Le Conseil de sécurité souligne l’importance de la diplomatie préventive, thème principal du débat général de la soixante-sixième session de l’Assemblée
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6621e séance – après-midi
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ SOULIGNE L’IMPORTANCE DE LA DIPLOMATIE PRÉVENTIVE, THÈME PRINCIPAL DU DÉBAT GÉNÉRAL DE LA SOIXANTE-SIXIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE
« Prévenir le déclenchement, l’escalade et la reprise des conflits est un impératif politique, humanitaire et moral absolu, qui présente également des avantages économiques. » Ces termes résument l’esprit de la Déclaration présidentielle adoptée, cet après-midi, par le Conseil de sécurité, réuni à l’initiative du Président du Liban pour un débat de haut niveau sur les mérites de la diplomatie préventive.
Aux côtés du Président Michel Sleiman, dont le pays assume la présidence du Conseil pour le mois de septembre, et du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, des chefs d’État et de gouvernement, ainsi que des ministres des affaires étrangères et Représentants permanents auprès des Nations Unies, occupaient les sièges de leurs États, membres du Conseil de sécurité, l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Tous ces officiels de haut rang sont à New York pour prendre part au débat général de l’Assemblée générale, dont le thème principal est précisément cette année la médiation préventive. Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon a également annoncé qu’il comptait faire de cette question la priorité de son second mandat à la tête de l’Organisation.
Le texte de la Déclaration présidentielle adoptée cet après-midi vient en réponse à un rapport* du Secrétaire général, rapport dont était saisi le Conseil. Dédié au défunt Secrétaire général Dag Hammarskjöld, qui fut le premier à élaborer le concept de diplomatie préventive et à en préciser la place et le rôle dans le système des Nations Unies, le document recommande notamment d’« investir dans les diplomates de la prévention », ces envoyés et médiateurs hautement qualifiés pouvant être déployés rapidement sur des lieux où règnent des situations préoccupantes.
Dans le contexte de sa Déclaration présidentielle, le Conseil loue les efforts entrepris par le Secrétaire général en usant de ses bons offices et en dépêchant « représentants, envoyés spéciaux et médiateurs » afin de faciliter des règlements durables et globaux. Le Secrétaire général est encouragé à user de tout l’éventail des outils diplomatiques et modalités mis à sa disposition par la Charte en vue de renforcer la médiation et ses activités d’appui.
La Déclaration rappelle que toute stratégie globale de prévention des conflits doit comprendre des éléments « d’alerte rapide, de déploiement préventif, de médiation, de maintien de la paix, de désarmement concret et de responsabilité, ainsi que des actions de consolidation de la paix au lendemain de tout conflit ».
Les membres du Conseil de sécurité y reconnaissent aussi que toute stratégie de prévention des conflits doit appréhender les causes profondes des conflits armés et des crises politiques et sociales dans leur globalité, notamment en favorisant le développement durable, l’élimination de la pauvreté, la réconciliation nationale, la bonne gouvernance, la démocratie, l’égalité des sexes, l’élimination de l’impunité, l’état de droit et le respect ainsi que la protection des droits de l’homme.
Au cours du débat, plusieurs intervenants, dont le Président de la Colombie, M. Juan Manuel Santos Calderón, et le Ministre des affaires étrangères de l’Inde, M. S. M. Krishna, ont repris à leur compte le passage de la Déclaration présidentielle qui invoque le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies et « encourage le règlement pacifique des différends locaux au moyen d’arrangements régionaux ».
Plusieurs membres du Conseil ont salué la contribution importante à la diplomatie préventive, d’organisations régionales et sous-régionales telles que l’Association des pays de l'Asie de Sud-Est (ANASE), l’Union africaine, l’Union européenne, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ou encore la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Certains se sont prévalus d’efforts de médiation réussis, le Président de la Colombie, expliquant par exemple qu’avec le concours du Venezuela, son pays avait facilité le retour du Honduras au sein de l’Organisation des États américains (OEA), suite à la crise institutionnelle de 2009. De son côté, le Ministre des affaires étrangères de la France a attiré l’attention des membres du Conseil sur la « dimension environnementale des crises ». Il a précisé que, selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), 40% des conflits de ces 60 dernières années trouvent leur origine dans des questions liées au contrôle de ressources naturelles.
« En l’absence d’une instance multilatérale forte, les tensions qui vont voir le jour à l’avenir autour de ces questions risquent d’être résolues bilatéralement, au détriment des plus faibles, et selon une logique de rapports de forces », a prévenu M. Alain Juppé, qui a estimé que les Nations Unies manquaient d’une instance multilatérale pertinente en ce domaine. Il a donc proposé de réformer à cet égard la « gouvernance internationale de l’environnement » à l’occasion de la tenue de la Conférence Rio+20.
De son côté, la représentante des États-Unis, Mme Susan Rice, a précisé que dans les pays sortis d’un conflit, et où le revenu médian par habitant atteint 5 000 dollars par an -revenu considéré comme intermédiaire- le risque pour ces pays de rechuter dans un conflit était extrêmement faible. Plusieurs intervenants, dont le Ministre des affaires étrangères du Brésil, M. Antonio De Aguiar Patriota, ont conclu que le développement, plus que des « mesures de coercition imposées à la hâte », restait « la meilleure des préventions » s’agissant des tensions et des menaces de conflit internes ou régionaux.
MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES- PRÉVENTION DES CONFLITS
Lettre datée du 12 septembre 2011, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Liban auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2011/570)
Les fruits de la diplomatie préventive: rapport du Secrétaire général (S/2011/552)
Dédié à la mémoire de l’ancien Secrétaire général Dag Hammarskjöld, à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort en 1961, le présent rapport examine les possibilités qui s’offrent actuellement à l’Organisation des Nations Unies et à ses partenaires, ainsi que les problèmes qu’ils rencontrent, lorsqu’ils ont recours à la diplomatie préventive, alors qu’évoluent le paysage politique et le climat mondial de la sécurité.
Mettant spécifiquement l’accent sur l’action diplomatique adoptée pour prévenir ou atténuer la multiplication des conflits armés, le Secrétaire général décrit dans ce rapport les avantages de la diplomatie préventive pour promouvoir la paix, quel que soit le type de conflit et en tant qu’élément de stratégies plus larges de consolidation de la paix que pilotent les pays eux-mêmes. M. Ban décrit comment des mesures de diplomatie préventive ont fait toute la différence sur le terrain dans de multiples contextes. Il examine les risques et les obstacles qui continuent de s’opposer aux efforts de prévention et dégage des éléments essentiels qui, suivant l’expérience de l’ONU et de ses partenaires, se sont révélés indispensables pour assurer au maximum le succès des efforts entrepris: l’alerte rapide, la souplesse, le partenariat, la viabilité, l’évaluation et les ressources.
Dans des conclusions visant à renforcer les capacités internationales de diplomatie préventive au cours des cinq années à venir, le Secrétaire général préconise de partir des améliorations réalisées à l’ONU et dans diverses organisations régionales et sous-régionales en ce qui concerne l’élaboration de mécanismes d’alerte précoce. L’instauration de dialogues réguliers et informels dans ce domaine entre l’ONU et les partenaires régionaux et autres permettrait de mettre en commun l’information et aiderait à anticiper ces « points de basculement » où les acteurs clefs peuvent décider d’opter pour la violence.
Toutefois, l’alerte précoce n’est utile que si elle débouche sur l’action précoce, prévient M. Ban Ki-moon, pour qui il faut envisager un large éventail d’options face à une menace qui se dessine, y compris des mesures apparemment limitées, telles que les déclarations par lesquelles plusieurs acteurs expriment collectivement leur préoccupation ou les missions d’établissement des faits, qui peuvent avoir rapidement des répercussions sur les calculs des parties sur le terrain.
Il faut aussi continuer de s’employer à investir dans les « diplomates de la prévention », ces envoyés et médiateurs hautement qualifiés pouvant être déployés rapidement vers des situations préoccupantes, propose également le Secrétaire général. Une fois déployés, ces envoyés doivent pouvoir compter aisément et rapidement sur des compétences thématiques de pointe telles que les services, qui sont très demandés, de l’Équipe de réserves d’experts en médiation. À plus long terme, estime le Secrétaire général, il est indispensable d’investir dans la formation des agents qui apporteront un appui aux envoyés et médiateurs de haut rang avant d’accéder éventuellement eux-mêmes à ces fonctions.
La diplomatie préventive a besoin d’un investissement financier suffisant pour produire des résultats, souligne M. Ban, qui exhorte les États Membres à apporter un appui financier prévisible en temps voulu. Par ailleurs, pour réaliser tout le potentiel de l’ONU dans le domaine de la diplomatie préventive, nous devons renforcer ses relations avec les organisations régionales et sous-régionales, les États Membres et la société civile, souligne M. Ban Ki-moon. « Il y a place pour un dialogue plus stratégique sur des questions potentiellement préoccupantes, ainsi que pour un échange de vues et d’informations plus régulier au niveau opérationnel », estime-t-il. Dans ce contexte, le Conseil de sécurité voudra peut-être, partant des efforts déployés récemment, instaurer des liens plus forts avec les organisations régionales, espère le Secrétaire général.
Il nous faut aussi reconnaître que les actions internationales de diplomatie préventive ne peuvent éviter la violence que sur le court terme, a relevé M. Ban. « En dernière analyse, seuls les mécanismes et institutions nationaux peuvent durablement prévenir les conflits violents sur le long terme », a-t-il noté. Aussi suggère-t-il de continuer à privilégier le soutien aux capacités nationales de médiation, de facilitation et de dialogue, et d’aider à établir des systèmes nationaux de prévention des conflits. Il est également recommandé d’améliorer la manière dont on peut travailler avec la société civile, avec les femmes et les jeunes en particulier, qui peuvent être des agents essentiels d’un changement pacifique, assure le Secrétaire général en conclusion.
Déclarations
M. MICHEL SLEIMAN, Président du Liban, a indiqué que le coût de l’investissement dans la diplomatie préventive était largement préférable à celui d’une intervention militaire ou d’une opération de maintien de la paix. Convaincu que les guerres et les conflits ne sont pas une fatalité, il a affirmé qu’il était toujours possible d’influer en amont sur le cours des évènements de manière à empêcher le pire. À cette fin, il est indispensable pour les gouvernements de renforcer leurs capacités en la matière et de mettre en place des structures appropriées, a expliqué M. Sleiman. Illustrant son propos, le Président du Liban a précisé que son propre pays avait, suite à l’adoption du Document d’entente nationale en date de 1991, établi des congrès et des comités de dialogue afin de soutenir le processus de pacification et la stabilité nationale. Les ressources de médiation ne peuvent pas toutefois se limiter aux seules forces gouvernementales, mais doivent aussi tenir compte de la contribution de la société civile, a souligné le Président. Au niveau régional, il a rappelé la pertinence de l’Initiative de paix arabe pour régler le conflit israélo-arabe.
Les opérations de maintien de la paix peuvent être l’un des outils de diplomatie préventive, a par ailleurs jugé le Président du Liban. En effet, a-t-il dit, bien que se déroulant après l’éclatement d’un conflit, elles revêtent une grande importance pour le contenir et l’empêcher de s’étendre. « C’est ce que nous a appris notre propre expérience avec la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) qui, depuis 1978, aide le pays à étendre sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire et œuvre à transformer le Sud-Liban en une zone de sécurité et de paix », a noté M. Sleiman. De même, a-t-il dit, l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1701 (2006), que le Liban s’est engagé à respecter, fut une mesure nécessaire pour mettre fin à la guerre destructrice qu’Israël a menée contre le Liban en 2006. Le fait est que le conflit entre nos deux pays ne se serait pas dégradé depuis le 19 mars 1978, date de l’adoption de la résolution 425, « et la Résistance n’aurait pas eu à s’organiser et à affronter l’occupation israélienne », si la communauté internationale avait imposé à Israël la mise à exécution de cette résolution qui l’avait invité clairement à retirer immédiatement ses forces armées de tous les territoires du Liban, a noté le Président libanais.
Pour M. Sleiman, la diplomatie préventive suppose aussi de se pencher sur la cause profonde des conflits, de réaliser la justice économique et sociale, et de rendre le système économique mondial plus juste et plus transparent et moins fondé sur la spéculation. Affirmant, en conclusion, que le dialogue et la communication avec l’autre étaient les armes les plus efficaces pour promouvoir la paix et la sécurité, M. Sleiman a encouragé la communauté internationale à unir ses efforts afin de parvenir à un monde où règnent les valeurs d’égalité, de justice et de respect de l’autre.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, s’est dit persuadé de la nécessité d’atteindre un niveau sans précédent dans la capacité des Nations Unies d’agir de manière précoce et préventive contre les menaces émergentes. « Après avoir renforcé nos missions de maintien de la paix et les efforts de nos envoyés spéciaux et de leurs équipes, nous devons aujourd’hui fixer les priorités d’une action rapide », a insisté le Secrétaire général en regrettant que la communauté internationale se trouve trop souvent empêtrée dans la gestion de crises délicates qui auraient pu être anticipées et évitées. « De l’Afghanistan au Moyen-Orient, de l’Afrique de l’Ouest au Soudan et à la Somalie, nos missions mettent en œuvre la diplomatie préventive tous les jours », a souligné le Secrétaire général tout en notant que les Nations Unies et leurs États Membres constataient cependant encore trop souvent les conséquences de leur incapacité à empêcher les conflits.
Ban Ki-moon a estimé qu’il revenait à tous, États Membres, organisations régionales et Nations Unies, d’agir vite et de manière décisive. Il a indiqué que le Conseil de sécurité pouvait faire beaucoup pour traiter des menaces émergentes avant qu’elles n’éclatent en conflits armés. « Nous devons mieux équiper et investir dans les femmes et les hommes qui conduisent les efforts de diplomatie préventive sur le terrain », a-t-il ajouté. Alors que la prévention est l’investissement le plus judicieux que nous puissions faire, nous avons néanmoins toujours besoin d’investissements conséquents afin d’obtenir des résultats, a ensuite estimé le Secrétaire général. En même temps, a-t-il insisté, il nous faut maximiser l’impact des ressources dont nous disposons déjà.
Le Secrétaire général a aussi dit la nécessité pour l’ONU et le Conseil de sécurité de renforcer les partenariats stratégiques avec les organisations régionales et sous-régionales. En situation de crise, a dit M. Ban Ki-moon, nous devons être capables de décider vite de « qui peut faire quoi pour aider ». Si la diplomatie préventive amène parfois la communauté internationale à parler d’une seule voix, le Conseil de sécurité a un rôle clef à jouer à cet égard, a souligné M. Ban. Le Secrétaire général a aussi mis l’accent sur la nécessité de soutenir les institutions et mécanismes nationaux de médiation et de dialogue. Il a jugé tout aussi essentiel d’inclure les organisations de la société civile dans les efforts de diplomatie préventive en soulignant le rôle que peuvent jouer les femmes et les jeunes pour prendre en charge les changements pacifiques. Il a insisté que la diplomatie préventive, qui est une nécessité, sera une des priorités fondamentales de son deuxième mandat à la tête de l’ONU.
M. JUAN MANUEL SANTOS CALDERÓN, Président de la Colombie, a rappelé que les avantages de la médiation et des bons offices pour prévenir un conflit étaient évidents si l’on regarde les précédents historiques. Ainsi, il a cité la médiation réussie menée par son pays et le Venezuela en vue d’assurer le retour du Honduras au sein de l’Organisation des États américains (OEA) et contribuer à résoudre la crise institutionnelle qui a secoué cet État en 2009. Dans un contexte où ce type de processus peut s’avérer très utile, les organisations internationales, régionales et sous-régionales devraient l’encourager et le promouvoir, a poursuivi le Président colombien. Il a déclaré qu’il partageait les conclusions du Secrétaire général pour qui la médiation a finalement suscité peu d’attention au sein du système des Nations Unies en dépit d’une efficacité prouvée. Soulignant à son tour qu’il valait mieux prévenir que guérir, le Président de la Colombie a vanté les mérites des organisations régionales et du rôle qu’elles peuvent jouer sous l’égide du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies. Idéalement, a ajouté M. Santos, il ne faudrait jamais avoir à recourir au Chapitre VII et à faire usage de la force. La Charte fournit par ailleurs tous les outils nécessaires, tels que les négociations directes, les bons offices, la médiation, l’établissement des faits, la conciliation, l’arbitrage et le règlement judiciaire, pour permettre aux parties concernées de mettre fin à leur différend par des moyens pacifiques, a relevé M. Santos.
M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud, a, dans sa déclaration, mis l’accent sur l’importance de l’article 33 de la Charte des Nations Unies qui précise que les parties à tout différend doivent en rechercher la solution, avant tout, par voie de négociation. Il a rappelé que le Sommet mondial de 2005 a été l’occasion pour les États Membres de s’engager à édifier une « culture de la prévention » en renforçant à cet effet la capacité de l’Organisation en la matière et en prenant « des mesures collectives efficaces pour la prévention et l’élimination des menaces pour la paix ». M. Zuma a dit que la nécessité de la diplomatie préventive a été réaffirmée à de nombreuses reprises par le Conseil de sécurité. Il est avéré que les initiatives de diplomatie préventive sont plus rentables que le déploiement de Casques bleus une fois qu’un conflit a éclaté, a-t-il dit.
Le Président Zuma a estimé que pour que la diplomatie préventive soit un outil efficace, elle requiert une mobilisation durable des ressources. Il a souligné les efforts déployés à cet égard par les organisations régionales. Il a insisté que depuis sa création en 2002, l’Union africaine a mis en place et consolidé une architecture complète en matière de paix et de sécurité qui se fonde sur le fait que la diplomatie préventive, et la reconstruction et le développement à la sortie d’un conflit, constituent la pierre angulaire de l’éradication des conflits. Il a jugé indispensable que les efforts déployés par l’Union africaine et les organisations sous-régionales africaines œuvrant dans le sens de la diplomatie préventive soient respectés et appuyés par la communauté internationale et l’ONU. À cet égard, M. Zuma a regretté que les efforts de l’Union africaine visant à privilégier une solution pacifique plutôt que militaire en Libye n’aient pas été respectés. Dans l’intérêt du succès de la diplomatie préventive, M. Zuma a, par ailleurs, jugé essentielle une interaction plus cohérente des différents organismes des Nations Unies.
M. GOODLUCK EBELE JONATHAN, Président du Nigéria, a rappelé que lorsque son pays avait organisé, en juillet 2010, lors de sa présidence du Conseil de sécurité, un débat thématique sur la diplomatie préventive, le Nigéria était motivé par une inquiétude profonde: à savoir que l’évolution des conflits à travers le monde dépassait manifestement la capacité de la communauté internationale à y répondre. Le rapport dont le Conseil est aujourd’hui saisi souligne que le problème n’est pas tant un échec à recourir aux stratégies préventives, mais plutôt un manque de ressources et de coordination. Au fil des années, a poursuivi le Président nigérian, l’Afrique a mis le curseur sur la valeur politique des stratégies de prévention en se dotant de mécanismes d’alerte précoce et de médiation, notamment au sein du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine au niveau régional, et au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au niveau sous-régional. Mais il est indispensable que ces efforts soient soutenus, sur les plans financier et technique, par la communauté internationale et le système des Nations Unies dans son ensemble. M. Jonathan a jugé encourageant à cet égard que le Secrétaire général ait établi un Comité directeur chargé d’examiner les mesures de renforcement de la coopération entre tous les acteurs de la diplomatie préventive. Celle-ci n’est jamais plus efficace que lorsqu’elle se déroule à huis clos, avant que les tensions ne débouchent sur un conflit, a estimé le Président nigérian.
M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a déclaré que « notre sécurité collective commandait une plus grande mobilisation de nos efforts communs ». Il a appelé au renforcement des partenariats existants en matière de prévention des conflits en saluant l’envoi de plus en plus fréquent, de médiateurs, d’émissaires et de missions de paix conjointes ONU/Union africaine, comme cela a été le cas pour le Soudan. M. Bongo Ondimba a estimé que ce genre de partenariats, prévus au titre du Chapitre VIII de la Charte de l’ONU, méritait d’être développé. En effet, a-t-il ajouté, la bonne connaissance du terrain dont bénéficient les arrangements régionaux se révèle un atout non négligeable pour la réussite des actions menées dans le cadre de la diplomatie préventive. Nous gagnerons également, a dit le Président du Gabon, à impliquer davantage la société civile, et particulièrement les organisations féminines, dans la résolution des différends. Il a évoqué la conclusion en 2006 d’un cadre stratégique de coopération entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et le Conseil de sécurité de l’ONU, comme un exemple de renforcement de l’architecture africaine de maintien de la paix. En Afrique centrale, a-t-il ajouté, nous avons mis en place non seulement des canaux de concertation dans le cadre des mesures de confiance, mais également un mécanisme sous-régional de détection des signes avant-coureurs de conflit dénommé le Mécanisme d’alerte rapide de l’Afrique centrale (MARAC) dont le Gabon abrite le siège. Nous ferons en sorte que cet outil établisse un véritable partenariat avec le Bureau régional de l’ONU pour l’Afrique centrale, principalement dans le renforcement des capacités des pays de la région dans le domaine de la prévention des conflits. Les actions de diplomatie préventive doivent disposer de financements prévisibles si l’on veut maximiser les chances de réussite, a insisté M. Bongo Ondimba.
M. PEDRO PASSOS COELHO, Premier Ministre du Portugal, a déclaré qu’il fallait transformer en actions le consensus autour de la notion de diplomatie préventive et promouvoir une vision intégrée pour relever les défis interconnectés du XXIe siècle. C’est ce que le Portugal s’efforce de faire en soutenant les initiatives du Conseil de sécurité allant dans ce sens, a-t-il affirmé. La diplomatie préventive est un concept central de notre politique étrangère et nous avons toujours essayé de surmonter tous les obstacles qui peuvent se poser dans le cadre d’un conflit, comme par exemple celui qui a opposé l’Éthiopie à l’Érythrée, a dit le Premier Ministre. M. Passos Coelho a ajouté que la Commission de consolidation de la paix a également un rôle de médiateur à jouer, en prévenant la réémergence des conflits dans des pays où la paix est encore fragile. Comme en témoignent les expériences positives auxquelles on est parvenu dans les Balkans et au Timor-Leste, les opérations de maintien de la paix peuvent également assumer cette responsabilité, a poursuivi le Premier Ministre portugais. Pour M. Passos Coelho, la vision intégrée mentionnée plus haut doit être menée à bien par tous les acteurs du système des Nations Unies et par les organisations régionales et sous-régionales, en partenariat avec les parties prenantes nationales.
M. WILLIAM HAGUE, Ministre des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a déclaré que les Nations Unies ont démontré qu’elles pouvaient jouer un rôle de chef de file pour sauver des vies. Il a salué l’intervention de la communauté internationale en Libye, « qui a permis de sauver des vies » et éviter une catastrophe humanitaire en précipitant la chute du « régime de Kadhafi ». En Côte d’Ivoire, a-t-il dit, ce sont aussi les Casques bleus qui ont permis de sauver des vies et d’éviter que la situation ne se dégénère. Le Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni a jugé qu’une action militaire peut être nécessaire et qu’elle ne devait intervenir qu’en dernière circonstance. Il a estimé indispensable que les actions de prévention des conflits reposent sur une base juridique solide. « Nous devons aussi œuvrer de concert avec la société civile, et nous devons développer nos capacités d’anticipation, en utilisant nos réseaux d’ambassades comme système d’alerte rapide », a dit M. Hague. Liant le développement et la sécurité, M. Hague a indiqué que d’ici à 2015, 30% de l’aide publique au développement du Royaume-Uni sera affecté à des pays fragiles. Il a regretté que la réaction du Conseil de sécurité se fasse trop attendre au sujet de la Syrie et a souhaité que le Conseil de sécurité adopte une position plus ferme pour dénoncer les violences au Soudan, notamment au Kordofan méridional et au Darfour.
M. ALAIN JUPPÉ, Ministre des affaires étrangères de la France, a salué les contributions que font les programmes de l’UNESCO, « Éducation pour le développement durable », et du PNUD, « Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) », à la diplomatie préventive. Il a souligné l’importance de la contribution à la diplomatie préventive des organisations régionales comme l’ANASE, l’Union africaine, l’Union européenne, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ou encore la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). M. Juppé a dit que les organisations non gouvernementales étaient très utiles pour promouvoir des sociétés pacifiques. Le Ministre des affaires étrangères de la France a insisté tout particulièrement sur la dimension environnementale des crises, en rappelant que selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), 40% des conflits des 60 dernières années trouvent leur origine dans des questions liées au contrôle de ressources naturelles (bois, pétrole, terres fertiles, eau). Il a estimé que les Nations Unies ne disposaient pas des outils susceptibles de prévenir les catastrophes qui s’annoncent. M. Juppé a jugé qu’en l’absence d’une instance multilatérale forte, les tensions qui vont voir le jour dans l’avenir sur des questions liées aux ressources ou aux matières premières risquent d’être résolues bilatéralement, au détriment des plus faibles, et selon une logique de rapports de forces. Il a déclaré qu’il faut y remédier à cette perspective en réformant la gouvernance internationale de l’environnement. M. Juppé a donc souhaité que le prochain Sommet sur le développement durable, la Conférence Rio+20, soit l’occasion de jeter les bases d’une organisation mondiale de l’environnement. Enfin, il a souligné que la diplomatie préventive, dans tous ses aspects, est pour la France un élément majeur d’une gouvernance juste et efficace.
Mme SUSAN RICE (États-Unis) a déclaré que, dans les pays sortis de conflit et désormais en paix, où le revenu par habitant atteint 5 000 dollars par an -revenu intermédiaire- le risque pour ces pays de rechuter dans un conflit était inférieur à 5%. Par conséquent, le développement économique et social est source de stabilité, a constaté la représentante. La déclaration présidentielle que le Conseil de sécurité s’apprête à adopter aujourd’hui met justement l’accent sur les liens entre sécurité et développement et esquisse une démarche globale incluant des éléments essentiels à une paix et une stabilité de long terme, a-t-elle indiqué. Mme Rice a insisté sur l’importance revêtue par les conditions qui sont le plus souvent réunies dans une société pacifique, mais qui sont trop souvent négligeables. Elle a considéré que les acteurs nationaux devaient identifier eux-mêmes les causes profondes du conflit, avec l’appui du système des Nations Unies, qui peut mettre en place des systèmes d’alerte rapide et prévenir ainsi une escalade dans les violences. De son côté, l’ONU doit s’efforcer de recruter les meilleurs experts possibles en s’associant aux organisations non gouvernementales et aux universitaires, a préconisé Mme Rice. Appuyant les missions de bons offices et de médiation du Secrétaire général, les États-Unis encouragent cependant les Nations Unies à recruter davantage de femmes pour des postes à responsabilité en matière de résolution de conflit et de reconstruction, a-t-elle dit. Ma délégation, a indiqué Mme Rice en conclusion, refuse d’établir une distinction entre la prévention et le maintien de la paix, considérant qu’elles font partie d’une seule et même vision intégrée.
M. YANG JIECHI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a déclaré que l’expérience montrait qu’il est doublement encouragent d’empêcher les conflits en intervenant aux tous premiers stades des disputes et différends. Il a jugé indispensable d’accroître les possibilités d’alerte précoce, tout en soulignant l’importance du rôle du Secrétaire général et des bureaux régionaux de l’ONU en ce domaine. Nous devons adopter une stratégie intégrée en traitant les crises profondes des conflits, a-t-il dit en souhaitant l’avènement d’une stratégie globale et scientifique en matière de prévention des conflits. Il a également évoqué la nécessité d’éliminer les causes économiques et sociales, qui sont sources de conflits. Il a jugé important de renforcer la coordination en permettant à toutes les parties d’agir et de participer à la prévention des conflits. M. Yang a ajouté que la diplomatie préventive est une tâche multidimensionnelle qui ne peut être menée sans la participation de toutes les parties concernées. Il a déclaré que les organisations régionales et sous-régionales disposaient d’atouts moraux, géographiques et politiques, qui sont uniques en matière de prévention des conflits. Il a invité l’ONU à coordonner les expertises de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social, et de faire appel aux moyens de la Banque mondiale dans le soutien à la prévention des conflits ou à la reconstruction. Il a insisté que la prévention des conflits demeurait l’un des principes fondamentaux de la Charte de l’ONU.
M. S. M. KRISHNA, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, a déclaré que la diplomatie préventive pouvait devenir un élément essentiel de la réponse que la communauté internationale apporte à la plupart des risques de conflit dans le monde. Il a jugé en effet que l’usage de la force n’était pas toujours la réponse la plus appropriée, face à la nature des conflits contemporains, qui ont beaucoup évolué et comprennent des acteurs non étatiques, des réseaux de criminalité transnationale organisée ou des menaces terroristes. L’usage de la force provoque aussi souvent des dommages collatéraux, a déploré le Ministre, qui a donc vanté les mérites de la diplomatie préventive. Les efforts entrepris sous l’égide de ce concept doivent l’être en complément et en appui des efforts consentis par les gouvernements des pays concernés, a souligné M. Krishna. Toutefois, il a souligné l’importance d’un financement approprié pour permettre à ce soutien de porter ses fruits. M. Krishna a, en conclusion, insisté sur les principes du consentement national, de l’impartialité et de l’équité, qui ont toujours guidé les actions de l’Inde dans le cadre des opérations de maintien de la paix, pour lesquelles son pays est un contributeur de troupes majeur.
M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA, Ministre des affaires étrangères du Brésil, a attiré l’attention des membres du Conseil sur les risques, dans le cadre d’un conflit, d’imposer à la hâte des mesures de coercition. Il a dit que le développement était la meilleure des préventions, en soulignant la détermination du Brésil à lutter contre la pauvreté et à promouvoir la bonne gouvernance. Il a exhorté le Conseil de sécurité à trouver les moyens de relever les défis spécifiques liés à de nombreuses crises. Il a cité les limites des moyens militaires et d’un recours préventif à la force en jugeant que la prévention des conflits pouvait être mise en œuvre par de nombreuses autres méthodes. Si la prévention des conflits, le maintien de la paix, et la consolidation de la paix demeurent trois outils importants, le désarmement est aussi un élément tout aussi indispensable, a-t-il dit. Il faut éviter toute interprétation hâtive du mandat du Conseil de sécurité, a encore dit le Ministre des affaires des étrangères du Brésil. Les vagues de révolte observées en Afrique du Nord donnent un sentiment d’urgence face aux revendications légitimes du peuple palestinien à obtenir un État. L’exercice de la diplomatie préventive requiert du Conseil de sécurité qu’il travaille à la résolution de toutes les situations les plus déstabilisantes, ceci, sans exception, a dit M. Patriota. Indiquant qu’il paraphrasait les termes employés hier par le Président Nicolas Sarkozy, de la France, sur la question du Moyen-Orient, le Ministre des affaires étrangères du Brésil a déclaré que les problèmes du monde ne pouvaient pas être réglés par un seul petit groupe de pays, alors que trop d’autres acteurs majeurs sont laissés de côté: « Il faut arrêter de croire qu’un seul pays, fut-il le plus grand, ou qu’un petit groupe de pays peuvent résoudre un problème d’une telle complexité. Trop d’acteurs majeurs sont laissés de côté pour pouvoir aboutir… ».
M. GUIDO WESTERWELLE, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a estimé que le Conseil de sécurité avait au cours des années considérablement amélioré ses outils, ceci afin de faire face à ses responsabilités en matière de paix et de sécurité. Il a jugé essentiel de disposer d’un système d’alerte précoce dans les zones à risques, afin d’y prévenir l’escalade de violence. Au delà des améliorations opérationnelles, M. Westerwelle a souligné l’importance de perspectives structurelles à long terme. Mettant l’accent sur une vision de longue durée, il s’est dit persuadé de la nécessité d’une bonne compréhension des implications des changements climatiques en matière de paix et de sécurité internationales pour pouvoir prévenir les crises à venir. Une lutte contre l’impunité peut aussi avoir un impact positif en matière de prévention, a souligné M. Westerwelle. Il a ajouté que le Conseil de sécurité ne pouvait pas faire face seul à cette mission de prévention des conflits. Il a indiqué qu’il est important de disposer d’arrangements régionaux en se félicitant des efforts croissants en matière de médiation déployés par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), de l’Union africaine, de la Ligue des États arabes et de l’Union européenne. Le Ministre a jugé que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales sera déterminante pour améliorer, encore plus, les capacités et outils de prévention des conflits. L’examen des capacités civiles a aussi pour objectif d’utiliser au mieux les capacités nationales de médiation, a-t-il précisé. Il a déclaré que le développement d’une culture de prévention dépendait de la participation de tous les États et acteurs, et a souligné l’importance de la contribution des femmes en matière de prévention.
M. SVEN ALKALAJ, Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, s’est félicité de constater qu’un certain nombre d’organisations régionales et sous-régionales, comme l’Union européenne, étaient devenues des partenaires plus actifs de diplomatie préventive auprès des Nations Unies. Il s’est donc déclaré favorable au renforcement du dialogue stratégique entre ces acteurs, même s’il a précisé que la volonté des parties prenantes sur le terrain demeurait l’élément crucial de la réussite de la diplomatie préventive. La viabilité des accords de paix n’est possible qu’en aidant les parties au conflit à réunir les conditions nécessaires à la paix et en se penchant sur les causes profondes des conflits, a estimé le Ministre.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a jugé importante la mise en œuvre d’une stratégie de prévention des conflits prenant en compte les dangers émergents que sont le terrorisme international, la prolifération des armes de destruction massive, la criminalité transnationale et le trafic de stupéfiants. Il a critiqué certaines tentations et pratiques, notamment l’application d’une politique du « deux poids deux mesures » lorsqu’il s’agit de mettre en place des sanctions et que l’on remarque que des membres du Conseil se mettent à agir en fonction des intérêts de telle ou telle partie. La plupart des conflits étant des conflits interétatiques, le représentant a estimé que l’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays ne pouvait être que contreproductive. Il a mis l’accent sur la nécessité de rechercher des solutions diplomatiques et politiques au lieu de chercher de manière systématique à mettre en place des mesures coercitives. Il a souligné l’importance des missions de maintien de la paix et des missions de bons offices du Secrétaire général. M. Churkin a mis l’accent sur les avantages comparatifs dont jouissent les organisations régionales en matière de prévention des conflits en appuyant le projet de création de centres régionaux des Nations Unies pour la diplomatie préventive.
Déclaration présidentielle
Le Conseil de sécurité rappelle ses résolutions antérieures sur la question et les déclarations de son président sur la diplomatie préventive, la prévention des conflits armés et la médiation et le règlement pacifique des différends.
Le Conseil accueille avec satisfaction le rapport du Secrétaire général intitulé « Les fruits de la diplomatie préventive » (S/2011/552) et prend acte des recommandations qui y sont formulées.
Le Conseil réaffirme qu’il assume la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales agissant conformément aux buts et principes de la Charte des Nations Unies. Il se dit également déterminé à renforcer l’efficacité de l’Organisation des Nations Unies s’agissant de prévenir l’éclatement des conflits armés, leur aggravation, leur propagation et leur reprise.
Le Conseil insiste sur le fait que prévenir le déclenchement, l’escalade et la reprise des conflits est un impératif politique, humanitaire et moral absolu, qui présente également des avantages économiques.
Le Conseil rappelle que la prévention des conflits demeure une responsabilité première des États, qui ont également pour responsabilité principale de respecter et de garantir les droits de l’homme de toutes les personnes qui se trouvent sur leur territoire et relèvent de leur juridiction, comme le prescrit le droit international en la matière, et réaffirme la responsabilité de chaque État de protéger sa population contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité.
Le Conseil réaffirme que les mesures prises par l’ONU dans le cadre de la prévention des conflits devraient venir appuyer et complémenter, selon le cas, la mission dévolue aux gouvernements dans ce domaine.
Le Conseil loue les efforts entrepris par le Secrétaire général en usant de ses bons offices et en dépêchant représentants, envoyés spéciaux et médiateurs afin d’aider à faciliter des règlements durables et globaux. Il encourage le Secrétaire général à utiliser de plus en plus et en toute efficacité tous les outils diplomatiques et modalités à sa disposition par la Charte en vue de renforcer la médiation et ses activités d’appui, et rappelle à ce sujet la résolution 65/283 de l’Assemblée générale en date du 28 juillet 2011, ainsi que le rapport du Secrétaire général en date du 8 avril 2009 (S/2009/189). Le Conseil encourage également les parties concernées à agir de bonne foi lorsqu’elles concourent à tous efforts de prévention et de médiation, y compris ceux entrepris par l’Organisation des Nations Unies.
Le Conseil encourage le Secrétaire général à continuer d’améliorer la cohérence et la consolidation de l’action du système des Nations Unies afin d’optimiser les effets des efforts de prévention entrepris avec célérité par l’Organisation. Il souligne l’importance des informations qu’il reçoit régulièrement à ce sujet et prie le Secrétaire général de poursuivre cette bonne pratique.
Le Conseil rappelle que toute stratégie globale de prévention des conflits doit notamment comprendre des éléments d’alerte rapide, de déploiement préventif, de médiation, de maintien de la paix, de désarmement concret et de responsabilité, ainsi que des actions de consolidation de la paix au lendemain de tout conflit, et reconnaît que ces éléments sont interdépendants, complémentaires et cumulatifs.
Le Conseil reconnaît que toute stratégie de prévention des conflits doit appréhender les causes profondes des conflits armés et des crises politiques et sociales dans leur globalité, notamment en favorisant le développement durable, l’élimination de la pauvreté, la réconciliation nationale, la bonne gouvernance, la démocratie, l’égalité des sexes, l’élimination de l’impunité, l’état de droit et le respect et la protection des droits de l’homme.
Le Conseil encourage le règlement pacifique des différends locaux au moyen d’arrangements régionaux, conformément au Chapitre VIII de la Charte. Il salue les efforts déployés pour renforcer la coopération opérationnelle et institutionnelle entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales en matière de prévention des conflits, et réaffirme à cet égard qu’il importe de continuer à renforcer le dialogue stratégique et les partenariats et de promouvoir des échanges de vues et d’informations plus régulier au niveau opérationnel, afin d’accroître les capacités nationales et régionales relativement aux instruments de la diplomatie préventive, y compris la médiation, la collecte et l’analyse d’informations, l’alerte rapide, la prévention et l’instauration de la paix.
Le Conseil entend continuer à renforcer, d’un point de vue stratégique et sur le terrain, ses partenariats avec toutes les autres parties prenantes, notamment l’Assemblée générale, le Conseil économique et social, la Commission de consolidation de la paix et les institutions financières internationales comme la Banque mondiale. Il envisage également de continuer à renforcer son partenariat avec les bureaux régionaux des Nations Unies.
Le Conseil souligne que pour être efficace, tout cadre de diplomatie préventive compte sur la participation active de la société civile, en particulier des jeunes, et d’autres parties intéressées comme les milieux universitaires et les médias. Il réaffirme par ailleurs le rôle important que les femmes jouent dans la prévention et le règlement des conflits et dans la consolidation de la paix et demande de nouveau de veiller à les voir participer pleinement à la diplomatie préventive, sur un pied d’égalité avec les hommes, et à ce qu’elles soient représentées dans les processus correspondants et y soient associées, conformément aux résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009) et 1889 (2009) et aux déclarations de son président S/PRST/2010/20 et S/PRST/2010/22.
Le Conseil estime qu’il importe de redoubler d’efforts –y compris de renforcer la coordination entre donateurs bilatéraux et multilatéraux concernés– en vue d’apporter en temps voulu un appui financier prévisible et cohérent pour permettre d’utiliser au mieux les instruments de diplomatie préventive, y compris la médiation, tout au long du cycle des conflits.
Le Conseil attend avec intérêt l’examen que l’Assemblée générale et le Conseil économique et social, ainsi que d’autres entités, notamment les institutions financières internationales, consacreront au rapport du Secrétaire général sur « Les fruits de la diplomatie préventive » et est favorable à l’idée de renforcer les moyens de l’Organisation des Nations Unies et de ses partenaires dans le domaine de la diplomatie préventive.
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