La Commission de la condition de la femme souligne l’important apport des femmes rurales dans la lutte contre la faim et la pauvreté
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Commission de la condition de la femme
Cinquante-sixième session
4e et 5e séances – matin et après-midi
LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME SOULIGNE L’IMPORTANT APPORT DES FEMMES RURALES
DANS LA LUTTE CONTRE LA FAIM ET LA PAUVRETÉ
Elle exhorte la communauté internationale et les États à faciliter
aux femmes l’accès au crédit, aux outils de production, à l’éducation et à la propriété
La Commission de la condition de la femme a poursuivi, cet après-midi, le débat général de sa cinquante-sixième session en réaffirmant le rôle essentiel que peuvent jouer les femmes rurales en matière de développement durable, ainsi que dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
La trentaine de ministres, représentantes et déléguées qui se sont exprimés ont ainsi mis l’accent sur la nécessité de promouvoir et de renforcer le rôle des femmes rurales dans la lutte contre l’élimination de la faim et la pauvreté, et ce, en investissant davantage dans l’éducation, dans les infrastructures et en leur garantissant aussi un accès à la propriété, aux services financiers, ainsi qu’à des services de soins et d’aide dans l’accomplissement des charges familiales et domestiques.
Comme cela a eu lieu hier, le débat général de la Commission a été accompagné, aujourd’hui en matinée, de la tenue d’une table ronde de haut niveau*, au cours de laquelle les participants ont eu l’occasion de discuter plus avant des questions liées à l’accès des femmes au financement et à la propriété.
Mme Cheryl Morden, Directrice du Bureau de liaison pour l’Amérique du Nord du Fonds international de développement agricole (FIDA), a fait remarquer que le nombre de femmes pauvres qui avaient bénéficié du microcrédit, entre 1999 et 2010, était passé de 10 à 113 millions. C’est une croissance qu’elle a considérée impressionnante, mais qui reste néanmoins « une goutte d’eau dans l’océan face aux défis que rencontrent les femmes rurales », a-t-elle dit, rappelant que celles-ci avaient aussi besoin d’accéder à d’autres services financiers, tels que des conseils en matière d’épargne, d’assurance, de gestion des risques et de planification.
« En investissant de manière plus intelligente dans les femmes rurales, il est possible de renforcer l’impact des activités agricoles », a estimé la Ministre de l’égalité des chances du Royaume-Uni, Mme Lynne Featherstone, dont le Gouvernement s’est engagé à aider 18 millions de femmes à accéder à des services financiers.
Plusieurs intervenants ont, dans ces différents domaines, présenté des programmes et des initiatives qui ont été couronnés de succès.
Au Nigéria où les femmes rurales contribuent à produire la majorité des produits locaux, le cadre des politiques en matière de microfinance a récemment été revu avec, pour résultat, un taux d’accès aux services financiers qui a augmenté de 15%, a expliqué la Ministre nigériane des femmes et du développement social, Mme Hajia Zainab Maina.
En Chine, 55,6 milliards de yuans ont été distribués sous forme de prêts aux femmes, tandis que les 2,3 milliards de yuans d’intérêts étaient subventionnés par le Gouvernement. Cette initiative a permis à plus d’un million 300 mille femmes rurales chinoises de lancer leur propre entreprise, créant ainsi près de quatre millions d’emplois féminins, s’est félicitée la représentante du Gouvernement chinois.
De son côté, la Ministre de la parité et du développement de la Tanzanie, Mme SOFIA SIMBA, a regretté que les infrastructures dans les zones rurales n’aient pas suffisamment bénéficié de l’aide publique au développement (APD). Elle a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle fournisse des investissements directs dans les domaines de l’irrigation et des infrastructures routières.
Plusieurs autres Ministres, dont celle de l’égalité des sexes de la République de Corée, ont également mis l’accent sur le double fardeau qui pèse sur les épaules de femmes rurales, contraintes d’assumer à la fois les soins des enfants, ceux de la famille et leurs activités agricoles. En République de Corée, des incitations fiscales ont été versées aux puéricultrices qui travaillent en zone rurale et cela a permis d’alléger les responsabilités familiales de ces femmes, a-t-elle expliqué.
Les nombreuses délégations qui assistaient à cette table ronde ont aussi entendu les exposés d’expertes sur les questions agricoles et sexospécifiques, dont Mme Malika Abdelali-Martini, spécialiste des questions de genre au Centre international de recherche agricole en zone sèche (ICARDA) de la Syrie; Mme Shanaz Wazir Ali, Conseillère spéciale du Premier Ministre du Pakistan sur le secteur social; Mme Anna Kaisa Karttunen, consultante en développement rural, de la Finlande; et Mme Jemimah Njuki, de l’Institut international de recherche sur le bétail, au Kenya.
La prochaine réunion de la Commission de la condition de la femme aura lieu demain, mercredi 29 février, à partir de 10 heures.
SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000 : ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »: RÉALISATION DES OBJECTIFS STRATÉGIQUES, MESURES À PRENDRE DANS LES DOMAINES CRITIQUES ET AUTRES MESURES ET INITIATIVES
Thème prioritaire: l’autonomisation des femmes rurales et leur rôle dans l’élimination de la pauvreté et de la faim, le développement et le règlement des problèmes actuels
Table ronde 1
En introduction à cette table ronde, Mme MALIKA ABDELALI-MARTINI, socio-économiste et spécialiste de la recherche axée sur les questions de genre au Centre international de recherche agricole en zone sèche (ICARDA) en Syrie, a présenté le rapport* de la réunion du Groupe d’experts sur la participation économique des femmes rurales, qui a été organisée, en septembre 2011 à Accra, au Ghana, par ONU-Femmes, en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM).
S’agissant des politiques économiques, le Groupe d’experts recommande, notamment, de développer des politiques donnant la priorité à l’emploi décent, d’accroître les investissements dans les infrastructures, et de promouvoir le savoir des femmes rurales et autochtones, a-t-elle expliqué. Il encourage également les États à adopter des mesures permettant de réduire l’impact négatif des accords commerciaux internationaux ou régionaux.
En ce qui concerne l’accès équitable à la propriété foncière et le contrôle de la terre, le Groupe d’experts propose, entre autres, de promouvoir le droit des femmes à avoir accès à la terre, la reconnaissance de leurs droits par le droit coutumier et dans les titres de propriété conjoints entre époux. Le Groupe insiste sur l’enregistrement des terres à des fins collectives qui soient bénéfiques aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Enfin, il met l’accent sur la protection des droits des femmes rurales touchées par les expropriations.
Parmi ses recommandations, le Groupe d’experts encourage d’autre part les États à reconnaître le rôle que peuvent jouer les femmes en matière d’adaptation aux changements climatiques. Il met également l’accent sur l’information, l’éducation et le partage des savoirs. Il propose aussi d’appuyer l’accès et la création de services essentiels et financiers, d’investir dans les services de soins et d’assurance santé et d’encourager les partenariats Sud-Sud en matière d’usage des technologies. Il met aussi l’accent sur la nécessité d’une présence des femmes rurales dans les processus de prise de décisions, ainsi que sur la nécessité de disposer de ressources budgétaires centrées sur leur autonomisation.
Mme SHANAZ WAZIR ALI, Conseillère spéciale du Premier Ministre du Pakistan sur le secteur social, a axé son intervention sur l’habilitation économique des femmes rurales, laquelle dépend de l’accès qu’elles peuvent avoir au financement, à la formation, aux possibilités d’emploi et aux intrants, entre autres. Elle a rappelé que la majorité des pauvres du monde sont des femmes vivant en milieu rural, et qu’il existe un rapport évident entre pauvreté et exclusion. Mme Wazir Ali a ensuite indiqué que la faible croissance économique, des inondations catastrophiques et la lutte contre le terrorisme ont eu des effets néfastes sur la vie des femmes rurales du Pakistan, où environ 20 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté. Elle a expliqué que le statut nutritif des femmes était un facteur important qui affecte leur productivité ainsi que les indices de mortalité maternelle et infantile, précisant que dans son pays, 48% des femmes rurales souffrent d’un profond déficit alimentaire, l’apport calorifique quotidien qu’elles reçoivent étant insuffisant. Par ailleurs, un nombre bien trop faible de femmes pakistanaises, soit 18 000, sont des employeurs, alors que dans le même temps, plus de sept millions de femmes rurales effectuent des tâches non rémunérées, a déploré la représentante.
Mme Wazir Ali a affirmé que la propriété foncière était un facteur essentiel pour l’habilitation économique des femmes rurales. Dans la province de Sindh, a-t-elle indiqué, 6 000 femmes ont reçu des terres du Gouvernement pakistanais, ce qui représente la plus grande distribution de terrains dans l’histoire du Pakistan. Le pays s’est également doté du « Programme Benazir d’appui aux revenus », qui s’efforce d’atténuer les effets de la crise sur les ménages et sur les femmes. Des cartes d’identité nationale ont par ailleurs été distribuées aux femmes qui n’avaient pas de statut civique dans le pays, a indiqué Mme Wazir Ali. Le Pakistan dispose également de huit banques de microfinance, a-t-elle ajouté.
Parmi ses recommandations, la panéliste a insisté sur l’importance de disposer davantage de données empiriques sur les femmes rurales et d’établir des mécanismes de protection des femmes. Il faut également ouvrir des possibilités et plus d’opportunités économiques et sociales aux femmes rurales par le biais de coalitions, a-t-elle préconisé. Les femmes rurales, a-t-elle insisté, doivent avoir la possibilité de contribuer aux programmes qui affectent leur vie et de prendre part à l’élaboration des législations qui protégeront leur droit à la propriété foncière.
Mme ANNA KAISA KARTTUNEN, Consultante en développement rural (Finlande), a tenu à souligner la variété de situations et les différences qui caractérisent la situation de chaque groupe de femmes rurales à travers le monde. Elle a rappelé que les chercheurs manquaient d’informations et de données fiables concernant leur statut, l’étendue du travail non rémunéré qu’elles accomplissent, et les biens qu’elles possèdent. « Aujourd’hui, nous savons que l’agriculture demeure la principale source de revenus pour la majorité des personnes vivant en zone rurale dans les pays en développement », a-t-elle rappelé. Elle a toutefois souligné que la diversification des revenus ruraux était devenue la norme partout dans le monde. Elle a indiqué, à titre d’exemple, qu’en Afrique subsaharienne, 45% des revenus des ménages ruraux était issus d’activités non agricoles, comme par exemple des revenus tirés d’entreprises non liées au travail de la terre; un salaire provenant d’un second emploi, ou des fonds reçus d’envois venant de l’étranger. En Amérique latine, ce montant est de 40%, a-t-elle précisé.
Elle a également fait remarquer que les profils d’emplois et de revenus différaient entre hommes et femmes. Les femmes sont ainsi majoritairement occupées dans des activités à faible productivité. Elles sont aussi surreprésentées dans le secteur informel ou dans les activités non rémunérées de soutien familial. De ce fait, leur statut dans l’agriculture est largement éloigné des standards classiques d’emplois ou de protection sociale, et leur situation ne répond à aucune des normes relevant d’un emploi décent, a-t-elle ajouté.
Dans ce contexte, Mme Karttunen a estimé que promouvoir l’autonomisation des femmes rurales nécessite que l’on mène des efforts sur plusieurs fronts. Tout d’abord, il est nécessaire de reconnaître la double charge de travail à laquelle elles font face. Ensuite, il faut leur permettre un accès à l’information, à la terre, au crédit et aux technologies de l’information et de la communication (TIC). Elle a souligné que, dans certaines zones, l’accès à la téléphonie mobile avait déjà grandement modifié les opportunités économiques des femmes. Elle a encore insisté sur l’adoption de lois garantissant des droits égaux entre hommes et femmes, ainsi que sur l’amélioration des services sociaux en milieu rural et la création d’organisations de femmes rurales.
Mme JEMIMAH NJUKI, de l’Institut international de recherche sur le bétail du Kenya, a indiqué qu’il était possible d’augmenter la production et la productivité des femmes rurales, par le biais notamment de l’amélioration de leur accès à la technologie. Il faut également augmenter les revenus des femmes et reconnaitre que le contrôle qu’elles exercent sur la société leur permet d’améliorer le bien-être des familles. Elle a également évoqué la nécessité de multiplier leurs moyens de production et leurs ressources productives, sans oublier leur participation au processus de prise de décisions. Les femmes sont des agents économiques et des productrices de plein droit et le travail qu’elles accomplissent peut leur permettre de générer des revenus. Cela dit, il importe de reconnaitre que les hommes et les femmes sont des partenaires dans la sécurité alimentaire, a ajouté Mme Njuki.
Pour la panéliste, il faut augmenter les intrants mis à la disposition des femmes agricultrices en utilisant des systèmes d’approvisionnement novateurs et en veillant à atteindre les zones les plus isolées. Il convient également de tenir compte des pratiques culturelles liées au rôle des femmes en tant que productrices. Mme Njuki a cité les mérites de la vulgarisation agricole et insisté sur l’importance d’encourager les jeunes femmes chercheures à rester dans le domaine de la recherche agricole. Pour élargir les perspectives économiques des femmes rurales, Mme Njuki a réclamé des stratégies qui garantissent la participation des femmes aux activités de marché et qui privilégient l’exploitation de cultures qui profitent à la gent féminine, sans oublier l’appui aux femmes entrepreneurs, et l’octroi de prêts financiers à des taux abordables. La mise sur pied de services de soutien au développement d’entreprises féminines est également essentielle, a-t-elle ajouté. La participation des femmes aux associations d’exploitants agricoles doit être favorisée, et il convient en outre d’améliorer les revenus tirés de cette activité, a-t-elle dit. Mme Njuki a également misé sur les mécanismes de financement novateurs, ainsi que sur la promotion des aliments locaux qui ont une importante valeur nutritive et qui promeuvent le marketing local et les systèmes d’approvisionnement.
Mme CHERYL MORDEN, Directrice du Bureau de liaison pour l’Amérique du Nord du Fonds international de développement agricole (FIDA), a axé sa présentation sur la promotion d’un financement de l’agriculture tenant compte des questions sexospécifiques. Rappelant que les femmes représentent 43% de la main d’œuvre agricole dans les pays en développement, elle a souligné que celles-ci dépendaient le plus souvent d’entreprises de moyenne ou petite taille. Elle a ensuite mis l’accent sur la nécessité pour ces femmes d’accéder à des services financiers de base, tels que le crédit, l’épargne et l’assurance, car ils peuvent les aider à accroître leur productivité, à investir dans le futur et à gérer les risques. Elle a souligné que les pionniers du microcrédit avaient répondu à un besoin des femmes en contournant les obstacles qui les empêchaient d’aller de l’avant notamment, par exemple, parce qu’elles manquaient de garanties pouvant leur ouvrir l’accès au crédit.
Elle a noté que le nombre de femmes pauvres qui avaient bénéficié du microcrédit était passé de 10 à 113 millions, entre 1999 et 2010, à travers le monde. « Il s’agit là d’une croissance impressionnante, mais c’est encore une goutte d’eau dans l’océan face aux besoins », a-t-elle poursuivi. Par ailleurs, elle a rappelé que le microcrédit avait des limites et que les montants de prêts qu’il accordait n’étaient pas suffisants. Les femmes ont aussi besoin d’avoir accès à d’autres services financiers, a-t-elle conclu. Elles ont notamment besoin d’épargner pour gérer les risques qui peuvent se poser à leurs activités ou acquérir des semences et des biens, a ajouté Mme Morden. Par ailleurs, les femmes ont besoin de recevoir plusieurs types de conseils, notamment en matière de formation et de planification. Elle a ensuite dressé une liste de priorités destinées à promouvoir l’autonomisation économique des femmes rurales, parmi lesquelles l’accès aux services financiers et à l’assistance technique, l’investissement dans l’innovation et les bonnes pratiques, ainsi que le renforcement de la participation des femmes dans les associations de producteurs.
* Le rapport est disponible sur le site d’ONU-Femmes sous la référence EGM/RW/2011/REPORT
Débat interactif
Au cours de ce débat, les intervenants ont longuement discuté de la question de l’accès des femmes rurales au financement, et ont mis l’accent sur l’importance d’assurer aux femmes leurs droits à la propriété foncière et de promouvoir la collecte des données relatives à leur situation et à leurs activités.
La représentante de l’ONG Cisneiros a affirmé que l’accès au financement à lui seul ne suffisait pas, mais que l’octroi de crédits devait être assorti de taux d’emprunt abordables. Il importe également de créer des programmes de gestion et d’éducation financière en faveur des femmes, a-t-elle dit. Avoir un crédit ne suffit pas, il faut également savoir comment s’en servir, a-t-elle notamment observé.
À son tour, la représentante de la Suisse a indiqué que les agricultrices suisses mariées avaient des difficultés à obtenir des crédits car la majorité des biens de leurs couples était la propriété des maris. Elles ne peuvent par conséquent présenter aucune garantie aux institutions financières. De plus, a-t-elle ajouté, nombre d’entre elles ont simplement besoin de petits prêts, or les banques accordent des conditions moins favorables pour l’obtention de petits crédits que pour les prêts plus substantiels. La représentante a proposé la création d’une catégorie spécifique de crédits pour les épouses d’exploitants agricoles.
La représentante du Brésil a, quant à elle, estimé qu’il fallait créer des méthodologies spécifiques pour veiller à la création de prêts qui prennent en compte le niveau d’endettement et l’éducation financière des femmes rurales.
La représentante d’Israël a estimé pour sa part que les services financiers ruraux n’étaient pas suffisamment adaptés aux besoins et à la situation des femmes rurales. La représentante du Nicaragua a, quant à elle, observé que se limiter à distribuer du bétail et des fonds ne suffit pas à régler les problèmes qui se posent, notamment à cause de la grande vulnérabilité des femmes rurales.
Même si on accorde des crédits aux femmes rurales, rien ne prouve que ce sont effectivement elles qui vont les gérer, a renchéri Mme Abdelali-Martini, qui a souligné ainsi la nécessité de veiller à la levée des obstacles sociaux. Elle a par ailleurs indiqué que l’éducation et la formation des femmes rurales étaient un défi notable à relever, car nombre d’entre elles ne peuvent pas se permettre de se rendre dans une localité différente pour y suivre une formation. Elle a cité les mérites d’un programme créé en Iran qui permet aux femmes de vivre en internat, parfois avec leurs proches, pendant la durée de la formation dont elles ont besoin.
Devant les demandes de précisions de la représentante du Panama, une autre panéliste, Mme Ali, a expliqué que les lopins de terres dont elle avait parlé dans sa présentation liminaire avaient été distribués aux femmes venant des zones les plus pauvres du Pakistan et qu’il s’agissait de terres arables. Elle a par ailleurs indiqué que le système de microfinance était très développé au Pakistan, et que les taux de prêt imposés aux personnes rurales y sont plus faibles que ceux de la norme au niveau mondial. Il importe également de se pencher sur la question de l’assurance des cultures et sur celle de l’assurance santé afin de mieux aider les femmes, a-t-elle ajouté.
La représentante du Mozambique s’est penchée sur les problèmes liés à la propriété foncière et a estimé que les titres de propriété foncière devraient comporter à la fois le nom du mari et celui de la femme. Elle a cependant indiqué que des défis notables se posaient dans les communautés qui pratiquent la polygamie.
L’importance de disposer de données ventilées par sexe, fiables et précises, sur la situation des femmes rurales a également été évoquée à plusieurs reprises. Les décideurs doivent apprendre à apprécier la valeur des données, a ainsi souligné le représentant de la Gambie, tandis que Mme Abdelali-Martini a insisté sur l’importance de bien les analyser. La représentante des États-Unis s’est quant à elle interrogée sur la manière dont on pourrait passer rapidement à un ensemble d’indicateurs normalisés qui reflètent l’appropriation des avoirs au bénéfice des femmes.
À son tour, la représentante de l’ONG « Voices of African Mothers » a fait observer que la gestion de l’accès à des sources énergétiques autres que le bois de chauffe était un point d’avant-garde de la lutte contre la dégradation de l’environnement. Il est impératif de permettre aux femmes de participer au processus de développement tout en les déchargeant de certaines corvées domestiques, a-t-elle insisté.
La représentante de la Suède a estimé de son côté qu’on ne pouvait surestimer l’importance de la santé sexuelle et reproductive des femmes rurales, tandis que la représentante de l’ONG Cisneiros a parlé de l’importance de permettre aux femmes rurales de concilier leurs vies professionnelles et familiale. Si des politiques publiques sont adoptées qui demandent aux femmes de renoncer à leur vie de famille elles les ignoreront, a-t-elle notamment averti.
La représentante des Philippines a quant à elle attiré l’attention sur les effets néfastes qu’ont sur la santé des femmes des produits de mauvaise qualité qui sont souvent utilisés dans l’agriculture par simple souci d’économies et a appelé à leur interdiction.
La question de l’accès des femmes aux marchés a également été soulevée par plusieurs délégations.
Un certain nombre de délégations ont, en outre, pris la parole pour partager certaines expériences nationales. La représentante du Portugal a indiqué que dans son pays les femmes jouent un rôle essentiel dans le domaine du tourisme en zone rurale, tandis que son homologue de l’Iran a évoqué les politiques sociales destinées aux zones tribales. La représentante de la Malaisie a parlé d’une loi qui permet aux épouses et ex-épouses de devenir copropriétaires de terrains appartenant à leurs couples. La représentante du réseau des ONG a quant à elle parlé du Festival de la mangue de Trinité-et-Tobago qui est notamment l’occasion d’étudier comment exploiter le manguier de toutes les manières imaginables.
Dans ses observations finales, Mme Cheryl Morden, du Fonds international pour le développement de l’agriculture (FIDA), a souligné l’importance de développer des réseaux de partages de connaissances de meilleure qualité. Mme Njuki, panéliste, a appelé à l’intégration d’une perspective sexospécifique dans tous les programmes gouvernementaux, tandis qu’une autre panéliste, Mme Abdelali-Martini a insisté sur la problématique de la formation des femmes rurales. Mme Ali, panéliste, du Pakistan, a réclamé la mise en place de politiques dynamiques en matière d’appropriation des terres par les femmes rurales, ainsi que d’accès aux intrants et aux sources de financement.
Suite du débat général
M. RAYMOND O. WOLFE (Jamaïque), s’exprimant au nom de la Communauté des États des Caraïbes (CARICOM), a estimé qu’il convenait de distinguer la situation des femmes vivant en zones urbaines de celle des femmes en zones rurales car ces dernières font face à des défis spécifiques qui nécessitent l’adoption d’approches ciblées. Rappelant que l’agriculture avait toujours joué un rôle central pour les pays de la CARICOM, il a souligné que plusieurs communautés rurales de ces pays avaient été confrontées à une augmentation disproportionnée du chômage et que les femmes avaient, à cet égard, été les plus touchées par cette situation. Il a fait remarquer que les chefs d’États et de gouvernement avaient adopté, en juillet 2009, la Déclaration de Liliendaal, qui souligne à quel point il est nécessaire de favoriser une production alimentaire régionale et locale pour éliminer la pauvreté et favoriser l’emploi. M. Wolfe a ensuite appelé les États Membres à respecter tous les instruments internationaux relatifs aux femmes, et en particulier, l’article 14 de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, qui garantit l’accès et la pleine participation des femmes rurales au développement national. Il a émis l’espoir que la Conférence sur le développement durable (Conférence Rio+20) puisse réitérer ces engagements pris en faveur des femmes.
Mme MENG XIAOSI (Chine) a indiqué que grâce au Programme pour le développement de la femme chinoise 2001-2010, le taux de pauvreté chez les femmes de Chine était passé de 24,2% en 2002 à 12% en 2009 et que l’écart entre les sexes dans les inscriptions scolaires a été comblé au niveau primaire dans tout le pays. La représentante a également fait savoir que le taux de femmes rurales qui accouchent à l’hôpital a enregistré une augmentation de 48,3% depuis 2000. Un programme de développement entend par ailleurs mettre l’accent sur les situations d’urgences et il accordera une attention particulière aux femmes qui vivent dans les régions les plus pauvres, entre autres, a assuré Mme Meng. Elle a également indiqué qu’entre 2009 et 2011, 55,6 milliards de yuans avaient été distribués en prêts aux femmes, et que 2,3 milliards de yuans d’intérêts étaient subventionnés par le Gouvernement. Cela a permis à plus 1,3 million de femmes rurales chinoises de créer leur propres entreprises, créant ainsi près de quatre millions d’emplois pour les femmes, s’est-elle félicitée.
Mme HAJIA ZAINAB MAINA, Ministre des femmes et du développement social du Nigéria, a souligné que les femmes représentent 50% de la population nationale de son pays et qu’elles vivent en majorité dans les zones rurales où elles contribuent à produire 60% des produits locaux. Malgré cela, leur rôle n’est pas suffisamment pris en compte et mis en valeur, a-t-elle déploré. Elle a expliqué que le Nigéria avait récemment, au mois d’avril 2011, revu le cadre de ses politiques en matière de microfinance, et que cela avait permis d’accroître de 15% l’accès des femmes aux services financiers. Par ailleurs, elle a précisé que la Banque centrale du Nigéria avait mis en place des centres de formation entrepreneuriale pour éduquer les femmes à la création d’entreprises et au microcrédit. Dans le même temps, des centres de développement pour les femmes ont été relancés dans les 774 zones contrôlées par les gouvernements locaux, a-t-elle souligné. Elle a encore mis l’accent sur la nécessité d’éduquer les femmes et les filles et s’est félicitée, dans ce domaine, du Projet d’éducation des filles (GEP) lancé par son gouvernement, qui a permis d’augmenter considérablement leur taux d’inscription dans les écoles.
Mme ELSA FORNERO, Ministre du travail, des politiques sociales et de l’égalité des chances de l’Italie, a indiqué que son pays s’était doté d’une loi pour combattre et prévenir les mutilations génitales féminines et qu’il appuyait de surcroit la résolution de l’Assemblée générale qui demande l’abandon de cette pratique. Elle a indiqué que seules 46% des Italiennes, dont seulement 30% de celles vivant dans le sud du pays, occupaient un emploi en dehors de leur domicile, et qu’elles effectuaient 70% des tâches ménagères. En milieu rural, les femmes sont souvent des pionnières pour lancer des activités novatrices comme l’agrotourisme ou l’agriculture biologique, et pourtant, a-t-elle déploré, la répartition traditionnelle du travail au sein de la famille persiste et les femmes rurales assument souvent plus de charges que dans d’autres secteurs économiques.
Il y a une contradiction entre le désir d’autonomisation des femmes et les manquements constatés dans les systèmes juridiques et économiques, a-t-elle constaté. Pour y remédier, elle a expliqué que le Gouvernement italien entend assurer un meilleur équilibre entre les responsabilités professionnelles et familiales dans le cadre de la réforme du marché du travail qui est en cours. L’accent sera également mis sur l’emploi des femmes et la réduction des déséquilibres entre les régions. La Ministre a également évoqué le problème de la violence faite aux femmes, précisant qu’en 2010, l’Italie avait adopté son tout premier Plan national de lutte contre la violence faite aux femmes et contre le harcèlement et la filature dont elles peuvent être victimes.
Mme GABRIELLE HEINISCH-HOSEK, Ministre des femmes et des services publics de l’Autriche, a expliqué que l’absence de possibilités d’emploi et l’existence d’attitudes traditionnelles qui attribuent aux femmes le soin des enfants ou des personnes âgées compliquent la vie des femmes en milieu rural dans son pays. Elle a toutefois noté que le nombre de femmes qui exploitent des fermes agricoles était en augmentation, avec 38% des exploitations agricoles autrichiennes ayant à leur tête une femme. Elle a ensuite expliqué que l’application de la parité et la budgétisation sexospécifique avaient été inscrites dans la Constitution en janvier 2009 et, qu’à partir de 2013, la loi sur le budget fédéral exige de chaque ministre qu’il ou elle détermine les réalisations en matière d’égalité des sexes des projets financés par l’État. Elle a également cité les efforts de son pays en faveur de la promotion de la résolution 1325 (2010) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, et s’est dite prête à aider d’autres pays à concevoir un plan d’action dans ce domaine.
Mme LYNNE FEATHERSTONE, Ministre de l’égalité des chances du Royaume-Uni, a parlé des différentes initiatives destinées à appuyer les femmes rurales entrepreneures en Angleterre et en Irlande du Nord et à leur donner une formation professionnelle en Écosse. Elle a expliqué que l’agriculture était un élément important de la croissance nationale et qu’en investissant de manière plus intelligente dans les femmes rurales, il était possible de renforcer l’impact des activités agricoles. Le Royaume-Uni, a-t-elle fait savoir, s’est engagé à aider 18 millions de femmes à accéder à des services financiers, le pays s’est également engagé à sauver la vie de 250 000 nouveaux-nés par an, à permettre à 10 millions de femmes à accéder à des méthodes modernes de planification familiale et à travailler dans 15 pays pour prévenir la violence faite aux femmes et aux fillettes. Mme Featherstone a ajouté qu’en 2012, le Gouvernement du Royaume-Uni entendait également appuyer les pays partenaires à assurer un accès universel à la planification familiale. Abordant ensuite le problème de la violence faite aux femmes, la Ministre a souligné l’importance du leadership contre ce fléau tant au niveau national qu’international afin de changer les comportements et de renforcer les cadres juridiques. Elle a également estimé nécessaire d’appuyer la participation des femmes en politique et de promouvoir leurs droits.
Mme FRANÇOISE HETTO-GAASCH, Ministre pour l’égalité des chances du Luxembourg, a souligné que le Gouvernement luxembourgeois mettait en œuvre son Plan d’action national d’égalité des sexes 2009-2014, et que celui-ci reprend 12 domaines critiques de la Plateforme d’action de Beijing et sert également d’orientation à l’action externe du Gouvernement. Elle a rappelé que l’aide publique au développement avait atteint 1,05% du revenu national brut (RNB), plaçant de ce fait le Luxembourg au deuxième rang mondial des pays donateurs. Elle a souligné que la question du genre y occupait une place prépondérante, en particulier l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Elle a rappelé que beaucoup d’efforts restent à faire, notamment en matière d’éducation, lorsque l’on sait que 2/3 des analphabètes dans le monde sont des femmes et que les filles représentent la majorité des enfants non scolarisés.
Mme JULIANO-SOLIMAN, Secrétaire d’État au bien-être social et au développement des Philippines, a indiqué que des 10,4 millions de femmes philippines qui vivent en milieu rural, près de 4,9 millions n’ont pas accès à l’électricité, et qu’en 2011, 2,7 millions de femmes rurales avaient un emploi non rémunéré. Pour remédier à cette situation, le Gouvernement philippin a mis en œuvre un plan d’action inspiré de la CEDAW. Pour maximiser les ressources et créer des conditions pour une meilleure prestation des services sociaux, le Gouvernement philippin s’est également doté d’un système pour identifier les personnes les plus marginalisées. Les agricultrices ont accès à des programmes de formation aux nouvelles technologies et l’accès aux marchés. Des transferts de fonds sont également prévus pour les ménages les plus pauvres, a souligné l’officiel philippin. Mme Soliman a précisé que 2,3 millions de ménages philippins, dont 83% se trouvant en milieu rural ont pu bénéficier de cette dernière initiative. Le suivi de l’utilisation des ressources provenant de l’APD est systématisé, a-t-elle par ailleurs ajouté.
Mme MARJA VAN BIJSTERDVELDT, Ministre de l’éducation, de la culture et des sciences des Pays-Bas, a indiqué qu’elle était grandement préoccupée par les critiques dont est l’objet, depuis la dernière session de la Commission, le concept de « genre ». Les Pays-Bas estiment qu’il est inconcevable que 17 ans après l’Accord conclu à Beijing les principes qui sous-tendent la Plateforme d’action semblent être remis en question. En 2012, a-t-elle ajouté, on doit aller plus loin dans les progrès accomplis, notamment en matière d’autonomisation économique des femmes, ainsi qu’en ce qui concerne ceux réalisés dans le domaine de la lutte contre les violences à l’encontre des femmes, les droits des femmes et les services de santé reproductive. Elle a appelé les États Membres à mettre en œuvre les promesses faites il y a de nombreuses années afin que les femmes, partout dans le monde, puissent avoir le contrôle de leurs vies.
Mme ELEONORA MENICUCCI DE OLIVEIRA, Ministre des politiques pour les femmes du Brésil, a indiqué que dans son pays, la majorité des femmes vivant en zones rurales travaillait pour subvenir à leurs besoins sans pour autant générer de revenus appréciables. Seules une minorité d’entre elles ont accès aux services essentiels nécessaires ou participent au processus de prise de décisions, a-t-elle déploré. Elle a expliqué qu’une stratégie gouvernementale avait été mise sur pied pour remédier à cette situation. Une assistance technique est octroyée aux productrices agricoles et une politique de création d’emploi et de diversification de la production existe également. Les femmes autochtones en zone agricoles bénéficient en outre de différentes politiques sociales, a-t-elle ajouté. Le Gouvernement brésilien entend également faire respecter l’égalité des droits fonciers et une autre série de mesures a permis d’augmenter l’accès des femmes à l’eau.
Mme De Oliveira a également parlé des mesures de lutte contre la violence domestique, notamment de l’existence d’un réseau mobile d’aide aux victimes, lequel dispose d’installations pour dispenser des soins médicaux, entre autres.
Mme PRIYA MANICKHAND, Ministre de l’éducation du Guyana, a indiqué que son pays avait enregistré des avancées notables dans de nombreux domaines clefs pour les femmes, notamment l’éducation, la santé, l’environnement, la politique et la prise de décisions. En matière d’éducation, elle a souligné que l’école était gratuite au Guyana jusqu’à l’âge de 15 ans et a également mis l’accent sur la présence accrue des femmes au Parlement, où elles sont à présent 21 députés sur 65. Elle a expliqué que son pays avait mis en œuvre une législation concernant la violence domestique, adoptée en 1996, et avait, par ailleurs, lancé une nouvelle campagne pour mettre un terme à la violence sexiste. Elle a aussi réaffirmé la nécessité de former les femmes rurales et s’est félicitée de l’initiative intitulée « Programme des femmes de qualité », qui a été lancée dans son pays en juin 2010, et permet à des femmes célibataires d’avoir accès à des crédits afin de lancer ou de développer une entreprise. Elle a également considéré que le Programme de diversification de l’agriculture du Guyana avait permis d’améliorer les conditions de vie des pauvres et des ménages ruraux. Ce Programme, a-t-elle annoncé, sera par ailleurs complété par la nomination de représentants pour les questions d’égalité des sexes, qui devraient apporter un soutien actif aux femmes dans les zones rurales.
Mme LULU XINGWANA, Ministre des femmes, des enfants et des personnes handicapées de l’Afrique du Sud, s’est félicitée de ce que le rapport du Secrétaire général reconnaisse les pratiques exemplaires de l’Afrique du Sud en faveur des femmes rurales et de l’implication des hommes et des garçons dans la promotion de l’égalité entre les sexes. Elle a indiqué que le programme « énorme » du développement des infrastructures que vient d’annoncer son Président bénéficiera dûment aux femmes rurales. Comme elles sont particulièrement touchées par les effets négatifs du changement climatique, la représentante a plaidé pour que les femmes rurales soient impliquées dans tous les aspects des efforts d’adaptation et d’atténuation menés dans leur communauté.
Elle a rappelé que cette semaine, son pays a lancé l’initiative budgétaire pour les femmes, un partenariat entre le secteur privé, la société civile et le Gouvernement qui vise à faire du budget national un instrument de l’égalité entre les sexes et de l’émancipation des femmes. Les budgets ont toujours contribué aux inégalités mais nous savons aussi qu’ils peuvent servir d’outils pour corriger ces inégalités, a insisté la représentante.
Mme JULIA DUNCAN-CASSELL, Ministre du genre et du développement du Libéria, a indiqué que les femmes rurales qui représentent 60% de la population du pays, participent activement au processus de développement à travers le commerce des produits agricoles. Elle a indiqué que depuis le lancement, en 2008, du Programme d’action nationale pour les femmes rurales, il existait à présent un programme de distribution d’intrants à leur attention, et que le Gouvernement organise également une conférence annuelle pour les femmes rurales.
La Ministre a cependant fait savoir qu’en dépit de progrès réalisés, de nombreux défis persistaient du fait des disparités géographiques et du manque d’infrastructures et d’accès à l’information, entre autres. Elle a également parlé des barrières socioculturelles qui entravent l’accès des femmes rurales à l’éducation. L’absence de statut de nombreuses femmes rurales augmente, par ailleurs, le risque qu’elles deviennent victimes de violences sexistes et souffrent de maladies sexuellement transmissibles, tel le VIH/sida, a-t-elle ajouté.
Mme MARIA DEL ROCIO GARCIA GAYTAN (Mexique) a souligné l’importance de collaborer avec les organisations régionales dans le domaine des statistiques afin de pouvoir mesurer les progrès réalisés en matière des droits des femmes et compiler toutes les données. Mme Del Rocio Garcia Gaytan a indiqué que dans le cadre de son mandat à la tête de l’Institut national des femmes du Mexique, et par le biais du Programme pour l’égalité des opportunités entre hommes et femmes (PROIGUALDAD 2008-2012) et de la loi sur l’égalité, des efforts concertés ont permis d’institutionnaliser la perspective du genre et harmoniser la législation nationale. Elle a précisé qu’au mois de décembre 2011, 17 des 32 États mexicains disposaient d’une législation pour prévenir et éradiquer la discrimination, tandis que 26 avaient une loi garantissant l’égalité entre les hommes et les femmes. Tous, a-t-elle insisté, disposent de lois garantissant aux femmes l’accès à une vie sans violence.
Mettant l’accent sur l’importance de la participation des femmes et leur autonomisation pour le développement du pays, elle a dit que le Mexique s’appuyait sur les rapports pertinents du Secrétaire général et sur la Déclaration générale sur les femmes rurales, publiés par le Comité CEDAW lors de sa session d’octobre 2011. Soulignant les efforts du Mexique, elle a cité la mise en place de 75 programmes, actions ou stratégies visant au renforcement des capacités rurales ou autochtones. Elle a particulièrement mis l’accent sur le programme de développement humain « Oportunidades » qui a touché en 2011, 5,7 millions de familles dans 100 000 communautés -dont 63% de communautés rurales. Elle a précisé qu’en 2012, la Commission du développement des peuples autochtones (CDI), le Département de l’agriculture, de l’élevage du développement rural et de la pêche (SAGARPA), le Département de l’environnement et des ressources naturelles (SEMARNAT) et d’autres instances se verront allouer 231 millions de dollars pour promouvoir l’égalité et l’autonomisation des femmes.
M. TOLOFUAIVALELEI FALEMOE LEIATAUA, Ministre des femmes, des communautés et du développement social de Samoa, a souligné que son pays avait mis sur pied un plan national qui fournit des orientations générales dans les domaines prioritaires des femmes, du travail et de l’égalité des sexes. Il a également cité deux textes de lois, qui sont à l’achèvement, qui prévoient un renforcement de la protection juridique des femmes et un meilleur accès à la justice. Il a également souligné que son Parlement préparait un projet d’amendement à la Constitution afin de garantir qu’au moins 10% des sièges parlementaires soient occupés par des femmes. S’agissant de la santé et de l’éducation, il a expliqué que Samoa avait renforcé son action dans ce domaine, en particulier en matière d’éducation au VIH/sida. Il a encore souligné que les activités en faveur des femmes des zones rurales avaient été, au cours des deux dernières années, renforcées par la présence de représentantes des femmes rurales dans les villages, qui sont des relais vers le Gouvernement. Ce réseau de représentants agit en tant que défenseur de la parité, et il est également responsable du contrôle de tous les programmes de santé et des programmes à caractère socioculturel dans les villages, a-t-il expliqué.
Mme SIHEM BADI, Ministre des affaires de la femme et de la famille de la Tunisie, a souligné le rôle crucial que joue la femme dans la consolidation de la solidarité et de l’harmonie sociale. Toutefois, a-t-elle regretté, la femme demeure la plupart du temps la cible de toutes les formes d’inégalités, d’abus et de discrimination. Abus sexuels, viol et humiliation en temps de guerre, et marginalisation économique, politique, et violences physiques en temps de paix, sont souvent ses lots, a-t-elle précisé. La Ministre a également souligné le rôle actif de la femme dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix.
Depuis son indépendance, la Tunisie s’est engagée dans une approche rationnelle favorisant la promotion de la femme, son émancipation totale, et sa participation active dans les différents secteurs de la vie politique, sociale et économique, a assuré Mme Badi. Elle a cité le Code du statut personnel qui a libéré la femme tunisienne de certaines pratiques portant atteinte à sa personne. Elle a ajouté que la Tunisie postrévolution a connu une consolidation des acquis de la femme tunisienne qui s’est traduite par le retrait de toutes les réserves émises envers la CEDAW et par l’adoption de la règle de la parité sur les listes électorales. La Ministre a rappelé à cet égard le rôle important des Tunisiennes dans le mouvement populaire pour les libertés et dans la révolte contre les injustices.
Mme JULIANA AZUMAH-MENSAH, Ministre des affaires féminines et de l’enfance du Ghana, a indiqué que son pays continue de promouvoir l’autonomisation des femmes rurales qui font partie des 18% de la population ghanéenne qui sont les plus pauvres. Pourtant, les femmes rurales génèrent 70% de la production des foyers et contribuent à la sécurité alimentaire du Ghana, a-t-elle observé. Elle a parlé d’un projet d’entreprise rurale basé sur l’agriculture, qui promeut la réduction de la pauvreté dans les zones rurales, et du Programme de croissance rurale 2008-2014 qui vise à offrir à 1,56 million de femmes rurales une formation en matière de bonnes pratiques agricoles. Le Ghana a également pris des mesures pour lutter contre la violence basée sur le sexe, a-t-elle ajouté.
La Ministre ghanéenne a ensuite annoncé le lancement de consultations publiques en vue d’élaborer une « législation d’action affirmative » qui garantira la participation des femmes rurales à la gouvernance et aux processus de prise de décisions. Les femmes rurales ont aussi un rôle important à jouer pour garantir la paix et la sécurité, a-t-elle aussi reconnu, annonçant à cet égard le lancement prochain du plan d’action national du Ghana sur les femmes, la paix et la sécurité. Elle a également parlé des actions menées par les organisations non gouvernementales qui œuvrent au Ghana notamment dans le domaine de l’alphabétisation des femmes. Enfin, Mme Azumah-Mensah a souligné les défis auxquels les femmes rurales sont toujours confrontées, comme le manque d’accès aux technologies, à la propriété foncière, au crédit, aux marchés, à l’eau ou encore à l’éducation.
Mme KIM KUM-LAE, Ministre de l’égalité entre les sexes et de la famille de la République de Corée, a indiqué que depuis 2001, des plans-cadres étaient lancés tous les cinq ans pour appuyer les femmes dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche. Ces plans ont permis de donner plus d’éclat aux professions agricoles, a dit Mme Kim. Elle a expliqué que le plan actuel, qui couvre la période 2011-2015, utilisait les politiques de discrimination positive pour augmenter la participation des femmes agricultrices et pêcheurs dans le processus de prise de décisions. L’entrepreneuriat des femmes rurales est également appuyé, a-t-elle fait savoir. Afin d’alléger les responsabilités familiales de ces femmes, des incitations fiscales sont versées aux puéricultrices qui travaillent en zone rurale et qui peuvent s’occuper des enfants. Pour faire face au phénomène des mariages internationaux en zone rurale, le Gouvernement a adopté une série de stratégies destinées à appuyer les familles multiculturelles par le biais de cours du coréen comme langue étrangère, de programmes de formation, et de la promotion de l’entrepreneuriat des femmes immigrantes. Ces dernières ont également accès à des services de conseil particulier, a ajouté la Ministre. De plus, une initiative pour le bonheur des couples mariés à des conjoints de nationalités étrangères entend sensibiliser les hommes et les couples au sujet de la diversité et de l’égalité entre les sexes.
La Ministre a ensuite indiqué que la budgétisation sexospécifique serait désormais incorporée au sein des politiques locales. Un index sur l’égalité entre les sexes a été créé en Corée en 2012, et depuis 2008, la République de Corée a mis en œuvre un programme destiné à éradiquer les violences sexistes qui prend notamment en compte la protection des témoins.
Mme SOFIA SIMBA, Ministre de la parité et du développement de la Tanzanie, a dit que son pays a fait de l’autonomisation des femmes rurales une question prioritaire notamment à travers un programme de développement du secteur agricole ciblé sur des zones de productivité, telle que celle de Zanzibar. Elle a expliqué que ce plan avait notamment permis à des femmes d’accéder à l’acquisition d’engrais, de semences et de technologies. Le Parlement tanzanien a également adopté une loi foncière, qui a permis à des femmes de détenir des terres au même titre que les hommes. Des écoles spécialisées participent également à ces activités de développement, ainsi qu’à l’autonomisation des femmes, a-t-elle ajouté. Malgré ces efforts, elle a regretté que les femmes rurales soient encore trop souvent empêchées de participer à des entreprises économiques. Elle a estimé que les infrastructures n’avaient pas suffisamment bénéficié de l’aide publique au développement et a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle fournisse des investissements directs en matière d’irrigation ou de création de routes, par exemple.
Mme ALEJANDRINA GERMAN, Ministre de la condition des femmes de la République dominicaine, a annoncé que le Gouvernement de la République dominicaine continue d’atteindre l’objectif d’égalité de chances en faveur des femmes, et œuvre pour l’amélioration de leurs conditions de vie et leur accès aux biens et services. Par ailleurs, a-t-elle dit, le pays poursuit ses efforts pour faciliter l’inclusion et la participation des femmes rurales à l’éducation, la science, la technologie et l’accès à l’économie et au travail. 48% de la population rurale sont des femmes et 31,9% d’entre elles sont des chefs de famille. Il n’existe pas de différences significatives entre les populations rurale et urbaine, a dit Mme German. Elle a donné quelques chiffres illustrant cette situation: 79,1% des filles âgées de 15 à 19 ans ont fini leur éducation de base, contre 67% pour les garçons. Dans le secondaire (de 20 à 24 ans), 58,2% de filles ont achevé leur cycle, contre 42% pour les garçons. Elle a ajouté que la situation de l’emploi des femmes rurales est difficile à mesurer du fait que la plupart du travail qu’elles font comme prolongement des activités domestiques. Ce qui rend invisible leur rôle de productrices et contributrices au revenu familial.
Les femmes rurales restent vulnérables au chômage et au travail informel. Toutefois, 45% d’entre elles ont accès à l’eau, 89% à l’électricité. Mais 17% n’ont pas l’infrastructure adéquate pour leurs ordures ménagères. Afin d’améliorer leur situation, le Gouvernement a adopté des mesures favorables au processus d’émancipation des femmes, et favorables au droit des femmes à une vie libérée des violences, à la reconnaissance de la valeur du travail domestique, à la reconnaissance des unions de fait, et à l’égalité des salaires. En plus, la Constitution garantit l’égal accès à la terre aussi bien à l’homme qu’à la femme. La Loi 55-97 dite Land Reform Act donne aux femmes l’accès à la propriété aux mêmes conditions que les hommes. Le Plan national de l’égalité de genre et de l’équité de 2007-2017 donne le droit aux femmes à la propriété foncière, et a créé un fonds pour financer des projets dans l’agroforesterie, et dans les services pouvant aider les femmes à avoir accès à l’éducation, la santé, l’eau, l’électricité et à un toit. Le Bureau de la Première Dame a lancé le programme pour l’équité du genre et le développement des femmes rurales, ainsi que le programme « Progressing » censés augmenter les opportunités d’émancipation sociale, politique et le statut culturel des femmes. Il a également mis en place 75 Centres communautaires technologiques pour l’accès à la technologie de l’information et de la communication en milieu rural. La Secrétaire d’État a terminé en disant que le défi est de renforcer les politiques publiques afin de progresser dans l’égalité hommes/femmes dans les conditions de vie en milieu rural et urbain.
Mme JIKO LUVENI, Ministre du bien-être social, des femmes et de l’allègement de la pauvreté de Fidji, a indiqué que la majorité de la population de son pays était concentrée dans des zones rurales. Fidji compte 225 femmes cheffes de clan pour 1 576 hommes, a-t-elle ajouté, et elle a indiqué qu’en 2011, 15 communautés avaient par ailleurs adopté une politique de tolérance zéro à l’égard de la violence faite aux femmes. Elle a précisé que ce genre d’initiatives était appuyé au niveau fédéral grâce à la loi sur la famille et le crime. Mme Luveni a ensuite indiqué que les femmes représentaient respectivement 78% et 60% de la clientèle de l’Unité de microfinance et du Centre national pour le développement des petites et micro entreprises des îles Fidji. Elle a précisé qu’avec l’aide de partenaires internationaux, 1 900 machines à coudre avaient été distribuées à différentes communautés de femmes pour les aider à avoir une activité rémunératrice. Mme Luveni a également indiqué que les femmes rurales représentaient 87% des marchands des marchés des zones urbaines et qu’un projet réalisé en partenariat avec ONU-Femmes vise à leur fournir un logement pendant la durée de leur séjour en ville.
Mme AMIRA ELFADIL MOHAMED, Ministre fédérale du bien-être social et de la sécurité sociale du Soudan, a indiqué que l’égalité des salaires était respectée dans son pays, et qu’il en est de même en matière d’âge de départ à la retraite. La pauvreté des femmes a reculé, mais il reste cependant encore beaucoup à faire, a-t-elle néanmoins observé, précisant que trop peu de femmes avaient une activité rémunératrice. Elle s’est inquiétée à la perspective que la crise économique n’anéantisse les progrès réalisés jusqu’à présent. Le Gouvernement soudanais a donc lancé de manière préventive un programme spécial pour appuyer 500 000 des familles les plus pauvres du pays.
Mme RAYMONDE GOUDOU COFFIE, Ministre de la famille, de la femme et de l’enfant de la Côte d’Ivoire, a présente une démarche de son Ministère qui s’est organisée autour du slogan « Aider une femme, c’est aider une nation ». Elle a dit que toute action dans ce sens ne fait que garantir la sécurité alimentaire et la survie d’une nation. Elle a indiqué que des institutions de formation et d’éducation féminine appelée « Université des femmes à la Base » ont été mises à la disposition des filles et des femmes sur tout le territoire. Elle a précisé que les filles et femmes analphabètes bénéficiaient durant trois ans, d’un cours d’alphabétisation et d’un apprentissage à un métier manuel.
Par ailleurs, elle s’est félicitée d’une tendance positive de promouvoir la participation des femmes au parlement, passée de 8,5 à 11% entre 2000 et 2011. Au terme de la visite en Côte d’Ivoire de Mme Margot Wallström, Représentante spéciale du Secrétaire général en charge de la lutte contre les violences sexuelles dans les conflits, la Côte d’Ivoire a pris des actions vigoureuses pour appliquer le principe de la tolérance zéro à l’égard de ces violences. La Ministre ivoirienne a aussi cité l’existence de plusieurs fonds d’appui aux femmes rurales, dont le fonds « femmes et développement » dotés de 600 000 dollars en 2011 et qui a permis de renforcer les capacités techniques et financières de plusieurs groupements féminins en 2011.
Mme Coffie a précisé que le Gouvernement ivoirien se proposait d’opérer des réformes normatives pour l’amélioration de la présence des femmes dans les instances de décision en citant un projet de décret en cours de finalisation. Elle a aussi dit la volonté de l’État d’accélérer la réhabilitation économique et la réinsertion communautaire des femmes rurales victimes de la crise en s’appuyant sur une approche de programmation et de budgétisation sensible au genre.
Mme MAIKIBI KADIDIATOU DANDOBI (Niger) a indiqué que l’autonomisation des femmes et en particulier des femmes rurales constitue pour les hautes autorités du Niger l’un des grands domaines d’actions prioritaires. Au Niger, les femmes vivent en majorité (78,3%) en milieu rural et sont pour la plupart (90%) analphabètes. Sur 5 pauvres, 4 sont des femmes, a-t-elle ajouté. Elle a, en outre, rappelé les lourdes tâches sous le poids desquelles croulent les femmes, comme la préparation des repas, la corvée d’eau et de bois, la transformation des produits agricoles, l’éducation des enfants, sans compter le poids des traditions et des coutumes, ainsi que les mauvaises interprétations des préceptes islamiques. Toutes choses qui entravent leur accès à la propriété foncière, au système des crédits bancaires et à l’emploi.
Au Niger, la mortalité maternelle et néonatale est encore très élevée, avec 554 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2011, a poursuivi la représentante. Elle a expliqué les mesures prises par le Gouvernement pour relever les défis qui se posent, comme l’interdiction de toute forme de discrimination entre hommes et femmes qui a été inscrite dans la Constitution. Une loi de quota a aussi été adoptée pour assurer 25% des nominations et 10% des postes électifs aux femmes. La représentante a aussi mentionné l’adoption d’une politique nationale du genre en juillet 2008 et la création d’un fonds de solidarité au profit des femmes rurales.
Mme BOTTO DE FERNANDEZ (Honduras) a indiqué que son gouvernement met actuellement en œuvre de grands programmes visant l’amélioration de la condition de la femme, comme un plan pour l’égalité s’étalant sur la période 2010-2020, et un programme de sécurité alimentaire et humaine. Nous cherchons à donner une structure et un statut juridique aux groupes de femmes honduriennes qui leur permettent d’accéder à plus d’indépendance et de réaliser leurs aspirations d’entrepreneuses, a-t-elle dit, précisant que le Honduras est soutenu dans ses efforts par l’Institut des femmes du Mexique. Le Honduras agit aussi en faveur des femmes sur les plans de la santé, de l’éducation et de l’intégration sociale. La représentante a reconnu que s’il existe de nombreux programmes qui bénéficient aux femmes, il reste aussi beaucoup d’obstacles économiques, sociaux et culturels à lever. Si nous travaillons avec optimisme à autonomiser les femmes, celles-ci seront préparées à jouer leur rôle d’agent social actif, a-t-elle estimé.
Mme TERESA MORAIS, Secrétaire d’État chargée des relations avec le Parlement et de l’égalité du Portugal, a indiqué que son gouvernement vient juste d’approuver une résolution exigeant des entreprises du secteur public, la mise en œuvre de plans pour l’égalité entre les sexes, pour parvenir à une répartition équilibrée des sièges dans les conseils d’administration. La même action n’est recommandée qu’au secteur privé et l’évaluation des mesures prises dans les deux secteurs sera faite tous les six mois. Après avoir dressé la liste de tous les plans en faveur des femmes mis en œuvre à tous les niveaux de l’administration, du Gouvernement aux autorités locales, la représentante a prévenu que la crise économique que traverse l’Europe en ce moment peut devenir un danger pour la promotion de l’égalité entre les sexes.
Le débordement des budgets, l’augmentation du chômage et de l’emploi précaire, et la vulnérabilité croissante des femmes sont les caractéristiques du monde actuel. Il faut donc faire en sorte que la situation ne conduise pas à l’étiolement de la place de la femme sur le marché du travail. Bien au contraire, il faut reconnaître leurs talents et tirer pleinement parti de leur potentiel pour surmonter cette phase critique. « Ce ne sera pas facile mais la lutte pour les droits de la femme ne l’a jamais été », a rappelé la Secrétaire d’État.
Mme LINDA SARI GUMELAR, Ministre de l’autonomisation des femmes et de la protection des enfants de l’Indonésie, a déclaré que l’autonomisation des femmes était vitale pour lutter contre la pauvreté rurale. Elle a précisé que le Gouvernement indonésien a instauré des pratiques administratives visant à garantir aux femmes une égalité de droits, l’intégration du genre dans les politiques nationales, et une budgétisation des programmes axée sur le genre. Elle a précisé que l’accès au microcrédit, les soutiens aux communautés et le renforcement des capacités font partie des initiatives de l’Indonésie pour renforcer les capacités économiques des femmes, notamment dans les zones rurales. Elle a mis l’accent sur le programme Family Hope (Espoir familial) qui permet aux femmes pauvres d’accéder à des crédits en vue de renforcer leur pouvoir économique. Elle s’est notamment félicitée de l’accès croissant des femmes rurales aux nouvelles technologies qui leur permettent un meilleur accès aux marchés.
Mme OLIVIA MUCHENA, Ministre des affaires féminines, du genre, et du développement communautaire du Zimbabwe, a indiqué que les femmes y représentaient 70% de la population rurale. Le pays a lancé un nouveau programme pour attribuer des fermes aux femmes, a-t-elle indiqué. Elle a également indiqué que 45 millions de dollars avaient été versés pour faciliter l’octroi de prêts pour obtenir des intrants agricoles, et qu’un pourcentage important des bénéficiaires de ce programme étaient des femmes. Ces dernières représentent en outre 53% des participants aux programmes de formation lancés par le Gouvernement.
Pour veiller à l’autonomisation économique durable des femmes, a poursuivi la Ministre, le Gouvernement du Zimbabwe a lancé un plan à moyen terme qui intègre la parité dans toutes les décisions économiques. Un fonds de développement de la femme a été crée et plus de 2 400 femmes en ont bénéficié pour l’instant. La Ministre a ensuite fait savoir que « le secteur de la santé avait subi de plein fouet les répercussions des sanctions économiques illégales imposées à son pays », entrainant ainsi une augmentation de la mortalité maternelle et infantile. Le Gouvernement a donc créé un fonds transitoire pour garantir la gratuité des soins, et il est également prévu de construire des cliniques pour les femmes rurales. Mme Muchena a également parlé des programmes d’alphabétisation en zone rurale.
Mme BASSIMA HAKKAOUI, Ministre de la solidarité, des femmes et du développement social du Maroc, a rappelé que la promotion de la femme était une préoccupation sociale attachée aux principes de l’état de droit. La Constitution du Maroc inclut le rejet de toute forme de discrimination à l’égard des femmes, a-t-elle souligné, et le Gouvernement marocain a adopté 17 programmes axés sur les femmes, notamment sur les femmes en zones rurales. Un programme quinquennal prévoit également l’accès des femmes aux marchés et aux services financiers car, a-t-elle précisé, les femmes agricultrices marocaines participent à plus de 20% du produit national brut (PNB) du pays. Mme Hakkaoui a ensuite plaidé pour le respect de règles démocratiques équitables entre tous les pays s’agissant de la question des produits de l’agriculture et de celle de leur accès aux marchés.
M. ZENEBU TADESSE, Ministre de la femme, des enfants et de la jeunesse de l’Éthiopie, a indiqué que 85% de la population éthiopienne vivaient en zones rurales et que l’amélioration des conditions de vie des femmes rurales était au centre des objectifs du plan quinquennal de développement national et du plan pour la croissance et la transformation de l’Éthiopie. Elle a cité les mesures prises pour garantir aux femmes un accès égal aux ressources économiques, comme la terre et le crédit, mais aussi aux programmes de développement agricole et aux technologies de l’information. Elle a précisé que le programme de sécurité alimentaire de l’Éthiopie accorde désormais plus d’attention aux femmes, et en particulier aux femmes cheffes de foyer. Elle a mentionné des incitations en faveur des femmes s’engageant dans la micro entreprise. Afin de réduire le fardeau que constituent les activités domestiques pour les femmes, le programme national de développement de l’énergie vise à introduire des technologies comme le biogaz et les fourneaux économes en combustible. La Ministre a précisé que l’Éthiopie s’est également engagée dans l’amélioration de l’accès aux services de planification familiale notamment pour les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables vivant dans les communautés rurales.
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