Le Représentant spécial affirme que le Sahel doit faire face à la montée de l’insécurité et aux effets des changements climatiques
Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, M. Mohammed Ibn Chambas, a affirmé cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, que le Sahel devait faire face à la montée du terrorisme et de l’insécurité et aux effets des changements climatiques et de l’avancée du désert.
M. Chambas, qui s’exprimait par vidéoconférence depuis le Niger, a souligné les effets délétères de la désertification, prenant pour exemple le Lac Tchad et le fleuve Niger, durement affectés par les effets des changements climatiques.
Il a par ailleurs lancé un appel pour la mobilisation internationale contre le terrorisme dans la région, et plaidé pour un soutien humanitaire accru, déplorant que sur les 525 millions de dollars nécessaires pour les besoins humanitaires dans la région, 10% seulement aient été réunis. Il a également rappelé le projet de la « Grande muraille verte » que l’Union africaine avait adopté en 2013 afin d’établir une vaste zone boisée de Dakar à Djibouti, de la côte ouest à la côte est de l’Afrique, estimant qu’un tel projet pourrait constituer une solution à long terme pour la lutte contre la pauvreté dans le Sahel.
Le terrorisme se nourrit des conflits, comme en témoigne la prolifération des groupes terroristes au Sahel, a, de son côté, relevé le Directeur exécutif du Comité contre le terrorisme, M. Jean-Paul Laborde. Il a souligné que les changements climatiques contribuaient à l’insécurité lorsqu’ils s’accompagnaient d’autres variables sociopolitiques telles que la mauvaise gouvernance, les conflits locaux liés à l’appropriation des ressources naturelles, l’instabilité économique et le chômage des jeunes.
« La géopolitique du Sahel est aujourd’hui guidée par les tensions liées à la pénurie de terres et d’eau », a affirmé de son côté la Secrétaire exécutive de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, Mme Monique Barbut. En raison de la mauvaise gouvernance, de la pauvreté et d’un accès facile aux armes, des situations peuvent rapidement devenir violentes, a-t-elle observé, notant que c’est précisément ce qui était en train de se produire autour du Lac Tchad et au Niger après l’épisode du Darfour. Elle a en outre préconisé d’investir dans des emplois décents visant la réhabilitation des terres dans les villages et les communautés les plus exposées aux dangers de la désertification.
Une représentante de la société civile du Tchad, Mme Hindou Oumarou Ibrahim, a également prôné la mise en œuvre de petits projets communautaires susceptibles de permettre aux jeunes de se prendre en charge et de ne plus céder aux appels des groupes extrémistes.
Pour le Haut-Représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, M. Pierre Buyoya, trois phénomènes majeurs doivent être surveillés au Sahel: la présence, dans le nord du Mali, de groupes terroristes « de nouvelle génération »; le niveau de violence encore très élevé dans le bassin du Lac Tchad, et la présence de l’État islamique en Libye, également terrain d’entraînement pour de jeunes terroristes. « Aussi longtemps que la Libye ne sera pas stabilisée, le Sahel ne connaîtra pas la paix », a-t-il estimé.
Au cours du débat qui a suivi, le délégué russe a estimé que la situation sécuritaire du Sahel s’était sérieusement détériorée après l’intervention militaire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Libye. Il a en outre affirmé que les questions d’environnement et les phénomènes naturels n’étaient pas du ressort du Conseil de sécurité et qu’ils devaient être débattus dans d’autres enceintes. Le représentant du Venezuela a également estimé qu’il n’existait pas forcément de lien entre les changements climatiques et le terrorisme, et que le « Conseil de sécurité n’est pas l’instance appropriée pour examiner les questions d’environnement ».
Pour l’Espagne par contre, quand bien même la solution au défi que représentent les changements climatiques n’est pas du ressort du Conseil de sécurité, celui-ci doit en tenir compte, du fait que les changements climatiques sont en train de changer les règles du jeu et modeler notre avenir. Au Sahel, « les changements climatiques sont un facteur qui multiplie les menaces », a affirmé pour sa part le représentant des États-Unis. « Personne ne suggère que Boko Haram a été causé par les changements climatiques, mais la dévastation causée par le réchauffement peut entraîner la pauvreté et l’instabilité politique, l’insatisfaction et plus encore », a-t-il indiqué.
Le représentant de la France a, quant à lui, rappelé l’engagement de son pays dans la lutte contre le terrorisme au Sahel à travers les opérations Serval et Barkhane. Il s’est aussi engagé au nom de son gouvernement à mobiliser la communauté internationale pour financer trois domaines clefs en Afrique; le secteur énergétique, la Grande muraille verte et la remise en état du Lac Tchad. Pour sa part, le Représentant spécial de l’Union européenne pour le Sahel, M. Angel Losada, a annoncé que son organisation consentirait plus de 5 milliards d’euros au Sahel entre 2014 et 2020, précisant en outre que près de 30 projets avaient été mis au point entre janvier et avril 2016 pour près de 382 millions d’euros.
D’autres solutions ont été évoquées au cours de ce débat, notamment la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel qui réunit les approches sécuritaire et de développement. Le représentant du Sénégal a, quant à lui, proposé la promotion des programmes d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques afin de renforcer la résistance à long terme de la région.
PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE
Défis dans la région du Sahel
Déclarations
M. MOHAMMED IBN CHAMBAS, Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, s’exprimant par vidéoconférence depuis le Niger, a déclaré qu’il est en tournée dans les pays du Sahel afin de toucher du doigt les conséquences des changements climatiques. Ces changements ont aggravé la sécheresse et augmenté sa récurrence dans le Sahel, une région marquée par de nombreux conflits non résolus et la prolifération des luttes entre communautés, pour le contrôle des maigres ressources naturelles.
La lutte contre les activités terroristes commence à porter ses fruits dans la région, s’est félicité M. Chambas, en saluant le front commun qui a contribué à affaiblir Boko Haram. Il a souligné que la coopération régionale renforcée et l’aide internationale sont nécessaires pour permettre aux pays de la région de lutter contre le terrorisme. Il a notamment appelé au financement de la force multinationale mixte chargée de lutter contre Boko Haram, et à une aide vitale aux réfugiés. Il a estimé que, sur le long terme, il est important de s’attaquer aux causes profondes des crises dans la région, notamment les questions relatives au développement durable, à la bonne gouvernance et à l’état de droit. Il a aussi estimé que le deuxième Sommet régional sur la sécurité d’Abuja, axé sur la lutte contre Boko Haram, le 14 mai dernier, a permis de voir que les dirigeants de la région ont compris qu’il faut également tenir compte des questions de développement dans la lutte contre le terrorisme. La Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel cristallise les initiatives du système onusien pour soutenir les pays de la région, a-t-il rappelé.
M. Chambas a en outre parlé du cas précis du bassin du Lac Tchad, relevant que le Lac est passé d’une superficie de 25 000 km2 à près de 800 km2 en 50 ans. Il a relevé que ce Lac fournit des moyens de subsistance à plus de 2 millions de personnes, offrant par exemple de l’eau douce à près de 13 millions de personnes dans les pays environnants. Il a appelé à la restauration du Lac afin d’éviter que les crises alimentaires et sécuritaires de la région ne prennent de l’ampleur. Il a aussi mentionné le cas du Bassin du fleuve Niger qui subit de plein fouet les effets des changements climatiques, une situation catastrophique sachant que 7 nations de la région bénéficiant des atouts du fleuve font partie des 20 pays les plus pauvres de la planète. Il a fait observer que les habitants de la région vivent dans l’insécurité alimentaire, et que la situation risque de s’aggraver car la population de la région devrait doubler d’ici à 2050.
M. Chambas a également relevé que la détérioration de la sécurité, due aux confrontations entre agriculteurs et bergers, nous montre les effets délétères de la désertification. Le Représentant spécial a en outre relevé que le lit du fleuve Niger ne cesse de s’assécher et qu’il devient urgent de prendre des mesures pour freiner l’avancée du désert. À ce propos, il a rappelé le projet de la « Grande muraille verte » que l’Union africaine avait adopté en 2013 afin d’établir une vaste zone boisée de Dakar à Djibouti, de la côte ouest à la côte est de l’Afrique, estimant que cela apparaît comme une solution à long terme pour la lutte contre la pauvreté dans le Sahel.
M. Chambas a par ailleurs affirmé que le Sahel se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, faisant face à la montée du terrorisme et de l’insécurité et affectée par les changements climatiques et l’avancée du désert. S’il a reconnu la responsabilité première des gouvernements de la région, il a néanmoins souligné la priorité qu’ils donnent aux besoins sécuritaires. La lutte contre les djihadistes et les changements climatiques sont des défis qui vont au-delà de la région et nécessitent une assistance internationale, a-t-il argué. L’Union européenne a consenti 120 millions d’euros pour la sécurité dans la région, s’est-il réjoui, ajoutant que les besoins humanitaires ne cessent de croître. Quelque 2,4 millions de personnes vivant dans la région du Lac Tchad ont dû fuir, parmi lesquels 1,5 million d’enfants. Une somme de 525 millions de dollars est nécessaire pour les besoins humanitaires dans la région, a-t-il rappelé, en regrettant que seul 10% de ce montant ait été mobilisé pour l’instant. Les problèmes sont identifiés, a noté M. Chambas, rassemblons maintenant nos efforts et nos initiatives afin de parvenir à des résultats probants, a-t-il plaidé.
Nous sommes réunis aujourd’hui pour débattre des liens entre sécurité et changements climatiques au Sahel, a souligné, M. JEAN-PAUL LABORDE, Directeur exécutif du Comité contre le terrorisme. Est-ce une perception ou une réalité? M. Laborde s’est risqué à affirmer que le changement climatique peut être un facteur aggravant conduisant à une insécurité humaine et à davantage de conflits. Or, nous savons que le terrorisme se nourrit des conflits, comme en témoigne la prolifération des groupes terroristes au Sahel. Il est donc essentiel de prévenir les conflits et de s’attaquer à leurs causes pour endiguer le terrorisme.
Il a tout de même souligné que le changement climatique ne peut pas à lui seul contribuer à l’insécurité. Il doit s’accompagner d’autres variables sociopolitiques telles que la mauvaise gouvernance, les conflits locaux liées à l’appropriation des ressources naturelles, l’instabilité économique ou encore le chômage des jeunes. À ce propos, la désertification et la dégradation continue des écosystèmes sont perçues comme une forme d’insécurité humaine qui pousse les jeunes à aller vers l’extrémisme violent et « qui sait, jusqu’à des actes de terrorisme », a prévenu le Directeur exécutif en citant une étude commanditée par son bureau.
Dans la région du Sahel, les groupes terroristes représentent une menace complexe qui ne cesse d’évoluer dans sa forme, son envergure et ses méthodes. Puisque la menace est flexible, innovante et adaptable, les Nations Unies doivent également mettre en place des réponses rapides et fluides, tout en utilisant pleinement les mécanismes de la coopération internationale conformes à l’état de droit et aux droits de la personne humaine. Il faut aussi trouver des solutions politiques aux problèmes existants dans la zone du Sahel car les organisations terroristes et la criminalité organisée se glissent sans bruit dans les zones de non droit.
Le Directeur exécutif a, dans ce cadre, estimé que la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, qui réunit l’approche sécuritaire et de développement, est le cadre à travers lequel les problèmes doivent être abordés et si possible, résolus. Appuyant, dans ce contexte, la création du G-5 Sahel, il a indiqué que son équipe se prépare à assister l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans l’opérationnalisation de la plateforme de coopération en matière de sécurité dont le G-5 Sahel vient de se doter. S’il a salué les progrès « importants » enregistrés dans la région du Sahel, en termes de cadres législatif et judiciaire, dont la mise en place de pôles judiciaires spécialisés qui permettent la spécialisation des magistrats, il a regretté le faible taux des affaires jugées, prévenant que « l’impunité fait le lit du terrorisme ».
Compte tenu de la dimension transnationale du terrorisme et du phénomène des combattants étrangers, le Directeur exécutif a prôné le partage des informations entre les différents services impliqués, le renforcement de la coopération policière dans le Sahel, la mutualisation des moyens d’enquête, la solidification de la coopération entre les parquets et la sensibilisation des magistrats du siège aux enjeux de cette coopération. Il a annoncé qu’il sera la semaine prochaine à Cotonou pour une réunion des plus hautes instances judiciaires de la région et au-delà, ayant le français en partage. Il a aussi appelé les États à réformer leur législation afin de criminaliser le recrutement de combattants étrangers et la participation à une entreprise terroriste à l’étranger, et de consolider les enquêtes et poursuites judiciaires ainsi que le système de recueil d’éléments de preuve.
M. Laborde a conclu en exprimant la disposition de sa Direction exécutive à explorer les liens de cause à effet des changements climatiques sur le terrorisme, avec l’aide du réseau de recherche de plus de 30 instituts universitaires dont il dispose.
« La possibilité d’une action cohérente dans le Sahel semble se refermer rapidement », a constaté la Secrétaire exécutive de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, Mme MONIQUE BARBUT. Avec des taux de croissance démographique annuels pouvant atteindre près de 4%, la population augmente au-delà de la capacité de la région à répondre aux besoins.
Le PIB par habitant de la région est déjà relativement faible, allant d’environ 900 à 3 000 dollars, a expliqué Mme Barbut. Plus de 40% de la population vit avec moins de 1,25 dollar par jour. La plupart des gens comptent actuellement sur l’exploitation des ressources naturelles pour survivre. « Pour la majeure partie de la population, la vie se durcira encore », a-t-elle averti. Dans le contexte des changements climatiques, la dégradation des terres déstabilise la situation.
En effet, les climatologues estiment que la température du Sahel va augmenter de 3 à 5 degrés Celsius d’ici à 2050, a indiqué la Secrétaire exécutive. De mauvaises pratiques de gestion des terres couplées aux changements climatiques pourraient réduire la production agricole de 13% au Burkina Faso et de près de 50% au Soudan. Au Sahel, 85% des terres sont déjà dégradées.
« La géopolitique du Sahel est aujourd’hui guidée par les tensions liées à la pénurie de terres et d’eau », a résumé Mme Barbut. En raison de la mauvaise gouvernance, de la pauvreté et d’un accès facile aux armes, des situations peuvent rapidement devenir violentes. Ce fut, a-t-elle rappelé, le cas au Darfour avec près de 300 000 morts depuis 2003. C’est ce qui est en train de se reproduire autour du Lac Tchad et au Niger où la migration augmente les tensions sur les ressources naturelles.
Le Lac Tchad constitue une « bouée de sauvetage » pour au moins 25 millions de personnes dans quatre pays, le Nigéria, le Cameroun, le Tchad et le Niger. Par exemple, les eaux du Lac Tchad qui font vivre plus de 300 groupes ethniques ont diminué de 90% depuis les années 60, a précisé Mme Barbut. Selon elle, « ce n’est donc pas un hasard si la région du Lac Tchad est le berceau de Boko Haram et le foyer d’Al-Qaida au Maghreb ».
La désertification et la dégradation des terres coupent l’herbe sous le pied de millions de personnes. Ainsi se créent « les conditions du désespoir d’une population sans emploi, pauvre et vulnérable, soit près de 41 millions de jeunes dans la seule région du Sahel », s’est inquiétée la Secrétaire exécutive. D’après une étude du Ministère de la défense du Royaume-Uni, d’ici à 2035, ce sont près de 60 millions de personnes qui devraient migrer à cause de la désertification vers l’Afrique du Nord et l’Europe. À ce sujet, elle a indiqué que « 100% des migrants illégaux recensés en Europe viennent des pays arides ».
Compte tenu de la grande importance de l’agriculture et des terres productives pour l’emploi et la création de revenus en Afrique subsaharienne, « nos efforts pour la stabilité et la paix doivent se concentrer plus sur les terres », a recommandé Mme Barbut. Elle a fait remarquer que les migrants ruraux préfèrent généralement vivre près de leurs terres et que beaucoup resteraient ou rentreraient chez eux si cela était possible. Tous les dividendes de la paix durable dans la région devraient donc impliquer l’utilisation durable des terres et de l’eau.
Dans cet esprit, la Secrétaire exécutive a considéré que la mise en œuvre des initiatives de la Grande muraille verte et du Lac Tchad devrait être accélérée. « Nous devons investir dans des emplois décents basés sur la réhabilitation des terres dans chacun des villages et des communautés situés en première ligne sur le front de la désertification », a-t-elle préconisé. Elle a estimé qu’une moyenne de 5 000 villages par pays serait nécessaire pour lancer une nouvelle économie.
Dans la région du Sahel, a-t-elle précisé, le coût de la réhabilitation et de la gestion durable d’un hectare est de l’ordre de 250 dollars, « soit moins de 3 000 dollars par emploi, chaque année, à comparer par exemple au coût d’un migrant dans un camp en Italie qui est de l’ordre de 15 000 dollars par an ».
Cette approche basée sur la gestion durable des terres renforcerait la résilience des communautés vulnérables, permettrait d’améliorer la sécurité alimentaire et hydrique et pourrait stabiliser une grande partie de la région, a conclu Mme Barbut.
Mme HINDOU OUMAROU IBRAHIM, Coordonnatrice de l’Association des femmes et peuples autochtones du Tchad, a souligné que les changements climatiques qui ont un impact sur les ressources naturelles renforcent les conflits entre communautés, qu’il s’agisse des conflits liés aux ressources en eau, à l’accès aux terres ou aux migrations. Elle a aussi parlé des conflits liés aux extrémismes religieux dont la menace constante de Boko Haram qui recrute parmi les plus pauvres, notamment les jeunes, en leur proposant de fortes sommes d’argent, environ 500 dollars. Face à ces menaces, la paix et la sécurité au Sahel passent donc par la lutte contre les changements climatiques. La Coordonnatrice a appelé à l’accélération de l’Accord de Paris sur le climat, insistant sur le fait que l’adaptation ne reçoit que 15% des financements alors que c’est une priorité pour assurer la résilience des communautés. Il faut multiplier le nombre des projets d’accès à l’eau et d’agriculture durable. Elle a aussi insisté sur la nécessité de faire confiance aux savoirs et connaissances traditionnels des peuples autochtones. Nous avons, a–t-elle dit, développé une méthode de cartographique participative en trois dimensions pour gérer au mieux le peu de ressources qui restent.
M. FODÉ SECK (Sénégal) a noté le lien inextricable entre les fléaux du terrorisme, de la criminalité organisée et des trafics en tous genres qui remettaient en cause la stabilité de la région. La nature de ce lien implique à son avis une approche multisectorielle et interrégionale, englobant l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, et qui prenne en compte la prévention, la répression et la protection. Il est ainsi important d’assurer une plus grande coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine, à travers son Architecture de paix et de sécurité, et d’accélérer l’opérationnalisation de la Force multinationale mixte chargé de la lutte contre Boko Haram, a-t-il ajouté.
Le représentant a précisé que la deuxième session du Sommet sur la sécurité régionale du 14 mai 2016, à Abuja, au Nigeria, avait défini un plan d’action pour éradiquer les causes profondes du terrorisme, en mettant l’accent sur les investissements pour le développement dans les zones affectées et la prise en charge des besoins sociaux des couches les plus vulnérables. En tant que pays de la région, le Sénégal fait face à ces défis et contraintes, auxquels viennent s’ajouter les problèmes concernant l’accès au foncier, les criquets pèlerins et les oiseaux granivores. Si les défis à la paix et à la sécurité dans le Sahel sont multiples, les solutions sont à trouver dans la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, notamment la promotion des programmes d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques afin de renforcer la résistance à long terme dans la région.
M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a rappelé que le Sahel avait été défini à maintes reprises comme la « zone zéro du réchauffement planétaire ». La population croissante a de moins en moins de terres à cultiver, une situation qui entraîne irrémédiablement l’instabilité. La solution au défi que représentent les changements climatiques n’est pas entre les mains du Conseil de sécurité, mais il lui faut tenir compte de la réalité, du fait que ce phénomène est en train de changer les règles du jeu et de modeler notre avenir, a ajouté le représentant.
Dans le respect des engagements qu’il a pris, le Conseil de sécurité continue l’entreprise commencée par le Royaume-Uni il y a presque 10 ans, a rappelé le représentant. Il ne doit pas se limiter à de simples déclarations d’intention. Le Conseil doit recevoir des informations pertinentes pour être mieux préparé « à jouer son rôle de prévention ».
Le représentant a recommandé d’adopter une approche intégrée et coordonnée pour régler la crise complexe du Sahel, le conflit en Libye, l’insécurité au Mali et les activités terroristes de Boko-Haram dans le nord-est du Nigéria et le bassin du Lac Tchad. « C’est la somme de tous ces facteurs qui écarte le Sahel de la voie de la paix et de la stabilité », a-t-il estimé. Par ailleurs, il a accueilli favorablement la possibilité que le Comité sur la lutte contre le terrorisme analyse les effets des changements climatiques.
M. WU HAITAO (Chine) a reconnu que la propagation du terrorisme avait rendu la situation sécuritaire au Sahel très vulnérable. D’après lui, la communauté internationale devrait adopter une approche intégrée pour promouvoir le règlement des conflits régionaux, en encourageant les processus de paix et la réconciliation sur la base du respect de la souveraineté des pays.
« Nous devons lutter ensemble contre le terrorisme et ses effets délétères en mettant l’accent sur le renforcement des capacités en matière de sécurité », a insisté le représentant. Il a dit aussi qu’il fallait accorder toute l’attention nécessaire au problème du sous-développement dans la région, avec « une aide stable, prévisible et ciblée ». De plus, il faut coordonner les ressources et former des synergies pour répondre aux défis de la CEDEAO. « La Chine et l’Afrique partagent un destin commun », a-t-il affirmé en évoquant le récent Sommet de Johannesburg.
M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a indiqué que les jeunes dans le Sahel risquaient de s’appauvrir davantage et devenir de ce fait plus attentifs aux discours extrémistes. Il a plaidé pour une approche à long terme pour résoudre les problèmes de développement du Sahel et rappelé que son pays avait fourni 26 millions de dollars ces dernières années pour financer des projets de développement dans le Sahel, notamment pour bâtir et renforcer la résistance aux changements climatiques. En outre, a-t-il précisé, 9 millions de dollars ont été consacrés au renforcement des programmes de protection sociale. Il a souligné qu’en luttant contre le terrorisme de manière globale, la communauté internationale pourrait avoir un plus grand impact. Une action collective et coordonnée des pays de la région est cruciale pour parvenir à des résultats probants contre le terrorisme, a-t-il affirmé.
M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a appelé la communauté internationale à porter ses efforts sur la lutte contre la pauvreté et les changements climatiques dans le Sahel, plutôt que sur les questions sécuritaires. Il a estimé que les causes structurelles qui exposent les pays de la région au terrorisme sont la faiblesse des économies nationales et l’avancée du désert saluant à ce sujet les initiatives prises par des pays de la région pour trouver des solutions à l’avancée du désert et dans la lutte contre Boko Haram. Il a en revanche déploré que les forces des Nations Unies dans la région soient régulièrement la cible des groupes terroristes.
M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a critiqué le scepticisme qui peut encore exister quant à la relation entre les changements climatiques et la sécurité. Au Sahel, « le changement climatique est un facteur qui multiplie les menaces », exemplifié par la campagne terroriste barbare de Boko Haram qui exacerbe l’insécurité alimentaire dans la région du Lac Tchad, a-t-il dit. Cette crise humanitaire, n’a pas vraiment reçu, à son avis, l’attention qu’elle mérite de la part de la communauté internationale et elle est « sous-financée ».
M. Pressman s’est félicité des efforts entrepris pour enrayer le cycle de violence de Boko Haram, soulignant toutefois la nécessité d’une stratégie globale prenant en compte le phénomène du terrorisme et les séquelles qu’il laisse. D’après lui, l’ONU doit intégrer la prévention de la violence extrémiste dans ses travaux sur la sécurité et le développement durable.
« Personne ne suggère que Boko Haram a été causé par les changements climatiques, mais la dévastation causée par le réchauffement peut entraîner la pauvreté et l’instabilité politique, l’insatisfaction et plus encore », a-t-il indiqué. Prônant une réflexion nouvelle et profonde sur ces liens, il a encouragé les dirigeants du Sahel à intensifier leur coopération et à améliorer la gestion durable des ressources naturelles.
M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) s’est inquiété de la propagation du terrorisme au Sahel. Heureusement, a-t-il noté, certains pays accroissent leur résistance face aux menaces. La Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel est un outil précieux à cet égard.
Soulignant l’importance du renforcement des institutions et des capacités en Afrique, le représentant a indiqué que l’engagement du Japon se traduisait par des actions concrètes, comme un projet de transfert de technologies pour lutter contre la désertification au Burkina Faso. Il a salué le rôle du « G-5 Sahel » et l’organisation de formations dans les domaines de la sécurité et de la défense dans la sous-région. Enfin, il a jugé que l’appropriation et la prise en compte du contexte local sont des principes essentiels.
M. ALEXIS LAMEK (France) a affirmé que la situation des pays du Sahel était préoccupante, mais que la mobilisation de la communauté internationale était susceptible de faire évoluer la situation. Il a salué les initiatives lancées par le G-5 Sahel, notamment la Muraille verte et d’autres mesures prises dans le bassin du Lac Tchad, soulignant que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur le climat pourrait avoir également un impact positif dans les pays de la région.
Le représentant de la France a par ailleurs rappelé l’engagement de son pays dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, faisant valoir que la démarche française, telle que mise en œuvre à travers les opérations Serval et Barkhane, s’inscrivait dans une stratégie de collaboration avec les armées locales, permettant à ces dernières d’être mieux équipées dans la lutte contre le terrorisme. Il a également rappelé que le Président François Hollande s’était engagé à mobiliser la communauté internationale pour financer trois domaines clefs en Afrique; le secteur énergétique, la Grande muraille verte et la remise en état du Lac Tchad. La France s’est engagée à consentir 6 milliards d’euros pour financer le secteur énergétique de l’Afrique d’ici à 2020, dont 2 milliards consacrés aux énergies renouvelables.
M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a estimé que la meilleure façon de surmonter les conflits est de conclure des accords politiques, comme au Mali. Il s’est dit préoccupé par la présence du groupe terroriste Boko Haram autour du Lac Tchad, se félicitant des initiatives des pays du bassin du Lac Tchad pour le combattre. Il a proposé que les pays du Sahel s’engagent dans des initiatives économiques porteuses de progrès, les appelant à cibler des projets de développement censés avoir des effets multiplicateurs.
Le représentant a estimé qu’il n’existait pas forcément de lien entre les changements climatiques et le terrorisme, arguant que c’est plutôt la faible capacité des États à s’acquitter des tâches régaliennes de sécurité qui pourrait expliquer la prolifération des groupes armés dans le Sahel. « Le Conseil de sécurité n’est pas l’instance appropriée pour examiner les questions d’environnement comme c’est le cas aujourd’hui », a-t-il fait observer. Il a salué les initiatives sociales engagées par les pays de la région, à travers le G-5 Sahel (Mauritanie, Tchad, Niger, Mali et Burkina Faso) et a appelé la communauté internationale à lutter contre les réseaux mafieux des trafiquants de tous genres qui sont présents partout au Sahel.
« Il faut comprendre comment les changements climatiques multiplient les risques en matière de sécurité pour nous aider à réduire les impacts négatifs de la dégradation de l’environnement », a dit M. YURIY VITRENKO (Ukraine). Dans ce contexte, il a invité le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à élaborer une stratégie pour combattre la désertification et la dégradation des sols et à renforcer sa coopération avec les accords environnementaux internationaux à cette fin. Il a appelé l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement du PNUE à prendre en compte la question de la protection de l’environnement dans les zones touchées par des conflits.
S’agissant des menaces liées aux groupes terroristes au Sahel, le représentant de l’Ukraine s’est félicité des efforts des pays de la région du Sahel pour s’attaquer à la nature changeante de cette menace. Il a particulièrement salué la tenue le 4 mai à Abuja, au Nigéria, du deuxième Sommet sur la sécurité régionale visant à renforcer la réponse régionale à la menace que constitue Boko Haram. Au-delà des moyens militaires, il a mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer au financement des groupes terroristes et à leur réseau d’approvisionnement en armes. Il a réaffirmé la nécessité d’adopter des mesures de prévention qui comprennent la promotion du dialogue et du développement économique et social, celui des droits de l'homme, sans oublier la nécessité d’investir dans le capital humain, l’éducation et la création d’emplois.
M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a affirmé que la plupart des moyens nécessaires pour relever les défis climatiques n’étaient pas du ressort du Conseil de sécurité. Il est toutefois important, à son avis, que les discussions sur le Sahel soient soutenues par une bonne compréhension de ces problèmes. Estimant qu’il était erroné de considérer chaque personne qui prend les armes comme un terroriste, car, dans de nombreux cas, des individus et des groupes minoritaires s’étaient révoltés par désespoir, M. Taula a déclaré que la paix et la sécurité ne seraient garanties dans la région que par la négociation et des processus de paix visant à répondre aux griefs de ces populations et à faciliter leur réhabilitation et réinsertion.
La Nouvelle-Zélande a constamment souligné l’importance de travailler ensemble pour faire face aux défis de la paix et la sécurité, a poursuivi le représentant, soulignant que son pays a été l’un des promoteurs de l’amélioration des méthodes de travail entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et le Conseil de sécurité, et de la coopération avec les organismes sous-régionaux. « Au Sahel, nous nous heurtons à un problème bien défini, dont la solution se perd toutefois dans une multitude de stratégies », a-t-il déploré, précisant que les approches contradictoires, voire discordantes et redondantes, ne font que disperser les efforts et diminuer leur impact sur le terrain. C’est pourquoi il a salué la création du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.
M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a rappelé que la région du Sahel est confrontée à de redoutables défis: grande pauvreté, malnutrition, insécurité alimentaire, conflits armés, radicalisation des jeunes, terrorisme, criminalité transnationale organisée, catastrophes naturelles et conséquences des changements climatiques. Les gouvernements de la région sont contraints de dépenser des ressources supplémentaires aux dépends du développement et ses habitants sont de plus en plus dépendants de la générosité de leurs voisins et de l’aide humanitaire internationale, a-t-il déploré.
Le représentant a souligné qu’avec la désertification et le dérèglement climatique, les réserves d’eau avaient diminué de 40% en 20 ans. « La réduction de la taille du Lac Tchad est un exemple éloquent », a-t-il ajouté. En outre, des zones fertiles sont occupées par des groupes terroristes ou militaires. Au Sahel, 60% de la population a moins de 25 ans; il y a peu d’éducation et beaucoup de chômage. Or, s’est-il inquiété, la pauvreté et l’exclusion sociale sont des terreaux fertiles pour la radicalisation.
Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a évoqué les facteurs et les vulnérabilités qui rendent difficile la vie des habitants du Sahel, y compris l’exposition à un climat extrême et déréglé qui affecte les récoltes. De plus, les déplacements massifs aggravent la situation humanitaire déjà fragile et pèsent sur les institutions.
En s’inspirant des leçons du Sahel, elle a averti que les changements climatiques pourrait, s’il n’est pas contrôlé, devenir l’une des menaces les plus importantes à l’échelle mondiale. « Il est impératif de faire face maintenant à ce problème » et de mobiliser des ressources supplémentaires pour rompre le cycle des crises dans la région, a-t-elle prévenu. La stabilisation de la situation sécuritaire est un élément stratégique clef qui doit se voir accorder la priorité à tous les niveaux. De même, il existe des possibilités pour davantage de coordination entre l’ONU et l’Union africaine, a conclu la représentante.
M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a estimé que la situation sécuritaire du Sahel s’était sérieusement détériorée après l’intervention militaire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Libye. Il a affirmé que le Sahel ne pourrait pas retrouver la paix et la stabilité tant qu’une solution durable n’est pas trouvée en Libye. Il a en outre estimé que les questions d’environnement et les phénomènes naturels ne sont pas du ressort du Conseil de sécurité, et peuvent constituer des facteurs d’aggravation potentiels des conflits. Il a indiqué que pour lutter contre l’avancée du désert, il faudrait appuyer un certain nombre de mesures en faveur des agricultures locales, sans impliquer pour autant le Conseil de sécurité. De telles mesures pourraient être examinées au sein de la Deuxième Commission de l’Assemblée générale consacrée aux questions économiques et financières, ou encore dans le cadre des travaux du Forum politique de haut niveau qui portent sur la problématique du développement durable. Il a en outre affirmé que la désertification n’était pas le seul défi du Sahel, soulignant que la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel apparaissait comme le cadre idoine pour résoudre les défis de la région.
M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a estimé que la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel était le cadre approprié pour mobiliser les efforts internationaux et relever les défis de la région de manière efficace. Il a estimé que la fusion des Bureaux des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et celui du Sahel était une bonne mesure pour réunir les ressources et permettre d’harmoniser les initiatives en faveur du Sahel. Il a appelé à l’identification des obstacles qui persistent dans la mise en œuvre de cette stratégie, invitant les partenaires internationaux à investir dans le renforcement des capacités humaines nationales, dans l’optique d’atténuer les effets des crises environnementales. Il a précisé que les questions socioéconomiques devaient être prises en compte dans le cadre de la recherche d’une paix durable au Sahel.
M. PIERRE BUYOYA, Haut-Représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, a rappelé que l’engagement de l’Union africaine dans la région date de la crise libyenne de 2011 et de l’analyse de l’impact du retour des migrants dans ce contexte. La stratégie de paix pour le Sahel, adoptée par le Conseil de sécurité de paix de l’Union africaine en juillet 2014, a ensuite identifié trois grands défis: la sécurité, la gouvernance et le développement.
Les pays du Sahel sont parmi les plus pauvres de l’Afrique et du monde avec une population galopante et des fragilités énormes, notamment sur le plan des écosystèmes, a rappelé le Haut-Représentant. « Il est bien connu que les individus qui ont déclenché les hostilités au nord du Mali sont des Maliens touareg et arabes qui avaient émigré en Libye pendant des périodes de grande sécheresse », a-t-il tenu à souligner.
D’après M. Buyoya, l’Union africaine peut apporter un avantage comparatif dans les domaines de la sécurité et de la gouvernance. La région du Sahel, a-t-il rappelé, est à cheval sur plusieurs communautés économiques régionales. En termes de sécurité, il a évoqué trois points chauds: le nord du Mali, avec des groupes terroristes « de nouvelle génération »; le bassin du Lac Tchad, où le niveau de violence est encore très élevé; la Libye avec la présence de l’État islamique, et où s’entraînent aujourd’hui de jeunes terroristes.
Le Haut-Représentant a évoqué le processus de Nouakchott sur le renforcement de la coopération sécuritaire et l’opérationnalisation de l’Architecture africaine de paix et de sécurité dans la région sahélo-saharienne, et insisté sur l’échange d’informations. L’Union africaine, a-t-il continué, s’implique aussi dans le suivi des élections, notamment au Niger, au Tchad et au Burkina Faso.
Sur le plan économique, les besoins de la région sont immenses, a plaidé M. Buyoya. Il faut inscrire l’implication de la communauté internationale dans le long terme et appuyer le G-5 Sahel qui offre un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale pour le développement et la sécurité.
En conclusion, a-t-il insisté, le Sahel reste une région difficile. La situation au nord du Mali mérite une attention soutenue du Conseil de sécurité. De même, « aussi longtemps que la Libye ne sera pas stabilisée, le Sahel ne connaitra pas la paix », a-t-il estimé.
M. ANGEL LOSADA, Représentant spécial de l’Union européenne pour le Sahel, a affirmé que le Sahel représentait de nombreux défis et d’opportunités, comme l’Accord de paix au Mali de 2015 et la consolidation de la coopération régionale au sein du G-5 Sahel. Face aux défis du flux migratoire de l’Afrique vers l’Europe, la montée en puissance des forces extrémistes et terroristes et les effets des changements climatiques, le représentant a souhaité que la stratégie et l’approche globale pour le Sahel de 2011 et son plan d’action régional adopté en 2015, qui vise à renforcer le dialogue politique avec la sous-région et à appuyer la zone sahélienne, soient désormais étendus à l’ensemble des pays du G-5 Sahel. Cette approche lie les questions de développement aux questions de sécurité, les actions d’urgence à court terme et l’appui aux réformes sectorielles.
Le représentant a également annoncé que l’UE devrait allouer plus de cinq milliards d’euro au Sahel entre 2014 et 2020, et ce que montant devrait dépasser les huit milliards d’euros, en tenant compte des actions des États membres. Il a par ailleurs indiqué que depuis le Sommet de La Valette en 2015, un fonds fiduciaire d’urgence avait été créé pour faciliter la stabilité et la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique. En outre, près de 30 projets ont été mis au point entre janvier et avril 2016 pour près de 382 millions d’euros.
S’agissant du Mali, le représentant a indiqué qu’il ne pouvait y avoir de stabilité au Sahel sans stabilité au Mali. Il a souligné l’engagement de l’Union européenne dans ce pays aux côtés des Nations Unies, utilisant tous les instruments financiers et techniques. Le représentant a par ailleurs salué la création du G-5 Sahel qui démontre la volonté ferme de ces pays d’affronter conjointement et de façon coordonnée les nombreux défis transfrontaliers dans les domaines de la sécurité et du développement, a-t-il indiqué, précisant qu’une nouvelle rencontre entre la Haute-Représentante et les Ministres des affaires étrangères des pays du G-5 Sahel était prévue le 17 juin à Bruxelles ». En conclusion, M. Losada a estimé que les défis au Sahel ne pourraient être vraiment relevés que dans un cadre de gouvernance démocratique et des droits de l’homme.