Darfour: Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix appelle les signataires du document de Doha à mettre en oeuvre leurs engagements
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Conseil de sécurité
6762e séance – matin
DARFOUR: LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX APPELLE LES SIGNATAIRES DU DOCUMENT DE DOHA À METTRE EN ŒUVRE LEURS ENGAGEMENTS
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, en présentant ce matin, devant le Conseil de sécurité, le rapport du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD)*, a appelé les parties signataires du Document de Doha pour la paix au Darfour à mettre en œuvre leurs engagements.
Dans son rapport, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, se félicite de la création, en décembre dernier, de l’Autorité régionale pour le Darfour, laquelle, écrit-il, « constitue une étape importante dans la mise en oeuvre du Document de Doha, de l’établissement de la Commission nationale des droits de l’homme et de la nomination d’un procureur du Tribunal pénal spécial sur les événements du Darfour ».
Le Secrétaire général met en outre l’accent sur la nécessité pour l’Autorité régionale d’« améliorer de façon concrète la vie des Darfouriens en apportant les dividendes de la paix, notamment en matière de reconstruction et d’appui au retour ou à la réinstallation des personnes déplacées et des réfugiés ».
Précisant que l’Autorité régionale préparait des stratégies et des plans de travail en vue de la mise en œuvre du Document de Doha pour la paix au Darfour, M. Ladsous a exprimé des préoccupations sur l’absence de financement de la part du Gouvernement.
Le Président de l’Autorité, M. Eltijani Siesi, a indiqué le 23 avril dernier que faute de financement, le processus pourrait s’effondrer, a souligné le Secrétaire général adjoint.
Par ailleurs, « en ce moment, les perspectives ne sont pas bonnes pour la reprise des négociations entre le Gouvernement et les mouvements non-signataires », a poursuivi M. Ladsous, précisant que le Mouvement pour la justice et l’égalité ainsi que l’Armée de libération du Soudan-faction Minni Minawi (ALS-MM), tous deux membres de l’Alliance du Front révolutionnaire du Soudan, avaient informé le Médiateur en chef conjoint par intérim, M. Ibrahim Gambari, qu’ils négocieraient exclusivement sur les questions de réformes politiques nationales et économiques.
Pour sa part, l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid (ALS-AW)a déclaré qu’elle n’était prête à négocier que si les questions de fond au cœur du conflit au Darfour étaient abordées, tandis que le Gouvernement a affirmé vouloir négocier seulement sur les questions liées au Darfour, sur la base du Document de Doha, a expliqué M. Ladsous.
Celui-ci a affirmé que les parties devraient, selon les termes du Document de Doha, achever d’ici le mois de juin la campagne d’information et de consultations. « Cette campagne permettra de recueillir les opinions des parties prenantes du Darfour sur les conditions qu’elles jugent importantes pour un dialogue crédible », a-t-il dit.
Concernant la mise en œuvre du mandat de protection de la MINUAD, M. Ladsous est revenu sur les incidents du 17 avril dernier, lorsque des forces armées non identifiées ont attaqué El Simah, près de la frontière entre le Darfour oriental et le Kordofan méridional. Il a rappelé que les tentatives de la part de la MINUAD et des agences humanitaires d’accéder à ces régions et d’autres touchées par des combats, notamment celle de Jebel Marra, avaient été bloquées par les autorités du Gouvernement.
Malgré les garanties données à la MINUAD et aux agences humanitaires pour pouvoir se déplacer à travers le Darfour, la MINUAD continue d’être limitée dans ses mouvements, particulièrement dans des zones militaires sensibles, a-t-il dit.
Au sujet de la sûreté et de la sécurité du personnel de la Mission et du personnel humanitaire, M. Ladsous a dit toute sa préoccupation à la suite, notamment, de trois attaques mortelles dont ont fait l’objet les soldats de la MINUAD depuis le début de l’année.
Le Secrétaire général adjoint a également annoncé au Conseil que, dans les mois à venir, les Nations Unies continueraient de rationnaliser et de renforcer l’efficacité du personnel en uniforme de la MINUAD.
S’agissant de la police, l’une des principales conclusions de l’évaluation des personnels en uniforme contenue dans le rapport du Secrétaire général souligne en effet l’existence d’un risque accru, pour les civils, de subir des crimes violents, notamment dans les zones urbaines et les camps de déplacés, par opposition aux dommages causés par les conflits armés, a-t-il expliqué. De plus, l’évaluation montre que les opérations des unités de police constituées dans les zones périphériques chevauchent celles des patrouilles militaires, a-t-il précisé. Il est ainsi recommandé que les unités de police constituées soient déployées dans les zones urbaines et les camps de déplacés.
M. Ladsous a, de même, assuré que la MINUAD allait maintenir les 13 centres de police de proximité déjà construits et se dispenser des plans visant à utiliser les 20 centres qui ne sont pas encore construits.
S’agissant de la composante militaire, l’ajustement total vis-à-vis du personnel militaire déjà déployé s’élève à 3 260 hommes, chiffre qui intègre notamment une réduction de 1 600 hommes dans l’infanterie.
En ce qui concerne les unités d’aviation, une réduction de 200 hommes est recommandée en lien avec le redéploiement proposé d’hélicoptères tactiques.
M. Ladsous a précisé que la mise en œuvre de tous les ajustements serait achevée dans une période de 18 mois. Les économies réalisées dans l’année 2012-2013 s’élèveront à 76,1 millions de dollars sur un budget total de 1,5 milliard, et dans les années suivantes, les économies atteindront environ 135 millions de dollars par an, a-t-il conclu.
Rapport du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (S/2012/231)
Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, dans ce rapport fait le point sur les progrès réalisés dans l’exécution du mandat de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) et sur la situation sur place depuis son dernier rapport daté du 30 décembre 2011.
Il se félicite de la création de l’Autorité régionale pour le Darfour, qui, écrit-il, constitueune étape importante dans la mise en oeuvre du Document de Doha, de l’établissementde la Commission nationale des droits de l’homme et de la nomination d’un procureur du Tribunal pénal spécial sur les événements du Darfour ayant compétence pour statuer sur les violations flagrantes des droits de l’homme et les violations graves du droit international humanitaire commises au Darfour depuis 2003.
Selon M. Ban, il importe tout particulièrement que l’Autorité régionale soit désormais en mesure d’améliorer de façon concrète la vie des Darfouriens en apportant les dividendes de la paix, notamment en matière de reconstruction et d’appui au retour ou à la réinstallation des personnes déplacées et des réfugiés.
À cet égard, les parties signataires doivent faire en sorte que l’Autorité régionale dispose des ressources et des capacités lui permettant de s’acquitter de ses responsabilités, notamment en respectant leur engagement de contribuer au Fonds de reconstruction et de développement du Darfour ainsi qu’au système de microfinancement permettant de promouvoir les activités rémunératrices.
En outre, poursuit le Secrétaire général, la volonté des Darfouriens de s’engager dans un dialogue et un processus politiques internes doit être encore renforcée. Toutefois, pour que ce processus soit crédible et permette d’atteindre le but fixé, les participants doivent pouvoir s’exprimer, se déplacer et se réunir librement. M. Ban exhorte ainsi la MINUAD à poursuivre ses consultations avec les parties sur les questions relatives aux droits fondamentaux des Darfouriens et à leur participation proportionnelle au processus.
Le Secrétaire général se dit profondément préoccupé par l’augmentation du nombre d’attaques contre le personnel et les biens de la MINUAD, qui ont coûté la vie à deux soldats de la paix au cours de la période considérée. Condamnant ces actes inacceptables, il invite le Gouvernement soudanais à continuer de travailler en étroite collaboration avec la MINUAD pour enquêter sur tout acte de violence contre l’Opération, et exhorte le Gouvernement à libérer le personnel de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud actuellement détenu au Darfour oriental.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel