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Les membres du Conseil de sécurité décident à l’unanimité d’envoyer une mission préparatoire d’observateurs militaires non armés en Syrie

CS/10609

Les membres du Conseil de sécurité décident à l’unanimité d’envoyer une mission préparatoire d’observateurs militaires non armés en Syrie

14/04/2012
Conseil de sécuritéCS/10609
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6751e séance – matin


LES MEMBRES DU CONSEIL DE SÉCURITÉ DÉCIDENT À L’UNANIMITÉ D’ENVOYER UNE MISSION

PRÉPARATOIRE D’OBSERVATEURS MILITAIRES NON ARMÉS EN SYRIE


Le Conseil entend créer une mission de vérification

des Nations Unies chargée de s’assurer de la fin des violences en Syrie


Réunis ce samedi en fin de matinée en séance publique, les membres du Conseil de sécurité ont décidé de manière unanime d’autoriser la mise en place en Syrie d’une mission préparatoire comprenant jusqu’à 30 observateurs militaires non armés qui assureront la liaison avec les parties et commenceront à rendre compte des progrès accomplis sur la voie de la cessation de la violence armée sous toutes ses formes par toutes les parties.


La résolution adoptée à l’unanimité ce matin par les membres du Conseil prévoit que cette mission opérera en attendant le déploiement d’une mission des Nations Unies en Syrie chargée de vérifier que toutes les parties cessent de se livrer à la violence armée sous toutes ses formes.  Cette mission devra aussi vérifier que les points correspondants de la proposition de l’Envoyé spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue des États arabes sont appliqués, sur la base d’une proposition officielle du Secrétaire général, que le Conseil de sécurité souhaite recevoir le 18 avril 2012 au plus tard.


Par cette résolution, le Conseil demande que le Gouvernement syrien veille au bon fonctionnement de la mission, notamment de la mission préparatoire, en facilitant « le déploiement rapide et sans entrave de son personnel et des moyens nécessaires à l’exécution de son mandat » et « en lui garantissant la liberté de communiquer de manière confidentielle avec des personnes dans toute la Syrie, sans que ceux qui auront des contacts avec la mission ne fassent l’objet de représailles ».


Aux termes du texte adopté, le Conseil demande égalementau Gouvernement syrien « d’honorer de manière visible et dans leur intégralité » les engagements qu’il a pris.  Il lui demande ainsi « de mettre fin aux mouvements de troupes en direction d’agglomérations, de cesser d’utiliser des armes lourdes dans des agglomérations et de commencer à retirer les troupes concentrées dans des agglomérations et aux alentours ».


Condamnant les violations généralisées des droits de l’homme commises par les autorités syriennes et les violations des droits de l’homme commises par les groupes armés, le Conseil demande à toutes les parties syriennes, y compris l’opposition, de mettre fin immédiatement à la violence armée sous toutes ses formes.


Le Conseil de sécurité a travaillé sur la rédaction de cette résolution, après l’expiration, le 12 avril, du délai fixé par le plan en six points de M. Kofi Annan.  Ce plan, soumis le mois dernier lors d’une visite de M. Annan à Damas et accepté par le Gouvernement syrien le 25 mars, prévoit l’arrêt des violences et des tueries, un accès aux agences humanitaires, la libération de détenus et le lancement d’un dialogue politique.


Commentant l’adoption de cette résolution, le représentant de l’Allemagne a estimé que le déploiement de la mission d’observation préparatoire ne devra pas servir à geler la situation sur le terrain, ni se substituera à la volonté politique des parties.   « Le déploiement de la mission préparatoire est un test qui servira à voir si le Gouvernement syrien coopère », a indiqué de son côté la représentante des États-Unis. 


Au vu des violences qui persistent sur le terrain, notamment à Homs, plusieurs délégations ont exprimé des doutes quant à la réalité de l’engagement manifesté par le régime syrien.  « Nous espérons tous que le calme continuera à régner, mais nous ne nous faisons pas d’illusion », a indiqué la représentante des États-Unis, en notant qu’« aujourd’hui la Syrie avait repris le bombardement brutal des foyers ».


« Nous jugerons le régime syrien par ses actes, et rien d’autres », a averti de son côté le représentant de la France, pour qui l’engagement des autorités syriennes « survient bien tard, alors que plus de 10 000 personnes ont déjà trouvé la mort ». 


Adoptée « beaucoup trop tard » selon les représentants du Portugal et du Royaume-Uni, cette résolution par l’appui unanime qu’elle a reçu, est le premier texte sur lequel ont réussi à s’accorder les membres du Conseil de sécurité pour trouver une issue à la crise syrienne.  Son adoption a été saluée à plusieurs reprises par les délégations.


« Ce retour de tous les membres du Conseil de sécurité à l’action responsable est une autre raison de se réjouir et une raison d’espérer pour le peuple syrien », s’est notamment félicité le représentant de la France, qui a cependant mis en garde contre le soutien obstiné apporté par certains à un régime qui « a prouvé son inhumanité ».


Également présent, le représentant de la Syrie a souligné l’attachement de sa délégation au succès du plan Annan, mais s’est néanmoins inquiété de l’appui continu dont bénéficient les groupes armés de certains pays et du fait, a-t-il affirmé, que certains membres du Conseil ne tiennent pas ces groupes responsables des agressions perpétrées à l’encontre des Forces armées syriennes et des civils, entre autres.


Le représentant de la Syrie s’est également inquiété que la crise des réfugiés ne soit utilisée de manière politique par certains membres du Conseil de sécurité pour demander la création de « zones tampons » et appeler à une intervention militaire.


« Ce qui se produit en Syrie est la manifestation d’un conflit politique dont la  principale arme semble être une volonté de fractionner les populations arabes et d’opposer des factions sur des lignes culturelles, idéologiques ou religieuses », a accusé le représentant syrien.



LA SITUATION AU MOYEN-O RIENT


Texte de la résolution 2042 (2012)


Le Conseil de sécurité,


Rappelant les déclarations de son président en date des 3 août 2011, 21 mars 2012 et 5 avril 2012, et rappelant également toutes les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale,


Réaffirmant son soutien à l’Envoyé spécial conjoint de l’Organisation des Nations Unies et de la Ligue des États arabes, Kofi Annan, et au travail qu’il accomplit, suivant la résolution 66/253 de l’Assemblée générale, en date du 16 février 2012, et aux résolutions pertinentes de la Ligue des États arabes,


Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la Syrie, ainsi qu’aux buts et aux principes énoncés dans la Charte,


Condamnant les violations généralisées des droits de l’homme commises par les autorités syriennes, ainsi que toute atteinte aux droits de l’homme commise par les groupes armés, rappelant que les auteurs de cesactes devront en rendre compte, et déplorant vivement la mort de milliers de personnes dans le pays,


Notant que le Gouvernement syrien s’est engagé le 25 mars 2012 à appliquer la proposition en six points de l’Envoyé spécial conjoint de l’Organisation des Nations Unies et de la Ligue des États arabes et à honorer d’urgence et de manière visible, comme il est convenu de le faire dans la communication qu’il a adressée à l’Envoyé le 1er avril 2012, les engagements qu’il a pris a) de mettre fin aux mouvements de troupes en direction d’agglomérations, b) de cesser d’utiliser des armes lourdes dans des agglomérations, et c) de commencer à retirer les troupes concentrées dans des agglomérations et aux alentours, et de s’acquitter intégralement de ces engagements d’ici au 10 avril 2012 au plus tard, et notant aussi que l’opposition syrienne s’est engagée à respecter la cessation de la violence à condition que le Gouvernement fasse de même,


Notant que l’Envoyé a jugé que, depuis le 12 avril 2012, les parties semblaient respecter un cessez-le-feu et que le Gouvernement syrien avait commencé à honorer ses engagements, et s’associant à l’appel que l’Envoyé a lancé pour demander au Gouvernement syrien d’honorer immédiatement et de manière visible tous les éléments de la proposition en six points de l’Envoyé, afin que toutes les parties cessent durablement de recourir à la violence armée, sous toutes ses formes,


Réaffirme qu’il souscrit pleinement à tous les éléments de la proposition en six points de l’Envoyé (annexe), qui vise à mettre fin immédiatement à toute violence et à toute violation des droits de l’homme, à garantir l’accès des organismes humanitaires et à faciliter une transition politique dirigée par les Syriens devant mener à l’instauration d’un régime politique démocratique et pluraliste, fondé sur l’égalité des citoyens quelles que soient leur appartenance politique ou ethnique ou leurs convictions, à la faveur notamment de l’ouverture d’un dialogue politique général entre le Gouvernement syrien et l’ensemble des forces d’opposition syriennes, et demande que tous les volets de la proposition en six points de l’Envoyé soient intégralement appliqués, immédiatement et de toute urgence;


Demande au Gouvernement syrien d’honorer de manière visible et dans leur intégralité, comme il est convenu de le faire dans la communication qu’il a adressée à l’Envoyé le 1er avril 2012, les engagements qu’il a pris a) de mettre fin aux mouvements de troupes en direction d’agglomérations, b) de cesser d’utiliser des armes lourdes dans des agglomérations et c) de commencer à retirer les troupes concentrées dans des agglomérations et aux alentours;


Souligne qu’il importe à l’Envoyé que toutes les forces gouvernementales syriennes se retirent des agglomérations où elles se trouvent, avec leurs armes lourdes, et retournent dans leurs casernes, afin de faciliter la cessation durable de la violence;


Demande à toutes les parties syriennes, y compris l’opposition, de mettre fin immédiatement à la violence armée sous toutes ses formes;


Entend, sous réserve que toutes les parties cessent durablement de se livrer à la violence armée sous toutes ses formes, mettre en place immédiatement, à l’issue de consultations entre le Secrétaire général et le Gouvernement syrien, une mission des Nations Unies en Syrie chargée de vérifier que toutes les parties cessent de se livrer à la violence armée sous toutes ses formes et que les points correspondants de la proposition de l’Envoyé sont appliqués, sur la base d’une proposition officielle du Secrétaire général, qu’il souhaite recevoir le 18 avril 2012 au plus tard;


Demande que le Gouvernement syrien veille au bon fonctionnement de la mission, notamment de la mission préparatoire, en facilitant le déploiement rapide et sans entrave de son personnel et des moyens nécessaires à l’exécution de son mandat, en assurant immédiatement la liberté de circulation et d’accès totale et sans entrave nécessaire à l’exécution de son mandat, en autorisant des communications sans entrave et en lui garantissant la liberté de communiquer de manière confidentielle avec des personnes dans toute la Syrie, sans que ceux qui auront des contacts avec la mission ne fassent l’objet de représailles;


Décide d’autoriser la mise en place d’une mission préparatoire comprenant jusqu’à 30 observateurs militaires non armés qui assureront la liaison avec les parties et commenceront à rendre compte des progrès accomplis sur la voie de la cessation de la violence armée sous toutes ses formes par toutes les parties, en attendant le déploiement de la mission visée au paragraphe 5, et demande au Gouvernement syrien et à toutes les autres parties de faire en sorte que la mission préparatoire puisse s’acquitter de ses fonctions conformément aux dispositions du paragraphe 6;


Demande que les parties garantissent la sécurité de la mission préparatoire, sans préjudice de sa liberté de circulation et d’accès, et souligne que la responsabilité à cet égard incombe au premier chef aux autorités syriennes;


Prie le Secrétaire général de lui signaler immédiatement tout acte de quelque partie que ce soit qui ferait obstacle au bon fonctionnement de la mission préparatoire;


Demande à nouveau aux autorités syriennes de donner immédiatement au personnel des organisations humanitaires un accès libre et sans entrave à toutes les populations qui ont besoin d’assistance, conformément au droit international et aux principes régissant l’assistance humanitaire, et engage toutes les parties syriennes, en particulier les autorités, à coopérer pleinement avec l’ONU et les organisations humanitaires concernées pour faciliter la fourniture de l’aide humanitaire;


Prie le Secrétaire général de lui faire rapport sur l’application de la présente résolution d’ici au 19 avril 2012;


Exprime son intention d’évaluer l’état d’avancement de l’application de la présente résolution et d’envisager de nouvelles mesures, si nécessaire;


Décide de rester saisi de la question.


Annexe


Proposition en six points de l’Envoyé spécial conjoint de l’Organisation des Nations Unies et de la Ligue des États arabes


1)    S’engager à collaborer avec l’Envoyé dans le cadre d’un processus politique ouvert, dirigé par les Syriens, de façon à répondre aux aspirations et préoccupations légitimes de la population et, à cet effet, s’engager à désigner un interlocuteur disposant des pouvoirs nécessaires lorsque l’Envoyé en fera la demande;


2)    S’engager à cesser les combats et à assurer de toute urgence, sous la supervision de l’Organisation des Nations Unies, un arrêt effectif de toutes les formes de violence armée par toutes les parties afin de protéger les civils et de stabiliser le pays;


À cet effet, le Gouvernement syrien devrait immédiatement mettre fin aux mouvements de troupes en direction d’agglomérations, cesser d’utiliser des armes lourdes dans des agglomérations et commencer à retirer les troupes concentrées dans des agglomérations et aux alentours;


Pendant que ces mesures sont appliquées sur le terrain, le Gouvernement syrien devrait collaborer avec l’Envoyé pour faire cesser durablement  toutes les formes de violence armée par toutes les parties, dans le cadre d’un mécanisme de supervision efficace placé sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies. L’Envoyé s’emploiera à amener l’opposition et tous les éléments concernés à s’engager de même à arrêter les combats et à collaborer avec lui pour faire cesser durablement toutes les formes de violence par toutes les parties dans le cadre d’un mécanisme de supervision efficace placé sous l’égide de l’ONU;


3)    Faire en sorte que l’aide humanitaire parvienne en temps voulu dans toutes les zones touchées par les combats et, à cet effet, approuver et observer, à titre immédiat, une pause humanitaire quotidienne de deux heures et coordonner l’heure et les modalités exactes de cette pause dans le cadre d’un mécanisme efficace, y compris au niveau local;


4)    Accélérer et multiplier les mesures d’élargissement des personnes arbitrairement détenues, notamment de celles qui appartiennent à des catégories particulièrement vulnérables ou qui ont pris part à des activités politiques pacifiques, communiquer sans tarder par les voies appropriées une liste de tous les lieux où ces personnes sont détenues, prendre immédiatement des dispositions en vue d’assurer l’accès à ces lieux et répondre rapidement, par les voies appropriées, à toutes les demandes écrites d’information, d’accès et d’élargissement concernant lesdites personnes;


5)    Assurer la liberté de circulation des journalistes dans tout le pays et appliquer une politique de visas non discriminatoire à leur égard;


6)    Respecter la liberté d’association et le droit de manifester pacifiquement dans les conditions prévues par la loi.


Déclarations


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a regretté que l’adoption de ce texte « n’intervienne qu’après une année de souffrances imposées au peuple syrien par le régime en place qui ne pense qu’à sa propre survie ».  Pendant plus d’un an, a-t-il rappelé, le Gouvernement syrien a notamment détenu arbitrairement et torturé de nombreuses personnes, ce qui a conduit 45 000 Syriens à fuir vers les pays voisins.  Pendant tout ce temps là, le régime syrien a ignoré les appels lancés par la communauté internationale en vue de faire cesser ces violences, a-t-il regretté.  Il a rendu hommage à M. Kofi Annan pour les efforts inlassables qu’il a déployés tout au long de ces dernières semaines.  Le représentant du Royaume-Uni a estimé que l’arrêt des violences n’est qu’une première étape, « une petite fenêtre » qui s’est ouverte pour que la situation s’améliore sur le terrain.  Nous envisageons d’envoyer une mission plus importante, a-t-il indiqué.  Il faut mettre fin à tous les mouvements de troupes comme le demande le plan Annan, a-t-il rappelé, citant aussi les mesures que doit prendre le Gouvernement syrien pour appliquer l’intégralité du plan en six points de l’Envoyé spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue des États arabes pour la Syrie.  Il a également souhaité que l’équipe avancée d’observateurs puisse conduire librement des entretiens avec la population et des individus sur le terrain sans interférence du Gouvernement.  Toutes les parties devront ensuite s’engager dans une transition politique menée par les Syriens eux-mêmes et qui satisfasse les aspirations du peuple, a-t-il ajouté.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré que les conséquences d’une aggravation de la crise syrienne pourraient être extrêmement dévastatrices, aussi bien pour la Syrie que pour la région du Moyen-Orient dans son ensemble.  Il a souligné l’engagement de sa délégation en faveur d’un dialogue politique inclusif, et a notamment rappelé que dans le passé, la Fédération de Russie avait mis en garde contre les « tentatives d’ingérences extérieures qui auraient des effets destructeurs ».


M. Churkin a ensuite indiqué que le texte original de la résolution adoptée ce jour par le Conseil de sécurité avait été « profondément modifié » et rendu plus équilibré de manière à mieux refléter la réalité sur le terrain et à prendre en compte les positions du Gouvernement syrien qui accueillera la mission de l’équipe avancée d’observateurs devant superviser le cessez-le-feu.  Un officier russe en fait partie, a-t-il relevé.  La Fédération de Russie attend du Secrétaire général qu’il présente des mesures concrètes sur le déploiement ultérieur d’une mission d’observateurs onusiens plus étoffée, a dit M. Churkin.  Le représentant de la Fédération de Russie a par ailleurs insisté sur le fait que toutes les parties, y compris l’opposition armée au Gouvernement syrien, doivent abandonner la violence, respecter entièrement le plan en six points de M. Annan et s’engager dans un processus de dialogue politique.


M. PETER WITTIG (Allemagne) a relevé que la résolution adoptée ce matin est la première ayant trait à la crise en Syrie « depuis le début de la répression sanglante menée par le Gouvernement de ce pays », et s’est réjouit de l’unanimité dont a fait preuve le Conseil de sécurité lors de l’adoption du texte.  Il a évoqué avec regret les informations concernant les combats qui auraient lieu en ce moment même sur le terrain, et a appelé à ce que la violence ne soit plus tolérée en Syrie.  Le Gouvernement syrien doit respecter pleinement ses engagements, a-t-il souligné.  « Damas doit changer de cap afin de permettre la cessation de toutes les violences », dit le représentant en appelant aussi le Gouvernement syrien à faire rentrer ses troupes dans les casernes.  Les détentions arbitraires, les enlèvements, les violences sexuelles doivent en outre cesser immédiatement, a-t-il rappelé.


M. Wittig a jugé crucial le déploiement de l’équipe d’observateurs, tout en demandant que les conditions soient créées pour que cette mission préparatoire et celle qui suivra puissent pleinement exécuter leurs mandats.  Nous connaissons trop d’exemples de missions des Nations Unies qui n’ont pas pu pleinement exercer leurs fonctions parce que les parties voulaient les manipuler et les utiliser à leur propre profit, a-t-il rappelé.  Il a estimé que le déploiement de cette mission ne devra pas seulement servir à geler la situation sur le terrain.  La mission des Nations Unies sur le terrain ne doit en aucun cas se substituer à la volonté politique des parties, a-t-il souligné.  Le représentant a enfin appelé à mettre l’accent sur la reddition des comptes pour les crimes commis pendant la crise en Syrie.  Il a estimé que les auteurs des crimes doivent en rendre compte, et que ce doit être un élément central du processus de transition.


M. LI BAODONG (Chine) a engagé toutes les parties syriennes à respecter strictement les engagements pris de manière à lancer un processus de dialogue inclusif mené par les Syriens eux-mêmes.  Il a estimé que le plan en six points de M. Annan est le moyen le plus réaliste pour parvenir au règlement de la crise syrienne et a également appelé la communauté internationale à continuer de soutenir sans arrière-pensées la mission de Kofi Annan.  Toute déclaration négative et tout obstacle posés par qui que ce soit aux efforts de médiation de M. Annan sont inacceptables, a-t-il averti.


M. Li a déclaré que le déploiement de la mission préparatoire d’observateurs que permet la résolution adoptée aujourd’hui devrait permettre de lancer les activités de supervision du cessez-le-feu et de mettre un terme aux violences.  Il a également dit que la Chine espère que le processus de dialogue politique pourra être lancé très prochainement.  Il a ensuite appelé les membres de la mission à s’acquitter de leur mandat de manière « neutre, impartiale et positive », et les parties syriennes à s’attacher à assurer son succès.


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) s’est félicité de l’adoption, aujourd’hui, par consensus, de la première résolution sur la crise en Syrie, qui est un texte qui concrétise les efforts menés pour mettre fin aux violences.  Depuis que le Maroc est membre du Conseil de sécurité, nous avons participé à tous les efforts déployés pour que le Conseil puisse s’exprimer d’une seule voix, car c’est la seule façon de lui permettre d’avoir une influence sur les évènements en Syrie, a-t-il expliqué.  Nous estimons que la résolution constitue une étape fondamentale, a dit le représentant.  Il a rappelé le rôle constructif joué par la Ligue des États arabes dans les efforts menés sur ce dossier.


La résolution adoptée aujourd’hui est une réaction rapide du Conseil après le début du cessez-le-feu constaté en Syrie hier matin, un cessez-le-feu qui intervient après une année de violence.  « C’est l’aboutissement des efforts de la communauté internationale », a tenu à souligner le représentant.  Le Conseil de sécurité a décidé d’envoyer une mission préparatoire en Syrie, et nous espérons qu’elle pourra opérer le plus rapidement possible, a-t-il ajouté.  Il a noté que le Conseil de sécurité a aussi réaffirmé son attachement à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de la Syrie.  « Nous espérons que nos frères en Syrie collaboreront tous avec M. Annan, pour que le peuple syrien puisse panser ses blessures et voir ses aspirations légitimes satisfaites », a conclu M. Loulichki.


M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) a estimé que l’adoption de la résolution autorisant l’envoi d’observateurs en Syrie prouvait la capacité des membres du Conseil de sécurité à agir ensemble.  Il a relevé le soutien « unanime et ferme » accordé par le Conseil à la mission confiée à M. Annan, voyant dans cette dernière un exemple de la manière avec laquelle la diplomatie préventive peut être mise au service de la résolution des conflits.


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a estimé que le texte adopté aujourd’hui constitue avant tout un appel au Gouvernement syrien pour qu’il mette fin aux violences.  Le monde a assisté à une violence sans précédent dans ce pays, a-t-il dit, invoquant la lourde responsabilité du Gouvernement syrien.  Il a estimé que les bases du dialogue politique ont été jetées par l’Envoyé spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue des États arabes, M. Annan.  Il a aussi souhaité que le Gouvernement syrien apporte son assistance à la mission préparatoire autorisée aujourd’hui par le Conseil de sécurité, afin qu’elle puisse mener à bien son mandat.


M. GÉRARD ARAUD (France) a dit espérer que l’adoption de cette résolution marquerait le tournant d’une sortie de crise pour la Syrie et ouvrirait la voie à une cessation des violences.  Au vu des violences qui persistent à Homs, M. Araud a néanmoins exprimé des doutes quand à la réalité de l’engagement manifesté par le régime syrien.  « Nous jugerons le régime syrien par ses actes, et rien d’autres », a-t-il averti.  Le représentant de la France a estimé que l’engagement des autorités syriennes « survenait bien tard, alors que plus de 10 000 personnes ont déjà trouvé la mort ».  Cette répression ne saurait rester impunie, a-t-il souligné.  M. Araud a par ailleurs indiqué que la cessation des violences ne devait pas se limiter au seul retrait des armes lourdes des centres urbains, mais qu’il fallait également s’assurer de la fin des actes de violence sous toutes les formes imaginables.  Il a, à cet égard, cité notamment la nécessité de voir la fin des actes de torture et de violence sexuelle.


M. Araud a ensuite salué le fait que l’adoption de cette résolution marque également un tournant, celui de la capacité retrouvée de la communauté internationale à parler d’une seule voix pour trouver une issue à la crise syrienne.  Ce retour de tous les membres du Conseil de sécurité à l’action responsable est une autre raison de se réjouir, et une raison d’espérer pour le peuple syrien, s’est-il notamment félicité.  Le représentant a néanmoins averti que si certaines parties persistent dans leur « soutien têtu » à un régime qui a prouvé son inhumanité, cela pourrait avoir des conséquences négatives.


M. HARDEEN SINGH PURI (Inde) a déclaré que son pays avait appuyé tous les efforts déployés en vue de résoudre la crise syrienne, notamment la mission de l’Envoyé spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue des États arabes, M. Annan.  Il s’est réjoui que ces efforts aient abouti à la cessation des violences en Syrie et à l’acceptation par la Syrie du plan en six points proposé par M. Annan.  Il a espéré que toutes les parties, y compris l’opposition, respecteraient leurs engagements et coopéreraient avec la mission préparatoire des Nations Unies pour le déploiement d’observateurs.  Pour que le plan en six points et la mission d’observation aboutissent, il est essentiel que des conditions favorables soient mises en place le plus rapidement possible, a-t-il averti.  Nous espérons que l’opposition participera aussi à ce processus, a-t-il dit.  Il a également jugé indispensable que les pays voisins et la communauté internationale apportent leur soutien aux efforts menés, a souligné M. Puri. 


M. KODJO MENAN (Togo) a vu dans l’adoption de cette résolution un évènement important quand on sait qu’à plusieurs reprises le Conseil de sécurité « n’a pas réussi à parler d’une seule voix au sujet de la grave crise syrienne ».  En décidant d’autoriser l’envoi d’une équipe restreinte de supervision du cessez-le-feu et de la fin des violences en Syrie, a-t-il ajouté, le Conseil a voulu montrer son engagement et sa détermination à travailler, à l’unisson, à la recherche d’une solution rapide et durable à la crise.  Il y a bien longtemps que le peuple syrien attend une telle action du Conseil de sécurité, a observé M. Menan.  Aussi importe-t-il que chacun de ses membres, « et en particulier ceux qui ont une quelconque influence sur le Gouvernement syrien et sur l’opposition agissent en faveur de la mise en œuvre de cette résolution », a conclu le représentant du Togo.


M. TOFIG F. MUSAYEV (Azerbaïdjan) a rappelé que sa délégation avait soutenu, depuis le début de la crise en Syrie, les efforts menés par la communauté internationale pour résoudre la crise, et en particulier ceux menés par l’Envoyé spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue des États arabes, M. Annan.  Il a constaté avec satisfaction que les parties s’étaient engagées à mettre en œuvre le plan en six points de M. Annan et avaient commencé à l’appliquer.  La résolution du Conseil de sécurité prévoit la création d’une mission de surveillance des Nations Unies, chargée de superviser le retrait des Forces armées syriennes des centres de population et l’arrêt des violences causées par l’opposition armée, a-t-il observé.  Il a aussi souligné que le Conseil de sécurité réaffirme dans le texte adopté son attachement au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie.


M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a vu dans l’adoption de la résolution une mesure qui intervient « beaucoup trop tard », car elle survient après la mort de plusieurs milliers de personnes.  Il en faudra d’autres pour éviter une guerre civile, a-t-il estimé.  Le représentant a engagé le Gouvernement syrien à immédiatement mettre en œuvre le plan en six points de M. Annan, et a notamment souligné la nécessité de retirer toutes les armes lourdes des agglomérations et d’assurer un accès humanitaire sans entrave, entre autres.  Tous les auteurs de violations des droits de l’homme doivent par ailleurs répondre de leurs actes, a-t-il ajouté.


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a rappelé que son pays avait constamment soutenu les efforts de l’Envoyé spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue des États arabes, M. Annan, afin que les parties en Syrie engagent un dialogue pacifique en vue de répondre aux aspirations du peuple syrien.  La situation sur le terrain demeure précaire, a noté M. Sangqu, qui a demandé aux parties de veiller à la bonne application du plan en six points proposé par M. Annan.  Le représentant sud-africain a demandé en particulier à toutes les parties de respecter le cessez-le-feu.  Il les a aussi appelées à faciliter le déploiement de la future mission d’observation des Nations Unies, en commençant par apporter leur soutien à la mission préparatoire.  Le représentant a aussi rappelé la nécessité de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie.


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a déclaré que la seule issue à la violence en Syrie était le dialogue politique, « mené par les Syriens eux-mêmes de manière à déboucher sur les réformes exigées par la population syrienne ».  Il a également fait part du plein appui de sa délégation aux initiatives de l’Envoyé spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue des États arabes, M. Annan, ainsi que de l’appui continu du Guatemala à la Ligue des États arabes.


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a rappelé qu’après plus d’une année de violences qui ont causé plus de 10 000 morts et la fuite de plus de 40 000 Syriens, et après la destruction de villes syriennes par les Forces armées syriennes, le Gouvernement syrien avait déclaré qu’il était enfin prêt à mettre fin à cette politique meurtrière.  Le Conseil a autorisé le déploiement d’une mission préparatoire pour vérifier que le Gouvernement respecte les engagements qu’il a pris, a-t-elle souligné, expliquant qu’ainsi « le Conseil s’acquitte enfin de ses responsabilités ».  Jeudi, l’Envoyé spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue des États arabes, M. Annan, a déclaré qu’un calme fragile semblait prévaloir en Syrie, a rappelé Mme Rice.  « Nous espérons tous que ce calme continuera à régner, mais nous ne nous faisons pas d’illusion », a-t-elle dit, notant qu’« aujourd’hui la Syrie avait repris le bombardement brutal des foyers ».  Les chars, les armes lourdes et les troupes restent dans les agglomérations, a-t-elle dit, exprimant la crainte qu’elles soient prêtes à reprendre les attaques.  La représentante des États-Unis a aussi mentionné certaines informations selon lesquelles des manifestants auraient été arrêtés ou tués, pendant que des milliers d’entre eux restent emprisonnés.


Pendant des mois, des manifestations pacifiques ont été réprimées dans le sang, a dit Mme Rice.  « Alors que la Ligue des États arabes a proposé un moyen de respecter les aspirations du peuple et de mettre fin aux violences, le Gouvernement n’a fait qu’intensifier celles-ci », a-t-elle.  Mme Rice a souhaité que le peuple syrien « puisse exercer ses libertés sans craindre la torture ou les arrestations arbitraires ».  Nous exigeons du Gouvernement qu’il respecte ses engagements, a-t-elle souligné.  La proposition de plan en six points est « un ensemble complet d’obligations » qui exigent du Gouvernement syrien qu’il prenne des mesures claires, a-t-elle estimé.  Elle a rappelé que la résolution souligne que le Gouvernement syrien doit honorer ses obligations, notamment en ce qui concerne la cessation immédiate des violences et le retrait des troupes des agglomérations.  Le Conseil autorise une mission d’observation préparatoire, dans l’intention d’envoyer ensuite une mission plus importante si le cessez-le-feu est respecté.  « Le déploiement de la mission préparatoire est un test pour voir si le Gouvernement coopère », a indiqué Mme Rice.  « Nous avons l’intention de travailler à l’établissement de cette mission si le Gouvernement syrien respecte ses obligations », a-t-elle ajouté. 


M. BASHAR JA’AFARI (Syrie) a indiqué que les autorités syriennes avaient arrêté, hier soir, deux jeunes gens sympathisants de l’opposition qui étaient responsables de l’assassinat, le 5 octobre, du fils d’un imam.  Il a ensuite souligné l’appui de sa délégation à la mission de M. Annan dont la Syrie veut le succès, évoquant notamment l’impact de la crise actuelle sur la stabilité du pays et de la région dans son ensemble.  La Syrie a manifesté son engagement de mettre fin aux hostilités à partir de 6 heures du matin, ce jeudi, et le Gouvernement syrien transmet régulièrement à M. Annan des comptes rendus sur la mise en œuvre du plan en six points, a notamment indiqué M. Ja’afari, pour ensuite insister sur l’importance de respecter la souveraineté syrienne.


M. Ja’afari s’est, par ailleurs, inquiété de la perspective que la crise des réfugiés ne soit utilisée de manière politique par certains membres du Conseil de sécurité pour demander la création de « zones tampons » et appeler à une intervention militaire.  Il a également dénoncé les membres du Conseil qui ne tiennent pas les bandes armées qui opèrent en Syrie responsables des agressions perpétrées à l’encontre des Forces armées syriennes et des civils, entre autres.  Il s’est étonné du fait que certains d’entre eux n’aient pas prêté attention aux informations circulant au sujet des violations des droits de l’homme commises par l’opposition et ses bandes armées.  Il a notamment accusé ces « bandes armées » de recruter des enfants soldats et d’utiliser des civils comme boucliers humains.  La Syrie espère que M. Annan traitera cette crise de façon complète et, qu’en retour des engagements du Gouvernement syrien, il veillera à ce que les bandes armées respectent la cessation des violences.  Il faut impérativement mettre un terme à la formation de ces bandes et ne pas les encourager à poursuivre leurs actes terroristes, a souligné M. Ja’afari, en évoquant les crimes commis par ces « terroristes » dont un groupe s’est vanté, dans un article publié par un journal allemand, d’avoir « égorgé au couteau plus de 200 personnes favorables au gouvernement de Damas ».


Le représentant de la Syrie a ensuite particulièrement dénoncé le fait qu’alors que M. Annan était en négociation avec les parties, une réunion parallèle ait été organisée à Istanbul par certains pays pour, a-t-il affirmé, saper les efforts de l’ONU et envenimer la crise.  L’appui continu apporté aux groupes armés menace clairement le plan de M. Annan, s’est-il inquiété, avant d’accuser les pays qui jouent ce rôle et versent de l’argent aux membres de l’opposition armée d’être responsables de l’effusion de sang en Syrie.  M. Ja’affari a ensuite dénoncé les pays qui ont imposé des sanctions « injustes » à la Syrie d’être aussi responsables de l’aggravation de cette crise.  Ce qui se produit en Syrie est la manifestation d’un conflit politique dont la principale arme semble être une volonté de fractionner les populations arabes et d’opposer des factions sur des lignes culturelles, idéologiques ou religieuses, a accusé M. Ja’afari. Cela pourrait être le terreau d’une nouvelle crise et de la fragmentation de la région, a-t-il notamment averti.


M. Ja’afari a ensuite estimé que la résolution adoptée aujourd’hui n’était pas équilibrée, mais a néanmoins convenu de la nécessité de restaurer la stabilité de la Syrie.  Le peuple syrien, a-t-il ajouté, refuse de se jeter dans les mains « des spéculateurs et manipulateurs du marché politique ».


Après avoir dénoncé « ceux qui ont vendu six sous-marins capables d’être équipés de missiles nucléaires à Israël et viennent ensuite faire des leçons de morale et de paix à la Syrie au Conseil de sécurité », M. Ja’afari s’est exprimé ensuite en français et, s’adressant à la délégation de la France, a dit que « le temps de la tutelle était révolu », qualifiant d’« inopportune son allocution au peuple syrien ».  « Le 17 avril, le peuple syrien célèbre son indépendance de la France », a indiqué le représentant.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité exige la fin « immédiate, complète et sans conditions » de toutes les hostilités entre le Soudan et le Soudan du Sud

CS/10606

Le Conseil de sécurité exige la fin « immédiate, complète et sans conditions » de toutes les hostilités entre le Soudan et le Soudan du Sud

12/04/2012
Conseil de sécuritéCS/10606
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6749e séance – après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ EXIGE LA FIN « IMMÉDIATE, COMPLÈTE ET SANS CONDITIONS »

DE TOUTES LES HOSTILITÉS ENTRE LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD


Profondément préoccupé par l’intensification du conflit entre le Soudan et le Soudan du Sud, le Conseil de sécurité a, cet après-midi, exigé que « toutes les hostilités cessent complètement, immédiatement et sans conditions ».


Le Conseil, dans une déclaration présidentielle lue, au nom de tous ses membres, par la représentante des États-Unis, Mme Susan Rice, exige aussi « que l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) se retire d’Heglig, que les Forces armées soudanaises arrêtent les bombardements aériens, que les violences transfrontières répétées entre le Soudan et le Soudan du Sud prennent fin et que chacune des parties cesse d’appuyer des éléments agissant pour son compte dans l’autre pays ».


Le Conseil de sécurité demande en outre aux dirigeants des deux pays de tenir immédiatement une réunion au sommet, comme prévu, pour faire avancer les questions qui font obstacle à l’instauration d’une paix durable.


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité fait part de son inquiétude profonde et grandissante face à l’intensification du conflit entre le Soudan et le Soudan du Sud, dont les dernières manifestations sont la prise et l’occupation par l’Armée populaire de libération du Soudan de la ville de Heglig et des champs de pétrole avoisinants situés au Soudan.  Ces récents actes de violence menacent de replonger l’un et l’autre pays dans la guerre totale et de les ramener à une ère de morts tragiques, de souffrances, de destruction et de catastrophe économique qu’ils se sont si durement et longtemps employés à dépasser.  Le Conseil exige que toutes les hostilités cessent complètement, immédiatement et sans conditions, que l’Armée populaire de libération du Soudan se retire d’Heglig, que les Forces armées soudanaises arrêtent les bombardements aériens, que les violences transfrontières répétées entre le Soudan et le Soudan du Sud prennent fin et que chacune des parties cesse d’appuyer des éléments agissant pour son compte dans l’autre pays.


Le Conseil affirme son ferme attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du Soudan comme du Soudan du Sud.  Il rappelle l’importance des principes de bon voisinage, de non-ingérence et de coopération régionale.


Le Conseil exige que l’une et l’autre parties ramènent leurs forces à 10 kilomètres de la frontière nord/sud du 1er janvier 1956, conformément aux accords des 29 juin et 30 juillet 2011.  Il exhorte le Soudan et le Soudan du Sud à prendre des mesures immédiates pour créer une zone frontalière démilitarisée et sécurisée et mettre en action le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, et se déclare de nouveau prêt à continuer d’aider les parties à mettre en œuvre cet accord avec l’appui de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), conformément à la résolution 2024 (2011).  Le Conseil demande au Soudan et au Soudan du Sud de respecter la lettre et l’esprit du Mémorandum d’accord sur la non-agression et la coopération du 10 février 2012.


Le Conseil exige à nouveau du Soudan et du Soudan du Sud qu’ils retirent immédiatement leurs forces de sécurité de la zone d’Abyei conformément à l’Accord qu’ils ont conclu le 20 juin 2011 et à la résolution 1990 (2011).


Le Conseil demande aux gouvernements du Soudan et du Soudan du Sud de régler d’urgence et pacifiquement les questions fondamentales de la sécurité et de la gestion des frontières, de la situation dans les États du Kordofan méridional et du Nil Bleu, ainsi que la question d’Abyei et tous les éléments de l’Accord de paix global qui alimentent la défiance entre les deux pays.  Il demande en outre aux dirigeants du Soudan et du Soudan du Sud de tenir immédiatement une réunion au sommet, comme prévu, pour faire avancer les questions qui font obstacle à l’instauration d’une paix durable.


Le Conseil affirme son appui à l’action que le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine continue de mener pour aider le Soudan et le Soudan du Sud à s’entendre sur toutes les questions pendantes, et préconise la poursuite du partenariat établi avec l’ONU à cette fin.


Le Conseil estime que la situation actuelle constitue une grave menace pour la paix et la sécurité internationales.  Il continuera d’en suivre de près l’évolution et prendra d’autres mesures si nécessaire.  Il attend avec intérêt d’être mis au courant par le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine et l’Envoyé spécial, M. Menkerios, dans les prochains jours.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Assemblée: des délégations réclament l’intégration de la question de la réduction des risques de catastrophe dans le document final de la Conférence Rio+20

AG/11225

Assemblée: des délégations réclament l’intégration de la question de la réduction des risques de catastrophe dans le document final de la Conférence Rio+20

12/04/2012
Communiqué de presseAG/11225
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

Débat thématique

matin et après-midi


ASSEMBLÉE: DES DÉLÉGATIONS RÉCLAMENT L’INTÉGRATION DE LA QUESTION DE LA RÉDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHE DANS LE DOCUMENT FINAL DE LA CONFÉRENCE RIO+20


L’Assemblée générale a tenu aujourd’hui un débat sur la « réduction des risques de catastrophe » au cours duquel délégations et experts ont appelé à l’intégration de cette question dans le document final de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), prévue en juin prochain, et ont insisté sur l’importance de sécuriser les financements nécessaires.


Le débat était organisé autour de deux tables rondes sur les thèmes « Faire face aux risques en zone urbaine par le biais d’investissements publics » et « Accroître la capacité de résistance aux catastrophes en s’adaptant aux changements climatiques et en réduisant les risques ».  Le tremblement de terre qui a frappé hier la province indonésienne d’Aceh a été évoqué à plusieurs reprises par les délégations.


Le Président de l’Assemblée générale a attiré l’attention sur l’augmentation des risques de catastrophe à l’échelle mondiale.  Il a relevé que plus de la moitié des plus grandes agglomérations du monde se trouve désormais dans des zones à forte activité sismique et que le nombre de personnes vivant dans des zones inondables a augmenté de 114% depuis les années 70.  À l’heure actuelle, a-t-il ajouté, les prévisions sur les pertes économiques après une catastrophe dépassent le taux de production des richesses. 


« Compte tenu de ces faits, affirmer que les catastrophes naturelles mettent en péril les avancées du développement est une litote », a lancé le Président.  Lui emboitant le pas, le Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon a longuement détaillé les conséquences du tremblement de terre et du tsunami qui ont frappé son pays le 11 mars 2011.  L’ampleur des dégâts matériels, a-t-il précisé, se chiffre entre 200 et 300 milliards de dollars.


Pour renchérir, le Ministre des affaires étrangères de l’Australie a réclamé l’intégration de la question de la réduction des risques de catastrophe dans tous les cadres et structures du développement durable.  Il a voulu que cette proposition soit formulée clairement dans le document final de la Conférence Rio+20.


Maître mot de ce débat, l’importance de la préparation a été soulignée à plusieurs reprises par les délégations et les experts.


Le Vice-Ministre chargé de la coordination du bien-être social de l’Indonésie et le Directeur du Projet ISMEP du Gouvernorat d’Istanbul, qui a rappelé le tremblement de terre de Masmara en 1999, ont tous les deux expliqué qu’après avoir privilégié la réaction, leurs gouvernements mettent désormais l’accent sur la préparation.


Jusqu’ici la réponse mondiale a été la réaction.  Or ce qu’il faut, c’est renforcer la résilience des populations et des infrastructures, a acquiescé le représentant de la Convention des Nations Unies sur la désertification.  Il a cité l’exemple d’Haïti où la déforestation est étroitement liée à l’ampleur des pertes après le passage des ouragans.  Si Port-au-Prince n’avait pas été surpeuplée par des gens fuyant des terres dégradées, le nombre des pertes en vies humaines aurait été moindre.


Alors que le Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon a fait l’éloge des normes de construction appliquées dans son pays, le maire de Quito a reconnu que le système de contrôle « très strict » des bâtiments se heurte souvent à la réticence des entreprises du BTP.  Pour mettre tout le monde d’accord, le professeur en génie civil lié aux tsunamis de l’Université de Tohoko, a fait remarquer que le tsunami de 2011 n’a pas eu de mal à briser le mur de protection construit le long des zones côtières.


Tournant son attention sur la question du financement, le consultant sur les politiques climatiques de la Banque mondiale a rappelé le cercle vicieux qui fait que les catastrophes sapent le développement, augmentent ensuite l’endettement puis accroissent, à nouveau, la vulnérabilité aux catastrophes.  Des mesures d’aide financière mieux adaptées à la préparation aux catastrophes s’imposent. 


Il faut investir dans la science, a estimé la Directrice de la réduction des risques de catastrophe de la Jamaïque. Il faut, a-t-elle insisté, encourager la foi des gens dans la science, en dégageant les points de convergence avec les connaissances locales ou autochtones.  Le représentant de l’Agence australienne Geoscience n’a pas dit autre chose lorsqu’il a parlé du transfert des savoirs vers les communautés.  


Parfois, a pourtant fait observer le Directeur de la Division de la mise en œuvre des politiques environnementales du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), il est beaucoup moins coûteux de miser sur la nature plutôt que sur des systèmes complexes d’ingénierie.  Il a cité le cas des Pays-Bas qui ont investi 2 milliards d’euros dans des projets destinés à élargir les rivières pour réduire les risques d’inondation.  Au cours du débat, la validité du « Cadre d’action de Hyogo pour 2005-2015: pour des nations et des collectivités résilientes face aux catastrophes » a été soulignée à plusieurs reprises.


La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.


DÉBAT THÉMATIQUE SUR LE THÈME « RÉDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHE »


Déclarations liminaires


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, a dit profondément regretter que cette réunion se fasse à un moment des plus pertinents; l’Indonésie ayant été frappée hier par un tremblement de terre de magnitude 8,6 sur l’échelle de Richter.  Il a ensuite présenté ses plus sincères condoléances au peuple et au Gouvernement indonésiens. 


M. Al-Nasser a constaté que le risque de catastrophes augmente à l’échelle mondiale.  De plus en plus de biens se trouvent dorénavant dans des zones à haut risque, le nombre de personnes vivant dans des zones inondables a augmenté de 114% depuis les années 70, alors que la proportion de personnes vivant le long des côtes vulnérables aux cyclones a enregistré une hausse de 192%, a-t-il notamment observé. 


En outre, plus de la moitié des plus grandes agglomérations du monde se trouve dans des zones à forte activité sismique, a-t-il ajouté.  Le Président de l’Assemblée a aussi relevé que le risque de pertes économiques après une catastrophe dépassait à présent le taux de production des richesses.  Le risque des pertes après une inondation a augmenté de 160%, et de 265% dans l’éventualité d’un cyclone dans un pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a-t-il indiqué.


Compte tenu de ces faits, affirmer que les catastrophes naturelles mettent en péril les avancées du développement est une litote, a lancé M. Al-Nasser.  Les petites économies peuvent mettre des décennies à se remettre d’un ouragan ou d’un tsunami.  Les catastrophes ont un effet déstabilisateur sur les plus grandes puissances économiques et nuisent au commerce international.  Travailler à la réduction des risques de catastrophe est donc inséparable de l’Agenda pour le développement durable.


M. Al-Nasser a constaté que les États qui négocient le document final de la Conférence Rio+20 reconnaissent ce fait.  La question est de savoir comment assurer la bonne intégration de ces perspectives.  Le renforcement de la résilience des communautés vulnérables et l’édification d’un avenir durable sont les plus importants défis auxquels doit faire face la communauté internationale.  Rio+20 est une occasion à saisir, a-t-il lancé avant de conclure.


Dans un message prononcé au nom du Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, la Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions, Mme Susana Malcorra, a rappelé aux délégations le message du Secrétaire général concernant le tremblement de terre qui a frappé hier, mercredi, au large de l’Indonésie.  « Le moment auquel nous nous réunissons est très triste mais il prouve l’importance de la question dont l’Assemblée générale est saisie aujourd’hui », a-t-elle souligné.  Rappelant que la réduction des risques de catastrophe demeurait au cœur des priorités du programme d’action du Secrétaire général pour les cinq années à venir, Mme Malcorra a estimé que la communauté internationale ne pouvait certes éviter les catastrophes mais qu’elle pouvait, au moins, faire beaucoup pour en réduire l’impact, pour diminuer les dégâts, et en atténuer les effets sur la vie des gens. 


Elle a souligné que des investissements raisonnables dans des systèmes d’alerte rapide et de préparation faisaient toute la différence.  « Nous savons ce qui fonctionne », a-t-elle dit, invitant les États, alors que se prépare la Conférence Rio+20, à réaffirmer que la prévention des risques de catastrophe est essentielle pour le développement durable. 


« En réduisant les risques de catastrophe, nous augmentons nos chances de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et de mettre en place un monde durable pour tous », a-t-elle poursuivi.  Elle a conclu en soulignant que les États Membres avaient montré que la réduction des risques de catastrophe ne devait pas être une question à part, et devait être intégrée dans les programmes de développement.  « Il faut à présent investir, faire preuve d’ambition et travailler à réaliser les objectifs qui seront fixés à Rio+20, et au-delà ».


M. WILLIAM RAMPAGILEI, Vice-Ministre chargé de la coordination du bien-être social de l’Indonésie, intervenant au nom du Président de l’Indonésie, M. Susilo Bambang Yudhoyono, a souligné l’aspect essentiel de la réduction des risques de catastrophe, notamment pour des pays comme le sien.  Cela peut sauver ce que nous avons mis des années à mettre en place, a-t-il indiqué.


Il a expliqué que l’Indonésie privilégiait non plus le relèvement après une catastrophe mais la préparation.  Il a parlé des différents plans d’action de son gouvernement et a annoncé que l’Indonésie accueillerait prochainement la cinquième Conférence ministérielle de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) sur la prévention des risques de catastrophe.  M. Rampagilei a également souligné l’importance du Cadre d’action de Hyogo.


M. BOB CARR, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, s’exprimant en tant que Coprésident des Groupe des amis pour la réduction des risques de catastrophe, a rappelé que la décennie passée avait connu des catastrophes tragiques, qui ont coûté la vie à plus d’un million de personnes, touché plus de 2,5 milliards d’individus et provoqué près de 1 000 milliards de pertes économiques.  Face à cette situation, il a salué les engagements renouvelés que le Secrétaire général de l’ONU a énoncés en faveur de la réduction des risques de catastrophe dans son Programme d’action pour son second mandat. 


« Le risque de catastrophe est une réalité tangible pour la plupart des États, si ce n’est pour tous les pays développés ou en développement », a-t-il poursuivi.  « Comme nous l’ont rappelé les événements tragiques survenus en 2010 ou 2011, les catastrophes ne font aucune distinction entre les régions ou les niveaux de revenus », a-t-il dit.  Dans ce contexte, les États doivent faire face aux défis posés dans leur propre pays mais la communauté internationale doit aussi reconnaître que la nécessité d’agir est encore plus grande dans les petits États insulaires en développement (PEID), dans les pays les moins avancés (PMA), ainsi que dans de nombreux pays d’Afrique.


Malgré d’importants efforts, notamment par le biais du « Cadre d’action de Hyogo pour 2005-2015 », M. Carr a estimé que la communauté internationale devait mieux prendre en compte et de manière systématique, les vulnérabilités et les risques de catastrophe.  Il a souligné que beaucoup restait encore à faire et il a cité, à titre d’exemple, la nécessité d’investir dans le renforcement des capacités nationales et d’améliorer la coordination, la communication et les synergies dans des cadres ou des programmes d’action. 


Il a appelé à l’incorporation de la prévention des risques de catastrophe dans tous les cadres et structures du développement durable.  À cet égard, il a voulu que cette proposition soit formulée clairement dans le document final de la Conférence Rio+20.  Une formulation, a-t-il dit, qui reconnaîtrait la réduction des risques de catastrophe comme « un élément fondamental du développement à placer au cœur du futur agenda du développement durable ».  Il a aussi demandé aux gouvernements et à leurs partenaires au développement, d’augmenter leurs investissements dans ce domaine.


M. JOE NAKANO, Député et Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a indiqué que son pays avait une longue expérience dans le domaine des tremblements de terre, des tsunamis et autres catastrophes naturelles.  Il s’est attardé sur le tremblement de terre du 11 mars 2001 et a indiqué que cette « catastrophe sans précédent dans l’histoire du Japon » avait fait près de 20 000 morts et personnes disparues, 400 000 déplacés, et endommagé ou détruit 380 000 habitations et laissé plus de 22 millions de tonnes de débris.  Les pertes financières se situent entre 200 et 300 milliards de dollars, a-t-il ajouté.


Le Vice-Ministre a souligné que la prévention peut limiter les dégâts.  Il a en voulu pour preuve le fait que malgré un tremblement de terre d’une magnitude 9, les technologies sismiques de pointe et les codes de construction ont permis de limiter les dégâts matériels.  Le système d’alerte et de détection d’urgence des tremblements de terre du chemin de fer japonais avait permis aux 27 trains à grande vitesse de s’arrêter et d’éviter un accident majeur.  La circulation a pu reprendre deux mois à peine après le séisme.


La réduction des risques doit être une partie intégrante de la coopération internationale puisque les catastrophes naturelles peuvent balayer en un rien de temps les avancées réalisées dans le domaine du développement.  Le Vice-Ministre a affirmé que la sécurité humaine est la clef de voute de l’universalisation des politiques de réduction des risques.  Il importe donc de placer la question de la sécurité humaine au cœur de l’Agenda pour le développement et renforcer la prise de conscience sur les changements climatiques, lesquels aggravent les catastrophes liées aux inondations et à la sécheresse, a-t-il ajouté.


Le Vice-Ministre a annoncé que le Japon accueillerait au mois de juillet prochain, dans les préfectures de Miyagi, d’Iwate et de Fukushima qui ont été frappées par une catastrophe, une conférence internationale de haut niveau sur les catastrophes naturelles de grande ampleur.


Table ronde interactive 1: « Faire face aux risques en zone urbaine par le biais d’investissements publics »


M. Augusto Barrera, maire de la ville de Quito (Équateur), a présenté plusieurs politiques et programmes mis en place par sa municipalité pour faire face aux risques de catastrophe.  Quito, ville de 2,5 millions d’habitants, se situe en effet à 2 800 mètres au-dessus du niveau de la mer et sa topographie la confronte à une quantité de menaces, qui vont des tremblements de terre aux éruptions volcaniques en passant par des glissements de terrain, des hivers extrêmement froids et des inondations.  « Il s’agit d’événements colossaux auxquels une municipalité doit faire face en améliorant sa capacité de résistance », a-t-il dit.  


Le maire a expliqué que l’un des premiers aspects de la politique municipale à cet égard avait été de structurer une vision systématique de la lutte contre les catastrophes, notamment en nommant un secrétaire à la sécurité et aux risques, qui veille à mettre en œuvre de façon transversale les politiques, ainsi qu’en mettant en place un groupe de secours qui lui est associé et qui travaille de façon transversale dans sa capacité de réponse.  Par ailleurs, la municipalité possède aussi un fond d’urgence destiné à renforcer sa capacité face aux risques de catastrophe. 


Ce fonds dispose d’un montant de 20 millions de dollars et comporte, par exemple, un projet de déplacement des familles d’un coût de 1,2 million de dollars, ainsi qu’un système de drainage de plusieurs millions de dollars.  La municipalité a également développé auprès de centaines d’écoles un travail de prévention et d’entrainement. 


Les autorités de Quito ont également voulu développer une vision très large de la qualité des constructions à travers le renforcement des normes de construction, a-t-il poursuivi.  La municipalité possède, à présent, un système d’approbation, d’analyse et de contrôle très strict des constructions et des bâtiments.  Il s’agit là, a précisé M. Barrera, de l’un des aspects les plus polémiques de notre axe de prévention car les entreprises de constructions peuvent parfois y être opposées.  Quito a également décidé de limiter, au cours des 10 années à venir, la croissance urbaine. 


Enfin, M. Barrera a détaillé plusieurs exercices de réaction aux catastrophes, qui touchent 200 000 personnes dans huit districts et qui impliquent plusieurs écoles.  En cas de catastrophes, le maire a rappelé que la ville serait sujette à des coupures d’électricité et du téléphonique.  C’est la raison pour laquelle ses services concentrent aussi leurs efforts sur le renforcement des capacités locales par le biais d’entrainement et d’exercices de préparation.


M. FUMIHIKO IMAMURA, professeur en génie civil lié aux tsunamis à l’Université de Tohoko, a indiqué que le tsunami de 2011 avait démontré que les sciences avaient échoué dans l’évaluation des cycles sismiques.  Malgré les importants efforts pour prévenir et protéger les populations, le tsunami de 2011 a tout de même dépassé le mur de protection construit le long des zones côtières.  M. Imamura a souligné que la clef réside dans la résistance des structures physiques.  À ce stade, il faudra 30 ans, a-t-il prévenu, pour reconstruire après les dégâts provoqués par le tsunami de 2011.  Il a expliqué que la création d’une ceinture verte le long des côtes pourrait limiter l’ampleur des dégâts en cas de tsunami.  Le panéliste a prôné une culture de responsabilité dans les communautés et le secteur privé.  Il a indiqué que son Université venait de créer un institut de recherche qui mène des études de pointe sur l’atténuation des risques de catastrophe sur la base de l’expérience de 2011.


Mme Aisa Kirabo Kacyira, Directrice exécutive adjointe du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), a estimé que la communauté internationale ne pouvait pas manquer l’occasion offerte par la Conférence Rio+20.  Elle a invité les délégations à réfléchir à l’urbanisation aujourd’hui et à ce que cela implique pour l’humanité.  Les villes sont au cœur de la production et la clef du développement économique alors que l’urbanisation est, en elle-même, génératrice de risques.  Elle a estimé qu’il était possible d’avoir un développement urbain durable si la planification est bien pensée et s’il existe une démarche active du processus d’urbanisation. 


Elle a souligné qu’ONU-Habitat veillait à ce que les États aient des politiques raisonnables dans ce domaine.  Elle a aussi souligné qu’il fallait veiller à ce que ces plans soient suffisamment simples pour que nous puissions tous nous les approprier.  Mme Kacyira a encore mis l’accent sur la nécessité de faire participer, entre autres, les gouvernements locaux, la société civile, le secteur privé et tous les acteurs concernés aux politiques de prévention ou aux instruments de planification.  Elle a aussi insisté pour que les investissements publics dans ce domaine soient à la fois précédés d’une planification et suivis d’une mise en œuvre intégrée. 


M. GOKHAN ELGIN, Directeur du Projet ISMEP du Gouvernorat d’Istanbul, a rappelé que la Turquie était vulnérable aux tremblements de terre, aux inondations et aux glissements de terrains.  Une part importante de la population vit dans des zones à forte activité sismique et 75% des pertes sont causées par des tremblements de terre.  Il a mis l’accent sur l’importance de la communication, évoquant le chaos qui avait entouré l’organisation des secours lors du tremblement de terre de Marmara en 1999.  Après cette expérience, le Gouvernement a décidé de prendre les devants, en mettant sur pied le Projet ISMEP qui cible la prévention et l’atténuation des risques, a-t-il indiqué.


M. Elgin a expliqué qu’Istanbul avait de fortes chances de faire l’expérience d’un tremblement de terre de grande ampleur dans un avenir proche.  Afin de préparer la ville, une unité de coordination a été mise sur pied, laquelle est dotée d’un budget d’un milliard d’euros.  Ce plan vise le renforcement des capacités d’urgence et met l’accent sur la communication d’urgence et la gestion des informations en cas d’urgence.  Les capacités institutionnelles du Directorat de gestion des catastrophes ont été renforcées et des centres de gestion des catastrophes ont été mis sur pied dans la ville.


Les familles, les voisinages, les écoles et les hôpitaux reçoivent en outre une formation spéciale.  Quelque 350 000 personnes ont pu être formées à ce jour, s’est-il félicité.  Le Projet entend également renforcer les structures des bâtiments.  Il a précisé qu’à ce jour, 957 bâtiments publics avaient été renforcés ou reconstruits.  Un code de construction a également été mis en œuvre et les ingénieurs des municipalités reçoivent une formation spécialisée.


M. Gary Lawrence, Vice-Président de la société AECOM, spécialisée dans les services d’ingénierie, a présenté, au nom du secteur privé, certaines des questions qui se posent le plus souvent lorsqu’une entreprise travaille sur un projet de prévention des risques.  Comment utiliser au mieux et retenir les talents afin que les employés travaillent pour le futur de leur communauté?  Comment résoudre des problèmes difficiles avec moins d’argent?  Il a rappelé que de nombreux gouvernements locaux avec lesquels il travaille sont au bord de la faillite et que cela représente un défi.  Il a détaillé certains projets et les leçons qui pouvaient en être tirées. 


« Parfois les gens pensent qu’ils sont suffisamment intelligents pour vaincre la nature mais nous savons que la nature gagne toujours », a-t-il expliqué.  C’est la raison pour laquelle les équipes d’ingénieurs de sa société étudient, par exemple, la construction de bâtiments qui s’effondrent « de façon plus douce  ».  Nous employons, par exemple, des matériaux et des méthodes qui rendent les structures plus résistantes, a-t-il expliqué.  Enfin, sa société se concentre aussi sur des projets en partenariat avec des banques de développement ou sur des chantiers liés à la prévention des risques d’incendie ou de fortes précipitations dans les zones urbaines, a-t-il encore expliqué.  En guise de conclusion, il a mis l’accent sur la nécessité, pour les sociétés du secteur privé spécialisées dans ce domaine, de disposer de normes très élevées en termes de responsabilité des entreprises.  Il a précisé qu’une part des profits de la société était attribuée sous la forme de bourse à des universités afin qu’elles améliorent leurs recherches en matière de planification urbaine ou de résilience aux catastrophes.   


Conscientes du fait qu’une proportion de plus en plus importante de la population mondiale vit dans des zones urbaines, en Afrique notamment, les délégations ont profité de ce débat pour souligner l’importance qu’il y a à préparer les populations à l’éventualité d’une catastrophe et prévoir les financements nécessaires.


Débat interactif


Le représentant de Singapour a compté parmi les nombreuses délégations qui ont insisté sur la planification afin d’améliorer la résistance des villes aux catastrophes.  Son homologue de la Chine a insisté sur les investissements publics nécessaires pour renforcer la capacité de réaction dans les zones urbaines.  Il faut multiplier les exercices de simulation et échanger les pratiques exemplaires entre pays et région, a-t-il ajouté.


Le représentant de l’Union européenne a prôné des évaluations claires et transparentes des risques.  Nonobstant l’appui accordé par l’Union aux pays en développement, il a estimé que la responsabilité principale en matière de prévention revient aux gouvernements.


La représentante de l’Italie a évoqué l’importance de protéger le patrimoine culturel des villes.  Elle a fait savoir que de nombreuses municipalités italiennes avaient établi des politiques et des stratégies communes pour faire face ensemble aux risques de catastrophe.


De nombreuses délégations ont également estimé que la préparation devait être intégrée aux politiques de développement.


Le représentant de l’Algérie, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a parlé des défis considérables que posent les catastrophes naturelles pour les pays en développement, constatant que ceux-ci avaient été exacerbés par les crises internationales.


Les PMA représentent 50% des victimes des catastrophes, a renchéri le représentant du Népal, pour qui les gouvernements concernés doivent veiller à la cohérence des politiques climatiques et de réduction des risques de catastrophe.


La représentante du Royaume-Uni s’est inquiétée de l’insuffisance des financements, faisant remarquer que seul 1% de l’aide publique au développement (APD) est alloué à la réduction des risques de catastrophe.  La préparation aux risques ne doit pas concerner uniquement le secteur humanitaire, a-t-elle estimé.  Le Vice-Présidentde la société AECOM, spécialisée dans les services d’ingénierie a recommandé de démultiplier les investissements, compte tenu des ressources limitées.


De son côté, la représentante de la Nouvelle-Zélande a demandé aux panélistes des conseils sur la gestion du déplacement des populations.


Le maire de Quito a indiqué que sa ville accordait aux populations déplacées des subventions pour 70% des frais et que des démarches spécifiques avaient été développées pour les femmes.  Il a insisté sur la volonté politique qui doit être très forte, compte tenu du problème de crédibilité dont souffrent les autorités au regard de la population. 


La Directrice exécutive adjointe d’ONU-Habitat a insisté sur l’importance des objectifs quantifiables.  En matière de résilience, a-t-elle ajouté, les choses doivent être suffisamment simples pour que tout le monde puisse comprendre de quoi il s’agit et comment mettre en œuvre le système.  Chaque personne doit être considérée comme un partenaire.  Le professeur en génie civil lié aux tsunamis à l’Université de Tohoko a mis l’accent sur la nécessité de procéder à une analyse systématique des prévisions sur les pertes et dégâts.


Table ronde interactive 2: « Accroître la capacité de résistance aux catastrophes en s’adaptant aux changements climatiques et en réduisant les risques »


Avant de donner la parole aux conférenciers, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, Mme MARGARETA WAHLSTRÖM, qui anime le débat de cet après-midi, a fait remarquer que 85 à 90% des catastrophes sont dues à des conditions météorologiques étroitement liées aux changements climatiques.


M. SABER HOSSAIN CHOWDHURY, membre du Parlement du Bangladesh, a prévenu, à son tour, que les catastrophes seront encore plus graves dans les prochaines années et qu’elles mettront en péril le développement, la lutte contre la pauvreté, la paix et la sécurité dans le monde.  Le défi est aujourd’hui de traduire en actes ces évidences.  Ce qui importe, c’est de partir de la cohérence des connaissances vers la convergence des actions.  La première mesure à prendre est la réduction des risques de catastrophe. 


M. Chowdhury a insisté sur les mesures d’adaptation aux changements climatiques.  Il a, par exemple, estimé que face à la salinité élevée de l’eau due notamment aux érosions et à la fonte des glaces, il faudra créer de nouvelles variétés de riz.  Mais pour lui, la meilleure forme d’adaptation est la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Il faut prendre conscience des enjeux des changements climatiques, a-t-il insisté, en prônant le renforcement de la coopération internationale et régionale. 


Au Bangladesh, les lois n’existent peut-être pas mais les mentalités ont changé, et les parlementaires ont joué un rôle actif dans ce changement.  Sans prise de conscience, on n’arrivera pas aux résultats escomptés.  La meilleure des adaptations aux changements climatiques reste le développement durable, a insisté le représentant.


M. Angus Friday, Consultant auprès de la Banque mondiale et spécialiste international des politiques climatiques, a présenté aux délégations diverses possibilités économiques qu’offre l’adaptation aux changements climatiques.  Il a parlé d’un cercle vicieux, qui fait que les catastrophes sapent le développement, augmentent ensuite l’endettement puis accroissent, à nouveau, la vulnérabilité aux catastrophes.  Il a pris pour exemple son propre pays, la Grenade, frappé par l’ouragan Ivan en 2004, qui a fait de nombreuses victimes et détruit le pays au point de l’endetter à 200% du PNB. 


L’économie dite « verte » offre de nombreuses possibilités qu’il faut saisir.  Mais avant cela, il faut d’abord relever les nombreux défis.  Plusieurs pays ouvrent la voie avec des actions ciblées à la fois sur la vulnérabilité et sur l’endettement, grâce notamment à l’économie « bleue ».  L’orateur a mis l’accent sur la nécessité de reconnaître, à l’approche de la Conférence Rio+20, le lien très étroit entre développement et vulnérabilité aux catastrophes.  Il a insisté sur des instruments tels que les programmes « dette contre nature », qui consistent à muer la dette en compensations pour des programmes environnementaux. 


Il a axé la troisième partie de son intervention sur l’économie dite « bleue ».  Il a rappelé que les océans couvrent 71% de la surface du globe, qu’ils contiennent aussi 60% des protéines animales et que 250 millions de personnes vivent de la pêche.  Dans ce contexte, les îles et les petits États insulaires étudient, par exemple, les océans sous l’angle de zones économiques exclusives. 


C’est le cas de Fidji pour qui la valeur des océans est énorme par rapport à sa propre masse terrestre.  Toutefois, la capacité des océans à se régénérer est réduite alors que la demande en poissons devrait doubler dans un très proche avenir. 


M. Friday a insisté sur la nécessité de prendre des mesures d’aide financière mieux adaptées à la préparation aux risques.  Il est revenu sur le lien entre endettement élevé et vulnérabilité aux catastrophes ainsi que sur les projets novateurs « dette contre nature ».  « Mais la tâche principale de la communauté internationale reste qu’elle doit mieux se préparer aux risques de catastrophe », a-t-il conclu.


Mme BARBARA CARBY, Directrice de la réduction des risques de catastrophe de la Jamaïque, a d’abord souligné que son pays peut être qualifié de « petit État insulaire très endetté ».  Ceux qui souffrent ainsi de l’absence d’un espace fiscal peuvent avoir du mal à collecter les ressources nécessaires à la gestion des risques de catastrophe.  La cartographie des risques et la quantification systématique des dégâts potentiels ont montré un impact potentiel de 2% sur le PNB annuel.  L’analyse des risques des ouragans a montré quant à elle que les dégâts matériels pourraient s’élever à 20 milliards de dollars.  Toutes ces prévisions ont convaincu les dirigeants de la nécessité d’intégrer la réduction des risques de catastrophe dans les plans de développement.


À Negril, par exemple, destination touristique et village de pêche, par excellence, les risques d’érosion sont élevés et des mesures concrètes ont pu être prises car, pendant ces dernières années, les études scientifiques ont permis de comprendre le taux et les causes de l’érosion et de protéger les zones à haut risque.  Il est donc important que les gouvernements investissent dans la recherche scientifique « l’élément oublié ». 


Les données sont importantes et les gouvernements doivent se doter des moyens de bien les gérer.  La collaboration régionale est importante en l’occurrence, en particulier pour les pays aux ressources financières limitées.  Il faut, a insisté l’oratrice, encourager la foi des gens dans la science.  Une des meilleures manières de le faire est de dégager les points de convergence entre la science et les connaissances locales ou autochtones.  


Dans la foulée de ces interventions, M. Ibrahim Thiaw, Directeur de la Division de la mise en œuvre des politiques environnementales du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a cité plusieurs exemples de succès dans la gestion des écosystèmes qui contribuent ou ont contribué à prévenir les catastrophes.  Il a cité le cas de la gestion des écosystèmes en Jamaïque, où des glissements de terrain et l’érosion des plages ont pu être protégés. 


« Des écosystèmes sains constituent peut-être le meilleur moyen pour les pauvres de se protéger contre les catastrophes », a-t-il souligné.  Des écosystèmes côtiers sains, par exemple, peuvent contribuer à la résilience communautaire en fournissant des denrées, de l’eau ou les abris nécessaires après les catastrophes. 


M. Thiaw a aussi expliqué qu’au Burkina Faso, 200 000 hectares de zones sèches avaient été réhabilités et pouvaient, à présent, produire des tonnes de denrées alimentaires.  Ce fut le cas aussi au Niger, a-t-il dit, où plusieurs zones ont été aménagées et des milliers de tonnes de denrées supplémentaires sont aujourd’hui disponibles. 


Investir dans des écosystèmes sains concerne aussi les pays développés, a-t-il ajouté, citant le cas des Pays-Bas, qui ont investi 2 milliards d’euros dans des projets destinés à faire plus de place aux rivières et à réduire, de la sorte, les risques d’inondation.  La Suisse, aussi, a investi 150 millions de francs par an dans la gestion des forêts afin de prévenir les avalanches et de mieux gérer les chutes de pierres ou de rochers. 


Parfois, a-t-il précisé, il est beaucoup moins coûteux de miser sur la nature plutôt que sur des systèmes complexes d’ingénierie.  À cet égard, il s’est dit convaincu que les réponses humaines puisées dans la nature étaient des solutions complémentaires.  Il a appelé les États Membres, à l’approche de la Conférence Rio+20, à reconnaître le rôle des écosystèmes dans la réduction des risques.


M. MELCHIADE BUKURU, Chef du Bureau de liaison de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, a lié la dégradation des écosystèmes à l’aggravation de la vulnérabilité aux catastrophes.  Il a cité le cas d’Haïti où la déforestation est étroitement liée à l’ampleur des pertes après le passage des ouragans.  Pendant le tremblement de terre, si la capitale n’avait été surpeuplée par une population rurale fuyant des terres dégradées, le nombre des pertes en vies humaines aurait été moindre.  La majorité des catastrophes vient de la terre et a donc un effet direct sur les populations.  En matière de réduction des catastrophes, « il faut commencer par la terre » car les personnes les plus vulnérables vivent sur des terres dégradées ou désertiques.  Jusqu’ici la réponse mondiale aux catastrophes a été la réaction.  Or ce qu’il faut, c’est renforcer la résilience.  Par des systèmes d’alerte rapide et des techniques de gestion des sols et de l’eau, on peut gagner la bataille de la résilience, en 10 ans.  La sécheresse coûte cher et une politique dynamique sur la dégradation des sols peut réduire les coûts.  La réponse est donc le développement durable, a-t-il dit, en soulignant les enjeux de la Conférence Rio+20 car les zones de sécheresse ou susceptibles d’être touchées par la sécheresse s’élargissent.  


M. John Schneider, de l’Agence australienne Geoscience, a noté que la communauté internationale était de plus en plus consciente des risques mais que, pour mieux les gérer, il fallait à la fois avoir les connaissances de base et faire en sorte qu’elles puissent être transmises aux communautés et à la population.  Il a présenté plusieurs programmes mis en place, dans ce domaine, par l’Australie avec des pays partenaires dans la région, tels que les Philippines et la Papouasie-Nouvelle-Guinée. 


Les Philippines ont ainsi été frappées, en 2009, par le typhon « Ketsana » qui a causé près d’un million de déplacés et jusqu’à 6 mètres d’eau dans les rues de Manille.  À la suite de ce typhon, les efforts de collaboration entre l’Agence australienne et les autorités de la ville se sont concentrés sur la nécessité de disposer de cartes en trois dimensions de la ville afin de mieux prévenir et gérer les catastrophes.  


M. Schneider a aussi cité le succès d’une campagne de sensibilisation de la population dans le centre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, région qui avait été touchée par une éruption volcanique en 1994.  Grâce à cette campagne, la population a été mieux préparée lorsque, en 2006, la région a, une nouvelle fois, été secouée par une série de tremblements de terre de plus faible magnitude. 


« Mais aucune de ces réalisations n’a pu être possible sans les outils et les données qui permettent aux informations trouvées par les chercheurs d’être relayées vers les communautés afin d’épargner des vies », a-t-il conclu, appelant au transfert des savoirs dans les domaines de la prévention et de la gestion des risques. 


Débat interactif


Comment accroître la capacité de résistance aux catastrophes en s’adaptant aux changements climatiques?  Face à cette question, qui était au cœur du débat interactif de cet après-midi, plusieurs intervenants ont, dans un premier temps, mis l’accent sur la vulnérabilité plus grande de certains pays, en particulier les petits États insulaires en développement, avant de plaider pour une approche globale et intégrée car, ont expliqué plusieurs délégations, aucun État n’est à l’abri. 


Le représentant de la Papouasie- Nouvelle-Guinée, État insulaire de l’Océanie, a ainsi expliqué que son pays figurait parmi les 20 pays qui subissent les pertes les plus importantes par rapport à leur produit national brut (PNB) en cas de catastrophe.  « Une seule catastrophe peut réduire en miettes des années de gains économiques », a-t-il souligné, rappelant l’importance de ce débat à l’approche de la Conférence Rio+20.  


Une approche partagée par son collègue des Palaos, qui s’exprimait au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement.  Il a, à son tour, plaidé pour un dialogue international constant sur ces questions. 


Le représentant du Chili a reconnu que la réduction des risques de catastrophe était devenue un thème prioritaire depuis que son pays avait été frappé, en février 2010, par un séisme dévastateur qui l’a poussé à prendre des mesures législatives pour renforcer ses systèmes d’urgence et d’alerte rapide.  Sur la base de cette expérience malheureuse, il a partagé avec ses collègues d’autres approches adoptées, notamment en matière de développement durable, de programmes de simulation de catastrophes ou d’éducation citoyenne à la gestion des catastrophes.


La délégation de l’Égypte a émis l’espoir que Rio+20 pourra permettre de changer la façon de voir les défis liés à la réduction des risques de catastrophe et les liens entre tous les éléments abordés au cours de cette journée de débat.  « Aucun pays n’est à l’abri des catastrophes », a-t-il insisté en parlant d’un phénomène qui mérite une plus grande attention à l’échelle mondiale, en particulier dans les pays en développement en Asie, en Afrique et en Amérique latine.


Mettre davantage l’accent sur les pays les plus vulnérables était aussi l’une des nécessités évoquées par le représentant du Bangladesh, qui a, quant à lui, rappelé le rôle que peuvent jouer, au niveau national, les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire dans les capacités de résistance. 


Il a regretté qu’on parle peu de la question du transfert des technologies et a interrogé les conférenciers à cet égard: comment faire, en amont de la Conférence Rio+20, des suggestions novatrices sur cette question?


Rappelant que son territoire connaissait plusieurs inondations majeures par an, le représentant de la Hongrie a expliqué que son pays avait acquis des connaissances certaines dans la gestion de telles catastrophes et qu’il les avait partagées avec l’Indonésie et la Thaïlande, entre autres.  Il a mis l’accent sur l’importance de financements prévisibles à long terme pour renforcer la résilience des communautés.


Le représentant du Pakistan a alors souligné l’importance qu’il y a à avoir des outils de communication efficaces avec les personnes vulnérables pour qu’elles puissent comprendre les alertes.  S’agissant du document final de Rio+20, il a estimé que celui-ci devrait renforcer le « Cadre d’action de Hyogo pour 2005-2015: pour des nations et des collectivités résilientes face aux catastrophes », qui doit demeurer au cœur des discussions, a-t-il insisté.


À l’issue des interventions, les conférenciers ont, tour à tour, repris la parole pour souligner la vitalité des échanges.  S’agissant de la question particulière du transfert des technologies, M. Ibrahim Thiaw, du PNUE, a encore souligné l’apport des communautés locales en termes de connaissances.  Le savoir et le partage des connaissances ne devraient pas seulement venir des universités, a-t-il dit.  De son côté, M. John Schneider, de l’Agence australienne Geoscience, s’est félicité que la science soit de plus en plus à la base des décisions prises dans le domaine de la réduction des risques.


À l’issue de ce débat interactif, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe a relevé des priorités très claires pour les zones urbaines avec les expériences partagées par les maires dont celui de la ville de Quito.  Elle a fait observer que la décentralisation avait été mentionnée comme un élément très important de la gestion des risques de catastrophe, tout comme un renforcement des rôles de ceux qui sont en contact direct avec les populations. 


Beaucoup d’initiatives fonctionnent bien au niveau local et nous devons, à présent, réfléchir à la manière de passer du niveau local au niveau national puis mondial, a-t-elle dit.  Elle a souligné que les discussions de l’après-midi avaient mis l’accent sur la vulnérabilité de certains États mais aussi sur des exemples pratiques de succès.  Nous savons quels sont les bons exemples et nous devons les multiplier pour montrer plus de cohérence, a-t-elle conclu.


Pour sa part, le Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale a souligné les contributions « remarquables » apportées au cours des échanges.  Il a noté qu’il ne faisait plus aucun doute qu’il existe une dynamique internationale sans précédent pour réduire les risques de catastrophe et que la Conférence Rio+20 ne pouvait pas passer à côté de cette chance. 


Il a également souligné que l’autonomisation des gouvernements et des communautés, au niveau local, devait être appuyée dans le cadre de la réduction des risques de catastrophe.  Rappelant que cette journée de délibérations ferait l’objet d’un « résumé du Président », il a exhorté les États Membres à en tenir compte dans les négociations en cours sur le document final de la Conférence Rio+20.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil appelle le Gouvernement sierra-léonais et les partis politiques à un dialogue « constructif et ouvert » avant les élections

CS/10605

Le Conseil appelle le Gouvernement sierra-léonais et les partis politiques à un dialogue « constructif et ouvert » avant les élections

11/04/2012
Conseil de sécuritéCS/10605
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6748e séance – matin


LE CONSEIL APPELLE LE GOUVERNEMENT SIERRA-LÉONAIS ET LES PARTIS POLITIQUES

À UN DIALOGUE « CONSTRUCTIF ET OUVERT » AVANT LES ÉLECTIONS


En vue de « renforcer la cohésion nationale » et de « favoriser un climat propice à la tenue d’élections transparentes, libres et régulières » en Sierra Leone, le 17 novembre 2012, le Conseil de sécurité a, ce matin, appelé le Gouvernement sierra-léonais et tous les partis politiques à « engager un dialogue constructif et ouvert ». 


Dans une déclaration lue au nom de tous ses membres par sa Présidente, Mme Susan Rice, des États-Unis, le Conseil de sécurité a souligné combien ces élections nationales et locales étaient « importantes pour la consolidation de la paix et de la sécurité en Sierra Leone », tout en prenant note des « progrès constants » accomplis jusqu’à présent, notamment la réconciliation nationale, la promotion de l’égalité des sexes et la préparation des scrutins du 17 novembre.


Saluant le succès remporté par le Représentant exécutif du Secrétaire général, M. Michael von der Schulenburg, en Sierra Leone, le Conseil a aussi demandé au Secrétaire général de nommer rapidement son successeur.


Le Conseil, qui accueille avec satisfaction le dernier rapport* du Secrétaire général sur la situation en Sierra Leone, a pris note de la « déclaration faite par le Gouvernement sierra-léonais le 3 avril 2012 pour préciser sa position sur la question des armes livrées à la police sierra-léonaise ».  Il est important, selon lui, « que les autorités nationales sierra-léonaises répondent de manière proportionnée aux menaces qui pourraient peser sur la sécurité de tous les citoyens sierra-léonais ».


* S/2012/160


LA SITUATION EN SIERRA LEONE


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité accueille avec satisfaction le dernier rapport du Secrétaire général, en date du 14 mars 2012, sur la situation en Sierra Leone (S/2012/160) et les activités du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (BINUCSIL).  Il remercie le Représentant exécutif du Secrétaire général en Sierra Leone, M. Michael von der Schulenburg, de l’exposé qu’il a fait le 22 mars 2012.  Le Conseil réitère son soutien à ceux qui se consacrent sans répit à la consolidation de la paix dans ce pays.


Le Conseil souligne qu’il incombe au premier chef au Gouvernement sierra-léonais d’assurer la consolidation de la paix, la sécurité et les conditions d’un développement à long terme dans le pays.  Il prend note des progrès constants que les autorités nationales et le peuple sierra-léonais ont accomplis jusqu’à présent dans un certain nombre de domaines, notamment la réconciliation nationale, la promotion de l’égalité des sexes et la préparation des élections nationales et locales du 17 novembre 2012.  Il souligne combien ces élections sont importantes pour la consolidation de la paix et la sécurité en Sierra Leone.


Le Conseil invite tous les partis politiques à engager un dialogue constructif et ouvert en vue de renforcer la cohésion nationale.  Il demande au Gouvernement sierra-léonais, à tous les partis politiques et aux autres parties concernées de redoubler d’efforts pour instaurer un climat propice à la tenue d’élections transparentes, libres et régulières, qui se déroulent dans le calme.  Le Conseil invite les dirigeants des partis politiques à prendre des mesures destinées à créer un climat de confiance entre tous les partis, à inciter les citoyens à participer à la vie politique, à promouvoir la non-violence entre leurs militants, et à faire respecter les procédures régulières et appliquer les recommandations énoncées dans le communiqué commun qu’ils ont publié le 2 avril 2009 et qui prévoit notamment la création d’un comité indépendant chargé de traiter les plaintes déposées contre la police en vue de renforcer la neutralité et le professionnalisme de cette institution, ainsi que l’élaboration d’un code de conduite à l’intention des partis politiques.  Le Conseil estime que ces mesures sont essentielles pour que la population et la communauté internationale croient au succès du processus démocratique engagé en Sierra Leone.


Le Conseil prend note de la déclaration faite par le Gouvernement sierra-léonais le 3 avril 2012 pour préciser sa position sur la question des armes livrées à la police sierra-léonaise.  Il souligne qu’il importe que les autorités nationales sierra-léonaises répondent de manière proportionnée aux menaces qui pourraient peser sur la sécurité de tous les citoyens sierra-léonais. Il demande au Gouvernement de veiller à ce que ses forces de sécurité fassent respecter le droit international applicable.


Le Conseil demande à la Commission indépendante des médias de surveiller de près les médias et de s’assurer qu’ils respectent leur code de conduite et il engage les autorités nationales à se pencher sur les problèmes administratifs et financiers rencontrés par la Société de radiodiffusion sierra-léonaise.


Le Conseil se félicite de la contribution du BINUCSIL et de l’équipe de pays des Nations Unies à la consolidation de la paix et aux priorités de développement de la Sierra Leone, en particulier dans le cadre du projet intégré qu’est la Vision commune des Nations Unies. Le Conseil salue les succès remportés par le Représentant exécutif du Secrétaire général von der Schulenburg en Sierra Leone et demande au Secrétaire général de nommer rapidement son successeur.


Le Conseil insiste de nouveau sur le rôle important que doivent jouer les organisations régionales comme l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et l’Union du fleuve Mano pour aider la Sierra Leone en ce qui concerne la consolidation de la paix, la sécurité et les objectifs de développement à long terme.  Le Conseil apprécie le travail fait par le Groupe de la criminalité transnationale organisée et demande aux autorités sierra-léonaises de coopérer avec leurs homologues des pays voisins et les partenaires régionaux pour qu’ils puissent ensemble redoubler d’efforts en vue de consolider la paix et la sécurité régionales, notamment en s’attaquant aux défis posés par le trafic de stupéfiants et la criminalité organisée.


Le Conseil reconnaît le rôle joué par la Commission de la consolidation de la paix à l’appui des efforts déployés en Sierra Leone pour consolider la paix, notamment en ce qui concerne l’emploi des jeunes, domaine prioritaire. Il prie la Commission de continuer de soutenir le BINUCSIL et l’équipe de pays des Nations Unies.


Le Conseil reste activement saisi de la question.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale cite la « financiarisation » des marchés agricoles parmi les causes de la volatilité du prix des produits alimentaires

AG/11223

L’Assemblée générale cite la « financiarisation » des marchés agricoles parmi les causes de la volatilité du prix des produits alimentaires

11/04/2012
Communiqué de presseAG/11223
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                         

Soixante-sixième session                                   

Débat thématique

matin et après-midi


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE CITE LA « FINANCIARISATION » DES MARCHÉS AGRICOLES PARMI

LES CAUSES DE LA VOLATILITÉ DU PRIX DES PRODUITS ALIMENTAIRES


Le débat de haut niveau que l’Assemblée générale a consacré aujourd’hui au problème de la volatilité excessive des prix des produits alimentaires a été l’occasion pour les États Membres d’attribuer sans détour ce phénomène à « la financiarisation » des marchés agricoles et de réclamer une plus grande transparence des opérations financières.


Organisé sur le thème « Lutter contre la volatilité excessive des cours sur les marchés des produits alimentaires et les marchés financiers et marchés des produits de base connexes », le débat était divisé en deux tables rondes sur les « Investissements financiers sur les marchés des produits de base: motivations, mécanismes et impacts » et les « Options politiques pour lutter contre la volatilité excessive des cours sur les marchés des produits alimentaires et les marchés financiers et marchés des produits de base connexes ».


La réunion vient d’une initiative du Président de la République dominicaine, M. Leonel Fernandez, qui a vu dans la volatilité du prix des produits alimentaires « une tragédie humaine d’une ampleur inégalée » qui, outre ces effets néfastes sur la lutte contre la pauvreté et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), met également en péril la stabilité politique des pays en développement.  Il a réclamé la constitution d’un groupe permanent d’études sur la question.


« Contrer la volatilité des prix est essentiel car le principal rôle de l’agriculture est de donner de la nourriture aux gens », a dit plus simplement M. Jomo Kwame Sundaram, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales.


Cette volatilité est-elle due à un déséquilibre entre l’offre et la demande?  Oui, a répondu M. David Hallam, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).  Il a imputé l’augmentation de la demande à des facteurs apparus depuis 10 ans, tels que les besoins accrus des économies émergentes. 


Sur le front de l’offre, il a cité le remplacement des cultures vivrières au profit des biocarburants, les niveaux « alarmants » de certains stocks de céréales et des choix politiques « peu avisés » en matière d’exportation.  Les changements climatiques et la mauvaise gouvernance, ont été ajoutés à cette catégorie par M. Jeffrey Sachs, professeur à l’Université Columbia.


Tout au long de la journée, les panélistes et délégations ont vite reconnu que la loi de l’offre et de la demande ne peut expliquer à elle seule la volatilité des prix des produits alimentaires.  Ils se sont attardés sur le caractère néfaste de « la financiarisation » des marchés agricoles, à savoir la transformation des produits alimentaires en produit financier.


« Parler de volatilité ne suffit pas.  Il faut comprendre le fonctionnement du marché des produits de base et reconnaître à quel point il est dominé par les marchés financiers », a commenté M. Heiner Flassbeck de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).


Un marché fonctionne bien quand les activités commerciales représentent 70% et la spéculation, 30%.  Or, aujourd’hui, nous vivons exactement la situation inverse, a alerté M. Michael Greenberger, professeur de droit de l’Université du Maryland.


« Notre époque est tombée amoureuse du virtuel, des produits dérivés, des indexes.  Mais, quand la nourriture devient virtuelle, ce n’est plus de la nourriture », a renchéri M. Frederick Kaufman, professeur de journalisme à l’Université publique de New York.


M. Peter Kerstens de la Commission européenne a énoncé la proposition de sa Commission sur une nouvelle réglementation des marchés des produits de base.  Elle a été faite en octobre 2011 et attend son adoption par le Parlement européen.  Le représentant de l’Allemagne a carrément prôné la création d’une autorité de supervision internationale.


M. David Hallam de la FAO a mis l’accent sur le Système d’information sur les prix agricoles qui, lancé en septembre 2011 sous l’égide du G-20, a pour objectif de surveiller les marchés des produits alimentaires et, quand cela le justifie, de donner l’alerte pour éviter une volatilité excessive.


On peut penser, a reconnu le Président de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, que les questions de régulation financière devraient être laissées aux spécialistes.  Mais, s’est-il défendu, le rôle d’un débat politique n’est pas de définir des solutions techniques ni de remplacer les institutions expertes mais de décider si et quand une question est traitée avec l’urgence qu’elle mérite.


Mais la « financiarisation » est-elle vraiment le problème?  Non, selon M. Bruce Tozer, expert indépendant et courtier spécialisé dans les matières premières, qui a démontré, graphiques à l’appui, que l’instabilité des prix existe « avant même que les marchés financiers s’y intéressent ».


« La financiarisation » est bien réelle mais elle ne doit pas occulter la question fondamentale de l’offre, a acquiescé M Jeffrey Sachs, professeur à l’Université Columbia.  Il a prôné pour l’Afrique, l’amélioration du rendement des producteurs.  Il leur faut un accès aux crédits, à des outils de production plus performants et à de meilleurs systèmes d’irrigation.


Il faut investir dans la recherche-développement, a ajouté, M. José Antonio Ocampo, son homologue à Columbia.


En début de séance, le Président de l’Assemblée générale a présenté ses condoléances au Gouvernement et au peuple de l’Indonésie après le grave tremblement de terre qui a frappé la province d’Aceh. 


Il a aussi rappelé la tenue, demain jeudi 12 avril, à partir de 10 heures, du débat thématique sur la « réduction des risques de catastrophe ».


DÉBAT THÉMATIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE THÈME « LUTTER CONTRE LA VOLATILITÉ EXCESSIVE DES COURS SUR LES MARCHÉS DES PRODUITS ALIMENTAIRES ET LES MARCHÉS FINANCIERS ET MARCHÉS DES PRODUITS DE BASE CONNEXES »


Déclarations liminaires


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, a commencé par présenter ses condoléances au Gouvernement de l’Indonésie après le violent séisme qui a frappé le pays ce matin.  Le Président en a profité pour rappeler qu’il a convoqué pour demain un débat thématique sur la réduction des catastrophes naturelles.


Le thème du débat thématique traduit les profondes préoccupations de tous les États Membres.  Il a appelé ces derniers à se concentrer sur l’effet de la volatilité sur les populations les plus vulnérables dont la vaste majorité vit dans les pays tributaires des importations de produits alimentaires.


Ce débat, a rappelé le Président, fait suite à la résolution A/RES/66/188 de décembre 2011 qui souligne la nécessité d’améliorer la régulation, le fonctionnement et la transparence du marché des produits de base et des marchés financiers pour régler la question de la volatilité des prix.


L’Assemblée générale est un organe politique qui mène des débats politiques.  Il est clair, a-t-il reconnu, que certains d’entre nous pensent peut-être que les questions de régulation financière devraient être laissées aux spécialistes.  Mais, s’est-il défendu, le rôle d’un débat politique n’est pas de définir des solutions techniques ni de remplacer les institutions expertes mais de décider si et quand une question est traitée avec une urgence telle que de nouvelles directives et approches sont immédiatement étudiées.


Notre objectif, a dit le Président, est d’engager un débat sur les causes et l’impact des investissements à grande échelle dans les marchés des produits de base.  Nous devons aussi explorer d’autres démarches pour traiter des faiblesses des marchés financiers.


M. JOMO KWAME SUNDARAM, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales, a constaté que le « désordre » en matière de volatilité des prix était devenu apparent aux alentours de 2006, période à laquelle la demande semblait dépasser l’offre.  Ce phénomène, a-t-il expliqué, va de pair avec les changements climatiques qui rendent les cours plus fluctuants. 


Pour M. Sundaram, les conséquences de ce phénomène sont claires: la flambée des prix a fait que plus d’un milliard de personnes souffrent désormais de la faim et vivent en deçà du seuil de pauvreté.  Il a également constaté que les petits exploitants doivent désormais prendre des risques inacceptables, sans compter les problèmes de malnutrition chez les femmes et les enfants, notamment.


L’alimentation, a-t-il souligné, est un droit fondamental et le fondement d’une vie décente.  Contrer la volatilité des prix est donc essentiel car le principal rôle de l’agriculture est de fournir des nutriments et de s’assurer qu’ils sont disponibles pour tous à tout moment.


M. Sundaram a ensuite rappelé le lancement du Cadre d’action de l’ONU pour augmenter la production et les filets de protection, ainsi que les initiatives visant à réduire l’effet et les risques de la spéculation.  L’heure est au bilan.  Il faut adopter de nouvelles mesures et faire en sorte que tout le monde ait accès à la nourriture, a-t-il lancé, avant de conclure.


M. DERSA PERCAYA (Indonésie), Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a jugé important de « fortifier » la coordination, au niveau international, dans les domaines de la sécurité alimentaire et du développement économique.  C’est une tâche « urgente » à laquelle doivent participer toutes les parties prenantes, a-t-il insisté, d’autant que ce sont les pays les moins avancés (PMA) qui sont les plus touchés par la volatilité des prix.  Ces parties prenantes et les États Membres doivent assumer la responsabilité collective de travailler ensemble et efficacement pour garantir le droit fondamental à l’alimentation. 


Le Vice-Président a insisté sur le rôle « vital » que les Nations Unies peuvent jouer, en particulier l’ECOSOC, pour faciliter la coordination à travers le système de l’ONU.  Il a espéré que le débat thématique donnera lieu à un consensus fort et à des recommandations concrètes à l’intention de l’ECOSOC pour traiter des problèmes de spéculation financière et de mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


M. LEONEL FERNANDEZ, Président de la République dominicaine, a rappelé qu’en 2008, pendant la crise financière internationale, son pays a ressenti l’impact de la volatilité des prix alimentaires et pétroliers qui a atteint son pic, quelque temps plus tard.  Depuis lors, cette volatilité est devenue un phénomène récurrent.  La hausse du prix des produits alimentaires s’est transformée en « une tragédie humaine » d’une ampleur inégalée jusqu’ici.  « Un homme affamé est un homme en colère », a prévenu le Président, en rappelant que plus de 60 pays ont été secoués par des troubles sociaux et politiques, pendant que les gouvernements étaient sommés de choisir entre la nourriture, le logement, la santé ou l’éducation.  Les progrès dans la lutte contre la pauvreté et dans la mise en œuvre des OMD ont été mis en danger, a insisté le Président.


Nous devons, a-t-il dit, rechercher des réponses pour clarifier l’état actuel des choses.  La volatilité est-elle due aux fondamentaux des marchés, à l’accroissement de la demande en Chine et en Inde, aux changements climatiques, à la hausse des coûts de transport, aux biocarburants, aux tensions géopolitiques ou aux subventions agricoles?  Beaucoup de questions ont été posées, sans oublier l’accroissement des investissements dans l’agriculture et autres produits de base.  « Voilà des questions importantes qu’il faut examiner avec sérieux », d’autant que c’est de la stabilité politique des pays en développement qu’il s’agit, a averti le Président.  Son intervention a été suivie par la projection d’une vidéo préparée par la délégation dominicaine expliquant le fonctionnement de la spéculation financière et ses effets sur la sécurité des ménages, entre autres.


Table ronde 1: « Investissements financiers sur les marchés des produits de base: motivations, mécanismes et impacts »


Reprenant la parole en sa capacité de modérateur de la table ronde 1, M. JOMO KWAME SUNDARAM, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au DAES, a constaté qu’une poussée vers la libéralisation financière avait eu de nombreuses conséquences.  On voit maintenant que la mondialisation financière a aggravé l’instabilité financière alors qu’elle a enrichi le secteur financier. 


Pour ce débat, M. Sundaram a voulu que l’on distingue niveau et volatilité des prix.  Le niveau peut être influencé par les changements de l’offre et de la demande alors que la volatilité a beaucoup à voir avec la « financiarisation » des marchés et son corollaire, la spéculation.  Mais il a reconnu que la réglementation du secteur financier était très difficile car nous avons affaire à une « cible mouvante » qui multipliera les tentatives pour contrer toute réglementation.


M. DANIEL TITELMAN, Directeur de la Division du financement du développement de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a commencé par des graphiques de l’index des prix entre 2004 et 2011 qui montrent une volatilité marquée des prix des produits de base après la crise de 2008.  Il y a vu des raisons à la fois structurelles et financières.


Du point de vue structurel, il a invoqué les forts taux de croissance dans les économies émergentes qui ont donné lieu à une forte hausse de la demande en matières premières.  Or cette pression de la demande a été exacerbée par des problèmes d’offre tels qu’une productivité agricole assez basse, la hausse des prix énergétiques ou les facteurs climatiques.


Mais, a-t-il poursuivi, la volatilité des produits de base peut aussi s’expliquer par la « financiarisation » des marchés des produits de base, à savoir la transformation de ces produits en produit financier.  La hausse des prix des produits de base a conduit à des pressions inflationnistes comme en a connues la région d’Amérique latine.


M. Titelman a prévenu qu’une réponse efficace exige une stratégie tant au niveau national qu’international.  Elle devrait viser la baisse du prix des produits à l’importation, la stabilisation des marchés agricoles nationaux ou encore la lutte contre la spéculation.  Au niveau régional, les pays devraient s’aider les uns les autres pour résister aux chocs financiers. 


M. WEI XIONG, Professeur d’économie à l’Université de Princeton, a expliqué que dans le passé, lorsque les marchés financiers devenaient volatiles, le prix des produits de base demeurait stable.  Cette tendance n’est plus d’actualité car il y a désormais une corrélation entre les prix de produits pourtant très peu liés entre eux. 


M. Xiong a observé une forte multiplication des positions à long terme avant la crise financière suivie par une forte contraction après septembre 2008.  Cette spéculation a entrainé une volatilité des prix des produits de base.  Il en a résulté une plus grande corrélation entre les cours des produits de base et des bourses.  Les effets de la « financiarisation » des marchés des produits de base changent et reflètent à la fois l’évolution des marchés financiers et celle de l’offre et de la demande. 


M. Xiong a appelé à la prudence quant à l’analyse du mouvement des prix.  Les consommateurs doivent couvrir leurs risques, si possible, et l’ONU doit les aider à se protéger de l’instabilité des prix. 


M. KEIICHI MIYATA, Délégué de la Banque du Japon, a présenté les conclusions du groupe d’études du G-20 dont le mandat est d’établir les faits sur l’évolution et le moteur de la fluctuation des prix des produits de base.  Le groupe s’est concentré à la fois sur les moteurs fondamentaux et financiers.  Il a exploré les conséquences de la fluctuation et des politiques mises en œuvre.  Le groupe préconise une implication des gouvernements pour appuyer un bon fonctionnement des marchés des produits de base.  Il a jugé aussi essentiel d’injecter plus de transparence dans la collecte des données.  Les États, dit-il encore, doivent dépasser leur perspective nationale pour traiter de la volatilité et adopter, au contraire, une perspective mondiale.


M. HEINER FLASSBECK, Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a indiqué que les places financières sont caractérisées aujourd’hui par des sommes considérables qui ne correspondent pas à la taille des marchés réels, ce qui provoque un déséquilibre très important.  Pourquoi des sommes aussi considérables?  Pour répondre, l’expert de la CNUCED a pris l’exemple du marché du pétrole.  Alors que le monde a été inondé de pétrole, le prix de l’or noir n’a cessé d’augmenter.  Il a attribué ce phénomène aux mouvements spéculatifs qui font monter artificiellement les prix en assurant des retours sur investissement importants. 


M. Flassbeck a aussi parlé d’une étude sur le réal brésilien et le yen japonais qui a mis en lumière le fait que les mouvements spéculatifs ont entraîné une appréciation du réal alors qu’il devait subir une dépréciation.  Parler de volatilité ne suffit pas.  Il faut comprendre comment fonctionne le marché des produits de base et à quel point il est dominé par les marchés financiers.


M. FREDERICK KAUFMAN, Professeur à CUNY’s Graduate School of Journalism, a relevé « l’ironie » du monde actuel: on veut des prix stables pour un produit, la nourriture, qui par nature n’est pas stable.  Le marché des produits de base a justement été créé pour assurer la stabilité des prix, a dit l’orateur, en invoquant l’histoire.  In 1991, a-t-il rappelé, la banque d’investissement Goldman Sachs a créé l’indice des prix des produits de base qui a conduit à des positions à long terme et au déversement de centaines de millions de dollars.  Mais, la nature même des marchés n’est pas de faire des investissements à long terme.  Par conséquent, le « choc de la demande » a eu un effort subversif, jetant des milliards de personnes dans la famine.


Nous devons nous rappeler que ce sont les hommes qui font les marchés, a-t-il souligné.  Il est temps de les remodeler par la régulation.  Il faut imposer une limite de temps dans les positions pour prévenir la spéculation car, il faut bien le dire, les banquiers sont très peu intéressés par les marchés, ils le sont par l’argent.  Il faut aussi plus de transparence pour éviter les « deals secrets » et les mouvements d’argent. « Notre époque est tombée amoureuse du virtuel, des produits dérivés, des indexes.  Mais quand la nourriture devient virtuelle, ce n’est plus de la nourriture », a prévenu l’orateur.


Le débat qui a suivi la présentation des panélistes a été l’occasion pour les délégations de faire écho aux préoccupations face aux effets délétères de la spéculation financière sur les marchés des produits de base et de multiplier les propositions pour contrer ce phénomène, « tragédie incommensurable » selon la représentante du Mexique.


Dans un premier temps, la représentante du Brésil a préconisé une plus grande transparence dans le marché des produits dérivés et a appelé les dirigeants du G-20 à mieux contrôler les marchés financier et agricole.  À son tour, le représentant de l’Union européenne, appuyé par le représentant de la Banque du Japon, a prôné une plus grande transparence et une réglementation plus stricte de ces marchés.


Avec la financiarisation des produits alimentaires, on ne peut considérer le marché de ces produits comme un marché distinct de celui des capitaux, a reconnu le représentant de l’Égypte.  Les gouvernements ne doivent plus être à la traîne dans l’analyse des marchés, a préconisé le représentant de la CNUCED.  Il faut se pencher en premier lieu sur les causes structurelles de ce phénomène, a estimé son homologue de l’Uruguay


Comment les PMA peuvent-ils se positionner, s’est interrogé pour sa part le représentant du Bangladesh.  Seules la baisse des tarifs douaniers et la suppression des subventions agricoles permettront un commerce plus juste, a répondu son homologue de l’Uruguay, avant d’appeler à la conclusion urgente du Cycle de Doha.


Son homologue de l’Égypte a vu dans le Système d’informations sur les marchés agricoles (AMIS) un bon point de départ pour limiter la spéculation financière.  Le représentant de l’Union européenne a acquiescé et salué, par ailleurs, le projet pilote de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur les réserves d’urgence.


Il faut en effet mettre l’accent sur la recherche, le transfert de technologie et les investissements dans le secteur agricole, a estimé son homologue du Mexique.


L’ONU doit aider le consommateur à se protéger, a insisté le professeur de l’Université de Princeton.  Son homologue de CUNY’s Graduate School of Journalism a proposé que les réserves céréalières réelles soient utilisées comme mesure pour stabiliser « le marché virtuel » des céréales.


Table ronde 2: « Les options politiques pour lutter contre la volatilité excessive des cours sur les marchés des produits alimentaires et les marchés financiers et marchés des produits de base connexes »


Avant de donner la parole aux conférenciers, l’Économiste et Professeur à l’Université Columbia de New York, M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, a posé plusieurs questions: Comment réguler les marchés des produits de base pour remédier aux problèmes évoqués ce matin?  Y a-t-il une « courroie de transmission » entre l’instabilité des marchés financiers et l’instabilité des marchés des produits de base?  Dans quelle mesure les marchés ont-ils une vue suffisamment à long terme des choses pour protéger les investisseurs à court terme?  Dans cette optique, a-t-il dit, cette seconde table ronde peut être axée sur deux points principaux: la régulation des marchés, d’une part, et l’utilisation des instruments de marché pour protéger les producteurs de l’instabilité des prix, d’autre part.


M. David Hallam, Directeur de la Division du commerce et des marchés de l ’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a détaillé le travail entrepris par la FAO dans les différents domaines évoqués, tant au cours de la matinée, que par le professeur Ocampo.  Il a expliqué que la FAO avait établi un indice des prix des produits alimentaires, qui est un instrument important, a-t-il dit, et qu’elle continuait à recueillir beaucoup d’informations sur les produits de base, tout en fournissant également une assistance aux décideurs politiques sur la façon de remédier à la volatilité des prix des produits alimentaires. 


Il a aussi souligné le rôle de la FAO dans la préparation des rapports du G-20, et a tenu à mettre l’accent sur l’initiative du G-20 en faveur du nouveau Système d’information sur les prix agricoles.  « En 2006, la FAO avait prédit ce qui arriverait en 2007-2008 mais elle n’a pas été entendue », a-t-il rappelé, émettant l’espoir que ce Système d’information serait un outil efficace pour alerter sur les vulnérabilités imminentes. 


Lancé en septembre de l’année dernière et créé sous l’égide du G-20, l’objectif du Système d’information est de surveiller les marchés des produits alimentaires et, quand cela le justifie, donner l’alerte afin d’éviter une volatilité excessive, a-t-il expliqué.  Ce Système est par ailleurs abrité par la FAO.


M. Hallam a encore rappelé qu’il n’y avait pas de facteur unique à l’origine de la volatilité des prix des produits alimentaires mais il a noté, à l’instar des intervenants de la matinée, l’apparition de nouveaux facteurs depuis 10 ans.  Il a notamment cité, à titre d’exemple, l’augmentation de la demande dans les économies émergentes, les biocarburants et l’intérêt accru des acteurs financiers dans les marchés agricoles.  Il a aussi estimé que certains éléments de cette volatilité n’avaient pas été mentionnés ce matin, comme le niveau des stocks dont ceux de certaines céréales qu’il a estimés « alarmants »; les choix politiques peu avisés en matière de restrictions à l’exportation, par exemple; et la spéculation et la « financiarisation » des marchés agricoles. Il a reconnu qu’il était difficile de tirer de cette situation des politiques adéquates.  Il a conclu en expliquant que la FAO avait mené des analyses poussées de toutes les options politiques possibles.  Celles-ci ont montré que, dans nombre de cas, les mesures prises par les décideurs ont eu très peu d’effets ou ont été, parfois, contraires aux buts recherchés.


Il a cité, à titre d’exemple, la mise en place de politiques commerciales tant dans le domaine des exportations que des importations qui ont eu, a-t-il dit, un effet limité.  D’autres options, a-t-il ajouté, comme l’établissement de filets de protection ou les subventions agricoles, sont très controversées.  En définitive, une seule constante est acceptée de manière unanime, a-t-il poursuivi, c’est qu’il faut davantage de transparence dans le domaine des prix et des produits alimentaires. 


M. JEFFREY SACHS, Professeur à l’Université de Columbia, a relevé une situation caractérisée par une crise financière grave doublée d’une crise de l’offre alimentaire dans les pays à faible et moyen revenus.  Cela ne doit pas occulter d’autres questions fondamentales comme l’offre agricole, d’autant que les céréales sont utilisées maintenant pour produire des biocarburants.  D’autres crises majeures suivront, a-t-il prévenu.


L’indice des prix de la FAO montre que l’on a franchi la ligne jaune.  Quand 50% des revenus sont consacrés à la nourriture, c’est la crise et cette crise ne résulte pas de l’intérêt des marchés financiers pour les produits alimentaires.  Cet intérêt, a-t-il martelé, n’est pas un facteur de la hausse des prix des produits alimentaires.  Regardons plutôt du côté des changements climatiques, a-t-il estimé.


L’augmentation du rendement des producteurs africains pourrait améliorer la sécurité alimentaire sur le continent.  Il leur faut donc un accès aux crédits, à des outils de production plus performants et à de meilleurs systèmes d’irrigation.


Au Sahel et dans la corne de l’Afrique, la situation résulte de la sécheresse et aussi d’une gouvernance défaillante qui influe sur la dynamique alimentaire.  La crise alimentaire en Afrique ne peut pas être résolue par les marchés financiers.  La solution se trouve en Afrique elle-même.


M. Sachs a rappelé que le G-8 avait promis des efforts pour les petits producteurs mais la promesse n’a pas été tenue.  C’est un problème.  Il faut se concentrer sur le financement des petits exploitants et faire face avec détermination aux changements climatiques. 


Il faut aussi investir dans la recherche, a ajouté le modérateur, M. José Antonio Ocampo.


M. Michael Greenberger, Professeur à la faculté de droit de l’Université du Maryland, a estimé que la situation des prix des produits alimentaires prenait une mauvaise tournure en s’axant à ce point sur la « financiarisation ».  Il a, à cet égard, mis l’accent sur la situation particulière des États-Unis où certains spéculateurs, notamment ceux de la banque d’affaires « Goldman Sachs » spéculaient sur les indices de prix des produits de base.  L’argent gagné par ces spéculateurs et leurs clients est ensuite investi ailleurs et pas réaffecté à des agriculteurs qui ont pourtant besoin de protection et d’une police d’assurance pour faire face à des rendements fluctuants. 


Il a ensuite rappelé que le Président américain Franklin D. Roosevelt avait mis des limites à la participation des spéculateurs dans ces marchés spécifiques.  « La spéculation excessive doit cesser », a-t-il dit, puisque l’on sait qu’un « bon fonctionnement » du marché veut dire 70% d’activités commerciales et 30% de spéculations.  « Or, aujourd’hui, nous vivons exactement la situation inverse », a-t-il alerté. 


À titre de comparaison, il a cité la spéculation sur le marché du brut, dont le cours est passé à 110 dollars alors après une baisse à 75 dollars en 2009.  Le problème n’était pas l’offre ou la demande mais bien la spéculation.  Il a fait siennes plusieurs recommandations émises, quelques minutes auparavant, par le professeur Jeffrey Sachs, mais, a-t-il ajouté, « il est clair que le fait que des propriétaires de casinos, par exemple, soient de plus en plus présents sur les marchés à terme a un impact sur les produits de base ». 


Dans ce contexte, il a estimé qu’il fallait arrêter la « pratique des paris » que l’on peut prendre sur les prix des produits de base.  Il a réitéré sa crainte de voir la présence toujours accrue des opérateurs des marchés financiers sur les marchés des produits de base.


M. PETER KERSTENS, Commission européenne, a dénoncé le manque de données cohérentes et de transparence sur les marchés à terme et au comptant des produits de base.  Le consensus existe pourtant pour exiger de la transparence.  Il a parlé de la nouvelle réglementation proposée par la Commission européenne, consistant pour les investisseurs à indiquer leurs prix, la date d’émission des offres et le volume des transactions.  Le deuxième volet de la proposition est d’établir des transactions de gré à gré faites en toute transparence.  L’objectif est de faciliter la publication du prix juste et de faire jouer la concurrence. 


Le troisième volet de la proposition exige des déclarations par types d’opérateurs et par semaine, avec la ventilation complète des positions de chaque acteur.  Un autre élément est de renforcer la notion de délit d’initié qui s’appliquera aux actions et aux produits de base.  Cette proposition est sortie en octobre 2011 et entrera en vigueur dès lors qu’elle sera adoptée par les États membres de l’Union européenne.


M. Bruce Tozer, Expert indépendant et courtier spécialisé dans les matières premières, a fait remarquer, à l’aide d’un graphique illustrant l’évolution des prix, que l’instabilité des prix existe « avant même que les marchés financiers s’y intéressent ».  Les prix du café, du coton, du soja, par exemple, ont connu 35 à 50% d’instabilité, puis cette instabilité a baissé au cours des 12 derniers mois pour atteindre un pourcentage d’environ 20%, a-t-il dit.  Il a dit qu’il était complexe d’établir les raisons de ce phénomène.  Il a retenu que la crise russe, par exemple, avait déclenché des variations de prix, c’est-à-dire un facteur de demande qui pèse très fort, mais il a également constaté que « toute personne de bon sens dira que les fonds qui circulent sur les marchés des produits de base sont source d’instabilité ».  Le problème est complexe, a-t-il dit, en ajoutant que la complexité n’est pas uniquement fonction de la demande ou de la spéculation. 


M. Tozer a mis l’accent sur l’un des problèmes majeurs pour le consommateur ou le producteur de cette « financiarisation » qui est, selon lui, l’augmentation du coût du crédit.  Le coût économique de la volatilité est donc qu’il fragilise l’économie réelle.  On a vu, par exemple, a-t-il dit, des sociétés de courtage pourtant solides connaître des difficultés à cause d’un accès limité aux crédits nécessaires pour couvrir les risques.  « Lorsqu’on cherche à limiter la spéculation, il faut veiller à ne pas créer de problèmes de liquidités », a-t-il prévenu.


M. LEONEL FERNANDEZ, Président de la République dominicaine, a conclu la série d’exposés de cette deuxième table rondeen parlant du rôle de la communauté internationale et des Nations Unies.


Il a constaté la difficulté et la complexité qu’il y a à trouver un consensus sur le sujet.  Deux écoles de pensées émergent des exposés, a regretté le Président.  Notamment celle du professeur Jeffrey Sachs qui dédouane les marchés financiers et des autres qui minimisent les changements climatiques et l’introduction du biocarburant au détriment de la culture vivrière. 


M. Fernandez a estimé que ce sont bien les mouvements spéculatifs qui perturbent le fonctionnement normal des marchés traditionnels.  Le volume des investissements a augmenté non seulement pour les produits de base mais aussi pour les produits pétroliers.


Il faut voir la situation sur le long terme, a-t-il expliqué.  Les niveaux trop faibles des prix pendant les années 60-70 et 80 n’ont pas favorisé les producteurs mais pendant 30 ans, les prix sont restés stables. 


À la crise financière de 2008 se sont ajoutées d’autres crises comme les crises alimentaire et pétrolière.  Quelque chose d’inhabituel est survenu en quelques mois en 2008. 


Il a aussi attiré l’attention sur la création de tensions géopolitiques dont profitent les spéculateurs, en prenant l’exemple de l’Iran.  La rhétorique des menaces ont fait bondir le prix du pétrole sans que les menaces n’aient été exécutées, a observé le Président.  Cette anticipation du marché n’a rien à voir avec la loi de l’offre et de la demande et pourtant, il s’agit toujours de transactions financières.  C’est la base du problème, a-t-il tranché.


La réunion des ministres de l’agriculture en 2011 a évoqué le rôle de la communauté internationale sur la volatilité du prix des produits de base.  Le but est, a-t-il souligné, d’assurer la sécurité alimentaire à long terme.  Pour y parvenir, la réunion a recommandé des investissements dans la productivité et la gestion de la volatilité.  À court terme, a ajouté le Président, il faudra bien assurer la transparence des marchés en créant des mécanismes d’informations.


Il faut aussi penser à des mécanismes de régulation pour mesurer l’impact des marchés sur les populations vulnérables.  « Nous sommes confrontés à des problèmes aux multiples causes.  Il ne faut pas que les arguments s’excluent.  Ils doivent être complémentaires et leur conjugaison devrait permettre à la communauté internationale de déterminer le rôle qu’elle doit assumer », a terminé M. Fernandez. 


Axé sur les options politiques qui permettraient de lutter contre la volatilité excessive des prix alimentaires, ce second débat interactif a vu plus d’une quinzaine d’intervenants mettre l’accent sur la transparence des marchés, la nécessité de coordonner les efforts ou sur l’assistance à fournir aux pays en développement.


Le représentant de l’Algérie, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a ainsi estimé que la communauté internationale devait faire face au défi de la volatilité excessive en élaborant des stratégies collectives agréées sur la base du multilatéralisme et en renforçant les capacités des pays en développement.  Il a aussi estimé que les modes de production et de consommation ou les gaspillages dans les pays développés méritaient une plus grande attention. 


Il a interrogé le représentant de la FAO sur la tendance qui voit des investisseurs acquérir massivement des terres agricoles dans les pays en développement, à des fins de spéculation.


La représentante de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a rappelé que les 43 États membres de l’Alliance étaient limités en terre, en ressources agricoles ou en eau et, dès lors, très dépendants des importations.  Elle a exhorté l’ONU à jouer un rôle central dans la coordination des efforts de lutte contre la volatilité des prix des produits alimentaires et a demandé à ce que les États les plus vulnérables soient dûment entendus dans ce processus.


Son homologue du Pakistan a également mis l’accent sur la participation des pays en développement.  Faisant remarquer le manque d’informations sur les marchés des produits alimentaires, il a insisté sur l’aboutissement du Cycle de Doha et sur l’amélioration de l’accès aux marchés des produits agricoles en provenance des pays en développement. 


À son tour, le représentant du Maroc a souligné la nécessité d’une meilleure coordination entre les initiatives et de parvenir à un consensus, au niveau international, sur les actions à entreprendre.  Il a, à l’instar d’autres délégations, mis l’accent sur la transparence des marchés afin d’éviter, a-t-il dit, des abus et des dysfonctionnements.  Il a encore invité la communauté internationale à aider les pays en développement à investir dans leurs capacités agricoles. 


La délégation de l’Argentine a ensuite expliqué que, en tant qu’important producteur alimentaire, le pays tente, par le biais de partenariats publics et privés, de renforcer la sécurité alimentaire.  L’Argentine a ainsi augmenté de 40% sa production, passant à 70 millions de tonnes sa production de céréales, et malgré une vulnérabilité aux phénomènes climatiques, il compte bien poursuivre sur cette lancée.


Le représentant du Burkina Faso a regretté qu’il faille encore convaincre la communauté internationale de la dimension sociale de l’alimentation.  Rappelant que plusieurs pays de la région du Sahel, dont le sien, le Niger ou le Mali, sont confrontés à la faim et à la malnutrition, il a voulu que la fixation des prix des denrées alimentaires tienne compte de cette dimension sociale.  « La question de la sécurité alimentaire est une question plus sociale que commerciale », a-t-il dit.


S’agissant de la présence des spéculateurs sur les marchés des produits agricoles, le représentant de l’Allemagne a estimé qu’une autorité de supervision au niveau mondial devrait avoir la capacité de limiter la spéculation et les abus.  Il a aussi plaidé pour davantage de transparence sur les marchés, ainsi que pour le renforcement des échanges de produits agricoles au niveau régional.


À l’issue de ce débat thématique, le Président de la République dominicaine a noté que les intervenants avaient entendu des points de vue divergents mais qu’il existait cependant de nombreux points d’accord, comme la nécessité d’accroître la production agricole, de consacrer d’avantage d’investissements à la recherche et aux innovations agricoles ou de prêter plus d’attention aux changements climatiques. 


Il a estimé que, pour l’Assemblée générale, la prochaine étape sur ce sujet serait la création d’un groupe permanent d’étude sur ce thème spécifique qui serait en contact avec la FAO et toutes les organisations qui s’occupent directement ou indirectement de ce sujet.   Il a aussi souligné qu’il existait différentes institutions et groupes sur cette question, notamment le Groupe de haut niveau sur la sécurité alimentaire qui inclut 22 organismes des Nations Unies.  Il s’est aussi félicité de qu’il existe déjà, en Europe et aux États-Unis, des initiatives pour contrôler les abus des marchés mais il a dit craindre que ces abus se déplacent du coup vers d’autres régions du monde.  Il a plaidé pour des efforts coordonnés en la matière.


Le Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale a résumé les grands axes des différentes interventions et a d’abord rappelé que le nombre de personnes mal nourries avait atteint le milliard, et ce, pour la première fois dans l’histoire.  Il a souligné qu’en Afrique, la volatilité des prix des produits alimentaires rendait impossible la réalisation du premier OMD visant à réduire de moitié la faim et la pauvreté d’ici à 2015. 


Il a aussi rappelé que la crise alimentaire avait débouché sur des troubles sociaux dans près de 30 pays depuis 2008.  Il a émis l’espoir que les faits présentés aujourd’hui aideraient à mieux maîtriser et comprendre les défis et a affirmé que toutes les observations faites seraient prises en compte.  Il a ensuite annoncé qu’au mois de mai, il organiserait une réunion de haut niveau sur l’état de l’économie mondiale et il a estimé que le débat d’aujourd’hui contribuerait à sa préparation.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Chef de la MANUI affirme que l’Iraq a entamé un nouveau chapitre de son histoire après le retrait complet des forces américaines

CS/10604

Le Chef de la MANUI affirme que l’Iraq a entamé un nouveau chapitre de son histoire après le retrait complet des forces américaines

10/04/2012
Conseil de sécuritéCS/10604
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6747e séance – matin


LE CHEF DE LA MANUI AFFIRME QUE L’IRAQ A ENTAMÉ UN NOUVEAU CHAPITRE

DE SON HISTOIRE APRÈS LE RETRAIT COMPLET DES FORCES AMÉRICAINES


Le représentant iraquien se félicite du retour de son pays sur la scène internationale


Le Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), M. Martin Kobler, s’est félicité, ce matin devant le Conseil de sécurité, du retour de ce pays vers une situation normalisée, à l’intérieur comme à l’extérieur, même si des difficultés subsistent, en particulier dans les domaines de la sécurité, des droits de l’homme et du développement.


De son côté, le représentant de l’Iraq, M. Hamid Al Bayati, a fait valoir les efforts de son gouvernement en vue de parvenir à un consensus national sur les questions politiques en suspens et à une meilleure situation économique pour les Iraquiens, se réjouissant du retour du pays sur la scène internationale, notamment avec la tenue, à Bagdad, le 29 mars, du Sommet de la Ligue des États arabes.


« Après la fin du retrait des forces des États-Unis en Iraq, le 31 décembre 2011, le Gouvernement démocratiquement élu a eu l’occasion de tourner une page de l’histoire de l’Iraq et d’asseoir la souveraineté du pays », a dit M. Kobler, qui présentait le rapport du Secrétaire général.


Le Représentant spécial du Secrétaire général a cependant averti que les questions politiques internes et les retombées possibles des crises régionales, notamment celle qui sévit en Syrie, continuaient de poser des obstacles au rétablissement de l’Iraq. 


Le retard dans la convocation de la conférence nationale proposée par le Président Jalal Talabani souligne la nécessité urgente pour les dirigeants iraquiens de résoudre les problèmes en suspens par le biais du dialogue, a-t-il expliqué, tout en assurant de la détermination de la MANUI à aider le Gouvernement dans cette entreprise.


M. Kobler s’est par ailleurs félicité de l’amélioration significative des relations entre l’Iraq et le Koweït, comme en témoigne la présence de l’Émir du Koweït au dernier Sommet de la Ligue des États arabes.  Il a apprécié notamment que l’Iraq ait pris des mesures pour remplir ses obligations au titre du Chapitre VII de la Charte de l’ONU. 


L’Iraq et le Koweït ont convenu de reprendre les pourparlers de haut niveau et de tenir ce mois-ci leur deuxième réunion de haut niveau du Comité de coopération.


M. Kobler a rappelé que le Secrétaire général s’était rendu dans ces deux pays en mars, occasion pour lui d’exhorter les autorités à continuer de remplir leurs obligations résultant des résolutions pertinentes de l’ONU.


Sur le plan régional, la violence en Syrie risque d’avoir des incidences négatives sur l’Iraq, s’est ensuite inquiété le Représentant spécial, avant de préciser que l’Équipe de pays des Nations Unies sur le terrain se préparait à y faire face.


Sur le plan interne, il a indiqué avoir consulté les différents partis politiques iraquiens.  Il s’est ainsi rendu dans la région du Kurdistan, incitant les représentants à travailler ensemble dans un esprit de partenariat.


En ce qui concerne les relations entre les communautés arabe et kurde, M. Kobler a estimé que le mécanisme consultatif permanent établi par la MANUI était un instrument utile pour traiter efficacement les questions de frontières non résolues.  Il a cependant regretté qu’il n’ait pu encore tenir de réunion en raison des crises politiques. 


Il a assuré qu’il avait traité en priorité la question de Kirkuk, en se déplaçant régulièrement sur le terrain afin de promouvoir le dialogue politique, et mettant l’accent sur l’importance de tenir des élections provinciales sans tarder.  L’ONU est appelée à jouer un rôle de facilitateur sur ces questions, a-t-il souligné.


Sur les questions électorales, le Chef de la MANUI a rappelé le rôle de soutien important joué par la Mission, notamment pour conseiller et observer le processus de sélection du Conseil des commissaires de la Haute Commission électorale indépendante.  Il a cependant prévenu que le vote et la sélection des neuf nouveaux commissaires, qui doivent intervenir d’ici à la fin du mois, n’auraient probablement pas lieu.  Il faudra donc étendre le mandat du Conseil des commissaires actuel, a-t-il suggéré.


Le Représentant spécial a poursuivi son exposé sur le terrain des droits de l’homme, s’attardant particulièrement sur quatre points: les civils victimes d’attaques terroristes, la violence fondée sur le sexe et la situation des femmes, la situation des minorités, ainsi que les personnes déplacées. 


M. Kobler a dénoncé les attaques terroristes qui visent des civils pratiquant leur religion.  Au cours du premier trimestre de 2012, 613 civils ont été tués et 1 835 ont été blessés, a-t-il indiqué.  Il faut mettre un terme à cette violence, a-t-il exigé.  Il a aussi dénoncé les traditions culturelles et les pratiques sociales qui constituent des prétextes à la violence contre les femmes.  De même, il a jugé inacceptable la violence perpétrée contre les minorités que la MANUI s’attache à protéger.


Malgré le retour d’un million de déplacés iraquiens depuis 2003, M. Kobler a relevé le nombre important de personnes qui ne sont pas encore rentrées chez elles.  Il y aurait ainsi plus de 1,3 million de déplacés au cours de la période après-2006, a-t-il dit, dont 300 000 se trouvent à Bagdad.  Il a assuré que l’ONU leur apportait les soins nécessaires.


Le Chef de la MANUI a également annoncé que, le 9 avril, le Conseil des représentants avait élu les commissaires devant composer la Haute Commission indépendante des droits de l’homme nouvellement créée.  Il a aussi indiqué que le Gouvernement avait nommé un comité pour surveiller l’application du Plan d’action national relatif aux droits de l’homme, adopté en décembre 2011.


Le Représentant spécial a ensuite énoncé les priorités de l’Équipe de pays de l’ONU pour l’année 2012, qui sont la jeunesse, la gestion des ressources en eau et l’environnement.


Rappelant les incidents tragiques survenus au camp Ashraf, il y a tout juste un an, qui avaient entraîné la mort de dizaines de résidents et des centaines de blessés, M. Kobler a fait état du mémorandum d’accord signé le 25 décembre 2011 entre la MANUI et le Gouvernement iraquien.  Depuis la mi-février, près de 1 200 résidents du camp Nouvel Iraq (ancien camp Ashraf) ont été relogés dans le camp Hurriya, à Bagdad, a-t-il ajouté, précisant que l’ONU et le Haut Commissariat des Nations Unies aux réfugiés contrôlaient la situation dans les camps.


M. Kobler a cependant signalé un incident produit il y a deux jours dans le camp Nouvel Iraq, tout en assurant que les choses étaient maintenant rentrées dans l’ordre.  Il a précisé que 400 résidents de ce camp allaient être immédiatement relogés dans le camp Hurriya.


Le Représentant spécial a félicité les autorités iraquiennes, en particulier le Premier Ministre Al Maliki, et les forces de l’ordre iraquiennes, pour leur patience et leur coopération dans le processus de relogement des trois premiers groupes de résidents.  De même, les résidents ont finalement fait preuve de bonne volonté dans ce processus, a-t-il dit, soulignant leur difficulté à quitter leur lieu de vie depuis plus de 20 ans.


Enfin, il a réitéré son appel aux États Membres pour qu’ils accueillent les résidents de ces camps sur leurs territoires et financent ce processus de relogement.  Sans un soutien international, ce processus ne sera pas couronné de succès, a-t-il averti.


À son tour, le délégué de l’Iraq a souligné que la tenue à Bagdad de la vingt-troisième session du sommet de la Ligue des États arabes avait marqué le retour de l’Iraq dans un rôle régional positif et sa réintégration dans le monde arabe après de longues années d’isolation imposées suite à l’invasion du Koweït en 1990.  Il s’est réjoui de la participation de certains États arabes qui avaient refusé de restaurer leurs relations diplomatiques avec l’Iraq tant que des troupes américaines étaient présentes dans ce pays. 


Sous la présidence du Président Jalal Talabani, les blocs politiques iraquiens se sont entendus, le 6 février 2012, autour de quatre principes directeurs clefs pour achever un consensus national et répondre aux aspirations de tous les Iraquiens.  Ces quatre principes sont l’unité contre le terrorisme et les groupes armés; l’accord selon lequel la Constitution est la base de tous les règlements des différends; toutes les composantes du peuple iraquien doivent être pleinement représentées dans le processus politique; la justice iraquienne est une autorité indépendante qui doit être épargnée de toute interférence politique.


Illustrant les efforts du Gouvernement pour garantir plus de pouvoir aux conseils provinciaux, M. Al Bayati a fait état d’une session du Conseil des ministres tenue dans la province de Bassorah, et ce, pour la première fois dans l’histoire du pays.  Il a rappelé que la Conférence sur la décentralisation, qui s’est tenue le 27 février 2012, avait été l’occasion de s’entendre sur la nécessité d’accorder plus de pouvoir aux provinces, notamment dans le domaine de la reconstruction. 


En matière économique et sociale, il a précisé que le Conseil des représentants avait, le 8 mars dernier, adopté le budget fédéral pour 2012, lequel se montait à 100 milliards de dollars, soit une augmentation de 20% par rapport à 2011.  Il s’est particulièrement réjoui de l’évolution très positive des principaux indicateurs économiques, en citant une chute du taux de chômage de 51 à 15% depuis 2003 alors que, dans le même temps, le taux de pauvreté est tombé de 54% à 23% et l’inflation de 65 à 6%. 


Le représentant a indiqué que 500 millions de dollars avaient été accordés à des projets agricoles, avant de souligner la nécessité d’une meilleure coordination entre le Ministère du pétrole et celui de l’électricité, afin de développer des centrales de production d’électricité.  Il a annoncé l’inauguration du port flottant de Bassorah qui est désormais un des cinq ports de ce type avec une capacité d’exportation de 850 000 barils de pétrole par jour.  Il a ajouté que la production totale de pétrole iraquien devrait encore augmenter en 2012, après être passée de 2 358 millions de barils en 2010 à 2 653 millions de barils en 2011.


S’agissant de la question des droits de l’homme, il s’est réjoui de la création de la Commission indépendante iraquienne des droits de l’homme, le 9 avril 2012, qu’il a qualifiée de nouvelle étape dans la construction d’une société démocratique.  Dans le souci de déterminer ce qui est advenu aux personnes disparues victimes du régime de Saddam Hussein, le Ministère des droits de l’homme a signé, le 12 mars 2012, un mémorandum d’accord avec la Commission internationale des personnes disparues, notamment dans le souci de permettre les tests ADN nécessaires à l’identification de restes. 


Il a précisé que l’Iraq avait ratifié le 5 mars 2012 la Convention internationale relatives aux droits des personnes handicapées et retiré sa réserve à l’article 9 de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, permettant ainsi à un enfant de mère iraquienne d’obtenir la citoyenneté iraquienne au même titre que les enfants de père iraquien. 


Aux niveaux international et régional, il a affirmé que l’Arabie saoudite et Oman venaient de nommer des ambassadeurs non résidents auprès de l’Iraq, confortant ainsi l’intention du Gouvernement iraquien de renforcer ses relations avec le monde arabe.  Il a ajouté que les Ministres des affaires étrangères de l’Iraq et de l’Égypte avaient signé, le 11 mars 2012, un accord pour verser un salaire aux Égyptiens qui travaillaient en Iraq et qui n’avaient pas été payés par le précédent régime.  Il a également fait état de la création, le 16 février, de la Direction nationale iraquienne d’évaluation visant à prévenir la prolifération d’armes de destruction massive, conformément à la résolution 1957 (2010) du Conseil de sécurité. 


Il a exhorté ceux qui luttent pour la justice et la liberté à ne pas se faire confisquer le printemps arabe par les terroristes, en déclarant que la poursuite des attentats à la bombe après le départ des forces étrangères démontrait que la lutte contre l’occupation n’était qu’un prétexte utilisé par ces terroristes pour faire couler le sang des Iraquiens.


Par ailleurs, il s’est opposé à toute option militaire face aux revendications du peuple syrien en matière de liberté, de démocratie et pluralisme politique, en estimant que nous avions tous une responsabilité historique et morale de contenir la violence et de privilégier le dialogue.  Enfin, il a indiqué que la visite du Premier Ministre Al Maliki au Koweït le 14 février, avait permis le règlement final de nombreuses questions en suspens, dont la plainte du Gouvernement koweïtien contre Air Iraq.



LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ


Deuxième rapport du Secrétaire général présenté en application de la résolution 2001 (2011) (S/2012/185)


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, constate, dans ce rapport, où il rend compte des progrès accomplis depuis quatre mois par la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) dans l’exécution de l’ensemble de ses tâches, qu’« après le retrait des forces des États-Unis, l’Iraq a entamé un nouveau chapitre de son histoire ».  Après la tenue de deux élections nationales et d’élections provinciales, ainsi que l’adoption d’une constitution, le peuple iraquien devrait être fier de ce qu’il a pu réaliser pour asseoir une jeune démocratie dans le monde arabe, estime-t-il.


Le Secrétaire général fait cependant état de questions politiques non encore résolues et avertit qu’elles pourraient raviver les tensions politiques et avoir des effets négatifs sur les conditions de sécurité dans le pays.  Il engage par conséquent les dirigeants politiques iraquiens à œuvrer dans un esprit d’unité nationale en vue d’assurer un avenir de paix et de prospérité.


La conférence nationale proposée par le Président Jalal Talabani pourrait offrir une importante occasion de mettre fin à l’impasse actuelle et d’ouvrir le dialogue en vue de régler les divergences politiques.  M. Ban demande instamment à toutes les parties concernées de redoubler d’efforts pour que cette conférence soit un succès.  La MANUI est disposée à apporter tout l’appui nécessaire.


Selon l’avis du Secrétaire général, la stabilité future de l’Iraq reste tributaire des progrès réalisés sur les questions liées aux frontières internes contestées, qui sont toujours dans une impasse politique.  Il déplore le fait que le mécanisme consultatif permanent n’ait pu se réunir pour le moment et engage les dirigeants iraquiens à réaffirmer leur engagement à résoudre les problèmes entre les communautés arabe et kurde.


M. Ban se félicite des progrès accomplis en vue de la nomination d’un nouveau Conseil des commissaires de la Haute Commission électorale indépendante, pour mener à terme le processus de sélection d’ici à avril 2012.  À cet égard, il salue les mesures prises par le Comité d’experts du Conseil des représentants pour arrêter une série de critères d’évaluation des candidatures et pour promouvoir la transparence.


Le Secrétaire général réaffirme l’engagement de l’ONU à appuyer une transition sans heurts et à apporter une assistance en matière de renforcement des capacités à la Commission alors que celle-ci entame un calendrier électoral chargé.  Il trouve encourageant que l’Iraq et le Koweït restent déterminés à normaliser leurs relations et à résoudre tous les problèmes non réglés.  À cet égard, il se félicite de la récente visite que le Premier Ministre Al-Maliki a effectuée au Koweït.


La deuxième réunion du Comité ministériel conjoint, prévue en avril 2012, est une importante occasion de se pencher sur toutes les questions non réglées et de prendre les dispositions voulues pour appliquer les accords conclus, selon lui. 


Malgré l’amélioration générale de la situation en matière de sécurité ces dernières années, il demeure préoccupé par le nombre élevé des attaques contre des civils presque quotidiennes.  Il est également préoccupé par le fait que la peine de mort continue d’être de plus en plus appliquée dans le pays et demande encore une fois aux autorités iraquiennes d’instituer un moratoire sur le recours à la peine de mort, conformément à la résolution 62/149 de l’Assemblée générale. 


Le Secrétaire général se félicite des efforts faits récemment pour renforcer le cadre législatif et institutionnel des droits de l’homme en Iraq, notamment l’adoption par le Conseil des représentants d’une loi portant ratification de la Convention relative aux droits des personnes handicapées et l’adoption du Plan d’action national relatif aux droits de l’homme.  Il demande au Gouvernement iraquien de prendre les mesures qui s’imposent pour protéger les libertés et les droits fondamentaux de tous les Iraquiens, notamment en créant enfin la Haute Commission indépendante des droits de l’homme.


Il trouve encourageant que les transferts ordonnés et pacifiques des résidents du camp Nouvel Iraq au camp Hurriya aient commencé, mais se dit toujours préoccupé par la possibilité d’une escalade et de la violence.  Le Gouvernement iraquien a la responsabilité première d’assurer la sécurité des résidents, lesquels doivent pour leur part respecter pleinement les lois.


Le Secrétaire général se félicite que le long processus visant à déterminer lesquels des résidents du camp Hurriya peuvent prétendre au statut de réfugié ait commencé.  Il exhorte les États Membres à offrir rapidement des possibilités de réinstallation aux résidents remplissant les conditions requises.  Le relogement, la détermination du statut de réfugié et la réinstallation doivent avoir lieu simultanément afin de trouver une solution durable à ce problème humanitaire.  L’ONU continuera d’apporter tout l’appui nécessaire à ce processus.


En ce qui concerne les problèmes de développement urgents en Iraq, le Secrétaire général se félicite de la détermination du Gouvernement à jouer un rôle de premier plan.  Il apprécie que les autorités aient approuvé un montant de 85 millions de dollars dans le budget de 2012 pour cofinancer des projets en partenariat avec la communauté internationale, au titre du Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement en Iraq.  Il demande aux États Membres de continuer à verser des contributions au Fonds en vue de la mise en œuvre de programmes de développement.


M. Ban invite le Gouvernement à poursuivre sa collaboration avec l’ONU en vue de trouver une solution durable au problème des personnes déplacées, encore très nombreuses, au moyen de l’aménagement urbain et de la distribution de terres.  Il s’inquiète de ce qu’une détérioration plus poussée de la situation en Syrie pourrait avoir des répercussions sur l’Iraq et entraîner un afflux de réfugiés ou toucher gravement le million de réfugiés iraquiens qui résident dans ce pays.


L’ONU s’étant pleinement engagée à apporter son appui au Gouvernement et au peuple iraquiens, l’absence prolongée d’un accord sur le statut de la Mission compromet l’aptitude de la Mission et de l’Organisation à mener leurs activités prescrites.  Il croit comprendre que le Gouvernement est sur le point d’achever son examen interne du projet d’accord.  Il exhorte le Gouvernement et les autorités iraquiennes compétentes à prendre les mesures voulues pour faire en sorte que l’accord entre en vigueur sans délai.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les États Membres sont divisés au sujet de la gestion du Secrétariat de l’Organisation

AG/11222

Assemblée générale: les États Membres sont divisés au sujet de la gestion du Secrétariat de l’Organisation

09/04/2012
Communiqué de presseAG/11222
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                         

Soixante-sixième session                                   

104e séance plénière - après-midi


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: LES ÉTATS MEMBRES SONT DIVISÉS AU SUJET DE LA GESTION DU SECRÉTARIAT DE L’ORGANISATION


Elle demande au Secrétaire général de tout mettre en œuvre pour limiter

l’augmentation attendue de 23% du budget total de la réhabilitation du Siège de l’ONU


Sur recommandation de la Cinquième Commission, qui avait repris ses travaux du 5 mars au 2 avril 2012, l’Assemblée générale a adopté, à l’issue d’un vote, par 98 voix pour, 48 contre et 4 abstentions, une résolution sur la responsabilisation et les initiatives de gestion du changement1.  Les représentants de l’Algérie, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, du Danemark, au nom de l’Union européenne, de la Nouvelle-Zélande, au nom du Groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande) et des États-Unis ont exprimé leur position sur la gestion de l’Organisation.


Le représentant du Groupe des 77 et de la Chine a déclaré que le renforcement de la responsabilisation à l’ONU ne pouvait être mis en œuvre que dans un environnement où l’égalité de souveraineté est respectée quels que soient le niveau de développement ou la taille des États.


Outre une décision2, reportant à la prochaine session l’examen de neuf rapports et d’une lettre du Secrétaire général, l’Assemblée générale a également adopté sans vote, cet après-midi, deux résolutions sur des sujets spéciaux relatifs au budget biennal 2012-20133 et les activités du Corps commun d’inspection (CCI)4.  En adoptant le texte sur les sujets spéciaux relatifs au budget biennal 2012-2013, elle s’est opposée à l’assouplissement du pouvoir discrétionnaire limité en matière de dépenses, s’est engagée à examiner les moyens de faire face auxdépenses imprévues découlant des décisions du Conseil des droits de l’homme, et a demandé au Secrétaire général de tout mettre en œuvre pour limiter l’augmentation attendue de 23% du budget total de la réhabilitation du Siège de l’ONU.


En début de séance, l’Assemblée générale a observé une minute de silence à la mémoire du Roi George Tupou V de Tonga, décédé le mois dernier.  Les représentants des groupes régionaux de pays et la délégation des États-Unis, en sa qualité de pays hôte, lui ont ensuite rendu hommage, en soulignant son « leadership visionnaire », qui a permis à son pays d’instaurer la démocratie et de devenir un État moderne.  Le représentant de Tonga a expliqué comment le Roi George Tupou V avait œuvré pour améliorer la structure de gouvernance du pays.


1A/C.5/66/L.30 contenu dans le document A/66/637/add.1

 2A/C.5/66/L.32 contenu dans le document A/66/637/add.1

  3A/C.5/66/L.31 contenu dans le document A/66/637/add.1

   4A/C.5/66/L.29 contenu dans le document A/66/761.


EXAMEN DE L’EFFICACITÉ DU FONCTIONNEMENT ADMINISTRATIF ET FINANCIER DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (A/66/638/ADD.1)


Adoption et présentation des projets de résolution


Progrès accomplis dans l’élaboration d’un système d’application du principe de responsabilité pour le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies (A/C.5/66/L.30


Ce projet de résolution adopté par 98 voix contre 48 et 4 abstentions (Mexique, Panama, Serbie et Ukraine) comporte deux sections.  La première est consacrée aux progrès accomplis dans l’élaboration d’un système d’application du principe de responsabilité pour le Secrétariat de l’ONU.  La seconde aborde les initiatives de gestion du changement.


En adoptant ce texte, l'Assemblée générale prie le Secrétaire général d’élaborer à titre prioritaire, un plan bien défini indiquant les objectifs à atteindre, les responsabilités à cet égard et les délais dans lesquels devront être appliquées les mesures précises qu’il aura adoptées pour renforcer l’application du principe de responsabilité, conformément au présent texte et à sa résolution 64/259.


S’agissant de la définition du principe de responsabilité, des rôles et attributions, l’Assemblée générale prie le Secrétaire général de continuer de s’inspirer, dans l’élaboration du dispositif d’application du principe de responsabilité au Secrétariat, des enseignements tirés de l’expérience des fonds, programmes et autres entités de l’ONU, de leurs données d’expérience et de leurs compétences spécialisées.


En ce qui concerne la responsabilité individuelle et la responsabilité institutionnelle, l’Assemblée engage le Secrétaire général à continuer d’améliorer la structure et les méthodes d’évaluation du système des contrats de mission, en établissant des liens entre les plans de travail individuels, les fascicules budgétaires et les contrats de mission des hauts fonctionnaires, et en intégrant le bilan final des résultats obtenus par les hauts fonctionnaires dans les contrats.


Par ce texte, le Secrétaire général est prié d’élaborer des mesures supplémentaires pour tenir les fonctionnaires responsables en cas de faute de gestion ou de décision illégitime ou abusive et d’intensifier l’action menée pour que l’ONU soit remboursée par ceux reconnus coupables de l’avoir fraudée.


Aux termes des initiatives de gestion du changement, l’Assemblée générale insiste sur le fait que les projets de modification de l’organigramme général des départements ainsi que le mode de présentation du budget-programme et du plan-programme biennal doivent être examinés par elle et recevoir son accord préalable.  L’Assemblée générale prend note de l’initiative de gestion de changement lancée par le Secrétaire général et des recommandations contenues dans le rapport que l’Équipe de gestion du changement lui a présenté.  Elle prie aussi le Secrétaire général de lui présenter pour examen et approbation préalable toutes propositions ou mesures relatives à la mise en œuvre des recommandations figurant dans ce rapport.



Proposition d’amendement


Avant l’adoption de ce texte dans son ensemble, le représentant des États-Unis a proposé un amendement visant à remplacer la partie II du projet de résolution par un texte de plusieurs paragraphes réaffirmant, notamment, le rôle du Secrétaire général en tant que chef de l’administration de l’ONU.


La représentante du Danemark a appuyé la proposition des États-Unis, en estimant que le texte proposé traduisait de manière plus  équilibrée les discussions qui se sont tenues en Cinquième commission et illustrait le souhait de nombreux États de parvenir à un  consensus. En plus, a-t-elle dit, ce texte nous donnerait la possibilité d’examiner le plan du Secrétaire général pour la gestion du changement. 


À l’issue d’un vote demandé par le représentant de l’Algérie, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, l’Assemblée générale a rejeté avec 97 voix pour, 48 contre et 4 abstentions (Mexique, Panama, Ukraine et Serbie) la proposition d’amendement de la partie II des États-Unis.


Projet de décision « Questions dont l’examen est reporté à une date ultérieure » (A/C.5/66/L.32)


En adoptant sans vote le projet de décision intitulé « Questions dont l’examen est reporté à une date ultérieure » (A/C.5/66/L.32), l’Assemblée générale décide de reporter à sa soixante-septième session l’examen de neuf rapports et d’une lettre du Secrétaire général.


PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR L’EXERCICE BIENNAL 2012-2013 (A/66/637/ADD.1)


Projet de résolution sur les sujets spéciaux relatifs au budget programme pour l’exercice biennal 2012-2013 (A/C.5/66/L.31)


En adoptant sans vote ce texte en trois parties, l’Assemblée générale fait siennes les recommandations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) relatives au « pouvoir discrétionnaire limité en matière de dépenses » (Partie I) du Secrétaire général en matière de dépenses ainsi qu’aux dépenses imprévues et extraordinaires résultant des résolutions et décisions du Conseil des droits de l’homme (Partie II). 


S’agissant du Plan-cadre d’équipement (partie III), par ce texte, l’Assemblée générale invite le Secrétaire général à faire rapport sur les causes sous-jacentes à ces augmentations attendues et de tout mettre en œuvre afin de les éviter.  Elle prie le Secrétaire général de faire rapport sur les causes qui sont à l’origine des augmentations prévues, lui demande instamment d’agir vigoureusement pour limiter les dépassements et le prie à nouveau de faire, en suivant des pratiques de gestion saines, tout son possible pour éviter les augmentations de budget et de s’employer de toute urgence à faire en sorte que le projet soit achevé sans sortir des limites de l’enveloppe budgétaire approuvée dans sa résolution 61/251.


L’Assemblée générale se déclare profondément préoccupée par le flou qui entoure les projets de rénovation des bâtiments de la Bibliothèque Dag Hammarskjöld et de l’annexe sud, et prie le Secrétaire général de lui présenter, dans le dixième rapport annuel, des renseignements sur la progression des travaux de rénovation desdits bâtiments, effectués dans les limites des spécifications générales du Plan-cadre d’équipement.


En outre, l’Assemblée générale demande instamment au Secrétaire général d’intensifier l’action menée pour gérer les coûts relatifs à l’abandon rapide des locaux transitoires, l’objectif étant d’optimiser autant que possible les baux renégociés, et de lui rendre compte de la question dans le dixième rapport annuel, en fournissant notamment des indications détaillées sur la durée des baux et le paiement des loyers. 


Enfin, elle demandeà nouveauau Secrétaire généralde continuer à la tenir au courant, non seulement en lui présentant tous les ans un rapport faisant le point du projet mais aussi en tenant régulièrement des réunions informelles sur tous les aspects de la réalisation du plan-cadre, y compris son état d’avancement, la situation financière, les activités de quelque importance menées depuis le rapport précédent, des informations sur l’analyse des risques, avec description des risques constatés, la définition des mesures à prendre pour les atténuer et une information sur la situation et ses tendances d’évolution, et de tenir régulièrement à jour l’information sur la question figurant sur son site Web.


CORPS COMMUN D’INSPECTION: RAPPORT DE LA CINQUIÈME COMMISSION (A/66/761).


En adoptant sans vote le projet de résolution intitulé « Corps commun d’inspection » (A/C.5/66/L.29), l’Assemblée générale prie de nouveau le Corps commun (CCI) de continuer, comme le veut son mandat, à centrer ses activités et ses rapports sur des questions qui concernent l’ensemble du système et présentent un intérêt pour les organisations participantes et les États Membres de l’ONU, et à donner des avis sur les moyens d’éviter les doubles emplois et les chevauchements et de faire un usage plus efficace et plus efficient des ressources dans l’exécution des mandats de l’ONU.


Par ce texte, le CCI est prié de continuer à axer ses rapports sur les grandes questions prioritaires, en choisissant des problèmes concrets de gestion, d’administration et de programmation au sujet desquels il pourrait faire à l’Assemblée générale et aux organes délibérants des autres organisations participantes des recommandations réalistes et pragmatiques portant sur des points bien précis.


En outre, l’Assemblée générale prie de nouveau le CCI de publier ses rapports bien avant les sessions des organes délibérants des organisations participantes, afin que ceux-ci puissent les examiner en détail et en tirer parti.  Elle prie aussi le CCI de lui présenter à sa soixante-septième session, dans le cadre de son rapport annuel, de nouvelles observations et recommandations sur le fonctionnement du système de suivi de ses rapports, en mettant particulièrement l’accent sur les décisions prises par les organes délibérants et sur l’application des recommandations approuvées, ainsi que sur les mesures qu’il aura lui-même adoptées pour que les recommandations approuvées par les organes délibérants des organisations participantes fassent l’objet d’un suivi ponctuel et systématique.


Toujours par ce texte, l’Assemblée générale invite, entre autres, le Secrétaire général, en sa qualité de Président du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination (CCS), à convier les chefs de secrétariat des organisations participantes à faire promptement connaître leurs observations sur les rapports et recommandations du CCI afin qu’il y soit donné suite sans tarder. En adoptant sans vote cette résolution, l’Assemblée générale prend note avec appréciation du rapport du CCI pour 2011 et de son programme de travail pour 2012. 


Explications de vote


Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant de l’Algérie, a estimé que le renforcement, le contrôle et la responsabilisation de l’ONU ne pouvaient être mises en œuvre que dans un environnement où l’égalité de souveraineté est respectée quels que soient le niveau de développement ou la taille des États.  Tous les Membres doivent avoir les mêmes possibilités dans le processus de décision, a-t-il insisté, avant de se réjouir que toutes les propositions aient été adoptées sans vote à l’exception d’une seule.  Tout en regrettant l’impossibilité de parvenir à un consensus, il a jugé qu’il était impératif qu’une décision soit prise par le biais d’un vote.  Il s’est opposé à l’argumentation des délégations qui prétendent que l’adoption de cette résolution sape les efforts visant à une plus grande responsabilisation et empêchera pas la mise en œuvre du processus de reforme des Nations Unies.  Il a exhorté le Secrétaire général à travailler en étroite coopération avec l’Assemblée générale pour atteindre les objectifs de la réforme conformément à la Charte de l’ONU, en l’invitant à revenir devant l’Assemblée générale avec ses propositions pour mettre en œuvre la gestion du changement. 


Intervenant au nom de l’Union européenne, la représentante du Danemark a rappelé qu’un des points les plus importants au programme de travail de cette reprise de session pour le fonctionnement des Nations Unies était l’examen des quotes-parts de contribution.  Elle a insisté que la prise en compte d’un financement plus équitable et plus conforme à la réelle capacité des États Membres était indispensable pour garantir une architecture financière durable du système des Nations Unies.  Par ailleurs, elle a regretté que la volonté des États membres de l’Union européenne de préserver les prérogatives et compétences de la Cinquième Commission se soit heurtée à une forte résistance d’un groupe en particulier, en empêchant ainsi, selon elle, la mise en œuvre de la résolution 64/248.  La représentante a regretté que la Cinquième Commission n’ait pu parvenir à un consensus sur le point intitulé « Examen de l’efficacité du fonctionnement administratif et financier de l’Organisation des Nations Unies ».  Elle a rappelé que les États membres de l’Union européenne ont participé activement à la recherche d’un consensus, en souhaitant que les propositions de l’équipe de la gestion du changement ne fassent pas faire partie de la résolution sur la responsabilisation.


« Nous avons dit clairement qu’il incombait au Secrétaire général d’examiner clairement les recommandations relatives à la gestion du changement et de le présenter le moment venu devant l’Assemblée générale », a-t-elle insisté.  Elle a appuyé l’initiative pour la gestion du changement du Secrétaire général dans le souci de parvenir à une ONU plus efficace par l’innovation dans la gestion du changement.  La représentante a regretté que cette confrontation autour de la question de la gestion du changement ait empêché la Cinquième Commission d’avancer en matière d’initiatives de réforme attendues depuis longtemps comme l’utilisation plus efficace et rationnelle des ressources allouées aux voyages en avion et les conditions d’emplois des juges de la de la Cour internationale de Justice (CIJ), du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et de ceux du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).  Elle a estimé que cette opposition était de nature à mettre en péril le partenariat entre États Membres et la viabilité future de l’Organisation. 


S’exprimant également au nom de l’Australie et du Canada (Groupe Canz), le représentant de la Nouvelle-Zélande s’est dit déçu que l’on ne soit pas parvenu à un consensus sur la question de la responsabilisation.  Il a jugé important d’appuyer le processus de réforme pour rendre l’ONU plus efficace et plus responsable et a salué la détermination du Secrétaire général de mettre en œuvre un programme de reforme avec l’appui des États Membres. 


La représentante de la Norvège a déploré que soit mis aux voix un point qui, à ce jour, n’a pas encore été examiné par l’Assemblée générale.  Elle a regretté que l’amendement présenté par les États-Unis dans un esprit de consensus n’ait pu être adopté.   


Le représentant du Japon a regretté l’absence de consensus sur le texte relatif à l’efficacité de l’Organisation, tout en exprimant son espoir de voir l’esprit de la résolution 41/213 sur cette même question pleinement respecté.  Cela devrait être l’un des points principaux qui seront abordés lors de la retraite organisée par le Président de l’Assemblée, a-t-il souligné.  La promotion de l’efficacité de l’Organisation est un objectif commun à tous les États Membres, a-t-il rappelé, avant d’assurer qu’il participerait au dialogue sur ces points.


Le représentant des États-Unis s’est réjoui des mesures prises au sujet du Plan-cadre d’équipement, en regrettant cependant que les travaux n’aient pas avancé sur les points relatifs au transport aérien.  Il a noté que la Commission avait l’occasion de renforcer le cadre de responsabilisation des Nations Unies, avec des ressources allouées à de meilleurs résultats, a-t-il souligné, en déplorant la position de certains États Membres en faveur d’un vote qui a écarté l’initiative du Secrétaire général avant même qu’elle n’ait été lancée.  Cette mesure, a-t-il dit, sape l’autorité conférée à l’Assemblée générale par la Charte de l’ONU.   Il a ainsi expliqué que sa délégation ne pouvait appuyer le projet de résolution et avait préféré présenter un amendement, tout en veillant au respect de l’autorité du Secrétaire général.  Le représentant des États-Unis a aussi regretté que la mise en œuvre de près de 50% des recommandations de l’Équipe de gestion du changement n’aient pas été retenues, sous prétexte qu’elles relèvent des prérogatives de l’Assemblée générale.


Le représentant de la Suisse a rappelé l’engagement de son pays en faveur d’une gestion efficace de l’ONU.  La Suisse, a-t-il ajouté, assure toute sa confiance dans le rôle du Secrétaire général en tant qu’Administrateur de l’Organisation des Nations Unies.   C’est par conviction que nous soutenons son initiative, a-t-il dit, tout en regrettant que cette question n’ait pu être discutée de façon approfondie avec lui.


Le représentant du Costa Rica, intervenant également au nom du Brésil, du Chili, du Guatemala, du Mexique, de Panama, du Pérou et de l’Uruguay, a salué l’adoption de la résolution sur les questions particulières concernant le budget-programme de l’exercice biennal 2012-2013, notamment les dispositions relatives au « financement des dépenses imprévues et extraordinaires découlant des résolutions et décisions adoptées par le Conseil des droits de l’homme ».  « Nous espérons que le texte adopté aujourd’hui, qui entérine les recommandations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires, apporte une réponse adéquate », a-t-il dit.


Le représentant de la République de Corée a noté que la résolution sur l’efficacité de l’Organisation comprend une section relative à la gestion du changement.   En ce qui concerne le texte sur les questions particulières concernant le budget-programme 2012-2013, il a jugé inapproprié d’y inclure une section sur le Plan-cadre d’équipement, dans la mesure où cette question fait toujours l’objet de discussions au sein du Secrétariat.   La question du principe de responsabilité doit être examinée avec une certaine souplesse, a-t-il rappelé, en faisant observer que ce texte ne reflète pas la position de tous les États Membres.  C’est pour cette raison, a-t-il précisé, que la République de Corée a voté contre.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Le Conseil de sécurité demande au Gouvernement syrien d’honorer « intégralement » ses engagements d’ici au 10 avril

CS/10601

Le Conseil de sécurité demande au Gouvernement syrien d’honorer « intégralement » ses engagements d’ici au 10 avril

05/04/2012
Conseil de sécuritéCS/10601
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6746e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DEMANDE AU GOUVERNEMENT SYRIEN D’HONORER « INTÉGRALEMENT »

SES ENGAGEMENTS D’ICI AU 10 AVRIL


Le Conseil de sécurité a, ce matin, demandé au Gouvernement syrien de s’acquitter « intégralement », d’ici au 10 avril au plus tard, des « engagements qu’il a pris de mettre fin aux mouvements de troupes en direction des agglomérations », de « cesser d’utiliser des armes lourdes en ces lieux » et de « commencer à retirer les troupes concentrées dans les agglomérations et aux alentours ».


Le Conseil de sécurité, dans une déclaration lue au nom de tous ses membres par sa Présidente, Mme Susan Rice, des États-Unis, précise que ces engagements, énoncés dans une communication adressée le 1er avril à l’Envoyé spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue des États arabes, M. Kofi Annan, doivent être honorés « de toute urgence et de manière visible ».


Le Conseil de sécurité demande à toutes les parties, y compris à l’opposition, de mettre fin à la violence armée sous toutes ses formes dans les 48 heures suivant la mise en œuvre par le Gouvernement syrien de l’intégralité de ces mesures.  Il demande en outre à l’opposition d’engager le dialogue avec l’Envoyé spécial conjoint à cet égard.


Réaffirmant son attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la Syrie, le Conseil de sécurité lance, de nouveau, un appel urgent en vue de la mise en œuvre complète et immédiate de tous les aspects de la proposition en six points de l’Envoyé spécial conjoint.


Déclaration présidentielle (S/PRST/2012/10)


Le Conseil de sécurité rappelle ses déclarations présidentielles du 3 août 2011 et du 21 mars 2012 et sa déclaration à la presse du 1er mars 2012.


Le Conseil réaffirme son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la Syrie, ainsi qu’aux buts et aux principes énoncés dans la Charte.


Le Conseil remercie l’Envoyé spécial conjoint de l’Organisation des Nations Unies et de la Ligue des États arabes, Kofi Annan, de l’exposé qu’il lui a fait le 2 avril 2012.  Il note que le Gouvernement syrien s’est engagé le 25 mars 2012 à appliquer la proposition en six points de l’Envoyé.


Le Conseil demande au Gouvernement syrien d’honorer de toute urgence et de manière visible, comme il est convenu de le faire dans la communication qu’il a adressée à l’Envoyé le 1er avril, les engagements qu’il a pris a) de mettre fin aux mouvements de troupes en direction des agglomérations, b) de cesser d’utiliser des armes lourdes en ces lieux et c) de commencer à retirer les troupes concentrées dans les agglomérations et aux alentours, et de s’acquitter intégralement de ces engagements d’ici au 10 avril 2012 au plus tard.


Le Conseil demande à toutes les parties, y compris à l’opposition, de mettre fin à la violence armée sous toutes ses formes dans les 48 heures suivant la mise en œuvre par le Gouvernement syrien de l’intégralité des mesures énoncées aux points a), b) et c) ci-dessus.  Il demande en outre à l’opposition d’engager le dialogue avec l’Envoyé à cet égard.


Le Conseil souligne l’importance qu’il y a à mettre en place en Syrie un mécanisme de supervision efficace et crédible de l’Organisation des Nations Unies, chargé de surveiller la cessation de toutes les formes de violence armée par toutes les parties et la mise en œuvre de tous les aspects pertinents de la proposition en six points de l’Envoyé.  Le Conseil prie le Secrétaire général de présenter des propositions concernant un tel mécanisme dès qu’il y aura lieu, à l’issue de consultations avec le Gouvernement syrien.  Il est prêt à examiner ces propositions et à autoriser la mise en place d’un mécanisme de supervision efficace et impartial dès que toutes les parties auront mis fin à la violence sous toutes ses formes.


Le Conseil souligne l’importance fondamentale d’un règlement politique pacifique de la crise syrienne et lance de nouveau un appel urgent en vue de la mise en œuvre complète et immédiate de tous les aspects de la proposition en six points de l’Envoyé.  Il réaffirme son plein appui à cette proposition, qui vise à faire cesser immédiatement toutes violences et violations des droits de l’homme, à offrir accès aux organisations humanitaires et à faciliter la transition politique dirigée par les Syriens vers un système politique démocratique et pluraliste, fondé sur l’égalité des citoyens quelles que soient leur appartenance politique ou ethnique ou leurs croyances, à la faveur notamment de l’ouverture d’un dialogue politique général entre le Gouvernement syrien et l’ensemble des forces d’opposition syriennes.


Le Conseil lance de nouveau un appel aux autorités syriennes pour qu’elles donnent immédiatement au personnel des organisations humanitaires plein accès en toute liberté à toutes les populations qui ont besoin d’assistance conformément au droit international et aux principes qui gouvernent la fourniture d’assistance humanitaire.  Le Conseil demande à toutes les parties en Syrie, en particulier aux autorités syriennes, de coopérer pleinement avec l’Organisation des Nations Unies et les organisations humanitaires concernées afin de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.  À cette fin, il demande à toutes les parties d’observer immédiatement une pause humanitaire quotidienne de deux heures comme prévu dans la proposition en six points de l’Envoyé.


Le Conseil prie l’Envoyé de le tenir informé de la cessation des violences dans les délais indiqués plus haut, et des progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’intégralité de sa proposition en six points.  Au vu de ces informations, il envisagera toutes autres mesures qu’il jugera appropriées.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Pour sa session de 2012, la Commission du désarmement adopte un ordre du jour qui s’avère être le même que celui de l’an dernier et achève son débat général

CD/3341

Pour sa session de 2012, la Commission du désarmement adopte un ordre du jour qui s’avère être le même que celui de l’an dernier et achève son débat général

5/04/2012
Assemblée généraleCD/3341
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du désarmement

Session de fond de 2012

324e et 325e séances - matin et après-midi                  


POUR SA SESSION DE 2012, LA COMMISSION DU DÉSARMEMENT ADOPTE UN ORDRE DU JOUR QUI S’AVÈRE ÊTRE

LE MÊME QUE CELUI DE L’AN DERNIER ET ACHÈVE SON DÉBAT GÉNÉRAL


Après trois jours de discussions informelles à la Commission du désarmement sur la formulation de son agenda de 2012, les membres de la Commission ont finalement, ce matin, trouvé un accord qui leur a permis d’adopter l’ordre du jour de cette session de fond de 2012 dans l’après-midi.  La Commission a aussi achevé cet après-midi son débat général, qui avait été ouvert mardi, après avoir entendu les déclarations des représentants de la Chine, de la République islamique d’Iran et de l’Équateur.


Le désarmement nucléaire et le contrôle des armes classiques sont les deux thèmes de travail habituels de la Commission du désarmement, seul organe délibérant existant au sein du mécanisme multilatéral du désarmement de l’ONU.  Bien que le libellé précis des deux questions de son ordre du jour pour cette session de fond de 2012 aient fait l’objet de nombreuses discussions, la Commission a finalement pu retenir le même libellé de l’ordre du jour qu’elle avait adopté à sa session de 2011.


La Commission du désarmement examinera donc les points intitulés: « recommandations pour atteindre les objectifs de désarmement nucléaire et de non-prolifération des armes nucléaires », et « mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques ».


La Commission a adopté cet ordre du jour après avoir examiné, depuis lundi, plusieurs propositions, notamment celle avancée par son Président, M. Enrique Román-Morey, du Pérou.


Le Président de la Commission du désarmement a rappelé qu’avant le début de la session, par une lettre du 27 mars 2012 adressée à toutes les délégations, il avait « pris le risque de leur présenter sa proposition personnelle ».  « Je n’ai fait qu’une seule proposition concrète pour les armes nucléaires, et une seule pour les armes classiques, afin de démontrer la souplesse et la transparence dont je voulais faire preuve », a, à cet égard, expliqué M. Román-Morey.


À l’instar du Président, de nombreuses délégations espéraient que la Commission affinerait le libellé de son ordre du jour par rapport à celui qu’elle s’était donnée au cours des années précédentes, mais aucune proposition allant dans ce sens n’a pu être retenue, malgré la souplesse dont ont fait preuve les délégations et les efforts déployés sans relâche par le Président de cette session de 2012, comme a pu en témoigner le représentant des États-Unis.


Devant l’absence d’accord sur les différentes propositions, le représentant de l’Indonésie, qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, a proposé la formulation adoptée l’an passé, qui, a-t-il estimé, était « le plus petit dénominateur commun ».


Dans le même esprit, le représentant de la Norvège a rappelé que les délégations avaient pu trouver un accord, par le passé, sur les libellés qui figurent dans les résolutions déjà adoptées, « même si certains y ont émis des réserves ».


Le représentant des États-Unis s’est aussi rallié à la proposition de reprendre le libellé de l’ordre du jour de 2011, mais ceci, « avec beaucoup de réticences », a-t-il précisé.  De son côté, la représentante de la France a exprimé son accord sur la formulation du premier point relatif au nucléaire, tout en souhaitant que le reste de la formulation demeure fidèle à celle proposée initialement.


Dans le cadre du débat général, les trois intervenants ont déploré la persistance de la présence et de la menace des armes nucléaires dans le monde, appelant au désarmement complet dans ce domaine.  « Il faut garder à l’esprit que les armes nucléaires sont en totale contradiction avec les besoins élémentaires de paix et de développement des peuples de la planète », a souligné le représentant de l’Équateur.


Le représentant de l’Iran s’est quant à lui inquiété que certains États dotés de l’arme nucléaire continuent à développer de nouvelles armes de ce type.  La Chine, l’Iran et l’Équateur ont notamment plaidé en faveur d’une future convention sur l’interdiction complète des armes nucléaires.  La délégation de l’Iran a estimé qu’il faut aussi négocier un instrument juridiquement contraignant relatif aux garanties négatives de sécurité que doivent fournir toutes les puissances nucléaires aux États non dotés d’armes atomiques.


La délégation de la Chine a rappelé aux puissances nucléaires leur obligation de ne pas avoir recours en premier à l’utilisation de ces armes et à ne pas en faire usage contre des pays qui n’en sont pas dotés ou contre des territoires situés dans des zones exemptes d’armes nucléaires.  Étant elle-même dotée de l’arme nucléaire, la Chine se conforme au document final de la huitième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération (TNP), a assuré son représentant.


En outre, les trois délégations qui ont pris la parole aujourd’hui dans le cadre du débat général -Chine, Iran et Équateur- se sont montrées favorables à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  S’agissant des armes classiques, la Chine a prôné l’adoption de mesures concrètes de confiance.


En ce qui concerne le rôle de la Commission du désarmement elle-même, le représentant iranien a démontré l’importance de ses travaux en faisant valoir la douzaine de principes, de directives et de recommandations qu’elle a produits par le passé.  Il a cependant regretté qu’elle n’ait pas réussi à élaborer une série de recommandations sur le désarmement nucléaire et l’élimination totale des armes nucléaires.


Le délégué de l’Équateur a pour sa part rappelé que l’ordre du jour de la présente session de fond de la Commission aurait dû inclure les éléments pour la déclaration sur la quatrième Décennie du désarmement.  Quant au représentant de la Chine, il a émis l’espoir que le nouveau cycle de travaux de la Commission, d’une durée de trois ans, contribue efficacement au contrôle international des armes et au processus de désarmement.


En fin de journée, la Commission a également pris note de son programme de travail, tel qu’oralement amendé, après la longue discussion qui a eu lieu sur ce sujet. 


Par ailleurs, la Commission a élu M. Naif bin Bandar Al-Sudairy, de l’Arabie saoudite, en tant que président du Groupe de travail I sur les questions nucléaires.  Mme Véronique Pépin-Hallé, du Canada, a, quant à elle, été élue à la présidence du Groupe de travail II sur les armes classiques, tandis que Mme Lachezara Stoeva, de la Bulgarie, était élue Coordonnatrice du Groupe de discussion sur les éléments pour la décennie du désarmement.  Les membres de la Commission ont également élu M. Bouchaib Eloumni, du Maroc, comme Coordonnateur sur les méthodes de travail de la Commission du désarmement.


La Commission du désarmement poursuivra ses travaux jusqu’au 20 avril, principalement en séance informelle.


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Le Conseil de sécurité condamne fermement les attaques et les pillages des rebelles dans le nord du Mali

CS/10600

Le Conseil de sécurité condamne fermement les attaques et les pillages des rebelles dans le nord du Mali

04/04/2012
Conseil de sécuritéCS/10600
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6745e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ CONDAMNE FERMEMENT LES ATTAQUES

ET LES PILLAGES DES REBELLES DANS LE NORD DU MALI


Le représentant du Mali demande au Conseil de sécurité

d’aider son pays à trouver une « porte de sortie » à la crise


Le Conseil de sécurité a fermement condamné, cet après-midi, dans une déclaration présidentielle, « les attaques et les pillages que continuent de mener des groupes rebelles dans le nord du Mali ».  Il s’est également dit alarmé par la présence dans la région du groupe terroriste Al-Qaida au Maghreb islamique, « qui pourrait entraîner une déstabilisation encore plus forte de la situation qui règne en matière de sécurité ».


Le Conseil, dans ce texte lu, au nom de tous ses membres, par le représentant des États-Unis, M. Jeffrey Delaurentis, demande aux rebelles de « cesser immédiatement toute violence et exige de toutes les parties au Mali qu’elles s’emploient à trouver une solution pacifique grâce au dialogue politique ».


Il demande en outre aux mutins de « garantir la sûreté et la sécurité de toutes les personnalités maliennes » et exige la « libération immédiate de celles qui sont détenues ».


Le Conseil de sécurité réitère enfin son appel en faveur du rétablissement « immédiat » de l’ordre constitutionnel et du Gouvernement démocratiquement élu ainsi que la poursuite du processus électoral. 


Le représentant du Mali a, de son côté, appelé le Conseil de sécurité à aider son pays à trouver une porte de sortie à la crise dans laquelle il est plongé, grâce, notamment, au retour à l’ordre constitutionnel, à la tenue des élections et à la condamnation du coup d’État.  « Il faut aider le Mali à se mettre debout », a-t-il plaidé.


« Jamais le Mali n’a connu pire situation.  Même dans les pires cauchemars, on ne pouvait imaginer ce qui nous arrive actuellement.  Le Mali est au ban de la communauté internationale, comme un pays déchiré, sans statut et de surcroît sous embargo. »


Le délégué a également affirmé que les chefs militaires qui ont commandité le coup d’État avaient l’intention de tenir une réunion, demain, avec les autorités gouvernementales et la société civile pour tenter de trouver un accord et aider le pays à sortir de la situation actuelle.


Le représentant a par ailleurs dit comprendre les sanctions imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à l’encontre de son pays, mais s’est cependant interrogé sur le bien-fondé de la décision de fermer les frontières du pays et d’« assoiffer et affamer encore ce peuple » au moment même où l’on déplore des centaines de milliers de réfugiés et où l’intégrité territoriale du Mali est mise à rude épreuve.


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité condamne fermement une fois de plus le fait que certains éléments des forces armées maliennes aient pris par la force le pouvoir détenu par le Gouvernement malien démocratiquement élu et rappelle à ce sujet sa déclaration à la presse du 22 mars 2012 et celle de son président en date du 26 mars 2012.  Il demande aux mutins de garantir la sûreté et la sécurité de toutes les personnalités maliennes et exige la libération immédiate de celles qui sont détenues.  Il réitère son appel en faveur du rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel et du Gouvernement démocratiquement élu ainsi que la poursuite du processus électoral.


Le Conseil soutient l’action menée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a émis des communiqués les 27 et 29 mars 2012, et salue les efforts déployés par le Président Blaise Compaoré, en sa qualité de médiateur nommé par la CEDEAO, pour favoriser le retour complet de l’autorité civile et le rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel au Mali. Le Conseil se félicite aussi des efforts déployés par le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et l’Union africaine à cet égard et prend acte du fait que les mutins ont annoncé le rétablissement de l’ordre constitutionnel à compter du 1er avril 2012.  Il compte que ces derniers prendront immédiatement des mesures pour donner effet à cet engagement et suivra de près l’évolution de la situation.


Le Conseil condamne fermement les attaques et les pillages que continuent de mener des groupes rebelles dans le nord du Mali, ainsi que la prise de territoire, et exige l’arrêt immédiat des hostilités.  Il est alarmé par la présence dans la région du groupe terroriste Al-Qaida au Maghreb islamique, qui pourrait entraîner une déstabilisation encore plus forte de la situation qui règne en matière de sécurité.  Il demande aux rebelles de cesser immédiatement toute violence et exige de toutes les parties au Mali qu’elles s’emploient à trouver une solution pacifique grâce au dialogue politique.  Il souligne l’importance que revêtent la sécurité des civils et le respect des droits de l’homme.


Le Conseil réaffirme que la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du Mali doivent être sauvegardées et respectées.


Le Conseil redit la vive préoccupation que lui inspirent l’insécurité et l’aggravation rapide de la situation humanitaire dans la région du Sahel.


Le Conseil rend hommage aux organisations humanitaires pour leur intervention et demande à toutes les parties au Mali de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire destinée aux civils qui en ont besoin, sans entrave ni retard et en toute sécurité, en application du droit international, y compris les dispositions applicables du droit international humanitaire, et dans le respect des principes qui régissent l’aide humanitaire d’urgence.  Il réclame une mobilisation plus énergique de la communauté internationale pour appuyer les opérations humanitaires.


Le Conseil exprime sa préoccupation face au risque que représentent les combats pour les sites maliens classés éléments du patrimoine mondial.


Le Conseil prie le Secrétaire général de le tenir au courant de l’évolution de la situation au Mali, selon qu’il conviendra, et restera saisi de la question.


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