En cours au Siège de l'ONU

Le Conseil de sécurité appelle à créer un « cadre international complet » pour lutter contre la rhétorique et les idéologies des groupes terroristes

7690e séance – matin & après-midi
CS/12355

Le Conseil de sécurité appelle à créer un « cadre international complet » pour lutter contre la rhétorique et les idéologies des groupes terroristes

Le Conseil de sécurité a, aujourd’hui, lors d’un long débat* sur la lutte « contre les récits et les idéologies du terrorisme », appelé à la création d’un « cadre international complet » pour contrer plus efficacement la propagande d’organisations terroristes comme l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL/Daech), Al-Qaida ou des groupes associés.

Le Conseil de sécurité, dans une déclaration présidentielle, a ainsi prié le Comité contre le terrorisme de lui présenter le 30 avril 2017 au plus tard, une proposition en ce sens. 

« Le terrorisme ne peut être vaincu qu’à la faveur d’une démarche suivie et globale, faisant appel à la participation et à la collaboration actives de tous les États, des organisations internationales et régionales et de la société civile, selon qu’il convient, pour contrer, affaiblir, isoler et neutraliser la menace terroriste, conformément à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies », a souligné « avec insistance », au nom de tous ses membres, le Ministre égyptien des affaires étrangères, M. Sameh Shoukry, qui présidait aujourd’hui ce débat.

Au cours du débat, auquel ont pris part près de 70 délégations, dont une quinzaine conduites par des ministres, il a été établi que, depuis quelques années, la nécessité de contrer la rhétorique et les idéologies terroristes se fait de plus en plus pressante afin d’être en première ligne de l’action menée au niveau mondial pour combattre le terrorisme.

Les délégations, tout comme le Conseil dans sa déclaration présidentielle, ont noté avec inquiétude le fait que les groupes terroristes « construisent un discours fallacieux fondé sur une interprétation erronée et une présentation déformée de la religion pour justifier la violence qu’ils utilisent pour recruter des partisans et des combattants terroristes étrangers, mobiliser des ressources et obtenir l’appui de sympathisants, en particulier en exploitant les technologies de l’information et des communications, notamment Internet et les médias sociaux ».

« L’objectif à poursuivre doit être de préserver les populations de la crainte et d’empêcher l’érosion de nos valeurs universelles », a affirmé le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, en soulignant que lorsque « nous assumons nos responsabilités, nous obtenons un avantage tant moral que stratégique ».

M. Eliasson a rappelé que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, qui avait élaboré un Plan d’action pour prévenir l’extrémisme violent, avait plaidé pour une « approche globale et pratique » en vue de répondre aux facteurs complexes qui conduisent des individus vers la radicalisation.

Il a également appelé à écouter avec attention les communautés affectées et à composer avec les partenaires que sont les dirigeants communautaires et religieux, les femmes et les jeunes, qui forment, selon lui, le meilleur rempart contre l’extrémisme violent aux niveaux local et individuel. 

Au cours de la discussion qui a suivi son intervention et celles du Secrétaire général de la Al Azhar Islamic Research Academy, M. Mohi El-Din Afifi, et du Vice-Président et Conseiller juridique adjoint de Microsoft, M. Steven A. Crown, les délégations ont affirmé que le terrorisme ne pouvait et ne saurait être associé à une religion, une nationalité ou une civilisation, quelle qu’elle soit, insistant ainsi sur l’importance de promouvoir la tolérance et le dialogue interconfessionnels.

Au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), le représentant du Koweït a ainsi expliqué que l’expression « groupes terroristes d’inspiration religieuse » était erronée, car aucune religion ne tolère ni n’inspire le terrorisme, alors qu’il existe « des groupes terroristes qui exploitent les religions ».  Il a ajouté que l’OCI luttait contre les idéologies extrémistes en donnant la parole à des dirigeants religieux crédibles qui transmettent le langage de la tolérance et de la non-violence.

Pour la France, cible en novembre dernier d’attentats sanglants, « l’ONU a un rôle majeur à jouer dans la lutte contre le terrorisme en général et contre Daech en particulier », tel que le stipule la résolution 2249 (2015), dont ce pays fut à l’initiative, et qui définit le cadre de « notre combat commun ».  De même, a poursuivi son représentant, l’ONU a un rôle unique à jouer pour mobiliser non seulement la communauté des nations, mais aussi la société civile, contre l’idéologie et les narratifs terroristes.

« L’adoption par la communauté internationale d’une stratégie globale, coercitive et inclusive, n’est plus une simple option, mais un impératif », a estimé son homologue du Sénégal qui, à l’instar de nombreux orateurs, a estimé que la lutte contre le terrorisme devrait s’attaquer aux causes structurelles et conjoncturelles propices à son évolution, notamment la marginalisation, la mauvaise gouvernance et l’absence de perspectives socioéconomiques. 

Plusieurs intervenants ont, comme la Ministre des affaires étrangères et du culte de l’Argentine, Mme Susanna Malcorra, plaidé pour que les États Membres s’assurent que toutes les mesures qu’ils prennent pour combattre le terrorisme soient conformes à la Charte des Nations Unies et à l’ensemble des obligations que leur impose le droit international, en particulier le droit international relatif aux droits de l’homme, le droit international relatif aux réfugiés et le droit international humanitaire.

« Notre voix doit être ferme et unie, et notre message -le message du monde entier à des terroristes- doit être clair et retentissant », a lancé, pour sa part, le Ministre égyptien des affaires étrangères: « Laissez-nous travailler ensemble pour être la voix de la vérité, de la justice et de la tolérance, face à la voix du terrorisme, de l’extrémisme et de la haine ».

* S/2016/416

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME

Lutter contre les récits et les idéologies du terrorisme

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité rappelle qu’en vertu de la Charte des Nations Unies il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Le Conseil réaffirme que le terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, constitue une des menaces les plus graves contre la paix et la sécurité internationales et que tous les actes de terrorisme sont criminels et injustifiables, quels qu’en soient les motivations et les auteurs et indépendamment de l’endroit et du moment où ils sont perpétrés.

Le Conseil réaffirme également son respect pour la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tous les États, conformément à la Charte.

Le Conseil souligne que le terrorisme ne peut et ne saurait être associé à une religion, une nationalité ou une civilisation, quelle qu’elle soit, et, ce faisant, insiste sur l’importance de promouvoir la tolérance et le dialogue interconfessionnel.

Le Conseil déclare avec insistance que le terrorisme ne peut être vaincu qu’à la faveur d’une démarche suivie et globale, faisant appel à la participation et à la collaboration actives de tous les États, des organisations internationales et régionales et de la société civile, selon qu’il convient, pour contrer, affaiblir, isoler et neutraliser la menace terroriste, conformément à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

Le Conseil réaffirme que les États Membres doivent s’assurer que toutes les mesures qu’ils prennent pour combattre le terrorisme sont conformes à la Charte et à l’ensemble des obligations que leur impose le droit international, en particulier le droit international des droits de l’homme, le droit international des réfugiés et le droit international humanitaire.

Le Conseil réaffirme l’obligation faite aux États Membres de s’abstenir d’apporter toute forme d’appui, actif ou passif, à des entités ou personnes participant ou associées à des actes de terrorisme, notamment en réprimant le recrutement de membres de groupes terroristes, conformément au droit international, et en mettant fin à l’approvisionnement en armes des terroristes.

Le Conseil souligne qu’il importe de donner rapidement effet à ses résolutions concernant la lutte contre le terrorisme, et rappelle à ce propos ses résolutions 1373 (2001), 1624 (2005) et 2178 (2014), notamment.

Conformément à la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales qui lui incombe en vertu de la Charte, le Conseil rappelle que la lutte contre l’extrémisme violent, lequel peut conduire au terrorisme, consiste notamment à prévenir la radicalisation et la mobilisation de personnes et leur recrutement dans des groupes terroristes et à empêcher ces personnes de devenir des combattants terroristes étrangers, est essentielle pour contrer la menace pour la paix et la sécurité internationales que représentent les combattants terroristes étrangers, comme il l’a souligné dans sa résolution 2178 (2014), et, dans ce contexte, prend note du Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent et note également que l’Assemblée générale s’est félicitée de l’initiative prise par le Secrétaire général et a pris note dudit plan d’action, qui sera étudié plus avant durant l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies en juin 2016, ainsi que dans le cadre d’autres instances pertinentes.

Le Conseil note avec inquiétude que l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, également appelé Daech), Al-Qaida et les personnes, groupes, entreprises ou entités qui leur sont associés, construisent un discours fallacieux fondé sur une interprétation erronée et une présentation déformée de la religion pour justifier la violence, qu’ils utilisent pour recruter des partisans et des combattants terroristes étrangers, mobiliser des ressources et obtenir l’appui de sympathisants, en particulier en exploitant les technologies de l’information et des communications, notamment Internet et les médias sociaux.

Le Conseil prend acte de la contribution que les victimes du terrorisme en particulier, entre autres porte-parole légitimes, peuvent apporter à la lutte contre la radicalisation conduisant à la violence, et à la mise au point de puissantes campagnes sur les médias sociaux et activités de contre-propagande visant à faire obstacle au discours terroriste et aux tentatives de recrutement en ligne.

Le Conseil note à ce sujet qu’il est urgent de lutter à l’échelle mondiale contre les activités que l’EIIL (Daech), Al-Qaida et les personnes, groupes, entreprises ou entités qui leur sont associés mènent pour inciter à commettre des actes de terrorisme et pour recruter à cette fin, et estime que la communauté internationale devrait s’appliquer à comprendre exactement comment ces groupes parviennent à pousser d’autres personnes à commettre des actes de terrorisme ou à les recruter à cette fin; à mettre au point les moyens les plus efficaces possibles de combattre la propagande terroriste, les incitations au terrorisme et les recrutements à ces fins, notamment en utilisant Internet, dans le respect du droit international, y compris le droit international des droits de l’homme; à bâtir une campagne de contre-propagande visant à susciter et à amplifier la dénonciation active de l’EIIL (Daech), d’Al-Qaida et des personnes, groupes, entreprises ou entités qui leur sont associés, afin de souligner le caractère fallacieux et incohérent de la propagande terroriste, chaque fois qu’il y a lieu, tout en tenant compte de la nécessité ladite campagne soit adaptée aux contextes nationaux; à sensibiliser le public, y compris par des activités éducatives portant sur le discours antiterroriste; à mettre au point des moyens plus efficaces de coopération entre les pouvoirs publics et les acteurs appropriés de la société civile, les populations locales et les partenaires du secteur privé, selon qu’il convient, pour contrer les efforts de radicalisation et de recrutement de l’EIIL (Daech), d’Al-Qaida et des personnes, groupes, entreprises ou entités qui leur sont associés; à renforcer les mécanismes de coopération internationale; à définir les infrastructures et capacités supplémentaires qui leur seraient utiles; à mobiliser les ressources nécessaires là où il existe des besoins.

Compte tenu de ce qui précède, le Conseil prie le Comité contre le terrorisme de lui présenter le 30 avril 2017 au plus tard, après consultations étroites avec la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et les autres organismes des Nations Unies compétents ainsi que les organisations internationales et régionales, en particulier le Bureau de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, et les États Membres intéressés, une proposition de cadre international complet, assortie de recommandations sur les principes directeurs et bonnes pratiques à suivre pour lutter efficacement, dans le respect du droit international, contre la façon dont l’EIIL (Daech), Al-Qaida et les personnes, groupes, entreprises ou entités qui leur sont associés utilisent leur discours pour encourager et pousser d’autres personnes à commettre des actes de terrorisme ou pour les recruter à cette fin, en menant notamment une campagne de contre-propagande, dans l’esprit des campagnes analogues conduites par l’ONU, ainsi que des options concernant les moyens de coordonner la mise en œuvre de ce cadre et de mobiliser les ressources nécessaires, soulignant à cet égard le rôle primordial que les États Membres doivent jouer dans la définition des activités et modalités d’exécution relatives à ce cadre et saluant l’action qu’ils continuent de mener pour renforcer la coopération et la coordination interorganisations et créer des partenariats utiles avec le secteur privé, la société civile, les institutions religieuses et culturelles et les établissements d’enseignement en vue de lutter contre le discours des groupes terroristes et l’incitation à commettre des actes de terrorisme.

Déclarations

M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, a affirmé que le débat d’aujourd’hui était une occasion de discuter de la meilleure façon de lutter contre les discours idéologiques terroristes.  Les groupes terroristes exploitent des croyances religieuses pour inciter à la haine et à la violence et semer la polarisation et la division au sein des États Membres, a-t-il expliqué.  Les bombes terroristes, a-t-il dit, cherchent à détruire plus que des vies humaines, elles visent nos valeurs communes et cherchent à semer la terreur.

L’objectif à poursuivre doit être de préserver les populations de la crainte et d’empêcher l’érosion de nos valeurs universelles, a poursuivi M. Eliasson, en soulignant que lorsque « nous assumons nos responsabilités, nous obtenons un avantage tant moral que stratégique ».  La confiance dans le respect des droits de l’homme fondamentaux, dans la dignité et la valeur de la personne humaine et dans la primauté de la solidarité mondiale représente la plus grande force dont nous disposons pour lutter contre les discours et les idéologies terroristes, a déclaré le Vice-Secrétaire général.

M. Eliasson a rappelé que la résolution historique 2250 (2015) du Conseil de sécurité reconnaît la valeur et le rôle des jeunes dans la construction de la paix, une résolution équivalente, a-t-il estimé, à la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité.  Il a ainsi appelé les membres du Conseil de sécurité et tous les États Membres de l’ONU à traduire cette résolution dans les faits.  « Nous devons faire plus que répéter des déclarations générales sur les « jeunes futurs dirigeants de l’avenir », a-t-il dit.  « Nous ne devons pas seulement travailler pour les jeunes, nous devons travailler avec eux.  Au lieu de voir les jeunes comme une partie du problème, nous devons exploiter leur potentiel immense pour forger des solutions. »

Les jeunes, a ajouté M. Eliasson, ont soif d’idées visionnaires.  La bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme et l’état de droit devraient être, a-t-il souligné, les composantes centrales de toute vision qui nous inspire.  Il a rappelé que le Secrétaire général avait appelé à une approche globale et pratique pour répondre aux facteurs complexes qui conduisent des individus vers l’extrémisme violent, celle-ci étant contenue dans son Plan d’action pour prévenir l’extrémisme violent.

Le Vice-Secrétaire général a également appelé à écouter avec attention les communautés affectées et à composer avec les partenaires que sont les dirigeants communautaires et religieux, les femmes et les jeunes, qui forment le meilleur rempart contre l’extrémisme violent aux niveaux local et individuel.  Par ailleurs, la protection des médias libres est un moyen de défense contre la rhétorique terroriste.  Un espace pour permettre à la société civile et aux organisations non gouvernementales d’agir librement est essentiel, a ajouté M. Eliasson, en précisant que les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme méritaient, à cet égard, sécurité et appui.

M. MOHI EL-DIN AFIFI, Secrétaire général de Al Azhar Islamic Research Academy, a dit sa douleur devant la barbarie à travers le monde qui est commise au nom de l’Islam.  L’Islam est ainsi présenté, avec parfois la complaisance des médias, comme une religion barbare, assoiffée de sang, a-t-il déploré, en rappelant que les crimes commis ne peuvent être rattachés à aucune tradition humaine.  Le Coran dit que le Prophète a été envoyé au monde comme un présent et ce monde est bien plus large que le monde musulman, puisqu’il inclut le monde animal et végétal, a-t-il continué.  M. Afifi a ainsi rappelé que dans le Coran, il est dit qu’une femme avait connu les flammes de l’enfer pour avoir refusé de donner à boire à un chat assoiffé.  La miséricorde est profondément ancrée dans l’Islam, a affirmé M. Afifi en expliquant que, selon l’Islam, l’humanité était une seule famille.

Il a ensuite regretté que l’idéologie extrémiste takfiriste des débuts de l’Islam séduise aujourd’hui des jeunes qui ne connaissent rien à cette religion.  Face à ce défi, l’Académie Al Azhar déploie de nombreux efforts pour souligner les concepts véritables de l’Islam et propager ses enseignements de tolérance.  Elle compte 40 000 étudiants, venant de plus de 130 pays, a-t-il dit.  Nous œuvrons sur le plan mondial au sein du Conseil de tutelle des musulmans qui inclut des entités provenant des différentes nations du monde musulman.  Il a également indiqué que l’Académie Al Azhar avait mis sur pied un observatoire numérique visant à détecter les publications de Daech sur Internet.  « Nous réfutons leurs fatwas et, ce, dans toutes les langues, afin d’avertir les jeunes sur les risques posés par Daech », a-t-il déclaré, en ajoutant que l’Académie Al Azhar proposait également aux jeunes des possibilités d’emploi.  En conclusion, il a appelé de ses vœux un monde de tolérance et de coexistence pacifique, avant de dire: « Que la paix de Dieu vous accompagne ».

M. STEVEN A. CROWN, Vice-Président et Conseiller juridique adjoint de Microsoft, a expliqué que pour le secteur d’Internet, l’ampleur du défi terroriste était sans précédent.  Lorsqu’un compte faisant l’apologie du terrorisme est supprimé, un autre immédiatement le remplace, a-t-il dit.  « Deux semaines après les attaques de Paris, les vidéos sur Internet défendant ces attaques avaient été vues plus d’un million de fois. »

Expliquant qu’il ne saurait y avoir de solution miracle pour empêcher que les terroristes n’utilisent Internet, M. Crown a rappelé qu’Internet avait été conçu pour libérer les énergies et potentiels, et non pas pour détruire et tuer.  Il a également noté que le secteur de l’Internet n’était pas monolithique et que les principales entreprises qui le composent étaient souvent rivales.  Mais ces entreprises peuvent unir leurs forces pour relever le défi du terrorisme comme elles ont pu le faire par le passé pour combattre les échanges d’images pédophiles.

Soulignant l’utilité des partenariats publics privés dans cette lutte, M. Crown a appelé les entreprises du secteur, les acteurs gouvernementaux et les organisations de la société civile à travailler de concert, comme elles ont commencé à le faire en se réunissant récemment à Genève.  Il a ensuite évoqué les difficultés qui persistent, en particulier le fait qu’il n’existe pas de définition universellement acceptée du terrorisme et de l’extrémisme.  En ce qui concerne l’élaboration d’initiatives visant à contrer la propagande terroriste, M. Crown a indiqué que celles-ci devraient être fondées sur le droit international et le respect de l’état de droit.  « Nous devons protéger les valeurs inaliénables, qui incluent la liberté d’expression et le droit au respect de la vie privée. »

La protection des droits fondamentaux de l’individu est cruciale pour Microsoft comme elle l’est pour les autres entreprises du secteur des technologies de l’information et des communications, a-t-il souligné, en précisant que Microsoft faisait partie d’un réseau mondial de différents acteurs en faveur de la protection de ces droits.  Il a indiqué que toute action de lutte contre la propagande terroriste devrait respecter ces principes.  « Au fur et à mesure que les initiatives de lutte contre la propagande terroriste deviennent de plus en plus complexes, nous avons besoin de plus d’échanges et de coopération », a-t-il estimé.  En conclusion, M. Crown a soutenu que cette coopération devrait être menée en toute transparence, de façon à renforcer la confiance du public.

M. SAMEH SHOUKRY, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, soulignant que la veille de son départ pour New York, huit policiers avaient été la cible d’assassinats au Caire, a affirmé que la lutte contre la montée du terrorisme, une des menaces proéminentes à la paix et à la sécurité internationales, était une obligation pour les États.  Il a ensuite demandé aux membres du Conseil d’observer une minute de silence pour toutes les victimes des actes terroristes lâches.

Le Ministre a indiqué que lors du sommet de l’Organisation de la coopération islamique, en avril dernier, le Président égyptien, M. Abdelfattah Al-Sisi, avait souligné, dans son discours, que le système international était devenu imparfait.  Pour régler cette situation, il faudrait examiner les facteurs qui y ont conduit, a-t-il dit, en faisant en particulier état des déséquilibres aux niveaux international et régional.

Pour M. Shoukry, le conflit israélo-arabe, vieux de 70 ans, demeure l’une des questions les plus cruciales dans la région.  L’échec, pendant des décennies, à prendre des mesures pour tenter de le résoudre a accru les causes qui ont contribué à l’instabilité et à la montée du terrorisme dans la région, a-t-il expliqué.

L’Égypte a toujours souligné que la lutte contre le terrorisme international ne pouvait réussir qu’en s’abstenant d’adopter une approche sélective, en traitant sérieusement et objectivement les racines de ce phénomène, en luttant efficacement contre toutes les organisations terroristes et les idéologies extrémistes et ceux qui les propagent.

La communauté internationale doit également être ferme face au financement et au soutien politique accordés à ces organisations terroristes par certains pays et certaines parties, lesquels constituent une violation flagrante du droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il est essentiel pour nous tous d’accroître la coordination et la coopération en vue de tarir ces sources de soutien, a-t-il déclaré.

Il a estimé que l’exploitation du saut technologique dans les moyens de communication et des médias sociaux par des groupes terroristes est l’un des principaux facteurs qui a permis à ces groupes de diffuser leurs messages et leurs idéologies d’une manière sans précédent.  Il a également mis l’accent sur l’importance du phénomène de l’islamophobie qui contribue, selon lui, à la propagation de la pensée extrémiste et à l’augmentation du recrutement de jeunes des minorités musulmanes dans les pays occidentaux par des organisations terroristes. 

Le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent profiter des efforts déployés activement par des institutions religieuses modérées et s’appuyer sur ces efforts, tant en réfutant les messages et les idéologies utilisées par des groupes terroristes qu’en mettant en évidence et en expliquant les interprétations des vrais concepts des religions.

De même, a souligné le Ministre, il est essentiel pour les pays et les sociétés, y compris ceux de l’Occident, de réaffirmer que le terrorisme n’est pas lié à une religion, à la culture ou à des peuples.  M. Shoukry a en outre mis l’accent sur la nécessité de criminaliser la diffusion de messages et d’idéologies terroristes, sans empiéter sur le principe de la liberté d’expression et mis l’accent sur le rôle que les médias peuvent aussi jouer pour empêcher la diffusion de tels discours.  Il a fait état, également, du rôle qui doit être joué par la société civile dans différents pays, dans le cadre de la législation de chaque pays, dans la lutte contre les messages et les idéologies des groupes terroristes.

Enfin, M. Shoukry a insisté sur la nécessité de coopérer et d’harmoniser les efforts en cours aux niveaux national, international et régional pour lutter contre les messages et les idéologies des groupes terroristes.

« Notre voix doit être ferme et unie, et notre message -le message du monde entier à des terroristes- doit être clair et retentissant », a-t-il conclu, en qualifiant ces derniers d’« ennemis de l’humanité ».  « Laissez-nous travailler ensemble pour être la voix de la vérité, de la justice et de la tolérance, face à la voix du terrorisme, de l’extrémisme et de la haine. »

M. MURRAY MCCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a rappelé que chaque société comprenait en son sein des éléments désenchantés et désaffiliés qui pouvaient être perméables à l’idéologie extrémiste.  Il a apporté le soutien de son pays aux quatre piliers de la stratégie antiterroriste de l’ONU et souligné le rôle central du Conseil dans cette lutte.

« La contribution la plus importante que le Conseil pourrait apporter serait d’améliorer sa capacité à prévenir et résoudre les conflits », a poursuivi le Ministre, en rappelant que le conflit palestinien avait alimenté le désespoir et l’extrémisme depuis des générations.  Il a ensuite indiqué que l’édification de sociétés plus fortes et plus inclusives était le moyen à long terme le plus efficace contre la propagation du terrorisme.  L’instauration d’une gouvernance inclusive et la défense des droits fondamentaux, a-t-il souligné, sont cruciales pour défaire les idéologies extrémistes.

M. McCully a ensuite invité les gouvernements à se montrer plus actifs et innovants dans leur stratégie antiterroriste et à améliorer leur coopération.  Dans ce droit fil, il a souhaité la pleine mise en œuvre des régimes de sanctions du Conseil contre Daech, Al Qaida et les Taliban.  En conclusion, le Ministre a souligné l’acuité du défi que constitue le retour des combattants terroristes étrangers, y compris pour la Nouvelle-Zélande, et l’importance d’une coopération robuste dans les domaines de la sûreté aérienne et du contrôle des frontières pour y remédier.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a déclaré que lors d’une récente visite au Cameroun, au Tchad et au Nigéria, elle avait rencontré des victimes de Boko Haram qui ont raconté les horreurs des enlèvements d’enfants et de la violence.  Elle a ensuite fait état d’exemples des pays qui voient leurs citoyens céder aux appels de Daech, et elle a indiqué que la lutte contre le terrorisme doit se faire en conformité avec le droit et dans le respect de la liberté d’expression.  Elle a estimé qu’une telle stratégie doit s’atteler à exposer les mensonges qui sous-tendent les récits des terroristes, et notamment grâce à des efforts conjoints avec les organisations religieuses et de la société civile, et avec les gouvernements jouant un rôle de soutien en fournissant une formation appropriée.  « La vérité est de notre côté », a—t-elle déclaré, en soulignant qu’il était contre-productif de traiter les médias comme des ennemis de l’État.

Mme Power a ensuite recommandé d’examiner de manière approfondie les causes profondes qui conduisent les individus et les communautés à embrasser les récits terroristes.  Parfois, les motivations locales vers le terrorisme n’ont aucune base religieuse, a-t-elle argué, en affirmant que ces appels locaux comportaient des avantages pour ces gens.  Elle a cité le cas d’une femme aux États-Unis qui avait dit que la promesse de camaraderie l’avait motivé à rejoindre Daech.  Elle a, en outre, parlé du témoignage d’un iman au Mali qui expliquait à l’organisation Human Rights Watch que les communautés sont attirées par des groupes terroristes en raison de certains des services de base que ces groupes fournissent.

M. REEZAL MERICAN NAINA MERICAN, Ministre adjoint des affaires étrangères de la Malaisie, a affirmé, que si le terrorisme n’avait pas de religion, « les musulmans ne devaient pas cultiver le déni ».  « Nous devons être honnêtes avec nous-mêmes et reconnaître, que cela nous plaise ou non, que nous devons remédier à l’exploitation qui est faite de l’islam par les groupes terroristes, ce qui a conduit à ce lien perçu entre terrorisme et islam », a-t-il dit.

Soulignant l’importance, pour comprendre une religion, d’en étudier les textes fondamentaux, M. Merican a indiqué que la paix était l’essence même de l’islam, citant à cette fin le verset 224 du second chapitre du Coran.  Il a précisé que le concept « de fin justifiant les moyens » n’avait aucune place en Islam.  « Bien avant les Conventions de Genève de 1949, le Prophète et les savants après lui ont élaboré une doctrine de guerre juste, qui interdit aux musulmans dans la conduite de la guerre de s’en prendre aux non-combattants, en particulier les femmes, les enfants, les personnes âgées et malades. »  Il a souligné l’urgence de montrer que ce sont bien les extrémistes qui sont les blasphémateurs.  « Ce sont eux qui insultent et pervertissent les enseignements du Saint Coran et de la Sunna. » 

Il a également plaidé pour l’éradication des causes profondes qui expliquent le succès de l’idéologie extrémiste auprès de certains individus désaffiliés et frustrés, parmi lesquelles il a cité les violations graves des droits de l’homme, les occupations étrangères ou bien encore les discriminations systématiques.  Le Ministre a souhaité qu’il y ait davantage de figures musulmanes adeptes des réseaux sociaux qui puissent s’adresser aux jeunes sur Internet et développer auprès d’eux un message de tolérance, y compris en explicitant le concept de djihad.

En conclusion, rappelant l’engagement ferme de son pays dans la lutte contre le terrorisme, le Ministre adjoint des affaires étrangères de la Malaisie a affirmé que les attaques terroristes ne faisaient pas de distinction entre femmes et enfants, entre musulmans, juifs et chrétiens et entre riches et pauvres.  « Ne laissons pas les terroristes nous diviser », a-t-il conclu.

M. IGNACIO YBANEZ, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Espagne, a estimé que les États avaient l’obligation d’empêcher la propagande des terroristes, en commençant par la criminalisation de l’incitation au terrorisme.  Il est nécessaire, a-t-il dit, de surveiller et d’empêcher les actes de ceux qui incitent au terrorisme au sein des organisations sociales, des écoles ou des centres religieux, ainsi que dans les nouvelles technologies de l’information, Internet et les réseaux sociaux.  Pour ce faire, il convient d’avoir une législation appropriée et de s’assurer le soutien des partenaires sociaux décisifs. 

De même, la communauté internationale doit présenter des valeurs positives telles que la coexistence pacifique, le pluralisme, la liberté de chaque personne de choisir les idées et les principes qui visent à guider sa vie, la liberté de croyance et d’idées et d’opinion.  Il est important de les opposer à l’intolérance et à la propagande haineuse des terroristes et des groupes extrémistes violents, a-t-il dit.

Le Ministre a également mis l’accent sur la nécessité de compter sur le soutien des dirigeants communautaires, des chefs religieux, des enseignants et des éducateurs, des leaders d’opinion, des militants des droits de l’homme et des médias, ainsi que des familles. 

Dans le domaine de la prévention, l’Espagne, qui coparraine l’Alliance des civilisations des Nations Unies, attache une grande importance au dialogue interculturel et interreligieux, lequel constitue un outil pour la prévention de la radicalisation violente.  À cet égard, a-t-il dit, l’Espagne a présenté plusieurs propositions lors du récent Forum de l’Alliance des civilisations, qui s’est tenu à Bakou, en Azerbaïdjan: la création d’un comité pour la tolérance et des messages positifs sur l’Internet, le développement d’un guide de bonnes pratiques dans l’éducation et la diversité pour l’intégration sociale, une plateforme des dirigeants religieux pour la paix, en particulier dans les zones de conflit.

M. SHINSUKE SUGIYAMA, Ministre adjoint des affaires étrangères du Japon, a salué le Plan d’action du Secrétaire général visant à prévenir l’extrémisme violent et appelé à sa rapide mise en œuvre.  Il a invité le Conseil à intensifier ses efforts contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Détaillant les initiatives de son pays dans cette lutte, M. Sugiyama a indiqué que le Japon avait contribué à hauteur de 1,5 million de dollars au Fonds mondial pour l’engagement de la communauté et la résilience visant à appuyer les initiatives locales contre l’extrémisme violent.

Le Vice-Ministre a ensuite souligné la nécessité de donner plus de résonance aux voix modérées prônant la tolérance et le pluralisme, en faisant remarquer que la notion de modération était partagée par plusieurs civilisations.  Les efforts visant à lutter contre l’extrémisme violent doivent être menés dans le respect de la Charte des Nations Unies, a-t-il affirmé.  M. Sugiyama a rappelé que le Japon, qui va accueillir les 26e et 27e réunions du G-7 ce mois-ci, jouait un rôle de chef de file dans l’élaboration du plan d’action du G-7 contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  « Notre but est de créer un plan d’action concret qui représenterait l’apport des dirigeants du G-7 aux efforts contre le terrorisme », a conclu le Ministre adjoint des affaires étrangères du Japon.

M. LIU JIEYI (Chine) a affirmé que le terrorisme constituait une menace grave pour la paix et la sécurité internationales, un défi commun que doit relever l’ensemble de la communauté internationale.  Le délégué chinois a mis l’accent sur la nécessité de respecter des normes unies et de ne lier le terrorisme à aucune religion ou groupe particulier.  Il faut, selon lui, adopter des mesures coordonnées intégrées sur les plans économique, culturel et de l’éducation.

Le représentant a souligné qu’il était essentiel d’éradiquer les fondements idéologiques des terroristes.  Tous les pays doivent incorporer la lutte contre le terrorisme dans leur stratégie de développement.  Davantage d’efforts doivent être entrepris pour empêcher la diffusion d’idéologies terroristes ou extrémistes et traduire en justice les responsables.  Il convient également, a-t-il ajouté, de promouvoir le dialogue entre les civilisations et d’ériger des relations internationales d’un type nouveau, caractérisées par le respect mutuel et l’ouverture d’esprit.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rappelé que malgré les succès enregistrés ces derniers mois dans la lutte contre Daech en Iraq et en Syrie, la propagande de ce groupe continue malheureusement d’exercer un attrait important sur les populations.  Il a affirmé qu’en France, ce sont plus de 2 000 ressortissants ou résidents qui sont impliqués dans les filières terroristes syro-iraquiennes, et près de 9 300 personnes ont été signalés aux autorités pour radicalisation.  À l’échelle mondiale, il a rappelé que les estimations font état de près de 30 000 combattants terroristes étrangers issus d’une centaine de pays et qui ont rejoint la Syrie ou l’Iraq.  Il a noté qu’en dépit du récent recul du nombre de messages et de vidéos diffusés par Daech, Internet reste le canal de recrutement privilégié par les terroristes qui utilisent notamment des sites d’apologie du terrorisme, des forums de discussion, des services de messagerie directe, des vidéos et des réseaux sociaux.

Face à cette menace, M. Delattre a invité la communauté internationale à « casser cette entreprise d’embrigadement à grande échelle », avec la plus grande détermination et tous les moyens nécessaires, mais toujours avec les armes du droit, dans le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, car « ce sont ces mêmes droits de l’homme que les terroristes veulent anéantir, parce qu’ils sont au cœur même de nos démocraties ».  Il a expliqué que l’approche française s’articule autour de deux axes, dont la première comporte une dimension préventive et dissuasive avec des actions de contre-influence visant à délégitimer Daech auprès des potentiels recrues et des opinions publiques.  C’est dans cette optique que la France a créé, en janvier 2015, le site « stop-djihadisme.gouv.fr ». 

En outre, le plan d’action de la France contre la radicalisation et le terrorisme qui a été actualisé le 9 mai prévoit 50 nouvelles mesures concrètes pour améliorer la compréhension du phénomène et renforcer davantage la politique de prévention.  La seconde dimension de l’approche française est répressive, avec notamment le blocage des sites Internet et le retrait de contenus, dans le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, a-t-il précisé.  Dans ce contexte, la France entretien depuis le début de l’année 2015 un dialogue étroit continu avec les grands acteurs d’Internet tels que Microsoft, Facebook, Twitter ou encore Google.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a indiqué qu’Internet était devenu une ligne de front dans la lutte contre le terrorisme.  Il a souligné la capacité d’attraction très forte de la « marque Daech » sur Internet auprès de certains individus fragiles, détaillant ainsi le cas d’un étudiant britannique qui s’est rendu en Turquie dans le but de franchir la frontière syrienne après avoir été endoctriné sur Internet.  « Il y a pourtant une alternative à cette marque Daech », a-t-il dit, en indiquant que cette alternative devrait résulter d’une approche globale, engageant toute la société.

Affirmant que la liberté devrait être la norme sur Internet, il a insisté sur la nécessité de donner plus de résonance aux voix qui s’attaquent à l’extrémisme violent et résolument appuyé le Plan d’action du Secrétaire général.  M. Rycroft a ensuite mentionné les efforts menés par certains pays, dont le sien et Bahreïn, pour combattre la propagande de Daech au Moyen-Orient, avec un certain succès, puisque les « produits média » de Daech ont diminué.  « Désormais, pour chaque compte twitter en faveur de Daech, six comptes lui répondent et luttent contre sa propagande ».  En conclusion, le représentant a repris le cas de l’étudiant précité, en indiquant que son frère, grâce aux réseaux sociaux, avait réussi à le persuader à ne pas se rendre en Syrie et à rentrer au Royaume-Uni.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a affirmé que la croissance du radicalisme de ces dernières années se nourrissait de la propagande terroriste sans précédent qui vise particulièrement les jeunes et les couches défavorisées de la population.  La communauté internationale, a-t-il dit, a besoin de solutions efficaces pour répondre à cette tendance dangereuse.  De même, des mesures préventives doivent être prises dans le cadre plus large du terrorisme. 

Pour le représentant russe, qui a énoncé certaines des mesures prises par son pays pour lutter contre la propagation de la rhétorique terroriste et de l’extrémisme violent, a estimé que la coopération des États devrait se baser sur le droit international existant dans ce domaine et la stratégie antiterroriste mondiale.  Il a indiqué que son pays appuyait la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité, préparée par l’Égypte, laquelle constitue notamment une contribution essentielle, selon lui, à la mise en œuvre de la résolution 1624 (2005) du Conseil de sécurité. 

M. FODÉ SECK (Sénégal) a affirmé que l’approche de son pays contre le terrorisme et l’extrémisme violent reposait sur la prévention, la coopération et la réaction rapide.  « Nous mettons l’accent sur la sensibilisation et la concertation avec les guides religieux et les maîtres coraniques dont le rôle est essentiel pour déconstruire le discours extrémiste », a-t-il assuré.  Le représentant a rappelé que la tolérance et le respect de la diversité étaient des valeurs séculaires au Sénégal, qui est un État laïc qui accorde une grande importance au dialogue des cultures et des religions.  Au niveau régional, pour faire face à la vague d’attaques sanglantes qui a récemment frappé l’Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Mali et le Sénégal ont décidé de renforcer les relations entre leurs services de sécurité, a indiqué le représentant.

Il a ensuite estimé que la lutte contre le terrorisme devrait s’attaquer aux causes structurelles et conjoncturelles propices à son évolution, notamment la marginalisation, la mauvaise gouvernance et l’absence de perspectives socioéconomiques.  Le délégué a notamment défendu la mise en place d’établissements de formation religieuse prônant la tolérance, la mise en lumière du vrai visage des groupes terroristes qui ne sont que des organisations mafieuses et les efforts visant à les discréditer sur le plan religieux.  « L’adoption par la communauté internationale d’une stratégie globale, coercitive et inclusive, n’est plus une simple option, mais un impératif », a estimé le représentant du Sénégal avant de conclure.

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a affirmé que les idéologies terroristes et extrémistes violentes, propagées à travers le monde par des entités comme l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), Al-Qaeda et les groupes et les individus qui leurs sont associés, posaient une menace sérieuse à la paix et à la sécurité internationales, de même qu’à la stabilité mondiale.  Pour lui, la réponse collective à cette menace doit porter sur le règlement des facteurs sous-jacents qui alimentent les idéologies extrémistes violentes et terroristes. 

De même, convient-il, à ses yeux, de combiner des mesures de lutte et de prévention plus nuancées et globales, qui s’attaquent au déficit de gouvernance, promeuvent le développement social et le dialogue, respectent l’état de droit et les droits de l’homme, les stratégies de communication, l’engagement des femmes et des jeunes, les partenariats public-privé.

Le représentant a concentré également son intervention à la situation dans son pays, accusant la Fédération de Russie qui, a-t-il dit, a tenté d’annexer de façon illégale une partie du territoire de l’Ukraine, la République autonome de Crimée et Sébastopol, et continue ses activités subversives en s’appuyant sur des terroristes dans la région du Donbass.  Il a ainsi dénoncé une idéologie néo-impérialiste qui tolère et encourage la violation du droit international, des droits de l’homme et des crimes graves, parmi lesquels des actes terroristes. 

M. ISMAEL A. GASPAR MARTINS (Angola) a indiqué que la radicalisation et l’extrémisme violent trouvaient un terrain fertile dans le contexte de la pauvreté, du chômage, de la corruption, du mépris des droits humains fondamentaux, ou encore de l’exclusion, la marginalisation et la mal gouvernance entre autres.  Il a aussi estimé que l’une des causes constamment évoquées dans les récits des terroristes était la situation de conflits non résolus, ce qui permet aux terroristes d’exploiter les complaintes profondes qui résultent des situations d’oppression ou des conséquences d’une intervention étrangère. 

Compte tenu de cette situation, le représentant a insisté sur l’urgence de résoudre les conflits qui perdurent.  Il a par ailleurs noté que l’un des aspects les plus pervers de cette idéologie violente résultait de l’exploitation des croyances religieuses pour diviser les pays et perpétrer des crimes haineux au nom de la religion.  Il a plaidé afin que les jeunes soient sensibilisés en les impliquant aux processus de prise de décisions dans la vie de leur communauté.

M. RAFAEL RAMIREZ (Venezuela) a indiqué que le terrorisme, « expression ultime de la violence extrémiste », pouvait s’expliquer par plusieurs facteurs, dont le premier est les interventions extérieures qui se sont déroulées en Iraq, en Libye, et sont toujours en cours en Syrie.  En raison de ces interventions, les États se sont effondrés, ce qui a ouvert la voie au sectarisme religieux, a-t-il déploré, en ajoutant que ce vide étatique était précisément le but recherché par ces interventions.

M. Ramirez a rappelé que le terrorisme ne saurait être associé à aucune religion.  La religion musulmane, a-t-il déploré, est mal comprise.  Il a ensuite regretté le soutien apporté à des groupes violents non étatiques qui peuvent se transformer en groupes terroristes.  La frontière entre milices et groupes terroristes est de plus en plus floue, a-t-il dit.  Le délégué a ensuite indiqué que les discriminations qui frappent les minorités musulmanes dans les pays occidentaux étaient l’un des facteurs expliquant le grand nombre de combattants étrangers ayant rejoint Daech en Syrie.

L’intervention de certains pays en Syrie peut inciter certains jeunes musulmans à rejoindre Daech parce qu’ils ont le sentiment de lutter contre une croisade, a-t-il affirmé.  En conclusion, le délégué a invité le Conseil à s’abstenir de toute approche « deux poids deux mesures » dans la lutte contre le terrorisme –« il n’y a pas de bons ou de mauvais terroristes »- et souhaité que le terrorisme fasse l’objet dans une convention d’une définition universellement acceptée.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a mis l’accent sur la nécessité de lutter contre les causes profondes qui constituent un terreau fertile pour les organisations terroristes.  Il faut, a—t-il dit, une responsabilité collective et travailler ensemble de manière efficace.  De même, est-il tout aussi important de créer un espace où l’on pourra aborder la lutte contre la rhétorique terroriste. 

Le représentant a relevé qu’il existait une multiplication des initiatives en la matière, nécessitant une coordination afin d’éviter un affaiblissement de ces efforts.  Aucune mesure prise ne doit être une atteinte à la liberté d’expression, à la liberté de culte, à la liberté de la presse et conduire à la stigmatisation des mouvements politiques ou religieux, a-t-il dit. 

M. ALBERT KOENDERS, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a souligné l’importance de la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Il faut penser globalement et agir localement, a-t-il estimé.  Il a insisté sur la nécessité d’une confiance accrue entre les pays pour répondre au phénomène des combattants terroristes étrangers qui « sont parmi nous ».  Il faut mettre à bas cette défiance qui permet à des terroristes de ne pas être inquiétés, a affirmé M. Koenders.  Il a également noté que les messages des gouvernements étaient plus efficaces quand ils étaient portés par des jeunes.

« Nous livrons une bataille moderne avec des vieux outils », a-t-il poursuivi, en indiquant que les jeunes sont à l’aise avec les réseaux sociaux et savent comment pensent leurs congénères devraient jouer un rôle de premier plan. Il a affirmé que la liberté d’expression était essentielle et rejeter l’idée d’utiliser l’expression de contre-récits car celle-ci lui apparaît comme trop défensive.  Les jeunes sont notre première ligne de défense contre l’extrémisme violent, a conclu le Ministre, en insistant sur la nécessité de les aider afin qu’ils apprennent à prendre leur vie en mains.  « Les jeunes sont les agents du changement », a conclu M. Koenders. 

Mme SUSANNA MALCORRA, Ministre des affaires étrangères et du culte de l’Argentine, a affirmé que son pays, qui a été victime d’attaques terroristes sanglantes, condamnait le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et considérait que les actes terroristes constituaient non seulement une menace pour la paix et la sécurité internationales, mais aussi une menace pour la dignité humaine, la stabilité et la coexistence, la consolidation de la démocratie et le développement économique et social des nations.  De même, le terrorisme ne peut pas et ne doit pas être associé à une religion, à une nationalité, à une civilisation ou à un groupe ethnique.

L’Argentine, a dit Mme Malcorra, est favorable à des actions au niveau mondial visant à faciliter l’échange d’informations utiles pour la détection précoce du déplacement potentiel de combattants terroristes étrangers.  Cependant, si l’on ne peut pas lutter contre le terrorisme uniquement avec la mise en œuvre de mesures de défense ou de sécurité, il convient de fonder les efforts entrepris sur une approche globale, telle que la Stratégie antiterroriste mondiale, et la nécessité de respecter les droits de l’homme, le droit international humanitaire et le droit international relatif aux réfugiés.

La Ministre a, en outre, souligné l’importance de lutter contre la radicalisation par l’Internet, en développant des messages positifs et contre-narratifs, en collaboration avec les fournisseurs de services d’accès et le secteur privé, tout en respectant la liberté d’expression.

Mme MARGOT WALLSTROM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a souligné que la réponse de la communauté internationale face au terrorisme devait être collective, étant donné que cette menace est transnationale.  Elle a appelé l’ONU à se focaliser sur la mise en œuvre du Plan d’action des Nations Unies pour la prévention de l’extrémisme violent, un outil que la Suède soutient, a-t-elle noté. 

Elle a affirmé que la coopération régionale et les organisations régionales pourraient jouer un rôle clef à cet effet, invitant l’ONU à rassembler ces organisations afin que chacune d’elles apporte sa valeur ajoutée à l’effort mondial.  Elle a également mis l’accent sur la nécessité de travailler avec la société civile, les médias, les dirigeants religieux et communautaires, les travailleurs sociaux et les organisations confessionnelles, ainsi que celles du secteur des affaires.

Mme Wallstrom a fait observer que malgré leur caractère abject, les récits des terroristes apparaissent tout de même attrayants pour certaines personnes.  Elle a relevé que notre compréhension des processus de radicalisation restait pauvre, et que la clef du succès résiderait dans le fait de se rapprocher des jeunes.  Elle a également appelé à cibler les causes profondes du mal, affirmant que le terrorisme et l’extrémisme violent se nourrissaient des complaintes qu’ils ne résolvaient pas, mais plutôt qu’ils contribuaient à nourrir. 

Elle a déclaré que la privation des droits économiques et sociaux, le manque de dignité, la corruption, le déficit démocratique et les violations des droits de l’homme faisaient parfois partie du contexte menant à la radicalisation.  Elle a souligné qu’il faudrait ainsi cibler ces défis de manière résolue, par exemple en s’évertuant à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. ABDUSALAM H. OMER, Ministre des affaires étrangères et de la promotion de l’investissement de la Somalie, a indiqué que son pays était engagé dans des partenariats avec l’ONU, la Ligue des États arabes, l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et l’Union africaine pour vaincre l’extrémisme violent.  Il a affirmé qu’une réponse efficace à cet extrémisme violent devait combiner bonne gouvernance, respect de l’état de droit et promotion des idéaux de paix afin de montrer à ceux qui pourraient se radicaliser qu’il existe une alternative. 

Étant donné la nature évolutive de la menace terroriste, nous devons unir nos forces, a continué le Ministre.  Il a également souligné que l’élément central de l’Islam était la tolérance et estimé que l’islamophobie était « aussi extrême et déshumanisante que toute autre forme d’extrémisme et devait être combattue ».  « Aujourd’hui en Somalie, nous combattons l’extrémisme violent grâce à une éducation religieuse véritable, une amnistie pour tous ceux qui tournent le dos aux idées radicales et la sensibilisation de notre population sur les dangers de l’extrémisme violent », a-t-il dit.

En conclusion, M. Omer a dit son espoir que la stratégie de son gouvernement contre l’extrémisme violent sera couronnée de succès, au fur et à mesure que la Somalie s’engagera plus avant dans la voie de la stabilité et du développement.

Mme LILJA D. ALFREDSDÓTTIR, Ministre des affaires étrangères de l’Islande, a dit attendre avec impatience la conclusion de l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et les discussions sur le Plan d’action du Secrétaire général sur l’extrémisme violent.  Le rapport du Secrétaire général sur la menace posée par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL/Daech) dresse, a-t-elle dit, un tableau effrayant de la sophistication de Daech et d’autres mouvements similaires dans la manipulation des jeunes par l’utilisation des médias, y compris sociaux.  Il n’y a pas d’approche simple pour identifier les terroristes potentiels, et encore moins de solution miracle pour arrêter la radicalisation et le recrutement, a-t-elle dit.

Il faut ainsi, a recommandé la Ministre, agir ensemble de toute urgence en tant que communauté mondiale.  La coordination sur la façon d’aborder le terrorisme et l’extrémisme violent au sein de l’ONU doit être améliorée.  Elle a également mis l’accent sur la nécessité d’œuvrer à une approche globale à l’échelle internationale. 

M. VINCENZO AMENDOLA, Sous-Secrétaire général aux affaires étrangères et à la coopération internationale de l’Italie, a expliqué qu’en matière de prévention de l’extrémisme violent, l’Italie soutenait le Plan d’action des Nations Unies pour la prévention de l’extrémisme violent qui prévoit, notamment, des mesures en matière de communication stratégique sur Internet et à travers les médias sociaux.  Il a invité la communauté internationale à mettre sur pied des solutions à long terme qui tiennent compte de la compréhension des forces aliénant les individus, les jeunes particulièrement, et les poussant à rejoindre les groupes extrémistes.  Il a ainsi appelé à s’attaquer aux causes profondes du phénomène, comme, par exemple, le manque d’opportunités économiques, la marginalisation et la discrimination, la mauvaise gouvernance et les violations des droits de l’homme et de l’état de droit ou encore la radicalisation en prison et dans les communautés marginalisées.  Il a également prôné la pleine application des résolutions des Nations Unies, en rappelant qu’une série de résolutions avaient été adoptées au cours de ces dernières années pour combattre le terrorisme, et qui doivent être mises en œuvre de manière effective.

M. Amendola a en outre invité à adresser des messages positifs de tolérance et d’inclusion, en ajoutant qu’il était nécessaire d’aller au-delà de ces récits pour établir par exemple des lois, comme cela s’est fait en Italie, afin de punir l’apologie du terrorisme à travers les médias sociaux.  Il a aussi affirmé que la culture et l’éducation étaient au cœur même de notre action de prévention de l’extrémisme violent.  Il a expliqué que les enlèvements d’élèves et d’étudiants et la destruction des écoles et d’universités par les groupes extrémistes violents confirmaient que la culture et l’éducation étaient leurs pires ennemies et, par ricochet, nos meilleurs alliés dans la promotion de la tolérance, de l’inclusion et de l’ouverture d’esprit.  Il a expliqué que c’est fort de ce constat que l’Italie avait signé, le 16 février dernier, avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), un accord pour l’établissement d’une équipe spéciale en charge de la protection d’anciens sites culturels dans des zones de conflits, les Casques bleus de la culture.

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a déclaré que l’Organisation des Nations Unies était l’instance appropriée pour conduire les efforts mondiaux de lutte contre le terrorisme et les idéologies qui nourrissent ce fléau.  Il a jugé que les résolutions 1624 (2005) et 2178 (2014) étaient des outils très importants pour lutter contre le terrorisme.  Il a souligné qu’il était urgent de parvenir à l’adoption d’une convention de lutte contre le terrorisme, dont le projet est en discussion à la Sixième Commission.  Le représentant des Maldives a ajouté que l’ONU pouvait aider les États Membres à mieux collaborer et à promouvoir la paix à tous les niveaux de la société.  Il a expliqué que les Maldives avaient promulgué, en octobre 2015, une loi sur la lutte contre le terrorisme qui interdit la publication et la distribution de tous documents ou matériaux incitant à des activités terroristes.  

Mme LONE WISBORG, Secrétaire d’État pour les affaires politiques du Danemark, a souhaité la poursuite de la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale et l’application des recommandations clefs du Plan d’action du Secrétaire général sur la prévention de l’extrémisme violent.  Elle a rappelé que le Danemark avait adopté son propre plan en 2014 qui repose sur une collaboration interagences accrue et un partenariat avec les communautés locales.

Elle a insisté sur la nécessité d’offrir à la jeunesse un idéal et une identité, grâce à des mesures éducatives et des perspectives économiques, afin de lutter contre l’extrémisme violent.  Une société ouverte et inclusive est le meilleur rempart contre cet extrémisme, a affirmé Mme Wisborg.

Enfin, la Secrétaire d’État a indiqué que le Danemark appuyait les initiatives visant à documenter les atrocités commises par Daech en Iraq et en Syrie afin de saper sa capacité de séduction auprès de combattants étrangers potentiels.

M. ALAIN LE ROY, Secrétaire général du Service européen pour l’action extérieure (SEAE), a expliqué que l’Union européenne avait développé une vision claire de la lutte qui doit être menée contre le terrorisme et la radicalisation.  Il a expliqué que cette vision était reflétée dans le nouveau programme européen en matière de sécurité 2015-2020, ainsi que dans les conclusions relatives à la lutte contre le terrorisme adoptées par le Conseil de l’Union européenne en février 2015.  En décembre 2015, le Commissaire européen, M. Avramopoulos, a lancé le Forum européen de l’Internet au cours duquel les États membres, les fournisseurs d’accès Internet et la société civile ont débattus de deux objectifs: premièrement comment supprimer rapidement les contenus terroristes et deuxièmement comment diffuser des messages de substitution propres à contrer la propagande terrorisme.  S’agissant du premier, l’unité de signalement des contenus sur Internet d’Europol aide à identifier les contenus terroristes et à les signaler aux fournisseurs d’accès à Internet pour qu’ils les suppriment.  En ce qui concerne le second objectif, le réseau européen de sensibilisation à la radicalisation réunit les organisations de la société civile et les industries pour développer des contre-discours, à renforcer l’esprit critique, les valeurs civiques et le sens de l’engagement. 

M. GEORGES NAKSEU-NGUEFANG, Directeur des affaires politiques et gouvernance démocratique de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a affirmé que les conditions qui conduisent une partie de notre jeunesse à adhérer aux discours destructeurs sont multiples: les conflits qui nourrissent la haine, la montée de la radicalisation violente et la crise de la relation entre l’État et la société. 

Le déficit de gouvernance et de représentation politique se traduit de plus en plus par une rupture de confiance dans l’État et ses représentants, à tous les niveaux.  Les systèmes politiques de certains pays francophones ne laissent en effet que très peu de place à la représentation ainsi qu’à l’expression des besoins de jeunes.  Cette jeunesse a le sentiment de ne pas être correctement administrée ni impliquée dans la vie sociopolitique, et reproche à l’État de ne pas être en mesure de combattre les inégalités d’offrir d’opportunités économiques professionnelles.

Il importe que les acteurs publics pussent davantage et mieux intégrer les jeunes et les femmes dans le champ politique, créer les conditions propices pour les associer à l’exercice du pouvoir, rajeunir et féminiser la classe politique, mais aussi promouvoir l’engagement civique et politique comme moyen d’insertion ou encore créer des espaces de débats et de dialogue dans la sphère politique, l’université, les réseaux sociaux.

Dans cette logique, la Secrétaire générale de la Francophonie a lancé, le 10 mars 2016, la campagne « Libres ensemble » qui offre un espace public à la parole de la jeunesse francophone en lui proposant de faire entendre sa voix et d’affirmer son attachement aux valeurs de la Francophonie que sont la liberté, la solidarité, la fraternité, la diversité et la paix.  En moins d’une semaine, plus de deux millions de jeunes s’y sont intéressés. 

Il est tout aussi important d’insister sur l’éducation aux médias.  L’élaboration d’outils de compréhension des risques liés à l’utilisation des nouvelles technologies ou d’outils permettant d’élaborer des discours critiques face à ces contenus, doit être encouragée.

La Francophonie organisera une conférence internationale intitulée « Lutte contre le terrorisme et prévention de la radicalisation violente: vers une approche francophone intégrée », les 6, 7 et 8 juin 2016 à Paris dont l’objectif est de définir une stratégie globale pour lutter contre le terrorisme et prévenir la radicalisation violente dans notre espace.

M. BERNARDITO AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a estimé que les groupes terroristes lançaient avant tout un défi aux dirigeants religieux qui se trouvent en première ligne de la lutte contre le terrorisme.  C’est eux qui doivent s’évertuer à dénoncer les manipulations de la foi et le recours à des textes sacrés comme justification de la violence.  L’éducation objective est d’une importance fondamentale pour déconstruire le terrorisme et ses discours.  Il a salué la pertinence de la « Déclaration de Marrakech » du 27 janvier 2016 qui appelle à revoir les programmes éducatifs religieux, à raffermir les liens avec les minorités religieuses et écarter les discours haineux à leur encontre. 

Par ailleurs, il a jugé essentiel de couper l’accès cybernétique aux groupes terroristes afin de les priver de moyens de recrutement et de financement.  « Si nous souhaitons gagner les cœurs et les esprits de nos jeunes, nous devons ériger des sociétés inclusives et empêcher le trafic d’armes et favoriser la construction de ponts plutôt que de murs, a insisté l’Observateur du Saint-Siège.

Alors qu’aujourd’hui, dans ce qui est la journée la plus meurtrière qu’ait connue Bagdad depuis le début de l’année, plusieurs attentats suicides ont coûté la vie a une centaine de civils, dont de nombreux femmes et enfants, M. MOHAMED ALI ALHAKIM (Iraq) a déclaré que les extrémismes violents constituaient une menace directe à la paix et la sécurité internationale et à la stabilité des États.  Il a dit l’importance de programmes scolaires qui permettent de déconstruire les discours extrémistes. 

Le représentant iraquien a suggéré la constitution d’un répertoire de livres dont la vente doit être interdite.  Il a aussi appelé la communauté internationale à aider les États victimes de terrorisme à mettre en place des mécanismes et initiatives permettant à toutes les parties prenantes de lutter contre le terrorisme.   

M. DANNY DANON (Israël) a dit que lorsqu’il faut parler des victimes israéliennes, il y a toujours des excuses au terrorisme.  Mais le terrorisme contre Israël ne concerne pas les actions d’Israël mais son existence même, a-t-il ajouté.  Cela concerne les valeurs qu’elle représente.  Les terroristes ont attaqué le peuple israélien avant 1967, avant qu’Israël ne devienne un État en 1948, avant que le Conseil de sécurité n’existe. 

Après avoir dénoncé les différents groupes comme Boko Haram, l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL/Daech), le Hamas et les autres qui déforment la justice au nom de la religion pour justifier le meurtre de gens innocents, le représentant a critiqué l’Iran qu’il considère comme le plus important actionnaire de l’entreprise terroriste.  L’Iran finance le meurtre et la destruction dans la région et au-delà.  L’Iran nourrit la peur, l’instabilité et le chaos partout dans le monde, a-t-il également estimé.  Le temps est venu pour le Conseil de sécurité d’éliminer le fonds iranien pour le terrorisme, et de mettre fin à la ligne d’alimentation de la violence au Moyen-Orient et dans le monde.

M. MIGUEL CAMILO RUIZ BLANCO (Colombie) a dit que son gouvernement avait élaboré des politiques visant à mettre fin au terrorisme qui a été utilisé pendant le conflit armé.  Il a souligné l’importance de la participation et de l’implication de la société civile pour la promotion de la confiance et l’amélioration de la résilience des sociétés.  Il a plaidé pour la participation des femmes et des jeunes aux efforts de lutte contre le terrorisme qui doivent être accompagnés d’autres efforts en matière d’éducation. 

L’objectif est notamment de diminuer les recrutements terroristes et de mettre l’accent sur les droits des victimes.  Le représentant a aussi souligné l’importance des efforts de prévention pour préserver les jeunes des effets négatifs du culte de la violence auxquels ils sont exposés. 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a jugé impératif de contrer l’approche des terroristes à chacune de ses étapes.  Elle a dit la nécessité d’anticiper l’exploitation que font les groupes terroristes des craintes réelles ou perçues, locales ou extérieures.  Elle a aussi prévenu des dangers que représentent les moteurs internationaux qui contribuent aux injustices, comme l’occupation étrangère et toutes les formes de violations du droit international qui peuvent nourrir les discours terroristes. 

Si nous savons que les conflits alimentent le terrorisme, il est urgent de mettre fin à ces conflits, a insisté la représentante du Pakistan en appelant à lutter contre l’islamophobie et la stigmatisation de certaines communautés au nom de la lutte contre le terrorisme.

M. AHMED FATHALLA, observateur de la Ligue des États arabes, a appelé le Conseil de sécurité à mettre en œuvre de nouveaux mécanismes pour s’assurer de la mise en œuvre de ses résolutions afin que le non-respect des résolutions ne vienne plus servir les discours terroristes.  « L’incitation à la haine doit être criminalisée dans tous ses aspects et toutes ses formes », a insisté le représentant, avant d’appeler à la création au sein du Conseil de sécurité d’un groupe de suivi des discours haineux sur les médias sociaux dont les publications terroristes.  

Il a souligné l’importance des résolutions 2253 (2015), concernant la lutte contre l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), Al Qaeda et les personnes, groupes, entreprises et entités qui leur sont associés » et 2178 (2014) qui invite les États à empêcher la circulation des terroristes et intensifier les échanges d’informations sur les mouvements de terroristes et de réseaux terroristes. 

M. SEYD AKBARUDDIN (Inde) a plaidé pour un consensus social contre les activités inhumaines et les crimes commis par les groupes terroristes.  L’engagement actif des communautés locales et des dirigeants religieux pourrait être nécessaire pour divulguer les enseignements modérés.  Le représentant a indiqué que la radicalisation pouvait être évitée si les jeunes bénéficiaient d’une participation plus importante dans les milieux économique et sociopolitique. 

Prendre soin sur le long terme des personnes déradicalisées est aussi un aspect important pour convaincre les éventuelles recrues d’autres alternatives qui s’offrent à elles.  Les idéologies modérées peuvent être diffusées efficacement par le système éducatif, la société civile, les faiseurs d’opinion et les dirigeants politiques nationaux.  De même, le rôle puissant des médias ne peut pas être sous-estimé.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a déclaré que la promotion de l’inclusion devrait être à la base de tout discours visant à contrer les idéologies extrémistes.  La crédibilité de ces discours dépend de leur cohérence.  « Nous ne pouvons pas assumer la responsabilité de protéger les civils des attaques terroristes et des violations des droits de l’homme dans une région qui est loin de la nôtre et ignorer les victimes qui frappent à nos portes en demandant un refuge », a estimé le représentant. 

Les efforts devraient aussi contribuer à combattre les préjugés qui tentent d’associer le terrorisme à certaines cultures, religions ou groupes ethniques.  Il faut être vigilant face aux rhétoriques qui nourrissent la xénophobie et les préjugés.  Le représentant a ajouté que le respect du droit international était une condition préalable à l’efficacité des efforts contre le terrorisme et l’extrémisme violent. 

Le représentant a ajouté que les conflits prolongés nourrissaient directement et indirectement les actions terroristes.  L’échec à résoudre les crises au Moyen-Orient, y compris le conflit entre Israël et la Palestine, est un cas évident à ce sujet. 

M. HOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a jugé évident que l’idéologie Takfiri, qui n’a rien à voir avec l’Islam, est au cœur des messages de haines et du fléau qui nous accable.  La communauté internationale doit se concentrer sur cette idéologie et ses partisans qui sèment la haine dans le cœur des jeunes.  Ceux qui ont le pouvoir et l’argent ont essayé de diffuser cette réflexion à travers le monde.  Al-Qaeda, les Taliban et Daech sont le fruit de cette idéologie, a indiqué le représentant de l’Iran.  Pour vaincre l’extrémisme, il faut mener une bataille sur les plans culturel et idéologique. 

Il a jugé important le respect scrupuleux de la Charte des Nations Unies et du droit international afin que le non-respect par certains de ces principes internationaux ne puisse servir les terroristes.  Il faut aussi lutter contre l’islamophobie qui joue en faveur des extrémistes.  Il a dit que les Iraniens de tous âges et origines n’avaient cessé de rejeter les extrémismes sous toutes leurs formes.  Il a rejeté les accusations infondées d’Israël en appelant ce pays à cesser de réprimer la résistance légitime de populations occupées. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a jugé important de lutter contre l’extrémisme en suivant la feuille de route sur la déradicalisation qui s’appuie sur les trois piliers que sont le dialogue, l’autonomisation et la réinsertion.  Il a dit l’importance de programmes de lutte contre la radicalisation qui impliquent les organisations de victimes du terrorisme, dont les jeunes et les femmes, et d’anciens terroristes.

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) a déclaré qu’il était important d’adapter le contre-discours à son public cible.  C’est pourquoi, il est important que chaque État puisse concevoir sa propre stratégie pour contrecarrer la radicalisation menant au terrorisme et le recrutement de terroristes, a précisé la représentante.  Un contre-discours efficace devra aussi être basé sur une analyse scientifique des motivations des candidats terroristes.  Il est aussi vraisemblable que le type de discours le plus efficace sera composé de messages positifs.

Dans ces messages positifs, il s’agit de montrer par des exemples concrets que le jeune peut prendre une place active dans la société qui soit enrichissante pour lui et la collectivité.  Cela suppose que l’ensemble des acteurs clefs qui gravitent autour de lui se donnent les moyens de faire en sorte que cet espoir puisse se transformer en réalité.  Mais le contre-discours le plus susceptible de changer la direction prise par un individu sera un discours en face à face, qui permet de travailler chaque candidat terroriste, de lui consacrer du temps et une attention personnelle.  Ce contre-discours s’appuie sur les proches des jeunes, leur famille, leurs amis, leurs dirigeants religieux.  C’est également le plus difficile à mettre en place, car il exige des moyens et de l’expertise.  Les Nations Unies ont un rôle à jouer ici, en termes de renforcement de capacité et de mise à disposition d’expérience.

M. BASHAR JA’AFARI (Syrie) a déclaré que l’attaque terroriste perpétrée contre l’Égypte le week-end dernier et celle en Iraq ce matin ont la même empreinte que le terrorisme subi au quotidien par la Syrie.  Cela fait cinq ans que les principes de la Charte des Nations Unies ont été tués, a enchaîné le représentant.  Tous les moyens ont été mis en œuvre pour détruire l’État syrien, a-t-il dit, en citant les armes chimiques fournies aux groupes terroristes pour frapper les civils, le flux de combattants terroristes étrangers, et de mercenaires en Syrie, l’occupation étrangère ou encore la désinformation.  Le représentant a ajouté qu’il était maintenant légitime de dire que ceux qui ont alimenté le conflit syrien doivent cesser leurs activités en Syrie, en Libye, au Yémen et ailleurs.

Il a indiqué que la Syrie était favorable à tous les efforts visant à contrer le terrorisme, à défendre les valeurs de paix et de dialogue, et les valeurs religieuses.  Pour lui, les Nations Unies doivent coordonner la coopération dans la lutte internationale contre le terrorisme sans toutefois recourir à la politique des « deux poids, deux mesures ».  Des groupes ont même créé un califat en Syrie et en Iraq, a-t-il fait remarquer, en soulignant que les Syriens vivaient maintenant dans un véritable chaos.  La coalition anti-Daech n’est pas crédible car elle « détruit les infrastructures de l’État syrien sous prétexte de lutter contre le terrorisme », a dénoncé le représentant.

Les efforts de ces gouvernements qui soutiennent ces groupes terroristes extrémistes sont voués à l’échec, a-t-il soutenu.  Les documents publiés par Wikileaks ont pointé du doigt de nombreux gouvernements impliqués dans le conflit en Syrie qui fournissent des armes et autres moyens aux groupes terroristes. 

La lutte contre l’idéologie terroriste et leurs sponsors est aussi importante que la lutte contre leur utilisation d’armes biologiques, a poursuivi le représentant.  Il a ainsi dénoncé le Qatar et l’Arabie saoudite qui, selon lui, propagent l’idéologie wahhabite avec l’appui de la Turquie.  Cette idéologie n’a rien à voir avec l’Islam, a-t-il précisé avant de se réjouir de la victoire de l’armée syrienne et de ses alliés à Palmyre qu’il a qualifiée de « victoire de la lumière contre le terrorisme ».

Le représentant a aussi insisté sur la nécessité de mettre fin aux occupations de territoires qui nourrissent le terrorisme.  Il est honteux que l’Europe ait conclu un accord avec la Turquie qui est un des sponsors du terrorisme pour régler le problème des migrants et des réfugiés, s’est indigné le représentant avant de conclure.

M. HARALD BRAUN (Allemagne) a affirmé que la Conférence islamique allemande avait permis un dialogue entre les représentants du Gouvernement et des organisations musulmanes, dans un effort visant à traiter de questions aussi importantes que l’introduction des cours d’islam dans les écoles et les universités et la formation continue des imams financée par l’État. 

Le représentant a ajouté que l’Allemagne était un partenaire actif dans la coalition mondiale contre l’État islamique.  Elle est confiante dans le fait que la campagne militaire contre cette organisation sera couronnée de succès.  Mais il est important que les zones libérées ne deviennent pas des aires de reproduction du terrorisme.  Ces régions doivent être rapidement stabilisées, et la confiance avec la population doit être restaurée.  « Nous devons démontrer qu’il existe un avenir meilleur dans une société multiethnique et multiconfessionnelle. 

L’Allemagne, en tant que coprésidente du groupe de travail de stabilisation, a initié de nombreux projets à cette fin.  Elle organisera aussi à la fin du mois, à Berlin, une conférence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent et la radicalisation.  

M. GILLIAN BIRD (Australie) a déclaré qu’il n’y avait pas de solution unique à la lutte contre l’extrémisme violent.  Le représentant a ajouté que les efforts de son gouvernement pour combattre les discours et les idéologies des terroristes visaient à réduire la portée et l’attrait des récits extrémistes en limitant l’accès à la propagande extrémiste en ligne.  Cela se fait par la publicité numérique et l’extraction du contenu extrémiste, en sapant l’appel des messages extrémistes par des activités communautaires de contre-discours extrémistes, et en radicalisant le public par une résilience numérique accrue des jeunes pour qu’ils soient moins enclins à prendre pour argent comptant la propagande extrémiste.

Le Gouvernement australien travaille avec la société civile, l’industrie et l’industrie créative pour rivaliser avec le rythme et l’ampleur de la diffusion de contenu extrémiste.  En outre, l’Australie est engagée dans une approche régionale et internationale pour répondre aux défis communs de lutte contre les récits et les idéologies du terrorisme.  Elle travaille à des programmes visant à marginaliser l’appel de la pensée et des messages extrémistes et à bâtir des communautés résilientes aux messages extrémistes par la promotion de la démocratie, des droits de l’homme et de la tolérance.

M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a dit la nécessité d’améliorer la coordination entre les entités des Nations Unies.  Il a affirmé que l’Assemblée générale en tant qu’organe à composition universelle avait une contribution décisive à apporter dans la lutte contre le terrorisme, notamment dans le cadre de l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale. 

Il a prévenu que le terrorisme ne pourrait être vaincu par les seules mesures militaires et coercitives et qu’une coopération était indispensable pour lutter contre les discours terroristes.  Il faut éliminer les inégalités et travailler avec les groupes les plus vulnérables au discours et à l’idéologie terroristes, notamment avec les jeunes.  Il a insisté sur le fait que le terrorisme ne pouvait être associé à une religion, à une culture ou à une civilisation.

M. BØRGE BRENDE, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a affirmé qu’aucun pays n’était immunisé contre l’extrémisme violent, et que ce fléau devait être vaincu par tous les moyens possibles.  Il a estimé qu’il faudrait mettre un terme aux flux financiers des terroristes et à ceux des combattants terroristes étrangers.  Il a également appelé à l’amélioration des politiques de développement, au renforcement des États fragiles et à offrir aux jeunes une bonne éducation, des emplois et des opportunités.  « Il serait inutile de gagner les batailles quotidiennes en Iraq si nous ne gagnons pas celles de l’avenir », a-t-il dit. 

Il a déclaré que les groupes tels que Daech ne pouvaient être détruits que si leur idéologie était démantelée.  Il a en outre relevé que les valeurs telles que la paix, la tolérance, la démocratie, les droits de l’homme et l’état de droit étaient celles que combattaient les terroristes.  Pour défaire les terroristes, il faudrait que la communauté internationale défende les valeurs qui ont prévalu à la création de l’ONU il y a 70 ans, a-t-il observé.

Le Ministre a aussi précisé que les gouvernements avaient besoin du soutien de la société civile, y compris des jeunes et des femmes, pour venir à bout de l’extrémisme violent.  C’est pour cette raison que le Gouvernement norvégien a lancé deux réseaux d’organisations de la société civile avec ses deux composantes, dans le but de prévenir la radicalisation des Norvégiens.  

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a déclaré que, pour assurer une mise en œuvre efficace des stratégies de contre-discours, il faudrait établir des partenariats solides avec le secteur privé et la société civile, et adopter des approches novatrices permettant de tirer profit de l’ensemble croissant de connaissances sur la déstabilisation des discours terroristes.  Il faudrait aussi comprendre l’importance de véhiculer des messages positifs et complets.  Les gouvernements ont un rôle à jouer à cet égard.  Tout au long de l’histoire canadienne, le Gouvernement a activement favorisé la formation de société pacifique et pluraliste non sans faire quelques erreurs.  Pour le Canada, la diversité et l’inclusion constituent des éléments essentiels d’une société saine et prospère qui résiste à l’extrémisme.  La récente réinstallation de 25 000 réfugiés syriens au Canada, à qui s’ajouteront d’autres, fait partie de cette histoire.

Le représentant a poursuivi en disant que les gouvernements devraient également favoriser le dialogue social et politique pour miner les discours terroristes, diriger des recherches et la mise en commun de connaissances, mobiliser les jeunes et habiliter les personnes marginalisées.  Pour l’aider à concentrer ses efforts, le Canada est en train de mettre sur pied un bureau responsable de la sensibilisation communautaire et de la lutte contre la radicalisation.  En conclusion, le représentant a fait remarquer que les efforts multilatéraux concernant les communications et les contre-discours étaient plutôt récents et qu’il faudrait faire davantage pour les étendre.  Le Canada est prêt à partager son expérience et son expertise avec la communauté internationale, a-t-il assuré.

M. MACHARIA KAMAU (Kenya) a expliqué que dans son pays, le Mouvement des Chabab, basé en Somalie, et affilié à Al Qaeda, usait d’une idéologie salafiste et djihadiste issue d’une lecture sélective des textes religieux de l’Islam pour justifier le terrorisme.  Ce groupe a toujours l’ambition d’établir un califat en Afrique de l’Est, a-t-il dit.  Il a estimé que la réponse de la communauté internationale au défi de l’extrémisme violent était « faible » et ne répondait pas au désespoir et aux frustrations des jeunes.

Il a également déploré que les éléments terroristes ciblaient les camps de réfugiés pour enrôler de nouvelles recrues.  Faisant le bilan des efforts du Kenya dans la lutte contre le terrorisme, il a indiqué que l’un des éléments clefs était la résolution des conflits, sous peine de voir toute stratégie de lutte contre l’extrémisme violent échouer.  « Nous avons également besoin de renforcer notre coopération régionale et de formuler les politiques adéquates visant à remédier aux causes profondes de la propagation de l’extrémisme violent », a conclu M. Kamau.

M. MANSOUR AYYAD AL OTAIBI (Koweït), s’exprimant au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a estimé que la première étape pour contrer l’extrémisme violent serait de priver les groupes terroristes de la légitimité qu’ils ont auprès de leur soutien, et cela en démontant les arguments qu’ils utilisent pour justifier leurs actes criminels.  Il a dit qu’à cet effet, il faudrait déjà corriger l’erreur faite dans la note conceptuelle établie pour le présent débat.  M. Al Otaibi a ainsi expliqué que l’expression « groupes terroristes d’inspiration religieuse » était erronée, car aucune religion ne tolère ni n’inspire le terrorisme, mais plutôt qu’il existe des groupes terroristes qui exploitent les religions.  Il a indiqué que l’OCI luttait contre les idéologies extrémistes en donnant la parole à des dirigeants religieux crédibles qui transmettent le langage de la tolérance et de la non-violence.

Le représentant a en outre invité les États Membres à prendre des mesures adéquates, en conformité avec le droit international et la liberté d’expression, pour identifier et fermer les médias qui véhiculent le langage de la haine, tout en développant des récits pour contrer la propagande des groupes extrémistes violents.  À ce propos, il a annoncé que l’OCI entendait établir un centre chargé de l’élaboration des messages, à son siège de Djeddah, dans le cadre des efforts en vue de lutter contre l’extrémisme violent.  Il a aussi relevé que le Programme d’action de l’OCI à l’horizon 2025, adopté au cours de la treizième session de la Conférence islamique au sommet des chefs d’État ou de gouvernement à Istanbul le mois dernier, avait reconnu l’importance d’améliorer l’usage des technologies de l’information et des communications pour contrer l’exploitation du cyber espace à des buts terroristes.  M. Al Otaibi s’est par ailleurs dit préoccupé par la montée de l’intolérance et des discriminations contre les musulmans, ainsi que par la montée de l’islamophobie qu’il a qualifiée d’« affront aux droits de l’homme et la dignité des musulmans ».

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a affirmé que son pays jouait un rôle de chef de file dans les efforts visant à remédier au choc, toujours plus violent, des civilisations, des religions et des cultures.  C’est grâce aux efforts de mon pays, a-t-il rappelé, que l’année 2009 a été désignée année internationale du rapprochement des cultures.  Il a ajouté que le Président kazakh avait proposé d’établir, sous les auspices de l’ONU, une coalition mondiale d’États pour la paix, la stabilité et la confiance afin de mettre un terme aux conflits qui sont un terreau fertile pour la radicalisation.  Appuyant le Plan d’action du Secrétaire général visant à prévenir l’extrémisme violent, il a indiqué que son pays avait ratifié tous les instruments internationaux de la lutte contre l’extrémisme violent.  Enfin, le délégué a affirmé que son pays travaillait sans relâche pour diffuser une culture de paix et de tolérance.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) s’est félicité de l’adoption de la déclaration présidentielle sur la lutte contre le terrorisme.  La lutte contre les idéologies terroristes est l’une des plus grandes priorités de son pays, a-t-il dit en faisant valoir son initiative de lutte contre le terrorisme « par les mots et pas les actes ».  L’Arabie saoudite a en effet adopté une stratégie complète à ce sujet, assortie de lois d’application, a-t-il indiqué.  Nous cherchons en même temps à faire tarir les sources qui sont à l’origine du terrorisme.  Ainsi, nous avons créé un centre de soins et de conseils pour les personnes accusées de terrorisme et celles qui risquent d’être attirées par ces idéologies.

L’Arabie saoudite promeut la coexistence pacifique par le biais d’activités régionales, a poursuivi le représentant, en mentionnant sa proposition de créer un bureau arabe de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme qui a été entérinée par le Conseil des ministres des pays arabes.  Avec l’Espagne et l’Autriche, nous avons participé à l’inauguration du Centre du Roi Abdelaziz à Vienne qui lutte contre l’extrémisme et promeut une culture de paix.  Nous avons également participé à l’établissement du centre de lutte contre le terrorisme de l’ONU et nous aidons les États à renforcer leurs capacités dans ce domaine, a-t-il dit avant de signaler également la création d’un centre de lutte contre le terrorisme nucléaire à Vienne.

Le représentant saoudien s’est, ensuite, élevé contre les tentatives de faire porter le chapeau aux musulmans, avant de fustiger Israël pour sa rhétorique raciale et son occupation illégale.  Il a aussi accusé l’Iran d’appuyer des milices armées sectaires telles que le Hezbollah terroriste au Liban.  Il n’a pas oublié les autorités syriennes qui, a-t-il dit, alimentent la rhétorique extrémiste, ce qui a pour conséquence de renforcer les rangs de l’EIIL.  Le délégué saoudien a appelé à lutter contre la rhétorique extrême et violente contre l’Islam. 

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a affirmé que son pays avait toujours lutté contre l’idéologie extrémiste violente et les visées et manipulations des groupes terroristes.  Elle a insisté sur l’importance des efforts visant à remporter la bataille intellectuelle contre les groupes extrémistes violents.  Toutes les parties doivent à cette fin coopérer, a-t-elle dit.  Mme Kawar a appelé les universitaires religieux à faire entendre leur voix, ces derniers jouant un rôle clef puisqu’ils peuvent démasquer « les traîtres qui se cachent derrière l’Islam ».  Elle a plaidé pour une protection accrue des jeunes afin qu’ils ne soient pas « hypnotisés » par les groupes terroristes.  En conclusion, la représentante de la Jordanie a insisté sur l’importance de la bataille livrée dans le cyberespace contre les groupes extrémistes violents et terroristes.

Mme SADIA FAIZUNNESA (Bangladesh) a appelé la communauté internationale à s’investir dans la promotion des messages de paix et de tolérance, des messages qui sont au cœur de toutes les religions.  Elle a regretté que les instruments d’autonomisation que constituent les TIC soient utilisés par les extrémistes et les terroristes.  Le Bangladesh reste engagé à traiter ces menaces en impliquant la communauté dans les efforts en ce sens et en renforçant les capacités institutionnelles, a-t-elle assuré.

Mme Faizunnesa a voulu que la réponse internationale aille au–delà du discours sécuritaire, en plaidant en faveur de discours plus nuancés, d’approches à long terme et davantage participatives.  Elle a souhaité des accords entre les différents acteurs de la société à même de filtrer les terroristes et de contrer ce phénomène.  En outre, a-t-elle ajouté, il faut axer les efforts sur l’éducation, en évitant l’infiltration des terroristes dans ce secteur.  La représentante a aussi souligné le rôle des femmes en tant qu’agents pour le changement et qui sont souvent la cible des terroristes.  Enfin, elle a rejeté toute forme de xénophobie, de discrimination raciale ou d’islamophobie, avant d’inviter les gouvernements à mieux protéger les migrants.

M. HAHN CHOONG-HEE (République de Corée) a insisté sur l’importance d’attirer l’attention du grand public sur les dangers de l’idéologie terroriste.  À cette fin, mon pays a organisé un séminaire sur la lutte contre l’extrémisme violent aux Émirats arabes unis en juillet dernier, a-t-il dit.  Le délégué a aussi prôné un renforcement de l’offre éducative auprès des jeunes afin de diminuer les risques de radicalisation et une intensification des efforts visant à empêcher que les médias sociaux soient utilisés à des fins terroristes.  La République de Corée va renforcer son partenariat avec les entreprises du secteur privé et la société civile et participer aux échanges de bonnes pratiques avec les autres États Membres.  Avant de conclure, le représentant a assuré que son pays appuyait pleinement le Plan d’action du Secrétaire général visant à prévenir l’extrémisme violent.

Mme MESHAL HAMAD MOHAMED JABR AL-THANI (Qatar) a préconisé de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, comme le prévoit la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  La solution à ce fléau doit être complète et capable de coordonner les efforts de toute la communauté internationale, a-t-elle insisté.  La riposte militaire ne doit pas se faire au détriment d’une approche qui vise à trouver une solution aux causes profondes de ce fléau, a-t-elle précisé.  La représentante a ensuite dénoncé le régime syrien qui prend pour cibles les installations hospitalières et civiles, agit en violation flagrante du droit international et commet des atrocités contre son peuple.

La représentante a demandé de ne pas associer le terrorisme à une religion, une culture, une nationalité, un groupe ou une race.  Les religions prônent la tolérance et la solidarité, a-t-elle affirmé, en expliquant que l’Islam est tolérant.  Elle a ensuite parlé d’une initiative lancée par son pays pour convoquer une réunion de haut niveau sur les enfants et les jeunes touchés par le terrorisme violent à l’Assemblée générale le 3 juin.  Le Qatar a aussi adopté des programmes éducatifs pour les réfugiés syriens, a-t-elle ajouté. 

M. GIORGI KVELASHVILI (Géorgie) a déclaré que pour faire face aux défis posés par les groupes terroristes, son gouvernement avait simplifié ses procédures en matière de partage de renseignements et les agences spécialisées avaient adopté de bonnes pratiques de coopération internationale réussie.  Concernant la propagande de l’État islamique, des cadres de travail devraient être examinés dans lesquels des dirigeants religieux influents et des jeunes leaders jouent un rôle clef. 

Il faut aussi s’attaquer aux causes profondes de la propagation de l’extrémisme violent, y compris l’élaboration des politiques visant le développement économique et social, l’éducation et l’emploi des jeunes, l’autonomisation des femmes et l’appropriation nationale inclusive.  La Géorgie a pris des mesures visant l’intégration de certaines communautés vulnérables au sein de la société.  Rappelant que des groupes terroristes cherchaient à obtenir des armes de destruction massive, le représentant a indiqué que depuis quelques années, il y a eu de nombreuses tentatives de contrebandes de matériels nucléaires et radioactifs dans les territoires géorgiens occupés par la Russie.

Mme LANA NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a fait remarquer que les groupes extrémistes avaient exploité les conflits non résolus de sa région et utilisé celle-ci comme refuge.  Ces groupes, qui n’ont aucun lien avec l’Islam, menacent la stabilité de la région et sapent la sécurité, s’est-elle indignée.  Elle a fait remarquer que les jeunes, qui constituent la moitié de la population des sociétés arabes, sont visés par les groupes extrémistes qui exploitent leurs doléances.  Elle a ainsi souligné l’importance de faire participer ces jeunes à l’édification des États, ainsi que les femmes.

Un décret a été adopté dans son pays pour lutter contre la discrimination et la haine, a indiqué la représenante.  Il faut aussi lutter contre l’extrémisme par le biais de l’éducation, a-t-elle dit en prônant le développement de cursus à tous les niveaux à cet effet.  Le Qatar, a-t-elle assuré, est le siège du Centre Hedayah de lutte contre l’extrémisme violent et du Conseil musulman des aînés, créé avec la coopération des États-Unis et du Centre Sawab de lutte contre les messages extrémistes par le biais des médias sociaux.

Elle a terminé par quelques recommandations, pour le Conseil de sécurité tout d’abord, souhaitant qu’il applique les mêmes normes à tous les acteurs, tous les États et tous les auteurs de l’occupation, de terrorisme d’État et d’interférence étrangère.  À la communauté internationale, elle a demandé d’intensifier ses efforts pour appliquer les normes existantes, tandis qu’elle doit discuter de la façon de réintégrer les combattants étrangers et améliorer le contexte économique et social.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA VELÁSQUEZ (Pérou) a souhaité que les actes terroristes ne soient associés à aucune religion, nationalité ou culture.  La lutte contre le terrorisme implique qu’il faut contrecarrer les discours et les idéologies terroristes, a-t-il reconnu en citant le premier pilier de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  D’un côté, nous devons nous concentrer sur la réduction des conditions propices à la radicalisation des individus, ce qui exige un renforcement du développement de sociétés pacifiques et inclusives.  D’un autre côté, il faut favoriser une culture de paix, le dialogue et les valeurs éthiques qui réduisent les motivations personnelles pouvant mener à la radicalisation et à la violence.  Le représentant a appelé les gouvernements à utiliser les technologies de l’information et des communications pour limiter la rhétorique terroriste.  Il a aussi jugé important de travailler sur le concept et la mise en pratique de la vision de la Stratégie antiterroriste mondiale aux niveaux national, régional et international.

M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti) a rappelé que les deuxième et troisième forum régionaux des oulémas de l’Afrique de l’Est s’étaient tenus respectivement en 2014 et 2015 et avaient pour objectif majeur d’élaborer des politiques de prévention pour faire face à la montée des discours extrémistes et adopter des mesures visant à discréditer les personnes et groupes porteurs de messages extrémistes.  Au niveau international, a-t-il estimé, il est important que la riposte devant être élaborée donne un écho particulier à la voix et aux témoignages des victimes de l’extrémisme violent ainsi qu’à celle des combattants extrémistes repentis.  Il a ajouté que la contribution de ces derniers pour la démobilisation et la réhabilitation des recrues sera essentielle et jettera un éclairage particulier sur le processus psychologique qui leur a permis de se défaire de la passion mortifère qui les animait.  Par ailleurs, le représentant de Djibouti a déploré le caractère contreproductif de l’islamophobie grandissante dans de nombreux pays. 

M. JUAN CARLOS MENDOZA (Costa Rica) a souligné que, rien qu’en 2014 et 2015, Daech avait développé plus de 1 000 campagnes médiatiques aux fins de recrutement, traduites en russe, français, anglais et allemand.  Dans cette même période, le nombre de combattants étrangers a augmenté de 70%.  Il a donc recommandé de s’attaquer à la rhétorique idéologique utilisée par les terroristes, en rappelant l’importance des lois nationales qui interdisent l’incitation aux actes de terrorisme.  Il est également nécessaire, a-t-il dit, d’analyser les possibilités, pour les moyens de diffusion, d’adopter des codes volontaires de conduite pour les journalistes chargés d’informer sur le terrorisme, en prévoyant notamment l’interdiction de la glorification des terroristes.  Une autre possibilité serait de réserver un espace, dans les moyens de communication, aux victimes du terrorisme et à leurs familles, en utilisant le même langage culturel que les jeunes.  Le délégué a ainsi cité en exemple la Fondation Quilliam, un think-tank de la société civile qui a lancé la campagne « Nous sommes unis » après les attentats de Paris.  Enfin, il a plaidé en faveur du respect des droits de l’homme et contre la prolifération des armes.

M. HAVIT CEVIK (Turquie) a indiqué que son gouvernement luttait contre trois groupes terroristes, à savoir le DHKP-C, groupe terroriste d’extrême gauche, le PKK/YPG, organisation marxiste-léniniste visant à exploiter les différences ethniques en Turquie et la crise syrienne, et Daech qui manipule la religion.  Il a estimé qu’une approche sélective dans la lutte contre le terrorisme, se concentrant sur une seule forme de terrorisme ou un seul ensemble de groupes terroristes, serait contreproductive.  Il a affirmé que la Turquie visait à refuser aux groupes terroristes tout espace qu’ils pourraient utiliser pour leur propagande.

« Nous avons fermé des dizaines de sites Internet liés à Daech et dans les cas où les serveurs sont situés hors de la Turquie nous avons interdit leur accès », a-t-il indiqué.  Il a également assuré que son pays encourageait les voix modérées afin qu’elles défendent le véritable sens de la religion.  Enfin, M. Cevik a rappelé que son pays faisait partie de la coalition mondiale contre Daech et insisté sur le rôle crucial de la promotion des droits de l’homme dans la lutte contre le terrorisme et, en particulier, l’extrémisme violent.

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a indiqué que son pays avait mobilisé toute la société pour mieux avancer sur la voie de la tolérance, avec notamment une nouvelle loi qui consacre la liberté d’expression, de culte et de conscience.  Des innocents ont payé de leur vie, a-t-il fait remarquer en signalant que quatre membres de la garde nationale tunisienne avaient été tués aujourd’hui même dans le sud du pays alors qu’ils étaient à la poursuite de terroristes.  Il a aussi mentionné une loi d’août 2015 contre le blanchiment d’argent à des fins terroristes, ainsi qu’une stratégie nationale pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent qui s’appuie sur quatre piliers.

Nous voulons, a dit le représentant, promouvoir la tolérance en misant sur des programmes éducatifs et en mettant en valeur le rôle de la femme dans la lutte contre l’extrémisme violent.  Il a indiqué que le Ministère tunisien des affaires religieuses avait lancé une campagne intitulée « Un avenir meilleur » qui utilise les moyens de communication favoris des jeunes.  La Tunisie a également mis l’accent sur l’aspect culturel pour mieux faire face à l’idéologie extrémiste, a-t-il ajouté, avant de conseiller de renforcer la coopération avec le secteur privé dans ce domaine.  De son côté, la communauté internationale doit prendre des initiatives pour s’attaquer aux causes concrètes du terrorisme et de l’extrémisme violent, a-t-il souhaité.

M. OMAR HILALE (Maroc) a souligné la nécessité de ne pas tomber dans le piège consistant à créer l’amalgame entre une religion comme l’Islam et les groupes terroristes, ce qui ne fait qu’alimenter l’islamophobie, la xénophobie et le racisme.  En tombant dans ce piège, des journalistes sont devenus le fer de lance du discours de la haine et de la xénophobie, a-t-il déploré.  Le représentant a ensuite proposé l’adoption de nouvelles lois qui, dans le respect total des droits de l’homme et du droit à la liberté d’expression, interdiraient toute exploitation abusive d’Internet.  M. Hilale a prôné le développement d’un contre-narratif visant à lutter contre les discours des groupes terroristes et invité les imams à prêcher l’islam de tolérance et de coexistence.  Dans ce droit fil, le délégué du Maroc a indiqué que son pays avait procédé à la restructuration du champ religieux par la mise sur pied de l’autorité scientifique responsable de l’interprétation des textes du Coran et du Hadith et par le lancement d’un programme de déradicalisation et d’intégration des combattants terroristes étrangers.  Enfin, il a mentionné la récente Déclaration de Marrakech qui vise à garantir la sécurité des minorités.

M. RY TUY (Cambodge) a souhaité que, face à l’idéologie terroriste, la communauté internationale adopte une réponse intégrée sur les plans social, économique et politique.  Les Nations Unies peuvent jouer un rôle central à cet égard, a-t-il estimé en conseillant de mettre au point une stratégie internationale de lutte contre les idéologies extrémistes.  Comme mesures concrètes, il a suggéré de s’attaquer aux causes profondes des conflits violents, de promouvoir l’éducation et l’engagement civique et d’atteindre le développement durable.  Toutes les mesures doivent être prises dans le plein respect des principes de la Charte des Nations Unies, a-t-il précisé.  Il faudrait, a-t-il ajouté, impliquer les jeunes dans la promotion de la paix, de la stabilité et du développement socioéconomique.  Il a ainsi recommandé à la communauté internationale de parler d’une seule voix pour réduire au silence les discours extrémistes et les idéologies perverties, ce qui se passe mieux, selon lui, par le biais des organes spécialisés de l’ONU. 

Mme CHULAMANEE CHARTSUWAN (Thaïlande), s’exprimant au de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), a estimé que le terrorisme ne doit pas être associé à une religion particulière, encore moins à une nationalité, civilisation ou groupe ethnique donné.  Elle a expliqué que le dialogue interconfessionnel, les valeurs de tolérance, de compréhension mutuelle, de respect et de diversité et d’inclusion avaient été promus par la Déclaration de Langkawi sur le Mouvement mondial des modérés que l’ASEAN avait adoptée l’an dernier au cours de son 26e Sommet.  La représentante a ensuite indiqué que l’éducation est un moyen efficace de faire que les jeunes ne tombent pas sous l’influence des idéologies terroristes.  Elle a ajouté qu’une éducation qui ouvre la voie à un emploi décent permet d’atténuer les perceptions de privation qui rendent plus vulnérables aux idéologies des groupes terroristes.  Elle a également appelé à des mesures pour prévenir les abus sur Internet et à exploiter le rôle constructif des médias sociaux pour lutter contre la diffusion de la propagande terroriste et des idéologies violentes.  Elle a précisé que ces mesures ne doivent pas être prises en violation de la liberté d’expression.

M. PAWEL RADOMSKI (Pologne) a affirmé que la communauté internationale avait le devoir de livrer cette bataille « pour les cœurs et les âmes » contre les groupes extrémistes.  À cet égard, les pays musulmans ont un rôle éminent à jouer dans la propagation d’une interprétation authentique et pacifique de l’Islam, a-t-il dit, en soulignant l’appui que la communauté internationale devrait leur apporter.  « Nous devons tout faire pour qu’une radicalisation n’en nourrisse une autre, tout aussi dangereuse, qui est l’islamophobie. »  M. Radomski a également souligné l’importance de coopérer avec les communautés afin de promouvoir des figures positives auprès des plus vulnérables.  En conclusion, le représentant de la Pologne a rappelé que la communauté internationale avait le devoir d’appuyer le monde musulman dans sa lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme.

M. OMER DAHAB FADUL (Soudan) a affirmé que les actes des groupes terroristes se réclamant de l’Islam ne reflètent nullement l’essence de cette religion, en précisant que ses enseignements promeuvent, au contraire, la modération, la tolérance et la coexistence pacifique entre civilisations et religions.  Il a appelé la communauté internationale à se focaliser sur des réponses régionales et nationales face au terrorisme, en affirmant qu’il est plus efficace de lutter contre ce fléau dans l’environnement direct où il a émergé ou émerge.  Dans ce contexte, il a souligné le rôle important que jouent les organisations régionales, en coordination avec les partenaires mondiaux.  Il a rappelé que le Soudan avait accueilli, les 27 et 28 avril dernier, la Conférence internationale sur la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme sectaire en Afrique.  Il a promis que les recommandations de cette rencontre seront partagées avec la communauté internationale.  

M. RODOLFO REYES RODRIGUEZ (Cuba) a rappelé que son pays avait souffert des conséquences d’actes terroristes organisés, financés et exécutés depuis l’étranger.  Il a dénombré 3 478 morts et 2 099 personnes blessées.  Le pays, qui a adopté une loi contre les actes de terrorisme en décembre 2001, est partie à 18 conventions internationales relatives au terrorisme.  Le représentant a également assuré que Cuba respecte pleinement les obligations résultant des résolutions du Conseil de sécurité sur ce thème.  Il a souhaité que les États Membres se concentrent sur les discussions relatives à une future convention internationale sur le terrorisme, un instrument qu’il est urgent d’adopter.  Il a rappelé que, il y a bientôt 40 ans, un avion de ligne commerciale cubain explosait en plein vol au-dessus des côtes de la Barbade, faisant 73 morts.  Le terroriste Luis Posada Carriles, qui en était l’auteur, n’a jamais payé pour son crime, a-t-il regretté en demandant que les États respectent leur obligation d’extrader les terroristes.

M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) a indiqué que l’initiative antiterroriste pour les Balkans occidentaux, emmenée par la Slovénie, et qui a été entérinée par le Conseil de l’Union européenne en 2015, vise à promouvoir une approche intégrée et complémentaire de tous les acteurs internationaux dans la région afin de décupler l’efficacité de la réponse apportée au défi de l’extrémisme violent.  La prévention de la radicalisation doit être au centre de nos efforts, a-t-il affirmé.  Estimant que le dialogue interculturel et l’éducation étaient les seuls moyens pour lutter contre l’idéologie extrémiste, le délégué a précisé que le Centre pour les études arabo-musulmanes créé en 2015 en Slovénie visait à promouvoir les échanges entre pays arabo-musulmans et européens.  En conclusion, M. Logar a appuyé les efforts de l’UNESCO pour lutter contre l’endoctrinement des jeunes.

M. ZELJKO PEROVIC (Montenegro) a fait remarquer que la capacité de l’ONU et de la communauté internationale à combattre le terrorisme avait été affaiblie par leur incapacité à se mettre d’accord sur une convention complète sur la lutte antiterroriste qui prévoie une définition du terrorisme.  Il a donc plaidé en faveur d’une définition claire.  Les Nations Unies doivent déployer davantage d’efforts pour faire preuve de leadership dans la coopération contre le terrorisme, a-t-il demandé avant de réclamer un poste de coordonnateur pour toutes les activités onusiennes dans ce domaine.

Le représentant a ensuite fait remarquer que l’objectif 16 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 offrait une occasion de faire des progrès dans la gestion pacifique des différends.  Il a aussi recommandé aux États de ne pas utiliser la lutte contre le terrorisme pour supprimer l’opposition politique.  Dans la lutte contre la terreur, il faudrait respecter les valeurs de la démocratie et les droits de l’homme, a-t-il ajouté.  Enfin, il a invité à impliquer les citoyens, notamment les familles, les femmes, les jeunes, les chefs communautaires et religieux, dans les discussions publiques sur les moteurs du radicalisme et de l’extrémisme violent.

Mme VASILIKI KRASA (Chypre) a salué le Plan d’action du Secrétaire général visant à prévenir l’extrémisme violent, ainsi que l’adoption de la déclaration présidentielle de ce jour.  Elle a affirmé qu’une approche globale contre la propagande terroriste devrait obéir au principe de subsidiarité et faciliter la prise d’actions, en particulier au niveau local.  Elle a appelé de ses vœux une coopération accrue avec le secteur privé, la société civile et les institutions éducatives et religieuses, tout en soulignant le rôle important que doivent jouer les victimes du terrorisme dans les efforts de déradicalisation.  En conclusion, la déléguée de Chypre a affirmé que c’est seulement en présentant un front uni que la communauté internationale parviendra à vaincre l’extrémisme violent et le terrorisme.

M. MAZIFULLAH SALARZAI (Afghanistan) a affirmé que les Taliban, présents en Afghanistan depuis 1994, avaient annoncé la terreur que le monde connaît aujourd’hui en divers points du globe.  « Ce sont les Taliban qui ont lapidé les femmes à mort, qui ont fermé les écoles de filles, qui ont introduit les attaques suicide contre les civils en Afghanistan », a-t-il rappelé, en précisant que les Taliban avaient facilité la création d’Al-Qaida et de Daech.  « Qui les a entraînés?  Qui les a financés? » a-t-il demandé.  Le représentant a identifié trois causes expliquant la montée de la violence terroriste dans son pays: l’acuité des rivalités régionales entre États, les tensions entre militaires et civils s’agissant du contrôle du pouvoir et le déficit de confiance qui a empêché un dialogue constructif.  M. Salarzai a mis en garde contre toute tentative visant à distinguer entre « bons et mauvais terroristes » puisque le terrorisme sous toutes ses formes est intrinsèquement dangereux.  En conclusion, le délégué a souligné la nécessité de réduire les rivalités entre États et de promouvoir la confiance. 

M. DENIS RÉGIS (Haïti) a dit que la communauté internationale devait porter la lutte contre la mouvance terroriste sur le terrain des idées.  Haïti attache le plus haut intérêt à la mise en place d’un dispositif international de lutte, assorti des ressources et des mécanismes de coopération appropriés, visant à contrer les discours idéologiques susceptibles de conduire à la radicalisation.  Il est impérieux de réduire significativement l’attractivité idéologique du terrorisme, car il en tire en grande partie ce qui fait sa force.

Le renforcement de la coopération internationale, régionale et sous-régionale est à cet égard indispensable.  Il est souhaitable que l’ONU et ses institutions et agences spécialisées, dont l’UNESCO, appuient les programmes d’éducation et de sensibilisation que déploient les États, y compris ceux du tiers monde, en vue de renforcer la prise de conscience des risques et des menaces que posent les idéologies terroristes.

Le Gouvernement de Haïti s’évertue de moderniser son système juridique, en y renforçant les dispositions permettant de sanctionner non seulement la provocation à des actes de terrorisme et l’apologie de tels actes, mais aussi la propagation d’idées extrémistes, la diffusion des idéologies axées sur la violence, le discours d’intolérance religieuse et d’incitation à la haine.  De même, la communauté internationale doit être consciente du fait que l’endiguement du terrorisme et des idéologies sous-jacentes passe par le règlement de conflits régionaux qui n’ont que trop durée et l’élimination des foyers de tension habilement exploités par les mouvements terroristes.  

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a insisté sur le fait que la menace terroriste ne met personne à l’abri.  Il a ainsi recommandé d’engager une action collective et des efforts internationaux pour sauver des vies innocentes.  Il a précisé que le terrorisme ne devrait pas être associé à la culture arabo-musulmane.  La lutte antiterroriste doit se faire tant sur le plan militaire que sur le plan de l’idéologie extrémiste, celle-ci déformant les enseignements de l’Islam.  Le Bahreïn a adopté une liste d’organisations terroristes qui tient compte des listes établies à l’échelle régionale.  Il s’emploie aussi à couper l’accès au financement de l’EIIL.  Le Ministre des affaires étrangères de Bahreïn a organisé conjointement avec les États membres du Conseil de coopération du Golfe, un atelier sur la lutte contre les activités terroristes du Hezbollah par des moyens juridiques.

M. RIYAD MANSOUR, Observateur de l’État de Palestine, a affirmé que les partisans de toute idéologie extrémiste devraient être combattus sans relâche, dans le respect des droits de l’homme.  Nous devons mobiliser toutes nos forces pour ce faire, a-t-il dit, avant de prôner une politique de tolérance zéro envers les groupes terroristes.  Il a appelé de ses vœux une réaffirmation du cadre international visant à mettre fin aux conflits de notre époque et défendu le respect de toute vie humaine.  Les actes violents et criminels qui visent à semer la terreur ne peuvent être justifiés quels qu’en soient les objectifs poursuivis, a-t-il dit, avant de mettre en garde contre toute approche sélective.  En conclusion, M. Mansour a affirmé que le terrorisme ne saurait être mis sur le même pied que la lutte pour la liberté des peuples soumis au joug colonial, tels que le peuple palestinien.

M. YE MINN THEIN (Myanmar) a demandé de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, en plus des mesures sécuritaires et de l’application de la loi, en prenant les mesures nécessaires pour arriver à une inclusion politique, sociale et économique.  Il a souligné le rôle des femmes dans les prises de décisions au sein des plateformes politiques, économiques et sociales.  En ce qui concerne les enfants, il faut leur offrir l’occasion de recevoir l’éducation nécessaire à leur développement en leur enseignant ce qui est juste et ce qui est faux.  Il a mentionné la loi sur la lutte antiterroriste adoptée par son pays en juin 2014, ainsi que les mesures prises pour supprimer le financement du terrorisme et éviter le blanchiment d’argent sale.  Le représentant a aussi fait valoir les conventions internationales et régionales auxquelles le Myanmar est partie dans ce domaine, avant de souligner le rôle crucial de l’ONU pour renforcer la capacité des États Membres à prévenir et lutter contre l’extrémisme violent.

Le représentant de la République arabe syrienne a répondu à ses homologues de l’Arabie saoudite, du Qatar et de la Turquie, des « régimes qui diffusent le terrorisme le plus haineux », notamment le wahhabisme, a-t-il dit en les accusant aussi de financer les terroristes et de leur fournir des plateformes de propagandes.  Ils sont derrière plusieurs attaques terroristes, a-t-il affirmé en fustigeant les combattants étrangers qui viennent en Syrie pour retarder la solution à la crise, sachant qu’il y a plus de 50 000 combattants en Iraq et en Syrie.  Il y en a même plus que 30 000 en Syrie, a-t-il dit en dénombrant déjà 24 500 terroristes de nationalité saoudienne.  Des milliers d’autres terroristes saoudiens sont présents dans d’autres États Membres, a-t-il affirmé en dénonçant leurs actes terroristes qui n’ont rien à voir avec l’Islam.  En ce qui concerne la Turquie, qui va transférer des combattants terroristes étrangers jusqu’en Syrie, il a affirmé que le régime turc participait au terrorisme, à travers notamment le commerce du pétrole et le vol d’objets d’art syriens.

Le représentant de la République islamique d’Iran a jugé ironique que le représentant de l’Arabie saoudite accuse l’Iran d’alimenter le terrorisme.  C’est tout à fait le contraire, a-t-il dit en affirmant que « c’est connu de tous ».  Il en a pris pour preuve les déclarations de chefs religieux, comme le grand mufti de la Mecque, qui prêchent des discours sectaires et de haine contre les Shiites.  « Ils se considèrent comme les seuls croyants et ils veulent annihiler les autres groupes musulmans.  Je n’ose même pas penser à ceux qui ne sont pas musulmans. »  Rappelant que cela n’est pas un fait nouveau, il a évoqué un massacre historique de croyants à Tikrīt.  Il a aussi regretté les propos de l’Ambassadeur saoudien contre le Hezbollah qu’il a qualifié d’organisation sectaire et terroriste.  Ce pays musulman trouve des points d’accord avec Israël, allant ainsi à l’encontre de l’unité des musulmans qui est nécessaire pour faire avancer leur bien-être sur la planète, s’est-il indigné.

Le représentant de la Fédération de Russie a repris la parole pour rejeter les insinuations anti-russes faites par les délégations de l’Ukraine et de la Géorgie qui n’ont aucun rapport, a-t-il dit, avec le thème du débat de ce jour.

De son côté, le représentant de l’Ukraine s’est dit déçu par les mêmes arguments fallacieux que le délégué russe a ressassés concernant la situation en Ukraine.  Il a précisé que les agissements de la Fédération de Russie ne se limitaient pas à l’appui aux groupes terroristes mais visaient également à s’assurer de la gouvernance directe dans les régions ukrainiennes occupées.  Le but est de créer un « État marionnette » dans ces régions permettant à Moscou de prendre toutes les décisions qui les concernent, a-t-il soutenu.

La représentante de la Turquie a répondu aux accusations du régime syrien, lequel, a-t-elle précisé « a perdu toute légitimité depuis longtemps ».  Elle a rappelé les souffrances et les destructions causées par le régime en Syrie, avant d’assurer que son pays continuerait d’appuyer le peuple syrien.

Le représentant de la Fédération de Russie a expliqué que son commentaire précédent se rapportait exactement à ce que vient de dire le représentant de l’Ukraine.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Instance permanente sur les questions autochtones: le Canada appuie désormais « sans réserve » la Déclaration sur les droits des autochtones

Instance permanente sur les questions autochtones - Quinzième session,
3e & 4e séances – matin & après-midi
DH/5299

Instance permanente sur les questions autochtones: le Canada appuie désormais « sans réserve » la Déclaration sur les droits des autochtones

Historique, après une décennie d’hésitation!  C’est debout, et par des applaudissements nourris, que les représentants des peuples autochtones du monde ont, ce matin, accueilli l’annonce faite par la Ministre des peuples autochtones et des questions nordiques du Canada, Mme Carolyn Bennett, de la décision de son pays d’appuyer « sans réserve » la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Le Canada faisait jusqu’à présent partie d’un groupe de quatre pays, avec l’Australie, les États-Unis et la Nouvelle-Zélande, qui s’était opposé, le 13 septembre 2007, à la résolution* de l’Assemblée générale adoptée par 143 États Membres entérinant la Déclaration, non contraignante sur le plan juridique, qui décrit les droits individuels et collectifs des peuples autochtones et énonce une série de principes comme l’égalité, le partenariat, la bonne foi et le respect mutuel.

« Le canoë qui était renversé doit être redressé », a déclaré Mme Bennett.  Le Canada entend désormais tourner la page de « ce moment sombre de son histoire », a-t-elle ajouté, faisant en particulier référence aux pensionnats autochtones ou aux écoles résidentielles.

En 2007, le Canada avait pourtant estimé que les dispositions pertinentes de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones étaient trop vagues, manquaient de clarté et se prêtaient à diverses interprétations.  Le pays avait en outre relevé que l’idée d’obtenir le consentement des nations autochtones avant de prendre des décisions législatives les concernant s’assimilait à un « droit de veto total » qui serait « fondamentalement incompatible avec le système parlementaire canadien ».

La Ministre canadienne a fait cette annonce au deuxième jour des travaux de la quinzième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones, au cours de laquelle fut débattu des activités menées dans les six domaines d’action de l’Instance en relation avec la Déclaration, à savoir la santé, l’éducation, les droits de l’homme, le développement socioéconomique, l’environnement et la culture.

En revanche, M. Donald Harris, d’Indigenous Network on Economies and Trade, une organisation non gouvernementale (ONG) canadienne a dénoncé le double langage de ce pays, qui, selon lui, reconnaît les droits des peuples autochtones mais ne les appliquent pas.   

Les États-Unis, le seul pays de l’hémisphère ouest à ne pas encore accepter « sans réserve » la Déclaration, a reconnu « les dommages qu’avaient entraînés le retrait forcé des enfants de leurs domiciles afin d’éradiquer leur langue et leur culture ».   

Le débat de ce jour a en effet permis de constater que les autochtones à travers le monde continuaient de faire l’objet de persécutions diverses et d’actes de violence. 

Le Ministre de la culture de la Suède, intervenant également au nom du Danemark, de la Finlande, de l’Islande et de la Norvège, s’est ainsi inquiété des restrictions juridiques imposées dans une cinquantaine de pays ces dernières années, en notant que les attaques contre les défenseurs des droits de l’homme s’étaient multipliées.  Il s’est dit particulièrement attaché à la protection des filles et des femmes autochtones victimes de violences physiques et sexistes.  Ces violences, y compris leurs causes et conséquences, doivent être traitées et les auteurs tenus pour responsables, a-t-il dit.

Une jeune femme de National Indian Youth Council, une ONG américaine, a expliqué quant à elle qu’une étude nationale avait fait constater qu’une femme autochtone sur trois était victime de violence sexuelle au cours de sa vie.  « Cette violence systématique nous déshumanise », a-t-elle lancé, la voix étranglée par l’émotion.

Une représentante de l’ONG guatémaltèque Cultural survival a parlé, pour sa part, de nombreuses persécutions dont sont victimes les dirigeants et activistes autochtones dans son pays, rappelant que l’un d’eux venait d’être condamné à 170 ans de prison pour acte terroriste.    

C’est parce que les membres de sa communauté n’ont pas voix au chapitre et font l’objet d’incessantes persécutions que le représentant de l’Association de défense des intérêts de la Papouasie occidentale a déclaré que les peuples autochtones de sa région réclamaient leur indépendance pure et simple, en vertu de leur droit à l’autodétermination.

La représentante de l’Alliance des peuples autochtones de la cordillère des Philippines a, elle, dénoncé pas moins de 90 assassinats extrajudiciaires entre juillet 2010 et avril 2016.

Outre le droit à faire entendre leur voix, les représentants des peuples autochtones ont également plaidé pour le respect des leurs en matière de santé, d’éducation, de développement socioéconomique et de promotion de leur culture, notamment de leurs langues.

Les participants à la discussion d’aujourd’hui ont, enfin, rappelé que le principe de « consentement libre, préalable et éclairé » devait guider toute initiative impliquant les populations autochtones.

L’Instance permanente sur les questions autochtones poursuivra ses travaux demain, mercredi 11 mai, à 10 heures.

* A/RES/61/295

ACTIVITÉS MENÉES DANS LES SIX DOMAINES D’ACTION DE L’INSTANCE PERMANENTE EN RELATION AVEC LA DÉCLARATION DES NATIONS UNIES SUR LES DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES

Déclarations

Intervenant également au nom du Danemark, de la Finlande, de l’Islande et de la Norvège, M. PER OLSSON FRIDH, Ministre de la culture de la Suède, a dit que la promotion et la protection des peuples autochtones constituaient une priorité de longue date pour ces pays.  Il a indiqué que la Suède, la Norvège et la Finlande négociaient actuellement une convention samie nordique pour parvenir à une compréhension commune des questions restées en suspens, notamment dans le domaine de la langue, de la culture et des moyens de subsistance. 

Il s’est inquiété des restrictions juridiques imposées dans une cinquantaine de 50 pays ces dernières années en notant que les attaques contre les défenseurs des droits de l’homme s’étaient multipliées.  Il s’est particulièrement attaché à la protection des filles et des femmes autochtones victimes de violences physiques et sexistes.  Il a jugé essentiel que ces violences, y compris leurs causes et conséquences, soient traitées et que les auteurs soient tenus pour responsables.

Mme VIVIANA FIGUEROA, responsable du programme sur les connaissances traditionnelles du Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, a dit son souci de favoriser une meilleure application de l’article 10 de la Convention qui garantit le droit aux peuples autochtones d’une utilisation durable des ressources biologiques.  Elle a indiqué que la treizième Réunion des États parties la Convention, qui se tiendra à Cancun, au Mexique, en décembre 2016, sera l’occasion de se pencher sur l’adoption de directives en vue de parvenir à un « consentement libre, préalable et éclairé », principe selon lequel une communauté a le droit de donner ou de refuser de donner son consentement à des projets proposés susceptibles d’avoir une incidence sur les terres qu’elle possède, occupe ou utilise traditionnellement.

M. CLÉMENT CHARTIER, Président de l’association Metis National Council, a salué toutes les avancées que la cause autochtone a connues depuis la première Conférence internationale des organisations non gouvernementales sur les questions concernant les populations autochtones, tenue à Genève en 1977.  Il a particulièrement salué le dynamisme des autorités canadiennes en faveur des peuples autochtones.  Il a aussi dit espérer que tous les États américains s’entendent désormais sur une base commune qui devra guider et orienter les décisions concernant les peuples autochtones du continent.

Mme MILDRED GUZMÁN MADERA (République dominicaine), s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a indiqué que dans le cadre du suivi de la Conférence mondiale des Nations Unies sur les peuples autochtones, organisée en septembre 2014, elle attendait des Nations Unies le renforcement de la participation des peuples autochtones dans les réunions relatives aux questions les concernant, et qui sont organisées par les agences des Nations Unies.

Elle a en outre encouragé l’échange des connaissances entre communautés autochtones, rappelant que ces dernières ont le droit de développer leur héritage traditionnel et de le défendre.  L’élimination de la pauvreté et le développement durable sont des défis qui interpellent tous les membres de la société, y compris les populations autochtones, a-t-elle encore noté.  Elle a aussi rappelé le rôle central que jouent les connaissances traditionnelles des peuples autochtones dans la conservation de l’environnement, appelant enfin à l’autonomisation des femmes et jeunes autochtones afin de les aider à s’impliquer dans la vie socioéconomique.

Mme HAI-YUEAN TUALIMA, de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), a présenté les efforts de l’OMPI pour la protection des ressources génétiques et traditionnelles contre une mauvaise utilisation.  L’OMPI a pris des mesures de renforcement des capacités pour faciliter la participation des autochtones aux travaux qui les concernent, conformément aux articles 31 et 41 de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.  Elle a précisé que le Fonds de contribution volontaires de l’OMPI pour les peuples autochtones visait à permettre la participation des autochtones aux travaux de l’OMPI.  Elle a précisé que 366 observateurs autochtones avaient été accrédités auprès de l’OMPI. 

Mme SARAH DEKDEKEN, de l’Alliance des peuples autochtones de la cordillère des Philippines, s’est dite préoccupée du fait que le calvaire des peuples autochtones n’avait fait que s’aggraver aux Philippines.  Elle a estimé que la Commission nationale des peuples autochtones était inutile et ne servait finalement qu’à mieux violer les droits des peuples autochtones et les droits collectifs sur les terres ancestrales.  Elle a dénoncé les harcèlements par des groupes paramilitaires en citant 90 assassinats extrajudiciaires entre juillet 2010 et avril 2016. 

Elle a exhorté l’Instance à demander au Gouvernement philippin de mettre fin aux violences contre les autochtones et à l’exploitation illégale des terres autochtones.  Elle a proposé que « les lois oppressives qui font déplacer les communautés » soient supprimées en fustigeant tout particulièrement l’acte philippin sur les extractions minières de 1995.  

M. CARLOS RAÚL MORALES MOSCOSO, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a fait observer que les autorités de son pays avaient mis en place des composantes autochtones dans les ministères clefs, tel celui en charge de la justice.  « Nous avons une dette vis-à-vis des peuples autochtones et nous allons continuer à dialoguer avec eux afin de réaliser les nombreux défis qui demeurent dans l’optique de leur plein épanouissement », a-t-il promis.

M. BOYAN RADOYKOV, de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a mis en garde contre la perte des connaissances autochtones du fait des systèmes scolaires modernes.  Il a déclaré que l’UNESCO favorisait le respect de la diversité culturelle, promouvant ainsi les pratiques traditionnelles dans l’optique de la préservation de la biodiversité, en droite ligne de la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies.  La diversité linguistique est également de la plus grande importance, a relevé M. Radoykov, qui a assuré que l’UNESCO attachait du prix à la protection du patrimoine matériel et immatériel de l’humanité, afin qu’il serve aux générations présentes et futures. 

M. ADI ASENACA CAUCAU, de la Fondation des peuples autochtones des Fidji, a dit que le Gouvernement des Fidji continuait de mépriser les droits des populations autochtones.  Il a expliqué que le Ministre de la justice des Fidji avait affirmé que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des populations autochtones ne constituait aucun droit pour les autochtones.  Il s’est demandé comment les six mandats de l’Instance pouvaient être appliqués aux Fidji.  Il a dénoncé l’absence de processus de conciliation entre le Gouvernement et les peuples autochtones.  Il a fustigé l’adoption de nouvelles législations qui méprisent les droits fonciers des autochtones.

Mme CARMEN INÉS VÁSQUEZ CAMACHO, Vice-Ministre de la participation et de l’égalité des droits de la Colombie, a indiqué que la Colombie reconnaissait 65 langues amérindiennes officielles sur leurs territoires à côté de la langue nationale espagnole.  Elle a affirmé que les communautés disposaient d’une autonomie leur permettant de gérer leurs ressources de base et leur système de santé et d’éducation.  Elle a précisé que 22 peuples autochtones étaient en charge de leur service éducatif.  En 2008, la Colombie a créé une division de la population au sein du Ministère de la culture afin de faire progresser la compréhension d’une nation pluriethnique et pluriculturelle. 

Mme GRETHEL AGUILAR, Directrice régionale du Bureau régional du Mexique, de l’Amérique centrale et des Caraïbes de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), a appelé à des réparations pour rectifier les méfaits de la colonisation sur les peuples autochtones d’Amérique et des Caraïbes.  Pour pouvoir mettre en avant le rôle des peuples autochtones de la région, l’UICN s’est lancée dans une cartographie des peuples autochtones et des pratiques de conservation qu’elles mettent en œuvre.  D’après cette carte, environ 40% des zones protégées forestières dans la région correspondent aux zones historiques d’établissement des peuples autochtones.

Mme KERRI NUKU, de l’Organisation des infirmières de Nouvelle-Zélande, a déclaré que son organisation s’investissait prioritairement en faveur du droit à la santé des populations maories.  Elle a déploré la sous-représentation de ces dernières au sein des professions du secteur médical, et plus globalement au sein de la force de travail du pays.  Elle a également souligné les disparités salariales entre les Maoris et le reste de la population, faisant par exemple observer que la Commission nationale des droits de l’homme de la Nouvelle-Zélande avait déterminé que les infirmières maories avaient un salaire inférieur de 25% à celui des autres infirmières.  Elle a ainsi appelé à un engagement du Gouvernement pour arriver à des résultats concrets afin de mettre fin à ces disparités.

Intervenant au nom des pays nordiques, Mme ANNE-KARIN OLLI, Secrétaire d’État auprès du Ministre des gouvernements locaux de la Norvège, a dit que les six domaines d’action de l’Instance étaient particulièrement importants pour assurer le respect et la protection des droits de l’homme des peuples autochtones.  Elle a rappelé que les populations autochtones étaient particulièrement vulnérables aux conséquences des changements climatiques et aux pressions croissantes sur les ressources naturelles dans le monde. 

Elle a souligné que les contributions des autochtones étaient essentielles pour nous aider à progresser dans le domaine de l’adaptation et de l’atténuation face aux changements climatiques.  Elle a dit que les pays nordiques souhaitaient renforcer l’accès à la santé et à l’éducation des populations autochtones en ajoutant que la qualité des services de santé était tributaire des connaissances des langues et cultures autochtones du personnel médical. 

M. LUIS MORA, de la Division de l’égalité hommes-femmes du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a indiqué que le Fonds était présent dans plus de 150 pays où il œuvrait au respect des droits des peuples autochtones en gardant à l’esprit les directives du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a ajouté que le FNUAP mettait l’accent sur les droits des filles et femmes autochtones en précisant que ses interventions avaient permis de diminuer la mortalité infantile et la prévalence au VIH/sida.  Le FNUAP fournit un appui aux États pour leur permettre de collecter des données statistiques sur les réalités des peuples autochtones. 

M. RONALD WAROMI, de l’Association de défense des intérêts de la Papouasie occidentale, a déclaré que les peuples autochtones de l’ouest de la Papouasie réclamaient leur indépendance afin de mettre fin aux souffrances dont ils sont victimes de la part du Gouvernement indonésien.  Il a rappelé que ces peuples avaient rejeté le régime d’autonomie spéciale qui leur est imposé et demandaient désormais une indépendance totale.  Il a déploré les violences auxquelles ces peuples sont soumis, dans l’indifférence des Nations Unies, et, sous les applaudissements nourris de la salle, il a appelé le Secrétaire général à œuvrer à une solution pacifique sur la question de la décolonisation de l’ouest de la Papouasie, insistant à nouveau sur leur droit à l’autodétermination.

Mme CAROLYN BENNETT, Ministre des peuples autochtones et des questions nordiques du Canada, a eu une pensée pour les communautés touchées par l’immense incendie de forêts qui a court dans la province de l’Alberta du Canada.  Elle a indiqué que le Canada appuyait désormais « sans réserve » la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, provoquant, par cette annonce, une salve d’applaudissements nourris de la salle.  Elle a poursuivi en annonçant que la Constitution du Canada allait désormais être modifiée pour tenir compte des obligations relatives à la Déclaration. 

Elle a rappelé que le principe du « consentement libre, préalable et éclairé » et d’autres principes importants de la Déclaration étaient déjà mis en application par le Gouvernement du Canada dans le cadre de ses rapports avec les populations autochtones.  Elle a affirmé que le Canada entendait désormais tourner la page de « ce moment sombre de son histoire », faisant référence aux pensionnats autochtones ou écoles résidentielles, et promettant que « le canoë qui était renversé doit désormais être redressé ».  Son discours a donné lieu à une longue ovation debout de la salle.

Mme AMBER ROBERTS, de la Commission australienne des droits de l’homme, a indiqué que sa commission organisait des activités de sensibilisation aux objectifs et contenus de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.  Elle a demandé que les États Membres s’engagent à mener un dialogue sincère avec les populations autochtones qui aboutira à la mise en place d’un mécanisme de surveillance et d’évaluation de la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. 

M. LAWRENCE ROBERTS, Secrétaire d’État adjoint aux affaires indiennes des États-Unis, a dit que le Président Barack Obama fut le premier Président à rencontrer les dirigeants tribaux annuellement.  Il a aussi fait état de la visite historique du Président Obama à la réserve sioux de Standing Rock, dans le Dakota du Nord, en juin 2014.  Il a rappelé que le Président des États-Unis avait lancé l’initiative Génération autochtone (Generation Indigenous “Gen-I” initiative) lors de la Conférence des nations tribales 2014 pour se concentrer sur l’amélioration de la vie des jeunes autochtones en éliminant les obstacles qui se dressent devant les jeunes autochtones.  

Grâce à de nouveaux investissements et un engagement accru, cette initiative adopte une approche globale, culturellement appropriée pour faire en sort que tous les jeunes autochtones puissent atteindre leur plein potentiel.  Le représentant des États-Unis a reconnu les dommages qu’avaient entraînés le retrait forcé des enfants de leurs domiciles afin d’éradiquer leur langue et leur culture.  Les États-Unis souhaitent appliquer les principes de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, a-t-il dit. 

M. JAMIL AHMAD, Directeur adjoint du Bureau de New York du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a relevé que les peuples autochtones étaient souvent au premier plan quand survenaient des conflits, notamment autour des questions foncières ou celles en rapport avec la gestion et l’exploitation des ressources naturelles.  Il a rappelé qu’un guide sur la médiation des conflits relatifs à l’exploitation des ressources naturelles avait été publié par le PNUE.  Il a ensuite déclaré qu’une personne était déplacée chaque seconde à cause des catastrophes naturelles ou des conflits relatifs à la gestion des ressources naturelles.   Il a souligné que ces déplacements pouvaient avoir un impact négatif sur l’environnement. 

Mme MARIA DEL ROSARIO SUL GONZALES, de l’organisation non gouvernementale Cultural survival du Guatemala, a parlé des nombreuses persécutions dont sont victimes les dirigeants et activistes autochtones au Guatemala, rappelant que l’un d’eux vient d’être condamné à 170 ans de prison pour acte terroriste.  Elle a appelé l’Instance permanente à suivre de près ces cas de pénalisation des actions des défenseurs des droits des peuples autochtones.

Un de ses collègues a ensuite poursuivi l’intervention en dénonçant des projets économiques « néolibéraux » qui nuisent à l’épanouissement des autochtones au Guatemala, foulant au pied leurs droits socioéconomiques.  Il a spécifiquement demandé la mise en place d’une réglementation sur la production des agrocombustibles qui contribuent à la déforestation, ajoutant en outre qu’il y avait un besoin urgent d’une loi sur la gestion de l’eau, car cette dernière ne doit être ni polluée ni privatisée, a-t-il dit.

M. ROYAL JOHAN KXAO /UI/O/OO, Vice-Ministre des communautés marginalisées de la Namibie, a dit que son pays était riche d’une grande diversité culturelle et ethnique, à laquelle contribuent les peuples autochtones, qui ont été marginalisés à bien des égards.  Il a cité les mesures prises par son ministère pour assurer aux peuples autochtones la possibilité de garder intactes leurs cultures, y compris à l’égard de leurs terres traditionnelles, de leurs autorités et de leurs langues.  Il a dit l’importance de commencer par l’éducation

M. PALLAB CHAKMA, de la Fondation Kappaeng, a dit que les principales sources de conflits touchant les autochtones du Bangladesh étaient liées à la question de l’accès à la terre.  Alors que le Gouvernement a intensifié les expropriations, entre autres, dans la colline de Chittagong, M. Chakma a exhorté l’Instance à demander au Bangladesh de réunir une commission pour régler le différend lié à celles de la colline de Chittagong. 

Mme IRENE GALLEGOS, Vice-Ministre des affaires autochtones du Panama, a indiqué que les autorités nationales du Panama étaient engagées en faveur de l’épanouissement des autochtones qui représentent 12% de la population et possèdent 20% des terres du pays.  Sur le plan économique, elle a parlé du renforcement des structures de production afin de faciliter l’accès au développement socioéconomique des femmes et jeunes autochtones notamment.  Elle a également relevé que la Banque mondiale avait été approchée pour financer un plan national visant à promouvoir l’épanouissement des peuples autochtones.

M. ROBERT MIRSEL, de l’organisation non gouvernementale Vivat International Franciscans International, a déploré le fait que certains gouvernements d’Amérique latine signaient des contrats avec des multinationales sans consulter les populations autochtones sur les terres desquelles les exploitations minières sont menées.  Il a aussi déploré les exactions dont sont victimes les activistes autochtones à travers le monde, notamment dans la province de Papouasie occidentale en Indonésie.  Il a aussi appelé à protéger le droit à la liberté d’expression et de manifestation pacifique des populations autochtones.

Mme KUNTI KUMARI SHAHI, Ministre d’État, Ministre du développement local et des affaires fédérales du Népal, a rappelé que le Népal avait promulgué une nouvelle Constitution qui promeut la diversité ethnique dans la composition des instances dirigeantes du pays.  Cette Constitution considère également le droit d’utiliser sa langue maternelle comme fondamentale, et le Gouvernement a lancé une loi sur la discrimination positive en faveur des populations autochtones du pays.

Mme JACLYN WILIAMS (Nouvelle-Zélande) a indiqué que le Gouvernement de la Nouvelle-Zélande avait élaboré une stratégie afin de promouvoir l’éducation maorie.  Le Gouvernement entend également promouvoir les savoirs traditionnels maoris, notamment en ce qui concerne les pratiques thérapeutiques.  Dans cette optique, a-t-elle relevé, le Gouvernement subventionne 19 prestataires de santé maoris qui pratiquent une médecine typiquement maorie.

ROBIN MINTHORNE, de l’organisation non gouvernementale National Indian Youth Council des États-Unis, a déclaré qu’une étude nationale avait fait constater qu’une femme autochtone sur trois était victime de violence sexuelle au cours de sa vie.  Cette violence systématique les déshumanise, a-t-elle dénoncé avec une voix émue, et rappelant à travers quelques anecdotes les cas de violence et viols dont les femmes autochtones faisaient l’objet dans son pays.  Elle a aussi dénoncé le fait que ces dernières ne bénéficient pas de mesures législatives spécifiques qui les protégeraient de la violence.

M. JOHNNY HODGSON (Nicaragua) a fait état d’un système éducatif national intégrant, notamment sur la côte atlantique du pays, l’apprentissage de langues autres que l’espagnol, valorisant ainsi les langues de populations autochtones et d’ascendance africaine.  Il a également parlé de la prise en charge par l’État des soins de santé des populations autochtones et d’ascendance africaine.  Depuis 2009, a-t-il relevé, le Gouvernement alloue des fonds aux communautés autochtones afin de les aider à mettre en œuvre leurs propres projets de développement.  Il a en outre annoncé que le 3 mai dernier, une loi nationale relative au « consentement libre, préalable et éclairé » des populations autochtones avait été promulguée au Nicaragua.

Mme ARENAS LICEA, d’International Development Law Organization (IDLO), a dit la nécessité pour les peuples autochtones d’être entendus et d’avoir leur place à toutes les tables de négociation pour pouvoir lutter contre les discriminations.  « Nous souhaitons travailler avec l’Instance pour voir comment concourir à la mise en œuvre de la Déclaration des droits des peuples autochtones. »  Elle a expliqué que son organisation travaillait à recenser les droits existants dont peuvent bénéficier les peuples autochtones. 

M. LEDKOV GRIGORII, représentant de Raipon, a indiqué qu’il représentait près de 40 peuples qui vivent sur deux tiers du territoire de la Fédération de Russie.  Il a rappelé que la question de la préservation des langues était une question éminemment transversale.  Il a dit que chaque famille était responsable de la transmission de la langue.  Il a annoncé la tenue le 13 mai d’un événement parallèle mettant l’accent sur les méthodes utilisées en Russie pour préserver les langues maternelles.

M. VACA, membre du Parlement de la Bolivie, a dit la nécessité de permettre aux représentants des autochtones de participer aux réunions des organes des Nations Unies qui traitent des questions qui concernent les autochtones.  Il a affirmé que son pays souhaitait promouvoir une Bolivie digne et souveraine dans le but d’édifier une société plus inclusive et sans discrimination.  « Nous avons reconnu le rôle fondamental des autochtones dans le domaine du développement économique et social », a insisté le représentant de la Bolivie. 

M. JUSTIN FILES, de Maari Ma Health Corporation, a salué le programme de scolarisation que son organisation a mis en place en Nouvelle-Zélande dans le cadre de l’épanouissement des Maoris et de leur culture.  Il a déploré que les jeunes maoris soient déscolarisés et plus enclins au suicide que les autres jeunes qui ne font pas partie des peuples autochtones, appelant à des programmes spécifiques du Gouvernement en leur faveur.

M. YON FERNANDEZ DE LARRINOA, point focal des peuples autochtones auprès de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a dit qu’un plan de travail conjoint de la FAO et de l’Instance permanente permettait désormais de tenir compte du principe de consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, dans tous les projets et initiatives de développement qu’elle met en place ou pour lesquels elle est partenaire.   

M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) a relevé que l’article premier de la Constitution de son pays reconnaissait le caractère pluriethnique et multiculturel de celui-ci.  De ce fait, il a indiqué que les autorités nationales entendaient promouvoir les langues autochtones et le dialogue interculturel.  De même, la formation d’éducateurs originaires de communautés autochtones est encouragée, et ils sont aussi impliqués dans l’élaboration des programmes d’éducation à l’échelle nationale.  Sur le plan du logement, le Costa Rica envisage de bâtir des logements sociaux qui tiennent compte de la culture des populations autochtones.  Malgré une base juridique solide, des efforts restent encore à faire pour la promotion des droits des peuples autochtones au Costa Rica, a-t-il souligné.

CHEF DONALD HARRIS, d’Indigenous Network on Economies and Trade, a dénoncé le double langage du Canada qui, selon lui, reconnaît les droits des peuples autochtones mais ne les applique pas.  Il a indiqué que la Commission des traités de Colombie britannique ne cessait de limiter les droits des populations autochtones et d’aller à l’encontre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.  « Nos droits sont certes reconnus au Canada mais pas appliqués », a-t-il ajouté, en recommandant que l’Instance fournisse des mécanismes utiles afin que les peuples autochtones puissent donner leur consentement libre et éclairé avant que le Gouvernement ne prenne des décisions.  En outre, il a invité l’Instance à envoyer au Canada un observateur pour vérifier l’état d’application de la Déclaration

M. SVEN JÜRGENSEN (Estonie) a dit la nécessité de tout mettre en œuvre pour faciliter la participation des autochtones à toutes les réunions des Nations Unies.  Il a salué les efforts de l’Instance pour assurer le suivi de la mise en œuvre des recommandations de la Conférence mondiale de 2014 sur les peuples autochtones.  Il a cité les efforts de son pays pour préserver la langue finno-ougrienne en faisant état du lancement d’un premier programme à cette fin en 1999.  Il a indiqué que le programme 2015-2019 avait été doté d’un montant de 1,27 million d’euros pour soutenir des projets culturels et d’enseignement pour la langue finno-ougrienne. 

Mme EMINA DZEPPAROV, Peuples de Crimée, a indiqué qu’elle avait dû quitter sa Crimée natale en 2014, précisant que son père et son grand-père avaient dû eux-aussi, à d’autres périodes, faire de même.  Elle a fustigé l’occupation de la Crimée par la Fédération de Russie.  « Depuis 2014, les Tatars subissent des répressions pour différentes raisons et notre seule chaîne de TV a été forcée de quitter la Crimée », a-t-elle dit.  « Vingt-deux Tatars de Crimée ont disparu depuis 2014 », a-t-elle précisé, ajoutant que la Russie bafouait les droits des Tatars et les terrorisait au quotidien par le biais d’arrestations ou de perquisitions abusives.   

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA VELÁSQUEZ (Pérou) a rappelé que son pays était la terre de 35 peuples autochtones et de 44 langues minoritaires qui concernent 330 000 autochtones.  Il a dit les efforts du Pérou pour préserver les langues autochtones et promouvoir les droits des peuples autochtones dans le respect de la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.  Il a aussi fait état du lancement d’une politique de traduction et d’interprétation pour intégrer les 35 langues autochtones du Pérou.  

Mme MIKAELA JADE, de Tribal Link d’Australie, a déclaré que les droits des autochtones restaient bafoués dans son pays.  Elle a par exemple relevé que l’espérance de vie des Australiens autochtones était de 10 à 17 ans inférieure à celle du reste de la population nationale.  Elle a déploré le fait que les autochtones soient de plus en plus victimes d’assassinats à travers le monde quand ils essayent de défendre leurs terres.  Elle a également plaidé pour des rapports nationaux annuels portant sur la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

M. JORGE JIMÉNEZ (El Salvador) a souligné que son pays avait pris des mesures fermes, notamment à travers la Constitution nationale, pour préserver et promouvoir les valeurs des peuples autochtones.  Le pays s’est fixé comme objectif de revendiquer le patrimoine matériel et immatériel des peuples autochtones d’El Salvador, a-t-il dit.  À ce propos, un programme de télévision consacré aux populations autochtones est diffusé sur la télévision nationale, et en 2014 un dictionnaire bilingue espagnol-wawat a été publié pour la première fois.

Mme GEORGEES, d’Assyrian Aid Society d’Iraq, a déploré le fait que les Assyriens soient victimes d’une tentative de génocide de la part de Daech, notamment dans la ville de Mossoul.  Elle a cité un certain nombre de faits qui laissent croire que ce groupe terroristes s’attachait à effacer les vestiges du riche héritage des Assyriens.  La communauté internationale doit arrêter la destruction des antiquités en Iraq et il faut permettre aux peuples autochtones de pouvoir revenir chez eux et rebâtir leurs logements et leurs lieux de culte, a-t-elle plaidé.

Mme ANA CAROLINA RODRÍGUEZ DE FEBRES-CORDERO (Venezuela) s’est félicitée du fait que l’Amérique latine se soit transformée ces dernières années en une « arène de défense des droits de peuples autochtones », notamment par des textes et dans la pratique.  Elle a indiqué qu’au Venezuela, le Gouvernement avait reconnu que l’occupation des terres des autochtones était illégale et s’était faite sans le consentement libre, préalable et éclairé des communautés locales.  Pour réparer cette injustice, depuis 2005, les autorités nationales ont attribué près d’une centaine de titres de propriété aux collectivités autochtones.  Par ailleurs, un institut national des langues autochtones a été mis en place pour promouvoir les langues des autochtones. 

M. LOPEZ, du Congreso General Guna, fédération de 49 peuples autochtones du Panama, a jugé extrêmement important que les enfants acquièrent les connaissances traditionnelles.  Il a indiqué que sa communauté avait créé et financé un programme d’éducation primaire pour assurer la transmission de la langue et de la culture autochtones.  « Nous avons aussi mis en place un système d’apprentissage des chants traditionnels et de la médecine Guna ».  « Grâce à toutes ces initiatives nous allons aussi pouvoir préserver la biosphère », a-t-il insisté. 

M. YAO SHAOJUN (Chine) a jugé pertinent d’intégrer les priorités relatives aux autochtones à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le représentant de la Chine a applaudi le lancement hier d’un plan d’action à l’échelle du système des Nations Unies visant à favoriser la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.  « La Chine n’a pas de peuples autochtones mais appuie la promotion des droits fondamentaux de peuples autochtones », a-t-il affirmé.  Il a souhaité que la mise en œuvre des droits des peuples autochtones soit respectueuse de la souveraineté territoriale des États Membres.  

Mme ROSALEE GONZALES, représentante des Femmes autochtones d’Amérique, s’est dite effrayée par la hausse alarmante du nombre de violences à l’égard des peuples autochtones.  Elle a dénoncé la militarisation des terres autochtones et la stigmatisation systématique des peuples autochtones.  Réagissant à la déclaration du représentant des États-Unis, elle a rappelé que 57% des Amérindiens vivant dans des réserves aux États-Unis n’étaient pas reconnus comme tels.

Mme RACHEL O’CONNOR (Australie) a expliqué les efforts de son gouvernement pour assurer que des contrats soient réservés à des entreprises autochtones.  Elle a souligné que 250 contrats pour un chiffre d’affaire total de 90 millions de dollars avaient été confiés à des entreprises autochtones au cours des six derniers mois. 

Mme TINA NGATA, d’Hinerupe Marae, autochtones de Nouvelle-Zélande, a estimé que la Nouvelle-Zélande avait bafoué les droits des peuples autochtones en confisquant des terres autochtones et en traitant des militants autochtones comme des terroristes.  « Si nous souhaitons renforcer les capacités de l’ONU en appui de la Déclaration des droits des peuples autochtones cela doit commencer au niveau du Secrétaire général », a-t-elle souligné.  Par ailleurs, elle a dit que la médecine traditionnelle maorie était aujourd’hui menacée par une loi sur les produits naturels. 

Mme LEIA RODRIGUES (Brésil) a affirmé que le Gouvernement de son pays s’efforçait de remplir ses obligations en matière d’éducation vis-à-vis des peuples autochtones.  Le Gouvernement entend créer 43 territoires ethniques dans lesquels les populations autochtones vont gérer elles-mêmes leurs programmes de développement.  Elle a regretté que le taux de suicide chez les autochtones soit quatre fois plus élevé que celui du reste de la population.  Le Gouvernement brésilien a en outre engagé une coopération avec ONU-Femmes afin de promouvoir l’autonomisation des femmes autochtones.

Mme TAWERA TAHURI, de Global indigenous Women’s Causus, a appelé l’Instance à inviter les États à cesser d’utiliser la force pour réagir aux manifestations et autres initiatives des peuples autochtones qui ne font que revendiquer leurs droits.  Elle a déclaré que des entreprises exploitaient leurs terres sans leur consentement et s’appropriaient leurs ressources.  Elle a rappelé l’importance de tenir compte du principe de consentement préalable, libre et éclairé qui devrait guider ces initiatives mercantiles.

Mme LOTTIE CUNNINGHAM, du Centre pour la justice et les droits de l’homme de la côte atlantique du Nicaragua, a dénoncé la violation des droits des peuples autochtones au Nicaragua, notamment sur la côte atlantique.  Elle a estimé que l’État nicaraguayen ignorait l’invasion des colons sur ses terres ancestrales et les menaces que représentent les colons.  Plus de 3 000 personnes, des autochtones, ont dû fuir leurs terres du fait d’actes de violences des colons, a-t-elle déploré, citant en outre 28 assassinats au cours de ces dernières années.  Elle a appelé à un processus d’assainissement afin que les colons retournent dans leurs régions d’origine.

Mme PATRICIA WATTIMENA, d’Asia Indigenous Peoples Pact, a jugé indispensable de faire l’inventaire des lois et politiques discriminatoires qui ont un impact négatif sur plus de 370 millions d’autochtones dans le monde.  elle s’est notamment inquiétée de l’impact délétère de lois qui empêchent les peuples autochtones de pratiquer leurs activités de subsistance.  Au moins 116 militants défenseurs de l’environnement ont été assassinés en 2014 dont 40% étaient des autochtones tués sur fond de conflits territoriaux.  Elle a fustigé des projets de barrages en Inde qui se traduisent par l’expropriation de peuples autochtones.

Mme NESHA XUNCAX CHE, du Council of Western Mayan People of Guatemala, a exprimé son inquiétude au sujet des violations systématiques des droits des populations autochtones de la part des entreprises du secteur extractif.  Elle a dénoncé des dernières qui mettent en place des activités sur les terres autochtones sans au préalable demander leur consentement.  Elle a en outre appelé à la libération des prisonniers politiques, ces dirigeants de communautés autochtones incarcérés pour faire taire leurs légitimes revendications.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale réfléchit à la manière de rendre réellement l’ONU capable d’affronter les multiples menaces à la paix dans le monde

Soixante-dixième session, Débat thématique de haut niveau,
matin & après-midi
AG/11781

L’Assemblée générale réfléchit à la manière de rendre réellement l’ONU capable d’affronter les multiples menaces à la paix dans le monde

L’Assemblée générale a lancé aujourd’hui un débat de haut niveau, qui se poursuivra demain, sur « les menaces actuelles à la paix et à la sécurité internationales dans un monde à risques» au cours duquel les États ont prouvé leur volonté d’adapter et d’outiller l’ONU pour qu’elle soit mieux à même de réagir aux risques nouveaux.  L’ancien Président de l’Indonésie, plusieurs ministres, une lauréate du prix Nobel de la paix, ainsi que des représentants d’instances internationales et de la société civile, ont participé à cette première journée de réflexion qui a tracé des pistes pour rendre l’ONU capable de garantir un monde plus sûr.

Qu’il s’agisse des guerres impliquant directement ou indirectement les puissances régionales voire les plus grandes puissances mondiales au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, de l’impunité dans les cas de violations des droits de l’homme, du terrorisme qui frappe de nombreux pays et de la violence sexuelle dans les conflits armés, il est clair que l’ONU est mal équipée pour concrétiser la vision qui a sous-tendu sa création, il y a 70 ans, « préserver les générations futures du fléau de la guerre », a estimé le Président de l’Assemblée générale, M. Mogens Likketoft.

Le nombre des guerres civiles a triplé ces 10 dernières années, 125 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire et 80% des besoins humanitaires sont dus à des conflits violents, a ajouté au tableau, le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, qui n’a pas oublié les fléaux de la cybercriminalité et des épidémies.

L’ONU est-elle efficace dans la prévention et la gestion des conflits dans un monde à risques?  Des mesures ont été prises pour remédier aux lacunes.  Le Vice-Secrétaire général a mentionné l’examen en cours de l’architecture de consolidation de la paix, des opérations de maintien de la paix et de la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur « les femmes, la paix et la sécurité ».  Le Secrétariat, a-t-il avancé, est en train de mettre en œuvre 90% des recommandations faites par le Secrétaire général sur la base du rapport du Groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de maintien de la paix.

M. Eliasson a aussi placé beaucoup d’espoir dans le prochain Sommet humanitaire mondial d’Istanbul qui recherchera une solution collective à une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent.  Il s’est aussi félicité des résultats de l’Initiative « les droits de l’homme d’abord ».

En outre, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur le climat doivent permettre d’avancer vers un monde plus pacifique, plus prospère, plus inclusif et plus viable.

Le défi est maintenant de rendre les Nations Unies plus pertinentes, plus crédibles, plus légitimes et plus compétentes, tout comme les puissances locales, régionales et mondiales.  Le Président de l’Assemblée a donné quatre pistes pour y arriver: privilégier les solutions politiques dans l’approche de l’ONU pour une paix durable; mettre la prévention au cœur de l’architecture de paix et de sécurité; forger un consensus sur une série « essentielle » de réformes budgétaires, institutionnelles et culturelles; et travailler sur les trois piliers de l’ONU, paix et sécurité, développement, droits de l’homme, dans des partenariats stratégiques avec les organisations régionales, ont insisté plusieurs intervenants.

Dans ce contexte, une des voies à privilégier, selon les intervenants, est la participation des femmes dans la prévention, le maintien et la consolidation de la paix, comme le recommande la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Dans un même esprit, la résolution 2250 du Conseil de sécurité sur « les jeunes, la paix et la sécurité » a été rappelée, en particulier la nécessité de la mettre en pratique. 

Le Conseil a d’ailleurs essuyé les critiques du représentant de l’Éthiopie qui l’a traité d’« organe du passé, inadapté au monde actuel ».  « Pourquoi le Conseil n’est-il pas meilleur dans la prévention des moments chauds? » a demandé son homologue de la France, qui a avoué que le principal obstacle est en réalité la division entre les États.  Aux appels de l’ancien Président indonésien pour une façon « plus juste, plus démocratique et plus pragmatique » de gérer le droit de veto, le représentant français a répondu par l’initiative franco-mexicaine, appuyée par 93 pays, qui vise à empêcher l’exercice de ce droit en cas d’atrocités de masse.  « Nous avons les instruments pour être plus efficaces. »

Cela ne suffira peut-être pas, a semblé dire l’ancien Ministre des affaires étrangères de l’Égypte et ancien Secrétaire général de la Ligue des États arabes, M. Amr Moussa, qui a réclamé une meilleure représentation des pays en développement dans les deux catégories de membres du Conseil.  Les délégations ont aussi été nombreuses à demander à l’Assemblée générale de revitaliser ses travaux pour pouvoir agir en faveur de la paix en cas de paralysie du Conseil.  « La paix est un processus, pas un évènement », a souligné la lauréate du prix Nobel de la Paix 2011 pour « Women of Liberia Mass action for Peace », Mme Leymah Gbowee, en mettant en garde contre la tentation « de lutter contre le feu par le feu » comme on l’a vu en Libye.  « Le recours à la force à tort et à travers ne peut qu’aggraver la situation », a aussi prévenu l’ancien Président indonésien.

L’Assemblée générale achèvera son débat de haut niveau demain, mercredi 11 mai.

DÉBAT THÉMATIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LES NATIONS UNIES, LA PAIX ET LA SÉCURITÉ

Séance d’ouverture

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, a rappelé que l’ONU a été créée pour « préserver les générations futures du fléau de la guerre ».  Soixante-dix ans plus tard, nous réfléchissons aux moments où les Nations Unies ont réussi ou échoué, et cherchons à voir comment on peut faire mieux aujourd’hui et demain.  Parmi les succès, le Président a cité la mise en place du cadre qui a permis de contenir les plus grandes puissances mondiales, la mobilisation de centaines de milliers de Casques bleus et de milliards de dollars dans les opérations de maintien de la paix, la mise au point d’un cadre juridique clair régissant la conduite en temps de guerre et la protection des droits de l’homme, et les efforts pour réduire les risques des armes les plus meurtrières.  Mais, a avoué le Président, à Srebrenica, en Somalie et au Rwanda, quand on en avait le plus besoin, l’ONU a échoué « de manière abyssale ».

Qu’il s’agisse des guerres impliquant directement ou indirectement les puissances régionales voire les plus grandes puissances mondiales au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, de l’impunité dans les cas de violations des droits de l’homme, du terrorisme qui frappe de nombreux pays, et de la violence sexuelle dans les conflits armés et de ses dizaines de milliers de victimes parmi les femmes et les enfants, il est clair que l’ONU est mal équipée pour concrétiser la vision qui a sous-tendu sa création, a tranché le Président.

En ce soixante-dixième anniversaire, avec l’examen de l’architecture de consolidation de la paix, des opérations de maintien de la paix et de la mise en œuvre de la résolution 1325 sur « les femmes, la paix et la sécurité », nous avons l’occasion de changer fondamentalement les choses. 

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur le climat donnent, selon le Président, un cadre pour avancer vers un monde plus pacifique, plus prospère, plus inclusif et plus viable.  L’accord sur le nucléaire iranien et les mesures que le Conseil de sécurité a prises, en décembre dernier, sur la Syrie, prouvent, « fort tard certes », que les Nations Unies peuvent aider les puissances régionales et mondiales à résoudre leurs différends.

Le défi est maintenant de partir de cet élan et de répondre aux recommandations ambitieuses des trois examens.  Ces recommandations sont claires: pour répondre aux menaces à la paix et à la sécurité, aujourd’hui et demain, les Nations Unies doivent être plus pertinentes, plus crédibles, plus légitimes et plus compétentes, tout comme les puissances locales, régionales et mondiales.

Durant ces deux jours, nous aurons l’occasion d’identifier les étapes spécifiques qu’il faut pour ce faire, et pour certains États, il s’agit de faire du Conseil de sécurité un organe plus efficace et plus représentatif.  Mais le Président a voulu insister sur quatre points et d’abord la nécessité de privilégier les solutions politiques dans tous les aspects de l’approche de l’ONU pour une paix durable.  Pour mettre la prévention au cœur de l’architecture de paix et de sécurité, nous devons forger un consensus sur une série « essentielle » de réformes budgétaires, institutionnelles et culturelles.  Il faut que l’ONU travaille sur ses trois piliers tout en rendant opérationnelle l’approche centrée sur la personne dont on parle tant. 

Soulignant ensuite les ratés de la mise en œuvre de la résolution 1325 sur « les femmes, la paix et la sécurité », le Président a insisté pour que l’on intègre enfin la perspective « égalité entre les sexes » dans l’approche globale de la paix et de la sécurité et pour que les femmes soient impliquées à la fois dans la prévention et le règlement des conflits. 

Il a aussi insisté sur les partenariats stratégiques avec les organisations régionales et sur la nécessité d’ouvrir la porte aux États Membres qui veulent jouer un plus grand rôle dans la paix et la sécurité internationales.  Il faut aussi renforcer les relations avec la Banque mondiale et les autres acteurs du monde des finances et du secteur privé pour pouvoir créer des sociétés stables, prospères et créatrices d’emplois.

Enfin, le Président a parlé des nouveaux problèmes comme la cybercriminalité, les épidémies ou le terrorisme qui exigent des changements pour mieux équiper l’ONU.  La lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent est un domaine où le rôle de l’ONU requière une plus grande coordination, surtout quand elle est engagée dans des situations de conflit marquées par le terrorisme ou l’insurrection.  « La paix ne peut être maintenue par la force.  Elle ne peut être atteinte que par la compréhension », a conclu le Président, en paraphrasant Albert Einstein.

M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, a rappelé l’importance du prochain Sommet humanitaire mondial d’Istanbul qui veillera à apporter une solution collective à une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent.  « La magnitude des défis mondiaux est claire »: le nombre de guerres civiles a triplé ces 10 dernières années, 125 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire et 80% des besoins humanitaires sont dus à des conflits violents. 

Les trois examens menés l’année dernière avaient un seul objectif, a souligné le Vice-Secrétaire général: comment rendre l’ONU capable de répondre aux menaces à la sécurité dans cet environnement mondial volatile?  Les examens ont livré trois messages qu’on ne saurait ignorer: la prévention est notre mission centrale, la recherche de solutions politiques et inclusives à long terme doit être la priorité et le succès ne pourra être atteint sans des partenariats solides.  Ces examens ont été complétés, a estimé le Vice-Secrétaire général, par l’« Initiative les droits de l’homme d’abord » qui vise à changer la manière dont l’ONU pense la prévention et la protection des responsabilités assignées par la Charte et les États Membres. 

Le Secrétariat, a affirmé le Vice-Secrétaire général, est en train de mettre en œuvre 90% des recommandations qu’a faites le Secrétaire général dans sa réponse au rapport du Groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de maintien de la paix.  La révolution de l’architecture de consolidation de la paix a donné un nouvel élan, alors que les conclusions de l’étude sur « les femmes, la paix et la sécurité » ont montré que la participation des femmes et l’intégration de la perspective « égalité entre les sexes » sont essentielles aux efforts de paix et de sécurité.  Le Vice-Secrétaire général a ajouté la résolution 2250 du Conseil de sécurité sur les jeunes, la paix et la sécurité. 

Après avoir cité quelques exemples montrant que les choses avancent, le Vice-Secrétaire général a regretté que dans certains domaines, les engagements rhétoriques ne se soient pas traduits en actes concrets, en particulier la prévention des conflits dont l’ONU n’a toujours pas les capacités et le Fonds de consolidation de la paix qui connait toujours un déficit.  « Y-a-t-il une image plus parlante de notre échec collectif à donner la priorité à la prévention que les crises et les déplacements actuels? » a conclu le Vice-Secrétaire général.

M. ESPEN BARTH EIDE, Membre du Conseil d’administration du Forum économique mondial, a énuméré les sept moteurs de changement dans la paix et la sécurité internationales, le message principal étant avant tout que le changement se produise rapidement.  Le premier moteur est la démographie, non seulement le nombre d’habitants mais aussi le degré d’urbanisation et la proportion de jeunes.  La gestion des ressources est un autre moteur: qui y a accès?  Comment les gérer?  La concurrence géopolitique est un autre moteur dont la dynamique est de plus en plus importante.  La gouvernance est aussi un moteur crucial, a-t-il ajouté, en dénonçant le fait qu’elle se détériore dans de nombreuses parties du monde, entrainant une perte de confiance dans les gouvernements.  Il a aussi cité les défis d’un monde très connecté et la « quatrième révolution industrielle » et ses technologies sophistiquées qui présentent des défis et des opportunités.

M. SUSILO BAMBANG YUDHOYONO, ancien Président de l’Indonésie, s’est dit convaincu que la communauté internationale peut répondre aux risques du monde actuel en consolidant le rôle de l’ONU dans la gestion des affaires internationales.  Le Président a d’abord pris l’exemple du conflit syrien.  La meilleure marche à suivre, a-t-il estimé, consisterait à ce que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité s’entendent sur une position commune.  Compte tenu de l’évolution de la situation, « une convergence d’intérêts » sur la Syrie est « toujours une possibilité », a-t-il dit.  Si le Président a reconnu que l’abolition du droit de veto est presqu’impossible, il a tout de même estimé qu’il doit y avoir une manière « plus juste, plus démocratique et plus pragmatique » de le gérer.  L’unité des cinq membres permanents contribuerait à un véritable cessez-le-feu en Syrie et dans d’autres parties du monde où les conflits font rage.  À ce stade, a encore estimé le Président, on ne saurait écarter l’idée de déployer une force de maintien de la paix de l’ONU pour surveiller le cessez-le-feu.  La force devrait être rentable, apte à faciliter un processus politique et rester strictement dans ses limites.

Le Président a aussi abordé la question de l’extrémisme, du radicalisme et du terrorisme.  Il a appelé à un changement de mentalité, d’approche et de solutions.  Mes années dans l’armée m’ont appris une chose fondamentale, a confié le Président: le recours à la force à tort et à travers ne peut qu’aggraver la situation.  Si la victoire totale contre le terrorisme peut s’avérer difficile, on peut toujours réduire l’intensité des conflits, prévenir la détérioration de la situation, stopper l’islamophobie et réduire les tensions entre l’Islam et l’occident.  Pour contenir les menaces terroristes, il a préconisé que l’on s’attaque aux circonstances qui nourrissent le radicalisme et l’extrémisme et que l’on empêche les conflits au Moyen-Orient de propager le terrorisme. 

Le Président a ensuite parlé de la sécurité en Asie, un important moteur de l’économie mondiale.  Trois membres permanents du Conseil de sécurité sur cinq sont impliqués dans les différents « points chauds » que sont les mers de Chine méridionale et orientale et la péninsule coréenne, a-t-il fait observer.  Les démonstrations de force et de puissance relèvent d’un mauvais calcul, a-t-il prévenu, en disant privilégier les collaborations stratégiques entre l’ONU et les architectures régionales. 

Le Président a conclu sur la question de l’implication des femmes dans le règlement des conflits.  Convoquant son expérience de vétéran du maintien de la paix ayant servi dans la Mission de l’Onu en ex-Yougoslavie, le Président a insisté sur la protection que l’on doit aux femmes et aux enfants, et sur la nécessité d’impliquer les femmes dans la gestion des conflits.  S’étant impliqué dans la préparation des objectifs de développement durable, il a insisté sur l’objectif 16 relatif à la paix, à la justice et aux institutions fortes lequel reconnaît aussi la place « critique » des femmes. 

Mme LEYMAH GBOWEE (Libéria), Lauréate du prix Nobel de la paix 2011 et Défenseur des objectifs de développement durable, a parlé de son expérience de ressortissante d’un pays en guerre dans les années 1990.  Ma sœur, a-t-elle raconté, travaillait à l’hôpital et parlait des crimes de masses qu’elle voyait chaque jour, se heurtant à l’incrédulité de ma mère qui avait une confiance inébranlable dans l’humanité et dans le pays.  Or, un jour, j’ai vu ma mère pleurer pour avoir tué un homme.  En fait, elle avait donné du riz à un homme qui s’était fait voler puis tuer par des soldats.  Elle s’en sentait responsable. 

« C’est une erreur de lutter contre le feu par le feu », a dit Mme Gbowee, en prenant l’exemple récent de la Libye.  Il y a quelques années, nous voulions tous le départ de Qadhafi et aujourd’hui, il y a 27 milices en Libye qui font souffrir la population.  La réponse militaire est une des principales raisons de la situation actuelle, a-t-elle tranché. 

« La paix est un processus, pas un évènement. »  Elle ne peut être imposée.  Elle doit faire le fruit d’une collaboration entre les pays et elle ne peut être atteinte sans l’implication des femmes qui ont « des qualifications uniques ».  Mme Gbowee a dit avoir reçu comme « une insulte » le sous-financement de la cause des femmes dans la paix et la sécurité.  Il est temps d’agir, a-t-elle lancé, en prônant des solutions politiques non violentes et en recommandant de s’appuyer sur les objectifs de développement durable.  Elle a cité le Dalaï Lama qui disait « on veut tous la paix, mais on ne veut pas faire ce qui est nécessaire pour l’avoir, comme le respect mutuel et la confiance ».

M. AMRE MOUSSA, ancien Ministre des affaires étrangères de l’Égypte et ancien Secrétaire général de la Ligue des États arabes, a insisté sur l’acuité des défis qu’aucun pays ne peut relever seul.  « C’est pourquoi le monde se tourne vers l’ONU », a-t-il dit, avant de mentionner l’importance des réformes visant à renforcer l’efficacité de l’action de l’ONU.  Il a en particulier insisté sur le renforcement de l’architecture de paix et une plus grande implication des femmes.  Reconnaissant l’aspect intrinsèquement politique des réformes de l’ONU, M. Moussa a plaidé en faveur de la réforme du Conseil de sécurité, afin de garantir dans ses deux catégories de membres, une meilleure représentation des pays en développement.  Les cinq membres permanents devraient volontairement s’abstenir d’exercer leur droit de veto lorsque 14 des 15 États membres du Conseil votent en faveur d’une résolution, en particulier lorsque celle-ci a trait à des crimes de guerre, de génocide et contre l’humanité.  

M. Moussa a souhaité que l’Assemblée générale prenne une plus grande part dans les efforts de paix dans les cas où le Conseil se trouve incapable d’agir, appelant, à cet effet, à une révision de sa résolution « Unis pour la paix ».  La revitalisation de l’Assemblée est essentielle, a-t-il insisté, avant de saluer la transparence accrue du processus de sélection du prochain Secrétaire général.  Enfin, M. Moussa a insisté sur l’importance de passer de la gestion des conflits à leur prévention et souhaité un renforcement des partenariats entre l’ONU et les organisations régionales. 

Table ronde sur le maintien de la paix dans un monde à risques: l’ONU est-elle efficace dans la prévention et la gestion des conflits

L’importance de la prévention des conflits et la foi dans la faculté de l’ONU de se réformer ont été soulignées par M. BRUCE JONES, Vice-Président et Directeur de la Brookings Institution.

Le tableau du monde actuel a été brossé par Mr. ALEXANDRE MARC, de la Banque mondiale qui a rappelé que la violence s’était réduite sensiblement au cours de la moitié du siècle dernier avant que « quelque chose ne se casse en 2010 », date à laquelle l’optimisme né de la fin de la guerre froide a pris fin.  Depuis lors, le nombre des morts dans les conflits a augmenté, principalement au Moyen-Orient, la région qui connaît le plus de troubles.  « Aujourd’hui, la proportion des civils touchés dans les conflits est sans précédent. »  

M. Marc a mis en avant les interactions de plus en plus complexes entre conflits et violence, affirmant que 1 300 personnes sont tuées chaque jour dans des conflits interpersonnels et des trafics de stupéfiants.  La violence interpersonnelle et liée aux drogues est néanmoins en réduction, à l’exception de l’Amérique centrale.  Les femmes sont de plus en plus ciblées dans des conflits dont une des caractéristiques est leur aspect transfrontalier.  M. Marc n’a pas oublié de souligner les risques liés à la marche vers la démocratie comme en Côte d’ivoire.  Les questions électorales sont à l’origine de 53% des conflits mêmes si avec 60%, les questions territoriales sont toujours une des causes principales.

Face à ces défis, le représentant de l’Éthiopie a appelé l’ONU à recourir davantage aux organisations régionales, plus à même de comprendre la nature des conflits à leurs portes.  Ces organisations régionales doivent être prises au sérieux, a-t-il insisté.  Il faut, a renchéri le représentant du Mali, des échanges renforcés, d’égal à égal et sur la base des responsabilités partagées, entre l’ONU et l’Union africaine (UA).  Au Mali, a-t-il rappelé, on a commencé par une mission de l’UA puis celle de l’ONU, sans avoir évalué correctement la transition.  Les Nations Unies doivent changer pour mieux s’outiller, a reconnu, à son tour, le représentant de la Norvège, d’autant plus qu’aujourd’hui, a fait remarquer son homologue de la Thaïlande, les acteurs non étatiques occupent de plus en plus le devant de la scène.  

Il ne faut pas non plus minimiser, a mis en garde le représentant du Mali, le rôle des acteurs extérieurs, surtout lorsque des ressources minières sont en jeu.  Une position appuyée par le délégué du Brésil qui a souhaité que le rôle des grandes puissances qui interviennent militairement dans un conflit soit pleinement pris en compte.  Il est injuste d’ignorer le rôle joué par ces puissances dans l’aggravation de l’instabilité.

Dans un conflit, il faut prêter une attention suffisante à la réconciliation, a conseillé Mme SARAH CLIFFE, Directrice du Centre sur la coopération internationale de New York University (NYU).  Elle a cité l’exemple du Liban et reconnu néanmoins que cela exige énormément de patience.  Mais, a-t-elle dit, il ne faut pas avoir peur de l’échec.  « Nous sommes tous dans le même bateau » - les organisations régionales, les organisations nationales et les États Membres.  La réconciliation oui mais d’abord la prévention, a prôné M. YOUSSEF MAHMOUD, Conseiller à l’International Peace Institute.  On se concentre trop sur les moteurs des conflits alors qu’il faudrait plutôt se pencher sur les caractéristiques des sociétés pacifiques résilientes et mieux comprendre la manière dont la paix se consolide.  L’idée est de privilégier une prévention précoce au sein des gouvernements et la diplomatie préventive.  Montrons nous humbles dans la conception des stratégies de prévention, a conseillé le représentant de la Norvège.  Mme SABA ISMAIL, Directrice exécutive d’Aware Girls a par exemple jugé inefficace de répondre à l’extrémisme par la violence au lieu de diriger les investissements vers des activités en faveur de la paix.

En matière de lutte contre la radicalisation, a aussi conseillé le représentant de l’Éthiopie, évitons les deux poids deux mesures.  Il a prôné une coordination robuste, en particulier dans le domaine du renseignement, avant que son homologue du Mali ne reconnaisse qu’avec sa boîte à outils, l’ONU est assez démunie face au terrorisme.  « Cela ne veut pas dire qu’elle doit devenir une organisation antiterroriste mais il faut mettre en capacités les États qui sont en première ligne », a-t-il affirmé.  Il a plaidé aussi pour la mise en place de mécanismes qui ne soient pas purement ad hoc et un changement de culture du maintien de la paix.  Un point de vue que le représentant de l’Union africaine a partagé.

Y-a-t-il une discrimination entre les différentes opérations de maintien de la paix? s’est demandé le représentant de l’Égypte, en constatant que certaines ont des mandats plus larges que les autres.  Il s’est aussi demandé si le maintien de la paix ne se contente pas de geler les conflits au lieu de les régler, en faisant référence en particulier au conflit israélo-arabe.  N’oublions pas les conflits d’intérêt, a dit son homologue de l’Érythrée, estimant qu’il n’y a pas d’amis permanents mais seulement des intérêts permanents, et en mettant en garde contre les interventions précipitées.  La solution, a suggéré le représentant de l’Ouganda, est d’adapter les capacités des missions aux nécessités locales.  La Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (MONUSCO), par exemple, s’est vue doter d’une brigade d’intervention, ce qui a permis de réduire la violence et, à terme, les effectifs de la Mission.  Si cela ne doit pas créer un précédent, il faut toutefois en tirer les enseignements.  En Somalie, la piraterie va bientôt être reléguée à l’histoire, s’est-il félicité, la clef étant de travailler sur tous les piliers, sécurité, politique, humanitaire et développement.

Quid de l’Assemblée générale? s’est interrogé le représentant de l’Égypte, voyant un rôle « de plus en plus périphérique » et craignant une marginalisation.  Quid aussi de la mise en pratique de la résolution 2250 du Conseil de sécurité sur les jeunes, la paix, la sécurité, a demandé à son tour, Mme SABA ISMAIL, Directrice exécutive d’Aware Girls.  Elle a réclamé la mise au point de plans nationaux et régionaux, en consultation avec les jeunes.  La représentante de la Suède a quant à elle insisté sur les ravages des violences sexuelles, une arme de guerre.  Celle de la Finlande sur le sort des réfugiés et des déplacés qu’il faut accueillir avec l’appui des populations des pays hôtes.  Les autorités doivent mener à cette fin un travail considérable d’information, a-t-elle conclu.

Les trois derniers intervenants ont présenté les principales conclusions des consultations régionales.  M. Ashraf Swelam, Centre de formation du Caire pour le règlement des conflits et le maintien de la paix en Afrique (CCPA), a insisté sur la primauté de la politique qui devrait guider l’ensemble des interventions de l’ONU.  Le concept de pérennisation de la paix a été suggéré lors de ces consultations afin de passer de la gestion des conflits à leur règlement, a-t-il dit.  De son côté, Mme Adriana Abdenur, Igarapé Institute a insisté sur les frustrations nées de la lenteur de la réforme du Conseil de sécurité.  Au cours des consultations, des mesures concrètes ont également été avancées, telles qu’une interaction accrue avec les pays contributeurs de troupes et l’attribution d’un plus grand rôle aux organisations régionales.  L’Assemblée générale, qui est le principal organe de l’ONU, doit jouer son rôle dans le maintien de la paix, a-t-elle dit.  Pour ce faire, elle a souhaité une revitalisation du travail de l’Assemblée afin que celle-ci puisse agir quand le Conseil de sécurité est paralysé.

M. Cedric de Coning, Institut norvégien des affaires internationales (NUPI) a, lui, insisté, sur l’importance d’une participation accrue des femmes au processus de paix.  Commentant le concept de pérennisation de la paix, il a indiqué qu’il s’agissait d’un nouveau principe fédérateur guidant l’action de l’ONU.  Les trois États qui ont pris la parole –l’Éthiopie, la France et l’Équateur– ont centré leur intervention sur la réforme du Conseil de sécurité, la sélection du prochain Secrétaire général et l’importance de la prévention des conflits.  Le représentant de l’Éthiopie a tout d’abord indiqué que le Conseil était « un organe du passé, inadapté au monde actuel ».  S’il s’est félicité de la transparence accrue du processus de sélection du prochain Secrétaire général, il s’est demandé pourquoi le Conseil ne recommande qu’un seul nom, alors que de très nombreux pays en demandent trois.  C’est décourageant, a-t-il dit.  Il a insisté sur l’importance de la légitimité de la sélection du Secrétaire général afin que celui-ci ait le pouvoir de dire non.  Il ne doit pas être sous la coupe des cinq membres permanents, a-t-il dit.  Il a rappelé que rien n’empêchait que trois candidats soient recommandés.  « Nous voulons que ce petit pas soit fait mais nous n’y arrivons pas. »

Le délégué de la France a distingué deux temps dans la prévention, le temps long de la prévention en temps de paix, et une prévention « chaude », de temps court.  « Pourquoi le Conseil n’est pas meilleur dans la prévention des moments chauds? » s’est-il interrogé, en indiquant que cela n’était pas lié à un manque d’informations sur les signes avant-coureurs de conflit ou à une pénurie d’instruments.  Le principal obstacle est en réalité la division du Conseil.  Il a ensuite rappelé l’initiative franco- mexicaine, appuyée par 93 pays, qui vise à empêcher l’exercice du droit de veto dans certaines situations où des atrocités de masse ont été commises.  « Nous avons les instruments pour être plus efficaces. »

De son côté, le délégué de Équateur a rappelé toute l’étendue du pouvoir conféré par l’article 11 de la Charte de l’Assemblée.  Lorsque le Conseil présente son rapport à l’Assemblée générale, c’est pour examen, a-t-il dit, ajoutant que cela n’était pas une simple opération administrative.  S’agissant de la prochaine élection, il a précisé que rien ne s’opposait à ce que trois noms soient suggérés.  Rappelant que l’élection par acclamation du Secrétaire général avait remplacé le vote, le délégué a indiqué que l’Assemblée pourrait très bien nommer le Secrétaire général par une mise aux voix.  « Soyons fermes », a-t-il lancé.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Instance permanente sur les questions autochtones: un plan d’action pour la mise en œuvre de la Déclaration des droits des peuples autochtones

Instance permanente sur les questions autochtones - Quinzième session,
1re & 2e séances - matin & après-midi
DH/5297

Instance permanente sur les questions autochtones: un plan d’action pour la mise en œuvre de la Déclaration des droits des peuples autochtones

Une paix durable exige que les peuples autochtones aient accès à la justice culturelle, sociale et économique, affirme le Secrétaire général

L’ouverture de la quinzième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones, placée sous le thème « conflits, paix et résolution », a été marquée, aujourd’hui, par le lancement d’un plan d’action* à l’échelle du système des Nations Unies visant à garantir l’unité de l’action menée pour réaliser les objectifs définis dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, le Président de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, le Vice-Président du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), M. Sven Jürgenson, ainsi que le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, ont ainsi reconnu l’importance majeure des connaissances et sagesses des autochtones pour réaliser les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. Wu a indiqué que le plan d’action, élaboré suite à des consultations avec les peuples autochtones, les États Membres et le Groupe d’appui interorganisations sur les questions, mettait l’accent sur la nécessité de sensibiliser chacun au contenu de la Déclaration et à la situation des peuples autochtones à travers le monde et à promouvoir la mise en œuvre de la Déclaration au niveau des pays ».

Saluant la pertinence du thème de cette session, à savoir « Les peuples autochtones: conflits, paix et résolution », M. Ban, par vidéoconférence, a estimé qu’une paix durable exigeait que les peuples autochtones aient accès à la justice culturelle, sociale et économique. 

Faisant le lien entre résolution des conflits et développement durable, M. Jürgenson, a rappelé que les recommandations adoptées à l’issue de cette session seraient particulièrement importantes pour la mise en œuvre de l’objectif 16 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui appelle à promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable.

Alors que les États Membres commencent la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du programme d’Action d’Addis-Abeba, du Cadre d’action de Sendai pour la prévention des risques de catastrophe et de l’Accord de Paris sur le climat, les hauts responsables de l’ONU ont appelé à veiller à ce que les peuples autochtones, y compris les femmes, puissent participer et bénéficier de ces programmes. 

Au cours de l’après-midi, l’Instance a débattu du niveau d’application des recommandations** de l’Instance permanente, de la Réunion d’un groupe d’experts internationaux*** du 19 au 21 janvier 2016 sur la « Préservation et revitalisation des langues autochtones », avant de faire le point sur des études élaborées par des membres de l’Instance permanente. 

En début de journée, le Président de l’Instance permanente sur les questions autochtones, M. Alvaro Pop, s’était inquiété du fait que le rythme de la mondialisation et le processus visant à identifier de nouveaux sites pour l’exploitation des ressources aient accéléré les conflits sur les terres des populations autochtones. 

La Ministre du travail et de la prévention sociale du Guatemala, Mme Aura Leticia Teleguario, a expliqué que son pays avait depuis 2007 conclu 87 processus de résolution de conflit impliquant des peuples autochtones en relation avec leurs terres.  Ovationnée, la Ministre de la justice du Canada, Mme Jody Wilson-Raybould, a affirmé qu’il n’était pas facile de décoloniser après 140 ans de lois indiennes, avant de préciser que l’article 35 de la Constitution du Canada reconnaissait les droits qui découlent des traités dont la mise en œuvre est guidée par des dizaines de décisions de tribunaux.    

Auparavant, l’Instance avait élu par acclamation M. Alvaro Pop à la présidence de sa quinzième session.  Mme Mariam Wallet Mohamed Aboubakrine, Mme Aysa B. Mukabenova, Mme Dalee Sambo Doroug et M. Raja Devasish Roy avaient été élus Vice-Présidents et M. Oliver Loode Rapporteur.  Après les déclarations liminaires, l’Instance a également adopté l’ordre du jour provisoire et l’organisation de ses travaux****.

C’est au rythme de chants traditionnels et de percussions interprétés par des représentants kichwa-saraguro de l’Amazonie équatorienne que s’était ouverte cette session en présence de plus d’un millier d’autochtones.  Comme il est de coutume, le Chef de la nation onondaga, Tadodaho Sid Hill, dont la tribu formait la population originelle de New York, a souhaité la bienvenue aux participants, en rappelant que respecter « notre Terre, appelée mère nourricière » était indispensable « pour que nous puissions vivre heureux ».

Au cours de ces deux semaines, jusqu’au 20 mai, l’Instance se penchera sur les questions de la jeunesse, de la santé, de l’éducation, des langues, des droits de l’homme, du développement économique et social, de l’environnement, de la culture, du suivi de la Conférence mondiale de 2014 sur les peuples autochtones, ainsi que de l’impact du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sur la vie de ces peuples.

Créée en juillet 2000, après deux décennies de négociations, l’Instance, composée de 16 experts indépendants, est le principal forum visant à sensibiliser la communauté internationale sur la situation des quelque 370 millions d’autochtones qui vivent dans 90 pays et figurent parmi les individus les plus marginalisés de la planète.

L’Instance permanente poursuivra ses travaux demain, mardi 10 mai, à 10 heures.

* E/C.19/2016/5 

** E/C.19/2016/6, E/C.19/2016/6 et E/C.19/2016/6 

*** E/C.19/2016/10  

**** E/C.19/2016/1 et E/C.19/2016/L.1 

SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE L’INSTANCE PERMANENTE (E/C.19/2016/3, E/C.19/2016/4, E/C.19/2016/5, E/C.19/2016/6, E/C.19/2016/7, E/C.19/2016/8, E/C.19/2016/9 ET E/C.19/2016/10)

Déclarations liminaires

Par vidéoconférence, M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a estimé qu’une paix durable exigeait que les peuples autochtones aient accès à la justice culturelle, sociale et économique.  Rappelant que la Conférence mondiale de 2014 sur les peuples autochtones a demandé à l’ONU d’assurer une approche cohérente, M. Ban a indiqué que l’Organisation avait développé un plan d’action à l’échelle du système sur cette question en précisant qu’il serait lancé aujourd’hui. 

M. Ban a jugé essentiel de réaliser l’intégralité des droits des peuples autochtones, avant de féliciter le Président de l’Assemblée générale pour avoir lancé les consultations sur la future participation des peuples autochtones aux travaux des Nations Unies.  Alors que les États Membres commencent la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le programme d’Action d’Addis-Abeba, le Cadre d’action de Sendai pour la prévention des risques de catastrophe et l’Accord de Paris sur le climat, le Secrétaire général a appelé à veiller à ce que les peuples autochtones, y compris les femmes, puissent y participer et en bénéficier. 

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, a rappelé qu’en septembre 2014, l’Assemblée générale avait réaffirmé son engagement à soutenir, respecter, promouvoir les droits des peuples autochtones et respecter les principes de la Déclaration des droits des peuples autochtones.

De cet engagement est née la résolution 70/232 (2015) qui comprend un engagement à mener des consultations sur les mesures nécessaires possibles, y compris les étapes procédurales et institutionnelles pour permettre la participation des représentants et des institutions des peuples autochtones aux réunions des organes des Nations Unies.

En février, le Président a désigné quatre conseillers pour l’aider à mener ces consultations et a distribué, le 27 avril, le premier projet de résolution sur les avis exprimés dans les consultations en ligne, y compris sur les bonnes pratiques au sein des Nations Unies concernant la participation des peuples autochtones. 

Il a appelé les États Membres, les peuples autochtones, l’Instance permanente sur les questions autochtones, le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones et le Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones à continuer à œuvrer ensemble pour soutenir ce processus.

Le Président de l’Assemblée générale a ajouté que depuis le début de son mandat, il s’était « efforcé de favoriser l’ouverture, la transparence et l’inclusion dans les travaux de l’Assemblée générale.  Cela inclut la possibilité pour les peuples autochtones de participer aux Nations Unies sur les questions qui les touchent ».

Ce sont des peuples qui ont non seulement le droit de contribuer ou qui peuvent apporter une contribution enrichissante mais aussi qui ont été pris pour cible quand ils parlent et qui sont historiquement exclus à tous les niveaux.  Cette situation a provoqué un grand dommage à leurs communautés, leur héritage, leurs moyens de subsistance et même leur identité.

Les consultations actuelles offrent une occasion historique aux États Membres et aux peuples autochtones d’améliorer et de renforcer la participation des peuples autochtones aux Nations Unies.

Le thème choisi pour cette quinzième session sur « les peuples autochtones: conflit, paix et résolution » est une occasion de renforcer et de débattre du rôle et de l’efficacité des Nations Unies en matière de paix et de sécurité.

Le Président a rappelé qu’il organiserait, les deux prochains jours, un débat thématique de haut niveau sur ce sujet et a estimé que le débat de la quinzième session de l’Instance permanente contribuerait et ajouterait une perspective sur les défis particuliers pour les peuples autochtones dans les processus de paix et les conflits.  

M SVEN JÜRGENSON, Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que l’Instance sur les questions autochtones se réunissait pour la première fois depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a dit que les objectifs du développement durable constituaient un pas en avant pour les peuples autochtones par rapport aux Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a aussi noté que 2015 avait été marquée par la conclusion d’accords importants comme le Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  

Il a encouragé les États Membres à collaborer avec les peuples autochtones parce qu’ils ont des contributions précieuses à apporter dans l’intérêt de tous.  « Il faut que les voix des peuples autochtones soient entendues dans l’intérêt de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a insisté le Vice-Président de l’ECOSOC.   

« Vous êtes les experts et nous comptons sur vous pour partager avec nous vos connaissances si importantes pour atteindre les objectifs de développement durable », a encore dit M. Jürgenson, avant de rappeler que les recommandations adoptées à l’issue de cette session seraient particulièrement importantes pour la mise en œuvre de l’objectif 16 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui appelle à promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable.

M. ALVARO POP, Président de l’Instance permanente sur les questions autochtones, qui a rappelé le thème de sa quinzième session, « Les peuples autochtones: conflit, paix et résolution », a dit que même dans les sociétés pacifiques, les peuples autochtones se trouvaient impliqués dans des situations conflictuelles dont la plupart sont relatives à des questions foncières, de territoires, de ressources ou à des situations concernant leurs droits civiques, politiques, culturels, sociaux et économiques.

Le rythme rapide de la mondialisation et le processus visant à identifier de nouveaux sites pour l’exploitation des ressources ont accéléré ces conflits sur les terres des populations autochtones.  Les autochtones sont en outre confrontés à des conflits armés et à la militarisation de leurs terres.  Dans plusieurs endroits du monde, les peuples autochtones sont déplacés et gravement touchés par la violence et la militarisation.  Ils sont souvent victimes de la violence, de massacres ou même de génocides à cause de leur identité distincte.

Il n’y aura pas de paix à moins que les peuples autochtones ne participent sur un pied d’égalité aux plans et aux règlements de paix.  « Nous devons aussi continuer de souligner les droits inscrits dans la Déclaration des droits des peuples autochtones et leur caractère contraignant », a déclaré M. Pop.  « Nous devons faire en sorte que l’adhésion publique et internationale à la Déclaration se poursuive au niveau national », a-t-il conclu.

M WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que les États Membres s’étaient engagés lors de la Conférence mondiale de 2014 sur les peuples autochtones à mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits de peuples autochtones.  Il a fait état de l’adoption d’un plan d’action à l’échelle du système pour une démarche cohérente en vue de mettre en œuvre cette Déclaration.  « Ce plan d’action est désormais adopté et j’ai l’honneur de le lancer officiellement avec vous aujourd’hui », a déclaré le Secrétaire général adjoint.  Il a précisé qu’un des domaines prioritaires de ce plan était la sensibilisation.  

Rappelant que cette question avait été soulevée à maintes reprises lors des consultations menées entre les peuples autochtones et les États Membres, M. Wu a mis l’accent sur la nécessité de sensibiliser chacun au contenu de la Déclaration et à la situation des peuples autochtones à travers le monde.  « Un autre élément important de ce plan consiste à promouvoir et à soutenir la mise en œuvre de la Déclaration au niveau des pays », a encore dit le Secrétaire général adjoint, ajoutant que « l’heure est venue pour le système de travailler main dans la main avec les peuples autochtones et les États Membres dans l’intérêt général ». 

M. Wu a précisé que le Fonds d’affection spéciale qui appuie les travaux de l’Instance avait bénéficié en 2015 de contributions du Danemark, de l’Estonie, de la Finlande et du Pérou.   

Mme AURA LETICIA TELEGUARIO, Ministre du travail et de la prévention sociale de Guatemala, a dit que la quinzième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones devrait formuler des recommandations qui aident à la réalisation de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.  Elle a rappelé qu’il appartenait en premier lieu aux gouvernements de promouvoir et de respecter les principes de la Déclaration.  Le nouveau Gouvernement du Guatemala est très engagé dans la promotion des droits des peuples autochtones du pays, a déclaré la Ministre, en rappelant que le nouveau Président de la République avait créé un ministère des peuples autochtones.

Les quatre priorités du Gouvernement sont la sécurité alimentaire, l’éducation, le développement économique et la sécurité.  Le Président a aussi chargé le Ministère du travail et de la prévention sociale de concrétiser les projets présidentiels en faveur des peuples autochtones, notamment la réforme du cadre institutionnel qui devrait tenir compte de la diversité ethnique du Guatemala. 

Le Gouvernement est aussi appelé à mettre en œuvre des lois sur les peuples autochtones et sur les langues nationales.  Mme Teleguario a insisté sur l’importance du dialogue et a annoncé que 87 processus consultatifs avaient été organisés dans le pays depuis 2005.   

Soulignant que les tribunaux du Guatemala, en vue des poursuites judiciaires, avaient reconnu le droit à la consultation des peuples autochtones, la Ministre a également mis l’accent sur l’importance du principe du consentement préalable, libre et éclairé et a annoncé que le Gouvernement travaillait actuellement à la définition d’une méthodologie participative pour la réalisation d’un instrument d’application de la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail sur les peuples autochtones.

Mme JODY WILSON-RAYBOULD, Ministre de la justice et Procureure générale du Canada, a dit que le Premier Ministre canadien avait demandé à tous les ministres de reconstruire « les relations de nation à nation avec les peuples autochtones du Canada ».  Il est temps de renouveler cette relation fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat. 

La Ministre a ajouté que le Bureau des affaires indiennes n’avait pas été organisé autour des nations autochtones mais sur un système de gouvernance imposé.  Il est important d’abandonner ce système par les instruments juridiques disponibles.  À cet égard, le Gouvernement donnera un nouveau souffle à l’article 35 de la Constitution qui réaffirme l’existence des droits des autochtones.  Le défi est de traduire ces droits en bénéfices pour les communautés autochtones. 

L’autre défi est la mise en œuvre du principe de consentement préalable, libre et informé, reconnu par la Déclaration des droits des peuples autochtones, a aussi affirmé Mme Wilson-Raybould, qui a souligné l’importance de leur participation aux processus de prise de décisions.  La réconciliation exige des changements juridiques et politiques, a-t-elle soutenu. 

Pendant cette période de transition, les communautés autochtones doivent recevoir les services nécessaires, y compris le développement de nouvelles politiques fiscales avec les gouvernements des peuples autochtones.  Ils doivent en outre être « autonomisés pour prendre en main leur vie, avec l’appui total de tous les Canadiens », a poursuivi la Ministre.  

Point sur l’application des recommandations de l’Instance permanente

Le Rapporteur de l’Instance permanente sur les questions autochtones, M. Oliver Loode, a fait le point sur l’application des recommandations de l’Instance au cours de la précédente session.

Il a rappelé que l’an dernier, la quatorzième session de l’Instance permanente avait adopté pas moins d’une quarantaine de recommandations parmi lesquelles une vingtaine avaient été sélectionnées pour faire l’objet de suivi de la part de 15 membres de l’Instance.  C’est sur la base de leurs rapports et des contributions du Secrétariat de l’ONU et des agences onusiennes que le présent rapport a été établi.

M. Loode a relevé que des progrès avaient pu être notés en ce qui concerne 15 recommandations, même si ces progrès n’ont pas forcément découlé des recommandations de l’Instance.  En outre, l’Instance a pu vérifier que 10 recommandations avaient connu des progrès relativement appréciables du fait des recommandations directes de l’Instance. 

On peut ainsi noter que la recommandation sur le rapatriement des objets cérémoniels et des restes humains a permis effectivement de mettre sur pied un groupe de travail sur la question, avec le soutien de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), d’autres entités onusiennes et sous la coordination de l’International Indian Treaty Council

Les recommandations 10, 11, 31 et 40 sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ont également connu une mise en œuvre moyennement heureuse.  Le Rapporteur a expliqué que les populations autochtones avaient effectivement participé aux négociations qui ont précédé son adoption, plaidant afin qu’elles puissent être également impliquées activement dans sa mise en œuvre, aux niveaux mondial et local. 

S’agissant des recommandations 15 et 17 relatives au suicide chez les jeunes autochtones, il a rappelé que l’Instance avait envoyé une correspondance à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour solliciter son attention sur cette question.  Il a indiqué que l’Instance souhaiterait que l’OMS désigne un point focal sur cette question de santé publique de première importance pour les populations autochtones. 

L’une des recommandations de l’Instance adoptées l’an dernier appelait la Commission de la condition de la femme à aborder, parmi les thèmes principaux de sa session de 2017, la question de l’autonomie de la femme autochtone, sachant que la session coïncidera avec le dixième anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtone.  Cette question sera effectivement l’un des thèmes de la Commission de la condition de la femme en 2017, mais pas l’un de ses thèmes principaux de session. 

Au vu de ce relatif succès dans la mise en œuvre des recommandations de l’Instance, le Rapporteur a estimé que la mise en œuvre des recommandations dépendrait grandement de la qualité de leur rédaction.  De ce fait, il a proposé de réduire le nombre des recommandations et d’en améliorer la qualité et le suivi.  Il a également prôné une plus grande transparence dans le processus de leur adoption.

Après cette présentation du suivi des recommandions de la quatorzième session de l’Instance, la représentante d’International Indian Treaty Council a souligné que les recommandions sur les transferts des restes humains avaient été bien suivies, du fait de la grande implication des agences onusiennes et des partenaires nationaux.  

Réunion d’un groupe d’experts internationaux sur le thème « Préservation et revitalisation des langues autochtones (articles 13, 14 et 16 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones) »

Présentation

Présentant le rapport de cette réunion qui s’est tenue au Siège de l’ONU, du 19 au 21 janvier, Mme Aysa Mukabenova, membre de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a résumé les recommandations issues de cette réunion.  Elle a notamment appelé à promouvoir les avantages cognitifs auprès des locuteurs bilingues et multilingues.  Ils sont appréciés non seulement par les populations autochtones, mais aussi par toute la société.  Ils sont, a-t-elle dit, cognitivement et intellectuellement mieux préparés à contribuer au développement de leur société. 

Elle a souligné l’importance des campagnes de sensibilisation soutenues notamment par des autorités nationales et locales, des entités compétentes des Nations Unies, dont l’UNESCO et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), ainsi que par de l’Instance permanente.  Elle a plaidé pour la création d’un fonds mondial de soutien des langues autochtones qui mettrait l’accent sur des projets de revitalisation linguistique axés sur la population locale, en particulier pour les langues les plus menacées et celles qui ne font pas l’objet de tels projets.  « Un tel fonds soutenu financièrement par des États, le secteur privé, le système des Nations Unies, la société civile et d’autres donateurs devrait être géré par les autochtones qui cherchent à augmenter le nombre de personnes parlant couramment des langues autochtones à travers le monde », a-t-elle affirmé.

L’Assemblée générale devrait proclamer une année internationale des langues autochtones.  D’autres formulations, telles que « l’année internationale des langues menacées » ou « langues autochtones et menacées », seraient également envisageables.  Une telle année internationale devrait être proclamée en 2018 ou dès que possible. 

En conclusion, Mme Mukabenova a estimé nécessaire de revoir l’ensemble de la centaine de recommandations formulées au cours de ces trois jours et de voir lesquelles sont réellement réalisables.     

Débat interactif

Réagissant à une intervention du représentant de l’Ukraine, qui a déclaré que les communautés tatares étaient menacées en raison de la récente occupation russe de la Crimée, le représentant de la Fédération de Russie a contesté ces propos en insistant sur le souci de son pays de garantir un enseignement en langue autochtone afin de préserver des langues qui sont le pilier de la préservation des identités culturelles.  « Dans les écoles russes, nous enseignons 22 langues autochtones », a ajouté le représentant russe.  Abondant dans ce sens, Mme Kara-Kys Arakchaa, membre de l’Instance a indiqué que 16 écoles en langue tatare fonctionnaient actuellement en Crimée.

De son côté, la représentante du Danemark a cité les initiatives exemplaires de son pays pour mettre une politique linguistique au Groenland en 2010 pour préserver la langue de l’île parlée par 44 000 personnes sur une population totale de 57 000 habitants.  

Avec l’avènement de l’autogouvernance et de la décentralisation en 2009, les populations locales ont été amenées à contrôler leur propre système d’éducation.  Une loi de 2009 a reconnu la langue du Groenland comme langue officielle alors qu’une autre loi de 2010 a mis en place une politique linguistique qui vise à renforcer la place de la langue du Groenland comme langue maternelle.       

En outre, le représentant de l’UNESCO a regretté que, souvent, des États Membres ignorent des principes clefs de l’éthique en matière d’information en ignorant les langues maternelles de certaines communautés.  Il a mis l’accent sur le rôle des technologies de l’information et des communications (TIC) et de l’Internet pour promouvoir le multilinguisme et la visibilité des langues autochtones. 

L’accès aux connaissances doit être lié à l’autonomisation des populations autochtones, a-t-il insisté, avant de faire état de l’élaboration d’un atlas des langues autochtones qui se veut un instrument viable sur la vitalité des langues.

 « Études élaborées par des membres de l’Instance permanente »

Deux études élaborées par des membres de l’Instance permanente ont été présentées en introduction à cette table ronde.  La première, l’Étude sur les relations entre les peuples autochtones et l’océan Pacifique (E/C.19/2016/3), tient compte des questions de gouvernance, des incidences des changements climatiques, de l’exploitation minière en haute mer, des ressources et du développement durable. 

Mme VALMAINE TOKI, membre de l’Instance, a présenté les recommandations de cette étude qui estime que divers mécanismes devraient être mis au point afin de faciliter la pleine participation des peuples autochtones aux prises de décisions stratégiques concernant les océans, compte tenu de l’action ou de l’inaction des organisations et des institutions du système des Nations Unies ayant un impact sur les peuples autochtones.  

Lorsqu’une activité a un impact direct sur les peuples autochtones, il est nécessaire d’obtenir leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, conclut cette étude.  Il est donc recommandé qu’à l’instar de la Banque mondiale, les organisations et les institutions telles qu’ONU-Océans, l’Autorité internationale des fonds marins et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) accordent une place aux membres de l’Instance permanente et aux experts autochtones indépendants au sein des processus de prise de décisions pour permettre aux peuples autochtones de contribuer réellement aux décisions qui affectent leur vie et leur environnement.

La deuxième, l’Étude sur les moyens que les États utilisent pour tirer parti des faiblesses des procédures en vigueur dans les organisations internationales et ne pas réserver toute la place qui s’impose à la Déclaration des Nations Unies et à d’autres instruments internationaux des droits de l’homme (E/C.19/2016/4), a été présentée par Mme DALEE SAMBO DOROUGH, membre de l’Instance.  Celle-ci a insisté sur les règles procédurales des institutions qui devraient, à son avis, être renforcées et conformes aux droits de l’homme.  Elle a plaidé pour une cohérence entre les obligations juridiques des États et les contextes internationaux. 

Lorsque les États négocient de nouveaux instruments internationaux, a-t-elle noté, le statut et les droits des autochtones sont souvent touchés et la participation des autochtones marginalisée.  Les peuples autochtones sont vulnérables au bon vouloir des États car ils ne font pas partie de ce processus, a-t-elle expliqué.  Elle a donc recommandé que les équipes de négociations des États comprennent des personnes qui connaissent bien les questions propres aux autochtones ainsi que leurs droits.  M. EDWARD JOHN, membre de l’Instance, a pour sa part rappelé l’importance de prévoir un budget spécial pour traduire les documents dans les langues autochtones.

Le représentant du Mécanisme sur les droits des peuples autochtones a enchaîné sur cette question de langues, une question transversale qui est traitée dans le cadre d’autres études thématiques sur les autochtones.  Faisant valoir le lien qui existe entre la santé mentale des peuples autochtones et la préservation de leurs langues, il a expliqué que les pertes dans la pratique des langues autochtones étaient liées à des pertes de repère pour les peuples.  Il a prévenu que ces langues ne pourraient survivre que si elles étaient enseignées.

La représentante du Canada a appuyé la Déclaration du Chef John qui, a-t-elle relevé, a beaucoup fait pour la culture et les enfants autochtones.

Un autochtone de Californie, directeur d’une école autochtone, a fait observer qu’à Los Angeles, plus de 220 langues différentes étaient parlées, mais qu’aucune entité étatique n’avait pour mandat de tenir des statistiques sur les langues autochtones.  Dans ce contexte, les efforts de revitalisation des langues autochtones ne peuvent se faire de manière efficace, a—t-il argué.

Une représentante d’une organisation autochtone a de son côté souhaité que les gouvernements prévoient des financements durables pour la revitalisation des langues autochtones, tout en facilitant les flux de fonds internationaux dirigés vers les organisations autochtones engagées dans la préservation de leurs langues.

La Nouvelle-Zélande s’est félicitée de nouvelles lois qui permettent de revitaliser la langue maorie, soulignant que cette tâche n’incombe plus seulement aux Maoris, mais également à la couronne britannique. 

Une représentante du peuple maliba, vivant au Venezuela, au Brésil et en Colombie, a regretté que sa langue ne soit plus parlée que par 500 personnes.  Elle a prôné l’éducation interculturelle et bilingue pour sauver les langues autochtones.  Elle a proposé que l’Instance adopte une recommandation sur la nécessité des États de permettre aux peuples autochtones de gérer les processus de revitalisation de leurs langues.  Elle a aussi suggéré que les coordonnateurs résidents des Nations Unies au niveau des pays aient, parmi leurs mandats, de promouvoir la revitalisation des langues autochtones, et d’en faire un rapport annuel. 

Le représentant de la Fédération de Russie a déclaré ne pas être d’accord avec les conclusions des experts qui ont élaboré l’Étude sur les relations entre les peuples autochtones et l’océan PacifiqueIl a notamment estimé que la grande participation des représentants des peuples autochtones à cette réunion montrait qu’ils avaient leur mot à dire, contrairement à l’Étude qui laisse croire qu’ils n’ont pas voix au chapitre sur la scène internationale.  Il a en outre rappelé que l’Instance permanente était une commission technique du Conseil économique et social (ECOSOC) et que, de ce fait, elle n’a pas mandat de mener des études sur les organisations internationales et leur fonctionnement.

Mme Sambo Dorough, membre de l’Instance permanente, lui a répondu en faisant observer que l’étude à laquelle elle avait pris part avait été menée de manière méthodique.  Elle a dénoncé le fait que les peuples autochtones n’avaient pas voix au chapitre, comme cela avait pu se voir à la vingt et unième Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) de Paris, en décembre dernier.  Elle a rappelé que, s’ils étaient bien présents, ils n’avaient pas été consultés dans l’élaboration de l’Accord de Paris sur le climat qui aura pourtant un impact vital pour eux.

Une représentante du peuple mohawk du Canada a estimé que si l’on veut défendre les langues autochtones, alors il faut aussi défendre le patrimoine des peuples autochtones, y compris leurs terres.  « Arrêtez de prendre nos terres », a-t-elle lancé sous les applaudissements de la salle.  « Les États doivent corriger le tort qu’ils nous ont fait », a-t-elle encore noté, en rappelant comment les colonisateurs avaient détruit les langues autochtones. 

Une déléguée autochtone des Fidji a estimé que, dans son pays, le Gouvernement pratiquait une politique d’exclusion vis-à-vis des populations autochtones, menant une répression si âpre contre eux qu’elles avaient désormais peur de s’exprimer sur des questions les concernant.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: appels à la solution des « problèmes systémiques » observés dans les opérations de maintien de la paix

Soixante-dixième session, Deuxième partie de la reprise de session,
36e séance – matin
AG/AB/4198

Cinquième Commission: appels à la solution des « problèmes systémiques » observés dans les opérations de maintien de la paix

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires a entamé la deuxième semaine de sa session de mai, traditionnellement consacrée au financement des opérations de maintien de la paix, en examinant les projets de budget 2016-2017 de six missions.  Mais les délégations ont surtout appelé à des solutions aux « questions transversales » voire aux « problèmes systémiques » communs à toutes les opérations dont le budget « en stagnation » depuis l’exercice budgétaire précédent est de 8,3 milliards de dollars.

Pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017, la Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) maintient son record avec plus de 1,2 milliard de dollars.  Outre cette proposition budgétaire, la Commission a examiné celles de la Force intérimaire de sécurité pour Abyei (FISNUA), de l’Opération en Côte d’Ivoire (ONUCI), de la Mission au Kosovo (MINUK) et de celle au Sahara occidental (MINURSO) avec ses 54,2 millions de dollars, sans oublier le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS) et le Centre de services régional d’Entebbe.

Ce Centre, qui pourrait servir de modèle pour le partage des services dans l’ensemble de l’Organisation, n’a pas encore tenu toutes ses promesses, a estimé la représentante des États-Unis commentant ainsi avec plusieurs délégations les questions transversales communes aux 15 missions de l’ONU dont « les problèmes systémiques » disséqués par le Comité des commissaires aux comptes.  

Le représentant du Japon a dénoncé, par exemple, le fait que les mouvements entre chapitres budgétaires d’une même mission ou entre les missions rendent difficile une vue d’ensemble des besoins financiers et des changements nécessaires.  Il a aussi dénoncé le fait que les rapports de performance ne donnent pas d’informations sur la manière dont les ressources sont déployées entre les différents postes de dépenses.  Nous avons tous, a renchéri son homologue de l’Union européenne, la responsabilité de nous demander ce que nous pouvons faire pour rendre l’ONU plus souple et plus à même d’atteindre ses objectifs.  L’Union européenne continuera donc à « scruter » et à évaluer la mise en œuvre de la stratégie globale d’appui aux missions, en se concentrant sur ses avantages quantitatifs et qualitatifs.

Le représentant de la République de Corée a d’ailleurs dit attendre avec intérêt les options pour développer davantage cette stratégie.  Chargé de la mettre en œuvre, le Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions a réaffirmé la détermination de son Département à aller de l’avant et à appliquer les recommandations du Comité des commissaires aux comptes.  Il a reconnu les six domaines qui continuent de poser problème, à savoir la gestion des biens durables et non durables; les procédures d’achat et la passation des marchés; la formulation, le suivi et le contrôle des budgets; la bonne mise en œuvre de la politique d’achat des billets d’avion; la gestion des risques; et le transport aérien.  À ce propos, la délégation russe s’est inquiétée de l’absence de stratégie et de règles claires pour l’achat et l’utilisation des drones, estimant que les expériences en République démocratique du Congo (RDC) et au Mali ne sont pas basées sur une étude des besoins réels en la matière.

Le représentant de la Norvège a insisté sur un autre problème celui de l’exploitation et des abus sexuels commis par les Casques bleus.  Il s’est dit outré par le nombre récurrent de tels cas et a dit craindre « qu’il ne s’agisse que de la pointe de l’iceberg ».  Il a salué, une nouvelle fois, la résolution 2272 du Conseil de sécurité et encouragé la décision du Secrétaire général de créer un fonds d’affectation spéciale pour les victimes d’abus et d’exploitation sexuels auquel la Norvège va allouer un million de couronnes.  Son homologue de la Suisse a parlé de l’avenir et de la nécessité de donner un nouvel élan à la prévention et à la médiation.  Elle a plaidé pour un financement suffisant de ces activités et demandé au Secrétaire général d’améliorer la planification des transitions entre les différentes formes d’engagement de l’ONU sur le terrain.  

Le Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions a souligné que la stratégie globale d’appui aux missions a déjà conduit à des économies de plus de 390 millions de dollars et pour 2016-2017 les projections sont de 187 millions de dollars.  Son Département a essuyé les critiques du représentant du Groupe des 77 et la Chine qui a stigmatisé le peu de progrès dans la représentation des pays fournisseurs de troupes et de police.  « Certains postes restent exclusivement aux mains de petits groupes d’État », a taclé le représentant.

La Cinquième Commission tiendra sa prochaine séance, le mercredi 11 mai à partir de 10 heures, pour débattre de la situation financière de l’ONU.

RAPPORTS FINANCIERS ET ÉTATS FINANCIERS VÉRIFIÉS ET RAPPORTS DES COMMISSAIRES AUX COMPTES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (A/70/803) sur le Rapport du Comité des commissaires aux comptes sur les comptes des opérations de maintien de la paix (A/70/5 (Vol. II), chap. II) et celui du Secrétaire général sur l’application des recommandations du Comité des commissaires aux comptes concernant les opérations de maintien de la paix des Nations Unies pour l’exercice clos (A/70/724) le 30 juin 2015

Le Comité des commissaires aux comptes a examiné les comptes des opérations de maintien de la paix au Siège de l’ONU, dans 15 missions et 31 missions dont le mandat est terminé, et des quatre comptes spéciaux, c’est-à-dire le Fonds de réserve pour les opérations de maintien de la paix, le Compte d’appui aux opérations de maintien de la paix, la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi (Italie) et le Fonds d’avantages du personnel.

La situation financière, continue d’être saine, avec un solde de trésorerie suffisant pour conduire les activités de base.  Le budget de maintien de la paix approuvé pour l’exercice 2014-15 était de 8,57 milliards de dollars, soit une augmentation de 8,6% par rapport au montant de 7,89 milliards de dollars de l’exercice 2013-14, et les dépenses, de 8,30 milliards de dollars, contre 7,61 milliards de dollars en 2013/14, soit une augmentation de 9,1%.

Le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) note avec préoccupation que si les 15 recommandations non appliquées du Comité des commissaires aux comptes devaient être soustraites du total de 33 recommandations, le taux d’application tomberait à 28%, ce qui n’est pas satisfaisant.  Il souligne que la récurrence des recommandations est le signe de problèmes systémiques dans la gestion des opérations de maintien de la paix.

Le Comité des commissaires aux comptes continue en effet de signaler des lacunes dans l’établissement et la gestion du budget, avec la persistance d’importants écarts entre crédits sous-utilisés et dépassements de dépenses, des transferts entre rubriques de dépenses et des hypothèses budgétaires irréalistes.  Des lacunes sont aussi relevées dans la gestion des voyages, avec le non-respect de la politique d’achat des billets 16 jours à l’avance et dans les achats et la passation de marchés, alors que l’Assemblée générale avait prié le Secrétaire général d’engager la responsabilité des fonctionnaires en cas d’erreurs de gestion et de mauvaises décisions entraînant des pertes financières pour l’Organisation.  Des lacunes sont également signalées dans la protection de l’environnement et la gestion des déchets, avec plusieurs exemples flagrants qui ont causé des dommages environnementaux dans différentes zones d’opérations.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. DHISADEE CHAMLONGRASDR (Thaïlande) a mis l’accent sur la nécessité de former le personnel des missions de l’ONU aux Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS).  Le représentant a relevé que ce sont les mêmes domaines qui continuent de poser problème, le taux d’application des recommandations du Comité des commissaires aux comptes restant « statique ».  Appelant à des progrès, le représentant a aussi demandé plus d’informations sur la mise en œuvre de la Stratégie globale d’appui aux missions (GFSS).  Il a conclu en insistant sur l’importance qu’il y a à renforcer les mécanismes de prévention de la fraude au niveau de toute l’Organisation.

M. SERGEY KHALIZOV (Fédération de Russie) s’est félicité des conclusions du Comité des commissaires aux comptes selon la situation financière « saine » des opérations de maintien de la paix.  Il a relevé que ce n’est pas la première année que le Comité fait état de lacunes dans la mise en œuvre de la stratégie globale d’appui aux missions et a voulu en savoir plus.  Il s’est aussi inquiété de l’absence de stratégie et de règles claires pour l’achat et l’utilisation des drones.  L’expérience en République démocratique du Congo (RDC) et au Mali montre, selon lui, que l’on n’a pas vraiment étudié les besoins réels en la matière.  L’administration n’a pas de règles pour les fournisseurs des drones et la gestion des contrats, ce qui n’est ni conforme aux résolutions de la Cinquième Commission ni à celles de l’Assemblée générale.  La Fédération de Russie entend insister sur cette question dans le contexte du budget 2016-2017, a averti le représentant, en appelant le Secrétaire général à mettre en œuvre plus rapidement les recommandations du Comité des commissaires aux comptes.

ASPECTS ADMINISTRATIFS ET BUDGÉTAIRES DU FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Observations et recommandations du Comité consultatif pour les questions concernant les opérations de maintien de la paix en général (A/70/742)

Dans ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) traite des questions soulevées dans les rapports du Secrétaire général relatifs au maintien de la paix, notamment celles couvertes dans le rapport le plus récent sur l’aperçu général du financement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies (A/70/749).  Le Comité fait aussi des recommandations sur le rapport du Secrétaire général sur les dispositions spéciales visant à prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles (A/70/729).  La mise en œuvre de la stratégie globale d’appui aux missions a pris fin en 2015, et les dernières observations du Comité sur la question et sur les éléments qui font désormais partie des procédures administratives et des procédures de gestion standard figurent aussi dans le rapport.

Rapport du CCQAB sur le budget du Centre de services régional d’Entebbe pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 (A/70/742/Add.17)

Le montant brut des ressources demandées pour le Centre de services régional pour l’exercice 2016-17 s’élève à 42 000 200 dollars, ce qui représente une augmentation brute de 6 443 800 dollars (18,1%) par rapport au montant des crédits ouverts pour l’exercice 2015-16.  Le projet de budget prévoit le déploiement de 147 agents recrutés sur le plan international, de 267 agents recrutés sur le plan national et de 8 Volontaires des Nations Unies. 

Le CCQAB fait des recommandations qui aboutiraient à réduire de 2 796 600 dollars l’enveloppe proposée.  Aussi, estime-t-il qu’en prenant en compte les taux de vacance moyen et effectif enregistrés au 16 mars 2016, il faut appliquer un taux de 19% au lieu de 12% pour le personnel international; de 50% au lieu de 21% pour les administrateurs recrutés sur le plan national; et de 50% au lieu du taux de 39% pour les Volontaires des Nations Unies.  Le CCQAB estime aussi que comme aucune explication n’a été donnée pour justifier la création du poste de directeur adjoint du Centre, l’Assemblée générale devrait supprimer le poste de chef de la classe D-1.  Il doute en outre que le triplement du montant demandé au titre des voyages soit justifié et recommande donc que le montant supplémentaire de 437 000 dollars soit réduit de moitié.  Il recommande enfin à l’Assemblée générale de ne pas approuver les ressources supplémentaires demandées aux fins du remplacement des cinq véhicules légers.

Rapport du Bureau des services de contrôle interne sur ses activités concernant les opérations de maintien de la paix pendant la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2015 (A/70/318 (Part II)

Le présent indique qu’en 2015, le Bureau a établi 162 rapports sur les opérations de maintien de la paix comportant 524 recommandations, dont 63 considérées comme critiques pour l’Organisation.  

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme SIRITHON WAIRATPANIJ (Thaïlande) a apprécié le format rationalisé du rapport sur les questions transversales qui se concentre sur les nouveautés et la gestion des difficultés.  Elle a toutefois remarqué que certaines initiatives ont été présentées séparément, dont des initiatives qui n’ont pas été suivies de mesures.  En ce qui concerne la planification budgétaire, le G77 s’inquiète des faiblesses notées par le Comité des commissaires aux comptes qui découlent de mauvaises formulations et mises en œuvre budgétaires.  Les projets de budget des opérations de maintien de la paix devraient se baser sur les mandats existants et les circonstances de chaque mission, a-t-elle recommandé, en soulignant aussi la nécessité de respecter la discipline budgétaire et les règles en vigueur.  Elle a rappelé la nécessité de procéder aux recrutements dans les délais prévus tout en réglant les problèmes sur le terrain.  Elle a regretté le peu de progrès dans la représentation des pays fournisseurs de troupes et de police à la tête du Département d’appui aux missions.  « Certains postes restent exclusivement aux mains de petits groupes d’État. »

La représentante a mis à nouveau l’accent sur le développement de seuils clairs pour réaliser les économies et les améliorations recommandées par le Secrétaire général.  Elle a noté que les quatre piliers de la Stratégie globale d’appui aux missions n’avaient pas conduit aux économies escomptées.  En ce qui concerne le Progiciel de gestion intégré -Umoja-, elle a noté les progrès mais a voulu que le Secrétaire général fournisse des informations fiables et précises sur le cours des choses.  La représentante a également souhaité des éclaircissements sur les enseignements tirés de l’application des stratégies antérieures.  Venant aux opérations aériennes, elle a soutenu les efforts du Secrétaire général pour améliorer leur gestion et souligné la nécessité d’une bonne coordination entre les missions et les Centres de Brindisi et d’Entebe.  En même temps, a-t-elle rappelé, toute mesure prise pour améliorer la gestion des opérations aériennes ne devrait pas compromettre la sécurité.  En ce qui concerne les coûts opérationnels, elle a annoncé que le G77 ferait des commentaires spécifiques en séance informelle.   

Pour finir sur la question des exploitations et des atteintes sexuelles, la représentante a demandé de les examiner avec sérieux et de traduire rapidement en justice les auteurs.  Elle s’est préoccupée des facteurs qui contribuent à ces atteintes, comme l’absence de formation pré-déploiement ou les effectifs excessifs de certains contingents.  On peut faire plus pour prévenir ces problèmes, a-t-elle estimé, en plaidant pour une coopération pleine et entière avec les autres organisations et entités.  Nous voudrions mieux comprendre les mécanismes ou l’absence de mécanismes sur la base desquels l’ONU juge coupables les auteurs de ces actes, a-t-elle souligné, en estimant que les rapports du Secrétaire général devraient comprendre les noms des pays qui ont répondu rapidement aux cas et ceux qui ont pris des mesures pour les prévenir. 

M. FRANCESCO PRESUTTI, Union européenne, a noté que le budget de maintien de la paix pour 2016-2017 est de 8,3 milliards de dollars, une stagnation qui est imputable à l’impact des coûts externes.  Notre but, a dit le représentant, est d’être efficace grâce à de nouvelles approches, à un mode de fonctionnement moderne et à une stricte discipline budgétaire, ce qui veut dire demander des ressources réellement nécessaires, et les gérer efficacement en toute transparence.    

Nous avons tous, a insisté le représentant, la responsabilité de nous demander ce que nous pouvons faire pour rendre l’ONU plus souple et plus à même d’atteindre ses objectifs.  Il faut d’abord, a-t-il estimé, assurer un appui aux missions plus « agiles, plus souples et plus efficaces », s’agissant en particulier de la gestion des ressources humaines et de la chaine d’approvisionnement.  L’Union européenne continuera donc à « scruter » et à évaluer la mise en œuvre de la stratégie globale d’appui aux missions, en se concentrant sur ses avantages quantitatifs et qualitatifs.

Le représentant a par exemple jugé de plus en plus évident que le partage des composantes et des éléments déterminera l’avenir d’une gestion efficace des technologies de l’information et des communications (TIC) sur le terrain.  De même, le Secrétariat devrait préparer des directives générales et des paramètres horizontaux sur la manière dont chaque mission doit incorporer et faire siennes les effets quantitatifs de l’application d’UMOJA, y compris en termes d’effectifs.

Tout ceci nous convainc que la composante horizontale de la gestion et de la budgétisation des opérations de maintien de la paix est plus importante que jamais.  Ces opérations ne fonctionnent plus isolément puisque les services sont de plus en plus partagés.  Il est donc temps d’adapter notre approche du financement et de la gestion.  À moyen terme, s’est expliqué le représentant, il s’agit de mettre en place un cadre d’appui pleinement intégré comprenant une division des tâches entre toutes les entités et une bonne articulation entre les fonctions d’appui internationales et régionales. 

Alors que l’Union européenne ne cesse de répéter qu’un seul cas d’exploitation et d’abus sexuels est déjà un cas de trop, le représentant s’est dit déçu que cette question soit demeurée un « problème grave » en 2015 et que le nombre des allégations ait augmenté, en particulier les allégations concernant des mineurs ou des relations non consensuelles entre adultes. 

S’exprimant également au nom du Liechtenstein, Mme HANNAH BODENMANN (Suisse) a insisté sur la nécessité de poursuivre les efforts afin de réaliser des gains d’efficacité qui bénéficient à toutes les missions.  Elle a appelé le Secrétaire général à tirer le meilleur parti possible de l’introduction des Normes IPSAS, du progiciel Umoja et de la Stratégie informatique et des communications.  Elle a cependant souligné la nécessité de rendre ces gains durables et d’éviter qu’ils ne sapent les capacités opérationnelles des opérations de maintien de la paix.  Elle s’est penchée en particulier sur les activités du Centre régional de services d’Entebbe, partageant l’avis du CCQAB et saluant les efforts pour présenter un modèle fondé sur les économies d’échelle.  Elle a cependant dit attendre du Secrétaire général qu’il le développe plus avant et l’affine.  À son avis, il faudrait aussi mettre au point des indicateurs d’efficacité globale afin de définir d’un commun accord des critères de mesure d’efficacité du maintien de la paix et des objectifs.

En ce qui concerne l’avenir des opérations de maintien de la paix, la représentante a estimé qu’il fallait donner un nouvel élan à la politique, la prévention et la médiation.  Elle a plaidé pour un financement suffisant pour les activités directement liées au maintien de la paix dans le domaine de l’assistance électorale et la médiation.  Elle a aussi demandé au Secrétaire général d’améliorer la planification des transitions entre les différentes formes d’engagement de l’ONU sur le terrain.

S’agissant de l’exploitation et des atteintes sexuelles, elle a salué les recommandations du Secrétaire général, tout en prévenant que beaucoup reste à faire.  Elle a rappelé que ce problème concerne aussi les États Membres et pas seulement le Secrétariat et les organes principaux de l’ONU.  Trop souvent, a-t-elle en effet remarqué, le cadre juridique et politique des États semble mal conçu pour être en mesure de donner suite aux allégations d’exploitation et d’atteintes sexuelles commises par leurs ressortissants à l’étranger.  Elle a donc soutenu l’initiative du Bureau de la Coordonnatrice spéciale chargée d’améliorer les moyens d’action de l’ONU dans ce domaine.

La représentante a aussi salué la résolution du Conseil de sécurité demandant au Secrétaire général de remplacer toutes les unités d’un pays fournisseur de contingents dont le personnel est visé par une ou des allégations de tels actes, lorsque le pays concerné n’a pas pris les mesures voulues pour enquêter ou n’a pas amené les auteurs de ces actes à en répondre.  Enfin, elle a salué l’idée développée dans le rapport sur la République centrafricaine que de tels sévices doivent relever des politiques de l’ONU en matière de droits de l’homme et ne constituent pas simplement des affaires disciplinaires.

M. CASTRO CÓRDOBA (Costa Rica) a déploré que la violence sexuelle se soit généralisée dans les conflits armés et qu’elle soit même commise par des fonctionnaires de l’ONU.  Si le représentant a salué les efforts menés par le Secrétaire général pour améliorer les mécanismes de prévention, il a estimé que cela ne suffit pas.  Il a recommandé à tous les pays fournisseurs de troupes, de police et de personnel civil, ainsi qu’aux Départements concernés à l’ONU, de renforcer leurs efforts de prévention et de lutte.  Il faut, a-t-il précisé, que les missions aient le personnel et les ressources suffisants pour enquêter sur de telles affaires, en utilisant les meilleurs outils de collecte des preuves.  Il faut aussi prévoir les ressources financières et humaines nécessaires à la protection des femmes et des enfants dans les propositions budgétaires des missions, a-t-il ajouté.

M. KO JAESIN (République de Corée) s’est félicité du fait que le budget des opérations de maintien de la paix pour la période 2016-2017 soit légèrement moindre que le précédent, malgré l’augmentation du nombre des mandats.  Il a salué les efforts du Secrétaire général qui met en application le principe de l’ONU « faire plus avec moins ».  Le représentant a promis d’évaluer avec soin le caractère adéquat des ressources financières à chaque mandat.  Il s’est aussi dit impatient d’évaluer les avantages tirés des réformes administratives telles qu’UMOJA, la stratégie globale d’appui aux missions (GFSS), l’examen des besoins en personnel civil ou encore la gestion de la chaîne d’approvisionnement.  Il a également dit attendre avec intérêt les options pour développer encore la stratégie globale d’appui aux missions. 

Le représentant a dit attacher une grande importance à la mise en œuvre des recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations Unies, tout comme celles de l’examen de l’architecture de la consolidation de la paix et de l’étude globale sur les femmes, la paix et la sécurité.  Il a insisté à son tour sur la question de l’exploitation et des abus sexuels et sur le ferme appui de son pays à la politique « Tolérance zéro ».

M. KATSUHIKO IMADA (Japon) a noté que « la tendance à avoir un budget de plus de 8 milliards de dollars pour les opérations de maintien de la paix » semble se poursuivre, malgré une légère baisse.  Pour le Japon, les États Membres devraient être prêts à fournir les ressources et les capacités suffisantes mais, compte tenu de la situation financière difficile de certains pays, dont le Japon, il est urgent d’avoir une gestion efficace, efficiente et responsable de ces opérations.  Il faut des analyses coût/efficacité et une gestion responsable menée de concert entre le Secrétariat et les États Membres, notamment pour ce qui est de l’acquisition de nouvelles technologies.

Pour le Japon, l’examen des questions transversales est particulièrement important.  Il a dénoncé le fait que les mouvements entre chapitres budgétaires d’une même mission ou entre les missions rendent difficile d’avoir une vue d’ensemble des besoins financiers et des changements nécessaires.  Les rapports de performance ne donnent pas d’informations sur la manière dont les ressources sont déployées entre les différents postes de dépenses.  Le Japon souhaiterait une discussion approfondie sur ces questions pour plus de transparence.  Abordant également la question de l’exploitation et des abus sexuels, notamment en RDC, le représentant a fait part de l’attachement de son pays à la pleine mise en œuvre de la politique de « tolérance zéro » et a appuyé la résolution 2272 du Conseil de sécurité, en attendant des compléments d’informations de la Coordonnatrice spéciale qui vient d’être nommée.

Mme CHERITH NORMAN (États-Unis) a demandé des explications sur les écarts constants entre les crédits ouverts et les dépenses et sur le redéploiement entre différents postes de dépenses dans les budgets de maintien de la paix.  Elle a aussi souhaité des taux de vacances de postes qui correspondent aux vacances réelles sur le terrain.  Pour ce qui est des opérations aériennes, dont la proposition budgétaire est de 840 millions de dollars, elle a voulu plus d’efficacité et plus d’économies d’échelle grâce au recours aux capacités régionales.  Il faut aussi plus de transparence dans la manière dont les fonds des programmes sont reflétés dans les budgets des missions. 

S’agissant du Centre régional de services à Entebbe, qui pourrait servir de modèle pour le partage des services dans l’ensemble de l’Organisation, la représentante a demandé une « ré-conceptualisation d’un bout à l’autre » des processus.  La culture axée sur le client doit être renforcée à Entebbe qui montre toujours des faiblesses dans la planification du personnel et des fonctions d’appui.  Les opérations de maintien de la paix, a-t-elle poursuivi, n’arrivent toujours pas à intégrer les technologies modernes dans leurs opérations quotidiennes.  L’ONU, a-t-elle aussi estimé, doit être capable de déployer rapidement du personnel bien formé, bien équipé et très compétent.  Les États-Unis, a-t-elle rappelé, ont toujours défendu une approche axée sur les compétences qui donne la priorité à des plans stratégiques de recrutement, au développement des normes de performances et de compétences quantifiables et à une formation pré-déploiement renforcée.

Il est inacceptable, a encore dit la représentant, que 15 ans après l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, les femmes soient toujours terriblement sous représentées dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU, s’est indignée la représentante qui a rappelé que les femmes ne représentent toujours que 3% du personnel militaire et 10% des effectifs de police.

S’agissant de la question de l’exploitation et des abus sexuels dans le contexte des missions, elle a salué la nomination de la Coordonnatrice spéciale, Mme Jane Holl Lute, ainsi que les efforts en vue pour venir en aide aux victimes et améliorer la transparence et la reddition de comptes dans la prévention et la gestion de l’exploitation et des abus sexuels.

M. HALVOR SAETRE (Norvège) s’est dit outré par le nombre récurrent de cas d’abus et d’exploitation sexuels commis par le personnel de l’ONU, et dit craindre « qu’il ne s’agisse que de la pointe de l’iceberg ».  Ces cas d’abus sexuels nuisent à la crédibilité de l’Organisation, a-t-il poursuivi avant de s’impatienter devant les graves déficiences dans le traitement de ces cas.  Il a demandé à l’ONU des changements majeurs pour y remédier et exiger un calendrier précis.  Il a salué, une nouvelle fois, la résolution 2272 du Conseil de sécurité, en particulier la disposition priant le Secrétaire général de remplacer tous les effectifs des pays contributeurs de troupes qui n’auraient pas pris les mesures adéquates pour enquêter sur ces cas et traduire leurs auteurs en justice.  Pour la Norvège, cela contribuera à faire de la politique de « tolérance zéro » une « réalité ».  Le représentant a appuyé la décision du Secrétaire général de créer un fonds d’affectation spéciale pour les victimes d’abus et d’exploitation sexuels auquel la Norvège va allouer un million de couronnes.

M. TAMER MOSTAFA (Égypte) a appuyé les efforts du Secrétaire général pour obtenir des pays contributeurs de troupes qu’ils s’impliquent dans l’application de la politique de « Tolérance zéro ».  Il a d’ailleurs dit souhaiter une résolution de l’Assemblée générale sur la formation pré-déploiement.  Il a demandé au Comité spécial des opérations de maintien de la paix de se pencher sur cette question, en tenant compte des conditions spécifiques des pays contributeurs de troupes.  Il ne saurait être question, a-t-il prévenu, d’invoquer des cas isolés pour souiller la réputation des milliers de Casques bleus.  Les punitions collectives n’ont pas leur place ici, a estimé le représentant qui a soutenu la création du fonds d’affectation spéciale pour les victimes.

Qu’avons-nous appris de la stratégie globale d’appui aux missions?  Nous avons appris, a répondu M. ATUL KHARE, Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions, qu’il faut passer de l’« approche mission individuelle » à « un portefeuille global » pour gagner en rapidité, en efficacité et en conformité aux mandats.  Il faut aussi, a-t-il poursuivi, changer nos systèmes mais surtout notre culture interne.  Nous devons accepter que les exigences opérationnelles retarderont parfois les investissements dans les changements et que le partage des services est un défi complexe qui ne saurait être sous-estimé et qui demande un certain degré de précaution.  Enfin, une bonne gestion et un bon contrôle des performances sont essentiels pour transformer les idées en réalité. 

Le Secrétaire général adjoint a mis l’accent sur les cinq priorités de son Département et d’abord sur la gestion de la chaine d’approvisionnement.  La seconde priorité est la gestion de l’environnement et la troisième, la conduite et la discipline.  La quatrième priorité est la technologie et l’innovation et la cinquième, le suivi du rapport du Groupe de haut niveau sur les opérations de maintien de la paix.  La stratégie globale d’appui aux missions a déjà conduit à des économies de plus de 390 millions de dollars, a affirmé le Secrétaire général adjoint, et la réduction des coûts administratifs devrait permettre d’engranger en 2016-2017 à peu près 187 millions de dollars.  Réaffirmant la détermination de son Département à mettre en œuvre les recommandations du Comité des commissaires aux comptes, il a insisté sur les six domaines qui continuent de poser problème, la gestion des biens durables et non durables; les procédures d’achat et la passation des marchés; la formulation, le suivi et le contrôle des budgets; la bonne mise en œuvre de la politique d’achat des billets d’avion; la gestion des risques; et le transport aérien.

FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) dont l’exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2014 au 30 juin 2015 et le projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 de la (A/70/742/Add.16)

Le projet de budget de la FISNUA pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 s’élève à 268 832 500 dollars, soit 575 800 dollars (0,2%) de plus que le montant approuvé pour l’exercice 2015/16.  Le montant demandé permettrait de financer le déploiement de 225 observateurs militaires, 5 101 membres des contingents, 50 membres de la Police des Nations Unies, 157 fonctionnaires recrutés sur le plan international, 90 fonctionnaires recrutés sur le plan national, 32 Volontaires des Nations Unies ainsi que 7 agents occupant des emplois de temporaire faisant l’objet d’un recrutement international.

Le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires fait des recommandations qui aboutiraient à réduire de 207 900 dollars l’enveloppe proposée.  Il réaffirme ainsi que la FISNUA devrait redoubler d’efforts pour regrouper les réunions se déroulant au même endroit et utiliser d’autres moyens de communication à chaque fois que possible.  Il estime qu’il faudrait s’attacher davantage à utiliser les ressources au titre des voyages de manière plus rationnelle et recommande de réduire de 5% les frais de voyage prévus à des fins autres que la formation.  N’étant pas convaincu de la nécessité de doter la Force d’un troisième véhicule blindé, le Comité consultatif recommande à l’Assemblée générale de ne pas approuver la proposition du Secrétaire général.

Déclaration

M. DAWIT YIRGA (Éthiopie) a prévenu que la situation pourrait facilement se détériorer si on ne fournit pas le soutien nécessaire à la Force.  Il s’est dit « perplexe » devant la décision de déployer deux compagnies d’infanterie motorisées de réserve pour remplacer les unités d’artillerie et de chars.  Cela s’est fait, a-t-il dénoncé, sans les évaluations nécessaires de la mise en œuvre du mandat de la Force et sans une analyse des risques conforme au Mémorandum d’accord signé entre l’Éthiopie et les Nations Unies.  Les unités d’artillerie et de chars, a rappelé le représentant, avaient été déployées compte tenu de la forêt dense qui couvre un terrain sans accès aérien ni maritime, ce qui rend difficile tout rapatriement de soldats et toute réaction aux menaces.  La Force est déployée entre deux parties dont les armées ne sont pas organisées autour d’une structure de commandement et de contrôle.  Les groupes armés peuvent donc lancer des attaques à tout moment. 

Si la situation est restée calme, il ne faut pas oublier qu’elle ne s’est pas non plus améliorée et que les différends entre les parties sont toujours là.  En conséquence, il faut prendre au sérieux les risques qu’il y a à priver la Force d’une capacité de dissuasion.  S’agissant de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), le représentant a réitéré l’appel des pays contributeurs de troupes au déploiement de six hélicoptères, s’inquiétant aussi de la décision de l’Union européenne de réduire de 20% son appui financier à la Force.  Il a espéré que les discussions en cours entre l’Union africaine et l’ONU se termineraient rapidement pour permettre à la Force d’opérer avec efficacité.

Rapport du CCQAB sur l’exécution du budget de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) pour l’exercice allant du 1er juillet 2014 au 30 juin 2015 et le projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 (A/70/742/Add.13)

Les prévisions de dépenses de l’ONUCI pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 se montent à 320 709 000 dollars en chiffres bruts, soit une diminution en montant brut de 82 085 300 dollars (20,4%) par rapport au crédit ouvert pour l’exercice 2015-16.  Ce budget couvre le déploiement de 192 observateurs militaires, 3 808 membres de contingents, 500 agents de la Police des Nations Unies, 1 000 agents d’unités de police constituées, 346 agents recrutés sur le plan international, 698 agents recrutés sur le plan national, 147 Volontaires des Nations Unies et 8 agents fournis par des gouvernements.   

Sur la base des informations fournies par le Contrôleur, selon lesquelles un projet de budget révisé sera présenté prochainement, le Comité consultatif ne juge pas opportun de formuler à ce stade des recommandations et recommande plutôt à l’Assemblée générale d’autoriser le Secrétaire général à engager des dépenses avec mise en recouvrement d’un montant de 160 354 500 dollars pour la période de six mois allant du 1er juillet 2016 au 31 décembre 2016.

Déclaration

Mme FLORA SEKA (Côte d’Ivoire) a fait observer que cinq ans après la fin de la crise postélectorale de 2011, le Gouvernement ivoirien, avec l’aide de ses partenaires, notamment l’ONUCI, est en passe d’achever le processus vers le retour total à la normalisation dans le pays.  Elle a rappelé que les efforts consentis par le pays ont été salués par le Conseil de sécurité le 28 avril dernier par l’adoption des résolutions 2283 (2016) et 2284 (2016) qui mettent fin au régime des sanctions en Côte d’Ivoire et prorogent pour la dernière fois le mandat de l’ONUCI jusqu’au 30 juin 2017.  Elle a indiqué que le projet de budget 2016-2017 a été établi sur la base du mandat 2015 du Conseil de sécurité et non celui de 2016.  Dans ce contexte, elle a pris note de l’intention du Secrétaire général de présenter un projet de budget révisé qui reflèterait les incidences de la résolution 2284 (2016) du Conseil de sécurité.

Elle a en outre souligné que les questions résiduelles liées à la sécurité, au processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), notamment dans son volet réintégration des ex-combattants non encore pris en charge, à la réconciliation nationale et à la cohésion sociale constituent une priorité pour les autorités ivoiriennes.  Ces dernières sont également soucieuses de la réinsertion réussie des 713 agents locaux de l’ONUCI, ainsi que de la gestion des déchets liés au retrait de l’ONUCI.  Elle a ajouté que le transfert des compétences à l’équipe de pays des Nations Unies, pour relever les défis qui subsisteraient après le départ de la Mission, devra également se faire dans les conditions idoines.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur l’exécution du budget de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo pour l’exercice allant du 1er juillet 2014 au 30 juin 2015 et le projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 (A/70/742/Add.10)

Le projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 s’élève à un montant brut de 36 486 900 dollars, soit une diminution de 3 544 100 dollars en chiffres bruts par rapport au crédit ouvert pour l’exercice 2015-16.  Le Comité consultatif recommande à l’Assemblée d’approuver ce budget.

Déclaration

Mme MARINA NIKODIJEVIĆ (Serbie) a déclaré que la présence de la Mission est de la plus grande importance pour la stabilité de la province et pour la création des conditions qui devraient conduire à une solution durable de la question du Kosovo et de Metohija.  Elle a plaidé pour le renforcement des secteurs droits de l’homme et état de droit de la MINUK, ainsi que de son bureau régional de Mitrovica.  Elle a souligné que pour accomplir ses objectifs, la MINUK a besoin de personnels adéquats et des ressources financières conséquentes.  « La tendance de réduire le personnel international est un fait qui inquiète la Serbie », a-t-elle relevé.  Elle a expliqué que cette réduction du personnel se fait alors que les droits des Serbes et des non-Albanais continuent d’être menacés 17 ans après la fin du conflit.  Elle a rappelé que sur les quelque 220 000 Serbes et autres non-Albanais qui ont été forcés de quitter leur maison au Kosovo et à Metohija depuis juin 1999, seul 5% parmi eux ont pu rentrer, alors que 4 000, soit 1,9% des déplacés ont pu rentrer définitivement chez eux.  

Elle a par ailleurs indiqué que la Serbie est inquiète de la réduction annoncée du budget de la MINUK, dénonçant une tendance continuelle à la baisse, année après année.  Elle a annoncé qu’au cours des discussions informelles sur la question du budget de la MINUK, sa délégation allait demander des détails sur les allocations budgétaires au cours des 10 dernières années.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo dont le rapport sur l’exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2014 au 30 juin 2015 et le projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 (A/70/742/Add.5)

Le projet de budget de la MONUSCO pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 s’élève, en chiffres bruts, à 1 275 288 800 dollars, soit une diminution de 55 450 500 dollars (4,2%), en chiffres bruts, par rapport au crédit 2015-16.  Le Comité consultatif a été informé que, si l’on exclut les ressources budgétisées pour la Mission au titre du Centre de services régional d’Entebbe pour l’exercice 2015/16, le projet de budget représente une augmentation de 44 116 000 dollars, soit 3,3%.

Le CCQAB fait des recommandations qui entraîneraient une réduction de 3 325 500 dollars du projet de budget.  Il doute ainsi de la nécessité de créer une couche supplémentaire dans la structure d’appui déjà dotée d’effectifs suffisants du Bureau du Représentant spécial adjoint du Secrétaire général chargé de l’état de droit et des opérations dans l’est.  Il se prononce donc contre la création d’une division de l’état de droit et des institutions chargées de la sécurité, contre le redéploiement à cette division d’un D-1 de la Section des affaires judiciaires et pénitentiaires et contre le reclassement proposé du D-1 à D-2.

Le Comité recommande également de ne pas approuver la proposition du Secrétaire général de réaffecter trois postes à la Section des ressources humaines.  Au contraire, il recommande de les supprimer.  Le Comité rappelle qu’il faut constamment veiller à ce que les postes vacants depuis deux ans ou plus fassent l’objet d’un réexamen pour déterminer s’ils doivent être supprimés ou conservés.  Il recommande donc la suppression des cinq postes d’agent recruté sur le plan national vacants depuis plus de trois ans.  Il recommande en outre de réduire de 100 000 dollars les frais de voyage imputés à la Mission et de réduire de 5% toutes les prévisions de dépenses au titre des voyages.

Par ailleurs, le Comité doute des arguments fournis pour justifier l’achat de 93 véhicules légers de transport de passagers.  Il recommande une réduction de 18 du nombre de véhicules dont l’acquisition est proposée en 2016-17.  Il recommande aussi de réduire de 10% le montant demandé à la rubrique transports aériens au titre du système aérien sans pilote.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental dont le rapport sur l’exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2014 au 30 juin 2015 et le projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 (A/70/742/Add.3)

Les prévisions de dépenses de la MINURSO pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 se montent à 54 289 500 dollars, ce qui représente une augmentation de 3 171 200 dollars (6,2%), en chiffres bruts, par rapport au crédit de 2015-16.  Ce budget couvre le déploiement de 218 observateurs militaires, 27 militaires, 12 policiers des Nations Unies, 90 fonctionnaires recrutés sur le plan international, 168 fonctionnaires recrutés sur le plan national, 18 Volontaires des Nations Unies et 10 membres du personnel fourni par des gouvernements.

Le CCQAB fait des recommandations qui aboutiraient à réduire de 1 739 100 dollars l’enveloppe proposée.  Aussi, estime-t-il que le projet de budget devrait être ajusté pour tenir compte d’un coût plafond par personne et par jour de 7,023 euros et d’un coût mensuel d’entreposage de 20 267 euros entre le 1er juillet 2016 et le 13 novembre 2016.  Le Comité est aussi d’avis que les effectifs actuels de la Section de la sécurité pourraient assurer les fonctions du poste demandé d’agent du Service mobile réservé à un agent de sécurité.  Il se prononce donc contre la création du poste d’agent du Service mobile réservé.

Le Comité doute aussi que tous les voyages prévus en dehors de la zone de la Mission soient justifiés.  Il recommande de ne pas approuver l’augmentation de 54 800 dollars demandée.  Le Comité consultatif dit également n’avoir reçu aucun élément justifiant de se baser sur les tarifs contractuels plus élevés utilisés à la Mission en RDC pour établir des prévisions de dépenses pour la MINURSO.  Il rejette donc l’augmentation de 1 485 400 dollars demandée pour les ressources prévues au titre des transports aériens.  Enfin, le Comité recommande de maintenir le montant demandé au titre des uniformes, des insignes et au niveau de celui de 2014/15, soit 46 700 dollars.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo dont le rapport sur l’exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2014 au 30 juin 2015 et le projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 (A/70/742/Add.5)

Le projet de budget de la MONUSCO pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 s’élève, en chiffres bruts, à 1 275 288 800 dollars, soit une diminution de 55 450 500 dollars (4,2%), en chiffres bruts, par rapport au crédit 2015-16.  Le Comité consultatif a été informé que, si l’on exclut les ressources budgétisées pour la Mission au titre du Centre de services régional d’Entebbe pour l’exercice 2015/16, le projet de budget représente une augmentation de 44 116 000 dollars, soit 3,3%.

Le CCQAB fait des recommandations qui entraîneraient une réduction de 3 325 500 dollars du projet de budget.  Il doute ainsi de la nécessité de créer une couche supplémentaire dans la structure d’appui déjà dotée d’effectifs suffisants du Bureau du Représentant spécial adjoint du Secrétaire général chargé de l’état de droit et des opérations dans l’est.  Il se prononce donc contre la création d’une division de l’état de droit et des institutions chargées de la sécurité, contre le redéploiement à cette division d’un D-1 de la Section des affaires judiciaires et pénitentiaires et contre le reclassement proposé du D-1 à D-2.

Le Comité recommande également de ne pas approuver la proposition du Secrétaire général de réaffecter trois postes à la Section des ressources humaines.  Au contraire, il recommande de les supprimer.  Le Comité rappelle qu’il faut constamment veiller à ce que les postes vacants depuis deux ans ou plus fassent l’objet d’un réexamen pour déterminer s’ils doivent être supprimés ou conservés.  Il recommande donc la suppression des cinq postes d’agent recruté sur le plan national vacants depuis plus de trois ans.  Il recommande en outre de réduire de 100 000 dollars les frais de voyage imputés à la Mission et de réduire de 5% toutes les prévisions de dépenses au titre des voyages.

Par ailleurs, le Comité doute des arguments fournis pour justifier l’achat de 93 véhicules légers de transport de passagers.  Il recommande une réduction de 18 du nombre de véhicules dont l’acquisition est proposée en 2016-17.  Il recommande aussi de réduire de 10% le montant demandé à la rubrique transports aériens au titre du système aérien sans pilote.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur l’exécution du budget d’appui au Bureau d’appui de l’ONU pour la Mission de l’Union africaine en Somalie pour l’exercice allant du 1er juillet 2014 au 30 juin 2015 et sur le projet du budget allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 (A/70/742/Add.14)

Les prévisions de dépenses du BANUS pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 se montent à 583 376 100 dollars, soit 69 947 800 dollars (13,6%) de plus en chiffres bruts que le crédit de 2015-16.  Ayant demandé des précisions, le Comité consultatif a été informé que le projet de budget faisait apparaître une augmentation de 71 954 700 dollars, soit 14%, si l’on exclut le montant de 2 006 900 dollars pour les 13 postes approuvés pour le BANUS pour l’exercice 2015-16 concernant le Centre de services régional d’Entebbe.

Le Comité fait des recommandations qui aboutiraient à réduire de 5 175 300 dollars l’enveloppe proposée.  Le Comité dit par exemple qu’il n’a pas trouvé convaincantes les raisons qui lui ont été données pour justifier la création d’un poste de Sous-Secrétaire général.  Il recommande donc de ne créer ni ce poste, ni celui d’assistant spécial (P-5) ni les deux postes d’assistant administratif (agents du Service mobile).  Il rejette aussi les deux postes de spécialiste des droits de l’homme (P-3) proposés et le poste de spécialiste hors classe des questions politiques (P-5) (chargé de liaison) qui serait déployé au Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine à Addis-Abeba.  Il recommande aussi de ne pas créer le Groupe des relations et de la coordination avec l’extérieur proposé et les deux nouveaux postes proposés (un poste d’administrateur chargé des rapports (P-4) et un poste de fonctionnaire du protocole (P-3).  Il rejette également le transfert des quatre autres postes proposés.

Le Comité consultatif considère également que le BANUS devrait examiner si les quatre postes dont le transfert est proposé pour l’exercice 2016/17 sont bien nécessaires et, si leurs fonctions ne sont pas requises, proposer leur suppression pour l’exercice 2017-18.  Il refuse aussi la création du groupe de l’informatique décisionnelle, des deux nouveaux postes proposés et du transfert des deux autres postes.  Pour ces derniers postes, il demande l’évaluation de leur utilité voire leur suppression.

Compte tenu de la mise en Service d’Umoja et des avantages et gains d’efficacité qui l’accompagnent, ainsi que du transfert de la plupart des fonctions administratives au Centre de services régional à Entebbe, le Comité recommande de ne pas approuver les six autres postes proposés pour la Section des ressources humaines.  Il se prononce en outre contre la création d’un poste P-4 et d’un poste P-3 de spécialiste des achats.  Il recommande que le montant des ressources au titre des consultants, soit 2 942 700 dollars, soit réduit de 20%.  Il recommande encore de réduire de 50% l’augmentation des dépenses prévues au titre des voyages et de 10% le montant total des ressources demandées au titre des services de construction.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les prévisions révisées concernant le rapport du Secrétaire général intitulé « L’avenir des opérations de maintien de la paix des Nations Unies: application des recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix » (A/70/7/Add.49)

Le 2 septembre 2015, le Secrétaire général a énoncé des mesures, adoptées depuis par l’Assemblée générale, destinées à adapter les opérations de paix des Nations Unies aux besoins pour lesquels elles sont conçues, en mettant l’accent sur celles qui sont prises actuellement ou peuvent l’être en 2016, et en faisant part de ses vues sur les initiatives que son successeur et les États Membres pourraient envisager.  Le programme d’action proposé par le Secrétaire général fixe des objectifs très divers: capacités de prévention des conflits et de médiation renforcées; partenariats aux plans mondial et régional consolidés; opérations de maintien de la paix sur mesure; souplesse de l’appui aux missions; rapidité, capacités et efficacité des agents en tenue; sûreté et sécurité; direction et application du principe de responsabilité.

Le CCQAB recommande à l’Assemblée générale d’approuver le montant des ressources supplémentaires, soit 2 516 600 dollars, à partager entre le Département des affaires politiques et le Bureau des services centraux d’appui, qui sera imputé sur le fonds de réserve de l’exercice biennal 2016-2017.  L’Assemblée devrait aussi approuver un montant supplémentaire de 183 000 dollars qui sera imputé sur le fonds de réserve de l’exercice biennal 2016-2017 et compensé par l’inscription d’un montant identique au chapitre premier des recettes provenant des contributions du personnel.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité de l’information en faveur du respect de la parité linguistique

Trente-huitième session,
5e séance – après-midi
PI/2168

Le Comité de l’information en faveur du respect de la parité linguistique

En achevant, cet après-midi, sa trente-huitième session, le Comité de l’information a exprimé sa reconnaissance au Département de l’information (DPI) des Nations Unies pour le travail accompli depuis le mois de mai 2015 et fixé ses priorités pour l’année à venir, notamment la promotion du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur le climat.

Au terme de deux semaines de travaux, le Comité a ainsi adopté son rapport* qui contient deux projets de résolution, l’un intitulé « L’information au service de l’humanité », et l’autre qui présente en détail les recommandations sur les « activités et politiques des Nations Unies en matière d’information ».

Ce deuxième texte demande au Département et à ses trois Divisions –communication stratégique; information et médias; et sensibilisation du public– d’accorder une importance particulière aux questions de paix et de sécurité, de développement durable et de droits de l’homme, d’éradication de la pauvreté et de la crise alimentaire mondiale, des épidémies et du désarmement, et de la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes et des besoins du continent africain.

Le DPI devra également continuer à prendre les mesures appropriées, notamment dans le cadre de campagnes promotionnelles, pour renforcer la sensibilisation de l’opinion publique mondiale au Programme de développement durable à l’horizon 2030, adoptée en septembre dernier, et à la réalisation de ses objectifs.

La Secrétaire générale adjointe à la communication et à l’information, Mme Cristina Gallach, s’est félicitée de cette résolution, qui exprime « avec générosité » la reconnaissance du Comité vis-à-vis du travail fourni par le Département en 2015 dans le monde entier.  Ce texte n’en pose pas moins des « défis » quant aux attentes dont il se fait l’écho, « attentes auxquelles nous ferons de notre mieux pour répondre », a-t-elle dit.

« Qu’il s’agisse de la nécessité de renforcer la sensibilisation du public mondial à la situation des réfugiés et des migrants, ou votre reconnaissance du potentiel de nos sites Web à intégrer des supports écrits et audiovisuels dans toutes les langues officielles, ou votre appréciation des partenariats économiques que nous avons noués avec succès, et sans incidence financière, vous demeurez une source d’encouragement et d’orientation constructifs pour nos efforts collectifs », a déclaré Mme Gallach aux membres du Comité.

Au nombre des réunions de haut niveau, que le Département devra couvrir et promouvoir prochainement, figurent le Sommet humanitaire mondial à Istanbul (Turquie), du 23 au 24 mai; l’examen à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés, qui se déroulera à Antalya (Turquie), du 27 au 29 mai; et la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III), qui se déroulera à Quito (Équateur), du 17 au 20 octobre; et la vingt-deuxième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP22), qui se tiendra à Marrakech (Maroc), du 7 au 18 novembre 2016.

Qualifiant le multilinguisme de « valeur fondamentale » de l’Organisation, la résolution réitère la préoccupation croissante du Comité concernant le fait que la production de communiqués de presse quotidiens n’a toujours pas été étendue à toutes les langues officielles.  C’est pourquoi, il demande de nouveau que le Département de l’information, à « titre prioritaire », élabore une stratégie visant à publier ces mêmes communiqués dans les six langues officielles à travers de « moyens créatifs », et sans coûts supplémentaires.

Dans le cadre de la réalisation du multilinguisme, le Département est encouragé à poursuivre ses efforts pour généraliser les « points focaux thématiques », que les unités linguistiques des sites Web utilisent déjà « comme pratique optimale du multilinguisme pour améliorer la qualité des contenus ».

Reconnaissant les efforts du Département de l’information pour produire divers supports multimédias, le Comité l’encourage à continuer d’offrir ces contenus, en intégrant à la fois des éléments rédactionnels et des éléments audiovisuels dans toutes les langues officielles.  Il lui est également demandé d’intégrer le multilinguisme dans ses campagnes de communication, y compris la conception de « logotypes » dans différentes langues, ainsi que l’utilisation des « hashtags » sur les réseaux sociaux « dans plus d’une langue », en fonction des publics ciblés.

La Secrétaire générale adjointe a rappelé les contraintes budgétaires auxquelles le DPI fait face.  « Nous comprenons que, dans le contexte du multilinguisme, le Département est invité à redoubler d’efforts dans la limite de ses capacités existantes pour assurer le traitement complet et équitable de toutes les langues officielles et à faire rapport à ce sujet lors de la prochaine session du Comité », a-t-elle ajouté.

Mme Gallach a en outre assuré que le DPI continuerait de travailler pour étendre la portée des messages des Nations Unies en s’appuyant sur la gamme complète des supports dont elle dispose, et à travers des partenariats créatifs, notamment avec les États Membres.  La campagne « Le monde en bleu ONU » est un exemple flagrant de la façon dont leur soutien et leur participation peuvent élargir nos horizons et notre impact, a relevé Mme Gallach.

« Est-ce que notre approche concernant les ressources budgétaires est la bonne?  Est-ce que cette résolution donne les bonnes directives politiques pour le Département et les États Membres? » s’est interrogé, de son côté, le Président du Comité de l’information, M. Kaha Imnadze, de la Géorgie. 

Par ailleurs, le Secrétaire général de l’ONU est prié par la résolution d’inclure dans un prochain rapport des informations complètes sur le fonctionnement des centres d’information des Nations Unies, y compris les résultats de l’examen de l’allocation « effective et efficace » du personnel et des ressources financières à ces centres, et les mesures possibles pour améliorer le fonctionnement de ceux qui se trouvent dans les pays en développement.

Enfin, outre les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, le Département devra désormais étendre ses activités aux missions politiques spéciales et aux travaux de la Commission de consolidation de la paix (CCP).  

Le représentant de la Fédération de Russie a regretté que les propositions faites par sa délégation n’aient pas été retenues dans le rapport adopté, notamment celles faisant référence au Pacte international relatif aux droits civils et politiques et au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

* La cote et la version française de ce document seront communiquées ultérieurement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Représentant du Secrétaire général en Iraq dénonce une crise politique profonde qui complique une situation déjà complexe

Conseil de sécurité,
7689e séance – matin
CS/12354

Conseil de sécurité: le Représentant du Secrétaire général en Iraq dénonce une crise politique profonde qui complique une situation déjà complexe

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Iraq (MANUI), M. Jan Kubiš, a relevé ce matin devant le Conseil de sécurité que la crise politique profonde qui règne à Bagdad et dans tout le pays paralyse le Gouvernement et le Conseil des représentants et ajoute une nouvelle couche de complications à une situation déjà complexe du point de vue militaire, sécuritaire, humanitaire, économique et des droits de l’homme.  Les représentants de l’Iraq, de la Fédération de Russie, des États-Unis et de l’Égypte ont fait des commentaires.

Le Représentant spécial, qui intervenait par vidéoconférence depuis Bagdad pour présenter le rapport trimestriel du Secrétaire général, a expliqué: « L’échec du Gouvernement et de la classe politique à se mettre d’accord sur de vraies réformes qui amélioreraient la gouvernance et la redevabilité et assureraient l’accès égal de tous à la justice, à l’emploi et aux services, tout en luttant contre la corruption, a poussé les gens dans la rue pour réclamer, entre autres, la fin de la politique des quotas par ethnie et par secte »

M. Kubiš a dit craindre que les solutions actuellement en discussions ne répondent pas aux revendications du peuple et que les manifestations continuent.  Or, a-t-il mis en garde, la crise politique et le chaos ne serviraient que les intérêts des ennemis de l’Iraq et, surtout, les terroristes de Daech.  Le Représentant spécial a insisté sur le fait que la stabilité, la sécurité et l’unité de l’Iraq résident dans un système politique « effectif et inclusif », dans un processus «égalitaire » de prise de décisions aux niveaux fédéral et local et dans des mesures concrètes pour prévenir l’exclusion politique et sectaire.  Il a par exemple jugé important que Bagdad et Erbil parviennent à un accord sur les exportations et le partage des revenus du pétrole, sur le salaire des peshmergas et autres questions en suspens dont celles des zones libérées et disputées.

Le Représentant spécial a dit avoir accueilli la visite que le Secrétaire général de l’ONU a effectuée à Bagdad le 26 mars dernier, aux côtés du Président de la Banque mondiale et de celui de la Banque islamique de développement, comme « une marque du sérieux » de la communauté internationale dans son appui à l’Iraq d’autant que la crise humanitaire dans le pays demeure l’une des pires au monde.  M. Kubiš a indiqué que près d’un tiers de la population a besoin d’aide et qu’environ deux millions de personnes pourraient être forcées de se déplacer d’ici à la fin de l’année.  Il s’est particulièrement dit inquiet de la situation humanitaire à Falloujah, sous le contrôle de Daech. 

L’édition 2016 du Plan de réponse humanitaire vise les 861 millions de dollars pour sept millions d’Iraquiens.  Or, seul un quart de cette somme a été versé jusqu’ici.  Si une somme de 300 millions de dollars n’est pas collectée d’ici au moins de juin, des programmes essentiels devront être réduits ou carrément supprimés. 

Le représentant de l’Iraq, M. Mohamed Ali Alhakim, a assuré que les autorités iraquiennes s’efforcent de mettre sur pied le nouveau gouvernement et de lancer les réformes institutionnelles.  Il a souligné que 2016 est une année cruciale pour son pays qui s’est fixé pour objectif de reprendre aux terroristes les territoires qu’ils contrôlent.  Il faut absolument éviter le vide institutionnel en Iraq, a commenté le représentant de l’Égypte et Président du Conseil pour le mois de mai, M. Amr Abdellatif Aboulatta.

Les problèmes politiques iraquiens doivent se régler en interne, sans ingérence étrangère, a souligné le représentant de Fédération de Russie, M. Vitaly Churkin.  Réitérant le soutien de son pays à la lutte de l’Iraq contre le terrorisme, il a précisé que seule une approche globale et respectueuse du droit international peut donner des résultats probants.  Le Représentant spécial du Secrétaire général s’étant dit préoccupé par l’utilisation d’armes chimiques en Iraq, le délégué russe s’est étonné que « certains États n’en parlent même pas, préférant réserver leurs accusations au Président Assad ».  Le délégué a affirmé que l’origine des agents chimiques utilisés par les terroristes dans la ville iraquienne de Tikrīt a pu être identifiée.  C’est la Turquie dont, par ailleurs, les frappes aériennes menées en Iraq ont fait de nombreuses victimes civiles, a-t-il encore dénoncé. 

Son homologue des États-Unis, Mme Michele Sison, a souligné que l’utilisation d’armes chimiques est à déplorer, quels qu’en soient les responsables.  Elle a invité le Conseil de sécurité à rester uni et à renforcer sa collaboration pour lutter efficacement contre les groupes terroristes.  Le représentant de l’Iraq a d’ailleurs demandé la poursuite de l’appui aérien de la Coalition, l’aide au renforcement des capacités des forces iraquiennes et un soutien logistique aux opérations de déminage.  Il a également appelé à mettre fin à l’afflux des combattants étrangers vers la Syrie et l’Iraq, exhortant les pays de transit à les refouler.  S’agissant du financement des terroristes, il a affirmé que ces derniers s’enrichissent de la contrebande du pétrole et des antiquités iraquiens, notamment par la frontière turque.

Il a demandé au Conseil de sécurité d’obtenir de la Turquie le retrait de ses troupes d’Iraq.  Il a en outre annoncé que son gouvernement vient d’approuver une loi d’amnistie et une autre sur la création d’une garde nationale censée absorber les membres des milices tribales qui combattent aux côtés des Forces armées iraquiennes.

*S/2016/396

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC débat des moyens de réduire les risques des pays gravement frappés par le phénomène climatique El Niño

Session de 2016,
24e séance - après-midi
ECOSOC/6758

L’ECOSOC débat des moyens de réduire les risques des pays gravement frappés par le phénomène climatique El Niño

Le Conseil économique et social (ECOSOC) s’est penché, aujourd’hui, sur les conséquences de l’épisode 2015-2016 d’El Niño, l’un des phénomènes climatiques les plus intenses des cent dernières années, qui a entraîné un réchauffement sans précédent des eaux du Pacifique, des sécheresses, des inondations touchant plus de 60 millions de personnes à travers l’Amérique latine et centrale, l’Asie et la corne de l’Afrique.

Les participants à cette « réunion spéciale », organisée par le Département des affaires économiques et sociales et l’ECOSOC, en collaboration avec le Secrétariat interinstitutions de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes et l’Organisation météorologique mondiale (OMM), se sont attachés à discuter de la façon de « diminuer les risques et saisir les chances » face à ce phénomène considéré comme mondial.

Cette réunion, que conduisait le Président de l’ECOSOC, M. Oh Joon (République de Corée), et animé par la journaliste de CBS News Pamela Falk, CBS News, a tout d’abord vu le Représentant spécial du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, M. Robert Glasser, expliquer l’impact socioéconomique d’El Niño, qui frappe, de manière disproportionnée, les communautés des pays à faible revenu et des petits États insulaires en développement (PEID).

Selon M. Glasser, les changements climatiques risquent d’augmenter davantage les risques liés à El Niño, d’où l’urgence d’inclure ce facteur dans des stratégies de développement à long terme.  Il faut, a-t-il dit, prendre des décisions éclairées dans les différents secteurs de développement ainsi que des mesures dynamiques pour limiter les conséquences de ce phénomène qui, quoique prévisible par les technologies actuelles, reste impossible à prédire dans son intensité. 

Le Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030), adopté l’an dernier, ainsi que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord sur le climat de Paris sont les instruments de référence de l’action à mener en vue de minimiser l’impact futur du phénomène El Niño.

La Sous-Secrétaire générale de l’OMM, Mme Elena Manaenkova, a affirmé que son organisation avait pu développer et appuyer de façon continue des organismes d’excellence homologués, tels que les centres climatiques régionaux, qui assistent les États Membres en fournissant des prévisions météorologiques fiables.  L’OMM dispose de plusieurs mécanismes qui permettent de fournir des services mondiaux.  

Mme Manaenkova a dit constater une demande d’informations, techniques ou non, de plus en plus grande des phénomènes El Niño ou El Niña, ce dernier se traduisant par une diminution de la température à la surface des eaux de l’est de l’océan Pacifique, autour de l’Équateur.  L’OMM a élaboré des données en coopération avec des agences météorologiques internationales.  Celles-ci, mises à jour, seront publiées la semaine prochaine.

Néanmoins, a-t-elle déjà annoncé un affaiblissement du phénomène d’El Niño en 2015-2016, et un changement, dans les prochains mois, d’ENSO, un phénomène climatique et océanographique reliant El Niño et l’oscillation australe de la pression atmosphérique.

Confirmant ce point de vue, M. Tony Barnston, professeur de l’Institut des recherches climatiques de l’Université de Columbia, a estimé qu’il y avait 60% de chances d’avoir un phénomène El Niña à partir du mois d’août, mais qu’à ce stade il était impossible d’en connaître l’intensité.

Table ronde interactive

M. JUAN MANUEL BENITES RAMOS, Ministre de l’agriculture et de l’irrigation du Pérou, qui présidait ce dialogue, a présenté l’expérience face au phénomène Niño de son pays, l’un des cinq au monde les plus touchés par les changements climatiques.  Le mot d’ordre du Gouvernement, a-t-il déclaré, est la prévention.  « S’il est impossible d’éviter les catastrophes naturelles, on doit néanmoins élaborer des scénarios pour protéger les populations exposées », a-t-il affirmé, précisant que l’état d’urgence déclaré en 2014 dans 14 départements du Pérou avait permis d’y mener des actions de prévention de l’impact d’El Niño.

Un conseil de ministres a été mis en place, depuis, pour élaborer des stratégies visant à développer les capacités nationales, régionales et locales et sensibiliser la population locale.  Pour 2016, environ 1 milliard de dollars a été alloué à la prévention du phénomène El Niño.  Les actions menées par ce centre d’opération ont notamment porté sur la mise à jour des systèmes d’assainissement, l’installation d’hôpitaux de campagne, le nettoyage des lits des fleuves, des actions de prévention des virus Zika et de la dengue ainsi que la création de centres de distribution d’eau, d’aliments, de vêtements au cas où il y aurait des problèmes d’accès à certaines zones.

Commissaire pour la gestion des catastrophes de l’Éthiopie, M. MITIKU KASSA, a souligné de son côté qu’en raison de la sécheresse la plus grave jamais traversée par son pays depuis 15 ans, qui a affecté durement les secteurs de l’éducation et de l’approvisionnement, des millions de personnes étaient actuellement dépendantes de l’aide alimentaire. 

Face à la réponse insuffisante de la communauté internationale, le Gouvernement a dû débloquer 130 millions de dollars pour faire face aux besoins alimentaires de la population par le biais d’un comité créé à cet effet.  

Représentant les petits États insulaires en développement, M. AHMED SAREER, a rappelé l’impact énorme du phénomène 2015-2016 d’El Niño sur ces pays, qui ont subi de nombreuses pertes en vies humaines et des centaines de millions de dollars de dommages liés aux cyclones et aux sécheresses, parmi les plus longues jamais enregistrées par certaines îles.  

L’acidification des océans se poursuit, les écosystèmes deviennent des zones « fantômes », les récifs ne cessent de se dégrader, a rappelé M. Sareer, qui a insisté sur le fait que les PEID, compte tenu de leur vulnérabilité spécifique due à la fois à leur éloignement et à leur manque de ressources, demandaient un appui des Nations Unies dans le cadre des accords de Sendai.  En raison de la fréquence de ces phénomènes naturels, ces pays disposent de très peu de temps pour se redresser, ce qui porte directement atteinte à leur développement, a-t-il dit, à l’unisson avec son collègue de Vanuatu.

Le représentant de l’Indonésie, M. DIAN TRIANSYAH DJANI, a également fait le point des actions menées dans son pays pour contrecarrer l’impact socioéconomique du phénomène El Niño.  En dépit de son expérience de 1997, l’Indonésie voit toujours sa production agricole affectée, en particulier celle du riz, suite aux sécheresses et aux incendies.  

Il a mis l’accent sur l’urgence d’une large coopération internationale dans la lutte contre l’impact des changements climatiques et, pour éviter les doublons, a appelé les agences onusiennes à travailler dans les limites de leurs mandats respectifs.

M. TELMO DE LA CUADRA, du Secrétariat de l’évaluation des risques de catastrophes de l’Équateur, intervenant par vidéoconférence, a expliqué que la gestion des risques dans son pays avait totalement changé en 2008 avec l’adoption d’une loi organique qui charge l’État de la protection des personnes et de l’environnement.  Cette loi a permis de passer d’une gestion centralisée à une gestion décentralisée des risques.  En outre, des instruments de mesure des tendances et de prévision ont été mis en place.  Le phénomène El Niño 2015-2016 a été moins fort que ce qui avait été anticipé mais certaines zones restent fortement touchées, comme celle d’Esmeralda. 

Pour la représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), El Niño est le phénomène climatique le plus grave des 60 dernières années d’un point de vue alimentaire et agricole: mauvaises récoltes, pertes de terres agricoles et de bétails, nappes phréatiques déficitaires sont autant de facteurs qui ont créé une insécurité alimentaire dont de nombreux représentants d’Amérique latine et centrale ont témoigné aujourd’hui, notamment du Honduras, du Nicaragua, du Guatemala ou d’El Salvador.  

En effet, avec 16,5 millions de personnes touchées directement en Amérique latine et centrale et 3,5 millions de personnes qui ont besoin d’une aide alimentaire, le « cercle vicieux de sécheresses suivies d’inondations graves », a eu un impact majeur sur ces pays, même si ce phénomène concerne aussi l’Afrique du Sud, l’Afrique australe, certains pays d’Asie et, plus généralement, les îles. 

Si tous s’accordent à dire qu’il est plus onéreux de réparer que de mettre en place des mesures de prévention, la FAO a tiré la sonnette d’alarme en affirmant qu’il y avait des menaces réelles d’augmentation des conséquences d’El Niño que les gouvernements ne peuvent gérer à eux-seuls.  « Sans un appui concerté mondial, les gains socioéconomiques des pays en développement risquent d’être entamés par l’impact de ce phénomène et il est urgent de sauver les moyens de subsistance des populations par des actions de prévention », a déclaré la représentante, exprimant à cet égard une revendication partagée par les pays frappés par El Niño. 

L’efficacité des efforts de la communauté internationale en la matière passe par le décloisonnement de l’action humanitaire et de l’action en faveur du développement et par des financements à la hauteur des besoins sur le terrain, a-t-elle estimé, tout comme son homologue du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Le représentant de l’Allemagne, en tant que pays bailleur de fonds, a insisté sur la nécessité d’un effort concerté consistant, multilatéral et bilatéral, pour faire face à l’impact d’ENSO et augmenter la résilience des pays.  Les mesures en amont doivent être améliorées pour permettre aux pays d’être prêts avant même qu’une catastrophe naturelle ne les frappe.

La représentante du Programme alimentaire mondial (PAM) a ainsi fait état du programme « Food Secure » qui permet de débloquer des fonds avant d’éventuelles catastrophes.

Le délégué allemand s’est aussi interrogé sur ce que pourrait être la contribution de la troisième Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III), qui se tiendra à Quito, en Équateur, du 17 au 20 octobre 2016 sur le thème: « Le développement urbain durable: l’avenir de l’urbanisation? »

Son homologue de l’Indonésie a souhaité notamment que cette conférence mette l’accent sur les villes et villages côtiers alors que le représentant de la Colombie a appelé à saisir cette opportunité pour réfléchir aux établissements humains résilients au phénomène d’El Niño.

Autre pays bailleur de fonds, la Suède a estimé que si la réponse humanitaire s’inscrivait dans le court terme, seuls des investissements à long terme pouvaient augmenter la résilience des pays concernés par les phénomènes climatiques. 

La représentante des États-Unis a observé que les incidences négatives sur les gains en termes de développement étaient énormes.  Son collègue du Nicaragua a jugé que l’insécurité alimentaire, conséquence directe d’El Niño, menaçait les objectifs de développement durable.

La représentante de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a attiré l’attention sur la nécessité de réduire les effets d’El Niño sur la santé qui perdureront au-delà de 2016.  Parmi les préoccupations de l’OMS, figurent les maladies transmises par les moustiques comme la dengue et Zika; les ruptures d’approvisionnement en médicaments; la sous-alimentation; les résurgences de maladies; la pénurie de vaccins pour lutter contre des épidémies; et, surtout, l’énorme problème de financement qui entrave le bon fonctionnement de l’OMS, laquelle a demandé 51 millions de dollars pour lutter contre les effets induits par El Niño. 

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, dans ses remarques de clôture, a mis l’accent sur l’urgence de traiter des dimensions socioéconomiques du phénomène El Niño si l’on veut atteindre les objectifs de développement durable.  Il faut réduire cet impact sur les secteurs de développement clef afin d’aider les pays à atteindre les objectifs de développement durable par le biais de politiques de réduction des risques et promouvoir des mécanismes d’alerte rapide, a-t-il dit.  Parallèlement, les investissements doivent permettre d’accroître la résilience de ces pays tant sur le plan local que national, a ajouté M. Wu, précisant que le Département des affaires économiques et sociales se tenait à la disposition des États Membres dans la mise en œuvre du Cadre d’action de Sendai.

Enfin, le Président de l’ECOSOC, M. Oh Joon, a indiqué qu’il publierait une déclaration présidentielle qui reprendrait les recommandations clefs faites dans le cadre de cette réunion spéciales.

Auparavant, l’ECOSOC avait décidé, sans vote, que le thème du débat consacré aux affaires humanitaires de sa session 2016 serait « Restaurer l’humanité en ne laissant personne de côté: agir de concert pour réduire les besoins humanitaires, les risques et la vulnérabilité des populations ».

* E/2016/L.14

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission examine une proposition budgétaire d’un milliard de dollars pour la Mission de l’ONU au Darfour

Soixante-dixième session, Deuxième partie de la reprise de session,
35e séance – matin
AG/AB/4197

La Cinquième Commission examine une proposition budgétaire d’un milliard de dollars pour la Mission de l’ONU au Darfour

Un milliard de dollars à l’Opération de l’ONU au Darfour pour 2016-2017.  C’est la proposition dont la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a été saisie ce matin, en plus d’une autre sur le financement de la Force à Chypre.  La Commission a aussi commencé à examiner les reliquats des opérations fermées en République centrafricaine, au Timor-leste et en Syrie.

Pour l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour1 (MINUAD), le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) recommande à la Commission, pour la période allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017, l’ouverture d’un crédit d’1 milliard 095 213 500 millions de dollars, soit une réduction de 3 millions par rapport à la proposition du Secrétaire général et ce, grâce à la suppression de 12 postes vacants depuis trop longtemps, dont l’un pendant plus de six ans, et à des coupes dans les frais de voyages officiels et de carburant.

S’agissant de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre2 (UNFYCIP), le CCQAB a recommandé l’ouverture d’un crédit de 54 millions 849 900 dollars, dont les contributions volontaires de 17 millions 535 867 dollars du Gouvernement chypriote et de 6 millions 500 000 dollars du Gouvernement grec.  Le budget recommandé représente une réduction de 642 400 dollars par rapport à la proposition du Secrétaire général.

La Cinquième Commission a aussi examiné les reliquats budgétaires de trois missions clôturées.  Pour la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad3 (MINURCAT) créée par la résolution 1778 (2007) du Conseil de sécurité et qui a pris fin le 31 décembre 2010, le CCQAB recommande que soit porté au crédit des États Membres le solde de 34 millions 049 000 dollars au 31 décembre 2015.  Il s’agit d’une somme de 9,07 millions pour la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste4 (MINUT) créée par la résolution 1704 (2006) et fermée le 31 décembre 2012; et d’1,82 million pour la Mission de supervision des Nations Unies en République arabe syrienne (MISNUS) créée par la résolution5 2059 (2012) et fermée le 19 août 2012.    

La Commission a enfin recommandé à l’Assemblée générale de nommer M. Simon Hough, du Royaume-Uni au Comité des contributions pour remplacer jusqu’au 31 décembre 2017 son compatriote M. Kunal Khatri, démissionnaire6.

La prochaine réunion de la Cinquième Commission est prévue pour lundi 9 mai à partir de 10 heures.

1A/70/742/Add.6

2A/70/742/Add.7

3A/70/856

4A/70/857

5A/70/858

6A/70/102/Add.1 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Accord de paix de Dayton, feuille de route de la Bosnie-Herzégovine vers l’intégration euro-atlantique, selon le Haut-Représentant européen

Conseil de sécurité,
7688e séance – matin
CS/12353

L’Accord de paix de Dayton, feuille de route de la Bosnie-Herzégovine vers l’intégration euro-atlantique, selon le Haut-Représentant européen

« 2016 peut être une année de progrès vers l’intégration euro-atlantique de la Bosnie-Herzégovine, la croissance économique et la création d’emplois, mais seulement si le pays fait preuve d’unité.  Remettre en cause les principes fondamentaux de l’Accord de Dayton n’est pas une option à cet égard », a prévenu, ce matin, le Haut-Représentant chargé d’assurer le suivi de l’application de l’Accord de paix relatif à la Bosnie-Herzégovine, signé il y a 20 ans.

M. Valentin Inzko était venu présenter au Conseil de sécurité son dernier rapport en date, qui couvre la situation dans ce pays des Balkans au cours des six mois écoulés.  La période considérée a été dominée, a-t-il expliqué, par plusieurs faits marquants, à commencer par le dépôt, le 15 février dernier, par la Bosnie-Herzégovine de sa demande d’adhésion à l’Union européenne.

Saluant cette « décision historique », le haut fonctionnaire a toutefois expliqué que la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix par toutes les parties constituait une condition sine qua non pour réaliser l’intégration harmonieuse de la Bosnie-Herzégovine dans le giron européen.

Bien que doté du « pouvoir exécutif », précise le rapport, le Haut-Représentant s’est abstenu d’en faire usage, conformément à la politique du Comité directeur du Conseil de mise en œuvre de la paix, qui consiste à privilégier l’appropriation des décisions par les intéressés à l’échelon local et non international.

S’il a salué les réformes entreprises par les autorités bosniennes, notamment l’adoption de lois sur le travail au niveau des entités, M. Inzko les a encouragées à adopter un rythme plus soutenu.  Le représentant de la Bosnie-Herzégovine a reconnu qu’il est nécessaire de revoir les « cadres juridiques et fiscaux » en vue d’attirer les investissements, se félicitant tout de même d’un taux de croissance industrielle de 2,5 %et d’une inflation zéro.

Autre motif de satisfaction pour M. Inzko: les efforts déployés pour transférer à l’État de Bosnie-Herzégovine la propriété d’immeubles « utilisables par la défense », une des conditions préalable à l’adhésion à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et à la fermeture du Bureau du Haut-Représentant, même si la Republika Srpska s’y refuse pour l’instant.

Les six derniers mois, a constaté le haut fonctionnaire, ont aussi été marqués par les tentatives de la Republika Srpska de « saper la souveraineté et l’autorité de l’État » et des appels à la sécession par ses dirigeants, jugés inacceptables par plusieurs membres du Conseil, dont la France.  Pour la Croatie, cette « rhétorique » n’augure rien de bon à l’approche des élections municipales d’octobre 2016.

Si les dirigeants de la République serbe de Bosnie ont assuré que le référendum portant sur les compétences de la Cour d’État et du Bureau du Procureur de la Bosnie-Herzégovine, ainsi que sur les compétences et les décisions du Haut-Représentant, n’aurait pas lieu, il n’en reste pas moins que la décision de l’Assemblée nationale n’a pas encore été annulée, a observé M. Inzko.

De plus, a-t-il regretté, des « acteurs politiques » continuent de préconiser l’organisation d’un autre référendum, celui-ci sur la validité d’une décision récente rendue par la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine.  Plusieurs membres du Conseil ont dénoncé cette réticence à se plier aux décisions de justice, notamment l’Égypte, qui a déclaré qu’elles devaient être respectées, que les juridictions soient nationales ou internationales.

En outre, « les réactions très contrastées suscitées par les jugements en première instance rendus par le Tribunal international pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) dans les procès de l’ex-Président de la Republika Srpska, Radovan Karadžić, et de Vojislav Šešelj, soulignent la nécessité d’accroître les efforts de réconciliation », a relevé le Haut-Représentant.

Alors que la Serbie, par la voix de son représentant, réaffirmait son engagement en faveur de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine, la Fédération de Russie a fustigé le rapport du Haut-Représentant, reprochant à M. Inzko de donner de manière « inappropriée » son « avis » sur les processus initiés par les autorités nationales ou les verdicts rendus par le TPIY.  Plaidant pour une réduction du personnel et du budget du Bureau du Haut-Représentant, il a estimé que « l’époque du protectorat était révolue ».

Le délégué de l’Union européenne a cependant confirmé l’intention de cette organisation régionale de maintenir sa présence en Bosnie-Herzégovine, y compris au travers de sa Force de maintien de la paix (EUFOR Althéa).  Si la stabilité du pays se renforce et que les réformes en vue de son adhésion à l’Union européenne sont menées à bien, l’Union, a-t-il expliqué, serait alors « disposée à discuter de la reconfiguration de la présence internationale » dans le pays.  Aussi a-t-il invité, de conserve avec les États-Unis, les autorités bosniennes à remplir les conditions préalables à la fermeture du Bureau du Haut-Représentant.

Ce dernier a dressé la liste des priorités qui attendent la Bosnie-Herzégovine dans les mois à venir.  Outre la publication des résultats du recensement de 2013, il faudra parvenir à un accord final sur le mécanisme de coordination de l’Union européenne. 

Ensuite, M. Inzko a demandé la mise en œuvre « intégrale » des décisions de la Cour constitutionnelle, soulignant que des progrès « quantifiables » doivent être accomplis dans les réformes fiscales et économiques, y compris pour répondre aux conditions fixées par le Fonds monétaire international (FMI) pour un nouvel arrangement.

* S/2016/395

LA SITUATION EN BOSNIE-HERZÉGOVINE

Lettre datée du 26 avril 2016, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2016/395)

Exposé

M. VALENTIN INZKO, Haut-Représentant chargé d’assurer le suivi de l’application de l’Accord de paix relatif à la Bosnie-Herzégovine, a rappelé qu’il y a six mois, la dernière fois qu’il est venu s’exprimer devant le Conseil de sécurité, « nous étions à la veille du vingtième anniversaire de l’Accord de paix de Dayton ».  Ce fut l’occasion de célébrer le chemin parcouru, mais aussi de reconnaître qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour garantir la stabilité et un avenir durable pour le peuple de ce beau pays ». 

Dans ce contexte, a-t-il observé, le 15 février dernier, la Bosnie-Herzégovine a pris la « décision historique » de présenter sa demande d’adhésion à l’Union européenne.  Bien sûr, a observé M. Inzko, « la transition est un processus et non un événement », mais la transformation dans laquelle le pays doit s’engager sur la voie de l’adhésion améliorera les conditions de ses habitants. 

Par conséquent, « nous sommes entièrement unis pour soutenir le pays dans ses aspirations à intégrer l’Union européenne ».  « Ce qui attend la Bosnie-Herzégovine sera sans aucun doute difficile, mais elle s’en sortira à condition que toutes les parties travaillent ensemble et respectent pleinement l’Accord de paix de Dayton. »  Il s’agit d’une condition sine qua non, a souligné le Haut-Représentant, pour qui les dirigeants bosniens doivent s’unir et démontrer la volonté politique pour mettre en œuvre un train de réformes « sérieuses ».

Au cours de la période à l’examen, les progrès réalisés en ce sens ont été réels, mais le rythme de ces réformes doit être accéléré, a estimé le haut fonctionnaire.  Il s’est félicité de la décision des autorités de la Republika Srpska de ne pas prendre de nouvelles mesures pour organiser un référendum portant sur l’autorité de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine, du Bureau du Procureur et du Haut-Représentant, qui constituerait une « violation flagrante » de l’Accord de paix. 

Même si le référendum a n’a pas été officiellement annulé, il semble avoir été mis de côté, a analysé M. Inzko.  Mais il s’est dit toutefois préoccupé par les déclarations de divers acteurs politiques, qui continuent de préconiser l’organisation d’un autre référendum, celui-ci sur la validité d’une décision récente rendue par cette même Cour constitutionnelle.

Le Haut-Représentant a salué les efforts des autorités pour enregistrer les propriétés militaires auprès de l’État de Bosnie-Herzégovine, une condition préalable à l’activation d’un plan d’action pour l’adhésion à l’OTAN et à la fermeture du Bureau du Haut-Représentant.  Il a demandé à la Republika Srpska de faire de même, « puisqu’elle est désireuse de voir la fermeture de mon bureau ».  

Autre facteur positif: la situation régionale, marqué par l’engagement personnel du Premier Ministre serbe, M. Aleksandar Vučić, en faveur de la réconciliation et la convocation de la première session conjointe du Conseil des ministres de Bosnie-Herzégovine et du Gouvernement de la Serbie en novembre 2015.  Une session conjointe similaire avec le Gouvernement croate a été annoncée, a relevé M. Inzko, prenant également note de réunions trilatérales entre la Bosnie-Herzégovine, la Croatie et la Turquie.

En dépit de ces évolutions positives, l’élan a été freiné par la volonté de certains acteurs politiques de contester l’Accord de paix, y compris par de nouvelles tentatives de saper la souveraineté et l’autorité de l’État.  « Les réactions très divergentes à l’annonce du verdict du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) dans le procès du Président de la Republika Srpska, Radovan Karadžić, soulignent la nécessité d’accroître les efforts de réconciliation », a insisté le Haut-Représentant.  « J’ai été profondément choqué par l’inauguration par le Président de la Republika Srpska d’une résidence universitaire portant le nom de Karadžić, deux jours à peine avant sa condamnation pour génocide et crimes contre l’humanité », a-t-il déclaré, qualifiant ce geste de « message insidieux » aux victimes.

Le Haut-Représentant a également saisi l’occasion de rejeter la thèse selon laquelle l’équité en matière de justice transitionnelle signifie qu’un nombre égal de criminels de guerre doivent être poursuivis au sein de différents groupes ethniques.  « La justice doit être rendue pour toutes les victimes à titre individuel et l’application d’un principe de parité ethnique rend un mauvais service aux victimes et aux survivants de toutes nationalités », a-t-il tranché. 

En outre, a relevé le haut fonctionnaire, une attaque « d’inspiration terroriste » lancée par un assaillant à Sarajevo le 18 novembre a provoqué la mort de deux soldats des Forces armées de Bosnie-Herzégovine.  Une source supplémentaire de préoccupation est la participation aux conflits étrangers de certains citoyens de la Bosnie-Herzégovine, dont certains de retour chez eux pourraient présenter une menace pour la stabilité future de leur pays d’origine, a mis en garde M. Inzko.

Par ailleurs, il s’est dit profondément inquiet de la politique menée par les représentants du parti au pouvoir en Republika Srpska, « en particulier son Président », pour plaider en faveur de la sécession de cette entité de la Bosnie-Herzégovine.  Il s’est dit tout particulièrement préoccupé par la menace brandie d’organiser un référendum sur l’indépendance en 2018 « si certaines conditions ne sont pas remplies ».  « L’Accord de paix ne donne pas aux entités le droit de faire sécession », a clairement souligné le Haut-Représentant. 

Enfin, alors que les prochaines élections locales auront lieu le 2 octobre prochain, il est non seulement essentiel que ce scrutin soit organisé dans le respect des normes les plus élevées, mais qu’elles soient enfin organisées à Mostar.  « À l’heure actuelle, ce n’est pas possible parce que les parties continuent à ne pas mettre en œuvre la décision de 2010 de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine », a regretté M. Inzko. 

Au cours des six prochains mois, le Haut-Représentant a estimé que la Bosnie-Herzégovine devra relever les défis suivants.  Tout d’abord, il faudra publier les résultats du recensement de 2013 et parvenir à un accord final sur le mécanisme de coordination de l’Union européenne.  Ensuite, M. Inzko a demandé la mise en œuvre complète des décisions de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine. 

Selon lui également, des progrès « quantifiables » devront être accomplis dans les réformes fiscales et économiques, y compris pour répondre aux conditions fixées par le Fonds monétaire international (FMI) pour un nouvel arrangement.  Enfin, de réels progrès devront être réalisés dans le respect des exigences qui conditionnent la fermeture du Bureau du Haut-Représentant.

En conclusion, a-t-il dit, « 2016 peut être une année de progrès vers l’intégration euro-atlantique, la croissance économique et la création d’emplois, mais seulement si le pays fait preuve d’unité.  Remettre en cause les principes fondamentaux de l’Accord de paix n’est pas une option à cet égard, a-t-il prévenu.  Compte tenu de l’environnement complexe qui continue de régner dans le pays, la présence de la Force de maintien de la paix de l’Union européenne (EUFOR) en Bosnie-Herzégovine demeure d’une importance vitale, a estimé M. Inzko.

Déclarations

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a félicité le Gouvernement et les citoyens de la Bosnie-Herzégovine pour le récent dépôt d’une demande d’adhésion à l’Union européenne.  Il a espéré que cette décision historique entraînerait de nouveaux progrès sous l’égide de l’accord de paix.  Il a espéré la conclusion d’un accord final entre l’Union européenne et la Bosnie-Herzégovine sur l’adaptation des dispositions commerciales de l’accord de stabilisation et d’association. 

Le représentant de l’Ukraine a aussi appuyé les efforts de la Bosnie-Herzégovine en matière de coopération avec l’OTAN, qu’il a qualifiée d’importante pour la sécurité en Europe.  Un peu plus de 20 ans après la signature des Accords de Dayton-Paris, le pays continue d’être témoin de divisions politiques, s’est inquiété M. Yelchenko. 

Il a prévenu que la tenue d’un référendum de la République serbe de Bosnie en contradiction avec la Constitution de la Bosnie-Herzégovine et l’Accord de Dayton serait illégitime.  Il a fait siennes les inquiétudes du Haut-Représentant au sujet de certaines déclarations de représentants de la République serbe de Bosnie avant de condamner tout acte de provocation. 

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a dit attendre avec impatience le jour où la Bosnie-Herzégovine répondra aux objectifs fixés pour permettre de fermer le bureau du Haut-Représentant.  Il s’est félicité des mesures positives prises par ce pays pour adhérer à l’Union européenne.  Il s’est également félicité du fait que 21 sites de défense aient été enregistrés comme propriété de l’État de Bosnie-Herzégovine.  Cela démontre les progrès sur la voie de l’adhésion à l’Organisation du Traité de l’atlantique Nord (OTAN), a-t-il dit tout en prévenant que le pays devrait faire preuve d’une véritable volonté politique en respectant les engagements souscrits et les recommandations du Conseil de mise en œuvre de la paix.  Il a aussi recommandé de continuer à enregistrer les biens restant.

Selon l’avis de la délégation américaine, de nouvelles lois s’imposent pour améliorer le climat des affaires et le rendre plus concurrentiel.  Il faut en même temps, a-t-il ajouté, lutter contre la corruption et améliorer le climat général dans le pays.  L’impunité et la division ne sont pas acceptables, a-t-il dit, se disant choqué par des décisions scandaleuses, notamment la décision provocatrice de donner le nom de Karadžić à un foyer d’étudiants, alors même que le TPIY avait déjà rendu sa décision contre M. Karadžić.  Ce sont des manœuvres politiques qui ne sont pas dans l’intérêt du pays, a estimé M. Pressman avant d’exprimer également sa préoccupation au sujet du comportement des hommes politiques qui essaient de compromettre les institutions de l’État. 

Lorsque nous pourrons dire que la Bosnie-Herzégovine respecte pleinement l’Accord de Dayton et qu’elle est un État pacifique sur la voie de l’intégration européenne, nous pourrons dire que nous aurons vraiment progressé.  Il a encouragé les dirigeants à adopter les mesures nécessaires pour apporter tout le soutien utile au Haut-Représentant.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a salué le processus engagé par la Bosnie-Herzégovine pour adhérer à l’Union Européenne.  Il a déploré le fait que des incidents aient émaillé la période couverte par le rapport, y compris après les jugements en première instance rendus par le Tribunal international chargé de juger les personnes accusées de violations graves du droit international humanitaire commises sur le territoire de l’ex-Yougoslavie depuis 1991 (TPIY), notamment Radovan Karadžić.  Il a également dit son inquiétude face au phénomène des combattants terroristes étrangers, qui, a-t-il rappelé, peuvent constituer un danger pour leur pays d’origine après leur retour des zones de combats. 

Il a rappelé que la souveraineté territoriale du pays était garantie par la Constitution nationale, regrettant que les officiels de la Republika Srpska aient tenu des propos qui tendent à déstabiliser l’unité nationale, déplorant également les actes menés par des individus se réclamant de cette entité, contribuant à saper le travail du Haut-Représentant chargé d’assurer le suivi de l’application de l’accord de paix relatif à la Bosnie-Herzégovine.

M. PHILIPPE BERTOUX (France) a affirmé que la perspective européenne constituait, de manière générale, le principal moteur de développement et de consolidation de la Bosnie-Herzégovine.  Le récent dépôt par celle-ci de sa demande d’adhésion à l’Union européenne reflète le soutien massif à cette perspective au sein de la population bosnienne ainsi que l’unanimité qui existe autour de cette thématique au sein de la présidence collégiale du pays.

Pour autant, a ajouté M. Bertoux, les autorités de Bosnie-Herzégovine doivent garder à l’esprit que le dépôt de candidature ne constitue que le début d’un processus long et exigeant, qui impliquera des efforts au niveau de l’État central comme des entités.  À cet égard, il importe qu’un mécanisme de coordination européen pleinement opérationnel soit mis en place dans les meilleurs délais, que des progrès significatifs soient réalisés dans la mise en œuvre du programme des réformes et de l’accord de stabilisation et d’association et que le pays progresse en direction d’un système judiciaire pleinement indépendant, impartial et efficace.

M. Bertoux a ajouté que plus de 20 ans après leur signature, les Accords de Dayton-Paris continuaient de constituer la clef de voûte de la stabilité en Bosnie-Herzégovine.  Il reviendra aux Bosniens eux-mêmes de faire évoluer, le moment venu, les institutions qui en découlent.  Il a en outre indiqué qu’alors que le pays entrait dans une année électorale, l’ensemble des forces politiques devraient mettre de côté les rhétoriques surannées de division pour y préférer la construction de l’avenir.  Les Bosniens méritent que la priorité soit donnée au développement économique des territoires. 

Le représentant s’est dit par ailleurs préoccupé par la situation à Mostar, où, faute de consensus entre les forces politiques, les habitants sont privés, sur le plan local, de leurs droits civiques les plus essentiels depuis près de huit ans.  Il a appelé les acteurs politiques locaux à tout mettre en œuvre pour que des élections puissent se tenir cette année, dans le respect des principes réaffirmés par le communiqué du Conseil pour la mise en œuvre de la paix du 2 décembre 2015.

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a salué le dépôt de la candidature de la Bosnie-Herzégovine à l’Union européenne.  Elle a invité les autorités nationales à redoubler d’efforts afin de bâtir une économie florissante qui leur permettrait de s’intégrer aisément dans l’Union européenne.  Elle a appelé les dirigeants de la Republika Srpska à respecter l’Accord de Dayton, saluant en outre l’annonce qu’ils ont faite d’annuler le référendum sur la validité de la législation relative à la Cour et au Parquet de Bosnie-Herzégovine et l’applicabilité des décisions de ces institutions sur le territoire de la Republika Srpska. 

Vingt ans après la guerre dans la région, on ne peut pas tolérer que la région retombe dans la violence, a-t-elle argué.  Elle a fermement condamné les menaces dont fait l’objet le Haut-Représentant.

M. M. WU HAITAO (Chine) s’est déclaré convaincu du fait que le peuple de la Bosnie-Herzégovine a le droit de déterminer la direction qu’il souhaitera prendre à l’avenir.  Dans ce contexte, la communauté internationale devrait donc adopter une « approche prudente » dans le souci de contribuer à l’harmonie et à la stabilité à long terme dans le pays.  La délégation chinoise s’efforcera de contribuer à cet effort, a assuré le représentant.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a relevé que, malgré les avancées de ces derniers temps, la voie de la paix durable en Bosnie-Herzégovine n’était pas encore assurée.  Il a affirmé que le verdict du Tribunal international chargé de juger les personnes accusées de violations graves du droit international humanitaire commises sur le territoire de l’ex-Yougoslavie (TPIY), n’était qu’une étape vers la réconciliation nationale en Bosnie-Herzégovine.  Il s’est félicité du fait que le référendum prévu par la Republika Srpska ait été annulé, ajoutant qu’il attendait toujours une annulation officielle.

Le représentant a dit qu’après des années d’inertie, le pays avait la possibilité de se tourner vers l’avenir, un avenir dans l’Union européenne, a-t-il précisé.  Il a affirmé appuyer l’appel lancé par le Haut-Représentant pour que cette adhésion puisse se faire.  Il a également souhaité que les résultats du recensement de la population de 2013 soient publiés au plus vite.  Il a en outre souligné que la stabilité de la Bosnie-Herzégovine n’était pas encore solide et que, de ce fait, la Force de maintien de la paix de l’Union européenne (EUFOR) restait essentielle et devrait garder son mandat exécutif.   

M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a réaffirmé son plein appui à la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de la Bosnie-Herzégovine, souhaitant que la communauté internationale continue à appuyer la mise en œuvre de l’Accord-cadre général pour la paix de 1995.  Il appartient au peuple de la Bosnie-Herzégovine de mener les efforts nécessaires en ce sens, a-t-il recommandé en invitant aussi les groupes ethniques à œuvrer par le biais du dialogue et dans le respect des lois et des institutions. 

Il a souhaité que le Haut-représentant encourage ce travail constructif, en tenant compte des opinions de tous les acteurs impliqués.  Le représentant a aussi salué le renforcement des relations du pays avec ses voisins.  En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, il a apprécié les mesures prises pour éviter le recrutement des combattants terroristes étrangers.  Il a aussi appuyé le travail du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) qui a joué jusqu’à présent un rôle primordial dans le renforcement de l’état de droit et la promotion de la stabilité à long terme. 

M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a déclaré qu’au vu du tableau peint aujourd’hui par le Haut-Représentant, le maintien de la présence de la Force de maintien de la paix de l’Union européenne (EUFOR) est un élément absolument nécessaire pour garantir la stabilité du pays.  Il a espéré que les décisions rendues par Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), notamment à l’encontre de Radovan Karadžić et de Vojislav Šešelj, ne seront pas instrumentalisées par certains groupes pour alimenter les divisions.  Le représentant s’est toutefois félicité de l’amélioration des relations avec les pays de la région, notamment avec le Monténégro. 

En outre, le dépôt récent de la candidature de la Bosnie-Herzégovine est une source de satisfaction, a noté le représentant, même s’il est indispensable de hâter le rythme des réformes engagées par l’État.  À la suite du Haut-Représentant, la délégation a demandé la publication du recensement de 2013 et le règlement de la situation à Mostar, fustigeant l’attitude générale de la Republika Srpska.  Le comportement de certains dirigeants de cette entité présente un défi pour la stabilité de la Bosnie-Herzégovine et pour l’intégrité de l’Accord de Dayton, a ajouté le représentant.

Mme CAROLYN SHWALGER (Nouvelle-Zélande) a salué le programme de réformes et de modernisation lancé par la Bosnie-Herzégovine, tout en prévenant des difficultés qui vont se poser sur cette route.  Elle a souligné en particulier les fruits que devraient porter ces réformes en termes d’emploi.  « Nous encourageons la communauté internationale, et en particulier les pays voisins et de l’Union européenne, à soutenir le processus de réforme de la Bosnie-Herzégovine », a-t-elle dit, avant de demander aux acteurs politiques de ne pas faire reculer ce processus.

Mme Shwalger a exhorté les parties et la communauté internationale à travailler sur les questions non traitées par l’Accord de Dayton, en évitant des discours qui remettent en cause la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine.  « Nous espérons, a-t-elle dit, que tout le monde respectera les conclusions des processus judiciaires indépendants, quels que soient leur résultat. »  Elle a souhaité que ces processus soient une occasion d’aller de l’avant tous ensemble, se ralliant à l’appel du Haut-Représentant pour que le pouvoir judiciaire ne subisse pas de pression politique.  Enfin, elle a espéré davantage de progrès pour arriver à fermer le Bureau du Haut-Représentant.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a dit qu’il était fondamental de mettre pleinement en œuvre l’Accord de Dayton.  Il a salué les avancées qui ont été faites en Bosnie-Herzégovine pour mettre en œuvre le programme « 5 plus 2 ».  Il a salué les décisions prises par le Président du pays pour détruire les munitions obsolètes et les accords relatifs aux frontières qui ont été signés avec les pays voisins.  Il a dit espérer que la présente année permette de poursuivre cet élan, souhaitant enfin que la Bosnie-Herzégovine soit un pays où cohabitent harmonieusement diverses communautés. 

M. GORGUI CISS (Sénégal) a rappelé que, plus de 20 ans après la signature de l’Accord de paix de Dayton, la Bosnie-Herzégovine poursuit sa marche sur la voie de la réunification et du développement socioéconomique.  Il s’est félicité de plusieurs réformes, même si, a-t-il estimé, elles pourraient se faire à un rythme plus soutenu.  Le représentant a également souhaité la mise en œuvre de la décision de la Cour institutionnelle de Bosnie-Herzégovine concernant Mostar et la publication des résultats du recensement de 2013, soulignant aussi la nécessité de remplir les exigences posées par le Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre du nouvel arrangement. 

Au nombre de ses préoccupations, figure aussi le refus affiché par la Republika Srpska d’appliquer la décision, prise le 26 novembre dernier par la même Cour constitutionnelle, au sujet de l’inconstitutionnalité de la loi sur les jours fériés.  Dans ce contexte, a estimé le Sénégal, la présence dans ce pays de l’EUFOR doté d’un mandat exécutif est toujours aussi nécessaire, de même que le soutien de l’Union européenne.  Il a donc encouragé celle-ci à poursuivre son programme de réformes en cours en faveur de la Bosnie-Herzégovine.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a déclaré que la réconciliation nationale était essentielle en Bosnie-Herzégovine compte tenu des défis auxquels le pays fait face.  Il a estimé que le rapport du Haut-Représentant était loin d’être équilibré, car il fait étalage des problèmes de la société sans pour autant se pencher sur les causes profondes et les solutions éventuelles.  Il a affirmé qu’il était inapproprié que le Haut-Représentant donne son avis sur les processus initiés par les autorités nationales, notamment le dépôt de candidature pour l’adhésion à l’Union européenne et la volonté nationale de se rapprocher de l’Organisation du Traité de l’atlantique Nord (OTAN). 

En agissant de la sorte, il s’écarte de son mandat principal qui est d’accompagner le processus de réconciliation nationale, a-t-il déploré, ajoutant que le haut fonctionnaire faisait ainsi montre de parti pris et qu’il confondait son poste à celui de Représentant spécial de l’Union européenne.  Il lui a en outre reproché d’avoir partagé son avis à la suite des condamnations de Radovan Karadžić et de Vojislav Šešelj, lui rappelant que l’ingérence criante de l’un de ses prédécesseurs avait conduit à un blocage total du processus de réconciliation nationale.

Le délégué a ensuite regretté que la question des combattants terroristes étrangers n’eût pas occupé une place plus importante dans le rapport, affirmant que ce phénomène était un facteur probable de déstabilisation nationale.  Au vu de tous ces manquements, le représentant a appelé le Conseil de sécurité à lire avec attention les rapports produits par le Gouvernement de la Republika Srpska portant sur la mise en œuvre de l’Accord de Dayton afin de se faire une autre idée des réalités de terrain.  Il n’a pas jugé souhaitable que le Haut-Représentant s’ingère dans le règlement de la question de la loi sur la Cour constitutionnelle du pays. 

Il a par ailleurs appelé à la réduction du personnel et du budget du Bureau du Haut-Représentant, déclarant que « l’époque du protectorat était révolue ».  Il a conclu en faisant observer que la paix durable en Bosnie-Herzégovine reposait sur le consensus qui devrait découler des consultations entre les trois peuples qui constituent ce pays.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a estimé que la prospérité et la stabilité sont les objectifs vers lesquels doit tendre la Bosnie-Herzégovine, dans son intérêt national, mais aussi dans celui de la région.  Il s’est félicité des déclarations des autorités de la Republika Srpska indiquant que le référendum portant sur les compétences de la Cour d’État et du Bureau du Procureur de la Bosnie-Herzégovine, ainsi que sur les compétences et les décisions du Haut-Représentant, n’aurait pas lieu, « référendum qui constituerait une violation de l’Accord de paix de Dayton ». 

Le représentant s’est toutefois dit inquiet de constater qu’en dépit des assurances données par le Président de la Republika Srpska, la décision de l’Assemblée nationale à ce sujet n’avait toujours pas été abrogée et que les dirigeants politiques continuent à se livrer à des déclarations incendiaires.  En conclusion, le Japon a tenu à rappeler que son pays finançait 10% du budget annuel du Bureau du Haut-Représentant, souhaitant que celui-ci puisse réunir à terme les conditions pour en garantir la fermeture.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a constaté que la Bosnie-Herzégovine continue de se heurter à des difficultés persistantes sur la voie de la stabilité, rappelant que l’Accord de paix de Dayton reste le principal outil pour réaliser la paix dans la région.  Il s’est donc dit inquiet des discours de certains dirigeants politiques prônant la sécession, soulignant les risques encourus pour les populations civiles du pays mais aussi de la région. 

Tous les partis doivent respecter la souveraineté et l’intégrité territoriales ainsi que toutes les décisions de justice, qu’elles soient rendues par la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine ou par des juridictions internationales.  L’analyse de la situation dans ce pays étant indissociable de celle qui règne dans la région, a rappelé M. Aboulatta, le dialogue doit donc être constamment privilégié dans le cadre des relations bilatérales et multilatérales de ce pays avec ses voisins des Balkans.

M. MILOŠ VUKAŠINOVIĆ (Bosnie-Herzégovine) a fait valoir les réformes socioéconomiques que son pays continue à mettre en œuvre, reconnaissant cependant la nécessité de revoir les cadres juridiques et fiscaux afin de les rendre plus propices aux investissements.  La Bosnie-Herzégovine a présidé avec succès le Comité des ministres du Conseil de l’Europe au moment où il a fallu coordonner la réponse à la crise des réfugiés, a-t-il rappelé.  C’est aussi sous sa présidence que fut mené le processus d’ouverture à la signature du Protocole additionnel à la Convention pour la prévention et la répression du terrorisme qui porte sur les combattants étrangers.  En outre, a-t-il ajouté, la Bosnie-Herzégovine a soumis sa candidature à l’Union européenne le 15 février 2016.

M. Vukašinović a indiqué que, bien qu’il ait souffert du ralentissement de l’économie, le pays a obtenu une croissance de 2,5% de sa production industrielle tandis que le taux d’inflation était négatif (-0,8%).  Il s’est également prévalu d’une coopération constructive avec les pays de la région dans des domaines d’intérêt commun comme le transport et l’énergie.  La Foire économique internationale de Mostar, en avril dernier, a permis de renforcer cette coopération régionale et d’organiser des réunions bilatérales avec les dirigeants de pays voisins.

Le représentant a ensuite réaffirmé sa volonté de coopérer avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) tout en poursuivant les criminels devant ses juridictions nationales, notamment grâce à une stratégie nationale destinée à poursuivre les crimes de guerre.  Le pays est aussi déterminé à lutter contre le terrorisme, notamment en poursuivant ceux qui facilitent le recrutement de combattants terroristes étrangers. 

Avec le soutien de l’Union européenne, la Bosnie-Herzégovine présenté une initiative régionale de prévention du terrorisme et de commerce illicite d’armes.  Reconnaissant que le flux de migrants et de réfugiés dans les Balkans reste un problème majeur, il a indiqué que son pays n’avait pas encore été soumis à une trop grande pression à cet égard.  Il a cependant a pris des mesures, notamment humanitaires et en matière de sécurité, pour parer à une arrivée massive de réfugiés. 

M. IOANNIS VRAILAS, Délégué de l’Union européenne, a affirmé qu’une bonne partie de la population de la Bosnie-Herzégovine soutenait la candidature d’adhésion du pays à l’Union européenne, laquelle, a-t-il rappelé, a été déposée le 15 février dernier.  Il a relevé que le pays, fort du soutien de l’Union européenne et des partenaires internationaux, avait développé et était en train de mettre en œuvre le plus important paquet global de réformes socioéconomiques que le pays n’a connu dans son histoire récente. 

Il a estimé que la Bosnie-Herzégovine se devait de redynamiser son économie en la rendant plus compétitive, ajoutant que des efforts notables à cet effet étaient nécessaires afin de permettre au Conseil de l’Union européenne de décider des étapes suivantes du processus devant mener à l’adhésion de la Bosnie-Herzégovine.

Le délégué a ensuite déploré les divisions politiques qui ont cours dans le pays, appelant les dirigeants à éviter les propos sectaires avant les élections municipales d’octobre prochain, susceptibles d’affaiblir cet élan d’unité alors que le pays a besoin de mobiliser ses ressources pour les réformes entamées.  Il a en outre regretté le fait que les autorités de la Republika Srpska aient envisagé d’organiser un certain nombre de référendums, de nature à saper la stabilité du pays.  Il a aussi appelé toutes les parties à trouver un accord au plus vite afin de permettre que les élections aient lieu à Mostar en octobre prochain.

M. Vrailas a souligné que la réconciliation devait être promue entre les citoyens et entre les dirigeants politiques qui les représentent.  Il a réitéré l’engagement de l’Union européenne en faveur de l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine en tant que pays souverain et unifié. 

Il a confirmé la décision de l’Union européenne de maintenir sa présence en Bosnie-Herzégovine, y compris à travers la Force de maintien de la paix de l’Union européenne et la Force Althea.  Il a souligné que si la stabilité du pays se renforçait et que les réformes en vue de son adhésion à l’Union européenne se mettaient en place, cette dernière serait alors disposée à discuter de la reconfiguration de la présence internationale en Bosnie-Herzégovine.  Dans ce contexte, il a invité les autorités bosniennes à remplir les conditions pour la fermeture du Bureau du Haut-Représentant.

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a déclaré que son pays, en tant que signataire de l’Accord de Dayton, avait une responsabilité particulière à l’égard de la Bosnie-Herzégovine.  Dans ce contexte, il a mis l’accent sur trois questions d’une importance particulière pour la Croatie: l’intégration européenne; l’intégrité territoriale, la stabilité et la fonctionnalité de la Bosnie-Herzégovine en tant que pays souverain et uni; et la redevabilité et la réconciliation. 

S’agissant de l’intégration européenne, il a dit l’importance de l’intégration euro-atlantique de la Bosnie-Herzégovine avant de saluer la demande d’adhésion formulée par ce pays en février auprès de l’Union européenne.  « Il n’y a aucun doute, a insisté le représentant de la Croatie, que le processus d’intégration européenne crée une atmosphère propice à la consolidation et à la modernisation du pays. » 

Par ailleurs, il a jugé que la fonctionnalité de la Bosnie-Herzégovine était un prérequis indispensable pour la stabilité de l’Europe du Sud-Est.  Il a dit la nécessité de parvenir à une égalité entre les trois peuples de la Bosnie-Herzégovine avant de juger inadmissible la persistance d’une rhétorique sécessionniste de la République serbe de Bosnie.  Il a dit que le projet de la République serbe de mener un référendum sur l’autorité du Haut-Représentant, la Cour de justice et le Bureau du Procureur de la Bosnie-Herzégovine constituait une menace à la souveraineté de la Bosnie-Herzégovine.  Il s’est particulièrement inquiet de la persistance de cette source de division à l’aune des élections municipales d’octobre 2016. 

Pour ce qui est de la redevabilité et de la réconciliation, le représentant de la Croatie a rappelé que le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) a, au mois de mars 2016, reconnu Radovan Karadžić coupable de crimes contre l’humanité.  Il a noté qu’il a fallu attendre 20 ans pour obtenir ce verdict, avant de prévenir qu’il faudra bien plus d’efforts pour guérir les blessures des familles des victimes.  Il a dit que l’avenir prospère de la Bosnie-Herzégovine reposait maintenant sur l’Union européenne et l’OTAN. 

Le délégué a affirmé que la Croatie et la Bosnie-Herzégovine avaient lancé de conserve un projet financé par l’Union européenne qui vise à transformer 200 kilomètres de lignes de chemin de fer en pistes cyclables transfrontalières qui permettront d’apprécier les zones côtières et montagneuses des deux pays tout en générant un revenu touristique pour les populations locales. 

M. MILAN MILANOVIĆ (Serbie) a déclaré que le Premier Ministre serbe, M. Aleksandar Vučić, avait lancé de nombreuses initiatives en matière de coopération avec les partenaires en Bosnie-Herzégovine et qui rapprochent de l’objectif commun de réconciliation, de confiance mutuelle, de développement économique rapide et d’intégration à l’Union européenne. 

En tant que garant de l’Accord de Dayton, la Serbie réaffirme son engagement à protéger la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine qui sont les conditions de la stabilité, du développement et de l’amélioration de la qualité de la vie de son peuple. 

Patrie de nombreux Serbes, la Bosnie-Herzégovine se trouve à un pas d’un avenir meilleur que son intégration régionale renforcera.  Les infrastructures, l’administration et l’économie continueront de se développer en même temps qu’elle progressera sur le chemin de l’intégration, a estimé le représentant.

M. Milanović a affirmé que le Premier Ministre serbe avait visité, le 12 avril dernier, la ville de Mostar pour un événement économique et au cours duquel il a rencontré tous les membres de la présidence de la Bosnie-Herzégovine.  La Serbie est engagée en faveur de la poursuite de relations transparentes avec la Republika Srpska et d’une coopération renforcée avec la Fédération de Bosnie-Herzégovine. 

Le représentant a ensuite salué le dépôt de candidature de la Bosnie-Herzégovine à l’Union européenne.  La Serbie est disposée à partager son expérience dans le processus de négociations, a dit le représentant.   

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