Assemblée: des délégations réclament l’intégration de la question de la réduction des risques de catastrophe dans le document final de la Conférence Rio+20
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Assemblée générale
Soixante-sixième session
Débat thématique
matin et après-midi
ASSEMBLÉE: DES DÉLÉGATIONS RÉCLAMENT L’INTÉGRATION DE LA QUESTION DE LA RÉDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHE DANS LE DOCUMENT FINAL DE LA CONFÉRENCE RIO+20
L’Assemblée générale a tenu aujourd’hui un débat sur la « réduction des risques de catastrophe » au cours duquel délégations et experts ont appelé à l’intégration de cette question dans le document final de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), prévue en juin prochain, et ont insisté sur l’importance de sécuriser les financements nécessaires.
Le débat était organisé autour de deux tables rondes sur les thèmes « Faire face aux risques en zone urbaine par le biais d’investissements publics » et « Accroître la capacité de résistance aux catastrophes en s’adaptant aux changements climatiques et en réduisant les risques ». Le tremblement de terre qui a frappé hier la province indonésienne d’Aceh a été évoqué à plusieurs reprises par les délégations.
Le Président de l’Assemblée générale a attiré l’attention sur l’augmentation des risques de catastrophe à l’échelle mondiale. Il a relevé que plus de la moitié des plus grandes agglomérations du monde se trouve désormais dans des zones à forte activité sismique et que le nombre de personnes vivant dans des zones inondables a augmenté de 114% depuis les années 70. À l’heure actuelle, a-t-il ajouté, les prévisions sur les pertes économiques après une catastrophe dépassent le taux de production des richesses.
« Compte tenu de ces faits, affirmer que les catastrophes naturelles mettent en péril les avancées du développement est une litote », a lancé le Président. Lui emboitant le pas, le Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon a longuement détaillé les conséquences du tremblement de terre et du tsunami qui ont frappé son pays le 11 mars 2011. L’ampleur des dégâts matériels, a-t-il précisé, se chiffre entre 200 et 300 milliards de dollars.
Pour renchérir, le Ministre des affaires étrangères de l’Australie a réclamé l’intégration de la question de la réduction des risques de catastrophe dans tous les cadres et structures du développement durable. Il a voulu que cette proposition soit formulée clairement dans le document final de la Conférence Rio+20.
Maître mot de ce débat, l’importance de la préparation a été soulignée à plusieurs reprises par les délégations et les experts.
Le Vice-Ministre chargé de la coordination du bien-être social de l’Indonésie et le Directeur du Projet ISMEP du Gouvernorat d’Istanbul, qui a rappelé le tremblement de terre de Masmara en 1999, ont tous les deux expliqué qu’après avoir privilégié la réaction, leurs gouvernements mettent désormais l’accent sur la préparation.
Jusqu’ici la réponse mondiale a été la réaction. Or ce qu’il faut, c’est renforcer la résilience des populations et des infrastructures, a acquiescé le représentant de la Convention des Nations Unies sur la désertification. Il a cité l’exemple d’Haïti où la déforestation est étroitement liée à l’ampleur des pertes après le passage des ouragans. Si Port-au-Prince n’avait pas été surpeuplée par des gens fuyant des terres dégradées, le nombre des pertes en vies humaines aurait été moindre.
Alors que le Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon a fait l’éloge des normes de construction appliquées dans son pays, le maire de Quito a reconnu que le système de contrôle « très strict » des bâtiments se heurte souvent à la réticence des entreprises du BTP. Pour mettre tout le monde d’accord, le professeur en génie civil lié aux tsunamis de l’Université de Tohoko, a fait remarquer que le tsunami de 2011 n’a pas eu de mal à briser le mur de protection construit le long des zones côtières.
Tournant son attention sur la question du financement, le consultant sur les politiques climatiques de la Banque mondiale a rappelé le cercle vicieux qui fait que les catastrophes sapent le développement, augmentent ensuite l’endettement puis accroissent, à nouveau, la vulnérabilité aux catastrophes. Des mesures d’aide financière mieux adaptées à la préparation aux catastrophes s’imposent.
Il faut investir dans la science, a estimé la Directrice de la réduction des risques de catastrophe de la Jamaïque. Il faut, a-t-elle insisté, encourager la foi des gens dans la science, en dégageant les points de convergence avec les connaissances locales ou autochtones. Le représentant de l’Agence australienne Geoscience n’a pas dit autre chose lorsqu’il a parlé du transfert des savoirs vers les communautés.
Parfois, a pourtant fait observer le Directeur de la Division de la mise en œuvre des politiques environnementales du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), il est beaucoup moins coûteux de miser sur la nature plutôt que sur des systèmes complexes d’ingénierie. Il a cité le cas des Pays-Bas qui ont investi 2 milliards d’euros dans des projets destinés à élargir les rivières pour réduire les risques d’inondation. Au cours du débat, la validité du « Cadre d’action de Hyogo pour 2005-2015: pour des nations et des collectivités résilientes face aux catastrophes » a été soulignée à plusieurs reprises.
La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
DÉBAT THÉMATIQUE SUR LE THÈME « RÉDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHE »
Déclarations liminaires
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, a dit profondément regretter que cette réunion se fasse à un moment des plus pertinents; l’Indonésie ayant été frappée hier par un tremblement de terre de magnitude 8,6 sur l’échelle de Richter. Il a ensuite présenté ses plus sincères condoléances au peuple et au Gouvernement indonésiens.
M. Al-Nasser a constaté que le risque de catastrophes augmente à l’échelle mondiale. De plus en plus de biens se trouvent dorénavant dans des zones à haut risque, le nombre de personnes vivant dans des zones inondables a augmenté de 114% depuis les années 70, alors que la proportion de personnes vivant le long des côtes vulnérables aux cyclones a enregistré une hausse de 192%, a-t-il notamment observé.
En outre, plus de la moitié des plus grandes agglomérations du monde se trouve dans des zones à forte activité sismique, a-t-il ajouté. Le Président de l’Assemblée a aussi relevé que le risque de pertes économiques après une catastrophe dépassait à présent le taux de production des richesses. Le risque des pertes après une inondation a augmenté de 160%, et de 265% dans l’éventualité d’un cyclone dans un pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a-t-il indiqué.
Compte tenu de ces faits, affirmer que les catastrophes naturelles mettent en péril les avancées du développement est une litote, a lancé M. Al-Nasser. Les petites économies peuvent mettre des décennies à se remettre d’un ouragan ou d’un tsunami. Les catastrophes ont un effet déstabilisateur sur les plus grandes puissances économiques et nuisent au commerce international. Travailler à la réduction des risques de catastrophe est donc inséparable de l’Agenda pour le développement durable.
M. Al-Nasser a constaté que les États qui négocient le document final de la Conférence Rio+20 reconnaissent ce fait. La question est de savoir comment assurer la bonne intégration de ces perspectives. Le renforcement de la résilience des communautés vulnérables et l’édification d’un avenir durable sont les plus importants défis auxquels doit faire face la communauté internationale. Rio+20 est une occasion à saisir, a-t-il lancé avant de conclure.
Dans un message prononcé au nom du Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, la Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions, Mme Susana Malcorra, a rappelé aux délégations le message du Secrétaire général concernant le tremblement de terre qui a frappé hier, mercredi, au large de l’Indonésie. « Le moment auquel nous nous réunissons est très triste mais il prouve l’importance de la question dont l’Assemblée générale est saisie aujourd’hui », a-t-elle souligné. Rappelant que la réduction des risques de catastrophe demeurait au cœur des priorités du programme d’action du Secrétaire général pour les cinq années à venir, Mme Malcorra a estimé que la communauté internationale ne pouvait certes éviter les catastrophes mais qu’elle pouvait, au moins, faire beaucoup pour en réduire l’impact, pour diminuer les dégâts, et en atténuer les effets sur la vie des gens.
Elle a souligné que des investissements raisonnables dans des systèmes d’alerte rapide et de préparation faisaient toute la différence. « Nous savons ce qui fonctionne », a-t-elle dit, invitant les États, alors que se prépare la Conférence Rio+20, à réaffirmer que la prévention des risques de catastrophe est essentielle pour le développement durable.
« En réduisant les risques de catastrophe, nous augmentons nos chances de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et de mettre en place un monde durable pour tous », a-t-elle poursuivi. Elle a conclu en soulignant que les États Membres avaient montré que la réduction des risques de catastrophe ne devait pas être une question à part, et devait être intégrée dans les programmes de développement. « Il faut à présent investir, faire preuve d’ambition et travailler à réaliser les objectifs qui seront fixés à Rio+20, et au-delà ».
M. WILLIAM RAMPAGILEI, Vice-Ministre chargé de la coordination du bien-être social de l’Indonésie, intervenant au nom du Président de l’Indonésie, M. Susilo Bambang Yudhoyono, a souligné l’aspect essentiel de la réduction des risques de catastrophe, notamment pour des pays comme le sien. Cela peut sauver ce que nous avons mis des années à mettre en place, a-t-il indiqué.
Il a expliqué que l’Indonésie privilégiait non plus le relèvement après une catastrophe mais la préparation. Il a parlé des différents plans d’action de son gouvernement et a annoncé que l’Indonésie accueillerait prochainement la cinquième Conférence ministérielle de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) sur la prévention des risques de catastrophe. M. Rampagilei a également souligné l’importance du Cadre d’action de Hyogo.
M. BOB CARR, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, s’exprimant en tant que Coprésident des Groupe des amis pour la réduction des risques de catastrophe, a rappelé que la décennie passée avait connu des catastrophes tragiques, qui ont coûté la vie à plus d’un million de personnes, touché plus de 2,5 milliards d’individus et provoqué près de 1 000 milliards de pertes économiques. Face à cette situation, il a salué les engagements renouvelés que le Secrétaire général de l’ONU a énoncés en faveur de la réduction des risques de catastrophe dans son Programme d’action pour son second mandat.
« Le risque de catastrophe est une réalité tangible pour la plupart des États, si ce n’est pour tous les pays développés ou en développement », a-t-il poursuivi. « Comme nous l’ont rappelé les événements tragiques survenus en 2010 ou 2011, les catastrophes ne font aucune distinction entre les régions ou les niveaux de revenus », a-t-il dit. Dans ce contexte, les États doivent faire face aux défis posés dans leur propre pays mais la communauté internationale doit aussi reconnaître que la nécessité d’agir est encore plus grande dans les petits États insulaires en développement (PEID), dans les pays les moins avancés (PMA), ainsi que dans de nombreux pays d’Afrique.
Malgré d’importants efforts, notamment par le biais du « Cadre d’action de Hyogo pour 2005-2015 », M. Carr a estimé que la communauté internationale devait mieux prendre en compte et de manière systématique, les vulnérabilités et les risques de catastrophe. Il a souligné que beaucoup restait encore à faire et il a cité, à titre d’exemple, la nécessité d’investir dans le renforcement des capacités nationales et d’améliorer la coordination, la communication et les synergies dans des cadres ou des programmes d’action.
Il a appelé à l’incorporation de la prévention des risques de catastrophe dans tous les cadres et structures du développement durable. À cet égard, il a voulu que cette proposition soit formulée clairement dans le document final de la Conférence Rio+20. Une formulation, a-t-il dit, qui reconnaîtrait la réduction des risques de catastrophe comme « un élément fondamental du développement à placer au cœur du futur agenda du développement durable ». Il a aussi demandé aux gouvernements et à leurs partenaires au développement, d’augmenter leurs investissements dans ce domaine.
M. JOE NAKANO, Député et Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a indiqué que son pays avait une longue expérience dans le domaine des tremblements de terre, des tsunamis et autres catastrophes naturelles. Il s’est attardé sur le tremblement de terre du 11 mars 2001 et a indiqué que cette « catastrophe sans précédent dans l’histoire du Japon » avait fait près de 20 000 morts et personnes disparues, 400 000 déplacés, et endommagé ou détruit 380 000 habitations et laissé plus de 22 millions de tonnes de débris. Les pertes financières se situent entre 200 et 300 milliards de dollars, a-t-il ajouté.
Le Vice-Ministre a souligné que la prévention peut limiter les dégâts. Il a en voulu pour preuve le fait que malgré un tremblement de terre d’une magnitude 9, les technologies sismiques de pointe et les codes de construction ont permis de limiter les dégâts matériels. Le système d’alerte et de détection d’urgence des tremblements de terre du chemin de fer japonais avait permis aux 27 trains à grande vitesse de s’arrêter et d’éviter un accident majeur. La circulation a pu reprendre deux mois à peine après le séisme.
La réduction des risques doit être une partie intégrante de la coopération internationale puisque les catastrophes naturelles peuvent balayer en un rien de temps les avancées réalisées dans le domaine du développement. Le Vice-Ministre a affirmé que la sécurité humaine est la clef de voute de l’universalisation des politiques de réduction des risques. Il importe donc de placer la question de la sécurité humaine au cœur de l’Agenda pour le développement et renforcer la prise de conscience sur les changements climatiques, lesquels aggravent les catastrophes liées aux inondations et à la sécheresse, a-t-il ajouté.
Le Vice-Ministre a annoncé que le Japon accueillerait au mois de juillet prochain, dans les préfectures de Miyagi, d’Iwate et de Fukushima qui ont été frappées par une catastrophe, une conférence internationale de haut niveau sur les catastrophes naturelles de grande ampleur.
Table ronde interactive 1: « Faire face aux risques en zone urbaine par le biais d’investissements publics »
M. Augusto Barrera, maire de la ville de Quito (Équateur), a présenté plusieurs politiques et programmes mis en place par sa municipalité pour faire face aux risques de catastrophe. Quito, ville de 2,5 millions d’habitants, se situe en effet à 2 800 mètres au-dessus du niveau de la mer et sa topographie la confronte à une quantité de menaces, qui vont des tremblements de terre aux éruptions volcaniques en passant par des glissements de terrain, des hivers extrêmement froids et des inondations. « Il s’agit d’événements colossaux auxquels une municipalité doit faire face en améliorant sa capacité de résistance », a-t-il dit.
Le maire a expliqué que l’un des premiers aspects de la politique municipale à cet égard avait été de structurer une vision systématique de la lutte contre les catastrophes, notamment en nommant un secrétaire à la sécurité et aux risques, qui veille à mettre en œuvre de façon transversale les politiques, ainsi qu’en mettant en place un groupe de secours qui lui est associé et qui travaille de façon transversale dans sa capacité de réponse. Par ailleurs, la municipalité possède aussi un fond d’urgence destiné à renforcer sa capacité face aux risques de catastrophe.
Ce fonds dispose d’un montant de 20 millions de dollars et comporte, par exemple, un projet de déplacement des familles d’un coût de 1,2 million de dollars, ainsi qu’un système de drainage de plusieurs millions de dollars. La municipalité a également développé auprès de centaines d’écoles un travail de prévention et d’entrainement.
Les autorités de Quito ont également voulu développer une vision très large de la qualité des constructions à travers le renforcement des normes de construction, a-t-il poursuivi. La municipalité possède, à présent, un système d’approbation, d’analyse et de contrôle très strict des constructions et des bâtiments. Il s’agit là, a précisé M. Barrera, de l’un des aspects les plus polémiques de notre axe de prévention car les entreprises de constructions peuvent parfois y être opposées. Quito a également décidé de limiter, au cours des 10 années à venir, la croissance urbaine.
Enfin, M. Barrera a détaillé plusieurs exercices de réaction aux catastrophes, qui touchent 200 000 personnes dans huit districts et qui impliquent plusieurs écoles. En cas de catastrophes, le maire a rappelé que la ville serait sujette à des coupures d’électricité et du téléphonique. C’est la raison pour laquelle ses services concentrent aussi leurs efforts sur le renforcement des capacités locales par le biais d’entrainement et d’exercices de préparation.
M. FUMIHIKO IMAMURA, professeur en génie civil lié aux tsunamis à l’Université de Tohoko, a indiqué que le tsunami de 2011 avait démontré que les sciences avaient échoué dans l’évaluation des cycles sismiques. Malgré les importants efforts pour prévenir et protéger les populations, le tsunami de 2011 a tout de même dépassé le mur de protection construit le long des zones côtières. M. Imamura a souligné que la clef réside dans la résistance des structures physiques. À ce stade, il faudra 30 ans, a-t-il prévenu, pour reconstruire après les dégâts provoqués par le tsunami de 2011. Il a expliqué que la création d’une ceinture verte le long des côtes pourrait limiter l’ampleur des dégâts en cas de tsunami. Le panéliste a prôné une culture de responsabilité dans les communautés et le secteur privé. Il a indiqué que son Université venait de créer un institut de recherche qui mène des études de pointe sur l’atténuation des risques de catastrophe sur la base de l’expérience de 2011.
Mme Aisa Kirabo Kacyira, Directrice exécutive adjointe du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), a estimé que la communauté internationale ne pouvait pas manquer l’occasion offerte par la Conférence Rio+20. Elle a invité les délégations à réfléchir à l’urbanisation aujourd’hui et à ce que cela implique pour l’humanité. Les villes sont au cœur de la production et la clef du développement économique alors que l’urbanisation est, en elle-même, génératrice de risques. Elle a estimé qu’il était possible d’avoir un développement urbain durable si la planification est bien pensée et s’il existe une démarche active du processus d’urbanisation.
Elle a souligné qu’ONU-Habitat veillait à ce que les États aient des politiques raisonnables dans ce domaine. Elle a aussi souligné qu’il fallait veiller à ce que ces plans soient suffisamment simples pour que nous puissions tous nous les approprier. Mme Kacyira a encore mis l’accent sur la nécessité de faire participer, entre autres, les gouvernements locaux, la société civile, le secteur privé et tous les acteurs concernés aux politiques de prévention ou aux instruments de planification. Elle a aussi insisté pour que les investissements publics dans ce domaine soient à la fois précédés d’une planification et suivis d’une mise en œuvre intégrée.
M. GOKHAN ELGIN, Directeur du Projet ISMEP du Gouvernorat d’Istanbul, a rappelé que la Turquie était vulnérable aux tremblements de terre, aux inondations et aux glissements de terrains. Une part importante de la population vit dans des zones à forte activité sismique et 75% des pertes sont causées par des tremblements de terre. Il a mis l’accent sur l’importance de la communication, évoquant le chaos qui avait entouré l’organisation des secours lors du tremblement de terre de Marmara en 1999. Après cette expérience, le Gouvernement a décidé de prendre les devants, en mettant sur pied le Projet ISMEP qui cible la prévention et l’atténuation des risques, a-t-il indiqué.
M. Elgin a expliqué qu’Istanbul avait de fortes chances de faire l’expérience d’un tremblement de terre de grande ampleur dans un avenir proche. Afin de préparer la ville, une unité de coordination a été mise sur pied, laquelle est dotée d’un budget d’un milliard d’euros. Ce plan vise le renforcement des capacités d’urgence et met l’accent sur la communication d’urgence et la gestion des informations en cas d’urgence. Les capacités institutionnelles du Directorat de gestion des catastrophes ont été renforcées et des centres de gestion des catastrophes ont été mis sur pied dans la ville.
Les familles, les voisinages, les écoles et les hôpitaux reçoivent en outre une formation spéciale. Quelque 350 000 personnes ont pu être formées à ce jour, s’est-il félicité. Le Projet entend également renforcer les structures des bâtiments. Il a précisé qu’à ce jour, 957 bâtiments publics avaient été renforcés ou reconstruits. Un code de construction a également été mis en œuvre et les ingénieurs des municipalités reçoivent une formation spécialisée.
M. Gary Lawrence, Vice-Président de la société AECOM, spécialisée dans les services d’ingénierie, a présenté, au nom du secteur privé, certaines des questions qui se posent le plus souvent lorsqu’une entreprise travaille sur un projet de prévention des risques. Comment utiliser au mieux et retenir les talents afin que les employés travaillent pour le futur de leur communauté? Comment résoudre des problèmes difficiles avec moins d’argent? Il a rappelé que de nombreux gouvernements locaux avec lesquels il travaille sont au bord de la faillite et que cela représente un défi. Il a détaillé certains projets et les leçons qui pouvaient en être tirées.
« Parfois les gens pensent qu’ils sont suffisamment intelligents pour vaincre la nature mais nous savons que la nature gagne toujours », a-t-il expliqué. C’est la raison pour laquelle les équipes d’ingénieurs de sa société étudient, par exemple, la construction de bâtiments qui s’effondrent « de façon plus douce ». Nous employons, par exemple, des matériaux et des méthodes qui rendent les structures plus résistantes, a-t-il expliqué. Enfin, sa société se concentre aussi sur des projets en partenariat avec des banques de développement ou sur des chantiers liés à la prévention des risques d’incendie ou de fortes précipitations dans les zones urbaines, a-t-il encore expliqué. En guise de conclusion, il a mis l’accent sur la nécessité, pour les sociétés du secteur privé spécialisées dans ce domaine, de disposer de normes très élevées en termes de responsabilité des entreprises. Il a précisé qu’une part des profits de la société était attribuée sous la forme de bourse à des universités afin qu’elles améliorent leurs recherches en matière de planification urbaine ou de résilience aux catastrophes.
Conscientes du fait qu’une proportion de plus en plus importante de la population mondiale vit dans des zones urbaines, en Afrique notamment, les délégations ont profité de ce débat pour souligner l’importance qu’il y a à préparer les populations à l’éventualité d’une catastrophe et prévoir les financements nécessaires.
Débat interactif
Le représentant de Singapour a compté parmi les nombreuses délégations qui ont insisté sur la planification afin d’améliorer la résistance des villes aux catastrophes. Son homologue de la Chine a insisté sur les investissements publics nécessaires pour renforcer la capacité de réaction dans les zones urbaines. Il faut multiplier les exercices de simulation et échanger les pratiques exemplaires entre pays et région, a-t-il ajouté.
Le représentant de l’Union européenne a prôné des évaluations claires et transparentes des risques. Nonobstant l’appui accordé par l’Union aux pays en développement, il a estimé que la responsabilité principale en matière de prévention revient aux gouvernements.
La représentante de l’Italie a évoqué l’importance de protéger le patrimoine culturel des villes. Elle a fait savoir que de nombreuses municipalités italiennes avaient établi des politiques et des stratégies communes pour faire face ensemble aux risques de catastrophe.
De nombreuses délégations ont également estimé que la préparation devait être intégrée aux politiques de développement.
Le représentant de l’Algérie, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a parlé des défis considérables que posent les catastrophes naturelles pour les pays en développement, constatant que ceux-ci avaient été exacerbés par les crises internationales.
Les PMA représentent 50% des victimes des catastrophes, a renchéri le représentant du Népal, pour qui les gouvernements concernés doivent veiller à la cohérence des politiques climatiques et de réduction des risques de catastrophe.
La représentante du Royaume-Uni s’est inquiétée de l’insuffisance des financements, faisant remarquer que seul 1% de l’aide publique au développement (APD) est alloué à la réduction des risques de catastrophe. La préparation aux risques ne doit pas concerner uniquement le secteur humanitaire, a-t-elle estimé. Le Vice-Présidentde la société AECOM, spécialisée dans les services d’ingénierie a recommandé de démultiplier les investissements, compte tenu des ressources limitées.
De son côté, la représentante de la Nouvelle-Zélande a demandé aux panélistes des conseils sur la gestion du déplacement des populations.
Le maire de Quito a indiqué que sa ville accordait aux populations déplacées des subventions pour 70% des frais et que des démarches spécifiques avaient été développées pour les femmes. Il a insisté sur la volonté politique qui doit être très forte, compte tenu du problème de crédibilité dont souffrent les autorités au regard de la population.
La Directrice exécutive adjointe d’ONU-Habitat a insisté sur l’importance des objectifs quantifiables. En matière de résilience, a-t-elle ajouté, les choses doivent être suffisamment simples pour que tout le monde puisse comprendre de quoi il s’agit et comment mettre en œuvre le système. Chaque personne doit être considérée comme un partenaire. Le professeur en génie civil lié aux tsunamis à l’Université de Tohoko a mis l’accent sur la nécessité de procéder à une analyse systématique des prévisions sur les pertes et dégâts.
Table ronde interactive 2: « Accroître la capacité de résistance aux catastrophes en s’adaptant aux changements climatiques et en réduisant les risques »
Avant de donner la parole aux conférenciers, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, Mme MARGARETA WAHLSTRÖM, qui anime le débat de cet après-midi, a fait remarquer que 85 à 90% des catastrophes sont dues à des conditions météorologiques étroitement liées aux changements climatiques.
M. SABER HOSSAIN CHOWDHURY, membre du Parlement du Bangladesh, a prévenu, à son tour, que les catastrophes seront encore plus graves dans les prochaines années et qu’elles mettront en péril le développement, la lutte contre la pauvreté, la paix et la sécurité dans le monde. Le défi est aujourd’hui de traduire en actes ces évidences. Ce qui importe, c’est de partir de la cohérence des connaissances vers la convergence des actions. La première mesure à prendre est la réduction des risques de catastrophe.
M. Chowdhury a insisté sur les mesures d’adaptation aux changements climatiques. Il a, par exemple, estimé que face à la salinité élevée de l’eau due notamment aux érosions et à la fonte des glaces, il faudra créer de nouvelles variétés de riz. Mais pour lui, la meilleure forme d’adaptation est la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il faut prendre conscience des enjeux des changements climatiques, a-t-il insisté, en prônant le renforcement de la coopération internationale et régionale.
Au Bangladesh, les lois n’existent peut-être pas mais les mentalités ont changé, et les parlementaires ont joué un rôle actif dans ce changement. Sans prise de conscience, on n’arrivera pas aux résultats escomptés. La meilleure des adaptations aux changements climatiques reste le développement durable, a insisté le représentant.
M. Angus Friday, Consultant auprès de la Banque mondiale et spécialiste international des politiques climatiques, a présenté aux délégations diverses possibilités économiques qu’offre l’adaptation aux changements climatiques. Il a parlé d’un cercle vicieux, qui fait que les catastrophes sapent le développement, augmentent ensuite l’endettement puis accroissent, à nouveau, la vulnérabilité aux catastrophes. Il a pris pour exemple son propre pays, la Grenade, frappé par l’ouragan Ivan en 2004, qui a fait de nombreuses victimes et détruit le pays au point de l’endetter à 200% du PNB.
L’économie dite « verte » offre de nombreuses possibilités qu’il faut saisir. Mais avant cela, il faut d’abord relever les nombreux défis. Plusieurs pays ouvrent la voie avec des actions ciblées à la fois sur la vulnérabilité et sur l’endettement, grâce notamment à l’économie « bleue ». L’orateur a mis l’accent sur la nécessité de reconnaître, à l’approche de la Conférence Rio+20, le lien très étroit entre développement et vulnérabilité aux catastrophes. Il a insisté sur des instruments tels que les programmes « dette contre nature », qui consistent à muer la dette en compensations pour des programmes environnementaux.
Il a axé la troisième partie de son intervention sur l’économie dite « bleue ». Il a rappelé que les océans couvrent 71% de la surface du globe, qu’ils contiennent aussi 60% des protéines animales et que 250 millions de personnes vivent de la pêche. Dans ce contexte, les îles et les petits États insulaires étudient, par exemple, les océans sous l’angle de zones économiques exclusives.
C’est le cas de Fidji pour qui la valeur des océans est énorme par rapport à sa propre masse terrestre. Toutefois, la capacité des océans à se régénérer est réduite alors que la demande en poissons devrait doubler dans un très proche avenir.
M. Friday a insisté sur la nécessité de prendre des mesures d’aide financière mieux adaptées à la préparation aux risques. Il est revenu sur le lien entre endettement élevé et vulnérabilité aux catastrophes ainsi que sur les projets novateurs « dette contre nature ». « Mais la tâche principale de la communauté internationale reste qu’elle doit mieux se préparer aux risques de catastrophe », a-t-il conclu.
Mme BARBARA CARBY, Directrice de la réduction des risques de catastrophe de la Jamaïque, a d’abord souligné que son pays peut être qualifié de « petit État insulaire très endetté ». Ceux qui souffrent ainsi de l’absence d’un espace fiscal peuvent avoir du mal à collecter les ressources nécessaires à la gestion des risques de catastrophe. La cartographie des risques et la quantification systématique des dégâts potentiels ont montré un impact potentiel de 2% sur le PNB annuel. L’analyse des risques des ouragans a montré quant à elle que les dégâts matériels pourraient s’élever à 20 milliards de dollars. Toutes ces prévisions ont convaincu les dirigeants de la nécessité d’intégrer la réduction des risques de catastrophe dans les plans de développement.
À Negril, par exemple, destination touristique et village de pêche, par excellence, les risques d’érosion sont élevés et des mesures concrètes ont pu être prises car, pendant ces dernières années, les études scientifiques ont permis de comprendre le taux et les causes de l’érosion et de protéger les zones à haut risque. Il est donc important que les gouvernements investissent dans la recherche scientifique « l’élément oublié ».
Les données sont importantes et les gouvernements doivent se doter des moyens de bien les gérer. La collaboration régionale est importante en l’occurrence, en particulier pour les pays aux ressources financières limitées. Il faut, a insisté l’oratrice, encourager la foi des gens dans la science. Une des meilleures manières de le faire est de dégager les points de convergence entre la science et les connaissances locales ou autochtones.
Dans la foulée de ces interventions, M. Ibrahim Thiaw, Directeur de la Division de la mise en œuvre des politiques environnementales du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a cité plusieurs exemples de succès dans la gestion des écosystèmes qui contribuent ou ont contribué à prévenir les catastrophes. Il a cité le cas de la gestion des écosystèmes en Jamaïque, où des glissements de terrain et l’érosion des plages ont pu être protégés.
« Des écosystèmes sains constituent peut-être le meilleur moyen pour les pauvres de se protéger contre les catastrophes », a-t-il souligné. Des écosystèmes côtiers sains, par exemple, peuvent contribuer à la résilience communautaire en fournissant des denrées, de l’eau ou les abris nécessaires après les catastrophes.
M. Thiaw a aussi expliqué qu’au Burkina Faso, 200 000 hectares de zones sèches avaient été réhabilités et pouvaient, à présent, produire des tonnes de denrées alimentaires. Ce fut le cas aussi au Niger, a-t-il dit, où plusieurs zones ont été aménagées et des milliers de tonnes de denrées supplémentaires sont aujourd’hui disponibles.
Investir dans des écosystèmes sains concerne aussi les pays développés, a-t-il ajouté, citant le cas des Pays-Bas, qui ont investi 2 milliards d’euros dans des projets destinés à faire plus de place aux rivières et à réduire, de la sorte, les risques d’inondation. La Suisse, aussi, a investi 150 millions de francs par an dans la gestion des forêts afin de prévenir les avalanches et de mieux gérer les chutes de pierres ou de rochers.
Parfois, a-t-il précisé, il est beaucoup moins coûteux de miser sur la nature plutôt que sur des systèmes complexes d’ingénierie. À cet égard, il s’est dit convaincu que les réponses humaines puisées dans la nature étaient des solutions complémentaires. Il a appelé les États Membres, à l’approche de la Conférence Rio+20, à reconnaître le rôle des écosystèmes dans la réduction des risques.
M. MELCHIADE BUKURU, Chef du Bureau de liaison de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, a lié la dégradation des écosystèmes à l’aggravation de la vulnérabilité aux catastrophes. Il a cité le cas d’Haïti où la déforestation est étroitement liée à l’ampleur des pertes après le passage des ouragans. Pendant le tremblement de terre, si la capitale n’avait été surpeuplée par une population rurale fuyant des terres dégradées, le nombre des pertes en vies humaines aurait été moindre. La majorité des catastrophes vient de la terre et a donc un effet direct sur les populations. En matière de réduction des catastrophes, « il faut commencer par la terre » car les personnes les plus vulnérables vivent sur des terres dégradées ou désertiques. Jusqu’ici la réponse mondiale aux catastrophes a été la réaction. Or ce qu’il faut, c’est renforcer la résilience. Par des systèmes d’alerte rapide et des techniques de gestion des sols et de l’eau, on peut gagner la bataille de la résilience, en 10 ans. La sécheresse coûte cher et une politique dynamique sur la dégradation des sols peut réduire les coûts. La réponse est donc le développement durable, a-t-il dit, en soulignant les enjeux de la Conférence Rio+20 car les zones de sécheresse ou susceptibles d’être touchées par la sécheresse s’élargissent.
M. John Schneider, de l’Agence australienne Geoscience, a noté que la communauté internationale était de plus en plus consciente des risques mais que, pour mieux les gérer, il fallait à la fois avoir les connaissances de base et faire en sorte qu’elles puissent être transmises aux communautés et à la population. Il a présenté plusieurs programmes mis en place, dans ce domaine, par l’Australie avec des pays partenaires dans la région, tels que les Philippines et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Les Philippines ont ainsi été frappées, en 2009, par le typhon « Ketsana » qui a causé près d’un million de déplacés et jusqu’à 6 mètres d’eau dans les rues de Manille. À la suite de ce typhon, les efforts de collaboration entre l’Agence australienne et les autorités de la ville se sont concentrés sur la nécessité de disposer de cartes en trois dimensions de la ville afin de mieux prévenir et gérer les catastrophes.
M. Schneider a aussi cité le succès d’une campagne de sensibilisation de la population dans le centre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, région qui avait été touchée par une éruption volcanique en 1994. Grâce à cette campagne, la population a été mieux préparée lorsque, en 2006, la région a, une nouvelle fois, été secouée par une série de tremblements de terre de plus faible magnitude.
« Mais aucune de ces réalisations n’a pu être possible sans les outils et les données qui permettent aux informations trouvées par les chercheurs d’être relayées vers les communautés afin d’épargner des vies », a-t-il conclu, appelant au transfert des savoirs dans les domaines de la prévention et de la gestion des risques.
Débat interactif
Comment accroître la capacité de résistance aux catastrophes en s’adaptant aux changements climatiques? Face à cette question, qui était au cœur du débat interactif de cet après-midi, plusieurs intervenants ont, dans un premier temps, mis l’accent sur la vulnérabilité plus grande de certains pays, en particulier les petits États insulaires en développement, avant de plaider pour une approche globale et intégrée car, ont expliqué plusieurs délégations, aucun État n’est à l’abri.
Le représentant de la Papouasie- Nouvelle-Guinée, État insulaire de l’Océanie, a ainsi expliqué que son pays figurait parmi les 20 pays qui subissent les pertes les plus importantes par rapport à leur produit national brut (PNB) en cas de catastrophe. « Une seule catastrophe peut réduire en miettes des années de gains économiques », a-t-il souligné, rappelant l’importance de ce débat à l’approche de la Conférence Rio+20.
Une approche partagée par son collègue des Palaos, qui s’exprimait au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement. Il a, à son tour, plaidé pour un dialogue international constant sur ces questions.
Le représentant du Chili a reconnu que la réduction des risques de catastrophe était devenue un thème prioritaire depuis que son pays avait été frappé, en février 2010, par un séisme dévastateur qui l’a poussé à prendre des mesures législatives pour renforcer ses systèmes d’urgence et d’alerte rapide. Sur la base de cette expérience malheureuse, il a partagé avec ses collègues d’autres approches adoptées, notamment en matière de développement durable, de programmes de simulation de catastrophes ou d’éducation citoyenne à la gestion des catastrophes.
La délégation de l’Égypte a émis l’espoir que Rio+20 pourra permettre de changer la façon de voir les défis liés à la réduction des risques de catastrophe et les liens entre tous les éléments abordés au cours de cette journée de débat. « Aucun pays n’est à l’abri des catastrophes », a-t-il insisté en parlant d’un phénomène qui mérite une plus grande attention à l’échelle mondiale, en particulier dans les pays en développement en Asie, en Afrique et en Amérique latine.
Mettre davantage l’accent sur les pays les plus vulnérables était aussi l’une des nécessités évoquées par le représentant du Bangladesh, qui a, quant à lui, rappelé le rôle que peuvent jouer, au niveau national, les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire dans les capacités de résistance.
Il a regretté qu’on parle peu de la question du transfert des technologies et a interrogé les conférenciers à cet égard: comment faire, en amont de la Conférence Rio+20, des suggestions novatrices sur cette question?
Rappelant que son territoire connaissait plusieurs inondations majeures par an, le représentant de la Hongrie a expliqué que son pays avait acquis des connaissances certaines dans la gestion de telles catastrophes et qu’il les avait partagées avec l’Indonésie et la Thaïlande, entre autres. Il a mis l’accent sur l’importance de financements prévisibles à long terme pour renforcer la résilience des communautés.
Le représentant du Pakistan a alors souligné l’importance qu’il y a à avoir des outils de communication efficaces avec les personnes vulnérables pour qu’elles puissent comprendre les alertes. S’agissant du document final de Rio+20, il a estimé que celui-ci devrait renforcer le « Cadre d’action de Hyogo pour 2005-2015: pour des nations et des collectivités résilientes face aux catastrophes », qui doit demeurer au cœur des discussions, a-t-il insisté.
À l’issue des interventions, les conférenciers ont, tour à tour, repris la parole pour souligner la vitalité des échanges. S’agissant de la question particulière du transfert des technologies, M. Ibrahim Thiaw, du PNUE, a encore souligné l’apport des communautés locales en termes de connaissances. Le savoir et le partage des connaissances ne devraient pas seulement venir des universités, a-t-il dit. De son côté, M. John Schneider, de l’Agence australienne Geoscience, s’est félicité que la science soit de plus en plus à la base des décisions prises dans le domaine de la réduction des risques.
À l’issue de ce débat interactif, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe a relevé des priorités très claires pour les zones urbaines avec les expériences partagées par les maires dont celui de la ville de Quito. Elle a fait observer que la décentralisation avait été mentionnée comme un élément très important de la gestion des risques de catastrophe, tout comme un renforcement des rôles de ceux qui sont en contact direct avec les populations.
Beaucoup d’initiatives fonctionnent bien au niveau local et nous devons, à présent, réfléchir à la manière de passer du niveau local au niveau national puis mondial, a-t-elle dit. Elle a souligné que les discussions de l’après-midi avaient mis l’accent sur la vulnérabilité de certains États mais aussi sur des exemples pratiques de succès. Nous savons quels sont les bons exemples et nous devons les multiplier pour montrer plus de cohérence, a-t-elle conclu.
Pour sa part, le Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale a souligné les contributions « remarquables » apportées au cours des échanges. Il a noté qu’il ne faisait plus aucun doute qu’il existe une dynamique internationale sans précédent pour réduire les risques de catastrophe et que la Conférence Rio+20 ne pouvait pas passer à côté de cette chance.
Il a également souligné que l’autonomisation des gouvernements et des communautés, au niveau local, devait être appuyée dans le cadre de la réduction des risques de catastrophe. Rappelant que cette journée de délibérations ferait l’objet d’un « résumé du Président », il a exhorté les États Membres à en tenir compte dans les négociations en cours sur le document final de la Conférence Rio+20.
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