En cours au Siège de l'ONU

Le Conseil de sécurité appelé à améliorer ses méthodes de travail, notamment au sein des comités des sanctions

8539e séance – matin
CS/13830

Le Conseil de sécurité appelé à améliorer ses méthodes de travail, notamment au sein des comités des sanctions

Près d’une quarantaine de délégations ont participé, aujourd’hui, à un débat public consacré aux méthodes de travail du Conseil de sécurité, organisé par le Koweït, qui préside l’organe ce mois-ci, après avoir présidé l’année dernière le Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure.  Afin d’accroître l’efficacité et la transparence de ses travaux et de renforcer les échanges et le dialogue avec les États non membres, les membres du Conseil se sont engagés ces dernières années à mettre en œuvre un certain nombre de dispositions.  Ce matin, le Conseil a ainsi été appelé à adapter les méthodes de travail de ses différents comités des sanctions au risque de voir leur légitimité et efficacité remises en cause, notamment dans le contexte de litiges juridiques. 

Intervenant dans ce cadre, le Directeur du Centre de recherche sur les politiques de l’Université des Nations Unies, M. James Cockayne, a recommandé que le Conseil renforce la garantie d’une procédure régulière et maintienne son contrôle sur les régimes de sanctions ciblées, « outil clef » pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Alors que l’Assemblée générale s’apprête à élire, demain, cinq nouveaux membres non permanents du Conseil de sécurité, les délégations ont également entendu la Directrice exécutive de Security Council Report, Mme Karin Landgren, saluer le travail « spectaculaire » accompli depuis l’adoption de la Note 507, en 2017, pour préparer les membres élus du Conseil avant le début de leur mandat qui débute en janvier, en leur permettant d’assister en tant qu’observateurs aux travaux du Conseil dès le mois d’octobre. 

Directeur d’une étude qui repose sur l’examen de plus de 47 contestations judiciaires des procédures employées par le Conseil de sécurité pour imposer des sanctions, M. James Cockayne a expliqué que dans la mesure où il n’existe pas de bureau du Médiateur ailleurs qu’au sein du Comité créé par la résolution 1267 (1999) contre Al-Qaida et les Taliban, la protection des procédures régulières est plus faible et les plaideurs sont en train d’enregistrer des succès.  Il a averti que cette situation représente un « risque relativement clair », à la fois pour la légitimité et l’efficacité des régimes de sanctions.

« Si les tribunaux déterminent que les méthodes de travail employées pour imposer et réviser les inscriptions sur les listes ne répondent pas aux obligations des procédures régulières des pays, ceux-ci risquent de s’avérer incapables de mettre en œuvre les décisions juridiquement contraignantes prises par le Conseil de sécurité au titre du Chapitre VII » de la Charte, a-t-il mis en garde.  Le contrôle qu’exerce le Conseil sur cet instrument « crucial » serait alors fragmenté, alors que des tribunaux nationaux commenceraient à s’imposer pour protéger le droit de leurs citoyens à bénéficier de procédures régulières.  Estimant qu’un simple élargissement du bureau du Médiateur à tous les autres régimes de sanctions risque de ne « pas être la meilleure réponse », M. Cockaye a préconisé le partage de lettres détaillant les raisons sous tendant un refus de retrait des listes afin de protéger ces décisions face à toute contestation judiciaire, notamment en ce qui concerne les refus de demandes d’exemption humanitaire.

Le fonctionnement du « monde souterrain des organes subsidiaires » a aussi été pointé par l’Inde qui a décrié l’existence de « pratiques obscures » qui ne trouvent, selon cette délégation, aucun fondement juridique dans la Charte ni dans aucune résolution du Conseil. 

Par ailleurs, depuis 2018, les membres élus, ou E10, appuyés par les « cinq imminents » ont réclamé une répartition plus juste de la charge de travail parmi tous les membres pour la présidence des organes subsidiaires une tâche qui, jusqu’à présent, imputait principalement aux membres élus.  Cet impératif a été souligné par l’Afrique du Sud qui, au nom des 10 membres non permanents du Conseil de sécurité, a appelé celui-ci à envisager de promouvoir davantage le rôle des présidents d’organe comme porte-plumes, une proposition également appuyée par le Liechtenstein.  Pour sa part, le Canada a engagé le Conseil à renoncer à la pratique informelle qui consiste pour certains membres à exercer un monopole implicite en ce qui a trait à la rédaction de résolutions, « souvent sans grande consultation. » 

La Fédération de Russie a jugé anormal de travailler « sous pression », avec des « échéances artificielles », notant que nombre de projets de résolution sont reçus tardivement.  Elle a déploré de recevoir au dernier moment des « documents boiteux » qui sont le « fruit de combines tactiques ».  La France a cependant été d’avis que « le principe de liberté pour tout État membre du Conseil de présenter un texte à tout moment sur tout sujet doit absolument être préservé ».

Tout en se disant « très favorable » à l’organisation de dialogues interactifs ou de réunions en format Arria, le délégué français a appelé, en outre, à éviter qu’un excès de réunions publiques ne se fasse au détriment du travail sur les réunions du Conseil.  « Nous passons désormais trois fois plus de temps en réunions publiques qu’en salle de consultation; et même si ce n’est pas dans les mêmes proportions, nous négocions et adoptons moins de textes! »  Une évolution accentuée, selon lui, par la « polarisation géopolitique actuelle et par une érosion de la confiance placée dans la méthode multilatérale ».  « Nous sommes fermement convaincus que les consultations informelles ne devraient rester que cela – informelles », a, quant à lui, insisté son homologue américain. 

Les retards dans la présentation du rapport annuel du Conseil de sécurité à l’Assemblée générale et le manque de contenu analytique ont aussi été critiqués à plusieurs reprises, le Mexique les ayant, par exemple, jugés « pauvres en informations objectives et rigoureuses ».  Une coopération plus étroite entre le Conseil de sécurité et la Commission de la consolidation de la paix, ainsi qu’une plus grande interaction avec les pays fournisseurs de contingents, a également été souhaitée.

MISE EN ŒUVRE DES DISPOSITIONS DE LA NOTE DU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ

MÉTHODES DE TRAVAIL DU CONSEIL DE SÉCURITÉ (S/2017/507 et S/2019/450)

Déclarations

Mme KARIN LANDGREN, Directrice exécutive de Security Council Report, a évoqué les défis d’aujourd’hui, dont la confiance déclinante de l’opinion publique internationale dans les institutions multilatérales, et l’échec persistant à prévenir ou à répondre de manière adéquate à plusieurs conflits.  C’est à la lumière de ces deux tendances que j’examinerai les méthodes de travail du Conseil de sécurité, et au travers de trois types d’actions, a expliqué Mme Landgren: le renforcement du rôle des membres élus du Conseil; l’approfondissement de l’engagement du Conseil auprès du reste des États Membres; et les mesures en vue de renforcer les mandats des opérations de la paix et les actions préventives. 

Depuis l’adoption de la Note 507, en 2017, un travail spectaculaire a été fait pour préparer les membres élus du Conseil avant le début de leur mandat de deux ans qui débute en janvier, en leur permettant d’assister en tant qu’observateurs aux travaux du Conseil dès le mois d’octobre, a fait remarquer l’intervenante.  « Les membres élus, ou E10, ont trouvé un terrain d’entente sur plusieurs méthodes de travail.  Ainsi, depuis 2018, ce groupe, appuyé par les « cinq imminents » a, pour la première fois, écrit à la présidence du Conseil pour une répartition plus juste de la charge de travail parmi tous les membres pour la présidence des organes subsidiaires.  Jusqu’à présent, cette tâche imputait principalement aux membres élus.  « Le Conseil, ont-ils argué, devrait tirer un meilleur parti de l’expertise des présidences des comités des sanctions, ces présidences étant un choix évident pour les porte-plumes sur les questions correspondantes », a souligné Mme Landgren.  Depuis janvier, un membre élu est porte-plume sur le Darfour; et le membre élu qui préside le comité des sanctions applicables en Libye est le porte-plume de toutes les questions relatives à la situation en Libye, a-t-elle indiqué.  Il s’agit de changements modestes, mais d’une étape vers une distribution plus équitable du travail et un processus davantage participatif dans le traitement des points à l’ordre du jour du Conseil. 

En ce qui concerne l’engagement renforcé des États Membres dans les travaux du Conseil, il pourrait être reflété au moment d’élaborer son rapport annuel à l’Assemblée générale.  Après avoir observé que ces deux dernières années, « à l’arrivée de l’été, il n’y avait pas de rapport », la Directrice exécutive a suggéré que ce processus de préparation pourrait être élevé, avec l’implication également du Secrétariat de l’ONU.  Autre possibilité d’engagement des États membres, des séances récapitulatives mensuelles plus analytiques et interactives, a préconisé la Directrice exécutive.  De même, les États membres ayant un intérêt particulier dans une situation donnée – qui peuvent déjà participer à des débats publics au titre de l’Article 31 de la Charte – pourraient être invités à s’entretenir avec le Conseil dans un cadre plus privé, tel que le dialogue interactif informel.

« Les outils existent », a rappelé Mme Landgren.  Et dans l’intervalle, dans le cadre d’une nouvelle forme d’engagement des États membres, les organisations régionales continuent de développer leurs relations avec le Conseil, en affinant leurs efforts pour intégrer des perspectives concertées.  S’agissant des initiatives visant à renforcer le rôle du Conseil dans la prévention des conflits meurtriers et dans le maintien de la paix, celui-ci a tiré parti des missions sur le terrain, y compris dans les pays qui ne figurent pas à son ordre du jour, tout récemment, le Burkina Faso.  Ces visites sont utiles: les États membres repartent avec un sens différent de la dynamique locale, de la manière dont les mandats sont mis en œuvre et du travail de l’équipe de pays des Nations Unies, qui est profondément impliquée dans la résolution des causes profondes des conflits, mais avec qui interagisse rarement avec le Conseil de sécurité, a fait observer Mme Landgren.  Ces visites ont parfois été utilisées à des fins préventives.  Les visites sur le terrain sont également extrêmement coûteuses et elles sont rarement coordonnées avec les voyages sur le terrain entrepris par les organes subsidiaires du Conseil, y compris la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Il est important de renforcer l’impact stratégique de ces voyages, tout en réduisant les coûts, a recommandé la Directrice exécutive. 

Toujours au sujet de la prévention, a poursuivi l’oratrice, bien que les réunions en formule Arria ne puissent se substituer aux séances plénières du Conseil, elles pourraient être utilisées de manière stratégique pour structurer les débats et même générer des initiatives politiques sur des situations et des problèmes fragiles à propos desquels le Conseil se voit dans l’impossibilité de débattre.  Dans la mesure du possible, le Conseil devrait renforcer les formats informels permettant des discussions sur la prévention des conflits.

Il est notoire que les consultations relatives aux mandats ne sont pas toujours axées sur la stratégie politique, même si cette stratégie doit guider la conception des opérations de paix.  Mieux mandater implique de maintenir des concertations interactives, directes, opérationnelles et centrées sur la stratégie politique.  Vous trouverez des propositions pratiques supplémentaires dans le récent rapport de Security Council Report intitulé « Noël est-il vraiment fini? Améliorer le mandat des opérations de paix. »  Enfin, en tant qu’ancienne Représentante spéciale, Mme Landgren a tenu à dire à quel point il est utile d’avoir des résolutions au langage significatif et bénéficiant de l’accord de l’ensemble du Conseil.  En 2018, toutefois, les mandats de quatre missions n’ont pas été adoptés à l’unanimité: cette année, il y en a déjà trois.  « Il est possible d’accomplir beaucoup de choses en adaptant les méthodes de travail du Conseil.  En ces temps difficiles, le défi consiste à utiliser les outils de manière créative et flexible, contribuant ainsi à créer une culture dans laquelle de meilleures décisions, davantage concertées, peuvent être prises. »

M. JAMES COCKAYNE, Directeur du Centre de recherche sur les politiques de l’Université des Nations Unies a reconnu qu’un débat sur les méthodes de travail du Conseil de sécurité pourrait paraître « abstrait » à beaucoup de gens.  Mais cela ne signifie pas pour autant que la question n’est pas importante, a-t-il poursuivi, notant que « le travail effectif du Conseil a contribué à une longue période de calme relatif dans les affaires internationales ».  Il convient cependant d’envisager avec soin les risques qu’encourent l’efficacité et la légitimité de ses méthodes de travail, a-t-il estimé avant d’attirer l’attention sur un « risque relativement clair », à savoir les sanctions ciblées.

Il y a 10 ans, a rappelé le Directeur, des préoccupations concernant certaines procédures d’inscription, dans le contexte de la lutte contre le terrorisme, ont poussé le Conseil à adapter ses méthodes de travail, notamment en créant le Bureau du Médiateur .  Aujourd’hui, a-t-il continué, une nouvelle vague de processus litigieux a réussi à contester avec succès les décisions d’inscription relatives à d’autres situations, notamment en République centrafricaine (RCA), en République démocratique du Congo (RDC), en Iran, en Iraq et en Libye.  Il a appelé le Conseil à envisager d’adapter les méthodes de travail de ses comités des sanctions afin de renforcer la garantie d’une procédure régulière et de maintenir le contrôle sur cet « outil clef » pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

M. Cockayne a expliqué que son exposé repose sur une étude qu’il a dirigée à la demande de la Suisse, et qui a reposé sur l’examen de plus de 47 contestations judiciaires des procédures employées par le Conseil de sécurité pour imposer des sanctions ces 15 dernières années.  Suite à une première vague de remises en question des procédures du régime de sanctions du Comité créé par la résolution 1267 (1999) contre Al-Qaida et les Taliban, entre 2002 et 2011, le Conseil de sécurité a modifié les méthodes de travail de ce Comité en créant le système de médiateur et des cellules de coordination (focal point arrangements).  Puis, de 2012 à 2016, les tribunaux ont de plus en plus fréquemment reconnu la protection qu’offre le Médiateur tout en exprimant plus de scepticisme au sujet des protections fournies par les points de contact.  Enfin, une troisième vague de litiges, qui a débuté en 2016, cible les arrangements au-delà du contexte du régime 1267.  Les dispositifs de médiateur étant inexistants en ce qui concerne les conflits armés et la lutte contre la prolifération, la protection des procédures régulières est plus faible et les plaideurs sont en train d’enregistrer des succès, a-t-il expliqué.

L’intervenant a averti que cette situation représente un « risque relativement clair », à la fois pour la légitimité et l’efficacité des régimes de sanctions.  Si les tribunaux déterminent que les méthodes de travail employées pour imposer et réviser les inscriptions sur les listes ne répondent pas aux obligations des procédures régulières des pays, ceux-ci risquent de s’avérer incapables de mettre en œuvre les décisions juridiquement contraignantes prises par le Conseil de sécurité au titre du Chapitre VII, a-t-il notamment mis en garde.  Le contrôle qu’exerce le Conseil sur cet instrument « crucial » serait alors fragmenté, alors que des tribunaux nationaux, voire des parlements, commenceraient à s’imposer pour protéger le droit de leurs citoyens à bénéficier de procédures régulières.  Il a précisé que cette troisième vague de litiges se déroule en Europe, mais qu’il serait erroné de conclure que ses effets sont uniquement européens, les effets des deux premières vagues de litiges ayant touché l’Europe, le Canada, les États-Unis, le Pakistan ou encore la Turquie.  Il n’y a aucune raison de penser qu’il n’en serait pas de même pour cette troisième vague, a-t-il estimé, et pour faire face à ces risques, il faut réussir à adapter de manière créative les méthodes de travail.

M. Cockayne a fait observer que le Conseil de sécurité s’est longtemps montré réticent à accepter l’argument selon lequel seul un examen judiciaire indépendant peut assurer la régularité des procédures d’inscription et de retrait des listes.  « L’imposition et le retrait de sanctions ciblées n’est pas une décision pénale mais une décision politique qui est prise dans le contexte de la lutte contre le terrorisme, la gestion des conflits armés et la lutte contre la prolifération », a-t-il souligné.  Il ne s’agit pas de déterminer si les méthodes de travail employées par le Conseil de sécurité ou les parties qui mettent en œuvre ses décisions offrent une protection juridique, mais de savoir si les méthodes de travail offrent une protection équivalente à celle qui existerait si des mesures restrictives analogues étaient adoptées au niveau national.

Selon la jurisprudence, a-t-il poursuivi, les méthodes de travail doivent protéger de manière significative le droit des personnes affectées à se faire entendre, mais aussi offrir un examen impartial des faits qui étayent l’inscription sur les listes de sanctions.  Il ne s’agit pas d’examiner la décision finale d’inscription, mais la détermination que la personne était éligible pour cette inscription, a-t-il précisé, soulignant une fois de plus que cette décision est politique.

M. Cockayne a indiqué que la protection des procédures régulières différera sans doute en fonction du contexte des sanctions et notamment de l’organisation pratique du droit à se faire entendre et de l’accès aux informations pertinentes.  Ainsi, dans le contexte de la lutte contre le terrorisme, il sera sans doute peu faisable de partager avec la personne ciblée toutes les informations relatives à son inscription et, pour la personne chargée de l’examen, de rencontrer la personne ciblée.  Pour ce qui est des conflits armés, un examen impartial exigera sans doute différentes modalités de collecte d’information et reposera sur la capacité de la personne chargée de l’examen de se rendre sur place et d’interagir avec les parties au conflit tout en faisant preuve d’impartialité et de neutralité.  Enfin, en ce qui concerne la lutte contre la prolifération, où les intérêts sécuritaires des grandes puissances sont en jeu, des dispositions précises devront être prises pour que la personne chargée de l’examen bénéficie de la confiance de l’ensemble des parties et de l’expertise technique nécessaire.  Un simple élargissement des dispositifs du Médiateur à tous les autres régimes de sanctions risque de ne pas être la meilleure réponse, a-t-il mis en garde.

M. Cockayne a indiqué que son étude avait identifié cinq façons de renforcer le respect des procédures régulières en adaptant les méthodes de travail actuelles des comités des sanctions.

Dans le contexte de la lutte contre le terrorisme, des modifications peuvent être apportées aux arrangements contractuels du Bureau du Médiateur et au flux de travail entre ce dernier et les membres du Conseil.  Le partage de lettres détaillant les raisons sous tendant un refus de retrait des listes permettrait de protéger ces décisions face à tout défi juridique, et il en va de même pour les refus de demandes d’exemption humanitaires qui sont de plus en plus souvent l’objet d’un contrôle judiciaire.  Une plus grande utilisation d’informations librement accessibles fournirait une protection face aux défis dont sont l’objet les procédures régulières en facilitant les explications justifiant toute décision d’inscription ou de retrait.  M. Cockayne a aussi recommandé de mettre en place un examen périodique des régimes de sanctions et des listes pour veiller à ce qu’ils ne deviennent pas obsolètes et à créer des normes, publiquement disponibles, sur les procédures à adopter lors des enquêtes.

« Nous ne pouvons qu’espérer que face à ce nouveau risque apporté au contrôle qu’exerce le Conseil de sécurité sur l’instrument des sanctions, qui est si crucial pour son travail, ses membres réussiront une fois de plus à faire preuve de créativité pour adapter les méthodes de travail des comités des sanction afin de prévenir ce risque », a-t-il dit.

Au nom des 10 membres non permanents du Conseil de sécurité (E 10), M. JERRY MATTHEWS MATIJILA (Afrique du Sud), a jugé « nécessaire et urgent » d’améliorer encore les Notes rédigées par le Groupe de travail informel.  Ces Notes, s’est-il expliqué, sont censées prendre en compte les préoccupations que l’ensemble des États Membres des Nations Unies a exprimé pendant les débats précédents du Conseil et le débat annuel de l’Assemblée générale sur le rapport du Conseil.  La mise en œuvre des recommandations contenues dans ces Notes ne peut que contribuer à l’efficacité et à la transparence du Conseil et améliorer son dialogue avec les autres États Membres des Nations Unies. 

Le représentant a aussi insisté sur la nécessité de mieux répartir le travail du Conseil entre les membres permanents et les membres non permanents.  Il a rappelé que deux projets de notes des Présidents des organes subsidiaires et des porte-plumes parlent de cette question.  Le Conseil, a-t-il estimé, devrait davantage envisager de promouvoir le rôle des Présidents d’organe comme porte-plumes.  Il faut aussi d’autres mesures pour faciliter la préparation des nouveaux membres élus avant leur entrée au Conseil.  Une autre proposition consiste à améliorer les procédures liées aux régimes de sanctions et à tenir compte de la nécessité de respecter les normes les plus élevées dans la mise en œuvre des décisions du Conseil. 

L’état de droit doit particulièrement s’appliquer dans les situations où l’action des Nations Unies affectent directement les droits individuels.  En la matière, la création du Bureau du Médiateur a été une mesure importante pour améliorer l’équité et la transparence du Comité 1267 concernant Daech et Al-Qaida.  Le représentant a donc défendu l’idée de créer des mécanismes similaires pour d’autres régimes de sanctions et ce, pour renforcer l’efficacité et la légitimité des sanctions imposées par le Conseil et leur assurer une application uniforme.  Le représentant a également rappelé les nombreux appels à la promotion des femmes et l’adaptation des méthodes de travail du Conseil à cette réalité, laquelle est déjà prise en compte dans le travail sur l’agenda « femmes, paix et sécurité ». 

Il a conclu en appelant les cinq membres permanents du Conseil à se montrer souples et à adopter rapidement les Notes, en se fondant sur les discussions approfondies qui ont déjà eu lieu au sein du Groupe de travail informel.  Demain, a-t-il souligné, cinq nouveaux membres non permanents du Conseil vont être élus et dès le 1er janvier, les consultations sur la répartition des présidences des organes subsidiaires devraient commencer.  La Note 507 déclare que la sélection des présidents doit se faire de manière « équilibrée, transparente, efficace et inclusive ».  La répartition équitable du travail n’est pas seulement une question de partage du fardeau.  C’est aussi un moyen d’améliorer l’efficacité globale du Conseil, a insisté le représentant. 

En ce qui concerne la Note 507 et la procédure du Conseil de sécurité, M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a salué l’adoption d’un certain nombre de dispositions novatrices et utiles qui améliorent les travaux du Conseil.  « Même si nous estimons que le débat d’aujourd’hui -et nos tâches pour les mois à venir- devrait principalement porter sur la mise en œuvre de la Note 507 révisée, les États-Unis sont ouverts aux changements susceptibles d’améliorer les travaux du Conseil et nous continuerons de nous engager activement », a-t-il assuré.  « Nous continuerons d’évaluer les nouvelles propositions visant à améliorer les méthodes de travail du Conseil sous plusieurs angles.  Nous demanderons si une nouvelle idée est pratique, réaliste et si elle améliore l’efficacité.  Nous demanderons également si l’idée est conçue pour conserver la flexibilité et éviter la rigidité. »

Si les consultations informelles du Conseil de sécurité peuvent constituer un important lieu d’échanges d’opinions, trop souvent, a regretté le délégué, les orateurs participant aux consultations ont lu « des remarques préparées ».  Plusieurs présidents récents du Conseil ont encouragé une plus grande interactivité lors des consultations informelles - et nous saluons ces efforts.  « Nous sommes fermement convaincus que les consultations informelles ne devraient rester que cela – informelles », a-t-il insisté.  Il a par ailleurs estimé qu’une collaboration plus étroite entre les présidences consécutives renforce la continuité de la direction du Conseil et « nous rend plus forts dans l’ensemble ».

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a partagé les propos de l’Afrique du Sud qui s’exprimait au nom des membres élus du Conseil, et espéré que le débat ouvert n’oppose pas ceux-ci aux membres permanents.  Il a tenu à rappeler la position de son pays, très engagé en faveur de la réforme, pour élargir sa composition et renforcer la légitimité et l’efficacité du Conseil.  La France avait également fait des propositions, avec le Mexique, pour « la suspension volontaire et collective du recours au veto des membres permanents en cas d’atrocités de masse ». 

Le représentant a aussi déclaré que son pays était disposé à travailler avec tous les membres pour conclure le travail engagé par le Koweït pour compléter la Note S/2017/507, révisée par deux fois par le Japon en 2010 et 2017.  Il s’est dit guidé par trois principes clefs: l’efficacité, la transparence et l’inclusion, soulignant que les propositions permettront de progresser dans cette direction, notamment en associant mieux les membres qui seront élus demain, les pays contributeurs de troupes et les autres États membres.  Il a cependant été d’avis que « ce travail de collation et de clarification des procédures et bonnes pratiques ne doit pas se faire au détriment de la souplesse qui reste un gage d’efficacité et de réactivité, particulièrement en matière de guerre et de paix, alors que des vies humaines sont en jeu ».  À cet égard, a précisé le représentant, « le principe de liberté pour tout État membre du Conseil de présenter un texte à tout moment sur tout sujet doit absolument être préservé ». 

« Nous devons d’abord bien mettre en œuvre les recommandations déjà agréées » et veiller en priorité à l’efficacité de l’action de ce Conseil dans la pratique de tous les jours, a rappelé M. Delattre se disant à cet égard très favorable au développement des travaux avec les organisations régionales, à l’organisation de dialogues interactifs ou de réunions en format Arria, tout en poursuivant l’effort pour rationaliser le programme de travail, « qui ne cesse de s’alourdir ».  « Mais nous devons éviter qu’un excès de réunions publiques ne se fasse au détriment du travail sur les réunions du Conseil », a-t-il mis en garde.  La tendance sur cinq ans est particulièrement nette a constaté le représentant.  « Nous passons désormais trois fois plus de temps en réunions publiques qu’en salle de consultations; et même si ce n’est pas dans les mêmes proportions, nous négocions et adoptons moins de textes! » a-t-il regretté.  Une évolution accentuée, selon lui, par la « polarisation géopolitique actuelle et par une érosion de la confiance placée dans la méthode multilatérale ». 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) saluant la renégociation de la Note 507 en 2017, a relevé que le Conseil de sécurité n’avait pas encore atteint le niveau des ambitions auxquelles cette Note aspire.  Il a appuyé une plus grande interaction au cours des débats et appelé à trouver un équilibre entre les séances publiques et les consultations.  Notant que le volume de travail du Conseil ne cesse de croître, il a estimé que l’amélioration des méthodes de travail concourrait à davantage d’efficacité.

Le représentant a appelé le Conseil à examiner des questions plus pertinentes, notant que l’organe a souvent tendance à débattre de « conflits d’hier ».  Il a déploré que certains membres cherchent à « bloquer » des débats sur des questions qui représentent une menace à la paix et à la sécurité internationales.  Pour sa part, le Royaume-Uni s’efforce de promouvoir des échanges « à bâtons rompus » sur les conflits émergents.  Il a aussi appelé à mener des missions du Conseil bien réfléchies afin d’assurer leur efficacité et de ne pas engager de frais injustifiés.

S’agissant du libellé des résolutions, le délégué a appelé à privilégier des textes plus concis et à veiller à la cohérence des mandats.  Il s’est félicité de la souplesse croissante des systèmes de porte-plumes et a souligné que sa délégation est déterminée à mener des consultations inclusives.  Par ailleurs, il a estimé que les méthodes de travail des organes subsidiaires doivent être examinées au cas par cas et qu’il revient au Conseil de veiller à la robustesse du régime de sanctions.  Enfin, le représentant a appuyé la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de suspendre le Soudan après les dernières violences.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est prononcé en faveur de l’examen régulier des méthodes de travail du Conseil de sécurité, en se disant persuadé que la discussion d’aujourd’hui serait profitable.  Toute modification de ces méthodes devrait viser à accroître la rapidité et l’efficacité des actions du Conseil.  Recourir à des tendances « populistes » consistant à élargir la transparence des travaux du Conseil ne contribue pas à cet objectif, d’après le représentant.  Pour lui également, le Conseil de sécurité produit des documents de manière « expéditive », avec une « valeur ajoutée assez douteuse », sans compter la « volonté de micromanagement » observée dans le libellé de résolutions trop longues et détaillées. 

La délégation russe a, en outre, contesté le choix de certains débats thématique qui empiètent sur les prérogatives d’autres organes, comme l’Assemblée générale.  Elle s’est également opposée aux « déclarations de propagande inacceptables ».  M. Polyanskiy a encouragé les membres du Conseil à étudier la proposition du Koweït de parvenir à une répartition plus équitable des questions à l’ordre du jour, notamment en incluant davantage les membres élus.  Il a déclaré qu’il n’était pas normal de travailler « sous pression », avec des « échéances artificielles ».  Nombre de projets de résolution sont reçus tardivement, et il n’est pas « normal » de recevoir au dernier moment des « documents boiteux » qui sont, selon lui, le « fruit de combines tactiques », a-t-il déploré.

M. HAITAO WU (Chine) a appelé le Conseil de sécurité à se concentrer sur les priorités et à ne pas s’immiscer dans les situations nationales.  Relevant que l’examen de certaines questions transversales avait « dépassé » le mandat du Conseil de sécurité, il a estimé que les préoccupations soulevées à ce sujet doivent être prises au sérieux.  Selon lui, il faut privilégier le consensus et veiller au bon déroulement des consultations et des négociations pour préserver l’unité du Conseil.  « Toute tentative de modifier les projets de résolution à la dernière minute doit être évitée », a-t-il souligné. 

Pour la Chine, la préparation des membres élus doit être renforcée; des progrès s’imposent en ce qui concerne le système des porte-plumes, et le dialogue avec les autres organes principaux de l’ONU doit être renforcé.  Le représentant a aussi appelé à mettre en place « une culture de l’efficacité ».

Après avoir brossé un bilan de l’action de son pays depuis janvier 2018, date à laquelle il a commencé à assumer la présidence du Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure, M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a estimé que les méthodes de travail n’avaient eu de cesse de s’améliorer depuis la fin de la guerre froide.  Au nombre des propositions déjà faites, le représentant a espéré que la proposition de la France et du Mexique de restreindre l’exercice du droit de veto, en particulier de ne pas y recourir lors des situations de crises extrêmement graves, serait suivie.

M. TEODOR MELESCANU, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, a souligné le lien entre les discussions sur les méthodes de travail du Conseil et le renforcement du multilatéralisme.  En tant représentant d’un pays qui a déjà siégé au Conseil et qui présente sa candidature pour un nouveau mandat en 2020-2021, le Ministre a rappelé que c’est pendant le dernier mandat de la Roumanie entre 2004 et 2005 que le Conseil avait adopté sa toute première résolution sur la coopération avec les organisations régionales.  Aujourd’hui, s’est-il félicité, cette coopération est devenue une institution et la « pierre angulaire » de l’architecture de paix et de sécurité.  En 2005, la Roumanie était la première à promouvoir cette coopération et mon pays, a poursuivi le Ministre, a aussi été une très grande contributrice à la promotion de la coopération du Conseil avec les autres organes des Nations Unies dont la Commission de consolidation de la paix.  Le Ministre s’est dit fier que lors de la Présidence roumaine de la Commission en 2018, les consultations avec le Conseil ont été institutionnalisées. 

La Roumanie, a-t-il ajouté, a également contribué aux discussions sur les méthodes du travail du Conseil quand, lors de la 71 session de l’Assemblée générale, son Représentant a coprésidé les négociations intergouvernementales sur la question de la représentation équitable au Conseil et l’accroissement du nombre de ses membres.  Avec la Tunisie, a rappelé le Ministre, nous avons fait circuler « les points de convergence » qui ont permis de structurer les débats ultérieurs.  Se félicitant de la révision de la Note 507, il a salué l’unité des membres élus du Conseil.  Mais les méthodes de travail peuvent encore s’améliorer et par exemple, en donnant plus systématiquement la parole aux acteurs du terrain, a estimé le Ministre.  En tant que pays fournisseur de troupes et de personnel de police aux opérations de maintien de la paix, la Roumanie estime aussi que le Conseil gagnerait à mieux coopérer avec ces pays, en particulier lorsqu’il proroge les mandats des opérations. 

M. PAUL TEESALU, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, a estimé que « si nous voulons réellement améliorer l’efficacité des travaux du Conseil, nous devons nous concentrer sur la mise en œuvre de la Note 507 ainsi que d’autres notes présidentielles ».  « Nous sommes pleinement conscients qu’il existe des discussions et des situations qui doivent être résolues derrière des portes closes mais, chaque fois que cela est possible, nous encourageons les membres du Conseil à tenir des réunions ouvertes et à rechercher une interaction avec tous les membres, les autres organes et la société civile », a suggéré le Ministre. 

Les méthodes de travail du Conseil devraient soutenir et renforcer sa capacité à prévenir les conflits, a fait valoir M. Teesalu.  Cela implique que le Conseil soit bien informé des situations et, dans ce domaine, le Secrétariat peut jouer un rôle important, notamment en soulignant les développements en cours qui pourraient conduire à l’instabilité.  Ainsi, il est nécessaire de continuer de discuter avec les pays concernés ainsi qu’avec les organisations régionales, conformément à l’Article 13 de la Charte. 

Le chemin est encore long avant de disposer d’un Conseil de sécurité efficace, redevable et transparent, a déclaré M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie).  Il a jugé crucial de renforcer l’interaction entre ce dernier et l’ensemble des États Membres, de limiter les séances à huis clos, de faire entendre les pays concernés et les voix du terrain.  Il a aussi appelé à davantage de coopération avec les pays fournisseurs de contingents.  Pour la Turquie, les membres élus doivent être logés à la même enseigne que les membres permanents.  Le représentant a notamment relevé qu’à l’heure actuelle, trois membres permanents assument la rédaction d’une grande majorité de textes de résolution portant sur la situation de pays.  « La responsabilité de porte-plume devrait être distribuée de manière plus équitable », a-t-il estimé, et ce processus devrait se faire « de manière plus inclusive » en menant des consultations auprès de l’ensemble des parties prenantes.

Le représentant a appelé à mieux intégrer la prévention des conflits à l’ordre du jour du Conseil, notamment en privilégiant les efforts de médiation.  Il a aussi estimé qu’une meilleure coordination entre le Conseil et les autres principaux organes de l’ONU s’impose.  La Turquie estime en outre que la question de l’amélioration de ses méthodes de travail ne peut se substituer à la tenue d’une discussion de fond sur la réforme du Conseil de sécurité.

Au nom de 20 anciens membres élus du Conseil de sécurité, pour la période 2011-2018, M. CRAIG J. HAWKE (Nouvelle-Zélande) a parlé de deux problèmes dont le premier est la question du partage de responsabilité.  Tous les membres du Conseil de sécurité devraient avoir la même opportunité d’exercer leurs obligations découlant de la Charte pour faire respecter la paix et la sécurité internationales, y compris une division équilibrée du travail de porte-plume et la présidence des organes subsidiaires.  À cet égard, a-t-il témoigné, « ce n’était pas aisé et les gains que nous avons pu obtenir étaient modestes.  Nous appelons les membres permanents à assumer le fardeau de la présidence, et à partager la plume que vous tenez ». 

La deuxième question est de savoir comment mieux exercer le rôle du Conseil en matière de prévention des conflits, a poursuivi M. Hawke.  Cela nécessite de bien faire les choses, grandes et petites, en tant que membres du Conseil de sécurité, a ajouté le représentant.  Il faut également s’assurer que les menaces émergentes sont traitées dans les temps; inviter des intervenants qui peuvent donner des idées pour ajouter de la valeur aux délibérations du Conseil; exiger des exposés appropriés, avec des cartes et des graphiques, de la part des représentants du Secrétariat pour étayer les discussions; adapter le format et l’orientation des réunions pour avoir de meilleures chances d’obtenir un résultat significatif des délibérations du Conseil; et, lorsqu’un résultat est atteint, veiller à ce que le Conseil en rende compte.  Enfin, le représentant a, au nom de ses pairs, préconisé de faire un usage plus fréquent des séances d’information sur une situation donnée et de faire en sorte que « nous ne parlons pas seulement des pays concernés, mais que nous leur parlons ». 

M. DOMINIQUE MICHEL FAVRE (Suisse), à propos des progrès accomplis jusqu’à présent dans la mise en œuvre de la Note 507, a observé que la relation entre le Conseil de sécurité et le reste des États Membres est un domaine où des améliorations sont notables.  Le représentant a ainsi salué les interactions régulières avec le Conseil de paix et de sécurité africaine et la Commission de consolidation de la paix, et d’une manière plus générale avec les États Membres en général, la société civile et les autres organes de l’ONU.  Mais il reste beaucoup à faire, notamment en accordant au rapport annuel du Conseil de sécurité à l’Assemblée générale l’importance qu’il se doit. 

La Suisse a appelé le Conseil à accélérer l’adoption de son rapport annuel de 2018 et à fixer une date pour sa présentation à l’Assemblée.  Les séances récapitulatives mensuelles constituent, au niveau informel, un vecteur important de transparence et de responsabilité, a estimé par ailleurs la délégation, qui a préconisé de leur donner le format « Tolède ».  M. Favre s’est déclaré favorable à une répartition plus équitable des responsabilités avec les membres élus.  Enfin, la Suisse s’est prononcée en faveur d’une justesse et d’une clarté des régimes de sanctions du Conseil, deux éléments qui sont déterminants pour leur mise en œuvre. 

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a salué les progrès réalisés pour améliorer la transparence et l’application du principe de responsabilité, notant l’augmentation du nombre de débats publics et de briefings informels, ainsi que le partage de davantage d’informations sur le site Internet du Conseil de sécurité.  Il a reconnu la nécessité de tenir des consultations à huis clos, mais a préconisé la rédaction d’un compte-rendu de ces réunions, « au moins en ce qui concerne les décisions ».  Il a aussi appelé à formaliser les règles de procédures provisoires du Conseil. 

Le représentant s’est dit encouragé par le recours de plus en plus fréquent à différents formats, notamment les réunions en formule Arria et les dialogue en format Toledo, pour mieux interagir avec l’Assemblée générale.  Il a appelé à maintenir cette pratique et a souhaité que la séance récapitulative mensuelle figure dans le programme de travail du Conseil et que sa date soit fixée longtemps à l’avance.  Le délégué s’est aussi félicité des signes d’une plus grande inclusivité au sein du Conseil, citant notamment les réunions entre les 10 membres élus et le fait que ces derniers assument le rôle de porte-plume.  Il a appelé à transmettre les rapports du Conseil de sécurité à l’ensemble des États Membres en temps voulu.  Il a par ailleurs appuyé l’initiative franco-mexicaine et le code de conduite ACT limitant le recours au droit de veto face aux cas de génocide, de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre.

M. KORO BESSHO (Japon) a estimé que la Note S/2017/507 était un « document vivant » qui devrait servir d’inspiration en vue de futures améliorations au lieu d’être un document « que l’on suit simplement ».  Il a également souligné que les réformes des méthodes de travail du Conseil de sécurité devraient respecter la double nécessité de transparence et d’efficacité, ainsi que d’ambition et de viabilité, ce qui exige « une approche souple » qui prenne en considération les points de vue tant au sein qu’à l’extérieur du Conseil. 

Le représentant a jugé « vital » de garantir la légitimité du Conseil à travers un processus de prise de décisions transparent, l’objectif majeur étant d’améliorer ses méthodes de travail en accroissant ses capacités d’adopter, en un temps record, des mesures optimales, en vue du maintien et du rétablissement de la paix et la sécurité internationales.  Il a estimé indispensable, par ailleurs, d’accorder aux cinq membres non permanents élus chaque année, la possibilité de se préparer à l’avance et de participer activement aux travaux.  Il a espéré à ce propos que les cinq États qui seront élus demain pour 2020 seront en mesure de tirer profit des améliorations des méthodes de travail.  Outre les méthodes de travail, le Japon a jugé que la réforme devrait inclure l’élargissement de la composition de sorte à refléter les réalités actuelles.  Cela peut se faire en ajoutant des États membres disposant de la capacité et la volonté d’assumer des responsabilités majeures en termes de maintien de la paix et la sécurité internationales. 

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a considéré que le mécanisme du Médiateur est un élément déterminant pour garantir l’intégrité et l’efficacité du système de sanctions et que, à ce titre, il devrait être renforcé et étendu à l’ensemble des régimes de sanctions.  Il a aussi plaidé en faveur de davantage d’égalité dans l’attribution des responsabilités du Conseil, aucune disposition de la Charte ne prévoyant que les membres permanents sont les seuls à élaborer des projets de résolution.  Il s’est enfin félicité de l’amélioration de la relation entre le Conseil et les autres organes de l’ONU, en particulier la Commission de consolidation de la paix (CCP), et aux niveaux régional et sous-régional, l’Union européenne et l’Union africaine.  « Cinq nouveaux membres du Conseil seront élus demain.  Ce processus continu de renouvellement du Conseil devrait être l’opportunité de réfléchir et d’améliorer la manière dont fonctionne cet organe », a-t-il conclu.

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a constaté que les réalités géopolitiques ont changé considérablement depuis la création de l’ONU, si bien que « les membres élus s’attendent, à juste titre, à pouvoir participer de manière tangible aux travaux du Conseil ».  Il a estimé que l’amélioration des méthodes de travail du Conseil de sécurité devrait permettre aux membres élus de participer pleinement aux prises de décisions collectives, notant par ailleurs que ces derniers apportent une diversité d’idées et de points de vue et ont été les moteurs de l’innovation dans l’enceinte du Conseil.  Toutefois, pour tirer parti des avantages de cette diversité, les nouveaux membres élus doivent avoir accès à l’information, pouvoir prendre connaissance des documents du Conseil et être au courant de ses consultations dès que possible, après leur élection.  Le représentant a aussi appelé à accroître la consultation, la transparence et le partage des responsabilités en ce qui concerne la distribution des présidences de ses organes subsidiaires.  « Le Conseil devrait aussi renoncer à la pratique informelle qui consiste pour certains membres à exercer un monopole implicite en ce qui a trait à la rédaction de résolutions, souvent sans grande consultation. » 

Si le Conseil de sécurité doit tenir des réunions publiques dans toute la mesure du possible, M. Blanchard a également préconisé la tenue d’un plus grand nombre de séances d’informations par les chefs des bureaux politiques régionaux, « en tenant constamment compte des considérations liées au genre et au climat pour mieux refléter les réalités sur le terrain ».  Il reste encore beaucoup à faire pour que le Conseil de sécurité tienne compte de l’égalité des genres, a-t-il constaté, notant que les femmes y sont très peu représentées et qu’elles constituent une minorité parmi les intervenants au Conseil.  Enfin, il a appelé le Conseil à faire plus pour institutionnaliser les liens avec la Commission de consolidation de la paix et à examiner la possibilité que celle-ci soit saisie en permanence de la situation dans les pays en transition après une mission onusienne.  « Un élément crucial de l’évolution du Conseil de sécurité doit être la limitation de l’utilisation et de la menace du recours au véto », a-t-il par ailleurs ajouté. 

Mme MARIA ANGELA ZAPPIA (Italie) préconisant une coopération plus étroite entre le Conseil de sécurité et la Commission de la consolidation de la paix, a dit avoir hâte de voir le Conseil tirer parti des conseils spécifiques, stratégiques et ciblés de la Commission.  Lors de l’examen des mandats des missions de maintien de la paix, il conviendrait de prendre en compte les points de vue des pays fournisseurs de contingents et de personnel de police, a ajouté la représentante.  L’implication des pays fournisseurs de contingents et de personnel de police lors du renouvellement des mandats est essentielle pour entretenir la confiance entre ces pays et les membres du Conseil.  En troisième lieu, a poursuivi Mme Zappia, sa délégation est favorable à l’idée d’inviter les représentants de la société civile aux réunions du Conseil, afin de promouvoir la participation des femmes, ainsi que l’inclusion et l’égalité des sexes, et de permettre aux membres du Conseil d’entendre différentes voix et points de vue avant de délibérer.  Enfin, a-t-elle dit avant de conclure, les membres du Conseil devraient promouvoir des tours d’horizon plus réguliers afin de traiter des crises avant qu’elles n’éclatent.  

M. DARJA BAVDAŽ KURET (Slovénie) a indiqué que son pays, en tant que membre du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT), considère que les consultations avec les pays contributeurs de troupes et de police sont essentielles si le Conseil de sécurité veut que ses opérations de maintien de la paix soient couronnées de succès.  Il a également encouragé la poursuite de l’interaction du Conseil avec la Commission de consolidation de la paix (CCP), ainsi qu’avec la société civile.  Nous soutenons également l’inclusion de nouveaux membres élus du Conseil dans les travaux de cet organe avant le début officiel de leur mandat, a ajouté la délégation, pour qui les séances récapitulatives sont également d’un intérêt particulier pour les États qui n’y siègent pas.  La Slovénie a enfin soulevé la question de la préparation du rapport du Conseil de sécurité, qui devrait être davantage « substantielle ». 

M.  DE LA FUENTE (Mexique) a appelé les États à se joindre aux différentes initiatives de restriction du recours au veto, dont l’initiative franco-mexicaine.  Il a appelé à renforcer la transparence du Conseil de sécurité et a regretté que les rapports transmis par le Conseil à l’Assemblée générale soient « pauvres en informations objectives et rigoureuses ».  Il a constaté que ce sont les membres élus qui s’efforcent d’améliorer les méthodes de travail du Conseil, rappelant que lors de sa présidence du Conseil, le Mexique a eu davantage recours à des réunions inclusives, notamment en formule Arria.  Il a jugé nécessaire de rendre des comptes en ce qui concerne les décisions prises par les régimes de sanctions.  Il s’est, par ailleurs, inquiété des libellés « ambigus » employés dans certaines résolutions récentes du Conseil de sécurité et qui risquent de déboucher sur davantage de dérogations à l’utilisation de la force.

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a insisté sur les points suivants, chers à son pays, membre du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence: disposer de garanties de procédure régulière pour tous les comités des sanctions, notamment au travers de l’expansion du mandat du mécanisme du Médiateur; garantir l’accès équitable de tous les membres du Conseil aux postes de présidents des organes subsidiaires ainsi qu’à la préparation des projets de résolution; et impliquer les membres élus du Conseil de sécurité préalablement à l’entrée en vigueur de leur mandat.

Mme MARI SKÅRE (Norvège), au nom des pays nordiques, a plaidé pour que les membres permanents et les membres élus disposent des mêmes moyens pour s’acquitter de leurs obligations au regard de la Charte, notamment en qui concerne la rédaction des textes et la présidence des organes subsidiaires.  Elle a exhorté le Secrétaire général à renforcer les capacités du Bureau du Médiateur, et souligné qu’il convient de prendre les mesures nécessaires pour garantir sa capacité de s’acquitter de son mandat de façon indépendante, efficace et dans les délais impartis, conformément à la résolution 2368 (2017).  Elle a également recommandé que le Conseil envisage la création d’un médiateur pour d’autres régimes de sanctions.  Elle a en outre salué le rôle précieux du rapport du Conseil de sécurité et renvoyé à l’utilité et à l’importance de la retraite organisée par la Finlande pour le Conseil et les membres nouvellement élus. 

Notant que le recours, ou la menace de recourir au veto, avait entravé la capacité du Conseil à répondre à des crises mondiales, la déléguée a appuyé toute mesure visant à en limiter l’usage.  À cet égard, la Norvège a aussi appuyé le Code de conduite du groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT) sur les atrocités de masse ainsi que l’initiative franco-mexicaine de s’abstenir de recourir au veto en cas de commission de telles atrocités.  Elle a appelé d’autre part le Conseil à entendre les voix de l’extérieur, notamment par la pratique invitant les représentants de la société civile à faire des exposés.  Il importe enfin que le Conseil améliore sa capacité de traiter des problèmes à toutes les étapes du cycle de conflit. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a rappelé que les Articles 24, 25 et 26 de la Charte octroient au Conseil de sécurité d’importants pouvoirs dont il ne saurait s’acquitter sans adopter une approche d’efficacité et d’efficience.  Il a reconnu des efforts tangibles et s’est réjoui des évolutions positives en vue de renforcer l’efficacité et l’inclusivité du Conseil de sécurité.  « En effet, l’ouverture et l’interaction plus fréquentes avec les États non membres du Conseil, l’élection de présidents des organes subsidiaires du Conseil, le recours normalisé aux nouvelles technologies sont des avancées notables », a noté le délégué. 

De même, les interactions avec les Présidents de configuration pays de la Commission de consolidation de la paix gagneraient à être davantage institutionnalisées, a préconisé M. Hilale.  Dans cette quête de transparence, d’efficacité et de renforcement de l’autorité du Conseil, il est crucial de prendre en compte le contexte international global actuel, dans tout débat sur ses méthodes de travail.  Le représentant a déclaré qu’il soutenait la diplomatie préventive, avant d’engager le Conseil à consulter les pays contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix, lesquels disposent d’une connaissance de terrain non négligeable.

M.  MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a rappelé que lors de sa présidence du Conseil en février 2000, l’Argentine avait fait adopter une note permettant aux membres nouvellement élus de participer aux consultations du Conseil dans le mois précédent le début de leur mandat.  L’Argentine a aussi proposé en 1995, avec la Nouvelle-Zélande, de mettre en place un mécanisme de consultation mensuel avec les pays contributeurs de contingents.  Le représentant a appelé à rédiger des documents exhaustifs afin de rationaliser les méthodes de travail du Conseil.  La fluidité du dialogue entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale doit être assurée, notamment en veillant à la publication en temps voulu du rapport du Conseil de sécurité.  Il s’est opposé à ce que le Conseil absorbe les fonctions d’autres organes, pour ensuite déplorer le manque de progrès en ce qui concerne les renvois d’affaires à la Cour pénale internationale (CPI).  Il a aussi pointé le peu de progrès enregistrés en ce qui concerne la protection des procédures employées par les comités des sanctions.

Pour M. NAGARAJ NAIDU KAKANUR (Inde), les méthodes de travail du Conseil de sécurité ont régressé dans plusieurs cas.  Le représentant a évoqué trois cas particuliers.  En premier lieu, a-t-il indiqué, figure la question de l’engagement du Conseil avec l’Assemblée générale, notamment au moyen du rapport du Conseil et du débat qui s’ensuit à l’Assemblée.  « On demande depuis longtemps que ces rapports soient plus substantiels et plus analytiques que les indicateurs factuels habituels, comme le nombre de fois que le Conseil s’est réuni et le nombre de débats qu’il a tenus. »  En outre, a regretté le représentant, la manière dont les rapports sont présentés retarde le moment où ces rapports sont examinés au sein de l’Assemblée générale, faisant ainsi perdre aux États Membres une occasion importante de collaborer avec le Conseil. 

La deuxième question concerne « le monde souterrain des organes subsidiaires ».  Leurs méthodes de travail sont variées et faites sur mesure, mais elles sont éclipsées par des pratiques obscures qui ne trouvent aucun fondement juridique dans la Charte ni dans aucune résolution du Conseil, a constaté le délégué.  Ces organes travaillent en dehors des normes contemporaines de transparence et il n’y a guère d’engagement significatif avec les membres pour sensibiliser la communauté internationale de leurs diverses décisions.  Par exemple, si nous prenons connaissance des décisions de ces comités concernant l’inscription d’individus et d’entités sur les listes des sanctions, les décisions de rejet de ces demandes d’inscription présentées par de nombreux États Membres ne sont ni rendues publiques, ni communiquées à l’ensemble des membres.  En outre, tout comme les efforts des États Membres pour désigner des dirigeants terroristes passent inaperçus aux yeux de tous les membres, les efforts des dirigeants terroristes pour se faire radier de la liste passent également inaperçus.

La troisième question, a poursuivi le représentant, concerne les travaux du Conseil en matière de maintien de la paix, dont l’impact est le plus visible et le plus pertinent pour nombre d’entre nous.  S’il est généralement admis que les points de vue et les préoccupations des pays fournisseurs de contingents sont essentiels à une meilleure mise en œuvre des mandats de maintien de la paix, il est encore plus important de traduire cette compréhension en action, a conclu le délégué.  

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a encouragé le Conseil de sécurité à maintenir une coordination régulière avec les principaux organes de l’ONU.  La relation entre le Conseil et l’Assemblée générale doit être dynamique et complémentaire, et celle-ci doit être en mesure de faire des recommandations au Conseil, comme le prévoit l’Article 10 de la Charte.  « Ne perdons pas de vue qu’une relation saine avec l’Assemblée générale est aussi une question de responsabilité », a rappelé le représentant, en notant qu’il était largement acquis parmi les États Membres qu’un rapport annuel « analytique et complet » devait être soumis chaque année à l’Assemblée.  Par ailleurs, a poursuivi le délégué, il reste encore beaucoup à faire pour renforcer les consultations avec les pays contributeurs de troupes et de police, lesquels devraient jouer un rôle dans toutes les questions relatives à la formation, à l’examen et au démantèlement des opérations de maintien de la paix.  Le Brésil a également estimé que les membres élus devraient avoir l’opportunité d’être porte-plumes des projets de résolution. 

Au nom du Groupe des États de même avis sur les sanctions ciblées, M. OLOF SKOOG (Suède) a parlé de la nécessité d’améliorer la transparence et l’efficacité des travaux des organes subsidiaires du Conseil de sécurité, y compris le renforcement de la procédure régulière.  Décembre 2019 marquera le dixième anniversaire de la création du bureau du Médiateur auprès du comité des sanctions concernant Daech.  Le travail du Médiateur se développe et s’approfondit, il a un impact réel sur les droits des individus à des procès équitables, a constaté le représentant.  Toutefois, M. Skoog s’est inquiété de voir l’indépendance de ce dernier sapée par le statut contractuel et d’autres arrangements institutionnels du bureau au Secrétariat.  Le représentant a prié le Secrétaire général de faire en sorte que le Médiateur puisse réaliser son mandat de manière indépendante, impartiale et en temps opportun, conformément à la résolution 2368 (2017).  Le Conseil et le Secrétaire général doivent aussi poursuivre leurs efforts pour garantir le respect des procédures équitables, à la fois dans le processus d’imposition des sanctions et dans les mesures de mise en œuvre ultérieures.  Le Groupe suggère la création de médiateurs pour les autres régimes de sanctions ou de mécanismes offrant la même protection. 

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a estimé que les progrès dans l’amélioration des méthodes du Conseil ont été « constants mais inégaux et certainement lents ».  L’aspect le plus difficile, a-t-il précisé, demeure, l’application inégale des recommandations que le Conseil lui-même a acceptées ces dernières années.  Pour faire avancer les choses, il est utile que les membres élus du Conseil travaillent en étroite coopération, à l’intérieur de cet hémicycle comme à l’extérieur, au sein de groupes tels que l’ACT -Responsabilité, cohérence et transparence- dont le Liechtenstein est membre. 

Avec ses membres permanents qui ont le pouvoir de « bloquer » unilatéralement des décisions prises à la majorité, le Conseil n’a pas été conçu comme un organe démocratique, a tranché le représentant.  Il a donc dit attendre des membres élus qu’ils jouent un rôle « dynamique et indépendant » car en les élisant, l’intention des autres est qu’ils contribuent pleinement au travail du Conseil.  Après tout, ce sont les seuls qui sont directement comptables de leurs actes devant tous les États Membres des Nations Unies.  Dans ce cadre, adhérer au Code de conduite sur les atrocités de masse du Groupe ACT est « une norme minimale » d’accession au Conseil et une condition préalable à notre appui, a prévenu le représentant. 

Nous pensons tout de même, a-t-il poursuivi, que certaines pratiques ont été néfastes au rôle des membres élus.  Le représentant a en conséquence appuyé les accords, selon lesquels, les membres élus peuvent devenir les porte-plumes des résolutions.  Il a particulièrement appuyé l’idée que le président d’un comité des sanctions soit aussi en quelque sorte l’« adjoint » du porte-plume traditionnel.  C’est une question de bonne gestion des affaires voire de bon sens.  Le représentant a aussi plaidé pour que les présidences des organes subsidiaires soient réparties de manière plus équitable.  L’idée que les membres permanents fassent leur part serait une bonne manière d’assurer des relations de travail saines, a-t-il estimé. 

Le représentant a salué une nouvelle fois la création d’un médiateur au Comité 1267.  Il s’est donc étonné que le Conseil continue de lui refuser les arrangements institutionnels et les ressources humaines nécessaires et de se montrer réticent à la création d’un mécanisme similaire pour les autres régimes des sanctions.  Il a poursuivi en plaidant pour la systématisation des réunions de fin de mois et pour que les débats publics soient organisés de sorte qu’ils contribuent effectivement à la prise de décisions, laquelle serait ainsi plus inclusive et plus légitime.  La meilleure manière de procéder serait de séparer le débat de l’adoption d’une décision, comme c’est le cas aujourd’hui, s’est félicité le représentant. 

Membre de l’ONU très investi dans le multilatéralisme, le Liechtenstein refuse de rester passif quand les divisions du Conseil bloquent toute action, a conclu le représentant qui a estimé que l’Assemblée générale devrait « automatiquement » être convoquée chaque fois qu’un droit de veto est exercé au Conseil.  Au nom de la responsabilité, il est important que tous les États Membres des Nations Unies puissent discuter d’une décision qui s’est heurtée à un veto. 

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) s’est félicité des progrès, bien que lents, accomplis au cours des dernières années dans la définition des méthodes de travail.  Au titre des efforts qu’il reste à déployer, il a mis en avant l’amélioration de l’efficacité, de la démocratisation du fonctionnement du Conseil et de l’inclusion équitable de tous les membres dans les tâches de cet organe.  Il a en particulier souhaité « une transparence accrue dans la nomination de la présidence des organes subsidiaires, en consultation avec les nouveaux membres ».  Il a également souligné la nécessité que tous les membres puissent prendre part à la rédaction des projets de résolution, y compris les nouveaux membres élus. 

M. Carazo a jugé indispensable de s’ouvrir davantage aux acteurs susceptibles de contribuer positivement aux débats publics, en garantissant en particulier la participation de la société civile, surtout des femmes.  Il a également recommandé que le rapport du Conseil soit présenté à l’Assemblée générale en temps voulu et qu’il contienne des éléments analytiques relatifs à son travail quotidien.  Ce faisant, le rapport devrait éviter une simple description de ce qui a été fait et favoriser plutôt un débat interactif et inclusif.  S’agissant du régime de sanctions, le Costa Rica a encouragé à institutionnaliser également la pratique de la nomination d’un médiateur, compte tenu des résultats obtenus au sein du comité des sanctions concernant Daech.  Il a enfin encouragé à avancer dans la définition des limites du recours au veto conformément au Code de conduite du groupe ACT et de l’initiative franco-mexicaine. 

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a considéré que le meilleur moyen pour le Conseil de sécurité d’assumer ses responsabilités serait de le réformer.  Il a dénoncé ce qu’il a considéré comme « l’exploitation par un certain nombre d’États de l’imposition des sanctions à d’autres pays, simplement en raison de l’animosité de certains vis-à-vis d’autres ».  L’exemple le plus récent selon le représentant, c’est la violation par les États-Unis de la résolution 2231 (2015), qui avait été pourtant élaborée par la délégation américaine elle-même, a-t-il rappelé.  Dans de telles situations, et sans manquer à leurs obligations en vertu de la Charte, les États Membres ont le « droit de défier » les décisions du Conseil, simplement parce qu’une décision ultra vires ne peut contraindre à un « devoir d’obéissance ».  Il est impératif et urgent, a ajouté le représentant, que cet organe cesse ses agissements arbitraires et incompatibles avec la Charte. 

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a incité à recourir à des formules concrètes pour éliminer les pratiques d’exclusion et garantir une réelle participation et démocratisation des travaux du Conseil de sécurité, y compris « l’élimination du veto ».  Conformément à l’Article 24 de la Charte, les États Membres reconnaissent que le Conseil agit en leur nom ce qui implique une transparence et un exercice effectif de cette responsabilité collective.  En dépit des séances publiques, du processus inédit d’échange et de consultation des États pour la sélection du Secrétaire général, la tendance du Conseil à fonctionner en réunions privées se poursuit, a regretté la représentante, sans prendre en compte les préoccupations des pays et en obligeant à prendre des décisions sur des projets de résolution alors même que des différends considérables subsistent quant à leur contenu.  Cuba s’est aussi érigé contre « la politisation de certaines questions » et contre l’ingérence du Conseil dans des questions ne relevant pas de son mandat.  Il est indispensable, a conclu la déléguée, de disposer d’un Conseil « réformé, démocratique, transparent, efficace et représentatif », de manière à préserver à long terme le multilatéralisme, la crédibilité et la légitimité de l’ONU. 

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a salué la tenue de débats publics, ce qui a favorisé une meilleure participation des États non membres du Conseil, ainsi que les nombreuses réunions sous la formule Arria, ce qui a permis au Conseil d’obtenir des informations l’aidant à être plus efficace et à mieux assumer ses responsabilités.  Il a appuyé les séances récapitulatives et l’interaction croissante avec la Commission de consolidation de la paix et avec d’autres organes de l’ONU.  Il s’est félicité de la nomination « équilibrée, transparente et inclusive » des présidents des organes subsidiaires, et a jugé nécessaire que les procédures de sélection et de nomination des divers groupes d’experts se fassent de façon plus transparente et équilibrée dans le souci d’arriver à la plus large représentation géographique et d’égalité des sexes possible.  Le Guatemala a aussi attiré l’attention sur la section VIII de la Note S/2017/507 soulignant l’importance des consultations entre le Conseil, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes et de forces de police.  Cette coordination est d’autant plus indispensable en cas de transition des opérations de maintien de la paix en missions de politiques spéciales, ou lors d’éventuelles modifications des mandats.

M. MOHAMED OMAR MOHAMED GAD (Égypte) a avancé sept propositions pour améliorer les méthodes de travail du Conseil de sécurité.  Premièrement, il faut présenter régulièrement des exposés sur le travail du Conseil de sécurité à l’ensemble des États Membres. Deuxièmement, les organes subsidiaires et les comités des sanctions doivent aussi présenter des exposés sur leurs travaux.  Il faut augmenter le nombre de séances publiques concernant les travaux des comités des sanctions dont les travaux ne doivent pas être cachés aux États Membres.  En troisième lieu, le représentant a indiqué que tous les États Membres doivent avoir accès aux rapports officiels rédigés dans les six langues officielles.  Quatrièmement, il a demandé, dans la mesure du possible, de communiquer aux États Membres, notamment aux pays concernés, les projets de résolution et les déclarations présidentielles.  Cinquièmement, le Conseil de sécurité doit mener des consultations avec les États Membres et les organisations régionales sur les conflits qui se déroulent dans leurs régions ou territoires.  Sixièmement, le représentant a conseillé d’améliorer la relation entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police.  Enfin, reconnaissant que le rôle des comités et organes subsidiaires est délicat, le délégué a demandé que leurs méthodes de travail soient régulièrement révisées, et que l’on augmente le nombre de séances d’informations qui leur sont consacrées.  Ces comités et organes doivent aussi mener des consultations avec les pays concernés dans leurs mandats.

Selon M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine), le Conseil de sécurité devrait conduire ses travaux de manière transparente, les consultations à huis clos devant être l’exception plutôt que la règle.  En cas de consultations cependant, le reste des États Membres devraient être informés des questions discutées dans ce cadre, a-t-il préconisé.  Il s’est dit satisfait d’apprendre que la pratique consistant à résumer les discussions respectives pour des présentations à la sortie du Conseil de sécurité se poursuit et se développe. La délégation s’est déclarée favorable à la pratique des sessions récapitulatives du Conseil en fin de mois, d’autant qu’elles contribuent à la préparation des rapports annuels.  Elle s’est dit en revanche déçue de la pratique continue, par un membre du Conseil, consistant à « manipuler et à induire en erreur » cet organe en y disséminant de fausses informations destinées à couvrir son « agression militaire » contre l’Ukraine et à « s’ingérer dans les affaires internes » de son pays.

M. FRANCISCO ALBERTO GONZALEZ (Colombie) a déclaré que le débat ouvert se tient à un moment « transcendantal » au cours duquel le processus de réforme exige un niveau plus élevé d’échange de vues entre les États Membres orientés vers la recherche de mécanismes cohérents à la hauteur des défis posés au Conseil.  Au nombre de ces mécanismes, le représentant a appuyé ceux susceptibles de conduire à l’adoption formelle des règles de procédure et de conduire à une participation accrue dans la prise de décisions.  En tant que Président en exercice de la Commission de consolidation de la paix, la Colombie juge prioritaire l’institutionnalisation de la pratique des réunions informelles, fréquentes et informatives des États non membres du Conseil sur des sujets débattus par ceux-ci et par les organes subsidiaires.  Elle a conseillé, par ailleurs, de poursuivre le dialogue autour du veto et de la question de la représentation régionale.  En attendant que ce dialogue aboutisse, le représentant a suggéré au Conseil d’appliquer des méthodes plus inclusives.  La Colombie s’est, en outre, prononcée en faveur de l’amélioration de la qualité et du contenu analytique du rapport annuel à l’Assemblée générale.

Pour améliorer les méthodes de travail du Conseil de sécurité, M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a suggéré d’augmenter la participation des États non membres et le nombre de débats publics sur la question.  Concernant les organes subsidiaires, le représentant a voulu que l’ordre du jour de leurs réunions soit connu des États non membres bien avant les séances pour qu’ils puissent se préparer et apporter leurs contributions.  Il a, par ailleurs, souligné l’importance de la coordination entre le Conseil et les organisations régionales sur la question du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant a également souligné l’importance de la prévention et a demandé aux États Membres en général et au Conseil en particulier de soutenir les bons offices du Secrétaire général et des organisations régionales.  Avant de terminer, il a souhaité que ce débat se poursuive. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission examine les propositions du Secrétaire général pour aplanir les problèmes de liquidités et de gestion budgétaire de l’ONU

Soixante-treizième session,
40e séance – après-midi
AG/AB/4326

La Cinquième Commission examine les propositions du Secrétaire général pour aplanir les problèmes de liquidités et de gestion budgétaire de l’ONU

Aujourd’hui, dans une Cinquième Commission qui préfère généralement mener ses discussions à huis-clos, pas moins de 15 délégations sont montées à la tribune pour commenter les huit mesures que le Secrétaire général de l’ONU propose pour résoudre les problèmes de liquidités et les problèmes structurels plus larges qui entravent la gestion budgétaire de l’Organisation.  Les propositions ont été accueillies comme une bonne base de discussions par la majorité des délégations mais « comme des initiatives qui risquent de faire plus de tort que de bien », par le Brésil.

La crise pointait depuis des années à l’horizon, a souligné le Secrétaire général devant la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires.  Cette crise, a prévenu M. António Guterres, est une réalité malheureuse qu’on ne peut plus contourner parce qu’elle compromet l’exécution des mandats et les efforts de réforme.

L’Organisation, précise-t-il d’ailleurs dans son rapport, fait face à une aggravation des problèmes de trésorerie dans le budget ordinaire.  Par ailleurs plusieurs missions de maintien de la paix éprouvent également de graves difficultés de trésorerie qui contraignent l’Organisation à suspendre les paiements aux pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police pour éviter l’interruption des opérations sur le terrain.  Le Secrétaire général explique également que cette détérioration est principalement imputable à l’augmentation des arriérés de contributions des États Membres.

Mes mesures, a-t-il expliqué dans sa longue déclaration, visent à renforcer les mécanismes censés aplanir les problèmes de liquidités mais aussi à gérer les niveaux de dépense de manière à appuyer l’exécution des mandats.  Pour le budget ordinaire, le Secrétaire général veut obtenir de la Commission l’augmentation du Fonds de roulement de 150 à 350 millions; la reconstitution du Compte spécial à hauteur de 63,2 millions de dollars; la suspension temporaire de l’obligation faite au Secrétariat de porter au crédit des États Membres le solde des crédits inutilisés; et la révision de la méthode d’établissement du budget ordinaire.

Pour les opérations de maintien de la paix, il propose une gestion en commun des soldes de trésorerie des opérations de maintien de la paix en cours; l’envoi d’avis de mise en recouvrement des contributions pour l’intégralité de l’exercice budgétaire; la création d’un fonds de roulement de 250 millions de dollars; et ici aussi, la suspension du reversement des soldes inutilisés aux États.  Le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a émis des réserves sur la plupart des recommandations.

Ces propositions, a commenté le Brésil, équivalent à transférer le pouvoir budgétaire à une bureaucratie sans transparence ni représentation géographique et à réduire les États Membres à un statut de second rôle consistant à fixer un « plafond » sans pouvoir décider du niveau des ressources pour chaque ligne budgétaire, et ce, en violation de l’Article 17 de la Charte qui confère à l’Assemblée générale la prérogative exclusive d’examiner et d’approuver le budget. 

Aucune souplesse dans l’exécution ou la gestion du budget ne résoudra le manque « fondamental » de ressources, ont estimé, à leur tour le Groupe des 77 et de la Chine.  Ce n’est que quand tous les États honoreront leur obligation juridique de supporter les dépenses de l’ONU que le Secrétaire général aura les ressources pour traduire les mandats en résultats tangibles, ont-ils martelé.  Tous les États, a renchéri l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) ont la responsabilité juridique d’honorer leurs obligations financières et la responsabilité morale de faire en sorte que les Nations Unies aient les ressources adéquates pour exécuter leurs mandats. 

Assurer la santé financière de l’Organisation, a souligné l’Union européenne, la plus grande contributrice aux budgets de l’ONU, est une responsabilité partagée entre les États Membres et l’ONU.  Les outils budgétaires ne sont qu’un moyen et pas un objectif.  Ils sont là pour assurer des résultats.  Or, trop souvent l’action de l’ONU est définie par le flux des ressources et les lignes budgétaires et pas assez par une mise en œuvre stratégique des objectifs communs, a commenté l’Union européenne, qui a accueilli les propositions du Secrétaire général comme une bonne base de discussions.  Elles ont, en revanche, été pleinement appuyées par le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande (CANZ).

Soulignant que les pays qui fournissent des contingents, des effectifs de police et du matériel aux opérations de maintien de la paix sont les « victimes » les plus évidentes des arriérés et des problèmes de liquidités, le groupe CANZ s’est surtout félicité de l’idée de suspendre temporairement l’obligation faite au Secrétariat de porter au crédit des États Membres les soldes inutilisés.

Les trois pays ont en effet décrit la situation « perverse » dans laquelle des États Membres reçoivent des crédits alors qu’ils ne les ont pas gagnés.  Ces crédits versés à ceux qui sont en retard dans le paiement de leurs contributions font effectivement office de transferts financiers des États Membres qui se sont acquittés de leurs obligations à ceux qui ne l’ont pas fait.  C’est tout le contraire d’une « incitation à payer trop tôt ».  Il faut des mesures incitatives fortes pour favoriser le paiement rapide des contributions et des mesures clairement dissuasives pour éviter les paiements tardifs ou les non-paiements, ont acquiescé la Suisse et le Liechtenstein. 

Autre grand contributeur avec une enveloppe de 9 milliards de dollars de contributions statutaires et volontaires, les États-Unis ont aussi vu dans les recommandations du Secrétaire général une base solide pour les discussions.  Mais craignant que l’Organisation ne fasse « une crise cardiaque si rien n’est fait », le Maroc a demandé à la Commission d’aller vite et de donner au Secrétaire général ce qu’il demande pour lui permettre de gérer l’Organisation « que nous lui avons confiée ».  On pourra toujours lui demander des comptes après.  Les lacunes, a freiné le Brésil, que nous avons relevées montrent que ces propositions pourraient faire plus de tort que de bien à cette Organisation.

Mettez de côté vos divergences politiques et votre opposition bien connue à certaines propositions et placez plutôt l’ONU sur une base financière solide parce que nous sommes au bout du rouleau et que ce que vous faites aujourd’hui aura des conséquences sur les années à venir, a plaidé le Secrétaire général.

AMÉLIORATION DE LA SITUATION FINANCIÈRE DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la question (A/73/891)

Pour établir son rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné celui du Secrétaire général (A/73/809) qui s’inquiète de la « détérioration de la santé financière de l’Organisation » et indique qu’elle fait face à une aggravation des problèmes de trésorerie dans le budget ordinaire et que plusieurs missions de maintien de la paix éprouvent également de graves difficultés de trésorerie qui contraignent l’Organisation à suspendre les paiements aux pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police.  Le Secrétaire général explique également que cette détérioration est principalement imputable à l’augmentation des arriérés de contributions des États Membres.

M. António Guterres propose donc des mesures pour remédier aux difficultés relatives au budget ordinaire et aux budgets des opérations de maintien de la paix, avec l’objectif ultime de résoudre à la fois les problèmes de liquidités et les problèmes structurels plus larges qui entravent la gestion budgétaire.

S’agissant du budget ordinaire, il propose de porter la dotation du Fonds de roulement de 150 à 350 millions de dollars à compter du 1er juillet 2019.  Ne voyant pas de caractère récurrent aux problèmes de trésorerie, le CCQAB rejette la proposition.  Le Secrétaire général propose de reconstituer les ressources du Compte spécial à hauteur de 63,2 millions de dollars.  Aussi les soldes inutilisés ou l’annulation d’engagements d’exercices antérieurs seraient-ils transférés chaque année au Compte spécial jusqu’à ce qu’il soit reconstitué à hauteur de 63,2 millions de dollars.  Le CCQAB maintient son opposition à cette proposition, au motif que le Compte spécial constitue un important instrument pour compléter le Fonds de roulement et gérer les flux de trésorerie du budget ordinaire.

Le Secrétaire général propose, en outre, à l’Assemblée générale de suspendre temporairement l’obligation faite au Secrétariat de porter au crédit des États Membres le solde des crédits inutilisés jusqu’à ce que « la situation de trésorerie s’améliore ».  Ce solde serait ainsi provisoirement transféré au Compte spécial.  Cette fois, le CCQAB approuve la proposition mais rejette l’autre idée du Secrétaire général de réviser la méthode d’établissement du budget ordinaire.  La méthode, explique M. Guterres, se fonderait sur l’ouverture de crédits déterminés en fonction des « taux de vacance de postes réalistes » et d’un « tableau d’effectifs synoptique »; et l’exécution du budget par la bonne gestion des ressources dans la limite du montant global des crédits ouverts, le Secrétariat étant habilité à transférer des ressources entre les postes et les autres objets de dépense relevant d’un même chapitre, selon que de besoin.

La méthode se fonderait aussi sur l’approbation d’un dispositif révisé de mise en recouvrement des contributions au budget ordinaire, la première, au début de l’année civile, et la seconde à mi-parcours pour couvrir les dépenses supplémentaires découlant de la révision des prévisions de dépenses ainsi que des incidences sur le budget-programme des résolutions et décisions et des dépenses imprévues et extraordinaires.  Pour le CCQAB, la proposition n’est pas suffisamment justifiée.  Il rappelle également que la proposition tendant à permettre au Secrétaire général de réaffecter jusqu’à 20% des ressources consacrées aux postes aux autres objets de dépense au sein d’un même chapitre n’a pas été approuvée par l’Assemblée.

Or la proposition de procéder à des réaffectations entre ressources consacrées aux postes et ressources afférentes aux autres objets de dépense à l’intérieur des mêmes chapitres nécessite une souplesse budgétaire plus grande encore.  En règle générale, le CCQAB note que les propositions du Secrétaire général reposent en partie sur les processus du cycle biennal actuel du budget ordinaire.  Ces propositions, estime-t-il, ne tiennent pas compte de l’annualisation décidée par l’Assemblée générale à compter de 2020.

S’agissant des mesures relatives aux budgets des missions de maintien de la paix, le Secrétaire général demande à l’Assemblée générale d’approuver la gestion en commun des soldes de trésorerie de toutes les opérations de maintien de la paix en cours, le solde de chaque mission demeurant d’un fonds distinct.  Selon le Secrétaire général, la possibilité d’effectuer des avances d’une mission à l’autre permettrait d’atténuer les problèmes de trésorerie.  Le CCQAB juge la proposition « intéressante » mais estime qu’elle manque encore de clarté, notamment en ce qui concerne les critères de sélection des missions prêteuses ou emprunteuses et la possibilité pour une mission de prélever des avances sur le compte de plus d’une mission en cours en même temps et proportionnellement.  Le CCQAB dit attendre de plus amples informations mais recommande à l’Assemblée d’approuver, « à titre expérimental » pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020, le mécanisme pour autant que le Secrétaire général explique si l’application de ce dispositif a eu une incidence positive sur le règlement rapide des obligations financières, notamment les paiements aux pays fournisseurs de contingents et de personnel de police.

Le Secrétaire général demande aussi à l’Assemblée générale d’approuver l’envoi d’avis de mise en recouvrement des contributions dues au titre des opérations de maintien de la paix pour l’intégralité de l’exercice budgétaire.  Le CCQAB souligne qu’une telle invitation devrait indiquer clairement les montants des contributions financières correspondants pour la période du mandat en cours et une estimation pour le reste de l’exercice budgétaire sous réserve de la prorogation du mandat d’une mission.  Le Secrétaire général propose aussi à l’Assemblée de créer un fonds de roulement pour le maintien de la paix doté de 250 millions de dollars et d’en autoriser l’emploi pour régler les problèmes de trésorerie des opérations en cours.  La dotation pourrait en être assurée soit par une ou plusieurs contributions mises en recouvrement soit par le transfert du solde des crédits inutilisés aux comptes spéciaux des missions.  Le Comité consultatif estime que le mécanisme de gestion en commun de la trésorerie proposé servirait de tampon pour les opérations dont les réserves de fonctionnement sont actuellement extrêmement faibles et pourrait améliorer le règlement rapide des remboursements aux pays fournissant des contingents et du personnel de police.  Il avance le même argument contre la proposition du Secrétaire général de suspendre temporairement le reversement des soldes inutilisés.

Déclaration liminaire

La crise pointait depuis des années à l’horizon, a constaté M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU.  Cette crise, a-t-il dit, s’explique par différentes raisons qui exigent chacune une réponse différente.  C’est une réalité malheureuse qu’on ne peut plus contourner parce qu’elle compromet l’exécution des mandats et les efforts de réforme.  Discuter de la situation financière n’est jamais un exercice facile, a reconnu le Secrétaire général, qui a ajouté: nous ne reprochons rien à personne mais nous tentons seulement de résoudre la crise.

M. Guterres a prié les États Membres de mettre de côté leurs divergences politiques et leur opposition bien connue à certaines propositions.  Placez plutôt l’ONU sur une base financière solide parce que nous sommes au bout du rouleau et que ce que vous faites aujourd’hui aura des conséquences sur les années à venir, a-t-il prévenu.  Ces dernières années, a-t-il rappelé, nous avons traité de questions complexes et vous avez montré que vous êtes capables de trouver un terrain commun et d’agir dans l’intérêt de l’Organisation.

Le Secrétaire général a souligné qu’en 2018, le Secrétariat a touché le fond, avec des problèmes de liquidités énormes au budget ordinaire.  Nous avons passé le point de bascule mais nous avons épuisé toutes les réserves.  Il a souligné que s’il n’avait pas agi à deux reprises pour contenir les dépenses, la crise aurait été plus grave.  En 2019, il a pris d’autres mesures pour éviter une crise encore plus grave et donner instruction à tous les chefs de département de freiner les recrutements.  Comme près de 70% des dépenses concernent les salaires et autres dépenses liées au personnel, les reports dans les recrutements ont causé des problèmes opérationnels.  Reporter les autres dépenses pour assurer les salaires est également intenable, car c’est reporter les problèmes à demain. 

À la longue, a alerté le Secrétaire général, les dépenses reportées deviennent des restrictions budgétaires et, dans un tel scénario, la gestion du budget n’est plus liée à la planification des programmes mais à la disponibilité des fonds, ce qui est contraire aux efforts visant à se concentrer sur les résultats.

En 2019, la situation devrait être tout autant critique, a alerté le Secrétaire général.  La solution, c’est non seulement que les États paient leurs contributions mais aussi que le Secrétariat se dote de certains instruments.  Mes mesures, a précisé le Secrétaire général, visent donc à renforcer les mécanismes censés aplanir les problèmes de liquidités mais aussi à gérer les niveaux de dépense de manière à appuyer l’exécution des mandats. 

J’ai fait tout ce qui est mon pouvoir pour encourager les États Membres à honorer leurs obligations financières à temps et davantage d’États paient à temps.  Mais, s’est désolé le Secrétaire général, nous sommes toujours loin de l’objectif.  Nous avons réduit les dépenses pour les aligner avec les liquidités disponibles et payer les salaires mais cela commence à influencer négativement l’exécution des mandats.  Nous risquons, s’est inquiété le Secrétaire général, de compromettre notre travail et nos réformes.  Ne confondez pas, a-t-il mis en garde, les dépenses reportées avec la discipline budgétaire.  Ce ne sont pas des économies engrangées par un travail plus efficace et plus rentable.  Ce sont des coupes dues à un manque de liquidités qui nous empêchent de travailler au mieux.

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. SAED KATKHUDA, observateur de l’État de Palestine, a souligné que toute rétention « délibérée et unilatérale » des contributions par les États qui ont la capacité de payer est « inacceptable ».  C’est cette rétention qui a conduit à cette triste réalité, a estimé le représentant, avant d’exhorter tous les États Membres en mesure de le faire à payer leurs contributions à temps, dans l’intégralité et sans condition.  Nous faisons face à une situation « paradoxale » dans laquelle certains États Membres jouissent du privilège spécial de fixer les mandats tout en refusant d’honorer leurs obligations financières et juridiques pour concrétiser ces mandats.  Ce n’est que quand tous les États honoreront leur obligation juridique de supporter les dépenses de l’ONU que le Secrétaire général aura les ressources pour traduire les mandats en résultats tangibles. 

Le représentant s’est dit préoccupé par les propositions du Secrétaire général et a appelé au respect de l’Article 17 de la Charte qui confère à l’Assemblée générale la prérogative exclusive d’examiner et d’approuver le budget de l’Organisation.  Aucune souplesse dans l’exécution ou la gestion du budget ne résoudra le manque « fondamental » de ressources, a estimé le représentant, en mettant en garde contre le risque que les mesures proposées ne créent une charge « injuste » pour ceux qui ont toujours respecté leurs obligations juridiques et financières.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a, à son tour, appelé les États en mesure de le faire à payer leurs contributions dans l’intégralité, à temps et sans condition.  Tous les États, a-t-il martelé, ont la responsabilité juridique d’honorer leurs obligations financières et la responsabilité morale de faire en sorte que les Nations Unies aient les ressources adéquates pour exécuter leurs mandats.  Commentant les recommandations du Secrétaire général, le représentant a insisté sur le fait qu’elles doivent toutes respecter les principes de responsabilité, de transparence et de viabilité, tout en se fondant sur la capacité de payer de chaque État Membre.  Il a reconnu du mérite à l’idée de créer un mécanisme de gestion en commun des soldes de trésorerie des opérations de maintien de la paix en cours.  S’il est vrai qu’il n’est pas question de « microgérer » le Secrétariat, il faut tout de même, a-t-il mis en garde, que toute souplesse managériale soit assortie d’un niveau élevé de responsabilité et de transparence.  Toute mesure pour traiter des problèmes actuels de l’Organisation doit être viable et tenir compte des causes-jacentes sans pour autant donner lieu à un fardeau « injuste » pour les États Membres.  Ceux qui ont toujours payé leurs contributions ne sauraient devenir les otages de ceux qui retiennent les leurs.

Assurer la santé financière de l’Organisation, a souligné M. SILVIO GONZATO, représentant de l’Union européenne, est une responsabilité partagée entre les États Membres et l’ONU.  Ne manquant pas de rappeler que l’Union européenne est collectivement la plus grande contributrice aux budgets de l’Organisation, le représentant a précisé qu’il est de la responsabilité de chaque État Membre d’honorer ses obligations financières, juridiques et politiques envers l’Organisation et de celle du Secrétariat de dépenser les ressources de la manière la plus efficace.  Le représentant a admis que l’ONU nécessite des méthodologies et des outils budgétaires plus souples et plus modernes.  En échange de cette souplesse, l’Assemblée générale est en droit d’attendre les niveaux les plus élevés de transparence et de responsabilité, a-t-il prévenu.  Les outils budgétaires ne sont qu’un moyen et pas un objectif.  Ils sont là pour assurer des résultats.  Mais trop souvent l’action de l’ONU est définie par le flux des ressources et les lignes budgétaires et pas assez par une mise en œuvre stratégique des objectifs communs.  Votre rapport, a-t-il conclu à l’adresse du Secrétaire général, offre une solide base à nos discussions.

Au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), M. RICHARD ARBEITER (Canada) a souligné que les pays qui fournissent des contingents, des effectifs de police et du matériel aux opérations de maintien de la paix sont les « victimes » les plus évidentes des arriérés et des problèmes de liquidités.  Il a donc pleinement appuyé les propositions de mettre en commun la trésorerie des opérations et d’envoyer des lettres annuelles de mise en recouvrement.  Quant à la proposition de suspendre temporairement l’obligation faite au Secrétariat de porter au crédit des États Membres les soldes inutilisés, le représentant a acquiescé, arguant de la situation perverse dans laquelle des États Membres reçoivent des crédits alors qu’ils ne les ont pas gagnés.  Ces crédits versés à ceux qui sont en retard dans le paiement de leurs contributions font effectivement office de transferts financiers des États Membres qui se sont acquittés de leurs obligations à ceux qui ne l’ont pas fait.  C’est tout le contraire d’une « incitation à payer trop tôt ».  Dans la plupart des organismes du système des Nations Unies qui ont des budgets constitués de quotes-parts, les crédits sont automatiquement imputés sur les arriérés, a insisté le représentant.

Commentant l’idée d’un fonds de roulement pour les opérations de maintien de la paix, il a estimé qu’il d’abord laisser le temps aux mesures prises par l’Assemblée d’améliorer les liquidités.  Par la suite, et seulement en dernier recours, l’on pourra revenir à la question d’un fonds de roulement.  Le représentant a vu là un « risque moral », craignant qu’une mesure tampon plus importante conduise par inadvertance à une situation où les débiteurs s’endettent davantage auprès de l’Organisation.  Les augmentations passées du Fonds de roulement, a-t-il rappelé, ont été dépassées par l’augmentation des arriérés.  De plus, un petit nombre de donateurs bien intentionnés ont alimenté un compte spécial pour étoffer le Fonds de roulement, pour ensuite constater que l’Assemblée avait puisé dans ces liquidités pour couvrir les besoins budgétaires à court terme.  Au minimum, le représentant a appuyé la proposition du Secrétaire général de rétablir un compte spécial à hauteur de 63,2 millions de dollars.  Une fois que le compte spécial aura été intégralement rétabli, les crédits du budget ordinaire devraient être imputés sur les arriérés de contributions et ne revenir qu’à ceux dont les quotes-parts sont à jour.  « Les crédits doivent être gagnés », a martelé le représentant, qui a enfin appuyé la plus grande flexibilité budgétaire réclamée par le Secrétaire général.

M. DOMINIQUE MICHEL FAVRE (Suisse), au nom également du Liechtenstein a insisté sur deux domaines clefs, arguant d’abord que la méthode de budgétisation et le cadre réglementaire sont obsolètes.  Il a donc soutenu bon nombre des propositions du Secrétaire général et surtout l’octroi à ce dernier d’une plus grande marge de manœuvre dans la gestion du budget.  Le Secrétaire général, a-t-il plaidé, devrait être autorisé à redistribuer les ressources au sein des différents chapitres du budget, en fonction des besoins, tout en garantissant une responsabilité et une transparence vis-à-vis des États Membres.  Deuxièmement, a poursuivi le représentant, les modes de paiement adoptés devraient avoir des conséquences tangibles pour les États Membres.  Il faut des mesures incitatives fortes pour favoriser le paiement rapide des contributions et des mesures clairement dissuasives pour éviter les paiements tardifs ou les non-paiements. 

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a admis que l’ONU a besoin de meilleurs approches et outils budgétaires pour la rendre plus efficace, plus souple, plus comptable de ses actes, plus transparente et plus efficace.  En tant que plus grand contributeur avec une enveloppe de 9 milliards de dollars de contributions statutaires et volontaires, les États-Unis sont conscients des faiblesses structurelles qui caractérisent les méthodologies budgétaires actuelles.  La représentante a salué les recommandations « concrètes » du Secrétaire général, voyant là l’occasion tant attendue d’instituer une meilleure discipline fiscale et d’améliorer la gestion et l’exécution des budgets approuvés ainsi que la capacité des administrateurs de l’ONU à mieux gérer les ressources et à se focaliser enfin sur les résultats.  Votre rapport, a dit à son tour la représentante, offre une base solide à nos discussions. 

M. NAGARAJ NAIDU KAKANUR (Inde) a rappelé qu’alors que la fin de l’exercice budgétaire des opérations de maintien de la paix est prévue dans 26 jours, soit le 30 juin, les États Membres doivent encore 1,9 milliard de dollars de contributions, sans oublier les 1,5 milliard du budget ordinaire.  Pour l’Inde, la crise financière de l’Organisation est réelle et « nous devons trouver de vraies solutions ».  M. Kakanur a affirmé que « l’approche de la comptabilité créative » dans la gestion d’une crise n’a jamais fonctionné.  Il a expliqué que la gestion des opérations actives grâce aux fonds des opérations terminées ou le report des paiements aux pays contributeurs de contingents a, au fil du temps, contribué à créer un faux sentiment de solidité financière.  Dans le même temps, a-t-il déploré, les pays ayant des arriérés sont préservés de l’impact de leurs actions.  Le résultat est que les arriérés ne font que croître, et avec eux l’espoir de ces mêmes pays que le Secrétariat pourrait, d’une manière ou d’une autre, gérer la situation, et si nécessaire en ajustant encore plus le cadre de remboursement. 

Pour l’Inde, la pratique de différer le paiement aux pays contributeurs de contingents, alors que les autres obligations contractuelles sont payées, a un impact sur la capacité des Nations Unies à maintenir des accords honnêtes avec les pays contributeurs de contingents sur d’autres aspects du maintien de la paix.  Le délégué a rappelé que 17 de ces pays faisant également partie du Groupe des 77 attendent toujours des remboursements relatifs aux frais engagés dans des opérations terminées.  Alors que les fonds disponibles permettent plutôt de gérer la crise de liquidités des opérations actives et même parfois du budget ordinaire.  Une solution durable ne sera trouvée que quand les États Membres rempliront leurs obligations en vertu de la Charte, en payant la totalité de leurs constitutions à temps. 

M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a estimé que les mesures proposées par le Secrétaire général n’auraient pas été nécessaires si les États-Unis avaient versé leur dû à l’Organisation, lequel s’élève à plus de 2 milliards de dollars.  Cuba invite donc les membres permanents du Conseil de sécurité à honorer leur obligation financière, puisqu’ils ont une responsabilité particulière dans l’élaboration des mandats des opérations de maintien de la paix.  Toute modification de l’architecture financière de l’ONU, a prévenu le représentant, doit se faire avec précaution et sans précipitation.  Il est important que l’analyse des propositions du Secrétaire général se fasse à l’aune du cadre réglementaire en vigueur, tout en veillant à ce que ce processus se passe dans la plus grande transparence et que l’ONU soit comptable de ses actes.

Après avoir reconnu les efforts du Secrétaire général en faveur de la discipline budgétaire, M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a déclaré que le principal défi est celui de la trésorerie.  On ne peut s'attendre à ce que l'ONU s'acquitte de son mandat sans cesse croissant si les États Membres ne respectent pas leur obligation de payer leurs contributions fixées à temps, intégralement, et sans condition.  Le deuxième défi est la souplesse dans la gestion du budget.  Singapour, a assuré le représentant, est ouvert à l'idée de suspendre temporairement l’obligation faite au Secrétariat de porter au crédit des États Membres le solde des crédits inutilisés.  Nous sommes aussi ouverts à l’idée de renflouer le budget ordinaire par le Compte spécial.  Le mécanisme de gestion en commun des soldes de trésorerie des opérations de maintien de la paix en cours est également une proposition qui a du mérite car il ne crée pas un fardeau supplémentaire pour les États Membres et offre une solution partielle à la rétention des contributions.  On ne saurait, a conclu le représentant, attendre des pays qu’ils continuent à fournir contingents et personnel de police dans un contexte où leurs remboursements sont sans cesse retardés. 

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a noté, malgré les problèmes de liquidités, que les quatre indicateurs de la situation financière de l’ONU sont positifs si on s’en tient aux Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS).  S’agissant en particulier de la dette du Secrétariat vis-à-vis des pays contributeurs de contingents et de personnel de police aux missions clôturées, le représentant a jugé que la majorité des propositions du Secrétaire général traitent des « symptômes » et non de la cause.  Cette cause, a-t-il martelé, c’est le fait que des États ne paient pas leurs contributions.

M. OMAR HILALE (Maroc) a dit avoir perçu de l’inquiétude dans le ton du Secrétaire général et a donc demandé à la Cinquième Commission d’adopter des « mesures exceptionnelles » compte tenu de la situation financière actuelle de l’Organisation.  Aidons le Secrétaire général à régler cette crise qui nous concerne tous.  Si rien n’est fait, a prévenu le représentant, l’Organisation risque la « crise cardiaque ».  Le Maroc, a-t-il assuré, soutient les propositions du Secrétaire général car « si on ne donne pas des moyens à l’Organisation, on n’aura pas de résultats en retour ».  Évoquant ensuite les méthodes de travail de la Cinquième Commission, M. Hilale s’est demandé pourquoi faut-il à tout prix parvenir à un consensus.  Une majorité simple peut prendre les mesures qu’il faut.  On peut toujours demander des comptes au Secrétaire général après, mais pour l’instant, « il nous faut contribuer pour lui permettre de gérer l’Organisation que nous lui avons confiée ».

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a indiqué que l’ambitieuse réforme du Secrétaire général ne peut être couronnée de succès que si les contributions financières faites à l’ONU sont prévisibles et adéquates.  Dans le même temps, les opérations de maintien de la paix font face à un grave manque de liquidités qui pousse l’Organisation à retenir les paiements dus aux pays fournisseurs de contingents.  Les paiements différés entravent ensuite le déploiement de nouvelles unités et privent les missions de capacités spéciales comme les hélicoptères.  Le délégué a prévenu que cette situation dissuade de nombreux pays potentiellement fournisseurs de contingents. 

Il a donc demandé que tous les États Membres s’acquittent de leurs contributions entièrement et en temps voulu.  Il a estimé que la gestion en commun des soldes de trésorerie de toutes les opérations de maintien de la paix en cours pourrait permettre, au moins dans une certaine mesure, de régler le problème des liquidités.  Il s’est dit d’avis que l’Assemblée générale doit aussi appuyer l’idée d’envoyer des avis de mise en recouvrement des contributions dues au titre des opérations de maintien de la paix pour l’intégralité de l’exercice budgétaire.  Le représentant a insisté pour que les soldes non utilisés pour les opérations de maintien de la paix et les montants dus aux États pour les opérations terminées soient entièrement payés.  Il a espéré une méthodologie budgétaire plus efficace avec une meilleure budgétisation fondée sur des taux de vacance réels et un niveau élevé d’occupation des postes.

M. TOSHIYA HOSHINO (Japon) a affirmé que sa délégation entend discuter des propositions faites par le Secrétaire général de manière constructive afin de parvenir aux solutions les plus efficaces et réalisables pour faire face à la situation financière actuelle de l’Organisation.  Le temps fait défaut, a-t-il prévenu, rappelant que cette deuxième reprise de la session est d’abord consacrée aux budgets des opérations de maintien de la paix.

M. LUIZ FELDMAN (Brésil) a déclaré que le rapport soumis aujourd’hui néglige ou outrepasse largement le mandat conféré par l’Assemblée générale.  Au lieu d’évaluer les mécanismes existants, le rapport réitère les propositions précédentes d’autonomie budgétaire.  Il porte la question à un « nouveau niveau radical d’ambition » et cherche à transférer toute l’autorité budgétaire au Secrétariat.  Les États Membres seraient réduits au rôle de fixer une somme globale ou un « plafond » sans pouvoir décider du niveau des ressources pour chaque ligne budgétaire.  Cela reviendrait à remplacer le système de contrôle énoncé à l'Article 17 de la Charte par une autonomie budgétaire virtuelle du Secrétariat.  L’autorité serait ainsi transférée à une bureaucratie sans transparence ni représentation géographique.  Le représentant a rejeté le postulat selon lequel la méthodologie budgétaire et le cadre réglementaire de l’ONU sont « obsolètes ». 

La Charte, a-t-il dite, est la force de l’ONU et non « ses faiblesses structurelles ».  Les parties du traité fondateur de cette Organisation qui méritent une réforme sont bien connues.  Le Brésil, a indiqué son représentant, regrette que le Secrétariat juge utile d’adopter une approche sélective de la réforme de la Charte.  Nous demanderons, a-t-il promis, des éclaircissements sur la question de savoir si et comment le Secrétariat considère que d'autres articles, y compris les Articles 23 et 53 de la Charte, devraient être réformés.  Nous voulons pourquoi le rapport n'a pas abordé le financement des missions politiques spéciales qui, au cours des 20 dernières années, ont atteint plus de 20% du budget ordinaire.  « Les lacunes que ma délégation a signalées signifient que ce rapport pourrait faire plus de tort que de bien à cette Organisation », a tranché le délégué brésilien. 

Pour M. DAOPENG FU (Chine), faire face au manque de liquidités exige des États Membres qu’ils remplissent leurs obligations en vertu de la Charte en payant la totalité de leur contribution à temps.  Si les pays qui ont des arriérés ne paient pas à temps, a prévenu la Chine, aucune réforme, si bien conçue soit-elle, ne pourra résoudre le problème de liquidités.  Le représentant a invité les pays qui ont des arriérés, notamment ceux qui ont les moyens de payer, à le faire en temps voulu, dans la totalité et sans condition.  Il a exigé le respect de la Charte des Nations Unies et une adhésion totale aux prérogatives des États Membres.  Les nouvelles initiatives ne sauraient en aucun cas imposer de nouveaux fardeaux aux États.  Elles doivent plutôt renforcer la discipline financière et améliorer la performance globale du budget de l’Organisation, a préconisé M. Fu.

Reprenant la parole, le Secrétaire général a salué la façon constructive avec laquelle la Cinquième Commission a commenté ses propositions.  M. Guterres a assuré que lui et son équipe sont à la disposition de la Commission pour débattre de ses propositions.

BUDGET-PROGRAMME DE L’EXERICE BIENNAL 2018-2019

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les prévisions de dépenses relatives à la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (A/73/498/Add.9)

Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné celui du Secrétaire général (A/73/352/Add.9).  Le CCQAB rappelle d’abord que par la résolution 2451 (2018) adoptée le 21 décembre 2018, le Conseil de sécurité a autorisé le Secrétaire général à déployer, pour une période initiale de 30 jours, une équipe préparatoire chargée de commencer à surveiller, à soutenir et à faciliter la mise en œuvre immédiate de l’Accord de Stockholm (S/2018/1134, annexe), qui énonce notamment les termes de l’Accord sur Hodeïda.

Par la suite, par la résolution 2452 (2019) adoptée le 16 janvier 2019, le Conseil a créé la Mission pour faciliter l’application de l’Accord sur la ville de Hodeïda et les ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa, comme le prévoit l’Accord de Stockholm, pendant une période initiale de six mois.  Le Conseil a approuvé les propositions du Secrétaire général relatives à la composition et aux aspects opérationnels de la Mission, qui prévoient notamment que celle-ci soit dirigée par le Président du Comité de coordination du redéploiement et soit composée de 75 observateurs des Nations Unies au maximum et du personnel.

Le montant estimatif des dépenses pour 2018 s’élevait à 171 600 dollars mais aucun crédit n’a été ouvert et le montant net des prévisions budgétaires pour 2019, à 57 680 100 dollars. 

Dans sa résolution 72/264, l’Assemblée avait autorisé le Secrétaire général à contracter, sans l’assentiment du CCQAB, des engagements d’un montant ne pouvant dépasser 8 millions de dollars pour chacune des deux années de l’exercice biennal 2018‑2019 dont le Secrétaire général aurait attesté qu’ils avaient trait au maintien de la paix et de la sécurité.  De l’avis du Comité, la proposition visant à reporter en 2019 le solde inutilisé du montant autorisé pour 2018 déroge aux dispositions de la résolution.  Le Comité recommande donc que l’Assemblée prie le Secrétaire général de respecter les limites et les dispositions qu’elle a prévues en ce qui concerne les dépenses imprévues et extraordinaires qu’il engage sans avoir à demander son assentiment préalable ou celui de l’Assemblée.

Compte tenu de la lenteur du démarrage de la Mission, comme en témoigne le niveau effectif des dépenses de la Mission enregistré entre le 21 décembre 2018 et le 21 mai 2019, le Comité consultatif recommande une diminution de 2% (soit 1 016 200 dollars) des ressources demandées au titre des dépenses opérationnelles.  Il se propose de réévaluer les dépenses opérationnelles de la Mission dans le cadre des prochains projets de budget, en se fondant sur ce qui se sera déroulé effectivement à la Mission.  L’Assemblée générale devrait donc approuver un budget de 56 663 900 dollars.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’Afrique centrale, une sous-région confrontée à des menaces multiples et parfois transnationales, selon le Représentant spécial

8538e séance – après-midi
CS/13829

Conseil de sécurité: l’Afrique centrale, une sous-région confrontée à des menaces multiples et parfois transnationales, selon le Représentant spécial

Venu présenter la situation en Afrique centrale, le Représentant spécial du Secrétaire général pour cette sous-région, M. François Louceny Fall, a fait état au Conseil de sécurité de crises à la fois politiques et sécuritaires diverses et parfois transnationales, notamment des affrontements meurtriers entre pasteurs et agriculteurs.

« La situation politique en Afrique centrale est restée instable et très tendue du fait des récentes élections, des problèmes liés à la sécurité et des difficultés rencontrées dans le domaine des droits de l’homme », indique le rapport du Secrétaire général, présenté par M. Fall, qui est aussi le chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC).

Les affrontements meurtriers entre pasteurs et agriculteurs dans plusieurs pays continuent d’être une source de préoccupation et une menace à la sécurité et à l’intégration régionales, s’est-il alarmé.  « Des tensions intercommunautaires récentes dans l’est du Tchad ainsi que les attaques commises le 21 mai dernier contre des villages en République centrafricaine soulignent l’urgence de parvenir à un règlement de la crise entre pastoralisme et transhumance », a exhorté le Représentant spécial.

Si l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) a continué, au cours de la période à l’examen, de se livrer à des pillages, et d’enlever des civils, notamment à des fins de travail forcé, les membres du Conseil se sont aussi inquiétés de l’intensification des attaques de Boko Haram au Tchad et au Cameroun depuis fin 2018, en dépit des efforts des pays affectés et de la Commission du bassin du lac Tchad.

Une situation qui impose, selon M. Fall, de renforcer la coopération et de mieux partager expériences et leçons apprises entre les pays concernés et la Force multinationale mixte, ainsi que de répondre aux besoins humanitaires et de s’attaquer aux causes profondes du conflit.  Parmi celles-ci, les changements climatiques, qui exacerbent la paupérisation, une question soulevée par la Côte d’Ivoire et la République dominicaine.  De manière plus générale, note le Secrétaire général dans son rapport, le réchauffement planétaire est « l’un des moteurs de l’évolution des dynamiques de transhumance, susceptibles de porter atteinte aux perspectives de développement, de paix et de sécurité ».

En République centrafricaine (RCA), l’application de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation, signé en février 2019, se heurte à plusieurs défis, qui ont soulevé la préoccupation de plusieurs membres du Conseil.  La France a ainsi jugé nécessaire que les parties mettent en œuvre rapidement et de bonne foi cet Accord, en qualifiant d’« inacceptables » les violences récentes commises par le groupe armé 3R, pourtant signataire de ce document.

De son côté, le représentant ivoirien a noté avec inquiétude les « réticences » des groupes armés à traduire en « actes concrets » les engagements auxquels ils ont « librement souscrit ».  Devant ces actes de violence « d’une extrême gravité », le délégué a vigoureusement plaidé aux côtés de la France pour la mise en œuvre intégrale de l’Accord politique, notamment dans ses dispositions relatives à la constitution des unités spéciales mixtes de sécurité, à la réalisation du Programme national de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, ainsi qu’au déploiement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national.

La crise au Cameroun a également retenu l’attention des membres du Conseil, informés par le Représentant spécial que le Président du pays, M. Paul Biya, est prêt à s’engager dans un dialogue sur toutes les questions, sauf celles touchant à la « séparation » et à la « sécession ».  La situation en matière de sécurité est demeurée très préoccupante dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest de ce pays, qui ont été le théâtre d’une nouvelle vague d’enlèvements et d’assassinats au début de 2019, précise le Secrétaire général dans son rapport.

Alors que les civils sont pris en tenaille entre groupes armés sécessionnistes et forces de défense et de sécurité nationales, le Cameroun compte désormais plus d’un demi-million de personnes déplacées, en plus des 30 000 réfugiés qui se trouvent au Nigéria.  Simultanément, le Cameroun accueille 278 000 réfugiés en provenance de la RCA et 104 000 du Nigéria dans la région de l’Extrême-Nord, ce qui démontre la dimension transfrontalière des crises dans cette région.

Alors que la plupart des membres du Conseil de sécurité se sont émus de ces tensions et de ces violences, la Chine a fait cependant observer que la situation au Cameroun « n’est pas inscrite à l’ordre du jour du Conseil » et qu’elle ne représenterait pas, selon elle, de menace à la paix et à la sécurité internationales.

À l’instar du Secrétaire général dans son rapport et de l’Afrique du Sud aujourd’hui, le Représentant spécial s’est félicité des efforts déployés par les autorités tchadiennes pour la tenue d’élections législatives avant la fin de l’année, appelant tous les acteurs à contribuer à l’organisation d’élections crédibles, inclusives et pacifiques dans les délais envisagés.

RÉGION DE L’AFRIQUE CENTRALE (S/2019/430)

Déclarations

M. FRANÇOIS LOUCENY FALL, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), a indiqué que, au cours des derniers mois, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) avait accompli des progrès notables s’agissant de son processus de réformes qui devraient rendre cette organisation sous-régionale plus efficace en termes d’intégration, de prévention et de résolution des conflits, ainsi que de consolidation de la paix.  Le BRENUAC reste prêt à fournir une assistance à cet égard, a indiqué le haut fonctionnaire.  À ce jour, le Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale demeure la principale plateforme de discussion des questions de paix et de sécurité pour les pays de la CEEAC, a rappelé M. Fall, en précisant qu’il arrivait tout juste de Kinshasa, où une réunion ministérielle a eu lieu à ce sujet.  À cette occasion, ils ont pris note des efforts déployés par le Gouvernement du Cameroun pour trouver une solution durable à la crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest, en l’encourageant à poursuivre le dialogue à cette fin.  Par ailleurs, a indiqué M. Fall, les affrontements meurtriers entre pasteurs et agriculteurs dans plusieurs pays continuent d’être une source de préoccupation et une menace à la sécurité et à l’intégration régionales.  Des tensions intercommunautaires récentes dans l’est du Tchad ainsi que les attaques commises le 21 mai dernier contre des villages en République centrafricaine soulignent l’urgence de parvenir à un règlement de la crise entre pastoralisme et transhumance, a préconisé le Représentant spécial.

Boko Haram a intensifié ses attaques sur le Cameroun et le Tchad depuis fin 2018, tuant près d’une centaine de civils et de membres des forces de défense et de sécurité.  Malgré les efforts louables des pays affectés et de la Commission du bassin du lac Tchad, le groupe terroriste représente toujours une menace sécuritaire pour l’Afrique centrale et au-delà.  « Cette situation impose le renforcement de la coopération et un meilleur partage d’expériences et des leçons apprises entre les pays affectés et la Force multinationale mixte ainsi qu’une assistance internationale plus soutenue pour vaincre Boko Haram, répondre aux besoins humanitaires des populations concernées, et s’attaquer aux causes profondes du conflit », a dit M. Fall.  Selon lui, la Stratégie régionale en faveur de la stabilisation, du redressement et de la résilience des zones du bassin du lac Tchad touchées par Boko Haram, adoptée en août 2018, est source d’espoir.  Il a également noté que l’Armée de résistance du seigneur (LRA) constitue toujours une menace à la paix à la sécurité en Afrique centrale, en particulier en RCA et en RDC. 

S’agissant du Cameroun, le Représentant spécial a noté que le 9 mai dernier, le Premier Ministre Joseph Dion Ngute a annoncé que le Président Paul Biya était prêt à s’engager dans le dialogue sur toutes les questions, sauf celles touchant à la « séparation » et à la « sécession », afin de trouver une solution durable à la crise.  Considérant qu’il s’agissait d’un pas dans la bonne direction, M. Fall a noté que, dans une déclaration en date du 28 mai, le Gouvernement camerounais a rappelé les efforts qu’il a consentis jusqu’à présent pour gérer la situation humanitaire et pour engager le dialogue avec toutes les parties prenantes.  Dans la même déclaration, il a souligné son engagement à coopérer avec les membres du Conseil des droits de l’homme, les autres États Membres, les organismes du système des Nations Unies et autres acteurs bilatéraux.  « Il est également important de souligner que la recherche de solutions à la crise doit être guidée par le Gouvernement.  J’encourage les autorités camerounaises à poursuivre leurs efforts de dialogue et à faire avancer le processus de décentralisation », a ajouté le haut fonctionnaire, en réitérant la disponibilité des Nations Unies à travailler avec le Cameroun dans cette tâche essentielle ainsi que d’autres, comme le désarmement, la démobilisation et la réintégration et la consolidation de la paix, à travers le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix, entre autres sources de financement. 

Malgré ces avancées positives, la situation dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun continue de se détériorer avec des affrontements fréquents entre les groupes armés sécessionnistes et les forces de défense et de sécurité nationales.  Les civils demeurent les principales victimes du conflit, s’est alarmé le Chef du BRENUAC.  « Plusieurs ont perdu leur vie tandis qu’environ 530 000 sont des déplacés internes dans les régions du nord-ouest, du sud-ouest et du Littoral, et plus de 30 000 ont trouvé refuge au Nigéria.  Les populations affectées ont un besoin urgent d’assistance, alors que l’accès humanitaire dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest reste un défi à cause des problèmes de sécurité.  En outre, le Cameroun a accueilli 278 000 réfugiés en provenance de la République centrafricaine et 104 000 du Nigéria dans la région de l’Extrême-Nord.  Tout en saluant la fourniture d’aide humanitaire par le Gouvernement, le Représentant spécial a indiqué que seulement 13% du Plan de réponse humanitaire des Nations Unies a été financé à ce jour.  « J’appelle les partenaires internationaux à envisager une aide financière. »

En République centrafricaine (RCA), même si la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation soulève plusieurs défis, cet Accord reste un instrument efficace pour contribuer à l’instauration d’une paix durable dans le pays.  II est crucial que la sous-région et les États membres de la CEEAC jouent leur rôle en vue de la réussite de cet Accord.  À cet effet, le Représentant spécial s’est réjoui de la réactivation de la Commission mixte entre le Cameroun et la RCA à Bangui, le mois dernier.  « J’encourage la RCA et les autres États voisins à réactiver leurs commissions mixtes bilatérales, ce qui devrait faciliter les discussions sur la gestion des frontières et les défis sécuritaires communs. » 

M. Fall a ensuite salué l’annonce du Fonds monétaire international (FMI), le 9 mai, indiquant qu’une mission du FMI a achevé les discussions avec la République du Congo et qu’elle est « parvenue à un accord, ad référendum, qui pourrait être soutenu par un programme au titre de la facilite élargie de crédit ».  Cette évolution favorable intervient après deux années de négociations, a-t-il noté.

M. Fall s’est encore félicité des efforts des autorités tchadiennes pour la tenue d’élections législatives avant la fin de l’année, appelant tous les acteurs à contribuer à l’organisation d’élections crédibles, inclusives et pacifiques dans les délais envisagés.  Face aux défis précités, le BRENUAC reste fermement attaché au renforcement des capacités régionales de prévention et gestion des crises et conflits, y compris en appuyant la CEEAC et ses États membres.  « Nous sommes confiants que les conclusions de la revue stratégique du BRENUAC en cours contribueront à renforcer l’efficacité du Bureau et son rôle en tant qu’outil essentiel des Nations Unies pour la diplomatie préventive et la consolidation de la paix, en coopération étroite avec les entités des Nations Unies concernées », a conclu le Représentant spécial. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a souligné que la coopération à tous les niveaux est essentielle pour résoudre les problèmes de la région, comme le montre la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA)qui résulte de la coopération entre l’ONU, les organisations régionales et les autorités nationales.  Le représentant s’est ensuite inquiété de la détérioration de la situation humanitaire au Cameroun qui, a-t-il relevé, approche du niveau de crise.  Il a dénoncé les exactions des groupes armés et les entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire.  Le représentant a averti du « risque réel d’une crise de longue durée au Cameroun qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour la région ».  Il a insisté sur le rôle des partenaires africains pour trouver une issue à la crise, pour ensuite appeler les autorités à instaurer un dialogue politique crédible et à mettre en œuvre des mesures concrètes sur le terrain.  Il a aussi constaté que la région est marquée par un « rétrécissement de l’espace accordé à l’opposition, à la société civile et aux médias », entres autres.

Le délégué s’est aussi soucié de la situation dans le bassin du lac Tchad du fait des actions de Boko Haram et de l’État islamique et a appelé à redoubler d’efforts pour faire face à cette crise.  Le Royaume-Uni est également préoccupé par l’épidémie d’Ebola qui sévit en République démocratique du Congo (RDC) et salue la nomination d’un coordonnateur des Nations Unies en la matière.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a constaté que la situation sécuritaire dans la région demeure fragile et a salué les évolutions positives enregistrées pour consolider la gouvernance démocratique, notant que les processus électoraux sont un important facteur de stabilité en Afrique centrale.  Elle a souligné que cette consolidation doit tenir compte de l’expérience et des compétences des femmes.  Elle a aussi appelé les autorités des pays de la région à continuer de renforcer la confiance et à faciliter la tenue d’un dialogue inclusif pour favoriser l’émergence d’un environnement politique stable et constructif.  La représentante a ensuite condamné les actes de violence commis par des groupes armés dans la région du bassin du lac Tchad, en République centrafricaine (RCA) et en République démocratique du Congo (RDC). 

La représentante s’est plus particulièrement inquiétée de la situation au Cameroun et au Burundi et a appelé les autorités de ces deux pays à prendre des mesures immédiates pour prévenir tout abus ou violation des droits de l’homme.  Elle a également engagé le Gouvernement camerounais à autoriser le Haut-Commissariat aux droits de l’homme à mener une mission sur place.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a commencé par revenir sur la situation en République centrafricaine (RCA), jugeant nécessaire que les parties mettent en œuvre rapidement et de bonne foi l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine, signé le 6 février dernier à Bangui.  Ainsi, les violences récentes commises par le groupe 3R dans la région de Paoua sont « particulièrement inacceptables ».  Selon la représentante, la priorité doit aller à l’arrêt des violences commises par les groupes, à leur désarmement et à leur démobilisation, ainsi qu’à la restauration progressive de l’autorité de l’État sur tout le territoire.  Le Gouvernement doit également lancer la procédure d’adoption d’une loi sur la décentralisation et la mise en place de la Commission vérité, justice, réconciliation et réparation. 

« Nous sommes très préoccupés par la dégradation de la situation dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun, a poursuivi Mme Gueguen.  « Nous poursuivons nos efforts pour encourager les autorités camerounaises à lancer un dialogue politique inclusif, à mettre en œuvre des mesures de détente, et à approfondir la décentralisation. »  Elle a appelé également l’ensemble des acteurs à cesser les violences, à assurer la restauration de l’état de droit, et à respecter l’intégrité territoriale du Cameroun « qui ne peut être remise en cause ».  La France estime à ce titre que « des messages similaires passés par l’Union africaine et la région seraient utiles ».  S’agissant ensuite de Boko Haram, la France, a assuré Mme Gueguen, continuera d’accompagner la force multinationale mixte dans sa lutte contre le terrorisme.  Outre le rétablissement de la sécurité, la réintégration des anciens combattants, la réconciliation et les activités de protection des femmes et des jeunes revêtent un caractère essentiel.

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a noté avec satisfaction l’organisation, dans des environnements globalement apaisés, d’élections dans plusieurs pays d’Afrique centrale, ainsi que la signature, le 6 février dernier, de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (RCA).  Mais, il a noté aussi avec inquiétude les réticences des groupes armés à traduire en actes concrets les engagements auxquels ils ont librement souscrit, condamnant les violences qu’ils ont perpétrées dans le nord-ouest de la RCA ces dernières semaines.  Devant ces faits « d’une extrême gravité », la protection des civils apparaît comme une urgence absolue, a estimé le représentant, qui a plaidé pour une mise en œuvre intégrale de l’Accord de paix, notamment dans ses dispositions relatives à la constitution des unités spéciales mixtes de sécurité, à la réalisation du Programme national de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, ainsi qu’au déploiement de l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire national. 

La Côte d’Ivoire a ensuite relayé les préoccupations du Conseil sur la situation sécuritaire et humanitaire dans le bassin du lac Tchad où sévissent les groupes armés terroristes tels que Boko Haram et des réseaux criminels transfrontaliers.  Elle reste persuadée que l’approche sécuritaire portée par les États de la région doit être soutenue par des efforts de développement économique et social et de lutte contre les effets des changements climatiques.  « Mon pays est d’avis que les effets des changements climatiques sont source de violences intercommunautaires et de conflits récurrents entre éleveurs et paysans », a ajouté M. Adom. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a estimé que ce dernier rapport démontre à quel point certains défis et menaces sécuritaires, en raison de leur caractère transfrontalier, rendent l’analyse régionale nécessaire, citant notamment la problématique de groupes armés comme l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et Boko Haram.  Il s’est inquiété de la situation au Cameroun et a appelé à faire prévaloir le dialogue, à garantir l’accès humanitaire et à respecter le droit international humanitaire.  Vu la nature « holistique » de la crise, a-t-il ajouté, nous devons tous y apporter une réponse, à la fois aux niveaux sous-régional, régional et de l’ONU, mais également aux niveaux des États Membres et des acteurs humanitaires, des groupes confessionnels ou appartenant à la société civile.

M. SHAOJUN YAO (Chine) a constaté que la région a été marquée par des progrès, citant notamment la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA) et l’adoption d’une politique commune sur la migration par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), constatant toutefois que des facteurs liés à la maladie, entres autres, limitent les perspectives pour les pays d’Afrique centrale.  Il a estimé que ceux-ci doivent régler leurs différends par le dialogue politique et appelé à lancer des efforts de médiation à cette fin.  Il a aussi jugé nécessaire d’analyser l’impact, sur l’Afrique centrale, de la situation dans d’autres régions africaines.

La capacité des pays à régler leurs problèmes de manière autonome doit être appuyée, a ajouté le représentant, citant notamment le développement durable et la lutte contre les trafics d’armes.  Il a salué les efforts déployés pour combattre l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et appelé la communauté internationale à renforcer sa coopération avec les pays de la région.  Des efforts s’imposent aussi pour combattre la piraterie dans le golfe de Guinée.  Après avoir engagé l’ONU à jouer un rôle renforcé dans la région par l’intermédiaire du BRENUAC, le délégué a, par ailleurs, fait observer que « le Cameroun n’est pas inscrit à l’ordre du jour du Conseil de sécurité » et que « la situation qui prévaut dans ce pays ne représente pas une menace à la paix et à la sécurité internationales ».

Mme BERIOSKA ILUMINADA MORRISON GONZÁLEZ (République dominicaine) a salué la tenue des élections législatives au Tchad, le transfert de pouvoir pacifique en République démocratique du Congo (RDC) et la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA).  À cet égard, elle a demandé à tous les acteurs de respecter leurs engagements.  La représentante a, cependant, regretté que la situation sécuritaire dans certaines parties de la région reste précaire du fait de l’activité de groupes armés, tels Boko Haram et l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), de conflits ethniques et de la violence intercommunautaire entre éleveurs et agriculteurs.  Pour contrer les groupes armés, a fait valoir la déléguée, la communauté internationale doit accompagner des initiatives nationales et régionales, à travers un processus ouvert de dialogue et une stratégie renforcée dans le cadre du Fonds pour la consolidation de la paix et des programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration. 

Dans cet esprit, la représentante s’est félicitée de la signature d’un mémorandum d’accord entre le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique et le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), avec le secrétariat de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), en vue d’appuyer l’application de la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre.  Elle a également mis l’accent sur les effets des changements climatiques qui, combinés aux conséquences humanitaires de tant d’années de conflits, constituent un défi pour la région.  Enfin, elle a exhorté les organisations régionales, notamment l’Union africaine, à intensifier leurs efforts en matière de médiation et de dialogue, en incluant la société civile. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a reconnu le rôle important que joue le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) dans la promotion de la paix et de la sécurité en Afrique centrale et s’est félicité de la signature de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine et de la formation d’un gouvernement inclusif dans ce pays.  Il a appelé les parties centrafricaines à faire passer les intérêts de la population et du pays avant toutes autres considérations.  En ce qui concerne la RDC, il a salué la tenue des élections dans une atmosphère relativement calme qui a résulté en un transfert de pouvoir pacifique.  M. Matjila s’est, par ailleurs, inquiété de la tentative de coup d’État au Gabon en janvier.  Il a exhorté le BRENUAC à maintenir son assistance aux pays de la région pour la conduite d’élections crédibles et inclusives.  Il s’est dit encouragé par l’amélioration de la situation sécuritaire dans la région du Pool en RDC et par l’apaisement au Tchad après les tensions sociales.  Pour ce qui est du Cameroun, il s’est dit inquiet de la détérioration de la situation humanitaire mais encouragé par les efforts des autorités pour stabiliser la situation.

Le représentant a également abordé le problème des attaques dans la région contre des civils par des groupes armés et des terroristes, ainsi que celui de la piraterie dans le golfe de Guinée, avant de se dire satisfait des efforts de lutte contre le trafic de flore et de faune par les autorités gabonaises et camerounaises.  Sur le plan humanitaire, M. Matjila a exhorté les partenaires à poursuivre leur aide à la population dans le besoin et a demandé aux gouvernements de faciliter l’arrivée de l’aide.  Sur les questions transversales, il a apprécié les efforts de l’ONU pour améliorer la cohérence et la coordination dans la région.  Enfin, il a dit être inquiet de la menace posée par l’ Armée de résistance du Seigneur (LRA) en République centrafricaine et en RDC, réaffirmant la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’UA du 20 septembre 2018 à cet égard.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a considéré que le Représentant spécial, M. Fall, est à bien des égards un « catalyseur » de l’action de l’ONU en Afrique centrale.  Il a salué le rôle de coordination que joue le BRENUAC avec l’Union africaine.  Le représentant a souhaité que l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (RCA)dure, même s’il s’est déclaré inquiet des violences récentes qui le mettent à l’épreuve.  S’agissant de la situation au Cameroun, le délégué s’est félicité de la tenue, la semaine dernière, d’une séance en formule Arria, qui a permis de faire le point sur la crise dans ce pays. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a salué les efforts du BRENUAC pour rapprocher les positions des acteurs de différends processus de paix, citant notamment la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA) et l’annonce de la libération des prisonniers politiques par le Président Tshisekedi en République démocratique du Congo (RDC).  Le représentant s’est ensuite inquiété du conflit latent qui sévit dans le nord-ouest et le sud-ouest du Cameroun et a jugé fondamental que les acteurs humanitaires puissent bénéficier d’un accès complet à ces régions.  Il a, par ailleurs, estimé que la crise au Burundi ne pourra être résolue que par l’intermédiaire d’un dialogue intraburundais.  Plus généralement, le représentant a appelé à lutter contre le trafic d’espèces sauvages et de ressources naturelles, et à répondre à la situation dans les couloirs de transhumance ainsi que sur les voies maritimes.  Il a condamné les attaques perpétrées par des groupes terroristes dans la région du bassin du lac Tchad.

M. NARCISO SIPACO RIBALA (Guinée équatoriale) a indiqué que son pays, en tant que membre de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), était reconnaissant à M.  Fall pour son travail et notamment ses nombreux déplacements dans la sous-région.  La Guinée équatoriale, a-t-il assuré, continuera d’appuyer le BRENUAC et de créer des synergies pour promouvoir la coopération bilatérale, tout en renforçant la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales.  Le représentant a salué les avancées enregistrées dans la région comme les élections pacifiques en RDC, saluant au passage la tenue de la réunion ministérielle du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale, du 27 au 31 mai à Kinshasa.  Il a également cité les progrès accomplis en République centrafricaine ainsi que le retour à la normale au Burundi.

Le Gouvernement de la Guinée équatoriale a émis un communiqué le 8 janvier 2019 pour rejeter vivement la tentative de coup d’État à Libreville la veille, a rappelé le délégué.  Concernant le Cameroun, il s’est inquiété de la situation humanitaire qui s’aggrave à cause de l’afflux de réfugiés venant de pays de la sous-région.  Il a dès lors salué les mesures prises par les autorités camerounaises pour faire face à la situation humanitaire.  Par ailleurs, le délégué a rappelé avec satisfaction l’objectif de « faire taire les armes en Afrique » d’ici à 2020.  L’année 2020 sera également importante aux yeux de la délégation, car ce sera le vingt-cinquième anniversaire du Programme d’action de Beijing, un moment crucial donc pour l’agenda « femmes, pax et sécurité ».  Avant de conclure, le représentant s’est inquiété du sort des nombreuses personnes déplacées dans la région et des activités déstabilisantes des groupes armés.

M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) s’est félicité des efforts de médiation déployés par le Représentant spécial, comme par exemple dans les régions du nord-ouest du sud-ouest au Cameroun, où des millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire.  Il a dénoncé les agissements de groupes armés qui détournent l’aide humanitaire ou entravent l’accès aux populations dans le besoin.  Le représentant s’est félicité du Plan d’assistance humanitaire lancé par le Gouvernement, avant de s’émouvoir des abus et des violations qui se multiplient au Cameroun, ainsi que des signalements d’exécutions extrajudiciaires.  Il a, en outre, qualifié de « déplorable » le refus des autorités camerounaises d’admettre dans le pays un expert des droits de l’homme.  La délégation américaine leur a demandé de respecter leurs obligations judiciaires en jugeant l’opposant Maurice Kamto ou en mettant fin à sa détention provisoire.  Il a salué, en conclusion, la détermination des autorités camerounaises à engager un dialogue avec toutes les parties prenantes.  Le délégué a souhaité qu’un examen stratégique des activités du BRENUAC soit conduit plus tard cette année. 

M. ROLLIANSYAH SOEMIRAT (Indonésie) a appelé à tirer parti de l’élan positif enregistré dans la région depuis le début de l’année, citant notamment le transfert pacifique du pouvoir en République démocratique du Congo (RDC) et la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA).  Il faut, selon lui, s’attaquer aux racines des conflits.  Soulignant qu’un processus électoral inclusif, authentique et crédible est essentiel pour la région, le représentant a appelé la communauté internationale à appuyer les efforts des gouvernements concernées pour renforcer la confiance.  Il s’est ensuite inquiété de l’impact des actes de violence commis par l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et Boko Haram.  En conclusion, il a insisté sur l’importance d’établir un partenariat entre les organisations régionales et sous-régionales en collaboration avec l’ONU.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a déclaré que les forces africaines doivent être elles-mêmes à la tête des efforts en vue de sécuriser leurs propres pays, avec le soutien de la communauté internationale.  Il a souligné que des succès considérables avaient été accomplis contre Boko Haram, qui reste cependant capable de mener des attaques meurtrières, notamment au Tchad.  Le représentant a jugé préoccupante l’arrivée d’ex-combattants de l’État islamique dans les rangs de cette organisation terroriste.  La Fédération de Russie a assuré qu’elle continuerait d’accompagner les efforts en vue de mettre en œuvre l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (RCA).  La délégation a ensuite rappelé que l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) continue de poser des problèmes.  Enfin, son représentant s’est dit conscient des divisions qui prévalent au Cameroun, affirmant qu’elles doivent être réglées dans le cadre d’un dialogue interne entre toutes les parties prenantes. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a pris note des faits recensés dans le dernier rapport du Secrétaire général, saluant notamment le premier transfert pacifique du pouvoir en République démocratique du Congo (RDC) et la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA).  Il a appelé au bon déroulement des scrutins prévus dans plusieurs pays, dont l’Angola.  Il a appelé à renforcer la coopération entre les pays de la région et avec les organisations régionales et sous-régionales, afin de trouver des solutions aux crises qui frappent l’Afrique centrale, en particulier les actes de violence commis par Boko Haram.  Le représentant s’est aussi inquiété de la situation humanitaire dans la région et de l’impact de l’épidémie d’Ebola en RDC.  Enfin, il a appuyé l’intégrité territoriale du Cameroun et la non-ingérence dans ce pays. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

​​​​​​​L’Assemblée générale appelle à un calendrier pour le retour des déplacés et des réfugiés d’Abkhazie et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud en Géorgie

Soixante-treizième session,
88e séance plénière – après-midi
AG/12151

​​​​​​​L’Assemblée générale appelle à un calendrier pour le retour des déplacés et des réfugiés d’Abkhazie et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud en Géorgie

L’Assemblée générale a adopté aujourd’hui sa résolution annuelle*sur la situation des déplacés et des réfugiés d’Abkhazie et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud en Géorgie, par 79 voix pour, 15 voix contre et 57 abstentions, à l’issue d’un vote demandé par la Fédération de Russie.

L’Assemblée invite ainsi tous les participants aux pourparlers de Genève à redoubler d’efforts en vue d’établir une paix durable, à s’engager à renforcer la confiance et à prendre immédiatement des mesures pour faire respecter les droits de l’homme et instaurer des conditions de sécurité propices au retour volontaire sans entrave, dans la sécurité et la dignité de tous les déplacés et réfugiés dans leurs foyers.  Elle souligne qu’il faut fixer un calendrier pour leur retour.

La Géorgie, qui a présenté la résolution, s’est fait le porte-parole de ses 400 000 déplacés de force mais aussi de ceux de la Syrie, du Venezuela et du Myanmar « parce que les voix géorgiennes ne diffèrent en rien de celles des soixante-dix millions de déplacés dans le monde ».  Les raisons de leur déplacement peuvent être différentes, mais leur souffrance est la même, a-t-elle souligné, en ajoutant que la résolution s’inspire des principes directeurs de la question des déplacés et appelle au respect de trois d’entre eux, à savoir le droit au retour en toute sécurité et dignité, y compris les droits patrimoniaux; le caractère inacceptable des changements démographiques; et l’impératif d’un accès humanitaire sans entrave.

L’attachement sans faille de la Géorgie aux pourparlers de Genève, un format négocié entre elle et la Fédération de Russie et coprésidé par les Nations Unies, l’Union européenne et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) « semble aujourd’hui à sens unique ».  C’est, a souligné la Géorgie, ce qui explique l’impasse d’une situation de 10 ans, en dépit des appels répétés du Secrétaire général.

La Géorgie a dénoncé « les clôtures en fil rasoir » sur 49 kilomètres en Abkhazie et sur 52 kilomètres dans la région de Tskhinvali/ Ossétie du Sud.  Ces territoires restent des « trous noirs » où l’impunité règne en maître, où les graves violations des droits de l’homme sont monnaie courante et où les observateurs des droits de l’homme sont interdits.  Nous restons néanmoins, a assuré la Géorgie, attachés à un règlement pacifique comme en atteste l’initiative de paix « Vers un avenir meilleur ».  Nous voulons réconciliation et réintégration.

La plupart des délégations, dont le Canada, les États-Unis et l’Ukraine, coauteurs de la résolution, ainsi que la Lituanie, au nom des huit pays baltes et nordiques, ont réaffirmé leur attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières internationalement reconnues et ont exhorté la Fédération de Russie à mettre fin à son interférence et à respecter les engagements pris dans le cadre de l’OSCE.  Préoccupés par le refus russe et d’autres participants de Tskhinvali et Soukhoumi de participer aux pourparlers de Genève dès lors que la question des déplacés et des réfugiés est mise sur la table, « alors même qu’elle est au cœur du mandat des pourparlers », comme l’a souligné la représentante de la Lituanie, les pays baltes et nordiques ont demandé à l’ONU de rester saisie de ce dossier. 

Au nom de l’Organisation pour la démocratie et le développement économique (GUAM), l’Ukraine a estimé que les objectifs de la résolution sont purement humanitaires.  Il s’agit en effet, a renchéri le Royaume-Uni, d’une question de droits de l’homme.  Il a d’ailleurs regretté que le texte ait été lié à « d’autres processus politiques ».

Cette résolution, a contré la Fédération de Russie, est bel et bien « politisée » et a pour objectif d’empêcher la normalisation de la situation.  Ce texte, a-t-elle estimé, tente « de forcer à la soumission », une approche qui ne passe pas auprès des peuples du Caucase.  Cette résolution annuelle a des répercussions négatives sur les pourparlers de Genève.  Il faut, a plaidé la Fédération de Russie, un débat sur une coexistence pacifique.

Les États-Unis ont profité de l’occasion pour rappeler que le monde commémore aujourd’hui le trentième anniversaire des manifestations de Tiananmen, en Chine, et pour présenter les condoléances du Gouvernement américain aux familles des victimes.  Depuis la création de la nouvelle république, a répliqué la Chine, nous avons prouvé que notre voie est la bonne.  Notre peuple la soutient d’ailleurs depuis plus de 70 ans.  Reprochant aux États-Unis d’avoir attaqué frontalement son système politique et de critiquer de manière éhontée sa politique des droits de l’homme, la Chine a dénoncé une violation des normes régissant les relations internationales et a dit craindre l’érosion de la confiance entre les deux pays. 

Aux États-Unis, s’est-elle emportée, certaines personnes agissent comme si elles mènent le monde à la baguette.  Sous couvert de démocratie, elles s’arrogent le droit de s’immiscer dans les affaires intérieures des autres pays, tout en occultant leurs propres problèmes.  La Chine espère que les États-Unis arrêteront ces attaques infondées car ils finiront par s’en mordre les doigts devant tous.

* A/73/L.89

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale élit par acclamation M. Tijjani Muhammad-Bande, du Nigéria, à la présidence de sa soixante-quatorzième session

Soixante-treizième session,
87e séance plénière – matin
AG/12149

L’Assemblée générale élit par acclamation M. Tijjani Muhammad-Bande, du Nigéria, à la présidence de sa soixante-quatorzième session

En présence du Secrétaire général de l’ONU, l’Assemblée générale a élu ce matin par acclamation M. Tijjani Muhammad-Bande, Représentant permanent du Nigéria auprès des Nations Unies, à la présidence de sa soixante-quatorzième session.

Ayant passé une quarantaine d’années dans les allées des institutions politiques et stratégiques de son pays, comme l’a souligné le Groupe des États d’Afrique, M. Tijjani Muhammad-Bande s’est donné comme priorité la pleine mise en œuvre des mandats existants et du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il s’est engagé à promouvoir des partenariats avec toutes les parties prenantes pour réaliser « nos objectifs communs » et assurer la paix et la prospérité. 

La commémoration l’année prochaine du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, a estimé M. Bande, sera une occasion unique de rétablir un certain degré de confiance entre les nations, « puisque nous avons tous les mêmes aspirations et n’avons d’autre choix que de travailler ensemble ».  Si nous voulons concrétiser la vision de nos pères fondateurs, nous devons tout faire, a estimé M. Muhammad-Bande, pour que le cynisme et l’indifférence ne s’infiltrent pas au sein de notre Organisation.  L’Assemblée générale doit jouer son rôle de réconcilier les points de vue et de promouvoir l’action collective face à toutes les questions internationales qui méritent son attention.  Cela doit se faire, a souligné M. Muhammad-Bande, en étroite collaboration avec le Secrétaire général, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social (ECOSOC).

« Professeur Muhammad-Bande, vous apportez à vos nouvelles fonctions des compétences importantes et admirables », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres.  Représentant permanent du Nigéria, vous connaissez bien les Nations Unies.  Universitaire, vous êtes un spécialiste des sciences politiques et de l’administration publique.  Nigérian et Africain, a ajouté le Secrétaire général, vous avez un point de vue pertinent sur les défis du continent, tels que le Sahel et le bassin du lac Tchad, mais aussi sur ceux du monde. 

Avec les représentants des cinq groupes régionaux, le Secrétaire général a salué le travail remarquable de la Présidente sortante, Mme María Fernanda Espinosa Garcés, de l’Équateur.

Conformément à la pratique, M. Guterres a attribué, par tirage au sort, le premier siège de la première rangée de la salle de l’Assemblée générale au Ghana.  C’est à partir de ce siège que seront installés les autres États par ordre alphabétique anglais.

Les 21 vice-présidences de l’Assemblée seront assumées, comme le veut le règlement, par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité à savoir la Chine, les États-Unis, la Fédération de Russie, la France et le Royaume-Uni.  Les 16 autres sont le Cabo Verde, le Congo, l’Éthiopie, la Tunisie et le Zimbabwe, pour le Groupe des États d’Afrique; l’Indonésie, Oman, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Singapour et l’Ouzbékistan, pour le Groupe des États d’Asie; la Croatie, pour le Groupe des États d’Europe orientale; l’Argentine et Trinité-et-Tobago, pour le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, le troisième poste restant à pourvoir; et enfin Malte et la Turquie, pour le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États.

L’Assemblée générale a aussi élu les membres des bureaux de ses grandes commissions, à l’exception de la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires.

La Première Commission chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale sera présidée par M. Sacha Sergio Llorentty Solíz (Bolivie) avec aux vice-présidences Mme Amal Mudallali (Liban) et M. Peter Horne (Australie).  La dernière vice-présidence, qui revient au Groupe des États d’Afrique, sera pourvue à une date ultérieure.  Mme Szilvia Balázs (Hongrie) assumera les fonctions de Rapporteur.

La Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières aura à sa présidence M. Cheikh Niang (Sénégal) et à ses vice-présidences Mmes Yuliana Zhivkova Angelova (Bulgarie) et Anat Fisher-tsin (Israël) et M. Ahmad Saif Y.A. Al-Kuwari (Qatar).  M. David Mulet Lind (Guatemala) a été élu Rapporteur.  

Les travaux de la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles seront dirigés par M. Christian Braun (Luxembourg), lequel sera épaulé par Mme Maria Emilia Eyheralde Geymonat (Uruguay) et M. Ihor Yaremenko (Ukraine).  La troisième vice-présidence, qui revient au Groupe des États d’Afrique, sera pourvue à une date ultérieure.  M. Firas Hassan jabbar Al-Khaqani (Iraq) assumera les fonctions de Rapporteur.

M. Mohammed Hussein Bahr Aluloom (Iraq) a été élu Président de la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation.  Aux vice-présidences se retrouvent Mme Andrea Bacher (Autriche) et MM. Ahidjo (Cameroun) et Peter Pindják (Slovaquie).  L’élection du Rapporteur se fera à une date ultérieure.

Enfin, les travaux de la Sixième Commission chargée des questions juridiques, seront présidés par M. Michal Mlynar (Slovaquie), avec comme Vice-Présidents Mme Cecilia Anderberg (Suisse) et MM. Pablo A. Arrocha Olabuenaga (Mexique) et Mohamed Hamad S. J. Al-Thani (Qatar) qui occupera aussi le poste de Rapporteur. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG clôt sa session de 2019 et recommande à l’ECOSOC d’octroyer le statut consultatif spécial à 219 organisations

Session de 2019 (Reprise),
29e séance – matin
ECOSOC/6995-ONG/896

Le Comité des ONG clôt sa session de 2019 et recommande à l’ECOSOC d’octroyer le statut consultatif spécial à 219 organisations

Le Comité chargé des ONG, présidé par M. Mohamed Sallam, du Soudan, a adopté, ce matin, le rapport final de sa deuxième reprise de session tenue du 16 au 24 mai.  Le Comité a recommandé au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif général à une ONG et le statut consultatif spécial à 219 autres.

Au cours de cette partie de session, le Comité, a rappelé son Vice-Président, M. Nadav Yesod, d’Israël, a examiné en tout 508 dossiers.  Parmi eux, seule l’ONG luxembourgeoise « International Association for the Exchange of Students for Technical Experience (IAESTE) » a obtenu le statut consultatif général.  IAESTE est une association de comités nationaux qui défend les intérêts des universités, du monde de l’industrie et des étudiants.  L’ONG travaille pour 4 000 étudiants, 3 000 employeurs et 1 000 universités, en organisant des stages à l’étranger, des programmes d’accueil, des réseaux et autres activités professionnelles dans plus de 80 pays dans le monde.  L’ONG estime qu’elle contribue directement aux objectifs de développement durable sur l’éducation de qualité, l’égalité entre les sexes, le travail décent, l’innovation, la paix et la justice et les partenariats.  Elle a convaincu le Comité qui, en lui accordant le statut consultatif général, la fait entrer dans la catégorie des grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  IAESTE est désormais autorisée à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour. 

Le Comité a, par ailleurs, reporté sa décision sur 268 ONG priées d’apporter des précisions.  Il a aussi pris note de huit changements de noms et reporté sa décision concernant une demande de fusion.  Le Comité des ONG a en outre pris note de 245 rapports quadriennaux sur les 320 examinés.  Vingt et un dossiers ont été clos sans préjudice puisque les ONG concernées n’ont pas répondu aux questions du Comité malgré trois rappels. 

Composé de 19 États Membres, le Comité des ONG peut recommander, outre le statut consultatif général, deux autres statuts auprès de l’ECOSOC.  Le statut consultatif spécial est réservé aux ONG qui travaillent dans un domaine spécifique.  Elles peuvent soumettre des communications écrites et des pétitions.  La Liste va aux ONG qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites.

Le Comité a également créé un Groupe de travail informel et s’est donné rendez-vous du 20 au 29 janvier 2020 et une nouvelle fois du 18 au 28 mai. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: multiplication des appels à lever les obstacles à une victoire totale contre le VIH/sida

Soixante-treizième session,
86e séance plénière – matin
AG/12148

Assemblée générale: multiplication des appels à lever les obstacles à une victoire totale contre le VIH/sida

« L’élimination du VIH/sida est à notre portée », a affirmé, ce matin, la Présidente de l’Assemblée générale, Mme Maria Fernanda Espinosa Garcés, au cours de la séance consacrée à l’examen de la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida de 2001 et des Déclarations politiques qui ont suivi, dont la dernière remonte à 2016. 

Le rapport du Secrétaire général intitulé « Stimuler les ambitions mondiales de mettre fin à l’épidémie de sida après une décennie de progrès » est clair: « la détermination de la communauté internationale à vaincre l’une des plus grandes crises sanitaires de l’histoire a permis de réaliser des progrès remarquables ».  En 2017, 21,7 millions de personnes dans le monde recevaient des traitements antirétroviraux, soit 5,5 fois plus qu’il y a 10 ans.  Les programmes de communication sur le changement des attitudes et de distribution de préservatifs ont permis de réduire l’incidence de l’infection à VIH dans divers milieux et de plus en plus de pays ont éliminé la transmission mère-enfant du VIH. 

À l’échelle mondiale, les décès causés par des maladies associées au sida dans toutes les tranches d’âge et les cas d’infection d’enfants par le VIH ont été réduits de presque la moitié, et les nouveaux cas d’infection chez les adultes ont diminué de 19%.  Ces progrès, a tempéré le Brésil, doivent être perçus comme un encouragement et non comme un accomplissement, puisque de nombreux défis restent à relever. 

La Chef de Cabinet du Secrétaire général, Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, a en effet reconnu le caractère inégal des progrès.  Depuis 2010, par exemple, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale ont enregistré une augmentation de 30% des infections.  Quelque 25 000 à 30 000 nouvelles infections sont signalées chaque année dans l’Union européenne.  En 2018, 14% des 800 000 personnes vivant avec le VIH/sida n’avaient pas été diagnostiquées.  En Afrique subsaharienne, a alerté, à son tour, le Groupe des États d’Afrique, les connaissances qu’ont les jeunes de l’épidémie stagnent depuis 20 ans, d’où le taux élevé des infections parmi les adolescents et les jeunes femmes dont de nombreuses mères.  Il est regrettable, s’est impatientée la Norvège, qu’un grand nombre de ces questions continuent de faire l’objet de controverses à l’ONU.  Pourquoi est-il si difficile de parvenir à un consensus sur les droits à la santé reproductive? se sont impatientés le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande (CANZ).  Or, l’avenir de la riposte au VIH nécessitera que nous regardions au-delà de la prestation des soins et que nous veillions à ce que ces droits soient intégrés à la couverture sanitaire universelle, a martelé la Norvège.  La réponse complète au VIH/sida ne peut seulement reposer sur des politiques de santé publique.  Il faut tenir compte de la dimension de droits de l’homme et des mesures sociétales proactives pour combattre la stigmatisation et l’exclusion, a renchéri le Liechtenstein.

Le sida reste la quatrième cause de mortalité dans les pays à bas revenu et la deuxième en Afrique subsaharienne, a souligné le Groupe des États d’Afrique.  Comme il s’agit d’un continent en proie aux conflits, aux troubles sociaux et aux catastrophes induites par les changements climatiques, lesquels sont autant de facteurs qui poussent les gens à partir, il faut faire attention au risque que le nombre de personnes vivant avec le VIH augmente. 

Devant ce constat, les 25 délégations qui se sont exprimées aujourd’hui ont toutes salué les six recommandations du Secrétaire général pour « stimuler les ambitions mondiales ».  M. António Guterres recommande d’abord de redynamiser la prévention primaire du VIH puis de diversifier le dépistage et de différencier la prestation des soins de santé pour atteindre la cible 90-90-90 tendant à ce que 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut VIH, que 90% d’entre elles suivent un traitement et enfin que 90% de ces dernières atteignent un niveau de charge virale indétectable. 

Le Secrétaire général recommande aussi de mettre en place un environnement juridique et politique favorable afin d’atteindre les populations marginalisées et vulnérables, dont les populations à risque.  Les États devraient en outre mobiliser des ressources additionnelles et les affecter là où elles sont le plus nécessaires.  La somme de 14 milliards de dollars étant demandée au titre du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour la période 2020-2022, la France, qui accueillera la sixième conférence de reconstitution du Fonds le 10 octobre prochain à Lyon, a dit attendre des engagements concrets pour la hausse des budgets nationaux de la santé et la gratuité des soins.  L’Union européenne a promis de maintenir son engagement financier au même niveau, voire plus, elle qui a déjà versé au Fonds 2 milliards de dollars depuis 2002, soit 50%.

Dans ses recommandations, le Secrétaire général parle également de soutenir les populations afin qu’elles puissent jouer leur rôle essentiel car la mobilisation « exceptionnelle » de la société civile a permis de mener une lutte tout aussi « exceptionnelle » contre le VIH à l’échelle mondiale.  Il plaide enfin pour l’intégration du programme global de lutte contre le VIH dans la couverture sanitaire universelle, arguant que la réunion de haut niveau que l’Assemblée générale tiendra sur cette question en septembre 2019 sera l’occasion idoine.  « Nous le devons aux millions de personnes que nous n’avons pas pu sauver », a conclu la Présidente de l’Assemblée générale.

MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA (A/73/824)

Déclarations liminaires

L’élimination du VIH/sida est désormais à notre portée, a déclaré Mme MARÍA FERNANDA ESPINOSA GARCÉS, Présidente de l’Assemblée générale.  Elle a rappelé la Déclaration d’engagement, ce document « remarquable » que l’Assemblée générale a adopté pour maintenir au cœur de l’agenda international et traduire l’engagement à lutter contre le VIH/sida dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les avancées considérables faites, sous le leadership d’ONUSIDA, sont un des meilleurs exemples de l’efficacité du multilatéralisme, a estimé la Présidente.  Ce qui était il y a peu une sentence de mort, est devenu une maladie chronique pour autant que la personne ait accès à la thérapie antirétrovirale.  En 2017, un nombre record de 21,7 millions de personnes séropositives avaient accès à cette thérapie, soit cinq fois plus qu’il y a 10 ans.

De plus en plus de pays ont éliminé la transmission de la mère à l’enfant, a-t-elle poursuivi, mais nous ne pouvons pas baisser les bras.  Il faut intensifier nos efforts collectifs étant donné que les progrès n’ont pas été égaux partout.  Pour remporter la bataille, a prévenu la Présidente de l’Assemblée, il faut réaliser la cible 90-90-90, à savoir lancer des initiatives concrètes pour que les gens aient accès à des services intégraux de prévention, de dépistage et de traitement.  Il sera impossible, a-t-elle aussi prévenu, de stopper l’épidémie si les personnes atteintes sont stigmatisées.  Dans ce contexte, la Présidente a attiré l’attention sur la vulnérabilité particulière des populations autochtones et des réfugiés.  L’accès de tous aux traitements est crucial, a-t-elle martelé.

Pour cela, a-t-elle reconnu, il faudra combler le manque de financement.  Elle a donc insisté sur un engagement plus significatif des donateurs et sur une meilleure mobilisation des ressources nationales.  La prochaine conférence du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, prévue en octobre 2019 à Lyon, sera un rendez-vous « décisif » tout comme la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la couverture sanitaire universelle qui devrait veiller à ce que la lutte contre le VIH/sida soit incluse dans les prestations sanitaires.  Nous le devons aux millions de personnes que nous n’avons pas pu sauver, a conclu la Présidente.

Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI, Chef de Cabinet du Secrétaire général, a relevé qu’il y a 30 ans, quand débutait l’épidémie du VIH/sida, la souffrance et la mort semblaient imparables et la stigmatisation sévissait dans le monde entier.  Avec la mobilisation de la communauté internationale, les choses ont changé.  Huit millions de décès ont été évités depuis 2000 et les trois quarts des personnes vivant avec le virus connaissent désormais leur statut sérologique.  De même, certains pays ont même éliminé la transmission de la mère à l’enfant et certains des succès ont été possible grâce à l’effort des communautés.  La fin du « VIH/sida pédiatrique » est donc à notre portée, s’est réjouie la Chef de Cabinet, avant de souligner que la lutte contre le sida passe par la lutte contre la stigmatisation et l’éducation des citoyens afin de leur permettre de choisir librement leur vie. 

Mme Viotti a noté qu’ONUSIDA a été à l’avant-garde des succès.  Mais, a-t-elle reconnu, les progrès restent inégaux.  Depuis 2010, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale ont enregistré une augmentation de 30% des infections.  Entre temps, quelque 15 millions de personnes vivant avec le virus n’ont toujours pas accès au traitement, souvent à cause de la honte ou de la stigmatisation.  « Quand les gens cachent leur état ou l’ignore, ils peuvent rater un traitement », a dit la Chef de Cabinet qui s’est insurgée contre les politiques criminalisant les travailleurs du sexe et les malades.  Les États, a-t-elle estimé, doivent redoubler d’efforts pour que personne ne se sente stigmatisée ou discriminée, soulignant la nécessité d’élargir l’accès aux soins de santé, y compris aux groupes marginalisés comme les travailleurs du sexe et les migrants. 

Mme Viotti a rappelé que les maladies liées au sida restent la principale cause de décès chez les femmes âgées de 15 à 49 ans.  Il faut donc lutter contre les inégalités entre les sexes et les stéréotypes sexistes.  Il faut « réparer les déséquilibres du pouvoir » et lutter contre la violence faite aux femmes et aux filles.  Elle a souhaité qu’en septembre prochain, les États renouvellent leur engagement en faveur des cibles du VIH/sida contenues dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Nous devons redoubler d’efforts si nous voulons respecter la promesse d’éradiquer le VIH/sida d’ici à 2030 », a-t-elle martelé en soulignant que « les progrès remarquables que nous avons accomplis jusqu’à présent montrent que c’est possible ».

Débat général

Au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), Mme GILLIAN BIRD (Australie) a considéré que, malgré les progrès accomplis, l’épidémie de VIH demeure un défi de taille, comme le montrent les statistiques d’ONUSIDA indiquant que 36,9 millions de personnes dans le monde sont séropositives.  Chaque semaine, près de 7 000 jeunes femmes de plus sont infectées et, en 2017, le nombre de morts causés par la maladie a atteint le chiffre de 940 000 personnes.  Le déclin des nouvelles infections est trop lent, et certains pays font l’expérience d’une hausse de la prévalence, s’est alarmée la représentante.  Elle s’est déclarée aussi profondément préoccupée des difficultés à parvenir à un consensus s’agissant des droits à la santé sexuelle et reproductive et de mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination des populations marginalisées, des questions qui figurent, selon elles, au cœur même d’une réponse efficace contre la pandémie.  Or, la Déclaration d’engagement de 2016 a mis l’accent sur les droits humains et la levée des obstacles aux traitements et aux soins adéquats.  Pour l’Australie, il est donc essentiel que les efforts en vue de réaliser la couverture sanitaire universelle comprenne une réponse globale au VIH et un engagement vigoureux au niveau communautaire, ancré dans la prévention.

Au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), M. MABHONGO (Afrique du Sud) a rappelé que sa région est la plus touchée de toutes les régions au monde.  Chaque gouvernement met en place des programmes adaptés à ses priorités nationales, fondés sur la stratégie sous-régionale et sur la Déclaration politique de 2016.  Le délégué s’est félicité du fait que des pays comme la Namibie et l’Afrique du Sud ont des taux « très élevés » de prise en charge des malades et avec l’aide de la communauté internationale, la SADC a créé des cliniques transfrontalières pour traiter les populations particulièrement mobiles.

La couverture sanitaire universelle est une priorité de la région, a affirmé le représentant, en mettant l’accent sur les investissements faits dans les infrastructures de santé.  Il a dit attendre avec intérêt la déclaration politique que l’Assemblée générale devrait adopter au mois de septembre.  Il a souhaité un texte fort sur la couverture sanitaire universelle qui contienne des dispositions sur les moyens de financement.

En sa capacité nationale, le représentant a fait part de l’optimisme de son pays à l’aune de la cible 90-90-90: la transmission de la mère à l’enfant a été considérablement réduite, la distribution de préservatifs s’est effectivement élargie et les nouvelles infections sont en baisse, même si les jeunes restent particulièrement affectés.  C’est, a reconnu le représentant, la violence sexiste et les obstacles socioculturels qui expliquent cet état de fait.  En conséquence, le Gouvernement a lancé un nouveau programme qui cible précisément les adolescentes et les jeunes femmes.  Le représentant a plaidé pour un soutien accru de la communauté internationale aux pays de la SADC. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a souligné que les efforts de l’ASEAN sont guidés par la Déclaration d’engagement de 2016 et estimé que la réalisation de la cible 90-90-90 est « à portée de main ».  Il a en effet noté les progrès significatifs réalisés par les États membres de l’ASEAN et a attribué ce succès à une approche axée sur les communautés et la personne.  Il a cité le projet « ASEAN Cities Getting to Zeros » qui, a-t-il expliqué, fait participer les communautés.  L’ASEAN reconnaît également la nécessité d’opérer une transition vers un financement durable à partir des ressources domestiques et en adaptant ces ressources et les investissements aux besoins.  L’ASEAN est prête à établir des partenariats avec d’autres régions et sous-régions pour amplifier les progrès déjà réalisés.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. SAM TERENCE CONDOR (Saint-Kitts-et-Nevis) a souligné que depuis l’adoption de la Déclaration politique des Nations Unies sur le VIH/sida, les gouvernements de la CARICOM et la société civile sont parvenus à faire de leur région la première au monde à mettre fin à la contamination des enfants.  Sept pays ont éliminé la transmission de la mère à l’enfant et le nombre annuel des nouvelles infections chez les adultes a baissé de 18% entre 2010 et 2017.  Durant la même période, le nombre de décès dus au sida a diminué de 23%.  À 0,05% en 2017, le taux de prévalence se rapproche du seuil de transition épidémique de 0,03.  Malgré ces acquis remarquables, nous sommes toujours confrontés aux statistiques régionales et mondiales qui montrent qu’il reste encore beaucoup à faire, a reconnu le représentant. 

Ainsi, les efforts doivent être réorientés pour assurer le diagnostic précoce, le dépistage et le traitement pour atteindre la cible 90-90-90, accélérer les efforts visant à maintenir la suppression virale, améliorer les services liés au VIH lors de catastrophes naturelles et d’urgences humanitaires, et intensifier les efforts contre les préjugés, la violence, les traumatismes, la stigmatisation et la discrimination, notamment à l’égard des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, des professionnels du sexe et les toxicomanes.  Nous continuerons à susciter l’ambition de nos dirigeants et des responsables de la santé et à maintenir notre partenariat avec la société civile et d’autres acteurs importants dans les Caraïbes, a promis le représentant.  Nous avons maintenant une nouvelle occasion de stimuler les ambitions mondiales et la couverture sanitaire universelle est devenue notre priorité, a conclu le représentant. 

Pour M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, le rapport du Secrétaire général montre les avancées remarquables mais aussi les défis restants.  Il montre clairement que l’effort conjoint et durable de toutes les parties prenantes a fait ses preuves.  Mais cela ne suffit pas.  Le rapport, a estimé le représentant, appelle à une réponse plus soutenue et plus rapide et fait des recommandations concrètes pour stimuler les ambitions mondiales.  Le VIH/sida est une maladie grave mais désormais évitable et traitable.  Il est donc impératif de réduire le nombre des nouvelles infections tout en élargissant l’accès aux traitements antirétroviraux.  Pour ne laisser personne sur le côté, il faut une expansion rapide des services de prévention, de dépistage et de traitement.  Le sida, a souligné le représentant, reste la plus grande cause de décès chez les femmes en âge de procréer, et en conséquence, il faut accorder un intérêt particulier à la question de la transmission de la mère à l’enfant.  Il faut également promouvoir l’éducation sexuelle complète pour que les jeunes soient informés et lutter contre la stigmatisation. 

La cible 90-90-90 est ambitieuse mais grâce à un effort soutenu et conjoint, l’UE est sur le point de l’atteindre puisqu’à ce jour 86% des personnes atteintes par le VIH ont été diagnostiquées; 91% d’entre elles ont accès au traitement et 92% de toutes les personnes diagnostiquées sont sous traitement avec une charge virale supprimée.

Toutefois, le combat est loin d’être gagné puisque tous les ans, 25 000 à 30 000 nouvelles infections sont signalées dans l’espace européen.  En 2018, l’espace comptait 800 000 personnes vivant avec le VIH/sida dont 14% n’avaient pas été diagnostiquées.  Compte tenu de ces statistiques « alarmantes », l’UE est consciente qu’il faut axer les efforts sur les personnes qui n’ont pas été dépistées et cibler les groupes les plus vulnérables comme les travailleurs du sexe, les migrants clandestins, les drogués, les prisonniers, les homosexuels ou encore les transgenres.  Les systèmes de santé publique doivent être renforcés tout comme les stratégies nationales.  Le représentant a insisté sur la couverture sanitaire universelle et a conclu en rappelant que l’UE finance à hauteur de 50% le Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, soit 2 milliards de dollars depuis 2002.  Ce soutien sera maintenu voire augmenter, a indiqué le représentant en réservant la primeur à la sixième conférence de reconstitution des ressources du Fonds, prévue à Lyon le 10 octobre prochain.

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a parlé du succès du programme de son gouvernement qui prendra fin en 2020.  Aujourd’hui, le quart de la population a été dépisté de même les deux millions d’étrangers qui vivent dans le pays.  Le nombre de personnes dépistées a augmenté de 2 millions chaque année.  La Fédération de Russie renforce aussi sa collaboration internationale, notamment avec ONUSIDA.  En 2018, une manifestation coorganisée avec l’agence onusienne à Moscou a rassemblé les pays d’Europe de l’Est.  La Fédération de Russie a d’ailleurs versé à ONUSIDA une somme de 17 millions de dollars pour 2019-2020.  Depuis 2012, l’enveloppe russe s’élève à 50 millions de dollars.  Le représentant a reproché au Secrétaire général de faire valoir, dans son rapport, des positions qui ne font pas l’unanimité, épinglant les passages critiquant certains programmes nationaux de lutte contre les stupéfiants. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a applaudi les progrès enregistrés au cours de cette dernière décennie mais s’est dit préoccupé par le fait qu’en Afrique subsaharienne l’« explosion de la jeunesse » ne soit pas toujours sensible aux efforts de prévention.  Les connaissances qu’ont les jeunes de l’épidémie stagnent depuis 20 ans, d’où le taux élevé des infections parmi les adolescents et les jeunes femmes dont de nombreuses mères.  Le représentant s’est réjoui de ce que la recherche d’un vaccin et d’un traitement demeure une priorité.  Il a pris note du fait que dans son rapport, le Secrétaire général indique que deux candidats vaccins sont actuellement expérimentés dans le cadre de vastes essais de phase 3 en Afrique, les premiers essais d’envergure depuis l’étude sur les vaccins menée en Thaïlande il y a une décennie.  En 2019, la confirmation de la rémission à long terme d’une deuxième personne vivant avec le VIH qui a reçu une greffe de moelle osseuse redonne l’espoir de la possibilité de trouver un remède.  Toutefois, a fait observer le représentant, cette procédure difficile et dangereuse n’est pas facilement extensible, et les techniques expérimentales dites « kick-and-kill » pour éliminer les réservoirs de VIH dans le corps humain n’ont pas encore porté leurs fruits.  Les techniques d’édition de gènes s’avèrent toutefois prometteuses chez les modèles animaux. 

Le représentant a poursuivi en appelant les pays à ouvrir leurs frontières et à mettre en œuvre le partenariat mondial contre la stigmatisation et la discrimination.  La vulnérabilité des migrants peut s’aggraver dans des pays où des restrictions de voyage sont appliquées aux personnes vivant avec le VIH.  Ces dernières peuvent en effet hésiter à se faire dépister et soigner.  Comme l’Afrique est en proie aux conflits, aux troubles sociaux, aux catastrophes induites par les changements climatiques, lesquels sont autant de facteurs qui poussent les gens à partir, il faut, a estimé le représentant, faire attention au risque que le nombre de personnes vivant avec le VIH augmente.  Le sida est la quatrième cause de mortalité dans les pays à bas revenu et la deuxième en Afrique subsaharienne.  Ne laisser personne sur le côté, c’est mettre à la disposition de tous des services de soins contre le VHI/sida et des services de protection sociale.  Pour cela, il faut des gouvernements dévoués à la cause, des donateurs soucieux de mobiliser les fonds et des changements structurels pour que les populations les plus vulnérables aient accès aux traitements.  Le représentant s’est félicité du mouvement de plus en plus intense en faveur de la couverture sanitaire universelle.

S’exprimant ensuite en sa capacité nationale, il a fait état des progrès notables du Kenya, en expliquant qu’1,2 million de Kényans reçoivent un traitement antirétroviral pris en charge par l’État à vie.  Le Kenya a mis au point une feuille de route ambitieuse axée sur les communautés, laquelle doit permettre d’accélérer la prévention du VIH/sida, dont la prévalence est tombée à 1,8%.  La gratuité des soins de santé maternelle a permis de réduire la transmission mère-enfant, a-t-il encore précisé.  Le Kenya a adopté une riposte multisectorielle avec 30% des services dirigés par les communautés et s’est doté d’un tribunal chargé d’assurer la protection contre les discriminations à l’égard des séropositifs, alors que les budgets sanitaires ont augmenté de plus de 30%.

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a fait valoir les progrès accomplis par son pays pour mettre fin à la pandémie de VIH/sida.  Au cours des cinq dernières années, la prévalence dans chacun des groupes à risques identifiés a été inférieure à 5%, et bien en-dessous du seuil de 1% parmi les femmes enceintes.  L’Arménie figure parmi les cinq pays vérifiés par l’OMS à avoir éliminé la transmission du VIH de la mère à l’enfant.  Alors que l’importance des diagnostics et des traitements précoces ne saurait être sous-estimée, l’Arménie est en train de revoir ses stratégies et protocoles de dépistage conformément aux directives de l’OMS, en mettant l’accent sur les interventions communautaires qui se sont multipliées, dans l’objectif d’atteindre les 60% fixés par le programme national.  Pour le représentant, une des exigences préalables les plus importantes dans le combat contre le VIH est un cadre juridique favorable et des normes sociétales porteuses de changement, afin de réduire la stigmatisation et la discrimination et d’améliorer l’accès aux services, en particulier pour les groupes vulnérables.  Le bilan de l’Arménie inspire confiance dans la poursuite d’une réponse multisectorielle efficace à l’épidémie, ainsi qu’en matière de prévention et de traitement, a estimé la délégation. 

Saluant le rapport « clair et exhaustif » du Secrétaire général, M. DOMINIQUE MICHEL FAVRE (Suisse) a constaté que d’après le document, la stratégie de la « voie rapide » porte ses fruits.  Il s’est dit toutefois certain que pour réaliser les objectifs ambitieux de mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030, il convient non seulement de renforcer cette approche accélérée mais aussi de combler systématiquement, au moyen d’interventions ciblées, les lacunes identifiées.  Le représentant a évoqué trois exemples de la contribution de la Suisse à l’engagement contenu dans la Déclaration politique tant au niveau international que national.  Au niveau international, la Suisse s’est jointe aux efforts de la Société internationale sur le sida afin de mettre les évidences scientifiques les plus récentes à la disposition des pays et les adapter en fonction du contexte national.  La Suisse apporte aussi son soutien à la SADC pour prévenir de nouvelles infections chez les jeunes, améliorer le traitement des jeunes séropositifs et les inciter à se soigner davantage.  Au niveau national, la Commission fédérale pour la santé sexuelle a remis le mois dernier sa feuille de route pour l’élimination du VIH/sida d’ici à 2030.  Elle recommande également que les efforts nécessaires à cette fin soient fondés sur le respect des droits de l’homme et axés sur des populations concernées, à savoir les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les migrants.  La mise en œuvre du programme doit débuter en 2022. 

M. DEE-MAXWELL SAAH KEMAYAH, SR (Libéria) a affirmé que son pays a fait des progrès significatifs s’agissant de la réduction des nouvelles infections, du taux de mortalité et de la transmission de la mère à l’enfant.  Le pays a aussi connu une augmentation substantielle du nombre de personnes sous traitement.  La stratégie, c’est le renforcement de la collaboration avec les partenaires locaux et internationaux et la mobilisation des ressources nationales.  Quelque 433 centres de conseil aux femmes enceintes ont été implantés dans le pays alors que les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes et les travailleuses du sexe ont accès à des soins gratuits.  Des programmes de prévention sont également mis en œuvre dont des campagnes de sensibilisation des jeunes.  Le représentant n’a pas caché les obstacles dont le manque de fonds, la pauvreté, la discrimination et la stigmatisation. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a dit que son pays s’est engagé à mettre en œuvre la cible 90-90-90.  L’Indonésie se concentre surtout sur la prévention de la transmission mère-enfant et sur les groupes à risque.  Le Gouvernement fournit gratuitement des antirétroviraux, en ne négligeant pas pour autant les programmes de prévention du sida, de dépistage et de conseils auprès des communautés.  Chaque municipalité doit avoir des centres de santé adaptés aux jeunes.  Quelque 450 hôpitaux ont été désignés pour offrir des services spécifiques liés au VIH/sida.  Vaincre ce fléau nécessite un comportement responsable et sensé.  Il faut donc miser sur les conseils, l’éducation et la lutte contre les comportements à risque.  Pour l’Indonésie, un comportement sexuel responsable comprend l’abstinence, la fidélité et l’utilisation correcte et constante du préservatif.

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a constaté que même si les objectifs “ambitieux » 90-90-90 ont permis de réaliser de nombreux progrès pour combattre le VIH/sida, ils n’ont toujours pas été mis en œuvre dans leur intégralité.  Elle a attiré l’attention sur les 10% de personnes qui vivent avec le VIH sans le savoir.  Elle a plaidé pour des services de santé intégraux et à des systèmes de santé et de protection sociale réactifs aux plus vulnérables et aux plus marginalisés.  La représentante a relevé que la Commission mondiale sur le VIH et le droit a illustré le « potentiel énorme » que recèle l’environnement juridique pour améliorer la vie des personnes vivant avec le VIH/sida.  Elle a salué les 89 états qui ont abrogé ou réformé, depuis 2012, des lois qui pénalisent le VIH, les relations sexuelles entre personnes du même sexe et la possession de drogues.  La représentante a aussi salué ceux qui ont adopté des lois sur les droits reproductifs, l’éducation sexuelle et les droits de l’homme des personnes vivant avec le VIH/sida.  Elle s’est, cependant, inquiétée du fait que la discrimination juridique et de facto rendent invisibles, dans certains pays, les personnes vivant avec le VIH ou des personnes à risque.  Elle a parlé des jeunes, des femmes, des consommateurs de drogues par injection, des travailleurs du sexe, des transgenres, des prisonniers, des hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes, des autochtones, des migrants et des réfugiés qui doivent tous avoir accès à des services de santé de qualité.

Mme Oehri s’est également inquiétée de la persistance des inégalités entre les sexes et de normes sexistes néfastes qui augmentent le risque d’infection chez les femmes, notamment en Afrique sub-saharienne.  Elle a cité, entre autres, le manque d’accès aux services de prévention du VIH et de santé sexuelle et reproductive et la violence sexuelle.  Il est particulièrement consternant de savoir que les femmes qui subissent la violence d’un partenaire intime ont 50% plus de chances de contracter le VIH, s’est-elle indignée.  Elle a souligné qu’une réponse complète au VIH/sida ne peut seulement reposer sur des politiques de santé publique.  Il faut tenir compte de la dimension de droits de l’homme et des mesures sociétales proactives pour combattre la stigmatisation et l’exclusion.

Mme DIEDRE NICHOLE MILLS (Jamaïque) a indiqué que son pays compte 32 000 personnes vivant avec le VIH.  En 2016, 1 700 nouvelles infections et 1 300 morts ont été enregistrées.  En 2017, une enquête a révélé que le nombre des personnes âgées de 15 à 24 ans ayant des partenaires sexuels multiples est passé de 58% en 2012 à 65,3% en 2017, pendant que les connaissances sur la transmission ont diminué.  Ces chiffres sont préoccupants, a reconnu le représentant dont le Gouvernement poursuit les efforts pour atteindre la cible 90-90-90.  La Jamaïque était à 78-49-57 en mars 2019 et différentes initiatives ont été lancées y compris par les médias sociaux, l’engagement communautaire et une approche multi-agences.  Une attention particulière est accordée à la prévention de la transmission mère-enfant.  Par ailleurs un centre pour les jeunes a été créé en 2017 dans l’un des grands hôpitaux de la capitale pour prévenir les comportements négatifs tels que la violence, l’absentéisme et les comportements sexuels à risque.  Près de 4 800 jeunes ont eu accès à ce centre entre janvier et septembre 2018.  Le Gouvernement améliore aussi les cadres législatifs et politiques. 

M. ALEJANDRO GUILLERMO VERDIER (Argentine) a salué les progrès importants accomplis depuis 2016 pour réaliser les engagements pris dans la Déclaration politique en matière d’accès au traitement approprié et de réduction de la mortalité liée au VIH/sida.  Il a rappelé que le troisième objectif de développement durable du Programme 2030 repose, comme les autres, sur le principe de « ne laisser personne de côté ».  Il est dès lors essentiel, pour mettre fin au sida comme menace de santé publique, de se baser sur les droits de l’homme et sur l’égalité de genre, afin notamment de respecter la dignité des personnes atteintes de la maladie, a plaidé le représentant. 

Les politiques de santé doivent, selon lui, reconnaître les vulnérabilités des groupes particuliers de population face aux VIH/sida.  Il a recommandé de prendre en compte la situation particulière des femmes et des filles, et notamment leurs droits sexuels et reproductifs.  C’est pour cela que l’Argentine mène des politiques visant les groupes vulnérables selon une approche basée sur les droits de l’homme, en favorisant l’accès à l’information sur les ressources existantes et en incitant les personnes porteuses à participer activement aux prises de décisions, tout en réaffirmant les principes d’égalité et de non-discrimination.  Le représentant a parlé de ce que fait le Ministère de la santé et du développement social qui, par exemple, promeut la création de centres de prévention, d’évaluation et de dépistage.  Sur le plan international, il a salué la réunion de haut niveau prévue en septembre sur la question de la couverture santé universelle.  Il a aussi réitéré son soutien à la Stratégie 2016-2021 d’ONUSIDA et à la cible de traitement 90-90-90 pour l’an 2020.

Mme LAHYA ITEDHIMBWA SHIKONGO (Namibie) a affirmé que son pays a réalisé des progrès remarquables ces cinq dernières années, se félicitant notamment de ce que 77% des adultes séropositifs n’avaient plus de charge virale, ce qui dépasse l’objectif de 73% d’ici à 2020 établi par ONUSIDA.  La Namibie, qui est à 86-96-91, est sur le point d’atteindre l’objectif 90-90-90.  La représentante a expliqué que ces avancées ont pu être réalisées grâce à l’élargissement des services de prévention et de traitement qui mettent l’accent sur la suppression de la charge virale et des politiques « progressives ».  Le pays a compris l’importance de fonder la prévention et les soins sur les données.

Parmi les défis qui persistent, la représentante a noté le taux élevé des nouvelles infections parmi les jeunes femmes de 15 à 24 ans.  Il faut donc des stratégies qui mettent l’accent sur l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive et des politiques d’autonomisation des femmes.  Il faut aussi redoubler d’efforts pour que davantage d’hommes se fassent dépister et promouvoir la prévention parmi cette population qui est d’ailleurs sensibilisée aux bienfaits de la circoncision.  La représentante a insisté sur un financement adéquat des programmes.  La Namibie assume d’ailleurs 64% du coût de ses programme et la totalité de celui des antirétroviraux. 

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a regretté d’emblée que la salle de l’Assemblée générale soit quasiment vide alors même que l’on discute d’une question aussi importante.  Les progrès enregistrés dans la lutte contre le VIH/sida doivent être perçus comme un encouragement et non comme un accomplissement puisque de nombreux défis restent à relever.  Appuyant les six recommandations du Secrétaire général, le représentant les a jugées « fondamentales » pour la réalisation des cibles sur le VIH/sida contenues dans le Programme 2030.  Il a insisté sur l’accès aux soins de santé des groupes les plus marginalisés et vulnérables et sur le rôle de la société civile.

La réponse coordonnée du Brésil, qui garantit un accès universel au traitement et au diagnostic, a été internationalement reconnue, a soutenu le représentant.  Depuis 1996, date à la laquelle la première législation a été adoptée sur la gratuité des soins, le Brésil n’a cessé de renforcer et d’élargir son système de santé publique et de veiller à une allocation des ressources la plus efficace possible.

Nous avons été le premier pays, s’est enorgueilli le représentant, à adopter dès 2013 l’approche « traitement en tant que prévention » qui consiste à recommander la thérapie antirétrovirale à toute personne infectée par le virus, quelle que soit sa charge virale.  En 2014, le Ministère de la santé a diversifié son approche du dépistage et de l’accès aux soins en créant de programmes communautaires qui ont permis aux organisations de la société civile de mener des actions de dépistage rapide.  De plus, le budget de la lutte contre le VIH/sida a augmenté de 30% en 2019 par rapport à l’année précédente.

Le représentant a conclu en soulignant que l’accès universel à la santé est l’une des pierres angulaires et un aspect fondamental du développement durable.  Il a donc exhorté tous les États Membres à opter pour une approche multisectorielle et intégrée de la lutte contre le VIH/sida et ses principales « co-infections » que sont l’hépatite et la tuberculose.

« Un monde sans sida est non seulement possible, mais à portée de main ».

M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus) a dit que son gouvernement a adopté des mesures en s’appuyant sur l’approche 90/90/90.  Aujourd’hui 81% de la population nationale infectée est consciente de son statut sérologique.  Le Bélarus produit ses propres antirétroviraux à un prix abordable.  Parant 75,1% des patients traités ont une charge virale nulle.  Avec l’aide du Fonds mondial, les programmes ont été élargis à tout le pays, avec comme ambition affichée de mettre fin à l’épidémie en 2023.  La prochaine grande campagne nationale de prévention sera mise en œuvre au cours des Jeux européens qui auront lieu du 21 au 30 juin prochain 2019 à Minsk, a annoncé le délégué.

Mme PAULOMI TRIPATHI (Inde) a affirmé que son pays contribue à l’effort international, un engagement reflété par le fait que plus de 70% des traitements antirétroviraux sont mis au point par l’industrie pharmaceutique indienne.  Elle s’est félicitée de constater que, dans son pays, les nouvelles infections ont décliné de plus de 80% depuis le point culminant de 1995.  De même, les morts imputables au sida ont décliné de 71% depuis le point culminant de 2005, a ajouté la représentante, qui a également mentionné le recul de 84% des morts provoquées par la tuberculose en 2017.  Pour booster sa réponse aux cibles fixées pour 2030, l’Inde a reconfiguré sa stratégie à l’aune d’un renforcement de ses activités de sensibilisation, de gestion des déchets biomédicaux et de dépistage au niveau communautaire.  Le Gouvernement indien a, en outre, fourni des soins et des traitements gratuits à 1,3 million de patients et adopté une loi de prévention et de contrôle contre le VIH/sida qui est entrée en vigueur en septembre dernier.  La loi a été qualifiée de « jalon » par la déléguée, dans la mesure où elle autonomise le patient et lui permet de signaler toute discrimination liée au VIH dans les domaines de l’emploi, des soins de santé, de l’éducation, du droit à la propriété, du droit à exercer des responsabilités publiques et du droit à bénéficier d’une assurance maladie

Mme HAYET ZEGGAR (France) a confirmé que la ville de Lyon accueillera la sixième conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme le 10 octobre 2019, un évènement qui sera le « point d’orgue » de la présidence française du G7 en matière de santé mondiale.  Il est indispensable que cette sixième conférence soit un succès, car les progrès réalisés sont fragiles, les décès se poursuivent, les nouvelles infections sont en hausse dans plus de 50 pays, et les résistances menacent.  Dans ce contexte, chaque partenaire a un rôle clef à jouer pour accélérer le mouvement.  C’est pourquoi la France en appelle à la mobilisation générale des donateurs, nouveaux et historiques, afin d’atteindre la cible d’au moins 14 milliards de dollars pour la période 2020-2022 et à des engagements concrets pour la hausse des budgets nationaux de la santé et de la gratuité des soins.  « Rendez-vous est pris à Lyon le 10 octobre 2019 pour réaffirmer notre capacité collective à assurer le redressement de la trajectoire d’élimination du VIH/sida et des pandémies », a conclu la représentante. 

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a expliqué que depuis le premier cas de VIH/sida dans son pays en 1985, la lutte contre l’épidémie est devenue une priorité nationale, ce qui a permis de réaliser des résultats « importants » en termes de prévention, de traitement et de protection des droits humains, permettant d’inverser la courbe de la propagation et de ramener le taux national de prévalence à 1,1%.  Cependant, des défis majeurs ont influencé le système de santé et la lutte contre le VIH/sida dans son ensemble, à commencer par la crise sécuritaire dans les régions du Nord, laquelle a provoqué l’interruption des services, la dispersion du personnel de santé, la rupture de traitement et le dysfonctionnement de l’accès au traitement.  « N’eut été cette crise que mon pays connaît depuis janvier 2012, le Mali serait aujourd’hui en dessous de la barre de 1% de taux de prévalence », a-t-il affirmé.

Le deuxième défi majeur concerne la ruée des populations vers les activités d’orpaillage dans les régions du Sud et dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, ce qui engendre le développement d’activités connexes entretenues majoritairement par des jeunes.  Pour atteindre les objectifs de zéro infection, zéro discrimination et zéro décès lié au VIH à l’horizon 2030, le Mali met l’accent sur cinq grands axes stratégiques qui sont l’élimination de la transmission mère-enfant; la protection des populations fortement précarisées dans les zones de conflit; la réponse dans les zones d’orpaillage; l’accélération de la réponse dans les zones de pauvreté des grandes villes où le faible accès des populations aux services essentiels de base favorise la propagation rapide du virus; et la protection des droits humains des personnes vivant avec le VIH contre la stigmatisation, la discrimination et l’exclusion.

Pour aider à relever ces défis, le Mali s’est doté d’un centre de traitement du sida et d’une déclaration de politique d’élimination du VIH pour les 15 prochaines années, y compris la mise en œuvre de cadres stratégiques nationaux quinquennaux.  Le Gouvernement a également mis en place un fonds national de lutte contre le sida financé par des ressources internes et externes.  Avant de conclure, le représentant a mis en garde contre le phénomène de l’orpaillage qui « ne connaît pas de frontières » et qui peut, selon lui, changer « dangereusement » l’épidémiologie du VIH dans la région, si rien n’est fait.  Il a également encouragé la Mission des Nations Unies dans son pays (MINUSMA) à continuer de veiller à la formation de son personnel, avant et après son déploiement.

Mme KIRA CHRISTIANNE DANGANAN AZUCENA (Philippines) a relevé que depuis la personne infectée aux Philippines en 1984, le pays compte désormais 65 467 cas confirmés, dont 80% ces 7 dernières années.  Les autorités sont inquiètes d’une tendance qui montre que les infections sont désormais plus fortes dans la tranche d’âges des 25-34 ans depuis 2006, alors qu’entre 2001 et 2005, c’était la tranche des 35-49 ans.  Plus inquiétant encore, le nombre des infections a pratiquement doublé ces 10 dernières années dans le groupe des 15-24 ans.  Le Gouvernement philippin entend inverser la tendance d’ici à 2022.  Depuis l’an dernier, une loi prévoit que tous les centres de soins et leurs personnels intègrent la sensibilisation et les soins liés au VIH/sida dans leurs activités.  En mars dernier, la couverture sanitaire universelle a été adoptée dans le pays et les autorités entendent également prendre soin de la santé des Philippins de l’étranger.  La représentante a conclu en plaidant pour plus de fonds afin d’aider les pays en développement à lutter contre le VIH/sida. 

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a félicité ONUSIDA pour les progrès significatifs enregistrés dans la mise en œuvre de la Déclaration politique.  Les États-Unis, a-t-elle rappelé, collabore avec de multiples partenaires, y compris la société civile.  Pour atteindre la cible 90-90-90, un programme d’urgence a été mis en place et se concentre sur certaines zones géographiques et certaines populations cibles aux États-Unis.  À cette fin, la base de données « la plus importante » au monde a été créé pour pouvoir diriger de façon efficace les ressources et mettre au point des actions ciblées.  L’« Administration Trump » s’engage à mettre fin à cette pandémie, a assuré la représentante, en expliquant que pour ce faire, il faut axer les efforts sur les personnes les plus vulnérables.

M. DANIEL FERNAN GIMENEZ (Norvège) a déclaré que pour que la riposte au VIH réussisse, elle doit viser particulièrement les jeunes femmes et les filles.  Garder les filles à l’école réduit le risque de VIH.  L’éducation des filles est l’une des priorités de la coopération norvégienne, a poursuivi le représentant.  Nous avons aussi besoin de dispositions sur des services de santé non discriminatoires et adaptés aux jeunes, y compris les adolescents et les personnes handicapées.  Il est regrettable, s’est-il impatienté, qu’un grand nombre de ces questions continuent de faire l’objet de controverses à l’ONU.  L’avenir de la riposte au VIH nécessitera que nous regardions au-delà de la prestation des soins et que nous veillons à ce que la santé et les droits sexuels et reproductifs ainsi qu’une riposte efficace au VIH/sida soient intégrés à la couverture sanitaire universelle.  Dans l’évolution de l’architecture sanitaire mondiale, nous devons garantir la participation des groupes marginalisés et vulnérables, y compris des populations à haut risque, a martelé le représentant qui a terminé en disant que son pays vient d’augmenter son financement au « Robert Carr Civil Society Network Fund » qui soutient les réseaux répondant aux besoins et aux droits fondamentaux des populations insuffisamment desservies. 

Mme HELENA DEL CARMEN YÁNEZ LOZA (Équateur) a partagé l’expérience de son pays dans la lutte contre le VIH/sida, à commencer par ce que fait le Ministère de la santé publique par le biais de sa Direction nationale de stratégies de prévention et de contrôle et de la Stratégie nationale de VIH/sida: des mesures sont prises pour le dépistage de nouveaux cas, ainsi que pour le suivi et le traitement des patients et la prévention.  La majorité des femmes enceintes sont surveillées, a-t-elle ajouté, avant de parler d’un système d’information et d’estimation qui recueille des données sur les contrôles médicaux et les traitements.  En outre, le système d’information appelé « historique clinique unique » permet de suivre toute la population, avec en particulier un module spécifique pour les patients atteints du VIH/sida. 

L’Équateur a aussi investi près de 7 millions de dollars pour l’achat des médicaments antirétroviraux, augmentant ainsi de 39% le budget alloué antérieurement.  Comme autre mesure, la représentante a parlé du plan national de santé sexuelle et reproductive 2017-2021 qui permet d’offrir des services inclusifs.  Quant à l’accès universel à la prévention, l’Équateur s’aligne avec les engagements internationaux pour éliminer la transmission mère-enfant, l’objectif étant de faire baisser cette transmission jusqu’à 2% fin 2019.  La représentante a enfin évoqué le cours en ligne sur les droits de l’homme et les bonnes pratiques dans les procédures relatives au VIH.

M. JORGE LUIS CEPERO AGUILAR (Cuba) a déclaré que les progrès dans les objectifs sur le VIH/sida nécessiteraient une réforme de l’ordre international et la promotion d’un véritable esprit de coopération solidaire.  À Cuba, a-t-il poursuivi, depuis le lancement du Programme national de prévention et de contrôle du VIH/sida, il y a plus de 30 ans, la prévention, le diagnostic et le traitement sont efficaces et sont régulièrement mis à jour en suivant les recommandations de l’OMS et du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida.  Le représentant a également fait valoir la stratégie cubaine de réponse au VIH/sida qui part du principe que le droit à la santé est un droit de l’homme essentiel.  Ce droit repose sur trois piliers: une approche intégrale de cette question, la capacité biotechnologique pour la recherche et le développement de médicaments, et le haut niveau d’éducation des citoyens qui ont confiance dans le système de santé publique.  Pour compléter cela, la stratégie contient un vaste programme d’éducation sexuelle.

Le traitement par antirétroviraux est gratuit à Cuba, a ajouté le délégué avant de souligner la participation active de la société civile dans les actions de prévention et celle des personnes atteintes de VIH dans l’élaboration et l’application de programmes.  Grâce à ces efforts, l’OMS a certifié en 2015 que Cuba était le premier pays au monde à avoir éliminé la transmission mère-enfant du VIH/sida, tandis que la prévalence dans la population âgée de 15 à 49 ans est bien en-dessous de 1%.  Avant de conclure, le représentant s’est plaint des effets négatifs de l’embargo économique imposé par les États-Unis, qui provoque des carences considérables dans le secteur de la santé publique.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) jusqu’au 31 mai 2020

8537e séance – matin
CS/13828

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) jusqu’au 31 mai 2020

Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, d’autoriser la prorogation, jusqu’au 31 mai 2020, de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  Par la résolution 2472 (2019), il décide aussi de réduire de 1 000 agents, d’ici au 28 février 2020, l’effectif du personnel en tenue.

L’AMISOM, qui aurait dès lors un effectif maximum de 19 626 agents, est autorisée à poursuivre les objectifs stratégiques que sont, comme prévu par le Plan de transition, le transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité aux forces de sécurité somaliennes, l’objectif étant qu’elles prennent la direction des opérations d’ici à décembre 2021; la réduction de la menace que constituent les Chabab et d’autres groupes d’opposition armés; et l’appui aux forces de sécurité somaliennes pour créer des conditions de sécurité favorisant le processus politique à tous les niveaux ainsi que la stabilisation, la réconciliation et la consolidation de la paix.  L’AMISOM doit aussi fournir à la police et aux autorités somaliennes l’appui nécessaire pour qu’elles instaurent un climat sûr pendant la période menant aux élections, l’objectif étant de transférer aux institutions somaliennes chargées de la sécurité l’intégralité des responsabilités en la matière.

Le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la fédération sont d’ailleurs pressés d’accélérer la planification afférente à la sécurité des élections, notamment pour permettre que se tienne en 2020-21 un scrutin conforme au principe « une personne, une voix » et inclusif, pacifique, libre et régulier.  Le Conseil de sécurité les engage aussi à avancer de façon accélérée vers un règlement politique sans exclusive, comprenant notamment un accord conclu sur le partage des ressources et du pouvoir; la création de structures de gouvernance et de contrôle; et la définition des rôles et responsabilités incombant aux institutions somaliennes chargées de la sécurité.

L’adoption unanime de cette résolution de 34 paragraphes de fond a été saluée à plusieurs reprises, notamment par les trois États membres africains du Conseil de sécurité qui, a expliqué la Guinée équatoriale, ont fait des contributions au libellé sur l’examen conjoint ONU-UA.  Par son texte, le Conseil de sécurité appuie en effet le projet qu’ont les deux organisations de procéder à un examen du matériel d’ici à juillet 2019, en tenant compte de l’état des besoins par unité et de la limite des ressources disponibles, dans l’objectif de renforcer les capacités opérationnelles de l’AMISOM et d’améliorer la protection de sa force afin qu’elle puisse s’acquitter de son mandat.  Le Conseil encourage les États Membres à aider l’Union africaine à mobiliser les ressources et le matériel requis, y compris en versant des contributions non préaffectées au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies à l’appui de l’AMISOM.

La Guinée équatoriale a averti que toute réduction prématurée de l’effectif de la Mission pourrait réduire à néant les acquis.  L’AMISOM revêt une importance fondamentale pour stabiliser le pays alors qu’il se prépare à organiser des élections, a martelé l’Afrique du Sud, insistant sur des ressources prévisibles et durables.  La Côte d’Ivoire a fait de même lorsqu’elle a réclamé une mise en adéquation des réalités du terrain avec les moyens humains et matériels nécessaires à l’efficacité de la Mission.

Dans sa résolution, le Conseil insiste sur la nécessité de rendre plus prévisible, durable et souple le financement des opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine et autorisées par lui.  Afin d’établir des modalités de financement pérennes, il engage le Secrétaire général, l’Union africaine et les partenaires à poursuivre les efforts faits pour étudier sérieusement les possibilités de financement de l’AMISOM, en gardant à l’esprit l’ensemble des options dont disposent l’ONU, l’Union africaine, l’Union européenne et d’autres partenaires et « sachant que les fonds volontaires sont limités ».

En attendant, le Conseil demande « une fois encore » que de nouveaux donateurs fournissent un appui à l’AMISOM, en versant des financements supplémentaires pour les soldes des militaires, le matériel et l’assistance technique, au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies à l’appui de l’AMISOM et au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour l’Armée nationale somalienne; et aux institutions de l’État fédéral et des États membres de la fédération, pour qu’elles puissent développer le secteur de la sécurité, notamment renforcer les capacités de la police maritime.

Il ne faut pas considérer les efforts sécuritaires comme une fin en soi mais plutôt comme un moyen crucial de parvenir à une paix durable, a souligné aujourd’hui la Somalie.  Prévenir la résurgence des Chabab, a-t-elle expliqué, c’est avoir les investissements de nos partenaires internationaux pour que le Gouvernement puisse rétablir son autorité dans les « zones libérées ».  Une paix durable, a insisté la Somalie, exige des gains sécuritaires certes mais consolidés par la bonne gouvernance, les investissements et le développement durable.  Le Gouvernement fédéral a d’ailleurs approuvé un « modèle de justice et de système pénitentiaire » pour mettre en œuvre ses plans de police et a actualisé sa stratégie nationale de stabilisation pour renforcer la gouvernance au niveau local et promouvoir la réconciliation, conformément à la phase I du Plan de transition.

Consciente que l’AMISOM ne peut rester indéfiniment sur son sol, la Somalie a tout de même prévenu qu’elle est à un « tournant critique » à l’approche des élections de 2020-21.  En conséquence, toute idée de diminuer l’effectif de la Mission, a-t-elle plaidé, doit se fonder sur une évaluation soigneuse de la situation sur le terrain.  La Somalie a insisté sur l’importance qu’il y a à réduire l’effectif de la Mission d’une « manière plus stratégique ».  Porte-plume de la résolution, le Royaume-Uni a fait observer qu’il s’agit du premier texte qu’il a élaboré selon les critères de concision décidés lors de la retraite du Conseil.

LA SITUATION EN SOMALIE

Texte du projet de résolution (S/2019/444)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions et toutes les déclarations de sa présidence sur la situation en Somalie,

Réaffirmant son attachement à la souveraineté, à l’intégrité territoriale, à l’indépendance politique et à l’unité de la Somalie,

Condamnant les violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises en Somalie, demandant instamment à toutes les parties d’agir dans le strict respect du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, et rappelant les Conclusions du Groupe de travail sur le sort des enfants touchés par le conflit armé en Somalie (S/AC.51/2017/2),

Condamnant les attaques perpétrées par les Chabab en Somalie et ailleurs, se déclarant profondément préoccupé par les décès de civils causés par les attaques des Chabab, et se déclarant également préoccupé par les informations faisant état de la présence croissante en Somalie de partisans de l’État islamique d’Iraq et du Levant,

Saluant le courage des membres de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et des forces de sécurité somaliennes ainsi que les sacrifices qu’ils ont consentis dans le combat contre les Chabab, et saluant également la contribution de l’AMISOM à l’instauration d’une paix et d’une stabilité durables en Somalie,

Se félicitant de l’appui fourni par le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS) à l’AMISOM et la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), se félicitant également de l’appui politique fourni par la MANUSOM, l’AMISOM et l’Union africaine ainsi que de l’appui politique et financier fourni par les partenaires internationaux, saluant l’engagement pris par la Somalie et l’Organisation des Nations Unies de resserrer leurs liens et, à cet égard, attendant avec intérêt que le nouveau Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie prenne ses fonctions,

Soulignant qu’il importe de mettre la dernière main à un règlement politique sans exclusive entre le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la fédération et rappelant l’importance de la pleine mise en œuvre du Plan de transition assorti de conditions et d’échéances claires, qui prévoit le transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité de l’AMISOM aux institutions et forces somaliennes chargées de la sécurité,

Se déclarant vivement préoccupé par la situation humanitaire en Somalie, et saluant les efforts consentis par l’AMISOM pour créer des conditions propices à l’acheminement de l’aide humanitaire,

Soulignant qu’il importe que le Gouvernement fédéral somalien et l’ONU se dotent des stratégies appropriées en matière d’évaluation et de gestion des risques associés aux changements climatiques, aux autres changements écologiques, aux catastrophes naturelles, à l’accès à l’énergie et aux autres facteurs ayant une influence sur la stabilité de la Somalie,

Prenant acte de l’examen de l’AMISOM effectué conjointement par l’Union africaine et l’ONU en 2019, du communiqué sur la situation en Somalie adopté le 9 mai 2019 par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et de la lettre du Secrétaire général sur l’AMISOM datée du 10 mai,

Considérant que la situation en Somalie demeure une menace pour la paix et la sécurité internationales,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Engage le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la fédération à avancer de façon accélérée vers un règlement politique sans exclusive, comprenant notamment: 1) un accord conclu entre eux sur le partage des ressources et du pouvoir, à consacrer dans le texte révisé de la Constitution fédérale provisoire; 2) la création de structures de gouvernance et de contrôle; 3) la définition des rôles et responsabilités incombant aux institutions somaliennes chargées de la sécurité, et engage également le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la fédération à accélérer la planification afférente à la sécurité des élections, en coordination avec l’AMISOM, le BANUS et la MANUSOM, notamment pour permettre que se tiennent en 2020/21 des élections conformes au principe « une personne, une voix » et inclusives, pacifiques, libres et régulières;

2.    Souligne que la menace que constituent les Chabab et d’autres groupes d’opposition armés ne peut être anéantie par des moyens militaires uniquement et, à cet égard, demande au Gouvernement fédéral somalien, aux États membres de la fédération, à l’AMISOM, à l’ONU et aux États Membres de l’ONU d’œuvrer de concert pour aborder les questions de sécurité selon une approche globale;

3.    Rappelle son soutien au Plan de transition, et souligne la recommandation issue de l’examen conjoint de 2019, selon laquelle les tâches et les priorités stratégiques de l’AMISOM doivent être considérées principalement dans la perspective de la transition;

4.    Souligne qu’il importe d’adopter une approche coordonnée et cohérente des réformes des affaires politiques et du secteur de la sécurité dirigées par les Somaliens et, de ce fait, demande:

a)    à l’AMISOM, à la MANUSOM et au BANUS, ainsi qu’au Gouvernement fédéral somalien et aux États membres de la fédération, de renforcer la coordination et la collaboration à tous les niveaux, y compris par l’intermédiaire du Forum de coordination des hauts responsables et du mécanisme d’approche globale pour la sécurité;

b)    aux partenaires internationaux et régionaux, en coordination avec la MANUSOM et par l’intermédiaire du mécanisme d’approche globale pour la sécurité, de coordonner leur appui à l’AMISOM et à la Somalie et de mieux l’harmoniser avec le Pacte de sécurité et de faciliter l’exécution du Plan de transition, y compris pour ce qui est du mentorat, de la formation, du matériel, du renforcement des capacités et de la rémunération des services de police et des forces militaires;

c)    au Gouvernement fédéral somalien, aux États membres de la fédération, à l’AMISOM, à l’ONU, à l’Union africaine et aux partenaires concernés de procéder à davantage d’exercices conjoints de planification globale, de coordination et de partage de l’information par le truchement des mécanismes pertinents, afin d’assurer une meilleure exécution et un meilleur suivi du Plan de transition;

5.    Souligne qu’il importe que tous les acteurs tiennent compte des conditions de sécurité régnant dans chaque zone lorsqu’ils exécutent la transition et que les sites concernés par la réduction des effectifs de l’AMISOM soient choisis sur la base d’évaluations de la menace, en prenant dûment en considération la nécessité de protéger les civils et d’atténuer les risques avant, pendant et après toute opération militaire, souligne également que toutes les transitions doivent faire l’objet d’un accord entre l’AMISOM et les forces de sécurité somaliennes et les autorités somaliennes intervenant dans les processus de décision stratégique et opérationnelle, et qu’elles doivent être convenues avec l’ONU et d’autres partenaires internationaux si nécessaire, et réaffirme le rôle essentiel que jouent les secteurs de la police et de la justice dans les efforts de stabilisation et dans la préparation et la tenue des élections;

6.    Exhorte le Gouvernement fédéral somalien à s’attacher à mettre en place, avec l’appui coordonné de la communauté internationale, et à un coût abordable, des forces somaliennes qui soient capables, responsables et acceptables, ce qui permettra le transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité de l’AMISOM aux institutions somaliennes chargées de la sécurité et d’instaurer les conditions de sécurité indispensables aux fins des élections de 2020/21;

AMISOM

Priorités et tâches

7.    Décide d’autoriser les États membres de l’Union africaine à proroger le déploiement de l’AMISOM jusqu’au 31 mai 2020, notamment celui d’au minimum 1 040 agents de police de la Mission, dont cinq unités de police constituées, et de réduire de 1 000 agents, d’ici au 28 février 2020, l’effectif du personnel en tenue de l’AMISOM, jusqu’à un effectif maximum de 19 626 agents, conformément au Plan de transition, et à procéder au transfert des responsabilités aux forces de sécurité somaliennes, à moins qu’il ne décide d’ajuster le rythme de la réduction des effectifs compte tenu des conditions fixées dans le Plan de transition, en particulier de la capacité de la Somalie de mettre en place, à un coût abordable, des forces qui soient capables, responsables et acceptables, ainsi que des évaluations des éléments constituant une menace pour la situation sur le terrain menées conjointement par l’Union africaine, l’ONU et le Gouvernement fédéral somalien, en coordination avec les partenaires concernés, et invite l’ONU et l’Union africaine à élaborer, en se fondant sur les plans du Gouvernement fédéral somalien, des propositions visant à assurer la sécurité des prochaines élections, y compris s’agissant de savoir si une augmentation temporaire des effectifs de police est nécessaire;

8.    Décide que l’AMISOM, pour s’acquitter de son mandat, est autorisée à prendre toutes les mesures nécessaires, dans le plein respect des obligations que le droit international – dont le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme – impose aux États participants et dans le strict respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, de l’indépendance politique et de l’unité de la Somalie;

9.    Décide d’autoriser l’AMISOM à poursuivre les objectifs stratégiques ci‑après, dans le cadre du transfert à la Somalie des responsabilités relatives à la sécurité, comme prévu par le Plan de transition:

a)    Procéder au transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité de l’AMISOM aux forces de sécurité somaliennes, l’objectif étant que les institutions somaliennes chargées de la sécurité prennent la direction des opérations d’ici à décembre 2021;

b)    Réduire la menace que constituent les Chabab et d’autres groupes d’opposition armés, dans l’objectif de permettre l’édification d’une Somalie stable, fédérée, souveraine et unie;

c)    Aider les forces de sécurité somaliennes à créer des conditions de sécurité favorisant le processus politique à tous les niveaux ainsi que la stabilisation, la réconciliation et la consolidation de la paix en Somalie, et fournir à la police et aux autorités somaliennes l’appui nécessaire pour qu’elles instaurent un climat sûr pendant la période menant aux élections, l’objectif étant de transférer aux institutions somaliennes chargées de la sécurité l’intégralité des responsabilités en la matière;

10.   Décide également d’autoriser l’AMISOM à accomplir les tâches prioritaires suivantes:

a)    Maintenir une présence dans les secteurs définis dans le concept d’opérations de la Mission, en accordant la priorité aux principales agglomérations, tout en procédant à la restructuration conformément au calendrier et aux orientations contenus dans la présente résolution;

b)    Conseiller et aider les forces de sécurité somaliennes, notamment les forces militaires, dans le domaine de la disponibilité opérationnelle, et conseiller et former les services de police somaliens, selon que de besoin;

c)    Sécuriser, en coordination avec les acteurs œuvrant à la stabilisation et à la réconciliation, les principales voies de ravitaillement, y compris les routes menant aux zones reprises aux Chabab, en particulier celles qui sont essentielles pour améliorer la situation humanitaire – et qui peuvent, notamment, servir à acheminer les marchandises indispensables pour répondre aux besoins élémentaires des civils –, celles qui sont indispensables pour fournir un appui logistique à l’AMISOM et celles qui sont indispensables à l’exécution du Plan de transition, tout en soulignant que les services logistiques demeurent une responsabilité partagée de l’ONU et de l’Union africaine;

d)    Aider, selon qu’il convient, les forces de sécurité somaliennes à épauler les autorités somaliennes dans l’exercice de leurs fonctions de gouvernement, y compris dans l’exécution de mesures prises en coordination avec le Ministère de l’intérieur, des affaires fédérales et de la réconciliation et l’Équipe chargée du relèvement local et de l’extension de l’autorité et de la responsabilité de l’État aux fins de la stabilisation, la réconciliation, la consolidation de la paix, la préparation des élections et la sécurité des infrastructures vitales;

e)    Mener, aux fins de l’exécution du Plan de transition, des offensives ciblées visant à perturber et affaiblir les Chabab et d’autres groupes d’opposition armés, y compris conjointement avec les forces de sécurité somaliennes, et prendre des mesures pour atténuer la menace que représentent les engins explosifs improvisés;

f)    Reconfigurer l’AMISOM, si les conditions de sécurité le permettent, de manière à appuyer le Plan de transition et à augmenter la proportion du personnel de police, dans les limites de l’effectif total autorisé de la Mission;

g)    Protéger, selon qu’il conviendra, son propre personnel, ses installations, son matériel et sa mission, et assurer la sécurité et la liberté de circulation de son personnel, ainsi que du personnel des Nations Unies exerçant des fonctions prescrites par le Conseil de sécurité;

h)    Accueillir les transfuges, à titre provisoire et selon qu’il conviendra, et en coordination avec l’ONU et le Gouvernement fédéral somalien;

i)    Appuyer le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la fédération pour les aider à appliquer l’interdiction totale des exportations de charbon de bois de Somalie et à faciliter l’inspection – et l’établissement de la documentation y afférente – du matériel saisi, conformément au paragraphe 18 de sa résolution 2111 (2013) et au paragraphe 6 de sa résolution 2182 (2014);

11.   Demande à l’Union africaine de mettre à jour, d’ici à novembre 2019, le concept des opérations à mener pendant la transition et de continuer à le mettre au point, en étroite collaboration avec le Gouvernement fédéral somalien, l’ONU et les partenaires principaux;

12.   Prie l’Union africaine de renforcer la coordination opérationnelle entre les contingents de l’AMISOM, de renforcer le commandement et le contrôle de la mise en œuvre opérationnelle des capacités facilitatrices, y compris les moyens aériens, de la mission et de renforcer l’application du principe de responsabilité dans cette mise en œuvre, d’accroître la prise de décision opérationnelle relevant de la compétence du commandant de secteur et du commandant de la force, et de veiller à ce que tous les capacités facilitatrices et les multiplicateurs de force opèrent conformément au commandement du commandant de la force;

13.   Appuie la recommandation issue de l’examen conjoint de 2019, selon laquelle l’AMISOM doit procéder par étapes pour optimiser le matériel dans la limite des ressources disponibles et, à cet égard, appuie le projet qu’ont l’Union africaine et l’ONU de procéder à un examen du matériel d’ici à juillet 2019, en tenant compte de l’état des besoins par unité et de la limite des ressources disponibles, dans l’objectif de renforcer les capacités opérationnelles de l’AMISOM et d’améliorer la protection de sa force afin qu’elle puisse s’acquitter de son mandat, et encourage les États Membres à aider l’Union africaine à mobiliser les ressources et le matériel requis, y compris en versant des contributions non préaffectées au fonds d’affectation spéciale des Nations Unies à l’appui de l’AMISOM;

14.   Appuie également les mesures visant à déployer le personnel civil de l’AMISOM hors des secteurs et souligne l’importance d’une composante civile pleinement opérationnelle à l’appui des tâches militaires et policières dont doit s’acquitter la Mission aux fins de la transition et du retrait;

15.   Souligne qu’il importe toujours que les forces de l’AMISOM s’acquittent de leur mandat dans le plein respect des obligations que le droit international impose aux États participants, y compris pour ce qui est de la protection des civils, en particulier les femmes et les enfants, et qu’elles coopèrent avec la MANUSOM et le BANUS aux fins de l’application de la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme en cas d’appui de l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes, pendant les phases de préparation, d’exécution et d’examen des opérations, demande à l’AMISOM d’ouvrir promptement des enquêtes en cas d’allégations de violations du droit international des droits de l’homme ou d’atteintes à ces droits ou d’allégations de violations du droit international humanitaire et de les mener de façon approfondie, demande à l’Union africaine d’en assurer le suivi, leur demande de veiller à ce qu’il en soit rendu compte et les prie de faire en sorte que les normes les plus élevées de transparence, de déontologie et de discipline soient appliquées et que les procédures soient harmonisées avec celles de la MANUSOM, y compris concernant les commissions d’enquête, et exhorte les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police à accélérer leurs activités de coopération avec l’Union africaine et l’ONU afin de renforcer l’efficacité de ces mesures;

16.   Demande à l’AMISOM d’améliorer l’uniformité de la communication de l’information à la cellule de suivi, d’analyse et d’intervention concernant les victimes civiles dans tous les secteurs, et de prendre de nouvelles initiatives pour assurer la mise en place de mesures d’atténuation, souligne qu’il importe de veiller à ce que l’information soit partagée avec les acteurs compétents, y compris l’ONU, à ce qu’elle soit intégrée dans les rapports de l’AMISOM et à ce qu’il en soit tenu compte dans les directives et plans opérationnels, et demande aux pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police d’apporter leur plein appui à la cellule de suivi, d’analyse et d’intervention concernant les victimes civiles, en collaboration avec les agents de l’action humanitaire, de la défense des droits de l’homme et de la protection;

17.   Réaffirme l’importance de la politique de tolérance zéro de l’AMISOM concernant l’exploitation et les atteintes sexuelles et, à cet égard, demande à l’Union africaine et aux pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police de vérifier les antécédents du personnel, de procéder à des évaluations des risques, de dispenser toute formation pertinente au personnel, de protéger les survivants qui dénoncent des atteintes, de mener promptement des enquêtes en cas d’allégations afin d’amener les auteurs à répondre de leurs actes et de rapatrier leurs unités lorsqu’il existe des preuves crédibles qu’elles ont commis des actes d’exploitation ou d’atteintes sexuelles de manière généralisée ou systématique, et engage l’Union africaine à coopérer étroitement avec l’ONU dans ce domaine;

18.   Encourage vivement les mesures visant à accroître le déploiement, par les pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police, de personnel féminin en tenue à l’AMISOM, et exhorte l’AMISOM à veiller à ce que les femmes participent de manière pleine, effective et véritable à toutes ses opérations et à tenir compte systématiquement de la question du genre dans l’exécution de son mandat;

Appui logistique et financier

19.   Prie le Secrétaire général de continuer à fournir, par l’intermédiaire du BANUS et dans le plein respect de la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme en cas d’appui de l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes, un appui logistique à la MANUSOM, au personnel en tenue de l’AMISOM et aux 70 agents civils du personnel de l’AMISOM, en tenant compte des dispositions du paragraphe 2 de sa résolution 2245 (2015), ainsi qu’aux 10 900 membres qui sont officiellement intégrés aux forces de sécurité somaliennes conformément au dispositif national de sécurité et qui participent activement aux opérations menées conjointement ou de façon coordonnée avec l’AMISOM à l’appui direct du Plan de transition;

20.   Convient avec le Secrétaire général que le contrôle et le respect du principe de responsabilité, en particulier le respect de la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme en cas d’appui de l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes, seront les piliers du partenariat entre l’ONU, l’Union africaine, le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la fédération, demande au Secrétaire général de veiller à ce que tout appui à des forces de sécurité non onusiennes soit fourni dans le strict respect de la politique de diligence voulue, et demande également au BANUS de renforcer ses capacités de garantir l’application de la politique de diligence voulue dans le cadre de l’appui qu’il fournit à l’AMISOM et aux forces de sécurité somaliennes;

21.   Prie le Secrétaire général de collaborer étroitement avec l’Union africaine pour appuyer l’application de la présente résolution, notamment de lui fournir des conseils techniques et spécialisés relatifs à la planification, au déploiement et à la gestion stratégique de l’AMISOM, conformément au mandat du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine;

22.   Demande une fois encore que de nouveaux donateurs fournissent un appui:

a)    à l’AMISOM, en versant des financements supplémentaires pour les soldes des militaires, le matériel et l’assistance technique à fournir à l’AMISOM, conformément aux recommandations figurant dans le rapport Union africaine-Nations Unies sur le financement;

b)    au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies à l’appui de l’AMISOM et au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour l’Armée nationale somalienne;

c)    aux institutions de l’État fédéral et des États membres de la fédération, pour qu’elles puissent développer le secteur de la sécurité en Somalie, notamment renforcer les capacités de la police maritime conformément à la résolution 2246 (2015);

23.   Insiste sur la nécessité de rendre plus prévisible, durable et souple le financement des opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine et autorisées par lui en vertu de l’autorité qu’il tient du Chapitre VIII de la Charte, et engage le Secrétaire général, l’Union africaine et les partenaires à poursuivre les efforts faits pour étudier sérieusement les possibilités de financement de l’AMISOM, en gardant à l’esprit l’ensemble des options dont disposent l’ONU, l’Union africaine, l’Union européenne et d’autres partenaires et sachant que les fonds volontaires sont limités, afin d’établir des modalités de financement pérennes;

Somalie

24.   Engage le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la fédération à honorer les engagements qu’ils ont pris dans le Pacte de sécurité adopté à la Conférence de Londres sur la Somalie, y compris les engagements relatifs aux réunions trimestrielles du Conseil national de sécurité, au plan détaillé de la structure du commandement opérationnel de l’État fédéral et des États membres de la fédération et au plan complet de désarmement, démobilisation et de réintégration, compte tenu des observations des États membres de la fédération, à la mise en place et au déploiement soutenu, à un coût abordable, de forces qui soient capables, acceptables et responsables, et à la liste des membres des forces armées au niveau fédéral et au niveau des États, y compris des forces régionales qui doivent être intégrées dans les forces armées fédérales et dans les services de police de l’État fédéral et des États membres de la fédération;

25.   Souligne les mesures importantes prises par le Gouvernement fédéral somalien en faveur de la réforme et du renforcement des capacités dans le secteur de la sécurité, y compris l’enregistrement biométrique des membres de l’Armée nationale somalienne, le paiement des salaires au moyen de transferts électroniques directs et les accords conclus entre le Gouvernement fédéral et les États de la fédération en vue d’établir des services de police de base dans toute la Somalie, dans le cadre du nouveau modèle de services fédérés de police;

26.   Demande aux autorités somaliennes d’agir en coordination avec l’AMISOM, les partenaires internationaux et les entités compétentes des Nations Unies, y compris le Service de la lutte antimines de l’ONU, pour combattre le transfert illicite, l’accumulation déstabilisante et le détournement d’armes légères et de petit calibre en Somalie, et de veiller à ce que la gestion et l’entreposage de ces armes soient effectués de façon sûre et efficace;

27.   Réaffirme l’importance de la participation pleine, égale, concrète et effective de tous les Somaliens, y compris les femmes, les jeunes, les personnes handicapées, les personnes déplacées et les réfugiés, dans la prévention et le règlement des conflits, les processus de réconciliation, la consolidation de la paix et les élections et autres processus politiques, et prend acte de l’importante contribution que peut apporter la société civile à cet égard;

28.   Demande aux autorités somaliennes de collaborer avec les partenaires compétents pour assurer la protection de tous contre les violences sexuelles et fondées sur le genre, y compris l’exploitation et les atteintes sexuelles et les violences sexuelles liées aux conflits, de prendre les mesures voulues pour enquêter en cas d’allégations, de renforcer la législation afin d’améliorer l’application du principe de responsabilité en cas de violences sexuelles, conformément aux résolutions pertinentes, et d’accélérer la mise en œuvre du Communiqué conjoint et du Plan d’action national de lutte contre la violence sexuelle en temps de conflit;

29.   Demande également aux autorités somaliennes de prendre des mesures pour prévenir les meurtres, les mutilations, les enlèvements, le recrutement, le ré‑enrôlement et l’utilisation d’enfants dans les conflits armés, ainsi que les violences sexuelles à leur endroit, d’amener les auteurs de tels actes à en répondre, de faire cesser la détention pour atteinte à la sécurité nationale de tout enfant dans le cas duquel la détention constitue une violation du droit international applicable et de le considérer avant tout comme une victime, ainsi que de prendre les mesures nécessaires pour appliquer leur plans d’action de 2012 et la feuille de route de 2018 et pour donner suite aux Conclusions du Groupe de travail sur le sort des enfants touchés par le conflit armé en Somalie (S/AC.51/2017/2);

30.   Exprime à nouveau sa vive inquiétude devant le nombre élevé de réfugiés et de personnes déplacées, souligne que toute expulsion doit être conforme aux cadres nationaux et internationaux pertinents, et engage le Gouvernement fédéral somalien à parachever la ratification de la Convention de Kampala et à appliquer pleinement ses dispositions;

31.   Rappelle sa résolution 2417 (2018) et se déclare gravement préoccupé par la persistance de la crise humanitaire en Somalie et ses conséquences pour le peuple somalien, encourage tous les partenaires, notamment les donateurs, à poursuivre l’action humanitaire en 2019, condamne fermement les attaques, y compris celles commises par les Chabab, contre le personnel humanitaire et médical et tout détournement ou obstruction de l’aide humanitaire, exige à nouveau que toutes les parties permettent le libre passage, en toute sécurité et sans restrictions, de l’aide humanitaire afin qu’elle puisse être rapidement distribuée à tous ceux qui en ont besoin sur l’ensemble du territoire somalien, conformément aux principes humanitaires, et souligne qu’il importe de tenir une comptabilité exacte de l’aide humanitaire fournie par la communauté internationale;

Présentation de rapports

32.   Prie l’Union africaine de le tenir informé tous les 90 jours, par l’intermédiaire du Secrétaire général, de l’exécution du mandat de l’AMISOM, au moyen d’un minimum de quatre rapports écrits, le premier devant lui être présenté le 15 août 2019 au plus tard, et demande, à cet égard, que le premier rapport soumis après le délai de 90 jours couvre en particulier les points suivants: 1) les opérations conjointes menées à l’appui du Plan de transition, y compris l’utilisation et l’efficacité des mécanismes de coordination; 2) les questions de performance, y compris en matière de commandement, de contrôle, de déontologie et de discipline; 3) les mesures prises pour protéger les civils; 4) la fourniture de matériel; 5) le plan de reconfiguration de l’AMISOM sur les sites pour lesquels est prévue la réduction des effectifs sur la base d’une évaluation de la menace;

33.   Prie le Secrétaire général de le tenir régulièrement informé de l’application de la présente résolution, dans ses rapports réguliers demandés au paragraphe 22 de la résolution 2461 (2019), et, à cet égard, demande l’établissement de rapports sur le nombre de membres dans les forces de sécurité somaliennes et sur leur capacités, sur les progrès accomplis concernant les mesures prioritaires énoncées au paragraphe 24, sur l’application de la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme en cas d’appui de l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes, ainsi que des rapports semestriels sur les mesures spéciales prises pour améliorer l’application du principe de responsabilité, l’efficience et la transparence de l’appui fourni par le BANUS à l’AMISOM, à la MANUSOM et aux forces de sécurité somaliennes;

34.   Réaffirme qu’il entend garder la configuration de l’AMISOM à l’étude et demande au Secrétaire général de procéder à une évaluation indépendante, avant le 31 janvier 2021, en vue de lui présenter des options relatives à l’intervention internationale en Somalie après 2021, y compris au rôle de l’ONU, de l’Union africaine et des partenaires internationaux;

35.   Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

​​​​​​​Cinquième Commission: impatience du Groupe des 77 et de la Chine face aux retards dans le remboursement des pays contributeurs de troupes

Soixante-treizième session,
39e séance – matin
AG/AB/4325

​​​​​​​Cinquième Commission: impatience du Groupe des 77 et de la Chine face aux retards dans le remboursement des pays contributeurs de troupes

Le Groupe des 77 et de la Chine, qui compte en son sein 17 pays fournisseurs de contingents et de personnel de police, s’est une nouvelle fois impatientée face aux retards dans les remboursements alors que la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires examinait aujourd’hui le rapport (A/73/604) du Secrétaire général sur la situation financière de 29 opérations de maintien de la paix dont le mandat est terminé.  

Au 30 juin 2018, cinq de ces opérations accusaient un déficit net de 85,6 millions de dollars résultant du non-paiement des quotes-parts des États Membres et les 24 autres présentaient un excédent net de 100 millions de dollars au 30 avril 2019.  Dans son rapport, le Secrétaire général indique que les excédents des missions dont le mandat est terminé continuent d’être utilisés pour atténuer le déficit des opérations de maintien de la paix en activité.  Le montant des avances intercomptes s’élevait à 35,1 millions de dollars au 30 juin 2018.  Or à la même date, les sommes qui n’avaient pas encore été réglées aux pays fournisseurs de contingents, en raison d’un manque de liquidités, atteignaient 189 millions de dollars et concernaient huit missions dont celle au Darfour, au Sahara occidental, au Soudan du Sud ou encore en République démocratique du Congo (RDC).

Nous regrettons, se sont impatientés le Groupe des 77 et la Chine, que le Secrétariat n’accorde pas la priorité aux remboursements quand l’argent est là.  Les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police, y compris les 17 du Groupe, ne peuvent pas attendre indéfiniment un remboursement « légitime » ni être les otages de ceux qui font délibérément de la « rétention » de quotes-parts.  Tous les États Membres, a martelé le Groupe, doivent honorer leurs obligations financières à temps, en totalité et sans condition et ceux qui doivent encore de l’argent aux opérations clôturées doivent assumer rapidement leur devoir.

Ces dernières années, a rappelé le Groupe des 77, nous n’avons cessé d’exprimer notre préoccupation face aux déficits des opérations dont le mandat est terminé, lesquels sont dus uniquement au fait que certains États ne paient pas leurs arriérés.  C’est une situation particulièrement « inacceptable » pour les pays contributeurs de troupes et de personnel de police qui attendent toujours leurs remboursements.  Cette situation, s’est énervé le Groupe des 77, est encore exacerbée par le refus d’un seul État Membre de s’acquitter des 3% de sa quote-part aux opérations de maintien de la paix, ce qui pourrait conduire toutes les missions à fermer avec un déficit et à jeter davantage d’États dans la catégorie des « non-remboursés ».  Nous demanderons, a prévenu le Groupe, des détails sur les arriérés et le montant dû aux 29 missions dont le mandat est terminé. 

Dans son rapport (A/73/888), le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) reconnaît que l’Assemblée générale ne s’est pas encore prononcée sur les propositions du Secrétaire général pour régler les questions relatives au déficit de trésorerie des missions de maintien de la paix terminées et des missions en activité.

M. António Guterres a proposé que l’Assemblée générale autorise, à titre provisoire, le versement d’avances entre missions en activité, pratique interdite par les résolutions en vigueur.  Le nouveau mécanisme, plaide-t-il, ne devrait nuire au fonctionnement d’aucune mission en activité, puisqu’il ressort de l’expérience que les besoins temporaires d’avances intercomptes ont toujours été limités par rapport à la situation de trésorerie de l’ensemble des missions en activité à quelque moment que ce soit.

Chaque avance serait limitée au montant minimal nécessaire pour renflouer la trésorerie de la mission débitrice pour le mois suivant, dans une limite de 100 millions de dollars définie en fonction du montant des avances prélevées au cours des quatre exercices précédents sur les comptes des missions terminées ainsi que du déficit de trésorerie constaté au moment du paiement et des remboursements trimestriels des sommes dues aux pays fournisseurs de contingents.

Le Secrétaire général propose aussi une autre solution, qui consisterait à créer un fonds de roulement d’un montant de 100 millions de dollars qui pourrait être mis en recouvrement en une seule fois auprès des États Membres ou prélevé sur le solde inutilisé des opérations de maintien de la paix en activité.  

Si aucune décision n’est prise pendant la session en cours, le CCQAB recommande à l’Assemblée de prier le Secrétaire général de présenter une nouvelle proposition sur les opérations de maintien de la paix dont le mandat est terminé.  En attendant, il recommande que les soldes de trésorerie positifs que l’on se propose de conserver pour verser à titre provisoire des avances à des missions en cours soient ramenés à 40 millions de dollars et que tout solde de trésorerie positif supérieur à ce montant soit restitué aux États Membres.

La prochaine réunion de la Cinquième Commission, qui devrait achever ses travaux le 14 juin, sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Un Conseil de sécurité divisé reconduit pour un an les sanctions applicables au Soudan du Sud

8536e séance – matin
CS/13827

Un Conseil de sécurité divisé reconduit pour un an les sanctions applicables au Soudan du Sud

Le Conseil de sécurité a, ce matin, reconduit pour une année, jusqu’au 31 mai 2020, le régime de sanctions applicables au Soudan du Sud, lors d’une séance marquée par des divisions entre ses membres.

En adoptant par 10 voix pour, et 5 abstentions (Afrique du Sud, Chine, Côte d’Ivoire, Fédération de Russie et Guinée équatoriale), la résolution 2471 (2019), le Conseil a également prorogé jusqu’au 30 juin 2020 le mandat du Groupe d’experts chargé de surveiller la mise en œuvre des mesures de sanctions, qui comprennent un embargo sur les armes ainsi que des interdictions de voyager et des gels d’avoirs pour un certain nombre d’individus et d’entités.

En saluant l’adoption de ce texte, dont ils sont le rédacteur, les États-Unis ont regretté que les trois États africains qui siègent au Conseil se soient abstenus de voter en faveur.  Tout en faisant part de la volonté de la délégation américaine d’appuyer les organisations régionales africaines dans leurs efforts de paix, le représentant a jugé cela difficile « si les pays africains ne manifestent pas la volonté d’endiguer les flux d’armes ».

Malgré des retards, a estimé le délégué américain, des progrès ont eu lieu immédiatement après l’imposition des sanctions, il y a 10 mois.  Les États-Unis, a-t-il ajouté, sont prêts à envisager un durcissement ou un assouplissement des mesures en fonction de l’évolution de la situation.

La France a salué la prolongation du régime de sanctions, qui contribue selon elle à stabiliser le Soudan du Sud.  « La dissémination des armes dans le pays est un véritable fléau », a dit la déléguée en appelant non seulement les autorités sud-soudanaises mais aussi les pays de la région à pleinement mettre en œuvre l’embargo sur les armes.  Le Conseil de sécurité devrait, selon la France, recourir également à des sanctions pour punir les auteurs de violences sexuelles, d’autant qu’il s’agit d’un « critère autonome de mise sous sanctions ».

Même son de cloche du côté de l’Allemagne, qui a ajouté que la dernière prorogation de la période prétransitionnelle démontre que les parties n’ont pas adhéré à la feuille de route et n’ont fait aucun progrès dans le secteur de la sécurité.  De l’avis de l’Allemagne, la pression doit être maintenue et, surtout, il faut stopper les flux d’armes vers les forces armées non cantonnées.  « Plutôt que de servir à l’achat d’armes, les ressources nationales devraient être mises au service d’un processus de paix inclusif et crédible, dont le renforcement des capacités institutionnelles et la réponse à une grave situation humanitaire. » 

Par principe, la Fédération de Russie s’est opposée au « renouvellement automatique » des régimes de sanctions, se disant partisane d’une évaluation de la situation sur le terrain.  Or, celle-ci s’est améliorée au Soudan du Sud, selon elle, un constat repris à son compte par la Chine.  La Côte d’Ivoire a abondé en ce sens, en estimant que la signature de l’Accord revitalisé par les parties sud-soudanaises s’était traduite par une amélioration de la situation sécuritaire.

La délégation ivoirienne s’est déclarée favorable à un « accompagnement vertueux » afin de préserver et renforcer la dynamique positive observée au Soudan du Sud et dans la région.  Le rôle du Conseil de sécurité ne saurait se résumer à continuellement sanctionner, a justifié la délégation.  « Nous devons aussi nous mettre en capacité d’apprécier les avancées et situer nos actions dans une perspective dynamique. »

De l’avis de l’Afrique du Sud, les sanctions imposées au Soudan du Sud ne contribuent pas à améliorer le processus politique « complexe » dans le pays.  La délégation sud-africaine a plaidé pour que les sanctions appuient véritablement le processus politique et évitent d’être des mesures de coercition.  Les sanctions doivent aussi servir d’incitation pour créer un environnement propice en vue de faire avancer un processus de paix durable, a dit le représentant, tout en reconnaissant la lenteur des progrès jusqu’à présent.

La Guinée équatoriale, qui s’est abstenue elle aussi, a fait état d’une dynamique au Soudan du Sud pour faire avancer le processus de paix, en citant notamment la médiation menée par l’Ouganda, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et l’Union africaine (UA).  Elle a souligné les effets négatifs des sanctions sur les efforts des parties en faveur de la paix, en particulier l’embargo sur les armes.  À cause de ces mesures, les groupes armés sont mieux équipés et armés que les États, car ils utilisent des voies illégales pour acheter des armes, a fait remarquer le délégué en appelant à la prudence.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Texte du projet de résolution (S/2019/441)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions et déclarations sur le Soudan du Sud, en particulier les résolutions 2057 (2012), 2109 (2013), 2132 (2013), 2155 (2014), 2187 (2014), 2206 (2015), 2241 (2015), 2252 (2015), 2271 (2016), 2280 (2016), 2290 (2016), 2302 (2016), 2304 (2016), 2327 (2016), 2353 (2017), 2392 (2017), 2406 (2018), 2418 (2018) et 2428 (2018),

Constatant que la situation au Soudan du Sud continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de reconduire jusqu’au 31 mai 2020 les mesures imposées par les paragraphes 9 et 12 de la résolution 2206 (2015), tels que reconduites par le paragraphe 12 de la résolution 2428 (2018), et réaffirme les dispositions des paragraphes 10, 11, 13, 14 et 15 de la résolution 2206 (2015) et des paragraphes 13, 14, 15 et 16 de la résolution 2428 (2018);

2.    Décide de proroger jusqu’au 31 mai 2020 les mesures édictées au paragraphe 4 de la résolution 2428 (2018) et réaffirme les dispositions des paragraphes 5 et 6 de la résolution 2428 (2018);

3.    Décide de proroger jusqu’au 30 juin 2020 le mandat qu’il a confié au Groupe d’experts au paragraphe 18 de la résolution 2206 (2015) et qu’il a tout dernièrement reconduit par le paragraphe 19 de la résolution 2428 (2018), et décide que le Groupe d’experts devra lui présenter, après concertation avec le Comité, un rapport d’activité le 1er décembre 2019 au plus tard et un rapport final le 1er mai 2020 au plus tard, ainsi qu’un point de la situation tous les mois, sauf ceux où ces rapports doivent lui être remis, et entend réexaminer le mandat du Groupe d’experts et faire le nécessaire concernant sa reconduction le 31 mai 2020 au plus tard;

4.    Décide de rester saisi de la question.

Déclarations

« Pour donner sa chance à la paix il faut endiguer les flux d’armes qui alimentent le conflit », a déclaré M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis).  Il s’est dit déçu que la résolution n’ait pas été appuyée par les trois membres africains du Conseil de sécurité.  Il a fait part de la volonté de sa délégation d’appuyer les organisations régionales africaines, mais, a-t-il tempéré, « c’est difficile si les pays africains ne manifestent pas la volonté d’endiguer les flux d’armes ».  Le représentant a fait observer que depuis l’imposition de l’embargo, il y a 10 mois, les parties étaient parvenues à signer l’Accord de paix revitalisé.  Malgré des retards, des progrès ont eu lieux immédiatement après l’imposition des sanctions il y a 10 mois, a-t-il ajouté.  Il a assuré que son pays était prêt à envisager un durcissement ou un assouplissement des mesures de sanction en fonction de l’évolution de la situation.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du sud) a estimé que les sanctions imposées au Soudan du Sud ne contribuaient pas à améliorer le processus politique « complexe » de ce pays.  Il a appelé le Conseil à répondre aux efforts déployés par l’IGAD et l’UA pour faire avancer le processus de paix.  Les sanctions, a-t-il avancé, doivent appuyer le processus politique et ne pas être des mesures de coercition.  Elles doivent aussi servir d’incitation pour créer un environnement propice au processus de paix, a-t-il ajouté.  Il a parlé de l’adoption de l’Accord revitalisé et des mesures de confiance qui ont été prises, tout en reconnaissant que les progrès sont lents.  Il a appelé les parties à tout mettre en œuvre pour assurer la mise en œuvre dudit Accord, avant d’exprimer ses inquiétudes quant à la situation humanitaire et d’insister sur l’importance de laisser l’aide arriver jusqu’à la population.

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a noté l’amélioration de la situation sécuritaire en général et le respect en grande partie, par les parties signataires, de l’Accord de cessation des hostilités.  Il s’est associé à la recommandation de l’Union africaine (UA) qui invite les parties à se garder de toutes mesures susceptibles de fragiliser le processus politique.  Le rôle du Conseil de sécurité ne saurait se résumer à continuellement sanctionner, a poursuivi M. Adom pour lequel « nous devons aussi nous mettre en capacité d’apprécier les avancées et situer nos actions dans une perspective dynamique.  Nos amis et frères sud-soudanais ont aujourd’hui plus que jamais besoin de notre action unitaire et constructive.  Ils ont besoin d’être encouragés dans leur difficile quête de la paix ».

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est déclaré opposé au « renouvellement automatique » des régimes de sanctions, se disant partisan d’une évaluation de la situation sur le terrain, celle-ci s’étant, selon lui, améliorée au Soudan du Sud.  Il s’est dit satisfait que l’Accord de paix se soit traduit par la réduction des violences et une amélioration de la situation des droits de l’homme dans le pays, de même que des mesures de renforcement de la confiance.  L’embargo sur les armes n’a pas permis d’appuyer l’amélioration de la situation selon lui.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a déploré l’incapacité du Conseil à parvenir à un consensus.  Elle a estimé qu’à cette étape il était essentiel de maintenir le régime de sanctions, dans le contexte de l’absence d’avancée du processus de paix.  Elle a constaté une réduction majeure de la violence, y voyant un effet direct de l’embargo sur les armes, avant d’appeler à bonne mise en œuvre de celui-ci.  La représentante a appelé l’ensemble des parties à agir de bonne foi et à respecter l’embargo sur les armes.

M.  SHAOJUN YAO (Chine) a souligné le soutien de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et les efforts des parties qui font preuve de volonté pour mettre en œuvre l’Accord de paix.  Il a également constaté une amélioration de la situation dans son ensemble.  Le représentant a demandé de poursuivre les efforts menés pour faire avancer le processus politique.  Il a ensuite rappelé que la Chine s’était abstenue lors de l’adoption de la résolution 2428 (2018), soulignant ainsi son opposition à l’imposition de l’embargo sur les armes.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a salué la prorogation du régime de sanctions y voyant un élément nécessaire pour faire progresser la stabilisation du Soudan du Sud.  Il a constaté que beaucoup de travail reste à accomplir, notamment en ce qui concerne les dispositifs de sécurité et le tracé des frontières intérieures.  Il a averti qu’une levée prématurée de l’embargo pourrait avoir des conséquences négatives, notamment en ce qui concerne la protection des civils.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a salué, à son tour, l’extension du régime de sanctions et regretté qu’il n’ait pas reçu le plein appui du Conseil.  La dernière prorogation de la période prétransitionnelle, a-t-il relevé, montre que les parties n’ont pas adhéré à la feuille de route et qu’elles n’ont fait aucun progrès dans le secteur de la sécurité.  La pression doit être maintenue et surtout les flux d’armes vers les forces armées non cantonnées doivent être stoppés.  Plutôt que de servir à l’achat d’armes, les ressources du pays devraient être employées dans un processus de paix inclusif et crédible, dont le renforcement des capacités institutionnelles et la réponse à une grave situation humanitaire.  Le représentant a appelé tous les États de la région à mettre en œuvre « strictement et scrupuleusement » l’embargo sur les armes et les autres mesures que le Conseil a prorogées aujourd’hui.  Il faut, a-t-il ajouté, un message fort pour dire que les violations massives des droits de l’homme et du droit international humanitaire, dont la violence sexuelle et fondée sur le sexe, sont « inacceptables ».  Leurs auteurs ne sauraient profiter plus longtemps de l’impunité. 

M. JOS֤É SINGER WEISINGER (République dominicaine) a expliqué avoir voté en faveur du texte à la lumière de la baisse des incidents violents, mais a émis des doutes quant à l’efficacité du processus de mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé.  Il a misé sur le délai de six mois fixé pour composer un gouvernement d’unité nationale, espérant que deux étapes soient franchies: la réforme de l’armée et la résolution des affaires en instance relatives aux frontières internes.  Il est temps de parvenir à une solution politique définitive, a-t-il dit en rappelant notamment les besoins humanitaires, l’insécurité alimentaire et les violences sexuelles au Soudan du Sud.

Mme  ANNE GUEGUEN (France) a salué l’extension du régime de sanctions, un outil indispensable qui contribue à stabiliser le Soudan du Sud.  Elle a appelé les autorités sud-soudanaises et les pays de la région à mettre pleinement en œuvre l’embargo sur les armes et rappelé que les sanctions individuelles requièrent pour être effectivement appliquées, la mobilisation de tous les acteurs régionaux et internationaux.  Le Conseil, a-t-elle poursuivi, doit recourir systématiquement aux sanctions pour punir et contraindre ceux qui commettent des violences sexuelles d’autant qu’il s’agit maintenant d’un critère autonome de mise sous sanctions. 

M. TAREQ M. A. M. ALBANAI (Koweït) a déploré que la résolution n’ait pu être adoptée à l’unanimité.  Il a appelé les parties à accélérer la mise en œuvre de l’Accord revitalisé et à former un gouvernement d’unité nationale.  Il a aussi appelé les parties non signataires à signer ledit accord au plus tôt.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a exprimé sa déception devant le fait que certains de ses collègues n’aient pu se résoudre à appuyer le renouvellement des sanctions.  Il a estimé que la levée de l’embargo sur les armes à ce stade aurait adressé un message lamentable à la population soudanaise.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a constaté la dynamique imprimée au Soudan du Sud pour faire avancer le processus de paix, citant les efforts de médiation de l’Ouganda, de l’IGAD, de l’UA et du pape François.  Tant que cette dynamique se poursuit, la prorogation de l’embargo et l’adoption de nouvelles sanctions n’est pas le meilleur moyen d’encourager les efforts des parties pour parvenir à la paix, a estimé le représentant en expliquant ainsi son abstention.  Selon lui, les embargos sur les armes se font au détriment des gouvernements: les groupes armés utilisent des voies illégales pour acheter des armes et sont alors mieux équipés et armés que les gouvernements.  Une telle situation crée en plus un terreau fertile pour les terroristes.  Il faut faire très attention, a souligné le délégué.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) s’est déclaré convaincu que l’Accord revitalisé était la seule option viable au Soudan du Sud.  « Il n’y a pas de plan B », a-t-il dit, en appuyant les efforts constants des organisations régionales à l’appui des efforts de paix.  Reconnaissant que les sanctions ne sont pas une fin en soi, et qu’elles doivent être réévaluées périodiquement, il a estimé néanmoins nécessaire de les reconduire, en se disant soucieux de la sécurité et du bien-être de la population sud-soudanaise. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.