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Darfour: Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix appelle les signataires du document de Doha à mettre en oeuvre leurs engagements

CS/10628

Darfour: Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix appelle les signataires du document de Doha à mettre en oeuvre leurs engagements

26/04/2012
Conseil de sécuritéCS/10628
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6762e séance – matin


DARFOUR: LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX APPELLE LES SIGNATAIRES DU DOCUMENT DE DOHA À METTRE EN ŒUVRE LEURS ENGAGEMENTS


Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, en présentant ce matin, devant le Conseil de sécurité, le rapport du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD)*, a appelé les parties signataires du Document de Doha pour la paix au Darfour à mettre en œuvre leurs engagements.


Dans son rapport, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, se félicite de la création, en décembre dernier, de l’Autorité régionale pour le Darfour, laquelle, écrit-il, « constitue une étape importante dans la mise en oeuvre du Document de Doha, de l’établissement de la Commission nationale des droits de l’homme et de la nomination d’un procureur du Tribunal pénal spécial sur les événements du Darfour ».


Le Secrétaire général met en outre l’accent sur la nécessité pour l’Autorité régionale d’« améliorer de façon concrète la vie des Darfouriens en apportant les dividendes de la paix, notamment en matière de reconstruction et d’appui au retour ou à la réinstallation des personnes déplacées et des réfugiés ».


Précisant que l’Autorité régionale préparait des stratégies et des plans de travail en vue de la mise en œuvre du Document de Doha pour la paix au Darfour, M. Ladsous a exprimé des préoccupations sur l’absence de financement de la part du Gouvernement.


Le Président de l’Autorité, M. Eltijani Siesi, a indiqué le 23 avril dernier que faute de financement, le processus pourrait s’effondrer, a souligné le Secrétaire général adjoint.  


Par ailleurs, « en ce moment, les perspectives ne sont pas bonnes pour la reprise des négociations entre le Gouvernement et les mouvements non-signataires », a poursuivi M. Ladsous, précisant que le Mouvement pour la justice et l’égalité ainsi que l’Armée de libération du Soudan-faction Minni Minawi (ALS-MM), tous deux membres de l’Alliance du Front révolutionnaire du Soudan, avaient informé le Médiateur en chef conjoint par intérim, M. Ibrahim Gambari, qu’ils négocieraient exclusivement sur les questions de réformes politiques nationales et économiques.  


Pour sa part, l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid (ALS-AW)a déclaré qu’elle n’était prête à négocier que si les questions de fond au cœur du conflit au Darfour étaient abordées, tandis que le Gouvernement a affirmé vouloir négocier seulement sur les questions liées au Darfour, sur la base du Document de Doha, a expliqué M. Ladsous.


Celui-ci a affirmé que les parties devraient, selon les termes du Document de Doha, achever d’ici le mois de juin la campagne d’information et de consultations.  « Cette campagne permettra de recueillir les opinions des parties prenantes du Darfour sur les conditions qu’elles jugent importantes pour un dialogue crédible », a-t-il dit. 


Concernant la mise en œuvre du mandat de protection de la MINUAD, M. Ladsous est revenu sur les incidents du 17 avril dernier, lorsque des forces armées non identifiées ont attaqué El Simah, près de la frontière entre le Darfour oriental et le Kordofan méridional.  Il a rappelé que les tentatives de la part de la MINUAD et des agences humanitaires d’accéder à ces régions et d’autres touchées par des combats, notamment celle de Jebel Marra, avaient été bloquées par les autorités du Gouvernement.


Malgré les garanties données à la MINUAD et aux agences humanitaires pour pouvoir se déplacer à travers le Darfour, la MINUAD continue d’être limitée dans ses mouvements, particulièrement dans des zones militaires sensibles, a-t-il dit.  

Au sujet de la sûreté et de la sécurité du personnel de la Mission et du personnel humanitaire, M. Ladsous a dit toute sa préoccupation à la suite, notamment, de trois attaques mortelles dont ont fait l’objet les soldats de la MINUAD depuis le début de l’année.


Le Secrétaire général adjoint a également annoncé au Conseil que, dans les mois à venir, les Nations Unies continueraient de rationnaliser et de renforcer l’efficacité du personnel en uniforme de la MINUAD. 


S’agissant de la police, l’une des principales conclusions de l’évaluation des personnels en uniforme contenue dans le rapport du Secrétaire général souligne en effet l’existence d’un risque accru, pour les civils, de subir des crimes violents, notamment dans les zones urbaines et les camps de déplacés, par opposition aux dommages causés par les conflits armés, a-t-il expliqué.  De plus, l’évaluation montre que les opérations des unités de police constituées dans les zones périphériques chevauchent celles des patrouilles militaires, a-t-il précisé.  Il est ainsi recommandé que les unités de police constituées soient déployées dans les zones urbaines et les camps de déplacés.


M. Ladsous a, de même, assuré que la MINUAD allait maintenir les 13 centres de police de proximité déjà construits et se dispenser des plans visant à utiliser les 20 centres qui ne sont pas encore construits.


S’agissant de la composante militaire, l’ajustement total vis-à-vis du personnel militaire déjà déployé s’élève à 3 260 hommes, chiffre qui intègre notamment une réduction de 1 600 hommes dans l’infanterie. 


En ce qui concerne les unités d’aviation, une réduction de 200 hommes est recommandée en lien avec le redéploiement proposé d’hélicoptères tactiques.


M. Ladsous a précisé que la mise en œuvre de tous les ajustements serait achevée dans une période de 18 mois.  Les économies réalisées dans l’année 2012-2013 s’élèveront à 76,1 millions de dollars sur un budget total de 1,5 milliard, et dans les années suivantes, les économies atteindront environ 135 millions de dollars par an, a-t-il conclu.


* S/2012/231


Rapport du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (S/2012/231)


Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, dans ce rapport fait le point sur les progrès réalisés dans l’exécution du mandat de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) et sur la situation sur place depuis son dernier rapport daté du 30 décembre 2011.


Il se félicite de la création de l’Autorité régionale pour le Darfour, qui, écrit-il, constitueune étape importante dans la mise en oeuvre du Document de Doha, de l’établissementde la Commission nationale des droits de l’homme et de la nomination d’un procureur du Tribunal pénal spécial sur les événements du Darfour ayant compétence pour statuer sur les violations flagrantes des droits de l’homme et les violations graves du droit international humanitaire commises au Darfour depuis 2003.


Selon M. Ban, il importe tout particulièrement que l’Autorité régionale soit désormais en mesure d’améliorer de façon concrète la vie des Darfouriens en apportant les dividendes de la paix, notamment en matière de reconstruction et d’appui au retour ou à la réinstallation des personnes déplacées et des réfugiés. 


À cet égard, les parties signataires doivent faire en sorte que l’Autorité régionale dispose des ressources et des capacités lui permettant de s’acquitter de ses responsabilités, notamment en respectant leur engagement de contribuer au Fonds de reconstruction et de développement du Darfour ainsi qu’au système de microfinancement permettant de promouvoir les activités rémunératrices.


En outre, poursuit le Secrétaire général, la volonté des Darfouriens de s’engager dans un dialogue et un processus politiques internes doit être encore renforcée.  Toutefois, pour que ce processus soit crédible et permette d’atteindre le but fixé, les participants doivent pouvoir s’exprimer, se déplacer et se réunir librement.  M. Ban exhorte ainsi la MINUAD à poursuivre ses consultations avec les parties sur les questions relatives aux droits fondamentaux des Darfouriens et à leur participation proportionnelle au processus.


Le Secrétaire général se dit profondément préoccupé par l’augmentation du nombre d’attaques contre le personnel et les biens de la MINUAD, qui ont coûté la vie à deux soldats de la paix au cours de la période considérée.  Condamnant ces actes inacceptables, il invite le Gouvernement soudanais à continuer de travailler en étroite collaboration avec la MINUAD pour enquêter sur tout acte de violence contre l’Opération, et exhorte le Gouvernement à libérer le personnel de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud actuellement détenu au Darfour oriental.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité reconduit jusqu’au 30 avril 2013 le régime de sanctions sur les armes et diamants en Côte d’Ivoire

CS/10627

Le Conseil de sécurité reconduit jusqu’au 30 avril 2013 le régime de sanctions sur les armes et diamants en Côte d’Ivoire

26/04/2012
Conseil de sécuritéCS/10627
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Conseil de sécurité

6761e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ RECONDUIT JUSQU’AU 30 AVRIL 2013 LE RÉGIME DE SANCTIONS SUR LES ARMES ET DIAMANTS EN CÔTE D’IVOIRE


Le représentant de la Côte d’Ivoire salue l’assouplissement d’un régime qui tient compte des progrès réalisés par son pays


Considérant que la situation en Côte d’Ivoire continuait de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région, le Conseil de sécurité a, ce matin, reconduit pour un an son régime de sanctions à l’égard des armes et des diamants, ainsi que le mandat du Groupe d’experts créé en 2004 pour évaluer la situation dans le pays.   


En adoptant, à l’unanimité de ses quinze membres la résolution 2045 (2012), le Conseil de sécurité prolonge jusqu’au 30 avril des sanctions imposant à tous les États d’empêcher la fourniture, la vente ou le transfert, directs ou indirects, d’armes et de matériel connexe à la Côte d’Ivoire, à partir de leur territoire ou par leurs ressortissants, ou au moyen de navires ou d’aéronefs battant leur pavillon, que ces armes et ce matériel aient ou non leur origine sur leur territoire.


Néanmoins, tenant compte des progrès accomplis et des succès obtenus par la Côte d’Ivoire au cours des derniers mois sur la voie du retour à la stabilité, ces nouvelles sanctions ne s’appliqueront plus ni à la fourniture de services de formation, de conseils et de compétences spécialisées en rapport avec les fonctions de sécurité et militaire, ni à la fourniture de véhicules civils aux forces de sécurité ivoiriennes. 


Présentant les faits marquants depuis l’adoption l’année dernière de la résolution 1980 (2011), le représentant de la Côte d’Ivoire, M. Youssoufou Bamba, a salué le nouveau texte du Conseil, ce régime de sanctions tenant compte des efforts et des succès obtenus par son pays sur la voie du retour à la normalisation et à la stabilité.


Il a particulièrement salué l’assouplissement des procédures dérogatoires en passant d’un système de demande d’autorisation à celui de notification, la suppression de l’embargo sur les formations et l’assistance technique et la réévaluation prévue dans six mois du dispositif en fonction des progrès accomplis dans les domaines de la réforme de la sécurité et de la démobilisation du désarmement et de la réintégration (DDR).


Le délégué a indiqué que le Président de la Côte d’Ivoire, M. Alassane Ouattara, exprimerait aux membres du Conseil toute la gratitude du peuple et du Gouvernement lors de la prochaine visite de travail que le Conseil de sécurité effectuera dans le pays du 20 au 22 mai 2012.


Face aux préoccupations du Conseil de sécurité au sujet de l’inachèvement de la réforme du secteur de la sécurité et du programme de DDR, M. Bamba a fait état de la création, le 6 avril dernier, du Groupe de travail sur la réforme du secteur de la sécurité (GT-RSS) qui sera chargé de mener des réflexions et de trouver une réponse définitive aux problèmes de DDR dans un délai de trois mois. 


Le Conseil, dans sa résolution, demande également aux autorités ivoiriennes d’appliquer un plan d’action visant à faire respecter les règles du Système de certification du Processus de Kimberley pour les contrôles internes du commerce des diamants bruts. 


À cet égard, le représentant ivoirien a expliqué que le retour de l’administration au niveau local et régional du Ministère des mines et de l’énergie permettait à nouveau de surveiller les activités minières sur l’ensemble du territoire national et accélérer ainsi l’adhésion de la Côte d’Ivoire au processus de Kimberley


M. Bamba a insisté sur le fait que « le train de la réconciliation nationale est en marche » et que le dialogue politique avec l’opposition s’amorce.  « C’est le sens qu’il convient de conférer au déplacement que le Président de la République vient d’effectuer dans l’ouest du pays du 21 au 24 avril 2012, et qui constitue sa toute première visite d’État à l’intérieur du pays depuis son investiture en mai 2011 », s’est-il félicité.


En addition à cette démarche placée sous le sceau du dialogue, du pardon et de la réconciliation, le Gouvernement entamera, les 27 et 28 avril prochain, un dialogue avec l’ensemble des partis politiques de l’opposition en vue de renforcer la cohésion nationale, a ajouté M. Bamba, avant de préciser que la nouvelle Assemblée nationale, issue des élections législatives de décembre 2011, avait ouvert hier sa première session ordinaire.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La santé sexuelle et reproductive et le chômage des jeunes marquent la troisième journée du débat à la Commission de la population et du développement

POP/1004

La santé sexuelle et reproductive et le chômage des jeunes marquent la troisième journée du débat à la Commission de la population et du développement

25/04/2012
Conseil économique et socialPOP/1004
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la population et du développement            

Quarante-cinquième session                                 

6e et 7e séances

matin et après-midi


LA SANTÉ SEXUELLE ET REPRODUCTIVE ET LE CHÔMAGE DES JEUNES MARQUENT LA TROISIÈME JOURNÉE DU DÉBAT

À LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT


Malgré d’importants progrès réalisés dans de nombreux pays, la santé des jeunes et des adolescents doit demeurer un domaine d’action prioritaire pour la communauté internationale car, chaque année, ils sont environ 2,6 millions de jeunes à mourir de causes qui pourraient être évitées.


« Grâce à des études récentes, nous savons aujourd’hui qu’un tiers des maladies, qui interviennent plus tard dans la vie, sont liées à l’adolescence.  Un sixième de ces maladies sont provoquées par des comportements à risques qui ont eu lieu à cet âge, tels que l’abus d’alcool, l’obésité, le tabagisme ou l’inactivité physique. »


Ce constat, dressé aujourd’hui devant la Commission de la population et du développement par le professeur australien George Patton, spécialiste des questions de santé des adolescents, a été reconnu par de nombreuses délégations.


Chaque région, ont toutefois fait remarquer certains, est confrontée à des difficultés très diverses.  « La santé pour les jeunes n’est pas seulement un service, c’est un droit », a rappelé le représentant de la Bolivie, dont le pays entend surtout mettre l’accent sur l’éducation sexuelle des jeunes, axée notamment sur la lutte contre le VIH/sida.  Au Brésil, où les jeunes représentent 30% de la population, le système universel de santé concentre ses efforts sur les filles et les jeunes femmes.  Malgré ces efforts, les grossesses chez les adolescentes restent nombreuses et, à ce jour, le taux de mortalité chez les adolescentes des suites d’un accouchement est de 16%.


Une situation que connaît aussi le Guatemala, où plus de 30 000 filles, âgées de 9 à 18 ans, se retrouvent enceintes, a expliqué sa représentante.  Des mesures sont prises pour décourager les adolescents d’avoir des relations sexuelles, a précisé la représentante. 


Pourtant, ce ne sont pas les maladies mais les homicides qui tuent le plus de jeunes entre 10 et 24 ans en Amérique latine, a souligné le professeur Patton.  La région, à l’instar de celle d’Europe de l’Est, connaît en effet un taux de mortalité « intermédiaire » dans cette tranche d’âge, soit 100 à 150 décès pour 100 000 jeunes. 


Les homicides ont aussi un impact plus important sur les jeunes gens en Amérique latine.  Les taux de mortalité parmi les jeunes gens de 15 à 19 ans sont deux fois plus élevés que ceux des femmes et ceux qui appartiennent à la tranche d’âge des 20 à 24 ans sont exposés à de plus grands risques que les jeunes filles du même âge.


La Méditerranée orientale et l’Asie du Sud-Est connaissent, quant à elles, des taux de mortalité relativement élevés parmi les jeunes -150 à 200 décès pour 100 000 jeunes-, tandis que l’Afrique se distingue tristement avec 300 décès, chaque année, pour 100 000 jeunes.


Sur le continent africain, la mortalité touche principalement les filles et les jeunes femmes en raison d’une prévalence de la mortalité maternelle et de la forte incidence du VIH/sida chez les jeunes femmes.  Des progrès existent en dépit des nombreuses difficultés qui persistent.  Chaque pays tente d’y remédier en misant sur des domaines prioritaires, ont souligné plusieurs délégations. 


Le Nigéria, qui possède la plus large population de jeunes et d’adolescents d’Afrique, mise tantôt sur l’éducation, tantôt sur la vaccination, avec deux objectifs: créer 100 établissements scolaires chaque année et vacciner les jeunes filles contre le « PapillomavirusHumain(HPV) »afin de prévenir le cancerdu col de l'utérus.


Face à de nombreuses grossesses précoces ou non désirées et des avortements dangereux, le Burkina Faso axe ses efforts sur l’information.  Mais, malgré l’appui du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), l’accès à l’information, aux préservatifs et aux services de santé reste insuffisant et compliqué en milieu rural. 


Pour d’autres pays, comme le Bélarus, l’Ouzbékistan ou la Moldova, les efforts portent non seulement sur la santé des jeunes mais également sur les moyens de leur assurer un avenir meilleur, en leur offrant de meilleures opportunités sur le marché du travail.  Moins de 30% des jeunes de la République de Moldova occupent un emploi et la migration économique laisse des traces sur des adolescents laissés seuls ou confiés à des proches, a expliqué son représentant.  Pour le Bélarus, la baisse du taux de natalité risque de causer d’importants problèmes de main-d’œuvre et il s’agit, avant tout, d’investir dans des programmes favorisant l’entreprenariat des jeunes.  Sa représentante a appelé le Conseil économique et social (ECOSOC) à accorder une attention particulière aux jeunes lors de l’Examen ministériel annuel (EMA) de 2012.


Au cours des prochaines années, plusieurs tendances socioéconomiques mondiales indiquent que l’indépendance financière des jeunes sera de plus en plus tardive et que les opportunités économiques diminueront en même temps que l’arrivée d’un grand nombre d’entre eux sur le marché du travail, a averti M. Jorge Bravo, du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). 


En fin d’après-midi, la Commission de la population et du développement a entendu plus d’une dizaine de responsables d’organisations non gouvernementales, dont certaines bénéficient d’un statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC, qui ont demandé aux États Membres de prendre des mesures plus concrètes en faveur de la santé des jeunes.


La Commission de la population et du développement reprendra ses travaux demain jeudi, 26 avril, à 10 heures.


DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À L’EXPÉRIENCE DES PAYS DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION: LES ADOLESCENTS ET LES JEUNES


Suite du débat général


Tandis qu’une grande partie de la communauté internationale lutte toujours contre les effets négatifs de la crise économique et financière, Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a fait remarquer la nécessité d’investir dans le développement économique et social afin d’améliorer l’égalité sociale et de fournir des revenus aux générations futures, et ce, en leur offrant notamment un meilleur accès au marché du travail, a-t-elle dit.  « Les jeunes sont en effet le groupe qui possède le plus grand potentiel pour faire face aux défis de notre société ».  Au Brésil, ils constituent environ 30% de la population, soit 49,8 millions de personnes.  La sexualité et la vie reproductive débutent à l’adolescence et c’est la raison pour laquelle les droits sexuels et reproductifs de cette population doivent être protégés et promus, a-t-elle expliqué.


Les jeunes, au Brésil, sont nombreux à demander des politiques publiques qui rencontrent leurs besoins.  Le Secrétariat national de la jeunesse élabore, coordonne, intègre et articule ces politiques visant les jeunes, c’est-à—dire ceux qui sont entre 15 et 29 ans.  Le Conseil national des jeunes conseille et fournit, de son côté, les grandes lignes de l’action du Gouvernement, ainsi que des études sur la situation des jeunes dans le pays.  En matière de santé, la représentante a rappelé que son accès était un droit garanti par la constitution du Brésil et que le système universel de santé du pays (SUS) accordait une attention particulière aux filles et jeunes femmes dans une perspective d’égalité des sexes.  Elle a toutefois reconnu que l’une des difficultés du Brésil en matière de santé sexuelle et reproductive demeurait les grossesses des adolescentes, en particulier dans les groupes les plus vulnérables.  Le taux de mortalité maternelle des adolescentes est, en effet, très élevé au Brésil, avec un taux qui atteint 16% de l’ensemble des cas de décès maternels dans le pays.


M. EDUARDO PORRETTI (Argentine) a réaffirmé son soutien au Programme d’action du Caire et à la Conférence internationale sur la population et le développement.  Il a déploré qu’en dépit des efforts déployés par les États, la situation reste « très préoccupante, comme l’ont souligné le rapport du Secrétaire général et le FNUAP ».  Citant tout particulièrement le domaine de la santé, notamment sexuelle et reproductive, il a rappelé l’importance de la « participation des jeunes dans la formulation des politiques publiques qui les concernent ».


Passant ensuite en revue les initiatives menées par l’Argentine pour mettre en œuvre le Programme d’action du Caire, le représentant a rappelé les réformes juridiques et les lois adoptées, notamment la loi sur l’éducation de 2006 qui rend obligatoire l’enseignement dans le secondaire ou le dispositif législatif mis en place pour lutter contre les violences faites aux femmes.  En conclusion, il a indiqué que l’Argentine se concentrait désormais sur le renforcement des connaissances des jeunes en matière de droit de l’homme et des garanties d’accès aux services de santé sexuelle et reproductive, en particulier pour les migrants.


M. RAFAEL ARCHONDO (Bolivie) a expliqué que 34% de la population de son pays était constituée de jeunes et que, depuis le début de ce siècle, la Bolivie avait entamé une série de transformations visant à modifier les relations entre le Gouvernement et la société civile, y compris en impliquant davantage les jeunes.  La nouvelle constitution bolivienne reconnaît, à présent, différents droits aux jeunes, ce qui n’était pas le cas dans les versions précédentes.  Il existe aussi un plan national qui vise à améliorer les conditions d’accès de la population au système de santé, et qui tient compte des besoins particuliers des jeunes.  La Bolivie a aussi adopté un plan visant la jeunesse pour la période 2008-2012 et a ratifié la Convention latino-américaine de la jeunesse, a fait remarquer son représentant.  « Les jeunes doivent avoir accès à la santé dans le cadre d’une démarche de droit », a-t-il ensuite insisté.  La santé pour les jeunes n’est pas seulement un service, c’est un droit, a-t-il rappelé.  La Bolivie, a-t-il assuré, considère que les femmes adolescentes ont aussi le droit de prendre les décisions qu’elles souhaitent en ce qui concerne leur corps et leur avenir. 


En matière de sensibilisation, le représentant a expliqué que l’État avait mis en œuvre des plans d’action pour assurer une éducation sexuelle et civile aux jeunes.  Une récente enquête menée en Bolivie avait en effet révélé que seulement 66% des jeunes du pays recevaient, par exemple, une éducation du VIH/sida.  Le représentant a aussi estimé que les discriminations ou stigmatisations dont souffrent certaines personnes sont souvent liées à leur orientation sexuelle.  Il a également indiqué que le chômage contribuait grandement à la migration des jeunes boliviens et représentait la troisième cause de migration hors du pays.  C’est pourquoi nous devons continuer à nous engager dans l’édification de l’avenir de ces jeunes, a-t-il dit, avant de conclure.


M. RODNEY CHARLES (Trinité-et-Tobago) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la protection des jeunes.  Il a passé en revue les initiatives menées par son gouvernement, notamment les investissements en matière d’éducation afin d’offrir une scolarité gratuite dans le primaire et dans le secondaire.  Abordant le thème de la santé des jeunes, il a souligné le travail mené par le Programme de la population au sein du Ministère de la santé, ainsi que celui de l’Association nationale du planning familial qui informent la population, dont les adolescents et les jeunes, sur des problèmes liés à la sexualité, à la santé reproductive, sur les moyens de se protéger des grossesses précoces ou non désirées ainsi que des maladies sexuellement transmissibles comme le VIH/sida. En conclusion, il a indiqué que la Trinité-et-Tobago vient de lancer une série de nouvelles initiatives pour renforcer la participation des jeunes au processus de prise de décisions et d’élaboration des programmes qui s’adressent à eux.


M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) a regretté le fait que le rapport sur les jeunes et les adolescents du Secrétaire général n’adopte pas « un ton plus positif » en ce qui concerne les opportunités que représentent les jeunes pour le développement de toute société.  Un Iranien sur trois est âgé de 15 à 29 ans et cette jeune population « représente notre avoir le plus précieux pour façonner un avenir prospère », a-t-il déclaré.  Dans ce contexte, le représentant a expliqué que le Gouvernement iranien leur offrait des opportunités pour participer dans différents domaines de leur vie sociale.  Une nouvelle génération de jeunes scientifiques, d’artistes, de penseurs et d’ingénieurs s’efforce ainsi de transformer l’économie du pays, de même que la vie culturelle du pays. 


Le représentant a aussi fait remarquer que les services d’éducation avaient été élargis dans les zones les plus reculées du pays et que les garçons et les filles, en Iran, avaient un accès égal à l’université.  Par ailleurs, il a souligné que son gouvernement poursuivait ses efforts pour que les jeunes aient accès à des services de santé de qualité.  L’amélioration de la santé maternelle et de la santé des nouveau-nés fait partie des domaines qui sont renforcés.  Tout comme la capacité à récolter des données sur les jeunes et ces groupes ciblés, le représentant a indiqué qu’un nouveau Ministère de la jeunesse avait été créé, qui a pour rôle de contribuer à la création d’un environnement prospère pour les jeunes et les adolescents. 


M. JAMIN DORA ZUBEMA (Nigéria) a indiqué que son pays, qui était peuplé de plus de 167 millions d’individus, possédait la plus large population de jeunes et d’adolescents en Afrique et la plus large au monde après l’Asie.  Les jeunes et adolescents du Nigéria sont confrontés aux défis de l’extrême pauvreté, du chômage, de l’exclusion sociale, de la malnutrition, de l’exploitation et de la violence, a dit le représentant.  Les jeunes filles, plus particulièrement, a-t-il précisé, sont vulnérables à divers problèmes bien spécifiques allant des grossesses précoces aux grossesses non désirées, qui conduisent parfois aux avortements à risques et sont à l’origine des taux élevés de morbidité et mortalité maternelles, chez ce groupe.


Pour faire face à toutes ces difficultés et appuyer le développement des jeunes et des adolescents, le Nigéria, a précisé M. Zubema, a adopté divers plans d’action dont le dernier couvre la période 2010-2012.  Plus spécifiquement, un Ministère pour le développement de la jeunesse a été créé en 2007, afin de répondre aux défis économiques et sociaux auxquels est confrontée cette catégorie de la population.  Dans sa volonté de fournir l’éducation de base à tous les jeunes Nigérians, le Gouvernement a récemment engagé la première phase de constructions d’écoles pour les élèves itinérants de confession islamique, dans le nord-ouest du pays.  L’idée est de créer 100 écoles, chaque année, au cours des quatre prochaines années, a précisé M. Zubema.  Avant de conclure, il a rappelé qu’en 2011 son pays avait lancé des campagnes de vaccination pour les jeunes filles âgées de 9 à 15 ans contre le « PapillomavirusHumain(HPV) »afin de prévenir le cancerdu col de l'utérus.


M. VITALIY F. KOLBANOV (Fédération de Russie) s’est félicité que pour la première fois cette année, on note une baisse démographique dans le pays.  Rappelant ensuite que 21 millions de Russes sont âgés entre 15 et 24 ans, soit 15% de la population, il a mis en avant les efforts déployés pour élargir le réseau d’institutions spécialisées qui jouent un rôle significatif dans les domaines culturel et sportif.  Il a insisté sur les actions menées pour éliminer les négligences, combler l’absence de supervision parentale et endiguer la délinquance juvénile.  Soulignant l’importance de l’éducation, il a indiqué que la Fédération de Russie se concentrait sur l’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur et la promotion d’une bonne santé physique.  Au-delà des ressources déployées pour favoriser la pratique du sport avec la construction de nouvelles infrastructures dans les écoles, les lycées ou les universités,  M. Kolbanov a souligné que les quelque 2,5 millions d’adolescents du pays étaient au centre des politiques nationales de santé publique, avec notamment des programmes de soins et des traitements individualisés à disposition.


Son pays, a poursuivi le représentant a créé des centres spécialisés qui avaient accueilli l’année dernière près d’un million de jeunes et d’adolescents.  Ces structures et le personnel qui y travaille ont pour mission de renforcer la prise de conscience des jeunes pour un mode de vie sain.  Ils offrent aussi des programmes de lutte contre les mauvaises habitudes qui prévalent dans la jeunesse: alcoolisme, tabagisme et toxicomanie.  En conclusion, il a souligné que ces centres, ainsi que les campagnes d’information sur l’accès à la santé sexuelle et reproductive, avaient permis d’enregistrer des résultats significatifs: en quatre ans, le nombre d’avortements des adolescentes de moins de 14 ans a baissé d’une fois et demie tandis que celui des 15 à 18 ans a été divisé par deux.


M. SHAHZAD AHMAD MALIK (Pakistan) a tout d’abord salué le partenariat mis en place entre son pays et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), établi depuis 1971.  Avec 180 millions d’habitants, le Pakistan est en effet le sixième pays le plus peuplé de la planète et 104 millions de Pakistanais sont âgés de moins de 30 ans.  « La transition démographique du pays offre une occasion unique de toucher les dividendes de celle-ci pour accélérer le développement économique », a-t-il dit.  Cela ne signifie pas que ce groupe de la population ne connaît pas de difficultés.  Il a souligné que les parents avaient une responsabilité particulière dans ce contexte, afin d’aider les jeunes à devenir les architectes de leur avenir. 


Le représentant a ensuite indiqué que plusieurs mesures avaient été prises par son gouvernement pour cibler les adolescents et les jeunes, notamment en ce qui concerne les questions relatives à la santé, qui ont été intégrées dans les manuels scolaires et auxquels les enseignants ont été formés.  Le représentant a aussi précisé qu’une série de mesures avaient été prises, au Pakistan, pour protéger les femmes de pratiques préjudiciables, comme les actes de violence ou le harcèlement, par exemple.  En outre, des mesures ont été prises pour réduire le taux de mortalité maternelle.  À cet égard, le Fonds national pour le bien-être de la population au Pakistan a été revitalisé afin d’aider davantage les organisations de la société civile qui assistent les femmes en matière de planning familial.  Comme l’avait souhaité l’ancienne Premier Ministre, Benazir Bhutto, le Pakistan œuvre pour que les femmes puissent avoir des grossesses désirées et espacées.


M. VLAD LUPAN (République de Moldova) a axé son intervention sur le chômage, problème majeur auquel sont exposés les jeunes dans son pays.  À ce jour, moins de 30% des jeunes en âge de travailler occupent un emploi.  Il a également mis l’accent sur les conséquences de la migration économique des adultes, qui ont « laissé derrière eux leurs jeunes enfants en les confiant à des proches, sans l’attention nécessaire, ce qui, a-t-il fait remarquer, a un impact sur leur futur comportement social ».  Dans ce contexte, le Gouvernement a lancé une série d’initiatives parmi lesquelles la mise en œuvre d’une stratégie nationale en faveur de l’emploi, la création d’un Ministère de la jeunesse et des sports. 


Le représentant a également indiqué que des politiques et programmes se concentraient désormais sur l’éducation professionnelle spécialisée, la lutte contre les migrations illégales, l’amélioration de l’accès à Internet et aux nouvelles technologies, par le biais des centres de ressources pour la jeunesse.  Des campagnes de prévention et de sensibilisation ont également été lancées pour renforcer l’information et l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive.  Après avoir souligné l’importance des investissements étrangers dans son pays pour développer le marché du travail, M. Lupan a insisté sur la Stratégie de développement national « Moldavie 2020 », établie avec l’appui de l’ONU en vue de réaliser le double objectif de réduire le taux de chômage des jeunes à 4% et celui des migrations à 10%. 


M. BENJAMIN DE LEON (Philippines) a déclaré qu’en dépit du grand nombre de mesures visant à assurer le bien-être des jeunes et des adolescents et à leur permettre d’exercer leurs droits, beaucoup reste encore à faire.  Les jeunes et adolescents philippins continuent de souffrir de difficultés chroniques et nouvelles qui freinent leur développement et leur croissance, particulièrement en matière de droit à la santé sexuelle et procréative.  Les grossesses des adolescentes figurent justement parmi les facteurs décriés, a dit le représentant, en faisant remarquer que le taux de grossesses avait atteint 23% chez les jeunes filles âgées de 15 à 24 ans.  Dans la plupart des cas, les grossesses et les accouchements ne sont pas désirés, a-t-il ajouté, avant de relever que le VIH/sida demeurait aujourd’hui la plus grande menace à la santé des jeunes philippins.  Il s’est d’ailleurs alarmé de la hausse, sans précédent, du taux d’infections au VIH/sida au sein de cette catégorie de la population.  En janvier 2012, on comptait officiellement 8 576 cas d’infections au VIH dans l’ensemble du pays, toutes catégories confondues.  De janvier 2011 à janvier 2012, 197 nouvelles contaminations ont été enregistrées, chaque mois, avec un taux de prévalence du VIH/sida plus élevé chez les hommes âgés de 20 à 29 ans, a-t-il indiqué.


En réponse à l’ensemble de ces contraintes pesant sur les jeunes et adolescents, le Gouvernement a, en collaboration avec les organisations non gouvernementales et la société civile, entrepris de renforcer leur éducation à la santé sexuelle et procréative.  Il a également décidé de soutenir et aider les parents à mieux communiquer et guider leurs enfants.  Toutes ces interventions ont été menées, conformément aux engagements du pays en vertu du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire.  Mais, malgré ces efforts, il est clair, qu’à ce jour, il reste énormément à faire pour parvenir à créer un environnement dans lequel les jeunes et adolescents pourront pleinement exercer leur droit à la santé sexuelle et procréative.


M. JUAN CARLOS ALFONSO FRAGA, Directeur du Centre pour la population, le développement et le recensement à Cuba, a fait remarquer que la plupart des objectifs fixés pour 2015 avaient déjà été atteints par son pays et que des mesures continuaient à cibler les jeunes et les personnes âgées en matière de développement économique.  Cuba fait partie des pays qui ont réalisé des progrès pour limiter la propagation du VIH/sida et aussi en matière d’éducation des jeunes, a-t-il déclaré.  Tous les jeunes de 12 à 24 ans bénéficient d’une éducation à Cuba et, par ailleurs, l’espérance de vie des jeunes a progressé au cours des dernières années, ce qui montre, a-t-il dit, que des résultats ont été obtenus en matière de santé. 


Le représentant a cité, à titre d’exemple, la prévalence du VIH/sida qui n’est que de 0,05% parmi les jeunes, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes.  Il a aussi cité le nombre de 1,7 million de jeunes qui sont sortis tout récemment d’une école ou d’une université cubaine.  Malgré le fait que les jeunes et les adolescents ne représentent que 17% de la population cubaine dans la tranche d’âge de 12 à 24 ans, leurs droits sont garantis par la Constitution, a-t-il souligné.  


S’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal) a rappelé que les jeunes représentaient 60% de la population dans les PMA, contre 46% dans les pays en développement.  Soulignant que cette jeunesse constituait un énorme potentiel, il a réaffirmé l’engagement de son pays à renforcer l’accès à l’éducation et aux formations afin qu’elle joue un rôle central dans le développement futur du pays.  Le représentant a ensuite fait référence aux rapports du Secrétaire général de l’ONU présentés en ouverture de cette quarante-cinquième session pour décrire la situation des PMA. 


Appuyant les conclusions et recommandations du Secrétaire général, il a souligné les défis spécifiques des PMA dans la fourniture et l’offre de soins de santé, qui se traduisent notamment par des taux de mortalité maternelle et infantile très élevés dans les PMA.  « Nous avons besoin d’une coopération internationale solide et ciblée », a-t-il ensuite déclaré.  Avant de conclure, il a réitéré l’appel des PMA à ses partenaires internationaux pour qu’ils « fournissent une assistance technique et financière » permettant de « soutenir les politiques et programmes destinés à offrir des opportunités économiques et des emplois » à la jeunesse des PMA.


M. PAPOURI TCHINGONBE PATCHANNE, Ministre du plan, de l’économie et de coopération internationale du Tchad, a indiqué que les jeunes représentaient aujourd’hui 30% de la population tchadienne.  Soulignant que l’avenir de son pays dépendra de cette jeunesse, il a mis en avant les « décisions hardies et volontaristes » prises par son pays.  Il a cité notamment la création d’un Fonds national d’appui à la jeunesse pour financer leurs projets, l’allocation de 2 milliards de francs CFA à chaque région du pays pour mener des activités sociales en faveur des jeunes.  En matière de santé, il a souligné la gratuité de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/sida, qui a concerné près de 7 000 personnes en 2007, 18 000 en 2008 et 32 000 en 2009.


Rappelant ensuite que les besoins des adolescents et des jeunes ne se limitaient pas seulement à la santé, le représentant a indiqué que « la préoccupation du Gouvernement était de leur assurer une formation adéquate à l’emploi et de les accompagner dans leur insertion professionnelle ».  Dans ce contexte, « une très large part des revenus du pétrole est investie dans l’éducation et la santé », notamment dans la construction d’écoles, de collèges, de lycées, d’universités, d’hôpitaux et de centres régionaux de santé.  En conclusion, il a souligné que le Tchad « ne pourra pas résoudre à lui seul les problèmes liés aux adolescents et aux jeunes », en appelant la communauté internationale à « se mobiliser » et à « faire preuve de solidarité ».


Mme DE LEON (Guatemala) a reconnu que la situation démographique de son pays connaissait encore des difficultés.  Les jeunes représentent 19% de la population du Guatemala, a-t-elle précisé.  Si le taux de natalité diminue, les jeunes âgés de 14 à 24 ans demeurent nombreux.  Ce qui implique des défis importants en termes sociaux et économiques pour les années à venir, a-t-elle dit.


Dans ce contexte, la représentante a expliqué que le Gouvernement du Guatemala prenait des mesures pour y faire face, notamment, à travers des programmes visant les jeunes dans les écoles et un plan global pour la jeunesse qui couvre la période 2010 à 2015.  En matière de santé sexuelle et reproductive, elle a expliqué que le Guatemala essayait de décourager les relations sexuelles des mineurs d’âge.  Plus de 30 000 filles et jeunes femmes de 9 à 18 ans se retrouvent enceintes dans le pays et beaucoup meurent avant ou après l’accouchement.


M. EASTON WILLIAMS (Jamaïque) a expliqué que les effets combinés de la baisse du taux de fertilité et de mortalité ont conduit à un vieillissement rapide de la population jamaïcaine.  Aujourd’hui, la population âgée de moins de 15 ans est en déclin, grâce à la contraception, et le groupes des adolescents et jeunes, c’est-à dire les 10 à 24 ans, qui représente 780 000, est à son niveau maximum, sur une population totale de 2,7 millions d’habitants.  Ce chiffre correspond d’ailleurs à la tendance mondiale que l’on enregistre pour cette tranche de la population.  Depuis la Conférence du Caire, la Jamaïque a adopté divers textes juridiques et pris des mesures, en vue d’améliorer la situation des jeunes et des adolescents, notamment à travers l’adoption d’une politique nationale pour la jeunesse et de lignes directrices pour les professionnels de la santé concernant la prescription de contraceptifs aux mineurs.  Le Gouvernement a également entrepris des réformes majeures, notamment, l’établissement d’un centre national pour le développement de la jeunesse et d’une agence pour la protection des jeunes, a-t-il dit.


En dépit du fait que la Jamaïque ait mis en place un programme de planification familiale efficace, a fait remarquer le représentant, les jeunes et les adolescents restent marginalisés de celui-ci.  C’est pourquoi, le Gouvernement s’attèle, depuis lors, à mettre en place des programmes de santé sexuelle et de procréation, au bénéfice de ce groupe de population, dans des centres médicaux sélectionnés à cette fin.  Mais beaucoup reste à faire en la matière, a-t-il reconnu, avant de s’inquiéter du taux de prévalence du VIH/sida, qui est de 1,7%, parmi les personnes âgées entre 15 et 49 ans.  Par ailleurs, ce taux est trois fois plus élevé chez les adolescentes que chez les adolescents, a-t-il noté, en expliquant cette différence par les abus dont sont victimes les jeunes filles, de la part d’homme âgées, et par leur vulnérabilité.  Au regard de cette situation difficile des adolescents et des jeunes, il est urgent de développer des politiques et programmes ciblés en matière de prévention et de traitement au VIH/sida, en particulier en faveur des filles, a-t-il conclu.


M. DER KOGDA (Burkina Faso) a expliqué que l’on enregistre chez les adolescents, dans son pays, une activité sexuelle précoce, avec comme conséquence des grossesses précoces ou non désirées dont 14,4% en milieu urbain et 28,4% en milieu rural, et un nombre important d’avortements provoqués dans des conditions sanitaires non sécurisées.  En outre, a-t-il poursuivi, la prévalence du VIH/sida dans la tranche d’âge de 15 à 24 ans, bien qu’elle soit en forte baisse, demeure la plus élevée du fait, notamment, des multiples partenaires et des rapports sexuels non protégés.  En réponse à cette situation, a-t-il ensuite indiqué, le Burkina Faso a mis en œuvre plusieurs politiques et plans qui ont permis de doter les services de santé de moyens pour la promotion de la santé sexuelle et de créer des centres d’écoute pour les jeunes. 


Le représentant a regretté qu’en dépit des efforts déployés par le Gouvernement, en matière de santé sexuelle et reproductive, appuyés par les partenaires dont le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), l’accès à l’information, aux conseils, aux préservatifs et aux services de santé reste encore insuffisant, surtout en milieu rural.  M. Kogda s’est ensuite penché sur la question du chômage chez les jeunes et particulièrement les jeunes diplômés qui revendiquent « un travail décent dans un contexte international marqué par une récurrence des crises financière et économique et des crises de l’emploi ».  Pour répondre à cette préoccupation, le Gouvernement du Burkina Faso, a-t-il indiqué, a créé, en 2006, un ministère chargé de la jeunesse et de l’emploi qui assure la mise en œuvre et le suivi de sa politique en matière de jeunesse et d’emploi.  L’Agence nationale pour l’emploi, créée dans cette dynamique, initie quant à elle, régulièrement des stages et formations au profit des jeunes diplômés, a-t-il ajouté.


M. GEORGE PATTON, professeur et chercheur spécialisé dans la santé des jeunes et des adolescents à l’Université de Melbourne (Australie), a fait observer que cette proportion de la population avait été quelque peu négligée dans les politiques sociales et, ce, contrairement aux enfants et aux personnes âgées.  L’une des dimensions particulièrement oubliée à leur égard a été la santé.  « Si j’avais demandé, il y a quelques années, dans le système des Nations Unies : combien de jeunes meurent chaque année?  On m’aurait répondu: Mais, les jeunes ne meurent pas, ils sont en bonne santé!  Et si j’avais demandé: quelle est la proportion de maladies qui affectent les jeunes appartenant à cette tranche d’âge?  On m’aurait répondu avec un haussement d’épaule », a-t-il expliqué.


Grâce à des études menées en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), nous savons aujourd’hui qu’environ 2,6 millions de jeunes meurent, chaque année, de causes qui pourraient être évitées.  En outre, un tiers des maladies qui interviennent plus tard dans la vie sont liées à l’adolescence.  Un sixième de ces maladies sont provoquées par des risques, qui interviennent à cet âge, comme l’alcoolisme, le tabagisme, l’obésité ou le manque d’activités physiques.  M. Patton a ensuite replacé son exposé dans une perspective historique, en rappelant que le passage de l’enfance à l’âge adulte était, auparavant, un processus structuré et symbolique marqué par la maturité reproductive et le mariage.  Dans les sociétés préindustrielles, par exemple, le délai entre la puberté et la première grossesse était de deux ans pour les filles, tandis que les garçons devenaient pères environ quatre ans après leur maturité reproductive.  Aujourd’hui, a-t-il fait observer, le mariage se produit dans beaucoup de pays à revenus élevés lorsque les jeunes atteignent la vingtaine, voire la trentaine.  Depuis la révolution industrielle, le fossé s’est donc creusé entre la transition biologique et ce qui se produit réellement en termes de transition et de rôle social.


S’agissant des taux de mortalité, la région qui présente le taux le plus faible parmi les jeunes âgés de 10 à 24 ans est celle du Pacifique occidental, dominée en nombre par la Chine, mais où ce taux varie entre 50 à 100 décès pour 100 000 jeunes.  Globalement, cela reste le taux le plus faible même s’il existe quelques pays où il est encore très élevé, comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée, par exemple.  L’Amérique latine et l’Europe de l’Est connaissent, quant à elles, des taux de mortalité « intermédiaires » dans cette tranche d’âge, avec entre 100 à 150 décès pour 100 000 jeunes.  Une situation qui varie toutefois pour les garçons et les filles dans les deux régions mais pour des raisons différentes.  En Amérique latine et, principalement à cause des homicides, les taux de mortalité chez les adolescents et jeunes parmi les 15 à 19 ans représentent plus du double que ceux des filles dans la même tranche d’âge, et les 20 à 24 ans ont trois fois plus de risques de mourir que leurs homologues féminines.  En Europe de l’Est, ce sont les accidents de la route, les homicides et les suicides qui ôtent le plus souvent la vie aux jeunes hommes.  Enfin, la Méditerranée orientale et l’Asie du Sud-Est connaissent des taux de mortalité relativement élevés, à savoir 150 à 200 décès pour 100 000 jeunes.  L’Afrique se distingue tristement des autres régions, avec des taux de mortalité qui dépassent 300 décès, chaque année, pour 100 000 jeunes.  La mortalité touche sur ce continent davantage les filles et les jeunes femmes, en raison d’une prévalence de la mortalité maternelle et de la forte incidence du VIH/sida parmi les jeunes femmes.


S’agissant des causes principales de ces décès, M. Patton a identifié, entre autres, des causes traditionnellement associées à la pauvreté, comme les maladies transmissibles telles que le VIH/sida, la tuberculose ou encore les décès liés à la santé maternelle.  Les maladies infectieuses provoquent 27% des décès de jeunes hommes à travers le monde, contre 33% pour les jeunes femmes.  De manière générale, ce sont les accidents de la route qui représentent, un peu partout, la première cause de mortalité parmi les garçons (52%), tandis que la mortalité maternelle décime 15% des jeunes femmes.  Après avoir détaillé ces statistiques, M. Patton a insisté sur la nécessité d’impliquer les jeunes lorsqu’il s’agit de leur propre santé, de leur fournir des informations en la matière et de miser sur la prévention.  Il a aussi fait part de plusieurs expériences novatrices dans ce domaine, comme YOUth for Road Safety, coordonnée par l’ONU et l’OMS en matière de sécurité routière ; CrowdOutAIDS.org, qui a mis en réseau plus de 1 500 jeunes dans 120 pays autour du VIH/sida; ainsi que d’autres exemples en Australie ou au Malawi, qui ont utilisé l’école comme plate-forme de sensibilisation à la santé des jeunes.


Dans l’échange de vues qui a suivi, le représentant de l’Afrique du Sud a estimé que le profil des adolescents et des jeunes que M. Patton a décrit mettait surtout l’accent sur leurs vulnérabilités, par exemple, « leur désespoir face à un avenir incertain », alors qu’ils sont aussi « très idéalistes, très optimistes et plein d’énergie ».


Pour M. Patton, « la médaille a deux faces » et c’est sur ces deux faces que les gouvernements doivent agir.  D’un côté, la réduction des risques liés aux comportements des adolescents et des jeunes, par exemple avec des législations répressives sur l’usage des drogues ou la conduite en état d’ivresse; de l’autre côté, des investissements sociaux qui doivent accompagner les gains sanitaires.  « Se pencher sur les problèmes de risques pour la santé ne suffit pas, il faut aussi investir dans ce qui est positif, leur épanouissement et leur participation », a-t-il insisté.


Interrogé par la représentante du Japon sur l’interprétation à donner aux niveaux très bas des taux de fécondité observés dans les jeunes générations des pays développés, en premier lieu le Japon, M. Patton a estimé que c’était la conséquence directe de la réalité de la vie des hommes et des femmes dans les pays développés.  « Pour finir des études, pour consolider un emploi ou pour répondre aux inquiétudes liées à l’avenir, ils reportent de plus en plus tard le moment de la procréation et du mariage, si bien que leur potentiel de fécondité est réduit », a-t-il ajouté.


Rebondissant sur cette thématique, le représentant de Cuba a demandé s’il était possible d’avoir une idée de l’état de santé futur des jeunes générations et d’évaluer l’impact des comportements à risques observés aujourd’hui sur leur futur potentiel.  Pour M. Patton, il est « clair que les problèmes médicaux liés à ces comportements apparaîtront ».  Citant en exemple le diabète, les cancers, les maladies cardiovasculaires ou les traumatismes psychiques liés à l’anorexie ou à des problèmes nutritionnels graves, au tabagisme ou à la consommation d’alcool ou de substances nocives, il a insisté sur « le lien direct entre processus d’exposition aux risques pendant l’adolescence et conséquence à l’âge adulte ».  Des efforts doivent être déployés pour limiter ces comportements et leurs conséquences, a-t-il souligné.


Interpelé par ailleurs par le représentant du Sénégal, sur la manière dont les États peuvent exploiter au mieux le potentiel de la jeunesse qu’il a qualifié de « dividende démographique », M. Patton a mis l’accent sur l’importance des initiatives et politiques destinées à permettre « leur insertion dans le circuit économique et leur participation au développement ».  Il a toutefois rappelé que si l’éducation, l’emploi et la participation étaient essentiels, les questions liées à la santé des jeunes l’étaient tout autant au regard de leurs conséquences.  Souhaitant clore cet échange de vues sur une note positive, la représentante de la Tunisie a rappelé que si le rôle et la place des jeunes avaient été souvent ignorés dans le monde arabe.  « Le printemps arabe a démontré que les jeunes étaient capables de changer des gouvernements et des régimes, alors que les adultes avec leurs partis et leur gouvernements ne l’avaient pas fait ».  Elle a conclu en appelant aussi à la reconnaissance du droit des jeunes à l’éducation et à l’organisation politique.


DÉBAT GÉNÉRAL SUR LA CONTRIBUTION DES QUESTIONS DE POPULATION ET DE DÉVELOPPEMENT AU THÈME RETENU POUR L’EXAMEN MINISTÉRIEL ANNUEL DE 2012


M. LUIS ALFONSO DE ALBA, Vice-président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé la nécessité de lier les questions de développement et de population et s’est félicité de pouvoir participer à la présente session de la Commission de la population et du développement car, a-t-il estimé, ses travaux pourraient contribuer à l’Examen ministériel annuel de 2012.  Il a fait observer qu’au moment où les négociations en vue de la Conférence sur le développement durable Rio+20 se déroulent, de nombreux États avaient insisté pour que cette Conférence ne soit pas exclusivement un rendez-vous pour discuter de l’environnement mais couvre aussi les trois piliers du développement durable, à savoir le développement économique, le développement social et l’environnement.  La volonté des États est d’accorder la même attention à ces trois domaines prioritaires, a-t-il souligné.


Le représentant a également appelé à saisir l’occasion pour « jeter des ponts », avec l’objectif de révision des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il dit, en rappelant que plusieurs propositions en ce sens étaient à l’examen.  Il a aussi souligné que l’ECOSOC voulait engager un processus de révision et de réexamen avant de suggérer des éventuelles modifications.  Rappelant le mandat clef de l’ECOSOC en matière de coordination au sein du système des Nations Unies, il a estimé qu’il faudrait explorer de nouveaux moyens pour mieux répartir les tâches, notamment avec les organisations spécialisées.  Avant de conclure, il a considéré que la Commission de la population et du développement devrait contribuer à identifier des domaines où l’ECOSOC peut parvenir à établir un programme plus équilibré pour tous les pays.


M. JORGE BRAVO, Chef de la Section population et développement du FNUAP, a présenté le travail de son service sur la population mondiale et, notamment, celle en âge de travailler « qui n’a cessé de croître ces dernières décennies pour atteindre 4,6 milliards de personnes en 2012, avec une projection de 6 milliards de personnes actives en 2050 ».  Selon ces estimations, ce sont les pays en développement qui seront témoins de cet accroissement, principalement ceux d’Afrique et d’Asie.  Il a mis en avant trois tendances préoccupantes: de très larges disparités régionales, l’absence d’une situation homogène avec certains pays qui connaissent déjà une baisse de leur population jeune, à l’instar de la Chine ou du Brésil, et un impact variant de la crise économique mondiale.


Abordant ensuite la situation des jeunes et des femmes sur le marché du travail, M. Jorge Bravo a dégagé plusieurs tendances dans la population mondiale jeune: une indépendance financière de plus en plus tardive, la baisse des opportunités économiques parallèlement à l’augmentation de l’entrée des jeunes sur le marché du travail, et l’existence d’un potentiel d’instabilité politique lié à l’absence d’opportunités d’emplois pour les jeunes.  En conclusion, il a souligné que l’augmentation globale de la population jeune en âge de travailler s’accompagnait aussi d’un ralentissement de cette croissance, dont bénéficieront les pays en développement, avec une baisse de la pression de leur jeunesse sur le marché du travail.


M. LARBI DJACTA (Algérie) a axé son intervention sur trois domaines pour brosser le tableau des efforts déployés par son pays dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.  Sur l’éducation et l’égalité des sexes d’abord, il a cité quelques statistiques qui résument les progrès réalisés au cours des dernières décennies.  Le taux de scolarisation des enfants âges de 6 ans est passé de 43% en 1966 à 97,96% en 2010, plaçant l’Algérie au niveau de certains pays développés.  Il a également souligné l’évolution « considérable et continue dans les paliers supérieurs de l’enseignement », en citant en exemple l’évolution de la ration garçon/fille passée de 121 à 140 au niveau secondaire et de 96 à 140 dans l’enseignement supérieur.  Abordant ensuite la question de la santé des jeunes, M. Djacta a indiqué qu’elle constituait une « préoccupation majeure pour les pouvoirs publics » qui y ont déployés « d’énormes efforts » au cours des 20 dernières années. 


En matière de santé maternelle, le taux de mortalité maternelle est retombé de 230 pour 100 000 en 1989, à 86,2 en 2008, a-t-il indiqué, avant de souligner les progrès réalisés aussi dans le domaine de la couverture sanitaire des femmes.  Le taux d’accouchements en milieu assisté est ainsi passé de 76% en 1992 à 97,2% en 2009, a-t-il indiqué, en précisant qu’en ce qui concerne le suivi prénatal, le taux est passé de 58% en 1992 à 90,2% en 2006.  Pour ce qui a trait au planning familial, le taux d’utilisation de contraceptifs est de 61% et les frais des actes et produits contraceptifs sont entièrement remboursés, a-t-il assuré.  S’agissant de la situation de l’emploi, M. Djacta a rappelé les investissements « massifs » qui ont été réalisés pour venir à bout du chômage qui touche en premier lieu les jeunes.  Les politiques de promotion de l’emploi et de l’insertion professionnelle ont ainsi permis de faire reculer le chômage, passé de 30% dans les années 2000, à 10% en 2011.  En conclusion, M. Djacta a souligné que ces efforts avaient permis une « amélioration sensible » du niveau de développement humain de l’Algérie.  « L’indice de développement humain est passé de 0,602 à 0,677 entre 2000 et 2010 », a-t-il indiqué avant de conclure.


M. SLAMET RIYADI YUWONO (Indonésie) a noté que les jeunes travaillaient souvent dans le secteur informel.  Cela montre qu’ils représentent pour l’économie de leur pays une force productive non négligeable, a-t-il dit.  Leur contribution est essentielle pour lutter contre la pauvreté et développer la situation économique du pays, a estimé M. Yuwono.  Pour mieux doter les adolescents et les jeunes avec des connaissances pertinentes pour accroître leur productivité, l’Indonésie prévoit d’étendre l’éducation primaire de base à 12 ans. 


En outre, pour augmenter les opportunités d’emploi pour les jeunes, l’Indonésie a adopté une politique sur l’industrialisation et le développement national.  L’investissement peut aussi être utilisé pour accroître les opportunités d’emploi et pour leur permettre de devenir des jeunes entrepreneurs.  Aujourd’hui, cette politique a permis à un plus grand nombre de jeunes de participer à la création de nouveaux produits technologiques.  M. Yuwono a assuré que la forte population de jeunes en Indonésie est un grand avantage pour le pays.   


Mme MIRIAM COHEN-NAVOT (Israël) a déclaré qu’en offrant un travail décent aux jeunes, les pays peuvent ainsi réaliser une économie plus productive, créer une société plus cohérente et instaurer une démocratie encore plus forte.  En Israël, entrer sur le marché du travail est un réel défi pour les jeunes adultes en général et les jeunes avec un niveau d’éducation moins élevé ou en difficulté.  Pour eux, le Gouvernement a mis en place une stratégie à plusieurs volets basée sur un système éducatif adapté.  Si 90% des jeunes israéliens finissent le cycle d’enseignement secondaire, le Ministère de l’éducation assurer cependant une instruction individualisée et un programme alternatif qui permettent aux jeunes ayant des difficultés scolaires de terminer les études dans un environnement incitatif.  Pour ceux qui ont du mal à entrer à l’université, le Gouvernement a mis en place un autre programme qui leur offre une deuxième chance par des cours préparatoires de un à deux ans. 


Israël reconnaît que les investissements dans la science, la technologie et l’éducation  innovante sont à la base de la transformation économique dans de nombreux pays et que, de plus en plus, l’emploi requiert des compétences de haut niveau.  C’est pourquoi, de nombreux réseaux d’enseignements ont mis en place des programmes encourageant les jeunes à développer leurs capacités et leurs carrières dans la haute technologie et les études scientifiques avancées.  La responsabilisation des jeunes et des adolescents se trouve au cœur du travail à l’international d’Israël.  Le Centre de formation international du Mont Carmel en est un exemple.  Depuis sa création en 2000, 29 pays et 23 000 personnes en ont bénéficié.  La plupart sont des jeunes étudiants et des jeunes universitaires.  Cette collaboration est actuellement exportée en Afrique.


Mme IRINA VELICHKO (Bélarus) a fait remarquer que la baisse du nombre d’enfants et d’adolescents pourrait causer d’importants problèmes de main d’œuvre.  C’est la raison pour laquelle il faudrait consentir des efforts en faveur de la natalité et de la santé et qu’il faudrait également créer des conditions propices pour les jeunes, a-t-elle estimé.  À cet égard, elle a noté que de nombreux jeunes voulaient créer leur propre entreprise.  Cela peut être un mécanisme efficace, a-t-elle estimé.  En misant sur l’entreprenariat, les jeunes peuvent participer à la production et cela permet également de créer des emplois. 


La date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) approche à grands pas et il est évident que tous les pays ne pourront pas les réaliser pleinement, a fait remarquer la représentante.  C’est pourquoi elle a considéré qu’il faudrait, dès à présent, établir au sein de l’ONU des objectifs de développement durables qui prendront le relais des OMD et qui seront centrés sur l’énergie, la sécurité alimentaire, l’égalité des sexes et la science.  Il importe aussi d’accorder une grande attention aux jeunes.  Elle a clos son intervention, en suggérant que le prochain Examen ministériel de l’ECOSOC puisse, par exemple, dresser une liste des objectifs qui pourraient ouvrir la voie vers la transition.


M. VITALIY F. KOLBANOV (Fédération de Russie) a présenté les priorités de son pays en matière d’emploi dans le contexte de la crise économique.  Il a notamment mis en avant le lancement de différents programmes destinés à permettre aux jeunes de trouver du travail ou de bénéficier de formations professionnelles adaptées au marché.  Le Gouvernement russe a notamment développé les formations professionnelles en alternance aux études secondaires permettant aux jeunes de découvrir le marché du travail afin de faciliter leur insertion une fois leurs formations terminées.


Le représentant a également mis en avant les « programmes d’emploi à temps partiel » mis sur pied par le Gouvernement et dont ont bénéficié près de 50% des jeunes chômeurs et « les programmes de formation spécifiques aux secteurs d’activités qui ont un fort besoin de main d’œuvre » débouchant sur des contrats temporaires convertis en contrats réguliers à durée déterminée pour 96% des jeunes chômeurs qui en ont bénéficié.


M. Kolbanov a également souligné le succès des initiatives destinées à promouvoir l’entreprenariat privé, avec 200 000 entreprises individuelles créées l’année dernière.  Le représentant a conclu, en insistant sur les politiques spécifiques mises en œuvre à l’attention des plus vulnérables, notamment les jeunes femmes qui peuvent désormais bénéficier de programmes spéciaux de formation en alternance afin de reprendre des études ou de se reconvertir bien qu’elles soient mères de famille.


Au Brésil, 55% des travailleurs dans le secteur informel sont des jeunes et 39% des travailleurs indépendants le sont aussi, a révélé M. SERGIO RODRIGUES DOS SANTOS (Brésil).  Ils sont entre 16 et 24 ans.  Même si les jeunes filles ont plus de qualifications académiques que les jeunes gens, elles ont plus de difficultés à trouver un travail qualifié que les jeunes gens.  Le défi est non seulement de créer un travail décent pour les filles mais aussi de préserver leur droit et leur couverture sociale.  En 2003, le Gouvernement du Brésil a signé avec l’Organisation internationale du Travail (OIT) un protocole d’entente pour la mise en œuvre d’un programme national pour un travail décent.  Grâce au programme national d’accès à l’enseignement technique, un million de personnes entre 18 et 59 ans, ont suivi une formation professionnelle. 


Le Programme « Université pour tous » a accordé une bourse complète ou partielle à près d’un million d’étudiants du premier cycle et des cycles supérieurs dans des institutions privées.  Le Programme « Thousand Women » a permis à 100 000 femmes vivant dans des situations vulnérables de recevoir une éducation de base et une formation professionnelle.  À travers le programme « Science sans frontières », le Gouvernement du Brésil donne la priorité à la consolidation et l’expansion de la science, de la technologie et à l’innovation, grâce à l’amélioration des échanges internationaux. 


Mme YVONNE BOSSO (Côte d’Ivoire) a expliqué que l’instabilité politique du pays depuis 1999 a conduit à une situation très préoccupante des jeunes et des adolescents de son pays.  Ils se trouvent en situation d’urgence et ont besoin d’une prise en charge à tous les niveaux.  À cet effet, un office national de la population a été créé en mars 2012, a-t-elle indiqué.  Il a pour mission, entre autres, de relever le niveau des indicateurs sociodémographiques et d’améliorer les conditions de vie des populations.  Un Plan national de développement vient aussi d’être adopté pour la période 2012-2015.  Au titre de l’année 2012, un rapport sur l’état et le devenir de la population ivoirienne sur la thématique des jeunes va être établi.  La Côte d’Ivoire compte sur les institutions des Nations Unies ainsi que sur tous les partenaires pour donner aux jeunes et aux adolescents la possibilité de contribuer à la construction du pays.


S’exprimant au nom de l’Union européenne, M. MARTIN BULANEK a souligné que le manque d’opportunités d’emplois restait la principale conséquence de la crise économique, avec un taux de chômage des jeunes au niveau mondial particulièrement élevé et la persistance de discrimination à l’égard des femmes sur le marché du travail.  Il a ensuite énuméré les principaux obstacles auxquels sont confrontés les jeunes, en premier lieu un accès limité à une éducation de qualité et à de l’information ou des services leur permettant de faire des choix en connaissance de cause quant à leur santé sexuelle et reproductive.  « Les investissements en matière d’éducation, dont l’éducation sexuelle et la santé reproductive, sont essentiels pour qu’ils puissent exploiter leur potentiel et contribuer à un développement durable », a-t-il déclaré, avant de réclamer aussi des efforts pour promouvoir « les intérêts des jeunes, leur participation et les organisations de jeunesse ».


Après avoir passé en revue les initiatives lancées au sein de l’Union européenne pour promouvoir l’emploi des jeunes et l’égalité de genre, le représentant a mis l’accent sur la nécessité d’encourager les filles à étudier et de leur faciliter l’accès sur le marché du travail.  Il a cependant reconnu que la parité entre les sexes sur le plan professionnel est loin d’être réalisée.  Le représentant a souligné l’importance que les États de l’Union européenne attachent à la création d’opportunités professionnelles pour que les jeunes puissent accéder à des emplois productifs et décents.  Il a également rappelé l’attachement de l’Union européenne à l’intégration de l’objectif de l’égalité des sexes dans tous les efforts de développement, afin de promouvoir la pleine participation des femmes, dont les jeunes femmes, dans les sphères politiques, économiques, culturelles et sociales, sur un pied d’égalité avec les hommes, et de leur permettre d’exercer leurs droits et libertés fondamentales en éliminant les obstacles existants.


M. PATRIK ANDERSSON, Chef de la Section de l’intégration sociale au sein de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a souligné que la région continuait à enregistrer des performances élevées dans de nombreux domaines.  Cependant, a-t-il tempéré, elle reste confrontée à plusieurs défis démographiques et les jeunes et les adolescents sont particulièrement vulnérables aux perspectives socio-économiques.  Le travail informel est en effet plus important dans cette tranche d’âge de la population et la région, qui compte 760 millions de jeunes, doit aussi miser sur l’acquisition de compétences, ainsi que sur l’éducation tout au long de la vie.


Par ailleurs, les prévisions démographiques prévoient que, dans 20 ans, le nombre de personnes âgées de 60 ans (et plus) aura presque doublé en raison de l’allongement de la durée de vie, a-t-il expliqué.  M. Andersson a ensuite annoncé qu’au cours des 18 prochains mois la CESAP contribuerait à réaliser l’examen du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire, en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Les données de cet examen seront présentées à la quarante-septième session de la Commission de la population en 2014.


M. SAIKOU TRAWALLY, Directeur des affaires de la population au sein du Ministère des affaires des femmes de la Gambie, a indiqué que 45% de la population de son pays avait moins de 15 ans et 22% entre 15 et 24 ans.  Il a ensuite réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du droit à l’accès universel à la santé reproductive, dont les maladies sexuellement transmissibles comme le VIH/sida.  « La Gambie estime que les adolescents et les jeunes ont le droit de décider librement quand ils veulent avoir des enfants, et doivent disposer pour ça d’une information et d’une éducation adaptée », a-t-il déclaré, en réaffirmant l’engagement politique de son pays dans ce sens.


Après avoir énuméré les initiatives menées pour atteindre cet objectif et mettre en œuvre le Programme d’action du Caire, M. Trawally a indiqué que des résultats avaient été obtenus avec des baisses des infections au VIH/sida, des grossesses précoces, des avortements et des décès maternels.  Il a toutefois souligné l’absence de données statistiques pour chiffrer ces avancées, en ajoutant que la Gambie préparait en ce moment un recensement et des études sur la santé de la population en général et de celle des jeunes en particulier.


Le représentant a attiré l’attention sur les immenses défis qui restaient à relever, en particulier celui du chômage très élevé chez les jeunes, et les problèmes liés aux grossesses précoces ou aux avortements illégaux.  Il a clairement indiqué que « si la communauté internationale et les gouvernements ne respectent pas leurs engagements financiers à l’égard des jeunes et des adolescents et des enjeux de développements, les pays en développement verront la difficulté représentée par le défi posé par notre population, particulièrement les jeunes ».


M. ASHRAF KHODJAEV (Ouzbékistan) a rappelé que son pays était le plus peuplé d’Asie centrale, et qu’il comptait près de 10 millions de personnes âgées de moins de 16 ans, soit 33% de sa population totale.  C’est pourquoi le développement harmonieux de cette génération demeure l’une des priorités de la politique d’État, des organisations non gouvernementales pour les jeunes et d’autres mouvements.  Parmi ces entités figure l’organisation « Fund Forum », qui est l’une des plus grande structures publiques au service des jeunes de la région, a-t-il indiqué.  Elle a, pour activité principale, le soutien des jeunes ouzbeks, à travers la conduite de projets dans le domaine de la culture, de l’art, des sciences, de l’éducation ou encore du sport.


Depuis sa mise en place, le « FUND Forum » a déjà œuvré activement à la mise en œuvre de projets destinés aux jeunes et adolescents, avec pour but de parvenir à la réalisation des objectifs établis par le Programme d’action mondial pour la jeunesse et les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ».  Le représentant a ensuite mis en exergue un série de projets conduits par cette organisation, en citant notamment la tenue de formations à l’entreprenariat pour les jeunes sélectionnés dans l’ensemble du pays, ainsi que l’octroi de bourses, pour les jeunes sportifs et les meilleurs élèves du pays.  C’est en 2010 que le « Fund Forum » s’est vu octroyer le statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations Unies, a-t-il par ailleurs mentionné.


S’exprimant au nom de la Directrice de l’UNESCO, Mme Irina Bokova, M. PHILIPPE KRIDELKA (Directeur du bureau de l’UNESCO à New York) a estimé que cette session était « une occasion importante de renouveler notre engagement à travailler avec les jeunes et les adolescents ».  Il a ensuite déploré que les jeunes soient considérés comme « un groupe particulier », alors que c’est un « groupe hétérogène, avec des dynamiques d’évolution globale mais aussi déterminé par la région et la culture à laquelle ils appartiennent. »  « Nous devons briser cette politique de catégorie pour définir des stratégies efficaces », a-t-il déclaré, avant de rappeler les défis auxquels les jeunes de la planète sont confrontés, lesquels sont répertoriés dans le dernier Rapport mondial sur les jeunes, publié en février 2012: manque d’opportunités professionnelles, éducation inadaptée, conditions de travail précaires, risques sanitaires et insuffisance des investissements des gouvernements.  Dans ce contexte, M. Kridelka a rappelé que le droit à l’éducation est « un droit de l’homme basique essentiel à la dignité humaine » et « primordial pour faire des progrès vers la réduction de la pauvreté et de l’inégalité de genre ».


Poursuivant son intervention, le représentant a souligné que l’éducation offrait aussi les outils nécessaires pour répondre aux changements et les exploiter au mieux, en ajoutant qu’elle était même « vitale » pour la lutte contre les maladies telles que le VIH/sida ou le paludisme et pour le contrôle de la fécondité par les femmes elles-mêmes.  En conclusion, il a estimé qu’indépendamment des difficultés qui peuvent exister, les États Membres « doivent protéger les budgets qu’ils consacrent à l’éducation » et « investir pour créer un environnement stimulant pour l’apprentissage, pour améliorer la qualité de l’enseignement, pour intégrer les jeunes en situation vulnérable et pour adapter les programmes et la pédagogie à un monde en mouvement. »


M. BERTIL LINDBLAD, Directeur de l’ONUSIDA à New York, a commencé son intervention en annonçant « une bonne nouvelle »: la prévalence du VIH/sida chez les jeunes a baissé dans 21 des 24 pays ayant une prévalence supérieure ou égale à 1% et les nouvelles infections au VIH/sida diminuent à l’échelle mondiale, notamment en Afrique subsaharienne.  Il a ensuite rappelé que ces progrès ne devraient pas faire oublier l’impact du VIH/sida sur la vie des adolescents et des jeunes.  En 2010, à l’échelle mondiale, 5 millions de jeunes entre 15 et 24 ans vivaient avec le virus et ils représentaient 42% des nouvelles infections.  Chiffres à l’appui, M. Lindblad a attiré l’attention sur la situation particulièrement alarmante des femmes.  Dans la tranche d’âge des 15 à 24 ans, le taux d’infections au VIH/sida est deux fois plus important que pour les hommes.  « Cela veut dire qu’à chaque minute qui passe, une jeune femme contracte le VIH/sida », a-t-il insisté. 


M. Lindblad a ensuite énuméré les actions à mener pour réduire la transmission entre adolescents: promouvoir et protéger leurs droits de l’homme, assurer l’égalité de genre, éliminer toutes les formes de violence basées sur le sexe et traiter les facteurs juridiques, économiques, sociaux et culturels qui accroissent la vulnérabilité des jeunes femmes face au VIH/Sida, tout en prévoyant l’accès à l’éducation, aux services de santé sexuelle et reproductive, à l’emploi et à la protection sociale.  Il a également réclamé des efforts concentrés sur les populations vulnérables autres, telles que « les usagers de drogues, les jeunes travailleurs du sexe ou les jeunes hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes ».  Avant de conclure, M. Lindblad a insisté sur les moyens à mettre en œuvre pour limiter les infections de jeunes ou d’adolescents, en soulignant la nécessité de développer des programmes appropriés à leurs besoins spécifiques qui les atteignent surtout avec plus d’efficacité.  Pour lui, cela implique, d’une part, d’éliminer les obstacles qui existent dans l’accès à la prévention, au dépistage et aux traitements et, d’autre part, de mieux former des travailleurs sanitaires qui sont à leur contact, et enfin de sensibiliser les communautés aux besoins des jeunes infectés par le VIH/sida.


M. CHANDRAMOULI VENKATRAMAN, membre du Département de la santé reproductive et de la recherche de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a souligné qu’il était urgent de traiter de la question de la santé procréative et sexuelle des jeunes et des adolescents.  « Le nombre de filles mariées alors qu’elles sont encore des enfants, le nombre d’entre elles qui deviennent mères à un âge précoce ou meurent des suites d’un accouchement ou d’un avortement dangereux est tout à fait inacceptable.  De même que le nombre de jeunes gens atteints du VIH/sida », a-t-il déclaré.  M. Venkatraman a ensuite fait remarquer que de nombreux programmes et institutions de l’ONU, ainsi que de nombreuses organisations de la société civiles étaient actifs dans le domaine de la santé des adolescents et des jeunes.  À l’instar de ce qui a déjà été dit au cours des deux premières journées de ce débat général de la Commission, les pays doivent faire beaucoup plus afin de respecter leurs engagements pris au Caire, a-t-il dit.


L’organisation non gouvernementale (ONG) « Advocatesfor Youth » a rappelé que son objectif principal était d’œuvrer en faveur de la pleine reconnaissance des droits des adolescents et des jeunes.  Les droits des jeunes sont des droits de l’homme et les droits de l’homme sont les droits des jeunes, a résumé la représentante de cette ONG.  Son organisation demande aux gouvernements de reconnaître le droit à la santé sexuelle et reproductive des jeunes, la reconnaissance du droit des jeunes à disposer d’une éducation intégrant la dimension sexuelle dans et hors des écoles, l’accès des jeunes à une série de services en matière de santé sexuelle et reproductive qui soient abordables et anonymes.  Elle a également réclamé la mise en place de structures et de législations protectrices dont les jeunes ont besoin, notamment les plus vulnérables, et le lancement de programmes et de politiques visant à éradiquer les pratiques traditionnelles telles que les mariages précoces ou les mutilations générales.


L’organisation non gouvernementale « Family Care International » a souligné que son principal objectif était de rendre les accouchements plus sûrs dans les régions du monde où les grossesses précoces, les avortements dangereux ou les infections sexuelles sont à l’origine d’une forte mortalité.  Sa représentante a énuméré plusieurs priorités destinées à offrir un meilleur accès à l’information aux jeunes femmes.  Elle a conclu, en rappelant la responsabilité des gouvernements pour encourager un accès universel aux services de santé sexuelle et reproductive ou aux contraceptifs.


Prenant la parole à son tour, la représentante de l’organisation non gouvernementale « IPAS », a indiqué que l’organisation se concentrait sur l’offre de services médicaux sûrs aux femmes victimes de grossesses non désirées, avec des structures permettant les avortements médicalisés ou offrant un accès direct aux contraceptifs.  Pour illustrer la gravité de ce problème et faciliter la prise de conscience, elle a notamment rapporté le témoignage d’une jeune péruvienne tombée enceinte par accident et ayant opté pour un avortement clandestin qui a entraîné de graves complications, faute d’avoir des alternatives adaptées à sa situation personnelle. 


La représentante de l’ONG « International Planned Parenthood Federation (IPPF) » a rappelé que 215 millions de femmes n’avaient toujours pas accès à des méthodes de contraception même si elles souhaitent espacer les naissances; et que trop de jeunes manquent d’information sur la sexualité ou l’identité.  Lorsque cette information est disponible, elle risque parfois de relayer des discours nocifs et des pratiques dangereuses.  L’âge ne doit pas être le seul facteur pour déterminer l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive.  Elle a rappelé l’existence de groupes vulnérables, homosexuels ou personnes transgenres, et déploré qu’ils ne soient pas pris en compte et inviter même à faire entendre leurs voix. 


Prenant à son tour la parole, la représentante de l’ONG « Asian-pacific Ressource and Research Centre for Women (ARROW) » a rappelé que cette organisation avait été créée, dès 1993, pour influencer les programmes mis en œuvre dans le domaine de la santé et de la sexualité des femmes, afin que les filles et les jeunes femmes puissent intervenir dans l’élaboration de ces politiques.  Elle a ajouté que son ONG avait lancé ces dernières années une multitude de projets et programmes d’éducation sexuelle à l’intention des femmes et des jeunes filles dans les pays d’Asie du Sud-Est.  Elle a conclu, en rappelant l’importance de tenir compte des catégories les plus vulnérables, notamment les filles, mais aussi les homosexuels, les personnes transgenres, les toxicomanes ou les migrants.  « Il faut faire entendre la voix des filles et des jeunes femmes, il faut les impliquer dans les programmes et s’assurer que les gouvernements respectent les engagements qu’ils ont pris au cours de ces dernières années », a-t-elle conclu.


La représentante de l’ONG « Mision Mujer », travaillant au Mexique, a souligné que « les investissements dans les adolescents n’étaient pas des fonds perdus et que faute de faire ces investissements, les possibilités et le potentiel de la jeunesse seront gâchés ».  Elle a ensuite énuméré les attentes de son organisation vis à vis des États Membres afin d’améliorer les politiques publiques à l’attention des jeunes: défendre une vision positive des adolescents en reconnaissant leur dignité et leur rôle dans la société, promouvoir et soutenir les projets destinés à améliorer la vie des adolescents, en leur offrant une éducation, une formation et une prise en charge de leur santé.  Il faudrait également reconnaître leur participation au processus de conception, au suivi et à l’évaluation des politiques publiques à leur intention, promouvoir une liberté responsable, et encourager les adolescents à se prendre en charge en les responsabilisant.  En outre, les gouvernements doivent renforcer la lutte contre la circulation des armes à feu et le trafic de drogues dont les jeunes sont les premières victimes, appuyer les écoles et tout autre lieu ou forum destiné aux adolescents et enfin, soutenir les familles qui sont des éléments de protection des jeunes


Le représentant de l’ONG « Stichting Rutgers WPF » a demandé aux États Membres de « cesser d’ignorer les adolescents et leurs besoins ». « Nos droits sexuels et procréatifs sont niés, nous avons besoin de services de santé, d’information, de protection », a-t-il poursuivi, avant d’insister sur ses principales demandes: un accès universel à l’éducation sexuelle et à la santé procréative afin de permettre aux jeunes de prendre des décisions éclairées, en connaissance de cause, et aux jeunes femmes de conserver la maîtrise de leur propre corps et leur liberté d’en disposer.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À la clôture du débat général du Comité de l’information, le Secrétaire général adjoint par intérim répond aux préoccupations des États Membres

PI/2026

À la clôture du débat général du Comité de l’information, le Secrétaire général adjoint par intérim répond aux préoccupations des États Membres

25/04/2012
Assemblée généralePI/2026
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité de l’information

Trente-quatrième session

3e séance – après-midi


À LA CLÔTURE DU DÉBAT GÉNÉRAL DU COMITÉ DE l’INFORMATION, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT PAR INTÉRIM

RÉPOND AUX PRÉOCCUPATIONS DES ÉTATS MEMBRES


M. Maher Nasser insiste tout particulièrement sur les difficultés posées

par la réalisation de la parité linguistique pour les communiqués de presse


À la clôture du débat du Comité de l’information, le Secrétaire général adjoint par intérim à l’information et à la communication a assuré, cet après-midi, les États Membres que le Département a pris note de leurs demandes visant à donner un nouvel élan à certains programmes ou à certains services.  Il leur a cependant déclaré que leur appui contribuera considérablement à renforcer la détermination du Département « d’informer, de s’engager et d’agir ». 


La question de la parité linguistique a été une des questions importantes soulevées, au cours de ces derniers jours, par plusieurs orateurs, en particulier le représentant du Chili, s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), et celui de l’Argentine qui, tous deux, ont plaidé vigoureusement pour que le DPI réfléchisse à des « mécanismes créatifs » en mesure de rendre les communiqués de presse disponibles dans les six langues officielles des Nations Unies, à condition toutefois que cela n’entraîne aucune incidence budgétaire.


M. Maher Nasser a précisé que les ressources humaines et les compétences indispensables pour réaliser la parité linguistique dans les communiqués de presse, ou encore pour permettre que ces communiqués soient produits dans une langue autre que l’anglais et le français, auraient forcément des incidences budgétaires considérables.


Le Département, a-t-il expliqué, n’a pas manqué d’envisager toutes les options à sa portée, à commencer par le développement de synergies avec le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences afin de mettre des moyens en commun.  « Toutefois, les ressources humaines et les mandats du DPI sont tels qu’il n’y aurait pas de cohérence possible en termes de capacité, de disponibilité et de respect des délais pour créer une formule efficace », a-t-il regretté.


Le Département a également exploré la possibilité de s’appuyer sur des mécanismes de traduction plutôt que de faire couvrir les réunions et conférences dans les langues des Nations Unies autres que l’anglais et le français, que ce soit par le biais de logiciels informatiques ou de services pro bono offerts par les universités, a poursuivi M. Nasser.


Ces options ne se sont pas avérées viables dans le cas des communiqués de presse, compte tenu des besoins spécifiques de ce type de contenus, qu’il s’agisse de respect des délais ou de la très bonne qualité rédactionnelle et éditoriale sur des sujets complexes, a expliqué M. Nasser.


Ainsi, les logiciels de traduction produisent des matériaux sur lesquels un travail d’édition considérable est nécessaire, ce qui suppose un personnel hautement qualifié dans les langues concernées, a fait observer le Secrétaire général adjoint par intérim.  Quant aux arrangements pro bono, a-t-il ajouté, ils ne permettent pas la mise à disposition immédiate des contenus et impliquent eux aussi un travail d’édition lorsque ces produits sont reçus.


« Or, comme vous le savez, les communiqués de presse sont –à de rares exceptions près– publiés le jour même de la réunion et, le plus souvent, dans les deux heures qui suivent la conclusion de ladite réunion », a-t-il rappelé.


Le Secrétaire général adjoint par intérim a assuré les États Membres que le Département continuera à tenir des consultations avec les États Membres et les organes budgétaires et administratifs en vue de parvenir à une décision satisfaisante à ce sujet.


Répondant à une préoccupation exprimée hier par le Pakistan, M. Nasser a indiqué que l’expansion du Programme Reham Al-Farra pour les journalistes, que ce soit en termes de durée ou du nombre de participants, aurait lui aussi forcément un impact budgétaire.


Il a par ailleurs abondé dans le sens du représentant de l’Espagne, la délégation à l’origine de la proposition de proclamer le 13 février Journée mondiale de la radio, qui avait souligné l’importance de ce média toujours pertinent.  À l’occasion de cette Journée, observée pour la première fois cette année, a rappelé le Secrétaire général adjoint par intérim, la Radio des Nations Unies a produit un programme multimédias dans huit langues différentes -les six langues officielles des Nations Unies, ainsi que le portugais et le kiswahili–, ce qui reflète, a-t-il dit, la volonté de réaliser le multilinguisme au sein du Département.


Le Comité de l’information tiendra sa prochaine et dernière séance publique de sa trente-quatrième session, le 4 mai prochain.


EXAMEN DES RAPPORTS PRÉSENTÉS PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL


Suite du débat général


M. IGOR D. EVOKIMOV (Fédération de Russie) a estimé que le Département de l’information avait clairement identifié ses priorités de communication et développé des stratégies réalistes dans la limite des ressources budgétaires au cours de la période considérée.  Dans les circonstances actuelles, le meilleur usage possible devrait être fait des ressources existantes et une meilleure coordination de toutes les institutions des Nations Unie devrait être assurée, a affirmé le représentant.  Par ailleurs, les efforts du Département de l’information (DPI) en faveur des jeunes doivent être salués, a poursuivi le représentant, qui a estimé que l’initiative Simul’ONU, qui avait été lancée en 2000 en Russie, en était une très bonne illustration.  Grâce à la qualité de la participation de la Fédération de Russie à cette initiative, un étudiant russe avait été élu Secrétaire général de la Conférence annuelle des Nations Unies Simul’ONU mondiale, s’est félicité le représentant.  Exprimant ensuite son soutien aux nouvelles technologies de la communication et de l’information, le représentant a toutefois jugé qu’un équilibre devait être trouvé avec les médias traditionnels.  M. Evokimov a estimé que la création d’un poste régulier au niveau P-3 pour la langue russe au sein du Centre d’actualités était une étape déterminante pour le respect du multilinguisme au sein du Département.


M. JOHANN AESCHLIMANN (Suisse) a relevé que les nouveaux canaux pour obtenir l’information, la diffuser et établir le dialogue avaient des effets importants comme cela a pu être observé récemment dans le monde arabe.  Il a également noté que nombre de médias dans beaucoup de États Membres sont confrontés à des obstacles économiques.  « Le nouvel ordre mondial de l’information et de la communication », qu’évoquent chaque année nos résolutions, émerge actuellement, même si ce n’est pas tout à fait sous la forme que nous avons imaginée, a-t-il soutenu.  Rappelant le fonctionnement du Comité, le délégué a indiqué que la Suisse juge important que cet organe se concentre sur l’essentiel, c’est-à-dire d’abord et avant tout la liberté.  L’information politique, contrairement à la propagande, se vit et se nourrit de liberté: la liberté de collecter de l’information, la liberté de publier ou encore celle de lire et d’écouter ce que diffusent les médias, a-t-il souligné.


M. Aeschlimann, qui a loué l’action et le rôle important joué par l’ONU dans le monde de l’information, par la voix du DPI, a estimé qu’il était fondamental que tous les citoyens du monde connaissent et comprennent l’Organisation et son action.  Pour cela, a-t-il suggéré, il est souhaitable que l’ONU reste en phase avec les progrès rapides des technologies de l’information.  La présence des Nations Unies au sein des nouveaux médias, Facebook, Twitter et Youtube, est très utile en ce qu’elle permet de toucher un certain public.  Cependant, a-t-il prévenu, cette approche contemporaine ne doit pas signifier un abandon du soutien envers les médias traditionnels.  Dans de nombreuses parties du monde, les premiers vecteurs de l’information ne sont ni l’ordinateur, ni le téléphone portable, a-t-il fait remarquer, avant d’appeler à préserver le rôle primordial que conserve notamment la radio.  C’est dans ce contexte qu’il a rappelé que la Suisse soutenait la Fondation Hirondelle qui assure, avec les Nations Unies, le fonctionnement de radios ayant valeur de référence dans plusieurs pays, notamment en République démocratique du Congo, avec la Radio Okapi.   


M. KOUESSAN YOVODEVI (Togo) a déclaré que l’attention des populations togolaises vis-à-vis de l’ONU s’était accrue depuis l’élection de son pays comme membre non permanent du Conseil de sécurité.  Il a tenu à rappeler que le système des Nations Unies au Togo avait signé, en 2007, une convention de coopération avec les médias aux termes de laquelle les organes de presse s’engagent à relayer les différentes réalisations de l’ONU.  La mise en œuvre de cette convention permet aux deux parties d’accompagner efficacement le Gouvernement togolais dan ses efforts pour le développement, le renforcement de la paix, de la stabilité et des droits de l’homme, a expliqué le représentant.  M. Yovodevi a ensuite salué le rôle joué par le Centre d’information des Nations Unies à Lomé, qui constitue la principale source d’information de l’ONU sur place et dont le taux de fréquentation a quadruplé au cours des huit dernières années.  Tout en promettant de continuer à soutenir le Centre, le Togo a plaidé pour que le Secrétariat concentre un peu plus d’efforts pour garantir le fonctionnement de ce Centre, dont le matériel est menacé d’obsolescence.


M. IHAB HAMED (République arabe syrienne) a plaidé pour l’émergence d’un nouveau système d’information mondial qui réponde aux valeurs culturelles et civilisationnelles de chaque peuple.  C’est d’ailleurs pour aller vers ce système que notre pays a promulgué une nouvelle loi en matière d’information, a-t-il tenu à rappeler.  Il revient au Comité et au DPI d’être la voix de l’Organisation partout dans le monde, mais aussi de promouvoir l’image positive de l’Organisation, a ensuite dit le délégué.  Mais, il leur incombe surtout de diffuser le message de paix dont l’ONU est le garant.  Pour y parvenir, les Nations Unies doivent disposer d’informations objectives et fiables, ni politisées, ni déséquilibrées, comme cela est malheureusement le cas en ce qui concerne les événements qui ont lieu dans le monde arabe.  Les bulletins quotidiens, présentés par le Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, en sont l’exemple, du fait de leur contenu fondé uniquement sur des positions et visions occidentales, a-t-il regretté, avant d’appeler celui-ci à s’ouvrir à d’autres sources d’information.


La Syrie, a-t-il encore dit, soutient le développement des nouvelles technologies et l’Internet, mais rejette l’utilisation, qui en est faite, à des fins de désinformation.  Le représentant qui a par ailleurs appelé à combler l’écart constaté entre les six langues officielles de l’Organisation, a salué le rôle de sensibilisation du DPI en ce qui concerne les difficultés vécues par le peuple palestinien du fait de l’occupation israélienne.  Le DPI doit insister davantage sur les violations des Conventions de Genève commises par Israël dans les territoires occupés.  S’il est important de promouvoir la liberté d’expression, on ne saurait en faire usage pour attaquer la liberté des autres peuples, a-t-il conclu.


Mme ANGELA COMFORT (Jamaïque) s’est félicitée de la décision du DPI d’attirer l’attention cette année sur la question de la prolifération des armes légères et de petit calibre, une préoccupation majeure à la fois pour son pays et pour ceux de la région des Caraïbes.  D’une manière générale, elle a salué le Département pour les activités qu’il a menées dans les domaines de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), des changements climatiques, de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20 ou de lutte contre les violences à l’encontre des femmes.  Saluant le travail accompli par le Centre d’information des Nations Unies à Trinité-et-Tobago, la représentante a toutefois demandé que soit créé un poste de fonctionnaire à l’information à Kingston, qui sera chargé de couvrir la partie nord des Caraïbes.  Avant de conclure, elle a exprimé la reconnaissance de son gouvernement pour les activités entreprises par le DPI dans le cadre de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.


M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a fustigé l’emprise de l’information en provenance des grands médias internationaux sur les pays en développement.  De nombreux pays, a-t-il dit, sont victimes du monopole den ces grands médias.  L’inégalité des moyens techniques et financiers qui prévaut dans ce domaine des médias au plan international, pèse négativement sur les populations des pays en développement qui se voient obligés de subir cette information.  Il faut qu’il soit mis fin à cette situation.


Si les technologies de la communication et de l’information ont élargi les possibilités de disséminer et partager l’information et la connaissance, un fossé numérique ne cesse de se creuser, a-t-il noté.  Le DPI doit aider à trouver les voies et moyens pouvant permettre de combler ce fossé numérique qui perdure.  M. Al Habib a invité par ailleurs le Département de l’information à poursuivre ses efforts de communication et sensibilisation concernant la situation humanitaire qu’il juge catastrophique dans les territoires palestiniens occupés.  Ce travail doit être soutenu et renforcé, a-t-il ajouté.  Le DPI doit également continuer son action au bénéfice de la promotion du dialogue entre les civilisations.  L’Iran, a assuré M. Al Habib, appuie les efforts déployés par LE DPI en faveur du multilinguisme et de la promotion des autres langues largement parlées dans le monde, comme la langue perse. 


Mme ERIKA MARTINEZ LIÉVANO (Mexique) a salué le travail accompli au cours de la période considérée, notamment en s’appuyant sur les médias sociaux comme Facebooket Twitter.  Elle a également rendu hommage au travail des Centres d’information des Nations Unies à travers le monde et, notamment, au Mexique.  Compte tenu de la croissance exponentielle des nouveaux canaux de communication électroniques, il est important d’augmenter les contenus multilingues sur le site Internet des Nations Unies afin de toucher un public aussi vaste que possible, a estimé Mme Lievano.  C’est tout particulièrement vrai pour ce qui est de l’espagnol, langue dans laquelle la demande d’informations ne cesse de croître, a souligné la représentante, qui a plaidé pour le respect de la parité entre les six langues officielles.


M. RODNEY CHARLES (Trinité-et-Tobago) a souligné que, dans « le monde numérique » actuel, la capacité des citoyens à accéder à l’information dépendait encore très souvent du niveau de développement économique du pays.  Au regard de la disparité entre les pays en développement et les pays développés, en matière de diffusion de l’information, Trinité-et-Tobago, a dit son représentant, tient à saluer l’importance du travail accompli par le DPI, et son réseau de centres d’information « pour la diffusion d’informations auprès des peuples du monde ».  Il a également salué l’expansion du Département vers les nouvelles technologies et l’emploi soutenu de plateformes innovantes.  Compte tenu de l’importance des moyens de communication traditionnels, le DPI devrait continuer à les développer, a-t-il indiqué. 


Le DPI devrait aussi sensibiliser encore plus les populations aux enjeux de la prochaine Conférence des Nations Unies sur le développement durable, Rio+20.  Après avoir passé en revue les piliers sur lesquels s’appuie la politique d’information de son pays, il a souligné le rôle majeur que joue le Centre d’information de l’ONU installé à Trinité-et-Tobago.  Sa contribution a été remarquable, notamment dans le cadre de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, a-t-il dit.  Pour mieux fonctionner et accroître leur action, les centres d’information des Nations Unies ont besoin de disposer des capacités nécessaires, a-t-il estimé avant de conclure.


Mme SOMAIA BARGHOUTI, observatrice de la Palestine, s’est félicitée des activités menées par le Département de l’information sous l’égide du Programme d’information spécial sur la question de Palestine, qui contribue à la recherche de la paix au Moyen-Orient.  Elle a salué les activités régulières consacrées à la Palestine telles que l’organisation d’un séminaire sur les médias internationaux et le processus de paix au Moyen-Orient à Budapest, en juillet 2011.  La représentante a, par ailleurs, approuvé le rôle grandissant que joue le DPI dans la formation de journalistes palestiniens, permettant ainsi d’améliorer la qualité du travail fourni par ces derniers, « malgré les difficultés créées par la puissance occupante ».


M. BERTRAND DE LOOZ KARAGEORGIADES (Ordre militaire souverain de Malte) a brièvement expliqué que c’est en commençant sa carrière aux Nations Unies, il y 34 ans, qu’il avait compris l’importance de l’information et des communications, sans oublier la liberté de presse.  L’Ordre militaire souverain de Malte, a-t-il poursuivi, attache une importance à la communication et à tous les éléments sociaux qui sont liés à la communication car ses relations diplomatiques avec plus de 100 pays et de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) le lui imposent.


M. ZAMBA BATJARGAL, Organisation météorologique mondiale (OMM), a présenté le nouveau système d’information de son organisation, lequel, a-t-il dit, permettra d’améliorer et d’étendre les échanges de données en cours concernant, notamment, l’eau et la météorologie.  Il entraînera une réduction substantielle des coûts et comportera des applications touchant aux alertes à des tsunamis ou autres crises climatiques.  Il aura en outre pour atout d’aider à la réduction des risques de catastrophe.  Trois types de services seront principalement fournis par ce système: la collecte et diffusion d’informations, l’accès et la recherche de données et des services de fourniture de données rapides, grâce à des moyens technologiques novateurs comme l’Internet.


M. MAHER NASSER,Secrétaire général adjoint par intérim à la communication et à l’information, a remercié les nombreuses délégations ayant pris la parole au cours des trois derniers jours.  Il a exprimé sa gratitude aux États Membres qui ont salué le travail accompli par les Centres d’information des Nations Unies, tout en soulignant la nécessité de leur fournir des ressources adéquates.  M. Nasser a remercié les États Membres qui continuent d’aider ces Centres, notamment par le biais de locaux gratuits ou de contributions volontaires.  Répondant à une préoccupation du Pakistan, le Secrétaire général adjoint par intérim a indiqué que l’expansion du Programme Reham Al-Farra pour les journalistes, que ce soit en termes de durée ou du nombre de participants, aurait forcément un impact budgétaire.  Le Département, a assuré M. Nasser, continuera d’œuvrer vigoureusement à soutenir le mandat de l’Assemblée générale visant à prévenir les actes d’intolérance, de racisme et de haine.


Le Secrétaire général adjoint par intérim s’est déclaré d’avis avec le représentant de l’Espagne, qui a souligné l’importance de la radio comme moyen vital de communication et est à l’origine de la proposition de proclamer le 13 février, Journée mondiale de la radio.  À l’occasion de cette Journée, observée pour la première fois cette année, il s’est déclaré heureux de pouvoir dire que la Radio des Nations Unies avait produit un programme dans huit langues différentes -les six langues officielles des Nations Unies, ainsi que le portugais et le kiswahili - et lancé une campagne promotionnelle sur Facebook.


Revenant sur la question de la parité linguistique dans l’ensemble du Département et, en particulier, sur le site des Nations Unies, le Secrétaire général adjoint par intérim a réaffirmé que le multilinguisme était l’une des pierres angulaires du DPI et que celui-ci continuerait à tout mettre en œuvre pour renforcer les services actuellement fournis.  S’agissant des communiqués de presse, plusieurs délégués, a rappelé M. Nasser, ont souligné la nécessité de les rendre disponibles dans toutes les langues officielles sans que cela ait une incidence budgétaire.  « J’aimerais vous assurer que le Département continuera de réfléchir à des mécanismes créatifs qui ne mobiliseront pas de ressources financières ou humaines additionnelles.  « Nous nous sommes déjà entretenus avec le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences pour déterminer des moyens de mettre en commun nos ressources.  Toutefois, les ressources humaines et les mandats du DPI sont tels qu’il n’y aurait pas de cohérence possible en termes de capacité, de disponibilité et de respect des délais pour créer une formule efficace. « 


Nous avons également exploré les mécanismes de traduction plutôt que de faire couvrir les réunions et conférences dans les langues des Nations Unies autres que l’anglais et le français, que ce soit par l’entremise de logiciels informatiques ou de services pro bono fournis par les universités, a poursuivi M. Nasser.  Ces options ne se sont pas avérées viables dans le cas des communiqués de presse, compte tenu des besoins spécifiques de ce type de contenus, qu’il s’agisse de respect des délais ou de la qualité rédactionnelle et éditoriale supérieure sur des sujets complexes, a-t-il indiqué.  Les logiciels de traduction produisent des matériaux qui exigent un travail d’édition considérable, ce qui suppose un personnel hautement qualifié.  Quant aux arrangements pro bono, ils ne permettent pas la mise à disposition immédiate des contenus et impliquent eux aussi un travail d’édition à réception.  Or, comme vous le savez, les communiqués de presse sont –sauf rares exceptions– publiés le jour même de la réunion, et le plus souvent dans les deux heures qui suivent la conclusion de ladite réunion, a rappelé le Secrétaire général adjoint par intérim.


Le Département, a-t-il ajouté, est convaincu que les ressources humaines et les compétences exigées pour réaliser la parité dans les six langues officielles dans la publication des communiqués de presse, ou même pour permettre que ces communiqués soient produits dans une langue autre que le français et l’anglais, auraient des incidences budgétaires considérables.  « Nous continuerons cependant à tenir des consultations avec les États Membres et les organes budgétaires et administratifs pour parvenir à une décision satisfaisante », a-t-il assuré avant de conclure.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité demande un rapport complet sur les efforts en vue d’aider les États à lutter contre les mouvements transfrontaliers illicites

CS/10624

Le Conseil de sécurité demande un rapport complet sur les efforts en vue d’aider les États à lutter contre les mouvements transfrontaliers illicites

25/04/2012
Conseil de sécuritéCS/10624
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6760e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DEMANDE UN RAPPORT COMPLET SUR LES EFFORTS EN VUE D’AIDER LES ÉTATS À LUTTER CONTRE LES MOUVEMENTS TRANSFRONTALIERS ILLICITES


Le Secrétaire général exhorte le Conseil à s’attaquer à la criminalité transfrontalière qui sape la souveraineté de pays et détruit des communautés


Préoccupé par l’impact de plus en plus grave des trafics et mouvements transfrontaliers illicites, le Conseil de sécurité a invité aujourd’hui le Secrétaire général à présenter, dans un délai de six mois, un rapport contenant une évaluation complète des efforts du système des Nations Unies pour aider les États Membres à lutter contre le trafic et les mouvements transfrontaliers illicites.


Dans une déclaration présidentielle lue, au nom de tous ses membres, par la représentante des États-Unis, Mme Susan Rice, le Conseil « exhorte aussi les États Membres à s’acquitter pleinement des obligations que leur impose le droit international applicable pour sécuriser leurs frontières et lutter ainsi contre le trafic et les mouvements transfrontaliers illicites ».


Par ce texte, le Conseil engage les États Membres et les organisations compétentes à « améliorer leur coopération et leurs stratégies en vue de combattre le trafic et les mouvements transfrontaliers illicites ». 


Il les engage aussi à redoubler d’efforts en vue d’aider les États Membres à se doter des moyens nécessaires pour sécuriser leurs frontières de manière à lutter contre le trafic et les mouvements transfrontaliers illicites.


Dans une intervention liminaire, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, a exhorté le Conseil de sécurité à porter une attention particulière à ces menaces à la paix et à la sécurité qui sapent la souveraineté des États et détruisent la vie des communautés et des individus.  Néanmoins, il a rappelé que le renforcement de la sécurité des frontières ne pouvait pas être conduit au détriment des droits des migrants. 


Le représentant de la France s’est félicité de l’approche retenue aujourd’hui visant à considérer cette problématique des trafics et des mouvements illicites sous l’angle des frontières, point de passage de ces trafics dans le souci d’apporter des réponses concrètes sur le terrain.


La plupart des 37 délégations intervenues ont dit l’importance de la coopération internationale pour aider les États les plus fragiles à mettre en œuvre leurs obligations en matière de contrôle des frontières, face à la réalité des réseaux criminels qui s’adaptent plus vite que les structures étatiques aux opportunités offertes par la mondialisation.


Néanmoins les représentants de l’Inde, du Pakistan, du Venezuela et de Cuba ont regretté une tentative d’imposer à l’ordre du jour du Conseil des questions au prétexte qu’elles affectent la paix et la sécurité, en exhortant l’ONU à respecter la séparation des fonctions et attributions des organes principaux que sont l’Assemblée générale, le Conseil économique et social (ECOSOC) et le Conseil de sécurité.


Si le représentant de la République de Corée a jugé que ce débat du Conseil de sécurité était une opportunité de renforcer la « boîte à outils » dont dispose l’ONU pour aider les États Membres à sécuriser leurs frontières et à lutter contre les mouvements illicites, celui du Costa Rica a rappelé que le crime organisé et la drogue n’étaient pas seulement une menace pour la sécurité mais aussi pour le développement économique et social.


S’agissant de l’Afghanistan et des trafics de drogues qui y sévissent, le représentant de la Fédération de Russie a prôné une approche partant des instruments du Conseil de sécurité en rappelant que le document final de la réunion ministérielle du Pacte de Paris donnait les grandes orientations pour l’élimination des flux de drogues afghans.


Évoquant d’autres conséquences de la criminalité transfrontalière, le représentant de la Lybie a fait état de l’existence de mercenaires à la solde des derniers partisans de Gadhafi qui se sont dirigés, avec armes et argent, vers des États voisins, en entretenant une instabilité qui alimente le terrorisme en Afrique du Nord, au Sahel et au Sahara.


MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SECURITE INTERNATIONALES


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé combien le trafic de stupéfiants, d’armes, la contrebande et le financement du terrorisme sapaient la souveraineté des États et détruisait la vie des communautés et des individus.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à porter une attention particulière à ces menaces à la paix et à la sécurité.  Rappelant que la lutte contre ces actes devait passer par une action sur tous les fronts, le Secrétaire général a appelé tous les États Membres à renforcer la surveillance de leurs frontières.  Néanmoins, il a souligné que des pays vulnérables, dévastés par la guerre ou qui se battaient pour se transformer, ne disposaient pas des moyens de lutter contre cette criminalité transfrontalière.  En Afrique, en Amérique latine et aux Caraïbes le projet AIRCOP a l’objectif de renforcer les contrôles dans les aéroports internationaux, a précisé M. Ban, ajoutant que l’équivalent maritime de cette initiative était le Global Container Control Programme.  Pour illustrer l’ampleur de la mission, il a précisé que seuls 2% des 500 millions de containers assurant 90% du commerce international, qui se déplaçaient par voie maritime chaque année, étaient contrôlés.


Le Secrétaire général a rappelé que le contrôle des frontières ne pouvait être efficace lorsqu’il était mené de manière isolée.  Il a insisté sur le fait que la sécurité des frontières ne pouvait jamais être conduite aux dépens des droits des migrants.  Il a ajouté que l’Équipe spéciale des Nations Unies pour la lutte contre la criminalité organisée et le trafic de stupéfiants, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) et le Département des affaires politiques développaient une approche commune.  Citant la coopération régionale comme une clef pour lutter contre les flux illicites et le trafic des êtres humains, il a mis l’accent sur l’importance des outils juridiques internationaux. 


M. Ban a exhorté les États Membres à ratifier et à mettre en œuvre la Convention internationale contre la criminalité transnationale organisée et ses Protocoles, ainsi que la Convention des Nations Unies contre la corruption et tous les instruments juridiques de lutte contre le terrorisme. 


Lutter contre les flux illicites impose aussi de faire plus contre le blanchiment d’argent, à dit le Secrétaire général, en appelant à des systèmes qui permettent de détecter et de suivre les immenses flux d’argent illicite générés par la criminalité transfrontalière, dont une grande partie est blanchie par le système financier international.  


Le Secrétaire général a expliqué que l’efficacité des stratégies de lutte contre le terrorisme dépendait des mesures prises par les États en ce qui concerne les mouvements transfrontaliers des gens, des biens et des cargos, des armes légères et de petit calibre, et d’autres matériaux dangereux d’origine nucléaire, chimique, biologique et radiologique.  Il a dit le souci de l’ONU d’aider les États Membres à renforcer leurs cadres législatifs et institutionnels. 


M. Ban a cité en exemple le Groupe de travail sur la gestion des frontières dans le contexte de la lutte contre le terrorisme qui est en train de compiler un Recueil des règles et normes internationales sur les meilleures pratiques. 


Soulignant le risque de voir des acteurs non étatiques acquérir des armes de destruction massive, le Secrétaire général à mis l’accent sur l’importance de la Stratégie mondiale des Nations Unies contre le terrorisme et de la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité par le biais des activités du Comité 1540. 


Mettant l’accent sur l’échange d’informations et le recueil de données et d’analyse, M. Ban a affirmé qu’il reviendrait devant le Conseil de sécurité dans six mois pour y présenter un rapport qui fournira une évaluation exhaustive des travaux de l’ONU pour guider les États Membres dans leur lutte contre les flux illicites de toute sorte.  


M. JOÄO MARIA CABRAL (Portugal) a affirmé que son pays accordait une grande importance aux efforts mis en œuvre via le système des Nations Unies pour réagir aux demandes d’assistance émanant des États qui doivent faire face aux menaces et défis, toujours plus interconnectés et sophistiqués, posés par les trafic illicites transfrontaliers d’argent, de biens et d’êtres humains.  Ces trafics et mouvements illicites ont des impacts sur les États les plus fragiles, a précisé le représentant, ajoutant que le Conseil de sécurité ne pouvait oublier le rôle qui est le sien dans la prévention des conflits.  Le Conseil de sécurité ne peut pas ne pas se soucier des trafics et mouvements illicites transfrontaliers, a expliqué le représentant, soulignant combien ces trafics et mouvements déstabilisaient de nombreux États et régions. 


Le délégué a par ailleurs souligné les liens entre ces mouvements illicites et le terrorisme international.  Pour le Portugal, les Nations Unies pourraient améliorer leur action dans deux domaines: d’un côté, en améliorant l’efficacité et la coordination opérationnelle de ses efforts internes pour porter assistance aux États et aux régions qui en ont besoin; de l’autre, en renforçant la coordination avec les partenaires et les organes extérieurs à l’ONU.  Le représentant s’est félicité de ce débat et de la proposition faite par le Secrétaire général de présenter, dans six mois, un rapport sur les activités complètes des Nations Unies dans l’assistance aux États pour faire face aux trafics et mouvements illicites.  Il a ajouté qu’un tel rapport offrirait une bonne base de travail pour le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et tous les autres organes pertinents.  Le représentant a souligné qu’une meilleure cohérence entre les organes basés au Siège et sur le terrain, une attention accordée à chaque contexte spécifique et l’adoption d’approches préventives cohérentes pourraient être d’une grande valeur.  


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a estimé qu’il était opportun d’ouvrir un débat pour examiner la question des transferts illicites.  C’est un phénomène qui exacerbe des situations dont le Conseil de sécurité est déjà saisi, a précisé le représentant.  Pour la Colombie, il faut permettre une action concertée des différents organes des Nations Unies sur cette question.  Le représentant colombien a rappelé que le trafic d’armes chimiques et biologiques constituait une menace reconnue à la paix internationale.  Il a appelé à l’adoption d’un instrument contraignant permettant d’améliorer le contrôle des armes légères et de petit calibre, notamment pour interdire leur transfert à des acteurs armés non étatiques. 


Le représentant a ensuite rappelé que le contrôle des frontières était une prérogative des États, mais que l’exercice de ce droit souverain devait se faire dans le respect, de la part des États, de leurs engagements internationaux.  La Colombie est favorable à l’idée d’un inventaire des initiatives et à un renforcement des capacités des États Membres.  Le représentant a jugé important que des mécanismes efficaces soient mis en place pour renforcer la coopération internationale contre les manifestations de la criminalité dont il est question dans ce débat.  Il a ajouté que son pays améliorait son contrôle aux frontières grâce aux technologies.  Le représentant a conclu son propos en affirmant que le renforcement de la sécurité ne devait pas faire obstacle au développement économique et social. 


M. LOTFI BOUCHAARA (Maroc) a rappelé que les problèmes posés par les flux et mouvements transfrontaliers illicites avaient été traités au niveau de différents organes selon leurs prérogatives respectives à travers des conventions, des protocoles, des mécanismes, des plans d’actions ou des régimes de sanctions par la communauté internationale.  Il ne fait aucun doute, selon lui, que le travail des Nations Unies, combiné aux actions prises par les États Membres au niveau national, régional, sous-régional ou transrégional, a permis une meilleure sécurisation des frontières.  Mais il a reconnu que dans cette ère globalisée, les différents réseaux impliqués dans les trafics et mouvements illicites transfrontaliers ont pu tirer profit de l’interconnectivité croissante de notre planète et contourner les efforts pour les combattre.  Cette interconnexion n’est plus une menace mais une réalité dans diverses régions du monde notamment dans la sous-région sahélo-sahélienne et au niveau du Golfe de Guinée. 


Ces défis transfrontaliers obligent à des efforts collectifs et coordonnés, au dialogue et à une coopération accrue, à la solidarité et à la responsabilité partagée.  Le Maroc y apporte sa contribution.  Il a abrité le lancement de l’Initiative globale contre le terrorisme nucléaire et l’initiative africaine atlantique.  Il accueillera encore, avant fin-2012, la deuxième édition de la Conférence ministérielle régionale sur la sécurité des frontières de pays appartenant à l’espace nord-africain et sahélien.  Le représentant du Maroc a souhaité que les mécanismes établis puissent répondre à la nature évolutive et à l’ampleur des menaces et des dangers qu’ils posent.  Les Nations Unies et ses États Membres doivent déployer une réelle volonté politique afin d’établir, d’actualiser et d’adapter les normes internationales et les différents mécanismes sur ces flux illicites.  Le Maroc prend note de la proposition de solliciter le Secrétaire général d’établir un rapport compréhensif sur ces flux, a-t-il conclu.


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a rappelé que si sa délégation n’avait pas manifesté d’objection vis-à-vis des consultations initiales, il n’en reste pas moins que les discussions ayant précédé la tenue de ce débat ont été particulièrement animées.  Expliquant les préoccupations de sa propre délégation, le représentant a indiqué que tout le problème était de savoir s’il fallait mettre l’accent sur la « sécurisation des frontières » ou sur « lutte contre les mouvements illicites ».  Dans la première hypothèse, la sécurisation des frontières contre les mouvements illicites peut être légitime, mais pose aussi le risque d’entraver les mouvements licites, et donc faire plus de mal que de bien.  Dans la seconde, il est loisible de se demander comment distinguer les mouvements licites des mouvements illicites de part et d’autres des frontières.  


Un problème supplémentaire découle du fait qu’aborder un tel sujet dans le cadre des Nations Unies suppose une forme de coopération entre États Membres, alors qu’en mettant l’accent sur les contrôles et les régulations, a prévenu le Guatemala, « nous courons le risque d’aboutir à une approche plus défensive, contraire aux principes de cette organisation ».  Cette réflexion a conduit M. Rosenthal à formuler plusieurs observations.  Tout d’abord, cette discussion peut contribuer aux efforts de prévention des conflits, a-t-il reconnu.  Ensuite, la large gamme de stratégies et d’initiatives existantes exige une recherche de synergies et donc une coopération internationale renforcée.  En outre, a poursuivi le représentant, la nécessité de prendre en compte les causes profondes des mouvements illicites aux frontières est absolument nécessaire.  Selon lui, l’assistance que peuvent prêter les Nations Unies dans ce contexte doit respecter pleinement les mandats de l’Organisation.  Enfin, une plus grande cohérence et coordination entre les organes concernés des Nations Unies est déterminante à cet égard, a conclu M. Rosenthal.


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a jugé important que le Conseil de sécurité respecte les mandats des organismes spécialisés dans la lutte contre les trafics et les mouvements transfrontaliers illicites.  Il s’est opposé à toute tentative d’imposer à l’ordre du jour du Conseil de sécurité certaines questions au prétexte qu’elles affectent la paix et la sécurité.  Il a exhorté l’ONU à respecter la séparation des fonctions et attributions des organes principaux que sont l’Assemblée générale, le Conseil économique et social (ECOSOC) et le Conseil de sécurité. 


Le représentant a demandé que le Conseil de sécurité ne soit saisi que dans le contexte spécifique de conflits et d’après-conflits.  Il a salué le rôle de l’ONU en faveur du renforcement des capacités des États Membres pour leur permettre de respecter leurs engagements en matière de sécurité des frontières.  Il a également souhaité que les organismes pertinents de l’ONU et les donateurs aident les pays à sécuriser leurs frontières contre le trafic et la criminalité transfrontalières en respectant les prérogatives des États et en n’intervenant que suite aux demandes des États concernés.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a souligné que des frontières poreuses constituaient une menace, car elles ouvrent la voie à des mouvements financiers terroristes ou encore à des trafics de drogue.  Il a rappelé l’existence de régimes de sanction établis par le Conseil de sécurité par le biais de la résolution 1373 (2001) et 1540 (2004) pour faire face au trafic de drogue, d’armes, d’armes de destruction massive et de mouvements terroristes.  Il a néanmoins insisté sur les problèmes qui se posaient quant au respect de ces régimes, problèmes dont tout le monde est conscient, a-t-il ajouté. 


S’agissant de l’Afghanistan et des trafics de drogue qui y sévissent, le représentant a prôné une approche partant des instruments du Conseil de sécurité.  Il a rappelé que le document final de la réunion ministérielle du Pacte de Paris donnait les grandes orientations pour l’élimination des flux de drogues afghans.  S’agissant de la Libye, le représentant a indiqué que le résolution 2017 (20121) constituait un message, et offrait un cadre satisfaisant.  Le représentant a conclu en estimant qu’il était important que le Conseil de sécurité, lorsqu’il examine le cas de mouvements et transferts illicites, ne s’ingère pas dans les compétences des autres organes. 


M. KODJO MENAN (Togo) a indiqué que les frontières étaient devenues des espaces de non-droit où s’imbriquaient et se conjuguaient les activités de tout genre, comme les trafic d’armes, de drogues et de ressources naturelles, la traite des personnes et la migration clandestine, le trafic illicite de marchandises, la corruption et le blanchiment d’argent ainsi que les activités terroristes, tous de nature à hypothéquer la paix, la sécurité et la stabilité des États.  Citant les difficultés des États de l’Afrique de l’Ouest à sécuriser leurs frontières, M. Menan a indiqué que seule une approche globale, intégrée et holistique de la communauté internationale permettrait de relever les défis de l’insécurité nourrie par les trafics illicites transfrontaliers.  Illustrant les initiatives des États de l’Afrique de l’Ouest, il a fait état de l’Accord quadripartite qui regroupe le Bénin, le Ghana, le Nigéria et le Togo, pour lutter contre la criminalité transfrontalière ainsi que la signature, en 2009, entre le Togo et le Ghana, d’un mémorandum d’accord entre les services de sécurité, de police/gendarmerie, de douanes et d’immigration, services anti-drogue.


Au plan sous-régional, avec l’assistance de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), une stratégie transversale multilatérale fondée sur la responsabilité partagée, appelée Programme régional de l’UNODC, pour l’Afrique de l’Ouest 2010-2014 avait été élaborée.  Au plan national, face à l’intensification du trafic de drogue et du crime organisé, et faisant suite au plan régional d’action de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Togo a créé un programme national intégré pour lutter contre le crime organisé pour la période 2009-2013.  Malgré toutes ces initiatives et face à la faible capacité opérationnelle des États de la sous-région, la mobilisation des fonds et le renforcement des capacités des différents acteurs nationaux sont nécessaires et requièrent une attention soutenue de la communauté internationale.  C’est pourquoi, face à l’ampleur du phénomène, le Togo soutient l’idée de son évaluation par le Secrétaire général, qui pourrait proposer des approches  et solutions qui viendraient compléter les mécanismes existants. 


M. LI BAODONG (Chine) a rappelé que la gestion des frontières incombait aux États Membres, et a espéré que les pays respecteraient leurs obligations au titre des conventions internationales et du droit international pertinents pour renforcer le contrôle et la sécurisation des frontières.  Il a appuyé la coopération internationale pour l’assistance des pays dans le besoin en appelant à tenir compte des spécificités respectives des besoins des pays.  Il a mis l’accent sur la nécessité de préserver l’intégrité des États Membres.  Il a souhaité que l’on tienne compte des avantages respectifs des organismes de l’ONU, afin de créer les synergies les plus optimales.  Il a invité les agences de l’ONU à mieux répartir leurs activités en fonction de leurs mandats respectifs


M. PETER WITTIG (Allemagne) a souligné l’importance de structures efficaces pour faire face aux trafic et mouvements illicites qui menacent la paix et la sécurité internationales.  L’Allemagne rappelle toutefois que des frontières ouvertes et la libre circulation légale des hommes et des biens ne constituaient pas des menaces en soi.  Le représentant a ensuite souligné la nécessité de garder à l’esprit qu’il y a une limite à l’harmonisation.  Pour l’Allemagne, l’harmonisation ne doit pas en effet entraîner une réduction de la mise en œuvre des sanctions.  Le délégué a ensuite rappelé que les frontières longues exigeaient des masses de personnel importants, notamment pour l’évaluation des risques. 


M. Wittig a par ailleurs insisté sur l’importance d’actions organisées de la part de la communauté internationale pour opposer une résistance à la corruption.  Le représentant a indiqué que son pays avait appuyé plusieurs projets en termes d’assistance technique, notamment concernant les données douanières.  L’Allemagne appuie le programme de l’ONU qui vise à la coopération transfrontalière, a-t-il poursuivi.  Le représentant a ensuite rappelé que, conformément aux accords de Schengen, les États membres de l’Union européenne qui y ont souscrit n’assuraient pas eux-mêmes le contrôle de leurs frontières.  Pour conclure, M. Wittig a précisé que son pays était attaché à une approche complète pour réduire et prévenir la prolifération des armes de destruction massive. 


M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) s’est particulièrement inquiété de la capacité de la criminalité internationale de porter atteinte à la stabilité régionale en suscitant des conflits.  Il a dit que la criminalité transfrontalière impliquait des réseaux d’acteurs qui étendent leur zone au delà des frontières et qui exploitent les insuffisances en matière de contrôle des frontières.  Il a insisté sur le fait que la sécurisation des frontières ne devait pas impliquer des contraintes supplémentaires aux mouvements transfrontaliers légaux et la liberté de mouvements des biens et des personnes.  


Le représentant a appelé à une coopération transfrontalière respectant les principes de la souveraineté et l’intégrité territoriales, l’inviolabilité des frontières reconnues et les principes de bon voisinage.  Il est nécessaire que les institutions du système de l’ONU déploient des efforts optimaux pour éviter les duplications avec d’autres initiatives existantes, a-t-il dit.  Il a cité les efforts de l’Azerbaïdjan pour maintenir un système complet de contrôle des frontières aux fins de la lutte contre la criminalité transfrontalière et le terrorisme international.  Il a néanmoins ajouté que l’occupation militaire continue d’une partie de son territoire était un frein à ces efforts de contrôle des frontières. 


M. MARTIN BRIENS (France) a déclaré qu’il était de la responsabilité du Conseil de sécurité de s’intéresser aux questions des flux et trafics transfrontaliers qui menacent la paix et la sécurité internationales.  Il a précisé que le Conseil a déjà pris en compte cette menace croissante dans des domaines spécifiques, comme la lutte contre le terrorisme avec la résolution 1373 (2001) et la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive et la prévention du terrorisme au moyen d’armes de destruction massive avec la résolution 1540 (2004).  Il s’est félicité de l’approche retenue aujourd’hui visant à considérer cette problématique des trafics et des mouvements illicites sous l’angle des frontières, point de passage de ces trafics dans le souci d’apporter des réponses concrètes sur le terrain. 


« Si les États ont la responsabilité principale du contrôle des frontières, nous savons que des réseaux criminels s’adaptent plus vite que les structures étatiques aux opportunités offertes par la mondialisation », a dit le représentant de la France, en reconnaissant que les États n’avaient pas toujours les capacités pour contrôler efficacement leurs frontières et lutter contre les trafics illicites.  Il a dit l’importance de la coopération internationale pour y répondre, d’où l’importance que les États disposent des capacités nécessaires pour mettre en œuvre leurs obligations internationales en matière de contrôle des frontières.  À cet égard, il a jugé indispensable des efforts pour améliorer l’aide fournie aux États qui demandent une assistance dans ce domaine.  Saluant l’existence de plans qui, à l’échelle régionale, permettent de faire face à ces flux, il a cité le cas de la Convention de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur les armes légères et de petit calibre et des mécanismes existants au sein de l’Union européenne pour lutter contre les dangers relatifs à la contrebande et au trafic de biens ainsi qu’à la traite d’êtres humains.  Il a particulièrement salué le rôle fondamental joué par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) sur ces questions dans le cadre de son programme régional pour l’Afrique de l’Ouest.  Estimant que la paix et la sécurité internationales ne peuvent que bénéficier des efforts accrus pour prévenir les trafics et les mouvements illicites, le représentant de la France a exhorté les Nations Unies à évaluer leur action dans ce domaine en soutien aux États, afin de parvenir à des recommandations concrètes pour en accroître la cohérence et l’efficacité tout en tirant le meilleur parti des initiatives des autres organisations internationales et régionales qui jouent dans ce domaine.


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) s’est dit très préoccupé par les mouvements et transferts d’armes de destruction massive et de leurs vecteurs, et par le trafic d’êtres humains.  Ces trafics sont facteurs d’instabilité, a-t-il ajouté, soulignant l’effet déstabilisateur de ces fléaux dans une région comme l’Afrique de l’Ouest, où plusieurs États sont menacés, par exemple la Guinée-Bissau. 


Le représentant a rappelé l’importance de principes tels que le respect de l’intégrité territoriale des États et la non-ingérence.  Il a souligné que de nombreux États pourraient profiter de l’assistance et de la coopération.  Pour mettre en œuvre cette assistance, les mandats des organes de l’ONU doivent être respectés, a expliqué le représentant.  Organe dédié au maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil de sécurité pourrait se saisir des questions qui concernent son mandat.


M. PHILIP PARHAM (Royaume-Uni) a appelé à des mesures de renforcement du contrôle des frontières qui ne soient pas de nature à représenter un frein à la croissance de l’économie mondiale.  Il a indiqué que le contrôle des frontières du Royaume-Uni dépendait aussi de la qualité de sa coopération avec les États voisins en utilisant une approche pluraliste et multidisciplinaire.  


Outre les embargos sur les armes et le gel des avoirs, le représentant britannique a appelé à réfléchir à des moyens plus larges pour faire face à la menace du trafic des armes et matériaux entrant dans la mise en œuvre d’armes de destruction massive.  Il s’est félicité d’un projet de déclaration du Conseil de sécurité soulignant la nécessité d’un rapport ambitieux des Nations Unies qui fasse le tour de la question en mettant l’accent sur l’appui que l’ONU apporte et doit continuer à apporter aux États Membres en matière de sécurisation des frontières et de lutte contre les mouvements illicites.


M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) a invité le Conseil de sécurité à respecter pleinement les dispositions de la Charte des Nations Unies dans toutes les actions qu’il mène.  La sécurité aux frontières relève de la souveraineté des États, qui ne sauraient être supplantés par des instances extérieures, a-t-il ajouté.  Le Pakistan estime que le Conseil de sécurité ne doit se saisir de la question de la sécurité aux frontières que lorsqu’il existe des menaces à la paix et à la sécurité internationales. 


Le représentant a expliqué que la coopération mutuelle des États pour faire face aux trafics et aux mouvements transfrontaliers devait se faire dans le respect de l’égalité souveraine des États, de l’intégrité territoriale, et de la non-ingérence dans les affaires des États.  Comme beaucoup d’autres États, Le Pakistan pense que l’évaluation des capacités de l’ONU et de certains chevauchements possibles doit être du ressort de l’Assemblée générale, a expliqué le représentant.  Pour conclure, il a rappelé que son pays avait accompli des avancées substantielles pour mettre en place un système complet de contrôle aux frontières en accord avec ses obligations internationales.   


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a estimé que l’un des maillons faibles de la sécurisation des frontières et de la lutte contre les mouvements illicites était la difficulté de certains États à procéder aux contrôles nécessaires pour empêcher ces transferts.  Elle a estimé que ces mouvements illicites sapaient la stabilité et la souveraineté des États Membres et pouvaient menacer la paix et la sécurité internationales.  Évoquant l’examen par le Conseil de sécurité de l’impact du trafic des armes sur la stabilité du Sahel, du transfert d’armes par l’Iran à des acteurs non étatiques ou de l’impact de la prolifération des armes sur la stabilité de la Guinée-Bissau, Mme Rice a regretté que le Conseil de sécurité avait tendance à examiner chaque cas de façon isolée, en ignorant ses caractéristiques communes, à savoir la porosité des frontières exploitée par les réseaux criminels transfrontaliers. 


Les États ont une obligation, y compris celle découlant du chapitre VII de la Charte des Nations Unies et des régimes de sanctions, qui les obligent à intercepter la contrebande, a-t-elle insisté.  Elle a jugé indispensable que les efforts régionaux soient encouragés et entretenus et que le système de l’ONU améliore l’aide apportée aux États pour renforcer le contrôle de leurs frontières et des cadres juridiques et ainsi mieux mettre en œuvre leurs obligations internationales pertinentes. 


Tout en soulignant l’importance d’organismes tels Interpol, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) ou l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mme Rice a noté que ces organes se concentraient sur un domaine spécifique sans être au fait de l’ensemble des aspects liés à la sécurisation des frontières et lutte contre les mouvements illicites.  Elle a jugé indispensable de déterminer comment mieux aider les États qui veulent et doivent mieux sécuriser les mouvements de biens et des personnes à travers leurs frontières.  Tout en notant l’importance du Conseil de sécurité pour contribuer à ces efforts, elle a jugé vital que l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC) soient pleinement engagés également.  Ce défi complexe ne peut être relevé par un organe unique, a-t-elle dit, avant de saluer l’initiative du Conseil de sécurité consistant à demander au Secrétaire général une évaluation de ces efforts pour disposer d’un tableau complet des activités de l’ONU en matière de sécurisation des frontières et de lutte contre les mouvements illicites. 


M. RON PROSOR (Israël) a indiqué que le débat du jour n’était pas une abstraction pour son pays.  Jour après jour, Israël est sous la menace de réseaux terroristes, et des États qui soutiennent ces mêmes réseaux, a-t-il expliqué.  Évoquant le cas du cargo Victoria, arraisonné l’an dernier en mer Méditerranée, au large des côtes israéliennes, le représentant a indiqué qu’il contenait trois conteneurs dissimulés dans sa soute, et 40 tonnes d’armes iraniennes.  L’Iran avait l’intention de transférer ces armes à des terroristes à Gaza, a-t-il ajouté.  Ce bâtiment est toujours retenu au port, mais d’autres cargos circulent avec des armes, notamment des fusées, a-t-il assuré, précisant que l’une de ces fusées pourrait déclencher le prochain conflit majeur.


L’Iran et son allié, le régime syrien d’Assad, violent la résolution 1860 (2009), a affirmé le représentant israélien.  Le délégué a invité à agir contre ceux qui soutiennent les terroristes. 


Il a évoqué le cas du Hezbollah, qui, a-t-il dit, dispose de moyens proches de ceux d’une armée régulière et qui est l’un des grands acteurs du marché des stupéfiants, connecté à un grand réseau mondial qui permet de financer des appuis logistiques et le terrorisme.  Le représentant a ensuite souligné que la faille d’un seul pays dans la lutte contre le terrorisme pouvait avoir de grandes conséquences.  S’agissant des armes de destruction massive, il a alerté la communauté internationale sur ce que pourrait faire l’Iran avec de telles armes, et les personnes avec qui elle les partagerait, si elle pouvait en faire l’acquisition. 


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a déclaré que les différents aspects du trafic illicite nécessitaient une approche au cas par cas qui tienne dûment compte de la nature spécifique de chaque danger.  Elle a rappelé que la traite des êtres humains était différente du trafic des stupéfiants et constituent différents types de menaces.  Elle a appelé le Conseil de sécurité à tenir compte du caractère spécifique de chaque situation et d’appeler à des coopérations en fonction des spécificités de chaque cas de trafic illicite. 


La représentante a jugé essentielle la coordination des interventions des différents organismes de l’ONU ainsi que la coopération régionale et Sud-Sud en matière d’échanges d’expériences et d’informations sur les pratiques optimales.  S’attaquer aux causes fondamentales du trafic est tout aussi essentiel, a dit la représentante du Brésil en citant des instituions affaiblies et des fragilités économiques et sociales.  Elle a ajouté que la réduction de la pauvreté et la génération d’opportunités pour les jeunes étaient autant de moyens de nature à limiter les trafics transfrontaliers. 


M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a affirmé que, dans le contexte actuel de la mondialisation, les frontières ne devaient pas être considérées comme des obstacles.  La fluidité de la circulation des biens et des personnes reste importante pour les échanges commerciaux, la prospérité économique et le développement humain.  Dans le même temps, le terrorisme international et le crime organisé ont profité de la mondialisation et des progrès technologiques pour développer les trafics illicites en tous genres.  L’Union européenne fait de la gestion intégrée des frontières un secteur prioritaire pour faire face à ces menaces.  À cela s’ajoute la politique européenne appelée « Approche globale de la question des migrations et de la mobilité ».  Le rôle de l’Agence européenne de surveillance des frontières a été récemment renforcé, a-t-il dit.  Tous ces efforts sont appuyés par une législation pertinente et par des politiques cohérentes. 


La lutte contre les trafics illicites transfrontaliers demande une coopération internationale accrue.  Renforcer les instruments juridiques internationaux et appuyer le travail des organismes des Nations Unies comme l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), partager les meilleures pratiques et les normes, échanger les informations, et les renseignements pour développer une cartographie globale des menaces et faciliter ainsi une approche coordonnée sont des moyens pour lutter contre les menaces des trafics illicites transfrontaliers.  L’Union européenne est prête à faciliter l’évaluation diagnostique proposée par le Secrétariat des Nations Unies afin de concentrer nos efforts, a conclu M. Mayr-Harting.


Mme PHILIPPA KING (Australie) a souligné que le trafic illicite faisait perdurer la corruption, la mauvaise gouvernance et la pauvreté.  La représentante a insisté sur l’importance de la coopération entre États voisins pour assurer la sécurité aux frontières.  La déléguée a rappelé que dans sa propre région d’Asie Pacifique, ce sont les initiatives et institutions régionales qui ont permis de forger un consensus sur l’application des normes globales sur cette question. 


La représentante a ajouté que l’Australie appuyait le rôle croissant des Nations Unies pour répondre aux besoins régionaux, et pour soutenir les organisations régionales et sous-régionales afin d’arriver à des solutions régionales.  Le renforcement des capacités de protection aux frontières est un autre objectif important, a poursuivi la représentante.  Pour l’Australie, l’adoption d’un traité sur le commerce des armes qui soit robuste, et qui puisse inclure les petites armes et les munitions, offrira à tous les États la possibilité d’établir des systèmes de contrôle de transferts.  Enfin, la représentante a souligné le rôle de la prévention dans la lutte contre le trafic illicite. 


M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a mis l’accent sur la responsabilité première des autorisés nationales de sécuriser leurs frontières et de lutter contre les mouvements illicites.  Il a reconnu que cette lutte ne pouvait être efficace que si les moyens nécessaires humains et financiers étaient mis à la disposition des pays.  Il a jugé indispensable que la lutte contre la criminalité transnationale soit examinée de manière globale.  Si le transfert illicite des matériaux, des biens et des individus est vieille comme le monde, les évolutions technologiques ont permis à la criminalité transnationale organisée de devenir un véritable défi pour la communauté internationale, a-t-il dit.  Il a précisé que les acteurs non étatiques, comme les organisations criminelles transnationales et organisations terroristes, avaient tendance à prospérer dans des situations de conflits, de pauvreté ou d’affaiblissement de l’intervention des États et de leurs appareils sécuritaires. 


Évoquant les initiatives de son pays, le représentant de l’Indonésie a cité la mise en place de toute une série de mesures pour une meilleure gestion des frontières.  Il a fait état de l’adoption de nombreuses lois pour détecter et empêcher le trafic et la mise en place d’un système informatique de capture biométrique dans 27 aéroports et ports indonésiens.  En 2009, l’Indonésie a ratifié la Convention de l’ONU contre la criminalité organisée transnationale et deux de ses protocoles.  Elle a également ratifié les trois conventions de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) en matière de lutte contre les stupéfiants et a ratifié sept instruments internationaux relatifs à la prévention du terrorisme, a insisté le représentant de l’Indonésie.  Au niveau régional, le pays a adhéré au principe d’assistance juridique mutuelle de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) consacré à la lutte contre le terrorisme et son financement.   


M. MATEO ESTREME (Argentine) a jugé que le contrôle aux frontières relevait de la responsabilité de chaque État concerné.  Cela n’a pas empêché la délégation de considérer qu’il est fondamental de continuer à renforcer les mécanismes de coordination entre pays limitrophes.  Au niveau régional, l’Argentine collabore ainsi avec les États Membres du MERCOSUR au travers de l’harmonisation des législations nationales sur le contrôle des armes à feu, des munitions et des explosifs sur le terrain et dans la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004). 


Par ailleurs, à l’initiative de l’Argentine, le MERCOSUR envisage par ailleurs l’adoption d’un « Guide pour la détection précoce de la traite des personnes » aux points de passage mis en place par le MERCOSUR et les pays qui lui sont associés, a annoncé M. Estreme.


M. TSUNEO NISHIDA (Japon) a rappelé que la responsabilité de chaque État était de sécuriser ses propres frontières.  À cet égard, il a demandé aux États qui n’ont pas encore ratifié les conventions internationales en la matière de le faire.  Il les a aussi exhortés à se conformer aux différentes résolutions du Conseil de sécurité sur le sujet.  Le Japon accorde une très haute importance à la sécurité des frontières marines et aériennes puisqu’il n’a pas de frontière terrestre, a ajouté le représentant.  De plus, a jouté M. Nishida, le cyberespace requiert également une très grande attention en terme d’échanges illicites de technologies et d’informations classées.  Le Japon croit aussi que la lutte contre les transferts et les transports d’armes de destruction massive, les missiles et des matériels connexes contribuerait à l’amélioration de la sécurité de toute la communauté internationale. 


Le Japon participe activement à l’Initiative de sécurité contre la prolifération (ISP).  Il conduit des activités de sensibilisation dans les pays qui n’y participent pas, notamment en Asie.  Le Japon reconnaît que sécuriser les frontières implique une coordination complexe de nombreuses entités concernées.  Chaque année, il organise le Séminaire asiatique sur le contrôle des exportations à Tokyo pour approfondir la compréhension de l’importance du contrôle des exportations et pour des échanges de vues et d’informations dans la région.  Il a aussi mis en place de nombreux programmes visant à renforcer les capacités des pays en développement dans le contrôle de l’immigration, la surveillance des ports et des mers et des douanes.  Le plus important, pour le représentant, est la connexion entre les différentes agences, les responsables des différents aspects de la sécurité des frontières, ainsi que la mise en place d’une stratégie globale.  Le délégué japonais a jugé utile de faire face aux menaces par une approche multidimensionnelle, sans craindre un chevauchement des efforts entrepris. 


M. OSCAR LEÓN GONZÁLEZ (Cuba) a regretté qu’une nouvelle fois, le Conseil de sécurité empiète sur les fonctions d’autres instances.  Si l’on veut une coordination entre les structures existantes et éviter les actions parallèles, il faut que l’Assemblée générale se saisisse de ces questions, a-t-il ajouté.  Il a ensuite expliqué que Cuba défendait l’objectif d’une élimination totale des armes nucléaires, auquel un certain membre permanent du Conseil de sécurité s’oppose, a-t-il précisé. 


Pour Cuba, on ne peut pas en finir avec le terrorisme si le terrorisme d’État ne cesse pas.  Le représentant a ensuite évoqué la guerre imposée à Cuba, les actes terroristes dont le pays était l’objet.  Des milliers d’armes et d’explosifs ont été introduits à Cuba, a affirmé le représentant.  Il a par ailleurs rappelé que 11 millions de Cubains souffraient du blocus de Cuba, et que Fidel Castro avait été l’objet de 600 attentats.  « Unissons-nous et coopérons dans le respect des buts de la Charte des Nations Unies », a-t-il conclu.


M. SHIN DONG-IK (République de Corée) a estimé que les stratégies de lutte contre la criminalité transnationale n’étaient plus aujourd’hui adaptées à l’évolution rapide de phénomène.  C’est pourquoi, il a jugé que ce débat du Conseil de sécurité était une opportunité de faire le bilan des mesures prises aujourd’hui au sein de l’Organisation afin de renforcer la « boîte à outils » dont dispose l’ONU pour aider les États Membres à sécuriser leurs frontières et à lutter contre les mouvements illicites. 


Le représentant a déclaré qu’une coopération régionale et internationale en matière de partage d’informations et d’assistance était indispensable pour prévenir et lutter contre les mouvements illicites transnationaux.  Il a rappelé que son pays, en partenariat avec l’Australie, avait parrainé une résolution sur la prévention et la lutte contre les activités illicites de courtage des armes adoptée par la Première Commission lors de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale et adopté à nouveau lors de la soixante-cinquième session.


M. EDUARDO ULIBARRI (Costa Rica) a rappelé que le crime organisé et la drogue n’étaient pas seulement une menace pour la sécurité mais aussi pour le développement économique et social.  Le représentant a insisté sur le renforcement de la prévention, de l’éducation, et des chances à offrir à la jeunesse.  Il a ensuite évoqué les politiques menées par son pays contre les trafics illicites, qui portent leurs fruits. 


Le Costa Rica est une voie de passage, un des principaux consommateurs et producteurs de drogues, a-t-il précisé.  Le représentant a évoqué l’accord de patrouillage conjoint avec les États-Unis pour donner un exemple de bonnes pratiques internationales.  Il a conclu son propos en insistant sur l’importance d’une stratégie régionale. 


M. MOHAMMAD KHAZAEE (Iran) a rappelé que le Conseil de sécurité devait continuer d’agir dans la limite de son mandat, en respect de la Charte des Nations Unies et de son article 24.  Il a ajouté que l’un des défis les plus graves était celui du manque de sécurisation des frontières.  Le représentant a rappelé que dans ses décisions le Conseil de sécurité avait reconnu la nécessité d’une démarche équilibrée et fondée sur le principe de responsabilité partagée.  Il a indiqué que son pays, de par sa situation géographique, était considéré comme un carrefour d’activités illégales, mais qu’il n’avait ménagé aucun effort pour combattre le trafic illégal d’armes légères et de petit calibre et le trafic d’être humains. 


S’agissant de la lutte contre le trafic de stupéfiants, l’Iran a maintenu, au fil des années, de très nombreuses troupes le long des frontières et a investi des milliards de dollars dans la lutte contre ce fléau.  Le représentant a rappelé que son pays avait saisi un grand nombre de stocks de stupéfiants, d’héroïne et d’opium.  Il a souligné que le trafic de stupéfiants sapait les efforts entrepris en faveur de la stabilité, de la prospérité et de la paix, rappelant que les drogues constituaient une source de financement du terrorisme.


Le représentant a affirmé que son pays avait élaboré un ensemble de normes en vigueur dans le pays pour lutter contre le trafic d’armes légères et de petit calibre.  Par ailleurs, l’Iran a établi des engagements bilatéraux pour coopérer de manière efficace dans la prévention, la lutte et l’éradication du trafic illicite d’armes légères et de petit calibre et des problèmes qui lui sont associés, a expliqué le représentant.  Il a par ailleurs souligné que le trafic de personnes, en particulier des femmes et des enfants, était la manifestation de la criminalité organisée.  Il s’agit là d’un affront à la dignité humaine et d’une forme moderne d’esclavage, a-t-il ajouté. 


L’Iran insiste sur la nécessité d’un réexamen des politiques et des programmes afin de combattre efficacement les trafics illicites transfrontaliers, et est prêt à coopérer avec ses partenaires pour répondre à ces problèmes.  Enfin, le représentant a dénoncé les allégations prononcées dans la matinée par le représentant israélien, qu’il a accusé de mener une campagne belliqueuse contre l’Iran en utilisant le noble organe du Conseil de sécurité.  Il a parlé de « terrorisme d’État » du régime israélien qui se traduit par des assassinats de scientifiques iraniens, estimant que ce pays menaçait la paix et la sécurité internationales avec son arsenal d’ogives nucléaires.


M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a énuméré les nombreux engagements régionaux de son pays dans la lutte contre les trafics transfrontaliers. Ces engagements se font avec les pays voisins de la Nouvelle-Zélande et avec les organismes des Nations Unies.  La Nouvelle-Zélande organisera en juin un atelier pour ses partenaires du Marché commun de la Communauté des Caraïbes sur la lutte contre le commerce illicite d’armes à feu. L’atelier sera axé spécialement sur la sécurité maritime.


Le représentant de la Nouvelle-Zélande a mis l’accent sur quatre points.  Premièrement, il a souhaité le renforcement de la coopération et de la coordination entre les organismes des Nations Unies et les autres institutions internationales compétentes.  Puis, il a souhaité que les Nations Unies envisagent d’autres options pour plus de prestations dans l’assistance sur le terrain en fonction des priorités nationales et régionales.  Troisièmement, la Nouvelle-Zélande estime que le Conseil de sécurité devrait chercher à mieux coordonner la fourniture d’assistance au sein de ses propres domaines de responsabilité.  Quatrièmement, elle souhaite mettre l’accent sur la nécessité d’appréhender les trafics illicites et les mouvements aux frontières par le biais d’une optique plus large plutôt que de les considérer simplement comme un problème de contrôle renforcé des frontières.


S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque) a déclaré que l’Organisation avait pris la mesure de l’interdépendance des phénomènes de la criminalité et des mouvements illicites de stupéfiants, d’armes et de munitions dans la région.  Dès 2007, la CARICOM a fait de la sécurité le quatrième pilier d’intégration régionale, puis, en 2011, a adopté une déclaration sur les armes légères, sans compter les mesures prises au niveau national par les États membres concernés.  En outre, a indiqué le représentant, dans le cadre de son Agence de mise en œuvre contre le crime et pour la sécurité, la Communauté des Caraïbes a entrepris d’harmoniser toutes les politiques, pratiques et procédures existantes dans le domaine de la sécurisation des frontières dans l’ensemble de la région. 


M. Wolfe a toutefois estimé que les Nations Unies avaient un rôle important à jouer dans l’assistance qu’elles peuvent prêter aux États Membres, compte tenu de leur expérience considérable s’agissant de la sécurisation des frontières.  Le représentant est donc favorable à une proposition du Conseil qui envisagerait de demander au Secrétariat de procéder, dans les six mois, à une évaluation diagnostique de ces différents organismes et de l’efficacité avec laquelle ils répondent aux besoins des États en matière de renforcement des capacités.


M. GAREN NAZARIAN (Arménie) a mis l’accent sur la nécessité pour les États Membres de s’unir en notant qu’aucun pays ne pouvait, seul, faire face à un problème de cette ampleur.  Il a plaidé en faveur d’un appui conséquent des organismes de l’ONU et des organisations régionales pertinentes, ainsi que d’une réelle coopération bilatérale.  En tant que membre de l’Organisation du Traité de sécurité collective (CSTO), l’Arménie a participé à une opération internationale contre les stupéfiants qui a réuni deux douzaines de pays et d’organisations internationales qui a permis la saisie de plusieurs tonnes de stupéfiants, a-t-il précisé. 


Le représentant a également souligné les efforts de collaboration des institutions arméniennes avec l’Agence européenne de la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (FRONTEX) pour améliorer la sécurisation nos frontières.  Il a ajouté que le trafic illicite des armes restait une menace importante pour la région, et a précisé que l’Arménie avait consenti à des efforts importants pour mener avec ses partenaires une véritable prévention. 


M. MORTEN WETLAND (Norvège) a fait état des flux de cocaïne vers l’Europe pour souligner que les criminels exploitaient des frontières faibles, des douanes et des contrôles de police inefficaces.  Il a souligné que les stratégies frontalières devaient être fondées sur la détection et le partage d’informations pour éviter les interventions trop en aval, trop proches des populations.  Il a cité l’exemple des Accords de Schengen, avec des arrestations effectuées le long des routes de trafic sans entraver la circulation des personnes. 


Le représentant a affirmé que le rapport du Secrétaire général mettait l’accent sur la lutte contre la criminalité transnationale organisée, et sur la nécessité de plans d’action à l’échelle nationale et internationale.  Il a souligné l’importance de la coopération régionale, l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) étant des modèles à suivre.  Enfin, il a insisté sur le rôle important d’Interpol dans la lutte contre la criminalité internationale organisée. 


M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela) a déclaré que son pays participait à ce débat même s’il considérait que cette question n’avait pas à être à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  Il a estimé que toutes les activités transfrontalières illicites ne constituaient pas une menace à la sécurité internationale.  Il a jugé que les États qui encourageaient la recherche rapide de profit étaient à l’origine du développement de ces acticités illicites.  C’est le « capitalisme prédateur, sauvage et inhumain » qui est, de par sa nature, au cœur de ces crimes transnationaux, a-t-il ajouté.  M. Valero a fustigé un système capitaliste qui se résume à une accumulation de capitaux sans se préoccuper de questions éthiques et des politiques néolibérale qui accentuent les différences dans le monde qui sont, selon lui, responsables de la prolifération des activités criminelles transfrontalières. 


Le représentant s’est opposé à tout amalgame entre les « trafics illicites » et les « activités illicites » en souhaitant que chaque question soit traitée de manière distincte dans le respect des souverainetés nationales et de l’indépendance politique de tous les États Membres.  Il a souligné l’importance du programme d’action des Nations Unies pour lutter contre la prolifération des armes légères et s’est particulièrement inquiété de la réalité du transfert par certains gouvernements à des acteurs non étatiques avec tous les risques que cela implique en matière d’instabilité.  Pour lutter contre tous ces problèmes, a-t-il dit, il  suffirait tout simplement de mettre un terme à la voracité impérialiste et coloniale qui entraine la pauvreté et les inégalités économiques et sociales dans le monde.


M. IBRAHIM O. A. DABBASHI (Libye) a estimé que le débat du jour était important pour les États d’Afrique du Nord, du Sahel et du Sahara.  La sécurité aux frontières est un défi majeur pour ces États, a-t-il ajouté.  Il a précisé qu’une large tranche de leur population vivait de la contrebande mais qu’au-delà, les bandes organisées alimentaient le terrorisme.  Il a rappelé qu’en mars dernier, lors de la Conférence ministérielle régionale sur la sécurité des frontières, tenue à Tripoli, les participants étaient parvenus à élaborer un programme de coopération entre États de la région.  Il a déploré que le plan d’action de Tripoli n’ait pas encore été publié. 


La Libye tient à tirer la sonnette d’alarme face à la situation au Mali, et aux risques de partage ethnique qui menacent, au-delà, les États d’Afrique du Nord, du Sahel et du Sahara.  Il a évoqué l’existence de mercenaires à la solde des derniers partisans de Gadhafi qui se sont dirigés, avec armes et argent, vers des États voisins.  Il a appelé à les poursuivre car, a-t-il dit, ils constituent un important facteur de déstabilisation dans la région.  La Libye ne saurait, à elle seule, protéger ses frontières, et il lui faut coopérer avec ses voisins, a-t-il expliqué, ajoutant que le contrôle des frontières était de la responsabilité conjointe des pays voisins.


M. TETE ANTONIO, Observateur de l’Union africaine, a cité l’adoption d’un Programme frontière de l’Union africaine (AUBP) associé à de nombreux instruments juridiques et politiques afin de guider les États africains dans le domaine de la gestion des frontières et réaffirmant le principe du respect des frontières existantes lors de la réalisation de l’indépendance.  Les crises que nous voyons aujourd’hui au Mali, en Guinée-Bissau ainsi qu’entre le Soudan et le Soudan du Sud, la piraterie en Somalie, ou encore les menaces que constituent l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) sont des menaces à la paix et à la sécurité et aux objectifs de développement durables, a-t-il expliqué.


L’Observateur a affirmé que la Guinée Bissau était devenue une plaque tournante en matière de trafic de stupéfiants et s’est inquiété de la situation au Mali, qui, a-t-il dit, donne une plus grande marge de manœuvre au groupe terroriste Aqmi.  Rappelant que le trafic illicite d’armes légères continue de constituer une menace grave à la stabilité du continent africain, il a précisé que ce problème ne pourrait être résolu sans une coopération régionale et internationale appropriée. 


M. ANDREI SAVINYKH (Bélarus) a insisté sur la nécessité de garantir la protection de ses frontières, précisant que son pays consentait beaucoup d’efforts à cette fin.  Le représentant a rappelé que le Bélarus était parvenu au démantèlement d’un réseau de trafic de femmes en collaboration avec Interpol et le Royaume-Uni.  Il a plaidé en faveur de mesures visant à éviter des disparités de moyens pour assurer la sécurité sur tout le périmètre des frontières du pays. 


Le représentant a appelé à renforcer la transparence de tous les approvisionnements commerciaux.  Il a souligné que son pays avait l’intention de définir un système paneuropéen de supervision des différents échanges commerciaux.  Il a conclu en indiquant que le Bélarus restait le garant de la sécurité aux frontières des pays de la région, et que ses ressources allouées à cet objectif allaient croissantes. 


M. NKOLOI NKOLOI (Botswana) a rappelé que le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, la traite des femmes et des enfants, les trafics de minerais, constituaient de graves menaces pour un développement économique et social durable.  Le représentant a expliqué que les efforts pour contrer ces fléaux devaient porter sur une amélioration des contrôles aux frontières.  Le Botswana appuie l’idée d’une démarche globale pour faire des économies de temps et d’argent dans l’effort visant à combattre les flux illicites.  


La communauté internationale doit unir ses efforts pour accorder une priorité au contrôle de la mise en œuvre du programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, a ajouté le représentant.  Il a conclu en estimant qu’il était important de conclure un traité sur le commerce des armes en 2012 qui soit un texte équilibré et juridiquement contraignant, comprenant des normes les plus élevées possibles. 


M. NAZEN (Syrie) a expliqué que le trafic d’armes et le terrorisme étaient des facteurs d’instabilité pour son pays.  Il a affirmé qu’hier, la Syrie avait envoyé une lettre au Conseil de sécurité contenant une liste d’individus se prêtant au trafic d’armes à l’intérieur de ses frontières.  Le Conseil de sécurité devrait envoyer un message clair à ceux qui appuient de tels actes, qu’il s’agisse de groupes ou d’États, a-t-il dit. 


Le représentant a par ailleurs estimé qu’Israël constituait une source d’instabilité pour la région, avec l’occupation des terres arabes, notamment le Golan syrien.  Il a regretté qu’Israël ait utilisé des armes à sous-munition le jour même de l’adoption de la résolution 1701 (2006) demandant l’arrêt de l’action israélienne au Liban.  L’implication d’Israël dans le trafic illicite d’armes a encouragé l’instabilité, a-t-il conclu, ajoutant que les actes d’agression de ce pays ne pouvaient pas être cachés.


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité réaffirme qu’il est responsable au premier chef du maintien de la paix et de la sécurité internationales, conformément à la Charte des Nations Unies.


Le Conseil est conscient de l’évolution des atteintes et des menaces à la paix et à la sécurité internationales, notamment les conflits armés, le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive et des armes légères et de petit calibre, la criminalité transnationale organisée, la piraterie, le trafic de stupéfiants et la traite d’êtres humains. Il a abordé, lorsque les circonstances s’y prêtaient, certaines questions ayant trait à ces atteintes et menaces, notamment le trafic transfrontalier d’armes, le trafic de drogues, le trafic d’armes nucléaires, chimiques et biologiques, de leurs vecteurs et de matériels connexes, par des agents non étatiques, le trafic de minerais de conflit et le mouvement des terroristes et de leurs fonds, en violation des régimes de sanctions imposés par le Conseil de sécurité de l’ONU en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies et d’autres décisions prises en application dudit chapitre, en particulier les résolutions 1373 (2001) et 1540 (2004), ainsi que de ses autres décisions pertinentes (ci-après dénommés « trafic et mouvements transfrontaliers illicites »). Le Conseil constate avec préoccupation que ce trafic et ces mouvements contribuent à aggraver ces atteintes et menaces. Il est conscient du fait que le trafic et les mouvements transfrontaliers illicites sont souvent liés à des questions intersectorielles qui sont, pour bon nombre d’entre elles, examinées par l’Assemblée générale et d’autres organes et organismes des Nations Unies.


Le Conseil prend acte des conventions internationales pertinentes, comme la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, telle que modifiée par le Protocole de 1972, la Convention de 1971 sur les substances psychotropes, la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988, la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée de 2000 et les protocoles s’y rapportant, la Convention des Nations Unies contre la corruption de 2003 et les conventions et protocoles internationaux pertinents ayant trait au terrorisme. Le Conseil de sécurité rappelle le Programme d’action des Nations Unies relatif aux armes légères et de petit calibre ainsi que l’Instrument international de traçage et le Plan d’action mondial des Nations Unies pour la lutte contre la traite des êtres humains.


Le Conseil réaffirme les avantages de la communication transfrontalière, des échanges internationaux et des migrations internationales. Il note toutefois que les diverses atteintes et menaces à la paix et à la sécurité internationales posées par le trafic et les mouvements transfrontaliers illicites se sont accrues à mesure que les pays devenaient plus interdépendants. Le Conseil de sécurité prend acte du fait que, dans une société mondialisée, les groupes et réseaux criminels organisés, mieux outillés grâce aux nouvelles technologies de l’information et des communications, sont de plus en plus diversifiés et reliés les uns aux autres dans leurs opérations illicites, ce qui, dans certains cas, peut aggraver les menaces qui pèsent sur la sécurité internationale.


Le Conseil réaffirme que la sécurisation des frontières est la prérogative souveraine des États Membres et réaffirme, dans ce contexte, son attachement aux buts et principes de la Charte des Nations Unies, notamment les principes d’égalité souveraine et d’intégrité territoriale. Il appelle tous les États Membres à améliorer la gestion de leurs frontières de manière à limiter l’expansion des menaces transnationales. Il réaffirme que les États Membres devront, dans leurs relations internationales, se garder d’avoir recours à la menace de la force ou à son utilisation contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de quelque État que ce soit et apporteront toute l’aide possible à l’ONU pour toute mesure qu’elle prendra conformément à la Charte des Nations Unies, et refuseront d’aider quelque État que ce soit contre lequel l’ONU prend des mesures de prévention ou de coercition.


Le Conseil est conscient que des stratégies distinctes sont nécessaires pour faire face aux menaces posées par le trafic et les mouvements transfrontaliers illicites. Il constate néanmoins que ce trafic et ces mouvements sont souvent favorisés par des groupes et réseaux criminels organisés. Le Conseil note également qu’il est possible de lutter contre ces fléaux, qui tirent parfois parti des lacunes des États Membres en matière de contrôle des frontières, en donnant aux États Membres les moyens de mieux sécuriser leurs frontières. Le Conseil estime qu’il importe d’adopter une démarche globale et équilibrée, selon que de besoin, afin de s’attaquer aux conditions qui favorisent le trafic et les mouvements transfrontaliers illicites, notamment l’offre et la demande, et souligne l’importance de la coopération internationale à cet égard.


Le Conseil exhorte les États Membres à s’acquitter pleinement des obligations que leur impose le droit international applicable, notamment le droit des droits de l’homme, le droit international des réfugiés et le droit international humanitaire, lorsqu’ils prennent des mesures pour sécuriser leurs frontières et lutter ainsi contre le trafic et les mouvements transfrontaliers illicites, et à s’acquitter des obligations qui découlent des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Il demande instamment à tous les États Membres de respecter et d’appliquer pleinement l’ensemble de leurs obligations internationales à cet égard.


Le Conseil engage les États Membres et les organisations compétentes à améliorer, selon que de besoin, leur coopération et leurs stratégies en vue de combattre le trafic et les mouvements transfrontaliers illicites.


Le Conseil engage les États Membres, ainsi que les organisations internationales et les organisations régionales et infrarégionales compétentes, à redoubler d’efforts, dans les limites de leurs attributions, pour aider, selon qu’il conviendra, les États Membres à se doter des moyens nécessaires pour sécuriser leurs frontières de manière à lutter contre le trafic et les mouvements transfrontaliers illicites, à leur demande et par accord mutuel, conformément au droit international. Le Conseil salue les efforts importants qui ont déjà été engagés en ce sens.


Le Conseil constate que plusieurs entités des Nations Unies, notamment les organes subsidiaires du Conseil de sécurité, offrent déjà une telle assistance. Il note l’importance d’une action cohérente à l’échelle du système, afin de garantir une réponse coordonnée face aux menaces transnationales, notamment grâce au recours aux pratiques exemplaires et à l’échange de données d’expérience positives issues d’initiatives menées dans d’autres cadres, comme l’Initiative du Pacte de Paris.


Le Conseil invite le Secrétaire général à présenter, dans un délai de six mois, un rapport contenant une étude et une évaluation complètes des efforts déployés par le système des Nations Unies pour aider les États Membres à lutter contre le trafic et les mouvements transfrontaliers illicites, tels que définis au paragraphe 2 ci-dessus.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la population et du développement: des signes encourageants sur l’avenir des jeunes malgré la lenteur des progrès

POP/1003

Commission de la population et du développement: des signes encourageants sur l’avenir des jeunes malgré la lenteur des progrès

24/04/2012
Conseil économique et socialPOP/1003
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la population et du développement            

Quarante-cinquième session                                 

4e et 5e séances

matin et après-midi


COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT: DES SIGNES ENCOURAGEANTS

SUR L’AVENIR DES JEUNES MALGRÉ LA LENTEUR DES PROGRÈS


En dépit des efforts déployés, les défis restent importants en matière

d’accès à l’éducation, à l'emploi ou aux services de santé sexuelle et reproductive


     « Effrayant », « pessimiste », « inquiétant », mais « réaliste ».  C’est par ces termes que les États Membres ont qualifié les conclusions de l’intervention de Mme Shireen Jejeebhoy, spécialiste des questions liées à la sexualité et à la santé de reproduction des jeunes dans les pays en développement au sein du Conseil de la population de New Delhi, en Inde.


     Dans un exposé faisant le bilan des résultats enregistrés dans la mise en œuvre des dispositions consacrées à la jeunesse du Programme d’action adopté au Caire en 1994, l’experte a démontré que les sept engagements pris par les États n’avaient pas été tenus.


     Concernant le droit à l’éducation, qui est directement lié à l’Objectif du Millénaire visant à assurer une éducation primaire universelle d’ici à 2015, les progrès des pays en développement ont été « lents », a-t-elle indiqué, avant d’ajouter « que le fait d’être pauvre ou d’être une fille » constituait encore des obstacles à l’accès à une éducation primaire pour tous les enfants.


     De même, les États n’ont pas tenu leur promesse de prévenir les mariages précoces et d’exiger le consentement préalable en cas de mariage.  Citant l’exemple de l’Asie méridionale et de l’Afrique subsaharienne, où 30 à 50% des jeunes filles sont mariées avant l’âge de 18 ans, Mme Jejeebhoy a qualifié les efforts mondiaux de « dérisoires ».


Les carences de la communauté internationale ont également été soulignées dans la sensibilisation sur la grossesse, la contraception et le VIH/sida ou dans la fourniture d’une information appropriée sur ces questions.  Au Caire, les États s’étaient engagés à accorder aux jeunes filles une attention spéciale afin de renforcer l’égalité des sexes et de lutter contre les stéréotypes, a rappelé l’experte, qui a regretté que près de deux décennies plus tard, les filles dans les pays en développement sont souvent les premières victimes de violences, physiques ou sexuelles, au sein ou hors du mariage.


Malgré ce sombre tableau, Mme Jejeebhoy a estimé qu’il existait des signes encourageants, précisant qu’aujourd’hui, la jeunesse actuelle est globalement en meilleure santé, mieux éduquée et mieux préparée à la mondialisation.  Pour accélérer le changement, les États Membres devraient aider les adolescents à poursuivre leur éducation, leur fournir un accès privilégié à l’information et à des services de santé sexuelle et reproductive, promouvoir les jeunes femmes et l’égalité des sexes, et aider au changement de mentalité des adultes, des parents, des enseignants et des responsables dans les communautés.


Dans le débat ouvert qui a suivi cet exposé, mais aussi dans leurs interventions consacrées à la présentation des efforts nationaux qu’ils ont déployés ces dernières décennies pour mettre en œuvre le Programme d’action du Caire, les États Membres n’ont pas nié la réalité présentée par Mme Jejeebhoy et les défis restants à relever.


Comme l’a toutefois souligné le représentant du Japon, les situations diffèrent profondément entre les pays développés et ceux en développement, particulièrement en matière de naissances non désirées ou de grossesses précoces, de mortalité infantile, d’accès aux soins de santé reproductive ou à l’information, notamment sur le VIH/sida.


Le vieillissement de leurs populations, qui appelle à des investissements accrus dans la formation des nouvelles générations, et le déficit de l’information ou la persistance de stéréotypes visant les jeunes filles ou des jeunes en situation de vulnérabilité, comme les toxicomanes, les migrants, les homosexuels ou certaines communautés nationales telles que les autochtones en Australie, sont les principaux défis mis en avant, aujourd’hui, par les délégations des pays développés.


Dans les priorités qu’ils se sont également fixées aux plans national et international, ils ont par ailleurs insisté sur le renforcement de la reconnaissance des droits des jeunes et sur l’appui qu’ils apportent et entendent continuer à apporter aux États en développement afin d’appuyer les programmes, politiques et initiatives qu’ils mènent, dans le cadre de la coopération internationale ou bien via l’aide au développement.


Dans leurs interventions, les représentants de pays en développement, en particulier ceux de l’Afrique subsaharienne, ont aussi insisté sur l’importance du soutien et des échanges d’expériences avec les pays développés pour poursuivre la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.  L’inventaire des efforts, déployés par ces États au cours des dernières années, confirme aussi l’existence d’une volonté réelle de poursuivre les progrès par la création de structures ou de centres d’accueil pour les jeunes, le renforcement de la sensibilisation et l’information sur les maladies transmissibles, la sexualité, les grossesses précoces ou la contraception et la santé reproductive, à travers des politiques nationales, ou encore la création d’organismes spécifiques ou de réseaux, parfois en exploitant le potentiel des nouvelles technologies.


Plusieurs représentants d’organisations régionales intergouvernementales ou d’organes dépendant des Nations Unies qui participaient aussi à ce débat général ont également estimé que pour obtenir des résultats plus significatifs, la coopération internationale devrait être renforcée.


La Commission de la population et du développement reprendra ses travaux, demain mercredi, 25 avril à 10 heures.  


DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À L’EXPÉRIENCE DES PAYS DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION: LES ADOLESCENTS ET LES JEUNES


Débat général


M. GABRIEL JAIME GÓMEZ, Directeur du Programme présidentiel de la jeunesse de la Colombie, a passé en revue les actions menées par son pays pour développer des politiques de promotion de la santé reproductive et de l’éducation sexuelle.  Il a notamment mis en avant la création de la Commission intersectorielle nationale pour la promotion et la garantie des droits à la sexualité et à la santé reproductive dont l’objectif est de renforcer la réponse institutionnelle aux problèmes liés à la santé sexuelle et procréative.  M. Gómez a également rappelé l’importance de la participation des jeunes et des adolescents afin de construire « un capital humain autonome, responsable et dévoué » au développement du pays et des communautés.  Avant de conclure, il a fait remarquer qu’il existe deux tendances liées à l’emploi des jeunes: la participation plus active à la force de travail et un taux élevé de chômage.  Son gouvernement, a-t-il indiqué, a mis en place des mécanismes pour créer plus d’opportunités professionnelles.


M. RANKO VILOVIĆ (Croatie) a expliqué que les principaux objectifs décidés lors de la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire, en 1994, avaient été intégrés dans les politiques et programmes nationaux en matière de population afin de répondre aux défis liés à la situation des jeunes et adolescents auxquels fait face son pays.  Les jeunes forment un groupe social vulnérable en Croatie, ce qui s’explique en partie par l’impact des crises économiques et financières sur le marché du travail.  Les jeunes qui n’ont pas droit au chômage sont plus exposés à l’exclusion sociale et à la pauvreté.  Aujourd’hui, du fait de ces crises, le nombre de pauvres augmente.  Les efforts entrepris pour réduire la pauvreté, au titre des Objectifs du Millénaire pour le développement, en sont affaiblis.


En Croatie, les jeunes ont tendance à repousser la date de leur entrée dans la vie active ou adulte et, par conséquent, le mariage et la naissance d’enfants.  Le taux de vieillissement s’accroît dans le pays et le taux de natalité, qui fut constant durant de nombreuses années, connaît à présent une baisse.  Lorsque les jeunes ont des enfants, c’est davantage un hasard qu’un choix, a fait remarquer le représentant.  Il a ensuite mis l’accent sur l’importance accordée par son gouvernement aux mesures de santé préventives.  Des mesures de santé à titre préventif sont obligatoires pour les enfants, les adolescents et les étudiants, conformément à la loi en vigueur en Croatie.


M. ZANE DANGOR, Conseiller spécial au Ministère du développement social de l’Afrique du Sud, a déclaré que la jeunesse formait 41% de la population de son pays.  Une étude a récemment mis en évidence le fait que les conditions de vie de la jeunesse sud-africaine se sont améliorées depuis 2005, et ce, grâce aux divers programmes de développement lancés par le Gouvernement sud-africain et ses partenaires.  Des progrès significatifs ont été notamment accomplis dans le domaine de la scolarisation et de l’éducation, même si le niveau d’abandon des études reste trop élevé dans le cycle secondaire, a reconnu le représentant.  Passant en revue les efforts déployés par son gouvernement pour promouvoir la santé et le bien-être des jeunes, M. Dangor a tout particulièrement souligné les progrès accomplis en matière de santé reproductive et sexuelle. 


L’examen décennal auquel s’est livré le pays en 2009, en ce qui concerne ses politiques démographiques, a permis de faire de nombreuses recommandations, a indiqué le représentant.  Il est devenu indispensable de trouver le moyen de scolariser les jeunes le plus longtemps possible pour leur permettre de se ménager des perspectives d’embauche.  Il est également nécessaire de renforcer nos programmes de travaux publics et de stages afin de faciliter l’intégration des jeunes et des adolescents dans l’économie formelle, a poursuivi M. Dangor, qui a estimé par ailleurs que la recherche sur l’utilisation des contraceptifs devrait être la pierre angulaire des politiques de santé reproductive nationales.


M. JOSÉ ALBERTO BLANCO (République dominicaine) a estimé que la présente session de la Commission de la population et du développement était l’occasion de rappeler les droits des adolescents et des jeunes, notamment leurs droits à des services de santé sexuelle et reproductive.  Il a réaffirmé les engagements pris au Caire et le souhait exprimé par le Ministre dominicain de la jeunesse de créer un « ONU-Jeunesse ».  Il a ensuite mis l’accent sur la nécessité de disposer de cadres juridiques qui permettent de répondre aux besoins de la population, en particulier dans le domaine des droits sexuels et procréatifs.  Ces droits font partie des droits de l’homme qui doivent être promus, protégés et respectés, en tenant particulièrement compte des groupes les plus vulnérables, a-t-il rappelé.  Le représentant a salué les efforts réalisés, depuis 1994, par la communauté internationale mais « il convient de renforcer encore les cadres juridiques des politiques publiques », a-t-il estimé.


La communauté internationale doit également renforcer les alliances stratégiques et la coopération intersectorielle et promouvoir la santé sexuelle et reproductive afin de parvenir à des politiques qui ne soient plus restreintes qu’au secteur de la santé mais qui, au contraire, deviennent des politiques multisectorielles.  L’autonomisation des adolescents et des jeunes est une nécessité pour arriver au développement, a-t-il dit.  Dans ce contexte, il a invité les États à investir dans l’amélioration des systèmes de collecte d’informations, d’élaboration de statistiques ou d’indicateurs spécifiques qui permettraient de tenir davantage compte des jeunes et des adolescents.  Avant de conclure, il a également souligné qu’il faudrait tenir compte des difficultés économiques auxquelles se heurtent les pays en développement. « Pour mettre en place les engagements pris, nous avons besoin du soutien financier de la part de la communauté internationale », a-t-il déclaré.


Mme MARGARET POLLACK, Directrice de la coordination multilatérale et des relations extérieures au Département d’État des États-Unis, a réaffirmé l’engagement de son pays dans la mise en œuvre du Programme d’action du Caire et le caractère prioritaire de la santé et de l’intégration des adolescents et des jeunes qui constitueront la force de travail du futur.  Elle a regretté toutefois que « des forces négatives » continuent d’affecter la vie des jeunes, en particulier en ce qui concerne le respect des droits à la santé sexuelle et reproductive.  Au cours de la prochaine décennie, a-t-elle estimé, 100 millions de filles risquent d’avoir un mariage forcé, des millions d’autres seront victimes de violences ou de mutilations génitales et les jeunes de 15 à 24 ans représenteront 40% des personnes touchées par le VIH/sida.  Mme Margaret Pollack a déploré que trop d’adolescents n’aient pas accès à une éducation sexuelle et à des services de santé reproductive.


Elle a ensuite passé en revue les initiatives prises par son pays, citant notamment « l’Initiative globale de Santé », lancée par le Président Obama pour renforcer les structures et les services de santé dans le pays, avec l’objectif que les femmes et les enfants aient accès à un ensemble de services de santé de base, dont la santé sexuelle et reproductive.  Avant de conclure, Mme Pollack a réaffirmé le soutien des États-Unis aux efforts de l’ONU et du Secrétaire général.  « Les gouvernements et les Nations Unies, en travaillant ensemble avec les jeunes, peuvent permettre une transition saine des adolescents vers l’âge adulte », a-t-elle ajouté.


Mme ANETTE REMME (Norvège), s’exprimant également au nom du Conseil des organisations de la jeunesse de son pays, a insisté sur les moyens dont ont besoin les jeunes et les adolescents afin de pouvoir faire des choix en matière de santé sexuelle et reproductive.  Ces moyens, a–t-elle dit, concernent notamment l’accès à des préservatifs, à des consultations et à la garantie de la confidentialité de celles-ci.  Elle a mis l’accent sur la création, en Norvège, d’une plateforme destinée aux jeunes hétérosexuels et aux jeunes homosexuels.  Trop de jeunes sont encore victimes de discrimination en raison de leur orientation sexuelle et trop peu de jeunes ont aussi accès à des informations sur le VIH/sida et sur la manière dont celui-ci se transmet, a–t-elle fait remarquer. 


« Nous devons aussi assurer une meilleure information à l’école sur ces questions », a-t-elle insisté.  Les pays doivent notamment se concentrer sur les notions de respect de l’intégrité physique afin d’empêcher les abus et la stigmatisation.  Par ailleurs, les jeunes doivent aussi devenir plus autonomes et maîtres de leur corps.  À cet égard, elle a estimé que les enseignants devraient inclure dans leurs programmes des cours d’éducation sexuelle mais, afin de réaliser cet objectif, ils doivent être correctement formés à cet effet.  Ce besoin d’informations est essentiel pour les jeunes car l’adolescence et la jeunesse sont une période de changement, d’insécurité, de rupture et de défis, a-t-elle rappelé.  Les jeunes femmes doivent pouvoir disposer de leur corps, a-t-elle redit.


M. GILLES RIVARD (Canada) a souligné que les jeunes et les adolescents représentent « la plus grande source de potentiel pour le futur » et que les soutenir pour faciliter leur intégration dans le développement de la société fait partie des priorités du Gouvernement canadien.  Il a ainsi rappelé la Stratégie nationale, lancée en 2009 et baptisée « Sécuriser l’avenir des enfants et des jeunes », qui se concentre sur trois piliers, l’amélioration de la survie infantile en réduisant la mortalité infantile, l’amélioration de l’accès à l’éducation de qualité notamment pour les filles et la protection de la jeunesse, en particulier de l’exploitation sexuelle, des violences et des abus. 


Rappelant les risques liés aux maladies sexuellement transmissibles et sur la vulnérabilité des jeunes, le représentant a également mis en avant l’Initiative fédérale de lutte contre le VIH/sida destinée à prévenir les infections et à améliorer la prise en charge des jeunes malades.  Il a enfin reconnu qu’il faudrait répondre aux défis qui se posent au sein des communautés autochtones de son pays, dont l’accès aux services de santé.  Avant de conclure, il a insisté sur l’importance de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire qu’il a qualifié de « stratégie clef » pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement et « assurer un meilleur futur aux enfants, aux jeunes et aux adolescents ».


M. JORMA JULIN, Directeur général au Département pour la politique du développement de la Finlande, a déclaré que son pays continuait de promouvoir les droits des adolescents et des jeunes à avoir accès aux meilleurs services de santé sexuelle et reproductive.  Ces droits constituent, a-t-il dit, la pierre angulaire de développement humain.  Il a assuré que la santé était intégrée dans toutes les politiques nationales adoptées par la Finlande.  La promotion des services de santé est nécessaire d’un point de vue économique, dans la mesure où elle est facteur de productivité et de croissance économique inclusive, a souligné M. Julin.  Pour sa délégation, investir dans la jeunesse est l’un des moyens les plus efficaces et les plus économes de promouvoir la santé, comme en témoigne l’action de la Finlande depuis les années 1970, en partenariat avec la société civile et les parlementaires.


M. WILBERFORCE-KISAMBA MUGERWA (Ouganda) a réaffirmé l’engagement de son pays à la mise en œuvre du Programme d’action du Caire adopté en 1994.  Il a rappelé que son pays avait lancé une série d’initiatives ces dernières années, par le biais de politiques nationales en faveur de la jeunesse, la formation professionnelle, la santé de reproduction des adolescents et la prévention et la lutte contre le VIH/sida.  Il a également mis l’accent sur les mesures visant à assurer une participation plus active des jeunes.


La croissance démographique annuelle de l’Ouganda est de 3,2% et 57% de la population sont des jeunes de moins de 18 ans, a fait remarquer le représentant, avant de préciser que ce groupe est confronté à de grands défis comme la pauvreté, le chômage, les problèmes de santé, la délinquance, les grossesses non désirées et les avortements.  Dans ce contexte, le représentant a insisté sur l’importance de la scolarisation et sur les efforts déployés pour lancer de nouveaux programmes, en particulier dans le domaine de la santé sexuelle et procréative et de la prévention du VIH/sida chez les jeunes.  Les ressources disponibles sont limitées, a-t-il dit, tout en reconnaissant les efforts de coopération des États Membres et de la Commission.


Mme VANESSA GOMEZ (Portugal) a réaffirmé l’appui de sa délégation au Programme d’action mondial pour la jeunesse et à la mise en œuvre de ses 15 domaines prioritaires qui sont interconnectés, se renforcent mutuellement et touchent aux questions importantes que sont l’emploi, l’éducation et la santé.  Cette mise en œuvre est importante pour le Portugal, qui estime qu’il faudrait permettre aux jeunes d’exercer librement leurs droits et libertés fondamentales, a dit la représentante.  « Notre gouvernement a identifié plusieurs domaines d’action prioritaires pour assurer le développement des jeunes », a-t-elle par ailleurs souligné, en citant notamment l’accroissement de l’éducation de qualité, le renforcement de mesures pour lutter contre le chômage, la prévention de la délinquance juvénile et la promotion de l’accès aux soins de santé.


Mme Gomez a ensuite fait observer que les difficultés économiques actuelles vécues à travers le monde avaient parfois aggravé la situation des jeunes et des adolescents « qui demeurent un groupe vulnérable ».  Elle a appelé à accorder une attention spéciale aux jeunes filles et jeunes gens, mais aussi aux jeunes handicapés, aux enfants de la rue et à ceux qui appartiennent aux communautés autochtones.  Les discriminations, les négligences, les pratiques et attitudes culturelles archaïques renforcent souvent l’inégalité entre les genres, a-t-elle fait aussi remarquer.  Pour lutter contre ces actes et injustices, les gouvernements doivent s’acquitter de leurs obligations, en vertu des instruments fondamentaux des droits de l’homme et, en particulier, les Programmes d’action de la Conférence de Beijing et de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), a-t-elle souligné avant de conclure.


M. JOAQUIN ALEXANDER MAZA MARTELLI (El Salvador) a expliqué que son pays accordait une attention particulière aux difficultés des jeunes telles que l’accès à un emploi décent, leurs attentes en matière d’éducation et de santé, leur souhait de participer au processus politique et leur protection face aux activités à risques, comme le tabagisme, l’usage de drogues ou les violences des bandes de jeunes.  Il a ensuite mis l’accent sur la situation des jeunes migrants, en estimant qu’il était essentiel pour la communauté internationale de s’engager fortement sur cette question.  À cet égard, il a appelé tous les États qui ne l’auraient pas encore fait à adhérer à la Convention des Nations Unies sur la protection des droits des travailleurs migrants et de leur famille. 


Au niveau régional, le représentant a ensuite évoqué le dix-septièmeSommet ibéro-américain, organisé en 2008, et qui avait pour thème principal la jeunesse.  Ce Sommet a été l’occasion de rappeler que les jeunes sont des acteurs du développement autant que des bénéficiaires, a-t-il souligné.  Au niveau national, a souligné le représentant, le Conseil national de la jeunesse, crée en juin 2011, joue le rôle de chef de file dans ce domaine.  Il a pour mission de promouvoir et de mettre en œuvre la politique nationale de la jeunesse, centrée entre autres sur l’autonomie, l’intégration sociale et la participation des jeunes.  Ce Conseil met notamment en œuvre deux principaux programmes: l’un axé sur la réinsertion sur le marché du travail et l’autre centré sur la prévention de la violence impliquant des jeunes.  Celui-ci concerne notamment un programme d’élimination des tatouages pour les jeunes à risques et les anciens membres de gangs.  Il prend en charge chaque jour 14 personnes, a-t-il expliqué.  Les programmes lancés par le Conseil touchent en moyenne 60 000 jeunes et leur coût, financé avec le soutien de l’Union européenne, est d’environ 14 millions d’euros.


M. DE SOUZA (Bénin) a énuméré les trois défis auxquels la jeunesse de son pays était confrontée: une forte demande pour l’éducation et l’emploi, un fort développement de la vie sexuelle des jeunes et exposition à des problèmes et des maladies, avec la persistance d’infections au VIH/sida, d’abandons de l’école, de mariages forcés, de grossesses précoces.


Le Bénin a tenté de mettre en place « un filet de protection pour les jeunes », en développant de nombreuses initiatives qu’il a énumérées, a indiqué son représentant.  Parmi celles-ci, le développement de l’entreprenariat des jeunes en facilitant l’accès aux crédits et à la microfinance pour qu’ils créent leur propre activité, la mise en place de programmes ciblés pour les jeunes déscolarisés ou encore des politiques de protection de la jeunesse et de prévention aux maladies, notamment les infections au VIH/sida en impliquant des jeunes eux-mêmes.


M. JUN YAMAZAKI (Japon) a pointé du doigt l’écart qui existe entre les pays développés et les pays en développement en matière de naissances non désirées, de mortalité infantile et des cas de VIH/sida.  Des mesures pour lutter contre ces problèmes doivent être prises, a-t-il dit.  Le Gouvernement du Japon donne de l’importance aux campagnes de sensibilisation contre les maladies sexuellement transmissibles destinées aux jeunes générations qui comprennent aussi des mesures contre le tabac et l’alcool, l’anorexie et les avortements, et d’autres maladies liées à l’alimentation chez les jeunes et les adolescents.  En avril 2010, une loi pour la promotion du développement et de soutien aux enfants et aux jeunes a été votée tandis que le Gouvernement a défini sa « Vision pour les enfants et la jeunesse », en juillet de la même année. 


La sécurité humaine n’est pas seulement essentielle mais elle permet aussi la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a fait remarquer le représentant du Japon, qui a rappelé que son pays figurait parmi l’un des principaux contributeurs aux activités du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), et de la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF) depuis 40 ans.  Cinq milliards de dollars ont été versés pour supporter la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, dont 800 millions de dollars pour le Fonds mondial de lutte contre le sida.  Le Gouvernement du Japon a également décidé d’être le défenseur du projet « EMBRACE », qui a pour objectif d’assurer aux mères et aux enfants leur droit aux soins.  Il est important de créer un environnement sécurisé en matière d’éducation pour la croissance des jeunes et des adolescents.  À travers sa politique de coopération en matière d’éducation qui va de 2011 à 2015, le Gouvernement du Japon veut promouvoir l’école pour tous, qui doit assurer un enseignement de qualité à tous les enfants et les jeunes.  Il consacrera 3,5 milliards de dollars à l’éducation de 2011 à 2015.  


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) a fait remarquer que, dans son pays, diverses enquêtes réalisées démontraient que les jeunes se désintéressaient de la politique alors qu’ils voulaient, dans le même temps, être acteurs de changement.  Or, lorsque le pays avait été frappé par le tremblement de terre, puis le raz-de-marée en février 2010, de nombreux jeunes se sont portés volontaires pour porter secours aux victimes.  Cela a montré combien ils étaient capables de faire face aux défis communs de notre société, a-t-il dit.  Dans ce contexte, les jeunes et les adolescents ont été invités à participer au processus visant à redynamiser la démocratie chilienne.  Dans le cadre de cette réforme, plus de quatre millions de jeunes ont été nouvellement inscrits en tant qu’électeurs.  Il s’agit là de la principale réforme politique du pays en matière de jeunesse au cours de la dernière décennie, a-t-il expliqué. 


En ce qui concerne l’éducation, le représentant a indiqué que son gouvernement avait augmenté à 21% les subventions scolaires dans l’enseignement secondaire et qu’il avait aussi augmenté les montants de son programme de bourses aux populations autochtones dans l’enseignement supérieur.  L’enseignement supérieur compte aujourd’hui, au Chili, 1,68 million d’étudiants.  Il s’agit d’un taux d’inscription record et 424 000 de ces étudiants bénéficient de bourses.  Le Gouvernement espère d’ailleurs porter ce nombre à 700 000 jeunes boursiers dans trois ans.  S’agissant de la santé, M. Errázuriz a précisé qu’une enquête nationale concernant les jeunes de 10 à 24 ans avait permis d’identifier 42 facteurs liés aux problèmes de santé des jeunes, dont l’obésité, le tabagisme, la dépression ou la tendance à des pensées morbides.  En conséquence, le plan d’action stratégique 2011-2020 s’est fixé comme objectif de réduire le tabagisme et l’alcoolisme parmi les 15 à 24 ans, de faire chuter le taux de grossesse des adolescentes de moins de 19 ans, ainsi que le taux de suicide, a-t-il assuré.


Mme URSULA FUNK (Suisse) a réaffirmé que sa délégation était favorable à l’élargissement de l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive, en particulier en ce qui concerne les conseils et moyens de contraception.  La Suisse, a-t-elle dit, considère également que les jeunes filles et femmes devraient pouvoir aller au terme de leur cursus scolaire et de leur formation professionnelle et qu’elles ne devraient pas avoir à se marier si elles ne le souhaitent pas.  La promotion de pratiques sûres au cours de l’adolescence est déterminante dans la prévention des problèmes de santé à l’âge adulte, mais aussi pour l’avenir des systèmes sociaux et de santé et le développement durable, a souligné la représentante.


Les meilleurs services de santé pour les jeunes sont ceux qui mettent l’accent sur l’information, le soutien psychosocial et les activités de promotion et de prévention, et les personnels les plus qualifiés, ceux qui disposent d’une compétence technique avérée, ne font preuve d’aucun parti pris et respectent la confidentialité et la vie privée de leurs clients, a estimé Mme Funk.  La Suisse, a-t-elle assuré, est pour sa part engagée dans un processus harmonieux visant à renforcer le développement de la jeunesse et qui devrait être consacré par l’adoption d’une législation appropriée.  Dans le cadre de divers programmes gouvernementaux, les jeunes sont actuellement soutenus en matière d’éducation et dans le développement de compétences professionnelles qui leur permettront de trouver un débouché sur le marché du travail, a-t-elle ajouté.


M. HU HONGTAO (Chine) a indiqué que son pays comptait près de 300 millions de jeunes âgées de 10 à 24 ans.  Il a ensuite énuméré les six domaines prioritaires dans lesquels la Chine a lancé des « actions clefs » visant « à préserver les droits des adolescents » et « à promouvoir leur développement » : développer et améliorer constamment les lois et les politiques nationales, assurer une éduction sexuelle et des services de santé reproductive, améliorer en permanence la collecte et la gestion des données démographiques, mettre en avant le rôle des Organisations non gouvernementales comme l’Association du planning familial de Chine ou le Comité national pour le bien-être des jeunes de Chine, promouvoir la participation des adolescents de manière proactive et encourager les échanges et la coopération internationale.


Le représentant a toutefois souligné qu’en dépit des « remarquables progrès » réalisés dans la santé reproductive et  l’intégration de la jeunesse, la Chine restait confrontée à de nombreux défis.  « Les besoins des adolescents et des jeunes dans la santé reproductive et le planning familial ne sont pas pleinement satisfaits, la sensibilisation du public sur les moyens et les services disponibles ont encore besoin d’être améliorés », a-t-il déclaré, avant de souligner que l’urbanisation accélérée et l’exode rural nécessitaient également la mise en place « d’un accès plus facile aux services de santé reproductive et de planning familial ».  Enfin, après avoir souligné que le nombre de grossesses non désirées restait encore trop élevé chez les jeunes filles, le représentant de la Chine a réitéré que son pays était fermement déterminé de poursuivre les efforts déployés, en renforçant également la coopération internationale, notamment Sud-Sud.


M. FRANK SWIACZNY(Allemagne) a réaffirmé le ferme appui et l’attachement de sa délégation à la pleine mise en œuvre du Programme d’action du Caire.  À travers ce plan, la communauté internationale s’est engagée elle-même à promouvoir et protéger plus fermement les droits à la procréation et, plus particulièrement, les droits des adolescentes en matière de santé reproductive, d’éducation et de soins de santé.  La protection des jeunes contre les cas de grossesse précoces et non désirées, mais aussi des maladies sexuellement transmissibles, des abus sexuels et de la violence, doit être une priorité pour tous, a estimé M. Swiaczny.  Il a par ailleurs estimé que les maternités précoces et nombreuses en raison d’un accès limité aux soins de santé de qualité, notamment dans le domaine des soins obstétriques d’urgence, sont la cause des taux élevés de fistules obstétriques, de mortalité et morbidité maternelles.  Ces complications liées à la grossesse et à l’accouchement, ainsi que celles relevant d’avortements à risques sont parmi les causes principales des décès chez les adolescentes âgées de 15 à 19 ans, a-t-il relevé.


M. Swiacznya par ailleurs plaidé, dans le cadre d’une éducation sexuelle globale, pour la promotion et l’intégration dans les enseignements scolaires des notions de masculinité et de comportement responsable, afin de permettre aux jeunes garçons et jeunes hommes de défendre et respecter les droits des femmes en matière de santé reproductive.  Après avoir souligné l’intérêt de son pays pour la réalisationdesdroits à la santésexuelleet dereproduction, M. Berger a rappelé que l’Allemagne s’était engagée, lors du Sommet du G-8 en 2010, à verser, au titre de l’InitiativedeMuskoka sur la santé des mères et des nouveau-nés, 400 millions d’euros supplémentaires à l’aide publique au développement, pour la période allant jusqu’en 2015.


Discours de Mme Shireen Jejeebhoy sur la santé sexuelle et procréative des adolescents et des jeunes


Mme SHIREEN JEJEEBHOY, spécialiste des questions liées à la sexualité et à la santé procréative des jeunes dans les pays en développement au sein du Conseil de la population de New Delhi (Inde), a présenté un bilan très complet et détaillé des différents résultats enregistrés, depuis 1994, par la communauté internationale dans ces deux domaines.  Elle a dressé un tableau relativement sombre concernant les sept principaux engagements pris en la matière dans le Programme d’action du Caire.  Sept promesses qui n’ont, en grande partie, pas encore été respectées dans la plupart des pays, a-t-elle expliqué.


Plusieurs paragraphes du Programme d’action défendent notamment le droit à l’éducation pour les filles et les garçons afin d’atteindre l’Objectif du Millénaire visant à assurer une éducation primaire universelle d’ici à 2015.  Si les pays en développement ont réalisé des progrès vers cet Objectif, ceux-ci ont toutefois été assez lents: seulement 87 enfants sur 100 réalisent un cycle primaire complet aujourd’hui et le fait d’être pauvre et celui d’être une femme demeure les principaux facteurs qui empêchent les enfants d’avoir accès à une éducation primaire.  Le rapport filles-garçons dans l’enseignement primaire demeure, dans de nombreux pays, inférieur à 1.  Assurer aux jeunes une éducation, en particulier aux filles, a une implication considérable sur leur sexualité et sur leur santé reproductive, a-t-elle estimé.  Ce facteur est en effet associé à un âge plus avancé pour le mariage, à une meilleure habilité des jeunes à réaliser leurs propres choix dans le domaine des relations sexuelles, de la grossesse, de la contraception et des soins de santé, a-t-elle insisté. 


Une seconde promesse du Programme d’action visait à éliminer le mariage des enfants et à faire en sorte que le mariage soit un choix librement consenti.  Dans ce cas également, les efforts demeurent dérisoires, a estimé Mme Jejeebhoy.  Aujourd’hui, près de la moitié des jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans en Asie méridionale sont mariées avant 18 ans et au moins un cinquième d’entre elles le sont avant l’âge de 15 ans.  En Afrique subsaharienne, la situation est à peine plus favorable: 39% des jeunes femmes sont mariées avant 18 ans, contre 13% avant l’âge de 15 ans.  En outre, le mariage durant l’enfance va de pair avec l’absence de consentement et de trop nombreuses jeunes filles continuent de rencontrer leur futur époux pour la première fois le jour du mariage, a-t-elle expliqué.


S’agissant du droit à accéder à des soins de santé, en particulier en matière de sexualité et de santé reproductive, Mme Jejeebhoy a noté plusieurs échecs de la communauté internationale en la matière, notamment en ce qui concerne la sensibilisation à la grossesse ou au VIH/sida.  « Des enfants continuent de mettre au monde des enfants », a-t-elle fait remarquer.  Environ 17% des jeunes filles âgées de 15 à 19 ans dans les pays en développement ont déjà connu une grossesse, et c’est aussi le cas de 23% d’entre elles dans les pays d’Afrique subsaharienne.  L’accès à une information en matière de grossesse, en matière de contraception ou de traitement des infections demeure aussi restreint pour les jeunes.  Bien que la première grossesse comporte plus de risques, à peine 45% des jeunes femmes d’Afrique subsaharienne et 36% des jeunes femmes d’Asie méridionale ont accouché de leur premier enfant dans une institution adéquate.  Par ailleurs, en 2009, cinq millions de jeunes gens âgés de 15 à 24 ans vivaient avec le VIH/sida.  Cette pandémie a surtout un visage de femme pour cette tranche d’âge, a-t-elle rappelé, précisant que l’on compte 3,2 millions de jeunes femmes contaminées contre 1,7 million de jeunes hommes.


La quatrième promesse pour laquelle Mme Jejeebhoy a dressé un panorama très sombre au niveau international concerne la fourniture aux jeunes d’une information appropriée en matière de sexualité et de santé reproductive.  Beaucoup de jeunes ignorent la manière dont survient une grossesse et comment prévenir celle-ci.  Beaucoup de jeunes ignorent aussi ce qui se passe réellement dans un mariage ou dans une relation.  En outre, peu de parents fournissent ou transmettent ce type d’informations à leurs enfants.  « C’est pourquoi, l’information en matière de sexualité et de santé reproductive est la clef pour assurer une meilleure santé des jeunes », a-t-elle insisté.


Le Programme d’action du Caire demande aussi aux pays d’accorder une attention particulière aux filles afin de renforcer la question de l’égalité des sexes et de lutter contre les stéréotypes mais, dans ce cas aussi, la réalité est bien différente sur le terrain dans la plupart des pays en développement.  Des études démontrent, par exemple, que la plupart des fillettes ne sont pas impliquées dans les décisions qui affectent leur vie.  À peine 11% des jeunes femmes mariées âgées de 15 à 24 ans en Afrique subsaharienne, 35% en Asie méridionale et pas plus de la moitié sur le reste du continent asiatique disposent d’une réelle autonomie de décision.  En outre, plusieurs études démontrent que l’adhérence à des normes masculines inégales est très forte parmi les jeunes adolescentes.  Elle a cité, à titre d’exemple, le témoignage d’une adolescente de 12 ans au Guatemala qui lui avait expliqué que « seuls les garçons pouvaient étudier parce qu’ils sont considérés comme étant plus intelligents que les filles.»


Autre promesse qui est loin d’être tenue: celle qui vise à protéger les fillettes et les jeunes femmes de toute forme de violence.  Mme Jejeebhoy a cité, à cet égard, des études récentes faisant état d’une large proportion de jeunes femmes et d’adolescentes de la tranche de 15 à 24 ans ayant été victimes de violences physiques ou sexuelles au sein du mariage, notamment en Ouganda, au Zimbabwe, en République-Unie de Tanzanie, en Inde et au Bangladesh.  Parmi les jeunes femmes célibataires, elles sont nombreuses à avoir subi un premier rapport sexuel non consenti. 


Concernant la nécessité, pour les jeunes, de disposer d’un environnement sain et qui soit aussi un soutien à leur épanouissement, Mme Jejeebhoy est revenue sur l’absence d’informations ou de conseils de la part des parents en matière de sexualité et de santé reproductive. 


Terminant son exposé sur une note plus positive, elle a toutefois souligné qu’il existait des signes encourageants et que, malgré des progrès relativement lents, l’actuelle génération de jeunes était probablement en meilleure santé, mieux éduquée et mieux équipée face à la mondialisation que leurs parents.  En outre, des programmes et des politiques ont été couronnés de succès aussi.


Toutefois, pour accélérer la tendance au changement, elle a recommandé quatre axes stratégiques d’action.  Les gouvernements doivent aider les adolescents à poursuivre leur scolarité.  Ils doivent aussi leur fournir un accès privilégié à l’information et à des services en matière de sexualité et de santé reproductive.  Ils doivent également promouvoir les compétences des jeunes femmes en matière de leadership, ainsi que l’égalité des sexes.  Enfin, ils doivent aussi aider à faire changer les mentalités des adultes, des parents, des enseignants et des responsables dans les communautés.


Au cours de l’échange de vues avec Mme  Jejeebhoy, plusieurs délégations ont souligné le caractère « effrayant », « pessimiste » et « inquiétant » du tableau qu’elle a dressé et des statistiques qu’elle a présentées.  Saluant toutefois la qualité et le réalisme de son exposé, le représentant de l’Ouganda s’est interrogé sur le manque d’informations dont disposaient les parents, eux-mêmes issus de générations dans lesquelles ces sujets étaient tabous, rendant plus difficile la transmission de leurs connaissances aux enfants, adolescents et jeunes adultes.


Partageant ce point de vue, Mme Jejeebhoy a rappelé que les pratiques du passé continuent de prévaloir dans certains pays ou certaine régions.  Elle a souligné également les difficultés de communication intergénérationnelle et le manque de savoir faire des adultes pour se tourner vers les jeunes, en insistant encore sur l’utilité d’impliquer directement les parents dans les programmes et politiques de sensibilisation mis en place.


Prenant à son tour la parole, la représentante de la Côte d’Ivoire est aussi revenue sur le rôle des parents dans l’éducation.  Elle a notamment déploré que l’accent soit systématiquement mis sur l’éducation formelle, à l’école, « au détriment de l’éducation informelle, à la maison ou dans son entourage familial ».  La tendance croissante des parents à démissionner et à ne plus compléter à domicile l’éducation formelle reçue pendant la journée en est la principale conséquence, a-t-elle estimé.


De son côté, la représentante du Niger a fait une proposition pour renforcer l’implication des parents dans l’éducation des jeunes, en les faisant intervenir ou assister ensemble aux campagnes de sensibilisation.  Elle a cité en exemple le succès d’un programme intitulé  « L’école des époux », lancé au Niger pour sensibiliser les maris à l’utilisation de contraceptifs par leurs épouses, ce à quoi ils s’opposaient dans un premier temps.


La représentante de la Croatie s’est interrogée, quant à elle, sur les efforts déployés en Inde pour sensibiliser le grand public aux besoins des jeunes.  « Ils sont de plus en plus importants », a fait remarquer Mme Jejeebhoy, qui a estimé que la prise de conscience par la société indienne était en cours et que les politiques et programmes mis en place intégraient cette nécessité.


Interpellée ensuite par plusieurs délégations qui ont été surprises par des statistiques indiquant que 24% des jeunes hommes et 36% des jeunes filles n’avaient aucune connaissance du VIH/sida en Inde, Mme Jejeebhoy a rappelé qu’en tout état de cause, le savoir et les connaissances n’étaient pas garants de changement de comportement.  Elle a souligné les différents degrés entre ignorance totale, prise de conscience des dangers et changement des comportements.  Elle a notamment cité l’exemple de la consommation de tabac « dont les fumeurs connaissent les méfaits, sans pour autant arrêter de fumer ».


Revenant enfin sur les conclusions générales de Mme Jejeebhoy selon lesquelles les sept objectifs contenus dans le Programme d’action du Caire en faveur des jeunes et des adolescents n’ont pas été réalisés, la représentante de la Norvège s’est interrogée sur les obstacles à surmonter.  Après avoir énuméré les raisons d’ordre idéologique, religieux, politique, culturel ou encore économique, qui sont les plus évidentes, elle a mis en avant le blocage moins connu de « l’engagement ».  « Il y a un manque d’engagements et de partenariats venant de la population adulte à l’attention des jeunes et des adolescents », a-t-elle expliqué, en soulignant que ce fossé pouvait être comblé par des initiatives menées par les adultes.


Mme MARIJKE WIJNROKS, Ambassadrice spéciale pour la santé sexuelle et reproductive au sein du Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas, a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du Programme d’action du Caire, en estimant que ce soutien se reflétait dans les politiques nationales lancées ces deux dernières décennies.  Elle a souligné que les jeunes avaient accès à des informations factuelles sur la sexualité et la santé reproductive, des lieux et des services disponibles pour la contraception d’urgence, les maladies sexuellement transmissibles ou les avortements sécurisés.  « Ces politiques ont montré des résultats », a-t-elle poursuivi, en assurant que les Pays-Bas connaissaient désormais un taux de contraception très élevé chez les jeunes, un nombre d’avortements très faible et des chiffres également très faibles en ce qui a trait aux grossesses des adolescentes.  Elle a toutefois estimé que ces politiques devraient constamment s’adapter à l’évolution de la situation des jeunes, en insistant notamment sur la nécessité d’impliquer les autres acteurs de la société, dont les parents, les professeurs et les responsables religieux, y compris des minorités.


Mme Wijnroks a souligné l’importance de faire participer les jeunes et les adolescents aux questions qui les concernent afin de faciliter leur intégration dans la société et leur participation au développement.  Elle a ainsi souligné que la délégation des Pays-Bas au sein même de la Commission comptait plusieurs jeunes et que la représentation permanente de son pays auprès des Nations Unies comprenait un jeune.  Avant de conclure, elle a rappelé le lancement de l’Initiative « Partenariat entre les jeunes et la Conférence internationale sur la population et le développement » qui vise à renforcer les liens entre les adolescents, la société civile, les organisations de la jeunesse, les organes étatiques et les agences de l’ONU.   


Mme MWAMBA PATRICIA KASESE-BOTA (Zambie) a fait remarquer que les jeunes constituaient 34% de la population de son pays.  Ce groupe de la population est à la fois une force productive et une force de changement politique, social et économique, a-t-elle assuré.  Dans ce contexte, le Gouvernement de la Zambie s’est efforcé, ces dernières années, d’améliorer le bien-être de cette jeunesse dans divers domaines.  Un plan stratégique pour la santé des adolescents, qui couvre la période de 2010 à 2015, a été élaboré.  En matière d’éducation, le Gouvernement a réalisé des investissements accrus en faveur des jeunes par le biais d’initiatives issues à la fois du secteur public et du secteur privé. 


Parmi ces initiatives, le Gouvernement s’est notamment efforcé de promouvoir une politique d’inscription 50-50 dans les écoles primaires, dans l’enseignement secondaire, ainsi que dans l’enseignement supérieur.  Depuis décembre 2004, le Gouvernement zambien a aussi lancé un programme de réinsertion et de réhabilitation des enfants des rues qui vise à leur fournir des compétences, et des centres d’acquisition de compétences sont entrés en fonction dans différentes régions du pays afin d’assister les jeunes à recevoir une formation pour mieux intégrer le marché du travail.  En matière d’égalité entre les hommes et les femmes, la Zambie a crée un poste de ministre pour les droits des femmes et a aussi renforcé ses unités de police pour assister les victimes de violences, en particulier les victimes de violences sexuelles et de viols.  Il existe aussi en Zambie, et depuis 1997, un programme qui aide les jeunes filles enceintes à poursuivre leur éducation, a-t-elle ajouté.


M. MD. NOJIBUR RAHMAN (Bangladesh) a indiqué que son Gouvernement avait lancé une série de programmes et projets à l’attention des jeunes et des adolescents afin de les faire participer directement au développement du pays.  Il a notamment cité le Service national qui a pris en charge plusieurs milliers de jeunes ayant terminé leurs études secondaires n’ayant pu trouver un emploi et qui leur offre des formations ou des postes temporaires dans les administrations de l’État.  Soulignant ensuite les transformations intervenues ces dernières décennies, M. Rahman a fait remarquer que grâce à un meilleur accès à l’éducation, les jeunes filles se mariaient plus tard.  C’est pour leur assurer un meilleur avenir que son Gouvernement accorde la priorité à l’éducation des filles.  « En dépit des difficultés budgétaires, le Bangladesh continue d’offrir une éducation gratuite aux filles, des livres gratuits et verse des allocations aux familles pour les inciter à scolariser leurs filles aussi longtemps que possible.


Abordant ensuite la question de la santé de la jeunesse, M. Rahman a souligné qu’elle était aussi une priorité du Bangladesh.  Il a indiqué que des soins étaient offerts à travers les 18 000 cliniques rurales qui prennent, notamment, en charge des milliers de jeunes filles ou de femmes vulnérables.  Il a également cité la modernisation de 59 hôpitaux régionaux auxquels sont intégrés des « centres de santé pour les femmes », ainsi que l’élaboration d’un plan d’action national et d’une stratégie sur la santé reproductive des adolescents.  Il a rappelé que ces initiatives avaient permis d’obtenir des résultats concrets, notamment, une baisse continue du taux de fécondité qui a atteint 2,5% en 2010.  En conclusion, il a appelé la communauté internationale à soutenir les initiatives et les programmes de son pays, avant d’apporter son soutien aux recommandations formulées par le Secrétaire général dans ses rapports, présentés à l’ouverture de cette quarante-cinquième session.


M. TAPOLOGO BAAKILE (Botswana) a déclaré que le principal défi du Botswana était le niveau très élevé du taux de chômage des jeunes, puisque 34% des 20-24 sont sans emplois, plus précisément 28 % des hommes et 41% des femmes de 20 à 24 ans.  Pour faire face à la pauvreté, avec  20% de la population vivant sous le seuil de pauvreté, le Botswana a développé des programmes de développement rural, dont un fonds pour soutenir les jeunes agriculteurs. 


En matière de santé, même si 25% des jeunes vivent avec le VIH/sida selon une estimation 2010, il semble que les campagnes de prévention commencent à porter leurs fruits, a-t-il affirmé.  Il a dit que le Botswana venait de lancer une stratégie de mise en œuvre de la santé sexuelle et reproductive des adolescents pour 2012-2016, afin de développer les services de santé et mieux informer sur ces questions.  Il s’est félicité d’une augmentation considérable de l’utilisation des moyens de contraception par les femmes en 2012


Mme GONZALEZ PAUL DE LA TORRE (Mexique) a réaffirmé l’engagement de son Gouvernement en faveur des mesures énoncées dans le Programme d’action du Caire, qui souhaite les voir prorogées au-delà de 2014.  Face au défi que représente le nombre record de jeunes à travers le monde, elle a mis l’accent sur la nécessité d’investir dans la santé, dans l’éducation et dans des conditions favorables à la création d’emplois.  À cet égard, elle a exposé différentes mesures prises par le Mexique en faveur de l’éradication de maladies ou des principales causes de décès parmi les jeunes et les adolescents, à savoir les accidents et les comportements inappropriés tels que l’abus de drogue ou d’alcool.  En matière d’éducation, la représentante a ensuite souligné que le Mexique s’était efforcé de lutter contre l’analphabétisme chez les jeunes et d’augmenter la scolarisation des enfants et des femmes.  Ces efforts ont été accompagnés de mesures ciblées destinées à venir en aide aux populations les plus vulnérables, notamment par le biais de systèmes de bourses permettant l’accès à l’enseignement, a-t-elle expliqué.


De manière générale, la représentante a considéré que la génération actuelle d’adolescents et de jeunes au Mexique était mieux préparée que les générations précédentes mais que le rythme de création d’emplois productifs continuait à stagner.  C’est pourquoi le Mexique a mis en œuvre un Programme baptisé « Premier  emploi », qui soutient le recrutement de jeunes à travers des mesures fiscales incitatives.  Ce programme a permis de créer 83 000 emplois depuis 2007.  Toutefois, malgré la mise en place d’initiative de la sorte, elle a expliqué que, à l’entrée dans la vie à deux, près de la moitié des jeunes reste chez le parent d’un des deux conjoints en raison du manque de ressources et de leurs difficultés à trouver un logement.


M. BAKARY DJIBA (Sénégal) a indiqué qu’une croissance économique forte et durable capable de tirer les pays en développement des abysses de la pauvreté endémique exige immanquablement la constitution d’un capital humain de qualité, en ajoutant que dans une telle entreprise, les adolescents et les jeunes occupaient une place prépondérante.  Le représentant a ensuite rappelé que la jeunesse restait exposée à divers défis et diverses contraintes en matière de santé, d’éducation et d’emploi.  Il est important de remédier à cette situation en tenant compte, notamment, des questions démographiques dans l’approche des politiques et stratégies nationales de développement, a expliqué le représentant.  À cet égard, le Sénégal, dans le sillage de la Conférence internationale de la population et du développement (CIPD), a pris la pleine mesure d’asseoir des politiques et programmes ambitieux dont la Déclaration de politique en matière de population.


Le représentant a ensuite expliqué que l’engagement résolu du Sénégal d’assurer une meilleure maîtrise des phénomènes démographiques dans une approche intégrée du développement lui a permis d’amorcer une baisse de la fécondité.  Ainsi, l’indice synthétique de fécondité (ISF) est passé de 5,7 enfants par femme en 1997 à 5 enfants par femme en 2010, et pourrait atteindre selon les projections 3,4 enfants par femme, a expliqué le représentant.  La volonté politique du Sénégal s’inscrit dans la perspective des Objectifs du Millénaire pour le développement et, à cet égard, le Sénégal a pris bien d’autres mesures positives parmi lesquelles la réduction des barrières financières à l’accès aux services de santé de la reproduction et l’élargissement de la gamme des méthodes contraceptives, a-t-il poursuivi.  Le représentant a conclu son propos, en faisant remarquer qu’en dépit de ces mesures et initiatives traduisant la volonté des autorités sénégalaises de promouvoir les politiques démographiques, le chemin à parcourir est encore long.  C’est pourquoi, il a insisté sur la mobilisation des ressources financières nécessaires à la mise en œuvre des engagements souscrits.


Mme MIRIAM COHEN-NAVOT, Directrice du Centre Engelberg pour les enfants et la jeunesse d’Israël, a déploré le fait que les programmes et politiques nationaux ont toujours ignoré les jeunes au moment où ils se trouvent en transition entre l’âge adulte et l’enfance.  Elle a ensuite dit que la jeunesse israélienne était cosmopolite à l’instar de la population qui est composée de nombreuses ethnies, religions et de cultures venues du monde entier.  Les programmes concernant la jeunesse doivent ainsi être adaptés à ses besoins et être respectueux de ces différences.  Les jeunes immigrants font face à un double défi.  Le premier est celui propre à tous les jeunes et adolescents et le second celui de s’adapter à la société dans laquelle ils vivent désormais.  Ces défis peuvent amener les jeunes immigrants à des résultats scolaires médiocres, ou à une expérience de décrochage scolaire ou même à s’engager dans des comportements destructeurs et dangereux.  Le Gouvernement israélien a alors décidé d’aider les écoles à pouvoir s’occuper de chaque étudiant immigré.  Des postes de médiateurs culturels ont été créés dans chaque école.


Les jeunes à risques représentent 16% des 12-17 ans en Israël.  Pour les aider, le Gouvernement a mis en place une réforme qui, entre autres mesures, comprend la décentralisation de la prise de décisions à l’égard du budget alloué.  La société civile israélienne est également très impliquée dans la prise en charge des jeunes à risque pour qu’ils deviennent des citoyens productifs.  Les défis auxquels sont confrontés les jeunes et les adolescents restent les mêmes mais diffèrent suivant les pays.  La mise en commun de l’expertise du pays et des ressources au niveau international permettra de développer et promouvoir des politiques efficaces pour soutenir les jeunes.  À cet égard, Israël participe au réseau international de recherche sur l’enfance.  En août 2012, le Centre de formation international du Mont Carmel et ONUSIDA organiseront un atelier de trois semaines durant lesquelles les participants apprendront les techniques et les connaissances sur le traitement psycho-social des enfants et des jeunes affectés par les maladies sexuellement transmissibles et le VIH/sida, même si Israël ne compte pas un nombre élevé de jeunes malades ou atteints du VIH/sida.  Mais, a—t-elle ajouté, Israël compte de nombreux jeunes victimes de traumatismes.


M. CHRISTOPHER GRIMA (Malte) a indiqué que son pays avait en février 2011 créé une Agence nationale de la jeunesse chargée de coordonner et mettre en œuvre la politique de Malte en faveur de la jeunesse, avec l’ambition de répondre à ses attentes et besoins.  Il a précisé que cette politique soulignait la nécessité de stratégies de la santé adaptées aux besoins spécifiques des jeunes.  M. Grima a notamment mis l’accent sur la Stratégie de santé sexuelle, lancée en 2011, qui vise à permettre aux jeunes d’atteindre les plus hauts niveaux de santé sexuelle et reproductive. 


Malte est persuadé qu’une vie saine doit intégrer le bien-être physique, mental, sociétal des individus.  Le représentant de Malte s’est vivement opposé à ce qu’une recommandation en matière de santé reproductive ou sexuelle puisse créer une obligation pour un État de considérer l’avortement comme un droit ou une forme légitime de santé reproductive.  Il a souligné les efforts de Malte pour promouvoir l’accès au sport qui est une composante essentielle de la qualité de vie des jeunes et de leur santé mentale.


M. CARSTEN STAUR (Danemark) est revenu sur l’une des promesses faites aux jeunes de la planète dans le Programme d’action du Caire: assurer leur droit fondamental à disposer de leur corps librement.  Réitérant l’engagement de son pays dans ce Programme, le représentant a souligné l’importance de placer les droits de l’homme au centre des questions de population et de développement, comme l’avait déjà fait en 1994 la Conférence internationale sur la population et le développement.  Déplorant ensuite que les complications lors de grossesses continuaient d’être la principale cause de mortalité chez les adolescentes de 15 à 19 ans, que chaque année trois millions d’avortement non sécurisés avaient lieu et que, chaque jour, 3 000 jeunes étaient contaminés par le VIH/sida, le représentant a insisté sur la nécessité de porter une attention particulière aux besoins de la jeunesse mondiale.


Après avoir passé en revue les mesures mises en œuvre par le Danemark pour appliquer le Programme d’action du Caire, M. Staur a affirmé que son pays s’apprêtait à mettre en place une nouvelle stratégie pour la coopération internationale qui stipule que les partenariats de développement seront fondés sur une approche basée sur les droits de l’homme.  Il a précisé enfin que cette stratégie se concentrait sur quatre domaines prioritaires, parmi lesquels le développement social, en alimentant les efforts internationaux qui visent à renforcer le droit et l’accès à la santé sexuelle et reproductive, et la lutte contre VIH/sida.


M. HABIBA BEN ROMDHANE (Tunisie) a indiqué que son pays vivait aujourd’hui un changement politique important après la glorieuse Révolution du 14 janvier conduite par la jeunesse dans un combat pour la justice, la dignité et la liberté.  Le représentant a ensuite rappelé que, depuis le début des années 1990, et à la suite de la Conférence internationale du Caire sur la population et le développement, le Gouvernement tunisien avait accordé une attention particulière aux adolescents et à la jeunesse dans toutes ses politiques de développement, cela en conséquence de nouveaux facteurs, notamment le développement de la société, le changement dans les structures démographiques, l’émergence de nouveaux comportements, et le poids démographique de la jeunesse, qui représente un tiers de la population tunisienne.


Dans ce contexte, le Gouvernement vise à promouvoir une sexualité responsable fondée sur la conscience des besoins en matière santé de la procréation, cela à partir d’un plan préventif et multidimensionnel visant plusieurs objectifs, a expliqué le représentant.  Parmi ces objectifs, il a notamment cité le renforcement de la coopération et du partenariat avec tous les secteurs et les organisations qui travaillent pour la jeunesse.  Par ailleurs, le représentant a insisté sur l’importance du conseil et de l’aide psychologique, qui agissent par exemple en faveur de la prévention de tout type d’addiction, ou encore le renforcement du dialogue au sein de la famille.  Pour parvenir à ces objectifs, le Comité national pour la famille et la population a mis en place des centres pour les jeunes.


Mme IRINA VELICHKO, du Département de la coopération humanitaire au sein du Ministère des affaires étrangères du Bélarus, a rappelé le rôle central joué par les jeunes dans le développement du pays, avant de passer en revue les programmes et politiques mis en œuvre dans son pays.  Elle a notamment souligné l’importance de l’adaptation de la législation nationale et de la création d’un réseau de centres spécialisés destinés exclusivement aux jeunes, dans lesquels ils peuvent recevoir de l’information sur les risques liés à la drogue ou à la sexualité, ou sur les dispositifs de santé sexuelle et reproductive existants.


Elle a ensuite apporté son soutien aux recommandations formulées dans les rapports du Secrétaire général présentés en ouverture de cette quarante-cinquième session.  Elle a insisté en particulier sur celles concernant le VIH/sida.  Elle a indiqué que le Bélarus avait pris l’initiative de créer dans ce domaine un réseau national d’information sur les risques liés au VIH/sida.


Mme ALINA POTRYKOWSKA (Pologne) a fait savoir que son pays disposait d’une politique nationale à long terme, appelée « Pologne-2030 », qui englobe la question de la jeunesse et des adolescents.  La Stratégie de développement national-2020 est assortie, elle, de recommandations sur l’éducation, l’emploi et la santé.  Sont notamment préconisées l’acquisition de compétences numériques à l’école, l’amélioration des conseils à l’emploi et la modernisation de l’enseignement professionnel.  Pas moins de 22% de la population polonaise (38,5 millions d’habitants) ont entre 15 et 29 ans, ce qui fait de ce pays l’un des plus jeunes d’Europe.  Le problème le plus récurrent est l’emploi des jeunes diplômés.  Les hautes qualifications ne sont pas synonymes d’emplois stables.  Les connaissances et le savoir-faire académiques ne correspondent pas toujours aux besoins du marché du travail.  La situation est encore plus dure pour les jeunes qui ont abandonnés l’école très tôt.  Ils risquent d’être exclus de façon permanente du marché du travail.


Face à tous ces défis, le Gouvernement a créé une institution visant à aider les jeunes à la recherche d’emploi.  Elle a développé l’entreprenariat des jeunes grâce à un appui de l’Union européenne.  La Pologne fait aussi face à l’émigration des étudiants étrangers.  L’appui aux familles des étudiants étrangers est ainsi devenu une question très importante pour le pays.  Pour ce qui concerne la santé reproductive et sexuelle des jeunes, le Gouvernement et les autorités locales offrent aux citoyens un accès gratuit aux méthodes et moyens de reproduction responsables.  En Pologne, l’avortement sur demande est illégal.  La stratégie nationale de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et le VIH/sida repose sur les principes de l’inviolabilité de la dignité humaine et du respect des droits de l’homme.  Il reste que l’État garantit le financement des mesures de prévention des maladies sexuellement transmissibles et du VIH/sida, ainsi qu’un accès facile et gratuit aux trithérapies.


M. HARJEET SINGH HARDEV SINGH, Vice-Secrétaire général au Ministère de la femme, de la famille et du développement des communautés en Malaisie, a souligné que son pays accordait une attention particulière aux questions de la sexualité et de la santé reproductive des jeunes et des adolescents.  Ceux-ci représentent en effet une large proportion de la population de la Malaisie.  En l’occurrence, 27% de la population du pays est âgée de moins de 14 ans et 20% a de 15 à 24 ans.  Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, la sexualité des jeunes représente l’un des défis les plus pressants pour cette génération.  Une étude, réalisée en 2010 dans son pays, a ainsi démontré que l’incidence de l’activité sexuelle parmi les 18-24 ans avant le mariage était de 6,5%. 


Dans le même temps, le taux de natalité parmi les adolescentes a connu une baisse significative en quelques années, et ce, en raison de la mise en place de politique gouvernementales adéquates.  De 28 naissances pour 1 000 femmes âgées de 15 à 19 ans, en 1999, on est ainsi passé à 12 naissances pour 1 000 jeunes femmes dans cette tranche d’âge en 2010, s’est-il félicité. 


L’un des principaux axes des politiques et programmes gouvernementaux a également visé le VIH/sida par le biais d’un programme de sensibilisation baptisé « PROSTAR », littéralement « Programme sur le sida pour la jeunesse ».  En 2010, ce programme a permis l’organisation de 217 sessions d’information sur la pandémie auprès de plus de 8 000 jeunes qui ont, par conséquent, été formés à devenir des « éducateurs pairs » au sein des communautés, a-t-il expliqué.  Entre 1997 et 2010, PROSTAR a touché 133 650 jeunes en Malaisie.  M. Singh a également fait état de la création de six centres appelés « kafe@TEEN ».  Il s’agit là de points de contacts où les jeunes âgés de 13 à 24 ans ont accès à des informations sur la santé reproductive.  Ils leur offrent, par exemple, une série de services, dont des conseils, des programmes de formation et des activités récréatives centrées sur ces questions.


Mme DIANA AL-HADID (Jordanie) a passé en revue les initiatives menées par son pays où les jeunes représentent une part importante de la population et constituent « le meilleur capital et les meilleurs espoirs pour l’avenir ».  Elle a toutefois estimé que « plus d’opportunités étaient nécessaires pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle dans la société ».  Pour relever les défis que constituent la lutte contre la pauvreté et le chômage, le renforcement des liens entre l’éducation au marché du travail et le développement de la participation politique des jeunes, la Jordanie a organisé une série de rencontres et de dialogues au plan national.


La représentante a ajouté qu’une stratégie nationale et un plan d’action pour les jeunes de 12 à 30 ans avaient été lancés, parallèlement à des activités spécifiques.  Elle a également insisté sur l’utilité des nouvelles technologies de l’information pour faciliter la transmission du savoir, de l’information et les campagnes de sensibilisation.


Mme JANET ZEENAT KARIM (Malawi) a expliqué que 46% de la population de son pays était constituée de jeunes âgés de moins de 18 ans.  « Il ne s’agit pas là de simples chiffres.  Derrière cette statistique se cachent des êtres humains qui ont des besoins, des espoirs et des aspirations », a-t-elle fait remarquer.  Leur éducation, leur santé, leur bien-être, ainsi que la manière dont ils aborderont l’entrée dans l’âge adulte et les responsabilités qui y sont associées détermineront leur futur, mais aussi le futur de notre nation, a-t-elle poursuivi. 


Près de trois millions de jeunes au Malawi ont pour perspectives un mariage précoce, une grossesse à l’adolescence, une éducation incomplète, une vie d’orphelin, le chômage, la violence ou les abus, et le VIH/sida.  Dans ces circonstances, le Gouvernement du Malawi a mis en place des stratégies et des programmes qui mettent principalement l’accent sur les activités économiques, à travers l’octroi de prêts et de capitaux de démarrage; la promotion de styles de vie sains; la création de programmes de sensibilisation au VIH/sida; la provision de programmes de réinsertion et de réhabilitation des jeunes; ainsi que la mise en place d’infrastructures récréatives et sportives dans les communautés et les écoles.  


Mme PHILIPPA KING (Australie) a apporté son soutien aux conclusions et recommandations formulées par le Secrétaire général dans les rapports présentés pour cette quarante-cinquième session.  Rappelant ensuite que la santé, le comportement et l’attitude des jeunes étaient cruciaux pour la santé du monde de demain, elle a passé en revue les efforts déployés au plan international par l’Australie, pour faciliter la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.  Elle a notamment rappelé le soutien financier apporté par son pays aux pays en développement mettant en œuvre des politiques de planning familial, de lutte contre les maladies, notamment le VIH/sida, de sensibilisation et d’éducation des jeunes, en particulier les jeunes filles.


Abordant ensuite les efforts déployés au niveau national, Mme King a souligné que les jeunes Australiens étaient en relativement bonne santé, en comparaison de jeunes d’autres pays, mais qu’une partie d’entre eux restaient vulnérables.  Elle a fait état de problèmes de santé mentale, de suicides, d’accidents de la route, de grossesses précoces ou d’usage de substances, en particulier chez les jeunes issus des communautés autochtones australiennes.  En conclusion, la représentante a réitéré l’engagement de son pays à poursuivre ses efforts visant à améliorer encore la santé des jeunes, en particulier pour la lutte contre le VIH/sida.


M. STEPHEN WAINAINA, Secrétaire au planning économique au Ministère d’État à la planification, au développement national et au Plan « Vision 2030 » du Kenya, a précisé que la population de jeunes  de 15 à 35 ans représentait 38% de la population globale du pays.  S’agissant de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire, il a souligné que son Gouvernement avait réalisé d’importants progrès dans différents domaines.  Il a, par exemple, établi un Ministère de la jeunesse et du sport et a mis en œuvre, en 2006, une politique nationale de développement qui fournit le cadre des interventions centrées sur les jeunes à travers tout le pays.  Afin de permettre un meilleur accès des jeunes au marché de l’emploi, le Gouvernement du Kenya a aussi mis en place un Fonds de développement des entreprises lancées par des jeunes, ainsi qu’un programme destiné à faciliter l’accès des femmes entrepreneuses aux crédits, qui fonctionne depuis 2007.  

En termes de prise de décisions et de participation des jeunes, le Kenya possède aussi un parlement des jeunes et a développé, en 2000, une politique nationale de développement et d’égalité des sexes.  Ces initiatives ont enregistré des résultats, a-t-il expliqué, citant, par exemple, des progrès réalisés en matière de parité dans l’enseignement primaire et secondaire, avec un index qui est passé de 0,85 et 0,95, en 2007, à 0,86 et 0,97 en 2010.  Il a également souligné que le Plan « Vision 2030 » kényan avait identifié plusieurs priorités ciblant les jeunes et les adolescents, notamment à travers l’établissement de centres destinés à renforcer leurs capacités, leurs talents, ainsi que la création d’entreprises par cette population. 


M. ALFREDO CHUQUIHUARA (Pérou) a fait remarquer que la Constitution de son pays reconnaissait le droit des familles et des personnes à choisir le nombre d’enfants et l’intervalle entre les naissances.  L’État péruvien garantit aussi des programmes d’information sur ces questions de natalité et promeut l’exercice libre des droits sexuels des personnes en union simple ou en couple.  Le Pérou s’est aussi engagé à donner la priorité à tous les aspects liés à la jeunesse afin, notamment, de garantir leur participation sociale et leur participation au processus politique.  Dans tous les cas, il convient pour la communauté internationale de lier les objectifs en faveur des jeunes et des adolescents aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en particulier lorsqu’il s’agit de promouvoir l’éducation, les droits des femmes et l’environnement, a-t-il dit.


Il faut également permettre la participation des jeunes aux activités de développement et de planification qui ont un impact sur leur vie, a-t-il ajouté.  Dans ce contexte, il a expliqué que le Pérou avait des axes d’intervention très clairs, qui mettent plus spécifiquement l’accent sur les soins primaires et sur l’accès de tous aux soins de santé, en particulier les soins liés à la sexualité et à la procréation.  Cela afin de prévenir des grossesses précoces, ainsi que la prévalence du VIH/sida parmi les jeunes et les adolescents.  Une femme sur sept, âgée de 15 à 19 ans, est enceinte au Pérou.  Un pourcentage qui s’élève à une femme sur quatre pour les régions les plus pauvres du pays.  C’est pourquoi la prise en compte de la pauvreté et de la vulnérabilité sociale sont au centre des campagnes de prévention ciblant les jeunes, notamment la distribution de préservatifs dans les secteurs et les zones les plus pauvres où 50% des jeunes filles n’ont pas recours aux contraceptifs alors que 90% d’entre elles en connaissent l’utilité.


M. STEPHEN O.KWANKYE, Directeur exécutif du Conseil national de la Population du Ghana, a indiqué que la population des 10-24 ans avait quasiment doublé entre 1960 et 2000, passant de 1,8 million à 5,7 millions, pour atteindre même 6 millions en 2012, soit 25% de la population nationale.  Il a énuméré ensuite les défis qui se présentaient dans le pays, où un tiers des femmes restent mariées avant 18 ans, où les relations sexuelles de plus en plus précoces débouchent sur des problèmes connus: grossesses non désirées et précoces, avortements avec les risques qui y sont liés, transmission de maladies notamment le VIH/sida, abandon des études.


Dans ce contexte, le représentant à passer en revue l’ensemble des politiques mises en œuvre par son Gouvernement, notamment pour faire face aux défis lancés par une urbanisation croissante.  Il a fait état de la politique nationale sur la santé reproductive des adolescents, la création d’un conseil national de la population, l’ouverture de bureaux et de programmes dédiés aux jeunes au sein des services nationaux de santé, l’adoption d’un plan stratégique multisectoriel pour la santé des adolescents sur la période 2009-2015, ou encore l’établissement d’une autorité nationale de la jeunesse, du réseau « Youth Advocacy – KRAPPA » et de centres « sagesse et jeunesse » pour offrir des activités permettant d’aborder les questions de sexualité et de santé reproductive et de sensibilisation.


Mme MARIE SMITH, Observatrice du Saint-Siège, a estimé que la valeur précieuse de la famille, « basée sur le mariage et l’inviolabilité de la vie humaine depuis la conception jusqu’à la mort naturelle », devait être réaffirmée.  Elle a déploré une tendance « déconcertante » qui relève, a-t-elle dit, de la volonté de certains de minimiser le rôle des parents dans l’éducation des enfants pour transférer celui-ci vers les États.  Dans ces circonstances, elle a estimé qu’il était important que « la relation naturelle et donc essentielle entre les parents et les enfants soit rappelée et non sapée ».  Elle a fait remarquer que la Déclaration universelle des droits de l’homme affirmait que les parents avaient le droit de choisir l’éducation qu’ils souhaitaient donner à leurs enfants et que le Convention relative aux droits de l’enfant stipulait que les parents avaient la responsabilité première en matière d’éducation et de développement de l’enfant. 


Avec un taux d’alphabétisme des jeunes qui se situe en dessous de 80% dans certaines régions d’Afrique et d’Asie, Mme Smith a ensuite mis l’accent sur le rôle de l’éducation, qui est un droit de l’homme, a-t-elle précisé.  Elle a encore souligné le fait que les États avaient la responsabilité de fournir des services d’éducation et que le droit d’éduquer les enfants revenait aux parents, aux institutions religieuses et aux communautés locales.  Les institutions publiques, les organisations de la société civile et le secteur privé peuvent toutefois contribuer à l’achèvement d’une éducation universelle, a-t-elle estimé.  Elle a encore fait remarquer que le système éducationnel fonctionnait correctement lorsqu’il incluait la participation, dans sa planification et dans sa mise en œuvre, des parents, de la famille, des organisations religieuses, ainsi que d’autres organisations de la société civile et du secteur privé.  Avant de conclure, elle a salué les progrès réalisés de manière globale en matière d’accès à l’éducation mais s’est toutefois dite pessimiste quant à la capacité de la communauté internationale d’atteindre l’objectif d’une éducation primaire universelle d’ici à 2015.


Mme KRISTIN HETLE, Directrice des partenariats stratégiques au sein d’ONU-Femmes, a dressé le portrait idéal d’une jeune fille du vingt et unième siècle, « plus éduquée, mariée plus tard, enceinte plus tard, prête à entrer dans la vie active et à occuper un emploi, après avoir migré pour étudier et qui est prête à prendre un place dans la société ».


Elle a poursuivi en soulignant que loin de cet idéal, la plupart des jeunes filles continuaient de voir leur potentiel bridé par des mariages trop jeunes, souvent imposés, des maternités précoces sans accès aux soins ou au planning familial, et plus généralement des pratiques discriminatoires.  Elles sont aussi exposées à des violences, des abus, des infections ou des maladies sexuellement transmissibles, dont le VIH/sida, a-t-elle ajouté, avant d’estimer que les libertés et droits fondamentaux des jeunes filles restaient le plus souvent niés. 


Pour changer cette réalité, ONU-Femmes mène déjà de multiples initiatives, programmes et partenariats que Mme Hetle a mis en avant, avant d’énumérer les priorités de l’agence onusienne: ratification et mise en œuvre des instruments de protection des droits de l’homme en direction des jeunes, adoption de politiques, législations, programmes et approches centrées sur les droits de l’homme, création ou renforcement de législations nationales visant à protéger les jeunes de la violence de genre, investissements à long terme dans les programmes qui favorisent l’autonomisation des jeunes filles, implication des garçons dans les efforts de lutte contre la discrimination fondée sur le genre, et développement de capacité institutionnelles pour créer un environnement favorable aux jeunes filles.


M. FREDERICO T. NETO, Directeur à la Division du développement social de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO), a souligné que le programme de travail de cette Commission régionale avait continué à se concentrer sur les domaines prioritaires liés à l’analyse démographique, à la jeunesse, au vieillissement et aux migrations internationales.  À titre d’exemple de ces dimensions, il a notamment cité la publication de la première analyse sur l’exclusion des jeunes et sa contribution au cinquième rapport sur la population et le développement.  S’agissant de l’éducation, il a particulièrement mis l’accent sur les taux d’abandon scolaire, qui demeurent élevés dans certains pays de la région, en particulier pour les fillettes et les jeunes femmes, alors qu’on estime que 12% de la population de la région est analphabète et que les femmes représentent une large proportion de cette population analphabète, a-t-il souligné. 


D’autres défis demeurent également dans la région, avec un taux d’inactivité économique qui frappe 66% de la jeunesse.  Il a, en outre, expliqué que la CESAO travaillait avec les pays de la région à la mise en œuvre du Programme d’action mondial pour la jeunesse, adopté par l’Assemblée générale.  Il a également saisi cette occasion pour réaffirmer l’engagement de la Commission économique et sociale en faveur des efforts menés par les pays de la région vis-à-vis des jeunes et des adolescents. 


Mme THOKOZILE RUZVIDZO, s’exprimant au nom du Secrétaire général adjoint de la Commission économique pour l’Afrique, a rappelé que l’Afrique était le plus jeune continent de la planète, avec 85% de ses habitants ayant moins de 45 ans en 2012.  Soulignant ensuite l’accroissement continu de la population d’adolescents et de jeunes sur le continent, elle a mis en avant les défis à relever dans le domaine de la santé. 


Si elle a reconnu les efforts louables des États pour améliorer ces dernières décennies la santé générale de la population africaine, elle a estimé que les ressources manquaient et que des programmes et des politiques d’envergure devaient encore être lancés, en particulier à l’attention des jeunes et des adolescents.  Pour conclure, elle a indiqué que la Commission économique pour l’Afrique soutenait les initiatives en faveur de l’emploi des jeunes via de nombreux soutiens ou initiatives régionaux.  


M. PAULO M. SAAD, Chef de la branche population et développement de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a mis l’accent sur deux thèmes prioritaires: la fécondité et les droits des populations autochtones, ainsi que des personnes d’ascendance africaine.  Il a encore estimé que la sexualité et la santé reproductive des jeunes et des adolescents devaient demeurer des priorités de tous les États de la région d’Amérique latine et des Caraïbes, ainsi que de la communauté internationale dans son ensemble. 


La région dont s’occupe la CEPALC doit encore faire face à des nombreux obstacles en matière d’accès à l’information sur ces questions pour les jeunes, a-t-il précisé.  C’est la raison pour laquelle la Commission économique fournit une assistance technique aux pays de la zone afin que les programmes ciblent aussi les populations moins accessibles comme les autochtones et les personnes d’ascendance africaine.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité de l’information: les délégations exhortent le DPI à poursuivre les efforts en faveur du multilinguisme

PI/2024

Comité de l’information: les délégations exhortent le DPI à poursuivre les efforts en faveur du multilinguisme

24/04/2012
Assemblée généralePI/2024
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité de l’information

Trente-quatrième session

2e séance – après-midi


COMITÉ DE L’INFORMATION: LES DÉLÉGATIONS EXHORTENT LE DPI À POURSUIVRE

LES EFFORTS EN FAVEUR DU MULTILINGUISME


L’utilisation des médias sociaux doit être complémentaire des médias traditionnels

pour sensibiliser à l’action des Nations Unies, soulignent de nombreuses délégations


Le Comité de l’information a poursuivi, cet après-midi, le débat général qu’il avait entamé hier, à l’ouverture de sa trente-quatrième session, en exhortant le Département de l’information des Nations Unies à réaliser l’équilibre entre les six langues officielles, et à continuer d’accorder un rôle central aux médias dits traditionnels.


Si les délégations ont dans l’ensemble salué les efforts faits par l’ONU pour que son site officiel soit multilingue, elles se sont cependant dites préoccupées par le fait que le multilinguisme ne s’applique pas encore aux documents, publications et messages de l’Organisation.  « Le DPI ne pourra pas réaliser ses objectifs tant que le message de l’Organisation ne sera pas diffusé dans les six langues officielles », a ainsi prévenu la délégation du Venezuela.


Rappelant le mandat conféré au Département de l’information par l’Assemblée générale, le représentant de l’Argentine a insisté pour que la publication de communiqués de presse soit assurée dans les autres langues officielles que l’anglais et le français afin de diffuser plus largement le message de l’Organisation.  Pour y parvenir à court terme, il a suggéré au DPI de commencer à rédiger des communiqués plus courts dans les quatre autres langues officielles -espagnol, russe, chinois et arabe-, à intervalles réguliers et pendant des périodes délimitées, dans la limite des ressources existantes.


Une rotation pourrait même s’imposer à titre préliminaire, a-t-il proposé, en ajoutant que « les critères éditoriaux, la longueur et la fréquence avec laquelle les communiqués de presse existants sont publiés pourraient être modifiés de manière à permettre à de nouvelles équipes de commencer à élaborer les communiqués dans l’une des autres langues officielles, selon des procédés qui restent à déterminer »


Si l’Indonésie s’est félicitée de la décision d’accorder plus de présence aux six langues officielles de l’ONU sur le site Internet des opérations de maintien de la paix de l’ONU, afin de mieux informer sur leurs actions, l’Afrique du Sud a souhaité, quant à elle, y voir plus d’informations sur les situations de conflit et les situations au lendemain d’un conflit.


Plusieurs des délégations, qui se sont exprimées lors du débat général, ont également souligné l’importance du rôle que jouent la Radio et la Télévision de l’ONU.  Tout en reconnaissant les avantages que procure l’utilisation des réseaux de médias sociaux pour le Département, elles ont défendu le rôle crucial des deux médias traditionnels « qui continuent d’être les premières sources d’information dans les pays en développement ».  « Sans ces médias, le message des Nations Unies ne pourrait toucher les populations les plus pauvres de la planète, en particulier dans les pays en développement », a ainsi souligné le Pakistan.


Comme à l’ouverture des travaux hier, la plupart des délégations ont réaffirmé, cet après-midi, leur attachement au travail accompli par les Centres d’information des Nations Unies, en plaidant, à l’instar du Japon, en faveur de ressources financières adéquates pour leur permettre de s’acquitter efficacement de leur rôle.  Certains États ont par ailleurs mis l’accent sur la nécessité de renforcer la collaboration entre le DPI et les institutions universitaires, « afin de mieux diffuser le message de l’ONU auprès de toutes les communautés ».


Louant les efforts déployés pour trouver des moyens innovants de parvenir à des résultats probants avec des ressources limitées, la représentante des États-Unis a encouragé le Département de l’information à les poursuivre, en s’appuyant notamment sur les réseaux et médias sociaux, pour renforcer le travail des médias traditionnels.  Le représentant du Japon a estimé, pour sa part, que, dans un contexte délicat sur le plan budgétaire, le DPI devrait réfléchir à une gestion plus efficace de ses ressources.


Au cours de cette session, qui se déroule jusqu’au vendredi 4 mai, le Comité, organe intergouvernemental chargé d’évaluer les progrès des Nations Unies dans le domaine de l’information, examine les rapports d’activité des trois sous-programmes du Département de l’information: les services de communication stratégique, les services d’information et les services de diffusion.


Le Comité de l’information poursuivra son débat général demain, mercredi 25 avril, à 15 heures.



EXAMEN DES RAPPORTS PRÉSENTÉS PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL


Suite du débat général


M. JAHANGIR IQBAL (Pakistan) a reconnu que les nouvelles technologies de l’information, et en particulier l’Internet, avaient ouvert des possibilités de connectivité et de sensibilisation sans précédent.  Il a ensuite salué le travail effectué par le Département de l’information (DPI) qui, a-t-il indiqué, a su allier nouveaux médias et médias traditionnels.  Sans ces médias traditionnels, le message des Nations Unies ne pourrait toucher les populations les plus pauvres de la planète, en particulier dans les pays en développement, a-t-il estimé.  Le Pakistan, a poursuivi le représentant, attache une grande importance aux opérations de maintien de la paix dans le monde.  « Nous demeurons l’un des plus gros contributeurs de troupes et entendons continuer à jouer un rôle de premier plan », a estimé le représentant.  C’est dans ce contexte qu’il a invité le DPI à poursuivre et à renforcer son partenariat avec le Département des opérations de maintien de la paix, à travers plus de communication et de sensibilisation sur ses succès et sur les difficultés auxquelles font face les missions sur le terrain.


S’agissant des Centres d’information des Nations Unies, M. Iqbal a souligné que ces structures permettaient de combler le fossé existant entre les pays en développement et les pays développés en matière d’accès à l’information.  Il est urgent que le DPI alloue les ressources nécessaires à ces Centres d’information afin de leur permettre de fonctionner avec efficience, a-t-il dit, avant de demander au même Département d’envisager la reprise des services complets du Centre d’information d’Islamabad.  Le représentant s’est aussi félicité des efforts déployés pour rendre disponibles les documents et publications de l’ONU dans certaines langues locales comme l’ourdou.  Il a vivement salué la couverture en direct des débats de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et d’autres entités du système de l’ONU, par les services de retransmission vidéo (Webcast).  Avant de conclure, M. Iqbal a insisté sur la nécessité d’innover au sein de DPI, sur la promotion du multilinguisme et des partenariats, notamment avec la société civile, et sur l’augmentation de formations au bénéfice des médias du monde en développement.


Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) s’est félicitée du soutien apporté par le DPI en vue de sensibiliser l’opinion publique internationale à l’importance de la Conférence Rio+20, qui se tiendra en juin prochain.  Elle s’est dite convaincue par la nécessité d’établir des synergies entre médias traditionnels et nouvelles technologies de la communication et de l’information, dont les rôles complémentaires sont clairement apparus lors de la couverture du séisme d’Haïti et de celle de la catastrophe de Fukushima.  Réaffirmant ensuite le soutien de sa délégation aux Centres d’information des Nations Unies, dont le réseau doit être renforcé par le DPI avec l’appui des États Membres, Mme Cordeiro Dunlop a expliqué que son propre pays soutenait le Centre d’information de Rio de Janeiro par diverses initiatives et partenariats. 


La représentante s’est félicitée de la décision d’ouvrir un Centre d’information supplémentaire à Luanda, qui renforce la présence des Nations Unies dans les pays lusophones.  Rappelant que le Brésil et l’Angola mettaient à disposition des centres basés sur leur territoire respectif des locaux à titre gratuit, la représentante a encouragé tous les États Membres concernés à envisager d’en faire de même.  En conclusion, elle a salué les activités entreprises par le Département au titre du Programme d’information spécial sur la question de Palestine, et les efforts qu’il déploie afin de préserver la mémoire institutionnelle des Nations Unies, grâce à la numérisation continue des documents historiques de l’Organisation.


Mme CAROL ARCE (Costa Rica) a salué le dynamisme et l’efficacité qui caractérisent, à ce jour, le DPI.  Les innovations menées par les trois sous-programmes du Département de l’information, à travers l’usage des nouvelles technologies, ne permettent pas seulement de toucher un plus large public, mais aussi d’appuyer l’expansion des médias classiques que sont la télévision et la radio.  Grâce à l’utilisation de ces moyens modernes, le DPI, a-t-elle poursuivi, a réussi à faire diverses économies.  Néanmoins, il subsiste toujours un fossé large entre les besoins énormes en matière de communication de l’ONU et les ressources pour y faire face.  C’est le cas notamment des activités visant à promouvoir et sensibiliser sur la question palestinienne, les Objectifs du Millénaire pour le développement, le VIH/sida ou encore l’action du Département des opérations de maintien de la paix, a déploré la représentante.


Le Costa Rica, a-t-elle assuré, attache une grande importance au multilinguisme au sein de l’ONU.  Le DPI doit travailler davantage pour assurer une meilleure utilisation des différentes langues officielles, a-t-elle souhaité, avant de souligner que les 62 Centres d’information des Nations Unies jouent un rôle fondamental pour établir des partenariats avec les médias et les institutions universitaires.  Cette politique de partenariat doit être poursuivie, a dit la déléguée, en appelant à étendre le réseau de partenaires et d’alliances à la fois au niveau local et au niveau international, avec le secteur privé, comme par exemple, les maisons d’édition.  Pourquoi ne pas faire de chaque visiteur des Nations Unies, un messager de l’Organisation? a demandé Mme Arce avant de conclure.


Mme PATRICIA MWABA KASESE-BOTA (Zambie) a déclaré que son pays se félicitait de la création d’un Centre d’information régional des Nations Unies à Lusaka.  Elle a ensuite réaffirmé le rôle important que jouent la science et la technologie, en particulier les nouvelles technologies de l’information et de la communication dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  La représentante a, par ailleurs, signalé que le Gouvernement zambien était sur le point de promulguer une loi sur la « Liberté de l’information », qui permettra à ses citoyens de pouvoir se renseigner sur la transparence des activités de l’État.  Il contribue ainsi au renforcement de la culture de reddition de comptes, a-t-elle précisé.  Le Gouvernement zambien procède actuellement à la restructuration des médias nationaux afin de leur permettre de faire leur travail sans ingérence politique.


M. ANDREI SAVINYKH (Bélarus) s’est dit convaincu que, dans le contexte d’un échange croissant des idées et de l’information, le rôle du Département dans la sensibilisation sur les travaux et les objectifs de l’ONU ne fera que croître.  Il a ensuite salué et défendu la collaboration existante entre le service russophone de la radio l’ONU et les médias de son pays.  Cette collaboration ciblée est bénéfique et mérite d’être renforcée.  Il a également souhaité que les documents de l’ONU soient diffusés de la manière la plus large possible sur le territoire national du Bélarus.


Le représentant a par ailleurs regretté le fait que divers programmes de la Télévision des Nations Unies ne puissent toujours pas être disponibles pour les téléspectateurs du Bélarus.  Il faut remédier à cette situation, a-t-il plaidé, avant d’estimer que l’efficacité des nouveaux médias utilisés par le DPI, dont Youtube, ne réussira que si l’on offre des formations spécifiques aux journalistes locaux au service de l’Organisation.  Il faut renforcer les capacités de ces journalistes dans ce domaine.  Le délégué a indiqué en outre que les médias traditionnels demeuraient les moyens de communication principaux au Bélarus et dans les États de la région.  Ces médias doivent continuer à être pris en compte par le DPI.  Avant de conclure, il a insisté sur la diffusion, dans les six langues officielles de l’Organisation, des documents de l’ONU et, en particulier, du manuel ABCD de l’ONU, qui est très apprécié par les étudiants bélarussiens.


M. MANIEMAGEN GOVENDER (Afrique du Sud) a déclaré que la crédibilité de l’Organisation était étroitement liée à la manière dont celle-ci arrive à communiquer son message dans le monde entier, qu’il s’agisse de sujets relatifs à l’élimination de la pauvreté, à la lutte contre les changements climatiques, aux besoins spécifiques de l’Afrique et des pays les moins avancés, au désarmement ou aux droits des personnes handicapées.  Une stratégie de communication efficace se doit d’être « précise, qualitative, impartiale et équilibrée » afin de permettre à l’opinion publique de mieux comprendre les efforts que la communauté internationale déploie pour parvenir à un monde meilleur. 


À cet égard, a poursuivi le représentant, les nouvelles technologies de la communication et de l’information peuvent élargir le public visé par le Département, en complément des médias traditionnels, plus que jamais indispensables dans les pays en développement.  Saluant le rôle des Centres d’information des Nations Unies, qui constituent un relais essentiel auprès des populations locales, la délégation a apporté le soutien de sa délégation à l’ouverture d’un centre à Luanda afin de mieux répondre aux besoins de la communauté lusophone.  La diffusion de l’information sur les situations de conflit et au lendemain d’un conflit, a-t-elle jugé, peut jouer un rôle déterminant dans le cadre du déploiement des opérations de maintien de la paix, dans la mesure où elle participe à la sensibilisation des populations locales à l’importance de ces missions.


M. SHARAF MORSY (Égypte) s’est félicitée de l’action de sensibilisation menée par le DPI sur les questions des femmes, la question palestinienne, les Objectifs du Millénaire pour le développement ou encore l’action des opérations de maintien de la paix.  Pour le représentant, le travail accompli chaque jour par le DPI permet de rapprocher l’ONU de son noble objectif visant la promotion de la tolérance et de la paix.  Les Centres d’information des Nations Unies, a-t-il dit, jouent un rôle important dans cette œuvre de sensibilisation et méritent d’être appuyés à cet égard.  Tout en se félicitant de l’utilisation par le Département des réseaux sociaux pour ses activités de promotion, le représentant a tenu à réaffirmer le rôle crucial des médias traditionnels qui continuent d’être les premières sources d’information dans les pays en développement.  Il est important d’assurer l’équilibre entre les six langues officielles de l’Organisation et de produire plus de documents en langue arabe, a-t-il insisté, avant d’ajouter que les six langues officielles doivent être équitablement utilisées sur le site officiel de l’Organisation.


Mme CHERITH NORMAN (États-Unis) a salué les efforts déployés par le DPI pour chercher des moyens innovants de parvenir à des résultats probants avec des ressources limitées.  Elle s’est félicitée du fait que, dans le budget biennal 2012-2013, le Département avait proposé de dépenser 5 millions de dollars en moins par rapport à l’exercice biennal précédent, en s’appuyant sur l’utilisation des technologies de la communication et de l’information, en particulier les réseaux de médias sociaux, en complément des médias traditionnels.  La représentante a donc encouragé le Département à poursuivre ces efforts en ce sens, particulièrement dans un contexte délicat sur le plan budgétaire.  À l’approche de la Conférence Rio+20, elle a aussi souhaité que les synergies entre le Département de l’information et le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences se poursuivent et se renforcent en vue de parvenir à une efficacité maximale.  La représentante a rappelé l’attachement des États-Unis à la liberté de la presse, dont la Journée mondiale sera observée le 3 mai prochain.  À cet égard, elle a rappelé qu’en vertu de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, « tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ».


M.GERARDO DÍAZ BARTOLOMÉ (Argentine) a fortement appuyé le travail et le rôle des Centres d’information de l’ONU.  Ces Centres, qui utilisent de plus en plus les réseaux sociaux, dans leur fonctionnement quotidien et diffusent leurs programmes dans les langues locales, doivent être en mesure de renforcer leurs capacités, a estimé M. Bartolomé.  Le Centre d’information de l’ONU à Buenos Aires est, depuis sa création en 1948, la voix espagnole de l’Organisation, a-t-il assuré.  Le délégué a reconnu les efforts faits par l’ONU pour que le site officiel des Nations Unies soit multilingue.  De même, a-t-il noté avec satisfaction, la poursuite de la création de pages Internet dans les six langues officielles sur divers sites Web de l’Organisation.  Il a également salué l’utilisation des réseaux de médias sociaux pour diffuser des informations de l’Organisation en langue espagnole, avant de souligner que « ces réseaux doivent être considérés comme des éléments complémentaires et non pas comme des outils devant supplanter les médias traditionnels et les informations publiées sur le site officiel de l’ONU ».


À son tour, le représentant a soutenu la collaboration entre le DPI et les acteurs universitaires, notamment l’Université argentine de Cordoba, en vue d’assurer la diffusion multilingue de ses publications et informations.  M. Bartolomé a ensuite déploré le fait que les communiqués de presse publiés régulièrement par les services du DPI ne soient diffusés à ce jour que dans les deux langues de travail de l’ONU, à savoir l’anglais et le français.  Le mandat de l’Assemblée générale est pourtant clair sur la question, a-t-il rappelé, précisant qu’il exigeait bien le respect de la parité entre les différentes langues officielles des Nations Unies dans la publication de ces communiqués de presse.  « Nous souhaitons, par conséquent, que l’obligation de les diffuser dans les langues officielles de l’ONU soit entièrement respectée », a martelé le délégué, en appelant à allouer au DPI les ressources nécessaires. 


Pour sa part, le DPI devrait réfléchir aux moyens de réaliser cet objectif.  Il pourrait par exemple commencer à rédiger des communiqués plus courts dans les autres langues officielles, à intervalles réguliers et pendant des périodes délimitées, dans la limite des ressources existantes.  Une rotation pourrait même s’imposer à titre préliminaire, a suggéré le représentant.  Les critères éditoriaux, la longueur et la fréquence avec laquelle les communiqués de presse existants sont publiés pourraient être modifiés de manière à permettre à de nouvelles équipes de commencer à élaborer les communiqués dans l’une des autres langues officielles, selon des procédés qui restent à déterminer.  Certains critères de représentation géographique pourraient être pris en compte dans le cadre de ce processus, ainsi que les données disponibles au sein du Département, qui forment une source objective d’informations pour prendre des décisions à cet égard.  Saluant par ailleurs le travail accompli par l’équipe de la Radio des Nations Unies en espagnol, M. Bartolomé a également rendu hommage au Département, en particulier à la Bibliothèque Dag Hammarskjöld pour les progrès accomplis dans la numérisation des documents des Nations Unies, qui est vitale, a-t-il dit, pour la mémoire institutionnelle des Nations Unies.


M. OSCAR LEÓN GONZÁLEZ (Cuba) a déploré l’élargissement du fossé numérique qui ne cesse d’aggraver les disparités entre monde en développement et monde développé en matière d’accès aux nouvelles technologies de la communication et de l’information.  L’immense majorité des citoyens du monde n’ont pas accès à Internet, a fait remarquer le représentant, qui a déclaré que les pays développés monopolisaient et concentraient les puissances médiatiques qui perpétuent un traitement impartial de l’actualité et entravent la liberté d’expression et d’information des peuples.  Le représentant a ensuite indiqué qu’en dépit de demandes répétées du Bureau des communications de l’Union internationale des télécommunications (UIT), le Gouvernement des États-Unis n’avait toujours pas mis fin à ses interférences radiophoniques continuelles. 


M. González a dénoncé la transmission illégale d’émissions anti-cubaines qui encouragent l’immigration illégale et déforment l’histoire officielle du pays.  Chaque jour, a-t-il accusé, des stations basées aux États-Unis émettent vers Cuba plus de 2 000 heures sur 30 fréquences différentes.  Avec la bénédiction du Gouvernement américain, mensonges et insultes s’y succèdent, cherchant à détruite l’ordre constitutionnel établi par le peuple cubain, a-t-il indiqué.  Le Congrès  des États-Unis approuve chaque année plus de 30 millions de dollars pour financer la propagande anti-cubaine, a assuré le représentant, qui a condamné cette agression et a rappelé que c’est au peuple cubain de décider de l’information qu’il souhaite recevoir.


Mme ELLEONORA TAMBUNAN (Indonésie) s’est félicitée de la décision du Département de l’information d’accorder plus de présence aux six langues officielles de l’ONU sur le site Internet des opérations de maintien de la paix de l’ONU, afin de mieux informer sur leurs actions.  Elle a aussi salué le travail accompli par le DPI dans la sensibilisation à la question palestinienne.  Le conflit en Palestine dure depuis trop longtemps et tant qu’il durera, il sera fondamental d’informer la communauté internationale sur l’évolution de la situation sur le terrain.


La représentante, qui s’est félicitée de la création du Centre d’information de l’ONU à Luanda, en Angola, s’est dite convaincue de l’importance des nouvelles technologies et des réseaux de médias sociaux dans la possibilité de toucher un très large public.  Elle a cependant souligné la nécessité de résorber le fossé numérique qui perdure entre les États du Nord et ceux du Sud.  Sa délégation, a-t-elle assuré, est favorable à des partenariats entre le DPI et des universités ou autres institutions afin de mieux diffuser le message de l’ONU auprès de toutes les communautés.


Mme SHULI YONA DAVIDOVICH (Israël) a rappelé que son pays était honoré d’être un partenaire actif du DPI, comme en témoigne le partenariat d’il y a deux semaines à l’occasion de la commémoration de la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme ou, le 19 avril dernier, celui qui avait été conclu pour célébrer le cinquantenaire du procès d’Adolf Eichmann.  Elle s’est également dite encouragée par les nombreuses activités lancées dans le cadre du programme de sensibilisation à l’Holocauste du Département, en particulier cette année à travers son réseau de centres d’information à travers le monde. 


De tels efforts, a estimé Mme Davidovich, sont d’autant plus importants qu’un enfant né aujourd’hui a peu de chances de pouvoir un jour rencontrer un survivant de l’Holocauste.  Elle a toutefois déploré le nombre croissant d’individus et d’entités qui continuent de nier la réalité historique de l’Holocauste, dont le chef d’un État Membre des Nations Unies.  Pour sa délégation, le DPI peut jouer le rôle de chef de file dans la lutte contre ces tendances dangereuses.  La représentante s’est dite préoccupée par le Programme d’information spécial sur la question de Palestine, établi, selon elle, en vertu d’une résolution de l’Assemblée générale anti-israélienne qui présente une vision déformée des évènements sur le terrain.  C’est pourquoi, la délégation israélienne, a-t-elle assuré, s’engage dans l’élaboration d’une résolution « plus constructive et équilibrée » pour les futures activités menées dans le cadre de ce Programme.


M. TAKAHIRO NAKAMAE (Japon) a invité le DPI à poursuivre sa transparence et son travail de sensibilisation aux efforts déployés par les Nations Unies.  Le DPI joue un rôle de premier plan au sein de l’ONU, en tant que Département assurant la couverture des travaux de l’Organisation.  Le Japon a félicité le DPI de s’acquitter de cette tâche difficile dans la limite des ressources existantes pour poursuivre et même accroître son rôle important.  De son côté, le DPI doit gérer de façon efficace les Centres d’information des Nations Unies qui ont été soutenus par le Japon, a insisté le délégué.  Récemment, notre gouvernement a octroyé la somme de 300 000 dollars au Centre de Tokyo, afin d’accroître ses activités, s’est réjoui M. Nakamae.  Le DPI, a-t-il poursuivi, doit explorer des moyens novateurs pour mieux gérer ses ressources.  De même, a-t-il insisté, il doit poursuivre la coordination de ses travaux avec la société civile et le monde universitaire.  M. Nakamae a conclu en exprimant ses remerciements au DPI pour son action et les efforts qu’il a déployés lors du tremblement de terre qui avait frappé le Japon l’année dernière.


Mme ESTHER FELICES ZUBIRI (Espagne) a axé sa brève déclaration sur la proclamation d’une journée internationale de la radio, un média considéré par sa délégation comme étant toujours pertinent, dans la mesure où la radio peut toucher un très large public.  Elle a rappelé que le 3 novembre 2011, la Conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) avait approuvé la proposition faite par l’Espagne pour que soit proclamée, le 13 février de chaque année, une telle journée.  La Directrice générale de l’UNESCO a transmis la résolution au Secrétaire général de l’ONU afin que l’Assemblée générale examine un tel projet lors de sa soixante-septième session, a-t-elle indiqué.  Mme Zubiri a demandé au Comité de l’information d’adopter également cette proposition de l’Espagne et de la recommander à l’Assemblée générale.


M. RAJESH MISHRA (Inde) a demandé au DPI de multiplier les moyens de mieux diffuser les messages et autres informations de l’ONU, tout en reconnaissant la place centrale des médias traditionnels et des outils modernes.  Par-dessus tout, il est important d’atteindre les populations les plus éloignées, a-t-il estimé, avant d’encourager le DPI à augmenter ses diffusions radiophoniques, en élargissant notamment ses partenariats dans le monde.  M. Mishra a également défendu la nécessité d’allouer plus de ressources financières aux Centres d’information de l’ONU, et de diversifier les services qu’ils offrent à leurs visiteurs.  Il a par ailleurs souhaité voir le DPI mettre l’accent sur les succès des opérations de maintien de la paix et sur le quotidien des soldats de la paix déployés à travers le monde.


M. ADELA LEAL-PERDOMO (Venezuela) a salué les activités du DPI, tout en affirmant qu’il ne pourrait pas réaliser ses objectifs tant que le message de l’Organisation ne serait pas diffusé dans les six langues officielles.  Si elle a encouragé le Département à continuer d’explorer de nouveaux moyens de renforcer son efficacité, la représentante a cependant déclaré que les partenariats devraient respecter à la lettre les mandats des Nations Unies.  Défendant le droit de tous les pays à avoir un accès équitable à l’information et aux communications, le représentant a affirmé que des moyens techniques et des ressources devraient être mis à disposition de chaque État pour y parvenir. 


Conscient du fossé numérique qui ne cesse de se creuser entre pays développés et pays en développement, le Venezuela œuvre à rapprocher les peuples d’Amérique du Sud.  Ainsi, grâce à la mise sur orbite du satellite Simon Bolivar depuis 2008, un accès élargi aux médias et aux nouvelles technologies de l’information et de la communication est possible pour les pays voisins.  Cette année, a annoncé la représentante, le Venezuela mettra sur orbite un second satellite, destiné à prévenir les catastrophes naturelles dans le sous-continent.  Mme Leal-Perdomo a dénoncé, avant de conclure, l’utilisation des moyens de communication visant à répandre une version distordue de la réalité dans les pays en développement.


Droits de réponse


Exerçant son droit de réponse à la suite de la déclaration de Cuba, la représentante des États-Unis a soutenu que leur pays agissait en conformité avec les règles internationales en vigueur.  Nous diffusons des informations au peuple cubain, car nous nous préoccupons de son bien-être, et parce qu’il n’a pas d’accès libre à l’information. 


Réagissant au droit de réponse des États-Unis, le représentant de Cuba s’est dit surpris de la détermination américaine à défendre la violation de son espace radiophonique.  L’envoi d’avions créant des interférences est une pratique américaine ayant cours depuis 20 ans.  Le Département du Trésor américain alloue d’ailleurs des fonds spécifiques à cet effet.  Contrairement à ce qui est dit, les États-Unis ne sont pas décidés à assouplir leur politique à l’égard de Cuba.  Bien au contraire, le Gouvernement américain compte plutôt sur les nouvelles technologies pour renverser la révolution cubaine.  Les États-Unis doivent fermer les radios émettant vers Cuba, a estimé le représentant cubain.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité examine les moyens de promouvoir la participation des femmes en faveur de la paix et de la sécurité dans les zones de post-conflit

CS/10622

Le Conseil de sécurité examine les moyens de promouvoir la participation des femmes en faveur de la paix et de la sécurité dans les zones de post-conflit

24/04/2012
Conseil de sécuritéCS/10622
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6759e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ EXAMINE LES MOYENS DE PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES FEMMES EN FAVEUR DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DANS LES ZONES DE POST-CONFLIT


La Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme (ONU-Femmes), Mme Michelle Bachelet, a affirmé, ce matin devant le Conseil de sécurité, que « la participation des femmes dans les institutions politiques, législatives et judiciaires est la plus grande ressource pour promouvoir la paix et les processus de transition ».


De son côté, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix (OMP), M. Hervé Ladsous, a exhorté les responsables de ces opérations à maximiser « la participation politique des femmes » sans minimiser leur sécurité et leur protection.  Il a jugé indispensable de promouvoir la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) par le biais de mesures temporaires spéciales pour encourager la participation des femmes, conformément à la recommandation générale 25 de la Convention pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.


Les exposés présentés par Mme Bachelet et M. Ladsous ont été l’occasion pour le Conseil de sécurité de prendre connaissance des initiatives du système des Nations Unies visant à promouvoir une meilleure participation des femmes à toutes les étapes de la promotion de la paix et de la sécurité dans les zones de post-conflit en Afrique, dans les Balkans, en Asie du Sud-Est et en Asie centrale.


En 2011, le Département des opérations de maintien de la paix et le Département d’appui aux missions ont fait une étude d’impact sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) qui a montré que si les opérations de maintien de la paix ont fait d’importants progrès dans la participation des femmes aux élections et institutions politiques, « nous n’avons pas réalisé tout ce que nous aurions dû faire en matière de protection », a reconnu M. Ladsous.


S’inquiétant des risques de recul des acquis obtenus, Mme Bachelet a exhorté le Conseil de sécurité a accorder davantage de place aux femmes dans la résolution des conflits et la consolidation de la paix et que soient levés les obstacles à la participation des femmes dans les élections à venir dans les pays qui figurent à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.


Soulignant le cas de l’Afghanistan, où des dirigeants religieux ont, au mois de mars, appelé à une limitation des droits des femmes, Mme Bachelet a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur les risques de régression des droits des femmes.


En Syrie, a-t-elle ajouté, la participation des femmes est essentielle, à la fois pour tenter de résoudre la crise et pour s’assurer que les intérêts des femmes soient pris en compte dans tous les accords à venir.  Face à l’absence d’informations sur les violences faites aux femmes en Syrie, Mme Bachelet a exhorté le Conseil de sécurité à intégrer la dimension du genre dans la crise syrienne.  


Sur le même ton, le Chef du Département des opérations de maintien de la paix a estimé que les pays hôtes et les Casques bleus devaient faire davantage pour protéger les femmes des menaces dans les régions où sont déployées nos missions. 


M. Ladsous a jugé indispensable de prévenir les violences à l’égard des femmes en créant des institutions de prévention avec des modalités de fonctionnement claires.  Il s’est dit persuadé qu’une meilleure synergie entre le Département des opérations de maintien de la paix et ONU-Femmes, par des mesures cohérentes et coordonnées, permettrait encore de progresser dans la protection des femmes et la promotion de leur participation aux processus politiques et dans les institutions.   


Les deux intervenants ont aussi mis l’accent sur les progrès réalisés grâce à une meilleure intégration des efforts respectifs des départements et organismes de l’ONU.  Mme Bachelet a également précisé que, depuis janvier 2011, ONU-Femmes et le Département des affaires politiques de l’ONU poursuivaient une stratégie conjointe concernant la parité entre les sexes.  Il s’agit, a-t-elle précisé, de promouvoir une expertise en matière de parité entre les sexes au sein des équipes de médiation et d’augmenter le nombre de femmes médiateurs.  Elle s’est félicitée du fait que le Département des affaires politiques ait pu porter à 36% la proportion de femmes sur le fichier de candidats aux postes de médiateurs.


M. Ladsous a dit que la coopération entre le Département des opérations de maintien de la paix, le Département d’appui aux missions, le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général chargé de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) avait permis des progrès notables en matière d’identification des conseillères pour la protection des femmes.


Il a expliqué qu’un petit nombre de points focaux pour la protection des femmes avait pu être mis en place en s’appuyant sur des ressources existantes au sein de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).  


Il a précisé que le fonds d’affectation spéciale multidonateurs de la campagne de l’ONU contre la violence sexuelle en temps de conflit avait financé trois postes de conseillers pour la protection des femmes entre la MONUSCO et l’ONUCI et que le recrutement de neuf autres conseillers était en cours pour la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS). 


Par ailleurs, il a souligné que l’ONU avait aidé les autorités du Timor-Leste à rédiger, en juin 2011, un amendement aux lois électorales incluant des mesures temporaires en faveur des femmes et celles d’Haïti pour intégrer dans la constitution des mesures temporaires. 


Il a regretté qu’aucune mesure temporaire n’eût pu être prise en République démocratique du Congo (DRC) où les femmes représentent un peu moins de 10% des parlementaires (47 sur 483), soit le taux le plus bas dans la région des Grands Lacs. 


Grâce à une contribution généreuse du Gouvernement du Luxembourg, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) a organisé 300 ateliers relatifs aux élections à destination de 6 500 personnes, dont 70% de femmes, pour promouvoir une prise de conscience sur la participation pleine et entière des femmes à tous les processus électoraux ainsi qu’à tous les niveaux de prise de décisions.  Au Libéria, la Mission a promu l’intégration de la perspective du genre dans le processus électoral de 2011. 


La sécurité est vitale pour la participation des femmes aux élections, a poursuivi M. Ladsous, en exhortant la police du Libéria à renforcer ses efforts de prévention de la violence en notant que le pourcentage des femmes parlementaires est passé de 16,6 à 11% entre 2005 et 2011. 


En RDC, la MONUSCO a formé plus de 500 policiers à la prévention de la violence sexiste durant la période électorale de 2011.  À ce sujet, M. Ladsous a précisé que les opérations de maintien de la paix ne pouvaient se substituer à l’autorité et à la responsabilité des États.  


Ainsi, s’est-il félicité de la création d’une section de protection des femmes au sein de la police nationale du Libéria et d’efforts semblables en Côte d’Ivoire.


En conclusion, le Secrétaire général adjoint a exprimé la volonté de l’ONU de travailler avec les systèmes de justice civile et les autorités militaires pour s’assurer que les poursuites appropriées soient engagées contre tous les auteurs de violences sexuelles.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MINURSO jusqu’au 30 avril 2013

CS/10621

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MINURSO jusqu’au 30 avril 2013

24/04/2012
Conseil de sécuritéCS/10621
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6758e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITE PROROGE LE MANDAT DE LA MINURSO JUSQU’AU 30 AVRIL 2013


Le Conseil de sécurité a, ce matin, prorogé le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) jusqu’au 30 avril 2013.


Le Conseil de sécurité, par la résolution 2044 (2012), adoptée à l’unanimité, a demandé à toutes les parties de « coopérer pleinement  aux opérations de la MINURSO » et de « continuer de faire preuve de volonté politique et de travailler dans une atmosphère propice au dialogue afin d’engager des négociations plus résolues et plus axées sur le fond ».


Le Conseil de sécurité a également demandé aux parties de « poursuivre les négociations sous les auspices du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts faits depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable. »


Le Secrétaire général, dans son rapport* sur la situation concernant le Sahara occidental, soumis au Conseil de sécurité, avait recommandé à ce dernier de proroger le mandat de la MINURSO pour une nouvelle période de 12 mois, jusqu’au 30 avril 2013, en demandant aux deux parties, le Maroc et le Front Polisario, de coopérer pleinement avec la MINURSO pour atteindre ses objectifs.


Le représentant du Maroc a salué le contenu d’une résolution qui, a-t-il dit, « pousse les parties à accélérer le rythme des négociations et appelle les pays voisins à participer à une solution réaliste ».  Il a jugé que le Conseil de sécurité avait eu raison de refuser pour la troisième année consécutive des tentatives d’élargir le mandat visant à couvrir des questions qui n’ont rien à voir avec la Mission. 


Le délégué marocain a en outre estimé que la revendication d’un référendum ne pourrait que mener à une discorde, et a précisé que le Maroc défendrait toujours son intégrité territoriale au Sahara occidental dans l’intérêt de la stabilité de la région. 


Pour sa part, le représentant de l’Afrique du Sud a salué les efforts du Maroc en faveur des droits de l’homme.  En revanche, il a exprimé sa préoccupation devant l’incapacité du Conseil, dans sa résolution, à répondre pleinement aux problèmes relatifs aux droits de l’homme, notamment au regard de ses récentes avancées importantes dans ce domaine en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.  « La poursuite de cette tendance menace de saper la Mission, a-t-il dit, invitant également les parties à respecter le mandat de la MINURSO.


* S/2012/197


Texte du pro jet de résolution S/2012/249


Le Conseil de sécurité,


Rappelant et réaffirmant toutes ses résolutions antérieures sur le Sahara occidental,


Réaffirmant son ferme appui aux efforts que font le Secrétaire général et son Envoyé personnel en vue de l’application des résolutions 1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008), 1871 (2009), 1920 (2010) et 1979 (2011),


Réaffirmant sa volonté d’aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et notant le rôle et les responsabilités des parties à cet égard,


Demandant à nouveau aux parties et aux États de la région de coopérer plus pleinement avec l’Organisation des Nations Unies et les uns avec les autres et de s’impliquer plus résolument pour mettre fin à l’impasse actuelle et avancer vers une solution politique,


Se félicitant des efforts que fait le Secrétaire général pour suivre de près toutes les opérations de maintien de la paix, y compris la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), et soulignant que le Conseil doit adopter une approche rigoureuse et stratégique en matière de déploiement au service du maintien de la paix,


Se déclarant préoccupé par les violations des accords en vigueur et demandant aux parties de se conformer à leurs obligations,


Prenant note de la proposition marocaine présentée au Secrétaire général le 11 avril 2007 et se félicitant des efforts sérieux et crédibles que fait le Maroc pour avancer vers un règlement; prenant note également de la proposition du Front Polisario présentée au Secrétaire général le 10 avril 2007,


Engageant les parties, dans ce contexte, à faire preuve d’une plus grande volonté politique de parvenir à une solution, notamment en examinant de façon plus approfondie leurs propositions respectives,


Prenant note des quatre séries de négociations tenues sous les auspices du Secrétaire général et des séries de pourparlers informels en cours, et se félicitant des progrès accomplis par les parties sur la voie de négociations directes,


Se félicitant des progrès accomplis par les parties dans l’examen de nouveaux modes de négociation et de questions ponctuelles, de l’engagement qu’elles ont pris d’approfondir l’examen de ces questions et d’autres, de la réunion sur les ressources naturelles, qu’elles ont tenue le 9 novembre 2011, et des progrès réalisés en ce qui concerne le déminage,


Se félicitant du succès du séminaire sur la culture hassaniya, qui s’est tenu du 12 au 16 septembre 2011 sous le parrainage du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, de l’accord des parties concernant l’organisation de deux autres séminaires en 2012, et de la tenue, les 24 et 25 janvier 2012, d’une réunion de haut niveau sur les mesures de confiance pour le Sahara occidental, facilitée par le Haut-Commissariat pour les réfugiés,


Soulignant qu’il importe d’améliorer la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de Tindouf, et engageant les parties à collaborer avec la communauté internationale pour mettre au point et appliquer des mesures indépendantes et crédibles qui garantissent le plein respect des droits de l’homme, en gardant à l’esprit les obligations que leur impose le droit international,


Se félicitant de l’installation à Dakhla et Laayoune de commissions régionales du Conseil national des droits de l’homme, et des mesures que le Maroc a prises pour remplir l’engagement qu’il a pris d’assurer un accès sans réserves ni restrictions à tous les titulaires de mandats relevant des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies,


Se félicitant également de l’application du programme renforcé de protection des réfugiés que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a élaboré en coordination avec le Front Polisario et qui comprend des activités de formation et de sensibilisation aux droits des réfugiés et aux droits de l’homme,


Demandant à nouveau que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés continue à envisager d’enregistrer les réfugiés des camps de Tindouf,


Attendant avec intérêt l’application du plan d’action actualisé sur les mesures de confiance adopté à Genève les 24 et 25 janvier 2012, notamment le début des visites familiales effectuées par la route, l’utilisation des nouvelles technologies de l’information afin de faciliter la communication entre les familles, et la poursuite et l’expansion du programme actuel de transport par voie aérienne, et engageant les parties à œuvrer en coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à l’application de ce plan,


Se félicitant que les parties se soient engagées à poursuivre les négociations dans le cadre de pourparlers tenus sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies,


Considérant que la consolidation du statu quo n’est pas acceptable et notant en outre qu’il est essentiel que ces négociations progressent pour que tous les aspects de la qualité de vie des habitants du Sahara occidental s’améliorent,


Affirmant son soutien à l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, Christopher Ross, et à l’action qu’il mène pour faciliter les négociations entre les parties, se félicitant des consultations qu’il mène actuellement avec les parties et les États voisins et attendant avec intérêt la visite qu’il doit faire prochainement dans la région, y compris au Sahara occidental, selon le communiqué publié à l’issue de la réunion informelle sur le Sahara occidental des 11 au 13 mars 2012,


Affirmant son soutien au Représentant spécial du Secrétaire général pour le Sahara occidental et Chef de la MINURSO, Hany Abdel-Aziz,


Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 11 avril 2012 (S/2012/197),


1.    Décide de proroger jusqu’au 30 avril 2013 le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO);


2.    Réaffirme que les accords militaires conclus avec la MINURSO concernant le cessez-le-feu doivent être pleinement respectés et exhorte les parties à y adhérer pleinement;


3.    Demande à toutes les parties de coopérer pleinement aux opérations de la MINURSO, y compris en ce qui concerne sa liberté d’interaction avec tous ses interlocuteurs, et de prendre les mesures voulues pour garantir la sécurité, ainsi qu’une totale liberté de circulation et un accès immédiat, au personnel des Nations Unies et au personnel associé dans l’exécution de leur mandat, conformément aux accords existants;


4.    Se félicite que les parties se soient engagées à continuer à tenir des pourparlers informels restreints dans la perspective d’une cinquième série de négociations et rappelle qu’il a fait sienne la recommandation formulée dans le rapport daté du 14 avril 2008 (S/2008/251) selon laquelle il est indispensable que les parties fassent preuve de réalisme et d’un esprit de compromis pour faire avancer les négociations;


5.    Demande aux parties de continuer de faire preuve de volonté politique et de travailler dans une atmosphère propice au dialogue afin d’engager des négociations plus résolues et plus axées sur le fond et de garantir ainsi l’application de ses résolutions 1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008), 1871 (2009), 1920 (2010) et 1979 (2011), ainsi que le succès des négociations, entre autres, en continuant d’examiner les idées que le Secrétaire général a présentées au paragraphe 120 du rapport paru sous la cote S/2011/249;


6.    Affirme son soutien sans réserve aux efforts déterminés que font le Secrétaire général et son Envoyé personnel pour qu’une solution soit trouvée à la question du Sahara occidental dans ce contexte et demande que le rythme des réunions soit accéléré et que les contacts soient renforcés;


7.    Demande aux parties de poursuivre les négociations sous les auspices du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts faits depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et prend note du rôle et des responsabilités des parties à cet égard;


8.    Invite les États Membres à prêter le concours voulu à ces négociations;


9.    Prie le Secrétaire général de lui faire régulièrement, et au moins deux fois par an, des exposés sur l’état et l’avancement des négociations tenues sous ses auspices, l’application de la présente résolution, les difficultés auxquelles se heurtent les opérations de la MINURSO et les mesures prises pour les surmonter, déclare son intention de se réunir pour entendre ces exposés et les examiner, et, à cet égard, prie également le Secrétaire général de lui présenter un rapport sur la situation au Sahara occidental bien avant la fin du mandat de la Mission;


10.   Se félicite que les parties et les États voisins se soient engagés à tenir des réunions périodiques avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés afin d’examiner et, autant que faire se peut, renforcer les mesures de confiance;


11.   Engage les États Membres à verser des contributions volontaires pour financer des mesures de confiance qui permettent aux membres séparés d’une même famille de se rendre visite, ainsi que les autres mesures de confiance dont les parties conviendraient;


12.   Prie le Secrétaire général de continuer à prendre les mesures voulues pour faire pleinement respecter par la MINURSO la politique de tolérance zéro instituée par l’Organisation des Nations Unies en ce qui concerne l’exploitation et les violences sexuelles et de le tenir informé, et demande instamment aux pays qui fournissent des contingents de prendre les mesures préventives voulues, notamment de mener avant tout déploiement des activités de sensibilisation à ces questions, et d’adopter d’autres mesures pour faire en sorte que les membres de leur personnel qui seraient mis en cause soient amenés à répondre pleinement de leurs actes;


13.   Décide de rester saisi de la question.


*   ***   *


À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la population et du développement entame son débat général en appelant à la mise en œuvre du Programme d’action du Caire

POP/1001

La Commission de la population et du développement entame son débat général en appelant à la mise en œuvre du Programme d’action du Caire

23/04/2012
Conseil économique et socialPOP/1001
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Discours des représentants des jeunes

Commission de la population et du développement            

Quarante-cinquième session                                 

2e et 3e séances

matin et après-midi


LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT ENTAME SON DÉBAT GÉNÉRAL

EN APPELANT À LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DU CAIRE


« Les mesures adoptées au Caire en 1994 demeurent d’actualité

pour 1,6 milliard d’adolescents et de jeunes », soulignent plusieurs délégations


« Une population qui représente, en 2012, 1,6 milliard d’individus âgés de 12 à 24 ans, c’est la génération de jeunes la plus nombreuse de l’histoire », a fait remarquer le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à l’ouverture de la session annuelle de la Commission de la population et du développement.  « Cette génération a déjà façonné l’histoire, il y a un peu plus d’un an, dans le monde arabe et elle la façonnera encore au cours des années à venir », a-t-il ajouté.


« Ces 1,6 milliard de jeunes sont pleins d’espoirs mais ils ne peuvent pas vivre uniquement d’espoirs », a poursuivi le Secrétaire général.  « Il faudrait, a-t-il souligné, prendre en compte, dans de nombreux domaines, comme l’emploi, les soins de santé et l’éducation, les besoins des jeunes et prendre les mesures qui s’imposent pour y faire face. »


Près de 90% des jeunes de la planète vivent dans des pays en développement, où ils constituent généralement une large part de la population, mais cela ne signifie pas forcément qu’ils ont accès à une éducation de qualité, à des opportunités professionnelles et qu’ils participent aux processus de prise de décisions, a fait remarquer la Présidente par intérim de l’Assemblée générale, Mme Marjon Kamara.


Par ailleurs, beaucoup de jeunes gens et de jeunes filles ne peuvent toujours pas avoir accès à des structures de planning familial, à des services de santé reproductive ou à des programmes d’éducation sexuelle, indique le rapport du Secrétaire général sur les adolescents et les jeunes, dont est saisie la Commission de la population et du développement.  Dans ces circonstances, le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, qui s’est tenue en septembre 1994 au Caire, reste d’actualité, 18 ans après son adoption, a estimé le Président de la Commission, M. Hasan Kleib (Indonésie), qui a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour assurer sa pleine mise en œuvre.


Ce constat a été partagé, aujourd’hui, par de nombreuses délégations intervenues au cours de ce premier jour de débat général.  


Depuis 1994, de nombreux pays ont en effet réalisé des progrès considérables dans la formulation de politiques pour les jeunes et de nombreux efforts ont aussi été réalisés en vue de l’accomplissement des engagements pris au Caire.  Mais beaucoup reste encore à faire, rappelle le rapport du Secrétaire général sur le suivi des programmes de population, centré sur les adolescents et les jeunes.  Trop souvent, en effet, de nombreuses composantes des politiques qui visent les jeunes ne sont pas assorties d’un budget spécifique ou n’ont pas pour résultat l’intégration systématique des enjeux qui les intéressent dans les programmes nationaux.


Pour permettre aux jeunes de prendre leur avenir en main, les gouvernements doivent donc allouer des budgets spécifiques aux questions qui les concernent et faire en sorte que les jeunes disposent d’un espace « où ils ne jouent pas uniquement un rôle consultatif », ont plaidé deux représentants de la jeunesse, Mlle Souadou Ndoye, du Sénégal, et M. Angga Dwi Martha, de l’Indonésie, invités à s’exprimer devant la Commission. 


La première a souligné les problèmes de santé auxquels sont confrontés les adolescents et les jeunes au Sénégal, notamment les maladies sexuellement transmissibles, le VIH/sida, les grossesses précoces ou non désirées, les avortements à risques, les maternités précoces et l’excision.  Le second a expliqué aux délégations le sentiment de honte que rencontrent de nombreux adolescents de son village pendant la puberté car certaines questions posées sont considérées comme taboues par les adultes.


Rappelant que la prévention des mariages précoces et des grossesses chez les adolescentes est au cœur du Programme d’action, M. Bela Hovy, du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a regretté les fortes disparités qui existent encore entre les régions dans ce domaine.  Il a cité l’exemple de l’Afrique où 24% des 15 à 19 ans sont mariées, contre 4% dans les pays développés.


Au cours du débat général, plusieurs délégations ont réaffirmé leur soutien aux engagements pris au Caire, en 1994, mettant tantôt l’accent sur l’éducation, l’emploi,  tantôt sur l’accès à des systèmes de soins appropriés et de programmes de planning familial ou d’éducation sexuelle.  La mise en œuvre de programmes et de politiques doit toutefois reconnaître et respecter pleinement les spécificités religieuses, éthiques et sociales des États, a souligné le représentant des Émirats arabes unis, qui s’exprimait au nom du Groupe des États arabes.  Il a rejeté toute tentative visant à imposer des notions ou des idées qui s’opposent aux systèmes de valeurs des États et qui seraient « hors du cadre internationalement reconnu des droits de l’homme ».


Ce matin, la Commission de la population et du développement a complété son bureau en élisant M. Awinador-Kanyirige, au nom du Groupe d’Amérique latine et des Caraïbes, au poste de vice-président, et Mme Martina Težak Budišić, de la Croatie, au poste de rapporteur.  La Commission a également adopté son ordre du jour ainsi que les autres questions d’organisation de ses travaux, tel que modifié oralement par son Président, M. Hasan Kleib.


Elle a encore pris note du rapport du Bureau de la Commission de la population et du développement sur les travaux des réunions intersessions.


La Commission de la population et du développement, dont la session annuelle se poursuivra jusqu’au 27 avril, reprendra ses travaux en séance publique, demain mardi, 24 avril à partir de 10 heures.


SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT (E/CN.9/2012/4, E/CN.9/2012/5 ET E/CN.9/2012/6)


Rapport du Secrétaire général sur les adolescents et les jeunes (E/CN.9/2012/4)


Dans ce rapport illustré de nombreux tableaux, le Secrétaire général présente une vue d’ensemble de la démographie des adolescents et des jeunes, ainsi que les grandes tendances de l’évolution de cette population dans différents domaines comme le mariage, la procréation, la santé et la survie ou les migrations internationales.


Dans ces différents domaines, le Secrétaire général recommande une série de mesures pour s’assurer que les jeunes ont bien accès aux services et aux conseils dont ils ont besoin pour franchir dans de bonnes conditions les grandes étapes de la vie et pour leur permettre d’occuper pleinement leur place dans la société.


En 2012, on compte 1,6 milliard de 12-24 ans, dont 721 millions d’adolescents âgés de 12 à 17 ans et 850 millions de jeunes de 18 à 24 ans.  Au niveau mondial, le nombre des adolescents et des jeunes n’a jamais été aussi élevé mais il pourrait cesser d’augmenter dans les décennies à venir si la fécondité mondiale continue de baisser.


S’agissant du mariage, dans les pays où une grande partie des filles se marient avant l’âge de 18 ans, le Secrétaire général recommande aux gouvernements d’élaborer et de mettre en œuvre, dans le respect des valeurs culturelles locales, des mesures ayant pour objectif de retarder celui-ci.  Les gouvernements devraient également examiner leur législation sur le mariage pour reconnaître aux hommes et aux femmes le même droit de choisir librement leur conjoint, ajoute-t-il.


L’activité sexuelle des jeunes étant une réalité, le Secrétaire général estime également qu’il est urgent de donner aux jeunes les moyens nécessaires pour prendre des décisions responsables concernant leur vie sexuelle et, aussi, de prendre des mesures pour lutter contre les violences dans la vie de couple et toutes formes de violences sexuelles.


Il souligne qu’il est nécessaire de déployer des efforts particuliers pour fournir des services de planification familiale aux jeunes des deux sexes, qu’ils soient mariés ou célibataires.  Les services de santé sexuelle et procréative devraient faire partie intégrante des soins essentiels qui sont offerts à tous les adolescents et les jeunes.


Enfin, toujours en matière de santé, une combinaison de mesures est nécessaire pour prévenir et traiter le VIH/sida chez les jeunes, qui demeure une importante cause de mortalité des 10-24 ans en Afrique.


Rappelant que les traumatismes intentionnels comme les homicides dus aux guerres, par exemple, et les traumatismes non intentionnels, tels que les accidents, sont l’une des principales causes de mortalité des jeunes à travers le monde, le Secrétaire général encourage aussi les États Membres à prendre des mesures pour réduire ceux-ci.


Ces mesures comprennent notamment des investissements dans l’infrastructure routière, l’obligation d’utiliser la ceinture de sécurité en voiture et le casque en moto, et l’application effective de l’interdiction de conduire après avoir consommé de l’alcool ou des drogues.


S’agissant des traumatismes intentionnels, le Secrétaire général rappelle que les armes à feu sont responsables de la grande majorité des décès provoqués par des violences et il appelle au renforcement de la réglementation des armes à feu pour réduire la mortalité chez les jeunes.


Rapport du Secrétaire général sur le suivi des programmes de population, centré sur les adolescents et les jeunes ( E/CN.9/2012/5)


Dans ce rapport, le Secrétaire général passe en revue les différentes mesures prises par les gouvernements, les organisations non gouvernementales et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et ses partenaires en faveur des adolescents et des jeunes.


Il constate que des progrès considérables ont été réalisés dans la formulation de politiques pour les jeunes, notamment grâce aux directives du Programme mondial d’action pour la jeunesse, et que les pays progressent vers l’accomplissement des engagements qu’ils ont pris dans le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement et les principales mesures pour la poursuite de son application.


Toutefois, regrette le Secrétaire général, de nombreuses composantes des politiques ne sont pas assorties d’un budget spécifique ou n’ont pas pour résultat l’intégration systématique des enjeux intéressant les jeunes dans les programmes nationaux.  Dans ces circonstances, il est nécessaire d’agir sans tarder pour protéger, promouvoir et honorer les droits fondamentaux des jeunes, en particulier le droit à la santé sexuelle et procréative, ajoute-t-il.


À ce titre, la santé sexuelle et procréative des jeunes devrait figurer parmi les priorités en matière de développement, être considérée comme un droit humain et donner lieu à l’établissement de budgets appropriés. 


En outre, les gouvernements devraient aussi garantir la participation des jeunes, en particulier des plus marginalisés, à l’élaboration et à l’exécution de politiques qui défendent leurs droits fondamentaux, conclut le rapport du Secrétaire général.


Rapport du Secrétaire général sur le flux de ressources financières devant concourir à l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (E/CN.9/2012/6)


Le Secrétaire général, ici, passe en revue l’aide fournie, en 2010, aux activités menées en vue de la réalisation des objectifs de la Conférence internationale sur la population et le développement, dite Conférence du Caire de 1994.


Il s’agit des montants alloués par les donateurs, d’une part, et, d’autre part, des montants alloués par les pays en développement.  Le Secrétaire général fournit également des estimations de ces mêmes montants pour 2011, ainsi que les projections pour 2012.


L’aide des donateurs, en augmentation régulière ces dernières années, donne des signes de ralentissement: de 10,6 milliards de dollars en 2009, elle ne s’est que légèrement appréciée en 2010, à 10,7 milliards de dollars.  Il est prévu qu’elle augmente quelque peu en 2011 (11,4 milliards de dollars), puis en 2012 (11,9 milliards de dollars).


Les ressources mobilisées par l’ensemble des pays en développement se seraient établies à 33,7 milliards de dollars en 2010.  Elles devraient suivre la même tendance que l’aide en provenance des donateurs, et ne progresser que légèrement pour atteindre 35 milliards de dollars en 2011, puis 38 milliards en 2012.


Compte tenu des défis et besoins actuels, et face à une population mondiale qui a franchi le seuil des sept milliards d’individus, tous les gouvernements, ceux des pays donateurs et ceux des pays en développement, sont encouragés à s’engager de nouveau à réaliser les objectifs de la Conférence et à mobiliser les ressources nécessaires à cette fin.


Déclarations liminaires


Ouvrant cette quarante-cinquième session, le Président de la Commission de la population et du développement, M. HASAN KLEIB (Indonésie), a estimé que la communauté internationale devrait redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs fixés dans le Programme d’action, adopté en 1994 par la Conférence internationale sur la population et le développement, dite Conférence du Caire.   « Nous avons une tâche importante à accomplir et nous devons combler les lacunes dans la mise en œuvre de ce Programme d’action », a-t-il ajouté.  Il s’est dit convaincu qu’il pourrait compter sur les délégations pour assumer cette tâche. 


Dans sa déclaration liminaire, le Secrétaire général, M. BAN KI-MOON, a d’abord salué le nombre élevé de représentants de jeunes présents à l’ouverture de cette quarante-cinquième session, ainsi que le nombre de représentants des organisations non gouvernementales (ONG) qui, a-t-il dit, atteint cette année plus de 500.  Le vrai message est « l’énergie qui se trouve dans cette salle », a-t-il estimé, car cette génération de jeunes est la plus nombreuse de l’histoire et façonne l’histoire, comme nous l’avons vu dans le monde arabe, il y a plus d’un an, et tel que nous le constatons partout ailleurs dans le monde.  « Les jeunes sont plus qu’une force démographique, ils représentent une force de progrès », a souligné le Secrétaire général, en rappelant que la jeunesse est au cœur de son programme des années à venir.  C’est pourquoi, il a l’intention de nommer un représentant spécial pour la jeunesse, a-t-il ajouté. 


« Les jeunes sont connectés les uns aux autres, ils s’intéressent au monde extérieur, ils veulent protéger l’environnement et ils comprennent qu’il s’agit d’un gaspillage de dépenser de l’argent à l’achat d’armes qui tuent », a-t-il dit.  Il s’est félicité de leur désir de contribuer aux travaux de l’ONU, et il a réaffirmé qu’il voulait aider les jeunes à contribuer à ces questions.  « Les jeunes sont plein d’espoir mais ils ne peuvent pas vivre d’espoir », a poursuivi le Secrétaire général.  Il a fait remarquer qu’ils avaient besoin de soins de santé.  Comme de nombreux jeunes sont actifs sexuellement, ils doivent bénéficier de conseils et de soins appropriés, notamment de soins reproductifs.  Il a rappelé que, l’an dernier, 75 millions de jeunes avaient connu le chômage et que 900 millions avaient vécu avec moins de deux dollars par jour.  Avant de conclure, il a appelé à ce que leurs besoins soient pris en compte.


Mme MARJON KAMARA, Présidente par intérim de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, s’est félicitée du fait que la quarante-cinquième session de la Commission de la population et du développement concentre ses travaux sur les expériences nationales des États Membres, face aux problèmes rencontrés par les jeunes et les adolescents constituant leurs populations.


Après avoir rappelé que le monde comptait 933 millions de jeunes entre 15 et 24 ans en 1985, contre près de 1,2 milliard aujourd’hui, elle a souligné que 5 jeunes sur 6 vivaient aujourd’hui dans un pays en développement.  Insistant ensuite sur le rôle de cette nouvelle génération pour l’avenir de la planète, elle a affirmé qu’en dépit des progrès réalisés ces dernières décennies, les défis à relever pour la jeunesse étaient « énormes » et nécessitaient « des efforts et une attention globale ».


Elle a notamment rappelé que trop de jeunes des pays en développement n’avaient pas un accès adéquat à une éducation de qualité, ainsi qu’à des opportunités professionnelles et une participation aux processus de prise de décisions décentes.  Elle a déploré également leur manque d’information et d’accès aux structures de planning familial et aux services de santé reproductive, compromettant ainsi la capacité des jeunes à développer leur plein potentiel.


Pour conclure, elle a appelé les participants à la quarante-cinquième session à « se pencher de manière pragmatique et efficace sur les défis qui se présentent et limitent les capacités et les opportunités de la jeunesse d’aujourd’hui ».  « Les jeunes d’aujourd’hui ont besoin de notre soutien pour développer leur capacité de vrai citoyen mondiale », a-t-elle ajouté.


M. JOMO KWAME SUNDARAM, Sous-secrétaire général au développement économique au Département des affaires économiques et sociales (DAES), s’exprimant au nom du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. SHA ZUKANG, a mis l’accent sur la forte croissance démographique des jeunes, qui connaîtra des évolutions distinctes selon les régions au cours des années à venir.  Cette évolution risque d’entraver la capacité des pays à mettre un terme à la pauvreté, à la faim ou à réaliser l’éducation pour tous, a-t-il dit, rappelant que le Programme d’action de la Conférence du Caire restait d’actualité aujourd’hui comme il y a 18 ans. 


Il a ensuite invité la communauté internationale à ne pas rater l’occasion offerte par la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20, en juin prochain, qui permettra d’intégrer pleinement les questions démographiques dans son document final, a-t-il dit.  Il est revenu sur la démographie de la jeunesse, rappelant que les projections du nombre de jeunes de 12 à 24 ans envisageaient une diminution de 10% d’ici à 2040 dans les régions d’Asie, du Pacifique, d’Amérique latine et des Caraïbes.  Toutefois, cette population augmentera de 60% au cours des trois prochaines décennies en Afrique, a-t-il fait remarquer, ajoutant que cela aurait un impact non négligeable sur différents facteurs sociaux et économiques. 


M. Sundaram a ensuite expliqué que cette nouvelle génération de jeunes était une ressource unique qui pouvait changer le monde et que cette session de la Commission de la population et du développement était aussi une occasion unique d’évaluer la mise en œuvre des buts et des objectifs de la Conférence du Caire de 1994, et de toutes les mesures prises alors en faveur des adolescents et de la jeunesse.


Il a aussi souligné qu’un grand nombre de femmes voudraient limiter ou espacer les naissances mais qu’elles ne pouvaient pas le faire, et que de nombreux jeunes ne pouvaient pas obtenir l’éducation qu’ils souhaitaient.  Dans ce contexte, les gouvernements devraient promouvoir de bonnes conditions de travail pour les jeunes, ainsi que des programmes de planning familial et de soins de santé en matière de santé reproductive et sexuelle.


M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a salué le travail sur le terrain du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.  Il est ensuite revenu sur l’attention nouvelle portée à la jeunesse arabe et sur les efforts déployés par le FNUAP depuis de nombreuses années, via son réseau « Y-Peer » qui lie entre eux des jeunes des organisations et institutions gouvernementales comprenant des jeunes travaillant dans les différents domaines qui touchent à la santé sexuelle et reproductive des adolescents.


M. Osotimehin a insisté également sur l’usage des nouvelles technologies et des médias sociaux pour sensibiliser la jeunesse dans le monde, ainsi que sur l’importance de la prévention « qui fait la différence entre la vie et la mort » pour beaucoup de jeunes.  « Avec de l’information, les jeunes peuvent prendre leur avenir en main », a-t-il poursuivi, avant de s’inquiéter du sort des quelque 300 millions de jeunes dans le monde qui vivent dans la pauvreté.  Il a tout particulièrement soulevé le problème des adolescentes qui vivent dans ces conditions, rappelant les risques des maternités précoces, les violences sexuelles et les mauvais traitements auxquels elles sont exposées.


Pour conclure, le Directeur exécutif a affirmé que le FNUAP développait à l’heure actuelle une nouvelle stratégie destinée à renforcer encore l’attention portée à la jeunesse mondiale, parallèlement aux activités qu’il continue à mener, à l’instar du soutien aux programmes éducatifs insistant sur l’éducation sexuelle, l’égalité de genre, les droits de l’homme et la résolution des conflits, ou des initiatives de prévention et d’information sur la santé maternelle.


M. BELA HOVY, du Département des affaires économiques et sociales, a présenté les grandes lignes du rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur les adolescents et les jeunes (E/CN.9/2012/4).  Après avoir mis en avant les progrès réalisés depuis la création du Programme d’action de la Conférence internationale sur le développement, il a souligné le « fossé considérable » qui existait encore dans sa mise en œuvre.


Il a rappelé que pour les adolescentes des pays en développement, les grossesses précoces et les maternités restaient souvent associées à des risques élevés de mortalité.  Affirmant que la prévention des mariages précoces et des grossesses chez les adolescentes étaient au cœur du Programme d’action, il a regretté les disparités qui régnaient toujours entre les régions.  Il a ainsi cité l’exemple de l’Afrique où 24% des 15 à 19 ans sont mariées, contre 4% dans les pays développés.


Constatant les mêmes écarts dans le domaine des maternités, il a estimé que l’une des manières cruciales de réduire les grossesses des adolescentes résidait dans la promotion et la protection de leurs droits à disposer d’une éducation sur la santé reproductive, à l’information et à des accès aux soins via le planning familial. 


Rappelant également que la tendance mondiale montrait un taux de mortalité plus élevé chez les adolescents que chez les adolescentes, il a souligné que l’Afrique, à cause du VIH/sida, et l’Asie du Sud, à cause des mariages et des grossesses précoces, connaissaient la tendance opposée.  Dans ce contexte, il a mis en avant les propositions faites dans le rapport du Secrétaire général pour réduire la mortalité chez les adolescents.


Pour conclure, il a affirmé que ce rapport se penchait aussi sur les questions liées aux jeunes migrants internationaux, qui étaient près de 35 millions en 2010 sur 214 millions de migrants recensés dans le monde (16%), avant d’appeler la Commission à se pencher sur ces disparités géographiques pour mettre plus efficacement en œuvre le Programme d’action de la Conférence internationale sur le développement.


M. WERNER HAUG, Directeur de la Division technique du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), présentant le rapport du Secrétaire général sur le suivi des programmes de population, centré sur les adolescents et les jeunes (E/CN.9/2012/5), a souligné que ce document fournissait un large éventail d’actions entreprises par les gouvernements, les ONG, le FNUAP et ses partenaires en vue de créer un environnement favorisant le passage de l’adolescence à l’âge adulte.  Il a fait remarquer que près de 90% des 1,8 milliard de jeunes âgés de 10 à 24 ans vivaient dans les pays en développement, où ils représentent une grande partie de la population.  De nombreux jeunes, qui vivent dans des pays en développement, continuent d’être exposés à la pauvreté et beaucoup d’entre eux n’ont pas accès à une éducation de qualité, aux services de santé, à un travail décent ou ne peuvent participer activement à la société, a-t-il fait remarquer.


Le rapport démontre aussi qu’il subsiste de nombreux obstacles à la mise en place de services offrant aux jeunes un accès à des soins et des conseils dans le domaine de la sexualité ou de la santé reproductive, a indiqué M. Haug.  Par ailleurs, de trop nombreuses adolescentes et jeunes femmes font encore l’objet de discrimination liées à leur âge et leur sexe en matière d’accès à ces soins, ce qui en fait, par conséquent, un groupe à risque.  C’est pourquoi, a souligné M. Haug, le rapport recommande d’adopter des programmes pour promouvoir l’éducation des jeunes sur la sexualité, qu’ils soient scolarisés ou non, sur la base des normes internationales reconnues en la matière.  Les gouvernements doivent aussi garantir la participation des jeunes, en particulier les plus marginalisés d’entre eux, à l’élaboration et à l’exécution de politiques qui défendent leurs droits et qui sont destinées à lutter contre la faim et la pauvreté, afin d’assurer que leurs besoins et leurs priorités soient pris en compte, a-t-il insisté avant de conclure.


M. JOSE MIGUEL GUZMAN, de la branche de la population et du développement au Fonds des Nations Unies pour la population, a, quant à lui, détaillé le rapport du Secrétaire général sur le flux de ressources financières devant concourir à l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (E/CN.9/2012/6).  Il a noté qu’après avoir dépassé 10 milliards de dollars en 2008, l’aide accordée par les donateurs aux activités intéressant la population ne s’était que légèrement appréciée en 2009 et 2010. 


En 2009, le montant de l’aide a été de 10,6 milliards de dollars.  Pour 2010, ce montant a été provisoirement chiffré à 10,7 milliards de dollars.  Il devrait augmenter en 2011 et 2012 mais, toutefois, du fait qu’un certain nombre de donateurs sont toujours aux prises avec la crise financière mondiale, il est probable que les montants définitifs seront inférieurs aux estimations, a-t-il souligné.


Il a en outre rappelé que, d’après le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, la plupart des fonds nécessaires pour atteindre les objectifs en matière de population et de développement devraient provenir des pays en développement eux-mêmes.  « Il y était estimé que les deux tiers des ressources nécessaires au financement des activités voulues proviendraient de ces pays », a-t-il souligné.  « Or, combien dépensons-nous aujourd’hui pour les jeunes et les adolescents », a-t-il interrogé. 


M. Guzman a regretté le fait que la plupart des pays n’étaient pas en mesure de répondre à cette question et de fournir des informations précises à ce sujet.  Il a donc appelé à la production de données sur cette question.  Il a ensuite conclu en mettant l’accent sur différentes initiatives destinées à mettre en œuvre les objectifs du Programme d’action du Caire et a invité la communauté internationale à saisir le moment pour mobiliser les ressources et progresser vers leur réalisation.


Débat général


M. SUGIRI SYAREF (Indonésie) a insisté sur la nécessité pour la Commission d’agir « avec courage » pour éliminer les fardeaux sociaux qui pèsent sur les épaules de la jeunesse et lui donner toute la liberté dont elle a besoin pour devenir un agent positif de changement.  Après avoir souligné le succès des politiques familiales mises en place dans son pays, il a rappelé l’importance cruciale d’investir dans la jeunesse, estimant que la priorité donnée à leur santé sexuelle et reproductive ne devait pas dépendre exclusivement de facteurs démographiques.  Il a ainsi défendu des investissements dans des domaines plus larges liés à leur bien-être, considérant que les pays se dotaient ainsi de fondations solides pour leur développement futur.


« Véritable capital humain, les jeunes serviront leur société en étant travailleurs productifs, chefs de ménage et des dirigeants compétents de leurs communautés », a-t-il déclaré, avant de passer en revue les conséquences d’une non-prise en charge de ces investissements: accroissement de l’échec scolaire, abondance de la main-d’œuvre non qualifiée, comportements à risque.  Pour conclure, il a estimé que la mise en œuvre des programmes pour la jeunesse dépendait d’une série de facteurs: adaptation réelle des politiques aux caractéristiques des groupes auxquelles elles s’adressent, implications directes des adolescents et des jeunes dans les programmes mis en place au niveau des gouvernements, et données statistiques permettant d’en évaluer les résultats.


M. MORTEN WETLAND (Norvège) a mis l’accent sur la nécessité pour les jeunes de disposer de services de santé sexuelle et reproductive car ces services leur permettent de gérer leur identité, leur sexualité et de prendre des décisions qui sont fondamentales dans leur vie, a-t-il dit.  De fait, a-t-il poursuivi, les jeunes gens et les jeunes filles qui bénéficient d’une éducation sexuelle sont aussi plus enclins à avoir des relations sexuelles à un âge plus mûr et à se protéger contre les abus, les grossesses non désirées ou les infections sexuellement transmissibles, a-t-il ajouté.  Le représentant a fait remarquer qu’une éducation sexuelle n’encourageait pas « l’expérimentation sexuelle », ni à adopter des styles de vie non hétérosexuels comme l’affirment trop souvent, de manière erronée, certains, a-t-il dit. 


M. Wetland a également mis l’accent sur les adolescentes et les jeunes filles pour qui une grossesse précoce peut représenter un danger, les empêcher de gagner leur vie, d’avoir accès à une éducation, ou encore de participer activement à la société.  Il a fait observer que dans les pays où l’avortement est illégal, le nombre de femmes qui décèdent d’un avortement avait tendance à augmenter.  La question est maintenant de savoir qui doit décider dans ce domaine, a-t-il dit.  Les femmes ou des règles culturelles et religieuses ancestrales? s’est-il interrogé, avant de conclure.


M. JARMO VIINANEN, (Finlande) s’est félicité de la nomination de l’ancienne Présidente finlandaise, Mme Tarja Halonen, à la coprésidence de l’Équipe spéciale chargée du suivi de la Conférence internationale sur la population et le développement.  Insistant sur l’importance centrale de la santé reproductive et sexuelle des jeunes, il a rappelé qu’elle était la pierre angulaire de l’autonomisation des femmes et des jeunes filles, l’un des objectifs fondamentaux pour parvenir à l’éradication de la pauvreté.


« Les grossesses non désirées, les avortements risqués les maladies sexuellement transmissibles, dont le VIH/sida, sont une menace sérieuse à la santé des futures générations », a-t-il poursuivi, estimant que les jeunes devaient « disposer de connaissances suffisantes et adéquates pour être en mesure de prendre des décisions responsables ».  Dans ce contexte, il a défendu les investissements dans l’éducation et l’emploi, afin de réduire la pauvreté et de renforcer le développement économique et social.  Pour conclure, il a rappelé que les objectifs fixés ne pourraient être atteints sans les ressources adaptées, appelant les États Membres à mobiliser des ressources nationales pour faire avancer la santé sexuelle et reproductive et les droits qui vont avec.


M. HU HONGATO (Chine) a estimé que l’amélioration de la santé sexuelle et reproductive des jeunes et des adolescents, ainsi que la promotion de son intégration dans le développement social et économique, étaient d’une importance « critique » pour la réalisation des objectifs fixés par la Conférence internationale sur la population et le développement en 1994.  Il a ensuite énuméré une série de recommandations à l’attention de la Commission, au nombre desquelles figure l’incorporation de la santé sexuelle et reproductive des adolescents dans des stratégies nationales, avec des ressources financières adaptées, notamment pour les structures de planning familial ou bien les mécanismes de coopération entre institutions nationales ou avec des organisations non gouvernementales. 


Le représentant a également préconisé d’accroître les ressources consacrées à la santé reproductive et au planning familial.  À cet égard, il a souligné qu’il était « impératif » d’augmenter la part des fonds qui y sont consacrés dans l’aide publique au développement.  Il a également insisté sur la nécessité d’optimiser les ressources disponibles sur l’information et les services à disposition des jeunes, en particulier ceux des groupes vulnérables, tels que les jeunes dans les régions rurales, les handicapés, les sans abris ou les personnes atteintes du VIH/sida.  Il a enfin estimé que les parents devraient jouer un rôle accru pour assister les adolescents, de même que les écoles et les communautés locales pour promouvoir la santé sexuelle et reproductive en faveur des nouvelles générations.


Discours des représentants des jeunes, suivi d’un d ialogue interactif


SOUADOU NDOYE, jeune fille sénégalaise, intervenant au nom des jeunes, a décrit son expérience et les différents programmes auxquels elle a participé ou dont elle a pu bénéficier lors de son adolescence, ainsi que les actions qu’elle mène aujourd’hui à Dakar et dans son pays pour renforcer la santé reproductive et sexuelle de la jeunesse sénégalaise.  Elle a rappelé les problèmes de santé auxquels étaient confrontés les adolescents et les jeunes, notamment les maladies sexuellement transmissibles, le VIH/sida, les grossesses précoces ou non désirées, les avortements à risques, les maternités précoces, l’excision et autres pratiques néfastes.  Elle a insisté sur le besoin urgent consistant à renforcer l’accès à l’information, à la prévention, à des programmes d’éducation sexuelle qui permettent d’aller au-delà des tabous.  Elle a également souligné le problème des adolescents vivant dans les rues, dont le nombre est estimé à 200 000 au Sénégal, et qui n’ont aucun accès aux services de base de santé reproductive et maternelle.


Elle a ensuite formulé une série de recommandations destinées à guider les actions de la Commission: prendre en compte le problème de l’emploi des jeunes non comme un phénomène politique mais comme un « désastre à traiter réellement », augmenter les budgets alloués aux programmes destinés au développement du capital humain des jeunes, appuyer l’éducation sexuelle dans les écoles formelles et informelles, renforcer le dialogue ou la communication entre parents et enfants, permettre aux jeunes de prendre part aux prises de décisions, attention portée aux jeunes des rues, offrir un accès pour tous les jeunes aux services de santé sexuelles et reproductive.


M. ANGGA DWI MARTHA, représentant des jeunes et étudiants de l’Indonésie, a expliqué qu’il était l’un des rares jeunes de son village à avoir bénéficié d’une éducation.  Il s’est souvenu combien il était « perdu », a-t-il dit, à l’entrée dans l’adolescence et dans son vécu de la puberté.  « Il était considéré comme honteux et tabou de poser des questions sur la puberté ou la sexualité », a-t-il souligné.  Il a raconté qu’il avait fini par louer un livre à la bibliothèque locale et qu’ils étaient plusieurs jeunes gens à le lire en cachette.  Il a aussi expliqué que l’une de ses camarades de classe était tombée enceinte très jeune et qu’un autre avait été infecté du VIH/sida.  « C’était terrible de constater qu’ils avaient moins d’avenir devant eux que nous », a-t-il dit. 


Il a noté qu’on entendait souvent parler de la prise de participation des jeunes mais que la définition de cette participation active différait souvent de celle qu’envisagent les jeunes.  Il s’agit d’obtenir une voix, a-t-il souligné, rappelant qu’il est encore plus difficile de faire entendre celle-ci si le jeune appartient à un groupe vulnérable.  « Peu importe nos différences, nous méritons tous que l’on reconnaisse nos droits », a-t-il dit. 


Il a encore rappelé que de nombreux jeunes voulaient vivre dans un monde en paix et exempt de violences.  Que nombre d’entre eux demandaient aussi un accès à des services de santé de qualité, en particulier, à des programmes et services accessibles en matière de sexualité et de contraception.  En outre, il a estimé que les politiques gouvernementales devraient aussi se concentrer sur la prévention des drogues et des abus sexuels.  « Vous êtes les décideurs mais nous sommes l’espoir et l’avenir et nous voulons des changements progressistes qui auront un impact sur la vie de 1,8 milliard de jeunes », a-t-il conclu.


Lançant un échange de vues avec les deux représentants des jeunes, plusieurs délégations, dont celle des États-Unis, de l’Indonésie, de l’Ouganda, des Pays-Bas, des Philippines et de la Norvège, ont souhaité savoir s’ils étaient en mesure de suggérer des idées pour améliorer la participation et la contribution des jeunes aux débats.  Comment optimiser les initiatives et les programmes qui existent déjà et qui incluent la participation des jeunes, tels que les parlements de la jeunesse, par exemple?


Les représentants de l’Ouganda, de l’Indonésie et des Pays-Bas, ont, quant à eux, regretté que des jeunes de leurs pays ou des partenaires avec lesquels ils collaborent sur ces questions de la jeunesse, n’aient pas obtenu l’autorisation de se rendre aux États-Unis à l’occasion de la présente session de la Commission, « alors qu’on y débat précisément de la participation des jeunes », s’est indigné le délégué de l’Ouganda.


« Si vous voulez impliquer les jeunes aux débats ou dans les processus de décisions les concernant, vous devez faire en sorte qu’ils participent directement à votre Organisation », a suggéré Angga Dwi Martha, de l’Indonésie.  Selon lui, de nombreux exemples démontrent que cela fonctionne.  « Pour que les jeunes participent pleinement à vos côtés, ils doivent disposer d’un espace où ils ne jouent pas uniquement un rôle consultatif » a-t-il ajouté. 


Il a encore insisté sur la reconnaissance des droits des jeunes à une éducation, à la santé et à un emploi.  « Si vous voulez travailler avec les jeunes, si vous voulez leur autonomisation, vous devez travailler sur ces trois domaines clefs », a-t-il conclu. 


Partageant ce point de vue, Souadou Ndoye a mis l’accent sur la nécessité pour les gouvernements de mettre en œuvre des politiques destinées à soutenir les jeunes et sur l’urgence de leur allouer un budget spécial qui serait dédié uniquement aux jeunes.  Elle a, pour sa part, également insisté sur l’émancipation des filles et des jeunes femmes qui doivent participer et contribuer aux débats à part égale, a-t-elle souligné.


Exposé suivi d’un dialogue interactif


M. ANDREW MASON, Professeur d’économie à l’Université d’Hawaï, a décrit trois facteurs importants qui influencent les disparités dans les dépenses allouées à la santé et à l’éducation dans les pays pauvres.  Les pays pauvres ont moins de ressources et leurs propres ressources ou l’aide publique au développement sont restreintes.  Les jeunes dans les pays pauvres dépendent davantage de leurs parents et de leur famille plutôt que de leur gouvernement.  Cette situation défavorise les jeunes car ils n’ont pas accès aux ressources nationales ou publiques.  Pour un grand nombre de jeunes qui vivent dans les pays pauvres, peu de ressources peuvent être consacrées à chaque enfant par famille.  Il s’agit là d’une série d’obstacles substantiels mais, avec des efforts constants et du temps, cette situation peut être améliorée, a-t-il estimé.


Rappelant qu’il n’existe aucune définition précise des termes « jeunesse » et « adolescence », M. Mason a précisé que son exposé se concentrerait sur deux groupes d’âge: les 10 à 17 ans et les 18 à 24 ans, et qu’il se baserait sur des données récoltées par 150 chercheurs dans 37 pays.  Ces travaux, a-t-il ajouté, tentent de remédier au manque de données économiques sur la manière dont les enfants, les personnes âgées ou d’autres groupes d’âge ont accès aux ressources économiques et utilisent celles-ci.  Ces travaux ont, entre autres, bénéficié du soutien du Fonds des Nations Unies pour la population, de la Banque mondiale et de nombreuses autres organisations, a-t-il précisé. 


La plupart des données et estimations montrent que l’Afrique est particulièrement concernée par les taux élevés d’une population de moins de 24 ans.  Avec une croissance annuelle de 1,4% par an au cours des 50 prochaines années, le nombre de jeunes et d’adolescents sur ce continent passera de 325 millions en 2010 à 660 millions en 2060, a-t-il dit.  À cette date, un tiers de la population des jeunes et des adolescents vivra donc en Afrique, contre 18% aujourd’hui, a-t-il fait remarquer.  Mais la proportion des jeunes et des adolescents au sein de la population varie fortement d’une région géographique à l’autre, passant de 14% à 37%, a-t-il toutefois précisé. 


Si elle va connaître une tendance à la hausse en Afrique subsaharienne d’ici à 2060, ainsi que dans certains autres pays, cette tendance démographique générale sera toutefois à la baisse ailleurs dans le monde.  Est-il intéressant d’avoir une part importante de jeunes dans sa population? a-t-il demandé.  Certains pays, en Asie notamment, ont réussi à utiliser cette forte proportion de jeunes dans leur « miracle économique » mais ce n’est pas le cas partout.  Malheureusement, a-t-il fait observer, beaucoup de pays dont la population est largement composée de jeunes rencontrent des difficultés à créer des emplois pour ces jeunes et à investir suffisamment dans cette population.


Le professeur Mason a ensuite souligné les vastes disparités qui existent en ce qui concerne les dépenses en capital humain pour les deux tranches d’âge considérées, à savoir les 10 à 17 ans et les 18 à 24 ans.  Aux États-Unis, on dépense environ 140 000 dollars par enfant de 10 à 24 ans, contre 100 000 dollars au Japon et dans certains pays de l’Union européenne.  Ces dépenses par enfant sont considérablement moins élevées dans les pays en développement en Amérique latine et en Afrique.  Aux Philippines, par exemple, elles sont de moins de 5 000 dollars sur une période de 15 ans.  Au Kenya, les dépenses en capital humain destinées aux enfants atteignent 1 200 dollars, soit 115 fois moins qu’aux États-Unis.  L’une des façons de renverser cette situation est de permettre aux enfants et aux plus jeunes d’accéder aux ressources économiques.  Trois manières peuvent être envisagées pour cela, a-t-il estimé.  Il s’agit, par exemple, de se baser sur le relai des familles pour permettre aux jeunes d’accéder aux ressources, sur le secteur public ou, encore, de permettre un accès aux ressources par le biais du travail effectué par les jeunes.


Craignant d’avoir brossé un tableau pessimiste de la situation, M. Mason a toutefois précisé que les pays pauvres pouvaient s’inspirer des différentes difficultés qu’il a énoncées.  La tendance démographique est nette pour les jeunes et les adolescents au cours des années à venir, en particulier en Afrique et en Asie, a-t-il dit.  Des économies dynamiques, des politiques de création d’emploi et des investissements importants dans le capital humain sont nécessaires.  Des pays pauvres ont transformé des économies en difficultés en économies dynamiques, a-t-il fait remarquer.  Par ailleurs, les ressources externes peuvent être augmentées et une part plus importante pourrait être consacrée aux jeunes, a-t-il ajouté avant de conclure.


Dans un échange de vues avec le professeur Mason, le représentant de la Norvège a mis l’accent sur la possibilité d’encourager l’entrée des adolescents et des jeunes sur le marché du travail.  Il a estimé que le fossé qui existe entre la fin des études et l’entrée sur le marché du travail était souvent, dans beaucoup de pays, le problème majeur.  Pour lui, l’enjeu est donc d’offrir plus d’opportunités aux jeunes qui arrivent sur le marché du travail ou de mettre en place des politiques destinées à gérer ce fossé.  Il a pris l’exemple de pays en développement où la durée de la scolarité n’est pas particulièrement longue mais où les jeunes sont confrontés à une absence d’opportunités sur le marché du travail.  Il a conclu en citant les exemples de l’Allemagne et de l’Autriche qui ont impliqué leur secteur privé et adopté des politiques « très efficaces pour la transition éducation-emploi ».  « C’est une piste intéressante qui devrait être considérée », a-t-il estimé.


Interrogé ensuite par le représentant de la Jamaïque sur le rôle que peuvent jouer les migrations pour exploiter le capital humain dans les pays pauvres, le professeur Mason a qualifié cette question de « très difficile ».  La migration des jeunes diplômés qui disposeront de ressources extérieures pour subvenir à leur famille « ne constitue pas une solution », a-t-il répondu.  « Il faut des emplois dans le pays auquel ils appartiennent », a-t-il insisté.  Reconnaissant cependant que certains pays pauvres ne sont pas en mesure d’offrir de telles opportunités professionnelles, il a défendu en dernier ressort « la liberté de mouvement de tous les individus pour subvenir à leurs besoins ».


Prenant à son tour la parole, le représentant du Botswana s’est interrogé sur le lien entre pauvreté des pays et fort taux de fécondité, en soulignant les taux de fécondité bas dans les pays développés.  Reconnaissant le lien étroit entre la fécondité et le développement humain, le professeur Mason a estimé qu’il était « très complexe » et rejeté l’idée selon laquelle la pauvreté serait liée à une forte fécondité ou une baisse de la fécondité à une sortie de la pauvreté.  Il a notamment cité les exemples de la Chine, du Bangladesh ou de l’Afrique du Sud comme « pays pauvres ayant atteint des taux de fécondité bas ».


Concluant ce débat, le représentant de l’Ouganda a estimé que son pays était « pris au piège », entre la volonté d’avoir une population importante pour développer un marché interne actif et celle de faire baisser la fécondité pour améliorer la qualité de vie de sa population.  Pour le professeur Mason, « une population nombreuse n’est pas particulièrement avantageuse » et ne favorise pas nécessairement le développement du pays.  « Il n’y a pas de garantie qu’une baisse de la fécondité entraîne une croissance économique formidable », a-t-il ajouté, en estimant qu’il était plus préoccupant pour un pays « d’avoir trop d’enfants et de ne pas pouvoir leur offrir ce dont ils ont besoin, plutôt que d’avoir une large population avec l’objectif d’un grand marché ».


Mme SIGNE BURGSTALLER (Suède) a rappelé que tous les jeunes et les adolescents ne disposaient pas des mêmes possibilités dans le monde, en insistant sur la responsabilité des gouvernements d’assurer les droits de l’homme de tous: filles, garçons, adolescentes et adolescents.  Elle a ensuite insisté sur le droit à la participation des jeunes aux processus de prise de décisions, sans discriminations, et à un accès à l’éducation pour les enfants et les jeunes adultes.  Dans ce domaine, elle a en particulier souligné l’importance des programmes d’éducation sur la santé sexuelle et reproductive, regrettant que l’accès à ces programmes reste inégal en fonction des pays.  Elle a insisté sur la nécessité d’améliorer l’accès aux services de planning familial, aux moyens de contraception, dont ceux d’urgence et aux avortements médicalisés.


Abordant ensuite le défi de l’égalité entre les sexes, la représentante a estimé qu’il était indispensable d’impliquer également les adolescents et les jeunes hommes, afin d’en faire des partenaires à part entière de cette lutte.  Elle a également souligné que les violences contre les jeunes restaient un problème majeur, en particulier contre les jeunes filles.  Des mesures doivent être prises pour prévenir les relations sexuelles non consenties ainsi que des mariages et des grossesses précoces.  Les droits de l’homme des jeunes doivent être mis en œuvre et respectés, a-t-elle conclu.


M. FRANK SWIACZNY (Allemagne) a rappelé les défis démographiques qui attendaient le continent européen en général et son pays en particulier.  Il a indiqué que dans les 10 ou 20 prochaines années, l’Allemagne connaîtrait trois changements démographiques majeurs: baisse démographique, vieillissement et diversification.  Après avoir également souligné les changements dans la structure familiale traditionnelle liée à ces situations, le représentant a mis l’accent sur les moyens déployés par son gouvernement pour anticiper ces conséquences, par le biais d’une stratégie nationale qui met l’accent sur plusieurs priorités: renforcement de la famille, protection de la santé et promotion de la motivation au travail et renforcement de l’indépendance des personnes âgées.


Pour contrer le vieillissement de la population allemande, le représentant a également insisté sur l’importance fondamentale de l’éducation des nouvelles générations, qui seront appelées dans le futur à occuper des emplois dont dépendront la prospérité et la croissance de son pays.  Après avoir offert de partager l’expérience allemande avec d’autres États Membres, le représentant a conclu en insistant sur la nature globale des défis posés par les changements démographiques et, par conséquent, sur la nature globale des réponses à y apporter.


M. CHRISTOPHE DE BASSOMPIERRE (Belgique) a réaffirmé le soutien de sa délégation au Programme d’action du Caire, avec une attention spéciale aux domaines du développement social, de l’éducation, des droits sexuels et reproductifs, de la planification familiale et l’autonomisation des femmes, a-t-il précisé.  Le représentant a souligné que, depuis quelques années, les efforts entrepris par la Belgique au niveau national s’étaient concentrés sur le développement d’une approche plus intégrée des politiques concernant les jeunes et les adolescents.  C’est ainsi que les Conseils de la jeunesse que comptent les trois communautés en Belgique peuvent maintenant donner, sur demande ou de leur propre initiative, des conseils aux autorités compétentes sur le développement des politiques de jeunesse. 


Rappelant que le nombre de jeunes allait probablement doubler d’ici à 2060 en Afrique, le représentant a estimé que cette région méritait clairement une attention toute spéciale dans la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.  Il a mis l’accent sur l’éducation, domaine prioritaire de la politique nationale pour répondre aux défis de la population et du développement.  À cet égard, le représentant a souligné qu’une part importante de la coopération belge au développement était consacrée, par la construction d’écoles et le financement de programmes d’éducation, à promouvoir l’Objectif du Millénaire 2 qui vise l’éducation primaire universelle d’ici à 2015.  Il a conclu en rappelant la nécessité d’accorder aussi une attention particulière à l’autonomisation des femmes et des jeunes filles et aux problèmes de violences sexuelles.


M. VITALY F. KOLBANOV (Fédération de Russie) a estimé que le Programme d’action du Caire avait jeté des bases solides pour les questions de population dans le monde et pour la réalisation des objectifs de développement agréés internationalement, avant de réaffirmer l’appui sans relâche de sa délégation aux objectifs du Caire.  Il a ensuite déploré le fait que le rapport du Secrétaire général sur les adolescents et les jeunes fasse mention d’un impact négatif de la croissance démographique de cette population des jeunes et des adolescents. 


Le rapport aborde en effet les conséquences négatives de cette augmentation démographique sans tenir compte de l’ensemble des facteurs qui contribuent à l’évolution économique, a souligné M. Kolbanov.  Pour des pays comme la Fédération de Russie, a-t-il fait remarquer, la croissance démographique était l’une des composantes de la croissance économique.  C’est pourquoi, il a regretté que des États comme le sien ne bénéficient pas d’une attention suffisante dans ce rapport.  Il a conclu en demandant que soit pris en compte, au cours de cette quarante-cinquième session de la Commission, tous les intérêts et toutes les priorités des États dans les décisions, et ce, de manière équilibrée et bien réfléchie, a-t-il dit. 


M. JUAN CARLOS ALFONSO FRAGA (Cuba) a axé son intervention sur la présentation du Comité spécial de la population et du développement en Amérique latine, créé en 1996.  Il a expliqué que cet organe se réunissait régulièrement, au moins tous les deux ans, pour assurer le suivi et l’examen des questions sur la population et le développement, en particulier le Programme d’action du Caire et le Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement.  Présidé en 2012 par Cuba, ce Comité a inscrit, à son ordre du jour, les questions de la jeunesse et de la population, qui sont abordées comme des questions de fond, a-t-il souligné.  Le représentant a précisé que la prochaine réunion du Comité aura lieu à Quito, en Équateur, en juin prochain, et qu’elle analysera les progrès enregistrés dans la réalisation des objectifs du Programme du Caire au-delà de 2014.


S’exprimant au nom de l’Union européenne, M. MARTIN BULÁNEK a souligné l’importance cruciale du thème de cette quarante-cinquième session, en estimant qu’il jouait un rôle clef dans la reconnaissance des droits fondamentaux des jeunes et des adolescents et qu’il était « lié à la réalisation de l’égalité entre les sexes, de l’autonomisation des femmes et du développement durable ».  Il a réaffirmé le soutien de l’Union européenne aux instruments internationaux existants et l’importance de la participation effective des jeunes aux processus décisionnels.  Les objectifs prioritaires de l’Union européenne en faveur des jeunes visent, a-t-il assuré, à ce que les jeunes et les adolescents aient une éducation, une formation et la confiance nécessaires pour saisir les opportunités qui se présentent à eux et s’assurer un niveau de vie décent, prévenir les grossesses non désirées, et obtenir de meilleurs résultats dans la santé sexuelle et reproductive des jeunes.


Pour réaliser ces objectifs, a recommandé le représentant, il faudrait assurer aux jeunes une éducation intégrant l’égalité de genre et le respect de leurs droits, éliminer toutes les formes de violences sexuelles, dont celles présentées comme étant liées « à l’honneur », réduire le nombre de mariages précoces et abandonner les mutilations génitales, et assurer l’accès à l’éducation et à des moyens de subsistance à tous.  Le représentant a souligné, par ailleurs, la menace représentée par la pandémie de VIH/sida au développement humain et a rappelé, à cet égard, l’expérience des pays européens.  Il a insisté sur la nécessité de développer une éducation sexuelle adaptée à l’intérieur et hors des écoles, de renforcer l’accès à l’information et aux services de santé, et de permettre l’accès à des moyens de prévention et de contraception tels que les préservatifs masculins et féminins.  L’Union européenne portera une attention particulière à l’égalité entre les sexes et au droit des femmes et des hommes à contrôler leur fécondité et à prendre librement des décisions sur les problèmes liés à leur santé sexuelle et reproductive, a-t-il assuré en conclusion.


S’exprimant au nom du Programme des partenaires du développement (PPD), une organisation intergouvernementale rassemblant 25 pays, qui œuvre à renforcer la coopération Sud-Sud dans la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) est revenu sur les rapports du Secrétaire général de l’ONU présentés à l’ouverture de la session.  Il a indiqué que les membres du PPD soutenaient l’idée selon laquelle les définitions des termes « jeunes » et « adolescents » manquaient d’uniformité, avant d’appuyer les recommandations du Secrétaire général, notamment pour ce qui a trait à l’accès des jeunes à l’information, l’éducation, la formation et les services dont ils ont besoin pour « réussir une transition personnelle cruciale et assurer leur participation effective à la société ». 


Le représentant a également mis en avant le manque de moyens des pays les moins avancés et de certains pays en développement de l’Afrique subsaharienne pour mettre en œuvre le Programme d’action, alors qu’ils sont confrontés à des défis démographiques majeurs.  Dans ce contexte, il a insisté sur les efforts déployés par le PPD pour renforcer la coopération avec ces pays et les aider à mettre en œuvre le Programme d’action - formation, renforcement des capacités, échange d’expériences et d’informations, dialogue politique aux niveaux national, régional et global. 


Après avoir passé en revue les initiatives des membres du PPD pour traiter des problèmes prioritaires affectant directement les jeunes –promotion de l’égalité de genre, lutte contre les violences sexuelles, droits et accès à la santé sexuelle et reproductive-, le représentant a invité la Commission à travailler de manière « pragmatique » au cours de la présente session et de promouvoir la coopération Sud-Sud pour mettre en œuvre le Programme d’action adopté au Caire en 1994.


M. HASSAN YOUSSIF, s’exprimant au nom du Secrétaire général adjoint de la Commission économique africaine, M. ABDOULIE JANNEH, a estimé que pour mettre pleinement en œuvre le Programme d’action en Afrique, il était essentiel d’intégrer les jeunes dans les processus de prise de décisions et de traiter les problèmes liés à la jeunesse et à l’adolescence, notamment les questions de santé et d’éducation sexuelle, les besoins d’opportunités professionnelles et de travail et la réalité des migrations vers l’étranger.  Le représentant a ensuite mis en avant les défis qui doivent être relevés dans la mise en œuvre du Programme d’action en Afrique, en développant des programmes et des politiques adaptés, en renforçant la coopération entre les institutions et les acteurs étatiques, et en mettant à disposition les ressources adaptées pour y parvenir.


La mise en œuvre du Programme d’action, a-t-il fait remarquer, se heurte également à des facteurs d’ordre culturel et à un manque de lois nationales, liés à l’âge minimum du mariage ou à l’âge de la retraite, de données démographiques précises, de recherches scientifiques et de moyens.  C’est pourquoi, il a insisté sur les mesures de prévention et de sensibilisation, l’adaptation des législations et réglementations nationales et la promotion d’un environnement plus favorable à la mise en œuvre du Programme d’action.  


S’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a déclaré que la Décennie 2009-2018 pour le développement et l’autonomisation de la jeunesse offrait l’occasion de promouvoir l’agenda pour le développement de la jeunesse au sein de tous les États Membres de l’Union africaine.  Au cours de cette décennie, la Commission de l’Union africaine et ses États membres s’emploieront à mettre collectivement en œuvre le plan d’action décennal sur le développement de la jeunesse sur le continent avec pour priorités: l’éducation, l’emploi, la garantie d’un accès aux loisirs, la participation aux processus de prise de décisions politiques aux niveaux national, régional et continental, et les questions de santé.


Le Groupe des États d’Afrique, a indiqué M. Benmehidi, reconnaît l’attention spéciale que requièrent les adolescents, en particulier ceux qui sont marginalisés, sans éducation et sans emploi, ou en situation d’urgence.  Il est donc indispensable, a-t-il dit, de faire face aux menaces comme la traite des êtres humains, l’exclusion sociale, les mariages contraints, les grossesses non souhaitées, la mortalité maternelle, la pandémie de VIH/sida.  Dans un contexte où l’Afrique a réalisé des avancées significatives en dépit de ressources limitées, le Groupe des États d’Afrique lance un appel à tous les partenaires de développement pour qu’ils s’engagent dans une coopération renforcée, a indiqué M. Benmehidi.


M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a expliqué que celle-ci avait adopté des programmes communs à l’ensemble de la région destinés à aider les enfants et les jeunes, notamment en ce qui concerne l’accès à l’eau potable, les soins de santé, l’éducation et la création d’emploi.  Il a également noté que les engagements pris en faveur de la santé sexuelle et reproductive étaient un élément déterminant de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement sur le continent africain, en particulier dans les pays de la Communauté.  À cet égard, il a souligné que la stratégie de santé sexuelle et procréative pour la période 2006-2015 avait été élaborée.  Des mesures sont prises, a-t-il précisé, pour la mettre en œuvre. 


En vue d’accélérer la mise en œuvre des engagements en matière de santé, les pays de la SADC ont lancé la campagne visant à la réduction du taux de mortalité maternelle au niveau national, a-t-il ajouté.  Le représentant a toutefois souligné qu’en dépit de ces progrès, les obstacles demeuraient nombreux et que le principal constitue le chômage et le sous-emploi de la jeunesse.  La région continue cependant de se heurter à des obstacles comme la pandémie de VIH/sida, la pauvreté et la faim.  Ces difficultés ont paralysé la mise en œuvre du Programme d’action du Caire, a-t-il expliqué.  À cet égard, il a appelé à une coopération internationale renforcée en faveur des adolescents et des jeunes dans leur ensemble, en particulier par le biais de l’assistance technique, a-t-il souligné.


S’exprimant au nom du Groupe des États arabes, M. ABDULKHALEQ BIN-DHAAER AL-YAFEI (Émirats arabes unis) a réaffirmé l’importance du rôle joué par les adolescents et les jeunes dans la réalisation du développement humain et de la croissance économique.  Il a ensuite souligné la nécessité « de reconnaître et de respecter pleinement » les spécificités religieuses, éthiques et sociales des États, ainsi que leur souveraineté dans la mise en œuvre de programmes et politiques liés à la jeunesse, conformément à leur législation nationale et à leurs priorités.  Il a en particulier rejeté toute tentative visant à imposer des concepts, des idées ou des valeurs et à les lier à des problèmes sociaux qui s’opposent aux systèmes de valeurs des États et sont « hors du cadre internationalement reconnu des droits de l’homme ».  Le représentant a également souligné l’importance de l’éducation, en particulier celle des filles, estimant qu’il existait un besoin d’en améliorer la qualité.  


Soulignant ensuite qu’un tiers de la population arabe était constitué de jeunes, M. Al-Yafei a déploré que ce groupe de la population soit confronté aux défis majeurs du chômage et du manque de productivité.  Estimant qu’il était essentiel de traiter ce problème, il a défendu la mise en place d’une stratégie mondiale de lutte contre le chômage et le sous-emploi des jeunes, avant de passer en revue les efforts déployés par les États arabes.  Il a cité notamment la Déclaration arabe pour l’autonomisation des jeunes adoptée par la Ligue des États arabes, qui est aujourd’hui « la feuille de route et la référence clef pour la préparation des politiques nationales et régionales destinées à renforcer la participation des jeunes aux efforts de développement ».  Le représentant s’est dit par ailleurs préoccupé par la détérioration de la situation et du développement économique et social du peuple palestinien, en particulier les jeunes, qui résulte de la politique et des pratiques illégales d’Israël ».  En conclusion, il a souhaité que les négociations en cours sur le projet de résolution intitulé « Adolescence et jeunesse » aboutissent à un document équilibré qui prenne en compte leurs besoins, ainsi que les obligations des États, tout en respectant les religions et cultures des différents États Membres. 


M. HLANGUSEMPHI DLAMINI, Ministre du plan et du développement du Swaziland, a fait remarquer que son pays comptait 36,7% de jeunes âgés de 10 à 24 ans sur une population globale de 1,02 million d’habitants.  Les défis auxquels fait face cette population sont identiques à ceux d’autres pays, a-t-il souligné, en citant entre autres une sexualité précoce, la pandémie de VIH/sida, les abus sexuels, les abus de drogues, un taux de chômage élevé et des grossesses précoces.  Mais de tous ces défis, a-t-il fait remarquer, c’est certainement le VIH/sida qui demeure l’obstacle le plus important.  Le taux de prévalence est de 26% parmi la population des 15 à 49 ans, dont une large proportion de femmes.  Chez les jeunes filles de 15 à 19 ans, la prévalence du VIH est de 10% et de 39% parmi les jeunes femmes de 20 à 24 ans, a-t-il précisé.  Le Gouvernement du Swaziland a pris une série de mesures qui prévoient à la fois des programmes biomédicaux et socioculturels visant les jeunes et les adolescents.


Le Ministre du Swaziland a également fait remarquer que la tranche d’âge la plus affectée par le chômage était la jeunesse, avec un taux de 60% parmi les moins de 20 ans.  Pour y faire face, le Gouvernement du Swaziland a créé un Fonds de développement pour la jeunesse, chargé de financer les mesures visant à encourager leur capacité d’entreprenariat et l’emploi indépendant.  M. Dlamini a ensuite réaffirmé que son pays entendait respecter les engagements pris en 1994 au Caire.  Ces engagements, a-t-il dit, sont toujours d’actualité.  Il a ensuite fait remarquer que la crise économique et financière, la volatilité des prix des denrées alimentaires, l’insécurité alimentaire et les changements climatiques avaient des implications évidentes sur le développement et la prospérité des jeunes, y compris au Swaziland.  Dans ce contexte, il a appelé au respect des engagements pris au Caire en ce qui concerne l’aide publique au développement.


M. SUGIRI SYARIEF (Indonésie) a rappelé le rôle clef joué par les jeunes dans la construction d’un meilleur futur et la nécessité d’investir dans leur développement, en particulier l’éducation et la santé.  Abordant ensuite les réalisations de son pays dans ce domaine, le représentant a mis en avant le Plan national de développement à moyen et long termes, qui a permis de placer les jeunes et les adolescents au centre du développement national indonésien.  Soulignant « le capital humain vital » représenté par la jeunesse, M. Syarief a rappelé les programmes d’éducation lancés pas son pays depuis plusieurs décennies, en ajoutant que 20% du budget national était alloué à l’éducation depuis 2005.


Citant les programmes de planning familial mis en place par l’Indonésie depuis les années 1970, le représentant a souligné les succès rencontrés: recul de l’âge du mariage à 19 ans et recul de l’âge des grossesses ou maternités non désirées.  Il a précisé qu’une nouvelle loi sur le mariage était aussi en discussion, en mettant également l’accent sur la Stratégie nationale de santé reproductive, lancée dans la foulée du Programme d’action du Caire et complétée en 2000 par un Programme national entièrement consacré à la santé reproductive des adolescents.


M. LEONEL BRIOZZO, Vice-Ministre de la santé publique de l’Uruguay, a fait remarquer que, lorsqu’on parle de la jeunesse, « on ne parle pas de demain mais d’aujourd’hui ».  Il a estimé essentiel que « main dans la main avec les jeunes », les pays se dotent des instruments nécessaires à leur épanouissement.  Il a ensuite cité plusieurs défis auxquels est confronté son pays dans les domaines économiques et sociaux, qui ont entraîné le lancement d’un processus de croissance et de lutte contre les inégalités depuis 2005.  Mais, malgré cette initiative, les inégalités persistent en Amérique latine, la région la plus inégale au monde, a-t-il rappelé. 


Le représentant s’est ensuite félicité de la réduction de la mortalité maternelle en Uruguay, grâce notamment à des méthodes d’avortement sous contrôle médical et un modèle de santé inédit et efficace, a-t-il dit.  M. Briozzo a souligné que les femmes en situation de grossesse non désirée n’étaient pas exclues de ce système.  Par ailleurs, le Gouvernement de l’Uruguay a également investi en faveur des enseignants et a voulu créer un réseau de référence sur l’éducation sexuelle.  Les programmes ont aussi mis l’accent sur l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive, grâce à une loi qui a permis de créer des réseaux de santé spécifique à l’échelle du pays, a-t-il expliqué.  Face aux nombreux défis qui demeurent, il a réaffirmé le soutien de sa délégation aux engagements pris à la Conférence du Caire, en 1994.


Mme ALICE BIKISSA NEMBE, Ministre déléguée auprès du Ministre de la s
anté du Gabon
, a rappelé que le droit à la santé était garanti par la Constitution et la loi.  Elle a ensuite énuméré les défis « considérables » que le Gabon est appelé à relever dans le domaine de la santé des jeunes: problèmes liés à la sexualité précoce et la santé reproductive, problèmes liés au VIH/sida et aux maladies sexuellement transmissibles, problèmes d’alcoolisme et de tabagisme.  Elle a ensuite souligné l’impact de la situation économique et sociale des jeunes et des adolescents sur leur santé. 


Dans ce contexte, la représentante a passé en revue les initiatives menées par son pays, notamment le Plan national de développement sanitaire et les politiques visant à introduire dans les programmes scolaires des modules d’éducation sur la santé sexuelle et procréative.  Elle a également souligné la participation et les engagements du Gabon aux niveaux régional et international, en particulier par l’adhésion aux principales recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD).  Avant de conclure, elle a souhaité que la résolution, qui doit être adoptée en fin de session par la Commission, donne la priorité à l’éducation sur la sexualité et à la santé reproductive, tout en étant respectueuse des droits des jeunes. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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