En cours au Siège de l'ONU

Le « printemps arabe » et la médiation, instrument de diplomatie préventive, au centre de la dernière journée du débat général

AG/11155

Le « printemps arabe » et la médiation, instrument de diplomatie préventive, au centre de la dernière journée du débat général

27/09/2011
Assemblée généraleAG/11155
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

28e, 29e & 30e séances plénières

Matin, après-midi & soir


LE « PRINTEMPS ARABE » ET LA MÉDIATION, INSTRUMENT DE DIPLOMATIE PRÉVENTIVE,

AU CENTRE DE LA DERNIÈRE JOURNÉE DU DÉBAT GÉNÉRAL


Plus d’une centaine de chefs d’État et de

gouvernement se sont exprimés à l’occasion de ce rendez-vous annuel


L’Assemblée générale a conclu, aujourd’hui, son débat général, une dernière journée marquée par les interventions de la Fédération de Russie, du Venezuela et du Pakistan et au cours de laquelle les délégations ont commenté à maintes reprises le « printemps arabe » et l’importance de la médiation, instrument de diplomatie préventive.


« Ce débat fut sans conteste historique et inoubliable », a déclaré le Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, dans ses remarques de clôture. 


Le « moment historique » était marqué, a-t-il dit, par l’annonce faite à la tribune de l’Assemblée générale par le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, qu’il venait juste de présenter au Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, une demande d’admission de la Palestine à l’ONU. 


Les États Membres, a-t-il noté, se sont félicités du « réveil de l’espoir » provoqué par les changements en cours dans le monde arabe, ainsi que de l’appel lancé par les nouveaux dirigeants pour répondre aux aspirations de leur population, « notamment en matière du droit à la liberté d’expression ».


Commentant la situation qui prévaut actuellement dans son pays, le Ministre des affaires étrangères du Yémen, ABUBAKR A. AL-QIRBI   M. Abubakr A. Al-Qirbi, a affirmé que, profitant des évolutions en cours en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, les partis d’opposition yéménites « tentaient d’user de méthodes antidémocratiques pour se saisir du pouvoir, en se fondant sur les demandes légitimes des jeunes populations ».


« Je vous le dis, seule la déception et le refus de l’opposition d’accepter les résultats des élections de 2006 expliquent les événements actuels au Yémen », a assuré le Ministre.


Le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Lavrov, a affirmé qu’il était inacceptable de « boycotter » les propositions visant à établir un dialogue nationale en Syrie et d’inciter à la confrontation et à la violence tout en négligeant les réformes « tardives mais réalisables » proposées par le Président Al-Assad.  Au sujet de la Libye, il a mis en garde contre toute tentative d’aller au-delà du mandat du Conseil de sécurité.


Commentant lui aussi la situation dans ce pays, le Président du Venezuela, M. Hugo Chávez, par la voix de son Ministre des affaires étrangères, M. Nicolás Maduro Moros, a dénoncé le début d’un « nouveau cycle de guerres coloniales » ayant pour « objectif cynique » de donner un deuxième souffle au capitalisme, et un interventionnisme militaire qui, a-t-il avancé, est appuyé par les « organismes antidémocratiques » des Nations Unies.  « Il convient de mobiliser tout le pouvoir de l’esprit humain et de lancer une contre-offensive politique destinée à empêcher les pouvoirs des ténèbres de trouver des justifications dans la guerre », a lancé M. Chávez, qui s’est également interrogé sur la logique qui veut que l’on cède la place de la Libye à l’ONU à un Conseil national de transition tandis que l’on bloque l’entrée de la Palestine.  


La Ministre des affaires étrangères et des affaires politiques de Saint-Marin, Mme Antonella Mularoni, a constaté pour sa part que « l’ampleur inhabituelle de la révolution arabe » montrait que des changements politiques et institutionnels majeurs s’imposaient car les bases économiques et sociales avaient évolué avec la mondialisation.  « Si l’ONU entend jouer un rôle pivot dans la gouvernance mondiale, a ajouté la Ministre, elle doit être à même d’interpréter et de soutenir ce besoin de changements ».


Abondant dans ce sens, le Ministre des affaires étrangères de Singapour, M. K. Shanmugan, a constaté un décalage entre la prolifération des résolutions débattues « année après année » et les réalités actuelles.  Il a appelé à une meilleure coordination entre le Siège de l’ONU à New York et le terrain, sans quoi, a-t-il prévenu, d’autres groupements moins inclusifs définiront la gouvernance mondiale.


Cette dernière journée de débat a également été l’occasion pour les délégations de poursuivre leurs réflexions sur le rôle de la médiation dans le règlement de conflit, thème principal de cette soixante-sixième session de l’Assemblée générale.


Si le Vice-Chancelier du Panama, M. Francisco Alvarez Soto, a estimé qu’il n’y aura pas de meilleure solution au conflit israélo-palestinien que celle qui émergera de négociations directes entre les parties, le Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, M. Dato Sri Anifah Aman, a estimé que si « la patience et la prudence ont leurs mérites, elles ne doivent pas conduire à la paralysie ».  « Nous devons agir de façon décisive et maintenant », a-t-il insisté.


« L’ONU doit se garder d’une neutralité incompréhensible, qui ferait de l’Organisation un témoin passif du triomphe des voies de fait sur les voies de droit », a estimé, quant à lui, le Ministre des affaires étrangères du Bénin, M. Nassirou Bako-Arifari.  Il a, par ailleurs, proposé l’idée d’instaurer des corps civils de restauration de la paix, chargés de pénétrer les groupes belligérants afin qu’ils rétablissent entre eux le dialogue. 


Gravement préoccupé par le commerce illicite des armes, le Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de Bélize, M. Wilfred P. Erlington, a souligné qu’il était nécessaire de créer un cadre normatif « juridiquement contraignant, robuste et complet » pour réglementer le commerce des armes légères et de petit calibre (APLC) sur le plan international.  Le Ministre a notamment indiqué que dans sa région, l’escalade de la violence avait fait 18 167 morts au cours de la dernière décennie.  « Aucune des armes utilisées pour commettre ces meurtres n’a été fabriquée en Amérique latine », a-t-il notamment fait observer.


Pour sa part, la Ministre des affaires étrangères du Pakistan, Mme Hina Rabbani Khar, a rappelé le « prix très lourd » que son pays a payé à cause du terrorisme.  À ce jour, plus de 30 000 civils pakistanais, « sans compter les milliers de militaires et policiers pakistanais », ont perdu la vie dans des attaques terroristes.  « Le Pakistan est fermement déterminé à combattre ce fléau et n’a pas peur de l’adversité », a affirmé la Ministre, avant d’appeler les États Membres à éviter toute récrimination en vue de consolider la confiance mutuelle et de créer les conditions opérationnelles nécessaires pour combattre la menace terroriste.


La trentaine de délégations, qui sont intervenues aujourd’hui, ont également discuté de la tenue, l’année prochaine, de la Conférence Rio+20.  À cet égard, le Ministre des affaires étrangères du Bélarus, M. Sergei Martynov, a souligné l’importance du transfert de technologies en matière de lutte contre les changements climatiques.  « Il n’est pas pensable que les pays riches jouissent d’un paradis vert, pendant que les pauvres vivent dans un enfer de contamination », s’est-il notamment indigné. 


En fin de séance, les délégations de l’Arménie et du Sri Lanka ont pris la parole pour exprimer leur droit de réponse.


Au cours des six journées du débat général, qui a débuté le 21 septembre, 111 chefs d’État et de gouvernement se sont succédés à la tribune de l’Assemblée générale.  Au total, 191 États Membres, y compris le tout nouvel État du Soudan du Sud, ainsi que trois Observateurs, à savoir la Palestine, le Saint-Siège et l’Union européenne, ont répondu présent à ce rendez-vous annuel.  Seules les délégations de l’Arabie saoudite et des Seychelles n’ont pas participé au débat général.


La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.


RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/66/1)


Suite et fin du débat général


M. HAMADY OULD HAMADY, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Mauritanie, s’est félicité de l’admission du Soudan du Sud au sein des Nations Unies, avant d’appeler le Secrétaire général à poursuivre son action dans la résolution des maux planétaires que sont les désastres naturels, les changements climatiques et les maladies non transmissibles, entre autres.  La présente session de l’Assemble générale intervient dans un contexte marqué par le « printemps arabe ».  Il y a déjà quelques années que la Mauritanie a eu à connaître son printemps, a expliqué M. Hamady. 


L’apogée de ce « printemps mauritanien » aura été l’organisation d’une élection présidentielle, libre et transparente, comme l’ont confirmé les organisations internationales et les candidats ayant participé à cette échéance, a dit le représentant.  Il a poursuivi par la présentation des réformes entamées par son pays dans les domaines de la justice, de la bonne gouvernance et en matière de lutte contre la pauvreté.


La Mauritanie a toujours été partisane de la conduite de processus de médiation dans le cadre de la résolution des conflits, a en outre fait savoir le Ministre.  Pour appuyer son propos, il a mentionné l’implication de son gouvernement à la résolution de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire.  Il a, avec insistance, plaidé pour la réforme du Conseil de sécurité, en souhaitant que soit octroyée à l’Afrique une présence permanente au sein de cet organe.  Le Groupe des États arabes dont la population constitue plus de 11% de la population mondiale doit aussi y être représenté.  C’est dans ce contexte qu’il a présenté la candidature de son pays à un poste de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2012-2013, au nom du Groupe des États d’Afrique. 


Évoquant la situation au Sahara occidental, il a appelé le Secrétaire général à trouver une solution globale et juste qui ferait du Maghreb arabe une région de prospérité et de sécurité.  Il a aussi appuyé les efforts de paix déployés en vue de parvenir à la réalisation d’un État palestinien indépendant, dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale et vivant côte à côte avec Israël. 


Le Ministre qui a, par ailleurs, exhorté la communauté internationale à s’attaquer à la situation de famine qui sévit dans la corne de l’Afrique, a annoncé que « son pays avait déjà alloué la somme d’un million de dollars pour les efforts d’urgence menés actuellement dans ce pays ».  La Mauritanie a connu des réussites en matière de lutte contre le terrorisme qui est « un fléau qui menace la région du Maghreb ». Mais en ce domaine, la coopération entre la communauté internationale demeure la solution appropriée, a-t-il conclu.


Mme ANTONELLA MULARONI, Ministre des affaires étrangères et des affaires politiques de Saint-Marin, a estimé que l’une des tâches essentielles des politiques actuelles était de créer les conditions nécessaires pour que le terrorisme ne dispose pas d’un terreau fertile.  La médiation et le principe de règlement pacifique des différends sont dans ce cadre et sont étroitement connectés au processus de réforme de l’Organisation, a-t-elle souligné.  L’ampleur inhabituelle de la révolution arabe, qui a pris le monde par surprise, montre que des changements politiques et institutionnels majeurs sont nécessaires car les bases économiques et sociales ont évolué avec la mondialisation, a-t-elle expliqué, soulignant qu’il ne fallait pas aborder ces soulèvements spontanés sous le seul angle de la sécurité. 


Si les Nations Unies entendent jouer un rôle pivot dans la gouvernance mondiale, elles doivent aussi être à même d’interpréter et de soutenir ce besoin de changements, a-t-elle insisté.  Estimant que la crise économique et financière mondiale avait malheureusement apporté la preuve de l’incapacité des institutions existantes à réagir rapidement et de manière adéquate, elle a appelé les groupements comme le G-20 ou le G-8 à agir dans la transparence et de manière complémentaire avec les Nations Unies, par le biais de mécanismes spécifiques.  


Un autre élément fondamental pour la stabilité future du monde est la réforme des Nations Unies, à la fois concernant le Conseil de sécurité et la revitalisation de l’Assemblée générale.  En tant qu’organe le plus représentatif, l’Assemblée générale doit être plus efficace, éviter les doubles emplois et améliorer ses relations avec d’autres organes des Nations Unies, a estimé la Ministre.  Elle a notamment rappelé l’adoption en 2006 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées qui a permis d’importantes avancées dans les domaines de l’égalité et de la non-discrimination.  Beaucoup reste à faire pour sa mise en œuvre à travers des cadres législatifs et politiques aux niveaux national et international, a-t-elle néanmoins souligné.  Les enfants continuent d’être les plus touchés par la violence, les abus et l’exploitation, a-t-elle dit, rappelant que 200 millions d’enfants dans le monde n’avaient pas de certificat de naissance, ce qui entrave leur accès aux services de base et complique leur protection.  L’éducation est aussi essentielle pour lutter contre la discrimination et favoriser l’autonomisation des femmes, a-t-elle enfin rappelé.


M. K. SHANMUGAN, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a déclaré que les gouvernements du monde devraient relever le défi de relancer la croissance et la création d’emplois, même si la reprise économique était sous la menace d’une crise fiscale et de la dette aux États-Unis et dans les pays de la zone euro.  D’autres sujets d’inquiétude demeurent, a-t-il souligné, notamment la sécurité alimentaire, la disponibilité des ressources énergétiques et en eau, ainsi que la gestion des catastrophes naturelles.  Face à tous ces défis, les Nations Unies doivent jouer un rôle important et refuser le protectionnisme qui continue d’empêcher la conclusion des négociations de Doha, a-t-il dit, en souhaitant que tous les groupes, comme le G-20 ou le G-8, prennent en considération l’intérêt général.  Compte tenu des projections démographiques, répondre aux besoins des populations en eau va devenir de plus en plus difficile, a-t-il noté, et sur ce sujet, les Nations Unies peuvent faire plus pour construire des synergies en matière de technologie, de politique et de capacités.  Singapour a toujours considéré l’eau comme une ressource stratégique et a investi considérablement dans la recherche et les technologies autour de cette ressource.


Le Ministre a estimé que l’efficacité globale des réponses apportées par les Nations Unies devrait être examinée et améliorée.  Il y a, à présent, un décalage entre la prolifération des résolutions sur lesquelles nous débattons année après année, et les réalités actuelles, a-t-il déploré, appelant à une meilleure coordination entre New York et le terrain, sans quoi d’autres groupements moins inclusifs définiront la gouvernance mondiale.  Les Nations Unies doivent donc trouver le moyen de travailler avec certains groupements, comme le Groupe sur la gouvernance mondiale (3G).  M. Shanmugan a réaffirmé qu’elles demeuraient la seule organisation internationale véritablement universelle, sans alternative.  Leur expansion régulière de 51 membres en 1945 à 93 aujourd’hui en témoigne, a-t-il dit.  Le Ministre a toutefois appelé à ne pas considérer cette position unique comme allant de soi: la capacité d’influence des Nations Unies sur les questions mondiales dépend des décisions que leurs États Membres prennent, a-t-il averti.

Bélarus


M. SERGEI MARTYNOV, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a affirmé qu’il y a 20 ans, la communauté internationale avait connu son « moment constitutionnel », suite à la fin d’une ère de la confrontation, afin d’élaborer une stratégie complète pour assurer le développement de la planète.  « Mais nous avons manqué cette opportunité, a-t-il regretté, car l’égoïsme et le pavoisement l’ont emporté sur le bon sens dans l’esprit des soi-disant vainqueurs.  Le Ministre a ensuite lancé un appel pour l’adoption d’une « stratégie mondiale de lutte contre le chaos », fondée sur le renforcement du droit international, la création de partenariats mondiaux et la revitalisation des Nations Unies.


M. Martynov a ensuite dénoncé « les attaques malicieuses » et les sanctions économiques dont a été victime son pays suite « au choix qu’a fait la nation du Bélarus lors de l’élection de son propre président ».  Le Ministre du Bélarus a ensuite observé qu’on ne pouvait répondre aux nouveaux défis et menaces transnationaux en ayant recours aux « outils traditionnels » de la politique étrangère, notamment l’équilibre des forces, les sphères d’influence, les sanctions et les menaces.  Il a appelé à la création d’un partenariat mondial bâti par les États, les organisations internationales, la société civile et le secteur privé car, a-t-il affirmé, il n’existe pas d’alternative à l’intégration. 


Selon lui, les changements profonds actuellement en cours au Moyen-Orient et le problème croissant de la pauvreté soulignent la nécessité de réaliser un partenariat mondial pour le développement.  M. Martynov a également insisté sur l’importance du transfert de technologie, notamment en matière de lutte contre les changements climatiques.  Il n’est pas pensable que les pays riches jouissent d’un paradis vert, pendant que les pauvres vivent dans un enfer de contamination, s’est-il indigné.  Le Ministre a ensuite appelé les États Membres à établir, dans le document final de la Conférence Rio+20, les bases de la création d’un mécanisme mondial pour faciliter l’accès de tous les pays du monde aux technologies énergétiques nouvelles.


Abordant le problème de la traite des personnes, M. Martynov a fait savoir que le Bélarus avait lancé un plan d’action de lutte et que son pays comptait également parmi les premiers États à avoir fait une contribution volontaire au Fonds volontaire d’appui aux victimes de la traite.


Le Ministre a, par ailleurs, constaté que ces dernières années, le principal objectif de l’ONU semble avoir été de survivre à un certain nombre de crises plutôt que de les résoudre.  Il n’est donc pas surprenant de constater que l’ONU a plus fréquemment servi de plate-forme pour des acteurs individuels plutôt qu’envers l’action commune, a-t-il regretté.  Il a estimé que les méthodes de travail du Conseil de sécurité devaient être mises en conformité avec « l’esprit de l’époque », tandis que les activités du Conseil économique et social (ECOSOC) devaient être alignées avec les solutions apportées aux problèmes urgents que connaissent certains États Membres.


M. ABUBAKR A. AL-QIRBI, Ministre des affaires étrangères du Yémen, a salué l’admission du Soudan du Sud et la présence du Conseil national de transition (CNT) libyen au sein des Nations Unies.  Depuis janvier dernier, a-t-il ensuite dit, l’opposition yéménite a décidé de renoncer au consensus qui a toujours prévalu dans le pays pour adopter de nouvelles attitudes dangereuses.  Cette opposition a décidé de se mettre en marge de la mise en œuvre des accords politiques internes conclus depuis 2006.  En effet, a expliqué le Ministre, après leur défaite aux dernières élections, les opposants ont décidé de recourir désormais à la violence pour parvenir au pouvoir, au risque de mener le pays à une guerre civile.  Les positions actuelles de cette opposition, a soutenu le Ministre, risquent également de faire s’écrouler les acquis socioéconomiques obtenus au fil des ans.  En outre, l’unité qui caractérise historiquement l’État est aujourd’hui en péril du fait de ces acteurs.  Cela ne saurait continuer, a–t-il insisté.


Le Ministre a déclaré que les partis d’opposition dans son pays, profitant des évolutions en cours en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, avaient « tenté d’user de méthodes antidémocratiques pour se saisir du pouvoir, en se fondant sur les demandes légitimes des jeunes populations ».  En réalité, a-t-il maintenu, ces attentes de la jeunesse sont depuis longtemps prises en compte par le Gouvernement actuel.  « Je vous le dis, seule la déception et le refus de l’opposition d’accepter les résultats des élections de 2006 expliquent les événements actuels au Yémen », a-t-il déclaré.  Néanmoins, malgré l’intransigeance de cette opposition, le Président de la République a pris une série de mesures, dont le report des législatives prévues cette année, a indiqué M. Al-Qirbi.  Il a également mis à l’actif du Chef d’État sa décision de ne pas se représenter à la prochaine présidentielle.  « Il est temps que cette crise s’arrête, d’autant plus qu’elle pèse sur l’économie du pays qui a déjà perdu plus d’un milliard de dollars », a dit le Ministre.  La division actuelle ne pourra être surmontée que par la légalité constitutionnelle, a-t-il ajouté, en relevant que le pouvoir avait accepté les termes de l’Initiative du Golfe.  Il a exhorté toutes les parties à intégrer cette Initiative et à travailler de façon consensuelle.


Se félicitant ensuite des progrès accomplis par son pays sur les questions des droits de l’homme, M. Al-Qirbi a assuré que les auteurs de violations des droits de l’homme au cours de la crise actuelle seraient tous poursuivis et sanctionnés, comme l’a déjà annoncé le Gouvernement du Yémen. 


Le Ministre a ensuite évoqué la question terroriste, à laquelle fait face son pays, en appelant la communauté internationale à adopter une stratégie mondiale qui prenne en compte les questions sociales qui nourrissent largement les actes terroristes.  Pour le Yémen, le conflit israélo-arabe est la raison principale du manque de stabilité dans la région arabe, a estimé son Ministre, en dénonçant le refus israélien de respecter la légalité internationale.


M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a affirmé que pour répondre à la situation actuelle mondiale, la communauté internationale avait besoin de directives strictes en matière de renforcement des mécanismes de gouvernance mondiale qui mettent l’accent sur le respect du droit international et de faire preuve d’un recours « clair, strict et responsable » aux principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies.  M. Lavrov a également appelé au renforcement de la coopération multilatérale en matière de lutte contre le terrorisme international, estimant que tout nouveau mécanisme devrait être intégré au « travail commun » de l’ONU.  Évoquant par ailleurs l’importance du G-20 dans le redressement de l’économie mondiale, il a appelé à la finalisation du processus de réforme de l’architecture financière et économique mondiale, ainsi qu’au renforcement du dialogue entre l’ONU et le G-20.  M. Lavrov a ensuite appelé au lancement des préparatifs en vue d’élaborer une convention sur la sécurité énergétique mondiale. 


Par ailleurs, M. Lavrov a évoqué la signature du Traité START pour appeler les États détenteurs de forces de frappe nucléaires à se joindre aux efforts des États-Unis et de la Fédération de Russie.  De l’avis de M. Lavrov, le déploiement de systèmes de défense antimissile dans différentes régions du monde modifie la configuration de la sécurité internationale.  « Nous avons besoin de garanties juridiques pour veiller à ce que ces systèmes potentiels de défense soient adéquats pour les objectifs fixés et n’altèrent en rien l’équilibre international et régional », a-t-il insisté.  Le Ministre a aussi appelé à l’universalisation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), au renforcement du système de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il a ajouté que le règlement du dossier nucléaire iranien et de celui de la péninsule coréenne contribuerait au renforcement du régime de non-prolifération.  Il n’y a pas d’autre alternative qu’un règlement politique et diplomatique, a-t-il dit.


Le Ministre a ensuite fait savoir que l’union douanière entre la Fédération de Russie, le Kazakhstan et le Bélarus avait été achevé et qu’un espace économique unique se faisait jour en vue d’établir une « union eurasienne ».  Il a également indiqué que le Président Medvedev avait l’intention de signer un traité sur la sécurité européenne dont la mise en œuvre, a-t-il indiqué, mettrait définitivement un terme à la période de l’après-guerre froide.  M. Lavrov a aussi expliqué que la signature, en septembre 2010, d’une initiative entre la Chine et la Fédération de Russie avait pour but de créer une architecture pour la sécurité et la coopération dans la région Asie-Pacifique.  En venant à la situation dans le monde arabe, M. Lavrov a affirmé que les actions de forces externes devraient se faire sur la base du plein respect du droit international et contribuer à la recherche d’une solution politique entre les autorités et l’opposition.  Toute tentative d’aller au-delà du mandat du Conseil de sécurité est inacceptable, a-t-il souligné.  Pour le Ministre, il revient à l’ONU et au Conseil de sécurité de jouer un rôle de chef de file pour établir les modalités d’une solution postconflit concernant la Libye, évoquant, à cet égard, l’adoption de la résolution 2009 (2011) qui prévoit la création d’une mission d’appui en Libye.  Passant ensuite à la situation en Syrie, il a affirmé qu’il était inacceptable de « boycotter » les propositions visant à établir un dialogue national, d’inciter à la confrontation et de provoquer la violence tout en négligeant les réformes « tardives mais réalisables » du Président Al-Assad.  La Fédération de Russie, a-t-il assuré, appuie la demande d’admission à l’ONU présentée par la Palestine.  M. Lavrov a, par ailleurs, appelé les parties du processus de règlement de la situation au Nagorno-Karabakh à mettre à profit des opportunités créées à la suite des efforts de médiation de la Fédération de Russie.  Il a également indiqué que son pays était fermement engagé à faire tout son possible pour éviter une nouvelle fois le recours à la force, qui a eu lieu à la suite de la décision irréfléchie du régime de Tbilissi.  La Fédération de Russie, a-t-il assuré, est prête à garantir les dispositifs pour le non-recours à la force entre l’Abkhazie, la Géorgie et l’Ossétie du Sud.  Il a ensuite appelé les États-Unis et l’Union européenne à prendre des engagements semblables.  Le Ministre russe des affaires étrangères a, par ailleurs, appelé la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) à faire davantage pour lutter contre « la menace croissante de la drogue en Afghanistan ».  L’Asie centrale et la Fédération de Russie subissent une véritable «  agression de l’héroïne » et les profits découlant du trafic illicite de stupéfiants sont la principale source de financement des activités extrémistes clandestines, s’est-il notamment inquiété.  M. Lavrov a par ailleurs appelé à l’accélération de la mise en œuvre d’une cour pour la lutte contre la piraterie dans la corne de l’Afrique.  Il a également souligné la nécessité urgente de répondre aux menaces posées par le nationalisme et l’intolérance ethnique et religieuse.  À l’approche du soixante-cinquième anniversaire du verdict du Tribunal de Nüremberg, on ne peut se retrancher derrière le « politiquement correct et les slogans de liberté de parole » lorsque dans « certains pays d’Europe », on fait l’éloge de personnes qui s’étaient « entachées » en coopérant avec les Nazis, a-t-il fait remarquer, avant de conclure.


M. WILFRED P. ELRINGTON, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de Belize, s’est inquiété de la mondialisation de la crise de la dette, le fléau de la drogue, des armes et de la traite des êtres humains, ainsi que les « changements extrêmes » que connaît la nature.  Pour M. Elrington, les réponses apportées par la communauté internationale à ces catastrophes ont été inadéquates.  Il a également déploré la persistance de la pauvreté, des maladies, de l’analphabétisme et du chômage, ainsi que la perspective d’un nouveau recul économique.


M. Elrington a ensuite appelé l’ONU à s’unir à Belize pour l’aider à lutter contre les trois principales menaces que connaît le pays, à savoir les changements climatiques, le crime et la violence, ainsi que les maladies non transmissibles chroniques (MNT).  Il a expliqué que 24 petits États insulaires et côtiers, dont le sien, avaient lancé une initiative innovante en matière d’énergie dans le but de transformer leur secteur énergétique et de catalyser leur développement économique.  Il a cependant fait savoir que le succès de cette initiative dépendait du transfert promis de technologies propres et du financement de la communauté internationale.  Le Ministre a également souhaité que la prochaine Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques de Durban, en Afrique du Sud, soit l’occasion de créer des mesures d’incitations pour la réduction des émissions des gaz à effet de serre et de la pollution et pour assurer la protection des forêts.


M. Elrington s’est ensuite inquiété de l’escalade dramatique de la violence dans sa région qui, a-t-il indiqué, a fait 18 167 morts au cours des 10 dernières années.  Il a observé qu’aucune des armes utilisées pour commettre ces meurtres n’avait été fabriquée en Amérique latine et que la nature transfrontalière de ces crimes était exacerbée par la collaboration entre criminels se trouvant de part et d’autre des frontières.  M. Elrington a ensuite réclamé la création d’un cadre normatif « juridiquement contraignant, robuste et complet » pour réglementer le commerce des armes.


Le Ministre a par ailleurs indiqué qu’en 2030, dans les Caraïbes, trois décès sur quatre seraient provoqués par des maladies non transmissibles.  On ne peut lutter, de manière efficace, contre ces maladies que par le biais des efforts de collaboration de la communauté internationale, a-t-il avancé.  Il a ajouté que la déclaration politique adoptée à l’issue de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur les MNT devait servir de modèle pour l’action à tous les niveaux.  M. Elrington a ensuite souhaité que la « République de Chine (Taiwan) » puisse participer aux travaux de l’ONU.


M. DJIBRILL YPÈNÉ BASSOLÉ, Ministre des affaires étrangères et de la coopération régionale du Burkina Faso, s’est engagé à partager avec la communauté internationale l’expérience de son pays en matière de négociation de paix.  Il a souligné le rôle de médiateur de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) que le Président Blaise Compaoré a joué dans la résolution des crises en Côte d’Ivoire et en Guinée.  Il a indiqué ensuite que le Burkina Faso avait été confronté, au début de cette année, à des revendications sociales du fait de la conjoncture économique nationale et internationale difficile.  Les troubles ont heureusement trouvé une solution grâce au dialogue inclusif initié par le Président.  En outre, le Gouvernement burkinabé a mis en place un Conseil consultatif sur les réformes politiques, afin de poursuivre les réformes engagées depuis plusieurs années.  Sur le plan économique et social, en application de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable, le Gouvernement a mis l’accent sur les secteurs suivants: éducation, santé, eau, formation, emploi des jeunes et réseau routier.


Aux niveaux sous-régional et continental, le Burkina Faso continuera de s’investir dans le renforcement du processus d’intégration dans le cadre de la CEDEAO, de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de l’Union africaine, a poursuivi M. Bassolé.  Préoccupé par les changements climatiques, il a salué, entre autres initiatives, celle de Mme Hillary Clinton, Secrétaire d’État des États-Unis, sur l’Alliance mondiale pour les foyers améliorés.  Il s’est également félicité de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la lutte contre la désertification, ainsi que de la signature par plusieurs pays, dont le sien, du Protocole de Nagoya sur la diversité biologique.  Par ailleurs, il a dit attendre de l’entité ONU-Femmes un soutien renforcé aux politiques de promotion de la femme dans les pays en voie de développement.  Lors de la présente session de l’Assemblée générale, « le Groupe des États d’Afrique introduira un projet de résolution visant à interdire, au niveau mondial, les mutilations génitales féminines ».


Le Ministre burkinabé des affaires étrangères a fait remarquer que son pays participait à la force conjointe Union africaine/Nations Unies au Darfour avec un contingent de 800 hommes.  Il a convié toutes les parties au conflit à consolider le Document de Doha pour la paix au Darfour, signé en juillet dernier par le Gouvernement soudanais et le Mouvement pour la libération et la justice.  Dans le cadre du comité de suivi, le Burkina Faso continuera à travailler pour la paix.  Enfin, M. Bassolé a exprimé sa solidarité avec la Tunisie, l’Égypte et la Libye dans leur quête de liberté et de démocratie.  Il a également soutenu la demande d’adhésion de la Palestine à l’ONU en tant qu’État Membre.


M. WUNNA MAUNG LWIN, Ministre des affaires étrangères du Myanmar, a relevé que son pays s’imposait comme une nouvelle démocratie en vertu de la nouvelle Constitution approuvée par la grande majorité de la population.  De ce fait, des élections générales pluralistes ont eu lieu le 10 novembre 2010 dans le pays, a-t-il rappelé, ajoutant que les élus exerçaient leurs droits démocratiques dans les différents corps législatifs.  Le nouveau Gouvernement du Myanmar, a-t-il indiqué, a mis en place des mesures sur les plans économique et social afin d’améliorer la vie des populations. 


Rappelant qu’au Myanmar, 70% de la population vivait dans les zones rurales, il a souligné que le Gouvernement avait mis en place des mesures visant à promouvoir l’agriculture tout en réduisant la pauvreté.  Dans ce contexte, il a souhaité que des accords soient trouvés au sujet des changements climatiques afin que son pays puisse trouver des solutions à des cycles de sécheresse et d’inondation qui détruisent les récoltes.  Dans le même élan de réformes, les dirigeants ont réduit les taxes d’exportation de 8 à 2%, alors que tous les produits agricoles et dérivés du bois sont exempts de taxe à l’exportation.  M. Lwin a regretté que ces efforts du Gouvernement qui visent à améliorer la vie des populations soient plombés par les sanctions économiques dont le Myanmar est l’objet.  


Le Myanmar, a déclaré le Ministre, accorde une grande importance aux droits de l’homme.  Il a indiqué que les droits fondamentaux des populations étaient pris en compte par des dispositions de la Constitution nationale, et le Myanmar vient de mettre sur pied, le 5 septembre dernier, une Commission nationale des droits de l’homme.  Le Myanmar, a noté le Ministre, a pour ambition de promouvoir des relations cordiales avec tous les pays du monde. 


Il a aussi assuré que la volonté de son pays de coopérer avec les Nations Unies avait été clairement démontrée par l’accueil du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, qui vient d’effectuer sa quatrième visite dans le pays.  Il a ensuite évoqué la mesure d’amnistie prise par le Président du pays afin de permettre la libération de 20 000 prisonniers.  Le Président a également reçu en audience Mme Daw Aung San Suu Kyi le 19 août dernier dans un contexte d’ouverture politique.  Indiquant que le Programme des Nations Unies pour le développement a estimé que le Myanmar est passé à un taux de pauvreté de 32 à 26%, il a souhaité que la communauté internationale appuie les efforts du pays qui s’est résolument tourné vers la démocratie et l’amélioration de la vie des populations.


M. PHAM BINH MINH, Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a affirmé que les situations de tensions et de crises perduraient dans de nombreux pays et régions du monde, du fait de la non-résolution des divergences en leur sein.  Les changements climatiques, les pandémies, les crimes transnationaux, la prolifération nucléaire et le terrorisme international constituaient des grandes menaces qui requièrent encore des réponses effectives, a souligné M. Pham Binh Minh.


Actuellement, faire face à cette situation mondiale marquée également par une récession économique dévastatrice pour les pays en développement, oblige inéluctablement à promouvoir le dialogue et la coopération entre les États, a-t-il estimé.  Et, plus que jamais, les Nations Unies se doivent de répondre fortement aux aspirations des peuples de la planète en apportant des réponses concrètes devant améliorer les vies quotidiennes, a-t-il souligné.


L’Organisation, a indiqué le Ministre, doit en outre poursuivre ses efforts concertés et cohérents en matière de paix et de sécurité et pour la promotion du règlement pacifique des conflits civils et autres différends qui perdurent sur la planète.  En réalité, « nous devons surtout cultiver la culture de paix et du dialogue », a-t-il affirmé.


Le Viet Nam qui a reconnu en 1988 l’État de Palestine, soutient le droit inaliénable de son peuple à l’indépendance et sa demande d’admission, en tant que membre a part entière au sein des Nations Unies.  Le Ministre s’est, par ailleurs, dit préoccupé par l’environnement économique mondial instable.  Il a, en conséquence, souhaité la convocation au sein de l’Assemblée générale ou du Conseil économique et social (ECOSOC) d’une conférence chargée de suivre les recommandations de la Réunion de haut niveau sur les crises financières et économiques de juin 2009. 


À quatre ans de la date butoir de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, il est essentiel que le partenariat global pour le développement soit élargi afin de pouvoir donner aux États qui en ont besoin les ressources, l’expérience et les meilleures stratégies pour être dans les délais.


Abordant le fonctionnement de l’ONU, il a indiqué que son pays était engagé à œuvrer, aux côtés des autres, à la revitalisation de l’Assemblée générale, à l’élargissement du Conseil de sécurité et à la refonte de ses méthodes de travail.  Le Ministre a, par ailleurs, invité à l’amélioration des mécanismes internationaux relatifs aux droits de l’homme, notamment ceux établis au sein du Conseil des droits de l’homme.  Il a, à cet égard, annoncé la candidature de son pays au Conseil des droits de l’homme pour la période 2013-2016. 


M. ELMAR MAMMADYAROV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a estimé que tous les États n’avaient pas la même approche concernant leurs obligations internationales et leur respect des normes et principes du droit international.  « Depuis près de deux décennies, nous sommes confrontés à une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et d’autres documents internationaux par l’Arménie qui a perpétré une agression contre notre souveraineté et notre intégrité territoriale », a-t-il dit.  Suite à cette agression, presque 20% du territoire est sous occupation et un million de réfugiés et de déplacés sont dans l’incapacité de réintégrer leurs maisons, a-t-il accusé, dénonçant le refus de l’Arménie de se conformer à quatre différentes résolutions du Conseil de sécurité depuis 1993. 


Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que les dirigeants arméniens, au lieu de préparer leur peuple à la paix et à la coopération avec ses voisins, continuent d’inciter publiquement les générations futures à de nouvelles guerres et à la haine, non seulement envers l’Azerbaïdjan mais aussi envers d’autres populations de la région, a-t-il poursuivi.  Il a, en outre, condamné l’implantation de colons arméniens dans des territoires occupés et la destruction ou l’appropriation d’un héritage historique et culturel, une politique destructrice qui a été, selon lui, confirmée ouvertement par le Président arménien devant l’Assemblée générale lors de cette session.


Le Ministre a jugé « absolument illogique » que les dirigeants de l’Arménie, après avoir mis en œuvre un nettoyage ethnique total, non seulement sur les territoires occupés d’Azerbaïdjan mais aussi sur leur propre territoire nettoyé de sa population azérie, tentent d’invoquer le droit à l’autodétermination des peuples.  On ne peut expulser quelqu’un de chez lui sur une base ethnique et ensuite parler d’autodétermination, a-t-il insisté, demandant un retrait des Forces armées arméniennes des territoires occupés pour favoriser le retour des réfugiés et déplacés, et permettre leur coexistence pacifique dans la région du Nagorny-Karabakh.  L’approche « étape par étape » proposée par les médiateurs et soutenue par la communauté internationale, à part malheureusement les dirigeants de l’Arménie, peut apporter la paix et la stabilité à la région, a-t-il assuré.


M. Mammadyarov a, en outre, réaffirmé la solidarité de son pays avec le peuple palestinien et estimé qu’il était temps pour la Palestine d’être pleinement représentée au sein des Nations Unies.  L’Azerbaïdjan poursuit aussi son aide aux pays en développement et aux pays les moins avancés, notamment en apportant une aide à la corne de l’Afrique, et reste attaché à la promotion du dialogue interculturel et interreligieux.  Désireux de contribuer davantage au maintien de la paix internationale, de la sécurité, de la stabilité et de la prospérité, l’Azerbaïdjan est candidat à un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2012-2013.


Pour M. DATO SRI ANIFAH AMAN, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, la paix ne peut être obtenue que si les parties sont prêtes à s’engager dans un processus de médiation.  Plus que jamais, a-t-il poursuivi, tout doit être fait pour que la médiation menée dans le cadre de la résolution de la crise au Moyen-Orient fonctionne efficacement.  Année après année, le monde a espéré une résolution pacifique à la crise en Palestine.  « La patience et la prudence ont leurs mérites, mais elles ne doivent pas conduire à la paralysie », a dit le Ministre.  « Nous devons agir de façon décisive », a-t-il insisté, en apportant son soutien à l’émergence d’un État palestinien indépendant, fondé sur la solution de deux États, et membre à part entière des Nations Unies.


Le monde se heurte actuellement à une diversité de menaces allant des calamités naturelles à la crise financière.  Face à ces crises, les mécanismes internationaux actuels semblent peu adaptés, a-t-il estimé.  À ces menaces, a encore dit M. Anifah Aman, s’ajoute celle qu’est le terrorisme, et qui pose d’immenses défis à la paix et à la sécurité du monde.  La communauté internationale doit renforcer sa détermination à la combattre dans toutes ses formes et toutes ses manifestations.  En dépit des efforts faits pour promouvoir un monde de paix et d’harmonie, le monde continue d’assister à une montée de la xénophobie et à la permanence d’une mauvaise perception de la religion musulmane.  Face aux intolérances, « nous devons tous nous assurer que seule la voix des modérés prévaut sur celle des extrémistes, dans la recherche de solutions pour s’y attaquer ».


Après s’être félicité de l’implication de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) en faveur du développement planétaire, le Ministre s’est appesanti sur la situation en Somalie où sévit une sévère famine, en annonçant que son pays avait décidé d’allouer un million de dollars au Fonds d’affectation spéciale établi au bénéfice de cet État.  À l’approche de Conférence Rio+20, il est par ailleurs important que la communauté internationale renforce le cadre institutionnel relatif à l’environnement.  Aussi, a-t-il appelé à la recherche de nouveaux mécanismes inclusifs et participatifs, et à la mise en place de processus de prise de décisions plus équitables et plus transparents.  Il a ensuite appelé à la réalisation d’un monde dénucléarisé et à la reforme du Conseil de sécurité.  Cet organe essentiel doit devenir plus légitime, plus représentatif, plus démocratique et plus transparent, a souhaité M. Anifah Aman. 


M. ARTHUR PETER MUTHARIKA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Malawi, a estimé que l’état du monde était devenu plus complexe et compliqué que jamais, nécessitant une myriade de mesures pour trouver des solutions et des règlements pacifiques aux différends.  C’est de surcroît nécessaire que de plus en plus, même si des problèmes nationaux continuent de se présenter, des chocs ainsi que des forces internes et externes se bousculent, rendant les nations, petites et grandes, vulnérables, a-t-il dit.  Il a souligné que la crise économique et financière actuelle avait eu des conséquences sur les marchés internationaux mais n’avait pas épargné le monde en développement, notamment les pays subsahariens comme le Malawi, en entraînant la hausse des prix de l’alimentation et d’autres denrées. 


Avant cette crise, le Malawi était sur le point de réaliser 5 des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sur 8, a-t-il annoncé, rappelant l’accent mis par son pays sur l’agriculture et la sécurité alimentaire, l’irrigation, la technologie, l’énergie, le développement industriel et minier, et la santé publique.  La mortalité infantile (moins de cinq ans) est passée de 189 décès pour 1 000 en 2000 à 112 pour 1 000, 10 ans plus tard, et le taux de prévalence du VIH a été réduit durant la même période, s’est-il félicité.


Qu’il s’agisse de crises économiques ou de catastrophes naturelles, les pays les moins avancés, comme le Malawi, sont toujours les plus affectés, a poursuivi M. Mutharika, demandant la pleine mise en œuvre des engagements pris dans le cadre du Programme d’action d’Istanbul, adopté en mai 2011.  En outre, le Malawi est confronté à une augmentation des inondations et d’autres catastrophes naturelles qui menacent les populations et les ressources.  La conclusion positive d’un accord en Afrique du Sud lors de la prochaine Conférence des États parties, sur la base du Plan d’action de Bali, est donc souhaitable. 


Le Ministre a aussi souligné qu’aucun développement ne pouvait s’effectuer sans paix ni sécurité et que les conflits armés, ainsi que les tentatives de changements anticonstitutionnels des gouvernements, constituaient l’un des principaux obstacles à la prospérité des peuples, en particulier en Afrique.  De même, la persistance de toute forme de colonialisme est contre-productive.  À cet égard, des engagements pris par le passé attendent toujours d’être honorés, a-t-il déploré, appelant le Comité spécial des Nations Unies sur la décolonisation (ou Comité des Vingt-Quatre) à maintenir un dialogue sincère pour éradiquer le colonialisme. 


Tout en réaffirmant son soutien au mandat du Conseil de sécurité sous tous ces aspects, le Malawi s’inquiète de la lenteur de sa réforme.  Quinze ans ont passé depuis le début de ce processus, et il ne semble pas y avoir eu de progrès tangibles, a dénoncé son Ministre, demandant la fin d’une « injustice historique » envers l’Afrique avec l’attribution de deux sièges permanents avec droit de veto et un total de cinq sièges.  Il ne serait que justice que cette proposition de l’Afrique, le Consensus d’Ezulweni, soit adoptée, alors que l’Afrique est le seul continent non représenté dans la catégorie permanente, et sous-représentée dans la catégorie non permanente, a-t-il insisté. 


M. SURAPONG TOVICHAKCHAIKUL, Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a indiqué que son pays avait enregistré la participation d’électeurs la plus importante de son histoire lors des élections générales de juillet dernier.  « La démocratie s’est enracinée plus profondément dans la société thaï », a-t-il constaté.  Le nouveau Gouvernement du Premier Ministre, M. Yingluck Shinawatra, s’efforce maintenant de remplir les promesses qu’il a faites pendant sa campagne.  Il place les individus au centre de sa politique et s’engage à promouvoir une infrastructure économique forte, équitable et durable, ainsi que la réconciliation et la règle de droit.  Au niveau régional, la Thaïlande se prépare à la réalisation de la Communauté de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) en 2015.


La Thaïlande est convaincue que la résolution pacifique des conflits est l’approche la plus efficace, en termes de vies humaines et de coûts financiers, a poursuivi M. Tovichakchaikul.  La Thaïlande a ainsi participé à plus de 20 opérations de paix des Nations Unies dans le passé.  Elle a déployé un bataillon d’infanterie pour l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), ainsi que des officiers de police et des soldats au Timor-Leste et en Haïti.  Elle s’apprête également à envoyer des officiers militaires au Cachemire.  Depuis l’automne 2010, deux groupes de travail de lutte contre la piraterie se sont joints aux efforts internationaux pour protéger les navires dans le golfe d’Aden.


La philosophie du Roi Bhumibol Adulyadej préconise de « vivre dans la modération et de trouver un équilibre entre la croissance économique et la gestion durable des ressources naturelles », a expliqué le Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande.  Il a fait remarquer que son pays avait déjà réalisé la plupart des Objectifs du Millénaire pour le développement et qu’il attachait une grande importance à la Conférence Rio+20.  Le Plan-cadre du partenariat des Nations Unies pour le développement entre les Nations Unies et la Thaïlande constitue un bon exemple de coopération.  Par ailleurs, M. Tovichakchaikul a assuré que la Thaïlande jouait un rôle constructif en tant que membre du Conseil des droits de l’homme, notamment dans le réexamen du statut du Conseil.  Son pays se soumet, cet automne, à son premier Examen périodique universel et a l’intention de présenter de nouveau sa candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2015-2017.  En décembre dernier, a-t-il rappelé, l’Assemblée générale a adopté les Règles des Nations Unies concernant le traitement des détenues et l’imposition de mesures non privatives de liberté aux délinquantes, dites « Règles de Bangkok ».      


M. NASSIROU BAKO-ARIFARI, Ministre des affaires étrangères du Bénin, a salué le choix de la médiation comme thème du débat général, avant de se féliciter du partenariat existant entre les Nations Unies et l’Union africaine dans le cadre de la conduite des missions politiques spéciales, cadres privilégiés de médiation.  Il a ensuite avancé l’idée d’instaurer des corps civils de restauration de la paix, chargés de pénétrer les groupes belligérants afin qu’ils rétablissent entre eux le dialogue.  Il a affirmé que l’Organisation des Nations Unies devrait se garder d’« une neutralité incompréhensible, qui ferait de l’Organisation un témoin passif du triomphe des voies de fait sur les voies de droit ».  Il a ensuite exposé les progrès enregistrés dans son pays pour la rationalisation de l’appareil d’État, avec notamment l’adoption, en août dernier, d’une nouvelle loi sur la lutte contre la corruption.  Le Ministre a ensuite indiqué que la prévision de croissance pour 2011 du continent africain -2,7%- était encore insuffisante pour ouvrir une brèche durable dans la réduction de la pauvreté.  Les pays en développement, notamment les pays les moins avancés, ont plus que jamais besoin d’un transfert de technologies modernes, a-t-il poursuivi, faisant fond sur les conclusions de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui s’était tenue à Istanbul en mai dernier. 


Les objectifs envisagés dans le Plan d’action d’Istanbul ne pourront être atteints sans le respect des engagements pris par les États riches quant au financement du développement international, a averti M. Bako-Arifari.  Il s’est ensuite dit très préoccupé par la recrudescence des actes de piraterie d’une extrême gravité qui touchent les pays du golfe de Guinée et, notamment, le Bénin.  Il a indiqué que le Bénin œuvrait à l’adoption d’une approche régionale, notamment avec le Nigéria, pour lutter contre ces actes.  Des manœuvres conjointes des forces nigérianes et béninoises devraient être lancées prochainement, le long des côtes béninoises, a-t-il poursuivi, avant d’appeler les États qui ont l’expertise dans le domaine de la conduite des opérations maritimes à apporter leur aide.  Le Ministre a plaidé pour que les négociations pour la réforme du Conseil de sécurité soient intensifiées, avec l’adoption notamment d’un calendrier précis.  Il s’est vivement élevé contre le choix de l’année 2015 comme date butoir pour l’achèvement de ces négociations.  « Le Bénin dit non, encore non et trois fois non », a-t-il martelé.  Il est temps de mettre fin à cette injustice intolérable qui exclut un continent entier, le seul, du Conseil de sécurité »,.a répété le Ministre.  Avant de conclure, il a déclaré que la question palestinienne faisait de la « nation arabe » une nation frustrée.  Le Bénin, a-t-il assuré, apporte son soutien sans faille à la solution d’une terre où se trouvent deux États, vivant côte à côte, pour une paix durable au Proche-Orient.


M. DOMINIQUE MAMBERTI, Secrétaire pour les relations du Saint-Siège avec les États, s’est arrêté sur des défis qu’il a estimé prioritaires, afin que le concept de « famille des nations se concrétise ».  Le premier de ces défis, a-t-il dit, est d’ordre humanitaire.  C’est celui qui appelle la communauté internationale tout entière, à prendre soin de ses composantes les plus faibles.  Dans la corne de l’Afrique, nous sommes malheureusement en présence de situations d’urgence humanitaire graves qui forcent le déplacement de millions de personnes, femmes et enfants compris, a alerté le Secrétaire du Saint-Siège.  Il a appelé à une aide accrue dans ces zones en difficulté et à des mesures concrètes pour s’attaquer aux causes qui accroissent leurs vulnérabilités.  La communauté internationale doit également trouver des moyens novateurs pour mettre en œuvre le principe de la responsabilité de protéger, a-t-il soutenu, en prévenant cependant que ce principe ne devrait pas être invoqué pour recourir à la force militaire.


Le second défi, a poursuivi M. Mamberti, est celui de la garantie de la liberté religieuse, voie fondamentale pour la construction de la paix, ainsi que la reconnaissance de la dignité humaine et la sauvegarde des droits de l’homme.  « Le manque de respect des libertés religieuses représente une menace pour la sécurité et la paix et empêche la réalisation d’un authentique développement humain », a-t-il estimé, en plaidant pour que les croyants de toutes les confessions puissent vivre en sécurité afin de pouvoir continuer d’apporter leurs contributions aux sociétés auxquelles ils appartiennent.  Le Secrétaire du Saint-Siège a par ailleurs attiré l’attention de l’Assemblée générale sur la prolongation de la crise économique et financière mondiale.  L’économie ne fonctionne pas seulement sur une autorégulation du marché et encore moins par des accords qui protègent les intérêts des plus puissants.   « Elle doit fonctionner de manière rationnelle et transparente, afin de profiter à tous les individus », a-t-il dit.  Le Saint-Siège, a-t-il poursuivi, est d’avis que les activités économiques et commerciales orientées vers le développement humain devraient contribuer à réduire les souffrances des plus démunis et, par conséquent, la pauvreté.  C’est en ce sens qu’il a encouragé au renforcement de l’aide publique au développement, en conformité avec les engagements de Gleneagles.  À la Conférence de « Rio+20 »,prévue en 2012, l’homme devra aussi être mis au centre des préoccupations pour le développement durable, a enfin souhaité l’observateur du Saint-Siège, avant de s’inquiéter de la persistance du commerce des armes en l’absence de toute régulation et transparence.


M. NICOLÁS MADURO MOROS, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a lu une lettre du Président vénézuélien Hugo Chávez, datée du 26 septembre 2011 à Caracas.  « La paix, la paix, la paix….  Nous ne recherchons pas la paix des cimetières, comme le disait ironiquement Kant, mais une paix basée sur le plus strict respect du droit international », écrit M. Chávez, au début de cette lettre, où il citera également, tour à tour, le « Libérateur » Simón Bolívar, le théoricien militaire Carl von Clausewitz, le penseur français Edgar Morin, la journaliste Frida Modak, le chercheur américain Linus Pauling, le poète martiniquais Aimé Césaire et le chanteur vénézuélien Alí Primera.


Le Chef de l’État vénézuélien rappelle que, dans la Charte des Nations Unies, l’on souligne la nécessité d’épargner les générations futures du fléau de la guerre.  Depuis 1945, les guerres n’ont fait qu’augmenter et se multiplier de façon inexorable, dit-il, précisant que la Libye a été détruite et ensanglantée par la volonté des puissants de ce monde. 


Il faut se préoccuper des menaces qui existent, ajoute M. Chávez, dénonçant une reconfiguration du monde qui repose sur l’hégémonie militaire américaine.  Pourquoi les États-Unis sont-ils le seul pays qui essaime des bases militaires sur la planète?  Pourquoi un tel budget militaire impressionnant?  Comment faire valoir le droit international face à cette hégémonie militaire qui vise à s’approprier des sources d’énergie pour imposer son mode de vie consumériste?  Pourquoi les Nations Unies ne font-elles rien pour arrêter Washington? s’est-il interrogé.


Le Président du Venezuela estime qu’un nouveau cycle de guerres coloniales a commencé en Libye avec l’objectif cynique de donner un deuxième souffle au capitalisme, un interventionnisme militaire qui, ajoute-t-il, est appuyé par les organismes antidémocratiques des Nations Unies.  Face à cela, il convient, a-t-il estimé, de mobiliser tout le pouvoir de l’esprit humain et de lancer une contre-offensive politique destinée à empêcher les pouvoirs des ténèbres de trouver des justifications dans la guerre.  Le Venezuela, poursuit-il, appelle à l’établissement d’une grande alliance contre la guerre et, pour la paix, à construire l’équilibre de l’univers prôné par Bolivar, un équilibre qui ne se trouve qu’à partir de la paix. 


Revenant à la situation en Libye, M. Chávez vilipende la campagne préméditée de mensonges qui, selon lui, a permis de justifier des mesures irresponsables du Conseil de sécurité, ayant abouti, par la voie militaire, à un changement politique du pays.  Le motif de l’intervention en Libye était, dit-il, de recoloniser la Libye pour s’approprier ses richesses.  Le Président vénézuélien exige ainsi la cessation immédiate des bombardements sur le territoire libyen. 


Il s’interroge également sur la logique qui veut que l’on cède la place de la Libye à l’ONU à un Conseil national de transition tandis que l’on bloque l’entrée de la Palestine.  M. Chávez en profite, dans cette lettre lue par le Ministre des affaires étrangères, pour exprimer la solidarité totale du Venezuela avec le peuple palestinien, demandant l’admission immédiate de la Palestine à l’ONU en tant que Membre à part entière.


En outre, citant le cas de la Syrie, le Président Chávez a jugé intolérable que les puissants de ce monde s’arrogent de donner des ordres à des gouvernements légitimes et souverains pour qu’ils renoncent à leurs statuts.  Il appartient au peuple syrien de décider de sa destinée, écrit-il.  C’est un droit inaliénable à tous les points de vue.  M. Chávez, qui appelle à la fin du blocus honteux et criminel contre Cuba, considère par ailleurs qu’il est impossible d’ignorer la crise de l’Organisation des Nations Unies.  On ne peut rien espérer du format actuel de cette Organisation, souligne-t-il, en mettant l’accent sur la nécessité d’éliminer la catégorie des membres permanents du Conseil de sécurité, de supprimer le droit de veto et de maximiser les pouvoirs de l’Assemblée générale.  Il plaide également en faveur de la rédaction d’une nouvelle Charte des Nations Unies. 


Mme HINA RABBANI KHAR, Ministre des affaires étrangères du Pakistan, a réaffirmé la conviction de son pays que le multilatéralisme est essentiel pour régler les problèmes mondiaux.  « Nous pouvons faire davantage ensemble que chacun de son côté », a-t-elle poursuivi, ajoutant que pour réussir ce pari, les Nations Unies devraient représenter au mieux les aspirations des peuples.  Multilatéralisme ne signifie cependant pas conformité et uniformité, a précisé la Ministre, mais plutôt harmonie, tolérance, respect de la diversité et acceptation du fait qu’il n’y a pas une voie unique pour tous.  Elle a saisi cette occasion pour remercier les Nations Unies et la communauté internationale pour leur soutien et la solidarité dont ils ont fait preuve à la suite des inondations dévastatrices, de l’année dernière et de cette année, qui ont frappé le Pakistan.  La Ministre a également fait part de l’intention de son gouvernement d’être élu au sein du Conseil de sécurité cette année, et a demandé aux États Membres de soutenir cette demande.  Elle a assuré que le cadre conceptuel de la politique étrangère de son pays était un Pakistan démocratique, progressif et vivant dans une région stable et prospère.  À cet effet, son gouvernement a tendu la main aux gouvernements des pays voisins pour réaliser ensemble la paix et le développement.  La Ministre a salué le fait que l’Inde et le Pakistan se sont engagés dans un processus de dialogue constructif.  Elle a émis l’espoir que ce dialogue ne sera en aucun cas interrompu.  Le Pakistan est déterminé à régler toutes les questions en suspens, y compris celles du Jammu-et-Cachemire, car une solution pacifique qui correspond aux aspirations des Kashmiris est une condition sine qua non de la stabilité dans la région. 


Elle a poursuivi en soulignant que le fait que l’Asie du Sud soit « nucléarisée » impose au Pakistan et à l’Inde la responsabilité de travailler ensemble pour créer un climat de confiance mutuelle et éviter une course aux armements, renforçant ainsi la stabilité dans la région.  S’agissant de l’Afghanistan, la Ministre a expliqué que son gouvernement était pleinement engagé à y promouvoir la paix et la stabilité, et a condamné l’assassinat récent de l’ancien Président Burhanuddin Rabbani.  Compte tenu de la complexité de la situation sur le terrain, la Ministre a préconisé davantage de clarté et de cohérence stratégique entre Afghans, Américains et Pakistanais et, dans ce contexte, a salué le travail du Groupe trilatéral central.  La Ministre a également fait part du soutien du Pakistan à la demande de reconnaissance en tant que Membre à part entière de la Palestine à l’ONU.  Face au prix très lourd, payé par le Pakistan où le terrorisme a provoqué la mort de plus de 30 000 civils pakistanais, sans compter les milliers de militaires et policiers pakistanais, son pays est fermement déterminé à combattre ce fléau et n’a pas « peur de l’adversité », a expliqué la Ministre, avant d’inviter les partenaires à l’échelle régionale à en faire de même et à ne pas laisser leurs territoires devenir des bastions du terrorisme.  Elle a fait état des succès des services de sécurité pakistanais qui ont arrêté un nombre important de membres d’Al-Qaida, et notamment de l’arrestation récente de Yousuf Al Mauritani dans une opération conjointe ISI-CIA.  Pour aller de l’avant dans ce combat commun, il faut unir les efforts et éviter toute récrimination en vue de consolider la confiance mutuelle et créer les conditions opérationnelles nécessaires pour combattre cette menace terroriste, a souligné la Ministre, pour qui l’élimination du terrorisme est d’intérêt national.  La Ministre a ensuite abordé la question de la réforme du Conseil de sécurité, en estimant que cet organe principal de l’ONU soit plus représentatif de la réalité actuelle.  Pour mener à bien cette réforme, elle a plaidé en faveur d’un consensus international sur la base du principe de l’égalité souveraine.


M. PAK KIL YON, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a relevé que cette année marquait le vingtième anniversaire de l’entrée de son pays au sein des Nations Unies.  Il a regretté l’utilisation par certains pays de la force contre d’autres nations en interférant ainsi dans leurs affaires intérieures, et ce, sous le couvert des Nations Unies.  Il a ajouté qu’une telle réalité interpellait les Membres des Nations Unies, réaffirmant la nécessité de défendre la paix et la souveraineté des nations tel qu’il est prescrit dans la Charte des Nations Unies.  Le représentant a souhaité une accélération du processus des réformes de l’Organisation. 


Cela fait bien longtemps, a-t-il dit, que l’Assemblée générale a adopté des résolutions allant dans le sens du démantèlement du commandement des Nations Unies en Corée du Sud et mettant fin au blocus économique de Cuba par les États-Unis, sans que ces résolutions ne soient appliquées.  Ces exemples, a-t-il noté, permettent de comprendre l’urgence d’accorder plus de pouvoir à l’Assemblée générale.  Toujours au sujet des Nations Unies, M. Pak a regretté que la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, choisisse arbitrairement les pays faisant l’objet de discussions au sujet de leur situation en rapport avec les droits de l’homme, ceci, a-t-il poursuivi, en respect d’intérêts et de valeurs occidentales.


Le représentant de la RPDC a dit souhaiter que la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, qui se tient l’an prochain à Rio, au Brésil, puisse permettre de trouver des accords sur des sujets tels que la création d’un cadre environnemental propice au développement, l’établissement d’un cadre d’échanges commerciaux juste et le respect des engagements des donateurs au sujet de l’aide publique au développement. 


Au sujet de la Palestine, il a estimé qu’il était du devoir de l’ONU de la reconnaître comme un État Membre à part entière.  Il a rappelé que son pays avait reconnu la Palestine en 1988.  Affirmant que des forces extérieures avaient créé la division de la péninsule coréenne, il a regretté que, malgré les aspirations pour la paix des populations coréennes, des exercices nucléaires à caractère belliqueux continuent d’être menés à l’encontre de son pays.  C’est dans ce contexte, a-t-il indiqué, que la RPDC a proposé, l’année dernière, de remplacer l’armistice signée il y a plus de 50 ans par un accord de paix.  Il a également soutenu que, tant qu’il existe de l’hostilité entre son pays et les États-Unis, la dénucléarisation de la péninsule coréenne ne pourrait se faire.


Poursuivant par le souhait de son pays de voir naître un État fédéral entre les deux Corées, en accord avec la Déclaration commune entre les deux parties du 15 juin 2000, le Ministre a évoqué l’ambition des nouvelles autorités sud-coréennes d’absorber la partie nord de la péninsule dans une formule d’« unification par l’absorption ».  Il a réaffirmé que la formule de la fédération apparaissait être la meilleure option pour une coexistence pacifique des deux Corées.  


M. DORU COSTEA, Secrétaire d’État aux affaires mondiales de la Roumanie, a appelé au renforcement de la base juridique de la médiation et à un plus grand engagement des États Membres dans les efforts de médiation.  « Toutes les situations de conflit à travers le monde devraient être connues et revues périodiquement par le Conseil de sécurité et par les Membres des Nations Unies », a-t-il poursuivi.


Il s’est ensuite réjoui de l’ouverture du dialogue entre Pristina et Belgrade avant de réitérer le rôle essentiel joué à cet égard par les Nations Unies et de souligner la pertinence de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité.  « La coopération permettra de surmonter les récents problèmes qui se sont fait jour », a-t-il ajouté.  S’agissant de la situation en Afghanistan, il a plaidé pour une transition politique adaptée aux réalités afghanes et qui ne soit pas enfermée dans un calendrier rigide.


M. Costea a ensuite indiqué que la résolution durable du conflit au Moyen-Orient, basée sur le principe de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, ne pourrait résulter que de négociations directes.  M. Costea a plaidé pour que les Nations Unies apportent leur soutien, notamment financier, aux transformations politiques en cours en Tunisie, en Égypte et en Libye.


Il a ensuite plaidé pour l’élimination irréversible des arsenaux nucléaires et pour l’application d’un cadre renforcé sur la non-prolifération.  Concernant les défis posés par les changements climatiques, il a appelé à mettre de côté les éléments de divergence et souhaité que les négociations de Durban, sur la base des accords de Cancún et de Copenhague, ouvrent la voie à l’adoption rapide du cadre global de l’après-Kyoto.  En temps de crise, les choix sont plus limités, a-t-il dit, avant d’exhorter les États Membres à agir.  « Un pays ne sera jamais riche tant que tous ses citoyens ne vivront pas dans l’égalité et dans la dignité. »


M. FRANCISCO ÁLVAREZ DE SOTO, Vice-Chancelier du Panama, a rappelé les efforts de médiation des Nations Unies qui ont présidé à la signature des Traités entre Panama et les États-Unis concernant notamment le canal de Panama.  Aujourd’hui, ce canal, qui est sous la pleine souveraineté du Panama, est l’un des axes majeurs du développement économique du pays, a-t-il déclaré.


Il s’est ensuite réjoui que le Panama ait été désigné comme la deuxième économie la plus compétitive d’Amérique latine par le Forum économique mondial, avant d’ajouter que son pays avait adopté des mesures visant à la transparence fiscale et à l’échange d’informations, dans le droit fil des recommandations de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).


Le Vice-Chancelier a indiqué que le Panama, qui a connu la dictature militaire jusqu’en 1989, était un ferme défenseur de la démocratie partout dans le monde, que ce soit au Honduras, lors du coup d’État raté en Équateur ou lors des événements du « printemps arabe ».  Il a attiré l’attention sur la légitimité de la reconnaissance d’un État palestinien, avant de souligner le droit de l’État d’Israël à vivre en paix avec ses voisins.  Il n’y aura pas de meilleure solution à ce conflit que celle qui émergera de négociations directes entre Israël et l’Autorité palestinienne, a-t-il déclaré.


M. Álvarez de Soto a ensuite appelé de ses vœux une participation accrue de Taiwan dans les enceintes de discussion internationales, ajoutant que Panama était l’un des 23 pays à reconnaître Taiwan tout en entretenant des relations harmonieuses avec la Chine.


Il a ensuite indiqué que son gouvernement avait proposé la création d’un Centre régional des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes, dans un souci de coordination accrue, notamment des 16 agences onusiennes présentes au Panama.  Dans le même registre, il a indiqué que la position géographique de son pays ainsi que les infrastructures logistiques offertes par la capitale, Panama, encourageaient Panama à proposer la construction d’un centre régional logistique pour l’assistance humanitaire pour les Amériques, qui pourrait apporter une aide précieuse si une catastrophe naturelle, comme celle qui a frappé Haïti l’année dernière, devait survenir dans la région.


M. ESPEN BARTH EIDE, Ministre adjoint des affaires étrangères de la Norvège, a estimé que la détermination dont le Conseil de sécurité avait fait preuve à propos de la Libye avait confirmé son rôle central en matière de sécurité internationale, conformément à la Charte des Nations Unies.  « Il y a des moments où il n’y a pas d’alternative à l’usage de la force », a-t-il reconnu.  La Norvège a participé activement à la campagne militaire en Libye.  Cette réponse constitue également un tournant pour la justice internationale.  En effet, pour la première fois, le Conseil de sécurité a choisi à l’unanimité de renvoyer à la Cour pénale internationale (CPI) d’éventuels crimes contre l’humanité.  « La lutte contre l’impunité et la promotion de la règle de droit et des droits de l’homme fondamentaux sont les clefs pour la prévention des conflits et la protection des civils », a ajouté M. Eide.


En ce qui concerne les Objectifs du Millénaire pour le développement, la Norvège continuera de mettre l’accent sur les droits des femmes et de promouvoir leur rôle dans le développement.  Par ailleurs, a poursuivi le Ministre norvégien, « nous devons tous jouer notre rôle » pour faire de la prochaine Conférence de Durban sur les changements climatiques et de la Conférence Rio+20 un succès.  Le Fonds de Copenhague pour le climat doit être rendu opérationnel.  M. Eide a annoncé que la Norvège lancerait cet automne, avec d’autres pays partenaires, une nouvelle initiative en faveur de l’énergie durable.


M. Eide a rappelé que la politique de la Norvège avait toujours été basée sur la vision de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte, dans la paix et la sécurité.  Il a jugé légitime que le peuple palestinien se tourne vers les Nations Unies.  La Norvège se félicite en outre de l’appel du Quatuor en faveur de négociations pour un accord global concernant les questions du statut définitif.  Le Ministre a fait remarquer que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et les Nations Unies avaient conclu que les Palestiniens étaient « parfaitement capables de diriger un État ».  Selon lui, « le principal obstacle reste l’occupation ».


Le Ministre norvégien a regretté que l’on ait « encore abusé de cette tribune pour promouvoir des vues extrêmes et des allégations infondées ».  Le but du débat général, a-t-il rappelé, est de partager les points de vue et de jeter les bases d’un dialogue constructif.


Mme LUCY MUNGOMA, Secrétaire permanente au Ministère des affaires étrangères de la Zambie, a souligné la nécessité pour la communauté internationale de résoudre les conflits sur le continent africain, y compris en Libye, dans les cadres établis par l’Union africaine.  « Les solutions locales ont plus de chance d’être respectées et acceptées par toutes les parties au conflit », a-t-elle fait valoir.  C’est ainsi que la Zambie s’aligne sur les efforts de médiation mis en place par l’Union africaine et appuie la feuille de route pour trouver une solution pacifique à la crise en Libye.  Mme Mungoma s’est toutefois dite préoccupée par les « nouvelles atrocités commises contre des Noirs » dans ce pays, ressortissants et migrants d’autres pays africains.  Elle a appelé l’ONU à condamner les auteurs de ces atrocités comme elle a condamné Qadhafi.


La stabilité politique a eu un impact positif sur le développement économique de la Zambie, a expliqué Mme Mungoma.  La croissance, estimée à 7% en 2011, doit encore se traduire par une réduction de la pauvreté et une amélioration du niveau de vie des citoyens.  La Zambie aspire à devenir un pays à revenu intermédiaire d’ici à 2030.  Elle est sur le point de réaliser 5 des 8 Objectifs du Millénaire pour le développement, notamment dans les domaines de l’éducation et de la réduction de la mortalité maternelle et infantile.  Néanmoins, ces progrès sont menacés par les effets négatifs de la récession économique mondiale, les promesses non tenues et la diminution de l’aide financière des partenaires.  En plus des défis posés par les maladies infectieuses, comme le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose, a poursuivi Mme Mungoma, la Zambie est affectée par la croissance des maladies non transmissibles qui accompagnent l’urbanisation et l’industrialisation.


Mme Mungoma a remercié le Secrétaire général d’avoir organisé la Réunion de haut niveau sur la désertification et la dégradation des terres, car elle a estimé que la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification recevait moins de soutien que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et la Convention sur la diversité biologique.  Le sixième Plan de développement national de la Zambie pour 2011-2015 met d’ailleurs l’accent sur la gestion durable des terres.  Il est urgent de mettre en place un régime international pour les changements climatiques, a insisté Mme Mungoma.  « Les effets des changements climatiques sont bien réels et affectent déjà l’agriculture, l’eau, la santé et le tourisme. » 


Pour Mme Mungoma, les pays riches, qui sont historiquement responsables des émissions de gaz à effet de serre dans notre atmosphère, doivent prendre la tête de ce combat.  L’Afrique espère que les prochains pourparlers sur les changements climatiques, qui se tiendront à Durban, en décembre, seront un succès.  Par ailleurs, la Zambie appuie la déclaration faite vendredi par le Président de la Sierra Leone, en tant que Coordonnateur du Comité de 10 chefs d’État africains sur la réforme du Conseil de sécurité.


M. ALEXANDRU CUJBA (République de Moldova) a commencé par faire le parallèle entre le « printemps arabe » et les évènements qui ont changé le cours de l’histoire en Moldavie, en l’embarquant sur la voie de la démocratisation en 2009.  S’agissant de la Libye, la Moldavie applaudit la décision du Conseil de sécurité de créer une mission de maintien de la paix pour assister les autorités de transition et le peuple libyen dans cette phase postconflit.  Face aux catastrophes naturelles qui ont provoqué l’accident nucléaire de Fukushima, les inondations au Pakistan et la sècheresse dans la corne de l’Afrique, la délégation moldave estime que seul un effort collectif permettra de renforcer la réponse humanitaire et les secours d’urgence nécessaires.  La République de Moldova est déterminée à respecter les droits de l’homme, a affirmé le représentant, en voulant pour preuve la ratification de la Convention relative aux droits des personnes handicapées et du Statut de Rome de la CPI.  En tant que membre du Conseil des droits de l’homme, la République de Moldova a activement participé aux délibérations de cette instance, a également précisé M. Cujba.  Il a également rappelé que son gouvernement était un fervent opposant au terrorisme et aux extrémismes et avait ratifié tous les instruments internationaux visant à lutter contre cette menace.  La République de Moldova accueille en ce moment une réunion régionale sur la prévention et la lutte contre le financement du terrorisme dans les pays du sud-est de l’Europe, a ajouté le représentant.


Évoquant ensuite la question la plus importante en matière de sécurité pour son pays, à savoir le conflit de Transnistrie, le représentant a assuré que la République de Moldova restait déterminée à parvenir à une solution politique globale et viable en vue de réintégrer cette région à son territoire.  La semaine dernière à Moscou, il a finalement été possible de relancer les négociations sur la base du format 5+2, a rappelé M. Cujba, qui a remercié la Fédération de Russie, l’OSCE, l’Ukraine, l’Union européenne et les États-Unis pour leurs efforts.  Pour sa délégation, toute solution politique viable à ce conflit passe par le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la République de Moldova dans ses frontières, internationalement reconnues.  La question centrale reste alors le statut spécial de la région de Transnistrie, lequel doit, d’une part, garantir le plein respect des droits, des libertés et des besoins de la population locale et, d’autre part, permettre l’intégration fonctionnelle de cette région au reste du pays, a précisé M. Cujba, qui a ensuite passé en revue les questions en suspens.  Il a également demandé que les arrangements de maintien de la paix dans la République de Moldova soient revus, rappelant que son pays vit en paix depuis 19 ans.  Il a ainsi estimé que le moment était venu de consolider la paix, ce qui suppose la transformation des anciens mécanismes militaires en mission civile multinationale.  Il a également dénoncé la présence de forces militaires étrangères sur le territoire moldave sans autorisation du pays hôte, ce qui constitue une violation de la Constitution moldave et des engagements internationaux.  « Nous sommes confiants que le retrait de ces troupes étrangères aura des répercussions positives sur le processus de règlement du conflit de la Transnistrie », a déclaré M. Cujba.  Il n’a pas manqué de rappeler que la priorité absolue pour son pays était de parvenir à son intégration européenne, et que son gouvernement avait engagé un programme de réformes ambitieux pour garantir l’état de droit, l’indépendance du pouvoir judiciaire et une économie de marché fonctionnelle, qui sont tous des conditions essentielles au développement.


M. FRANCISCO CARRION-MENA (Équateur) a estimé que la débâcle financière mondiale était « le symptôme de la crise d’un système qui a privilégié l’économie spéculo-financière par rapport à l’économie réelle ».  Selon lui, la gravité de la crise aurait dû entraîner une réforme du système financier international.  Le monde attend toujours une véritable alliance mondiale pour promouvoir le développement pour le peuple, « unique objet de nos efforts », a poursuivi M. Carrion-Mena.  Il a défendu la création de nouveaux mécanismes financiers régionaux, avec l’adoption d’un régime de change spécifique et d’une monnaie régionale.  La création de la banque du Sud vise ainsi à financer les projets de développement, avec un fonds de réserve commun à l’Amérique latine pour faire face à la crise.


La crise du multilatéralisme s’est également illustrée par l’absence de réactions politiques, a insisté le représentant de l’Équateur, avant d’appeler à la démocratisation du Conseil de sécurité.  L’Équateur, qui a assumé la présidence du Comité spécial de la décolonisation en 2010, reconnaît que les moyens pacifiques de solution des différends sont les seuls mécanismes légitimes pour une paix durable entre les peuples.  M. Carrion-Mena a condamné « l’interprétation abusive des résolutions du Conseil de sécurité » qui n’encourage pas des relations d’amitié entre les États. 


Par ailleurs, il a rappelé que l’Équateur avait reconnu la Palestine en tant qu’État indépendant en décembre 2010 et accueilli favorablement sa demande d’admission à l’ONU.  Il a vivement condamné le blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis à Cuba.


S’agissant de la conférence Rio+20, le représentant a souhaité un nouveau compromis politique pour le développement durable sur les aspects économique, social et environnemental.  Il faut respecter les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, insister sur le transfert de ressources financières nouvelles et complémentaires, articuler les instruments internationaux avec le développement durable en vue d’instaurer ce que l’Équateur appelle « le bien vivre ».  Le Président de l’Équateur, le 23 septembre dernier, a rappelé à la communauté internationale la proposition « Yasuni ITT » qui a reçu une réponse extraordinaire de la part des citoyens du monde car elle met en avant des idées novatrices pour faire face aux défis. 


Le représentant a souligné l’importance du droit au développement, du droit à l’eau et des droits des populations autochtones.  Il a exprimé son refus de la législation adoptée par certains États qui empêchent l’exercice par les migrants de leurs droits fondamentaux.  Enfin, l’Équateur est un territoire de paix qui proclame le désarmement universel et souhaite éradiquer le trafic illicite des armes légères.  Le traité sur le commerce des armes devra avoir une nature non discriminatoire.  « Si nous n’agissons pas ici, aujourd’hui, rien ne servira de débattre de la restauration du rôle central de l’ONU », a conclu le représentant.


M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a rendu hommage au vent de liberté qui a soufflé sur l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.  « La transition de dictatures vers les démocraties ne sera ni facile ni rapide, mais il faut qu’elle se fasse », a-t-il déclaré, ajoutant que dans le cas du Yémen et de la Syrie ces changements devaient encore se concrétiser.  Revenant sur les défis majeurs à relever au plan international, comme les changements climatiques, de nouvelles crises économiques et financières mondiales, l’autonomisation des femmes et leur participation à la sphère politique ou encore la lutte contre le terrorisme, le représentant a noté qu’il restait encore beaucoup à faire.  Il a évoqué les victimes du tremblement de terre qui a frappé Christchurch, en Nouvelle-Zélande, cette année et a remercié la communauté internationale pour la solidarité dont elle a fait preuve.


Face à la menace d’une nouvelle récession mondiale, le délégué a insisté sur le fait que le succès des prochaines négociations de Doha était essentiel pour la prospérité des pays du Sud.  Il est également revenu sur l’impact majeur des changements climatiques sur les pays de la région pacifique et a exhorté tous les forums internationaux, y compris le Conseil de sécurité, à jouer un rôle déterminant dans la lutte contre cette menace réelle pour l’humanité.  Cela signifie, pour lui, de prendre des mesures concrètes à l’échelle internationale pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, et aider les pays en développement à mieux s’adapter aux conséquences des changements climatiques. 


La Conférence de Durban, qui aura lieu cette année, doit, selon lui, ouvrir la voie pour la mise en œuvre concrète des Accords de Cancún.  Pour sa part, la Nouvelle-Zélande a lancé l’initiative de l’Alliance mondiale de recherche sur les gaz à effet de serre d’origine agricole dont la mission est de veiller à ce que la réduction de ce type d’émissions ne se fasse pas au détriment de la sécurité alimentaire.


Abordant la question du développement durable, le représentant a expliqué la relation particulière des peuples du Pacifique-Sud avec la mer, et a demandé le soutien des États Membres à l’initiative « économie bleue » que ces pays ont l’intention de présenter à la prochaine Conférence de Rio+20 sur le développement durable.


M. LIBRAN N. CABACTULAN (Philippines) a plaidé pour l’élimination des armes nucléaires, voie dans laquelle se sont un peu plus engagés les États parties à la Conférence chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2010.  Concernant la tenue en 2012 de la Conférence sur la dénucléarisation du Moyen-Orient, il a notamment souhaité que le facilitateur soit nommé et que le pays hôte soit désigné.  Il a souligné la nécessité de modifier les règles de procédure suivies au sein de la Conférence sur le désarmement, afin que la volonté de la grande majorité des États Membres ne soit plus prise au piège de la règle du consensus.  Il a ensuite appelé de ses vœux l’établissement de lignes directrices permettant l’amélioration des conditions de vie des travailleurs migrants, les Philippines comptant près de dix millions de ressortissants travaillant à l’étranger.  Il s’est félicité à cet égard de l’adoption historique, au sein de l’Organisation internationale du Travail (OIT), de normes internationales visant à améliorer le sort de millions de travailleurs domestiques.


Le représentant a annoncé que son pays avait ratifié le Statut de la Cour pénale internationale.  « Nous nous sommes élevés contre l’impunité de la domination coloniale.  Maintenant, nous nous associons au reste du monde pour dire que l’impunité ne sera plus jamais tolérée », a-t-il poursuivi.  Il a également exhorté à une plus grande coopération internationale dans la lutte contre les actes de piraterie, rappelant que 70 marins philippins étaient toujours pris en otage par des pirates dans le golfe d’Aden et dans l’océan Indien.  M. Cabactulan a indiqué que l’équité devrait gouverner la réforme du Conseil de sécurité, afin que sa représentativité et sa composition géographique soient améliorées.  Les États qui appuient davantage de responsabilité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales devraient se voir accorder une réelle chance d’être de futurs membres permanents du Conseil, a-t-il conclu.


M. VINCE HENDERSON (Dominique) a mis l’accent sur les difficultés particulières de pays des Caraïbes comme la Dominique pour faire face aux conséquences des ouragans qui se répètent chaque année.  Il a dit que les changements climatiques étaient une question liée à l’énergie, en rappelant que la fourniture d’une énergie fiable, accessible et bon marché est une question critique du développement durable et de la réalisation des OMD.  Il a souligné l’importance de l’Initiative pour l’énergie durable des petits États insulaires en développement (SIDS-DOCK), en rappelant que près de 30 petits États insulaires en développement ont signé un accord établissant cette initiative créée par l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) sous la présidence de la Grenade, en partenariat avec le Gouvernement du Danemark, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la Banque mondiale.  Il a souligné que le secteur de l’énergie durable représentait le fondement du développement durable de petits États insulaires comme la Dominique.  Il a précisé que son pays travaillait depuis 10 ans au développement de son potentiel géothermique, avec le soutien d’organismes internationaux et de partenaires au développement.  Avec la contribution de l’Union européenne, du Gouvernement de la France, des conseils régionaux de la Guadeloupe et de la Martinique, a précisé le représentant de la Dominique, nous préparons des forages de géothermie qui permettront non seulement de répondre à nos besoins nationaux en électricité, mais aussi à ceux des territoires français de Guadeloupe et de Martinique.  Par ailleurs, il a notamment attiré l’attention sur les conséquences du trafic d’armes légères sur les pays des Caraïbes qui ne produisent ni armes ni munitions.  Il a souhaité l’avènement des négociations sur un traité sur le commerce des armes.  La Dominique, en tant que signataire de la Déclaration des CARICOM sur les armes légères et de petit calibre, est déterminé à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire face à ce fléau, a-t-il assuré.  Le représentant a indiqué que les maladies non transmissibles représentaient l’un des pires défis pour la santé et le développement de la Dominique, en espérant que la mise en œuvre de la Déclaration politique adoptée lors du débat de haut niveau de l’ONU sur cette question permettra de répondre aux attentes des pays en développement. 


M. DONATUS KEITH ST. AIMÉE (Sainte-Lucie) a comparé le fardeau des crises économique, financière et environnementale sur les épaules des petits États insulaires en développement à « celui d’un éléphant sur une fourmi ».  Soulignant le rôle vital que jouent les océans dans le développement économique de ces pays, il a expliqué que la protection des côtes et des ressources maritimes était d’une importance capitale pour Sainte-Lucie.  « Notre pays s’est ainsi doté depuis des années d’une législation pointue en matière de pêcheries responsables et le Gouvernement a mis en place un cadre institutionnel de gestion intégrée des zones côtière », a précisé M. St-Aimée.  Attirant l’attention sur le danger que fait peser la montée des eaux sur son pays, le représentant a souligné l’importance de créer une approche intégrée du développement durable dans la mer des Caraïbes.  Dans ce contexte, il a appelé la communauté internationale à mettre l’accent sur la gestion des océans à l’approche des préparatifs de la Conférence Rio+20.  Faisant remarquer que les investissements étrangers étaient faibles dans les PEID, le représentant a souhaité que les pays développés les assistent à réaliser leur potentiel en faveur de l’énergie renouvelable et à mettre au point des programmes d’efficacité énergétique.  Se félicitant de l’adoption, l’an passé, du Protocole de Nagoya sur l’accès et le partage des ressources génétiques, M. St-Aimée a exhorté tous les pays à travailler en étroite coopération pour conserver les ressources biologiques communes.  Il a conclu en dénonçant la poursuite de l’embargo « anachronique » imposé par les États-Unis à Cuba, lequel, a-t-il dit, compromet le droit du peuple cubain à la prospérité et au progrès.


M. CARSTEN STAUR (Danemark) a relevé la rapidité avec laquelle pouvaient évoluer les crises à travers le monde, comme cela a été le cas à la suite de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire.  De la Tunisie à l’Égypte, de la Libye à la Syrie, de Bahreïn au Yémen, et au delà, les peuples, a souligné le délégué, demandent leurs droits et libertés et se lèvent pour leurs aspirations et valeurs.  La communauté internationale, sous la direction des Nations Unies, a la responsabilité morale de soutenir ces aspirations historiques, a-t-il soutenu.  Le Danemark, a-t-il poursuivi, est fier d’avoir appuyé les aspirations légitimes du peuple libyen et d’avoir contribué à la protection des civils dans ce pays.


Il a par ailleurs estimé que la seule réponse crédible aux demandes légitimes des peuples du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord était la mise en place de réformes économiques et politiques durables.  Malheureusement, certains pays comme la Syrie continuent d’ignorer leurs responsabilités et obligations en tant que membres de la communauté internationale.  « Il est plus que temps de respecter le droit de manifestation pacifique et les demandes légitimes des populations », a insisté le représentant.  Pour accroître la pression sur le régime syrien, il faut adopter des sanctions contre celui-ci, a-t-il dit. 


Le représentant s’est ensuite appesanti sur la situation en Afghanistan, en faisant le vœu de voir ce pays franchir une nouvelle étape dans le cadre du processus de transition prévu pour 2014, lors de la prochaine Conférence de Bonn, en Allemagne.  À son niveau, l’ONU devrait, elle, s’atteler à un réexamen profond de ses activités dans le pays afin de maximiser ses contributions à la bonne gouvernance et à la lutte contre la corruption. 


Aujourd’hui, l’Afrique subsaharienne est confrontée à diverses difficultés limitant ses capacités à atteindre la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement à la date butoir de 2015, a averti le représentant.  S’il est vrai que l’appropriation nationale et la claire affirmation des engagements politiques demeurent les clefs pour un succès en ce domaine, il l’est tout autant que la coopération de développement constitue un atout pour dynamiser les efforts des pays les plus pauvres.  À ce propos, le Danemark demeure actuellement l’un des cinq rares pays à avoir rempli l’obligation d’allouer0,7% duproduit national brut à l’aide au développement.


Pour le Danemark, a encore dit M. Staur, la Conférence à venir de « Rio+20 » constitue une unique opportunité pour faire de la question du développement durable l’une des priorités de l’ordre du jour international.  Dans un monde en proie à la raréfaction des ressources, à la pauvreté et aux changements climatiques, la transition vers l’économie verte est aujourd’hui une nécessité, a-t-il défendu.  Avant de conclure, il a appelé à une reprise des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens, selon un calendrier spécifique, en vue de parvenir à une paix durable et mettre fin au conflit, en se basant sur la solution de deux États vivant côte à côte, dans la paix et la sécurité.


Droits de réponse


Le représentant de l’Arménie a réagi à la déclaration faite par le Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan qui relève, selon lui, de la propagande de guerre froide.  Il a indiqué que cette déclaration montrait l’interprétation toute personnelle que faisait le Ministre azerbaidjanais de la Charte des Nations Unies, en ce qui concerne la situation dans la région du Nagorny-Karabakh.  Les accusations proférées mettent en danger le processus de négociation, a poursuivi le représentant, en rappelant qu’il n’était fait mention d’une agression arménienne dans aucune des quatre résolutions du Conseil de sécurité sur le sujet.  Il a également fait remarquer que les assertions selon lesquelles il y aurait un million de refugiés et que les forces arméniennes occuperaient 20% du territoire visé étaient sans fondement.  Si l’Azerbaïdjan ment à son peuple, il ne peut mentir à la communauté internationale, a-t-il dit.


En réponse, le représentant de l’Azerbaïdjan a fait observer que sa déclaration montrait clairement que l’Arménie ne voulait pas s’engager dans la voie de la paix.  Ce pays, qui a défendu une « idéologie raciste », ne saurait donner des leçons quant au règlement du conflit dans la région du Nagorny-Karabakh, a-t-il poursuivi.  Les tentatives par la minorité arménienne d’invoquer un droit à l’autodétermination ont constamment été jugées illégales, a-t-il aussi ajouté.  Le représentant a dénoncé l’expulsion de tous les ressortissants non arméniens des territoires occupés par le Gouvernement arménien, avant de souligner la recrudescence des attaques contre les ressortissants azerbaïdjanais.  L’Arménie doit renoncer à ses revendications sur le territoire de l’Azerbaïdjan et entretenir des relations civilisées avec ses voisins, a-t-il conclu.


Exerçant à son tour son droit de réponse, le représentant du Sri Lanka s’est dit troublé par les commentaires faits par le Ministre des affaires étrangères du Canada en dépit des efforts déployés pour tenir informée la délégation du canada, à Genève, des objections du Sri Lanka concernant sur un « dialogue interactif sur le processus de LLRC au Sri Lanka », qui avait été présentée par le Canada, dans le cadre de la session de mars 2012 du Conseil des droits de l’homme, à Genève.  Cette objection a été soutenue par un grand nombre de pays au sein de l’ONU, a affirmé le représentant.  Il a également fait valoir que la position de son pays avait pour objectif d’éviter que des organisations intergouvernementales, comme les Nations Unies, ne soient « utilisées » par certaines délégations pour défendre des intérêts nationaux ou encore pour appliquer un principe de manière sélective. 


« Ce débat fut sans conteste historique inoubliable », a déclaré M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, dans ses remarques de clôture.  Il a fait état de l’hommage qui a été rendu par les États Membres à « l’espoir réveillé » par les changements actuellement en cours dans le monde, ainsi que de l’appel lancé par les nouveaux dirigeants pour répondre aux aspirations de leur population en matière de respect de l’état de droit, de transparence, de prospérité, de justice et de respect des droits de l’homme, notamment du droit à la liberté d’expression.


M. Al-Nasser a également relaté le moment historique où le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, a annoncé avoir présenté au Secrétaire général une demande d’adhésion de la Palestine aux Nations Unies.  Il a dit espérer qu’au cours de cette session, les États Membres parviendraient à unir leurs efforts afin de trouver une solution complète au conflit israélo-palestinien en accord avec les termes de références et le droit international.


Commentant ensuite le thème de cette soixante-sixième session, « Le rôle de la médiation dans le règlement des différends par des moyens pacifiques », le Président de l’Assemblée générale a constaté que les États Membres estimaient que la médiation était un outil économiquement rentable et que les organisations régionales et sous-régionales avaient un rôle essentiel à jouer dans la résolution des conflits.  Il a également évoqué le rôle « essentiel » des femmes et l’importance croissance de la société civile dans le cadre des efforts de médiation.


M. Al-Nasser a ensuite affirmé que, dotée d’une légitimité unique et d’un « pouvoir de convocation inégalé », l’Assemblée générale devait répondre de manière proactive aux problèmes internationaux.  Il a, de plus, jugé qu’une réforme du Conseil de sécurité s’imposait pour que cet organe puisse refléter les réalités actuelles et être plus « représentatif, inclusif, démocratique et transparent ».  À cet égard, il a engagé les États Membres à insuffler un nouvel élan au processus de réforme de cet organe.


Le Président a également constaté que la crise humanitaire que connaît actuellement la corne de l’Afrique était une menace importante à la stabilité et à la prospérité de la région.  Il a annoncé qu’au cours de cette session, les États Membres allaient rédiger une résolution visant à améliorer la prévention et la réaction aux catastrophes.  Ce sera l’occasion pour les États Membres de clairement définir leur engagement pour répondre à la grave situation humanitaire de cette région, a-t-il ajouté. 


M. Al-Nasser a par ailleurs observé que les États Membres avaient souligné la nécessité urgente de repenser l’approche mondiale en matière de développement durable de manière à mettre l’accent sur l’énergie, l’eau et la sécurité alimentaire, entre autres.  « La Conférence Rio+20 sera l’occasion d’examiner de nouvelles stratégies en matière de développement durable », a-t-il observé, ajoutant que la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui doit se dérouler cette année à Durban, en Afrique du Sud, permettrait de réaliser des progrès en matière de la lutte contre les effets des changements climatiques.


M. Al-Nasser a par ailleurs pris note du fait que les États Membres avaient enjoint l’ONU à occuper un rôle de chef de file dans le cadre du processus de réforme de l’ordre financier et économique.  Il a également encouragé les États Membres à revitaliser la mécanique du désarmement de l’ONU et à promouvoir les négociations relatives à la Conférence sur le désarmement.


Le Président de l’Assemblée générale a enfin affirmé qu’il accorderait une attention toute particulière à la mise en œuvre « pleine et effective » des Programmes d’action de l’Assemblée générale relatifs aux pays vulnérables.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Conseil de sécurité: le Représentant du Conseil national de transition libyen (CNT) demande la levée du gel de tous les avoirs libyens pour faciliter la reconstruction

CS/10395

Conseil de sécurité: le Représentant du Conseil national de transition libyen (CNT) demande la levée du gel de tous les avoirs libyens pour faciliter la reconstruction

26/09/2011
Conseil de sécuritéCS/10395
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

6622e séance – matin                                       


CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE REPRÉSENTANT DU CONSEIL NATIONAL DE TRANSITION LIBYEN (CNT)

DEMANDE LA LEVÉE DU GEL DE TOUS LES AVOIRS LIBYENS POUR FACILITER LA RECONSTRUCTION


Le Président du Bureau exécutif du Conseil national de transition libyen (CNT) a exhorté ce matin le Conseil de sécurité à lever le gel de tous les avoirs libyens afin de donner au CNT, « seul représentant légitime de la Libye » aux Nations Unies, les moyens de financer la reconstruction du pays.


Tout en étant reconnaissant au Conseil de sécurité d’avoir autorisé*, le 16 septembre dernier, le dégel de près de 16 milliards de dollars, ainsi que d’avoir retiré certaines compagnies libyennes de la liste des entités visées par des sanctions, M. Mahmoud Jibril a plaidé pour que tous les avoirs soient débloqués, à défaut de quoi le CNT ne sera pas en mesure de fournir à la population les services de base qui lui sont plus que jamais indispensables dans la Libye postconflit.


Le Président du Comité créé par la résolution 1970 (2011), M. José Filipe Moraes Cabral, du Portugal, a rappelé qu’en adoptant la résolution 2009 (2011), le Conseil de sécurité avait réaffirmé sa détermination de mettre les avoirs libyens à la disposition du CNT le plus rapidement possible.  « Les 16 milliards de dollars déjà débloqués l’ont été pour permettre au CNT de répondre aux besoins humanitaires qui se posent dans le pays », a-t-il précisé.


« Le maintien du gel des avoirs restants pourrait saper le leadership du CNT dans ses efforts visant à redresser la Libye », a insisté M. Jibril, qui a assuré que les circonstances qui prévalaient lorsque le colonel Mouammar Al-Qadhafi était au pouvoir n’existent plus, même si celui-ci reste un fugitif.


À cet égard, M. Jibril a souligné le danger que continuera de faire peser le dirigeant déchu tant qu’il ne sera pas arrêté.  « Al-Qadhafi a toujours de l’argent et de l’or et même depuis l’étranger, il pourrait renouer avec ses pratiques terroristes en inondant d’armes le continent », a-t-il souligné.


Abordant la question des mauvais traitements infligés aux travailleurs migrants subsahariens en Libye, le Président du Bureau exécutif a assuré que les incidents signalés récemment ne reflétaient en aucun cas une politique délibérée du Conseil national de transition.


Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. B. Lynn Pascoe, a rappelé que le Président du CNT, M. Moustafa Abdel-Jalil, avait réaffirmé, lors de la Réunion de haut niveau convoquée par le Secrétaire général le 20 septembre à New York, son attachement aux « principes de tolérance, de modération, de réconciliation, des droits de l’homme et de l’état de droit, et en particulier les droits des femmes et des migrants ».


Mais, M. Pascoe a relayé les préoccupations du Secrétaire général concernant le bien-être des migrants africains et des ressortissants de pays tiers.  En effet, si plus de 200 000 d’entre eux ont pu être évacués, nombreux sont ceux qui continuent d’avoir besoin d’une aide dans les camps de transit et ailleurs.  Le Secrétaire général a donc exhorté le CNT à prendre soin, dans les meilleurs délais, de ceux d’entre eux qui se trouvent en détention et d’assurer la sécurité des migrants qui continuent de travailler en Libye.


M. Pascoe est intervenu ce matin afin d’informer les membres du Conseil de sécurité des derniers développements en Libye, où la Mission d’appui des Nations Unies dans ce pays (MANUL) a été déployée, pour une période initiale de trois mois, afin notamment d’y « épauler et soutenir les efforts » déployés par le CNT afin d’« entamer une concertation publique sans exclusive », de « lancer la rédaction de la constitution et le processus électoral », de « défendre et protéger les droits de l’homme », d’« étendre l’autorité de l’État » et de « prendre les mesures immédiates voulues pour relancer l’économie ».


Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques a indiqué que la situation semblait « remarquablement » calme à Tripoli, ville dont les infrastructures sont intactes, et où la vie a repris son cours.  Toutefois, les combats font toujours rage à Syrte, où l’OTAN poursuit ses opérations militaires, ainsi qu’à Bani Walid et dans d’autres poches de résistance à travers le pays.  La situation sécuritaire reste précaire, a-t-il relevé, comme le prouve l’attaque perpétrée récemment par les forces pro-Al-Qadhafi contre la localité deGhadamès, près de la frontière algérienne.


Outre le statut des migrants, trois défis d’envergure se posent au CNT, a souligné M. Pascoe.  Le premier tient à la nécessité urgente de prendre des mesures pour sceller la réconciliation nationale et veiller à ce que tous les groupes armés intègrent un commandement unifié et prêtent allégeance politique au Conseil.  « La formation d’un gouvernement provisoire inclusif reflétant la diversité de la société libyenne constituera un pas décisif dans cette direction », a-t-il estimé, précisant que les premiers experts électoraux de l’ONU arriveraient cette semaine à Tripoli.


Le second défi à relever par le CNT consiste à récupérer les stocks considérables d’armes sophistiquées accumulés par le régime du Colonel Al-Qadhafi et qui comprennent notamment des missiles sol-air.  Évoquant les risques qui se poseraient si de telles armes tombaient aux mains de terroristes, le Secrétaire général adjoint a d’autre part jugé impératif de mettre la main sur les matériaux destinés à mettre au point des armes chimiques.


Alors que le 22 septembre, des forces associées au CNT ont découvert à Jufra un dépôt de matériaux de cette nature, il est d’une importance capitale, a insisté M. Pascoe, que des mesures soient prises afin de sécuriser ces stocks et, dans la mesure du possible, de les détruire, en coopération avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Réagissant à ces propos, le Président du Bureau exécutif du CNT a déclaré que, dans ce cas aussi, il fallait donner au CNT les moyens de mener à bien une telle tâche.


Par ailleurs, tout en appelant à la mise en place de mécanismes qui permettraient d’établir les responsabilités en ce qui concerne les graves violations des droits de l’homme commises en Libye pendant le conflit, le Secrétaire général adjoint a lancé un appel pour qu’il soit mis fin aux agressions et aux mauvais traitements infligés aux partisans du régime déchu.


Dressant enfin un bilan de la situation humanitaire, M. Pascoe a indiqué que 117 000 personnes vulnérables, dont des personnes déplacées, bénéficiaient en ce moment d’une aide humanitaire de la part des instituions des Nations Unies, tandis que près de 40 000 autres ont désormais accès à des approvisionnements en eau potable.


*     CS/10389


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Débat général: plusieurs États Membres insistent sur le rôle de la médiation dans le règlement pacifique des conflits

AG/11154

Débat général: plusieurs États Membres insistent sur le rôle de la médiation dans le règlement pacifique des conflits

26/09/2011
Assemblée généraleAG/11154
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

25e, 26e & 27 séances plénières

Matin, après-midi & soir


DÉBAT GÉNÉRAL: PLUSIEURS ÉTATS MEMBRES INSISTENT SUR LE RÔLE DE LA MÉDIATION

DANS LE RÈGLEMENT PACIFIQUE DES CONFLITS


L’Assemblée générale a poursuivi, aujourd’hui, son débat général entamé le mercredi 21 septembre, plusieurs pays s’attachant à développer son thème principal sur le rôle de la médiation dans le règlement des conflits par des moyens pacifiques.  Les « soulèvements arabes » ont également été au cœur de nombreuses interventions.


Le thème du débat général de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale ne pouvait trouver meilleure illustration que l’expérience vécue par le Libéria, dont a témoigné le Vice-Président, M. Joseph Boakai.  Le Libéria, a-t-il dit, a « énormément bénéficié des efforts de médiation des Nations Unies et des organisations régionales pour restaurer la stabilité après une guerre civile de 14 ans ».   


Pour le Vice-Président ougandais, M. Edward Kiwanuka Ssekandi, il s’agit de renforcer le rôle des organisations régionales et sous-régionales.  Celles-ci, a-t-il dit, sont des « acteurs clefs pour la prévention et le règlement de conflits ».  Son homologue de la Gambie, Mme Aja Isatou Nje-Saidy, a rappelé que les récents conflits ayant émergé en Guinée et en Guinée-Bissau avaient tous été réglés conjointement avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). 


M. Ssekandi a, de même, estimé que les initiatives de paix devraient être prises en charge par la région concernée, tout en bénéficiant d’un appui solide des organisations régionales, de l’ONU et d’autres acteurs importants.  M. Ssekandi, qui a préconisé la mise en place de mécanismes de paix et de réconciliation pour « panser les plaies des conflits », a également observé qu’il était parfois préférable de privilégier la paix à la justice pour renforcer la confiance mutuelle entre les parties.


Nombre des Vice-Présidents ou Ministres qui se sont succédé à la tribune de l’Assemblée générale ont abondamment commenté les révolutions ou révoltes ayant éclaté au cours de ces derniers mois dans le monde arabo-musulman.


Ces soulèvements constituent le « plus grand mouvement de libération » depuis la chute du mur de Berlin, a noté le Vice-Président des Maldives, M. Mohamed Waheed, qui a estimé que la « marche de la démocratie était inévitable » dans ces pays à majorité musulmane.  « Nous croyons à la compatibilité de l’Islam et des droits de l’homme », a-t-il dit, ajoutant que les Maldives avaient l’intention d’organiser, en 2012, une grande conférence internationale sur la jurisprudence islamique progressive et les droits de l’homme. 


Pour le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc, M. Taïb Fassi Fihri, « les bouleversements majeurs que connaît aujourd’hui le monde arabe démontrent qu’il n’existe aucune exception régionale, culturelle ou de civilisation aux aspirations légitimes des peuples à la liberté, à la dignité et aux valeurs universelles », de même qu’ils confirment qu’« il ne saurait y avoir de développement économique et social en l’absence d’une ouverture politique et d’une évolution démocratique ». 


Son collègue tunisien, M. Mohamed Mouldi El Kefi, a rendu hommage « aux martyrs et aux jeunes de la révolution pacifique tunisienne » qui, a-t-il dit, ont offert au monde le « printemps arabe ».  Soulignant la priorité de son gouvernement en faveur de la protection des droits de l’homme et des libertés civiles, il a également exprimé son souci de répondre aux conséquences humaines et économiques de la crise libyenne.  Il a salué le succès de la révolution libyenne, qui aura, selon lui, un impact positif sur les relations entre les deux pays et le processus d’édification de l’Union du Maghreb arabe.


De son côté, le Chef de la diplomatie syrienne, M. Walid Al-Moualem, a regretté la présence de groupes armés dans son pays qu’il a qualifiée d’« intervention étrangère ».  Il a exhorté les États qui soutiennent les besoins de réforme à soutenir la position officielle de la Syrie plutôt que d’opter pour la défiance.  Il a en outre assuré qu’aucun élément de la Charte des Nations Unies n’autorisait l’Organisation à s’immiscer dans les affaires intérieures d’un État. 


Le Moyen-Orient, et plus particulièrement la question du statut de la Palestine à l’ONU, fut très présent dans les interventions de la journée.  Le Ministre allemand des affaires étrangères, M. Guido Westerwelle, dont le pays siège au Conseil de sécurité, a souligné la nécessité d’« éviter la confrontation verbale qui a eu lieu entre les deux parties ici à New York » et a exhorté celles-ci à reprendre sans plus tarder les négociations directes.


Plusieurs chefs de délégation ont rappelé la position de leur pays en faveur de l’établissement d’un État palestinien souverain et indépendant, sur la base des frontières de 1967.  Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce de l’Irlande a, quant à lui, précisé que la Palestine avait « le même droit que l’Irlande et n’importe quel autre Membre des Nations Unies à être admise au sein des Nations Unies ». 


Par ailleurs, la Chine a insisté sur les défis liés à l’économie mondiale et au « grand déséquilibre » que représente, à ses yeux, l’inégalité de développement entre le Nord et le Sud.  Son Ministre des affaires étrangères, M. Yang Jiechi, a notamment souhaité que le G-20 passe d’un outil de gestion de crise à court terme à un mécanisme de gouvernance économique à long terme.  Les préoccupations des pays les moins avancés (PMA) et la promotion du Cycle de négociations de Doha doivent être prises en compte, a-t-il ajouté.


Avant de suspendre la séance, l’Assemblée générale a entendu les représentants de la République islamique d’Iran, des Émirats arabes unis et de l’Égypte qui ont exercé leur droit de réponse.


L’Assemblée générale achèvera demain, mardi 27 septembre, son débat général.


RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/66/1)


Suite du débat général


Le général de corps d’armée MOMPATI S. MERAFHE, Vice-Président du Botswana, a affirmé que tous les problèmes et tous les défis de l’humanité d’aujourd’hui pouvaient être réglés dans le respect de la lettre et de l’esprit de la Charte des Nations Unies et du droit international.  Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité de lutter contre la faim, les maladies et l’analphabétisme, et d’encourager le respect des droits de l’homme et des libertés, de réagir aux différentes catastrophes naturelles et aux défis humanitaires.


M. Merafhe a en outre rendu hommage au Soudan du Sud pour son accession à la place qui lui revient au sein de la communauté internationale.  Le Soudan du Sud, a-t-il ajouté, aura besoin du soutien de la communauté internationale pour régler les nombreux défis auxquels le pays doit faire face.  Le Botswana fera tout ce qui est en son pouvoir pour aider les Soudanais du Sud à transformer leur liberté politique en fruits économiques tangibles.  De même, le Vice-Président a exhorté la communauté internationale à rester très engagée dans l’accompagnement du processus en Côte d’Ivoire.  S’agissant de la Somalie, il a pris note de la conclusion de l’Accord de Kampala, lequel constitue, a-t-il dit, un pas important vers l’amélioration et le règlement de la situation politique de ce pays.  Il s’est dit néanmoins très préoccupé par la crise humanitaire dans ce pays.  Par ailleurs, le Vice-Président du Botswana a estimé que tout dirigeant qui utilise la force contre son propre peuple ne pouvait être reconnu comme représentant légitime de son peuple.  La communauté internationale doit prendre toutes les mesures dont elle dispose pour protéger les civils de tels gouvernements répressifs et les tenir pour responsables de leurs atrocités, a-t-il déclaré.  À cet égard, l’appui à la Cour pénale internationale (CPI) est, a-t-il dit, essentiel pour que le Statut de Rome puisse être mis en œuvre.   


Concernant le développement durable et l’élimination de la pauvreté, M. Merafhe a souligné que la « citoyenneté mondiale » exigeait que des actions pratiques soient menées pour faire face aux défis de la communauté internationale.  Il faut mobiliser la volonté politique nécessaire pour trouver des solutions durables à ces défis, a-t-il dit, mettant l’accent sur la nécessité, notamment, de lutter contre le VIH/sida, le choléra et les effets des changements climatiques.  Il convient, à ses yeux, de faire en sorte que le développement durable dans ses trois piliers social, économique et environnemental demeure le cadre primordial pour aboutir à une approche équilibrée en faveur du développement.  À cet égard, a-t-il poursuivi, l’élimination de la pauvreté doit rester au cœur de tous les programmes et politiques.  Le Vice-Président s’est déclaré préoccupé par l’évolution négative des négociations dans la perspective de l’élaboration d’une politique commune mondiale sur le développement durable au Brésil, en juin 2012, lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable.  Le processus de Rio+20 offre un cadre excellent pour tous les États Membres, individuellement et collectivement, de rassembler leurs efforts en vue d’atteindre le développement durable.  De la même façon, la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui doit se tenir à Durban, en Afrique du Sud en décembre prochain, doit être l’occasion pour la communauté internationale, de renverser la tendance des conséquences dévastatrices des changements climatiques sur la planète.  M. Merafhe a, en particulier, souligné l’importance d’une coopération Sud-Sud, d’un partenariat entre le secteur public et le secteur privé, d’une mobilisation des ressources, du transfert des technologies et d’un renforcement des capacités pour aider les pays comme le Botswana à exploiter leurs ressources abondantes en charbon en vue d’une production énergétique durable et soucieuse de la protection de l’environnement.


M. MOHAMED WAHEED, Vice-Président des Maldives, a fait remarquer que le plus grand mouvement de libération depuis la chute du mur de Berlin se produisait en ce moment dans des pays en majorité musulmans.  « La marche de la démocratie est inévitable », a-t-il dit.  Aux Maldives, la révolution a commencé il y a 8 ans, et l’élection présidentielle de 2008 a mis pacifiquement fin à 30 ans de régime autoritaire.  « Nous croyons à la compatibilité de l’Islam et des droits de l’homme », a ajouté le Vice-Président, et les Maldives s’efforcent de promouvoir la compréhension et la tolérance.  C’est la raison pour laquelle il a l’intention d’organiser, en 2012, une grande conférence internationale sur la jurisprudence islamique progressive et les droits de l’homme.  M. Waheed a annoncé que les Maldives avaient accédé la semaine dernière au Statut de Rome de la Cour pénale internationale.  Les moyens des Maldives, qui sont un petit État insulaire en développement, sont modestes, a-t-il fait remarquer, tout en assurant que son pays était également impatient de s’engager, pour la première fois de son histoire, dans les efforts de maintien de la paix des Nations Unies à travers le monde.


Les Maldives ont récemment quitté le statut de pays moins avancé mais elles souhaitent continuer à bénéficier d’une aide de la communauté internationale dans ce processus de transition.  « Les changements climatiques sont un danger très clair, très concret qui met en péril l’existence même des Maldives », a poursuivi le Vice-Président.  Le pays se trouve à seulement 1,5 mètre en moyenne au dessus du niveau de la mer.  La réduction des émissions de dioxyde de carbone au niveau mondial n’est pas qu’une question environnementale, c’est aussi une question de sécurité nationale.  M. Waheed a indiqué que son pays investira 2% de ses ressources au minimum dans les énergies renouvelables.  Le sort des petits États insulaires en développement est étroitement lié au processus de Rio, a-t-il insisté, espérant que la Conférence Rio+20, qui se tiendra au Brésil l’année prochaine, donnera à la communauté internationale l’élan nécessaire pour les aider à relever ce défi.


M. JOSEPH BOAKAI, Vice-Président du Libéria, a déclaré que son pays avait énormément bénéficié des efforts de médiation des Nations Unies et des organisations régionales pour restaurer la stabilité après une guerre civile de 14 ans.  Le Libéria enregistre aujourd’hui des progrès au niveau des services de base, des infrastructures et de l’état de droit.  L’accent est mis sur l’autonomisation des femmes et des jeunes.  Le Vice-Président a indiqué que le renforcement de la police nationale constituait également une priorité.  Préoccupé par la situation sécuritaire dans le bassin du fleuve Mano, il a remercié le Conseil de sécurité d’avoir reconduit le mandat de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL).  Il s’est aussi félicité de ce que son pays soit inscrit à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix.


Le Libéria s’apprête à conduire une autre élection démocratique le 11 octobre 2011, a poursuivi M. Boakai.  Tout est fait pour garantir un processus libre, juste, transparent et crédible.  Il a invité la communauté internationale à observer ces élections.  Sur le plan économique, il a déploré les effets négatifs de la dette extérieure et la détérioration des termes de l’échange, ainsi que le déclin des investissements et des flux de capitaux.  Il a espéré que le Programme d’action d’Istanbul apportera des changements concrets pour les pays les moins avancés.  Face à l’augmentation des prix des denrées alimentaires, le Libéria a mis en place le plan « Arrêter la faim au Libéria », afin de renforcer la chaîne alimentaire dans son ensemble.  Le Vice-Président libérien a souligné ensuite que son pays avait l’un des taux de mortalité maternelle et infantile les plus élevés au monde, du fait notamment du manque de professionnels de la santé qualifiés et de médicaments.  Enfin, M. Boakai s’est joint au chorus des nations qui demandent un Conseil de sécurité plus représentatif, reflétant les réalités du XXI siècle.  Il a encouragé le Secrétaire général à poursuivre ses efforts pour moderniser l’Organisation.


M. DANILO ASTORI, Vice-Président de l’Uruguay, a réaffirmé l’attachement de son pays au respect du droit international et à la cause de la paix et de la coexistence pacifique entre États.  À cet égard, l’Uruguay est pleinement engagé dans la promotion du dialogue et la recherche de consensus au plan international.  Il a salué l’admission du 193e État Membre aux Nations Unies, à savoir le Soudan du Sud, et a rappelé que son pays avait reconnu, en mars dernier, l’État de Palestine.  De l’avis du Vice-Président, « toutes les conditions sont réunies pour reconnaître universellement la Palestine » et pour que la solution de deux États devienne réalité.  Il a ajouté que pour son gouvernement, le peuple palestinien est en droit d’obtenir son propre État, tout comme le peuple israélien a le droit de vivre en paix et en sécurité, sans redouter des attentats terroristes.  L’Uruguay, a-t-il précisé, a toujours condamné de tels actes terroristes.  Le Vice-Président a également expliqué que la politique étrangère de son pays était à la fois guidée par le respect du droit international que celui des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  À cet égard, il a remercié les États Membres d’avoir élu l’Uruguay pour présider le Conseil des droits de l’homme, et a assuré, qu’à ce titre, son pays ne ménagera aucun effort pour renforcer le système multilatéral de protection et de promotion des droits de l’homme.  Au cours de son mandat, l’Uruguay entend promouvoir une nouvelle culture du dialogue sur les droits de l’homme.  Il souhaite en outre renforcer le rôle du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et des ressources dont il dispose, car il s’agit là d’un mécanisme clef pour la promotion et la protection des droits de l’homme.  De plus, cela permettrait au Haut-Commissariat aux droits de l’homme de pouvoir donner suite aux différents mandats que les États Membres lui assignent.  L’Uruguay espère pouvoir compter sur le plein appui des États Membres pour faire face à ce défi avec succès, a déclaré M. Astori.


Revenant sur la visite récente du Secrétaire général des Nations Unies en Uruguay, le Vice-Président a précisé qu’à cette occasion, la contribution que son pays continuait à apporter aux opérations de maintien de la paix avait été reconnue.  Avec environ 30% de ses forces armées dévouées à ces opérations, « cela fait de l’Uruguay le plus grand contributeur de troupes, proportionnellement à sa population, et le dixième en termes absolus », a indiqué le Vice-Président.  Compte tenu de la complexité croissante des missions de paix de l’ONU, son pays estime que la durabilité de ces missions sera impossible à moins de revoir sérieusement les ressources nécessaires à leur bonne marche et de mettre à niveau les conditions offertes par le système des Nations Unies, à la fois en ce qui concerne les équipements et les ressources humaines.  Le Vice-Président a ensuite évoqué le cas des cinq soldats uruguayens impliqués dans des actes de mauvaise conduite grave dans le cadre de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) et a expliqué que ces personnes étaient actuellement en prison en attendant leur procès.  « Mon gouvernement s’engage à sanctionner les coupables », a assuré M. Astori.  Le Vice-Président a également fait état de l’engagement de son pays en faveur du désarmement, et notamment l’élimination des armes nucléaires et autres armes de destruction massive.  En tant qu’État partie au Traité de Tlatelolco, l’Uruguay a contribué de manière décisive à la dénucléarisation de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes et à renforcer le régime de non-prolifération à l’échelle mondiale, a-t-il expliqué.


Abordant le thème du débat général de cette année, il a souligné que la médiation et la diplomatie préventive, toutes deux des outils essentiels pour la prévention de conflits, étaient souvent du ressort d’organisations régionales, voire même de pays individuels, pour complémenter les initiatives des Nations Unies.  Il s’agit, selon lui de mettre en place un « esprit communautaire » qui suppose plus qu’une agrégation de volontés politiques individuelles.  Une approche systématique est nécessaire selon M. Astori.


Évoquant ensuite les changements climatiques, qui sont, selon lui, l’une des plus grandes menaces internationales, il a lancé un appel pour que des mesures concrètes soient adoptées immédiatement pour pouvoir y remédier.  Dans ce contexte, il a invité la communauté internationale à redoubler d’efforts à la veille de la prochaine Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, en particulier pour ce qui est de limiter les émissions de gaz à effet de serre et la pollution par le mercure.


Par ailleurs, il n’a pas manqué de soulever le fait que « la paix et la sécurité sont étroitement liées au développement durable ».  Rappelant que la Conférence Rio+20 approche à grand pas, le Vice–Président a estimé qu’il s’agissait là de l’opportunité pour renouveler l’engagement de la communauté internationale en vue de réaliser les objectifs fixés dans le Plan d’action de Johannesburg et par Action 21.  Pour relever ce défi, il estime essentiel que les questions de transfert de technologie, de formations techniques et de financement des pays en développement soient abordées.  Il a poursuivi en relevant l’importance de la question de la sécurité alimentaire, qui est l’une des priorités nationales de l’Uruguay.  « La situation actuelle dans ce domaine est le fruit de causes structurelles qui doivent être urgemment réglées de manière collective ».  À cet égard, il faudrait, selon lui, supprimer les subventions agricoles, car cela a contribué au fait que des pays qui, jusqu’il y a quelques décennies étaient autosuffisants d’un point de vue alimentaire, doivent aujourd’hui importer une large partie de leur consommation de pays qui subventionnent leur agriculture, a regretté le Vice-Président pour qui il s’agit là de la véritable origine de l’insécurité alimentaire à l’échelle mondiale.


Mme AJA ISATOU NJIE-SAIDY, Vice-Présidente de la Gambie et Ministre de la promotion de la femme, a souligné l’importance du rôle de la médiation en tant que mécanisme de résolution des conflits, à la fois aux niveaux national et international.  En Afrique, a-t-elle poursuivi, la médiation, en tant que moyen de règlement pacifique des différends, a toujours fait partie de la riche tradition culturelle et du droit coutumier en Gambie.  Il est également important que les processus de médiation soient assurés par les institutions régionales, a estimé la Vice-Présidente, en rappelant que les récents conflits ayant émergé en Guinée et en Guinée-Bissau avaient tous été réglés conjointement avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Cette région, tout en jouissant aujourd’hui d’une certaine stabilité, continue d’être confrontée à des défis comme le trafic de drogues, la piraterie et le trafic des armes.  En raison de la nature et l’étendue de ces menaces criminelles, cette région du continent africain a besoin de l’assistance de la communauté internationale, avant qu’il ne soit trop tard.  En Afrique de l’Ouest et au-delà, la Gambie, a assuré Mme Njie Saidy, continuera à contribuer aux efforts de médiation, ainsi qu’aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.


Mme Njie-Saidy a également attiré l’attention des États Membres sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  « Nous avons déjà accompli des progrès en ce domaine, mais nous nous battons encore pour la réalisation de certains objectifs du développement », a-t-elle indiqué.  À cette fin, elle a invité la communauté internationale à apporter son appui aux efforts de son pays.  « Les changements climatiques continuent de constituer un véritable défi pour l’ensemble de la communauté internationale », a ensuite déclaré la Vice-Présidente, en disant espérer que la prochaine Conférence Rio+20 sera l’occasion de la mise en œuvre des engagements et non pas celle du renoncement.  Par ailleurs, la Vice-Présidente a apporté son soutien à la délégation de la Libye, qui est actuellement engagée dans un processus de réconciliation et de reconstruction.  Elle a, dans ce contexte, rappelé que son pays avait été l’un des premiers, en Afrique, à reconnaître la légitimité du Conseil national de transition libyen.  Mme Njie-Saidy a ensuite exhorté les Nations Unies à œuvrer pour la participation active de Taiwan aux activités des institutions spécialisées des Nations Unies et autres mécanismes du système de l’ONU, notamment à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).  Avant de conclure, elle a plaidé pour une réforme du Conseil de sécurité.


M. EDWARD KIWANUKA SSEKANDI, Vice-Président de l’Ouganda, a souligné l’importance de la médiation pour prévenir les conflits dans un pays, mais également dans une région tout entière.  Fidèle à ce principe, l’Ouganda n’a cessé de plaider en faveur du renforcement du rôle des organisations régionales et sous-régionales qui, selon le Vice-Président, sont des acteurs clefs pour la prévention et le règlement de conflits.  L’Ouganda a été partie prenante dans plusieurs initiatives de paix dans la corne de l’Afrique et autres régions d’Afrique, a précisé M. Ssekandi.  Ainsi, son pays a participé au Processus de paix du Burundi, et aux négociations menées sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGA) sur l’accord de paix global du Soudan qui a permis la création de la nouvelle nation du Soudan du Sud.  Dans le cas de la Somalie, l’Ouganda fournit des troupes à l’AMISOM, et continue à encourager le Gouvernement fédéral de transition de la Somalie à promouvoir le dialogue avec les autres parties prenantes au processus de paix de Djibouti et à l’Accord de Kampala, a indiqué le Vice-Président.  Il est d’avis que, pour consolider les acquis sur le terrain, il est essentiel que la communauté internationale renforce son appui au Gouvernement fédéral de transition (GFT), déploie 3 000 troupes supplémentaires et approuve un mécanisme prévisible et fiable pour le financement de l’AMISOM et de l’aide humanitaire.


Le Vice-Président ougandais a présenté les facteurs nécessaires au succès de la prévention et du règlement de conflits.  Tout d’abord, les initiatives de paix devraient être prises en charge par la région concernée, tout en bénéficiant d’un appui solide des organisations régionales et des Nations Unies et autres acteurs importants.  M. Ssekandi a également soutenu que parfois, il était préférable de privilégier la paix à la justice pour renforcer la confiance mutuelle entre parties.  Il a également préconisé de mettre en place des mécanismes de paix et de réconciliation pour « panser les plaies des conflits ».  Il est en outre essentiel que les programmes de reconstruction postconflit soient simultanément mis en place afin de bénéficier des dividendes de la paix, a-t-il ajouté.  « La médiation est un investissement utile et bien moins coûteux que d’autres alternatives comme le maintien de la paix », a fait remarquer le Vice-Président, ajoutant qu’elle pouvait souvent même éviter des guerres et leurs conséquences terribles.  Pour sa part, l’Ouganda continue de penser que les différends entre pays ou les conflits internes sont souvent mieux réglés par des solutions sur le plan national.  Les influences et interventions externes n’offrent pas forcément de solutions durables à ces conflits, « au contraire, elles tendent à entretenir une tendance de déstabilisation », a expliqué M. Ssekandi.  Les Nations Unies et la communauté internationale doivent tenir compte des intérêts et des préoccupations de toutes les parties et s’engager davantage sur la voie de la coordination, de la consultation et du partage d’informations avec toutes les parties concernées, a proposé le Vice-Président.  Le soutien de la communauté internationale devrait se limiter, a-t-il dit, aux domaines mutuellement acceptés par toutes les parties.  Cependant, lorsqu’un conflit politique éclate et nécessite le soutien international, il faudrait que cette réponse soit robuste, adéquate et vienne à temps.  En conclusion, le Vice-Président a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle « donne la possibilité à l’Afrique de régler ses propres conflits ».  L’Afrique a la volonté politique de le faire, a-t-il affirmé, avant d’ajouter qu’elle souhaiterait que toute intervention extérieure vienne renforcer les initiatives africaines pour trouver des solutions pacifiques.  Pour cela, il est essentiel que les partenaires de l’Afrique reconnaissent les mécanismes de règlement de conflits des organisations régionales africaines.  Il a également plaidé en faveur d’un rôle plus grand des femmes dans la médiation et le règlement des conflits.


HAJI AL-MUHTADEE BILLAH, le Prince héritier de Brunéi Darussalam, a indiqué que son pays suivait la direction fixée par le Sultan dans l’allocution qu’il avait prononcée devant l’Assemblée générale en 1984, lorsque Brunéi Darussalam est devenu Membre des Nations Unies.  Le pays s’était alors engagé en faveur du respect de l’intégrité territoriale et des principes de dialogue et de négociation dans les conflits, quelles que soient la durée des processus et les frustrations qu’ils engendrent.  Brunéi Darussalam s’efforce dans la mesure de ses moyens, a-t-il ajouté, d’apporter directement son assistance dans les efforts de maintien et de suivi de la paix et indirectement à travers ses contributions financières, que ce soit au niveau bilatéral qu’à travers les organes pertinents des Nations Unies et régionaux.


Le Prince Billah a également souligné que son pays soutenait fermement la médiation comme moyen de résoudre pacifiquement les différends et qui constitue un objectif des Nations Unies.  Aucune médiation, a-t-il dit, ne peut aboutir que si les parties concernées partagent un terrain commun.  Il a notamment estimé que la sécurité politique résidait dans les principes de la diplomatie parmi toutes les nations, en particulier le respect des traditions, des valeurs et des façons de vivre des autres.  Le Prince Billah a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.


M. HOR NAMHONG, Vice-Premier Ministre du Cambodge, a estimé que le contexte actuel de crise économique, de décroissance, de chômage et d’instabilité financière, en particulier aux États-Unis et dans les pays de la zone euro, témoignait à nouveau de l’importance d’une réforme de la gouvernance économique et financière mondiale, notamment par un renforcement du rôle institutionnel du Fonds monétaire international (FMI).  L’Asie est devenue un partenaire essentiel de l’économie mondiale et a pris la tête de la relance mondiale, a-t-il assuré, indiquant que le Cambodge prévoyait un taux de croissance de 8,7% cette année, après deux années de déclin en 2008 et 2009.  Le Vice-Premier Ministre a déploré que l’instabilité économique et financière persistante ait exacerbé l’incertitude autour du financement des projets de développement dans les pays pauvres, alors que les obstacles à la réalisation des OMD continuent d’entraver les progrès des pays en développement, en particulier les moins avancés.  Le prix élevé du pétrole pèse sur tous les aspects de l’économie des pays en développement, la sécurité alimentaire qui se dégrade empêche les progrès contre la malnutrition et la mortalité infantile, alors que le poids de la dette reste un défi majeur, a-t-il expliqué.  Le Cambodge, a-t-il cependant noté, s’était distingué en 2010 comme l’un des 20 pays en développement qui ont réalisé le plus de progrès vers les OMD, notamment en faveur de l’OMD nº6, concernant la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et les autres maladies.


De nombreuses promesses faites lors des Conférences de Copenhague et de Cancún concernant l’aide aux pays en développement pour faire face aux changements climatiques n’aient toujours pas été tenues, a regretté le Vice-Premier Ministre cambodgien.  Il a émis l’espoir que le Protocole de Kyoto sera étendu lors de la prochaine Conférence de Durban, à la fin de l’année.  De son côté, le Cambodge a lancé plusieurs programmes pour l’atténuation des risques, la reforestation et la gestion des ressources en eau.  Le Vice-Premier Ministre a appelé à mettre en place un organe mondial de gestion du pétrole pour éviter que le monde continue d’être à la merci de la spéculation, tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles.  La sécurité énergétique est intimement liée à la sécurité alimentaire, a-t-il souligné, rappelant que le Cambodge avait fait de l’intensification de sa production de riz une priorité et cherchait à mettre en place une association avec la République démocratique populaire lao, le Myanmar, la Thaïlande et le Viet Nam afin de contribuer à une stabilisation du marché.  Avant de conclure, il a appelé à finaliser le projet de convention générale des Nations Unies sur le terrorisme et à avancer vers une Asie du Sud-Est sans armes nucléaires.  Il a également souligné que la réforme des principaux organes des Nations Unies était nécessaire pour mieux répondre aux nouvelles réalités, en plaidant pour que l’Assemblée générale joue un rôle plus important et pour que le Conseil de sécurité soit en mesure de refléter les réalités du monde d’aujourd’hui.


M. EAMON GILMORE, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce de l’Irlande, a affirmé que pour répondre aux défis multiples et interdépendants du monde d’aujourd’hui, il y avait une ancre constante: les Nations Unies.  Aucune autre organisation n’est aussi bien équipée pour développer des réponses communes aux grandes questions de notre temps et aucune autre ne possède un tel impact mondial et une telle légitimité, a-t-il déclaré.  La liberté et l’égalité, qu’incarnent les Nations Unies, sont également les valeurs qui sous-tendent la réponse de l’Irlande aux principaux défis mondiaux et régionaux, a expliqué le Ministre.  Cet engagement, selon ces valeurs, place l’Irlande à l’avant-garde des efforts internationaux visant à résoudre les conflits, à assurer le maintien de la paix, à éliminer la faim et le sous-développement et à mettre un terme aux abus des droits de l’homme à travers le monde.  Évoquant les événements de ces derniers mois en Afrique du Nord ou au Moyen-Orient, M. Gilmore s’est félicité du rôle indispensable que les Nations Unies y ont joué.  Il convient, a-t-il dit, de faire en sorte que les changements démocratiques en cours soient consolidés et que les promesses d’amélioration profonde de la situation des droits de l’homme dans les pays concernés, notamment en ce qui concerne le rôle des femmes, soient tenues.  À propos de la Libye, il a jugé que tout dirigeant qui refuse d’écouter son peuple et de répondre à son désir clairement exprimé de paix de réforme ne pouvait espérer rester au pouvoir.


La situation au Moyen-Orient est urgente, a poursuivi le Ministre.  Il a rappelé la position de son pays en faveur de l’établissement d’un État palestinien souverain et indépendant, sur la base des frontières de 1967.  La Palestine a le même droit que l’Irlande et de n’importe quel autre Membre des Nations Unies à être admise au sein des Nations Unies, a-t-il dit.  Les négociations doivent, a-t-il estimé, reprendre le plus vite possible.  Il faut redonner dignité et soutien au peuple palestinien qui souffre depuis trop longtemps, a-t-il ajouté, précisant que l’Irlande se prononcerait en faveur d’un éventuel vote de l’Assemblée générale pour l’admission de la Palestine.  Il a également exhorté Israël à mettre fin à l’extension des colonies et à lever le blocus de Gaza.  Par ailleurs, M. Gilmore a affirmé que la faim constituait l’ennemi le plus grand de l’humanité.  Il a ainsi insisté sur l’obligation morale d’agir face aux souffrances qui en découlent.  Évoquant la famine dans la corne de l’Afrique et l’aide financière apportée par l’Irlande à cet égard, il a mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer aux causes des crises humanitaires afin de les éviter à l’avenir.


M. KENNETH BAUGH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, a déclaré que les situations de conflit trouvaient souvent leurs racines dans l’intolérance raciale et religieuse.  La Réunion de haut niveau pour célébrer le dixième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, a ainsi obligé la communauté internationale à réfléchir sur la mise en œuvre insuffisante des objectifs du Programme d’action.  Deux pays voisins de la Jamaïque, Haïti et Cuba, luttent pour leur développement économique, a poursuivi M. Baugh.  Le premier doit pouvoir continuer à bénéficier de l’aide de la communauté internationale; l’intégration de l’économie du second dans le marché des Caraïbes est essentielle pour le développement de la région.  Comme d’autres pays en développement, la Jamaïque a dû entreprendre des ajustements structurels douloureux.  Dans bon nombre de pays, « le chaînon manquant du progrès » est le besoin urgent de construire des capacités à travers le développement des infrastructures et des institutions.  À cet égard, le renforcement de la coopération Sud-Sud leur offre un espoir.  « Nous pouvons maximiser nos perspectives de croissance grâce à des partenariats économiques accrus et des investissements opportuns », a-t-il estimé avant de déplorer l’insuffisance de l’aide publique au développement.  Il a réitéré son appel pour la réforme des institutions financières internationales puis a souhaité que la huitième Conférence ministérielle sur les négociations commerciales de Doha débouche, en décembre prochain, sur un ensemble de mesures en faveur du développement.


La Jamaïque s’est engagée dans une politique commerciale basée sur l’exportation, avec la pleine participation du secteur privé, a expliqué le Premier Ministre adjoint de ce pays.  Par ailleurs, des défis critiques tels que la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique, les changements climatiques, la pauvreté et les maladies continuent de solliciter l’attention de la communauté internationale.  Sans un programme d’urgence pour réactiver les Objectifs du Millénaire pour le développement, ces objectifs risquent de ne pas être atteints d’ici à 2015, a-t-il mis en garde.  La Jamaïque, pour sa part, est sur la bonne voie.  Grâce à l’appui du Fonds mondial, elle a réussi notamment à réduire le taux d’infection par le VIH/sida.  En tant que petit État insulaire en développement, la Jamaïque a intérêt à ce que Rio+20 soit un succès.  La Conférence des Nations Unies sur le développement durable sera l’occasion de renouveler l’engagement de la communauté internationale sur l’Agenda 21, le Plan d’action de Johannesburg, le Programme et le Plan d’action de la Barbade ainsi que la Stratégie de Maurice.  M. Baugh a rappelé que 2012 marquera le trentième anniversaire de l’adoption de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, la Convention de Montego Bay.  La Jamaïque, comme ses partenaires de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), continue de faire face aux menaces posées par le trafic illicite de drogues, d’armes légères et de petit calibre et de munitions, s’est inquiété M. Baugh.  Grâce à une stratégie à multiples facettes et à des initiatives au niveau social, le Gouvernement a réussi à réduire le problème du crime et de la violence l’année dernière.  À cet égard, la Jamaïque appuie la conclusion d’un traité juridiquement contraignant, objectif et transparent sur le commerce des armes.


M. THEODORE BRENT SYMONETTE, Premier Ministre adjoint et Ministre des affaires étrangères des Bahamas, a déclaré que son pays avait été particulièrement touché par l’ouragan Irène, comme plusieurs États des Caraïbes et la côte est des États-Unis.  La dévastation causée par les ouragans et les tempêtes tropicales doit pousser la communauté internationale à prendre des mesures d’urgence pour contrer l’impact des changements climatiques et des catastrophes naturelles.  Les Bahamas sont confrontées à d’autres défis environnementaux, tels que la gestion de l’eau et des déchets.  Des progrès sont enregistrés en matière de biodiversité et d’énergie renouvelable.  M. Symonette espère que la Conférence Rio+20 prendra en considération les besoins qui n’ont pas été satisfaits dans les trois piliers du développement, à savoir la situation économique, la situation sociale et l’environnemental.  Les Bahamas et la Communauté des Caraïbes (CARICOM) cherchent à transformer le Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale en organe subsidiaire intergouvernemental du Conseil économique et social (ECOSOC), a indiqué le Vice-Premier Ministre des Bahamas.  Son pays continue de se débattre avec les effets de la crise économique et financière mondiale, notamment le chômage et la dette.  Par ailleurs, il a souligné l’importance de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey sur la Conférence internationale sur le financement du développement. 


M. Symonette a reconnu que la migration avait contribué au développement des Bahamas, notamment dans les secteurs de l’éducation, de la santé, du tourisme et des services financiers.  Toutefois, a-t-il dit, la migration incontrôlée pose un défi au développement durable.  Les Bahamas participent de manière constructive à la préparation du second Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement que l’Assemblée générale tiendra en 2013.  Le Vice-Premier Ministre des Bahamas, après avoir félicité Haïti pour l’élection démocratique de son Président, M. Michel Martelly, a espéré qu’un premier ministre pourra être nommé rapidement.  Il a appelé la communauté internationale à contribuer généreusement au Fonds pour la reconstruction et le développement d’Haïti.  Tout en appuyant le travail de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), il a souligné la nécessité pour les membres des personnels de la Mission de respecter les normes de conduite requises et d’être sanctionnés le cas échéant.


L’archipel des Bahamas est aujourd’hui confronté à une criminalité transnationale organisée élevée, du fait du trafic illicite d’armes légères et de drogues, a déploré M. Symonette.  Sur le plan national, les Bahamas ont entrepris un programme de réforme du droit pénal et s’adressent aux maux sociaux; régionalement, le pays coopère avec les pays de la CARICOM.  Il est favorable à l’adoption d’un traité sur le commerce des armes fort, efficace et non discriminatoire, en incluant la catégorie des armes légères et de petit calibre et des munitions.  Par ailleurs, M. Symonette a fait remarquer que les Bahamas devaient faire face à la menace croissante posée par les maladies non transmissibles qui ont des effets socioéconomiques importants dans la sous-région.


M. HAILEMARIAM DESALEGN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a insisté sur l’impact négatif de la mondialisation et de la crise économique mondiale sur le développement des pays les moins avancés comme le sien.  Tout en assurant que son gouvernement faisait son possible pour atteindre les OMD, notamment par le biais de son plan quinquennal pour la croissance et la transformation, il a indiqué que ces efforts se heurtaient à de nombreuses difficultés liées à la conjoncture économique actuelle.


Évoquant la sècheresse sans précédent qui frappe la corne de l’Afrique, le Vice-Premier Ministre a appelé la communauté internationale à se mobiliser davantage pour venir en aide à population somalienne et aux autres populations touchées par cette tragédie.  Le développement durable est la clef du succès dans la corne de l’Afrique, a-t-il estimé.  « Nos jeunes ne doivent pas vivre avec des frustrations mais plutôt avoir de l’espoir pour leur avenir », a-t-il déclaré, avant d’ajouter que la pauvreté conjuguée au manque de respect des droits de l’homme n’était pas une bonne recette pour la paix et la sécurité.  Ce constat l’a amené à faire le point sur les défis auxquels font face les pays membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement et, en particulier, sur les conséquences dévastatrices des changements climatiques.  L’Afrique, a-t-il dit, est le continent le plus touché par les changements climatiques alors que sa part de responsabilité dans ce domaine est extrêmement faible.  S’agissant de la question de la sécurité et de la stabilité dans la corne de l’Afrique, et de son impact négatif sur le développement de cette région, le Ministre a expliqué que les pays membres de l’IGAD cherchent à réaliser l’intégration sous-régionale à travers des projets d’infrastructure et en renforçant la paix et la sécurité dans la région.  À cet égard, il a souligné le rôle de l’IGAD dans le processus de paix au Soudan, ainsi que dans celui de la réconciliation nationale en Somalie, qui a permis la signature de l’Accord de Kampala.


Le Vice-Premier Ministre a également rendu hommage à l’Ouganda et au Burundi pour les sacrifices qu’ils ont fait, et continuent de faire, en tant que principaux contributeurs de troupes à l’AMISOM.  Il a invité les membres du Conseil à donner suite aux recommandations faites en ce sens par un organe du Conseil lui-même.  Abordant la question du terrorisme, il a estimé qu’il existe une politique de deux poids deux mesures dans la lutte contre le terrorisme à l’échelle internationale.  « Nos efforts de lutte contre le terrorisme ne peuvent être couronnés de succès si l’on adopte une approche sélective dans ce combat », a-t-il fait remarquer.  L’Éthiopie n’a jamais eu une « vision à court terme » sur ce qui doit être fait pour assurer sa sécurité nationale, a expliqué le Ministre.  Toutefois, seuls des efforts collectifs permettront de garantir la paix, la sécurité et la stabilité.  Il faut combattre ceux qui cherchent à semer la discorde chez leurs voisins, problème que la corne de l’Afrique ne connaît que trop bien, a poursuivi le Ministre, qui appelle la communauté internationale à faire passer l’intérêt sécuritaire collectif des peuples de la région au premier plan.  Il a conclu en demandant le soutien de tous les États Membres au projet de résolution présenté par les pays de l’Autorité intergouvernementale pour le développement en vue d’obtenir un statut d’observateur aux Nations Unies.


M. THONGLOUN SISOULITH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, a affirmé que son gouvernement s’était toujours fermement engagé en faveur du principe de règlement des différends par des moyens pacifiques, la préservation de la paix et de la sécurité internationales en vue de créer un environnement propice à la promotion de la coopération de développement.  Au cours des dernières décennies, a-t-il ajouté, le Gouvernement lao s’est attaché à poursuivre une politique étrangère de paix, d’indépendance, d’amitié et de coopération, tout en contribuant au maintien de la paix et de la sécurité internationales et régionales.  Le Ministre a indiqué que des progrès considérables avaient été effectués par son pays dans le domaine social et dans la réduction de la pauvreté.  Le Gouvernement a mis en œuvre, pour les cinq prochaines années, des cibles à court et moyen termes en vue d’accélérer le développement économique dans tous ses aspects et de jeter les bases solides d’une stratégie nationale visant à transformer le pays en une nation moderne et industrialisée et pour réaliser l’objectif de la radiation de la République démocratique populaire lao de la liste des pays les moins avancés.


La stabilité politique et sécuritaire, a estimé M. Sisoulith, demeure un élément essentiel du progrès du développement socioéconomique de toutes les régions.  Il a cependant ajouté que les Nations Unies devraient jouer un rôle plus crucial dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales en menant à bien efficacement leurs tâches dans le règlement des conflits régionaux, en particulier la situation au Moyen-Orient.  Le Ministre a exprimé le soutien de son pays à la demande d’admission aux Nations Unies déposée par la Palestine le 23 septembre dernier.  Le Ministre a par ailleurs mis l’accent sur le rôle de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) en vue d’accélérer l’établissement d’ici à 2015 d’une communauté dans la région basée sur les trois piliers politique et sécuritaire, économique et socioculturel.  Les différents cadres créés par l’ANASE ont tous contribué au maintien de la paix, de la stabilité et de la coopération de développement dans la région Asie-Pacifique et dans le monde dans son ensemble, a-t-il dit.  M. Sisoulith a, de même, mis l’accent sur la Réunion Asie-Europe (ASEM), un autre mécanisme, a-t-il dit, qui facilite la coopération internationale.


M. YANG JIECHI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a reconnu que « notre monde n’est pas tranquille » car, « à l’ouverture de la deuxième décennie du XXI siècle, la paix et le développement se trouvent dans une période historique peu commune ».  Rappelant que les inégalités de développement entre le Nord et le Sud demeurent criantes, le Ministre a regretté que la crise financière internationale ait « jeté 64 millions de personnes dans la pauvreté extrême et entraîné l’augmentation du nombre des pauvres qui atteint, aujourd’hui, près d’un milliard ».  Il a noté que « le plus grand déséquilibre qui existe dans l’économie mondiale est l’inégalité de développement entre le Nord et le Sud ».  Il a suggéré la création d’une dynamique de reprise de l’économie mondiale qui passe par la solidarité et la coopération profitable à tous, en même temps que l’établissement d’un ordre monétaire et financier international qui soit juste et équitable.  Dans ce contexte, il a souhaité que le G-20 passe d’un outil de gestion de crise à court terme à un mécanisme de gouvernance économique à long terme.  Les préoccupations des pays les moins avancés (PMA) et la promotion du Cycle de négociations de Doha doivent être prises en compte. 


Sur des sujets de l’actualité internationale, le Ministre a évoqué la Charte des Nations Unies qui fait référence au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Ajoutant que « la diversité du monde doit être considérée comme une condition favorable à l’inspiration et à l’enrichissement mutuels entre différents pays, et non servir de prétexte aux grands pays riches pour malmener les petits pays pauvres », le représentant de la Chine a espéré que le jeune État du Soudan du Sud connaîtra stabilité et développement.  Rappelant que la Chine a toujours été favorable à la juste cause des Palestiniens, il dit soutenir leur accès au statut d’État Membre de l’ONU sur la base des frontières de 1967 et avec pour capitale Jérusalem-Est.  M. Yang a également reconnu le Conseil national de transition comme autorité au pouvoir en Libye et représentant du peuple libyen.  Il a en outre souhaité que les différentes parties, impliquées dans les troubles sociaux en Syrie, puissent faire preuve de retenue pour éviter toute forme de violence et de nouvelles effusions de sang.  Il a aussi rappelé que le dialogue constitue la seule voie pour arriver à la paix dans la péninsule coréenne.  


Passant à la situation en matière de développement de la Chine, M. Yang s’est félicité que la Chine soit devenue la deuxième économie du monde, le premier exportateur, le deuxième importateur et le plus grand marché émergent du monde.  Cette réussite, a-t-il précisé, a mis 1,3 milliard de Chinois à l’abri des besoins alimentaires et réduit considérablement le nombre de Chinois vivant dans la pauvreté absolue.  Il a affirmé que durant la décennie écoulée, la Chine a importé en moyenne 750 milliards de dollars de produits par an, ce qui équivaut, a-t-il précisé, à 14 millions d’emplois créés dans les pays et régions concernés.  Dans l’avenir proche, a souligné le représentant, la Chine compte avoir un volume économique de 8 600 milliards de dollars en 2015, et le pays importera pour environ 10 000 milliards de dollars sur 5 ans.  Dans le cadre de la coopération internationale, la Chine, a-t-il indiqué, a annulé 380 dettes en faveur des pays pauvres très endettés et des PMA.  La Chine a également entrepris de fournir de l’aide alimentaire d’urgence d’une valeur de 443,2 millions de yuan pour lutter contre la famine qui sévit dans la corne de l’Afrique.  Le pays a en outre mis 19 000 personnes à la disposition des missions de maintien de la paix des Nations Unies.  « Une Chine prospère, harmonieuse et stable qui progresse continuellement et qui a le courage d’assumer ses responsabilités apportera une plus grande contribution à la prospérité et à la stabilité du monde et au développement commun de l’humanité », a conclu le Ministre des affaires étrangères de la Chine.


M. TAÏB FASSI FIHRI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc, a déclaré que, sous l’impulsion du Roi Mohamed VI, le Maroc a fait de l’ouverture politique et du développement humain les deux piliers complémentaires de l’édification d’une société démocratique, développée et solidaire.  L’adoption par le peuple marocain, en juillet dernier, de la nouvelle Constitution du Royaume, a constitué un tournant historique.  Elle renforce notamment les principes de séparation des pouvoirs, consolide l’indépendance de l’autorité judiciaire et consacre les droits de l’homme, tels qu’universellement reconnus.


« Les bouleversements majeurs que connaît aujourd’hui le monde arabe démontrent qu’il n’existe aucune exception régionale, culturelle ou de civilisation aux aspirations légitimes des peuples à la liberté, à la dignité et aux valeurs universelles », a soutenu M. Fihri.  Ces évènements confirment également qu’il ne saurait y avoir de développement économique et social en l’absence d’une ouverture politique et d’une évolution démocratique.  Dans ce contexte, le Maroc salue les progrès institutionnels réalisés par l’Égypte et la Tunisie et appelle la communauté internationale à soutenir leurs efforts pour une transition démocratique.  De même, le Maroc se félicite de la présence d’une délégation de la Libye nouvelle et forme le vœu que ce pays retrouve sa place dans le Maghreb.  Il a souhaité également voir émerger une action arabe concertée, pour arrêter l’effusion de sang et la promotion d’une solution pacifique en Syrie et au Yémen.  Les évènements du monde arabe démontrent aussi la nécessité d’une gouvernance régionale renouvelée, dans le cadre de groupements, tels que l’Union du Maghreb arabe, du Conseil de coopération du Golfe et de l’Accord de libre échange d’Agadir, sous l’égide de la Ligue des États arabes.


Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc a rappelé les appartenances maghrébine, arabo-islamique, africaine et méditerranéenne du Maroc et son attachement au renforcement de la coopération Sud-Sud, tels qu’ils sont consacrés dans la nouvelle Constitution.  Il a réitéré « son plein engagement à poursuivre et intensifier le processus de négociations pour trouver une solution politique mutuellement acceptable au différend régional sur le Sahara marocain, sur la base de l’Initiative marocaine d’autonomie ».  Cette Initiative, a-t-il dit, « respecte la légalité internationale, dans le cadre de l’unité nationale et de la souveraineté territoriale du Maroc, loin des interprétations unilatérales restrictives qui ne font que nourrir le statu quo et favoriser l’immobilisme ».  Il convient également, a-t-il poursuivi, « de répondre d’urgence aux aspirations de nos frères retenus dans les camps de Tindouf, en Algérie, privés de leurs droits élémentaires et dénués de toute perspective d’avenir ».  Le Maroc a contribué positivement aux efforts internationaux et régionaux pour le règlement de plusieurs conflits, y compris à travers sa participation aux forces de maintien de la paix de l’ONU, a indiqué M. Fihri.  Il a ainsi soutenu les processus de transition démocratique réussis en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Niger.  Le Maroc a également œuvré à la mise en place de l’initiative des États africains riverains de l’océan Atlantique.  M. Fihri a réitéré l’importance de l’initiative royale concernant l’organisation d’une réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur l’investissement en Afrique.  Enfin, il a appelé les États à soutenir sa candidature à un poste non permanent du Conseil de sécurité, pour la période 2012-2013.


M. GUIDO WESTERWELLE, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a constaté « que rarement la soif de liberté, de dignité et d’autodétermination n’aura joué un rôle aussi prépondérant que cette année ».  La mondialisation qui, jusque là, semblait être confinée au domaine économique, a désormais débordé sur le domaine des valeurs.  En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, des millions de personnes se sont soulevées pour se libérer de décennies d’oppression.  « La route ne sera pas facile.  Les nouveaux gouvernements doivent gagner de la maturité pour pouvoir être stables, et cela prend du temps et de la patience », a fait remarquer M. Westerwelle, en soulignant toutefois que même la route la plus longue commence avec le premier pas.  « Cette année est l’année des pas géants », a-t-il lancé.  Avec la chute du mur de Berlin, il y a 20 ans maintenant, l’Allemagne a elle aussi connu le bonheur d’une révolution pacifique, a rappelé le Ministre.  Fort de cette expérience, son pays voit aujourd’hui un intérêt fondamental dans l’éveil politique de la rive Sud de la Méditerranée et ne ménagera aucun effort en ce sens.  Il a précisé que « chaque pays, chaque société devrait trouver sa propre voie, que ce soit à travers la révolution ou des réformes. »  Dans tous les cas de figure, l’Allemagne veut apporter son soutien et son conseil.  Elle veut contribuer à la mise en place de systèmes judiciaires indépendants, de médias pluralistes et libres et de sociétés civiles vibrantes, sans oublier la consolidation d’un nouvel ordre social et économique dans ces pays.  Ainsi, l’Allemagne vise non seulement des partenariats, mais également à faciliter les échanges commerciaux.  Elle propose des investissements, en particulier dans des petites et moyennes entreprises qui sont « la colonne vertébrale » de toute société ouverte, a précisé le Ministre, qui s’est également attardé sur l’importance de la formation des jeunes dans ces pays. 


Abordant la situation en Syrie, le Ministre allemand des affaires étrangères a estimé que le peuple syrien méritait de recevoir un message clair de solidarité et, dans cet esprit, l’Allemagne continuera à militer pour que le Conseil de sécurité adopte une résolution en ce sens.  « Il en va de la crédibilité de la communauté internationale », a expliqué M. Westerwelle.  Pour ce qui est de la question israélo-palestinienne, il a précisé que l’Allemagne soutenait la solution de deux États et que « cela ne peut être possible que par le biais de négociations ».  À ce titre, son gouvernement appuie la déclaration publiée par le Quatuor, vendredi dernier.  « Il faut éviter la confrontation verbale qui a eu lieu entre les deux parties ici à New York, et qui ne contribue qu’à encourager l’escalade de la violence au Moyen-Orient, a estimé le Ministre, qui a saisi cette occasion pour exhorter les deux parties à reprendre sans plus tarder les négociations directes.  De son côté, la communauté internationale continuera à soutenir cette « route difficile vers la paix », ce qui comprend notamment la Conférence de Moscou.  Passant ensuite à la situation en Afghanistan, M. Westerwelle a rappelé que, le 5 décembre prochain, se tiendra une conférence à Bonn, sous la présidence de l’Afghanistan pour définir la marche à suivre, à commencer par la passation des responsabilités sécuritaires aux autorités afghanes d’ici à 2014, mais également la forme de l’engagement continue de la communauté internationale en Afghanistan au-delà de cette date.  La nouvelle initiative de la « Route de la soie », qui a été lancée à New York, a précisément cette vocation, a expliqué le Ministre.  Le troisième point qu’il a évoqué portait sur le processus de réconciliation interne de l’Afghanistan et sur l’importance de l’appui des pays de la région dans ce contexte.  « L’Allemagne est déterminée à jouer son rôle sur la route vers Bonn », a-t-il assuré, avant de réaffirmer l’engagement indéfectible de son pays dans les domaines de la lutte contre les changements climatiques ainsi que du désarmement et de la non-prolifération qui, a-t-il dit, sont des questions prioritaires dans sa politique étrangère.


M. YOUSEF BIN ALAWI BIN ABDULLAH, Ministre des affaires étrangères du Sultanat d’Oman, a tout d’abord estimé qu’il était temps pour l’ONU d’intensifier ses efforts en Somalie et de mettre sur pied un plan d’établissement de la paix.  Il a dit espérer qu’en 2012, la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires déclarerait le Moyen-Orient exempt d’armes nucléaires et de destruction massive, et engagerait Israël à ratifier le Traité su la non-prolifération.  Faisant ensuite remarquer que les jeunes constituaient la majorité de la population mondiale, il a appelé la communauté internationale à prendre cette réalité en considération lors de la création de nouveaux plans dans les domaines de l’économie, de l’éducation et du développement.  Il a ensuite fait savoir que toutes les politiques économiques et sociales du Sultanat d’Oman mettaient l’accent sur l’autonomisation des jeunes.  Évoquant la menace d’une crise alimentaire, M. Bin Abdullah a par ailleurs réclamé un effort international pour étendre les zones de production et faire usage de la technologie de pointe pour augmenter les rendements.  Il a également appelé à l’adoption de nouveaux principes pour faire face à la crise financière actuelle, avant d’inviter les participants à la dix-septième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à conclure un accord pour assurer la protection de l’environnement.


Le Ministre des affaires étrangères a ensuite rappelé qu’un symposium consacré à la situation des femmes omanaises avait récemment été organisé, à l’issue duquel un plan d’action a été mis sur pied pour permettre aux femmes d’exercer les mêmes droits que les hommes.  Trois centres de soins et de réintégration des femmes handicapées ont été créés dans le pays et la Journée des femmes omanaises est désormais célébrée le 17 octobre de chaque année, a-t-il ajouté.  M. Bin Abdullah a également indiqué que le Conseil d’Oman et ses deux chambres, le Conseil d’État et la choura, jouissaient de plus de « privilèges judiciaires ».  Il a également expliqué que la Cour de sûreté de l’État avait été abolie.  M. Bin Abdullah s’est par ailleurs félicité des avancées réalisées par le Sultanat d’Oman dans le domaine de la santé, notamment de l’augmentation « notable » de l’espérance de vie à la naissance et de la baisse de la mortalité chez les enfants.  Il a également évoqué la baisse extraordinaire des cas de paludisme qui sont passés, a-t-il dit, de 30 000 à 891 au cours des 20 dernières années.


M. WALID AL-MOUALEM, Ministre des affaires étrangères de la République arabe syrienne, a déclaré que la Syrie n’épargnera aucun effort pour soutenir la lutte légitime du peuple palestinien et faire valoir son droit inaliénable à obtenir la libération du Golan syrien occupé depuis le 4 juin 1967.  Tout en reconnaissant que la Syrie avait besoin de réformes politique, économique et sociale inspirées par le peuple, il a regretté que les demandes populaires aient été manipulées pour servir d’autres causes que les intérêts du peuple syrien.  Il a rappelé que dans une déclaration du 20 juin 2011, le Président Al-Assad avait annoncé des mesures de réformes qui comprendraient une loi sur les partis politiques visant à garantir le pluralisme politique, une loi sur l’information visant à promouvoir la liberté de presse, une loi sur les élections parlementaires et une loi su l’administration locale.  Il a également précisé que dans le cadre d’une interview télévisée qui a suivi cette déclaration, le Président Al-Assad a indiqué que cette réforme devrait être mise en œuvre dans un délai de six mois au terme d’un dialogue national incluant des figures de l’opposition. 


Le Ministre syrien des affaires étrangères a regretté la présence de groupes armés dans son pays qu’il a qualifiée de manifestation d’intervention étrangère.  Il a exhorté les États qui soutiennent les besoins de réforme à supporter la position officielle de la Syrie plutôt que d’opter pour la défiance.  Par ailleurs, il a estimé qu’aucun élément de la Charte des Nations Unies n’autorisait l’ONU à s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays.  Il a ajouté que la Syrie fournissait à la région un modèle de coexistence qui permettait une unité nationale dans le respect de la diversité religieuse et ethnique de la région.  Il a dénoncé la campagne injuste menée contre la Syrie et son modèle de coexistence qui, selon lui, ne sert qu’à promouvoir l’hégémonie de l’Occident dans la région de la Méditerranée et servir les intérêts expansionnistes d’Israël.  Il a assuré que le peuple de la Syrie était déterminé à rejeter toutes les formes d’interventionnisme étranger et a appelé tous les États à l’origine de cette campagne injuste à reconsidérer leur position. 


M. ELYOR GANIEV, Vice-Premier Ministre de l’Ouzbékistan, a déclaré qu’en 20 ans d’indépendance, son pays était devenu un pays moderne doté d’une économie en développement solide, avec une richesse totale de la population multipliée par 20.  Ces cinq dernières années, l’Ouzbékistan a connu une croissance annuelle moyenne de 8,5%, un rythme qui devrait encore être tenu cette année, s’est-il félicité.  En outre, des réussites spectaculaires ont été remportées dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, grâce à des dépenses sociales multipliées par 5, et 60% du budget annuel consacré à la santé, l’éducation, aux services et à la protection sociale, a-t-il ajouté.  Il a souligné que l’Ouzbékistan consacre 10 à 12% de son PIB à l’éducation, tandis que la moyenne mondiale est de 3 à 5%.  Aujourd’hui, toutes les conditions sont réunies pour dire que la réforme et la démocratisation du pays ont acquis un caractère irréversible et constant, a-t-il assuré.


M. Ganiev a souligné que l’Asie centrale, en raison de sa situation géopolitique et géostratégique, et de ses ressources naturelles, était au cœur de l’attention de la communauté internationale, dans un contexte de menaces grandissantes à la sécurité et à la stabilité du monde.  La guerre qui sévit depuis plus de 30 ans en Afghanistan continue d’être le facteur déstabilisant le plus important, a-t-il dit, estimant qu’il n’y avait pas de solution militaire à ce problème.  La population afghane doit résoudre seule les problèmes du pays, par le biais d’un compromis auquel participent les différentes parties, a-t-il affirmé.  En outre, l’absence d’avancées politiques et juridiques après les évènements au Kirghizistan de juin 2010 complique la restauration de la confiance et de la coopération entre la communauté ouzbèke et les Kirghizes, a-t-il averti.  Le Vice-Premier Ministre a ensuite abordé la situation dans le bassin de la mer d’Aral, aux conséquences écologiques, économiques, sociales et démographiques graves, transformant une « mer autrefois unique et belle en une mare asséchée ».  Dans ce contexte, les tentatives pour mettre en œuvre des projets de construction hydraulique sur les rivières Amudarya et Syrdarya sont contre-productives et dangereuses, a-t-il dénoncé.  Toute action utilisant des ressources découlant de rivières transfrontalières doit prendre en compte les intérêts de tous les États concernés, sur la base du droit international, a-t-il rappelé.


M. ÖSSUR SKARPHÉOINSSON, Ministre des affaires étrangères de l’Islande, a rappelé que la plus grave famine du siècle sévissait en ce moment même dans la corne de l’Afrique et exhorté la communauté internationale à prendre ses responsabilités afin de mettre un terme à cette situation dramatique.  Il a ajouté que l’Islande avait adopté un calendrier au terme duquel son aide pour le développement serait portée à 0,7% de son PIB.  Il a ensuite rappelé l’extrême importance de la mise en œuvre, jusqu’à présent très décevante, de l’agenda de Rio défini il y a 20 ans, « Nous avons besoin d’une véritable révolution, d’une révolution verte », a-t-il poursuivi avant de développer les bénéfices de l’énergie géothermique, largement utilisée en Islande.  Il a aussi mis en garde contre l’acidification des océans qui entraîne une diminution des ressources halieutiques et pourrait priver un milliard de personnes d’une source vitale de protéines.  Il a indiqué que la disparition de la calotte glaciaire mettait gravement en danger les habitudes des peuples arctiques, notamment celui du Groenland.  Il a indiqué que l’exploitation de l’Arctique ne pourrait se faire qu’en vertu de règles très strictes.


Le Ministre a rappelé la lutte des peuples baltes pour l’indépendance, que l’Islande avait notamment soutenue, en étant le premier pays à les reconnaître, et ce, en contradiction du principe selon lequel seuls les intérêts gouvernent les relations entre les pays.  « Les principes ont de l’importance », a poursuivi le Ministre.  Dans ce droit fil, il a apporté le soutien de son pays à la demande d’adhésion de l’État de la Palestine aux Nations Unies.  Il a ajouté que ce qui avait été accordé à Israël ici-même en 1947 devrait également l’être à la Palestine.  Ce serait « hypocrite » de faire autrement, a-t-il poursuivi.  Le Ministre a conclu son intervention en indiquant que le Parlement islandais examinera, la semaine prochaine, un projet de résolution portant reconnaissance de la Palestine comme État indépendant et souverain.


M. MOURAD MEDELCI, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a déploré les violences enregistrées dans certains pays de sa région qui ont entraîné d’innombrables pertes humaines.  S’agissant de la Libye, il a espéré un retour rapide à la paix et la formation d’un gouvernement représentatif de l’ensemble des composantes du peuple libyen, avant de réaffirmer la volonté de son pays de travailler immédiatement avec les nouvelles autorités libyennes.  Il a ensuite déploré le blocage du processus de paix au Moyen-Orient, ainsi que l’embargo « inhumain » imposé à Gaza.  Il a ajouté que la demande de l’Autorité palestinienne visant à reconnaître la Palestine en tant qu’État Membre des Nations Unies –et à laquelle il devrait être fait droit– permettra de corriger « une injustice qui a duré plus de 60 ans ».  Sur le dossier du Sahara occidental, il a appelé les deux parties au dialogue et à la négociation, seuls à même de permettre au peuple sahraoui d’exprimer librement son droit à l’autodétermination.  C’est dans ce contexte que l’Algérie réaffirme son plein soutien aux efforts du Secrétaire général et de son Envoyé personnel et appelle les deux parties à faire preuve d’esprit de responsabilité, a-t-il poursuivi.


Concernant la lutte contre le terrorisme, M. Medelci a plaidé pour l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international et d’un protocole sur l’interdiction du paiement des rançons aux groupes terroristes.  Il a tenu ensuite à rappeler l’action menée par les pays du Sahel qui, lors de la Conférence internationale sur le développement et la lutte antiterroriste, ont pris d’importantes mesures pour réduire les nuisances du terrorisme et pour s’attaquer à ses racines profondes.  « La problématique du développement doit être mise au cœur de toute dynamique de coopération », a-t-il déclaré à ce sujet.  En conclusion de son intervention, M. Medelci a indiqué que l’Algérie s’était engagée dans de profondes réformes, notamment la dépénalisation du délit de presse et l’ouverture de l’audiovisuel, le renforcement de la représentation des femmes dans les instances électives, ainsi que l’adoption de programmes d’aide et d’insertion au profit des jeunes.


SHEIKH ABDULLAH BIN ZAYED AL NAHYAN, Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis, a déclaré que les défis internationaux majeurs sont mieux gérés par le biais d’efforts communs et la participation de tous les États, y compris les petits États insulaires en développement.  Il a également souhaité que des réformes soient menées au sein du système des Nations Unies, notamment au Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social.  Rappelant que les Émirats arabes unis ont toujours privilégiés le dialogue dans le règlement des différends, le représentant a ajouté que ce principe a toujours prévalu dans la gestion du conflit avec son voisin, la République islamique d’Iran, qui, a-t-il souligné, a occupé trois îles des Émirats arabes unis en 1971.  C’est pourquoi, il a invité les autorités iraniennes à s’ouvrir à des discussions directes et sérieuses pour gérer ce différend.  Au sujet de la question de l’indépendance palestinienne, il a souhaité que la Palestine acquière son indépendance dans le respect des frontières de 1967, et il a exhorté les Israéliens et les Palestiniens à reprendre les négociations de paix.  Évoquant les troubles sociaux que connaît actuellement Bahreïn, le représentant a souhaité que l’intégrité territoriale de Bahreïn soit respectée et a dénoncé toute intervention extérieure dans les affaires intérieures de ce pays.  Dans le cadre des mutations politiques intervenues en Libye, il s’est félicité de la reconnaissance, par les Nations Unies, du Comité national de transition libyen, et a exhorté la communauté internationale à débloquer les avoirs libyens gelés. 


Le Ministre a également évoqué la famine ayant court en Somalie et a affirmé que les Émirats arabes unis ont débloqué un montant de 50 millions de dollars pour venir en aide aux populations touchées.  Son pays a également fourni pas moins de 1,5 milliard de dollars pour les œuvres humanitaires en Afghanistan depuis 2001, a-t-il déclaré.  Soutenant que les Émirats arabes unis sont engagés pour la non-prolifération des armes de destruction massive, le Ministre s’est inquiété du développement du programme nucléaire israélien en dehors de tout contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Il a indiqué que son pays souhaite s’engager dans un programme nucléaire civil dans le respect des mesures de sécurité et en toute transparence.  Dans le cadre des efforts en faveur de l’autonomisation des femmes aux Émirats arabes unis, il a annoncé que les femmes représentent 70% des diplômés de l’enseignement supérieur alors qu’elles n’avaient pas le droit d’aller à l’école il y a 40 ans.  Les femmes occupent les deux tiers des postes dans la fonction publique du pays, et 22,5% des postes au Conseil national fédéral des Émirats arabes unis.  C’est dans cette optique de soutien à l’autonomisation des femmes que le Ministre a annoncé l’octroi d’une contribution additionnelle de 5 millions de dollars à ONU-Femmes.


M. HAMROKHON ZARIFI, Ministre des affaires étrangères du Tadjikistan, a déclaré que son pays venait de fêter les 20 ans de son indépendance.  Des progrès considérables ont été réalisés avec l’appui des Nations Unies et des États Membres.  Le Tadjikistan, qui s’efforce de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, a identifié les priorités suivantes: assurer la sécurité énergétique et alimentaire, et surmonter son isolement en matière de transport et de communication.  Malheureusement, le secteur agricole a souffert à plusieurs reprises des criquets et d’autres désastres naturels, a dit le Ministre.  M. Zarifi a demandé aux États membres de l’Organisation mondiale du commerce d’accélérer le processus d’accession du Tadjikistan à l’OMC. 


Abordant la question des changements climatiques, le Ministre des affaires étrangères a souligné que 60% des ressources en eau de l’Asie centrale provenaient du Tadjikistan et qu’au cours des 30 dernières années, plus de 35% des glaciers de la région avaient disparu.  Lors du Sommet de Copenhague sur les changements climatiques, en 2009, le Tadjikistan a proposé de créer un « fonds international pour sauver les glaciers ».  Depuis 10 ans, le pays endure, chaque hiver, des coupures d’électricité.  Il est donc vital pour lui de développer son potentiel hydroélectrique, a indiqué M. Zarifi.  En outre, la région a connu, dans la seconde moitié du XX siècle, une crise écologique grave avec la dégradation de la mer d’Aral, a-t-il déploré.  Pour résoudre cette crise d’envergure mondiale, les États doivent faire preuve de leur volonté politique pour investir dans le secteur de l’eau et réduire la surface des terres agricoles irriguées, a insisté M. Zarifi.  Le Tadjikistan a pris l’initiative de proclamer 2013 « année internationale de la coopération sur l’eau », a-t-il annoncé.


Le Tadjikistan condamne le terrorisme sous toutes ses formes, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères tadjik, avant de souligner que la prévention du trafic illicite des drogues faisait partie de la lutte contre le terrorisme.  Par ailleurs, le Tadjikistan appuie fermement l’établissement d’une zone exempte de mines en Asie centrale, a-t-il précisé.  Très préoccupé par la situation en Afghanistan, M. Zarifi s’est dit indigné par le récent assassinat de M. Burhanuddin Rabbani.  Il a appuyé la stratégie internationale pour trouver une solution d’ensemble au conflit et pour le relèvement de l’Afghanistan.  À cet égard, le « Quartet de Douchanbé », qui comprend l’Afghanistan, le Pakistan, la Russie et le Tadjikistan, s’efforce de promouvoir la coopération économique régionale.    


M. JOSÉ BADIA, Conseiller de Gouvernement pour les relations extérieures de Monaco, a estimé que le développement durable et la construction d’un monde plus sûr, impératifs du XXIe siècle, exigeaient une plus grande responsabilisation de tous les gouvernements et le renouvellement de leur soutien indéfectible aux Nations Unies.  Alors que ces dernières se sont enrichies d’un nouveau Membre, la République du Soudan du Sud, à la suite d’un processus pacifique salué par tous, le monde a été témoin d’un formidable élan de liberté et de démocratie, porté par des milliers d’hommes et de femmes dans le monde arabe, a-t-il déclaré, témoignant ainsi de l’universalité des normes et valeurs de l’Organisation.  Justice, démocratie, dignité humaine, égalité et liberté ont fait renaître l’espoir auprès de peuples trop longtemps réprimés, et aujourd’hui, le défi est immense de ne pas les décevoir, a-t-il insisté. 


M. Badia a rendu hommage au rôle des Nations Unies pour la sauvegarde des biens communs de l’humanité, tels que l’environnement, la santé et la paix, ainsi que pour la sécurité collective.  En Côte d’Ivoire, en Afghanistan, en Iraq, au Darfour, au Soudan, partout elles ont sauvé des vies, parfois en payant le prix fort, malgré des moyens limités, a-t-il ajouté, s’inquiétant qu’elles ne puissent faire face inexorablement à la multiplication des conflits.  Il faut donc œuvrer en faveur de la prévention des conflits, et quelle meilleure prévention que le développement? a-t-il dit.  Insistant sur le rôle des femmes dans la prévention et le règlement des conflits et la consolidation de la paix, il a appelé à faire figurer les femmes et les filles au centre des stratégies de développement.  Il est de notre responsabilité collective de ne pas rater le rendez-vous crucial de 2012, les 20 ans du Sommet Planète Terre de Rio, a poursuivi le Conseiller.  Reconnaissant qu’il était impossible dans l’immédiat de renoncer au nucléaire et au pétrole, il a prôné un développement des sources d’énergie renouvelable, plus respectueuses de l’environnement et de la santé.  Il est temps de mettre fin aux débats idéologiques et aux clivages qui nous divisent et nous retardent dans la mise en place d’une économie verte, a-t-il enfin déclaré, en déplorant des incidences négatives des activités humaines sur les océans et les mers « de plus en plus visibles ». 


M. BRUNO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des relations extérieures de Cuba, a critiqué l’intervention de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Libye, indiquant qu’il « était inacceptable d’assassiner des milliers d’innocents dans le but douteux de protéger d’autres civils ».  Il a ajouté que cette intervention et la menace croissante contre la Syrie étaient des réponses opportunistes et défensives de l’Europe et des États-Unis contre l’effondrement de leur système de domination en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.  Il a émis la crainte que la nouvelle stratégie des États-Unis et de l’OTAN pour « faire changer de régime », telle qu’elle s’est exprimée en Libye, ne s’applique un jour aux pays latino-américains et caribéens qui ne se plient pas à leurs intérêts.  « La périphérie euro-atlantique » s’étend bel et bien au reste de la planète, a-t-il poursuivi.  Face à la crise économique mondiale et à l’épuisement des ressources naturelles de la planète, il a exhorté les pays du Sud à agir de concert et les peuples des Caraïbes et de l’Amérique latine à renforcer toujours davantage leur unité.  Il a ensuite appelé de ses vœux une transformation des Nations Unies en une Organisation qui serve les intérêts de tous les pays, et non de certaines puissances seulement.


Le Ministre cubain des relations extérieures a ensuite souligné l’obligation morale et juridique de l’Assemblée générale d’examiner la demande d’admission d’un État palestinien aux Nations Unies, « avec ou sans recours au Conseil de sécurité, avec ou sans veto américain ».  Il a également reconnu le droit d’Israël à exister.  Il a ensuite exhorté les États-Unis à cesser d’opposer leur veto aux résolutions du Conseil protégeant les civils palestiniens, l’Union européenne devant, quant à elle, dénoncer l’appui financier, les livraisons militaires et l’impunité que les États-Unis garantissent au Gouvernement israélien.  M. Rodriguez a indiqué que l’Administration américaine portait atteinte à la mémoire des victimes du 11 septembre, en maintenant en prison cinq militants antiterroristes cubains, injustement condamnés pour avoir enquêté sur les activités de groupes terroristes qui opéraient contre Cuba à partir du territoire américain.  Il a enfin réitéré la proposition d’entamer un dialogue avec les États-Unis qui viserait à régler des questions bilatérales, le blocus contre Cuba s’intensifiant et causant un préjudice estimé à 975 milliards de dollars.  Il a conclu que Cuba changeait de manière souveraine, afin de rendre son économie plus efficace, améliorer son régime socialiste et « conquérir toute la justice ».


M. URI ROSENTHAL, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a relevé que les appels de liberté et de démocratie des rues dans les pays arabes ont conduit à des changements majeurs.  Les Nations Unies et les gouvernements doivent, a-t-il ajouté, soutenir les appels des peuples à la liberté.  La sécurité des populations est de la responsabilité des gouvernements et de la communauté internationale, a-t-il rappelé.  Évoquant la situation en Syrie, il a invité le Conseil de sécurité à mettre en place des sanctions ciblées à l’encontre du régime syrien.  Concernant le conflit israélo-palestinien, il a reconnu que les aspirations du peuple palestinien à un État indépendant sont légitimes, de même que le droit d’Israël à vivre dans la paix et la sécurité.  C’est pourquoi, il a appelé les deux parties à négocier pour atteindre ces deux objectifs.  Le représentant a, en outre, rappelé que les femmes représentent la moitié des populations du monde et a souhaité que chaque pays mette en œuvre des mesures pour favoriser la participation des femmes dans la vie sociale, économique et politique.  


Dans le cadre du commerce international, le Ministre a souhaité que les négociations du Cycle de Doha soient terminées afin que le commerce international, mieux régulé, puisse permettre la croissance économique.  Au sujet des réformes du système des Nations Unies, le Ministre a suggéré des modifications de la composition du Conseil de sécurité et a souhaité que le Secrétaire général continue dans la voie de la discipline budgétaire qu’il a engagée.  Rappelant que les Nations Unies ont un rôle majeur à jouer pour faire respecter le droit dans le monde et faire triompher la médiation et la diplomatie préventive, M. Rosenthal a assuré que les Pays-Bas joueront le rôle qui leur incombe, à La Haye où siège la Cour pénale internationale.


M. ALI AHMED KARTY, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a déclaré que son gouvernement a été attaché à la paix tout au long du processus de négociations qui vient de conduire à la division du pays en deux à la suite d’un référendum.  Rappelant que le Soudan est le premier pays à avoir reconnu l’indépendance du Soudan du Sud, le Ministre soudanais des affaires étrangères a indiqué que la page du passé est désormais tournée et a félicité le Soudan du Sud, qui vient d’être reconnu par les Nations Unies.  Affirmant que la séparation entre le Soudan du Sud et le Soudan ne signifie nullement une fin de partenariats entre les deux pays, il a ajouté que les discussions se poursuivent pour régler les différends, notamment à propos du Kordofan méridional et du Nil bleu.  Au sujet du Darfour, le Ministre a rappelé que des documents de paix ont été signés à Doha, au Qatar, et sont en train d’être mis en application.  Il a regretté que le Secrétaire général des Nations Unies et la communauté internationale n’aient pas assez reconnu les actions en faveur de la paix du Soudan.  Son pays, a-t-il dit, a été mis au ban de la communauté internationale, comme le démontre le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre le Président du Soudan, M. Omar Al-Bashir.  Le Ministre a souhaité que la communauté internationale appuie le Soudan, comme elle le fait pour les pays sortant d’un conflit.  Il a, dans ce contexte, souligné que le Soudan compte de nombreuses ressources minières et de vastes terres arables qui n’attendent que d’être exploitées.  Il a également lancé un appel afin que les donateurs soutiennent les populations somaliennes qui souffrent de la famine. 


Au sujet de la médiation dans le règlement des conflits internationaux, le Ministre soudanais des affaires étrangères a rappelé que le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies fait mention des accords régionaux pour le règlement des conflits.  Il a, à cet égard, remercié le Groupe des Sages africains avec à sa tête M. Thabo Mbeki, pour leur rôle dans le règlement du conflit au Soudan.  Regrettant qu’aucun accord n’ait été trouvé en ce qui concerne les changements climatiques, le Ministre a souhaité que les pays développés jouent un rôle plus affirmé dans cette perspective.  Évoquant le conflit israélo-palestinien, il a estimé que les Nations Unies ont été incapables d’apporter une solution malgré les résolutions adoptées, et c’est dans ce cadre qu’il a soutenu la demande de la Palestine à être reconnue comme État libre et indépendant.  Quant à la réforme des Nations Unies, il a souhaité que les principes de la Charte des Nations Unies, qui évoquent la justice internationale, soit reflétés dans les organes de l’ONU, notamment au sein du Conseil de sécurité.


M. MANUEL SALVADOR DOS RAMOS, Ministre des affaires étrangères de Sao Tomé-et-Principe, a estimé que le recours à la médiation internationale pour résoudre des crises n’avait pas toujours été à la hauteur des espoirs placés en elle.  C’est pourquoi la médiation doit passer du statut d’acteur du « maintien de la paix » à celui d’acteur de « la consolidation de la paix ».  Il a souhaité la définition d’un statut légal pour les médiateurs et d’une méthodologie de la médiation, ainsi qu’une plus grande implication de diplomates et d’experts.  S’inquiétant de voir les Nations Unies parfois reléguées au second plan, comme cela a été le cas, a-t-il dit, avec l’absence d’un partenariat responsable entre l’Union africaine et le Conseil de sécurité concernant la Libye, il a demandé une réforme du système dans son ensemble.  M. Dos Ramos a aussi plaidé pour un soutien international renouvelé au Soudan du Sud et à l’Afrique de l’Est, en particulier la Somalie, ainsi qu’un retour à la table des négociations des deux parties au différend relatif au Sahara occidental.


Déclarant que son pays reconnaissait les nouveaux Gouvernements de Tunisie, d’Égypte et de Libye comme les représentants légitimes de leurs peuples, le Ministre a souligné que le Moyen-Orient continuait d’être secoué par une vague de conflits sans précédent, en Syrie, au Yémen et à Bahreïn, alors que le conflit israélo-palestinien perdurait.  Il a demandé aux États-Unis et à l’Union européenne d’user de leur influence pour qu’Israël mette fin à l’implantation de colonies de peuplement dans les territoires occupés, ainsi que la levée des sanctions contre Cuba.  La sécurité mondiale est essentielle au développement durable des pays, a-t-il souligné, s’inquiétant de la piraterie et du trafic d’armes et de drogues dans le golfe de Guinée.  Ces phénomènes sont des menaces qui ne peuvent être ignorées et qui exigent des interactions plus grandes entre les États Membres, a-t-il dit.  M. Dos Ramos a souligné que les profonds changements sur la scène internationale et leurs conséquences structurelles sur l’économie mondiale créaient de nouveaux défis pour des micro-États insulaires comme Sao Tomé-et-Principe.  Pour y faire face, il est nécessaire pour la communauté internationale d’augmenter l’aide au développement.  Il a également plaidé pour des mesures vigoureuses contre les changements climatiques, dont les conséquences ont été catastrophiques sur la production intérieure et menacent la sécurité alimentaire du pays.  Avant de conclure, le Ministre a appelé les organes pertinents des Nations Unies à garantir la participation de Taiwan, notamment au sein des institutions spécialisées.


M. MOHAMED MOULDI EL KEFI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a rendu hommage aux martyrs et aux jeunes de la révolution pacifique tunisienne qui ont offert au monde le « printemps arabe ».  Soulignant les efforts du Gouvernement provisoire pour assurer la sécurité du pays et la continuité des services publics, il a salué la création de la Haute Autorité pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique.  Il a évoqué, à cet égard, la préparation des élections de l’Assemblée constitutive du 23 octobre 2011 pour permettre au peuple tunisien d’élire ses représentants dans le cadre d’élections libres, pluralistes et transparentes.  Il a précisé que la protection des droits de l’homme et des libertés civiles est la priorité des priorités du Gouvernement.  Illustrant son propos, il a cité une amnistie pour tous les prisonniers politiques incarcérés sous l’ancien régime et la dissolution de la police politique.  La Tunisie a également adhéré au Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) et ratifié les Protocoles additionnels au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, a indiqué le Ministre, avant d’inviter tous les États à répondre favorablement aux demandes d’extradition de personnes accusées des crimes commis dans le pays. 


Par ailleurs, le Ministre des affaires étrangères de la Tunisie a dit le souci de son pays de répondre aux conséquences humaines et économiques de la crise libyenne.  Le Gouvernement provisoire a mis en place une nouvelle stratégie face aux défis liés à cette crise.  Le Ministre souligné la nécessité de créer des emplois, de baisser le taux de chômage et de réduire les disparités économiques et sociales au sein de la région.  M. El Kefi a remercié le G-8 et les institutions financières internationales et régionales pour le soutien apporté au processus de transition, dans le cadre de la stratégie de relèvement économique de Deauville.  Il a ajouté que l’intégration de la Tunisie dans son environnement régional était de la plus grande importance. 


Dans ce contexte, il a déclaré que la Tunisie attachait une attention spéciale à ses relations avec les pays frères du Maghreb arabe.  C’est pourquoi, il a appelé la communauté internationale et les parties concernées par le conflit au Sahara occidental à reprendre des négociations pour parvenir à une solution politique finale en accord avec la légalité internationale.  Il s’est dit convaincu qu’une telle résolution est indispensable à l’intégration du Maghreb.  Il a aussi salué la victoire de la révolution libyenne, qui aura, selon lui, un impact positif sur les relations tuniso-libyennes et le processus d’édification de l’Union du Maghreb arabe.  Le Ministre a invité la communauté internationale à apporter aux représentants légitimes du peuple libyen le soutien politique nécessaire.  Il a mis l’accent sur la nécessité de consolider les échanges commerciaux intra-arabes par le biais du programme du Marché commun arabe (MCA).  M. El Kefi a, en outre, soutenu la demande de reconnaissance de la Palestine en tant qu’État Membre de l’ONU et condamné fermement l’embargo illégal imposé par Israël à la bande de Gaza ainsi que l’occupation du Golan syrien.  Il a souhaité que la paix et la stabilité soient restaurées en Syrie et au Yémen, pour répondre aux aspirations de leurs peuples respectifs en matière de démocratie, de liberté et de réformes.  Avant de conclure, le Ministre a assuré que la Tunisie entendait renforcer sa coopération avec les pays de la Méditerranée, dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée. 


M. MARTY M. NATALEGAWA, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a exhorté la communauté internationale à transformer les défis auxquels elle fait face en opportunités.  Il a ainsi indiqué qu’il devait être fait droit à la demande d’adhésion d’un État palestinien aux Nations Unies, afin de réparer une injustice historique.  S’agissant des transformations en cours au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, il a appelé à la cessation immédiate des violences, avant d’apporter son soutien aux efforts du Conseil national de transition libyen pour la promotion d’une transition pacifique et démocratique.  Le Ministre a indiqué que l’Indonésie, qui a connu il y a 10 ans une transition vers la démocratie tumultueuse, en cueillait aujourd’hui les fruits et a ajouté que son pays était à l’origine du lancement du Forum pour la démocratie de Bali – seule instance intergouvernementale de coopération sur le développement politique en Asie.  Il a tenu ensuite à souligner le rôle crucial que jouent les femmes dans la promotion du développement économique.  « Ce n’est pas seulement juste, c’est intelligent », a-t-il poursuivi.  Il a indiqué que les pays en développement, qui sont maintenant le moteur de la croissance mondiale, devraient avoir davantage voix au chapitre quant à l’élaboration des mesures pour restaurer la prospérité et la stabilité.


Concernant la nécessaire réforme des Nations Unies, M. Natalegawa a plaidé pour des mécanismes de décision plus transparents et efficaces, une revitalisation de l’Assemblée générale et du Conseil des droits de l’homme, ainsi que pour une meilleure représentativité du Conseil de sécurité.  Il a ensuite appelé de ses vœux un partenariat accru entre les Nations Unies et les organisations régionales pour répondre aux grands défis d’aujourd’hui.  Il a indiqué, à ce titre, que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) continuait d’œuvrer à la promotion d’une large architecture régionale de paix et de stabilité dans la région Asie-Pacifique, basée sur le principe d’un équilibre dynamique pour la résolution de défis communs.  La tenue, en novembre prochain à Bali, du Sommet de l’Asie orientale, avec pour la première fois la participation de la Fédération de Russie et des États-Unis, sera à cet égard une date importante, a-t-il assuré.  Le Ministre a conclu en indiquant que l’ANASE continuera d’assumer un rôle central dans le maintien de la stabilité dans la région Asie-Pacifique, afin « de participer activement à la solution des problèmes mondiaux ».


M. JOHN BAIRD, Ministre des affaires étrangères du Canada, a déclaré que la tradition canadienne était de « défendre des positions fondées sur des principes et considérées comme justes, peu importe qu’elles soient ou non populaires, commodes ou opportunes ».  Ainsi, le Canada n’a pas fermé les yeux quand le régime de Qadhafi, en violation flagrante des droits de l’homme et de la primauté du droit, a livré la guerre au peuple libyen.  Il a traduit ses principes par des gestes concrets, dont un soutien militaire à l’opération « Protecteur unifié » de l’OTAN.  Le Canada a refusé d’être accommodant lorsque le régime d’Al-Assad s’est mis à tuer hommes, femmes et enfants syriens, a poursuivi M. Baird.  Il a imposé des sanctions strictes contre ce régime et ses partisans.  « Toutefois, nous ne serons pas accommodants face aux mesures unilatérales prises par l’Autorité palestinienne », a souligné le Ministre canadien des affaires étrangères.  La position de son gouvernement dans ce dossier est claire: « la seule solution pour sortir de l’impasse est une solution négociée par les deux parties elles-mêmes ».  Le Canada ne restera pas silencieux et n’acceptera pas que l’État juif soit vilipendé parce qu’il défend son territoire et ses citoyens.


« Il est de notre devoir à tous de faire respecter les droits des victimes, de donner voix à ceux qui sont sans voix » en général, a dit M. Baird, avant d’annoncer la création d’un bureau de la liberté religieuse.  Le bureau sera chargé de veiller à ce que la liberté de religion et de conscience soient les objectifs primordiaux de la politique étrangère canadienne.  Par ailleurs, le Canada a saisi l’occasion de son mandat à la présidence du G-8 pour consulter les dirigeants de l’Afrique et des Amériques afin d’obtenir leur adhésion à l’Initiative de Muskoka pour la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants de moins de cinq.  Depuis toujours, le Canada s’oppose à la dégradation des institutions multilatérales en raison de comportements contraires à leurs valeurs.  « Les plus grands ennemis de l’ONU ne sont pas ceux qui réprouvent publiquement son action », a estimé M. Baird.  « Ses plus grands ennemis, ce sont ceux qui sapent tranquillement ses principes ou, pire encore, qui restent là à ne rien faire, à regarder l’Organisation s’enliser graduellement ».  Il en est ainsi lorsque la présidence de la Conférence du désarmement a été confiée à un régime impliqué dans le transfert illicite d’armes, de matières et de technologies nucléaires.    


Pour Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, le « printemps arabe », qui peut s’expliquer notamment par le fossé entre les gouvernements et leurs peuples, a également mis à l’épreuve les instruments et concepts développés au sein des Nations Unies pour la prévention de conflits.  À cet égard, elle est revenue sur le concept de la responsabilité de protéger les civils.  Elle a salué les réactions rapides du Conseil de sécurité qui ont permis de protéger des civils tant en Libye qu’en Côte d’Ivoire, en y autorisant, en dernier ressort, le recours à la force.  À ceux qui ont réagi en dénonçant que ces actions avaient pour but ultime de provoquer un changement de régime, la Ministre a répondu en soulignant que les régimes en question avaient une autre alternative.  « C’était pourtant eux qui s’en prenaient aux civils, obligeant ainsi la communauté internationale à réagir », a-t-elle noté.  Elle sympathise cependant avec ceux qui regrettent qu’il y ait une certaine « sélectivité » dans l’application du concept de la responsabilité de protéger, en citant notamment le cas de la Syrie.


Mme Frick a également salué le fait que l’on vienne à bout de l’impunité, tenant ainsi la promesse de « jamais plus » que la communauté internationale avait faite à la suite des évènements tragiques au Rwanda et à Srebrenica.  Son gouvernement, a-t-elle dit, apprécie que la situation en Libye, ainsi que celle en Côte d’Ivoire aient été renvoyées devant la Cour pénale internationale par le Conseil de sécurité.  Le rôle central que la CPI joue dans ces situations ou dans d’autres témoigne, a estimé Mme Frick, du profond changement de paradigme que le Statut de Rome a entraîné.  Désormais, les auteurs d’actes commis dans ces pays devraient être tenus pour responsable de génocide, de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité, a-t-elle fait remarquer, en invitant la communauté internationale à en faire de même pour le Sri Lanka et la Syrie.


Abordant la question du recours à la médiation pour le règlement pacifique de conflits, la Ministre a partagé l’opinion du Secrétaire général selon laquelle il faut faire de la diplomatie préventive un principe clef des efforts des Nations Unies et de la communauté internationale.  Il est incompréhensible que de faibles ressources soient allouées aux efforts de médiation des Nations Unies alors que plus de 7 milliards de dollars assurent le financement annuel des opérations de maintien de la paix.  Tout en soulignant le rôle essentiel qu’un médiateur neutre peut jouer, elle a estimé qu’à l’avenir, les médiateurs ne devraient plus mettre fin aux poursuites criminelles ou faire annuler les mandats d’arrêt lancés par la CPI, lorsque le conflit prend fin.  Il s’agit autant d’une question de principe que de droit, pour la Ministre.  Pour ce qui est du rôle des femmes dans la prévention et le règlement de conflits, la Ministre salue la mise en place d’ONU-Femmes et le rôle du Conseil de sécurité pour promouvoir davantage l’intervention de femmes dans ce domaine.  Elle a appelé les Nations Unies à donner l’exemple, en nommant plus de femmes aux postes de médiateur.  Elle a également émis l’espoir de voir la politique de tolérance zéro face aux abus sexuels être réellement respectée.


M. SAMUEL SANTOS LÓPEZ, Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, a regretté que le système financier international soit encore dans la tourmente du fait des spéculateurs.  Il a ajouté que les réponses apportées pour faire face à la crise financière n’ont eu que des effets ponctuels à cause de l’avidité des banquiers, et il a fait remarquer comment la dette intérieure américaine provoque des pertes ressenties par d’autres États sur les marchés financiers internationaux.  Le représentant a également déclaré que les manipulations dont a été l’objet la résolution 1973 du Conseil de sécurité sur la Libye ont permis de voir clairement les ambitions qu’ont certaines nations, qui veulent soumettre le monde à leur volonté par tous les moyens.  Le Nicaragua, a-t-il relevé, « s’insurge contre l’utilisation de la soi-disant « responsabilité de protéger » dans le but de justifier des interventions contre certains pays, y bombarder des civils et y procéder à des changements de gouvernements libres et souverains ».  Poursuivant sur sa lancée, le représentant s’est demandé « où donc se trouvent les apôtres autoproclamés de la protection des populations quand le peuple palestinien demande la reconnaissance d’un État palestinien? ». 


Condamnant ce deux poids deux mesures et ce « double jeu » de la communauté internationale, M. Santos López a regretté que les Palestiniens en soient encore à demander une reconnaissance internationale, « alors que le Conseil national de transition libyen a, lui, déjà acquis la reconnaissance internationale avant même d’avoir pu former un gouvernement ».  Il a en outre demandé la reconnaissance « aujourd’hui même », de l’État palestinien, en soulignant que le Nicaragua l’avait déjà fait.  Il a soutenu ensuite que cette reconnaissance ne dénie pas le droit à l’existence de l’État d’Israël.  M. Santos López a également demandé la fin de l’embargo « que les États-Unis imposent à Cuba en violation des résolutions des Nations Unies ».  Il a ensuite demandé la libération des cinq Cubains emprisonnés depuis 13 ans aux États-Unis, et qui ne sont coupables que d’avoir alerté leur peuple des activités terroristes préparées contre Cuba.


Évoquant les grandes questions environnementales de l’heure, M. Santos López a estimé que « le développement ne peut sacrifier la vie ».  Regrettant la course à l’armement que connaît le monde, il a réaffirmé l’engagement du Nicaragua envers un « désarmement général et complet » et a ajouté que le commerce des armes ne représente que 0,01% des transactions industrielles au niveau mondial, et ne représente donc pas un secteur d’activités important.  Concernant la politique intérieure du Nicaragua, le représentant a relevé que l’éducation primaire pour tous est un objectif prioritaire du Gouvernement nicaraguayen.  Sur le plan énergétique, le Nicaragua vise, à l’horizon 2017, à faire passer à 90% la proportion des sources d’énergies renouvelables dans sa consommation nationale, tandis que les 10% restants proviendront de l’énergie thermique.  M. Santos López a en outre réaffirmé l’engagement du Nicaragua envers l’intégration régionale entre l’Amérique centrale, latine et les Caraïbes.  Le Nicaragua est convaincu, a relevé le représentant, qu’un avenir meilleur est possible si le monde se prend une nouvelle direction, s’il se bat pour la justice et la paix, et s’il s’engage pour le développement et la défense du bien commun de l’humanité.


M. BASILE IKOUEBE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la République du Congo, a rappelé que l’histoire des Nations Unies se confondait avec l’émancipation des peuples et a souhaité, à cet égard, voir l’émergence d’un État palestinien souverain, dans des frontières sûres et garanties, vivant en paix aux côtés d’Israël.  Il a en outre estimé que le rétablissement de la paix et de la sécurité en Libye était une priorité, exhortant les autorités du Conseil national de transition à tenir leurs engagements, notamment en faveur des travailleurs migrants africains, et dénoncé la situation intolérable en Somalie.  Concernant la prévention et le règlement des conflits, il a assuré que la médiation s’inscrivait dans la perspective de la culture et de la tradition africaine du dialogue.  De nos jours, et plus que jamais, la recherche de la paix par des voies négociées demeure le seul moyen susceptible de garantir une paix durable, a-t-il souligné.  Le Conseil de sécurité devrait par conséquent strictement circonscrire les conditions de recours à la force pour éviter toute manipulation ou dérapage, a-t-il ajouté.  De même, il a dénoncé « l’instrumentalisation de la justice internationale, devenue une arme politique visant particulièrement l’Afrique ».


Dans le contexte actuel, M. Ikouebe a estimé que la réforme des Nations Unies, sur des principes de démocratie, de justice et d’égalité, était urgente.  Il a demandé que cette réforme rétablisse le rôle central de l’Assemblée générale, en tant qu’organe délibérant le plus représentatif, et favorise la participation d’un plus grand nombre de pays en développement au processus de prise de décisions.  Souhaitant l’adoption d’un instrument international sur les changements climatiques lors de la Conférence de Rio+20, il a souligné que les pays du bassin forestier du Congo avaient consenti des efforts importants pour un taux de déforestation très bas, « efforts que la communauté internationale devrait appuyer et encourager ».   Les pays forestiers en développement attendent désespérément le déblocage des fonds « Fast Start » annoncés à Copenhague, ainsi que la concrétisation des sources financières et du transfert de technologies promis à Cancún, a-t-il déclaré.  Avant de conclure, le Ministre congolais des affaires étrangères a rendu hommage à Wangari Maathai, décédée hier.  Son engagement pour la reforestation et la restauration de la biodiversité lui a valu la reconnaissance des pays d’Afrique centrale, qui l’avaient désignée Ambassadrice de bonne volonté pour le bassin forestier du Congo, a-t-il rappelé.


M. GEORGES REBELO CHIKOTI, Ministre des relations extérieures de l’Angola, a exprimé son attachement au multilatéralisme comme meilleur moyen de résoudre les conflits complexes et multidimensionnels du monde contemporain.  Aussi, les organisations régionales et sous-régionales, comme l’Union africaine, la Communauté de développement de l’Afrique australe, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ou encore la Commission du golfe de Guinée, ont-elles, a-t-il estimé, un rôle de premier plan à jouer dans ce contexte.  Le Ministre a ensuite fait part de la stupéfaction de son gouvernement à l’annonce d’un prochain rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, selon lequel les Forces armées angolaises sont accusées d’avoir pris part à des violations des droits de l’homme en République démocratique du Congo (RDC).  Il a tenu à rappeler que l’armée angolaise est intervenue en RDC à la demande du Gouvernement de ce pays, contribuant ainsi à sauver des millions de vies et à poser les bases des négociations ayant conduit à l’installation du Gouvernement de transition et au déploiement d’une opération de maintien de la paix dans le pays.  M. Chikoti a donc catégoriquement rejeté ces allégations, dont les motivations sont, selon lui, plus que sujettes à caution.


L’Angola, a-t-il déclaré, appuie la proposition du Président des États-Unis pour que reprennent les pourparlers de paix entre Israël et l’Autorité palestinienne, dans l’espoir d’établir un État palestinien qui coexisterait dans la paix et la sécurité avec Israël.  Par ailleurs, le Ministre a estimé qu’il était temps de lever l’embargo injustement imposé à Cuba depuis 50 ans par les États-Unis.  Abordant les questions de politique intérieure, il a expliqué que l’Angola entrait désormais dans un cycle caractérisé par l’adoption d’une nouvelle constitution, qui marque la fin de la période de transition et l’avènement d’un État démocratique et de l’état de droit.  Les progrès accomplis en Angola, a-t-il tenu à préciser, ne doivent rien à la chance, mais sont le fruit des efforts du Gouvernement angolais et du pragmatisme de ses politiques et de ses engagements à améliorer l’Indices de développement humain (IDH) dans le pays.  Après huit ans de paix, l’Angola a réussi à mettre en œuvre des réformes économiques et sociales qui ont permis de revitaliser son économie et de réhabiliter les infrastructures clefs, s’est félicité M. Chikoti.  Depuis 2002, a-t-il précisé, plus de deux millions d’enfants ont été scolarisés en premier cycle et le taux de mortalité maternelle et infantile a chuté en 2010 de 1 400 pour 100 000 naissances à 660 pour 100 000 naissances.


M. JOHN SILK, Ministre des affaires étrangères des Îles Marshall, a exhorté les Nations Unies à reconnaître les conséquences des essais nucléaires menés par les États-Unis sur la population des Îles Marshall.  Il a déploré que le Secrétaire général n’ait pas saisi l’opportunité de prendre les mesures qui permettraient de mettre un terme à ce chapitre douloureux de l’histoire de son pays.  Il a souhaité que les Nations Unies aient un jour le courage de reconnaître ce qui a été fait et de présenter des excuses aux habitants des Îles Marshall.


M. Silk a ensuite indiqué que les engagements pour le développement durable et la préservation des stocks halieutiques ne pouvaient plus être ignorés par les partenaires régionaux de son pays, y compris par la Commission des pêches du Pacifique occidental et central (CPPOC).  Il a appelé en conséquence à la mise en œuvre des mesures protectives établies par les parties à l’Accord de Nauru, afin de protéger les stocks et de ménager la place qui revient aux Îles Marshall en tant qu’acteur économique à part entière de la pêche au thon dans le Pacifique.


Le Ministre a ensuite exhorté la communauté internationale à porter une attention accrue, lors de l’examen de l’agenda de « Rio+20 », au passage à une « économie bleue », afin de s’assurer du développement durable des océans.  Il s’est ensuite félicité de la visite du Secrétaire général dans la région du Pacifique, estimant que M. Ban Ki-moon a pu s’assurer en personne de la menace existentielle que les changements climatiques font peser sur les États insulaires de la région.  Il a déploré qu’une poignée de pays ait réussi à empêcher la communauté internationale de respecter les objectifs qu’elle s’était fixés dans le domaine du développement durable et qui conditionnent la survie des pays comme les Îles Marshall.  Il a indiqué que son pays, de concert avec le Mexique, allait demander aux Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques de considérer l’utilisation du droit de vote comme moyen de dernier recours.  M. Silk a également souhaité que le Conseil de sécurité reconnaisse les changements climatiques comme une menace à la paix et à la sécurité internationales.  « Nous n’avons pas besoin de sympathie.  Nous avons besoin de solutions politiques », a-t-il déclaré.


S’agissant de Taiwan, le Ministre des affaires étrangères des Îles Marshall a indiqué que la communauté internationale ne pouvait se permettre d’ignorer les efforts de Taiwan dans la promotion de la paix et de la stabilité, ainsi que dans ceux que fait ce pays pour aider d’autres États à répondre aux effets des changements climatiques, dans la région Asie-Pacifique.  Enfin, M. Silk a plaidé en faveur de la mise en place d’un Conseil de sécurité plus inclusif, qui accueillerait en son sein les pays du G-4 comme membres permanents.


M. ANTOINE GAMBI, Ministre des affaires étrangères de la République centrafricaine, a réaffirmé l’attachement de son pays aux principes de la Charte des Nations Unies qui consacre les textes relatifs au règlement pacifique des conflits, au premier rang desquels figurent la médiation et la prévention.  Soulignant l’attention toute particulière que son pays accorde à la question des changements climatiques, il a fait remarquer que les forêts tropicales, notamment en République centrafricaine, étaient exposées aux différentes activités nuisibles et destructrices liées à la pression exercée par les problèmes sociaux et aux catastrophes naturelles.  Les pays concernés ont reconnu la nécessité de formuler des politiques d’aménagement pour la conservation de la biodiversité dans ces régions, a-t-il dit.  La non-prolifération des armes nucléaires ainsi que le désarmement restent une priorité, a poursuivi le Ministre.  Il a également estimé que la lutte contre l’impunité et les violations des droits de l’homme était un acquis de la communauté des Nations Unies, et a souhaité qu’elle s’inscrive dans une approche globale, afin de ne pas entraver le processus de résolution politique des crises et des conflits dans le monde.  Réaffirmant le soutien de son pays à la position africaine concernant la réforme du Conseil de sécurité, il a assuré que ce dernier sortirait renforcé d’un élargissement qui donnerait une place plus équitable à tous les continents. 


M. Gambi a reconnu que beaucoup restait à faire en République centrafricaine pour améliorer la gestion des affaires publiques, aux plans politique, économique et social.  Le pays est déterminé à rompre avec l’instabilité et à tourner définitivement la page marquée par les soubresauts politico-militaires, a-t-il assuré, afin de se consacrer à sa reconstruction.  Sans la paix et la sécurité, il ne peut y avoir de développement économique profitable à l’ensemble de la population, a-t-il souligné, rappelant qu’une partie de la population centrafricaine continuait de subir l’agression des rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony.  La LRA, cruelle et barbare rébellion venant d’un pays non limitrophe, commet des atrocités, des destructions, des pillages et des enrôlements forcés, a-t-il dénoncé, demandant au Soudan du Sud de rejoindre les autres pays affectés par ces agissements contre « un ennemi transfrontalier aux ambitions floues et nuisible à la quiétude indispensable au développement de la sous-région ».  À cet égard, il a souligné que le retrait en décembre 2010 de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) avait laissé un vide en matière de sécurité.  Il a enfin salué le soutien des Nations Unies, à travers le Fonds pour la consolidation de la paix, et lancé un appel à toute la communauté internationale pour qu’elle continue de soutenir le pays.  Les dividendes de cet effort profiteront aussi bien à la République centrafricaine, cœur du continent africain, qu’à toute la sous-région, a-t-il assuré.


M. SURUJRATTAN RAMBACHAN, Ministre des affaires étrangères et de la communication de Trinité-et-Tobago, a rappelé que, depuis 1945, en dépit des conflits qui ont souvent failli éroder les gains acquis, l’ONU a connu des succès en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Au moment où se réunit cette Assemblée, a-t-il ensuite souligné, partout dans le monde, les peuples sont en quête de participer directement à la bonne gouvernance de leurs sociétés.  Cette quête tient, notamment, au fait que certains dirigeants sont peu démocratiques ou que les peuples aspirant à la démocratie ne se contentent plus de fausses promesses.  Les développements actuels au Moyen-Orient et en Afrique du Nord révèlent une dissonance entre les peuples et les régimes qui violent les droits fondamentaux et la démocratie, a-t-il estimé.  Politiquement, a soutenu le Ministre, « l’âge du totalitarisme et des dirigeants antidémocratiques est révolu ».  Devant cette nouvelle réalité, le monde, a-t-il ajouté, doit dorénavant, et plus que jamais, allouer ses ressources de façon plus équitable, plus éthique, durablement et dans la transparence.  M. Rambachan a d’autre part estimé que la promotion de la justice était indispensable au maintien de la paix et de la sécurité dans le monde.  Cette reconnaissance du rôle de la justice est d’ailleurs conforme à l’attachement de Trinité-et-Tobago aux travaux de la Cour pénale internationale.  « Mon pays, a-t-il ajouté, a toujours défendu l’usage de moyens pacifiques pour résoudre les conflits relatifs aux frontières.  À l’appui de son propos, il a rappelé qu’en 1970, Trinité-et-Tobago avait facilité la conclusion du Protocole de Port of Spain, signé entre la Guyana et le Venezuela, valable pendant 12 ans, au sujet de leur conflit frontalier.  Le Ministre a poursuivi en appuyant la demande d’admission de la Palestine à l’ONU en tant que État Membre.  La Palestine et Israël devraient vivre côte à côte, à l’intérieur de frontières sûres.  L’ONU doit continuer à user de son pouvoir et travailler avec les pays de la Ligue des États arabes ainsi qu’avec les autres entités, afin de résoudre ce conflit entre Israéliens et Palestiniens qui dure depuis des décennies et d’instaurer une paix durable dans la région.  Avant de conclure, il a appelé à la participation active des femmes dans les processus de prévention et de règlement des conflits. 


M. GILBERT SABOYA SUNYÉ, Ministre des affaires étrangères de la Principauté d’Andorre, a déclaré qu’il faudrait veiller à ce que la reprise économique qui suivra la récession n’accentue pas d’avantage les inégalités existantes.  De même que le droit international protège les nations qui, comme la nôtre ne dispose pas de capacité militaire, croissance économique doit prêter une attention toute particulière aux plus vulnérables pour éviter que les conséquences de la récession ne retombent pas systématiquement sur ces derniers, a-t-il dit.  Il a indiqué que l’Andorre, depuis sa dimension réduite, sa stabilité séculière et son enclavement au milieu des montagnes, affronte un processus d’ouverture de son économie.  « Nous aussi, nous voulons relever le défi de construire un modèle de croissance inclusif, ne laissant personne de côté », a-t-il insisté.  « Ce modèle, nous ne pouvons pas le construire en tournant le dos à la communauté internationale », a ajouté le Ministre des affaires étrangères de la Principauté d’Andorre. 


Mettant l’accent sur les dangers des changements climatiques pour les pays qui dépendent principalement de leurs ressources naturelles, M. Saboya Sunyé a rappelé qu’une grande partie de l’économie d’Andorre repose sur le tourisme d’hiver et de la montagne.  Il a indiqué que son pays soutiendra toutes les démarches relatives à la lutte contre les changements climatiques et a souligné que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques est entrée en vigueur le 31 mai 2011, à Andorre.  Saluant l’avènement du « printemps arabe », il a espéré que ces mouvements visant à établir la démocratie puissent se consolider dans le futur.  Il a précisé que l’Andorre a, au mois de juillet, exprimé son soutien, afin que le Soudan du Sud puisse devenir le 193e État Membre de l’ONU, en ajoutant qu’un monde plus démocratique est un monde plus dynamique, mais aussi plus sûr parce que plus juste.  Le Ministre a rappelé que la démocratie et le parlementarisme centenaires ne sont pas le fruit de la paix et de la stabilité, mais bien l’inverse, la paix, la sécurité et la stabilité sont le fruit de la démocratie.  Il a conclu que sans la démocratie, la paix et la stabilité seraient bien éphémères, aussi bien en Andorre que dans le reste du monde. 


Droits de réponse


Le représentant de la République islamique d’Iran a regretté l’utilisation d’une qualification inappropriée concernant les îles évoquées par les Émirats arabes unis devant l’Assemblée générale.  « Nous souhaitons poursuivre nos relations amicales avec les Émirats arabes unis, a-t-il dit, mais nous défendrons notre droit souverain, conformément aux documents échangés en 1971. »  La République islamique d’Iran est prête à dissiper tout malentendu avec les autorités compétentes des Émirats arabes unis, a-t-il ajouté.  Le seul nom correct pour définir la mer entre l’Iran et la péninsule arabique était le Golfe persique, a-t-il affirmé.  Toute autre désignation pour ces eaux est sans fondement et n’a aucune valeur géographique ou politique, a-t-il dit.


Le représentant des Émirats arabes unis a accusé le représentant iranien de tenir « de fausses allégations » à propos de ces îles, Abou Moussa, la Grande Tombe et la Petite Tombe.  Il s’agit pour les Émirats d’une cause nationale et nous sommes profondément déçus face aux allégations répétées chaque année par l’Iran dans cette salle, a-t-il dit, assurant que cette position allait à l’encontre de tous les éléments juridiques, géographiques ou politiques existants.  Cette souveraineté nationale ne saurait être remise en question et nous espérons que la communauté internationale encouragera l’Iran soit à lancer des négociations bilatérales, soit à saisir la Cour internationale de Justice pour qu’elle rende un avis juridique sur la question, a-t-il conclu.


Le représentant de l’Égypte a, pour sa part, tenu à répondre aux « fausses allégations » faites, selon lui, par le Ministre des affaires étrangères du Canada, en l’invitant à constater que les Musulmans et les Coptes se sont élevés côte à côte lors de cette révolution, et continuent de le faire.  Aucun Copte n’a été harcelé depuis la révolution, a-t-il ajouté.  Ces allégations erronées viennent du Canada, ce qui ne nous surprend pas puisqu’avec d’autres pays du monde, le Canada se veut le défenseur des droits de l’homme, sans s’appuyer sur des informations complètes et pertinentes, a-t-il dénoncé.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les délégations de la Libye, de l’Égypte et de la Somalie font état de la situation dans leur pays à l’heure de la transition

AG/11153

Assemblée générale: les délégations de la Libye, de l’Égypte et de la Somalie font état de la situation dans leur pays à l’heure de la transition

Une douzaine de petits États insulaires en développement

plaident leur cause face à la menace que posent les changements climatiques

Au quatrième jour de son débat général, l’Assemblée générale a entendu pour la première fois le Président du Bureau exécutif du Conseil national de transition (CNT) de la Lybie, dont la délégation avait été autorisée*, le 16 septembre dernier, à occuper le siège d’État Membre de la Libye.

Deux ans après que le colonel Al-Qadhafi eut jeté la Charte des Nations Unies à terre, « geste pathétique et théâtral », le Président du Bureau exécutif, M. Mahmoud Jibreel, a assuré l’Assemblée générale qu’une Libye nouvelle était entrée en scène, soucieuse de tourner la page et de s’ouvrir au reste du monde.

Avec des infrastructures en ruine, une personne sur cinq vivant en dessous du seuil de la pauvreté et un système éducatif considéré comme le pire de la région, la Libye postconflit a beaucoup à faire, a reconnu M. Jibreel.  La réconciliation nationale, priorité de son gouvernement de transition, a-t-il dit, passe par l’adoption d’une constitution respectueuse des droits fondamentaux et des libertés individuelles de tous les Libyens.  Mais pour rendre possible la reconstruction, la levée du gel des avoirs libyens, approuvée partiellement par le Conseil de sécurité**, doit être menée à son terme, a-t-il plaidé.

Réagissant à ces propos, le Vice-Chancelier et Ministre fédéral pour les affaires européennes et internationales de l’Autriche, M. Michael Spindelegger, a indiqué que plus de 150 millions d’euros, bloqués sur des comptes bancaires autrichiens, avaient été dégelés à des fins humanitaires.  Plusieurs autres États membres de l’Union européenne ont félicité le CNT, notamment le Portugal et le Luxembourg, représentés respectivement par le Premier Ministre, M. Pedra Passos Coelho, et le Vice-Premier Ministre, M. Franco Frattini.

De son côté, le Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, qui a félicité la délégation du CNT, s’est déclaré « fier de représenter son pays sous un nouveau visage », rappelant que les revendications du peuple égyptien, qui était « descendu dans la rue », avait été soutenues par les Forces armées du pays.  « Nous avons bénéficié de circonstances exceptionnelles qui ne sauraient se répéter.  Des circonstances qui ont permis au peuple égyptien de changer la destinée de leur pays d’une façon merveilleuse et historique », s’est réjoui M. Mohamed Kamel Ali Amr, affirmant que l’Égypte est désormais engagée dans une phase de transition caractérisée par un débat national et des dynamiques internes nouvelles auxquelles toute la société égyptienne participe.

Une fois la nouvelle constitution rédigée et les élections législatives et présidentielle organisées, ce processus devrait se solder par une passation du pouvoir à une autorité civile, a précisé le Ministre.  Appuyant la demande de reconnaissance, présentée hier, par l’Autorité palestinienne pour l’admission de la Palestine comme État Membre des Nations Unies, il a déploré l’incapacité du Quatuor pour le Moyen-Orient à trouver une solution équilibrée à l’objectif ultime « que nous partageons tous ».

Autre nation d’Afrique à connaître des mutations profondes, la Somalie, par la voix du Premier Ministre des institutions fédérales de transition, M. Abdiweli Mohamed Ali, a expliqué que le retrait des milices Al-Chabaab de la capitale Mogadiscio n’en laissait pas moins son pays vulnérable à diverses menaces, qui vont de « dirigeants faibles et kleptocrates » à « des batailles claniques pour des ressources limitées », en passant par des cycles de sécheresse et une économie sous-développée.

Dans un souci de réussir, eux aussi, leur réconciliation nationale, les autorités somaliennes ont annoncé qu’elles avaient organisé la première Conférence nationale consultative, au cours de laquelle les institutions transitoires et les représentants des administrations régionales ont adopté une feuille de route en vue du rétablissement d’un gouvernement permanent, légitime et représentatif en Somalie.

Le débat général de l’Assemblée a également été l’occasion d’entendre une série d’interventions par les chefs de gouvernement de petits États insulaires en développement (PEID).  Ainsi, les Premiers Ministres de Maurice, de la Barbade, de Tuvalu, de Saint-Vincent-et-les Grenadines, d’Antigua-et-Barbuda, du Cap-Vert, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, des Samoa, de Vanuatu, des Îles Salomon et de Tonga, ainsi que le Représentant permanent de Saint-Kitts-et-Nevis auprès des Nations Unies, se sont livrés à un plaidoyer vibrant en faveur de la lutte contre les changements climatiques et la montée des eaux, qui menace la survie de leurs populations.

Le Premier Ministre de la Barbade, pays qui avait accueilli la toute première Conférence internationale sur les PEID en 1994, a rappelé, pour sa part, qu’il avait été choisi par le Secrétaire général de l’ONU pour siéger au sein du Groupe de haut niveau sur l’écoviabilité mondiale.

« La tâche qui consiste à formuler des directives pour la croissance économique, qui tiennent à la fois compte de la nécessité d’éradiquer la pauvreté, d’assurer l’égalité des chances pour tous et de réduire l’impact des activités humaines sur l’environnement et les écosystèmes, sera difficile », a-t-il reconnu, mais il a été en mesure d’annoncer que les travaux du Groupe progressaient rapidement.

Avant de suspendre la séance, l’Assemblée générale a entendu les représentants de la Serbie et de l’Albanie qui ont exercé leur droit de réponse.

L’Assemblée générale poursuivra son débat général, lundi 26 septembre, à partir de 9 heures.

* Voir communiqué de presseAG/11137

 ** Voir communiqué de presse CS/10389



 

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/66/1)

Suite du débat général

M. PAKALITHA B. MOSISILI, Premier Ministre et Ministre de la défense du Lesotho, a estimé que le monde continuait d’être confronté à d’énormes obstacles dans ses efforts vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Malgré la mondialisation, les pays les moins avancés ne sont pas encore pleinement intégrés dans les marchés mondiaux, et la dégradation environnementale continue de peser sur les écosystèmes et l’approvisionnement énergétique, de même des épidémies comme le VIH/sida et le terrorisme.  Le Premier Ministre du Lesotho a aussi exhorté tous les États Membres à tenir leurs engagements relatifs au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), estimant toutefois illogique de demander aux États qui ne sont pas dotés de l’arme nucléaire de mettre fin à la prolifération alors que ceux qui possèdent les armes nucléaires continuent de les perfectionner et de menacer de leur utilisation à la moindre occasion.

La communauté internationale n’a pas agi avec consistance dans son approche des conflits, a regretté M. Mosisili.  Dans certains pays, elle a lancé des actions militaires rapides et décisives, dans d’autres, elle a privilégié la médiation et parfois elle a préféré détourner le regard.  Quoiqu’il en soit, les Nations Unies n’ont pas suffisamment utilisé la médiation comme outil de règlement des conflits, a-t-il dit, rappelant que le Conseil de sécurité, en charge du maintien de la paix internationale, devrait adopter une approche multilatérale, seul moyen de garantir la transparence, l’impartialité et l’appropriation d’un processus de médiation.  Une paix imposée sans consulter toutes les parties à un conflit ne peut être durable, a-t-il averti, en souhaitant une plus grande coopération avec les organisations régionales et une réforme globale du Conseil de sécurité.

M. Mosisili a estimé que le règlement pacifique du conflit au Kenya en 2007 ou la fin de la guerre au Soudan étaient des exemples des succès remportés par la communauté internationale grâce à la médiation.  Là où l’on a laissé sa chance à la médiation, des vies ont été sauvées, a-t-il estimé, tout en déplorant que l’intervention militaire ait été privilégiée en Libye.  Il a assuré que l’Union africaine avait développé une feuille de route générale qui aurait permis une solution pacifique à la crise mais avait été marginalisée.  Toutefois, cette feuille de route reste pertinente et les Nations Unies doivent mener la reconstruction du pays par une approche transparente et neutre, a-t-il dit.  Pour permettre de développer la médiation, il a appelé à renforcer humainement et financièrement le Bureau de bons offices du Secrétaire général dans la prévention et la résolution des conflits, plaidant pour une médiation sincère qui permette de régler la question de la Palestine, et celle du différend entre Cuba et les États-Unis. 

M. IGOR LUKŠIĆ, Premier Ministre du Monténégro, a indiqué que son pays s’engageait à favoriser la compréhension mutuelle et à renforcer toutes les formes de coopération.  Il s’est dit convaincu que le Monténégro ferait preuve de suffisamment de volonté pour contribuer au processus de son intégration au sein de l’Union européenne.  Il a notamment évoqué son engagement à mettre en œuvre un processus de réformes internes établies sur la base des sept recommandations clefs formulées par la Commission européenne.  M. Lukšić a ensuite souligné la nécessité de renforcer la diplomatie préventive et les activités de médiation pour répondre aux conflits éventuels, avant de déclarer que la priorité devrait être accordée à la signature « urgente » d’un accord de paix entre Israël et la Palestine.  Il a ensuite estimé que l’expérience du Monténégro en matière d’accueil des réfugiés pouvait servir de base à des compromis politiques à long terme destinés à consolider la paix dans sa région.  Il a également estimé que le renforcement du Mécanisme d’examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme s’imposait.  Son pays, a-t-il ajouté, appuie les travaux de la Cour pénale internationale.

La mise en œuvre par son gouvernement d’une politique économique pour lutter contre la crise mondiale actuelle a permis d’affaiblir l’impact de la crise économique et de mettre un terme à la chute de l’économie nationale, a-t-il assuré.  Son gouvernement, a-t-il ajouté, envisage d’adopter des mesures d’austérité pour stabiliser la situation économique du pays.  Passant ensuite à la question de la réforme de l’ONU, M. Lukšić a appelé au renforcement de l’autorité et du rôle de l’Assemblée générale, et à une meilleure représentativité au sein du Conseil de sécurité en accordant notamment un siège supplémentaire de membre non permanant au Groupe des États d’Europe orientale.  Le Premier Ministre a par ailleurs fait savoir que depuis sa ratification de la Convention sur les armes à sous-munitions, le Monténégro avait détruit toutes ses réserves d’armes de ce type.  « Le Monténégro est un État écologique », a ensuite déclaré M. Lukšić.  Il a expliqué que son gouvernement s’efforçait de faire l’équilibre entre la croissance, la création d’emplois, l’équité sociale ainsi que la protection de l’environnement et des ressources naturelles.  Il a ensuite appelé à l’adoption d’un accord international « global, coordonné et décisif » pour répondre aux effets des changements climatiques.

Mme E. IVETA RADIČOVÁ, Premier Ministre de la Slovaquie, a affirmé que pour répondre à la crise actuelle, un petit pays comme le sien devrait assurer la durabilité de son système de retraites, adopter une politique fiscale « responsable envers les générations à venir et contre cyclique », et appuyer la création d’emplois.  Elle a également évoqué la lutte contre la corruption et la promotion de la transparence.  Mme Radičová a ensuite avancé que la crise financière que connaît l’Europe démontre que la zone euro n’était pas préparée pour faire face à une telle situation.  Elle a souhaité l’adoption de mesures fiscales plus strictes aux plans national et européen.  « Il faut être honnête avec nos citoyens car nous devons nous assurer que les solutions techniques apportées à la crise ne provoquent pas une flambée de nationalisme et de populisme », a notamment prévenu Mme Radičová, qui a insisté sur la nécessité de réduire le risque de compromettre le projet de l’Europe pour réaliser l’intégration politique.  Elle a par ailleurs souhaité que le mandat du Conseil économique et social soit modifié « d’urgence » afin de renforcer sa capacité à répondre aux besoins économiques et sociaux de la planète.  Mme Radičová a ensuite souligné la nécessité de faire avancer les négociations sur le projet de convention générale sur le terrorisme international.  Elle a également souligné l’importance que revêt le développement durable dans le cadre de la consolidation de la paix.  Mme Radičová a par ailleurs salué les mérites de la médiation, mettant l’accent sur l’importance d’éliminer les causes premières des conflits plutôt que de chercher à gérer « de manière hâtive » leurs conséquences.  Elle a également observé que le rôle des femmes au cours de ces processus était souvent sous-estimé.

M. MANMOHAN SINGH, Premier Ministre de l’Inde, a déclaré qu’il n’y avait pas d’autre choix que de relever les nombreux défis qui se posent aujourd’hui à la communauté internationale, mais que le succès ne serait garanti qu’en privilégiant une approche fondée sur la coopération plutôt que sur la confrontation et en s’appuyant sur l’internationalisme et le multilatéralisme, valeurs sur lesquelles reposent les Nations Unies.  Le respect de l’état de droit est aussi important au niveau international qu’il ne l’est au sein même des pays, a-t-il poursuivi, en rappelant que les sociétés ne pouvaient pas être « restructurées » depuis l’extérieur ou par la force militaire.  La communauté internationale peut prêter une assistance dans le cadre des processus de transition et du renforcement des institutions, « mais l’idée que des prescriptions puissent être faites de l’étranger est dangereuse », a insisté M. Singh.  Toutes les actions entreprises sous l’égide de l’ONU doivent respecter l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriales des États, a-t-il ajouté sur ce point.

Pour le Premier Ministre de l’Inde, une tâche importante est de réformer la gouvernance mondiale, en commençant par les Nations Unies, qui doivent devenir plus fortes et plus efficaces et répondre aux aspirations de tous.  Dans ce contexte, l’élargissement et la réforme du Conseil de sécurité est déterminante afin de refléter les réalités du monde contemporain, a estimé M. Singh.  En outre, a-t-il estimé, nous ne devons pas prendre pour prétexte la crise économique pour ériger des murs entre nous, mais au contraire promouvoir la coordination des politiques macroéconomiques.  C’est la raison pour laquelle il a appelé de ses vœux une réforme des institutions financières internationales.  L’Inde, qui est un pays émergent, n’a pas manqué de forger des partenariats avec d’autres pays, notamment les moins avancés (PMA), a fait remarquer M. Singh.  Pour réaliser leur développement, les pays ont cependant besoin d’un environnement pacifique, a expliqué le Premier Ministre, qui a soutenu que la lutte contre le terrorisme doit être implacable.  Il s’est félicité, à cet égard, de la coopération régionale renforcée en Asie du Sud dans le domaine de la sécurité, notamment entre l’Inde et le Bangladesh.  Après avoir condamné l’assassinat de M. Burhanuddin Rabbani, perpétré la semaine dernière à Kaboul, M. Singh a réaffirmé l’engagement de son pays de se tenir aux côtés de l’Afghanistan.  Il a enfin attiré l’attention sur la nécessité de lutter contre le phénomène de la piraterie au large des côtes somaliennes et dans la mer Rouge.

M. CARLOS GOMES JÚNIOR, Premier Ministre de la Guinée-Bissau, intervenant tout d’abord sur la réforme du secteur de la sécurité dans son pays, que son gouvernement et la communauté internationale considèrent comme indispensables, a déclaré que l’engagement de la Guinée-Bissau en faveur de la mobilisation des ressources à l’appui de cette réforme l’a conduit à ouvrir un fonds spécial de pension, sur lequel ont déjà été déposés 200 000 dollars sur le demi-million promis jusqu’à fin 2011.  Conscient que l’Afrique de l’Ouest en général, et la Guinée-Bissau en particulier, étaient considérées comme une plaque tournante du trafic illicite de stupéfiants, M. Gomes Junior a annoncé que son pays fut l’un des premiers à solliciter l’assistance de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) en vue de lutter efficacement contre ce fléau.  Le Conseil des ministres, a-t-il précisé, s’est doté de deux instruments importants, une Déclaration politique et un Plan opérationnel, qui incluent tout un éventail de mesures dans trois domaines spécifiques: le renforcement du système juridique, le renforcement du système judiciaire ainsi que la lutte contre la toxicomanie et le VIH/sida.  Outre ces mesures prises au niveau national, le Gouvernement s’efforce de signer des accords bilatéraux, convaincu que sans une coopération stratégique entre les pays d’où provient le trafic, les pays de transit et les pays consommateurs de stupéfiants, la lutte contre ce phénomène sera vouée à l’échec.  Le Premier Ministre a saisi l’occasion pour redemander à cet égard le soutien des États-Unis, de l’Union européenne et de ses États membres.

Le Premier Ministre a ensuite évoqué les efforts de son gouvernement pour lutter contre la pauvreté et réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a notamment adopté un Document stratégique national de réduction de la pauvreté, qui trace la voie à suivre pour les cinq prochaines années, a expliqué M. Gomes Júnior.  Au nombre des mesures récemment prises sous son autorité, le Premier Ministre s’est félicité des lois qui répriment la mutilation génitale féminine et renforcent les sanctions contre le trafic de mineurs.  Sur le plan international, il a salué la décision de l’Autorité palestinienne de présenter la demande de reconnaissance de la Palestine en tant qu’État Membre.  La Guinée-Bissau appuie, par ailleurs, la position de l’Union africaine concernant la Libye et a exprimé son entière disposition à coopérer avec les représentants légitimes de ce pays.  Le Premier Ministre a conclu en rappelant que sous les auspices du Président Malam Bacai Sanhá, l’Assemblée nationale avait entrepris un processus de réconciliation nationale impliquant tous les secteurs de la société de Guinée-Bissau.

M. WILLY TELAVI, Premier Ministre de Tuvalu, a salué le rôle joué par l’ONU dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité, estimant cependant que l’intégrité et la souveraineté des pays devaient être respectées à tout prix.  Il a ensuite fait savoir que la crise économique avait eu un grave impact sur le Fonds d’affectation de Tuvalu, « la principale source de revenus pour stabiliser le budget récurrent du pays ».  Il a appelé la communauté internationale et les partenaires pour le développement à « honorer d’urgence » leurs engagements en faveur des pays les moins développés par le biais, notamment, de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul.  Il a ensuite fait savoir que les principaux éléments de ce programme seraient intégrés, le mois prochain, à la Stratégie nationale de Tuvalu pour le développement durable, Kakega II.  Le Premier Ministre a également appelé l’ONU à prendre en compte l’impact des changements climatiques et des maladies non transmissibles sur les PMA avant de les retirer de cette liste.  Tuvalu, a-t-il insisté, est fermement convaincu que sa vulnérabilité économique et environnementale de même que sa dépendance continue de l’aide publique au développement (APD) ne peut être ignorée, a lancé le Premier Ministre qui a plaidé pour que les critères de radiation prennent en compte la vulnérabilité de son pays.

M. Telavi s’est ensuite félicité du fait que Tuvalu allait plus que probablement atteindre cinq des Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015, tout en avertissant que les progrès réalisés risquaient à tout moment d’être anéantis à cause de la vulnérabilité du pays.  S’inquiétant par ailleurs de la lenteur de la réforme de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, il a souhaité l’instauration d’un calendrier afin d’achever ce processus dans un avenir proche.  Il a également appelé l’ONU à reconnaître « sans réserves » les contributions de Taiwan au maintien de la paix dans le monde.

Commentant la question des changements climatiques, le Premier Ministre de Tuvalu a estimé que la Réunion de Durban sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, prévue pour décembre prochain, devrait déboucher sur l’adoption d’amendements au Protocole de Kyoto afin d’établir une deuxième période d’engagement.  Il a également appelé à la création rapide d’un mécanisme international pour répondre aux pertes et aux dommages liés aux changements climatiques.  Pour un pays fortement vulnérable comme Tuvalu, cela est d’une importance vitale, a-t-il souligné.  M. Telavi a également appelé à la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation du couvert forestier par le biais de l’adoption de mesures appropriées pour répondre à leurs causes.  Il a également appelé à la réglementation des produits qui font avancer la déforestation.  Le Premier Ministre a ensuite exhorté les principaux pays émetteurs à prendre des mesures décisives pour réduire leurs émissions.  Il a notamment estimé que les mesures contenues dans l’Accord de Cancun étaient inappropriées.  À Durban, son pays initiera des négociations sur un nouvel accord juridiquement contraignant pour les principaux pays émetteurs qui n’ont toujours pas pris d’engagements en vertu du Protocole de Kyoto.  M. Telavi a par ailleurs souhaité que la Conférence Rio+20 accorde une attention particulière aux besoins des petits États insulaires en développement.

M. RALPH E. GONSALVES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a estimé que des courants pour le changement sont intervenus dans certaines régions de la planète, parfois pour le meilleur, comme au Soudan du Sud, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, parfois pour le pire avec des catastrophes naturelles, ouragans et tempêtes tropicales qui ont touché une nouvelle fois la région des Caraïbes.  Les Nations Unies se trouvent dans l’œil de ces turbulences géopolitiques et socioéconomiques, a-t-il souligné, en plaidant pour la médiation, trop souvent abandonnée prématurément au profit d’une solution militaire.  Les plus bruyants des champions de l’action militaire onéreuse et inutile sont ces mêmes dirigeants des puissances militaires qui cherchent à avoir la mainmise sur les ressources naturelles locales, a-t-il dénoncé.  Les aventures néocolonialistes et impérialistes ne triompheront jamais sur le droit des peuples à l’autodétermination et à la souveraineté, a-t-il dit.  Une résolution ferme de l’Assemblée générale envers la médiation marquerait le début de la fin pour le cercle vicieux de l’interventionnisme unilatéral, a-t-il insisté.  M. Gonsalves a aussi souligné que les effets de la crise financière se faisaient à présent sentir bien au-delà des multinationales, entraînant chômage, pauvreté et désespoir, particulièrement chez les jeunes, comme les violences qui ont éclaté dans le monde l’ont montré de Tottenham à Tripoli.  Après plus de trois ans de crise économique, nous pouvons maintenant affirmer que les réponses tièdes et timides apportées par les pays développés riches ont échoué à guérir l’économie mondiale, engendrant des conséquences inquiétantes sur les économies à revenus moyens très endettées, a-t-il dit.  Ces économies ne peuvent attendre une reprise hypothétique, car les petits États ont besoin d’un espace fiscal et politique pour leur développement, centré sur les populations, a-t-il souligné, regrettant que les institutions financières internationales n’en aient pas suffisamment mesuré l’importance.

Remerciant la communauté internationale pour l’assistance dont Saint-Vincent-et-les Grenadines a bénéficié après le passage dévastateur de l’ouragan Thomas, M. Gonsalves a néanmoins indiqué que la reconstruction du pays, comme de la région, était loin d’être accomplie.  « Je reste choqué, a-t-il dit, par l’intransigeance des principaux responsables des émissions et des pays développés qui refusent d’assumer leurs responsabilités dans les changements climatiques. »  Nous n’avons plus beaucoup de temps, a-t-il prévenu, estimant que les citoyens du monde et nombre de gouvernements avaient perdu la foi dans des sommets interminables qui produisent peu de résultats tangibles.  Les promesses doivent être tenues, et si les paroles ne coûtent rien, le développement, lui, a un coût, a-t-il souligné.  Enfin, le Premier Ministre a accusé les Nations Unies d’être enfermées dans un marasme de stagnation, dénonçant un Conseil de sécurité fossilisé.  Il a demandé à intensifier les efforts pour venir en aide aux populations d’origine africaine partout dans le monde, notamment dans la corne de l’Afrique et en Haïti.  Il a aussi salué la demande d’admission de l’État de Palestine aux Nations Unies, plaidé pour la levée de l’embargo américain imposé à Cuba, et estimé qu’il n’y avait aucune justification pratique, juridique ou logique expliquant l’absence de Taiwan au sein des Nations Unies. 

M. BABURAM BHATTARAI, Premier Ministre du Népal, s’est félicité de la transformation de son pays, qui est passé en l’espace de quelques années du statut de « monarchie autocratique et féodale » à celui de « nouvelle république fédérale démocratique ».  Toutefois, a-t-il expliqué, son pays, qui fait partie de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), est bien placé pour prendre la mesure des inégalités qui caractérisent le monde d’aujourd’hui: « Les îlots de prospérité dans une mer de pauvreté ne sont pas tolérables », a-t-il martelé.  La récurrence des crises économique et financière exige le réexamen des paradigmes sur lesquels s’appuie aujourd’hui l’ordre économique mondial, a poursuivi M. Bhattarai.  Les efforts de développement des PMA se heurtent ainsi à de graves contraintes structurelles, qui compromettent la possibilité pour eux de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), d’ici à 2015.  Aussi, le Premier Ministre a-t-il appelé à mettre en œuvre la Déclaration et le Programme d’action adoptés lors de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA qui s’était tenue à Istanbul en mai dernier, en particulier les mesures portant sur le financement du développement.

Le Népal, qui préside le Groupe des pays les moins avancés, a souligné M. Bhattarai, n’oublie pas le sort des pays en développement sans littoral, dont il fait également partie.  Il a ensuite évoqué la lutte contre les changements climatiques, qui frappent directement le Népal, avec la fonte des neiges et des glaciers de l’Himalaya.  Le Premier Ministre a donc appelé de ses vœux la réalisation de progrès significatifs dans les négociations sur les changements climatiques, en particulier les mesures d’adaptation et d’atténuation.  Évoquant ensuite la question du désarmement, le Premier Ministre népalais s’est félicité de la mise en place d’un Centre régional pour la paix et le désarmement pour l’Asie et le Pacifique, installé à Katmandou.  Il a par ailleurs encouragé la finalisation du projet de convention générale sur le terrorisme international, tout en insistant sur la nécessite d’établir une distinction entre le terrorisme et la lutte pour l’autodétermination.  Avant de conclure, M. Bhattarai a réaffirmé le soutien de son pays aux opérations de maintien de la paix, pour lesquelles le Népal est un important contributeur de troupes, avec près de 80 000 Casques bleus déployés à ce jour.

M. NAVINCHANDRA RAMGOOLAM, Premier Ministre de Maurice, a estimé que les tensions dans le monde, entre les États et au sein même des États, naissaient d’un accès inégal aux ressources, d’un manque de sécurité alimentaire et de l’incapacité à s’attaquer aux changements climatiques.  L’insécurité économique menace la paix internationale, a-t-il insisté, notant que le monde en développement se trouvait confronté aux conséquences d’une crise économique et financière résultant d’échecs qui ne sont pas les siens.  Les petits États insulaires en développement sont particulièrement vulnérables, a-t-il déclaré, regrettant qu’une reconnaissance formelle de cette vulnérabilité ne leur ait pas été accordée.  M. Ramgoolam a estimé que les Nations Unies étaient l’unique organisation internationale dotée de la légitimité et l’universalité nécessaires pour avoir une vue d’ensemble sur le développement économique mondial, et a souhaité qu’elles assurent la coordination politique, fixent des principes pour des négociations par secteur et assument leur responsabilité pour la sécurité économique de tous les pays.  Dans ce contexte, le Conseil économique et social doit jouer pleinement le rôle qui lui est dévolu par la Charte des Nations Unies en tant que l’un des principaux organes de l’Organisation.  Maurice subit déjà les conséquences des changements climatiques, a poursuivi son Premier Ministre.  La température de l’air est plus élevée, le niveau de la mer augmente de 1,2 millimètre par an dans l’océan Indien et les chutes de pluie ont baissé de 8% par rapport aux années 1950, a-t-il indiqué, prévenant que les conséquences de ces changements seront dévastatrices pour tous les pays, sans une coopération internationale renforcée et des actions concertées.  La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) reste le forum international et intergouvernemental premier pour négocier sur cette question des changements climatiques, a-t-il réitéré.  De son côté, Maurice continue de poursuivre une stratégie de développement durable, en augmentant sa part d’utilisation d’énergie renouvelable de 18 à 35% d’ici à 2025.

M. Ramgoolam a également identifié quatre menaces majeures en matière de sécurité humaine: la course aux armements, le terrorisme, le trafic de drogues et le VIH/sida.  La sécurité nécessite un cadre de travail légal pour un règlement pacifique des différends, a-t-il souligné, en demandant que le débat des Nations Unies sur la question de l’état de droit puisse être élargi aux relations entre États.  Évoquant l’affaire de l’archipel Chagos l’opposant à l’ancienne puissance coloniale, le Royaume-Uni, le Premier Ministre a précisé que ce territoire avait été retiré à Maurice lors de son accession à l’indépendance, au mépris des résolutions 1514 et 2066.  Quand la Cour internationale de Justice (CIJ) avait été saisie de l’affaire, le Royaume-Uni avait déclaré que la Cour n’était pas compétente pour connaître d’un différend le liant à un membre actuel ou passé du Commonwealth, a-t-il dénoncé.  Ceci illustre bien les difficultés qu’un État peut rencontrer lorsqu’il essaie de régler une question en vertu du droit international, a-t-il dit, demandant aux Nations Unies de montrer l’exemple.  Une meilleure sécurité juridique exige une meilleure gouvernance mondiale, a-t-il souligné.  Dans cette perspective, une réforme du Conseil de sécurité doit être entreprise.  L’absence de sécurité, que ce soit sur le plan économique, écologique, juridique ou même dans certains cas, existentiel, appelle à une révision des obligations statutaires des Nations Unies, a conclu le Premier Ministre.

M. SALI BERISHA, Premier Ministre de l’Albanie, a rappelé qu’en dépit des énormes difficultés indiscutables auxquelles il continue d’être confronté, 20 ans après la chute de la dictature communiste, son pays a fait de la liberté individuelle la plus précieuse des richesses.  « L’Albanie était le plus isolé des pays du monde », elle est aujourd’hui membre de l’OTAN et demeure fermement engagée en faveur de son intégration à l’Union européenne.  « L’Albanie a pour ambition de devenir un pays développé », a déclaré M. Berisha, en réaffirmant la volonté de son gouvernement de réaliser un développement durable.  Les pays en développement, a-t-il dit, ont l’avantage de pouvoir tirer les leçons des échecs connus par les pays développés et de ne pas répéter les erreurs du passé.  « Avec ses ressources naturelles considérables, l’Albanie a pour objectif de devenir la Norvège de la péninsule balkanique », a assuré le Premier Ministre, qui a fait part de la signature de 220 contrats avec le secteur privé.  Des projets de centrales hydroélectriques sont en cours, tandis que des plateformes éoliennes sont installées partout dans le pays, a poursuivi M. Berisha, qui a indiqué que l’Albanie comptait également tirer un parti maximal de son ensoleillement exceptionnel en développant l’énergie solaire.  Enfin, le Gouvernement a entrepris de planter, au cours des huit prochaines années, 50 millions d’oliviers et près de 200 millions d’amandiers dans tout le pays.

Abordant la question des relations de bon voisinage de l’Albanie avec les autres pays des Balkans, le Premier Ministre a formé le vœu de pouvoir consolider ces relations avec la Serbie.  « Je suis fermement convaincu que les Serbes et les Albanais doivent s’engager dans un dialogue et dans un processus de coopération afin d’ouvrir un nouveau chapitre dans leurs relations », a-t-il déclaré.  Rappelant que l’indépendance du Kosovo avait été reconnue par plus de 80 États, il a donc appelé la Serbie, qui avait saisi la Cour internationale de Justice par le biais de cette Assemblée générale, à s’aligner sur l’avis consultatif rendu par cette juridiction internationale.  Affirmant que le Kosovo avait mis en place, avec le soutien de l’EULEX et de la KFOR des normes élevées en matière de droits des minorités, le Premier Ministre albanais a estimé que les problèmes les plus inquiétants pour les Serbes du Kosovo étaient « les tensions créées et orchestrées à des fins nationalistes ».  Les structures parallèles mises sur pied par Belgrade dans le nord du Kosovo, où se trouvent trois enclaves serbes, ont transformé cette zone en plaque tournante de la criminalité organisée et du trafic en tout genre, a accusé M. Berisha, qui a déclaré son soutien sans équivoque au Gouvernement légitime du Kosovo.

M. NIKOLA GRUEVSKI, Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a déclaré que la diplomatie préventive méritait davantage d’attention à la fois comme notion et mécanisme de prévention de conflit.  Les organisations régionales et sous-régionales ont un rôle à jouer pour assister les États nouvellement indépendants à régler les questions en suspens.  M. Gruevski a par ailleurs estimé que l’engagement en faveur des Objectifs du Millénaire pour le développement ne devrait pas faiblir du fait de la crise économique.  Il a également lancé un appel pour que l’on réponde de manière « responsable, engagée et adéquate » aux effets des changements climatiques sur la base du principe de responsabilité commune mais différenciée.  M. Gruevski a ensuite fait observer que les conflits enlisés demeuraient un défi sur les plans régional et international.  Il a soutenu que l’ONU demeurait le point central du multilatéralisme et de la gouvernance mondiale.  Le défi du cynisme et du scepticisme, a-t-il ajouté, ne peut être vaincu que par le défi d’une vision et de l’action.  Le Chef d’État a par ailleurs estimé qu’en 2012, la « réunion des dirigeants » devrait être consacrée à l’éducation, l’innovation et les progrès technologiques dans le cadre du développement durable.  Il a ensuite fait part de l’ambition de son pays de devenir un leader régional en matière de réforme éducative, d’éducation, d’investissements, de technologies, et de protection de l’environnement et des droits de l’homme.

Le Président a ensuite évoqué le droit de son pays d’avoir une identité et l’objection de son « voisin du Sud » à l’égard de son nom et de son identité.  Ce différend, a-t-il affirmé, est unique au monde.  « Il est imposé par le besoin d’un pays, notre voisin, de monopoliser deux noms et par sa détermination stratégique à ne pas nous laisser exister comme nous le ressentons ».  « Imaginez l’état d’esprit dans lequel mes citoyens se trouvent », s’est indigné M. Gruevski.  «  Nous sommes victimes de chantage et nos efforts de développement sont freinés par les entraves imposées par notre voisin du Sud à notre entrée dans les institutions euro-atlantiques ».  M. Gruevski a engagé les États Membres à mettre un terme à cette situation, et à appuyer « la fierté et la dignité » de son pays.  « Nous voulons une solution qui ne fera de mal à personne, un nom qui marquera notre engagement, notre désir et notre détermination en faveur de la coexistence, la communauté, l’individualité et l’identité ».  Il s’est ensuite félicité de ce que 131 États Membres aient reconnu, à ce jour, le nom de « République de Macédoine ».

M. BALDWIN SPENCER, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a déclaré que son pays continuait d’appuyer les aspirations du peuple palestinien et l’idée d’une solution de deux États, qui permettra au peuple palestinien d’exercer leurs droits inaliénables et de créer un État souverain vivant côte à côte avec Israël.  C’est sur cette base que nous avons décidé de nous associer à ceux qui ont déjà reconnu l’État de Palestine.  Nous sommes convaincus que cette reconnaissance contribuerait à la recherche d’une solution négociée au conflit israélo-palestinien sur la base des frontières de 1967.  Il a ensuite observé que de nombreux conflits actuels étaient alimentés par le commerce illicite d’armes légères et de petit calibre.  Il a évoqué l’impact dévastateur de ces « petites armes de destruction massive » dans sa région.  En 2007, a-t-il précisé, cette région avait connu le taux de meurtres le plus élevé au monde et des armes légères avaient été utilisées pour commettre 70% de ces crimes.  Il a ensuite fait savoir que lors du dernier Sommet de la CARICOM, qui s’est tenu au mois de juillet dernier, les dirigeants s’étaient engagés à accorder la plus haute priorité à la lutte contre le trafic illicite de ces armes.  M. Spencer a ensuite appelé à une nouvelle restructuration de la dette souveraine qui prenne en compte les multiples aspects de la dette pour surmonter la crise actuelle.  Il a ensuite évoqué le différend qui oppose son pays aux États-Unis au sujet des sites de jeux en ligne, et a appelé ce dernier à maintenir son engagement pour trouver une solution mutuellement acceptable.  Il a ensuite fait part de son engagement à favoriser l’ouverture des marchés dans des secteurs clefs, à combattre le trafic de drogues et à promouvoir la création d’emplois.  Il a par ailleurs appelé les États-Unis à lever immédiatement l’embargo imposé à Cuba.

Le Premier Ministre a ensuite salué l’adoption de la Déclaration politique de l’Assemblée générale sur les maladies non transmissibles (MNT), regrettant cependant qu’elle ne contienne pas d’objectifs précis relatifs à la campagne mondiale de lutte contre les MNT.  Commentant le dixième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, M. Spencer a observé que le racisme et le legs de l’esclavage continuaient d’avoir des répercussions dans la vie des personnes d’ascendance africaine.  Il a notamment appelé les anciens États esclavagistes à présenter des excuses officielles pour les crimes commis pendant les 400 ans qu’a duré le commerce esclavagiste et à les assortir de nouveaux engagements pour appuyer le développement économique des pays ayant souffert le plus de cette tragédie humaine.  Notant que la planète comptera bientôt sept milliards d’habitants, M. Spencer a souligné qu’il était nécessaire d’accorder une attention particulière au développement et de mettre sur pied des politiques de promotion de la santé et de la dignité de tous les habitants du monde qui sachent également assurer la protection de la planète.  Il a également insisté sur la nécessité de promouvoir la participation des femmes et des jeunes et de transformer les économies des pays en développement afin d’éliminer la pauvreté.  M. Spencer a ensuite évoqué les répercussions néfastes de la crise mondiale sur l’économie de son pays, faisant notamment état d’une importante baisse du tourisme, des investissements étrangers directs et des envois de fonds.  « Notre PIB a chuté de 5,7% en 2009 et la dette du secteur public est en hausse », a-t-il notamment fait savoir.  Il a ensuite expliqué que les États membres de l’Union monétaire des Caraïbes orientales avaient renforcé les arrangements relatifs à l’intégration économique dans le but d’atteindre un statut d’union économique.

Mme CHEIKH HASINA, Premier Ministre du Bangladesh, a assuré que la justice pour la paix, fondement de la politique intérieure et étrangère de son pays, était au cœur de ses idéaux laïcs, démocratiques et tournés vers le progrès.  L’attention portée aux négociations pacifiques a aussi permis au Bangladesh de maintenir une croissance annuelle de 6%, de créer des milliers d’emplois et de réduire la pauvreté, tout en signant un Accord de paix avec les communautés marginalisées de la région des Hill Tracts, ainsi qu’un Traité de partage des ressources en eau et de démarcation des frontières avec l’Inde.  En outre, un Tribunal indépendant a été établi pour poursuivre les responsables de crimes de guerre commis durant la guerre de libération du Bangladesh en 1971.  Mme Hasina a réaffirmé son plein engagement dans la lutte contre le terrorisme, rappelant que son père, qui était le premier Président du Bangladesh, fut assassiné en 1975 dans un attentat qui tua aussi sa mère et trois de ses frères, et qu’elle-même avait échappé miraculeusement à un attentat en 2004.

Comme la justice amène la paix, la paix est vitale au développement, a-t-elle poursuivi, en détaillant les mesures prises par le Bangladesh pour réaliser les OMD, notamment les efforts pour intégrer l’éducation des filles dans les politiques de l’État.  La participation des femmes a aussi augmenté au niveau politique, y compris au sein du Gouvernement, à la Cour suprême, dans la police, l’armée et les missions des Nations Unies auxquelles le Bangladesh participe.  En outre, le pays développe l’accès aux nouvelles technologies avec 4 500 centres d’information implantés dans les communautés rurales et la connexion à Internet de 8 500 bureaux de poste.  Les services de santé ont également été étendus, avec 11 000 nouveaux centres de soins communautaires implantés dans les zones rurales.  Toutefois, Mme Hasina a souligné que les pays les moins avancés, comme le Bangladesh, avaient besoin du soutien international, à la fois en matière d’accès aux marchés, de levée des barrières douanières et d’égalité de poids dans les institutions de Bretton Woods.  Un tel soutien est particulièrement important pour le Bangladesh qui subit en plus les conséquences des changements climatiques, a-t-elle déclaré.  « Une montée des eaux d’un mètre inonderait un cinquième de nos terres et entraînerait le déplacement de 30 millions de personnes, ce qui constituerait la plus importante crise humanitaire de l’histoire », a-t-elle alerté, en appelant à ne pas perdre de temps pour prendre les mesures appropriées.  Le Bangladesh a préparé un plan visant à réduire les risques, comprenant notamment une augmentation de sa couverture forestière de 20%, et établi un Fonds spécial de 300 millions de dollars.  Avant de conclure, Mme Hasina a souhaité que le Bangla, parlé par 300 millions de personnes dans le monde, soit déclaré langue officielle des Nations Unies. 

M. FREUNDEL STUART, Premier Ministre de la Barbade, a déclaré qu’aucun pays représenté à l’Assemblée générale ne connaîtrait une prospérité durable si nous continuons d’abuser de notre environnement.  Il a donc lancé un appel à une utilisation plus parcimonieuse des ressources naturelles de la planète, en particulier des énergies fossiles, des émissions de gaz carbonique et de la gestion dérèglementée des déchets.  Comme l’attestent les effets de plus en plus visibles des changements climatiques, les petits États insulaires en développement des Caraïbes et du Pacifique dépendent de ces ressources pour leur survie, a rappelé M. Stuart.  Il a assuré l’Assemblée générale que la Barbade déploierait tous les efforts nécessaires pour que la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20 soit couronnée de succès.  Le Premier Ministre s’est ensuite déclarée honorée d’avoir été choisi pour siéger au sein du Groupe de haut niveau sur l’écoviabilité mondiale établi par le Secrétaire général.  « La tâche qui consiste à formuler des directives pour la croissance économique, qui tiennent à la fois compte de la nécessité d’éradiquer la pauvreté, d’assurer l’égalité des chances pour tous et de réduire l’impact des activités humaines sur l’environnement et les écosystèmes, sera une tâche difficile », a-t-il reconnu, avant de dire que les travaux du Groupe progressaient.

M. Stuart a ensuite déclaré que le conflit de longue date au Moyen-Orient entre Israël et la Palestine était devenu une « anomalie dérangeante » dans un monde où d’autres différends ont pu être résolus de manière pacifique.  Il a estimé que la seule solution envisageable à cette situation était de permettre aux Palestiniens d’avoir leur propre État.  De même, le Premier Ministre a lancé un appel pour que soit levé l’embargo imposé à Cuba par les États-Unis, pays qui a été privé d’être pleinement intégré sur le plan régional.  Il a ajouté que le développement d’Haïti constituait une priorité pour son pays, et qu’il soutenait les appels lancés à la communauté internationale par les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) pour qu’elle tienne ses promesses de contributions en faveur de la reconstruction de ce pays après le séisme de janvier 2010.  Les mêmes chefs d’État et de gouvernement avaient réaffirmé, en juillet dernier, lors du Sommet de la CARICOM, qu’il fallait accorder la plus haute importance à la lutte contre le trafic d’armes légères et de petits calibre, à la fois aux niveaux national et régional, a précisé M. Stuart.

M. MAHMOUD JIBREEL, Président du Bureau exécutif du Conseil national de transition (CNT) de la Lybie, a déclaré que 30 000 personnes avaient perdu la vie dans le conflit qui les avait opposées au régime du colonel Al-Qadhafi, « afin d’écrire une nouvelle page de l’histoire de notre pays et œuvrer à l’avènement d’une Libye libre ».  Il y a deux ans, a-t-il rappelé, le colonel Al-Qadhafi avait jeté la Charte des Nations Unies à terre, « un geste pathétique et théâtral », comme si les règles qui régissent la communauté internationale n’avaient aucune importance à ses yeux.  « Je m’adresse à vous pour vous assurer qu’une Libye nouvelle est aujourd’hui présente aux Nations Unies et sur la scène internationale, une Libye désireuse de surmonter ses difficultés et de s’ouvrir au reste du monde ».  M. Jibreel a assuré que la nouvelle constitution garantirait les libertés fondamentales de tous les Libyens, sans discrimination aucune.  Toutefois, nous ne sommes pas en train de dire que nous avons « une baguette magique », comme le faisait le colonel Qadhafi, qui se considérait comme un prophète, alors que la Libye qu’il nous a laissée en héritage est un pays aux infrastructures en ruine, où une personne sur cinq vit en dessous du seuil de la pauvreté et où le système éducatif est le pire de la région.

Le Président du Bureau exécutif a ensuite remercié tous les « États frères » qui ont permis aux résolutions 1973 et 2009 du Conseil de sécurité d’être adoptées.  Appelant maintenant le Conseil de sécurité à dégeler les fonds de la famille Al-Qadhafi, le Président a déclaré qu’une assistance était nécessaire pour mettre en place des institutions étatiques, dans un pays qui en a été privé depuis 42 ans.  Conscient que les attentes placées en lui étaient élevées, le CNT a déclaré que la réalisation de la réconciliation nationale était urgente, y compris pour un gouvernement de transition.  « La Libye que nous voulons est un État de droit », a assuré M. Jibreel, qui estime que, de par sa position géostratégique, son pays peut devenir un lien entre le Sud et le Nord, l’Est et l’Ouest.  De manière plus générale, il a défendu l’idée selon laquelle l’Afrique, grâce à ses ressources et à son dynamisme, peut jouer un rôle de premier plan sur la scène mondiale, et que les migrations africaines peuvent continuer à contribuer au développement économique de l’Europe.  « Notre politique étrangère sera basée sur le respect de la souveraineté des autres États », a-t-il promis.  Le temps est également venu de placer au premier plan les jeunes et les femmes, non seulement parce qu’ils représentent 67% du monde arabe, mais aussi parce qu’ils sont l’avenir, a martelé le Président du Bureau exécutif, avant de conclure.

M. LAWRENCE GONZI, Premier Ministre de Malte, a estimé que l’année écoulée avait été marquée par de multiples troubles et soubresauts dus à la pauvreté et aux inégalités sociales qui persistent dans de nombreuses régions du monde.  Cette situation, aggravée par l’insécurité alimentaire et exacerbée par la sécheresse et la famine, menace la survie de millions de personnes en Somalie et dans le reste de l’Afrique, a-t-il souligné.  Tout en déclarant que Malte, par son réseau d’organisations non gouvernementales et son aide au développement, soutenait de nombreux projets dans les pays en développement et les moins avancés, il a fait remarquer qu’elle avait cependant besoin d’assistance pour gérer l’afflux de migrants illégaux qui arrivent sur ses côtes depuis la Libye et d’autres pays de l’Afrique du Nord. 

La région de la Méditerranée n’a pas été épargnée par les défis et les difficultés et Malte, historiquement connue pour être « l’infirmière de la Méditerranée », salue le courage des peuples du « printemps arabe », a-t-il dit.  Les prochains mois, en particulier, seront un défi majeur pour la communauté internationale et pour la population libyenne, a estimé M. Gonzi, qui a plaidé pour la pleine solidarité internationale avec la Libye sur les fronts politique, économique et financier.  Les réformes et la transition démocratique en Égypte et en Tunisie doivent aussi être soutenues, a-t-il dit, car la démocratie a plus de chance de s’épanouir si elle s’accompagne d’un développement économique et d’améliorations tangibles des conditions de vie de la population.  Alors que le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont pris un nouveau chemin vers la liberté, des efforts supplémentaires doivent aussi être faits pour répondre aux aspirations du peuple palestinien, ce qui, a-t-il dit, doit passer par la reprise des négociations avec les Israéliens.  M. Gonzi a ensuite rappelé que le terrorisme ne connaissait pas de frontières, tuant en Afghanistan, en Iraq, en Inde, au Pakistan, en Fédération de Russie, en Espagne, en Indonésie, en Chine ou au Royaume-Uni, et plus récemment au Nigéria.  Les évènements qui se déroulent actuellement en Afrique du Nord nous rappellent que nous devons poursuivre la promotion et la protection des droits de l’homme partout dans le monde, a-t-il estimé, réitérant la proposition de son pays d’élaborer une déclaration universelle des responsabilités de l’homme, en complément de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui serait présentée lors de la prochaine session de l’Assemblée générale, en 2012.

M. MOHAMED KAMEL ALI AMR, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a déclaré qu’il « était fier de s’exprimer aujourd’hui devant l’Assemblée générale pour représenter son pays, désormais sous un nouveau visage ».  Le 25 janvier, le peuple égyptien est descendu dans la rue pour réclamer des réformes démocratiques, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales ainsi que la justice sociale, a rappelé le Ministre avant d’ajouter que son peuple avait obtenu gain de cause et que sa lutte avait été soutenue par les Forces armées égyptiennes « qui sont l’image du patriotisme et de l’unité du peuple égyptien ».  Le Ministre a insisté sur le fait que les forces armées sont « les gardiens de la nation » et non pas d’un régime politique.  « Nous avons bénéficié de circonstances exceptionnelles qui ne sauraient se répéter.  Des circonstances qui ont permis au peuple égyptien de changer la face de leur pays d’une façon merveilleuse et historique », s’est encore réjouit le Ministre.  Aujourd’hui, l’Égypte est résolument engagée dans une phase de transition caractérisée par un débat national et des dynamiques internes nouvelles auxquelles toute la société égyptienne participe, a-t-il expliqué.  Ce processus, une fois la nouvelle constitution rédigée et les élections législatives et présidentielle organisées, devrait se solder par une passation du pouvoir à une autorité civile, a précisé le Ministre.

Rappelant que son pays avait assumé la présidence du Mouvement des pays non alignés depuis 2009, lequel célèbre cette année son cinquantième anniversaire, le Ministre a fait état des multiples activités engagées pour améliorer la capacité du Mouvement à répondre à la nouvelle donne internationale qui est en perpétuelle évolution.  Il a également noté que le Mouvement jouait un rôle crucial dans la coordination des positions de ses États Membres sur différentes questions d’ordre international, comme le désarmement, la sécurité collective, la réforme des Nations Unies ou encore la promotion de valeurs internationales comme la démocratie et le respect des droits de l’homme.  La présidence égyptienne du Mouvement a œuvré pour le renforcement du rôle du Comité conjoint de coordination avec le Groupe des 77 et de la Chine.  Ainsi, il a été possible d’adopter un certain nombre d’initiatives importantes qui portaient notamment sur la sécurité alimentaire, l’autonomisation des femmes et la lutte contre la traite des êtres humains.  L’Égypte, qui assurera ce mandat jusqu’en 2012, poursuivra ses efforts, a assuré le Ministre, qui a réaffirmé le plein soutien du Mouvement des pays non alignés à la « lutte historique du peuple frère palestinien » en vue d’exercer ses droits légitimes et de créer un État indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale et dans les frontières de 1967, et en vue de son admission à l’ONU.

Abordant la question de la réforme des Nations Unies, le Ministre a expliqué que le Mouvement des pays non alignés souhaitait qu’une telle réforme se fasse rapidement de manière à permettre aux Nations Unies d’être le reflet de la réalité actuelle, ce qui suppose, selon lui, une réforme du Conseil de sécurité.  Le Conseil de sécurité doit devenir plus représentatif, plus transparent et fidèle à la nature démocratique du multilatéralisme, a précisé le Ministre.  Revenant à la question de la Palestine, le Ministre a regretté qu’à la suite à la déclaration prononcée par le Président Abbas, hier, devant l’l'Assemblée générale, dans laquelle il demandait que son pays devienne membre à part entière des Nations Unies, le Quatuor avait « à nouveau » échoué à trouver une solution équilibrée à l’objectif ultime « que nous partageons tous » même si nos approches diffèrent.  Pour le Ministre égyptien, il est absurde de continuer à parler d’un processus de paix alors même qu’Israël poursuit sa politique de colonisation, son blocus de la bande de Gaza et sa violence contre les civils palestiniens, sans aucun égard pour l’opinion internationale.  Il est urgent aujourd’hui que « nous intensifions nos efforts » en vue de mettre un terme à ce conflit, a-t-il poursuivi.  Pour sa part, l’Égypte restera fidèle au principe de parvenir à une paix juste et globale au Moyen-Orient.  Elle poursuivra ses efforts pour venir à bout de l’occupation israélienne du Territoire palestinien et pour trouver des solutions à toutes les questions en suspens, conformément à un calendrier établi au plan international.  Elle essayera aussi de capitaliser sur les succès obtenus au Caire par le biais de la signature de l’Accord de réconciliation palestinien dans le but de consolider l’unité palestinienne et les efforts de paix.  Se félicitant de l’adhésion de la République du Soudan du Sud aux Nations Unies, le Ministre a émis l’espoir de voir ce nouvel État contribuer au maintien de la stabilité régionale et de faire des progrès rapides sur la route du développement et de la mise en place de ses institutions.  L’Égypte rend également hommage au Soudan pour son engagement à respecter l’Accord de paix et la volonté du peuple soudanais.  Le Ministre a également rendu hommage à la révolution tunisienne qui a permis, a-t-il dit, « d’accélérer le printemps arabe ».  Il a également fait part du soutien de son pays au peuple libyen et a félicité le Conseil national de transition pour « occuper la place de la Libye aux Nations Unies ».  S’agissant de la situation en Syrie, le Gouvernement et le peuple égyptiens suivent de très près son évolution, a-t-il assuré.  Le Ministre s’est dit convaincu que la seule issue possible de cette crise est de mettre fin à la violence et d’ouvrir la voie à un dialogue entre toutes les parties.

M. PEDRA PASSOS COELHO, Premier Ministre du Portugal, félicitant tout d’abord la délégation du CNT libyen, a estimé que le peuple libyen avait fait preuve d’un courage exceptionnel et d’une ténacité sans précédent pour obtenir sa liberté et son droit à déterminer démocratiquement son destin.  Pour le Ministre, le plus grand défi à relever aujourd’hui au niveau de la planète est celui de l’emploi et de la relance de la croissance.  La crise économique et financière mondiale a prouvé à quel point le monde actuel est interconnecté et, pour sortir de cette crise, a-t-il dit, il faudrait ensemble trouver des solutions durables et structurées.  Il faudrait réduire les inégalités macroéconomiques, renforcer la sécurité monétaire et rééquilibrer le commerce mondial.  Soulignant que la croissance économique a un effet multiplicateur sur l’emploi, à la fois aux plans national et régional, le Ministre a insisté sur l’importance de la coordination économique à l’échelle mondiale.  La gouvernance mondiale suppose également, a-t-il estimé, la complémentarité et une meilleure coordination entre les Nations Unies, le G-20 et les groupes régionaux pertinents.  Pour le Portugal, il est capital d’impliquer les économies émergentes, le secteur privé et la société civile dans cette gouvernance mondiale.  Dans ce contexte, le Ministre a assuré que son pays ne ménageait aucun effort pour respecter ses engagements pris vis-à-vis du Fonds monétaire international et de l’Union européenne, ajoutant que la crise « représente une opportunité pour le Portugal pour adapter son modèle économique et consolider l’économie du pays ».

Le Ministre a ensuite remercié les États Membres d’avoir permis l’élection du Portugal afin de siéger au sein du Conseil de sécurité l’année dernière.  Depuis son accession au Conseil de sécurité, le Portugal s’engage en faveur de la complémentarité institutionnelle entre le Conseil et l’Assemblée générale, a-t-il assuré.  M. Coelho a estimé que « l’organe principal des Nations Unies pour le maintien de la paix et de la sécurité mondiales » doit engager une réforme.  Ainsi, sa délégation plaide en faveur d’un Conseil de sécurité plus efficace et plus représentatif.  « Sa composition devrait refléter de manière correcte les changements intervenus depuis sa création », a-t-il précisé, ajoutant qu’il lui semblait évident que le Brésil et l’Inde obtiennent un siège permanent et que le continent africain y soit représenté.  Revenant sur le « printemps arabe », le Ministre a déclaré que ces révoltes arabes avaient prouvé que la démocratie et les droits de l’homme ne sont pas des valeurs qui dépendent de la géographie, de l’ethnicité, de la religion ou encore du niveau de développement économique.  Il a poursuivi en souhaitant le « succès » du processus de paix au Moyen-Orient, rappelant que 60 ans sont passés et que ce n’est plus le moment de faire quelques pas en avant pour mieux reculer, ni pour un statu quo ou encore des actions unilatérales qui viennent saper les négociations.  « Nous ne devons pas réinventer la roue, la Feuille de route et les principes sont connus de tous », a-t-il rappelé.  La paix peut sembler difficile mais elle est à la portée des Palestiniens et des Israéliens.  La création d’un État palestinien est une promesse qui doit être tenue, de même que la sécurité d’Israël doit être assurée par la communauté internationale, a également soutenu le Ministre.  S’agissant de la demande d’adhésion de la Palestine à l’ONU, présentée hier par son Président, M. Mahmoud Abbas, le Premier Ministre a estimé qu’elle devrait être le résultat logique de négociations.  C’est pourquoi, il a interprété cette demande comme un souhait qui pourra se réaliser avec la signature d’un accord de paix.  En attendant cela, le Portugal est disposé à faciliter un meilleur statut de la Palestine au sein de l’Organisation.  La transformation du monde arabe appelle également l’Europe à redéfinir ses politiques de voisinage, a déclaré le Ministre, qui souhaite un renouveau de l’Union pour la Méditerranée (UPM).  Le Portugal, qui a connu sa transition démocratique en 1974, est conscient de l’importance des partenariats et des encouragements de la communauté internationale et assure qu’il est prêt à jouer ce rôle à son tour.  Face à la situation difficile en Syrie, le Ministre a demandé que le Conseil de sécurité prenne position et a lancé un appel au Gouvernement syrien pour mettre un terme à la violence et à la répression des aspirations démocratiques légitimes de son peuple.  Pour conclure, il a appelé le monde à ne ménager aucun effort pour soutenir les processus de transition et de démocratisation au Moyen-Orient.

M. JOSÉ MARIA PEREIRA NEVES, Premier Ministre et Ministre de la réforme du Cap-Vert, s’est d’abord vivement félicité du choix du thème général de cette année qui est la médiation.  En tant qu’État soumis aux principes et aux règles des Nations Unies, a-t-il dit ensuite, le Cap-Vert demeure convaincu que la paix et les droits de l’homme constituent les éléments clefs pour la construction de la souveraineté, de l’état de droit et du développement durable.  Ceci indique, a-t-il estimé, que les médiateurs impliqués dans toute résolution de conflits doivent toujours, dans leurs approches, accorder une priorité à ces deux notions de paix et de droits de l’homme.  Évoquant l’action générale de l’ONU, M. Pereira a estimé qu’il était crucial pour l’Organisation de se focaliser sur la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles à travers le monde, particulièrement dans le contexte des défis auxquels font face les pays en développement.  Après avoir apporté son soutien à la prochaine conférence «  Rio+20 », le Premier Ministre a rappelé que le Cap-Vert, en tant que petit État insulaire en développement souffrait des conséquences des changements climatiques.  « Nous sommes conscients de l’importance de l’économie verte et de celle dite bleue, pour le développement durable », a-t-il souligné, avant d’inviter les Nations Unies à œuvrer à la prévention des changements climatiques, et à s’attaquer au manque des produits alimentaires et produits pétroliers.  « Nous comptons également sur la communauté des États réunis dans cette Assemblée, à la fois aux niveaux bilatéral et multilatéral pour adhérer à l’objectif de l’économie verte et au développement durable », a-t-il plaidé. 

Le Cap-Vert n’est pas uniquement un partenaire fort, en matière de sécurité globale, il est aussi un membre actif dans le combat contre les trafics et autres crimes associés, s’est réjoui son Premier Ministre.  Il a par ailleurs passé en revue les cinq piliers adoptés par son gouvernement dans le cadre de sa stratégie de réduction de la pauvreté, citant entre autres, le renforcement du développement humain, et l’investissement dans l’infrastructure.  Abordant la situation régionale, il s’est dit préoccupé par la persistance de la famine dans la corne de l’Afrique « où des milliers d’enfants meurent chaque jour de faim ».  Nous exhortons l’ONU à déployer des efforts plus effectifs pour renverser la tendance actuelle de cette tragédie en Afrique de l’Est, a déclaré le Premier Ministre, avant d’appeler à l’édification d’« un monde débarrassé de la famine ».

M. PETER O’NEILL, Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a déclaré que le nouveau Programme pays de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, établi avec la participation de plusieurs institutions des Nations Unies, sera lancé en janvier 2012 et sera axé sur la gouvernance, la justice sociale, la santé, l’éducation, la parité entre les hommes et les femmes, l’environnement, les changements climatiques et la gestion des catastrophes.  Évoquant les Objectifs du Millénaire pour le développement, le Premier Ministre s’est félicité de l’augmentation, à hauteur de 53%, du nombre d’enfants engagés à l’école primaire et il a annoncé des mesures telles que la gratuité de l’école primaire et les améliorations du secteur santé, notamment la couverture vaccinale, la protection maternelle et infantile ainsi que la réduction des affections telles que le VIH et la malaria.  Sur un plan global, il a affirmé que le nouveau Plan de développement stratégique pour la période de 2010-2030 a pour ambition de faire entrer la Papouasie-Nouvelle-Guinée dans la classe des pays à revenus moyens.  C’est dans cette optique, a-t-il ajouté, que le Gouvernement a investi dans les infrastructures de transport et dans l’électrification rurale.

Au sujet de l’autonomisation de la femme, M. O’neill s’est félicité de la nouvelle loi votée par le Parlement afin de réserver 22 sièges de parlementaires aux femmes pour l’élection de l’an prochain, et ceci sans tenir compte d’autres postes que les femmes pourraient éventuellement briguer.  Le Premier Ministre a ensuite souligné que la région du Pacifique reste une zone sans armes nucléaires et a souhaité que la communauté internationale prenne au sérieux la question de la prolifération des armes légères.  « Nous soutenons et encourageons la réforme des Nations Unies », a noté le Premier Ministre, ajoutant que le nombre de membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité devrait être augmenté afin d’épouser la nouvelle configuration géopolitique du monde.  Soulignant que la Papouasie-Nouvelle-Guinée reste engagée à lutter contre le trafic de drogues, le trafic d’hommes et le blanchiment d’argent, il a relevé les performances économiques remarquables du pays qui, durant les neuf dernières années, a connu une croissance économique fluctuant entre 6 et 8%.  Des performances qui ont placé le pays parmi les partenaires clefs de la région du Pacifique, s’est-il réjoui.

Les Nations Unies demeurent l’un des derniers bastions, sinon le dernier, face aux défis et incertitudes qui caractérisent notre monde, a déclaré M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre des Samoa.  Dans ce contexte, il a salué la visite dans la région du Pacifique du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, au début de ce mois, où ce dernier a pu constater, de première main, l’étendue des défis auxquels les petits États insulaires en développement sont confrontés.  Exhortant les Nations Unies à jouer un rôle plus actif encore vers la réalisation du droit à l’autodétermination de toutes les populations du Pacifique, il a aussi rappelé que les progrès en matière de développement, de sécurité et de droits de l’homme devaient aller de front et être la norme, non l’exception.  À cet égard, il a déploré que certains pays bénéficient d’une aide internationale pour faire face à leurs difficultés budgétaires, tandis que certains luttent seuls pour répondre aux besoins premiers de leurs populations.  Les pays qui souffrent le plus des crises économique, climatique et alimentaire sont les pays les moins avancés et les petits États en développement, et Samoa appartient à ces deux catégories, avec des besoins qui sont toujours plus importants que les ressources disponibles, a-t-il souligné.

M. Malielegaoi a émis l’espoir que la prochaine Conférence sur le développement durable –Rio+20-, prévue au Brésil en 2012, permettrait à la communauté internationale d’identifier les moyens et de mobiliser les ressources nécessaires à la mise en œuvre des Programmes d’action existants.  Il a évoqué le Forum Pacifique de cette année, tenu sur le thème « Convertir les potentialités en prospérité », soulignant l’opportunité représentée pour les îles du Pacifique par les ressources de la pêche, dont les pays de la région ne touchent que 1% des bénéfices dégagés.  Depuis longtemps, des navires de grands pays continuent de pêcher illégalement dans les eaux du Pacifique, a-t-il expliqué, appelant à la coopération de tous dans une région qui abrite les dernières grandes réserves de la planète.  C’est pourquoi, il faut une conservation et une gestion efficaces pour préserver ces stocks de poissons dans la région du Pacifique, a-t-il souligné.  Le Premier Ministre a également souligné que les changements climatiques constituaient la principale menace sur les ressources, la sécurité et le bien-être des populations du Pacifique.  À cette fin, il a souligné qu’il faudrait assurer les ressources adéquates, notamment par le biais du Fonds de Copenhague pour le climat.  De son côté, les Samoa continuent de contribuer aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies au Soudan, au Libéria et au Timor-Leste, ainsi qu’à la Mission régionale d’assistance aux Îles Salomon (RAMSI).  Avant de conclure, M. Malielegaoi a appelé les parties au conflit au Moyen-Orient à négocier de bonne foi, en s’attaquant aux symptômes et aux causes du conflit.   

Pour M. MELTEK SATO KILMAN LIVTUVANU, Premier Ministre de la République de Vanuatu, le règlement des différends par l’usage des moyens pacifiques, comme le recommande la Charte des Nations Unies, demeure un élément central du système des Nations Unies.  Dans ce contexte, a-t-il dit, nous encourageons nos frères et sœurs israéliens et palestiniens, à poursuivre de façon pacifique des négociations qui assureront la stabilité de la région entière.  Il a également exhorté l’ONU à réviser le cadre de fonctionnement des médiations et à développer des partenariats avec les organisations régionales, en ce domaine.  La diplomatie bilatérale ne peut se substituer au multilatéralisme et nos pays ont besoin d’un système multilatéral plus robuste et plus efficient afin de répondre aux défis qui se posent à nous aujourd’hui, a défendu M. Livtuvanu.  C’est dans cadre qu’il a appelé à la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies qui, a-t-il préconisé, doit devenir « plus démocratique et plus représentatif de la nouvelle dimension géostratégique mondiale ».  Le Premier Ministre a par ailleurs condamné fermement le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.  L’ensemble des États doivent travailler de façon collaborative à l’élimination de ce fléau, a-t-il souhaité, avant d’appeler les grandes puissances à remplir leurs obligations en matière de non-prolifération nucléaire et de désarmement.

Comme pour les autres petits États insulaires en développement, la situation économique de Vanuatu est menacée d’instabilité, à cause de la hausse des prix des produits alimentaires et des produits pétroliers.  De même les effets conjugués des catastrophes naturelles et des changements climatiques menacent l’économie de notre petit État insulaire en développement, s’est inquiété M. Livtuvanu.  Il est urgent que les partenaires pour le développement augmentent leur contribution, a-t-il souligné.  Se voulant plus précis, il a plaidé pour le financement des efforts déployés au bénéfice des communautés les plus vulnérables et pour la survie de l’île.  M. Livtuvanu a ensuite réaffirmé l’attachement de son pays à la question de la décolonisation des territoires encore sous occupation.  Souhaitant que la demande du droit à l’autodétermination de la Polynésie française ne soit pas rejetée, Vanuatu et plusieurs autres îles du Pacifique soutiennent la réinscription de ce territoire français à l’ordre du jour du Comité spécial pour ladécolonisationde l'ONU, a indiqué le Premier Ministre en conclusion.

M. DANNY PHILIP, Premier Ministre des Îles Salomon, a remercié le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-Moon, pour la visite effectuée dans son pays en début du mois.  Il a précisé que ce fut la première visite d’un Secrétaire général de l’ONU dans un petit État insulaire en développement du Pacifique.  Il a affirmé que le rôle de la thématique de « la médiation » aux Îles Salomon renvoie à parler d’une seule voix pour ces populations qui s’expriment en 87 langues différentes.  C’est dans cette optique, a-t-il mentionné, que le Ministre de l’Unité nationale œuvre à la tolérance, au respect et au dialogue entre habitants des Îles Salomon.  Six personnes sur dix meurent de maladies non transmissibles dans la zone du Pacifique, a-t-il indiqué, précisant que c’est la raison pour laquelle son pays a mis en place un Plan stratégique de lutte contre les maladies non transmissibles sur la période 2011-2015.  Il a invité les donateurs à soutenir la mise en œuvre de ce Plan.  Le Premier Ministre a salué l’adoption, en mai dernier à Istanbul, du Programme d’action des pays les moins avancés pour la prochaine décennie.  Ce Programme, a-t-il noté, présente l’opportunité de sortir les 880 millions de personnes de la pauvreté à travers le monde.  Les Îles Salomon soutiennent, a-t-il dit, l’appel du Secrétaire général pour tenir des discussions de fond sur ce qui se fera après la date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Évoquant les changements climatiques, il a également appelé le Secrétaire général à œuvrer afin que les pays développés puissent prendre de nouveaux engagements en rapport avec le Protocole de Kyoto.  Afin de démontrer le caractère tragique des impacts des changements climatiques dans son pays, le Premier Ministre a soutenu que les Îles Salomon envisagent de relocaliser le plus grand centre hospitalier du pays qui est menacé par la montée du niveau de la mer. 

Les Îles Salomon, a rappelé le Premier Ministre, un pays qui a connu des conflits récents, restent engagées à œuvrer pour la paix.  C’est dans ce contexte que son pays a mis en place un partenariat avec les Fidji, Vanuatu et la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour mettre sur pied une école de police commune afin de répondre aux catastrophes naturelles autant qu’aux conflits.  M. Philip a, en outre, soutenu l’inscription des territoires français de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française dans la liste de la décolonisation des Nations Unies.  Dans le cadre de la préservation de leurs ressources naturelles, il a relevé que les Îles Salomon œuvrent pour la protection du thon grâce à la création de la première industrie de pêche durable au monde.  Il a également annoncé que son pays va abriter le onzième festival des arts du Pacifique du Sud l’an prochain, un rendez-vous de promotion et de célébration de la diversité culturelle unique des populations autochtones du Pacifique.  Au sujet de la réforme des Nations Unies, les Îles Salomon, a-t-il déclaré, souhaitent que les petits États insulaires en développement soient représentés au sein du Conseil de sécurité.  Il a également souhaité que son pays occupe le siège dévolu à sa région au sein du Conseil d’administration d’ONU-Femmes.  Taiwan, a-t-il ajouté, devrait pouvoir participer activement aux travaux des Nations Unies en tant que membre à part entière.

M. TU’IVAKANO DE NUKUNUKU, Ministre des affaires étrangères de Tonga, est revenu sur l’importance de la Réunion de haut niveau sur les maladies non transmissibles.  Il a souligné que lors de la réunion du Forum des dirigeants des Îles du Pacifique, qui a eu lieu plus tôt en septembre, une Déclaration sur les MNT avait été adoptée.  Par ce texte, les dirigeants se sont engagés à prendre cinq mesures clefs pour contrecarrer les MNT, à savoir le contrôle du tabagisme, une alimentation plus saine, plus d’activité physique, limitation de la consommation d’alcool et facilitation de l’accès aux médicaments et aux nouvelles technologies.  Saluant la visite du Secrétaire général dans de nombreux pays de la région du Pacifique plus tôt cette année, le Ministre a expliqué que cela lui a permis de voir de ses propres yeux les effets des changements climatiques sur cette région.  À cet égard, il a appelé au respect des engagements pris à Copenhague et à Cancún.  Il a également demandé au Conseil de sécurité de poursuivre son rôle de leadership sur la question des changements climatiques et de leurs effets sur la paix et la sécurité internationales.  Le Ministre a estimé que, si l’année dernière avait été l’occasion de faire le point sur les réalisations des OMD d’ici à 2015, cette année devrait celle des bilans à la veille de la Conférence de Rio+20.  Il a fait savoir que la contribution des îles du Pacifique à cette Conférence consisterait à définir une « économie bleue », basée sur la gestion durable des ressources de la mer et des océans.  Pour sa part, Tonga respecte à la lettre ses obligations sous la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, a précisé le Ministre.

Le Ministre a également réitéré l’appel de son pays pour qu’une catégorie propre de « petits États insulaires en développement » soit créée au sein des Nations Unies.  « Nous avons besoin de notre propre définition qui tienne compte de notre diversité en termes de taille, de population, d’éloignement, d’isolement et de niveaux de développement socioéconomique disparates », a estimé le Ministre.  Il a ensuite fait part de l’intérêt continu de son pays pour les énergies renouvelables et a évoqué la « feuille de route énergétique » de son pays qui est appelée à évoluer, compte tenu de son élection au Conseil de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA).  En conclusion, il a fait part de sa fierté de s’adresser à l’Assemblée générale en tant que premier Premier Ministre démocratiquement élu de son pays, suite aux élections qui ont eu lieu en novembre dernier et au processus de réformes qui les a précédées.

M. ABDIWELI MOHAMED ALI, Premier Ministre de la Somalie, a déclaré que la crise humanitaire en Somalie avait de nombreuses causes.  Des décennies de conflit, la disparition de l’État central, des dirigeants faibles et kleptocrates, des batailles claniques pour des ressources limitées, exacerbées par des cycles de sécheresse, ont créé des pénuries alimentaires chroniques, une économie sous-développée, et conduit la population au désespoir.  Au cours des dernières années, l’organisation terroriste Al-Qaida a cherché à exploiter ces divisions pour attaquer le reste du monde.  « C’est le groupe Al-Chabaab, affilié à Al-Qaida, qui est responsable de la famine », a accusé M. Ali.  Ce groupe pille les réserves de grains, recrute par la force, extorque les fermiers et empêche l’accès des institutions humanitaires dans les régions les plus affectées.  La menace terroriste n’est pas limitée à nos frontières, a expliqué le Premier Ministre somalien.  Des combattants étrangers tentent d’exporter leur extrémisme dans la corne de l’Afrique et dans des pays voisins comme l’Ouganda.  L’insécurité qu’ils ont créée dans le sud de la Somalie a poussé un grand nombre de réfugiés au Kenya et en Éthiopie.  Ils veulent poursuivre leur bataille contre le Gouvernement de la Somalie et détruire les États-Unis et les Nations Unies.  Le groupe Al-Chabaab concentre en outre ses efforts de radicalisation sur les diasporas somaliennes en Australie, en Europe, au Canada et aux États-Unis, a insisté M. Ali.

Le Premier Ministre a assuré que son pays faisait ce qu’il pouvait, avec ses ressources limitées, pour remplir ses obligations dans la lutte contre Al-Qaida.  Avec l’aide des forces de l’Union africaine, l’Armée nationale somalienne a ainsi réussi à chasser l’essentiel des forces extrémistes de la Mogadiscio.  « Nous sommes maintenant en mesure de fournir une aide humanitaire aux personnes déplacées dans la capitale », a-t-il ajouté.  Les dirigeants somaliens redoublent d’efforts pour réaliser la réconciliation nationale et établir une gouvernance démocratique.  Il y a trois semaines, le Gouvernement somalien a accueilli la première Conférence nationale consultative à Mogadiscio, au cours de laquelle les institutions transitoires et les représentants des administrations régionales ont adopté une feuille de route en vue du rétablissement d’un gouvernement permanent, légitime et représentatif en Somalie.  Le Premier Ministre a souligné l’importance de cette feuille de route pour le processus de paix somalien et remercié la communauté internationale, et l’Union africaine en particulier, pour leur appui.  M. Ali a jugé essentiel de renforcer d’urgence l’armée somalienne et les forces de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) pour assurer la sécurité de Mogadiscio.  Le déploiement immédiat des 3 000 soldats supplémentaires autorisés par le Conseil de sécurité constitue une première étape cruciale.  M. Ali a demandé au Conseil d’étudier la demande de l’Union africaine d’élargir la Mission à 20 000 hommes et de leur fournir les ressources et l’appui nécessaires, y compris une composante aérienne et navale.

Sur le plan économique, le Premier Ministre somalien a indiqué que le Gouvernement fédéral de transition faisait des progrès pour créer un système fiscal et monétaire professionnel et transparent.  La Banque centrale de Somalie fonctionne et les revenus du port de Mogadiscio et de l’aéroport international Aden (ADE) ont respectivement doublé et quadruplé.  Il a indiqué que 15% des revenus du port servent à la réhabilitation de la ville.  « Pour la première fois depuis 20 ans, les ruines de Mogadiscio sont déblayées; les routes sont réparées et les rues éclairées; les marchés, les hôpitaux et les écoles rouvrent », s’est-t-il félicité.  Le Premier Ministre a exhorté la communauté internationale à continuer d’aider généreusement les institutions économiques émergentes, non sans faire remarquer: « La Somalie est le géant endormi de l’Afrique ».  La situation humanitaire reste grave, a poursuivi le Premier Ministre.  La Somalie coordonne ses efforts avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et le Programme alimentaire mondial (PAM).  Si rien n’est entrepris d’urgence pour modifier la situation, ce sont près de 750 000 personnes qui risquent de périr au cours de prochains mois, a-t-il averti.  Il est donc essentiel d’accélérer nos efforts pour atteindre ceux qui sont dans les zones contrôlées par le groupe Al-Chabaab, tout en protégeant les travailleurs humanitaires contre les attaques et les enlèvements perpétrés par les insurgés.  Enfin, M. Ali a rappelé que la corne de l’Afrique souffrait actuellement d’une sécheresse terrible.

Aujourd’hui plus que jamais, les défis de notre planète appellent à une approche plus solidaire, a déclaré M. GILBERT FOSSOUN HOUNGBO, Premier Ministre du Togo, assurant que son pays avait fait du renforcement de la cohésion nationale, de la bonne gouvernance, de la dynamisation des leviers de la croissance économique et de la lutte contre l’injustice sociale, son cheval de bataille.  Dans sa volonté de consolider les acquis démocratiques, le Togo s’attèle à la mise en œuvre des recommandations de la Mission électorale de l’Union européenne avant la tenue d’élections locales et législatives en 2012, et son Gouvernement a renoué le dialogue avec l’ensemble des acteurs politiques et sociaux, a-t-il affirmé, alors que la Commission vérité, justice et réconciliation en est à la phase cruciale des audiences publiques.  De plus, le pays vient de transmettre au Conseil des droits de l’homme, à Genève, son rapport national dans le cadre de l’examen périodique prévu en octobre.  Dans le domaine de la gouvernance économique, les réformes pour une gestion plus saine des finances publiques ont été poursuivies, atteignant le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), ce qui a permis au Togo de bénéficier d’une annulation de sa dette à hauteur d’1,8 milliard de dollars. 

Malgré tout, le Premier Ministre a rappelé que l’Afrique était de nouveau menacée par une famine telle qu’elle n’en avait plus connu depuis une vingtaine d’années, et demandé des mesures urgentes pour éviter une tragédie humaine à grande échelle.  Il a jugé réconfortants les progrès réalisés dans le règlement de certains conflits, en particulier en Côte d’Ivoire et au Soudan du Sud, et a appelé à soutenir les mouvements de manifestations et de soulèvements qui ont lieu actuellement dans le monde, non seulement pour un aboutissement heureux des attentes légitimes des peuples, mais aussi pour éviter tout risque de dérive.  Au Moyen-Orient, les parties au conflit israélo-palestinien et la communauté internationale doivent continuer à chercher une solution politique, a-t-il estimé.  Au moment où la région ouest-africaine connaît un regain de violence dû au trafic de drogues et au terrorisme ambiant, l’on ne saurait admettre que nos côtes soient prises en otage par des pirates, comme ce fut le cas récemment au large du Bénin et du Togo, a poursuivi M. Houngbo.  Il a appelé les Nations Unies à repenser leur rôle dans le domaine de la sécurité et du développement économique et social, et à engager les réformes nécessaires en son sein pour corriger, notamment, les injustices « flagrantes et inacceptables » prévalant au Conseil de sécurité.  Le Togo est par ailleurs candidat à un siège de membre non permanent au Conseil pour la période 2012-2013.  Contrairement à la pratique observée jusqu’ici au niveau de l’Afrique, trois candidats sont en lice pour deux postes, a-t-il déploré, souhaitant une représentation équilibrée de toutes les régions de l’Afrique au Conseil et rappelant l’engagement du Togo dans les missions en Côte d’Ivoire, au Soudan et au Soudan du Sud.

M. MICHAEL SPINDELEGGER, Vice-Chancelier et Ministre fédéral pour les affaires européennes et internationales de l’Autriche, a salué les changements en cours dans le monde arabe et « les demandes légitimes exprimées par les hommes et les femmes qui souhaitent choisir leur propre destin et avoir une vie meilleure ».  À cet égard, l’Autriche condamne fermement les violations systématiques des droits de l’homme et la répression en Syrie et, dans une certaine mesure, au Yémen.  L’Autriche appuie le peuple libyen dans sa lutte pour la liberté.  Plus de 150 millions d’euros, bloqués sur des comptes bancaires autrichiens, ont été dégelés pour des motifs humanitaires, a précisé M. Spindelegger.  Le Gouvernement autrichien et le secteur privé ont fourni à la Libye des médicaments, des articles humanitaires et de l’essence.  La communauté internationale et les Nations Unies doivent accompagner le processus de transition dans le monde arabe, comme l’ONU le fait maintenant en Libye, a insisté le Vice-Chancelier autrichien. 

Le siège des Nations Unies à Vienne sert de centre dynamique pour la promotion de la paix, de la sécurité et du développement durable.  M. Spindelegger a annoncé l’ouverture prochaine d’un bureau de liaison pour le Bureau des affaires de désarmement des Nations Unies.  L’année dernière, l’Académie internationale de lutte contre la corruption a établi son siège à Vienne.  De même, le Centre de Vienne pour le désarmement et la non-prolifération ainsi qu’un bureau de l’Institut international pour la paix ont été créés.  En outre, l’Autriche fournit un appui substantiel à l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) en matière d’énergie et d’environnement.

Le Vice-Chancelier autrichien a estimé que la catastrophe nucléaire de Fukushima devrait servir à réorienter nos approches en matière de sécurité nucléaire.  Pour sa part, l’Autriche a décidé dès 1978 de ne pas utiliser l’énergie nucléaire.  Il s’est félicité de ce que d’autres pays ont récemment adopté une position similaire.  La promotion et la protection des droits de l’homme sont au cœur de la politique étrangère de l’Autriche.  Fière de siéger au sein du Conseil des droits de l’homme pour la période 2011-2012, l’Autriche met notamment l’accent sur le respect de la liberté de religion et de croyance et sur la lutte contre la traite et l’exploitation des enfants.  Par ailleurs, M. Spindelegger a noté que l’Autriche avait récemment décidé de déployer 160 soldats auprès de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), en plus de sa présence continue au sein de la Force des Nations Unies chargée d’observer le dégagement (FNUOD) et de l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST).

M. JEAN ASSELBORN, Vice-Premier Ministre du Luxembourg, a rappelé que, le 19 janvier dernier, un nouvel État est né sous le regard du monde entier.  Affirmant que « l’indépendance du Soudan du Sud témoigne de la volonté des deux parties au long conflit civil soudanais de mettre en œuvre l’Accord de paix global », il a invité la communauté internationale à accompagner le nouvel État sur la voie de la viabilité, de la stabilité et de la prospérité.  Abordant la question libyenne, il a salué la reconnaissance du Conseil national de transition par les Nations Unies et a rendu hommage aux populations égyptienne et tunisienne qui ont manifesté pour plus de liberté.  Il a aussi regretté que le régime syrien continue de mener « une campagne brutale contre sa propre population ».  Au sujet du Moyen-Orient, M. Asselborn a dit espérer que « l’appel vibrant lancé la veille par le Président palestinien, M. Mahmoud Abbas, soit entendu ».  Il a ajouté qu’au delà de la reconnaissance de la Palestine, « les négociations entre les deux parties doivent impérativement reprendre, et au plus vite ».  Dans ce contexte, il a souscrit à la proposition du Quatuor qui suggère un calendrier strict et une échéance d’un an pour arriver à un accord global.

Concernant la coopération internationale, M. Asselborn a réaffirmé son souci d’accompagner la Guinée dans la voie de la réconciliation nationale et il a, en outre, promis de faire tout ce qui est en son pouvoir afin que la Conférence de Rio+20 (Conférence sur le développement durable), qui se tiendra l’année prochaine au Brésil, soit un véritable succès.  Il a souligné que le développement durable, sous ses trois composantes -économique, sociale et environnementale- occupe une place de choix dans la politique de coopération du Luxembourg.  Il s’est en outre félicité que son pays ait réussi, l’an dernier, à consacrer 1,09% de son produit national brut à l’aide publique au développement.  S’exprimant également sur la question des changements climatiques, le Vice-Premier Ministre du Luxembourg a déclaré que son pays offre son soutien et son assistance technique aux petit États insulaires en développement, en particulier dans la région du Pacifique.  Parlant des maladies non transmissibles, il a regretté qu’elles soient la cause de 36 millions de décès par an à travers le monde et a précisé que ces affections touchent plus particulièrement les pays en développement.  S’agissant du terrorisme, il a indiqué que les actes dont ont été victimes les États-Unis et les Nations Unies, invitent la communauté internationale à agir pour faire progresser les idéaux et les valeurs des Nations Unies.  « Le Luxembourg est prêt à assumer ses responsabilités et à poursuivre son engagement pour un multilatéralisme efficace », a-t-il rappelé, avant d’annoncer la candidature de son pays en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2012-2013.

M. STEVEN VANACKERE, Premier Ministre adjoint et Ministre des affaires étrangères et des réformes institutionnelles de la Belgique, a rappelé que les atrocités massives commises en Côte d’Ivoire et en Libye avaient été référées à la Cour pénale internationale.  Il a exhorté les États Membres ne l’ayant pas encore fait à embrasser le Statut de Rome, de façon à contribuer à un système juridique international durable.  Il a souligné que les dirigeants européens avaient une obligation de responsabilité vis-à-vis des peuples qu’ils représentent, quels que soient leur origine ethnique, leur religion ou leur croyance, leur sexe, leur orientation sexuelle ou leur position sociale.  La Belgique ne reste pas impassible quand les peuples demandent un futur exempt de coercition et de terreur.  « Au lieu de la non-interférence, la Belgique croit à la non-indifférence », a fait valoir M. Vanackere.  « Voyez la Libye, où le Conseil de sécurité a pu empêcher un massacre à Benghazi ».  La Belgique a décidé de participer à l’opération militaire « Unified Protector », car elle est convaincue que la communauté internationale a la responsabilité de passer à l’action lorsque des populations sont exposées à une menace imminente.  Maintenant, cette même communauté internationale a la responsabilité d’assister lors de la reconstruction de la Libye, une responsabilité qui fait partie intégrante de la responsabilité de protéger.

Le Ministre des affaires étrangères belge a mentionné la République démocratique du Congo où, après des années de violence, des progrès indéniables ont été réalisés.  Le rôle important des Nations Unies ne peut pas être ignoré.  Il demeure encore des défis importants à relever: la continuation et le renforcement des efforts de stabilisation à l’est du Congo, la réforme du secteur de sécurité, l’établissement de l’état de droit, la lutte contre l’impunité et les violences sexuelles.  En tant que partenaire important de la République démocratique du Congo, le Gouvernement belge contribue financièrement aux préparations électorales et insiste pour que tous les candidats et tous les citoyens puissent participer aux élections de manière pacifique et dans le plein respect des règles démocratiques.  S’agissant de la situation au Moyen-Orient, M. Vanackere a tenu à souligner que l’Union européenne et son Haut Représentant n’avaient pas ménagé leurs efforts pour enclencher un processus de négociations.  Les peuples palestinien et israélien ont des aspirations légitimes.  « Il n’y a pas d’alternative aux négociations », a-t-il ajouté, en espérant que les étapes proposées hier par le Quatuor seront pleinement mises en œuvre.

M. SAM CONDOR, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Saint-Kitts-et-Nevis, a mis l’accent sur le rôle critique de la jeunesse pour l’avenir de son pays.  « La violence des jeunes a atteint les proportions d’une épidémie dans les Caraïbes », a-t-il déploré.  Aux niveaux national et régional, les États de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) s’attaquent activement à ce défi.  Les institutions des Nations Unies peuvent les aider à renverser cette tendance en appuyant leurs efforts dans les secteurs de la sécurité, de la santé et du développement.  Le problème de la violence des jeunes est lié à la prolifération des armes légères et de petit calibre, a poursuivi le Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis.  La CARICOM demande l’adoption d’un traité sur le commerce des armes.

En tant que petit État en développement insulaire, Saint-Kitts-et-Nevis ressent au quotidien les effets des changements climatiques, a souligné ensuite M. Condor.  « La question n’est plus de savoir « si » et « comment », mais plutôt « quand » et « combien » nous serons affectés », a-t-il insisté.  Pour contrer les effets des changements climatiques, les États comme le sien ont un besoin vital d’une stratégie de financement.  Évoquant la situation des pays voisins, le Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis a encouragé les États à honorer les promesses faites à Haïti pour sa reconstruction.  Il a souhaité la levée de l’embargo contre Cuba.

M. FRANCO FRATTINI, Ministre des affaires étrangères de l’Italie, a affirmé que son pays avait une longue tradition de médiation dans son approche des affaires internationales.  Depuis des décennies, l’Italie insiste sur la nécessité de bâtir un pont entre les rives nord de la Méditerranée et les espoirs de ses voisins du sud, des populations qui sont proches d’un point de vue géographique mais drastiquement lointains en termes de droits des citoyens, a-t-il dit.  L’approche privilégiée par les Européens et les autres nations occidentales, y compris les États-Unis, fut de forger des partenariats avec des régimes non démocratiques et d’accorder la priorité à la sécurité, à la coopération antiterroriste et aux politiques migratoires, a-t-il expliqué.

À cet égard, le « printemps arabe » a été un réveil salutaire, a souligné M. Frattini, qui nous a rappelé qu’aucun dirigeant politique ne peut maintenir son pouvoir aux dépens de son peuple.  « Notre première réaction aux soulèvements a été cohérente avec nos valeurs », a-t-il assuré, mais cela n’a pas été suffisant en Libye où le régime a fait le serment de massacrer ses citoyens.  La seule façon d’empêcher ce massacre a été pour la communauté internationale d’invoquer le principe de la responsabilité de protéger, a-t-il expliqué, et nous sommes passés d’une culture d’impunité souveraine à celle de la souveraineté responsable.  Le cas de la Libye peut être un cas pilote pour un rôle plus fort des Nations Unies, a poursuivi le Ministre, plaidant pour que ces dernières président les mécanismes de coordination internationale en Libye, avec le soutien des organisations régionales pertinentes comme la Ligue des États arabes, l’Union africaine et l’Union européenne.  Il nous faut prévenir les ressentiments et l’extrémisme, a-t-il averti, et construire de nouveaux partenariats respectueux car si le Printemps arabe ne produit pas de résultats rapidement, nous le paierons tous au prix fort.

De même, la médiation n’a jamais été aussi importante pour mettre fin à la stagnation de la situation entre les Israéliens et les Palestiniens, a estimé M. Frattini.  Au sein de l’Union européenne, qui doit parler d’une seule voix, l’Italie est prête à exercer un leadership et à définir une vision politique pour relancer le processus de paix.  Par ailleurs, il a souligné le rôle important du contingent italien au sein de la FINUL (Force d’intervention des Nations Unies au Liban) et la contribution de son pays à la paix, à la sécurité et au développement de la corne de l’Afrique.  En Somalie, le soutien international doit passer à la vitesse supérieure, a-t-il néanmoins reconnu, afin de fournir les services de base à une population affamée et renforcer la réconciliation politique.  Il a plaidé pour une place renforcée accordée au sein des Nations Unies à la médiation, à la prévention des conflits, au règlement des différends et aux efforts de consolidation de la paix.  Une réforme du Conseil de sécurité, inspirée des principes centraux des Nations Unies, à savoir la démocratie, la responsabilité, le consensus et la flexibilité, est aussi nécessaire.  Enfin, le Ministre a assuré que l’Italie entendait placer les droits de l’homme et l’environnement au cœur de la société, afin de bâtir et de consolider un humanisme moderne.  Il ne peut y avoir de meilleure défense contre la haine et l’intolérance criminelle qui ont touché cette ville et ce pays il y a 10 ans, a-t-il déclaré.

Mme TRINIDAD JIMÉNEZ GARCÍA-HERRERA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Espagne, a déclaré que son pays prenait, avec ses partenaires de l’Union européenne, des décisions difficiles pour s’attaquer à la crise économique et financière qui reste une source de préoccupation pour le monde entier.  Par ailleurs, évoquant le « printemps arabe », elle a célébré le succès des mouvements populaires en Tunisie et en Égypte et joint ses efforts à ceux de la communauté internationale pour appuyer le processus de transition dans ces deux pays.  Mme García-Herrera a estimé que le peuple libyen devrait aussi être en mesure de jouir enfin de sa liberté.  Par contre, elle a condamné la répression brutale des manifestants civils par les autorités syriennes.  Pour ce qui est du conflit israélo-arabe, l’Espagne considère qu’une paix durable et efficace ne peut être réalisée qu’à travers des négociations entre les parties.  La Ministre espagnole des affaires étrangères a estimé que l’octroi du statut d’observateur pourrait inciter les Palestiniens à reprendre rapidement les négociations.  Elle a rappelé que son pays avait toujours apporté un appui politique, économique et moral aux aspirations légitimes du peuple palestinien.  De même, les relations historiques entre l’Espagne et le peuple juif remontent à plusieurs siècles.  « L’identité de l’Espagne ne peut pas se comprendre sans son héritage juif et arabe », a-t-elle souligné.

Mme García-Herrera a considéré que la Stratégie pour la Méditerranée développée dans le cadre de l’Alliance des civilisations des Nations Unies, pourrait contribuer à diffuser les valeurs démocratiques et le respect des droits de l’homme, tout en coexistant avec les cultures locales.  Elle a souligné l’importance de prévenir le renforcement du terrorisme d’Al-Qaida dans la région du Sahel du fait du commerce illicite des armes.  L’Espagne, qui est particulièrement sensible au sort des victimes du terrorisme, a légiféré sur la question et possède l’un des systèmes les plus progressifs du monde pour la protection des victimes.  Enfin, la Ministre des affaires étrangères a rappelé les liens étroits que l’Espagne entretient avec l’Amérique latine.  La force de l’économie de l’Amérique latine est essentielle pour surmonter la crise et créer une nouvelle gouvernance économique internationale.  D’autres régions du monde méritent une attention spéciale du fait de la situation dramatique dans laquelle se trouvent leurs peuples.  C’est le cas de la corne de l’Afrique.  Avec d’autres donateurs et les institutions des Nations Unies, l’Espagne s’efforce de soulager la famine en Somalie, mais elle ne saurait que trop insister sur l’importance de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.

M. HENRI EYEBE AYISSI, Ministre des relations extérieures du Cameroun, a relevé que l’avènement de l’État du Soudan du Sud « permet de tourner la page de la période noire des décennies de guerre ayant entraîné leur lot de pertes en vies humaines et de déchirement de toutes sortes au sein des populations de ce pays du continent africain.  Il a ensuite rendu hommage aux dirigeants du Soudan, du Soudan du Sud, ainsi qu’aux Nations Unies et à l’Union africaine pour le travail accompli pour la paix.  Le Cameroun, a-t-il indiqué, espère que ce rôle de garant de la paix, que les Nations Unies jouent, puisse se faire dans la transparence autant que dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États.  Il a en outre rappelé que la Charte des Nations Unies fixe pour but premier à l’ONU de « maintenir la paix et la sécurité internationales », et il a souhaité que le règlement pacifique des différends internationaux et des conflits internes, se fasse en privilégiant la négociation et la médiation, par rapport au recours à la force.  Le Cameroun, a noté le Ministre, a pris acte de la reconnaissance, par l’Assemblée générale, du Conseil national de transition comme autorité légitime représentant le peuple libyen.

M. Eyebe Ayissi a soutenu que la communauté internationale devrait accompagner les États et leurs peuples respectifs dans la conduite de leurs affaires nationales, ajoutant que les gouvernements doivent, quant à eux, s’efforcer de répondre aux aspirations légitimes et aux attentes multiples de leurs populations.  Évoquant son pays, le Cameroun, le Ministre a affirmé que « le Gouvernement poursuit la mise en œuvre des réformes engagées, depuis plusieurs années, pour la consolidation des institutions politiques nationales et la modernisation de la démocratie ».  Il a indiqué que le Cameroun s’est doté, depuis 2009, d’un Document stratégique de la croissance et de l’emploi, qui s’inscrit dans une vision globale du développement du Cameroun à l’horizon 2035.  Ce Document, a-t-il noté, met l’accent sur l’accélération de la croissance, la création d’emplois, la réduction de la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie des populations.  À ce propos, il a évoqué « des grands projets structurants sur l’ensemble du territoire national » avec des secteurs clefs tels que l’énergie, l’exploitation minière et la formation du capital humain.

Dans le cadre de la politique nationale du Cameroun, le Ministre a noté que l’institution électorale indépendante mise en place en 2006, et chargée du processus électoral, ELECAM -Election Cameroon-, est devenue pleinement opérationnelle, ainsi que ses démembrements territoriaux.  Il a en outre affirmé que le vote des Camerounais de l’étranger est désormais acquis grâce à une loi promulguée en juillet 2011.  M. Eyebe Ayissi a annoncé que des élections seront organisées au Cameroun le 9 octobre prochain pour désigner le Président de la République et a indiqué que des observateurs indépendants, nationaux et internationaux, seront agréés pour le suivi du déroulement dudit scrutin.  Le Ministre a réitéré l’attachement et la fidélité du Cameroun en faveur de la Charte des Nations Unies et à l’Acte constitutif de l’Union africaine.  « Mon pays émet également le vœu, a-t-il mentionné, de voir se renforcer la coopération entre ces deux institutions internationales pour examiner des questions concernant ou impliquant les pays africains, conformément à la lettre et à l’esprit desdits instruments internationaux de référence », a-t-il conclu.

Droits de réponse

En réponse à l’allocution prononcée ce matin par le Premier Ministre de l’Albanie, le représentant de la Serbie a fait valoir que le paragraphe relatif au Kosovo contenait « les mensonges et les idées fausses habituels ».  Le Kosovo a pris des actions unilatérales de nature coercitive, en essayant de créer un « fait accompli » sur des questions pour lesquelles les négociations sont toujours en cours.  Ce faisant, le Kosovo provoque des tensions et incidents, mettant en danger les négociations dans lesquelles il prétend être engagé.  « La vérité est que le Kosovo n’est pas du tout engagé dans ce processus », a estimé le représentant de la Serbie

Le représentant de la Serbie a dit que le Premier Ministre de l’Albanie avait présenté, de manière erronée, l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) de 2010.  La vraie question posée est restée sans réponse, ce qui a donné lieu à l’opinion dissidente de plusieurs juges de la Cour.  Par ailleurs, ni la Serbie ni le Conseil de sécurité n’ont jamais accepté l’ensemble de mesures proposées par M. Martti Ahtisaari ».  Le représentant a évoqué ensuite le pogrom des Serbes par les Albanais en 2004, le nombre minuscule de Serbes qui retournent chez eux au Kosovo et le récit quotidien d’attaques contre les Serbes.  Il a dénoncé aussi « une tentative de nier les crimes les plus odieux jamais commis contre les Serbes pendant le conflit dans l’ex-Yougoslavie.  La communauté internationale devra procéder à une enquête approfondie, a-t-il averti.

Le représentant de l’Albanie a réagi aux propos du représentant de la Serbie.  Il a reconnu qu’il y avait un désaccord entre la Serbie et l’Albanie au sujet du statut du Kosovo.  Il a dit que la plupart des États sont unanimes sur le fait que l’indépendance du Kosovo était incontournable.  Il a espéré que la Serbie acceptera les décisions de la Cour internationale de Justice au sujet de la proclamation d’indépendance du Kosovo.  Le représentant a dit espérer que les conflits dans les Balkans ne se reproduiront plus et a réitéré le soutien de son pays au Kosovo.  Il a réagi aux accusations d’actes criminels commis en Albanie contre les Serbes et a estimé que l’enquête en cours permettra de lever le voile sur ces évènements.

Reprenant la parole, le représentant de la Serbie a déclaré qu’il appartenait aux membres de l’Assemblée générale de tirer leurs propres conclusions. 

Le représentant de l’Albanie a dit qu’il n’y avait pas lieu de prolonger outre mesure ce débat.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

la septième Conférence pour l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires a eu lieu à New York

CD/3302

la septième Conférence pour l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires a eu lieu à New York

23/09/2011
Assemblée généraleCD/3302
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conférence en vue de faciliter l’entrée

en vigueur du Traité d’interdiction

complète des essais nucléaires

(Article XIV)                                               

1re & 2e séances – matin & après-midi                       


LA SEPTIÈME CONFÉRENCE POUR L’ENTRÉE EN VIGUEUR DU TRAITÉ D’INTERDICTION COMPLÈTE

DES ESSAIS NUCLÉAIRES A EU LIEU À NEW YORK


La ratification du TICE est un élément essentiel de l’avenir

de l’architecture globale de désarmement et de non-prolifération nucléaires


« Avec cinq nouvelles ratifications -Trinité-et-Tobago, République centrafricaine, Îles Marshall, Ghana, Guinée- portant à 182 le nombre de signataires et 155 celui des ratifications du Traité, une cinquantaine d’États Membres, dont une quarantaine représentés au niveau ministériel, ont estimé aujourd’hui que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) se rapprochait encore de l’universalisation. 


Réunies dans le cadre de la septième Conférence visant à faciliter l’entrée en vigueur du TICE, au Siège des Nations Unies à New York, la plupart des délégations qui sont intervenues au cours du débat tenu ce jour ont estimé que l’entrée en vigueur de ce Traité, qui avait été ouvert à la signature en 1996 dans l’intérêt de la paix et de la sécurité internationales et en vue d’atteindre l’objectif d’un monde débarrassé d’armes nucléaires, était plus que jamais urgente. 


« La Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), qui s’est déroulée en mai 2010, a rappelé combien cette perspective était essentielle pour l’avenir de l’architecture globale de désarmement et de non-prolifération nucléaires », a déclaré M. Alain Juppé, Ministre des affaires étrangères de la France, qui est une des nations dotées de l’arme nucléaire à avoir ratifié le TICE. 


M. Sergei Ryakov, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie et M. Alistair Burt, Sous-Secrétaire d’État du Royaume-Uni, se sont dits optimistes quant à l’avenir du Traité en raison de la dynamique positive qui existe en ce moment en sa faveur et en celle du désarmement nucléaire.  Si le premier a constaté qu’une majorité écrasante de pays reconnaissait que la sécurité de la planète passe par des accords juridiquement contraignants, comme le TICE, le second a ajouté que la ratification par tous les États dotés de l’arme nucléaire aurait une incidence positive pour l’entrée en vigueur de ce Traité. 


Malgré les progrès constatés, les délégations ont aussi rappelé que, conformément à l’annexe II du Traité, le TICE doit être ratifié par 44 pays détenteurs de technologies nucléaires spécifiques avant d’entrer en vigueur et que neuf parmi ces États, qui figurent dans l’annexe II au texte du Traité, n’ont toujours pas franchi ce pas.  L’Union européenne, à l’instar de nombreuses délégations, a exhorté ces neuf pays à déposer leurs instruments de ratification pour que l’entrée en vigueur du TICE puisse enfin devenir réalité.  Le Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie a indiqué que le Parlement indonésien examinait un projet de loi autorisant la ratification du TICE qui lui a été soumis par le Gouvernement.  L’Indonésie espère qu’une telle ratification encouragera les huit autres pays de l’annexe II qui n’ont pas encore ratifié le TICE à le faire, a dit M. Marty Natalegawa.  «  Nous sommes attachés au TICE et nous souhaitons son entrée en vigueur, mais nous ne pouvons pas le faire seuls », a pour sa part déclaré la Sous-Secrétaire d’État américaine au contrôle des armements.


« N’attendez pas que les autres fassent le premier pas.  Jouez un rôle de chef de file, car il ne s’agit plus d’attendre », a quant à lui souligné le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, en indiquant qu’il se rendrait dans tout pays qui se déclarerait prêt à ratifier le TICE, en compagnie de l’Ambassadeur Tibor Tóth, pour lever tout doute ou éclaircir toute zone d’ombre. 


Notant que trois pays avaient rompu le moratoire et procédé à des essais d’armes nucléaires depuis 1996 -l’Inde, le Pakistan, et la République populaire démocratique de Corée (RPDC)-, de nombreuses délégations ont insisté que les moratoires volontaires, bien qu’importants, ne peuvent pas remplacer des accords juridiquement contraignants.  Estimant que l’essai nucléaire conduit par la RPDC en 2009 avait rappelé que la seule détermination ou volonté de la communauté internationale en la matière n’était pas suffisante, le Vice-Ministre des affaires étrangères d’Israël, M. Daniel Ayalon, a indiqué qu’il était difficile de parvenir à des accords sur cette question au niveau régional, alors qu’au Moyen-Orient, certains pays appellent encore à la disparition de l’État d’Israël.


L’entrée en vigueur du TICE ne représentera pas seulement un pas significatif vers la paix et la sécurité internationales, mais elle apportera une valeur ajoutée significative dans plusieurs domaines scientifique et civil.  Ainsi de nombreux intervenants ont indiqué que le renforcement du Système de surveillance international de l’Organisation du TICE (OTICE) -qui comprend près de 500 installations de surveillance en fonctionnement- s’est avéré un outil précieux dans la prévention et la gestion des catastrophes naturelles ou accidentelles.  D’aucuns ont rappelé que ce Système a contribué de manière décisive à l’alerte aux tsunamis ou à la détection des contaminations radiologiques.  Ils ont notamment évoqué à cet égard le suivi de l’accident nucléaire de Fukushima. 


Mettant l’accent sur les conséquences sanitaires des essais nucléaires, le Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, M. Guido Westerwelle, a indiqué que les 2 000 essais nucléaires menés entre 1945 et 1996 -dont plus de 1 000 par les États-Unis, 700 par l’Union soviétique, et plus de 200 par la France– ont relâché plus de radioactivité dans l’atmosphère que les accidents de Tchernobyl et de Fukushima réunis.  Sur le même ton, intervenant au nom d’une coalition d’organisations non gouvernementales (ONG), Mme Togzhan Kassenova a appuyé la proposition du Kazakhstan de créer un fonds international pour assister les personnes dont les vies ont été affectées par les essais nucléaires. 


En début de journée, après avoir nommé la Suède et le Mexique en tant que Coprésidents de la septième Conférence, lesdélégations ont adopté sans vote une Déclaration finale, en date du 23 septembre 2010, qui appelle à promouvoir la ratification du TICE.  Cette Déclaration sera jointe au rapport de la Conférence, adopté en fin de journée.  La Conférence a aussi entendu la présentation du rapport des coprésidences française et marocaine (2009-2011) répertoriant les initiatives menées par ces deux délégations. 


Déclarations liminaires

M. ALAIN JUPPÉ, Ministre des affaires étrangères de la France, a déclaré que la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération, qui s’est déroulée en mai 2010, avait permis aux États Membres de rappeler combien cette perspective était essentielle pour l’avenir de l’architecture globale de désarmement et de non-prolifération nucléaire.  Citant des résultats positifs et encourageants enregistrés depuis deux ans, M. Juppé a déclaré quecinq États ont ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (Trinité-et-Tobago, République centrafricaine, Îles Marshall, Ghana, Guinée) portant à 155 le nombre de ratifications.  « Alors que l’Indonésie est également engagée dans un processus de ratification, cela réduira bientôt à 7, je l’espère, le nombre des États dont la ratification est encore indispensable à l’entrée en vigueur du Traité », a dit M. Juppé

Il a noté que, grâce au travail du Secrétariat technique de l’Organisation du TICE (OTICE), le Système de surveillance international (SSI) de l’Organisation continue de se renforcer.  Il se révèle un outil précieux dans la prévention ou la gestion des catastrophes naturelles ou accidentelles, en contribuant de manière décisive aux systèmes d’alerte aux tsunamis ou à la détection des contaminations radiologiques, a ajouté le Ministre des affaires étrangères de la France, en se félicitant de la coopération entre l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), dans le cadre du suivi de l’accident nucléaire de Fukushima.  Au-delà de ces avancées, M. Juppé a salué les intentions positives de l’Administration américaine à l’égard du Traité.  Après 15 ans d’efforts, nous devons désormais obtenir les dernières ratifications nécessaires à l’entrée en vigueur du TICE, qui sera un progrès majeur pour la sécurité du monde.

M. TAÏB FASSI FIHRI, Ministre des affaires étrangères du Maroc, a rappelé que son pays a eu le plaisir de présider, conjointement avec laFrance, en 2009, la sixième Conférence en vue de rendre le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires plus attrayant pour les États qui n’ont pas encore franchi le pas de la ratification.  Il a précisé que deux ans après la désignation du Maroc et de la France pour coprésider la sixième Conférence, les deux coordonnateurs ont adopté une stratégie globale et inclusive basée sur le partenariat et la transparence à travers la tenue d’une série de consultations informelles avec les États signataires, notamment à Vienne.  Il s’est félicité que le Traité se rapprochait de l’universalité, avec 155 États parties et 182 États signataires.  Au moment ou nous passons le relais de deux ans de coprésidence, le Maroc estime que la communauté internationale ne peut se permettre aujourd’hui, d’ignorer les appels multiples en faveur de l’élimination totale des armes de destruction massive, particulièrement les armes nucléaires, a-t-il insisté.  Le Ministre des affaires étrangères du Maroc s’est, par ailleurs, dit convaincu que l’entrée en vigueur du TICE jouera également un rôle clef en tant qu’instrument de confiance aux multiples applications civiles, comme par exemple l’alerte contre les tsunamis et la prévention de leurs effets, ainsi que l’alerte contre les catastrophes naturelles à caractère sismique.


Échange de vues général entre les États ratifiants et les États signataires sur les moyens de faciliter l’entrée en vigueur du TICE


Assumant la coprésidence de la septième Conférence aux côtés de la Suède, Mme PATRICIA ESPINOSA CANTELLANO, Secrétaire d’État aux relations extérieures du Mexique, a regretté que 15 ans après l’ouverture à la signature du TICE, neuf États de l’annexe II n’ont toujours pas franchi le pas de la ratification.  Elle a salué l’annonce faite en avril 2009 par le Président Barack Obama de transmettre une demande de ratification du TICE au Sénat américain.  Elle a également souligné l’importance de l’entrée en vigueur du nouveau Traité START de réduction stratégique des armes nucléaires entre les États-Unis et la Fédération de Russie.  Mme Espinosa Cantellano a déclaré que les six pays de la région d’Amérique latine qui figurent à l’annexe II ont ratifié le TICE.  Elle a précisé que cinq stations de contrôle certifiées se trouvaient désormais sur le territoire du Mexique.


Intervenant au nom de l’Union européenne, M. JACEK NAJDER, Vice-Ministredes affaires étrangères de la Pologne, a déclaré que l’entrée en vigueur d’un nouveau Traité START de réduction stratégique des armes nucléaires entre les États-Unis et la Fédération de Russie était très encourageante.  Il a indiqué que l’Union européenne continuera à apporter son appui à l’objectif d’universalisation du TICE et à l’établissement de son régime de vérification.  Il a appelé tous les États à ratifier le TICE dans le souci de renforcer l’architecture de la paix et de la sécurité internationale, en particulier les neuf États de l’annexe II dont la ratification est essentielle pour permettre l’entrée en vigueur du TICE.  Les moratoires sur les essais nucléaires doivent être maintenus en attendant l’entrée en vigueur du Traité, a-t-il insisté. 


M. MICHAEL SPINDELEGGER, Vice-Chancelier fédéral et Ministre des affaires européennes et internationales de l’Autriche, a déclaré que le monde a été le témoin de l’effet positif qu’a eu la création de la Commission préparatoire, qui a permis qu’il y ait une réduction du nombre d’essais nucléaires.  Nous avons déjà mis en place une partie du Système de surveillance international qui devra être complet au moment de l’entrée en vigueur du TICE, a noté M. Spindelegger.  Il a notamment mis l’accent sur les avantages qu’offrent les applications scientifiques et civiles du Système de surveillance international, notamment lorsqu’il s’agit de faire face aux conséquences de catastrophes naturelles, comme la récente catastrophe de Fukushima. 


M. EAMON GILMORE, Ministre des affaires étrangères et du Commerce de l’Irlande, a estimé qu’après 15 ans d’efforts, il est grand temps que le TICE puisse entrer en vigueur.  Ce Traité est un « instrument vital » pour le désarmement nucléaire et la non-prolifération sous tous ses aspects, a poursuivi le Ministre, ajoutant qu’il s’agissait là d’une priorité de la politique extérieure de son pays.  « Le monde ne peut plus attendre », a-t-il déclaré avant de dénoncer les essais nucléaires « provocateurs » menés par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en 2006 et 2009.  Ce type d’incident démontre bien la nécessité de disposer d’un instrument international juridiquement contraignant comme le TICE, a poursuivi le Ministre.  Tant que le monde ne dispose pas d’un tel instrument, la menace indéniable pour la paix et la sécurité mondiales, qui découle directement du développement et de la prolifération de nouvelles armes nucléaires plus avancées, planera sur l’humanité, a prévenu M. Gilmore.  Rappelant que 182 pays ont d’ores et déjà signé le TICE et que 153 l’ont ratifié, le Ministre a estimé que, même sans être entré officiellement en vigueur, ce Traité représente déjà une norme internationale puissante contre les tests nucléaires.  Il a saisi cette occasion pour lancer un appel à tous les États qui n’ont pas encore signé et ratifié le TICE à le faire sans plus attendre.  M. Gilmore a également souligné qu’aujourd’hui marquait le dix-neuvième anniversaire du dernier test nucléaire américain, réaffirmant, dans ce contexte, le rôle de leadership mondial que les États-Unis devraient jouer pour encourager l’entrée en vigueur et l’universalisation du TICE.


M. JEAN ASSELBORN, Premier Ministre adjoint et Ministre des affaires étrangères du Luxembourg, a estimé que le fait qu’aujourd’hui 182 pays aient signé le TICE et que et 155 l’aient ratifié, témoigne de l’appui solide qu’apporte la grande majorité de la communauté internationale au Traité.  Malheureusement, les ratifications par le Ghana et la Guinée ont été les seules qui soient survenues depuis la réunion tenue l’année dernière, a déploré M. Asselborn.  La cadence des ratifications reste le plus grand défi à relever, malgré les efforts soutenus et constants déployés par les États parties et par la Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires en vue de l’universalisation de l’interdiction de ces tests.  Le Luxembourg souscrit à l’appel lancé par l’Union européenne aux neuf pays qui figurent à l’annexe II qui ne l’ont pas encore fait, de déposer leurs instruments de ratification pour que l’entrée en vigueur du Traité, 15 ans après l’ouverture à sa signature, puisse enfin devenir réalité.  En attendant l’universalisation du Traité, les moratoires volontaires sur les explosions nucléaires adoptés par plusieurs pays doivent être maintenus, a conclu M. Asselborn. 


M. URI ROSENTHAL, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a rappelé que la prolifération des armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive représentait une menace grave pour la paix et la sécurité mondiales.  C’est la raison pour laquelle le TICE doit entrer en vigueur dans les plus brefs délais.  Ce Traité constitue un instrument clef pour le régime de non-prolifération et du désarmement, a encore soutenu le Ministre, en indiquant que son pays a toujours été un fervent supporteur du TICE.  À ce titre, les Pays-Bas ont récemment accueilli une conférence, conjointement avec le Kazakhstan, qui portrait sur un certain nombre de questions liées au nucléaire, y compris les essais nucléaires.  Rappelant que le Kazakhstan avait été le théâtre d’une centaine d’essais nucléaires sur le site de Semipalatinsk, et qu’il subit toujours les effets dévastateurs de ces essais, le Ministre a insisté sur le fait que cela prouvait bien la nécessité urgente de l’entrée en vigueur du TICE.  Les Pays-Bas ont été très actifs dans la publication d’un livre sur la détection et la dissuasion des essais nucléaires, livre qui a été présenté en Autriche et le sera sous peu à New York, a dit M. Rosenthal.  S’agissant du régime de vérification du TICE, le Ministre a estimé que son importance devait être mise en avant cette année, à la lumière de la catastrophe nucléaire qui a touché le Japon.  En effet, les systèmes de surveillance ont permis de détecter les niveaux de radioactivité dans le monde entier au lendemain de cette catastrophe, a-t-il rappelé.  Les applications de ce régime de vérification doivent impérativement être élargies pour également porter sur les utilisations civiles du nucléaire, a-t-il proposé.


M. KEVIN RUDD, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a noté que six essais nucléaires ont eu lieu depuis l’ouverture à la signature du TICE, il y a 15 ans.  Il a jugé indispensable l’entrée en vigueur d’un traité d’interdiction des essais nucléaires dont les termes soient contraignants.  M. Rudd s’est félicité des progrès considérables accomplis par le Système de surveillance international de l’Organisation qui s’est révélé un outil précieux pour détecter l’essai nucléaire mené par la République populaire démocratique de Corée, en 2009.  Il a noté que 85% des stations du Système étaient en fonctionnement, avant d’insister que l’entrée en vigueur du TICE sera aussi un moyen d’instaurer la confiance dans les régions où les menaces sont multiples. 


M. GUIDO WESTERWELLE, Ministres des affaires étrangères de l’Allemagne, s’est particulièrement félicité de la décision de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) d’inscrire dans sa stratégie une vision d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Il s’est inquiété du fait que les 2 000 essais nucléaires effectués depuis 50 ans ont libéré dans l’atmosphère des quantités de radiation bien plus élevées que les niveaux de radiation libérés par les accidents de Tchernobyl et Fukushima.  En outre, il a estimé que si les moratoires actuels étaient importants, ils n’étaient pas suffisants.  Il a exhorté les neuf pays dont la ratification est indispensable pour l’entrée en vigueur du TICE, de franchir le pas de la ratification du texte du Traité.  Il s’est félicité de la déclaration conjointe faite au mois de janvier 2011 par le Président des États-Unis, M. Barack Obama, et le Président de la Chine, M. Hu Jintao, qui se sont engagés à appuyer une entrée en vigueur rapide du TICE. 


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que la communauté internationale se réunissait aujourd’hui pour agir.  Rappelant que les appels lancés en faveur de l’entrée en vigueur du TICE se multiplient, le Secrétaire général a exhorté les États Membres à y donner suite.  Dans le cadre de ses fonctions, M. Ban Ki-moon a indiqué qu’il s’est rendu dans différents endroits touchés par des catastrophes nucléaires pour y rencontrer les victimes.  Ces visites ont suscité en lui une « détermination humaine » de vouloir éviter à tout prix que ce type de situations puisse se répéter.  « Le désarmement et la non-prolifération nucléaires font partie de mes priorités », a déclaré le Secrétaire général, avant de souligner que son nom s’écrivait « BAN », comme « nuclear test ban... » (« interdiction des essais nucléaires », en langue anglaise), ce qui semble, a-t-il estimé, naturellement le prédisposer à se battre pour que le monde parvienne à l’interdiction totale de ces tests.


Rappelant que depuis 2009, « plusieurs pays se sont ralliés à cette cause commune pour parvenir à l’interdiction complète des essais nucléaires », le Secrétaire général a estimé que cela témoignait de l’attachement d’une grande partie de la communauté internationale à l’entrée en vigueur du TICE.  Fort de ce constat, le Secrétaire général a dit aux États Membres: « n’attendez pas que les autres fassent le premier pas.  Jouez un rôle de chef de file, car il ne s’agit plus d’attendre ».  Il a exhorté tous les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier sans plus attendre le TICE, en leur rappelant l’offre qu’il a faite: à savoir qu’il rendrait personnellement visite à tout pays qui serait prêt à ratifier le TICE, en compagnie de l’Ambassadeur Tibor Tóth, pour lever tous les doutes ou zones d’ombre restants.  « Nous ne pouvons pas nous voiler la face!  Sans l’adhésion universelle au TICE, il n’y aura pas de garanties de dénucléarisation.  Nous avons besoin de volonté politique et d’action concrète, a conclu le Secrétaire général, avant de réitérer son appel à l’action en vue de l’entrée en vigueur du TICE d’ici à 2012.


Intervenant en sa qualité de Coprésident de la Conférence, M. CARL BILDT, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a dit que le TICE est une contribution indispensable à la non-prolifération nucléaire.  Quinze ans après l’ouverture à la signature du TICE, une majorité écrasante des États Membres a convenu de l’importance de son entrée en vigueur, a-t-il estimé.  Il a souligné la responsabilité spécifique qui incombe aux 44 pays de l’annexe II, dont 35 seulement ont ratifié à ce jour le TICE.  Notant que neuf États de l’annexe II n’ont toujours pas ratifié le Traité, le Ministre des affaires étrangères de la Suède s’est dit convaincu que les choses allaient évoluer dans le bon sens.  Avec le parachèvement quasi complet de l’installation du Système de surveillance international de l’Organisation du TICE, il est devenu impossible de mener des essais sans qu’ils soient détectés, a-t-il souligné. 


M. TIBOR TÓTH, Secrétaire exécutif de la Commission préparatoire pour le TICE, a rappelé qu’avec 182 signatures dont 155 ratifications, le Traité est aujourd’hui quasiment universel.  Avec 500 installations de surveillance en fonctionnement, c’est désormais plus de 80% du Système de surveillance international de l’Organisation qui est en place, s’est félicité M. Tóth.  La norme est claire pour tous, et toute transgression rencontre une condamnation rapide et résolue comme nous l’avons démontré en 2006 et 2009, a-t-il insisté.  Soulignant l’importance du Système de surveillance international de l’Organisation, il a rappelé que la dissémination de nucléides radioactifs suite à l’accident de Fukushima a été détectée par 19 stations à travers le monde et que des informations ont été, en temps réel, partagées avec 95% de taux de précision, avec tous les pays participants à cet effort.  Il n’y a eu que deux essais nucléaires –certes deux essais de trop– au cours de la dernière décennie, alors que nous comptions 400 et 500 essais nucléaires par décennie avant l’ouverture à la signature du TICE, a fait remarquer Tibor Tóth.  Nous devons redoubler d’efforts et ne pas perdre de temps, a-t-il insisté, si nous voulons parvenir à l’universalisation du TICE. 


M. PHAM BINH MINH, Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a rappelé que la politique de son pays consiste à soutenir et promouvoir le désarmement total et complet, en accordant une priorité particulière au désarmement et à la non-prolifération nucléaires.  À ce titre, le Viet Nam a souscrit à tous les instruments internationaux allant vers cette direction.  Le Ministre a émis l’espoir de voir le TICE, une fois entré en vigueur, renforcer de manière significative les mécanismes existants pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  C’est la raison pour laquelle le Viet Nam a fait partie des premiers pays à avoir ratifié ce Traité dès 1996, a précisé M. Pham Binh Minh.  Il a regretté qu’aujourd’hui encore, il n’ait pas été possible de parvenir à un consensus sur certaines questions clefs du désarmement et de l’ordre du jour de la non-prolifération.  En attendant l’entrée en vigueur du TICE, le Ministre a encouragé tous les États à maintenir et respecter le moratoire sur les essais nucléaires et à éviter des comportements qui pourraient saper les objectifs du Traité. 


M. KAREL SCHWARZENBERG, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a réaffirmé le plein appui de son pays au processus d’entrée en vigueur rapide du TICE qui « contribuera efficacement à renforcer l’architecture mondiale en matière de sécurité, qui est basée sur le Traité de non-prolifération nucléaire ».  La République tchèque estime qu’il est également important de développer davantage le régime de vérification du TICE, car il s’agit là d’un instrument favorisant la non-prolifération et le renforcement de la confiance mutuelle.  Suite aux évènements tragiques survenus cette année au Japon, la pertinence du régime de vérification prévu par le TICE a encore été renforcée, a encore estimé le Ministre, en particulier pour ce qui est des technologies relatives aux applications pacifiques du nucléaire.  Saluant la nouvelle signature et les quatre nouvelles ratifications du TICE survenues depuis 2009, M. Schwarzenberg a émis l’espoir que cette Conférence enverrait « un signal fort de notre détermination à ne ménager aucun effort pour accélérer l’entrée en vigueur du Traité ».


M. GOMBOJAVYN ZANDANSHATAR, Ministre des affaires étrangères de la Mongolie, a déclaré que la vertu et la valeur du TICE résident dans le caractère global du texte plutôt que dans la somme de ses composantes.  Il a précisé que la Mongolie a organisé en 2010 en collaboration avec l’Organisation du TICE, une conférence régionale de sensibilisation sur l’importance de l’entrée en vigueur du Traité.  La Mongolie s’engage non seulement à promouvoir la non-prolifération, mais aussi à utiliser davantage les applications scientifiques et pacifiques du Système de surveillance international.  Par ailleurs, le Ministre des affaires étrangères de la Mongolie s’est félicité du fonctionnement des 321 stations de surveillance et 16 laboratoires de nucléides qui mesurent les changements radioactifs dans l’atmosphère.  Le Système peut aussi être utilisé à des fins scientifiques et pacifiques, notamment pour mesurer les risques des changements climatiques et des catastrophes naturelles, a-t-il relevé.  L’accident de Fukushima a montré que le Système de surveillance international de l’OTICE était devenu indispensable, a-t-il insisté. 


M. RUSLAN KAZAKBAEV, Ministre des Affaires étrangères du Kirghizistan, a dit que le Kirghizistan était partie au TICE et à une série de conventions internationales, dont la Convention de l’ONU contre les risques de terrorisme nucléaire.  Il a rappelé que le Kirghizistan est dépositaire du Traité de Semipalatinsk, signé en septembre 2006, qui fait de la région de l’Asie centrale une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN).  Citant les dangers et les conséquences sur les populations civiles des essais nucléaires menés par le passé en Asie centrale, il a jugé essentiel de parvenir à l’interdiction complète de tous les essais nucléaires et à la rapide entrée en vigueur du TICE


Mme ELLEN TAUSCHER, Sous-secrétaire d’État au contrôle des armes des États-Unis, a précisé que depuis l’arrivée du Président Barack Obama, il y a eu plusieurs évolutions notables dont l’entrée en vigueur du nouveau Traité START, la révision de la stratégie nucléaire américaine et l’affirmation d’une nouvelle position américaine lors de la conférence d’examen du TNP.   Elle a mis l’accent sur la vision défendue par le Président Barack Obama à Prague en avril 2009.  Elle a dit qu’elle était persuadée que l’entrée en vigueur du TICE renforcerait la sécurité internationale et faciliterait une meilleure coopération internationale sur d’autres priorités de désarmement et de non-prolifération.  « Nous sommes attachés au TICE et nous souhaitons son entrée en vigueur, mais nous ne pouvons pas le faire seuls », a dit la Sous-Secrétaire d’État, en rappelant que cet engagement s’est traduit par des contributions financières américaines importantes, dont 25 millions de dollars pour la mise en place de la station de surveillance de l’île de Creuset.  Elle a particulièrement souligné l’importance du Système de surveillance international pour les alertes de tsunamis et le traçage de la radioactivité après des accidents.


M. KOSTYANTYN GRYSHENKO, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a souligné d’emblée l’importance du TICE pour le régime de non-prolifération et de désarmement nucléaire.  Le fait qu’il ne soit pas encore entré en vigueur, en dépit des efforts consentis en ce sens, a poussé l’Ukraine à regretter qu’il reste encore beaucoup à faire pour son universalisation, a dit le Ministre.  En attendant l’entrée vigueur du TICE, l’Ukraine demande que les moratoires sur les essais nucléaires soient maintenus.  Sa délégation lance un appel aux États figurant à l’annexe II du Traité, afin qu’ils le signent et le ratifient sans plus attendre, car la prolifération des armes de destruction massive reste l’une des plus grandes menaces pour l’humanité, et seule une approche multilatérale peut en venir à bout, a dit M. Gryshenko.  Le Gouvernement de l’Ukraine reste fermement convaincu du fait que les mesures de non-prolifération permettraient de mettre « l’atome au service de l’humanité » par le biais de ses applications civiles pacifiques.  Pour sa part, l’Ukraine s’est d’ores et déjà acquittée d’une grande partie de son engagement pris en vue de supprimer ses stocks d’uranium enrichi d’ici à 2012, a encore précisé le Ministre.  


M. NIKOLA POPOSKI, Ministre des affaires étrangères de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a rappelé que le 29 août dernier, le monde avait célébré pour la deuxième fois la Journée internationale contre les essais nucléaires.  Cette Journée symbolise l’élan historique en faveur d’un moratoire international sur les essais nucléaires, a-t-il estimé.  Il a salué les signes d’engagement en faveur de la ratification du TICE, en particulier de la part de certains pays qui figurent à l’annexe II du Traité.  Le Ministre a dit que son pays reste convaincu que le TICE constitue la pierre angulaire du régime de non-prolifération, car il limite le développements des capacités nucléaires des pays qui n’en disposent pas encore, tout en imposant des contraintes fermes à ceux qui sont dotés de l’arme nucléaire.  Nous sommes attachés à la pleine mise en œuvre des obligations du Traité et à son universalisation, a conclu M. Poposki.


M. KOICHIRO GEMBA, Ministre des affaires étrangères du Japon, a rendu hommage à l’assistance internationale que son pays avait reçue à la suite du tremblement de terre de Fukushima, et de l’accident nucléaire qu’il a provoqué dans la centrale de Fukushima Dai-ichi.  À ce titre, il a notamment mentionné le fait que le Secrétariat provisoire technique du TICE a fait tout son possible pour apporter des informations objectives et correctes sur les niveaux de radioactivité à la communauté internationale le plus rapidement possible.  Le TICE constitue un instrument indispensable pour la réalisation d’un monde sans armes nucléaires, et le Japon regrette profondément que, 15 ans plus tard, ce Traité ne soit toujours pas entré en vigueur, a dit M. Gemba.  Il a lancé un appel à tous les États pour qu’ils agissent afin de faciliter cette entrée en vigueur en dépassant les confrontations entre nations nucléaires et celles qui ne disposent pas d’armes nucléaires.


Un premier pas en ce sens serait, a dit M. Gemba, que les neuf pays figurant à l’annexe II du Traité signent et ratifient au plus tôt le TICE.  A cet égard, il s’est dit encouragé par le fait que l’Indonésie et les Etats- Unis semblent disposés à ratifier le TICE.  Quant aux pays ayant refusé de le ratifier jusque là en invoquant des raisons de sécurité régionales, le Ministre a insisté sur la nécessité de continuer à faire passer le message que le TICE constitue en soi un moyen efficace pour promouvoir la confiance mutuelle et la sécurité.  En attendant l’entrée en vigueur du Traité, le Japon demande qu’il y ait néanmoins une interdiction des tests nucléaires, et, à ce titre, souhaite que les moratoires existants soient maintenus.  En cas de violation d’un de ces moratoires, la communauté internationale doit répondre d’une seule voix et condamner de tels essais nucléaires a poursuivi le Ministre, invoquant notamment le cas de la République populaire démocratique de Corée.


M. SVEN ALKALAJ, Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, a mis l’accent sur l’importance du TICE pour prévenir la prolifération nucléaire et promouvoir la sécurité internationale.  Il a précisé que la Bosnie-Herzégovine a joué un rôle actif dans la promotion des normes internationales promues par le Traité en accédant à la présidence de la Commission préparatoire.  Il a exhorté tous les pays dont la ratification est indispensable à l’entrée en vigueur du TICE à franchir ce pas. 


M. MICHAEL CHRISTOS DIAMESSIS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a déclaré que le TICE est un élément clef de la sécurité internationale et de la stabilité mondiale et un instrument indispensable pour lutter contre la prolifération nucléaire.  Il a dit que les moratoires volontaires interdisant les essais ne peuvent être considérés comme remplaçant les obligations liées à la mise en œuvre du TICE.  Il a estimé que la Conférence sur la zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, qui doit se tenir en 2012, est plus importante que jamais. 


M. SIPHO GEORGE NENE, Directeur général adjoint aux affaires multilatérales de l’Afrique du Sud, a estimé que le TICE fait partie d’un régime de traités qui couvre le cadre interconnecté des traités visant à empêcher la prolifération des armes nucléaires, tout en promouvant l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Les essais nucléaires de la RPDC, menés en 2006 et 2009, ont montré que nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers, a-t-il dit.  Il a salué les efforts de la Commission préparatoire qui a beaucoup aidé les pays en leur fournissant conseils et informations techniques.  Il a souligné l’importance du Système de surveillance international.  Il a rappelé que les moratoires volontaires ne pouvaient avoir la même valeur que les engagements juridiquement contraignants 


M. VINCENZO SCOTTI, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Italie, s’est dit persuadé que l’entrée en vigueur du TICE était sur la bonne voix.  Il a rappelé que la communauté internationale a célébré la Journée internationale contre les essais nucléaires le 2 septembre 2010, et qu’elle marque ce mois le quinzième anniversaire de l’ouverture à la signature du TICE.  Il a jugé incontournable l’entrée en vigueur du TICE en tant que moyen de renforcer la sécurité internationale.  Dans le contexte de l’accident nucléaire de Fukushima, il a souligné la contribution du Système de surveillance international comme outil d’alerte rapide.  Il s’est dit persuadé que, grâce aux mesures de confiance, la communauté internationale pouvait surmonter les difficultés et obstacles à l’entrée en vigueur du TICE. 


Mme KERRY BUCK, Ministre adjointe à la sécurité internationale du Ministère des affaires étrangères du Canada, a rappelé que lorsque le TICE a été ouvert aux signatures en 1996, les attentes de la communauté internationale étaient élevées, mais que « malheureusement 15 ans plus tard, ce Traité n’est toujours pas entré en vigueur ».  Dénonçant les essais nucléaires conduits en 2006 et 2009 par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), elle a souligné que le Gouvernement canadien les avait fermement condamnés.  Saluant le fait que le Document final et le Plan d’action adoptés lors de la dernière Conférence de revue du Traité sur la non-prolifération nucléaire mentionnaient expressément l’importance de l’entrée en vigueur du TICE, le Canada exhorte tous les États à prendre des mesures concrètes pour assurer l’application de ce Plan d’action.  La Ministre adjointe a précisé que cela était chose faite en ce qui concerne son pays, qui a également attiré l’attention du G-8 sur l’importance de l’entrée en vigueur du TICE lors de sa présidence, a-t-elle encore rappelé.  Le Canada exhorte les pays qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le TICE le plus rapidement possible, « car il n’existe nul obstacle insurmontable, si ce n’est l’absence de volonté politique », a dit la Ministre adjointe.


Mme VERA MACHADO (Brésil) a rappelé que son pays avait été parmi les premiers pays à ratifier le TICE en 1998.  Le Brésil estime que ce Traité est un élément clef pour les efforts collectifs déployés en vue de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires et mettre un terme à la course aux armements.  Mme Machado a insisté sur la nécessité pour la Commission préparatoire du TICE de mettre au point le régime international de vérification du TICE.  À cet égard, elle a salué le fait que 276 stations du Système de surveillance international sont déjà installées, ce qui représente 90% des installations du réseau total du régime de vérification.  Ces stations ont d’ores et déjà prouvé leur efficacité en détectant notamment les essais nucléaires de la RPDC en 2006 et 2009, a-t-elle remarqué.  Cependant, malgré les perspectives positives concernant le système surveillance du TICE, c’est une source de frustration de constater que, 15 ans plus tard, le TICE ne soit toujours pas entré en vigueur, a déploré la représentante.  Par conséquent, le Brésil exhorte tous les pays à le signer et à le ratifier sans plus attendre.


M. ÖMER TÜZEL, Directeur général adjoint pour le contrôle des armes et le désarmement au Ministère des affaires étrangères de la Turquie, a estimé que l’entrée en vigueur du TICE marquera un pas important pour mettre un terme à la prolifération nucléaire.  « Par conséquent, il est important que tous les États le signent et le ratifient dans les plus brefs délais », a-t-il insisté.  En effet, ce Traité, sans même être officiellement entré en vigueur, a déjà fait ses preuves, a remarqué M. Tüzel, qui a invoqué à ce titre le travail mené par la Commission préparatoire et le Secrétariat technique provisoire du TICE.  La pertinence du réseau de vérification du TICE ne peut plus être remise en cause, a dit M. Tüzel.  Pour sa part, la Turquie a toujours respecté ses engagements en faveur du désarmement et de la non-prolifération et continuera à contribuer à l’entrée en vigueur rapide du TICE, a-t-il assuré, ajoutant que son pays organisera un atelier de sensibilisation à l’intérêt et à l’importance du TICE en novembre prochain.


M. ZOLTÁN SZTÁRAY a pris la parole au nom de M. JANOS MARTONYI, Ministre des affaires étrangères de la Hongrie, et a réaffirmé le plein appui de son pays au TICE.  Il a appelé les pays qui ne l’ont pas encore signé et ratifié à le faire sans plus attendre.  Pour la Hongrie, le moratoire sur les essais nucléaires ne saurait être une alternative à long terme à l’entrée en vigueur du TICE, a indiqué le représentant.  Il a noté qu’il existait actuellement une volonté politique renouvelée en faveur de l’entrée en vigueur du Traité et qu’il fallait saisir cette opportunité.  Il a salué les progrès remarquables accomplis dans les travaux de la Commission préparatoire du TICE et, en particulier, la mise en place de son Système de surveillance international, qui offre une perspective réaliste, en attendant l’entrée en vigueur du Traité.  Il a également salué la coopération fructueuse entre le Secrétariat technique provisoire du TICE et l’AIEA.  Au cours de sa présidence de l’Union européenne, la Hongrie a activement participé à la promotion du TICE.  Elle a notamment organisé un évènement parallèle à la Conférence technique et scientifique du TICE sur les applications civiles et scientifiques du réseau de vérification du Traité en avril dernier.  Pour la Hongrie, la Commission préparatoire a besoin d’appuis politiques et financiers pour pouvoir pleinement s’acquitter de son mandat.  Par conséquent, elle exhorte les États Membres à lui apporter ces appuis, a dit M. Sztáray.


M. MARTY NATALEGAWA, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a affirmé que son pays a toujours soutenu la mise en œuvre du TICE, mais qu’il avait conditionné sa ratification du Traité à la signature de tous les pays classés comme puissances nucléaires.  Néanmoins, a-t-il ajouté, le Président de l’Indonésie a transmis le projet de loi de ratification du TICE à l’Assemblée nationale indonésienne en octobre dernier et le Parlement et le Gouvernement sont en ce moment dans un processus de travail en synergie en vue de la ratification du Traité.  Il a enfin réaffirmé l’engagement de son pays en faveur d’un monde débarrassé de toute arme nucléaire.


M. YERZHAN KAZYKHANOV, Vice-Ministredes affaires étrangères du Kazakhstan, a indiqué que son pays a fermé, le 29 août 1991, le site d’essais nucléaires de Semipalatinsk.  Il a jugé nécessaire que soient prises des mesures énergiques pour éliminer le danger nucléaire, en estimant que l’entrée en vigueur du TICE est le meilleur moyen d’y parvenir.  Il a indiqué que le Kazakhstan a organisé le 30 août dernier une Conférence internationale sur la sécurité et non-prolifération nucléaire intitulée: « Dilemme nucléaire: présent et futur » organisée en collaboration avec le Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas, à La Haye.  Il a indiqué que le Kazakhstan organisera un Forum international pour un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a cité la création avec le soutien de la Norvège, d’un Centre international de formation d’experts aux activités sismiques et en essais nucléaires.


M. ESPEN BARTH EIDE, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a constaté que des progrès réels et bienvenus ont été accomplis dans le domaine de la non-prolifération nucléaire, au moment où quatre États ont signé le TICE, ceci s’étant produit depuis la dernière Conférence de 2009.  Il a noté que l’Indonésie examine actuellement un projet de ratification du Traité.  Un moratoire volontaire ne remplacera jamais un accord juridiquement contraignant, a-t-il estimé.  La détection immédiate des essais nucléaires menés par la RPDC, en 2006 et 2009, montre la fiabilité du Système de surveillance international du TICE, qui s’est avéré un outil précieux en la matière. 


M. ALEXIS AQUINO (Pérou) a espéré que la prochaine et huitième Conférence visant à faciliter l’entrée en vigueur du TICEsera l’occasion de célébrer l’entrée en vigueur de ce Traité.  Il a précisé que le Pérou a été le premier pays d’Amérique latine, et le deuxième pays de la liste de l’annexe II à ratifier le TICE.  Il a cité la mise en place au Pérou de deux installations de surveillance.  Le fait que 182 pays aient signé le TICE, et que 155 l’aient ratifié, montre que l’universalisation du Traité est sur la bonne voie, a dit M. Aquino.  Il a espéré que d’autres progrès soient accomplis dans les instances internationales et permettent ainsi au monde d’avancer sur les questions du désarmement nucléaire.  Il a jugé que certains pays auront besoin d’assistance pour avancer dans leur processus de ratification. 


Pour M. VALENTIN RYBAKOV, Conseiller du Président du Bélarus, le TICE est sans aucun doute un mécanisme sûr pour parvenir à un arrêt total des essais nucléaires.  Faisant l’éloge de son réseau de vérification, qui est d’ores et déjà opérationnel, et qu’il a jugé « fiable », il a regretté que le TICE ne soit toujours pas entré en vigueur.  Le Bélarus fait appel à tous les pays figurant à l’annexe II du TICE pour qu’ils fassent preuve de la volonté politique nécessaire pour signer et ratifier ce Traité, a dit M. Rybakov.  Le Traité donnera au monde une garantie juridique de cessation des essais nucléaires, a fait valoir le représentant.  Cependant son intérêt ne s’arrête pas là, puisque, par le biais de son Système de surveillance international, le TICE a également des applications concrètes dans le domaine des utilisations scientifiques et civiles de l’énergie nucléaire, a-t-il précisé. 


Mme BEÁTRIZ PATTI LONDONO, Sous-Secrétairepour les affaires multilatérales de la Colombie, a expliqué que la politique extérieure de son pays appuyait la promotion du régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires, ce dont témoigne le fait que la Colombie a ratifié tous les instruments internationaux existant dans ce domaine.  Elle a également rappelé que la Colombie faisait partie de la première zone exempte d’armes nucléaires, celle de Tlatelolco, qui couvre l’Amérique latine et les Caraïbes.  La Colombie invite tous les pays à partager cette même vision et encourage les nations qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le TICE.


M. MOURAD MEDELCI, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a jugé important que le Secrétariat technique provisoire du TICE accompagne les organes naissants du Traité de Pelindaba, entré en vigueur l’an dernier, et qui fait de l’Afrique une zone exempte d’armes nucléaires.  Par ailleurs, tout en appuyant l’objectif principal de vérification dévolu au Système de surveillance international, le Ministre a estimé que l’optimisation de l’utilisation de ce Système à des fins civiles devrait également être encouragée.  L’utilisation de ce Système peut en effet contribuer à d’autres objectifs stratégiques sans pour autant entraver la mission principale de vérification, a expliqué M. Medelci.  Se félicitant ensuite des cinq nouvelles ratifications qui donnent un total de 182 signataires au TICE et 155 ratifications, il a lancé un appel à la ratification universelle du Traité en se tournant vers les neuf pays dont la ratification est nécessaire à l’entrée en vigueur du TICE.


M.SAMUEL ZBOGAR, Ministre des affaires étrangères de la Slovénie, a salué l’élan nouvellement retrouvé du débat international sur la non-prolifération et le désarmement.  « Le monde était très différent en 2009, lors de la dernière Conférence sur l’article IV du TNP », a remarqué le Ministre.   Il a rappelé que désormais le TICE pour sa part comptait 182 pays signataires et 154 Etats parties,  et que le document final et le plan d’action du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) soulignait expressément l’importance de l’entrée en vigueur du TICE.  En effet, le TICE constitue la pierre angulaire du régime international de non-prolifération et du désarmement nucléaire a souligné le Ministre, qui a appelé tous les pays à démanteler leurs sites d’essais nucléaires de manière transparente et ouverte.  Pour sa part, la Slovénie encourage l’entrée en vigueur rapide du TICE et de son régime de vérification.  A cet effet, elle encourage les Etats, et en particulier ceux figurant à l’Annexe II du Traité, à signer et ratifier le TICE sans plus attendre et sans condition.  En attendant son entrée en vigueur, le moratoire sur les essais nucléaires doit être maintenu, a encore précisé le Ministre.


Pour M. DIMITER TZANTCHEV, Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, le nombre croissant de pays signataires du TICE est la preuve même de son importance et de sa pertinence ainsi que du fait qu’il représente la norme internationale acceptée en termes de comportement responsable des États dans le domaine nucléaire.  Il a salué la détermination des puissances nucléaires à se conformer à leurs moratoires respectifs sur les essais nucléaires.  Cependant, ces mesures unilatérales doivent être remplacées, au plus tôt, par un instrument international juridiquement contraignant, a-t-il précisé.  À ce titre, le TICE reste la pierre angulaire du processus de désarmement et de non-prolifération, a soutenu le Ministre, qui a également rappelé que son entrée en vigueur était une mesure essentielle prévue par le Plan d’action de la Conférence de revue du TNP de 2010.  La Bulgarie encourage les États figurant à l’annexe II du TICE à ratifier le Traité sans plus attendre, ce qui s’inscrit dans les efforts d’universalisation de ce Traité, a dit M. Tzantchev.   Saluant les travaux et progrès de la Commission préparatoire du TICE et de son Secrétariat technique provisoire, le Ministre a notamment cité le Système de surveillance international qu’ils ont mis en place et qui compte déjà 276 stations opérationnelles.  Il s’est rallié aux propos en faveur de l’élargissement du champ d’action de ce réseau de vérification aux facilités et usages « civils » de l’énergie nucléaire.


M. MILAN JEZOVICA, Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie, a rappelé que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires a été ouvert à la signature des États depuis déjà 15 ans, et il a appelé les pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Traité afin qu’il puisse entrer en vigueur.  La Slovaquie, a-t-il indiqué, reconnaît le rôle central du régime de vérification du TICE et a réitéré son engagement à continuer d’accueillir des exercices pratiques de contrôle et de vérification sur son territoire.  Il a aussi appelé à une impulsion politique nouvelle afin que le Traité puisse entrer en vigueur.


M. DORU ROMULUS COSTEA, Secrétaire d’état au Ministère des affaires étrangères de la Roumanie, a déclaré que le TICE est l’un des piliers de l’architecture mondiale en matière de sécurité.  Il a salué les acquis de la Conférence de revue 2010 du TNP en ce qui concerne le TICE, et en particulier le fait que l’entrée en vigueur du traité d’interdiction des essais fasse partie des 64 étapes pratiques préconisées dans le Plan d’action du TNP.  La Roumanie, qui appuie pleinement l’entrée en vigueur rapide du TICE, se félicite que 182 pays aient signé le Traité et que 154 l’aient ratifié à ce jour.  Elle appelle les pays qui ne l’ont pas encore fait, à le ratifier sans plus tarder.  Cette entrée en vigueur contribuera de manière significative à créer un monde plus sûr et plus stable, a estimé M. Costea.  Pour sa part, la Roumanie a ratifié le TICE dès 1999, et elle continue d’apporter son plein appui aux travaux de sa Commission préparatoire dans la mise en œuvre de son Système de surveillance international, a rappelé le représentant.


M. DANIEL AYALON, Vice-Ministre des affaires étrangères d’Israël, a dit le souci d’Israël de participer à la promotion du TICE, en citant la participation de son pays à des cours de formation et des ateliers techniques.  Il reste des lacunes à combler, a dit le Vice-Ministre, en rappelant que l’essai nucléaire de la RPDC, conduit en 2009, était un rappel que la détermination de tous les États n’était pas suffisante.  Nous devons améliorer le Système de surveillance international du TICE, fournir des équipements pour les inspections, renforcer la formation des inspecteurs, et compléter le Manuel de règles et obligations, a-t-il aussi suggéré.  Il a estimé que la région du Moyen-Orient n’était pas encore assez couverte par le Système de surveillance et le réseau de vérification.  Nous avons construit des installations de vérification des activités sismiques et un laboratoire de nucléides qui doit encore être certifié, a précisé M. Ayalon.  Le Vice-Ministre des affaires étrangères d’Israël a évoqué la difficulté de parvenir à des accords au niveau régional, alors que certains pays appellent encore à la disparition de l’État d’Israël.


M. SERGEI RYAKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a dit que l’entrée en vigueur du TICE était un impératif de désarmement et de non-prolifération, en précisant que cette importance a été reflétée dans un ensemble de décisions et de conférences en 2010.  Il s’est dit optimiste en raison d’une dynamique positive en faveur du TICE, alors qu’une majorité écrasante de pays reconnaît que la sécurité passe par des accords juridiquement contraignants comme le TICE.  L’avenir du TICE sera un indicatif de la volonté de parvenir à l’objectif d’un monde libéré des armes nucléaires, a dit M. Ryakov, en appelant à la responsabilité des neuf États de la liste de l’annexe II qui doivent impérativement ratifier le TICE.  Il a exhorté les États-Unis à lancer le processus de ratification du TICE et a félicité l’Indonésie pour la démarche initiée.  Il a invité les États du Moyen-Orient à ratifier le TICE, en estimant que de telles ratifications garantiraient le succès de la Conférence de 2012 visant à créer un Moyen-Orient exempt d’armes nucléaires et de destruction massive. 


M. KIM BONG-HYUN, Ministre adjoint pour les affaires multilatérales au Ministère des affaires étrangères de la République de Corée, a réaffirmé l’importance de l’entrée en vigueur du TICE pour le régime de non-prolifération et du désarmement nucléaire à l’échelle internationale.  L’universalisation du TICE serait un pas significatif vers un monde exempt d’armes nucléaires, a déclaré le représentant, ajoutant que le consensus dont a bénéficié l’adoption de la Déclaration finale de cette Conférence, ce matin, était la preuve de la volonté politique renouvelée des États en faveur du TICE et de ses objectifs.  Dans ce contexte, il a cité les autres manifestations de soutien récentes au TICE, qui vont de la Conférence de revue du TNP en 2010 aux résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, et aux mesures prises sur le plan national dans de nombreux pays pour promouvoir son entrée en vigueur.  Évoquant également les progrès réalisés sur le plan technique, et en particulier le Système de surveillance international du TICE, le Ministre adjoint a souligné que ce Système a d’ores et déjà fait ses preuves.  À ce titre il a mentionné son rôle dans la détection des essais nucléaires de la RPDC, ou encore pour fournir des informations objectives à la communauté internationale à la suite de la catastrophe nucléaire de Fukushima, cette année.  « Le TICE a des atouts politiques et pratiques », a-t-il souligné, regrettant que, malgré le fait qu’il ait presque obtenu un soutien universel, il ne soit toujours pas entré en vigueur.  M. Kim a saisi cette occasion pour exhorter tous les États n’ayant pas encore signé et ratifié le TICE à le faire sans plus tarder.


M. MARIO NOBILO, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration européenne de la Croatie, a remarqué que la volonté politique de la communauté internationale en faveur de l’entrée en vigueur du TICE était « évidente ».  Il en a voulu pour preuve le fait que l’importance de ce Traité a été réaffirmée lors de la Conférence de revue du TNP en 2010, Conférence qui a insisté sur l’importance capitale de son entrée en vigueur pour le régime de non-prolifération et de désarmement nucléaire.  M. Nobilo a expliqué que, jusque là, la Croatie avait activement participé, tant au plan politique qu’à celui des experts, à faciliter cette entrée en vigueur.  Compte tenu du fait que le TICE a d’ores et déjà fait ses preuves en tant qu’instrument du désarmement et de la non-prolifération, le Ministre a exhorté tous les pays qui ne l’ont pas encore fait, à le signer et à le ratifier sans plus tarder.  Il a également rendu hommage aux activités du Secrétariat technique provisoire du TICE, et en particulier à son Système de surveillance international et à son régime de vérification.


M. PAUL SEGER (Suisse) a remarqué que l’importance du TICE a été particulièrement mise en évidence cette année après l’accident nucléaire de Fukushima.  La Suisse félicite l’OTICE pour sa collaboration avec les organisations internationales, notamment l’AIEA, ainsi que pour les différentes contributions que son réseau de vérification a apportées dans la gestion de cet accident.  La Suisse appelle une nouvelle fois tous les États figurant à l’annexe II -qui ne l’ont pas encore fait- à ratifier au plus vite le TICE.  Un tel développement permettrait de réaliser le vœu du Secrétaire général Ban Ki-moon, qui souhaite que l’année 2012 soit celle qui permette l’entrée en vigueur de ce Traité, a rappelé M. Seger.  Par ailleurs, la Suisse se réjouit de la réaffirmation par les États-Unis de leur engagement à rapidement ratifier le TICE.  En effet, la Suisse souhaite que le mouvement initié par la signature du nouveau Traité START soit suivi d’autres étapes concrètes.  Une telle ratification encouragerait en outre les autres États de l’annexe II à en faire de même, a encore estimé M. Seger.


M. EDUARDO ULIBARRI BILBAO, Costa Rica, a suggéré une reformulation du débat sur le désarmement nucléaire en passant des questions sécuritaires vers une approche humanitaire.  Dans ce contexte, le Costa Rica, en partenariat avec la Malaisie, a proposé une convention modèle sur les armes nucléaires qui interdirait l’usage, le développement, le déploiement, les tests et le transport d’armes nucléaires.  Les deux pays préconisent, dans le même temps, des étapes de destruction de ces armes sous la supervision de la communauté internationale, a dit M. Bilbao.  Le Costa Rica, a-t-il affirmé, appelle les puissances nucléaires à respecter l’esprit du Traité, car il est injustifiable et inacceptable, a-t-il noté, que des pays possédant des armes nucléaires, et qui ont signé le Traité, puissent continuer d’investir dans le développement et la modernisation de ce type d’armements.


Pour M. LIBRAN N. CABACTULAN, (Philippines), le TICE est avant tout un instrument de renforcement de la confiance mutuelle entre États.  En tant que pays signataire et qui a ratifié ce Traité, les Philippines n’ont jamais cessé de jouer un rôle actif dans les différents fora du désarmement, a affirmé le délégué.  Il a également précisé que son pays a continuellement cherché à promouvoir son entrée en vigueur, notamment auprès des pays de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).  La délégation philippine reste fermement convaincue du fait que l’efficacité du TICE est directement liée à son universalisation.  En outre, a-t-il estimé, les moratoires volontaires sur les essais nucléaires, adoptés par certains pays, sont insuffisants.  Il est nécessaire que ces engagements soient repris dans un instrument juridiquement contraignant et permanent comme l’est le TICE.  Fort de ce constat, M. Cabactulan a lancé un appel aux puissances nucléaires pour qu’elles montrent le bon exemple en signant et ratifiant le TICE.  Les Philippines, qui accueillent trois stations du réseau du Système de surveillance international du TICE, plaident en faveur de l’utilisation de ces installations pour la surveillance des applications nucléaires pacifiques dans les domaines civils et humanitaires, notamment en tant que système d’alerte rapide pour les tsunamis.


M. JIM MCLAY, Nouvelle-Zélande, a indiqué que son pays était favorable à un monde débarrassé de toute arme nucléaire, et il a estimé que le TICE pourrait jouer un rôle de première importance pour atteindre cet objectif.  Il a ajouté que la Nouvelle-Zélande appréciait les progrès accomplis par le régime de vérification du Traité, particulièrement à travers le Système de surveillance international que son pays souhaite voir renforcé jusqu’à l’entrée en vigueur du Traité.  Le représentant a aussi marqué sa satisfaction face à la réaction rapide du Secrétariat de l’Organisation du Traité après le tsunami qui a eu lieu au Japon en mars dernier, et qui a provoqué un incident nucléaire dans la centrale nucléaire de Fukushima.


M. ALISTAIR BURT, Sous-Secrétaire au Foreign Office du Royaume-Uni, a parlé de perspectives encourageantes pour l’entrée en vigueur du TICE.  La ratification par tous les États dotés de l’arme nucléaire aurait une incidence positive pour l’entrée en vigueur du TICE, a dit le Sous-Secrétaire au Forein Office du Royaume-Uni.  Il s’est dit favorable au développement du régime de vérification, en précisant que le Royaume-Uni avait envoyé des experts à cette fin.  Pour renforcer les inspections sur place, nous attendons avec impatience la réunion qui se tiendra à ce sujet à Edimbourg en fin d’année, a-t-il ajouté.  Nous avons réduit le nombre d’ogives sur nos sous-marins nucléaires et limité leur nombre maximum à 14, a dit M. Burt.  Il a précisé que le Royaume-Uni organisera une réunion des experts des cinq membres permanents du Conseil de sécurité pour présenter les travaux conjoints du Royaume-Uni et de la Norvège en matière de démantèlement d’ogives nucléaires. 


DALIUS ČEKUOLIS (Lituanie) s’est félicité du soutien dont bénéficie le TICE avec 182 signatures et 155 ratifications.  En même temps, il a regretté que 9 pays parmi les 44 de la liste de l’annexe II ne l’aient toujours pas ratifié, 6 d’entre eux ne l’ayant même pas signé. 


M. MILENKO SKOKNIC (Chili) a dit que le désarmement et la non-prolifération nucléaires étaient deux composantes d’un même défi urgent.  Ce n’est qu’en avançant sur ces deux composantes que nous parviendrons à l’élimination de toutes les armes nucléaires.  Il a déclaré que la contribution du Système de surveillance international de l’OTICE en matière de prévention de catastrophes naturelles est un avantage qui pourra être partagé le plus largement possible, conformément aux dispositions du Traité.  Il a exhorté les neuf pays de la liste de l’annexe II qui n’ont pas encore ratifié le TICE à franchir ce pas. 


M. SANTIAGO CABANAS ANSORENA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Espagne, a réaffirmé l’engagement politique de son pays à soutenir le TICE, et il a rappelé que l’Espagne a été parmi les premiers à le ratifier.  Cent-quatre-vingt-deux pays ont déjà signé le Traité, a-t-il relevé, et 154 parmi eux l’on ratifié.  « Je demande aux États qui n’ont pas encore ratifié le Traité de le faire au plus vite et, j’invite les États qui ne l’ont pas encore signé à nous rejoindre par leur signature », a-t-il plaidé.  M. Cabanas Ansorena a également félicité le Secrétariat de l’Organisation du Traité pour sa prompte réaction après le tsunami qui a créé un incident nucléaire au Japon.


M. MARTIN FRICK (Liechtenstein) a rappelé que la ratification du TICE était d’une importance capitale pour les petits pays comme le Luxembourg, encourageant les États qui figurent dans l’annexe II au Traité à suivre son exemple.  L’absence de progrès vers la ratification universelle ne fait que refléter l’impasse dans laquelle se trouve actuellement le désarmement multilatéral, « où les ambitions de la majorité continuent d’être contrariées par l’immobilisme d’un tout petit nombre d’États ».  Le représentant a jugé que le respect par les puissances nucléaires du moratoire sur les essais nucléaires, bien qu’appréciable, ne constituait pas un substitut à la ratification du TICE.  M. Frick a ajouté que la ratification constituait une mesure de confiance significative sur un sujet où la confiance est particulièrement requise.


M. ALMEIDA RIBEIRO (Portugal) a rappelé la détermination de son pays à promouvoir l’entrée en vigueur du TICE parce que ce Traité est, à ses yeux, l’un des piliers du régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  L’engagement du Portugal en ce sens se traduit par le fait qu’il accueille trois stations du Système de surveillance international du TICE, a soutenu le délégué, avant de mettre en avant les potentielles applications civiles de ces installations.  Il est nécessaire de parvenir sans plus tarder à l’universalisation du TICE, a poursuivi M. Ribeiro qui a encouragé tous les États à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour y parvenir.


M. PAUL ROBERT TIENDREBEOGO (Burkina Faso) a rappelé que son pays avait signé le TICE en 1996 et l’avait ratifié en 2002.  « Ce Traité est un instrument majeur pour la non-prolifération nucléaire, d’où son lien intrinsèque avec le Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) », a constaté le représentant.  Il a saisi cette occasion pour rappeler que tous les États africains soutenaient la non-prolifération, ce dont témoigne le fait qu’ils aient signé le TNP dans les années 1970 et mis en œuvre le Traité de Pelindaba.  Le Burkina Faso souhaite vivement l’entrée en vigueur rapide et l’universalisation du TICE, a confirmé le représentant, avant de réaffirmer les engagements de son pays à respecter ses obligations découlant de ce Traité.  Il a également exhorté tous les États à en faire de même, tout en appliquant le régime de vérification.


Mme ZAHA AL MAJALI  (Jordanie) a appuyé l’universalité du TICE en exhortant les neuf pays de l’annexe II qui n’ont pas encore ratifié le Traité, à le faire.  Elle a jugé nécessaire la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, en appelant Israël à ratifier le TICE et le Traité sur la non-prolifération (TNP) et à soumettre ses installations nucléaires aux garanties de l’AIEA.  Elle a espéré que la Déclaration finale adoptée aujourd’hui rapprochera la communauté internationale de l’entrée en vigueur du TICE. 


M. AMR ALJOWAILY (Égypte) a rappelé que son pays avait signé le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires en 1996.  Par ailleurs, l’Égypte, a-t-il dit, est engagée dans la réalisation d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Or, la seule façon d’y parvenir, c’est de réaliser l’universalité du Traité sur la non-prolifération nucléaire, et en veillant à ce que le seul État de la région qui n’est pas partie au TNP y adhère.  Le représentant s’est déclaré très préoccupé par le fait qu’un an après l’adoption d’un Plan d’action pour le Moyen-Orient, aucun résultat concret n’avait été obtenu concernant la sélection d’un facilitateur ou d’un pays hôte pour la Conférence prévue en 2012 sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient.  Aussi, toutes les parties concernées ont-elles pour responsabilité de redoubler d’efforts pour que cette Conférence ait lieu dans les délais prévus, a-t-il préconisé.


Mme SUIKKARI-KLEVEN, Conseillère au Ministère des affaires étrangères de la Finlande, a estimé qu’il était temps de fermer la porte aux essais nucléaires et que, pour cela, les moratoires n’étaient pas suffisants.  « Il est temps pour le TICE d’entrer en vigueur.  Gardons notre élan et rebondissons sur la volonté politique qui s’est traduite à la Conférence de revue du TNP en 2010 », a lancé la représentante aux États Membres, avant d’exhorter tous ceux qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le TICE, et en particulier les pays figurant à l’annexe II du Traité.


M. ZHANG JUN’AN (Chine) a déclaré que la Chine estime que le TICE est un jalon important pour le processus de désarmement et de non-prolifération nucléaires, et qu’il est essentiel qu’il entre en vigueur au plus tôt.  La Chine, qui a signé et ratifié ce Traité tient a répéter qu’il faut maintenir l’autorité du régime de non-prolifération existant de manière à éviter les doublons et des principes discriminatoires, et qu’il faut s’en tenir aux principes fondateurs du TICE, notamment au respect du non-recours à l’arme nucléaire et de la non-menace au recours à cette arme.  Pour sa part, la Chine a toujours respecté ces principes et a toujours été favorable aux objectifs et aux buts du TICE, a affirmé le délégué.  Il a ajouté qu’en tant que puissance nucléaire, la Chine avait strictement respecté le moratoire sur les essais nucléaires et continuerait à le faire, de même qu’elle n’a pas participé à la course aux armements nucléaires.  La Chine exhorte tous les États à en faire de même et à signer et ratifier le TICE s’ils ne l’ont pas encore fait.


Intervenant au nom d’une coalition d’organisations non gouvernementales, Mme TOGZHAN KASSENOVA a rappelé que les actions étaient plus éloquentes que les mots.  Elle a déclaré que la non-signature par les États-Unis du TICE privait les autres parties de sécurité.  Elle a exhorté le Président Obama à respecter et mettre en œuvre ses promesses de 2009 et de nommer un coordonnateur de haut niveau à la Maison Blanche chargé de suivre les efforts visant à ratifier le TICE.  La représentante de la coalition des ONG a dit que la ratification par la Chine renforce la crédibilité de ce pays en tant que pilier de la non-prolifération.  Elle a jugé essentiel que l’Inde et le Pakistan ratifient le TICE avant que l’on examine la possibilité qu’ils deviennent parties du Groupe de fournisseurs nucléaires.  Elle a déclaré que la ratification du TICE par Israël serait aussi un signe qui encouragerait les autres États de la région à respecter les objectifs de non-prolifération. Elle a ajouté que la non-ratification par l’Iran du TICE laissait entretenir des doutes sur la nature de ses activités nucléaires sensibles.  Mme Kassenova a jugé urgent que l’on demande à la RPDC de geler ses essais nucléaires.  « Nous devons aussi traiter les effets et les conséquences des 2 000 essais nucléaires menés entre 1945 et 1996, et appuyer la proposition du Kazakhstan de mettre en place un fonds international pour soutenir ceux qui ont été touchés par les essais nucléaires », a-t-elle préconisé. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de consolidation de la paix adopte la Déclaration d’engagements mutuels avec la Guinée

CCP/81

La Commission de consolidation de la paix adopte la Déclaration d’engagements mutuels avec la Guinée

23/09/2011
Assemblée généraleCCP/81
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de consolidation de la paix

Cinquième session

Formation Guinée                                           

1re séance – matin


LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX ADOPTE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENTS MUTUELS AVEC LA GUINÉE


« Tout est prioritaire aujourd’hui en Guinée », déclare le Président Alpha Condé


En marge du débat général de l’Assemblée générale et en présence du Président de la Guinée, M. Alpha Condé, la Commission de consolidation de la paix (CCP) a adopté aujourd’hui la Déclaration d’engagements mutuels*, qui consacre sa coopération future avec le Gouvernement de ce pays.


« À la lumière du tableau sombre dont nous avons hérité, il va sans dire que tout est prioritaire aujourd’hui en Guinée », a déclaré M. Condé, aussitôt après l’adoption.


« Pour faire face aux défis de la fragilité de la paix, de l’unité nationale et de la reconstruction au lendemain de l’élection présidentielle du 21 décembre 2010, j’avais soumis à la CCP, le 24 janvier dernier, une demande de soutien, de conseil et d’accompagnement dans les domaines de la réconciliation et de l’unité nationales, la réforme des secteurs de défense et de sécurité ainsi que la politique d’emploi des jeunes et des femmes », a rappelé le Président de la Guinée.


« La Guinée est le premier pays à être placé sur l’agenda de la Commission à sa propre demande, sans renvoi par le Conseil de sécurité et sans qu’une mission de maintien de la paix des Nations Unies y soit déployée », s’est félicitée de son côté la Présidente de la Formation Guinée de la CCP, Mme Sylvie Lucas (Luxembourg), pour qui, ce fait témoigne de la détermination du Gouvernement guinéen à relever les défis pour la refonte du pays.


« L’ampleur et la complexité de ces défis dépassent de loin nos prévisions les plus pessimistes », a souligné le Président guinéen, qui a fait l’objet d’une tentative d’assassinat le 19 juillet 2011.  En effet, a-t-il expliqué, « depuis des décennies, les conditions socioéconomiques de la population n’ont cessé de se détériorer sous l’effet conjugué de la mauvaise gouvernance, de l’instabilité politique et institutionnelle et de l’impunité, exacerbées par une économie complètement désarticulée, avec pour corollaires la pratique généralisée de la corruption, le tout dans un contexte régional gravement affecté par les guerres civiles, la propagation de la criminalité transnationale organisée, notamment le trafic de drogues ».


Fondée sur le principe de l’appropriation et du leadership nationaux, du partenariat à l’appui des efforts nationaux et de la responsabilité mutuelle des résultats, la Déclaration identifie deux actions d’une importance particulière pour la Présidente de la Formation Guinée: « la tenue rapide d’élections législatives et le soutien international à des projets générant des gains rapides, tels que le recensement des Forces de sécurité en Guinée ou des programmes de mise en retraite ».


L’organisation d’élections législatives et locales implique pour le Gouvernement d’ouvrir un dialogue avec tous les acteurs politiques pertinents, stipule la Déclaration, qui préconise aussi le développement de mécanismes de réconciliation nationale.  C’est dans cet esprit que le Président guinéen a mis en place une « commission provisoire de réflexion sous l’égide de deux leaders religieux qui travaillent étroitement avec les sages des coordinations régionales ».  Cette commission s’efforcera d’impliquer les différentes communautés, alors qu’« un sentiment d’injustice est aujourd’hui ressenti par les différents segments de la population guinéenne », mentionne la Déclaration.


S’agissant du secteur de la sécurité, le Texte indique qu’en 2010, une évaluation a été entreprise sous les auspices de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Le rapport qui en est ressorti conclut à des « dysfonctionnements structurels » au sein de l’armée, de la police et du système judiciaire qui ont conduit à une impunité face aux violations des droits de l’homme et augmenté la méfiance entre les Forces de sécurité et la population.


En outre, note la Déclaration, le rapport souligne « la nécessité d’une démilitarisation de l’administration guinéenne et d’un renversement du rapport anormalement élevé entre officiers et soldats dans les forces armées, ainsi que d’un retour aux rôles (et tailles) appropriés pour les autres structures de sécurité par rapport à l’armée ».  M. Condé a assuré que certains membres des forces armées en font partie depuis 1952.


Aussi, la Déclaration encourage-t-elle les parties prenantes à « jeter les bases d’une armée plus petite et plus professionnelle, d’une police et d’une gendarmerie, sous contrôle civil et démocratique et d’institutions judiciaires renforcées ».  L’appui de la CCP et du système des Nations Unies pourrait s’avérer décisif à cet égard dans trois domaines spécifiques: l’élaboration de la stratégie, le contrôle civil et la cohérence des initiatives et du soutien fourni par tous les partenaires clefs, précise la Déclaration.


Une approche concertée pour s’attaquer au crime organisé est également indispensable, a souligné de son côté le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), M. Yury Fedotov, dans la mesure où la capitale guinéenne, Conakry, est devenue un centre de transit important pour le trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest.  La Déclaration d’engagements ne néglige pas la question connexe de la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC).


La Sous-Secrétaire générale, Mme Judy Cheng-Hopkins, à l’appui à la consolidation de la paix a rappelé que, de 2008 à 2010, la Guinée avait bénéficié d’un soutien de la part du Fonds d’un montant de 12,5 millions de dollars qui ont été investis dans les domaines de la réforme du secteur de la sécurité (RSS), des droits de l’homme, de la promotion du dialogue politique et du soutien à la médiation.  Elle a jugé que l’engagement de la CCP arrivait à un moment opportun pour faire fructifier ces investissements et écarter les dangers multidimensionnels qui menacent la Guinée aujourd’hui.


Alors que dans ce pays, la jeunesse représente 61% de la population, la Déclaration engage notamment le Gouvernement à élaborer des politiques cohérentes sur l’emploi des jeunes et des femmes et la CCP à le conseiller à cet égard.  Au terme de la Déclaration, les autorités guinéennes sont par ailleurs encouragées à revoir le système national d’éducation et de formation professionnelle afin d’arriver à produire les compétences requises par les grands secteurs économiques nationaux, qui sont l’exploitation minière, l’agriculture et l’énergie.


Membres de la CCP, l’Union européenne, les États-Unis, la France, le Canada, la France et le Royaume-Uni se sont félicités de l’adoption de la Déclaration, ainsi que le Commissaire de l’Union africaine à la paix et à la sécurité, M. Ramtane Lamamra.


* PBC/5/GUI/L.1


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Président de l’Autorité palestinienne appelle les États Membres à soutenir la demande d’admission de la Palestine à l’ONU

AG/11152

Le Président de l’Autorité palestinienne appelle les États Membres à soutenir la demande d’admission de la Palestine à l’ONU

23/09/2011
Assemblée généraleAG/11152
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

19e, 20e & 21e séances plénières

Matin, après-midi & soir


LE PRÉSIDENT DE L’AUTORITÉ PALESTINIENNE APPELLE LES ÉTATS MEMBRES À SOUTENIR LA DEMANDE D’ADMISSION

DE LA PALESTINE À L’ONU


« Israël veut la paix avec un État palestinien, mais

les Palestiniens veulent un État sans la paix », avertit Benjamin Netanyahu


« Le moment est venu de mettre un terme aux souffrances de millions de Palestiniens.  Le moment est venu pour établir un État palestinien indépendant. »  C’est en ces termes et sous un tonnerre d’applaudissements que le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, a annoncé aujourd’hui à l’Assemblée générale qu’il avait présenté au Secrétaire général une demande d’admission aux Nations Unies de l’État de la Palestine.


« Mon peuple cherche à exercer son droit à mener une vie normale, comme le reste de l’humanité », a-t-il affirmé, avant de citer le poète Mahmoud Darwish.  « Debout, nous nous tenons, avec un seul et unique objectif: exister.  Et nous existerons. »


Il a indiqué que les frontières de l’État dont il demandait l’adhésion étaient celles de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.  Il a ensuite prié le Secrétaire général de transmettre sa demande, qui n’est en rien une tentative de délégitimation de l’État d’Israël, au Conseil de sécurité et a souhaité que ses membres la considèrent de manière favorable.


« Israël veut la paix avec un État palestinien, mais les Palestiniens veulent un État sans la paix », lui a répondu le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, qui a pris la parole peu de temps après le leader palestinien.  S’adressant directement au Président Abbas, il a déclaré: « Je ne peux pas faire la paix sans toi.  Je te tends ma main, celle de la paix ».  Puis, il a invité M. Abbas à le rencontrer dès aujourd’hui, ici même à New York, en lui demandant de ne pas négocier sur les négociations.


Les interventions des deux hommes ont mis à jour certains points d’achoppement, au premier chef la construction de colonies de peuplement par Israël sur le territoire palestinien.


Pour M. Abbas, il s’agit d’une politique de confiscation systématique des terres palestiniennes, procédant d’un véritable « apartheid ».  Il a ajouté que la puissance occupante s’était lancée dans une course contre la montre pour redessiner les frontières de la Palestine à son avantage, misant sur la politique du fait accompli et sapant de facto la viabilité d’un État palestinien.


M. Netanyahu lui a répondu que les implantations n’étaient qu’un état de fait récent dans un conflit vieux de plusieurs décennies.  Il lui a rappelé que le cœur du conflit ne résidait pas dans les colonies de peuplement mais bel et bien dans le refus des Palestiniens de reconnaître l’intangible caractère juif de l’État d’Israël.


Il est « futile », a estimé M. Abbas, de s’engager dans des négociations en l’absence de paramètres clairs et d’un calendrier défini.  Pour sa part, le Premier Ministre israélien a indiqué que la paix ne pouvait résulter de résolutions des Nations Unies mais plutôt des négociations, qui devront, pour Israël, poser comme préalable la garantie de la sécurité de l’État juif.  Lorsque ce sera fait, a assuré M. Netanyahou, « Israël sera le premier État à accueillir l’État palestinien », avant de faire observer que l’islam radical était une grande menace pour le monde.


Ce troisième jour de débat a également été marqué par le premier discours de M. Salva Kiir Mayardit, Président du Soudan du Sud, 193ème et dernier État à être admis au sein de l’ONU.  M. Kiir s’est montré lucide sur les défis qui attendent son pays âgé de seulement « deux mois et quatorze jours ».


Le chemin qui permettra au Soudan du Sud de sortir de l’abîme de pauvreté dans lequel il se trouve actuellement sera long, a-t-il ainsi affirmé, en souhaitant que le soutien et la solidarité de la communauté internationale qui ont accompagné l’indépendance du Soudan du Sud se traduisent par une assistance substantielle.  Il a ensuite exhorté le Soudan à consentir à un tracé rapide de la frontière entre les deux États et à accepter que le différend sur la souveraineté de diverses zones frontalières soit porté devant une instance d’arbitrage international.


Le Président de la Serbie, M. Boris Tadić, a salué l’indépendance du Soudan du Sud, résultat de longues négociations entre les deux parties, regrettant que le même processus ne puisse être reproduit au Kosovo.  Il a déploré que les Serbes négocient avec Pristina « avec un fusil sur la tempe, sous la constante menace de l’isolement international ». 


Le Président nouvellement élu d’Haïti, M. Michel Martelly, a, de son côté,  mis en garde contre un retrait « sans préavis » de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).


Enfin, les dirigeants de plusieurs États du Pacifique se sont interrogés sur l’avenir de leur pays, menacé de disparition en raison de la montée des eaux.  « Beaucoup d’enfants de mon pays, a déclaré le Président de Kiribati, ne veulent pas dormir la nuit parce qu’ils ont peur des grandes marées. »  Le Président de Nauru a, quant à lui, exhorté le Secrétaire général de développer les capacités de réaction de l’ONU face aux changements climatiques et de nommer un représentant spécial sur les changements climatiques.


Le débat général de l’Assemblée générale se poursuivra demain, samedi 24 septembre, à 9 heures.


RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/66/1)


Suite du débat général


M. JOHN EVANS ATTA MILLS, Président du Ghana, a espéré que le Soudan du Sud, nouvel État Membre de l’Organisation, connaîtra croissance et prospérité.  Il a ensuite réaffirmé l’appui de son pays aux réformes en cours entreprises aux Nations Unies dans le domaine du maintien et de la consolidation de la paix, en consultation avec les pays contributeurs de troupes et de police.  Tant que le Ghana disposera des capacités financières, matérielles et humaines au niveau national, il continuera de fournir des troupes et du personnel de police aux opérations de l’ONU.  Toutefois, le Président a souligné la nécessité de partager équitablement entre les États Membres le fardeau et les coûts que représentent pour les Nations Unies toutes ces activités.  M. Mills a estimé qu’un traité fort et efficace sur le commerce des armes est indispensable pour empêcher le flux des armes conventionnelles vers des lieux où elles sont susceptibles de semer le trouble et d’exacerber les tensions.  Pour des pays en développement tels que le Ghana, la prolifération illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC) continue de menacer la sécurité nationale, mais aussi la stabilité socioéconomique et politique, compte tenu de ses liens avec le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, les drogues et la traite des personnes.


La célébration du dixième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban donne aux États Membres l’occasion de renforcer leur engagement politique dans la lutte contre le racisme et la discrimination raciale sous toutes ses formes, a poursuivi le Président.  Quant à la Réunion de haut niveau sur les maladies non transmissibles, le Ghana note qu’elle a bien fait de se concentrer sur l’impact de ces maladies sur les pays en développement qui manquent d’infrastructures sanitaires et de systèmes de protection sociale.  M. Mills a déclaré que les changements climatiques étaient l’un des défis du développement humain au XXIe siècle.  Bien que les émissions de gaz à effet de serre sur le continent africain ne représentent que 4%, les pays africains sont particulièrement vulnérables.  « Il faut une action urgente et concertée pour maximiser les opportunités que représentent les changements climatiques », a-t-il dit, en se référant aux prochaines négociations de Durban.  Si la communauté internationale et les États investissent dans les infrastructures, les institutions et la technologie, le potentiel agricole peut être démultiplié et les ressources en eau ainsi que la forêt tropicale peuvent être conservées.  Le Président du Ghana a fait remarquer que les élections présidentielle et législatives se tiendront dans un an et que la commission électorale a mis en place des mesures pour garantir le droit des Ghanéens à une élire le gouvernement de leur choix.


M. JALAL TALABANI, Président de l’Iraq, a indiqué que son pays avait parcouru un long chemin vers l’établissement d’une société apaisée, basée sur la démocratie et les droits de l’homme.  Comme l’Iraq, le changement est devenu une composante essentielle des aspirations des autres peuples arabes, a-t-il poursuivi.  Il a ajouté, qu’en raison des avancées dans le rétablissement de la sécurité, de la levée des sanctions qui frappaient l’Iraq depuis l’invasion du Koweït et d’un plan d’investissements ambitieux qui pourrait créer quatre millions d’emplois ces cinq prochaines années, son pays prenait résolument la voie du développement économique. 


Concernant le retrait des troupes américaines d’Iraq, prévu à la fin de cette année, M. Talabani a indiqué que les Forces de sécurité iraquiennes étaient prêtes à prendre le relais.  Il a néanmoins reconnu le besoin de son gouvernement de s’attacher aux services d’un certain nombre d’experts américains, afin de consolider les institutions iraquiennes.  Il a ajouté que la politique étrangère de l’Iraq était basée sur les principes de bon voisinage et de règlement pacifique des différends.  Dans ce droit fil, il a invité la Turquie et l’Iran à recourir au dialogue et à cesser les bombardements sur les territoires iraquiens de la région du Kurdistan, responsables de la mort d’un nombre important de civils innocents.


Le Président iraquien a ensuite reconnu le droit légitime de chaque État, y compris l’Iran, d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, avant de souhaiter que le dialogue et la diplomatie prévalent sur ce dossier.  Il a apporté son soutien à la demande d’adhésion aux Nations Unies d’un État palestinien, formulée par l’Autorité palestinienne, exhortant ensuite Israël à se retirer des territoires occupés depuis 1967 et à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), afin d’ouvrir la voie à la dénucléarisation du Moyen-Orient.  S’agissant des changements en cours dans le monde arabe, M. Talabani, en tant que président d’un pays qui a connu plus tôt cette évolution, a souhaité que les pièges des divisions ethniques et confessionnelles soient évités.  Il a ensuite indiqué que son pays continuerait de renforcer sa coopération avec les pays amis de l’Iraq, notamment les États-Unis et l’Union européenne, pays auxquels l’Iraq est lié par des mécanismes d’action ambitieux qui seront pleinement mis en mouvement dans les années à venir.  Il veillera ainsi à élargir davantage encore la coopération avec les États-Unis, basée sur l’Accord global stratégique signé en 2008, après le retrait des troupes américaines. 


M. VÁCLAV KLAUS, Président de la République tchèque, a souligné que la médiation et la résolution des conflits par le biais des moyens pacifiques forment le cœur des principes de la politique étrangère de son pays.  Il y a 15 ans, a-t-il rappelé, la dissolution de l’ancienne République de Tchécoslovaquie s’était faite sans efforts de médiation extérieure.  « Notre expérience nous enseigne que face à un conflit, la solution doit toujours venir des pays de la région concernée, autour de négociations impliquant les États en conflit, a précisé le Président.  C’est dans ce contexte qu’il a appelé Israéliens et Palestiniens à trouver, eux-mêmes, la voie de la résolution de leur conflit.  « Je partage la position du Président américain, M. Barack Obama, selon laquelle il n’existe pas de raccourci pour mettre fin à un conflit qui dure depuis des décennies », a déclaré M. Klaus.


Le Président tchèque a, par ailleurs, soutenu les pays d’Afrique du Nord, lancés dans une phase de transition vers des régimes plus démocratiques.  L’ancrage des changements souhaités dans ces pays ne pourra se faire dans le cadre d’arrangements décidés au sein de conférences internationales, a-t-il averti.  Il appartient aux pays concernés de le faire, au niveau interne.  Néanmoins, a-t-il poursuivi, la communauté internationale doit accroître ses efforts de coopération avec ces pays, notamment à travers des mesures commerciales justes et transparentes permettant de parvenir à la prospérité.  Passant ensuite à la question du nucléaire, M. Klaus a estimé que l’accident qui a eu lieu cette année, dans les centrales de Fukushima au Japon, ne remet pas en question les efforts en cours concernant l’énergie nucléaire.  Les atouts économiques de cette énergie sont à la fois très convaincants et rationnels, a-t-il défendu.  L’énergie  nucléaire est stable, légitime et pour certains pays, une source énergétique irremplaçable.


M. GURBANGULY BERDIMUHAMEDOV, Président du Turkménistan, a affirmé que la paix ne pouvait être obtenue que par le biais du développement.  Dans ce contexte, notre pays accorde une priorité à une politique étrangère pacifique, à des rapports de bon voisinage et de sécurité mutuelle, et aux processus de paix.  Au niveau régional, le Président a expliqué que son pays avait proposé un certain nombre d’initiatives pour maintenir la paix en Asie centrale et aux abords de la mer Caspienne.  Le Turkménistan a même pour projet d’organiser l’an prochain un forum sur la sécurité dans la région, avec pour finalité de créer un conseil consultatif sur le développement pacifique en Asie centrale et dans la région de la mer Caspienne.  Par ailleurs, a expliqué le Chef de l’État turkmène, son gouvernement est engagé dans la réalisation de son développement durable et dans la création de modèles d’action multilatérale capables de répondre aux défis internationaux.  Le Turkménistan prendra également part à Rio+20, a annoncé son Président, qui considère ce Sommet mondial comme une manifestation de première importance.  Dans le contexte du maintien d’une croissance économique durable, M. Berdimuhamedov a souligné l’importance de créer une infrastructure de transport moderne et adaptée aux exigences de l’espace eurasien.  Par ailleurs, il a annoncé que son pays avait l’intention d’élaborer un document stratégique ambitieux sur la lutte contre les changements climatiques au niveau national.  Il a aussi proposé la création d’une institution spécialisée des Nations Unies –un centre interrégional des Nations Unies– pour relever les défis qui se posent en ce domaine.  Le Président a, en conclusion, préconisé l’organisation d’une réunion internationale à Achgabat en 2012, afin de réunir toutes les parties prenantes pertinentes à l’examen de la question de l’octroi de la citoyenneté aux réfugiés et aux personnes apatrides, sous l’égide du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.


M. CARLOS MAURICIO FUNES CARTAGENA, Président d’El Salvador, a reconnu que les peuples exigeaient des dirigeants politiques qu’ils apportent des réponses en ces temps d’incertitude et de crise sur les plans économique, social et géopolitique.  Ils leur demandent aussi de trouver un nouveau consensus international, et de « repenser la politique », afin que la planète soit plus juste, stable et sûre.  Il n’y a rien qui mine plus le moral et l’âme des peuples que la peur et le manque de confiance, a-t-il insisté.


Au cours des 30 dernières années, l’injustice a augmenté au rythme de la crise économique et financière, a poursuivi M. Funes Cartagena.  « Le combat contre la pauvreté et les inégalités est la meilleure des politiques économiques », et il faut centrer le débat politique sur les besoins des individus.  La réalité étant aussi faite de conflits, l’Assemblée générale doit s’attacher à trouver des solutions pacifiques et des stratégies de prévention face aux situations d’instabilité.  À cet égard, le Président a appuyé la reconnaissance d’un État palestinien.


M. Funes Cartagena a déclaré qu’El Salvador était confronté à un véritable phénomène de « terrorisme » avec la criminalité transnationale organisée et le trafic des drogues.  De nombreux pays latino-américains servent de couloirs pour le trafic illicite et ont des institutions corrompues.  Ils sont d’autant plus menacés qu’ils ont un taux de pauvreté élevé.  « Nous sommes les véritables victimes de la criminalité organisée.  Nos pays et nos peuples souffrent de cette violence et pleurent leurs morts », s’est-il lamenté.  Le Président a souligné que les États-Unis étaient le plus grand marché et le plus grand consommateur de drogues.  Ce sont 100 000 millions de dollars qui traversent les frontières, protégés par un arsenal d’armes, détruisant au passage le tissu social et infiltrant les organes de l’État.  C’est pourquoi, il a appelé le « grand voisin nord-américain » à prendre la tête de la bataille contre la criminalité organisée.  El Salvador, pour sa part, travaille à renforcer ses institutions.  Il partage des stratégies de lutte avec le Mexique, la Colombie et les États-Unis.


M. MAHINDA RAJAPAKSA, Président du Sri Lanka, a déclaré qu’en dépit des références répétées, par plusieurs États, au droit des Palestiniens à leur propre État, au sein de frontières sûres, la communauté internationale n’avait toujours pas fait de cet appel une réalité.  C’est une véritable déception, a-t-il dit, précisant cependant qu’il y a « maintenant une opportunité ouverte et que nous devons l’utiliser, avant qu’il ne soit trop tard ».  Il en va de la sécurité et du bien-être de la région, y compris d’Israël.  À l’heure actuelle, a poursuivi M. Rajapaksa, le défi le plus significatif au progrès et à la stabilité du monde moderne est le terrorisme.  De récents exemples dans le monde ont démontré que la mise en place de mesures discriminatoires peut être à l’origine de la mort d’innocents par le fait d’actes de terrorisme, a-t-il dit.  Ce fléau est une menace à laquelle même les plus riches et les plus puissants ne peuvent échapper.  En tant que dirigeant d’une nation qui a souffert du terrorisme durant un quart de siècle, je tiens à souligner que « nous devons fermement débarrasser le monde de cette menace », a insisté le Président du Sri Lanka.


Le Président a ensuite estimé que le combat pour la paix était aussi important et difficile que celui contre la terreur.  Après l’éradication du terrorisme au Sri Lanka, par la mise à terme des activités des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), le Gouvernement s’est attelé à construire une nouvelle nation unie, a-t-il expliqué.  La réinstallation de plus de 95% des déplacés, qui constituaient le plus grand nombre de civils emprisonnés par un groupe terroriste à une période donnée, est un accomplissement dont nous sommes fiers, a dit M. Rajapaksa.  Dans le nord du pays, a-t-il fait savoir, les forces armées sont engagées dans le développement d’infrastructures détruites par les terroristes durant trois décennies.  Contrairement à une propagande mensongère le nombre des personnels militaires dans la région est à un niveau minimum.  La croissance économique de 22% connue par la région du Nord est une claire indication des réussites accomplies par le Gouvernement.


La communauté internationale doit accompagner notre nation sur ce nouveau chemin, a ensuite estimé le Chef d’État, qui a également demandé « à ses amis distants d’abandonner les idées préconçues à l’égard du Sri Lanka ».  Après trois décennies sombres, mon pays arrive enfin à la lumière et s’engage vers un futur prometteur.  « Nous devons nous voir accorder du temps et de l’espace pour tracer notre destinée conformément aux aspirations de notre propre peuple », a-t-il souhaité.  Il a conclu en s’insurgeant contre les subventions agricoles offertes par certains gouvernements occidentaux à leurs producteurs.  Le recours à ces subventions détruit les capacités des agriculteurs des pays en développement et limite leur accès de façon égalitaire aux marchés internationaux.


M. ISMAËL OMAR GUELLEH, Président de Djibouti, a tout d’abord invité la communauté internationale à accorder une attention particulière à la « situation unique » des pays les moins avancés (PMA), et à les soutenir davantage en allégeant le fardeau croissant de la dette, en les assistant à améliorer leur capacité de production et en leur facilitant l’accès aux marchés mondiaux à des conditions plus favorables.  Commentant la situation qui prévaut dans la corne de l’Afrique et qui touche également son pays, il a affirmé que la crise actuelle n’était pas soudaine et que son pays avait déjà tiré la sonnette d’alarme en 2010 lorsque les premiers signes avant-coureurs avaient fait leur apparition.  Les mesures d’urgence ne sauraient répondre à elle seules aux défis auxquels nous sommes actuellement confrontés, a signalé M. Guelleh.  Il a estimé que compte tenu du caractère endémique des sécheresses dans la région, il fallait aller au-delà de la « gestion réactive ».  « Nos efforts doivent se concentrer sur la gestion préventive à long terme », a-t-il souligné.


Le Président de Djibouti a ensuite évoqué sa visite, le mois dernier, à Mogadiscio où, a-t-il affirmé, « la vie a repris ses droits pour la première fois depuis le début du conflit armé en 1991 ».  Il a estimé que, grâce à la situation sécuritaire maîtrisée dans la capitale, le peuple et les dirigeants de la Somalie avaient devant eux une opportunité « sans précédent » de faire renaître une paix durable, de mettre un terme à « l’interminable » processus de transition et de faire avancer le pays vers une gouvernance permanente « d’ici à l’année prochaine ».  Il a toutefois estimé que la communauté internationale ne devait pas perdre de vue « les faiblesses évidentes » du Gouvernement de transition et qu’elle devait s’efforcer de lui fournir les ressources nécessaires pour renforcer ses capacités.  S’agissant du conflit frontalier qui oppose Djibouti à l’Érythrée, M. Guelleh a signalé que le sort des 19 prisonniers de guerre djiboutiens, dont l’Érythrée « refuse de reconnaître l’existence » était un sujet de grave préoccupation.  Il a expliqué que son gouvernement était convaincu que la médiation était la seule issue pour aboutir à une paix durable, et c’est pourquoi il avait accepté le stationnement de troupes qatariennes à la frontière entre son pays et l’Érythrée.  Le Chef d’État a souligné les vertus du dialogue et de la médiation, estimant que l’exemple le plus récent d’une telle réussite était « sans conteste » la naissance de la nouvelle nation du Soudan du Sud.  Il a ensuite affirmé que l’heure était venue de reconnaître le droit de la Palestine de devenir un État à part entière.


M. HIFIKEPUNYE POHAMBA, Président de la Namibie, a reconnu la légitimité des aspirations démocratiques qui se sont exprimées dans les pays frères de la Tunisie et de l’Égypte.  Cela ne doit néanmoins pas être le prétexte à des tentatives d’ingérence dans les affaires internes des États, a-t-il poursuivi.  Déplorant que les efforts de l’Union africaine pour une solution négociée en Libye aient été largement ignorés, il a comparé l’action étrangère en Libye à la Conférence de Berlin de 1883-1884, de triste mémoire, qui avait marqué le partage de l’Afrique par les puissances impériales.  Jamais dans l’histoire des Nations Unies, le sacro-saint principe de non-intervention n’a été aussi compromis, a-t-il déclaré.


Le Président de la Namibie a ensuite plaidé pour la tenue d’un référendum impartial au Sahara occidental, avant d’apporter son soutien à la demande d’adhésion aux Nations Unies d’un État palestinien.  Puis, il a souhaité qu’un soutien financier adéquat soit apporté à Madagascar et que la communauté internationale s’implique plus activement dans la mise en œuvre de la Feuille de route.  Soulignant les défis aigus posés par les changements climatiques, notamment en Namibie, il a exhorté les États Membres à faire en sorte que la prochaine session de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques aboutisse à des résultats tangibles.  Enfin, dans le droit fil de la position africaine, M. Pohamba a appelé de ses vœux à une réforme du Conseil de sécurité, afin d’en améliorer la représentativité et la transparence.


M. SALVA KIIR, Président du Soudan du Sud, a exprimé sa profonde gratitude à la communauté internationale pour l’accueil chaleureux qui a été fait à son pays, âgé seulement, a-t-il rappelé, de deux mois et de 14 jours.  Il a tenu à remercier tous ceux qui s’étaient tenus aux côtés du Soudan du Sud dans sa longue lutte pour l’indépendance, notamment les pays de la « Troïka » et les pays amis de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  Il a ensuite indiqué que son pays est en cours de construction, et non de reconstruction, tant les besoins sont importants.  Il a souhaité que les manifestations de soutien et de sympathie qui ont accompagné l’indépendance du Sud-Soudan trouvent leur prolongement dans une assistance tangible pour le développement du pays.  « Notre marche pour sortir de l’abysse de pauvreté dans lequel nous nous trouvons sera longue », a-t-il averti.


Le Soudan du Sud, a-t-il assuré, suivra une stratégie de diversification de son économie, afin de réduire la dépendance vis-à-vis du pétrole dont le Soudan du Sud est abondamment doté.  Ces ressources pétrolières devraient servir de catalyseur afin de libérer le potentiel du pays, notamment dans le domaine agricole.  Le Président a exprimé l’ambition que son pays devienne une puissance agro-industrielle régionale, qui puisse se dispenser de l’aide des autres pays.  Il a formé le vœu que les modalités de l’assistance extérieure dont son pays pourrait bénéficier respectent les choix économiques et politiques du Soudan du Sud.  La stabilité politique sera cruciale pour parvenir à la prospérité, a-t-il poursuivi, avant de se féliciter du pluripartisme en cours dans son pays.


Le Président a ensuite affirmé que le Soudan du Sud adhérait pleinement aux principes du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les États, y compris le Soudan, dans les affaires intérieures duquel le Soudan du Sud ne s’immiscera pas.  Il a ensuite exhorté le Soudan à œuvrer à la résolution pacifique des conflits en cours dans les zones frontalières avec le Soudan du Sud.  Il a souligné, à cet égard, l’avancée positive représentée par la réhabilitation par le Gouvernement soudanais de l’Accord global d’Addis-Abeba sur la situation dans l’État du Kordofan méridional.  Il a exhorté le Soudan à consentir à un tracé rapide de la frontière entre les deux États avec l’aide de la communauté internationale.  Il a souhaité que Khartoum consente à ce que le différend concernant les souverainetés concurrentes sur diverses zones frontalières soit porté devant une instance d’arbitrage international.  Il a félicité le Soudan pour avoir ouvert la voie à une mise en œuvre complète de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei, avant d’émettre le vœu que les deux pays aboutissent à un accord sur la question d’Abyei dans le droit fil de l’Accord de paix global.  Sur le plan économique, il a appelé de ses vœux la conclusion d’un accord qui garantirait à Khartoum un revenu conséquent découlant de l’utilisation des infrastructures d’exportation du pétrole soudanais.  Avant de conclure, il s’est dit convaincu que le Soudan du Sud apportera sa pierre à la construction d’un monde de paix et de prospérité.


M. SERZH SARGSYAN, Président de l’Arménie, s’est félicité des efforts de médiation menés par des structures et organisations régionales à travers le monde, dans le but de préserver la paix et la sécurité, ainsi que pour résoudre les conflits par l’usage de moyens pacifiques.  Il a noté les avantages de ce type de médiation régionale, notamment la connaissance des acteurs en conflit, celle du terrain, et de la proximité culturelle.  La réussite de toute médiation, a-t-il souligné, exige entre autres, la définition d’un mandat clair.  L’une des priorités que doivent poursuivre les médiateurs est celle de prévenir toute reprise des hostilités entre des parties en conflit, a-t-il ajouté. 


Le Président Sargsyan a par ailleurs salué l’admission du Soudan du Sud au sein des Nations Unies, après avoir exercé son droit légitime à l’autodétermination.  Le peuple du Nagorno-Karabakh a, lui aussi, fait ce choix de l’autodétermination, il y a 20 ans, en résistant à la guerre menée contre lui par l’Azerbaïdjan.  Malheureusement, à ce jour, l’Azerbaïdjan se montre peu coopératif pour conclure les négociations entamées sous les auspices de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), en vue d’apaiser les tensions entre les deux entités.  L’Azerbaïdjan a-t-il affirmé, a décidé de répandre au sein de sa population le sentiment xénophobe contre la population arménienne du Nagorno-Karabakh.  La politique d’Azerbaïdjan est de faire disparaître tous les signes de la présence arménienne au Nagorno-Karabakh.  En outre, l’Azerbaïdjan continue de refuser les propositions de la communauté internationale visant à sceller le non-recours à la force et l’instauration de mesures de confiance, avec l’Arménie, a-t-il dit. 


Hier, a rappelé M. Sargsyan, l’Assemblée générale a insisté sur la nécessité de renforcer la Déclaration et le Programme d’action de Durban contre le racisme et la discrimination.  Malheureusement, les Arméniens sont encore victimes de cette intolérance dont on a fait mention hier, a-t-il soutenu, en regrettant, à ce propos le fait que la Turquie continue, quant à elle, de nier le génocide commis contre le peuple arménien.  À la veille de « Rio+20 », la communauté internationale doit faire preuve de sa détermination à honorer ses engagements en faveur de la région du Sud-Caucase, un espace de coopération et de prospérité, a ajouté M. Sargsyan.  Les dirigeants de la région doivent, eux aussi, avancer ensemble vers la création d’un futur prospère et pacifique pour les générations à venir, a-t-il conclu.


M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’Autorité palestinienne, a rappelé l’espoir qui avait présidé à une reprise des négociations, sous les auspices notamment du Président des États-Unis, en septembre 2010.  Cet espoir a été déçu, a-t-il ajouté, en raison du refus du Gouvernement israélien de s’accorder sur les paramètres de négociation, pourtant largement agréés par la communauté internationale.  La poursuite des implantations sur le Territoire palestinien est au cœur de la politique d’occupation coloniale israélienne, avec les discriminations et la violence qui la caractérisent, a-t-il indiqué.  M. Abbas a ajouté que cette politique était la raison essentielle de l’échec des pourparlers de paix et de l’ensevelissement de l’espoir né des Accords de 1993.  Dans le droit fil de nombre de rapports des Nations Unies, ainsi que de plusieurs institutions israéliennes, M. Abbas a critiqué la construction de nouvelles implantations en Cisjordanie et à Jérusalem -dont le Gouvernement israélien n’hésite pas à se réjouir-, qui s’apparente à une confiscation systématique de terres palestiniennes.  Le Président de l’Autorité palestinienne a indiqué que la puissance occupante s’était lancée dans une course contre la montre pour redessiner les frontières de la Palestine à son avantage, misant sur la politique du fait accompli et sapant de facto la viabilité d’un État palestinien.  Dans le même temps, Israël continue son embargo sur Gaza et ses incursions dans les zones de Cisjordanie sous contrôle de l’Autorité palestinienne.  Ces actes très graves découlent d’une approche unilatérale d’Israël, a-t-il déploré, avant d’exprimer ses craintes que le conflit, en raison du contexte régional inédit, ne se transforme en conflit religieux menaçant à la fois le futur des Palestiniens chrétiens et musulmans et des citoyens israéliens. 


M. Abbas a rappelé ensuite les points essentiels de la position de l’Autorité palestinienne, notamment l’objectif de la réalisation du droit inaliénable du peuple palestinien à disposer d’un État, avec Jérusalem-Est comme capitale, qui couvrirait les territoires de la Cisjordanie et de Gaza occupés par Israël en 1967.  Le règlement juste de la question du retour des réfugiés se ferait, a-t-il souligné, dans le droit fil de la résolution 194.  Il a ensuite rappelé que l’Autorité palestinienne prônait le renoncement à la violence et se tenait prête pour un retour immédiat à la table des négociations, sur la base des paramètres agréés par la communauté internationale et de la cessation complète des activités de colonisation.  Il a ajouté que l’Autorité palestinienne ne cherchait en rien à délégitimer l État d Israël. « Construisons ensemble un futur au sein duquel nos enfants connaîtront la liberté, la prospérité et la sécurité.  Construisons des ponts plutôt que des murs de séparation », a exhorté M. Abbas, en s’adressant directement à Israël. 


Le Président de l’Autorité palestinienne a ensuite passé en revue les avancées décisives enregistrées dans l’édification d’un État palestinien viable et démocratique, avec notamment la protection des libertés publiques, la promotion de la règle de droit ainsi que la participation accrue des femmes et le raffermissement de la société civile.  Il a assuré qu’il avait œuvré à la restauration de l’unité palestinienne et à la réconciliation nationale, en choisissant la voie des élections législatives et présidentielles.  Ces résultats tangibles, reconnus par plusieurs organisations internationales comme les Nations Unies et la Banque mondiale, ouvrent la voie à l’avènement d’un État indépendant, a-t-il ajouté.  L’instauration de la paix ne peut résulter des méthodes habituellement employées et qui, de surplus, ne marchent pas, a-t-il dit.  Le statu quo n’est pas non plus tenable.  C’est pourquoi, il est futile de s’engager dans des négociations en l’absence de paramètres clairs et d’un calendrier défini », a-t-il estimé avant de parler du « moment de vérité » auquel était parvenu le peuple palestinien.  « Est-ce que le monde continuera de tolérer l’occupation israélienne, la dernière à avoir cours dans le monde?  Est-ce que le monde continuera d’accepter qu’Israël demeure au-dessus des lois? » a-t-il demandé.  « Cela suffit », a-t-il martelé.  Le moment de la fin des souffrances de millions de Palestiniens est venu, a-t-il dit.  Dans la continuité du printemps arabe, « l’heure a sonné » pour un État palestinien indépendant, a-t-il renchéri.  « Mon peuple cherche à exercer son droit à mener une vie normale, comme le reste de l’humanité ».  Citant le poète Mahmoud Darwish, il a déclaré: « nous nous maintenons dans la permanence et l’eternel avec un seul et unique objectif: exister.  Et nous existerons », a-t-il affirmé.  M. Abbas a en conséquence annoncé qu’il avait présenté au Secrétaire général une demande d’admission aux Nations Unies de l’État de la Palestine sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.  Il a ensuite prié le Secrétaire général de transmettre sa demande au Conseil de sécurité et souhaité que ses membres la considèrent de manière favorable.  « La Palestine renaît et marche vers son destin », a-t-il conclu.


M. YOSHIHIKO NODA, Premier Ministre du Japon, a fait part de son émotion profonde face aux témoignages de compassion des peuples du monde après le tremblement de terre dans son pays qui a fait 20 000 morts il y a six mois.  Les Japonais se souviendront toujours de ces liens qui unissent le Japon et la communauté internationale, a-t-il assuré, détaillant les efforts du Gouvernement pour reconstruire les zones affectées par la catastrophe et pour regagner le contrôle de la situation dans la centrale nucléaire de Fukushima.  « Nous faisons des progrès réguliers sur ce dossier », a-t-il assuré.  Alors que le monde est aujourd’hui le théâtre d’énormes changements, le Japon a pris à nouveau conscience de l’importance des liens avec le reste du monde et de ce que signifie promouvoir la sécurité humaine.


Le Japon a une longue tradition dans l’assistance aux pays en développement, basée sur la conviction qu’un développement économique repose sur une classe moyenne forte.  Pour renforcer cette classe moyenne, il est nécessaire de construire une fondation sociale au sein de laquelle tous les individus peuvent développer leurs capacités à leur maximum, a expliqué le Premier Ministre, appelant à ne pas laisser les incertitudes économiques mondiales et l’instabilité financière entraver les efforts de la communauté internationale vers la croissance.  Parvenir à la croissance et à la santé financière représente le plus crucial des défis auxquels le monde est confronté aujourd’hui, a-t-il estimé, avant d’annoncer que son pays allait promouvoir une société faible en émissions de carbone et une transition vers une économie verte.  Le Japon continuera d’améliorer ses excellentes technologies qui sont sûres et respectueuses de l’environnement et cherchera à construire un futur sûr et meilleur, a-t-il assuré.


M. Noda a rappelé que la vague du tsunami avait atteint 40 mètres, la plus haute jamais enregistrée dans le pays.  La première leçon de cette tragédie est l’importance de la coopération internationale dans la réduction des risques aux catastrophes, un domaine dans lequel le Japon fournit un soutien actif, notamment à l’Indonésie, la Chine, Haïti et la Nouvelle-Zélande, et auquel il souhaite consacrer une conférence internationale en 2015.  En outre, le pays entend contribuer positivement au renforcement de la sécurité de l’énergie nucléaire mondiale, en tirant les leçons de l’accident de Fukushima.  Même si certains pays, malheureusement, imposent toujours des restrictions injustifiées sur les importations japonaises, notre gouvernement continuera de fournir des informations rapides et pertinentes sur ces questions, dans la transparence, a-t-il déclaré.  Le Japon reste également engagé dans la lutte contre la piraterie au large de la Somalie, ainsi que contre le terrorisme, et continuera de contribuer aux efforts en matière de maintien de la paix des Nations Unies.  Il poursuit également les efforts visant à garantir un monde sans armes nucléaires et exhorte la République populaire démocratique de Corée, « une menace pour toute la communauté internationale », à prendre des mesures concrètes sur cette question.  Le Premier Ministre a également plaidé pour une réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies, « absolument nécessaire et urgente ».  Le Japon va d’ailleurs lancer des négociations substantives afin d’avancer, de manière tangible, sur cette réforme lors de cette session de l’Assemblée générale.  Avant de conclure, M. Noda a annoncé le soutien de son pays au Soudan du Sud et à la Mission des Nations Unies dans le pays, ainsi qu’une nouvelle donation, s’ajoutant aux 100 millions de dollars déjà affectés, à la crise humanitaire dans la corne de l’Afrique.  De même, le Japon est disposé à dégager des prêts d’un montant total de près d’un milliard de dollars pour soutenir les efforts de réforme et de démocratisation dans les pays du « printemps arabe ».


M. LYONCHOEN JIGMI YOEZER THINLEY, Premier Ministre du Bhoutan, a confié qu’en 25 ans de participation à l’Assemblée générale, il n’avait eu de raisons d’espérer qu’une seule fois, lors de la fin de la guerre froide.  Ce qui a ensuite prévalu est un sentiment de trahison et de désillusion face à un monde encore plus divisé et dangereux.  Manquant de volonté politique et en fait, de lucidité, nous récusons avec des arguments malicieux ce que nous savons être la raison de nos problèmes, a-t-il dit, et nous continuons à acquérir des armes pour prévenir la guerre, répondons aux changements climatiques avec davantage d’émissions néfastes, faisons une course à la production et à la consommation face à des ressources qui s’épuisent, et idéalisons l’individualisme alors que la famille et la communauté s’effondrent dans un contexte de dislocation sociale, de crime, de maladie mentale, de solitude et de suicide.  M. Thinley a estimé que trop longtemps, la communauté internationale a refusé de voir que les problèmes sont interconnectés et qu’il fallait quitter les rails des modèles économiques basés sur le PIB.  Les marchés réduisent l’humanité en esclavage, détruisent nos systèmes d’assistance et menacent notre survie à long terme, a-t-il dénoncé.


C’est pourquoi le Bhoutan se réjouit que l’Assemblée générale ait adopté à l’unanimité la résolution qu’il a présentée sur « le bonheur: une démarche holistique du développement ».  « Ma délégation croit fermement que le bonheur et le bien-être tels qu’ils sont promus dans mon pays permettraient une progression naturelle vers les OMD », a-t-il déclaré, annonçant la tenue d’un Groupe de discussion sur la science et l’économie du bonheur au printemps 2012, avant la Conférence Rio+20.  Le Bhoutan est pleinement engagé dans la promotion d’une civilisation humaine durable, dans un environnement pacifique et sûr, et se tient disposé à partager son expérience et ses modestes réalisations, a insisté le Premier Ministre, rappelant par exemple que la couverture forestière dans le pays était passée de 64% à 81% en 40 ans.  Le Bhoutan est d’ailleurs aujourd’hui le seul pays ayant pris l’engagement de maintenir pour toujours l’équilibre de son empreinte carbone, a-t-il ajouté.  « Nos valeurs sociales et culturelles restent vitales même si nous avons adopté la mondialisation et accepté ce que cette dernière a à offrir, et nous sommes passés avec succès et sans heurts d’une monarchie absolue à une démocratie pleine et vibrante », a-t-il assuré, avant de présenter la candidature de son pays pour un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2013-2014.  Le Bhoutan pense pouvoir amener une perspective nouvelle et holistique de la paix et de la sécurité, au-delà de ces limitations étroites, et espère s’attaquer à toutes les formes de menaces à la survie au progrès et au bonheur de la société humaine.  « Oui, c’est un rêve, a enfin déclaré M. Thinley, mais nous devons oser rêver et trouver le courage et la détermination de poursuivre le plus haut des idéaux. »


M. BENJAMIN NETANYAHU, Premier Ministre d’Israël, a indiqué qu’il avait tendu, par le passé, une main de paix à l’Égypte, la Libye, la Turquie, la Tunisie, la Syrie, le Liban, l’Iran, ainsi qu’à d’autres peuples.  Il a ajouté qu’il présentait une main de paix au peuple palestinien.  Notre espoir pour la paix n’a jamais faibli, a-t-il dit.  Le Premier Ministre a déploré que l’Accord de paix, signé en 1980 entre l’Égypte et Israël, ait été dénoncé ici même aux Nations Unies, où il est de bon ton de systématiquement critiquer Israël, pourtant seule démocratie au Moyen-Orient.  Il a noté que le Liban, ou l’influence du Hezbollah est importante, présidait le Conseil de sécurité.  Il a également souhaité que la lumière de la vérité éclaire pour quelques minutes la salle de l’Assemblée générale, souvent bien sombre pour Israël.


« Israël veut la paix avec un État palestinien, mais les Palestiniens veulent un État sans paix », a-t-il assené, avant d’ajouter que cela ne pouvait résulter de résolutions des Nations Unies mais de négociations.  Les Palestiniens, de leur côté, veulent un État sans la paix, a-t-il déploré.  Il a souligné que le plus grand danger pour le monde était l’Islam militant, qui a notamment tué des milliers d’Américains le 11 septembre, et serait sur le point d’acquérir des armes nucléaires.  Rappelant les mots « abominables prononcés, hier, par le Président iranien dans cette même salle à propos des attaques du 11 septembre, il a exhorté la communauté internationale à empêcher l’Iran d’accéder à l’arme nucléaire.  Le printemps arabe pourrait en effet devenir un hiver nucléaire, a-t-il averti.


Le Premier Ministre a déploré que certains enjoignent Israël de faire des concessions systématiques pour une résolution du conflit.  Cette théorie, séduisante, d’une offre globalisante n’a jamais marché, comme cela a été le cas en 2002 et en 2008, en dépit des retraits israéliens de Gaza et du Liban.  La tempête de l’islamisme n’a fait alors que se rapprocher, a-t-il affirmé, ajoutant que les modérés avaient été défaits par les extrémistes musulmans.  Il a indiqué avoir démantelé les colonies, déraciné des foyers et des synagogues lors de l’évacuation de Gaza avant de confier le contrôle du territoire à M. Abbas.  Cela n’a pas marché, a-t-il dit, avec l’arrivée au pouvoir du Hamas et des rivières d’armes qui se sont mises à couler en provenance de l’Iran et de la Libye.  Pourquoi ne se passerait-il pas la même chose en Cisjordanie, s’est-il interrogé, alors que les grandes villes israéliennes sont à portée de missiles.


« Les leçons amères de Gaza ont été oubliées, alors que le crocodile de l’islam fanatique est toujours affamé », a-t-il dit.  Israël, a-t-il rappelé, est un petit pays qui ne faisait que deux tiers de la longueur de Manhattan, environné au surplus de pays qui ont juré sa destruction.  Israël a, en conséquence besoin d’une plus grande profondeur stratégique, a-t-il dit, rappelant que la résolution 252 n’avait jamais demandé le retrait des territoires occupés.  Les paramètres pour une sécurité intangible d’Israël sont un préalable à toute discussion sur la paix, a-t-il affirmé.  Lorsque ce sera le cas, « Israël sera le premier pays à accueillir un État palestinien à l’ONU », a-t-il assuré.  Il a ensuite exhorté tous les États Membres à demander la libération de Gilad Shalit.  Il a insisté sur le caractère juif de l’État israélien qui, pour sa part, est déterminé à protéger les droits de la minorité arabe israélienne.  Il a exhorté les Palestiniens à renoncer à modifier le caractère juif de l’État d’Israël.


M. Netanyahu a également indiqué que les colonies n’étaient qu’un sujet de préoccupation récent dans un conflit vieux de plusieurs décennies.  « Les colonies de peuplement ne sont pas au cœur du conflit, c’est le refus des Palestiniens de reconnaître un État juif », a-t-il affirmé.  S’adressant directement au Président Abbas, il l’a exhorté à reconnaître l’État juif.  « Ne négocions pas sur les négociations, mais sur la paix.  Rencontrons-nous ici, aujourd’hui.  Qu’est ce qui nous empêche de nous parler afin d’aplanir nos divergences? » a-t-il demandé, avant de poursuivre, toujours à l’endroit de M. Abbas: « Je ne peux pas faire la paix sans toi.  Je te tends ma main, celle de la paix.  Marchons ensemble vers la lumière et que cette lumière soit celle de la paix ».


M. FREDRIK REINFELDT, Premier Ministre de la Suède, a reconnu que les huit Objectifs du Millénaire pour le développement avaient aidé la communauté internationale à mobiliser des ressources pour le développement.  Des progrès importants ont été réalisés.  La pauvreté a décliné dans de nombreux pays et la mortalité infantile a baissé, a-t-il souligné.  Il reste toutefois beaucoup de chemin à parcourir pour offrir des opportunités égales aux peuples du monde entier.  Le Premier Ministre suédois a choisi de mettre l’accent sur la situation des droits de l’homme, économiques et sociaux de 3,5 milliards de femmes et de filles, soit la moitié de la population mondiale.  « On ne leur permet pas de réaliser leur plein potentiel en tant que moteurs du développement économique et de la paix et de la sécurité », a-t-il déploré.  Alors qu’elles font 66% du travail dans le monde et produisent 50% de la nourriture, les femmes ne touchent que 10% des revenus et ne possèdent qu’1% des propriétés.  Les femmes et les filles comptent pour 70% de la population la plus pauvre.


En 2011, il y a encore des pays qui refusent aux femmes le droit de voter, s’est indigné M. Reinfeldt.  La question de l’égalité des sexes est essentielle pour garantir des droits égaux aux femmes et aux hommes.  Il s’agit de donner à tous les individus les mêmes possibilités en matière d’éducation et d’opportunités économiques.  L’égalité des sexes n’a pas que des avantages économiques immédiats.  C’est aussi un investissement pour l’avenir.  La participation des femmes à la société contribue au bien public et diminue la corruption, a-t-il fait valoir.  « Aujourd’hui, les idées de liberté et de démocratie se répandent à la vitesse du son », a poursuivi le Premier Ministre, en évoquant les évènements récents en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.  La Suède et 40 autres pays partagent l’avis du Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression selon lequel il doit y avoir le moins de restrictions possibles à la liberté d’expression en ligne.  « Nous voulons bâtir une alliance de la liberté sur Internet », a annoncé M. Reinfeldt.  Rappelant que le monde était également interconnecté par ses ressources naturelles, il a souligné que la Conférence Rio+20 sera très importante.


Tournant dans un premier temps son attention sur les évènements du « printemps arabe », M. PÁL SCHMITT, Président de la Hongrie, a déclaré que le renversement des régimes autoritaires n’était que le premier pas à franchir.  Comme en témoigne notre propre expérience, a-t-il indiqué, les étapes les plus difficiles du processus de transformation sont encore à venir.  Il a notamment affirmé que l’établissement de nouvelles structures de pouvoir, la rédaction d’une nouvelle constitution et l’organisation d’élections libres et démocratiques devraient être un processus interne appuyé par la communauté internationale.  Pour M. Schmitt, les idéaux du respect des droits de l’homme, de l’état de droit et de la bonne gouvernance doivent être mis en œuvre tout en respectant les traditions culturelles et religieuses de chaque pays.  Il a ensuite fait savoir que la Hongrie entendait lancer plusieurs projets d’appui dans les démocraties émergeantes du Moyen-Orient.


Abordant le volet du développement durable, M. Schmitt a estimé qu’il faudrait formuler un nouveau plan d’action dans le domaine du renforcement de l’interdépendance mutuelle et de la mondialisation.  Il a constaté qu’il est de plus en plus difficile de trouver l’équilibre entre la garantie de la croissance dans toutes les régions du monde, et la protection des ressources naturelles de la planète.  Il a estimé que la Conférence Rio+20 était l’occasion de générer le plus large appui possible au concept de l’économie verte qui, a-t-il affirmé, a le potentiel de contribuer à la création d’emplois et à l’élimination de la pauvreté.  Afin d’appliquer ce concept, a-t-il ajouté, une réorganisation de l’architecture environnementale s’impose.  Le Président de la Hongrie a ensuite appelé à la mise sur pied de stratégies compréhensives sur les plans national et régional pour faire fortement baisser les taux de maladies non transmissibles en mettant notamment l’accent sur la prévention, la détection précoce et les traitements.  Il a également évoqué la candidature de son pays à un siège du Conseil de sécurité pour la période 2012-2013, affirmant que la Hongrie se tenait prête à contribuer de « manière significative » à tous les efforts destinés à rehausser les capacités de l’ONU en matière de prévention de conflit et de médiation.  « Nous plaiderons pour une meilleure intégration des questions liées à la sécurité et au développement ainsi que pour une interaction améliorée entre le Conseil de sécurité et les principaux organes de l’ONU », a-t-il assuré.


M. ERNEST BAI KOROMA, Président de la Sierra Leone, a mis en exergue les fortes aspirations de son pays en matière de démocratie, de prospérité et de paix.  Tout au long de ses cinquante années d´existence, le pays a fait la démonstration de son engagement à atteindre ces idéaux, a-t-il affirmé.  Il a ensuite rappelé la contribution de la Sierra Leone aux efforts déployés par les Nations Unies dans les domaines de la décolonisation et de la paix, entre autres. 


Dès son admission à l’ONU, la Sierra Leone contribua, par l’entremise d’un petit régiment militaire, à l’Opération des Nations Unies au CONGO (ONUC).  Bien évidemment, a-t-il poursuivi, la Sierra Leone, est reconnaissante de l’impact qu’ont eu les Nations Unies dans le maintien de la paix sur son territoire, mais aussi dans sa gouvernance et son développement économique, depuis son entrée au sein de  l’Organisation.  M. Koroma a, par ailleurs, souligné l’urgence d’une reforme du Conseil de sécurité.  « Il y a un besoin croissant de voir cet organe devenir plus représentatif, inclusif et démocratique, et de voir améliorées ses méthodes de travail », a t-il expliqué.  Le statut quo est inacceptable et a le potentiel d’effriter la légitimité, l’effectivité et l’efficience du Conseil, a prévenu le Président. 


Comme bon nombre de pays, la Sierra Leone subit actuellement des contraintes budgétaires dues à la récession économique mondiale, a indiqué M. Koroma, précisant ensuite que son pays demeurait néanmoins optimiste quant à l’avenir, eut égard aux investissements faits pour développer dans l’édification de nouvelles infrastructures et la restructuration de l’industrie minière, notamment.  Des reformes ont aussi été faites en matière de droits de l’homme, d’égalité homme-femme et d’autonomisation des femmes, a par ailleurs affirmé M. Koroma.  « Je me suis engagé à faire en sorte que 30% des postes électifs soient occupés par des femmes », a-t-il annoncé.  En tant qu’État partie à divers instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme, la Sierra Leone s’est engagée à mettre en œuvre les obligations découlant de ces textes, a-t-il dit.


Il a, d’autre part, exhorté la communauté internationale à soutenir son pays engagé dans un processus électoral prévu pour 2012, « afin d’assurer la tenue d’élections libres et pacifiques ».  Sur la question de la médiation, il a estimé qu’il était inévitable que tout conflit  trouve sa solution dans la négociation entre États.  Mais celle-ci doit se faire en se fondant sur les principes de la Charte de l’ONU.  La Sierra Leone est d’avis que la médiation demeure le meilleur mécanisme pour la prévention des conflits et le règlement pacifique des différends, a-t-il conclu.


M. BORIS TADIĆ, Président de la Serbie, a estimé qu’en ces temps de changements importants, le pire à faire serait de laisser la crainte et l’indécision prévaloir.  Chaque crise à laquelle nous sommes confrontés, qu’elle soit économique, politique ou environnementale, s’étend au-delà de nos frontières nationales et il n’existe aucun moyen de la résoudre sans le cadre de travail défini par des droits et règlements internationaux auxquels tous les pays doivent se conformer, a-t-il souligné.  « Notre objectif doit être de gérer les crises réelles et d’éviter d’en créer d’autres inutilement », a-t-il estimé, notant l’amélioration de la coopération régionale en Europe et un nouveau niveau de confiance établi avec la Croatie.  Tout ceci a préparé le terrain pour que la Serbie se propose à la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en 2014.


La Serbie a consacré un extraordinaire niveau de ressources à la capture de criminels de guerre, a assuré M. Tadić, estimant que le pays avait rempli ses obligations et fait la preuve de sa volonté d’avancer vers un climat de réconciliation totale dans la région.  Le Président de la Serbie a insisté également pour que tous fassent leur part et l’enquête du Conseil de l’Europe sur « Le traitement inhumain des populations et le trafic illégal d’organes humains au Kosovo » doit bénéficier des mêmes normes et du même examen par le Conseil de sécurité que les autres crimes de guerre, a-t-il dit.  Le Président serbe a salué l’accession à l’indépendance du Soudan du Sud, « un règlement trouvé après de longues et difficiles négociations entre les deux parties » et salué par le Président des États-Unis.  Il a cependant regretté que ce processus n’ait pas été respecté dans le dossier concernant la province du Kosovo et Metohija.  Le 17 février 2008, les autorités d’origine albanaise ont tenté la sécession unilatérale, en violation des principes de la Charte des Nations Unies, de l’Acte final d’Helsinki et de la résolution du Conseil de sécurité 1244, a-t-il dénoncé, se félicitant qu’une forte majorité d’États Membres de l’ONU n’ait pas reconnu cette indépendance.  L’appel lancé depuis ce podium pour une telle reconnaissance n’est pas un appel pour la paix, a-t-il prévenu, mais un appel pour l’unilatéralisme qui créerait un précédent profondément dérangeant et un encouragement aux parties sécessionnistes partout dans le monde.  M. Tadić a assuré que son gouvernement avait fait tout son possible pour empêcher une flambée de violence, notamment au mois de juillet lors de la tentative de placer des postes frontières entre la Serbie et la région du Nord Kosovo.


Le Président Tadić a regretté que les Serbes négocient avec Pristina « avec un fusil sur la tempe, sous la constante menace de l’isolement international ».  « Nous sommes extrêmement indignés par ce climat de menace émanant de pays que nous considérerions sans cela comme des partenaires naturels », a-t-il insisté.  Même si la Serbie n’acceptera jamais l’action unilatérale, elle n’abandonnera plus jamais le processus de négociations, a-t-il promis, détaillant plusieurs conditions sine qua non d’un accord sur la question: le statut de la population serbe dans le Nord Kosovo, la mise en œuvre de la décentralisation au Kosovo au profit de ses enclaves serbes, le statut de certains sites sacrés de l’Église orthodoxe serbe et la question plus générale de la propriété.  M. Tadić a estimé que l’échec pour avancer avec bonne volonté sur la question centrale des droits des communautés serbes du Kosovo, au cœur du problème, était extrêmement dérangeant.  La Serbie a, en outre, un deuxième objectif en parallèle à celui de cette question: accélérer le processus d’intégration à l’Union européenne.  Parvenir à atteindre ces deux objectifs est possible et dans l’intérêt de tous, a enfin déclaré M. Tadić.  La Serbie a rempli les critères pour être candidate à adhérer à l’Union européenne et a montré l’exemple en matière de réconciliation, de mise en place de l’état de droit et de lutte contre le crime organisé, a-t-il dit.


M. ALPHA CONDÉ, Président de Guinée, a déclaré que sa présence dans cette enceinte était l’illustration du retour de la Guinée sur la scène internationale.  Il a assuré les États Membres de l’engagement de son gouvernement de consolider l’unité et la concorde nationale et de bâtir une société démocratique.  Son gouvernement, a-t-il précisé, a engagé une série de mesures de redressement pour améliorer la gouvernance dans le pays.  Il a expliqué que le Gouvernement accordait une « place de choix » à l’agriculture en vue de parvenir à l’autosuffisance alimentaire.  De plus, le secteur minier est en voie d’être assaini et le système judiciaire est en cours de modernisation et de restructuration.  M. Condé a également fait savoir que la réforme en cours permettrait de juguler l’inflation et d’arrêter la « saignée financière ».  Il a cependant signalé que le « programme ambitieux » de la Guinée de lutte contre le sous-développement et la pauvreté ne pourrait être pleinement réalisé sans l’appui « constant et effectif » de la communauté internationale.


Abordant la question de la réconciliation nationale, M. Condé a évoqué la mise en place d’une Commission provisoire de réflexion et a indiqué que des réformes visent à faire de l’armée une institution véritablement républicaine.  Il a ensuite expliqué que dans le cadre des préparatifs pour les élections législatives, un fichier sécurisé et numérisé serait établi pour corriger les anomalies constatées lors de l’élection présidentielle.  Le Président de la Guinée a par ailleurs estimé qu’il fallait évaluer périodiquement le chemin parcouru dans le cadre de la lutte contre l’extrême pauvreté.  Passant à la situation humanitaire dans la corne de l’Afrique, M. Condé a estimé que l’adoption d’un plan régional intégré favorisant la sécurité et l’autosuffisance alimentaire constituerait une solution durable à la crise actuelle.  Commentant par ailleurs le thème de la session actuelle de l’Assemblée générale, le « Rôle de la médiation dans le règlement des différends par des moyens pacifiques », le Chef d’État guinéen a estimé que les organisations sous-régionales, régionales et internationales devaient s’approprier les mécanismes de médiation, tout en travaillant étroitement avec d’autres acteurs tels que la société civile et les organisations des jeunes et des femmes.  Il a ajouté que la priorité devrait être accordée aux mécanismes africains de médiation « dont l’action s’est révélée efficace en plusieurs occasions ».


M. ISAIAS AFWERKI, Président de l’Érythrée, a indiqué que l’espoir suscité par l’élection historique du Président des États-Unis, M. Barack Obama, avait vécu.  Il a appelé les puissances émergentes ou réémergentes -la Fédération de Russie, la Chine, le Brésil et l’Inde- à faire montre de davantage de leadership pour résoudre les problèmes systémiques qui sont ceux du monde aujourd’hui.  Il a ensuite indiqué que si le mouvement récent de contestation avait bel et bien son épicentre en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, il ne s’y limitait pas, les pays en développement devant faire face aux mêmes sentiments de colère et de frustration.  Il a ensuite stigmatisé la paralysie des Nations Unies qui risquent d’être totalement marginalisées si elles ne parviennent à se réformer.  Il a plaidé, à cet effet, pour un renforcement de l’Assemblée générale, qui devrait être dotée du pouvoir de prendre des décisions juridiquement contraignantes.  Une réforme du Conseil de sécurité pour en améliorer la représentativité ne serait pas suffisante, a-t-il ajouté.  M. Afwerki a ensuite exhorté les pays africains à développer les infrastructures du continent et à promouvoir leurs échanges commerciaux.


Au niveau sous-régional, M. Afwerki a indiqué que son pays œuvrerait à la revitalisation de l’Autorité intergouvernementale pour le développement, avant de souligner l’urgent besoin d’une approche différente en Somalie.  Il est impératif que toutes les parties prenantes, y compris les gouvernements du Somaliland et du Puntland, se retrouvent au sein d’un processus politique qui appartiendrait à tous les Somaliens, a-t-il poursuivi.  Concernant la situation au Moyen-Orient, il a exprimé la crainte que la demande d’adhésion à l’ONU présentée par la Palestine ne se transforme en bataille symbolique, dépourvue de substance, rappelant que les Accords d’Oslo, salués lors de leur conclusion en 1993, avaient eu peu de résultats.  En conclusion, le Président érythréen a exhorté les Nations Unies à prendre les mesures nécessaires afin qu’il soit mis un terme à l’occupation par l’Éthiopie du territoire souverain érythréen.  Il a également souhaité que les sanctions illégales qui frappent son pays soient levées.


M. MARCUS STEPHEN, Président de Nauru, s’est d’abord félicité de la récente visite historique du Secrétaire général de l’ONU à Kiribati et aux Îles Salomon.  Il s’agissait de la première visite d’un Secrétaire général en fonction dans un pays des îles du Pacifique.  Il a ainsi démontré son engagement à répondre aux besoins de ces pays, aussi petits soient–ils.  Il a pu mesurer encore plus les défis auxquels sont confrontés les petits États insulaires en développement (PEID).  Le mois prochain, le monde comptera sept milliards d’habitants, a-t-il annoncé.  Face à cette démographique croissante, la communauté internationale doit s’attaquer plus que jamais à la réduction de la pauvreté.


À Nauru, cette réduction de la pauvreté est fortement poursuivie par le Gouvernement.  M. Stephen a ensuite insisté sur l’importance de l’océan dans le développement des petits États insulaires en développement.  C’est dans ce contexte qu’il a estimé que le prochain Sommet de la terre « Rio+20 » devrait examiner en profondeur l’importance de l’économie bleue pour ces États.  La Conférence devrait entre autres veiller à mettre fin aux pêches illégales et destructrices, a-t-il dit.  Il a également mis l’accent sur la nécessité de s’atteler à mieux protéger les barrières de corail face aux dégâts faits par les changements climatiques.


Nauru, a-t-il soutenu, ne dispose pas de ressources terrestres, et fonde par conséquent son avenir sur la mer.  C’est ce qui explique notamment la volonté du pays d’intégrer l’autorité mondiale des fonds marins.  Le Président a ensuite exhorté les Nations Unies à développer des mécanismes encore plus ciblés au bénéfice des petits États insulaires en développement, qui subissent déjà les conséquences des changements climatiques.  Il a, à cet effet, souhaité que la communauté internationale prenne de nouveaux engagements en rapport avec le protocole de Kyoto.


Il a par ailleurs prévenu de la possibilité de voir disparaître certaines îles du Pacifique « si les grands pollueurs ne cessent pas leurs activités dévastatrices ».  Au titre des propositions, il a appelé le Secrétaire général à développer dès maintenant les capacités de réaction de l’Organisation face aux changements climatiques.  « Il est aussi temps de nommer un représentant spécial sur les changements climatiques et ses menaces sécuritaires », a-t-il suggéré.


Il a enfin abordé la question de la reforme du Conseil de sécurité, en plaidant pour sa restructuration, en vue de le rendre plus représentatif.  Il faut aussi reformer ses méthodes de travail, a-t-il ajouté, avant de conclure, en invitant les Nations Unies à accueillir l’île de Taiwan au sein des membres de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.


M. MAHAMADOU ISSOUFOU, Président du Niger, a estimé que le déficit de régulation au niveau de l’économie mondiale, la domination du capital financier, l’accroissement des inégalités constituaient autant de facteurs de désordre, de crises et de conflits qui perturbent la paix mondiale.  « Les Somaliens qui connaissent les affres de la faim ou les habitants du Sahel qui y sont confrontés de manière récurrente peuvent-ils considérer qu’ils vivent dans un monde juste et humain? » a-t-il demandé.  Aujourd’hui, 1 210 personnes disposent à elles seules d’un revenu de 4 500 milliards de dollars, soit 8% du PIB mondial, tandis que 40% de la population mondiale vit avec moins de 2 dollars par jour.  Le Président nigérien a rappelé que son pays avait beaucoup souffert des politiques d’ajustement structurel.  En outre, la promesse faite par les pays riches de porter à 0,7% de leur PIB le niveau de l’aide publique au développement n’a pas été tenue.  À cela s’ajoutent les crises récentes des institutions bancaires et des dettes souveraines ainsi que l’insuffisance des investissements directs étrangers en Afrique.  Selon M. Issoufou, la création d’une classe moyenne puissante dans toutes les régions du monde renforcera la croissance économique, la stabilité et la paix.


M. Issoufou a condamné le terrorisme et souligné que le Niger faisait face à cette menace à ses frontières, au nord avec l’Algérie, à l’ouest avec le Mali, et au sud avec le Nigéria.  Il a eu une pensée pour les otages français enlevés dans son pays.  Le Niger est également confronté à la menace des organisations criminelles de trafics des armes, de drogues et d’êtres humains.  Toutes ces menaces, a-t-il estimé, sont aujourd’hui amplifiées par la crise libyenne.  En effet, les dépôts d’armes ont été pillés en Libye et ces armes sont aujourd’hui disséminées dans toute la zone sahélo-saharienne avec le risque d’échouer entre des mains terroristes.  Jusqu’ici, le Niger, avec des moyens très limités, supporte seul le fardeau des réfugiés libyens, a poursuivi le Président.  C’est pourquoi, il a souhaité l’appui de la communauté internationale dans les domaines sécuritaire et économique.  Il souhaite aussi un retour rapide à la paix et la stabilité en Libye.  Par ailleurs, les secteurs de l’agriculture et de l’élevage, dont le peuple nigérien tire principalement ses moyens de subsistance, subissent les conséquences des changements climatiques.  Face à cette situation, le Niger a lancé l’initiative « 3N », qui signifie les « Nigériens nourrissent les Nigériens ».  Il a décidé d’augmenter les rendements en culture pluviale, de promouvoir l’irrigation, de moderniser l’élevage et de mettre en œuvre une politique de protection de l’environnement.  M. Issoufou a renouvelé son appel à la communauté internationale qui est confrontée à une crise alimentaire sévère.


M. MICHEL JOSEPH MARTELLY, Président d’Haïti, a fait remarquer qu’il avait été élu avec un mandat bien précis: celui de matérialiser le changement.  Il a remercié la communauté internationale d’avoir accompagné les élections présidentielles dans son pays.


« Je crois qu’il appartient d’abord, aux pays concernés, de rechercher et de trouver des pistes de solution; car toutes celles imposées, généreuses ou non, ne produiront à moyen terme que des effets adverses », a déclaré M. Martelly.  « C’est ce juste équilibre entre une gouvernance adulte et une assistance internationale bien pensée qu’il convient de rechercher. »


Le Président a estimé que les nombreuses missions de paix et de stabilisation des Nations Unies, « accueillies avec soulagement aux premiers jours, s’essoufflent à moyen terme ».  Dans le cas d’Haïti, toutefois, il s’est demandé à quoi aurait servi la Mission si aujourd’hui elle se retirait « sans préavis ».  La stabilisation politique passe par plusieurs étapes.  Elle ne saurait se réduire à une simple force d’interposition ou à un rôle d’observateur plus ou moins neutre.


Les quatre axes majeurs de la politique préconisée par le Gouvernement de M. Martelly sont: l’éducation, l’emploi, l’environnement et l’état de droit.  Il a exhorté les nations à s’engager franchement dans la lutte contre la déforestation et contre le réchauffement climatique.  « Il n’y aura pas de paix dans le monde tant que le cadre de vie de pays comme le mien sera aussi dégradé, rendant les catastrophes encore plus dramatiques, les inondations encore plus sévères, les sécheresses encore plus meurtrières, l’exode rural encore plus massif », a insisté le Président haïtien.


Évoquant les fonds mis à disposition des populations victimes de catastrophes, M. Martelly a souhaité que les promesses ne restent pas lettre morte et que les projets de reconstruction voient le jour.  « Dans le cas d’Haïti, il s’agira pour les nations amies de nous aider à reconstruire plus qu’un espace physique, mais des hommes et des femmes auxquels il faut rendre l’espoir. »  « Haïti est désormais debout, prête à se reconstruire, prête pour un nouveau départ », a conclu le Président. 


M. PIERRE NKURUNZIZA, Président du Burundi, a estimé que le processus de consolidation de la paix dans son pays, accompagné par les Nations Unies, avait culminé avec l’organisation réussie des élections de 2010.  L’espace démocratique existe au Burundi.  C’est la première fois, s’est-il félicité, que des institutions démocratiquement élues terminent en paix et en action le mandat confié par le peuple, même si des actes d’insécurité subsistent en raison d’une réinsertion insuffisante d’ex-combattants et d’une paupérisation momentanée de la population, conséquence des aléas climatiques.  Il a estimé que l’esprit de dialogue dans le processus de consolidation avait aussi permis au Parlement burundais de mettre en place l’institution de l’ombudsman et la Commission nationale indépendante des droits de l’homme, pour laquelle il a demandé l’appui de la communauté internationale.


Le Burundi poursuit, par ailleurs, ses efforts pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement dans plusieurs secteurs clefs de la vie nationale, a-t-il souligné, citant la construction de 2 024 écoles, de 80 centres de santé et de plus de 2 000 bornes fontaines pour l’adduction en eau potable, en seulement trois ans.  Toutefois, le pays reste confronté à des incidents, dus essentiellement au banditisme armé, aux conflits armés et à l’existence de forces négatives dans certaines contrées de la région des Grands Lacs.  Le Président burundais s’est dit notamment consterné par la tragédie de Gatumba le 18 septembre dernier, où une quarantaine de personnes sont mortes lors d’une attaque contre un cabaret.  Le Burundi ne saurait rester sourd et aveugle vis-à-vis des préoccupations régionales et internationales, a poursuivi M. Nkurunziza, rappelant l’implication de son pays au sein de l’AMISOM, en Somalie.  Pour réussir le combat contre le terrorisme, la gouvernance mondiale doit être à la hauteur du défi, a-t-il déclaré.  À cet égard, la réforme du Conseil de sécurité ainsi que l’interaction permanente entre ce dernier et l’Assemblée générale sur toutes les questions d’intérêt mondial, deviennent une urgence, a-t-il estimé.  Il a enfin enjoint l’Assemblée à accélérer la recherche de l’équilibre entre le développement et la survie de la planète. 


M. EMANUEL MORI, Président des États fédérés de Micronésie, s’est réjoui de la déclaration du Conseil de sécurité, en juillet dernier, au sujet des changements climatiques et a rappelé qu’en tant que membre du Groupe des petits États insulaires en développement du Pacifique (PEIDP), la Micronésie est menacée par les conséquences des modifications du climat, notamment l’élévation du niveau de la mer qui hypothèque l’existence même du pays.  Remerciant le Secrétaire général des Nations Unies pour la visite effectuée dans la région Pacifique dans le cadre du quarantième anniversaire du Forum des Îles du Pacifique, le Président a dit espéré que M. Ban accordera une attention encore plus particulière à la question des changements climatiques, après cette première visite d’un Secrétaire général de l’Organisation dans un pays membre des PEIDP, 66 ans après la naissance de l’ONU.  M. Mori a suggéré que la communauté internationale agisse maintenant avant que des pays vulnérables comme le sien ne disparaissent.


Le Président de la Micronésie a fait mention d’épaves de navires qui ont coulé durant les conflits armés que le Pacifique a connus, il y a une soixantaine d’années.  Il a indiqué que ces épaves contiennent 32 millions de litres de pétrole qui pourraient se déverser dans la mer et créer une marée noire plus grave que celle que le golfe du Mexique a vécu l’année dernière.  Cette sombre perspective, a noté M. Mori, pourrait avoir des effets dévastateurs sur l’environnement, la chaîne alimentaire et les récifs environnants qui sont importants pour la vie de la faune marine.  « Pour éviter un désastre environnemental majeur, j’en appelle à la communauté internationale pour un soutien immédiat », a-t-il déclaré.  En rapport avec la Conférence Rio+20 qui se tient l’année prochaine au Brésil, il a relevé que la Micronésie et les autres membres du Groupe des PEIDP avait souhaité la reconnaissance de l’expression « économie bleue » en référence à ces petites îles qui vivent grâce aux produits de la mer.  Il a ensuite décrié la pêche illégale qui détruit les ressources dont la Micronésie a besoin, et a appelé, une fois de plus, les Nations Unies à reconnaître comme groupe spécifique les petits États insulaires en développement.  Le Président a en outre suivi la voie des États-Unis au sujet du conflit israélo-palestinien en appelant les deux parties à signer des accords de paix avant que la reconnaissance formelle de l’État palestinien ne se fasse aux Nations Unies.


M. IKILILOU DHOININE, Président de l’Union des Comores, a déclaré que la paix n’a jamais été aussi menacée dans le monde.  Elle l’est par les crises politiques, les maladies, les catastrophes naturelles, le chômage, la précarité et le sous-développement.  Par ailleurs, des foyers de tensions dans diverses régions du globe continuent à faire de nombreuses victimes, a-t-il ajouté, avant d’appeler la communauté internationale à renforcer son rôle dans la recherche d’une solution rapide à toutes ces crises.  « C’est en luttant ensemble et efficacement contre ces maux que nous parviendrons à préserver les populations et à assurer une meilleure rentabilité des ressources humaines, a-t-il déclaré.  De façon générale, a-t-il dit, il convient surtout d’agir ensemble et vite pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.


Comme petit État insulaire en développement, les Comores, a poursuivi son Président, accorde une attention particulière à la question des changements climatiques et de l’environnement.  Malgré cette menace, « nous nous employons à améliorer le quotidien de nos populations, mais nous avons également besoin de l’appui de la communauté internationale », a-t-il dit.  Il a également exhorté la communauté internationale à apporter plus d’assistance à son pays, confronté au terrorisme, à la piraterie et autres formes de la criminalité organisée, y compris les trafics des stupéfiants et d’armes légères.  Le Chef de l’État a ensuite évoqué la question de la crise à Madagascar, estimant que les efforts engagés par la Communauté des États d’Afrique australe (SADC), appellent le soutien multiforme de la communauté des États.  Faisant référence à la question de l’île comorienne de Mayotte, la départementalisation de cette île décidée unilatéralement par la France est pour les Comores, comme pour la communauté internationale, nulle et non avenue et ne pourrait être considérée comme un fait accompli, a-t-il soutenu.  « Je tiens à réitérer notre légitime détermination à continuer à revendiquer la réintégration de l’île comorienne de Mayotte dans son ensemble naturel », a dit le Président, précisant que ceci se ferait par la voie de la négociation avec la France.


M. ANOTE TONG, Président de Kiribati, a noté que la communauté internationale dans son ensemble continuait de faire face à de nombreux défis sur le plan politique et social, ainsi que dans le domaine de la stabilité économique.  Les catastrophes résultant des activités humaines sont aujourd’hui la cause d’énormes souffrances pour les populations de nombreuses régions du monde, a-t-il indiqué.  Des pays et des peuples font en outre face aux menaces que sont le terrorisme, les conflits armés et le trafic d’êtres humains.  « Notre organisation internationale est-elle outillée pour répondre à ces défis, ou alors n’est-il pas temps de revoir la structure et l’effectivité de la gouvernance mondiale? » s’est interrogé le Président.


M. Tong a regretté l’absence de progrès accomplis dans le cadre des négociations sur les changements climatiques « qui demeureront pour longtemps la malédiction de notre planète ».  Il s’est ainsi félicité de ce que le Secrétaire général ait constaté lui-même la réalité des conséquences des changements climatiques, au cours de sa récente visite dans son pays.  Faisant référence à la Conférence Rio+20, qui se tiendra au Brésil l’année prochaine, il a émis le vœu que la communauté internationale prenne des initiatives novatrices pour s’attaquer à cette question.  M. Tong a en outre expliqué que son pays voyait son combat pour le développement durable entravé par la hausse des prix des produits alimentaires et du pétrole.  C’est pourquoi, il a appelé à un appui de la communauté internationale, a-t-il dit en conséquence.  Le Président a par ailleurs plaidé pour la cessation de l’isolation de l’île de Taiwan sur la scène internationale et appelé à son inclusion dans la lutte contre les changements climatiques.  


M. ANDRY NIRINA RAJOELINA, Président de Madagascar, a déclaré qu’après trois ans de crise politique et trois ans d’absence, son pays était aujourd’hui fier de retrouver sa place dans le concert des Nations.  Les crises qui se sont succédées à travers le monde, et tout récemment dans le Nord de l’Afrique, démontrent l’importance et l’actualité du rôle de la médiation dans le règlement des différends par des moyens pacifiques, a-t-il estimé, soulignant que son pays avait lui-même traversé une étape décisive, et que grâce au concours de la médiation internationale, les Malgaches ont pu trouver entre eux un consensus porteur d’espoir.  Toute médiation devrait recueillir les informations à leurs sources et constater, de visu, les réalités prévalant sur le terrain du conflit, avant de proposer une solution qui serait durable et acceptable par tous, a-t-il insisté.


M. Rajoelina a observé que l’histoire avait montré que des actes démesurés d’un dirigeant utilisant la force engendraient des conséquences graves qui pouvaient aboutir au chaos.  À Madagascar, le peuple s’est soulevé avec détermination pour rompre avec un passé caractérisé par une mauvaise gouvernance, le non-respect des principes démocratiques, des droits de l’homme et de l’état de droit, entraînant une paupérisation généralisée, une misère sociale insoutenable au quotidien et une frustration grandissante ressentie par une majorité, a-t-il assuré.


Saluant les efforts inlassables de l’équipe de médiation de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), des Nations Unies, de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et de la Commission de l’océan indien, il a salué la patience et le courage du peuple malgache dans la résolution pacifique de la crise politique.  La grande famille politique malgache est désormais résolue à aller de l’avant, a-t-il déclaré, comme le prouve la feuille de route de sortie de crise signée par la grande majorité des parties prenantes malgaches le 17 septembre dernier. 


Toutefois, les efforts à entreprendre et qui suivent restent nombreux, a reconnu le Président malgache, lançant un appel solennel à la communauté internationale pour qu’elle apporte sa contribution individuelle et groupée à la reconstruction et au développement.  Pour sa part, M. Rajoelina a assuré qu’il ne ménagerait aucun effort et a souhaité qu’un calendrier électoral puisse être fixé dans les meilleurs délais possibles après évaluation des besoins électoraux de Madagascar par les Nations Unies.


M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre de Fidji, a indiqué que son pays avait ouvert cette année des ambassades en Afrique du Sud et en Indonésie et le fera prochainement au Brésil.  En mai dernier, Fidji est devenu membre du Mouvement des non alignés.  Aux Nations Unies, le pays est un membre actif du groupe Asie-Pacifique, aux côtés des autres petits États insulaires en développement de la région.  Guidé par la Charte du peuple pour le changement, la paix et le progrès, Fidji développe ainsi ses relations bilatérales et multilatérales.


Le Premier Ministre a rappelé que Fidji contribuait aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies depuis 1978.  Des Casques bleus fidjiens sont actuellement stationnés en Iraq, au Soudan du Sud, à Abyei, au Darfour, au Libéria et au Timor-Leste.  Par ailleurs, en tant que membre du Comité de la décolonisation, Fidji a l’intention de suivre les progrès concernant l’Accord de Nouméa et la Nouvelle Calédonie.  M. Bainimarama a préconisé une collaboration plus étroite entre le Secrétariat de l’ONU et le Groupe mélanésiens Fers de lance.


Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) continuent d’inspirer les efforts de développement de Fidji, a poursuivi le Premier Ministre.  En vertu de la feuille de route pour la démocratie et le développement socioéconomique durable, le pays donne la priorité à l’expansion de l’électrification des zones rurales, à l’accès à l’eau, et au développement des routes.


Un large pourcentage de la population de Fidji risquant de contracter des maladies non transmissibles, dites « maladies des modes de vie », M. Bainimarama s’est félicité de la tenue de la Réunion de haut niveau sur ce sujet.  Fidji a été le premier pays à signer et ratifier la Convention-cadre sur le contrôle du tabac.  Il est également l’un des premiers pays à piloter le programme de réduction du sel.


Fidji est particulièrement vulnérable aux changements climatiques et le Premier Ministre a espéré que la prochaine réunion de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à Durban produira des résultats positifs.  Le caractère urgent de la situation et le risque réel posé par l’augmentation du niveau des mers a poussé les petits États insulaires en développement à attirer l’attention du Conseil de sécurité sur les implications sécuritaires des changements climatiques.


En tant que premier signataire de la Convention sur le droit de la mer, Fidji maintient ses obligations océaniques au cœur de sa politique étrangère, a expliqué M. Bainimarama.  Compte-tenu de l’intérêt accru pour l’exploitation minière des fonds marins, il est impératif que l’Autorité internationale des fonds marins reste vigilante pour sauvegarder l’intégrité environnementale des fonds marins du monde.  L’océan Pacifique est au cœur des moyens d’existence de Fidji, de sa sécurité alimentaire et de son économie.


Mme CISSÉ MARIAM KAIDAMA SIDIBÉ, Premier Ministre du Mali, s’est dite convaincue que la prévention des conflits et leur résolution par la médiation constituaient un gage de paix et de sécurité.  En Afrique, si des progrès remarquables ont été accomplis au Libéria, en Sierra Leone, en Guinée-Bissau, en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs, il n’en demeure pas moins que la situation dans la corne de l’Afrique et de l’Afrique du Nord, notamment en Libye, continue d’être une source de préoccupation majeure.  Les conflits fratricides qui s’y déroulent ont causé d’énormes pertes en vies humaines et des destructions massives d’infrastructures socioéconomiques, hypothéquant ainsi les efforts de développement de ces pays.


Le Premier Ministre malien a évoqué les défis sécuritaires dans la bande sahélo-saharienne que le Mali partage avec plusieurs pays frères.  La sous-région est confrontée à la prolifération d’armes légères et de petit calibre (ALPC), aux trafics de drogues et d’êtres humains alimentés par des réseaux de la criminalité organisée en collision avec des groupes terroristes.  Le pays réaffirme son soutien à toutes les initiatives des États de la sous-région visant à mieux coordonner et harmoniser les efforts pour relever les défis communs.


Mme Sidibé a annoncé que l’année 2012 sera une année importante pour le Mali.  Le Président, qui n’est pas candidat à sa propre succession, a procédé à une révision de la Constitution de 1992, à l’issue de consultations nationales, afin de consolider la démocratie, la bonne gouvernance et l’État de droit.  C’est pourquoi elle a invité la communauté internationale, ainsi que les partenaires du développement, à appuyer le processus électoral en cours et à accompagner les efforts visant à relever le défi de l’organisation du référendum constitutionnel et des élections libres, transparentes et démocratiques.  Confronté au phénomène de la désertification et aux aléas pluviométriques, le Mali considère les changements climatiques comme l’un des défis majeurs qui affectent la survie et le développement de l’humanité.  Le Premier Ministre a réaffirmé l’engagement de son pays à intensifier les actions qu’il mène dans le cadre de la préservation des sols, des forêts et de la faune.  Elle a ajouté que la crise financière mondiale ne devait pas devenir un prétexte pour réduire l’aide publique au développement.


M. SIBUSISO BARNABAS DLAMINI, Premier Ministre du Swaziland, a déclaré que la recherche de la paix et de la sécurité était essentielle pour un avenir de coexistence commune.  Les efforts internationaux pour atténuer les conflits internes doivent toutefois comprendre les sensibilités propres à chaque situation.  « Il n’y a pas de taille unique dans la recherche de la paix, car chaque époque et chaque cas sont uniques », a insisté le Premier Ministre.  M. Dlamini a félicité le Soudan du Sud pour son accession à l’indépendance et réaffirmé son attachement au concept d’une « solution africaine à un problème africain ».  Il s’est ensuite réjoui de la formation d’un gouvernement non exclusif en Jamahiriya arabe libyenne.  Le monde a besoin d’une Libye unifiée et stable qui reprendra sa place dans les relations internationales, a-t-il dit.  Évoquant la guerre en Somalie, à laquelle s’ajoute une famine redoutable, le Premier Ministre du Swaziland a estimé que la Somalie pourrait mieux gérer cette dernière catastrophe humanitaire si la communauté internationale collaborait à une solution politique durable.  « Malheureusement, le monde semble avoir oublié la Somalie », a-t-il déploré.  Si la lutte contre la piraterie a été appuyée, il n’en a pas été de même pour développer une approche globale.  « Les interventions ne doivent pas avoir lieu seulement quand certains intérêts sont menacés », a-t-il fait remarquer.


Le Swaziland se joint au reste du monde pour condamner le terrorisme et les menaces à la paix et à la sécurité internationales.  La promotion et la protection des droits de l’homme sont un objectif commun à tous les pays, a ajouté M. Dlamini.  En tant que pays en développement, le Swaziland estime qu’il faut accorder une plus grande importance au développement, « pour que chacun puisse jouir des avantages de la mondialisation ».  Les droits économiques et sociaux, comme le droit à l’alimentation et le droit à la santé, sont essentiels.  En outre, a rappelé le Premier Ministre, le Swaziland a voté pour la résolution portant création du Conseil des droits de l’homme et fait partie du consensus sur l’examen du Conseil.  Le Swaziland figure sur la liste des pays dont la situation des droits de l’homme sera examinée lors de la prochaine session du Groupe de travail sur le Mécanisme d’examen périodique universel à Genève, en octobre 2011.


M. TILLMAN THOMAS, Premier Ministre de la Grenade, a mis l’accent sur la nécessité d’œuvrer de manière désintéressée à préserver la planète pour le bien des générations futures.  Un moyen sûr d’y arriver est d’éviter toute confrontation nucléaire, a-t-il souligné, saluant tous les États qui ont consacré beaucoup de temps et d’efforts dans la non-prolifération.  Le Premier Ministre a également affirmé que son pays subissait lourdement les effets de la crise économique, la population étant notamment confrontée aux prix élevés des produits alimentaires et du carburant, tandis que les revenus nationaux baissent et que la dette continue de s’accroître.  M. Thomas a en outre estimé que les efforts de la Grenade en vue de réaliser le développement durable pouvaient être appuyés à la fois par la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en décembre 2011 à Durban, en Afrique du Sud (COP 17), et la Conférence « Rio+20 » sur l’environnement en juin 2012.  Le Chef du Gouvernement de la Grenade a appelé toutes les parties à négocier sérieusement et à remplir les engagements pris au cours des deux Conférences.  Il s’est dit convaincu que la question d’une réponse mondiale appropriée aux changements climatiques devait rester une priorité de l’agenda mondial.


Par ailleurs, M. Thomas a souligné l’importance d’une réforme des Nations Unies, en particulier du Conseil de sécurité, afin de le rendre plus représentatif et inclusif, faute de quoi, a-t-il ajouté, cet organe perdrait de la légitimité politique dont il a besoin pour maintenir et renforcer son leadership dans le monde et pour prendre les meilleures décisions.  Il a également plaidé en faveur d’un renforcement des relations entre les Nations Unies et la Communauté des Caraïbes (CARICOM) au profit des habitants de la région. 


Enfin, le Premier Ministre a appelé les États Membres qui se sont engagés à aider Haïti à tenir leurs promesses et à soutenir les efforts du peuple haïtien, puis il a exhorté les États-Unis à lever complètement l’embargo économique imposé au peuple de Cuba.


M. KAY RALA XANANA GUSMÂO, Premier Ministre du Timor-Leste, a annoncé que son pays s’était engagé sur la voie de la stabilité.  De ce fait, a-t-il dit, la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste devrait prendre fin l’année prochaine.  Il a relevé que son gouvernement s’était engagé à mettre fin au cycle de violence qui sévit dans le pays depuis l’an 2000, et avait mis en place des politiques orientées vers le développement du Timor-Leste.  Dans ce contexte, les principes de bonne gouvernance ont été introduits dans l’administration du Timor-Leste à travers des mesures comme la création d’une Commission anti-corruption, d’une Cour des comptes ou la diffusion quotidienne d’informations sur la gestion du budget du pays sur un site Internet interactif accessible au public. 


Le Premier Ministre s’est réjoui que ces mesures de transparence aient conduit le pays à une embellie financière comme le démontre les 8,9 milliards de dollars consécutifs à l’exploitation pétrolière dans le pays.  Il a ajouté que son pays connaissait une croissance économique à deux chiffres.  Dans ce contexte, le Timor-Leste qui vit dans la stabilité aujourd’hui, a-t-il relevé, a mis sur pied un plan de développement stratégique qui lui permettrait de passer de la catégorie des pays à moindre revenu à celle de pays à revenu intermédiaire à l’horizon 2030.  Pour le moment, a-t-il souligné, le pays appartient à la catégorie des 50 États les moins avancés et est considéré comme un État fragile en vertu de certains indicateurs institutionnels, politiques, économiques et sociaux.


Le Premier Ministre a indiqué que l’année 2012 apparaissait comme une année charnière pour le Timor-Leste avec de grands rendez-vous programmés: l’organisation d’élections présidentielle et législatives, le dixième anniversaire de la restauration de l’indépendance du pays, la commémoration du centenaire de la révolte de Manufahi et le cinq-centième anniversaire de l’arrivée des Portugais dans le pays.  Il en a profité pour remercier le Portugal pour les bonnes relations de coopération entretenues avec le Timor-Leste. 


Dans la même perspective de coopération, il a indiqué la volonté de son pays à rejoindre l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), ainsi que sa volonté de renforcer la coopération avec d’autres partenaires internationaux.  Regrettant les nombreuses divisions visibles à travers le monde, le Premier Ministre a affirmé que la communauté internationale avait besoin d’un nouvel ordre mondial politique et économique, un ordre dans lequel les conflits et la discorde seraient remplacés par le dialogue, dans lequel la démocratie serait utilisée pour donner la parole aux faibles, et un ordre dans lequel l’aide au développement et la solidarité seraient utilisées pour atténuer la souffrance des populations. 


M. Gusmâo a souhaité que les populations du Sahara occidental et de la Palestine puissent trouver des moyens de résoudre leurs conflits qui sont les plus vieux du monde. 


M. STAVROS LAMBRINIDIS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a d’emblée affirmé que l’ONU va dans le sens où les États Membres la guide.  « Nous sommes la force qui la pousse vers ses réalisations, nous sommes la raison qui justifie ses échecs, et quand nous sommes d’accord sur un sujet, l’humanité devient plus forte », a-t-il indiqué.  Il a ensuite évoqué des enjeux majeurs de la coopération internationale, comme les changements climatiques, la désertification, les maladies non transmissibles qui freinent les efforts de développement, et les migrations illégales qui créent des problèmes à de nombreux pays tels que la Grèce.  Soulignant que les Nations Unies et le Conseil des droits de l’homme ont apporté une contribution louable au sujet des droits de l’homme, il a déclaré que la Grèce est candidate pour siéger au sein du Conseil des droits de l’homme l’année prochaine, et en a appelé au soutien des États Membres.  Le Ministre a souligné que son pays a lancé, il y a deux ans, l’« Agenda 2014 » qui a pour but d’appuyer les aspirations des pays voisins à entrer dans l’Union européenne.


M. Lambrinidis a ensuite parlé de la consolidation de la paix dans les Balkans, en estimant que le Kosovo apparaissait comme un obstacle du fait de tensions qui ont été visibles dans la région au cours des derniers mois.  Il a aussi regretté que le nom de l’ex-République yougoslave de Macédoine soit un objet de litige.  Selon ses explications, ce nom renvoi à un ensemble géographique qui va bien au-delà des frontières de cet État.  Il a ainsi regretté une tentative de modification d’une réalité historique et géographique différente.  Au sujet du printemps arabe, le Ministre a souligné que son pays a participé à des évacuations de milliers de personnes dans les pays touchés et a mis en place des structures d’accueil en Crête pour permettre de gérer la situation humanitaire en Libye.  Concernant la question palestinienne, il a affirmé que la Palestine a le droit d’exister comme État indépendant au même titre qu’Israël.  Souhaitant que les actions de déstabilisation menées par la Turquie à Chypre cessent, il a réaffirmé la volonté de la Grèce à trouver une solution pacifique et diplomatique au problème de délimitation de la frontière commune partagée avec la Turquie.  Il a également soutenu les pourparlers de paix menés sous les bons offices des Nations Unies afin de permettre une réunification de Chypre.  Évoquant la situation économique de la Grèce, M. Lambrinidis a indiqué que son gouvernement investit dans les domaines tels que l’énergie verte, le tourisme, l’agriculture et les infrastructures de haute technologie afin de renouer avec la croissance. 


M. NICKOLAY MLADENOV, Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, est revenu sur des thématiques abordées au cours des débats de ces derniers jours au Siège des Nations Unies.  Il a notamment évoqué les maladies non transmissibles qui, a-t-il révélé, sont les plus grandes causes de décès en Bulgarie.  Il est également revenu sur la sécurité nucléaire en rappelant que des accidents nucléaires ont des effets transfrontaliers, et de ce fait, un consensus international doit être trouvé afin d’assurer la sécurité des populations.  Il a aussi prôné le désarmement nucléaire et a invité l’Iran à coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Au sujet du « printemps arabe », le Ministre a salué les réformes que les Rois du Maroc et de Jordanie ont mises en œuvre et a regretté les massacres de populations qui ont cours en Syrie.  Il a ainsi appelé le Président de la Syrie à mettre fin à ces violences contre son peuple.  M. Mladenov a souhaité la bienvenue au Soudan du Sud dans le concert des Membres des Nations Unies, ainsi que les nouveaux représentants du peuple libyen.  Il a rappelé les exactions de l’ancien dirigeant libyen, notamment l’affaire des infirmières bulgares qui ont passé huit années en prison en Libye avant d’être libérées.  Au sujet de la coopération en Europe, le Ministre a fait remarquer que l’Union européenne avait été mise en place pour barrer la route aux conflits et a indiqué que l’Europe ne pourrait être complète sans l’intégration des pays des Balkans dans l’Union européenne.  « Afin que la guerre prenne fin dans la région des Balkans, a-t-il souligné, tous les pays qui sont nés de l’ex-Yougoslavie doivent faire partie de l’Union européenne. » 


Mon pays, a-t-il noté, est le produit de traditions chrétienne, juive et musulmane, c’est pour cette raison que nous ne pouvons rester indifférents à la situation du Moyen-Orient.  Il a rappelé que l’État d’Israël a vu le jour au sein des Nations Unies en 1947, et il a ajouté que le peuple palestinien a droit à son propre État dans les frontières de 1967.  « Je ne peux rester indifférent quand le droit d’exister n’est pas reconnu, a-t-il dit, car le refus de ce droit signifierait ne pas respecter les valeurs de notre civilisation. »  Soutenant que Palestiniens et Israéliens doivent renouer avec le dialogue, le Ministre a indiqué que la Bulgarie avait reconnu la Palestine depuis 1988 et avait maintenu de bonnes relations avec les deux parties.  Passant à la question de la réforme des Nations Unies, le Ministre a souhaité l’augmentation du nombre de membres non permanents au sein du Conseil de sécurité originaires d’Europe de l’Est car, a-t-il précisé, le nombre des pays de cette région a pratiquement doublé en deux décennies.  Il a en outre invité les Nations Unies à plus de transparence et de rigueur dans la gestion.  Le Ministre a souhaité que la communauté internationale soit plus engagée dans la voie du développement durable, et a rappelé que le monde fait face à de nombreux défis qui vont influencer l’avenir.  « Nous devons trouver des solutions à ces défis de manière synergique », a-t-il conclu.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité souligne l’importance de la diplomatie préventive, thème principal du débat général de la soixante-sixième session de l’Assemblée

CS/10392

Le Conseil de sécurité souligne l’importance de la diplomatie préventive, thème principal du débat général de la soixante-sixième session de l’Assemblée

22/09/2011
Conseil de sécuritéCS/10392
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

6621e séance – après-midi                                  


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ SOULIGNE L’IMPORTANCE DE LA DIPLOMATIE PRÉVENTIVE, THÈME PRINCIPAL DU DÉBAT GÉNÉRAL DE LA SOIXANTE-SIXIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE


« Prévenir le déclenchement, l’escalade et la reprise des conflits est un impératif politique, humanitaire et moral absolu, qui présente également des avantages économiques. »  Ces termes résument l’esprit de la Déclaration présidentielle adoptée, cet après-midi, par le Conseil de sécurité, réuni à l’initiative du Président du Liban pour un débat de haut niveau sur les mérites de la diplomatie préventive.


Aux côtés du Président Michel Sleiman, dont le pays assume la présidence du Conseil pour le mois de septembre, et du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, des chefs d’État et de gouvernement, ainsi que des ministres des affaires étrangères et Représentants permanents auprès des Nations Unies, occupaient les sièges de leurs États, membres du Conseil de sécurité, l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Tous ces officiels de haut rang sont à New York pour prendre part au débat général de l’Assemblée générale, dont le thème principal est précisément cette année la médiation préventive.  Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon a également annoncé qu’il comptait faire de cette question la priorité de son second mandat à la tête de l’Organisation.


Le texte de la Déclaration présidentielle adoptée cet après-midi vient en réponse à un rapport* du Secrétaire général, rapport dont était saisi le Conseil.  Dédié au défunt Secrétaire général Dag Hammarskjöld, qui fut le premier à élaborer le concept de diplomatie préventive et à en préciser la place et le rôle dans le système des Nations Unies, le document recommande notamment d’« investir dans les diplomates de la prévention », ces envoyés et médiateurs hautement qualifiés pouvant être déployés rapidement sur des lieux où règnent des situations préoccupantes.


Dans le contexte de sa Déclaration présidentielle, le Conseil loue les efforts entrepris par le Secrétaire général en usant de ses bons offices et en dépêchant « représentants, envoyés spéciaux et médiateurs » afin de faciliter des règlements durables et globaux.  Le Secrétaire général est encouragé à user de tout l’éventail des outils diplomatiques et modalités mis à sa disposition par la Charte en vue de renforcer la médiation et ses activités d’appui.


La Déclaration rappelle que toute stratégie globale de prévention des conflits doit comprendre des éléments « d’alerte rapide, de déploiement préventif, de médiation, de maintien de la paix, de désarmement concret et de responsabilité, ainsi que des actions de consolidation de la paix au lendemain de tout conflit ».


Les membres du Conseil de sécurité y reconnaissent aussi que toute stratégie de prévention des conflits doit appréhender les causes profondes des conflits armés et des crises politiques et sociales dans leur globalité, notamment en favorisant le développement durable, l’élimination de la pauvreté, la réconciliation nationale, la bonne gouvernance, la démocratie, l’égalité des sexes, l’élimination de l’impunité, l’état de droit et le respect ainsi que la protection des droits de l’homme.


Au cours du débat, plusieurs intervenants, dont le Président de la Colombie, M. Juan Manuel Santos Calderón, et le Ministre des affaires étrangères de l’Inde, M. S. M. Krishna, ont repris à leur compte le passage de la Déclaration présidentielle qui invoque le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies et « encourage le règlement pacifique des différends locaux au moyen d’arrangements régionaux ».


Plusieurs membres du Conseil ont salué la contribution importante à la diplomatie préventive, d’organisations régionales et sous-régionales telles que l’Association des pays de l'Asie de Sud-Est (ANASE), l’Union africaine, l’Union européenne, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ou encore la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).


Certains se sont prévalus d’efforts de médiation réussis, le Président de la Colombie, expliquant par exemple qu’avec le concours du Venezuela, son pays avait facilité le retour du Honduras au sein de l’Organisation des États américains (OEA), suite à la crise institutionnelle de 2009.  De son côté, le Ministre des affaires étrangères de la France a attiré l’attention des membres du Conseil sur la « dimension environnementale des crises ».  Il a précisé que, selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), 40% des conflits de ces 60 dernières années trouvent leur origine dans des questions liées au contrôle de ressources naturelles.


« En l’absence d’une instance multilatérale forte, les tensions qui vont voir le jour à l’avenir autour de ces questions risquent d’être résolues bilatéralement, au détriment des plus faibles, et selon une logique de rapports de forces », a prévenu M. Alain Juppé, qui a estimé que les Nations Unies manquaient d’une instance multilatérale pertinente en ce domaine.  Il a donc proposé de réformer à cet égard la « gouvernance internationale de l’environnement » à l’occasion de la tenue de la Conférence Rio+20.


De son côté, la représentante des États-Unis, Mme Susan Rice, a précisé que dans les pays sortis d’un conflit, et où le revenu médian par habitant atteint 5 000 dollars par an -revenu considéré comme intermédiaire- le risque pour ces pays de rechuter dans un conflit était extrêmement faible.  Plusieurs intervenants, dont le Ministre des affaires étrangères du Brésil, M. Antonio De Aguiar Patriota, ont conclu que le développement, plus que des « mesures de coercition imposées à la hâte », restait « la meilleure des préventions » s’agissant des tensions et des menaces de conflit internes ou régionaux.


* S/2011/552


MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES- PRÉVENTION DES CONFLITS


Lettre datée du 12 septembre 2011, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Liban auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2011/570)


Les fruits de la diplomatie préventive: rapport du Secrétaire général (S/2011/552)


Dédié à la mémoire de l’ancien Secrétaire général Dag Hammarskjöld, à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort en 1961, le présent rapport examine les possibilités qui s’offrent actuellement à l’Organisation des Nations Unies et à ses partenaires, ainsi que les problèmes qu’ils rencontrent, lorsqu’ils ont recours à la diplomatie préventive, alors qu’évoluent le paysage politique et le climat mondial de la sécurité.


Mettant spécifiquement l’accent sur l’action diplomatique adoptée pour prévenir ou atténuer la multiplication des conflits armés, le Secrétaire général décrit dans ce rapport les avantages de la diplomatie préventive pour promouvoir la paix, quel que soit le type de conflit et en tant qu’élément de stratégies plus larges de consolidation de la paix que pilotent les pays eux-mêmes.  M. Ban décrit comment des mesures de diplomatie préventive ont fait toute la différence sur le terrain dans de multiples contextes.  Il examine les risques et les obstacles qui continuent de s’opposer aux efforts de prévention et dégage des éléments essentiels qui, suivant l’expérience de l’ONU et de ses partenaires, se sont révélés indispensables pour assurer au maximum le succès des efforts entrepris: l’alerte rapide, la souplesse, le partenariat, la viabilité, l’évaluation et les ressources.


Dans des conclusions visant à renforcer les capacités internationales de diplomatie préventive au cours des cinq années à venir, le Secrétaire général préconise de partir des améliorations réalisées à l’ONU et dans diverses organisations régionales et sous-régionales en ce qui concerne l’élaboration de mécanismes d’alerte précoce.  L’instauration de dialogues réguliers et informels dans ce domaine entre l’ONU et les partenaires régionaux et autres permettrait de mettre en commun l’information et aiderait à anticiper ces « points de basculement » où les acteurs clefs peuvent décider d’opter pour la violence.


Toutefois, l’alerte précoce n’est utile que si elle débouche sur l’action précoce, prévient M. Ban Ki-moon, pour qui il faut envisager un large éventail d’options face à une menace qui se dessine, y compris des mesures apparemment limitées, telles que les déclarations par lesquelles plusieurs acteurs expriment collectivement leur préoccupation ou les missions d’établissement des faits, qui peuvent avoir rapidement des répercussions sur les calculs des parties sur le terrain.


Il faut aussi continuer de s’employer à investir dans les « diplomates de la prévention », ces envoyés et médiateurs hautement qualifiés pouvant être déployés rapidement vers des situations préoccupantes, propose également le Secrétaire général.  Une fois déployés, ces envoyés doivent pouvoir compter aisément et rapidement sur des compétences thématiques de pointe telles que les services, qui sont très demandés, de l’Équipe de réserves d’experts en médiation.  À plus long terme, estime le Secrétaire général, il est indispensable d’investir dans la formation des agents qui apporteront un appui aux envoyés et médiateurs de haut rang avant d’accéder éventuellement eux-mêmes à ces fonctions.


La diplomatie préventive a besoin d’un investissement financier suffisant pour produire des résultats, souligne M. Ban, qui exhorte les États Membres à apporter un appui financier prévisible en temps voulu.  Par ailleurs, pour réaliser tout le potentiel de l’ONU dans le domaine de la diplomatie préventive, nous devons renforcer ses relations avec les organisations régionales et sous-régionales, les États Membres et la société civile, souligne M. Ban Ki-moon.  « Il y a place pour un dialogue plus stratégique sur des questions potentiellement préoccupantes, ainsi que pour un échange de vues et d’informations plus régulier au niveau opérationnel », estime-t-il.  Dans ce contexte, le Conseil de sécurité voudra peut-être, partant des efforts déployés récemment, instaurer des liens plus forts avec les organisations régionales, espère le Secrétaire général.


Il nous faut aussi reconnaître que les actions internationales de diplomatie préventive ne peuvent éviter la violence que sur le court terme, a relevé M. Ban.  « En dernière analyse, seuls les mécanismes et institutions nationaux peuvent durablement prévenir les conflits violents sur le long terme », a-t-il noté.  Aussi suggère-t-il de continuer à privilégier le soutien aux capacités nationales de médiation, de facilitation et de dialogue, et d’aider à établir des systèmes nationaux de prévention des conflits.  Il est également recommandé d’améliorer la manière dont on peut travailler avec la société civile, avec les femmes et les jeunes en particulier, qui peuvent être des agents essentiels d’un changement pacifique, assure le Secrétaire général en conclusion.


Déclarations


M. MICHEL SLEIMAN, Président du Liban, a indiqué que le coût de l’investissement dans la diplomatie préventive était largement préférable à celui d’une intervention militaire ou d’une opération de maintien de la paix.  Convaincu que les guerres et les conflits ne sont pas une fatalité, il a affirmé qu’il était toujours possible d’influer en amont sur le cours des évènements de manière à empêcher le pire.  À cette fin, il est indispensable pour les gouvernements de renforcer leurs capacités en la matière et de mettre en place des structures appropriées, a expliqué M. Sleiman.  Illustrant son propos, le Président du Liban a précisé que son propre pays avait, suite à l’adoption du Document d’entente nationale en date de 1991, établi des congrès et des comités de dialogue afin de soutenir le processus de pacification et la stabilité nationale.  Les ressources de médiation ne peuvent pas toutefois se limiter aux seules forces gouvernementales, mais doivent aussi tenir compte de la contribution de la société civile, a souligné le Président.  Au niveau régional, il a rappelé la pertinence de l’Initiative de paix arabe pour régler le conflit israélo-arabe. 


Les opérations de maintien de la paix peuvent être l’un des outils de diplomatie préventive, a par ailleurs jugé le Président du Liban.  En effet, a-t-il dit, bien que se déroulant après l’éclatement d’un conflit, elles revêtent une grande importance pour le contenir et l’empêcher de s’étendre.  « C’est ce que nous a appris notre propre expérience avec la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) qui, depuis 1978, aide le pays à étendre sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire et œuvre à transformer le Sud-Liban en une zone de sécurité et de paix », a noté M. Sleiman.  De même, a-t-il dit, l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1701 (2006), que le Liban s’est engagé à respecter, fut une mesure nécessaire pour mettre fin à la guerre destructrice qu’Israël a menée contre le Liban en 2006.  Le fait est que le conflit entre nos deux pays ne se serait pas dégradé depuis le 19 mars 1978, date de l’adoption de la résolution 425, « et la Résistance n’aurait pas eu à s’organiser et à affronter l’occupation israélienne », si la communauté internationale avait imposé à Israël la mise à exécution de cette résolution qui l’avait invité clairement à retirer immédiatement ses forces armées de tous les territoires du Liban, a noté le Président libanais.


Pour M. Sleiman, la diplomatie préventive suppose aussi de se pencher sur la cause profonde des conflits, de réaliser la justice économique et sociale, et de rendre le système économique mondial plus juste et plus transparent et moins fondé sur la spéculation.  Affirmant, en conclusion, que le dialogue et la communication avec l’autre étaient les armes les plus efficaces pour promouvoir la paix et la sécurité, M. Sleiman a encouragé la communauté internationale à unir ses efforts afin de parvenir à un monde où règnent les valeurs d’égalité, de justice et de respect de l’autre.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, s’est dit persuadé de la nécessité d’atteindre un niveau sans précédent dans la capacité des Nations Unies d’agir de manière précoce et préventive contre les menaces émergentes.  « Après avoir renforcé nos missions de maintien de la paix et les efforts de nos envoyés spéciaux et de leurs équipes, nous devons aujourd’hui fixer les priorités d’une action rapide », a insisté le Secrétaire général en regrettant que la communauté internationale se trouve trop souvent empêtrée dans la gestion de crises délicates qui auraient pu être anticipées et évitées.  « De l’Afghanistan au Moyen-Orient, de l’Afrique de l’Ouest au Soudan et à la Somalie, nos missions mettent en œuvre la diplomatie préventive tous les jours », a souligné le Secrétaire général tout en notant que les Nations Unies et leurs États Membres constataient cependant encore trop souvent les conséquences de leur incapacité à empêcher les conflits. 


Ban Ki-moon a estimé qu’il revenait à tous, États Membres, organisations régionales et Nations Unies, d’agir vite et de manière décisive.  Il a indiqué que le Conseil de sécurité pouvait faire beaucoup pour traiter des menaces émergentes avant qu’elles n’éclatent en conflits armés.  « Nous devons mieux équiper et investir dans les femmes et les hommes qui conduisent les efforts de diplomatie préventive sur le terrain », a-t-il ajouté.  Alors que la prévention est l’investissement le plus judicieux que nous puissions faire, nous avons néanmoins toujours besoin d’investissements conséquents afin d’obtenir des résultats, a ensuite estimé le Secrétaire général.  En même temps, a-t-il insisté, il nous faut maximiser l’impact des ressources dont nous disposons déjà. 


Le Secrétaire général a aussi dit la nécessité pour l’ONU et le Conseil de sécurité de renforcer les partenariats stratégiques avec les organisations régionales et sous-régionales.  En situation de crise, a dit M. Ban Ki-moon, nous devons être capables de décider vite de « qui peut faire quoi pour aider ».  Si la diplomatie préventive amène parfois la communauté internationale à parler d’une seule voix, le Conseil de sécurité a un rôle clef à jouer à cet égard, a souligné M. Ban.  Le Secrétaire général a aussi mis l’accent sur la nécessité de soutenir les institutions et mécanismes nationaux de médiation et de dialogue.  Il a jugé tout aussi essentiel d’inclure les organisations de la société civile dans les efforts de diplomatie préventive en soulignant le rôle que peuvent jouer les femmes et les jeunes pour prendre en charge les changements pacifiques.  Il a insisté que la diplomatie préventive, qui est une nécessité, sera une des priorités fondamentales de son deuxième mandat à la tête de l’ONU.   


M. JUAN MANUEL SANTOS CALDERÓN, Président de la Colombie, a rappelé que les avantages de la médiation et des bons offices pour prévenir un conflit étaient évidents si l’on regarde les précédents historiques.  Ainsi, il a cité la médiation réussie menée par son pays et le Venezuela en vue d’assurer le retour du Honduras au sein de l’Organisation des États américains (OEA) et contribuer à résoudre la crise institutionnelle qui a secoué cet État en 2009.  Dans un contexte où ce type de processus peut s’avérer très utile, les organisations internationales, régionales et sous-régionales devraient l’encourager et le promouvoir, a poursuivi le Président colombien.  Il a déclaré qu’il partageait les conclusions du Secrétaire général pour qui la médiation a finalement suscité peu d’attention au sein du système des Nations Unies en dépit d’une efficacité prouvée.  Soulignant à son tour qu’il valait mieux prévenir que guérir, le Président de la Colombie a vanté les mérites des organisations régionales et du rôle qu’elles peuvent jouer sous l’égide du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Idéalement, a ajouté M. Santos, il ne faudrait jamais avoir à recourir au Chapitre VII et à faire usage de la force.  La Charte fournit par ailleurs tous les outils nécessaires, tels que les négociations directes, les bons offices, la médiation, l’établissement des faits, la conciliation, l’arbitrage et le règlement judiciaire, pour permettre aux parties concernées de mettre fin à leur différend par des moyens pacifiques, a relevé M. Santos.


M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud, a, dans sa déclaration, mis l’accent sur l’importance de l’article 33 de la Charte des Nations Unies qui précise que les parties à tout différend doivent en rechercher la solution, avant tout, par voie de négociation.  Il a rappelé que le Sommet mondial de 2005 a été l’occasion pour les États Membres de s’engager à édifier une « culture de la prévention » en renforçant à cet effet la capacité de l’Organisation en la matière et en prenant « des mesures collectives efficaces pour la prévention et l’élimination des menaces pour la paix ».  M. Zuma a dit que la nécessité de la diplomatie préventive a été réaffirmée à de nombreuses reprises par le Conseil de sécurité.  Il est avéré que les initiatives de diplomatie préventive sont plus rentables que le déploiement de Casques bleus une fois qu’un conflit a éclaté, a-t-il dit. 


Le Président Zuma a estimé que pour que la diplomatie préventive soit un outil efficace, elle requiert une mobilisation durable des ressources.  Il a souligné les efforts déployés à cet égard par les organisations régionales.  Il a insisté que depuis sa création en 2002, l’Union africaine a mis en place et consolidé une architecture complète en matière de paix et de sécurité qui se fonde sur le fait que la diplomatie préventive, et la reconstruction et le développement à la sortie d’un conflit, constituent la pierre angulaire de l’éradication des conflits.  Il a jugé indispensable que les efforts déployés par l’Union africaine et les organisations sous-régionales africaines œuvrant dans le sens de la diplomatie préventive soient respectés et appuyés par la communauté internationale et l’ONU.  À cet égard, M. Zuma a regretté que les efforts de l’Union africaine visant à privilégier une solution pacifique plutôt que militaire en Libye n’aient pas été respectés.  Dans l’intérêt du succès de la diplomatie préventive, M. Zuma a, par ailleurs, jugé essentielle une interaction plus cohérente des différents organismes des Nations Unies. 


M. GOODLUCK EBELE JONATHAN, Président du Nigéria, a rappelé que lorsque son pays avait organisé, en juillet 2010, lors de sa présidence du Conseil de sécurité, un débat thématique sur la diplomatie préventive, le Nigéria était motivé par une inquiétude profonde: à savoir que l’évolution des conflits à travers le monde dépassait manifestement la capacité de la communauté internationale à y répondre.  Le rapport dont le Conseil est aujourd’hui saisi souligne que le problème n’est pas tant un échec à recourir aux stratégies préventives, mais plutôt un manque de ressources et de coordination.  Au fil des années, a poursuivi le Président nigérian, l’Afrique a mis le curseur sur la valeur politique des stratégies de prévention en se dotant de mécanismes d’alerte précoce et de médiation, notamment au sein du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine au niveau régional, et au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au niveau sous-régional.  Mais il est indispensable que ces efforts soient soutenus, sur les plans financier et technique, par la communauté internationale et le système des Nations Unies dans son ensemble.  M. Jonathan a jugé encourageant à cet égard que le Secrétaire général ait établi un Comité directeur chargé d’examiner les mesures de renforcement de la coopération entre tous les acteurs de la diplomatie préventive.  Celle-ci n’est jamais plus efficace que lorsqu’elle se déroule à huis clos, avant que les tensions ne débouchent sur un conflit, a estimé le Président nigérian.


M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a déclaré que « notre sécurité collective commandait une plus grande mobilisation de nos efforts communs ».  Il a appelé au renforcement des partenariats existants en matière de prévention des conflits en saluant l’envoi de plus en plus fréquent, de médiateurs, d’émissaires et de missions de paix conjointes ONU/Union africaine, comme cela a été le cas pour le Soudan.  M. Bongo Ondimba a estimé que ce genre de partenariats, prévus au titre du Chapitre VIII de la Charte de l’ONU, méritait d’être développé.  En effet, a-t-il ajouté, la bonne connaissance du terrain dont bénéficient les arrangements régionaux se révèle un atout non négligeable pour la réussite des actions menées dans le cadre de la diplomatie préventive.  Nous gagnerons également, a dit le Président du Gabon, à impliquer davantage la société civile, et particulièrement les organisations féminines, dans la résolution des différends.  Il a évoqué la conclusion en 2006 d’un cadre stratégique de coopération entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et le Conseil de sécurité de l’ONU, comme un exemple de renforcement de l’architecture africaine de maintien de la paix.  En Afrique centrale, a-t-il ajouté, nous avons mis en place non seulement des canaux de concertation dans le cadre des mesures de confiance, mais également un mécanisme sous-régional de détection des signes avant-coureurs de conflit dénommé le Mécanisme d’alerte rapide de l’Afrique centrale (MARAC) dont le Gabon abrite le siège.  Nous ferons en sorte que cet outil établisse un véritable partenariat avec le Bureau régional de l’ONU pour l’Afrique centrale, principalement dans le renforcement des capacités des pays de la région dans le domaine de la prévention des conflits.  Les actions de diplomatie préventive doivent disposer de financements prévisibles si l’on veut maximiser les chances de réussite, a insisté M. Bongo Ondimba.


M. PEDRO PASSOS COELHO, Premier Ministre du Portugal, a déclaré qu’il fallait transformer en actions le consensus autour de la notion de diplomatie préventive et promouvoir une vision intégrée pour relever les défis interconnectés du XXIe siècle.  C’est ce que le Portugal s’efforce de faire en soutenant les initiatives du Conseil de sécurité allant dans ce sens, a-t-il affirmé.  La diplomatie préventive est un concept central de notre politique étrangère et nous avons toujours essayé de surmonter tous les obstacles qui peuvent se poser dans le cadre d’un conflit, comme par exemple celui qui a opposé l’Éthiopie à l’Érythrée, a dit le Premier Ministre.  M. Passos Coelho a ajouté que la Commission de consolidation de la paix a également un rôle de médiateur à jouer, en prévenant la réémergence des conflits dans des pays où la paix est encore fragile.  Comme en témoignent les expériences positives auxquelles on est parvenu dans les Balkans et au Timor-Leste, les opérations de maintien de la paix peuvent également assumer cette responsabilité, a poursuivi le Premier Ministre portugais.  Pour M. Passos Coelho, la vision intégrée mentionnée plus haut doit être menée à bien par tous les acteurs du système des Nations Unies et par les organisations régionales et sous-régionales, en partenariat avec les parties prenantes nationales.


M. WILLIAM HAGUE, Ministre des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a déclaré que les Nations Unies ont démontré qu’elles pouvaient jouer un rôle de chef de file pour sauver des vies.  Il a salué l’intervention de la communauté internationale en Libye, « qui a permis de sauver des vies » et éviter une catastrophe humanitaire en précipitant la chute du « régime de Kadhafi ».  En Côte d’Ivoire, a-t-il dit, ce sont aussi les Casques bleus qui ont permis de sauver des vies et d’éviter que la situation ne se dégénère.  Le Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni a jugé qu’une action militaire peut être nécessaire et qu’elle ne devait intervenir qu’en dernière circonstance.  Il a estimé indispensable que les actions de prévention des conflits reposent sur une base juridique solide.  « Nous devons aussi œuvrer de concert avec la société civile, et nous devons développer nos capacités d’anticipation, en utilisant nos réseaux d’ambassades comme système d’alerte rapide », a dit M. Hague.  Liant le développement et la sécurité, M. Hague a indiqué que d’ici à 2015, 30% de l’aide publique au développement du Royaume-Uni sera affecté à des pays fragiles.  Il a regretté que la réaction du Conseil de sécurité se fasse trop attendre au sujet de la Syrie et a souhaité que le Conseil de sécurité adopte une position plus ferme pour dénoncer les violences au Soudan, notamment au Kordofan méridional et au Darfour. 


M. ALAIN JUPPÉ, Ministre des affaires étrangères de la France, a salué les contributions que font les programmes de l’UNESCO, « Éducation pour le développement durable », et du PNUD, « Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) », à la diplomatie préventive.  Il a souligné l’importance de la contribution à la diplomatie préventive des organisations régionales comme l’ANASE, l’Union africaine, l’Union européenne, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ou encore la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).  M. Juppé a dit que les organisations non gouvernementales étaient très utiles pour promouvoir des sociétés pacifiques.  Le Ministre des affaires étrangères de la France a insisté tout particulièrement sur la dimension environnementale des crises, en rappelant que selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), 40% des conflits des 60 dernières années trouvent leur origine dans des questions liées au contrôle de ressources naturelles (bois, pétrole, terres fertiles, eau).  Il a estimé que les Nations Unies ne disposaient pas des outils susceptibles de prévenir les catastrophes qui s’annoncent.  M. Juppé a jugé qu’en l’absence d’une instance multilatérale forte, les tensions qui vont voir le jour dans l’avenir sur des questions liées aux ressources ou aux matières premières risquent d’être résolues bilatéralement, au détriment des plus faibles, et selon une logique de rapports de forces.  Il a déclaré qu’il faut y remédier à cette perspective en réformant la gouvernance internationale de l’environnement.  M. Juppé a donc souhaité que le prochain Sommet sur le développement durable, la Conférence Rio+20, soit l’occasion de jeter les bases d’une organisation mondiale de l’environnement.  Enfin, il a souligné que la diplomatie préventive, dans tous ses aspects, est pour la France un élément majeur d’une gouvernance juste et efficace. 


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a déclaré que, dans les pays sortis de conflit et désormais en paix, où le revenu par habitant atteint 5 000 dollars par an -revenu intermédiaire- le risque pour ces pays de rechuter dans un conflit était inférieur à 5%.  Par conséquent, le développement économique et social est source de stabilité, a constaté la représentante.  La déclaration présidentielle que le Conseil de sécurité s’apprête à adopter aujourd’hui met justement l’accent sur les liens entre sécurité et développement et esquisse une démarche globale incluant des éléments essentiels à une paix et une stabilité de long terme, a-t-elle indiqué.  Mme Rice a insisté sur l’importance revêtue par les conditions qui sont le plus souvent réunies dans une société pacifique, mais qui sont trop souvent négligeables.  Elle a considéré que les acteurs nationaux devaient identifier eux-mêmes les causes profondes du conflit, avec l’appui du système des Nations Unies, qui peut mettre en place des systèmes d’alerte rapide et prévenir ainsi une escalade dans les violences.  De son côté, l’ONU doit s’efforcer de recruter les meilleurs experts possibles en s’associant aux organisations non gouvernementales et aux universitaires, a préconisé Mme Rice.  Appuyant les missions de bons offices et de médiation du Secrétaire général, les États-Unis encouragent cependant les Nations Unies à recruter davantage de femmes pour des postes à responsabilité en matière de résolution de conflit et de reconstruction, a-t-elle dit.  Ma délégation, a indiqué Mme Rice en conclusion, refuse d’établir une distinction entre la prévention et le maintien de la paix, considérant qu’elles font partie d’une seule et même vision intégrée.


M. YANG JIECHI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a déclaré que l’expérience montrait qu’il est doublement encouragent d’empêcher les conflits en intervenant aux tous premiers stades des disputes et différends.  Il a jugé indispensable d’accroître les possibilités d’alerte précoce, tout en soulignant l’importance du rôle du Secrétaire général et des bureaux régionaux de l’ONU en ce domaine.  Nous devons adopter une stratégie intégrée en traitant les crises profondes des conflits, a-t-il dit en souhaitant l’avènement d’une stratégie globale et scientifique en matière de prévention des conflits.  Il a également évoqué la nécessité d’éliminer les causes économiques et sociales, qui sont sources de conflits.  Il a jugé important de renforcer la coordination en permettant à toutes les parties d’agir et de participer à la prévention des conflits.  M. Yang a ajouté que la diplomatie préventive est une tâche multidimensionnelle qui ne peut être menée sans la participation de toutes les parties concernées.  Il a déclaré que les organisations régionales et sous-régionales disposaient d’atouts moraux, géographiques et politiques, qui sont uniques en matière de prévention des conflits.  Il a invité l’ONU à coordonner les expertises de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social, et de faire appel aux moyens de la Banque mondiale dans le soutien à la prévention des conflits ou à la reconstruction.  Il a insisté que la prévention des conflits demeurait l’un des principes fondamentaux de la Charte de l’ONU. 


M. S. M. KRISHNA, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, a déclaré que la diplomatie préventive pouvait devenir un élément essentiel de la réponse que la communauté internationale apporte à la plupart des risques de conflit dans le monde.  Il a jugé en effet que l’usage de la force n’était pas toujours la réponse la plus appropriée, face à la nature des conflits contemporains, qui ont beaucoup évolué et comprennent des acteurs non étatiques, des réseaux de criminalité transnationale organisée ou des menaces terroristes.  L’usage de la force provoque aussi souvent des dommages collatéraux, a déploré le Ministre, qui a donc vanté les mérites de la diplomatie préventive.  Les efforts entrepris sous l’égide de ce concept doivent l’être en complément et en appui des efforts consentis par les gouvernements des pays concernés, a souligné M. Krishna.  Toutefois, il a souligné l’importance d’un financement approprié pour permettre à ce soutien de porter ses fruits.  M. Krishna a, en conclusion, insisté sur les principes du consentement national, de l’impartialité et de l’équité, qui ont toujours guidé les actions de l’Inde dans le cadre des opérations de maintien de la paix, pour lesquelles son pays est un contributeur de troupes majeur.


M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA, Ministre des affaires étrangères du Brésil, a attiré l’attention des membres du Conseil sur les risques, dans le cadre d’un conflit, d’imposer à la hâte des mesures de coercition.  Il a dit que le développement était la meilleure des préventions, en soulignant la détermination du Brésil à lutter contre la pauvreté et à promouvoir la bonne gouvernance.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à trouver les moyens de relever les défis spécifiques liés à de nombreuses crises.  Il a cité les limites des moyens militaires et d’un recours préventif à la force en jugeant que la prévention des conflits pouvait être mise en œuvre par de nombreuses autres méthodes.  Si la prévention des conflits, le maintien de la paix, et la consolidation de la paix demeurent trois outils importants, le désarmement est aussi un élément tout aussi indispensable, a-t-il dit.  Il faut éviter toute interprétation hâtive du mandat du Conseil de sécurité, a encore dit le Ministre des affaires des étrangères du Brésil.  Les vagues de révolte observées en Afrique du Nord donnent un sentiment d’urgence face aux revendications légitimes du peuple palestinien à obtenir un État.  L’exercice de la diplomatie préventive requiert du Conseil de sécurité qu’il travaille à la résolution de toutes les situations les plus déstabilisantes, ceci, sans exception, a dit M. Patriota.  Indiquant qu’il paraphrasait les termes employés hier par le Président Nicolas Sarkozy, de la France, sur la question du Moyen-Orient, le Ministre des affaires étrangères du Brésil a déclaré que les problèmes du monde ne pouvaient pas être réglés par un seul petit groupe de pays, alors que trop d’autres acteurs majeurs sont laissés de côté: « Il faut arrêter de croire qu’un seul pays, fut-il le plus grand, ou qu’un petit groupe de pays peuvent résoudre un problème d’une telle complexité.  Trop d’acteurs majeurs sont laissés de côté pour pouvoir aboutir… ». 


M. GUIDO WESTERWELLE, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a estimé que le Conseil de sécurité avait au cours des années considérablement amélioré ses outils, ceci afin de faire face à ses responsabilités en matière de paix et de sécurité.  Il a jugé essentiel de disposer d’un système d’alerte précoce dans les zones à risques, afin d’y prévenir l’escalade de violence.  Au delà des améliorations opérationnelles, M. Westerwelle a souligné l’importance de perspectives structurelles à long terme.  Mettant l’accent sur une vision de longue durée, il s’est dit persuadé de la nécessité d’une bonne compréhension des implications des changements climatiques en matière de paix et de sécurité internationales pour pouvoir prévenir les crises à venir.  Une lutte contre l’impunité peut aussi avoir un impact positif en matière de prévention, a souligné M. Westerwelle.  Il a ajouté que le Conseil de sécurité ne pouvait pas faire face seul à cette mission de prévention des conflits.  Il a indiqué qu’il est important de disposer d’arrangements régionaux en se félicitant des efforts croissants en matière de médiation déployés par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), de l’Union africaine, de la Ligue des États arabes et de l’Union européenne.  Le Ministre a jugé que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales sera déterminante pour améliorer, encore plus, les capacités et outils de prévention  des conflits.  L’examen des capacités civiles a aussi pour objectif d’utiliser au mieux les capacités nationales de médiation, a-t-il précisé.  Il a déclaré que le développement d’une culture de prévention dépendait de la participation de tous les États et acteurs, et a souligné l’importance de la contribution des femmes en matière de prévention. 


M. SVEN ALKALAJ, Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, s’est félicité de constater qu’un certain nombre d’organisations régionales et sous-régionales, comme l’Union européenne, étaient devenues des partenaires plus actifs de diplomatie préventive auprès des Nations Unies.  Il s’est donc déclaré favorable au renforcement du dialogue stratégique entre ces acteurs, même s’il a précisé que la volonté des parties prenantes sur le terrain demeurait l’élément crucial de la réussite de la diplomatie préventive.  La viabilité des accords de paix n’est possible qu’en aidant les parties au conflit à réunir les conditions nécessaires à la paix et en se penchant sur les causes profondes des conflits, a estimé le Ministre.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a jugé importante la mise en œuvre d’une stratégie de prévention des conflits prenant en compte les dangers émergents que sont le terrorisme international, la prolifération des armes de destruction massive, la criminalité transnationale et le trafic de stupéfiants.  Il a critiqué certaines tentations et pratiques, notamment l’application d’une politique du « deux poids deux mesures » lorsqu’il s’agit de mettre en place des sanctions et que l’on remarque que des membres du Conseil se mettent à agir en fonction des intérêts de telle ou telle partie.  La plupart des conflits étant des conflits interétatiques, le représentant a estimé que l’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays ne pouvait être que contreproductive.  Il a mis l’accent sur la nécessité de rechercher des solutions diplomatiques et politiques au lieu de chercher de manière systématique à mettre en place des mesures coercitives.  Il a souligné l’importance des missions de maintien de la paix et des missions de bons offices du Secrétaire général.  M. Churkin a mis l’accent sur les avantages comparatifs dont jouissent les organisations régionales en matière de prévention des conflits en appuyant le projet de création de centres régionaux des Nations Unies pour la diplomatie préventive. 


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité rappelle ses résolutions antérieures sur la question et les déclarations de son président sur la diplomatie préventive, la prévention des conflits armés et la médiation et le règlement pacifique des différends.


Le Conseil accueille avec satisfaction le rapport du Secrétaire général intitulé « Les fruits de la diplomatie préventive » (S/2011/552) et prend acte des recommandations qui y sont formulées.


Le Conseil réaffirme qu’il assume la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales agissant conformément aux buts et principes de la Charte des Nations Unies.  Il se dit également déterminé à renforcer l’efficacité de l’Organisation des Nations Unies s’agissant de prévenir l’éclatement des conflits armés, leur aggravation, leur propagation et leur reprise.


Le Conseil insiste sur le fait que prévenir le déclenchement, l’escalade et la reprise des conflits est un impératif politique, humanitaire et moral absolu, qui présente également des avantages économiques.


Le Conseil rappelle que la prévention des conflits demeure une responsabilité première des États, qui ont également pour responsabilité principale de respecter et de garantir les droits de l’homme de toutes les personnes qui se trouvent sur leur territoire et relèvent de leur juridiction, comme le prescrit le droit international en la matière, et réaffirme la responsabilité de chaque État de protéger sa population contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité.


Le Conseil réaffirme que les mesures prises par l’ONU dans le cadre de la prévention des conflits devraient venir appuyer et complémenter, selon le cas, la mission dévolue aux gouvernements dans ce domaine.


Le Conseil loue les efforts entrepris par le Secrétaire général en usant de ses bons offices et en dépêchant représentants, envoyés spéciaux et médiateurs afin d’aider à faciliter des règlements durables et globaux.  Il encourage le Secrétaire général à utiliser de plus en plus et en toute efficacité tous les outils diplomatiques et modalités à sa disposition par la Charte en vue de renforcer la médiation et ses activités d’appui, et rappelle à ce sujet la résolution 65/283 de l’Assemblée générale en date du 28 juillet 2011, ainsi que le rapport du Secrétaire général en date du 8 avril 2009 (S/2009/189).  Le Conseil encourage également les parties concernées à agir de bonne foi lorsqu’elles concourent à tous efforts de prévention et de médiation, y compris ceux entrepris par l’Organisation des Nations Unies.


Le Conseil encourage le Secrétaire général à continuer d’améliorer la cohérence et la consolidation de l’action du système des Nations Unies afin d’optimiser les effets des efforts de prévention entrepris avec célérité par l’Organisation.  Il souligne l’importance des informations qu’il reçoit régulièrement à ce sujet et prie le Secrétaire général de poursuivre cette bonne pratique.


Le Conseil rappelle que toute stratégie globale de prévention des conflits doit notamment comprendre des éléments d’alerte rapide, de déploiement préventif, de médiation, de maintien de la paix, de désarmement concret et de responsabilité, ainsi que des actions de consolidation de la paix au lendemain de tout conflit, et reconnaît que ces éléments sont interdépendants, complémentaires et cumulatifs.


Le Conseil reconnaît que toute stratégie de prévention des conflits doit appréhender les causes profondes des conflits armés et des crises politiques et sociales dans leur globalité, notamment en favorisant le développement durable, l’élimination de la pauvreté, la réconciliation nationale, la bonne gouvernance, la démocratie, l’égalité des sexes, l’élimination de l’impunité, l’état de droit et le respect et la protection des droits de l’homme.


Le Conseil encourage le règlement pacifique des différends locaux au moyen d’arrangements régionaux, conformément au Chapitre VIII de la Charte.  Il salue les efforts déployés pour renforcer la coopération opérationnelle et institutionnelle entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales en matière de prévention des conflits, et réaffirme à cet égard qu’il importe de continuer à renforcer le dialogue stratégique et les partenariats et de promouvoir des échanges de vues et d’informations plus régulier au niveau opérationnel, afin d’accroître les capacités nationales et régionales relativement aux instruments de la diplomatie préventive, y compris la médiation, la collecte et l’analyse d’informations, l’alerte rapide, la prévention et l’instauration de la paix.


Le Conseil entend continuer à renforcer, d’un point de vue stratégique et sur le terrain, ses partenariats avec toutes les autres parties prenantes, notamment l’Assemblée générale, le Conseil économique et social, la Commission de consolidation de la paix et les institutions financières internationales comme la Banque mondiale.  Il envisage également de continuer à renforcer son partenariat avec les bureaux régionaux des Nations Unies.


Le Conseil souligne que pour être efficace, tout cadre de diplomatie préventive compte sur la participation active de la société civile, en particulier des jeunes, et d’autres parties intéressées comme les milieux universitaires et les médias.  Il réaffirme par ailleurs le rôle important que les femmes jouent dans la prévention et le règlement des conflits et dans la consolidation de la paix et demande de nouveau de veiller à les voir participer pleinement à la diplomatie préventive, sur un pied d’égalité avec les hommes, et à ce qu’elles soient représentées dans les processus correspondants et y soient associées, conformément aux résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009) et 1889 (2009) et aux déclarations de son président S/PRST/2010/20 et S/PRST/2010/22.


Le Conseil estime qu’il importe de redoubler d’efforts –y compris de renforcer la coordination entre donateurs bilatéraux et multilatéraux concernés– en vue d’apporter en temps voulu un appui financier prévisible et cohérent pour permettre d’utiliser au mieux les instruments de diplomatie préventive, y compris la médiation, tout au long du cycle des conflits.


Le Conseil attend avec intérêt l’examen que l’Assemblée générale et le Conseil économique et social, ainsi que d’autres entités, notamment les institutions financières internationales, consacreront au rapport du Secrétaire général sur « Les fruits de la diplomatie préventive » et est favorable à l’idée de renforcer les moyens de l’Organisation des Nations Unies et de ses partenaires dans le domaine de la diplomatie préventive.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le « printemps arabe » et les questions africaines mobilisent l’attention des États Membres au deuxième jour du débat général

AG/11151

Le « printemps arabe » et les questions africaines mobilisent l’attention des États Membres au deuxième jour du débat général

22/09/2011
Assemblée généraleAG/11151
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

15e, 16e & 18e séances plénières

Matin, après-midi & soir


LE « PRINTEMPS ARABE » ET LES QUESTIONS AFRICAINES MOBILISENT L’ATTENTION

DES ÉTATS MEMBRES AU DEUXIÈME JOUR DU DÉBAT GÉNÉRAL


Les révolutions arabes ont une nouvelle fois constitué un thème dominant des interventions de la trentaine de chefs d’État et de gouvernement qui se sont succédés à la tribune de l’Assemblée générale, aujourd’hui, au deuxième jour de son débat général.  Le « printemps arabe » a montré que les Nations Unies ont besoin d’une nouvelle façon de travailler, a ainsi déclaré le Premier Ministre du Royaume-Uni, M. David Cameron.


Les questions africaines ont également été largement débattues, à l’image de la première intervention devant l’Assemblée générale du nouveau Président de la Côte d’Ivoire, M. Alassane Ouatarra.


« Mon ambition, a-t-il déclaré, est de faire de la Côte d’Ivoire à l’horizon 2020-2050 un pays émergent, une nation réconciliée avec elle-même, et un État moderne respectueux de l’indépendance de la justice. »


Nombre des dirigeants qui se sont exprimés ont également salué la « naissance » de l’État du Soudan du Sud et son adhésion à l’ONU.  « Ce succès est la preuve du potentiel réel qu’ont les organisations régionales pour venir à bout de conflits complexes », a déclaré le Président du Kenya, M. Mwai Kibaki.


La situation en Somalie a également été commentée à plusieurs reprises, le Président du Gabon, M. Ali Bongo Ondimba, ayant notamment appelé à ce que « tout soit fait pour que l’aide humanitaire parvienne aux populations dans leurs villes et villages ».


« La population somalienne est en train de mourir devant les yeux du monde et la communauté internationale regarde comme s’il s’agissait d’un film.  C’est une honte », s’est insurgé quant à lui le Premier Ministre de la Turquie, M. Recep Tayyip Erdoğan.


De son côté, le Président du Tchad, M. Idriss Déby Itno, a dénoncé la marginalisation des Africains au sein de l’ONU, plaidant pour une représentation africaine au Conseil de sécurité, avec droit de veto.  « Les États africains sont aujourd’hui des acteurs incontournables du système en matière de paix, de sécurité et de développement et force est de constater qu’ils ne trouvent pas encore la place qu’ils méritent », a-t-il notamment observé.


Considéré par le Président du Conseil de l’Union européenne, M. Herman van Rompuy, comme « l’un des développements politiques les plus marquants depuis la fin de la guerre froide », le « printemps arabe » représente, selon le Premier Ministre du Royaume-Uni, M. Cameron, « un défi pour nous-mêmes mais aussi pour l’Union africaine, les Israéliens et les Palestiniens, l’Iran et la Syrie, et enfin les Nations Unies ».  « Nous devons être unis dans l’action, et pas seulement quand il s’agit de condamner », a-t-il ajouté.


Le Roi de Bahreïn, M. Hamad Bin Issa Al Khalifa, dont le pays a été touché par des mouvements de protestation, a reconnu que le monde entrait « dans une nouvelle ère de changements importants », dans laquelle les avancées des moyens modernes de communication avaient amené des « transformations rapides et sans précédent, notamment dans le monde arabe ».  Il a assuré que le Bahreïn avait commencé à procéder à plus de réformes et d’améliorations pour répondre aux aspirations de sa population en matière de liberté, de démocratie et de participation politique. 


Par ailleurs, la situation à Chypre a occupé une large partie des discours du Président chypriote, M. Demetris Christofias, et du Chef du Gouvernement turc, M. Erdoğan.  Le premier a regretté que la partie chypriote turque se fût récemment rétractée de la table des négociations, notamment au sujet de points de convergence déjà déterminés.  Il a également accusé la Turquie d’avoir conclu un « accord » avec le « régime illégal » de la partie occupée de l’île afin de pouvoir effectuer des prospections pour des gisements d’hydrocarbures dans la Zone économique exclusive de la République de Chypre. 


Le second a estimé que les paramètres d’une solution diplomatique existaient, mais que la partie chypriote grecque n’était pas prête et que la partie chypriote turque n’était toujours pas sortie de son isolement.


Les changements climatiques ont, de même, suscité l’attention des États Membres, en particulier lors de l’allocution du Président des Palaos, M. Johnson Toribiong.  Celui-ci a fait savoir que son pays et les Îles Marshall allaient engager l’Assemblée générale à obtenir d’urgence un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) relatif à la responsabilité des États de s’assurer que leurs activités émettrices de gaz à effet de serre ne soient pas nuisibles à d’autres États.  « Il est grand temps de définir comment s’applique le droit international dans le contexte des changements climatiques », a affirmé M. Toribiong.


La journée aura été également marquée par l’intervention du Président de l’Iran, M. Mahmoud Ahmadinejad, qui a mis l’accent sur la nécessité d’instituer un nouvel ordre dans la gouvernance mondiale.  Ses références aux attentats du 11 septembre et à l’Holocauste ont provoqué le départ de la salle de l’Assemblée générale de plusieurs délégations, dont celles des États-Unis et de pays européens.


L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, vendredi 23 septembre, à partir de 9 heures.


RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/66/1)


Suite du débat général


M. DEMETRIS CHRISTOFIAS, Président de Chypre, a fait savoir que son pays continuait de souffrir des conséquences de l’invasion militaire turque de 1974 et de la poursuite de l’occupation.  Il a notamment déploré le fait que les résolutions adoptées par l’ONU en la matière qui ne sont pas mises en œuvre à cause de « l’intransigeance turque ».  Il a rappelé qu’à la « suite de notre initiative », des négociations directes avaient été entamées en 2008 dans le but de créer une fédération bizonale et bicommunale.  « Notre objectif, a-t-il expliqué, est de trouver une solution mutuellement acceptable qui mette un terme à l’occupation et à la colonisation illégale par la Turquie des parties occupées de Chypre.  Nous voulons une solution qui réunifie le pays et sa population et qui crée les conditions pour une paix et une sécurité durables ».  Il a ensuite noté « avec regret » que la partie chypriote turque s’était récemment rétractée de la table des négociations, notamment au sujet de points de convergence déjà déterminés.  M. Christofias a affirmé que la question des personnes disparues était un aspect important du problème chypriote et qu’elle devait être résolue « quelle que soit l’évolution des négociations ».  Le Président a ensuite expliqué que la République de Chypre avait récemment lancé un processus d’exploration et d’extraction d’hydrocarbures au sein de sa Zone économique exclusive, mais que ces efforts étaient l’objet de menaces de la part de la Turquie.  Il a notamment dénoncé les manœuvres navales turques effectuées à proximité de cette Zone et qui, a-t-il affirmé, posent un réel danger pour la région.  Le Président a aussi accusé la Turquie d’avoir conclu un « accord » avec le « régime illégal » de la partie occupée afin de pouvoir effectuer ses propres prospections dans cette Zone.  « Je condamne cet acte illégal qui constitue une provocation non seulement pour la République de Chypre, mais pour l’ensemble de la communauté internationale », a lancé le Président.  Les dirigeants turcs et chypriotes turcs cherchent un fait accompli illégal, a déclaré M. Christofias avant d’appeler « le Conseil de sécurité, le Secrétariat et l’ONU dans son ensemble » à faire savoir à la Turquie que la poursuite de la violation du droit international et européen ne saurait être tolérée.


Le Président de Chypre a poursuivi en rappelant que sa partie avait proposé la restitution de la ville de Famagusta -« une ville européenne dans laquelle ses habitants ne peuvent plus vivre depuis l’occupation turque de 1974 »-sous l’Administration de l’ONU.  La mise en œuvre de cette proposition, a-t-il indiqué, donnerait un élan notable aux négociations et renforcerait la confiance entre les deux communautés.  Il a ensuite regretté que la Turquie refuse de mettre en œuvre les résolutions 550 et 1984 du Conseil de sécurité qui traitent de cette proposition.  M. Christofias s’est par ailleurs félicité de ce que le Secrétaire général, lors de ses récentes réunions avec les deux parties, ait fait référence à la résolution 1251 du Conseil de sécurité.  Pour le Président de Chypre, la seule manière d’aller de l’avant est d’honorer les engagements que les deux parties ont pris devant le Secrétaire général.  Avant de conclure son intervention, le Président de Chypre a appelé à la reprise des négociations entre Israël et la Palestine.  Il a également estimé qu’un nouveau modèle de croissance s’imposait, centré sur la réduction des inégalités, l’élimination de la pauvreté et la sauvegarde des droits des travailleurs et de l’ensemble de la population.


M. JAKAYA MRISHO KIKWETE, Président de la République-Unie de Tanzanie, a rappelé que cette année son pays célébrait le cinquantième anniversaire de son indépendance en même temps que ses 50 années en tant que Membre des Nations Unies, une indépendance consécutive à la réunification entre le Tanganyika et Zanzibar, le 26 avril 1964.  Indiquant que la Tanzanie avait toujours cru en la médiation comme base de prévention et de règlement pacifique des conflits, le Président a souligné l’engagement de son pays dans ce domaine en Afrique.  Il a en outre affirmé que la Tanzanie contribuait régulièrement aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, grâce à l’octroi de troupes et de personnels civils. 


M. Kikwete a évoqué le rôle du fondateur de la nation tanzanienne, Julius Nyerere, qui a toujours été opposé à toute forme de colonialisme, d’apartheid et de discrimination raciale sur le continent africain et ailleurs.  Julius Nyerere estimait que l’indépendance de la Tanzanie ne pouvait être complète tant que d’autres peuples d’Afrique seraient encore sous le joug du colonialisme, a-t-il expliqué.  C’est dans ce contexte qu’il soutenait tous les mouvements d’émancipation sur le continent, et que la capitale du pays, Dar es-Salaam, fut le siège du Comité de libération de l’OUA.


Tout en réaffirmant le soutien à l’indépendance de tous les peuples, le Président de la Tanzanie a rappelé son soutien à celle de la Palestine.  Il a souhaité que Palestiniens et Israéliens puissent vivre en paix et en harmonie en tant qu’États voisins souverains.  Il a également appelé à la fin de l’embargo économique dont Cuba est victime. 


Concernant les réformes des organisations internationales, il a souhaité des changements au sein des institutions de Bretton Woods, des Nations Unies et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) afin que la voix des pays en développement soit plus entendue, notamment au sein du Conseil de sécurité, a t-il ajouté.  Les bonnes intentions des Nations Unies n’ont pas toujours été mises en œuvre, a-t-il regretté, évoquant à ce sujet le non-respect des promesses d’aides des donateurs comme principale raison de cette situation.


Le Président tanzanien a regretté que la Somalie soit toujours dans une situation conflictuelle nécessitant l’intervention des Nations Unies, de l’Union africaine et de la communauté internationale.  Il a, de ce fait, attiré l’attention des États Membres sur la famine qui a cours dans la corne de l’Afrique et le phénomène de piratage des navires dans le golfe d’Aden, situation mettant a mal les économies des pays environnants, y compris la Tanzanie qui a connu 13 attaques de pirates depuis l’an dernier avec cinq cas de prise d’otages.  M. Kikwete a enfin regretté l’attaque terroriste ayant touché le Bureau des Nations Unies au Nigéria et a invité les Nations Unies à considérer le terrorisme parmi ses priorités.


M. HAMAD BIN ISSA AL KHALIFA, Roi de Bahreïn, a affirmé que le monde entrait dans une nouvelle ère de changements importants, dans laquelle les avancées des moyens modernes de communication avaient amené des transformations rapides et sans précédent, notamment dans le monde arabe.  Il y a plus d’une décennie, le Bahreïn a commencé à procéder à plus de réformes et d’améliorations pour répondre aux aspirations de sa population en matière de liberté, de démocratie et de participation politique, a assuré le Roi Hamad, affirmant qu’une approche de dialogue et de consensus avait constamment été privilégiée.  L’authenticité de notre peuple, notre culture, notre développement économique et politique libre et notre engagement en faveur des principes universels des droits de l’homme, de la coexistence pacifique et du respect des opinions des autres constituent la réelle richesse de notre pays, a-t-il dit.


Le Roi Hamad a également estimé qu’aujourd’hui, plus que jamais, la communauté internationale avait une opportunité de rendre justice au peuple palestinien en reconnaissant un État palestinien indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale.  En outre, il a apporté son soutien à l’Initiative du Golfe pour maintenir la sécurité, la stabilité et l’unité du Yémen, tout en répondant aux aspirations de son peuple.  Conformément à son engagement dans les actions internationales concertées, Bahreïn n’a pas hésité à contribuer et à participer au Groupe des Amis de la Libye, et il contribue également aux forces de maintien de la paix en Afghanistan.  L’humanité et la communauté internationale ont beaucoup à gagner au niveau mondial des contributions de la civilisation arabo-islamique, a déclaré le Roi de Bahreïn.  Les arabo-musulmans, les chrétiens, les juifs et les fidèles d’autres religions et croyances, ne peuvent que coexister dans un « État civil » basé sur la tolérance, a-t-il dit.  


M. ALASSANE OUATTARA, Président de la Côte d’Ivoire, a tout d’abord remercié tous « les pays amis qui ont cru en notre combat pour la démocratie tout au long de la longue crise électorale qu’a connue son pays ».  Il a notamment salué « l’engagement déterminé » du Secrétaire général en faveur de la paix dans le monde.


Commentant ensuite le thème de la session actuelle de l’Assemblée générale, il a estimé que la mise en œuvre d’une approche fondée sur l’usage et la promotion de la négociation pour la résolution des conflits exigeait l’implication « déterminée et solidaire » des États Membres à trouver des solutions négociées aux plans sous-régional, régional et international.


La paix tant recherchée, a poursuivi le Président, ne peut être possible sans un développement économique plus équilibré et plus juste du monde.  Il a estimé qu’une forte croissance économique devait être accompagnée d’un accès transparent et équitable à l’emploi, notamment celui des jeunes, ainsi qu’à la sécurité et à la justice.  Il est donc urgent, a-t-il souligné, d’adopter un nouveau modèle de développement bâti autour de la contrainte environnementale, qui assure à la population la satisfaction de ses besoins d’emplois, de sécurité et de justice.


Rappelant la gravité croissante des catastrophes naturelles, il a appelé les États Membres à combiner leurs efforts pour trouver des solutions novatrices et efficaces pour faire face à ces catastrophes qui, a-t-il affirmé, font peser une menace notable à la paix et à la sécurité internationale.  Face à ces drames, l’engagement politique de tous les États Membres est indispensable. 


Le Président de la Côte d’Ivoire a par ailleurs appelé à la mobilisation de ressources suffisantes pour financer la recherche et le développement dans les domaines de l’agriculture vivrière, des énergies renouvelables et du développement durable.  Pour ce faire, il a préconisé une réduction « substantielle » des fonds consacrés aux dépenses militaires.


M. Ouattara a ensuite fait savoir que depuis sa prise de fonctions, des discussions étaient en cours pour la signature d’accords avec les voisins de la Côte d’Ivoire pour permettre le retour volontaire et rapide des réfugiés ivoiriens et prémunir les frontières contre les mouvements d’hommes armés, les trafics de drogues, de pierres et de métaux précieux.  Il a indiqué que le « vivre ensemble » constituait la pierre angulaire de son programme de gouvernement, ajoutant qu’il avait érigé la réconciliation nationale au rang des priorités avec la création de la Commission Dialogue, vérité et réconciliation. 


Il a également fait savoir que le Programme présidentiel d’urgence, lancé au mois de mars et qui entend améliorer les services sociaux de base, avait déjà produit des effets bienfaiteurs sur la vie de la population, notamment celle d’Abidjan.  Le Président a également assuré que l’organisation d’élections législatives avant la fin de l’année permettrait de renforcer la démocratie et la justice sociale en Côte d’Ivoire.  « Mon ambition, a-t-il fait savoir, est de faire de la Côte d’Ivoire, à l’horizon 2020-2050, un pays émergent, une nation réconciliée avec elle-même, et un État moderne respectueux de l’indépendance de la justice. »


Nous sommes confrontés à un monde nouveau, a estimé M. SEBASTIÁN PIÑERA ECHEÑIQUE, Président du Chili, insistant sur les opportunités créées par la révolution des technologies de l’information pour le développement matériel et spirituel de millions de personnes dans le monde.  Mais les crises financières, le terrorisme, le trafic de drogues ou la criminalité transnationale organisée, tout comme les changements climatiques ou les crises sanitaires vont au-delà de ce qu’un gouvernement peut faire de son côté, et réclament des actions plus concertées et plus efficaces de la communauté internationale.  « C’est pourquoi, nous devons de manière urgente nous repositionner et repenser les structures de chacune des organisations, comme les Nations Unies, la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international, qui ne répondent plus aux réalités, défis, problèmes et opportunités du présent et du futur », a-t-il estimé.


Comme toutes les révolutions du passé, la révolution du XXIe siècle, basée sur les technologies de l’information, sera généreuse pour ceux qui sauront la suivre, et indifférente, voire cruelle, pour ceux qui la laisseront passer, a averti le Président du Chili, rappelant que malgré tous ses atouts, l’Amérique latine avait raté le train de la révolution industrielle et restait un continent sous-développé, profondément inégal, avec près d’un tiers de sa population vivant dans la pauvreté.  Toutefois, la communauté des Nations a pour responsabilité de garantir que les bénéfices de cette révolution atteignent toutes les régions de la planète.  Et pour cela, la liberté, comprise comme un concept intégral, est à nouveau la source inextinguible du progrès de l’humanité, a dit le Président du  Chili, assurant du soutien continu de son pays à toutes les avancées démocratiques, notamment au travers des organes de défense des droits de l’homme des Nations Unies.  Le pays a également conclu des accords de commerce libre avec 58 pays, représentant 80% de la population mondiale, et a développé la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire. 


Toutefois, tout ceci ne sera pas suffisant, a-t-il dit, appelant à construire de nouveaux piliers de développement et à investir dans la science et la technologie, en particulier dans le capital humain qui est sans aucun doute la véritable ressource renouvelable que l’humanité possède.  Il est indéniable que la course pour le développement et le futur doit être remportée dans les salles de classe, a-t-il rappelé.  M. Piñera Echeñique a enfin rappelé que le Président de la Bolivie avait hier, devant l’Assemblée générale, réclamé pour son pays un accès souverain sur l’océan Pacifique à travers le territoire du Chili.  Il n’y a pas de questions territoriales en suspens entre le Chili et la Bolivie, elles ont été réglées, une bonne fois pour toutes en 1904, par la signature du Traité de paix et d’amitié, a-t-il assuré, estimant que son pays avait accordé à la Bolivie des arrangements qui allaient bien au-delà de ceux envisagés dans la Convention des Nations Unies sur les pays enclavés.


M. MAHMOUD AHMADINEJAD, Président de la République islamique d’Iran, a estimé qu’il était clair que malgré ses efforts, y compris la création des Nations Unies, l’humanité était encore loin de répondre aux aspirations des populations.  La plupart des Nations dans le monde ne sont pas satisfaites de la situation internationale actuelle, a-t-il dit, rappelant que 3 milliards de personnes vivaient avec moins de 2,5 dollars par jour et que plus d’un milliard d’entre elles n’ont pas un seul repas suffisant par jour.  « Ne pensez-vous pas que la cause profonde de ces problèmes réside dans la manière dont le monde est gouverné? s’est-il interrogé avant de dénoncer l’esclavagisme, le colonialisme, les guerres de Corée et du Viet Nam, le sionisme, les régimes militaires en Asie, en Afrique et en Amérique latine, l’utilisation de l’arme nucléaire ou encore le soutien à Saddam Hussein pendant la guerre contre l’Iran, ainsi que le surendettement de certains gouvernements qui, selon lui, dominent les travaux du Conseil de sécurité.  Comme la lumière du jour, il est également clair que les mêmes esclavagistes et puissances coloniales qui ont lancé les deux guerres mondiales continuent à contrôler les centres politiques mondiaux, a-t-il dénoncé.


Si certains pays européens utilisent encore l’Holocauste comme excuse pour céder aux sionistes, ne devrait-il pas exister une obligation pour les esclavagistes et puissances coloniales de payer réparation aux nations affectées? a poursuivi le Président iranien, en dénonçant la présence de bases américaines à travers le monde.  La question centrale est celle de la recherche des causes profondes de ces attitudes, a-t-il estimé, y voyant la patte d’un ensemble de personnes en contradiction avec les instincts humains profonds, qui n’ont plus la foi en Dieu et en ses prophètes, ni respect pour les autres, et s’autoproclament gardiens de tous les gouvernements et nations.  Ces personnes plantent la discorde entre diverses nations en utilisant l’hypocrisie et la tromperie au service d’objectifs diaboliques, a-t-il dit.


M. Ahmadinejad a rappelé que la liberté, la justice, la dignité et la sécurité durable étaient le droit de toutes les nations et a estimé que la gouvernance du monde exigeait aujourd’hui des réformes fondamentales.  L’idée de la création des Nations Unies demeure extraordinaire et leurs capacités doivent être utilisées au service de causes qui sont nobles, a-t-il dit, mais il faut y garantir la participation collective des nations et une gestion commune et partagée du monde, selon les principes inscrits dans le droit international.  C’est la seule voie vers la prospérité et le bien-être de la société humaine, a-t-il insisté.  Cette gestion commune est le droit légitime de tous les pays, et ce droit doit être défendu par les représentants des États, malgré les efforts d’« une certaine puissance » pour entraver ces efforts, a-t-il ajouté, avant de dénoncer la composition « injuste et inéquitable » du Conseil de sécurité.  Le Président iranien a réitéré la proposition qu’il avait formulée l’année dernière, de désigner la décennie à venir comme celle de la décennie de la « Gestion mondiale partagée et collective ».  La création d’une société suprême et idéale est la promesse garantie d’Allah, a-t-il assuré, en déclarant que le monde connaissait aujourd’hui un réveil en terre islamique, en Asie, en Europe et en Amérique.  Ces mouvements influencent la réalisation de la justice, de la liberté et de la création d’un avenir meilleur, a-t-il précisé. 


Mme ROZA OTUNBAEVA, Présidente du Kirghizistan, a souhaité que l’ONU soit attentive aux changements qui bouleversent l’humanité afin de les anticiper.  Elle a évoqué le « printemps arabe » qui a vu des pays d’Afrique du Nord se libérer des pouvoirs politiques tyranniques.  Elle a souligné que son propre pays est passé d’un régime présidentiel rigide à une démocratie au cours de cette même période.  En plus des élections parlementaires crédibles que le son pays a tenues à la fin de l’année dernière, le Kirghizistan tiendra une élection présidentielle à la fin 2011 et invite des observateurs internationaux à venir la suivre.  Le peuple du Kirghizistan ne doit pas se diviser au moment où le monde entier l’observe.  


La Présidente a regretté que des pays aient souffert des dictateurs qui ont pillé les richesses du peuple.  Elle a réclamé des mesures de sanctions de l’ONU afin que justice soit faite.  Évoquant l’Afghanistan, elle a noté que la paix doit être construite par la formation des forces de l’ordre nationales afin quelles prennent le relais de la coalition internationale.  Au sujet de la « médiation », thème du débat général de cette année, la Présidente a souligné que le rôle des femmes est primordial à ce propos, car « quand la paix est menacée, les hommes prennent les armes alors que les femmes adoucissent les contradictions et travaillent pour la paix », a-t-elle expliqué.  Les femmes constituent un tiers du Parlement dans mon pays, s’est-elle félicitée.  Au sujet de la situation au Moyen-Orient, la Présidente a souhaité voir la Palestine devenir un Membre à part entière des Nations Unies.  Elle a rappelé que son pays avait reconnu la Palestine comme État indépendant dans les frontières de 1967, et ce, depuis 1995.  Elle a souhaité également que son pays soit élu en tant que membre du Conseil de sécurité pour la période 2012-2013 et en a appelé au soutien des autres Membres des Nations Unies.  S’exprimant au sujet des mutations que connaît le monde, elle a souhaité que la jeunesse de la planète soit portée par les innovations scientifiques, et qu’elle soit habitée par la paix.  C’est aujourd’hui que nous construisons le monde de demain, a-t-elle conclu dans un appel au soutien de la jeunesse mondiale.


SHEIKH NASSER AL-MOHAMMAD AL-AHMAD AL-SABAH, Premier Ministre du Koweït, a souhaité la bienvenue au Soudan du Sud au sein des Nations Unies et a rappelé que ce nouveau pays a reçu la reconnaissance du Koweït le premier jour de son indépendance.  Il n’y a pas de doute, a t-il affirmé, que l’importance de l’ONU va grandissant depuis sa mise en place il y a plus de 60 ans.  Citant en exemple la gestion de la crise alimentaire que connaît la corne de l’Afrique, il a insisté sur la légitimité et la crédibilité des Nations Unies, mais a reconnu que des réformes de ses différentes instances seraient opportunes afin de les rendre encore plus efficaces. 


Au sujet du Moyen-Orient, le Premier Ministre a regretté la détérioration de la stabilité de la région et a rappelé que son pays attachait une grande importance à des relations cordiales avec ses voisins.  À ce propos, il a invité la République islamique d’Iran à adhérer aux résolutions de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) afin de dissiper les doutes et les craintes qui entourent son programme nucléaire.  Le Premier Ministre a également regretté qu’après six décennies, les Nations Unies n’aient toujours pas réglé le problème israélo-palestinien.  Soulignant que la souffrance du peuple palestinien ne fait qu’augmenter, il a dit son étonnement de voir la communauté internationale spectatrice des exactions que commettent les Israéliens à l’encontre des Palestiniens, ceci en violation des instruments du droit international.  Réaffirmant son engagement en faveur de l’admission de la Palestine au sein des Nations Unies en tant qu’État Membre indépendant et installé à l’intérieur des frontières de 1967, il a souhaité qu’Israël se retire des territoires occupés, y compris le Golan syrien et cesse toute violation de la souveraineté du Liban.


Rappelant que le Koweït commémore, cette année, le cinquantième anniversaire de son indépendance, ainsi que le vingtième anniversaire de sa libération de l’invasion iraquienne, il a fait mention de la crise économique mondiale qui sape les efforts de croissance des pays du monde.  Il a invité la communauté internationale à restructurer les instances financières internationales afin de les adapter à la situation actuelle.  Le Premier Ministre a aussi exhorté les Nations Unies à jouer un plus grand rôle sur la scène internationale, notamment dans la promotion du dialogue des civilisations et de la tolérance.  Il a en outre invité les pays donateurs à respecter leur promesse de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement, et a indiqué que depuis son indépendance, son pays a consacré près de 15 milliards de dollars pour assister les pays en développement et a augmenté sa contribution pour certaines institutions du système des Nations Unies. 


M. DAVID CAMERON, Premier Ministre du Royaume-Uni, a estimé que le « printemps arabe » avait montré que les Nations Unies ont besoin d’une nouvelle façon de travailler.  Il représente un défi pour nous-mêmes mais aussi pour l’Union africaine, les Israéliens et les Palestiniens, l’Iran et la Syrie, et enfin les Nations Unies, a-t-il dit.  Nous devons être unis dans l’action, et pas seulement quand il s’agit de condamner, a dit M. Cameron.  Les peuples du monde arabe ont bien fait connaître leurs aspirations, et parvenir à ces ambitions ne sera pas aisé, a-t-il averti, ce sera un long processus qui ne fait que commencer.  « Nous ne pouvons pas garantir que ce processus de réforme sera irréversible mais nous avons une responsabilité auprès de ces populations trop longtemps flouées par leurs gouvernements, tout comme nous l’avons fait en venant en aide aux pays de la révolution de 1989 », a-t-il expliqué.


Le Premier Ministre britannique a estimé que l’erreur trop souvent commise était de penser que vouloir la démocratie impliquait une aspiration aux normes occidentales.  La démocratie n’est pas un évènement mais un processus, a-t-il déclaré, notant par exemple que l’Iran, bien qu’il soit un pays où des élections sont régulièrement organisées, était aussi un pays sans liberté.  Les élections ne sont donc pas suffisantes pour dire que la démocratie est là, a-t-il insisté.  Le Premier Ministre a assuré que les Libyens s’étaient libérés eux-mêmes en faisant preuve d’une immense bravoure face à Qadhafi, et a salué le grand leadership dont le Conseil national de transition a fait preuve.  Cette révolution appartient réellement au peuple libyen et montre que les Nations Unies ne sont pas plus efficaces que les États Membres qui se réunissent pour appliquer leur volonté, a estimé M. Cameron, affirmant qu’une coalition d’États avait pu empêcher Benghazi de connaître les massacres commis au Rwanda ou à Srebrenica.


Toutefois, le Premier Ministre a insisté sur les nombreux défis qui demeurent, notamment économiques, dans les pays touchés par le « printemps arabe ».  Moins de 4% du commerce de l’Afrique du Nord se fait avec ses voisins, ce qui en fait la région la moins intégrée du monde, a-t-il par exemple expliqué, et c’est au contraire un capitalisme corrompu qui s’est mis en place.  La région doit donc s’engager dans une économie libre et 50 millions de nouveaux emplois au moins doivent être créés, uniquement pour accompagner la démographie de ces pays, ce qui représente un défi immense, a-t-il dit.  Le printemps arabe ne réussira pas si les femmes ne continuent pas d’y être associées.  « Maintenant, nous ne devons pas perdre notre détermination et le moment est venu de s’assurer que les milliards d’euros versés par l’Union européenne à cette région appuient les réformes économiques », a déclaré M. Cameron.  Le Premier Ministre a aussi appelé à des réformes au Yémen et surtout en Syrie où « le Conseil de sécurité doit agir ».  L’Afrique doit aussi assumer ses responsabilités, a-t-il dit, faisant remarquer que de nombreux pays d’Afrique australe avaient été très lents à réagir face au printemps arabe, après avoir eu à lutter eux-mêmes si durement pour leurs indépendances.  Les Palestiniens ont eux aussi le droit à un État viable, a-t-il rappelé, estimant qu’aucune résolution ne peut se substituer à la volonté politique de parvenir à la paix entre Israéliens et Palestiniens.  « Notre rôle doit être d’appuyer ces discussions », a-t-il répété, car la réforme est la base de la stabilité à long terme que menacent les régimes autoritaires au lieu de la garantir.  Le printemps arabe est aussi un moyen de vaincre le terrorisme, Al-Qaida mais aussi l’idéologie du terrorisme qui s’est bâtie sur l’oppression des peuples, a enfin conclu M. Cameron.


M. HERMAN VAN ROMPUY, Président du Conseil de l’Union européenne, a rappelé qu’il n’était pas le premier Président du Conseil à s’exprimer devant l’Assemblée générale mais qu’il était le premier à le faire en tant que Président à plein temps.  Cette innovation institutionnelle donne à l’Union européenne une plus grande continuité et cohérence, notamment vis-à-vis des dirigeants du reste du monde, a-t-il estimé.  En un an, le monde a changé et, sous certains aspects, pour le meilleur, a-t-il dit, évoquant l’espoir de millions de personnes sorties de la pauvreté en Asie, en Amérique latine et en Afrique, l’espoir pour la République du Soudan du Sud qui vient de rejoindre les Nations Unies, et surtout l’espoir en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.  Pour nous, le « printemps arabe » est l’un des développements politiques les plus marquants depuis la fin de la guerre froide, a déclaré M. Van Rompuy, assurant le monde arabe du soutien de l’Europe dans toutes les étapes de la transformation démocratique et des réformes économiques au profit des populations.  « Nous avons d’ailleurs fait davantage en Libye », a-t-il dit, saluant la mise en œuvre du principe de « responsabilité de protéger ».  Il existe maintenant une « responsabilité d’aider » la nouvelle Libye dans sa transition politique, la réconciliation et la reconstruction d’un pays uni.  Le « printemps arabe » a livré deux enseignements, a poursuivi M. Van Rompuy.  Le premier, c’est que le monde n’a pas sombré dans une ère de haine religieuse après le 11 septembre.  La population dans les rues de Tunis, du Caire ou de Benghazi aspirait à la dignité, à un emploi, à la justice sociale et à la démocratie, a-t-il assuré.  Le deuxième enseignement est qu’un système politique qui ne permet pas le changement pacifique restera profondément faible.


Toutefois, les causes de préoccupation sont nombreuses, a souligné M. Van Rompuy, évoquant notamment la Somalie, la sûreté nucléaire, les agissements des dirigeants de l’Iran et de la Corée du Nord ou encore les changements climatiques.  Face à toutes ces menaces, l’Union européenne prend ses responsabilités à la fois en matière de soutien financier, d’investissement humain et d’expertise dans la médiation.  M. Van Rompuy a notamment appelé à une reprise immédiate des négociations directes entre Israël et l’Autorité palestinienne.  Le statu quo n’est pas une option et le vent qui a soufflé à travers toute la région devrait vous aider à sortir de l’impasse, a-t-il lancé aux dirigeants des deux parties.  Le Président du Conseil européen a rappelé que dans quelques semaines, une femme quelque part sur la planète allait mettre au monde un enfant qui portera la population mondiale à 7 milliards d’individus.  Les tendances de production et de consommation actuelles ne sont pas tenables, a-t-il prévenu, appelant à des engagements renouvelés en faveur de la protection de l’environnement et du développement durable lors de la Conférence Rio+20, l’année prochaine.  L’Europe y assumera ses responsabilités « avec détermination et dans un esprit de solidarité », a-t-il promis, comme elle le fait dans la crise de la dette souveraine à laquelle elle est confrontée.  « Vous pouvez être certains que nous allons continuer à faire ce qu’il faudra pour sauvegarder la stabilité financière de l’Eurozone », a assuré M. Van Rompuy, demandant aussi aux autres principales économies de prendre leurs responsabilités.  Les 500 millions d’Européens refusent le repli sur soi, la « splendide isolation », ce monde est notre monde, à nous tous, a-t-il enfin déclaré.


M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Premier Ministre de la Turquie, a indiqué que le monde traversait des temps d’une mise à l’épreuve sans précédent, déplorant que l’ONU ne fasse pas preuve du leadership nécessaire.  Il a ainsi indiqué avoir été personnellement témoin des conséquences catastrophiques de l’inaction de l’ONU en Somalie qui est frappée par une terrible tragédie.  La population somalienne est en train de mourir devant les yeux du monde et la communauté internationale regarde comme s’il s’agissait d’un film.  C’est une honte, a-t-il martelé.  Il a ensuite invité à se pencher plus avant sur l’histoire honteuse, marquée par les blessures profondes de la colonisation, qui a conduit à une telle tragédie.  « La justice dans le monde n’est pas possible si l’on ne fait rien en Somalie », a-t-il dit, avant d’indiquer que la Turquie avait collecté 300 millions de dollars d’aide ces derniers mois et lancé toute une série de projets d’infrastructures en Somalie.  « Pourquoi la communauté internationale ne porte-t-elle pas la même attention que sur d’autres conflits », s’est-il interrogé.


M. Erdoğan a ensuite affirmé que la situation au Moyen-Orient constituait l’entrave la plus importante à l’instauration de la justice internationale.  Il a rappelé qu’Israël n’avait pas respecté 89 résolutions du Conseil qui sont pourtant juridiquement contraignantes.  Il a déploré que l’ONU n’ait pris aucune mesure pour mettre fin à la tragédie en Palestine, en dépit de l’indignation qu’elle suscite.  « Cette plaie sanglante doit être guérie », a-t-il soutenu.  Le Premier Ministre a mentionné les exactions perpétrées par Israël, comme les bombardements au phosphore, déplorant que ce pays ne soit pas sanctionné.  « C’est la Palestine qui est occupée par Israël, non pas l’inverse », a-t-il déclaré, ajoutant que même pour envoyer une livraison de tomates aux Palestiniens, il fallait la permission des Israéliens.  Il a ensuite appuyé sans réserves la demande d’admission de la Palestine à l’ONU et appelé à la levée du blocus illégal qui frappe Gaza.  Faisant référence à l’incident de la flottille humanitaire en direction de Gaza, il a ensuite déclaré que la Turquie ne pouvait rester passive devant les conséquences tragiques de l’attaque qui s’était produite dans les eaux internationales.  Il a exhorté Israël à présenter ses excuses et à indemniser les familles des « martyrs ».  La Turquie n’a aucune animosité vis-à-vis du peuple israélien, a-t-il affirmé, imputant les tensions actuelles aux décisions préjudiciables du Gouvernement israélien.  Aucun gouvernement ne peut plus persécuter son propre peuple, a-t-il dit.  Cette époque est révolue, a-t-il affirmé, en citant les révolutions en Tunisie, en Égypte et en Libye.  Il a ensuite exhorté -avec la franchise d’un pays ami- le Gouvernement syrien à respecter les aspirations de son peuple.


S’agissant de la situation à Chypre, M. Erdoğan a indiqué que les paramètres d’une solution diplomatique existaient, avant d’ajouter que la partie chypriote grecque n’était pas prête et que la partie chypriote turque n’était toujours pas sortie de son isolement.  Il a affirmé que la Turquie ne laisserait pas les espérances des Chypriotes turcs pâtir de l’intransigeance de l’Administration chypriote grecque, qui doit se garder de toute initiative, notamment dans les eaux territoriales, susceptible d’alimenter les tensions.  Si cela n’était pas respecté, a prévenu M. Erdoğan, « la Turquie ferait ce qui est nécessaire ».  Avant de conclure, il a annoncé que son pays était candidat pour siéger au sein du Conseil de sécurité au cours de la période 2015-2016.


M. BRONISLAW KOMOROWSKI, Président de la Pologne, s’est félicité du fait que, grâce à une transformation politique et économique profonde, son pays était devenu une démocratie stable, avec une économie dynamique, jouissant de bonnes relations avec les pays d’Europe centrale et orientale.


Évoquant la présidence polonaise du Conseil de l’Union européenne (UE), il s’est félicité que l’UE ait permis à l’Europe de connaître une longue période sans précédent de paix, favorisé le développement social et économique, progressé dans le domaine des droits de l’homme notamment et équilibré les niveaux de développement.  L’Union européenne, a-t-il affirmé, a introduit un nouveau degré de qualité dans la vie internationale.  Il s’est dit confiant que les difficultés que rencontrent actuellement certains membres de l’UE seront surmontées et que l’UE émergera de cette crise d’autant plus forte.  La Pologne, a-t-il assuré, n’épargnera aucun effort pour s’assurer de l’engagement de l’Europe sur les questions internationales.


M. Komorowski a ensuite évoqué le dixième anniversaire des attentats du 11 septembre pour souligner que l’atmosphère de la guerre contre le terrorisme n’avait pas contribué à favoriser la confiance ni à renforcer la stabilité internationale.  Affirmant dans un deuxième temps que la solution à tout problème international notable menait toujours aux Nations Unies, il a estimé que l’objectif principal de l’Organisation se trouvait au sein de la nouvelle « axiologie » adoptée dans le Document final du Sommet mondial de 2005 et qui met l’accent sur le développement, la sécurité et les droits de l’homme.  Il a fait état de la complexité des problèmes liés au développement, lesquels, a-t-il précisé, touchent à des questions relevant du commerce, de la finance, de la croissance économique, de la protection de l’environnement et de l’aide au développement.  Il a ensuite fait allusion aux limites de l’expérience de l’ONU dans un domaine « où les instruments principaux sont aux mains d’entités privées, notamment les entreprises, les banques, les bourses et les fonds d’investissement ».


Pour le Président polonais, il est temps de s’accorder sur un nouveau paradigme d’échange économique mondial.  Il a appelé les États connaissant un important surplus d’importations par rapport aux exportations à s’orienter vers la croissance, « stimulée par la consommation à l’échelon national ».  Si on ne parvient pas à équilibrer les relations entre les économies orientées vers l’exportation et celles qui favorisent l’importation, a-t-il averti, de nouveaux troubles verront le jour.  Il a également engagé les pays en développement à assumer davantage de responsabilités dans l’économie mondiale.


M. Komorowski s’est ensuite dit inquiet de la perspective d’un retour à la course à l’armement et de l’augmentation des dépenses en armement.  Il a notamment estimé qu’une attention plus grande devait être accordée aux catégories d’armes qui provoquent la majorité de morts dans le monde, les conflits et qui sont les principaux facteurs d’instabilité.  Il a également appelé à la réforme de la Conférence sur le désarmement.


M. MWAI KIBAKI, Président du Kenya, s’est félicité de la « naissance de la nation du Soudan du Sud en juillet dernier ».  Cela est le fruit d’intenses négociations sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), sous la supervision de l’Union africaine et de la communauté internationale, a-t-il précisé, remettant ainsi ce point dans le contexte du débat actuel sur la médiation en tant qu’instrument du règlement des conflits.  Pour lui, ce succès est la preuve du potentiel réel qu’ont les organisations régionales pour venir à bout de conflits complexes.  Pour sa part, le Kenya s’engage à soutenir le Soudan et le Soudan du Sud, tant sur le plan bilatéral qu’à travers l’IGAD, pour trouver une solution aux questions toujours en suspens dans le contexte de l’Accord de paix récent.


Abordant ensuite la situation en Somalie, il s’est dit optimiste suite à l’amélioration récente de la situation sécuritaire à Mogadiscio.  Cela a été possible, selon lui, grâce aux efforts du Gouvernement fédéral de transition, avec le soutien de la Mission de l’Union africaine et de la communauté internationale.  « La sortie des Shabaab de Mogadiscio offre une opportunité unique à la communauté internationale pour se rallier derrière la Somalie en vue de consolider les acquis », a encore estimé le Président Kibaki.  Il a saisi cette occasion pour lancer un appel à l’ONU et à la communauté internationale pour qu’elles soutiennent l’IGAD et travaillent en partenariat avec le Gouvernement fédéral de transition.  Un premier pas en ce sens serait, selon lui, de renforcer le mandat de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) en la dotant des ressources nécessaires.


S’agissant de la question des changements climatiques, et notamment de leurs manifestations terribles dans la corne de l’Afrique, il a souligné que cette région connaissait la pire sécheresse en 60 ans.  Cela provoque une intense compétition pour le peu de ressources disponibles et engendre des situations de tension, voire de conflit armé entre communautés voisines, a encore précisé M. Kibaki.  Il est grand temps, selon lui, de mettre en place des mécanismes d’alerte rapide au niveau régional et de penser à des réponses adéquates à de telles catastrophes.  En effet, l’ampleur des changements climatiques et de la dégradation environnementale appelle des actions résolues, a déclaré le Président, ajoutant que son pays espérait que la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à Durban, en Afrique du Sud (COP 17), sera à la hauteur des attentes de l’Afrique dans ce domaine. 


M. MIKHAIL SAAKASHVILI, Président de la Géorgie, a rappelé que l’on commémorait cette année le vingtième anniversaire de la fin du totalitarisme ainsi que le dixième anniversaire des attentats du 11 septembre.  « Le Printemps du monde arabe nous indique que l’histoire se poursuit et qu’il n’y a pas de choc de civilisation », a lancé le Président.  Il a ensuite affirmé que la « tyrannie soviétique » continuait d’avoir des effets aujourd’hui, ajoutant qu’il n’y avait pas de complots dans les petites nations pour saper le pouvoir des plus grandes.  Un gouvernement, aussi fort qu’il soit, ne peut pas unilatéralement démembrer une nation, a-t-il dit.


M. Saakashvili a ensuite accusé la Fédération de Russie d’occuper 20% du territoire géorgien, pour s’inquiéter ensuite du sort des nombreuses personnes déplacées suite au différend.  Ces personnes ne peuvent pas rentrer chez elles car, à Moscou, un dirigeant étranger a décidé que leurs maisons n’étaient plus les leurs, s’est indigné le Chef de l’État.  Il a indiqué que la Géorgie avait renoncé, il y a un an, à recourir à la force pour retrouver son intégrité territoriale, puis il a dénoncé l’inaction de la Russie en la matière.  Il a évoqué le « trou noir » du Caucase du Nord pour souligner que la Géorgie répondait à cette « brutalité » en ouvrant ses frontières et en établissant des passerelles entre les nations, et que face aux actions militaires, elle lançait des programmes pour les enfants.


Le Président de la Géorgie a ensuite affirmé que la coopération internationale dans la lutte contre Al-Qaida demeurait essentielle.  Le terrorisme, a-t-il affirmé, ne sera pas vaincu par des moyens militaires, mais en instaurant la liberté, la démocratie et la prospérité.  Après avoir évoqué l’histoire récente de la Géorgie, il a estimé que les révolutions se faisaient non pas suite à des manifestations dans la rue, mais après un long processus de réforme.  Le succès des révolutions du monde arabe dépendra de ce qui se produira une fois que les journalistes de CNN et d’Al-Jazeera seront partis, a-t-il assuré.


M. Sakaashvili s’est ensuite félicité des progrès réalisés par son pays dans le domaine de la transparence, et que la Géorgie soit, selon la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), un des pays ayant le mieux réussi dans la région.  Pour le Président, il importe de s’interroger sur la meilleure façon d’agir suite à la chute des dictatures.  C’est un peu comme Wikipedia, un projet auquel chacun peut apporter sa contribution, a-t-il dit, pour appeler ensuite les États Membres à y apporter les leurs.


M. LEONEL FERNÁNDEZ REYNA, Président de la République dominicaine, a rappelé que, 10 ans auparavant, la ville de New York avait été frappée par des attentats, avec pour conséquence des milliers de pertes en vies humaines.  Il a ajouté que la guerre d’Afghanistan qui avait suivi avait fait plus de décès que l’événement qui l’avait provoquée.  Il a aussi évoqué l’invasion de l’Iraq qui, selon lui, a suscité de nombreuses polémiques à l’échelle internationale tout en produisant de nouvelles victimes et de nouvelles vagues de souffrances humaines tout en provoquant la destruction de richesses.  Le Président a ainsi souligné, parmi la leçon apprise de ces 10 dernières années, la nécessité d’un effort collectif pour éliminer le terrorisme comme pratique inhumaine, ainsi que ses racines économiques, sociales, politiques, culturelles, idéologiques et religieuses.


Le Président s’est ensuite attardé sur la crise financière internationale provoquée, à ses yeux, par le manque d’application de règles claires dans le système financier international.  Il s’est interrogé sur la demande surprenante des marchés de capitaux qui exigent que les gouvernements payent la dette créée par les dépenses visant à sauver le naufrage de ces mêmes institutions financières.  Les politiques de sauvetage des institutions financières, a-t-il précisé, ont conduit à la diminution de la qualité de vie des populations et ont donné lieu à un malaise social qui a généré des protestations.  Ces protestations populaires ont abouti, selon le Président, à l’effondrement de certains gouvernements dans un scénario nouveau semblable aux coups d’État, mais que M. Fernández a appelé « coups de marché ». 


Dans une esquisse de solution pour renflouer les caisses des institutions financières, le Président a suggéré la mise en place d’une taxe de 5% sur les transactions financières internationales évaluées à 4 000 milliards de dollars par jour.  Une telle mesure, a-t-il démontré, permettrait de mettre de côté 20 milliards de dollars par jour et 4 800 milliards de dollars par an; des fonds qui permettraient de résoudre la crise économique et financière qui secoue le monde.  Il a aussi décrié les paradis fiscaux qui érodent les fonds nécessaires aux divers États pour la résolution des questions de développement.


Dans une même perspective économique, il a regretté que la spéculation financière fasse monter les prix des produits alimentaires et pétroliers, et il a souligné que cette situation avait fait augmenter de 150 millions le nombre de personnes victimes de la faim à travers le monde.  Afin de résoudre ce problème de spéculation, le Président a suggéré l’établissement de mesures de portée internationale pour garantir la transparence des marchés et la stabilité des prix.  Il a indiqué enfin que « les aliments devraient servir seulement pour garantir la survie de l’espèce humaine sur la planète ».


M. OLLANTA HUMALA TASSO, Président du Pérou, qui a été élu récemment, a indiqué que son objectif était de transformer la société péruvienne afin que « l’argent se transforme en qualité de vie ».  Citant Nelson Mandela, le Président a indiqué qu’il ne peut y avoir de démocratie dans la misère.  Il a de ce fait regretté que les générations précédentes de dirigeants en Amérique latine n’aient pas œuvré amplement à la promotion de la liberté, de l’égalité et de la fraternité dans leur pays respectif.  L’État doit établir des politiques publiques pour l’intérêt des peuples.  Les citoyens ont besoin d’avoir accès à la santé, au logement et à la nutrition, a-t-il soutenu.  Ajoutant que l’État qu’il promeut est un État qui prenne en compte les besoins de sa communauté, tous les Péruviens et Péruviennes sont les citoyens de première catégorie, a-t-il soutenu.


Dans la perspective du développement de son pays, le Président a évoqué des problèmes tels que le trafic de stupéfiants qui constitue, a-t-il noté, l’une des plus grandes menaces mondiales.  Il a souhaité que se mette en place une coopération internationale et une « politique intégrale qui intègre le contrôle de l’offre et la réduction de la demande ».  Il a souligné que la culture des feuilles de coca est une activité traditionnelle et séculaire qui implique des milliers de personnes au Pérou.  Son gouvernement, a-t-il indiqué, a mis en place un programme d’appui aux producteurs de coca afin de leur proposer des alternatives à leur activité habituelle.  Le Pérou a besoin de la coopération internationale pour lutter efficacement contre les cartels de la drogue qui ont des ramifications internationales, a déclaré le Président.  Rappelant que les Nations Unies sont les garantes de la paix, et sont constituées d’États, il a regretté que des conglomérats privés soient aujourd’hui plus puissants que les États à qui ils dictent leur loi sur les marchés financiers.  Le Président du Pérou a affirmé soutenir la création d’un État palestinien.  Indiquant que son pays s’est engagé dans la valorisation des sources d’énergie propre, le Président a invité les pays développés à diminuer leur production de gaz à effet de serre.  Il a en outre souhaité la fin du blocus imposé à Cuba, avant d’appeler à une réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies et du Conseil économique et social.


Mme DALIA GRYBAUSKAITÉ, Présidente de la Lituanie, a rappelé que son pays était devenu Membre des Nations Unies il y a 20 ans et que, depuis, de grands progrès avaient été réalisés à tous les niveaux pour être à la hauteur des principes et valeurs des Nations Unies.  « L’Histoire nous a appris qu’un médiateur honnête est la clef pour régler presque tous les problèmes », a affirmé la Présidente.  Forte de ce propos, elle a fait état des mesures prises pour que la Lituanie devienne maintenant à son tour un médiateur au plan international et régional et notamment dans le cadre de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Pour Mme Grybauskaité, il ne fait pas de doute que son pays est prêt pour devenir un membre non permanent du Conseil de sécurité en 2015. 


Revenant sur la réunion récente, organisée par la Lituanie, des femmes au pouvoir de toutes les régions du monde ont noté à regret que la participation des femmes restait toujours trop faible dans les médiations pour la paix.  Cela ne va pas dans le sens de la résolution historique 1325 (2000) du Conseil de sécurité, a remarqué la Présidente, qui, pour remédier à cette situation au niveau de son pays, a rédigé son premier plan d’action national pour la mise en œuvre de cette résolution en Lituanie.


Parmi les grands défis à relever par la communauté internationale, Mme Grybauskaité a cité la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique, mais elle s’est surtout attardée sur la sûreté nucléaire.  Elle a d’ailleurs salué l’engagement vigoureux du Secrétaire général en faveur de la sûreté et de la sécurité nucléaires.  « Compte tenu des besoins énergétiques croissants, l’énergie nucléaire représente un réel intérêt à condition qu’elle soit utilisée de manière responsable », a souligné la Présidente.  Pour elle, cela signifie de mettre en place des réglementations internationales strictes et de ne faire aucun compromis en matière de sureté nucléaire.  À ce titre, l’Agence internationale de l’énergie atomique doit assumer un rôle clef pour garantir le strict respect de normes nucléaires uniformes obligatoires.  « Chaque centrale nucléaire doit être soumise à des tests de résistance et de sûreté, indépendamment de l’endroit où elle se trouve »», a-t-elle encore soutenu. 


M. ROBERT GABRIEL MUGABE, Président du Zimbabwe, a regretté que les principes universels de la Charte des Nations Unies n’aient pas été respectés dans le cas de l’intervention de l’OTAN en Libye, soulignant que le processus de médiation et de négociation pacifique n’avait jamais eu l’occasion de pleinement jouer son rôle.  Au lieu de cela, « on a rapidement invoqué le Chapitre VII de la Charte, assorti d’une mauvaise interprétation flagrante du mandat initial de l’OTAN pour assurer et protéger les civils », a dénoncé M. Mugabe.  Il a insisté sur le fait que des haines et querelles bilatérales où d’autres motifs ne devraient pas pouvoir interférer avec des considérations de paix et de sécurité internationales et le principe de la responsabilité de protéger.  Pour sa part, il n’est toujours pas convaincu que l’intervention des « grandes puissances » dans les affaires libyennes n’ait pas empêché la naissance d’un processus de paix, de démocratie et de prospérité dans « cette nation africaine sœur ».  C’est à l’Union africaine d’assister le peuple libyen, a estimé M. Mugabe, assurant qu’elle ne ménagerait aucun effort pour que la paix puisse y être réalisée.


« Le principe nouvellement développé de la responsabilité de protéger ne doit pas être manipulé pour offrir une couverture à des violations du principe de non-ingérence », a poursuivi M. Mugabe, convaincu que cela équivaut à un acte d’agression et de déstabilisation d’un État souverain.  Pour lui, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité ont une responsabilité particulière à veiller à ce que « leur privilège historique » soit utilisé à bon escient pour défendre la Charte des Nations Unies et non pas pour l’enfreindre comme cela a été le cas en Libye avec l’intervention de l’OTAN, a fustigé le Président du Zimbabwe.  « Après les bombardements, certains pays de l’OTAN se disputent maintenant le pétrole libyen, ce qui indique bien que la motivation ultime de leur agression contre la Libye était de prendre le contrôle de ses gisements pétroliers.  Quelle honte! », a dénoncé M. Mugabe.


Faisant le parallèle avec son pays, le Président du Zimbabwe s’est indigné de la campagne de dénigrement sans précédent et des sanctions économiques pernicieuses imposées à son pays lorsque son peuple a voulu prendre le contrôle de ses propres ressources.  Le Président a ensuite fait part de ses préoccupations concernant les activités de la Cour pénale internationale (CPI) qui, selon lui, ne semble exister que pour poursuivre des coupables présumés originaires du monde en développement, et pour la plupart africains.  Allant plus loin, il a dénoncé la « procédure sélective de cette même Cour quand il s’agit de crimes internationaux commis par des dirigeants de puissances occidentales, comme Tony Blair et Georges Bush ».  Par ailleurs, M. Mugabe a réaffirmé que son pays soutenait la demande de reconnaissance de la Palestine à en tant qu’État indépendant et Membre à part entière des Nations Unies.


M. DESIRÉ DELANO BOUTERSE, Président du Suriname, a regretté que certains citoyens de pays en développement vivent dans l’opulence alors que les conditions d’un développement durable ne sont pas encore réunies dans lesdits pays.  S’exprimant au sujet des changements climatiques, il a précisé que 80% de la population de son pays vivait en zone côtière, ces côtes étant pour la plupart situées en dessous du niveau de la mer.  Il a de ce fait invité la communauté internationale à obtenir un accord rapidement lors de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à Durban, en Afrique du Sud (COP 17), afin que l’avenir de son pays ne soit pas compromis. 


Évoquant les ambitions de développement de son pays, le Président a précisé les objectifs majeurs des programmes économiques mis en place, notamment le maintien d’une réelle croissance économique et une redistribution équitable des revenus, le développement du secteur minier et l’investissement dans le capital humain qui, selon ses termes, est la ressource la plus importante.  Il a également reconnu que les conflits armés, le terrorisme et le crime organisé représentaient quelques obstacles sur la route du développement du Suriname.


S’agissant du « rôle de la médiation dans la résolution pacifique des conflits », le Président a estimé que le fait de ne pas appliquer les principes d’équité et de justice dans les relations internationales créait des situations inacceptables et pouvait conduire à l’extrême pauvreté et augmenter la marginalisation.  À propos de la famine qui a cours dans la corne de l’Afrique, le Président s’est demandé si les architectes de la guerre sur le continent africain, sous le prétexte des droits de l’homme, ne pourraient pas plutôt utiliser ces ressources dans le cadre de la lutte contre la faim. 


Au sujet du tremblement de terre ayant eu lieu en Haïti en janvier 2010, il a regretté que la communauté internationale n’eût pas tenu ses engagements pour le soutien du peuple haïtien dans ses efforts de reconstruction.  Le Suriname, a déclaré le Président, réaffirme le droit des populations palestiniennes à l’autodétermination, y compris le droit à un État palestinien indépendant, comme convenu par les Nations Unies en décembre 2010, a-t-il par ailleurs estimé.  À ce sujet, le Président a souligné que son pays avait reconnu l’indépendance de la Palestine et a souhaité qu’elle soit intégrée au sein des Nations Unies.  Il a en outre soutenu que l’embargo contre le peuple de Cuba continuait de plomber le développement du pays.  Il a émis le vœu que l’unité et la justice puissent régner entre toutes les nations.


M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a rappelé les liens profonds qui existent entre la paix et la sécurité d’une part, et le développement et la démocratie d’autre part.  « Et c’est parce que les Gabonais vivent en paix sur leur territoire, avec leurs voisins et avec le monde, qu’ils seront en mesure d’atteindre de nouveaux objectifs de développement », a affirmé le Président.  Depuis l’année dernière, son gouvernement est passé à l’action et a mis en place et consolidé les infrastructures stratégiques dans les domaines industriels, agricoles et de la protection de l’environnement, ainsi que dans le cadre de la préparation de la coupe d’Afrique des nations (CAN), que le Gabon organisera en 2012, conjointement avec la Guinée équatoriale.


Abordant la question de la paix et de la sécurité en Afrique, le Président a expliqué que son pays y avait apporté sa contribution dans la mesure de ses moyens.  Ainsi, il a reconnu le Conseil national de transition (CNT) en Libye et a participé à la Conférence des amis de la Libye à Paris.  S’agissant de la Somalie, le Président a estimé qu’il fallait agir de manière résolue compte tenu de la gravité de la situation.  « il importe que tout soit fait pour que l’aide humanitaire parvienne aux populations dans leurs villes et villages », a déclaré M. Bongo Ondimba.


Sur la question de Palestine, le Président a souligné les profondes implications qu’elle avait sur la paix au Moyen-Orient.  Il a formé le vœu de voir bientôt un État palestinien, vivant en paix côte à côte avec Israël, dans des frontières sûres et reconnues.  Il a ensuite abordé le point de la réforme du Conseil de sécurité à laquelle son gouvernement est favorable, soulignant que l’Afrique devrait, d’une manière qui reste à définir, y siéger de façon permanente.  Il a également fait état de l’engagement du Gabon en faveur de la protection de l’environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique.


Le Président Bongo Ondimba a ensuite fait part de ses préoccupations relatives à l’impact de la crise économique mondiale sur les pays du Sud et surtout pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Cette crise sur les investissements publics dans les secteurs sociaux de base, tels que l’éducation, la santé et la fourniture d’eau potable et d’électricité, limite la marge de manœuvre de ces pays à promouvoir le développement, a expliqué le Président, ajoutant que l’échéance 2015 pour la réalisation des OMD demeure pour beaucoup de ces pays, dont le Gabon, un défi difficile à relever. 


Il a poursuivi en soulignant que l’aide au développement marquait le pas et a lancé un appel à la communauté internationale pour s’efforcer de répondre aux engagements souscrits à Monterey, à Doha, à Gleeneagles, à Paris et à Accra.  « Il faut un nouveau partenariat mondial en faveur du développement pour assurer une croissance économique durable dans nos pays », a exigé M. Bongo Ondimba.  « L’aide doit s’accompagner de plus d’investissements directs et de plus de commerce juste et équitable », a-t-il poursuivi.


Passant au thème du débat général de cette année, le Président gabonais a rappelé l’attachement historique de son pays à la médiation et à la résolution pacifique des différends et des conflits.  Il a assuré que le Gabon ne se départirait jamais de cette voie, en particulier au moment où l’Afrique s’efforce de réaliser son intégration politique et économique.  « Nous savons bien que la médiation peut avoir des limites, et la communauté internationale doit toujours être prête, le cas échéant, à envisager d’autres modes de prévention et de résolution des conflits », a précisé le Président Bongo Ondimba.  Dans ce contexte, il a encouragé les Nations Unies à renforcer leur coopération avec tous les acteurs intervenant dans ce domaine, soulignant qu’en Afrique, l’Union africaine continuait de renforcer ses capacités de médiation et était un acteur indispensable.


M. JOSEPH KABILA KABANGE, Président de la République démocratique du Congo (RDC), a indiqué que son pays connaissait une période charnière qui marque la confirmation d’une rupture définitive avec la spirale de violence et d’instabilité et qui, a-t-il affirmé, engage le peuple congolais dans une culture démocratique « pérenne ».  Il a assuré que la Commission électorale nationale indépendante, le peuple et le Gouvernement mettaient tout en œuvre pour l’organisation d’élections transparentes et crédibles.  Ces élections, s’est-il félicité, sont enfin la preuve d’un retour à la paix effective.  M. Kabila Kabange a ensuite estimé que la paix et la sécurité ayant été retrouvées, la présence onusienne dans son pays méritait d’être repensée.  Il a notamment appelé la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) à quitter progressivement le strict cadre des opérations de maintien de la paix pour accompagner le pays dans ses efforts de développement et de relance économique. 


Le Président a fait savoir que plusieurs défis demeuraient, évoquant notamment la poursuite de la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité, de l’armée et de la police ainsi que de la justice et des services pénitentiaires.  M. Kabila Kabange a également parlé du retour des personnes déplacées, de la poursuite du processus de démobilisation et de réinsertion des enfants soldats ainsi que de la consolidation des relations de bons voisinages.  La République démocratique du Congo est en paix avec l’ensemble de ses voisins et le temps est à la reconstruction et au développement, s’est-il félicité.  Le Chef d’État a ensuite fait savoir qu’après une décennie de décélération, son pays connaissait actuellement un taux de croissance positif.  Il a néanmoins reconnu que des mesures d’encadrement et d’encouragement des économies fragiles d’Afrique étaient plus que nécessaires.  Il a par ailleurs estimé que le moment était venu d’envisager l’adaptation de l’ONU aux réalités actuelles afin d’améliorer son efficacité et de renforcer la confiance entre les États Membres.  Il a notamment souhaité que le Conseil de sécurité intègre les aspirations légitimes des pays en développement et, en particulier de l’Afrique.


M. JOHNSON TORIBIONG, Président des Palaos, a déclaré que des forces dépassant le contrôle de son pays, et que celui-ci n’avait aucunement provoquées, ravageaient les océans et endommageaient les terres et les récifs de corail.  Il a tout d’abord dénoncé l’industrie de la pêche, expliquant que les bateaux de pêche ne respectaient pas les frontières ni les lois ou coutumes des Palaos.  Les thons sont pêchés pour quelques centimes, et on chasse les requins pour leurs ailerons pour une fraction du montant que dépenseraient les touristes pour les voir vivants.  Les efforts de protection de la vie maritime doivent dépasser les frontières et requièrent une coopération internationale, a-t-il dit.


M. Toribiong a fait savoir que depuis qu’il avait annoncé, il y a deux ans, la création d’un sanctuaire de requins, d’autres pays s’étaient ralliés à cette initiative et qu’à l’heure actuelle, la zone de sûreté de ces animaux marins s’étendait à 2,7 millions de kilomètres carrés.  La santé de nos océans dépend des requins, a-t-il rappelé.  Le Chef de l’État a souligné que les pêcheries mondiales devaient être durables, demandant à ce que l’on mette un terme aux pratiques dangereuses, à la chasse aux ailerons de requins et au chalutage de fond.  Il a également appelé à la création d’une zone de protection du thon, précisant que cette proposition serait étudiée en décembre à l’occasion de la Conférence sur le thon des îles du Pacifique.  M. Toribiong a par ailleurs évoqué la possibilité que le territoire des Palaos fût irradié et qu’il craignait que certains poissons ne fussent plus comestibles. 


Évoquant par ailleurs les effets néfastes des changements climatiques, il a constaté avec regret qu’une solution n’était toujours pas à portée de main.  Aucun accord contraignant n’a été conclu, et l’échec de certains États à se rendre à l’évidence des implications sécuritaires des changements climatiques est pathétique.


M. Toribiong a ensuite fait savoir que les Palaos et les Îles Marshall allaient engager l’Assemblée générale à obtenir d’urgence, en vertu de l’Article 96 de la Charte, un avis consultatif de la Cour internationale de Justice relatif à la responsabilité des États de s’assurer que leurs activités émettrices de gaz à effet de serre ne soient pas nuisibles à d’autres États.  Il est grand temps de définir la façon dont s’applique le droit international dans le contexte des changements climatiques, a-t-il affirmé.


Le Président des Palaos a ensuite indiqué qu’il avait mis sur pied une équipe spéciale chargée d’acquérir un câble optique sous-marin afin de permettre au pays d’être mieux à même de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il s’est par ailleurs félicité du fait que le Conseil des droits de l’homme ait adopté à l’unanimité le rapport périodique universel des Palaos.  Il a aussi annoncé qu’à compter de cette semaine, les Palaos étaient signataires de toutes les principales conventions relatives aux droits de l’homme.


M. IDRISS DÉBY ITNO, Président du Tchad, a assuré que son pays s’était donné pour conduite le règlement de tous les conflits, internes comme externes, par la voie pacifique et la médiation, ce qu’il a prouvé notamment en soutenant les Accords de Doha entre le Gouvernement du Soudan et son opposition armée du Darfour.  Il a souhaité une solution définitive de la crise du Darfour, appelant la communauté internationale à accompagner le Soudan sur cette voie.


Concernant les mutations en cours dans les États arabes, il s’est inquiété que des mouvements pacifiques de revendications démocratiques et de liberté tournent au drame humain et aux destructions massives, appelant les Nations Unies à s’engager sans réserve aux côtés des parties en conflit pour la recherche de solutions adéquates qui permettront d’éviter des conséquences désastreuses sur les populations.  Le Tchad est en effet bien placé pour évoquer ce sujet puisque le pays accueille plus de 100 000 réfugiés centrafricains, plus de 290 000 réfugiés soudanais et 180 000 déplacés internes.


Après le retrait définitif de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT), le Gouvernement tchadien a pris en main la protection de ces populations et des organisations humanitaires qui leur viennent en aide, par une force nationale appelée Détachement intégré de sécurité (DIS) qui accomplit parfaitement sa mission, a assuré M. Déby Itno.


À l’instar de nombreux pays du Sahel, le Tchad a aussi enregistré le retour de Libye de 100 000 Tchadiens contraints à la fuite, a-t-il souligné, appelant la communauté internationale à poursuivre son assistance pour aider le pays à contenir les effets dramatiques de ce mouvement massif de populations.  « Nous attirons l’attention de nos frères libyens sur le sort de nos ressortissants qui ont contribué au développement de ce pays en tant que travailleurs et qui sont qualifiés parfois, sans discernement, de mercenaires », a-t-il déclaré.  Au niveau local, il a annoncé la tenue, pour la première fois, d’élections locales avant la fin de l’année 2011.


Le Président tchadien a également évoqué les effets néfastes des crises internationales financière, énergétique et alimentaire sur l’économie de son pays, et ceux des changements climatiques sur son environnement.  Rappelant les énormes efforts et sacrifices consentis, il s’est dit conscient du long chemin restant à parcourir pour sortir de la pauvreté.  Les cadrages budgétaires exigés de nos finances publiques par les institutions financières internationales ne prennent pas en compte les gaps considérables entre les budgets nationaux et ceux requis pour tenir les engagements internationaux, s’est-il inquiété.


En outre, la situation pluviométrique du Sahel peut nous entraîner vers une catastrophe écologique et humanitaire, comme celle qui sévit actuellement dans la corne de l’Afrique, a-t-il aussi prévenu.  À cet égard, le Tchad met en œuvre un Programme national de sécurité alimentaire qui vise au cours des trois prochaines années une politique intensive en faveur de la promotion du monde rural, clef de voûte de l’indépendance économique et industrielle.  M. Déby Itno a aussi réitéré son appel à la communauté internationale pour qu’elle assiste les pays riverains du Lac Tchad à le sauver.  Le monde doit savoir que de sa survie dépend aussi le bassin forestier du Congo, a-t-il rappelé.


Enfin, M. Déby Itno a plaidé pour une réforme des Nations Unies, l’une des caractéristiques de l’Organisation étant, selon lui, la marginalisation des Africains.  Les États africains sont aujourd’hui des acteurs incontournables du système en matière de paix, de sécurité et de développement et force est de constater qu’ils ne trouvent pas encore la place qu’ils méritent, a-t-il déclaré, demandant une représentation africaine permanente au Conseil de sécurité, avec droit de veto.


M. IVO JOSIPOVIĆ, Président de la Croatie, a indiqué que son pays avait parcouru un long chemin depuis le début des années 1990 et servait maintenant d’ancre de paix et de stabilité en Europe du Sud-Est.  Il a ajouté que la Croatie espérait maintenant devenir membre de l’Union européenne en 2013, et qu’une fois cet objectif atteint, il se ferait l’avocat d’un élargissement de l’Union européenne à d’autres pays.  Il a également formé le vœu que l’Europe du Sud-Est soit reconnue comme une région où prévalent la paix et la stabilité.  À cet et égard, le Président croate a souligné la nécessité de mettre un terme, s’agissant des crimes contre l’humanité, à l’impunité et réaffirmé son soutien aux travaux de la Cour pénale internationale et du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).  Il a ensuite noté les efforts en cours pour la transformation du TPIY en mécanismes résiduels, avant de rappeler l’engagement durable de son pays pour une coopération totale avec le TPIY.  Il a indiqué que les travaux du TPIY avaient permis un renforcement de la justice pénale internationale, même si des leçons pouvaient être tirées de ses faiblesses.  Il faudrait améliorer la coopération avec les États et adopter des approches plus pertinentes à l’égard des États qui ne coopèrent pas, notamment pour assurer la protection des victimes et des témoins.


M. Josipović a ensuite plaidé pour une transition politique en Libye qui évite les pièges de la vengeance et de la violence, ajoutant que le rôle de la Cour pénale internationale sera crucial pour juger les crimes commis par les membres de l’ancien régime libyen.  Il a ensuite apporté son soutien à une solution au Moyen-Orient basée sur deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, ajoutant que l’inertie sur ce dossier aurait des conséquences catastrophiques pour l’ensemble de la communauté internationale.  S’agissant de la réforme du système des Nations Unies, le Président de la Croatie a souligné la nécessité de revitaliser les travaux de l’Assemblée générale et d’œuvrer à la réforme du Conseil de sécurité afin d’assurer une meilleure représentation des États Membres.  Il a souhaité que le Groupe des États de l’Europe de l’Est, dont le nombre a presque doublé, bénéficie d’un siège de membre non permanent supplémentaire au sein du Conseil.  Il a enfin exhorté la communauté internationale à faire preuve de solidarité, de détermination et de responsabilité.  « Seul un cœur pur peut faire une bonne soupe », a-t-il dit avant de conclure.


Mme LAURA CHINCHILLA MIRANDA, Présidente du Costa Rica, a déclaré que son pays s’identifiait totalement avec la démocratie, la paix et les droits de l’homme, c’est à dire des valeurs partagées avec l’immense majorité des habitants d’Amérique centrale. 


« Nous sommes victimes en ce moment d’une nouvelle et terrible agression », a déclaré Mme Miranda, en se référant au crime transnational organisé.  Ce fléau a érodé la structure de base du tissu social et mis en péril l’existence même de la règle de droit dans certains pays de la région.


Elle a répété ce qu’elle avait dit pendant la Conférence régionale sur la sécurité en Amérique centrale, qui s’est tenue au Guatemala le 22 juin dernier: « Notre région est devenue la proie de géopolitiques malveillantes ».  La Présidente a demandé à la communauté internationale, en particulier aux plus grands consommateurs de drogues et aux fournisseurs d’armes, d’assumer la responsabilité de leurs actions.


Notant que le Secrétaire général insistait sur la diplomatie préventive, la Présidente a averti la communauté internationale qu’il était « déjà trop tard » et qu’il fallait agir vite pour éviter « une tragédie ».  Un robuste traité sur le commerce des armes est nécessaire pour contrôler la circulation de ces « engins de mort ».


Par ailleurs, Mme Miranda a rappelé que le Costa Rica avait été victime, en octobre 2010, d’une occupation de son territoire par des contingents nicaraguayens et qu’il avait fallu une intervention de la Cour internationale de Justice (CIJ) pour y mettre fin.


Le Costa Rica, devenu membre du Conseil des droits de l’homme, appelle tous les États à appuyer l’initiative concernant une déclaration des Nations Unies sur l’éducation sur les droits de l’homme.


Enfin, Mme Miranda a souligné que son pays mettait l’accent sur le développement durable.  Des mesures importantes ont été prises en faveur d’une énergie propre et d’une consommation de carbone limitée.


M. KEVIN RUDD, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a déclaré que, face à la crise économique mondiale et aux défis persistants de la pauvreté, de la dégradation de l’environnement, de la prolifération des armes nucléaires et du renforcement des droits de l’homme, les institutions mondiales étaient confrontées à un dilemme.  Les défis sont de plus en plus mondiaux, alors que les institutions disponibles sont toujours principalement nationales.  La crise économique continue, a-t-il noté, avec une reprise stagnante, un chômage en hausse et une confiance qui se fane.  C’est pourquoi, il faut garantir que les contribuables n’aient plus à payer pour l’attitude déraisonnable des institutions financières.  De même, toutes les principales économies doivent s’engager sur une voie crédible, sans protectionnisme, ce qui passe par une conclusion des négociations de Doha et une réévaluation de certaines monnaies.


M. Rudd a souligné que les pays asiatiques prenaient une place prépondérante dans le monde et que ce qui s’y passe avait des conséquences sur toutes les économies.  À cet égard, il s’est inquiété de l’augmentation de 150% des dépenses militaires du continent, alors que de nombreux différends territoriaux y sont toujours non résolus.  L’un des premiers acheteurs malgré sa pauvreté est la Corée du Nord, a-t-il dénoncé, ce qui représente une menace pour toute la région.  Une communauté d’Asie Pacifique doit donc être lancée, en plus de l’ONU, a-t-il proposé.


La situation dans le monde montre que l’appel pour la liberté et la démocratie est indivisible et universel, a poursuivi le Ministre, rappelant le soutien de l’Australie à la Tunisie, à l’Égypte et à la Libye.  Condamnant la brutalité actuelle en Syrie, il a appelé la communauté internationale à redoubler sa pression sur Damas.  Concernant le Moyen-Orient, l’Australie reste attachée à une solution à deux États vivant pacifiquement et côte à côte, et encourage les négociations directes à partir des frontières de 1967 avec des échanges de terre possibles.  Sans changement rapide, la situation géopolitique de la région pourrait rendre encore plus difficile la recherche d’une solution pour la région, a-t-il dit, notant la détérioration des relations entre Israël et l’Égypte, ainsi qu’avec la Turquie.


Le terrorisme est l’ennemi de tous les peuples civilisés, a aussi rappelé M. Rudd, annonçant que l’Australie resterait impliquée en Afghanistan.  Le pays est par ailleurs attaché à parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  En outre, il continuera à aider les pays les plus pauvres, notamment ceux touchés par la sécheresse dans la corne de l’Afrique. 


La communauté internationale doit participer à tous ces objectifs pour asseoir la sécurité alimentaire au niveau planétaire, dans un contexte d’explosion démographique.  Sur ce dossier, il a estimé que l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) n’arrivait pas à s’acquitter de son mandat et devrait se fixer de nouvelles priorités pour l’avenir, sans quoi l’Australie réexaminerait son soutien financier à cette institution. 


Il a également proposé la création d’un nouveau fonds mondial pour l’éducation qui aurait pour objectif concret de ramener 70 millions d’enfants à l’école, à l’horizon 2015.  Le pays reste aussi très attaché au niveau national à réduire les inégalités qui y persistent aux dépens des populations autochtones. 


M. ZALMAI RASSOUL, Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan, s’exprimant au nom du Président, M. Hamid Karzai, a rappelé que son pays faisait le deuil d’une figure nationale, l’ancien Président Burhanuddin Rabbani, qui a été assassiné il y a deux jours.  Au nom du peuple afghan, il a remercié tous ceux qui avaient envoyé des messages de condoléances. 


Faisant le bilan de l’année écoulée et de son lot de volatilité politique au Moyen-Orient, de crise économique mondiale, de flambée des prix des denrées alimentaires et de catastrophes naturelles, il a conclu « que nous vivons en des temps incertains et que c’est dans des moments pareils que la coopération internationale trouve toute sa signification et sa pertinence ».  Rappelant le dixième anniversaire des attaques terroristes du 11 septembre, il a invité les États Membres à ne pas perdre de vue les millions de vies perdues dans le monde suite à des actes de violence et de terrorisme commis avant et après cette date. 


Cette année marquera aussi les 10 ans d’une nouvelle ère politique en Afghanistan et de la fin du règne des Taliban, a rappelé le Ministre.  Estimant que son pays avait de nombreuses raisons d’être fier et en remerciant la communauté internationale pour sa générosité et sa solidarité, le Ministre a notamment cité le fait que le pays avait été réunifié et que les bases d’une jeune démocratie avaient été jetées. 


« Malheureusement notre fierté et notre gratitude sont ternies par l’absence d’un facteur clef dans le pays, à savoir la sécurité, et cela malgré la volonté sincère du peuple afghan de triompher dans sa lutte contre le terrorisme », a-t-il poursuivi.  Il est convaincu que tant que le terrorisme international et les extrémismes restent des menaces réelles, la paix de la région restera hypothéquée par la lutte contre ces fléaux.  Il est désormais impératif de s’attaquer aux endroits et causes qui sont à l’origine du terrorisme, a souligné le Ministre.


Abordant la question de la révolte des Taliban, le Ministre a estimé que l’action militaire n’était pas la seule option possible.  « Dans notre volonté de restaurer la paix, nous tendons la main de la paix et de la réconciliation à tous les Afghans qui ont eu des raisons de rester en marge du processus politique actuellement en cours dans le pays », a déclaré M. Rassoul.  Le processus de paix est un effort global qui va de la réinsertion des combattants à la dignité des conditions de vie du peuple afghan, ainsi qu’à la réconciliation avec les dirigeants taliban, a-t-il poursuivi.  Cette politique de réconciliation se fonde sur la volonté de rendre le processus politique plus inclusif et d’offrir une alternative à la violence aux Taliban, a encore expliqué le Ministre. 


Il a également évoqué le processus de transition, qui a débuté en juillet dernier et qui doit se solder par un transfert total de la responsabilité en matière de sécurité des forces internationales aux Afghans d’ici à 2014.  Son gouvernement attend également les résultats de la Conférence de Bonn sur l’Afghanistan, qui doit avoir lieu en décembre prochain.  Cette Conférence sera une opportunité de faire le point avec la communauté internationale sur ce qui a été réalisé à ce jour et en particulier sur les processus de transition et de réconciliation.


Le Gouvernement afghan a l’intention de faire appel à un soutien continu de la communauté internationale au-delà de l’échéance 2014, a précisé le Ministre.  Le pays cherche à établir un partenariat stratégique à long terme qui garantirait la sécurité et la stabilité de l’Afghanistan, et qui respecterait la notion de la souveraineté et de centralité de l’État afghan, a-t-il ajouté.  Passant au rôle de l’ONU dans son pays, le Ministre a estimé qu’il fallait l’ajuster aux exigences de la souveraineté afghane.  À cet égard, il s’est félicité du fait que le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) soit en train d’être révisé à la demande du Secrétaire général.


Pour ce qui est de la coopération régionale, le Ministre a fait état de l’étroite collaboration de son pays avec la Turquie et notamment de la Conférence régionale d’Istanbul qui doit avoir lieu le 2 novembre prochain.  Cette Conférence devrait contribuer à définir une vision commune pour la paix et la stabilité de la région, a précisé M. Rassoul. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Réunion de haut niveau: l’Assemblée générale célèbre le dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban

AG/11149

Réunion de haut niveau: l’Assemblée générale célèbre le dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban

22/09/2011
Assemblée généraleAG/11149
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

14e & 17e séances plénières

Matin, après-midi & soir


RÉUNION DE HAUT NIVEAU: L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE CÉLÈBRE LE DIXIÈME ANNIVERSAIRE DE L’ADOPTION DE LA DÉCLARATION ET DU PROGRAMME D’ACTION DE DURBAN


Par une déclaration politique, les États réaffirment que ces textes fondent

la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée


L’Assemblée générale a tenu, ce matin, une Réunion de haut niveau pour la célébration du dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, au cours de laquelle elle a adopté sans vote la déclaration politique* intitulée « Unis contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée ».


Les chefs d’État et de gouvernement et représentants des États, réunis à New York à l’occasion de cette Réunion de haut niveau, qui s’est tenue en marge du débat général de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, ont adopté une déclaration politique brève et concise visant à mobiliser les volontés politiques.


Par cette déclaration, les États réaffirment « que la Déclaration et le Programme d’action de Durban, adoptés en 2001, et le document final de la Conférence d’examen de Durban, adopté en 2009, constituent l’orientation globale des Nations Unies permettant de fonder solidement la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée ».


S’ils saluent les progrès réalisés depuis 2001 dans de nombreuses régions du monde, les chefs d’État et de gouvernement et représentants des États constatent néanmoins que ce fléau, « notamment dans ses nouvelles formes et manifestations, persiste encore partout dans le monde, et que d’innombrables êtres humains continuent jusqu’à ce jour d’en être les victimes ».     


Par cette déclaration, les participants proclament également leur volonté résolue de faire de leur combat ainsi que de la protection des victimes « une grande priorité » pour leur pays. 


« Nous nous réunissons aujourd’hui pour réaffirmer que les peuples et les nations du monde forment une famille, riche dans sa diversité » a déclaré, à l’ouverture de la séance plénière, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, Président de l’Assemblée générale.  Après l’adoption de la déclaration, il a exhorté les dirigeants à « parler d’une seule voix » et à intensifier leur collaboration pour combattre le racisme et les autres formes de discrimination.


« Travaillons en harmonie pour promouvoir l’harmonie », a renchéri M. Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies.  Il a regretté que, 10 ans après l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, il n’y ait toujours pas de pays qui puisse prétendre être exempt de discrimination et d’intolérance.


Pour sa part, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Navanethem Pillay, a constaté un fossé entre les engagements pris et les actions concrètes des États.


Le chef d’État sud-africain, M. Jacob Zuma, a exhorté la communauté internationale à réaffirmer sa forte conviction que le racisme et la discrimination raciale sont une négation de la Charte des Nations Unies.


L’Assemblée a ensuite entendu un intervenant pour chaque groupe régional, puis la représentante d’une organisation non gouvernementale.


Tous ont pris note des efforts entrepris depuis 10 ans avant de réaffirmer leur engagement à poursuivre la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban afin de combattre les fléaux qui perdurent dans tous les pays.


Par sa résolution 65/240 du 24 décembre 2010, l’Assemblée générale avait décidé de tenir une Réunion au niveau des chefs d’État ou de gouvernement sur le thème: « Victimes du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée: reconnaissance, justice et développement ».


Deux tables rondes portant sur ce thème général ont été organisées.  La première a été coprésidée, le matin, par M. Barnabas Sibusiso Dlamini, Premier Ministre du Swaziland et par M. Arvin Boolell, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et du commerce international de Maurice.


La seconde table ronde a été coprésidée, l’après-midi, par M. Mohamed Mouldi Kefi, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie et par M. Ricardo Bucio, Président du Conseil national de prévention de la discrimination du Mexique.


Dans sa déclaration de clôture, le Président de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, a remercié les cofacilitateurs, Mme Isabelle Picco, de Monaco, et M. Tommo Monthe, du Cameroun, pour leur remarquable leadership dans l’organisation de cette Réunion de haut niveau.  Il s’est dit fermement convaincu que les principes d’égalité et de non-discrimination sont essentiels pour l’harmonie sociale, la promotion de la bonne gouvernance et de l’état de droit, le développement durable et un partage équitable des ressources.  C’est pourquoi, a-t-il souligné, il est crucial pour la dignité et le développement de la population mondiale que nous continuions à combattre le racisme.


* A/66/L.2


RÉUNION DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE POUR LA CÉLÉBRATION DU DIXIÈME ANNIVERSAIRE DE L’ADOPTION DE LA DÉCLARATION ET DU PROGRAMME D’ACTION DE DURBAN


Application intégrale et suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Durban: Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale pour la célébration du dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban: projet de résolution (A/66/L.2)


Déclarations liminaires


« Nous nous réunissons aujourd’hui pour réaffirmer que les peuples et les nations du monde forment une famille, riche dans sa diversité », a déclaré M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale.  C’est en célébrant cette diversité, et à travers la promotion de la tolérance, que nous pourrons construire un monde plus pacifique, basé sur les principes fondamentaux de l’égalité, de la confiance et du respect mutuel.  Cette Réunion de haut niveau est l’occasion pour les dirigeants de parler d’une seule voix sur l’un des défis majeurs du XXIe siècle: le fléau du racisme et de la xénophobie dans le monde entier, a poursuivi le Président de l’Assemblée générale.  C’est aussi l’occasion de réaffirmer leur engagement à mettre en œuvre pleinement et effectivement la Déclaration et le Programme d’action de Durban adoptés par consensus en 2001.


Malheureusement, en dépit des progrès réalisés depuis 10 ans, les cas de xénophobie, de racisme et d’intolérance ont augmenté, a déploré M. Al-Nasser.  On trouve des attitudes racistes et des discours de haine dans beaucoup de pays et Internet peut servir à les véhiculer.  Le Président de l’Assemblée générale a encouragé tous les pays à intensifier leurs efforts afin de réduire le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  Il appartient aux États de prendre les mesures législatives nécessaires pour empêcher de telles pratiques discriminatoires et pour rendre justice aux victimes.  Les gouvernements, la société civile et les milieux des affaires doivent travailler en collaboration pour renforcer la prise de conscience et l’éducation et combattre les préjudices ainsi que les stéréotypes négatifs.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a regretté que 10 ans après l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, il n’y ait toujours pas de pays qui puisse prétendre être exempt de discrimination et d’intolérance.  Certes, des progrès ont été réalisés.  « Nous sommes mieux préparés à juger les crimes graves tels que le génocide, l’apartheid, le nettoyage ethnique et les formes contemporaines de racisme », a reconnu le Secrétaire général.  « Nous sommes aussi mieux en mesure de détecter les formes insidieuses de racisme, les préjugés institutionnalisés qui peuvent être aussi destructeurs que les comportements agressifs ».  L’intolérance a toutefois augmenté dans de nombreuses parties du monde au cours de la dernière décennie, a insisté M. Ban.  La résurgence et la persistance d’attitudes aussi inhumaines indiquent que l’on n’a pas encore fait suffisamment pour endiguer cette tendance.


Le Secrétaire général a rappelé aux États Membres qu’ils étaient saisis d’un plan d’action mondial pour combattre la discrimination contre les Africains et les personnes de d’ascendance africaine, les Asiatiques et les personnes de d’ascendance asiatique, les peuples autochtones, les migrants, les réfugiés, les minorités, les Roms et autres.  Il faut combattre l’antisémitisme, l’islamophobie ainsi que la discrimination contre les chrétiens, a-t-il souligné.  « Les partis pris basés sur l’identité religieuse n’ont pas leur place dans notre monde », a déclaré le Secrétaire général.  Il faut également lutter contre la discrimination basée sur le sexe ou l’orientation sexuelle.  L’ignorance et l’intolérance font partie des causes profondes des conflits.  Le racisme et la discrimination font obstacle au développement, a poursuivi M. Ban.  Il a dénoncé le « cercle vicieux » par lequel la discrimination entraîne la privation et la pauvreté aggrave la discrimination.  Les temps économiques difficiles ne font qu’exacerber la situation, a-t-il fait remarquer.  Le Secrétaire général a dit qu’il fallait résister aux politiciens qui jouent sur la peur des gens et utilisent les stéréotypes pour être élus.  « Travaillons en harmonie pour promouvoir l’harmonie », a-t-il conclu.


Mme NAVANETHEM PILLAY, Haut-Commissairedes Nations Unies aux droits de l’homme, a indiqué que le parcours menant à cette commémoration a été empreint de défis, en raison des questions complexes et sensibles qui y sont débattues.  Elle a réaffirmé que la Déclaration et le Programme d’action de Durban fournissent un cadre global efficace pour s’attaquer au fléau que représente le racisme.  Ces deux éléments placent la victime au centre de nos efforts contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.


L’une des autres composantes de la Déclaration et du Programme d’action de Durban est que ces documents ne rappellent pas seulement aux États leurs obligations en matière de droits de l’homme, mais ils détaillent également les actions que les gouvernements, en partenariat avec les institutions et la société civile nationales, doivent mettre en en place sur leurs territoires.  Cependant, nous constatons aujourd’hui l’existence d’un fossé entre les engagements pris et les actions mises concrètement en œuvre par les États, a regretté Mme Pillay, en reconnaissant que certains pays avaient néanmoins accompli des progrès dans cette lutte, en adoptant par exemple de nouvelles lois.  C’est dans ce contexte qu’elle a d’ailleurs souligné que des cadres juridiques solides pour assurer la protection des droits et le soutien des victimes sont essentiels.  Mme Pillay a ensuite plaidé pour la revitalisation des efforts aux niveaux national, régional, et mondial afin de mettre fin au fléau du racisme.  Le chemin qui mène à un monde libre de racisme n’est pas aisé, a-t-elle fait remarquer, en soulignant que la lutte contre la discrimination demande une planification minutieuse et requiert engagement et persistance.


M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud, a estimé que cette commémoration du dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban constitue le testament de la réussite de l’humanité contre le fléau qu’est le racisme et la discrimination raciale.  Il s’agit aussi du succès de la communauté internationale, a-t-il ajouté, en rappelant qu’en Afrique aujourd’hui, les signes du colonialisme, de l’occupation et de l’apartheid sont encore visibles.  La Déclaration et le Programme d’action ont été adoptés de façon unanime, a t-il rappelé, en soulignant que ces documents fournissent une évaluation générale de la situation concernant le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée et demandent aux États Membres de les mettre en œuvre pour y faire face. 


Le racisme et la discrimination raciale continuent d’être une attaque brutale à la dignité humaine avec des impacts à long terne sur les victimes, a dit le Président Zuma, avant d’exhorter la communauté internationale à réaffirmer sa forte conviction que le fléau demeure une négation aux principes de la Charte des Nations Unies.  « Nous invitons le monde à ne pas garder le silence devant cette noble bataille contre le racisme », a déclaré le Chef de l’État sud-africain, en reconnaissant que « beaucoup reste encore à faire ».


M. RAHAMTALLA MOHAMED OSMAN ELNOR, Sous-Secrétairedu Ministère des affaires étrangères du Soudan, s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, s’est dit encouragé par les gouvernements qui, depuis l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, ont pris des mesures législatives et administratives pour lutter efficacement contre le racisme, la discrimination raciale, la protection des droits des migrants et des minorités raciales, nationales ou ethniques, et pour combattre l’incitation à la haine basée sur la religion ou la croyance.  En dépit des efforts réalisés par la communauté internationale, les gouvernements et les autorités locales, le fléau du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée persiste, a déploré M. Osman.  Ce fléau entraîne des violations des droits de l’homme, des souffrances, des inégalités et de la violence.  Il s’est dit préoccupé par la diminution des libertés civiles.


Le Groupe des États d’Afrique considère que cette Réunion de haut niveau offre une occasion unique pour bâtir de nouveau un consensus international ferme et renouveler l’engagement à lutter contre le racisme.  Pour faire face aux défis, il faut transformer les engagements en actions concrètes permettant de mettre en œuvre la Déclaration et le Programme d’action de Durban, ainsi que le Document final de la Conférence d’examen de Durban qui forment la base juridique internationale du combat contre le racisme.  Le Groupe des États d’Afrique se réjouit que les États participant à la Réunion de haut niveau adopteront, par consensus, le projet de résolution qui exprime l’unité de la communauté internationale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, a poursuivi M. Osman.  La Déclaration et le Programme d’action de Durban  abordent les problèmes du racisme avec une approche orientée sur les victimes.  Des recommandations spécifiques visent à combattre la discrimination contre les Africains et les personnes d’ascendance africaine, les Asiatiques et les personnes d’ascendance asiatique, les peuples autochtones, les migrants, les réfugiés, les minorités, les Roms et autres groupes.  M. Osman a réitéré que l’esclavage et le commerce des esclaves, y compris la traite transatlantique des esclaves, les nouvelles formes d’esclavage telles que la traite des personnes, l’apartheid et le colonialisme « ne doivent jamais être oubliés ».


M. RADEN MOHAMMAD MARTY MULIANA NATALEGAWA, Ministre des affaires étrangères d’Indonésie, s’exprimant au nom des États d’Asie et du Pacifique, a déclaré que le message adressé par la Conférence de Durban, il y a 10 ans, était clair.  « La lutte contre le racisme est une bataille pour les droits de l’homme, la dignité et l’éradication de la pauvreté », a-t-il précisé.  


Une décennie est passée et nous devons maintenant nous demander si nous avons réellement unifié nos efforts pour répondre aux victimes du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, a poursuivi M. Natalegawa.  Il s’est dit très préoccupé par la persistance du racisme et l’émergence de nouvelles formes de discrimination.  L’histoire est remplie de maux infligés par le manque de respect du principe de l’égalité des êtres humains, comme l’ont montré le colonialisme, l’esclavage, le génocide, l’apartheid, la purification ethnique et autres atrocités.


Le Ministre indonésien des affaires étrangères s’est dit convaincu que la mobilisation de la volonté politique nécessaire, aux niveaux national, régional et international, pour mettre en œuvre effectivement la Déclaration et le Programme d’action de Durban, le Document final de la Conférence d’examen de Durban, ainsi que leurs processus de suivi, permettra de lutter contre ces fléaux dans toutes les aspects de la vie et dans toutes les parties du monde, y compris celles qui sont sous occupation étrangère.  


Mme SIMONA MIRELA MICULESCU (Roumanie), s’exprimant au nom des États d’Europe de l’Est, a fait remarquer qu’aucun pays ne connaissait de situation parfaite et qu’aucune société n’était à l’abri des critiques.  « Nos engagements à combattre le racisme ne peuvent être accomplis qu’à travers des actions concertées aux niveaux local, national, régional et international », a-t-elle rappelé. 


Mme Miculescu a fait valoir que tous les États d’Europe de l’Est restaient déterminés à soutenir la lutte mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, et à prendre les mesures qui s’imposent pour garantir le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.


Il faut agir maintenant, a-t-elle dit.  « Malgré toute notre rhétorique et nos bonnes intentions, beaucoup de personnes continuent malheureusement d’être victimes du racisme ».  « Nous avons les moyens de répondre aux actes d’incitation à la violence, à la haine et à la ségrégation ».  La représentante a noté, avec regret, que non seulement la ratification universelle de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, mais aussi sa pleine mise en œuvre, se faisaient attendre.  Mme Miculescu a rappelé le rôle primordial que jouent les gouvernements dans la lutte contre le racisme.  Elle a également salué le rôle clef du système des Nations Unies et engagé la société civile et les médias à compléter leurs efforts dans ce combat.


M. KENNETH BAUGH, Ministre délégué et Ministre de affaires étrangères de Jamaïque, au nom du Groupe d’Amérique latine et des Caraïbes, a indiqué que dans sa région, certains États avaient déjà adopté des plans nationaux et de nouvelles lois visant à garantir l’intégration de groupes vulnérables dans la société, et de façon générale, à faire respecter les droits de tous les individus.  Il a ensuite réaffirmé l’engagement des États de la région à poursuivre leur action en faveur de la lutte contre le racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée.  En dépit des progrès réalisés à ce jour, la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, n’a pas été effective, a-t-il néanmoins noté, en disant espérer que la Réunion de haut niveau servira de catalyseur pour réaliser des progrès en la matière.  Les États Membres de la région ont participé activement aux travaux de Durban et continueront à être des acteurs clefs de sa concrétisation.


Le Ministre a, par ailleurs, souligné la nécessité de protéger les droits des peuples et des travailleurs migrants.  Les stéréotypes et les discriminations sur la base de la religion doivent aussi être pris en compte par la communauté internationale, a-t-il dit, en invitant les États Membres à prendre des mesures en ce sens au niveau national.  La réussite de la lutte entamée exige de prendre en compte les causes du racisme.  Mais, il nous faut aussi développer des mesures de prévention, a souhaité M. Baugh, en insistant également sur l’importance d’un financement approprié et d’une coopération internationale, indispensables pour aborder toutes les questions relatives à la discrimination raciale.  Avant de conclure, il s’est félicité de la décision de l’Assemble générale de construire un Mémorialpermanent en hommage aux victimes de l’esclavage et de la traite négrière transatlantique.


Mme ISABELLE PICCO (Monaco), s’exprimant au nom des États d’Europe occidentale et autres États, a pris note des progrès notables déjà accomplis dans le cadre de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.  « Il nous incombe, à tous, la responsabilité de promouvoir la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, fléaux qui perdurent dans tous nos pays et menacent les fondements de nos sociétés démocratiques que sont l’état de droit et le respect des droits de l’homme ».  Bien que certains États du Groupe aient décidé de ne pas participer à l’événement d’aujourd’hui, et malgré le fait que certains États ne participent pas à ce processus, Mme Picco a réaffirmé l’engagement à poursuivre aux niveaux international, régional et national, la mise en œuvre des mesures efficaces pour combattre ces fléaux, mettre fin à l’impunité et intégrer la promotion de l’égalité des chances au sein de toutes les politiques gouvernementales.  La représentante a attaché la plus grande importance à l’éducation, la formation et la prévention car elles permettent une meilleure appréhension des phénomènes à combattre et promeuvent la richesse de nos différences et le respect de notre diversité.


« Aujourd’hui, je m’exprime au nom de tous ceux qui ont été marginalisés, exclus, violés et à qui leurs droits fondamentaux ont été ignorés », a déclaré Mme SARAH WHITE, du Centre pour les droits de l’homme des travailleurs du Mississipi.  « Il y a 10 ans, à la Conférence de Durban, a-t-elle rappelé, j’ai raconté l’histoire de notre lutte quotidienne pour nos droits dans l’État du Mississipi et, particulièrement, la bataille des pêcheurs des poissons-chats, face à des chefs d’entreprise peu soucieux de la santé de leurs travailleurs.  J’ai évoqué également les violences sexuelles quotidiennes vécues par les femmes sur le lieu du travail.  Nous subissions ces discriminations à cause de notre couleur de peau et de notre classe sociale, a-t-elle dit.  « Je suis ici pour vous dire que nous nous sommes levés et nous nous sommes battus pour nos droits et notre justice », a souligné Mme White.  Bien que nous ayons gagné des batailles, le combat continue, car des actes d’intimidation et des injures à caractère racial sont commis chaque jour, a-t-elle précisé, avant d’ajouter que la lutte contre le racisme et la discrimination doit être permanente et la communauté internationale doit, plus que jamais, accentuer son action.


Thème: «  victimes du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée: considération, justice et développement »


Table ronde 1


Cette table ronde était coprésidée par M. Barnabas Sibusiso Dlamini, Premier Ministre du Royaume du Swaziland et M. Arvin Boolell, G.O.S.K., Ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et du commerce international de Maurice


M. BARNABAS SIBUSISO DLAMINI, Premier Ministre du Swaziland, Coprésident de la table ronde, a souligné que la Déclaration et le Programme d’action de Durban, ainsi que le Document final de la Conférence d’examen de Durban, constituaient le cadre le plus complet pour lutter contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  Après avoir condamné toutes les formes de racisme, il a fait notamment remarquer qu’Internet devenait « un forum pour le racisme qui vise les nouvelles générations ».  M. Dlamini a appuyé l’édification d’un mémorial permanent, au Siège des Nations Unies à New York, pour honorer les victimes de l’esclavage et du commerce transatlantique des esclaves.  Il a ensuite souligné l’importance d’éduquer et d’informer.


Également Coprésident de la table ronde, M. ARVIN BOOLELL, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et du commerce international de Maurice, a réitéré que la Déclaration et le Programme d’action de Durban formaient un cadre important devant inspirer les gouvernements.  « Nous sommes ici pour servir nos concitoyens et remplir nos engagements », a-t-il dit.  M. Boolell a appelé les États à ratifier ou adhérer à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale et de trouver de nouvelles pistes pour gagner ce combat.  « Il faut parler, a-t-il dit, mais il faut surtout agir ».


M. ANWAR KEMAL, Président du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, a déclaré que la Déclaration et le Programme d’action de Durban complétaient de manière positive le travail du Comité.  La Conférence d’examen de Durban a réaffirmé l’importance de la Convention et appelé à sa ratification universelle.  « Nous sommes encore loin de l’universalité », a-t-il toutefois regretté.  La discrimination existe dans nos sociétés de manière évidente et de manière occulte dans la vie quotidienne et à l’encontre de groupes vulnérables.  Une cinquantaine d’États Membres seulement ont ratifié l’article 14 de la Convention qui habilite les victimes à soumettre des communications individuelles au Comité.  « La Convention est un document vivant, un outil pour faire face aux situations nouvelles ».  La crise économique et financière risque toutefois d’aboutir à la réduction de programmes indispensables pour combattre le racisme, a averti M. Kemal.


Mme EDNA MARIA SANTOS ROLAND, membre du Groupe d’experts éminents sur la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, a rappelé que ces documents avaient reconnu que l’esclavage et le commerce des esclaves constituaient un crime contre l’humanité.  Il a été reconnu que le racisme se manifestait de façons différentes et que certains groupes étaient tout particulièrement victimes de l’intolérance et de la discrimination.  Des mécanismes spéciaux ont été créés pour mettre en œuvre la Déclaration, et des réseaux ont été créés dans la société civile. « La Déclaration de Durban reconnaît le droit des habitants d’ascendance africaine à habiter dans leurs terres ancestrales, notamment en Amérique latine », a insisté Mme Roland.   L’ONU doit adopter, a-t-elle estimé, une décennie pour les peuples d’ascendance africaine.  « Il faut créer des instances nationales pour combattre le racisme et réaffirmer notre volonté de mettre en place un ordre social international dans lequel tous les droits de l’homme seraient réalisés sans discrimination », a-t-elle préconisé.


Intervenant à son tour, M. ARMANDO EMILIO GUEBEZA, Président du Mozambique, a déclaré que la protection des droits de l’homme et des victimes du racisme constituait une grande priorité pour son pays.  Le Mozambique est un État de droit démocratique fondé sur le pluralisme et les droits fondamentaux des citoyens.  En vue de mettre en œuvre la Convention sur l’élimination de la discrimination raciale, le Gouvernement a créé un comité national pour aider les réfugiés.  Le Président a estimé que l’ONU devait continuer à défendre ses programmes de lutte contre la pauvreté et les changements climatique et à veiller à l’élimination des facteurs qui poussent à la migration.  Les Nations Unies sont l’instance idoine pour réaffirmer notre volonté d’éliminer toutes les politiques discriminatoires à l’encontre des migrants.  Dans le cadre des engagements en matière des droits de l’homme, le Mozambique continuera de participer activement aux travaux du Conseil des droits de l’homme.


Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des réformes institutionnelles de Belgique, M. STEVEN VANACKERE, a espéré que le dialogue entre les États permettra de surmonter les divergences.  Le racisme et l’intolérance ne connaissant pas de frontières, il a dit qu’il n’était « pas d’accord avec ceux qui veulent limiter le concept de discrimination raciale à certains continents et à des personnes de certaines origines ».  Toutes les formes de discrimination doivent être combattues.  En Europe, a souligné le Vice-Ministre, la législation sur l’égalité  hommes-femmes a mis des décennies à se mettre en place.  « Les lois belges sont les plus avancées d’Europe » pour condamner le racisme et la discrimination raciale.  Pour la Belgique, qui a joué un rôle important dans les processus de Durban en 2001 et 2009, cette lutte ne doit pas être entravée par des considérations politiques.


Pour sa part, le Vice-Premier Ministre d’Irlande, M. EAMON GILMORE, a estimé que l’ONU devait mener la voie pour créer des sociétés exemptes de racisme et de discrimination raciale.  Quant aux États, ils doivent prévoir des garanties efficaces dans leurs systèmes législatifs.  Le Ministre s’est dit préoccupé par l’antisémitisme, l’islamophobie, et l’antichristianisme.  Il a annoncé qu’un expert indépendant de l’Irlande participerait aux travaux du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale.  L’Irlande, en tant que membre, a été l’objet d’un examen du Comité.  Elle condamne le racisme sous toutes ses formes et continue de promouvoir une société tolérante et inclusive.  Elle a créé un plan d’action qui démontre son engagement politique à cet égard et propose de mettre en commun des informations de bonne pratique pour protéger les victimes. 


Le Ministre des affaires étrangères du Zimbabwe, M. ROBERT GABRIEL MUGABE, a déclaré quant à lui que le Zimbabwe était « un pays tolérant et épris de paix », victime du racisme depuis près d’un siècle.  Il a évoqué l’oppression du passé et du joug colonial et les obstacles au développement.


Le monde était témoin des injustices commises contre des peuples sur la base de leur race ou de leur identité, a déclaré, M. EDWARD GOMEZ, Ministre de la justice et Procureur général de la Gambie.  Les victimes aspirent à la reconnaissance pour sortir de la marginalisation et de la discrimination.  « Les conséquences du commerce transatlantique de l’esclavage sont toujours parmi nous », a dit le Ministre.  Les États doivent faire plus protéger les migrants et contribuer au développement de leurs communautés.  La Gambie mérite son surnom de « côte souriante de l’Afrique », car elle promeut l’harmonie sociale, la tolérance et le dialogue entre les religions. 


Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Botswana a noté que cette célébration coïncidait avec l’Année des populations d’ascendance africaine.  Le Botswana rejette la discrimination raciale sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.  Par sa vision nationale, le pays est engagé à créer « une nation morale et tolérante marquée par la compassion ».  Le Ministre s’est félicité de l’assistance que l’ONU apporte aux États dans la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.


Le Ministre des affaires étrangères de Cuba a déclaré que Durban avait « soldé une dette à l’égard de millions de victimes historiques de ces abominables pratiques ».  Il a déploré le manque de progrès dans l’application de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.  En Europe et en Amérique du Nord, a-t-il souligné, on voit monter le racisme et proliférer des thèses néofascistes au milieu d’une crise économique galopante.  Des lois antiterroristes facilitent l’arbitraire et Internet est de plus en plus utilisé pour inciter à la haine, à la discrimination et à la violence.  Il faut établir « un nouvel ordre économique international fondé sur l’équité, la solidarité et la justice sociale » si l’on veut combattre les causes profondes du racisme.


Le Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, M. ALIAKBAR SALEHI, a évoqué des siècles d’humiliation de souffrance et d’injustice avec l’esclavage,  le colonialisme, l’apartheid.  Il s’est par contre félicité de voir les sociétés civiles et les organisations non gouvernementales  participer activement à la lutte contre le racisme et pour la promotion des droits humains.  La responsabilité de maintenir les acquis de Durban et de combler les lacunes incombe aux États.  Le Ministre a déploré le boycott de cette Réunion et la tentative de diluer la Déclaration finale, ainsi que « le comportement hypocrite de ceux qui se déclarent les champions des droits de l’homme ».


Mme JUTTA URPILAINEN, Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a appuyé pleinement le processus de Durban.  L’importance des droits de l’homme, de l’éducation et de la lutte contre l’impunité ne sera jamais assez soulignée.  La participation de la société civile est également cruciale pour agir.  Le Ministre a proposé d’améliorer la législation et l’application des normes internationales des droits de l’homme.  « Une approche fondée sur les droits de l’homme constitue le meilleur moyen d’avoir un développement durable. »


Prenant ensuite la parole, le Ministre des affaires étrangères et de l’immigration du Liban, M. SOMANAHALLI MALLAIAH KRISHNA, a défendu le principe d’égalité entre toutes les catégories de la société quelles que soient leurs différences.  La réparation des victimes est un premier pas vers l’égalité.  « Le Liban joue son rôle dans le monde arabe et le Moyen-Orient pour promouvoir la coexistence et l’harmonie entre les différentes confessions et les minorités ethniques », a dit le Ministre.  Le monde arabe aujourd’hui est confronté à de profondes transformations et recherche un avenir plus prometteur.  « L’intolérance et l’antisémitisme n’ont jamais existé dans le monde arabe », s’est-il défendu.  Par ailleurs, la question des réfugiés est centrale et il faut « mettre fin à l’intolérance historique dont souffrent les Palestiniens ».  Il s’est dit convaincu que le futur de la région est tributaire de la capacité des États à adopter des constitutions qui défendent les droits des minorités.


La division sociale et la stigmatisation restent des problèmes urgents dans le monde, a fait remarquer le Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, M. KAIRAT UMAROV.  Au Kazakhstan, les politiques sont fondées sur la paix, la confiance et la coopération; la diversité, ethnique, culturelle et sociale y constitue une richesse.  Le pays, qui a présidé en 2010 l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a mis à l’ordre du jour le dialogue entre les civilisations et la promotion du respect mutuel.  Enfin, le représentant d’Amnesty International a fait remarquer que les gouvernements qui admettent que le phénomène du racisme et de la discrimination raciale constitue un problème réel dans leur propre pays sont encore assez peu nombreux.  Il faut rendre justice aux victimes.  Lors de la prochaine réunion sur la Déclaration et le Programme d’action de Durban, la communauté internationale devrait pouvoir dire que des progrès ont été réalisés.  Ces documents ne sont pas parfaits mais ils constituent un compromis, une base sur laquelle on peut se fonder pour prendre des mesures pratiques.


Table ronde 2


Cette table ronde était coprésidée par M. Mohamed Mouldi Kefi, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie etM. Ricardo Bucio, Président du Conseil national de prévention de la discrimination du Mexique.


M. MOHAMED MOULDI KEFI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie et Coprésident de la table ronde, a estimé que, 10 ans après la Conférence de Durban, le bilan de l’action internationale est peu positif.  Il a mentionné les progrès accomplis dans certains pays, en notant que ces acquis sont inégalement partagés sur la planète.  Les causes du racisme, telles que la pauvreté, demeurent bien vivaces et génèrent le rejet, la radicalisation et la réaction extrémiste, a-t-il dit.  Pour la Tunisie, la lutte contre le racisme exige la coopération du plus grand nombre.  La commémoration, aujourd’hui, du dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban donne l’occasion de mettre l’accent sur la nécessité de bannir l’injustice et de libérer les peuples sous occupation comme le peuple palestinien.


Également Coprésident, M. RICARDO BUCIO, Président du Conseil national de prévention de la discrimination du Mexique, a noté que la discrimination contre certains peuples, et certaines catégories de personnes, comme les personnes handicapées et les migrants, s’est considérablement étendue dans le monde.  Ces victimes doivent bénéficier de réparations, a-t-il souhaité.  Le Mexique a adopté une politique publique permettant de protéger davantage ces catégories de personnes.  La garantie de ces droits exige le renforcement des mécanismes nationaux et internationaux auxquels a souscrit le pays, a-t-il dit. 


Mme VERENE SHEPHERD, Membre du Groupe de travail sur les personnes d’ascendance africaine, a regretté le boycott mené par certains pays contre la tenue de cette Réunion de haut niveau.  Elle a mis en exergue le fait que diverses catégories de personnes continuent d’être exclues et d’être victimes de xénophobie dans le monde.  Elle a, par ailleurs, rappelé que la mission de son Groupe de travail était d’assister les victimes de discrimination raciale que sont les minorités d’ascendance africaine.  Il faut aussi évoquer les tragédies accablantes de la route de l’esclavage qui, a-t-elle dit, est un crime contre l’humanité.  Les États qui sanctionnent ce type de crimes doivent assumer leurs responsabilités, a-t-elle souligné.  « Il ne peut y avoir de paix sans droit et justice », a également ajouté Mme Shepherd, en exhortant les personnes d’ascendance africaine à poursuivre leur combat pour la dignité.


M. MOHAMED-SIAD DOUALEH, Président du Groupe de travail sur la mise en œuvre effective de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, a reconnu que les travaux de son Groupe de travail sont « un instrument qui montre l’intérêt de la communauté internationale dans la lutte contre le fléau qu’est le racisme ».  La mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban est une obligation qui s’impose à tous, particulièrement au moment où l’on note de nouvelles formes de racisme.  Le Groupe de travail, a dit son Président, continue de poursuivre le mandat qui est le sien, à savoir la mise en œuvre effective de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.  Il a enfin attiré l’attention sur la discrimination dont sont victimes les Roms en Europe. 


Le Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, M. MOURAD MEDELCI, a estimé que les efforts faits à ce jour, au plan international, n’ont toujours pas permis de mettre à fin ces fléaux que sont le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  Face aux nouvelles formes de xénophobie, il est en outre devenu urgent de faire montre d’exemplarité dans l’action qui se doit d’être commune, a dit le Ministre qui a aussi plaidé pour la prise en compte de la nécessité de s’attaquer aux causes du racisme que sont la pauvreté et l’injustice. 


Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères de la République fédérale du Népal, M. UPENDRA YADAV, a appelé a redoubler d’efforts pour réussir la lutte contre le racisme dans le monde, afin de promouvoir une société juste et inclusive.  Le racisme s’attaque à la dignité humaine, a-t-il dit en insistant sur la nécessité de rendre justice à ceux qui ont été victimes de racisme.  La communauté internationale doit non seulement avoir des engagements, mais aussi et surtout mener des actions fortes, a-t-il ajouté, avant de détailler les mesures juridiques prises par son pays pour garantir les normes les plus élevées des droits de l’homme et des libertés fondamentales sur son territoire.


Poursuivant la discussion, Mme LUIZA BAIRROS, Ministre au Secrétariat des politiques pour la promotion et l’égalité des races du Brésil, a souligné que malgré tous les efforts déployés dans le monde, le racisme continue d’imprégner les vies de nombreuses personnes.  Le Brésil est un pays multiculturel qui a engrangé de grands résultats dans le domaine de l’égalité des personnes et des races, a-t-elle soutenu, en s’appuyant notamment sur le fait que le pays accorde une grande importance à l’Année internationale des personnes d’ascendance africaine.  Cette année ne met pas fin à notre engagement, a-t-elle assuré.  « Nous continuerons d’agir tant que des personnes seront victimes de discrimination », a dit Mme Bairros. 


Pour sa part, M. JEFF RADEBE, Ministre de la justice et du développement constitutionnel de l’Afrique du Sud, a souligné que son pays avait mis en place, depuis 1994, de nouvelles institutions pour combattre le racisme.  Le Gouvernement a également établi des politiques de soutien aux plus pauvres.  Comme tous les États du monde, l’Afrique du Sud fait face à de terribles défis nés de la discrimination.  C’est pourquoi, nous estimons que la commémoration de ce dixième anniversaire rappelle la nécessité de coordonner les efforts collectifs en vue d’atteindre les objectifs d’un monde sans racisme, a-t-il dit.  Il faut également, dans cette optique, veiller à assurer la justice et la solidarité sociale pour tous.  Il nous faut aussi assurer le développement de la jeunesse, a-t-il ajouté.


Intervenant à son tour, le Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, M. LUIS ALMAGRO, a expliqué que son pays reconnaît la diversité des groupes ethniques et met en place des actions pour veiller à l’égalité entre tous, conformément à la Déclaration et au Programme d’action de Durban.  Il a été ainsi mis en place, a-t-il expliqué, des lois sur les travailleurs ruraux, et sur l’égalité entre les hommes et les femmes.  Une direction des droits de l’homme au Ministère de la justice a aussi été créée.  La question des personnes d’ascendance africaine a été largement traitée.  La Conférence de Durban a établi de nouveaux instruments pour renforcer l’action internationale, à la fois au bénéfice des gouvernements et de la société civile.  Beaucoup a été fait, a-t-il dit, en faisant remarquer qu’il restait encore beaucoup à faire. 


Prenant également la parole, le Secrétaire d’État au développement des peuples autochtones et des personnes d’ascendance africaine du Honduras, M. LUIS FRANCISCO GREEN, a présenté les efforts déployés par son pays, dans ce domaine, notamment la création d’une Journée pour les personnes d’ascendance africaine.  Le Honduras se rallie aussi aux autres pays afin inviter l’ONU à créer une institution spécialisée sur les personnes d’ascendance africaine.


Mme MARÍA FERNANDA ESPINOZA, Ministre de l’héritage de l’Équateur, a expliqué que son gouvernement avait adopté une stratégie nationale pour lutter contre le racisme et promouvoir l’égalité entre les races.  Ainsi, des mesures de politique de discrimination positive ont été mises en place, dans plusieurs régions.  En conclusion, elle a appelé tous les États à ratifier la Déclaration et le Programme d’action de Durban, et a exhorté l’ONU à créer un forum sur la question des personnes d’ascendance africaine.  La discrimination positive a été aussi au cœur des propos de la Ministre des affaires étrangères de la Colombie, Mme MARÍA ÁNGELA HOLGUÍN CUÉLLAR, qui a fait mention des mécanismes spécifiques établis au bénéfice des plus vulnérables, notamment en matière d’emploi et d’accès à la terre.  « Sans reprise des valeurs égalitaires, nous ne pourrons pas changer en matière de lutte contre le racisme », a-t-elle prévenu.


Le Pakistan a, lui aussi, adopté une politique de discrimination positive au bénéfice des femmes, a indiqué le Ministre des affaires étrangères de ce pays, M. HINA RABBANI KHAR qui a également dénoncé la pratique du profilage religieux. Il a, par ailleurs, soutenu que le terrorisme n’avait pas de lien avec la religion.  Le Premier Ministre de la République de Fidji, M. COMMODORE JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, a quant à lui, rappelé l’histoire coloniale raciale que son peuple a vécue.  Des politiques avaient été établies pour diviser les populations.  Le Gouvernement actuel s’attèle à effacer ces mémoires et instaurer un nouveau climat, plus rassembleur.  Fidji est convaincu que la Déclaration adoptée, aujourd’hui, offrira l’élan nécessaire pour aller vers la mise en œuvre effective de la Déclaration de Durban, a-t-il ajouté.


Le Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Argentine, M. ALBERTO PEDRO D’ALLOTO a présenté le plan national établi pour lutter contre la discrimination.  Ce plan permet également de protéger les populations marginalisées, a-t-il précisé.  La Réunion de haut niveau d’aujourd’hui est nécessaire car elle ouvre de nouvelles perspectives, a encore souligné le Vice-Ministre, ajoutant que l’adoption sans vote de la Déclaration politique donnera un nouvel élan à la lutte contre le racisme.  Intervenant également, M. MOHAMED ABDELLAHI OULD, Commissaire aux droits de l’homme de la République islamique de la Mauritanie, a assuré que son pays respectait les obligations en matière de lutte contre le racisme.  Nous avons d’ailleurs été un des acteurs actifs à Durban en 2001, a-t-il rappelé.  Aujourd’hui, nous constatons les défis qui perdurent et cela oblige la communauté internationale à redoubler son action face à ces phénomènes que sont le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.


« Nous devons lutter contre le racisme où qu’il soit dès qu’il se manifeste », a dit le Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangéres de la Norvège, M. ESPEN BARTH EIDE.  Le 22 juillet, 77 personnes sont mortes dans notre pays, à la suite d’actes criminels commis par un xénophobe.  « Nous ne devons jamais accepter que des terroristes xénophobes nous dictent leur agenda », a-t-il tenu à souligner.  Il nous faut également dans nos réponses, en réaction au fléau du racisme, créer un meilleur environnement scolaire et veiller à lutter contre les préjugés.


Le Ministre de la culture des sport et de la famille de la Barbade, M. STEPHEN LASHLEY, a souhaité que 10 ans après Durban, la communauté internationale donne plus d’espoirs à ceux qui sont touchés par le racisme.  Il s’est félicité des progrès enregistrés dans la mise en œuvre de la Déclaration de Durban et, particulièrement, la décision d’ériger un Mémorial permanent en hommage aux victimes de l’esclavage et de la traite négrière transatlantique.  Il a, en outre, défendu la nécessité de réparer les conséquences de la période de la traite, notamment par le financement de centres d’éducation et de formation au bénéfice des descendants des personnes victimes de la traite.


La Fédération de la Russie, a expliqué son Vice-Ministreaux affaires étrangères, M. GENNADY GATILOV, s’est prononcée contre la politisation de la Conférence de Durban en 2011.  Aujourd’hui, nous avons l’occasion de réaffirmer notre détermination à lutter contre le racisme.  En Fédération de Russie, le Gouvernement s’attache à effacer les drames causés aux Russes par le nazisme, a-t-il indiqué, avant de s’inquiéter de l’émergence d’actes de xénophobie dans certains pays qui, parfois, ont souffert du nazisme.  Ces actes sont incompréhensibles pour le peuple russe qui promeut le dialogue entre les cultures comme moyen de mettre fin au racisme.


S’exprimant au nom de l’Union africaine, le Représentant permanent de la Guinée équatoriale auprès de l’ONU, M. ANATOLIO NDONG MBA, s’est félicité des initiatives menées par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme en vue d’aider les pays africains à lutter contre le racisme.  Il a ensuite mis en exergue la collaboration de l’Union africaine avec d’autres entités des Nations Unies pour améliorer la situation des droits en l’homme en Afrique.  « Il nous faut non pas inventer de nouveaux droits, mais plutôt améliorer l’exercice des droits reconnus sur le continent », a-t-il précisé.  Tout comme ses prédécesseurs, le Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, M. IHAB FAWZY, a indiqué que son pays était également confronté au fléau que représente le racisme, en dépit de l’adoption de certains programmes spécifiques.  Il a souligné la nécessité de distinguer le racisme des actes de terrorisme classiques.  Le représentant du Ministre des affaires étrangères de l’Inde, M. PAVAN KAPOOR a, lui, rappelé que la discrimination est constitutionnellement interdite dans le pays, avant de noter la persistance des actes de racisme dans le monde.  « Nous devons continuer notre lutte », a-t-il soutenu.


Le Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan, M. RUSLAN KAZABAEV, a détaillé les mesures prises pour lutter contre les relents racistes dans son pays, notamment les formations des jeunes populations à la diversité.  Il est important de veiller à la parité entre les hommes et les femmes dans la vie publique et politique, tout comme du sort des migrants, a-t-il ajouté.  Le racisme n’est pas une fatalité » a dit le Représentant permanent de la République arabe syrienne auprès de l’ONU, M. BASHAR JA’AFARI, avant de dénoncer le « système israélien d’apartheid contre les Palestiniens ».  La communauté internationale doit être ferme dans sa lutte contre le racisme, a souligné pour sa part le Représentant permanent de la Suisse auprès de l’ONU, PAUL SEGER.  Malgré les progrès accomplis dans cette lutte, beaucoup reste à faire et les gouvernements doivent saisir cette occasion pour renforcer leur détermination, a-t-il dit.  Trinité-et-Tobago, par la voix de son Ministre des affaires étrangères, M. SURUJRATTAN RAMBACHAN, s’est félicité du modèle de tolérance développé par son pays, et a invité les autres États à s’en inspirer.


Par ailleurs, les représentants du Japon, M. HIDEAKI UEDA, et du Maroc, M. OMAR HILAL, les Représentants permanents auprès de l’ONU de l’Islande, Mme GRETA GUNNARASDOTTIR, du Liechtenstein, M. CHRISTIAN WENAWESER, et de la Chine, Mme WANG MIN, ont invité tous les États à prendre des mesures internes efficaces contre le racisme, en souhaitant plus d’actions de la part de l’ensemble de la communauté internationale.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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