Soixante-douzième session,
2e séance – matin et après-midi 
AG/EF/3472

Deuxième Commission: « il est temps de passer à l’action », s’impatientent des délégations face aux lenteurs dans la mise en œuvre du Programme 2030

« Le rythme reste trop lent dans bien des domaines si l’on veut atteindre les objectifs d’ici à 2030 », a déclaré, inquiet, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, à l’ouverture du débat général de la Commission économique et financière (Deuxième Commission), anticipant les réactions de nombreux pays qui ont lancé des appels à mener les actions nécessaires pour y arriver.

Tout au long de la journée, des appels à agir se sont ainsi fait entendre pour que le monde parvienne enfin à éliminer la pauvreté et pour qu’on instaure un système commercial équitable, tout en combattant les effets néfastes des changements climatiques.  Rendre l’ONU plus efficace dans son soutien aux États Membres a figuré au rang des priorités pour plusieurs pays.

M. Zhenmin a présenté les éléments qu’il juge nécessaires pour accélérer le rythme et s’assurer que les objectifs de développement durable soient atteints d’ici à 2030.  Parmi ces priorités, il a invité à respecter les engagements pris en termes d’aide publique au développement, une voie que les délégations de pays en développement ont appelé de tous leurs vœux.  Il a également mis l’accent sur la nécessité de réserver des ressources pour les investissements d’urgence, tout en insistant sur le potentiel des nouvelles technologies de l’information et des communications qui sont au cœur des progrès.

Le Président de la Deuxième Commission, M. Sven Jurgenson, de l’Estonie, a souhaité que les travaux de la session soient attentifs à placer « les gens en premier », particulièrement ceux qui sont déjà laissés sur le côté ou qui courent le risque de l’être.

Le porte-parole du Groupe des 77 et de la Chine, en la personne du représentant de l’Équateur, a clairement demandé à la communauté internationale de passer à la vitesse supérieure dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’autres documents majeurs adoptés par la communauté internationale sous les auspices des Nations Unies, comme le Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, l’Accord de Paris sur les changements climatiques ou encore le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  « Il faut maintenant passer de la parole aux actes », a renchéri sa collègue du Nicaragua.

Invité de cette première séance de travaux, le professeur Arvind Panagariya, de l’École d’économie politique indienne de l’Université Columbia, a mis l’accent sur les mesures à prendre en vue de transformer rapidement les économies, plaidant avant tout pour une croissance rapide.  Il a visé une croissance entre 7 et 10% par an, qui suscite une création massive d’emplois et qui permette aux plus démunis de bénéficier des services de base, tout en favorisant l’augmentation des recettes de l’État afin de mieux financer les services publics et les infrastructures.

Sur le plan des stratégies nationales de développement, les orateurs ont été d’accord pour dire que l’éradication de la pauvreté devait être l’objectif central.  Dans ce domaine, « l’Afrique sera le véritable test de la réussite des efforts de développement durable », a prédit le représentant de l’Égypte qui parlait au nom du continent, après avoir rappelé que celui-ci héberge la moitié des 800 millions de personnes qui vivent dans la pauvreté extrême dans le monde.  Ce groupe a mis l’accent sur l’importance des programmes de coopération solides pour éviter le pillage des avoirs africains qui résulte des flux financiers illicites, le but étant d’allouer ces ressources au financement du développement.

Il est aussi question, ont noté des délégations, d’agir en faveur d’une « justice climatique ».  Le délégué des Îles Salomon, s’exprimant au nom du Forum des îles du Pacifique, a encouragé le système des Nations Unies à accroître son assistance aux pays les plus vulnérables.  Au vu des implications sécuritaires des changements climatiques, il faudrait même nommer un représentant spécial du Secrétaire général sur les changements climatiques et la sécurité, a envisagé le délégué de Nauru, parlant au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique.

Il faut par ailleurs penser à poursuivre la réforme de l’ONU lancée par le Secrétaire général, ont insisté plusieurs orateurs en soulignant l’importance du repositionnement du système de développement de l’ONU.  La représentante des États-Unis a ainsi encouragé la Deuxième Commission à se concentrer sur des travaux qui auront un véritable impact sur le terrain, en dépassant les discours creux.  Si la Commission revenait à ses anciennes pratiques dépourvues d’efficacité, son pays n’aurait pas d’autre option que de se désengager de ses travaux, a même averti la déléguée.

De son côté, la délégation de l’Union européenne a recommandé de reporter l’adoption des projets de résolution à la session suivante lorsque les discussions nécessitent plus de temps.

Sur un autre point, la délégation de la Fédération de Russie a déclaré que les sanctions utilisées comme instruments de pression sont nuisibles au développement.  Son homologue de la Syrie a d’ailleurs exigé que l’on mette fin aux mesures coercitives qui sont imposées à son pays, avant que sa collègue de Cuba ne vienne dénoncer le blocus économique des États-Unis contre son pays depuis 50 ans.

La Deuxième Commission poursuivra son débat général demain, mardi 3 octobre, à 10 heures.

Discours liminaires

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), Président de la Deuxième Commission, a indiqué que le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et l’Accord de Paris sur les changements climatiques sont autant d’outils pour aider la communauté internationale à assurer aux peuples du monde une vie décente.  Pour ce faire, il a invité à renforcer la capacité des pays à travailler ensemble, dans un esprit de pragmatisme et de souplesse, y compris au sein de la Deuxième Commission.  Il a aussi appelé à veiller à ce que la mondialisation soit plus juste pour tous.  Dans cette optique, il a plaidé pour plus d’inclusion, notamment en ce qui concerne les femmes.  Une plus grande égalité entre les sexes entraîne des effets positifs en termes de réduction de la pauvreté, a-t-il argué, tout en déplorant le fait que les femmes et les filles de nombreux pays demeurent désavantagées sur plusieurs aspects.

Le Président de la Commission a également plaidé pour que l’inclusion soit de mise dans les débats qui vont porter sur la science et la technologie, notant que personne n’est à l’abri des mutations numériques, mais soulignant que celles-ci sont particulièrement prometteuses en termes de gouvernance électronique, transparence, justice, coopération avec la société civile, ainsi que dans l’optique des partenariats internationaux.  Il a donc plaidé pour que les bénéfices de l’économie numérique profitent à tous, affirmant que l’adaptation aux technologies de l’information et des communications (TIC) est essentielle pour placer le monde sur les voies du développement durable à l’horizon 2030.

Venant au défi que représentent les changements climatiques, le Président a déclaré que « si nous voulons une planète saine, nous devons gérer durablement les écosystèmes, opter pour des transports durables et se tourner vers des sources d’énergie propres et renouvelables, entre autres ».  Il a souhaité que les délibérations de la Commission placent les gens en premier, particulièrement ceux qui sont déjà laissés sur le côté ou qui courent le risque de l’être.  « C’est plus facile à dire qu’à faire », a-t-il reconnu en se félicitant que le nouveau bureau de la Commission se soit justement engagé à faire sien le principe de « ne laisser personne de côté ». 

M. Jürgenson a annoncé qu’au cours de la réunion commune avec le Conseil économique et social (ECOSOC) portant sur l’économie numérique et le développement de l’intelligence artificielle, prévue le 11 octobre prochain, les délégations de la Deuxième Commission pourront faire connaissance avec Sophia, un robot accomplissant des tâches parmi les plus complexes.  « Ce sera peut-être l’occasion de demander à ce robot de faire des suggestions pour aider la Commission à terminer ses travaux à temps au cours de la présente session », a-t-il ironisé.  Pour sa part, le Président a laissé entendre qu’il n’y aurait pas de progrès sans une bonne communication entre les délégations.  Il a souhaité que les mois qui viennent soient marqués par « l’écoute, l’apprentissage et le travail en commun ».

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que, avec l’adoption du Programme de développement durable à l'horizon 2030 il y a deux ans, la communauté internationale s’était dotée d’une vision d’ensemble qui exige des approches transsectorielles et doit aboutir à ne laisser personne de côté.  En dépit des progrès enregistrés à ce jour, le rythme reste cependant trop lent dans bien des domaines si l’on veut atteindre les objectifs d’ici à 2030, a regretté M. Zhenmin avant de présenter un certain nombre d’éléments clefs nécessaires pour inverser cette tendance.

Pour ce qui est de la situation économique mondiale et ses perspectives, le Secrétaire général adjoint a noté que la production industrielle et les échanges avaient augmenté, mais que le potentiel à long terme était entravé par des niveaux d’investissement trop faibles, ce qui est parfois la conséquence de crises et de revers liés aux migrations mondiales et aux changements climatiques.   « Il faut unir nos forces pour favoriser une mondialisation plus inclusive et durable »,  

a-t-il lancé en soulignant que le Programme d’action d’Addis-Abeba reflète cette exigence et fournit un cadre pour mobiliser les différents moyens de mise en œuvre du Programme 2030.  Il a rappelé à cette occasion que les ressources affectées à cette mise en œuvre peuvent être publiques ou privées, nationales ou internationales.

Pour M. Zhenmin, l’une des priorités consiste à renforcer le système fiscal mondial, ce qui suppose une plus grande coopération pour lutter contre la fraude et l’évasion fiscales.  De plus, les engagements en termes d’aide publique au développement (APD) doivent être renforcés, de même que la coopération Sud-Sud,

a-t-il souhaité, notant que cela passe par un renforcement des banques régionales.  Il a également mis l’accent sur la nécessité de réserver des ressources pour les investissements d’urgence.

Le Secrétaire général adjoint a insisté sur la nécessité de venir en aide aux pays en développement pour leur permettre de faire des investissements à grande échelle, de renforcer leurs institutions nationales, notamment dans le domaine des données, et de mettre leurs capacités de développement à niveau.  Dans ce contexte, il a insisté sur le potentiel des nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) qui sont, selon lui, au cœur des progrès sur la voie du développement durable.  Il a espéré que le monde pourrait pleinement tirer parti de l’interface entre le monde politique et le monde scientifique, tout en reconnaissant la nécessité urgente de mettre au point des moyens efficaces pour lutter contre les risques associés à ces nouvelles technologies.  Il a souligné les progrès déjà réalisés dans la mise en œuvre de mécanismes de partage et de transfert de technologies, dans le contexte du Programme de développement durable à l'horizon 2030.  Le Secrétaire général adjoint a espéré que la réunion conjointe de la Deuxième Commission et du Conseil économique et social (ECOSOC) serait l’occasion de lancer des délibérations sur ces questions.

M. Zhenmin a tenu à rappeler que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 était piloté par les pays eux-mêmes, soulignant toutefois que certains États Membres ont besoin du soutien de l’ONU pour la collecte et la ventilation des données ainsi que pour préparer leurs rapports nationaux.  Cela concerne essentiellement les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement (PEID).  Le Département des affaires économiques et sociales (DAES) les assiste en conduisant des analyses politiques neutres sur des questions de fond.  Son Département est chargé de renforcer le soutien à ces pays en termes de renforcement des capacités en vue de la mise en œuvre du Programme 2030. 

Suite à l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies (QCPR), le Secrétaire général a présenté son rapport pour parvenir aux résolutions escomptées dans le cadre du Programme de développement durable à l'horizon 2030, et il y aura un second rapport en décembre 2017, a annoncé le Secrétaire général adjoint.  M. Zhenmin a également rappelé que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable était la plateforme idoine pour suivre les progrès pays par pays, puisqu’il a la responsabilité de faire un examen au niveau mondial.  Il a salué le vif intérêt manifesté par les 43 pays qui avaient déjà présenté leurs examens nationaux, ainsi que ceux qui envisagent de la faire lors de sa vingt-huitième session.

Allocution liminaire

M. ARVIND PANAGARIYA, Professeur d’économie à l’école Professeur Jagdish Bhagwati d’économie politique indienne de l’Université Columbia, a présenté le thème de son exposé, « Une voie vers une transformation économique rapide », en précisant qu’il ne s’agit probablement pas de la seule voie possible vers le développement.  L’une des composantes essentielles du développement, a-t-il indiqué, est la qualité des dirigeants.  En effet, quelle que soit la qualité des politiques adoptées, ce sont les dirigeants qui doivent les mettre en œuvre.  Autre élément important, la croissance rapide qui est selon lui l’instrument le plus adéquat pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Il faut une croissance rapide, au rythme de 7 à 10% par an, qui suscite une création massive d’emplois et qui permette aux plus démunis de bénéficier des services de base.  Cette croissance permet également d’augmenter les revenus gouvernementaux afin de mieux financer les services publics et d’investir davantage dans les infrastructures.  

Le professeur Panagariya a rappelé que cinq pays avaient connu une croissance à ce rythme, pendant deux décennies ou plus: la Chine, le Japon, la République de Corée, la République de Singapour, et le Taiwan.  Il a relevé six caractéristiques communes à ces transformations, à commencer par la croissance rapide des exportations, suivie par une croissance rapide de la production industrielle, laquelle va également entraîner une forte croissance du secteur des services.  La quatrième caractéristique est la migration de la main-d’œuvre de l’agriculture vers les secteurs secondaire et tertiaire.  Les deux autres points caractéristiques de ces économies sont la rapide urbanisation et la hausse du niveau des revenus.  Prenant l’exemple de la République de Corée, il a constaté que le pays avait une main d’œuvre agricole représentant 60% de sa population active en 1960, contre 20% en 1990.  Parallèlement, le pays s’est fortement urbanisé, passant de 28,5% d’habitants vivant en ville en 1955 contre 88,3% en 1999. 

En outre, pour M. Panagariya, le développement économique fait aujourd’hui face à deux défis majeurs: l’automatisation ou la robotisation, et le protectionnisme.  Si certains estiment que l’automatisation va détruire le tissu économique en éliminant le travail humain, M. Panagariya a invité à ne pas voir que les emplois perdus car il y en d’autres qui seront créés du fait de l’automatisation, concluant qu’il y aurait plutôt une mutation des emplois.  Il a notamment fait observer que l’automatisation est le produit de la recherche scientifique qui emploie de nombreuses personnes.  De plus, comme les robots ne pourront jamais faire certaines tâches, l’automatisation risque de rendre les coûts de production plus onéreux.  En ce qui concerne le deuxième défi, la tendance de certaines économies à pratiquer le protectionnisme, il s’explique par la volonté de ces pays de protéger leur marché intérieur.  Le professeur a toutefois assuré que l’option la plus porteuse pour le développement était d’ouvrir son marché et de chercher à l’étendre vers l’extérieur.

 

Échanges avec les délégations 

Répondant ensuite au délégué de l’Algérie, qui se demandait si la science économique était une véritable science, le professeur a jugé inévitable que certains principes économiques soient pris en compte par les politiques pour éviter des crises sociales, même si, a-t-il reconnu, le débat sur la justesse des prédictions économiques fait rage.  Répondant aussi à une question sur l’austérité comme politique de redressement, il a dit être un défenseur de la discipline économique, surtout quand il y a des dettes à rembourser.  Mais, il ne faut pas que les mesures d’austérité perdurent, a-t-il souligné.

Répondant à une autre question de la délégation algérienne sur le rôle du Conseil économique et social (ECOSOC), qui compte seulement 54 membres, comme organe de délibération sur les grandes questions économiques mondiales, M. Panagariya a affirmé que le monde avait besoin d’organes spécialisés.  Il ne faut cependant pas regrouper toutes les décisions au sein d’une seule institution, a-t-il ajouté.

Le délégué de la Tanzanie a ensuite fait part de son inquiétude face aux déséquilibres du système commercial multilatéral.  Pour le Professeur, s’il est vrai que le cycle des négociations commerciales de Doha n’a pas prospéré, le rôle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’en demeure pas moins important, car cette institution permet souvent à des pays en développement d’avoir gain de cause face aux pays industrialisés.

Débat général

M. DIEGO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a souhaité passer à une vitesse supérieure dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable et d’autres documents majeurs adoptés par la communauté internationale sous les auspices des Nations Unies.  Il faut accélérer cette mise en œuvre au vu de l’urgence des défis rencontrés pour réaliser le développement durable, notamment dans les pays en développement, a-t-il expliqué.  Il a aussi appelé à améliorer la gouvernance économique mondiale tout en renforçant le rôle des Nations Unies.  Rappelant qu’il ne reste que 13 ans pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable, le délégué a insisté sur l’importance pour la présente session de se focaliser sur l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions, tout en œuvrant pour le développement durable, en s’appuyant sur les tâches inachevées des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 

Il faut garder à l’esprit l’objectif de « ne laisser personne de côté » et le principe de « la responsabilité commune mais différenciée », a-t-il recommandé avant de souligner l’importance des principes tels que le droit à l’autodétermination de peuples vivant sous occupation coloniale ou étrangère, la souveraineté de chaque État sur ses ressources, l’interdiction des mesures économiques unilatérales et le respect de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque État.

M. Morejón Pazmiño a ensuite souhaité que le Programme d’action d’Addis-Abeba soit évalué, notamment les progrès accomplis dans sa mise en œuvre, afin de procéder à des modifications si le besoin s’en faisait ressentir.  Le financement du développement est la clef de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il affirmé, arguant que des financements prévisibles et sûrs sont indispensables pour la réalisation du développement durable, notamment pour les pays en développement.  Il a également souligné l’importance d’infrastructures durables et résilientes, en particulier dans les pays en développement.

En outre, le représentant a souligné la place centrale du commerce dans le développement, souhaitant que la onzième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), prévue à Buenos Aires en décembre 2017, produise des résultats positifs dans l’optique de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a par ailleurs affirmé que l’aide publique au développement (APD) est essentielle au développement durable, déplorant sa stagnation depuis six ans déjà.

Si l’on veut ne laisser personne de côté, il faudra tenir compte des pays en situation particulière, notamment les pays africains, les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral, les petits États insulaires en développement (PEID), les pays à revenu intermédiaire, les pays en conflit ou ceux qui en sortent, ainsi que les pays et peuples sous occupation étrangère.  Pour le représentant, la coopération Sud-Sud est un complément, et non un substitut de la coopération Nord-Sud.  La coopération Sud-Sud doit en outre être dirigée par les pays du Sud.  Il a souhaité que le quarantième anniversaire du Plan d’action de Buenos Aires, prévu dans cette ville en 2019 lors de la Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud, offre l’occasion de renforcer le soutien nécessaire à cette coopération.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) M. TEODORO L. LOCSIN, JR. (Philippines), a fait valoir que l’Association totalisait 2 550 milliards de dollars en termes de produit intérieur brut (PIB) en 2016, avec un taux de croissance économique attendu pour 2017 de 4,8%.  En outre, l’ASEAN a attiré 52,94 milliards de dollars d’investissement direct étranger dans la première moitié de 2016, dont 23,36% entre les nations membres.

Le thème de la présidence philippine de l’ASEAN est « S’engager dans des partenariats pour le changement, s’engager pour le monde », a indiqué le représentant en précisant que l’un des objectifs est une croissance inclusive et axée sur l’innovation.  À cette fin, au cours du trentième sommet de l’ASEAN à Manille, le 29 avril 2017, les dirigeants ont réaffirmé leur engagement pour que la « Communauté de Vision 2025 » de l’Association, et le Programme 2030 soient mis en œuvre en se renforçant mutuellement, dans le but de bâtir une communauté vraiment inclusive, centrée sur les peuples et orientée par eux.

Dans un communiqué conjoint du 5 août 2017, les ministres des affaires étrangères de l’ASEAN se sont mis d’accord pour établir une feuille de route afin de promouvoir cette complémentarité et trouver des solutions aux défis régionaux tels que la pauvreté, les catastrophes et les changements climatiques. 

En outre, la Thaïlande, en sa capacité de coordonnatrice de la coopération pour le développement durable, a organisé un dialogue de haut niveau pour renforcer les complémentarités entre la « Communauté de Vision 2025 » et le Programme 2030.  Le dialogue a identifié des zones intersectorielles prioritaires qui pourraient servir de catalyseurs entre les deux programmes, a indiqué le représentant en citant notamment la résilience, les infrastructures, la production et la consommation durables, l’élimination de la pauvreté et la gestion durable des ressources naturelles.

Il apparaît que l’extrême pauvreté a baissé de manière significative au sein de l’ASEAN, selon une étude publiée par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et présentée lors d’un symposium ASEAN-Chine sur le financement de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, en août 2017.  Toutefois, il reste encore beaucoup de travailleurs pauvres et leur vulnérabilité est élevée.  L’étude encourage donc les pays à établir une base plus solide pour financer les politiques de développement et à établir des stratégies complètes de financement à long terme.

Un dialogue ASEAN-Union européenne sur le développement durable aura également lieu en novembre 2017 en Thaïlande.  De plus, plusieurs documents seront signés et adoptés par les dirigeants de l’ASEAN lors du Sommet du 31 novembre 2017, prévu à Manille, pour soutenir les objectifs de développement durable en particulier la nutrition, la réduction et la gestion des risques sanitaires, les changements climatiques, l’égalité de genre et l’objectif d’assurer des modes de consommation et de production durables. 

Mme ASTRIDE NAZAIRE (Haïti), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes CARICOM, a regretté que malgré la tendance positive de l’économie mondiale et les prévisions de croissance sur les deux prochaines années, il est prévu que les économies de sa région n’enregistreront qu’une croissance faible, insuffisante pour combler leurs besoins de développement et ce, en raison des chocs externes et de vulnérabilités structurelles.  Cela entraînera plusieurs pays de la CARICOM à recourir à des déficits budgétaires et à une augmentation de leur dette publique, a-t-elle ajouté.  Pour y faire face, elle a estimé que la résilience et le renforcement des capacités devront constituer les éléments clefs de tout effort de développement durable visant à concrétiser le Programme de développement durable à l'horizon 2030.

Exigeant que la réalisation de ce Programme soit au cœur des priorités de la communauté internationale, la représentante de la CARICOM a assuré veiller à la cohérence entre les différents programmes d’action, notamment celui d’Addis-Abeba et le Programme 2030, dont les priorités sont, à son avis, le forum mondial sur l’infrastructure, le mécanisme de facilitation de la technologie, l’élargissement de la coopération fiscale internationale, le renforcement du soutien en faveur de la viabilité de la dette et le développement de méthodologies qui tiennent compte des réalités complexes et diverses des pays à revenu intermédiaire.

Les membres de la CARICOM sont d’avis qu’il est essentiel d’aider les pays en développement à atteindre la viabilité à long terme de la dette et l’inclusion financière et, par conséquent, appellent à renforcer davantage le financement du développement.  Compte tenu du fait que leur statut de pays à revenu intermédiaire ne leur permet pas de recevoir une aide internationale au développement, les pays de la CARICOM lancent un appel à la communauté internationale, y compris à l’ONU et aux institutions financières internationales, afin qu’elle dépasse le stade de la simple prise de conscience de leur réalité économique et adopte une approche plus systématique pour prendre en compte les besoins de développement de leur région, le but étant de lui fournir un accès accru au financement concessionnel.

Pour la CARICOM, l’un des défis majeurs de la région des Caraïbes est le phénomène de « de-risking » qui a perturbé les relations traditionnelles de correspondance bancaire et pourrait entraîner des conséquences plus importantes au niveau du commerce international et du financement des investissements si aucune solution n’est trouvée à court terme.  Au-delà des risques d’exclusion du système financier et commercial mondial, cela pourrait engendrer une menace pour la stabilité et la sécurité financières mondiales en augmentant l’exposition de la CARICOM aux risques liés au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme, a averti la représentante.  Elle s’est félicitée du dialogue qui s’est ouvert sur ces problèmes lors de la conférence de haut niveau sur la question qui a eu lieu à Antigua-et-Barbuda en octobre 2016.

La CARICOM reconnaît le rôle important de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies comme principal instrument pour mieux positionner ce système lorsqu’il apporte son aide aux pays en développement pour satisfaire leurs besoins en matière de développement durable, car cet exercice permet d’évaluer l’efficacité, la cohérence et l’impact de l’aide.  Elle apporte en outre son soutien au Nouveau Programme pour les villes, adopté en Équateur en octobre 2016, dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (habitat III). 

Abordant ensuite la question des changements climatiques qui constituent l’un des défis majeurs auxquels sont confrontés les petits États insulaires en développement (PEID), dont ceux de la CARICOM, la représentante est revenue sur les dégâts considérables causés par l’ouragan Maria en Dominique et Irma à Antigua-et-Barbuda qui témoignent, selon elle, de l’intensification de la menace météorologique du fait des changements climatiques.  Par conséquent, les pays de la CARICOM lancent un appel urgent à une mise en œuvre accélérée de l’Accord de Paris.

Mme MAHJABEEN KHALED HOSSAIN (Bangladesh), qui s’exprimait au nom des pays les moins avancés (PMA), a prôné une approche équilibrée et inclusive du développement durable et a souligné les défis structurels auxquels sont confrontés les PMA.  À ce titre, elle a cité l’insécurité alimentaire et le fait que 35% de leur population continuera à subir une pauvreté accrue d’ici à 2030.  Les PMA en conflit ou en situation post-conflit ont besoin de mesures spécifiques internationales pour faciliter et appuyer leur développement, a encore fait remarquer la représentante.

Rappelant que les PMA sont souvent à la traîne pour de nombreuses cibles des objectifs de développement durable, elle a estimé qu’il serait difficile pour la moitié de ces pays de sortir de cette catégorie d’ici à 2020.  Il est impératif, selon elle, de renforcer la résilience des PMA, et, pour cela, il faut mettre en place un mécanisme multipartite spécifique pour ces pays.

La responsabilité du développement incombe principalement aux pays en développement, dont les PMA, a reconnu la représentante, mais pour y arriver il faut que ces pays puissent compter sur l’accompagnement de la communauté internationale qui doit honorer ses engagements par le truchement de la coopération.

Soulignant en outre que le fardeau des changements climatiques est disproportionné pour les PMA, et que ces pays sont loin de pouvoir répondre aux besoins de financement prévus par l’Accord de Paris, elle a tiré la sonnette d’alarme.  Elle s’est aussi inquiétée que l’aide publique au développement (APD), qui continue de représenter une source de financement essentielle pour ces pays, n’ait cessé de diminuer (baisse de 3,9% depuis 2015), l’amenant à exiger que les engagements pris par les partenaires de développement soient honorés.

Il en va de même pour la baisse des échanges commerciaux pour la même période, ce qui appelle un renforcement des capacités productives des PMA et de la création d’emploi.  Dépendant en partie des contributions de leurs travailleurs à l’étranger, les PMA encouragent des schémas de migration régulière et ordonnée, a-t-elle poursuivi avant de souligner par ailleurs le potentiel de la Banque d’informations industrielles de technologie pour les PMA.

Enfin, elle a salué le fait que plusieurs pays avaient réussi à sortir de la catégorie de PMA récemment et que d’autres étaient en bonne voie pour le faire.  Ces pays doivent pouvoir compter sur le soutien continu du système de développement des Nations Unies, a-t-elle conclu.

M. HECTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador), s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a plaidé pour qu’une aide accrue soit accordée aux pays en développement dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il a appelé les pays développés à respecter leur engagement de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) au développement international.  Faisant le constat que l’accès aux prêts se réduit avec l’augmentation des revenus des pays, il a appelé à changer de méthode de classement des pays.

Le représentant a aussi plaidé pour le renforcement de la coopération triangulaire, ainsi que de la coopération Sud-Sud, précisant que cette dernière est un complément, et non pas un substitut à la coopération Nord-Sud.  Il a ensuite appelé à lutter contre les flux illicites de capitaux, tout en plaidant pour le renforcement du système commercial multilatéral, insistant également pour que la voix des pays en développement soit davantage entendue dans les prises de décisions par les instances internationales.

Le délégué a par ailleurs souhaité que les mandats des agences, fonds et programmes des Nations Unies soient adaptés au nouveau programme de développement, en tenant compte des liens existant entre les divers objectifs de développement.  Dans ce contexte, il a salué les réformes engagées par le Secrétaire général de l’ONU dans le but d’améliorer l’efficacité du système des Nations Unies.  

Devant la vulnérabilité des pays de la CELAC face aux catastrophes naturelles, notamment les changements climatiques, il a appelé au renforcement du Cadre de Sendai, tout comme il a plaidé pour des ressources internationales afin d’aider ces pays à renforcer les mesures d’adaptation et de d’atténuation aux changements climatiques, conformément à l’Accord de Paris.  Il a enfin souligné que la coopération internationale pour le développement doit tenir compte du fait que chaque État exerce sa souveraineté sur ses ressources et sur son programme économique.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte), qui s’exprimait au nom du Groupe des pays d’Afrique, a noté que malgré la baisse de 50% du taux de pauvreté dans le monde depuis l’adoption des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), l’Afrique héberge toujours la moitié des 800 millions de personnes qui vivent dans la pauvreté extrême dans le monde.  Pour le représentant, « l’Afrique sera le véritable test de la réussite de nos efforts de développement durable ».

Il a plaidé en faveur d’efforts plus importants pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030, qui tiennent compte des besoins spécifiques de l’Afrique.  Notant que les ressources du continent sont souvent pillées par les flux financiers illicites, il a mis l’accent sur la nécessité urgente de mener des programmes de coopération solides pour éviter ce pillage des avoirs africains et pour restituer les flux illicites du passé à leurs pays d’origine, le but étant d’allouer ces ressources au financement du développement. 

L’Afrique connaît également un manque structurel d’infrastructure, ce qui représente un obstacle majeur pour son développement, a poursuivi le représentant qui a recommandé, pour y remédier, d’adopter une approche régionale, basée sur les technologies nouvelles.  Il a également évoqué le problème du fossé numérique, avant de saluer le lancement de la Banque de technologies pour les PMA, sachant que la majorité de ces pays se trouve en Afrique.

« Il faut apporter une valeur ajoutée aux produits de base africain et promouvoir le libre échange », a encore exigé le représentant en demandant le soutien des partenaires de développement via des accords commerciaux préférentiels.  En ce qui concerne le secteur de l’agriculture, qui ne représente qu’un tiers du PIB africain, il a estimé qu’il fallait des investissements massifs pour sortir des millions de personnes de la pauvreté.  Il est également revenu sur les aléas de la sècheresse et de la désertification qui frappent l’Afrique.  Par ailleurs, face à l’urbanisation accélérée du continent, l’Afrique est favorable au renforcement d’ONU-Habitat, a-t-il ajouté.

« Surmonter les défis susmentionnés exige un partenariat régional et international pour accélérer le développement durable », a poursuivi le représentant.  L’Afrique étant la région qui contient la majorité des PMA et des pays en conflit, elle doit demeurer au cœur des priorités pour la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030, a-t-il conclu.

Au nom des petits États insulaires en développement (PEID) du Pacifique, M. RENNIER GADABU (Nauru) a souhaité que les réformes en cours du système de développement des Nations Unies ne minent pas les efforts pour atteindre les objectifs de développement durable mais au contraire viennent soutenir les travaux de la Commission.  Il faut surtout tenir compte des interconnexions entre les zones qui sont traditionnellement tenues séparément, a-t-il recommandé.

M. Gadabu a ajouté que les travaux de la Commission sont importants pour la mise en œuvre des recommandations du Corps commun d’inspection sur le système de développement des Nations Unies pour les PEID y compris la résolution sur le suivi et la mise en œuvre des Orientations de Samoa.  L’une des recommandations prioritaires est la nécessité de regarder de manière critique les critères d’éligibilité de l’accès au financement pour le développement et l’assistance technique qui devraient être offerts aux PEID.  La catégorisation en fonction du revenu aboutit souvent à exclure les PEID des traitements préférentiels, en dépit de leurs vulnérabilités spécifiques.

Le financement du développement est une priorité absolue, a réitéré M. Gadabu pour qui sans un flux de financement utilisable, les objectifs et les cibles sont des promesses creuses.  Après avoir rappelé les conséquences tragiques des changements climatiques cet automne, le représentant a estimé que les travaux de la Commission devraient être adaptés à cette nouvelle réalité dangereuse et à la nécessité de réduire la vulnérabilité, et donc de bâtir la résilience dans les endroits à risque.  Au vu des implications sécuritaires des changements climatiques, il a réitéré son appel pour une réponse institutionnelle adéquate qui comprenne la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général sur les changements climatiques et la sécurité.

S’exprimant au nom du Groupe du Forum des îles du Pacifique, M. ROBERT SISILO (Îles Salomon) a rappelé l’attachement de ses États Membres à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et à la « feuille de route du Pacifique pour 2030 ».  Il s’est déclaré impatient de travailler, au sein de la Deuxième Commission, sur la résolution annuelle relative aux Orientations de Samoa, qui portent sur les modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (PEID).  Préoccupé des conséquences –politiques, sociales et économiques– des changements climatiques pour les PEID comme le sien, le représentant a encouragé le système des Nations Unies à accroître son assistance, pour leur permettre de faire face à leurs vulnérabilités spécifiques et de renforcer leur résilience.  Il a également lancé un appel aux institutions financières internationales pour qu’elles élargissent l’accès au financement à taux réduit pour le groupe de pays au nom desquels il s’est exprimé.

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a présenté un certain nombre de ses priorités en insistant sur les liens entre les cadres de développement et leurs moyens de mise en œuvre.  Il a dit attendre la reconnaissance de manière générale des situations particulières de certains pays, en particulier les petits États insulaires en développement (PEID). 

Le représentant a souligné l’importance des Orientations de Samoa dans la résolution annuelle sur le suivi de la mise en œuvre de ce programme, attendant également avec intérêt l’examen de haut niveau de ce programme qui aura lieu en 2019 et qui devra refléter les conclusions de l’Examen complet du soutien du système des Nations Unies aux PEID.  Plus que jamais, les PEID ont besoin d’un appui clair et coordonné de tout le système des Nations Unies et des différents mécanismes, a-t-il dit en souhaitant que cela soit souligné dans la résolution.  Le délégué des Maldives a réitéré son appel aux partenaires de développement pour qu’ils poursuivent leur soutien aux PEID.   

De l’avis du représentant, les phénomènes météorologiques extrêmes illustrent l'importance de prendre des mesures urgentes sur les changements climatiques et le développement durable.  Il a invité à examiner en priorité les vulnérabilités inhérentes aux pays et leurs capacités limitées pour rebondir après des catastrophes naturelles et celles provoquées par l’homme.  Il a aussi renouvelé son appel aux institutions financières internationales pour qu’elles améliorent l’accès au financement concessionnel en prenant en compte les défis spécifiques et les défis des PEID, y compris les conséquences des changements climatiques sur leurs économies. 

En outre, le délégué a appelé à prévoir des critères autres que le produit intérieur brut pour déterminer l’éligibilité à des financements concessionnels et nonconcessionnels.  « Nous appelons la communauté internationale à soutenir nos efforts pour élaborer des mesures multidimensionnelles qui prennent en compte les vulnérabilités particulières des PEID.  Nous demandons également la participation des PEID dans les processus de prise de décisions et de mise en place des normes qui les touchent », a exigé le représentant.

Avec l’adoption du Programme de développement durable à l'horizon 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba et de l’Accord de Paris, la communauté internationale a adopté le programme de développement le plus ambitieux de tous les temps, a estimé Mme JOANNE ADAMSON, de l’Union européenne (UE).  Pour que la Deuxième Commission puisse atteindre son plein potentiel, il est impératif, selon elle, qu’elle fasse sien ce Programme et formule des stratégies nouvelles et innovantes pour atteindre les cibles du développement durable en tandem avec la réforme ambitieuse proposée par le Secrétaire général.  La Deuxième Commission est au cœur de nos efforts communs pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-elle affirmé.

Dans une lettre adressée au Président de l’Assemblée générale en août 2017, l’UE a réitéré son attachement aux travaux de cette Commission mais a aussi regretté que les progrès concernant sa revitalisation ne soient pas à la hauteur des attentes.  À ce titre, la lettre met l’accent sur les réformes organisationnelles à prévoir par rapport aux corrélations entre la Commission et l’ECOSOC dans la mise en œuvre des accords adoptés en 2015.  Cette lettre définit de façon détaillée les principes de dialogue et insiste sur le fait qu’il faut éviter les doubles emplois et leurs potentielles conséquences budgétaires.  La représentante a également insisté sur le besoin de respecter les dates butoirs.  Si un projet de résolution nécessite plus de temps pour les discussions et négociations, il faut reporter son adoption à la session suivante, a-t-elle recommandé.

En juin 2017, l’UE a adopté sa réponse au Programme de développement durable à l'horizon 2030, une vision commune pour sa politique de développement: un consensus européen sur le développement.  L’UE cherche à y refléter son engagement extérieur pour une politique de développement par le biais d’une mise en œuvre coordonnée, notamment de l’Accord de Paris et du Programme de développement durable à l'horizon 2030.  Conformément à l’engagement de 2015, l’UE reste attachée au principe de ne laisser personne de côté, or de nombreux Européens et d’autres pays se sentent toujours mis de côté dans la reprise économique et appréhendent la mondialisation, a noté la représentante.  Une croissance inclusive, équilibrée et durable exige une coopération multilatérale forte et des règles claires pour pouvoir faire face aux causes profondes des larges mouvements de réfugiés et de migrants, a-t-elle estimé.

Pour l’UE, l’autonomisation et les droits de l’être humain pour les femmes et les filles représentent un thème transsectoriel du Programme 2030.  « Nous venons de lancer une initiative multi-annuelle avec l’ONU pour combattre toute forme de violence à l’égard des femmes et des filles qui est soutenue par une bourse de 500 000 euros », a annoncé la représentante.  Elle a également mis l’accent sur la menace des changements climatiques et la nécessité impérative de pleinement appliquer l’Accord de Paris, « une nécessité pour protéger notre planète et une opportunité en termes de croissance et d’emploi » selon elle.  Elle a enfin exprimé le souhait de l’UE que la résolution de la Deuxième Commission sur les activités opérationnelles du développement serait ciblée et brève.

M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie), s’exprimant au nom des pays en développement sans littoral, a indiqué que ces pays avaient vu la croissance annuelle de leur PIB passer de 6,9% en 2013 à 2,6% en 2016.  La part de ce groupe dans le commerce mondial des marchandises est passée de 0,96% en 2015 à 0,88% en 2016, a-t-il ajouté. Le délégué a ensuite souligné les conséquences négatives des changements climatiques pour ces pays, qui sont parmi ceux faisant face au stress hydraulique le plus élevé au monde.  Notant le manque de ressources des pays en développement sans littoral, M. Kapambwe s’est dit préoccupé par la baisse de l’aide publique au développement (APD) en leur faveur, de 26,1 milliards de dollars en 2014 à 24,8 milliards en 2015, sachant que l’APD demeure la source principale de financement extérieur pour nombre de ces pays.  Le délégué a souligné la nécessité de renforcer les capacités productives des pays sans littoral afin de créer des emplois, de contribuer à la sécurité alimentaire et d’améliorer la qualité de vie.  Il a exhorté les États Membres à ratifier l’Accord multilatéral portant création d'un groupe de réflexion international sur les pays en développement sans littoral, un instrument qui vise à renforcer les capacités analytiques de ces pays.  Enfin, le délégué a rappelé que la coopération Sud-Sud devait venir en complément de la coopération Nord-Sud, non pas la remplacer.

Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a déploré les mesures économiques coercitives imposées à certains pays.  En ce qui concerne le programme de développement durable, elle a estimé qu’il fallait maintenant passer de la parole aux actes.  Considérant que le droit au développement est un droit propre à tous, elle a invité les pays développés à respecter une fois pour toutes leurs engagements en matière de financement du développement.  « Notre engagement le plus important doit être l’éradication de la pauvreté », a-t-elle lancé en invitant pour ce faire à établir un véritable partenariat mondial pour assurer que les ressources soient disponibles à cet effet.

La représentante s’est félicitée des avancées que connaît l’économie du Nicaragua ces dernières années, grâce aux efforts nationaux et au soutien de la communauté internationale.  Elle a invité les pays développés à modifier leurs modes de production et de consommation qui ne sont pas durables selon elle.  Elle a aussi plaidé pour une « justice climatique », appelant à une plus grande coopération en faveur des pays en développement dans ce domaine.  Elle a fait mention de la solidarité du Nicaragua envers le peuple de Palestine, estimant, même les peuples vivant sous occupation ont droit au développement, et se disant favorable à une discussion, au cours de la présente session, sur le projet de résolution annuel portant sur l’exploitation des ressources naturelles des territoires palestiniens et du Golan syrien occupés.

M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie), a salué les progrès réalisés au cours de l’année dernière dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment l’organisation de la Conférence Habitat III à Quito, la Conférence des Nations Unies sur les questions relatives aux océans ainsi que la manifestation organisée par le Président de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable.

Notant que le Secrétaire général avait lancé, en juillet 2017, le repositionnement du système de développement de l’ONU, il a insisté pour que le résultat de ce processus tienne compte de la nécessité de l’appropriation par les États du programme de développement.  Par ailleurs, les activités opérationnelles de développement de l’ONU devraient tenir compte du besoin de construire, promouvoir et renforcer les capacités de développement des pays au plan national.

Le Programme de développement durable à l'horizon 2030 ne fait que renforcer la détermination de la Malaisie à adopter des approches musclées pour atteindre les objectifs de développement durable, ceux-ci étant intégrés dans une stratégie nationale de développement.  Le pays a établi une structure de gouvernance participative, a ajouté le représentant avant de mentionner également les études menées sur la disponibilité des données et l’analyse des lacunes.  Par ailleurs, la Malaisie a formulé une feuille de route nationale pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a également présenté son examen national volontaire au Forum politique de haut niveau pour le développement durable.  Son gouvernement s’efforce de veiller à ce que chaque Malaisien puisse profiter de façon égale de la richesse du pays, a conclu son représentant.

 « Il est inacceptable que près de 800 millions de personnes continuent de vivre dans l’extrême pauvreté », a affirmé M. TORE HATTREM (Norvège).  Il a affirmé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était un instrument puissant pour faire face à ce défi en raison de son universalité.  La mise en œuvre de ce Programme exige un système de développement onusien plus efficace, cohérent et transparent, a-t-il dit, avant de louer les efforts de réforme du Secrétaire général allant en ce sens.  Il a accueilli favorablement l’idée d’un cadre financier visant à améliorer la qualité et la prévisibilité du financement de ce système de développement.  Le délégué a indiqué que l’aide publique au développement (APD) continuerait d’être importante, en particulier pour les pays les moins avancés.  La contribution de la Norvège au titre de l’APD continuera de représenter autour de 1% de son revenu national brut, a-t-il assuré.  En conclusion, M. Hattrem a souligné la nécessité de renforcer la lutte contre les flux financiers illicites aux fins d’une meilleure mobilisation des ressources domestiques pour le développement.

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada), qui s’exprimait au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a rappelé la responsabilité qui incombe aux délégués de la Deuxième Commission dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a relevé que, depuis l’adoption de celui-ci en 2015, des progrès significatifs avaient été réalisés pour concrétiser cette vision, notamment grâce à des engagements de lutte contre les changements climatiques et pour la protection des océans.

Le représentant du groupe CANZ a insisté sur l’objectif 5 de développement durable relatif à l’égalité entre les sexes, faisant valoir que c’est le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté, d’instaurer une paix durable et de parvenir à un développement durable inclusif dans le monde.  On estime que 28 milliards de dollars manquent dans le PIB mondial parce que le monde n’est pas parvenu à une parité totale, a-t-il rappelé pour souligner le coût économique de cette inégalité.

Les membres du groupe CANZ tiennent en outre à ce que l’on mette un accent particulier sur les besoins spécifiques des PMA et des PEID pour respecter l’engagement qui a été pris de ne laisser aucun pays et personne de côté.

Les objectifs de développement durable représentent un programme universel qui s’adresse à tous les pays, y compris ceux du groupe CANZ, qui s’engage à les réaliser au plan national et à y contribuer au plan international.  Dans cet esprit, les membres du groupe CANZ présenteront leurs examens nationaux volontaires en 2018, a annoncé le représentant.  « La pauvreté et la faim ne connaissent pas de frontière et l’on ne saurait prétendre que ces défis solvables ne frappent qu’ailleurs », a-t-il expliqué.

En vue de réaliser le développement durable, le groupe CANZ mise sur des partenariats pluridimensionnels dans le domaine des changements climatiques et notamment pour appliquer l’Accord de Paris.  C’est une responsabilité à assumer au nom des générations à venir, a-t-il estimé.  Avant de conclure, le représentant a soutenu la réforme proposée par le Secrétaire général pour rendre l’ONU plus efficace et efficiente.

M. DIEGO PADILLA (Costa Rica) a insisté pour que les objectifs de développement durable soient appréhendés dans leurs caractères universel et interconnecté.  Il a fait remarquer que les indicateurs macroéconomiques, comme le revenu par habitant, ne reflètent pas la capacité des pays à sortir de la pauvreté et à lutter contre les inégalités notamment entre les sexes.  Après avoir souligné l’importance de l’agriculture familiale, qui nourrit près de trois milliards de personnes dans le monde, il a annoncé qu’il présenterait un projet de résolution pour que soit proclamée la décennie (2019-2028) de l’agriculture familiale.

M. Padilla a aussi jugé essentiel d’encourager une gouvernance transparente, notamment en luttant contre les flux financiers illicites.  S’agissant du soutien que l’ONU peut apporter aux pays, il a estimé particulièrement importante la stratégie du Secrétaire général sur le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement, dans l’optique d’éviter des doublons.  Il a aussi souhaité reconsidérer la méthode de classification des pays, afin que l’on tienne compte des besoins propres aux pays à revenu intermédiaire.

Mme DOMA TSHERING (Bhoutan) a annoncé que son pays se soumettrait en 2018 à l’examen national volontaire du Forum politique de haut niveau, et lancerait son douzième plan de développement quinquennal sur le thème: « une société juste, harmonieuse et durable grâce à une décentralisation renforcée ».  Ce plan, qui fait écho au thème du débat général de la plénière de l’Assemblée générale, a intégré le Programme 2030, le Programme d’action d’Istanbul et le Programme d’action de Vienne, a précisé la représentante.

Elle a indiqué que son pays était aussi qualifié pour sortir de la catégorie des pays les moins avancés.  « Le douzième plan constituera le dernier kilomètre de notre marche vers le développement pour sortir de cette catégorie. »  En 2018 auront également lieu les élections législatives, a indiqué la représentante.  Tout cela arrive au moment où les donateurs se sont retirés progressivement, « à cause du modeste succès que nous avons atteint », a-t-elle relevé. 

C’est la raison pour laquelle elle a souligné l’importance du renforcement du partenariat mondial et des moyens de mise en œuvre du Programme 2030, y compris l’aide publique au développement (APD).  L’économie du Bhoutan a besoin de se focaliser sur des objectifs économiques, notamment les objectifs de développement durable 7 à 10, a-t-elle indiqué en souhaitant voir se développer un secteur privé robuste.  Il faut parvenir à une transformation structurelle de l’économie pour instaurer une économie diversifiée capable de susciter les investissements directs étrangers et de permettre la construction d’infrastructures résilientes et fortes. 

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a fait remarquer que le développement durable et la paix s’épanouissaient ensemble.  Comme les conflits et l’extrémisme ont augmenté ces dernières années, il est extrêmement important, pour réaliser les objectifs de développement durable, de faire face aux divers besoins et défis des pays et des régions touchés, comme le Moyen-Orient.  Cette région continue d’être affectée par les conflits et les guerres qui ont plongé des millions de personnes dans une pauvreté abjecte, a-t-il rappelé. 

Le commerce étant un autre moteur de la croissance et du développement durable, il a défendu un système commercial multilatéral universel, régulé, ouvert, non discriminatoire, dépolitisé et équitable, y voyant une condition indispensable pour les pays en développement.  Après avoir mis en exergue les grandes étapes franchies par son pays pour surmonter ses propres défis, le représentant a indiqué qu’il existait des défis communs à la région et en même temps de nombreuses opportunités dont il faut profiter.

La dégradation des sols, la désertification, la restauration des terres, la pollution, la destruction des habitats, l’augmentation du niveau des mers, les changements climatiques, la raréfaction de l’eau, les tempêtes de sable et de poussières et la mortalité de masse de la vie marine figurent parmi nos défis, a énuméré le représentant tout en expliquant que son pays continue de trouver des occasions de coopération avec les autres pays aux niveaux régional et sous régional.  Il s’agit de renforcer la collaboration pour mettre en œuvre la vision d’un cadre efficient pour réaliser les objectifs de développement durable.   

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a jugé particulièrement lente la vitesse avec laquelle certains des objectifs de développement durable sont mis en œuvre.  Il a aussi noté que les impacts des changements climatiques conduisaient à de nombreuses catastrophes naturelles qui mettent à mal l’existence de nations, notamment les PEID.  Pour réussir sur la voie du développement durable, un véritable partenariat mondial est la clef, a-t-il plaidé en expliquant que les efforts nationaux entrepris par de nombreux pays comme le sien ne seront pas suffisants pour réaliser les objectifs de développement durable. 

Pour assurer la réussite des ambitions internationales de développement, le représentant a insisté sur le renforcement des partenariats mondiaux.  Il a également appelé à la cohérence dans la mise en œuvre de tous les accords internationaux tels que le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba, l’Accord de Paris et le Nouveau Programme pour les villes.  Enfin, il faut s’assurer que les fonds nécessaires sont disponibles, notamment en renforçant l’aide publique au développement (APD), a-t-il plaidé.

Évoquant la nécessité d’un système multilatéral renforcé pour réaliser les objectifs du Programme 2030, Mme LAURA ELENA FLORES HERRERA (Panama) a souligné que l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions exigeait de faire face aux besoins des pays en développement et, partant, a exprimé son grand intérêt pour établir un plan d’action intégral de coopération avec les pays à revenu intermédiaire.  En ce sens, la coopération Sud-Sud joue un rôle de plus en plus important, sans toutefois vouloir remplacer la coopération Nord-Sud, mais plutôt pour la compléter et la renforcer.

Mme Flores Herrera a évoqué les catastrophes naturelles à Cuba, aux États-Unis et dans les Caraïbes, ainsi qu’au Mexique, pour souligner combien il est nécessaire de construire des ponts de solidarité.  Elle a ajouté que la mise en œuvre de l’Accord de Paris est un impératif pour la consolidation des objectifs de développement durable, soulignant qu’aucun pays n’est à l’abri des effets des changements climatiques.  Estimant que l’existence d’un système multilatéral inclusif, transparent et efficace est d’une importance vitale pour faire face aux défis mondiaux, le Panama maintient sa position à propos de la gouvernance mondiale et de l’importance d’augmenter et de renforcer la participation des pays en développement dans les processus d’adoption de décisions et l’établissement de normes dans le cadre économique global. Mme Flores a aussi plaidé en faveur du renforcement de la transparence financière et de l’éradication des flux financiers illégaux d’ici à 2030, en luttant notamment contre l’évasion fiscale et la corruption.

Mme CURRIE (États-Unis) a estimé qu’il fallait intégrer la vision du Secrétaire général pour la réforme de l’ONU en vue de rendre l’Organisation plus efficace, notamment dans les travaux de la Deuxième Commission.  Sa délégation, qui soutient cette vision de grandes réformes de l’ONU, encourage la Commission à se concentrer sur des travaux ayant un véritable impact sur le terrain, à dépasser les discours creux et à éviter les doublons.  Compte tenu des ressources limitées dont dispose la Deuxième Commission, elle a souligné son obligation de rationaliser et optimiser ses travaux en intégrant des résolutions pour éviter des négociations multiples sur les mêmes questions.  La Commission doit aussi respecter les dates butoirs pour la présentation de textes de résolutions et finaliser ses travaux en temps voulu, a exigé la représentante américaine.

Si la Deuxième Commission revenait à ses anciennes pratiques non efficaces, les États-Unis n’auraient d’autre option que de se désengager de ses travaux et de s’opposer à certaines résolutions, « une solution de dernier recours », a-t-elle précisé.  La clef du succès, selon la représentante, c’est de communiquer de façon précoce pour parvenir à des solutions sur certains problèmes, même si on sait que le consensus ne sera pas toujours possible.

M. TLHALEFO BATSILE MADISA (Botswana) a jugé crucial de répondre aux nombreuses préoccupations des pays en développement sans littoral pendant la présente session.  Cela exige la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne et du Programme 2030, a-t-il précisé.  Le représentant a souligné l’importance de l’assistance technique, du renforcement des capacités et des soutiens financiers à ces pays, afin d’atténuer les impacts des contraintes géographiques auxquelles ils sont confrontés en raison de leur manque d’accès territorial à la mer. 

L’aide au développement des infrastructures, la libéralisation du commerce et l’harmonisation des règles d’origine et des règlements de transit contribueront grandement à faciliter l’exportation de biens et de services issus des pays en développement sans littoral sur les marchés internationaux, a réitéré le délégué botswanais.  Il a aussi souhaité qu’on accorde la priorité à la situation spécifique des pays et aux défis de la pauvreté, de l’inégalité des revenus et de l’accès aux services de base.  Il a dit, avant de clore, que l’Afrique a besoin d’investissements dans les technologies de l’information et des communications, les services et le développement des compétences. 

M. NAWAF SALAM (Liban) a indiqué que le Liban avait mis en place, le 21 juin dernier, un Comité national de coordination de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  L’une de ses tâches principales est d’intégrer ces objectifs dans les programmes et plans nationaux de développement et de préparer le premier examen national volontaire auquel le pays va prendre part au mois de juillet prochain.

M. Salam a rappelé que le Liban est l’un de ces pays où se déroule, concomitamment, des efforts de consolidation de la paix, de développement, des activités humanitaires et d’autres relatives au maintien de la paix.  Les activités humanitaires ont pris de l’ampleur ces dernières années du fait de l’afflux de plus de 1,2 million de réfugiés à cause de la crise en Syrie, a-t-il souligné, une situation qui a un impact sur la vie économique, sociale, environnementale et sécuritaire du pays.  Parmi les conséquences, il a cité le ralentissement de l’économie, l’augmentation des taux de chômage et de pauvreté et un grand poids sur les infrastructures.  De ce fait, le Gouvernement libanais souligne l’importance de renforcer la coordination entre les activités humanitaires menées par les Nations Unies dans le pays et celles consacrées au développement.

Le représentant a en outre rappelé que la marée noire causée par la destruction de la centrale électrique d’El-Jiyeh par Israël, en juillet 2006, continue d’avoir un impact sanitaire et économique sur le pays.  De ce fait, M. Salam a invité la communauté internationale à adopter, une fois de plus, un projet de résolution qui demande à Israël d’assumer les responsabilités de ces actes en dédommageant le Liban.

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a prédit qu’il serait impossible d’atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030, et cela malgré les progrès enregistrés à ce jour.  « Il faut travailler plus vite et plus fort tout en assurant un progrès équilibré dans toutes les dimensions du développement durable –économique, sociale et environnementale. »

Il faut mettre les personnes au cœur des politiques nationales de développement durable, a-t-il poursuivi, une approche adoptée par son gouvernement dans le cadre de sa stratégie économique de suffisance (SEP).  Ces stratégies nationales devraient en outre rechercher la participation de toutes les parties prenantes, ce qui a pris la forme du « Pracharath » en Thaïlande, un mécanisme qui facilite ce genre de participation, notamment celle du secteur privé, a expliqué le représentant.

Il a rappelé que la Thaïlande faisait partie des 43 pays qui avaient déjà présenté leur examen national volontaire cette année au Forum politique de haut niveau.  En vue de réduire les inégalités, elle a opté pour une économie de l’innovation qui est basée sur la valeur, tout en l’accompagnant d’investissements dans le secteur social, notamment une couverture sanitaire universelle et l’éducation pour tous jusqu’à l’âge de 15 ans, a encore précisé son représentant.  La lutte contre l’inégalité entre les sexes et en faveur de l’autonomisation des femmes représente d’autres priorités en Thaïlande qui se concrétisent par des facilités d’accès aux financements et aux opportunités d’emploi pour les femmes, en particulier celles vivant en milieu rural.

Après avoir souscrit à l’Accord de Paris sur les changements climatiques, la Thaïlande cherche en outre à mettre en place des systèmes d’alerte rapide et de réduction des risques en cas de catastrophes naturelles.  Elle compte pour cela sur la coopération régionale et internationale, a expliqué son représentant, ajoutant que son pays contribuait régulièrement au Fonds d'affectation spéciale multidonateurs de la CESAP pour la préparation aux tsunamis, aux catastrophes et aux changements climatiques dans l'océan Indien et dans les pays d'Asie du Sud-Est.

Il a également mis l’accent sur l’importance de l’aide publique au développement (APD), la mobilisation des ressources internes et les partenariats internationaux ainsi que publics-privés dans la réalisation des objectifs de développement durable.  Dans cet esprit, la Thaïlande apporte son assistance technique à de nombreux pays de la région Asie-Pacifique et en Afrique.

M. ASHISH SINHA (Inde) a rappelé que son pays faisait partie des 43 pays qui avaient d’ores et déjà présenté leur examen national volontaire au Forum politique de haut niveau.  Soulignant l’impact dévastateur des ouragans qui ont ravagé les Caraïbes et les États-Unis ces dernières semaines et sapé leurs efforts de développement, il a souhaité voir accorder une plus grande attention à la résilience des communautés et à la réduction des risques en cas de catastrophes naturelles.  L’Inde s’est résolument engagée sur la voie des énergies renouvelables en lançant l’Alliance solaire internationale qui cherche à réunir des pays partenaires pour mobiliser des financements à grande échelle en vue de réduire le coût de l’énergie solaire et promouvoir la recherche et le développement dans ce domaine.  Quarante pays en sont déjà membre, s’est-il enorgueilli, ajoutant que l’Inde allait organiser un Sommet solaire cette année en décembre.

Dans le cadre de son engagement à respecter le Cadre de Sendai, l’Inde a divulgué son plan national de gestion des catastrophes naturelles et a accueilli en 2016 la Conférence biennale ministérielle sur cette question, en collaboration avec le Secrétariat interinstitutions de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes (UNISDR).

En adoptant la résolution du QPCR qui donne une orientation stratégique au système de développement de l’ONU, la communauté internationale s’est engagée aux côtés du Secrétaire général pour qu’il puisse mener la réforme proposée de ce système en vue de faciliter la réalisation des objectifs de développement durable, s’est félicité le représentant indien.  Il a insisté sur le fait qu’il fallait veiller à ne pas détourner des ressources destinées aux programmes de développement vers d’autres efforts, car cela toucherait en particulier le développement des PMA et des PEID.

Avant de conclure, le représentant a réaffirmé que les stratégies de développement de l’Inde sont alignées sur celles du Programme de développement durable à l'horizon 2030 en mettant l’accent sur l’élimination de la pauvreté, la santé, l’éducation, la parité entre les sexes, la qualification professionnelle et l’emploi, l’énergie, les infrastructures du développement ainsi que l’inclusion bancaire et l’accès au crédit bancaire pour les plus démunis.

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a suggéré que la Deuxième Commission saisisse l’élan pris, deux ans après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, pour se focaliser sur des actions concrètes qui peuvent avoir un impact sur le terrain.  Elle a souligné combien la coopération internationale était cruciale pour éradiquer la pauvreté, mettre fin aux inégalités et assurer l’avènement du développement durable sous tous ses aspects.  Elle a invité les pays développés à apporter leur concours aux pays en développement faisant face aux catastrophes naturelles du fait des changements climatiques.

Mme Phuong Nga a insisté sur le rôle du commerce dans le chemin du développement, appelant à favoriser un système commercial multilatéral qui soit universel, ouvert, transparent, inclusif et non discriminatoire.  La représentante a aussi plaidé pour un transfert de technologies en faveur des pays en développement, disant attendre la mise en place du mécanisme de facilitation des technologies.  Elle a par ailleurs prévenu que son pays courait le risque de se retrouver dans « le piège du revenu intermédiaire », puisqu’il ne peut bénéficier ni des prêts concessionnels ni de l’aide publique au développement (APD) du fait de ce statut.  Elle a de ce fait plaidé pour une réforme des méthodes de classement des pays.

Mme FISHER TSIN (Israël) a souligné que, aujourd’hui, en 2017, sur le chemin de 2030, « le moment est venu de s’arrêter, de réfléchir et de s’assurer que nous mettons en œuvre nos objectifs et que nous les voyons se concrétiser. »  Israël, a-t-elle indiqué, s’est donné pour priorité l’égalité entre les sexes, l’autonomisation des femmes et des filles, l’éducation des jeunes dans le monde et la promotion de l’esprit d’entreprise et d’innovation.  « Nous sommes aussi engagés à la promotion de la technologie agricole pour le développement durable, afin de parvenir à un monde exempt de famine », a dit la représentante en assurant vouloir continuer de donner la priorité à ces questions en Israël et à l’étranger.

Pour la délégation israélienne, ces thèmes devront aussi être des priorités à la Deuxième Commission.  C’est pourquoi Israël présentera une résolution sur la technologie agricole pour le développement durable, un texte qui souligne plusieurs questions primordiales pour réaliser les objectifs de développement durable et atteindre les cibles relatives à la faim, la nutrition, la sécurité alimentaire et l’agriculture durable. 

M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a estimé qu’il fallait utiliser au mieux le potentiel de la Deuxième Commission pour réagir face aux nouveaux défis sur la voie du développement durable.  La Russie met en œuvre des programmes ambitieux de protection de l’environnement, ayant investi notamment plus de 20 milliards de dollars dans le développement de l’Afrique au cours des dernières années, a-t-il précisé.

Pour sa délégation, les questions les plus pressantes en matière de développement durable sont la mondialisation, le développement des ressources humaines, les nouvelles technologies et la lutte contre les changements climatiques.  La mondialisation, par exemple, doit se faire par la coopération et sans aucun diktat idéologique, a-t-il exigé avant d’évoquer la création d’un partenariat euroasiatique, comme l’a proposé le Président Putin. 

De l’avis de la délégation russe, les sanctions utilisées comme instruments de pression sont nuisibles au développement.  Il faut donc à tout prix les éviter quand elles n’émanent pas du Conseil de sécurité.  Le représentant a aussi invité à aborder la problématique du développement des technologies numériques, arguant qu’elle définit le nouveau paradigme du développement de demain.  Cela suppose que la communauté internationale mette en place une base normative souple pour le numérique.

S’agissant de la lutte contre les changements climatiques, la Russie prône une modernisation des méthodes de production qui fera baisser le niveau des émissions des gaz à effet de serre en vue de limiter le réchauffement de la planète.  La Russie propose en outre d’accorder une attention toute particulière au développement humain, et notamment de répondre au problème du chômage des jeunes en mettant en place un système de soutien aux start-ups.  Avant de conclure, le représentant a appelé la communauté internationale à unir ses efforts afin de surpasser les déséquilibres qui existent aujourd’hui et parvenir à des règles commerciales plus justes et honnêtes.

Mme DAW HMWAY HMWAY KHYNE (Myanmar) a relevé que l’éradication de la pauvreté nécessite une approche intégrée de toutes ses dimensions ainsi que des politiques et stratégies appropriées.  De même, les partenariats mondiaux sont cruciaux pour la réalisation des objectifs de développement durable.  L’aide publique au développement (APD) reste aussi un moyen important de développement, a-t-elle ajouté.  C’est pourquoi elle a invité les pays développés à respecter leurs engagements en la matière.  Pour la représentante, le succès de la communauté internationale passe également par un système efficace de suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement. 

En outre, elle a souligné que le Myanmar est l’un des pays les plus affectés par les changements climatiques.  Elle s’est dite inquiète du fait que de nombreux PMA ne peuvent bénéficier des fonds prévus pourtant par l’Accord de Paris.  Elle a enfin exprimé la détermination du Myanmar à parvenir à la paix et la stabilité afin de pouvoir se consacrer aux efforts visant à jouir d’un développement durable.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a souligné l’engagement du Pérou, pays d’une grande diversité biologique et culturelle, envers le développement durable.  Il a d’ailleurs présenté en juillet son examen national volontaire au Forum politique de haut niveau.  Le Pérou promeut la défense des droits de l’homme, la préservation de l’environnement, l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes, a-t-il indiqué en ajoutant qu’il est en train de lancer une révolution sociale basée sur la fourniture de services publics de qualité, avec l’accès à l’eau potable et à l’assainissement comme priorités.

Dans le cadre de l’Accord de Paris, le Pérou a créé un groupe de travail multisectoriel pour aller vers une économie faible en émission de carbone.  Et comme pays vulnérable, il continuera à participer activement à la réduction des risques de catastrophe pour que le Cadre de Sendai devienne une réalité pour tous.  Enfin, M. Meza-Cuadra a attiré l’attention sur le rôle de la culture comme catalyseur du développement durable.  Il soutiendra un projet de résolution du G77 en ce sens, de même qu’un autre projet de résolution sur l’inclusion financière pour le développement durable, qui vise à faciliter l’accès aux services financiers à toutes les personnes, en particulier les femmes, les groupes vulnérables et les populations rurales.

Mme ANAYANSI RODRIGUEZ CAMEJO (Cuba) a indiqué que Cuba participera aux travaux de la Deuxième Commission avec l’objectif de trouver le moyen d’éliminer les obstacles qu’affronte la communauté internationale en matière de développement et qui touchent avant tout les pays les plus vulnérables.  Cet effort colossal ne sera possible que si les délégations font preuve d’une véritable volonté politique et de coopération, a insisté la délégation, ajoutant qu’il fallait en finir avec les pratiques consistant à imposer des propositions non consensuelles qui ne représentent les intérêts que d’un petit groupe de pays: les développés.

Deux ans après l’adoption du Programme 2030, les inégalités et la polarisation sociale dans le monde persistent, voire s’aggravent, parfois à l’intérieur même des nations développées, a constaté la représentante en faisant valoir que la concentration des revenus et de la richesse dans ces pays contraste avec la pauvreté dans laquelle vivent la majorité des populations des pays en développement.  La délégation cubaine a dès lors plaidé pour une nouvelle architecture financière mondiale, pour l’élimination du monopole technologique et pour un changement de l’ordre économique international en vigueur.  Les pays aujourd’hui industrialisés doivent accepter leur dette historique et exercer le principe de « responsabilités communes mais différenciées », a dit la délégation.

Cuba a en outre appelé les États à s’abstenir d’imposer des mesures coercitives unilatérales qui entravent le droit économique et social des peuples, une question sur laquelle le G77 présentera d’ailleurs un projet de résolution.  La délégation a dénoncé en particulier le blocus économique des États-Unis contre son pays, en vigueur depuis plus de 50 ans.

Au sujet des changements climatiques, la délégation de Cuba a estimé que l’Accord de Paris est un point de départ qui doit être préservé et développé, ajoutant qu’aucun pays ne devrait renoncer unilatéralement à sa responsabilité internationale commune, ni oublier sa dette écologique envers l’humanité et les générations futures. Les pays développés doivent changer leurs modes de production et de consommation irrationnels, réduire les émissions de gaz à effet de serre et respecter leurs engagements en matière de financement et de transfert de technologie aux pays en développement selon le principe des responsabilités communes mais différenciées.

Pour M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) les questions qui dépendent du mandat de la Deuxième Commission sont au cœur du développement durable, et, pour être efficace, la Commission devrait se pencher avant tout sur les défis posés à ce développement.  La lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent représente un de ces défis majeurs, un problème mondial auquel aucun pays ne peut faire face à lui tout seul, a-t-il relevé.  Dans le cas de la Syrie, il a exigé que l’on mette fin aux mesures coercitives qui lui sont imposées et qui ont des effets néfastes sur les secteurs de l’enseignement, de la santé et de l’énergie.  Le représentant a été jusqu’à comparer ces mesures unilatérales à une autre forme de terrorisme qui contribue à exacerber la crise syrienne et entrave le développement durable du pays.

Le Gouvernement syrien cherche à répondre aux besoins de développement du pays en adoptant un programme national post conflit, qui vise une reprise progressive de l’économie et comprend des mesures de lutte contre la corruption.  La Syrie réitère en outre son engagement en faveur de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, a-t-il ajouté.  « Certains pays ignorent le fait qu’il n’y a pas de paix sans développement durable et vice versa », a conclu le représentant syrien.

M. NECTON D. MHURA (Malawi) a remarqué que de nombreuses préoccupations relatives à la réalisation du développement durable requièrent davantage de délibérations, citant par exemple le commerce, le financement du développement, la facilité de financement internationale, les technologies de l’information et de la communication (TIC) et le changement climatique.  Selon lui, les projecteurs doivent rester braqués sur la création de bons cocktails de politiques, pour que les institutions locales, régionales et mondiales se réforment et s’adaptent à un paysage mondial changeant et fluctuant.

De l’avis du représentant, il faut apporter une assistance financière et technique conforme aux engagements faits en vertu du Programme d’action d’Addis-Abeba, du Programme d’action d’Istanbul et du Programme d’action de Vienne.  Après avoir mis en exergue les performances économiques de son pays, notamment le taux d’inflation à un chiffre (9,3%) en août dernier, et ce, depuis décembre 2011, le représentant malawien a annoncé que son gouvernement lancerait très bientôt la troisième stratégie quinquennale de développement et de croissance sur le thème « Bâtir une nation résiliente, compétitive et productive ».  Cette stratégie se focalise sur l’agriculture, la gestion des changements climatiques, l’éducation et les infrastructures pour les TIC, le développement du tourisme, la santé et la population.

M. CARMELO INGUANEZ (Malte) a estimé que l’appropriation nationale est la clef de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a appelé à la revitalisation des travaux de la Deuxième Commission, en droite ligne des efforts du Secrétaire général visant à réformer l’ONU et son système de développement.  Il a rappelé que Malte avait présidé le Conseil de l’Union européenne au cours du premier semestre 2017, une présidence qui a coïncidé avec la mise sur pied du Consensus de l’Union européenne (UE) pour le développement, un plan collectif d’action de l’UE et de ses membres en vue d’éradiquer la pauvreté et promouvoir le développement durable.

Au niveau national, Malte a lancé un plan stratégique national de réduction de la pauvreté pour la période 2014-2024.  L’un des défis majeurs de Malte est la sécurité alimentaire, puisque le pays importe la plupart des aliments consommés par sa population.  Un autre défi réside dans le système d’adduction d’eau qui n’est plus durable au vu de la croissance de la population et des risques sanitaires liés aux méthodes utilisées en ce moment.  Malte s’est également engagée à assurer une gestion durable de ses ressources halieutiques.  Son engagement pour les océans se traduit par l’organisation, cette semaine, de la conférence « Notre océan » de 2017.

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a estimé que le monde est bien loin des résultats escomptés en matière de développement durable.  Il a invité la communauté internationale à tenir compte des problèmes spécifiques des pays en situation particulière.  Il a notamment prôné un transfert de technologies en faveur des pays en développement.  Il a aussi rappelé aux pays développés la nécessité d’honorer leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD).  Le représentant a par ailleurs appelé à une réforme du système de développement des Nations Unies, plaidant pour davantage de transparence, et précisant que toute réforme devrait respecter les orientations formulées par les États Membres dans l’examen quadriennal complet. 

Mme ISABELLE PICCO (Monaco) a estimé que le secteur public ne pouvait être l’unique responsable du bien-être de la société, bien qu’il doive créer les conditions propices à la pleine participation de tous au changement et veiller au respect de l’intérêt général.  La révolution technologique et industrielle, a-t-elle noté, confère aux entreprises et à la société civile un pouvoir important dans toutes les sphères des relations internationales.  Il est donc crucial que ces changements profonds s’accompagnent d’une reconnaissance de la responsabilité conjointe des secteurs publics, privé et de la société civile.

Cependant, a-t-elle regretté, nous constatons aujourd’hui une tendance croissante au manque de confiance intersectorielle autant qu’intrasectorielle.  Ainsi, est-il nécessaire de poser la question de l’amélioration des cadres de gouvernance dans tous leurs aspects pour rendre nos modèles plus inclusifs, permettant une conduite plus responsable et des réponses collectives qui favorisent les partenariats.

Après avoir énuméré les transformations du modèle économique monégasque, la représentante a déclaré que le gouvernement princier avait pleinement conscience des défis à relever et de la responsabilité qui lui incombe.  Par une approche concertée, il continuera à déployer des efforts d’investissements importants pour maintenir la croissance économique en mobilisant l’ensemble des moyens et acteurs et favoriser la recherche et l’innovation.  Monaco poursuivra son ambitieuse politique de coopération, a assuré Mme Picco en rappelant qu’il consacre plus de 1,1% de ses recettes à l’aide publique au développement.

M. HAHN CHOONGHEE (République de Corée) a fait certaines suggestions pour traduire les engagements pris sous le Programme 2030 et l’Accord de Paris en actions concrètes, à commencer par la réforme du système de développement des Nations Unies qui doit rester pertinent et efficace.  Il faut pour cela casser les barrières et renforcer les liens entre les trois piliers de la Charte de l’ONU (paix et sécurité, droits de l’homme et développement), a-t-il estimé.  Cette réforme, selon lui, devrait également porter sur l’architecture du financement et encourager la collaboration entre les diverses agences onusiennes œuvrant dans ce domaine, ainsi qu’avec d’autres parties prenantes du secteur privé et des institutions internationales du financement, en mettant l’accent sur le rapport qualité-prix de chaque investissement.  En outre, la transparence, la responsabilité s’imposent dans le futur système de développement de l’ONU, a encore exigé le représentant coréen.

Le délégué a soutenu le mécanisme d’évaluation mis en place dans le cadre du Programme 2030 en insistant sur l’importance des données de qualité et des capacités statistiques nationales pour s’assurer que tous les pays ont les moyens d’appliquer de manière inclusive ce programme.

La République de Corée a ratifié l’Accord de Paris en novembre 2016 et s’engage à le respecter, a poursuivi son représentant qui a appelé à ne pas lâcher prise en attendant de finaliser le livre de procédure qui doit l’accompagner.  Pour sa part, son pays s’oriente vers une économie à faibles émissions de carbone et souhaite venir en aide au pays en développement dans ce domaine, notamment par le truchement du Fonds vert.  Pour sa délégation, il est également primordial de renforcer la réduction des risques de catastrophe en misant sur des plateformes mondiales et régionales pour protéger la vie et les biens des personnes. 

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a estimé que le contexte mondial difficile doit donner le courage aux États Membres de s’engager davantage pour trouver un consensus et formuler des engagements concrets et novateurs qui contribuent à la réalisation du Programme 2030.  La Deuxième Commission a entre ses mains les principaux défis qu’affronte l’humanité, a remarqué la représentante, mentionnant en particulier l’éradication de la pauvreté et les changements climatiques. Elle a en outre réitéré la nécessité impérative d’une réforme du système de développement des Nations Unies pour atteindre des visions ambitieuses et réalistes, pour optimiser l’utilisation des ressources et éviter les doublons.  Le processus de réforme d’ONU-Habitat est par exemple une opportunité d’en faire un modèle de transparence et d’efficacité pour parvenir au développement territorial durable et à la pleine réalisation du Nouveau Programme pour les villes.

La représentante a dit qu’il faut également prêter une meilleure attention à la question du financement du développement.  Aussi est-il important d’aborder ensemble les débats relatifs aux transferts de technologie, en cherchant des mécanismes qui permettent de matérialiser non seulement cet engagement mais également tous les autres dans le cadre du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba.

Reconnaissant que la restructuration du Système de développement des Nations Unies est une question complexe, M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a recommandé de viser l’amélioration du panorama du financement pour le développement et des moyens de mise en œuvre du Programme 2030 pour les pays à revenu intermédiaire et notamment le sien, ainsi que l’accès aux technologies et aux outils de suivi de mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Pour sa part, le Guatemala a adapté son plan national de développement aux instruments internationaux.  Il a aussi présenté son examen volontaire national durant la dernière session du Forum politique de haut niveau en juillet 2017.

Le Guatemala, a poursuivi son représentant, reste préoccupé par la perspective d’une réduction de l’accès au financement au fur et à mesure que les revenus nationaux augmentent.  Il a ainsi encouragé les banques multilatérales de développement et les institutions financières internationales à adopter des politiques graduelles pour garantir une assistance qui réponde aux défis des pays à revenu intermédiaire.  Au sujet des flux financiers illicites, le Guatemala a mené des politiques actives pour les réduire, a indiqué le représentant qui a félicité l’Éthiopie, le Nigéria, les Philippines et la Suisse pour leurs bonnes pratiques dans ce domaine.  Par ailleurs, le Guatemala suit avec attention la restructuration d’ONU-Habitat, qui devra répondre aux demandes de meilleure efficacité, de transparence et de reddition de comptes.

M. EL HACEN ELEYATT (Mauritanie) a fait part des progrès enregistrés en Mauritanie dans la mise en œuvre du Programme 2030 grâce à ses politiques nationales et à des modifications législatives pour établir un cadre plus transparent et ainsi attirer des investissements.  Pour permettre l’accès des jeunes au marché du travail, le Gouvernement a financé des programmes de microcrédits alors que pour ce qui est de l’autonomisation des femmes, il a adopté une politique de discrimination positive qui permet aux femmes d’être présentes dans tous les secteurs et à tous les niveaux.

Pour ce qui est de l’autonomisation économique, les femmes sont les premières bénéficiaires du Fonds national de développement.  Par ailleurs, il y a eu des investissements majeurs dans le secteur de la santé, a encore indiqué le représentant en faisant état des implications directes que cela a eu sur les taux de mortalité et la lutte contre le VIH/sida.  Soulignant que la Mauritanie est une grande victime des changements climatiques, puisque 75% de son territoire est frappé par la sècheresse et la désertification, il a mentionné les investissements faits dans le reboisement et dans d’autres programmes afin d’augmenter sa résilience et augmenter sa sécurité alimentaire.

Pour Mme ISATA KABIA (Sierra Leone), l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba et de l’Accord de Paris traduit l’esprit du multilatéralisme nécessaire pour un monde plus pacifique, plus prospère et plus sûr.  Le fait de reconnaître que l’élimination de la pauvreté est un facteur clef pour le développement au-delà de 2015 est une réalisation en soi, a estimé la représentante qui, notamment, a applaudi l’initiative de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés (PMA). 

La Sierra Leone a inclus les objectifs de développement durable dans sa troisième stratégie de réduction de la pauvreté, a expliqué la représentante, une stratégie qui jette les bases pour passer dans la catégorie de pays à revenu intermédiaire d’ici à 2035.  Comme beaucoup d’autres pays en situation post conflit, la Sierra Leone n’a pas entièrement réalisé les objectifs du Millénaire pour le développement, a rappelé Mme Kabia.  Le pays apprécie par conséquent que l’on reconnaisse le besoin de ressources adéquates pour les pays en situation post conflit et la possibilité de pouvoir compter sur des flux financiers prévisibles, stables et sur le long terme.  À ce titre, la représentante a insisté sur le rôle essentiel que jouent toujours l’aide publique au développement (APD) et la coopération internationale pour le développement.

Elle est également revenue sur les changements climatiques qui sapent les acquis en termes de développement de beaucoup de pays vulnérables.  « Si l’on ne fait pas face à ce fléau de manière urgente, cela n’aura pas uniquement des répercussions sur la vitesse du développement mais également sur la sécurité alimentaire et la paix mondiale », a averti la représentante.  Elle a fait part des besoins critiques de son pays dans la mobilisation des ressources internes et de ses difficultés à accéder aux financements climatiques.  Elle a expliqué que la Sierra Leone n’était toujours pas en mesure d’attirer des investissements étrangers privés dans des secteurs cruciaux comme la santé, l’éducation, les infrastructures, le secteur manufacturier, le commerce, le tourisme et l’industrie.

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) s’est félicitée du nombre très élevé de pays candidats pour présenter leur examen national volontaire, le Kirghizistan ayant récemment présenté son rapport.  Le bien-être de l’être humain est au cœur des actions du pays, a-t-elle assuré, en précisant que le Gouvernement travaille à améliorer les infrastructures.  Un programme de développement durable à l’horizon 2040 a été mis en œuvre dans le pays afin de rendre la société plus ouverte et de parvenir à une véritable transformation. Quant au changement climatique, la représentante a attiré l’attention sur ses effets délétères et sur les risques majeurs qu’il entraîne en Asie centrale, en particulier par rapport à la question de l’uranium.  La fonte des glaciers est un autre sujet de préoccupation car ce sont des sources d’eau qui pourraient complètement disparaître au Kirghizistan d’ici à 2100. 

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