POP/1001

La Commission de la population et du développement entame son débat général en appelant à la mise en œuvre du Programme d’action du Caire

23/04/2012
Conseil économique et socialPOP/1001
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Discours des représentants des jeunes

Commission de la population et du développement            

Quarante-cinquième session                                 

2e et 3e séances

matin et après-midi


LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT ENTAME SON DÉBAT GÉNÉRAL

EN APPELANT À LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DU CAIRE


« Les mesures adoptées au Caire en 1994 demeurent d’actualité

pour 1,6 milliard d’adolescents et de jeunes », soulignent plusieurs délégations


« Une population qui représente, en 2012, 1,6 milliard d’individus âgés de 12 à 24 ans, c’est la génération de jeunes la plus nombreuse de l’histoire », a fait remarquer le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à l’ouverture de la session annuelle de la Commission de la population et du développement.  « Cette génération a déjà façonné l’histoire, il y a un peu plus d’un an, dans le monde arabe et elle la façonnera encore au cours des années à venir », a-t-il ajouté.


« Ces 1,6 milliard de jeunes sont pleins d’espoirs mais ils ne peuvent pas vivre uniquement d’espoirs », a poursuivi le Secrétaire général.  « Il faudrait, a-t-il souligné, prendre en compte, dans de nombreux domaines, comme l’emploi, les soins de santé et l’éducation, les besoins des jeunes et prendre les mesures qui s’imposent pour y faire face. »


Près de 90% des jeunes de la planète vivent dans des pays en développement, où ils constituent généralement une large part de la population, mais cela ne signifie pas forcément qu’ils ont accès à une éducation de qualité, à des opportunités professionnelles et qu’ils participent aux processus de prise de décisions, a fait remarquer la Présidente par intérim de l’Assemblée générale, Mme Marjon Kamara.


Par ailleurs, beaucoup de jeunes gens et de jeunes filles ne peuvent toujours pas avoir accès à des structures de planning familial, à des services de santé reproductive ou à des programmes d’éducation sexuelle, indique le rapport du Secrétaire général sur les adolescents et les jeunes, dont est saisie la Commission de la population et du développement.  Dans ces circonstances, le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, qui s’est tenue en septembre 1994 au Caire, reste d’actualité, 18 ans après son adoption, a estimé le Président de la Commission, M. Hasan Kleib (Indonésie), qui a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour assurer sa pleine mise en œuvre.


Ce constat a été partagé, aujourd’hui, par de nombreuses délégations intervenues au cours de ce premier jour de débat général.  


Depuis 1994, de nombreux pays ont en effet réalisé des progrès considérables dans la formulation de politiques pour les jeunes et de nombreux efforts ont aussi été réalisés en vue de l’accomplissement des engagements pris au Caire.  Mais beaucoup reste encore à faire, rappelle le rapport du Secrétaire général sur le suivi des programmes de population, centré sur les adolescents et les jeunes.  Trop souvent, en effet, de nombreuses composantes des politiques qui visent les jeunes ne sont pas assorties d’un budget spécifique ou n’ont pas pour résultat l’intégration systématique des enjeux qui les intéressent dans les programmes nationaux.


Pour permettre aux jeunes de prendre leur avenir en main, les gouvernements doivent donc allouer des budgets spécifiques aux questions qui les concernent et faire en sorte que les jeunes disposent d’un espace « où ils ne jouent pas uniquement un rôle consultatif », ont plaidé deux représentants de la jeunesse, Mlle Souadou Ndoye, du Sénégal, et M. Angga Dwi Martha, de l’Indonésie, invités à s’exprimer devant la Commission. 


La première a souligné les problèmes de santé auxquels sont confrontés les adolescents et les jeunes au Sénégal, notamment les maladies sexuellement transmissibles, le VIH/sida, les grossesses précoces ou non désirées, les avortements à risques, les maternités précoces et l’excision.  Le second a expliqué aux délégations le sentiment de honte que rencontrent de nombreux adolescents de son village pendant la puberté car certaines questions posées sont considérées comme taboues par les adultes.


Rappelant que la prévention des mariages précoces et des grossesses chez les adolescentes est au cœur du Programme d’action, M. Bela Hovy, du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a regretté les fortes disparités qui existent encore entre les régions dans ce domaine.  Il a cité l’exemple de l’Afrique où 24% des 15 à 19 ans sont mariées, contre 4% dans les pays développés.


Au cours du débat général, plusieurs délégations ont réaffirmé leur soutien aux engagements pris au Caire, en 1994, mettant tantôt l’accent sur l’éducation, l’emploi,  tantôt sur l’accès à des systèmes de soins appropriés et de programmes de planning familial ou d’éducation sexuelle.  La mise en œuvre de programmes et de politiques doit toutefois reconnaître et respecter pleinement les spécificités religieuses, éthiques et sociales des États, a souligné le représentant des Émirats arabes unis, qui s’exprimait au nom du Groupe des États arabes.  Il a rejeté toute tentative visant à imposer des notions ou des idées qui s’opposent aux systèmes de valeurs des États et qui seraient « hors du cadre internationalement reconnu des droits de l’homme ».


Ce matin, la Commission de la population et du développement a complété son bureau en élisant M. Awinador-Kanyirige, au nom du Groupe d’Amérique latine et des Caraïbes, au poste de vice-président, et Mme Martina Težak Budišić, de la Croatie, au poste de rapporteur.  La Commission a également adopté son ordre du jour ainsi que les autres questions d’organisation de ses travaux, tel que modifié oralement par son Président, M. Hasan Kleib.


Elle a encore pris note du rapport du Bureau de la Commission de la population et du développement sur les travaux des réunions intersessions.


La Commission de la population et du développement, dont la session annuelle se poursuivra jusqu’au 27 avril, reprendra ses travaux en séance publique, demain mardi, 24 avril à partir de 10 heures.


SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT (E/CN.9/2012/4, E/CN.9/2012/5 ET E/CN.9/2012/6)


Rapport du Secrétaire général sur les adolescents et les jeunes (E/CN.9/2012/4)


Dans ce rapport illustré de nombreux tableaux, le Secrétaire général présente une vue d’ensemble de la démographie des adolescents et des jeunes, ainsi que les grandes tendances de l’évolution de cette population dans différents domaines comme le mariage, la procréation, la santé et la survie ou les migrations internationales.


Dans ces différents domaines, le Secrétaire général recommande une série de mesures pour s’assurer que les jeunes ont bien accès aux services et aux conseils dont ils ont besoin pour franchir dans de bonnes conditions les grandes étapes de la vie et pour leur permettre d’occuper pleinement leur place dans la société.


En 2012, on compte 1,6 milliard de 12-24 ans, dont 721 millions d’adolescents âgés de 12 à 17 ans et 850 millions de jeunes de 18 à 24 ans.  Au niveau mondial, le nombre des adolescents et des jeunes n’a jamais été aussi élevé mais il pourrait cesser d’augmenter dans les décennies à venir si la fécondité mondiale continue de baisser.


S’agissant du mariage, dans les pays où une grande partie des filles se marient avant l’âge de 18 ans, le Secrétaire général recommande aux gouvernements d’élaborer et de mettre en œuvre, dans le respect des valeurs culturelles locales, des mesures ayant pour objectif de retarder celui-ci.  Les gouvernements devraient également examiner leur législation sur le mariage pour reconnaître aux hommes et aux femmes le même droit de choisir librement leur conjoint, ajoute-t-il.


L’activité sexuelle des jeunes étant une réalité, le Secrétaire général estime également qu’il est urgent de donner aux jeunes les moyens nécessaires pour prendre des décisions responsables concernant leur vie sexuelle et, aussi, de prendre des mesures pour lutter contre les violences dans la vie de couple et toutes formes de violences sexuelles.


Il souligne qu’il est nécessaire de déployer des efforts particuliers pour fournir des services de planification familiale aux jeunes des deux sexes, qu’ils soient mariés ou célibataires.  Les services de santé sexuelle et procréative devraient faire partie intégrante des soins essentiels qui sont offerts à tous les adolescents et les jeunes.


Enfin, toujours en matière de santé, une combinaison de mesures est nécessaire pour prévenir et traiter le VIH/sida chez les jeunes, qui demeure une importante cause de mortalité des 10-24 ans en Afrique.


Rappelant que les traumatismes intentionnels comme les homicides dus aux guerres, par exemple, et les traumatismes non intentionnels, tels que les accidents, sont l’une des principales causes de mortalité des jeunes à travers le monde, le Secrétaire général encourage aussi les États Membres à prendre des mesures pour réduire ceux-ci.


Ces mesures comprennent notamment des investissements dans l’infrastructure routière, l’obligation d’utiliser la ceinture de sécurité en voiture et le casque en moto, et l’application effective de l’interdiction de conduire après avoir consommé de l’alcool ou des drogues.


S’agissant des traumatismes intentionnels, le Secrétaire général rappelle que les armes à feu sont responsables de la grande majorité des décès provoqués par des violences et il appelle au renforcement de la réglementation des armes à feu pour réduire la mortalité chez les jeunes.


Rapport du Secrétaire général sur le suivi des programmes de population, centré sur les adolescents et les jeunes ( E/CN.9/2012/5)


Dans ce rapport, le Secrétaire général passe en revue les différentes mesures prises par les gouvernements, les organisations non gouvernementales et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et ses partenaires en faveur des adolescents et des jeunes.


Il constate que des progrès considérables ont été réalisés dans la formulation de politiques pour les jeunes, notamment grâce aux directives du Programme mondial d’action pour la jeunesse, et que les pays progressent vers l’accomplissement des engagements qu’ils ont pris dans le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement et les principales mesures pour la poursuite de son application.


Toutefois, regrette le Secrétaire général, de nombreuses composantes des politiques ne sont pas assorties d’un budget spécifique ou n’ont pas pour résultat l’intégration systématique des enjeux intéressant les jeunes dans les programmes nationaux.  Dans ces circonstances, il est nécessaire d’agir sans tarder pour protéger, promouvoir et honorer les droits fondamentaux des jeunes, en particulier le droit à la santé sexuelle et procréative, ajoute-t-il.


À ce titre, la santé sexuelle et procréative des jeunes devrait figurer parmi les priorités en matière de développement, être considérée comme un droit humain et donner lieu à l’établissement de budgets appropriés. 


En outre, les gouvernements devraient aussi garantir la participation des jeunes, en particulier des plus marginalisés, à l’élaboration et à l’exécution de politiques qui défendent leurs droits fondamentaux, conclut le rapport du Secrétaire général.


Rapport du Secrétaire général sur le flux de ressources financières devant concourir à l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (E/CN.9/2012/6)


Le Secrétaire général, ici, passe en revue l’aide fournie, en 2010, aux activités menées en vue de la réalisation des objectifs de la Conférence internationale sur la population et le développement, dite Conférence du Caire de 1994.


Il s’agit des montants alloués par les donateurs, d’une part, et, d’autre part, des montants alloués par les pays en développement.  Le Secrétaire général fournit également des estimations de ces mêmes montants pour 2011, ainsi que les projections pour 2012.


L’aide des donateurs, en augmentation régulière ces dernières années, donne des signes de ralentissement: de 10,6 milliards de dollars en 2009, elle ne s’est que légèrement appréciée en 2010, à 10,7 milliards de dollars.  Il est prévu qu’elle augmente quelque peu en 2011 (11,4 milliards de dollars), puis en 2012 (11,9 milliards de dollars).


Les ressources mobilisées par l’ensemble des pays en développement se seraient établies à 33,7 milliards de dollars en 2010.  Elles devraient suivre la même tendance que l’aide en provenance des donateurs, et ne progresser que légèrement pour atteindre 35 milliards de dollars en 2011, puis 38 milliards en 2012.


Compte tenu des défis et besoins actuels, et face à une population mondiale qui a franchi le seuil des sept milliards d’individus, tous les gouvernements, ceux des pays donateurs et ceux des pays en développement, sont encouragés à s’engager de nouveau à réaliser les objectifs de la Conférence et à mobiliser les ressources nécessaires à cette fin.


Déclarations liminaires


Ouvrant cette quarante-cinquième session, le Président de la Commission de la population et du développement, M. HASAN KLEIB (Indonésie), a estimé que la communauté internationale devrait redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs fixés dans le Programme d’action, adopté en 1994 par la Conférence internationale sur la population et le développement, dite Conférence du Caire.   « Nous avons une tâche importante à accomplir et nous devons combler les lacunes dans la mise en œuvre de ce Programme d’action », a-t-il ajouté.  Il s’est dit convaincu qu’il pourrait compter sur les délégations pour assumer cette tâche. 


Dans sa déclaration liminaire, le Secrétaire général, M. BAN KI-MOON, a d’abord salué le nombre élevé de représentants de jeunes présents à l’ouverture de cette quarante-cinquième session, ainsi que le nombre de représentants des organisations non gouvernementales (ONG) qui, a-t-il dit, atteint cette année plus de 500.  Le vrai message est « l’énergie qui se trouve dans cette salle », a-t-il estimé, car cette génération de jeunes est la plus nombreuse de l’histoire et façonne l’histoire, comme nous l’avons vu dans le monde arabe, il y a plus d’un an, et tel que nous le constatons partout ailleurs dans le monde.  « Les jeunes sont plus qu’une force démographique, ils représentent une force de progrès », a souligné le Secrétaire général, en rappelant que la jeunesse est au cœur de son programme des années à venir.  C’est pourquoi, il a l’intention de nommer un représentant spécial pour la jeunesse, a-t-il ajouté. 


« Les jeunes sont connectés les uns aux autres, ils s’intéressent au monde extérieur, ils veulent protéger l’environnement et ils comprennent qu’il s’agit d’un gaspillage de dépenser de l’argent à l’achat d’armes qui tuent », a-t-il dit.  Il s’est félicité de leur désir de contribuer aux travaux de l’ONU, et il a réaffirmé qu’il voulait aider les jeunes à contribuer à ces questions.  « Les jeunes sont plein d’espoir mais ils ne peuvent pas vivre d’espoir », a poursuivi le Secrétaire général.  Il a fait remarquer qu’ils avaient besoin de soins de santé.  Comme de nombreux jeunes sont actifs sexuellement, ils doivent bénéficier de conseils et de soins appropriés, notamment de soins reproductifs.  Il a rappelé que, l’an dernier, 75 millions de jeunes avaient connu le chômage et que 900 millions avaient vécu avec moins de deux dollars par jour.  Avant de conclure, il a appelé à ce que leurs besoins soient pris en compte.


Mme MARJON KAMARA, Présidente par intérim de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, s’est félicitée du fait que la quarante-cinquième session de la Commission de la population et du développement concentre ses travaux sur les expériences nationales des États Membres, face aux problèmes rencontrés par les jeunes et les adolescents constituant leurs populations.


Après avoir rappelé que le monde comptait 933 millions de jeunes entre 15 et 24 ans en 1985, contre près de 1,2 milliard aujourd’hui, elle a souligné que 5 jeunes sur 6 vivaient aujourd’hui dans un pays en développement.  Insistant ensuite sur le rôle de cette nouvelle génération pour l’avenir de la planète, elle a affirmé qu’en dépit des progrès réalisés ces dernières décennies, les défis à relever pour la jeunesse étaient « énormes » et nécessitaient « des efforts et une attention globale ».


Elle a notamment rappelé que trop de jeunes des pays en développement n’avaient pas un accès adéquat à une éducation de qualité, ainsi qu’à des opportunités professionnelles et une participation aux processus de prise de décisions décentes.  Elle a déploré également leur manque d’information et d’accès aux structures de planning familial et aux services de santé reproductive, compromettant ainsi la capacité des jeunes à développer leur plein potentiel.


Pour conclure, elle a appelé les participants à la quarante-cinquième session à « se pencher de manière pragmatique et efficace sur les défis qui se présentent et limitent les capacités et les opportunités de la jeunesse d’aujourd’hui ».  « Les jeunes d’aujourd’hui ont besoin de notre soutien pour développer leur capacité de vrai citoyen mondiale », a-t-elle ajouté.


M. JOMO KWAME SUNDARAM, Sous-secrétaire général au développement économique au Département des affaires économiques et sociales (DAES), s’exprimant au nom du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. SHA ZUKANG, a mis l’accent sur la forte croissance démographique des jeunes, qui connaîtra des évolutions distinctes selon les régions au cours des années à venir.  Cette évolution risque d’entraver la capacité des pays à mettre un terme à la pauvreté, à la faim ou à réaliser l’éducation pour tous, a-t-il dit, rappelant que le Programme d’action de la Conférence du Caire restait d’actualité aujourd’hui comme il y a 18 ans. 


Il a ensuite invité la communauté internationale à ne pas rater l’occasion offerte par la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20, en juin prochain, qui permettra d’intégrer pleinement les questions démographiques dans son document final, a-t-il dit.  Il est revenu sur la démographie de la jeunesse, rappelant que les projections du nombre de jeunes de 12 à 24 ans envisageaient une diminution de 10% d’ici à 2040 dans les régions d’Asie, du Pacifique, d’Amérique latine et des Caraïbes.  Toutefois, cette population augmentera de 60% au cours des trois prochaines décennies en Afrique, a-t-il fait remarquer, ajoutant que cela aurait un impact non négligeable sur différents facteurs sociaux et économiques. 


M. Sundaram a ensuite expliqué que cette nouvelle génération de jeunes était une ressource unique qui pouvait changer le monde et que cette session de la Commission de la population et du développement était aussi une occasion unique d’évaluer la mise en œuvre des buts et des objectifs de la Conférence du Caire de 1994, et de toutes les mesures prises alors en faveur des adolescents et de la jeunesse.


Il a aussi souligné qu’un grand nombre de femmes voudraient limiter ou espacer les naissances mais qu’elles ne pouvaient pas le faire, et que de nombreux jeunes ne pouvaient pas obtenir l’éducation qu’ils souhaitaient.  Dans ce contexte, les gouvernements devraient promouvoir de bonnes conditions de travail pour les jeunes, ainsi que des programmes de planning familial et de soins de santé en matière de santé reproductive et sexuelle.


M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a salué le travail sur le terrain du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.  Il est ensuite revenu sur l’attention nouvelle portée à la jeunesse arabe et sur les efforts déployés par le FNUAP depuis de nombreuses années, via son réseau « Y-Peer » qui lie entre eux des jeunes des organisations et institutions gouvernementales comprenant des jeunes travaillant dans les différents domaines qui touchent à la santé sexuelle et reproductive des adolescents.


M. Osotimehin a insisté également sur l’usage des nouvelles technologies et des médias sociaux pour sensibiliser la jeunesse dans le monde, ainsi que sur l’importance de la prévention « qui fait la différence entre la vie et la mort » pour beaucoup de jeunes.  « Avec de l’information, les jeunes peuvent prendre leur avenir en main », a-t-il poursuivi, avant de s’inquiéter du sort des quelque 300 millions de jeunes dans le monde qui vivent dans la pauvreté.  Il a tout particulièrement soulevé le problème des adolescentes qui vivent dans ces conditions, rappelant les risques des maternités précoces, les violences sexuelles et les mauvais traitements auxquels elles sont exposées.


Pour conclure, le Directeur exécutif a affirmé que le FNUAP développait à l’heure actuelle une nouvelle stratégie destinée à renforcer encore l’attention portée à la jeunesse mondiale, parallèlement aux activités qu’il continue à mener, à l’instar du soutien aux programmes éducatifs insistant sur l’éducation sexuelle, l’égalité de genre, les droits de l’homme et la résolution des conflits, ou des initiatives de prévention et d’information sur la santé maternelle.


M. BELA HOVY, du Département des affaires économiques et sociales, a présenté les grandes lignes du rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur les adolescents et les jeunes (E/CN.9/2012/4).  Après avoir mis en avant les progrès réalisés depuis la création du Programme d’action de la Conférence internationale sur le développement, il a souligné le « fossé considérable » qui existait encore dans sa mise en œuvre.


Il a rappelé que pour les adolescentes des pays en développement, les grossesses précoces et les maternités restaient souvent associées à des risques élevés de mortalité.  Affirmant que la prévention des mariages précoces et des grossesses chez les adolescentes étaient au cœur du Programme d’action, il a regretté les disparités qui régnaient toujours entre les régions.  Il a ainsi cité l’exemple de l’Afrique où 24% des 15 à 19 ans sont mariées, contre 4% dans les pays développés.


Constatant les mêmes écarts dans le domaine des maternités, il a estimé que l’une des manières cruciales de réduire les grossesses des adolescentes résidait dans la promotion et la protection de leurs droits à disposer d’une éducation sur la santé reproductive, à l’information et à des accès aux soins via le planning familial. 


Rappelant également que la tendance mondiale montrait un taux de mortalité plus élevé chez les adolescents que chez les adolescentes, il a souligné que l’Afrique, à cause du VIH/sida, et l’Asie du Sud, à cause des mariages et des grossesses précoces, connaissaient la tendance opposée.  Dans ce contexte, il a mis en avant les propositions faites dans le rapport du Secrétaire général pour réduire la mortalité chez les adolescents.


Pour conclure, il a affirmé que ce rapport se penchait aussi sur les questions liées aux jeunes migrants internationaux, qui étaient près de 35 millions en 2010 sur 214 millions de migrants recensés dans le monde (16%), avant d’appeler la Commission à se pencher sur ces disparités géographiques pour mettre plus efficacement en œuvre le Programme d’action de la Conférence internationale sur le développement.


M. WERNER HAUG, Directeur de la Division technique du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), présentant le rapport du Secrétaire général sur le suivi des programmes de population, centré sur les adolescents et les jeunes (E/CN.9/2012/5), a souligné que ce document fournissait un large éventail d’actions entreprises par les gouvernements, les ONG, le FNUAP et ses partenaires en vue de créer un environnement favorisant le passage de l’adolescence à l’âge adulte.  Il a fait remarquer que près de 90% des 1,8 milliard de jeunes âgés de 10 à 24 ans vivaient dans les pays en développement, où ils représentent une grande partie de la population.  De nombreux jeunes, qui vivent dans des pays en développement, continuent d’être exposés à la pauvreté et beaucoup d’entre eux n’ont pas accès à une éducation de qualité, aux services de santé, à un travail décent ou ne peuvent participer activement à la société, a-t-il fait remarquer.


Le rapport démontre aussi qu’il subsiste de nombreux obstacles à la mise en place de services offrant aux jeunes un accès à des soins et des conseils dans le domaine de la sexualité ou de la santé reproductive, a indiqué M. Haug.  Par ailleurs, de trop nombreuses adolescentes et jeunes femmes font encore l’objet de discrimination liées à leur âge et leur sexe en matière d’accès à ces soins, ce qui en fait, par conséquent, un groupe à risque.  C’est pourquoi, a souligné M. Haug, le rapport recommande d’adopter des programmes pour promouvoir l’éducation des jeunes sur la sexualité, qu’ils soient scolarisés ou non, sur la base des normes internationales reconnues en la matière.  Les gouvernements doivent aussi garantir la participation des jeunes, en particulier les plus marginalisés d’entre eux, à l’élaboration et à l’exécution de politiques qui défendent leurs droits et qui sont destinées à lutter contre la faim et la pauvreté, afin d’assurer que leurs besoins et leurs priorités soient pris en compte, a-t-il insisté avant de conclure.


M. JOSE MIGUEL GUZMAN, de la branche de la population et du développement au Fonds des Nations Unies pour la population, a, quant à lui, détaillé le rapport du Secrétaire général sur le flux de ressources financières devant concourir à l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (E/CN.9/2012/6).  Il a noté qu’après avoir dépassé 10 milliards de dollars en 2008, l’aide accordée par les donateurs aux activités intéressant la population ne s’était que légèrement appréciée en 2009 et 2010. 


En 2009, le montant de l’aide a été de 10,6 milliards de dollars.  Pour 2010, ce montant a été provisoirement chiffré à 10,7 milliards de dollars.  Il devrait augmenter en 2011 et 2012 mais, toutefois, du fait qu’un certain nombre de donateurs sont toujours aux prises avec la crise financière mondiale, il est probable que les montants définitifs seront inférieurs aux estimations, a-t-il souligné.


Il a en outre rappelé que, d’après le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, la plupart des fonds nécessaires pour atteindre les objectifs en matière de population et de développement devraient provenir des pays en développement eux-mêmes.  « Il y était estimé que les deux tiers des ressources nécessaires au financement des activités voulues proviendraient de ces pays », a-t-il souligné.  « Or, combien dépensons-nous aujourd’hui pour les jeunes et les adolescents », a-t-il interrogé. 


M. Guzman a regretté le fait que la plupart des pays n’étaient pas en mesure de répondre à cette question et de fournir des informations précises à ce sujet.  Il a donc appelé à la production de données sur cette question.  Il a ensuite conclu en mettant l’accent sur différentes initiatives destinées à mettre en œuvre les objectifs du Programme d’action du Caire et a invité la communauté internationale à saisir le moment pour mobiliser les ressources et progresser vers leur réalisation.


Débat général


M. SUGIRI SYAREF (Indonésie) a insisté sur la nécessité pour la Commission d’agir « avec courage » pour éliminer les fardeaux sociaux qui pèsent sur les épaules de la jeunesse et lui donner toute la liberté dont elle a besoin pour devenir un agent positif de changement.  Après avoir souligné le succès des politiques familiales mises en place dans son pays, il a rappelé l’importance cruciale d’investir dans la jeunesse, estimant que la priorité donnée à leur santé sexuelle et reproductive ne devait pas dépendre exclusivement de facteurs démographiques.  Il a ainsi défendu des investissements dans des domaines plus larges liés à leur bien-être, considérant que les pays se dotaient ainsi de fondations solides pour leur développement futur.


« Véritable capital humain, les jeunes serviront leur société en étant travailleurs productifs, chefs de ménage et des dirigeants compétents de leurs communautés », a-t-il déclaré, avant de passer en revue les conséquences d’une non-prise en charge de ces investissements: accroissement de l’échec scolaire, abondance de la main-d’œuvre non qualifiée, comportements à risque.  Pour conclure, il a estimé que la mise en œuvre des programmes pour la jeunesse dépendait d’une série de facteurs: adaptation réelle des politiques aux caractéristiques des groupes auxquelles elles s’adressent, implications directes des adolescents et des jeunes dans les programmes mis en place au niveau des gouvernements, et données statistiques permettant d’en évaluer les résultats.


M. MORTEN WETLAND (Norvège) a mis l’accent sur la nécessité pour les jeunes de disposer de services de santé sexuelle et reproductive car ces services leur permettent de gérer leur identité, leur sexualité et de prendre des décisions qui sont fondamentales dans leur vie, a-t-il dit.  De fait, a-t-il poursuivi, les jeunes gens et les jeunes filles qui bénéficient d’une éducation sexuelle sont aussi plus enclins à avoir des relations sexuelles à un âge plus mûr et à se protéger contre les abus, les grossesses non désirées ou les infections sexuellement transmissibles, a-t-il ajouté.  Le représentant a fait remarquer qu’une éducation sexuelle n’encourageait pas « l’expérimentation sexuelle », ni à adopter des styles de vie non hétérosexuels comme l’affirment trop souvent, de manière erronée, certains, a-t-il dit. 


M. Wetland a également mis l’accent sur les adolescentes et les jeunes filles pour qui une grossesse précoce peut représenter un danger, les empêcher de gagner leur vie, d’avoir accès à une éducation, ou encore de participer activement à la société.  Il a fait observer que dans les pays où l’avortement est illégal, le nombre de femmes qui décèdent d’un avortement avait tendance à augmenter.  La question est maintenant de savoir qui doit décider dans ce domaine, a-t-il dit.  Les femmes ou des règles culturelles et religieuses ancestrales? s’est-il interrogé, avant de conclure.


M. JARMO VIINANEN, (Finlande) s’est félicité de la nomination de l’ancienne Présidente finlandaise, Mme Tarja Halonen, à la coprésidence de l’Équipe spéciale chargée du suivi de la Conférence internationale sur la population et le développement.  Insistant sur l’importance centrale de la santé reproductive et sexuelle des jeunes, il a rappelé qu’elle était la pierre angulaire de l’autonomisation des femmes et des jeunes filles, l’un des objectifs fondamentaux pour parvenir à l’éradication de la pauvreté.


« Les grossesses non désirées, les avortements risqués les maladies sexuellement transmissibles, dont le VIH/sida, sont une menace sérieuse à la santé des futures générations », a-t-il poursuivi, estimant que les jeunes devaient « disposer de connaissances suffisantes et adéquates pour être en mesure de prendre des décisions responsables ».  Dans ce contexte, il a défendu les investissements dans l’éducation et l’emploi, afin de réduire la pauvreté et de renforcer le développement économique et social.  Pour conclure, il a rappelé que les objectifs fixés ne pourraient être atteints sans les ressources adaptées, appelant les États Membres à mobiliser des ressources nationales pour faire avancer la santé sexuelle et reproductive et les droits qui vont avec.


M. HU HONGATO (Chine) a estimé que l’amélioration de la santé sexuelle et reproductive des jeunes et des adolescents, ainsi que la promotion de son intégration dans le développement social et économique, étaient d’une importance « critique » pour la réalisation des objectifs fixés par la Conférence internationale sur la population et le développement en 1994.  Il a ensuite énuméré une série de recommandations à l’attention de la Commission, au nombre desquelles figure l’incorporation de la santé sexuelle et reproductive des adolescents dans des stratégies nationales, avec des ressources financières adaptées, notamment pour les structures de planning familial ou bien les mécanismes de coopération entre institutions nationales ou avec des organisations non gouvernementales. 


Le représentant a également préconisé d’accroître les ressources consacrées à la santé reproductive et au planning familial.  À cet égard, il a souligné qu’il était « impératif » d’augmenter la part des fonds qui y sont consacrés dans l’aide publique au développement.  Il a également insisté sur la nécessité d’optimiser les ressources disponibles sur l’information et les services à disposition des jeunes, en particulier ceux des groupes vulnérables, tels que les jeunes dans les régions rurales, les handicapés, les sans abris ou les personnes atteintes du VIH/sida.  Il a enfin estimé que les parents devraient jouer un rôle accru pour assister les adolescents, de même que les écoles et les communautés locales pour promouvoir la santé sexuelle et reproductive en faveur des nouvelles générations.


Discours des représentants des jeunes, suivi d’un d ialogue interactif


SOUADOU NDOYE, jeune fille sénégalaise, intervenant au nom des jeunes, a décrit son expérience et les différents programmes auxquels elle a participé ou dont elle a pu bénéficier lors de son adolescence, ainsi que les actions qu’elle mène aujourd’hui à Dakar et dans son pays pour renforcer la santé reproductive et sexuelle de la jeunesse sénégalaise.  Elle a rappelé les problèmes de santé auxquels étaient confrontés les adolescents et les jeunes, notamment les maladies sexuellement transmissibles, le VIH/sida, les grossesses précoces ou non désirées, les avortements à risques, les maternités précoces, l’excision et autres pratiques néfastes.  Elle a insisté sur le besoin urgent consistant à renforcer l’accès à l’information, à la prévention, à des programmes d’éducation sexuelle qui permettent d’aller au-delà des tabous.  Elle a également souligné le problème des adolescents vivant dans les rues, dont le nombre est estimé à 200 000 au Sénégal, et qui n’ont aucun accès aux services de base de santé reproductive et maternelle.


Elle a ensuite formulé une série de recommandations destinées à guider les actions de la Commission: prendre en compte le problème de l’emploi des jeunes non comme un phénomène politique mais comme un « désastre à traiter réellement », augmenter les budgets alloués aux programmes destinés au développement du capital humain des jeunes, appuyer l’éducation sexuelle dans les écoles formelles et informelles, renforcer le dialogue ou la communication entre parents et enfants, permettre aux jeunes de prendre part aux prises de décisions, attention portée aux jeunes des rues, offrir un accès pour tous les jeunes aux services de santé sexuelles et reproductive.


M. ANGGA DWI MARTHA, représentant des jeunes et étudiants de l’Indonésie, a expliqué qu’il était l’un des rares jeunes de son village à avoir bénéficié d’une éducation.  Il s’est souvenu combien il était « perdu », a-t-il dit, à l’entrée dans l’adolescence et dans son vécu de la puberté.  « Il était considéré comme honteux et tabou de poser des questions sur la puberté ou la sexualité », a-t-il souligné.  Il a raconté qu’il avait fini par louer un livre à la bibliothèque locale et qu’ils étaient plusieurs jeunes gens à le lire en cachette.  Il a aussi expliqué que l’une de ses camarades de classe était tombée enceinte très jeune et qu’un autre avait été infecté du VIH/sida.  « C’était terrible de constater qu’ils avaient moins d’avenir devant eux que nous », a-t-il dit. 


Il a noté qu’on entendait souvent parler de la prise de participation des jeunes mais que la définition de cette participation active différait souvent de celle qu’envisagent les jeunes.  Il s’agit d’obtenir une voix, a-t-il souligné, rappelant qu’il est encore plus difficile de faire entendre celle-ci si le jeune appartient à un groupe vulnérable.  « Peu importe nos différences, nous méritons tous que l’on reconnaisse nos droits », a-t-il dit. 


Il a encore rappelé que de nombreux jeunes voulaient vivre dans un monde en paix et exempt de violences.  Que nombre d’entre eux demandaient aussi un accès à des services de santé de qualité, en particulier, à des programmes et services accessibles en matière de sexualité et de contraception.  En outre, il a estimé que les politiques gouvernementales devraient aussi se concentrer sur la prévention des drogues et des abus sexuels.  « Vous êtes les décideurs mais nous sommes l’espoir et l’avenir et nous voulons des changements progressistes qui auront un impact sur la vie de 1,8 milliard de jeunes », a-t-il conclu.


Lançant un échange de vues avec les deux représentants des jeunes, plusieurs délégations, dont celle des États-Unis, de l’Indonésie, de l’Ouganda, des Pays-Bas, des Philippines et de la Norvège, ont souhaité savoir s’ils étaient en mesure de suggérer des idées pour améliorer la participation et la contribution des jeunes aux débats.  Comment optimiser les initiatives et les programmes qui existent déjà et qui incluent la participation des jeunes, tels que les parlements de la jeunesse, par exemple?


Les représentants de l’Ouganda, de l’Indonésie et des Pays-Bas, ont, quant à eux, regretté que des jeunes de leurs pays ou des partenaires avec lesquels ils collaborent sur ces questions de la jeunesse, n’aient pas obtenu l’autorisation de se rendre aux États-Unis à l’occasion de la présente session de la Commission, « alors qu’on y débat précisément de la participation des jeunes », s’est indigné le délégué de l’Ouganda.


« Si vous voulez impliquer les jeunes aux débats ou dans les processus de décisions les concernant, vous devez faire en sorte qu’ils participent directement à votre Organisation », a suggéré Angga Dwi Martha, de l’Indonésie.  Selon lui, de nombreux exemples démontrent que cela fonctionne.  « Pour que les jeunes participent pleinement à vos côtés, ils doivent disposer d’un espace où ils ne jouent pas uniquement un rôle consultatif » a-t-il ajouté. 


Il a encore insisté sur la reconnaissance des droits des jeunes à une éducation, à la santé et à un emploi.  « Si vous voulez travailler avec les jeunes, si vous voulez leur autonomisation, vous devez travailler sur ces trois domaines clefs », a-t-il conclu. 


Partageant ce point de vue, Souadou Ndoye a mis l’accent sur la nécessité pour les gouvernements de mettre en œuvre des politiques destinées à soutenir les jeunes et sur l’urgence de leur allouer un budget spécial qui serait dédié uniquement aux jeunes.  Elle a, pour sa part, également insisté sur l’émancipation des filles et des jeunes femmes qui doivent participer et contribuer aux débats à part égale, a-t-elle souligné.


Exposé suivi d’un dialogue interactif


M. ANDREW MASON, Professeur d’économie à l’Université d’Hawaï, a décrit trois facteurs importants qui influencent les disparités dans les dépenses allouées à la santé et à l’éducation dans les pays pauvres.  Les pays pauvres ont moins de ressources et leurs propres ressources ou l’aide publique au développement sont restreintes.  Les jeunes dans les pays pauvres dépendent davantage de leurs parents et de leur famille plutôt que de leur gouvernement.  Cette situation défavorise les jeunes car ils n’ont pas accès aux ressources nationales ou publiques.  Pour un grand nombre de jeunes qui vivent dans les pays pauvres, peu de ressources peuvent être consacrées à chaque enfant par famille.  Il s’agit là d’une série d’obstacles substantiels mais, avec des efforts constants et du temps, cette situation peut être améliorée, a-t-il estimé.


Rappelant qu’il n’existe aucune définition précise des termes « jeunesse » et « adolescence », M. Mason a précisé que son exposé se concentrerait sur deux groupes d’âge: les 10 à 17 ans et les 18 à 24 ans, et qu’il se baserait sur des données récoltées par 150 chercheurs dans 37 pays.  Ces travaux, a-t-il ajouté, tentent de remédier au manque de données économiques sur la manière dont les enfants, les personnes âgées ou d’autres groupes d’âge ont accès aux ressources économiques et utilisent celles-ci.  Ces travaux ont, entre autres, bénéficié du soutien du Fonds des Nations Unies pour la population, de la Banque mondiale et de nombreuses autres organisations, a-t-il précisé. 


La plupart des données et estimations montrent que l’Afrique est particulièrement concernée par les taux élevés d’une population de moins de 24 ans.  Avec une croissance annuelle de 1,4% par an au cours des 50 prochaines années, le nombre de jeunes et d’adolescents sur ce continent passera de 325 millions en 2010 à 660 millions en 2060, a-t-il dit.  À cette date, un tiers de la population des jeunes et des adolescents vivra donc en Afrique, contre 18% aujourd’hui, a-t-il fait remarquer.  Mais la proportion des jeunes et des adolescents au sein de la population varie fortement d’une région géographique à l’autre, passant de 14% à 37%, a-t-il toutefois précisé. 


Si elle va connaître une tendance à la hausse en Afrique subsaharienne d’ici à 2060, ainsi que dans certains autres pays, cette tendance démographique générale sera toutefois à la baisse ailleurs dans le monde.  Est-il intéressant d’avoir une part importante de jeunes dans sa population? a-t-il demandé.  Certains pays, en Asie notamment, ont réussi à utiliser cette forte proportion de jeunes dans leur « miracle économique » mais ce n’est pas le cas partout.  Malheureusement, a-t-il fait observer, beaucoup de pays dont la population est largement composée de jeunes rencontrent des difficultés à créer des emplois pour ces jeunes et à investir suffisamment dans cette population.


Le professeur Mason a ensuite souligné les vastes disparités qui existent en ce qui concerne les dépenses en capital humain pour les deux tranches d’âge considérées, à savoir les 10 à 17 ans et les 18 à 24 ans.  Aux États-Unis, on dépense environ 140 000 dollars par enfant de 10 à 24 ans, contre 100 000 dollars au Japon et dans certains pays de l’Union européenne.  Ces dépenses par enfant sont considérablement moins élevées dans les pays en développement en Amérique latine et en Afrique.  Aux Philippines, par exemple, elles sont de moins de 5 000 dollars sur une période de 15 ans.  Au Kenya, les dépenses en capital humain destinées aux enfants atteignent 1 200 dollars, soit 115 fois moins qu’aux États-Unis.  L’une des façons de renverser cette situation est de permettre aux enfants et aux plus jeunes d’accéder aux ressources économiques.  Trois manières peuvent être envisagées pour cela, a-t-il estimé.  Il s’agit, par exemple, de se baser sur le relai des familles pour permettre aux jeunes d’accéder aux ressources, sur le secteur public ou, encore, de permettre un accès aux ressources par le biais du travail effectué par les jeunes.


Craignant d’avoir brossé un tableau pessimiste de la situation, M. Mason a toutefois précisé que les pays pauvres pouvaient s’inspirer des différentes difficultés qu’il a énoncées.  La tendance démographique est nette pour les jeunes et les adolescents au cours des années à venir, en particulier en Afrique et en Asie, a-t-il dit.  Des économies dynamiques, des politiques de création d’emploi et des investissements importants dans le capital humain sont nécessaires.  Des pays pauvres ont transformé des économies en difficultés en économies dynamiques, a-t-il fait remarquer.  Par ailleurs, les ressources externes peuvent être augmentées et une part plus importante pourrait être consacrée aux jeunes, a-t-il ajouté avant de conclure.


Dans un échange de vues avec le professeur Mason, le représentant de la Norvège a mis l’accent sur la possibilité d’encourager l’entrée des adolescents et des jeunes sur le marché du travail.  Il a estimé que le fossé qui existe entre la fin des études et l’entrée sur le marché du travail était souvent, dans beaucoup de pays, le problème majeur.  Pour lui, l’enjeu est donc d’offrir plus d’opportunités aux jeunes qui arrivent sur le marché du travail ou de mettre en place des politiques destinées à gérer ce fossé.  Il a pris l’exemple de pays en développement où la durée de la scolarité n’est pas particulièrement longue mais où les jeunes sont confrontés à une absence d’opportunités sur le marché du travail.  Il a conclu en citant les exemples de l’Allemagne et de l’Autriche qui ont impliqué leur secteur privé et adopté des politiques « très efficaces pour la transition éducation-emploi ».  « C’est une piste intéressante qui devrait être considérée », a-t-il estimé.


Interrogé ensuite par le représentant de la Jamaïque sur le rôle que peuvent jouer les migrations pour exploiter le capital humain dans les pays pauvres, le professeur Mason a qualifié cette question de « très difficile ».  La migration des jeunes diplômés qui disposeront de ressources extérieures pour subvenir à leur famille « ne constitue pas une solution », a-t-il répondu.  « Il faut des emplois dans le pays auquel ils appartiennent », a-t-il insisté.  Reconnaissant cependant que certains pays pauvres ne sont pas en mesure d’offrir de telles opportunités professionnelles, il a défendu en dernier ressort « la liberté de mouvement de tous les individus pour subvenir à leurs besoins ».


Prenant à son tour la parole, le représentant du Botswana s’est interrogé sur le lien entre pauvreté des pays et fort taux de fécondité, en soulignant les taux de fécondité bas dans les pays développés.  Reconnaissant le lien étroit entre la fécondité et le développement humain, le professeur Mason a estimé qu’il était « très complexe » et rejeté l’idée selon laquelle la pauvreté serait liée à une forte fécondité ou une baisse de la fécondité à une sortie de la pauvreté.  Il a notamment cité les exemples de la Chine, du Bangladesh ou de l’Afrique du Sud comme « pays pauvres ayant atteint des taux de fécondité bas ».


Concluant ce débat, le représentant de l’Ouganda a estimé que son pays était « pris au piège », entre la volonté d’avoir une population importante pour développer un marché interne actif et celle de faire baisser la fécondité pour améliorer la qualité de vie de sa population.  Pour le professeur Mason, « une population nombreuse n’est pas particulièrement avantageuse » et ne favorise pas nécessairement le développement du pays.  « Il n’y a pas de garantie qu’une baisse de la fécondité entraîne une croissance économique formidable », a-t-il ajouté, en estimant qu’il était plus préoccupant pour un pays « d’avoir trop d’enfants et de ne pas pouvoir leur offrir ce dont ils ont besoin, plutôt que d’avoir une large population avec l’objectif d’un grand marché ».


Mme SIGNE BURGSTALLER (Suède) a rappelé que tous les jeunes et les adolescents ne disposaient pas des mêmes possibilités dans le monde, en insistant sur la responsabilité des gouvernements d’assurer les droits de l’homme de tous: filles, garçons, adolescentes et adolescents.  Elle a ensuite insisté sur le droit à la participation des jeunes aux processus de prise de décisions, sans discriminations, et à un accès à l’éducation pour les enfants et les jeunes adultes.  Dans ce domaine, elle a en particulier souligné l’importance des programmes d’éducation sur la santé sexuelle et reproductive, regrettant que l’accès à ces programmes reste inégal en fonction des pays.  Elle a insisté sur la nécessité d’améliorer l’accès aux services de planning familial, aux moyens de contraception, dont ceux d’urgence et aux avortements médicalisés.


Abordant ensuite le défi de l’égalité entre les sexes, la représentante a estimé qu’il était indispensable d’impliquer également les adolescents et les jeunes hommes, afin d’en faire des partenaires à part entière de cette lutte.  Elle a également souligné que les violences contre les jeunes restaient un problème majeur, en particulier contre les jeunes filles.  Des mesures doivent être prises pour prévenir les relations sexuelles non consenties ainsi que des mariages et des grossesses précoces.  Les droits de l’homme des jeunes doivent être mis en œuvre et respectés, a-t-elle conclu.


M. FRANK SWIACZNY (Allemagne) a rappelé les défis démographiques qui attendaient le continent européen en général et son pays en particulier.  Il a indiqué que dans les 10 ou 20 prochaines années, l’Allemagne connaîtrait trois changements démographiques majeurs: baisse démographique, vieillissement et diversification.  Après avoir également souligné les changements dans la structure familiale traditionnelle liée à ces situations, le représentant a mis l’accent sur les moyens déployés par son gouvernement pour anticiper ces conséquences, par le biais d’une stratégie nationale qui met l’accent sur plusieurs priorités: renforcement de la famille, protection de la santé et promotion de la motivation au travail et renforcement de l’indépendance des personnes âgées.


Pour contrer le vieillissement de la population allemande, le représentant a également insisté sur l’importance fondamentale de l’éducation des nouvelles générations, qui seront appelées dans le futur à occuper des emplois dont dépendront la prospérité et la croissance de son pays.  Après avoir offert de partager l’expérience allemande avec d’autres États Membres, le représentant a conclu en insistant sur la nature globale des défis posés par les changements démographiques et, par conséquent, sur la nature globale des réponses à y apporter.


M. CHRISTOPHE DE BASSOMPIERRE (Belgique) a réaffirmé le soutien de sa délégation au Programme d’action du Caire, avec une attention spéciale aux domaines du développement social, de l’éducation, des droits sexuels et reproductifs, de la planification familiale et l’autonomisation des femmes, a-t-il précisé.  Le représentant a souligné que, depuis quelques années, les efforts entrepris par la Belgique au niveau national s’étaient concentrés sur le développement d’une approche plus intégrée des politiques concernant les jeunes et les adolescents.  C’est ainsi que les Conseils de la jeunesse que comptent les trois communautés en Belgique peuvent maintenant donner, sur demande ou de leur propre initiative, des conseils aux autorités compétentes sur le développement des politiques de jeunesse. 


Rappelant que le nombre de jeunes allait probablement doubler d’ici à 2060 en Afrique, le représentant a estimé que cette région méritait clairement une attention toute spéciale dans la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.  Il a mis l’accent sur l’éducation, domaine prioritaire de la politique nationale pour répondre aux défis de la population et du développement.  À cet égard, le représentant a souligné qu’une part importante de la coopération belge au développement était consacrée, par la construction d’écoles et le financement de programmes d’éducation, à promouvoir l’Objectif du Millénaire 2 qui vise l’éducation primaire universelle d’ici à 2015.  Il a conclu en rappelant la nécessité d’accorder aussi une attention particulière à l’autonomisation des femmes et des jeunes filles et aux problèmes de violences sexuelles.


M. VITALY F. KOLBANOV (Fédération de Russie) a estimé que le Programme d’action du Caire avait jeté des bases solides pour les questions de population dans le monde et pour la réalisation des objectifs de développement agréés internationalement, avant de réaffirmer l’appui sans relâche de sa délégation aux objectifs du Caire.  Il a ensuite déploré le fait que le rapport du Secrétaire général sur les adolescents et les jeunes fasse mention d’un impact négatif de la croissance démographique de cette population des jeunes et des adolescents. 


Le rapport aborde en effet les conséquences négatives de cette augmentation démographique sans tenir compte de l’ensemble des facteurs qui contribuent à l’évolution économique, a souligné M. Kolbanov.  Pour des pays comme la Fédération de Russie, a-t-il fait remarquer, la croissance démographique était l’une des composantes de la croissance économique.  C’est pourquoi, il a regretté que des États comme le sien ne bénéficient pas d’une attention suffisante dans ce rapport.  Il a conclu en demandant que soit pris en compte, au cours de cette quarante-cinquième session de la Commission, tous les intérêts et toutes les priorités des États dans les décisions, et ce, de manière équilibrée et bien réfléchie, a-t-il dit. 


M. JUAN CARLOS ALFONSO FRAGA (Cuba) a axé son intervention sur la présentation du Comité spécial de la population et du développement en Amérique latine, créé en 1996.  Il a expliqué que cet organe se réunissait régulièrement, au moins tous les deux ans, pour assurer le suivi et l’examen des questions sur la population et le développement, en particulier le Programme d’action du Caire et le Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement.  Présidé en 2012 par Cuba, ce Comité a inscrit, à son ordre du jour, les questions de la jeunesse et de la population, qui sont abordées comme des questions de fond, a-t-il souligné.  Le représentant a précisé que la prochaine réunion du Comité aura lieu à Quito, en Équateur, en juin prochain, et qu’elle analysera les progrès enregistrés dans la réalisation des objectifs du Programme du Caire au-delà de 2014.


S’exprimant au nom de l’Union européenne, M. MARTIN BULÁNEK a souligné l’importance cruciale du thème de cette quarante-cinquième session, en estimant qu’il jouait un rôle clef dans la reconnaissance des droits fondamentaux des jeunes et des adolescents et qu’il était « lié à la réalisation de l’égalité entre les sexes, de l’autonomisation des femmes et du développement durable ».  Il a réaffirmé le soutien de l’Union européenne aux instruments internationaux existants et l’importance de la participation effective des jeunes aux processus décisionnels.  Les objectifs prioritaires de l’Union européenne en faveur des jeunes visent, a-t-il assuré, à ce que les jeunes et les adolescents aient une éducation, une formation et la confiance nécessaires pour saisir les opportunités qui se présentent à eux et s’assurer un niveau de vie décent, prévenir les grossesses non désirées, et obtenir de meilleurs résultats dans la santé sexuelle et reproductive des jeunes.


Pour réaliser ces objectifs, a recommandé le représentant, il faudrait assurer aux jeunes une éducation intégrant l’égalité de genre et le respect de leurs droits, éliminer toutes les formes de violences sexuelles, dont celles présentées comme étant liées « à l’honneur », réduire le nombre de mariages précoces et abandonner les mutilations génitales, et assurer l’accès à l’éducation et à des moyens de subsistance à tous.  Le représentant a souligné, par ailleurs, la menace représentée par la pandémie de VIH/sida au développement humain et a rappelé, à cet égard, l’expérience des pays européens.  Il a insisté sur la nécessité de développer une éducation sexuelle adaptée à l’intérieur et hors des écoles, de renforcer l’accès à l’information et aux services de santé, et de permettre l’accès à des moyens de prévention et de contraception tels que les préservatifs masculins et féminins.  L’Union européenne portera une attention particulière à l’égalité entre les sexes et au droit des femmes et des hommes à contrôler leur fécondité et à prendre librement des décisions sur les problèmes liés à leur santé sexuelle et reproductive, a-t-il assuré en conclusion.


S’exprimant au nom du Programme des partenaires du développement (PPD), une organisation intergouvernementale rassemblant 25 pays, qui œuvre à renforcer la coopération Sud-Sud dans la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) est revenu sur les rapports du Secrétaire général de l’ONU présentés à l’ouverture de la session.  Il a indiqué que les membres du PPD soutenaient l’idée selon laquelle les définitions des termes « jeunes » et « adolescents » manquaient d’uniformité, avant d’appuyer les recommandations du Secrétaire général, notamment pour ce qui a trait à l’accès des jeunes à l’information, l’éducation, la formation et les services dont ils ont besoin pour « réussir une transition personnelle cruciale et assurer leur participation effective à la société ». 


Le représentant a également mis en avant le manque de moyens des pays les moins avancés et de certains pays en développement de l’Afrique subsaharienne pour mettre en œuvre le Programme d’action, alors qu’ils sont confrontés à des défis démographiques majeurs.  Dans ce contexte, il a insisté sur les efforts déployés par le PPD pour renforcer la coopération avec ces pays et les aider à mettre en œuvre le Programme d’action - formation, renforcement des capacités, échange d’expériences et d’informations, dialogue politique aux niveaux national, régional et global. 


Après avoir passé en revue les initiatives des membres du PPD pour traiter des problèmes prioritaires affectant directement les jeunes –promotion de l’égalité de genre, lutte contre les violences sexuelles, droits et accès à la santé sexuelle et reproductive-, le représentant a invité la Commission à travailler de manière « pragmatique » au cours de la présente session et de promouvoir la coopération Sud-Sud pour mettre en œuvre le Programme d’action adopté au Caire en 1994.


M. HASSAN YOUSSIF, s’exprimant au nom du Secrétaire général adjoint de la Commission économique africaine, M. ABDOULIE JANNEH, a estimé que pour mettre pleinement en œuvre le Programme d’action en Afrique, il était essentiel d’intégrer les jeunes dans les processus de prise de décisions et de traiter les problèmes liés à la jeunesse et à l’adolescence, notamment les questions de santé et d’éducation sexuelle, les besoins d’opportunités professionnelles et de travail et la réalité des migrations vers l’étranger.  Le représentant a ensuite mis en avant les défis qui doivent être relevés dans la mise en œuvre du Programme d’action en Afrique, en développant des programmes et des politiques adaptés, en renforçant la coopération entre les institutions et les acteurs étatiques, et en mettant à disposition les ressources adaptées pour y parvenir.


La mise en œuvre du Programme d’action, a-t-il fait remarquer, se heurte également à des facteurs d’ordre culturel et à un manque de lois nationales, liés à l’âge minimum du mariage ou à l’âge de la retraite, de données démographiques précises, de recherches scientifiques et de moyens.  C’est pourquoi, il a insisté sur les mesures de prévention et de sensibilisation, l’adaptation des législations et réglementations nationales et la promotion d’un environnement plus favorable à la mise en œuvre du Programme d’action.  


S’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a déclaré que la Décennie 2009-2018 pour le développement et l’autonomisation de la jeunesse offrait l’occasion de promouvoir l’agenda pour le développement de la jeunesse au sein de tous les États Membres de l’Union africaine.  Au cours de cette décennie, la Commission de l’Union africaine et ses États membres s’emploieront à mettre collectivement en œuvre le plan d’action décennal sur le développement de la jeunesse sur le continent avec pour priorités: l’éducation, l’emploi, la garantie d’un accès aux loisirs, la participation aux processus de prise de décisions politiques aux niveaux national, régional et continental, et les questions de santé.


Le Groupe des États d’Afrique, a indiqué M. Benmehidi, reconnaît l’attention spéciale que requièrent les adolescents, en particulier ceux qui sont marginalisés, sans éducation et sans emploi, ou en situation d’urgence.  Il est donc indispensable, a-t-il dit, de faire face aux menaces comme la traite des êtres humains, l’exclusion sociale, les mariages contraints, les grossesses non souhaitées, la mortalité maternelle, la pandémie de VIH/sida.  Dans un contexte où l’Afrique a réalisé des avancées significatives en dépit de ressources limitées, le Groupe des États d’Afrique lance un appel à tous les partenaires de développement pour qu’ils s’engagent dans une coopération renforcée, a indiqué M. Benmehidi.


M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a expliqué que celle-ci avait adopté des programmes communs à l’ensemble de la région destinés à aider les enfants et les jeunes, notamment en ce qui concerne l’accès à l’eau potable, les soins de santé, l’éducation et la création d’emploi.  Il a également noté que les engagements pris en faveur de la santé sexuelle et reproductive étaient un élément déterminant de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement sur le continent africain, en particulier dans les pays de la Communauté.  À cet égard, il a souligné que la stratégie de santé sexuelle et procréative pour la période 2006-2015 avait été élaborée.  Des mesures sont prises, a-t-il précisé, pour la mettre en œuvre. 


En vue d’accélérer la mise en œuvre des engagements en matière de santé, les pays de la SADC ont lancé la campagne visant à la réduction du taux de mortalité maternelle au niveau national, a-t-il ajouté.  Le représentant a toutefois souligné qu’en dépit de ces progrès, les obstacles demeuraient nombreux et que le principal constitue le chômage et le sous-emploi de la jeunesse.  La région continue cependant de se heurter à des obstacles comme la pandémie de VIH/sida, la pauvreté et la faim.  Ces difficultés ont paralysé la mise en œuvre du Programme d’action du Caire, a-t-il expliqué.  À cet égard, il a appelé à une coopération internationale renforcée en faveur des adolescents et des jeunes dans leur ensemble, en particulier par le biais de l’assistance technique, a-t-il souligné.


S’exprimant au nom du Groupe des États arabes, M. ABDULKHALEQ BIN-DHAAER AL-YAFEI (Émirats arabes unis) a réaffirmé l’importance du rôle joué par les adolescents et les jeunes dans la réalisation du développement humain et de la croissance économique.  Il a ensuite souligné la nécessité « de reconnaître et de respecter pleinement » les spécificités religieuses, éthiques et sociales des États, ainsi que leur souveraineté dans la mise en œuvre de programmes et politiques liés à la jeunesse, conformément à leur législation nationale et à leurs priorités.  Il a en particulier rejeté toute tentative visant à imposer des concepts, des idées ou des valeurs et à les lier à des problèmes sociaux qui s’opposent aux systèmes de valeurs des États et sont « hors du cadre internationalement reconnu des droits de l’homme ».  Le représentant a également souligné l’importance de l’éducation, en particulier celle des filles, estimant qu’il existait un besoin d’en améliorer la qualité.  


Soulignant ensuite qu’un tiers de la population arabe était constitué de jeunes, M. Al-Yafei a déploré que ce groupe de la population soit confronté aux défis majeurs du chômage et du manque de productivité.  Estimant qu’il était essentiel de traiter ce problème, il a défendu la mise en place d’une stratégie mondiale de lutte contre le chômage et le sous-emploi des jeunes, avant de passer en revue les efforts déployés par les États arabes.  Il a cité notamment la Déclaration arabe pour l’autonomisation des jeunes adoptée par la Ligue des États arabes, qui est aujourd’hui « la feuille de route et la référence clef pour la préparation des politiques nationales et régionales destinées à renforcer la participation des jeunes aux efforts de développement ».  Le représentant s’est dit par ailleurs préoccupé par la détérioration de la situation et du développement économique et social du peuple palestinien, en particulier les jeunes, qui résulte de la politique et des pratiques illégales d’Israël ».  En conclusion, il a souhaité que les négociations en cours sur le projet de résolution intitulé « Adolescence et jeunesse » aboutissent à un document équilibré qui prenne en compte leurs besoins, ainsi que les obligations des États, tout en respectant les religions et cultures des différents États Membres. 


M. HLANGUSEMPHI DLAMINI, Ministre du plan et du développement du Swaziland, a fait remarquer que son pays comptait 36,7% de jeunes âgés de 10 à 24 ans sur une population globale de 1,02 million d’habitants.  Les défis auxquels fait face cette population sont identiques à ceux d’autres pays, a-t-il souligné, en citant entre autres une sexualité précoce, la pandémie de VIH/sida, les abus sexuels, les abus de drogues, un taux de chômage élevé et des grossesses précoces.  Mais de tous ces défis, a-t-il fait remarquer, c’est certainement le VIH/sida qui demeure l’obstacle le plus important.  Le taux de prévalence est de 26% parmi la population des 15 à 49 ans, dont une large proportion de femmes.  Chez les jeunes filles de 15 à 19 ans, la prévalence du VIH est de 10% et de 39% parmi les jeunes femmes de 20 à 24 ans, a-t-il précisé.  Le Gouvernement du Swaziland a pris une série de mesures qui prévoient à la fois des programmes biomédicaux et socioculturels visant les jeunes et les adolescents.


Le Ministre du Swaziland a également fait remarquer que la tranche d’âge la plus affectée par le chômage était la jeunesse, avec un taux de 60% parmi les moins de 20 ans.  Pour y faire face, le Gouvernement du Swaziland a créé un Fonds de développement pour la jeunesse, chargé de financer les mesures visant à encourager leur capacité d’entreprenariat et l’emploi indépendant.  M. Dlamini a ensuite réaffirmé que son pays entendait respecter les engagements pris en 1994 au Caire.  Ces engagements, a-t-il dit, sont toujours d’actualité.  Il a ensuite fait remarquer que la crise économique et financière, la volatilité des prix des denrées alimentaires, l’insécurité alimentaire et les changements climatiques avaient des implications évidentes sur le développement et la prospérité des jeunes, y compris au Swaziland.  Dans ce contexte, il a appelé au respect des engagements pris au Caire en ce qui concerne l’aide publique au développement.


M. SUGIRI SYARIEF (Indonésie) a rappelé le rôle clef joué par les jeunes dans la construction d’un meilleur futur et la nécessité d’investir dans leur développement, en particulier l’éducation et la santé.  Abordant ensuite les réalisations de son pays dans ce domaine, le représentant a mis en avant le Plan national de développement à moyen et long termes, qui a permis de placer les jeunes et les adolescents au centre du développement national indonésien.  Soulignant « le capital humain vital » représenté par la jeunesse, M. Syarief a rappelé les programmes d’éducation lancés pas son pays depuis plusieurs décennies, en ajoutant que 20% du budget national était alloué à l’éducation depuis 2005.


Citant les programmes de planning familial mis en place par l’Indonésie depuis les années 1970, le représentant a souligné les succès rencontrés: recul de l’âge du mariage à 19 ans et recul de l’âge des grossesses ou maternités non désirées.  Il a précisé qu’une nouvelle loi sur le mariage était aussi en discussion, en mettant également l’accent sur la Stratégie nationale de santé reproductive, lancée dans la foulée du Programme d’action du Caire et complétée en 2000 par un Programme national entièrement consacré à la santé reproductive des adolescents.


M. LEONEL BRIOZZO, Vice-Ministre de la santé publique de l’Uruguay, a fait remarquer que, lorsqu’on parle de la jeunesse, « on ne parle pas de demain mais d’aujourd’hui ».  Il a estimé essentiel que « main dans la main avec les jeunes », les pays se dotent des instruments nécessaires à leur épanouissement.  Il a ensuite cité plusieurs défis auxquels est confronté son pays dans les domaines économiques et sociaux, qui ont entraîné le lancement d’un processus de croissance et de lutte contre les inégalités depuis 2005.  Mais, malgré cette initiative, les inégalités persistent en Amérique latine, la région la plus inégale au monde, a-t-il rappelé. 


Le représentant s’est ensuite félicité de la réduction de la mortalité maternelle en Uruguay, grâce notamment à des méthodes d’avortement sous contrôle médical et un modèle de santé inédit et efficace, a-t-il dit.  M. Briozzo a souligné que les femmes en situation de grossesse non désirée n’étaient pas exclues de ce système.  Par ailleurs, le Gouvernement de l’Uruguay a également investi en faveur des enseignants et a voulu créer un réseau de référence sur l’éducation sexuelle.  Les programmes ont aussi mis l’accent sur l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive, grâce à une loi qui a permis de créer des réseaux de santé spécifique à l’échelle du pays, a-t-il expliqué.  Face aux nombreux défis qui demeurent, il a réaffirmé le soutien de sa délégation aux engagements pris à la Conférence du Caire, en 1994.


Mme ALICE BIKISSA NEMBE, Ministre déléguée auprès du Ministre de la s
anté du Gabon
, a rappelé que le droit à la santé était garanti par la Constitution et la loi.  Elle a ensuite énuméré les défis « considérables » que le Gabon est appelé à relever dans le domaine de la santé des jeunes: problèmes liés à la sexualité précoce et la santé reproductive, problèmes liés au VIH/sida et aux maladies sexuellement transmissibles, problèmes d’alcoolisme et de tabagisme.  Elle a ensuite souligné l’impact de la situation économique et sociale des jeunes et des adolescents sur leur santé. 


Dans ce contexte, la représentante a passé en revue les initiatives menées par son pays, notamment le Plan national de développement sanitaire et les politiques visant à introduire dans les programmes scolaires des modules d’éducation sur la santé sexuelle et procréative.  Elle a également souligné la participation et les engagements du Gabon aux niveaux régional et international, en particulier par l’adhésion aux principales recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD).  Avant de conclure, elle a souhaité que la résolution, qui doit être adoptée en fin de session par la Commission, donne la priorité à l’éducation sur la sexualité et à la santé reproductive, tout en étant respectueuse des droits des jeunes. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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