Conseil économique et social,
33e & 34e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6778

Face au nombre sans précédent de personnes en situation d’urgence humanitaire, l’ECOSOC engage tous les acteurs à mieux coordonner l’aide internationale

Gravement préoccupé par le nombre sans précédent de personnes touchées par des situations d’urgence humanitaire, dont l’ampleur et la gravité pèsent sur les moyens d’intervention des organismes humanitaires, le Conseil économique et social (ECOSOC) a adopté, aujourd’hui, une résolution sur le « renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies ».

L’ECOSOC a ainsi terminé le débat consacré aux affaires humanitaires de sa session de 2016 sur le thème « Restaurer l’humanité en ne laissant personne de côté: agir de concert pour réduire les besoins humanitaires, les risques et la vulnérabilité des populations », organisé cinq semaines après le Sommet mondial sur l’action humanitaire d’Istanbul. 

En 2016, on compte dans le monde plus de 60 millions de réfugiés, de demandeurs d’asile et de personnes déplacées en raison de conflits, de persécutions et de violences.  Des millions d’autres personnes ont été déracinées par des catastrophes résultant de phénomènes naturels.

Parmi les avancées marquées cette année dans ce texte de 12 pages, le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Jürg Lauber (Suisse), a noté que « des termes plus forts » sont utilisés pour ce qui touche au droit international humanitaire et à la protection des blessés et des malades, du personnel médical et du personnel humanitaire.

La résolution inclut aussi des références plus précises à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes dans le contexte humanitaire, et à la prévention de l’exploitation et aux violences sexuelles et sexistes.

L’ECOSOC insiste sur la nécessité de « prendre systématiquement en compte les besoins particuliers des réfugiés, des déplacés et de leurs communautés d’accueil dans la planification des opérations humanitaires et des activités de développement ».

Il invite notamment les États Membres, les organismes et acteurs compétents à « mesurer les conséquences que les situations d’urgence humanitaire engendrent pour les migrants », à y parer et à mieux coordonner les efforts déployés à l’échelle internationale en vue de leur assurer aide et protection.   

Des avancées ressortent aussi des dispositions relatives au renforcement des capacités locales, nationales et régionales et à la coopération internationale destinée à aider les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement à réduire leur vulnérabilité, notamment face aux effets des changements climatiques.  

La résolution reprend des éléments de langage de l’appel lancé par le Secrétaire général pour que les ressources du Fonds central pour les interventions d’urgence soient doublées et atteignent 1 milliard de dollars d’ici à 2018, a noté le Vice-Président. 

À tous les stades de l’aide humanitaire, estime encore l’ECOSOC, il faut « responsabiliser davantage les intervenants ».  

L’ECOSOC a tenu trois tables rondes de haut niveau dans le cadre de ce débat, dont la dernière ce matin sur les obstacles à la protection des civils, et une vingtaine d’évènements parallèles.

Pendant trois jours, les États Membres ont évoqué les défis toujours plus grands auxquels ils sont confrontés, notamment les déplacements forcés de populations, souvent prolongés, qui résultent des conflits armés ou des catastrophes naturelles.  Pays d’accueil et pays touchés ont demandé un appui afin de renforcer leurs capacités de développement et leur résilience.

Dans ses remarques finales, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Stephen O’Brien, s’est félicité d’avoir entendu les orateurs évoquer « une nouvelle façon de travailler ensemble ». 

Le problème réside dans la volonté politique de mise en œuvre des engagements pris à Istanbul et le rôle des États Membres est central, rappelé M. O’Brien.  Comme les participants, il a dit attendre avec impatience le rapport du Secrétaire général sur les résultats du Sommet humanitaire.

Sur un autre sujet, l’ECOSOC a annoncé cet après-midi avoir nommé* huit experts à l’Instance permanente sur les questions autochtones, pour un mandat de trois ans débutant le 1er janvier 2017: Mme Mariam Wallet Aboubakrine (Mali), Mme Elifuhara Laltaika (Tanzanie), Mme Ann Nuorgam (Finlande); M. Phoolman Chaudhary (Népal); Mme Terry Henry (États-Unis); Mme Lourdes Tiban Guala (Équateur); M. Dimitri Zaitcev (Fédération de Russie); M. Les Malezer (Australie). 

*E/2016/9/Add.5

DÉBAT CONSACRÉ AUX AFFAIRES HUMANITAIRES

Assistance économique spéciale, aide humanitaire et secours en cas de catastrophe (A/71/82–E/2016/60)

Table ronde de haut niveau C: « Les obstacles à la protection des civils »

Les participants à la troisième table ronde du débat du Conseil économique et social consacré aux affaires humanitaires ont, ce matin, souligné l’impérieux besoin de renforcer la mise en œuvre des dispositifs internationaux et locaux de protection des civils, et de s’assurer que les auteurs des violations du droit international humanitaire soient tenus de répondre de leurs actes.

Ce débat sur les « obstacles à la protection des civils » a également permis au public des internautes, comme ceux d’hier au sein du Conseil économique et social, de participer par le biais de la plate-forme interactive « Pigeonhole live ».  

M. STEPHEN O’BRIEN, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, qui a animé le débat, a présenté ses condoléances au peuple turc à la suite de l’attentat qui a frappé l’aéroport d’Istanbul hier soir.  Il s’est insurgé contre « la banalisation » des attaques perpétrées contre des écoles, des hôpitaux, ou contre des groupes religieux.  « Il faut prendre des mesures pour assurer la reddition de comptes et rendre justice aux victimes », a-t-il plaidé, en insistant sur le besoin d’amélioration du suivi des violations du droit international humanitaire sur le terrain.  « Le moment est venu de lancer une campagne internationale à cet effet », a—t-il proposé.

M. YVES DACCORD, Directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a estimé qu’il y avait déjà suffisamment d’instruments de protection des civils et que le défi était désormais de les appliquer.  Il a relevé que la première responsabilité de respecter le droit international humanitaire revenait aux États, et que cette mise en œuvre devait être visible à travers les dispositions des législations nationales et des codes de bonne conduite des forces armées.

M. JASON CONE, Directeur général de Médecins sans frontières aux États-Unis, a déclaré qu’il fallait traiter avec les parties belligérantes, y compris les acteurs non armés pour assurer la protection des civils.  Mais, dans un contexte marqué par la montée des attaques contre les humanitaires, et sachant que « des membres permanents du Conseil de sécurité font partie de certaines coalitions ayant participé à ces attaques », alors il y a lieu de s’inquiéter, a-t-il dit.  « Nous prenons des risques extraordinaires pour aider les populations et il ne faut pas criminaliser les soins médicaux, a-t-il affirmé.  Lorsque des attaques sont perpétrées contre des structures hospitalières, alors il faut mener des enquêtes crédibles avec des protagonistes impartiaux n’étant pas impliqués dans les faits, a proposé M. Cone.   

Mme ÉLISABETH DECREY WARNER, Présidente de l’Appel de Genève, a indiqué pour sa part que les violations du droit international humanitaire tenaient parfois du fait que les parties en conflit avaient peu ou pas de connaissance des dispositions du droit.  La deuxième raison est liée à la structure même des groupes armés, car la faiblesse de la chaîne de commandement peut expliquer la propension aux violations.  En troisième lieu, a expliqué Mme Decrey Warner, la dynamique du conflit peut également expliquer certaines violations.  Selon elle, le fait que le conflit se prolonge peut pousser les groupes armés non étatiques à procéder à des enlèvements de civils afin de financer l’effort de guerre.

Elle a noté que certains groupes armés non étatiques approchés par son organisation s’étaient dits sensibles au respect du droit international humanitaire, alors qu’il y en d’autres pour qui une telle attitude serait inconcevable.  Elle a également dénoncé le fait que des acteurs humanitaires qui prennent contact avec les groupes armés non étatiques se retrouvent parfois criminalisés par les États.

M. HASSIN AHMED ABDULKARIM, Directeur de l’Organisation iraquienne pour la santé et la protection sociale, a expliqué qu’en Iraq, les infrastructures sont détruites dans des zones de combats, et parfois l’absence d’eau courante et de courant électrique empêche aux humanitaires de mener à bien leurs actions en faveur des populations.  Il a également déploré le détournement de l’aide humanitaire à des fins personnelles par les groupes terroristes tels que Daech.

Mme LEILA ZERROUGUI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, a présenté le mécanisme de surveillance et de communication de l’information sur les violations graves commises contre des enfants en situation de conflit armé.  Ce mécanisme permet d’avoir des interactions avec les parties prenantes et de promouvoir la protection des enfants en temps de conflit, notamment par la mise sur pied de plans d’action.  Elle a précisé que les acteurs non étatiques étaient également ciblés dans cette perspective. 

La Représentante spéciale a ensuite relevé qu’elle n’avait jamais connu une période comme la présente au cours de laquelle des enfants sont systématiquement ciblés dans le cadre des confits.  « Tous les groupes armés ne sont heureusement pas Daech ni Boko Haram », a-t-elle déclaré.  Elle s’est félicitée de la démobilisation de milliers d’enfants des rangs des forces armées nationales et des groupes armés non étatiques l’an dernier.  Contrairement à l’utilisation des enfants soldats, les actes de guerre contre les écoles et les hôpitaux sont relativement récents, a-t-elle souligné.

S’il est avéré que l’arsenal juridique existe, pourquoi les auteurs de violations du droit international humanitaire ne sont pas punis?  Cette question a été la plus posée par les internautes à travers la plate-forme « Pigeonhole live ». 

M. Daccord, du CICR, a suggéré de mettre en place des programmes d’éducation et de sanctionner les cas de violation.  S’agissant des États, il faut que la législation nationale permette de prendre des sanctions, car lorsqu’une armée nationale sanctionne ces éléments, il y a un effet de sensibilisation direct, a—t-il expliqué.   

Mme Decrey-Warner, de l’Appel de Genève, a insisté sur le fait que les États doivent montrer l’exemple en sanctionnant les violateurs.  En outre, a poursuivi M. Cone, de Médecins sans frontières, quel est donc le rôle de ces tribunaux internationaux si l’on ne peut pas demander des comptes aux États qui ne respectent pas le droit international humanitaire?  Il a fait observer que le contexte international de lutte contre le terrorisme faisait que le choix de protéger les civils apparaissait souvent secondaire quand les combats se déroulaient dans des zones peuplées de civils. 

Le représentant de la Suisse a insisté sur l’importance de la reddition de comptes, un avis partagé par la déléguée du Royaume-Uni qui a aussi plaidé pour une plus grande sensibilisation en faveur du droit international humanitaire, notamment en période de paix.

Le représentant de l’Afrique du Sud s’est demandé si les attaques contre les structures hospitalières ne prenaient pas de l’ampleur parce que les auteurs étaient conscients qu’ils n’auraient pas à rendre compte de leurs actes.  Il a également déploré cette « lacune du droit international humanitaire » qui permet de justifier de tels actes en s’abritant derrière le prétexte de « dommage collatéral ».

L’Union européenne a insisté sur la nécessité d’assurer un suivi des violations du droit international humanitaire afin de pouvoir sanctionner les auteurs.

Une représentante d’une organisation non gouvernementale (ONG) a rappelé que les enfants et les jeunes étaient parmi les populations les plus vulnérables en situation de conflit.  Il ne faut pas oublier les personnes âgées et les handicapés, a dit le représentant de la Finlande, avant que le Directeur général du CICR n’évoque le cas des prisonniers dont les droits sont le plus souvent bafoués en temps de conflit.  Il a aussi relevé que les disparus de guerre étaient parfois oubliés, alors que leur famille porte un traumatisme sur le long terme.

Le représentant de l’Iraq a de son côté parlé de la question cruciale des déplacés dans son pays, citant le cas d’Iraquiens fuyant les persécutions de Daech.

Mme Zerrougui a par ailleurs déploré les obstacles que les États placent pour empêcher les humanitaires d’accéder aux civils.  Pour gagner leur confiance, a-t-elle dit, les agences humanitaires doivent démontrer leur neutralité et leur impartialité afin de ne pas être privées d’accès.

Une intervention humanitaire ne peut être imposée, ont également relevé les experts, qui ont plaidé pour une approche négociée avec l’État hôte et selon deux modes: l’accès direct aux populations cibles ou l’accès indirect par le biais d’organisations locales.

Débat général

M. MUHAMMAD ANSHOR (Indonésie) a jugé que la coopération entre les protagonistes à tous les niveaux est essentielle pour faire un travail de qualité.  D’après lui, un processus participatif dans lequel la société civile joue un rôle permet de mieux combattre les crises.  « La meilleure forme d’aide humanitaire est la prévention, la préparation et la résilience », a-t-il ajouté.  

Pays enclin aux catastrophes, l’Indonésie a adopté le Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, a poursuivi le représentant.  Le pays a lancé des programmes pour renforcer la résilience des personnes vulnérables et mis en place un système plus souple de financement pour les soins de santé.  Il a appelé l’ECOSOC à lier les efforts humanitaires et de développement, et souligné l’importance d’engager les femmes dans toutes les phases des travaux humanitaires.   

Pour sauver des vies et protéger les plus vulnérables, il faut une aide immédiate mais aussi des solutions durables à long terme, a déclaré M. TIM MAWE (Irlande).  Reconnaissant le rôle central de l’ONU dans l’action humanitaire, l’Irlande appuie la réforme en cours afin de renforcer les mandats et les mécanismes de coordination pour répondre aux besoins croissants. 

Le représentant a vanté les fonds de financement commun qui permettent d’aider en temps voulu les acteurs locaux.  À ce sujet, il a souhaité que les engagements pris lors du Sommet humanitaire mondial à Istanbul se concrétisent.  D’après lui, la prévention, l’atténuation et la réponse à la violence sexuelle et sexiste dans les situations d’urgence doivent faire partie de toute opération humanitaire et figurer dans tous les débats. 

M. MILAN MILANOVIĆ (Serbie) a relevé qu’après le Sommet humanitaire mondial d’Istanbul du mois de mai dernier, il était désormais temps de prendre des mesures concrètes pour protéger les civils.  Il a également appelé à prendre des mesures pour aider les migrants, et il a rappelé que près de 700 000 parmi eux étaient passés par la Serbie l’année dernière, trouvant dans son pays le soutien dont ils avaient besoin. 

Il a dit attendre avec impatience la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur les déplacements massifs des réfugiés et des migrants, prévue en septembre prochain au Siège de l’ONU.

M. SVEN JURGENSON (Estonie) a indiqué que son pays avait commencé à mener des activités de réinstallation pour aider les réfugiés.  L’Estonie reste attachée à une stratégie qui préserve la dignité et l’indépendance des personnes déplacées.  Le représentant a appuyé « la transition d’un système d’urgence à un système qui tienne compte des besoins à long terme ».  Il a insisté sur le fait que les enfants représentent la moitié des réfugiés et des déplacés et qu’ils doivent pouvoir avoir accès à une éducation.  

Les acteurs humanitaires et du développement devant trouver les moyens de mieux travailler ensemble, le représentant a proposé de créer un poste de coordonnateur conjoint au niveau national, de même qu’un système de coordination unique au niveau mondial.  Il s’est dit préoccupé par les violations du droit international humanitaire, l’impunité et « la réduction de l’espace humanitaire ».   

Mme OH YOUNG YU (République de Corée) a rappelé le caractère décisif du Sommet humanitaire mondial d’Istanbul de mai dernier, souhaitant que le présent segment humanitaire de l’ECOSOC s’appuie sur cet élan.  Elle a assuré que son pays allait accroître son appui en faveur des pays sortant de conflit.  Elle a également plaidé pour le renforcement de l’assistance humanitaire en faveur des personnes vulnérables. 

Dans ce contexte, la représentante a annoncé que la République de Corée augmenterait son aide en direction des femmes réfugiées.  Son pays appelle en outre les acteurs humanitaires à agir ensemble.  Elle a souhaité que l’examen quadriennal complet qui a lieu cette année permette de faire le lien entre action humanitaire et efforts de développement.

M. MENELAOS MENELAOU (Chypre) a déclaré que comme les crises humanitaires dans le monde persistaient et s’amplifiaient, il était essentiel que la communauté internationale s’engageât à faire face à ces défis et à réformer les politiques humanitaires.  Il est important qu’il y ait plus de connexion entre les politiques humanitaires et les politiques de développement afin de garantir le bien-être à long terme des communautés qui ont besoin d’assistance. 

Il est également crucial que l’aide humanitaire soit délivrée de manière efficace et que les communautés locales soient plus impliquées et mieux autonomisées.  En outre, pour que personne ne soit laissé sur le côté, il faut résoudre la question du déplacement forcé. 

Les politiques humanitaires devraient être sensibles au genre et les femmes et les filles devraient être vues comme des actrices et non seulement des victimes, a dit le représentant, qui a souligné aussi la nécessité de réduire les risques de catastrophe relatifs au climat.  « Nous devons travailler étroitement pour la prévention des conflits avant qu’ils n’éclatent.  Enfin, il faut manifester notre engagement en faveur des principes du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme. »

M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) a noté que les cadres d’action internationaux adoptés en 2015 formaient la base de la lutte contre les défis auxquels le monde fait face.  « Nous avons besoin d’engagements politiques », a-t-il insisté, avant de mettre l’accent sur la prévention et le règlement pacifique des conflits.  Il a condamné les attaques aveugles contre les civils, les hôpitaux, les écoles et les lieux du culte, et contre le personnel humanitaire.

Le représentant a souligné l’importance de la lutte contre la violence sexiste et sexuelle et de la participation des femmes et des filles.  Il a rappelé l’obligation des parties aux conflits armés de ne pas utiliser d’engins explosifs et estimé qu’il fallait mener des enquêtes exhaustives sur les violations du droit international humanitaire et du droit des droits de l’homme.  De même, il a appuyé « le Code de conduite de l’action du Conseil de sécurité contre le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité ».  Enfin, a-t-il fait remarquer, le Costa Rica se trouve dans une région vulnérable aux effets des catastrophes naturelles et des changements climatiques.

M. MATEO ESTREME (Argentine) a indiqué que des « Casques blancs » argentins menaient des opérations humanitaires en Syrie et au Liban.  « L’Argentine est fière d’être l’un des pays qui offrent des visas pour motif humanitaire », s’est-il enorgueilli.  Elle va accroître le nombre de réfugiés syriens qui pourront être admis.  Mais il faut accorder la même attention aux personnes touchées par les catastrophes naturelles qu’à celles qui sont victimes de conflits, a-t-il averti.

Le représentant a jugé essentiel de réduire les vulnérabilités et d’augmenter la résilience dans les politiques de développement, conformément au Cadre d’action de Sendai, et de respecter les principes du droit international humanitaire sans laisser personne de côté.

Mme LUO JIN (Chine) a rappelé qu’en vertu de la Charte des Nations Unies et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur l’assistance humanitaire, l’indépendance et la souveraineté des pays hôtes devaient être préservées par les acteurs humanitaires.  Il faut éviter de politiser l’aide humanitaire, a-t-elle prescrit, tout en invitant les donateurs à honorer leurs engagements, y compris ceux relatifs à l’aide publique au développement (APD).

La représentante a en outre plaidé pour des partenariats solides dans la sphère humanitaire, appelant aussi à plus de coordination et entre divers partenaires.  Elle a souligné l’importance entre ces derniers de tenir compte des avantages comparatifs des uns et des autres.  Elle a enfin rappelé que la Chine avait toujours apporté son soutien aux pays en proie à des crises, alors que son pays était lui-même vulnérable aux catastrophes naturelles.

M. KONIG (Allemagne) a indiqué qu’après le Sommet humanitaire mondial d’Istanbul, il était désormais urgent de mettre en œuvre ses recommandations, afin de fournir la meilleure assistance possible aux personnes sinistrées, notamment les plus vulnérables que sont les femmes et les enfants.  Dans cette optique, il a souligné le rôle important que pourraient jouer les partenaires régionaux et nationaux.  Il a également invité les donateurs à faire davantage pour financer l’assistance humanitaire dans le monde.

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a dit que son pays avait été frappé par des catastrophes naturelles et par les effets néfastes des changements climatiques, notamment le manque de vivres.  Il a souhaité « davantage de respect et de coopération pour soutenir les efforts nationaux » sur les plans technique et financier, et pour consolider et renforcer les capacités des pays, tout en tenant compte de leur tissu social.

Il faut répondre aux situations d’urgence en respectant le principe de la souveraineté des États et traiter les causes latentes des crises, a-t-il ajouté.   

M. CARLOS SERGIO SOBRAL DUARTE (Brésil) a rappelé que la réponse humanitaire devait être rapide, tenir compte du genre et contribuer à la résilience des populations concernées, en accordant une attention particulière aux plus vulnérables, y compris les personnes handicapées.  En outre, les capacités locales doivent être, dans toute la mesure du possible, au centre de cette action.  Le Brésil soutient en particulier les programmes fondés sur la distribution d’argent qui profitent aux marchés locaux, la promotion de l’achat local de biens et de services et la mise en place de filets de sécurité sociale et de mécanismes d’assurance pour les populations vulnérables.  Du fait de la nature diverse des crises humanitaires, le renforcement de la coordination entre les dimensions humanitaires et de développement devrait être adapté au coup par coup aux situations spécifiques.

Pour ne laisser personne sur le bord du chemin, il faut s’attacher à briser les cloisons dans l’action, a rappelé M. Sobral Duarte.  En pratique, cela suppose de mettre en place une compréhension commune entre les États Membres et le Brésil est disposé à discuter de plusieurs des propositions qui ont été présentées lors de ces trois jours.  

Si les causes profondes des crises humanitaires sont multiples, les conflits armés représentent aujourd’hui la principale, a poursuivi le représentant.  Pour le Brésil, l’unité politique réclamée par le Secrétaire général dans son rapport est nécessaire non seulement pour agir, mais aussi pour s’abstenir de toute action qui porterait davantage encore préjudice aux personnes que l’on prétend protéger: « Le meilleur moyen de sauver des vies est de ne pas aggraver les situations existantes », a lancé M. Sobral Duarte, pour qui la crise sans précédent à laquelle le monde est aujourd’hui confronté n’est pas sans lien avec le recours unilatéral à l’usage de la force.  Quand la prévention échoue, il est encore plus nécessaire de respecter le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, a poursuivi M. Sobral Duarte, pour qui il serait bon de traiter des défis humanitaires posés par les nouvelles technologies que sont les drones et les systèmes d’armes autonomes, ou encore les compagnies militaires et de sécurité privées.

Enfin, M. Sobral Duarte a fait observer que les thèmes discutés lors de ce segment humanitaire de l’ECOSOC étaient étroitement liés à ceux de la prochaine réunion de haut niveau sur les mouvements massifs de réfugiés et de migrants, qui aura lieu le 19 septembre.  Le Brésil souhaite que le document final de cette réunion réaffirme les droits fondamentaux des réfugiés, des personnes déplacées et des migrants, et promeuve des politiques qui favorisent leur intégration sociale, économique et culturelle et combattent le racisme, l’intolérance et la xénophobie.

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a rappelé que son pays avait annoncé lors du Sommet d’Istanbul une nouvelle contribution de 600 millions de dollars pour répondre aux défis humanitaires sans précédent que le monde doit relever.  « Nous avons joué un rôle actif dans les discussions du "grand marchandage" et comptons assurer sa bonne mise en œuvre », a-t-il dit.  « Le Canada est en train de changer la manière dont il opère, ce qui signifie passer à une planification et une programmation accrues sur plusieurs années pour les crises qui se prolongent, travailler plus étroitement avec les acteurs locaux et investir dans des actions innovantes pour répondre aux causes profondes de vulnérabilité. »

Vivement préoccupé par le nombre croissant de personnes déplacées et les discriminations qui les frappent, M. Blanchard a estimé que la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur ce sujet en septembre permettra un renforcement de la solidarité internationale et un meilleur partage des responsabilités.  

Enfin, rappelant que son pays était candidat à un siège du Conseil de sécurité pour les années 2021 à 2022, le délégué a indiqué que celui-ci était en faveur de la suspension du droit de veto pour les situations où des atrocités de masse ont été commises.  « Nous sommes en train d’augmenter notre soutien aux opérations de consolidation de la paix de l’ONU et aux efforts de médiation et de prévention des conflits », a conclu M. Blanchard.

Mme THERESE RODRIGUEZ CANTADA (Philippines) a jugé plus nécessaire que jamais de renforcer la coordination des secours au niveau mondial.  Elle a notamment souligné que « les migrants n’ont aucune forme de protection juridique dans les pays d’accueil ».

La représentante a aussi appuyé la plate-forme sur les catastrophes naturelles et les déplacements, d’autant plus que les Philippines ont été frappées par de nombreux typhons en 2015 et que le pays subit les effets d’El Niño.  Selon elle, il faut remédier aux vulnérabilités des populations en renforçant le lien entre efforts humanitaires et de développement.   

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a déclaré que son pays avait connu des déplacements massifs de sa population du fait de l’occupation illégale de son territoire par l’Arménie.  Il a relevé qu’au vu des nombreuses crises qui ont court à travers le monde, les défis pour aider les gens qui sont dans le besoin sont complexes certes, mais pas insurmontables.  Le représentant a souligné que les défis humanitaires ne sauraient être durablement résolus tant qu’une solution politique n’était pas trouvée aux nombreux conflits armés que le monde connaît.

M. AVDEEV (Fédération de Russie) a déclaré que le système d’aide humanitaire devait être modifié certes, mais qu’il était nécessaire qu’il fût préservé de motivations politiques susceptibles de saper la crédibilité de l’assistance humanitaire.  Il a indiqué que les recommandations issues du Sommet humanitaire mondial d’Istanbul ne devaient pas toutes être mises en œuvre, du moins sans qu’un consensus sur la question ne fût trouvé au sein de l’Assemblée générale.  « Des tentatives de formuler des initiatives au sein de groupes restreints et d’essayer de les faire valider par la communauté internationale ne sauraient prospérer », a averti le délégué russe. 

Il a ajouté que les conclusions d’Istanbul devaient être considérées comme des suggestions et non des obligations auxquelles devraient se conformer les États Membres, disant dans ce contexte attendre avec impatience le rapport du Secrétaire général sur le Sommet.  Il a en outre souligné que la Fédération de Russie avait déboursé pas moins de 200 millions de dollars en faveurs de l’aide humanitaire à travers le monde au cours de la période de 2014-2015.

Mme SOFYA SOMONYAN (Arménie) a déclaré que la crise mondiale des réfugiés entraînait un grand nombre de risques et d’instabilités.  Cette crise requiert une réponse collective au niveau mondial, y compris une meilleure coopération dans la gestion des frontières, la migration et la lutte contre les trafics.  Mme Simonyan a ajouté que son pays était profondément préoccupé et suivait de près la situation et son évolution dans la région. 

Plus de 20 000 personnes déplacées en raison du conflit en Syrie ont trouvé une protection en Arménie, qui est le troisième plus grand pays d’accueil de réfugiés syriens par habitant en Europe.  Cette nouvelle vague de déplacements s’ajoute aux défis auxquels fait face l’Arménie qui abrite déjà des centaines de milliers de réfugiés en raison du conflit dans le Haut-Karabakh et le millier de personnes déplacées venant d’Iraq, a rappelé la représentante. 

M. ABDULAZIZ S M A ALJARALLAH (Koweït) a reconnu que les crises actuelles provoquées par les conflits armés ou les catastrophes naturelles ne peuvent pas être traitées par un seul État ou un groupe d’États; elles requièrent un effort commun.  Il faut s’attaquer à leurs causes profondes et trouver des solutions politiques pour mettre un terme aux bains de sang, dans le respect de la Charte des Nations Unies, du droit international humanitaire et des droits de l’homme.

Que ce soit en Palestine, en Syrie, au Yémen, en Iraq ou en Somalie, le représentant a réitéré la responsabilité de la communauté internationale pour aider et protéger les peuples et répondre à leurs aspirations et à leurs espoirs.  Au cours des cinq dernières années, a-t-il noté, le Koweït a déboursé plus 2 milliards de dollars au titre de l’aide humanitaire, soit le double du pourcentage agréé au niveau international par rapport au PIB.  Il a également financé des projets de développement dans toutes les régions du monde.

M. OSCAR R. DE ROJAS, Observateur permanent de l’Ordre de Malte, a souligné l’importance des associations religieuses dans l’action humanitaire.  Il a salué le fait que la session spéciale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur l’engagement religieux ait abouti à l’élaboration de la Charte pour l’action humanitaire des associations religieuses.  Après avoir mis l’accent sur le travail de ces associations sur le terrain, M. de Rojas a indiqué que si l’aide humanitaire répondait aux besoins matériels des personnes concernées, les besoins spirituels, eux, étaient négligés. 

Les associations religieuses sont là pour répondre à cette demande en donnant aux gens un sens à la vie et en élevant leur aide au-delà de la composante matérielle.  Il a appelé la communauté internationale à accroître les efforts pour renforcer les synergies entre toutes les parties prenantes.  Il a annoncé que l’Ordre de Malte organiserait en 2017 une réunion de suivi entre les acteurs religieux et les autres acteurs pour améliorer la diffusion et la mise en œuvre du droit international humanitaire.

M. HESHAM YOUSSEF, délégué de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a noté que la situation humanitaire dans le monde a changé de façon fondamentale, car les conflits se prolongent et deviennent plus récurrents.  Trois des quatre crises de niveau élevé actuelles touchent des pays membres de l’OCI, et de nombreux autres pays membres continuent d’accueillir toujours plus de réfugiés, en attendant que des solutions politiques soient trouvées.

L’OCI, a assuré le délégué, travaillera avec les États Membres pour les aider à intégrer les réfugiés et les personnes déplacées dans leurs plans de développement conformément aux objectifs de développement durable, et pour maintenir l’élan créé par le Sommet mondial sur l’action humanitaire.  

D’après lui, les organisations non gouvernementales locales et nationales en tant que partenaires clefs doivent bénéficier d’un appui de la communauté internationale pour acheminer l’assistance humanitaire dans les zones de conflit.  Enfin, a-t-il conclu, « la protection des civils relève de la responsabilité collective » d’assurer le respect du droit international humanitaire et de garantir l’accès aux victimes.  

Des millions de personnes continuent de souffrir des violations du droit international humanitaire et des conséquences des conflits armés, a déploré M. PHILIP SPOERI, délégué du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  Il a jugé particulièrement alarmante la situation dans le bassin du lac Tchad, une « grande urgence régionale », tout comme la situation au Moyen-Orient.

Après la trente-deuxième Conférence du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, les États ont lancé un processus intergouvernemental en vue de renforcer le respect du droit international humanitaire, avec l’appui du CICR et de la Suisse, a précisé M. Spoeri.  Aujourd’hui, pour des millions de personnes, le déplacement revêt un caractère prolongé, urbain, en dehors des camps de déplacés.  Les personnes déplacées doivent donc pouvoir recevoir des services de bonne qualité à long terme, ce qui implique de « dépasser la division simpliste entre les secours et le développement », a-t-il insisté.

Les besoins de base des communautés d’accueil et des personnes déplacées doivent être traités de pair dans le cadre de stratégies « gagnant-gagnant ».  À cet égard, a poursuivi le délégué, le CICR peut jouer un rôle très utile pour appuyer les personnes qui sont coupées des services de base par les lignes de conflit.  Il a mentionné la Convention de Kampala de l’Union africaine, « un traité « pionnier qui représente une excellente façon de travailler avec les personnes déplacées ».  Enfin, il a regretté que la prochaine Conférence des Nations Unies sur les établissements humains, Habitat III ne contienne pas, pour l’instant, de recommandations sur les conflits armés dans les villes.    

Mme ANNE CHRISTENSEN, Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a dit que la FICR voulait accélérer le projet visant à encourager un milliard de personnes à renforcer la résilience communautaire avant 2025, y compris par de nouveaux partenariats forgés pendant le Sommet mondial de l’action humanitaire.  Il faut en outre que les actes joignent la parole lorsqu’il s’agit de renforcer les capacités des communautés locales, a ajouté la représentante qui a souligné que moins de 1% de l’aide humanitaire internationale était acheminée vers ces communautés et que les mécanismes de coordination de l’aide humanitaire continuaient de ne pas les mettre au centre de leurs opérations. 

Elle a indiqué que l’objectif de la communauté des donateurs de consacrer 25% du Fonds humanitaire international nécessitait un investissement dans les capacités fonctionnelles et opérations des acteurs humanitaires locaux pour qu’ils soient prêts à utiliser de façon optimale un financement d’urgence plus important.

Mme AGNÈS MARCAILLOU, Service de la lutte antimines de l’ONU, a indiqué que le déminage était essentiel pour la protection des civils.  Ces derniers sont souvent victimes de mines, de munitions non explosées et d’engins explosifs artisanaux, même bien après la fin des conflits.  C’est pour cette raison qu’elle a appelé à pratiquer le « déminage humanitaire ».  Elle a expliqué qu’il s’agissait, après les conflits, de répertorier toutes les mines, les munitions non explosées et les engins explosifs artisanaux, en procédant à des enquêtes méticuleuses auprès des populations. 

Ensuite, il est question de procéder à un déminage systématique avant que les populations ne retrouvent leur domicile.  Elle a indiqué que les zones assiégées étaient souvent les plus contaminées, et donc paradoxalement, les plus à risque pour l’assistance humanitaire qui y est grandement attendue.

M. RICK BRENNAN, de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a salué les avancées qu’a connues la médecine ces dernières années, mais il a regretté que la plupart des morts évitables chez les enfants et les femmes intervenaient dans des situations de crise.  Il a assuré que l’OMS entendait renforcer ces efforts pour y remédier, et il a appelé à protéger les travailleurs médicaux héroïques qui fournissent des soins dans des situations de crise, parfois au péril de leur vie.

Environ 250 millions d’enfants vivent dans des pays touchés par des conflits, a fait remarquer Mme YASMINE HAQUE, Directrice du Bureau des programmes d’urgence de l’UNICEF.  Les conflits armés rendent inaccessibles certains services essentiels pour le bien-être des enfants.  Elle a dénoncé l’utilisation croissante d’armes explosives dans les villes et les zones peuplées, qui frappent des civils dans plus de 90% des cas, et le fait que des communautés entières restent assiégées et souffrent de la faim.

Il faut créer un environnement propice à l’acheminement de l’aide humanitaire, a insisté Mme Haque.  Pour cela, il faut que toutes les parties aux confits respectent leurs obligations vis-à-vis du droit international.  Il est également indispensable de poursuivre des programmes contre la violence sexuelle et sexiste, de réunion familiale, et de fournir une éducation. 

Malheureusement, a-t-elle regretté, « l’éducation reçoit moins de 2% du financement humanitaire ».  En outre, il faut envisager des solutions permettant d’entendre les voix des enfants.  Il faut trouver le moyen d’établir des liens plus systématiques avec les jeunes, notamment via les réseaux sociaux.

Mme CARLA MUCAVI, représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a mis en avant les objectifs d’éliminer la faim, de réduire la pauvreté rurale et d’améliorer la sécurité alimentaire.  « Il faut aborder en même temps les besoins humanitaires et de développement », a-t-elle assuré.

En Syrie par exemple, de nombreux agriculteurs, souvent des femmes, luttent pour que leurs terres restent productives, ce qui sera déterminant pour la reconstruction du pays, a relevé la représentante.  Il faut également renforcer la résilience aux catastrophes naturelles et agir avant les crises.  La FAO a contribué à répondre aux besoins de développement à long terme de nombreux pays.

Mme CHRISTINE MATTHEWS, Directrice adjointe par intérim du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à New York, a dit que l’augmentation de déplacement forcé témoignait du manque de volonté politique dans la prévention et le règlement des conflits.  En 2015, les conflits et l’instabilité ont provoqué des déplacements massifs avec un afflux de personnes qui cherchent désespérément un refuge toujours plus loin.  Entre-temps, les anciennes crises restent sans solution comme au Soudan du Sud avec 2,25 millions de réfugiés et de personnes déplacées dans leur propre pays.  

Dans ce contexte, ce n’est pas une surprise si le système international de secours est sous pression.  De plus, il ne pourra jamais remplacer efficacement l’action visant à faire face aux causes profondes qui forcent les gens à fuir leurs maisons.  « Nous devons travailler ensemble et mobiliser la volonté politique nécessaire et faciliter les solutions durables », a préconisé Mme Matthews, pour qui les partenariats avec d’autres organisations sont essentiels.  Le HCR continuera de travailler étroitement avec les organisations humanitaires et de développement et avec les communautés d’accueil qui sont touchées par les effets des déplacements.

M. VINICIUS CARVALHO PINHEIRO, Représentant spécial de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a déclaré que les migrants et autres réfugiés avaient un impact réel sur le marché de l’emploi dans leur pays d’accueil.  Il a aussi souligné que les inégalités dans le monde du travail, ainsi que le chômage, étaient des facteurs susceptibles de créer et attiser des conflits. 

Le représentant a annoncé que l’OIT entendait publier, à la mi-juillet prochain, des principes directeurs sur l’accès des personnes déplacées et des réfugiés au travail.   

M. RICARDO DE GUIMARAES-PINTO, de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a estimé que la destruction délibérée du patrimoine culturel constituait un crime de guerre, rappelant qu’en Syrie les six sites classés au patrimoine mondial de l’humanité avaient été endommagés.  La destruction du patrimoine est indissociable de la persécution des personnes, a-t-il jugé.

Il a affirmé que le droit à l’éducation des personnes déplacées était largement bafoué, 50% seulement des enfants réfugiés allant à l’école primaire.  Le lancement du fonds « L’éducation ne peut attendre » lors du Sommet humanitaire mondial est une avancée majeure qui permettra de répondre aux besoins de millions d’enfants et de jeunes, a-t-il affirmé.  Le délégué a également insisté sur le rôle important que doit jouer la Cour internationale de Justice (CIJ) dans la lutte contre l’impunité pour les crimes de guerre perpétrés contre les enseignants et les attaques contre les écoles.

Enfin, rappelant que 825 journalistes avaient été tués au cours de la dernière décennie, le représentant a dit que l’UNESCO contribuait à la promotion d’un environnement sûr pour les journalistes, en temps de conflit ou non.

M. MUCHKA (République tchèque) a appelé au renforcement de la coopération entre acteurs humanitaires et acteurs du développement.  Il a fait part de la disponibilité de son pays à aider les pays à réduire les risques de catastrophe, conformément au Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015–2030.    

Mme LUCÍA AMIRI-TALESH (Pérou) a indiqué que la mise en œuvre des recommandations du Sommet humanitaire mondial d’Istanbul aiderait à atténuer le fardeau et la souffrance des gens qui vivent en situation de crise.  Elle a souligné que cette aide humanitaire devait également tenir compte des besoins de développement sur le long terme. 

Le Pérou a été touché par les effets du phénomène El Niño l’an dernier, comme de nombreux autres pays, et le Gouvernement a débloqué des fonds pour y faire face, même si ceux-ci se sont avérés insuffisants au vu des dommages au sein des communautés, a déploré la déléguée.

M. ARKOCHA (Mexique) a appelé l’ONU à accorder la priorité à l’aide humanitaire et l’assistance en cas de catastrophe, assurant que l’une des priorités, dans ce contexte, devait être l’autonomisation des femmes et des filles.  Il a en outre rappelé qu’au vu des besoins croissants de l’assistance humanitaire dans le monde, le Mexique a fait passer son budget y afférent de 50 000 dollars en 2008 à 500 000 dollars en 2015. 

Il a enfin souligné que l’assistance humanitaire devait être étroitement liée aux efforts en vue du développement, dans une vision de transition sous-tendue par l’objectif de construire des sociétés plus résilientes.  

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