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Commission de la condition de la femme: l’impact de l’éducation, de l’exode rural et des nouvelles technologies sur la vie des femmes rurales au centre du débat général

FEM/1895

Commission de la condition de la femme: l’impact de l’éducation, de l’exode rural et des nouvelles technologies sur la vie des femmes rurales au centre du débat général

2/03/2012
Conseil économique et socialFEM/1895
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la condition de la femme                     

Cinquante-sixième session                                  

10e et 11e séances – matin et après-midi


COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME: L’IMPACT DE L’ÉDUCATION, DE L’EXODE RURAL ET DES NOUVELLES TECHNOLOGIES

SUR LA VIE DES FEMMES RURALES AU CENTRE DU DÉBAT GÉNÉRAL


La poursuite du débat général de la Commission de la condition de la femme a été l’occasion pour la quarantaine de délégations qui ont pris la parole de discuter de tout un éventail de thématiques, allant du problème de l’exode rural à l’importance de l’éducation en passant par les mérites de l’accès aux nouvelles technologies.


« Pour que les femmes rurales deviennent des agents du changement et du développement, elles doivent recevoir une éducation de qualité dès le plus jeune âge », a ainsi souligné le représentant de la Grèce.


Son homologue de la Suisse a insisté sur la nécessité d’éduquer les jeunes dès leur plus tendre enfance aux vertus de l’égalité entre garçons et filles et hommes et femmes.  Elle a fait observer que les jeunes suisses considèrent que l’égalité est déjà réalisée dans leur société, alors que le pays fait encore face à une forte ségrégation dont pâtissent les filles et les femmes dans le choix des formations et dans le parcours professionnel.  Faisant le point sur la situation dans les zones rurales, elle a en effet indiqué que le secteur agricole suisse était constitué « d’un bon tiers » de femmes, mais que du fait du système successoral, « mais surtout du fait des mentalités », les femmes sont rarement propriétaires et ne représentent que 5% des exploitantes, sans compter leur sous-représentation dans les organisations agricoles.


Le représentant de l’Espagne a expliqué de son côté que parmi les défis majeurs qu’ont rencontrés les femmes espagnoles dans l’histoire, celui de la migration vers les agglomérations urbaines était le plus récent.  Le Gouvernement espagnol a par conséquent déployé un Plan stratégique pour l’égalité des sexes dans le développement rural durable pour 2011-2014 qui vise à combattre la masculinisation et le vieillissement des zones rurales et à lutter contre la double discrimination dont souffrent les femmes vivant et travaillant dans les zones rurales.


Dans une même veine, la représentante de l’Estonie a indiqué que même si seulement 20% de la population estonienne vivent dans des villages, des programmes ont été créés pour souligner l’attrait de la vie rurale et ses bienfaits.


À son tour, le représentant de la Lituanie, à l’instar de son homologue du Kazakhstan, a noté que l’accès aux nouvelles technologies avait contribué à l’amélioration de la situation des femmes rurales en leur facilitant la recherche d’emploi et l’accès aux services bancaires, notamment, mais également en améliorant la vie culturelle de ces régions.


La représentante des Îles Salomon a observé de son côté que les phénomènes climatiques et la fréquence des catastrophes naturelles, dont souffrent énormément  les petits États insulaires, représentaient des défis supplémentaires pour les droits des femmes rurales. 


Abondant dans ce sens, la représentante du Japon a fait savoir que le séisme qui a secoué son pays, suivi d’un tsunami il y a bientôt un an, avait permis de repenser l’appréciation du rôle des femmes dans la réduction et la gestion des risques et des effets des catastrophes naturelles ou créées par l’homme.  Elle a annoncé que le Japon présentera un nouveau projet de résolution axé sur l’égalité des femmes et la promotion de leur rôle en cas de catastrophes naturelles. 


Le représentant de la Colombie a abordé de son côté la question des conflits armés en zone rurale, expliquant que ceux-ci avaient eu un impact considérable sur la vie des femmes à cause de l’éclatement des familles et des déplacements forcés qu’ils provoquent, entre autres.  Il a expliqué que son gouvernement s’était par conséquent doté d’une politique de restitution de terres après des périodes de violence, qui accorde une attention particulière aux femmes rurales, voyant en elles les chefs de fil du développement local et du processus de modernisation des zones rurales.


La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux lundi, le 5 mars, à partir de 10 heures.


SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »


Suite du débat général


M. JUAN PABLO DE LAIGLESIA (Espagne) a remarqué que le développement rural durable ne peut avoir lieu que s’il offre des opportunités égales et des droits égaux aux femmes et aux hommes et s’il reconnait le rôle stratégique des femmes dans sa réalisation.  Rappelant les défis majeurs qu’ont rencontrés les femmes espagnoles dans l’histoire, il a ajouté celui de la migration urbaine, qui est plus récent.  Dans ces circonstances, l’Espagne a lancé un Plan stratégique pour l’égalité des sexes dans le développement rural durable pour 2011-2014.  Les objectifs de ce Plan sont de lutter contre la double discrimination dont souffrent les femmes vivant et travaillant dans les zones rurales, de mettre fin à l’exode des femmes rurales vers les villes, de combattre la masculinisation et le vieillissement des zones rurales et d’encourager l’accès des femmes au marché du travail.  Le représentant a aussi mentionné une loi sur la propriété partagée des établissements agricoles, adoptée en octobre 2011.  Il a assuré que son pays s’attachait aussi à lutter contre la violence à l’égard des femmes, en particulier contre le « fémicide ».  L’Espagne se penche aussi sur les conditions des femmes handicapées vivant dans les zones rurales, a-t-il ajouté.


Mme BEATRIZ RAMÍREZ (Uruguay) a prôné une approche intégrale de l’autonomisation des femmes rurales pour leur garantir l’éducation, la santé, ainsi que l’accès à la propriété foncière, aux nouvelles technologies et au crédit.  L’Uruguay dispose d’un Institut national de la femme qui met en œuvre le Plan pour l’égalité des chances et des droits, a-t-elle indiqué.  Elle a expliqué que son pays a notamment intégré les perspectives socioéconomiques du genre dans les mesures visant les femmes rurales et mis en place un système national de soins de santé.  Ce système jouera un rôle crucial dans la formation de personnes assurant des services à domicile, a-t-elle notamment indiqué.  La représentante a ajouté que le Gouvernement uruguayen donne la priorité aux populations vulnérables sur le plan social et lancera en 2012 des expériences pilotes à leur égard.  Elle s’est enfin préoccupée du nombre de décès de femmes qui succombent aux violences domestiques et a mentionné l’existence en Uruguay de services itinérants qui sont proposés aux femmes victimes de cette violence, notamment celles qui vivent dans les régions les plus reculées.


Mme DIARRA KADIATOU SAMOURA, Secrétaire générale du Ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille du Mali, a rappelé que le Mali fait face à une situation difficile à cause d’un conflit fratricide qui vient d’éclater dans le nord du pays et qui continue d’endeuiller de nombreuses familles.  Le Mali adhère, a-t-elle dit, au rapport du Secrétaire général sur l’autonomisation des femmes rurales et leur rôle dans l’élimination de la pauvreté et de la faim, et au règlement des problèmes actuels.  Le Mali dispose, a ajouté Mme Diarra, d’un programme de développement économique et social et de la volonté d’investir dans le secteur rural pour en faire le moteur de la croissance économique et ouvrir ainsi la voie à la modernisation de l’agriculture familiale.  Elle a révélé qu’au Mali 77% des femmes vivent en milieu rural et presque 75% interviennent dans les activités agricoles; elles sont très actives dans le maraîchage où elles représentent 37,66% des producteurs et plus de 55% du nombre des maraîchers.  À l’Office du Niger, qui est une exploitation agricole en Afrique de l’Ouest, environ 7% des chefs d’exploitation sont des femmes et 785 ha de superficies rizicoles sont exploitées par elles.  Par ailleurs, a dit la Secrétaire d’État, le Gouvernement du Mali a appuyé la mise en place de la Fédération nationale des femmes rurales (FENAFER) et a créé un Fonds d’autonomisation de la femme et de l’épanouissement de l’enfant (FAFE) alimenté par les ressources de l’État et de ses partenaires financiers.  Elle a réitéré que les obstacles à l’autonomisation de la femme rurale sont nombreux dont, le manque de qualification, la faible performance des organisations féminines rurales et le faible niveau de financement des activités des femmes rurales.  Enfin, pour réduire la pauvreté et parvenir à une croissance rurale, Mme Diarra a suggéré de renforcer les approches à prendre face aux effets néfastes du changement climatique et de la crise économique sur le monde rural. 


Mme GENOVEVA DA CONCEIÇAO, Ministre de la famille et de la promotion de la femme de l’Angola, a indiqué que l’égalité entre hommes et femmes était consacrée par la Constitution de l’Angola.  Des programmes ont été adoptés pour protéger le bien-être des femmes et, depuis l’instauration de la paix en 2002, les femmes sont de plus en plus visibles dans les structures gouvernementales.  Mme Da Conceiçao a précisé qu’entre 2002 et 2007, la représentation des femmes au Parlement était passée de 14% à 38%, et de 11% à 29% pour ce qui est des fonctionnaires au niveau du Gouvernement.  Une loi sur la violence domestique a été adoptée en juin 2011, et le Conseil des ministres étudie actuellement un projet de loi nationale sur le genre ainsi que la révision du Code de la famille et du Plan d’action pour les femmes rurales.  La loi sur la propriété foncière permet par ailleurs aux femmes d’acquérir ou d’hériter des terrains.  La Ministre a également évoqué les progrès réalisés dans le domaine de l’éducation.


Mme EMERINE KABANSHI, Vice-Ministrepour l’égalité des sexes et le développement de l’enfant de la Zambie, a mis l’accent sur la violence sexiste, qui constitue l’une des menaces à l’avancement de la femme dans son pays.  Elle a souligné que le Parlement zambien avait adopté, en 2011, une législation en la matière, qui fournit notamment protection et soutien aux victimes à travers des foyers d’accueil.  Bien que cette législation soit la pierre angulaire de la lutte contre les violences à l’égard des femmes, elle a rappelé la nécessité de disposer de ressources pour la mettre en œuvre et a demandé une assistance des Nations Unies et des partenaires de coopération pour mobiliser les ressources nécessaires à la mise en œuvre de cette loi.  S’agissant de l’autonomisation économique des femmes, Mme Kabanshi a expliqué que la Zambie avait créé un Fonds d’autonomisation économique des citoyens qui attribue 30% de ses ressources à des femmes entrepreneures.  En plus de ces fonds, son gouvernement a également alloué, lors de l’exercice budgétaire 2012, un total de 4,3 millions de dollars aux divisions et ministères en charge du développement des enfants, des communautés, de la santé maternelle et infantile en ciblant tout particulièrement les femmes rurales, a-t-elle conclu. 


M. TSELISO ‘MOKELA, Secrétaire principal du Ministère du genre, des sports et des loisirs du Lesotho, a indiqué qu’en 2006 son pays avait adopté une loi sur la capacité juridique des personnes mariées qui vise à protéger les femmes, notamment celles vivant en milieu rural.  De plus, une nouvelle loi sur la propriété foncière, adoptée en 2010, permet aux femmes mariées d’hériter de terres et d’être copropriétaires, avec leurs époux, de biens immuables.  Il a indiqué que les citoyennes du Lesotho avaient créé des réseaux de lutte contre la pauvreté qui mènent un plaidoyer pour la bonne gouvernance et une distribution équitable des services, entre autres actions.  Par ailleurs, afin de remédier aux pénuries en combustible que connaissent les femmes rurales, le Gouvernement du Lesotho a lancé un projet de fabrication de rouleaux de papier et de galettes de bouse dans certains districts.  Un projet d’électrification rurale est également en cours.  M. Tseliso‘Mokela a ensuite passé en revue plusieurs projets lancés par le Lesotho en collaboration avec ses partenaires de développement, notamment dans les domaines de l’alimentation, du textile, de l’élevage et de l’agriculture.


Mme KELEBOGILE P. KGABI, Secrétaire permanente adjointe du Ministère du travail et des affaires domestiques du Botswana, a indiqué que l’élimination de la pauvreté était une des priorités principales de son gouvernement, précisant que le taux de pauvreté était passé de 59% entre 1985 et 1986 à 20,6% entre 2009 et 2010.  Le Gouvernement botswanais a investi dans l’infrastructure rurale afin d’appuyer les secteurs de l’agriculture et de la production et de favoriser l’accès aux marchés.  De plus la politique de diversification économique, qui a été adoptée en 2010, met l’accent sur l’amélioration de la sécurité alimentaire des ménages, ceci dans les milieux ruraux notamment, tandis que le programme de gestion des cheptels et de développement de l’infrastructure ambitionne d’améliorer le statut économique des femmes rurales.


Mme Kgabi a ensuite indiqué que depuis l’adoption, en 2008, d’une loi sur la violence domestique, le Botswana était en train de créer un système de références en matière de violences sexistes et de mettre sur pied une série de règlements pour faciliter la bonne mise en œuvre de cette loi.  Il existe également un système de discrimination positive dans les communautés rurales les plus reculées, et les femmes rurales ont également accès à des programmes d’alphabétisation, a-t-elle indiqué.


Mme RARINTHIP SIRORAT, Ministre du développement social et de la sécurité humaine de la Thaïlande, a fait observer que l’éducation était le moyen le plus puissant d’atteindre l’autonomisation des femmes et des filles.  C’est pourquoi le système d’éducation nationale de son pays prévoit l’accès universel à l’école.  Elle a souligné qu’en 2010, 2,5 millions de femmes et de filles avaient par ailleurs bénéficié de programmes d’éducation informels.  Des centres de télé-éducation avaient été lancés, au cours de la même année, dans les communautés.  Ceux-ci mettent l’accent sur l’apprentissage de technologies et, en 2011, 65% des utilisateurs des 880 centres créés à travers le pays étaient des femmes, a-t-elle précisé.  Elle a souligné que la Thaïlande organisait, chaque année, des assemblées de femmes aux différents niveaux de pouvoir: provincial, régional et national, qui se penchent sur des thèmes correspondant aux 12 objectifs prioritaires ciblés par la Plateforme d’action de Beijing.  Au final, ces assemblées envoient vers le Gouvernement des suggestions et des recommandations qui seront incorporées dans les mesures nationales de développement, a-t-elle ajouté. 


La Thaïlande a également mis en place 95 301 organisations communautaires qui permettent aux femmes de bénéficier de formations, et de soutien à la création d’emplois et à la création de projets de bien-être locaux.  C’est un outil qui a déjà contribué à réduire la faim et la pauvreté, a-t-elle conclu.  Elle a ajouté que son pays menait un projet pilote dans le domaine de la budgétisation de l’égalité des sexes qui réunit pour l’instant 19 administrations publiques


Mme ZURAIDAH AMIRUDDIN, Sous-Secrétaire de la Division des politiques du Ministère de la femme, de la famille et du développement communautaire de la Malaisie, a indiqué que le secteur agricole avait permis à son pays de faire passer le taux de pauvreté de sa population de 49,3% en 1970 à 2,8% en 2010.  Elle a indiqué que la loi sur la propriété terrienne avait été amendée en 2002 afin de permettre aux épouses et aux ex-épouses de devenir copropriétaires avec leurs maris.  Elle a expliqué qu’un appui financier était accordé par des institutions financières telles que l’Agro Bank, SME Bank et Amanah Ikhtiar Malaysia, un modèle établi sur la base de la banque Grameen, du Bangladesh.  La Malaisie dispose également de programmes de formation entrepreneuriale destinés aux femmes, et 42 centres Internet ruraux ont été établis dans l’ensemble du pays à leur intention.  Mme Amiruddin a également indiqué que la loi sur la violence domestique avait été révisée en 2011 et pénalisait dorénavant les blessures émotionnelles et psychologiques.


M. ESHAGH AL-HABIB (République islamique d’Iran) a estimé que la famille était l’unité de base de la communauté humaine et que c’était sous cet angle de l’approche familiale que les organes des Nations Unies, en particulier la Commission de la condition de la femme, devraient aborder les stratégies en vue de l’avancement des femmes.  Il a souligné que son pays avait participé aux efforts à cet égard à travers l’organisation de la troisième Conférence des femmes ministres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), en décembre 2010 à Téhéran.  Il a ensuite cité plusieurs initiatives destinées à identifier les questions prioritaires à l’égard des femmes, notamment en matière de formation.  M. Al-Habib a affirmé que l’Iran s’était efforcé de respecter les perspectives sexospécifiques dans les politiques et les processus de son plan de développement national.  Il a aussi cité la création d’un comité national des femmes et de la famille en vue de mettre en œuvre le principe de la Constitution iranienne qui vise à renforcer l’union sacrée familiale et les relations familiales en vertu du droit islamique.  Il s’est également félicité du taux d’espérance de vie des femmes iraniennes, qui atteint 76 ans


M. PATRIKAS SKRUDUPIS (Lituanie) a indiqué que son pays avait proposé sa candidature à la Commission de la condition de la femme dans le souci de contribuer plus avant aux objectifs de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et parvenir à une égalité de fait entre hommes et femmes.  Mettant l’accent sur le rôle des femmes rurales, la Lituanie participe activement au Groupe de travail sur la famille et le développement rural de la FAO, a-t-il précisé.  Soulignant les développements ayant contribué à l’amélioration de la situation des femmes rurales en Lituanie, M. Skrudupis a cité la promotion de l’accès aux technologies de l’information et de la communication dans les zones rurales, dont l’accès à Internet et aux téléphones portables, qui a contribué à améliorer la vie culturelle et la qualité de vie en général.  Cela a aussi facilité l’accès à des services bancaires, postaux et sanitaires.  Si des progrès ont été réalisés, il reste encore beaucoup à faire en faveur des femmes rurales, a dit M. Skrudupis, en reconnaissant la persistance de disparités locales sur la situation des femmes en Lituanie.  


Mme BADRAA DOLGOR, Conseillère du Premier Ministre de la Mongolie, a considéré qu’une stratégie de développement ciblée élaborée avec la participation active des femmes rurales pouvait s’avérer efficace pour faire avancer le sort des femmes rurales partout dans le monde.  Elle a rappelé qu’au niveau international, son pays avait été l’un des principaux coauteurs de la résolution de l’Assemblée générale sur la situation des femmes rurales, tandis que sur le plan national, la Mongolie avait intégré les questions de genre, ainsi que la réalisation des Objectif du Millénaire pour le Développement (OMD) dans ses stratégies de développement.  Elle a expliqué que, ces dernières années, la Mongolie s’était concentrée sur l’autonomisation économique des femmes par le biais d’un appui aux ménages et à la production à moyenne échelle.  En 2011, 300 millions de dollars ont ainsi été alloués à des prêts aux petites et moyennes entreprises, dont 70% sont gérées par des femmes.  Les efforts du Gouvernement mongol à l’égard des femmes rurales ont aussi été axés sur l’éducation, la santé reproductive, l’accès aux services, ainsi que la lutte contre la violence sexiste, a-t-elle ajouté.  Elle a ensuite mis l’accent sur la nécessité de faire face aux catastrophes naturelles, qui constituent une menace grandissante pour les femmes rurales et méritent l’attention de tous. 


Mme MARIE-JOSÉE BONNE, Conseillère spéciale au Ministère du développement social et de la culture des Seychelles, a fait savoir que la pauvreté extrême n’existe pas aux Seychelles et que les indicateurs du développement sont positifs, comme dans les pays développés.  Elle a ajouté que son pays concentre ses efforts pour atteindre l’OMD 1 qui est de réduire les inégalités.  Elle a révélé ensuite que le concept d’émancipation des femmes rurales n’a jamais été entendu aux Seychelles et que les « femmes rurales » en tant que telles n’existent pas aux Seychelles.  Il n’y a pas de distinction officielle entre les concepts « urbain » et « rural » car « nous sommes une population urbaine », a indiqué Mme Bonne.  De même, la terminologie de sécurité alimentaire est nouvelle dans le pays et elle n’a pas été prise en compte dans la Constitution de 1993.  Mais elle va être prise en considération dans la politique nationale de genre actuellement en projet.  Aux Seychelles, a dit Mme Bonne, quand nous parlons d’émancipation des femmes, nous parlons d’émancipation de nos femmes, de nos hommes, de nos garçons et de nos filles dans leurs responsabilités individuelles contre la pauvreté.


Mme YANIRA ARGUETA, Directrice exécutive de l’Institut pour le développement des femmes d’El Salvador, a indiqué qu’en zone rurale, 6 femmes sur 10 étaient victimes de pauvreté, et que les femmes représentent plus de 15% des travailleurs agricoles.  Elle a expliqué que la loi sur l’égalité et l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes mettait l’accent sur la situation des femmes rurales en favorisant notamment le respect de la liberté syndicale, en appuyant le travail des coopératives agricoles et de pêche, et en encourageant la participation des femmes au processus de prise de décisions.  Elle a expliqué que le programme de solidarité des communautés rurales entendait améliorer la situation des ménages vivant dans l’extrême pauvreté.  Un programme d’appui est également destiné aux femmes chefs de famille vivant dans la pauvreté extrême.  La représentante a également fait savoir que des efforts considérables ont été déployés pour répondre à la situation des femmes rurales victimes de situation d’urgence ou de catastrophes naturelles suite, notamment, au passage de la dépression tropicale 12E.


Mme SYLVIE DURRER (Suisse) a indiqué que le secteur agricole suisse qui produit environ 60% des aliments consommés dans le pays, était caractérisé par des exploitations familiales de petite taille, et reste constitué « d’un bon tiers » de femmes.  Cependant, a-t-elle indiqué, du fait du système successoral, « mais surtout du fait des mentalités », les femmes sont rarement propriétaires et ne sont que 5% à être exploitantes.  Elle a indiqué que les femmes rurales suisses assument souvent une triple charge et que des progrès devaient être réalisés en matière de partage des tâches au sein du couple.  Elle a déploré le manque de reconnaissance du rôle des femmes dans l’agriculture, ainsi que leur sous-représentation dans les organisations agricoles.  Elle a encouragé ces organisations à une plus grande mixité.  Afin de répondre au fait que les femmes ont un accès souvent plus restreint que les hommes aux moyens financiers, la Suisse à mis en œuvre des formations et des documents spécifiquement adressés aux femmes, notamment l’initiative « Paysanne en toute conscience », a dit Mme Durrer.  La représentante a cependant reconnu que la Suisse devait intensifier ses efforts dans ce domaine.


Mme Durrer a ensuite affirmé que son gouvernement appliquait de façon systématique la budgétisation sensible au genre et privilégiait les actions qui engendrent une amélioration durable des conditions de vie des petites exploitations et qui comprennent des activités ciblées pour l’autonomisation économique, politique et sociale des femmes.  La Suisse s’est par ailleurs engagée à verser près de 9 millions de dollars à ONU-Femmes.  Enfin, la représentante a observé que les jeunes suisses considèrent que l’égalité est réalisée, alors que le pays fait encore face à une forte ségrégation dans le choix des formations et dans le parcours professionnel, et alors que la violence domestique est toujours présente.  C’est pourquoi, il importe de poursuivre l’éducation à l’égalité des jeunes, a-t-elle souligné.


Mme HIROKO HASHIMOTO (Japon) a expliqué que le séisme qui a secoué son pays, il y a bientôt un an, avait permis de repenser l’appréciation du rôle des femmes dans la réduction et la gestion des risques et des désastres.  Dans ce contexte, le Japon présentera, au cours de cette cinquante-sixième session de la Commission de la condition de la femme, un nouveau projet de résolution axé sur l’égalité des sexes et la promotion de leur rôle en cas de catastrophes naturelles, a-t-elle expliqué.  Elle a émis l’espoir que, par le biais des discussions autour de ce projet de texte, les délégations pourront approfondir leurs connaissances de cette question et mettre en place un système de gestion tenant compte de l’égalité des sexes.  « Alors que le Japon se remet de ce séisme, il construit aussi une société inclusive qui tient compte de tous ses acteurs, aussi bien les femmes, les enfants que les personnes âgées et les plus vulnérables », a-t-elle ajouté. 


Elle a noté que le troisième plan en faveur de l’égalité des sexes avait été adopté par son gouvernement en décembre 2010 et que la loi japonaise sur l’alimentation, l’agriculture et les zones rurales encourageait la promotion des femmes dans les activités de production et de gestion agricoles.  Pour atteindre cet objectif, elle a mis l’accent sur la participation des femmes aux processus de prise de décisions.  Elle a expliqué que des objectifs, quotas et proportions de femmes ont été établis au sein des conseils des organisations et comités agricoles.  Plusieurs quotas ont aussi été instaurés dans les comités formulant les plans agricoles locaux (avec 30% de sièges attribués aux femmes), ainsi que dans des systèmes de subventions aux activités agricoles (où un quota de 10% de femmes entrepreneures est appliqué), a-t-elle conclu. 


Mme DOROSDAY DHRESSEN KENNETH, Directrice du Département des affaires féminines de Vanuatu, a indiqué que la nouvelle version de l’Agenda d’action prioritaire 2012-2015, le plus important document de planification dont dispose le Gouvernement du Vanuatu, reflétait dorénavant l’engagement de ce dernier en matière de promotion de la parité et d’autonomisation de la femme.  La loi sur la protection de la famille est entrée en vigueur en 2009 après 15 ans de lobbying et la parité a par ailleurs été réalisée au niveau de l’éducation primaire, a dit Mme Kenneth.  La représentante a néanmoins indiqué que le taux d’analphabétisme demeurait élevé chez les femmes rurales.  Elle a ensuite expliqué que ces dernières avaient accès à un système de microcrédit, le Vanwods, qui leur permettait de créer des entreprises et de subvenir à des besoins de base, liés notamment à la scolarisation de leurs enfants et à l’équipement des ménages.  Mme Kenneth a cependant fait savoir que l’inégalité de l’accès aux services de sécurité alimentaire et aux perspectives d’emploi et de création d’entreprise demeurait un défi pour les femmes rurales, ajoutant que la complexité du problème exigeait une attention accrue en matière de planification des politiques.


Mme TANJA SALECL (Slovénie) a indiqué qu’avec 32% de femmes au Parlement, la Slovénie, sur les 144 pays membres de l’Union interparlementaire, se trouvait au vingt-troisième rang, ce qui souligne ainsi une participation active des femmes au processus de prise de décisions politiques.  Elle a précisé que les conclusions de la première étude sur la prévalence de la violence domestique, publiée en Slovénie en décembre 2011, contribueront à assurer une mise en œuvre plus effective de la loi sur la prévention de la violence domestique, adoptée en 2008, et du programme national de prévention de la violence domestique, établi en 2009.  Elle a précisé que la Slovénie procédait actuellement à la ratification de la Convention européenne de prévention et de lutte contre la violence à l’égard des femmes.


Le troisième plan d’action (2005-2013) de mise en œuvre du programme national pour l’égalité des opportunités entre hommes et femmes a été complété en 2011, en mettant l’accent sur l’amélioration de l’inclusion sociale, les conditions de vie et de travail des femmes rurales, a précisé la représentante.  Elle a ajouté que le Gouvernement slovène avait adopté, en 2006, un programme d’intégration du genre dans le développement de l’agriculture et des régions rurales avec comme principal objectif la promotion de la sécurité alimentaire et le développement durable de ces régions par une participation plus active des femmes rurales.  Tout en assurant que le principe d’égalité entre les sexes était au centre du programme de développement rural 2007-2013, la représentante de la Slovénie a fait observer que les résultats obtenus demeuraient faibles par rapport aux engagements ambitieux pris dans le cadre du Programme d’action de Beijing et en vertu des dispositions de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.


M. JULIO COLONIA, Directeur général du Ministère de la femme, de la famille et de la cohésion sociale de la Guinée-Bissau, a souligné que malgré la situation de conflit militaire qu’a connue son pays en 1998, plusieurs progrès ont pu être enregistrés en faveur de l’autonomisation des femmes.  Elle a cité, en termes de processus institutionnels, la création d’un Ministère de la femme et d’un Institut pour la femme et l’enfant, ainsi que l’adoption de lois interdisant les mutilations génitales féminines et d’autres textes portant sur la santé féminine.  Ces textes permettent une protection effective de la femme et le renforcement de leurs droits, a-t-elle souligné.  Elle a également mis l’accent sur le plan d’action politique national de l’égalité et de l’équité du genre qui, a-t-elle souligné, va permettre d’obtenir des résultats à moyen terme dans ce domaine, notamment en offrant aux femmes un accès aux services de base tels que l’eau, l’agriculture, la pêche et l’éducation.  Elle a aussi expliqué que des centres pilotes avaient été créés dans le pays afin de permettre aux femmes d’accéder à la justice.  Par ailleurs, dans le but d’augmenter la représentation des femmes dans tous les processus de prise de décisions, le Gouvernement de la Guinée-Bissau a mis en place une plateforme des femmes, a-t-elle conclu.


Mme LIINA KANTER, Directrice du Département pour l’égalité entre les sexes du Ministère des affaires sociales de l’Estonie, a indiqué qu’en 2011, le Parlement avait engagé le Gouvernement estonien à préparer un plan d’action pour réduire l’écart salarial hommes/femmes.  Un plan d’action a par ailleurs été mis sur pied pour combattre la violence domestique, lequel a permis d’adopter une approche mieux coordonnée en matière de prévention.  Mme Kanter a ensuite indiqué que même si seulement 20% de la population estonienne vit dans des villages, des programmes ont été créés pour souligner l’attrait de la vie rurale.  De plus, le Plan estonien pour le développement rural 2007-2013 dispose de marqueurs pour promouvoir l’égalité entre les sexes, ceci notamment dans le domaine de l’emploi.  Mme Kanter a ensuite passé en revue les activités internationales de l’Estonie qui ciblent la promotion du droit des femmes, en Afghanistan et en Géorgie notamment.


Mme LUCIA ZACHARIASOVA, Directrice de l’Unité pour l’égalité entre les sexes du Ministère du travail et des affaires sociales de la République tchèque, a indiqué que son gouvernement accordait une attention particulière à la formation professionnelle des femmes, notamment celles vivant en milieu rural ou qui ont connu une longue période d’inactivité sur le marché du travail.  Elle a souligné l’importance de réconcilier les vies professionnelles et familiales et a expliqué que la distribution d’allocations parentales avait été modifiée de manière à permettre aux parents d’enfants en bas âge de reprendre plus rapidement leur activité professionnelle.  Mme Zachariasova a ensuite indiqué que l’égalité de l’accès à l’éducation et à la formation permettait aux femmes rurales de pleinement participer à la marche de la société.  Elle s’est enorgueillie du fait que le nombre de femmes tchèques vivant dans la pauvreté était en deçà de la moyenne européenne, observant néanmoins que des défis persistaient et que les femmes étaient plus susceptibles d’être victimes de pauvreté que les hommes.  La représentante a ensuite fait savoir que le Gouvernement tchèque s’était engagé, en 2010, à présenter la Charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale aux représentants des différents villages et villes du pays.


Mme POLOTU FAKAFANUA-PAUNGA (Tonga) a précisé que son gouvernement, qui est en place depuis décembre 2010, était le premier à avoir été élu démocratiquement dans le pays.  Ce nouveau Gouvernement a désigné une femme ministre de l’éducation, des affaires féminines et de la culture et a mis en place un cadre de développement stratégique pour la période 2010-2014, avec neuf axes principaux dont l’émancipation de la femme et une nouvelle formulation de programmes de développement rural et des communautés locales.  Le Gouvernement de Tonga prévoit aussi, a indiqué sa représentante, la création d’un schéma de protection sociale en faveur des plus vulnérables.  Le 7 mars prochain, il lancera une étude nationale sur la violence conjugale.  Pour faire face aux conséquences dévastatrices des changements climatiques, Tonga a également établi le Plan national d’action sur les changements climatiques et la gestion des risques pour la période 2005-2015, en application du Plan d’action de gestion et de réduction des risques du Pacifique et des îles du Pacifique. 


Mme DEB MORAN, Directrice des politiques au Ministère de la femme de la Nouvelle-Zélande, s’est réjouie, en tant que membre du Conseil d’administration d’ONU-Femmes en 2012, de l’année de coopération à venir pour faire progresser le sort des femmes.  Elle a estimé qu’il fallait toutefois accroître les attentes et trouver des moyens pour avancer de manière plus efficace.  S’agissant des femmes rurales en Nouvelle-Zélande, elle a souligné les changements observés au cours des dernières années dans leur rôle.  Dans de nombreuses communautés rurales, les femmes sont à présent agricultrices, deviennent des entrepreneures indépendantes ou mettent en place des entreprises en vue d’exporter leurs produits.  Elle a toutefois noté que ces dernières effectuaient aussi de nombreuses tâches non rémunérées, davantage que leurs homologues vivant dans les villes.  Elle a noté que son gouvernement soutenait l’accès aux services de santé, à l’éducation, ainsi qu’aux technologies pour ces femmes, y compris pour les femmes maories sur lesquelles il a particulièrement mis l’accent.  Mme Moran a souligné qu’un long chemin restait à parcourir et que certaines problématiques spécifiques devaient être prises en compte pour ces femmes rurales, notamment leur isolement géographique et le besoin de respecter la confidentialité quant elles sont notamment victimes de violences.  Ceci peut être difficile à garantir dans des communautés closes et restreintes, a-t-elle reconnu.


Mme MAZAL RENFORD, Directrice du Centre de formation international du MASHAV d’Israël, s’est enorgueillie du fait qu’Israël avait été le troisième pays du monde à avoir une femme Premier Ministre, Golda Meir, qui a créé l’Agence israélienne pour le développement (MASHAV).  Elle a observé que les femmes agricultrices faisaient face à un grand nombre de discriminations et a plaidé pour qu’elles obtiennent un accès égal aux ressources.  Cela équivaudrait à mettre un terme à la faim et à la malnutrition, a-t-elle souligné.  Elle a ensuite évoqué les programmes israéliens venant en appui aux capacités de certains pays en développement.  Un projet lancé au Sénégal a par exemple permis à des familles d’agriculteurs d’augmenter le rendement de leurs récoltes, s’est félicitée Mme Renford.


Mme MONIKA KSIENIEWICZ (Pologne) a affirmé que son gouvernement avait pris un certain nombre d’initiatives pour réduire les disparités qui touchent les femmes rurales et accroître leurs opportunités.  En raison notamment du manque d’études complètes sur les femmes dans l’agriculture et en milieu rural, le Ministère de l’agriculture et du développement rural polonais a mis sur pied un projet de recherche au plan national intitulé: « La situation des femmes dans l’agriculture et les zones rurales: spécificités, normes, quotas et attentes ».  Ce projet, a-t-elle dit, vise à disposer de la connaissance suffisante concernant les niveaux de vie et les attentes des femmes rurales en Pologne, à identifier leurs besoins et les obstacles importants qu’elles rencontrent dans leur vie sociale et professionnelle.  Sur la base de cette étude, des propositions seront faites en vue de mettre en œuvre des mesures ciblées sur les besoins des femmes dans le cadre de la nouvelle perspective financière de la politique agricole commune européenne, a-t-elle expliqué.


Mme Ksieniewicz a souligné que le rôle des femmes en milieu rural était un sujet interdisciplinaire qui engageait plusieurs organes gouvernementaux, dont le Ministère du travail et des politiques sociales, lequel a élaboré un programme d’appui aux femmes rurales en Pologne dans le but de faire émerger des dirigeants locaux.  Les participants à ce programme comprenaient 90% de femmes.


Mme YANIRA KUPER, Membre du Comité national de la Fédération des femmes cubaines, s’est dite convaincue que les progrès réalisés par ONU-Femmes profiteraient à l’ensemble des femmes.  Notant que la communauté internationale vivait une époque critique où les guerres entravent les progrès de l’humanité, elle a rappelé que les femmes subissaient plus cruellement les effets des conflits, ainsi que la faim et la pauvreté, et ce, en particulier dans les zones rurales.  Elle a fait remarquer que, d’après le rapport 2011 sur la pauvreté rurale, 1 milliard 400 millions de personnes vivent toujours dans une situation de pauvreté extrême.  Elle a ensuite estimé que les engagements pris à Beijing ne sont pas pleinement appliqués et a mis l’accent sur la volonté politique et les ressources nécessaires à la réalisation des objectifs fixés.


S’agissant de la situation de Cuba, elle s’est félicitée de plusieurs progrès enregistrés en faveur des femmes, malgré le blocus financier et commercial imposé par le Gouvernement des États-Unis.  Elle a expliqué que son pays avait ainsi pu assurer l’égalité des salaires entre hommes et femmes, assurer la présence des femmes au Conseil d’État et faire en sorte que les femmes rurales jouissent des mêmes droits que celles vivant dans les villes en matière d’éducation, de formation et de maternité.  Elle a précisé que 10 000 femmes étaient à présent propriétaires terriennes, ce qui favorise la production d’aliments.  Elle a conclu en soulignant qu’il n’y avait plus, à Cuba, de discrimination à l’égard des femmes rurales, mais qu’il restait encore beaucoup de défis à relever pour atteindre une égalité complète entre hommes et femmes. 


M. MIGUEL CAMILO RUIZ (Colombie) a indiqué que le Gouvernement colombien était en train d’élaborer une politique publique nationale pour l’égalité entre les femmes et les hommes.  Il a également fait savoir qu’en 2010, une loi avait été adoptée qui reconnait la contribution du travail non rémunéré des femmes au développement social et économique, suivie, en 2011 de l’adoption d’une loi sur la restitution des terres aux femmes après un conflit armé.  M. Ruiz a ensuite passé en revue différentes avancées réalisées par le Gouvernement de la Colombie dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la représentation politique des femmes, entre autres.


Il a par ailleurs expliqué que les femmes représentaient 43% des habitants des zones rurales, et que 34% d’entre elles participent à des activités productrices.  Mais seules 23% d’entre elles sont rémunérées, soit en argent soit d’une autre manière.  Qui plus est, 61% des femmes rurales vivent dans la pauvreté, a-t-il déploré.  M. Ruiz a également indiqué que les conflits armés en zone rurale avaient eu un impact considérable sur la vie des femmes à cause de l’éclatement des familles, des déplacements forcés, de l’abandon de leur propriété, mais encore des actes de violence dirigés contre elles.  Il a précisé que la politique de restitution de terres après des périodes de violence considère les femmes rurales comme des chefs de file du développement local et du processus de modernisation des zones rurales.


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) a souligné l’importance du travail agricole pour ensuite évoquer nombre des défis que connaissent les femmes rurales, notamment les mariages précoces, le travail non rémunéré et le manque d’accès aux services, sans compter la pauvreté.  Il a indiqué que le Chili avait l’intention de renforcer sa réglementation en matière d’attribution des titres de propriété foncière rurale et qu’un projet de loi vise par ailleurs à créer des registres de travailleurs agricoles temporaires. 


M. RAYMOND LANDVELD (Suriname) a reconnu le rôle important que jouent les femmes dans la vie socioéconomique.  C’est la raison pour laquelle dans le Plan de développement 2012-2016, le Gouvernement du Suriname s’est engagé à accorder une grande attention aux questions de parité et reconnaît la nécessité d’améliorer la situation des femmes rurales, a-t-il souligné.  Dans ce contexte, il s’est félicité du fait que, pour la première fois, une femme rurale ait été élue à un poste de responsabilité au niveau d’un gouvernement local au Suriname.  Il a souligné que le Ministère de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage avait établi des centres de développement dans tout le pays, afin de former les ressortissants des communautés locales, en particulier les femmes, « car celles-ci sont les plus importantes productrices », a-t-il précisé.  Il a souligné que ces centres travaillaient notamment à faciliter l’accès au crédit et formaient les femmes à la création d’entreprises.  Des formations agricoles ont ainsi été dispensées dans les districts de Para, de Coronie et de Nickerie, a-t-il poursuivi.  Il a salué le rôle joué par les ONG dans la sensibilisation aux questions d’égalité des sexes dans son pays et a précisé que le plan national surinamien visait à renforcer les capacités de ces organisations.     


Mme JACQUELINE LOFULO WAYELA, Secrétaire générale au Ministère du genre, de la famille et de l’enfant de la République démocratique du Congo, a fait observer que, dans certaines régions de son pays, les femmes travaillent à 75% la terre mais ne peuvent pas la posséder ou y avoir droit de succession.  Elle a noté que le Gouvernement avait, dans sa politique nationale du genre, adopté plusieurs objectifs de réduction du temps et de la corvée des tâches domestiques, ainsi que des stratégies pour accroître les rendements, la productivité et la qualité des productions réalisées par les femmes.  D’autres objectifs concernent la lutte contre les violences basées sur le genre ainsi que la lutte contre la mortalité maternelle et infantile, a-t-elle poursuivi.  Elle a ensuite évoqué la création de plusieurs structures de mise en œuvre de cette politique, notamment l’Agence de lutte contre les violences faites à la femme, et le Fonds national pour la promotion de la femme et la protection de l’enfant. 


Mme Wayela a aussi précisé que les stratégies de son gouvernement à l’égard du monde rural visaient, entre autres, à mettre en place des caisses populaires, des mutuelles, des coopératives de microcrédit et des institutions de microfinance.  Les principales actions à développer en faveur des femmes rurales doivent viser le développement de technologies et le renforcement de leur accès aux ressources énergétiques, ainsi qu’au renforcement de leur participation à tous les secteurs d’activité, a dit la représentante.  Elle a conclu en disant que les femmes congolaises étaient en faveur de la paix et non de la guerre ou des violences basées sur le sexe.


M. ANASTASSIS MITSIALIS (Grèce) a estimé qu’afin que les femmes rurales deviennent des agents du changement et du développement, elles devaient recevoir une éducation de qualité dès le plus jeune âge.  Il a également mis l’accent sur la nécessité d’appuyer leur participation aux associations paysannes et leurs activités entrepreneuriales par l’intermédiaire de mécanismes de financement novateurs.  Le représentant a ensuite indiqué que le Gouvernement grec encourageait les activités entrepreneuriales des femmes rurales et favorisait leur accès au marché du travail.  Il a cependant indiqué que les efforts déployés étaient compromis par la crise qui traverse la zone euro, et notamment la Grèce.  L’autonomisation économique des femmes, a-t-il souligné, est un élément impératif pour réaliser une croissance économique durable.


M. Mitsialis a poursuivi son intervention en insistant sur l’importance d’impliquer les jeunes et de combattre les stéréotypes véhiculés par les médias.  Il a également parlé de la représentation des femmes en politique, y voyant un facteur déterminant pour répondre aux défis qu’elles rencontrent, notamment en ce qui concerne l’augmentation de la violence à leur encontre.


M. MOHAMED ERFANI AYOOB (Afghanistan) a indiqué que 85% de la population afghane dépendaient de l’agriculture, secteur dans lequel travaillent en majorité les femmes rurales.  Il a évoqué les efforts déployés par le Gouvernement intérimaire afghan pour faire respecter les droits des femmes, notamment l’adoption de six objectifs clefs en matière de santé, d’éducation, d’emploi, de participation politique et d’accès à la justice.  Le pays s’est doté d’un plan d’action décennal pour la femme afghane, qui fournit un cadre commun pour le Gouvernement, la communauté internationale et le secteur privé, a-t-il ajouté.  M. Ayoob a ensuite indiqué que le Gouvernement avait lancé plusieurs initiatives pour autonomiser les femmes rurales par l’intermédiaire du Ministère pour la reconstruction et le développement rural.  Le Programme de solidarité nationale a par ailleurs permis une importante participation des femmes rurales au processus de prise de décisions, et il est estimé que plus de 30% de femmes profiteront du programme national d’accès rural qui entend faciliter l’accès aux services dans les zones rurales.  Le représentant a également fait savoir que l’Afghanistan disposait d’un système de microfinancement.


M. WILFRIED I. EMVULA (Namibie) a indiqué que son gouvernement avait lancé la Décennie de la femme africaine, laquelle accorde une attention particulière aux problèmes de la violence, des grossesses précoces, du chômage, de la mortalité maternelle et du VIH/sida, sans oublier la représentation politique des femmes.  Une association commerciale de femmes est en train d’être mise sur pied en Namibie et le Gouvernement appuie par ailleurs la participation des femmes rurales aux foires commerciales, tant aux niveaux national, sous-régional, qu’international, a dit M. Emvula.  Le représentant a également expliqué que le Gouvernement namibien gérait un programme d’octroi de crédit qui appuie les idées novatrices génératrices de revenus.  Un programme de réformes agraires a par ailleurs profité à 28% de femmes et ces dernières ont également accès à des activités génératrices de revenus dans les domaines du jardinage, de l’aquaculture, de l’extraction minière à petite échelle et de la gestion des ressources.  M. Emvula a ensuite signalé que les femmes assumaient une charge disproportionnée de la responsabilité d’aider les victimes du VIH/sida, ce qui diminuait leurs perspectives de participation à des programmes de développement socioéconomique.


Mme GRETA GUNNARSDOTTIR (Islande) a fait remarquer que son pays était, pour la troisième année consécutive, au sommet de l’indice sur l’égalité entre les sexes publié par le Forum économique mondial.  Le Gouvernement islandais, qui a pour la première fois à sa tête une femme Premier Ministre, a également incorporé dans ses politiques une budgétisation sexospécifique, a-t-elle souligné.  De nombreux progrès ont également été enregistrés dans le domaine de la lutte contre la violence sexuelle, notamment grâce à l’appui de l’ONG « Stigamot », qui a établit un centre d’accueil et d’aide aux victimes de ces violences, ainsi qu’aux victimes de la traite des êtres humains.  La représentante a cependant noté que des défis persistaient, ainsi que des inégalités en matière de parité dans le secteur privé et qu’à cette fin, le Parlement avait adopté une législation imposant au moins 40% de femmes dans les conseils d’administration d’ici à la fin 2013.  S’agissant des femmes rurales, elle a considéré qu’un accès équitable à l’éducation et aux ressources, ainsi que la capacité de contrôler leur reproduction, étaient des éléments fondamentaux de leur autonomisation.  


M. THOMASLAMBERT (Belgique) s’est félicité du thème prioritaire de cette cinquante-sixième session et s’est dit convaincu qu’une approche complète de l’autonomisation des femmes rurales était indispensable à la lutte contre la faim et la pauvreté.  Il a souligné qu’en 2011, l’autonomisation des femmes rurales avait été le quatrième pilier de la stratégie belge en matière de coopération au développement, qui a été centrée sur l’agriculture et la sécurité alimentaire.  Il a ajouté que la Belgique était, par ailleurs, en train d’augmenter la part de l’agriculture dans son aide publique au développement (APD) pour la porter à 15% de cette APD d’ici à 2015.  Il a réaffirmé que les femmes rurales demeureraient parmi les priorités des actions.  


S’agissant des progrès réalisés au niveau national, le représentant de la Belgique a rappelé que l’un des défis avait concerné la sous-représentation des femmes à des fonctions exécutives et de direction.  Il a expliqué que son pays avait enregistré d’énormes progrès à cet égard en adoptant notamment une loi qui introduit des quotas pour leur assurer une présence dans les conseils d’administration des sociétés: 1 siège sur 3, a-t-il précisé.  Comme dans plusieurs pays européens, l’un des enjeux concernait aussi les écarts de salaires entre hommes et femmes, a-t-il poursuivi, notant que cette question avait constitué la priorité du Centre pour l’égalité entre hommes et femmes.  Il a ensuite cité plusieurs autres avancées en matière d’égalité de sexes ou de lutte contre les discriminations basées sur le sexe.  Il a notamment cité l’exemple du Plan d’action 2010-2014 de lutte contre la violence entre partenaires et contre toute forme de violence domestique, dont la portée a été élargie afin d’inclure de nouvelles formes de violence, telles que le mariage forcé, le crime d’honneur ou les mutilations génitales. 


Mme MADINA JARBUSSYNOVA (Kazakhstan) a indiqué que le programme de développement des zones rurales de son pays ciblait la modernisation, la lutte contre la pauvreté et l’assistance sociale.  La participation politique des femmes rurales ainsi que leur accès aux soins de santé sont également privilégiés, a-t-elle ajouté.  Le Kazakhstan dispose de cliniques mobiles pour répondre à l’absence de services de santé de qualité dans les campagnes, et il est prévu d’acheter 16 hélicoptères pour intervenir dans les situations d’urgence.  Elle a observé que l’éducation en milieu rural laissait à désirer et a expliqué que le Gouvernement kazakh avait lancé différentes initiatives pour assurer la bonne qualité de la formation qui y est dispensée.  Il est également prévu d’élargir les perspectives d’emploi pour les femmes dans le secteur agricole.  La représentante a ensuite cité les mérites du microcrédit dont bénéficient les femmes et qui leur permet d’acquérir des terres et de se lancer dans la création de microentreprises.  L’accès à l’Internet en zone rurale devrait par ailleurs favoriser l’obtention d’un emploi en zone rurale, a-t-elle estimé.


M. JOSEPH GODDARD (Barbade) a indiqué que l’initiative « Femme entrepreneurs » de la Barbade avait été remise sur pied afin de fournir une formation et des perspectives aux femmes créatrices de microentreprises.  Une politique de tolérance zéro est maintenue à l’égard de la violence domestique, et une enquête nationale a été déployée pour mesurer l’ampleur du phénomène dans le pays et la législation en la matière sera révisée, a indiqué M. Goddard.  Le représentant a également indiqué que la traite des êtres humains était punie au pénal.  En matière de santé, un programme de sensibilisation met l’accent sur l’aspect genre de la pandémie de VIH/sida, ainsi que sur la corrélation entre la violence sexiste et cette maladie.


M. JOSÉ ANTONIO DOS SANTOS (Paraguay) a constaté que son pays avait atteint un changement de paradigme dans sa politique nationale en faveur de l’égalité et que de bons résultats avaient été réalisés grâce à des stratégies qui ont principalement ciblé des secteurs traditionnellement « invisibles », comme le travail domestique, l’emploi en zone rurale et l’artisanat.  Il a ajouté que les efforts du Gouvernement paraguayen s’étaient aussi concentrés sur la professionnalisation des femmes, ainsi que sur leur accès aux services de base.  Il a aussi fait part de l’initiative baptisée « SOS Femmes », à savoir une ligne téléphonique accessible 24 heures sur 24 aux victimes de violences sexuelles ou domestiques.  Rappelant la nécessité d’assurer le fonctionnement des mécanismes mis en place au niveau national en faveur de la lutte contre la faim et la pauvreté, il a appelé l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à fournir à son pays des conseils basés sur l’expérience acquise dans la région.


M. CHRISTOPHER GRIMA (Malte) a évoqué l’existence à Malte de la Commission nationale pour la promotion de l’égalité qui cible en premier lieu la parité dans le domaine de l’emploi en encourageant les employeurs à promouvoir l’égalité des chances et des traitements entre hommes et femmes.  Le plan de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale met l’accent sur l’inclusion sociale des enfants et des jeunes, l’emploi et l’égalité des chances, a dit M. Grima.  Il a également parlé des services de soins qu’octroie Malte, en précisant que son gouvernement était convaincu que les enfants « non-nés » auraient dû jouir également du droit à la vie et que ceux en conception devaient donc être protégés.


M. VLADIMIR TRUBIN (Fédération de Russie) a expliqué que les femmes rurales russes représentaient une tranche active de la société.  Une loi fédérale sur le développement de l’agriculture et le plan de développement à long terme de la Fédération de Russie les ciblent en particulier.  Il s’est félicité du fait que dans son pays, un chef d’entreprise sur trois était une femme et la qualité de vie s’est beaucoup améliorée dans les zones rurales.  Le secteur de la santé profite d’allocations gouvernementales, et le réseau d’associations des femmes rurales russes est actif, a-t-il par ailleurs fait savoir.  M. Trubin a ensuite estimé qu’ONU-Femmes devait être un mécanisme professionnel administratif complet capable de s’adapter en fonction des tâches qui lui sont assignées.


M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a indiqué que pour accroître l’émancipation et l’indépendance économiques des femmes rurales, l’Agence de développement de son pays appuie plusieurs projets dont un centre pour les femmes rurales au Zimbabwe.  Le représentant a aussi parlé de la violence sexiste à laquelle, a-t-il estimé, les femmes rurales sont particulièrement vulnérables compte tenu de leur accès limité à la justice par rapport aux femmes urbaines.  Il s’est donc félicité des projets pionniers comme l’Unité des personnes vulnérables que la Police des Nations Unies a mise en place au Timor-Leste. 


Actives au niveau de leur communauté, les femmes rurales, a poursuivi le représentant, sont exclues des processus de rédaction des lois et des constitutions.  Les États doivent tout faire pour relayer la voix de ces femmes dans les capitales, a-t-il dit, avant de se féliciter de ce que ONU-Femmes ait fait de la participation politique des femmes, une de ses priorités de l’année 2012.  Pour appuyer les efforts du Conseil de sécurité visant à intégrer dans tous les efforts la thématique « femmes, paix et sécurité », le Liechtenstein, a rappelé le représentant, a organisé, du 28 au 30 janvier 2012, un atelier sur l’intégration de cette thématique en Afghanistan.  Il a annoncé que les résultats de cet atelier seront présentés le 29 mars prochain, ici même au Siège de l’ONU, à New York.


M. KANYA KHAMMOUNGKHOUN (République démocratique populaire lao) a indiqué que les femmes représentaient 25% des 115 parlementaires du pays.  Les Laotiennes peuvent faire figurer leur nom à côté de celui de leurs époux sur les titres de propriété, garder leur nom de jeune fille après le mariage et jouir de leur droit à l’héritage.  Le taux de filles scolarisées est passé de 81,2% en 2005 à 90,4% en 2009.  Le représentant a également indiqué qu’un projet pilote avait été lancé pour assurer la gratuité des accouchements dans les hôpitaux centraux et qu’il était prévu de l’étendre aux niveaux provincial et local.  M. Khammoungkhoun a ensuite fait savoir que la deuxième stratégie nationale pour l’avancement de la femme 2011-2015 avait été adoptée, mais que le Gouvernement devait disposer de suffisamment de ressources financières et matérielles pour assurer sa mise en œuvre effective.


Mme HELEN BECK (Iles Salomon) a expliqué que 80% de la population de l’archipel vivaient dans des zones rurales, dont une grande majorité de femmes.  Elle a regretté que celles-ci ne puissent pas encore prendre part aux processus de prise de décisions sur des questions qui les concernent directement.  Elle a souligné que la violence à l’égard des femmes était l’une des préoccupations nationales majeures et que des activités de sensibilisation étaient orientées, à cet égard, vers les communautés rurales.  Elle a ensuite fait remarquer que les phénomènes climatiques et la fréquence des catastrophes naturelles avaient augmenté et représentaient des défis supplémentaires pour les droits des femmes rurales.  Elle a appelé la communauté internationale à une réduction des émissions de gaz à effet de serre pour protéger l’autonomisation de ces femmes.


M. ARAYA DESTA (Érythrée) a fait remarquer que les femmes avaient représenté 30% des rangs de l’Armée de libération de l’Érythrée durant la lutte pour l’indépendance du pays et que, pour cette raison, la question des femmes occupait une place de premier plan dans la société.  Il a précisé que pour accroître l’autonomisation des femmes rurales en Érythrée, les politiques macroéconomiques avaient été axées sur l’amélioration des services sociaux et de la santé dans les communautés rurales.  Le Gouvernement est ainsi parvenu à réduire la mortalité maternelle dans les villages.  Rappelant que 80% des accouchements en milieu rural avaient lieu sans l’assistance d’un médecin ou d’une sage-femme, il a expliqué que le Gouvernement érythréen avait mis l’accent sur la formation des mères et des sages-femmes traditionnelles, afin de les préparer aux accouchements difficiles.  Ces initiatives ont été couronnées de succès et ont permis à l’Érythrée d’atteindre l’objectif 5 des OMD en faveur de la santé maternelle, s’est-il félicité.  En ce qui concerne l’éducation, il a rappelé que la majorité des communautés rurales étaient nomades et a cité un projet de construction d’écoles, ainsi qu’un projet de 100 écoles mobiles qui a augmenté la participation des jeunes filles aux activités scolaires. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: Ban Ki-moon appelle les États à parler « d’une seule voix claire et forte » face à la situation en Syrie et à appuyer « dans l’unité » l’Envoyé spécial, M. Kofi Annan

AG/11210

Assemblée générale: Ban Ki-moon appelle les États à parler « d’une seule voix claire et forte » face à la situation en Syrie et à appuyer « dans l’unité » l’Envoyé spécial, M. Kofi Annan

02/03/2012
Assemblée généraleAG/11210
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

99e séance plénière – après-midi


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: BAN KI-MOON APPELLE LES ÉTATS À PARLER « D’UNE SEULE VOIX CLAIRE ET FORTE » FACE

À LA SITUATION EN SYRIE ET À APPUYER « DANS L’UNITÉ » L’ENVOYÉ SPÉCIAL, M. KOFI ANNAN


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a appelé aujourd’hui l’Assemblée générale à parler d’une « seule voix claire et forte » pour obtenir des autorités syriennes et de toutes les autres parties qu’elles mettent fin à la violence.  M. Ban Ki-moon, qui informait l’Assemblée générale de l’évolution de la crise, a tranché: « la voie vers une solution pacifique est difficile mais claire ».  Cette voie, a-t-il précisé, passe par l’arrêt immédiat des tueries et de la violence, l’accès des agents humanitaires et la tenue d’un dialogue politique entre tous les acteurs syriens.


Le Secrétaire général, qui a dit non à la militarisation de l’opposition syrienne, a prévenu que l’Envoyé spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue des États arabes, M. Kofi Annan, aura besoin de l’appui unifié de toute la communauté internationale.


M. Ban Ki-moon a annoncé que l’Envoyé spécial a quitté New York ce matin même après avoir consulté, pendant deux jours, les États Membres, dont ceux du Conseil de sécurité et de la Ligue arabe ainsi que les représentants de la Mission permanente de la Syrie auprès des Nations Unies et d’autres parties prenantes.  M. Annan doit se rendre, la semaine prochaine, au Caire pour des consultations avec le Secrétaire général de la Ligue des États arabes et dans d’autres capitales dont Damas. 


« Il est important que la communauté internationale ne garde qu’une seule voie de médiation », a averti le Secrétaire général qui s’entretiendra aussi, la semaine prochaine à Londres, avec son homologue de la Ligue arabe. 


La partialité du Secrétaire général est inquiétante pour le Gouvernement syrien, a commenté le représentant de la Syrie, M. Bashar Ja’afari, qui a vu une position de nature à favoriser la tension plutôt que l’apaisement.  Comment l’ONU peut-elle tenir un discours aussi violent à l’égard de la Syrie et dépêcher, dans le même temps, un Envoyé spécial en mission de bons offices? s’est étonné le représentant.


Il s’est également dit surpris que le Secrétaire général aujourd’hui et son adjoint aux affaires politiques, il y a deux jours, aient oublié de mentionner la mise en œuvre en Syrie d’un programme national de réformes et l’adoption d’une nouvelle Constitution qui proclame l’avènement d’un État démocratique. 


Pour le représentant de l’Arabie saoudite, rien n’a changé depuis le début de la crise.  La solution doit émaner d’une unité nationale qui inclue tous les segments du peuple syrien, en plus du déploiement de forces conjointes de l’ONU pour maintenir la sécurité et la paix en Syrie.  Pourquoi s’arrêter en si bon chemin, a ironisé le représentant de la Syrie dans son droit de réponse.  Pourquoi ne pas prôner un plan sur la démocratie pour l’ensemble des États Membres de l’Organisation de la coopération islamique? 


Le représentant de l’Égypte, M. Maged Abdelaziz, a espéré que la Syrie finira par réaliser la gravité de la situation car nous sommes devant un problème de souffrances d’une population civile et d’un État qui nie ce qui se passe.  Son homologue de l’Iran, M. Mohammed Khazaee, a exhorté tous les États à cesser les provocations comme les appels au changement de régime et les incitations à la révolte armée, et à appuyer plutôt le travail de M. Kofi Annan. 



PRÉVENTION DES CONFLITS ARMÉS


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a d’emblée promis à l’Assemblée générale de l’informer régulièrement compte tenu de la gravité des faits.  Nous avons, a-t-il dit, suivi la situation en Syrie, avec une inquiétude croissante.  Nous avons vu des tirs d’artillerie lourde, des tanks se diriger vers des quartiers très peuplés et, hier, une attaque foudroyante sur la ville de Homs. 


Les pertes en vies humaines sont lourdes et nous continuons à recevoir des informations sur des exécutions sommaires, des détentions arbitraires et des cas de torture.  À Homs et à Hama, entre autres, des combats brutaux ont piégé la population.  Ces attaques « atroces » sont d’autant plus horribles qu’elles sont menées systématiquement par le Gouvernement contre sa propre population. 


Se félicitant de la déclaration « claire et forte » que le Conseil de sécurité a rendue publique hier, et de la position du Conseil des droits de l’homme, le Secrétaire général s’est dit déçu que la Coordonnatrice des secours d’urgence, Mme Valerie Amos, n’ait pu se rendre en Syrie malgré les multiples promesses.  Aujourd’hui, des équipes du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de la Société syrienne du Croissant-Rouge ont été autorisées à pénétrer à Homs mais elles attendent toujours un accès à Bab Amr.


Le Secrétaire général a annoncé que l’Envoyé spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue des États arabes, M. Kofi Annan, quitte New York ce soir.  Pendant son séjour de deux jours, il a consulté les États Membres, dont ceux du Conseil de sécurité et de la Ligue des États arabes ainsi que les représentants de la Mission syrienne et d’autres parties prenantes.  Il doit se rendre, la semaine prochaine, au Caire pour des consultations avec le Secrétaire général de la Ligue des États arabes et dans d’autres capitales dont Damas. 


M. Ban a aussi annoncé que le Secrétariat de l’ONU a reçu hier la réponse de la Mission syrienne à la note verbale lui demandant des réponses aux exigences claires de la résolution 66/253 de l’Assemblée générale.  Quant aux informations sur ce que font exactement les pays de la Ligue arabe pour appuyer leur Initiative, le Secrétaire général a indiqué qu’il devrait s’entretenir, la semaine prochaine à Londres, avec le Secrétaire général de la Ligue à qui il a encore parlé hier. 


M. Ban s’est voulu clair: la puissance de feu de l’opposition syrienne est de loin inférieure aux armes lourdes de l’armée syrienne.  Il a reconnu que des groupes extrémistes ont abusé de la situation pour mener des attaques, en particulier à Damas et à Alep. 


Mais, a-t-il poursuivi, des sources crédibles laissent entendre que depuis le mois de mars, plus de 7 500 personnes auraient perdu la vie, dont des femmes et des enfants.  Dans de nombreux cas, le nombre de morts par jour a dépassé la centaine.  Celui des réfugiés s’établit désormais à 25 000 et celui des personnes déplacées entre 100 000 et 200 000.


Après s’être attardé sur les nombreuses violations des droits de l’homme, le Secrétaire général a dit: « nous devons faire ce qui est en notre pouvoir pour mettre fin à la crise.  Nous devons encourager une transition conduite par les Syriens eux-mêmes vers un système politique démocratique et pluraliste ». Malheureusement, a souligné le Secrétaire général, la communauté internationale a échoué jusqu’ici et son action ou plutôt son inaction semble avoir encouragé les autorités syriennes à réprimer brutalement son peuple. 


La militarisation de l’opposition n’est pas non plus la solution, a tranché le Secrétaire général.  La communauté internationale, a-t-il préconisé, doit recouvrer de toute urgence son unité pour presser les autorités syriennes et toutes les autres parties de mettre fin à la violence.  D’une même voix, a-t-il ajouté, elle doit insister pour que les autorités syriennes ouvrent l’accès aux agents humanitaires comme une première étape essentielle vers une solution pacifique. 


C’est dans cet esprit et dans ce but que l’Envoyé spécial a été nommé, pour travailler à la fin de la violence et des violations des droits de l’homme et promouvoir une issue pacifique à la crise, a précisé le Secrétaire général.  Il est important que la communauté internationale ne garde qu’une seule voie de médiation.  Dans ce contexte, il a cité la réunion des « Amis du peuple syrien » qui vient de se dérouler à Tunis où étaient représentés 65 pays et organisations. 


La voie vers une solution pacifique à la crise syrienne est « difficile mais claire »: l’arrêt immédiat des tueries et de la violence, l’accès des agents humanitaires et la tenue d’un dialogue politique entre tous acteurs syriens.  À cet égard, l’Envoyé spécial conjoint aura besoin de l’appui de toute la communauté internationale qui doit parler d’une seule voix « claire et forte ». 


La poursuite de la violence, a prévenu le Secrétaire général, risque de plonger la Syrie dans une véritable guerre civile et dans un conflit communautaire qui hantera le pays pendant longtemps.


M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a jugé que la partialité de la présentation du Secrétaire général était inquiétante pour le Gouvernement syrien car de nature à augmenter la tension plutôt que de trouver des solutions.  Le représentant a estimé que la violence de ce discours confinait à la diffamation puisqu’il se base sur des rapports d’opposants qui séjournent dans des pays ouvertement opposés à la Syrie.  Cette situation, a-t-il dit, nous rappelle la mentalité dominante des années 50 à l’égard de pays considérés comme des républiques bananières.  M. Ja’afari a fustigé ce qu’il a appelé « une duplicité inexplicable de l’ONU ».  Il s’est demandé comment l’ONU pouvait concilier à la fois un discours violent à l’égard de la Syrie et envoyer M. Kofi Annan en mission de bons offices?  Comment oser prétendre que la Syrie s’est opposée à la visite de la Coordonnatrice des secours d’urgence, Mme Valerie Amos, alors que j’ai moi-même prévenu le Secrétariat que le Gouvernement syrien avait accepté sa visite en lui demandant de prévoir une date de visite, compte tenu des procédures diplomatiques. 


Le représentant s’est étonné du contenu de la déclaration du Conseil de sécurité qui s’appuie aussi sur de fausses allégations.  Il s’est dit attristé par la façon dont se sont comportés certains membres du Secrétariat et s’est dit surpris que le Secrétaire général déclare que la Syrie n’est pas en mesure de faire face à ses responsabilités en matière de protection de ses civils.  Prétendre que le Gouvernement syrien a failli à sa responsabilité cache de façon impardonnable de nombreuses données, a-t-il dit.  On oublie, a-t-il voulu rappeler, que plusieurs pays ont indiqué ouvertement leur intention de fournir des armes aux groupes d’opposition, que la Libye a promis 100 millions de dollars à l’opposition et que des éléments d’Al-Qaida ont été tués à Homs où se trouvent d’ailleurs de nombreux combattants étrangers. 


Où est le respect du droit, lorsque l’on ne tient pas compte de ces éléments? s’est interrogé le représentant.  Il s’est aussi étonné que le Secrétaire général ait mentionné la « force de frappe des opposants », en se demandant si d’autres gouvernements trouveraient légitimes que leur opposition soit armée.  Il s’est dit surpris de la partialité du Secrétariat de l’ONU qui est allé participer à un événement à Tunis, contraire à la légalité internationale car ouvertement hostile à un État Membre. 


Le représentant a aussi relevé que l’adoption de la résolution 66/253 était contraire aux procédures habituelles puisqu’elle a été rédigée et adoptée sans consultation préalable du pays concerné, en l’occurrence la Syrie.  Il a dénoncé la partialité des auteurs de ce texte qui ont refusé les amendements de la Fédération de Russie et d’autres pays, pour imposer une vision unilatérale et subjective, en contradiction avec la réalité de terrain.  Il a regretté que cette résolution ne tienne pas compte des efforts et initiatives de réformes syriens et de la présence sur le territoire de combattants étrangers.  Il a fustigé des sanctions injustes qui auront des incidences sur le bien-être de la population syrienne.  Il a estimé que les nombreux vices de procédure témoignaient de la partialité avec laquelle la Syrie est traitée.  Il a dénoncé la surdité et le silence complices des uns qui se conjuguent à la partialité des autres. 


Tout cela démontre que la pression est politique et n’a d’autre dessein que de servir les intérêts des ennemis de la Syrie, a-t-il dit, en ajoutant qu’on utilisait l’ONU pour agresser les droits de la Syrie. 


M. Ja’afari s’est étonné que le Secrétaire général aujourd’hui et le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, il y a deux jours, aient oublié de mentionner la mise en œuvre par la Syrie d’un programme national de réformes pour répondre aux aspirations légitimes du peuple et conclu par l’adoption d’une nouvelle Constitution qui proclame l’avènement d’un État syrien démocratique.  Je ne prétends pas qu’il n’y a pas de problème en Syrie, qu’il n’y a pas d’opposition et qu’il ne faut pas réformer, a dit le représentant syrien, en regrettant l’attitude de certains pays arabes qui poussent l’opposition à ne pas négocier, à ne pas déposer les armes alors que les États-Unis accueillent sur leur territoire les représentants de l’opposition armée. 


Le représentant syrien a déclaré que la majorité des armes découvertes lors de la prise d’Homs étaient d’origine israélienne, en souhaitant que l’ingérence humanitaire ne soit pas utilisée comme alibi pour détruire la Syrie, où la majorité de la population et du territoire vit dans de bonnes conditions.  La dégradation des services sociaux est le fait des groupes armés, a-t-il dit, avant d’accuser les auteurs de ce complot contre la souveraineté et l’intégrité de la Syrie d’être responsables de l’augmentation des violences, des tensions et de l’instabilité. 


En conclusion, il a exhorté la communauté internationale à venir en aide au Gouvernement et au peuple de la Syrie s’agissant des problèmes humanitaires dans certaines régions.  « Aidez la Syrie en vertu de la Charte de l’ONU et des principes du droit international, a-t-il insisté, avant d’appeler les médias à cesser de manipuler, de vendre et d’acheter une opposition syrienne patriote et honnête. 


M. ABDALLAH YAHYA A. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a indiqué que le Conseil de coopération des États arabes du Golfe (CCG) se félicite de la nomination de M. Kofi Annan en tant qu’Envoyé spécial conjoint.  Il a relevé que depuis l’échec du Conseil de sécurité à prendre une décision sur la situation en Syrie à cause de « la regrettable utilisation du veto par certains de ses membres », le régime syrien agit comme s’il avait reçu le feu vert pour écraser les citoyens syriens non armés et étouffer leur révolution.  Le régime syrien s’est en réalité engagé dans une course contre la montre pour accomplir sa tâche avant que la communauté internationale ne passe à l’action, a-t-il soupçonné.  Mais hier, a-t-il regretté, nous avons vu la communauté internationale échouer au test de conscience devant un nouveau Srebrenica, comme si elle n’avait rien appris du Rwanda, du Kosovo et de Gaza.


Le représentant a exhorté le Conseil de sécurité à assumer son rôle et ses responsabilités morales en appelant à faire cesser la violence et en prenant les moyens d’arrêter la machine à tuer syrienne et de sauver les civils pris au piège à Homs, Hama et dans toutes les villes syriennes.  Le Conseil doit aussi faire en sorte que la fourniture de l’aide médicale et humanitaire ne soit pas entravée, et doit assister M. Kofi Annan dans l’exécution de sa mission.  Le Conseil doit œuvrer en vue de parvenir à une solution politique qui garantisse aux Syriens une vie décente et la sécurité. 


La solution doit émaner d’une unité nationale qui inclue tous les segments du peuple syrien, en plus du déploiement de forces conjointes de l’ONU pour maintenir la sécurité et la paix en Syrie.  L’Arabie saoudite et le CCG sont prêts à appuyer les efforts visant à sauver le peuple syrien et à renforcer sa capacité à se protéger.  Nous tenons responsables la communauté internationale et le Conseil de sécurité, précisément ceux qui ont usé de leur droit de veto, de ce qui se passe actuellement dans les rues et dans les maisons de Bab Amr, a-t-il dit.


M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte) a déclaré que la situation en Syrie s’aggravait de jour en jour avec de graves conséquences politiques, économiques et sociales pour la Syrie et pour la région.  Il a appuyé la nomination de l’Envoyé spécial conjoint et a réaffirmé que la visite dans la région de M. Kofi Annan était en accord avec la résolution 66/253 de l’Assemblée générale et les décisions de la Ligue des États arabes.  Le représentant de l’Égypte a vivement contesté l’affirmation de son homologue syrien selon laquelle la Syrie n’était partie à aucune des négociations ayant abouti aux décisions de la Ligue des États arabes.  Il a rappelé que, l’année dernière, la Syrie ne s’était pas opposée à la décision de la Ligue arabe de suspendre la Libye.  La Syrie ne s’est pas non plus opposée à la résolution 1973 du Conseil de sécurité qui a imposé une zone d’exclusion aérienne en Libye.  La Syrie ne peut donc pas regretter aujourd’hui de n’avoir pu participer à des négociations.  Le représentant a appelé la Syrie à accueillir immédiatement la Coordonnatrice des secours d’urgence et des représentants d’organisations humanitaires, et a jugé indispensable d’établir un dialogue entre tous les Syriens, y compris ceux de l’opposition qu’ils soient en Syrie ou à l’extérieur.


Tout en reconnaissant que la militarisation de l’opposition ne pourra qu’aggraver la situation, M. Abdelaziz a exhorté le Gouvernement syrien à ne pas voir l’inaction de la communauté internationale comme une invitation à poursuivre les violences.  Le rapport oral du Secrétaire général, a-t-il estimé, constitue une description claire de la situation sur le terrain.  Le problème n’est pas de savoir qui tue mais de reconnaître que des civils innocents meurent chaque jour en Syrie.  Le seul malheur de ces civils est de vivre dans un pays qui ne respecte ni la vie ni les droits de sa population.  Il a espéré que la Syrie finira par réaliser la gravité de la situation car nous sommes devant un problème de souffrances d’une population civile et d’un État qui nie ce qui se passe.  Il a souhaité continuer d’être informé par le Secrétaire général de la mise en œuvre de la résolution 66/253 et de la mission de l’Envoyé spécial conjoint.    


M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) s’est félicité de la nomination de M. Kofi Annan en souhaitant que, compte tenu de son expérience, il saura mener sa mission dans le meilleur intérêt du peuple syrien.  Il a précisé que l’Iran appuyait toutes les initiatives et efforts conduisant à un processus intersyriens.  Il a regretté que depuis le début de la crise, certains États aient initié des actes de provocation qui ont poussé le pays dans la guerre civile.  Il a jugé urgent de mettre fin à toutes formes d’interventions étrangères, dont l’arrivée d’armes en Syrie.  Il a regretté les appels au changement de régime et les incitations à la révolte armée, en prévenant que l’instabilité de la Syrie aura de graves répercussions sur l’ensemble de la région.  Il a appelé au renforcement de l’unité et de la sécurité nationales en exhortant tous les États Membres à appuyer les travaux de M. Annan et de cesser toute provocation.  


Droit de réponse


Le Représentant de la République arabe syrienne a voulu répondre à son homologue d’Arabie saoudite qui « a prononcé des paroles dangereuses » lorsqu’il a qualifié le Gouvernement syrien « de régime de Damas ou de régime Assad ».  Je ne le ferai pas, a-t-il dit, pour le Gouvernement d’Arabie saoudite que je respecte en tant que pays arabe et frère.  Il a aussi répondu à l’appel sur l’envoi d’une force internationale en Syrie.  Dans ce cas, a-t-il dit, il fallait adopter un plan en faveur de la démocratie pour l’ensemble de la région et des pays membres de l’Organisation de la coopération islamique.


La question la plus importante, a-t-il estimé, est le retrait des forces saoudiennes de Bahreïn.  Mais, a-t-il tempéré, je ne compte pas transformer cette Assemblée en une tribune pour régler les problèmes arabes et je demande aux États Membres de ne pas céder à la provocation.  On ne peut qualifier le Gouvernement de « régime Assad », comme on parle d’Arabie saoudite, car la Syrie n’est pas la « République d’Assad ».


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial de la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de l’Organisation clôture sa session de 2012

L/3186

Le Comité spécial de la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de l’Organisation clôture sa session de 2012

01/03/2012
Assemblée généraleL/3186
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité spécial de la Charte des Nations Unies              

et du raffermissement du rôle de l’Organisation            

266e & 267e séances – matin & après-midi


LE COMITÉ SPÉCIAL DE LA CHARTE DES NATIONS UNIES ET DU RAFFERMISSEMENT

DU RÔLE DE L’ORGANISATION CLÔTURE SA SESSION DE 2012


Il recommande à l’Assemblée générale d’engager les États Membres à célébrer le trentième

anniversaire de la Déclaration de Manille sur le règlement pacifique des conflits internationaux


Le Comité spécial de la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de l’Organisation a clôturé, cet après-midi, les travaux de sa session annuelle en adoptant, à l’unanimité, son rapport, où l’Assemblée générale se voit recommander de célébrer, cette année, le trentième anniversaire de la Déclaration de Manille sur le règlement pacifique des conflits internationaux. 


Conformément à sa pratique, le Comité spécial a poursuivi l’essentiel des travaux de cette session, qui avait commencé le 21 février, dans le cadre d’un groupe de travail plénier, sous la présidence de M. Garen Nazarian de l’Arménie.


Le rapport 2012, qui a été présenté par le Rapporteur M. Juan Manuel Sánchez Contreras du Mexique, est composé de six chapitres consacrés au maintien de la paix et de la sécurité internationales, au règlement pacifique des différends, aux Répertoires de la pratique suivie par les organes des Nations Unies et de la pratique suivie par le Conseil de sécurité, ainsi qu’aux méthodes de travail du Comité spécial.


En adoptant son rapport, tel qu’oralement amendé, le Comité spécial a adopté un projet de résolution, présenté par la délégation des Philippines, relatif au trentième anniversaire de la Déclaration de Manille sur le règlement pacifique des conflits internationaux, texte dont le Comité est à l’origine. 


Adopté par l’Assemblée générale le 15 novembre 1982, ce texte historique avait été le premier à consolider le cadre juridique de règlement pacifique des différends internationaux.


Le Comité spécial a ainsi recommandé à l’Assemblée de « demander de nouveau à tous les États d’observer de bonne foi et de promouvoir les dispositions de la Déclaration de Manille dans le règlement pacifique de leurs différends internationaux ». 


Par ce texte, l’Assemblée engagerait « tous les États Membres à célébrer le trentième anniversaire de l’adoption de la Déclaration de Manille au moyen d’activités appropriées ».


Le Comité a en outre adopté une recommandation adressée à l’Assemblée générale, qui lui propose de féliciter le Secrétaire général des progrès accomplis dans l’établissement des études du « Répertoire de la pratique suivie par les organes des Nations Unies », ainsi que des progrès réalisés quant à la mise à jour du « Répertoire de la pratique du Conseil de sécurité ». 


En adoptant ce texte, l’Assemblée réitèrerait son appel en faveur du versement de contributions volontaires au Fonds d’affectation spéciale pour l’élimination du retard accumulé en ce qui concerne le premier Répertoire, ainsi qu’au Fonds d’affectation spéciale pour l’actualisation du deuxième.


Plusieurs délégations sont intervenues au cours de l’adoption, paragraphe par paragraphe, du rapport et notamment de la section du chapitre III relative à « l’application des dispositions de la Charte relatives à l’assistance aux États tiers touchés par l’application de sanctions ». 


Les représentants de la République islamique d’Iran et de Cuba ont demandé certains ajouts pour refléter les positions « de nombreuses délégations » exprimées au cours des débats de la session.  Cette proposition a été soutenue par l’Égypte, le Nicaragua, au nom du Mouvement des non-alignés, et les Philippines, malgré les réserves exprimées par les délégations de l’Union européenne, des États-Unis et de la France.  « On ne peut pas chercher à réinsérer sur chaque point les positions de délégations, même si elles reflètent celles de groupes importants d’États », a expliqué le représentant de la France.


La délégation du Japon, soutenue par celle du Venezuela, a également demandé que soit ajoutée la mention « plusieurs délégations » au lieu de « quelques délégations » dans un paragraphe d’une autre section du chapitre III.


Une autre discussion s’est engagée sur le paragraphe 2 de la section IV relative au règlement pacifique des différends, qui mentionne « le rôle central de la Cour internationale de Justice dans le règlement pacifique des différends », puis « l’importance du libre choix des moyens ». 


Le représentant de la République de Corée a demandé un « libellé équilibré » de la mention du rôle de la Cour internationale de Justice (CIJ), mais a finalement accepté le texte proposé, après les interventions de plusieurs délégations notamment de la Fédération de Russie, de Cuba, de l’Argentine, des Philippines et de l’Allemagne.  Le représentant de l’Inde, pour sa part, a jugé inapproprié de dire que certaines délégations ont souligné le rôle central de la CIJ et que d’autres ont souligné l’importance du libre choix des moyens, comme si les deux positions s’opposaient.


Après des discussions en séance informelle, les membres du Comité se sont finalement mis d’accord pour remonter dans le paragraphe la mention de « l’importance du libre choix des moyens », qui figure donc avant la mention du « rôle central de la CIJ », comme l’a expliqué le représentant de l’Égypte.


Les membres du Comité ont aussi discuté longuement du libellé des paragraphes 3, 8 et 9 de cette même section, ce qui a conduit à l’adoption d’un amendement proposé par Cuba sur le paragraphe 8.  Ce paragraphe a trait à la proposition de Cuba d’ajouter à l’ordre du jour du Comité la question de la saisine de la CIJ par le Conseil de sécurité.  Après une suspension de séance, le Comité a également adopté le paragraphe 9 de la section IV, tel qu’oralement amendé, qui précise les vues des membres du Comité sur la proposition de Cuba.


En ce qui concerne le paragraphe 3, qui rapporte les vues des délégations sur la Déclaration de Manille, il a été adopté tel qu’oralement amendé après d’autres consultations informelles.  Le représentant de l’Union européenne a cependant exprimé ses réserves sur l’utilisation de la formule « de nombreuses délégations ».


Le Comité a enfin décidé de supprimer le chapitre II du rapport qui ne faisait que répéter les deux décisions prises par le Comité.


*  Le rapport est pour l’heure contenu dans les documents A/AC.182/2012/CRP.1 à CRP. 10.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la condition de la femme évalue les échecs et les succès dans le financement de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes

FEM/1894

La Commission de la condition de la femme évalue les échecs et les succès dans le financement de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes

1/03/2012
Conseil économique et socialFEM/1894
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la condition de la femme                     

Cinquante-sixième session                                  

8e et 9e séances – matin et après-midi


LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME ÉVALUE LES ÉCHECS ET LES SUCCÈS DANS LE FINANCEMENT

DE L’ÉGALITÉ DES SEXES ET DE L’AUTONOMISATION DES FEMMES


La Commission de la condition de la femme a poursuivi aujourd’hui ses travaux avec deux tables rondes pour évaluer les succès et les échecs dans le financement de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes.


Quatre ans après sa session de 2008, la Commission est ainsi revenue sur le suivi des conclusions concertées qu’elle avait alors adoptées et aux termes desquelles elle demandait, entre autres, « de mettre au point les indicateurs d’intrants, d’extrants et de résultats nécessaires pour mesurer les progrès accomplis »*.


Mais depuis 2008, la crise économique et financière est passée par là avec un impact certain sur l’aide publique au développement (APD), en général, ont dénoncé les intervenants, et sur le financement de l’égalité des sexes, en particulier, comme l’a fait remarquer leMinistère de l’économie et de la finance du Maroc.


Le fait que la Banque mondiale ait consacré, au cours des cinq dernières années, 65 milliards de dollars à des programmes comprenant la dimension « égalité des sexes », n’a pas semblé être suffisant aux yeux de plusieurs délégations dont la Suisse qui a d’ailleurs lancé un appel à l’augmentation des ressources d’ONU-Femmes.


Qu’en est-il des indicateurs demandés par la Commission en 2008?  Les intervenants se sont attardés sur le bien-fondé du « Marqueur politique égalité hommes-femmes » que l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) utilise depuis 20 ans, avant d’être suivi par d’autres.  Selon ce modèle, le donateur met explicitement en évidence dans la documentation, concernant l’activité qu’il veut financer, son souhait de réaliser l’objectif « principal » ou « significatif » d’égalité entre les sexes, à travers des mesures destinées à renforcer cette égalité ou à réduire les discriminations et les inégalités fondées sur le sexe.


Une approche que l’Autriche a déjà incluse dans la réforme de son budget fédéral.  Chaque ministère doit désormais définir cinq objectifs lors de l’élaboration de son budget, dont l’un au moins doit concerner l’égalité des sexes, a expliqué son Ministre des finances.


Demain vendredi à partir de 10 heures, la Commission a prévu de poursuivre son débat général consacré à l’autonomisation des femmes rurales.


* http://www.un.org/womenwatch/daw/csw/52sess.htm


SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »:


Table ronde 3: « Application des conclusions concertées de la cinquante-deuxième session de la Commission de la condition de la femme: Financement pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes: Thème ciblé: les expériences nationales »


M. MOHAMMED CHAFIKI, Directeur des études et des prévisions financières auprès du Ministère de l’économie et de la finance du Maroc, a observé que le contexte économique actuel pouvait paraître peu favorable à l’épanouissement des politiques paritaires.  L’impact de la crise sur l’emploi a été notable, notamment dans les pays où les femmes étaient peu présentes sur le marché du travail et l’écart salarial a été aggravé un peu partout dans le monde, a-t-il indiqué.  Il a notamment évoqué les cas de l’Espagne, de la France et de l’Italie où le financement de l’égalité a enregistré une baisse notable, de 30% notamment en Espagne.


Comme solution, M. Chafiki a misé sur une remise en cause des systèmes de développement actuels afin de créer un modèle plus sensible à l’égalité, plus inclusif et plus favorable à l’emploi.  Il a également réclamé la création d’un nouveau système de financement basé sur le respect des accords et des engagements pris, ainsi que sur celui des droits fondamentaux.  Malgré les défis actuels, le panéliste a constaté qu’il y avait néanmoins eu quelques avancées, notamment une sensibilité aux questions qui se posent est plus présente au niveau des organisations internationales.  Il a évoqué le cas de la Belgique où des décisions importantes ont été adoptées, en matière de budgétisation sexospécifique notamment.  Le Mali est également un cas exemplaire, a-t-il ajouté.


Tournant son attention sur la situation qui prévaut dans son pays, M. Chafiki a indiqué que depuis 1998, le Maroc connaissait une transition démocratique précoce par rapport à ce qui se passe dans le reste de sa région.  Il a fait savoir que le Maroc avait définitivement levé, le 8 avril 2011, ses réserves à la CEDAW, et qu’il s’était par ailleurs doté, en juillet 2011, d’une nouvelle Constitution, « véritable charte des droits et des libertés », qui reconnait la liberté au plan constitutionnel, ainsi que la supériorité des instruments internationaux sur le droit national.  Le rapport sur le genre qui est publié chaque année examine par ailleurs les activités du Gouvernement, ministère par ministère.  Le panéliste a ajouté que le budget du Ministère de la santé avait été doublé, et que des avancées notables avaient été réalisées dans le domaine de l’éducation des filles.  Le taux de féminisation de la fonction publique s’est également amélioré pour atteindre 34% en 2009, a-t-il ajouté.


M. Chafiki a indiqué que de nombreux défis persistaient, notamment dans un environnement de crise qui a frappé les secteurs exportateurs où sont présentes une majorité de femmes.  Il a ensuite parlé de l’adoption d’une nouvelle loi organique des finances sur laquelle reposent les politiques publiques du genre. Pour nous, a-t-il ajouté, il faut penser la « gendérisation » comme une réponse à une sortie de crise plus égalitaire et plus humaine.


Mme MARIA ALMEIDA, Vice-Ministredes finances de l’Équateur, a présenté les initiatives développées dans son pays pour assurer le suivi des budgets préparés en fonction de la perspective de la promotion de l’égalité des sexes.  En 2008, a-t-elle expliqué, l’Équateur a adopté une nouvelle Constitution qui garantit des droits pour tous, ainsi que l’égalité des sexes et la prise en compte des questions intergénérationnelles.  Elle prévoit aussi l’inclusion de la perspective « genre » dans tous les plans et programmes du Gouvernement.  Les institutions du pays ont ensuite mis sur pied des systèmes de reddition pour travailler sur les écarts qui existaient entre les bénéficiaires en termes de budgétisation.  Une direction de l’équité budgétaire a ainsi été créée.  Des campagnes de sensibilisation ont été mises en place, en particulier à destination des organes publics.  Des bourses ont été financées avec l’aide d’ONU-Femmes et ont permis à des fonctionnaires soit d’obtenir un diplôme, soit de se former aux questions d’égalité des sexes.  « Derrière les chiffres, il y a des personnes et des vies réelles, et nos politiques publiques ont des conséquences sur l’existence de ces gens », a-t-elle déclaré.  La structure du Ministère des finances, elle-même, a donc été modifiée dans cette perspective, a-t-elle poursuivi. 


S’agissant de la sensibilisation, Mme Almeida a expliqué que la direction nationale de l’égalité budgétaire mettait, par exemple, à la disposition du public des statistiques et des rapports budgétaires incluant ces questions.  Le Ministère a également publié une bande dessinée expliquant que la confection du budget d’un État n’est, au fond, pas très différente de la confection du budget d’une famille.  Cette publication a permis d’expliquer avec des concepts simples la prise en compte des questions d’égalité, a-t-elle ajouté.  Elle a ensuite estimé qu’il fallait changer les paradigmes du développement.  « Auparavant, nous pensions qu’il fallait nécessairement croître pour aller de l’avant.  Aujourd’hui, nous tirons de notre expérience qu’il faut d’abord rattraper les écarts entre différents secteurs sociaux pour enregistrer une croissance », a-t-elle dit.  Elle a également mis l’accent sur la collaboration avec la société civile, afin qu’elle puisse exercer un contrôle social des activités publiques, ainsi qu’avec les acteurs de la coopération.


Mme ING KANTHA PHAVI, Ministre des affaires féminines du Cambodge, a indiqué que des mécanismes nationaux avaient été créés au Cambodge afin de donner davantage de ressources et de perspectives aux femmes.  La stratégie officielle du pays reconnait que les femmes sont l’épine dorsale de la société et les politiques du pays prennent en compte la question de la sexospécificité.  Le Premier Ministre lui-même a accordé son ferme appui à la question, ce qui est un élément important sans lequel on ne pourrait aller de l’avant, a fait observer la Ministre.  Des plans concernant la mise en place de mesures de discrimination positive ont été adoptés, mais il faut également s’assurer de la suffisance des ressources financières et humaines.


Mme Kantha Phavi a néanmoins estimé qu’il fallait davantage de mécanismes pour intégrer la sexospécificité au sein des différents ministères.  Un groupe technique sur la sexospécificté a donc été créé pour regrouper les départements ministériels, les ONG et les donateurs pour mettre en commun les plans adoptés, et un autre mécanisme vise à créer dans tous les ministères une unité chargée de l’intégration de la sexospécificité.  La panéliste a précisé qu’en 2011, 36% des unités déjà existantes avaient reçu des budgets nationaux, et que le Ministère de l’économie avait été un des premiers à se doter d’un plan d’action.  Par ailleurs, les considérations sexospécificiques ont été clairement intégrées au plan d’action pour consolider la réforme des finances publiques.


La Ministre cambodgienne a poursuivi son intervention en indiquant qu’avec l’appui du PNUD, le Ministère des affaires féminines appuie le Ministère des finances dans la création d’un budget sexospécifique afin de faire avancer la réforme de la gestion des finances publiques.  La sexospécificité est également intégrée au niveau communautaire et provincial dans le cadre de la stratégie de décentralisation du pays, a-t-elle ajouté.  Diverses autres initiatives ont été lancées, notamment pour appuyer la création d’entreprises féminines et favoriser la santé, l’éducation.  Mme Kantha Phavi a ensuite précisé que le financement de ces projets serait dorénavant intégré au budget national.  Des efforts notables ont par ailleurs été déployés pour que la sexospécificité soit intégrée à toutes les grandes réformes lancées au Cambodge, a-t-elle indiqué.


La Ministre a cependant observé qu’en l’absence d’un cadre commun d’évaluation, il était difficile de comprendre la sensibilité et l’attention accordées à la sexospécificté par les partenaires en développement du Cambodge et par le Ministère des finances.  


M. Gerhard Steger, Ministre des finances de l’Autriche, a expliqué que la budgétisation pour l’égalité des sexes avait été incluse dans une réforme plus large de la confection du budget de l’État autrichien, qui prévoit notamment l’évaluation des performances réalisées.  Par ailleurs, deux articles de la Constitution autrichienne requièrent de la part de la Fédération, des États et des communes qu’ils œuvrent à l’égalité hommes-femmes dans la planification et la gestion de leurs budgets.  Toutefois, a-t-il ajouté, « le budget traditionnel de l’Autriche, comme celui de la plupart des pays, se présente comme un énorme pavé et ne répond pas à la question de savoir quels seront les résultats concrets de son utilisation pour les citoyens ».  


Mettant ensuite l’accent sur le nombre de défis politiques et techniques à relever dans la mise en place de politiques sensibles au genre, il a présenté plusieurs recommandations basées sur l’expérience autrichienne.  Il a, entre autres, encouragé les États à maintenir une attention constante sur les questions d’égalité, « c’est-à-dire de convaincre les décideurs de soutenir des politiques de budgétisation et de pousser la question », a-t-il dit.  Il a proposé de former des alliances avec la presse afin de sensibiliser ainsi l’opinion.  Il a estimé qu’il fallait aussi trouver le bon moment pour soulever la question de la budgétisation de l’égalité des sexes.  En Autriche, a-t-il précisé, il a été judicieux de lier cette question à d’autres réformes ou alors à des moments clefs du processus d’élaboration du budget.


Le Ministre a également encouragé les États à ne pas tenter de créer un système parfait qui couvrirait l’ensemble des questions.  « Faites simples! Réduisez la complexité car cela réduira en retour les difficultés qui pourraient apparaitre lors de la mise en pratique des recommandations budgétaires », a-t-il dit, invitant les participants à se concentrer davantage sur certaines thématiques clefs.  Il a également mis l’accent sur la nécessité de former le personnel des Ministères du budget ou des finances plutôt que de recruter des consultants.  « En Autriche, nous avons voulu former notre propre personnel, en faisant de la connaissance de ces questions un processus de développement professionnel et personnel », a-t-il expliqué. 


M. Steger a estimé essentiel de bénéficier de l’appui des principaux ministres du Gouvernement.  « Tous les ministères doivent contribuer à cet enjeu car la sexospécificité sera alors intégrée à tous les niveaux du budget », a-t-il dit.  Il a souligné que les projets pilotes étaient intéressants dans un premier temps mais qu’ils devaient inclure, à terme, tous les ministères.  Il a ensuite expliqué que le Gouvernement autrichien avait demandé à chaque ministère d’identifier cinq objectifs, et ce, afin de déterminer ce qui serait fait avec l’argent alloué dans le budget.  Au moins un de ces cinq objectifs doit être lié à des questions sexospécifiques.  Ensuite, chaque ministère doit aussi répondre à trois questions: Pourquoi cette politique fait-elle partie de vos priorités?  Qu’essayez-vous d’obtenir comme résultat?  Et Comment mesurerez-vous les résultats et succès obtenus?  En conclusion, il a cité quelques exemples parmi les objectifs élaborés pour 2013, entre autres, par les Ministères de l’éducation, du travail ou de l’intérieur. 


Débat interactif


Le débat interactif a été l’occasion pour les participants de commenter notamment les propositions formulées par le Ministre des finances de l’Autriche qui était l’un des panélistes.  Les intervenants ont notamment débattu de la possibilité d’aborder la question de la parité et de l’intégration du genre dans les politiques en élaborant de manière « bête et simple » les budgets nationaux afin de la rendre sexospécifique.


Comment peut-on faire de la « gendérisation » un outil de sortie de crise? s’est interrogée la représentante du Maroc.  La représentante de la Suisse a observé que l’intégration de la dimension genre dans le budget permet de renforcer la qualité de la gouvernance générale et celle des interventions de la coopération internationale.  Elle a par ailleurs interrogé les panélistes sur les mérites qu’il y a, ou non, à faire figurer la question de la budgétisation sexospécifique à l’ordre du jour des réunions internationales des ministres des finances.


De son côté, la représentante de la Norvège, s’exprimant au nom des pays nordiques, a estimé qu’outre l’examen du coût du financement, il fallait également étudier celui qu’aurait un « non-financement » de l’autonomisation des femmes.  Il y a effectivement des solutions simples qui pourraient être adoptées pour libérer les femmes, comme l’accès à des crèches à bon marché, mais l’autonomisation des femmes passe également par l’adoption de budgets consacrés à la santé, notamment sexuelle et reproductive, et inscrits dans les priorités des budgets nationaux, ainsi que par la réconciliation des vies professionnelles et familiales, a-t-elle ajouté.


Est-il possible de créer une budgétisation sexospécifique si on n’a pas de données ventilées par sexe? a demandé la représentante du Zimbabwe, pour qui il importe également d’accorder une attention accrue au renforcement des capacités.


Réagissant à ces premiers commentaires, le Ministre des finances de l’ Autriche a indiqué que certains problèmes sont parfois si visibles et évidents que l’on n’a pas besoin d’aller chercher l’existence de données sur la question pour agir.  Cependant, a-t-il ajouté, pour en obtenir, il faut forcer les unités administratives à fixer des objectifs de sexospécificité, sans quoi, les données concernant la situation des femmes ne seront jamais collectées. 


Sans données, a souligné la panéliste du Cambodge, il est très difficile de faire du plaidoyer et de s’assurer d’un appui au plus haut niveau.  Le panéliste de l’Autriche a ajouté qu’il fallait comprendre comment motiver les décideurs à cette fin et il a également cité les mérites de la coopération avec la société civile.


À son tour, la panéliste et Vice-Ministredes finances de l’Équateur a estimé que si les ministres des finances ne parlent pas de budgétisation sexospécifique au niveau international, c’est parce qu’ils ne sont pas suffisamment impliqués dans la question.  Elle a souhaité la création d’un « cercle vertueux » par chaque gouvernement.  Ceci pourrait se faire en exigeant que des données sexospécifiques soient fournies par chaque ministère, ce qui aurait pour effet d’impliquer beaucoup plus le Ministère des finances dans la promotion de la question de la parité.


Pour être simple, il suffirait de saisir dès le départ la complexité de la situation, a commenté pour sa part le panéliste du Maroc.  Il a observé que l’arsenal conceptuel qui existe derrière les statistiques ventilées par sexe ne rend pas compte des rapports sociaux.  Ce qui importe au final, a-t-il indiqué, c’est le changement qualitatif des rapports sociaux.  Il faut des analyses et des enquêtes budgétaires, car se limiter à parler du nombre de petites filles scolarisées ne suffit pas, il faut également parler d’électricité, de la construction de routes et autres.  La défense de la cause de l’égalité entre les sexes, a-t-il ajouté, suppose notamment la lutte contre la corruption et plus de lisibilité dans les budgets.


La représentante d’Israël a salué l’idée avancée par le panéliste autrichien de faire participer tous les ministères au processus de budgétisation sexospécifique.  On peut ainsi réduire les doubles emplois et être plus économe, mais, hélas, cela me semble peu réaliste, a-t-elle commenté.  La représentante s’est par ailleurs interrogée sur le meilleur moyen d’assurer la cohérence des politiques macroéconomiques, des stratégies de lutte contre la pauvreté et des politiques paritaires. 


Le représentant de la Jordanie s’est demandé quant à lui si l’aide publique au développement (APD) pouvait être utilisée pour appuyer la création de budgets sexospécifiques et si ce type d’initiatives pouvait également être promu par les organes de traités.  Par ailleurs, comment convaincre les pays en développement, qui traversent une situation déjà difficile, du bienfait de ces initiatives?


En ces temps difficiles, le financement de l’égalité entre les sexes ne doit pas être considéré comme un fardeau, mais comme une occasion de progresser, a réagi son homologue du Portugal, tandis que la représentante du Paraguay s’est interrogée sur la meilleure méthodologie à adopter pour assurer la participation égalitaire des femmes à la prise de décisions et renforcer leur pouvoir économique au plan individuel.


Le représentant du Kenya a mis l’accent sur l’importance de l’appui technique, tandis que la représentante du Congo a soulevé la question de la formation des fonctionnaires à la sexospécificité.


La représentante du Mexique a observé que de nombreux ministères ne saisissaient toujours pas l’importance de la budgétisation de la sexospécifité, faisant observer par ailleurs, que la valeur du travail domestique non rémunéré effectué dans son pays était plus importante que le montant des ressources tirées de son exploitation pétrolière.


La représentante de l’ONG russe International Life Help, a expliqué que son gouvernement ne considère pas le financement pour l’égalité entre les sexes comme une priorité.  L’ONG a par conséquent créé un partenariat avec 10 autres ONG russes, la Communauté européenne et des organisations de l’espace postsoviétique qui a permis de mettre sur pied un nouveau modèle de coopération sur la base du capital humain.


En guise de conclusion, le panéliste du Maroc a estimé que malgré l’environnement de crise, un nouveau monde était en train de naître.  Il faut poser les questions sur la base de ce qui va venir, à savoir l’ère du respect des droits de chaque personne humaine.  Il s’est par ailleurs félicité du fait que pour la première fois, les expériences novatrices ne venaient pas uniquement du Nord, mais également du Sud.


La panéliste de l’Équateur a estimé que les politiques macroéconomiques devaient laisser de la place aux ajustements, en accordant par exemple la priorité au secteur social en temps de crise.  Sans planification correcte, comment peut-on décider des coupes budgétaires? a-t-elle demandé.  Elle a également évoqué l’importance du rôle joué par la Banque mondiale.


La budgétisation sexospécifique n’émane pas simplement du Ministère des finances, mais de l’ensemble des ministères du Gouvernement, a commenté de son côté la panéliste du Cambodge.  Elle a par ailleurs estimé que l’APD pouvait tout à fait être intégrée à la budgétisation sexospécifique, faisant par ailleurs remarquer que seule une fraction minime de l’APD reçue par le Cambodge était consacrée à la sexospécificité.


Table ronde 4: L es progrès accomplis dans le financement de l’action menée pour l’égalité entre les sexes dans la perspective des organisations internationales et des partenaires multilatéraux du développement »


Mme LYDIA ALPIZAR, Directrice exécutive de l’Association pour le droit des femmes au développement, a estimé que pendant les trois ou quatre dernières années, le secteur privé avait manifesté un intérêt croissant dans la problématique hommes-femmes.  Gardant à l’esprit l’impact de la crise financière sur l’aide publique au développement, elle a jugé urgent de trouver de nouvelles sources de financement, en particulier devant le conservatisme de plus en plus marqué des gouvernements.  L’accès aux dons est de plus en plus difficile, a-t-elle insisté.


La majorité des organisations féminines, a-t-elle rappelé, travaillent avec des ressources très limitées; les budgets se chiffrant autour d’une moyenne de 20 000 dollars par an et collectés principalement auprès des adhérents. 


La panéliste a fait une proposition, celle de fixer à 20% la part de l’APD qu’il faut consacrer aux questions de parité.  Elle a ajouté qu’il faut aussi veiller à la traçabilité des fonds et voir s’ils contribuent vraiment à l’amélioration de la vie des femmes.  Elle a d’ailleurs pointé le doigt sur les problèmes de financement d’ONU-Femmes, y voyant là, « une autre preuve du manque de sérieux » des dirigeants du monde.


Mme JENI KLUGMAN, Directrice de l’égalité des sexes et du développement à la Banque mondiale, s’est félicitée de la publication, en septembre 2011, du premier rapport sur le développement humain qui traite de l’égalité des sexes et reconnait la valeur intrinsèque de cette égalité et son importance pour le développement.  Le rapport rappelle aussi, a-t-elle insisté, que la croissance économique ne suffit en aucun cas à éliminer les inégalités.  


L’année dernière, a-t-elle affirmé, le Groupe de la Banque mondiale a prêté une somme de 57 milliards de dollars aux pays à moyen et bas revenus, tandis que la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a débloqué 26 milliards de dollars pour financer 132 nouveaux projets dans 43 pays.  Au total, la Banque mondiale a consacré 65 milliards de dollars, au cours des cinq dernières années, à des programmes contenant une composante « égalité des sexes ».  La Banque mondiale travaille au renforcement des réseaux et de structures spécifiques d’égalité des sexes.  Plusieurs projets pilotes sont encore sur la table, notamment au Soudan et au Soudan du Sud. 


Mme PATTI O’NEILL, Directrice adjointe de la coopération au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a elle aussi mis l’accent sur la traçabilité des fonds.  L’OCDE, qui utilise depuis 20 ans le marqueur « égalité entre les sexes », juge qu’une autre série d’outils est nécessaire pour évaluer l’impact des programmes.  En attendant, les données du marqueur offrent déjà à chaque donateur des informations sur les secteurs où l’aide est la plus efficace.  En conséquence, 75% de l’aide attribuable à chaque secteur est filtrée, 90% si on exclut les États-Unis.  Le marqueur, a affirmé Mme O’Neill, a permis de déceler les divergences entre les objectifs des donateurs et l’affectation réelle des fonds.  Ce système pourrait être appliqué à l’aide humanitaire, a-t-elle estimé.  La méthode de l’OCDE pourrait être appliquée à l’aide qui passe par les institutions de l’ONU.


Cette collecte de données et les preuves qu’elle permet de rassembler ont permis, a encore affirmé la Directrice adjointe, les progrès que l’on voit aujourd’hui dans l’efficacité de l’aide, notamment le partenariat conclu lors du Forum de Busan.  Les mécanismes de surveillance doivent être renforcés de même que la capacité des pays à collecter des données ventilées par sexe.


Mme SARASWATHI MENON, Directrice de la Division des politiques d’ONU-Femmes, a rappelé que l’OCDE a été l’une des premières institutions à utiliser le mécanisme des marqueurs qui, a-t-elle expliqué, identifie les programmes, les fonds et les activités qui ont bénéficié –directement ou indirectement- à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes.  En 2009, a-t-elle aussi rappelé, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a commencé à employer une version adaptée de ces marqueurs.  En 2010, ils ont commencé à être utilisés par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) dans les pays pilotes, notamment en Éthiopie et au Myanmar. 


Plusieurs processus pour utiliser ces marqueurs sont également en cours au sein du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a-t-elle précisé.  Ces efforts s’inscrivent dans une volonté d’avoir des données sexospécifiques qui pourraient servir de bases utiles pour la mise en place de politiques en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes.  Les efforts entrepris ont été plus des « outils de mesure » car ils ont permis d’améliorer la qualité des programmes face à des réalités très différentes auxquelles font face les femmes et les filles dans le monde.


Mme LIANE SCHALATEK, Directrice associée de la Fondation Heinrich Böll- Amérique du Nord, a souligné que le fait d’adopter une approche paritaire dans la gestion des dépenses permettait de répondre avec efficacité aux effets délétères des changements climatiques.  Elle a parlé du Fonds de Copenhague pour le climat, estimant important d’en instrumentaliser les principes et de permettre aux pays d’accéder directement aux fonds sans passer par des intermédiaires. 


En matière de parité, a-t-elle poursuivi, il faut une expertise et un rôle renforcé des femmes dans la planification et la mise en œuvre des programmes de développement durable.  Le défi, a-t-elle reconnu, est que les stratégies économiques traditionnelles privilégient le rendement et ignorent les normes, valeurs ou objectifs immatériels tels que la parité entre les sexes.  Elle a rejeté l’« aide climatique » en tant que politique et plaidé plutôt pour des transferts de ressources obligatoires et compensatoires entre le Nord et le Sud.  En règle générale, elle a constaté avec amertume que la question du genre semble être « une arrière pensée » lorsque l’on crée les fonds.  Elle a donc réclamé un système d’audit pour toutes les dépenses liées aux changements climatiques.


Débat interactif


À la suite de ces exposés, la représentante de l’Islande a estimé, au nom des pays nordiques, que les progrès avaient été plus longs que prévus et que les plans financiers n’étaient pas à la hauteur des engagements pris par les institutions nationales ou internationales.


Elle a appelé les États à faire davantage pour trouver des mécanismes de financement efficaces et a réaffirmé le souhait de sa délégation de voir l’APD prendre en compte des objectifs d’égalité des sexes, conformément aux priorités nationales de développement.  


En attendant, la représentante de la Suisse a appelé d’emblée à l’augmentation des ressources financières d’ONU-Femmes.  Elle a constaté que la plupart des intervenants avaient déjà souligné que la croissance économique ne garantissait pas l’égalité mais qu’en revanche l’égalité favorisait la croissance. 


Notant les efforts des organisations internationales et des agences spécialisées, la représentante d’Israël a exprimé le souhait que celles-ci s’assurent bien qu’il y a des interactions entre, d’une part, les mécanismes présentés et, d’autre part, les ministères et la société civile, au niveau national.


Les représentantes d’ONU-Femmes et de la Banque mondiale, en particulier, ont été assaillies de questions s’agissant, entre autres, de leurs programmes et de leur collaboration avec les gouvernements et le secteur privé.


La Directrice de la Division des politiques d’ONU-Femmes a souligné que son Entité n’est en aucun cas isolée des systèmes nationauxs’agissant de l’évaluation des programmes car « sans cette proximité, les évaluations n’ont aucune valeur ajoutée ». 


Elle a observé que beaucoup de délégations avaient parlé de la crise économique mais qu’on ne pouvait toutefois pas éluder la question de l’impact de cette crise sur les budgets alloués aux questions d’égalité des sexes.  En ce qui concerne la collaboration avec le secteur privé, elle a salué les initiatives entreprises par l’ONU, notamment à travers le Pacte mondial.  Elle a rappelé que travailler à l’égalité voulait aussi dire agir à plusieurs niveaux, y compris à celui du secteur privé.   


S’agissant des critères que la Banque mondiale utilise pour accorder son appui, sa Directrice de l’égalité des sexes et du développement a précisé qu’il n’y avait pas de critères généraux qu’on peut appliquer partout.  Les programmes tentent avant tout de répondre à des besoins spécifiques et s’appuient, pour ce faire, sur des données ventilées par sexe.  


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la condition de la femme souligne l’importance des associations de femmes rurales et examine le rôle de la gouvernance dans leur autonomisation

FEM/1893

La Commission de la condition de la femme souligne l’importance des associations de femmes rurales et examine le rôle de la gouvernance dans leur autonomisation

29/02/2012
Conseil économique et socialFEM/1893
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la condition de la femme

Cinquante-sixième session

6e et 7e séances – matin et après-midi


LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME SOULIGNE L’IMPORTANCE DES ASSOCIATIONS DE FEMMES RURALES

ET EXAMINE LE RÔLE DE LA GOUVERNANCE DANS LEUR AUTONOMISATION


Le troisième jour du débat général de la Commission de la condition de la femme a été l’occasion pour de nombreuses délégations d’évoquer les bienfaits qu’apportent les associations de femmes rurales, mais également de dénoncer l’insuffisance des politiques adoptées à ce jour du fait notamment de l’absence des femmes durant leur élaboration.


Le débat général a été suivi, dans l’après-midi, d’une table ronde consacrée au « rôle de la gouvernance et des institutions attentives à la sexospécificité dans l’autonomisation des femmes rurales », au cours de laquelle quatre panélistes ont fait le point sur les initiatives existantes en la matière au Mali, au Paraguay, dans la région des hauts plateaux de Papouasie-Nouvelle-Guinée et en République de Moldova.


« Il est midi trente, et 500 femmes ont déjà perdu la vie aujourd’hui, faute de soins, dans les zones rurales notamment », a lancé ce matin, lors du débat général, la Secrétaire d’État pour l’égalité entre les sexes de la Suède.  À l’instar de son homologue de la Finlande, elle a insisté sur l’importance de la protection et de la promotion de la santé sexuelle et reproductive des femmes et des jeunes filles, observant que la maternité précoce constitue un obstacle à l’éducation et à la liberté économique et sociale des jeunes femmes.


Lui emboitant le pas, la Secrétaire d’État chargée du développement international de la Norvège, a regretté que trop de femmes rurales n’aient toujours pas accès aux ressources naturelles, aux services de base et aux avoirs productifs.  Elle a demandé l’adoption de législations adéquates, de quotas de représentativité féminine et de mesures de discrimination positive pour assurer aux femmes leurs droits sur un pied d’égalité avec les hommes en ce qui concerne l’accès aux ressources économiques, au crédit, à l’eau, à la terre et à un emploi décent.  


« Vingt ans après le Sommet de la Terre de Rio, et 17 ans après Beijing, nous savons fort bien ce qu’il faut faire pour remédier aux maux existants.  Nous le savons, mais les actions nécessaires ne sont pas prises.  Pourquoi? Parce que faire ce qu’il faut pour les femmes et la planète exigerait des dispositions à changer aussi bien de la part des riches que de celle des puissants, qui sont surtout des hommes d’âge moyen », a estimé la Ministre norvégienne, avant d’exhorter ces derniers à cesser de promouvoir des « intérêts égoïstes » à court terme.  La Ministre de la femme et de l’action sociale du Mozambique a indiqué que dans son pays, la création d’associations féminines avaient permis aux Mozambicaines de participer davantage au processus de prise de décisions, et que les associations des producteurs de canne à sucre avaient en outre permis aux femmes d’intégrer l’économie officielle.


La Ministre adjointe de la recherche agricole du Nicaragua a parlé du Programme de productivité alimentaire du Nicaragua, qui est un regroupement de 179 coopératives et compte 100 000 femmes en tout.  Ce programme a permis à ces dernières de changer la situation financière et la nutrition de leur famille. « Elles ont pu récupérer leur rôle de leadership et consolider leurs relations avec leur mari ou partenaire », s’est-elle notamment félicitée.


Parmi les nombreuses initiatives qui ont été évoquées aujourd’hui, on citera le projet pilote qui a été lancé en Égypte pour fournir aux femmes rurales des cartes d’identité, afin qu’elles puissent avoir accès aux services gouvernementaux, aux prêts et au crédit.  La Ministre de l’autonomisation des femmes et de la famille du Cameroun a quant à elle parlé des programmes de sensibilisation mis en place qui encouragent les mères à répartir de manière équitable les tâches entre les garçons et les filles afin que ces dernières bénéficient de chances équitables en ce qui concerne leur scolarisation. 


De son côté, la Ministre de la promotion de la femme du Burkina Faso a expliqué que la loi portant sur le régime foncier rural burkinabè prévoit l’organisation de campagnes d’attribution de terres aménagées par l’État à des couches de populations vulnérables, dont les femmes.  La délivrance de titres de propriété permettra aux bénéficiaires d’obtenir des financements auprès des institutions bancaires, a-t-elle précisé. 


Le problème de la violence faite aux femmes a également été soulevé à plusieurs reprises au cours de cette journée de débat, l’occasion pour le Ministre de la famille, des organisations féminines et la petite enfance et de l’enfance du Sénégal, de faire savoir qu’un fond d’assistance aux victimes a été mis en place dans son pays, dont 25% des ressources sont affectées spécifiquement aux femmes.


La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, jeudi 1er  mars, à partir de 10 heures.


SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »:


Suite du débat général


Mme RONA AMBROSE, Ministre des travaux publics et des services gouvernementaux et Ministre de la condition féminine du Canada, a indiqué que son gouvernement avait pris des mesures ciblées afin d’améliorer la sécurité physique et financière ainsi que la prospérité des femmes de toutes les collectivités canadiennes.  Le Canada a également fait des investissements importants dans ses collectivités rurales.  Mme Ambrose a notamment expliqué que le Partenariat rural du Canada aide tant les Canadiennes que les Canadiens à rehausser la compétitivité des régions rurales, à réaliser les idées locales et à transformer les atouts inexploités en activités économiques durables.  Il facilite aussi le développement de nouveaux débouchés économiques à partir d’attraits naturels et culturels existants, a-t-elle ajouté.  Le Gouvernement canadien a également appuyé un projet à Terre-Neuve-et-Labrador qui a permis d’accroître les opportunités d’emploi pour les femmes dans les secteurs traditionnellement masculins.  Un appel d’offres a en outre été lancé en vue de la réalisation de projets communautaires qui réduiront la violence faite aux femmes et aux filles en milieu rural et amélioreront leur sécurité économique.


Mme MADELEINE YILA BOUMPOTO, Ministre de la promotion de la femme et de l’intégration de la femme au développement de la République du Congo, a fait remarquer que, dans son pays, les femmes représentent 75% des actifs agricoles et sont impliquées dans tout le cycle de production vivrière et de commercialisation.  Malheureusement, elles utilisent des moyens de production rudimentaires et archaïques, a-t-elle déploré.  Pour améliorer la productivité, le Gouvernement distribue des semences améliorées et du matériel agricole aux femmes, dans les ceintures maraîchères des villes et dans les différents départements, a-t-elle précisé.  Elle a ensuite cité une série de projets mis en œuvre avec l’appui de partenaires de développement, en particulier la création de villages agricoles, ainsi que le projet d’appui à la réinsertion socioéconomique des personnes défavorisées par le développement des activités d’élevage, de maraîchage et de pisciculture.  Elle a également mis l’accent sur l’ouverture, dans son pays, de caisses féminines d’épargne et de crédit pour augmenter les revenus des femmes commerçantes et créer des activités génératrices de revenus.


Mme NAOMI SHABAN, Ministre du genre, des enfants et du développement social du Kenya, a indiqué que l’égalité entre les sexes était consacrée par la Constitution du pays.  Elle a passé en revue les diverses lois adoptées dans ce sens, notamment une loi sur la propriété foncière.  Une loi de 2011 interdit, par ailleurs, les mutilations génitales féminines, a indiqué Mme Shaban.  Le cadre juridique a été renforcé par la mise en œuvre des mandats de différentes commissions.  La politique de développement actuelle envisage de transformer le Kenya en un pays à revenu intermédiaire d’ici à 2030.  Des mesures ont également été prises pour garantir la présence des femmes au sein des organes de prise de décisions.  La Ministre a également indiqué que pendant la période de 2010-2011, le Gouvernement avait augmenté de 80% ses allocations au secteur de l’éducation.  Mme Shaban a également évoqué l’existence du Programme national d’élargissement de l’agriculture et du bétail dont 46% des bénéficiaires sont des femmes.  La Ministre a ensuite fait savoir que les changements climatiques étaient un défi notable pour la sécurité alimentaire du pays.  De plus, certaines pratiques traditionnelles néfastes entravent l’accès des femmes à des ressources productives, à l’emploi et à la propriété.  Le Gouvernement entend remédier à cette situation, a-t-elle assuré.


S’exprimant au nom des États membres du Mouvement des non-alignés, M. MERVAT TALLAWY, Président du Conseil national de la femme de l’Égypte, a indiqué que l’organe qu’il dirige avait été récemment mis sur pied et que ses activités seraient principalement consacrées au développement et à l’autonomisation des femmes pauvres et des milieux ruraux, et ce, en vue de répondre aux aspirations des Égyptiens à plus de liberté et de justice, a-t-il précisé.  Il a ensuite cité une série d’initiatives accomplies depuis la mise en place du Conseil national de la femme, en l’an 2000.  Il s’agit du projet pilote qui visait à fournir aux femmes rurales des cartes d’identité, afin qu’elles puissent avoir accès aux services gouvernementaux, aux prêts et au crédit; d’un centre de formation à la création de petites entreprises; ainsi que de la mise en place de programmes des microcrédit.  Mais, malgré le rôle vital qu’elles jouent dans la chaîne alimentaire, les femmes demeurent victimes de marginalisation et de discrimination, a-t-il déploré.  À cet égard, il a estimé que beaucoup d’efforts devaient encore être entrepris et a invité les Nations Unies à compiler les expériences réussies sur le terrain afin de servir de base aux programmes de développement.  Il a également rappelé à la communauté internationale la condition et les souffrances des femmes palestiniennes vivant dans les territoires occupés.


Mme NESTORINE SANGARÉ COMPAORÉ, Ministre de la promotion de la femme du Burkina Faso, a indiqué qu’une loi sur les quotas avait été adoptée en 2009 et que le Code pénal avait été révisé pour protéger davantage les droits des femmes.  Par ailleurs, la révision du régime foncier rural met l’accent sur la protection des droits fonciers des femmes rurales.  Le pays s’est également doté d’une stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD).  La Ministre a aussi évoqué la création, en 2011, d’un conseil national de lutte contre la pratique de l’excision.  De plus, la loi portant sur le régime foncier rural prévoit l’organisation de campagnes d’attribution de terres aménagées par l’État à des couches de populations dites vulnérables, dont les femmes.  La délivrance de titres de propriété permettra aux bénéficiaires d’obtenir des financements auprès des institutions bancaires, a-t-elle précisé.  Au titre des défis qui demeurent, la représentante a évoqué le fort taux d’analphabétisme des femmes, la pauvreté et les pesanteurs socioculturelles qui favorisent des pratiques néfastes.  Mme Compaoré a notamment précisé que 49,8% de femmes burkinabè étaient excisées.


Mme H. OLIVIA AMEDJOGBE-KOUEVI, Ministre de la promotion de la femme du Togo, a fait remarquer que le thème de l’autonomisation des femmes rurales avait également été choisi, cette année, par les chefs d’État d’Afrique comme sous-thème de la Décennie de la femme africaine.  Elle a ensuite mis l’accent sur leur accès à la terre et au crédit.  « Comment les femmes qui nourrissent tout le peuple grâce à leurs activités agricoles ne peuvent-elles pas bénéficier des moyens indispensables à cette production? » a-t-elle demandé.  Elle a ajouté que son Département ministériel avait entrepris des actions d’envergure à l’endroit des chefs traditionnels, des préfets et des femmes elles-mêmes.  Cette campagne de sensibilisation, qui a débuté l’an dernier, se poursuivrait cette année dans les zones les plus reculées du pays, a-t-elle précisé, ajoutant que le processus continuerait « jusqu’à ce que toute la communauté nationale se sente persuadée que les femmes jouent un rôle primordial en terme de lutte contre la pauvreté et la faim, qu’elles contribuent au développement, ainsi qu’aux problèmes actuels qui se posent à leur milieu comme la désertification, par exemple ».  Elle a insisté sur l’alphabétisation juridique afin que les femmes sachent qu’elles ont des droits qu’il faut respecter.  Notant que les moyens d’action manquent sur le terrain, elle a encore sollicité l’appui technique et financier de la communauté internationale.


Mme CHÉRIF NANTENIN KONATÉ, Ministre d’État chargée des affaires sociales, de la promotion féminine et de l’enfance de la Guinée, a indiqué que dans son pays, 86% des pauvres vivent en milieu rural, et que 53,3% d’entre eux sont des femmes.  Elle a indiqué que la deuxième version du Document de Stratégie de réduction de la pauvreté accorde une place spéciale à la problématique genre et équité en favorisant notamment la participation des femmes à la vie politique.  La Ministre a fait savoir que 85% des femmes guinéennes vivent en milieu rural, qu’elles représentent 53,3% de la main d’œuvre agricole, et qu’elles sont en majorité analphabètes et ignorantes de leurs droits.  Elle a expliqué qu’afin de contourner leurs difficultés d’accès aux institutions financières, les femmes en milieu rural avaient créé d’autres mécanismes tels que les tontines.  Mme Konaté a aussi fait savoir que le Gouvernement avait créé des plateformes multifonctionnelles pour lutter contre plusieurs dimensions de la pauvreté des femmes et favoriser la création d’emplois en milieu rural.  Un programme d’alphabétisation a été mis sur pied, une politique de formation et de déploiement de sages-femmes en milieu rural se poursuit, et des activités favorisent l’implication des femmes à la gestion des ressources naturelles.  Il existe également une agence nationale de microfinance, ainsi qu’un programme de renforcement des capacités des femmes rurales à la maîtrise des techniques agricoles.


M. STEPJEN J. GAOJIA, Ministre du bien-être social, de l’égalité des sexes et des enfants de la Sierra Leone, a souligné que les femmes demeuraient les premières victimes des conflits armés, des catastrophes naturelles et de toutes les formes de marginalisation.  Il a expliqué que son gouvernement avait lancé plusieurs initiatives pour répondre aux besoins des femmes, avec l’aide de ses partenaires de développement, en particulier, dans les domaines de la formation, de la santé, de l’éducation et de l’autonomisation économique.  Il s’est ensuite félicité de plusieurs succès enregistrés par son pays dans la mise en œuvre de la Plateforme de Beijing, notamment en matière de législations sexospécifiques.  Il a affirmé que la question de la violence à l’égard des femmes et des filles avait été inscrite à l’agenda des priorités du Parlement de la Sierra Leone, qui avait ainsi adopté trois lois dans ce domaine et travaillait, à présent, à l’élaboration d’un projet de loi sur toutes les formes d’exploitations sexuelles, y compris le viol marital.  Il a également réaffirmé l’engagement de son gouvernement à atteindre le niveau de 30% de femmes à tous les niveaux de prise de décisions.  Rappelant les contraintes budgétaires de son pays, ainsi que celles de son Ministère, il a estimé qu’il était indispensable de disposer d’une base de données afin de renforcer la perspective de l’égalité des sexes dans les programmes et politiques de développement. 


Mme RABIHA DIAB, Ministre des affaires féminines de la Palestine, a indiqué qu’en plus des défis et obstacles que les femmes doivent affronter dans le monde entier, les femmes palestiniennes souffraient de l’occupation israélienne des territoires palestiniens.  Elle a indiqué que le processus d’autonomisation des femmes rurales et de leur capacité à faire face à la pauvreté et à la faim était entravé par la brutalité des forces occupantes.  Mme Diab a ensuite fait savoir que la Palestine s’était dotée d’une législation pour l’autonomisation de la femme palestinienne.  Elle a par ailleurs dénoncé la judaïsation des territoires palestiniens, plus particulièrement les politiques de colonisations et le déracinement d’arbres ainsi que les destructions de vergers, entre autres crimes économiques commis contre les Palestiniens.


La Ministre s’est en revanche enorgueillie du nombre important de femmes palestiniennes députées.  Elle a par ailleurs fait savoir qu’elle avait proposé de déclarer le 8 mars, « Journée nationale de la femme palestinienne » et que le Gouvernement avait souscrit à cette proposition.

Mme ALMA LORENA CORTÉS, Ministre du travail et du développement professionnel du Panama, a fait remarquer que, selon le dernier recensement national, environ 1,2 million de personnes vivent dans les zones rurales du Panama, et que la moitié de celles-ci sont des femmes chargées de la prise en charge de leur famille.  Elle a souligné que son pays avait entrepris des mesures concrètes et élaboré des programmes axés sur les priorités des femmes rurales, notamment en faveur du renforcement de leur rôle communautaire et politique.  Le Parlement panaméen a également adopté une loi qui prévoit la participation des femmes aux plans de développement, et plusieurs ministres d’État originellement femmes de condition modeste font à présent parties des personnalités ayant des postes à responsabilités au sein du Gouvernement, a-t-elle expliqué.  Mme Lorena Cortés a ensuite mis l’accent sur divers programmes qui ont permis la création d’écoles destinées aux jeunes mères, ainsi que des dépistages dans le domaine de la médecine maternelle, de la prévention du cancer et du VIH/sida.  


Mme PELENIKE ISAIA, Ministre des affaires intérieures de Tuvalu, a révélé que le Gouvernement de son pays reste engagé en faveur de la promotion des femmes en milieux rural et urbain suivant le plan de développement « Te Kakeega II ».  À Tuvalu, les femmes ont toujours été vues comme les bras séculiers de la famille.  Elles sont les catalyseurs dans les affaires relevant de la famille, ainsi que dans les villages et les communautés.  Elles sont considérées comme expertes dans des domaines variés et nombreux comme l’éducation des enfants, la création de comités pour femmes et même la formation spirituelle.  Les femmes voient les choses dans une perspective « saine », a continué la Ministre, et leur contribution a un impact majeur à l’économie de Tuvalu.  « C’est par respect pour cela que nous devons investir sur les femmes rurales qui travaillent pour le bien-être familial et qui font face aux défis du développement », a-t-elle ajouté.  En matière de développement économique, les femmes de Tuvalu ont accès au microcrédit pour faire des affaires sous les auspices du Conseil national pour les femmes, a ajouté Mme Isaia.  Pour faire face aux conflits d’ordre culturel, elles reçoivent graduellement des formations sur leurs droits, a dit la Ministre.  En matière d’environnement, des projets sont lancés pour les aider à faire face aux impactes des changements climatiques et enfin en matière de santé, le Département de la santé a des programmes qui les aident, notamment lors des accouchements. 


Mme IOLANDA CINTURA, Ministre de la femme et de l’action sociale du Mozambique, a indiqué que le Gouvernement mozambicain accordait une attention particulière à l’autonomisation des femmes rurales, qui sont le « pilier de l’économie rurale du Mozambique » grâce, notamment, à des programmes d’alphabétisation et de formation à la gestion des entreprises, et à l’adoption de législations sexospécifiques.  Des associations de femmes ont été mises sur pied et des politiques de réduction de la pauvreté ont également été adoptées.  La création d’associations a permis aux femmes de participer davantage au processus de prise de décisions, a-t-elle fait savoir.  Elle a notamment expliqué que les associations des producteurs de canne à sucre avaient permis aux femmes d’intégrer l’économie officielle.


Mme Cintura a par ailleurs fait savoir que la promotion du droit à la terre et à la propriété des femmes était un des objectifs principaux du Gouvernement.  Il existe également une stratégie basée sur la promotion du genre, l’environnement et les changements climatiques dont le but est d’accorder aux femmes un accès équitable aux ressources naturelles et à l’adaptation technologique afin de garantir un usage durable des ressources naturelles dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.  Un forum mozambicain de la femme rurale a par ailleurs été mis sur pied, a-t-elle ajouté.


Mme ABENA ONDOA, Ministre de l’autonomisation des femmes et de la famille du Cameroun, a expliqué que 4 millions 700 mille femmes vivaient dans les zones rurales de son pays et qu’elles représentaient 50 à 70% de la main-d’œuvre dans certaines régions.  Elle a noté que le taux de pauvreté de ces femmes avait sensiblement baissé, passant de 40%, en 2001, à 33% en 2007, mais que les défis demeuraient nombreux dans le domaine de l’éducation, de la santé et de la prise de décisions.  S’agissant de l’éducation, elle a expliqué que le Gouvernement camerounais avait mis en place un système officieux d’éducation pour lutter contre l’abandon scolaire, avec 408 écoles dirigées par des responsables de communautés.  Elle a aussi souligné que le Cameroun avait mis l’accent sur l’accès à l’éducation primaire pour tous et que des programmes de sensibilisation avaient encouragé les mères à répartir de manière équitable les tâches entre les garçons et les filles afin que ces dernières bénéficient de chances équitables.  En ce qui concerne la santé, Mme Ondoa a souligné que le Gouvernement avait lancé, en 2005, un programme de construction de centres médicaux en milieu rural, avec déjà plus de 3.000 projets concrétisés.  Elle a ensuite mis l’accent sur la présence des femmes dans l’élaboration des plans de développement locaux, ainsi que sur l’accès au crédit et aux prêts, qui a été facilité par la présence de 242 institutions de microfinance établies en réseau dans les zones rurales.   


Mme SHIRIN SHARMIN CHAUDHURY, Ministre d’État pour les femmes et les enfants du Bangladesh, a révélé qu’au Bangladesh, la célébration de la Journée de l’émancipation de la femme a commencé en 1971 avec l’indépendance du pays.  La Ministre a ajouté que des articles sur l’émancipation de la femme ont été introduits dans la Constitution du pays en 1972 qui garantissent aux hommes et aux femmes les mêmes droits dans toutes les sphères de la vie publique.  Le Gouvernement a lancé une politique nationale du développement de la femme en 2011.  L’émancipation économique de la femme est une priorité de son action.  En plus, a dit la Ministre, une sécurité sociale de protection pour les femmes les plus pauvres existe et c’est une mesure qui a pour but de réduire la pauvreté féminine.  Le Bangladesh a achevé la parité genre dans l’éducation primaire, a aussi indiqué Mme Chaudhury qui ajoute qu’au niveau de l’école secondaire, le nombre des filles dépasse celui des garçons.  Le progrès dans la participation politique des femmes est très significatif, a-t-elle poursuivi, car le Premier Ministre, le chef de l’opposition, le chef de l’opposition parlementaire et six ministres sont des femmes, et d’autres femmes sont maintenant élues leaders syndicaux depuis 1998.  En plus, a conclu la Ministre, les femmes entrepreneurs en milieu rural ont maintenant accès au financement grâce à des prêts gratuits garantis, et des mesures pour arrêter les violences faites aux femmes ont été prises, notamment par la création des « One Stop Crisis Centers » dans sept divisions du pays.


Mme MARCELA HUAITA ALEGRE, Vice-Ministre chargée de la femme au Ministère de la femme et des populations vulnérables du Pérou, a indiqué que son pays s’est engagé à augmenter les ressources humaines et financières destinées aux femmes, en se concentrant sur la lutte contre la pauvreté, en particulier dans les zones rurales.  Pour lutter contre cette pauvreté, nous devons mettre en œuvre une stratégie d’autonomisation des femmes rurales, a-t-elle dit.  C’est ainsi que le Ministère péruvien de la femme met en œuvre des politiques visant l’égalité des chances et l’inclusion sociale, afin d’améliorer la situation des femmes les plus vulnérables du Pérou, comme les femmes rurales et autochtones, les handicapées et les femmes d’ascendance africaine.  L’attention se porte aussi sur l’amélioration de la santé et de la nutrition des femmes vivant dans les zones les plus pauvres du pays. 


La Vice-Ministre a aussi constaté que l’inégalité entre les femmes urbaines et les femmes rurales en matière d’emploi augmente.  En matière d’éducation cependant, le Pérou a comblé les inégalités entre les sexes à tous les niveaux d’enseignement, a-t-elle dit.  Elle a souhaité que les politiques publiques se concentrent davantage sur l’augmentation du niveau d’éducation des femmes. 


Mme AMANDA LORIO ARANA, Ministre adjointe de la recherche agricole du Nicaragua, a indiqué que, grâce au Gouvernement de réconciliation et d’unité nationale, les femmes rurales du Nicaragua étaient en train de se créer une vie meilleure.  Depuis 2007, a-t-elle affirmé, la marginalisation sociale, l’insécurité alimentaire et la désolation du secteur rural étaient des choses du « passé néolibéral ».  La Ministre a indiqué que la stratégie pour la sécurité et la souveraineté alimentaires met l’accent sur les droits des femmes rurales, et elle a ensuite expliqué qu’entre 2007 et 2011, le Gouvernement avait distribué à 100 000 femmes plus de 50 000 vaches, 29 000 truies, 9 800 moutons, 4 000 chèvres et 600 000 volailles, entre autres.  Elle a également présenté une liste détaillée de la production agricole des femmes rurales, qui compte 25 millions de litres de lait et 2 millions de douzaines d’œufs, précisant que grâce à leur surproduction, les femmes agricultrices et fermières avaient pu réaliser des économies d’un montant de 55 millions de córdobas (monnaie nationale).  Mme Arana a également passé en revue le fonctionnement du programme de productivité alimentaire, qui est un regroupement de 179 coopératives de 100 000 femmes en tout.  Ces dernières ont pu changer la situation financière et la nutrition de leur famille et elles ont pu récupérer leur rôle de leadership et consolider leurs relations avec leur mari ou partenaire, s’est-elle félicitée.


Mme KATHLEEN LYNCH, Ministre d’État en charge du handicap, de l’égalité des chances, des personnes âgées et de la santé mentale de l’Irlande, a présenté les initiatives entreprises par son gouvernement, élu l’an dernier, en vue de favoriser la participation des femmes aux processus de prise de décisions, notamment l’organisation d’une conférence sur les femmes et la politique, qui a eu lieu le mois dernier.  Cette conférence a coïncidé avec l’entrée en vigueur d’une législation incitant les partis politiques à introduire des quotas de femmes sur leurs listes de candidats aux élections générales, faute de quoi, a-t-elle précisé, ils risqueraient de perdre une partie de leur financement public.  Par ailleurs, le Gouvernement s’est également récemment engagé à accroître de 34 à 40% le pourcentage de femmes nommées aux postes de responsabilité de l’administration de l’État.  Une campagne de sensibilisation a aussi été lancée à l’égard des entreprises pour les encourager à nommer davantage de femmes aux postes de direction, car leur présence à ce niveau de responsabilité ne dépasse pas 8% actuellement, a regretté Mme Lynch.  Elle a souligné que son pays travaillait aussi en partenariat avec l’Ouganda, la République-Unie de Tanzanie, la Sierra Leone, l’Éthiopie, le Mozambique, le Timor-Leste, le Viet Nam et bien d’autres pays d’Afrique et d’Asie où des programmes promeuvent les droits des femmes.  Elle a aussi mis l’accent sur l’appui constant de son pays à ONU-Femmes, tant dans sa dimension opérationnelle que normative, ainsi qu’aux pays d’Afrique où 80% des femmes contribuent à la production alimentaire, a-t-elle conclu.  


Mme ASKIN ASAN, Ministre adjointe de la famille et des politiques sociales de la Turquie, a expliqué que la répartition sexospécifique du travail se faisait particulièrement ressentir en milieu rural, et que les femmes rurales connaissaient de sérieux problèmes découlant notamment de leur faible niveau d’éducation, de la faiblesse des organisations de la société civile, de la limite des perspectives de rémunération et de l’absence de sécurité sociale, entre autres.  Elle a indiqué que la Stratégie nationale turque pour le développement rurale pour la période 2007-2013 avait pour but de créer des perspectives d’emplois assorties d’une sécurité sociale pour les femmes qui travaillent dans le secteur informel.  Un plan d’action pour l’autonomisation de la femme rurale est par ailleurs en cours d’élaboration.  Mme Asan a également parlé du projet pour l’Anatolie du sud-est qui vise à augmenter la prospérité dans cette région, ainsi que du projet pour la création de centres multifonctionnels, qui cible les groupes les plus désavantagés du pays.  Elle a précisé que plus de 15 000 jeunes femmes avaient pu profiter de ce programme.  Des programmes de formation pour les femmes sont disponibles dans 81 provinces de la Turquie et 35 coopératives, entièrement féminines, de développement agricole ont été mises sur pied dans le pays, a-t-elle ajouté.


Mme GLORIA BENDER, Représentante spéciale internationale pour les femmes du Ministère des affaires étrangères, du commerce international et du culte de l’Argentine, a annoncé que l’Argentine a réalisé des avancées juridiques, a pris des engagements politiques et s’est attelée à la construction d’une politique intégrale de la femme dans laquelle les femmes ont elles-mêmes été impliquées.  Cette politique a reçu une reconnaissance internationale pour son programme pluriannuel 2004-2007, s’est réjouie la représentante.  Elle a dit ensuite que l’Argentine a un profil majoritairement rural et c’est une puissance agricole et pastorale.  Les femmes rurales y jouent un rôle prédominant dans le développement rural, spécialement dans le financement de ce développement et dans la sécurité alimentaire.  Notre défi est de donner une perspective transversale au genre et ainsi atteindre l’émancipation et la participation des femmes dans les prises de décisions et de leur permettre l’accès à la terre et aux marchés dans les mêmes conditions que les hommes.  L’Argentine compte de nombreux programmes, politiques et institutions pour l’émancipation des femmes, dont notamment le plan stratégique participatif fédéral pour l’industrie, l’agriculture et le programme social agricole qui a vu passer à 29,3% le nombre de femmes ayant reçu un crédit entre le 1er juin 1993 et le 31 mars 2006.  Le projet national pour les femmes rurales inclut désormais les femmes indigènes dans les différents projets et programmes, a dit Mme Bender.  Le plan national de sécurité alimentaire vise, quant à lui, notamment, à améliorer les conditions de travail et l’accès aux sources énergétiques des femmes.


Rappelant que le Pakistan avait été l’un des premiers pays du monde musulman à désigner une femme au poste de Premier Ministre, Mme FIZA BATOOL GILANI, Ambassadrice de bonne volonté sur l’autonomisation des femmes du Pakistan, s’est félicitée de la participation des femmes aux processus législatifs de son pays.  Les femmes occupent aujourd’hui 22,2% des sièges à l’Assemblée nationale pakistanaise et 17% des sièges au sénat.  Un « Woman Caucus », un groupe très actif composé de 90 députées issues de différentes formations politiques, a également été mis en place au niveau national, a-t-elle ajouté.  Le Pakistan a également adopté plusieurs lois, ainsi que des mesures administratives, qui condamnent les crimes commis contre les femmes, notamment les crimes à l’acide pour les défigurer, les pratiques antifemmes, le harcèlement sur le lieu de travail, ainsi que la violence domestique.  Mme Gilani a aussi cité la création d’un bureau du médiateur sur la protection des femmes victimes de harcèlement sexuel au travail.  Elle a encore présenté les succès enregistrés par le « Programme Benazir », qui a fourni une protection sociale et des soutiens financiers directs à 7 millions de ménages pauvres.  Par ailleurs, au cours des trois dernières années, 12 millions de femmes pakistanaises ont reçu une carte d’identité sous l’égide de ce Programme, dont 70% de femmes en zones rurales.  Le Gouvernement a également distribué des terres aux fermiers qui n’en possédaient pas et 70% des bénéficiaires étaient des femmes, a-t-elle conclu.


Mme PENNY WILLIAMS, Ambassadrice mondiale pour les femmes et les filles de l’Australie, a indiqué que 15% de la population de son pays vivaient en zone rurale.  Sur le plan national, l’alliance des femmes autochtones promeut la participation des femmes en politique.  Mme Williams a ensuite expliqué que les femmes vivant dans les zones les plus reculées qui sont victimes de violence faisaient face à des défis notables.  Un plan d’action de réduction de la violence faite aux femmes a été lancé l’an dernier, et l’Australie s’implique de plus en plus sur cette question.  Mme Williams a notamment indiqué qu’en novembre 2011, son pays avait organisé un dialogue politique avec les États-Unis est les États du Pacifique sur la violence faite aux femmes.  Le Gouvernement s’est également engagé à verser plus de 100 millions de dollars sur quatre ans pour lutter contre la violence faite aux femmes dans les pays en développement.  La représentante a ensuite annoncé qu’en 2012, l’Australie comptait verser 9,2 millions de dollars australiens au financement des activités d’ONU-Femmes.


M. JOSEF HECKEN, Secrétaire d’État au Ministère fédéral aux affaires familiales, aux personnes âgées, aux femmes et à la jeunesse de l’Allemagne, a annoncé que le défi de la politique de l’égalité est celui de la différence et de la solidarité dans un contexte globalisé et entre les générations qui le composent.  Les effets à long terme des décisions qui sont prises chaque jour sont bien connus et elles vont généralement à l’encontre des intérêts des femmes.  En Allemagne, ces désavantages se manifestent par de grandes disparités régulières dans l’emploi des femmes et leur accès à la formation.  Les cadres de décision mis à la disposition des femmes rurales influencent les décisions qu’elles prennent, et cela peut avoir des conséquences également sur les choix de vie qu’elles feront dans le futur.  Pour aider les femmes rurales à faire face à ces défis, le Gouvernement fédéral allemand travaille avec les ONG pour trouver les causes des inégalités en milieu rural, pour former les femmes à être des vulgarisateurs de l’égalité des droits et les intégrer dans les institutions et les organisations et structures régionales.  Une série de projets a pour but de promouvoir l’indépendance économique des femmes.  Dans le même temps, il faut créer des opportunités pour que les hommes jouent un rôle plus grand dans la promotion des droits des femmes, la prestation de soins aux familles et l’amélioration du bien-être familial.  Le Gouvernement allemand s’est engagé à appuyer de nombreux projets en partenariat avec les Nations Unies et avec d’autres partenaires dans le but de renforcer les droits des femmes, de multiplier les opportunités qui leur sont offertes pour l’accès au monde du travail, au crédit, à l’information, à l’emploi, à l’éducation et à la formation, a dit M. Hecken.


Mme TAMAR KINTSURASHVILI, Secrétaire d’État de la Géorgie, a expliqué que son pays avait adopté plusieurs lois s’agissant du renforcement de la participation des femmes aux processus de prise de décisions, ainsi qu’un plan d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité du Conseil de sécurité, étant donné qu’une partie du territoire géorgien est occupée, a-t-elle ajouté.  Rappelant que de nombreux déplacés internes étaient toujours empêchés de rentrer chez eux, elle a souligné que ce plan visait à intensifier la participation des femmes au règlement du conflit.  Elle a remercié ONU-Femmes et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour l’aide apportée dans la mise en place de ce plan mais a souligné que sans les femmes déplacées, qui ont activement défini leurs priorités et leurs besoins, ce plan n’aurait pas pu voir le jour.  Elle a ensuite rappelé que la population rurale ignore souvent ses propres droits.  C’est pourquoi, le Gouvernement a mis au point des programmes d’éducation qui incluent des cours d’éducation civique avec un accent sur l’égalité des sexes.  Elle a aussi mis l’accent sur la nécessité de programmes de formation des femmes à l’agro-agriculture, aux technologies, ainsi qu’à la création d’entreprises.


« Il est midi trente, et 500 femmes ont déjà perdu la vie aujourd’hui, faute de soins, dans les zones rurales notamment », a lancé Mme AMELIE VON ZWEIGBERGK, Secrétaire d’État pour l’égalité entre les sexes de la Suède, qui a appelé à ce que l’on comble le fossé en matière de respect des droits de l’homme dans les régions rurales.  Cela permettrait à la société de réaliser des avancées notables, a-t-elle assuré.  Elle a convenu que les femmes rurales suédoises ne connaissaient ni la faim ni la pauvreté extrême, rappelant tout de même qu’il y a à peine un siècle, la Suède était un pays sous-développé où les femmes avaient peu de perspectives économiques et ne pouvaient pas jouir de leurs droits.  Elle a insisté sur l’importance de la protection et de la promotion de la santé sexuelle et reproductive, observant que dans les pays en développement, près de la moitié des filles âgées de moins de 18 ans étaient mariées.  Cela limite leur éducation et leurs perspectives, a-t-elle indiqué.  Mme Von Zweigbergk a appelé au renforcement du respect du droit à la propriété des femmes et a estimé qu’un appui accru devait être accordé à l’éducation et au respect des droits sexuels et reproductifs.  Il importe également de combattre les stéréotypes et la violence sexistes, a-t-elle conclu.


Mme INGRID FISKAA, Secrétaire d’État chargée du développement international de la Norvège, a fait remarquer aux délégations que les femmes du monde entier les observaient alors qu’elles préparaient la Conférence sur le développement durable de Rio+20.  Elle a regretté que trop de femmes rurales n’aient toujours pas accès aux ressources naturelles, aux services de base et aux avoirs productifs.  « Vingt ans après le Sommet de la Terre de Rio, et 17 ans après Beijing, nous savons fort bien ce qu’il faut faire pour y remédier », a-t-elle déclaré.  Elle a réaffirmé que la communauté internationale devait protéger les droits des femmes, en particulier la santé sexuelle et reproductive car des millions de femmes n’ont pas encore la possibilité de maîtriser leur reproduction et n’ont pas accès à des soins ou des services de base en matière de santé.  « Or, nous savons que la maternité précoce constitue un obstacle à l’éducation et à la liberté économique et sociale des femmes », a-t-elle ajouté.  Il faut aussi assurer leurs droits sur un pied d’égalité aux ressources économiques, au crédit, à l’eau, à la terre et à un emploi décent, a poursuivi Mme Fiskaa.  Elle a rappelé que cela exigeait des législations adéquates, ainsi que leur application, et a considéré qu’il faudrait aussi parfois des quotas et des mesures de discrimination positive en faveur des femmes, en particulier dans les pays en transition politique.  Elle a ensuite rappelé que tous les éléments qu’elle venait de citer étaient connus depuis longue date.  « Nous le savons mais cela ne se fait pas.  Pourquoi? La réponse aussi, nous la connaissons », a-t-elle dit.  « Faire ce qu’il faut pour les femmes et la planète exigerait des dispositions à changer aussi bien de la part des riches et des puissants.  Or, ces riches et ces puissants sont surtout des hommes d’âge moyen », a-t-elle conclu, appelant dès lors à leur mobilisation.  « Cessez de promouvoir des intérêts égoïstes à court terme », a-t-elle lancé à leur attention.


M. JARMO LINDÉN, Secrétaire d’État de la Finlande, a indiqué que l’attention accordée à l’égalité entre les sexes était un des facteurs qui avait contribué à la compétitivité économique de son pays.  Il a estimé que les organisations non gouvernementales de jeunes avaient un rôle important à jouer en matière de promotion de la parité.  M. Lindén a ensuite souligné que les femmes ne pouvaient être des participantes actives dans leur société que si elles peuvent « disposer librement de leur propre corps », et sont en mesure de « prendre des décisions sur leur sexualité et leur santé reproductive ».  Il est regrettable, a-t-il ajouté, que trop peu de progrès aient été réalisés en matière d’amélioration de la santé maternelle.  M. Lindén a également souligné l’importance pour les femmes de participer au développement rural, observant qu’elles étaient essentielles à la protection des ressources naturelles.  Après avoir appelé à ce que le potentiel des femmes soit pleinement utilisé au cours du processus Rio+20, le Secrétaire d’État finlandais a abordé la question de la violence faite aux femmes, précisant que ce fléau était un grave défi en Finlande ainsi que dans de nombreux autres pays.  Il a par ailleurs estimé que les hommes et les garçons devaient être mobilisés pour assurer l’égalité entre les sexes.


Mme NEELA GANGADHARAN, Ministre du développement de la femme et des enfants de l’Inde, a expliqué que 405 millions de femmes vivaient en zones rurales dans son pays, soit 69% de la population féminine totale de l’Inde.  Parmi celles-ci, 81% sont des travailleuses agricoles et des cultivatrices.  Pour améliorer leur sort, elle a précisé que le Gouvernement avait axé ses efforts sur les opportunités d’emploi et de revenu, y compris les sources de rémunérations autres qu’agricoles.  En outre, la politique agricole nationale a inclus dans ses principes les questions d’égalité des sexes en reconnaissant leur rôle et leur contribution à la production de semences et en tant qu’agents agricoles.  Elle a également mis l’accent sur l’existence d’un important réseau de groupes d’auto-assistance, constitué de plus de 6 millions de groupes dans le pays et a 80% de femmes, et qui ont pu appuyer 97 millions de bénéficiaires.  La Ministre a encore insisté sur l’accès à l’éducation pour les femmes des zones rurales et, à cet égard, s’est félicitée du taux d’alphabétisation des femmes et des filles dans les campagnes indiennes, qui est passé de 34 à 50%.


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a observé que trop peu de femmes rurales disposaient du capital nécessaire qui leur permettrait de mettre en valeur leurs compétences et talents.  « Elles reçoivent moins de capital que les hommes », et il y aurait beaucoup à gagner en comblant cette divergence, a-t-elle notamment indiqué.  Mme Rice a ensuite parlé de l’initiative « Feed the Future » qui permet de former des femmes rurales au Kenya et en Ouganda.  Les États-Unis viennent également de lancer un indice de l’autonomisation des femmes et de l’agriculture.


Mme Rice a ensuite évoqué les millions de morts prématurées provoquées par la cuisine à l’air libre au bois de chauffe, ainsi que les dégâts que cela provoque dans l’environnement.  Il faut donner aux femmes des cuisinières adaptées, a-t-elle souligné.  Elle a également estimé que les femmes et les filles devaient être au premier plan des efforts déployés pour combattre la violence dont elles sont victimes.  Il faut aller encore plus loin, a-t-elle affirmé.


Mme NAKADAMA RUKI ISANGA, Ministre d’État chargée du genre et de la culture de l’Ouganda, a expliqué que son pays s’était doté d’une loi sur la propriété foncière qui garantit le droit d’occupation avant toute transaction concernant les terres matrimoniales.  L’action en matière de lutte contre les mutilations génitales féminines a été renforcée et a débouché sur l’adoption de lois contre la violence domestique et la traite des personnes, entre autres.  L’écart entre les sexes dans les inscriptions scolaires a été réduit, et l’Ouganda est maintenant en mesure d’atteindre l’OMD 2 sur la parité dans l’éducation primaire.  La Ministre s’est également félicitée du fait que le nombre de femmes qui occupent des postes de prise de décisions avait augmenté.  Le pourcentage de femmes qui siègent au Parlement ougandais est ainsi passé de 24,6% en 2001 à 35% actuellement.  Mme Isanga a par ailleurs indiqué qu’au cours des deux dernières années, le Gouvernement avait mis en place des mesures de protection sociale destinées aux femmes âgées, entre autres, et qu’il existait également des programmes de subvention pour les femmes rurales, ainsi que des programmes d’alphabétisation et de formation professionnelle.  Elle a cependant fait savoir que des défis persistaient en matière de mortalité maternelle, de mariage et de grossesses précoces.  Elle a également déploré la persistance d’une pauvreté « au visage féminin ».


M. MAMADOU SY MBENGUE, Ministre de la famille, des organisations féminines et la petite enfance et de l’enfance du Sénégal, a indiqué que dans son pays les femmes représentent 52% de la population et vivent essentiellement dans les zones rurales où elles sont majoritairement agricultrices.  Il a évoqué la féminisation de la pauvreté et a indiqué que son gouvernement avait mis en place des politiques de réduction de la pauvreté et de protection sociale qui avaient permis d’injecter plus de 30 milliards de Francs CFA dans la réalisation d’infrastructures sociocommunautaires.  Par ailleurs, des centres départementaux d’assistance et de formation pour les femmes ont permis de renforcer les capacités de plus de 25 000 associations de femmes.  Des mesures ont également été prises en matière d’accès des femmes à la terre, de développement de l’entrepreneuriat féminin en milieu rural, et de promotion de l’accès des filles à l’école.  M. Mbengue a ensuite précisé qu’environ 10% du budget national du Sénégal étaient affectés à la santé et que le Sénégal avait par ailleurs mis en place un important arsenal juridique pour lutter contre la violence à l’égard des femmes.  Un fond d’assistance aux victimes a été mis en place, dont 25% des ressources sont affectées spécifiquement aux femmes, a-t-il ajouté.


Mme SOON-YOUNG YOON, Représentante de l’Alliance internationale des femmes auprès des Nations Unies, a considéré que l’autonomisation économique des femmes et des filles nécessitait davantage que des solutions de technocrates et que le cœur du problème était que, trop souvent, les décideurs politiques méconnaissaient le contexte social et culturel des besoins économiques des femmes rurales.  Elle a noté que cela était particulièrement le cas lorsque les politiques agricoles ne tenaient pas compte de la grande diversité ethnique, religieuse, en âge, en statuts maritaux, ou en niveau d’handicap des femmes rurales.  Elle a ensuite réitéré la nécessité de bénéficier d’indicateurs budgétaires sexospécifiques.  Elle a d’autre part estimé que la communauté internationale devait aussi mieux comprendre les liens entre égalité, développement et paix et placer ceux-ci sur l’agenda des politiques publiques.


Table ronde


Le rôle de la gouvernance et des institutions attentives à la sexospécificité dans l’autonomisation des femmes rurales


Mme BINETOU NIMAGA, Ministre des affaires de la femme, des enfants et de la famille du Mali, a axé sa présentation sur la contribution des femmes rurales maliennes à la gestion de l’insécurité alimentaire des ménages ruraux.  Elle a expliqué que les femmes représentaient 37% de la population active du secteur maraîcher et plus de 55% du nombre de maraîchers mais qu’elles occupent moins de 22% des superficies maraîchères exploitées.  S’agissant des dispositions mises en place par son gouvernement, elle a souligné que la politique nationale du genre (PNG) du Mali avait concentré son aide sur trois domaines d’activité.  Le premier axe a concerné l’amélioration de la rentabilité du travail des femmes rurales dans les secteurs productifs clefs que sont l’agriculture, l’élevage et la pêche.  Le second axe s’est concentré sur l’amélioration de la rentabilité des opérations économiques des femmes qui œuvrent dans le secteur informel et l’entreprenariat.  Enfin, le Gouvernement malien s’est aussi penché sur l’élargissement de l’offre de services de soutien à la production, à savoir la microfinance, les formations, les intrants techniques et les technologies.  Mme Nimaga a également cité des dispositions spécifiques, comme l’attribution par l’Office du Niger de 10% des parcelles aménagées par l’État aux femmes et aux jeunes.


M. ANDRÉS TEODORO WEHRLE RIVAROLA, Ministre adjoint de l’agriculture du Paraguay, a signalé que l’accès à la propriété foncière exigeait aussi que les femmes aient accès à l’assistance technique et financière de manière à éviter la migration et la pauvreté.  Il a précisé que les femmes rurales étaient à la tête de 24,4% des ménages, et énuméré les différents obstacles institutionnels auxquels elles font face, notamment l’absence d’outils sexospécifiques.  Il a également souligné la nécessité de renforcer le rôle de la femme en tant que productrice et d’obtenir des données cadastrales ventilées par sexe.  M. Wehrle Rivarola a de plus évoqué les obstacles culturels patriarcaux qui font que leurs contributions sont rarement reconnues.  De plus, la violence à l’encontre des femmes entrave leur plein épanouissement.


Le Ministre adjoint a ensuite indiqué que dans le cadre du MERCOSUR, une réunion spécialisée sur l’agriculture familiale avait été organisée en 2004, dans le but de créer des politiques publiques et de veiller à l’intégration des femmes aux réformes des politiques agraires.  M. Wehrle Rivarola a expliqué que 80% de la population rurales paraguayenne vivait dans la pauvreté.  L’analphabétisme est très élevé chez les femmes, mais des actions positives ont néanmoins pu être lancées pour faciliter l’éducation des femmes chefs de famille, par exemple.  Il a également indiqué qu’en dépit de règles favorables à la participation des femmes et à la distribution de certaines ressources à leur attention, peu de progrès véritables avaient été réalisés.  M. Wehrle Rivarola a indiqué que le programme d’amélioration de l’agriculture familiale du Paraguay mettait l’accent sur l’égalité de l’accès aux ressources ainsi que sur la sécurité alimentaire.  Dix mille familles sont visées pour 2012 et 130 000 pour 2013, soit 50% des exploitations agricoles du Paraguay, a-t-il précisé.  Pour le panéliste, il importe de lancer des politiques publiques sensibles à la question du genre pour que les femmes puissent jouer leur rôle de transformateur et pour que l’égalité règne entre hommes et femmes.  Il a également parlé de l’importance des bonnes pratiques, et a engagé les institutions à intégrer la « transversalisation » de cette question dans leurs programmes afin d’assurer un changement total des comportements.


Mme LILLY BE’SOER, fondatrice de l’ONG « Voice for Change » en Papouasie Nouvelle-Guinée, a présenté les difficultés auxquelles étaient confrontées les femmes de son pays, en particulier, dans la région des hauts-plateaux.  Rappelant que la région avait toujours connu des conflits fonciers, des guerres et des conflits tribaux, ainsi qu’une importante circulation d’armes à feu, elle a souligné les lourdes conséquences que cela avait eues et continuait d’avoir sur le sort des femmes.  Cette situation les rend extrêmement vulnérables au mariage forcé, à la polygamie et aux actes de violence sexuelle, a-t-elle expliqué.  S’agissant de l’agriculture, elles ont le droit de cultiver, de pêcher, mais pas de posséder la terre ou de conclure des baux, par exemple.  Elle a fait remarquer que les femmes rurales ne faisaient qu’aider les hommes à cultiver des produits destinés à l’exportation, notamment le café, mais qu’ensuite les revenus de cette activité n’étaient gérés que par les hommes et utilisés pour leurs propres besoins.  Dans ce contexte, le travail de l’ONG « Voice for Change » s’est efforcé de faire changer les mentalités, de fournir des services destinés à permettre aux femmes d’épargner, ainsi que de sensibiliser à la violence sexiste, a-t-elle souligné.  Elle a ajouté que cette mobilisation se poursuivait et, en juillet 2012, lors des élections provinciales dans la province de Jiwaka, les femmes auraient pour la première fois l’occasion de bâtir un modèle de gouvernance locale et provinciale tenant compte de l’égalité et de la parité, a-t-elle espéré.


M. VICTOR LUTENCO, Conseiller du Premier Ministre de la Moldavie, a parlé du système de fourniture de services unique qui a récemment été lancé dans son pays à l’attention des femmes rurales.  Il a fait savoir que la situation de la parité entre les sexes s’était largement améliorée dans son pays mais qu’il restait néanmoins encore beaucoup de chemin à parcourir.  Il faut une transformation d’ensemble des infrastructures et des mentalités, a-t-il indiqué, précisant que la réforme des institutions moldaves avait été inégale selon les secteurs. 


M. Lutenco a ensuite cité l’exemple d’Ana, une mère célibataire vivant dans une localité éloignée de la capitale, qui grâce au système de fourniture de services unique, a pu suivre une formation et obtenir ensuite un emploi dans un lycée de sa commune et subvenir ainsi aux besoins de sa famille.  Il a expliqué que le système de fourniture de services unique était une structure mobile, donc également accessible aux personnes qui ne peuvent pas se déplacer.  Les fournisseurs de services participent à toutes les discussions et l’efficacité des opérations est toujours privilégiée, a-t-il ajouté.  Il a précisé que grâce à ce système à guichet unique, les femmes moldaves n’ont plus à passer de longues heures à se rendre dans différents bureaux pour obtenir les services ou effectuer les démarches dont elles ont besoin.  Il y a également plus de transparence et moins de corruption, et la capacité d’économie de cette initiative a également été prouvée, a-t-il ajouté.  M. Lutenco a ensuite indiqué que le Gouvernement moldave prévoit d’élargir ce système à l’ensemble du territoire du pays d’ici à 2013.


Débat interactif


Les présentations des panélistes ont suscité plusieurs remarques de la part des ministres et représentants qui ont souhaité, à leur tour, faire part des initiatives ou programmes lancés par leurs pays ou organisations et destinés à renforcer le rôle de la gouvernance et des institutions attentives aux différentes questions évoquées. 


L’Afrique du Sud, par exemple, dispose d’une Commission pour l’égalité homme-femme, qui a des pouvoirs d’enquête et qui est chargée de l’évaluation de l’insertion du thème débattu par la table ronde dans les politiques, a expliqué sa représentante. 


La délégation de l’Italie a pour sa part indiqué que son pays a créé, en 1998, un Observatoire national pour les entreprises et le travail des femmes dans l’agriculture, qui a mené de nombreuses formations à leur attention.  Un groupe de travail ciblé a également été mis sur pied et a permis la réalisation d’un atlas des femmes dans l’agriculture.  


Au Pakistan, un fonds d’allègement de la pauvreté a adopté une approche proactive afin d’inclure les femmes dans ses programmes, notamment en matière de microcrédit.  Ce fonds, s’est félicité le représentant du Pakistan, a déjà bénéficié à des millions de femmes rurales.   


S’exprimant au nom des cinq pays nordiques, le représentant de la Finlande a fait part de leur expérience en matière de développement de politiques sociales axées sur l’établissement de la parité.  Il a expliqué que le congé parental pour la femme et pour l’homme avait, par exemple, eu un impact considérable sur les possibilités d’emploi. 


S’agissant des femmes rurales, il a considéré qu’améliorer leurs opportunités et possibilités en matière d’éducation devrait figurer parmi les priorités de tous les pays et il a invité le secteur privé à organiser des formations utiles à ces femmes.


Le représentant du Swaziland a mis l’accent sur une éducation des individus dès leur enfance dans l’optique de l’égalité et de la parité.  « Nous, en tant qu’individus, sommes tous le produit d’un processus social », a-t-il rappelé, faisant part de l’organisation d’un atelier spécifique en la matière dans son pays.


Plusieurs intervenants, dont la responsable du Consortium des femmes du Nigéria, ont mis l’accent sur la nécessité de disposer de données sur les questions sexospécifiques.  « Les mécanismes mis en place dans certains pays sont souvent sous-financés et n’ont pas le retentissement voulu, car les ministres responsables des questions de parité ne sont pas en mesure de fournir l’impact qu’ont les politiques promues sur le tissu social », a-t-elle regretté.  Elle a plaidé pour un suivi plus approfondi et pour la prise de mesures visant à évaluer  l’incidence des politiques.


De son côté, le représentant de la Jordanie a souligné que les présentations entendues rappelaient combien il fallait tenir compte des réseaux sociaux dans lesquels sont inscrites les femmes rurales, car celles-ci sont confrontées partout à des défis communs mais qui diffèrent toutefois de région en région.  Les réseaux existants nécessitent donc qu’on leur applique des solutions adaptées aux besoins particuliers de chaque groupe de femmes, a-t-il souligné, déplorant ensuite la faible présence de femmes rurales aux débats de la Commission.


Pour sa part, la représentante de la Palestine a estimé qu’on parlait beaucoup de l’autonomisation des femmes et pas suffisamment de l’autonomisation des individus de manière générale.  Elle a expliqué que les femmes palestiniennes étaient confrontées à l’abattage des oliviers des vergers familiaux de la part des autorités israéliennes et a rappelé que l’instabilité dans la région était leur principale difficulté, réitérant leur volonté de bénéficier d’une paix qui se fonde sur la justice et l’équité.


Réagissant en premier lieu aux interventions, le Conseiller du Premier Ministre de Moldova, M. Lutenco a souligné qu’il partageait entièrement la préoccupation concernant la prise en compte des valeurs culturelles existantes dans chaque partie du monde.  Il a estimé que l’une des manières d’aborder ce contexte culturel était d’élaborer des stratégies du bas vers le haut, de se rendre sur le terrain et dans les villages, afin de connaitre les attentes et les besoins des individus pour lesquels sont élaborées ces stratégies. 


Interrogée à plusieurs reprises au cours du débat, la Ministre des affaires de la femme, des enfants et de la famille du Mali, Mme Nimaga, a parlé plus en détails des banques de céréales et des activités de pêche et d’élevage qui incluaient à la fois la participation d’hommes et de femmes.  Celles-ci sont présentes, a-t-elle dit, dans toutes les activités de transformation et de conservation agricole, animale ou halieutique, a-t-elle indiqué. 


Le Ministre adjoint de l’agriculture du Paraguay, M. Wehrle Rivarola, s’est attardé sur plusieurs lacunes auxquelles les intervenants avaient estimé qu’il fallait remédier.  Il a notamment cité la nécessité que les femmes rurales soient en mesure de contrôler leur production agricole et d’accéder à des technologies.  Il a ensuite plaidé pour une durabilité en matière d’agriculture et pour une agriculture familiale. 


Pour sa part, Mme Lilly Be’Soer, de l’ONG « Voice for Change  », a estimé que les femmes rurales étaient trop peu associées à l’élaboration des politiques des gouvernements.  Par ailleurs, elles ont aussi trop peu d’occasion de solliciter leur gouvernement ou de nouer un dialogue avec celui-ci, a-t-elle regretté.  


Résumant la discussions, le Vice-Président de la Commission, M. Filippo Cinti, a conclu qu’il fallait aller au devant des femmes rurales pour bien comprendre leurs besoins les plus concrets et qu’il fallait également encourager les gouvernements à les inclure dans les processus de conception et de prise de décisions politiques et à engager un dialogue avec la société civile.  


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Au premier anniversaire de la révolution libyenne, le Conseil de sécurité s’informe des défis à relever en matière d’élections, de sécurité et des droits de l’homme

CS/10563

Au premier anniversaire de la révolution libyenne, le Conseil de sécurité s’informe des défis à relever en matière d’élections, de sécurité et des droits de l’homme

29/02/2012
Conseil de sécuritéCS/10563
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6728e séance – matin


AU PREMIER ANNIVERSAIRE DE LA RÉVOLUTION LIBYENNE, LE CONSEIL DE SÉCURITÉ S’INFORME

DES DÉFIS À RELEVER EN MATIÈRE D’ÉLECTIONS, DE SÉCURITÉ ET DES DROITS DE L’HOMME


Le Conseil de sécurité, qui a tenu aujourd’hui sa réunion mensuelle sur la Libye, 12 jours après le première anniversaire de la révolution, a entendu le Représentant spécial du Secrétaire général dans le pays lui expliquer la nature et l’ampleur des défis qui restent à relever s’agissant, en particulier, des élections de juin 2012, de la situation en matière de sécurité et de la lutte contre les violations des droits de l’homme.  M. Ian Martin a annoncé que le Gouvernement libyen s’apprête à présenter son plan national à la communauté internationale et à mettre en place des arrangements pour coordonner le suivi des offres d’appui.


Le Représentant permanent de la Libye auprès des Nations Unies a en effet demandé un appui renforcé des Nations Unies pour assoir son pays dans l’état de droit.  Le Conseil a aussi entendu le Président du Comité des sanctions contre la Libye créé en vertu de la résolution 1970 (2011).


M. Ian martin, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, qui intervenait par vidéoconférence, a annoncé que le Conseil de sécurité entendra, la semaine prochaine, le Premier Ministre libyen, M. Abdurrahim El-Keib, sur les défis du Gouvernement, mis en place il y a trois mois, et sur les préparatifs de l’élection des membres du Congrès national d’où sortira le nouveau Gouvernement.  Le Congrès jouera également le rôle d’assemblée constituante.


Le Représentant spécial s’est félicité de ce que le Conseil national de transition (CNT) vient d’adopter une loi sur l’administration électorale et de mettre en place la Haute Commission électorale nationale.  Il a précisé que la loi électorale, adoptée le 28 janvier et amendée le 7 février, met en place un système électoral parallèle avec 120 sièges réservés au scrutin majoritaire et 80 sièges au scrutin proportionnel.  La loi, s’est-il réjoui, assure une participation, certes modeste, des femmes comme l’a demandé la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL). 


La loi garantit, en effet, qu’un candidat sur deux soit une femme pour les scrutins locaux.  Il a salué la nomination des 15 Commissaires de la Haute Commission électorale et a souligné le succès des élections locales de Misrata, le 20 février, avec un taux de participation de 57%.  


La réussite du processus électoral dépendant de la situation en matière de sécurité, le Représentant spécial a relevé des insuffisances dans les lignes de commandement et de coordination entre les diverses brigades armées mais a reconnu des progrès dans le renforcement de l’autorité de l’État sur les brigades, notamment par la mise en place de comités locaux de sécurité placés sous la direction du Ministère de l’intérieur.


La semaine dernière, le Gouvernement a pris la décision de transférer le contrôle des infrastructures terrestres, aériennes et maritimes des brigades au Ministère de l’intérieur. 


S’agissant de la démobilisation et de la réintégration, la Commission pour la réhabilitation et le développement du Ministère de la défense indique que 15% des 148 000 ex-combattants enregistrés souhaitent intégrer la police ou l’armée, tandis que les autres préfèrent une formation professionnelle.  Les Ministères de l’intérieur, de la défense et du travail ont développé des plans visant un recrutement initial de 10 000 anciens combattants au Ministère de l’intérieur et 5 000 au Ministère de la défense. 


Les 20 et 21 février 2012, la MANUL a facilité, à la requête du Premier Ministre libyen, la tenue d’une conférence ministérielle sur les défis les plus critiques en matière de sécurité, notamment la sécurité aux frontières et dans les villes, la prolifération des armes et les violations des droits de l’homme.  Tous les participants ont souligné la nécessité d’un cadre et d’une stratégie de sécurité nationale dotés d’un comité de coordination placé sous l’autorité du Premier Ministre. 


M. Martin a indiqué que la MANUL aide aussi le Gouvernement pour la préparation d’une conférence régionale de haut niveau sur la sécurité aux frontières que le Premier Ministre El-Keib s’est engagé à tenir lors de sa dernière intervention au Sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, le 29 janvier 2012.


Le Représentant spécial a mis l’accent sur la nécessité d’inverser la politique de la longue discrimination contre les minorités et de promouvoir la réconciliation nationale entre les tribus.  Il a rappelé les affrontements entre les Tabou et les Zwaya à Koufra, qui en deux semaines, ont causé la mort d’une centaine de personnes.    


S’agissant des droits de l’homme, M. Martin a indiqué qu’hier même, le Premier Ministre libyen s’est engagé devant le Conseil des droits de l’homme à Genève à coopérer avec les Nations Unies dans ce domaine.  Il faut lier la parole à l’acte avec des mesures fortes et urgentes, a estimé le Représentant spécial.  Il a rappelé son idée de faire en sorte que les Ministères de l’intérieur, de la justice et de la défense inspectent régulièrement les installations des différentes brigades, identifient tous les lieux de détention et mettent en œuvre une stratégie d’ensemble pour les questions liées aux détentions.


La MANUL, qui a visité à plusieurs reprises les centres de détention de Misrata, Zawitya et de Tripoli, a fait des premières recommandations au Cabinet du Premier Ministre et au Ministère de la justice.  La MANUL, a ajouté le Représentant spécial, a aussi demandé une enquête sur l’attaque du 6 février contre le camp de déplacés de Tawergha. 


Les cours et tribunaux reprennent peu à peu vie, a aussi annoncé M. Martin, même si des inquiétudes subsistent sur la sécurité des juges et des avocats.  La loi sur la justice transitionnelle a été publiée le 14 février et prévoit la création d’une commission d’établissement des faits et de réconciliation, chargée d’enquêter sur les crimes et violations des droits de l’homme commis depuis 1969.  La loi prévoit un fonds d’indemnisation des victimes.  Une des missions vitales de la justice transitionnelle est l’identification des personnes disparues.  Le Ministère de l’aide aux familles des martyrs et des personnes disparues a entamé la collecte d’ADN auprès des familles concernées et l’exhumation des fosses communes.


Le Représentant spécial a aussi parlé des défis liés aux migrants, aggravés ces jours derniers, par l’arrivée de réfugiés syriens par la frontière égyptienne.  Il a conclu en annonçant que le Gouvernement est prêt à présenter son plan national à la communauté internationale et à mettre en place des arrangements pour coordonner le suivi des offres d’appui.  Ces efforts sont menés par le Cabinet du Premier Ministre et le Ministre du Plan, avec l’appui de la MANUL, de l’Union européenne et de la Banque mondiale. 


De son côté, M. José Filipe Moraes Cabral (Portugal), Président du Comité des sanctions créé en vertu de la résolution 1970 (2011), a indiqué que, le 9 février 2012, son Comité a examiné 31 demandes de notification ou d’exemption relatives à l’embargo sur les armes et 151 relatives au gel des avoirs.  Le Comité a aussi débattu de plusieurs requêtes d’assistance d’États Membres pour les filiales des deux dernières entités inscrites sur la liste des entités touchées par le gel des avoirs, à savoir la Libyan Investment Authority (LIA) et la Libyan Africa Investment Portfolio (LAIP).  Les filiales de ces organismes ne tombant pas sur le coup du gel des avoirs, cette contradiction a poussé M. Moraes Cabral à préparer une note sur la façon de mettre en œuvre le gel. 


Il a également précisé que le Comité a reçu une mise à jour du Groupe d’experts sur la préparation du document de travail relatif à la circulation des armes de la Libye vers la région.  Le document reflète les points de vue de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (CTED), de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), de la MANUL, de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Il a précisé que le Comité avait obtenu de 55 États Membres des rapports de mise en œuvre.  


Enfin, M. Abdel Rahman Shalgham, de la Libye, a salué l’adoption des résolutions 1970 et 1973 par le Conseil de sécurité, qui ont permis de protéger des civils libyens et de conduire à la libération de la Libye, en rappelant que Mouammar Qadhafi avait promis d’incendier la Libye le 21 février 2011.  Il a appelé les États de la région à collaborer avec la Libye pour retrouver les Libyens recherchés par INTERPOL.  Par ailleurs, il a jugé urgent que les avoirs gelés soient débloqués en faisant valoir que le pays s’est doté désormais d’un Comité de la transparence.  Le représentant a demandé une aide renforcée de la communauté internationale en prévision des élections du mois de juin, malgré les difficultés du pays, et dans le but d’assoir la Libye dans l’état de droit.  


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil encourage les États du golfe de Guinée à élaborer une stratégie régionale de lutte contre la piraterie et à créer un mécanisme multinational et transrégional

CS/10562

Le Conseil encourage les États du golfe de Guinée à élaborer une stratégie régionale de lutte contre la piraterie et à créer un mécanisme multinational et transrégional

29/02/2012
Conseil de sécuritéCS/10562
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6727e séance – matin


LE CONSEIL ENCOURAGE LES ÉTATS DU GOLFE DE GUINÉE À ÉLABORER UNE STRATÉGIE RÉGIONALE

DE LUTTE CONTRE LA PIRATERIE ET À CRÉER UN MÉCANISME MULTINATIONAL ET TRANSRÉGIONAL


Le Conseil de sécurité, « vivement préoccupé par la violence exercée par les pirates et les personnes impliquées dans les actes de piraterie et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée », a exhorté, ce matin, les États de cette région « à élaborer une stratégie régionale de lutte contre la piraterie » et les a encouragés à créer « un mécanisme multinational et transrégional couvrant toute la région du golfe ».


Par la résolution 2039 (2012), adoptée à l’unanimité, le Conseil exhorte les États du golfe de Guinée à œuvrer, par l’intermédiaire de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la Commission du golfe de Guinée (CGG), à la convocation du Sommet qui doit élaborer une stratégie régionale de lutte contre la piraterie, en coopération avec l’Union africaine.  Pour la mise en œuvre de la stratégie, le Conseil prie le Secrétaire général d’appuyer les efforts visant à mobiliser les ressources nécessaires au renforcement des capacités nationales et régionales.


Le Conseil encourage aussi les États de la région, la CEDEAO, la CEEAC et la CGG à créer un mécanisme multinational et transrégional en faisant fond sur les initiatives existantes, notamment celles prises sous les auspices de l’Organisation maritime internationale (OMI).


Au niveau national, le Conseil demande des stratégies de sécurité maritime, notamment la mise en place d’« un cadre juridique visant à interdire, prévenir et réprimer les actes de piraterie et les vols à main armée en mer, ainsi que de poursuivre les auteurs de ces crimes et de punir quiconque en est reconnu coupable ».  Il encourage aussi la coopération régionale s’agissant de l’adoption d’un code de conduite.


Le Conseil encourage d’ailleurs le Bénin et le Nigéria à poursuivre leurs patrouilles conjointes le long des côtes béninoises au-delà de mars 2012, et les partenaires internationaux à fournir aux pays de la région un appui aux patrouilles régionales, à l’animation de centres de coordination et d’échange d’informations et à l’application de la stratégie régionale, une fois qu’elle aura été adoptée.


Lors du débat public tenu lundi dernier sur cette question au Conseil de sécurité, de nombreuses délégations avaient appuyé les recommandations formulées par la mission d’évaluation chargée par le Secrétaire général de l’ONU d’apporter des réponses nationales et régionales à la menace de la piraterie dans la région, mission dépêchée dans la région du 7 au 24 novembre 2011.


CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST


Lettre datée du 18 janvier 2012, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2012/45)


Texte du projet de résolution (S/2012/122)


Le Conseil de sécurité,


Rappelant sa déclaration du 30 août 2011 et sa résolution 2018 (2011) du 31 octobre 2011 sur les actes de piraterie et les vols à main armée dans le golfe de Guinée,


Vivement préoccupé par la menace que les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer dans le golfe de Guinée font peser sur la navigation internationale, la sécurité et le développement économique des États de la région,


Conscient du fait que les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer dans le golfe de Guinée affectent les pays riverains, y compris leur arrière-pays, et les pays sans littoral de la région,


Préoccupé par la menace que les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer font peser sur la sécurité des gens de mer et d’autres personnes, notamment lorsqu’elles sont retenues en otage, et vivement préoccupé par la violence exercée par les pirates et les personnes impliquées dans les actes de piraterie et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée,


Réaffirmant que le droit international, tel que consacré dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982, en particulier ses articles 100, 101 et 105, définit le cadre juridique de la lutte contre la piraterie et le vol à main armée en mer, parmi d’autres activités maritimes,


Affirmant son attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale des États du golfe de Guinée et de leurs voisins,


Affirmant également que les dispositions de la présente résolution s’appliquent à la seule situation dans le golfe de Guinée,


Conscient qu’il est urgent de mettre au point et d’adopter des mesures efficaces et concrètes pour lutter contre la piraterie et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée,


Soulignant qu’il importe de faire fond sur les initiatives nationales, régionales et extrarégionales existantes pour renforcer la sûreté et la sécurité maritimes dans le golfe de Guinée,


Se félicitant des initiatives déjà prises par des États de la région et les organisations régionales, à savoir la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Commission du golfe de Guinée (CGG) et l’Organisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (OMAOC), pour renforcer la sûreté et la sécurité dans le golfe de Guinée,


Notant le mécanisme d’ensemble conjoint pour la sécurité maritime de la CEEAC visant à lutter contre la piraterie dans la sous-région centrafricaine, y compris la stratégie adoptée par le Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale en février 2008, la création du Centre régional pour la sécurité maritime en Afrique centrale (CRESMAC) à Pointe-Noire (Congo), ainsi que les centres de coordination multinationaux,


Notant également les mesures préparatoires prises par la CEDEAO en vue d’élaborer une politique de sécurité maritime à la faveur d’une stratégie de sécurité maritime intégrée et d’un plan maritime intégré,


Notant qu’il importe d’adopter une approche globale conduite par les pays de la région pour lutter contre la menace que représentent les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer dans le golfe de Guinée et leurs causes sous-jacentes,


Notant également la nécessité d’une aide internationale s’inscrivant dans une stratégie d’ensemble d’appui aux efforts nationaux et régionaux visant à aider les États de la région qui s’efforcent de lutter contre la piraterie et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée,


Soulignant que la coordination des efforts déployés au plan régional est nécessaire pour élaborer une stratégie d’ensemble visant à éliminer la menace que constituent la piraterie et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée afin de parvenir à interdire et à prévenir ces activités criminelles et à faire en sorte que les personnes qui se livrent à la piraterie et aux vols à main armée en mer soient poursuivies et, en cas de condamnation, punies en tenant dûment compte des règles et principes généralement reconnus du droit international,


Redisant que les États de la région doivent jouer un rôle moteur pour lutter contre la menace de la piraterie et des vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée et s’attaquer à leurs causes sous-jacentes, en étroite coopération avec les organisations dans la région, ainsi que leurs partenaires,


Saluant le concours apporté par des États Membres et organisations internationales aux efforts nationaux et régionaux en cours visant à sécuriser les zones côtières du golfe de Guinée et à conduire des opérations navales, y compris les patrouilles conjointes effectuées par la République fédérale du Nigéria et la République du Bénin au large des côtes béninoises, et souhaite que d’autres apportent leur concours, sur demande,


Se déclarant préoccupé par les graves menaces que la criminalité transnationale organisée, notamment le trafic des armes et des stupéfiants, la piraterie et les vols à main armée en mer, fait peser sur la paix et la stabilité internationales dans différentes régions du monde, en particulier en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel,


Affirmant son attachement sans réserve à la promotion du maintien de la paix et de la stabilité dans la région du golfe de Guinée,


Se félicite du rapport de la mission d’évaluation du Secrétaire général sur la piraterie dans le golfe de Guinée, qui a été dépêchée dans la région du 7 au 24 novembre 2011;


Encourage les autorités nationales ainsi que leurs partenaires régionaux et internationaux à envisager d’appliquer les recommandations de la mission d’évaluation, comme il convient;


Souligne que c’est au premier chef aux États du golfe de Guinée qu’il incombe de lutter contre la piraterie et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée et dans ce contexte les exhorte à œuvrer, par l’intermédiaire de la CEEAC, de la CEDEAO et de la CGG, à la convocation du Sommet conjoint des États du golfe de Guinée qui doit se tenir pour élaborer une stratégie régionale de lutte contre la piraterie, en coopération avec l’Union africaine;


Prie le Secrétaire général, par l’intermédiaire du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale, d’aider les États et les organisations sous-régionales à convoquer le Sommet conjoint, comme prévu dans la résolution 2018 (2012), dans la mesure du possible;


Prie instamment les États de la région du golfe de Guinée d’agir sans tarder, à l’échelle nationale et régionale, avec le concours de la communauté internationale lorsque cela est possible, sur la base d’un accord mutuel, en vue d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies nationales de sécurité maritime, notamment pour ce qui est de mettre en place un cadre juridique visant à interdire, prévenir et réprimer les actes de piraterie et les vols à main armée en mer, ainsi que de poursuivre les auteurs de ces crimes et de punir quiconque en est reconnu coupable, et encourage la coopération régionale, en particulier pour ce qui est d’adopter un code de conduite en matière de lutte contre la piraterie internationale dans le golfe de Guinée à cette fin;


Encourage le Bénin et le Nigéria à poursuivre leurs patrouilles conjointes le long des côtes béninoises au-delà de mars 2012, les pays du golfe de Guinée devant continuer d’œuvrer à se donner les moyens de sécuriser indépendamment leur littoral et encourage également les partenaires internationaux à envisager de fournir un appui, selon que de besoin, à cette fin, dans la mesure du possible;


Encourage les États du golfe de Guinée, la CEDEAO, la CEEAC et la CGG à créer et à mettre en œuvre un mécanisme multinational et transrégional couvrant toute la région du golfe en faisant fond sur les initiatives existantes, notamment celles prises sous les auspices de l’Organisation maritime internationale;


Encourage les partenaires internationaux à fournir un appui aux États et aux organisations de la région pour leur permettre de renforcer leur capacité de lutter contre la piraterie et les actes de vol à main armée en mer dans le golfe de Guinée, y compris de mener des patrouilles régionales, d’établir et d’animer des centres de coordination et d’échange d’information conjoints, et d’appliquer efficacement la stratégie régionale, une fois qu’elle aura été adoptée;


Prie le Secrétaire général d’appuyer les efforts visant à mobiliser des ressources à la suite de l’élaboration de la stratégie régionale pour aider au renforcement des capacités nationales et régionales, en consultation étroite avec les États et les organisations régionales et extrarégionales;


Prie également le Secrétaire général de le tenir régulièrement informé, par le biais du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale, de la situation de la piraterie et des vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée, y compris des progrès faits concernant le Sommet, ainsi que ceux accomplis par la CEDEAO, la CEEAC et la CGG, en vue de l’élaboration d’une stratégie globale de lutte contre la piraterie et les vols à main armée en mer;


Décide de rester saisi de la question.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité nomme Hassan Bubacar Jallow procureur du Mécanisme international chargé des fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux internationaux

CS/10561

Le Conseil de sécurité nomme Hassan Bubacar Jallow procureur du Mécanisme international chargé des fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux internationaux

29/02/2012
Conseil de sécuritéCS/10561
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6726e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ NOMME HASSAN BUBACAR JALLOW PROCUREUR DU MÉCANISME INTERNATIONAL

CHARGÉ DES FONCTIONS RÉSIDUELLES DES TRIBUNAUX PÉNAUX INTERNATIONAUX


Le Conseil de sécurité a nommé, ce matin, M. Hassan Bubacar Jallow, de la Gambie, au poste de procureur du Mécanisme international chargé d’exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda, pour un mandat de quatre ans à compter du 1er mars 2012.  M. Jallow est l’actuel Procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).


Par la résolution 2038 (2012), proposée par la délégation du Guatemala et adoptée à l’unanimité, le Conseil a noté que le Procureur du Mécanisme international chargé d’exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux internationaux (le « Mécanisme ») peut également exercer les fonctions de procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).


Le Mécanisme chargé d’exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux internationaux, qui restera en fonctions pour une période initiale de quatre ans, a été créé par la résolution 1966 (2010) du Conseil de sécurité, le 22 décembre 2010.  Le Mécanisme doit entrer en fonctions le 1er juillet 2012 pour sa division TPIR et le 1er juillet 2013 pour sa division TPIY (ex-Yougoslavie).  Les fonctions résiduelles comprennent, entre autres, la protection et le soutien des victimes et témoins, les décisions portant sur les renvois et les sursis ou encore l’organisation des procès résiduels des inculpés en fuite.  Le TPIR par exemple, compte encore trois fugitifs de haut rang.


Dans sa lettre du 27 février 2012 adressée au Conseil de sécurité, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a estimé que le Mécanisme bénéficierait énormément de l’expérience considérable, des remarquables qualités de chef et du profond attachement à la justice pénale internationale de M. Jallow.  Par cette lettre, le Secrétaire général rappelle qu’il a déjà nommé M. John Hocking en tant que Greffier du Mécanisme.  Le Secrétaire général a aussi recommandé la nomination du juge Theodor Meron, des États-Unis, au poste de président du Mécanisme, qui pourrait être nommé après consultation avec le Président du Conseil de sécurité et les juges du Mécanisme.  M. Meron est actuellement Président du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).


Les Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda sont des organes subsidiaires du Conseil de sécurité.  Le TPIY, établi à La Haye (Pays-Bas), a été créé en 1993 en réponse à la menace pour la paix et la sécurité internationales représentées par les violations graves du droit international humanitaire commises sur le territoire de l’ex-Yougoslavie depuis 1991.  Le TPIR, dont le siège est à Arusha, en République-Unie de Tanzanie, a été créé en novembre 1994 après que le Conseil de sécurité ait reconnu que des violations graves du droit humanitaire ont été commises au Rwanda.


TRIBUNAL INTERNATIONAL CHARGÉ DE JUGER LES PERSONNES ACCUSÉES DE VIOLATIONS GRAVES DU DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE COMMISES SUR LE TERRITOIRE DE L’EX-YOUGOSLAVIE DEPUIS 1991


TRIBUNAL INTERNATIONAL CHARGÉ DE JUGER LES PERSONNES ACCUSÉES D’ACTES DE GÉNOCIDE OU D’AUTRES VIOLATIONS GRAVES DU DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE COMMIS SUR LE TERRITOIRE DU RWANDA ET LES CITOYENS RWANDAIS ACCUSÉS DE TELS ACTES OU VIOLATIONS COMMIS SUR LE TERRITOIRE D’ÉTATS VOISINS ENTRE LE 1ER JANVIER ET LE 31 DÉCEMBRE 1994


Lettre datée du 23 février 2012, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2012/112)


Lettre datée du 27 février 2012, adressée au Secrétaire général par le Président du Conseil de sécurité (S/2012/113)


Texte du projet de résolution (S/2012/115)


Le Conseil de sécurité,


Rappelant sa résolution 1966 (2010) du 22 décembre 2010,


Ayant à l’esprit le paragraphe 4 de l’article 14 du Statut du Mécanisme international chargé d’exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux (le « Mécanisme ») figurant en annexe à la résolution 1966 (2010),


Ayant examiné la proposition du Secrétaire général de nommer M. Hassan Bubacar Jallow au poste de procureur du Mécanisme (S/2012/112).


Notant qu’aux termes du paragraphe a) de l’article 7 des dispositions transitoires figurant en annexe à la résolution 1966 (2010), le Procureur du Mécanisme peut également exercer les fonctions de procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR),


Rappelant qu’en application de la résolution 1966 (2010), la division du Mécanisme chargée des fonctions résiduelles du TPIR doit entrer en fonctions le 1er juillet 2012,


Décide de nommer M. Hassan Bubacar Jallow Procureur du Mécanisme international chargé d’exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux, pour un mandat de quatre ans à compter du 1er mars 2012.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la condition de la femme souligne l’important apport des femmes rurales dans la lutte contre la faim et la pauvreté

FEM/1892

La Commission de la condition de la femme souligne l’important apport des femmes rurales dans la lutte contre la faim et la pauvreté

28/02/2012
Conseil économique et socialFEM/1892
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la condition de la femme

Cinquante-sixième session

4e et 5e séances – matin et après-midi


LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME SOULIGNE L’IMPORTANT APPORT DES FEMMES RURALES

DANS LA LUTTE CONTRE LA FAIM ET LA PAUVRETÉ


Elle exhorte la communauté internationale et les États à faciliter

aux femmes l’accès au crédit, aux outils de production, à l’éducation et à la propriété


La Commission de la condition de la femme a poursuivi, cet après-midi, le débat général de sa cinquante-sixième session en réaffirmant le rôle essentiel que peuvent jouer les femmes rurales en matière de développement durable, ainsi que dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


La trentaine de ministres, représentantes et déléguées qui se sont exprimés ont ainsi mis l’accent sur la nécessité de promouvoir et de renforcer le rôle des femmes rurales dans la lutte contre l’élimination de la faim et la pauvreté, et ce, en investissant davantage dans l’éducation, dans les infrastructures et en leur garantissant aussi un accès à la propriété, aux services financiers, ainsi qu’à des services de soins et d’aide dans l’accomplissement des charges familiales et domestiques.


Comme cela a eu lieu hier, le débat général de la Commission a été accompagné, aujourd’hui en matinée, de la tenue d’une table ronde de haut niveau*, au cours de laquelle les participants ont eu l’occasion de discuter plus avant des questions liées à l’accès des femmes au financement et à la propriété.


Mme Cheryl Morden, Directrice du Bureau de liaison pour l’Amérique du Nord du Fonds international de développement agricole (FIDA), a fait remarquer que le nombre de femmes pauvres qui avaient bénéficié du microcrédit, entre 1999 et 2010, était passé de 10 à 113 millions.  C’est une croissance qu’elle a considérée impressionnante, mais qui reste néanmoins « une goutte d’eau dans l’océan face aux défis que rencontrent les femmes rurales », a-t-elle dit, rappelant que celles-ci avaient aussi besoin d’accéder à d’autres services financiers, tels que des conseils en matière d’épargne, d’assurance, de gestion des risques et de planification.


« En investissant de manière plus intelligente dans les femmes rurales, il est possible de renforcer l’impact des activités agricoles », a estimé la Ministre de l’égalité des chances du Royaume-Uni, Mme Lynne Featherstone, dont le Gouvernement s’est engagé à aider 18 millions de femmes à accéder à des services financiers.


Plusieurs intervenants ont, dans ces différents domaines, présenté des programmes et des initiatives qui ont été couronnés de succès.


Au Nigéria où les femmes rurales contribuent à produire la majorité des produits locaux, le cadre des politiques en matière de microfinance a récemment été revu avec, pour résultat, un taux d’accès aux services financiers qui a augmenté de 15%, a expliqué la Ministre nigériane des femmes et du développement social, Mme Hajia Zainab Maina.


En Chine, 55,6 milliards de yuans ont été distribués sous forme de prêts aux femmes, tandis que les 2,3 milliards de yuans d’intérêts étaient subventionnés par le Gouvernement.  Cette initiative a permis à plus d’un million 300 mille femmes rurales chinoises de lancer leur propre entreprise, créant ainsi près de quatre millions d’emplois féminins, s’est félicitée la représentante du Gouvernement chinois.


De son côté, la Ministre de la parité et du développement de la Tanzanie, Mme SOFIA SIMBA, a regretté que les infrastructures dans les zones rurales n’aient pas suffisamment bénéficié de l’aide publique au développement (APD).  Elle a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle fournisse des investissements directs dans les domaines de l’irrigation et des infrastructures routières.


Plusieurs autres Ministres, dont celle de l’égalité des sexes de la République de Corée, ont également mis l’accent sur le double fardeau qui pèse sur les épaules de femmes rurales, contraintes d’assumer à la fois les soins des enfants, ceux de la famille et leurs activités agricoles.  En République de Corée, des incitations fiscales ont été versées aux puéricultrices qui travaillent en zone rurale et cela a permis d’alléger les responsabilités familiales de ces femmes, a-t-elle expliqué.


Les nombreuses délégations qui assistaient à cette table ronde ont aussi entendu les exposés d’expertes sur les questions agricoles et sexospécifiques, dont Mme Malika Abdelali-Martini, spécialiste des questions de genre au Centre international de recherche agricole en zone sèche (ICARDA) de la Syrie; Mme Shanaz Wazir Ali, Conseillère spéciale du Premier Ministre du Pakistan sur le secteur social; Mme Anna Kaisa Karttunen, consultante en développement rural, de la Finlande; et Mme Jemimah Njuki, de l’Institut international de recherche sur le bétail, au Kenya. 


La prochaine réunion de la Commission de la condition de la femme aura lieu demain, mercredi 29 février, à partir de 10 heures.


E/CN.6/2012/5


SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000 : ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »: RÉALISATION DES OBJECTIFS STRATÉGIQUES, MESURES À PRENDRE DANS LES DOMAINES CRITIQUES ET AUTRES MESURES ET INITIATIVES


Thème prioritaire: l’autonomisation des femmes rurales et leur rôle dans l’élimination de la pauvreté et de la faim, le développement et le règlement des problèmes actuels


Table ronde 1


En introduction à cette table ronde, Mme MALIKA ABDELALI-MARTINI, socio-économiste et spécialiste de la recherche axée sur les questions de genre au Centre international de recherche agricole en zone sèche (ICARDA) en Syrie, a présenté le rapport* de la réunion du Groupe d’experts sur la participation économique des femmes rurales, qui a été organisée, en septembre 2011 à Accra, au Ghana, par ONU-Femmes, en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM).  


S’agissant des politiques économiques, le Groupe d’experts recommande, notamment, de développer des politiques donnant la priorité à l’emploi décent, d’accroître les investissements dans les infrastructures, et de promouvoir le savoir des femmes rurales et autochtones, a-t-elle expliqué.  Il encourage également les États à adopter des mesures permettant de réduire l’impact négatif des accords commerciaux internationaux ou régionaux. 


En ce qui concerne l’accès équitable à la propriété foncière et le contrôle de la terre, le Groupe d’experts propose, entre autres, de promouvoir le droit des femmes à avoir accès à la terre, la reconnaissance de leurs droits par le droit coutumier et dans les titres de propriété conjoints entre époux.  Le Groupe insiste sur l’enregistrement des terres à des fins collectives qui soient bénéfiques aussi bien aux hommes qu’aux femmes.  Enfin, il met l’accent sur la protection des droits des femmes rurales touchées par les expropriations. 


Parmi ses recommandations, le Groupe d’experts encourage d’autre part les États à reconnaître le rôle que peuvent jouer les femmes en matière d’adaptation aux changements climatiques.  Il met également l’accent sur l’information, l’éducation et le partage des savoirs.  Il propose aussi d’appuyer l’accès et la création de services essentiels et financiers, d’investir dans les services de soins et d’assurance santé et d’encourager les partenariats Sud-Sud en matière d’usage des technologies.  Il met aussi l’accent sur la nécessité d’une présence des femmes rurales dans les processus de prise de décisions, ainsi que sur la nécessité de disposer de ressources budgétaires centrées sur leur autonomisation.


Mme SHANAZ WAZIR ALI, Conseillère spéciale du Premier Ministre du Pakistan sur le secteur social, a axé son intervention sur l’habilitation économique des femmes rurales, laquelle dépend de l’accès qu’elles peuvent avoir au financement, à la formation, aux possibilités d’emploi et aux intrants, entre autres.  Elle a rappelé que la majorité des pauvres du monde sont des femmes vivant en milieu rural, et qu’il existe un rapport évident entre pauvreté et exclusion.  Mme Wazir Ali a ensuite indiqué que la faible croissance économique, des inondations catastrophiques et la lutte contre le terrorisme ont eu des effets néfastes sur la vie des femmes rurales du Pakistan, où environ 20 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté.  Elle a expliqué que le statut nutritif des femmes était un facteur important qui affecte leur productivité ainsi que les indices de mortalité maternelle et infantile, précisant que dans son pays, 48% des femmes rurales souffrent d’un profond déficit alimentaire, l’apport calorifique quotidien qu’elles reçoivent étant insuffisant.  Par ailleurs, un nombre bien trop faible de femmes pakistanaises, soit 18 000, sont des employeurs, alors que dans le même temps, plus de sept millions de femmes rurales effectuent des tâches non rémunérées, a déploré la représentante.


Mme Wazir Ali a affirmé que la propriété foncière était un facteur essentiel pour l’habilitation économique des femmes rurales.  Dans la province de Sindh, a-t-elle indiqué, 6 000 femmes ont reçu des terres du Gouvernement pakistanais, ce qui représente la plus grande distribution de terrains dans l’histoire du Pakistan.  Le pays s’est également doté du « Programme Benazir d’appui aux revenus », qui s’efforce d’atténuer les effets de la crise sur les ménages et sur les femmes.  Des cartes d’identité nationale ont par ailleurs été distribuées aux femmes qui n’avaient pas de statut civique dans le pays, a indiqué Mme Wazir Ali.  Le Pakistan dispose également de huit banques de microfinance, a-t-elle ajouté.


Parmi ses recommandations, la panéliste a insisté sur l’importance de disposer davantage de données empiriques sur les femmes rurales et d’établir des mécanismes de protection des femmes.  Il faut également ouvrir des possibilités et plus d’opportunités économiques et sociales aux femmes rurales par le biais de coalitions, a-t-elle préconisé.  Les femmes rurales, a-t-elle insisté, doivent avoir la possibilité de contribuer aux programmes qui affectent leur vie et de prendre part à l’élaboration des législations qui protégeront leur droit à la propriété foncière.


Mme ANNA KAISA KARTTUNEN, Consultante en développement rural (Finlande), a tenu à souligner la variété de situations et les différences qui caractérisent la situation de chaque groupe de femmes rurales à travers le monde.  Elle a rappelé que les chercheurs manquaient d’informations et de données fiables concernant leur statut, l’étendue du travail non rémunéré qu’elles accomplissent, et les biens qu’elles possèdent.  « Aujourd’hui, nous savons que l’agriculture demeure la principale source de revenus pour la majorité des personnes vivant en zone rurale dans les pays en développement », a-t-elle rappelé.  Elle a toutefois souligné que la diversification des revenus ruraux était devenue la norme partout dans le monde.  Elle a indiqué, à titre d’exemple, qu’en Afrique subsaharienne, 45% des revenus des ménages ruraux était issus d’activités non agricoles, comme par exemple des revenus tirés d’entreprises non liées au travail de la terre; un salaire provenant d’un second emploi, ou des fonds reçus d’envois venant de l’étranger.  En Amérique latine, ce montant est de 40%, a-t-elle précisé. 


Elle a également fait remarquer que les profils d’emplois et de revenus différaient entre hommes et femmes.  Les femmes sont ainsi majoritairement occupées dans des activités à faible productivité.  Elles sont aussi surreprésentées dans le secteur informel ou dans les activités non rémunérées de soutien familial.  De ce fait, leur statut dans l’agriculture est largement éloigné des standards classiques d’emplois ou de protection sociale, et leur situation ne répond à aucune des normes relevant d’un emploi décent, a-t-elle ajouté.  


Dans ce contexte, Mme Karttunen a estimé que promouvoir l’autonomisation des femmes rurales nécessite que l’on mène des efforts sur plusieurs fronts.  Tout d’abord, il est nécessaire de reconnaître la double charge de travail à laquelle elles font face.  Ensuite, il faut leur permettre un accès à l’information, à la terre, au crédit et aux technologies de l’information et de la communication (TIC).  Elle a souligné que, dans certaines zones, l’accès à la téléphonie mobile avait déjà grandement modifié les opportunités économiques des femmes.  Elle a encore insisté sur l’adoption de lois garantissant des droits égaux entre hommes et femmes, ainsi que sur l’amélioration des services sociaux en milieu rural et la création d’organisations de femmes rurales.


Mme JEMIMAH NJUKI, de l’Institut international de recherche sur le bétail du Kenya, a indiqué qu’il était possible d’augmenter la production et la productivité des femmes rurales, par le biais notamment de l’amélioration de leur accès à la technologie.  Il faut également augmenter les revenus des femmes et reconnaitre que le contrôle qu’elles exercent sur la société leur permet d’améliorer le bien-être des familles.  Elle a également évoqué la nécessité de multiplier leurs moyens de production et leurs ressources productives, sans oublier leur participation au processus de prise de décisions.  Les femmes sont des agents économiques et des productrices de plein droit et le travail qu’elles accomplissent peut leur permettre de générer des revenus.  Cela dit, il importe de reconnaitre que les hommes et les femmes sont des partenaires dans la sécurité alimentaire, a ajouté Mme Njuki.


Pour la panéliste, il faut augmenter les intrants mis à la disposition des femmes agricultrices en utilisant des systèmes d’approvisionnement novateurs et en veillant à atteindre les zones les plus isolées.  Il convient également de tenir compte des pratiques culturelles liées au rôle des femmes en tant que productrices.  Mme Njuki a cité les mérites de la vulgarisation agricole et insisté sur l’importance d’encourager les jeunes femmes chercheures à rester dans le domaine de la recherche agricole.  Pour élargir les perspectives économiques des femmes rurales, Mme Njuki a réclamé des stratégies qui garantissent la participation des femmes aux activités de marché et qui privilégient l’exploitation de cultures qui profitent à la gent féminine, sans oublier l’appui aux femmes entrepreneurs, et l’octroi de prêts financiers à des taux abordables. La mise sur pied de services de soutien au développement d’entreprises féminines est également essentielle, a-t-elle ajouté.  La participation des femmes aux associations d’exploitants agricoles doit être favorisée, et il convient en outre d’améliorer les revenus tirés de cette activité, a-t-elle dit.  Mme Njuki a également misé sur les mécanismes de financement novateurs, ainsi que sur la promotion des aliments locaux qui ont une importante valeur nutritive et qui promeuvent le marketing local et les systèmes d’approvisionnement.


Mme CHERYL MORDEN, Directrice du Bureau de liaison pour l’Amérique du Nord du Fonds international de développement agricole (FIDA), a axé sa présentation sur la promotion d’un financement de l’agriculture tenant compte des questions sexospécifiques.  Rappelant que les femmes représentent 43% de la main d’œuvre agricole dans les pays en développement, elle a souligné que celles-ci dépendaient le plus souvent d’entreprises de moyenne ou petite taille.  Elle a ensuite mis l’accent sur la nécessité pour ces femmes d’accéder à des services financiers de base, tels que le crédit, l’épargne et l’assurance, car ils peuvent les aider à accroître leur productivité, à investir dans le futur et à gérer les risques.  Elle a souligné que les pionniers du microcrédit avaient répondu à un besoin des femmes en contournant les obstacles qui les empêchaient d’aller de l’avant notamment, par exemple, parce qu’elles manquaient de garanties pouvant leur ouvrir l’accès au crédit.


Elle a noté que le nombre de femmes pauvres qui avaient bénéficié du microcrédit était passé de 10 à 113 millions, entre 1999 et 2010, à travers le monde.  « Il s’agit là d’une croissance impressionnante, mais c’est encore une goutte d’eau dans l’océan face aux besoins », a-t-elle poursuivi.  Par ailleurs, elle a rappelé que le microcrédit avait des limites et que les montants de prêts qu’il accordait n’étaient pas suffisants.  Les femmes ont aussi besoin d’avoir accès à d’autres services financiers, a-t-elle conclu.  Elles ont notamment besoin d’épargner pour gérer les risques qui peuvent se poser à leurs activités ou acquérir des semences et des biens, a ajouté Mme Morden.  Par ailleurs, les femmes ont besoin de recevoir plusieurs types de conseils, notamment en matière de formation et de planification.  Elle a ensuite dressé une liste de priorités destinées à promouvoir l’autonomisation économique des femmes rurales, parmi lesquelles l’accès aux services financiers et à l’assistance technique, l’investissement dans l’innovation et les bonnes pratiques, ainsi que le renforcement de la participation des femmes dans les associations de producteurs.


* Le rapport est disponible sur le site d’ONU-Femmes sous la référence EGM/RW/2011/REPORT


Débat interactif


Au cours de ce débat, les intervenants ont longuement discuté de la question de l’accès des femmes rurales au financement, et ont mis l’accent sur l’importance d’assurer aux femmes leurs droits à la propriété foncière et de promouvoir la collecte des données relatives à leur situation et à leurs activités.


La représentante de l’ONG Cisneiros a affirmé que l’accès au financement à lui seul ne suffisait pas, mais que l’octroi de crédits devait être assorti de taux d’emprunt abordables.  Il importe également de créer des programmes de gestion et d’éducation financière en faveur des femmes, a-t-elle dit.  Avoir un crédit ne suffit pas, il faut également savoir comment s’en servir, a-t-elle notamment observé. 


À son tour, la représentante de la Suisse a indiqué que les agricultrices suisses mariées avaient des difficultés à obtenir des crédits car la majorité des biens de leurs couples était la propriété des maris.  Elles ne peuvent par conséquent présenter aucune garantie aux institutions financières.  De plus, a-t-elle ajouté, nombre d’entre elles ont simplement besoin de petits prêts, or les banques accordent des conditions moins favorables pour l’obtention de petits crédits que pour les prêts plus substantiels.  La représentante a proposé la création d’une catégorie spécifique de crédits pour les épouses d’exploitants agricoles.


La représentante du Brésil a, quant à elle, estimé qu’il fallait créer des méthodologies spécifiques pour veiller à la création de prêts qui prennent en compte le niveau d’endettement et l’éducation financière des femmes rurales.


La représentante d’Israël a estimé pour sa part que les services financiers ruraux n’étaient pas suffisamment adaptés aux besoins et à la situation des femmes rurales.  La représentante du Nicaragua a, quant à elle, observé que se limiter à distribuer du bétail et des fonds ne suffit pas à régler les problèmes qui se posent, notamment à cause de la grande vulnérabilité des femmes rurales.


Même si on accorde des crédits aux femmes rurales, rien ne prouve que ce sont effectivement elles qui vont les gérer, a renchéri Mme Abdelali-Martini, qui a souligné ainsi la nécessité de veiller à la levée des obstacles sociaux.  Elle a par ailleurs indiqué que l’éducation et la formation des femmes rurales étaient un défi notable à relever, car nombre d’entre elles ne peuvent pas se permettre de se rendre dans une localité différente pour y suivre une formation.  Elle a cité les mérites d’un programme créé en Iran qui permet aux femmes de vivre en internat, parfois avec leurs proches, pendant la durée de la formation dont elles ont besoin.


Devant les demandes de précisions de la représentante du Panama, une autre panéliste, Mme Ali, a expliqué que les lopins de terres dont elle avait parlé dans sa présentation liminaire avaient été distribués aux femmes venant des zones les plus pauvres du Pakistan et qu’il s’agissait de terres arables.  Elle a par ailleurs indiqué que le système de microfinance était très développé au Pakistan, et que les taux de prêt imposés aux personnes rurales y sont plus faibles que ceux de la norme au niveau mondial.  Il importe également de se pencher sur la question de l’assurance des cultures et sur celle de l’assurance santé afin de mieux aider les femmes, a-t-elle ajouté.


La représentante du Mozambique s’est penchée sur les problèmes liés à la propriété foncière et a estimé que les titres de propriété foncière devraient comporter à la fois le nom du mari et celui de la femme.  Elle a cependant indiqué que des défis notables se posaient dans les communautés qui pratiquent la polygamie.


L’importance de disposer de données ventilées par sexe, fiables et précises, sur la situation des femmes rurales a également été évoquée à plusieurs reprises.  Les décideurs doivent apprendre à apprécier la valeur des données, a ainsi souligné le représentant de la Gambie, tandis que Mme Abdelali-Martini a insisté sur l’importance de bien les analyser.  La représentante des États-Unis s’est quant à elle interrogée sur la manière dont on pourrait passer rapidement à un ensemble d’indicateurs normalisés qui reflètent l’appropriation des avoirs au bénéfice des femmes.


À son tour, la représentante de l’ONG « Voices of African Mothers » a fait observer que la gestion de l’accès à des sources énergétiques autres que le bois de chauffe était un point d’avant-garde de la lutte contre la dégradation de l’environnement.  Il est impératif de permettre aux femmes de participer au processus de développement tout en les déchargeant de certaines corvées domestiques, a-t-elle insisté.


La représentante de la Suède a estimé de son côté qu’on ne pouvait surestimer l’importance de la santé sexuelle et reproductive des femmes rurales, tandis que la représentante de l’ONG Cisneiros a parlé de l’importance de permettre aux femmes rurales de concilier leurs vies professionnelles et familiale.  Si des politiques publiques sont adoptées qui demandent aux femmes de renoncer à leur vie de famille elles les ignoreront, a-t-elle notamment averti.


La représentante des Philippines a quant à elle attiré l’attention sur les effets néfastes qu’ont sur la santé des femmes des produits de mauvaise qualité qui sont souvent utilisés dans l’agriculture par simple souci d’économies et a appelé à leur interdiction.


La question de l’accès des femmes aux marchés a également été soulevée par plusieurs délégations.


Un certain nombre de délégations ont, en outre, pris la parole pour partager certaines expériences nationales.  La représentante du Portugal a indiqué que dans son pays les femmes jouent un rôle essentiel dans le domaine du tourisme en zone rurale, tandis que son homologue de l’Iran a évoqué les politiques sociales destinées aux zones tribales.  La représentante de la Malaisie a parlé d’une loi qui permet aux épouses et ex-épouses de devenir copropriétaires de terrains appartenant à leurs couples.  La représentante du réseau des ONG a quant à elle parlé du Festival de la mangue de Trinité-et-Tobago qui est notamment l’occasion d’étudier comment exploiter le manguier de toutes les manières imaginables.


Dans ses observations finales, Mme Cheryl Morden, du Fonds international pour le développement de l’agriculture (FIDA), a souligné l’importance de développer des réseaux de partages de connaissances de meilleure qualité.  Mme Njuki, panéliste, a appelé à l’intégration d’une perspective sexospécifique dans tous les programmes gouvernementaux, tandis qu’une autre panéliste, Mme Abdelali-Martini a insisté sur la problématique de la formation des femmes rurales.  Mme Ali, panéliste, du Pakistan, a réclamé la mise en place de politiques dynamiques en matière d’appropriation des terres par les femmes rurales, ainsi que d’accès aux intrants et aux sources de financement. 


Suite du débat général


M. RAYMOND O. WOLFE (Jamaïque), s’exprimant au nom de la Communauté des États des Caraïbes (CARICOM), a estimé qu’il convenait de distinguer la situation des femmes vivant en zones urbaines de celle des femmes en zones rurales car ces dernières font face à des défis spécifiques qui nécessitent l’adoption d’approches ciblées.  Rappelant que l’agriculture avait toujours joué un rôle central pour les pays de la CARICOM, il a souligné que plusieurs communautés rurales de ces pays avaient été confrontées à une augmentation disproportionnée du chômage et que les femmes avaient, à cet égard, été les plus touchées par cette situation.  Il a fait remarquer que les chefs d’États et de gouvernement avaient adopté, en juillet 2009, la Déclaration de Liliendaal, qui souligne à quel point il est nécessaire de favoriser une production alimentaire régionale et locale pour éliminer la pauvreté et favoriser l’emploi.  M. Wolfe a ensuite appelé les États Membres à respecter tous les instruments internationaux relatifs aux femmes, et en particulier, l’article 14 de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, qui garantit l’accès et la pleine participation des femmes rurales au développement national.  Il a émis l’espoir que la Conférence sur le développement durable (Conférence Rio+20) puisse réitérer ces engagements pris en faveur des femmes.


Mme MENG XIAOSI (Chine) a indiqué que grâce au Programme pour le développement de la femme chinoise 2001-2010, le taux de pauvreté chez les femmes de Chine était passé de 24,2% en 2002 à 12% en 2009 et que l’écart entre les sexes dans les inscriptions scolaires a été comblé au niveau primaire dans tout le pays.  La représentante a également fait savoir que le taux de femmes rurales qui accouchent à l’hôpital a enregistré une augmentation de 48,3% depuis 2000.  Un programme de développement entend par ailleurs mettre l’accent sur les situations d’urgences et il accordera une attention particulière aux femmes qui vivent dans les régions les plus pauvres, entre autres, a assuré Mme Meng.  Elle a également indiqué qu’entre 2009 et 2011, 55,6 milliards de yuans avaient été distribués en prêts aux femmes, et que 2,3 milliards de yuans d’intérêts étaient subventionnés par le Gouvernement.  Cela a permis à plus 1,3 million de femmes rurales chinoises de créer leur propres entreprises, créant ainsi près de quatre millions d’emplois pour les femmes, s’est-elle félicitée.


Mme HAJIA ZAINAB MAINA, Ministre des femmes et du développement social du Nigéria, a souligné que les femmes représentent 50% de la population nationale de son pays et qu’elles vivent en majorité dans les zones rurales où elles contribuent à produire 60% des produits locaux.  Malgré cela, leur rôle n’est pas suffisamment pris en compte et mis en valeur, a-t-elle déploré.  Elle a expliqué que le Nigéria avait récemment, au mois d’avril 2011, revu le cadre de ses politiques en matière de microfinance, et que cela avait permis d’accroître de 15% l’accès des femmes aux services financiers.  Par ailleurs, elle a précisé que la Banque centrale du Nigéria avait mis en place des centres de formation entrepreneuriale pour éduquer les femmes à la création d’entreprises et au microcrédit.  Dans le même temps, des centres de développement pour les femmes ont été relancés dans les 774 zones contrôlées par les gouvernements locaux, a-t-elle souligné.  Elle a encore mis l’accent sur la nécessité d’éduquer les femmes et les filles et s’est félicitée, dans ce domaine, du Projet d’éducation des filles (GEP) lancé par son gouvernement, qui a permis d’augmenter considérablement leur taux d’inscription dans les écoles.


Mme ELSA FORNERO, Ministre du travail, des politiques sociales et de l’égalité des chances de l’Italie, a indiqué que son pays s’était doté d’une loi pour combattre et prévenir les mutilations génitales féminines et qu’il appuyait de surcroit la résolution de l’Assemblée générale qui demande l’abandon de cette pratique.  Elle a indiqué que seules 46% des Italiennes, dont seulement 30% de celles vivant dans le sud du pays, occupaient un emploi en dehors de leur domicile, et qu’elles effectuaient 70% des tâches ménagères.  En milieu rural, les femmes sont souvent des pionnières pour lancer des activités novatrices comme l’agrotourisme ou l’agriculture biologique, et pourtant, a-t-elle déploré, la répartition traditionnelle du travail au sein de la famille persiste et les femmes rurales assument souvent plus de charges que dans d’autres secteurs économiques.


Il y a une contradiction entre le désir d’autonomisation des femmes et les manquements constatés dans les systèmes juridiques et économiques, a-t-elle constaté.  Pour y remédier, elle a expliqué que le Gouvernement italien entend assurer un meilleur équilibre entre les responsabilités professionnelles et familiales dans le cadre de la réforme du marché du travail qui est en cours.  L’accent sera également mis sur l’emploi des femmes et la réduction des déséquilibres entre les régions.  La Ministre a également évoqué le problème de la violence faite aux femmes, précisant qu’en 2010, l’Italie avait adopté son tout premier Plan national de lutte contre la violence faite aux femmes et contre le harcèlement et la filature dont elles peuvent être victimes.


Mme GABRIELLE HEINISCH-HOSEK, Ministre des femmes et des services publics de l’Autriche, a expliqué que l’absence de possibilités d’emploi et l’existence d’attitudes traditionnelles qui attribuent aux femmes le soin des enfants ou des personnes âgées compliquent la vie des femmes en milieu rural dans son pays.  Elle a toutefois noté que le nombre de femmes qui exploitent des fermes agricoles était en augmentation, avec 38% des exploitations agricoles autrichiennes ayant à leur tête une femme.  Elle a ensuite expliqué que l’application de la parité et la budgétisation sexospécifique avaient été inscrites dans la Constitution en janvier 2009 et, qu’à partir de 2013, la loi sur le budget fédéral exige de chaque ministre qu’il ou elle détermine les réalisations en matière d’égalité des sexes des projets financés par l’État.  Elle a également cité les efforts de son pays en faveur de la promotion de la résolution 1325 (2010) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, et s’est dite prête à aider d’autres pays à concevoir un plan d’action dans ce domaine.


Mme LYNNE FEATHERSTONE, Ministre de l’égalité des chances du Royaume-Uni, a parlé des différentes initiatives destinées à appuyer les femmes rurales entrepreneures en Angleterre et en Irlande du Nord et à leur donner une formation professionnelle en Écosse.  Elle a expliqué que l’agriculture était un élément important de la croissance nationale et qu’en investissant de manière plus intelligente dans les femmes rurales, il était possible de renforcer l’impact des activités agricoles.  Le Royaume-Uni, a-t-elle fait savoir, s’est engagé à aider 18 millions de femmes à accéder à des services financiers, le pays s’est également engagé à sauver la vie de 250 000 nouveaux-nés par an, à permettre à 10 millions de femmes à accéder à des méthodes modernes de planification familiale et à travailler dans 15 pays pour prévenir la violence faite aux femmes et aux fillettes.  Mme Featherstone a ajouté qu’en 2012, le Gouvernement du Royaume-Uni entendait également appuyer les pays partenaires à assurer un accès universel à la planification familiale.  Abordant ensuite le problème de la violence faite aux femmes, la Ministre a souligné l’importance du leadership contre ce fléau tant au niveau national qu’international afin de changer les comportements et de renforcer les cadres juridiques.  Elle a également estimé nécessaire d’appuyer la participation des femmes en politique et de promouvoir leurs droits.


Mme FRANÇOISE HETTO-GAASCH, Ministre pour l’égalité des chances du Luxembourg, a souligné que le Gouvernement luxembourgeois mettait en œuvre son Plan d’action national d’égalité des sexes 2009-2014, et que celui-ci reprend 12 domaines critiques de la Plateforme d’action de Beijing et sert également d’orientation à l’action externe du Gouvernement.  Elle a rappelé que l’aide publique au développement avait atteint 1,05% du revenu national brut (RNB), plaçant de ce fait le Luxembourg au deuxième rang mondial des pays donateurs.  Elle a souligné que la question du genre y occupait une place prépondérante, en particulier l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.  Elle a rappelé que beaucoup d’efforts restent à faire, notamment en matière d’éducation, lorsque l’on sait que 2/3 des analphabètes dans le monde sont des femmes et que les filles représentent la majorité des enfants non scolarisés.


Mme JULIANO-SOLIMAN, Secrétaire d’État au bien-être social et au développement des Philippines, a indiqué que des 10,4 millions de femmes philippines qui vivent en milieu rural, près de 4,9 millions n’ont pas accès à l’électricité, et qu’en 2011, 2,7 millions de femmes rurales avaient un emploi non rémunéré.  Pour remédier à cette situation, le Gouvernement philippin a mis en œuvre un plan d’action inspiré de la CEDAW.  Pour maximiser les ressources et créer des conditions pour une meilleure prestation des services sociaux, le Gouvernement philippin s’est également doté d’un système pour identifier les personnes les plus marginalisées.  Les agricultrices ont accès à des programmes de formation aux nouvelles technologies et l’accès aux marchés.  Des transferts de fonds sont également prévus pour les ménages les plus pauvres, a souligné l’officiel philippin.  Mme Soliman a précisé que 2,3 millions de ménages philippins, dont 83% se trouvant en milieu rural ont pu bénéficier de cette dernière initiative.  Le suivi de l’utilisation des ressources provenant de l’APD est systématisé, a-t-elle par ailleurs ajouté.


Mme MARJA VAN BIJSTERDVELDT, Ministre de l’éducation, de la culture et des sciences des Pays-Bas, a indiqué qu’elle était grandement préoccupée par les critiques dont est l’objet, depuis la dernière session de la Commission, le concept de « genre ».  Les Pays-Bas estiment qu’il est inconcevable que 17 ans après l’Accord conclu à Beijing les principes qui sous-tendent la Plateforme d’action semblent être remis en question.  En 2012, a-t-elle ajouté, on doit aller plus loin dans les progrès accomplis, notamment en matière d’autonomisation économique des femmes, ainsi qu’en ce qui concerne ceux réalisés dans le domaine de la lutte contre les violences à l’encontre des femmes, les droits des femmes et les services de santé reproductive.  Elle a appelé les États Membres à mettre en œuvre les promesses faites il y a de nombreuses années afin que les femmes, partout dans le monde, puissent avoir le contrôle de leurs vies. 


Mme ELEONORA MENICUCCI DE OLIVEIRA, Ministre des politiques pour les femmes du Brésil, a indiqué que dans son pays, la majorité des femmes vivant en zones rurales travaillait pour subvenir à leurs besoins sans pour autant générer de revenus appréciables.  Seules une minorité d’entre elles ont accès aux services essentiels nécessaires ou participent au processus de prise de décisions, a-t-elle déploré.  Elle a expliqué qu’une stratégie gouvernementale avait été mise sur pied pour remédier à cette situation.  Une assistance technique est octroyée aux productrices agricoles et une politique de création d’emploi et de diversification de la production existe également.  Les femmes autochtones en zone agricoles bénéficient en outre de différentes politiques sociales, a-t-elle ajouté.  Le Gouvernement brésilien entend également faire respecter l’égalité des droits fonciers et une autre série de mesures a permis d’augmenter l’accès des femmes à l’eau.


Mme De Oliveira a également parlé des mesures de lutte contre la violence domestique, notamment de l’existence d’un réseau mobile d’aide aux victimes, lequel dispose d’installations pour dispenser des soins médicaux, entre autres.


Mme PRIYA MANICKHAND, Ministre de l’éducation du Guyana, a indiqué que son pays avait enregistré des avancées notables dans de nombreux domaines clefs pour les femmes, notamment l’éducation, la santé, l’environnement, la politique et la prise de décisions.  En matière d’éducation, elle a souligné que l’école était gratuite au Guyana jusqu’à l’âge de 15 ans et a également mis l’accent sur la présence accrue des femmes au Parlement, où elles sont à présent 21 députés sur 65.  Elle a expliqué que son pays avait mis en œuvre une législation concernant la violence domestique, adoptée en 1996, et avait, par ailleurs, lancé une nouvelle campagne pour mettre un terme à la violence sexiste.  Elle a aussi réaffirmé la nécessité de former les femmes rurales et s’est félicitée de l’initiative intitulée « Programme des femmes de qualité », qui a été lancée dans son pays en juin 2010, et permet à des femmes célibataires d’avoir accès à des crédits afin de lancer ou de développer une entreprise.  Elle a également considéré que le Programme de diversification de l’agriculture du Guyana avait permis d’améliorer les conditions de vie des pauvres et des ménages ruraux.  Ce Programme, a-t-elle annoncé, sera par ailleurs complété par la nomination de représentants pour les questions d’égalité des sexes, qui devraient apporter un soutien actif aux femmes dans les zones rurales. 


Mme LULU XINGWANA, Ministre des femmes, des enfants et des personnes handicapées de l’Afrique du Sud, s’est félicitée de ce que le rapport du Secrétaire général reconnaisse les pratiques exemplaires de l’Afrique du Sud en faveur des femmes rurales et de l’implication des hommes et des garçons dans la promotion de l’égalité entre les sexes.  Elle a indiqué que le programme « énorme » du développement des infrastructures que vient d’annoncer son Président bénéficiera dûment aux femmes rurales.  Comme elles sont particulièrement touchées par les effets négatifs du changement climatique, la représentante a plaidé pour que les femmes rurales soient impliquées dans tous les aspects des efforts d’adaptation et d’atténuation menés dans leur communauté. 


Elle a rappelé que cette semaine, son pays a lancé l’initiative budgétaire pour les femmes, un partenariat entre le secteur privé, la société civile et le Gouvernement qui vise à faire du budget national un instrument de l’égalité entre les sexes et de l’émancipation des femmes.  Les budgets ont toujours contribué aux inégalités mais nous savons aussi qu’ils peuvent servir d’outils pour corriger ces inégalités, a insisté la représentante.


Mme JULIA DUNCAN-CASSELL, Ministre du genre et du développement du Libéria, a indiqué que les femmes rurales qui représentent 60% de la population du pays, participent activement au processus de développement  à travers le commerce des produits agricoles.  Elle a indiqué que depuis le lancement, en 2008, du Programme d’action nationale pour les femmes rurales, il existait à présent un programme de distribution d’intrants à leur attention, et que le Gouvernement organise également une conférence annuelle pour les femmes rurales.


La Ministre a cependant fait savoir qu’en dépit de progrès réalisés, de nombreux défis persistaient du fait des disparités géographiques et du manque d’infrastructures et d’accès à l’information, entre autres.  Elle a également parlé des barrières socioculturelles qui entravent l’accès des femmes rurales à l’éducation.  L’absence de statut de nombreuses femmes rurales augmente, par ailleurs, le risque qu’elles deviennent victimes de violences sexistes et souffrent de maladies sexuellement transmissibles, tel le VIH/sida, a-t-elle ajouté.


Mme MARIA DEL ROCIO GARCIA GAYTAN (Mexique) a souligné l’importance de collaborer avec les organisations régionales dans le domaine des statistiques afin de pouvoir mesurer les progrès réalisés en matière des droits des femmes et compiler toutes les données.  Mme Del Rocio Garcia Gaytan a indiqué que dans le cadre de son mandat à la tête de l’Institut national des femmes du Mexique, et par le biais du Programme pour l’égalité des opportunités entre hommes et femmes (PROIGUALDAD 2008-2012) et de la loi sur l’égalité, des efforts concertés ont permis d’institutionnaliser la perspective du genre et harmoniser la législation nationale.  Elle a précisé qu’au mois de décembre 2011, 17 des 32 États mexicains disposaient d’une législation pour prévenir et éradiquer la discrimination, tandis que 26 avaient une loi garantissant l’égalité entre les hommes et les femmes.  Tous, a-t-elle insisté, disposent de lois garantissant aux femmes l’accès à une vie sans violence. 


Mettant l’accent sur l’importance de la participation des femmes et leur autonomisation pour le développement du pays, elle a dit que le Mexique s’appuyait sur les rapports pertinents du Secrétaire général et sur la Déclaration générale sur les femmes rurales, publiés par le Comité CEDAW lors de sa session d’octobre 2011.  Soulignant les efforts du Mexique, elle a cité la mise en place de 75 programmes, actions ou stratégies visant au renforcement des capacités rurales ou autochtones.  Elle a particulièrement mis l’accent sur le programme de développement humain « Oportunidades » qui a touché en 2011, 5,7 millions de familles dans 100 000 communautés -dont 63% de communautés rurales.  Elle a précisé qu’en 2012, la Commission du développement des peuples autochtones (CDI), le Département de l’agriculture, de l’élevage du développement rural et de la pêche (SAGARPA), le Département de l’environnement et des ressources naturelles (SEMARNAT) et d’autres instances se verront allouer 231 millions de dollars pour promouvoir l’égalité et l’autonomisation des femmes.             


M. TOLOFUAIVALELEI FALEMOE LEIATAUA, Ministre des femmes, des communautés et du développement social de Samoa, a souligné que son pays avait mis sur pied un plan national qui fournit des orientations générales dans les domaines prioritaires des femmes, du travail et de l’égalité des sexes.  Il a également cité deux textes de lois, qui sont à l’achèvement, qui prévoient un renforcement de la protection juridique des femmes et un meilleur accès à la justice.  Il a également souligné que son Parlement préparait un projet d’amendement à la Constitution afin de garantir qu’au moins 10% des sièges parlementaires soient occupés par des femmes.  S’agissant de la santé et de l’éducation, il a expliqué que Samoa avait renforcé son action dans ce domaine, en particulier en matière d’éducation au VIH/sida.  Il a encore souligné que les activités en faveur des femmes des zones rurales avaient été, au cours des deux dernières années, renforcées par la présence de représentantes des femmes rurales dans les villages, qui sont des relais vers le Gouvernement.  Ce réseau de représentants agit en tant que défenseur de la parité, et il est également responsable du contrôle de tous les programmes de santé et des programmes à caractère socioculturel dans les villages, a-t-il expliqué. 


Mme SIHEM BADI, Ministre des affaires de la femme et de la famille de la Tunisie, a souligné le rôle crucial que joue la femme dans la consolidation de la solidarité et de l’harmonie sociale.  Toutefois, a-t-elle regretté, la femme demeure la plupart du temps la cible de toutes les formes d’inégalités, d’abus et de discrimination.  Abus sexuels, viol et humiliation en temps de guerre, et marginalisation économique, politique, et violences physiques en temps de paix, sont souvent ses lots, a-t-elle précisé.  La Ministre a également souligné le rôle actif de la femme dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix.


Depuis son indépendance, la Tunisie s’est engagée dans une approche rationnelle favorisant la promotion de la femme, son émancipation totale, et sa participation active dans les différents secteurs de la vie politique, sociale et économique, a assuré Mme Badi.  Elle a cité le Code du statut personnel qui a libéré la femme tunisienne de certaines pratiques portant atteinte à sa personne.  Elle a ajouté que la Tunisie postrévolution a connu une consolidation des acquis de la femme tunisienne qui s’est traduite par le retrait de toutes les réserves émises envers la CEDAW et par l’adoption de la règle de la parité sur les listes électorales.  La Ministre a rappelé à cet égard le rôle important des Tunisiennes dans le mouvement populaire pour les libertés et dans la révolte contre les injustices.


Mme JULIANA AZUMAH-MENSAH, Ministre des affaires féminines et de l’enfance du Ghana, a indiqué que son pays continue de promouvoir l’autonomisation des femmes rurales qui font partie des 18% de la population ghanéenne qui sont les plus pauvres.  Pourtant, les femmes rurales génèrent 70% de la production des foyers et contribuent à la sécurité alimentaire du Ghana, a-t-elle observé.  Elle a parlé d’un projet d’entreprise rurale basé sur l’agriculture, qui promeut la réduction de la pauvreté dans les zones rurales, et du Programme de croissance rurale 2008-2014 qui vise à offrir à 1,56 million de femmes rurales une formation en matière de bonnes pratiques agricoles.  Le Ghana a également pris des mesures pour lutter contre la violence basée sur le sexe, a-t-elle ajouté.


La Ministre ghanéenne a ensuite annoncé le lancement de consultations publiques en vue d’élaborer une « législation d’action affirmative » qui garantira la participation des femmes rurales à la gouvernance et aux processus de prise de décisions.  Les femmes rurales ont aussi un rôle important à jouer pour garantir la paix et la sécurité, a-t-elle aussi reconnu, annonçant à cet égard le lancement prochain du plan d’action national du Ghana sur les femmes, la paix et la sécurité.  Elle a également parlé des actions menées par les organisations non gouvernementales qui œuvrent au Ghana notamment dans le domaine de l’alphabétisation des femmes.  Enfin, Mme Azumah-Mensah a souligné les défis auxquels les femmes rurales sont toujours confrontées, comme le manque d’accès aux technologies, à la propriété foncière, au crédit, aux marchés, à l’eau ou encore à l’éducation.


Mme KIM KUM-LAE, Ministre de l’égalité entre les sexes et de la famille de la République de Corée, a indiqué que depuis 2001, des plans-cadres étaient lancés tous les cinq ans pour appuyer les femmes dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche.  Ces plans ont permis de donner plus d’éclat aux professions agricoles, a dit Mme Kim.  Elle a expliqué que le plan actuel, qui couvre la période 2011-2015, utilisait les politiques de discrimination positive pour augmenter la participation des femmes agricultrices et pêcheurs dans le processus de prise de décisions.  L’entrepreneuriat des femmes rurales est également appuyé, a-t-elle fait savoir.  Afin d’alléger les responsabilités familiales de ces femmes, des incitations fiscales sont versées aux puéricultrices qui travaillent en zone rurale et qui peuvent s’occuper des enfants.  Pour faire face au phénomène des mariages internationaux en zone rurale, le Gouvernement a adopté une série de stratégies destinées à appuyer les familles multiculturelles par le biais de cours du coréen comme langue étrangère, de programmes de formation, et de la promotion de l’entrepreneuriat des femmes immigrantes.  Ces dernières ont également accès à des services de conseil particulier, a ajouté la Ministre.  De plus, une initiative pour le bonheur des couples mariés à des conjoints de nationalités étrangères entend sensibiliser les hommes et les couples au sujet de la diversité et de l’égalité entre les sexes.


La Ministre a ensuite indiqué que la budgétisation sexospécifique serait désormais incorporée au sein des politiques locales. Un index sur l’égalité entre les sexes a été créé en Corée en 2012, et depuis 2008, la République de Corée a mis en œuvre un programme destiné à éradiquer les violences sexistes qui prend notamment en compte la protection des témoins.


Mme SOFIA SIMBA, Ministre de la parité et du développement de la Tanzanie, a dit que son pays a fait de l’autonomisation des femmes rurales une question prioritaire notamment à travers un programme de développement du secteur agricole ciblé sur des zones de productivité, telle que celle de Zanzibar.  Elle a expliqué que ce plan avait notamment permis à des femmes d’accéder à l’acquisition d’engrais, de semences et de technologies.  Le Parlement tanzanien a également adopté une loi foncière, qui a permis à des femmes de détenir des terres au même titre que les hommes.  Des écoles spécialisées participent également à ces activités de développement, ainsi qu’à l’autonomisation des femmes, a-t-elle ajouté.  Malgré ces efforts, elle a regretté que les femmes rurales soient encore trop souvent empêchées de participer à des entreprises économiques.  Elle a estimé que les infrastructures n’avaient pas suffisamment bénéficié de l’aide publique au développement et a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle fournisse des investissements directs en matière d’irrigation ou de création de routes, par exemple. 


Mme ALEJANDRINA GERMAN, Ministre de la condition des femmes de la République dominicaine, a annoncé que le Gouvernement de la République dominicaine continue d’atteindre l’objectif d’égalité de chances en faveur des femmes, et œuvre pour l’amélioration de leurs conditions de vie et leur accès aux biens et services.  Par ailleurs, a-t-elle dit, le pays poursuit ses efforts pour faciliter l’inclusion et la participation des femmes rurales à l’éducation, la science, la technologie et l’accès à l’économie et au travail.  48% de la population rurale sont des femmes et 31,9% d’entre elles sont des chefs de famille.  Il n’existe pas de différences significatives entre les populations rurale et urbaine, a dit Mme German.  Elle a donné quelques chiffres illustrant cette situation: 79,1% des filles âgées de 15 à 19 ans ont fini leur éducation de base, contre 67% pour les garçons.  Dans le secondaire (de 20 à 24 ans), 58,2% de filles ont achevé leur cycle, contre 42% pour les garçons.  Elle a ajouté que la situation de l’emploi des femmes rurales est difficile à mesurer du fait que la plupart du travail qu’elles font comme prolongement des activités domestiques.  Ce qui rend invisible leur rôle de productrices et contributrices au revenu familial. 


Les femmes rurales restent vulnérables au chômage et au travail informel.  Toutefois, 45% d’entre elles ont accès à l’eau, 89% à l’électricité.  Mais 17% n’ont pas l’infrastructure adéquate pour leurs ordures ménagères.  Afin d’améliorer leur situation, le Gouvernement a adopté des mesures favorables au processus d’émancipation des femmes, et favorables au droit des femmes à une vie libérée des violences, à la reconnaissance de la valeur du travail domestique, à la reconnaissance des unions de fait, et à l’égalité des salaires.  En plus, la Constitution garantit l’égal accès à la terre aussi bien à l’homme qu’à la femme.  La Loi 55-97 dite Land Reform Act donne aux femmes l’accès à la propriété aux mêmes conditions que les hommes.  Le Plan national de l’égalité de genre et de l’équité de 2007-2017 donne le droit aux femmes à la propriété foncière, et a créé un fonds pour financer des projets dans l’agroforesterie, et dans les services pouvant aider les femmes à avoir accès à l’éducation, la santé, l’eau, l’électricité et à un toit.  Le Bureau de la Première Dame a lancé le programme pour l’équité du genre et le développement des femmes rurales, ainsi que le programme « Progressing » censés augmenter les opportunités d’émancipation sociale, politique et le statut culturel des femmes.  Il a également mis en place 75 Centres communautaires technologiques pour l’accès à la technologie de l’information et de la communication en milieu rural.  La Secrétaire d’État a terminé en disant que le défi est de renforcer les politiques publiques afin de progresser dans l’égalité hommes/femmes dans les conditions de vie en milieu rural et urbain.     


Mme JIKO LUVENI, Ministre du bien-être social, des femmes et de l’allègement de la pauvreté de Fidji, a indiqué que la majorité de la population de son pays était concentrée dans des zones rurales.  Fidji compte 225 femmes cheffes de clan pour 1 576 hommes, a-t-elle ajouté, et elle a indiqué qu’en 2011, 15 communautés avaient par ailleurs adopté une politique de tolérance zéro à l’égard de la violence faite aux femmes.  Elle a précisé que ce genre d’initiatives était appuyé au niveau fédéral grâce à la loi sur la famille et le crime.  Mme Luveni a ensuite indiqué que les femmes représentaient respectivement 78% et 60% de la clientèle de l’Unité de microfinance et du Centre national pour le développement des petites et micro entreprises des îles Fidji.  Elle a précisé qu’avec l’aide de partenaires internationaux, 1 900 machines à coudre avaient été distribuées à différentes communautés de femmes pour les aider à avoir une activité rémunératrice.  Mme Luveni a également indiqué que les femmes rurales représentaient 87% des marchands des marchés des zones urbaines et qu’un projet réalisé en partenariat avec ONU-Femmes vise à leur fournir un logement pendant la durée de leur séjour en ville.


Mme AMIRA ELFADIL MOHAMED, Ministre fédérale du bien-être social et de la sécurité sociale du Soudan, a indiqué que l’égalité des salaires était respectée dans son pays, et qu’il en est de même en matière d’âge de départ à la retraite.  La pauvreté des femmes a reculé, mais il reste cependant encore beaucoup à faire, a-t-elle néanmoins observé, précisant que trop peu de femmes avaient une activité rémunératrice.  Elle s’est inquiétée à la perspective que la crise économique n’anéantisse les progrès réalisés jusqu’à présent.  Le Gouvernement soudanais a donc lancé de manière préventive un programme spécial pour appuyer 500 000 des familles les plus pauvres du pays.


Mme RAYMONDE GOUDOU COFFIE, Ministre de la famille, de la femme et de l’enfant de la Côte d’Ivoire, a présente une démarche de son Ministère qui s’est organisée autour du slogan « Aider une femme, c’est aider une nation ».  Elle a dit que toute action dans ce sens ne fait que garantir la sécurité alimentaire et la survie d’une nation.  Elle a indiqué que des institutions de formation et d’éducation féminine appelée « Université des femmes à la Base » ont été mises à la disposition des filles et des femmes sur tout le territoire.  Elle a précisé que les filles et femmes analphabètes bénéficiaient durant trois ans, d’un cours d’alphabétisation et d’un apprentissage à un métier manuel.


Par ailleurs, elle s’est félicitée d’une tendance positive de promouvoir la participation des femmes au parlement, passée de 8,5 à 11% entre 2000 et 2011.  Au terme de la visite en Côte d’Ivoire de Mme Margot Wallström, Représentante  spéciale du Secrétaire général en charge de la lutte contre les violences sexuelles dans les conflits, la Côte d’Ivoire a pris des actions vigoureuses pour appliquer le principe de la tolérance zéro à l’égard de ces violences.  La Ministre ivoirienne a aussi cité l’existence de plusieurs fonds d’appui aux femmes rurales, dont le fonds « femmes et développement » dotés de 600 000 dollars en 2011 et qui a permis de renforcer les capacités techniques et financières de plusieurs groupements féminins en 2011. 


Mme Coffie a précisé que le Gouvernement ivoirien se proposait d’opérer des réformes normatives pour l’amélioration de la présence des femmes dans les instances de décision en citant un projet de décret en cours de finalisation.  Elle a aussi dit la volonté de l’État d’accélérer la réhabilitation économique et la réinsertion communautaire des femmes rurales victimes de la crise en s’appuyant sur une approche de programmation et de budgétisation sensible au genre.


Mme MAIKIBI KADIDIATOU DANDOBI (Niger) a indiqué que l’autonomisation des femmes et en particulier des femmes rurales constitue pour les hautes autorités du Niger l’un des grands domaines d’actions prioritaires.  Au Niger, les femmes vivent en majorité (78,3%) en milieu rural et sont pour la plupart (90%) analphabètes.  Sur 5 pauvres, 4 sont des femmes, a-t-elle ajouté.  Elle a, en outre, rappelé les lourdes tâches sous le poids desquelles croulent les femmes, comme la préparation des repas, la corvée d’eau et de bois, la transformation des produits agricoles, l’éducation des enfants, sans compter le poids des traditions et des coutumes, ainsi que les mauvaises interprétations des préceptes islamiques.  Toutes choses qui entravent leur accès à la propriété foncière, au système des crédits bancaires et à l’emploi.


Au Niger, la mortalité maternelle et néonatale est encore très élevée, avec 554 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2011, a poursuivi la représentante.  Elle a expliqué les mesures prises par le Gouvernement pour relever les défis qui se posent, comme l’interdiction de toute forme de discrimination entre hommes et femmes qui a été inscrite dans la Constitution.  Une loi de quota a aussi été adoptée pour assurer 25% des nominations et 10% des postes électifs aux femmes.  La représentante a aussi mentionné l’adoption d’une politique nationale du genre en juillet 2008 et la création d’un fonds de solidarité au profit des femmes rurales. 


Mme BOTTO DE FERNANDEZ (Honduras) a indiqué que son gouvernement met actuellement en œuvre de grands programmes visant l’amélioration de la condition de la femme, comme un plan pour l’égalité s’étalant sur la période 2010-2020, et un programme de sécurité alimentaire et humaine.  Nous cherchons à donner une structure et un statut juridique aux groupes de femmes honduriennes qui leur permettent d’accéder à plus d’indépendance et de réaliser leurs aspirations d’entrepreneuses, a-t-elle dit, précisant que le Honduras est soutenu dans ses efforts par l’Institut des femmes du Mexique.  Le Honduras agit aussi en faveur des femmes sur les plans de la santé, de l’éducation et de l’intégration sociale.  La représentante a reconnu que s’il existe de nombreux programmes qui bénéficient aux femmes, il reste aussi beaucoup d’obstacles économiques, sociaux et culturels à lever.  Si nous travaillons avec optimisme à autonomiser les femmes, celles-ci seront préparées à jouer leur rôle d’agent social actif, a-t-elle estimé.


Mme TERESA MORAIS, Secrétaire d’État chargée des relations avec le Parlement et de l’égalité du Portugal, a indiqué que son gouvernement vient juste d’approuver une résolution exigeant des entreprises du secteur public, la mise en œuvre de plans pour l’égalité entre les sexes, pour parvenir à une répartition équilibrée des sièges dans les conseils d’administration.  La même action n’est recommandée qu’au secteur privé et l’évaluation des mesures prises dans les deux secteurs sera faite tous les six mois.  Après avoir dressé la liste de tous les plans en faveur des femmes mis en œuvre à tous les niveaux de l’administration, du Gouvernement aux autorités locales, la représentante a prévenu que la crise économique que traverse l’Europe en ce moment peut devenir un danger pour la promotion de l’égalité entre les sexes. 


Le débordement des budgets, l’augmentation du chômage et de l’emploi précaire, et la vulnérabilité croissante des femmes sont les caractéristiques du monde actuel.  Il faut donc faire en sorte que la situation ne conduise pas à l’étiolement de la place de la femme sur le marché du travail.  Bien au contraire, il faut reconnaître leurs talents et tirer pleinement parti de leur potentiel pour surmonter cette phase critique.  « Ce ne sera pas facile mais la lutte pour les droits de la femme ne l’a jamais été », a rappelé la Secrétaire d’État. 


Mme LINDA SARI GUMELAR, Ministre de l’autonomisation des femmes et de la protection des enfants de l’Indonésie, a déclaré que l’autonomisation des femmes était vitale pour lutter contre la pauvreté rurale.  Elle a précisé que le Gouvernement indonésien a instauré des pratiques administratives visant à garantir aux femmes une égalité de droits, l’intégration du genre dans les politiques nationales, et une budgétisation des programmes axée sur le genre.  Elle a précisé que l’accès au microcrédit, les soutiens aux communautés et le renforcement des capacités font partie des initiatives de l’Indonésie pour renforcer les capacités économiques des femmes, notamment dans les zones rurales.  Elle a mis l’accent sur le programme Family Hope (Espoir familial) qui permet aux femmes pauvres d’accéder à des crédits en vue de renforcer leur pouvoir économique.  Elle s’est notamment félicitée de l’accès croissant des femmes rurales aux nouvelles technologies qui leur permettent un meilleur accès aux marchés.    


Mme OLIVIA MUCHENA, Ministre des affaires féminines, du genre, et du développement communautaire du Zimbabwe, a indiqué que les femmes y représentaient 70% de la population rurale.  Le pays a lancé un nouveau programme pour attribuer des fermes aux femmes, a-t-elle indiqué.  Elle a également indiqué que 45 millions de dollars avaient été versés pour faciliter l’octroi de prêts pour obtenir des intrants agricoles, et qu’un pourcentage important des bénéficiaires de ce programme étaient des femmes.  Ces dernières représentent en outre 53% des participants aux programmes de formation lancés par le Gouvernement.


Pour veiller à l’autonomisation économique durable des femmes, a poursuivi la Ministre, le Gouvernement du Zimbabwe a lancé un plan à moyen terme qui intègre la parité dans toutes les décisions économiques.  Un fonds de développement de la femme a été crée et plus de 2 400 femmes en ont bénéficié pour l’instant.  La Ministre a ensuite fait savoir que « le secteur de la santé avait subi de plein fouet les répercussions des sanctions économiques illégales imposées à son pays », entrainant ainsi une augmentation de la mortalité maternelle et infantile.  Le Gouvernement a donc créé un fonds transitoire pour garantir la gratuité des soins, et il est également prévu de construire des cliniques pour les femmes rurales.  Mme Muchena a également parlé des programmes d’alphabétisation en zone rurale.


Mme BASSIMA HAKKAOUI, Ministre de la solidarité, des femmes et du développement social du Maroc, a rappelé que la promotion de la femme était une préoccupation sociale attachée aux principes de l’état de droit.  La Constitution du Maroc inclut le rejet de toute forme de discrimination à l’égard des femmes, a-t-elle souligné, et le Gouvernement marocain a adopté 17 programmes axés sur les femmes, notamment sur les femmes en zones rurales.  Un programme quinquennal prévoit également l’accès des femmes aux marchés et aux services financiers car, a-t-elle précisé, les femmes agricultrices marocaines participent à plus de 20% du produit national brut (PNB) du pays.  Mme Hakkaoui a ensuite plaidé pour le respect de règles démocratiques équitables entre tous les pays s’agissant de la question des produits de l’agriculture et de celle de leur accès aux marchés. 


M. ZENEBU TADESSE, Ministre de la femme, des enfants et de la jeunesse de l’Éthiopie, a indiqué que 85% de la population éthiopienne vivaient en zones rurales et que l’amélioration des conditions de vie des femmes rurales était au centre des objectifs du plan quinquennal de développement national et du plan pour la croissance et la transformation  de l’Éthiopie.  Elle a cité les mesures prises pour garantir aux femmes un accès égal aux ressources économiques, comme la terre et le crédit, mais aussi aux programmes de développement agricole et aux technologies de l’information.  Elle a précisé que le programme de sécurité alimentaire de l’Éthiopie accorde désormais plus d’attention aux femmes, et en particulier aux femmes cheffes de foyer.  Elle a mentionné des incitations en faveur des femmes s’engageant dans la micro entreprise.  Afin de réduire le fardeau que constituent les activités domestiques pour les femmes, le programme national de développement de l’énergie vise à introduire des technologies comme le biogaz et les fourneaux économes en combustible.  La Ministre a précisé que l’Éthiopie s’est également engagée dans l’amélioration de l’accès aux services de planification familiale notamment pour les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables vivant dans les communautés rurales.


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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: « l’inaction de la communauté internationale semble renforcer le sentiment d’impunité du Gouvernement syrien », prévient M. B. Lynn Pascoe

CS/10560

Conseil de sécurité: « l’inaction de la communauté internationale semble renforcer le sentiment d’impunité du Gouvernement syrien », prévient M. B. Lynn Pascoe

28/02/2012
Conseil de sécuritéCS/10560
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6725e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: « L’INACTION DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE SEMBLE RENFORCER

LE SENTIMENT D’IMPUNITÉ DU GOUVERNEMENT SYRIEN », PRÉVIENT M. B. LYNN PASCOE


Le Conseil de sécurité a entendu ce matin, avant de se retirer en consultations privées, un exposé de M. B. Lynn Pascoe, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, sur le Moyen-Orient.  Ce dernier a mis l’accent sur la dégradation de la situation en Syrie où « l’inaction de la communauté internationale semble renforcer le sentiment d’impunité du Gouvernement syrien ».  La population de Homs continue d’être bombardée à l’arme lourde, a insisté le Secrétaire général adjoint, en parlant d’une situation qui provoque d’ailleurs des tensions au Liban où 6 900 Syriens se sont réfugiés.


M. Pascoe a aussi parlé de l’état tout aussi dégradé des relations israélo-palestiniennes, alors que tout espoir de reprise de négociations directes semble suspendu à la fin des activités de colonisation.  Il a par ailleurs fait montre d’un optimisme prudent face à la transition « délicate » au Yémen avec l’arrivée au pouvoir d’un nouveau Président, le 25 février dernier.


LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE


Exposé


Tout en se félicitant de cette évolution politique pacifique, M. Pascoe a estimé que la transition au Yémen sera délicate et exigera un processus d’accompagnement constant, alors que doit être organisée maintenant une conférence pour le dialogue national qui sera suivi par un processus d’établissement de la constitution.


S’agissant de la situation en Syrie, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques a relevé une détérioration de la situation et dénoncé l’incapacité du Gouvernement syrien d’assumer la responsabilité de protéger la population.  Il a comparé les chars et les tirs de roquettes au « massacre de Hama » perpétré par le Gouvernement syrien en 1982.  L’action ou l’inaction de la communauté internationale, a-t-il prévenu, semble renforcer le sentiment d’impunité du Gouvernement qui continue à détruire les civils. 


L’utilisation d’une force disproportionnée par les autorités syriennes a poussé une grande partie de l’opposition pacifique à s’engager dans la résistance armée, alors que des extrémistes ont exploité cette situation pour mener des attentats terroristes à Damas et à Alep.  M. Pascoe a estimé que 100 civils sont tués chaque jour, dont des femmes et des enfants, portant le nombre total de victimes à 7 500, alors que 25 000 réfugiés ont été enregistrés par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et que l’on compte entre 100 000 et 200 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays.  


M. Pascoe a révélé que 5 000 civils étaient coincés dans la ville de Homs bombardée depuis quatre semaines.  La mort dans cette ville, le 21 février, de la journaliste américaine, Marie Colvin, et du photographe de presse français, Rémi Ochlik, témoigne de l’horreur quotidienne infligée au peuple syrien.  Même si le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Croisant-Rouge syrien ont pu acheminer un peu d’aide humanitaire les 12 et 24 février, et apporter une assistance alimentaire à 12 000 personnes à Hama, le 27 février, les appels répétés du Comité international de la Croix-Rouge pour une trêve humanitaire d’une journée n’ont pas été entendus par le Gouvernement syrien, a encore dénoncé le Secrétaire général adjoint.


Il a demandé à la Coordonnatrice des secours d’urgence des Nations Unies, Mme Valerie Amos, de se rendre en Syrie pour négocier une telle trêve.  Mme Amos est déjà dans la région et se rendra à Damas dès qu’elle en aura l’autorisation. 


Dans un rapport publié le 22 février, la Commission d’enquête internationale a indiqué que les Forces armées syriennes ont commis des violations systématiques des droits de l’homme et des crimes contre l’humanité avec le consentement du plus haut niveau de l’État.  M. Pascoe a dit l’importance de ce rapport qui est examiné aujourd’hui par le Conseil des droits de l’homme à Genève. 


Il est revenu sur les appels répétés de la Ligue des États arabes pour que les autorités syriennes cessent les tueries en précisant que la Ligue a, le 31 janvier dernier, appelé le Conseil de sécurité à soutenir ses efforts pour mettre fin à la violence et promouvoir une résolution pacifique du conflit.  Le 16 février, l’Assemblée générale a adopté une résolution appuyant les efforts de la Ligue arabe et a exhorté, ce faisant, le Secrétaire général à offrir ses bons offices sous la forme d’un envoyé spécial. 


Cet Envoyé spécial, nommé le 23 février, est l’ancien Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, qui arrivera à New York demain pour discuter avec le Secrétaire général.  Il faut espérer qu’il aura l’occasion d’entendre les suggestions de tous les membres du Conseil de sécurité.  Il a rappelé que le 24 février, lors de la Conférence du « Groupe des amis du peuple syrien » accueillie en Tunisie, les représentants de 65 pays et organisations ont exhorté les autorités syriennes à cesser toute attaque contre son peuple. 


Venant ensuite à la situation au Yémen, le Secrétaire général adjoint s’est félicité du transfert pacifique du pouvoir en cours, en précisant que le Conseiller spécial du Secrétaire général, M. Jamal Benomar, parlera aux membres du Conseil de sécurité dès son retour du Yémen.  L’accord signé à Ryad le 23 novembre 2011 prévoit une feuille de route détaillée pour une transition politique basée sur un partage du pouvoir entre le parti qui était alors au pouvoir et la coalition des partis de l’opposition. 


Si la mise en œuvre de cet accord est sur la bonne voie avec l’accession à la présidence, le 25 février dernier, de l’ancien Vice-Président, M. Abed Rabbo Mansour Hadi, la prochaine étape consiste à organiser un dialogue national puis un processus de rédaction de la constitution.  La transition sera délicate et exigera un processus d’accompagnement constant, a prévenu le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques. 


Pour ce qui des relations israélo-palestiniennes, M. Pascoe a rappelé que le Secrétaire général s’est rendu en Palestine et en Israël le 8 février dans le but d’encourager les discussions entamées, le 3 janvier 2012.  Il a qualifié « d’assez minces », les chances de reprendre des négociations directes tant que la colonisation ne cessera pas. 


Les Palestiniens ont réitéré que les négociations ne pourront reprendre sans l’arrêt des activités de peuplement et sans l’engagement des Israéliens à respecter les frontières de 1967 et à libérer tous les prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.  De son côté, Israël, par la voix de son Premier Ministre Benyamin Netanyahu, a dit souhaiter continuer les discussions mais sans condition préalable.   


Néanmoins, M. Pascoe a estimé que le cadre établi par le Quatuor dans son communiqué du 23 septembre 2011 visant à trouver un accord avant la fin 2012 restait valable.  Il a précisé que les Envoyés du Quatuor évaluent régulièrement l’évolution de la situation sur le terrain.  Il a invité les parties à se concentrer sur la nécessité d’échanger des propositions sur le territoire et la sécurité.  M. Pascoe a indiqué que le Secrétaire général appuyait les initiatives du Roi Abdullah de Jordanie.


M Pascoe s’est tout de même réjoui que le Président Mahmoud Abbas et le chef du Hamas, M. Khaled Meshaal, se sont accordés le 5 février pour former un gouvernement de transition de technocrates dirigé par M. Abbas.  Il a rappelé combien l’ONU appuyait l’unité palestinienne dans le cadre des engagements de l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP), des principes du Quatuor et de l’Initiative de paix arabe. 


Le 13 février, la municipalité de Jérusalem a autorisé l’ouverture d’un nouveau centre de visite archéologique dans le quartier de Silwan à Jérusalem-Est alors que la police israélienne a détruit une structure qui servait de local communautaire aux Palestiniens.  Il a précisé que les dernières démolitions de maisons appartenant à des Palestiniennes ont jeté 138 personnes dans la rue.


Si les Forces de sécurité palestiniennes ont pour la première fois en 15 ans, maintenu l’ordre, le 10 février dernier, dans le secteur H-2 sous contrôle total des Israéliens, les Forces de défense israéliennes ont mené en même temps 463 opérations en Cisjordanie qui se sont traduites par 251 blessés et 358 arrestations du côté palestinien.  


Parmi les autres incidents, M Pascoe a indiqué que 61 roquettes et un obus de mortier ont été tirés sur Israël depuis Gaza au mois de février sans faire de victimes, alors que le 11 février les forces égyptiennes opérant dans la péninsule du Sinaï ont dit avoir saisi des missiles anti-aériens et des explosifs en partance pour Gaza.


Enfin, sur la situation au Liban, le Secrétaire général adjoint a indiqué que le Secrétaire général a, le 23 février 2012, renouvelé le mandat du Tribunal spécial pour le Liban pour un mandat de trois ans à compter du 1er  mars.  Au début du mois de février, la Chambre de première instance a estimé que les quatre personnes accusées dans l’assassinat de l’ancien Premier Ministre Rafiq Hariri devraient être jugées par contumace. 


Il a précisé que la crise syrienne restait source de tension au Liban où des combats ayant fait 3 morts et 20 blessés ont éclaté le 10 février entre communautés alaouite et sunnite dans la ville de Tripoli sur fond de manifestations liées à la situation en Syrie.  Il a précisé que l’ordre a été restauré le lendemain grâce à l’intervention de l’armée et de parlementaires locaux. 


M. Pascoe s’est particulièrement inquiété de la situation à la frontière libano-syrienne où l’ONU suit l’arrivée de réfugiés syriens.  Nous continuons à coordonner étroitement avec le Gouvernement libanais l’assistance aux 6 900 réfugiés enregistrés à ce jour.  Il a qualifié de calme la situation dans l’ensemble de la zone d’opération de la Force intérimaire des Nations Unies (FINUL) même si l’on continue d’observer des violations de l’espace aérien par l’aviation israélienne.


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