La santé sexuelle et reproductive et le chômage des jeunes marquent la troisième journée du débat à la Commission de la population et du développement
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Commission de la population et du développement
Quarante-cinquième session
6e et 7e séances
matin et après-midi
LA SANTÉ SEXUELLE ET REPRODUCTIVE ET LE CHÔMAGE DES JEUNES MARQUENT LA TROISIÈME JOURNÉE DU DÉBAT
À LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT
Malgré d’importants progrès réalisés dans de nombreux pays, la santé des jeunes et des adolescents doit demeurer un domaine d’action prioritaire pour la communauté internationale car, chaque année, ils sont environ 2,6 millions de jeunes à mourir de causes qui pourraient être évitées.
« Grâce à des études récentes, nous savons aujourd’hui qu’un tiers des maladies, qui interviennent plus tard dans la vie, sont liées à l’adolescence. Un sixième de ces maladies sont provoquées par des comportements à risques qui ont eu lieu à cet âge, tels que l’abus d’alcool, l’obésité, le tabagisme ou l’inactivité physique. »
Ce constat, dressé aujourd’hui devant la Commission de la population et du développement par le professeur australien George Patton, spécialiste des questions de santé des adolescents, a été reconnu par de nombreuses délégations.
Chaque région, ont toutefois fait remarquer certains, est confrontée à des difficultés très diverses. « La santé pour les jeunes n’est pas seulement un service, c’est un droit », a rappelé le représentant de la Bolivie, dont le pays entend surtout mettre l’accent sur l’éducation sexuelle des jeunes, axée notamment sur la lutte contre le VIH/sida. Au Brésil, où les jeunes représentent 30% de la population, le système universel de santé concentre ses efforts sur les filles et les jeunes femmes. Malgré ces efforts, les grossesses chez les adolescentes restent nombreuses et, à ce jour, le taux de mortalité chez les adolescentes des suites d’un accouchement est de 16%.
Une situation que connaît aussi le Guatemala, où plus de 30 000 filles, âgées de 9 à 18 ans, se retrouvent enceintes, a expliqué sa représentante. Des mesures sont prises pour décourager les adolescents d’avoir des relations sexuelles, a précisé la représentante.
Pourtant, ce ne sont pas les maladies mais les homicides qui tuent le plus de jeunes entre 10 et 24 ans en Amérique latine, a souligné le professeur Patton. La région, à l’instar de celle d’Europe de l’Est, connaît en effet un taux de mortalité « intermédiaire » dans cette tranche d’âge, soit 100 à 150 décès pour 100 000 jeunes.
Les homicides ont aussi un impact plus important sur les jeunes gens en Amérique latine. Les taux de mortalité parmi les jeunes gens de 15 à 19 ans sont deux fois plus élevés que ceux des femmes et ceux qui appartiennent à la tranche d’âge des 20 à 24 ans sont exposés à de plus grands risques que les jeunes filles du même âge.
La Méditerranée orientale et l’Asie du Sud-Est connaissent, quant à elles, des taux de mortalité relativement élevés parmi les jeunes -150 à 200 décès pour 100 000 jeunes-, tandis que l’Afrique se distingue tristement avec 300 décès, chaque année, pour 100 000 jeunes.
Sur le continent africain, la mortalité touche principalement les filles et les jeunes femmes en raison d’une prévalence de la mortalité maternelle et de la forte incidence du VIH/sida chez les jeunes femmes. Des progrès existent en dépit des nombreuses difficultés qui persistent. Chaque pays tente d’y remédier en misant sur des domaines prioritaires, ont souligné plusieurs délégations.
Le Nigéria, qui possède la plus large population de jeunes et d’adolescents d’Afrique, mise tantôt sur l’éducation, tantôt sur la vaccination, avec deux objectifs: créer 100 établissements scolaires chaque année et vacciner les jeunes filles contre le « PapillomavirusHumain(HPV) »afin de prévenir le cancerdu col de l'utérus.
Face à de nombreuses grossesses précoces ou non désirées et des avortements dangereux, le Burkina Faso axe ses efforts sur l’information. Mais, malgré l’appui du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), l’accès à l’information, aux préservatifs et aux services de santé reste insuffisant et compliqué en milieu rural.
Pour d’autres pays, comme le Bélarus, l’Ouzbékistan ou la Moldova, les efforts portent non seulement sur la santé des jeunes mais également sur les moyens de leur assurer un avenir meilleur, en leur offrant de meilleures opportunités sur le marché du travail. Moins de 30% des jeunes de la République de Moldova occupent un emploi et la migration économique laisse des traces sur des adolescents laissés seuls ou confiés à des proches, a expliqué son représentant. Pour le Bélarus, la baisse du taux de natalité risque de causer d’importants problèmes de main-d’œuvre et il s’agit, avant tout, d’investir dans des programmes favorisant l’entreprenariat des jeunes. Sa représentante a appelé le Conseil économique et social (ECOSOC) à accorder une attention particulière aux jeunes lors de l’Examen ministériel annuel (EMA) de 2012.
Au cours des prochaines années, plusieurs tendances socioéconomiques mondiales indiquent que l’indépendance financière des jeunes sera de plus en plus tardive et que les opportunités économiques diminueront en même temps que l’arrivée d’un grand nombre d’entre eux sur le marché du travail, a averti M. Jorge Bravo, du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).
En fin d’après-midi, la Commission de la population et du développement a entendu plus d’une dizaine de responsables d’organisations non gouvernementales, dont certaines bénéficient d’un statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC, qui ont demandé aux États Membres de prendre des mesures plus concrètes en faveur de la santé des jeunes.
La Commission de la population et du développement reprendra ses travaux demain jeudi, 26 avril, à 10 heures.
DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À L’EXPÉRIENCE DES PAYS DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION: LES ADOLESCENTS ET LES JEUNES
Suite du débat général
Tandis qu’une grande partie de la communauté internationale lutte toujours contre les effets négatifs de la crise économique et financière, Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a fait remarquer la nécessité d’investir dans le développement économique et social afin d’améliorer l’égalité sociale et de fournir des revenus aux générations futures, et ce, en leur offrant notamment un meilleur accès au marché du travail, a-t-elle dit. « Les jeunes sont en effet le groupe qui possède le plus grand potentiel pour faire face aux défis de notre société ». Au Brésil, ils constituent environ 30% de la population, soit 49,8 millions de personnes. La sexualité et la vie reproductive débutent à l’adolescence et c’est la raison pour laquelle les droits sexuels et reproductifs de cette population doivent être protégés et promus, a-t-elle expliqué.
Les jeunes, au Brésil, sont nombreux à demander des politiques publiques qui rencontrent leurs besoins. Le Secrétariat national de la jeunesse élabore, coordonne, intègre et articule ces politiques visant les jeunes, c’est-à—dire ceux qui sont entre 15 et 29 ans. Le Conseil national des jeunes conseille et fournit, de son côté, les grandes lignes de l’action du Gouvernement, ainsi que des études sur la situation des jeunes dans le pays. En matière de santé, la représentante a rappelé que son accès était un droit garanti par la constitution du Brésil et que le système universel de santé du pays (SUS) accordait une attention particulière aux filles et jeunes femmes dans une perspective d’égalité des sexes. Elle a toutefois reconnu que l’une des difficultés du Brésil en matière de santé sexuelle et reproductive demeurait les grossesses des adolescentes, en particulier dans les groupes les plus vulnérables. Le taux de mortalité maternelle des adolescentes est, en effet, très élevé au Brésil, avec un taux qui atteint 16% de l’ensemble des cas de décès maternels dans le pays.
M. EDUARDO PORRETTI (Argentine) a réaffirmé son soutien au Programme d’action du Caire et à la Conférence internationale sur la population et le développement. Il a déploré qu’en dépit des efforts déployés par les États, la situation reste « très préoccupante, comme l’ont souligné le rapport du Secrétaire général et le FNUAP ». Citant tout particulièrement le domaine de la santé, notamment sexuelle et reproductive, il a rappelé l’importance de la « participation des jeunes dans la formulation des politiques publiques qui les concernent ».
Passant ensuite en revue les initiatives menées par l’Argentine pour mettre en œuvre le Programme d’action du Caire, le représentant a rappelé les réformes juridiques et les lois adoptées, notamment la loi sur l’éducation de 2006 qui rend obligatoire l’enseignement dans le secondaire ou le dispositif législatif mis en place pour lutter contre les violences faites aux femmes. En conclusion, il a indiqué que l’Argentine se concentrait désormais sur le renforcement des connaissances des jeunes en matière de droit de l’homme et des garanties d’accès aux services de santé sexuelle et reproductive, en particulier pour les migrants.
M. RAFAEL ARCHONDO (Bolivie) a expliqué que 34% de la population de son pays était constituée de jeunes et que, depuis le début de ce siècle, la Bolivie avait entamé une série de transformations visant à modifier les relations entre le Gouvernement et la société civile, y compris en impliquant davantage les jeunes. La nouvelle constitution bolivienne reconnaît, à présent, différents droits aux jeunes, ce qui n’était pas le cas dans les versions précédentes. Il existe aussi un plan national qui vise à améliorer les conditions d’accès de la population au système de santé, et qui tient compte des besoins particuliers des jeunes. La Bolivie a aussi adopté un plan visant la jeunesse pour la période 2008-2012 et a ratifié la Convention latino-américaine de la jeunesse, a fait remarquer son représentant. « Les jeunes doivent avoir accès à la santé dans le cadre d’une démarche de droit », a-t-il ensuite insisté. La santé pour les jeunes n’est pas seulement un service, c’est un droit, a-t-il rappelé. La Bolivie, a-t-il assuré, considère que les femmes adolescentes ont aussi le droit de prendre les décisions qu’elles souhaitent en ce qui concerne leur corps et leur avenir.
En matière de sensibilisation, le représentant a expliqué que l’État avait mis en œuvre des plans d’action pour assurer une éducation sexuelle et civile aux jeunes. Une récente enquête menée en Bolivie avait en effet révélé que seulement 66% des jeunes du pays recevaient, par exemple, une éducation du VIH/sida. Le représentant a aussi estimé que les discriminations ou stigmatisations dont souffrent certaines personnes sont souvent liées à leur orientation sexuelle. Il a également indiqué que le chômage contribuait grandement à la migration des jeunes boliviens et représentait la troisième cause de migration hors du pays. C’est pourquoi nous devons continuer à nous engager dans l’édification de l’avenir de ces jeunes, a-t-il dit, avant de conclure.
M. RODNEY CHARLES (Trinité-et-Tobago) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la protection des jeunes. Il a passé en revue les initiatives menées par son gouvernement, notamment les investissements en matière d’éducation afin d’offrir une scolarité gratuite dans le primaire et dans le secondaire. Abordant le thème de la santé des jeunes, il a souligné le travail mené par le Programme de la population au sein du Ministère de la santé, ainsi que celui de l’Association nationale du planning familial qui informent la population, dont les adolescents et les jeunes, sur des problèmes liés à la sexualité, à la santé reproductive, sur les moyens de se protéger des grossesses précoces ou non désirées ainsi que des maladies sexuellement transmissibles comme le VIH/sida. En conclusion, il a indiqué que la Trinité-et-Tobago vient de lancer une série de nouvelles initiatives pour renforcer la participation des jeunes au processus de prise de décisions et d’élaboration des programmes qui s’adressent à eux.
M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) a regretté le fait que le rapport sur les jeunes et les adolescents du Secrétaire général n’adopte pas « un ton plus positif » en ce qui concerne les opportunités que représentent les jeunes pour le développement de toute société. Un Iranien sur trois est âgé de 15 à 29 ans et cette jeune population « représente notre avoir le plus précieux pour façonner un avenir prospère », a-t-il déclaré. Dans ce contexte, le représentant a expliqué que le Gouvernement iranien leur offrait des opportunités pour participer dans différents domaines de leur vie sociale. Une nouvelle génération de jeunes scientifiques, d’artistes, de penseurs et d’ingénieurs s’efforce ainsi de transformer l’économie du pays, de même que la vie culturelle du pays.
Le représentant a aussi fait remarquer que les services d’éducation avaient été élargis dans les zones les plus reculées du pays et que les garçons et les filles, en Iran, avaient un accès égal à l’université. Par ailleurs, il a souligné que son gouvernement poursuivait ses efforts pour que les jeunes aient accès à des services de santé de qualité. L’amélioration de la santé maternelle et de la santé des nouveau-nés fait partie des domaines qui sont renforcés. Tout comme la capacité à récolter des données sur les jeunes et ces groupes ciblés, le représentant a indiqué qu’un nouveau Ministère de la jeunesse avait été créé, qui a pour rôle de contribuer à la création d’un environnement prospère pour les jeunes et les adolescents.
M. JAMIN DORA ZUBEMA (Nigéria) a indiqué que son pays, qui était peuplé de plus de 167 millions d’individus, possédait la plus large population de jeunes et d’adolescents en Afrique et la plus large au monde après l’Asie. Les jeunes et adolescents du Nigéria sont confrontés aux défis de l’extrême pauvreté, du chômage, de l’exclusion sociale, de la malnutrition, de l’exploitation et de la violence, a dit le représentant. Les jeunes filles, plus particulièrement, a-t-il précisé, sont vulnérables à divers problèmes bien spécifiques allant des grossesses précoces aux grossesses non désirées, qui conduisent parfois aux avortements à risques et sont à l’origine des taux élevés de morbidité et mortalité maternelles, chez ce groupe.
Pour faire face à toutes ces difficultés et appuyer le développement des jeunes et des adolescents, le Nigéria, a précisé M. Zubema, a adopté divers plans d’action dont le dernier couvre la période 2010-2012. Plus spécifiquement, un Ministère pour le développement de la jeunesse a été créé en 2007, afin de répondre aux défis économiques et sociaux auxquels est confrontée cette catégorie de la population. Dans sa volonté de fournir l’éducation de base à tous les jeunes Nigérians, le Gouvernement a récemment engagé la première phase de constructions d’écoles pour les élèves itinérants de confession islamique, dans le nord-ouest du pays. L’idée est de créer 100 écoles, chaque année, au cours des quatre prochaines années, a précisé M. Zubema. Avant de conclure, il a rappelé qu’en 2011 son pays avait lancé des campagnes de vaccination pour les jeunes filles âgées de 9 à 15 ans contre le « PapillomavirusHumain(HPV) »afin de prévenir le cancerdu col de l'utérus.
M. VITALIY F. KOLBANOV (Fédération de Russie) s’est félicité que pour la première fois cette année, on note une baisse démographique dans le pays. Rappelant ensuite que 21 millions de Russes sont âgés entre 15 et 24 ans, soit 15% de la population, il a mis en avant les efforts déployés pour élargir le réseau d’institutions spécialisées qui jouent un rôle significatif dans les domaines culturel et sportif. Il a insisté sur les actions menées pour éliminer les négligences, combler l’absence de supervision parentale et endiguer la délinquance juvénile. Soulignant l’importance de l’éducation, il a indiqué que la Fédération de Russie se concentrait sur l’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur et la promotion d’une bonne santé physique. Au-delà des ressources déployées pour favoriser la pratique du sport avec la construction de nouvelles infrastructures dans les écoles, les lycées ou les universités, M. Kolbanov a souligné que les quelque 2,5 millions d’adolescents du pays étaient au centre des politiques nationales de santé publique, avec notamment des programmes de soins et des traitements individualisés à disposition.
Son pays, a poursuivi le représentant a créé des centres spécialisés qui avaient accueilli l’année dernière près d’un million de jeunes et d’adolescents. Ces structures et le personnel qui y travaille ont pour mission de renforcer la prise de conscience des jeunes pour un mode de vie sain. Ils offrent aussi des programmes de lutte contre les mauvaises habitudes qui prévalent dans la jeunesse: alcoolisme, tabagisme et toxicomanie. En conclusion, il a souligné que ces centres, ainsi que les campagnes d’information sur l’accès à la santé sexuelle et reproductive, avaient permis d’enregistrer des résultats significatifs: en quatre ans, le nombre d’avortements des adolescentes de moins de 14 ans a baissé d’une fois et demie tandis que celui des 15 à 18 ans a été divisé par deux.
M. SHAHZAD AHMAD MALIK (Pakistan) a tout d’abord salué le partenariat mis en place entre son pays et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), établi depuis 1971. Avec 180 millions d’habitants, le Pakistan est en effet le sixième pays le plus peuplé de la planète et 104 millions de Pakistanais sont âgés de moins de 30 ans. « La transition démographique du pays offre une occasion unique de toucher les dividendes de celle-ci pour accélérer le développement économique », a-t-il dit. Cela ne signifie pas que ce groupe de la population ne connaît pas de difficultés. Il a souligné que les parents avaient une responsabilité particulière dans ce contexte, afin d’aider les jeunes à devenir les architectes de leur avenir.
Le représentant a ensuite indiqué que plusieurs mesures avaient été prises par son gouvernement pour cibler les adolescents et les jeunes, notamment en ce qui concerne les questions relatives à la santé, qui ont été intégrées dans les manuels scolaires et auxquels les enseignants ont été formés. Le représentant a aussi précisé qu’une série de mesures avaient été prises, au Pakistan, pour protéger les femmes de pratiques préjudiciables, comme les actes de violence ou le harcèlement, par exemple. En outre, des mesures ont été prises pour réduire le taux de mortalité maternelle. À cet égard, le Fonds national pour le bien-être de la population au Pakistan a été revitalisé afin d’aider davantage les organisations de la société civile qui assistent les femmes en matière de planning familial. Comme l’avait souhaité l’ancienne Premier Ministre, Benazir Bhutto, le Pakistan œuvre pour que les femmes puissent avoir des grossesses désirées et espacées.
M. VLAD LUPAN (République de Moldova) a axé son intervention sur le chômage, problème majeur auquel sont exposés les jeunes dans son pays. À ce jour, moins de 30% des jeunes en âge de travailler occupent un emploi. Il a également mis l’accent sur les conséquences de la migration économique des adultes, qui ont « laissé derrière eux leurs jeunes enfants en les confiant à des proches, sans l’attention nécessaire, ce qui, a-t-il fait remarquer, a un impact sur leur futur comportement social ». Dans ce contexte, le Gouvernement a lancé une série d’initiatives parmi lesquelles la mise en œuvre d’une stratégie nationale en faveur de l’emploi, la création d’un Ministère de la jeunesse et des sports.
Le représentant a également indiqué que des politiques et programmes se concentraient désormais sur l’éducation professionnelle spécialisée, la lutte contre les migrations illégales, l’amélioration de l’accès à Internet et aux nouvelles technologies, par le biais des centres de ressources pour la jeunesse. Des campagnes de prévention et de sensibilisation ont également été lancées pour renforcer l’information et l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive. Après avoir souligné l’importance des investissements étrangers dans son pays pour développer le marché du travail, M. Lupan a insisté sur la Stratégie de développement national « Moldavie 2020 », établie avec l’appui de l’ONU en vue de réaliser le double objectif de réduire le taux de chômage des jeunes à 4% et celui des migrations à 10%.
M. BENJAMIN DE LEON (Philippines) a déclaré qu’en dépit du grand nombre de mesures visant à assurer le bien-être des jeunes et des adolescents et à leur permettre d’exercer leurs droits, beaucoup reste encore à faire. Les jeunes et adolescents philippins continuent de souffrir de difficultés chroniques et nouvelles qui freinent leur développement et leur croissance, particulièrement en matière de droit à la santé sexuelle et procréative. Les grossesses des adolescentes figurent justement parmi les facteurs décriés, a dit le représentant, en faisant remarquer que le taux de grossesses avait atteint 23% chez les jeunes filles âgées de 15 à 24 ans. Dans la plupart des cas, les grossesses et les accouchements ne sont pas désirés, a-t-il ajouté, avant de relever que le VIH/sida demeurait aujourd’hui la plus grande menace à la santé des jeunes philippins. Il s’est d’ailleurs alarmé de la hausse, sans précédent, du taux d’infections au VIH/sida au sein de cette catégorie de la population. En janvier 2012, on comptait officiellement 8 576 cas d’infections au VIH dans l’ensemble du pays, toutes catégories confondues. De janvier 2011 à janvier 2012, 197 nouvelles contaminations ont été enregistrées, chaque mois, avec un taux de prévalence du VIH/sida plus élevé chez les hommes âgés de 20 à 29 ans, a-t-il indiqué.
En réponse à l’ensemble de ces contraintes pesant sur les jeunes et adolescents, le Gouvernement a, en collaboration avec les organisations non gouvernementales et la société civile, entrepris de renforcer leur éducation à la santé sexuelle et procréative. Il a également décidé de soutenir et aider les parents à mieux communiquer et guider leurs enfants. Toutes ces interventions ont été menées, conformément aux engagements du pays en vertu du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire. Mais, malgré ces efforts, il est clair, qu’à ce jour, il reste énormément à faire pour parvenir à créer un environnement dans lequel les jeunes et adolescents pourront pleinement exercer leur droit à la santé sexuelle et procréative.
M. JUAN CARLOS ALFONSO FRAGA, Directeur du Centre pour la population, le développement et le recensement à Cuba, a fait remarquer que la plupart des objectifs fixés pour 2015 avaient déjà été atteints par son pays et que des mesures continuaient à cibler les jeunes et les personnes âgées en matière de développement économique. Cuba fait partie des pays qui ont réalisé des progrès pour limiter la propagation du VIH/sida et aussi en matière d’éducation des jeunes, a-t-il déclaré. Tous les jeunes de 12 à 24 ans bénéficient d’une éducation à Cuba et, par ailleurs, l’espérance de vie des jeunes a progressé au cours des dernières années, ce qui montre, a-t-il dit, que des résultats ont été obtenus en matière de santé.
Le représentant a cité, à titre d’exemple, la prévalence du VIH/sida qui n’est que de 0,05% parmi les jeunes, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes. Il a aussi cité le nombre de 1,7 million de jeunes qui sont sortis tout récemment d’une école ou d’une université cubaine. Malgré le fait que les jeunes et les adolescents ne représentent que 17% de la population cubaine dans la tranche d’âge de 12 à 24 ans, leurs droits sont garantis par la Constitution, a-t-il souligné.
S’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal) a rappelé que les jeunes représentaient 60% de la population dans les PMA, contre 46% dans les pays en développement. Soulignant que cette jeunesse constituait un énorme potentiel, il a réaffirmé l’engagement de son pays à renforcer l’accès à l’éducation et aux formations afin qu’elle joue un rôle central dans le développement futur du pays. Le représentant a ensuite fait référence aux rapports du Secrétaire général de l’ONU présentés en ouverture de cette quarante-cinquième session pour décrire la situation des PMA.
Appuyant les conclusions et recommandations du Secrétaire général, il a souligné les défis spécifiques des PMA dans la fourniture et l’offre de soins de santé, qui se traduisent notamment par des taux de mortalité maternelle et infantile très élevés dans les PMA. « Nous avons besoin d’une coopération internationale solide et ciblée », a-t-il ensuite déclaré. Avant de conclure, il a réitéré l’appel des PMA à ses partenaires internationaux pour qu’ils « fournissent une assistance technique et financière » permettant de « soutenir les politiques et programmes destinés à offrir des opportunités économiques et des emplois » à la jeunesse des PMA.
M. PAPOURI TCHINGONBE PATCHANNE, Ministre du plan, de l’économie et de coopération internationale du Tchad, a indiqué que les jeunes représentaient aujourd’hui 30% de la population tchadienne. Soulignant que l’avenir de son pays dépendra de cette jeunesse, il a mis en avant les « décisions hardies et volontaristes » prises par son pays. Il a cité notamment la création d’un Fonds national d’appui à la jeunesse pour financer leurs projets, l’allocation de 2 milliards de francs CFA à chaque région du pays pour mener des activités sociales en faveur des jeunes. En matière de santé, il a souligné la gratuité de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/sida, qui a concerné près de 7 000 personnes en 2007, 18 000 en 2008 et 32 000 en 2009.
Rappelant ensuite que les besoins des adolescents et des jeunes ne se limitaient pas seulement à la santé, le représentant a indiqué que « la préoccupation du Gouvernement était de leur assurer une formation adéquate à l’emploi et de les accompagner dans leur insertion professionnelle ». Dans ce contexte, « une très large part des revenus du pétrole est investie dans l’éducation et la santé », notamment dans la construction d’écoles, de collèges, de lycées, d’universités, d’hôpitaux et de centres régionaux de santé. En conclusion, il a souligné que le Tchad « ne pourra pas résoudre à lui seul les problèmes liés aux adolescents et aux jeunes », en appelant la communauté internationale à « se mobiliser » et à « faire preuve de solidarité ».
Mme DE LEON (Guatemala) a reconnu que la situation démographique de son pays connaissait encore des difficultés. Les jeunes représentent 19% de la population du Guatemala, a-t-elle précisé. Si le taux de natalité diminue, les jeunes âgés de 14 à 24 ans demeurent nombreux. Ce qui implique des défis importants en termes sociaux et économiques pour les années à venir, a-t-elle dit.
Dans ce contexte, la représentante a expliqué que le Gouvernement du Guatemala prenait des mesures pour y faire face, notamment, à travers des programmes visant les jeunes dans les écoles et un plan global pour la jeunesse qui couvre la période 2010 à 2015. En matière de santé sexuelle et reproductive, elle a expliqué que le Guatemala essayait de décourager les relations sexuelles des mineurs d’âge. Plus de 30 000 filles et jeunes femmes de 9 à 18 ans se retrouvent enceintes dans le pays et beaucoup meurent avant ou après l’accouchement.
M. EASTON WILLIAMS (Jamaïque) a expliqué que les effets combinés de la baisse du taux de fertilité et de mortalité ont conduit à un vieillissement rapide de la population jamaïcaine. Aujourd’hui, la population âgée de moins de 15 ans est en déclin, grâce à la contraception, et le groupes des adolescents et jeunes, c’est-à dire les 10 à 24 ans, qui représente 780 000, est à son niveau maximum, sur une population totale de 2,7 millions d’habitants. Ce chiffre correspond d’ailleurs à la tendance mondiale que l’on enregistre pour cette tranche de la population. Depuis la Conférence du Caire, la Jamaïque a adopté divers textes juridiques et pris des mesures, en vue d’améliorer la situation des jeunes et des adolescents, notamment à travers l’adoption d’une politique nationale pour la jeunesse et de lignes directrices pour les professionnels de la santé concernant la prescription de contraceptifs aux mineurs. Le Gouvernement a également entrepris des réformes majeures, notamment, l’établissement d’un centre national pour le développement de la jeunesse et d’une agence pour la protection des jeunes, a-t-il dit.
En dépit du fait que la Jamaïque ait mis en place un programme de planification familiale efficace, a fait remarquer le représentant, les jeunes et les adolescents restent marginalisés de celui-ci. C’est pourquoi, le Gouvernement s’attèle, depuis lors, à mettre en place des programmes de santé sexuelle et de procréation, au bénéfice de ce groupe de population, dans des centres médicaux sélectionnés à cette fin. Mais beaucoup reste à faire en la matière, a-t-il reconnu, avant de s’inquiéter du taux de prévalence du VIH/sida, qui est de 1,7%, parmi les personnes âgées entre 15 et 49 ans. Par ailleurs, ce taux est trois fois plus élevé chez les adolescentes que chez les adolescents, a-t-il noté, en expliquant cette différence par les abus dont sont victimes les jeunes filles, de la part d’homme âgées, et par leur vulnérabilité. Au regard de cette situation difficile des adolescents et des jeunes, il est urgent de développer des politiques et programmes ciblés en matière de prévention et de traitement au VIH/sida, en particulier en faveur des filles, a-t-il conclu.
M. DER KOGDA (Burkina Faso) a expliqué que l’on enregistre chez les adolescents, dans son pays, une activité sexuelle précoce, avec comme conséquence des grossesses précoces ou non désirées dont 14,4% en milieu urbain et 28,4% en milieu rural, et un nombre important d’avortements provoqués dans des conditions sanitaires non sécurisées. En outre, a-t-il poursuivi, la prévalence du VIH/sida dans la tranche d’âge de 15 à 24 ans, bien qu’elle soit en forte baisse, demeure la plus élevée du fait, notamment, des multiples partenaires et des rapports sexuels non protégés. En réponse à cette situation, a-t-il ensuite indiqué, le Burkina Faso a mis en œuvre plusieurs politiques et plans qui ont permis de doter les services de santé de moyens pour la promotion de la santé sexuelle et de créer des centres d’écoute pour les jeunes.
Le représentant a regretté qu’en dépit des efforts déployés par le Gouvernement, en matière de santé sexuelle et reproductive, appuyés par les partenaires dont le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), l’accès à l’information, aux conseils, aux préservatifs et aux services de santé reste encore insuffisant, surtout en milieu rural. M. Kogda s’est ensuite penché sur la question du chômage chez les jeunes et particulièrement les jeunes diplômés qui revendiquent « un travail décent dans un contexte international marqué par une récurrence des crises financière et économique et des crises de l’emploi ». Pour répondre à cette préoccupation, le Gouvernement du Burkina Faso, a-t-il indiqué, a créé, en 2006, un ministère chargé de la jeunesse et de l’emploi qui assure la mise en œuvre et le suivi de sa politique en matière de jeunesse et d’emploi. L’Agence nationale pour l’emploi, créée dans cette dynamique, initie quant à elle, régulièrement des stages et formations au profit des jeunes diplômés, a-t-il ajouté.
M. GEORGE PATTON, professeur et chercheur spécialisé dans la santé des jeunes et des adolescents à l’Université de Melbourne (Australie), a fait observer que cette proportion de la population avait été quelque peu négligée dans les politiques sociales et, ce, contrairement aux enfants et aux personnes âgées. L’une des dimensions particulièrement oubliée à leur égard a été la santé. « Si j’avais demandé, il y a quelques années, dans le système des Nations Unies : combien de jeunes meurent chaque année? On m’aurait répondu: Mais, les jeunes ne meurent pas, ils sont en bonne santé! Et si j’avais demandé: quelle est la proportion de maladies qui affectent les jeunes appartenant à cette tranche d’âge? On m’aurait répondu avec un haussement d’épaule », a-t-il expliqué.
Grâce à des études menées en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), nous savons aujourd’hui qu’environ 2,6 millions de jeunes meurent, chaque année, de causes qui pourraient être évitées. En outre, un tiers des maladies qui interviennent plus tard dans la vie sont liées à l’adolescence. Un sixième de ces maladies sont provoquées par des risques, qui interviennent à cet âge, comme l’alcoolisme, le tabagisme, l’obésité ou le manque d’activités physiques. M. Patton a ensuite replacé son exposé dans une perspective historique, en rappelant que le passage de l’enfance à l’âge adulte était, auparavant, un processus structuré et symbolique marqué par la maturité reproductive et le mariage. Dans les sociétés préindustrielles, par exemple, le délai entre la puberté et la première grossesse était de deux ans pour les filles, tandis que les garçons devenaient pères environ quatre ans après leur maturité reproductive. Aujourd’hui, a-t-il fait observer, le mariage se produit dans beaucoup de pays à revenus élevés lorsque les jeunes atteignent la vingtaine, voire la trentaine. Depuis la révolution industrielle, le fossé s’est donc creusé entre la transition biologique et ce qui se produit réellement en termes de transition et de rôle social.
S’agissant des taux de mortalité, la région qui présente le taux le plus faible parmi les jeunes âgés de 10 à 24 ans est celle du Pacifique occidental, dominée en nombre par la Chine, mais où ce taux varie entre 50 à 100 décès pour 100 000 jeunes. Globalement, cela reste le taux le plus faible même s’il existe quelques pays où il est encore très élevé, comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée, par exemple. L’Amérique latine et l’Europe de l’Est connaissent, quant à elles, des taux de mortalité « intermédiaires » dans cette tranche d’âge, avec entre 100 à 150 décès pour 100 000 jeunes. Une situation qui varie toutefois pour les garçons et les filles dans les deux régions mais pour des raisons différentes. En Amérique latine et, principalement à cause des homicides, les taux de mortalité chez les adolescents et jeunes parmi les 15 à 19 ans représentent plus du double que ceux des filles dans la même tranche d’âge, et les 20 à 24 ans ont trois fois plus de risques de mourir que leurs homologues féminines. En Europe de l’Est, ce sont les accidents de la route, les homicides et les suicides qui ôtent le plus souvent la vie aux jeunes hommes. Enfin, la Méditerranée orientale et l’Asie du Sud-Est connaissent des taux de mortalité relativement élevés, à savoir 150 à 200 décès pour 100 000 jeunes. L’Afrique se distingue tristement des autres régions, avec des taux de mortalité qui dépassent 300 décès, chaque année, pour 100 000 jeunes. La mortalité touche sur ce continent davantage les filles et les jeunes femmes, en raison d’une prévalence de la mortalité maternelle et de la forte incidence du VIH/sida parmi les jeunes femmes.
S’agissant des causes principales de ces décès, M. Patton a identifié, entre autres, des causes traditionnellement associées à la pauvreté, comme les maladies transmissibles telles que le VIH/sida, la tuberculose ou encore les décès liés à la santé maternelle. Les maladies infectieuses provoquent 27% des décès de jeunes hommes à travers le monde, contre 33% pour les jeunes femmes. De manière générale, ce sont les accidents de la route qui représentent, un peu partout, la première cause de mortalité parmi les garçons (52%), tandis que la mortalité maternelle décime 15% des jeunes femmes. Après avoir détaillé ces statistiques, M. Patton a insisté sur la nécessité d’impliquer les jeunes lorsqu’il s’agit de leur propre santé, de leur fournir des informations en la matière et de miser sur la prévention. Il a aussi fait part de plusieurs expériences novatrices dans ce domaine, comme YOUth for Road Safety, coordonnée par l’ONU et l’OMS en matière de sécurité routière ; CrowdOutAIDS.org, qui a mis en réseau plus de 1 500 jeunes dans 120 pays autour du VIH/sida; ainsi que d’autres exemples en Australie ou au Malawi, qui ont utilisé l’école comme plate-forme de sensibilisation à la santé des jeunes.
Dans l’échange de vues qui a suivi, le représentant de l’Afrique du Sud a estimé que le profil des adolescents et des jeunes que M. Patton a décrit mettait surtout l’accent sur leurs vulnérabilités, par exemple, « leur désespoir face à un avenir incertain », alors qu’ils sont aussi « très idéalistes, très optimistes et plein d’énergie ».
Pour M. Patton, « la médaille a deux faces » et c’est sur ces deux faces que les gouvernements doivent agir. D’un côté, la réduction des risques liés aux comportements des adolescents et des jeunes, par exemple avec des législations répressives sur l’usage des drogues ou la conduite en état d’ivresse; de l’autre côté, des investissements sociaux qui doivent accompagner les gains sanitaires. « Se pencher sur les problèmes de risques pour la santé ne suffit pas, il faut aussi investir dans ce qui est positif, leur épanouissement et leur participation », a-t-il insisté.
Interrogé par la représentante du Japon sur l’interprétation à donner aux niveaux très bas des taux de fécondité observés dans les jeunes générations des pays développés, en premier lieu le Japon, M. Patton a estimé que c’était la conséquence directe de la réalité de la vie des hommes et des femmes dans les pays développés. « Pour finir des études, pour consolider un emploi ou pour répondre aux inquiétudes liées à l’avenir, ils reportent de plus en plus tard le moment de la procréation et du mariage, si bien que leur potentiel de fécondité est réduit », a-t-il ajouté.
Rebondissant sur cette thématique, le représentant de Cuba a demandé s’il était possible d’avoir une idée de l’état de santé futur des jeunes générations et d’évaluer l’impact des comportements à risques observés aujourd’hui sur leur futur potentiel. Pour M. Patton, il est « clair que les problèmes médicaux liés à ces comportements apparaîtront ». Citant en exemple le diabète, les cancers, les maladies cardiovasculaires ou les traumatismes psychiques liés à l’anorexie ou à des problèmes nutritionnels graves, au tabagisme ou à la consommation d’alcool ou de substances nocives, il a insisté sur « le lien direct entre processus d’exposition aux risques pendant l’adolescence et conséquence à l’âge adulte ». Des efforts doivent être déployés pour limiter ces comportements et leurs conséquences, a-t-il souligné.
Interpelé par ailleurs par le représentant du Sénégal, sur la manière dont les États peuvent exploiter au mieux le potentiel de la jeunesse qu’il a qualifié de « dividende démographique », M. Patton a mis l’accent sur l’importance des initiatives et politiques destinées à permettre « leur insertion dans le circuit économique et leur participation au développement ». Il a toutefois rappelé que si l’éducation, l’emploi et la participation étaient essentiels, les questions liées à la santé des jeunes l’étaient tout autant au regard de leurs conséquences. Souhaitant clore cet échange de vues sur une note positive, la représentante de la Tunisie a rappelé que si le rôle et la place des jeunes avaient été souvent ignorés dans le monde arabe. « Le printemps arabe a démontré que les jeunes étaient capables de changer des gouvernements et des régimes, alors que les adultes avec leurs partis et leur gouvernements ne l’avaient pas fait ». Elle a conclu en appelant aussi à la reconnaissance du droit des jeunes à l’éducation et à l’organisation politique.
DÉBAT GÉNÉRAL SUR LA CONTRIBUTION DES QUESTIONS DE POPULATION ET DE DÉVELOPPEMENT AU THÈME RETENU POUR L’EXAMEN MINISTÉRIEL ANNUEL DE 2012
M. LUIS ALFONSO DE ALBA, Vice-président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé la nécessité de lier les questions de développement et de population et s’est félicité de pouvoir participer à la présente session de la Commission de la population et du développement car, a-t-il estimé, ses travaux pourraient contribuer à l’Examen ministériel annuel de 2012. Il a fait observer qu’au moment où les négociations en vue de la Conférence sur le développement durable Rio+20 se déroulent, de nombreux États avaient insisté pour que cette Conférence ne soit pas exclusivement un rendez-vous pour discuter de l’environnement mais couvre aussi les trois piliers du développement durable, à savoir le développement économique, le développement social et l’environnement. La volonté des États est d’accorder la même attention à ces trois domaines prioritaires, a-t-il souligné.
Le représentant a également appelé à saisir l’occasion pour « jeter des ponts », avec l’objectif de révision des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il dit, en rappelant que plusieurs propositions en ce sens étaient à l’examen. Il a aussi souligné que l’ECOSOC voulait engager un processus de révision et de réexamen avant de suggérer des éventuelles modifications. Rappelant le mandat clef de l’ECOSOC en matière de coordination au sein du système des Nations Unies, il a estimé qu’il faudrait explorer de nouveaux moyens pour mieux répartir les tâches, notamment avec les organisations spécialisées. Avant de conclure, il a considéré que la Commission de la population et du développement devrait contribuer à identifier des domaines où l’ECOSOC peut parvenir à établir un programme plus équilibré pour tous les pays.
M. JORGE BRAVO, Chef de la Section population et développement du FNUAP, a présenté le travail de son service sur la population mondiale et, notamment, celle en âge de travailler « qui n’a cessé de croître ces dernières décennies pour atteindre 4,6 milliards de personnes en 2012, avec une projection de 6 milliards de personnes actives en 2050 ». Selon ces estimations, ce sont les pays en développement qui seront témoins de cet accroissement, principalement ceux d’Afrique et d’Asie. Il a mis en avant trois tendances préoccupantes: de très larges disparités régionales, l’absence d’une situation homogène avec certains pays qui connaissent déjà une baisse de leur population jeune, à l’instar de la Chine ou du Brésil, et un impact variant de la crise économique mondiale.
Abordant ensuite la situation des jeunes et des femmes sur le marché du travail, M. Jorge Bravo a dégagé plusieurs tendances dans la population mondiale jeune: une indépendance financière de plus en plus tardive, la baisse des opportunités économiques parallèlement à l’augmentation de l’entrée des jeunes sur le marché du travail, et l’existence d’un potentiel d’instabilité politique lié à l’absence d’opportunités d’emplois pour les jeunes. En conclusion, il a souligné que l’augmentation globale de la population jeune en âge de travailler s’accompagnait aussi d’un ralentissement de cette croissance, dont bénéficieront les pays en développement, avec une baisse de la pression de leur jeunesse sur le marché du travail.
M. LARBI DJACTA (Algérie) a axé son intervention sur trois domaines pour brosser le tableau des efforts déployés par son pays dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire. Sur l’éducation et l’égalité des sexes d’abord, il a cité quelques statistiques qui résument les progrès réalisés au cours des dernières décennies. Le taux de scolarisation des enfants âges de 6 ans est passé de 43% en 1966 à 97,96% en 2010, plaçant l’Algérie au niveau de certains pays développés. Il a également souligné l’évolution « considérable et continue dans les paliers supérieurs de l’enseignement », en citant en exemple l’évolution de la ration garçon/fille passée de 121 à 140 au niveau secondaire et de 96 à 140 dans l’enseignement supérieur. Abordant ensuite la question de la santé des jeunes, M. Djacta a indiqué qu’elle constituait une « préoccupation majeure pour les pouvoirs publics » qui y ont déployés « d’énormes efforts » au cours des 20 dernières années.
En matière de santé maternelle, le taux de mortalité maternelle est retombé de 230 pour 100 000 en 1989, à 86,2 en 2008, a-t-il indiqué, avant de souligner les progrès réalisés aussi dans le domaine de la couverture sanitaire des femmes. Le taux d’accouchements en milieu assisté est ainsi passé de 76% en 1992 à 97,2% en 2009, a-t-il indiqué, en précisant qu’en ce qui concerne le suivi prénatal, le taux est passé de 58% en 1992 à 90,2% en 2006. Pour ce qui a trait au planning familial, le taux d’utilisation de contraceptifs est de 61% et les frais des actes et produits contraceptifs sont entièrement remboursés, a-t-il assuré. S’agissant de la situation de l’emploi, M. Djacta a rappelé les investissements « massifs » qui ont été réalisés pour venir à bout du chômage qui touche en premier lieu les jeunes. Les politiques de promotion de l’emploi et de l’insertion professionnelle ont ainsi permis de faire reculer le chômage, passé de 30% dans les années 2000, à 10% en 2011. En conclusion, M. Djacta a souligné que ces efforts avaient permis une « amélioration sensible » du niveau de développement humain de l’Algérie. « L’indice de développement humain est passé de 0,602 à 0,677 entre 2000 et 2010 », a-t-il indiqué avant de conclure.
M. SLAMET RIYADI YUWONO (Indonésie) a noté que les jeunes travaillaient souvent dans le secteur informel. Cela montre qu’ils représentent pour l’économie de leur pays une force productive non négligeable, a-t-il dit. Leur contribution est essentielle pour lutter contre la pauvreté et développer la situation économique du pays, a estimé M. Yuwono. Pour mieux doter les adolescents et les jeunes avec des connaissances pertinentes pour accroître leur productivité, l’Indonésie prévoit d’étendre l’éducation primaire de base à 12 ans.
En outre, pour augmenter les opportunités d’emploi pour les jeunes, l’Indonésie a adopté une politique sur l’industrialisation et le développement national. L’investissement peut aussi être utilisé pour accroître les opportunités d’emploi et pour leur permettre de devenir des jeunes entrepreneurs. Aujourd’hui, cette politique a permis à un plus grand nombre de jeunes de participer à la création de nouveaux produits technologiques. M. Yuwono a assuré que la forte population de jeunes en Indonésie est un grand avantage pour le pays.
Mme MIRIAM COHEN-NAVOT (Israël) a déclaré qu’en offrant un travail décent aux jeunes, les pays peuvent ainsi réaliser une économie plus productive, créer une société plus cohérente et instaurer une démocratie encore plus forte. En Israël, entrer sur le marché du travail est un réel défi pour les jeunes adultes en général et les jeunes avec un niveau d’éducation moins élevé ou en difficulté. Pour eux, le Gouvernement a mis en place une stratégie à plusieurs volets basée sur un système éducatif adapté. Si 90% des jeunes israéliens finissent le cycle d’enseignement secondaire, le Ministère de l’éducation assurer cependant une instruction individualisée et un programme alternatif qui permettent aux jeunes ayant des difficultés scolaires de terminer les études dans un environnement incitatif. Pour ceux qui ont du mal à entrer à l’université, le Gouvernement a mis en place un autre programme qui leur offre une deuxième chance par des cours préparatoires de un à deux ans.
Israël reconnaît que les investissements dans la science, la technologie et l’éducation innovante sont à la base de la transformation économique dans de nombreux pays et que, de plus en plus, l’emploi requiert des compétences de haut niveau. C’est pourquoi, de nombreux réseaux d’enseignements ont mis en place des programmes encourageant les jeunes à développer leurs capacités et leurs carrières dans la haute technologie et les études scientifiques avancées. La responsabilisation des jeunes et des adolescents se trouve au cœur du travail à l’international d’Israël. Le Centre de formation international du Mont Carmel en est un exemple. Depuis sa création en 2000, 29 pays et 23 000 personnes en ont bénéficié. La plupart sont des jeunes étudiants et des jeunes universitaires. Cette collaboration est actuellement exportée en Afrique.
Mme IRINA VELICHKO (Bélarus) a fait remarquer que la baisse du nombre d’enfants et d’adolescents pourrait causer d’importants problèmes de main d’œuvre. C’est la raison pour laquelle il faudrait consentir des efforts en faveur de la natalité et de la santé et qu’il faudrait également créer des conditions propices pour les jeunes, a-t-elle estimé. À cet égard, elle a noté que de nombreux jeunes voulaient créer leur propre entreprise. Cela peut être un mécanisme efficace, a-t-elle estimé. En misant sur l’entreprenariat, les jeunes peuvent participer à la production et cela permet également de créer des emplois.
La date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) approche à grands pas et il est évident que tous les pays ne pourront pas les réaliser pleinement, a fait remarquer la représentante. C’est pourquoi elle a considéré qu’il faudrait, dès à présent, établir au sein de l’ONU des objectifs de développement durables qui prendront le relais des OMD et qui seront centrés sur l’énergie, la sécurité alimentaire, l’égalité des sexes et la science. Il importe aussi d’accorder une grande attention aux jeunes. Elle a clos son intervention, en suggérant que le prochain Examen ministériel de l’ECOSOC puisse, par exemple, dresser une liste des objectifs qui pourraient ouvrir la voie vers la transition.
M. VITALIY F. KOLBANOV (Fédération de Russie) a présenté les priorités de son pays en matière d’emploi dans le contexte de la crise économique. Il a notamment mis en avant le lancement de différents programmes destinés à permettre aux jeunes de trouver du travail ou de bénéficier de formations professionnelles adaptées au marché. Le Gouvernement russe a notamment développé les formations professionnelles en alternance aux études secondaires permettant aux jeunes de découvrir le marché du travail afin de faciliter leur insertion une fois leurs formations terminées.
Le représentant a également mis en avant les « programmes d’emploi à temps partiel » mis sur pied par le Gouvernement et dont ont bénéficié près de 50% des jeunes chômeurs et « les programmes de formation spécifiques aux secteurs d’activités qui ont un fort besoin de main d’œuvre » débouchant sur des contrats temporaires convertis en contrats réguliers à durée déterminée pour 96% des jeunes chômeurs qui en ont bénéficié.
M. Kolbanov a également souligné le succès des initiatives destinées à promouvoir l’entreprenariat privé, avec 200 000 entreprises individuelles créées l’année dernière. Le représentant a conclu, en insistant sur les politiques spécifiques mises en œuvre à l’attention des plus vulnérables, notamment les jeunes femmes qui peuvent désormais bénéficier de programmes spéciaux de formation en alternance afin de reprendre des études ou de se reconvertir bien qu’elles soient mères de famille.
Au Brésil, 55% des travailleurs dans le secteur informel sont des jeunes et 39% des travailleurs indépendants le sont aussi, a révélé M. SERGIO RODRIGUES DOS SANTOS (Brésil). Ils sont entre 16 et 24 ans. Même si les jeunes filles ont plus de qualifications académiques que les jeunes gens, elles ont plus de difficultés à trouver un travail qualifié que les jeunes gens. Le défi est non seulement de créer un travail décent pour les filles mais aussi de préserver leur droit et leur couverture sociale. En 2003, le Gouvernement du Brésil a signé avec l’Organisation internationale du Travail (OIT) un protocole d’entente pour la mise en œuvre d’un programme national pour un travail décent. Grâce au programme national d’accès à l’enseignement technique, un million de personnes entre 18 et 59 ans, ont suivi une formation professionnelle.
Le Programme « Université pour tous » a accordé une bourse complète ou partielle à près d’un million d’étudiants du premier cycle et des cycles supérieurs dans des institutions privées. Le Programme « Thousand Women » a permis à 100 000 femmes vivant dans des situations vulnérables de recevoir une éducation de base et une formation professionnelle. À travers le programme « Science sans frontières », le Gouvernement du Brésil donne la priorité à la consolidation et l’expansion de la science, de la technologie et à l’innovation, grâce à l’amélioration des échanges internationaux.
Mme YVONNE BOSSO (Côte d’Ivoire) a expliqué que l’instabilité politique du pays depuis 1999 a conduit à une situation très préoccupante des jeunes et des adolescents de son pays. Ils se trouvent en situation d’urgence et ont besoin d’une prise en charge à tous les niveaux. À cet effet, un office national de la population a été créé en mars 2012, a-t-elle indiqué. Il a pour mission, entre autres, de relever le niveau des indicateurs sociodémographiques et d’améliorer les conditions de vie des populations. Un Plan national de développement vient aussi d’être adopté pour la période 2012-2015. Au titre de l’année 2012, un rapport sur l’état et le devenir de la population ivoirienne sur la thématique des jeunes va être établi. La Côte d’Ivoire compte sur les institutions des Nations Unies ainsi que sur tous les partenaires pour donner aux jeunes et aux adolescents la possibilité de contribuer à la construction du pays.
S’exprimant au nom de l’Union européenne, M. MARTIN BULANEK a souligné que le manque d’opportunités d’emplois restait la principale conséquence de la crise économique, avec un taux de chômage des jeunes au niveau mondial particulièrement élevé et la persistance de discrimination à l’égard des femmes sur le marché du travail. Il a ensuite énuméré les principaux obstacles auxquels sont confrontés les jeunes, en premier lieu un accès limité à une éducation de qualité et à de l’information ou des services leur permettant de faire des choix en connaissance de cause quant à leur santé sexuelle et reproductive. « Les investissements en matière d’éducation, dont l’éducation sexuelle et la santé reproductive, sont essentiels pour qu’ils puissent exploiter leur potentiel et contribuer à un développement durable », a-t-il déclaré, avant de réclamer aussi des efforts pour promouvoir « les intérêts des jeunes, leur participation et les organisations de jeunesse ».
Après avoir passé en revue les initiatives lancées au sein de l’Union européenne pour promouvoir l’emploi des jeunes et l’égalité de genre, le représentant a mis l’accent sur la nécessité d’encourager les filles à étudier et de leur faciliter l’accès sur le marché du travail. Il a cependant reconnu que la parité entre les sexes sur le plan professionnel est loin d’être réalisée. Le représentant a souligné l’importance que les États de l’Union européenne attachent à la création d’opportunités professionnelles pour que les jeunes puissent accéder à des emplois productifs et décents. Il a également rappelé l’attachement de l’Union européenne à l’intégration de l’objectif de l’égalité des sexes dans tous les efforts de développement, afin de promouvoir la pleine participation des femmes, dont les jeunes femmes, dans les sphères politiques, économiques, culturelles et sociales, sur un pied d’égalité avec les hommes, et de leur permettre d’exercer leurs droits et libertés fondamentales en éliminant les obstacles existants.
M. PATRIK ANDERSSON, Chef de la Section de l’intégration sociale au sein de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a souligné que la région continuait à enregistrer des performances élevées dans de nombreux domaines. Cependant, a-t-il tempéré, elle reste confrontée à plusieurs défis démographiques et les jeunes et les adolescents sont particulièrement vulnérables aux perspectives socio-économiques. Le travail informel est en effet plus important dans cette tranche d’âge de la population et la région, qui compte 760 millions de jeunes, doit aussi miser sur l’acquisition de compétences, ainsi que sur l’éducation tout au long de la vie.
Par ailleurs, les prévisions démographiques prévoient que, dans 20 ans, le nombre de personnes âgées de 60 ans (et plus) aura presque doublé en raison de l’allongement de la durée de vie, a-t-il expliqué. M. Andersson a ensuite annoncé qu’au cours des 18 prochains mois la CESAP contribuerait à réaliser l’examen du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire, en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). Les données de cet examen seront présentées à la quarante-septième session de la Commission de la population en 2014.
M. SAIKOU TRAWALLY, Directeur des affaires de la population au sein du Ministère des affaires des femmes de la Gambie, a indiqué que 45% de la population de son pays avait moins de 15 ans et 22% entre 15 et 24 ans. Il a ensuite réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du droit à l’accès universel à la santé reproductive, dont les maladies sexuellement transmissibles comme le VIH/sida. « La Gambie estime que les adolescents et les jeunes ont le droit de décider librement quand ils veulent avoir des enfants, et doivent disposer pour ça d’une information et d’une éducation adaptée », a-t-il déclaré, en réaffirmant l’engagement politique de son pays dans ce sens.
Après avoir énuméré les initiatives menées pour atteindre cet objectif et mettre en œuvre le Programme d’action du Caire, M. Trawally a indiqué que des résultats avaient été obtenus avec des baisses des infections au VIH/sida, des grossesses précoces, des avortements et des décès maternels. Il a toutefois souligné l’absence de données statistiques pour chiffrer ces avancées, en ajoutant que la Gambie préparait en ce moment un recensement et des études sur la santé de la population en général et de celle des jeunes en particulier.
Le représentant a attiré l’attention sur les immenses défis qui restaient à relever, en particulier celui du chômage très élevé chez les jeunes, et les problèmes liés aux grossesses précoces ou aux avortements illégaux. Il a clairement indiqué que « si la communauté internationale et les gouvernements ne respectent pas leurs engagements financiers à l’égard des jeunes et des adolescents et des enjeux de développements, les pays en développement verront la difficulté représentée par le défi posé par notre population, particulièrement les jeunes ».
M. ASHRAF KHODJAEV (Ouzbékistan) a rappelé que son pays était le plus peuplé d’Asie centrale, et qu’il comptait près de 10 millions de personnes âgées de moins de 16 ans, soit 33% de sa population totale. C’est pourquoi le développement harmonieux de cette génération demeure l’une des priorités de la politique d’État, des organisations non gouvernementales pour les jeunes et d’autres mouvements. Parmi ces entités figure l’organisation « Fund Forum », qui est l’une des plus grande structures publiques au service des jeunes de la région, a-t-il indiqué. Elle a, pour activité principale, le soutien des jeunes ouzbeks, à travers la conduite de projets dans le domaine de la culture, de l’art, des sciences, de l’éducation ou encore du sport.
Depuis sa mise en place, le « FUND Forum » a déjà œuvré activement à la mise en œuvre de projets destinés aux jeunes et adolescents, avec pour but de parvenir à la réalisation des objectifs établis par le Programme d’action mondial pour la jeunesse et les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ». Le représentant a ensuite mis en exergue un série de projets conduits par cette organisation, en citant notamment la tenue de formations à l’entreprenariat pour les jeunes sélectionnés dans l’ensemble du pays, ainsi que l’octroi de bourses, pour les jeunes sportifs et les meilleurs élèves du pays. C’est en 2010 que le « Fund Forum » s’est vu octroyer le statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations Unies, a-t-il par ailleurs mentionné.
S’exprimant au nom de la Directrice de l’UNESCO, Mme Irina Bokova, M. PHILIPPE KRIDELKA (Directeur du bureau de l’UNESCO à New York) a estimé que cette session était « une occasion importante de renouveler notre engagement à travailler avec les jeunes et les adolescents ». Il a ensuite déploré que les jeunes soient considérés comme « un groupe particulier », alors que c’est un « groupe hétérogène, avec des dynamiques d’évolution globale mais aussi déterminé par la région et la culture à laquelle ils appartiennent. » « Nous devons briser cette politique de catégorie pour définir des stratégies efficaces », a-t-il déclaré, avant de rappeler les défis auxquels les jeunes de la planète sont confrontés, lesquels sont répertoriés dans le dernier Rapport mondial sur les jeunes, publié en février 2012: manque d’opportunités professionnelles, éducation inadaptée, conditions de travail précaires, risques sanitaires et insuffisance des investissements des gouvernements. Dans ce contexte, M. Kridelka a rappelé que le droit à l’éducation est « un droit de l’homme basique essentiel à la dignité humaine » et « primordial pour faire des progrès vers la réduction de la pauvreté et de l’inégalité de genre ».
Poursuivant son intervention, le représentant a souligné que l’éducation offrait aussi les outils nécessaires pour répondre aux changements et les exploiter au mieux, en ajoutant qu’elle était même « vitale » pour la lutte contre les maladies telles que le VIH/sida ou le paludisme et pour le contrôle de la fécondité par les femmes elles-mêmes. En conclusion, il a estimé qu’indépendamment des difficultés qui peuvent exister, les États Membres « doivent protéger les budgets qu’ils consacrent à l’éducation » et « investir pour créer un environnement stimulant pour l’apprentissage, pour améliorer la qualité de l’enseignement, pour intégrer les jeunes en situation vulnérable et pour adapter les programmes et la pédagogie à un monde en mouvement. »
M. BERTIL LINDBLAD, Directeur de l’ONUSIDA à New York, a commencé son intervention en annonçant « une bonne nouvelle »: la prévalence du VIH/sida chez les jeunes a baissé dans 21 des 24 pays ayant une prévalence supérieure ou égale à 1% et les nouvelles infections au VIH/sida diminuent à l’échelle mondiale, notamment en Afrique subsaharienne. Il a ensuite rappelé que ces progrès ne devraient pas faire oublier l’impact du VIH/sida sur la vie des adolescents et des jeunes. En 2010, à l’échelle mondiale, 5 millions de jeunes entre 15 et 24 ans vivaient avec le virus et ils représentaient 42% des nouvelles infections. Chiffres à l’appui, M. Lindblad a attiré l’attention sur la situation particulièrement alarmante des femmes. Dans la tranche d’âge des 15 à 24 ans, le taux d’infections au VIH/sida est deux fois plus important que pour les hommes. « Cela veut dire qu’à chaque minute qui passe, une jeune femme contracte le VIH/sida », a-t-il insisté.
M. Lindblad a ensuite énuméré les actions à mener pour réduire la transmission entre adolescents: promouvoir et protéger leurs droits de l’homme, assurer l’égalité de genre, éliminer toutes les formes de violence basées sur le sexe et traiter les facteurs juridiques, économiques, sociaux et culturels qui accroissent la vulnérabilité des jeunes femmes face au VIH/Sida, tout en prévoyant l’accès à l’éducation, aux services de santé sexuelle et reproductive, à l’emploi et à la protection sociale. Il a également réclamé des efforts concentrés sur les populations vulnérables autres, telles que « les usagers de drogues, les jeunes travailleurs du sexe ou les jeunes hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes ». Avant de conclure, M. Lindblad a insisté sur les moyens à mettre en œuvre pour limiter les infections de jeunes ou d’adolescents, en soulignant la nécessité de développer des programmes appropriés à leurs besoins spécifiques qui les atteignent surtout avec plus d’efficacité. Pour lui, cela implique, d’une part, d’éliminer les obstacles qui existent dans l’accès à la prévention, au dépistage et aux traitements et, d’autre part, de mieux former des travailleurs sanitaires qui sont à leur contact, et enfin de sensibiliser les communautés aux besoins des jeunes infectés par le VIH/sida.
M. CHANDRAMOULI VENKATRAMAN, membre du Département de la santé reproductive et de la recherche de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a souligné qu’il était urgent de traiter de la question de la santé procréative et sexuelle des jeunes et des adolescents. « Le nombre de filles mariées alors qu’elles sont encore des enfants, le nombre d’entre elles qui deviennent mères à un âge précoce ou meurent des suites d’un accouchement ou d’un avortement dangereux est tout à fait inacceptable. De même que le nombre de jeunes gens atteints du VIH/sida », a-t-il déclaré. M. Venkatraman a ensuite fait remarquer que de nombreux programmes et institutions de l’ONU, ainsi que de nombreuses organisations de la société civiles étaient actifs dans le domaine de la santé des adolescents et des jeunes. À l’instar de ce qui a déjà été dit au cours des deux premières journées de ce débat général de la Commission, les pays doivent faire beaucoup plus afin de respecter leurs engagements pris au Caire, a-t-il dit.
L’organisation non gouvernementale (ONG) « Advocatesfor Youth » a rappelé que son objectif principal était d’œuvrer en faveur de la pleine reconnaissance des droits des adolescents et des jeunes. Les droits des jeunes sont des droits de l’homme et les droits de l’homme sont les droits des jeunes, a résumé la représentante de cette ONG. Son organisation demande aux gouvernements de reconnaître le droit à la santé sexuelle et reproductive des jeunes, la reconnaissance du droit des jeunes à disposer d’une éducation intégrant la dimension sexuelle dans et hors des écoles, l’accès des jeunes à une série de services en matière de santé sexuelle et reproductive qui soient abordables et anonymes. Elle a également réclamé la mise en place de structures et de législations protectrices dont les jeunes ont besoin, notamment les plus vulnérables, et le lancement de programmes et de politiques visant à éradiquer les pratiques traditionnelles telles que les mariages précoces ou les mutilations générales.
L’organisation non gouvernementale « Family Care International » a souligné que son principal objectif était de rendre les accouchements plus sûrs dans les régions du monde où les grossesses précoces, les avortements dangereux ou les infections sexuelles sont à l’origine d’une forte mortalité. Sa représentante a énuméré plusieurs priorités destinées à offrir un meilleur accès à l’information aux jeunes femmes. Elle a conclu, en rappelant la responsabilité des gouvernements pour encourager un accès universel aux services de santé sexuelle et reproductive ou aux contraceptifs.
Prenant la parole à son tour, la représentante de l’organisation non gouvernementale « IPAS », a indiqué que l’organisation se concentrait sur l’offre de services médicaux sûrs aux femmes victimes de grossesses non désirées, avec des structures permettant les avortements médicalisés ou offrant un accès direct aux contraceptifs. Pour illustrer la gravité de ce problème et faciliter la prise de conscience, elle a notamment rapporté le témoignage d’une jeune péruvienne tombée enceinte par accident et ayant opté pour un avortement clandestin qui a entraîné de graves complications, faute d’avoir des alternatives adaptées à sa situation personnelle.
La représentante de l’ONG « International Planned Parenthood Federation (IPPF) » a rappelé que 215 millions de femmes n’avaient toujours pas accès à des méthodes de contraception même si elles souhaitent espacer les naissances; et que trop de jeunes manquent d’information sur la sexualité ou l’identité. Lorsque cette information est disponible, elle risque parfois de relayer des discours nocifs et des pratiques dangereuses. L’âge ne doit pas être le seul facteur pour déterminer l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive. Elle a rappelé l’existence de groupes vulnérables, homosexuels ou personnes transgenres, et déploré qu’ils ne soient pas pris en compte et inviter même à faire entendre leurs voix.
Prenant à son tour la parole, la représentante de l’ONG « Asian-pacific Ressource and Research Centre for Women (ARROW) » a rappelé que cette organisation avait été créée, dès 1993, pour influencer les programmes mis en œuvre dans le domaine de la santé et de la sexualité des femmes, afin que les filles et les jeunes femmes puissent intervenir dans l’élaboration de ces politiques. Elle a ajouté que son ONG avait lancé ces dernières années une multitude de projets et programmes d’éducation sexuelle à l’intention des femmes et des jeunes filles dans les pays d’Asie du Sud-Est. Elle a conclu, en rappelant l’importance de tenir compte des catégories les plus vulnérables, notamment les filles, mais aussi les homosexuels, les personnes transgenres, les toxicomanes ou les migrants. « Il faut faire entendre la voix des filles et des jeunes femmes, il faut les impliquer dans les programmes et s’assurer que les gouvernements respectent les engagements qu’ils ont pris au cours de ces dernières années », a-t-elle conclu.
La représentante de l’ONG « Mision Mujer », travaillant au Mexique, a souligné que « les investissements dans les adolescents n’étaient pas des fonds perdus et que faute de faire ces investissements, les possibilités et le potentiel de la jeunesse seront gâchés ». Elle a ensuite énuméré les attentes de son organisation vis à vis des États Membres afin d’améliorer les politiques publiques à l’attention des jeunes: défendre une vision positive des adolescents en reconnaissant leur dignité et leur rôle dans la société, promouvoir et soutenir les projets destinés à améliorer la vie des adolescents, en leur offrant une éducation, une formation et une prise en charge de leur santé. Il faudrait également reconnaître leur participation au processus de conception, au suivi et à l’évaluation des politiques publiques à leur intention, promouvoir une liberté responsable, et encourager les adolescents à se prendre en charge en les responsabilisant. En outre, les gouvernements doivent renforcer la lutte contre la circulation des armes à feu et le trafic de drogues dont les jeunes sont les premières victimes, appuyer les écoles et tout autre lieu ou forum destiné aux adolescents et enfin, soutenir les familles qui sont des éléments de protection des jeunes
Le représentant de l’ONG « Stichting Rutgers WPF » a demandé aux États Membres de « cesser d’ignorer les adolescents et leurs besoins ». « Nos droits sexuels et procréatifs sont niés, nous avons besoin de services de santé, d’information, de protection », a-t-il poursuivi, avant d’insister sur ses principales demandes: un accès universel à l’éducation sexuelle et à la santé procréative afin de permettre aux jeunes de prendre des décisions éclairées, en connaissance de cause, et aux jeunes femmes de conserver la maîtrise de leur propre corps et leur liberté d’en disposer.
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