En cours au Siège de l'ONU

Rio+20: des délégations soulignent l’urgence de faire face aux besoins des petits États insulaires, premières victimes d’un modèle de consommation non durable

ENV/DEV/1300

Rio+20: des délégations soulignent l’urgence de faire face aux besoins des petits États insulaires, premières victimes d’un modèle de consommation non durable

22/06/2012
Couverture des réunionsENV/DEV/1300
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conférence des Nations Unies

sur le développement durable « Rio+20 »

3e et 4e séances plénières                                  

matin et après-midi


RIO+20: DES DÉLÉGATIONS SOULIGNENT L’URGENCE DE FAIRE FACE AUX BESOINS DES PETITS

ÉTATS INSULAIRES, PREMIÈRES VICTIMES D’UN MODÈLE DE CONSOMMATION NON DURABLE


RIO DE JANEIRO, BRÉSIL, 21 juin -- La deuxième journée de débat de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) a été l’occasion d’entendre, aujourd’hui, plus de 80 délégations –dont une trentaine de chefs d’État et de gouvernement– mettre l’accent sur les opportunités et défis du développement durable.


De nombreux représentants de petits États insulaires en développement (PEID) ont souligné les difficultés particulières de cette catégorie de pays, qui est la plus menacée par les conséquences des changements climatiques et de l’émission des gaz à effet de serre.  « Le développement durable n’a aucun sens si certains pays disparaissent de la planète du fait de l’élévation du niveau de la mer, et si ceux qui polluent ne veulent pas entendre nos appels », a estimé le Président des États fédérés de Micronésie, M. Emanuel Mori.


Au nom du principe de « responsabilité commune mais différenciée », une dizaine de représentants des PEID ont demandé à la communauté internationale de les aider à faire face à leurs défis particuliers et d’être associés à tous les mécanismes de définition et de suivi des objectifs de développement durable (ODD).  Ils ont espéré que le troisième Sommet mondial des PEID, prévu dans la région du Pacifique en 2014, permettra de répondre à problèmes urgents, tout en alertant sur les risques que pose la montée des températures pour la faune marine, pilier de leur économie bleue.  Ils ont souligné l’importance d’investir dans les énergies renouvelables, l’écotourisme et la gestion durable des océans. 


Même si un grand nombre d’intervenants se sont félicités de la finalisation, mardi 19 juin, par les États Membres d’un projet de document destiné à mettre en place les lignes directrices pour un développement économique responsable, viable et respectueux de l’environnement, d’aucuns ont regretté le manque d’ambition du texte.  Si nous sommes déçus, nous ne voulons pas non plus sombrer dans le défaitisme, a dit le Ministre de la coopération et du développement de la Belgique, M. Paul Magnette, en estimant qu’il faudrait, dès la prochaine Assemblée générale de l’ONU, donner un contenu à cet accord, notamment au sujet des modes de production et de consommation durables.


Plus critique, le Président cubain, M. Raúl Castro Ruz, a dénoncé la paralysie des négociations et l’absence d’un accord permettant de mettre un frein aux changements climatiques, en regrettant que l’on privilégie la course aux armements –budget mondial de 1 700 milliards de dollars- aux objectifs de développement durable.  Dénonçant, quant à lui, la dictature des marchés et le capitalisme destructeur qui engendrent la pauvreté et ravagent la nature, le Président bolivien, Evo Morales, a estimé que la croissance verte était un nouveau modèle colonialiste qui n’avait d’autre but que d’amener les peuples et gouvernements anti-impérialistes et anticapitalistes à justifier les pillages et la destruction de civilisations millénaires.  Il s’est étonné que les plus grands pollueurs s’activent aujourd’hui à imposer des normes environnementales contraignantes aux pays en développement dont la part dans les émissions de gaz à effet de serre est infime.  


S’agissant des opportunités, il a été rappelé que depuis 1992, « 500 millions de personnes sont sortis de la pauvreté, la durée de vie moyenne a augmenté de quatre ans et la mortalité infantile a été réduite d’un tiers ».  En écho aux attentes des PEID, le Premier Ministre de la Norvège, M. Jens Stoltenberg, a jugé essentiel d’évaluer le coût de la pollution et de faire payer les pollueurs, en estimant qu’une telle démarche aura le triple avantage de réduire les émissions de CO2, d’inciter au développement de technologies propres et de générer des revenus en faveur du développement durable.  


Dans le domaine des innovations, le Président de l’Équateur a cité l’initiative « Yasuni ITT » qui vise à laisser inexploitées les réserves de pétrole du pays pour éviter les émissions de plus de 80 milliards de tonnes de dioxyde de carbone.  M. Rafael Correa a demandé une compensation pour les 846 millions de barils de pétrole -estimés à 14 milliards de revenus- qui resteront sous terre, pour financer des mesures de protection de l’environnement, la recherche et la lutte contre la pauvreté.  L’initiative de huit États insulaires du Pacifique, signataires de l’Accord de Nauru concernant la coopération dans la gestion des pêches d’intérêt commun, interdit depuis janvier 2011, la pêche sur 4,5 millions de kilomètres carrés dans les eaux océaniques afin de lutter contre la diminution des stocks de thon, a également été citée par le Premier Ministre des Îles Salomon, M. Gordon Darcy Lilo.  En outre, le Premier Ministre de l’Inde, M. Manmohan Singh, a cité les efforts de son pays visant à réduire de 25% les émissions de carbone entre 2005 et 2020.


De nombreuses délégations ont souligné la nécessité de réconcilier les besoins en énergie avec la réduction des émissions de gaz à effet de serre, en appuyant l’initiative du Secrétaire général intitulée « Énergie durable pour tous ».  Dans ce domaine, le Premier Ministre de la Fédération de Russie, M. Dmitry Medvedev, a souligné l’importance de parvenir à un accord énergétique entre les grands pays du monde, visant la création de mécanismes d’échange des pratiques optimales pour une croissance économique verte.  


La Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) devrait conclure demain soir, 22 juin, sa troisième journée de débat, avant de procéder à l’adoption de son projet de document final qui propose une large gamme d’initiatives, dont l’établissement d’objectifs de développement durable (ODD), sur le modèle des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il reconnait la notion d’« économie verte », indispensable pour réaliser de tels objectifs et propose de renforcer le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), de promouvoir les mesures de suivi de la responsabilité des entreprises, d’aller au-delà du produit intérieur brut (PIB) pour évaluer le bien-être d’un pays, développer une stratégie pour le financement du développement durable ou encore adopter un cadre de production et de consommation durables.



CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE (RIO+20)


Suite du débat général


M. DONALD RABINDRANAUTH RAMOTAR, Président du Guyana, a affirmé que l’on ne pouvait pas quitter Rio, à la fin de cette semaine, en se contentant d’adresser des messages simplistes d’inspiration.  Il faut convenir, a-t-il dit, de mesures concrètes spécifiques et pertinentes pour faire face aux réalités d’aujourd’hui.  « Pour ce faire, nous avons besoin à la fois d’une vision audacieuse et d’un accord sur des actions spécifiques qui correspondent à l’ampleur des défis auxquels nous sommes confrontés », a-t-il dit.  Une vision audacieuse doit se fonder sur un ensemble de grande qualité d’objectifs de développement durable, ainsi que cela a été discuté ces derniers jours.  Cette vision audacieuse doit se traduire en actions concrètes, en pratiques qui utilisent de manière durable le capital naturel de notre planète et les sources d’énergie pour le bénéfice de tous, a-t-il ajouté.


Le Président du Guyana a également mis l’accent sur le problème du financement, précisant que la communauté internationale avait reconnu que les pays développés aujourd’hui devaient y apporter leur contribution.  Il est nécessaire, a-t-il estimé, de trouver des investissements adéquats.  En traitant du problème du financement, il faut être clair sur les conditions particulières qui existent entre les pays, en particulier celles qui s’appliquent aux petites nations très endettées à revenu intermédiaire.


LE PRINCE ALBERT II de Monaco a invité à prendre les engagements forts et concrets qui s’imposent pour atteindre les objectifs de développement durable.  Un colloque scientifique international, coorganisé récemment à Monaco, a mis en évidence que les changements climatiques ne peuvent rester sans incidence sur la santé humaine, a-t-il indiqué.  Il s’est inquiété des effets croissants de l’altération du climat sur la santé humaine et averti que l’homme en est directement menacé.  « Aujourd’hui, il faut montrer notre capacité à œuvrer pour le bien commun », a dit le Prince Albert II, en invitant à se souvenir de l’esprit de coopération qui avait présidé à Rio en 1992 et qui avait abouti aux succès du Sommet de la Terre.  Il a cependant relevé que le bilan est aujourd’hui contrasté, l’état général de la planète s’étant encore détérioré.  Son père, le Prince Rainier, avait déjà relevé l’hypocrisie dans la mise en œuvre des textes sur l’environnement, a-t-il rappelé.


Le Prince Albert II a souhaité que la Conférence Rio+20 puisse établir un équilibre entre les trois piliers du développement durable -économique, social et environnemental-, en commençant par renforcer le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  Sa transformation en centre spécialisé des Nations Unies doit permettre de renforcer la synergie entre les accords intergouvernementaux sur l’environnement et de coordonner les activités des Nations Unies dans ce domaine.  Le Prince Albert II a également plaidé en faveur de la mise en place d’une économie verte pour s’engager dans une économie responsable créatrice d’emplois et porteuse du développement.  Il a lancé un appel aux autres États pour s’engager dans une transition énergétique.  À Monaco, nous avons réduit de 18% les émissions de gaz à effet de serre et pensons atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, a fait valoir le Prince Albert II.  Enfin, il a défendu la gestion durable des océans, en soulignant leur rôle précieux de régulateur environnemental.  Monaco est un État tourné vers la mer, a-t-il rappelé, avant d’insister sur la nécessité de garantir une mise en œuvre efficace de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer dont nous célébrons, cette année, le trentième anniversaire de son ouverture à la signature.


« Nous avons débattu, nous avons délibéré, mais l’heure est maintenant venue de passer à l’action », a déclaré d’emblée M. JUAN MANUEL SANTOS CALDERÓN, Président de la Colombie.  Il s’est félicité de l’engagement en faveur de l’élaboration d’un mandat pour déterminer les objectifs du développement durable, lequel permettra, a-t-il expliqué, de définir les besoins et de lancer les mesures nécessaires.  Il faut maintenant, a-t-il précisé, indiquer la phase technique et prendre des décisions politiques au plus haut niveau, en se fondant sur les observations des experts. 


Le Président de la Colombie a ensuite évoqué les importantes ressources hydriques et foncières que compte son pays, mais a également parlé de la fragilité de la Colombie face aux effets des changements climatiques.  Des initiatives ambitieuses ont été lancées au plan national pour assurer, entre autres, une gestion intégrée de l’eau et établir un système de protection de la biodiversité.  Le Président colombien a indiqué que la Colombie possédait une zone protégée de 17,6millions d’hectares.  En dépit des divergences de vues, il existe une « volonté manifeste » d’arriver à un mode de développement en harmonie avec les intérêts sociaux et économiques de la planète, a assuré le Président Calderón.


M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie, a souligné qu’il faudrait mettre fin à la faim, et non pas à l’homme.  Il est important, a-t-il dit, de penser en profondeur aux générations futures.  Le Président bolivien a dénoncé la dictature des marchés et le capitaliste destructeur qui engendrent la pauvreté et ravagent la nature.  Il a déploré le fait que soient imposées aux pays en développement des mesures de protection de l’environnement, alors même que les pays développés détruisent l’environnement.  Les pays du Nord s’enrichissent dans cette « orgie de sources de vie », a-t-il déclaré.  Une civilisation de deux ou trois siècles ne doit pas détruire une civilisation millénaire de peuples autochtones qui vivent en harmonie avec la nature, a-t-il estimé.


M. Morales a mis l’accent sur la nécessité de défendre les droits de la Terre nourricière des peuples autochtones et des plus démunis pour qu’ils puissent sortir de la pauvreté.  « Il est important de récupérer nos ressources naturelles, des ressources qui appartiennent à nos peuples et qui ne doivent pas faire l’objet de transactions commerciales », a-t-il également affirmé.  « Il faut en finir avec les modèles de pillage et les systèmes prédateurs », a-t-il poursuivi.  « Le capitalisme, a-t-il estimé, n’est pas une solution ».  Le Chef de l’État bolivien a notamment considéré que la croissance verte était un nouveau modèle colonialiste visant à soumettre les peuples et les gouvernements anti-impérialistes et anticapitalistes.


M. RAFAEL CORREA, Président de l’Équateur, a rappelé que si nous sommes tous responsables des dégâts causés à la planète, certains pays en sont plus responsables que d’autres.  À l’aide d’un graphique représentant la consommation de CO2 de chaque pays, il a expliqué que les pays pauvres, comme l’Éthiopie, sont les moins émetteurs de gaz à effet de serre, tandis que les riches en consomment le plus.  Les 20 pays les plus pauvres produisent moins de 1% des émissions de gaz à effet de serre, a-t-il précisé.  La mode est de sauver des banques à renfort de milliards de dollars, a fait remarquer M. Correa, qui a souhaité que l’on cherche plutôt à sauver l’environnement en y injectant quelques milliards de dollars.


M. Correa a appelé à changer la logique économique en vigueur.  Il ne faut pas se limiter à échanger des marchandises, il faut aussi accepter de transférer les moyens de leur utilisation, a-t-il préconisé, en citant le cas du bassin de l’Amazone.  Les mesures incitatives offertes par le Protocole de Kyoto se sont révélées insuffisantes et injustes, a-t-il estimé.  En ce qui concerne le reboisement par exemple, on n’a pas prévu d’offrir une compensation aux pays qui avaient préservé leurs forêts.  Il a proposé de se mettre d’accord sur un concept global et intégral qui reprenne tout ce qui a été consenti jusqu’à présent, un concept des « émissions nettes évitées ». 


Le Président de l’Équateur s’est ensuite prévalu de l’initiative « Yasuni ITT » qui vise à laisser inexploitées les réserves importantes de pétrole du pays pour éviter les émissions de plus de 80 milliards de dioxyde de carbone.  Les 846 millions de barils de pétrole qui restent ainsi sous terre nous obligent à renoncer à 14 milliards de dollars, a-t-il expliqué, en rappelant que l’Équateur est encore confronté à une forte pauvreté.  C’est pourquoi, nous en appelons à la responsabilité commune mais différenciée.  « Nous ne demandons pas la charité, a-t-il précisé, mais nous voulons utiliser des fonds qui sont issus de l’application du principe de responsabilité commune mais différenciée pour prendre des mesures de protection de l’environnement, comme le reboisement et la recherche technologique.


L’Équateur a proposé une « déclaration universelle des droits de la nature », qui n’a cependant pas été reprise dans le document final, a indiqué Rafael Correa.  Ce principe, qui figure dans la Constitution de l’Équateur, prévoit que toute personne peut exiger d’une autorité publique le respect de la nature.  Le problème est de nature politique, a-t-il conclu, lançant un appel à changer le système actuel pour donner la suprématie à la nature sur le capital.


M. EMANUEL MORI, Président des États fédérés de Micronésie, a évoqué les menaces que posent, pour les petits États insulaires en développement, l’élévation du niveau de la mer, laquelle, a-t-il souligné, risque de les rendre inhabitables.  Des générations entières sont en péril, s’est alarmé M. Mori, qui a pointé du doigt « ceux qui choisissent de polluer au détriment des plus vulnérables ».  Le développement durable, a-t-il affirmé, n’a plus aucun sens si certains d’entre nous sont effacés de la terre car personne n’aura répondu à ce cri d’alarme. 


Le Président Mori a ensuite évoqué l’échec de la Conférence de Copenhague et le peu de progrès réalisés, depuis lors, par d’autres réunions sur les changements climatiques.  Il a également insisté sur l’importance que revêt l’investissement, notamment, dans l’énergie renouvelable, l’écotourisme et la bonne gestion des océans.  Il a aussi cité les mérites de la notion de l’économie bleue qui, a-t-il expliqué, encourage une utilisation renouvelable des ressources marines.  Il a exhorté les États Membres à y souscrire, au motif que « la protection à elle seule ne suffit pas ».  En matière d’assistance à l’aide au développement, a poursuivi M. Mori, il importe d’accorder une attention particulière aux énergies renouvelables et abordables.  Les dirigeants doivent garder à l’esprit l’urgence des mesures qui s’imposent.  Pour les habitants des États insulaires, c’est sans doute là notre seule chance, a-t-il averti.


M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a affirmé que les promesses faites en 1992, lors du Sommet de la Terre, ne s’étaient pas concrétisées.  Le Chef de l’État gabonais a expliqué qu’il avait été élu en 2009 sur la base d’un programme reposant sur le développement durable.  Depuis le Sommet de la Terre, le Gabon s’est efforcé de créer un cadre institutionnel pour le développement durable.  Au niveau législatif, une loi a été adoptée pour que les plans de gestion durable deviennent obligatoires pour toutes les concessions forestières.  Une législation sur les moyens de mise en œuvre a été instaurée et prévoit notamment la création d’un registre de crédits de développement durable.  Si le Gabon a fait, depuis 20 ans, des efforts précieux, il reste encore beaucoup à faire, a-t-il concédé.


Le Président du Gabon a mis l’accent sur la nécessité de « renouveler notre engagement politique à agir en faveur du développement durable ».  « Il ne faut pas poursuivre sur la voie des engagements non honorés lorsque tant de monde se tourne vers nous », a-t-il dit.  Le Président Bongo a également plaidé en faveur d’une transformation du Programme des Nations Unies pour l’environnement, afin qu’il devienne une organisation à part entière, dont le siège serait à Nairobi.  Il a lancé un « appel à tous » en vue d’agir de manière déterminée tout en ayant à l’esprit une vision, dans un souci de solidarité internationale, et en respectant le principe de responsabilité commune.


M. MICHEL JOSEPH MARTELLY, Président d’Haïti, a indiqué que les contributions de son pays aux émissions de gaz à effet de serre étaient insignifiantes.  Haïti est exposé aux catastrophes naturelles de grande ampleur et à de grands défis économiques, sans disposer des ressources nécessaires pour y faire face, a-t-il indiqué.  L’environnement d’Haïti, qui est un petit État insulaire et montagneux, est dévasté et c’est pourquoi, a-t-il dit, il faudrait créer des forêts et gérer l’espace différemment.  Comment parler de développement durable avec les réalités démographiques actuelles et un État institutionnellement faible? a-t-il demandé.  Les conditions dans lesquelles vit une grande partie du peuple haïtien sont très difficiles et elles se sont aggravées avec le tremblement de terre de 2010, a rappelé le Président haïtien.


Le Président Martelly a assuré s’être investi dans le redressement du pays, notamment par le biais d’une politique créatrice d’emplois.  La politique du Gouvernement haïtien favorise aussi l’épanouissement de la classe moyenne dans le but de parvenir à une croissance plus juste.  « Nous avons aussi entrepris d’élargir l’accès aux services sociaux, notamment pour les personnes handicapées et les femmes, a-t-il ajouté.  En matière d’éducation, nous avons pu, en un an, envoyer plus d’un million d’enfants à l’école.  Mais où allons-nous trouver les ressources pour le développement durable? a-t-il demandé, en faisant remarquer que les promesses faites à ce titre n’étaient pas tenues.  Le Président Martelly a rappelé l’importance du principe de responsabilité commune mais différenciée qui, a-t-il souligné, implique une meilleure répartition de l’effort à fournir.  Peu de pays, comme Haïti, ont les moyens de passer à une économie verte, a-t-il fait observer, avant de dire qu’il voulait des mesures concrètes pour assurer avec succès le suivi de Rio+20.


Mme ISATOU NJIE-SAIDY, Vice-Présidente de la Gambie, intervenant au nom du Président Al Hadji Yahya Jammeh, a appelé les participants à la Conférence Rio+20 à aller au-delà de la rhétorique afin de déboucher sur des mesures concrètes et efficaces.  Il ne suffit pas de rappeler que les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter si on ne trouve pas une solution rapide pour faire face aux changements climatiques, a-t-elle dit.


La représentante a ensuite expliqué que la Gambie entendait veiller à une distribution équitable de ses ressources sur le plan national et mettait l’accent sur la mise en œuvre de son programme d’économie verte.  Elle a par ailleurs fustigé le fait que la majorité des ressources allouées à la recherche scientifique concernaient le domaine militaire.  Comment assurer le développement durable lorsque les grandes puissances font la promotion de l’hégémonie et de la politique de « deux poids, deux mesures? » s’est alarmée Mme NJIE-SAIDY.  Les armes nucléaires sont une menace au développement durable, a-t-elle déclaré.  C’est pourquoi, elle a exhorté les pays « les plus puissants » à allouer leurs ressources à la lutte contre le paludisme, par exemple, au lieu de financer la construction de « superbombes ».  « Il faut instaurer une économie de l’amour car c’est ainsi que nous serons protégés des missiles », a-t-elle affirmé en conclusion.


M. ROSEN PLEVNELIEV, Président de la Bulgarie, a rappelé qu’un milliard de personnes dans le monde continuaient de souffrir de malnutrition et que le monde a créé « le plus grand dépotoir de l’histoire de l’humanité ».  « Nous avons besoin d’un document final clair, tangible qui prévoie de prendre des mesures internationales et nationales dans des délais clairement fixés », a-t-il insisté.  L’élaboration de ce cadre doit être un processus inclusif aux niveaux local, national et international.  Le Président de la Bulgarie a souhaité que les Nations Unies s’impliquent davantage dans l’examen des processus de mise en œuvre de ces engagements, en travaillant si possible avec les structures existantes.  Nous devons faire preuve de courage et de leadership, a demandé M. Plevneliev.  Il faut que tous les pays développés et les pays en développement agissent, chacun apportant une contribution proportionnelle à ses capacités.  Il faut également que le secteur privé y joue un rôle de manière responsable.


Le Président s’est félicité de l’initiative sur l’éducation et le développement durable, lancée hier par l’UNESCO.  Le développement durable doit être réalisé de manière progressive et sur la base des principes établis au niveau international.  La Bulgarie a une très faible dette,  grâce à une rigueur budgétaire, a-t-il assuré.  Pour son pays, l’efficience énergétique est une de nos plus grandes priorités.  Avant de conclure, il a prôné l’intégration des prochaines générations aux efforts de développement pour garantir une meilleure croissance économique.


M. SUSILO BAMBANG YUDHOYONO, Président de l’Indonésie, a tout d’abord rappelé qu’en 2009 l’Indonésie avait annoncé qu’elle réduirait de 26% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020.  Un moratoire a également été appliqué sur l’exploitation forestière, une décision sans précédent, a-t-il affirmé, dans un pays doté d’une importante couverture forestière.  Il a également parlé de la politique de protection de la biodiversité marine lancée par plusieurs pays de sa région dans le but de promouvoir l’économie bleue.  Dans chaque problème, a-t-il soutenu, il y a une occasion à saisir.  La multitude des problèmes sociaux et économiques actuels sont autant d’occasions à saisir, a-t-il précisé.  On peut faire mentir, a-t-il soutenu, le mythe selon lequel le développement mène à la déforestation ou à l’augmentation des émissions de gaz ou encore à celle de l’inégalité. 


Le Président Yudhoyono n’en a pas moins estimé que la croissance à elle seule ne suffit pas et risque de contribuer à la marginalisation de certaines personnes.  L’Indonésie, a-t-il expliqué, a donc misé sur une croissance à la fois équitable et durable.  Il a également indiqué avoir modifié la politique de développement du pays afin de privilégier, entre autres, l’emploi et les pauvres.  Le grand paradoxe, a-t-il poursuivi, est qu’à un moment qui nécessite un important leadership, nous n’agissons pas.  Au moment où nous avons besoin de travailler en étroite coopération et solidairement, a-t-il fait remarquer, nous sommes de plus en plus divisés et nous nous replions sur nous-mêmes.  À un moment nécessitant une grande vision, a-t-il encore déploré, on pense petit.


M. GURBANGULY BERDIMUHAMEDOV, Président du Turkménistan, a déclaré que son pays a mis en œuvre des programmes de développement qui mettent l’accent sur de nouveaux systèmes de production afin de préserver l’environnement.  Des mesures sont prises pour réduire les émissions de carbone, grâce à l’utilisation d’énergies propres, a-t-il ajouté.  Le Président a également signalé que son pays s’était doté d’une stratégie nationale sur les changements climatiques qui prévoit de passer à des modes de production respectueux de l’environnement.  « Nous accordons aussi une grande importance au domaine énergétique, le Turkménistan étant un grand producteur et exportateur d’hydrocarbures », a-t-il dit.  La question de la sécurité environnementale est une question clef pour son pays, a fait remarquer le Président turkmène.  Il a souhaité qu’un consensus soit obtenu dans ce domaine et qu’un nouveau mécanisme du système des Nations Unies soit créé pour établir un dialogue transparent sur l’énergie.  Cela permettrait, a-t-il précisé, de débattre des sources d’énergies renouvelables.


M. Berdimuhamedov a souhaité que les pays concernés unissent leurs efforts pour préserver la région de la mer Caspienne, qui est un des principaux centres mondiaux d’extraction d’hydrocarbures.  Le Président du Turkménistan a également attiré l’attention sur la nécessité d’organiser le sauvetage de la mer d’Aral qui, a-t-il dit, est une zone sinistrée.  Il a proposé de définir des mesures de protection de cette mer qui seraient mises en œuvre par le biais d’une structure des Nations Unies.  Il a aussi souhaité que les Nations Unies disposent d’un centre spécialisé qui serait chargé de lutter contre les changements climatiques.  Il a enfin appelé à une plus grande coordination des mécanismes régionaux, nationaux et internationaux dans le développement et la protection de l’environnement.  « Nous souhaitons, a-t-il ajouté avant de conclure, que des décisions concrètes soient prises à cet effet, qui prévoient la mobilisation de ressources pour la protection de la planète ».


M. JORGE CARLOS DE ALMEIDA FONSECA, Président du Cap-Vert, a indiqué que son pays était extrêmement vulnérable aux effets des changements climatiques.  Des mesures ont donc été adoptées pour privilégier l’équilibre environnemental et protéger la biodiversité.  Une politique de lutte contre la désertification a été lancée par le Gouvernement, qui a également pris des mesures en faveur de la protection des espèces et la promotion des énergies propres.  D’ici à 2020, a-t-il poursuivi, le Cap-Vert a pour ambition d’utiliser les sources d’énergies renouvelables à 100%.  Le Président Fonseca a également souligné la vulnérabilité des États insulaires qui se trouvent, a-t-il affirmé, dans une situation à la limite de la survie.  « Nos perspectives sont sombres, a-t-il prévenu.  Pour faire face à ce défi, a-t-il recommandé, tous les pays doivent faire preuve d’audace pour réduire l’impact des modes de production et de consommation actuels et pour pallier le manque de ressources ainsi qu’aux inégalités dans le monde.


M. Fonseca a estimé que le projet de document final de la Conférence Rio+20 était encore loin de répondre aux attentes.  Il faut, a-t-il insisté, disposer de ressources prévisibles afin de pouvoir agir. Par le biais de la démocratisation des sociétés, nous pourrons progresser vers une véritable culture de protection de la planète, a-t-il assuré. Le Président du Cap-Vert a également plaidé en faveur de l’adoption de nouveaux modèles de gouvernance fondés sur la durabilité environnementale.


M. RAÚL CASTRO RUZ, Président de Cuba, a déclaré que ce qui était perçu comme alarmiste il y a peu, est aujourd’hui accepté comme irréfutable.  Il s’est inquiété des conséquences de l’augmentation exponentielle des émissions de Co2 depuis 1990 alors que la hausse des températures met en péril l’existence même de nombreux États.  Il a fait remarquer que les îles des Caraïbes figurent parmi les premières victimes des inégalités économiques et sociales imposées par un modèle de consommation non durable.  La pauvreté, la faim et les inégalités s’intensifient en raison du néolibéralisme, a-t-il dit, en fustigeant les « guerres impérialistes menées en 2003 en Iraq et, plus récemment, en Afrique du Nord pour contrôler, en réalité, les ressources naturelles de ces pays. 


Une nouvelle tentative de répartition du monde aura des conséquences terribles, a-t-il prévenu en dénonçant l’augmentation exponentielle du budget mondial de l’armement qui, a-t-il fait observer, a doublé depuis 1994 pour atteindre 1 700 milliards de dollars en 2011.  Au nom des principes de développement durable, le Président de Cuba a appelé à la destruction des arsenaux nucléaires, en espérant que le bon sens et l’intelligence humaine remplaceront l’irrationalité et la barbarie.


M. DANNY FAURE, Vice-Président des Seychelles, a relevé les difficultés particulières que rencontrent les petits États insulaires en développement dans la lutte contre les changements climatiques, la protection de l’environnement et les efforts pour parvenir au développement durable.  Ces États dépendent de l’état de l’environnement marin et de ses ressources, a-t-il souligné, en énumérant les nombreuses difficultés auxquelles ils sont confrontés, en particulier à cause du blanchiment du corail, de la pollution, de la surpêche et, plus récemment, de la piraterie.  Il a lancé un appel pour que la communauté internationale continue d’aider les pays de la région à assurer aux navires un passage dans l’océan Indien.  « Aux Seychelles, nous continuons d’investir dans la protection de l’environnement, a-t-il assuré, afin de protéger 60% des zones terrestres et 30% de notre zone maritime qui constituent des réserves de biodiversité ».


Les changements climatiques et les catastrophes naturelles sont les plus grands défis que les petits États insulaires en développement doivent relever, a poursuivi M. Faure.  « Nous ne pouvons pas attendre que les engagements pris en vertu de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques soient remplis (CCNUCC), a-t-il prévenu, avant d’indiquer que son pays avait mis en place un programme de travail pour protéger les côtes de l’océan Indien occidental.  Les Seychelles ont besoin d’un plus grand appui de la part des organisations régionales, a-t-il dit.  « Nous avons tous de grands espoirs pour le succès de la Conférence Rio+20 et c’est pourquoi, nous devons établir un nouveau paradigme pour renforcer la base du développement durable », a-t-il conclu. 


M. MOHAMED GHARIB BILAL, Vice-Président de la République-Unie de Tanzanie, a indiqué que son pays accordait une attention particulière au développement de ses infrastructures économiques et urbaines, ainsi qu’au renforcement des capacités de son secteur privé.  Il a exhorté la communauté internationale à continuer d’appuyer les pays pauvres.  Il a également estimé que le développement durable devrait être inclusif et centré sur l’être humain.  Le Vice-Président de la Tanzanie a ensuite salué l’accord sur une vision commune en matière de développement durable.


M. IGOR LUKŠIĆ, Premier Ministre du Monténégro, a déclaré que les citoyens du monde attendent des dirigeants les moyens d’améliorer la qualité de vie et, en particulier, celle de l’environnement.  Quelle que soit la complexité de l’énigme consistant à concilier développement économique et protection de l’environnement, elle est essentielle pour l’avenir de nos pays.  Les économies verte et bleue sont des notions auxquelles nous sommes attachés, a-t-il dit, en citant les efforts du Monténégro pour promouvoir un environnement de nature à dynamiser l’industrie du tourisme.


M. PEDRO PASSOS COELHO, Premier Ministre du Portugal, a approuvé l’initiative visant à établir un forum de haut niveau qui servira de leadership pour l’intégration des trois dimensions –économique, social et écologique- du développement durable.  Il a affirmé que son pays comptait désormais un nombre croissant d’entreprises qui travaillent dans les domaines des énergies renouvelables et de la gestion de l’eau.  Elles créent des emplois et sont renommées au niveau mondial, a-t-il dit. 


M. JENS STOLTENBERG, Premier Ministre de la Norvège, a salué les succès rencontrés depuis 1992, en citant 500 millions de personnes sorties de la pauvreté, une augmentation de la durée de vie moyenne de 4 ans, de 6 ans pour les pays les moins avancés, alors que la mortalité infantile a été réduite d’un tiers. Il y a deux fois plus de gouvernements démocratiques qu’en 1992.  Face aux inégalités croissantes et à la concentration des richesses aux mains de quelques-uns, M. Stoltenberg a estimé que les opportunités étaient aussi nombreuses que les défis en matière de développement durable.  Il a jugé urgent de réduire la pauvreté et d’assurer une croissance économique durable en rappelant que l’accès universel à l’énergie était essentiel. 


« Pour cela, a-t-il ajouté, nous avons besoin de trouver les moyens de réconcilier les besoins en énergie avec la nécessité de réduire les émissions.  Nous devons aussi faire tous les efforts nécessaires pour traduite en réalité l’initiative du Secrétaire général, intitulée « Énergie durable pour tous ».  M. Stoltenberg a souligné qu’il était essentiel d’évaluer le coût de la pollution et de faire payer les pollueurs, en estimant qu’une telle démarche aura le triple avantage de réduire les émissions, d’inciter au développement de technologies propres et de générer des revenus en faveur du développement durable.  Par ailleurs, il a appelé à renforcer les capacités des pays en développement, à respecter les droits des populations autochtones et à s’entendre sur des objectifs de développement durable concrets et mesurables.   


Mme PORTIA SIMPSON MILLER, Premier Ministre de la Jamaïque, s’est félicitée de l’intérêt accordé aux besoins des petits États insulaires en développement lors de cette Conférence.  Elle a mis l’accent sur la nécessité de se servir des trois piliers du développement durable pour lutter contre la pauvreté et les inégalités sociales, améliorer les niveaux de vie et renforcer la résistance des pays aux crises économiques et aux catastrophes naturelles.  Le PIB n’est pas une mesure suffisante pour le développement humain, a-t-elle également considéré, en notant qu’il masquait les inégalités.  Le Premier Ministre a, en outre, appelé la communauté internationale à instaurer et à concevoir des instruments financiers plus souples et plus créatifs afin, notamment, de contrecarrer les effets de la dette et les risques financiers.  « Notre quête mondiale doit être liée à l’élimination de la pauvreté », a-t-elle ajouté.  Elle a par ailleurs estimé que les efforts entrepris en faveur du développement durable devaient l’être en conformité avec la Charte des Nations Unies.


M. TILLMAN THOMAS, Premier Ministre de la Grenade, a déclaré que la Grenade était un paradis écologique que son peuple voulait préserver.  Il a salué le succès des négociations qui ont su intégrer une vision de l’indispensable éradication de la pauvreté.  Même si la Conférence Rio+20 est mondiale et ambitieuse, elle ne peut résoudre tous les problèmes, a-t-il dit.  Le Premier Ministre de la Grenade a exhorté chacun à jouer son rôle eu égard au principe de responsabilité commune mais différenciée.  Son pays, a-t-il assuré, est déterminé à protéger 25% de ses côtes d’ici à 2020.  Rappelant que la troisième Conférence mondiale des petits États insulaires en développement (PEID) se tiendra en 2014, M. Thomas a espéré que cet événement sera l’occasion de répondre aux attentes et besoins particuliers de ce groupe de pays.   


M. DMITRY MEDVEDEV, Premier Ministre de la Fédération de Russie, a affirmé que son pays avait enregistré des succès significatifs dans l’éradication de la pauvreté.  Face à la crise économique, des ressources importantes sont investies, notamment dans le cadre du Fonds monétaire international (FMI).  Il est important, selon lui, d’établir des modèles de consommation plus durables pour éviter les menaces critiques sur l’environnement.  Concernant la croissance verte, chaque État doit suivre son propre plan, a-t-il dit.  Des mécanismes d’échange des pratiques optimales doivent être mis en place.  De même, il est essentiel de parvenir à un accord énergétique entre les grands pays du monde, la Fédération de Russie ayant, dans ce domaine, un rôle particulier à jouer.  Le Premier Ministre a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité d’assurer la sécurité agricole.


M. ABDELILAH BENKIRANE, Premier Ministre du Maroc, s’est demandé ce qui avait été fait de tangible pour résoudre la situation actuelle.  Pourquoi ne met-on pas en œuvre les objectifs sur lesquels on s’est mis d’accord? s’est-il interrogé.  Il a cependant encouragé à garder l’espoir, en souhaitant qu’il quitte la Conférence en gardant à l’esprit le besoin de justice.  « Nous devons pouvoir assurer l’éducation de nos enfants et préserver notre santé », a-t-il rappelé.  Il a fustigé ceux qui ont fait fortune en détruisant l’environnement.  Le Premier Ministre a constaté que le « printemps arabe » avait démontré le besoin urgent d’assurer une justice sociale.  « Au Maroc, nous avons pu surmonter cette crise en adoptant une nouvelle Constitution et en organisant des élections, ce qui nous permet de rétablir un équilibre », a-t-il assuré.  Soulignant la nécessité d’établir une véritable solidarité internationale, le Premier Ministre a relevé qu’aujourd’hui, à un moment donné, les gens ne se limitent plus à vivre dans leur pays d’origine mais s’installent dans un autre pays.  Il a appelé tous les États à coopérer, en particulier les plus puissants.  « Nous naviguerons ensemble ou alors nous coulerons ensemble», a-t-il averti.


M. HAMAD BIN JASSIM BIN JABR AL-THANI, Premier Ministre du Qatar, s’est dit extrêmement déçu par les réalisations enregistrées jusqu’à présent par la communauté internationale en matière de développement durable.  « Celles-ci ne sont pas à la hauteur des ambitions souhaitées », a-t-il dit, en ajoutant que son pays ne se réjouissait pas d’être considéré comme un de ceux dont le taux d’émissions de gaz à effet de serre est le plus élevé.  Rappelant que les crises économique et financière mondiales avaient eu une incidence considérable sur le déclin de la croissance et que cette situation devait se poursuivre jusqu’en 2013, il a également fait remarquer que cela risquait de ralentir davantage le processus de développement partout dans le monde.  En outre, a-t-il poursuivi, tous les indicateurs montrent que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en ce qui concerne la lutte contre la faim et la pauvreté est devenue quasi-impossible, en particulier pour l’Afrique subsaharienne.  Dans ce contexte, il a émis l’espoir qu’une formule plus ambitieuse soit adoptée pour les objectifs de développement Durable (ODD).


Le Premier Ministre du Qatar a ensuite estimé que le monde était confronté à d’importantes difficultés dans ce contexte d’incertitude économique.  Il a notamment cité, au titre de ces défis, le mépris des lois et des règlements des activités financières, la disparité entre les pays développés et en développement lorsqu’il s’agit des subventions aux produits agricoles, la réduction de l’aide publique au développement (APD) envers les pays les plus pauvres, ou encore les défis posés par l’élaboration de stratégies et d’un climat d’investissements qui permettent d’attirer les capitaux internationaux.  Le Qatar a adopté des objectifs ambitieux et établi des partenariats internationaux pour le développement dans le cadre de son plan national stratégique jusqu’en 2030, a-t-il souligné.  Le Premier Ministre a plaidé par ailleurs en faveur d’une plus grande coopération entre les États arides et potentiellement à risques pour prévenir les catastrophes naturelles, en particulier les sécheresses très sévères.


M. GORDON DARCY LILO, Premier Ministre des Îles Salomon, a déclaré qu’une meilleure distribution des ressources était une approche indispensable pour lutter contre la pauvreté.  Il s’est inquiété des conséquences de la surpêche et des activités d’extraction non durables.  Le Premier Ministre s’est félicité du succès des négociations qui se sont accordées sur la mise en œuvre de trois processus: l’établissement d’objectif développement durable, l’établissement d’un cadre institutionnel pour le développement durable, et la mise à disposition de moyens de traduire en actions ces engagements réalistes.  Il a souligné l’urgence de s’assurer que les petits États insulaires en développement soient représentés, comme il se doit, dans les instances de définition et de mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a salué la tenue de la troisième Conférence mondiale sur les PEID, dans la région du Pacifique, en 2014.  Il s’est inquiété des conséquences de l’augmentation des températures sur l’acidité accrue des océans qui menace le corail et la faune marine.  Rappelant que l’océan Pacifique fournit un quart du thon dans le monde, il a souligné l’initiative de huit petits États insulaires en développement de préserver 4,5 millions de km2 de haute mer de la pêche.  


M. ARTURO CORRALES ÁLVAREZ, Ministre des affaires étrangères du Honduras, s’est félicité de la contribution de plus de 50 000 personnes du monde entier et des différents secteurs de la société à la Conférence Rio+20.  Chacun a apporté à la fois ses connaissances, ses rêves et ses préoccupations, a-t-il constaté.  Le Ministre a ensuite rappelé que le Honduras a souffert de l’ouragan Mitch.  Il a appelé à assumer une responsabilité commune mais différenciée, en relevant que le coût du développement durable pour les pays en développement est bien supérieur à celui des pays développés.  Le Honduras, situé entre deux océans, a une biodiversité exceptionnelle, a-t-il assuré.  Le Ministre a cité une loi qui vise à garantir l’utilisation de l’eau pour la santé, l’alimentation et le développement.  Parmi les mesures prises pour préserver la biodiversité, il a indiqué que les eaux des Caraïbes avaient été transformées en sanctuaire pour les requins.  « La Conférence Rio+20 est un commencement et nous devons continuer à travailler pour préciser davantage ce que nous allons décider ici », a-t-il dit.


M. URMAS PAET, Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, a expliqué que, dès les premières années qui ont suivi son indépendance en 1991, l’Estonie avait appliqué les principes du développement durable adoptés au Sommet de la Terre, à Rio de Janeiro, en 1992.  Trois ans après ce Sommet, par exemple, l’Estonie a, sous l’impulsion d’un jeune mouvement écologique, adopté des lois spéciales sur de nombreux aspects du développement durable.  Aujourd’hui, ce plan -baptisé « Estonie 21 »- a notamment démontré que l’utilisation innovante des technologies de l’information et de la communication (TIC) pouvait contribuer au développement durable, s’est-il félicité.


Le Ministre estonien des affaires étrangères a ensuite présenté plusieurs projets concernant les transports qui respectent l’environnement, notamment une initiative lancée en partenariat avec la société Mitsubishi et qui privilégie l’utilisation de véhicules électriques par les travailleurs sociaux des autorités locales dans l’ensemble du pays.  Il a également mis l’accent sur l’importance des forêts en Estonie, dont la superficie couvre à présent la moitié du territoire, et qui constituent l’une des plus grandes ressources économiques du pays, a-t-il dit.  Rappelant que le développement durable ne pouvait être atteint sans le respect des droits de l’homme - comme le prévoit le projet de document final de Rio+20, le Ministre a souligné que l’Estonie aurait toutefois souhaité des engagements plus fermes de la part des dirigeants du monde participant à la Conférence.


M. FRANC BOGOVIČ, Ministre des affaires étrangères de la Slovénie, a affirmé que son pays avait mis en œuvre les principes d’Action 21, tant au plan national qu’au plan régional.  Il ensuite engagé les États Membres à trouver de nouveaux paradigmes de développement qui ne se fondent pas uniquement sur « les logiques de la croissance à tout prix ».  La Slovénie, a-t-il indiqué, privilégie les stratégies de développement qui placent le développement durable comme objectif prioritaire.  Une économie verte, a-t-il soutenu, pourra régler de nombreux problèmes qui perdurent, notamment en préservant l’environnement tout en veillant au bien-être social et économique.  M. Bogovič a également plaidé pour une action décisive et une meilleure coordination au niveau des institutions.  Le projet de document final fournit des lignes directrices pour décider du renforcement du PNUE, mais est-ce que cela suffit à faire face aux défis auxquels nous sommes confrontés? s’est-il interrogé.  Pour rétablir la santé de notre planète, a-t-il affirmé, nous devons tous agir sans tarder.


M. DEVANAND VIRAHSAWMY, Ministre de l’environnement et du développement durable de Maurice, a invité à placer l’être humain au cœur du processus de développement durable.  Il a rappelé les effets des changements climatiques sur le développement, comme la diminution du rendement des récoltes et l’élévation du niveau de la mer, qui font que des millions de personnes sont en danger.  Le Gouvernement de Maurice a lancé le programme « îles durables » en 2008, a-t-il dit.  C’est une stratégie qui vise à créer des emplois verts, à pratiquer une agriculture durable et à améliorer l’efficience énergétique, tout en développant la résistance aux changements climatiques.  Ce programme cherche notamment à augmenter la part des énergies durables dans la consommation énergétique. 


Le Gouvernement mauricien a également mis en place un groupe de haut niveau qui va aider à définir toutes les politiques relatives à l’eau et à l’énergie.  En ce qui concerne l’alimentation, le Ministre a fait remarquer que son pays était confronté à des problèmes liés à l’irrigation et à la faible fertilité des sols.  Le développement économique de Maurice, petit État insulaire en développement, est étroitement lié à la gestion durable de l’environnement et, en particulier, des océans, a-t-il poursuivi.  La pêche et le secteur touristique constituent le potentiel économique du pays.  « Nous comptons sur le soutien de la communauté internationale pour nous aider à poursuivre nos efforts de développement durable, a-t-il dit.  Il faut aussi que les institutions financières internationales modifient leur politique en appuyant les projets de développement durable dans les pays en développement, en particulier insulaires.


M. ERKKI TUOMIOJA, Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a fait remarquer que la prise de conscience de la manière dont nous traitons notre environnement était relativement récente, en précisant cependant que, pendant de nombreuses années, les pays avaient trouvé des moyens efficaces pour extraire les ressources naturelles de notre planète.  Il a émis l’espoir que le document final qui sera adopté, au cours de la Conférence Rio+20, constituera un nouvel élan pour assurer un avenir plus durable.  « Aujourd’hui, le monde est de plus en plus interdépendant et aucun pays - qu’il soit une grande puissance ou un petit État insulaire, ne peut nier l’état de développement de notre monde », a-t-il dit.  Plutôt que de voir cette situation comme un obstacle, il a invité tous les pays à y voir une chance.


Pour le Ministre finlandais des affaires étrangères, un avenir durable passe aussi par des règles multilatérales convenues et par des moyens permettant de mettre en œuvre ces mesures.  « La Conférence Rio+20 est essentielle pour les Nations Unies et pour leur capacité à relever les défis à cet égard », a-t-il estimé.  Notant que la question des objectifs du développement durable avait fait l’objet d’un vaste débat, il s’est dit convaincu que ceux-ci pourraient fournir de nouveaux moyens afin de mieux prendre en compte le développement durable, ainsi que le capital naturel et social.


M. MOHAMMAD JAVED MALIK, Secrétaire fédéral au Ministère des changements climatiques du Pakistan, a appelé les États Membres à redoubler d’efforts pour promouvoir le développement durable.  Il a plus particulièrement insisté sur la nécessité de mettre sur pied un nouveau modèle de développement économique.  Il ne faut pas uniquement créer des emplois mais également assurer la viabilité des ressources naturelles, a-t-il notamment souligné.  M. Malik a estimé que les technologies doivent être accessibles et abordables pour permettre aux pays en développement de mettre en œuvre efficacement des politiques économiques vertes.  Il s’est ensuite félicité de l’élan positif manifesté par la communauté internationale en faveur des objectifs du développement durable.  Le Pakistan a plaidé en faveur du renforcement du PNUE afin d’en faire une organisation spécialisée de l’ONU.  Le Ministre s’est dit confiant que la mise en œuvre du projet de document final permettra de créer un environnement sain pour les générations présentes et à venir.


M. FATMIR MEDIU, Ministre de l’environnement, des forêts et de la gestion de l’eau de l’Albanie, a affirmé que son pays, en tant que futur membre de l’Union européenne, avait entrepris des réformes complètes et ambitieuses.  Des investissements ont notamment été réalisés dans le domaine de l’énergie renouvelable.  L’Albanie, a-t-il dit, citant une évaluation faite par la Banque mondiale, atteint un niveau de développement très élevé.  De même, a-t-il assuré, les émissions de gaz à effet de serre sont, en Albanie, 100 fois plus faibles que la moyenne européenne.  Dans le cadre de la transition vers une économie verte, l’Albanie investit dans les technologies et dans l’information environnementale, a-t-il ajouté.  Le Ministre a également souligné que l’Albanie travaillait avec ses voisins en vue d’élaborer des politiques communes pour protéger la biodiversité.  La Conférence Rio+20, a-t-il estimé, est une occasion d’agir fermement.  « La planète nous appelle, et il faut lui répondre », a-t-il déclaré, en plaidant en faveur de la définition d’objectifs clairs qu’il conviendra de réaliser.


M. PIERRE MOUKOKO MBONJO, Ministre des relations extérieures du Cameroun, a d’abord rappelé l’héritage laissé par le Sommet de la Terre par le biais des trois Conventions des Nations Unies dites « Conventions de Rio ».  Il a cependant déploré le fait que l’une de ces Conventions, à savoir la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, ne bénéfice pas encore de toute l’attention voulue de la part de la communauté internationale.  Le Ministre a ensuite mis l’accent sur plusieurs préoccupations et difficultés environnementales pour son pays.  Dans la zone soudano-sahélienne, il a cité des difficultés liées à l’augmentation des températures, à la baisse de la pluviométrie, ainsi qu’à l’assèchement accéléré du lac Tchad.  « En une vingtaine d’années, la ceinture de production de certaines cultures, comme le maïs par exemple, s’est déplacée de plus de 300 kilomètres vers le sud, exposant le pays à un important déficit de la production agricole », a-t-il dit. 


Le Ministre a plaidé pour le renforcement de la coopération multilatérale et pour la création d’une organisation internationale autonome, dotée d’un mandat distinct et de ressources appropriées afin de s’occuper des questions de développement durable, de permettre des synergies entre les conventions existantes et de mieux articuler les efforts en faveur de l’économie verte.  Avant de conclure, il a invité la communauté internationale à prendre un engagement ferme en faveur des pays en développement, en particulier envers ceux du bassin du Congo qui consacrent de lourdes ressources à la conservation de l’une des plus importantes réserves naturelles.


 « Le consensus obtenu à Rio+20 peut être comparé à un pansement stérile que l’on utilise pour arrêter une hémorragie causée par une blessure », a lancé M. HERMAN HUMBERTO ROSA CHAVEZ, Ministre de l’environnement et des ressources naturelles d’El Salvador. Il a déploré que « l’esprit de Rio 92 » soit affaibli.  Le Ministre a exhorté la communauté internationale à faciliter la coopération ainsi que l’appui financier et non financier de l’adaptation aux changements climatiques.  M. Rosa Chavez a ensuite expliqué que son pays avait récemment fait l’expérience de bouleversements climatiques extrêmes et a indiqué que El Salvador s’était désormais doté d’un système de suivi qui, a-t-il affirmé, compte parmi les plus avancés d’Amérique latine. Le Gouvernement salvadorien a adopté une politique nationale qui vise à inverser la dégradation de l’environnement.  Il a par ailleurs pris des mesures pour faire face au problème du chômage chez les jeunes.  Mais une solidarité internationale est nécessaire pour progresser vers un développement durable capable d’assurer un avenir durable pour tous, a-t-il estimé.  C’est pourquoi, a plaidé M. Rosa Chavez, il faudrait retrouver l’esprit de Rio 1992.  Le moment n’est pas de renoncer à nos engagements, mais au contraire de les respecter, sans conditions et sans retard car c’est notre avenir commun qui est en jeu, a-t-il soutenu avant de conclure.


M. RIYAD AL-MALIKI,Ministre des affaires étrangères de la Palestine, a affirmé que le développement durable était impossible pour les Palestiniens qui vivent sous occupation étrangère.  Il a mis l’accent sur le fait que le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination était un droit légal.  Il a exprimé l’engagement de la Palestine à la mise en œuvre des engagements pris en faveur du développement durable.  Il faut, a-t-il estimé, développer des partenariats entre pays développés et pays en développement.  Il est nécessaire également, a-t-il ajouté, de libéraliser le commerce international afin de garantir une part équitable aux pays en développement.  Il a fait état d’une escalade grave des activités liées à l’implantation des colonies de peuplement israéliennes dans les territoires palestiniens, surtout à Jérusalem-Est, lesquelles, a-t-il soutenu, constituent une grave entrave à la paix.  Ces colonies de peuplement, a-t-il dit, compromettent la réalisation d’une solution à deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.


M. MOUSTAFA HUSSEIN KAMEL, Ministre de l’environnement de l’Égypte, a tenu à rappeler que les peuples sous occupation étrangère, en particulier le peuple palestinien, devraient aussi avoir la possibilité de jouir de leur droit aux trois piliers - économique, social et environnemental- du développement durable, et que le Sommet de la Terre avait déjà souligné cette nécessité, en 1992.  Il s’est ensuite dit convaincu que les principes adoptés à cette date, à Rio, ainsi que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto constituaient des socles pour le développement durable. 


En matière de changements climatiques, le Ministre s’est dit particulièrement préoccupé par les problèmes que rencontrent les pays d’Afrique en raison de l’érosion de leur sol ou de la désertification.  Il a, à cet égard, souligné la nécessité d’appuyer le plan-cadre stratégique décennal visant à renforcer la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification jusqu’en 2018, et a également dit appuyer tout objectif international visant à lutter contre la désertification.  Avant de conclure, il a estimé que le Programme des Nations Unies pour l’environnement devrait fournir davantage d’assistance technique aux pays en développement et qu’il faudrait également plus d’efficacité dans la coopération entre le PNUE et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).


M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud, a estimé que le monde n’avait pas rendu justice à l’esprit du Sommet Planète Terre de Rio 1992.  Le Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg avait mis l’accent sur la nécessité de changer les modes non durables de consommation et de production.  La Conférence Rio+20, a-t-il poursuivi, doit être l’occasion de se mettre d’accord sur le meilleur moyen d’accélérer la réalisation du développement durable.  Tandis que le débat sur les objectifs du développement durable progresse, il ne devrait pas viser à affaiblir les efforts en faveur de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Les objectifs du développement durable, a-t-il précisé, doivent au contraire s’intégrer et compléter les Objectifs du Millénaire pour le développement et servir de référence commune dans le monde afin de permettre à tous de réaliser le développement durable.  Le Président Zuma, abordant la question de l’élargissement du mandat du Programme des Nations Unies pour l’environnement, a souhaité que cette institution dispose d’un financement prévisible et qu’il existe une meilleure synergie entre les différents secrétariats résultant des instruments juridiques multilatéraux relatifs à l’environnement.  Pour le Président de l’Afrique du Sud, la Conférence Rio+20 doit parvenir à un accord qui souligne l’engagement de la communauté internationale à assurer un développement durable pour tous.


M. MICHAEL CHILUFYA SATA, Président de la Zambie, a indiqué que son pays avait mis en place des programmes de développement au cours des dernières années, malgré un manque de moyens financiers.  Le pays a ainsi connu une croissance moyenne de 6,5% sur les 10 dernières années, ce qui a permis de le faire passer dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire.  Cela n’empêche pas pour autant une grande partie de la population de vivre dans une grande pauvreté, a déploré le Président. 


Il a assuré que la Zambie s’était battue pour trouver un équilibre entre croissance économique, développement social et durabilité de l’environnement.  « Nous avons mis l’accent sur l’atténuation de la pauvreté, notamment sur la sécurité alimentaire », a-t-il dit.  Il s’est félicité de la finalisation du projet de document élaboré au cours des négociations qui ont précédé la Conférence Rio+20, regrettant cependant le côté trop vague de la définition des moyens de mise en œuvre pour la réalisation des objectifs fixés.  La Zambie continuera à mettre en œuvre sa stratégie de développement durable et intégrera l’économie verte dans les différents secteurs, comme prévu dans le document de Rio+20, s’il est adopté, a-t-il dit.  « J’espère que la Conférence Rio+20 permettra de se diriger vers l’avenir que nous voulons tous », a-t-il ajouté.  Enfin, il a invité les participants à la Conférence mondiale sur l’écotourisme, qui se tiendra prochainement à Livingston, en Zambie.


M. GOODLUCK EBELE JONATHAN, Président du Nigéria, a estimé que la promotion d’une économie verte devait être conforme aux objectifs nationaux des pays et devait aussi accorder une attention particulière à la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a ensuite mis l’accent sur les obstacles qui existent en matière de développement durable, en particulier pour l’Afrique, en raison de crises énergétique et alimentaire, d’une moindre résistance aux catastrophes naturelles ou aux effets des changements climatiques. 


Pour illustrer les conséquences des changements climatiques pour le continent africain, il a notamment cité l’exemple du lac Tchad, qui était le sixième plus grand lac au monde, et dont la superficie est passée en quelques années de 25 000 mètres carrés à moins de 2 000 mètres carrés.  « Si rien n’est fait, à « Rio+40 », les jeunes africains se demanderont quelle est l’importance des sommets de Rio pour leur continent », a-t-il prévenu.  Soulignant le fait que son pays s’était déjà engagé à hauteur de 5 millions de dollars pour aider à sauver ce lac, il a estimé que les efforts devaient aller au-delà des pays limitrophes.  De manière plus globale, le Président du Nigéria a, par ailleurs, souligné que Rio+20 ne pourrait être couronné de succès que dans la mesure où la question des moyens de mise en œuvre des décisions serait traitée, notamment la question du financement de la dette, du commerce extérieur et du renforcement des capacités des technologies des pays en développement.


M. ILKILILOU DHOININE, Président des Comores, a constaté que malgré certains progrès, la planète était encore en proie à de nombreux défis d’une « gravité exceptionnelle », en faisant notamment référence aux effets des changements climatiques, au sous-développement et aux menaces à la paix dans le monde.  Il a fait part de la fragilité des écosystèmes des petits pays insulaires en développement et a indiqué que les Comores avaient connu d’importantes intempéries au mois d’avril dernier, lesquelles avaient provoqué d’importantes pertes en vies humaines.


Le Président Dhoinine a souhaité que la Conférence Rio+20 soit le sommet de la raison et de l’action, et l’occasion de donner un nouvel élan d’espoir à travers la réaffirmation d’un engagement politique.  Il a souscrit à la proposition de renforcer le PNUE, avant de plaider en faveur du transfert de technologies et d’une aide aux plus pauvres.  Il a vu dans l’économie verte une transition indispensable vers le développement durable.  Il faut, a-t-il souligné, définir et mettre en place des règlements plus incitatifs en faveur d’une utilisation plus efficiente des ressources et privilégier l’innovation dans la création d’énergies renouvelables.  Cela revient tout simplement à redonner la place à la vie, a-t-il dit.


M. CHRISTOPHER LOEAK, Président des Îles Marshall, s’est inquiété de l’exclusion de certains États insulaires qui n’ont pas pu participer à cette réunion mondiale essentielle.  Si chaque pays a la responsabilité de garantir un développement durable pour son peuple, il a estimé que c’est un défi qu’il faut relever ensemble.  « Beaucoup considèrent les Îles Marshall comme un petit État insulaire, mais nous sommes un grand État océanique dont les ressources les plus précieuses sont tirées de la pêche », a déclaré le Président Loeak.  Plus de la moitié de la réserve mondiale de thon se trouve dans les eaux territoriales des Îles Marshall et c’est pourquoi, le Gouvernement a pris des mesures pour réduire la surpêche, a-t-il dit.  Les Îles Marshall ont également interdit la coupe des nageoires de requin et créé ainsi un sanctuaire pour les requins.


L’intégrité territoriale des pays à basse altitude est menacée, a ensuite rappelé M. Loeak, avant d’inviter la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour y faire face.  Il a aussi souligné le fait que la vulnérabilité de ces États s’est aggravée au cours des 20 dernières années en raison notamment des changements climatiques, ainsi que d’un manque d’appui extérieur.  Il faut appuyer directement les projets mis en œuvre sur le terrain, a-t-il recommandé.  M. Loeak a en outre demandé de transformer le secteur de l’énergie pour donner la priorité aux énergies renouvelables.  À cet égard, le Président a parlé d’une nouvelle technique en cours d’élaboration, qui consiste à utiliser la température du fond des océans pour générer de l’électricité. 


M. ANDRY NIRINA RAJOELINA, Président de Madagascar, a estimé que Rio+20 devrait être la Conférence de tous les espoirs, pour tous les pays, qu’ils soient développés, émergents ou en développement.  Dans ce contexte, il a estimé qu’une vraie politique de coopération Sud-Sud devrait être un levier pour répondre aux attentes pour le développement durable dans les pays émergents et en développement.  « Une vraie politique axée sur la stabilité régionale, ainsi que sur l’économie verte, avec une préoccupation particulière concernant la sécurité alimentaire et l’optimisation des ressources minières, halieutiques, énergétiques, et forestières au profit de la population sont plus que des engagements: ce sont des devoirs », a-t-il dit. 


En matière de développement, il a noté que Madagascar attachait une valeur particulière à l’aspect humain du développement mais que la préoccupation majeure concernait aussi la gestion durable de l’environnement, de l’optimisation de l’eau et du lancement d’une politique nouvelle d’énergies renouvelables.  Faisant remarquer que les agriculteurs constituent 80% de la population de son pays, le Président de la transition a également mis l’accent sur le rôle que joue l’éducation pour atteindre les objectifs de développement durable.  En ce qui concerne Madagascar, le maintien d’un climat social favorable à la production passe aussi par la stabilité politique.  C’est la  raison pour laquelle, il a insisté sur la « nécessité absolue d’organiser, en priorité, les élections libres et transparentes dans les meilleurs délais ».


M. LEONEL FERNÁNDEZ REYNA, Président de la République dominicaine, a estimé que le projet de document final n’était pas à la hauteur de la nécessité urgente de « réparer la planète ».  Il a rappelé que la crise financière internationale avait entraîné l’augmentation du prix des matières premières et des denrées alimentaires au détriment de la majeure partie de la population mondiale.  Il a fustigé l’absence de volonté des pays développés, incapables de consacrer 0,7% de leur PIB aux objectifs de développement.  Alors que la planète fait face à la pire crise économique, financière et environnementale de son histoire, « nous pouvons faire de ces défis une grande opportunité », a dit le Président dominicain, en estimant que se présentait aujourd’hui l’occasion de promouvoir une réelle justice sociale.


M. Reyna a ajouté que la République dominicaine avait, depuis 1997, planté 108 millions d’arbres en permettant ainsi de faire passer le taux de couverture végétale de 27 à 40%.  Il a également cité 64 initiatives dominicaines qui ont permis de réduire les émissions de carbone de 1,4 million de tonnes.  Le Président s’est demandé comment il serait possible de nourrir dix milliards d’habitants dans 50 ans, alors que l’on n’arrive pas à en nourrir sept milliards aujourd’hui.  C’est pourquoi, il a jugé indispensable l’établissement d’un organisme international de nature à garantir un réel développement durable.   


M. SAI MAUK KHAM, Vice-Président du Myanmar, a indiqué que son pays s’était engagé dans une phase de développement économique tout en œuvrant pour la préservation de l’environnement.  Il a estimé que Rio+20 devrait inclure des mesures pratiques pour arriver à une transition vers l’économie verte aux niveaux mondial et national.  Avec l’augmentation de la population mondiale, qui devrait passer de sept milliards aujourd’hui à environ neuf milliards d’ici à 2050, l’augmentation de la consommation des ressources et des biens matériels aura de graves implications sur la planète, a-t-il averti.  Il devrait y avoir, selon lui, des approches et des modèles de développement différents selon les pays, en se basant sur le contexte et les priorités nationales de chaque pays.


Le Myanmar est entré dans une période de transition vers la démocratie, a poursuivi son Président.  Le nouveau Gouvernement a entrepris des réformes et des progrès considérables ont déjà été obtenus dans les domaines politique, économique, social et administratif.  Le Gouvernement a également garanti la participation de tous les acteurs impliqués dans le processus politique avant d’organiser des élections libres cette année, a-t-il expliqué.  Enfin, il a exprimé son espoir que le document final de Rio+20 reflète le résultat des discussions de toutes les parties prenantes.


M. GERVAIS RUFYIKIRI, Vice-Président du Burundi, a présenté plusieurs avancées significatives réalisées par son pays en matière de développement social et économique.  En ce qui concerne l’agriculture, qui occupe plus de 95% de la population burundaise, le budget national alloué au secteur a été revu à la hausse d’année en année depuis 2010, a-t-il expliqué.  Le taux d’accès à l’eau potable au Burundi est aujourd’hui de 70%, tandis que l’accès à l’éducation a connu un accroissement progressif de 10% pour le taux de passage de l’école primaire à l’école secondaire.


Malgré ces progrès, le Vice-Président a toutefois cité plusieurs défis de taille auxquels son pays doit faire face, notamment en vue de garantir une croissance économique soutenue afin d’assurer une sécurité alimentaire pour tous et de lutter contre la pauvreté, d’augmenter aussi la productivité agricole et de réaliser les trois objectifs des Nations Unies sur la politique de l’énergie durable pour tous.  Notant que la mise en œuvre de ces programmes ambitieux était handicapée par des moyens très limités, en particulier en cette période postconflit, il a invité les pays à prendre part à la Conférence des partenaires du Burundi prévue à Genève, en Suisse, les 28 et 29 octobre prochains et qui aura comme objectif la recherche d’appuis pour la mise en œuvre du prochain cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté du Burundi.


M. MANMOHAN SINGH, Premier Ministre de l’Inde, a estimé nécessaire de recourir à l’imagination pour évaluer le coût de notre modèle de consommation pour les générations futures.  L’éradication de la pauvreté doit rester la principale priorité pour les pays en développement, a dit M. Singh, en précisant que la détérioration des terres et de l’eau menaçait déjà le bien-être de millions de personnes.  « Nous menons une mission solaire nationale ambitieuse qui constitue une option cruciale pour notre sécurité énergétique », a-t-il également dit. 


Le Premier Ministre a souligné l’utilité d’aides ciblées pour aider les petits producteurs à couvrir les coûts de la pollution au niveau local.  Il s’est dit ravi que le texte négocié réaffirme les principes de responsabilité commune mais différenciée et celui de l’équité.  Illustrant les efforts de l’Inde, il a cité une diminution des émissions de carbone indiennes de 25% par rapport à son niveau de PIB, en accord avec un objectif de diminution nette des émissions de 25% entre 2005 et 2020.


M. NAJIB MIKATI, Premier Ministre du Liban, a rappelé que certains pays arabes étaient actuellement le théâtre de très grands changements.  Le Liban est un modèle d’équilibre entre le développement durable et la croissance économique, alors que c’est un pays sorti d’un conflit, a-t-il fait remarquer.  Il a indiqué que le Liban avait adopté dernièrement des lois et pris des engagements pour mettre en œuvre des mesures favorisant le développement durable.  Il a notamment parlé d’un plan d’action en sept points qui consiste en une réforme globale des secteurs économique, social et politique.  Des pays comme le Liban ont besoin de temps et d’aide technique et financière pour parvenir au développement durable, a-t-il ajouté, avant d’inviter à bien se préparer pour la période de l’après 2015.


Pour relever les défis actuels, M. Mikati a proposé de revoir le paradigme économique mondial pour garantir que l’économie appuie les politiques nationales de développement.  Mais l’économie verte par elle-même ne peut pas corriger tous les défauts actuels du système économique, a-t-il prévenu.  Il a plaidé en faveur d’une réforme des institutions notamment du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) dont on devrait, selon lui, revoir le mandat et en faire un conseil indépendant.  Le Liban propose aussi d’établir un tribunal international pour l’environnement, qui serait amené à juger les cas de marée noire.  Enfin, il a dénoncé le refus de la part d’Israël d’accepter la légitimité internationale, l’accusant de continuer d’occuper des parties du territoire libanais et de refuser d’appliquer la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité.  Aucun développement durable ne pourra avoir lieu en l’absence d’une paix juste et durable, a-t-il averti.  Il a aussi réaffirmé le droit des Palestiniens à l’autodétermination et au retour à ses terres natales.


M. DENZIL DOUGLAS, Premier Ministre de Saint-Kitts-Et-Nevis, a indiqué que la stabilité de son pays, le plus petit de l’hémisphère nord, était aujourd’hui menacée de manière disproportionnée par des crises économique, sociale et environnementale externes.  Il a dit que le développement durable était victime d’une inertie politique mondiale.  Il a jugé indispensable la création de modèles de consommation alternatifs de nature à préserver l’environnement.  Il faut nous concentrer sur l’économie verte et la lutte contre la pauvreté et renforcer l’efficacité énergétique au nom de nos peuples, a-t-il ajouté. 


Notant que la gouvernance environnementale exigeait la contribution de tous, il a appelé la communauté internationale à cesser d’exclure la République chinoise de Taïwan des débats des institutions internationales pertinentes en matière de développement durable.  Il a souhaité que le troisième sommet mondial des petits États insulaires en développement, en 2014, soit l’occasion de s’entendre sur les objectifs de développement post-2015 de ces pays.  Il a demandé la mise en place de cadres institutionnels effectifs à tous les niveaux pour faciliter la mise en œuvre des engagements pris à Rio en souhaitant que les petits États insulaires en développement obtiennent les moyens de faire face aux conséquences environnementales et aux déséquilibres dont ils ne sont pas responsables. 


M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Premier Ministre de la Turquie, a dressé la longue liste des maux provoqués par l’homme, pointant notamment du doigt l’appât du gain qui pousse d’aucun à surconsommer alors que d’autres manquent de tout, ainsi que l’égocentrisme.  Le moment est venu d’identifier des solutions pour l’humanité, a affirmé le Premier Ministre turc.


M. Erdoğan a plus particulièrement parlé de la situation des Palestiniens ainsi que des peuples de Syrie et d’Afghanistan.  Un monde où la conscience mondiale prévaut sera plus vivable pour les générations à venir, a souligné le Premier Ministre, qui a dit espérer que Rio+20 contribuera à l’élaboration d’un tel « monde de conscience ».


Mme JULIA GILLARS, Premier Ministre de l’Australie, a considéré que Rio+20 devrait définir des objectifs de développement durable car, « en nous fixant des objectifs, nous nous imposons une tâche pratique et empirique », a-t-elle dit.  Pour les mettre en œuvre, elle a aussi mis l’accent sur la nécessité d’allouer les ressources « avec rigueur » et, ensuite, de réévaluer les progrès accomplis sur la base des résultats obtenus et non sur des intentions.  « C’est ainsi que nous pourrons fixer la base la plus solide de succès à long terme », a-t-elle ajouté.


Notant que des progrès substantiels avaient pu être réalisés, notamment en ce qui concerne l’objectif de réduction de moitié de la pauvreté d’ici à 2015, le Premier Ministre a appelé la communauté internationale à demeurer déterminée et à établir des objectifs mondiaux face à des défis mondiaux.  L’Australie continuera, à cet égard, à jouer son rôle en faveur de la promotion et de la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-elle affirmé, en précisant que son pays augmenterait son programme d’aide de 60% au cours des cinq prochaines années.  Avant de conclure, elle a mis l’accent sur la nécessité d’accorder une attention particulière à la santé des océans et à une « économie bleue ».  Enfin, Mme Gillars a aussi insisté sur la participation active des femmes et des peuples autochtones à l’élaboration des politiques de développement.


M. JEANNOT KOUADIO-AHOUSSOU, Premier Ministre de la Côte d’Ivoire, a appelé à la solidarité internationale pour le respect des ressources naturelles disponibles, tout en mettant en œuvre, à l’échelle mondiale, une réelle et indispensable solidarité pour un développement partagé, dans le respect de la diversité sociale et culturelle.  Il faut reconnaître que 10 ans après Johannesburg, la lutte contre la pauvreté et l’identification de modes de consommation et de production durables restent un vœu pieux, alors que le fossé entre pays développés et pays en développement s’est encore creusé, a-t-il dit.  Si nous ne changeons pas nos modes de consommation d’ici à 2030, deux planètes ne suffiront pas à satisfaire nos besoins, a prévenu le Premier Ministre de la Côte d’Ivoire, avant d’insister sur le fait que l’économie verte constituait le vecteur de la mise en œuvre du développement durable.


Le Premier Ministre a fait état des efforts de la Côte d’Ivoire en matière de recherches sur les technologies et les emplois verts.  Il a appuyé les positions du Groupe des 77 et la Chine et de l’Union européenne consistant à transformer le Programme des Nations Unies pour l’environnement en agence spécialisée des Nations Unies, avec une plate-forme plus forte pour les gouvernements, et ce, afin d’établir des programmes environnementaux globaux.  Il a formé le vœu que la transition vers une économie verte, dans le contexte du développement durable, soit supportée par un cadre institutionnel approprié, avec des fonctions claires qui évitent les chevauchements paralysants et en améliorent la mise en œuvre et la visibilité.  Dans cette même dynamique, a-t-il dit, la Côte d’Ivoire souscrit aux résolutions du Forum mondial de l’eau tenu à Marseille, en mars 2012, et souhaite adhérer à la Convention de l’ONU de 1997 sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau à des fins autres que la navigation.


Mme DORIS LEUTHARD, Premier Ministre de la Suisse, a estimé que la participation du groupe des ONG aux délibérations devrait être améliorée, de même que celle du secteur privé.  De nombreux entrepreneurs ont déjà démontré leurs engagements en prenant part au Pacte mondial par exemple, a-t-elle notamment fait observer.


Mme Leuthard a ensuite indiqué que la Suisse avait pris des mesures concrètes pour promouvoir le développement durable, notion consacrée par la Constitution suisse depuis 1999.  Elle a appelé à la mise en place d’un mécanisme de coopération efficace, avant de se féliciter de la décision de renforcer le PNUE.  Si l’adoption de politiques économiques vertes est essentielle pour l’avenir, il faudrait prendre en compte tous les aspects permettant de lutter efficacement contre la pauvreté et avancer dans la voie du développement durable, a par ailleurs estimé le Premier Ministre, qui a insisté sur la nécessité de préciser clairement la voie à suivre.  Elle a estimé que les « petites mesures » réalisées jusqu’à présent restaient insuffisantes.  Il faudrait, a-t-elle souligné, reconnaître le droit des femmes et encourager la mise en œuvre de politiques de santé génésique.


M. SOMSAVAT LENGSAVAD, Vice-Premier Ministre de la République démocratique populaire lao, a considéré que l’intégration des trois piliers du développement durable – l’économique, le social et l’environnement – demeurait « totalement inefficace » en raison, entre autres, de l’impact de crises croissantes dans les domaines économique et financier, énergétique ou en raison de catastrophes naturelles.  « Environ 20% de la population mondiale vit sous le seuil de pauvreté et l’environnement est encore confronté à des pratiques de développement irresponsables », a-t-il déploré. 


Depuis deux décennies, la République démocratique populaire lao a mis en place des politiques et des stratégies à court ou à long terme en faveur du développement durable, s’est-il félicité.  Une attention particulière a été accordée à la préservation de l’environnement et celle-ci a notamment été incluse dans un plan national quinquennal de développement socioéconomique qui vise à promouvoir le potentiel des ressources naturelles du pays, en particulier l’agriculture, l’énergie hydroélectrique et les ressources minières.  En outre, le Vice-Premier Ministre a insisté sur la valeur des forêts pour le développement de son pays.  La République démocratique populaire lao entend ainsi étendre la part de leur superficie sur le territoire national de 65 à 70% entre 2015 et 2020.


M. NICK CLEGG, Vice-Premier Ministre du Royaume-Uni, a estimé que le secteur vert représentait 5 000 milliards de dollars par an.  Il a précisé que le Royaume-Uni allait consacrer 150 millions de livres sterling au programme d’adaptation des petits exploitants agricoles du Fonds international pour le développement agricole (FIDA).  Le Royaume-Uni, a-t-il dit, est heureux d’accueillir cette année les Jeux olympiques les plus verts de l’histoire.  Il a jugé indispensable de parvenir à un accord sur des objectifs de développement durable cohérents, sur la base des Objectifs du Millénaire pour le développement, pour la période post-2015.  « Nous devons mieux comprendre la croissance économique et le développement en mettant en place un système de mesures plus large et plus complet qui permette de mesurer le capital naturel.  Dans le domaine de la gouvernance, il a jugé indispensable de renforcer le Conseil économique et social (ECOSOC) et le PNUE.  Quelles que soient les décisions prises, M. Clegg a rappelé que ce sera la volonté politique qui sera déterminante pour mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre de la Conférence Rio+20. 


M. NGUYEN THIEN NHAN, Vice-Premier Ministre adjoint du Viet Nam, a déclaré que son Gouvernement avait pris des mesures pour mettre en œuvre, dans la limite de ses capacités et ressources, Action 21, ce qui a permis de faire passer le taux de pauvreté de 85% en 1993 à 12% l’an dernier.  Il a également évoqué les avancées réalisées en matière d’éducation, d’accès à l’eau potable, et d’espérance de vie.  Le Viet Nam figure maintenant en deuxième place dans l’indice « Planète heureuse » (IPH)/«  Happy Planet Index », s’est-il félicité.


M. Nguyen a ensuite engagé l’ONU à définir des objectifs du développement durable (ODD) pour 2020 et 2023 assortis d’un mécanisme de contrôle et de suivi.  Les ODD doivent être universels, mais adaptés aux conditions de chaque pays, a-t-il cependant précisé.   Il a vu dans l’économie verte une stratégie importante pour mettre en œuvre les trois piliers –économique, social et environnemental- du développement durable.  Pour les pays à faibles revenus, a-t-il ajouté, l’économie verte n’est plus une option mais une nécessité.  À cet égard, il a souhaité qu’une conférence mondiale sur l’économie verte soit organisée.  Alertant sur l’élévation du niveau de la mer, qui affecte de nombreux pays, M. Nguyen a appelé à la création d’un programme de l’ONU pour y faire face de manière efficace.  Les rizières au Viet Nam qui assurent la sécurité alimentaire de la population, a-t-il prévenu, sont menacées de destruction en raison de ce phénomène.


Rappelant que son pays est un petit territoire enclavé, M. VLADIMIR PESHEVSKI, Premier Ministre adjoint chargé des affaires économiques de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a d’abord tenu à souligner qu’il convenait de dégager une compréhension commune lorsqu’on parle du « partage équitable du fardeau » des défis liés au développement durable.  Il a ensuite mis l’accent sur le rôle crucial joué par l’énergie dans les processus de développement.  À cet égard, la Macédoine a déjà identifié plusieurs sources de production d’énergies propres et a décidé d’inclure cette question dans sa politique nationale de développement durable, a-t-il expliqué.  Celle–ci définit notamment les principaux secteurs qui contribueront au développement durable dans ce domaine et sont conformes aux objectifs de l’Union européenne en la matière, a-t-il précisé. 


Au niveau décisionnel national, la Macédoine a également créé un Conseil de haut niveau pour le développement durable, incluant une large participation des ONG, et tente aussi de promouvoir davantage les partenariats public-privé.  Pour la Macédoine, la transition vers une économie verte nécessitera des investissements importants dans l’éducation, dans la recherche et dans les technologies.  C’est pourquoi la communauté internationale doit tenir compte du niveau de développement technologique des petits États, a rappelé son Premier Ministre adjoint.  Avant de conclure, il a souhaité réaffirmer l’engagement politique de son pays en faveur des principes adoptés, en 1992, à Rio.  « Tous les objectifs n’ont pas été atteints en matière de développement durable mais les progrès sont notables et vont dans la bonne direction », a-t-il estimé. 


Mme AMTHAL AL AHMAD AL JABER AL SABAH, Vice-Premier Ministre du Koweït, a espéré que la Conférence Rio+20 permettrait de mettre en œuvre la feuille de route qui sera adoptée et de préserver les richesses de notre planète pour les générations futures.  Le Koweït réaffirme l’importance des mécanismes du développement durable adoptés au Sommet de la Terre de 1992 et des conférences qui ont suivi, a-t-elle dit.  Elle a assuré du soutien de son pays envers les nations sœurs.  Le Prince du Koweït a lancé une initiative qui vise à consacrer un milliard de dollars, dont le Koweït a fourni la moitié, au financement des petites et moyennes entreprises dans les pays arabes.  « Nous avons toujours contribué de manière active aux projets de développement dans le monde entier », a-t-elle ajouté, grâce au fonds koweïtien pour le développement économique.  Le Vice-Premier Ministre a aussi plaidé en faveur du transfert des technologies vers les pays en développement.  Elle a également indiqué que son pays a créé des parcs nationaux qui recouvrent une superficie plus grande que ce qui est suggérée par l’ONU.  « Nous faisons aussi en sorte d’atteindre un niveau zéro de rejet d’émissions de gaz à effet de serre. »


M. DJOOMART OTORBAYEV, Premier Ministre adjoint du Kirghizistan, a indiqué que les glaciers représentaient 4% du territoire de son pays.  Il a parlé des pressions auxquelles font face les forêts montagneuses ainsi que de la dégradation des sols, pour signaler ensuite que la vie dans les montagnes coûtait 50% de plus en énergie.  Le Ministre a plaidé pour l’utilisation rationnelle des glaciers et des écosystèmes naturels, tout en insistant sur la nécessité d’assurer le bon développement de l’infrastructure.  Il a précisé que 98% de l’électricité du pays était produite par des stations hydrauliques et que le Kirghizistan entendait effectuer des investissements verts dans ce secteur.  Il a ensuite plaidé pour le lancement d’un processus de promotion et d’appui des pays montagneux endettés et en développement pour les aider à alléger leur dette en échange d’une économie verte.


« Que nous est-il arrivé? » a lancé à la tribune de la conférence M. EDMUNDS SPRŪDŽS, Ministre de la protection de l’environnement et du développement régional de la Lettonie.  « Notre civilisation a toujours été en mesure de réfléchir pour ses générations futures et je refuse de croire que nous sommes devenus plus ignorants ou plus égoïstes que les générations précédentes.  C’est pourquoi je vous exhorte à fixer des objectifs plus ambitieux », a-t-il dit.  Le Ministre a ensuite estimé que les actions entreprises par plusieurs petits pays ou par des pays de taille moyenne démontraient qu’il ne faudrait pas nécessairement choisir entre, d’une part, la croissance économique et la qualité de vie de sa population, et, d’autre part, le développement durable. 


M. Sprūdžs a illustré son propos par l’exemple de la Lettonie qui a connu une crise économique grave après des années de « boum économique ».  À la suite de cette crise, le pays a été contraint par le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne à prendre des mesures draconiennes.  Le nombre de personnes sans emploi avait en effet triplé et cela plaçait la Lettonie au rang des pays européens les plus frappés par le chômage.  Malgré cette situation économique, la Lettonie a continué à miser sur le développement durable et sur l’environnement et ce choix a été salué, au début de cette année, par les universités américaines de Yale et Columbia, qui l’ont classé au deuxième rang des pays les plus verts au monde dans son index de performance environnementale (IPE).  M. Sprūdžs a estimé que son pays offrait à la communauté internationale non seulement un espoir mais aussi la preuve qu’en travaillant, on peut réussir. 


Mme ISABELLA TEIXEIRA, Ministre de l’environnement du Brésil, a rappelé que les principes de Rio étaient les fondements sur lesquels nous bâtissons aujourd’hui.  Reconnaissant qu’il fallait, en 2012, accepter un certain pessimisme, elle a espéré que la Conférence de Rio+20 allait permettre d’arriver à un document final qui représente un progrès significatif vers le développement durable.  Ce document ne répond pas à toutes les aspirations du Brésil et d’autres pays, mais il contient les meilleurs engagements sur lesquels nous pouvons nous mettre d’accord, a-t-elle estimé.  « Rio+20 sera considéré comme un moment phare dans l’histoire des Nations Unies », a-t-elle prédit, se félicitant de la transparence qui a prévalu tout au long des discussions. 


La Ministre de l’environnement brésilienne a enfin expliqué que les outils dont nous avons besoin aujourd’hui pour réaliser les changements nécessaires existaient.  Ils peuvent nous permettre d’aboutir à des modèles durables de développement, a-t-elle assuré.  Elle a également plaidé en faveur du renforcement des institutions nationales afin qu’elles soient mieux en mesure de mettre en œuvre les mesures visant un développement durable.


M. O.K. MOKAILA, Ministre de l’environnement du Botswana, a rappelé qu’au cours d’un sommet organisé par son pays, le mois dernier, les dirigeants africains avaient réaffirmé leur engagement en faveur du développement durable en Afrique.  Il a estimé que le processus d’évaluation économique des ressources économiques ne devait pas viser à dilapider la nature.  Nous devons au contraire investir pour préserver l’environnement pour les générations futures, a-t-il argué.  L’économie verte est un outil pour le développement durable et non pas une solution magique aux problèmes auxquels le monde est confronté aujourd’hui, a fait remarquer le Ministre.  M. Mokaila a par ailleurs estimé que les pays sans littoral comme le sien devraient bénéficier d’un appui particulier.  Il a également souhaité la mise en œuvre d’un cadre de vérification des engagements pris et a dit appuyer le renforcement du PNUE.  La Conférence Rio+20, a-t-il affirmé, doit lancer un processus de négociation en vue de définir les objectifs du développement durable.


M. BRAHIM OULD M’BARECK OULD MOHAMED EL MOCTAR, Ministre du développement rural de la Mauritanie, a précisé que son pays avait adopté un plan national dont les axes prioritaires misent sur les libertés individuelles, l’éducation, la formation professionnelle et technique et les soins de santé.  Il a souligné que son pays avait également respecté la vingtaine d’accords de protection de l’environnement qu’il a ratifiés et que son plan national de développement vise la création d’un ministère de l’environnement et du développement durable, ainsi que l’adoption d’une politique de développement durable d’ici à 2016 et la création d’un conseil national du développement durable.


M. GILAD ERDAN, Ministre de la protection de l’environnement d’Israël, a rappelé qu’un milliard de personnes n’avaient pas accès à une source sûre d’eau potable et qu’un milliard souffraient de la faim.  « Nous avons défini un cadre d’économie verte qui vise à assurer la compatibilité de la croissance économique avec le développement durable », a-t-il dit, invitant à intégrer ces objectifs dans les travaux de toutes les institutions des Nations Unies chargées des questions économiques.  Indiquant que son pays, pauvre en ressources naturelles, avait dû investir dans l’innovation technologique, le Ministre a fait part des progrès ainsi accomplis dans le domaine agricole, Israël ayant notamment pu réduire de 50% la consommation d’eau douce dans ce domaine.  « Nous avons en effet la technologie d’irrigation la plus efficace du monde, s’est-il vanté, mentionnant la mise au point d’une technique avancée de désalinisation de l’eau de mer », a-t-il déclaré.


Israël a partagé ses connaissances dans ce domaine par le biais de son agence de coopération au développement et compte étendre encore cette aide, y compris avec ses voisins, a assuré le Ministre.  Évoquant les discours prononcés par les représentants des pays voisins d’Israël, il a déploré que ces derniers aient choisi de politiser ce débat.  Il a précisé que l’accord intérimaire israélo-palestinien prévoyait que les deux parties développent des sources d’eau supplémentaires.  Israël apporte 60% d’eau en plus que ce que prévoit l’accord et envisage d’apporter un gros volume d’eau dans la bande de Gaza, alors qu’il ne reçoit en retour que des attaques à la roquette, a-t-il dit.  M. Erdan a lancé un appel à ses voisins palestiniens afin qu’ils mettent en œuvre les 28 projets en eau prévus.


M. BEN KNAPEN, Ministre des affaires européennes et de la coopération internationale des Pays-Bas, a rappelé combien la nature était sous pression alors qu’il faudrait répondre aux besoins de la population mondiale atteignant neuf milliards de personnes en 2050.  Il a rappelé que si la nature est négligée par un seul pays, les conséquences de cette négligence peuvent être ressenties n’importe où dans le monde.  Il a souligné l’importance des trois piliers –économique, social et environnemental- du développement durable, en souhaitant que nos objectifs ambitieux pour une économie verte se concrétisent.  Parce que l’importation de l’énergie est impossible sans émissions de CO2, nous nous sommes tournés vers les énergies solaire et éolienne, a indiqué M. Knapen.  Il a également rappelé que les Pays-Bas avaient établi une plate-forme nationale pour Rio+20 afin d’organiser des discussions avec la société civile et le secteur privé dans le cadre de la préparation de la Conférence Rio+20.  Comme pour le football, nous devons marquer des buts pour réussir, a souligné M. Knapen.


M. MOHAMMAD YASMIN UMAR, Ministre de l’énergie de Brunei Darussalam, a indiqué que son pays s’était engagé dans différentes initiatives en matière de réalisation du développement durable.  Un plan vise notamment à faire face aux effets des changements climatiques, et la gestion durable de forêts est également privilégiée.  Le Brunei s’est également engagé dans le domaine de l’énergie renouvelable.  Le plan Vision 2025 appelle notamment à l’instauration d’une économie dynamique et durable dans le pays. 


M. Umar a également parlé des efforts déployés dans le domaine de l’éducation et de la formation des ressources humaines.  Le Brunei Darussalam entend en outre réduire de 45% ses dépenses énergétiques d’ici à 2030, et un système d’énergie solaire portable a été mis sur pied.  Le Ministre a également souligné l’importance de la sensibilisation du public à l’utilisation d’énergies renouvelables, entre autres.


M. RAYMOND N’TUNGAMULONGO TSHIBANDA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération internationale et de la francophonie de la République démocratique du Congo, a regretté que les engagements de la communauté internationale n’aient pas été respectés, notamment celui des pays du Nord de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide au développement.  Il en est de même pour les négociations sur une convention internationale sur les forêts qui n’ont jamais abouti.  Il a demandé que l’ONU joue pleinement son rôle et qu’elle engage tous les acteurs à s’acquitter de leurs obligations, notamment l’obligation de consommer de manière responsable.  Près de sept milliards de personnes doivent préserver la planète par une action ambitieuse, a-t-il lancé, en appelant à conserver la biodiversité, garantir la sécurité alimentaire, prendre des mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques et s’y adapter, prévenir la dégradation des terres, tout en respectant la diversité naturelle.


Il ne doit pas y avoir d’approche unique pour relever ces défis, a prévenu M. Tshibanda.  Le Ministre a expliqué que pour éliminer la pauvreté dans le cadre d’une économie verte, les efforts des pays en développement doivent être soutenus par la concrétisation des promesses d’un appui financier, notamment en accordant des mesures tarifaires préférentielles, en augmentant le niveau de l’aide au développement et en transférant les technologies.  Mais la responsabilité ultime incombe à nos États, a-t-il reconnu.  M. Tshibanda a ainsi indiqué que, dans les pays de la région, un cadre de gestion des forêts avait été mis en place et que la RDC prenait une part active à la préservation de l’environnement en Afrique centrale.  « Malheureusement, les conflits armés dans la région sapent les efforts de notre peuple qui lutte pour relever le défi de la faim, de la pauvreté et de la protection de l’environnement », a-t-il regretté.  Avant de conclure, il a appelé à transformer les organes de l’ONU chargés de ces questions, comme l’ECOSOC, la Commission du développement durable et le PNUE. 


M. PHIL HOGAN, Ministre de l’environnement de l’Irlande, s’est dit satisfait du consensus sur le projet de document final qui aura, a-t-il dit, une influence sur les politiques visant à améliorer le bien-être de nos populations.  Il a exprimé la volonté de l’Irlande de promouvoir l’économie verte.  Il a indiqué que l’Irlande était le septième pays contributeur en matière d’aide publique au développement.  Le Ministre irlandais de l’environnement s’est félicité du projet de document final qui, a-t-il affirmé, met l’accent sur les besoins alimentaires.  Il a cependant reconnu qu’il ne répondait pas pleinement aux attentes en ce qui concerne la réforme des institutions. 


M. SERGEI MARTYNOV, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a indiqué que son gouvernement avait adopté des politiques qui intègrent les préoccupations en matière d’environnement.  L’ensemble de ces activités, a-t-il assuré, ont permis de renforcer l’efficacité énergétique et de réduire le coût matériel de l’économie.  Le Ministre a ensuite estimé que seuls les États responsables peuvent véritablement régler les problèmes économiques pour le bien-être des citoyens et assurer la réalisation du développement durable.  En revanche, a-t-il ajouté, la solidarité concertée de tous les États permettra à tous de s’engager sur la voie d’un développement véritablement durable.  M. Martynov a, en outre, estimé nécessaire de s’assurer que les différentes mesures lancées en matière de développement durable ne saperont pas les efforts existants et ne provoqueront pas non plus la dépendance technologique des pays en développement.  Il a également appelé au respect du principe de responsabilité commune mais différenciée.  Pour le Ministre, l’adoption du projet de document final de Rio+20 doit traduire la transition vers le développement durable pour tous.


M. TESFAI GHERESELASIE SEBHATU, Ministre des terres de l’eau et de l’environnement de l’Érythrée, a relevé que près de 24 000 personnes perdaient la vie chaque jour à cause de la malnutrition.  Il a indiqué que le Gouvernement érythréen faisait son possible pour éliminer la faim et éviter de dépendre de l’aide alimentaire étrangère, même s’il reste encore beaucoup à faire pour garantir la sécurité alimentaire dans le pays.  Le Ministre a aussi souligné que le pays avait beaucoup progressé pour éliminer la pratique des mutilations génitales féminines qui sont désormais interdites. 


En ce qui concerne l’éducation, il a assuré qu’elle était gratuite et a mentionné les progrès accomplis en matière d’égalité entre les sexes.  L’Érythrée a intégré sa gestion de l’environnement dans sa stratégie nationale pour le développement, a-t-il ajouté, avant de parler des efforts de reforestation.  Le pays, a-t-il expliqué, a planté 90 millions d’arbres et lancé des projets pour installer des structures d’eau potable.


M. PAUL MAGNETTE, Ministre de la coopération et du développement de la Belgique, s’est dit déçu par l’accord sur le projet de document final de la Conférence Rio+20 parce qu’il pensait que le souffle né à Rio en 1992 était toujours vivace.  « Nous sommes très loin du compte alors que nous savions ce qui est nécessaire », a-t-il fait observer. « Nous savons, a-t-il souligné, qu’il y a une urgence de rompre avec la logique de développement dévoreuse de ressources et que nous avons besoin de garantir à l’ensemble des peuples de la planète une sécurité alimentaire, un emploi décent et une protection sociale ».  Il faut renforcer les capacités des femmes dont la participation est indispensable au développement durable. 


Le Ministre a également exhorté les pays développés à veiller à ce que nos politiques soient cohérentes et à ce que les bénéfices obtenus grâce à nos aides au développement ne soient pas anéantis par nos politiques agricoles ou commerciales contreproductives.  Il faudrait trouver des financements innovants du développement, en mettant l’accent sur une nécessaire taxation sur les transactions financières, a-t-il insisté. « Si nous sommes déçus, nous ne voulons pas sombrer dans le défaitisme, car nous savons que les regrets sont stériles et les lamentations inutiles. » Il faut maintenant donner un contenu à cet accord et y travailler dès la prochaine session de l’Assemblée générale de l’ONU, en mettant l’accent notamment sur la nécessité de lancer un programme-cadre décennal sur les modes de production et de consommation durable, a préconisé M. Magnette. 


M. ALPHA BOCAR NASO, Ministre de l’énergie, de l’eau et de l’environnement du Mali, a estimé que les résultats de Rio+20 permettront de mettre en place un processus qui mènera à des progrès notables, notamment en faveur du renforcement des capacités et du transfert de technologies.  Il s’est inquiété de la prolifération des menaces à l’échelle planétaire et a plaidé pour l’établissement d’une stratégie mondiale pour sauver « ce qui est encore possible ».  La Conférence Rio+20, a-t-il souligné, doit donner lieu à une action politique renouvelée et forte.  M. Naso a ensuite parlé des défis que doit affronter le Mali et a indiqué que son gouvernement avait lancé une véritable politique de réforme institutionnelle pour y faire face.


Le Ministre du Mali a par ailleurs vu dans l’économie verte une réponse audacieuse au double défi que sont le développement durable et la pauvreté.  Il a ensuite exhorté les pays développés à s’engager davantage au nom du principe de responsabilité commune et différenciée afin de limiter les risques d’un « péril écologique ».  Il a également appelé à la transformation du PNUE en une institution spécialisée.


M. EDUARD STAVYTSKYI, Ministre de l’écologie et des ressources naturelles de l’Ukraine, a apprécié que le projet de document final de la Conférence Rio+20 comprenne des engagements volontaires des gouvernements pour assurer une approche complète du développement durable.  Il a estimé que les objectifs fixés devaient viser d’assurer la gouvernance des ressources naturelles.  Il s’est dit favorable au renforcement du Programme des Nations Unies pour l’environnement et à l’idée d’en faire une organisation mondiale de l’environnement. 


Le Ministre a aussi appelé à soutenir la proposition faite par l’Ukraine ainsi que d’autres pays de créer un conseil de sécurité de l’environnement ou de déléguer le mandat de la sécurité environnementale au Conseil de sécurité actuel, et de créer un tribunal international de l’environnement et une banque internationale de l’environnement.  Le Ministre a aussi jugé souhaitable d’approuver un cadre sur 10 ans pour la consommation durable.  En ce qui concerne les marchés agricoles mondiaux, l’Ukraine est prête à apporter sa contribution pour lutter contre les crises alimentaires à l’avenir, a-t-il dit pour illustrer la coopération internationale dont fait preuve le Gouvernement.  Son pays a adopté une loi sur les grands principes de la politique environnementale de l’État jusqu’à 2020, a-t-il également indiqué, précisant que le Gouvernement ukrainien avait donné la priorité aux questions sociales.  Il a enfin assuré vouloir continuer à être un partenaire dans le développement durable.


M. AMARA KONNEH, Ministre des finances du Libéria, a déclaré que le peuple du Libéria, malgré le conflit passé, était déterminé à reconstruire le pays.  « Nous fournissons des services de santé et d’éducation qui n’existaient plus depuis deux décennies », a dit M. Konneh.  Il a expliqué que le Libéria combinait des sources d’énergie renouvelables et non renouvelables pour atteindre ses objectifs de développement durable et inclusif.  Il a dit que la plupart des secteurs de l’économie du Libéria, notamment la pêche et l’agriculture, étaient affectés négativement par les changements climatiques.


Le Ministre a indiqué qu’une récente évaluation de la vulnérabilité menée par l’agence de protection de l’environnement du Libéria montrait le risque d’une perte de 50% de la biodiversité du pays en raison des changements climatiques.  Il a jugé indispensable un soutien de la communauté internationale pour aider le Libéria à faire face aux conséquences des changements climatiques.  Il a fait état de la mise en place d’un programme de développement économique et social intitulé « Vision 2030 » dont l’objectif est de faire du Libéria un pays à revenu intermédiaire en 18 ans.


M. WOLFGANG WALDNER, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Autriche, a souligné la nécessité de protéger les plus défavorisés, si l’on ne souhaite pas que les efforts entrepris en faveur du développement soient anéantis.  Il s’est félicité de la finalisation du projet de document final dont l’adoption aura lieu demain.  « Ma délégation aurait cependant espéré qu’il fixe des objectifs plus précis, a-t-il cependant fait savoir.  M. Waldner a ensuite parlé des mesures prises par son gouvernement pour préserver l’environnement.  En 2012, a-t-il notamment indiqué, les énergies renouvelables ont permis d’économiser de nombreuses tonnes de CO2.  Le Secrétaire d’État de l’Autriche a estimé que les questions de l’énergie, de l’eau et de la sécurité alimentaire devraient être abordées dans le cadre des objectifs du développement durable.


Mme HANI SHERRY AYITTEY, Ministre de l’environnement, de la science et de la technologie du Ghana, a regretté que les espoirs qu’avait représentés le Sommet de la Terre de Rio, en 1992, ne se soient pas concrétisés.  En ce qui concerne l’économie verte, elle a estimé que les pays devaient avoir une meilleure compréhension de cette notion et que le système des Nations Unies devait entreprendre les mesures nécessaires afin de dégager ses potentiels réels.  Elle a souligné que le Ghana avait entrepris une étude de ce type destinée à évaluer les opportunités et les niveaux de risques dans différents secteurs. 


Rappelant que le potentiel énergétique de l’Afrique, et en particulier du Ghana, avec ses ressources en gaz naturel, sont considérables, la Ministre a ensuite fait remarquer les graves difficultés auxquelles doivent faire face les pays africains en matière d’énergie.  Un investissement annuel de 43 milliards de dollars serait nécessaire afin de garantir un accès à l’énergie pour plus de 75% des Africains, a-t-elle ainsi fait remarquer.  Elle a estimé que le développement durable ne pourrait être réalisé sans une institution disposant de ressources véritables.  « Le défi du développement durable est encore plus difficile face à la fragmentation des ressources et aux différents mandats des institutions chargées de ces questions », a-t-elle conclu.


M. JUAN RAFAEL ELVIRA QUESADA, Ministre de l’environnement et des ressources naturelles du Mexique, a jugé équilibré le projet de document final tout en regrettant son manque d’ambition.  Illustrant les efforts de son pays en matière de développement durable, il a fait état des investissements visant à permettre l’utilisation durable de différents types de forêts.  Par le biais de partenariats public-privé, le Mexique a consacré 300 millions de dollars au développement de l’énergie éolienne.  Grâce à la participation de 5 000 entreprises mexicaines, seront réduites de 70 millions de tonnes métriques en trois ans les émissions de CO2, a dit M. Quesada.


Mme MAMIA ELBANNA ZAYANI, Ministre de l’environnement de la Tunisie, a indiqué que la révolution tunisienne était une claire illustration de la situation de la non-durabilité des 20 dernières années, notamment dans le domaine du social.  Elle a insisté sur le principe de solidarité et a vu dans Rio+20 une occasion sans pareil pour s’orienter dans cette voie.  Elle a appuyé le principe de responsabilité commune mais différenciée et a par ailleurs estimé que l’économie verte devait être source de création d’emplois, pour les jeunes notamment. 


La Ministre a aussi appuyé la création d’un forum de haut niveau sur le développement durable, capable d’appuyer le Conseil économique et social de l’ONU, ainsi que le renforcement du Programme des Nations Unies pour l’environnement.  Mme Zayani a également estimé que l’établissement de tout centre pour l’économie verte devrait être appuyé par la création de centres régionaux.  Il faut, a-t-elle insisté, arriver à un nouveau paradigme pour le développement.


M. ABDOUL RAZAZ SALEH, Ministre de l’eau et de l’environnement du Yémen, a estimé que les engagements qui avaient été pris en 1992, à Rio de Janeiro, ne pourraient être pleinement mis en œuvre qu’avec la coopération de tous.  Il est nécessaire, a-t-il dit, d’établir un développement durable équilibré.  Le Yémen, a-t-il assuré, est engagé à prendre toutes les mesures nécessaires pour appliquer les trois « Conventions de Rio », adoptées lors du Sommet Planète Terre en 1992.  Au plan national, il a expliqué que le Yémen cherchait à impliquer toutes les parties prenantes en faveur du développement durable, en particulier les mouvements sociaux, la société civile et le secteur privé. 


En matière d’environnement, le Ministre a particulièrement insisté sur les difficultés liées aux ressources en eau, qui sont très rares dans son pays et qui doivent, en outre, faire face aux conséquences des changements climatiques.  En ce qui concerne la transition vers l’économie verte, le Ministre yéménite n’a pas caché ses craintes que celle-ci entraîne des conditions supplémentaires pour les pays pauvres ou entrave encore leur accès aux marchés.  « Nous devons amender nos politiques et nos lois et faire de nombreux investissements pour améliorer la situation du pays.  À cette fin, le Yémen a besoin de l’appui de la communauté internationale », a-t-il précisé.


M. GINMARDO KROMOSOETO, Ministre de l’environnement, de la planification des terres et de la gestion forestière du Suriname, s’est dit déçu de l’accroissement du fossé entre pays en développement et pays développés.  Il a dit que le Suriname était parmi les pays les plus verts du globe avec une couverture forestière de plus de 90%.  « Par la loi, nous avons protégé 15% de notre territoire », a-t-il dit.  « Nous prenons aussi des mesures importantes pour replanter nos mangroves, afin de protéger nos côtes les plus vulnérables. »  Il a dit la volonté du Gouvernement du Suriname d’incorporer les principes de la durabilité dans ses efforts de développement, par le biais de l’utilisation durable de ses ressources naturelles.  Il a regretté que les efforts du Suriname soient entravés par des acteurs internationaux, dont les moyens financiers encouragent des ONG nationales à prendre des positions contraires à l’intérêt national.  Évoquant les conséquences des changements climatiques, il a souligné que le Suriname venait d’être touché pour la première fois par un ouragan.


M. MOHAMMAD KHADDOUR (République arabe syrienne) a indiqué que son pays avait été un des premiers États à avoir lutté pour la protection de l’environnement.  La Syrie a introduit cet objectif dans ses plans quinquennaux, a-t-il assuré.  Les défis auxquels doit faire face la Syrie, comme la sécheresse et la rareté de l’eau, ont eu des incidences sur les différents secteurs de l’économie, a-t-il expliqué.  Le représentant a aussi regretté que l’occupation par Israël des territoires arabes appauvrisse les ressources naturelles de la Syrie.  Le représentant syrien a signalé un vol de plus de 1,5 milliard de mètres cubes d’eau dans le Golan syrien occupé, ainsi qu’une tentative d’enfouir des déchets toxiques dans cette région.  Il a aussi dénoncé les pressions et les sanctions économiques illégales qui entravent la réalisation du développement durable en Syrie, en dénonçant l’embargo européen et américain qui empêche la Syrie d’obtenir les technologies de pointe. 


En outre, a ajouté le représentant syrien, le vol des engrais en grande quantité pour la fabrication d’explosifs a eu un impact négatif énorme sur la production agricole.  Cela n’a pas empêché la Syrie d’avoir une attitude ferme pour réaliser les objectifs de développement, a assuré le délégué syrien, en indiquant que son gouvernement avait promulgué des lois en 2012 pour protéger l’environnement et réaliser le développement durable.  M. Khaddour a ensuite plaidé en faveur d’une aide internationale accrue en faveur du développement.  L’économie verte ne doit pas se substituer aux programmes de développement, a-t-il prévenu.  Il a enfin appelé Israël à respecter les résolutions internationales, notamment en ce qui concerne le Golan syrien occupé.  


M. DIMITRI ALEXANDRAKIS (Grèce) a émis l’espoir que la Conférence Rio+20 s’achèvera avec des résultats concrets, en particulier en ce qui concerne les principes d’équité entre les générations et de précaution.  Il a souligné que son pays attachait aussi une grande importance à l’éducation en matière de développement durable.


Sur le plan international, la Grèce souhaite un renforcement du cadre institutionnel du développement durable, notamment par la transformation du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) en une institution spécialisée pour le développement.  Il a aussi estimé que la gestion intégrée des zones côtières et la protection des mers régionales pouvaient constituer des domaines pour lesquels la coopération devrait être renforcée.  Cette coopération pourrait se traduire par les efforts entrepris par les pays de la région méditerranéenne en faveur du Plan d’action pour la Méditerranée (PAM) ou de la Composante méditerranéenne de l’Initiative Eaude l’Union européenne,que préside la Grèce depuis 2003.


Mme EGLY PANTELAKIS, Représentante du Ministère de l’agriculture de Chypre, a mis l’accent sur la nécessité de préserver les ressources en eau et de changer nos modes consommation non durables.  Le développement durable ne pourra être réalisé que par le biais d’un respect total des principes de la démocratie et des droits de l’homme, a-t-elle insisté.  L’appropriation du développement par les États souverains est aussi une clef de la réussite du développement durable, a-t-elle ajouté.  « Si nous échouons nous serons jugés par les générations futures », a-t-elle prévenu, en rappelant que « notre travail ne s’arrête pas avec cette Conférence et devra s’intensifier une fois de retour dans nos capitales respectives ».


Mme PALESA MOKETE (Lesotho) a appelé à saisir l’occasion que présente Rio+20 pour consolider les gains de la Conférence de 1992 et du Sommet de Johannesburg.  Il faut simplifier les trois piliers du développement durable et reconnaître les liens entre eux, a-t-elle dit.  Pour un pays comme le Lesotho où 80% de la population vit dans les zones rurales ou montagnardes, le développement durable des montagnes constitue un élément essentiel.  Ce sont des ressources hydriques importantes, a-t-elle expliqué.  Elle a aussi indiqué que près de 80% du pays connaissaient une dégradation qui entraîne notamment des problèmes de malnutrition et de santé. 


Le Gouvernement du Lesotho continue de mettre en œuvre des projets de développement durable, notamment pour la gestion de l’eau et des terres, a-t-elle indiqué.  Sur le plan international, le principe de la responsabilité commune mais différenciée est essentiel au développement durable, a-t-elle souligné, invitant les pays développés à offrir un financement suffisant pour soutenir les efforts des pays en développement, à leur transférer les technologies, à soutenir leurs programmes nationaux et à faire participer les institutions financières internationales. 


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Décolonisation: le Comité spécial achève sa session en souhaitant que la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme soit un succès

AG/COL/3244

Décolonisation: le Comité spécial achève sa session en souhaitant que la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme soit un succès

22/06/2012
Assemblée généraleAG/COL/3244
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité spécial chargé d’étudier la situation

en ce qui concerne l’application de la Déclaration

sur l’octroi de l’indépendance aux pays

et aux peuples coloniaux

Reprise de session

11e séance – matin


DÉCOLONISATION: LE COMITÉ SPÉCIAL ACHÈVE SA SESSION EN SOUHAITANT QUE LA TROISIÈME DÉCENNIE INTERNATIONALE DE L’ÉLIMINATION DU COLONIALISME SOIT UN SUCCÈS


Le Comité adopte deux projets de résolution portant

sur les questions des Tokélaou et de la Nouvelle-Calédonie


Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a achevé ce matin les travaux de sa reprise de session de l’année 2012, au cours de laquelle il a entendu des représentants de puissances administrantes et plusieurs pétitionnaires.


Au cours de la dernière séance de travail de cette reprise de session, le Comité spécial a examiné ce matin la question des Tokélaou et celle de la Nouvelle-Calédonie, l’examen de ces deux points de son ordre du jour donnant lieu à l’adoption de deux résolutions portant sur la situation de ces territoires non autonomes.


Aux termes du texte* relatif à la question des Tokélaou, présenté par les délégations des Fidji et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et adopté sans vote par les membres du Comité spécial, l’Assemblée générale constaterait que les Tokélaou ont adopté leur plan stratégique national pour 2010-2015 et que l’engagement commun en faveur du développement pris par les Tokélaou et par la Nouvelle-Zélande pour la période 2011-2015 portera essentiellement sur la mise en place de dispositions viables en matière de transports, de développement des infrastructures, de mise en valeur des ressources humaines et de l’amélioration de la gouvernance.


Dans ce contexte marqué par de nombreuses réalisations à Tokélaou, Aliki Faipule Kersiano Kalolo, Ulu (Chef) des Tokélaou, a remercié la Nouvelle-Zélande pour son appui continu au développement des Tokélaou et s’est félicité que « les relations ne cessent de se renforcer » entre les Tokélaou et la puissance administrante. 


Mme Bernadette Cavanagh, de la Nouvelle-Zélande, a pour sa part annoncé que son pays allait accorder 25 millions de dollars cette année aux Tokélaou, fonds qui seront investis dans les secteurs du transport et de l’énergie renouvelable et qui apportera un soutien budgétaire à l’administration tokélaouane.


Le Comité spécial a en outre adopté, sans vote, et tel qu’oralement amendé, un second texte présenté également par les représentants des îles Fidji et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et relatif à la question de la Nouvelle-Calédonie**.  Si elle suivait les recommandations que lui a fait le Comité spécial dans ce projet de résolution, l’Assemblée générale engagerait vivement toutes les parties concernées, dans l’intérêt de tous les Néo-Calédoniens, à poursuivre leur dialogue, dans le cadre de l’Accord de Nouméa, dans un esprit d’harmonie et, dans ce contexte, se féliciterait qu’un accord unanime ait été conclu à Paris, le 8 décembre 2008, sur le transfert de compétences à la Nouvelle-Calédonie en 2009.


En dépit du fait que la question des Îles Turques et Caïques ait été examinée le 20 juin dernier, le Comité spécial a entendu un pétitionnaire de ce territoire non autonome, M. Benjamin Roberts, qui a dénoncé ce qu’il a qualifié de « mesures discriminatoires », qui seraient appliquées par le Royaume-Uni, puissance administrante, à l’encontre des populations locales des Îles Turques et Caïques.  Le pétitionnaire a invité le Comité spécial à se rendre en mission aux îles Turques et Caïques afin d’y évaluer la situation. 


Dans sa déclaration de clôture, le Président du Comité spécial, M. Diego Morejón-Pazmino, de l’Équateur, a souhaité que le nombre des territoires non autonomes encore inscrits sur la liste de décolonisation des Nations Unies diminue, « afin que la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2011-2020) ne soit pas une décennie perdue pour la décolonisation ».


Il a indiqué que, dans le processus de décolonisation, l’examen des situations des territoires non autonomes devrait se faire au cas par cas, ceci dans un esprit de coopération avec toutes les puissances administrantes, tout en  reconnaissant les aspirations et intérêts des populations et des gouvernements des territoires non autonomes, et en respectant les résolutions pertinentes adoptées par l’Organisation des Nations Unies sur la question de la décolonisation.


Le Comité spécial est chargé d’examiner la situation politique, économique et sociale de chacun des territoires non autonomes inscrits sur la liste de l’ONU.  Il présente des propositions et met en œuvre les mesures approuvées par l’Assemblée générale.


* A/AC.109/2012/L.15

** A/AC.109/2012/L.12


Question des Tokélaou(A/AC.109/2012/L.15)


M. ALIKI FAIPULE KERSIANO KALOLO, Ulu(Chef) des Tokélaou, a rappelé qu’à la suite des deux référendums de 2006 et 2007 concernant l’autodétermination des îles Tokélaou, sur la base d’un projet de Constitution et d’un projet de traité de libre association entre les Tokélaou et la Nouvelle-Zélande, puissance administrante, consultations qui n’ont pas permis aux votants d’avoir la majorité des deux tiers requise, le Fono (assemblée traditionelle des Tokélaouans) a décidé de différer l’examen de cette question.  Depuis, la priorité est accordée par les Tokélaou et la Nouvelle-Zélande à l’amélioration et à la consolidation des services essentiels et de l’infrastructure des îles afin de garantir une meilleure qualité de vie aux Tokélaouans.  Le Chef des Tokélaouans a indiqué que cet engagement se traduira notamment, dans les six mois qui viennent, par l’ouverture de nouvelles écoles et d’un nouvel hôpital, ainsi que par la réalisation d’un projet d’énergie renouvelable qui devrait être opérationnel d’ici la fin de l’année.  Ce projet devrait assurer l’autosuffisance énergétique des Tokélaou, a précisé l’Ulu.  S’agissant de la question des transports et des télécommunications, l’Ulu a expliqué que les autorités locales souhaitaient avoir des systèmes opérationnels dans ces deux domaines avant de poursuivre la quête qu’ils mènent pour l’autodétermination des Tokélaou.  À cet égard, il a salué l’engagement continu du Gouvernement de la Nouvelle-Zélande en matière de développement du système de transport dans les îles, en rappelant, entre autres, que la puissance administrante a mis à la disposition des Tokélaou un navire neuf, et que la Nouvelle-Zélande participe à la mise en place d’un service maritime et aérien qui sera opérationnel à moyen terme.


L’Ulu des Tokélaou a également abordé la question de la décolonisation et des aspirations que le peuple des Tokélaou a, concernant son avenir.  Il a remarqué que les Tokélaouans continuent le processus de consolidation de leur nation.  Dans le cadre de ce processus, l’option de libre association entre les Tokélaou et la Nouvelle-Zélande et toutes les autres options possibles seront analysées avant d’envisager l’organisation d’un référendum de plébiscite de la population.  Nous espérons alors pouvoir obtenir la majorité des deux tiers requise pour un changement de statut, a indiqué l’Ulu.  Des efforts seront menés afin de mieux informer la population, afin qu’elle puisse prendre une décision éclairée sur son avenir.  Pour cela, il faudra envisager des programmes de formation pour susciter la prise de conscience de la population en matière d’éducation politique, a-t-il souligné.  En conclusion, l’Ulu a remercié la Nouvelle-Zélande pour son appui continu au développement des Tokélaou.


Mme BERNADETTE CAVANAGH, représentante de la Nouvelle-Zélande, a rappelé que depuis 2008, suite aux deux référendums, la Nouvelle-Zélande, en tant que puissance administrante des Tokélaou, entretient une relation avec la population de ces îles et atolls axée sur la satisfaction des besoins exprimés par les responsables locaux.  Elle a rappelé que, d’un commun accord, il a été décidé qu’il fallait laisser passer une période de temps suffisante avant que les Tokélaou ne réexaminent la question d’un possible changement constitutionnel et de leur autodétermination.  Entretemps, l’accent est mis sur le développement dans les trois atolls, ce qui passe par des solutions concrètes pour faire face aux problèmes qui découlent de l’isolement géographique des Tokélaou, qui ne compte que 1 400 habitants en tout.  La question du transport est essentielle pour cette population et, par conséquent, c’est l’une des priorités des efforts de la Nouvelle-Zélande, a dit Mme Cavanagh. 


L’Administrateur a récemment signé un contrat de 12 millions de dollars néozélandais pour promouvoir un service de transport maritime entre la ville d’Apia, aux Samoa, et les Tokélaou au cours des deux prochaines années, en attendant de trouver une solution à plus long terme.  De plus, la Nouvelle-Zélande va accorder 25 millions de dollars cette année aux Tokélaou dans les domaines du transport, de l’énergie renouvelable et du soutien budgétaire, a encore indiqué Mme Cavanagh.  Au cours des dernières années, les efforts ont été concentrés sur des grands travaux d’infrastructures et sur la construction de deux nouvelles écoles.  De plus, la Nouvelle-Zélande a investi 7 millions de dollars dans un projet d’énergie solaire photovoltaïque qui devrait contribuer à réduire la dépendance des Tokélaou envers les énergies fossiles.  Mme Cavanagh a insisté sur le fait que la sécurité de la population des Tokélaou reste une préoccupation majeure pour la Nouvelle-Zélande, et qu’il reste encore beaucoup à faire pour assurer les services de base à la population des trois atolls composant les Tokélaou avant de réunir les conditions permettant d’organiser un nouveau referendum.


Tout en notant que les besoins essentiels de la population des Tokélaou sont essentiellement satisfaits par la Nouvelle-Zélande, la représentante a tenu à saluer les efforts de la communauté internationale, et en particulier ceux du PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) et de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) sur le terrain.


Adoption du projet de résolution sur la question des Tokélaou


Aux termes du projet de résolution adopté sans vote portant sur la question des Tokélaou (A/AC.109/2012/L.15), l’Assemblée générale constateraitque les Tokélaou ont adopté leur plan stratégique national pour 2010-2015, et que l’engagement commun en faveur du développement pris par les Tokélaou et la Nouvelle-Zélande pour la période 2011-2015 portera essentiellement sur la mise en place de dispositions viables en matière de transports, le développement des infrastructures, la mise en valeur des ressources humaines et l’amélioration de la gouvernance.  Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale constaterait en outreque les Tokélaou ont besoin du soutien continu de la communauté internationale.  Elle rappellerait avec satisfaction la création et le fonctionnement du Fonds international d’affectation spéciale pour les Tokélaou destiné à appuyer les besoins permanents des Tokélaou, et inviterait les États Membres ainsi que les organismes internationaux et régionaux à contribuer à ce fonds.  Par ce texte, l’Assemblée inviteraitla puissance administrante et les institutions des Nations Unies à continuer de prêter assistance aux Tokélaou, à mesure qu’elles continuent de se développer.


Îles Turques et Caïques


En dépit du fait que la question des Îles Turques et Caïques ait été examinée le 20 juin dernier, le Comité spécial a consenti à entendre un pétitionnaire de ce territoire non autonome.


M. BENJAMIN ROBERTS, pétitionnaire des Îles Turques et Caïques, a dénoncé les mesures discriminatoires que la puissance administrante, le Royaume-Uni, applique à l’encontre des populations locales des Îles Turques et Caïques.  Il a pris pour exemple la lutte contre la corruption dans le territoire, qui semble cibler exclusivement les personnalités et autorités natives du territoire, tandis que dans le même temps les responsables et autres dirigeants qui viennent de la métropole ne sont pas du tout inquiétés. 


Il a ensuite regretté que la puissance administrante ait unilatéralement décidé d’organiser des élections dans le territoire des Îles Turques et Caïques, le 9 novembre prochain, sans consulter les populations locales.  Il a également décrié le fait que la couronne britannique ait annoncé que le responsable financier britannique, désigné par Londres, devrait rester en poste, quel que soit l’issue des consultations d’autodétermination, et ce jusqu’au remboursement complet de la dette de 260 millions de dollars que les Îles Turques et Caïques « doivent » à la puissance administrante.


Concernant les consultations électorales, le pétitionnaire a relevé que la puissance administrante envisage d’octroyer le droit de vote à tout étranger installé depuis un certain temps sur les territoire des Îles Turques et Caïques.  Alors que, dans le même temps, les natifs du territoire qui vivent en dehors des Îles Turques et Caïques ne pourront participer au référendum d’autodétermination.  Il a expliqué que cette entorse à l’esprit et à la lettre du droit international, relatif à la question de la décolonisation, conduirait à une situation où les populations autochtones seraient minoritaires face aux résidents britanniques récemment installés aux Îles Turques et Caïques.


M. Roberts a par ailleurs invité le Comité des Vingt-Quatre à effectuer une mission aux Îles Turques et Caïques, afin d’évaluer les activités qui y sont menées par la puissance administrante.  Il a en outre souhaité que le Comité spécial puisse adopter une résolution spécifique aux Îles Turques et Caïques, en plus de la résolution omnibus adoptée le 20 juin dernier, et qui évoquait la question de ce territoire et d’une dizaine d’autres territoires non autonomes.


Adoption de résolution


Question de la Nouvelle-Calédonie (A/AC.109/2012/L.12)


Le Comité spécial a, ce matin, adopté sans vote, et telle qu’oralement amendée, une résolution présentée par les Fidji et la Papouasie-Nouvelle-Guinée relative à la question de la Nouvelle-Calédonie.


Si elle suivait les recommandations du Comité spécial, l’Assemblée générale engagerait vivement toutes les parties concernées, dans l’intérêt de tous les Néo-Calédoniens, à poursuivre leur dialogue, dans le cadre de l’Accord de Nouméa, dans un esprit d’harmonie et, dans ce contexte, se féliciterait qu’un accord unanime ait été conclu à Paris, le 8 décembre 2008, sur le transfert de compétences à la Nouvelle-Calédonie en 2009.


Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale noterait également qu’à la suite de la décision prise par le Comité de suivi en 2010, le comité de pilotage sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie a été mis en place et chargé de préparer les questions fondamentales devant être tranchées par référendum, à savoir: le transfert des compétences régaliennes, l’accès à un statut international de pleine responsabilité et l’organisation de la citoyenneté en nationalité.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Vingt ans après le Sommet de la terre, la Conférence Rio+20 s’ouvre dans un climat d’impatience

ENV/DEV/1294

Vingt ans après le Sommet de la terre, la Conférence Rio+20 s’ouvre dans un climat d’impatience

21/06/2012
Couverture des réunionsENV/DEV/1294
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conférence des Nations Unies

sur le développement durable « Rio+20 »

1re et 2e séances plénières                                 

matin et après-midi


VINGT ANS APRÈS LE SOMMET DE LA TERRE, LA CONFÉRENCE RIO+20

S’OUVRE DANS UN CLIMAT D’IMPATIENCE


Le Secrétaire général salue un moment historique

susceptible d’aider l’humanité à façonner son avenir


RIO DE JANEIRO, BRÉSIL, 20 juin -- « Agissons dès maintenant! ».  Présentée comme le plus grand événement jamais organisé par l’Organisation, la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20 s’est ouverte, aujourd’hui à Rio de Janeiro, par un appel du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, à créer un « nouveau modèle » qui garantirait un équilibre entre les impératifs de croissance économique et les « dimensions sociale et environnementale de la prospérité durable et du bien-être humain ». 


« Nous devons agir avec vision et engagement, au sens le plus large », a déclaré M. Ban devant un parterre de plusieurs dizaines de chefs d’État et de gouvernement, leur signifiant qu’ils étaient sur le point d’approuver un document final susceptible de « guider nos efforts en faveur du développement durable pour les années à venir ».  « Cette semaine, vous avez fait l’Histoire », leur a-t-il dit.


La veille, les États Membres avaient, au terme de longues négociations, finalisé un projet de document final que devront approuver les dirigeants mondiaux au terme de la Conférence Rio+20, vendredi 22 juin, même si certains d’entre eux l’ont déjà qualifié, aujourd’hui, d’« insuffisant », ne faisant qu’effleurer les questions clefs du développement durable.


Deux interventions, aussi fortes que symboliques, auront marqué l’ouverture de Rio+20.  Celle, tout d’abord, le matin, de la jeune Brittany Trilford, lauréate du concours « Rendez-vous avec l’Histoire ».  « Je suis ici avec du feu dans mon cœur », a-t-elle confié, en se déclarant « déconcertée et en colère devant l’état du monde ».  « Êtes-vous ici pour sauver les apparences, ou êtes-vous ici pour nous sauver? », a lancé aux dirigeants de la planète cette étudiante néo-zélandaise de 17 ans.


Ensuite, dans l’après-midi, un message vidéo a été transmis aux conférenciers par des astronautes de la Station spatiale internationale.  Ils leur ont adressé une « chaleureuse bienvenue de l’espace », d’où l’on peut contempler la « beauté de notre maison la planète », en saluant tous ceux qui cherchent à bâtir un « avenir durable pour tous ».


La Conférence Rio+20 fait suite au Sommet de la Terre, qui s’était tenu en 1992 dans la même ville, et au cours duquel le développement durable avait été défini comme étant fondé sur les trois piliers d’importance égale que sont la croissance économique, le bien-être social et la protection de l’environnement.


À partir d’aujourd’hui sont donc rassemblés dans la cité brésilienne près de 130 chefs d’État et de gouvernement, auxquels se joignent des milliers de dirigeants d’entreprise, de maires, de groupes de la société civile, de jeunes ou de représentants des populations autochtones, en vue de tenter de déterminer les moyens de réduire la pauvreté, de promouvoir la justice sociale et d’assurer la protection de l’environnement sur une planète de plus en plus peuplée.


Présidente du pays hôte de la Conférence, Mme Dilma Rousseff, a, lors du débat général, insisté sur la responsabilité qu’ont les chefs d’État et de gouvernement devant leurs peuples.  « Nous devons nous engager pour garantir un avenir aux hommes et aux femmes de cette planète et le temps est une ressource que nous ne pouvons contrôler », a-t-elle dit, en exhortant à prendre « des mesures audacieuses » dans un monde qui a besoin de changements.


C’est précisément cette absence d’audace dans le projet de document final qui a été critiquée à plusieurs reprises au cours de la journée.  Le représentant du groupe des organisations non gouvernementales a notamment fustigé l’incapacité des États à s’entendre sur un texte qui prenne en considération les limites de la capacité de la terre. 


Le Président de la France, M. François Hollande, qui a jugé « appréciables » les résultats obtenus, a toutefois regretté, comme son homologue du Kenya, M. Mwai Kibaki, que les négociations n’aient pas abouti à la volonté de créer une institution des Nations Unies de l’environnement.  M. Hollande a également déploré l’absence de mesures concrètes en matière de financements innovants. 


La représentante de Saint-Vincent-et-les Grenadines a, quant à elle, relevé que, malgré 20 références dans le projet de document final, la notion d’« économie verte » n’a pas pu être clairement définie.  À cet égard, le Premier Ministre chinois, M. Wen Jiabao, a souligné l’importance d’explorer des modèles efficaces d’économie verte, sachant, néanmoins, qu’« il ne peut pas y avoir de modèle uniforme ».  Chaque pays doit adopter une politique économique verte qui tienne compte de ses particularités, a-t-il dit. 


Les inquiétudes des petits États insulaires en développement face aux effets des changements climatiques, « cette calamité provoquée par l’homme », a précisé le Président de Kiribati, M. Anote Tong, ont été, par ailleurs, largement exprimées par leurs dirigeants.  Le Premier Ministre de Tuvalu, M. Willy Telavi, a estimé indispensable que la communauté internationale appuie davantage les mesures prises en matière d’adaptation et d’atténuation des catastrophes naturelles.


Auparavant, le Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulaziz al-Nasser, avait expliqué que certaines recommandations contenues dans le prochain document final de Rio+20 seraient présentées devant l’Assemblée générale, cet automne.  Il avait, en outre, exhorté les États Membres à réaliser les engagements importants pris dans le cadre d’Action 21 et des trois Conventions de Rio portant respectivement sur les changements climatiques, la biodiversité et la désertification.


Le Secrétaire général de la Conférence Rio+20, M. Sha Zukang, avait, lui, mis l’accent sur la nécessité de renforcer les institutions du développement durable à tous les niveaux, ainsi que la coopération au développement, et ce, dans un esprit de « partenariat véritable ». 


La Conférence Rio+20 poursuivra son débat général, en plénière, demain, jeudi 21 juin à 10 heures, au Pavillon 5.



OUVERTURE DE LA CONFÉRENCE


Déclarations d’ouverture


BRITTANY TRILFORD, étudiante néo-zélandaise de 17 ans, lauréate du concours « Rendez-vous avec l’histoire » (« Date With History »), concours d’éloquence organisé dans le cadre de la campagne « TckTckTck », a indiqué qu’elle représentait les trois milliards d’enfants du monde entier, soit la moitié de la population mondiale.   Elle s’est dite profondément préoccupée par la situation qui prévaut actuellement dans le monde.  « Je suis ici avec du feu dans mon cœur.  Je suis déconcertée et en colère devant l’état du monde.  Nous sommes ici pour résoudre, ensemble, les problèmes que nous avons causés afin de veiller à ce que nous ayons un avenir », a-t-elle déclaré, dans son intervention de trois minutes chaleureusement applaudie.


Le cours des choses, a-t-elle dit, doit changer pour assurer un meilleur avenir aux jeunes.  Tout en reconnaissant que les gouvernements et le secteur privé se sont engagés à lutter contre les changements climatiques et à protéger l’environnement, elle a estimé qu’il faudrait agir très vite pour faire face aux importants défis auxquels notre monde est confronté.  « Je lance maintenant le compte à rebours », a-t-elle dit.  En 1992, les gouvernements avaient fait des promesses importantes et pleines d’espoir, a rappelé Brittany Trilford.  Ces promesses, a-t-elle noté, n’ont pas donné lieu à des résultats.  Elle a exhorté les participants à la Conférence à adopter des mesures permettant de répondre aux attentes des générations futures.  « Nous espérons que vous saurez, dans les prochaines 72 heures, placer nos intérêts devant tous les autres et faire avec audace ce qu’il faut. »  Elle a invité les dirigeants à trouver des solutions qui inspireront l’espoir dans le monde entier.  « Je suis ici pour me battre pour mon avenir », a-t-elle lancé, ajoutant, à l’adresse des dirigeants mondiaux: « Êtes-vous ici pour sauver les apparences?  Ou êtes-vous ici pour nous sauver? »


M. MILOŠ KOTEREC (Slovaquie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé tout ce qui avait été réalisé dans l’élan du Sommet de la Terre de 1992, notamment les trois conventions adoptées pour protéger l’environnement mondial.  La première Conférence de Rio avait aussi défini les principes clefs du programme d’action pour le développement, a-t-il rappelé, en soulignant l’importance qui avait été donnée à la protection de l’environnement, à l’élimination de la pauvreté et à la responsabilité particulière qui pèse sur les pays riches.  Comment la Conférence Rio+20 pourra-t-elle exercer une influence durable? s’est-il interrogé.  S’il y a des domaines où les progrès sont plus faciles, comme l’accès à l’eau potable et à une énergie durable, d’autres domaines exigent des compromis.  Il faudra tenir compte du coût économique des lois environnementales, a-t-il averti. 


Appelant à tirer les enseignements des conférences passées, M. Koterec s’est montré favorable à la mise en place d’institutions internationales, tout en prévenant qu’il faudrait accepter les compromis nécessaires.  Nombre d’institutions existent déjà et il suffit de les renforcer, a-t-il estimé.  M. Koterec a indiqué que l’ECOSOC avait établi des partenariats en faveur du développement durable et encourageait l’innovation.  En outre, l’ECOSOC s’engage aux côtés de la société civile, en promouvant les liens entre le secteur public et le secteur privé, a-t-il ajouté.  « Nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers », a-t-il lancé, avant de proposer un plan en trois points pour l’ECOSOC.  Il a d’abord estimé que l’ECOSOC devrait tenir une réunion de haut niveau spécialement consacrée à la question du développement durable.  Il a aussi proposé d’améliorer le suivi des sessions de l’ECOSOC en prévoyant une session spéciale d’intégration.  Enfin, la session annuelle de l’ECOSOC doit être revitalisée, en organisant des séances sur toute l’année, a-t-il ajouté.  « Nous avons besoin d’un Conseil économique et social plus fort », a estimé M. Koterec, avant de conclure.


Déclarations des grands groupes


Mme HALA YOUSRY, représentante du grand groupe des femmes, a indiqué que les Égyptiennes avaient été à l’avant-garde de la lutte pour l’égalité entre les sexes, qui est une condition essentielle pour le développement durable.  Elle a regretté que le projet de document final de Rio+20 effleure à peine des questions clefs.  Ce texte, a-t-elle fait remarquer, ne contient aucun engagement en matière de droit à la reproduction.  Il ne prévoit pas non plus la création d’un haut commissariat pour la protection de nos filles, ne fait aucune mention de la destruction nucléaire et de l’extraction minière, et aucun objectif n’est souscrit pour que les femmes occupent des postes de haut niveau, a-t-elle également relevé.  Le texte final, tel qu’il sera approuvé par la Conférence Rio+20, ne confère pas les moyens nécessaires et urgents pour relever les défis majeurs de notre époque, a-t-elle déploré. La Conférence nous offre ainsi beaucoup moins que ce que nous espérions, a-t-elle ajouté.


KARUNA RANA, représentante du grand groupe des enfants et des jeunes, a souligné que la planète avait été utilisée à mauvais escient pendant trop longtemps.  Vingt ans de notre avenir se traduisent par 50 feuilles de papier, a-t-elle ironisé, en regrettant les paragraphes qui ont été éliminés du projet de document final.  « Nous avons besoin, a-t-elle insisté, de développer les capacités pour protéger l’avenir des générations futures. »  Elle a aussi appelé à reconnaître les responsabilités communes mais différenciées et à encourager le transfert de technologies vers les pays en développement.  Le droit à l’eau et le droit à la santé sont aussi des éléments centraux de la justice, a-t-elle rappelé.  « C’est l’avenir que nous voulons », a lancé la représentante, avant d’exprimer la déception des enfants et des jeunes qui jugent le résultat de la Conférence Rio+20 très insuffisant.  La Conférence Rio+20 est un moment crucial dans l’histoire de nos vies, a-t-elle dit, en appelant, avant de conclure, à faire preuve de compassion et de sagesse.


Mme JOJI CARIÑO, représentante du grand groupe des peuples autochtones, a dressé les grandes lignes du style de vie des autochtones qui met l’accent sur le respect de la nature.  Elle a engagé les délégations à renouveler les fils du dialogue avec la Terre nourricière et bâtir une nouvelle civilisation fondée sur le « bien-être ».  Elle a par ailleurs estimé que la culture devrait être considérée comme une dimension essentielle du développement durable.  Elle s’est dite très inquiète par le fait que le modèle actuel de développement continue de suivre une trajectoire dangereuse.


Parlant au nom du groupe des organisations non gouvernementales (ONG), M. WAEL HMAIDAN, a rappelé que toutes les études scientifiques démontrent que si nous ne changeons pas la façon dont fonctionnent nos sociétés dans les 5 à 10 années à venir, nous menacerons la vie et la survie de notre planète.  Alors que le rêve de chacun est de préserver la planète, nous agissons complètement à l’inverse, a-t-il prévenu, en dénonçant l’incapacité des États de s’entendre sur un texte qui prenne en considération les limites de la capacité de la Terre.  Le représentant des organisations non gouvernementales a fustigé le projet de document final de la Conférence Rio+20, lequel, a-t-il dit, ne correspond pas à la réalité.  Il a indiqué qu’un millier d’ONG avaient déjà établi un contredocument intitulé « L’avenir que nous ne voulons pas » par lequel elles rejettent le projet de document final dont l’objectif ne vise pas à assurer l’avenir des générations futures.  « Nous regrettons que certains pays utilisent le prétexte de la crise économique mondiale pour ne pas remettre en cause notre modèle de consommation. »  Le représentant a jugé indispensable d’éliminer les subventions nuisibles privilégiant l’industrie des combustibles fossiles.  « Nous vous enjoignons de trouver la volonté politique qui nous permettra de vous reconnaître comme nos véritables dirigeants mondiaux », a-t-il dit en conclusion.


M. DAVID CADMAN, représentant du grand groupe des autorités locales, a fait observer que les populations urbaines augmenteront à un rythme sans précédent dans un avenir proche, ce qui présentera des défis énormes en matière de qualité de vie.  Il faut agir dès maintenant pour y faire face, a-t-il souligné.  Le représentant a notamment estimé que les autorités locales devraient disposer de mécanismes de consultation efficaces pour garantir la bonne mise en œuvre des accords mondiaux et devenir de véritables parties prenantes dans le processus de développement durable.


Mme TRINE-LISE SUNDNES, représentante du groupe des travailleurs et des syndicats, a souhaité que la Conférence Rio+20 montre qu’il reste un espoir de solidarité mondiale.  Outre une vision pour réaliser cet objectif, il faut proposer des mesures concrètes pour offrir un travail décent à chacun et parvenir à réaliser un avenir prospère à tous, a-t-elle précisé.  Soulignant que le travail précaire était une réalité, elle a noté que les liens étaient brisés entre les entreprises et les communautés.  Le groupe qu’elle représente renforce son action en faveur de l’équité sociale et du travail décent, a-t-elle expliqué.  Au niveau national, des mesures doivent être prises par les gouvernements pour réaliser des transformations importantes, a-t-elle dit.  Des mesures doivent également être adoptées au niveau international.  Son groupe, a-t-elle assuré, continuera à exercer des pressions sur les gouvernements afin de faire changer les choses dans l’intérêt de tous.


Intervenant au nom du grand groupe des entreprises et de l’industrie, le représentant, M. KRIS GOPALAKRISHNAN, a rappelé la position des entreprises résultant de 18 mois de négociations entre les représentants du secteur privé dans le monde entier.  Il a souligné qu’il était nécessaire de parvenir à un compromis visant à garantir une croissance ouverte et non exclusive. Il faut une approche basée sur les risques qui prenne en compte les opportunités qu’offre l’économie verte.  Les entreprises et l’industrie doivent être impliquées dans élaboration des politiques au-delà de Rio et c’est pourquoi, nous nous tournons vers l’ONU pour obtenir ce cadre de participation, a insisté le représentant de ce groupe.  Il a mis l’accent sur l’importance et le potentiel des nouvelles technologies pour trouver des réponses à nos défis en matière de développement durable.  Il a également souligné le rôle crucial du secteur privé dans la diffusion de nouvelles technologies, en exhortant les gouvernements à encourager davantage de partenariats entre le secteur privé et le secteur public. La transition vers l’économie verte est une responsabilité partagée, a-t-il rappelé, en faisant remarquer qu’aucun groupe ne pouvait agir seul. Si nos efforts sont sincères, cette transition se fera tranquillement, a-t-il assuré avant de conclure.  


M. YUAN TSEH LEE, représentant du grand groupe de la communauté scientifique et technique, a indiqué que l’ère de l’anthropogène était caractérisée par l’impact sans précédent des activités humaines sur la planète.  Il a exhorté les dirigeants à agir dès maintenant pour contrer tout changement irréversible à l’environnement.  Il a indiqué que, selon les différentes études en la matière, des changements à la fois individuels et systémiques sont nécessaires pour protéger la planète, éliminer la famine et les inégalités et garantir la justice.  Le passage à la durabilité doit être accompagné de meilleures connaissances, a estimé M. Lee, pour qui une interface politico-scientifique doit accompagner toute prise de décision.  La Conférence Rio+20 doit également être l’occasion de créer de nouveaux liens entre la communauté scientifique et la société, a-t-il ajouté


M. HARRY SARAGIH, représentant du grand groupe des agriculteurs, a rappelé que les agriculteurs des communautés autochtones étaient les plus touchés par les problèmes environnementaux.  Il a plaidé en faveur de la participation des communautés les plus vulnérables, notamment en améliorant l’accès à la propriété foncière et aux marchés.  La sécurité alimentaire doit être assurée aussi bien dans les zones urbaines que dans les zones rurales, a-t-il affirmé, en insistant sur la nécessité d’avoir des produits de qualité et de revoir l’approche actuelle de la consommation alimentaire.  Il a aussi demandé d’agir en vue de parvenir à un équilibre alimentaire durable, notamment grâce à un cadre plus solide de gestion des différents secteurs et des techniques agricoles.  S’il n’y a plus d’agriculteurs, il n’y aura pas d’aliments, ni d’avenir, a-t-il prévenu.


Débat général


M. EMOMALI RAHMON, Président du Tadjikistan, a présenté les efforts de promotion du développement durable du Tadjikistan dont le souci est de garantir l’indépendance énergétique d’un pays enclavé et montagneux.  Il a indiqué que le Tadjikistan s’était doté d’une stratégie pour le développement durable qui s’appuie sur des initiatives en faveur de l’efficacité énergétique.  Face à l’augmentation exponentielle de la consommation d’électricité indispensable au développement économique, le Président du Tadjikistan a mis l’accent sur le potentiel hydroélectrique de son pays dont les ressources en eau représentent 60% du territoire.  Il a souligné le caractère indispensable de la coopération avec les pays voisins en matière de ressources en eau pour atteindre les objectifs de développement durable.  Le Président du Tadjikistan a mis l’accent sur le développement durable des régions montagneuses qui, a-t-il dit, représentent la principale source d’alimentation des rivières.  À cet égard, il a rappelé la proposition du Tadjikistan de créer un fonds international de protection des glaciers.  Par ailleurs, il a appelé à prendre en considération les dommages croissants résultant de l’augmentation du nombre et de l’ampleur des catastrophes naturelles, en précisant que le budget de reconstruction à la suite d’une catastrophe est chaque année plus important au Tadjikistan.


M. ROBERT MUGABE, Président du Zimbabwe, a rappelé l’adoption, il y a 20 ans, d’Action 21 et des différents engagements pris lors du Sommet de la Terre, notamment en matière de consommation et de réduction des gaz à effet de serre.  Dix ans plus tard, les États s’étaient engagés une nouvelle fois à garantir un avenir meilleur, mais nombreux ont été ceux qui sont revenus sur les engagements pris, a-t-il fait remarquer.  Les Conférences de Cancún et de Copenhague, a-t-il précisé, n’ont guère été couronnées de succès.  Si nous tardons à agir, nous ne pourrons pas fournir un avenir meilleur aux générations à venir, a-t-il averti. 


M. Mugabe a notamment dénoncé l’absence de volonté politique pour fournir les moyens de mise en œuvre liés au renforcement de capacité, et a appelé à l’intensification des liens entre les trois piliers –économique, social et environnemental- du développement durable.  Il s’est aussi inquiété de « l’affaiblissement du multilatéralisme en faveur de l’unilatéralisme ».  Le Président Mugabe a également soulevé la question du principe de responsabilité commune mais différenciée, en faisant notamment observer que l’économie verte avait des significations différentes selon les pays.  Il importe donc, a-t-il estimé, d’adopter une perspective commune afin d’éviter toute règle qui poserait problème et de mettre en place des dispositifs appropriés.  Il a dit privilégier une souplesse politique qui permette à chaque pays de recenser les difficultés auxquelles il fait face, de pleinement maîtriser ses ressources et d’encourager un développement qui débouche sur la création d’emplois.  L’économie verte ne signifie pas l’abandon de ressources naturelles qui peuvent être abondantes, telles que le charbon, a précisé le Président Mugabe, qui a estimé que l’économie verte ne doit pas être utilisée pour imposer des restrictions à l’exploitation des ressources.  L’économie verte, a—t-il souligné, doit au contraire permettre de soulager les populations rurales et de répondre aux besoins de subsistance des populations.  Le Président Mugabe a ensuite évoqué le programme de réforme foncière lancé au Zimbabwe, lequel, a-t-il dit, a permis au secteur agricole du pays de devenir plus rentable.  Des programmes de protection de la faune et de la flore zimbabwéennes existent aussi. 


Évoquant ensuite la crise financière, M. Mugabe a appelé à la mise en place de mécanismes de contrôle plus solides et a déploré que cette crise n’ait pas entraîné un engagement politique capable d’assurer la réforme du secteur financier.  Il a également dit craindre que certains pays développés n’imposent des mesures « unilatérales et punitives » à l’encontre de certains autres, avant de dénoncer les « sombres nuages » du protectionnisme.  Partisan d’une véritable alliance en matière de développement durable, le Président du Zimbabwe a appelé l’ECOSOC à jouer un rôle de premier plan pour promouvoir l’interdépendance des trois piliers du développement durable.  Il a également estimé que le  Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) devrait jouer un rôle de premier plan.  « Les clubs élitistes ne devraient pas avoir droit de cité, et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que cette Conférence ne s’ajoute pas à la longue liste des conférences qui ont suscité tant d’espoir mais qui sont restées lettre morte ».  La Conférence Rio+20, a-t-il ajouté, doit prendre des mesures d’urgence pour garantir notre avenir collectif.


M. MOHAMED WAHEED, Président des Maldives, rappelant que son pays était « un des plus petits de la planète », a comparé les principes adoptés à la première Conférence de Rio en 1992 avec les mesures prises depuis lors pour les appliquer, en estimant qu’elles demeuraient insuffisantes.  Il a regretté qu’on ne puisse pas garantir à des millions de personnes le droit à un avenir et à un environnement durables.  Les Maldives veulent non seulement survivre mais aussi prospérer, a-t-il dit.  Le Président a indiqué que les Maldives avaient remporté de francs succès, grâce à l’adoption d’une politique économique verte, et qu’ils étaient l’un des trois seuls pays ayant pu quitter la catégorie des pays les moins avancés (PMA).  « Notre économie, basée sur le tourisme et la pêche, a connu une bonne croissance, a-t-il indiqué, en réaffirmant que son gouvernement restait attaché aux pratiques de pêches durables.  Les Maldives constituent la plus grande réserve biologique dans les atolls, comme l’a reconnu l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), ce qui leur permet de promouvoir les pratiques de pêche durables et de protéger l’environnement, a assuré le Président.


M. Waheed a ensuite parlé de la transition démographique que connaît son pays.  Il a expliqué que son importante population de jeunes devient la proie de la toxicomanie et de la criminalité, avant d’assurer que son gouvernement prenait toutes les mesures nécessaires pour surmonter ces difficultés.  Les Maldives, qui sont également en transition démocratique, sont déterminées à promouvoir ces valeurs et à renforcer les institutions démocratiques.  En matière de neutralité des émissions de carbone, les Maldives ont des objectifs ambitieux, a indiqué le Président, en précisant qu’ils entendaient couvrir 60% des besoins énergétiques, grâce à l’énergie solaire.  Les petits États insulaires en développement (PEID) ont cependant besoin d’aide pour continuer sur cette voie, a-t-il fait remarquer.  Sur les 194 îles composant les Maldives, 113 connaissent une grave érosion des plages et 110 ont des besoins critiques en eau.  Enfin, le Président des Maldives a invité les participants à la Conférence Rio+20 à prendre des décisions audacieuses, en se basant sur la sagesse collective des peuples modernes et anciens.


M. MAHINDA RAJAPAKSA, Président du Sri Lanka, a fait le lien entre développement durable et stabilité politique, en rappelant que les ressources terrestres et marines appartiennent aux peuples et aux générations futures et qu’elles doivent être protégées en tant que telles.  Si le Sri Lanka est sur la bonne voie du développement aujourd’hui c’est parce que nous avons mis en place les stratégies nationales nécessaires en garantissant la protection de notre environnement, a dit le Président du Sri Lanka.  Il a appelé à adopter des politiques macroéconomiques qui soient respectueuses de l’environnement sans toutefois affaiblir le potentiel de développement des pays en développement. 


Le Président du Sri Lanka a attiré l’attention sur les risques d’imposer aux pays en développement des normes environnementales trop contraignantes.  Il a jugé injuste que les pays qui sont responsables des crises mondiales imposent aujourd’hui de nouvelles contraintes aux pays en développement.  Il a estimé que la solution du développement durable résidait dans le développement d’un concept qui comprenne des objectifs d’atténuation de la pauvreté et d’efficacité énergétique ainsi que la garantie d’un meilleur niveau de vie pour chacun.  Il a souhaité que la Conférence Rio+20 détermine des objectifs de développement durable qui reconnaissent le principe de responsabilité commune mais différenciée ainsi que les capacités respectives des États Membres.  


M. AL HAJ ADAM YOUSUF, Vice-Président du Soudan, a tout d’abord rappelé les grandes lignes des engagements pris lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992, et a estimé que de nombreux Objectifs du Millénaire pour le développement n’avaient pu être réalisés à ce jour en raison du manque de mise en œuvre de ces engagements. Il a évoqué les effets des changements climatiques, notamment au Darfour, et qui, a—t-il expliqué, avaient provoqué des déplacements de population ainsi que des affrontements entre différents groupes de la société.  Les activités des agriculteurs et des éleveurs ont pris une dimension toute autre, a-t-il ajouté. 


M. Yousuf a ensuite passé en revue des nombreux défis auxquels est confronté son pays, surtout depuis la création du Soudan du Sud qui, a-t-il fait remarquer, avait engendré la perte de nombreuses ressources pétrolières.  La création de ce nouvel État n’a pas été accompagnée de l’aide promise au Soudan au moment du référendum, a-t-il regretté.  Le Vice-Président du Soudan a ensuite précisé que les zones productrices de pétrole connaissaient de nombreux défis liés à l’environnement, et a indiqué que le Soudan privilégiait les sources d’énergies renouvelables telles que l’éthanol et l’énergie solaire.  Des lois pertinentes en la matière ont été adoptées, a-t-il fait savoir.  Le Vice-Président du Soudan a souhaité une plus grande coopération entre les différents organes de l’ONU chargés du développement durable.  Plus d’efforts et un engagement sincère sont également nécessaires pour lutter contre la dégradation de l’environnement, a-t-il ajouté.


M. ABDELKADER BENSALAH, Président du Conseil de la nation de l’Algérie, s’exprimant d’abord au nom du Groupe des 77 et la Chine, a réaffirmé l’engagement de ce Groupe en faveur des principes établis par la Conférence de Rio de 1992, en particulier la nécessité de renforcer le développement durable.  Il a souhaité que le droit fondamental à un environnement durable reste au centre des politiques du développement.  Le Groupe des 77 souligne la validité des principes de Rio et insiste sur leur mise en œuvre, notamment celui de la responsabilité commune mais différenciée, a-t-il précisé.  M. Bensalah a aussi demandé de tenir compte des besoins particuliers des pays vulnérables comme les petits États insulaires en développement, avant d’appeler à resserrer l’écart qui existe entre les pays en développement et les pays développés.


M. Bensalah a également insisté sur la complémentarité des trois piliers du développement durable -économique, social et environnemental– en soulignant leur importance accrue depuis les crises financière et économique mondiales.  L’économie verte, le principe de la responsabilité commune mais différenciée, les principes d’Agenda 21 et le Plan de mise en œuvre de Johannesburg doivent se baser sur les trois piliers du développement durable, a-t-il ajouté.  M. Bensalah a aussi rappelé qu’il faudrait respecter la souveraineté des pays en matière énergétique, avant de souligner l’importance pour les pays en développement de se doter d’une économie verte.  « La crise économique, a-t-il dit, ne peut pas servir d’excuse pour ralentir le nouvel élan en faveur du développement durable. »  Outre un bon équilibre entre les trois piliers du développement durable, le cadre institutionnel doit être la base du développement durable sous l’égide des Nations Unies, a-t-il affirmé.


L’Algérie, a indiqué M. Bensalah, s’est dotée d’une stratégie ambitieuse de développement durable, qui a donné lieu notamment à la création d’institutions nationales compétentes en matière d’environnement.  M. Bensalah a aussi mentionné un programme national de développement des énergies nouvelles, qui a pour objectif de couvrir 40% des besoins énergétiques par le biais d’énergies renouvelables, notamment de l’énergie solaire.  Des ressources importantes sont aussi consacrées à la construction de barrages, à la lutte contre la désertification des sols et à la protection de la biodiversité.  Appelant à aller au-delà des objectifs à court terme, M. Bensalah a souhaité que la communauté internationale s’engage dans une action collective pour atteindre les objectifs communs.


M. WILLY TELAVI, Premier Ministre de Tuvalu, a souligné la nécessité de respecter les engagements souscrits par le passé en matière de développement durable et de s’entendre sur de nouveaux engagements.  Il a jugé indispensable de faire davantage pour sauver notre planète, en appelant à adopter des mesures ciblées pour protéger les océans et les mers qui sont une composante clef de l’économie de pays insulaires comme Tuvalu.  Il a déclaré qu’avec une zone économique exclusive maritime de 900 000 km2 pour un territoire de 24 km2, l’économie verte de Tuvalu se résume en fait à une économie bleue.  Évoquant les difficultés de son pays insulaire, le Premier Ministre de Tuvalu a cité la lutte contre la surpêche et à la pêche illégale. 


Le Premier Ministre a mis l’accent sur l’importance des océans qui produisent la moitié de l’oxygène et absorbent une bonne partie du CO2.  Il a appelé au renforcement des mesures dont bénéficient les petits États insulaires en développement comme Tuvalu, afin d’aider ces États à faire face à leurs vulnérabilités particulières.  Illustrant les difficultés de son pays à faire face aux chocs économiques externes et aux changements climatiques, le Premier Ministre a indiqué que son pays avait connu en 2011 sa plus grave sécheresse.  Il est indispensable que la communauté internationale appuie davantage les mesures en matière d’adaptation et d’atténuation des catastrophes naturelles.  Il a indiqué que Tuvalu avait pour objectif de parvenir à assurer une énergie propre à 100% d’ici à 2020, avant d’exhorter les pays développés à respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement et de consacrer, notamment, 0,15% de leur PIB pour assister les pays les moins avancés, les petits États insulaires en développement et pays enclavés en développement. 


M. BABURAM BHATTARAI, Premier Ministre du Népal, intervenant au nom des pays les moins avancés, a relevé que plus d’un tiers de la population vivait dans la pauvreté et que le monde actuel connaissait la plus grande inégalité qui ait jamais existé sur la planète.  Les femmes continuent d’être traitées comme des citoyennes de deuxième classe, a déploré le Premier Ministre.  Il est important, a-t-il souligné par ailleurs, de comprendre les causes profondes du sous-développement.  Les défis actuels deviennent de plus en plus complexes, a-t-il dit, avant de mettre l’accent sur le Programme d’action d’Istanbul, adopté par la Conférence des Nations Unies sur les PMA, l’année dernière.  Des moyens existent, mais cela ne suffit pas, a constaté M. Bhattarai, qui a insisté sur l’importance d’un engagement ferme de la part des États et de l’adoption d’une approche holistique capable de privilégier le capital humain. 


Le Premier Ministre a également estimé nécessaire de prévoir des ressources financières pour appuyer les efforts consacrés par les PMA en matière de développement durable.  L’économie verte, a-t-il estimé, constitue une nouvelle possibilité, celle d’avoir des emplois verts qui contribueront au développement des pays, tout en respectant les priorités nationales de chacun d’entre eux.  Le Premier Ministre a ensuite indiqué que le Népal avait lancé un programme de développement durable et promouvait le tourisme durable dans le cadre de sa politique de croissance verte.  Il a également parlé de la vulnérabilité de son pays face aux changements climatiques.  Il ne faut plus se contenter des modèles habituels.  Il faut agir dès maintenant pour sauver la planète et éliminer la pauvreté, a déclaré M. Bhattarai, qui a estimé que la Conférence Rio+20 devrait adopter un plan d’action ferme et donner espoir à des millions d’hommes et de femmes dans le monde.


M. FREUNDEL STUART, Premier Ministre de la Barbade, a rappelé qu’il y a 20 ans les dirigeants du monde avaient adopté Action 21 pour trouver un équilibre entre les besoins des populations et leurs obligations envers les générations futures.  Même si beaucoup des engagements pris en 1992 n’ont pas été suffisamment mis en œuvre, le concept de développement durable est apparu comme un nouveau paradigme pour le développement, la communauté internationale reconnaissant collectivement qu’on ne pouvait pas résoudre les problèmes de la dégradation de l’environnement sans résoudre les problèmes socioéconomiques et, en particulier, celui de la pauvreté.  Si notre monde est encore loin de réaliser un développement durable, il est cependant capable de procéder à des changements systémiques, a-t-il estimé.  Il a espéré que la Conférence Rio+20 constituerait un temps fort pour renouveler la détermination dans ce sens.


Le Premier Ministre de la Barbade a expliqué que son gouvernement s’était engagé à faire de l’économie du pays la plus verte de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes.  Une étude de grande ampleur a été menée à ce sujet, avec l’appui du secteur privé, de l’University of the West Indies et du Programme des Nations Unies pour l’environnement.  Cette étude a conclu que, pour arriver à une économie verte dans le pays, il faudrait établir un système intégré de production, distribution, consommation et d’assimilation des déchets.  « Nous sommes prêts à partager notre expérience avec les pays en développement, en particulier avec les petits États insulaires en développement », a assuré par ailleurs M. Stuart.  En mai dernier, la Barbade, avec la coopération du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), avait organisé une conférence sur les moyens de parvenir à l’énergie durable dans les petits États insulaires en développement, qui a abouti à une déclaration d’engagement de ces pays.  La Barbade s’est ainsi engagée à accroître de 29% la part des énergies renouvelables dans son bouquet énergétique et de 22% l’efficacité de l’utilisation des énergies.


M. Stuart a ensuite félicité les gouvernements qui ont promis d’aider les petits États insulaires en développement dans la mise en œuvre de leurs engagements ambitieux.  En sa qualité de membre du Groupe de travail de haut niveau du Secrétaire général sur la viabilité de l'environnement mondial, il a plaidé en faveur de l’économie bleue, c'est-à-dire de la gestion durable des ressources marines.  Expliquant ce que fait la Barbade dans ce domaine, il a indiqué que son pays avait participé à la création de la Commission de gestion de la mer des Caraïbes.  Il a aussi rappelé que la Barbade avait accueilli en 1994 la première Conférence mondiale sur le développement durable des petits États insulaires en développement, en précisant qu’en 2014, se tiendra la Conférence Barbade+20.


M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre de Fidji, a mis l’accent sur les défis particuliers des petits États en développement en matière d’accès à l’énergie, de protection de l’environnement et d’adaptation aux changements climatiques.  Il a rappelé les efforts communs des petits États insulaires du Pacifique qui se sont traduits par la création de « la voie du Pacifique ».  Il a précisé que la voie du Pacifique était axée sur la volonté commune des îles du Pacifique de gérer leur patrimoine commun et d’atteindre ensemble leurs objectifs de développement durable.  Pour faire face aux cyclones, qui sont de plus en plus fréquents et qui engendrent des conséquences dévastatrices pour la situation économique nationale, le Gouvernement de Fidji a décidé de lutter contre les changements climatiques en mettant en place des politiques réalistes adaptées à la situation particulière des petits États insulaires en développement. 


Le Premier Ministre a tenu à rappeler que Fidji avait été le premier petit État insulaire à adhérer à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).  Il a souhaité que tous les programmes de développement établis au niveau international prévoient des mesures d’adaptation aux changements climatiques.  Il a souligné l’importance des efforts entrepris dans la région du Pacifique pour faire face aux changements climatiques, dont des programmes de protection des terres face à l’élévation du niveau de la mer.  En outre, il a assuré de la volonté de Fidji d’accueillir le troisième Sommet mondial des petits États insulaires en développement. 


« Notre génération n’a pas uniquement consommé sa part des ressources naturelles, mais également celle des générations futures », a lancé d’emblée M. LYONCHOEN JIGMI YOEZER THINLEY, Premier Ministre du Bhoutan, qui a dénoncé les effets dévastateurs de la cupidité.  On est en train de retourner à l’état de la survie du plus fort et l’extinction de l’homme approche, a-t-il prévenu.  On évite de parler de la vie et de la mort « qui nous regarde droit dans les yeux » pour privilégier des euphémismes tels que l’économie verte et le développement durable, des notions qui, a-t-il dit, ne contribuent qu’à nous diviser.  « Développement durable veut dire survie.  Ce n’est pas un choix mais une nécessité absolue », a poursuivi M. Thinley, qui a souhaité que soit empruntée une voie « plus juste et plus durable ».  Il a exhorté ensuite les États Membres à se mettre d’accord sur une vision permettant d’atteindre « l’objectif ultime qu’est le bonheur ».  C’est sur cette nouvelle voie qu’il faut s’engager, a-t-il souligné.


Pour le Premier Ministre du Bhoutan, le bonheur est un sentiment d’harmonie profonde avec le monde naturel et un objectif universel.  Le bonheur, a-t—il ajouté, permet de vivre bien, et le bien-être n’est pas le cumul de possessions, mais le fait de jouir d’une bonne santé, de la liberté et du désir de rechercher le bonheur.  Selon M. Thinley, durabilité, bien-être et bonheur sont interdépendants et le moment est venu de reconnaître le caractère primaire de ce désir humain et de faire du développement durable le moyen de l’atteindre.  Le Premier Ministre du Bhoutan a ensuite estimé que le projet de document final est bien en deçà de ce qui est nécessaire et a encouragé les États Membres à faire davantage pour mieux répondre aux attentes des populations.  Il a par ailleurs fait savoir que le Bhoutan travaillait actuellement à la création d’un groupe de travail intergouvernemental d’experts qui sera chargé d’établir l’architecture du nouveau mécanisme pour le développement.  La Conférence Rio+20 n’est pas seulement la dernière occasion pour l’humanité de prévenir sa propre extinction mais aussi l’occasion pour la civilisation de devenir véritablement florissante en privilégiant son bonheur, a-t-il rappelé avant de conclure.


M. DILEÏTA MOHAMED DILEÏTA, Premier Ministre de Djibouti, a indiqué que son pays avait accompli de nombreux progrès dans les secteurs du transport et du tourisme, qui lui ont permis d’atteindre un taux de croissance annuel de plus de 5% au cours des dernières années.  Il a aussi signalé la mise en place d’une initiative nationale de développement social qui a entrainé l’exécution de nombreux projets.  En matière de sécurité alimentaire, des projets agropastoraux ont été mis en œuvre et nous avons acquis des terres agricoles dans les pays voisins, a-t-il ajouté.  En ce qui concerne l’accès à l’eau, qui est un problème à Djibouti à cause de la température élevée et de la faible pluviométrie, le Gouvernement de Djibouti a décidé de dessaler l’eau de mer en utilisant l’énergie éolienne.  M. Dileïta a également mentionné la mise en place d’une nouvelle station d’épuration à Djibouti et la mise en œuvre d’un projet de réhabilitation de la forêt de mangroves.  Il a ensuite énuméré les défis que son pays doit relever pour parvenir à un développement durable, comme les taux élevés de la pauvreté et du chômage des jeunes, ou encore une sécheresse sévère.  Il a appelé la communauté internationale à prendre des décisions concrètes pour faire face aux défis du développement.  La croissance économique doit profiter à l’ensemble des peuples et, c’est pourquoi, il faudrait améliorer la gouvernance internationale, a-t-il insisté.


M. WINSTON BALDWIN SPENCER, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères d’Antigua-et-Barbuda, a jugé utile d’évaluer ce qui a été fait depuis la Déclaration de Rio et Action 21, adoptés en 1992, sous l’angle de la croissance et de la protection de l’environnement.  Il a comparé les attentes en matière de développement durable en 1992 à une autoroute à plusieurs voies qui s’est réduit depuis à un chemin étroit et dégradé.  Il a dit que son pays était ici pour réaffirmer son engagement pour trouver des solutions centrées sur les personnes. En 2008, Antigua-et-Barbuda avait subi une déstabilisation massive de son économie en raison des crises économique et financière mondiales, a-t-il dit.  Le Premier Ministre a exhorté le système financier international à prendre conscience de l’impact de ses décisions sur les capacités des petits États insulaires en développement à réaliser leur développement durable.  Il a déclaré que le développement des économies vertes ne pourra se faire sans un accès à de bonnes conditions de prêts bancaires pour les citoyens et les entreprises. 


Mme AMY ADAMS, Ministre de l’environnement de la Nouvelle-Zélande, a rappelé que son pays, qui abrite une grande réserve naturelle, participait à l’Alliance de recherche mondiale sur les émissions à effet de serre provenant des serres agricoles.  Ces pratiques agricoles, qui augmentent ces émissions, doivent être limitées, a-t-elle recommandé.  Par ailleurs, la Nouvelle-Zélande rejette les subventions versées dans certains domaines, notamment pour les combustibles fossiles, a-t-elle dit, en précisant que les montants importants actuellement versés à ce titre par certains pays pourraient être consacrés à des domaines prioritaires. 


Mme Adams s’est dite préoccupée par le problème des pêches nocives, illicites et non réglementées, qui peuvent altérer l’état des stocks halieutiques.  Elle a relayé l’appel lancé par les pays de la région du Pacifique pour que le document final de la Conférence Rio+20 reconnaisse la contribution importante des pays de cette région au développement durable.  Elle a aussi plaidé pour que soit augmentée la résilience des petits États insulaires en développement comme la Nouvelle-Zélande, qui figurent parmi les économies les plus fragiles au monde.  Avant de conclure, elle a demandé que la mise au point d’objectifs de développement durable à la Conférence Rio+20 ne nuise pas à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.


M. JORGE LARA CASTRO, Ministre des affaires étrangères du Paraguay, a déploré le fait que le mode de développement actuel privilégie le développement des marchés au détriment de la vie.  Il a dénoncé également le fait que les pays d’Amérique latine produisent une part importante des produits alimentaires consommés dans le monde alors qu’une partie de leur population nationale souffre de malnutrition.  Il faut construire des États indépendants et souverains et redéfinir de manière urgente les paradigmes du développement a estimé M. Castro.  Un environnement sain est un droit pour tous et la nature ne peut être traitée comme une simple marchandise mais doit être utilisée de manière rationnelle et durable car, a-t-il ajouté, elle est la source de notre vie.  Le Ministre paraguayen des affaires étrangères a ensuite souhaité que des objectifs précis soient définis et que des ressources financières soient mises à la disposition des pays en développement pour les aider à assurer leur développement durable.  À moins d’y parvenir, a-t-il averti, il n’y aura pas de réponses de fond aux problèmes actuels.


M. Castro a également estimé que le principe de responsabilité commune mais différenciée doit cesser d’être une simple rhétorique.  « Nos peuples, a-t-il souligné, refusent de payer les frais d’une crise qu’ils n’ont pas provoquée ».  Le Ministre a ensuite parlé des importantes ressources hydriques que possède son pays et a souhaité que soit la création d’un système d’intégration énergétique solidaire, fondé sur la souveraineté des ressources énergétiques, afin de profiter au développement des peuples.  Il faut aussi privilégier des accords contraignants en matière de changements climatiques et prendre des mesures à l’encontre de pays qui ne contribuent pas aux objectifs fixés en la matière, a-t-il par ailleurs estimé.


Mme LA CELIA PRINCE (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a regretté que nous continuions à agir comme si nous avions tout le temps d’agir, comme si des pays n’étaient pas lentement submergés du fait de l’élévation du niveau de la mer.  « Soyons honnêtes, après de nombreuses heures de négociations, nous avons établi un document que seul un diplomate peut apprécier », a dit la représentante.  Elle a dénoncé le projet de document final qui, a-t-elle fait remarquer, prend en compte les intérêts particuliers des différents groupes au détriment de la cohérence et de la cohésion de l’ensemble.  « En perdant de vue la forêt, on ne voit que les arbres ».  Elle a mis l’accent sur les besoins des petits États insulaires en développement qu’elle a qualifiés de groupe particulièrement vulnérable et de cas particulier du développement durable.


Elle a regretté que, malgré 20 références dans le projet de document final, la notion d’« économie verte » n’ait pas pu être clairement définie.  Néanmoins, elle s’est dite optimiste que l’acceptation apparente de cette notion nous permettra des avancées significatives, tout en prévenant qu’elle ne pourra être appliquée de manière unique et uniforme par tous.  Elle a invité les pays développés à s’abstenir d’imposer des normes subjectives de développement durable qui se traduiraient par des formes déguisées de contraintes commerciales.  Elle a souligné la priorité accordée par Saint-Vincent-et- les Grenadines aux énergies solaire, éolienne et hydrologique.  Elle a souhaité qu’aux objectifs d’intégration, de mise en œuvre et cohérence soient ajoutées les notions d’urgence, d’ambition et d’engagements.


M. HAMZA RAFEEQ (Trinité-et-Tobago) a fait remarquer qu’en dépit des engagements et des mesures pris au cours de ces dernières décennies, de nombreuses priorités sur les plans économique et social n’ont toujours pas été réglées.  Il a souligné que son gouvernement s’était engagé à adhérer en faveur des principes de développement durable, ainsi qu’en faveur de l’inclusivité sociale, de l’équité et d’une meilleure participation des citoyens.  En tant que petit État insulaire des Caraïbes « dont la situation économique dépend fortement de ressources en pétrole et en gaz qui, a-t-il rappelé, ne sont pas illimitées », son gouvernement doit trouver une voie équilibrée pour réaliser le développement durable.  C’est pourquoi, il s’est d’ores et déjà engagé à inclure les résultats de la Conférence Rio+20 dans ses politiques, ainsi que les processus visant à définir les objectifs du développement durable (ODD).  Il a également souhaité réaffirmer l’engagement de son pays en faveur de la mise en œuvre du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement, connu sous le nom de « Programme d’action de la Barbade ».


M. Hamza Rafeeq a aussi précisé que des initiatives mises en œuvre par son gouvernement abordaient plusieurs domaines thématiques identifiés comme prioritaires par la Conférence Rio+20, en particulier en ce qui concerne les deux thèmes principaux que sont l’établissement d’une économie verte et l’avancement du cadre institutionnel pour le développement durable.  Trinité-et-Tobago tente, notamment, d’intégrer des technologies plus vertes et plus propres dans ses processus de fabrication industrielle et est sur le point de devenir le deuxième pays au monde, après le Qatar, à produire 100% de son électricité par le biais du gaz naturel.  Sur le plan international, il a estimé que si un conseil pour le développement durable devait être créé, cela devrait se faire de façon claire tout en précisant la manière dont celui-ci pourra coopérer avec les organes existants comme la Commission du développement durable.  À l’instar de la CARICOM, son pays est également en faveur du renforcement du PNUE, à condition que ce renforcement n’impose pas « de nouvelles négociations diplomatiques » ou de « nouvelles exigences » pour les petits États insulaires en développement, a-t-il précisé.


Mme Laura Chinchilla Miranda, Présidente du Costa Rica, a expliqué que, 20 ans avant le Sommet de la Terre, son pays avait déjà fait face à des défis liés au développement durable.  Le Costa Rica possède en effet une biodiversité exceptionnelle et ses ressortissants se sont très tôt engagés à être un exemple pour le monde, a-t-elle expliqué.  Il y a plus de 40 ans, le Costa Rica a ainsi adopté une série de mesures et de politiques favorables à un développement plus en harmonie avec la nature, a-t-elle fait remarquer.  Grâce à ces mesures, plus de 25% du territoire costaricain bénéficient maintenant d’un régime de protection spéciale et 52% de la superficie totale du pays sont constitués de forêts.  « Cela fait du Costa Rica l’un des cinq pays les plus verts au monde », a souligné sa Présidente.  Elle a noté que ces mesures avaient été accompagnées d’un engagement éthique en faveur de la durabilité environnementale.  À titre d’exemple économique de cet engagement, elle a cité le développement du tourisme écologique, « qui a permis de tripler les ressources du tourisme plus classique », a-t-elle dit, ou la production de bananes et de café certifiés « neutres du point de vue de leur empreinte carbone ».


Pour la Présidente du Costa Rica, l’exemple de son pays confirme que la protection de l’environnement ne sape pas la croissance mais peut, au contraire, en devenir l’un de ses principaux piliers.  C’est une voie qui n’est pas simple, a fait remarquer Mme Chinchilla Miranda.  Mais c’est la voie que le Costa Rica a choisie, a-t-elle assuré, tout en regrettant le fait que d’autres pays n’aient « toujours pas honoré leurs engagements et que son pays ait à subir les changements climatiques causés par l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre ».  Avant de conclure, elle a estimé que la communauté internationale devrait apprendre à nouveau les principes sur lesquels doivent reposer ses efforts de développement.


M. MAHMOUD AHMADINEJAD, Président de la République islamique d’Iran, a affirmé que les plans et les programmes décidés de par le passé n’avaient toujours pas été appliqués.  Le monde a besoin d’un nouveau plan innovant, a-t-il dit.  Le Président iranien a dénoncé en particulier les conséquences néfastes, selon lui, de l’ordre mondial actuel, des crises économiques et du déclin des normes morales.  « Faites attention! », a lancé M. Ahmadinejad, en critiquant le fait que soit accordée la priorité aux aspects matériels de l’être humain et que d’autres dimensions soient négligées.  Selon le Président iranien, quelques pays essaient de garantir leur sécurité et leur confort au détriment de la santé et de la sécurité des autres, et s’attachent à justifier tous les moyens possibles pour atteindre leurs objectifs.  Il a dénoncé une société matérialiste et capitaliste aux yeux de laquelle, notamment, la destruction de l’environnement et les actes immoraux sont justifiés et nécessaires. 


M. Ahmadinejad a déploré le fait que les pays développés imposent leur modèle de développement aux autres.  Dénonçant la mégalomanie et les notions matérialistes de certains pays, il a demandé: « Qui bénéficie de l’ordre international actuel? »  « Quel pays peut progresser dès lors qu’il fait face à des problèmes non résolus? »  Selon lui, le Conseil des droits de l’homme, le Conseil de sécurité, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) sont parvenus à leurs fins pour couvrir leurs problèmes.  Il a mis l’accent sur la nécessité de mieux connaître les liens humains et sociaux.  « Nous n’avons pas le droit de détruire l’environnement qui appartient à tous », a-t-il notamment dit.  De même, « tous les êtres humains doivent pouvoir jouir de la liberté », en particulier de la liberté de foi, a-t-il estimé.  L’ordre international doit être remodelé, notamment pour servir les aspirations naturelles et spirituelles de l’homme, a poursuivi M. Ahmadinejad.  Un ordre humain doit être établi par les dirigeants de bonne foi, et ce jour est arrivé, a-t-il déclaré, avant de conclure.


M. ALPHA CONDE, Président la de Guinée, a regretté que le constat général, 20 ans après l’adoption d’Agenda 21, soit « bien en deçà des résultats escomptés » et que « les mutations véritables vers le développement durable restent encore à opérer ».  Il a toutefois noté que l’espoir était permis et que son pays, la Guinée, avait l’ambition de placer le développement durable au cœur de son programme de développement économique et de faire, ainsi, la promotion d’une économie verte en Afrique de l’Ouest.  Dans ce contexte, il a expliqué que la Guinée avait entamé une révolution silencieuse dans les provinces du pays à travers l’installation de centaines de systèmes photovoltaïques.  De façon plus significative, il a expliqué que la position privilégiée de la Guinée en tant que « château d’eau » de l’Afrique de l’Ouest offrait un potentiel hydroélectrique capable de fournir une énergie propre à sa population et, au-delà, à toute la sous-région.


Pour ce faire, le Président guinéen a estimé qu’il était urgent de parvenir à un consensus international sur l’économie verte, « avec une feuille de route qui précise les objectifs et les actions à mener à chaque niveau et par chaque acteur ».  « Le facteur clef sera de travailler ensemble, chaque acteur apportant son expertise et assumant ses responsabilités », a-t-il dit.  M. Condé a aussi souligné qu’il était profondément convaincu que de nouveaux modèles économiques tels que celui adopté par la Guinée constituaient le futur de la « croissance verte » et du développement durable pour le siècle en cours.  Avant de conclure, il a précisé que certains de ces modèles viendraient en partie des pays en développement, et parfois « de pays qui ne font que débuter leur ascension économique ».  « En ce jour, c’est un Africain qui s’adresse à vous », a-t-il dit.  « Et cet Africain qui se tient devant vous souhaite que nous soyons plus à l’écoute des cris de notre Terre.  Cette Terre qui est notre mère à tous, nous nous devons de la soulager si nous souhaitons continuer à bénéficier de ses bienfaits », a-t-il conclu.


M. LEE MYUNG-BAK, Président de la République de Corée, a fait état du lancement dans son pays, après son élection en 2008, d’une stratégie en faveur de la croissance verte.  Une loi sur la croissance verte et une loi sur la diminution des émissions de gaz à effet de serre ont été adoptées par l’Assemblée nationale, a-t-il expliqué.  Le Président coréen a expliqué que, même en pleine crise économique mondiale, cette politique avait permis de créer 750 000 emplois au cours des trois dernières années.  Il s’agit, a-t-il dit, d’une stratégie intégrée permettant de mettre en œuvre les trois piliers du développement durable. 


M. Lee a en outre mis l’accent sur la nécessité de répondre aux défis mondiaux par une stratégie mondiale.  Pour arriver à réaliser un développement durable grâce à la croissance verte, il faut, a-t-il ajouté, des technologies et des ressources nécessaires.  L’avenir que nous voulons est à portée de main, a-t-il dit, en concluant: « N’oublions pas que nous sommes notre propre obstacle, mais que c’est aussi nous qui conduisons notre propre avenir ».


CÉRÉMONIE D’OUVERTURE


Mme DILMA ROUSSEFF, Présidente du Brésil et Présidente de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 », a rappelé aux chefs d’État et de gouvernement qu’ils ont une responsabilité devant leurs peuples.  Cette responsabilité, a-t-elle précisé, consiste à faire en sorte que la Conférence de Rio soit une étape dans l’histoire.  « Nous devons nous engager pour garantir un avenir aux hommes et aux femmes de cette planète et le temps est une ressource que nous ne pouvons contrôler », a-t-elle dit, en appelant à prendre « des mesures audacieuses » dans un monde qui a besoin de changements.


La Présidente brésilienne a ensuite rappelé qu’en 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio, les pays s’étaient mis d’accord sur les principes essentiels sur lesquels ils devaient agir en faveur du développement durable et en plaçant l’être humain au centre des efforts entrepris dans ce domaine.  Ces principes ont notamment fait en sorte que l’éradication de la pauvreté soit devenue une décision politique, a-t-elle souligné.  « Nous avons aussi reconnu le besoin de laisser de côté des modèles de consommation non durables », a-t-elle ajouté.  Elle a cependant regretté le fait que la promesse de financement ayant pour objectif d’atténuer les coûts des mesures prises en faveur du développement durable n’ait pas abouti et que les engagements visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre qui faisaient partie du Protocole de Kyoto n’aient pas encore été mis en œuvre.  « Le Brésil reconnaît que de nombreux résultats obtenus en 1992 n’ont toujours pas donné de suite et c’est pourquoi, nous avons la responsabilité d’agir pour changer les choses. »  Il faudrait adopter de nouvelles approches à cet égard, a-t-elle ajouté.


Rappelant ensuite les effets des « pires crises économique et financière qu’ait connues le monde depuis la Seconde Guerre mondiale », Mme Rousseff a fait remarquer que, pour assurer une reprise économique à l’échelle planétaire, les seuls moyens étaient d’encourager la croissance économique et la création d’emplois.  « Face à ces crises, la tentation est forte de donner la priorité aux intérêts nationaux or, nous ne pouvons pas nous le permettre », a-t-elle insisté, en notant que la Conférence Rio+20 était la preuve qu’il existe une volonté politique d’arriver à un accord pour une nouvelle vision de l’avenir.


Elle a ensuite cité plusieurs « changements radicaux » introduits par le Brésil dans les rouages de son économie.  Ils ont notamment permis à des millions de personnes de sortir de la pauvreté, la création de 80 millions d’emplois et un « panachage économique équilibré », a-t-elle dit.  En matière d’environnement, elle a fait remarquer que 75% des zones protégées sur le globe depuis 2003 se trouvent au Brésil et que son pays était parvenu, entre 2004 et 2011, à une diminution de 7% de la déforestation tropicale.  « Nous savons que le développement durable est la meilleure réponse aux changements climatiques et que le développement durable signifie une croissance économique pour pouvoir distribuer la richesse, la création de nouveaux emplois pour les travailleurs et un accès à l’éducation, aux services de santé et à tous les services qui sont nécessaires pour assurer le bien-être des citoyens », a-t-elle souligné.


Revenant aux enjeux en matière de développement durable pour la communauté internationale, Mme Rousseff a estimé que le prix de l’inaction serait bien plus élevé que celui des mesures à prendre.  À cet égard, elle a considéré que le projet de document final qui sera adopté par la Conférence Rio+20 était le résultat d’un compromis sur lequel il y avait un consensus.  « Cela montre que nous ne voulons pas faire machine arrière et que nous voulons respecter les engagements pris en 1992 », a-t-elle dit.  Elle aussi noté que ce texte comprenait des résultats importants.  Il insiste notamment sur l’objectif d’éliminer la pauvreté et, pour la première fois pour un texte de cette ampleur, a-t-elle dit, il fait référence à l’égalité raciale et à la non-discrimination.  En outre, elle a précisé que ce texte établissait aussi un forum de haut niveau au sein du système des Nations Unies, renforçait le PNUE et améliorait le rôle de la société civile dans processus de prise de décisions. Avant de conclure, Mme Rousseff s’est félicitée du niveau de mobilisation de la société civile, qui fait de cette Conférence « l’une des plus importantes en matière de participation des mouvements sociaux et de la société civile », a-t-elle dit.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a salué un moment historique et une conférence qui doit nous aider à façonner l’avenir de l’humanité toute entière.  Il a regretté que les efforts entrepris depuis 1992 n’aient pas été à la hauteur de nos défis, parce que nous n’avons jamais réalisé que nous ne pouvions pas consommer à tout va au nom de la seule croissance.  Le Secrétaire général de l’ONU a estimé que le moment était venu de créer un « nouveau modèle » qui garantisse un « véritable équilibre entre les impératifs d’une robuste croissance économique et de développement avec les dimensions sociale et environnementale d’une prospérité durable et du bien-être humain ».  Illustrant l’ampleur du défi, il a indiqué qu’il nous faudra 50% d’aliments en plus, 45% d’énergie en plus et 30% d’eau en plus d’ici à 2030 pour faire face à la seule croissance démographique.  Il s’est particulièrement inquiété de la situation des villes les plus vulnérables.  Il a exhorté les dirigeants mondiaux à prendre conscience de leur responsabilité pour créer un mouvement mondial en faveur du changement. 


« Nous devons agir avec vision et engagement, au sens le plus large », a-t-il dit, en soulignant que les dirigeants mondiaux étaient sur le point d’approuver un document final qui peut guider nos efforts en faveur du développement durable pour les années à venir ».  « Cette semaine, vous avez fait l’Histoire », leur a-t-il dit.


La ressource qui nous fait le plus de défaut est le temps et nous n’avons plus le luxe de reporter à plus tard des décisions trop importantes, a ajouté le Secrétaire général.  Après la Conférence Rio+20, il faudrait investir des milliards de dollars pour nous aider à changer les vies au niveau mondial.  M. Ban s’est félicité de la volonté des États Membres de déterminer les objectifs de développement durable qui nous permettront de poursuivre nos efforts au-delà de 2015, date butoir de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il s’est félicité de la négociation d’un document qui met l’accent sur la sécurité alimentaire, la création d’emplois, l’accès à l’eau et à l’assainissement, les villes, l’autonomisation des femmes, et une éducation de qualité pour tous.  M. Ban a estimé que l’heure avait sonné de faire le dernier grand pas et d’assurer le suivi de la mise en œuvre des objectifs de Rio+20, en s’engageant fermement à agir.  « Nous ne devons pas demander à nos enfants et petits-enfants d’organiser une Conférence Rio+40 ou une Conférence Rio+60 mais agir plutôt dès maintenant avec une vision à long terme », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU.  « Comme la plupart d’entre vous, je ne suis pas seulement le titulaire d’une fonction, en l’occurrence celle de Secrétaire général des Nations Unies, mais également un père, un grand-père et comme vous, je veux un monde où nos enfants pourront être heureux et prospères, un monde où tout le monde pourra avoir un travail décent et vivre dans la dignité… Un monde où chacun pourra respirer un air pur, boire une eau potable et manger à sa faim et aussi avoir confiance dans l’avenir.  Ensemble, nous pouvons faire un pas géant vers cet avenir, ici même et tout de suite », a-t-il insisté, avant de conclure.


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, a affirmé que la Conférence Rio+20 était une occasion unique au cours d’une génération.  C’est l’occasion, a-t-il dit, de transformer les idées et les aspirations en des actions robustes et des réalités quotidiennes.  Le temps est venu de forger l’avenir pour les générations à venir.  « L’avenir que nous voulons », a-t-il précisé.  M. Al-Nasser a mis l’accent sur la nécessité de comprendre les raisons pour lesquelles nous avons été conduits à suivre un modèle de développement qui, en définitive, n’est pas durable.  Bien que beaucoup de progrès aient été réalisés, de larges parties du monde en développement sont confrontées à la pauvreté, aux maladies et à des conditions de vie abjectes.  Il faut, a-t-il ajouté, rechercher des solutions qui ne mettent pas en péril les futures générations, lutter pour un avenir où l’équité, l’égalité et la prospérité constituent la norme et non l’exception.  Un tel avenir est possible, a poursuivi le Président de l’Assemblée générale, en soulignant, notamment, les progrès importants accomplis dans les domaines de la science et des technologies.


M. Al-Nasser a appelé les dirigeants mondiaux à faire preuve d’un grand esprit de coopération.  Il a précisé que les négociateurs étaient déjà parvenus à obtenir un accord dans des domaines importants du développement durable.  Le Président de l’Assemblée générale a estimé qu’il ne fallait pas laisser les crises économique et financière mondiales affaiblir la coopération en faveur du développement, celle-ci devant au contraire s’étendre.  De même, a-t-il estimé, la communauté internationale a besoin d’un consensus de base sur les politiques clefs à long terme, des solutions puissantes et coordonnées devant être recherchées.  M. Al-Nasser a ainsi souligné l’importance du rôle de l’Assemblée générale en vue d’aider à trouver un consensus mondial.  Le Président de l’Assemblée générale a également estimé que le développement durable exigeait de repenser les institutions internationales.  Ici, à Rio, les États Membres devront ainsi décider de revoir la conception de certaines des organisations et des organes intergouvernementaux.  M. Al-Nasser a, par ailleurs, affirmé que certaines recommandations contenues dans le prochain document final de la Conférence Rio+20 seront présentées devant l’Assemblée générale cet automne.  Il a, en outre, exhorté les États Membres à réaliser les engagements importants pris dans le cadre d’Agenda 21 et des trois Conventions de Rio portant respectivement sur les changements climatiques, la biodiversité et la désertification.


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, a fait remarquer qu’il existait des moments historiques marqués par une large participation et les engagements politiques pris.  Le Sommet de la Terre de 1992 était l’un de ces moments car, a-t-il précisé, il a permis de lancer la notion de développement durable à travers le monde.  « Aujourd’hui, nous vivons un autre de ces moments historiques, qui réunit les représentants des gouvernements et des principaux groupes, et celui-ci va nous permettre de relancer notre action et de donner un souffle nouveau à notre partenariat », a-t-il dit.  À cet égard, il a estimé que la volonté politique montrait qu’en travaillant ensemble, la communauté internationale pouvait répondre aux différentes crises qui frappent notre monde et qui sont étroitement liées, a-t-il dit, en ajoutant que cette responsabilité incombait aux gouvernements, aux principaux groupes et, enfin, à tous. 


Le Secrétaire général de Rio+20 a ensuite précisé, qu’au cours de ces deux dernières années de préparation de la Conférence, il avait pu constater les efforts entrepris en matière de développement durable.  Il a noté qu’il y avait eu des succès importants depuis 1992, en particulier en ce qui concerne la réduction de la pauvreté, la santé maternelle et infantile, ou l’accès à l’eau potable et à l’électricité, mais que ceux-ci demeuraient encore insuffisants.  Il a également noté qu’il faudrait aussi apporter une réaction qui soit à l’ampleur des crises auxquelles a été confronté le monde et qu’il faudrait donner, à cet égard, la priorité aux moyens de subsistance des populations.  Pour ce faire, il a rappelé qu’il faudrait renforcer les institutions du développement durable à tous les niveaux, ainsi que la coopération au développement, et ce, dans un esprit de partenariat véritable.  Avant de conclure, il a souligné que tous les pays devraient bénéficier de la croissance, du développement social et de la protection environnementale de façon simultanée.  « Il n’y a qu’une planète.  Une planète qui a un destin commun », a-t-il précisé.


Reprise du débat général


M. WEN JIABAO, Premier Ministre du Conseil des affaires d’État de la Chine, a appelé que l’humanité avait produit plus de biens depuis la révolution industrielle qu’au cours des milliers d’années qui ont précédé.  « Ce que nous voulons aujourd’hui, c’est un monde vert et prospère sans discrimination, ni oppression et sans destruction de la nature par l’homme », a insisté M. Wen.  Le Premier Ministre chinois a souligné la nécessité de parvenir à un meilleur équilibre entre développement économique, justice sociale et politique environnementale.  Il a rappelé la responsabilité commune de tous les États de préserver l’environnement, tout en reconnaissant que les pays se trouvent à des étapes différentes de développement.  Il a appelé les pays en développement à adopter des stratégies de développement durable qui soient adaptées à leur situation particulière.  Il a exhorté les pays développés à abandonner des modes de consommation non durables et à aider les pays en développement à renforcer leurs capacités en matière de développement durable. 


« Nous devons explorer des modèles efficaces d’économie verte », a suggéré le Premier Ministre de la Chine, en insistant qu’il ne pouvait pas y avoir de modèle uniforme.  Il a estimé que chaque pays doit adopter une politique économique verte qui tienne compte de ses particularités.  À cet égard, le transfert des technologies est important.  Il est nécessaire d’améliorer le mécanisme de gouvernance internationale, a souligné le Premier Ministre chinois, qui a demandé à l’ONU de jouer un rôle central pour développer un cadre institutionnel pour le développement durable.  Il a appelé les pays en développement à faire entendre plus avant leur voix, tout en estimant qu’il était nécessaire d’établir une structure qui amènerait à la même table les organismes internationaux, les gouvernements et le secteur public.  « Plus la Chine se développera, plus elle contribuera à améliorer la situation économique dans le monde », a ajouté M. Wen, en précisant que son pays allait accorder 6 millions de dollars au Fonds d’affection du Programme des Nations Unies pour l’environnement pour aider les pays en développement à renforcer leurs capacités nationales dans le domaine de la protection de l’environnement.  Avant de conclure, il s’est dit convaincu que la promotion du développement durable aura des retombées positives pour les générations actuelles et à venir.   


M. MWAI KIBAKI, Président du Kenya, a affirmé que depuis l’adoption d’Action 21, des progrès relativement significatifs avaient été réalisés à l’échelle mondiale, mais que ceux-ci avaient été inégaux en termes de respect des objectifs de développement fixés et des engagements pris.  Le Président kenyan a jugé important que les politiques favorables à l’économie verte ne prévoient pas d’obstacles au commerce et permettent l’aide au développement.  M. Kibaki a espéré que pendant la Conférence Rio+20 un processus soit mis sur pied en vue d’envisager d’établir une stratégie de financement du développement durable.  Il a, de même, souhaité un renforcement du cadre institutionnel de développement durable, en contribuant ainsi à mettre en œuvre les initiatives vertes aux niveaux national, régional et international.  Le renforcement du Conseil économique et social est, à cet égard, essentiel, a-t-il estimé.


Le Chef de l’État kényan a, par ailleurs, plaidé en faveur d’une transformation du Programme des Nations Unies pour l’environnement, qui, a-t-il dit, doit devenir une organisation des nations pour l’environnement à part entière, en jouissant d’un statut identique aux autres institutions de l’ONU afin qu’elle puisse jouer pleinement son rôle sur les questions environnementales.  Le Kenya s’engage à fournir des locaux et un appui à un conseil directeur élargi à proximité des bureaux actuels de l’Organisation à Nairobi, a ajouté le Président Kibaki. 


M. MAHAMADOU ISSOUFOU, Président du Niger, a estimé que l’humanité n’avait pas encore réussi à gérer sa relation avec la nature.  Il a fait remarquer que la pauvreté persistait à travers le monde, notamment en Afrique subsaharienne, et que près d’un quart de la population mondiale vivait encore avec moins de 2 dollars par jour alors que le PIB mondial avait été multiplié par 3.  Dans ce contexte, il a considéré qu’un modèle de développement qui ne permettait pas d’éradiquer la pauvreté et la faim ne saurait préserver la nature.  Il a ensuite déploré le fait que les engagements visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% par rapport à leur niveau de 1990 ne seraient probablement pas tenus, de même que la promesse faite par les pays industrialisés de porter l’aide publique au développement (APD) à 0,7% de leur PIB n’est pas maintenue.


M. Issoufou a ensuite expliqué qu’au plan national, son pays avait pris plusieurs engagements en matière de développement.  Il a particulièrement mis l’accent sur la sécurité alimentaire, domaine dans lequel le Niger a mis en place une « véritable révolution verte », inspirée du Programme « Faim Zéro » de l’ancien Président brésilien Lula da Silva, a-t-il dit.  Sur le plan international, le Président du Niger a estimé que la promotion d’une économie verte devait viser la réduction des inégalités et l’accroissement de l’APD à travers, notamment, des mesures innovantes comme la taxation des transactions financières internationales.  En outre, a-t-il ajouté, la promotion de l’économie verte devrait permettre de créer plus d’emplois, en particulier pour les jeunes.  Elle devrait aussi, dans sa transition, respecter les réalités économiques et sociales, ainsi que l’espace politique de chaque pays, a-t-il conclu.


M. OLLANTA HUMALA TASSO, Président du Pérou, a parlé des richesses naturelles dont jouit son pays et s’est félicité qu’il soit devenu un pôle attractif pour les investisseurs.  Mais, a-t-il ajouté, il nous faut à présent concilier développement et protection de l’environnement.  Le Président Tasso a déclaré qu’il entendait privilégier la création d’une nouvelle relation avec les activités extractives.  Il a ensuite souligné la nécessité d’établir des règles environnementales et sociales claires.  Le Pérou, a-t-il assuré, fera en sorte que sa croissance naturelle se fasse dans le respect de son patrimoine environnemental afin qu’elle profite à tous les Péruviens sans pour autant hypothéquer la qualité de vie des générations à venir.


M. Tasso a assuré que son Gouvernement allait améliorer les règles pour assurer une meilleure gestion de l’environnement.  Le Pérou, a-t-il indiqué, entend également prendre des mesures pour les activités minières afin de mieux respecter l’environnement.  La participation citoyenne sera encouragée et des fonds seront débloqués pour répondre à ces ambitions, a précisé le Président Tasso.  Il a ensuite assuré que, sous sa présidence, le Pérou était devenu le premier pays à appliquer la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT), relative aux peuples autochtones et tribunaux.


M. FRANÇOIS HOLLANDE, Président de la France, a affirmé, d’emblée, qu’il avait tenu « personnellement » à venir à Rio, car, a-t-il dit, la Conférence Rio+20 présente un « enjeu décisif pour la planète ».  « La France doit être un des pays qui montrent l’exemple », a-t-il déclaré, en exprimant son souhait de « prendre des engagements », de « tenir un langage de vérité et de volonté ».  M. Hollande a constaté cinq avancées dans le projet de document de la Conférence, finalisé hier, en citant ainsi une feuille de route pour les objectifs de développement durable, un renforcement du Programme des Nations Unies pour l’environnement », un accord sur la préservation des océans, un débat engagé sur l’économie verte, et l’accent mis sur le social et la lutte contre la pauvreté.  « Ce sont des résultats appréciables », a-t-il considéré, en saluant également l’action et la mobilisation de la société civile. 


Néanmoins, ces résultats, « aussi appréciables soient-ils, sont en dessous de nos responsabilités et de nos attentes », a-t-il observé.  Le Président français a ainsi regretté que les négociations n’aient pas abouti à la création d’une institution des Nations Unies de l’environnement, à laquelle la France est « très attachée ».  Cette institution, qui pourrait être installée à Nairobi, en Afrique, renforcerait le rôle de ce continent dans ce domaine.  M. Hollande a en outre déploré l’absence de mesures concrètes en matière de financements innovants, ceux-ci étant, à ses yeux, « indispensables ».  « La France est déterminée à instaurer une taxe sur les transactions financières », a-t-il assuré.  Si une telle taxe est créée, « la France prend l’engagement qu’une partie de ses revenus sera affectée au développement », a-t-il précisé.


« Nous avons besoin d’un sursaut, ici à Rio », a déclaré le nouveau Président de la France.  « Personne, a-t-il dit, ne peut gagner seul contre les autres la grande bataille contre l’environnement ».  De même, « il ne faut pas opposer le Nord et le Sud », car, a-t-il ajouté, « le développement durable est une cause planétaire, une question vitale pour le monde entier ».  « Notre condition d’être humain, c’est de permettre à d’autres de vivre après nous et mieux que nous.  C’est le sens de ma présence ici », a conclu le Chef de l’État français.


M. SEBASTIÁN PIÑERA ECHEÑIQUE, Président du Chili, a estimé qu’il était peut-être un peu « prétentieux » de vouloir « sauver la planète » car, a-t-il fait remarquer, elle a résisté à tout jusqu’ici.  « Ce qui est en péril, par contre, c’est l’avenir des populations et c’est la raison pour laquelle nous devons changer nos modes de production et de consommation », a-t-il poursuivi.  Le Président Piñera Echeñique a prévenu que si aucune action ferme n’était prise, le monde continuerait de perdre sa biodiversité et continuerait à polluer ses sols et ses mers, à détruire ses forêts ou à mettre en péril sa faune et sa flore.  « Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons encourager la croissance économique, l’emploi, le développement social et la réduction des inégalités excessives, de même que des comportements plus respectueux de l’environnement, pour parvenir à un développement durable.


Pour parvenir à des résultats concrets, le Président du Chili a notamment mis l’accent sur la volonté de faire face à ces problèmes avec « unité, solidarité et collaboration ».  « L’eau et l’énergie, par exemple, sont de plus en plus rares et nous devons prendre conscience qu’en agissant de manière solidaire, nous pourrons garantir l’accès à ces ressources à tous », a-t-il ajouté.  Citant Victor Hugo, il a rappelé qu’« il n’est rien au monde d’aussi puissant qu’une idée dont l’heure est venue ».  Avant de conclure, M. Piñera Echeñique a, une nouvelle fois, appelé la communauté internationale « à embrasser avec efficacité et enthousiasme la cause du développement durable ».


M. IDRISS DEBY ITNO, Président du Tchad, a souligné la vulnérabilité particulière de son pays qui doit faire face à une précarité environnementale, doublée d’une conjoncture économique difficile pour les pays africains en général.  Il a cité les difficultés du Tchad face à l’avancée galopante du désert, en rappelant que son pays demeurait la dernière barrière entre le désert et la forêt tropicale du Congo, deuxième poumon de la planète.  Il s’est félicité de l’initiative des pays de la sous-région intitulée « la Grande muraille verte » visant à contrer l’avancée du désert par le biais de programmes de reforestation. 


En dépit de son entrée dans le cercle des pays producteurs de pétrole en 2003, les priorités du Tchad restent axées sur le développement du monde rural, a fait remarquer le Président Déby Itno, en mettant l’accent sur la nécessité de favoriser le passage des économies traditionnelles vers l’économie verte.  Il a invité les délégations à participer, demain 21 juin, en marge de la Conférence Rio+20, à l’atelier sur la réhabilitation du Lac Tchad, mer intérieure aujourd’hui menacée de disparition.  Le Président tchadien a souligné qu’il était urgent d’agir contre la dégradation des terres, la perte de la diversité biologique et les perturbations climatiques qui mettent à mal les efforts de développement économique et d’équité sociale des pays les plus vulnérables.


M. DENIS SASSOU-NGUESSO, Président du Congo, a estimé que 20 ans après le Sommet de la Terre, aucune avancée significative n’avait été enregistrée en matière de développement durable.  Il a indiqué que l’Afrique disposait d’un important capital naturel qui, a-t-il précisé, abrite 40% de la diversité biologique et 20% des réserves forestières ainsi que d’importantes réserves hydrauliques, entre autres.  Malgré ces atouts, a-t-il cependant déploré, son développement est compromis par le manque de moyens de mise en œuvre, notamment l’absence de financement.  M. Sassou-Nguesso a également évoqué les défis liés aux effets néfastes des changements climatiques, notamment l’avancement du désert, l’assèchement du Lac Tchad, la perte de biodiversité, ainsi que la faible capacité du continent de résister aux catastrophes naturelles, sans oublier le problème du chômage chez les jeunes.


Le Président du Congo a ensuite appelé au respect des engagements déjà pris par les pays développés en matière de développement durable, notamment en ce qui concerne l’appui à la lutte contre les changements climatiques et l’aide au développement.  En mettant en place ces mécanismes financiers innovants et en multipliant ses partenariats, a-t-il déclaré, l’Afrique attend que les moyens de mise en œuvre du développement durable soient établis une fois pour toutes ici, à Rio de Janeiro.  M. Sassou-Nguesso a ensuite assuré que les dirigeants africains s’étaient engagés dans une vision écologique commune avec l’édification d’une muraille verte pour faire face au désert du Sahara, ainsi que le lancement de projets de protection de la biodiversité et d’atténuation des effets des changements climatiques, entre autres.  La gestion durable des forêts représente un élément inestimable de la lutte contre les changements climatiques, a-t-il par ailleurs souligné.  Son pays, a-t-il ajouté, a affecté 3,6 millions d’hectares à la conservation.  Le Président du Congo a par ailleurs reconnu la nécessité de renforcer le PNUE en le transformant en Organisation de l’ONU pour l’environnement.


Le Grand-Duc Henri, Chef d’État Grand-Duché de Luxembourg, a estimé que Rio+20 offrait à la communauté internationale une nouvelle occasion de travailler ensemble à façonner l’avenir qu’elle souhaite.  Rappelant les engagements pris par son pays à Rio, en 1992, et à Johannesburg, en 2002, il a noté que deux plans nationaux en faveur du développement durable avaient été adoptés par le Grand-Duché.  En outre, 0,7% du revenu national brut luxembourgeois est consacré à l’aide publique au développement (APD).  Un seuil qui a, par ailleurs, franchi 1% du revenu national brut, en 2000, et qui sera confirmé au cours des années à venir, a-t-il précisé. 


Le Chef de l’État luxembourgeois a ensuite présenté d’autres initiatives prises par son pays en faveur du développement durable, en particulier le « Fonds climat et énergie », qui est alimenté par une taxe sur les carburants.  Destiné au départ à financer des mesures domestiques au Luxembourg, ce Fonds vient aussi en aide aux pays en développement afin qu’ils puissent mettre en place des politiques d’adaptation en faveur de la lutte contre les changements climatiques.  Soulignant ensuite que le développement durable est une obligation mais aussi une opportunité, le Chef de l’État luxembourgeois a estimé que si les gouvernements pouvaient s’engager en faveur d’une « déforestation zéro » ici à Rio, la Conférence Rio+20 adressera ainsi un signal fort.  La Conférence sur le développement durable doit aussi, pour le Luxembourg, constituer un jalon important en faveur d’une implication plus forte de la société civile dans la gouvernance internationale.  Avant de conclure, il a cité un proverbe brésilien selon lequel, face à la tâche, « la bonne volonté raccourcit le chemin ».


Mme DALIA GRYBAUSKAITĖ, Présidente de la Lituanie, a souligné qu’il était indispensable de développer une solidarité sans précédent pour atteindre les objectifs du développement.  Elle a précisé que cette solidarité devrait accélérer les efforts pour agir à temps.  Pour réussir, nous devons faire preuve d’intelligence, de délicatesse et de bon sens, a-t-elle insisté.  Faire preuve d’intelligence c’est faire preuve d’efficacité, a-t-elle ajouté, en citant les efforts entrepris par son pays pour qu’il ne soit plus dépendant d’une seule source d’énergie extérieure.  « Nous utilisons beaucoup la biomasse et nous avons accru la superficie de nos forêts de 11% ces dernières années », a-t-elle précisé.  Faire preuve de délicatesse, c’est comprendre les besoins de chacun, a expliqué la Présidente de la Lituanie, en appelant à répondre aux besoins des plus vulnérables.  Faire preuve de bon sens, c’est s’assurer que nos actions mènent à de véritables changements pour rendre nos économies plus vertes.  « Nous pouvons assurer un avenir durable pour notre planète en prenant conscience du fait que même des mesures très modestes peuvent contribuer à des changements de taille », a-t-elle estimé.


M. HIFIKEPUNYE POHAMBA, Président de la Namibie, a estimé que les principes énoncés par la Charte des Nations Unies et la Déclaration des droits de l’homme devraient guider les travaux de la Conférence Rio+20.  L’issue de cette Conférence, a-t-il estimé, doit garantir au peuple du monde qu’en tant que dirigeants, nous nous sommes engagés à trouver des solutions durables.


Le Président de la Namibie a ensuite fait savoir que le développement durable était consacré par la Constitution de son pays.  Diverses initiatives ont été lancées en la matière, notamment un programme de gestion communautaire des ressources et des politiques de protection de l’environnement.  Il a précisé que 44% du territoire national avaient pu bénéficier de ces programmes et que le littoral namibien avait reçu le statut de parc national.  Un fonds environnemental et une commission environnementale ont également été mis sur pied.


M. Pohamba s’est par ailleurs félicité de la création du Fonds pour le climat vert.  Il a également souscrit aux principes de la responsabilité commune mais différenciée, avant d’insister sur la nécessité de renforcer les moyens de mise en œuvre.  Pour aller de l’avant, a-t-il suggéré, les pays développés devront développer les capacités de mise en œuvre des engagements pris.  Avant de conclure, le Président Pohamba a appelé les États Membres à appuyer la proposition de la Namibie d’accueillir le Secrétariat du Fonds vert.


M. BONI YAYI, Président du Bénin, a fait remarquer que les défis globaux s’étaient accrus depuis 1992, en particulier en Afrique, tandis que la pauvreté et la précarité frappent encore 3,4 milliards d’individus aujourd’hui.  Il a expliqué que son gouvernement mettait en place, avec ses partenaires du développement, ainsi que l’Union africaine, plusieurs projets en faveur du développement durable, notamment en ce qui concerne la protection de ses côtes, la gestion des forêts ou l’adaptation aux changements climatiques afin d’assurer la sécurité alimentaire.  Dans ce contexte, il a appuyé les requêtes formulées par l’Afrique dans le cadre de Rio+20 et qui ont été présentées, cet après-midi, par M. Denis Sassou-Nguesso, Président du Congo.


En ce qui concerne les consultations menées sur le projet de document final, M. Yayi a salué la formule trouvée au sujet du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) mais il a estimé qu’il faudrait encore aller plus loin afin de transformer le PNUE en une institution spécialisée de l’ONU dotée de tous les moyens pour la réalisation des ambitions de la communauté internationale.  Il a aussi salué le lancement d’un forum intergouvernemental de promotion du développement durable et a réaffirmé le soutien et la contribution de son pays à la définition des objectifs de développement durable.  « Le Bénin s’associe au projet de document final avec une foi inébranlable envers l’avenir de l’humanité », a-t-il dit, « car il nous faut coopérer, nouer des partenariats gagnants et offrir une chance de survie à tous les peuples de la planète ».  À cet égard, il a également appelé, dès la fin de la Conférence Rio+20, à mobiliser les moyens financiers qui permettront de mettre en œuvre les résultats et les décisions communes.


M. JANOS ADER, Président de la Hongrie, a déclaré que le Bassin des Carpates était une des régions les plus riches au monde en ressources.  Elle compte, a-t-il précisé, des milliers de sources d’eau thérapeutique.  Après avoir lutté contre les effets de la nature, l’homme doit aujourd’hui trouver la force de lutter contre la nature humaine pour réaliser les objectifs de développement durable.  « Depuis la fin des années 1980, l’empreinte économique a dépassé les capacités biologiques de notre planète », a–t-il indiqué, en rappelant que les pays disposent des connaissances et technologies nécessaires pour résoudre les problèmes liés à l’environnement.  M. Ader a assuré que la Hongrie était déterminée à mettre l’accent sur la gestion de l’eau.  Il a rappelé que plus d’un milliard de personnes vivent sans avoir accès à l’eau potable et que la moitié des lits d’hôpitaux dans le monde sont occupés par des personnes touchées par des infections résultant d’eau non potable.  C’est pourquoi, il a déclaré que les efforts de développement durable devraient être axés sur la protection de l’eau qui est, a-t-il rappelé, notre première source de vie.


M. ANOTE TONG, Président de Kiribati, a affirmé que l’objectif de la Conférence Rio+20 était de garantir un avenir meilleur pour nos enfants et nos petits-enfants.  Les dernières décennies ont montré que « nous avons échoué », a-t-il dit, mettant en particulier l’accent sur les effets des changements climatiques.  Il s’est notamment déclaré en faveur d’un développement durable qui profite à tous et non à une poignée d’entre nous.  Le Président de Kiribati a plaidé pour qu’à un aucun moment ne soient ignorées les données scientifiques qui sont « déjà à notre disposition ». 


M. Tong a dit intervenir au nom des pays les plus vulnérables, situés en première ligne, dont la survie future est menacée par les changements climatiques.  Il a exhorté les membres de la communauté internationale à faire en sorte que les prochains pays sur la sellette ne subissent pas le même sort de ceux aujourd’hui exposés à cette calamité provoquée par l’homme.  Le Président de Kiribati a, en particulier, défendu la notion de « développement vert dans un monde bleu ».  Le pays a, ainsi, placé 300 000 km2 de sa zone marine exclusive en zone protégée.


M. JOSÉ MUJICA CORDANO, Président de l’Uruguay, s’est interrogé sur le mode de consommation actuel.  Le monde dispose-t-il aujourd’hui, véritablement, de toutes les ressources matérielles pour permettre à l’ensemble de la population mondiale de consommer comme le fait la petite minorité de riches?  Ce n’est plus l’homme qui gouverne, mais des forces déchaînées qui gouvernent l’homme, s’est inquiété le Président de l’Uruguay.  Il a dénoncé la consommation excessive qui caractérise aujourd’hui nos sociétés et a lancé un appel en faveur de nouveaux modes de consommation, plus respectueux de la nature.  On ne peut être indéfiniment dépendant du marché, a souligné le Président Cordano, qui a estimé, au contraire, qu’il faudrait prendre des mesures pour contrôler les marchés.  À ses yeux, la crise de l’eau et « l’agression de l’environnement » résultent de la consommation excessive auxquelles se livrent la plupart de nos sociétés.  Le développement ne peut aller à l’encontre du bonheur, a-t-il rappelé, car le bonheur dépend d’un environnement sain.


M. JOSÉ MANUEL DURÃO BARROSO, Président de la Commission européenne, a rappelé qu’il y a 20 ans, une jeune canadienne de 12 ans avait pris la parole à Rio et avait fait taire le monde pendant six minutes en disant qu’elle mettait les dirigeants mondiaux au défi de traduire leurs paroles en actes.  Vingt ans après, même si des progrès ont été réalisés, plusieurs Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) n’ont pas été atteints et un sixième des habitants de la planète est victime de malnutrition.  Alors que la population mondiale va atteindre neuf milliards en 2050, M. Barroso a déclaré que le développement durable porte aussi sur la solidarité intergénérationnelle et la solidarité.  Mettant l’accent sur la nécessité de promouvoir une croissance ouverte à tous et favorable à l’environnement, M. Barroso s’est félicité que le document agréé reconnaisse que l’économie verte nous permettra de mieux gérer nos ressources environnementales. 


« Il faut un modèle de développement qui reconnaisse les limites des ressources planétaires, tout en favorisant la création d’emplois décents », a préconisé M. Barroso, en appelant à établir des objectifs de gestion durable de l’eau, des terres arables et des océans.  Le Président de la Commission européenne a mis l’accent sur les cinq priorités européennes qui sont l’énergie durable, l’eau, la gestion des écosystèmes, la protection des océans et l’efficacité des ressources dont la gestion des déchets.  « On obtient de meilleurs résultats en se mettant d’accord sur des objectifs qui peuvent être mesurés », a ajouté M. Barroso en rappelant que les cinq domaines précités sont aussi des priorités clefs pour les objectifs de développement durable (ODD) qui devraient relayer les OMD après la date butoir de 2015.  Il a appelé à mettre en place un cadre post-2015 qui soit axé sur les trois piliers du développement durable. 


Par ailleurs, M. Barroso a exhorté tous les pays à prendre les mesures nécessaires pour mettre en place les politiques nationales propices au développement durable.  Si l’APD doit continuer de représenter une ressource durable du développement durable, il est nécessaire d’adopter une stratégie financière appropriée, dont les sources de financements innovants, a-t-il suggéré.  M. Barroso a indiqué que l’Union européenne était prête à atteindre son objectif de 0,7% du PIB consacrée à l’APD d’ici à 2015.  « Pour 2012-2013, notre aide pour les trois piliers du développement durable se monte déjà à 8 milliards d’euros, a indiqué le Président de la Commission européenne.  « Pour ce qui est de l’énergie durable, je vais proposer de mobiliser 400 millions d’euros dans les années qui viennent », a-t-il ajouté.  M. Barroso a souligné l’importance d’établir un forum du développement durable qui garantira la participation régulière des chefs de gouvernement pour le suivi des engagements pris.  


M. FERNANDO DA PIEDADE DIAS DOS SANTOS, Vice-Président de l’Angola, a affirmé que son pays s’associait à la position de l’Afrique exprimée en octobre 2011, laquelle identifie, notamment, les défis réels et urgents pour le continent.  Depuis l’adoption d’Action 21 et les grandes conférences pertinentes qui ont suivi, l’Angola s’est engagée à mettre en œuvre les principales décisions qui en ont découlé.  Après avoir énuméré certaines mesures prises par son pays pour assurer le développement durable, il s’est dit convaincu du fait que les décisions politiques qui seront adoptées dans le sillage de Rio+20 doivent être régies selon les principes de souveraineté, de légalité et de solidarité.


Le Vice-Président de l’Angola a également réaffirmé le principe de non-ingérence.  Chaque État, a-t-il dit, est responsable de définir ses propres stratégies de développement.  Il a estimé qu’Action 21 constituait la voie la plus efficace pour atteindre le développement durable, lutter contre la pauvreté et améliorer les conditions de vie.  Il a également défendu l’option d’une économie verte, laquelle, a-t-il expliqué, permettra de lutter efficacement contre la pauvreté et garantira la sécurité alimentaire, répondra aux problèmes sociaux et améliorera la qualité de vie des groupes sociaux. 


M. MARIANO RAJOY BREY, Président de l’Espagne, a estimé que le développement durable était la seule voie vers un monde au sein duquel, entre autres, de moins en moins de personnes souffriraient de pauvreté extrême et où l’utilisation des ressources naturelles n’imposerait pas d’hypothèque pour l’avenir.  Pour l’Espagne, l’axe fondamental de la Conférence Rio+20 est le capital humain et l’utilisation responsable des ressources naturelles doit demeurer une priorité clef, a-t-il affirmé.  Il a également considéré que la Conférence Rio+20 jetait les bases pour des objectifs de développement durable qui devront être intégrés dans la révision des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


En ce qui concerne le projet de document final, M. Rajoy Brey a estimé que les délégations étaient parvenues à un accord général sur plusieurs questions cruciales, en particulier au sujet de la modification des institutions des Nations Unies.  Il a, à cet égard, rappelé que l’Espagne avait toujours plaidé en faveur du renforcement du Conseil économique et social (ECOSOC) et il a souligné que son pays, à l’instar de l’Union européenne, continuerait à œuvrer en faveur du renforcement du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) par le biais de l’Assemblée générale.  En ce qui concerne l’économie verte, M. Rajoy Brey a considéré que celle-ci nécessiterait une collaboration étroite et renforcée entre les Gouvernements, les entreprises et les citoyens pour faire face aux défis globaux.  Parmi ces défis, il a cité la croissance démographique dans le monde, ainsi que les défis que poseront en matière de production de denrées alimentaires  9 milliards d’individus à l’horizon 2050.


M. MELTEK SATO KILMAN LIVTUVANU, Premier Ministre de Vanuatu, a souligné qu’il était urgent de passer d’un modèle de consommation n’ayant fourni que des solutions à court terme à un nouveau modèle offrant des solutions à long terme.  Il s’est dit satisfait que les priorités de la région du Pacifique en matière de développement durable aient été parfaitement reconnues et intégrées au projet de document final sur lequel les participants à la Conférence sont parvenus à un consensus.  Il a remercié le Groupe des 77 et la Chine pour leur solidarité.  Il a encouragé les partenaires au développement à aider Vanuatu à mettre en œuvre les objectifs agréés, notamment en ce qui concerne la gestion durable des ressources du Pacifique.  « Notre développement ne sera possible qu’en se basant sur les réalités de l’économie bleue, a–t-il insisté, en se disant convaincu que les océans pouvaient nourrir toute la planète à condition d’assurer une gestion durable de ses ressources.  Le Premier Ministre de Vanuatu a mis l’accent sur l’importance du principe de responsabilité commune mais différenciée en matière de réalisation du développement durable.  « Nous savons que nous avons notre avenir entre les mains et c’est pourquoi, nous avons besoin d’un effort mondial pour aller au-delà des simples déclarations », a-t-il insisté.


M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Premier Ministre de la République centrafricaine, a affirmé que la déclaration consensuelle commune de l’Afrique pour Rio+20 avait pris en compte toutes les préoccupations du continent.  Depuis le Sommet de la Terre de 1992, le Gouvernement centrafricain a pris des mesures majeures qui s’inscrivent dans le cadre d’Action 21, a-t-il dit, en faisant état de certaines d’entre elles.  Il a déclaré également que la République centrafricaine manifestait toujours un intérêt particulier en faveur de la sauvegarde de l’environnement, du respect de la biodiversité, de la lutte contre les changements climatiques et de la désertification.   


La République centrafricaine dispose d’un potentiel naturel riche et varié, a-t-il ajouté.  La diversité des zones agro-climatiques devraient constituer un atout pour son développement.  Néanmoins, les aléas climatiques soumettent encore les populations aux affres d’une paupérisation grandissante.  Sur la question centrale, pour la Conférence Rio+20, de l’éradication de la pauvreté, il a souligné que son pays avait mis en œuvre une stratégie orientée sur le développement rural et la sécurité alimentaire.  Il a en outre mis l’accent sur la nécessité pour son pays de bénéficier du soutien de la communauté internationale en vue de mettre en œuvre son programme de désarmement, de réinsertion des ex-combattants et de relancer son agriculture.


Convaincu qu’aucun pays ne peut affronter seul les défis du développement durable, M. MOHAI MOLDOVANU, Vice-Premier Ministre de la République de Moldova, a réaffirmé que son pays demeurait engagé en faveur des principes adoptés à Rio, en 1992.  Il a notamment plaidé pour le renforcement de la coopération internationale et régionale en matière de développement durable.  L’intégration de la République de Moldova dans l’Union européenne est « la seule voie » pour améliorer la situation économique et sociale du pays, a-t-il assuré.  La République de Moldova s’aligne sur la position européenne en faveur d’une économie verte, a-t-il ajouté.


« Toutes les mesures prises par la République de Moldova dans le domaine du développement durable étaient basées sur les principes adoptés à Rio, en 1992, et la mise en œuvre de ces principes est une priorité stratégique pour le pays», a-t-il affirmé.  Son pays, a-t-il dit, doit continuer à entreprendre de nombreux efforts pour atteindre les niveaux escomptés, tant sur le plan qualitatif que sur le plan quantitatif.  Il a toutefois réaffirmé l’engagement de son gouvernement à utiliser les instruments de régularisation adéquats, à faire participer la population à la prise de décision et à faire appel aux nouvelles connaissances en matière de développement durable.  Avant de conclure, il a appuyé la proposition visant à élaborer une feuille de route en vue de parvenir à une économie verte.


M. JEAN COULDIATY, Ministre de l’environnement et du développement durable du Burkina Faso, a appelé à une plus grande mobilisation de la communauté internationale pour faire face aux problèmes liés à la sécheresse.  Il a insisté sur la mise en œuvre de l’objectif de zéro dégradation des terres d’ici à l’horizon 2020, ainsi que le lancement des négociations sur l’élaboration d’un protocole additionnel à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.  Le temps est venu de prendre des mesures pour améliorer la gestion et la conservation des terres, a-t-il estimé.  Le Ministre, qui s’est dit très préoccupé par les répercussions de la crise financière, ainsi que par les modes de consommation non durables, a demandé d’établir une coopération plus efficiente et moins contraignante. 


Le Ministre a appuyé les principes de responsabilité commune mais différenciée et a plaidé en faveur d’un engagement politique renouvelé.  M. Couldiaty a aussi souhaité la mise en œuvre d’un cadre juridiquement contraignant en matière de développement durable.  Il a par ailleurs indiqué que son pays avait adopté un plan décennal en matière de consommation durable.  Il a ajouté qu’un rapport national sur les 20 ans d’expérimentation en matière de développement durable vient d’être publié.  Avant de conclure, M. Couldiaty a invité la communauté internationale à accorder le statut d’observateur à la « République de Taiwan » lors des travaux relatifs au développement durable.


M. KOICHIRO GEMBA, Ministre des affaires étrangères du Japon, a affirmé que son pays allait mettre en œuvre trois initiatives en faveur d’un avenir vert.  Il a ainsi mis l’accent sur l’initiative de « ville future », caractérisée, a-t-il dit, par une planification urbaine qui assurerait la viabilité de l’environnement avec des technologies de pointe.  Le Japon organisera également, l’an prochain, une conférence internationale sur la planification urbaine.  En outre, le Japon va mettre en place un corps de volontaires de la coopération verte qui s’occupera des énergies renouvelables.  Le Ministre a indiqué que son pays verserait également 3 »trois  milliards de dollars aux pays en développement dans le cadre de l’adaptation aux catastrophes naturelles.  Il a ajouté que l’expérience vécue par le Japon en matière de catastrophes naturelles l’avait incité à développer des technologies de prévention des catastrophes et de planification urbaine qu’il souhaitait faire partager aux autres pays.


M. FREDERICK MITCHELL Ministre des affaires étrangères des Bahamas, a expliqué que son pays avait fait le choix du développement durable et axait son action sur l’élimination de la pauvreté.  Il a ensuite souligné combien le sort des Bahamas était étroitement lié à celui des océans qui forment le socle de leur activité économique.  Il est important pour les Bahamas, a-t-il dit, d’établir un tourisme durable.  Le Ministre a également fait remarquer que son pays avait réalisé des progrès importants dans différents domaines comme la protection de la biodiversité et la promotion des énergies renouvelables.  Les Bahamas ont, par exemple, adopté une législation visant à encourager une gestion durable des écosystèmes, ainsi que des actions destinées à empêcher la pêche en haute mer ou à mettre en place un sanctuaire pour requins. 


Rappelant l’importance d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le Ministre a cependant regretté que le PIB soit parfois utilisé pour limiter l’accès à l’aide et à d’autres sources de financement.  « Il existe de nombreuses incohérences lorsque les organismes internationaux examinent les possibilités d’aider les Bahamas », a-t-il dit, en ajoutant que son pays mérite une attention adéquate de la part de la communauté internationale en raison des défis environnementaux spécifiques auxquels il doit faire face.


M. JAFAR ABED HASSAN, Ministre de la planification et de la coopération internationale de la Jordanie, a parlé des nombreuses avancées qui servent de moteur à la croissance économique, en se déclarant convaincu qu’il faudrait faire plus avec beaucoup moins.  L’énergie que consomme son pays est importée à 96%, a-t-il indiqué.  En dépit de la raréfaction de ses ressources en eau, la Jordanie accueille une importante population de réfugiés, a-t-il dit.  Le Gouvernement jordanien fait de la question du lien qui existe entre les ressources en eau, la population et l’environnement une priorité.  Il a indiqué qu’un projet de désalinisation de l’eau avait été mis sur pied et que son gouvernement privilégie également les transports durables.  Le Ministre a aussi parlé de l’importance de l’éducation et de la création d’emplois.  M. Hassan a par ailleurs estimé qu’il était essentiel de créer des mécanismes de financement verts et innovants qui soient capables de générer des revenus dans des secteurs clefs.  Il a également souligné l’importance des partenariats. 


M. NURLAN KAPPAROV, Ministre de la protection de l’environnement du Kazakhstan, a fait remarquer que son pays avait pris des mesures importantes visant à diminuer la pression sur l’environnement et que ces mesures s’intégraient dans une stratégie à long terme en faveur du développement durable qui sera en vigueur jusqu’en 2030.  Notant que le Kazakhstan avait rempli la plupart de ses engagements en faveur des Objectifs du Millénaire pour le Développement, le Ministre a expliqué que son pays avait adopté, dans la foulée, plusieurs lois nationales en vue de renforcer la compétitivité économique et le développement de sources énergétiques renouvelables. 


Toujours en matière d’environnement, le Ministre s’est félicité de la croissance de la superficie des parcs nationaux au Kazakhstan, qui a été multipliée par 20 au cours de ces dernières années.  Il a cependant mis l’accent sur plusieurs défis qui demeurent pour son pays, comme le volume des déchets qui continue à augmenter, ainsi que les menaces que posent les changements climatiques en Asie centrale et qui entraînent notamment une baisse des ressources hydriques.  Pour faire face à ces défis, le Ministre a estimé que la communauté internationale devrait agir de manière solidaire et établir des partenariats, en particulier, en matière d’énergie.


M. EDWARD NALBANDYAN, Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, a indiqué que son pays avait déployé tous les efforts possibles pour honorer ses engagements en matière de développement durable, et ce, malgré les sanctions imposées par « certains pays voisins ».  Il a notamment indiqué qu’un comité spécial avait été créé pour appuyer la participation de l’Arménie à la Conférence Rio+20.  L’Arménie, a-t-il assuré, accorde beaucoup d’attention au renforcement des mécanismes institutionnels internationaux existants en matière de développement durable.


M. Nalbandyan a par ailleurs signalé que l’exploitation de la mer Caspienne crée de nombreuses tensions dans la région.  Il a dénoncé la croissance « impressionnante » du budget militaire de l’Azerbaïdjan.  Ces attitudes militaristes posent un problème sérieux pour la stabilité et la sécurité de la région, a-t-il averti.


Mme VERA KOBALIA, Ministre de l’économie et du développement durable de la Géorgie, a fait remarquer que la communauté internationale était confrontée à d’énormes difficultés en matière de développement durable mais elle a invité celle—ci à saisir toutes les occasions qui se présentent, en particulier ici dans le cadre de Rio+20.  Rappelant que son gouvernement avait l’ambition d’édifier une « Géorgie verte », où 60% de l’énergie serait produite par « des énergies propres », la Ministre a expliqué qu’il s’agirait là aussi d’une contribution internationale de son pays à encourager l’adoption de politiques économiques vertes par d’autres pays.  La Géorgie, a-t-elle précisé, exporte notamment son électricité vers d’autres pays, dont la Turquie.  Elle a aussi, en matière d’économie verte, mis l’accent sur le rôle particulier que peuvent jouer les entreprises dans ce domaine.  À titre d’exemple, la Ministre a fait remarquer que les 25 centrales hydroélectriques qui sont en train d’être construites dans son pays étaient gérées par le secteur privé. 


M. ALEMAYEHU TEGENU, Ministre de l’eau et de l’environnement de l’Éthiopie, s’est inquiété à la perspective que la crise économique n’entrave les efforts consacrés en matière de développement durable.  La Conférence Rio+20 doit éviter à tout prix de revenir sur les engament pris il y a 20 ans.  La communauté internationale, a-t-il estimé, doit au moins réaffirmer ces engagements et parvenir au consensus en matière de leur mise en œuvre.  Pour l’Éthiopie, a-t-il indiqué, l’économie verte est l’unique outil réaliste capable d’assurer le développement durable.  Le pays a ainsi mis sur pied une « stratégie économie verte » qui met l’accent sur l’emploi de technologies à faible consommation de carbone dans les transports.  Il a rappelé que l’Union africaine avait souscrit à l’économie verte.  Cependant, a-t-il ajouté, l’attachement du continent africain à ce principe ne suffira pas à lui seul pour le mener à bien.


Le Ministre a par ailleurs dit appuyer le principe de responsabilité commune mais différenciée.  Il a également insisté sur l’importance d’établir des partenariats et de s’acquitter des engagements pris.  Il a en outre appelé au renforcement du PNUE afin d’en faire une institution spécialisée, capable de coordonner l’action internationale en matière de développement durable.


M. BATKHISHIG BADAMDORJ, Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères et du Commerce de la Mongolie, s’est dit « fermement convaincu » que Rio+20 renforcera la volonté de tous en vue de parvenir à un développement durable et à des résultats équilibrés et pragmatiques.  Notant que la communauté internationale devait encore relever de nombreux défis sur la voie du développement durable, il a souligné l’importance de tenir compte des besoins spécifiques des pays enclavés et sans littoral comme c’est le cas de la Mongolie. 


Le Ministre a ensuite précisé que son pays avait souscrit aux résultats du Sommet de la Terre, en 1992, et s’était engagé dans la voie du développement durable en se dotant, notamment, de stratégies et de politiques économiques et sociales en la matière. Parmi les initiatives prises au cours des deux dernières décennies, la Mongolie a établi des programmes dans la lutte contre la désertification ou en faveur de la conservation des forêts, a indiqué son Ministre.


M. MIRKO SAROVIC, Ministre du commerce extérieur et des relations économiques de la Bosnie-Herzégovine, a souligné que son pays appuyait tous les efforts déployés par l’Union européenne dans le cadre de négociations de la Conférence Rio+20.  « Seul le dialogue pourra être couronné de succès, et ma délégation, a-t-il fait savoir, est prête à établir une base solide en matière de développement durable ».  Tout en insistant sur l’importance de l’investissement dans les infrastructures vertes, il a souhaité la création d’une infrastructure internationale pour appuyer la lutte contre la pauvreté.  M. Sarovic a aussi indiqué que la Bosnie-Herzégovine mettait l’accent sur la gestion durable de ses montagnes.  Il a ensuite souligné que la justice sociale était un élément essentiel du développement durable.  Le Ministre a également parlé des variations climatiques qu’a récemment connues l’Europe.  Il a ensuite souligné que la justice sociale était un élément essentiel du développement durable.   


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial de la décolonisation adopte deux rapports portant sur son séminaire régional pour le pacifique et sur des questions d’organisation

AG/COL/3243

Le Comité spécial de la décolonisation adopte deux rapports portant sur son séminaire régional pour le pacifique et sur des questions d’organisation

21/06/2012
Assemblée généraleAG/COL/3243
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité spécial chargé d’étudier la situation

en ce qui concerne l’application de la Déclaration

sur l’octroi de l’indépendance aux pays

et aux peuples coloniaux

Reprise de session

10e séance – matin


LE COMITÉ SPÉCIAL DE LA DÉCOLONISATION ADOPTE DEUX RAPPORTS PORTANT SUR SON SÉMINAIRE RÉGIONAL POUR LE PACIFIQUE ET SUR DES QUESTIONS D’ORGANISATION


Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, appelé « Comité des Vingt-Quatre », a procédé ce matin à l’adoption de deux documents.  Le Comité a ainsi respectivement adopté le rapport du Séminaire régional pour le Pacifique* qui a eu lieu à Quito en Équateur, du 30 mai au 1er  juin dernier, et le rapport du Comité spécial consacré aux décisions concernant les questions d’organisation**.


Le Séminaire régional pour le Pacifique, qui s’est déroulé à Quito, capitale de l’Équateur, du 30 mai au 1er  juin dernier, avait pour but de permettre au Comité spécial de recueillir les vues des représentants des territoires non autonomes, des experts, des membres de la société civile et d’autres parties prenantes dans le processus de décolonisation qui peuvent aider le Comité spécial dans l'identification des politiques et des approches et moyens pratiques pouvant être utilisés ou mis en œuvre dans le processus de décolonisation des Nations Unies.


Au cours de ce séminaire, les membres du Comité spécial ont réaffirmé la pertinence des conclusions et recommandations auxquelles sont parvenus les séminaires précédents.  Le Comité spécial a également rappelé la pertinence de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, contenue dans la résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960, ainsi que le rôle que joue le Comité lui-même dans l’application des termes de cette déclaration.


Le Comité a rappelé en outre que toute tentative visant à détruire partiellement ou totalement l’unité nationale et l’intégrité territoriale d’un pays est incompatible avec les buts et principes de la Charte de l’Organisation des Nations Unies.


En ce qui concerne la dissémination de l’information et la sensibilisation du public sur les questions ayant trait à la décolonisation des peuples des territoires non autonomes, le rapport adopté ce matin encourage le Comité spécial, en collaboration avec le Département de l’information (DPI), à chercher et à engager des moyens nouveaux et novateurs pour promouvoir une campagne de sensibilisation publique en faveur des populations des territoires non autonomes.  Cette campagne devrait également viser à favoriser une meilleure compréhension des options existant en matière d’exercice de l’autodétermination par les pays et peuples coloniaux, conformément aux résolutions pertinentes de l’Organisation des Nations Unies.


Concernant toujours la sensibilisation, qui passe par l’éducation des populations, le rapport suggère aux gouvernements des territoires non autonomes et aux puissances administrantes d’envisager d’incorporer les questions de décolonisation dans les programmes scolaires mis à la disposition des enfants et autres tranches de population des territoires non autonomes.


Au sujet des réunions du Comité hors du Siège, le deuxième rapport adopté ce matin par le Comité, qui a trait aux questions d’organisation, rappelle qu’au paragraphe 6 de sa résolution 1654 (XVI), l’Assemblée générale a autorisé le Comité spécial à se réunir en tout autre lieu qu’au Siège de l’Organisation des Nations Unies lorsque cela pourrait être nécessaire pour lui permettre de s’acquitter efficacement de ses fonctions.  À cet égard, est-il stipulé dans ce rapport, le Comité spécial a donc décidé d’envisager et d’accepter les invitations qu’il pourrait recevoir en 2013, et de prier le Secrétaire général, lorsque les détails concernant ces réunions seraient connus, de prendre les dispositions budgétaires nécessaires, conformément à la pratique établie.


En ce qui concerne la participation du Comité à des séminaires et autres réunions organisés par des organisations intergouvernementales et d’autres organisations, le Comité spécial a décidé de recommander à l’Assemblée générale de l’autoriser à continuer d’être représenté aux séminaires, réunions et conférences organisés par des organismes des Nations Unies, ainsi que par d’autres organisations intergouvernementales et non gouvernementales s’occupant de décolonisation.


Par ailleurs, compte tenu du volume de travail probable qu’il aura en 2013, le Comité spécial envisage de se réunir selon un calendrier articulé comme suit: son Comité plénier se réunira, selon les besoins, au cours de la période allant de février à mars, et au cours de la période des mois de juin et juillet.  Quinze séances pourraient, au maximum, avoir lieu, soit 6 à 8 séances par semaine.  Le Bureau du Comité spécial se réunira pour sa part au cours d’une période allant de février à juillet, période au cours de laquelle 10 séances de travail pourraient avoir lieu.


Ce programme n’exclura pas, le cas échéant, l’organisation de réunions spéciales.  Le Comité pourra, si de besoin, réexaminer le calendrier de ses réunions au début de 2013 compte tenu de tout fait nouveau.


Sur le point relatif aux séminaires régionaux, et sous réserve de toute directive que l’Assemblée générale pourrait donner à sa soixante-septième session à ce sujet, le Comité spécial a décidé d’organiser en 2013, dans la région des Caraïbes, un séminaire à l’intention des représentants de tous les territoires non autonomes.


En outre, le Comité spécial a décidé ce matin qu’il recommanderait que soit facilitée, comme cela a déjà été le cas, la participation de représentants des territoires non autonomes à ses travaux au Siège.


Le Comité spécial se réunira demain, jeudi 22 juin, à 10 heures, pour examiner la situation des territoires non autonomes de la Nouvelle-Calédonie et de Tokélaou.


* A/AC.109/2012/CRP.1

** A/AC.109/2012/L.14


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée souscrit aux recommandations de sa Cinquième Commission dont l’allocation de plus de 7 milliards de dollars aux opérations de maintien de la paix

AG/11256

L’Assemblée souscrit aux recommandations de sa Cinquième Commission dont l’allocation de plus de 7 milliards de dollars aux opérations de maintien de la paix

21/06/2012
Assemblée généraleAG/11256
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-cinquième session

117e séance plénière - matin


L’ASSEMBLÉE SOUSCRIT AUX RECOMMANDATIONS DE SA CINQUIÈME COMMISSION DONT L’ALLOCATION DE PLUS

DE 7 MILLIARDS DE DOLLARS AUX OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX


Ce matin, L’Assemblée a souscrit aux 23 recommandations de sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires.  Elle a ainsi approuvé, pour la période allant du 1er juillet 2012 au 30 juin 2013, un budget de plus de 7 milliards de dollars pour 14 opérations de maintien de la paix (OMP) et missions politiques spéciales des Nations Unies.


La Cinquième a fait ses recommandations lors de sa reprise de session*.  Elles ont été présentées, ce matin, à l’Assemblée par le Rapporteur de la Commission, M. Noel Gonzalez Segura (Mexique).  Outre le financement des opérations et missions, l’Assemblée a souscrit à une recommandation concernant l’octroi d’une somme de 3 millions de dollars pour la reconstruction d’un nouveau bâtiment pour la division d’Arusha du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux internationaux pour le Rwanda et l’ex-Yougoslavie. 


Toutes les recommandations ont été adoptées sans vote, à l’exception du texte sur le budget de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) qui est passé par 145 voix pour et 3 voix contre (Canada, États-Unis et Israël), après un vote sur certains paragraphes adoptés finalement par 97 voix pour, 3 contre (Canada, États-Unis et Israël) et 49 abstentions. 


À l’issue du vote, le représentant de la Syrie a estimé, une nouvelle fois, qu’Israël devrait prendre à sa charge le financement de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) puisque la mise en place de cette dernière et de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) découlent de ses agissements.


Quant au financement des activités découlant de la résolution 1863 (2009) du Conseil de sécurité, le représentant du Danemark, s’exprimant au nom de l’Union européenne, s’est réjoui de l’accord sur les ressources du Bureau d’appui de l’ONU à la Mission de l’Union africaine en Somalie.  Il s’est néanmoins opposé à tout paiement avant la signature d’un mémorandum d’accord entre l’Union africaine et les pays contributeurs de troupes.  Le nombre des contingents, a-t-il insisté, doit être vérifié avant tout paiement.


*AG/AB/4034


ADOPTION DES RAPPORTS DE LA CINQUIÈME COMMISSION


À l’exception du rapport relatif au Financement des Forces des Nations Unies chargées du maintien de la paix au Moyen-Orient: Force intérimaire des Nations Unies au Liban (A/66/833) qui a été adopté à l’issue d’un vote enregistré, tous les autres rapports ont été adoptés sans vote.


Ainsi ont été adoptés sans vote ce matin les rapports suivants:


Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux internationaux (A/66/843)


Rapports financiers et États financiers vérifiés et rapports du Comité des commissaires aux comptes (A/66/626/Add.1)


Budget-programme de l’exercice biennal 2012-2013 (A/66/637/Add.1)


Régime commun des Nations Unies (A/66/644/Add.1)


Aspects administratifs et budgétaires du financement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies (A/66/834)


De plus, l’Assemblée générale a adopté sans vote les rapports relatifs au financement des opérations de maintien de la paix suivants:


Financement de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (A/66/632/Add.1


Financement de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (A/66/841)


Financement de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (A/66/633/Add.1)


Financement de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (A/66/835)


Financement de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo et Financement de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (A/66/584/Add.1)


Financement de la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (A/66/839)


Financement de la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (A/66/842)


Financement de la Mission d’observation des Nations Unies en Géorgie (A/66/832)


Financement de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (A/66/846)


Financement de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (A/66/845)


Financement de la Mission des Nations Unies au Libéria (A/66/838)


Financement de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (A/66/840)


Financement de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (A/66/634/Add.1)


Financement de la Mission des Nations Unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (A/66/836);


Financement de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (A/66/837)


Financement des activités découlant de la résolution 1863 (2009) du Conseil de sécurité (A/66/844).


L’Assemblée générale a également adopté sans vote le rapport relatif à l’Examen de l’efficacité du fonctionnement administratif et financier de l’Organisation des Nations Unies (A/66/638/Add.2).


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité convient de la nécessité d’évaluer les normes militaires communes des opérations de maintien de la paix pour éviter les contre-performances

CS/10679

Le Conseil de sécurité convient de la nécessité d’évaluer les normes militaires communes des opérations de maintien de la paix pour éviter les contre-performances

20/06/2012
Conseil de sécuritéCS/10679
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6789e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ CONVIENT DE LA NÉCESSITÉ D’ÉVALUER LES NORMES MILITAIRES COMMUNES

DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX POUR ÉVITER LES CONTRE-PERFORMANCES


Le Conseil de sécurité a convenu aujourd’hui avec quatre commandants des forces de l’ONU de « la nécessité d’un système pour évaluer et appuyer des normes militaires communes et éviter ainsi les contre-performances ».  À ce jour, l’ONU a déployé sur le terrain 17 opérations de maintien de la paix servies par 120 000 Casques bleus.


À quoi tiennent les contre-performances?  À deux éléments principaux, a expliqué le Commandant de la force de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).  Il a cité la composition des troupes et la complexité de la tâche prioritaire qu’est la protection des civils.


La composante militaire des opérations de l’ONU est faite de troupes issues de plusieurs parties du monde, dotées d’une formation et de matériels différents et venant parfois avec leur propre idée des performances attendues de l’opération.  Le Commandant de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) a, par exemple, indiqué qu’il dirige quelque 12 000 hommes en uniforme issus de 39 pays d’Afrique, d’Asie, d’Europe, d’Amérique centrale et d’Amérique latine.


Cela n’est pas nouveau mais, ont reconnu les commandants, l’environnement de plus en plus complexe dans lequel évoluent les forces de l’ONU et la surveillance de plus en plus étroite dont elles font l’objet rendent plus difficiles l’atténuation des différences et des lacunes, a plaidé le Commandant de la force de la MONUSCO.


Avec ses collègues, il a appelé à une standardisation des normes par l’incorporation d’un module « opération de maintien de la paix » dans le cursus des armées nationales.  Les quatre commandants ont qualifié de « pas dans la bonne direction » l’initiative « Bataillon d’infanterie générique » initiée par le Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU. 


Le Commandant de la force de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a ajouté un autre défi, celui qui découle « naturellement » du mandat « protection des civils » malgré son apparente clarté.  « Le diable est dans les détails », a-t-il dit, en donnant des exemples précis.  Dans ce cadre, le représentant russe a dénoncé des mandats qui permettent des interprétations « élastiques ou subjectives » alors que son homologue de l’Inde pointait un doigt accusateur sur les auteurs de « mandats-sapins de Noël » où on trouve tout et n’importe quoi.


Le représentant indien n’a pas adhéré à la position de la France selon laquelle il faut tirer les conclusions opérationnelles de l’absence de cloisonnement entre maintien et consolidation de la paix, et faire en sorte que les opérations coopèrent étroitement avec les équipes de pays des Nations Unies.


Le Commandant de la force de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) n’a pas dit autre chose lorsqu’il a lié la fin de sa mission à la capacité d’Haïti d’assurer la sécurité mais aussi de conduire des élections et de maintenir le cap vers la bonne gouvernance et le développement socioéconomique.


Pour le représentant de l’Inde, les opérations de maintien de la paix ne devraient pas avoir à superviser la consolidation de la paix qui est une fonction qui devrait relever exclusivement des gouvernements nationaux. 


Le Commandant de la FINUL a d’ailleurs qualifié de « défi » l’intégration des efforts répartis entre la Force, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le Liban et l’équipe de pays des Nations Unies.  


Dans un contexte budgétaire difficile, plusieurs délégations ont attribué les contre-performances de certaines opérations au manque de ressources.  Le représentant de la France a prôné la coopération entre les missions qui, selon lui, permet l’optimisation de l’emploi des moyens.  Lorsque des événements imprévus risquent de déstabiliser un pays, cette coopération est une réponse adaptée et performante afin de renforcer ponctuellement, en hommes et en matériel, les missions qui en ont besoin, a-t-il insisté.


Le Commandant de la force de la MINUSS a d’ailleurs rappelé que lors de la crise intercommunautaire de Jonglei de décembre 2011 et de janvier 2012, la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), avait apporté à sa Mission une aide importante, notamment en matériel.



OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES


Déclarations


M. HERVÉ LADSOUS, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a fait une brève présentation des personnalités présentes aujourd’hui. 


Le général CHANDER PRAKASH, Commandant de la force de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), s’est félicité de l’initiative consistant à ce que tous les éléments des pays contributeurs de troupes soient basés sur « le bataillon d’infanterie générique ».  Mais, a-t-il ajouté, il nous faut un système qui couvre tout l’éventail des activités allant de la préparation au déploiement en passant par le désengagement.  Le système devrait aussi traiter des questions liées à la performance opérationnelle et à l’image projetée par les Nations Unies sur le terrain.  Il faut aussi accorder l’attention requise à la préparation des unités aux tâches spécifiques d’une opération. 


Le général a aussi suggéré une plus grande interaction entre les décideurs politiques des capitales et les opérations dans lesquelles leurs troupes opèrent.  Il a jugé utile de mettre en place un mécanisme pour informer les missions permanentes auprès des Nations Unies des performances de leurs troupes sur le terrain.  Le général a conclu en soulignant l’importance qu’il y a à avoir les meilleurs commandants à la tête des opérations.  Les pays contributeurs de troupes pourraient ainsi être encouragés à incorporer un module « opération de maintien de la paix » dans le cursus de leur armée. 


Le général PAOLO SERRA, Commandant de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), a rappelé que le premier défi de sa Force était qu’elle est composée de troupes venant de 39 pays différents couvrant l’Afrique, l’Asie, l’Europe, l’Amérique centrale et l’Amérique latine.  Il s’est donc félicité du Manuel du bataillon d’infanterie générique.  L’autre défi, a-t-il poursuivi, tient au fait que l’ONU a déployé à ce jour près 120 000 hommes appartenant à 17 pays différents.  Partant, la FINUL fera davantage le choix de stratégies orientées vers la qualité plutôt que vers la quantité.  Le troisième défi tient à l’intégration des composantes civile et militaire au sein de la Mission, et à une meilleure intégration des efforts répartis entre la FINUL, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le Liban et l’équipe de pays des Nations Unies.   La double casquette de Commandant de la force et de Chef de mission assure une certaine unité d’objectifs, s’est-il réjoui, en indiquant aussi qu’un civil a été nommé comme adjoint chargé, entre autres, de diriger l’équipe de planification intégrée. 


Comme autre défi, le général a cité celui de répondre à la multinationalité des forces terrestres.  La solution idéale, a-t-il affirmé, est d’avoir des bataillons homogènes dont les unités appartiennent à un seul pays contributeur.  Mais un bataillon multinational avec des sous-unités de nationalités différentes peut être gérable.  Au-delà, les choses deviennent plus difficiles.  Au titre du dernier défi, le général a parlé du Groupe intérimaire d’intervention navale, seule force navale déployée par les Nations Unies.  Il a jugé important de standardiser les cycles de rotation des unités à un minimum de quatre à six mois.  Il a aussi prévenu que l’efficacité d’une composante navale dépend de directives et de procédures claires ainsi que de capacités, d’équipements et de formation clairement identifiés.  Des mécanismes de coopération formels avec d’autres entités impliquées dans le contrôle du commerce maritime seraient également très utiles, a-t-il souligné.


Le général MOSES BISONG OBI, Commandant de la force de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a souligné que certains défis de la Mission découlent « naturellement » de son mandat même qui paraît clair mais, « le diable est dans les détails ».  Un des mots clefs du mandat est « appui » au Gouvernement du Soudan du Sud dans sa tâche de protéger les civils mais la « protection des civils » étant également un mandat de la Mission, elle doit le faire lorsque le Gouvernement national ne le fait pas.  Ceci, a-t-il expliqué, a créé une certaine confusion.  La Mission doit être perçue comme engagée pour la protection des civils sans pour autant donner l’impression qu’elle ne fait que soutenir l’Armée populaire de libération du Soudan(SPLA) dans son combat à la frontière.  De même, les Sud-Soudanais peuvent lui reprocher de ne rien faire pour protéger les civils puisqu’elle ne peut empêcher les bombardements près de la frontière.  Le général a ajouté un autre exemple: la Mission est censée de faciliter le travail des humanitaires qui voient pourtant une contradiction entre action militaire et action humanitaire.  Enfin, en vertu du Chapitre VII, la Mission peut recourir à la force.  Mais l’utilisation de cette force peut changer négativement les relations avec le SPLA et le pays hôte et éroder leur confiance.


Le général a souligné un autre défi de la Mission, celui lié au manque d’hélicoptères.  Mais, il a tout de même classé la crise intercommunautaire de Jonglei, de décembre 2011 et de janvier 2012, parmi les succès de sa Mission.  S’il a déploré les pertes en vies humaines, il a indiqué que la MINUSS a permis de limiter le nombre des victimes.  La coordination entre la MINUSS et le SPLA lors de cette crise fut l’exemple d’une coopération étroite dans la protection des civils, a-t-il conclu.  S’agissant de démontrer détermination et unité de la Mission, les mesures prises ont été très positives. 


Le général FERNANDO RODRIGUEZ GOULART, Commandant de la force de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), a expliqué les opérations menées au quotidien par ses forces avant de s’attarder sur l’avenir.  Nous réfléchissons, a-t-il confié, à la prochaine configuration de la Mission en se fondant, conformément à la résolution pertinente du Conseil, sur la situation sur le terrain et les capacités de l’État haïtien.  Le général a jugé que la Police nationale haïtienne doit être encore renforcée avant de pouvoir assumer l’entière responsabilité de la sécurité dans le pays.  Ses effectifs devraient monter à 20 000 policiers lesquels devraient être dotés d’une capacité anti-émeute dans tout le pays.  Le Gouvernement et la MINUSTAH, a-t-il dit, ont un objectif commun: la baisse des effectifs puis le retrait de la Mission.  Mais, il faut prendre garde à ne pas laisser un vide.  En outre, la capacité du pays à conduire des élections sans appui extérieur, à traiter des effets de la saison des pluies et des ouragans et à maintenir le cap vers la bonne gouvernance, la stabilité politique et le développement socioéconomique est de la plus haute importante, a souligné le général.


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a rappelé que la mission de maintien de la paix constitue l’activité la plus palpable et la plus visible de l’action de l’ONU et qu’elle est de plus en plus complexe et de plus en plus exigeante en ressources et en capacités humaines.  Ainsi, il est primordial d’adapter les ressources financières et matérielles aux mandats décidés par le Conseil de sécurité.  En outre, si la crise économique mondiale impose des restrictions budgétaires sur les États Membres, elle ne devrait pas toutefois nuire à l’efficacité et à l’effectivité des opérations mandatées.  De plus, le renforcement des capacités nationales des pays sortant de conflit doit demeurer un objectif principal des opérations de maintien de la paix et se faire en coordination avec le pays hôte mais il ne doit pas créer une dépendance de ce pays vis-à-vis de la mission. 


Comme les opérations de maintien de la paix opèrent dans des conditions difficiles, elles doivent disposer de systèmes d’alerte précoce et efficace pour prévenir de telles situations.  Les Casques bleus doivent disposer des moyens et du matériel nécessaires pour se défendre et protéger les civils.  Il y a une décennie, a poursuivi M. Loulichki, la résolution 1353 du Conseil de sécurité a ouvert la porte pour une coopération accrue entre le Conseil, les pays fournisseurs de troupes et de police et le Secrétariat mais force est de constater que malgré certaines avancées, le plein potentiel d’une telle coopération triangulaire est loin d’être atteint.  Le Maroc, engagé conjointement avec le Canada, reste engagé à améliorer les méthodes de travail du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.


Pour autant, ce partenariat global doit nécessairement inclure d’autres acteurs importants dont la société civile, les centres de recherche, les universités et les médias.  En ce qui concerne les médias, le représentant a révélé que le Maroc et l’Italie, en partenariat avec l’« International Press Institute (IPI) », lanceront une série de rencontres sur l’impact des médias sur le maintien de la paix des Nations Unies.  En conclusion, il a annoncé que la coopération du Maroc avec les Nations Unies en matière d’opérations de maintien de la paix s’étale sur plus de cinq décennies et a couvert les cinq continents, avec une concentration logique sur le continent africain.


M. JOÃO MARIA CABRAL(Portugal) a soulevé les défis auxquels font face les opérations de maintien de la paix (OMP) dans leurs zones de déploiement.  Soulignant la diversité culturelle des différents contingents des OMP, il a plaidé pour la mise en place d’un statut militaire commun, le Manuel étant un jalon important dans cette voie.  Il faut que soit dispensée une formation adéquate aux troupes avant leur déploiement, afin qu’elles soient pénétrées des valeurs fondamentales des Nations Unies, telle que l’égalité des genres, a-t-il poursuivi.


Le représentant a également plaidé pour une plus grande clarté des règles d’engagement, avant de souligner l’importance du volet « consolidation de la paix » pour le succès à long terme des opérations.  Insistant à cette fin sur une coordination accrue entre les branches du Secrétariat, le représentant a prévenu que tous les efforts seront vains sans le plein engagement du pays hôte d’une opération, conformément au principe d’appropriation nationale.


M. ABDULLAH HUSSAIN HAROON (Pakistan) a annoncé que le Pakistan a perdu 130 Casques bleus ces 50 dernières années.  Le mois dernier encore, a-t-il rappelé, 11 Casques bleus pakistanais ont été blessés en République démocratique de Congo (RDC).  Mais cela n’entamera pas l’engagement du pays aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a rassuré le représentant.  Il a néanmoins souligné le caractère impératif de renforcer la sécurité et la sûreté des Casques bleus.  Des ressources insuffisantes et le manque de préparation opérationnelle peuvent mettre en péril la sécurité des troupes. 


Dans une certaine mesure, le manque de performance et la normalisation peuvent être corrigés par le développement de modules de formation et de paramètres d'évaluation, dans le contexte d’une mission.  Un module détaillé peut être mis au point pour évaluer l’état de préparation opérationnelle des troupes.  Il est essentiel de déterminer des normes de base pour éviter les mauvaises performances.  Qualité et performance ne devraient pas être compromises par le désir de réduire les coûts ou d’élargir la représentation régionale ou autres considérations géopolitiques.  « Nous devons continuer à accorder la plus haute prime à l’excellence professionnelle », a soutenu le représentant.


Les défis liés aux objectifs opérationnels communs sont exacerbés par des mandats complexes selon lesquels un appui doit être offert au pays hôte dans un environnement politique difficile.  Le Conseil doit donc « simplifier cette complexité » en fixant des mandats clairs et réalistes à l’abri des intérêts nationaux et des propositions politiques indues.  Le renforcement de la coopération entre le Conseil, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes est essentiel, a dit le représentant en soulevant aussi la question des ressources financières.


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a ouvert son propos en rendant hommage aux sept Casques bleus nigériens tués récemment.  Elle a insisté sur l’importance des réunions de ce type et a noté que depuis la réunion de l’année dernière, une mission telle que la MINUSTAH avait vu ses effectifs diminuer devant les progrès en matière de sécurité dans le pays, tandis qu’à l’inverse, la mission déployée en Somalie avait bénéficié d’un renfort.  La représentante a déclaré que le renforcement du maintien de la paix restait la priorité des États-Unis.  Les opérations devraient avoir les ressources nécessaires pour former et équiper leur personnel et se doter d’une stratégie de sortie.  Les missions, a-t-elle dit, doivent être clairement déterminées à recourir à la force quand cela s’avère nécessaire et respecter la volonté du Conseil de sécurité.


Tout contingent, a-t-elle prévenu, qui s’avère inefficace et qui compromet le succès d’une mission « doit être renvoyé à la maison ».  Les soldats de la paix et le personnel des missions devraient répondre aux normes les plus élevés, s’agissant en particulier des inacceptables abus sexuels ou des crimes contre les personnes qu’ils sont sensés servir.  Les États-Unis, a-t-elle dit, appuient fermement la mise en œuvre rapide de la Stratégie globale et entendent travailler avec les pays contributeurs de troupes pour combler les lacunes.  En la matière, les pays fournisseurs d’hélicoptères doivent être compensés adéquatement, a-t-elle aussi souligné avant d’émettre le vœu que le nouveau module de formation à la protection des civils et autres outils de formation amélioreront les performances sur le terrain.  Elle a aussi espéré que les décisions prises à New York reflèteront encore mieux la réalité sur le terrain.


M. NIKITA Y. ZHUKOV (Fédération de Russie) a souligné que le champ des opérations de maintien de la paix était en constante évolution, en raison notamment du caractère inédit des défis auxquels ces OMP font face.  Les soldats de la paix doivent se cantonner à l’exécution de leur mandat et ne pas offrir d’appui tacite à une partie à un conflit, comme cela a malheureusement pu être le cas.  De telles actions compromettent la réputation des Nations Unies, a-t-il averti.  Les mandats doivent êtres clairs et éviter les interprétations « élastiques ou subjectives ».


Les soldats de la paix ne peuvent qu’accomplir des tâches primaires de consolidation de la paix, a-t-il ajouté avant de plaider pour le renforcement du rôle du Comité d’état-major et pour une utilisation accrue des ressources des organisations régionales, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.


M. FERNANDO ALZATE (Colombie) a expliqué qu’il était nécessaire de poursuivre l’établissement d’objectifs communs et de veiller au suivi de leur mise en œuvre.  Il faut élaborer des mandats clairs, crédibles et réalisables, assortis de ressources suffisantes à long terme, a-t-il ajouté.  Il faut une cohérence entre les mandats et les ressources disponibles, a-t-il insisté, s’inquiétant de ce que les circonstances sur le terrain deviennent de plus en plus complexes alors que des restrictions pèsent sur les ressources.  Nous nous félicitons des initiatives de coopération entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays qui fournissent des contingents, a-t-il dit.  Les réunions avec ces derniers, avant la prorogation des mandats, sont importantes, a-t-il poursuivi.  S’agissant des contingents, le représentant a souhaité que davantage de pays soient impliqués car, à ce jour, ce sont surtout les pays en développement qui fournissent du personnel en uniforme. 


Nous lançons un appel pour que des mesures soient prises afin d’assurer la présence de contingents sur le terrain, a-t-il dit.  Il a expliqué par ailleurs la nécessité de renforcer les capacités nationales des pays hôtes, car une paix viable passe par un appui aux institutions nationales, a conclu le représentant. Une approche coordonnée pour renforcer le dialogue au sein de la Commission de consolidation de la paix serait très utile pour identifier les lacunes, a-t-il conclu.


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a rappelé que les opérations de maintien de la paix connaissaient une grande évolution tant sur le plan conceptuel qu’opérationnel, et ce dans le contexte d’une demande accrue d’opérations de ce type.  Il a plaidé, en conséquence, pour une coopération plus étroite entre le Conseil de sécurité, les États Membres et le Secrétariat, avant de réaffirmer l’importance de mandats clairs.  Cette tâche incombe au Conseil, a-t-il rappelé, avant de plaider pour que les chefs de mission soient dotés des outils nécessaires à la bonne exécution de leurs tâches.


Faisant fond sur les difficultés d’intégrer au sein d’une même mission des forces multinationales, dotées parfois d’une culture militaire différente, le représentant du Guatemala a indiqué que les pays fournisseurs de contingents pouvaient œuvrer à cette intégration avant même que les contingents ne soient déployés.  Enfin, il a rappelé que pour les populations locales, la composante militaire était souvent le visage d’une mission de maintien de la paix, laquelle devait en conséquence faire l’objet d’une formation rigoureuse, notamment au regard des questions de déontologie et d’égalité entre les sexes.


M. VINAY KUMAR (Inde) a souligné la nature de plus en plus complexe des opérations de maintien de la paix, remarquant que trois des commandants des forces sont à la tête de missions déployées pour maintenir la paix au sein d’un même pays, et non pas entre deux pays.  « Ils n’ont plus affaire à des armées conventionnelles mais à des groupes armés, ce qui rend difficile la distinction entre combattants et civils. »  Qui plus est, ces missions doivent souvent superviser la consolidation de la paix, ce qui suppose qu’elles assument des fonctions qui reviennent généralement aux gouvernements nationaux.  Dans ce genre de circonstances complexes, il faut pouvoir ajuster les règles d’engagement et les concepts même des opérations de manière à répondre aux besoins spécifiques de chaque situation, a-t-il constaté. « De nos jours de nombreux mandats d’opérations de maintien de la paix ont été comparés à des arbres de Noël.  On demande aux Casques bleus de faire ce que les États n’ont pas réussi à faire pendant des décennies, et cela avec des ressources limitées », a dénoncé le représentant.  Par conséquent, il a demandé des mandats assortis de ressources humaines et matérielles adaptées, car il en va de la crédibilité du Conseil de sécurité. 


Le processus de paix au sens large doit pouvoir capitaliser, selon lui, sur la stabilisation de la situation qui a été possible grâce à la composante militaire des missions.  Cependant, il s’est dit d’avis que les tâches relatives à l’état de droit et à la consolidation des institutions nationales ne sont pas du ressort des composantes militaires.  Ces étapes du processus nécessitent des stratégies détaillées, des ressources adéquates et spécifiques et des plans de mise en œuvre concrets.  En tant que plus grand contributeur de troupes, l’Inde reconnait que le maintien de la paix a beaucoup changé en 50 ans.  Cependant, pour assurer le succès, il faut veiller à ce que les mandats s’accompagnent de ressources adéquates et faire appel à l’expertise des pays en fonction des conditions de déploiement, a-t-il conclu.


M. AGSHIN MEHDIYEV (Azerbaïdjan) a relevé que les opérations de maintien de la paix sont « un mécanisme unique et un outil indispensable pour les actions collectives de maintien de la paix et de la sécurité internationales ».  Il a ensuite cité des défis liés à ces opérations, tels que le fait que les mandats ne s’accompagnent pas toujours des moyens requis.  Il en a ainsi appelé à plus de flexibilité afin de pouvoir réajuster les mandats en fonction des réalités du terrain.  M. Mehdiyev a par la suite souligné l’importance de la coopération entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat des Nations Unies et les pays contributeurs de troupes.  Il a en outre rappelé que la coopération militaire des pays hôtes apparaît tout aussi cruciale pour la réussite des missions.  Par ailleurs, a-t-il indiqué, la protection des civils doit être la première des priorités des opérations et dans cette optique, il a signalé que la confiance des populations locales dans le travail des Casques bleus était également un préalable à la réussite des missions.


Il a par la suite souligné l’importance des capacités dont doivent bénéficier les troupes et souhaité que les États Membres assurent la formation des unités de police et de l’armée.  Les opérations de maintien de la paix pourraient se faire également dans le cadre de la coopération bilatérale.  Il a aussi invité les Nations Unies à encourager les opérations que pourraient mener les organisations régionales de premier plan.  Enfin, M. Mehdiyev a déploré les récentes attaques dont ont été victimes les Casques bleus en Côte d’Ivoire et en République démocratique du Congo.  Il a soutenu que s’attaquer aux Casques bleus équivaut à s’attaquer aux Nations Unies, et cela constitue « une violation grave du droit international ».


M. KODJO MENAN (Togo) a réaffirmé l’importance qu’il y a à ce que les opérations de maintien de la paix bénéficient de ressources suffisantes et prévisibles.  Mesurant les problèmes naissant du retard dans les remboursements faits aux pays contributeurs de troupes, il a exhorté les pays donateurs à continuer de supporter les missions afin que les problèmes d’ordre financier ne viennent entraver leur bon fonctionnement.  M. Menan a ensuite déclaré que la standardisation de la formation du personnel restait une grande préoccupation et que sa prise en compte devrait permettre de mettre tous les personnels au même niveau et d’éviter des langages divergents.  Il a enfin plaidé pour la définition de mandats clairs afin d’éviter des interprétations diverses.  Il a aussi voulu la participation à des actions de développement constitue une composante importante des mandats des missions.


M. ZAHEER LAHER (Afrique du Sud) a indiqué qu’il semblait approprié que le Conseil procède à un échange de vues avec les militaires de l’ONU.  Les attentes envers les militaires sont souvent très élevées, mais nous devons rester conscients du fait que le maintien de la paix n’est jamais qu’un mécanisme d’appui et qu’il ne saurait constituer une alternative aux stratégies politiques adoptées par le Conseil de sécurité.  Le représentant a indiqué qu’il fallait veiller à ce que la composante militaire ne soit pas surchargée et encombrée de tâches qui ne sont pas de sa portée habituellement.  Le Conseil, a-t-il dit, a un rôle important à jouer pour soutenir les efforts visant à améliorer la coopération et la coordination avec les organisations régionales et sous-régionales.  Il a ainsi rappelé que l’Union africaine et les Nations Unies avaient travaillé étroitement au Darfour et en Somalie. Il a par ailleurs invité à la réflexion sur l’adoption par le Conseil de stratégies cohérentes qui se traduisent par des mandats clairs et réalistes, et sur la mobilisation des ressources appropriées.  


M. MIGUEL BERGER (Allemagne) a remarqué que les nouveaux défis posés au maintien de la paix et de la sécurité mondiales, ainsi que les changements rapides sur le terrain supposent une plus grande flexibilité et une adaptation constante de l’approche du maintien de la paix.  Reconnaissant les progrès accomplis au cours des dernières années, notamment la définition d’une doctrine de maintien de la paix et la révision des capacités, le représentant a proposé d’aller plus loin.  Pour lui, il s’agit de s’adapter davantage et de rendre les choses plus efficaces.  Pour ce qui est des mandats et de leur révision, il a estimé qu’il fallait définir des mandats clairs, réalistes et réalisables et se donner les moyens de pouvoir les revoir en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain.  Il a également insisté sur l’importance des stratégies de transition et de sortie. 


Il a insisté sur la nécessité de déployer les missions plus rapidement et de consolider toutes les mesures d’appui.  Pour cela, le dialogue continu entre toutes les parties prenantes est essentiel.  S’adressant aux commandants des forces, le représentant a demandé leurs opinions et propositions sur les questions du partage des ressources dans le contexte de la coopération intermissions; des technologies modernes pour avoir une meilleure « image opérationnelle » du terrain et de la coordination au sein d’une mission.


M. GÉRARD ARAUD (France) a estimé que la coopération entre les missions permettait l’optimisation de l’emploi des moyens consacrés aux opérations de maintien de la paix (OMP).  Lorsque des événements imprévus risquent de déstabiliser un pays, cette coopération est une réponse adaptée et performante afin de renforcer ponctuellement, en hommes et en matériel, les missions qui en ont besoin.  Cette coopération permet en outre de réaliser des économies d’échelle afin de répondre aux exigences de bonne gestion et aux contraintes budgétaires. 


Le représentant a ensuite souligné que la protection des civils est l’un des objectifs principaux du mandat des OMP.  Les soldats de la paix doivent être formés en conséquence et se montrer irréprochables sur le terrain.  La chaîne de commandement doit être bien respectée.  Lorsqu’un commandant exige une posture robuste, elle doit être bien mise en œuvre.  Si dans ce contexte, des contingents s’avèrent insuffisamment aguerris, le Conseil doit en être informé et le Département des opérations de maintien de la paix doit prendre les mesures qui s’imposent afin que le mandat puisse être bien mis en œuvre sur le terrain.


Le représentant a aussi appelé à l’élaboration de stratégies de sortie de crise qui garantissent un retour durable à la paix.  Il faut tirer les conclusions opérationnelles de l’absence de cloisonnement entre maintien et consolidation de la paix pour que chaque étape d’une présence des Nations Unies prépare mieux l’étape suivante.  Il a jugé indispensable que les missions coopèrent étroitement avec les équipes de pays des Nations Unies.  Enfin, soulignant la nécessité que les missions puissent communiquer avec les populations locales, il a jugé que la capacité francophone de certaines OMP était très insuffisante, en particulier dans les pays hôtes francophones.  L’action du Secrétariat pour embaucher plus de personnel francophone est très insuffisante, a-t-il déploré, ajoutant en conclusion que le fait que les cadres de certaines missions ne parlaient pas français était un facteur d’inefficacité.  « Je sais que le Secrétariat ne fera rien mais parfois il est bon de dire ce que l’on pense ».


M. MICHAEL TATHAM (Royaume-Uni) a insisté sur la nécessité de mandats clairs et bien ciblés.  Il faut éviter les mandats flous, a-t-il ajouté, indiquant qu’il fallait se protéger des scénarios où un accord est obtenu à New York dans la rédaction des textes, mais où des problèmes se posent ensuite sur le terrain.  Le représentant a par ailleurs insisté sur la nécessité de voir les commandants des forces communiquer leurs vues de manière continue et non de façon épisodique.  Il a par ailleurs indiqué qu’une meilleure coopération entre missions était un objectif à atteindre, et que la MINUL et l’ONUCI en Afrique de l’Ouest offraient un bon exemple de mise en commun de ressources.  Il a adhéré à la position du Conseil de sécurité qui insiste sur le besoin de souplesse et de mobilité des forces.  Pour conclure, le représentant a souligné qu’il était important de ne pas négliger le mandat essentiel de protection des civils.  Mais celle-ci incombe en premier lieu aux Etats hôtes, il s’agit de renforcer les capacités nationales en la matière.


M. LI BAODONG (Chine) a plaidé pour une coordination accrue entre tous les acteurs des opérations et une meilleure utilisation des ressources qui leur sont affectées.  Ces opérations doivent respecter le principe de neutralité et se conformer strictement à leur mandat, a-t-il averti.  Il a ensuite plaidé pour un plus grand respect des cultures locales et pour que les liens entre objectifs à court et moyen terme apparaissent clairement.  Une fois que des mandats clairs ont été adoptés, le financement des missions doit être garanti, a affirmé le représentant. 


Le Commandant de la force de la MINUSS est revenu sur la situation de crise dans l’État du Jonglei, pour indiquer que les autres missions déployées aux alentours de la zone de déploiement de la sienne, dont la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), avaient apporté une aide importante, notamment en matériel.  La coopération avec l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) sera également un élément important pour la surveillance de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud.


S’agissant de la menace posée par l’Armée de résistance du Seigneur, il a indiqué que la MINUSS partageait les informations pertinentes notamment avec la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).


Le Commandant de la force de la MONUSCO a de nouveau appelé de ses vœux une normalisation des contingents militaires des opérations de mission de la paix, en rappelant que certains d’entre eux arrivent avec du matériel différent et des méthodes distinctes, notamment pour les patrouilles distinctes.  Certains contingents sont au départ plus formés au combat qu’au maintien de la paix, a-t-il aussi relevé.


Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix est revenu sur la question de la coopération entre missions, expliquant que sur le terrain, des patrouilles parallèles et des programmes très solides de travail en commun étaient mis en place.  S’agissant de la politique relative aux normes, il a indiqué qu’un manuel de bataillon d’infanterie avait été parachevé.  Il est important d’établir des normes, a-t-il expliqué, et répondant aux déclarations du représentant de la France, il a convenu que le bon sens exigeait que les soldats envoyés dans des pays francophones parlent eux-mêmes le français, regrettant que par exemple en Haïti, seulement 30% des troupes déployées parlent français.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial de la décolonisation adopte une résolution portant sur les situations spécifiques de onze territoires non autonomes

AG/COL/3242

Le Comité spécial de la décolonisation adopte une résolution portant sur les situations spécifiques de onze territoires non autonomes

20/06/2012
Assemblée généraleAG/COL/3242
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité spécial chargé d’étudier la situation

en ce qui concerne l’application de la Déclaration

sur l’octroi de l’indépendance aux pays

et aux peuples coloniaux

Reprise de session

9e séance – matin


LE COMITÉ SPÉCIAL DE LA DÉCOLONISATION ADOPTE UNE RÉSOLUTION PORTANT

SUR LES SITUATIONS SPÉCIFIQUES DE ONZE TERRITOIRES NON AUTONOMES


Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, encore appelé « Comité des Vingt-Quatre », a, ce matin, adopté sans vote une résolution omnibus, présentée par son Président, et portant sur les questions des territoires non autonomes d’Anguilla, des Bermudes, de Guam, des îles Caïmanes, des Îles Turques et Caïques, des îles Vierges américaines, des îles Vierges britanniques, de Montserrat, de Pitcairn, de Sainte-Hélène et des Samoa américaines.


Si elle suivait les recommandations du Comité des Vingt-Quatre et adoptait ce projet de texte, l’Assemblée générale demanderait aux puissances administrantes de prendre pleinement part et de coopérer sans réserve, aux travaux du Comité spécial afin d’assurer l’application des dispositions de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte ainsi que de la Déclaration, et afin de donner au Comité des avis au sujet de l’application des dispositions de l’alinéa b de l’Article 73 de la Charte relatives au développement de la capacité des territoires à s’administrer eux-mêmes, et elle encouragerait les puissances administrantes à faciliter l’envoi de missions de visite et de missions spéciales dans les territoires.


Ce matin, le Comité des Vingt-Quatre a écouté les plaidoyers de trois pétitionnaires.  Intervenant en premier, Mme Joséphine Gumbs-Connor, pétitionnaire d’Anguilla, a indiqué que la population d’Anguilla revendique l’exercice de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance après 300 années de « négligence » par la puissance administrante britannique.


M. Julian Aguon, de Guam, a pour sa part rappelé que les lois de Guam procurent le droit de vote à tout habitant né sur le territoire: Mais il a ensuite vivement dénoncé les tentatives menées par les États-Unis visant à accorder ce droit de vote aux « colons » installés à Guam dans la perspective de la tenue du référendum d’autodétermination prévu à Guam. 


Intervenant pour parler de la situation dans les Îles Turques et Caïques, M. Alpha Gibbs a quant à lui condamné les nombreuses ségrégations dont y seraient victimes les populations autochtones.  Dénonçant les mesures récemment prises par le Royaume-Uni, puissance administrante, il a appelé le Comité des Vingt-Quatre à se pencher sur les cas de violations des droits de l’homme qui auraient été commises par la puissance administrante.


Le Comité spécial des Vingt-Quatre tiendra sa prochaine réunion demain, jeudi 21 juin 2012, à 10 heures.


QUESTIONS DES TERRITOIRES NON AUTONOMES D’ANGUILLA, DES BERMUDES, DE GUAM, DES ÎLES CAÏMANES, DES ÎLES TURQUES ET CAÏQUES, DES ÎLES VIERGES AMERICAINES, DES ÎLES VIERGES BRITANNIQUES, DE MONTSERRAT, DE PITCAIRN, DE SAINTE-HELENE ET DES SAMOA AMERICAINES (A/AC.109/2012/2, A/AC.109/2012/3, A/AC.109/2012/4, A/AC.109/2012/5, A/AC.109/2012/6, A/AC.109/2012/7, A/AC.109/2012/8, A/AC.109/2012/9, A/AC.109/2012/10, A/AC.109/2012/11, A/AC.109/2012/13 et A/AC.109/2012/L.8)


Auditions de pétitionnaires


Question d’Anguilla


Mme JOSÉPHINE GUMBS-CONNOR, du « Complexe professionnel d’Anguilla », a fait une déclaration au nom du Gouvernement et du peuple d’Anguilla.  Avec une population d’environ 15 000 personnes et pour principale industrie le tourisme, Anguilla revendique son indépendance après 300 années de « négligence » par la puissance administrante britannique, a-t-elle souligné.  La quête d’autodétermination de son peuple se base sur ses revendications d’autodétermination afin de pouvoir façonner son propre avenir.  Le peuple d’Anguilla demande au Comité spécial d’intervenir pour lever les obstacles constamment posés par la puissance administrante pour empêcher la population de pleinement jouir de son droit à l’autodétermination et sauvegarder son identité culturelle, comme cela est stipulé dans la doctrine de décolonisation, a dit Mme Gums-Connor.


Elle a indiqué que si la puissance administrante qualifie la Constitution actuelle d’Anguilla de « satisfaisante » et la relation constitutionnelle entre le territoire et la puissance administrante de « bonne », la population d’Anguilla pour sa part ne partage absolument pas cet avis, car cette Constitution a été rédigée afin de sauvegarder les intérêts de la puissance administrante.  Nous en voulons pour preuve notamment que, dans la Constitution actuelle, la gestion de la fonction publique fait partie du portefeuille de prérogatives de la puissance administrante, a dit la pétitionnaire.  Par ailleurs, les représentants de la population ne peuvent guère faire entendre leur voix dans la structure actuelle.  Tant que la puissance administrante n’aura pas accepté son rôle, qui est d’assurer le développement économique du territoire non autonome, il est légitime que le peuple d’Anguilla revendique son droit à l’autodétermination, a estimé la pétitionnaire.  Elle a également affirmé que la puissance administrante ne faisait pas preuve de bonne gouvernance du territoire, et elle a cité les données et statistiques d’Anguilla, qui sont « alarmantes ».  Elle a également dénoncé le fait que les représentants élus des territoires ne sont pas en mesure de gérer les affaires du pays, en particulier les questions financières et la gestion des terres d’Anguilla.  Tant que la Constitution n’aura pas été revue et modernisée, le peuple d’Anguilla attend une assistance plus marquée de la puissance administrante et une réelle volonté de parvenir au développement politique de l’île, basé sur l’octroi d’une plus grande autonomie aux représentants élus d’Anguilla.  La nouvelle Constitution doit émaner du peuple d’Anguilla, a-t-elle souligné, pour réfuter la proposition « colonialiste » qui a été faite, afin que cet exercice soit délégué à des experts étrangers.


La pétitionnaire s’est aussi dite profondément préoccupée par le fait que l’appel lancé pour un appui à la promotion de la bonne gouvernance par les autorités locales n’ait pas été suivi d’effets concrets, en particulier dans le domaine de la lutte contre la corruption.  « Si les actions de la puissance administrante sont peut être à notre avantage en tant que peuple, notre amour-propre nous pousse néanmoins à revendiquer notre dignité et notre indépendance », a-t-elle déclaré, avant d’affirmer que les actes posés par la puissance administrante démontraient qu’elle n’avait pas souscrit aux principes de la décolonisation.  Elle a dénoncé en particulier le fait que la puissance administrante veuille s’arroger le droit de déterminer, à la place du peuple d’Anguilla, quel sera son statut politique. 


Question de Guam


M. JULIAN AGUON, de la « Coalition pour la justice et la paix, de Guam », a regretté que le droit a l’autodétermination soit volontairement mal interprété par des États Membres de l’ONU qui sont aussi des grandes puissances pratiquant la domination des autres peuples, empêchant ces derniers de jouir pleinement de leur droit à la liberté et à l’autonomie.  Il a rappelé que tout peuple peut, légitimement, rejeter le colonialisme par des voies référendaires.  Il a souligné que la population colonisée de Guam comprend également en son sein des populations autochtones qui se sont engagées dans le double combat de la lutte pour l’autonomie de Guam, et celui de la reconnaissance des droits liés à leur statut de peuples autochtones.


Il a rappelé que l’île de Guam avait été cédée aux États-Unis par l’Espagne en 1898 à la suite du Traité de Paris.  Il a ensuite indiqué qu’en 1946 Guam a été inscrite dans la liste des territoires non autonomes par l’Organisation des Nations Unies.  Il a par ailleurs rappelé qu’en 1980 l’Assemblée générale des Nations Unies avait adopté une résolution appelant les puissances administrantes à engager des mesures pour freiner et décourager l’installation d’immigrants et de colons dans les territoires placés sous l’administration coloniale, afin que ne soit pas modifiée la composition sociologique de ces territoires, et que ne soient pas ainsi créés des obstacles au processus d’autodétermination.


Au sujet du code électoral de Guam, il a expliqué que les lois qui y sont en vigueur accordent le droit de vote à tout habitant né dans le territoire.  Ce droit ne s’applique pas par contre aux individus installés à Guam sans en être autochtones et à leurs descendants.  Mais des populations venues d’ailleurs se sont installées sous le couvert de la « puissance colonisatrice », a relevé le pétitionnaire, en condamnant les tentatives menées par la puissance administrante, les États-Unis, afin de faire voter les colons dont elle a favorisé l’installation à Guam.


M. Aguon a par la suite invité le Comité des Vingt-Quatre à organiser le séminaire régional prévu pour la région du Pacifique, à Guam, en 2014, afin de toucher du doigt des réalités du terrain.  Il a en outre exhorté les Nations Unies a apporté un soutien financier et technique à Guam, dans le cadre de la campagne de sensibilisation publique qui doit être menée en prélude au référendum prévu sur le statut de Guam.  Il a enfin souhaité que les Nations Unies adoptent une résolution qui ferait référence au cas de chaque territoire non autonome, et encouragerait la décolonisation de ces territoires au cours de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2011-2020).


Question des Îles Turques et Caïques


M. ALPHA GIBBS, du « Forum des Îles Turques et Caïques », a axé son intervention sur les violations continues, commises par la puissance administrante, le Royaume-Uni, des droits de l’homme des citoyens nés dans les Îles Turques et Caïques, ainsi que sur le manque de transparence dans le processus de gouvernance de l’administration intérimaire des îles et sur l’application inéquitable de la loi par la puissance adminstrante.  Il a exigé que les Nations Unies exercent un contrôle plus efficace sur la manière dont le Royaume-Uni respecte les responsabilités qui lui incombent en tant que puissance administrante, et qu’une évaluation impartiale et neutre soit conduite sur la situation dans les Îles Turques et Caïques.


Pour ce qui est de l’application de la loi, le pétitionnaire a affirmé que les « citoyens d’origine locale » sont soumis à la lettre au droit, alors que les « expatriés » d’origine britannique bénéficient de traitements préférentiels, y compris dans des cas flagrants de corruption.  Suite à la dissolution du Parlement par la puissance administrante en août 2009,  M. Gibbs a dénoncé le fait que le même traitement ne soit pas réservé au Parlement anglais, où les parlementaires sont jugés individuellement en cas de mauvaise conduite, sans pour autant que cela conduise à la suspension de la démocratie parlementaire britannique.  La « décision extrême » prise par la puissance administrante contre le parlement des Îles Turques et Caïques prouve l’incapacité du Royaume-Uni à s’acquitter de ses obligations sous la Charte des Nations Unies, a estimé le pétitionnaire.  Sous prétexte de « bonne gouvernance sur le terrain », c’est en fait  la dictature exercée par le Gouverneur nommé par Londres qui a été renforcée, a estimé le pétitionnaire.  Cela est d’autant plus vrai que le poste de Commissaire aux plaintes est vacant depuis août 2009, et que, par conséquent, la population n’a plus de voie légale pour se faire entendre, a-t-il indiqué.


Le pétitionnaire a passé en revue d’autres cas illustrant son propos relatif à la mauvaise gouvernance et l’application différenciée de la loi, notamment pour ce qui est du droit de vote des ressortissants des îles résidant à l’étranger, qui en sont privés.  Le Royaume-Uni ne permet pas non plus la représentation du peuple des Îles Turques et Caïques, puisqu’il a dissolu le Parlement local en août 2009, a-t-il accusé.  Indiquant que la puissance administrante a annoncé des élections pour novembre 2012 pour remédier à cette situation, le pétitionnaire a cependant estimé que le processus d’inscription sur les listes électorales et celui d’enregistrement des votes, tous les deux imposés par le Gouvernement intérimaire et par la puissance administrante, sont biaisés.


M. Gibbs a donc demandé que le Comité des Vingt-Quatre se penche sur les doléances présentées aujourd’hui et relatives aux violations des droits de l’homme de la population des îles Turques et Caïques commises par la puissance administrante, qui crée des obstacles pour empêcher ou retarder la réalisation d’une démocratie parlementaire dans les îles.  Il a préconisé la mise en place d’une équipe de contrôle des activités menées par l’administration intérimaire et a demandé au Comité spécial de faire en sorte que la puissance administrante s’acquitte des responsabilités qu’elle a vis-à-vis de la population des Îles Turques et Caïques.


Résolution


Le Comité des Vingt-Quatre a adopté sans vote le projet de résolution présenté par son Président et intitulé « Questions des territoires non autonomes d’Anguilla, des Bermudes, de Guam, des îles Caïmanes, des Îles Turques et Caïques, des îles Vierges américaines, des îles Vierges britanniques, de Montserrat, de Pitcairn, de Sainte-Hélène et des Samoa américaines ».


Par l’adoption des recommandations que lui fait le Comité des Vingt-Quatre dans ce texte, l’Assemblée générale demanderait aux puissances administrantes de prendre pleinement part et de coopérer sans réserve aux travaux du Comité spécial afin d’assurer l’application des dispositions de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies ainsi que de la Déclaration, et afin de donner au Comité des avis au sujet de l’application des dispositions de l’alinéa b de l’Article 73 de la Charte relatives au développement de la capacité des territoires à s’administrer eux-mêmes, et elle encouragerait les puissances administrantes à faciliter l’envoi de missions de visite et de missions spéciales dans les territoires.


Aux termes de ce projet de résolution, et sur le cas spécifique des Samoa américaines, l’Assemblée générale engagerait la puissance administrante à aider le gouvernement du territoire à diversifier et à viabiliser l’économie du territoire et à résoudre les problèmes liés à l’emploi et au coût de la vie.


Pour le cas d’Anguilla, l’Assemblée générale exhorterait la puissance administrante à aider le gouvernement du territoire à mieux tenir ses engagements dans le domaine économique, notamment en matière budgétaire, avec, au besoin, l’appui de la région.


En ce qui concerne les Bermudes, l’Assemblée générale prierait la puissance administrante d’aider le territoire à mener à bien ses activités d’éducation du public, conformément à l’alinéa b de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies, et inviterait à cet égard les organismes compétents des Nations Unies à fournir une assistance à ce territoire s’il en fait la demande.


Au sujet des Îles Vierges britanniques, l’Assemblée générale rappellerait la Constitution des îles Vierges britanniques, qui est entrée en vigueur en 2007, et soulignerait qu’il importe de poursuivre les discussions sur les questions d’ordre constitutionnel afin d’accorder au gouvernement du territoire de plus grandes responsabilités pour la mise en vigueur effective de cette Constitution et une meilleure connaissance de ses questions.


En suivant les recommandations du Comité des Vingt-Quatre au sujet des îles Caïmanes, l’Assemblée générale se féliciterait de la volonté exprimée dans le rapport de la Commission d’examen des îles Caïmanes, créée en 2011, d’améliorer les relations entre le territoire et la puissance administrante de façon à ce qu’elles soient mutuellement bénéfiques afin de renforcer l’autonomie locale et soulignerait l’importance des travaux menés par la nouvelle Commission constitutionnelle, notamment pour ce qui est de la formation aux droits de l’homme.


Pour Guam, l’Assemblée générale inviterait une fois de plus la puissance administrante à tenir compte de la volonté exprimée par le peuple chamorro, soutenue par les électeurs guamiens, lors du référendum de 1987, et ultérieurement inscrite dans le droit guamien, au sujet des efforts d’autodétermination des Chamorros, elle encouragerait la puissance administrante et le gouvernement du territoire à entamer des négociations sur cette question et soulignerait qu’il faut continuer à suivre de près la situation globale dans le territoire.


Au sujet de Montserrat, l’Assemblée générale inviterait la puissance administrante, les institutions spécialisées et les autres organismes des Nations Unies, ainsi que les organisations régionales et autres, à continuer de fournir une aide au territoire afin d’atténuer les effets de l’éruption volcanique.


En ce qui concerne Pitcairn, l’Assemblée générale prierait la puissance administrante de continuer de contribuer à l’amélioration de la situation de la population du territoire dans les domaines économique, social, éducatif et autres, et de poursuivre ses discussions avec le gouvernement du territoire sur la meilleure façon de soutenir la sécurité socioéconomique et environnementale de Pitcairn.


Dans le cas de Sainte-Hélène, en adoptant ce projet de résolution, l’Assemblée générale demanderait à la puissance administrante de tenir compte du caractère géographique particulier de Sainte-Hélène en réglant dès que possible les problèmes que posera la construction de l’aéroport.


Pour le cas des Îles Turques et Caïques, l’Assemblée générale demanderait le rétablissement des arrangements constitutionnels garantissant un système de démocratie représentative moyennant l’élection d’un gouvernement du territoire dans les plus brefs délais.


Au sujet des îles Vierges américaines, l’Assemblée générale demanderait de nouveau que le territoire, à l’instar d’autres territoires non autonomes, puisse participer aux programmes régionaux du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La crise syrienne entrant dans son seizième mois, le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques souligne l’urgence d’un effort conjoint du Conseil de sécurité pour l’application du plan en six points

CS/10678

La crise syrienne entrant dans son seizième mois, le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques souligne l’urgence d’un effort conjoint du Conseil de sécurité pour l’application du plan en six points

19/06/2012
Conseil de sécuritéCS/10678
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6788e séance – matin


LA CRISE SYRIENNE ENTRANT DANS SON SEIZIÈME MOIS, LE SOUS-SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AUX AFFAIRES POLITIQUES SOULIGNE

L’URGENCE D’UN EFFORT CONJOINT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ POUR L’APPLICATION DU PLAN EN SIX POINTS


Le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a déclaré ce matin qu’un effort véritablement conjoint du Conseil de sécurité « susceptible de se traduire par des pressions soutenues et univoques » pour le respect intégral du plan en six points était d’une nécessité urgente.  « Sinon, nous pourrions nous rapprocher du jour où la crise syrienne échapperait à tout contrôle », a-t-il averti.


M. Oscar Fernandez-Taranco, qui intervenait au cours d’une réunion sur la situation au Moyen-Orient, a rappelé que l’arrêt de la violence armée sous toutes ses formes en Syrie était une obligation incombant à toutes les parties, y compris l’opposition.  Il a jugé « impératif » que les consultations en cours se traduisent rapidement par des résultats concrets.


Le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques a ensuite détaillé les défis sécuritaires auxquels fait face le Liban, et qui découlent en partie de la crise syrienne.  Il s’est félicité de la reprise du dialogue national dans le pays et de l’adoption d’une déclaration commune par laquelle tous les dirigeants libanais s’engagent en faveur d’une politique consistant à se dissocier des crises régionales.


Concernant la question palestinienne, M. Fernandez-Taranco a déploré que les signes encourageants entre dirigeants palestiniens et israéliens, relevés par le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Robert Serry, lors d’une précédente réunion du Conseil, ne se soient pas poursuivis.  Il a indiqué que des efforts intenses étaient en cours afin d’éviter une nouvelle impasse du processus de paix.



LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE


Exposé


M. OSCAR FERNANDEZ-TARANCO, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques a, dans le droit fil de la réunion des Envoyés du Quatuor à Bruxelles le 15 juin dernier, souligné la nécessité que les parties au règlement de la question palestinienne intensifient leurs efforts pour une reprise d’un dialogue constructif.


Mentionnant l’annonce faite, le 6 juin dernier, par le Premier Ministre israélien de la construction d’environ 850 colonies de peuplement en Cisjordanie, il a rappelé que toute construction de peuplement dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est, sur des terres privées ou ailleurs, constituait une violation du droit international ainsi que des engagements d’Israël au regard de la Feuille de route.  « De telles actions font de la solution à deux États un objectif encore plus difficile à atteindre », a-t-il estimé.


M. Fernandez-Taranco a ensuite indiqué qu’une mosquée près de Ramallah avait été peinte au pistolet et mise à feu et fait part de la condamnation des Nations Unies de ces actes perpétrés contre un lieu saint de l’Islam.


Les Forces de défense israéliennes ont conduit 189 opérations dans les territoires occupés de Cisjordanie, au cours desquelles 114 Palestiniens ont été blessés, y compris un enfant, a ensuite détaillé le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques. 


Revenant sur les efforts visant à promouvoir la réconciliation palestinienne, M. Fernandez-Taranco a rappelé que les délégations du Fatah et du Hamas s’étaient rencontrées au Caire les 6, 7 et 15 juin pour discuter des candidats possibles en vue d’un gouvernement technocratique de transition appelé à être dirigé par le Président Abbas.


Il a ensuite rappelé qu’au moment où le blocus de Gaza entre dans sa sixième année, la pleine mise en œuvre de la résolution 1860 du Conseil de sécurité ainsi que le rétablissement de la situation à Gaza, son développement économique à long terme, restent des objectifs fondamentaux des Nations Unies.


« Des progrès significatifs ont pu être observés en la matière, mais il faut faire beaucoup plus », a expliqué M. Fernandez-Taranco.  Dans l’ensemble, l’économie palestinienne montre des signes de ralentissement, a-t-il poursuivi, soulignant que le produit intérieur brut réel n’avait progressé que de 2% durant le dernier trimestre de 2011, avec une croissance légèrement supérieure en Cisjordanie que dans la bande de Gaza.


« Malgré tous ces défis à relever, l’Autorité palestinienne continue de réaliser des progrès dans la mise en place d’institutions en vue d’un futur État palestinien, notamment dans sa capacité à collecter des données économiques et autres », a estimé le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques.


S’agissant de la situation en Syrie, et alors que le général Robert Mood, Chef de la Mission de supervision des Nations Unies en Syrie (MISNUS), doit faire état cet après midi devant le Conseil des derniers développements sur le terrain, M. Fernandez-Taranco a indiqué que le Secrétaire général restait extrêmement préoccupé par l’intensification de la violence en Syrie. 


« La situation à Homs est particulièrement alarmante », a-t-il ajouté, avant d’appeler à des efforts accrus afin d’éviter les risques d’une guerre civile totale en Syrie.  « Nous n’avons plus beaucoup de temps », a-t-il déclaré.


Il a ensuite rappelé, dans le droit fil des déclarations répétées du Secrétaire général, que la responsabilité principale de la pleine mise en œuvre du plan en six points incombait au Gouvernement syrien.


« Les bombardements de zones peuplées par les forces gouvernementales doivent cesser immédiatement », a poursuivi M. Fernandez-Taranco, ajoutant que l’arrêt de la violence armée sous toutes ses formes était une obligation incombant à toutes les parties.  Cela s’applique également à l’opposition, a affirmé le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques.


Il a ensuite indiqué que l’Envoyé spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue des États arabes pour la crise syrienne, M. Kofi Annan, continuait d’œuvrer avec les gouvernements impliqués dans la résolution de la crise ainsi qu’avec un large éventail de l’opposition syrienne au lancement d’un processus politique, afin d’ouvrir la voie à une résolution pacifique de la crise syrienne.  « Cette crise est entrée dans son seizième mois », a d’ailleurs rappelé M. Fernandez-Taranco.


« Nous encourageons tous les efforts en cours visant à ce qu’un consensus sur la question syrienne se fasse jour au sein de la communauté internationale.  Il est impératif que les consultations menées se traduisent rapidement par des résultats concrets », a-t-il affirmé.


Faisant fond sur les recommandations du Secrétaire général et de l’Envoyé spécial conjoint formulées le 7 juin devant l’Assemblée générale (AG/11250), M. Fernandez-Taranco a déclaré qu’un effort véritablement conjoint du Conseil de sécurité susceptible de se traduire par des pressions suffisantes et univoques pour le respect intégral du plan en six points était d’une urgente nécessité.  « Sinon, nous pourrions nous rapprocher du jour où la crise syrienne échapperait à tout contrôle », a-t-il averti.


Le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques a ensuite détaillé la situation humanitaire dans le pays, rappelant qu’un million de personnes étaient dans le besoin à l’intérieur de la Syrie.  « Le nombre de réfugiés auxquels il a été porté secours en Iraq, en Jordanie, au Liban et en Turquie s’élève à 86 000 et continue de croître », a-t-il précisé.  Il a ensuite exhorté le Gouvernement syrien, ainsi que les groupes d’opposition, à faciliter l’accès aux organisations  humanitaires.


Abordant la situation au Liban, M. Fernandez-Taranco a souligné les défis sécuritaires auxquels faisait face ce pays, et qui sont dus en partie à la situation en Syrie. 


Les affrontements se sont poursuivis le 1er juin à Tripoli entre les communautés alawite et sunnite de Bab al-Tabbaneh et Jebel Mohsen faisant 15 victimes et plusieurs dizaines de blessés, a-t-il ainsi relevé.  Il a ensuite mentionné les incursions que l’armée syrienne aurait entreprises dans la zone de l’Akkar et dans la plaine de la Bekaa, ainsi que les enlèvements de citoyens libanais pour être emmenés en Syrie.


Dans ce contexte, le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques s’est félicité de la reprise du dialogue national, après une interruption de 18 mois. « Une déclaration commune a été adoptée qui souligne, entre autres choses, l’engagement de tous les dirigeants libanais en faveur d’une politique de dissociation des crises régionales », a-t-il indiqué.


Enfin, M. Fernandez-Taranco a indiqué que le Secrétaire général continuait de suivre attentivement la situation en Égypte.  La volonté populaire doit être respectée, qu’il s’agisse des élections ou de la rédaction d’une nouvelle constitution, a-t-il précisé.


« Étant donné l’ampleur des développements en cours dans la région, les progrès qui pourraient être enregistrés sur la question palestinienne revêtent une urgence particulière », a affirmé le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques au terme de son exposé.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial de la décolonisation adopte trois textes relatifs à l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'iindépendance aux pays et aux peuples coloniaux

AG/COL/3241

Le Comité spécial de la décolonisation adopte trois textes relatifs à l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'iindépendance aux pays et aux peuples coloniaux

19/06/2012
Assemblée généraleAG/COL/3241
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité spécial chargé d’étudier la situation

en ce qui concerne l’application de la Déclaration

sur l’octroi de l’indépendance aux pays

et aux peuples coloniaux

Reprise de session

8e séance – matin


LE COMITÉ SPÉCIAL DE LA DÉCOLONISATION ADOPTE TROIS TEXTES RELATIFS À L’APPLICATION DE LA DÉCLARATION SUR L’OCTROI DE L’INDÉPENDANCE AUX PAYS ET AUX PEUPLES COLONIAUX


Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a adopté sans vote trois projets de résolution relatifs à cette question.


Aux termes du texte portant sur « l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés »(A/AC.109/2012/L.10), l’Assemblée générale prierait les institutions spécialisées et les autres organismes des Nations Unies, ainsi que les organisations internationales et régionales, d’examiner lasituation dans chaque territoire de façon à prendre des mesures appropriées pour yaccélérer les progrès dans les secteurs économique et social.  Par ce texte, elle engageraitles institutions spécialisées et les autres organismes des Nations Unies qui ne l’ont pas encore fait à fournir une aide aux territoires non autonomes et à élaborer des programmes d’assistance propres à y accélérer les progrès dans les secteurs économique et social.


Elle les prierait de fournir des informations sur les problèmes environnementaux auxquels se heurtent les territoires non autonomes; les effets qu’ont sur ces territoires les catastrophes naturelles et d’autres problèmes environnementaux, tels que l’érosion des plages et des côtes et la sécheresse; les moyens d’aider ces territoires à lutter contre le trafic de stupéfiants, le blanchiment d’argent et d’autres activités illégales et criminelles, ainsi que l’exploitation illégale des ressources marines et autres ressources naturelles des territoires, et la nécessité d’utiliser ces ressources au profit de la population de ces territoires.


Prenant la parole après l’adoption de ce texte, le représentant de la Fédération de Russie a rappelé la position de principe de sa délégation sur cette question qui est également inscrite à l’ordre du jour du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC).  L’inscription de ce sujet à l’agenda de l’ECOSOC en a fait une question politique, ce qui empêche le Comité des Vingt-Quatre de s’occuper de la coordination de l’aide économique et sociale aux territoires non autonomes, a-t-il estimé.  Le représentant propose par conséquent que ce point soit retiré de l’ordre du jour de l’ECOSOC, a-t-il souligné.


Le Comité spécial a également adopté ce matin le projet de résolution relatif à l’« application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux » (A/AC.109/2012/L.9), dont le texte avait été déposé par son Président.


Aux termes de ce projet de texte, l’Assemblée générale demanderait à tous les États, en particulier les puissances administrantes, ainsi qu’aux institutions spécialisées et aux autres organismes des Nations Unies, de donner effet, dans leurs domaines de compétence respectifs, aux recommandations du Comité spécial relatives à l’application de la Déclaration et des autres résolutions pertinentes de l’Organisation.  Par ce texte, l’Assemblée demanderait en outre aux puissances administrantes de veiller à ce que les activités économiques et autres menées dans les territoires non autonomes placés sous leur administration ne nuisent pas aux intérêts des peuples mais, au contraire, favorisent le développement, et d’aider les peuples de ces territoires à exercer leur droit à l’autodétermination.


Le troisième projet de résolution adopté ce matin porte quant à lui sur les « activités économiques et autres préjudiciables aux intérêts des peuples des territoires non autonomes » (A/AC.109/2012/L.11).


Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale réaffirmerait qu’il incombe aux puissances administrantes, en vertu de la Charte des Nations Unies, d’assurer le progrès politique, économique et social, ainsi que le développement de l’instruction dans les territoires non autonomes.  Elle demanderait de nouveau, par ce texte, à tous les gouvernements qui ne l’ont pas encore fait de prendre des mesures législatives, administratives ou autres à l’égard de ceux de leurs ressortissants et des personnes morales relevant de leur juridiction qui possèdent ou exploitent dans les territoires non autonomes des entreprises préjudiciables aux intérêts des habitants de ces territoires, afin de mettre fin aux activités de ces entreprises.  Elle demanderait aussi aux puissances administrantes de veiller à ce que l’exploitation des ressources marines et autres ressources naturelles des territoires non autonomes qu’elles administrent n’enfreigne pas les résolutions pertinentes de l’Organisation des Nations Unies et n’aille pas à l’encontre des intérêts des peuples de ces territoires.


La prochaine réunion du Comité de la décolonisation aura lieu demain, mercredi 20 juin, à 10 heures.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité spécial de la décolonisation: des pétitionnaires exhortent l’Assemblée générale à se saisir de la question du statut de Porto Rico

AG/COL/3240

Comité spécial de la décolonisation: des pétitionnaires exhortent l’Assemblée générale à se saisir de la question du statut de Porto Rico

18/06/2012
Assemblée généraleAG/COL/3240
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité spécial chargé d’étudier la situation

en ce qui concerne l’application de la Déclaration

sur l’octroi de l’indépendance aux pays

et aux peuples coloniaux

Reprise de session

6e et 7e séances – matin et après-midi


COMITÉ SPÉCIAL DE LA DÉCOLONISATION: DES PÉTITIONNAIRES EXHORTENT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

À SE SAISIR DE LA QUESTION DU STATUT DE PORTO RICO


Le Comité adopte une résolution dans laquelle il demande au Président

des États-Unis de libérer les prisonniers politiques portoricains détenus dans des prisons américaines


Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, ou « Comité des Vingt-Quatre », aux termes d’une résolution adoptée cet après-midi sur la « décision du Comité spécial en date du 20 juin 2011 concernant Porto Rico », a demandé de nouveau au Gouvernement des États-Unis d’Amérique d’assumer la responsabilité qui lui incombe d’engager un processus permettant au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance dans l’application intégrale de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale et des résolutions et décisions du Comité spécial relatives à Porto Rico.


Présentée par Cuba et adoptée à l’unanimité aujourd’hui par le Comité des Vingt-Quatre, cette résolution est adoptée pour la treizième année consécutive par le Comité et fait écho à la demande de nombreux pétitionnaires et de certains États Membres qui se sont exprimés au cours de cette journée de travail consacrée à la situation de Porto Rico.


M. Arturo Gonzalez Hernandez, Président du Comité de Porto Rico aux Nations Unies, a par exemple rappelé que Porto Rico faisait partie, jusqu’en 1953, de la liste des pays en processus de décolonisation.  « Mais l’Assemblée générale a été induite en erreur par les États-Unis et a retiré le pays de cette liste », a-t-il regretté.  Il a souhaité que le cas de Porto Rico soit porté devant l’Assemblée générale des Nations Unies.


Pour Mme Nilda Luz Rexach, du « National Advancement For Puerto Rican Culture Inc. », « Il n’y a qu’une seule solution honorable pour traiter de la question du statut de Porto Rico, cette solution étant une pleine intégration de l’île comme 51 État des États-Unis d’Amérique, avec tous les droits et avantages qui y sont liés ».


Porto Rico est une île couvrant 8 959 kilomètres carrés peuplée d’environ 4 millions d’habitants, et qui bénéficie actuellement du statut d’État libre associé aux États-Unis.  Depuis 1953, les États-Unis conservent la même position sur la question du statut de Porto Rico en s’appuyant sur la résolution 748 (VIII), par laquelle l’Assemblée générale les a déchargés des obligations que leur imposait le Chapitre XI de la Charte des Nations Unies relatif aux territoires non autonomes.


En adoptant la résolution concernant Porto Rico aujourd’hui, le Comité des Vingt-Quatre a d’autre part demandé à nouveau au Président des États-Unis de libérer les prisonniers politiques, dont la liste suit, qui accomplissent dans des prisons américaines des peines pour des raisons touchant à la lutte pour l’indépendance de Porto Rico: Oscar López Rivera, qui est détenu depuis plus de 30 ans; Avelino González Claudio et Norberto González Claudio, plus récemment arrêté.


L’un des plus célèbres prisonniers politiques de Porto Rico, M. Carlos Alberto Torres, qui prenait part ce jour à la réunion du Comité a reçu une ovation nourrie des autres pétitionnaires.  Il a fait le récit poignant des 30 années, s’étalant de 1980 à 2010, qu’il a passées de détention aux États-Unis.  Il a souligné que le peuple portoricain attend avec impatience la libération des autres « prisonniers politiques portoricains » encore en détention, dont le plus célèbre, Oscar López Rivera, est détenu depuis déjà 31 ans.


Le Comité spécial des Vingt-Quatre tient sa prochaine réunion demain, mardi 19 juin 2012, à 10 heures.


* A/AC.109/2012/L.7


D É CISION DU COMITÉ SPÉCIAL EN DATE DU 21 JUIN 2010 CONCERNANT PORTO RICO: AUDITION DE PÉTITIONNAIRES (A/AC.109/2012/L.7 ET A/AC.109/2012/L.13)


Déclarations


M. OSVALDO TOLEDO MARTINEZ, Président du Collège des avocats de Porto Rico, a déclaré qu’après 114 années d’occupation américaine, le peuple de Porto Rico n’a toujours pas pu exercer son droit à l’autodétermination et s’exprimer librement.  Porto Rico se trouve dans une situation juridique qui ne lui permet pas de résoudre sa situation coloniale, à savoir que le droit international ne s’applique pas à ce territoire, qui a été retiré « à tort » en 1953 de la liste des territoires coloniaux, et dont l’existence depuis est régie par le droit américain.  De plus, « l’invisibilité de la situation coloniale de Porto Rico » contribue, selon lui, au fait que son peuple ne peut aujourd’hui s’exprimer que dans le contexte juridique américain.  « Comment un peuple peut-il exercer son droit à l’autodétermination si on ne lui reconnaît même pas sa souveraineté », a demandé le pétitionnaire.  Passant en revue certains aspects qui justifient, selon lui, que Porto Rico tombe sous la juridiction internationale, il a évoqué le fait que les Portoricains se voient aujourd’hui menacés dans l’exercice de leurs libertés; que l’intégrité territoriale de Porto Rico n’est pas respectée, puisque les États-Unis se sont arrogés le droit d’exproprier certaines terres portoricaines pour en faire des bases militaires; ou encore le fait que la politique agricole imposée à Porto Rico est responsable du fait qu’aujourd’hui on y importe 80% des denrées alimentaires des États-Unis.  Le pétitionnaire a également dénoncé diverses mesures prises par les autorités gouvernementales « annexionnistes ».


M. JOSÉ M. LÓPEZ SIERRA, fondateur du blog Companeros Unidos para la Descolonización de Puerto Rico qui existe depuis l’année dernière avec pour vocation d’éduquer le public mondial sur la question de la décolonisation de Porto Rico.  Le pétitionnaire a dit qu’il est d’avis que cette question devrait recevoir une couverture médiatique plus importante, de manière à susciter une solidarité internationale qui pousserait les États-Unis à décoloniser ce territoire.  Pour lui, « toute forme de colonialisme devrait être intolérable pour la démocratie ». Il faut réinscrire Porto Rico sur la liste des territoires encore colonisés pour pouvoir faire avancer la question de sa décolonisation par le biais du droit international à la place du droit américain, comme c’est actuellement le cas, a dit M. López Sierra.  Seuls les Portoricains doivent se prononcer sur l’autodétermination et l’indépendance de Porto Rico, a-t-il poursuivi, ajoutant que ceux qui n’adhéraient pas à ce point de vue ne croyaient pas en la démocratie.  Pour lui la situation actuelle, qui fait miroiter « l’illusion d’une démocratie à Porto Rico, puisqu’il y existe une multitude de partis politiques et qu’on y tient des élections régulièrement », doit cesser, car « on ne peut pas être une démocratie et une colonie en même temps ».


M. ARTURO GONZALEZ HERNANDEZ, Président du Comité de Porto Rico aux Nations Unies, a rappelé que Porto Rico faisait partie, jusqu’en 1953, de la liste des pays en processus de décolonisation.  « Mais l’Assemblée générale a été induite en erreur par les États-Unis et a retiré le pays de cette liste », a estimé le pétitionnaire.  Il a rappelé qu’en 1898 Porto Rico a été envahi par les États-Unis au cours de la guerre que ce pays menait contre les peuples hispaniques.  Il a ensuite relevé que le peuple portoricain a été constamment trompé, car les différents scrutins d’autodétermination organisés jusqu’ici par la puissance colonisatrice ne menaient nulle part.  Il a ajouté que la présence d’un Bureau chargé de la question de Porto Rico à la Maison Blanche témoigne à souhait de l’existence d’un problème sur le statut de l’île.  Il a également indiqué que 8 millions de Portoricains ont été dénombrés lors du dernier recensement, dont 3,8 millions vivant dans le pays et le reste, presque 4 millions, dans le reste du monde, dont une grande majorité aux États-Unis.  Il est revenu sur le cas d’Oscar López, un « patriote et indépendantiste » portoricain emprisonné dans les geôles américaines depuis plus de 30 ans, du fait de ses idées politiques.  Il a souhaité que le cas de Porto Rico soit porté devant l’Assemblée générale des Nations Unies.


M. HECTOR PESQUERA SEVILLANA, du « Movimiento Independentista Nacional Hostosiano », a fait remarquer que Porto Rico compte 80% des 10 millions de personnes à travers le monde qui vivent encore sous le joug du colonialisme.  Il a averti le Comité de « l’imposition de l’anglais comme langue d’enseignement officiel dans les programmes scolaires à partir de la rentrée scolaire prochaine ».  Il a estimé qu’il s’agit là de la « matérialisation d’une volonté permanente d’inculturation de la part de la puissance colonisatrice ».  Il a regretté que les systèmes judiciaires et sécuritaires de Porto Rico soient assujettis à ceux des États-Unis.  Il a par ailleurs indiqué que Porto Rico devrait, de par le droit international, être indemnisé pour les exactions ayant eu lieu sur son territoire et commises par la puissance colonialiste.  Il a estimé que la Maison Blanche ne semble pas vouloir prendre en compte les résultats des consultations sur l’autodétermination de Porto Rico.  Il a enfin déclaré que « l’Amérique latine restera incomplète et mutilée sans Porto Rico ».


M. EDGARDO ROMÁN ESPADA, de la Coalition portoricaine contre la peine de mort, a demandé que la question de la peine de mort soit inscrite dans la résolution présentée aujourd’hui, car, selon lui, elle est intimement liée à la question de l’autodétermination du peuple portoricain.  Rappelant que la peine de mort est actuellement en vigueur à Porto Rico, du fait de l’application de la loi américaine à ce territoire par le Gouvernement fédéral américain, alors même qu’elle est interdite par la Constitution portoricaine, il a estimé que cela illustrait bien la nature de la domination étrangère à Porto Rico.  Avec 16 cas d’application possible de la peine de mort à Porto Rico et 27 cas de Portoricains condamnés à la peine de mort aux États-Unis, il a estime qu’il est urgent de se pencher sur cette question avant que la première exécution n’ait lieu.


M. JESUS MANGUAL CRUZ, de la Fondation Andres Figueroa Cordero, est revenu sur la définition du génocide en tant que « destruction du modèle de vie du groupe opprimé par un groupe oppresseur ».  Ceci, selon lui, s’applique au cas de Porto Rico depuis l’imposition de la citoyenneté américaine au peuple de Porto Rico.  Il a rappelé que cette  « stratégie de colonisation » se basait sur l’argument américain selon lequel le peuple portoricain était incapable de se gouverner lui-même.  Depuis, cette stratégie contribue à défavoriser le développement national et les perspectives d’autodétermination du peuple portoricain, a-t-il affirmé.  Avec 58% des Portoricains qui vivent actuellement hors du territoire national, il a estimé qu’il s’agissait bien d’un acte prémédité d’incitation à la fuite des cerveaux vers les États-Unis, encouragé par le Gouvernement américain.  Il a également dénoncé la contamination de l’île par « les essais nucléaires américains » menés à Porto Rico.


M. BENJAMIN RAMOS ROSADO, de l’organisation « The ProLibertad Freedom Campaign », a estimé que les emprisonnements des « combattants de la liberté » sont des crimes contre l’humanité.  Il a évoqué le cas de trois prisonniers portoricains présents dans les geôles américaines: Oscar López Rivera, qui est détenu depuis plus de 30 ans; Avelino González Claudio et Norberto González Claudio.  Il a souligné que « ces prisonniers ont été incarcérés à cause de leurs opinions et de leur croyance, et non à cause des faits et allégations qui leurs sont reprochés officiellement ».  Il a souligné que ces prisonniers ne sont pas des terroristes comme voudrait le faire croire les autorités américaines.  Il a ensuite cité des organisations de droits de l’homme et des personnalités d’envergure internationale qui ont toutes réclamé la libération des ces prisonniers.  Il a enfin souhaité que ces injustices puissent prendre fin maintenant.


M. ISMAEL GUADALUPE ORTIZ, du « Movimiento de Afirmación Viequense » a regretté que les États-Unis « utilisent leur pouvoir colonial à Porto Rico » pour leurs intérêts propres, et sans tenir compte des besoins des populations locales.  Il a notamment cité le cas de l’île de Vieques qui a été utilisée comme site d’opérations militaires pendant des décennies par la Marine américaine.  Il a regretté la mesure prise par les autorités américaines, faisant de ces terrains des propriétés permanentes du Gouvernement américain, dispensant ainsi les autorités du devoir de dépolluer les terres souillées par les manœuvres militaires, et empêchant de ce fait toute initiative de rétrocession aux populations locales.  Il a demandé au Comité des Vingt-Quatre de présenter le cas de Porto Rico devant l’Assemblée générale, et il a exigé la libération des prisonniers politiques portoricains enfermés dans les geôles américaines.


Mme ALEIDA CENTENO, de l’Association américaine des juristes, qui regroupe des juristes de tous les pays d’Amérique latine, a réaffirmé que la résolution 1514 (1960) de l’Assemblée générale des Nations Unies constitue la base juridique de tous les processus de décolonisation, alors que la résolution 1541 ne présente quant à elle que des directives.  Elle a également affirmé que, contrairement à ce qui est soutenu par certains, les États-Unis n’ont jamais renoncé à changer la Constitution portoricaine et à changer la culture locale notamment par les multiples tentatives d’imposer l’anglais comme langue officielle à Porto Rico.  L’Association américaine des juristes souligne que les États-Unis ont également empêché le développement économique de Porto Rico par l’exploitation des ressources nationales de l’ile, ce qui est contraire aux prérogatives des puissances occupantes.  Le droit à l’autodétermination du peuple portoricain découle directement du Pacte des droits civils et politiques des Nations Unies, qui a été ratifié par les États-Unis, a souligné Mme Centeno.  Abordant la question du plébiscite sur les options de libre association ou de l’annexion pure et simple de Porto Rico par les États-Unis, elle a affirmé que seul un mécanisme inscrit dans le droit international pourra venir à bout du processus de décolonisation de Porto Rico et a exigé que cette question soit inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations Unies.


Mme JAN SUSLER, du « People’s Law Office », est revenue sur la question du référendum à organiser sur le statut de l’île, qui doit avoir lieu à Porto Rico en 2012, et sur les différends que ce référendum soulève, dans la mesure où le résultat qui pourrait en sortir ne serait pas contraignant pour les États-Unis.  Les États-Unis, par le biais de leurs agences fédérales, contrôlent tous les aspects économiques et sociaux de la vie des citoyens de Porto Rico, a-t-elle regretté.  Elle a également dénoncé la situation des prisonniers politiques portoricains, dont certains sont détenus depuis plus de 31 ans par les États-Unis, ce qui contrevient aux normes des droits de l’homme.  Par conséquent, l’organisation « People’s Law Office » exige la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, a dit Mme Susler.


M. MANUEL RIVERA, de l’organisation « Puertorriquennos Unidos en Accion » (PUA), a noté que des initiatives entreprises pour éliminer les velléités indépendantistes des Portoricains sont en marche.  « Il est antipatriotique et antiportoricain de refuser à la diaspora le droit de se prononcer sur l’autodétermination », a-t-il souligné en faisant référence au référendum prévu le 6 novembre prochain.  « Il est trompeur de croire que ce scrutin sera légitime sans la prise en compte de la diaspora », a-t-il ajouté.  Il a par la suite estimé que les restrictions imposées contre la participation de la diaspora décrédibilisent ce processus, et il a cité des situations similaires dans d’autres régions du monde qui ont vu les diasporas participer à des opérations électorales relatives au processus d’autodétermination.  Si le colonialisme nous a divisés, le processus de décolonisation doit nous unir en tant que peuple, a-t-il conclu.


M. LUIS A. DELGADO RODRIGUEZ, de l’organisation « Alianza Pro Libre Asociación Soberana » a relevé que le référendum prévu le 6 novembre prochain représente une occasion pour les Portoricains de s’affranchir de la domination américaine.  Il a présenté les deux options qui seront soumises aux populations au cours de ce scrutin: l’annexion par les États-Unis ou alors un État libre souverain portoricain associé aux États-Unis.  Il a souhaité que les Portoricains puissent choisir la seconde option, celle de l’État libre associé et souverain, expliquant ainsi que le peuple portoricain « souhaite prendre un chemin qui lui permette de faire partie du concert des nations du monde ».


Mme MARY ANNE GRADY FLORES, du Groupe des travailleurs catholiques d’Ithaca et du Groupe de soutien à Vieques, qui appuie le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple portoricain, s’est dite encouragée par les demandes d’inscription de la question de la décolonisation de Porto Rico à l’ordre du jour de l’Assemblée générale.  « Le mécanisme d’action du Comité de la décolonisation réside dans son langage », a-t-elle noté, en indiquant que, par conséquent, elle lui demande de condamner les crimes de guerre commis par la Marine américaine à Porto Rico, ainsi que les autres actions contraires à l’intérêt du peuple portoricain menées par les États-Unis.  Abordant plus spécifiquement la situation de l’île de Vieques, elle a dénoncé le niveau de pauvreté de la population locale et la prévalence accrue des cancers et autres maladies directement liées aux essais d’armements nucléaires et radiologiques et autres activités militaires conduites dans la zone.  Elle a dénoncé le fait que le Gouvernement fédéral américain refuse toujours de dédommager la population de l’île.  Par conséquent, elle a invité le Comité à condamner le manque d’action de démilitarisation et de décontamination de Vieques par le Gouvernement fédéral américain.


M. JERRY SEGARRA, du Parti nationaliste de Porto Rico, a rappelé que depuis 114 ans, l’île de Porto Rico est une colonie des États-Unis à tous les niveaux.  Il a dénoncé les programmes militaires menés par les États-Unis à Porto Rico, ainsi que l’exploitation économique des ressources portoricaines.  Il a également dénoncé les projets miniers et énergétiques qui ne tiennent pas compte de l’intérêt des populations locales.  Par ailleurs, les tentatives répétées de détruire le secteur agricole portoricain portent directement atteinte à son autosuffisance alimentaire, a-t-il relevé.  Face à cette situation, M. Segarra a exigé que le processus de décolonisation de Porto Rico soit « arraché des mains de l’impérialisme américain » pour être inscrit sur l’agenda d’application du droit international par les instances compétent.


M. JUAN DALMAU, du Parti indépendantiste de Porto Rico, a souhaité que l’Assemblée générale se saisisse de la question de la décolonisation de Porto Rico.  Il a ensuite souhaité la libération des prisonniers politiques d’origine portoricaine détenus dans les geôles américaines.  Il a estimé que les indépendantistes portoricains ont pour mission d’encourager les initiatives d’indépendance des Portoricains.  Ensuite, il a relevé que sur le plan international, les indépendantistes portoricains devraient plaider en faveur de la décolonisation complète de Porto Rico, conformément à l’idée du grand projet d’unité de l’Amérique latine. 


M. CARLOS ALBERTO TORRES, de l’organisation « Futuro Sin Falla  », a reçu une ovation nourrie des autres pétitionnaires pour le sacrifice qu’il a enduré pour la cause nationale portoricaine.  Il a en effet été emprisonné durant 30 années, de 1980 à 2010 aux États-Unis, a-t-il rappelé.  M. Torres a remercié le Comité des Vingt-Quatre qui a plaidé pour sa libération durant sa période de détention.  Il a rappelé que trois Portoricains, Oscar López Rivera, Avelino González Claudio et Norberto González Claudio, restent emprisonnés dans les geôles américaines du fait de leurs opinions politiques.  Il a ajouté que depuis 1898, date de l’invasion américaine de Porto Rico, des milliers de Portoricains ont été emprisonnés pour des raisons politiques.  Il est revenu sur le cas d’Oscar López Rivera, son compagnon de lutte, qui, a-t-il estimé est « le prisonnier politique portoricain le plus longuement détenu du fait de ses idées et croyances ».  « J’ai passé la moitié de ma vie en détention du fait de mes opinions politiques », a-t-il clamé, tout en s’insurgeant contre la volonté des autorités des États-Unis de couvrir ces emprisonnements politiques en les qualifiant de détentions dues à des questions de droit commun.  Il a expliqué qu’il avait été accusé de mener une « conspiration séditieuse », et que le procès inique auquel il a été soumis a été couronné par une peine d’emprisonnement de 60 ans, issue semblable à celle du procès d’Oscar López Rivera.  Il a souligné que le peuple portoricain attend la libération de ces prisonniers politiques encore en détention.


M. FRANCISCO VELGARA, du Front socialiste de Porto Rico, a indiqué l’importance que revêt la libération du peuple portoricain.  « Depuis 1898, le Gouvernement des États-Unis s’est approprié Porto Rico, contre la volonté de la grande majorité du peuple portoricain », a-t-il rappelé, avant d’exiger que les États-Unis reconnaissent  instamment le droit à l’autodétermination du peuple portoricain.  Abordant le problème de la drogue et des armes à Porto Rico, il a expliqué que ces marchés sont aux mains de bandes armées étrangères, or Porto Rico n’a pas le contrôle sur ses propres frontières.  Par conséquent, un tel afflux d’armes et de drogues doit être le fruit de la complaisance des agences fédérales américaines opérant sur place, a estimé le pétitionnaire, en ajoutant que le responsable de la police locale est un agent du FBI.  Il a également dénoncé la tentative d’imposer l’anglais comme langue officielle de Porto Rico, ce qui va à l’encontre de l’identité culturelle de l’île.


M. DANIEL FEIN, du « Socialist Workers’ Party », est revenu sur la démonstration qui a eu lieu hier, à New York, contre les méthodes de contrôle de police « stop and frisk » pour dénoncer cette politique de la police new-yorkaise qui « stigmatise les jeunes Noirs et Latinos ».  Le « Socialist Workers’ Party » pense qu’il ne fait pas de doute que la lutte pour l’indépendance de Porto Rico est dans l’intérêt des travailleurs et agriculteurs américains parce qu’ils ont un ennemi commun, à savoir les dirigeants capitalistes américains, a souligné M. Fein.  Il en a voulu pour preuve que les 4 millions de Portoricains qui se trouvent aux États-Unis font l’objet d’une discrimination systématique.  M. Fein a également réclamé la libération des prisonniers politiques portoricains.


M. EDUARDO VILLANUEVA MUÑOZ, du Comité des droits de l’homme de Porto Rico, a souhaité la mise en place d’un tribunal international afin de forcer les États-Unis à respecter les décisions et autres résolutions pertinentes des Nations Unies portant sur la décolonisation de Porto Rico.  Il s’est ensuite insurgé contre le manque de volonté des États-Unis qui ne semblent pas envisager de libérer les prisonniers politiques portoricains encore détenus dans les prisons américaines du fait de leurs opinions.  Il a exhorté le Président Barack Obama à exercer ses prérogatives et à user de la grâce présidentielle dans ces cas particuliers.  Il a également souligné que la détention d’Oscar López Rivera est « injuste et disproportionnée », et a souhaité la libération du peuple portoricain du joug colonial américain.


M. ENRIQUE VAZQUEZ QUINTANA, du Mouvement « Union Souveraine de Porto Rico », a pris la parole, en tant que candidat aux prochaines élections portoricaines, et a rappelé que depuis le Traité de Paris, Porto Rico est sous l’emprise des États-Unis qui y ont imposé la citoyenneté américaine.  Il a également expliqué que, sous prétexte qu’en 1953 Porto Rico avait son propre Gouvernement, les États-Unis ont obtenu à l’époque que l’île soit retirée de la liste des colonies des Nations Unies, ce qui signifie que son processus de décolonisation n’est plus régi par le droit international.  Cette décision « avait été prise à tort » et on constate que Porto Rico est toujours une colonie, a estimé M. Vazquez Quintana.  Par conséquent, a-t-il indiqué, nous exigeons que la question de la décolonisation de l’île soit inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée générale.  Rappelant que la Cour suprême des Etats-Unis avait déterminé que « Porto Rico appartenait aux États-Unis, mais n’en faisait pas partie », il a estimé que le statut accordé à l’île était « indigne » d’une nation qui se respecte.  Désormais, il s’agit de consacrer au plus tôt la souveraineté de Porto Rico, puis de veiller à l’application de la résolution 1540 pour que le peuple portoricain puisse librement choisir son statut, a souligné le pétitionnaire.  L’ONU, en tant que garant du droit à l’autodétermination des peuples, se doit de veiller au respect de l’application de ce droit inaliénable des Portoricains, a-t-il souligné.


M. CARLOS HERNANDEZ-LOPEZ, de la Chambre des Représentants de Porto Rico, a expliqué qu’il appuyait l’application d’une option de solution politique au problème de Porto Rico, qui doit être négociée entre Porto Rico et les États-Unis dans le contexte d’une relation qui ne soit ni coloniale ni territoriale.  Il a regretté qu’en dépit du fait que les États-Unis ne respectent pas leurs obligations internationales, l’ONU offre « pour seule arme » de défense de la cause du peuple portoricain la possibilité, pour ses ressortissants, d’exprimer leur indignation devant le Comité de la décolonisation.  C’est aussi frustrant que l’indifférence dont font preuve les États-Unis envers les doléances des Portoricains.  Abordant la question du prochain référendum, il a estimé qu’il n’était pas conforme au droit international et ne correspondait qu’à une stratégie politique et électorale américaine.  Pour faire avancer la question de la décolonisation de Porto Rico, le pétitionnaire a exigé qu’elle soit inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations Unies.


Mme NILDA LUZ REXACH, du « National Advancement for Puerto Rican Culture INC. », a rappelé qu’en 1917, le Congrès américain a promulgué une loi octroyant la nationalité américaine aux habitants de Porto Rico.  Elle a regretté que malgré cette loi, plus de trois millions de Portoricains n’ont pas le droit de vote lors des élections fédérales, contrairement aux autres Américains.  De plus, elle a regretté le fait qu’aucun représentant de Porto Rico ne siège au Congrès américain, alors même que les populations originaires de l’île sont celles qui ont, proportionnellement, le plus versé leur sang dans les guerres auxquelles ont pris part les États-Unis.  Elle a balayé les craintes relatives à la perte de la culture portoricaine, la culture américaine étant imposée aux habitants de l’île.  Les Portoricains restent néanmoins attachés à leur culture, a-t-elle souligné.  « Il n’y a qu’une seule solution honorable pour traiter de la question du statut de Porto Rico: reconnaître l’île comme un État-nation ou favoriser une  pleine intégration de Porto Rico comme 51ème État des États-Unis, avec tous les droits et avantages qui y sont liés », a-t-elle plaidé.


M. JOSE ADAMES, du « Literary Center Anacaona », a expliqué que Porto Rico n’est pas seulement une île, car la moitié des Portoricains vivent aux États-Unis depuis des générations.  Il s’est interrogé sur l’avenir de ces quatre millions de Portoricains qui n’ont plus de liens avec leur terre d’origine, et seraient « complètement déboussolés » par une éventuelle indépendance de Porto Rico, et la perte de leur nationalité américaine.  Dans la même veine, il a demandé si les dépouilles des soldats d’origine portoricaine qui sont morts pour le compte des États-Unis seraient renvoyées à Porto Rico en cas d’indépendance.  « Si on arrivait à un Porto Rico libre, comment va-t-on gérer toutes ces mutations? » s’est-il inquiété.  Il a ajouté que Porto Rico « n’est pas une colonie », car les gens qui y vivent n’ont pas besoin de visa pour entrer sur le territoire des États-Unis.  Il a également réclamé, pour Porto Rico, le statut de 51ème État des États-Unis avec le droit de voter des représentants au Congrès.


M. RICHARD LOPEZ RODRIGUEZ, du « Frente Patriotico Arecibeño », a évoqué le projet, soutenu par la Banque mondiale, qui consisterait à créer un réseau énergétique pour les Caraïbes.  Il s’agit en fait d’un projet énergétique proposé par les États-Unis pour alimenter les Caraïbes en énergie à partir de Porto Rico, a-t-il expliqué, avant d’en dénoncer les effets sur l’environnement et en particulier sur la durabilité de l’agriculture sur l’île.  Il a également dénoncé les effets néfastes du projet militaire HAARP américain, qui opère à Arecibeno, et en particulier ses effets polluants graves.  Par conséquent, nous nous opposons à ce projet qui porte atteinte au bien-être de la planète et dont le seul but est de renforcer l’implantation militaire américaine à Porto Rico, a dit M. Lopez Rodriguez.  Il a demandé à la communauté internationale de reconnaître la souveraineté de Porto Rico pour qu’il y ait enfin des projets qui respectent l’intérêt des Portoricains.


M. JUAN CAMACHO, du Groupe communautaire contre le gazoduc, a défendu le point de vue selon lequel le développement durable et la protection de l’environnement font intégralement partie du bien-être et des droits fondamentaux des peuples.  Il a dénoncé le projet de gazoduc qui devrait traverser toute l’île au Porto Rico en portant préjudice aux intérêts du peuple portoricain.  Il a exigé que le corps d’ingénieurs américains à l’origine du projet retire sa demande de permis de construction, qui a été déposée en août 2010, et qui n’a pas encore abouti du fait des conséquences écologiques de ce projet.


Mme IRIS ZAVALA-MARTINEZ, du Centre de la femme et de la famille nouvelle, a rappelé les paroles de l’écrivain Frantz Fanon selon lesquelles le colonialisme tend à vouloir retirer leur identité aux peuples colonisés.  Elle a ainsi estimé que ce serait une violation des droits de l’homme et une agression que de vouloir imposer l’anglais comme langue officielle à Porto Rico.  Elle a évoqué les interrogations qu’ont les jeunes Portoricains victimes d’une crise profonde d’identité, et elle a également relevé que les sentiments d’infériorité et le manque de confiance ont fait leur lit au sein de la population portoricaine.  Elle a en outre décrié l’élimination de la mémoire du passé et de l’histoire de Porto Rico par la puissance coloniale.  Elle a par ailleurs estimé que le colonialisme, à Porto Rico et partout ailleurs dans le monde, a provoqué un « traumatisme historique » qui se manifeste par un sentiment de profonde nostalgie et par une perte de la personnalité culturelle des peuples et personnes qui en sont les victimes.  Elle a notamment affirmé que les Portoricains vivant aux États-Unis avaient le taux de dépression mentale le plus élevé dans ce pays.  « La décolonisation commence maintenant: il faut libérer notre psychisme, et l’esprit de lutte et de résistance fait partie de la culture portoricaine », a-t-elle proclamé.


Adoption du projet de résolution L.7


Déclarations avant l’adoption du projet de résolution


Le représentant de l’Égypte, qui s’exprimait au nom du Mouvement des non-alignés, a fait part de l’appui du Mouvement aux travaux du Comité spécial des Vingt-Quatre.  Il a renouvelé l’appel lancé par les non-alignés aux États Membres des Nations Unies pour qu’ils renforcent leurs actions en faveur de la décolonisation.  Le Mouvement des non-alignés réaffirme en outre sa position, qui et connue, sur la question de Porto Rico, a dit le représentant.  Rappelant que cette question est inscrite depuis 37 ans à l’ordre du jour du Comité de la décolonisation et que plus de 30 résolutions ont déjà été adoptées par le Comité sur cette question, il a incité les États-Unis à respecter ces textes en vue de faire avancer le processus de décolonisation de Porto Rico en permettant aux Portoricains d’exercer leur droit à l’autodétermination.  Il a dit que les non-alignés espèrent que cette résolution sera adoptée par consensus.


La représentante du Nicaragua, a souligné que le Mouvement des non-alignés prône la lutte pour l’indépendance et la souveraineté des peuples, et que par conséquent il appuie les revendications d’indépendance du peuple portoricain.  Elle a demandé que l’Assemblée générale se saisisse de la question de la situation coloniale et du statut de Porto Rico, et elle a lancé un appel aux États-Unis pour qu’ils respectent les dispositions des 30 résolutions adoptées à ce jour par le Comité sur cette question.  Elle a également exigé la libération immédiate des prisonniers politiques portoricains Oscar López Rivera, NorbertoGonzález Claudio et AvelinoGonzálezClaudio.  La délégation du Nicaragua espère que, comme dans le passé, la résolution L.7 sera adoptée par consensus, a dit la représentante.


Le représentant du Venezuela a rappelé que les Nations Unies ont déjà adopté une trentaine de résolutions et décisions sur la question de Porto Rico.  Il a rappelé le vœu du révolutionnaire vénézuélien Simon Bolivar qui souhaitait voir toute l’Amérique latine libre, indépendante et unie au sein d’une confédération.  Il a souhaité que le peuple de Porto Rico ait la liberté de choisir son propre destin.  Il a ensuite rappelé les victoires de la décolonisation dans les continents américain, asiatique et africain, et a souhaité que l’Assemblée générale examine la question de l’autodétermination de Porto Rico.  « Nous demandons au Gouvernement des États-Unis de remettre en liberté les prisonniers politiques portoricains qui purgent des peines de prison pour avoir levé le drapeau indépendantiste de Porto Rico », a-t-il plaidé.  Il a souligné par ailleurs que les peuples de l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA) accompagnent le peuple portoricain dans sa volonté de se libérer du joug colonial.


Le représentant de la Bolivie a estimé que Porto Rico devra revenir dans les rangs de la famille de l’Amérique latine au sein de laquelle une place lui est déjà réservée.  Il a, comme de nombreux autres orateurs, évoqué le destin d’Oscar LópezRivera, emprisonné depuis 31 ans aux États-Unis, et qui est aujourd’hui âgé de 69 ans.  Il a souhaité qu’il puisse jouir bientôt de sa liberté.


Le représentant de la République islamique d’Iran a réaffirmé le droit du peuple de Porto Rico à l’autodétermination.  Il a souhaité que le Comité spécial des Vingt-Quatre puisse faciliter ce dessein.  Il a assuré que le Gouvernement de l’Iran était engagé pleinement en faveur de l’élimination du colonialisme à travers le monde.


La représentante de l’Équateur a rappelé que le droit à l’autodétermination des peuples est une norme de droit international.  Se ralliant à la déclaration du Mouvement des non-alignés, la délégation équatorienne appuie les revendications visant à mettre un terme à la situation coloniale de Porto Rico et souhaite que cette question soit étudiée par l’Assemblée générale, a-t-elle souligné.  L’Équateur exige en outre que le prisonnier politique Oscar Lopez Rivera soit libéré.


Le représentant de la République arabe syrienne a réaffirmé le soutien de sa délégation à la lutte du peuple portoricain pour l’exercice de son droit inaliénable à l’autodétermination.  Rappelant que le 25 juillet prochain, l’intervention américaine à Porto Rico fêtera son 114ème anniversaire, le représentant a regretté qu’en dépit des 30 résolutions adoptées par le Comité de la décolonisation sur cette question, le Gouvernement des États-Unis n’ait toujours pas respecté ses obligations et n’ait pas permis au peuple portoricain de jouir de son droit à l’autodétermination.


Adoption de la résolution


À la suite de ces différentes déclarations, le Comité spécial des Vingt-Quatre a adopté sans vote le projet de résolution publié sous la cote A/AC.109/2012/L.7, présenté par Cuba, et parrainé par la Bolivie, Cuba, l’Équateur, le Nicaragua et le Venezuela en rapport avec le projet de décision du Comité spécial, en date du 20 juin 2011, concernant Porto Rico.


En adoptant cette résolution, le Comité spécial réaffirme le droit inaliénable du peuple portoricain à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément à la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, et l’applicabilité à Porto Rico des principes fondamentaux énoncés dans cette résolution.  En outre, le Comité spécial demande de nouveau au Gouvernement des États-Unis d’Amérique d’assumer la responsabilité qui lui incombe d’engager un processus permettant au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance dans l’application intégrale de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale et des résolutions et décisions du Comité spécial relatives à Porto Rico. 


Par ailleurs, par cette résolution, le Comité spécial demande à nouveau au Président des États-Unis de libérer les prisonniers politiques suivants, qui accomplissent dans des prisons américaines des peines pour des raisons touchant à la lutte pour l’indépendance de Porto Rico: Oscar López Rivera, qui est détenu depuis plus de trente ans; Avelino González Claudio, et Norberto González Claudio, qui a été arrêté plus récemment.


Déclaration après l’adoption de la résolution


Le représentant de Cuba a exprimé sa satisfaction que cette résolution, pour la treizième année consécutive, ait été adopté à l’unanimité par les membres du Comité spécial des 24.  Il a rappelé le passé commun des peuples d’Amérique latine, notamment celui de Cuba et de Porto Rico, dans leur vécu marqué par les luttes révolutionnaires contre l’impérialisme.  Il a relevé que les 114 années de domination coloniale imposées à Porto Rico n’ont pas réussi à détruire la culture du peuple portoricain, et il a ajouté que Cuba continuera de soutenir le combat du peuple portoricain jusqu’à la victoire finale.


Reprise de l’audition de pétitionnaires


Mme PAULETTE D’AUTEUIL, du « National Jericho Movement », a porté son intervention sur l’amnistie des prisonniers politiques et prisonniers de guerre portoricains.  Le National Jericho Movement est un mouvement politique et social qui cherche à parvenir à la reconnaissance des droits politiques de ces détenus par les États-Unis, a-t-elle expliqué.  Elle a demandé que l’Assemblée générale des Nations Unies se saisisse de la question de la décolonisation de Porto Rico.


M. ANTONIO MARTORELL, membre du Parti nationaliste de Porto Rico et artiste portoricain, a soulevé les questions du droit du sol, du droit du sang, ou encore du droit de la langue en tant que déterminants du droit à la patrie.  « Si je me déclare artiste portoricain, je suppose que je suis un Portoricain artiste.  Cependant cela n’est pas possible, puisque nous avons la nationalité américaine désormais », a-t-il fait remarquer.  La beauté de l’art nécessite, a-t-il estimé, la conquête de la liberté, alors que le cauchemar colonial suppose le conformisme et l’absence de révolte pour obtenir sa liberté.  Par conséquent, je revendique la libération des prisonniers politiques portoricains, et en particulier de l’artiste Oscar López Rivera, dont le seul tort a été de rêver une patrie et sa liberté, a dit M. Martorell.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.