Le « printemps arabe » et les questions africaines mobilisent l’attention des États Membres au deuxième jour du débat général
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Assemblée générale
Soixante-sixième session
15e, 16e & 18e séances plénières
Matin, après-midi & soir
LE « PRINTEMPS ARABE » ET LES QUESTIONS AFRICAINES MOBILISENT L’ATTENTION
DES ÉTATS MEMBRES AU DEUXIÈME JOUR DU DÉBAT GÉNÉRAL
Les révolutions arabes ont une nouvelle fois constitué un thème dominant des interventions de la trentaine de chefs d’État et de gouvernement qui se sont succédés à la tribune de l’Assemblée générale, aujourd’hui, au deuxième jour de son débat général. Le « printemps arabe » a montré que les Nations Unies ont besoin d’une nouvelle façon de travailler, a ainsi déclaré le Premier Ministre du Royaume-Uni, M. David Cameron.
Les questions africaines ont également été largement débattues, à l’image de la première intervention devant l’Assemblée générale du nouveau Président de la Côte d’Ivoire, M. Alassane Ouatarra.
« Mon ambition, a-t-il déclaré, est de faire de la Côte d’Ivoire à l’horizon 2020-2050 un pays émergent, une nation réconciliée avec elle-même, et un État moderne respectueux de l’indépendance de la justice. »
Nombre des dirigeants qui se sont exprimés ont également salué la « naissance » de l’État du Soudan du Sud et son adhésion à l’ONU. « Ce succès est la preuve du potentiel réel qu’ont les organisations régionales pour venir à bout de conflits complexes », a déclaré le Président du Kenya, M. Mwai Kibaki.
La situation en Somalie a également été commentée à plusieurs reprises, le Président du Gabon, M. Ali Bongo Ondimba, ayant notamment appelé à ce que « tout soit fait pour que l’aide humanitaire parvienne aux populations dans leurs villes et villages ».
« La population somalienne est en train de mourir devant les yeux du monde et la communauté internationale regarde comme s’il s’agissait d’un film. C’est une honte », s’est insurgé quant à lui le Premier Ministre de la Turquie, M. Recep Tayyip Erdoğan.
De son côté, le Président du Tchad, M. Idriss Déby Itno, a dénoncé la marginalisation des Africains au sein de l’ONU, plaidant pour une représentation africaine au Conseil de sécurité, avec droit de veto. « Les États africains sont aujourd’hui des acteurs incontournables du système en matière de paix, de sécurité et de développement et force est de constater qu’ils ne trouvent pas encore la place qu’ils méritent », a-t-il notamment observé.
Considéré par le Président du Conseil de l’Union européenne, M. Herman van Rompuy, comme « l’un des développements politiques les plus marquants depuis la fin de la guerre froide », le « printemps arabe » représente, selon le Premier Ministre du Royaume-Uni, M. Cameron, « un défi pour nous-mêmes mais aussi pour l’Union africaine, les Israéliens et les Palestiniens, l’Iran et la Syrie, et enfin les Nations Unies ». « Nous devons être unis dans l’action, et pas seulement quand il s’agit de condamner », a-t-il ajouté.
Le Roi de Bahreïn, M. Hamad Bin Issa Al Khalifa, dont le pays a été touché par des mouvements de protestation, a reconnu que le monde entrait « dans une nouvelle ère de changements importants », dans laquelle les avancées des moyens modernes de communication avaient amené des « transformations rapides et sans précédent, notamment dans le monde arabe ». Il a assuré que le Bahreïn avait commencé à procéder à plus de réformes et d’améliorations pour répondre aux aspirations de sa population en matière de liberté, de démocratie et de participation politique.
Par ailleurs, la situation à Chypre a occupé une large partie des discours du Président chypriote, M. Demetris Christofias, et du Chef du Gouvernement turc, M. Erdoğan. Le premier a regretté que la partie chypriote turque se fût récemment rétractée de la table des négociations, notamment au sujet de points de convergence déjà déterminés. Il a également accusé la Turquie d’avoir conclu un « accord » avec le « régime illégal » de la partie occupée de l’île afin de pouvoir effectuer des prospections pour des gisements d’hydrocarbures dans la Zone économique exclusive de la République de Chypre.
Le second a estimé que les paramètres d’une solution diplomatique existaient, mais que la partie chypriote grecque n’était pas prête et que la partie chypriote turque n’était toujours pas sortie de son isolement.
Les changements climatiques ont, de même, suscité l’attention des États Membres, en particulier lors de l’allocution du Président des Palaos, M. Johnson Toribiong. Celui-ci a fait savoir que son pays et les Îles Marshall allaient engager l’Assemblée générale à obtenir d’urgence un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) relatif à la responsabilité des États de s’assurer que leurs activités émettrices de gaz à effet de serre ne soient pas nuisibles à d’autres États. « Il est grand temps de définir comment s’applique le droit international dans le contexte des changements climatiques », a affirmé M. Toribiong.
La journée aura été également marquée par l’intervention du Président de l’Iran, M. Mahmoud Ahmadinejad, qui a mis l’accent sur la nécessité d’instituer un nouvel ordre dans la gouvernance mondiale. Ses références aux attentats du 11 septembre et à l’Holocauste ont provoqué le départ de la salle de l’Assemblée générale de plusieurs délégations, dont celles des États-Unis et de pays européens.
L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, vendredi 23 septembre, à partir de 9 heures.
RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/66/1)
Suite du débat général
M. DEMETRIS CHRISTOFIAS, Président de Chypre, a fait savoir que son pays continuait de souffrir des conséquences de l’invasion militaire turque de 1974 et de la poursuite de l’occupation. Il a notamment déploré le fait que les résolutions adoptées par l’ONU en la matière qui ne sont pas mises en œuvre à cause de « l’intransigeance turque ». Il a rappelé qu’à la « suite de notre initiative », des négociations directes avaient été entamées en 2008 dans le but de créer une fédération bizonale et bicommunale. « Notre objectif, a-t-il expliqué, est de trouver une solution mutuellement acceptable qui mette un terme à l’occupation et à la colonisation illégale par la Turquie des parties occupées de Chypre. Nous voulons une solution qui réunifie le pays et sa population et qui crée les conditions pour une paix et une sécurité durables ». Il a ensuite noté « avec regret » que la partie chypriote turque s’était récemment rétractée de la table des négociations, notamment au sujet de points de convergence déjà déterminés. M. Christofias a affirmé que la question des personnes disparues était un aspect important du problème chypriote et qu’elle devait être résolue « quelle que soit l’évolution des négociations ». Le Président a ensuite expliqué que la République de Chypre avait récemment lancé un processus d’exploration et d’extraction d’hydrocarbures au sein de sa Zone économique exclusive, mais que ces efforts étaient l’objet de menaces de la part de la Turquie. Il a notamment dénoncé les manœuvres navales turques effectuées à proximité de cette Zone et qui, a-t-il affirmé, posent un réel danger pour la région. Le Président a aussi accusé la Turquie d’avoir conclu un « accord » avec le « régime illégal » de la partie occupée afin de pouvoir effectuer ses propres prospections dans cette Zone. « Je condamne cet acte illégal qui constitue une provocation non seulement pour la République de Chypre, mais pour l’ensemble de la communauté internationale », a lancé le Président. Les dirigeants turcs et chypriotes turcs cherchent un fait accompli illégal, a déclaré M. Christofias avant d’appeler « le Conseil de sécurité, le Secrétariat et l’ONU dans son ensemble » à faire savoir à la Turquie que la poursuite de la violation du droit international et européen ne saurait être tolérée.
Le Président de Chypre a poursuivi en rappelant que sa partie avait proposé la restitution de la ville de Famagusta -« une ville européenne dans laquelle ses habitants ne peuvent plus vivre depuis l’occupation turque de 1974 »-sous l’Administration de l’ONU. La mise en œuvre de cette proposition, a-t-il indiqué, donnerait un élan notable aux négociations et renforcerait la confiance entre les deux communautés. Il a ensuite regretté que la Turquie refuse de mettre en œuvre les résolutions 550 et 1984 du Conseil de sécurité qui traitent de cette proposition. M. Christofias s’est par ailleurs félicité de ce que le Secrétaire général, lors de ses récentes réunions avec les deux parties, ait fait référence à la résolution 1251 du Conseil de sécurité. Pour le Président de Chypre, la seule manière d’aller de l’avant est d’honorer les engagements que les deux parties ont pris devant le Secrétaire général. Avant de conclure son intervention, le Président de Chypre a appelé à la reprise des négociations entre Israël et la Palestine. Il a également estimé qu’un nouveau modèle de croissance s’imposait, centré sur la réduction des inégalités, l’élimination de la pauvreté et la sauvegarde des droits des travailleurs et de l’ensemble de la population.
M. JAKAYA MRISHO KIKWETE, Président de la République-Unie de Tanzanie, a rappelé que cette année son pays célébrait le cinquantième anniversaire de son indépendance en même temps que ses 50 années en tant que Membre des Nations Unies, une indépendance consécutive à la réunification entre le Tanganyika et Zanzibar, le 26 avril 1964. Indiquant que la Tanzanie avait toujours cru en la médiation comme base de prévention et de règlement pacifique des conflits, le Président a souligné l’engagement de son pays dans ce domaine en Afrique. Il a en outre affirmé que la Tanzanie contribuait régulièrement aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, grâce à l’octroi de troupes et de personnels civils.
M. Kikwete a évoqué le rôle du fondateur de la nation tanzanienne, Julius Nyerere, qui a toujours été opposé à toute forme de colonialisme, d’apartheid et de discrimination raciale sur le continent africain et ailleurs. Julius Nyerere estimait que l’indépendance de la Tanzanie ne pouvait être complète tant que d’autres peuples d’Afrique seraient encore sous le joug du colonialisme, a-t-il expliqué. C’est dans ce contexte qu’il soutenait tous les mouvements d’émancipation sur le continent, et que la capitale du pays, Dar es-Salaam, fut le siège du Comité de libération de l’OUA.
Tout en réaffirmant le soutien à l’indépendance de tous les peuples, le Président de la Tanzanie a rappelé son soutien à celle de la Palestine. Il a souhaité que Palestiniens et Israéliens puissent vivre en paix et en harmonie en tant qu’États voisins souverains. Il a également appelé à la fin de l’embargo économique dont Cuba est victime.
Concernant les réformes des organisations internationales, il a souhaité des changements au sein des institutions de Bretton Woods, des Nations Unies et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) afin que la voix des pays en développement soit plus entendue, notamment au sein du Conseil de sécurité, a t-il ajouté. Les bonnes intentions des Nations Unies n’ont pas toujours été mises en œuvre, a-t-il regretté, évoquant à ce sujet le non-respect des promesses d’aides des donateurs comme principale raison de cette situation.
Le Président tanzanien a regretté que la Somalie soit toujours dans une situation conflictuelle nécessitant l’intervention des Nations Unies, de l’Union africaine et de la communauté internationale. Il a, de ce fait, attiré l’attention des États Membres sur la famine qui a cours dans la corne de l’Afrique et le phénomène de piratage des navires dans le golfe d’Aden, situation mettant a mal les économies des pays environnants, y compris la Tanzanie qui a connu 13 attaques de pirates depuis l’an dernier avec cinq cas de prise d’otages. M. Kikwete a enfin regretté l’attaque terroriste ayant touché le Bureau des Nations Unies au Nigéria et a invité les Nations Unies à considérer le terrorisme parmi ses priorités.
M. HAMAD BIN ISSA AL KHALIFA, Roi de Bahreïn, a affirmé que le monde entrait dans une nouvelle ère de changements importants, dans laquelle les avancées des moyens modernes de communication avaient amené des transformations rapides et sans précédent, notamment dans le monde arabe. Il y a plus d’une décennie, le Bahreïn a commencé à procéder à plus de réformes et d’améliorations pour répondre aux aspirations de sa population en matière de liberté, de démocratie et de participation politique, a assuré le Roi Hamad, affirmant qu’une approche de dialogue et de consensus avait constamment été privilégiée. L’authenticité de notre peuple, notre culture, notre développement économique et politique libre et notre engagement en faveur des principes universels des droits de l’homme, de la coexistence pacifique et du respect des opinions des autres constituent la réelle richesse de notre pays, a-t-il dit.
Le Roi Hamad a également estimé qu’aujourd’hui, plus que jamais, la communauté internationale avait une opportunité de rendre justice au peuple palestinien en reconnaissant un État palestinien indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale. En outre, il a apporté son soutien à l’Initiative du Golfe pour maintenir la sécurité, la stabilité et l’unité du Yémen, tout en répondant aux aspirations de son peuple. Conformément à son engagement dans les actions internationales concertées, Bahreïn n’a pas hésité à contribuer et à participer au Groupe des Amis de la Libye, et il contribue également aux forces de maintien de la paix en Afghanistan. L’humanité et la communauté internationale ont beaucoup à gagner au niveau mondial des contributions de la civilisation arabo-islamique, a déclaré le Roi de Bahreïn. Les arabo-musulmans, les chrétiens, les juifs et les fidèles d’autres religions et croyances, ne peuvent que coexister dans un « État civil » basé sur la tolérance, a-t-il dit.
M. ALASSANE OUATTARA, Président de la Côte d’Ivoire, a tout d’abord remercié tous « les pays amis qui ont cru en notre combat pour la démocratie tout au long de la longue crise électorale qu’a connue son pays ». Il a notamment salué « l’engagement déterminé » du Secrétaire général en faveur de la paix dans le monde.
Commentant ensuite le thème de la session actuelle de l’Assemblée générale, il a estimé que la mise en œuvre d’une approche fondée sur l’usage et la promotion de la négociation pour la résolution des conflits exigeait l’implication « déterminée et solidaire » des États Membres à trouver des solutions négociées aux plans sous-régional, régional et international.
La paix tant recherchée, a poursuivi le Président, ne peut être possible sans un développement économique plus équilibré et plus juste du monde. Il a estimé qu’une forte croissance économique devait être accompagnée d’un accès transparent et équitable à l’emploi, notamment celui des jeunes, ainsi qu’à la sécurité et à la justice. Il est donc urgent, a-t-il souligné, d’adopter un nouveau modèle de développement bâti autour de la contrainte environnementale, qui assure à la population la satisfaction de ses besoins d’emplois, de sécurité et de justice.
Rappelant la gravité croissante des catastrophes naturelles, il a appelé les États Membres à combiner leurs efforts pour trouver des solutions novatrices et efficaces pour faire face à ces catastrophes qui, a-t-il affirmé, font peser une menace notable à la paix et à la sécurité internationale. Face à ces drames, l’engagement politique de tous les États Membres est indispensable.
Le Président de la Côte d’Ivoire a par ailleurs appelé à la mobilisation de ressources suffisantes pour financer la recherche et le développement dans les domaines de l’agriculture vivrière, des énergies renouvelables et du développement durable. Pour ce faire, il a préconisé une réduction « substantielle » des fonds consacrés aux dépenses militaires.
M. Ouattara a ensuite fait savoir que depuis sa prise de fonctions, des discussions étaient en cours pour la signature d’accords avec les voisins de la Côte d’Ivoire pour permettre le retour volontaire et rapide des réfugiés ivoiriens et prémunir les frontières contre les mouvements d’hommes armés, les trafics de drogues, de pierres et de métaux précieux. Il a indiqué que le « vivre ensemble » constituait la pierre angulaire de son programme de gouvernement, ajoutant qu’il avait érigé la réconciliation nationale au rang des priorités avec la création de la Commission Dialogue, vérité et réconciliation.
Il a également fait savoir que le Programme présidentiel d’urgence, lancé au mois de mars et qui entend améliorer les services sociaux de base, avait déjà produit des effets bienfaiteurs sur la vie de la population, notamment celle d’Abidjan. Le Président a également assuré que l’organisation d’élections législatives avant la fin de l’année permettrait de renforcer la démocratie et la justice sociale en Côte d’Ivoire. « Mon ambition, a-t-il fait savoir, est de faire de la Côte d’Ivoire, à l’horizon 2020-2050, un pays émergent, une nation réconciliée avec elle-même, et un État moderne respectueux de l’indépendance de la justice. »
Nous sommes confrontés à un monde nouveau, a estimé M. SEBASTIÁN PIÑERA ECHEÑIQUE, Président du Chili, insistant sur les opportunités créées par la révolution des technologies de l’information pour le développement matériel et spirituel de millions de personnes dans le monde. Mais les crises financières, le terrorisme, le trafic de drogues ou la criminalité transnationale organisée, tout comme les changements climatiques ou les crises sanitaires vont au-delà de ce qu’un gouvernement peut faire de son côté, et réclament des actions plus concertées et plus efficaces de la communauté internationale. « C’est pourquoi, nous devons de manière urgente nous repositionner et repenser les structures de chacune des organisations, comme les Nations Unies, la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international, qui ne répondent plus aux réalités, défis, problèmes et opportunités du présent et du futur », a-t-il estimé.
Comme toutes les révolutions du passé, la révolution du XXIe siècle, basée sur les technologies de l’information, sera généreuse pour ceux qui sauront la suivre, et indifférente, voire cruelle, pour ceux qui la laisseront passer, a averti le Président du Chili, rappelant que malgré tous ses atouts, l’Amérique latine avait raté le train de la révolution industrielle et restait un continent sous-développé, profondément inégal, avec près d’un tiers de sa population vivant dans la pauvreté. Toutefois, la communauté des Nations a pour responsabilité de garantir que les bénéfices de cette révolution atteignent toutes les régions de la planète. Et pour cela, la liberté, comprise comme un concept intégral, est à nouveau la source inextinguible du progrès de l’humanité, a dit le Président du Chili, assurant du soutien continu de son pays à toutes les avancées démocratiques, notamment au travers des organes de défense des droits de l’homme des Nations Unies. Le pays a également conclu des accords de commerce libre avec 58 pays, représentant 80% de la population mondiale, et a développé la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire.
Toutefois, tout ceci ne sera pas suffisant, a-t-il dit, appelant à construire de nouveaux piliers de développement et à investir dans la science et la technologie, en particulier dans le capital humain qui est sans aucun doute la véritable ressource renouvelable que l’humanité possède. Il est indéniable que la course pour le développement et le futur doit être remportée dans les salles de classe, a-t-il rappelé. M. Piñera Echeñique a enfin rappelé que le Président de la Bolivie avait hier, devant l’Assemblée générale, réclamé pour son pays un accès souverain sur l’océan Pacifique à travers le territoire du Chili. Il n’y a pas de questions territoriales en suspens entre le Chili et la Bolivie, elles ont été réglées, une bonne fois pour toutes en 1904, par la signature du Traité de paix et d’amitié, a-t-il assuré, estimant que son pays avait accordé à la Bolivie des arrangements qui allaient bien au-delà de ceux envisagés dans la Convention des Nations Unies sur les pays enclavés.
M. MAHMOUD AHMADINEJAD, Président de la République islamique d’Iran, a estimé qu’il était clair que malgré ses efforts, y compris la création des Nations Unies, l’humanité était encore loin de répondre aux aspirations des populations. La plupart des Nations dans le monde ne sont pas satisfaites de la situation internationale actuelle, a-t-il dit, rappelant que 3 milliards de personnes vivaient avec moins de 2,5 dollars par jour et que plus d’un milliard d’entre elles n’ont pas un seul repas suffisant par jour. « Ne pensez-vous pas que la cause profonde de ces problèmes réside dans la manière dont le monde est gouverné? s’est-il interrogé avant de dénoncer l’esclavagisme, le colonialisme, les guerres de Corée et du Viet Nam, le sionisme, les régimes militaires en Asie, en Afrique et en Amérique latine, l’utilisation de l’arme nucléaire ou encore le soutien à Saddam Hussein pendant la guerre contre l’Iran, ainsi que le surendettement de certains gouvernements qui, selon lui, dominent les travaux du Conseil de sécurité. Comme la lumière du jour, il est également clair que les mêmes esclavagistes et puissances coloniales qui ont lancé les deux guerres mondiales continuent à contrôler les centres politiques mondiaux, a-t-il dénoncé.
Si certains pays européens utilisent encore l’Holocauste comme excuse pour céder aux sionistes, ne devrait-il pas exister une obligation pour les esclavagistes et puissances coloniales de payer réparation aux nations affectées? a poursuivi le Président iranien, en dénonçant la présence de bases américaines à travers le monde. La question centrale est celle de la recherche des causes profondes de ces attitudes, a-t-il estimé, y voyant la patte d’un ensemble de personnes en contradiction avec les instincts humains profonds, qui n’ont plus la foi en Dieu et en ses prophètes, ni respect pour les autres, et s’autoproclament gardiens de tous les gouvernements et nations. Ces personnes plantent la discorde entre diverses nations en utilisant l’hypocrisie et la tromperie au service d’objectifs diaboliques, a-t-il dit.
M. Ahmadinejad a rappelé que la liberté, la justice, la dignité et la sécurité durable étaient le droit de toutes les nations et a estimé que la gouvernance du monde exigeait aujourd’hui des réformes fondamentales. L’idée de la création des Nations Unies demeure extraordinaire et leurs capacités doivent être utilisées au service de causes qui sont nobles, a-t-il dit, mais il faut y garantir la participation collective des nations et une gestion commune et partagée du monde, selon les principes inscrits dans le droit international. C’est la seule voie vers la prospérité et le bien-être de la société humaine, a-t-il insisté. Cette gestion commune est le droit légitime de tous les pays, et ce droit doit être défendu par les représentants des États, malgré les efforts d’« une certaine puissance » pour entraver ces efforts, a-t-il ajouté, avant de dénoncer la composition « injuste et inéquitable » du Conseil de sécurité. Le Président iranien a réitéré la proposition qu’il avait formulée l’année dernière, de désigner la décennie à venir comme celle de la décennie de la « Gestion mondiale partagée et collective ». La création d’une société suprême et idéale est la promesse garantie d’Allah, a-t-il assuré, en déclarant que le monde connaissait aujourd’hui un réveil en terre islamique, en Asie, en Europe et en Amérique. Ces mouvements influencent la réalisation de la justice, de la liberté et de la création d’un avenir meilleur, a-t-il précisé.
Mme ROZA OTUNBAEVA, Présidente du Kirghizistan, a souhaité que l’ONU soit attentive aux changements qui bouleversent l’humanité afin de les anticiper. Elle a évoqué le « printemps arabe » qui a vu des pays d’Afrique du Nord se libérer des pouvoirs politiques tyranniques. Elle a souligné que son propre pays est passé d’un régime présidentiel rigide à une démocratie au cours de cette même période. En plus des élections parlementaires crédibles que le son pays a tenues à la fin de l’année dernière, le Kirghizistan tiendra une élection présidentielle à la fin 2011 et invite des observateurs internationaux à venir la suivre. Le peuple du Kirghizistan ne doit pas se diviser au moment où le monde entier l’observe.
La Présidente a regretté que des pays aient souffert des dictateurs qui ont pillé les richesses du peuple. Elle a réclamé des mesures de sanctions de l’ONU afin que justice soit faite. Évoquant l’Afghanistan, elle a noté que la paix doit être construite par la formation des forces de l’ordre nationales afin quelles prennent le relais de la coalition internationale. Au sujet de la « médiation », thème du débat général de cette année, la Présidente a souligné que le rôle des femmes est primordial à ce propos, car « quand la paix est menacée, les hommes prennent les armes alors que les femmes adoucissent les contradictions et travaillent pour la paix », a-t-elle expliqué. Les femmes constituent un tiers du Parlement dans mon pays, s’est-elle félicitée. Au sujet de la situation au Moyen-Orient, la Présidente a souhaité voir la Palestine devenir un Membre à part entière des Nations Unies. Elle a rappelé que son pays avait reconnu la Palestine comme État indépendant dans les frontières de 1967, et ce, depuis 1995. Elle a souhaité également que son pays soit élu en tant que membre du Conseil de sécurité pour la période 2012-2013 et en a appelé au soutien des autres Membres des Nations Unies. S’exprimant au sujet des mutations que connaît le monde, elle a souhaité que la jeunesse de la planète soit portée par les innovations scientifiques, et qu’elle soit habitée par la paix. C’est aujourd’hui que nous construisons le monde de demain, a-t-elle conclu dans un appel au soutien de la jeunesse mondiale.
SHEIKH NASSER AL-MOHAMMAD AL-AHMAD AL-SABAH, Premier Ministre du Koweït, a souhaité la bienvenue au Soudan du Sud au sein des Nations Unies et a rappelé que ce nouveau pays a reçu la reconnaissance du Koweït le premier jour de son indépendance. Il n’y a pas de doute, a t-il affirmé, que l’importance de l’ONU va grandissant depuis sa mise en place il y a plus de 60 ans. Citant en exemple la gestion de la crise alimentaire que connaît la corne de l’Afrique, il a insisté sur la légitimité et la crédibilité des Nations Unies, mais a reconnu que des réformes de ses différentes instances seraient opportunes afin de les rendre encore plus efficaces.
Au sujet du Moyen-Orient, le Premier Ministre a regretté la détérioration de la stabilité de la région et a rappelé que son pays attachait une grande importance à des relations cordiales avec ses voisins. À ce propos, il a invité la République islamique d’Iran à adhérer aux résolutions de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) afin de dissiper les doutes et les craintes qui entourent son programme nucléaire. Le Premier Ministre a également regretté qu’après six décennies, les Nations Unies n’aient toujours pas réglé le problème israélo-palestinien. Soulignant que la souffrance du peuple palestinien ne fait qu’augmenter, il a dit son étonnement de voir la communauté internationale spectatrice des exactions que commettent les Israéliens à l’encontre des Palestiniens, ceci en violation des instruments du droit international. Réaffirmant son engagement en faveur de l’admission de la Palestine au sein des Nations Unies en tant qu’État Membre indépendant et installé à l’intérieur des frontières de 1967, il a souhaité qu’Israël se retire des territoires occupés, y compris le Golan syrien et cesse toute violation de la souveraineté du Liban.
Rappelant que le Koweït commémore, cette année, le cinquantième anniversaire de son indépendance, ainsi que le vingtième anniversaire de sa libération de l’invasion iraquienne, il a fait mention de la crise économique mondiale qui sape les efforts de croissance des pays du monde. Il a invité la communauté internationale à restructurer les instances financières internationales afin de les adapter à la situation actuelle. Le Premier Ministre a aussi exhorté les Nations Unies à jouer un plus grand rôle sur la scène internationale, notamment dans la promotion du dialogue des civilisations et de la tolérance. Il a en outre invité les pays donateurs à respecter leur promesse de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement, et a indiqué que depuis son indépendance, son pays a consacré près de 15 milliards de dollars pour assister les pays en développement et a augmenté sa contribution pour certaines institutions du système des Nations Unies.
M. DAVID CAMERON, Premier Ministre du Royaume-Uni, a estimé que le « printemps arabe » avait montré que les Nations Unies ont besoin d’une nouvelle façon de travailler. Il représente un défi pour nous-mêmes mais aussi pour l’Union africaine, les Israéliens et les Palestiniens, l’Iran et la Syrie, et enfin les Nations Unies, a-t-il dit. Nous devons être unis dans l’action, et pas seulement quand il s’agit de condamner, a dit M. Cameron. Les peuples du monde arabe ont bien fait connaître leurs aspirations, et parvenir à ces ambitions ne sera pas aisé, a-t-il averti, ce sera un long processus qui ne fait que commencer. « Nous ne pouvons pas garantir que ce processus de réforme sera irréversible mais nous avons une responsabilité auprès de ces populations trop longtemps flouées par leurs gouvernements, tout comme nous l’avons fait en venant en aide aux pays de la révolution de 1989 », a-t-il expliqué.
Le Premier Ministre britannique a estimé que l’erreur trop souvent commise était de penser que vouloir la démocratie impliquait une aspiration aux normes occidentales. La démocratie n’est pas un évènement mais un processus, a-t-il déclaré, notant par exemple que l’Iran, bien qu’il soit un pays où des élections sont régulièrement organisées, était aussi un pays sans liberté. Les élections ne sont donc pas suffisantes pour dire que la démocratie est là, a-t-il insisté. Le Premier Ministre a assuré que les Libyens s’étaient libérés eux-mêmes en faisant preuve d’une immense bravoure face à Qadhafi, et a salué le grand leadership dont le Conseil national de transition a fait preuve. Cette révolution appartient réellement au peuple libyen et montre que les Nations Unies ne sont pas plus efficaces que les États Membres qui se réunissent pour appliquer leur volonté, a estimé M. Cameron, affirmant qu’une coalition d’États avait pu empêcher Benghazi de connaître les massacres commis au Rwanda ou à Srebrenica.
Toutefois, le Premier Ministre a insisté sur les nombreux défis qui demeurent, notamment économiques, dans les pays touchés par le « printemps arabe ». Moins de 4% du commerce de l’Afrique du Nord se fait avec ses voisins, ce qui en fait la région la moins intégrée du monde, a-t-il par exemple expliqué, et c’est au contraire un capitalisme corrompu qui s’est mis en place. La région doit donc s’engager dans une économie libre et 50 millions de nouveaux emplois au moins doivent être créés, uniquement pour accompagner la démographie de ces pays, ce qui représente un défi immense, a-t-il dit. Le printemps arabe ne réussira pas si les femmes ne continuent pas d’y être associées. « Maintenant, nous ne devons pas perdre notre détermination et le moment est venu de s’assurer que les milliards d’euros versés par l’Union européenne à cette région appuient les réformes économiques », a déclaré M. Cameron. Le Premier Ministre a aussi appelé à des réformes au Yémen et surtout en Syrie où « le Conseil de sécurité doit agir ». L’Afrique doit aussi assumer ses responsabilités, a-t-il dit, faisant remarquer que de nombreux pays d’Afrique australe avaient été très lents à réagir face au printemps arabe, après avoir eu à lutter eux-mêmes si durement pour leurs indépendances. Les Palestiniens ont eux aussi le droit à un État viable, a-t-il rappelé, estimant qu’aucune résolution ne peut se substituer à la volonté politique de parvenir à la paix entre Israéliens et Palestiniens. « Notre rôle doit être d’appuyer ces discussions », a-t-il répété, car la réforme est la base de la stabilité à long terme que menacent les régimes autoritaires au lieu de la garantir. Le printemps arabe est aussi un moyen de vaincre le terrorisme, Al-Qaida mais aussi l’idéologie du terrorisme qui s’est bâtie sur l’oppression des peuples, a enfin conclu M. Cameron.
M. HERMAN VAN ROMPUY, Président du Conseil de l’Union européenne, a rappelé qu’il n’était pas le premier Président du Conseil à s’exprimer devant l’Assemblée générale mais qu’il était le premier à le faire en tant que Président à plein temps. Cette innovation institutionnelle donne à l’Union européenne une plus grande continuité et cohérence, notamment vis-à-vis des dirigeants du reste du monde, a-t-il estimé. En un an, le monde a changé et, sous certains aspects, pour le meilleur, a-t-il dit, évoquant l’espoir de millions de personnes sorties de la pauvreté en Asie, en Amérique latine et en Afrique, l’espoir pour la République du Soudan du Sud qui vient de rejoindre les Nations Unies, et surtout l’espoir en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Pour nous, le « printemps arabe » est l’un des développements politiques les plus marquants depuis la fin de la guerre froide, a déclaré M. Van Rompuy, assurant le monde arabe du soutien de l’Europe dans toutes les étapes de la transformation démocratique et des réformes économiques au profit des populations. « Nous avons d’ailleurs fait davantage en Libye », a-t-il dit, saluant la mise en œuvre du principe de « responsabilité de protéger ». Il existe maintenant une « responsabilité d’aider » la nouvelle Libye dans sa transition politique, la réconciliation et la reconstruction d’un pays uni. Le « printemps arabe » a livré deux enseignements, a poursuivi M. Van Rompuy. Le premier, c’est que le monde n’a pas sombré dans une ère de haine religieuse après le 11 septembre. La population dans les rues de Tunis, du Caire ou de Benghazi aspirait à la dignité, à un emploi, à la justice sociale et à la démocratie, a-t-il assuré. Le deuxième enseignement est qu’un système politique qui ne permet pas le changement pacifique restera profondément faible.
Toutefois, les causes de préoccupation sont nombreuses, a souligné M. Van Rompuy, évoquant notamment la Somalie, la sûreté nucléaire, les agissements des dirigeants de l’Iran et de la Corée du Nord ou encore les changements climatiques. Face à toutes ces menaces, l’Union européenne prend ses responsabilités à la fois en matière de soutien financier, d’investissement humain et d’expertise dans la médiation. M. Van Rompuy a notamment appelé à une reprise immédiate des négociations directes entre Israël et l’Autorité palestinienne. Le statu quo n’est pas une option et le vent qui a soufflé à travers toute la région devrait vous aider à sortir de l’impasse, a-t-il lancé aux dirigeants des deux parties. Le Président du Conseil européen a rappelé que dans quelques semaines, une femme quelque part sur la planète allait mettre au monde un enfant qui portera la population mondiale à 7 milliards d’individus. Les tendances de production et de consommation actuelles ne sont pas tenables, a-t-il prévenu, appelant à des engagements renouvelés en faveur de la protection de l’environnement et du développement durable lors de la Conférence Rio+20, l’année prochaine. L’Europe y assumera ses responsabilités « avec détermination et dans un esprit de solidarité », a-t-il promis, comme elle le fait dans la crise de la dette souveraine à laquelle elle est confrontée. « Vous pouvez être certains que nous allons continuer à faire ce qu’il faudra pour sauvegarder la stabilité financière de l’Eurozone », a assuré M. Van Rompuy, demandant aussi aux autres principales économies de prendre leurs responsabilités. Les 500 millions d’Européens refusent le repli sur soi, la « splendide isolation », ce monde est notre monde, à nous tous, a-t-il enfin déclaré.
M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Premier Ministre de la Turquie, a indiqué que le monde traversait des temps d’une mise à l’épreuve sans précédent, déplorant que l’ONU ne fasse pas preuve du leadership nécessaire. Il a ainsi indiqué avoir été personnellement témoin des conséquences catastrophiques de l’inaction de l’ONU en Somalie qui est frappée par une terrible tragédie. La population somalienne est en train de mourir devant les yeux du monde et la communauté internationale regarde comme s’il s’agissait d’un film. C’est une honte, a-t-il martelé. Il a ensuite invité à se pencher plus avant sur l’histoire honteuse, marquée par les blessures profondes de la colonisation, qui a conduit à une telle tragédie. « La justice dans le monde n’est pas possible si l’on ne fait rien en Somalie », a-t-il dit, avant d’indiquer que la Turquie avait collecté 300 millions de dollars d’aide ces derniers mois et lancé toute une série de projets d’infrastructures en Somalie. « Pourquoi la communauté internationale ne porte-t-elle pas la même attention que sur d’autres conflits », s’est-il interrogé.
M. Erdoğan a ensuite affirmé que la situation au Moyen-Orient constituait l’entrave la plus importante à l’instauration de la justice internationale. Il a rappelé qu’Israël n’avait pas respecté 89 résolutions du Conseil qui sont pourtant juridiquement contraignantes. Il a déploré que l’ONU n’ait pris aucune mesure pour mettre fin à la tragédie en Palestine, en dépit de l’indignation qu’elle suscite. « Cette plaie sanglante doit être guérie », a-t-il soutenu. Le Premier Ministre a mentionné les exactions perpétrées par Israël, comme les bombardements au phosphore, déplorant que ce pays ne soit pas sanctionné. « C’est la Palestine qui est occupée par Israël, non pas l’inverse », a-t-il déclaré, ajoutant que même pour envoyer une livraison de tomates aux Palestiniens, il fallait la permission des Israéliens. Il a ensuite appuyé sans réserves la demande d’admission de la Palestine à l’ONU et appelé à la levée du blocus illégal qui frappe Gaza. Faisant référence à l’incident de la flottille humanitaire en direction de Gaza, il a ensuite déclaré que la Turquie ne pouvait rester passive devant les conséquences tragiques de l’attaque qui s’était produite dans les eaux internationales. Il a exhorté Israël à présenter ses excuses et à indemniser les familles des « martyrs ». La Turquie n’a aucune animosité vis-à-vis du peuple israélien, a-t-il affirmé, imputant les tensions actuelles aux décisions préjudiciables du Gouvernement israélien. Aucun gouvernement ne peut plus persécuter son propre peuple, a-t-il dit. Cette époque est révolue, a-t-il affirmé, en citant les révolutions en Tunisie, en Égypte et en Libye. Il a ensuite exhorté -avec la franchise d’un pays ami- le Gouvernement syrien à respecter les aspirations de son peuple.
S’agissant de la situation à Chypre, M. Erdoğan a indiqué que les paramètres d’une solution diplomatique existaient, avant d’ajouter que la partie chypriote grecque n’était pas prête et que la partie chypriote turque n’était toujours pas sortie de son isolement. Il a affirmé que la Turquie ne laisserait pas les espérances des Chypriotes turcs pâtir de l’intransigeance de l’Administration chypriote grecque, qui doit se garder de toute initiative, notamment dans les eaux territoriales, susceptible d’alimenter les tensions. Si cela n’était pas respecté, a prévenu M. Erdoğan, « la Turquie ferait ce qui est nécessaire ». Avant de conclure, il a annoncé que son pays était candidat pour siéger au sein du Conseil de sécurité au cours de la période 2015-2016.
M. BRONISLAW KOMOROWSKI, Président de la Pologne, s’est félicité du fait que, grâce à une transformation politique et économique profonde, son pays était devenu une démocratie stable, avec une économie dynamique, jouissant de bonnes relations avec les pays d’Europe centrale et orientale.
Évoquant la présidence polonaise du Conseil de l’Union européenne (UE), il s’est félicité que l’UE ait permis à l’Europe de connaître une longue période sans précédent de paix, favorisé le développement social et économique, progressé dans le domaine des droits de l’homme notamment et équilibré les niveaux de développement. L’Union européenne, a-t-il affirmé, a introduit un nouveau degré de qualité dans la vie internationale. Il s’est dit confiant que les difficultés que rencontrent actuellement certains membres de l’UE seront surmontées et que l’UE émergera de cette crise d’autant plus forte. La Pologne, a-t-il assuré, n’épargnera aucun effort pour s’assurer de l’engagement de l’Europe sur les questions internationales.
M. Komorowski a ensuite évoqué le dixième anniversaire des attentats du 11 septembre pour souligner que l’atmosphère de la guerre contre le terrorisme n’avait pas contribué à favoriser la confiance ni à renforcer la stabilité internationale. Affirmant dans un deuxième temps que la solution à tout problème international notable menait toujours aux Nations Unies, il a estimé que l’objectif principal de l’Organisation se trouvait au sein de la nouvelle « axiologie » adoptée dans le Document final du Sommet mondial de 2005 et qui met l’accent sur le développement, la sécurité et les droits de l’homme. Il a fait état de la complexité des problèmes liés au développement, lesquels, a-t-il précisé, touchent à des questions relevant du commerce, de la finance, de la croissance économique, de la protection de l’environnement et de l’aide au développement. Il a ensuite fait allusion aux limites de l’expérience de l’ONU dans un domaine « où les instruments principaux sont aux mains d’entités privées, notamment les entreprises, les banques, les bourses et les fonds d’investissement ».
Pour le Président polonais, il est temps de s’accorder sur un nouveau paradigme d’échange économique mondial. Il a appelé les États connaissant un important surplus d’importations par rapport aux exportations à s’orienter vers la croissance, « stimulée par la consommation à l’échelon national ». Si on ne parvient pas à équilibrer les relations entre les économies orientées vers l’exportation et celles qui favorisent l’importation, a-t-il averti, de nouveaux troubles verront le jour. Il a également engagé les pays en développement à assumer davantage de responsabilités dans l’économie mondiale.
M. Komorowski s’est ensuite dit inquiet de la perspective d’un retour à la course à l’armement et de l’augmentation des dépenses en armement. Il a notamment estimé qu’une attention plus grande devait être accordée aux catégories d’armes qui provoquent la majorité de morts dans le monde, les conflits et qui sont les principaux facteurs d’instabilité. Il a également appelé à la réforme de la Conférence sur le désarmement.
M. MWAI KIBAKI, Président du Kenya, s’est félicité de la « naissance de la nation du Soudan du Sud en juillet dernier ». Cela est le fruit d’intenses négociations sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), sous la supervision de l’Union africaine et de la communauté internationale, a-t-il précisé, remettant ainsi ce point dans le contexte du débat actuel sur la médiation en tant qu’instrument du règlement des conflits. Pour lui, ce succès est la preuve du potentiel réel qu’ont les organisations régionales pour venir à bout de conflits complexes. Pour sa part, le Kenya s’engage à soutenir le Soudan et le Soudan du Sud, tant sur le plan bilatéral qu’à travers l’IGAD, pour trouver une solution aux questions toujours en suspens dans le contexte de l’Accord de paix récent.
Abordant ensuite la situation en Somalie, il s’est dit optimiste suite à l’amélioration récente de la situation sécuritaire à Mogadiscio. Cela a été possible, selon lui, grâce aux efforts du Gouvernement fédéral de transition, avec le soutien de la Mission de l’Union africaine et de la communauté internationale. « La sortie des Shabaab de Mogadiscio offre une opportunité unique à la communauté internationale pour se rallier derrière la Somalie en vue de consolider les acquis », a encore estimé le Président Kibaki. Il a saisi cette occasion pour lancer un appel à l’ONU et à la communauté internationale pour qu’elles soutiennent l’IGAD et travaillent en partenariat avec le Gouvernement fédéral de transition. Un premier pas en ce sens serait, selon lui, de renforcer le mandat de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) en la dotant des ressources nécessaires.
S’agissant de la question des changements climatiques, et notamment de leurs manifestations terribles dans la corne de l’Afrique, il a souligné que cette région connaissait la pire sécheresse en 60 ans. Cela provoque une intense compétition pour le peu de ressources disponibles et engendre des situations de tension, voire de conflit armé entre communautés voisines, a encore précisé M. Kibaki. Il est grand temps, selon lui, de mettre en place des mécanismes d’alerte rapide au niveau régional et de penser à des réponses adéquates à de telles catastrophes. En effet, l’ampleur des changements climatiques et de la dégradation environnementale appelle des actions résolues, a déclaré le Président, ajoutant que son pays espérait que la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à Durban, en Afrique du Sud (COP 17), sera à la hauteur des attentes de l’Afrique dans ce domaine.
M. MIKHAIL SAAKASHVILI, Président de la Géorgie, a rappelé que l’on commémorait cette année le vingtième anniversaire de la fin du totalitarisme ainsi que le dixième anniversaire des attentats du 11 septembre. « Le Printemps du monde arabe nous indique que l’histoire se poursuit et qu’il n’y a pas de choc de civilisation », a lancé le Président. Il a ensuite affirmé que la « tyrannie soviétique » continuait d’avoir des effets aujourd’hui, ajoutant qu’il n’y avait pas de complots dans les petites nations pour saper le pouvoir des plus grandes. Un gouvernement, aussi fort qu’il soit, ne peut pas unilatéralement démembrer une nation, a-t-il dit.
M. Saakashvili a ensuite accusé la Fédération de Russie d’occuper 20% du territoire géorgien, pour s’inquiéter ensuite du sort des nombreuses personnes déplacées suite au différend. Ces personnes ne peuvent pas rentrer chez elles car, à Moscou, un dirigeant étranger a décidé que leurs maisons n’étaient plus les leurs, s’est indigné le Chef de l’État. Il a indiqué que la Géorgie avait renoncé, il y a un an, à recourir à la force pour retrouver son intégrité territoriale, puis il a dénoncé l’inaction de la Russie en la matière. Il a évoqué le « trou noir » du Caucase du Nord pour souligner que la Géorgie répondait à cette « brutalité » en ouvrant ses frontières et en établissant des passerelles entre les nations, et que face aux actions militaires, elle lançait des programmes pour les enfants.
Le Président de la Géorgie a ensuite affirmé que la coopération internationale dans la lutte contre Al-Qaida demeurait essentielle. Le terrorisme, a-t-il affirmé, ne sera pas vaincu par des moyens militaires, mais en instaurant la liberté, la démocratie et la prospérité. Après avoir évoqué l’histoire récente de la Géorgie, il a estimé que les révolutions se faisaient non pas suite à des manifestations dans la rue, mais après un long processus de réforme. Le succès des révolutions du monde arabe dépendra de ce qui se produira une fois que les journalistes de CNN et d’Al-Jazeera seront partis, a-t-il assuré.
M. Sakaashvili s’est ensuite félicité des progrès réalisés par son pays dans le domaine de la transparence, et que la Géorgie soit, selon la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), un des pays ayant le mieux réussi dans la région. Pour le Président, il importe de s’interroger sur la meilleure façon d’agir suite à la chute des dictatures. C’est un peu comme Wikipedia, un projet auquel chacun peut apporter sa contribution, a-t-il dit, pour appeler ensuite les États Membres à y apporter les leurs.
M. LEONEL FERNÁNDEZ REYNA, Président de la République dominicaine, a rappelé que, 10 ans auparavant, la ville de New York avait été frappée par des attentats, avec pour conséquence des milliers de pertes en vies humaines. Il a ajouté que la guerre d’Afghanistan qui avait suivi avait fait plus de décès que l’événement qui l’avait provoquée. Il a aussi évoqué l’invasion de l’Iraq qui, selon lui, a suscité de nombreuses polémiques à l’échelle internationale tout en produisant de nouvelles victimes et de nouvelles vagues de souffrances humaines tout en provoquant la destruction de richesses. Le Président a ainsi souligné, parmi la leçon apprise de ces 10 dernières années, la nécessité d’un effort collectif pour éliminer le terrorisme comme pratique inhumaine, ainsi que ses racines économiques, sociales, politiques, culturelles, idéologiques et religieuses.
Le Président s’est ensuite attardé sur la crise financière internationale provoquée, à ses yeux, par le manque d’application de règles claires dans le système financier international. Il s’est interrogé sur la demande surprenante des marchés de capitaux qui exigent que les gouvernements payent la dette créée par les dépenses visant à sauver le naufrage de ces mêmes institutions financières. Les politiques de sauvetage des institutions financières, a-t-il précisé, ont conduit à la diminution de la qualité de vie des populations et ont donné lieu à un malaise social qui a généré des protestations. Ces protestations populaires ont abouti, selon le Président, à l’effondrement de certains gouvernements dans un scénario nouveau semblable aux coups d’État, mais que M. Fernández a appelé « coups de marché ».
Dans une esquisse de solution pour renflouer les caisses des institutions financières, le Président a suggéré la mise en place d’une taxe de 5% sur les transactions financières internationales évaluées à 4 000 milliards de dollars par jour. Une telle mesure, a-t-il démontré, permettrait de mettre de côté 20 milliards de dollars par jour et 4 800 milliards de dollars par an; des fonds qui permettraient de résoudre la crise économique et financière qui secoue le monde. Il a aussi décrié les paradis fiscaux qui érodent les fonds nécessaires aux divers États pour la résolution des questions de développement.
Dans une même perspective économique, il a regretté que la spéculation financière fasse monter les prix des produits alimentaires et pétroliers, et il a souligné que cette situation avait fait augmenter de 150 millions le nombre de personnes victimes de la faim à travers le monde. Afin de résoudre ce problème de spéculation, le Président a suggéré l’établissement de mesures de portée internationale pour garantir la transparence des marchés et la stabilité des prix. Il a indiqué enfin que « les aliments devraient servir seulement pour garantir la survie de l’espèce humaine sur la planète ».
M. OLLANTA HUMALA TASSO, Président du Pérou, qui a été élu récemment, a indiqué que son objectif était de transformer la société péruvienne afin que « l’argent se transforme en qualité de vie ». Citant Nelson Mandela, le Président a indiqué qu’il ne peut y avoir de démocratie dans la misère. Il a de ce fait regretté que les générations précédentes de dirigeants en Amérique latine n’aient pas œuvré amplement à la promotion de la liberté, de l’égalité et de la fraternité dans leur pays respectif. L’État doit établir des politiques publiques pour l’intérêt des peuples. Les citoyens ont besoin d’avoir accès à la santé, au logement et à la nutrition, a-t-il soutenu. Ajoutant que l’État qu’il promeut est un État qui prenne en compte les besoins de sa communauté, tous les Péruviens et Péruviennes sont les citoyens de première catégorie, a-t-il soutenu.
Dans la perspective du développement de son pays, le Président a évoqué des problèmes tels que le trafic de stupéfiants qui constitue, a-t-il noté, l’une des plus grandes menaces mondiales. Il a souhaité que se mette en place une coopération internationale et une « politique intégrale qui intègre le contrôle de l’offre et la réduction de la demande ». Il a souligné que la culture des feuilles de coca est une activité traditionnelle et séculaire qui implique des milliers de personnes au Pérou. Son gouvernement, a-t-il indiqué, a mis en place un programme d’appui aux producteurs de coca afin de leur proposer des alternatives à leur activité habituelle. Le Pérou a besoin de la coopération internationale pour lutter efficacement contre les cartels de la drogue qui ont des ramifications internationales, a déclaré le Président. Rappelant que les Nations Unies sont les garantes de la paix, et sont constituées d’États, il a regretté que des conglomérats privés soient aujourd’hui plus puissants que les États à qui ils dictent leur loi sur les marchés financiers. Le Président du Pérou a affirmé soutenir la création d’un État palestinien. Indiquant que son pays s’est engagé dans la valorisation des sources d’énergie propre, le Président a invité les pays développés à diminuer leur production de gaz à effet de serre. Il a en outre souhaité la fin du blocus imposé à Cuba, avant d’appeler à une réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies et du Conseil économique et social.
Mme DALIA GRYBAUSKAITÉ, Présidente de la Lituanie, a rappelé que son pays était devenu Membre des Nations Unies il y a 20 ans et que, depuis, de grands progrès avaient été réalisés à tous les niveaux pour être à la hauteur des principes et valeurs des Nations Unies. « L’Histoire nous a appris qu’un médiateur honnête est la clef pour régler presque tous les problèmes », a affirmé la Présidente. Forte de ce propos, elle a fait état des mesures prises pour que la Lituanie devienne maintenant à son tour un médiateur au plan international et régional et notamment dans le cadre de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Pour Mme Grybauskaité, il ne fait pas de doute que son pays est prêt pour devenir un membre non permanent du Conseil de sécurité en 2015.
Revenant sur la réunion récente, organisée par la Lituanie, des femmes au pouvoir de toutes les régions du monde ont noté à regret que la participation des femmes restait toujours trop faible dans les médiations pour la paix. Cela ne va pas dans le sens de la résolution historique 1325 (2000) du Conseil de sécurité, a remarqué la Présidente, qui, pour remédier à cette situation au niveau de son pays, a rédigé son premier plan d’action national pour la mise en œuvre de cette résolution en Lituanie.
Parmi les grands défis à relever par la communauté internationale, Mme Grybauskaité a cité la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique, mais elle s’est surtout attardée sur la sûreté nucléaire. Elle a d’ailleurs salué l’engagement vigoureux du Secrétaire général en faveur de la sûreté et de la sécurité nucléaires. « Compte tenu des besoins énergétiques croissants, l’énergie nucléaire représente un réel intérêt à condition qu’elle soit utilisée de manière responsable », a souligné la Présidente. Pour elle, cela signifie de mettre en place des réglementations internationales strictes et de ne faire aucun compromis en matière de sureté nucléaire. À ce titre, l’Agence internationale de l’énergie atomique doit assumer un rôle clef pour garantir le strict respect de normes nucléaires uniformes obligatoires. « Chaque centrale nucléaire doit être soumise à des tests de résistance et de sûreté, indépendamment de l’endroit où elle se trouve »», a-t-elle encore soutenu.
M. ROBERT GABRIEL MUGABE, Président du Zimbabwe, a regretté que les principes universels de la Charte des Nations Unies n’aient pas été respectés dans le cas de l’intervention de l’OTAN en Libye, soulignant que le processus de médiation et de négociation pacifique n’avait jamais eu l’occasion de pleinement jouer son rôle. Au lieu de cela, « on a rapidement invoqué le Chapitre VII de la Charte, assorti d’une mauvaise interprétation flagrante du mandat initial de l’OTAN pour assurer et protéger les civils », a dénoncé M. Mugabe. Il a insisté sur le fait que des haines et querelles bilatérales où d’autres motifs ne devraient pas pouvoir interférer avec des considérations de paix et de sécurité internationales et le principe de la responsabilité de protéger. Pour sa part, il n’est toujours pas convaincu que l’intervention des « grandes puissances » dans les affaires libyennes n’ait pas empêché la naissance d’un processus de paix, de démocratie et de prospérité dans « cette nation africaine sœur ». C’est à l’Union africaine d’assister le peuple libyen, a estimé M. Mugabe, assurant qu’elle ne ménagerait aucun effort pour que la paix puisse y être réalisée.
« Le principe nouvellement développé de la responsabilité de protéger ne doit pas être manipulé pour offrir une couverture à des violations du principe de non-ingérence », a poursuivi M. Mugabe, convaincu que cela équivaut à un acte d’agression et de déstabilisation d’un État souverain. Pour lui, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité ont une responsabilité particulière à veiller à ce que « leur privilège historique » soit utilisé à bon escient pour défendre la Charte des Nations Unies et non pas pour l’enfreindre comme cela a été le cas en Libye avec l’intervention de l’OTAN, a fustigé le Président du Zimbabwe. « Après les bombardements, certains pays de l’OTAN se disputent maintenant le pétrole libyen, ce qui indique bien que la motivation ultime de leur agression contre la Libye était de prendre le contrôle de ses gisements pétroliers. Quelle honte! », a dénoncé M. Mugabe.
Faisant le parallèle avec son pays, le Président du Zimbabwe s’est indigné de la campagne de dénigrement sans précédent et des sanctions économiques pernicieuses imposées à son pays lorsque son peuple a voulu prendre le contrôle de ses propres ressources. Le Président a ensuite fait part de ses préoccupations concernant les activités de la Cour pénale internationale (CPI) qui, selon lui, ne semble exister que pour poursuivre des coupables présumés originaires du monde en développement, et pour la plupart africains. Allant plus loin, il a dénoncé la « procédure sélective de cette même Cour quand il s’agit de crimes internationaux commis par des dirigeants de puissances occidentales, comme Tony Blair et Georges Bush ». Par ailleurs, M. Mugabe a réaffirmé que son pays soutenait la demande de reconnaissance de la Palestine à en tant qu’État indépendant et Membre à part entière des Nations Unies.
M. DESIRÉ DELANO BOUTERSE, Président du Suriname, a regretté que certains citoyens de pays en développement vivent dans l’opulence alors que les conditions d’un développement durable ne sont pas encore réunies dans lesdits pays. S’exprimant au sujet des changements climatiques, il a précisé que 80% de la population de son pays vivait en zone côtière, ces côtes étant pour la plupart situées en dessous du niveau de la mer. Il a de ce fait invité la communauté internationale à obtenir un accord rapidement lors de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à Durban, en Afrique du Sud (COP 17), afin que l’avenir de son pays ne soit pas compromis.
Évoquant les ambitions de développement de son pays, le Président a précisé les objectifs majeurs des programmes économiques mis en place, notamment le maintien d’une réelle croissance économique et une redistribution équitable des revenus, le développement du secteur minier et l’investissement dans le capital humain qui, selon ses termes, est la ressource la plus importante. Il a également reconnu que les conflits armés, le terrorisme et le crime organisé représentaient quelques obstacles sur la route du développement du Suriname.
S’agissant du « rôle de la médiation dans la résolution pacifique des conflits », le Président a estimé que le fait de ne pas appliquer les principes d’équité et de justice dans les relations internationales créait des situations inacceptables et pouvait conduire à l’extrême pauvreté et augmenter la marginalisation. À propos de la famine qui a cours dans la corne de l’Afrique, le Président s’est demandé si les architectes de la guerre sur le continent africain, sous le prétexte des droits de l’homme, ne pourraient pas plutôt utiliser ces ressources dans le cadre de la lutte contre la faim.
Au sujet du tremblement de terre ayant eu lieu en Haïti en janvier 2010, il a regretté que la communauté internationale n’eût pas tenu ses engagements pour le soutien du peuple haïtien dans ses efforts de reconstruction. Le Suriname, a déclaré le Président, réaffirme le droit des populations palestiniennes à l’autodétermination, y compris le droit à un État palestinien indépendant, comme convenu par les Nations Unies en décembre 2010, a-t-il par ailleurs estimé. À ce sujet, le Président a souligné que son pays avait reconnu l’indépendance de la Palestine et a souhaité qu’elle soit intégrée au sein des Nations Unies. Il a en outre soutenu que l’embargo contre le peuple de Cuba continuait de plomber le développement du pays. Il a émis le vœu que l’unité et la justice puissent régner entre toutes les nations.
M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a rappelé les liens profonds qui existent entre la paix et la sécurité d’une part, et le développement et la démocratie d’autre part. « Et c’est parce que les Gabonais vivent en paix sur leur territoire, avec leurs voisins et avec le monde, qu’ils seront en mesure d’atteindre de nouveaux objectifs de développement », a affirmé le Président. Depuis l’année dernière, son gouvernement est passé à l’action et a mis en place et consolidé les infrastructures stratégiques dans les domaines industriels, agricoles et de la protection de l’environnement, ainsi que dans le cadre de la préparation de la coupe d’Afrique des nations (CAN), que le Gabon organisera en 2012, conjointement avec la Guinée équatoriale.
Abordant la question de la paix et de la sécurité en Afrique, le Président a expliqué que son pays y avait apporté sa contribution dans la mesure de ses moyens. Ainsi, il a reconnu le Conseil national de transition (CNT) en Libye et a participé à la Conférence des amis de la Libye à Paris. S’agissant de la Somalie, le Président a estimé qu’il fallait agir de manière résolue compte tenu de la gravité de la situation. « il importe que tout soit fait pour que l’aide humanitaire parvienne aux populations dans leurs villes et villages », a déclaré M. Bongo Ondimba.
Sur la question de Palestine, le Président a souligné les profondes implications qu’elle avait sur la paix au Moyen-Orient. Il a formé le vœu de voir bientôt un État palestinien, vivant en paix côte à côte avec Israël, dans des frontières sûres et reconnues. Il a ensuite abordé le point de la réforme du Conseil de sécurité à laquelle son gouvernement est favorable, soulignant que l’Afrique devrait, d’une manière qui reste à définir, y siéger de façon permanente. Il a également fait état de l’engagement du Gabon en faveur de la protection de l’environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique.
Le Président Bongo Ondimba a ensuite fait part de ses préoccupations relatives à l’impact de la crise économique mondiale sur les pays du Sud et surtout pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Cette crise sur les investissements publics dans les secteurs sociaux de base, tels que l’éducation, la santé et la fourniture d’eau potable et d’électricité, limite la marge de manœuvre de ces pays à promouvoir le développement, a expliqué le Président, ajoutant que l’échéance 2015 pour la réalisation des OMD demeure pour beaucoup de ces pays, dont le Gabon, un défi difficile à relever.
Il a poursuivi en soulignant que l’aide au développement marquait le pas et a lancé un appel à la communauté internationale pour s’efforcer de répondre aux engagements souscrits à Monterey, à Doha, à Gleeneagles, à Paris et à Accra. « Il faut un nouveau partenariat mondial en faveur du développement pour assurer une croissance économique durable dans nos pays », a exigé M. Bongo Ondimba. « L’aide doit s’accompagner de plus d’investissements directs et de plus de commerce juste et équitable », a-t-il poursuivi.
Passant au thème du débat général de cette année, le Président gabonais a rappelé l’attachement historique de son pays à la médiation et à la résolution pacifique des différends et des conflits. Il a assuré que le Gabon ne se départirait jamais de cette voie, en particulier au moment où l’Afrique s’efforce de réaliser son intégration politique et économique. « Nous savons bien que la médiation peut avoir des limites, et la communauté internationale doit toujours être prête, le cas échéant, à envisager d’autres modes de prévention et de résolution des conflits », a précisé le Président Bongo Ondimba. Dans ce contexte, il a encouragé les Nations Unies à renforcer leur coopération avec tous les acteurs intervenant dans ce domaine, soulignant qu’en Afrique, l’Union africaine continuait de renforcer ses capacités de médiation et était un acteur indispensable.
M. JOSEPH KABILA KABANGE, Président de la République démocratique du Congo (RDC), a indiqué que son pays connaissait une période charnière qui marque la confirmation d’une rupture définitive avec la spirale de violence et d’instabilité et qui, a-t-il affirmé, engage le peuple congolais dans une culture démocratique « pérenne ». Il a assuré que la Commission électorale nationale indépendante, le peuple et le Gouvernement mettaient tout en œuvre pour l’organisation d’élections transparentes et crédibles. Ces élections, s’est-il félicité, sont enfin la preuve d’un retour à la paix effective. M. Kabila Kabange a ensuite estimé que la paix et la sécurité ayant été retrouvées, la présence onusienne dans son pays méritait d’être repensée. Il a notamment appelé la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) à quitter progressivement le strict cadre des opérations de maintien de la paix pour accompagner le pays dans ses efforts de développement et de relance économique.
Le Président a fait savoir que plusieurs défis demeuraient, évoquant notamment la poursuite de la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité, de l’armée et de la police ainsi que de la justice et des services pénitentiaires. M. Kabila Kabange a également parlé du retour des personnes déplacées, de la poursuite du processus de démobilisation et de réinsertion des enfants soldats ainsi que de la consolidation des relations de bons voisinages. La République démocratique du Congo est en paix avec l’ensemble de ses voisins et le temps est à la reconstruction et au développement, s’est-il félicité. Le Chef d’État a ensuite fait savoir qu’après une décennie de décélération, son pays connaissait actuellement un taux de croissance positif. Il a néanmoins reconnu que des mesures d’encadrement et d’encouragement des économies fragiles d’Afrique étaient plus que nécessaires. Il a par ailleurs estimé que le moment était venu d’envisager l’adaptation de l’ONU aux réalités actuelles afin d’améliorer son efficacité et de renforcer la confiance entre les États Membres. Il a notamment souhaité que le Conseil de sécurité intègre les aspirations légitimes des pays en développement et, en particulier de l’Afrique.
M. JOHNSON TORIBIONG, Président des Palaos, a déclaré que des forces dépassant le contrôle de son pays, et que celui-ci n’avait aucunement provoquées, ravageaient les océans et endommageaient les terres et les récifs de corail. Il a tout d’abord dénoncé l’industrie de la pêche, expliquant que les bateaux de pêche ne respectaient pas les frontières ni les lois ou coutumes des Palaos. Les thons sont pêchés pour quelques centimes, et on chasse les requins pour leurs ailerons pour une fraction du montant que dépenseraient les touristes pour les voir vivants. Les efforts de protection de la vie maritime doivent dépasser les frontières et requièrent une coopération internationale, a-t-il dit.
M. Toribiong a fait savoir que depuis qu’il avait annoncé, il y a deux ans, la création d’un sanctuaire de requins, d’autres pays s’étaient ralliés à cette initiative et qu’à l’heure actuelle, la zone de sûreté de ces animaux marins s’étendait à 2,7 millions de kilomètres carrés. La santé de nos océans dépend des requins, a-t-il rappelé. Le Chef de l’État a souligné que les pêcheries mondiales devaient être durables, demandant à ce que l’on mette un terme aux pratiques dangereuses, à la chasse aux ailerons de requins et au chalutage de fond. Il a également appelé à la création d’une zone de protection du thon, précisant que cette proposition serait étudiée en décembre à l’occasion de la Conférence sur le thon des îles du Pacifique. M. Toribiong a par ailleurs évoqué la possibilité que le territoire des Palaos fût irradié et qu’il craignait que certains poissons ne fussent plus comestibles.
Évoquant par ailleurs les effets néfastes des changements climatiques, il a constaté avec regret qu’une solution n’était toujours pas à portée de main. Aucun accord contraignant n’a été conclu, et l’échec de certains États à se rendre à l’évidence des implications sécuritaires des changements climatiques est pathétique.
M. Toribiong a ensuite fait savoir que les Palaos et les Îles Marshall allaient engager l’Assemblée générale à obtenir d’urgence, en vertu de l’Article 96 de la Charte, un avis consultatif de la Cour internationale de Justice relatif à la responsabilité des États de s’assurer que leurs activités émettrices de gaz à effet de serre ne soient pas nuisibles à d’autres États. Il est grand temps de définir la façon dont s’applique le droit international dans le contexte des changements climatiques, a-t-il affirmé.
Le Président des Palaos a ensuite indiqué qu’il avait mis sur pied une équipe spéciale chargée d’acquérir un câble optique sous-marin afin de permettre au pays d’être mieux à même de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. Il s’est par ailleurs félicité du fait que le Conseil des droits de l’homme ait adopté à l’unanimité le rapport périodique universel des Palaos. Il a aussi annoncé qu’à compter de cette semaine, les Palaos étaient signataires de toutes les principales conventions relatives aux droits de l’homme.
M. IDRISS DÉBY ITNO, Président du Tchad, a assuré que son pays s’était donné pour conduite le règlement de tous les conflits, internes comme externes, par la voie pacifique et la médiation, ce qu’il a prouvé notamment en soutenant les Accords de Doha entre le Gouvernement du Soudan et son opposition armée du Darfour. Il a souhaité une solution définitive de la crise du Darfour, appelant la communauté internationale à accompagner le Soudan sur cette voie.
Concernant les mutations en cours dans les États arabes, il s’est inquiété que des mouvements pacifiques de revendications démocratiques et de liberté tournent au drame humain et aux destructions massives, appelant les Nations Unies à s’engager sans réserve aux côtés des parties en conflit pour la recherche de solutions adéquates qui permettront d’éviter des conséquences désastreuses sur les populations. Le Tchad est en effet bien placé pour évoquer ce sujet puisque le pays accueille plus de 100 000 réfugiés centrafricains, plus de 290 000 réfugiés soudanais et 180 000 déplacés internes.
Après le retrait définitif de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT), le Gouvernement tchadien a pris en main la protection de ces populations et des organisations humanitaires qui leur viennent en aide, par une force nationale appelée Détachement intégré de sécurité (DIS) qui accomplit parfaitement sa mission, a assuré M. Déby Itno.
À l’instar de nombreux pays du Sahel, le Tchad a aussi enregistré le retour de Libye de 100 000 Tchadiens contraints à la fuite, a-t-il souligné, appelant la communauté internationale à poursuivre son assistance pour aider le pays à contenir les effets dramatiques de ce mouvement massif de populations. « Nous attirons l’attention de nos frères libyens sur le sort de nos ressortissants qui ont contribué au développement de ce pays en tant que travailleurs et qui sont qualifiés parfois, sans discernement, de mercenaires », a-t-il déclaré. Au niveau local, il a annoncé la tenue, pour la première fois, d’élections locales avant la fin de l’année 2011.
Le Président tchadien a également évoqué les effets néfastes des crises internationales financière, énergétique et alimentaire sur l’économie de son pays, et ceux des changements climatiques sur son environnement. Rappelant les énormes efforts et sacrifices consentis, il s’est dit conscient du long chemin restant à parcourir pour sortir de la pauvreté. Les cadrages budgétaires exigés de nos finances publiques par les institutions financières internationales ne prennent pas en compte les gaps considérables entre les budgets nationaux et ceux requis pour tenir les engagements internationaux, s’est-il inquiété.
En outre, la situation pluviométrique du Sahel peut nous entraîner vers une catastrophe écologique et humanitaire, comme celle qui sévit actuellement dans la corne de l’Afrique, a-t-il aussi prévenu. À cet égard, le Tchad met en œuvre un Programme national de sécurité alimentaire qui vise au cours des trois prochaines années une politique intensive en faveur de la promotion du monde rural, clef de voûte de l’indépendance économique et industrielle. M. Déby Itno a aussi réitéré son appel à la communauté internationale pour qu’elle assiste les pays riverains du Lac Tchad à le sauver. Le monde doit savoir que de sa survie dépend aussi le bassin forestier du Congo, a-t-il rappelé.
Enfin, M. Déby Itno a plaidé pour une réforme des Nations Unies, l’une des caractéristiques de l’Organisation étant, selon lui, la marginalisation des Africains. Les États africains sont aujourd’hui des acteurs incontournables du système en matière de paix, de sécurité et de développement et force est de constater qu’ils ne trouvent pas encore la place qu’ils méritent, a-t-il déclaré, demandant une représentation africaine permanente au Conseil de sécurité, avec droit de veto.
M. IVO JOSIPOVIĆ, Président de la Croatie, a indiqué que son pays avait parcouru un long chemin depuis le début des années 1990 et servait maintenant d’ancre de paix et de stabilité en Europe du Sud-Est. Il a ajouté que la Croatie espérait maintenant devenir membre de l’Union européenne en 2013, et qu’une fois cet objectif atteint, il se ferait l’avocat d’un élargissement de l’Union européenne à d’autres pays. Il a également formé le vœu que l’Europe du Sud-Est soit reconnue comme une région où prévalent la paix et la stabilité. À cet et égard, le Président croate a souligné la nécessité de mettre un terme, s’agissant des crimes contre l’humanité, à l’impunité et réaffirmé son soutien aux travaux de la Cour pénale internationale et du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Il a ensuite noté les efforts en cours pour la transformation du TPIY en mécanismes résiduels, avant de rappeler l’engagement durable de son pays pour une coopération totale avec le TPIY. Il a indiqué que les travaux du TPIY avaient permis un renforcement de la justice pénale internationale, même si des leçons pouvaient être tirées de ses faiblesses. Il faudrait améliorer la coopération avec les États et adopter des approches plus pertinentes à l’égard des États qui ne coopèrent pas, notamment pour assurer la protection des victimes et des témoins.
M. Josipović a ensuite plaidé pour une transition politique en Libye qui évite les pièges de la vengeance et de la violence, ajoutant que le rôle de la Cour pénale internationale sera crucial pour juger les crimes commis par les membres de l’ancien régime libyen. Il a ensuite apporté son soutien à une solution au Moyen-Orient basée sur deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, ajoutant que l’inertie sur ce dossier aurait des conséquences catastrophiques pour l’ensemble de la communauté internationale. S’agissant de la réforme du système des Nations Unies, le Président de la Croatie a souligné la nécessité de revitaliser les travaux de l’Assemblée générale et d’œuvrer à la réforme du Conseil de sécurité afin d’assurer une meilleure représentation des États Membres. Il a souhaité que le Groupe des États de l’Europe de l’Est, dont le nombre a presque doublé, bénéficie d’un siège de membre non permanent supplémentaire au sein du Conseil. Il a enfin exhorté la communauté internationale à faire preuve de solidarité, de détermination et de responsabilité. « Seul un cœur pur peut faire une bonne soupe », a-t-il dit avant de conclure.
Mme LAURA CHINCHILLA MIRANDA, Présidente du Costa Rica, a déclaré que son pays s’identifiait totalement avec la démocratie, la paix et les droits de l’homme, c’est à dire des valeurs partagées avec l’immense majorité des habitants d’Amérique centrale.
« Nous sommes victimes en ce moment d’une nouvelle et terrible agression », a déclaré Mme Miranda, en se référant au crime transnational organisé. Ce fléau a érodé la structure de base du tissu social et mis en péril l’existence même de la règle de droit dans certains pays de la région.
Elle a répété ce qu’elle avait dit pendant la Conférence régionale sur la sécurité en Amérique centrale, qui s’est tenue au Guatemala le 22 juin dernier: « Notre région est devenue la proie de géopolitiques malveillantes ». La Présidente a demandé à la communauté internationale, en particulier aux plus grands consommateurs de drogues et aux fournisseurs d’armes, d’assumer la responsabilité de leurs actions.
Notant que le Secrétaire général insistait sur la diplomatie préventive, la Présidente a averti la communauté internationale qu’il était « déjà trop tard » et qu’il fallait agir vite pour éviter « une tragédie ». Un robuste traité sur le commerce des armes est nécessaire pour contrôler la circulation de ces « engins de mort ».
Par ailleurs, Mme Miranda a rappelé que le Costa Rica avait été victime, en octobre 2010, d’une occupation de son territoire par des contingents nicaraguayens et qu’il avait fallu une intervention de la Cour internationale de Justice (CIJ) pour y mettre fin.
Le Costa Rica, devenu membre du Conseil des droits de l’homme, appelle tous les États à appuyer l’initiative concernant une déclaration des Nations Unies sur l’éducation sur les droits de l’homme.
Enfin, Mme Miranda a souligné que son pays mettait l’accent sur le développement durable. Des mesures importantes ont été prises en faveur d’une énergie propre et d’une consommation de carbone limitée.
M. KEVIN RUDD, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a déclaré que, face à la crise économique mondiale et aux défis persistants de la pauvreté, de la dégradation de l’environnement, de la prolifération des armes nucléaires et du renforcement des droits de l’homme, les institutions mondiales étaient confrontées à un dilemme. Les défis sont de plus en plus mondiaux, alors que les institutions disponibles sont toujours principalement nationales. La crise économique continue, a-t-il noté, avec une reprise stagnante, un chômage en hausse et une confiance qui se fane. C’est pourquoi, il faut garantir que les contribuables n’aient plus à payer pour l’attitude déraisonnable des institutions financières. De même, toutes les principales économies doivent s’engager sur une voie crédible, sans protectionnisme, ce qui passe par une conclusion des négociations de Doha et une réévaluation de certaines monnaies.
M. Rudd a souligné que les pays asiatiques prenaient une place prépondérante dans le monde et que ce qui s’y passe avait des conséquences sur toutes les économies. À cet égard, il s’est inquiété de l’augmentation de 150% des dépenses militaires du continent, alors que de nombreux différends territoriaux y sont toujours non résolus. L’un des premiers acheteurs malgré sa pauvreté est la Corée du Nord, a-t-il dénoncé, ce qui représente une menace pour toute la région. Une communauté d’Asie Pacifique doit donc être lancée, en plus de l’ONU, a-t-il proposé.
La situation dans le monde montre que l’appel pour la liberté et la démocratie est indivisible et universel, a poursuivi le Ministre, rappelant le soutien de l’Australie à la Tunisie, à l’Égypte et à la Libye. Condamnant la brutalité actuelle en Syrie, il a appelé la communauté internationale à redoubler sa pression sur Damas. Concernant le Moyen-Orient, l’Australie reste attachée à une solution à deux États vivant pacifiquement et côte à côte, et encourage les négociations directes à partir des frontières de 1967 avec des échanges de terre possibles. Sans changement rapide, la situation géopolitique de la région pourrait rendre encore plus difficile la recherche d’une solution pour la région, a-t-il dit, notant la détérioration des relations entre Israël et l’Égypte, ainsi qu’avec la Turquie.
Le terrorisme est l’ennemi de tous les peuples civilisés, a aussi rappelé M. Rudd, annonçant que l’Australie resterait impliquée en Afghanistan. Le pays est par ailleurs attaché à parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires. En outre, il continuera à aider les pays les plus pauvres, notamment ceux touchés par la sécheresse dans la corne de l’Afrique.
La communauté internationale doit participer à tous ces objectifs pour asseoir la sécurité alimentaire au niveau planétaire, dans un contexte d’explosion démographique. Sur ce dossier, il a estimé que l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) n’arrivait pas à s’acquitter de son mandat et devrait se fixer de nouvelles priorités pour l’avenir, sans quoi l’Australie réexaminerait son soutien financier à cette institution.
Il a également proposé la création d’un nouveau fonds mondial pour l’éducation qui aurait pour objectif concret de ramener 70 millions d’enfants à l’école, à l’horizon 2015. Le pays reste aussi très attaché au niveau national à réduire les inégalités qui y persistent aux dépens des populations autochtones.
M. ZALMAI RASSOUL, Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan, s’exprimant au nom du Président, M. Hamid Karzai, a rappelé que son pays faisait le deuil d’une figure nationale, l’ancien Président Burhanuddin Rabbani, qui a été assassiné il y a deux jours. Au nom du peuple afghan, il a remercié tous ceux qui avaient envoyé des messages de condoléances.
Faisant le bilan de l’année écoulée et de son lot de volatilité politique au Moyen-Orient, de crise économique mondiale, de flambée des prix des denrées alimentaires et de catastrophes naturelles, il a conclu « que nous vivons en des temps incertains et que c’est dans des moments pareils que la coopération internationale trouve toute sa signification et sa pertinence ». Rappelant le dixième anniversaire des attaques terroristes du 11 septembre, il a invité les États Membres à ne pas perdre de vue les millions de vies perdues dans le monde suite à des actes de violence et de terrorisme commis avant et après cette date.
Cette année marquera aussi les 10 ans d’une nouvelle ère politique en Afghanistan et de la fin du règne des Taliban, a rappelé le Ministre. Estimant que son pays avait de nombreuses raisons d’être fier et en remerciant la communauté internationale pour sa générosité et sa solidarité, le Ministre a notamment cité le fait que le pays avait été réunifié et que les bases d’une jeune démocratie avaient été jetées.
« Malheureusement notre fierté et notre gratitude sont ternies par l’absence d’un facteur clef dans le pays, à savoir la sécurité, et cela malgré la volonté sincère du peuple afghan de triompher dans sa lutte contre le terrorisme », a-t-il poursuivi. Il est convaincu que tant que le terrorisme international et les extrémismes restent des menaces réelles, la paix de la région restera hypothéquée par la lutte contre ces fléaux. Il est désormais impératif de s’attaquer aux endroits et causes qui sont à l’origine du terrorisme, a souligné le Ministre.
Abordant la question de la révolte des Taliban, le Ministre a estimé que l’action militaire n’était pas la seule option possible. « Dans notre volonté de restaurer la paix, nous tendons la main de la paix et de la réconciliation à tous les Afghans qui ont eu des raisons de rester en marge du processus politique actuellement en cours dans le pays », a déclaré M. Rassoul. Le processus de paix est un effort global qui va de la réinsertion des combattants à la dignité des conditions de vie du peuple afghan, ainsi qu’à la réconciliation avec les dirigeants taliban, a-t-il poursuivi. Cette politique de réconciliation se fonde sur la volonté de rendre le processus politique plus inclusif et d’offrir une alternative à la violence aux Taliban, a encore expliqué le Ministre.
Il a également évoqué le processus de transition, qui a débuté en juillet dernier et qui doit se solder par un transfert total de la responsabilité en matière de sécurité des forces internationales aux Afghans d’ici à 2014. Son gouvernement attend également les résultats de la Conférence de Bonn sur l’Afghanistan, qui doit avoir lieu en décembre prochain. Cette Conférence sera une opportunité de faire le point avec la communauté internationale sur ce qui a été réalisé à ce jour et en particulier sur les processus de transition et de réconciliation.
Le Gouvernement afghan a l’intention de faire appel à un soutien continu de la communauté internationale au-delà de l’échéance 2014, a précisé le Ministre. Le pays cherche à établir un partenariat stratégique à long terme qui garantirait la sécurité et la stabilité de l’Afghanistan, et qui respecterait la notion de la souveraineté et de centralité de l’État afghan, a-t-il ajouté. Passant au rôle de l’ONU dans son pays, le Ministre a estimé qu’il fallait l’ajuster aux exigences de la souveraineté afghane. À cet égard, il s’est félicité du fait que le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) soit en train d’être révisé à la demande du Secrétaire général.
Pour ce qui est de la coopération régionale, le Ministre a fait état de l’étroite collaboration de son pays avec la Turquie et notamment de la Conférence régionale d’Istanbul qui doit avoir lieu le 2 novembre prochain. Cette Conférence devrait contribuer à définir une vision commune pour la paix et la stabilité de la région, a précisé M. Rassoul.
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