En cours au Siège de l'ONU

Soixante-quatorzième session,
11e séance – matin
AG/DSI/3631

Première Commission: préoccupations face à la paralysie de l’architecture de désarmement nucléaire

Après avoir adopté l’essentiel du reste de son programme de travail, la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a entamé, ce matin, son débat thématique sur « les armes nucléaires », le premier parmi sept groupes thématiques agréés.  La plupart des intervenants se sont inquiétés des défis auxquels fait face actuellement l’architecture relative à la non-prolifération, à la maîtrise des armements et au désarmement nucléaires. Face à l’absence de progrès en matière de désarmement nucléaire, l’ensemble des intervenants ont appelé à saisir l’opportunité de la Conférence d’examen de 2020 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) pour relancer le mécanisme de désarmement nucléaire. 

Si le TNP repose sur trois piliers, dont le désarmement et la non-prolifération, tous deux en souffrance, le représentant du Mouvement des pays non alignés, par la voie de l’Indonésie, a promu le troisième, relatif à la coopération sur les usages pacifiques de l’énergie nucléaire et des applications nucléaires.  Il a défendu le droit inaliénable des États à l’utilisation de cette énergie à des fins de développement, dans le respect des normes établies par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Pour le Mouvement des pays non alignés, « les mesures prises pour renforcer la sûreté et la sécurité nucléaires ne doivent pas être utilisées pour limiter le droit des pays en développement de produire et d’utiliser de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques ». 

Parmi les opportunités actuelles, le Mouvement, tout comme le Groupe des États arabes, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est et l’Union européenne ont également souhaité la réussite de la conférence prévue en novembre et qui vise à aboutir à une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, conformément à la décision 73/546 de l’Assemblée générale.  Parmi les échecs, la représentante de l’Union européenne a particulièrement regretté l’extinction de Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) de 1987, en rappelant que ce traité avait permis le retrait et la destruction de 3 000 missiles du territoire européen.  Elle a encouragé les États-Unis et la Russie à dialoguer pour réduire les risques. 

Réagissant aux inquiétudes, le représentant du Royaume-Uni a déclaré que « l’approche graduelle » au désarmement nucléaire n’était pas simplement rhétorique et s’était traduite par des actions concrètes ces dernières années.  Alors que pour la plupart des délégations, la seule garantie contre l’utilisation ou la menace d’utilisation des armes nucléaires réside dans leur totale élimination, le Royaume-Uni estime que la dissuasion nucléaire reste essentielle tant que l’état de la sécurité internationale l’exigera.  Citant une action concrète, le représentant a salué la pertinence du Partenariat international sur la vérification du désarmement nucléaire, qui a permis un dialogue soutenu sur les technologies, les concepts et les approches nécessaires à un futur système multilatéral de vérification. 

Au nom de la Coalition pour un nouvel ordre du jour, le représentant de l’Égypte a présenté un projet de résolution sur l’accélération de la mise en œuvre des engagements de désarmement nucléaire en vue de parvenir à un monde sans armes nucléaires.  Le texte, qui rappelle que chaque article du TNP est contraignant pour toutes ses parties, appelle tous les États parties à respecter les décisions pertinentes et les engagements agréés lors des conférences d’examen du Traité de 1995, 2000 et 2005, et plaide pour l’universalisation du TNP.  Le représentant a souligné que ce projet de résolution exhorte les États à reconnaître les conséquences humanitaires catastrophiques qu’aurait une explosion nucléaire, à abaisser le niveau d’alerte de leurs arsenaux en tant que mesure intérimaire et à réduire concrètement le rôle des armes nucléaires dans leurs doctrines et politiques de sécurité, cela en attendant leur élimination totale.  Le débat thématique n’a pu commencer qu’après que la Commission eut adopté l’essentiel du reste de son programme de travail révisé*, à l’exception des points « Revitalisation des travaux de l’Assemblée générale » et « Planification des programmes », ainsi que le nouveau calendrier pour les segments thématiques**.  Le représentant russe a expliqué qu’il acceptait le nouveau programme de travail, malgré les problèmes posés à sa délégation, parce que « la nécessité du désarmement passe avant les autres considérations ».

Les représentants de la Fédération de Russie et de la République islamique d’Iran n’en ont pas moins dénoncé, une nouvelle fois, « la politique de discrimination » des États-Unis en matière de délivrance de visas et les difficultés faites à leurs experts du désarmement.  Appuyé par les délégations de la République arabe syrienne, du Nicaragua, de Cuba, du Venezuela et du Bélarus, ils ont déploré le non-respect par les États-Unis de l’Accord de siège de 1947 et notamment de sa Section 13 concernant la délivrance de visas.  C’est déjà la question de l’octroi des visas à des membres de plusieurs délégations qui avait bloqué, au début du mois, l’adoption du programme de travail, avant qu’un accord soit trouvé pour la tenue du débat général, qui s’est achevé vendredi.

Si le représentant russe a précisé que huit membres de la délégation russe en charge des questions de désarmement se sont vu refuser un visa sur un total de 16 membres, son homologue iranien s’est offusqué de nouvelles restrictions de circulation imposant aux diplomates de son pays de rester dans un rayon de trois miles autour de leur domicile principal et dans une seule partie des quartiers de Manhattan et de Queens.  Il a ajouté que les experts iraniens ne pouvaient se rendre que dans trois immeubles à New York, au Siège des Nations Unies, à la Mission permanente de l’Iran et à la résidence de l’Ambassadeur.  « Si les États-Unis ont peur de laisser entrer des diplomates pour travailler au Siège des Nations Unies à New York, il est temps de se demander s’il n’est pas opportun de déménager le Siège de l’ONU vers un autre pays », a insisté le représentant russe, en proposant que les prochaines sessions de la Première Commission se tiennent à Vienne ou à Genève.  Réagissant à cette déclaration, le représentant des États-Unis a assuré que le Comité compétent –le Comité des relations avec le pays hôte- se chargeait de cette question, mais qu’il fallait du temps. 

La Première Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 22 octobre, à 10 heures.

*CRP1/REV 2

**CRP2/Rev2

DÉBAT THÉMATIQUE SUR LES ARMES NUCLÉAIRES

Déclarations

M. PANGERAN IBRANI SITUMORANG (Indonésie), au nom du Mouvement des pays non alignés, a rappelé le droit inaliénable des États à l’utilisation de l’énergie atomique à des fins de développement, y compris le droit de développer un cycle du combustible nucléaire à ces seules fins.  Il revient à chaque État souverain de définir ses propres politiques énergétiques, a-t-il ajouté, avant de souligner que chaque État avait la responsabilité première d’assurer la sûreté et la sécurité nucléaires, cela en respectant pleinement les normes multilatérales et les règles établies par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). 

Le représentant a ensuite déploré le maintien de restrictions injustifiées frappant les exportations, vers les pays en développement, de matériels, d’équipements et de technologies nucléaires destinés à la mise en œuvre de programmes nucléaires pacifiques.  Pour le Mouvement des pays non alignés, les mesures prises pour renforcer la sûreté et la sécurité nucléaires ne doivent, sous aucun prétexte, être utilisées pour violer ou limiter le droit inaliénable des pays en développement de produire et d’utiliser « sans discrimination » de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. 

Par ailleurs, le représentant a reproché aux États-Unis de ne pas œuvrer en faveur de la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), « comme cela a été annoncé par ce pays dans la révision de la position nucléaire de 2018 », compte tenu notamment de la responsabilité particulière qui incombe aux États dotés d’armes nucléaires de promouvoir l’entrée en vigueur du Traité.  M. Situmorang a annoncé que le Mouvement des pays non alignés présenterait, cette année, un projet de résolution sur la suite à donner à la Réunion de haut niveau de 2013 sur le désarmement nucléaire. 

M. BASSEM HASSAN (Égypte), au nom de la Coalition pour un nouvel ordre du jour (NAC), a concentré son intervention sur la présentation d’un projet de résolution sur l’accélération de la mise en œuvre des engagements de désarmement nucléaire en vue de parvenir à un monde sans armes nucléaire.  Rappelant que l’objectif d’un monde débarrassé de ces arsenaux fut au cœur de la toute première résolution adoptée par l’Assemblée générale en 1946, il a souligné que la seule garantie contre l’utilisation ou la menace d’utilisation des armes nucléaires était leur totale élimination. 

Le projet de résolution réitère que chaque article du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est contraignant pour toutes ses parties, et ce, de tout temps et en toute circonstance, a indiqué M. Hassan.  Le texte appelle tous les États parties à respecter les décisions et résolutions pertinentes, ainsi que les engagements agréés lors des Conférences d’examen du Traité de 1995, 2000 et 2005, a-t-il expliqué, avant de souligner que le projet de résolution plaidait pour l’universalisation du TNP et exhortait les États à reconnaître les conséquences humanitaires catastrophiques qu’aurait une détonation nucléaire, y compris accidentelle. 

Le représentant a également noté que le projet de résolution exhorte les États dotés d’armes nucléaires à abaisser le niveau d’alerte de leurs arsenaux en tant que mesure intérimaire et à réduire concrètement le rôle des armes nucléaires dans leurs doctrines et politiques de sécurité, cela en attendant leur élimination totale.  Il a encore précisé que le projet de résolution exhortait tous les États à travailler ensemble à la revitalisation du mécanisme onusien de désarmement, dont la paralysie bloque tout progrès en matière de désarmement nucléaire multilatéral. 

Mme DIEDRE NICHOLE MILLS (Jamaïque), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), s’est inquiétée de la tendance à l’abandon de principes anciens en matière de désarmement nucléaire.  Elle a aussi expliqué qu’en juin dernier, un forum régional des Caraïbes avait abordé les moyens d’appuyer la mise en œuvre du Traité d’interdiction des armes nucléaires.  Elle a cité en exemple le Traité de Tlatelolco visant l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, qui s’applique aux 33 États souverains de la région. 

M. DANG DINH QUY (Viet Nam), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a fait part de l’engagement de l’organisation régionale à continuer de travailler avec les États dotés d’armes nucléaires pour avancer dans le désarmement nucléaire.  Il a dit l’importance des zones exemptes d’armes nucléaires et appuyé la tenue en novembre d’une conférence visant à créer une telle zone au Moyen-Orient.  Il a salué le travail des trois comités préparatoires chargés de préparer le Conférence d’examen 2020 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a appuyé l’objectif de l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) en expliquant que tous les États membres de l’ASEAN étaient désormais, depuis septembre 2018, partie au Traité.  Il s’est félicité de la tenue de trois sommets intercoréens et deux sommets entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée (RPDC). 

Mme VANESSA WOOD (Australie), au nom de l’Initiative sur la non-prolifération et le désarmement, a notamment souhaité que la Conférence d’examen de 2020 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) soit l’occasion de renforcer « réellement » le Traité, en établissant des étapes claires sur ce qui doit être fait et ce, dans un climat constructif.  Soyons ambitieux, a-t-elle lancé, exhortant les parties au TNP à cesser de blâmer les autres pour les retards pris dans la réalisation d’un monde sans armes nucléaires.  Elle a assuré que l’Australie, qui présidera la Conférence du désarmement avant la tenue de la Conférence d’examen, s’efforcerait d’attirer l’attention sur l’importance d’avancer dans le traitement des questions les plus urgentes, à savoir celles relatives à la vérification, à la réduction du risque et à la promotion de processus politiques de négociation plus inclusifs. 

La représentante a, en outre, appelé les délégations à adopter par un large consensus les projets de résolution de la Commission portant sur l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et sur l’importance d’un traité interdisant la production de matières fissiles. 

M. ROBBERT JAN GABRIËLSE (Pays-Bas), au nom d’un groupe de pays, a appelé les États à se concentrer sur leurs intérêts dans l’optique de la Conférence d’examen de 2020 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a souhaité qu’à cette occasion, soit réaffirmée la pertinence des objectifs du Traité, ainsi que l’importance de promouvoir un monde exempt d’armes nucléaires, d’accélérer l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et de démarrer, au sein d’une Conférence du désarmement revitalisée, les négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles.  La coopération accrue en matière de vérification et la tenue d’un dialogue inclusif sur les doctrines nucléaires doivent également être encouragées, a-t-il ajouté.

 Le représentant a également appelé à soutenir les projets de résolution de la Commission traitant de ces points, ainsi que les différentes initiatives de groupes de pays sur la réduction des risques.  La conscience de l’environnement sécuritaire, difficile qui est le nôtre, ne doit pas être une excuse pour l’inaction, a-t-il conclu. 

M. MOEZZ LAOUANI (Tunisie), au nom du Groupe des États arabes, s’est inquiété de l’absence de progrès en matière de désarmement nucléaire.  « Le Groupe arabe rejette l’utilisation par les États de doctrines militaires fondées sur le principe de dissuasion nucléaire qui permettrait le recours à l’arme nucléaire », a-t-il dit.  Il a souhaité que les armes nucléaires soient interdites au même titre que toutes les autres armes de destruction massive.  Il a estimé que la Conférence d’examen de 2015 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) poussait à veiller à ce que la Conférence d’examen de 2020 soit un franc succès.  Par ailleurs, il a estimé qu’il était de la responsabilité de la communauté internationale dans son ensemble de garantir la réussite de la conférence de novembre pour parvenir à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, conformément à la décision d’une résolution de 1995 sur le Moyen-Orient et à la décision 73/546 de l’Assemblée générale. 

Mme ANNE KEMPPAINEN, de l’Union européenne, a estimé que la démarche multilatérale était la meilleure manière de garantir la paix et la sécurité internationales.  Elle a mis l’accent sur l’importance d’une garantie d’accès pour tous à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  « Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est le fruit d’un succès historique et sa pleine mise en œuvre reste une priorité », a ajouté la représentante.  Mme Kemppainen a expliqué que l’Union européenne avait financé plusieurs séminaires régionaux thématiques pour promouvoir la mise en œuvre du TNP.  Elle a mis l’accent sur l’article VI du Traité qui vise à assurer la réduction des stocks d’armements nucléaires des États dotés.  Elle a regretté l’extinction de Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) de 1987 en rappelant que ce traité avait permis le retrait et la destruction de 3 000 missiles du territoire européen.  Elle a encouragé les États-Unis et la Russie à dialoguer, notamment pour réduire les risques. 

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a estimé que les jalons posés au cours des quatre décennies à l’issue des trois conférences d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) formaient toujours un cadre idoine pour progresser concrètement sur la voie du désarmement nucléaire.  Il a souligné que la seule garantie contre l’utilisation ou la menace d’utilisation de ces armes était leur élimination totale et irréversible. 

« Ce concept d’élimination n’est pas un lieu commun pour les membres de notre organisation, tant nous savons combien certains États Membres se sont arrogé le droit de posséder des armes nucléaires et de brandir la menace d’une utilisation contre des États qui n’en disposent pas », a ajouté le représentant.  Ainsi, a-t-il appelé, à la conclusion de garanties négatives de sécurité et à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), qualifiant de bienvenue toute mesure visant à renforcer les moratoires sur les essais jusqu’à ce que le traité devienne efficacement opérationnel. 

M. FELIX BAUMANN (Suisse) s’est inquiété des défis auxquels fait face actuellement l’architecture internationale de sécurité relative à la non-prolifération, à la maîtrise des armements et au désarmement nucléaires.  Face à ce constat, il a jugé « de notre devoir de préserver l’ordre nucléaire fondé sur des règles et de respecter et appliquer les normes et engagements existants ».  « L’une de nos préoccupations premières est l’extinction du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) de 1987 », a-t-il ajouté. 

Par ailleurs, M. Baumann a appelé les États parties au Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) à s’employer à soutenir cet instrument majeur qui, depuis un demi-siècle, joue un rôle central dans la prévention de la prolifération nucléaire.  Il a souhaité que cet acquis se traduise par des mesures pratiques, étape après étape, avant de prévenir que la Suisse s’opposerait à toute tentative d’affaiblir les engagements communs pris dans le cadre du TNP.

En outre, le représentant a réaffirmé le soutien de son pays au Plan d’action global commun (PGAC), en notant que celui-ci avait instauré le régime de vérification le plus strict qui ait jamais été appliqué à un programme militaire civil.  C’est pourquoi M. Baumann a déploré le retrait des États-Unis du PGAC et l’imposition à l’Iran de nouvelles sanctions par ce pays.  Néanmoins, il a regretté aussi les mesures prises récemment par l’Iran visant à renforcer ses capacités civiles. 

Face à ces constats, le représentant a appelé à saisir toutes les possibilités d’aller de l’avant en estimant que la Conférence d'examen 2020 du TNP demeurait une excellente occasion de renforcer les efforts de non-prolifération et de désarmement nucléaire.  Il a appelé à des progrès dans le domaine de la réduction des risques nucléaires avant de saluer la pertinence du Partenariat international sur la vérification de désarmement nucléaire (PIVDN), qui a permis un dialogue soutenu sur les technologies, les concepts et les approches nécessaires à un futur système multilatéral de vérification.  Il a aussi salué les travaux du Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner le rôle de la vérification dans la progression du désarmement nucléaire. 

M. JØRN OSMUNDSEN (Norvège)a déclaré que la non-prolifération et le désarmement étaient, depuis des décennies, une priorité constante de la politique étrangère de son pays.  Cependant, en février dernier, lors de l’examen des conséquences d’une ratification du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, le Gouvernement, soutenu par une large majorité du Storting -le Parlement norvégien-, a décidé que la Norvège ne signerait et ne ratifierait pas ce traité.  Elle continue en revanche d’estimer que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) reste le pilier central du régime international de non-prolifération et de désarmement et que les engagements pris dans son cadre et lors de ses conférences d’examen restent plus que jamais valides et d’actualité, a-t-il dit.

M. Osmundsen a ensuite déclaré que l’un des outils à disposition pour avancer sur la question du désarmement nucléaire était la vérification.  C’est la conclusion contenue dans le rapport d’avril dernier du Groupe d’experts gouvernementaux des questions de vérification du désarmement nucléaire.  Le fait que ses experts soient parvenus à un tel consensus montre qu’il est possible de trouver un terrain d’entente sur le désarmement, a estimé le représentant.

C’est pourquoi la Norvège, qui préside ce groupe d’experts, présentera avec le Brésil, les Pays-Bas, l’Afrique du Sud, la Suisse et le Royaume-Uni un projet de résolution sur la vérification du désarmement nucléaire.  Ce texte, a poursuivi le représentant, vise notamment à créer un nouveau groupe d’experts gouvernementaux qui aura pour mandat de poursuivre le travail commencé par le groupe actuel, en faisant fond sur l’approbation par l’Assemblée générale du rapport du groupe d’experts.  Il vise aussi à décider d’un suivi des activités liées au désarmement nucléaire au sein des Nations Unies.

Pour Mme SAMANTHA GOH (Singapour), les acquis en termes de désarmement nucléaire sont aujourd’hui en jeu et l’avenir du Plan d’action global commun est précaire, du double fait du retrait des États-Unis et de la décision iranienne d’arrêter sa mise en œuvre et de revenir en arrière sur ses engagements.  La représentante a exhorté la partie iranienne à continuer de respecter ses obligations sous le Plan d’action global commun et le Protocole additionnel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et de pleinement coopérer avec ses partenaires internationaux.  Singapour est également préoccupée par l’expiration du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire et les incertitudes autour de la prolongation du Traité sur des mesures visant de nouvelles réductions et limitations des armements stratégiques offensifs (New START).  Toutes les parties doivent réaffirmer leur volonté politique de poursuivre un dialogue constructif, de trouver des solutions pratiques convergentes et de respecter leurs obligations internationales, a poursuivi Mme Goh.

En ce qui concerne la péninsule coréenne, la représentante a salué les récents développements diplomatiques, y compris le sommet des dirigeants des États-Unis et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et le sommet intercoréen.  Le programme de missiles balistiques de la RPDC reste cependant une source de préoccupation et Singapour exhorte le régime coréen à éviter toute action qui pourrait mener à l’escalade des tensions et à respecter les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

« Le seul moyen de parvenir au désarmement nucléaire est d’éliminer les arsenaux nucléaires », a affirmé Mme Goh, réaffirmant dès lors le soutien de Singapour au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  La délégation compte sur la Conférence d’examen du TNP de 2020 pour adopter une série de recommandations et encourage tous les États Membres à engager un dialogue constructif pour parvenir à des actions concrètes, vérifiables et un échéancier.  Elle a également reproché aux puissances nucléaires de poursuivre la modernisation de leurs arsenaux ainsi que leurs essais nucléaires.  Dès lors, Singapour insiste sur une entrée en vigueur rapide du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et encourage le début des négociations sur le traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.  La représentante a souligné un autre point, à savoir les mérites des approches régionales pour établir des zones exemptes d’armes nucléaires, citant le cas du Traité de Bangkok ayant créé la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est et son plan d’action 2018-2022.  Singapour espère que les puissances nucléaires signeront et ratifieront ce traité et son protocole sans réserve.

En conclusion, la représentante a déclaré que dans le monde actuel, l’élimination des armes nucléaires ne pourra se faire que si la confiance mutuelle entre États est rétablie et si ces derniers font preuve de la volonté politique collective requise.

M. AIDAN LIDDLE (Royaume-Uni) s’est dit en faveur d’un désarmement nucléaire garantissant une sécurité non diminuée pour tous.  Il a estimé que la Conférence d’examen de 2020 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) serait une occasion de renforcer l’avenir de ce traité.  Réagissant à certaines déclarations, il a déclaré que « l’approche graduelle » au désarmement nucléaire n’était pas simplement rhétorique et s’était traduite par des actions concrètes ces dernières années.  Il a ajouté que la dissuasion nucléaire restait essentielle tant que la situation sécuritaire l’exigerait.  Il a rappelé que le Royaume-Uni avait maintenu un moratoire volontaire sur la production de matières fissiles et participait activement au système de vérification internationale du Partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire. Il a dit la pertinence de l’initiative des États-Unis pour créer un environnement favorable au désarmement nucléaire.  En revanche, le Royaume-Uni ne souhaite pas adhérer au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires car il estime que celui-ci risque de saper le TNP et en ignore les conséquences techniques.

M. BASSEM HASSAN (Égypte) a regretté le blocage dans à la mise en œuvre de la résolution 1995 sur le Moyen-Orient, qui touche aussi d’innombrables autres résolutions similaires et « dure depuis des décennies » avant de mettre en garde en affirmant que cette situation « sape la crédibilité et la viabilité du régime de désarmement et de non-prolifération, les normes du multilatéralisme et la primauté du droit au niveau international ». Il a estimé que ce blocage est une des « causes premières de l’instabilité et de l’absence de sécurité dans une région qui souffre déjà de conflits armés chaotiques, d’une course aux armements et où le terrorisme n’a jamais été aussi répandu ».

Le représentant s’est félicité de l’organisation, prévue en novembre prochain, de la Conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Il y a vu une « authentique tentative de mettre en œuvre un engagement international pris de longue date, d’une façon non discriminatoire, qui ne vise aucun État de la région en particulier ». Il a estimé que ce processus pourrait servir de plateforme pour tenter de créer « une robuste architecture régionale de sécurité propice à l’établissement d’une paix durable grâce au dialogue et à la diplomatie ».  L’Égypte « espère sincèrement que tous les États invités participeront à la conférence », qui pourrait amener « une percée en vue de traiter la détérioration de la situation sécuritaire dans la région ».  L’Égypte compte sur le soutien durable de tous les États Membres à cette initiative.

M. Hassan a aussi souhaité l’appui de tous les États Membres en vue de l’adoption de la résolution qu’elle parraine, chaque année, sur « la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient », qui, a-t-il précisé, était adoptée par consensus jusqu’en 2017.  Il a aussi demandé le soutien de ses pairs à la résolution intitulée « les risques d’une prolifération nucléaire au Moyen-Orient », parrainée par l’Égypte au nom du Groupe des États arabes. 

Mme CATHERINE NADEAU (Canada) a appelé la communauté internationale à faire preuve de fermeté et de volonté politique pour convaincre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de s’engager pleinement dans la dénucléarisation de la péninsule coréenne, mais aussi les États-Unis et la Fédération de Russie de renforcer la portée du nouveau Traité de réduction des armes stratégiques (New START).  Elle a en outre appelé de ses vœux la revitalisation de la Conférence du désarmement, afin que puissent y démarrer sans délai des négociations sur un traité d’interdiction de production des matières fissiles à des fins militaires.

Droit de réponse

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a suggéré à l’Australie de mieux étudier la question de la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Pour notre pays, l’option nucléaire était inévitable aux fins de défense de notre territoire, a déclaré le représentant, avant d’estimer que les résolutions du Conseil de sécurité ne contribuaient en rien à régler le problème, « au contraire, elles l’exacerbent ».  Les sanctions frappant notre pays sont inhumaines et brutales, a-t-il ajouté.

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