8166e séance – après-midi
CS/13176

Soudan du Sud: les membres du Conseil agitent la menace de sanctions pour stopper les violations à l’Accord de cessation des hostilités du 21 décembre

Informés de l’évolution de la situation au Soudan du Sud, les membres du Conseil de sécurité ont salué aujourd’hui le succès de la première phase du forum de haut niveau pour la revitalisation de l’Accord de paix de 2015, organisé par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et la signature, dans ce cadre, le 21 décembre d’un Accord de cessation des hostilités.  La plupart des intervenants ont également exprimé leur scepticisme face aux multiples violations du cessez-le-feu déjà commises par les deux signataires, appelant à des sanctions contre ceux qui ne respecteraient pas les engagements qu’ils ont eux-mêmes pris.

L’Accord de cessation des hostilités, de protection des civils et d’accès humanitaire signé le 21 décembre est un « accomplissement majeur » de l’IGAD, a commenté le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.  M. Jean-Pierre Lacroix a aussitôt ajouté que cet Accord ne représentait qu’un premier pas, certes important, et que le cessez-le-feu avait été violé dès l’entrée en vigueur de l’Accord, le 24 décembre. Le Président de la Commission mixte de suivi et d’évaluation, M. Festus Mogae, a lui aussi dénoncé, depuis Jouba, la vitesse avec laquelle certaines parties avaient violé l’Accord.

Affichant leur scepticisme sur la volonté des parties de respecter leurs engagements, tant M. Lacroix que M. Mogae, et après eux la plupart des membres du Conseil, ont insisté sur un point: les parties sud-soudanaises doivent comprendre que la communauté internationale et la région n’accepteront plus qu’un accord soit signé puis aussitôt violé en toute impunité par ses signataires. 

M. Mogae a rappelé à cet égard que dès 2014 un Sommet de l’IGAD avait décidé de prendre des mesures contre ceux qui, déjà, auraient violé l’Accord de cessation des hostilités de l’époque et M. Lacroix a rappelé que tant le Secrétaire général des Nations Unies que le Président de la Commission de l’Union africaine avaient souligné leur intention d’appuyer toute mesure qui ferait que les parties assument les conséquences de leurs actes, conformément au Communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine du 20 septembre 2017.

Les mesures envisagées en 2014 par l’IGAD comprenaient le gel des avoirs et l’interdiction de voyager, mais aussi un embargo sur les armes.  Aujourd’hui, la représentante de la France s’est dite favorable à ces sanctions individuelles.  Elle a aussi rappelé que la France était depuis longtemps favorable à un embargo sur les armes au Soudan du Sud, une mesure qui a été réclamée énergiquement par ses homologues des États-Unis et du Royaume-Uni.

Les violations du cessez-le-feu ne doivent toutefois pas servir de prétexte pour saper la deuxième phase du forum de haut niveau pour la revitalisation de l’Accord de paix de 2015, qui doit commencer le 5 février à Addis-Abeba, a plaidé la représentante de l’Éthiopie, appuyée notamment par son collègue des Pays-Bas. 

Au contraire, comme l’a dit le représentant de la Chine, la communauté internationale doit faire en sorte que la deuxième phase du forum soit un succès, tout en respectant le processus d’appropriation nationale et politique.

Comme l’a relevé là aussi la représentante de l’Éthiopie, le succès du forum et le règlement des grands problèmes du pays sont largement tributaires de la coopération des parties.

Parmi ces grands problèmes figure la dramatique situation humanitaire du pays, qu’a présentée la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Mme Ursula Mueller.  Plus de 2 millions de Sud-Soudanais réfugiés à l’étranger, environ 1,9 million d’autres déplacés à l’intérieur de leur pays, 6 millions -soit plus de la moitié de la population restante- nécessitant une protection vitale, 5,1 millions frappés d’insécurité alimentaire aiguë, 1,5 million frôlant la famine qui touche déjà 20 000 personnes.  C’est le tableau effrayant dressé par Mme Mueller qui a rappelé qu’avec le début de la période de soudure en mars, la situation risquait de s’aggraver encore. 

La plupart des intervenants ont fait état de leur préoccupation face à cette situation, pressant les parties de respecter le volet humanitaire de l’Accord du 21 décembre.  Plusieurs d’entre eux ont dénoncé la poursuite des entraves au travail des acteurs humanitaires dont les barrages et les extorsions commises par des bandes criminelles, sans oublier les entraves bureaucratiques de l’État sud-soudanais et les coûts prohibitifs appliqués à l’action humanitaire.

Les membres du Conseil ont apporté leur soutien à la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) dans la perspective de l’examen stratégique qu’elle doit subir.  Le mandat de la Mission qui a fait l’objet d’une prorogation technique le 14 décembre dernier, arrive à expiration le 15 mars prochain.  Le représentant de la Bolivie a souhaité que l’on renforce le volet « protection des civils ».  Sans la MINUSS, la situation au Soudan du Sud serait bien pire, a acquiescé son collègue de la Guinée équatoriale.  

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, s’est d’abord félicité de la signature, le 21 décembre dernier, dans le cadre de la première phase du forum de haut niveau pour la revitalisation organisé par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), d’un Accord de cessation des hostilités, de protection des civils et d’accès humanitaire entre les parties sud-soudanaises.  Il y a vu un « accomplissement majeur » de l’IGAD, avec le plein soutien de la région et de la communauté internationale.

M. Lacroix a aussitôt ajouté que cet Accord ne représentait qu’un premier pas, certes important.  Il a rappelé que la situation en matière de sécurité restait inquiétante et qu’il y avait toujours de nombreuses violations de l’Accord.  Ces violations et la propagande hostile menée par l’une des parties attestent du manque d’engagement authentique à honorer les obligations, a estimé M. Lacroix, qui a condamné ces violations et a rappelé que tant le Secrétaire général des Nations Unies que le Président de la Commission de l’Union africaine les avaient également condamnées et souligné leur intention claire d’appuyer toute mesure qui ferait que les parties assument les conséquences de leurs actes, conformément au Communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine du 20 septembre 2017.  Les parties sud-soudanaises doivent comprendre que la communauté internationale et la région n’accepteront pas qu’un Accord soit signé puis violé en toute impunité, a averti le Secrétaire général adjoint, qui a encouragé le Conseil de sécurité à se prononcer très clairement en ce sens.

Après avoir détaillé plusieurs incidents ainsi que des affrontements communautaires, le Secrétaire général adjoint s’est néanmoins dit encouragé par l’inauguration, prévue demain, par le Représentant spécial et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), d’une nouvelle base de la Mission à Yei, en Équatorial central, dans une région frappée par de nombreuses pertes en vies humaines du fait des affrontements.  Il a ensuite précisé d’autres mesures prises par la MINUSS pour se projeter, établir la confiance, faciliter le travail des acteurs humanitaires et mieux s’implanter dans les zones contrôlées par l’opposition.

M. Lacroix a également rappelé que le déploiement de la Force de protection régionale se poursuivait, en même temps que les discussions avec l’Éthiopie et le Rwanda pour accélérer le déploiement des corps principaux des deux bataillons d’infanterie de ces deux États.  Actuellement, la Force de protection régionale a déployé 759 soldats au Soudan du Sud.

Le Secrétaire général adjoint s’est en outre dit préoccupé par les atteintes aux droits de l’homme, et notamment par les violences sexuelles liées au conflit.  En 2017, 111 incidents de ce genre ont été enregistrés, ainsi que 2 270 cas de violences sexuelles et sexistes mais M. Lacroix a estimé que, du fait de ses moyens limités, la Mission n’était sans doute pas en mesure de recenser toutes les violations.

Quant aux convois humanitaires, ils continuent de se heurter à des points de contrôle, des extorsions et du harcèlement.  Si ces agissements sont le plus souvent le fait de bandes criminelles, le Secrétaire général adjoint a appelé le Gouvernement provisoire d’union nationale à agir pour assurer la libre circulation des agents humanitaires. 

Enfin, M. Lacroix a rappelé que la deuxième phase du forum de haut niveau pour la revitalisation devait commencer le 5 février à Addis-Abeba et se concentrer sur la gouvernance, les arrangements transitoires de sécurité et le cessez-le-feu permanent.

Intervenant par visioconférence depuis Jouba, M. FESTUS MOGAE, Président de la Commission mixte de suivi et d’évaluation, s’est félicité de la tenue juste avant Noël, à Addis-Abeba, du forum de haut niveau pour la revitalisation, auquel ont participé 14 parties sud-soudanaises et d’autres parties prenantes importantes afin de s’attaquer aux difficultés auxquelles fait face le Soudan du Sud.  Le Président a précisé que la première étape du forum avait notamment été marquée par la signature, le 21 décembre 2017, de l’Accord.  Il a fait état d’une diminution de la violence mais a toutefois regretté que l’Accord a été violé par plusieurs parties signataires quelques jours à peine après sa signature.  Le Président a parlé de mouvements de troupes dans les États de l’Unité, de Jonglei, du Haut-Nil et de l’Équatorial central.  Attribuant aussi des flambées de violence à l’opposition, il a appelé les signataires à sensibiliser leurs partisans à l’Accord pour en garantir le respect immédiat.

M. Mogae a aussi indiqué que les déclarations du Gouvernement provisoire avaient contribué à l’érosion de la confiance et a parlé d’un atelier avec l’ensemble des signataires pour assurer le respect de l’Accord.  Le Président a indiqué que le forum de haut niveau se réunira de nouveau d’ici à une semaine pour poursuivre son examen systématique de l’Accord, soulignant que seul un dialogue politique soutenu pourra produire les dividendes d’une paix durable.  Il a appelé la communauté internationale et régionale à parler d’une seule voix pour obtenir des dirigeants sud-soudanais les compromis nécessaires à la paix et à la stabilité.

M. Mogae a dénoncé la vitesse avec laquelle certaines parties ont violé l’Accord, jugeant nécessaire que tous les dirigeants sud-soudanais comprennent les conséquences de leurs actes.  Il a rappelé que le communiqué du vingt-huitième Sommet extraordinaire des Chefs d’État et de Gouvernement de l’IGAD de 2014 stipulait déjà que ceux qui violeraient ce qui était alors l’Accord de cessation des hostilités seraient frappés du gel de leurs avoirs, d’une interdiction de voyager et d’un embargo sur les armes.  Le temps est venu, a déclaré M. Mogae, de réexaminer les mesures pratiques qui pourraient être imposées à ceux qui ne veulent pas prendre ce processus au sérieux et de souligner que le monde ne tolérera plus les tentatives de faire dérailler nos efforts pour assurer la paix.

Mme URSULA MUELLER, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a commencé par indiquer que le Plan d'aide humanitaire de 2018 pour le Soudan du Sud venait d’être lancé, en vue d’aider six millions de personnes dans le besoin d’une protection vitale, soit plus de la moitié de la population, « même après que plus deux millions de Sud-Soudanais ont fui le pays ».  Environ 1,9 million de personnes restent déplacées à l’intérieur du pays, a-t-elle précisé.  Le montant du Plan est fixé à 1,7 milliard de dollars, ce qui rend le fait de trouver des fonds additionnels absolument nécessaire, dans un contexte marqué par une insécurité alimentaire aiguë qui touche désormais 5,1 millions de personnes, une hausse par rapport à l’automne dernier.  Parmi cette population, près de 1,5 million de personnes frôlent la famine et 20 000 environ sont déjà touchées par ce fléau.  La prochaine période de soudure, qui débute en mars, devrait probablement aggraver l’insécurité alimentaire, dans la mesure où les agriculteurs sont empêchés de cultiver leurs terres ou de récolter à cause du conflit en cours et des difficultés à se déplacer, a expliqué la haut-fonctionnaire. 

Elle s’est ensuite dite préoccupée par les niveaux élevés de violences sexuelles.  En 2018, les partenaires humanitaires ont estimé à 1,8 million le nombre de femmes et de filles qui risquent de subir de telles violences.  C’est la raison pour laquelle ces partenaires se mobilisent pour prêter assistance à près de 400 000 personnes vulnérables de plus que l’an dernier, a précisé Mme Mueller.  Au nombre des développements positifs, la Sous-Secrétaire générale a fait savoir que depuis un mois, l’Organisation internationale pour les migrations (OMI) a été en mesure de fournir des soins de santé dans le « Grand Baggari », un secteur situé dans le sud de la ville de Wau, qui était coupé de toute aide depuis plus d’un an par l’Armée populaire de libération du Soudan.  « Mais, dans l’ensemble, les défis en termes d’accès ont continué de ralentir, voire de mettre un coup d’arrêt à l’acheminement par voie terrestre de l’aide humanitaire », a constaté la haut-fonctionnaire.

Malgré tout, l’ONU et ses partenaires humanitaires ont réussi à venir en aide à plus de 5,4 millions de personnes au Soudan du Sud l’an dernier, s’est félicitée Mme Mueller.   Selon elle, plus de 5,1 millions ont reçu une aide alimentaire et des articles de première nécessité; plus de 2,5 millions des trousses de secours d’urgence, et environ 900 000 enfants et femmes enceintes ou allaitantes des aliments nutritifs.  En outre, plus de 2,1 millions de Sud-Soudanais ont bénéficié de programmes d’assainissement, et près de 900 000 de produits d’urgence, dont des couvertures et des moustiquaires. 

En conclusion, la Sous-Secrétaire générale a appelé les membres du Conseil de sécurité à contribuer à la mobilisation des bailleurs de fonds autour du Plan d’aide humanitaire, et à user de leur influence pour que les parties au conflit respectent toutes leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, s’agissant notamment de la protection des civils et des personnels et biens humanitaires.  Enfin, Mme Mueller a demandé aux membres du Conseil de veiller à ce que les parties remplissent leur obligation de ménager et de faciliter un accès humanitaire sans entrave aux populations en détresse.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a rappelé que son gouvernement avait investi plus de 11 milliards de dollars pour le Soudan du Sud et a salué le décret du Président Salva Kiir sur l’accès humanitaire, déplorant toutefois que des agents continuent d’être bloqués et que les autorités leur réclament toujours d’importantes sommes d’argent qui, a-t-elle fait observer, pourraient être autrement mieux utilisées pour aider la population.  La représentante s’est félicitée de l’Accord sur la cessation des hostilités, déplorant toutefois qu’il ait été violé seulement quelques heures après sa signature.

Les choses vont à rebours au Soudan du Sud, s’est résignée la représentante, évoquant des massacres et les découvertes de charniers.  À ses yeux, les efforts de la communauté internationale ont échoué parce que les autorités sud-soudanaises continuent de trahir leur population.  Elle a réclamé un embargo sur les armes au Soudan du Sud, ajoutant que « ce geste puissant » nous permettra d’aider la population et de faire baisser la violence.

Elle a ensuite appelé les parties au forum de haut niveau de l’IGAD à faire les compromis nécessaires, sinon l’Union africaine devrait envisager des mesures de redevabilité.  La déléguée a aussi appelé les Présidents du Kenya et de l’Ouganda à exercer plus de pression sur le Président Salva Kiir qui, a-t-elle accusé, a été jusqu’ici un partenaire « peu fiable ».

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a estimé que la situation en matière de sécurité au Soudan du Sud demeurait fragile et la situation humanitaire, lamentable.  C’est pourquoi la cessation des hostilités a reçu la priorité lors de la première phase du forum de haut niveau.  L’Accord du 21 décembre est un grand succès, a affirmé la représentante, qui a toutefois jugé « de mauvaise augure » les violations répétées de l’Accord de la part des deux parties signataires.  Le succès du forum et le règlement des grands problèmes du pays sont largement tributaires de la coopération des parties, a insisté la représentante, qui a salué à cet égard le rôle du Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et du suivi de l'application des dispositions transitoires de sécurité.  Les violations recensées par ce dernier ne doivent toutefois pas servir de prétexte pour saper la deuxième phase du forum, qui doit commencer le 5 février à Addis-Abeba, a ajouté la représentante.  Elle a appelé le Conseil de sécurité à rester uni et parler d’une seule voix, comme il a su le faire avec la déclaration présidentielle publiée au mois de décembre.  Elle s’est également félicitée de la rencontre annoncée le 27 janvier en marge du Sommet de l’Union africaine et a souhaité que cette rencontre imprime un élan positif.  

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a dit appuyer, depuis le début, l’initiative de l’IGAD pour la revitalisation du processus politique au Soudan du Sud, ainsi que celles des autres acteurs impliqués dont le Conseil de sécurité et l’Union africaine.  Tous s’accordent à dire, a rappelé le représentant, qu’il s’agit d’une chance unique de sortir du conflit.  Le représentant a toutefois prévenu qu’un processus de cette nature ne donnera pas les résultats attendus tant que les parties ne prennent pas leurs engagements au sérieux et ne montrent pas une véritable volonté politique de les respecter.  Le représentant a condamné, à son tour, les violations de l’Accord et a rappelé les parties à leurs responsabilités de protéger les civils et de garantir l’accès humanitaire.  Il a placé beaucoup d’espoirs dans la deuxième phase du forum, comptant sur la bonne foi des négociateurs.

Le représentant a insisté sur la grave situation humanitaire, lançant un appel à la mobilisation de la communauté internationale.  Alors que progresse le déploiement de la Force régionale de protection, il a prôné une présence plus forte des patrouilles de la MINUSS dans les principales zones de combats.  Le délégué a souligné un autre point important, celui de l’examen stratégique de la MINUSS.  Il faut, a-t-il estimé, renforcer la stratégie à trois volets de la protection des civils.

M. FRANCISCO TENYA (Pérou) a appuyé tous les efforts visant à revitaliser le processus de paix au Soudan du Sud, soulignant qu’il n‘existe pas de solution militaire mais qu’il faut au contraire renforcer le dialogue politique sur la base d’un processus sans exclusive et transparent.  À ce titre, il a estimé que le forum de haut niveau est l’initiative la plus viable pour assurer une paix durable dans le pays.  Il a appelé à une plus grande participation des femmes et des jeunes.

Il a aussi insisté sur l’importance de l’appui de la communauté internationale et des organisations africaines, appelant l’ONU, l’Union africaine et l’IGAD à renforcer la coordination pour assurer la cohérence de l’appui au processus.  Le représentant a également voulu que les dialogues initiés par le Gouvernement provisoire d’union nationale se déroulent de manière transparente et sans exclusive, de façon à compléter utilement le dialogue du forum de haut niveau.

Le représentant s’est inquiété des violations de l’Accord du 21 décembre dernier et a prôné la poursuite du déploiement de la Force régionale de protection.  Le délégué a ensuite dénoncé les violences subies par la population, rappelant aux autorités leur devoir de protéger les civils et de traduire les coupables en justice.  Il a aussi appelé les autorités à lever tout obstacle qui empêche la MINUSS de s’acquitter de son mandant, dénonçant par ailleurs les entraves à l’aide humanitaire.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a rappelé que la stabilité à long terme du Soudan du Sud dépendait d’un accord politique et a félicité l’IGAD pour le succès de son forum de haut niveau, qu’il a décrit comme le meilleur moyen de parvenir à un accord inclusif, tout en ajoutant que cela supposait que ledit forum fût lui-même inclusif.

Les hostilités n’ont en fait pas cessé et l’Accord du 21 décembre a été immédiatement violé, a fait observer, à son tour, le représentant.  Ceux qui commettent ces violations et s’opposent au processus de paix doivent en subir les conséquences, a-t-il prévenu, avant de suggérer à l’IGAD d’y réfléchir à la réunion du 27 janvier.  Qualifiant d’essentiel le Mécanisme de surveillance, il a reconnu qu’il n’avait « pas la tâche facile » et que l’opposition devrait cesser de le critiquer.  

Le représentant a constaté une situation humanitaire toujours catastrophique, une catastrophe d’origine humaine dont toutes les parties sont responsables, y compris le Gouvernement, qui érige des obstacles et impose des coûts prohibitifs aux organisations humanitaires.  Le représentant a appuyé une nouvelle fois l’idée d’un embargo sur les armes au Soudan du Sud, estimant que la mesure s’inscrirait dans le droit fil de ce que demande la région: des conséquences pour les violateurs de l’Accord de paix.  « C’est la pierre que le Conseil de sécurité doit apporter à l’édifice de paix en cours. »

M. OLOF SKOOG (Suède) s’est dit très préoccupé par la situation sécuritaire et humanitaire au Soudan du Sud, avant d’indiquer que seuls le courage et la détermination permettront de briser le cycle de violence que subit le peuple sud-soudanais.  Il a condamné les violations de l’Accord et exhorté les parties à le mettre en œuvre de bonne foi.  Il a appelé la MINUSS à appuyer le Mécanisme de surveillance, tout en précisant que l’Union européenne a décidé de faire à ce dernier une contribution de 5 millions d’euros.  Le forum de l’IGAD, a-t-il dit, représente une occasion unique de revitaliser le processus de paix.  Il a donc conseillé aux parties de ne pas la laisser passer.  Appelant le Conseil à faire preuve d’unité dans son soutien au forum, le représentant a insisté sur le fait que le succès dépendra de la transparence et du caractère inclusif des travaux.  La pleine participation des femmes est cruciale, a-t-il précisé, avant de saluer les mesures prises en vue d’établir le Tribunal mixte pour le Soudan du Sud.  

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a attiré l’attention sur trois points: l’Accord de paix, la redevabilité et l’accès humanitaire.  Concernant l’Accord de paix, sa revitalisation est le défi le plus urgent, a-t-il estimé.  « Nous ne pouvons laisser quiconque faire obstacle à la paix en sapant ce processus », a averti le représentant.  Il a appelé tous les acteurs à participer de manière constructive au deuxième round du forum de haut niveau, y compris les pays voisins du Soudan du Sud. 

S’agissant de la redevabilité, il a dit: « nous ne pouvons pas attendre que les armes se taisent pour commencer à demander des comptes aux auteurs des violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme ».  La création d’un Tribunal mixte, acceptée par toutes les parties sud-soudanaises en 2015, est une étape essentielle contre l’impunité.  Nous exhortons les autorités du Soudan du Sud et l’Union africaine à créer ce tribunal le plus tôt possible, a déclaré M. van Oosterom.

Pour ce qui est de l’accès humanitaire, il a appelé le Gouvernement du Soudan du Sud et toutes les autres parties à donner un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave à toutes les populations dans le besoin, y compris le respect de la liberté de mouvement de la MINUSS dont le travail est essentiel pour faciliter l’aide humanitaire.

M. SHEN BO (Chine) a rappelé le succès de la première phase du forum de haut niveau de l’IGAD et salué l’Accord du 21 décembre.  La Chine est disposée à appuyer l’IGAD, l’Union africaine et les autres organisations régionales et sous-régionales, a ajouté le représentant qui a invité la communauté internationale à renforcer son aide au processus politique, lequel représente la seule solution à la crise.  La Chine appuie, a-t-il dit, la Déclaration faite le 12 janvier dernier par le Secrétaire général des Nations Unies et le Président de la Commission de l’Union africaine.  Pour la Chine, la communauté internationale doit faire en sorte que la deuxième phase du Forum soit un succès, tout en respectant le processus d’appropriation nationale et politique.  Le représentant a voulu que l’on augmente l’appui humanitaire au Soudan du Sud et a rappelé le rôle de la Chine dans le développement du pays.  Il a aussi apporté son soutien à la MINUSS et a souhaité que l’examen stratégique de la Mission mette l’accent sur sa contribution qu’elle pourrait apporter au développement du pays. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est dit gravement préoccupée par la situation sécuritaire et humanitaire « particulièrement perturbante » au Soudan du Sud, constatant qu’à l’heure actuelle, c’est l’aide humanitaire qui maintient la population en vie.  Elle a aussi dénoncé les violences subies par les femmes, notamment les violences sexuelles et à caractère ethnique.  Elle a engagé les parties à mettre un terme aux violations des droits de l’homme et à respecter l’Accord de cessation des hostilités.  Elle a appuyé le forum de l’IGAD, estimant que celui-ci constitue l’initiative la plus viable.  Elle a engagé les parties à participer de bonne foi au processus, faisant par ailleurs observer que ce processus ne saurait être illimité alors que la population souffre.  Elle a salué les efforts de protection des civils déployés par la MINUSS, regrettant toutefois les difficultés rencontrées par la Mission pour s’acquitter de son mandat.  Elle a aussi appelé le Gouvernement à faciliter le déploiement intégral de la Force régionale d’intervention.

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUE (Côte d’Ivoire) a focalisé son intervention sur trois points, à savoir les obstacles rencontrés par la MINUSS dans la mise en œuvre de son mandat, la situation humanitaire et les efforts de l’IGAD en vue de la revitalisation du processus de paix.  Le représentant a déploré les multiples entraves du Gouvernement provisoire d’union nationale à la mise en œuvre de l’Accord sur le statut de la force onusienne, de même que les incidents imputés aux forces antigouvernementales contre la MINUSS.  Devant ces faits d’une extrême gravité, la Côte d’Ivoire, a dit le représentant, exhorte toutes les parties au conflit à respecter leurs engagements et à garantir à la MINUSS une liberté totale de mouvement et de circulation et à lui faciliter les procédures administratives nécessaires à l’exercice de ses fonctions.  Il a aussi appelé le Gouvernement sud-soudanais à poursuivre les discussions avec la MINUSS sur l’utilisation de la base de Tomping par les unités de la Force de protection régionale.

Concernant la situation humanitaire, M. Tanoh-Boutchoue s’est inquiété de ce que les affrontements entre les forces gouvernementales et celles de l’opposition dans certaines régions, provoquent la fuite de milliers de personnes.  Face aux multiples obstacles qui entravent l’accès humanitaire, la Côte d’Ivoire, a-t-il dit, condamne fermement les violences et abus commis contre le personnel humanitaire.  Le représentant a exhorté les parties à éviter tout acte de nature à entraver la bonne conduite de l’action humanitaire.  Concluant sur les efforts de l’IGAD, il a condamné les dernières violations de l’Accord, quelques jours à peine après sa signature.  Il a invité les parties belligérantes à la retenue et rappelé qu’il était de leur devoir d’assurer la protection des civils mais aussi le respect des droits de l’homme et l’accès humanitaire.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a affirmé que le forum de haut niveau constitue une opportunité que les parties sud-soudanaises doivent saisir pour arriver enfin à surmonter leurs différences et s’inscrire dans une perspective de paix.  Elle a aussi constaté que le forum est actuellement dans une phase clef dont dépendra sa réussite.  En la matière, elle a jugé essentiel que toutes les parties respectent l’Accord de cessation des hostilités et rappelé « avec force » que les violations ne pourront être tolérées.  La représentante a estimé que le Mécanisme de surveillance doit « plus que jamais » remplir son rôle de contrôle et bénéficier des capacités nécessaires pour remplir sa mission.

Elle a ensuite appelé les parties à tirer profit de la prochaine session du forum, début février, pour parvenir dans les meilleurs délais à un consensus sur la revitalisation de l’Accord de paix de 2015, notamment dans ses dimensions relatives au partage du pouvoir, à la gouvernance, aux arrangements de sécurité et à la lutte contre l’impunité.  Elle a aussi appelé les parties sud-soudanaises à faire preuve rapidement de leur volonté d’avancer sur tous les sujets.

Le processus ne peut être un processus ouvert dans le temps, a-t-elle souligné, estimant que ni le pays, ni la région, ni la communauté des nations ne peuvent se permettre de nouvelles tergiversations.  En cas de coopération insuffisante, a-t-elle mis en garde, nous ne devrons pas hésiter à prendre les mesures nécessaires, y compris des sanctions individuelles, pour altérer les calculs des parties qui font obstruction au processus de paix.  Elle a aussi dit compter sur l’unité des pays de l’IGAD pour maintenir la pression sur les parties.

La représentante s’est également préoccupée des difficultés que continuent de rencontrer les acteurs humanitaires.  Elle a déploré le fait que 14 agents aient perdu la vie au Soudan du Sud en 2017, avant de condamner les obstacles dont la MINUSS continue d’être victime dans la mise en œuvre de son mandat.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a salué le travail effectué par la MINUSS dans un pays où la situation pourrait, a-t-il estimé, se dégrader encore avec la saison sèche.  Le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent décupler leur appui à la Mission et appuyer l’IGAD dans ses efforts visant à redynamiser le processus politique, a plaidé le représentant.  S’il a reconnu que des sanctions pourraient avoir un rôle non négligeable pour relancer le processus, il a aussi estimé que d’autres mesures pragmatiques devraient être envisagées et a souhaité que le Conseil étudie diverses options.  Alors que va avoir lieu l’examen stratégique de la MINUSS, le représentant a rappelé que la situation dans le pays serait bien pire si elle n’était pas là.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) s’est inquiété de la détérioration de la situation au Soudan du Sud.  Sur le plan politique, il a appuyé les initiatives de l’IGAD et a dit attendre avec intérêt la tenue de la deuxième phase du forum de haut niveau.  Il a salué l’Accord du 21 décembre, déplorant, à son tour, qu’il ait été violé quelques jours après.  Le représentant s’est aussi inquiété de la situation humanitaire « désastreuse » au Soudan du Sud où 60% de la population a besoin d’aide et où un tiers est déplacé ou refugié.  Il a salué les efforts de l’Éthiopie, de l’Ouganda et du Soudan qui ont accueilli la grande majorité des réfugiés.  Le représentant a dénoncé les obstacles à l’aide humanitaire et a appelé au respect du Décret présidentiel en la matière.  Il a aussi réclamé le plein déploiement de la Force régionale d’intervention, avant d’annoncer que son pays souhaite contribuer au développement du Soudan du Sud.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a estimé que la stabilisation ne sera possible que par un cessez-le-feu et la négociation d’un accord de paix durables.  Il s’est félicité de l’Accord du 21 décembre mais a déploré que les signataires aient commencé à s’accuser mutuellement de violations à peine est-il entré en vigueur.  Il a jugé important que la deuxième phase du forum se tienne avec tous les acteurs concernés.  S’il ne n’est pas opposé à d’éventuelles autres initiatives de paix, le représentant a appelé leurs auteurs à coordonner leurs efforts avec ceux déjà en cours.  Il s’est en outre félicité du rythme de déploiement de la Force de protection régionale et a appelé les États à la rendre véritablement opérationnelle.  Estimant que les rapports mensuels du Secrétaire général sur la question étaient « équilibrés », le représentant a dit attendre avec intérêt l’examen stratégique de la MINUSS.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) s’est félicité de la réussite de la première étape du forum de haut niveau et de la signature de l’Accord du 21 décembre.  Il a toutefois déploré que celui-ci ait depuis été violé par plusieurs parties.  Il a constaté que la poursuite des actions militaires avait contribué à aggraver la crise humanitaire et économique au Soudan du Sud où, s’est-il alarmé, plus de la moitié de la population souffre d’une grave insécurité alimentaire.  Il a aussi noté que le décret présidentiel du 9 novembre n’avait pas contribué à améliorer l’accès humanitaire.

Le représentant a exhorté les parties signataires à cesser immédiatement les hostilités et à faire preuve de la volonté politique nécessaire à l’approche de la deuxième étape du forum, « une occasion unique qui ne doit pas être ratée ».  Pour qu’elles soient efficaces, les négociations politiques, a-t-il estimé, doivent être assorties d’efforts de réconciliation communale et de rétablissement de la confiance entre les populations locales.  Un appui international est également nécessaire pour répondre aux racines complexes du conflit, grâce à des stratégies de développement économique, de réduction des risques de catastrophe et d’amélioration de la résilience.  Les femmes et les jeunes doivent être pleinement impliqués pour pouvoir obtenir des résultats durables, a ajouté le représentant.

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