aux PMA.  La crise ne doit pas être un prétexte pour s’y soustraire, a-t-elle dit, en soulignant que l’APD était un élément clef de l’élimination de la pauvreté.  Mme Meslem Amer a également mis l’accent sur le fait que les échanges commerciaux des PMA demeuraient insuffisants.  La coopération Nord-Sud doit rester la base de la coopération internationale, a-t-elle estimé, tout en considérant que les coopérations Sud-Sud et triangulaire avaient un rôle complémentaire.  L’Algérie a effacé la dette de 16 pays à hauteur de 1,4 milliard de dollars, s’est félicitée Mme Meslem Amer.  Avant de conclure, elle a souhaité que la déclaration finale de la Conférence d’Antalya réaffirme l’engagement d’améliorer la vie des personnes vivant dans des conditions inacceptables.

M. LEJEUNE MBELLA MBELLA, Ministre des relations extérieures du Cameroun, a affirmé que depuis 2008, à savoir le début de la crise économique, les vulnérabilités structurelles des PMA n’avaient cessé d’augmenter.  Depuis 2014, a—t-il ajouté, des conditions extérieures moins favorables auxquelles se sont ajoutées les épidémies et les catastrophes naturelles dues au réchauffement climatique sont venues grever davantage les économies des PMA.  Beaucoup reste à faire, a-t-il fait remarquer, en précisant qu’à ce jour, 30% de la population mondiale souffrent de la faim et de la malnutrition vivait en effet dans les pays les moins avancés.

Le Plan d’action d’Istanbul n’a pas encore été complètement intégré dans les stratégies nationales de développement des PMA, a-t-il noté, en observant en outre un retard dans l’engagement des partenaires à soutenir les efforts des PMA à travers des investissements structurants d’envergure.  Le Ministre a appelé à agir sur différents fronts simultanément: renforcer la coopération Sud-Sud et l’assistance technique, mobiliser les ressources financières nationales au service du développement, accroître l’investissement direct étranger, favoriser l’intégration des PMA au système international de commerce.

M. WAHI TAHA ABDULLAH AMAN, Ministre des travaux publics et des autoroutes du Yémen, a rappelé les grands accords internationaux qui ont jalonné l’année écoulée.  Le partenariat avec les PMA est dans l’intérêt de ces pays mais aussi de la communauté internationale, a-t-il dit, en soulignant le potentiel économique de ces pays.  Il a indiqué que l’élimination de la pauvreté permettra de rendre les jeunes moins perméables aux voix des extrémistes religieux.  Le Ministre a  ensuite insisté sur le rôle des jeunes yéménites qui ont réussi « à se débarrasser de la famille corrompue qui gouvernait le Yémen depuis trois décennies ».  Le dialogue national qui s’est instauré répondait aux aspirations des Yéménites mais allait à l’encontre des intérêts de petits partis corrompus qui, avec l’appui de puissances régionales, ont pris le pouvoir, a-t-il expliqué.  Le Ministre a ensuite rappelé que son gouvernement avait dû agir de manière résolue pour, avec l’appui du Conseil de coopération du Golfe, mettre en déroute les rebelles.  Ces derniers ont commis des actes terroristes et sont responsables, par leurs attaques des infrastructures, de l’insécurité alimentaire qui frappe de nombreux Yéménites.  Soulignant, avant de conclure, le fardeau que les PMA ont à porter, il a lancé un appel pour un accroissement de l’APD.

M. KAMAL ALDEEN HASSAN ALI, Ministre de la coopération internationale du Soudan, a rappelé l’importance de cette Conférence d’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul sur les PMA qui a lieu quelques mois après l’adoption des objectifs de développement durable.  Le Ministre a déploré les mesures de sanctions unilatérales imposées à son pays depuis 1997 qui ont eu une incidence grave sur ses efforts de développement.  Le Gouvernement du Soudan a établi un nouveau dialogue entre tous les partis et mis en place un environnement politique sûr qui a permis le bon déroulement des électionsLe pays dispose également de ressources formidables, de terres fertiles et des minerais, a-t-il ajouté, en invitant notamment la communauté internationale à appuyer l’adhésion du Soudan à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

« L’application du Programme d’action d’Istanbul a permis à l’économie sénégalaise de connaître un regain  de dynamisme », a déclaré  M. MAME MBAYE NIANG, Ministre de la jeunesse du Sénégal, avant d’insister sur certaines avancées sectorielles.  Le taux de croissance du PIB réel est passé de 1,7% en 2011 à 6,5% en 2015, alors que le volume des dépenses publiques destinées aux secteurs sociaux est passé de 416 à près de 800 milliards.  Il a néanmoins convenu que l’investissement dans le capital humain n’était pas encore à la hauteur des besoins de l’économie.  Il a rappelé que le Sénégal a atteint l’objectif de parité à l’école primaire et mis en place une loi instituant la parité entre les hommes et les femmes.  Le représentant a ensuite plaidé pour le développement de politiques de résilience face aux risques de catastrophes et les changements climatiques, des transferts de technologies et la mise en place d’une gouvernance mondiale propice au développement. Rappelant que la faible mobilisation des ressources nationales, la baisse des revenus à l’exportation et le fardeau de la dette extérieure continuaient d’affecter les PMA, M. Niang a souligné le rôle primordial du financement international public.  Concernant la question de l’APD, les partenaires des PMA devraient, a-t-il préconisé, jouer un rôle plus proactif et adopter des mesures visant à garantir une meilleure prévisibilité des flux.

M. NARSON RAFIDIMANANA, Ministre chargé des projets présidentiels, de l’aménagement du territoire et de l’équipement de Madagascar, a appelé à renforcer l’orientation des exportations des produits transformés et à développer l’industrialisation pour permettre aux pays les moins avancés de s’insérer dans les chaînes de valeurs internationales.  Il a expliqué que Madagascar, un pays principalement agricole, a misé sur l’industrialisation rurale qui vise la majorité de la population tout en développant les valeurs ajoutées nationales.

À la sortie d’une longue crise, avec son retour à l’ordre constitutionnel et dans sa politique de relance économique, a-t-il expliqué, Madagascar a réalisé un plan national de développement doté d’un programme de mise en œuvre dont les priorités et les processus d’élaboration sont en phase avec le Programme d’action d’Istanbul.  Il a, entre autres, souligné la bonne gouvernance, l’importance du développement des infrastructures, y compris l’énergie, le rôle primordial du secteur privé, des femmes et des jeunes, le développement de la production agricole et des exportations.

M. YINAGER DESSIE BELAY, Commissaire au Plan de l’Éthiopie, a insisté sur les progrès encourageants enregistrés par son pays dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul.  La croissance du PIB en termes réels pour la période 2011-2015 a été de 10, soit 1% en moyenne, ce qui dépasse l’objectif d’au moins 7%.  Il a ensuite mentionné les défis que le pays doit relever, parmi lesquels un taux d’inflation élevé, la baisse des cours des produits de base et la sécheresse.  Sans des efforts concertés supplémentaires, il sera impossible pour l’Éthiopie d’atteindre les cibles retenues par le Programme d’action pour les cinq prochaines années, a-t-il affirmé.  Le Commissaire au Plan a appelé à la mise en œuvre de mesures concrètes visant à renforcer les capacités productives des PMA en améliorant, notamment, les infrastructures, en procédant à des transferts de technologie ou bien encore en remédiant aux défis posés par les changements climatiques.  L’Éthiopie fait face à l’une des pires sécheresses de son histoire, avec 10,2 millions d’habitants souffrant d’insécurité alimentaire.  Grâce à l’appui de ses partenaires, le pays fait face à cette crise de manière efficace dans le souci de préserver les vies humaines, a-t-il affirmé.  En conclusion, M. Dessie Belay a souligné que l’Éthiopie était déterminée à réaliser les cibles retenues par le Programme d’action d’Istanbul d’ici à 2020.

M. MARIO GIRO, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie, a affirmé que son pays, tenu par des impératifs de solidarité, était aux avant-postes des défis mondiaux que subissent notamment les pays les moins avancés.  Il a assuré que l’Italie se tenait aux côtés des PMA, leur ayant notamment consacré en 2015 plus de 460 millions d’euros pour des projets concernant les domaines de la santé, de l’éducation, de l’environnement ou le renforcement des infrastructures.  Le Ministre a également jugé qu’il est temps d’étudier la faisabilité d’une plateforme de l’énergie pour l’Afrique, en particulier les énergies renouvelables.

M. KHAMLIEN PHOLSENA, Ministre adjoint à la planification et aux investissements de la République démocratique populaire lao, a rappelé que la moitié de la population vivant dans des PMA, soit 450 millions de personnes, vivait avec moins de 1,25 dollar par jour.  Aujourd’hui, 252 millions de personnes souffrent de la faim.  Au regard des besoins spécifiques des PMA, M. Pholsena a insisté sur l’appui particulier que doit leur apporter la communauté internationale.  « Il est crucial que les engagements politiques trouvent leur traduction sur le terrain en prenant en compte le besoin d’un traitement préférentiel et différentiel des PMA ».  Sur la période 2011-2015, le taux de croissance a été en moyenne de 7,% par an, permettant ainsi une réduction de 23% du taux de pauvreté, un renforcement des infrastructures et une amélioration des soins de santé, et le nombre d’hôpitaux et de dispensaires a augmenté.  Le Ministre adjoint a rappelé ensuite les défis que son pays doit relever, citant notamment une distribution équitable des fruits de la croissance et des disparités grandissantes entre zones rurales et urbaines.  La sortie de la catégorie des PMA est un objectif de long terme fondamental depuis les années 2000, a-t-il estimé.  Son pays a enregistré des résultats encourageants jusqu’à présent et pourrait atteindre, si le rythme se poursuit, la cible relative au développement du capital humain en 2018, a assuré M. Pholsena.

M. CHRISTIAN REBERGEN, Vice-Ministre de la coopération internationale des Pays-Bas, a affirmé que les pays les moins avancés étaient confrontés à des difficultés considérables qui entravent énormément leur potentiel de croissance, citant en particulier la lutte pour l’eau.  Si l’aide publique au développement (APD) est indispensable, elle n’est pas suffisante, a-t-il souligné.  Il faut, a-t-il suggéré, trouver de nouvelles formes de financement.  Les Pays-Bas ont, par exemple, créé un fonds qui aide les entreprises investissant dans les PMA.  Les Pays-Bas s’efforcent également de renforcer la compétitivité des PMA en faveur des exportations.  Les systèmes d’échanges mondiaux doivent favoriser l’intégration des PMA, a-t-il également déclaré.

Mme RITA SOLANGE AGNEKETOM BOGORE, Ministre déléguée auprès du Ministre des affaires étrangères du Burkina Faso, a indiqué que la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul avait connu des résultats globalement satisfaisants au Burkina Faso, malgré un contexte difficile marqué par les difficultés économiques, la crise sécuritaire au Sahel, « la psychose de la maladie à virus Ebola » et l’insurrection populaire d’octobre 2014 ayant conduit à la chute de l’ancien régime.  La mobilisation des ressources financières, ainsi que la qualité des services en matière de santé, d’éducation et d’approvisionnement en eau potable se sont améliorées.  Face aux défis importants qui subsistent, la Ministre a insisté sur la vision stratégique de son gouvernement qui est articulée autour des impératifs de bonne gouvernance, de volontarisme économique et de partage équitable des fruits de la croissance.  Le Plan national de développement économique et social, qui est en cours d’élaboration, permettra de relever les défis de la transformation structurelle de l’économie burkinabé, a-t-elle assuré.  En conclusion, Mme Agneketom Bogore a estimé que l’engagement des partenaires à soutenir les efforts de développement des PMA devrait être redynamisé.

M. DAVID JALAGANIA, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a mis l’accent, en particulier, sur le cinquième objectif du Programme d’action d’Istanbul, lequel porte sur la bonne gouvernance à tous les niveaux.  Il a ainsi énuméré quelques-unes des mesures prises à cet égard dans son pays, qui est devenu l’un des exemples, a-t-il précisé, dans la lutte contre la corruption.  L’exemple de la Géorgie est emblématique et prouve que l’on peut réussir dans un délai assez court à condition qu’il existe une volonté politique.

M. NACI KORU, Ministre adjoint des affaires étrangères de la Turquie, a insisté sur le caractère complet du Programme d’action d’Istanbul avant de juger que sa mise en œuvre était essentielle pour que la moitié des PMA sorte de cette catégorie d’ici à 2020.  La Déclaration politique, qui sera adoptée à l’issue de la Conférence, reflétera la volonté de la communauté internationale d’appuyer les stratégies de développement des PMA.  Il a insisté sur les principales avancées de ce texte, parmi lesquelles la volonté de rendre opérationnelle la Banque technologique, un engagement en faveur d’une augmentation de l’aide aux échanges commerciaux pour les PMA, une étude sur les raisons et conséquences de la non-application par certaines agences du système des Nations Unies de la catégorie de PMA ou bien encore la promesse d’améliorer les mécanismes de réserve alimentaire.

La Turquie a placé le développement au cœur du programme de sa présidence du G-20 et s’emploie à améliorer le niveau de vie des populations des PMA, a poursuivi M. Koru.  La Turquie s’est engagée à verser 200 millions de dollars par an d’ici à 2020 au titre de l’aide aux PMA.  Rappelant que la Turquie avait consacré 3,9 milliards de dollars aux PMA en 2015, il a indiqué que le ratio de l’APD par rapport au revenu national brut était de 0,54%, ce qui se rapproche, a-t-il dit, de la cible de 0,7%.  Dix milliards de dollars ont été dépensés pour l’accueil des réfugiés syriens depuis 2011, a indiqué le Ministre adjoint des affaires étrangères.  Il a précisé que 20% de l’APD concernaient les PMA.  Le Ministre a indiqué que l’Agence turque de coopération internationale avait lancé, en 2011, un programme spécifique en faveur des PMA et qu’elle était présente dans 12 de ces pays.  Avant de conclure, il a réaffirmé  que son pays appuyait l’opérationnalisation de la Banque technologique en faveur des PMA.

M. YERZHAN ASHIKBAYEV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a affirmé que les PMA devraient s’efforcer d’intégrer les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, de l’Accord de Paris sur le climat, du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, du Programme d’action d’Addis-Abeba dans les stratégies et programmes nationaux de développement.  Il a jugé que la coopération trilatérale, la coopération Sud-Sud et la coopération Nord-Sud étaient essentielles pour les pays les moins avancés.

Le Ministre a également exprimé l’engagement de son pays en faveur des principes de développement, de justice et d’égalité, lesquels se manifestent notamment à travers ses efforts en cours dans les domaines de l’eau, de l’alimentation et de la sécurité énergétique.  Il a ainsi fait mention de l’événement EXPO| 2017, qui aura pour thème l’énergie du futur et se tiendra à Astana.

Mme MARIA ANGELA BRAGANÇA, Secrétaire d’État de l’Angola, a rappelé l’objectif commun d’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes qui doit être au cœur des stratégies de développement.  Avec un appui extérieur adéquat, les cibles du Programme d’action d’Istanbul pourront être atteintes.  Elle a encouragé les pays développés à consacrer 0,2% de leur revenu national brut à l’APD en faveur des PMA.  Insistant sur la vulnérabilité des PMA face aux changements climatiques, elle a plaidé pour la mise en place de mécanismes permettent de renforcer leur résilience afin de faire face à ce défi. L’Angola est déterminé à sortir de la catégorie de PMA, grâce notamment à une diversification de son économie qui est encore trop tributaire du secteur pétrolier, une amélioration des perspectives offertes aux jeunes et au développement du secteur privé.  L’appui de la communauté internationale restera, à cette fin, cruciale.  En conclusion, Mme Bragança a tenu à rappeler que l’élimination de la pauvreté exigera des efforts concertés qui devront mettre l’accent sur le rôle des femmes.  La communauté internationale doit assumer ses responsabilités pour que personne ne soit laissé de côté, a-t-elle insisté.

Mme ANNE-MARIE NEYTS-UYTTERBROECK, Ministre d’État de la Belgique, a souligné la nécessité de faire en sorte que l’aide publique au développement aille aux pays qui en ont le plus besoin, à savoir les pays les moins avancés (PMA).  La Belgique a ainsi décidé que la moitié de son aide publique au développement serait consacrée à cette catégorie, a indiqué Mme Neyts-Uytterbroeck.  La Ministre a également insisté sur l’importance pour les PMA de ne pas laisser de côté plus de 50% de leur population, à savoir les femmes et les jeunes filles.  Elle a exprimé la disponibilité entière de la Belgique en faveur des PMA.

M. FRED OMACH, Ministre d’État des finances, de la planification et du développement économique de l’Ouganda, a demandé un renforcement du partenariat mondial pour le développement des PMA.  Il a indiqué que le taux de croissance moyen de l’Ouganda depuis 2011 était de 5,8%, ce qui est bien au-delà de la moyenne en Afrique subsaharienne.  Il a émis l’espoir que son pays quitterait la catégorie des PMA d’ici à 2020, avant de plaider pour le développement des infrastructures et celui du capital humain, lesquels sont cruciaux pour la croissance de long terme de son pays.  La mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul a permis à l’Ouganda de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et de se préparer pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a affirmé M. Omach.  Le Ministre d’État a ensuite mentionné les plans établis par son gouvernement pour développer le récent secteur pétrolier et gazier dans son pays.  L’Ouganda compte développer ses avantages comparatifs comme le café, dont il est le premier exportateur mondial, et entend miser sur le tourisme.  Enfin, il a vanté les richesses naturelles de son pays et invité le Président de la Conférence d’Antalya à s’y rendre, se disant même prêt à lui donner la nationalité ougandaise.

M. THANA DUANGRATANA, Envoyé spécial du Premier Ministre de la Thaïlande, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, a rappelé que 47 sur 48 pays officiellement répertoriés comme étant les pays les moins avancés étaient membres du Groupe.  Il a souligné l’importance du Programme de développement durable à l’horizon 2030, de l’Accord de Paris sur le climat, du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, du Programme d’action d’Addis-Abeba. 

Le Groupe des 77 et la Chine appelle tous les partenaires de développement à fournir 0,2% de leur revenu national brut aux PMA comme ils s’y sont engagés.  De même, il exhorte les pays développés à allouer 50 % de leur aide publique au développement (APD) aux PMA.  Face au déclin de la part des PMA dans le commerce mondial, le Groupe des 77 et la Chine, a-t-il ajouté, juge essentiel le respect des décisions ministérielles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) concernant l’accès aux marchés de franchise de droits et sans contingents pour tous les produits de tous les PMA ainsi que le respect des règles d’origine préférentielles pour les PMA.

De même, le Groupe des 77 et la Chine appelle à la levée et à l’élimination totale des mesures économiques unilatérales qui sont imposées à l’encontre des pays en développement, en particulier à l’égard des PMA, lesquelles ont des effets négatifs sur le développement et la prospérité de ces pays et sur leurs efforts vers l’objectif de la radiation de la liste des PMA.

La représentante de l’Union européenne a rappelé que l’Union européenne et ses États membres étaient les plus grands donateurs d’APD et s’attelaient à réaliser, d’ici à 2030, l’objectif de consacrer 0,20% de leur revenu national brut au titre de l’aide en faveur des pays les moins avancés.  Elle a rappelé que l’Union européenne assurait un accès en franchise de droits et sans quotas des produits des PMA à ses marchés, à l’exception des armes et munitions.  L’Union européenne appuie le régime de facilitation commercial dans le cadre de sa politique de développement.  Elle a également expliqué que 20% du budget de l’Union européenne visera à remédier aux changements climatiques sur la période allant de 2014 à 2020.  « Cela veut dire que 2 milliards d’euros par an financeront des prêts publics en appui aux activités conduites au sein des PMA d’ici à 2020 ».  La représentante a néanmoins rappelé que l’action internationale ne pouvait que venir en soutien des efforts nationaux qui sont la pierre de touche de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  En conclusion, elle a réaffirmé l’engagement de l’Union européenne d’appuyer l’objectif de sortie de la moitié des PMA de cette catégorie d’ici à 2020, tout en reconnaissant la lenteur des progrès enregistrés jusqu’à présent.

M. AHMED SAREER (Maldives) a rappelé que son pays était sorti, il y a cinq ans, de la catégorie des pays les moins avancés (PMA).  Le représentant, favorable à une transition en douceur de la sortie de cette catégorie, dont le principe n’est pas respecté selon lui, a plaidé pour un réexamen des critères de radiation de la liste des PMA.  Ces critères de sortie sont aujourd’hui inadaptés et ne tiennent pas compte de la vulnérabilité de certains des pays les moins avancés, a-t-il expliqué.  Par exemple, a expliqué M. Sareer, l’indice de vulnérabilité ne tient pas compte du risque posé par les effets des changements climatiques.  Sortir de la catégorie des PMA n’est pas une fin, mais un début, qui nécessite l’appui de la communauté internationale, a assuré le représentant.

« Dans notre monde globalisé, la permanence de poches de pauvreté et de sous-développement est une anomalie qui ne saurait être tolérée », a affirmé Mme ARLETTE CONZEMIUS (Luxembourg).  Elle a indiqué que son pays défendait de manière active le principe d’un seuil spécifique de 0,15 à 0,20% du revenu national brut au titre de l’aide aux PMA, « un seuil qui a été largement dépassé au niveau national ».  Le Luxembourg défend également au niveau mondial l’idée de consacrer 0,7% du revenu national brut à l’aide publique au développement (APD), cible qui est là encore dépassée puisque la quote-part du Luxembourg atteint aujourd’hui 1%.  Mme Conzemius a déclaré que, dans un souci d’efficacité, la liste des partenaires du Luxembourg avait été réduite à 7, parmi lesquels cinq pays les moins avancés et un petit État insulaire en développement.  À l’exception des contributions non affectées, toutes les autres contributions faites au budget des agences du système des Nations Unies sont affectées en grande majorité aux PMA.  Estimant que l’aide publique au développement ne suffira pas pour répondre aux attentes, elle a estimé que cette aide devrait de plus en plus servir de levier pour mobiliser d’autres ressources.  En conclusion, Mme Conzemius a réaffirmé l’engagement ferme de son pays en faveur des PMA.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité des ONG: après cinq ans et deux votes, l’ONG canadienne « Youth Coalition for Sexual and Reproductive Rights » reste dans l’attente d’un statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC

Comité des Organisations non gouvernementales, Reprise de la session 2016
25e & 26e séances - matin & après-midi
ECOSOC/6763-ONG/833

Comité des ONG: après cinq ans et deux votes, l’ONG canadienne « Youth Coalition for Sexual and Reproductive Rights » reste dans l’attente d’un statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC

Le Comité des ONG, qui a reporté sa décision sur les demandes de 45 organisations et recommandé au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à neuf autres ONG, a finalement appelé la Canadienne « Youth Coalition for Sexual and Reproductive Rights (YCSRR) » à la patience.

« Youth Coalition for Sexual and Reproductive Rights (YCSRR) », impliquée dans la promotion des droits sexuels et reproductifs auprès des jeunes, a, dans un premier temps, obtenu le statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC, qu’elle attendait depuis cinq ans.  Or, ayant encore des questions, le représentant de l’Iran a demandé au Comité de revenir sur sa décision, une motion qui a été adoptée par 10 voix pour sur les 15 membres présents.

Dans son plaidoyer en faveur de l’ONG, la représentante des États-Unis a invoqué le fait que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) souligne elle-même que l’absence et les violations des droits sexuels et reproductifs sont la deuxième cause de mortalité chez les femmes et les filles dans le monde.  Cette ONG, a-t-elle encore plaidé, a répondu « correctement » à plus de 35 questions depuis cinq ans. 

Rien n’y a fait: l’octroi immédiat du statut consultatif spécial a été rejeté par 6 voix contre, à savoir la Chine, la Fédération de Russie, l’Iran, le Nicaragua, le Pakistan et le Soudan; 5 voix pour, les États-Unis, la Grèce, Israël, la Turquie et l’Uruguay; et les abstentions de l’Azerbaïdjan, de l’Inde, de la Mauritanie et du Venezuela.  « Youth Coalition for Sexual and Reproductive Rights (YCSRR) » est donc appelée à la patience. 

Le représentant de l’Afrique du Sud a regretté les fortes tensions et polarisations entre les délégations.  Il s’est dit choqué que la délégation américaine ait interrompu celle du Soudan et dénoncé les messages véhiculés sur les réseaux sociaux contre certaines délégations.  Son homologue des États-Unis a défendu le droit de chacun de communiquer sur les travaux « publics » du Comité.  

Ledit Comité a reporté sa décision sur 45 dossiers dans l’attente des précisions demandées.  Tel a été le cas pour la Sud-Africaine « The F W de Klerk Foundation Trust », accusée par la représentante de l’Afrique du Sud d’avoir des liens avec des mouvements d’extrême droite et des réponses « malhonnêtes et douteuses » aux questions posées précédemment.  L’Arménienne « Helsinki Citizens' Assembly Vanadzor Office » s’est heurtée à la question du représentant de  l’Azerbaïdjan qui a voulu en savoir plus sur la visite qu’a effectuée l’ONG dans le Haut-Karabakh.  La Palestinienne « Treatment & Rehabilitation Center for Victims of Torture » a été priée par le représentant d’Israël de prouver sa « neutralité ».  

Le Comité des ONG peut recommander trois statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le statut consultatif général est réservé aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont autorisées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l’ECOSOC.  Elles peuvent également soumettre des communications écrites et des pétitions.  La Liste va aux ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites

Le Comité des ONG tiendra sa prochaine séance mardi 31 mai à partir de 10 heures.

NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF ET NOUVELLES DEMANDES DE RECLASSEMENT

Octroi du statut consultatif spécial

  1. The International Alliance of Carer Organizations, Incorporated (États-Unis)
  2. The Jewish Renaissance Foundation (États-Unis)
  3. WE Foundation, World Education Foundation (États-Unis)
  4. Work In Progress (France)
  5. Youth Service America (États-Unis)
  6. Africa Unite (Afrique du Sud)
  7. African Association of Remote Sensing of the Environment (Afrique du Sud)
  8. Ngamiland Council of Non-Governmental Organisations (Bostwana)
  9. Access Know (États-Unis) au terme du dialogue de 17 heures

Report de la décision dans l’attente des réponses aux questions posées par le Comité

La représentante de la Chine a prié The Acton Institute for the Study of Religion and Liberty (États-Unis) de respecter les noms officiels de Taiwan et de Hong Kong dans sa demande.  Celle de Turquie a voulu savoir les résultats des projets de The Next Century Foundation (Royaume-Uni) en matière de prise en charge des réfugiés.  La même déléguée a questionné The RINJ Foundation (Canada): « quelles sont vos cibles en Amérique du Nord, en Asie et en Afrique ».

La représentante de Turquie a aussi voulu la liste des pays où The Simons Foundation (Canada) intervient et les raisons de ces interventions.  Dans quels pays africains travaille The Trustees of the University of Pennsylvania (États-Unis)? Quelles sont ses sources de financement, a demandé la représentante de l’Afrique du Sud.  Celle des États-Unis a précisé que le budget de cette ONG est de huit millions de dollars et qu’elle travaille sur différents domaines.  Elle a prié ses collègues de cesser de bloquer l’octroi du statut consultatif spécial par des questions auxquelles l’ONG a dûment répondu dans son dossier.  Où est le certificat d’enregistrement de The World Academy of Art and Science (États-Unis) qui prétend s’être faite enregistrée en Suisse en 1960, a demandé la représentante de l’Afrique du Sud.  Son homologue de la Suisse a indiqué que dans son pays, le Gouvernement n’exige pas des ONG un certificat d’enregistrement.  L’ONG pourrait-elle répondre elle-même à cette question ? a rétorqué la représentante de l’Afrique du Sud.  Celle des États-Unis a fait observer que l’ONG est actuellement enregistrée en Californie.  Qu’a-t-elle fait alors entre 1960 et 1969, l’année où elle est devenue américaine? a insisté la représentante de l’Afrique du Sud.

Son homologue de l’Iran a exigé de We Care for Humanity (États-Unis) la liste de ses membres.  Le représentant de l’Afrique du Sud a demandé à Women of Africa (Royaume-Uni) les résultats de son travail pour « bâtir des ponts entre les gouvernements et la société civile en Afrique »?  Quelles sont les structures de son travail en Afrique?  Quel travail fait-elle avec le Conseil économique, social et culturel africain? Est-ce que les projets de World Food Logistics Organization (États-Unis) ont réussi au Venezuela, a demandé la représentante du Venezuela.

Celui du Canada, État observateur, a affirmé que Youth Coalition for Sexual and Reproductive Rights (YCSRR) (Canada), avait été félicitée par le Secrétaire général de l’ONU pour son travail en faveur des droits sexuels et reproductifs auprès des jeunes.  Le représentant canadien a salué, à son tour, l’engagement des jeunes membres de cette ONG qui font un travail formidable et qui méritent un statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social (ECOSOC), ce que le Comité a accepté. 

Mais le représentant de l’Iran avait d’autres questions: quelle est la portée de l’action de l’ONG?  Quels sont ses partenaires?  Pourquoi ne travaille-t-elle qu’en Zambie?  Cette ONG, s’est impatientée la représentante des États-Unis, attend son statut depuis 2011.  Peu sensible à cet argument, son homologue de l’Iran a demandé au Comité de revenir sur sa décision.

Par 10 voix sur les 15 membres présents, le Comité a révoqué sa décision.  L’Afrique du Sud, la Chine, la Fédération de Russie, l’Inde, l’Iran, la Mauritanie, le Nicaragua, le Pakistan, le Soudan et le Venezuela avaient voté en ce sens, alors que l’Azerbaïdjan s’est abstenu, et les États-Unis, la Grèce, Israël, la Turquie et l’Uruguay ont voté pour le maintien de la décision.

Plaidant une nouvelle fois, la représentante des États-Unis a estimé que l’octroi d’un statut consultatif à cette ONG est important car, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’absence et les violations des droits sexuels et reproductifs sont la deuxième cause de mortalité chez les femmes et les filles dans le monde.  Cette ONG, a-t-elle encore plaidé, a répondu « correctement » à plus de 35 questions depuis en cinq ans.  La représentante a donc demandé la mise aux voix de l’octroi du statut, soutenue par son homologue de la Grèce qui, à son tour, a insisté sur le fait que l’ONG « a fourni toutes les réponses aux questions qui lui ont été posées ».

Six des 15 membres présents ont voté contre l’octroi du statut consultatif spécial, à savoir la Chine, la Fédération de Russie, l’Iran, le Nicaragua, le Pakistan et le Soudan.  Les États-Unis, la Grèce, Israël, la Turquie et l’Uruguay ont voté pour et, l’Afrique du Sud, l’Azerbaïdjan, l’Inde, la Mauritanie et le Venezuela se sont abstenus.  Youth Coalition for Sexual and Reproductive Rights (YCSRR) (Canada) a été privée de son statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC.

Commentant le vote et l’impossibilité de parvenir à un consensus, le représentant de l’Afrique du Sud a regretté les fortes tensions et polarisations entre délégations.  Il s’est dit choqué que la délégation américaine ait interrompu celle du Soudan et espéré que les choses seront mieux gérées à l’avenir.  Il a dénoncé les messages qui circulent dans les médias sociaux contre des délégations, dont la sienne.  Son homologue des États-Unis a défendu le droit de chacun de communiquer sur les médias sociaux sur les travaux « publics » du Comité et a rejeté « les attaques » contre sa délégation.  Toutes les délégations ont la responsabilité de se montrer constructives, a renchéri le représentant de la Grèce, soutenu par celui d’Israël

Le Comité a ensuite décidé de reporter sa décision sur Ambedkar Center for Justice and Peace (Inde) et Association Concerning Sexual Violence against Women (Chine) dans l’attente des précisions demandés par le représentant de l’Inde qui a notamment voulu savoir si l’ONG chinoise a participé à des réunions des Nations Unies sur le thème de la violence faite aux femmes.  Cameroon League for Dévelopment (CAMLEAD) devra aussi attendre, la représentante de l’Afrique du Sud ayant demandé ses états financiers.

Conglomeration of Bengal’s Hotel Owners (Inde) et Eaglesworth Human Empowerment Foundation (Nigéria) auront à répondre aux questions des représentants de l’Inde et de l’Afrique du Sud: l’origine des dons, pour la première, et le calendrier et lieux des projets, pour la seconde.  La décision sur la demande de Diplomatic Mission Peace And Prosperity (Albanie) a été reportée à la demande des représentants de la Grèce et de la Fédération de Russie.  Le premier a souhaité une ventilation des revenus provenant du secteur privé et le second, des explications sur la nature des projets au Kosovo. 

Par ailleurs, le représentant de l’Inde a demandé les adresses des différents bureaux d’Education, Communication and Development Trust (EDUCATR) (Inde), alors que celle de l’Afrique du Sud a voulu en savoir plus sur les recommandations que Entrepreneurship Development and Support Initiative (Nigéria) fait pour lutter contre les obstacles à la libre entreprise au Nigéria.  Quelle est la nature de vos activités?, a-t-elle aussi demandé à Global Campaign for Education (Afrique du Sud).  

Elle a aussi noté que Global Initiative for Positive Change (Afrique du Sud) avait répondu de manière incomplète à une question posée le 27 janvier 2016 sur l’exécution de son mandat compte tenu de son budget.  Comment, a-t-elle poursuivi, Heal the Land Initiative in Nigeria peut-elle préserver son indépendance alors qu’elle a du personnel gouvernemental.  Quelles activités mène Heavenly Shower of Peace Church of God (Nigéria) hors du Nigéria? a poursuivi la représentante.  

La décision sur la demande Helsinki Citizens’ Assembly Vanadzor Office (Arménie) a été reporté à la demande du représentant de l’Azerbaïdjan qui a voulu en savoir sur la visite qu’a effecutée l’ONG dans le Haut-Karabakh.  International Non-Olympic Committee (Inde) et New Era Educational and Charitable Support Initiative (Nigéria) ont été priées par la représentante de la Chine d’utiliser la terminologie exacte pour la province chinoise de Taiwan.

Son homologue de l’Inde a demandé la liste des diplômés reconnus par International Non-Olympic University (Inde).  S’agissant Kids & Teens Resource Centre (Nigéria), la représentante de l’Afrique du Sud a demandé comment cette ONG compte combattre la pauvreté extrême par l’action des jeunes.  Elle a exigé les derniers états financiers de l’ONG et s’est interrogée sur l’implication de Leadership Initiative for Transformation & Empowerment (Nigéria) dans le processus d’amnistie annoncé pour la région du Delta du Niger.  La représentante du Nicaragua a demandé les états financiers actualisés de Light House (Bangladesh).

Quels sont les projets de Pan African Institute for Entrepreneurship and Community Development (Ltd/Gte) (Nigéria) en Afrique? a demandé la représentante de l’Afrique du Sud.  Qui sont les membres de RESDAL Red de Seguridad y Defensa de América Latina Asociación Civil (Argentine)? a voulu savoir la représentante du Nicaragua.  Quelles sont ses contributions aux travaux de l’ECOSOC?  Comment Society for the Widows and Orphans (Nigéria) assure-t-elle son indépendance par rapport aux gouvernements des États fédérés du Nigéria qui la financent? a questionné la représentante de l’Afrique du Sud.

Elle s’est par ailleurs étonnée de voir que chez Strategy for Mentoring Initiative and Leadership Empowerment (Nigéria) les états financiers soient à la fois en dollars et en naira.  Le Président du Comité a précisé que le règlement n’impose pas aux ONG telle ou telle devise et qu’une telle question ne saurait barrer l’accès au statut consultatif.  La représentante de la Chine a demandé à Swadhikar (Inde) d’utiliser le nom correct et officiel de Hong Kong.  Elle a exigé de The F W de Klerk Foundation Trust (Afrique du Sud) les états financiers à partir de 2012.  Son homologue de l’Afrique du Sud a fait part  des préoccupations de son gouvernement face aux relations de cette ONG avec des mouvements d’extrême-droite.  Il a avoué qu’il n’était pas satisfait des réponses écrites aux questions posées pendant la session précédente.  Ces réponses, s’est-il expliqué, sont « malhonnêtes et douteuses ».  La représentante des États-Unis a voulu savoir laquelle des réponses de l’ONG n’est satisfaisante.  Son homologue de l’Afrique du Sud s’est contenté de réitérer ses questions précédentes.

Comment Treatment & Rehabilitation Center for Victims of Torture (État de Palestine) peut-elle être politiquement neutre? a demandé le représentant d’Israël.  Son homologue de l’Afrique du Sud a réclamé le calendrier des activités d’Ugonma Foundation (Nigéria) et celle de la Chine, des explications sur ce que VDay Karama (Égypte) entend par « droits politiques ».

Le représentant de la Fédération du Russie a voulu le détail des activités d’Anti-Corruption Foundation (Fédération du Russie) et leurs résultats.  Comment fait-elle pour assurer sa neutralité alors que son Président participe activement à la politique locale en Fédération de Russie.  Que fait Asia Center for Human Rights (ACHR) (République de Corée) avec le Conseil des droits de l’homme? a interrogé la représentante de l’Afrique du Sud.  Son homologue de la Chine a voulu savoir la position de l’ONG sur le Tibet.

Le représentant de la Chine a voulu en savoir un peu plus sur les efforts de l’Association for Human Rights and Solidarity with Oppressed People (MAZLUMDER) (Turquie) en faveur des réfugiés syriens.  Quelle a été la manifestation du 2 juin 2015 à laquelle Association for Trauma Outreach and Prevention Inc (États-Unis) a participé aux Nations Unies? s’est interrogée la représentante de la Turquie.  Son homologue de l’Iran a demandé à l’Association pour la défense des droits de l’homme et des revendications démocratiques/culturelles du peuple Azerbaidjanais-Iran - « ARC » (France) de donner la liste de ses partenaires.   

Le représentant de l’Afrique du Sud a voulu savoir de Center for Constitutional Rights Inc (États-Unis) si elle a des relations formelles avec des organisations sud-africaines.  Que fait-elle des dossiers des « victimes » des prêtres?  Son homologue de la Fédération de Russie a demandé comment cette ONG compte contribuer aux travaux de l’ECOSOC.  Le représentant de la Chine a voulu des détails sur le programme et les projets de Center for Democracy and Technology (États-Unis). 

Dialogue avec les ONG

Quels sont les projets de Center of Political Analysis and Information Security (Fédération du Russie) au Moyen-Orient?  Communiquez la liste des ONG qui vous appuient, a demandé le représentant de l’Iran qui a voulu une réponse écrite.  L’ONG a tout de même expliqué qu’elle n’a pas d’activités au Moyen-Orient.  Après sa réunion avec l’Ambassadeur de l’Iran à Moscou, cette année, elle a décidé d’attendre son statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC avant de lancer ses projets.  Parmi ses organisations partenaires, elle a cité l’Église orthodoxe et le Rotary Club International.  Le Comité a décidé de reporter sa décision. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le siège de plus d’un demi-million de civils en Syrie doit cesser immédiatement, dit le Chef des affaires humanitaires au Conseil de sécurité

7701e séance – après-midi 
CS/12380

Le siège de plus d’un demi-million de civils en Syrie doit cesser immédiatement, dit le Chef des affaires humanitaires au Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité a entendu, cet après-midi, un exposé du Secrétaire général adjoint chargé des affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU, M. Stephen O’Brien, sur la situation humanitaire et le sort de la population civile assiégée en Syrie.

« Je n’ai plus de mots pour expliquer comment les agissements des parties au conflit ont ravagé un pays et son peuple », s’est ému M. O’Brien, dans son intervention par vidéoconférence depuis Genève.

Il a précisé être rentré hier de Reyhanli, une ville turque à la frontière syrienne, où il a vu « des choses épouvantables ».  Après avoir rencontré des orphelins syriens, des blessés graves et des familles de réfugiés traumatisés, il a promis de se faire l’écho de leurs histoires devant le Conseil.

M. O’Brien s’est dit particulièrement préoccupé par l’aggravation de la violence dans plusieurs régions du pays et son impact sur les civils.  « Le droit international humanitaire est violé sans scrupules », a-t-il souligné.

Au début du mois de mai, des frappes ont été menées contre des camps de déplacés internes à Sarmada et à Idlib.  Cette semaine, plusieurs attaques terroristes ont fait plus d’une centaine de victimes dans les villes côtières de Jableh et Tartous.  L’hôpital de Zakia a également été attaqué avec des barils d’explosifs.

Le Secrétaire général adjoint a jugé « tout à fait répréhensibles » l’état de siège et l’utilisation de la famine comme arme de guerre.  D’après les dernières informations, a-t-il précisé, environ 592 000 personnes vivent dans des zones assiégées par le Gouvernement syrien, l’État islamique d’Iraq et du Levant (EILL), le Front el-Nosra ou des groupes armés non étatiques.

Il a cité des chiffres pour illustrer « la brusque détérioration de la situation pour les civils, alors même que la cessation des hostilités est en place ».

« La punition collective des civils à travers des tactiques qui consistent à les assiéger doit prendre fin immédiatement », a souligné avec vigueur M. O’Brien.  À son avis, la responsabilité principale de cet état de fait revient à la partie qui maintient le siège et qui refuse systématiquement à la population d’avoir accès à des biens essentiels et sa liberté de mouvement.  Toutefois, les autres parties qui mènent des opérations militaires dans ou à partir de zones peuplées ont aussi leur part de responsabilité face aux énormes souffrances endurées dans les zones assiégées.

Le Secrétaire général adjoint s’est également déclaré très inquiet face aux conditions dans lesquelles vivent des centaines de milliers de civils au nord de Homs.  La situation dans le Gouvernorat et la ville d’Alep même reste alarmante.  Le Centre des Nations Unies y a été bombardé à plusieurs reprises.  Les combats risquent de provoquer de nouveaux déplacements de populations, a-t-il prévenu.   

« La réalité actuelle en Syrie est inacceptable », a insisté M. O’Brien.  « Il ne peut y avoir d’impunité face aux comportements contraires au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité. »

En dépit des problèmes, l’ONU et ses partenaires poursuivent leurs efforts d’acheminement d’une aide alimentaire transfrontalière, a-t-il assuré.  Depuis le 10 avril, le Programme alimentaire mondial (PAM) a réussi à larguer des biens alimentaires.  Malheureusement, a-t-il précisé, l’aide fournie ne correspond qu’à un convoi. 

En effet, a-t-il indiqué, « il ne faut pas oublier que l’ONU doit demander l’approbation du Gouvernement syrien » pour l’accès humanitaire.  Les ingérences et les restrictions imposées par les parties, notamment le Gouvernement syrien, continuent d’entraver l’acheminement de l’aide.  C’est ainsi que 40% de la population ciblée ne peut pas avoir accès aux denrées alimentaires et aux biens essentiels qui lui sont nécessaires.

Affirmant que des kits médicaux et d’urgence continuaient d’être retirés des convois d’aide humanitaire, M. O’Brien a dénoncé des « actes cyniques honteux qui visent uniquement à faire davantage souffrir les civils assiégés », y compris des nouveaux-nés.

Dans son intervention lors du premier Sommet humanitaire mondial, qui s’est tenu en début de semaine à Istanbul, en Turquie, le Secrétaire général adjoint a rappelé qu’il avait souligné que « nous devons tous être à la hauteur de nos responsabilités ».  « La Syrie nous rappelle, hélas, pourquoi ce Sommet a été convoqué », a-t-il déploré.

« Sur le plan politique, nous continuons d’échouer de façon catastrophique vis-à-vis du peuple syrien », a-t-il constaté.  Enfin, il a demandé que soit levé sans tarder le siège sur la population civile.  « Il faut pouvoir avoir accès à 100% des personnes dans le besoin », a-t-il affirmé.

Invité à prendre la parole, le représentant de la Syrie, M. Bashar Ja’afari, a estimé que le Secrétaire général adjoint aurait pu commencer par présenter ses condoléances au Gouvernement et au peuple syriens pour les victimes innocentes des actes terroristes commis à Jableh et Tartous. « L’identité des exécutants est parfaitement connue », a-t-il précisé.

À son avis, certains États du Conseil de sécurité prétendent être soucieux de la situation humanitaire et des droits de l’homme en Syrie, « mais la réalité est tout autre, car ils jouent un rôle essentiel dans les souffrances du peuple syrien ». Ces États, estime-t-il, continuent de soutenir des organisations terroristes en Syrie et de cacher au Conseil de sécurité leurs méfaits, alors qu’elles criblent de missiles les civils à Damas, Alep et dans d’autres villes.

« Comme il transparaît dans les déclarations des représentants de ces États, dont l’Arabie saoudite et la Turquie, les organisations terroristes sont utilisées comme armes de chantage politique », a accusé le représentant syrien.  « Comment parler de mettre fin à la tragédie du peuple syrien alors que la situation humanitaire est politisée par certains pour réaliser leurs objectifs? » s’est-il demandé.   

D’après M. Ja’afari, le régime turc utilise son territoire « comme tremplin pour des dizaines de milliers de combattants terroristes étrangers et leur fournit des armes ».  De plus, « il met en prison les douaniers, les juges et les journalistes qui dénoncent cette situation ».  « Pourquoi l’ONU récompense-t-elle le régime du Président Erdogan en tenant le premier Sommet humanitaire à Istanbul? » s’est-il indigné.    

M. Ja’afari a par ailleurs estimé que le rapport du Secrétaire général traitait de façon erronée de la situation humanitaire en Syrie.  Niant que son gouvernement empêche l’entrée de l’assistance humanitaire, il a assuré, au contraire, qu’il acceptait d’acheminer l’assistance médicale à toutes les régions, « sauf les outils utilisés par les terroristes ».  Le Gouvernement syrien, a-t-il noté, a accepté 19 des 26 demandes relatives au passage de convois, « or l’ONU n’a fait acheminer que trois convois ».

Le représentant a tenu à rappeler que son gouvernement était « prêt à mettre en œuvre toutes les mesures nationales qui s’imposent pour réduire la souffrance du peuple ».  Mais, a-t-il averti, l’ONU en contrepartie doit coopérer avec le Gouvernement syrien et le consulter au lieu de le critiquer.

En conclusion, il a enjoint les membres du Conseil à résoudre le problème humanitaire « en traitant du terrorisme appuyé de l’extérieur, et non pas par des contributions financières présentées pour la forme dans des conférences ».

La représentante des États-Unis, « frappée par le nombre de prétendus faits cités par le représentant de la Syrie qui mettent en péril la réputation des Nations Unies et des travailleurs humanitaires », a demandé au Secrétaire général adjoint de répondre à certaines allégations.

« La seule autorité que j’ai est de veiller à ce que nous réunissions les faits à partir des sources les plus dignes de foi possibles », a répondu M. O’Brien, garantissant la fiabilité des faits rapportés.

Le Conseil de sécurité était saisi d’un rapport du Secrétaire général*, en date du 19 mai dernier, sur la situation humanitaire en Syrie et l’application des résolutions 2139 (2014), 2165 (2014), 2191 (2014) et 2258 (2015) par toutes les parties au conflit.

 

 

*     S/2016/460

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de l’AMISOM jusqu’au 8 juillet 2016 dans l’attente de l’examen des résultats de sa récente mission en Somalie

7700e séance – après-midi 
CS/12379

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de l’AMISOM jusqu’au 8 juillet 2016 dans l’attente de l’examen des résultats de sa récente mission en Somalie

Le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité, cet après-midi, la résolution 2289 (2016) par laquelle il proroge le mandat de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) jusqu’au 8 juillet prochain.

Par cette résolution, le Conseil de sécurité précise que l’AMISOM conserve l’effectif maximal de 22 126 agents en tenue, et il autorise les États Membres participant à l’AMISOM à prendre toutes les mesures nécessaires pour qu’elle puisse s’acquitter de son mandat.

Le texte précise également que « sachant qu’il importe d’accorder suffisamment de temps à l’examen des résultats de la mission » que le Conseil de sécurité a menée en Somalie le 19 mai dernier, il est donc utile de proroger pour une courte durée le mandat de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).

Texte du projet de résolution (S/2016/484)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions antérieures et les déclarations de son président concernant la situation en Somalie, en particulier les résolutions 2093 (2013), 2232 (2015) et 2245 (2015),

Conscient de l’importance des consultations qu’il a tenues avec les parties prenantes pertinentes au cours de sa récente mission en Somalie,

Sachant qu’il importe d’accorder suffisamment de temps à l’examen des résultats de la mission et, à cet égard, conscient de la nécessité de proroger pour une courte période le mandat de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM),

Considérant que la situation en Somalie constitue toujours une menace contre la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide d’autoriser les États membres de l’Union africaine à maintenir jusqu’au 8 juillet 2016 le déploiement de l’AMISOM, comme énoncé au paragraphe 1 de la résolution 2093 (2013), ainsi qu’il l’avait demandé à l’Union africaine, avec un effectif maximal de 22 126 agents en tenue, et autorise les États Membres participant à l’AMISOM à prendre toutes les mesures nécessaires pour qu’elle puisse s’acquitter de son mandat, comme énoncé au paragraphe 3 de la résolution 2232 (2015);

2.    Prie le Secrétaire général de continuer de fournir un appui logistique, en application des dispositions du paragraphe 2 de la résolution 2245 (2015);

3.    Décide de rester activement saisi de la question.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Représentant spécial affirme que le Sahel doit faire face à la montée de l’insécurité et aux effets des changements climatiques

7699e séance – après-midi 
CS/12378

Le Représentant spécial affirme que le Sahel doit faire face à la montée de l’insécurité et aux effets des changements climatiques

Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, M. Mohammed Ibn Chambas, a affirmé cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, que le Sahel devait faire face à la montée du terrorisme et de l’insécurité et aux effets des changements climatiques et de l’avancée du désert.

M. Chambas, qui s’exprimait par vidéoconférence depuis le Niger, a souligné les effets délétères de la désertification, prenant pour exemple le Lac Tchad et le fleuve Niger, durement affectés par les effets des changements climatiques. 

Il a par ailleurs lancé un appel pour la mobilisation internationale contre le terrorisme dans la région, et plaidé pour un soutien humanitaire accru, déplorant que sur les 525 millions de dollars nécessaires pour les besoins humanitaires dans la région, 10% seulement aient été réunis.  Il a également rappelé le projet de la « Grande muraille verte » que l’Union africaine avait adopté en 2013 afin d’établir une vaste zone boisée de Dakar à Djibouti, de la côte ouest à la côte est de l’Afrique, estimant qu’un tel projet pourrait constituer une solution à long terme pour la lutte contre la pauvreté dans le Sahel.

Le terrorisme se nourrit des conflits, comme en témoigne la prolifération des groupes terroristes au Sahel, a, de son côté, relevé le Directeur exécutif du Comité contre le terrorisme, M. Jean-Paul Laborde.  Il a souligné que les changements climatiques contribuaient à l’insécurité lorsqu’ils s’accompagnaient d’autres variables sociopolitiques telles que la mauvaise gouvernance, les conflits locaux liés à l’appropriation des ressources naturelles, l’instabilité économique et le chômage des jeunes.  

« La géopolitique du Sahel est aujourd’hui guidée par les tensions liées à la pénurie de terres et d’eau », a affirmé de son côté la Secrétaire exécutive de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, Mme Monique Barbut.  En raison de la mauvaise gouvernance, de la pauvreté et d’un accès facile aux armes, des situations peuvent rapidement devenir violentes, a-t-elle observé, notant que c’est précisément ce qui était en train de se produire autour du Lac Tchad et au Niger après l’épisode du Darfour.  Elle a en outre préconisé d’investir dans des emplois décents visant la réhabilitation des terres dans les villages et les communautés les plus exposées aux dangers de la désertification.

Une représentante de la société civile du Tchad, Mme Hindou Oumarou Ibrahim, a également prôné la mise en œuvre de petits projets communautaires susceptibles de permettre aux jeunes de se prendre en charge et de ne plus céder aux appels des groupes extrémistes.

Pour le Haut-Représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, M. Pierre Buyoya, trois phénomènes majeurs doivent être surveillés au Sahel: la présence, dans le nord du Mali, de groupes terroristes « de nouvelle génération »; le niveau de violence encore très élevé dans le bassin du Lac Tchad, et la présence de l’État islamique en Libye, également terrain d’entraînement pour de jeunes terroristes.  « Aussi longtemps que la Libye ne sera pas stabilisée, le Sahel ne connaîtra pas la paix », a-t-il estimé.

Au cours du débat qui a suivi, le délégué russe a estimé que la situation sécuritaire du Sahel s’était sérieusement détériorée après l’intervention militaire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Libye.  Il a en outre affirmé que les questions d’environnement et les phénomènes naturels n’étaient pas du ressort du Conseil de sécurité et qu’ils devaient être débattus dans d’autres enceintes.  Le représentant du Venezuela a également estimé qu’il n’existait pas forcément de lien entre les changements climatiques et le terrorisme, et que le « Conseil de sécurité n’est pas l’instance appropriée pour examiner les questions d’environnement ».

Pour l’Espagne par contre, quand bien même la solution au défi que représentent les changements climatiques n’est pas du ressort du Conseil de sécurité, celui-ci doit en tenir compte, du fait que les changements climatiques sont en train de changer les règles du jeu et modeler notre avenir.  Au Sahel, « les changements climatiques sont un facteur qui multiplie les menaces », a affirmé pour sa part le représentant des États-Unis.  « Personne ne suggère que Boko Haram a été causé par les changements climatiques, mais la dévastation causée par le réchauffement peut entraîner la pauvreté et l’instabilité politique, l’insatisfaction et plus encore », a-t-il indiqué.

Le représentant de la France a, quant à lui, rappelé l’engagement de son pays dans la lutte contre le terrorisme au Sahel à travers les opérations Serval et Barkhane.  Il s’est aussi engagé au nom de son gouvernement à mobiliser la communauté internationale pour financer trois domaines clefs en Afrique; le secteur énergétique, la Grande muraille verte et la remise en état du Lac Tchad.  Pour sa part, le Représentant spécial de l’Union européenne pour le Sahel, M. Angel Losada, a annoncé que son organisation consentirait plus de 5 milliards d’euros au Sahel entre 2014 et 2020, précisant en outre que près de 30 projets avaient été mis au point entre janvier et avril 2016 pour près de 382 millions d’euros. 

D’autres solutions ont été évoquées au cours de ce débat, notamment la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel qui réunit les approches sécuritaire et de développement.  Le représentant du Sénégal a, quant à lui, proposé la promotion des programmes d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques afin de renforcer la résistance à long terme de la région. 

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE

Défis dans la région du Sahel

Déclarations

M. MOHAMMED IBN CHAMBAS, Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, s’exprimant par vidéoconférence depuis le Niger, a déclaré qu’il est en tournée dans les pays du Sahel afin de toucher du doigt les conséquences des changements climatiques.  Ces changements ont aggravé la sécheresse et augmenté sa récurrence dans le Sahel, une région marquée par de nombreux conflits non résolus et la prolifération des luttes entre communautés, pour le contrôle des maigres ressources naturelles. 

La lutte contre les activités terroristes commence à porter ses fruits dans la région, s’est félicité M. Chambas, en saluant le front commun qui a contribué à affaiblir Boko Haram.  Il a souligné que la coopération régionale renforcée et l’aide internationale sont nécessaires pour permettre aux pays de la région de lutter contre le terrorisme.  Il a notamment appelé au financement de la force multinationale mixte chargée de lutter contre Boko Haram, et à une aide vitale aux réfugiés.  Il a estimé que, sur le long terme, il est important de s’attaquer aux causes profondes des crises dans la région, notamment les questions relatives au développement durable, à la bonne gouvernance et à l’état de droit.  Il a aussi estimé que le deuxième Sommet régional sur la sécurité d’Abuja, axé sur la lutte contre Boko Haram, le 14 mai dernier, a permis de voir que les dirigeants de la région ont compris qu’il faut également tenir compte des questions de développement dans la lutte contre le terrorisme.  La Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel cristallise les initiatives du système onusien pour soutenir les pays de la région, a-t-il rappelé. 

M. Chambas a en outre parlé du cas précis du bassin du Lac Tchad, relevant que le Lac est passé d’une superficie de 25 000 km2 à près de 800 km2 en 50 ans.  Il a relevé que ce Lac fournit des moyens de subsistance à plus de 2 millions de personnes, offrant par exemple de l’eau douce à près de 13 millions de personnes dans les pays environnants.  Il a appelé à la restauration du Lac afin d’éviter que les crises alimentaires et sécuritaires de la région ne prennent de l’ampleur.  Il a aussi mentionné le cas du Bassin du fleuve Niger qui subit de plein fouet les effets des changements climatiques, une situation catastrophique sachant que 7 nations de la région bénéficiant des atouts du fleuve font partie des 20 pays les plus pauvres de la planète.  Il a fait observer que les habitants de la région vivent dans l’insécurité alimentaire, et que la situation risque de s’aggraver car la population de la région devrait doubler d’ici à 2050. 

M. Chambas a également relevé que la détérioration de la sécurité, due aux confrontations entre agriculteurs et bergers, nous montre les effets délétères de la désertification.  Le Représentant spécial a en outre relevé que le lit du fleuve Niger ne cesse de s’assécher et qu’il devient urgent de prendre des mesures pour freiner l’avancée du désert.  À ce propos, il a rappelé le projet de la « Grande muraille verte » que l’Union africaine avait adopté en 2013 afin d’établir une vaste zone boisée de Dakar à Djibouti, de la côte ouest à la côte est de l’Afrique, estimant que cela apparaît comme une solution à long terme pour la lutte contre la pauvreté dans le Sahel.  

M. Chambas a par ailleurs affirmé que le Sahel se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, faisant face à la montée du terrorisme et de l’insécurité et affectée par les changements climatiques et l’avancée du désert.  S’il a reconnu la responsabilité première des gouvernements de la région, il a néanmoins souligné la priorité qu’ils donnent aux besoins sécuritaires.  La lutte contre les djihadistes et les changements climatiques sont des défis qui vont au-delà de la région et nécessitent une assistance internationale, a-t-il argué.  L’Union européenne a consenti 120 millions d’euros pour la sécurité dans la région, s’est-il réjoui, ajoutant que les besoins humanitaires ne cessent de croître.  Quelque 2,4 millions de personnes vivant dans la région du Lac Tchad ont dû fuir, parmi lesquels 1,5 million d’enfants.  Une somme de 525 millions de dollars est nécessaire pour les besoins humanitaires dans la région, a-t-il rappelé, en regrettant que seul 10% de ce montant ait été mobilisé pour l’instant.  Les problèmes sont identifiés, a noté M. Chambas, rassemblons maintenant nos efforts et nos initiatives afin de parvenir à des résultats probants, a-t-il plaidé.

Nous sommes réunis aujourd’hui pour débattre des liens entre sécurité et changements climatiques au Sahel, a souligné, M. JEAN-PAUL LABORDE, Directeur exécutif du Comité contre le terrorisme.  Est-ce une perception ou une réalité?  M. Laborde s’est risqué à affirmer que le changement climatique peut être un facteur aggravant conduisant à une insécurité humaine et à davantage de conflits.  Or, nous savons que le terrorisme se nourrit des conflits, comme en témoigne la prolifération des groupes terroristes au Sahel.  Il est donc essentiel de prévenir les conflits et de s’attaquer à leurs causes pour endiguer le terrorisme. 

Il a tout de même souligné que le changement climatique ne peut pas à lui seul contribuer à l’insécurité.  Il doit s’accompagner d’autres variables sociopolitiques telles que la mauvaise gouvernance, les conflits locaux liées à l’appropriation des ressources naturelles, l’instabilité économique ou encore le chômage des jeunes.  À ce propos, la désertification et la dégradation continue des écosystèmes sont perçues comme une forme d’insécurité humaine qui pousse les jeunes à aller vers l’extrémisme violent et « qui sait, jusqu’à des actes de terrorisme », a prévenu le Directeur exécutif en citant une étude commanditée par son bureau.

Dans la région du Sahel, les groupes terroristes représentent une menace complexe qui ne cesse d’évoluer dans sa forme, son envergure et ses méthodes. Puisque la menace est flexible, innovante et adaptable, les Nations Unies doivent également mettre en place des réponses rapides et fluides, tout en utilisant pleinement les mécanismes de la coopération internationale conformes à l’état de droit et aux droits de la personne humaine.  Il faut aussi trouver des solutions politiques aux problèmes existants dans la zone du Sahel car les organisations terroristes et la criminalité organisée se glissent sans bruit dans les zones de non droit. 

Le Directeur exécutif a, dans ce cadre, estimé que la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, qui réunit l’approche sécuritaire et de développement, est le cadre à travers lequel les problèmes doivent être abordés et si possible, résolus.  Appuyant, dans ce contexte, la création du G-5 Sahel, il a indiqué que son équipe se prépare à assister l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans l’opérationnalisation de la plateforme de coopération en matière de sécurité dont le G-5 Sahel vient de se doter.  S’il a salué les progrès « importants » enregistrés dans la région du Sahel, en termes de cadres législatif et judiciaire, dont la mise en place de pôles judiciaires spécialisés qui permettent la spécialisation des magistrats, il a regretté le faible taux des affaires jugées, prévenant que « l’impunité fait le lit du terrorisme ».

Compte tenu de la dimension transnationale du terrorisme et du phénomène des combattants étrangers, le Directeur exécutif a prôné le partage des informations entre les différents services impliqués, le renforcement de la coopération policière dans le Sahel, la mutualisation des moyens d’enquête, la solidification de la coopération entre les parquets et la sensibilisation des magistrats du siège aux enjeux de cette coopération.  Il a annoncé qu’il sera la semaine prochaine à Cotonou pour une réunion des plus hautes instances judiciaires de la région et au-delà, ayant le français en partage.  Il a aussi appelé les États à réformer leur législation afin de criminaliser le recrutement de combattants étrangers et la participation à une entreprise terroriste à l’étranger, et de consolider les enquêtes et poursuites judiciaires ainsi que le système de recueil d’éléments de preuve. 

M. Laborde a conclu en exprimant la disposition de sa Direction exécutive à explorer les liens de cause à effet des changements climatiques sur le terrorisme, avec l’aide du réseau de recherche de plus de 30 instituts universitaires dont il dispose.

« La possibilité d’une action cohérente dans le Sahel semble se refermer rapidement », a constaté la Secrétaire exécutive de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, Mme MONIQUE BARBUT.  Avec des taux de croissance démographique annuels pouvant atteindre près de 4%, la population augmente au-delà de la capacité de la région à répondre aux besoins.

Le PIB par habitant de la région est déjà relativement faible, allant d’environ 900 à 3 000 dollars, a expliqué Mme Barbut.  Plus de 40% de la population vit avec moins de 1,25 dollar par jour.  La plupart des gens comptent actuellement sur l’exploitation des ressources naturelles pour survivre.  « Pour la majeure partie de la population, la vie se durcira encore », a-t-elle averti. Dans le contexte des changements climatiques, la dégradation des terres déstabilise la situation. 

En effet, les climatologues estiment que la température du Sahel va augmenter de 3 à 5 degrés Celsius d’ici à 2050, a indiqué la Secrétaire exécutive. De mauvaises pratiques de gestion des terres couplées aux changements climatiques pourraient réduire la production agricole de 13% au Burkina Faso et de près de 50% au Soudan.  Au Sahel, 85% des terres sont déjà dégradées. 

« La géopolitique du Sahel est aujourd’hui guidée par les tensions liées à la pénurie de terres et d’eau », a résumé Mme Barbut.  En raison de la mauvaise gouvernance, de la pauvreté et d’un accès facile aux armes, des situations peuvent rapidement devenir violentes.  Ce fut, a-t-elle rappelé, le cas au Darfour avec près de 300 000 morts depuis 2003.  C’est ce qui est en train de se reproduire autour du Lac Tchad et au Niger où la migration augmente les tensions sur les ressources naturelles.    

Le Lac Tchad constitue une « bouée de sauvetage » pour au moins 25 millions de personnes dans quatre pays, le Nigéria, le Cameroun, le Tchad et le Niger.  Par exemple, les eaux du Lac Tchad qui font vivre plus de 300 groupes ethniques ont diminué de 90% depuis les années 60, a précisé Mme Barbut.  Selon elle, « ce n’est donc pas un hasard si la région du Lac Tchad est le berceau de Boko Haram et le foyer d’Al-Qaida au Maghreb ».

La désertification et la dégradation des terres coupent l’herbe sous le pied de millions de personnes.  Ainsi se créent « les conditions du désespoir d’une population sans emploi, pauvre et vulnérable, soit près de 41 millions de jeunes dans la seule région du Sahel », s’est inquiétée la Secrétaire exécutive.  D’après une étude du Ministère de la défense du Royaume-Uni, d’ici à 2035, ce sont près de 60 millions de personnes qui devraient migrer à cause de la désertification vers l’Afrique du Nord et l’Europe.  À ce sujet, elle a indiqué que « 100% des migrants illégaux recensés en Europe viennent des pays arides ».

Compte tenu de la grande importance de l’agriculture et des terres productives pour l’emploi et la création de revenus en Afrique subsaharienne, « nos efforts pour la stabilité et la paix doivent se concentrer plus sur les terres », a recommandé Mme Barbut.  Elle a fait remarquer que les migrants ruraux préfèrent généralement vivre près de leurs terres et que beaucoup resteraient ou rentreraient chez eux si cela était possible.  Tous les dividendes de la paix durable dans la région devraient donc impliquer l’utilisation durable des terres et de l’eau.     

Dans cet esprit, la Secrétaire exécutive a considéré que la mise en œuvre des initiatives de la Grande muraille verte et du Lac Tchad devrait être accélérée.  « Nous devons investir dans des emplois décents basés sur la réhabilitation des terres dans chacun des villages et des communautés situés en première ligne sur le front de la désertification », a-t-elle préconisé.  Elle a estimé qu’une moyenne de 5 000 villages par pays serait nécessaire pour lancer une nouvelle économie.

Dans la région du Sahel, a-t-elle précisé, le coût de la réhabilitation et de la gestion durable d’un hectare est de l’ordre de 250 dollars, « soit moins de 3 000 dollars par emploi, chaque année, à comparer par exemple au coût d’un migrant dans un camp en Italie qui est de l’ordre de 15 000 dollars par an ».

Cette approche basée sur la gestion durable des terres renforcerait la résilience des communautés vulnérables, permettrait d’améliorer la sécurité alimentaire et hydrique et pourrait stabiliser une grande partie de la région, a conclu Mme Barbut.    

Mme HINDOU OUMAROU IBRAHIM, Coordonnatrice de l’Association des femmes et peuples autochtones du Tchad, a souligné que les changements climatiques qui ont un impact sur les ressources naturelles renforcent les conflits entre communautés, qu’il s’agisse des conflits liés aux ressources en eau, à l’accès aux terres ou aux migrations.  Elle a aussi parlé des conflits liés aux extrémismes religieux dont la menace constante de Boko Haram qui recrute parmi les plus pauvres, notamment les jeunes, en leur proposant de fortes sommes d’argent, environ 500 dollars.  Face à ces menaces, la paix et la sécurité au Sahel passent donc par la lutte contre les changements climatiques.  La Coordonnatrice a appelé à l’accélération de l’Accord de Paris sur le climat, insistant sur le fait que l’adaptation ne reçoit que 15% des financements alors que c’est une priorité pour assurer la résilience des communautés.  Il faut multiplier le nombre  des projets d’accès à l’eau et d’agriculture durable.  Elle a aussi insisté sur la nécessité de faire confiance aux savoirs et connaissances traditionnels des peuples autochtones.  Nous avons, a–t-elle dit, développé une méthode de cartographique participative en trois dimensions pour gérer au mieux le peu de ressources qui restent. 

M. FODÉ SECK (Sénégal) a noté le lien inextricable entre les fléaux du terrorisme, de la criminalité organisée et des trafics en tous genres qui remettaient en cause la stabilité de la région.  La nature de ce lien implique à son avis une approche multisectorielle et interrégionale, englobant l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, et qui prenne en compte la prévention, la répression et la protection.  Il est ainsi important d’assurer une plus grande coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine, à travers son Architecture de paix et de sécurité, et d’accélérer l’opérationnalisation de la Force multinationale mixte chargé de la lutte contre Boko Haram, a-t-il ajouté.

Le représentant a précisé que la deuxième session du Sommet sur la sécurité régionale du 14 mai 2016, à Abuja, au Nigeria, avait défini un plan d’action pour éradiquer les causes profondes du terrorisme, en mettant l’accent sur les investissements pour le développement dans les zones affectées et la prise en charge des besoins sociaux des couches les plus vulnérables.  En tant que pays de la région, le Sénégal fait face à ces défis et contraintes, auxquels viennent s’ajouter les problèmes concernant l’accès au foncier, les criquets pèlerins et les oiseaux granivores.  Si les défis à la paix et à la sécurité dans le Sahel sont multiples, les solutions sont à trouver dans la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, notamment la promotion des programmes d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques afin de renforcer la résistance à long terme dans la région. 

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a rappelé que le Sahel avait été défini à maintes reprises comme la « zone zéro du réchauffement planétaire ».  La population croissante a de moins en moins de terres à cultiver, une situation qui entraîne irrémédiablement l’instabilité.  La solution au défi que représentent les changements climatiques n’est pas entre les mains du Conseil de sécurité, mais il lui faut tenir compte de la réalité, du fait que ce phénomène est en train de changer les règles du jeu et de modeler notre avenir, a ajouté le représentant.

Dans le respect des engagements qu’il a pris, le Conseil de sécurité continue l’entreprise commencée par le Royaume-Uni il y a presque 10 ans, a rappelé le représentant. Il ne doit pas se limiter à de simples déclarations d’intention.  Le Conseil doit recevoir  des informations pertinentes pour être mieux préparé « à jouer son rôle de prévention ».

Le représentant a recommandé d’adopter une approche intégrée et coordonnée pour régler la crise complexe du Sahel, le conflit en Libye, l’insécurité au Mali et les activités terroristes de Boko-Haram dans le nord-est du Nigéria et le bassin du Lac Tchad.  « C’est la somme de tous ces facteurs qui écarte le Sahel de la voie de la paix et de la stabilité », a-t-il estimé.  Par ailleurs, il a accueilli favorablement la possibilité que le Comité sur la lutte contre le terrorisme analyse les effets des changements climatiques.

M. WU HAITAO (Chine) a reconnu que la propagation du terrorisme avait rendu la situation sécuritaire au Sahel très vulnérable.  D’après lui, la communauté internationale devrait adopter une approche intégrée pour promouvoir le règlement des conflits régionaux, en encourageant les processus de paix et la réconciliation sur la base du respect de la souveraineté des pays.     

« Nous devons lutter ensemble contre le terrorisme et ses effets délétères en mettant l’accent sur le renforcement des capacités en matière de sécurité », a insisté le représentant.  Il a dit aussi qu’il fallait accorder toute l’attention nécessaire au problème du sous-développement dans la région, avec « une aide stable, prévisible et ciblée ».  De plus, il faut coordonner les ressources et former des synergies pour répondre aux défis de la CEDEAO.  « La Chine et l’Afrique partagent un destin commun », a-t-il affirmé en évoquant le récent Sommet de Johannesburg.    

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a indiqué que les jeunes dans le Sahel risquaient de s’appauvrir davantage et devenir de ce fait plus attentifs aux discours extrémistes.  Il a plaidé pour une approche à long terme pour résoudre les problèmes de développement du Sahel et rappelé que son pays avait fourni 26 millions de dollars ces dernières années pour financer des projets de développement dans le Sahel, notamment pour bâtir et renforcer la résistance aux changements climatiques.  En outre, a-t-il précisé, 9 millions de dollars ont été consacrés au renforcement des programmes de protection sociale.  Il a souligné qu’en luttant contre le terrorisme de manière globale, la communauté internationale pourrait avoir un plus grand impact.  Une action collective et coordonnée des pays de la région est cruciale pour parvenir à des résultats probants contre le terrorisme, a-t-il affirmé. 

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a appelé la communauté internationale à porter ses efforts sur la lutte contre la pauvreté et les changements climatiques dans le Sahel, plutôt que sur les questions sécuritaires.  Il a estimé que les causes structurelles qui exposent les pays de la région au terrorisme sont la faiblesse des économies nationales et l’avancée du désert saluant à ce sujet les initiatives prises par des pays de la région pour trouver des solutions à l’avancée du désert et dans la lutte contre Boko Haram.  Il a en revanche déploré que les forces des Nations Unies dans la région soient régulièrement la cible des groupes terroristes.

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a critiqué le scepticisme qui peut encore exister quant à la relation entre les changements climatiques et la sécurité.  Au Sahel, « le changement climatique est un facteur qui multiplie les menaces », exemplifié par la campagne terroriste barbare de Boko Haram qui exacerbe l’insécurité alimentaire dans la région du Lac Tchad, a-t-il dit.  Cette crise humanitaire, n’a pas vraiment reçu, à son avis, l’attention qu’elle mérite de la part de la communauté internationale et elle est « sous-financée ».

M. Pressman s’est félicité des efforts entrepris pour enrayer le cycle de violence de Boko Haram, soulignant toutefois la nécessité d’une stratégie globale prenant en compte le phénomène du terrorisme et les séquelles qu’il laisse.  D’après lui, l’ONU doit intégrer la prévention de la violence extrémiste dans ses travaux sur la sécurité et le développement durable.

« Personne ne suggère que Boko Haram a été causé par les changements climatiques, mais la dévastation causée par le réchauffement peut entraîner la pauvreté et l’instabilité politique, l’insatisfaction et plus encore », a-t-il indiqué.  Prônant une réflexion nouvelle et profonde sur ces liens, il a encouragé les dirigeants du Sahel à intensifier leur coopération et à améliorer la gestion durable des ressources naturelles.

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) s’est inquiété de la propagation du terrorisme au Sahel.  Heureusement, a-t-il noté, certains pays accroissent leur résistance face aux menaces.  La Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel est un outil précieux à cet égard.

Soulignant l’importance du renforcement des institutions et des capacités en Afrique, le représentant a indiqué que l’engagement du Japon se traduisait par des actions concrètes, comme un projet de transfert de technologies pour lutter contre la désertification au Burkina Faso.  Il a salué le rôle du « G-5 Sahel » et l’organisation de formations dans les domaines de la sécurité et de la défense dans la sous-région.  Enfin, il a jugé que l’appropriation et la prise en compte du contexte local sont des principes essentiels.  

M. ALEXIS LAMEK (France) a affirmé que la situation des pays du Sahel était préoccupante, mais que la mobilisation de la communauté internationale était susceptible de faire évoluer la situation.  Il a salué les initiatives lancées par le G-5 Sahel, notamment la Muraille verte et d’autres mesures prises dans le bassin du Lac Tchad, soulignant que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur le climat pourrait avoir également un impact positif dans les pays de la région.

Le représentant de la France a par ailleurs rappelé l’engagement de son pays dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, faisant valoir que la démarche française, telle que mise en œuvre à travers les opérations Serval et Barkhane, s’inscrivait dans une stratégie de collaboration avec les armées locales, permettant à ces dernières d’être mieux équipées dans la lutte contre le terrorisme.  Il a également rappelé que le Président François Hollande s’était engagé à mobiliser la communauté internationale pour financer trois domaines clefs en Afrique; le secteur énergétique, la Grande muraille verte et la remise en état du Lac Tchad.  La France s’est engagée à consentir 6 milliards d’euros pour financer le secteur énergétique de l’Afrique d’ici à 2020, dont 2 milliards consacrés aux énergies renouvelables.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a estimé que la meilleure façon de surmonter les conflits est de conclure des accords politiques, comme au Mali.  Il s’est dit préoccupé par la présence du groupe terroriste Boko Haram autour du Lac Tchad, se félicitant des initiatives des pays du bassin du Lac Tchad pour le combattre.  Il a proposé que les pays du Sahel s’engagent dans des initiatives économiques porteuses de progrès, les appelant à cibler des projets de développement censés avoir des effets multiplicateurs. 

Le représentant a estimé qu’il n’existait pas forcément de lien entre les changements climatiques et le terrorisme, arguant que c’est plutôt la faible capacité des États à s’acquitter des tâches régaliennes de sécurité qui pourrait expliquer la prolifération des groupes armés dans le Sahel.  « Le Conseil de sécurité n’est pas l’instance appropriée pour examiner les questions d’environnement comme c’est le cas aujourd’hui », a-t-il fait observer.  Il a salué les initiatives sociales engagées par les pays de la région, à travers le G-5 Sahel (Mauritanie, Tchad, Niger, Mali et Burkina Faso) et a appelé la communauté internationale à lutter contre les réseaux mafieux des trafiquants de tous genres qui sont présents partout au Sahel.   

« Il faut comprendre comment les changements climatiques multiplient les risques en matière de sécurité pour nous aider à réduire les impacts négatifs de la dégradation de l’environnement », a dit M. YURIY VITRENKO (Ukraine).  Dans ce contexte, il a invité le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à élaborer une stratégie pour combattre la désertification et la dégradation des sols et à renforcer sa coopération avec les accords environnementaux internationaux à cette fin.  Il a appelé l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement du PNUE à prendre en compte la question de la protection de l’environnement dans les zones touchées par des conflits. 

S’agissant des menaces liées aux groupes terroristes au Sahel, le représentant de l’Ukraine s’est félicité des efforts des pays de la région du Sahel pour s’attaquer à la nature changeante de cette menace.  Il a particulièrement salué la tenue le 4 mai à Abuja, au Nigéria, du deuxième Sommet sur la sécurité régionale visant à renforcer la réponse régionale à la menace que constitue Boko Haram.  Au-delà des moyens militaires, il a mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer au financement des groupes terroristes et à leur réseau d’approvisionnement en armes.  Il a réaffirmé la nécessité d’adopter des mesures de prévention qui comprennent la promotion du dialogue et du développement économique et social, celui des droits de l'homme, sans oublier la nécessité d’investir dans le capital humain, l’éducation et la création d’emplois. 

M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a affirmé que la plupart des moyens nécessaires pour relever les défis climatiques n’étaient pas du ressort du Conseil de sécurité.  Il est toutefois important, à son avis,  que les discussions sur le Sahel soient soutenues par une bonne compréhension de ces problèmes.  Estimant qu’il était erroné de considérer chaque personne qui prend les armes comme un terroriste, car, dans de nombreux cas, des individus et des groupes minoritaires s’étaient révoltés par désespoir, M. Taula a déclaré que la paix et la sécurité ne seraient garanties dans la région que par la négociation et des processus de paix visant à répondre aux griefs de ces populations et à faciliter leur réhabilitation et réinsertion. 

La Nouvelle-Zélande a constamment souligné l’importance de travailler ensemble pour faire face aux défis de la paix et la sécurité, a poursuivi le représentant, soulignant que son pays a été l’un des promoteurs de l’amélioration des méthodes de travail entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et le Conseil de sécurité, et de la coopération avec les organismes sous-régionaux.  « Au Sahel, nous nous heurtons à un problème bien défini, dont la solution se perd toutefois dans une multitude de stratégies », a-t-il déploré, précisant que les approches contradictoires, voire discordantes et redondantes, ne font que disperser les efforts et diminuer leur impact sur le terrain.  C’est pourquoi il a salué la création du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.  

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a rappelé que la région du Sahel est confrontée à de redoutables défis: grande pauvreté, malnutrition, insécurité alimentaire, conflits armés, radicalisation des jeunes, terrorisme, criminalité transnationale organisée, catastrophes naturelles et conséquences des changements climatiques.  Les gouvernements de la région sont contraints de dépenser des ressources supplémentaires aux dépends du développement et ses habitants sont de plus en plus dépendants de la générosité de leurs voisins et de l’aide humanitaire internationale, a-t-il déploré.

Le représentant a souligné qu’avec la désertification et le dérèglement climatique, les réserves d’eau avaient diminué de 40% en 20 ans. « La réduction de la taille du Lac Tchad est un exemple éloquent », a-t-il ajouté.  En outre, des zones fertiles sont occupées par des groupes terroristes ou militaires.  Au Sahel, 60% de la population a moins de 25 ans; il y a peu d’éducation et beaucoup de chômage.  Or, s’est-il inquiété, la pauvreté et l’exclusion sociale sont des terreaux fertiles pour la radicalisation. 

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a évoqué les facteurs et les vulnérabilités qui rendent difficile la vie des habitants du Sahel, y compris l’exposition à un climat extrême et déréglé qui affecte les récoltes.  De plus, les déplacements massifs aggravent la situation humanitaire déjà fragile et pèsent sur les institutions.

En s’inspirant des leçons du Sahel, elle a averti que les changements climatiques pourrait, s’il n’est pas contrôlé, devenir l’une des menaces les plus importantes à l’échelle mondiale.  « Il est impératif de faire face maintenant à ce problème » et de mobiliser des ressources supplémentaires pour rompre le cycle des crises dans la région, a-t-elle prévenu.  La stabilisation de la situation sécuritaire est un élément stratégique clef qui doit se voir accorder la priorité à tous les niveaux.  De même, il existe des possibilités pour davantage de coordination entre l’ONU et l’Union africaine, a conclu la représentante.     

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a estimé que la situation sécuritaire du Sahel s’était sérieusement détériorée après l’intervention militaire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Libye.  Il a affirmé que le Sahel ne pourrait pas retrouver la paix et la stabilité tant qu’une solution durable n’est pas trouvée en Libye.  Il a en outre estimé que les questions d’environnement et les phénomènes naturels ne sont pas du ressort du Conseil de sécurité, et peuvent constituer des facteurs d’aggravation potentiels des conflits.  Il a indiqué que pour lutter contre l’avancée du désert, il faudrait appuyer un certain nombre de mesures en faveur des agricultures locales, sans impliquer pour autant le Conseil de sécurité.  De telles mesures pourraient être examinées au sein de la Deuxième Commission de l’Assemblée générale consacrée aux questions économiques et financières, ou encore dans le cadre des travaux du Forum politique de haut niveau qui portent sur la problématique du développement durable.  Il a en outre affirmé que la désertification n’était pas le seul défi du Sahel, soulignant que la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel apparaissait comme le cadre idoine pour résoudre les défis de la région.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a estimé que la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel était le cadre approprié pour mobiliser les efforts internationaux et relever les défis de la région de manière efficace.  Il a estimé que la fusion des Bureaux des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et celui du Sahel était une bonne mesure pour réunir les ressources et permettre d’harmoniser les initiatives en faveur du Sahel.  Il a appelé à l’identification des obstacles qui persistent dans la mise en œuvre de cette stratégie, invitant les partenaires internationaux à investir dans le renforcement des capacités humaines nationales, dans l’optique d’atténuer les effets des crises environnementales.  Il a précisé que les questions socioéconomiques devaient être prises en compte dans le cadre de la recherche d’une paix durable au Sahel.

M. PIERRE BUYOYA, Haut-Représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, a rappelé que l’engagement de l’Union africaine dans la région date de la crise libyenne de 2011 et de l’analyse de l’impact du retour des migrants dans ce contexte.  La stratégie de paix pour le Sahel, adoptée par le Conseil de sécurité de paix de l’Union africaine en juillet 2014, a ensuite identifié trois grands défis: la sécurité, la gouvernance et le développement.

Les pays du Sahel sont parmi les plus pauvres de l’Afrique et du monde avec une population galopante et des fragilités énormes, notamment sur le plan des écosystèmes, a rappelé le Haut-Représentant.  « Il est bien connu que les individus qui ont déclenché les hostilités au nord du Mali sont des Maliens touareg et arabes qui avaient émigré en Libye pendant des périodes de grande sécheresse », a-t-il tenu à souligner.

D’après M. Buyoya, l’Union africaine peut apporter un avantage comparatif dans les domaines de la sécurité et de la gouvernance.  La région du Sahel, a-t-il rappelé, est à cheval sur plusieurs communautés économiques régionales.  En termes de sécurité, il a évoqué trois points chauds: le nord du Mali, avec des groupes terroristes « de nouvelle génération »; le bassin du Lac Tchad, où le niveau de violence est encore très élevé; la Libye avec la présence de l’État islamique, et où s’entraînent aujourd’hui de jeunes terroristes.

Le Haut-Représentant a évoqué le processus de Nouakchott sur le renforcement de la coopération sécuritaire et l’opérationnalisation de l’Architecture africaine de paix et de sécurité dans la région sahélo-saharienne, et insisté sur l’échange d’informations.  L’Union africaine, a-t-il continué, s’implique aussi dans le suivi des élections, notamment au Niger, au Tchad et au Burkina Faso. 

Sur le plan économique, les besoins de la région sont immenses, a plaidé M. Buyoya.  Il faut inscrire l’implication de la communauté internationale dans le long terme et appuyer le G-5 Sahel qui offre un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale pour le développement et la sécurité.

En conclusion, a-t-il insisté, le Sahel reste une région difficile.  La situation au nord du Mali mérite une attention soutenue du Conseil de sécurité.  De même, « aussi longtemps que la Libye ne sera pas stabilisée, le Sahel ne connaitra pas la paix », a-t-il estimé.

M. ANGEL LOSADA, Représentant spécial de l’Union européenne pour le Sahel, a affirmé que le Sahel représentait de nombreux défis et d’opportunités, comme l’Accord de paix au Mali de 2015 et la consolidation de la coopération régionale au sein du G-5 Sahel.  Face aux défis du flux migratoire de l’Afrique vers l’Europe, la montée en puissance des forces extrémistes et terroristes et les effets des changements climatiques, le représentant a souhaité que la stratégie et l’approche globale pour le Sahel de 2011 et son plan d’action régional adopté en 2015, qui vise à renforcer le dialogue politique avec la sous-région et à appuyer la zone sahélienne, soient désormais étendus à l’ensemble des pays du G-5 Sahel.  Cette approche lie les questions de développement aux questions de sécurité, les actions d’urgence à court terme et l’appui aux réformes sectorielles.

Le représentant a également annoncé que l’UE devrait allouer plus de cinq milliards d’euro au Sahel entre 2014 et 2020, et ce que montant devrait dépasser les huit milliards d’euros, en tenant compte des actions des États membres.  Il a par ailleurs indiqué que depuis le Sommet de La Valette en 2015, un fonds fiduciaire d’urgence avait été créé pour faciliter la stabilité et la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique.  En outre, près de 30 projets ont été mis au point entre janvier et avril 2016 pour près de 382 millions d’euros. 

S’agissant du Mali, le représentant a indiqué qu’il ne pouvait y avoir de stabilité au Sahel sans stabilité au Mali.  Il a souligné l’engagement de l’Union européenne dans ce pays aux côtés des Nations Unies, utilisant tous les instruments financiers et techniques.  Le représentant a par ailleurs salué la création du G-5 Sahel qui démontre la volonté ferme de ces pays d’affronter conjointement et de façon coordonnée les nombreux défis transfrontaliers dans les domaines de la sécurité et du développement, a-t-il indiqué, précisant qu’une nouvelle rencontre entre la Haute-Représentante et les Ministres des affaires étrangères des pays du G-5 Sahel était prévue le 17 juin à Bruxelles ».  En conclusion, M. Losada a estimé que les défis au Sahel ne pourraient être vraiment relevés que dans un cadre de gouvernance démocratique et des droits de l’homme.     

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Procureure de la Cour pénale internationale informe le Conseil de sécurité de la suite donnée aux affaires relatives à la situation en Libye

7698e séance – matin     
CS/12377

La Procureure de la Cour pénale internationale informe le Conseil de sécurité de la suite donnée aux affaires relatives à la situation en Libye

Le Conseil de sécurité a entendu ce matin un nouvel exposé de la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Mme Fatou Bensouda, sur les activités menées par la Cour dans le cadre des affaires relatives à la situation en Libye.

Depuis la résolution 1970 (2011), par laquelle le Conseil de sécurité a déféré au Procureur de la CPI la situation en Libye, le Bureau du Procureur a présenté au Conseil 10 rapports semestriels sur la question. 

Mme Bensouda a dit espérer que la formation d’un Gouvernement d’entente nationale, suite à l’Accord du 17 décembre 2015 conclu sous l’égide des Nations Unies, « marque le début de la fin d’une longue période de bouleversements et de conflits en Libye ».  Elle a encouragé le Gouvernement à élaborer en priorité des plans et des stratégies afin de lutter contre les crimes graves et d’investir dans les institutions nationales nécessaires pour réaliser cet objectif. 

Les enquêtes menées par le Bureau du Procureur ont progressé, à rythme cependant plus lent, du fait de ressources insuffisantes et de l’instabilité dans le pays, a expliqué Mme Bensouda, en faisant le point sur l’évolution de la situation. 

Faisant écho aux préoccupations des membres du Conseil, la Procureure a rappelé que la Libye avait pour responsabilité de remettre sans plus tarder M. Saif Al-Islam Qadhafi à la CPI.  Le Bureau a demandé à la Chambre préliminaire d’enjoindre ce pays à agir en ce sens.  Mme Bensouda a rappelé que la Libye avait affirmé à la Cour que « M. Qadhafi restait toujours détenu à Zintan et qu’il n’était actuellement pas à la disposition de l’État libyen ».  D’après la Procureure, il incombe au Conseil de sécurité de s’assurer que la Libye se conforme à ses obligations. 

Par ailleurs, a-t-elle poursuivi, la CPI continue ses enquêtes au sujet de représentants officiels liés à l’ancien dirigeant M. Mouammar Qadhafi, de même que sur les allégations faisant état d’actes de torture, et elle envisage la possibilité d’étendre ses enquêtes aux crimes commis par Daech, Ansar Al-Charia et d’autres milices actives en Libye.  Toutefois, a-t-elle prévenu, le Bureau ne peut s’atteler efficacement à cette tâche s’il ne dispose pas des ressources nécessaires.

Mme Bensouda a également rappelé que la Chambre préliminaire I avait conclu à l’irrecevabilité de l’affaire portée contre M. Abdullah Al-Senussi et a demandé au Gouvernement libyen de s’assurer que les normes les plus élevés en matière d’enquêtes et de poursuites judiciaires sont respectées.  En outre, elle a indiqué qu’elle continuait à suivre de près les allégations faisant état d’actes de torture à la prison Al Hadba. 

Mme Bensouda a également exprimé sa préoccupation face aux informations relatives aux meurtres de civils, notamment les exécutions menées par Daech, et les morts qui résultent du conflit entre l’Armée nationale libyenne et l’Aube libyenne.  De plus, a-t-elle noté, la voie migratoire méditerranéenne depuis la Libye vers l’Europe reste une option de choix pour les réfugiés et les migrants, tandis que la détention de milliers de migrants représente une source de financement pour de nombreuses milices en Libye.  Elle a souhaité que la communauté internationale se penche sur ceux qui tirent profit de la traite des êtres humains.

Enfin, a assuré Mme Bensouda, la CPI continue ses enquêtes au sujet de représentants officiels liés à l’ancien dirigeant M. Mouammar Qadhafi et envisage la possibilité d’étendre ses enquêtes aux crimes commis par Daech, Ansar Al-Charia et d’autres milices actives en Libye.  Toutefois, a-t-elle prévenu, le Bureau ne peut s’atteler efficacement à cette tâche s’il ne dispose pas des ressources nécessaires.  Elle a aussi tenu à saluer le travail important accompli par la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL).

La situation en Libye requiert la collaboration de tous les acteurs pertinents aux niveaux national, régional et international, a souligné la Procureure.  « Le succès en Libye dépendra de la détermination collective et de la volonté de tous les acteurs clefs pour traduire les auteurs de violations en justice et dissuader de futurs criminels », a-t-elle conclu.

Au cours du débat qui en a suivi, le représentant de la France a appelé la communauté internationale à continuer d’apporter son soutien au Conseil présidentiel et au Gouvernement d’entente nationale libyen.  Il a assuré que son pays et ses partenaires se tenaient prêts à appuyer les efforts des autorités libyennes pour construire des institutions solides garantes de l’état de droit.  « Nous devons également encourager le gouvernement de M. Fayyez Sarraj à apporter toute son assistance à la CPI, comme l’y invite la résolution 2259 », a-t-il dit, affirmant que la coopération de la Libye avec la CPI était cruciale pour mettre un terme à une longue période d’impunité en Libye.

« Nous allons appuyer des sanctions ciblées contre ceux qui participeraient à des activités mettant à mal la paix et la stabilité du pays », a affirmé pour sa part la représentante des États-Unis, préoccupée par les exactions de Daech.  Elle s’est aussi dite favorable à la prise de décisions concernant les crimes commis pendant les derniers jours du régime de Qadhafi.  De son côté, son homologue du Royaume-Uni a estimé que les violations graves des droits de l’homme commises en Libye par les parties au conflit pouvaient s’apparenter à des « crimes de guerre ».

Le représentant de la Fédération de Russie a déploré la poursuite des activités criminelles en Libye, notant que l’intervention militaire étrangère en Libye en 2011 avait eu des effets néfastes qui perdurent.  « Ce onzième rapport de la CPI sur la Libye ne contient rien de nouveau », a-t-il estimé; il n’y figure, à son avis, aucune nouvelle mesure qu’aurait prise le Bureau du Procureur.  Contrairement à l’opinion exprimée par ses pairs, notamment le représentant du Japon, il n’a pas vu le bien-fondé du dialogue entre la Procureure et le Conseil de sécurité.

LA SITUATION EN LIBYE

Déclarations

La Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Mme FATOU BENSOUDA, a présenté au Conseil de sécurité le onzième rapport semestriel de son Bureau sur l’évolution de la situation en Libye.

Mme Bensouda a pris acte de la formation d’un Gouvernement d’entente nationale suite à l’Accord du 17 décembre 2015 conclu sous l’égide des Nations Unies.  Elle a dit espérer que ce développement récent marquerait « le début de la fin d’une longue période de bouleversements et de conflits en Libye ».

Elle a encouragé le Gouvernement à élaborer en priorité des plans et des stratégies afin de lutter contre les crimes graves et d’investir dans les institutions nationales nécessaires pour réaliser cet objectif.  La justice et la responsabilisation doivent servir de base à la paix et à la stabilité en Libye et permettre aux victimes d’avoir des recours, a-t-elle indiqué.  

Les enquêtes menées par le Bureau du Procureur ont progressé, à rythme cependant plus lent, du fait de ressources insuffisantes et de l’instabilité dans le pays, a poursuivi Mme Bensouda.  Son équipe « modeste » a néanmoins été en mesure de suivre des pistes et de réunir des éléments de preuve.  Malgré les nombreuses difficultés rencontrées, le Bureau continuera à se concentrer sur l’accomplissement de son mandat, a-t-elle assuré.

La situation en Libye nécessite la collaboration de tous les acteurs pertinents aux niveaux national, régional et international, a souligné la Procureure.  « Le succès en Libye dépendra de la détermination collective et de la volonté de tous les acteurs clés pour traduire les auteurs de violations en justice et dissuader de futurs criminels », a-t-elle ajouté.

Évoquant les menaces posées par Daech et d’autres groupes affiliés à Al-Qaida, la situation humanitaire précaire, la migration de masse, la criminalité transnationale organisée et la propagation du terrorisme en Libye et dans la région, Mme Bensouda a appelé toutes les forces œuvrant dans ce pays à contacter son Bureau et à renforcer le réseau existant d’agences de maintien de l’ordre.

La communauté internationale a déjà beaucoup investi pour rétablir la sécurité dans le pays, a affirmé la Procureure.  « Ceux qui financent et encouragent le crime doivent comprendre clairement qu’ils devront répondre de leurs actes », a-t-elle mis en garde.

Par ailleurs, Mme Bensouda a rappelé que la Libye avait pour responsabilité de remettre sans plus tarder M. Saif Al-Islam Qadhafi à la CPI.  Le Bureau a demandé à la Chambre préliminaire I d’enjoindre ce pays à agir en ce sens, a-t-elle dit, soulignant que la Libye avait affirmé à la Cour que « M. Qadhafi restait toujours détenu à Zintan et qu’il n’était actuellement pas à la disposition de l’État libyen ».  D’après la Procureure, il incombe au Conseil de sécurité de s’assurer que la Libye se conforme à ses obligations.  

Par ailleurs, Mme Bensouda a rappelé que la Chambre préliminaire I avait conclu à l’irrecevabilité de l’affaire portée contre M. Abdullah Al-Senussi et avait demandé au Gouvernement libyen de s’assurer que les normes les plus élevés en matière d’enquêtes et de poursuites judiciaires sont respectées.  En outre, elle a indiqué qu’elle continuait à suivre de près les allégations faisant état d’actes de torture à la prison Al Hadba. 

Mme Bensouda reste préoccupée par les informations relatives aux meurtres de civils, notamment les exécutions menées par Daech, et les morts qui résultent du conflit entre l’Armée nationale libyenne et l’Aube libyenne.  De plus, a-t-elle noté, la voie migratoire méditerranéenne depuis la Libye vers l’Europe reste une option de choix pour les réfugiés et les migrants, tandis que la détention de milliers de migrants représente une source de financement pour de nombreuses milices en Libye.  Elle a souhaité que la communauté internationale se penche sur ceux qui tirent profit de la traite des êtres humains.

Enfin, la CPI continue ses enquêtes au sujet de représentants officiels liés à l’ancien chef de l’État libyen Mouammar Qadhafi et envisage la possibilité d’étendre ses enquêtes aux crimes commis par Daech, Ansar Al-Charia et d’autres milices actives en Libye.  Toutefois, a rappelé la Procureure, le Bureau ne peut s’atteler efficacement à cette tâche s’il ne dispose pas des ressources nécessaires.  Elle a aussi tenu à saluer le travail important accompli par la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL).

M. SHEN BO (Chine) a estimé que le rétablissement de l’autorité nationale est crucial pour le respect de l’état de droit en Libye.  Il a souhaité que le Gouvernement d’entente nationale prenne ses fonctions au plus vite à Tripoli, appelant les parties libyennes à respecter leurs engagements en rapport avec le processus politique, afin de rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a lancé un appel aux États Membres qui ne l’ont pas encore fait d’adhérer au Statut de Rome afin de protéger l’humanité des crimes les plus odieux.  Il s’est dit confiant que les nouvelles autorités libyennes rendraient justice aux victimes des crimes commis dans le pays, les invitant à coopérer avec la CPI à cet effet, notamment concernant la remise des MM. Saif al-Islam Qadhafi et Abdullah Al-Senussi à la CPI.  

M. FODÉ SECK (Sénégal) a invité les autorités libyennes à coopérer avec le Bureau du Procureur de la CPI et à rétablir les institutions judiciaires du pays.  Il a indiqué que l’idée de former un « groupe de contact international » sur les questions liées à la justice en Libye méritait l’attention et l’intérêt de la communauté internationale et souhaité que le Conseil de sécurité établisse un mécanisme permettant d’évaluer plus efficacement le suivi des situations qu’il défère à la CPI.  Il a également invité les États à consacrer plus de ressources au financement des enquêtes du Bureau du Procureur de la CPI.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) s’est félicitée des développements très positifs qui ont eu lieu depuis le dernier exposé du Procureur sur la situation en Libye et, notamment, de la constitution d’un conseil présidentiel.  L’unité derrière le Gouvernement d’entente nationale représente, selon elle, la seule voie pour mettre fin aux agissements de Daech et d’autres terroristes.  Consciente des abus commis contre les civils, dont des violences sexuelles, et du contexte hostile à ceux qui essaient de mener des enquêtes, la représentante a condamné les atteintes commises par les groupes terroristes.

« Nous allons appuyer des sanctions ciblées contre ceux qui participeraient à des activités mettant à mal la paix et la stabilité du pays », a-t-elle affirmé.  Le Gouvernement d’entente nationale doit rétablir la confiance dans l’état de droit et une culture de responsabilisation.  Les États-Unis, a ajouté la représentante, seraient favorables à la prise de décisions concernant les crimes commis pendant les derniers jours du régime Qadhafi.  À ce sujet, elle a souhaité que le Gouvernement assure la remise à la Cour pénale internationale (CPI) de M. Saif Al-Islam Qadhafi.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) s’est dit encouragé par les efforts déployés par les membres du Conseil présidentiel libyen pour faciliter l’inclusion et le dialogue avec ses partenaires et les communautés locales.  Malgré l’instabilité et l’insécurité qui règnent dans le pays, il a salué les efforts des autorités libyennes pour respecter les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, y compris le fait de collaborer avec le Bureau du Procureur de la CPI.

Le représentant a toutefois exprimé sa préoccupation face au niveau inacceptable de violences, souvent perpétrées par Daech, et la situation précaire des migrants et des réfugiés.  Il a appuyé pleinement l’assistance de la communauté internationale à la Libye.   

Mme HELEN MULVEIN (Royaume-Uni) a déclaré que son pays reste préoccupé par des allégations de violations graves des droits de l’homme commises en Libye par les parties en conflit, estimant que ces violations pouvaient s’apparenter à des crimes de guerre.  Le Royaume-Uni est également préoccupé du fait que le Bureau du Procureur ne peut mener d’enquêtes dans le pays en raison de la situation sécuritaire.  La représentante a encouragé les autorités libyennes et la communauté internationale à soutenir le travail de la CPI en Libye, souhaitant que les crimes de Daech en Libye fassent l’objet d’enquêtes de la CPI.  La déléguée a par ailleurs invité les autorités libyennes à transférer MM. Saif Al-Islam Qadhafi et Abdullah Al-Senussi à la CPI, qui, selon certaines informations, auraient subi des tortures en détention.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déploré la poursuite des activités criminelles en Libye, notant que l’intervention militaire étrangère en Libye en 2011 a eu des effets néfastes qui perdurent.  « Ce onzième rapport de la CPI sur la Libye ne contient rien de nouveau », a-t-il affirmé; il n’y figure, à son avis, aucune nouvelle mesure qu’aurait prise le Bureau du Procureur et on ne voit pas bien le bien-fondé du dialogue entre la Procureure et le Conseil de sécurité.  Il a rappelé que, depuis 2011, la CPI a entamé des enquêtes en Libye, « dans la hâte et sans des vérifications élémentaires » rappelant par ailleurs qu’aucune initiative n’avait été prise concernant les crimes commis par des groupes de rebelles et autres forces opposés aux autorités libyennes de l’ancien régime.  Par ailleurs, qu’en est-il des victimes civiles des tirs de l’OTAN? s’est-t-il demandé.  En conclusion, il a affirmé que le manque évident des ressources de la CPI en Libye et le peu de progrès accomplis à ce jour en matière de sécurité risquaient de faire réfléchir ceux qui à l’avenir seraient tentés à saisir la Cour internationale de Justice.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a regretté que Daech et d’autres groupes extrémistes violents exploitent l’instabilité de la situation en Libye, ce qui constitue « une menace sans précédent » pour la région.  Le Gouvernement libyen, a-t-il fait remarquer, a « des difficultés quant à sa légitimité et pour accroître son contrôle au-delà de Tripoli ».  Ce n’est qu’avec une stabilité institutionnelle et la paix que la collaboration de la Libye avec la CPI pourra porter ses fruits, a-t-il estimé.

Le représentant a salué la direction libyenne, qui est la première responsable de l’avancée du processus politique de façon inclusive.  D’après lui, la question la plus brûlante est celle de la lutte contre le terrorisme et les groupes armés qui commettent des exactions contre les civils.  Il a reconnu que le contexte sociopolitique en Libye n’était pas favorable à la conduite d’enquêtes.  Ainsi le rapport présenté par la Procureure démontre-t-il que les conditions en Libye ne permettent pas des procès justes.

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a vivement condamné les bombardements d’hôpitaux, les meurtres de civils, les attaques dirigées contre des responsables gouvernementaux et des juges, le pillage de propriété, ainsi que les pratiques utilisées en détention contre certains ressortissants internationaux par des groupes armés en Libye. 

Le représentant a exhorté le Gouvernement d’entente nationale à coopérer pleinement avec la CPI, et, en particulier, à se saisir de la question du transfert de M. Saif Al-Islam Qadhafi à la Cour.

M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a estimé que c’est en rétablissant l’autorité du Gouvernement libyen et en renforçant les institutions étatiques essentielles qu’il serait possible de faire des progrès dans le rétablissement de l’état de droit en Libye, protéger les droits de l’homme fondamentaux et rendre justice pour des violations passées.  Il a noté que la situation sécuritaire dans le pays rend impossible toute enquête de la Cour pénale internationale (CPI), relevant par exemple que M. Saif Al-Islam Qadhafi est détenu dans une zone décrite comme inaccessible à l’État libyen.

Il a en outre souligné que la CPI ne saurait être la panacée à toutes les questions de responsabilisation en Libye, comme l’a relevé la Procureure dans son rapport, estimant que la Cour doit être saisie en dernier ressort, et non prendre la place des juridictions nationales.  Il a estimé que la solution de long terme serait de renforcer les capacités nationales libyennes afin de faire respecter l’état de droit dans le pays.  Si le Conseil de sécurité crée un surplus de travail à la CPI, l’ONU ne peut pas simplement se dédouaner des implications financières que cette situation créerait, a-t-il affirmé en conclusion.

M. ALBERTO PABLO DE LA CALLE GARCÍA (Espagne) a dit espérer que le Gouvernement d’entente nationale libyen s’engagerait à remettre MM. Saif Al-Islam Qadhafi et Abdullah Al-Senussi à la CPI.  Il a souligné que le travail de la CPI n’est pas facile en Libye, notamment dans un contexte de restrictions budgétaires et du soutien insuffisant des États parties au Statut de Rome et de l’ONU à son fonctionnement.  Le représentant a par ailleurs indiqué que l’impunité ne devrait pas être tolérée face aux actes de Daech en Libye et exprimé le souhait que les allégations de tortures contre MM. Saif Al-Islam Qadhafi et Abdullah Al-Senussi fassent l’objet d’enquêtes approfondies de la CPI.  Il a estimé que le rétablissement d’un système judiciaire crédible était crucial pour rétablir l’état de droit en Libye et indiqué qu’une véritable réconciliation ne pourrait avoir lieu que si des réparations sont versées aux victimes du conflit dans le pays.

M. TANGUY STEHELIN (France) a appelé la communauté internationale à continuer d’apporter son soutien au Conseil présidentiel et au Gouvernement d’entente nationale dans la lignée de la Conférence ministérielle de Vienne du 16 mai en présence de M. Fayyez Sarraj, Premier ministre de Libye.  Il a assuré que la France et ses partenaires se tenaient prêts à appuyer les efforts des autorités libyennes pour construire des institutions solides garantes de l’état de droit. Nous devons également encourager le gouvernement de M. Sarraj à apporter toute son assistance à la CPI, comme l’y invite la résolution 2259, a-t-il dit, affirmant que la coopération de la Libye avec la CPI était cruciale pour mettre un terme à une longue période d’impunité en Libye et permettre à la Cour de mener à bien le mandat qui lui a été confié par le Statut et par le Conseil. 

Par ailleurs, il a rappelé que la Cour s’est déclarée compétente pour juger M. Saif Al-Islam Qadhafi et a demandé que celui-ci lui soit remis. Il a appelé la Libye à lever tous les obstacles afin que M. Qadhafi soit remis à la Cour.  La France souhaite rappeler son attachement à l’obligation de coopération des États, telle que prévue par l’article 86 du Statut de Rome qui vise la coopération judiciaire avec la Cour dans les enquêtes et poursuites qu’elle mène pour les crimes relevant de sa compétence, a-t-il ajouté. 

Il a par ailleurs affirmé que la France partageait l’importance d’une approche intégrée sur les plans national, régional et international, faisant toute sa place au principe de complémentarité et qu’il appartenait aux États, en premier lieu, d’enquêter et de poursuivre les ressortissants de leur pays, auteurs d’actes incriminés par le Statut de Rome, commis sur leur territoire et/ou par leurs ressortissants.  « C’est cette approche qui peut faire levier sur le plan national et démultiplier le renforcement des capacités, sans lequel aucune stabilité n’est possible » a estimé M. Stehelin, avant d’ajouter qu’une approche plus intégrée des questions de justice à tous les niveaux est au cœur de la reconstruction d’un appareil judiciaire, fondement d’une stabilité durable. 

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a réaffirmé l’appui de son pays à la lutte contre l’impunité et au renforcement du système judicaire pénal international, invitant les États qui ne l’ont pas encore fait à adhérer au statut de Rome.  « Il faut maintenir l’indépendance de la CPI et ne pas pratiquer la politique du deux poids, deux mesures », a-t-il souligné. 

Face à la situation en Libye, l’on ne peut selon lui parler de l’existence d’un système judiciaire solide, le pays étant « embourbé dans un chaos profond et une violence généralisée dont les terroristes tirent profit ».  Pour sa part, a poursuivi le représentant, le Venezuela appuie les efforts entrepris pour étoffer le Gouvernement d’entente nationale et l’exhorte à renforcer sa coopération avec la CPI et, notamment, à remettre M. Saïf Al-Islam Qadhafi à la Cour.  D’après M. Ramírez Carreño, les preuves de torture contre d’anciens membres du régime Qadhali illustrent les faiblesses institutionnelles du pays. 

M. TAKESHI AKAHORI (Japon) a rappelé qu’il incombe à la Libye de coopérer pleinement avec la CPI, et qu’il s’agit là d’un « élément vital » du bon fonctionnement de la Cour.  Malgré les efforts inlassables entrepris par le Bureau du Procureur, il a regretté que trop peu de progrès aient été accomplis en Libye, comme le montre le refus de remettre M. Saif Al-Islam Qadhafi à la Cour.

Le représentant s’est également inquiété des violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme qui se poursuivent en toute impunité.  Il a salué la décision du Procureur de commencer à enquêter sur les exactions commises par Daech.  Enfin, a-t-il conclu, le Japon est favorable au renforcement des relations entre le Conseil de sécurité et la CPI. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a souhaité que MM. Saif Al-Islam Qadhafi et Abdullah Al-Senussi soient remis à la Cour pénale internationale.  Il a appelé à une aide internationale en faveur des autorités libyennes leur permettant de rendre justice aux victimes des exactions commises en Libye, estimant que les enquêtes de la CPI dans ce domaine devraient inclure également les agissements des groupes terroristes opérant dans le pays.  Il a par ailleurs appelé la communauté internationale à soutenir le travail du Bureau du Procureur de la CPI.

M. IBRAHIM O. A. DABBASHI (Libye) a affirmé que les autorités judiciaires de son pays étaient déterminées à respecter leurs engagements internationaux, malgré le contexte sécuritaire instable qui prévaut dans le pays.  Il a réaffirmé la volonté de la Libye de mener des enquêtes relatives à toutes les violations des droits de l’homme commises sur son sol, soulignant, toutefois, que pour le moment du moins, les personnels judiciaires n’étaient pas en mesure de remplir leurs fonctions convenablement du fait des mesures de sécurité insuffisantes.  Il a par ailleurs exprimé sa préoccupation face aux déclarations d’un « grand pays » qui s’est engagé à fournir des armes et un appui conséquent à toutes les milices qui feraient allégeance au Gouvernement d’entente nationale et combattraient Daech, ce qui risquerait, à son avis, de contribuer involontairement à une instabilité croissante dans le pays.    

Le représentant s’est en outre dit consterné que le Bureau du Procureur de la CPI ait contacté directement le Colonel al-‘Ajami al-Atiri, commandant du groupe qui détient M. Saif Al-Islam Qadhafi, estimant qu’une institution internationale ne pouvait pas s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays tiers, « ce militaire étant un membre de l’armée libyenne qui répond à la hiérarchie ».  « Le transfert de M. Saif Al-Islam Qadhafi relève exclusivement des prérogatives du Gouvernement libyen », a-t-il souligné, précisant que tant que le Gouvernement n’était pas en mesure d’administrer son lieu de détention, son transfert ne serait pas à l’ordre du jour.

Le délégué a par ailleurs indiqué que le personnel du Bureau du Procureur serait toujours bien accueilli en Libye pour poursuivre ses enquêtes, notamment lorsque les conditions sécuritaires le permettront.  Il ne peut y avoir de justice en Libye sans sécurité, et pas de sécurité tant que les milices restent actives, a-t-il précisé.  Il a enfin appelé la communauté internationale à aider au rétablissement de l’armée régulière libyenne suffisamment forte pour assurer la sécurité dans le pays.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité des ONG: accusée de « politisation », l’ONG américaine « Committee to Protect Journalists Inc. » privée d’un statut consultatif auprès de l’ECOSOC

Comité des Organisations non gouvernementales, Reprise de la session 2016,
23e & 24e séances - Matin & après-midi
ECOSOC/6762-ONG/832

Comité des ONG: accusée de « politisation », l’ONG américaine « Committee to Protect Journalists Inc. » privée d’un statut consultatif auprès de l’ECOSOC

Le Comité des ONG, qui a recommandé aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à 35 organisations, l’a refusé à l’Américaine « Committee to Protect Journalists, Inc. » et reporté sa décision sur 32 autres ONG, dont la Qatarie « Sheikh Eid Bin Mohammad Al Thani Charitable Association » accusée hier par le représentant syrien de soutenir le terrorisme.

C’est donc par 10 voix contre, à savoir celles de l’Afrique du Sud, l’Azerbaïdjan, le Burundi, la Chine, Cuba, la Fédération de Russie, le Nicaragua, le Pakistan, le Soudan et le Venezuela que la demande de statut consultatif spécial de l’Américaine « Committee to Protect Journalists, Inc. » a été rejetée.  L’ONG, qui promeut la liberté de la presse dans le monde et qui défend le droit des journalistes à couvrir l’actualité sans crainte de représailles », s’est vue critiquée par l’Afrique du Sud pour ne pas avoir de position claire sur l’incitation à la haine interdite en vertu de l’article 20 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. 

Cette ONG est « politisée » et « gouvernementale », a ajouté le Soudan, après que la Fédération de Russie lui eut reproché de ne condamner les violations des droits de l’homme que lorsqu’elles sont commises dans les pays qui ont des relations difficiles avec les États-Unis.  Ces derniers ont justement voté pour l’octroi du statut consultatif spécial avec la Grèce, la Guinée, Israël, la Mauritanie et l’Uruguay, tandis que l’Inde, l’Iran et la Turquie se sont abstenus. 

Le Comité est revenu sur le dossier de l’ONG qatarie « Sheikh Eid Bin Mohammad Al Thani Charitable Association », après les questions posées hier par le représentant de la Syrie qui l’accusait de servir de « bras logistique » à l’organisation terroriste Front al-Nosra.  Aujourd’hui devant le dossier d’une ONG qui « gère et investit les dons du Cheikh Eid et autres fonds en faveur des personnes vulnérables de la région », le représentant syrien a brandi une lettre envoyée aujourd’hui-même au Comité, au Secrétaire général de l’ONU et au Président du Conseil de sécurité, pour dénoncer les liens de l’ONG avec des organisations terroristes telles que Daech. 

Le plaidoyer du Soudan et du Qatar, État observateur, n’y ont rien fait: le Comité des ONG a reporté sa décision à sa prochaine session dans l’attente des réponses aux questions sur son véritable rôle dans le financement des groupes terroristes, en particulier, et en général, sur ses projets en 2016?  A-t-elle des activités au Kosovo?

Tout au long de la journée, les membres du Comité ont en effet multiplié les questions aux organisations requérantes, dont certaines revenaient régulièrement: quels sont les derniers projets entrepris par votre ONG?  Dans quels pays sont-ils menés?  Avec quels partenaires travaillez-vous?  Quelle est votre source de financement?  Certains ont également exigé la production des derniers états financiers, conduisant la représentante des États-Unis à faire que les organisations remplissent déjà cette condition lors du dépôt de leur candidature.  Des questions supplémentaires sur ces aspects ne font qu’alourdir le travail du Comité. 

Au total, ce sont 32 dossiers qui ont été reportés pour être examinés à la prochaine session du Comité.

Le Comité des ONG peut recommander trois statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le statut consultatif général est réservé aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont autorisées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l’ECOSOC.  Elles peuvent également soumettre des communications écrites et des pétitions.  La Liste va aux ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites.

Cet après-midi, le représentant de l’Afrique du Sud a demandé si les séances du Comité sont retransmises et si non, qui a enregistré des images pendant la séance, s’est-il inquiété par souci de préserver « l’intégrité du Comité ».  Son homologue américaine lui a rappelé que les séances sont publiques et pas à huis-clos.

La prochaine réunion du Comité des ONG se tiendra demain vendredi 27 mai à partir de 10 heures.

NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF ET NOUVELLES DEMANDES DE RECLASSEMENT

Octroi du statut consultatif spécial

1. The Kuki Organization For Human Rights Trust (Inde)

2. Article 36 Limited (Royaume-Uni)

3. Asian Science Park Association (République de Corée)

4. Association Internationale de la Libre Pensée (France)

5. Avocats Sans Frontières (Belgique)

6. Bancroft Global Development (États-Unis)

7. Blacksmith International (États-Unis)

8. Catholic Agency for Overseas Development (Royaume-Uni)

9. Development and Relief Foundation (États-Unis)

10. Digital Opportunity Trust (Canada)

11. Earth Island Institute Inc (États-Unis)

12. FORUT Solidaritetsaksjon for Utvikling (Norvège)

13. Fondazione GEM (Italie) 

14. Foundation for Sustainable Development (États-Unis)

15. Fountain House, Inc. (États-Unis)

16. Fundacion Vida - Grupo Ecologico Verde (Espagne)

17. Fundación BBVA para las Microfinanzas (Espagne)

18. Geneva Institute for Human Rights (GIHR) (Suisse)

19. Global Network of Civil Society Organisations for Disaster Reduction (Royaume-Uni)

20. Horn of Africa Aid and Rehabilitation Action Network (États-Unis)

21. IDEAS Centre (Suisse)

22. International Association of Independent Journalists Inc. (Canada)

23. International Center for Work and Family (Espagne)

24. International Organization for Promoting Public Diplomacy, Science, Education and Youth Cooperation “Eurasian Commonwealth” (Fédération de Russie

25. Jeunesse Canada Monde - Canada World Youth (Canada)

26. Missing Children Global Network, Inc. (États-Unis) 

27. Conselho Indigenista Missionário CIMI (Brésil)

28. Mission des sociétés d’assurances pour la connaissance et la prévention des risques naturels (France)

29. Narayan Sewa Sansthan Inc. (États-Unis)

30. National Secular Society (Royaume-Uni)

31. Oromia Support Group in Australia Inc. (Australie)

32. Profesionales por la Ética (Espagne)

33. Rural Development Institute (États-Unis)

34. Sovereign Imperial and Royal House of Ghassan Inc. (États-Unis)

35. Stichting HealthNet International - Transcultural Psychosocial Organization (Pays-Bas)

Report de la décision dans l’attente des réponses aux questions posées par le Comité

Quelle est la source de financement de Society for Environment and Development (Inde) en général et au Sri Lanka, en particulier, a demandé le représentant de l’Inde.  Quels sont les derniers projets de The Leading Association Alryada for Development Studies and Human Rights (Égypte)?  Où a-t-elle mené ces projets? a interrogé la représentante de l’Afrique du Sud.  Son homologue de Cuba a demandé à VOICE (Vietnamese Overseas Initiative for Conscience Empowerment) (Philippines), une mise à jour de ses dernières activités.

La représentante de l’Afrique du Sud a exigé de World Christian Association for Peace And Assistance Ministry International (Cameroun) qu’elle fournisse une liste de ses activités.  Celle de la Turquie a demandé à Action Sécurité Éthique Républicaines (France) d’expliquer la contribution d’Amnesty International à son rapport d’activités.  Le représentant de l’Afrique du Sud a prié l’Association Consortium pour les Aires et Territoires du Patrimoine Autochtone et Communautaire (APAC) (Suisse) de mettre à jour sa situation financière.

Quelles sont les activités d’Assyrian Aid Society of America Inc. (États-Unis) pour aider les Assyriens?  Quelle est la structure mise en place pour mener ces activités? a questionné la représentante de la Turquie.  Elle a aussi demandé à Assyrian National Congress (États-Unis) l’état financier pour l’année 2015.  La représentante des États-Unis a fait remarquer que les ONG déposent déjà leurs états financiers au moment du dépôt de leur candidature et que d’autres questions sur ces états financiers ne feraient qu’alourdir le travail du Comité.  Le représentant du Burundi a demandé au Bureau international pour le respect des droits de l’homme au Sahara Occidental (Suisse) son adresse exacte.  Quelles sont les relations entre cette ONG et l’ONG « France Libertés »?

Son homologue de l’Inde a voulu savoir de Child Soldiers International (Royaume-Uni) la liste de ses partenaires dans les travaux de recherches: le Gouvernement ou la société civile?  Comment sont diffusés les résultats de ces recherches?  Que fait l’ONG pour contrecarrer le recrutement d’enfants soldats dans le monde?  Le représentant de l’Afrique du Sud a exigé un état financier à jour et des explications sur le déficit budgétaire. 

Le même représentant a réitéré sa question posée le 24 mai dernier sur la position de Committee to Protect Journalists, Inc. (États-Unis) par rapport à l’article 20 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui stipule que « toute propagande en faveur de la guerre est interdite par la loi, et que tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence est interdit par la loi ».  La représentante des États-Unis a, après avoir défendu le principe de la liberté de la presse, demandé que l’on mette aux voix l’octroi du statut consultatif spécial à cette ONG, ce que le Président du Comité a accepté.

Avant le vote, le représentant de la Grèce a défendu le travail des ONG militant pour la protection des journalistes, y compris « Committee to Protect Journalists, Inc. »  Il a estimé que le Comité aurait dû parvenir à un consensus et a invité ses collègues à voter pour l’octroi du statut consultatif spécial.  Appuyant à son tour la liberté de la presse et d’expression, le représentant de l’Afrique du Sud a donc regretté que sa question ait été « mal interprétée ».  Il a annoncé un vote contre parce que « la position de l’ONG sur l’incitation à la haine n’est pas claire ».

Cette ONG est compliquée et son travail, complexe, a commenté le représentant de la Fédération de Russie, en adhérant au caractère universel de la liberté.  Chacun veut être libre quel que soit le pays où il vit.  Mais, a-t-il estimé, le problème est que cette ONG ne condamne les violations des droits de l’homme que lorsqu’elles sont commises dans les pays qui ont des relations difficiles avec les États-Unis.  S’il y a consensus, nous nous raillerons au consensus, a tout de même concédé le représentant. 

La protection des journalistes doit être assurée « avec objectivité », a renchéri le représentant du Pakistan qui a souligné « les limites » à la liberté d’expression.  Son homologue du Soudan a vu une ONG « politisée » et « gouvernementale » dont la demande de statut « ne mérite pas » d’être examinée par le Comité.  Il a accusé l’ONG de faire des rapports « erronés » sur la situation des journalistes dans le monde et a appelé les membres du Comité à voter contre l’octroi du statut consultatif.  

Ce statut a été rejeté par 10 voix contre, à savoir celles l’Afrique du Sud, l’Azerbaïdjan, le Burundi, la Chine, Cuba, la Fédération de Russie, le Nicaragua, le Pakistan, le Soudan et le Venezuela.  Les États-Unis, la Grèce, la Guinée, Israël, la Mauritanie et l’Uruguay ont voté pour.  L’Inde, l’Iran et la Turquie se sont abstenus. 

La représentante des États-Unis a rappelé que l’élaboration des objectifs de développement durable a été faite « en collaboration avec les membres de la société civile.  On ne peut donc parvenir à ces objectifs sans la société civile, a-t-elle insisté, en rappelant au Comité le rôle important qu’il joue pour faciliter l’accès des ONG aux Nations Unies, un accès qui est devenu plus urgent que jamais au regard des objectifs de développement durable.

La représentante de l’Afrique du Sud a demandé à Coptic Solidarity (États-Unis) si elle a, « oui ou non », des activités en Égypte.  Celle du Nicaragua s’est étonnée des états financiers d’ELIGE Red de Jóvenes por los Derechos Sexuales y Reproductivos, A.C. (Mexique) qui datent de 2012.  Mettez-les à jour, a-t-elle intimé.  Le représentant de la Chine a salué l’engagement d’Europe Business Assembly Limited (Royaume-Uni) à réviser le nom de Taiwan sur son site Internet et a dit attendre que les corrections nécessaires soient apportées.

Son homologue de l’Afrique du Sud a voulu qu’European Network on Independent living limited (Irlande) précise dans quels États africains elle travaille.  Elle a aussi exigé de Fondazione Proclade Internazionale – Onlus (Italie) qu’elle fournisse plus d’informations sur ses projets en Afrique.

L’examen de la demande de Global Institute for Water, Environment and Health (Suisse) a été reporté à cause d’une question de la représentante de la Turquie qui voulait connaître les partenaires de l’ONG, que ce soient des organisations ou des institutions. 

Le Comité est revenu sur le dossier de l’ONG qatarie « Sheikh Eid Bin Mohammad Al Thani Charitable Association », après des questions posées hier.  S’exprimant en faveur de la demande de cette ONG, le représentant du Soudan a expliqué qu’elle œuvre dans le domaine du développement en menant des projets d’éducation et médicaux.  Son travail se concentre sur les projets humanitaires, a-t-il indiqué, avant de mentionner aussi l’aide aux familles, aux veuves et aux orphelins.  Il a rappelé que la demande avait été déposée il y a quatre ans et que son examen avait été reporté après différentes questions posées par des membres du Comité.

Il faut un traitement égal pour toutes les ONG requérantes, a argué de son côté la représentante de la République islamique d’Iran en demandant des éclaircissements sur le rôle de cette organisation dans le financement d’organisations terroristes.  Elle a en outre voulu que l’ONG présente ses projets pour 2016 et lui a demandé si elle avait des activités au Kosovo.  Le représentant du Soudan a regretté que le Comité n’ait pu se prononcer sur l’octroi du statut consultatif, avant de recommander le report de l’examen à la prochaine session, une demande soutenue par le représentant de la Mauritanie.

En tant qu’observateur, leur homologue de la République arabe syrienne a fait part d’une lettre datée du 26 mai, que sa délégation a envoyée au Comité, au Secrétaire général et au Président du Conseil de sécurité.  La délégation explique dans cette lettre que les autorités compétentes syriennes ont reçu des informations selon lesquelles cette ONG paye des contributions à des organisations terroristes comme Daech et qu’elle accorde son soutien à l’éducation des jeunes wahhabites.  Cette ONG a donné des millions de dollars à Daech en lui fournissant aussi des ambulances et autres formes d’aide, a-t-il affirmé, assurant que les preuves avaient été versées à la lettre.  Le Comité des ONG doit évaluer cette organisation, a-t-il plaidé en s’interrogeant sur ses réalisations au Soudan et en Mauritanie.

Depuis sa création en 1996, cette ONG a mené des projets de développement à tous les échelons - national, régional et international, a expliqué le représentant du Qatar, en tant qu’État observateur.  Il a aussi parlé des activités de l’ONG dans le domaine de la culture et en faveur de la jeunesse.  Il a estimé que l’organisation avait auparavant répondu à toutes les questions posées et qu’il fallait lui laisser du temps pour répondre aux nouvelles questions.  Le régime syrien, de son côté, a privé les enfants d’éducation, a-t-il argué en dénonçant une longue liste de crimes commis par ce régime.  Il a déploré que celui-ci, qui pratique le terrorisme et met en danger la région, livre des informations erronées au Comité.  La représentante de la Turquie a voulu répondre aux allégations de la délégation qatarie en dénonçant la politisation du Comité de manière générale.

Reprenant la parole, le représentant de la République arabe syrienne a estimé que la délégation du Qatar tentait de politiser les travaux du Comité.  Il a rappelé que c’est bien le régime syrien qui avait introduit les manuels scolaires au Qatar et envoyé ses experts, ses médecins et ingénieurs pour bâtir le Qatar d’aujourd’hui.  Nous sommes toujours du côté du peuple du Qatar et espérons que le Tout Puissant aussi, a-t-il assuré.  Le représentant du Qatar n’a pas voulu répondre, disant simplement que « nous sommes des diplomates dans l’enceinte des Nations Unies ».

Autre dossier reporté: la demande de Global Network of Sex Work Projects Limited (Royaume-Uni) après une question de la représentante du Nicaragua qui voulait connaitre ses projets en Amérique latine.  Pour Institute for Multi-track Diplomacy (États-Unis), c’est la délégation de la Chine qui a posé une question sur les états financiers pour 2013, 2014 et 2015.  Puis le représentant du Soudan a demandé la liste des organisations membres d’International Association for Hospice and Palliative Care, Inc. (États-Unis) qui sont basées au Moyen-Orient.

La représentante de la Chine a voulu obtenir d’International Gulf Organization FZ-LLC (Suisse) des détails sur sa participation à une conférence du Conseil des droits de l’homme à Genève.  Elle a aussi voulu connaitre les activités menées par James Madison University (États-Unis) au cours des trois dernières années dans la région Asie-Pacifique.  Le représentant de l’Afrique du Sud s’est demandé si une ONG qui traite du désarmement nucléaire ou d’engins explosifs relève du mandat de l’ECOSOC.  Il a aussi demandé à Karlen Communications (Canada) pourquoi elle demandait le statut consultatif alors qu’elle est une entreprise, comme elle l’a reconnu dans sa réponse à une question posée en janvier.  À Let’s Breakthrough, Inc. (États-Unis), la représentante du Nicaragua a demandé des informations sur sa situation financière, en particulier sur ses recettes obtenues grâce à des manifestations, ainsi que sur les jeux qu’elle organise.

La représentante de la Chine a demandé à Mouvement de la Paix (France) de décrire les efforts qu’elle a faits pour la réduction des budgets militaires.  Quelles sont les sources de financement de Muslim Aid (Royaume-Uni), a demandé son homologue des États-Unis.  Le représentant d’Israël a exigé de Parents and Friends of Ex-Gays and Gays, Inc. (P-FOX) (États-Unis) des exemples concrets des activités menées ces dernières années en termes d’éducation, de liberté et de droit sexuel.  Le représentant de la Fédération de Russie a fait remarquer que cette ONG est inscrite dans la Liste depuis quatre ans. 

La représentante du Nicaragua a demandé à Population Matters (Royaume-Uni) ses projets pour réaliser le développement durable.  Elle a exigé de Stichting Samenwerkingsverband IKV- Pax Christi (Pays-Bas) la liste de ses projets récents.  Le représentant des Pays-Bas, État observateur, a dit que le Comité devrait entendre et faire entendre la voix des ONG dont les activités relèvent des travaux du Conseil économique et social.  Cette ONG souscrit aux principes des Nations Unies et au mandat de l’ECOSOC, a-t-il plaidé, avant de demander au Comité de lui octroyer le statut consultatif spécial.  La représentante de Venezuela a voulu savoir si Stichting War Child (Pays-Bas) a pu mener à bien ses projets en Colombie.  Cette ONG protège les droits des enfants victimes des conflits armés, a dit le représentant des Pays-Bas qui a, ici aussi, demandé au Comité de lui accorder le statut consultatif spécial.

La représentante de l’Afrique du Sud a demandé au Comité de n’examiner le dossier de Strong Hearted Native Women’s Coalition, Inc. (États-Unis) que lorsqu’elle aura rétabli son système informatique et fournit ses états financiers.

Dialogue avec les ONG

L’ONG Conselho Indigenista Missionário CIMI (Brésil) qui a été fondée en 1972, travaille auprès des peuples autochtones du Brésil avec ses 350 membres.  L’ONG milite notamment pour l’exercice du droit à l’autodétermination des peuples autochtones et une éducation différentiée.  Son budget est assuré, entre autres, par les Ambassades de la Norvège et les Pays-Bas et la liste des autres ONG qui l’appuient financièrement, se trouve dans le dossier dont est saisi le Comité.  La correction du nom de Taïwan a été faite sur le site Internet.  Après ses éclaircissements, l’ONG a reçu son statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC.

L’ONG Ambedkar Center for Justice and Peace (Inde) milite pour que les « intouchables » indiens puissent exercer leurs droits socioéconomiques « sans effusion de sang ».  Les « intouchables » sont au nombre de 300 millions dans le pays et l’ONG travaille en leur faveur avec d’autres organisations locales et internationales ainsi qu’avec des organismes internationaux.  Le représentant de l’Inde a précisé qu’aux yeux du Gouvernement, il n’y a que « des citoyens » en Inde.  Il n’y a ni intouchables ni peuples autochtones.  « Pourquoi parlez-vous de peuples autochtones », a-t-il demandé, en exigeant une réponse écrite.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité entend un exposé du Coordonnateur pour le processus de paix au Moyen-Orient qui évoque « le spectre de la violence » à Gaza

7697e séance – après-midi 
CS/12376

Le Conseil de sécurité entend un exposé du Coordonnateur pour le processus de paix au Moyen-Orient qui évoque « le spectre de la violence » à Gaza

Le Conseil de sécurité a entendu, cet après-midi, un exposé du Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient et Représentant personnel du Secrétaire général de l’ONU, M. Nickolay Mladenov, par vidéoconférence depuis Jérusalem, sur la dégradation de la situation dans les territoires palestiniens occupés.

Dans quelques jours, a-t-il indiqué, un certain nombre de pays se réuniront à Paris avec le Secrétaire général pour réaffirmer leur engagement envers une solution négociée à deux États et discuter de l’appui à apporter aux deux parties pour atteindre cet objectif.  Tous ces efforts ne peuvent toutefois pas être séparés de la « sombre réalité » sur le terrain, a-t-il prévenu.

Les actes de terreur ne peuvent jamais, en aucun cas, être justifiés, a-t-il réaffirmé.  Le début du mois de mai a vu l’escalade de violence la plus importante depuis le conflit de 2014, évoquant les incidents survenus ces dernières semaines qui soulignent la fragilité de la situation sur le terrain et menacent le cessez-le-feu à Gaza.

M. Mladenov a noté que le Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens s’était réuni à Bruxelles le 19 avril et avait exprimé sa préoccupation face aux conséquences néfastes de l’impasse politique actuelle.

Alors que les Palestiniens sont confrontés à des défis financiers et institutionnels croissants, les développements négatifs continuent en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est.  Les pourparlers entre responsables israéliens et palestiniens sur les accords de sécurité dans la Zone A sont dans l’impasse.  Le Représentant s’est toutefois félicité de l’annonce selon laquelle les autorités israéliennes devraient autoriser un accès plus large aux postes de contrôle en Cisjordanie.

Il a également constaté la poursuite de la destruction des structures palestiniennes en Cisjordanie.  Au moins 900 personnes ont été déplacées et les moyens de subsistance de près de 2 500 personnes ont été affectés.

À Gaza, la situation reste désespérée et volatile.  « La communauté internationale a la responsabilité de ne pas faillir aux Palestiniens à Gaza, de les aider à surmonter les traumatismes physiques et émotionnels de la guerre et à reconstruire leur ville et, au final, faire en sorte que Gaza et la Cisjordanie soient réunies », a-t-il estimé.

La reconstruction est « une bouée de sauvetage » pour le peuple de Gaza, mais la crise chronique en énergie et en eau doit être résolue sans tarder, a poursuivi M. Mladenov, selon lequel les Palestiniens de Gaza sont de plus en plus désespérés; ils voient leurs perspectives de vivre normalement bloquées par l’accroissement de l’arsenal militaire du Hamas, les mesures sécuritaires d’Israël, le manque d’unité palestinienne et le fait que les donateurs n’aient pas honoré toutes leurs obligations en termes d’aide.

Évoquant le spectre de la violence qui plane sur le territoire, M. Mladenov a affirmé que la question n’était pas de savoir « si » une autre escalade allait avoir lieu, mais plutôt « quand ».

Par ailleurs, il a encouragé l’Égypte à faciliter des ouvertures plus fréquentes au passage de Rafah, surtout à des fins humanitaires.

Une autre évolution préoccupante, selon lui, est l’annonce par le Hamas de son intention de procéder à plusieurs exécutions publiques, sans l’aval du Président palestinien.  Invoquant le droit international, le Coordonnateur spécial a demandé au Hamas de ne pas procéder à ces exécutions et appelé le Président Abbas à établir un moratoire sur la peine de mort.

D’après une étude récente conduite par l’Université de Tel Aviv, près de 60% de la population juive et plus de 70% des Palestiniens sont en faveur de négociations de paix, a relevé M. Mladenov.  La volonté d’avancer vers la paix existe bien mais, malheureusement, il y a « une absence manifeste de volonté politique et d’un leadership audacieux ».  Selon lui, l’impasse qui se prolonge risque de saper tout espoir de trouver une solution.

Par ailleurs, s’agissant du Liban, il a rappelé que le Secrétaire général et le Conseil de sécurité avaient réitéré leur appel aux parties politiques libanaises pour qu’elles préparent des élections municipales et élisent un président de la République.

Enfin, le Coordonnateur spécial s’est félicité de l’annonce par le Président égyptien Abdel Fattah Al Sisi selon laquelle son pays était disposé à assurer la médiation entre les factions palestiniennes afin d’ouvrir la voie à un accord de paix durable avec Israël.  

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deux membres du Conseil de sécurité présentent à leurs collègues les conclusions de la mission effectuée dans la corne de l’Afrique

7696e séance – matin  
CS/12374

Deux membres du Conseil de sécurité présentent à leurs collègues les conclusions de la mission effectuée dans la corne de l’Afrique

Le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, le compte-rendu des représentants du Royaume-Uni et de l’Égypte à l’issue de la mission qu’ils ont dirigée dans la corne de l’Afrique, notamment en Somalie, au Kenya et en Égypte, du 17 au 22 mai 2016.

Le représentant du Royaume-Uni, M. Matthew Rycroft, a centré sa présentation sur la visite en Somalie, affirmant qu’elle avait permis au Conseil de réaffirmer son soutien au peuple somalien qui a tant besoin de vivre dans la paix.

Il a souligné que le pays se trouvait dans une impasse politique à l’arrivée de la mission: en effet, le projet de processus électoral proposé par le Président du pays, M. Hassan Cheikh Mohamoud, venait d’être rejeté par le Parlement.  Toutefois, après des entretiens avec les membres de la mission du Conseil, le Président a fait promulguer cette loi le 22 mai en contournant le Parlement, comme il en est autorisé, ouvrant ainsi la voie à la tenue d’élections et, partant, à la perspective d’un renouvellement de la vie politique dans le pays.  Ce qui a incité le représentant britannique à affirmer que les visites des membres du Conseil de sécurité permettaient parfois de débloquer des crises politiques sur le terrain.

Le représentant a néanmoins déploré que, malgré des avancées notables, la situation sécuritaire en Somalie demeure inquiétante, saluant au passage les efforts consentis dans ce domaine par les troupes de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et des forces de l’ordre somaliennes.  Toutefois, a-t-il précisé, des efforts supplémentaires étaient indispensables pour améliorer l’efficacité du dispositif de sécurité sur place, celui-ci souffrant d’un manque de coordination évident, au niveau national comme international.

Les membres de la mission du Conseil se sont également entretenus en Somalie avec des membres de la société civile, notamment des groupes de femmes, qui ont demandé que les autorités nationales respectent leur engagement de réserver 30% au moins des postes gouvernementaux et de sièges à la Chambre basse du Parlement national aux femmes.

S’exprimant pour sa part en sa capacité nationale, le représentant de l’Égypte, M. Amr Abdellatif Aboulatta, a affirmé que cette visite à Mogadiscio avait permis de rappeler aux parties somaliennes qu’il était indispensable d’œuvrer ensemble pour la réconciliation et le retour de la paix. 

Évoquant la visite au Kenya et les discussions avec les principaux responsables politiques de ce pays, notamment le Président Uhuru Kenyatta, le représentant égyptien a affirmé que la mission avait pu mieux appréhendé ce qu’il restait à faire pour assurer une meilleure prise en charge des réfugiés somaliens au Kenya et dans d’autres pays de la région.  Au cours des entretiens, a-t-il indiqué, le Président du Kenya a par ailleurs abordé la question de la discrimination salariale des troupes de l’AMISOM, ces derniers recevant des soldes moins importantes que celles des autres soldats de la paix de l’ONU.  Les membres du Gouvernement kényan ont également attiré l’attention du Conseil sur les conséquences socioéconomiques de la présence de réfugiés somaliens sur leur sol, affirmant que ces derniers seraient parfois impliqués dans des activités terroristes.  Les entretiens ont aussi porté sur les rapports faisant état de la reprise des enrôlements d’enfants par le Mouvement des Chabab.

Au Caire, en Égypte, dernière étape de la visite de la mission du Conseil de sécurité, la délégation a rencontré, lors d’une réunion conjointe, le Ministre égyptien des affaires étrangères ainsi que des Ministres de la Ligue des États arabes.

Les parties ont évoqué à cette occasion les conflits au Moyen-Orient, soulignant la nécessité d’apporter un soutien humanitaire aux Palestiniens, de parvenir à un accord politique entre Palestiniens et Israéliens, et de réaffirmer l’importance d’arriver à la solution de deux États installés sur les frontières de 1967.

Le représentant de l’Égypte a par ailleurs indiqué que les discussions ont également porté sur l’appui à apporter aux autorités libyennes dans leur lutte contre Daech, et dans l’optique de l’unité du pays.  Les entrevues ont par ailleurs porté sur la question des réfugiés se rendant en Europe, les membres de la Ligue des États arabes se disant inquiets de la montée de l’islamophobie sur le Vieux Continent.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité lève les dernières sanctions contre le Libéria

7695e séance – matin
CS/12373

Le Conseil de sécurité lève les dernières sanctions contre le Libéria

Le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité ce matin la résolution 2288 (2016) par laquelle il décide de mettre fin, avec effet immédiat, aux dernières sanctions contre le Libéria, à savoir les mesures concernant les armes, imposées en 2003.

Saluant les progrès constants que le Gouvernement libérien fait dans la reconstruction du pays, le Conseil de sécurité décide également de dissoudre le Comité des sanctions créé en application de la résolution 1521 (2003).

Parrain de la résolution, le représentant des États-Unis a rappelé le chemin parcouru par le Libéria depuis l’imposition des sanctions en 2003.  « Ces sanctions novatrices ont considérablement contribué à la paix et à la sécurité du pays », a-t-il affirmé, précisant que le Conseil de sécurité avait adapté les sanctions en fonction de l’évolution de la situation dans le pays. Les progrès accomplis par le Libéria, 13 ans après la fin de la guerre civile, ont incité le Conseil à considérer que les critères pour la levée des sanctions étaient remplis.  

Le représentant américain a déclaré avoir tiré quatre enseignements de cette expérience: le Conseil doit être « courageux et créatif » dans l’application de sanctions, et notamment considérer les sources de financement non traditionnelles des conflits; le suivi efficace des sanctions est impératif; la collaboration des partenaires internationaux est indispensable et l’imposition de sanctions, même les plus longues, prend fin.

« Les sanctions ciblées dans le contexte du Libéria ont été très constructives » a affirmé pour sa part le représentant du Libéria.  À son avis, le régime des sanctions a contribué, dans une large mesure, à stabiliser le pays et à encourager une reprise économique après le conflit.  Les sanctions ont visé certaines ressources naturelles, dont le bois et les diamants, imposé des restrictions à l’importation d’armes et de fonds, et ciblé des individus susceptibles de constituer une menace à la paix et à la stabilité du Libéria.  

Le Libéria, a assuré son représentant, « a joué son rôle », coopérant avec le Conseil de sécurité pendant toutes ces années. Répondant aux préoccupations exprimées notamment par ses homologues du Japon et de l’Ukraine, il a annoncé que la Chambre des représentants de son pays s’était ralliée au Sénat pour adopter, il y a quelques jours, la loi de 2015 relative au contrôle des armes à feu et des munitions.

« Le Libéria est à la croisée des chemins », a conclu le représentant, en évoquant la transition prochaine de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) aux institutions nationales de sécurité. 

Par ailleurs, le représentant du Japon a fait remarquer que le Libéria avait surmonté non seulement la menace du conflit, mais aussi la crise de l’Ebola, qui avaient entravé le processus de consolidation de la paix.

Se félicitant des efforts déployés pour sauvegarder la paix et la sécurité au Libéria, le représentant de la Chine a exprimé l’espoir que la communauté internationale « respecterait la souveraineté du pays et lui fournirait l’assistance nécessaire pour la reconstruction économique ».

Le Conseil de sécurité était saisi du rapport final du Groupe d’experts sur le Libéria créé en application de la résolution 1521 (2003)* qui souligne l’importance de l’adoption d’un cadre législatif dans le secteur de la sécurité.  Les experts rappellent notamment que l’Afrique de l’Ouest a été la cible de trois attentats terroristes meurtriers, à Bamako (Mali) en novembre 2015, à Ouagadougou (Burkina Faso) en janvier 2016, et à Grand-Bassam (Côte d’Ivoire) en mars 2016.

LA SITUATION AU LIBÉRIA

Lettre datée du 15 avril 2016, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Groupe d’experts sur le Libéria créé en application de la résolution 1521 (2003) (S/2016/348)

Texte du projet de résolution (S/2016/472)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions antérieures et les déclarations de son président concernant la situation au Libéria,

Saluant les progrès constants que le Gouvernement libérien fait dans la reconstruction du Libéria, pour le bien de tous les Libériens,

Se félicitant des travaux du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1521 (2003) concernant le Libéria  (« le Comité ») et exprimant sa gratitude au Groupe d’experts créé en application du paragraphe 22 de la résolution 1521 (2003),

 Ayant examiné le rapport du Groupe d’experts sur le Libéria (S/2016/348) et prenant note de l’exposé du Président du Comité en date du 13 mai 2016, 

Prenant note également de la lettre du Secrétaire général en date du 31 juillet 2015 (S/2015/590), l’informant des progrès que le Gouvernement libérien a accomplis dans l’application des recommandations de bonne gestion des armes et des munitions, notamment en promulguant la législation nécessaire, et des mesures qui ont été prises pour faciliter la surveillance et la gestion des régions situées à la frontière entre le Libéria et la Côte d’Ivoire, tout en soulignant que ces progrès doivent se poursuivre pour concourir davantage à la paix et à la stabilité au Liberia,

Rappelant que la Convention de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest  sur les armes légères et de petit calibre de 2006 confie aux autorités publiques compétentes la responsabilité du contrôle de la circulation des armes légères sur le territoire du Libéria et entre celui-ci et les États voisins,

Engageant le Gouvernement libérien à donner la priorité à l’adoption rapide de la législation sur la gestion des armes et des munitions, et à prendre toutes autres mesures en vue d’établir le cadre juridique et administratif requis pour lutter contre le trafic d’armes et de munitions,

Notant l’effet positif des mesures ciblées qu’il a imposées pour résoudre le conflit et aider à la stabilisation du Libéria,

Affirmant que le Gouvernement libérien a la responsabilité principale de mettre à l’abri toutes les populations présentes sur son territoire et soulignant qu’il n’y aura de stabilité durable au Libéria que si le Gouvernement veille au maintien d’institutions publiques efficaces et responsables, notamment dans les secteurs de l’état de droit et de la sécurité, y compris une armée, une police et des forces de sécurité aux frontières libériennes qui soient capables, professionnellement qualifiées et efficaces et se félicitant à cet égard de l’assistance nécessaire des partenaires bilatéraux et des organisations multilatérales,

Insistant sur le fait qu’une gestion transparente et efficace des ressources naturelles est capitale pour la paix et la sécurité à long terme du Libéria,

Rappelant qu’il est prêt à mettre fin aux mesures imposées aux alinéas a) et b) du paragraphe 2 et à l’alinéa a) du paragraphe 4 de la résolution 1521 (2003) lorsqu’il aura constaté que le cessez-le-feu au Libéria est pleinement respecté et maintenu, que le désarmement, la démobilisation, la réinsertion, le rapatriement et la restructuration du secteur de la sécurité ont été menés à bien, que les dispositions de l’Accord général de paix sont appliquées intégralement et que des progrès notables ont été réalisés en ce qui concerne le rétablissement et le maintien de la stabilité au Libéria et dans la sous-région, et considérant que ces conditions ont été réunies,

Agissant au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de mettre fin, avec effet immédiat, aux mesures concernant les armes, précédemment édictées au paragraphe 2 de la résolution 1521 (2003) et modifiées aux paragraphes 1 et  2 de la résolution 1683 (2006), à l’alinéa b) du paragraphe 1 de la résolution 1731 (2006), aux paragraphes 3, 4, 5 et 6 de la résolution 1903 (2009), au paragraphe 3 de la résolution 1961 (2010) et à l’alinéa b) du paragraphe 2 de la résolution 2128 (2013);

2.    Décide également de dissoudre, avec effet immédiat, le Comité du Conseil de sécurité créé en application du paragraphe 21 de la résolution 1521 (2003) et le Groupe d’experts créé en application du paragraphe 22 de la résolution 1521 (2003), et modifié et élargi par la suite, y compris en application des paragraphes 3 et 4 de la résolution 2237 (2015).

 

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