Le Conseil de sécurité entend un exposé du Coordonnateur pour le processus de paix au Moyen-Orient qui évoque « le spectre de la violence » à Gaza
Le Conseil de sécurité a entendu, cet après-midi, un exposé du Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient et Représentant personnel du Secrétaire général de l’ONU, M. Nickolay Mladenov, par vidéoconférence depuis Jérusalem, sur la dégradation de la situation dans les territoires palestiniens occupés.
Dans quelques jours, a-t-il indiqué, un certain nombre de pays se réuniront à Paris avec le Secrétaire général pour réaffirmer leur engagement envers une solution négociée à deux États et discuter de l’appui à apporter aux deux parties pour atteindre cet objectif. Tous ces efforts ne peuvent toutefois pas être séparés de la « sombre réalité » sur le terrain, a-t-il prévenu.
Les actes de terreur ne peuvent jamais, en aucun cas, être justifiés, a-t-il réaffirmé. Le début du mois de mai a vu l’escalade de violence la plus importante depuis le conflit de 2014, évoquant les incidents survenus ces dernières semaines qui soulignent la fragilité de la situation sur le terrain et menacent le cessez-le-feu à Gaza.
M. Mladenov a noté que le Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens s’était réuni à Bruxelles le 19 avril et avait exprimé sa préoccupation face aux conséquences néfastes de l’impasse politique actuelle.
Alors que les Palestiniens sont confrontés à des défis financiers et institutionnels croissants, les développements négatifs continuent en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est. Les pourparlers entre responsables israéliens et palestiniens sur les accords de sécurité dans la Zone A sont dans l’impasse. Le Représentant s’est toutefois félicité de l’annonce selon laquelle les autorités israéliennes devraient autoriser un accès plus large aux postes de contrôle en Cisjordanie.
Il a également constaté la poursuite de la destruction des structures palestiniennes en Cisjordanie. Au moins 900 personnes ont été déplacées et les moyens de subsistance de près de 2 500 personnes ont été affectés.
À Gaza, la situation reste désespérée et volatile. « La communauté internationale a la responsabilité de ne pas faillir aux Palestiniens à Gaza, de les aider à surmonter les traumatismes physiques et émotionnels de la guerre et à reconstruire leur ville et, au final, faire en sorte que Gaza et la Cisjordanie soient réunies », a-t-il estimé.
La reconstruction est « une bouée de sauvetage » pour le peuple de Gaza, mais la crise chronique en énergie et en eau doit être résolue sans tarder, a poursuivi M. Mladenov, selon lequel les Palestiniens de Gaza sont de plus en plus désespérés; ils voient leurs perspectives de vivre normalement bloquées par l’accroissement de l’arsenal militaire du Hamas, les mesures sécuritaires d’Israël, le manque d’unité palestinienne et le fait que les donateurs n’aient pas honoré toutes leurs obligations en termes d’aide.
Évoquant le spectre de la violence qui plane sur le territoire, M. Mladenov a affirmé que la question n’était pas de savoir « si » une autre escalade allait avoir lieu, mais plutôt « quand ».
Par ailleurs, il a encouragé l’Égypte à faciliter des ouvertures plus fréquentes au passage de Rafah, surtout à des fins humanitaires.
Une autre évolution préoccupante, selon lui, est l’annonce par le Hamas de son intention de procéder à plusieurs exécutions publiques, sans l’aval du Président palestinien. Invoquant le droit international, le Coordonnateur spécial a demandé au Hamas de ne pas procéder à ces exécutions et appelé le Président Abbas à établir un moratoire sur la peine de mort.
D’après une étude récente conduite par l’Université de Tel Aviv, près de 60% de la population juive et plus de 70% des Palestiniens sont en faveur de négociations de paix, a relevé M. Mladenov. La volonté d’avancer vers la paix existe bien mais, malheureusement, il y a « une absence manifeste de volonté politique et d’un leadership audacieux ». Selon lui, l’impasse qui se prolonge risque de saper tout espoir de trouver une solution.
Par ailleurs, s’agissant du Liban, il a rappelé que le Secrétaire général et le Conseil de sécurité avaient réitéré leur appel aux parties politiques libanaises pour qu’elles préparent des élections municipales et élisent un président de la République.
Enfin, le Coordonnateur spécial s’est félicité de l’annonce par le Président égyptien Abdel Fattah Al Sisi selon laquelle son pays était disposé à assurer la médiation entre les factions palestiniennes afin d’ouvrir la voie à un accord de paix durable avec Israël.