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L’Assemblée générale demande au Secrétaire général de lui fournir davantage d’informations sur la création d’un poste de coordonnateur pour la lutte contre le terrorisme

AG/11261

L’Assemblée générale demande au Secrétaire général de lui fournir davantage d’informations sur la création d’un poste de coordonnateur pour la lutte contre le terrorisme

29/06/2012
Assemblée généraleAG/11261
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

120e séance plénière - matin


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DEMANDE AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LUI FOURNIR DAVANTAGE D’INFORMATIONS

SUR LA CRÉATION D’UN POSTE DE COORDONNATEUR POUR LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME


L’Assemblée générale a achevé, ce matin, le troisième examen biennal de la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, adoptée le 8 septembre 2006, en demandant au Secrétaire général de lui fournir davantage de précisions sur sa proposition de désigner un coordonnateur des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme*.


Elle a également fait sien l’Appel** solennel lancé par le Président de l’Assemblée à l’occasion de la Trêve olympique et par lequel il invite tous les États Membres à manifester leurattachement à cette Trêve à l’occasion des Jeux olympiques etparalympiques de Londres en juillet et août 2012.


Aux termes de la résolution intitulée « Examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies », adoptée sans vote à l’issue de la réunion, l’Assemblée générale prend note de la proposition du Secrétaire général de désigner un coordonnateur des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et lui demande de fournir davantage de précisions à cet égard, pour pouvoir poursuivre l’examen de cette question sans tarder.


Le Secrétaire général recommandait*** en effet la désignation d’un coordonnateur qui serait responsable de la coordination stratégique, de la cohérence et de la mise en œuvre de la Stratégie, et également son conseiller principal pour les questions relatives à la lutte antiterroriste.


Dans sa résolution, l’Assemblée générale se déclare préoccupée par le fait que les terroristes, dans une société mondialisée, ont de plus en plus souvent recours aux nouvelles technologies de l’information et des communications.  Elle s’inquiètede voir augmenter le nombre des enlèvements et des prises d’otages qui visent à obtenir des fonds ou des concessions politiques.


L’Assemblée se dit consciente qu’il faut redoubler d’efforts pour accorder la même attention à la mise en œuvre des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale: élimination des conditions propices à la propagation du terrorisme, prévention et lutte contre le terrorisme, renforcement des capacités de tous les États et rôle de l’ONU, et droits de l’homme. 


Elle considère que c’est aux États Membres qu’il incombe au premier chef d’appliquer la Stratégie antiterroriste mondiale et encourage une mise au point plus poussée de plans nationaux, sous-régionaux et régionaux.  Elle encourage égalementla société civile, notamment les organisations non gouvernementales (ONG), à entreprendre des efforts visant à renforcer l’action menée pour appliquer la Stratégie. 


L’Assemblée générale rappelle également le rôle que joue le système des Nations Unies, en particulier l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, dans la promotion de la coopération internationale et du renforcement des capacités comme éléments de la Stratégie.


Elle invite notammenttous les États Membres à collaborer avec le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et à contribuer à l’exécution de ses activités par l’entremise de l’Équipe spéciale.  Le représentant de l’Arabie saoudite s’est réjoui que le Centre, qui est hébergé dans son pays, soit devenu une réalité.  « Sa création reflète la conviction que la lutte contre le terrorisme nécessite l’échange d’expériences et la collaboration », a-t-il affirmé.


L’Assemblée engage aussi les États, ainsi que les entités des Nations Unies qui s’emploient à soutenir la lutte contre le terrorisme, à continuer d’œuvrer pour la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales, ainsi que des droits de la défense et de la primauté du droit, tout en combattant le terrorisme.


Enfin, elle souligne que la tolérance et le dialogue entre les civilisations, et le renforcement de la compréhension entre les religions et les cultures sont parmi les moyens les plus efficaces de promouvoir la coopération et le succès dans la lutte contre le terrorisme.


Au cours du débat, le représentant du Sri Lanka a, en effet, prévenu que « l’attention dont bénéficie l’aspect sécuritaire de la question ne suffira pas à éliminer ce fléau ».  Son homologue de la Tunisie a estimé, pour sa part, que la question de la réhabilitation sociale des personnes condamnées pour terrorisme n’était pas suffisamment prise en compte dans les mesures de lutte antiterroriste.


À l’issue du débat, les représentants d’Israël et de la Tunisie ont exercé leur droit de réponse.


La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.


* A/66/L.53


  ** A/66/862


   *** A/66/762 et A/66/762/Add.1


LA STRATÉGIE ANTITERRORISTE MONDIALE DES NATIONS UNIES


Rapport du Secrétaire général sur les activités menées par le système des Nations Unies pour appliquer la Stratégie » (A/66/762 et A/66/762/Add.1)


Déclarations (Suite)


M. Emmanuel OKAFOR (Nigéria) a annoncé que son pays appuie les initiatives internationales visant à renforcer la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme.  Mais il est important d’éviter les doubles emplois et de veiller à ce que ces initiatives aillent dans le même sens afin de faciliter et de promouvoir la coordination, a souligné M. Okafor.  Le Nigéria a participé à la formulation du Protocole de la Convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, datant de 1999, et adoptée à Alger, et a adhéré à la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre le terrorisme en 2004, a-t-il indiqué.


Au cours des derniers mois, le Nigéria a fait face à une recrudescence des actes terroristes dans le nord du pays.  Mais le Nigéria ne se laisse pas intimider par ces attaques, a affirmé M. Okafor.  Il s’est mis à élaborer des stratégies nationales et surtout à collaborer plus étroitement avec la communauté internationale.  Il a pris des mesures pour renforcer ses capacités de répression du terrorisme à travers son arsenal juridique et réglementaire et pour renforcer le partenariat stratégique de lutte contre le terrorisme.


En janvier, le Nigéria et l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme des Nations Unies ont lancé le projet « Appui intégré de lutte contre le terrorisme », a poursuivi le représentant.  En juin, l’Équipe spéciale a animé, au Nigéria, un atelier de formation sur les attentats-suicide et les stratégies de prévention dans le cadre du projet « Stabilisation et renforcement des capacités contre le terrorisme ».  En outre, le pays a manifesté son intérêt à accueillir le lancement de la Stratégie sous-régionale en Afrique de l’Ouest cette année.  Au plan national, a déclaré M. Okafor, le Président du Nigéria, M. Goodluck Jonathan, a signé la loi sur la prévention du terrorisme et la loi sur le blanchiment d’argent le 3 juin 2011, un texte dont l’objectif est notamment d’empêcher le financement du terrorisme.


M. ZDRAVKO TUVIĆ (Serbie) a indiqué que son pays s’apprêtait à entrer dans la phase finale des préparatifs du lancement d’un projet conjoint avec l’Union européenne et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) dont le but est le renforcement du régime juridique antiterroriste de la Serbie.  Un programme d’activités a d’ores et déjà été mis sur pied pour assurer la bonne visibilité de ce projet, a-t-il ajouté, précisant que cette initiative serait élaborée en étroite collaboration avec les États membres de l’Union européenne.


M. Tuvić a ensuite fait savoir que la Serbie avait accueilli, l’année dernière, un atelier sur la lutte contre le financement des activités terroristes pour les États d’Europe du Sud-Est.  La Serbie a également adopté, à la fin du mois d’avril dernier, un Plan national d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur le non-accès des acteurs non étatiques aux armes de destruction massive.  Le représentant a aussi fait savoir que le processus d’adoption d’une loi sur le gel des avoirs terroristes serait enclenché dès la formation du gouvernement.


M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a fait savoir que différentes lois avaient été adoptées dans son pays dans le but de combattre les activités extrémistes, le terrorisme et son financement.  Le Code pénal a été durci s’agissant de l’incitation à la haine raciale, religieuse ou interrégionale et de la conspiration de crimes terroristes.  Le représentant a attiré l’attention sur l’importance qu’il y a à renforcer les capacités des autorités compétentes.  Il a fait savoir qu’en 2011, son gouvernement avait établi un Comité d’État pour la sécurité nationale chargé de coordonner les activités des différentes autorités publiques et de promouvoir la coopération internationale.


Le Kirghizistan est particulièrement préoccupé par la sécurité et la stabilité régionales et accorde la plus haute attention à l’interaction avec le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale.  Le représentant a aussi fait savoir que le Programme de coopération des États membres de l’Organisation de coopération de Shanghai avait été approuvé lors du Sommet tenu ce mois-ci.  Il a précisé que ce Programme fournit des outils pour identifier, prévenir et combattre les différentes activités criminelles, dont le terrorisme.


M. YURI NIKOLAICHIK (Bélarus) a considéré que la corrélation entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée exigeait un renforcement de la coopération entre États, et ce, tant au sein du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, qu’à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) ou à Interpol.  Il a mis l’accent sur la protection des frontières en tant que composantes de la lutte contre le terrorisme, soulignant que les dépenses du Bélarus dans ce domaine allaient en s’accroissant.  Il a également exhorté ses partenaires à coopérer davantage dans ce domaine et à renforcer le régime juridique international, entre autres, par une convention ad hoc.  Il s’est encore dit partisan d’une amélioration des mesures de prévention par l’échange de données et d’expériences, notamment dans le domaine du transport de matériaux chimiques ou nucléaires et de l’utilisation d’Internet à des fins terroristes.


M. ALEXANDRE GARCIA, Sous-Directeur des menaces transversales au Ministère des affaires étrangères de la France, a estimé qu’il était plus que nécessaire que la communauté internationale fasse front commun contre la menace du terrorisme.  Il a jugé important de continuer à promouvoir la Stratégie antiterroriste mondiale qui, a-t-il affirmé, permettra de progresser dans de nombreux domaines, notamment le renforcement des capacités, éléments clefs pour assister les États les plus fragiles ou en crise.  Il est impératif, a poursuivi le représentant, que la lutte contre le terrorisme se fasse dans le strict respect des droits de l’homme, meilleure garantie, selon lui, de l’efficacité de ce combat.  Il a également estimé qu’il ne fallait pas non plus sous-estimer le rôle des victimes.  Leurs voix et leurs messages doivent être pris en compte.


M. Garcia a ensuite appelé au renforcement de la coordination sur le plan international avec d’autres organisations qui ont mis sur pied un programme de lutte contre le terrorisme, notamment le Forum global de lutte contre le terrorisme et l’Union européenne.  Il a par ailleurs estimé que la création d’un poste de coordonnateur permettrait d’éliminer les doubles emplois parmi les différentes entités onusiennes.


M. NEJMEDDINE LAKHAL (Tunisie) a réaffirmé son engagement en faveur de la lutte contre le terrorisme et a expliqué que son pays avait pris toutes les mesures pour transposer en droit interne les dispositions internationales.  Outre une réforme profonde de sa législation et l’adhésion à la quasi-totalité des initiatives et actions dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, la Tunisie estime que cette lutte dépasse cependant les propres capacités d’un État.  Le représentant a donc appelé à une coopération internationale et régionale renforcée.


Dans le cadre de ce troisième examen, il a également souligné la nécessité de mettre en œuvre de manière équilibrée tous les piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Il a voulu une approche multidimensionnelle fondée sur une coopération efficace entre les organisations internationales, régionales, sous-régionales, la société civile et les médias.  Il a estimé que le terrorisme d’État devait être condamné vigoureusement car il se fait au mépris des principes les plus élémentaires du droit international.  Il a aussi mis l’accent sur la réhabilitation sociale des personnes condamnées pour terrorisme, un sujet qui n’est pas suffisamment pris en compte, a-t-il estimé.


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) a estimé que le terrorisme ne pouvait être combattu que par la coordination internationale et a appelé au renforcement du rôle de l’ONU en la matière.  Il a estimé qu’une attention particulière devait être accordée aux piliers I « élimination d’un environnement propice au terrorisme » et IV « droits de l’homme » de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU.  Le représentant a ensuite fait savoir que le Chili avait créé un département pour la lutte contre le terrorisme pour faciliter la coordination de la politique étrangère en la matière.  Les autorités se penchent également sur les problèmes du bioterrorisme et du cyberterrorisme, a-t-il ajouté.


M. Errázuriz a souligné les importantes contributions que peuvent faire les organisations régionales et appelé à des initiatives qui tiennent comptent de la question de la « vulnérabilité culturelle ».  Il a rappelé qu’en novembre 2011, le Chili a coorganisé un atelier sous-régional sur le bioterrorisme.  Il a estimé nécessaire d’engager le dialogue entre les différents acteurs sociaux afin de répondre aux causes qui favorisent le terrorisme, dont la fracture sociale et le manque d’opportunité.


M. Al-AWADY (Iraq) a fait remarquer que, depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, son pays avait entrepris « tous les efforts possibles » pour combattre le terrorisme, notamment en incluant dans sa Constitution de 2005 un article condamnant quiconque glorifie le terrorisme ou prépare des actes terroristes.  « L’Iraq ne veut pas être une base du terrorisme et c’est la raison pour laquelle il a ratifié tous les traités et toutes les conventions pertinentes », a expliqué son représentant. 


Il a ajouté que son pays avait participé à plusieurs conférences et ateliers visant à favoriser le dialogue et la compréhension entre les peuples et les civilisations.  « L’Iraq est convaincu que la coexistence pacifique entre ethnies est un moyen de lutter contre le terrorisme, un moyen conforme à la Stratégie antiterroriste mondiale », a-t-il souligné.  Pour parvenir à l’égalité entre les différentes composantes de la société iraquienne, la Constitution du pays demande, par exemple, le respect des droits, des libertés et de la religion, ainsi que la liberté d’expression pour tous et sous tous ses aspects. 


M. LIBRAN NUEVAS CABACTULAN (Philippines) a indiqué que la promotion du dialogue interculturel et interconfessionnel comptait parmi les plus importantes activités antiterroristes de son pays.  Il a expliqué que l’amendement de la loi 2007 sur la sécurité humaine permettait dorénavant de traduire en justice les terroristes, tout en maintenant le respect des droits des personnes.  Deux nouvelles lois ont été adoptées pour renforcer la législation relative au blanchiment d’argent et le financement du terrorisme est dorénavant passible de poursuites, a-t-il ajouté.


Le représentant a ensuite estimé que la lutte contre le terrorisme doit se faire sur la base d’informations fiables.  Les Philippines ont ainsi organisé un atelier pour la création d’une équipe nationale capable d’évaluer la qualité des informations obtenues et d’améliorer la communication entre les enquêteurs.  Le représentant a appelé les États Membres à redoubler d’efforts pour veiller à ce que les armes nucléaires et de destruction massive ne tombent pas entre les mains des terroristes.


Condamnant fermement toutes les formes de terrorisme et les activités qui en découlent, M. KAMEL REZZAG BARA (Algérie) a souligné que de tels actes ne sauraient être liés à un groupe ou à une civilisation en particulier.  Il a estimé que le document contenant la Stratégie antiterroriste mondiale devrait pouvoir rester ouvert et faire l’objet de modifications en fonction de l’évolution du terrorisme.  Il a insisté sur la mise en œuvre des quatre piliers de la Stratégie, de manière équilibrée et a mis l’accent sur le renforcement de la coopération internationale, régionale et sous-régionale, ainsi que sur le renforcement des capacités nationales.  Il s’est félicité des initiatives entreprises pour le fonctionnement du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme. 


D’un point de vue national, le représentant a souligné que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, adoptée en 2005 et qui renforce la cohérence et la solidarité nationales en Algérie, prévoyait une compensation pour toutes les victimes du terrorisme.  La lutte contre le terrorisme ne pourra pas réussir si elle ne tient pas compte des sources profondes du terrorisme, a-t-il aussi souligné, expliquant que son pays avait mis au point des programmes d’éducation et des programmes culturels dans ce domaine, fondés sur les principes des droits de l’homme. 


M. MILORAD ŠĆEPANOVIĆ (Monténégro) a souligné les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, depuis son adoption en 2006, notamment l’institutionnalisation de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme et la création du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme.  Estimant cependant qu’il restait beaucoup à faire pour garantir l’application intégrale de la Stratégie, il a invité à galvaniser les efforts et la collaboration à tous les niveaux et entre toutes les parties prenantes.  Dans le cadre de cette lutte, il a conseillé de bien combiner les éléments relatifs à la sécurité, à l’état de droit, au développement et aux droits de l’homme.  M. Šćepanović a aussi mis l’accent sur le rôle crucial des Nations Unies dans ce domaine et, dès lors, la nécessité de bien coordonner les efforts de chaque entité du système.  Le Monténégro partage pleinement la recommandation faite à cet égard par le Secrétaire général de nommer un coordonnateur des Nations Unies pour la lutte antiterroriste.  De son côté, le Monténégro a adopté un cadre juridique et institutionnel qui permet de prévenir et de combattre le terrorisme, a assuré son représentant, ajoutant qu’il participe aussi à des activités menées dans la région.


M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a fait remarquer qu’Al-Qaida avait, certes, été affaibli mais s’est dit préoccupé par l’émergence de mouvements régionaux, en particulier dans la péninsule arabe, dans la corne de l’Afrique et dans le Sahel.  Cela témoigne du fait que les réseaux terroristes demeurent capables de s’adapter pour poursuivre leurs opérations, a-t-il estimé.  Dans ce contexte, il a considéré que la Stratégie antiterroriste mondiale, adoptée il à six ans, demeurait le cadre principal des efforts et que le consensus, ainsi que la détermination commune des pays à son égard, demeuraient plus fermes que jamais. 


Il a ensuite appuyé l’appel lancé par le Secrétaire général en vue de la désignation d’un coordonnateur des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et a encouragé le Secrétariat à présenter une proposition étayée à cet égard afin d’atteindre un accord à ce sujet le plus rapidement possible.  Il a ensuite souligné que la Nouvelle-Zélande participait de manière active aux efforts de coopération internationale et régionale, en particulier par le biais du Forum des îles du Pacifique et le partenariat avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) et le Forum global contre le terrorisme qui vient d’être créé.  Notant le lien fort entre le terrorisme et d’autres menaces à la sécurité telles que la criminalité transnationale organisée, les conflits armés ou l’instabilité et la fragilité des États, il a exhorté l’ONU, au cours des deux années à venir, à attacher une plus grande attention à l’intégration d’une réaction à ces menaces qui sont souvent liées au terrorisme. 


M. AHMED AL-JARMAN (Émirats arabes unis) a estimé que les progrès réalisés dans la mise en œuvre des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale demeurent insuffisants.  Cela est principalement dû à la persistance des conditions propices au terrorisme, notamment l’agression et l’emploi illégal de la force, a-t-il affirmé.  Il a exhorté les États Membres à renforcer la coopération et la coordination internationales en matière de lutte contre le terrorisme et son financement.  Il les a aussi appelés à renforcer leurs efforts de lutte contre le trafic illégal d’armes et de stupéfiants, entre autres.


Le représentant a indiqué qu’outre l’examen continu de leur législation antiterroriste, les Émirats arabes unis prévoyaient l’ouverture, au mois d’octobre prochain, à Abu Dhabi, du Centre international d’excellence pour la lutte contre l’extrémisme violent.  Ce Centre, a-t-il précisé, sera le premier forum international pour la coordination des efforts déployés sur les plans national, régional et international.  M. Al-Jarman a appelé à une conférence internationale pour élaborer une définition claire du terrorisme et en identifier les causes principales.


M. AL AHMAD (Arabie saoudite) a considéré que le terrorisme constituait l’un des défis les plus importants de notre ère et que celui-ci ne pouvait se limiter à une religion, à une race, à une nation ou à une civilisation.  Parmi les efforts entrepris par son pays, il a notamment cité la ratification de 14 des 16 conventions internationales en matière de lutte contre le terrorisme.  S’agissant du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, il a rappelé que la proposition avait été avancée pour la première fois par le Roi Abdullah Bin AbdulazizAl-Saud lorsque l’Arabie saoudite avait accueilli la Conférence internationale sur la lutte contre le terrorisme, en 2005.  Le représentant s’est réjoui aujourd’hui que ce Centre soit devenu une réalité. 


« Sa création reflète la conviction que la lutte contre le terrorisme nécessite l’échange d’expériences et la collaboration », a-t-il dit.  Il a également mis l’accent sur la nécessité de définir une stratégie mondiale à tous les niveaux et a accueilli avec satisfaction les travaux du Forum mondial de lutte contre le terrorisme.  « L’examen de la Stratégie n’est pas un simple processus biennal routinier mais une exigence pour contrecarrer le fléau du terrorisme », a-t-il ajouté, notant que celui-ci s’est radicalisé et que des groupes travaillent aujourd’hui sans appui d’une quelconque organisation.  Avant de conclure, il a estimé que la communauté internationale ne pouvait se taire face au terrorisme pratiqué contre le peuple palestinien qu’est le blocus de Gaza.


Mme SHEILA N. MWEEMBA (Zambie) a annoncé que la Zambie a fait des progrès considérables dans la réalisation des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Le Gouvernement sait, a-t-elle dit, que la mauvaise gouvernance peut conduire au terrorisme.  Elle a donc entamé des réformes dans les médias, dans les secteurs électoral, judiciaire et constitutionnel.  Le Gouvernement a aussi mis en place un partenariat avec le secteur privé et les organisations de la société civile, y compris les institutions religieuses, pour promouvoir le dialogue sur les questions d’intérêt commun comme la menace du terrorisme.


La Zambie continue à mettre en œuvre toutes les conventions internationales qu’elle a signées et à promouvoir des relations amicales et cordiales avec les autres pays.  La Zambie, en tant que membre du Groupe antiblanchiment de l’Afrique orientale et australe (GABAOA), prend des mesures pour relever les divers défis.  La représentante a exprimé la détermination de son pays à renforcer sa capacité à faire face aux menaces terroristes, grâce à des structures telle que l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme.  Le pays est sur le point de créer un centre national antiterroriste et un centre de renseignement financier en vue de renforcer sa lutte contre le terrorisme.  La représentante a appuyé la recommandation du Secrétaire général de créer un poste de coordonnateur. 


M. AMAN HASSEN BAME (Éthiopie) a estimé que la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale n’avait pas encore débouché sur les résultats escomptés.  Des mesures effectives sont donc nécessaires pour faire face aux conditions propices au terrorisme, renforcer les capacités des États et assurer le respect des droits de l’homme et de l’état de droit, a-t-il estimé.  Le représentant a également estimé que les organisations internationales, régionales et sous-régionales devaient continuer de jouer un rôle clef dans la coopération.  Il faut aussi des mesures à long terme et multisectorielles capables de faire face à toutes les facettes du terrorisme, a-t-il ajouté.


Le représentant s’est dit convaincu que le dialogue intercivilisationnel, interculturel et interconfessionnel comptait parmi les plus importants éléments de la lutte contre le terrorisme.  Il a également estimé que la réaction de la communauté internationale face au recours croissant des terroristes à l’Internet demeurait insuffisante.  M. Bame s’est félicité de l’intention du Secrétaire général de nommer un coordonnateur, y voyant là un moyen d’éliminer les chevauchements et les doubles emplois au sein de l’ONU.  Il a insisté sur l’importance de lutter contre le financement du terrorisme et a fait savoir que l’Unité du renseignement financier de l’Éthiopie participait activement à l’échange d’informations relatives aux flux suspects de fonds.  L’Éthiopie, a-t-il ajouté, a également intensifié sa coopération en matière d’échange d’informations, grâce à la conclusion de différents accords bilatéraux.


M. JOHN NGARUYE NDUNGUTSE (Ouganda) a révélé que son pays connait, depuis des années, les défis du terrorisme émanant, entre autres, de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA).  À cet égard, le Gouvernement a pris plusieurs mesures.  Il adhère pleinement à la Stratégie antiterroriste mondiale et au plan régional, il met en œuvre le Plan de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  Au plan national, en 2002, le pays a adopté son plan antiterroriste qui prévoit la peine de mort pour les auteurs d’actes terroristes et leurs collaborateurs.  L’Ouganda a aussi développé un programme d’information, de sensibilisation et de communication.  Il suggère l’amélioration de la circulation des informations entre pays et l’aide au renforcement des capacités nationales.  


M. PALITHA KOHONA (Sri Lanka) s’est dit particulièrement préoccupé de constater l’existence d’une source croissante de volontaires prêts à prendre part à des activités terroristes.  Il importe donc de répondre aux conditions propices à la propagation du terrorisme car, a-t-il soutenu, l’attention dont bénéficie l’aspect sécuritaire de la question ne suffira pas à éliminer ce fléau.  Une mise en œuvre plus équilibrée des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale s’impose.


M. Kohona a indiqué que le Sri Lanka venait de sortir de 27 années de terrorisme.  Depuis, l’économie est en plein essor et le tourisme ne cesse de croître, s’est-il félicité.  Il a expliqué que la marginalisation économique et le manque de perspective comptaient parmi les principaux facteurs du terrorisme et que son gouvernement avait dirigé des sommes importantes vers les anciennes zones de conflit.  Depuis, l’économie de ces régions a enregistré une hausse de 22% contre 8,2% sur le plan national, a-t-il signalé. 


Le représentant a estimé que l’incarcération à long terme des 11 700 combattants qui se sont rendus aux forces de sécurité du pays en 2009 s’avèrerait contre-productive et ne ferait qu’alimenter des sentiments de colère et d’amertume.  Ces personnes se sont vues accorder l’occasion de poursuivre leur éducation et d’avoir accès à une formation technique afin de réintégrer la vie civile.


Le représentant s’est par ailleurs inquiété de l’existence, dans certains pays occidentaux, de groupes qui appuient ouvertement le terrorisme et continuent de lever des fonds et de provoquer des agitations contre le Sri Lanka.


M. AHMED SAREER (Maldives) a indiqué que pour aligner la législation sur les obligations internationales, les Maldives ont adopté en 2008 une nouvelle loi sur l’antiterrorisme.  Il a appuyé la recommandation du Secrétaire général visant à désigner un coordonnateur pour la lutte contre le terrorisme.  État insulaire en plein milieu de l’océan Indien, les Maldives se heurtent au fléau de la piraterie. Le pays se félicite que l’Association sud-asiatique de coopération régionale (ASACR) ait initié un effort pour lutter contre ce phénomène.  Le pays n’a jamais changé de position: légitime ou pas, lorsqu’une idéologie est appuyée par le recours à la violence, elle ne peut être définie autrement que comme terrorisme.  Le Gouvernement a placé la lutte contre le terrorisme au cœur de sa politique et cherche à établir des partenariats pour le partage des renseignements.  Le Gouvernement multiplie en outre les initiatives sur le front de l’éducation, de la justice et le développement socioéconomique.


M. THIERRY ALIA (Bénin), intervenant au nom du Groupe des États d’Afrique, a estimé qu’il était impératif que des mesures soient prises au plan mondial pour combattre l’utilisation, par les groupes terroristes, des moyens de communication modernes, Internet en particulier. Il a également mis l’accent sur la nécessité d’intensifier les efforts pour combattre le financement du terrorisme, en particulier les rançons exigées avec les prises d’otages.  Cette technique odieuse et cynique constitue une source importante de financement, a-t-il insisté.


Le représentant a signalé que le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT) constituait une contribution « remarquable » de l’Afrique aux efforts de la communauté internationale.  Il s’est aussi félicité de la proposition du Secrétaire général de désigner un coordonnateur pour la lutte contre le terrorisme.  M. Alia a cependant souhaité une coopération plus poussée entre États à travers, notamment la Convention d’entraide judiciaire et d’extradition contre le terrorisme.  Il s’est félicité, dans ce cadre, de la mise en place du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme.  Enfin, M. Alia a exhorté les États Membres à coopérer dans la recherche du compromis nécessaire à l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme.


M. IVAN KOEDJIKOV, Conseil de l’Europe, a estimé que la compréhension commune et le respect universel des valeurs fondamentales que sont les droits de l’homme, la démocratie et l’état de droit, sont une condition préalable et une base solide pour traiter des conditions favorables à l’horreur et à la destruction que répand le terrorisme.  L’Europe n’est pas à l’abri de ce fléau, il peut même en être à l’origine, a reconnu le représentant.  Le Conseil a donc développé des normes et procédures largement acceptées pour le partage des informations et l’assistance mutuelle comme en témoigne la Convention sur la cybercriminalité.  Cette année pour la première fois, le mécanisme de suivi de la Convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme a été activé.  Le Comité d’experts du Conseil sur le terrorisme travaille quant à lui, cette année, sur la coordination nationale, l’utilisation des techniques spéciales d’enquêtes et sur l’approche normative pour criminaliser la préparation d’actes terroristes par des personnes qui agiraient seules.


Le Conseil continue aussi son combat contre l’intolérance, le racisme et l’exclusion sociale.  Il a ainsi publié un Livre blanc sur le dialogue interculturel.  Son initiative sur la gouvernance d’Internet vise à garder cet outil comme un espace de liberté, de justice et de liberté pour éviter qu’il ne devienne l’instrument de l’extrémisme et du terrorisme.  Le Conseil est aussi engagé dans l’assistance aux victimes du terrorisme comme en attestent plusieurs conventions, résolutions et recommandations.


M. WUCHTE, Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a indiqué que le nouveau Département des menaces transfrontalières de l’OSCE lui permettrait de mieux appuyer la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Il a expliqué que l’OSCE aide les pays à renforcer leurs systèmes juridiques et les aide à rédiger et à renforcer leur législation antiterroriste, conformément aux droits de l’homme et au droit international humanitaire.  On ne pourra pas réussir notre lutte contre le terrorisme si celle-ci ne se fait pas dans le respect de ces droits, a-t-il affirmé.


Le représentant a indiqué que l’OSCE avait participé à la mise en œuvre de la Stratégie en Asie centrale et que son organisation était particulièrement apte à traiter des menaces transfrontalières.  Il a affirmé que l’OSCE est le principal coordonnateur des activités antiterroristes et promeut une approche multidimensionnelle pour lutter contre la radicalisation qui conduit au terrorisme.  L’OSCE accorde en outre une attention particulière au rôle de la société civile dans la lutte contre le terrorisme et un guide a été publié pour faciliter sa participation.  Des efforts ont également été déployés pour renforcer la cybersécurité.  En outre, le programme de sécurité des voyages de l’OSCE démontre son efficacité dans le domaine de la lutte antiterroriste.


Droits de réponse


Répondant à la Tunisie, la représentante d’Israël s’est dite scandalisée des propos du représentant tunisien, estimant que les « remarques antisémites » de ce dernier rappelaient une « période honteuse ».  Elle a jugé consternant d’entendre l’Arabie saoudite donner une leçon sur le respect des droits de l’homme, pays où les femmes sont victimes de discrimination et où les homosexuels sont passibles d’une peine de prison voire d’une peine de mort.  Quand on vit dans une maison de verre, on doit s’abstenir de jeter des pierres, a-t-elle lancé.


Le représentant de la Tunisie a affirmé que sa délégation n’avait fait que rappeler une vérité connue de tous.  Israël, a-t-il affirmé, se présente comme une victime alors que c’est un agresseur.  Il a notamment accusé Israël d’avoir recours à un terrorisme d’État dont son propre pays a été victime.  Mais le plus grave c’est que le terrorisme d’État d’Israël ne fait même pas la distinction entre amis et ennemis.  Le représentant a estimé qu’Israël était très mal placé pour affirmer, comme il l’a fait hier, que les mosquées sont des nids de terroristes.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale examine la mise en oeuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU et proclame le 20 mars « Journée internationale du bonheur »

AG/11259

L’Assemblée générale examine la mise en oeuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU et proclame le 20 mars « Journée internationale du bonheur »

28/06/2012
Assemblée généraleAG/11259
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

118e et 119e séances plénières

Matin & après-midi


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EXAMINE LA MISE EN ŒUVRE DE LA STRATÉGIE ANTITERRORISTE MONDIALE

DE L’ONU ET PROCLAME LE 20 MARS « JOURNÉE INTERNATIONALE DU BONHEUR »


L’Assemblée générale a entamé, aujourd’hui, le troisième examen de la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies qu’elle a adoptée le 8 septembre 2006.  Les États se sont félicités des propositions du Secrétaire général pour aller de l’avant, notamment la désignation d’un coordonnateur des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme.


Avant d’entamer cet examen, l’Assemblée a décidé de proclamer le 20 mars « Journée internationale du bonheur », en adoptant par consensus une résolution dans laquelle elle invite tous les États Membres, les organismes des Nations Unies et les autres organisations internationales et régionales, ainsi que la société civile, à célébrer cette Journée « comme il se doit », notamment dans le cadre d’initiatives éducatives et d’activités de sensibilisation*.


Adoptée il y a cinq ans, la Stratégie antiterroriste mondiale s’articule autour de quatre piliers -élimination des conditions propices à la propagation du terrorisme, prévention et lutte contre le terrorisme, renforcement des capacités de tous les États et rôle de l’ONU, et droits de l’homme-, dont la mise en œuvre est appuyée par l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme.


Afin d’améliorer la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale, le Secrétaire général fait plusieurs recommandations car, comme l’a dit le représentant des États-Unis, « Al-Qaida est peut-être sur le point d’être démantelé, mais sa portée géographique ne fait que croître, notamment au Sahel ».  Le Secrétaire général recommande donc la désignation d’un coordonnateur des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme qui serait responsable de la coordination stratégique, de la cohérence et de la mise en œuvre de la Stratégie, et qui serait également son conseiller principal pour les questions relatives à la lutte antiterroriste. 


Le Secrétaire général rappelle qu’il demeure important d’adopter les meilleurs plans nationaux et régionaux possibles afin de porter au maximum le caractère global de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Il qualifie également d’indispensable la promotion de la coopération internationale dans la prévention et la répression du terrorisme.


Dans ses recommandations, M. Ban Ki-moon met par ailleurs l’accent sur le renforcement de la solidarité internationale en faveur des victimes du terrorisme et aujourd’hui, le Président de l’Assemblée générale a affirmé qu’il est de l’obligation morale des États Membres de promouvoir le droit de ces victimes.  « Pour ôter toute légitimité à la violence terroriste, il faut exposer l’horreur qu’elle cause », a estimé M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, pour qui la Stratégie antiterroriste mondiale demeure un « cadre politique unique ».


Ce dernier a par ailleurs estimé que parmi les quatre piliers de la Stratégie mondiale, le pilier « élimination des conditions propices à la propagation du terrorisme» et le pilier « droits de l’homme » n’ont pas encore toute l’importance qu’ils méritent. 


Cet avis a été partagé par la majorité des délégations.  S’agissant du premier pilier, le représentant de la Malaisie comme d’autres délégations, a argué des efforts déployés pour éradiquer la pauvreté, répartir équitablement les fruits de la croissance économique et favoriser le dialogue interculturel et interreligieux, avec des initiatives telles que l’Alliance des civilisations. 


De nombreuses délégations dont celles de l’Union européenne ont aussi insisté sur le pilier « droits de l’homme » et la nécessité de veiller à ce que les mesures de lutte antiterroriste soient respectueuses de ces droits de l’homme.  Ce sont les violations de ces droits et des libertés fondamentales qui constituent le terreau propice à des actions terroristes.  Dès lors, leur protection est et demeure l’élément central de la stratégie belge, a par exemple dit le représentant de la Belgique.


Son homologue de la Suède a dénoncé le fait que la peur du terrorisme justifie souvent des réglementations liberticides sur la circulation de l’information sur Internet.  Il a tout de même reconnu le phénomène de la promotion du terrorisme via Internet, et comme d’autres délégations, l’exercice complexe qui consiste à établir un équilibre entre sécurité et liberté d’expression.


Ajoutant aux recommandations du Secrétaire général, les délégations ont multiplié les propositions pour rendre encore plus efficace la lutte contre le terrorisme.  Le renforcement de la coopération régionale a été souligné à diverses reprises.  Le représentant de l’Inde a jugé que le moment était venu d’adopter une convention générale sur le terrorisme international car outre le renforcement de la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale, une telle convention, a-t-il insisté, permettrait de combler les lacunes du cadre juridique international que l’ONU a développé. 


Des appels à un accord sur une définition commune du terrorisme ont donc été lancés.  Le représentant du Maroc a voulu la mise au point d’un cadre juridique susceptible de faciliter le travail du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, créé récemment en Arabie saoudite.  Son homologue de l’Union européenne a souligné l’importance du rôle que peuvent jouer la société civile et les partenariats public-privé dans le renforcement de la lutte contre le terrorisme. 


À l’issue de la discussion, les représentants de la Syrie, de l’Iran et d’Israël ont exercé leur droit de réponse.


En début de séance, le Président de l’Assemblée générale a présenté ses condoléances à la famille royale ainsi qu’au Gouvernement et au peuple de l’Arabie saoudite après la mort du Prince héritier Nayef bin Abdulaziz Al-Saud.


L’Assemblée générale poursuivra l’examen de la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale demain, vendredi 29 juin, à partir de 10 heures.


*A/66/L.48/Rev.1


APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES


LA STRATÉGIE ANTITERRORISTE MONDIALE DES NATIONS UNIES


Rapport du Secrétaire général sur les activités menées par le système des Nations Unies pour appliquer la Stratégie » (A/66/762 et A/66/762/Add.1)


Dans ce rapport, le Secrétaire général met en lumière les progrès accomplis par les organismes de l’ONU et les entités concernées dans l’application de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, énoncée dans la résolution 60/288 de l’Assemblée générale. 


M. Ban Ki-moon y présente plusieurs recommandations destinées à une meilleure mise en œuvre de cette Stratégie, dont la désignation d’un coordonnateur des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme.  Il fait appel à une coopération accrue en matière de lutte contre le terrorisme aux niveaux local, national, régional et international.


« L’adoption de la Stratégie antiterroriste mondiale par l’Assemblée générale a été le fruit d’un effort mené à l’échelle du système pour renforcer les mandats en matière de lutte contre le terrorisme et pour rationaliser la coordination de l’action de l’ONU en la matière et la rendre plus cohérente », rappelle, d’emblée, le Secrétaire général.


Il souligne ensuite combien les quatre piliers de la Stratégie -l’élimination des conditions propices à la propagation du terrorisme, la prévention et la lutte contre le terrorisme, le renforcement des capacités de tous les États et le rôle de l’ONU, et les droits de l’homme-, ainsi que la création de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme pour en appuyer la mise en œuvre ont marqué des étapes importantes.


Pour l’avenir, le Secrétaire général recommande la désignation d’un coordonnateur des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme afin, dit-il, de donner une impulsion à l’action antiterroriste des Nations Unies et de renforcer la coordination et la cohérence de l’ensemble des initiatives engagées.  


Le coordonnateur des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme serait ainsi responsable de la coordination stratégique, de la cohérence et de la mise en œuvre de la Stratégie, et le conseiller principal du Secrétaire général pour les questions relatives à la lutte antiterroriste.  Le coordonnateur assurera également la présidence de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme.


Si, plus de cinq ans après l’adoption de la Stratégie, sa mise en œuvre a bien progressé, beaucoup reste à faire pour atteindre ses objectifs et contrer la menace du terrorisme grâce à des actions concrètes ayant des effets positifs aux niveaux local, national et régional, et dans une logique globale qui aborde tous les aspects de la question, poursuit M. Ban Ki-moon.


Dans cette optique, le Secrétaire général rappelle qu’il demeure important d’adopter les meilleurs plans nationaux et régionaux possibles afin de porter au maximum le caractère global de la Stratégie ainsi que la cohérence de l’appui du système des Nations Unies.  Il se félicite que la région de l’Asie centrale ait montré l’exemple en adoptant, le 30 novembre 2011, le premier plan d’action régional commun pour l’application concrète de l’ensemble des quatre piliers de la Stratégie. 


Il invite d’autres régions, telle l’Afrique de l’Est, à reproduire cette expérience positive et encourage aussi les États Membres à procéder plus nombreux à des consultations en vue d’élaborer des stratégies de mise en œuvre aux niveaux national et régional.


Il est aussi indispensable de promouvoir la coopération internationale en mettant davantage l’accent sur la prévention et la répression du terrorisme, en adoptant des approches collectives et en renforçant la coopération entre le système des Nations Unies et toutes les parties prenantes concernées aux niveaux national et régional, estime le Secrétaire général. 


Si c’est d’abord aux États Membres qu’il appartient de mettre en œuvre la Stratégie, les organisations internationales, régionales et sous-régionales n’en conservent pas moins leur rôle fondamental dans la promotion de la coopération contre le terrorisme, souligne le Secrétaire général.


Dans ses recommandations, M. Ban Ki-moon met encore l’accent sur le renforcement de la solidarité internationale en faveur des victimes du terrorisme.  Le soutien aux victimes du terrorisme, notamment par des mesures en faveur de leur réadaptation, doit rester l’une des priorités de la communauté internationale, dit-il, car « la voix des victimes est aussi porteuse du message le plus fort qui puisse s’élever contre le discours de violence des terroristes ».


La liste des observations sur la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies émanant d’États Membres, d’organisations régionales et sous-régionales et d’autres organisations concernées figure en annexe du rapport.


Déclarations


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, a affirmé que la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies est complète par sa portée et préventive par sa nature.  Il a estimé que ce « cadre politique unique » était la manifestation de la volonté de la communauté internationale à combattre ce fléau.  Le moment est maintenant venu d’assurer une application plus efficace de la Stratégie, a-t-il ajouté. 


Le Président a insisté sur l’importance de la coopération régionale.  Plusieurs régions ayant démontré les avantages de la coopération, nous devons apprendre de leur expérience et voir comment améliorer la collaboration, a estimé le Président.  Il a aussi estimé que sur les cinq piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale, le pilier « dissuader les groupes de recourir au terrorisme » et le pilier « droits de l’homme » n’ont pas encore l’importance qu’ils méritent.


Il a rappelé qu’hier son Bureau a organisé un débat thématique sur la promotion du dialogue et de la compréhension pour lutter contre le terrorisme.  Au cours de ce débat, il a mentionné le rôle crucial de l’Alliance des civilisations.  De même, la protection des droits de l’homme et la lutte contre le terrorisme sont des questions complémentaires qui demeurent des responsabilités importantes de tous les États.


Dans nos efforts de lutte contre le terrorisme, a insisté le Président, nous ne devons pas renoncer à nos principes et valeurs de protection de la vie, des biens et de la dignité de tous les citoyens.  Il est de notre obligation morale, a-t-il dit, de promouvoir le droit des victimes du terrorisme et d’autres formes de violence politique.  C’est un moyen pratique d’ôter toute légitimité à la violence du terrorisme en exposant l’horreur qu’elle cause.


M. JOHN BAIRD, Ministre des affaires étrangères du Canada, a indiqué que son pays adhère aux quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, et a estimé que les États Membres ont la responsabilité première de les mettre en œuvre.  Il a fait savoir que le Canada a réalisé des progrès importants en ce sens, précisant que son gouvernement veille à ce que les collectivités canadiennes soient plus résilientes face à l’extrémisme et à la radicalisation.  Notre objectif, a-t-il précisé, est de réduire le risque que des personnes se laissent entraîner par l’extrémisme violent et la radicalisation.  Notre gouvernement investit également des ressources importantes dans la recherche sur le terrorisme et la lutte antiterroriste. 


Le Ministre a ensuite passé en revue les différentes mesures concrètes prises en la matière par le Canada.  Il a notamment indiqué qu’une nouvelle loi permet aux victimes du terrorisme d’intenter des poursuites contre les responsables d’actes terroristes et que le Canada s’est en outre doté d’une stratégie de cybersécurité.  De plus, le Parlement canadien examine actuellement un projet de loi sur le terrorisme nucléaire qui, une fois adopté, permettra au Canada de ratifier la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire et l’Amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires.


M. Baird a également parlé du Programme d’aide au renforcement des capacités antiterroristes (PARCA) du Canada.  Le Canada, a-t-il ajouté, fournira également un financement supplémentaire de 8 millions de dollars pour des projets dont le but est de renforcer la coopération globale dans le domaine de l’antiterrorisme.  Le Ministre s’est réjouit de ce que son pays copréside, avec l’Algérie, le Groupe de travail sur le Sahel au sein du Forum mondial de lutte contre le terrorisme (FMLT).


Abordant ensuite la question du respect des droits de la personne, le Ministre a indiqué que lorsqu’elles luttent contre le terrorisme, les institutions gouvernementales du Canada doivent agir dans le respect des mandats prévus par la loi.  Il a également estimé que, comme la menace terroriste persiste et évolue, la lutte contre le terrorisme doit elle aussi se poursuivre et continuer à évoluer.


S’exprimant au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne), a fermement condamné le terrorisme sous toutes ses formes et toutes ses manifestations -y compris le terrorisme d’État, de groupe ou individuel- et a réaffirmé son appui à la Stratégie antiterroriste mondiale.  « L’OCI continue de rejeter de manière sans équivoque l’association du terrorisme avec une religion, une nationalité, une civilisation ou un groupe ethnique », a souligné le représentant, « car nous pensons que toute déclaration irresponsable qui tente d’associer le terrorisme avec une religion ou une nationalité est, en soit, une incitation claire au terrorisme ».  


Il a également souligné que l’OCI avait pris note des recommandations du Secrétaire général, en particulier celle visant la désignation d’un coordonnateur.  Il a estimé que, dans le domaine de la lutte antiterroriste, la transparence et la coordination des activités de l’ONU et de ses entités concernées devaient être renforcées afin d’éviter des doublons.  Au nom de l’OCI, il a également rappelé que la mise en œuvre de la Stratégie était du ressort des États Membres et a appelé ceux-ci à renforcer leurs engagements vis-à-vis du travail de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme.


En sa capacité nationale, M. Ja’afari, a fait remarquer que son pays était victime, ces derniers mois, d’actes terroristes perpétrés par des groupes qui utilisent « des méthodes non conventionnelles » et de la part de personnes qui résident dans des pays extérieurs.  « Il s’agit de groupes extrémistes religieux qui se servent d’engins explosifs ou de mines pour viser des cibles et des infrastructures vitales, et répandre la mort et la terreur au sein de la population civile syrienne », a-t-il dit.  Il a estimé que certains de ces actes portaient l’empreinte d’Al-Qaida et de son idéologie, et que ces opérations terroristes ne pouvaient pas se produire sans un financement, des armes et même une couverture médiatique.


« Certains États de la région fournissent des services à ces groupes armés », a-t-il soutenu.  Tandis que l’Assemblée générale débat de la Stratégie antiterroriste mondiale, M. Ja’afari a déploré le fait que personne n’ait présenté ses condoléances à la Syrie et à ses victimes, ni condamné les actes qui ont entraîné la mort de nombreux Syriens.  Il a souligné que le Gouvernement syrien avait, de son côté, coopéré avec les organisations pertinentes afin de fournir une assistance à tous ceux qui sont touchés par ces groupes armés.  Il a demandé à tous les États de mettre en œuvre la Stratégie et de ne pas offrir de sanctuaire à tous ceux qui planifient ou commettent des actes terroristes. 


Mme MARA MARINAKI, déléguée de l’Union européenne, a vu dans l’examen de la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale un important pas en avant et a appuyé les recommandations du Secrétaire général.  Elle a estimé que davantage d’efforts étaient requis dans le domaine de la prévention et a souligné l’importance d’aider les pays en difficulté à renforcer leurs capacités de lutte antiterroriste. 


La représentante a ensuite fait savoir que l’Union européenne avait mis en place des stratégies établies sur la base d’approches nationale et régionale de manière à favoriser l’appropriation et la participation.  Elle a également estimé qu’une coopération rapprochée entre les institutions publiques, les citoyens et le secteur privé pourrait améliorer les mesures de lutte.  À ce titre, le rôle de la société civile et des partenariats public-privé doit être davantage pris en compte, a-t-elle ajouté.


Mme Marinaki a aussi insisté sur la nécessité de veiller à ce que les mesures de lutte antiterroriste respectent les droits de l’homme, faisant observer que de graves violations de ces droits pouvaient créer des conditions propices à la propagation du terrorisme.  Elle a toutefois relevé que des préoccupations se faisaient jour face à la possibilité que les contributions d’un État au renforcement des capacités antiterroristes d’un autre État ne soient utilisées d’une manière non conforme au respect des droits de l’homme.


Le défi essentiel consiste donc à réduire ce risque en améliorant la mise en œuvre des normes de respect des droits de l’homme, a-t-elle observé.  La représentante a également souligné l’importance de respecter le droit des victimes et a engagé les États Membres à promouvoir la solidarité internationale dans ce sens.  Mme Marinaki a rappelé qu’en 2009, l’Union européenne avait mis sur pied son premier programme global de lutte antiterroriste et que ses programmes d’assistance mettent l’accent sur le lien entre développement et sécurité.


M. FERNANDO ARIAS GONZÁLEZ(Espagne) a, tout d’abord, tenu à saluer les efforts réalisés par le Canada dans la préparation du projet de résolution dont est saisie l’Assemblée.  Rappelant que son pays avait joué un rôle important dans l’adoption de la Stratégie, il a estimé indispensable d’adopter des mesures pour faire face aux divers problèmes qui sont à l’origine de la propagation du terrorisme.  Il a également mis l’accent sur la promotion de la solidarité internationale, ainsi que sur l’appui aux victimes.  Dans ce domaine, il a d’ailleurs précisé que l’Espagne avait mis en place un des systèmes les plus complets au monde de prise en charge des victimes et il s’est dit prêt à offrir l’expérience acquise en la matière à tous les États qui voudraient mettre en place des mesures similaires.


Le représentant a ensuite appuyé le souhait du Rapporteur spécial pour la promotion et la protection des droits de l’homme de mettre en œuvre, dans la lutte antiterrorisme, un mécanisme international sur ces droits et ces obligations.  Notant que l’Espagne a ratifié les 18 conventions et protocoles des Nations Unies qui constituent le cadre international des mesures en vigueur contre le terrorisme, il a souligné que sa délégation avait l’intention de travailler au renforcement de celui-ci, en vue, a-t-il espéré, d’aboutir à une convention des Nations Unies contre le terrorisme.  Dans ce contexte, il a appuyé la proposition du Secrétaire général de désigner un coordonnateur pour la lutte contre le terrorisme.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a souligné l’importance d’assurer le suivi de toutes les mesures prises par l’ONU dans le cadre de la lutte antiterroriste.  Il a mis l’accent sur l’importance de prévenir la radicalisation des « tendances sociales négatives » et d’empêcher que l’Internet ne soit utilisé à des fins terroristes.  Le représentant a également plaidé pour la poursuite d’un dialogue ciblé dans le cadre des groupes de travail établis au sein de l’Équipe spéciale et a appuyé la proposition du Secrétaire général de nommer un coordonnateur pour la lutte contre le terrorisme.  M. Churkin a cependant estimé que les différentes réformes envisagées ne doivent par porter atteinte à l’efficacité des travaux des autres organes de lutte antiterroriste de l’ONU.


Le représentant a indiqué que son pays accorde une attention particulière aux partenariats public-privé ainsi qu’au recours à l’Internet.  Le pays met également l’accent sur la coopération avec les médias, les institutions culturelles et scientifiques, les instituions religieuses, a-t-il ajouté.  Pour le représentant, la priorité pour tous les États doit être d’appliquer pleinement la Stratégie.  On ne peut, a-t-il insisté, diluer ses objectifs.


M. DISEKO(Afrique du Sud) a déclaré que l’Afrique du Sud a toujours appuyé une mise en œuvre équilibrée des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU.  Il a fait siennes les conclusions du symposium de 2011 qui a été l’occasion de réaffirmer que la Stratégie restait le mécanisme international le plus pertinent et crédible.  Il a appuyé le contenu du rapport du Secrétaire général qui stipule que la protection des droits de l’homme ne peut pas être perçue comme un obstacle à une lutte efficace contre le terrorisme mais comme un élément essentiel de toute stratégie durable.  Il a exhorté le Bureau de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) de jouer un rôle majeur dans l’examen de cette question avant de saluer l’élargissement du mandat de l’Ombudsman et l’institutionnalisation de la « clause de rendez-vous ».  Il a jugé indispensable d’appuyer les travaux du Rapporteur spécial pour la promotion des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. 


M. PEDRO NÚÑEZ MOSQUERA(Cuba) a estimé que la Stratégie antiterroriste mondiale représentait un « véritable jalon dans la lutte contre le fléau du terrorisme » et a réitéré la « volonté inébranlable » de Cuba face à ce fléau, « y compris les actes commis directement ou indirectement par des États », a-t-il souligné.  « Jamais le territoire cubain ne sera utilisé pour planifier, organiser ou financer des actes terroristes », a-t-il déclaré.  Le représentant a ensuite expliqué que 3 478 Cubains avaient été victimes d’attentats terroristes et que 2 099 autres étaient devenus handicapés en raison des actes perpétrés contre son pays.  « Un grand nombre des responsables de ces actes se promènent dans les rues américaines et, malgré cela, le Gouvernement des États-Unis persiste à inclure Cuba dans la liste des États qui, selon eux, promeuvent le terrorisme international », a-t-il dit, rejetant la présence de son pays parmi ceux-ci. 


Il a, par la suite, souligné que Cuba avait ratifié les 12 premiers instruments internationaux du cadre international de lutte contre le terrorisme et avait mis en vigueur des mesures juridiques nationales pour faire face à ce fléau.  Il a encore affirmé que son pays respectait strictement les obligations qui découlent des résolutions 1373, 1267 et 1540 du Conseil de sécurité et fournit, à ce titre, régulièrement aux Nations Unies des informations sur les mesures qu’il applique en la matière.  Le représentant a encore appelé la communauté internationale à ne pas accepter que, sous la bannière de la lutte contre le terrorisme, certains États fassent ingérence dans les affaires internes d’autres États ou commettent des violations flagrantes des droits de l’homme, telles que les tortures ou les exécutions arbitraires.


M. TAMOTSU SHINOTSUKA, Ambassadeur du Japon chargé de la coopération internationale pour la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, a noté que les efforts des États Membres et de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme ont fait des progrès mais dans le même temps, des actes terroristes continuent d’être commis et leurs auteurs utilisent des méthodes de plus en plus diversifiées.  Le Japon, a-t-il dit, soutient la nomination d’un coordonnateur de la lutte contre le terrorisme et salue la création récente du Centre des Nations Unies de lutte contre le terrorisme en Arabie saoudite. 


Au plan national, le Japon a développé des relations de coopération avec de nombreux pays et organisations régionales centrées sur la réduction de la pauvreté, la croissance durable et la consolidation de la paix.  Le but est de freiner la propagation du terrorisme et, à cet égard, le Japon continue d’apporter son assistance à l’Afghanistan.  Le Japon poursuivra d’ailleurs son assistance aux Forces de sécurité afghanes au-delà de 2014.  Il organisera en outre, le 8 juillet prochain à Tokyo, une Conférence internationale sur l’Afghanistan qui verra la participation de près de 70 pays et de nombreuses organisations internationales.  Enfin, le Japon souligne l'importance d’assurer la protection des droits de l’homme et de l’état de droit dans la lutte contre le terrorisme.   


M. MOOTAZ AHMADEIN KHALIL (Égypte) a rappelé que la responsabilité première de la mise en œuvre de la Stratégie reposait sur les États Membres.  Le Secrétariat des Nations Unies devrait assister les États à développer des stratégies nationales en identifiant leurs besoins et en consolidant leurs capacités.  Dans ce contexte, il a plaidé en faveur d’un engagement renforcé des États Membres dans le travail de l’Équipe spéciale, les appelant à participer à l’élaboration de programmes et d’activités qu’elle mène, elle et ses groupes de travail.


Selon le représentant, l’établissement en novembre 2011 d’un Centre des Nations Unies de lutte contre le terrorisme au sein de l’Équipe spéciale représente une évolution importante susceptible de contribuer efficacement à la mise en œuvre de la Stratégie.  Le délégué égyptien a, par ailleurs, mis l’accent sur la nécessité pour la communauté internationale d’œuvrer activement à régler les causes profondes du terrorisme et à adopter des mesures impartiales concernant les conditions politiques, économiques et sociales qui conduisent à sa propagation.  Parmi les plus importantes de ces mesures, il conviendrait, a-t-il dit, de mettre fin aux occupations étrangères et de reconnaître le droit légitime des peuples à l’autodétermination, tout en réalisant la justice et l’état de droit, ainsi que le développement économique et social.


Pour M. ANDRÉ VANDOREN, Directeur de l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (OCAM) et Avocat général en Belgique, l’OCAM est né de la volonté de la Belgique d’améliorer les synergies entre tous les services nationaux impliqués dans la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme et le radicalisme.  Il s’agissait de permettre le développement d’une approche commune et intégrée de l’analyse de la menace terroriste et extrémiste, au bénéfice des autorités nationales et des partenaires étrangers.  L’OCAM a été doté d’une position centrale que le législateur a renforcée de manière inédite en sanctionnant pénalement ceux des services partenaires qui auraient volontairement omis d’alimenter l’OCAM en informations pertinentes. 


En outre, a-t-il révélé, c’est à l’occasion de l’assassinat du réalisateur néerlandais Théo Van Gogh que la Belgique a réellement pris la mesure du danger posé par l’extrémisme et la radicalisation.  Dans cette perspective, a dit M. Vandoren, le Plan d’action Radicalisme (Plan R) du Gouvernement belge constitue l’un des éléments clefs du dispositif national en matière de lutte contre ces phénomènes.  Ce Plan s’articule autour de sept axes principaux qui concernent notamment les sites Internet radicaux, les prédateurs extrémistes et les prisons. 


Par ailleurs, l’architecture de lutte antiterroriste en Belgique reflète la mise en œuvre d’un cadre légal et institutionnel hérité de ses obligations internationales, a fait savoir le Directeur de l’OCAM, qui a révélé qu’une loi récente réglemente désormais les méthodes de recueil des données par les services de renseignements et de sécurité et leur usage.  Plus la méthode utilisée sera intrusive, plus elle fera l’objet d’un contrôle approfondi par des autorités indépendantes.  Enfin, a-t-il dit, la Belgique ne dispose d’aucun régime dérogatoire spécifique pour les personnes soupçonnées ou condamnées pour des faits de terrorisme.  En effet, a-t-il conclu, il ne fait aucun doute que ce sont les violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales qui constituent le terreau propice pour le développement d’actions terroristes.  Dès lors, la protection rigoureuse de ces droits est et demeure l’élément central de la stratégie de lutte contre le terrorisme de la Belgique.


M. MANJEEV SINGH PURI (Inde) a déclaré que l’institutionnalisation de l’Équipe spéciale en 2009 et la création en 2011 du Groupe d’action contre le terrorisme des Nations Unies représentaient aux côtés de la Stratégie antiterroriste mondiale adoptée en 2006 des étapes importantes pour renfoncer les efforts de l’ONU aux niveaux mondial, régional et sous-régional.  Tout en insistant sur le fait que la responsabilité première de la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale incombait aux États, le représentant a invité ces derniers à fournir une plateforme propice à l’engagement de l’Équipe spéciale et du Groupe d’action qui doivent être guidés par les besoins spécifiques des États. 


M. Puri a déclaré que l’Asie du Sud avait été ravagée par les pires actes terroristes d’Al-Qaida, des éléments Taliban, Lashkar-e-Taiba, Jamat-ud Daawa et autres.  Tout en combattant le terrorisme, a-t-il dit, nous devons adopter une approche holistique qui assure une tolérance zéro à l’égard du terrorisme.  Il a jugé indispensable le renforcement de la coopération internationale et régionale et des capacités nationales.  Il a jugé que le moment était venu d’adopter une convention générale sur le terrorisme international qui se fait attendre depuis trop longtemps et qui ne pourra que renforcer la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Une telle convention, a-t-il insisté, permettrait aussi de combler les lacunes du cadre juridique international que l’ONU a développé pour lutter contre le terrorisme.


M. MOHAMMED LOULICHKI(Maroc) a estimé que le projet de résolution dont est saisie l’Assemblée renforçait les constantes auxquelles avaient abouti les deux précédents examens.  Il a mis l’accent sur le rôle pivot de l’Assemblée dans la mise en œuvre de la Stratégie, sur l’interaction des États Membres dans ce domaine et sur la nécessité de mettre en œuvre ses quatre piliers de façon équilibrée.  Il a également noté que, pour la première fois, les États Membres avaient demandé des programmes pour les victimes du terrorisme et avaient souhaité faire allusion aux moyens de communication et d’information modernes utilisés par les terroristes. 


Notant les progrès, le représentant a toutefois estimé que la communauté internationale devait redoubler d’efforts face à un fléau qui adopte aujourd’hui de nouvelles formes aux niveaux national, régional et international.  « Les Nations Unies sont le cadre idoine et juridique pour une réponse internationale adéquate », a-t–il dit, en appelant au renforcement de la coordination et des efforts.  Il a aussi insisté sur la nécessité de mettre au point le cadre juridique qui pourra permettre au Centre des Nations Unies de lutte contre le terroriste d’entreprendre ses travaux.  Préoccupé par l’apparition des mouvements séparatistes et par les trafics de drogues et d’êtres humains dans la région du Sahel et dans la corne de l’Afrique, il a estimé que ceux-ci exigeaient une approche « bien déterminée et globale, qui se fonde sur la solidarité, le dialogue et la prise de conscience que la sécurité ne saurait être divisée ».


Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a insisté sur la nécessité de redoubler d’efforts pour assurer la mise en œuvre des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Répondre aux conditions propices à la propagation du terrorisme est la meilleure façon d’empêcher la récurrence de ce phénomène sur le long terme, a-t-elle notamment commenté.  La prévention est toujours la meilleure politique à suivre, a ensuite souligné la représentante, pour qui il importe de répondre aux problèmes d’exclusion sociale et d’injustice, mais également de promouvoir les valeurs démocratiques ainsi que la tolérance.  Elle a aussi estimé que le respect des droits de l’homme devait constituer le fondement de la lutte antiterroriste.


Mme Dunlop a tout autant estimé que les dimensions régionales et sous-régionales étaient essentielles à la lutte antiterroriste.  Elle a précisé à ce titre que le Marché commun du Sud (MERCOSUR) avait établi un Forum spécialisé chargé d’évaluer et de proposer différentes activités de lutte antiterroriste.  Le Brésil, a-t-elle ajouté, estime que l’efficacité de la lutte dépend de la coopération entre États dans la promotion des politiques de prévention et de répression.  À ses yeux, il profiterait à tous de veiller à la mise en place d’un cadre juridique international renforcé et global.


M. JOSÉ SBATELLA (Argentine) a constaté qu’au cours des deux prochaines années, le défi qui se posera sera de réussir la mise en œuvre équilibrée de la Stratégie, notamment en renforçant les piliers « conditions propices à la propagation du terrorisme » et « respect des droits de l’homme ».  Le représentant a ensuite passé en revue les différentes mesures déployées par son pays et a indiqué que l’Argentine poursuit dorénavant tout auteur d’« offense contre l’ordre financier et économique », à savoir la collecte de fonds ou de biens destinés à financer des actes terroristes.  Un décret adopté ce mois-ci établit par ailleurs les procédures nécessaires au gel des avoirs destinés à financer le terrorisme. 


Le représentant a également précisé que les manifestations sociales ne pouvaient être qualifiées d’actes terroristes.  M. Sbatella a aussi fait savoir que les forces de l’ordre argentines travaillent avec leur homologues des pays voisins dans le cadre de la lutte contre le trafic d’armes et de stupéfiants, le blanchiment d’argent ou encore la traite des personnes.  L’Argentine participe également au Forum spécialisé sur le terrorisme du MERCOSUR.


M. TOMAS ROSANDER (Suède) a indiqué que son pays avait lancé, pour la toute première fois, un plan d’action national contre l’extrémisme violent pour une période de trois ans.  Il a précisé que ce plan accorderait une attention particulière aux groupes suprématistes blancs, à la gauche autonome ainsi qu’à la violence religieuse.  Une attention particulière sera en outre accordée aux jeunes ainsi qu’aux rôles des écoles et de la société civile.  La vulnérabilité des jeunes est le principal défi auquel doit faire face la Suède, a précisé le représentant. 


Pris à la croisée de cultures et systèmes de valeurs différents et à la recherche de solutions faciles à leurs frustrations, les jeunes sont des proies faciles pour les messages extrémistes, a déploré M. Rosander, qui a insisté sur l’importance qu’il y a à leur donner les outils nécessaires au développement d’une pensée critique.  Il a également souligné l’importance, à cet égard, d’appuyer les organisations de la société civile.


Le représentant a également indiqué que le plan d’action de la Suède comprend une étude sur les meilleurs moyens de renforcer les valeurs démocratiques parmi les jeunes et de les rendre moins vulnérables aux messages antidémocratiques propagés via Internet.  La promotion du terrorisme via Internet demeure cependant une question complexe.  Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, a-t-il ajouté.  La peur du terrorisme est utilisée de plus en plus comme une excuse pour restreindre la libre circulation de l’information sur Internet, ce qui est une censure, a-t-il déploré.  La lutte contre la propagation des messages de haine sur Internet doit revenir aux agents de l’ordre et se faire dans le cadre du respect de l’état de droit et de la protection des droits de l’homme et libertés fondamentales.


Pour la représentante de l’(Australie), Mme PHILLIPA KING, les Nations Unies ont la capacité de combattre et de faire face au terrorisme sous toutes ses formes et de s’assurer que l’effort mondial pour combattre le terrorisme respecte les droits de l’homme, l’état de droit et le principe de règlement pacifique des conflits.  Elle s’est réjouie ensuite des succès dans la lutte contre le terrorisme depuis la dernière revue de la Stratégie antiterroriste mondiale, notamment l’emprisonnement des plus hauts responsables des groupes terroristes comme Abu Bakar Baasyir et Umar Patek en Indonésie, et de Khalid S. Mohammed aux États-Unis.  Mais les menaces terroristes n’ont pas diminué pour autant.  Les terroristes exploitent l’instabilité dans certaines régions du monde pour s’étendre géographiquement. 


Le défi est d’assurer que la coopération internationale contre le terrorisme s’adapte aussi rapidement aux menaces nouvelles.  L’Australie appuie fermement les approches régionales et en Asie du Sud, elle développe une coopération visant à renforcer le système judiciaire et les capacités par le biais du « Jakarta Centre for Law Enforcement Cooperation ».  L’Australie est aussi présente en Afrique, notamment dans des partenariats contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.  La représentante a également évoqué les menaces qui se posent dans la région du Sahel et du Maghreb exacerbées par la pauvreté, la crise alimentaire et les crises politiques.  L’Australie appuie à la fois le projet de résolution dont est saisie l’Assemblée et la nomination d’un coordonnateur des Nations Unies.


M. ABULKALAMABDUL MOMEN (Bangladesh) a fait part de l’attachement de sa délégation à la Stratégie antiterroriste mondiale et a insisté sur l’importance de la transparence ainsi que sur la nécessité de renforcer sa mise en œuvre.  Il a également estimé que les États Membres devraient être davantage tenus informés des activités de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT). 


Le représentant a ensuite fait savoir que la loi antiterroriste et la loi contre le blanchiment d’argent de son pays avaient été renforcées cette année.  Le Bangladesh a également ratifié, l’an dernier, la Convention de Palerme et le Gouvernement continue d’appliquer une politique de tolérance zéro à l’égard du terrorisme et de l’extrémisme religieux.  Ces catégories de crimes sont d’ailleurs passibles de peine de mort.  Le Bangladesh, a affirmé son représentant, a démantelé tous les groupes désignés par le Comité 1267 du Conseil de sécurité et appelle à un accord universel sur une définition juridique du terrorisme.


M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela) a insisté sur l’importance de mettre en œuvre tous les piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale de manière équilibrée et a réaffirmé le rôle primordial des États s’agissant de la mise en œuvre.  Il a ensuite expliqué que son pays occupait une place de premier plan dans la lutte contre le terrorisme grâce, notamment, à l’éventail des traités signés et à des initiatives nationales.  Il a cité, à titre d’exemple, l’adoption d’une loi organique contre la criminalité transnationale organisée et le financement du terrorisme. 


« La plus abominable des formes de terrorisme est toutefois le terrorisme d’État », a-t-il dénoncé, en soulignant que tous les États doivent honorer leurs obligations internationales.  Il a dénoncé le fait que « certaines puissances impérialistes pratiquent le terrorisme et le justifient en s’abritant derrière des raisons de sécurité nationale ».  Ce type de terrorisme agresse la sécurité des nations, nie le doit international et viole les droits de l’homme. 


Le représentant a regretté le fait que « le monde continue à constater comment, au nom d’une supposée responsabilité de protéger, des attaques sont lancées contre des peuples innocents ».  Citant plusieurs coupures et articles de presse, il a fait remarquer qu’au nom de la lutte contre le terrorisme, les États-Unis violaient au moins 10 des 30 articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme.


M. IBRAHIM MOUSSA AL-HATMI (Qatar) a indiqué que son pays a adopté une politique culturelle et éducative basée sur le dialogue avec l’autre.  Dans le contexte de la mise en œuvre du premier pilier de la Stratégie antiterroriste mondiale, le Qatar a accueilli de nombreuses conventions et réunions sur le dialogue œcuménique et l’Alliance des civilisations.  Il a également créé le Centre de Doha pour le dialogue œcuménique en 2007 et le Comité national pour l’Alliance des civilisations en 2010.  S’agissant du second pilier, il a indiqué que le Qatar a adopté plusieurs lois criminalisant le terrorisme dans toutes ses formes, dont la loi nº3 de 2004 sur la lutte contre le terrorisme et la loi nº4 de 2010 sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.  Pour ce qui concerne le troisième pilier relatif au renforcement des capacités, il a indiqué que le Qatar avait, en coopération avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), organisé de nombreux séminaires sur la lutte contre le terrorisme.  Pour ce qui est du quatrième pilier, il a dit le souci de son pays d’assurer le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales en précisant que le Qatar avait adhéré à toutes les conventions internationales sur les droits de l’homme.    


M. WITOLD SOBKÓW (Pologne) a indiqué que son pays avait mis sur pied une stratégie nationale de lutte antiterroriste pour la période 2012-2016 et que son processus d’adoption était actuellement en cours.  Il a précisé que cette stratégie met notamment l’accent sur la prévention de la radicalisation et du recrutement par des entités terroristes, ainsi que sur la coopération internationale.  La Pologne améliore également son potentiel de gestion de crise suite, notamment, à l’adoption au mois de mars du Programme national de protection des infrastructures critiques.


M. Sobków a ensuite rappelé que pendant sa présidence du Conseil de l’Union européenne, la Pologne avait proposé des mesures destinées à veiller à la sécurité aérienne dans le cadre du système antiterroriste intégré de sécurité des frontières, et avait soulevé la question de la protection des grands évènements sportifs.  Le représentant a également fait savoir que la Pologne avait rejoint en 2011 le Centre d’excellence pour la coopération dans la défense cybernétique qui est basé à Tallinn.  Il s’est par ailleurs inquiété du fait que certains acteurs non étatiques cherchent à obtenir ou à produire des agents chimiques ou biologiques et a appelé à la mise sur pied de mécanismes de réglementation sur les plans national et international.


Mme YANERIT MORGAN (Mexique) a jugé essentiel que la Stratégie antiterroriste mondiale adopte une approche holistique qui favorise la communication et la cohérence au sein du système des Nations Unies, ainsi que dans les mécanismes régionaux.  Elle a souhaité promouvoir l’échange d’informations entre les services secrets, à différents niveaux du gouvernement d’un pays tout comme aux niveaux régional et international.  L’échange de bonnes pratiques et d’expériences est aussi indispensable, a-t-elle ajouté.  La représentante a reconnu que la Stratégie antiterroriste mondiale avait permis de concilier les impératifs de sécurité et ceux du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, comme en témoigne la nomination d’un Ombudsman pour la radiation des personnes et des entités de la Liste du Comité concernant Al-Qaida.  La représentante a également plaidé en faveur du renforcement des capacités nationales et a signalé que la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme s’est rendue au Mexique.


« Malgré les efforts entrepris par la communauté internationale pour essayer de réduire la menace terroriste, celle-ci n’a pas pris fin », a observé M. ALJADEY (Libye), qui a estimé qu’il faudrait toujours évaluer les efforts.  Il a souligné, à cet égard, que le rapport du Secrétaire général contenait de nombreuses étapes qui nécessitent, selon le représentant, une discussion plus approfondie. 


Rappelant que la Libye était parvenue à s’extraire d’une situation difficile et que l’ancien Président, Mouammar Qadhafi, avait recruté de nombreux étrangers pour ses brigades de sécurité, il a mis l’accent sur la menace posée par ces mercenaires, rentrés chez eux, et qui collaborent à présent avec certaines organisations terroristes de la région du Sahel dans le trafic d’armes et de stupéfiants.  « Le non-respect de l’état de droit sous Qadhafi reste aujourd’hui une source de préoccupation pour le Gouvernement libyen qui essaie de prévenir l’impunité et de rétablir l’ordre », a-t-il ajouté.  Il a affirmé que son gouvernement ne ménagerait aucun effort pour continuer à lutter contre le terrorisme.  Il a cité, à titre d’illustration, la Conférence ministérielle territoriale sur la sécurité des frontières, qui s’est tenue, les 11 et 12 mars derniers, à Tripoli.


M. WANG MIN (Chine) a dit appuyer la mise en œuvre complète de la Stratégie antiterroriste mondiale et a insisté sur l’importance de traiter les symptômes et les causes de ce fléau mais également d’adopter une stratégie d’ensemble.  Il importe également de résoudre les différends régionaux et de combattre le séparatisme, a-t-il ajouté.  De son avis, les organes subsidiaires du Conseil de sécurité pourraient prendre part à la mise en œuvre de la Stratégie.  Le représentant a appelé, dans ce cadre, au respect de l’intégrité territoriale des pays.  En matière de lutte antiterroriste, a-t-il par ailleurs souligné, aucun pays ne peut se permettre de protéger les terroristes.  Il s’est également opposé à ce que le terrorisme soit associé à un groupe ethnique ou religieux.


M. JÜRG LINDENMANN (Suisse) a d’abord rappelé que « les terroristes continuent de menacer nos sociétés et nos valeurs.  Ils recourent à des technologies modernes et se lancent dans des campagnes d’agression ».  Face à cela, « nous devons faire preuve de vigilance et de détermination », a dit l’Ambassadeur, qui a ajouté que « la Stratégie antiterroriste des Nations Unies définit une approche équilibrée, intégrée et globale que doit refléter le dispositif institutionnel ».  Il a poursuivi son intervention en disant que « la nouvelle résolution que nous allons adopter sur la Stratégie antiterroriste mondiale reconnait que la responsabilité principale de sa mise en œuvre incombe aux États ».


À cet égard, « la Suisse est très soucieuse de s’acquitter de cette tâche chez elle et aussi en soutenant un certain nombre de projets à l’extérieur », a dit M. Lindenmann.  Dans le cadre de son appui aux pays du printemps arabe, pour ne citer que cet exemple, elle a affecté des crédits à la mise en place de structures garantissant la primauté du droit, à la réforme et au renforcement des capacités du secteur militaire et de la sécurité, à la protection des droits de l’homme, et à la consolidation de sociétés pluralistes.  Dans le même temps, la Suisse coparraine trois initiatives du Conseil de sécurité dans le domaine du financement du terrorisme.


M. Lindenmann a ensuite fait savoir que son pays attend avec impatience le débat sur la création à l’ONU d’une fonction de coordonnateur de la lutte antiterroriste.  En outre, a-t-il dit, « une meilleure coordination à l’intérieur de l’Organisation accroîtrait l’efficacité et la cohérence de la lutte antiterroriste, et à l’extérieur, le coordonnateur prêterait son visage et sa voix à l’ONU dont il rehausserait la visibilité en montrant qu’elle oppose aux terroristes un front uni et fort ».  Enfin, a conclu le représentant, la Suisse est sensible au fait que la résolution invite de nouveau la société civile à participer à la mise en œuvre de la Stratégie, et que les États ne parviendront pas à vaincre le terrorisme par eux-mêmes.  Ils ont besoin de l’appui de leurs sociétés.


M. JEFFREY DELAURENTIS(États-Unis) a constaté que malgré les importantes avancées réalisées ces derniers temps, la lutte contre le terrorisme demeurait urgente.  Al-Qaida est peut-être sur le point d’être démantelé, mais sa portée géographique ne fait que croître, s’est notamment inquiété le représentant qui a évoqué, entre autres, les attentats commis récemment au Sahel.  Il a exhorté les États Membres à redoubler d’efforts contre les bases politiques et les institutions terroristes qui servent au recrutement.


Le représentant a ensuite indiqué que les États-Unis appuient deux projets novateurs à l’ONU, à savoir la formation de responsables de police dans diverses régions du monde et les programmes de réforme pour renforcer la lutte contre le terrorisme.  Compte tenu de l’expansion du système existant, M. Delaurentis s’est félicité de la proposition de créer un poste de coordonnateur pour la lutte contre le terrorisme qui permettrait ainsi d’unifier l’architecture antiterroriste de l’ONU.


M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a noté les progrès accomplis récemment dans la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale, comme les initiatives menées par l’Équipe spéciale.  Il a ainsi mentionné les ateliers régionaux qui sont organisés partout dans le monde.  L’Afghanistan a participé activement à ces initiatives, a-t-il assuré.  Il a cependant estimé qu’il restait encore beaucoup à faire pour mettre en œuvre de façon large la Stratégie antiterroriste mondiale.  Il a estimé qu’il y avait un manque de cohérence entre les différentes institutions onusiennes chargées de cette question ainsi que des doubles emplois.  Il a soutenu à cet égard la recommandation du Secrétaire général de désigner un coordonnateur ainsi que la création du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme.


En tant que pays qui a longuement subi le terrorisme, l’Afghanistan est très engagé dans cette lutte, a-t-il affirmé, se basant sur les résultats de ces dernières années.  Des complots terroristes ont été déjoués et de nombreux terroristes ont été arrêtés, a-t-il précisé.  Le Gouvernement a également renforcé le cadre juridique de la lutte antiterroriste, notamment pour réprimer le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent.  Au plan international, M. Tanin a assuré que son pays travaille en collaboration avec le Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité de l’ONU et les autres comités pertinents.  À propos de la coopération régionale, il a mentionné une Conférence qui s’est tenue récemment à Kaboul sur la paix et la prospérité dans la région.  Il a aussi souligné l’importance du dialogue interreligieux et interculturel comme moyen de renforcer la paix et l’harmonie.


M. MIGUEL CAMILO RUIZ (Colombie) a invité la communauté internationale, dans le cadre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, à promouvoir la coopération internationale et régionale.  À ce titre, il a indiqué que la Colombie participe activement aux nouveaux mécanismes de coopération régionale et multilatérale existant à l’ONU, à l’Organisation des États américains (OEA), ainsi qu’à travers le Forum mondial de lutte contre le terrorisme.  Nous travaillons avec des pays latino-américains et des Caraïbes, ainsi qu’avec des pays d’Afrique, pour partager nos expériences et renforcer nos capacités respectives, a-t-il ajouté. 


En outre, il a estimé qu’il fallait lutter plus efficacement au niveau international contre le financement du terrorisme.  La protection et le soutien aux victimes du terrorisme sont un autre aspect du problème et sont tout aussi importants que la lutte elle-même, a indiqué M. Ruiz.  La Colombie a participé à plusieurs initiatives de l’ONU à cet égard, comme la publication du Manuel sur la réponse de la justice pénale pour soutenir les victimes d'actes de terrorisme, élaboré par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), a-t-il indiqué.  En ce qui concerne la recommandation du Secrétaire général de nommer un coordonnateur des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, il a exprimé le souhait de la Colombie que soient évités les doubles emplois et que soit assurée une meilleure coordination des activités des Nations Unies et des États Membres dans ce domaine.


M. HOSSEIN GHARIBI (République islamique d’Iran) a exprimé son ferme attachement en faveur d’une mise en œuvre équilibrée de la Stratégie antiterroriste mondiale et a encouragé l’Équipe spéciale (CTITF) à avoir des relations avec l’ensemble des États Membres, et ce, de manière régulière, afin de gagner un soutien renforcé et de faciliter l’appropriation nationale.  Il a ensuite expliqué que la République islamique d’Iran avait été victime, durant des décennies, du terrorisme et continuait à souffrir d’attaques terroristes sous diverses formes et manifestations, y compris le terrorisme d’État.


« En tant que cible du terrorisme parrainé par certains États, l’Iran comprend parfaitement les conséquences du terrorisme pour la population et la société », a souligné son représentant.  Il a illustré son propos par l’attaque terroriste qui a visé, le 11 janvier dernier, un scientifique iranien, à Téhéran, spécialiste du nucléaire, et qui a également blessé trois autres personnes, dont l’une est décédée à la suite de ses blessures. 


« Il est regrettable que de tels incidents abominables n’aient suscité qu’un minimum de réactions de la part de ceux qui sont censés prendre toutes les mesures pour combattre le terrorisme », a-t-il regretté, estimant qu’il s’agissait, là, d’un exemple d’une politique de deux poids, deux mesures.  « De telles démarches devraient être rejetées car elles pourraient saper la confiance de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme », a-t-il estimé.  Il a également souligné que le recours illégal à la force ou à l’occupation, ainsi que le recours disproportionné à la force militaire, préparaient la voie à un cercle vicieux de violence et de terrorisme.


M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) a déclaré que son pays remplissait ses obligations en matière de lutte contre le terrorisme, notamment en mettant en œuvre diverses conventions internationales de lutte contre le terrorisme.  Nous avons ratifié 10 des 13 conventions de l’ONU et nous sommes signataires de la Convention de l’ONU contre la criminalité transnationale organisée de 2000, a précisé M. Tarar.  Il a ajouté que le Pakistan est devenu partie à la Convention de l’ONU sur la suppression du financement du terrorisme et a promulgué une loi de référence pour lutter contre le blanchiment d’argent.  Il a cité la création d’un service de surveillance financier au sein de la Banque centrale du Pakistan, afin d’enquêter sur toute transaction financière douteuse.  Il a indiqué que, grâce à cette surveillance, 64 comptes bancaires et un montant total de 750 millions de roupies pakistanaises ont été gelés récemment. 


Il a précisé que le Pakistan a déployé 160 000 soldats le long de sa frontière avec l’Afghanistan et a installé 822 postes frontière, afin d’empêcher le passage aux membres d’Al-Qaida et des Taliban.  Par ailleurs, il a indiqué que le Pakistan considérait la Stratégie antiterroriste mondiale et ses quatre piliers comme un travail en évolution constante et a souhaité que cette Stratégie soit évaluée et révisée régulièrement en fonction des nouveaux développements.  Il s’est félicité de ce que le projet de résolution sur le troisième examen de la

Stratégie mette l’accent sur la nécessité de protéger les droits de l’homme et de respecter l’état de droit dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, en estimant que les exécutions extrajudiciaires de terroristes ne pourront que nourrir l’extrémisme.


M. AKAN RAKHMETULLIN (Kazakhstan) a fait part de l’expérience de son pays dans la lutte antiterroriste aux plans national et régional.  Ayant ratifié 14 instruments juridiques internationaux et guidé par la Stratégie antiterroriste mondiale, le Kazakhstan a harmonisé ses lois avec les dispositions internationales et les recommandations des Nations Unies.  Le représentant a notamment assuré que son pays respecte les recommandations du Conseil de sécurité en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.  La stratégie du pays se concentre sur l’élimination des causes du terrorisme et vise à détecter suffisamment tôt la menace et les incidences du terrorisme.  Le Kazakhstan a renoncé à posséder un quart de l’arsenal nucléaire mondial et, à ce titre, accorde une grande importance à la mise en œuvre des mesures visant à prévenir l’accès des terroristes aux armes de destruction massive.


Le Kazakhstan est un membre actif de plusieurs organes régionaux de lutte antiterroriste, a ajouté le représentant.  Il a également mentionné l’adoption, à Ashgabat, le 30 novembre 2011, du Plan d’action conjoint de mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale dans la région de l’Asie centrale.  Enfin, il s’est inquiété des liens qui se tissent entre le terrorisme et la criminalité organisée, invitant à lutter contre le trafic de drogues qui est une source de financement des activités terroristes.


M. SHIN DONG-IK (République de Corée) a dit que la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU offrait une base solide aux activités antiterroristes de la communauté internationale.  Parallèlement l’Équipe spéciale a intensifié ses efforts, afin de renforcer la coordination et la coopération non seulement avec les États Membres mais aussi entre les organismes du système des Nations Unies, s’est-il félicité.  Le représentant s’est particulièrement inquiété des risques croissants d’attaques terroristes impliquant des armes de destruction massive.  Dans ce contexte, la République de Corée a accueilli en 2011 la plénière de l’Initiative mondiale de lutte contre le terrorisme nucléaire ainsi qu’un Sommet sur la sécurité nucléaire, en mars 2012. 


Le représentant a souligné l’importance capitale de la coopération internationale pour détecter, suivre et répondre au trafic illicite de matériel nucléaire.  Soulignant les efforts de son pays pour appuyer les capacités antiterroristes des États Membres, M. Shin a notamment cité une aide de 36 millions de dollars au Fonds d’affectation spéciale de l’Armée nationale afghane.  Nous avons aussi fourni une assistance technique et des équipements aux pays d’Asie du Sud-Est dans le cadre d’une coopération avec l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).        


M. RON PROSOR (Israël) a estimé que la communauté internationale avait une responsabilité solennelle et se devait de produire une évaluation très claire des progrès enregistrés en matière de lutte contre le terrorisme.  « Les mots ne peuvent pas se substituer à l’action.  Si nous n’avançons pas dans nos efforts collectifs contre le terrorisme, les terroristes, eux, avanceront », a-t-il prévenu.  Il a ensuite estimé que la Stratégie antiterroriste mondiale fournissait un cadre adéquat et s’est dit convaincu que ses quatre piliers devaient être appliqués avec une détermination égale.  Saluant la proposition de désigner un coordonnateur pour la lutte contre le terrorisme, il a toutefois considéré qu’une telle nomination devait faire l’objet d’un examen détaillé en vue de ne pas faire double emploi.  « Nous devrions nous méfier de confondre procédure et progrès », a-t-il ajouté à ce propos.


M. Prosor a ensuite estimé que les voix des victimes du terrorisme devaient se faire entendre plus fortement que les voix des terroristes partout dans le monde.  Il a souligné que, depuis de nombreuses années, Israël mettait en garde contre le lien très clair qui peut exister entre l’incitation et le terrorisme.  « Le terrorisme ne commence pas par des attaques dans des bus ou des restaurants.  C’est ainsi qu’il finit », a-t-il dit, appelant la communauté internationale à prévenir l’incitation à la haine. 


« Le terrorisme commence lorsque le monde ne fait rien quand on prône une culture de la mort ou quand on enseigne à la prochaine génération d’enfants la haine au lieu de la paix », a-t-il ajouté.  Pour Israël, la communauté internationale a l’obligation d’empêcher cela dans les écoles, dans les mosquées, dans les médias ou ailleurs, a insisté son représentant.  Il a ensuite fustigé l’Iran qui appuie le terrorisme, a-t-il dit, et qu’il a qualifié de « banquier et principal formateur du terrorisme ».  Il a aussi demandé à la communauté internationale de se prononcer avec force et sans équivoque contre l’antisémitisme et la haine dont fait preuve l’Iran.


Le terrorisme ne peut être vaincu sans respect des droits de l’homme et de l’état de droit, a déclaré M. KNUT LANGELAND (Norvège).  La démocratie, la liberté d’expression, les libertés fondamentales et l’état de droit sont essentiels pour prévenir l’émergence du terrorisme, a-t-il souligné.  L’attentat terroriste commis en juillet dernier en Norvège montre qu’aucun pays ne peut prendre ces valeurs pour acquis.  La prévention du terrorisme requiert une approche large et sur le long terme.  Les mesures prises doivent être à la fois politiques, économiques, judiciaires, en plus d’être militaires.  Tout ceci se trouve déjà inscrit dans la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, a constaté le représentant.  C’est pourquoi la Norvège appuie cette Stratégie, mais exhorte aussi les États Membres à adopter une politique contre le terrorisme à long terme. 


Les Nations Unies ont un rôle important à jouer dans la coordination des efforts contre le terrorisme aux niveaux mondial, régional et national en assistant les pays dans la mise en œuvre de la Stratégie, a estimé le représentant.  La Norvège appuie la proposition de création du poste de coordonnateur pour la lutte contre le terrorisme, a-t-il ajouté.  Elle soutient aussi l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme aux plans politique et financier et se réjouit d’être associée à l’Initiative d’assistance intégrée pour la lutte antiterroriste (I-ACT).  M. Knut Langeland a terminé son intervention en soulignant que « nous devons reconnaître le rôle que peuvent jouer les victimes du terrorisme ».  « Nous devrions écouter les victimes et nous laisser guider par leurs expériences lors de la formulation des politiques antiterroristes », a-t-il plaidé.  Par ailleurs, il a également noté que la société civile peut apporter sa contribution dans différents domaines de la lutte contre le terrorisme et l’a encouragée à multiplier ses engagements à cet égard. 


M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie) a constaté que malgré les menaces posées à l’ensemble des États Membres par le terrorisme et l’extrémisme violent, les priorités nationales diffèrent souvent.  Aucun pays ne peut prétendre être à l’abri du terrorisme et nous ne pourrons gagner ce combat que si nous unissons « nos mains et nos cœurs », a estimé le représentant.  Il a estimé que si le volet sécuritaire de cette lutte était essentiel, il ne suffisait pas pour atteindre les objectifs souhaités. 


Il faut, a-t-il soutenu, préserver « l’équilibre critique » entre les exigences sécuritaires d’une part et les libertés démocratiques et les droits de l’homme de l’autre.  M. Apakan a cependant estimé qu’on devait s’abstenir d’abuser de la liberté d’expression.  Les incitations au terrorisme et à la violence ou encore la glorification des actes terroristes ne sauraient être tolérées.  Le représentant a par ailleurs estimé que le renforcement des capacités devait bénéficier d’une attention particulière, avant d’insister sur la nécessité d’établir de nouveaux partenariats, d’améliorer les capacités institutionnelles et de créer des réseaux de coopération.


M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a estimé que l’Assemblée générale devait continuer à jouer un rôle clef pour façonner le travail des Nations Unies dans la lutte contre le terrorisme, avec le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme.  Selon le représentant, le plein respect des droits de l’homme dans la lutte contre le terrorisme n’est pas seulement une obligation qui découle du droit international, mais aussi un élément essentiel de l’efficacité du combat, sachant que les violations systématiques des droits de l’homme peuvent être exploitées par ceux qui souhaitent promouvoir les mouvements terroristes.  L’importance de la dimension des droits de l’homme, a-t-il dit, exige également que les Nations Unies montrent l’exemple dans des domaines où elles prennent des mesures concrètes pour prévenir et combattre le terrorisme.  Il a ainsi appelé le Conseil de sécurité à examiner cette question, en particulier lorsqu’il devra proroger le mandat de l’Ombudsman du Comité créé en vertu de la résolution 1267 (1999), à la fin de cette année.


M. SAIFUL AZAM ABDULLAH (Malaisie) a estimé qu’il était important de traiter les différents aspects du terrorisme de manière équilibrée et d’accorder une attention égale aux quatre piliers de la Stratégie mondiale.  Le délégué a rappelé que son pays avait ratifié 9 des 13 conventions et protocoles internationaux, et pris diverses mesures en vue de remplir ses obligations établies par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.  Le délégué a souligné la conviction de son pays selon laquelle la prévention du terrorisme est plus efficace que son traitement. 


Ainsi, a-t-il ajouté, la Malaisie s’est attachée à prendre des mesures en vue d’éradiquer la pauvreté extrême dans le pays et de faire en sorte que la population puisse équitablement bénéficier des fruits de la croissance économique.  De même, a-t-il ajouté, la Malaisie soutient les initiatives en faveur du dialogue interculturel et interreligieux, telle que l’Alliance des civilisations.  De telles initiatives, a-t-il affirmé, concourent à promouvoir une meilleure compréhension parmi les religions et les civilisations dans le monde.


M. ANSYAAD MBAI (Indonésie) a estimé que la coopération internationale représentait la seule réponse « réaliste » à la menace terroriste et a insisté à ce titre, sur la nécessité pour les États Membres de veiller à la pleine et bonne mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Le représentant a ensuite fait savoir que l’Indonésie avait ratifié 7 des 16 instruments relatifs à la lutte antiterroriste et qu’elle avait participé à plusieurs initiatives sur le plan régional, notamment la Réunion ministérielle de Bali.  Le représentant a également indiqué que l’Indonésie avait ratifié, au mois d’avril dernier, la Convention antiterroriste de l’ANASE.


M. Mbai a aussi fait savoir que « des centaines » de personnes soupçonnées d’avoir commis des actes terroristes, avaient été traduits en justice.  Cela-dit, a-t-il ajouté, notre Agence nationale de lutte contre le terrorisme emploie également des méthodes douces pour favoriser la « déradicalisation ».  Le Gouvernement promeut par ailleurs les dialogues interreligieux, a ajouté le représentant avant de souligner l’importance de la coopération technique et du dialogue entre les États Membres.


Droits de réponse


Répondant aux propos d’Israël, le représentant de la République arabe syrienne a qualifié de terrorisme d’État, ce que fait ce pays depuis qu’il a vu le jour aux dépens de peuple arabe.  « Israël a pris l’habitude de brouiller les cartes et d’envoyer des messages fallacieux pour détourner l’attention du monde de ses actes terroristes », a-t-il dit.  Il a posé une question: « l’expulsion des citoyens en Palestine, en Syrie et au Liban n’est-elle pas une forme de terrorisme? » a-t-il demandé. 


Réagissant à son tour aux propos de la délégation israélienne, le représentant de la République islamique d’Iran a regretté les allégations alors que des crimes sans pareil ont été commis par le régime israélien.  Il a également considéré que ce type de déclarations n’était qu’une tactique pour détourner l’attention des activités criminelles qui sont commises, notamment la terreur contre des scientifiques iraniens, au cours de ces derniers mois. 


Rétorquant à ces propos, la représentante d’Israël a estimé que la Syrie et l’Iran étaient « les éléments essentiels de la topographie et de la carte du terrorisme ».  « Chaque fois que l’un s’exprime, nous avons l’occasion de mieux identifier les délégations des États qui sponsorisent le terrorisme », a-t-elle ajouté.  Elle a estimé ne pas avoir de leçon à recevoir de la part d’un régime qui a tué et qui continue de tuer des milliers de ses citoyens.


Elle a considéré que la Syrie était une autoroute pour la circulation des armes vers le Liban et ailleurs, et que les récentes attaques terroristes en Géorgie, en Inde et en Thaïlande démontraient que l’Iran est le principal argentier du terrorisme.  Ce pays fournit des armes sophistiquées au Hamas, au Hezbollah et à d’autres organisations et agents du terrorisme au Moyen-Orient, a-t-elle accusé.


Reprenant la parole, le représentant de la République arabe syrienne s’est dit surpris de la référence qu’a faite la représentante du « régime sioniste » à la topographie alors que son pays exclut les habitants d’un territoire pour les remplacer par d’autres.  Il a, en outre, considéré que le terrorisme israélien avait de nombreuses dimensions, dont celle de la menace nucléaire qu’il dirige contre tous ses voisins.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Afghanistan: le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix souligne les progrès réalisés lors des Conférences de Kaboul et de Chicago

CS/10688

Afghanistan: le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix souligne les progrès réalisés lors des Conférences de Kaboul et de Chicago

27/06/2012
Conseil de sécuritéCS/10688
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6793e séance – matin


AFGHANISTAN: LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX

SOULIGNE LES PROGRÈS RÉALISÉS LORS DES CONFÉRENCES DE KABOUL ET DE CHICAGO


« Un optimisme prudent est de mise », affirme le Secrétaire général dans son rapport


Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, a mis l’accent, aujourd’hui devant le Conseil de sécurité, sur les progrès importants réalisés sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales à l’occasion de la Conférence ministérielle de suivi de Kaboul, tenue le 14 juin, et du Sommet de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) qui a eu lieu à Chicago, le 21 mai. 


Ces progrès, a affirmé M. Ladsous, qui présentait le rapport trimestriel du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan, ont « contribué à façonner et à définir plus précisément les contours de l’avenir de l’Afghanistan, alors que le pays s’achemine vers l’autonomie ».


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, estime, dans le rapport débattu aujourd’hui par le Conseil, qu’au vu de l’évolution de la situation concernant la transition en matière de sécurité, le développement humain, la société civile et le cadre institutionnel afghan, « un optimisme prudent est de mise ».


M. Ladsous a indiqué que le processus d’Istanbul, dirigé par les Afghans, en partenariat avec les acteurs régionaux, et avec l’appui de la communauté internationale, avait permis d’« importantes avancées » depuis son lancement en novembre 2011.  Ce processus, a-t-il dit, doit « contribuer à notre objectif commun, qui est celui de construire une région jouissant de la stabilité, de prospérité, et de coopération ». 


Le Secrétaire général adjoint a noté que si, en Afghanistan, ces trois derniers mois avaient montré une diminution spectaculaire du nombre d’incidents à la sécurité depuis 2011, en revanche, la recrudescence d’incidents à grande échelle et un recours croissant à des actions ciblant les civils restent préoccupants.


De son côté, le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), M. Yury Fedotov, a présenté les dernières activités de l’Office dans la région de l’Afghanistan et a, à cet égard, rappelé que le pays générait environ 90% de la production mondiale d’opiacées, le sud de l’Afghanistan étant en outre la région qui produit le plus d’opium au monde. 


M. Fedotov a indiqué qu’au cours de sa récente visite sur le terrain, il a invité le Président afghan, M. Hamid Karzaï, à s’attaquer à ce problème à tous les niveaux et à en faire une priorité nationale, ce qu’a accepté le leader afghan.


Le Représentant permanent de l’Afghanistan auprès des Nations Unies, qui prenait part au débat, a assuré que la transition vers l’appropriation et le leadership  des actions concernant leur pays par les Afghans était la principale priorité stratégique de son pays.  Il a ajouté que la troisième étape de la transition sécuritaire devrait être achevée d’ici à la fin de l’année, suite à quoi les Forces de sécurité afghanes assureraient la sécurité de 75% de la population afghane.  Les autres priorités essentielles, a expliqué le représentant, seront l’établissement d’un gouvernement « plus propre et plus compétent », le renforcement de la gouvernance, la lutte contre la corruption et le renforcement de l’état de droit.


Au cours du débat qui a suivi, les délégations se sont félicitées des avancées obtenues, tout en relevant les défis qu’il reste pour le pays à surmonter.


La représentante des États-Unis a rappelé que son pays avait signé avec l’Afghanistan un accord de partenariat stratégique.  Cet accord, a-t-elle dit, prévoit un cadre de relations à long terme entre les deux pays après le retrait responsable qu’opèreront les forces américaines d’Afghanistan.  De même, l’accord renforce la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Afghanistan. 


Le représentant de la Fédération de Russie, considérant qu’un règlement du problème afghan uniquement par des moyens militaires était impossible, a souligné l’importance de maintenir la clarté concernant toute opération de l’OTAN en Afghanistan, une telle opération devant être sanctionnée par le Conseil de sécurité.


Les principes de cette mission ont été précisés au cours du débat par le Secrétaire général adjoint de l’OTAN, M. Stephen Evans.  M. Evans, qui a notamment fait un bilan du Sommet de Chicago, a indiqué que ces principes régissant la création de cette future mission découlaient de l’autorisation accordée à cet égard par le Conseil de sécurité des Nations Unies, la mission devant poursuivre les objectifs assignés par les Nations Unies. 


Le représentant de la Turquie a noté que depuis le processus lancé lors de la Conférence d’Istanbul sur le thème « sécurité et coopération au cœur de l’Asie », en novembre dernier, les partenaires régionaux avaient entamé avec l’Afghanistan une coopération qu’il a jugée « positive ».  La région est unie par son destin, a-t-il déclaré, ajoutant que celle-ci ne pourra jouir de la paix et de la stabilité tant que l’Afghanistan sera instable. 


L’Inde, qui doit organiser demain, à New Delhi, une réunion de haut niveau sur les investissements en Afghanistan, a mis l’accent sur la nécessité de créer un environnement favorable permettant au peuple afghan de vivre dans la paix et la sécurité et de choisir son propre avenir, sans ingérence extérieure, et sans coercition.


LA SITUATION EN AFGHANISTAN


Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (S/2012/462)


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, dans ce rapport trimestriel, fait le point des activités menées par les Nations Unies en Afghanistan, notamment dans les domaines de l’action humanitaire, du développement et des droits de l’homme, et présente une synthèse des faits importants survenus au niveau politique et sur le plan de la sécurité, ainsi que des informations sur les événements régionaux et internationaux en rapport avec l’Afghanistan.


Ainsi, au vu de l’évolution de la situation concernant la transition en matière de sécurité, le développement humain, la société civile et le cadre institutionnel afghan, un optimisme prudent est, selon lui, de mise.


Néanmoins, poursuit-il, il ne faut pas sous-estimer les difficultés graves qui existent, d’autant que le retrait progressif des forces militaires et la réduction attendue de l’aide au développement engendrent des incertitudes quant à la pérennisation de ces acquis.


D’importantes répercussions économiques, des pertes d’emplois, voire une augmentation des besoins humanitaires, au moins à court et à moyen termes, sont prévisibles dans un pays dont les indicateurs de développement humain figurent parmi les plus faibles au monde.


Les obstacles à la stabilité demeurent multiples, dont l’insurrection, l’impunité, la corruption, la criminalité et une augmentation de la production et du trafic de stupéfiants.  La transition peut offrir l’occasion de réorienter et de hiérarchiser les efforts, mais elle peut aussi être une source d’instabilité.  Elle peut raviver les tendances déstabilisatrices qui ont eu un effet dévastateur sur le pays dans le passé, en particulier si elle s’accompagne de divisions ethniques.


Il faut donc, à titre prioritaire, parvenir à un consensus politique national et mettre en œuvre, de manière prévisible, et en toute confiance, les engagements réciproques avec la participation et l’appui à long terme de la communauté internationale.


Pour le Secrétaire général, la protection des civils et la responsabilisation des services de sécurité doivent être un élément central de la planification, aussi bien en ce qui concerne les obligations internationales que, à l’intérieur de l’Afghanistan, comme facteur indispensable à la consolidation de la légitimité du Gouvernement afghan.  De manière générale, il faut d’urgence mettre en place des cadres pour la gouvernance et l’aide au développement à long terme, recommande Ban Ki-moon.


Outre la réunion ministérielle tenue à Kaboul en juin et le renforcement de la cohérence des initiatives régionales de coopération, M. Ban dit attendre avec intérêt la conférence internationale qui se tiendra à Tokyo en juillet et la poursuite des discussions concernant les engagements socioéconomiques bien au-delà de 2014.


Par ailleurs, il estime que le Gouvernement devrait, avec l’appui international, poursuivre ses efforts pour renforcer sa légitimité et mettre l’accent sur les acquis durables en matière de sécurité, notamment en appuyant la mise en place d’un cadre juridique solide pour les questions de détention et un régime juridique pour la détention administrative ou l’internement, tout en clarifiant le cadre juridique réglementant la conduite des opérations spéciales, des interrogations, et des détentions par les forces afghanes.


M. Ban ajoute que la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) est disposée à soutenir et à favoriser un dialogue politique interafghan constructif et sans exclusive, le cas échéant.


S’agissant des prochaines élections, il observe qu’il revient aux autorités et au peuple afghans de jouer le rôle directeur, aussi bien dans la mise en œuvre du processus électoral que dans la définition du cadre électoral, ce qui suppose l’implication des divers acteurs politiques.


Notant que des discussions officieuses ont lieu sur le futur rôle de l’ONU en Afghanistan, il affirme que l’Organisation ne ménagera aucun effort pour soutenir le pays, même s’il n’en sera pas moins difficile de satisfaire tous les besoins prévus.


Il convient de reconnaître le caractère unique du rôle, des domaines de compétence et de l’expérience des Nations Unies, souligne-t-il.  Il faut un large consensus sur un cadre global pour l’appui international à l’Afghanistan et sur le rôle que doit jouer l’ONU dans ce cadre, compte tenu des difficultés budgétaires, préconise-t-il.  Ainsi, de la conférence qui se tiendra à Tokyo doit émerger un message clair que l’Afghanistan ne sera pas abandonné face à ses besoins de développement et ses besoins sociaux.


Des engagements concrets doivent être pris en faveur de l’appui à long terme à l’Afghanistan, de sa stratégie d’autonomie, et de ses programmes prioritaires nationaux, alors que le pays s’emploie à assurer sa viabilité budgétaire et économique au-delà de 2014.


Toute réduction brusque de l’assistance compromet les réalisations et peut aussi aggraver les besoins humanitaires, prévient M. Ban.  La prévisibilité et une large participation sont indispensables pour assurer une planification efficace et susciter la confiance à l’avenir, conclut-il.


Déclarations


M. HERVÉ LADSOUS, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a affirmé que des progrès importants avaient été réalisés à l’occasion des deux conférences internationales de Kaboul et de Chicago, et il a indiqué qu’une troisième rencontre du même genre se tiendra le mois prochain à Tokyo.  Ces progrès, a-t-il dit, ont contribué à façonner et à définir plus précisément les contours de l’avenir de l’Afghanistan, alors que le pays s’achemine vers l’autonomie.


La Conférence ministérielle de Kaboul, qui s’est tenue le 14 juin, fut l’occasion pour l’Afghanistan de démontrer son efficacité dans la conduite d’un processus essentiel pour sa stabilité à venir: celui de développer la confiance et la coopération régionale.  Le processus d’Istanbul, dirigé par les Afghans, en partenariat avec les acteurs régionaux, et avec l’appui de la communauté internationale, a permis d’importantes avancées depuis son lancement en novembre 2011, a ajouté M. Ladsous.


Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a estimé que ce processus représente une avancée stratégique qui est particulièrement importante, notamment parce que sous conduite afghane.  Il s’ajoute aux instances bilatérales, trilatérales et multilatérales déjà en place, avec, en particulier, l’Organisation de coopération de Shanghai, la Conférence afghane de coopération économique régionale, et l’Association sud-asiatique pour la coopération régionale.  Le processus doit, a dit M. Ladsous, contribuer à notre objectif commun, qui est celui de construire une région jouissant de la stabilité, de prospérité et de coopération. 


M. Ladsous a estimé que la réunion du 21 mai sur l’Afghanistan avait, dans une large mesure, concouru à définir la configuration du soutien à long terme apporté aux Forces de sécurité afghanes.  Il a mis l’accent sur la nécessité, alors que les Forces de sécurité afghanes assument peu à peu leurs responsabilités, de continuer à prôner le renforcement de leurs mécanismes de contrôle et de sécurité.


Ces trois derniers mois ont montré, a-t-il constaté, en s’appuyant à cet égard sur le rapport du Secrétaire général, une diminution spectaculaire du nombre d’incidents à la sécurité depuis 2011.  Mais en revanche, a-t-il noté, le rapport fait aussi état d’incidents à grande échelle et d’un recours croissant à des actions ciblant les civils.


La MANUA a observé que 2011 avait été la cinquième année consécutive au cours de laquelle on a constaté un accroissement du nombre de victimes civiles, et ceci n’est pas acceptable, a déclaré le Secrétaire général adjoint.  La sécurité seule ne contribuera pas à apporter une paix et une stabilité durables en Afghanistan, a-t-il de même souligné, soulignant l’importance de l’engagement en faveur du secteur du développement socio-économique.


M. Ladsous a par ailleurs noté que les élections de 2014 constitueraient un véritable tournant et auraient des répercussions importantes sur les progrès enregistrés à ce jour.  Elles devront se tenir conformément à la Constitution, afin de parvenir à une transition en douceur et de démontrer la capacité croissante de l’Afghanistan à assumer sa souveraineté, a-t-il affirmé, se félicitant de la déclaration qu’a faite le Président Karzaï à Chicago, et dans laquelle il a indiqué que les élections doivent être caractérisées par l’intégrité et dénuées de toute intervention interne et externe.


S’agissant du futur de la MANUA, M. Ladsous a mis l’accent sur les conséquences qu’a à travers le monde la crise économique, et en particulier son impact sur les économies dites majeures.  Ceci a des conséquences sur le niveau de contribution de ces pays au budget des opérations de maintien de la paix.  Cet état de chose affectera la MANUA, a prévenu M. Ladsous, jugeant que les attentes vis-à-vis de la Mission étaient irréalistes face à l’austérité budgétaire de plus en plus grande. 


La MANUA et d’autres missions politiques spéciales, a-t-il poursuivi, doivent respecter les objectifs fixés par l’Assemblée générale dans son budget biannuel.  Il a ainsi rappelé que le budget consacré à la MANUA en 2013 reflèterait les réductions demandées par les États Membres.  M. Ladsous a également souligné que la MANUA devra revoir tous les aspects de ses structures de soutien et établir une hiérarchie dans ses activités programmatiques.


Pour le Secrétaire général adjoint, les discussions informelles sur le rôle de la communauté internationale, y compris le rôle des Nations Unies, après 2014, en Afghanistan, doivent prendre en considération les contraintes budgétaires et programmatiques, ainsi que les impératifs de la transition et la situation sur le terrain.  Ces discussions, a-t-il conclu, doivent faire également l’objet d’un processus de consultation adéquat, d’abord et avant tout avec le Gouvernement afghan, afin de permettre au Conseil de sécurité de prendre des décisions de manière éclairée.


M. YURY FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), a présenté les dernières activités de l’Office dans la région de l’Afghanistan, et a, à cet égard, rappelé que l’Afghanistan génère environ 90% de la production mondiale d’opiacées, le sud du pays étant en outre la région qui produit le plus d’opium au monde.  L’édition 2012 du « Rapport mondial sur les drogues » de l’UNODC indique que, sur une production mondiale de 7 000 tonnes d’opium en 2011, l’Afghanistan en a produit 3 600 tonnes en 2010 et 5 800 tonnes en 2011.  M. Fedotov a ajouté que le trafic d’opiacées génère des bénéfices de 68 milliards de dollars au profit de réseaux criminels et cause des dizaines de milliers de morts chaque année.  L’Afghanistan a en outre l’un des taux les plus élevés de prévalence du VIH/sida au monde, a-t-il dit.  En outre, le trafic de drogues porte atteinte à la stabilité de la région et alimente la criminalité organisée ainsi que la corruption. 


M. Fedotov a indiqué qu’au cours de sa récente visite sur le terrain, il a invité le Président afghan, M. Hamid Karzaï, à s’attaquer à ce problème à tous les niveaux et à en faire une priorité nationale, ce que le Président a accepté.  Nous avons aussi pu constater que les autorités de lutte contre la drogue sont engagées sérieusement dans ce combat, a dit M. Fedotov.  Au 19 juin, 10 871 champs de pavot ont été éliminés, a-t-il poursuivi, ce qui représente une augmentation de 173% des champs éliminés, par rapport à 2011.  Il a aussi signalé une maladie qui touche actuellement les plants de pavot, tout en notant que ce n’est pas la façon la plus appropriée de résoudre le problème.  Nous ne pouvons pas ralentir le rythme de nos efforts, a averti le Directeur exécutif de l’UNODC.


Au niveau politique, nous profitons de l’élan donné par le Pacte de Paris, tout en continuant de développer des programmes régionaux intégrés, a indiqué M. Fedotov.  Il a ajouté que l’UNODC a lancé en mai dernier son « Programme de pays pour l’Afghanistan », qui est doté de 117 millions de dollars.  Il a aussi mentionné la nécessité de renforcer les contrôles aux frontières.  Il a également évoqué trois nouvelles initiatives qui portent sur les bénéfices que génère le crime, sur les moyens de subsistance alternatifs, et sur le trafic de drogues par la mer entre l’Iran et le Pakistan.  Par ailleurs, un programme régional pour l’Europe du Sud-Est, lancé en mai, se concentre sur la drogue qui transite par l’Asie centrale et les Balkans, a indiqué M. Fedotov.  Il a demandé aux États Membres de faire comprendre à l’opinion afghane que les drogues illicites et le crime peuvent saper les efforts de développement socioéconomique du pays, surtout en prévision de la situation à laquelle devra faire face l’Afghanistan après 2014.


M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a tout d’abord indiqué que l’Accord de partenariat stratégique stable, qui a été signé entre son pays et les États-Unis, avait été approuvé par les deux chambres du Parlement afghan.  Il a ajouté que des partenariats stratégiques avaient également été établis avec l’Italie, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Australie, et que des discussions étaient actuellement en cours avec la Turquie, la Norvège et l’Union européenne dans le but de conclure des accords similaires.  Un partenariat stratégique a également été établi avec la Chine, a précisé le représentant afghan.  M. Tanin a également indiqué que la tenue, il y a 15 jours à Kaboul, de la Conférence ministérielle des pays du cœur de l’Asie, avait été l’occasion de faire avancer les objectifs du Processus d’Istanbul et de réaffirmer l’engagement de l’Afghanistan à mettre en œuvre un large éventail de mesures de rétablissement de la confiance.


Le représentant a ensuite fait savoir que son pays avait obtenu le statut d’observateur du Conseil de Shanghai pour la coopération lors de la conférence récemment tenue à Beijing, indiquant que c’était là une avancée importante.  Il a ensuite annoncé que la tenue, le mois prochain, de la conférence ministérielle de Tokyo sera l’occasion pour l’Afghanistan de présenter un plan d’action détaillé sur l’autonomie, ainsi que le programme de ses priorités nationales.  Cette conférence sera également l’occasion, pour la communauté internationale, de solidifier les engagements pris dans le cadre de la Décennie pour la transition et la transformation, a-t-il indiqué.


La transition vers l’appropriation et le leadership par les Afghans est notre principale priorité stratégique, a enchainé M. Tanin.  Il a fait savoir que la troisième étape de la transition sécuritaire devrait être achevée d’ici à la fin de l’année, suite à quoi les Forces de sécurité afghanes assureront la sécurité de 75% de la population afghane.  Les autres priorités essentielles, a-t-il ajouté, seront l’établissement d’un gouvernement qui soit « plus propre et plus compétent », le renforcement de la gouvernance, la lutte contre la corruption et le renforcement de l’état de droit.


M. Tanin a ensuite fait savoir que la mise en œuvre du volet socioéconomique de la transition comportait de nombreux défis, pour ensuite préciser que les programmes afghans de priorité nationale mettaient également l’accent sur le développement de l’agriculture du pays, ainsi que sur celui de ses ressources humaines, de son infrastructure et de son secteur privé.  Il a également parlé du problème de la drogue, qui est « la plus importante entrave au développement et à la sécurité en Afghanistan », et a affirmé que l’Afghanistan n’épargnait aucun effort pour débarrasser les populations du pays de ce fléau.  Il a indiqué que la culture du pavot avait été réduite de manière significative au cours des cinq dernières années, et que de plus en plus de personnes impliquées dans le trafic de stupéfiants étaient traduites en justice.  Il a cependant indiqué que, pour apporter une solution à long terme à ce problème, il fallait répondre aux facteurs dominants qui le sous-tendent, notamment en bloquant les flux de précurseurs chimiques vers l’Afghanistan et en donnant aux agriculteurs afghans d’autres perspectives pour gagner leur vie.


Le représentant a également parlé du massacre perpétré le week-end dernier, à l’hôtel Spozhmai, et a affirmé qu’en commettant de tels actes, les Taliban ne menaçaient pas l’État afghan mais portaient atteinte au cours pacifique de la vie de gens innocents.


M. PETER WITTIG (Allemagne) a souscrit à la déclaration prononcée par l’Union européenne, et a indiqué que l’Allemagne approuvait l’évaluation présentée par le Secrétaire général dans son rapport trimestriel et qui fait état d’un « optimisme prudent » concernant la situation en Afghanistan.  Il a noté que des « progrès considérables » avaient été réalisés depuis la Conférence de Bonn, qui s’est tenue en décembre dernier.  Il a, entre autres, salué le fait que 75% des enfants afghans vivent à présent dans des zones sécurisées par les Afghans, tel que cela avait été prévu et convenu. 


M. Wittig a ensuite considéré que la Conférence de Kaboul, qui s’est tenue en mai, avait montré la prise en charge, par les Afghans, de la coopération régionale.  « L’Afghanistan assume aujourd’hui son rôle au cœur d’un processus régional et s’est engagée à l’égard de plusieurs mesures de confiance », a-t-il dit, ajoutant que l’Allemagne continuerait à soutenir ce processus.  À cet égard, il a salué le fait que l’Afghanistan ait consolidé ses partenariats par le biais de plusieurs accords de coopération, y compris avec son pays. 


Dans le domaine de la sécurité, il a rappelé que, lors du Sommet de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) de Chicago, qui a eu lieu en mai, les partenaires s’étaient engagés en faveur de l’apport d’un appui aux Forces de sécurité afghanes au-delà de 2014.  Il a précisé que le maintien des gains acquis en la matière demeurait un défi majeur dans le contexte du retrait des forces internationales.  « Les progrès en matière de sécurité doivent s’accompagner d’un développement sur le long terme, et la prochaine conférence de Tokyo sera, à cet égard, l’occasion d’envisager des mesures innovantes à cet égard », a-t-il ajouté.  Il a précisé qu’à Tokyo, la responsabilité serait commune, et que l’Allemagne s’attendait à ce que le Gouvernement afghan prenne des engagements clairs, en particulier dans les domaines de la promotion d’une meilleure gouvernance, du respect des droits de l’homme, et des efforts à déployer en faveur d’accomplissements démocratiques au-delà de 2014.


M. ABDULLAH HUSSAIN HAROON (Pakistan) a demandé que la MANUA soit dotée de ressources suffisantes.  Il a prévenu que toute réduction substantielle du budget de la Mission risquerait d’avoir un impact négatif sur les objectifs de l’ONU en Afghanistan.  S’agissant des questions de sécurité en Afghanistan, le représentant du Pakistan a indiqué que malgré les provocations, le Pakistan faisait preuve de la plus grande retenue.  À titre d’illustration, il a cité l’attaque menée le 24 juin contre un poste frontière pakistanais par des combattants opérant à partir de l’Afghanistan, qui a provoqué la mort de 17 soldats pakistanais.  Il a indiqué que le Pakistan faisait toujours l’effort de répondre à ce type d’agression à travers des canaux officiels de communication.  Précisant que le Pakistan était le pays qui accueillait le plus grand nombre de réfugiés afghans, M. Haroon a dit l’importance que son pays accordait aux suites de la conférence internationale sur les réfugiés afghans, qui s’est tenue à Genève, le mois dernier.  Il a également salué le programme de pays pour l’Afghanistan, couvrant la période 2012-2014, qui a été lancé par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) le mois dernier, afin de faire face au problème de la drogue tel que décrit par l’enquête annuelle sur le pavot à opium, qui couvre l’année 2011, et l’évaluation menée par l’UNODC en avril 2012 sur les risques liés à la drogue.  En conclusion, il a dit que le Pakistan avait la volonté de voir émerger un Afghanistan pacifique et stable, et il a ajouté que « pour le Pakistan, Kaboul est la capitale la plus importante du monde ».      


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a noté que des « efforts considérables » avaient été menés par l’Afghanistan au cours des derniers mois et a estimé que ces efforts et les engagements de la communauté internationale devaient continuer à se concentrer sur la nécessité d’assurer la sécurité du pays et de sa population, ainsi que sur le soutien à des mesures assurant des progrès économiques et politiques en Afghanistan grâce, également, à l’appui que peuvent apporter les pays voisins.  En ce qui concerne la transition en matière de sécurité, M. Grant a souligné que le Sommet de l’OTAN de Chicago avait apporté une contribution crédible au maintien des forces de sécurité de la coalition en Afghanistan au-delà de 2014, et que cela constituait un message clair aux rebelles.  Notant que la protection de la population civile demeurait toujours au cœur des priorités de la  Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), il s’est félicité des résultats obtenus dans ce domaine, tel que cela a été souligné dans le rapport du Secrétaire général. 


S’agissant des progrès économiques, le représentant a déclaré que le Royaume-Uni attendait avec intérêt la conférence de Tokyo, prévue en juillet prochain.  Il a estimé « crucial », pour la stabilité future de l’Afghanistan, que la communauté internationale y fasse montre d’un engagement à long terme au cours de la décennie 2015-2025 ou qu’elle prenne, à tout le moins, des engagements fermes jusqu’en 2017.  M. Grant a également appuyé tous les efforts destinés à faire en sorte que le rendez-vous de Tokyo ouvre une possibilité de participation à la société civile, et en particulier aux femmes.  Il a, par ailleurs, estimé que le Gouvernement afghan devait également honorer ses engagements en poursuivant ses réformes économiques les plus essentielles et celles lancées en vue du recouvrement par le pays de son autonomie et de sa souveraineté.  Il a ensuite réaffirmé l’engagement du Royaume-Uni à contribuer à la consolidation de mesures de confiance lorsque cela est demandé dans la région.


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a affirmé que son pays avait des liens de civilisation historiques privilégiés avec l’Afghanistan.  Ces dernières années, ces relations ont été renouvelées et renforcées grâce à l’aide apportée par l’Inde à l’Afghanistan, a souligné M. Singh Puri.  L’Inde continuera de participer à la reconstruction et à des projets de réintégration, conformément à la stratégie afghane.  Le représentant indien a également exprimé le soutien de son pays, au niveau régional, aux efforts de confiance qui constituent un élément crucial de l’appui international en faveur de l’Afghanistan.


De même, l’Inde appuie un processus transparent et inclusif de réconciliation, a dit M. Singh Puri.  Il a indiqué que son pays organiserait à New Delhi un sommet sur les investissements en Afghanistan, lequel, a-t-il dit, contribuera à contrer les images négatives que l’on a actuellement de ce pays.  Il a prôné une action concertée pour isoler les groupes terroristes et a mis l’accent sur la nécessité de créer un environnement favorable permettant au peuple afghan de vivre dans la paix et la sécurité et de choisir son propre avenir sans ingérence extérieure et sans coercition. 


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a estimé que, s’agissant de l’Afghanistan, toute vue optimiste dépendra à la fois du degré de respect des engagements souscrits par la communauté internationale, de la manière dont ce pays assumera pleinement ses responsabilités souveraines, et du niveau de la présence des Nations Unies sur le terrain.  Notant, à la lecture du rapport du Secrétaire général, que les écueils demeuraient considérables sur le terrain, il a réaffirmé l’appui du Guatemala au processus de réconciliation dirigé par les Afghans eux-mêmes et s’est félicité de la désignation d’un président pour le Haut conseil pour la paix.


Notant qu’il était prévisible qu’on assiste à une complication accrue des crises existantes dans le pays après 2014, le représentant a ensuite émis l’espoir que la communauté internationale puisse se préparer de façon opportune à cette nouvelle étape, et il a exprimé l’appui de sa délégation à la mission de bons offices menée, à cet égard, par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).  Il s’est aussi félicité du fait que lors du Sommet de Chicago, l’OTAN et les différentes parties prenantes aient affiché leur engagement et leur appui aux Forces de sécurité afghanes au-delà de 2014.


M. SUSAN RICE (États-Unis) a affirmé que ces derniers mois la communauté internationale avait apporté son appui aux mesures de soutien visant à renforcer le rôle des dirigeants afghans dans le processus en cours, ceci au-delà de 2014.  Elle a rappelé le message clair du Président des États-Unis Barack Obama au peuple afghan.  M. Obama a clairement dit au peuple afghan qu’il n’est pas seul dans les efforts qu’il déploie en vue de reconstruire son pays.  Elle a expliqué que les États-Unis avaient signé avec l’Afghanistan un accord de partenariat stratégique.  Cet accord, a-t-elle dit, prévoit un cadre de relations à long terme entre les deux pays après le retrait responsable qu’opèreront les forces américaines d’Afghanistan.  De même, il renforce la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Afghanistan.  Il est évident, a déclaré Mme Rice, que les États-Unis ne cherchent pas à maintenir de bases permanentes en Afghanistan.  La représentante a également souligné les engagements pris en matière de lutte contre le terrorisme.


La détermination des États-Unis à l’égard du relèvement de l’Afghanistan est réelle et durable, a poursuivi Mme Rice.  Elle a souligné qu’au sommet de Chicago, en mai dernier, les dirigeants de l’OTAN avaient exprimé une nouvelle fois le soutien de l’Alliance aux militaires afghans après 2014.  Les ennemis du peuple afghan doivent savoir que des forces armées afghanes déterminées leur feront face, a-t-elle assuré.  L’amélioration de la sécurité contribuera à la réintégration et au retour des Afghans déplacés, ainsi qu’au développement économique du pays, a-t-elle également indiqué, mettant l’accent sur la nécessité d’améliorer la coopération régionale. 


M. JOÃO MARIA CABRAL (Portugal) a mis l’accent sur le renforcement des capacités des Forces de sécurité afghanes, qu’il a estimé indispensable, afin de fournir des services de protection et de répondre aux besoins de la population.  Il a également appuyé tous les efforts visant à mettre l’accent sur le renforcement de la police afghane afin, notamment, que ses forces soient mieux outillées et plus professionnelles.  Il a fait remarquer que le rapport du Secrétaire général indiquait clairement ce qui est nécessaire en la matière, et s’est félicité de l’élaboration d’un plan de police national qui établit, a-t-il dit, « des objectifs ambitieux » pour que 5 000 femmes soient recrutées dans les rangs de la police.


En matière de sécurité et de droits de l’homme, le représentant a estimé que les défis posés demeuraient considérables, et il s’est dit préoccupé par le nombre de victimes civiles dans le pays.  Il a ensuite noté les efforts déployés par le Gouvernement afghan en matière de droits des femmes, et a estimé que l’idée d’élaborer un plan d’action en vue de mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, avec l’appui de l’ONU, semblait être une bonne solution.  Il a, à cet égard, assuré le Gouvernement afghan du plein appui du Portugal en vue d’avancer dans l’accomplissement de cette tâche.


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a indiqué que sa délégation partageait l’optimisme prudent exprimé par le Secrétaire général dans son rapport concernant la situation en Afghanistan.  Il a également mis l’accent sur la Déclaration du Sommet de l’OTAN à Chicago, selon laquelle les différentes parties prenantes participaient à la reconstruction de l’Afghanistan et continueront d’apporter leur soutien à ce pays au-delà de 2014.  Il est important, a-t-il dit, de maintenir une vision large de la transition.  Selon le représentant, les Nations Unies doivent continuer à assumer un rôle crucial dans la coordination des efforts internationaux en faveur de l’Afghanistan.  Les parties prenantes doivent, de même, afficher leur détermination à promouvoir le dialogue et la réconciliation, ainsi que le fait actuellement le Gouvernement afghan.  M. Osorio a espéré que les Taliban mettront fin à la violence et respecteront la Constitution.  Le délégué colombien a, par ailleurs, exprimé la volonté de son pays à collaborer avec l’Afghanistan en vue de lutter contre le crime organisé sous toutes ses formes.


M. ZAHEER LAHER (Afrique du Sud) a tenu à réitérer la nécessité de garantir le dialogue politique et la réconciliation afin d’assurer une paix durable en Afghanistan.  « Il ne peut clairement y avoir de solution militaire au conflit afghan », a-t-il dit, saluant les initiatives persistantes prises par le Gouvernement afin d’engager davantage l’opposition armée, ainsi que les appels répétés du Président Karzaï à celle-ci pour qu’elle dépose les armes.  Il s’est félicité de la nomination de Salahuddin Rabbani comme Président du Haut Conseil pour la paix, mais s’est dit préoccupé par la suspension unilatérale, par les Taliban, le 15 mars, des pourparlers en faveur de la restauration de la paix et de la réconciliation.


Malgré une diminution des incidents en matière de sécurité, M. Laher s’est également dit préoccupé par le nombre de victimes civiles enregistrées au cours de la période considérée par le rapport du Secrétaire général.  Il a fermement condamné l’augmentation du nombre de meurtres ciblés de civils par le biais de campagnes visant en particulier les enfants et les enseignants.  « Tous les éléments armés en Afghanistan ont la responsabilité d’assurer que les civils non armés soient protégés, et l’incapacité d’une des parties à assumer cette responsabilité ne peut demeurer impunie », a-t-il ajouté. 


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a déclaré que, malgré les défis sérieux persistants, le dernier rapport du Secrétaire général faisait état de développements positifs importants en Afghanistan.  Il s’est également félicité de la poursuite de la dynamique de coopération, du renforcement de la confiance mutuelle, et de l’amélioration de la situation sécuritaire.  Néanmoins, l’accroissement du nombre des victimes civiles et des attaques ciblées représente une source de préoccupation, a-t-il dit.  Il a regretté, sur le plan humanitaire, le nombre des personnes déplacées soit en augmentation constante.   


M. LIMBIYE KADANGHA-BARIKI (Togo) a déploré les attaques meurtrières « qui ont lieu régulièrement et qui n’épargnent ni les populations civiles, ni les forces de défense et de sécurité », ainsi que les campagnes d’intimidation visant les leaders politiques et religieux afghans.  Estimant que l’assassinat, le 13 mai dernier, d’un membre du Haut Conseil pour la paix était révélateur « de ce climat de terreur », il a condamné les attentats, les assassinats, ainsi que toutes sortes de violences faites aux femmes et aux enfants par les forces antigouvernementales « qui n’hésitent pas à s’attaquer également aux écoles », a-t-il dit. 


Dans ce contexte, le représentant s’est félicité des efforts menés par le Président Hamid Karzaï pour poursuivre le processus de paix.  Bien que celui-ci connaisse, à l’heure actuelle, des difficultés, a-t-il dit, le Togo espère que les parties prenantes retourneront à la table des négociations.  Le représentant a également noté que la signature d’un partenariat stratégique entre les Présidents de l’Afghanistan et des États-Unis, le 1er mai, celle d’accords de partenariats avec l’Allemagne et l’Australie, ainsi que l’annonce de la conclusion d’un partenariat avec la Chine, représentaient des motifs d’espérance.  Il a salué les efforts que les pays amis de l’Afghanistan « ne cessent de déployer, aux côtés des institutions internationales, pour la pacification du pays ». 


M. AGSHIN MEHDIYEV (Azerbaïdjan) a estimé que le renforcement des capacités institutionnelles de l’Afghanistan doit rester au cœur de l’assistance internationale.  L’Azerbaïdjan élargit d’ailleurs son engagement en Afghanistan aux sphères non militaires en contribuant au développement des capacités institutionnelles afghanes.  Notre pays vient d’accorder un million d’euros à la Fondation de l’armée afghane, a annoncé le représentant.  L’Azerbaïdjan a aussi décidé de participer à la mise en œuvre des mesures de rétablissement de la confiance, de celles concernant le contre-terrorisme et celles ayant trait à la lutte contre les stupéfiants.  Il en est de même concernant la promotion des chambres de commerce, des opportunités commerciales, des infrastructures régionales et de l’éducation.  Ces mesures ont été adoptées à Kaboul à la Conférence ministérielle du 14 juin dernier intitulée « Le cœur de l’Asie », a indiqué M. Mehdiyev.  L’Azerbaïdjan a fait part de sa volonté de mettre en œuvre, en particulier, les volets « lutte contre les stupéfiants » et « infrastructures régionales » de ces mesures, a-t-il souligné. 


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a affirmé qu’un règlement du problème afghan uniquement par des moyens militaires était impossible.  Il a dit souhaiter une discussion approfondie des programmes nationaux et régionaux de l’Afghanistan dans le cadre de la conférence de Tokyo.  La Fédération de Russie est prête à moderniser certaines industries à Kaboul, a-t-il dit.  L’une des priorités de la coopération entre l’Afghanistan et la Fédération de Russie est le développement du secteur des produits de base et des minéraux.  Un rôle important doit être joué par les Afghans eux-mêmes, et tout dialogue avec l’opposition armée doit se faire sur la base du respect de trois principes: le renforcement des forces de sécurité, la reconnaissance de la Constitution et la rupture des liens avec Al-Qaida, a dit le représentant. 


M. Churkin a souligné l’importance de maintenir la clarté concernant toute éventuelle opération de l’OTAN en Afghanistan, une telle opération devant être sanctionnée par le Conseil de sécurité.  Les rapports émanant de Bruxelles ont tendance à embellir la situation, a-t-il estimé, appelant à procéder à une analyse objective.  Le représentant a, de même, souligné les conséquences néfastes sur la stabilité et la sécurité de l’Afghanistan de la production illégale, du commerce, et de la production de produits narcotiques dans le pays.  Il a mis l’accent sur la nécessité de procéder à la destruction des infrastructures de culture et de production des narcotiques.  Par ailleurs, a estimé M. Churkin, la réduction des troupes internationales doit être compensée par le renforcement des capacités des troupes de combat et de police afghanes.  Il a en particulier noté l’importance de la dimension régionale des efforts déployés à cet égard. 


Mme BÉATRICE LE FRAPER (France) a rappelé que le Sommet de l’OTAN qui s’est tenu à Chicago le mois dernier a entériné le principe de création d’une nouvelle mission de l’OTAN en Afghanistan qui sera, à partir de 2015, chargée de fournir formation, conseil et assistance aux forces afghanes.  Elle a précisé l’intérêt de la France à participer au développement de mesures de confiance dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, de la lutte contre les stupéfiants, et de la gestion des catastrophes naturelles, en rappelant que la coopération régionale reste une des clefs de l’avenir de l’Afghanistan.


Saluant la préparation de la conférence économique qui se tiendra le 8 juillet à Tokyo, Mme Le Fraper a estimé que l’adoption de cinq nouveaux programmes prioritaires nationaux (NPP) permettra d’avancer dans la formulation des priorités afghanes.  « Nous souhaitons qu’un accord puisse être trouvé dans la mise en place d’un mécanisme transversal en matière de lutte contre le trafic de drogues, qui est un des défis majeurs pour l’Afghanistan, pour ses voisins et pour l’ensemble de la communauté internationale », a-t-elle dit.


Elle a précisé que la France inscrit son action dans le cadre défini par l’OTAN à Lisbonne et à Chicago.  Elle a ajouté que les provinces de Surobi et Kapisa, où les troupes françaises sont déployées, font parties des tranches 2 à 3 de la transition, qui est désormais une réalité pour 75% des Afghans. « Nous allons progressivement réduire notre présence militaire, et notre mission de combat s’achèvera à la fin 2012, laissant ainsi en première ligne la troisième brigade de l’Armée afghane, qui a déjà démontré sa capacité au combat », a-t-elle précisé, avant de souligner le maintien d’une action de formation en faveur des militaires et policiers afghans dans le cadre de la FIAS jusqu’en 2014.


Elle a indiqué que le plan d’action 2012-2016, qui accompagne le Traité d’amitié et de coopération signé par le Président de la République française et le Président Karzaï à Paris le 27 janvier 2012, se concrétisera par une augmentation importante de l’engagement civil de la France dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’agriculture, des échanges culturels, des ressources minières et des infrastructures.  Elle a estimé que le régime de sanctions de l’ONU devait continuer à être utilisé comme une mesure de confiance dans la réconciliation interafghane, récompensant ceux qui ont fait le choix de la paix et punissant ceux qui veulent poursuivre sur le chemin de la violence.  Elle a souscrit aux trois pôles identifiés récemment par le Secrétariat comme étant le cœur de l’action de la MANUA au-delà de 2014: les bons offices politiques, les droits de l’homme, notamment les droits des femmes, et la cohérence de l’aide internationale.


M. LI BAODONG (Chine) a exprimé l’appui et l’adhésion de son pays aux principes de la prise en charge du processus en cours en Afghanistan afin de parvenir à la paix et à la sécurité par les actions des Afghans eux-mêmes, et il s’est félicité de la nomination de Salahuddin Rabbani comme Président du Haut Conseil pour la paix.  Il a ensuite émis l’espoir que les différentes parties restent attachées au processus de paix et de réconciliation et a affirmé la nécessité d’assurer la bonne tenue des prochaines élections, prévues en 2014.  M. Li Baodong a ensuite pris note de la baisse du nombre d’incidents en matière de sécurité et du fait que les capacités d’intervention de la police afghane aient été renforcées.


Rappelant que des victimes civiles avaient été enregistrées au cours de la période considérée, et que la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) avait exprimé ses préoccupations face au fait que des civils sont victimes des frappes militaires et des combats, il a mis l’accent sur la nécessité, pour toutes les parties, de respecter le droit international et les obligations qui leur incombent en la matière.  Le représentant de la Chine a également salué les efforts menés par l’Afghanistan pour lutter contre les drogues illicites et s’est félicité de la coopération entre l’Office des Nations Unies pour la drogue et le crime (UNODC) et le Gouvernement afghan.  Enfin, M. Li Baodong a souligné que les efforts de reconstruction afghans nécessitaient une attention et un appui constants de la part de la communauté internationale, et il a émis l’espoir que la conférence de Tokyo puisse les mobiliser en élaborant une stratégie à long terme.


M. GARY QUINLAN (Australie) a déclaré que son gouvernement apporterait à l’Afghanistan 100 millions de dollars de ressources par an à partir de 2015 pour assurer la viabilité des Forces de sécurité afghanes, ainsi que leur formation après 2014.  De même, l’Australie s’est engagée à porter son aide au développement de 165 millions à 250 millions de dollars par an en 2015 et 2016, a indiqué M. Quinlan.  Le représentant australien a estimé que le rôle de la MANUA, en vue d’appuyer la transition durable en Afghanistan, devait être renforcé, et ce, en dépit des réductions budgétaires annoncées par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix dans son exposé.


M. KAZUO KODAMA (Japon) s’est félicité de la mise en œuvre de la troisième tranche de la transition, qui permettra à 75% de la population afghane de bénéficier de ce processus.  4 641 opposants aux gouvernements ont rejoint le Programme afghan pour la paix et la réintégration au cours du dernier trimestre, s’est félicité M. Kodama.  Néanmoins, il a estimé que l’attaque menée le 15 avril à grande échelle par des insurgés contre des institutions gouvernementales et des missions étrangères, dont celle du Japon, et l’assassinat, le 13 mai, de M. Rahmani Arsala, membre du Haut Conseil pour la paix, démontrent la persistance d’un grave défi en matière de sécurité.  Il a estimé que le Sommet de l’OTAN tenu à Chicago et le nouvel accord de partenariat stratégique signé entre l’Afghanistan et les États-Unis, sont de nature à mieux assurer la prédictibilité de la situation sécuritaire. 


Il a dit la volonté du Japon d’assister la police afghane pour permettre son développement quantitatif et qualitatif.  S’appuyant sur les résultats du sommet de l’OTAN sur la sécurité et sur ceux de la réunion ministérielle de Kaboul sur la coopération régionale, M. Kodama a dit que la conférence de Tokyo sur l’Afghanistan, prévue le 8 juillet, se concentrera sur une stratégie de développement durable pour l’Afghanistan et sur la coordination, au niveau international, de l’assistance économique.  Il a indiqué que le Japon estimait qu’il était nécessaire de réaffirmer le partenariat historique entre la communauté internationale et le Gouvernement de l’Afghanistan, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre de la transition et de la Décennie de la transformation (2015-2024).  Ceci doit se faire en appliquant le concept de responsabilité mutuelle.  En outre, M. Kodama a dit que le Japon avait l’intention d’accorder 8,6 millions de dollars supplémentaires au projet ELECT du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) visant à renforcer les fonctions de la commission électorale indépendante afghane, ceci dans la perspective des élections de 2014.


M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a estimé qu’il était nécessaire que la communauté internationale adopte « une vision holistique » quant à son engagements pour l’après 2014 en Afghanistan, étant donné, a-t-il dit, le lien qui existe entre la sécurité et le développement à long terme.  Il a considéré que la conférence de Tokyo devrait se concentrer sur l’examen et le renouvellement conjoint des engagements pris par la communauté internationale, ainsi que par le Gouvernement afghan.  


Rappelant que le Sommet de l’OTAN de Chicago avait présenté des plans afin de soutenir et de renforcer les forces nationales afghanes, il a souligné combien « des activités de police justes et impartiales » étaient essentielles pour promouvoir la justice et les droits de l’homme.  Il a, dans la foulée, annoncé que l’Union européenne augmenterait sa contribution dans le domaine de la police de 20%, à partir du budget de l’Union européenne, pour la période de 2011-2013, et qu’elle avait également l’intention d’augmenter sa contribution après 2014.


M. Mayr-Harting a aussi mis l’accent sur les initiatives régionales ayant trait à la mobilisation de l’appui à apporter à la résolution du conflit.  Rappelant l’expérience de l’Union européenne en matière de coopération régionale, il a souligné que celle-ci était prête à appuyer les efforts menés dans ce domaine.  S’agissant du développement, l’Union européenne considère que la prochaine conférence de Tokyo est une excellente occasion pour le Gouvernement afghan de présenter sa stratégie de développement pour son pays.  M. Mayr-Harting a, une nouvelle fois, souligné que l’Union européenne était prête à augmenter sa contribution en vue d’appuyer l’Afghanistan, mais que cela devait se faire dans le contexte du respect, par le Gouvernement afghan, des engagements qu’il a pris lors des Conférences de Kaboul et de Bonn, ainsi que de l’accord de responsabilité mutuelle devant être agréé à Tokyo.


M. ERTUĞRUL APAKAN(Turquie) a affirmé que les Forces de sécurité afghanes s’étaient améliorées du point de vue de leur capacité et de leur professionnalisme.  L’Afghanistan est en voie de rétablir son autonomie, de manière durable, dans le domaine de la sécurité, a-t-il dit.  Le représentant a mis l’accent sur les nombreuses dimensions de la coopération avec l’Afghanistan.  Depuis le processus lancé lors de la Conférence d’Istanbul sur le thème « sécurité et coopération au cœur de l’Asie » en novembre dernier, les partenaires régionaux ont entamé avec l’Afghanistan une coopération positive, a-t-il dit.  La région est unie par son destin, a-t-il déclaré, ajoutant que celle-ci ne pourra jouir de la paix et de la stabilité tant que l’Afghanistan sera instable.  Il s’est félicité de l’énergie positive qui a émané du processus d’Istanbul.  Ce processus renforce le dialogue politique au sein de la région, a-t-il souligné, précisant en particulier que les mesures de confiance définies seront mises en œuvre progressivement par les participants à ce processus.  Il s’est notamment félicité, à cet égard, de la réunion au sommet sur les investissements en Afghanistan, prévue demain à New Delhi.


M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a expliqué que son pays demeurait préoccupé par les graves défis auxquels l’Afghanistan doit faire face, ainsi que par la tendance croissante à ce que des actes de violence visent délibérément des civils.  Il a ensuite indiqué que la Nouvelle-Zélande applaudissait des deux mains les résultats obtenus à l’issue du Sommet de l’OTAN, à Chicago, car ceux-ci ont confirmé le dévouement des contributeurs à la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) envers la stratégie de transition. 


En matière de renforcement des forces nationales afghanes, M. McLay a précisé que la Nouvelle-Zélande fournirait des formateurs à l’armée nationale afghane, à partir de 2013, ainsi qu’un appui financier aux forces de sécurité à partir de 2015.  Il a précisé que les efforts se concentreraient sur des initiatives destinées à renforcer l’état de droit, en particulier dans la province de Bamyan.  Dans le domaine de l’aide, il a noté que la conférence de Tokyo représentait une nouvelle occasion pour la communauté internationale de prendre d’autres engagements à l’égard de la viabilité à long terme de l’Afghanistan.  Il a toutefois émis l’espoir que l’Afghanistan puisse aussi prendre ses propres engagements et les honorer, afin, a-t-il ajouté, « d’assurer que la communauté internationale soit en mesure de continuer à investir dans l’avenir de ce pays ».


M. STEPHEN EVANS, Secrétaire général adjoint de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a fait un résumé du dernier rapport de l’OTAN sur l’Afghanistan et un bilan du Sommet de l’OTAN tenu à Chicago le 21 mai dernier.  Il a aussi rappelé le principe de la mission dirigée par l’OTAN en Afghanistan en disant qu’elle découle de l’autorisation accordée à cet égard par le Conseil de sécurité des Nations Unies, et qu’elle poursuit les objectifs assignés par les Nations Unies.  Le dernier rapport de l’OTAN daté du 31 mai montre qu’il y a eu une réduction du nombre d’incidents de sécurité au cours de la première moitié de cette année, et que les forces de sécurité nationales afghanes ont fait des progrès substantiels en termes de nombre et de qualité.  De plus, la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) a intégré dans ses structures et opérations la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité, et a pris des mesures sur la protection des enfants contre les effets néfastes des conflits armés.


Le 21 mai dernier, au Sommet de l’OTAN à Chicago, aux États-Unis, les progrès sur la transition de la responsabilité de la sécurité à l’Afghanistan ont été évalués.  Avec la troisième tranche de la transition, à partir de maintenant, les soldats et policiers afghans prendront en main la sécurité des 75% de la population au cours des prochains mois, a dit M. Evans.  Par ailleurs, les forces de sécurité nationales afghanes sont dans les temps impartis pour prendre en main la responsabilité de la sécurité d’ici à la fin de 2014, a-t-il ajouté.  Mais au-delà de la fin de la mission de la FIAS en 2014, l’Afghanistan aura encore besoin de soutien et d’aide.  L’OTAN, en bonne entente avec les partenaires de la FIAS, a confirmé qu’elle va revoir sa mission au sein de la FIAS et qu’elle commencera une nouvelle mission après 2014 pour former, conseiller et aider les Forces de sécurité afghanes, a dit le Secrétaire général adjoint de l’Alliance atlantique.


En outre, M. Evans a estimé que le financement des forces de sécurité nationales afghanes ne devrait pas être de la seule responsabilité de l’OTAN et des pays contributeurs à la FIAS.  La Déclaration conjointe de Chicago, faite en coordination avec le Gouvernement de l’Afghanistan dit, à ce sujet, que des progrès continus en matière de promotion de la gouvernance et des droits de l'homme encourageront les pays contributeurs à la FIAS de continuer à apporter leur soutien jusqu’en 2014 et au-delà, a noté M. Evans.  Il a également annoncé avoir noté, dans le dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU, des préoccupations concernant les victimes civiles.  « Il est important de se rappeler que 85% des victimes civiles de cette année ont été causées par des éléments antigouvernementaux et que nous avons vu une réduction de 70% du 1er  février au 30 avril 2012, comparé à ce qu’était la situation sur la même période en 2011 », a-t-il dit.  « Pour conclure, nous avons une stratégie claire pour l’achèvement, d’ici au 31 décembre 2014, du transfert de la responsabilité de la sécurité aux forces nationales de sécurité afghanes », a conclu M. Evans.


M. GILLES RIVARD (Canada) a rappelé qu’une série de réunions de haut niveau tenues cet hiver, à Bonn, Camp David et Chicago, avaient permis à l’Afghanistan et à la communauté internationale de mobiliser des appuis considérables en faveur d’un prolongement du soutien de la communauté internationale à ce pays, en reconnaissant la notion de responsabilité mutuelle.  Il a indiqué que le Canada espérait que la Conférence de Tokyo, prévue le 8 juillet prochain, permettrait de continuer sur cette voie et de veiller à ce que l’Afghanistan poursuive les réformes dont il a besoin.  Le Canada restera un partenaire engagé en Afghanistan, notamment en poursuivant la formation des forces de sécurité nationales afghanes et en versant 110 millions de dollars par année, et pendant trois ans, à compter de 2015 pour aider ces forces à accomplir leur mission, a dit M. Rivard.


Saluant la vision stratégique nationale de l’Afghanistan pour la décennie, M. Rivard a recommandé que ce cadre fasse une plus grande place aux services essentiels de santé et d’éducation, ainsi qu’aux besoins liés à la situation humanitaire.  Il a également plaidé en faveur de l’élaboration d’un cadre de responsabilisation mutuelle clair et crédible, afin de soutenir les efforts tant du pays que de la communauté internationale.  Il a aussi émis l’espoir de voir se poursuivre le processus de réconciliation nationale ainsi que la coopération régionale.


Mme INESE FREIMANE-DEKSNE (Lettonie) a souligné l’importance de mettre en place une coopération régionale efficace pour parvenir à une stabilité politique et économique à long terme en Afghanistan.  Elle a jugé essentiel le renforcement de la confiance entre l’Afghanistan et ses voisins, en mettant à cet égard en particulier l’accent sur le rôle particulier que peuvent jouer les pays de l’Asie centrale.  Elle a indiqué que la Lettonie fournissait un appui financier continu au projet OTAN-Fédération de Russie mis en œuvre avec la coopération de l’UNODC, afin de former du personnel de lutte contre les stupéfiants en Afghanistan, au Pakistan, et en général dans la région d’Asie centrale.  Soulignant qu’il est important de développer les capacités de l’Afghanistan en matière de transport, la représentante de la Lettonie a indiqué que son pays a organisé un séminaire international au mois de mai sur la possibilité d’y développer une route commerciale de transit.  Elle a précisé que ce séminaire a vu la participation de 150 représentants et experts gouvernementaux, ainsi que des représentants de sociétés de transport de 30 pays, et qu’il a été l’occasion de mettre l’accent sur la nécessité de former des experts afghans dans les secteurs des chemins de fer et de l’aviation.


M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) a affirmé que l’Afghanistan était toujours confronté à des défis importants susceptibles d’empêcher la stabilisation et le développement du pays, et il en est de même en ce qui concerne la sécurité régionale et internationale.  Le terrorisme, la violence extrémiste, la production et le commerce de la drogue sont parmi les menaces les plus importantes que l’Afghanistan doit affronter, a-t-il dit.  Mais, une des questions les plus importantes pour la région, ainsi que dans le domaine des relations entre l’Afghanistan et ses voisins, demeure celle de la présence de forces étrangères dans ce pays, a estimé M. Khazaee.  Cette présence, a-t-il dit, a représenté une préoccupation sécuritaire majeure depuis plus de 10 ans pour toute la région, et a servi de prétexte aux groupes terroristes pour continuer à mener leurs activités.  Il est nécessaire, a-t-il ajouté, que l’engagement international en Afghanistan ne conduise pas à une présence à long terme et à des bases militaires ou sécuritaires étrangères permanentes dans le pays.


Par ailleurs, le délégué iranien a souligné que son pays avait mobilisé 30 000 éléments de ses forces armées et de police le long des frontières avec l’Afghanistan et le Pakistan en vue de lutter contre le trafic de drogues.  En outre, a-t-il ajouté, s’agissant de la coopération régionale, l’Iran a poursuivi son dialogue avec les autorités afghanes sur des bases bilatérales, trilatérales et régionales en vue, notamment, de renforcer la coordination sur les questions de sécurité, de lutte contre la drogue et d’immigration illégale, ainsi qu’en ce qui concerne le développement de projets d’infrastructure en matière de transport.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 13 juin 2013 le mandat de la MONUSCO et demande instamment à la RDC de poursuivre son action contre le M-23

CS/10687

Le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 13 juin 2013 le mandat de la MONUSCO et demande instamment à la RDC de poursuivre son action contre le M-23

27/06/2012
Conseil de sécuritéCS/10687
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6792e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ PROROGE JUSQU’AU 13 JUIN 2013 LE MANDAT DE LA MONUSCO

ET DEMANDE INSTAMMENT À LA RDC DE POURSUIVRE SON ACTION CONTRE LE M-23


Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de proroger jusqu’au 30 juin 2013 le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).  Aux termes de cette résolution 2053 (2012), adoptée à l’unanimité, le Conseil met au centre du mandat de la Mission, la protection des civils et la réforme du secteur de la sécurité.  Il parle aussi de la lutte contre la mutinerie du Mouvement M-23 et des futures élections provinciales et locales en RDC.


Aussi le Conseil réaffirme-t-il que la protection des civils doit être la priorité lorsqu’il s’agit de décider de l’usage des capacités et ressources disponibles de la MONUSCO.  Mais il souligne que la réforme du secteur de la sécurité doit être au centre du mandat de la Mission.  


Le Conseil de sécurité demande instamment au Gouvernement de la RDC de poursuivre son action contre les groupes armés, en particulier les mutins de l’ex-Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et du Mouvement M-23.  Il condamne en effet la mutinerie menée par Bosco Ntaganda et le soutien extérieur apporté à tous les groupes armés.  Il exige que toutes les formes d’appui qu’ils reçoivent cessent immédiatement.


Le Conseil demande à la MONUSCO d’aider les autorités congolaises à empêcher que l’appui soit apporté, en particulier, grâce au produit d’activités économiques illicites et du commerce illicite des ressources naturelles, notamment en effectuant des contrôles inopinés et des visites périodiques sur les sites miniers, les itinéraires commerciaux et les marchés dans le voisinage des cinq comptoirs pilotes.  Le Conseil réaffirme son soutien aux initiatives prises par l’ONU et l’Union africaine pour faciliter l’action régionale contre l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). 


Le Conseil de sécurité décide aussi que la MONUSCO prêtera son concours à l’organisation et à la tenue d’élections provinciales et locales, sous forme d’un appui technique et logistique.  Cet appui, décide-t-il également, sera évalué à l’aune des progrès accomplis par les autorités congolaises pour renforcer la crédibilité de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).


LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO


Rapport du Secrétaire général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (S/2012/355)


Texte du projet de résolution (S/2012/485)


Le Conseil de sécurité,


Rappelant ses résolutions et les déclarations de son président sur la République démocratique du Congo,


Réaffirmant son attachement à la souveraineté, à l’intégrité territoriale et à l’indépendance politique de la République démocratique du Congo,


Soulignant que c’est au Gouvernement de la République démocratique du Congo qu’il incombe au premier chef d’assurer la sécurité sur son territoire et de protéger les civils, dans le respect de l’état de droit, des droits de l’homme et du droit international humanitaire,


Prenant note des progrès intervenus en République démocratique du Congo pour ce qui est de la consolidation de la paix et de la stabilisation, tout en soulignant que de graves problèmes subsistent, en particulier dans les provinces de l’est du pays, notamment la présence continue de groupes armés dans les Kivus et la province Orientale, les graves violations des droits de l’homme et actes de violence contre les civils, le peu de progrès accomplis dans la mise en place d’institutions de sécurité nationale garantes de l’état de droit professionnelles et responsables, et l’exploitation illicite des ressources naturelles,


Se déclarant vivement préoccupé parla dégradation des conditions de sécurité dans les provinces de l’est de la République démocratique du Congo, qui s’est manifestée notamment par des attaques de groupes armés et des agressions contre les soldats de la paix et le personnel humanitaire et qui a eu pour effet d’entraver l’accès des agents humanitaires aux zones de conflit où vivent des populations civiles vulnérables, ainsi que par le déplacement de dizaines de milliers de civils, et exhortant tous les groupes armés à mettre fin aux hostilités, y compris à tous les actes de violence commis contre des civils, et à faciliter d’urgence le libre acheminement de l’aide humanitaire,


Soulignant que les autorités de la République démocratique du Congo doivent remédier aux irrégularités et aux problèmes relevés par les observateurs nationaux et internationaux lors de l’élection présidentielle et des élections générales du 28 novembre 2011, et qu’il est nécessaire de tenir en temps voulu des élections provinciales et locales pacifiques, crédibles et transparentes ouvertes à tous,


Encourageant le renforcement de la coopération régionale dans la région des Grands Lacs et la poursuite de l’action en faveurde la paix, de la stabilité et du développement économique dans la région, au moyen notamment des mécanismes régionaux existants,


Conscient qu’il importe de soutenir l’entreprise de consolidation de la paix pour faire avancer la stabilisation du pays, soulignant l’importance du développement économique pour assurer la stabilisation et la consolidation de la paix à long terme, et insistant sur la nécessité d’un appui international continu pour assurer le lancement des activités de relèvement rapide et poser les bases d’un développement durable,


Soulignant que la connexion entre l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles et la prolifération et le trafic des armes est l’un des principaux facteurs qui alimentent et exacerbent les conflits dans la région des Grands Lacs, priant instamment tous les États, en particulier ceux de la région, d’appliquer intégralement les mesures édictées dans sa résolution 1896 (2009), se disant de nouveau résolu à suivre attentivement la manière dont ces mesures et celles prévues au paragraphe 5 de sa résolution 1807 (2008) sont appliquées et respectées, et exhortant tous les États à lancer une action judiciaire, lorsqu’il y a lieu, conformément auxdites mesures, contre les dirigeants des Forces démocratiques de libération du Rwanda qui se trouvent sur leur territoire,


Demeurant très préoccupé par la situation humanitaire et le niveau constamment élevé des violences et des violations des droits de l’homme commises à l’encontre des civils, condamnant en particulier les attaques dirigées contre la population civile, les violences sexuelles et sexistes généralisées, le recrutement et l’emploi d’enfants par les parties au conflit, en particulier les mutins de l’ex-Congrès national pour la défense du peuple (ex-CNDP) et du Mouvement du 23 mars (M23), les déplacements forcés de nombreux civils, les exécutions extrajudiciaires et les arrestations arbitraires, qui sapent les actions menées en faveur de la stabilisation, de la reconstruction et du développement de la République démocratique du Congo, réaffirmant qu’il faut poursuivre rapidement tous les auteurs des violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, priant instamment le Gouvernement de la République démocratique du Congo, agissant en coopération avec l’Organisation des Nations Unies, la Cour pénale internationale et les autres acteurs concernés, de prendre des mesures appropriées pour faire face à ces problèmes, d’assurer la sécurité des victimes et de leur fournir une assistance médicale, juridique et humanitaire, ainsi que d’autres formes d’assistance,


Rappelant ses résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009) et 1960 (2010) sur les femmes, la paix et la sécurité, 1894 (2009) sur la protection des civils en période de conflit armé et 1882 (2009) et 1998 (2011) sur les enfants et les conflits armés, ainsi que les conclusions de son groupe de travail sur le sort des enfants en temps de conflit armé qui concernent les parties au conflit armé de la République démocratique du Congo, notamment pour ce qui touche à l’adoption d’un plan d’action en vue de mettre un terme au recrutement et à l’emploi d’enfants,


Saluant les initiatives prises par la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et les partenaires internationaux pour organiser des formations à l’intention des forces de sécurité congolaises dans les domaines des droits de l’homme, de la protection de l’enfance et de la protection contre la violence sexuelle et sexiste et soulignant l’importance de ces actions,


Condamnant toutes les attaques lancées contre les soldats de la paix de l’Organisation des Nations Unies et le personnel humanitaire, quels qu’en soient les auteurs, et insistant pour que les responsables de ces attaques soient traduits en justice,


Conscient des sacrifices considérables que la MONUSCO a consentis, et la remerciant de ce qu’elle fait pour asseoir la paix et la stabilité en République démocratique du Congo,


Soulignant qu’il importe que les Nations Unies et la communauté internationale continuent de concourir à la restauration de la sécurité et au développement à long terme de la République démocratique du Congo,


Engageant les acteurs internationaux compétents à soutenir l’action menée et à apporter leur concours en vue d’assurer le rétablissement des services de base, en particulier dans les zones de la République démocratique du Congo touchées par le conflit,


Demandant à nouveau à l’Union africaine et à toutes les organisations sous-régionales compétentes de s’employer davantage à soutenir les efforts de stabilisation en République démocratique du Congo, notamment dans les domaines de la sécurité et de la lutte contre l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles,


Saluant les efforts déployés par l’Union africaine pour lutter contre la menace que représente l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), se félicitant que la MONUSCO ait l’intention de fournir un soutien logistique pour l’installation à Dungu de l’état-major de secteur de la Force régionale d’intervention de l’Union africaine et engageant l’Union africaineà lui communiquer davantage d’informations sur la mise en œuvre de cette initiative en République démocratique du Congo,


Prenant note du rapport du Secrétaire général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo, daté du 23 mai 2012, et de ses recommandations,


Considérant que la situation en République démocratique du Congo continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,


Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,


1.    Décide de proroger jusqu’au 30 juin 2013 le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation de la paix en République démocratique du Congo (MONUSCO), tel qu’il résulte des paragraphes 2, 11 et 12 a) à p) et r) à t) de sa résolution 1925 (2010), réaffirme que la protection des civils doit être la priorité lorsqu’il s’agit de décider de l’usage des capacités et ressources disponibles et encourage en outre la MONUSCO à continuer d’appliquer les mesures novatrices qu’elle a mises en œuvre pour assurer la protection des civils;


2.    Demande de nouveau à la MONUSCO, ainsi qu’il lui en donne l’autorisation dans la résolution 1925 (2010), de maintenir une force de réserve capable de se redéployer rapidement dans le pays, dans les limites des effectifs autorisés;


3.    Réaffirme que le Gouvernement de la République démocratique du Congo est responsable au premier chef de la sécurité, de la réconciliation nationale, de la consolidation de la paix et du développement dans le pays, et l’encourage à rester fermement déterminé à pourvoir à la protection de la population civile en se dotant de forces de sécurité professionnelles, responsables et durables, en mettant en place une administration civile congolaise, en particulier dans les secteurs de la police, de la justice et de l’administration territoriale, et en faisant prévaloir l’état de droit et le respect des droits de l’homme, et l’encourage à promouvoir les solutions non militaires comme partie intégrante de l’action générale tendant à réduire la menace que constituent les groupes armés congolais et étrangers, à rétablir pleinement l’autorité de l’État dans les zones libérées des groupes armés et à renforcer cette autorité sur l’ensemble du territoire;


4.    Réaffirme que toutes reconfigurations futures de la MONUSCO seront fonction de l’évolution de la situation sur le terrain et de la réalisation des objectifs ci-après, que le Gouvernement de la République démocratique du Congo s’efforcera d’atteindre avec l’appui de la Mission de l’Organisation des Nations Unies:


a)    Achever les opérations militaires en cours dans les Kivus et la province Orientale et réduire ainsi autant que possible la menace que constituent les groupes armés et rétablir la stabilité dans les zones sensibles;


b)    Améliorer les moyens dont dispose le Gouvernement de la République démocratique du Congo pour protéger efficacement la population en le dotant de forces de sécurité professionnelles, responsables et durables appelées à reprendre progressivement les fonctions de la MONUSCO en matière de sécurité;


c)    Consolider, grâce à l’action du Gouvernement de la République démocratique du Congo, l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire en créant dans les zones libérées des groupes armés une administration civile congolaise, en particulier une police, une administration territoriale et des institutions garantes de l’état de droit;


5.    Soutient le partenariat stratégique qui s’est établi entre le Gouvernement congolais et la MONUSCO, en particulier dans le cadre du processus d’évaluation conjointe, et est favorable à la poursuite des discussions menées à cette occasion en vue de lui donner la possibilité de prendre en considération les rapports d’évaluation conjointe lorsqu’il prend des décisions relatives à la reconfiguration de la Mission conformément aux dispositions du paragraphe 7 de la résolution 1925 (2010);


6.    Souligne que la protection des civils demeure certes la priorité de la MONUSCO, mais que la réforme du secteur de la sécurité doit être au centre du mandat de stabilisation et de consolidation de la paix de la Mission comme défini aux alinéas l) à p), r) et s) du paragraphe 12 de la résolution 1925 (2010), car elle est cruciale si l’on veut atteindre les objectifs définis au paragraphe 4 ci-dessus;


7.    Prie la MONUSCO d’entreprendre un examen stratégique de la mise en œuvre de la Stratégie internationale d’appui en matière de sécurité et de stabilisation, de définir clairement les objectifs de stabilisation en ce qui concerne l’est de la République démocratique du Congo et d’établir une stratégie et un calendrier pour atteindre ces objectifs, l’idée étant pour la Mission de renforcer son action et de coopérer étroitement avec le Gouvernement congolais afin de veiller à ce que son action cadre étroitement avec le plan de stabilisation et de reconstruction (STAREC) du Gouvernement et l’appuie efficacement, prie le Secrétaire général de présenter les constatations de cet examen dans une annexe à son rapport de février 2013 et encourage les donateurs à aider les autorités congolaises à mettre intégralement en œuvre le plan de stabilisation et de reconstruction;


8.    Prie instamment le Gouvernement congolais, à qui la réforme du secteur de la sécurité incombe au premier chef, d’élaborer et de mettre en œuvre de grandes orientations et une stratégie globales relatives aux secteurs de la sécurité et de la justice, y compris en ce qui concerne la justice transitionnelle, de manière à se donner des organes chargés de la sécurité nationale et des institutions judiciaires démocratiques, responsables et professionnels;


9.    Souligne qu’il importe pour la République démocratique du Congo de se doter d’une stratégie globale de réforme du secteur de la sécurité qui mette l’accent sur la professionnalisation des organes chargés du secteur de la sécurité, y compris les organes de contrôle, et qui aide à garantir la cohérence et l’efficacité et à éviter les chevauchements et les lacunes, engage parallèlement le Gouvernement congolais à nouer un nouveau partenariat stratégique avec la MONUSCO en ce qui concerne la réforme du secteur de la sécurité pour recenser les priorités de chaque composante du secteur et trouver de nouvelles façons pour la Mission d’aider les autorités congolaises à renforcer les capacités de l’armée, de la police, de l’appareil judiciaire et d’autres institutions chargées de la sécurité afin de mieux asseoir l’autorité de l’État, et prie le Secrétaire général de rendre compte de ces priorités et moyens dans une annexe à son rapport de novembre;


10.   Engage les autorités congolaises à faire part régulièrement de leurs priorités et stratégies aux partenaires internationaux, prie la MONUSCO de soutenir efficacement la coordination, la transparence et l’harmonisation des activités et de veiller à une répartition claire des tâches et responsabilités entre tous les partenaires internationaux qui apportent leur concours à la réforme du secteur de la sécurité, engage à cet égard le Gouvernement, avec le concours de la MONUSCO, à utiliser judicieusement les données sur les projets de réforme du secteur de la sécurité bénéficiant d’un appui international qui sont recueillies par le Ministère de la planification, et demande à tous les États Membres et aux organisations internationales de renforcer la mise en commun de l’information et, à cet égard, de coopérer sans réserve avec les autorités congolaises et la Mission;


11.   Demande à nouveau au Gouvernement de se pencher, avec l’appui consultatif de la MONUSCO, sur la question fondamentale de la cohésion de l’armée nationale, y compris en se dotant d’un mécanisme efficace de vérification des antécédents et en redoublant d’efforts pour veiller à la bonne intégration des anciens groupes armés, en particulier le Congrès national pour la défense du peuple, dans les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), invite le Gouvernement à veiller à ce que les membres de l’armée nationale reçoivent leur solde en temps voulu, agissent conformément aux règles établies en matière de commandement et de contrôle et soient soumis aux mesures disciplinaires appropriées en cas de violation de ces règles et de la loi et se dit à nouveau préoccupé par le fait que des responsables notoires de graves violations des droits de l’homme ont été promus au sein des forces de sécurité congolaises;


12.   Prie instamment le Gouvernement congolais de mettre en œuvre le programme pluriannuel des Nations Unies pour l’appui à la justice avec le concours des partenaires internationaux, rappelle qu’il importe que tous les crimes, notamment ceux commis contre des femmes ou des enfants, fassent rapidement l’objet d’une enquête et qu’il faut que les responsables de ces crimes, en particulier Bosco Ntaganda, soient arrêtés et jugés, et invite les autorités congolaises à lutter contre l’impunité de tous ceux qui se sont rendus coupables de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, y compris celles commises par des groupes armés illégaux ou par des éléments des forces de sécurité congolaises;


13.   Souligne à nouveau combien il importe que le Gouvernement congolais s’emploie activement à poursuivre les responsables des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis dans le pays et combien la coopération à l’échelon régional s’impose dans ce domaine, notamment celle que le Gouvernement congolais entretient avec la Cour pénale internationale, demande à la MONUSCO d’apporter son concours aux autorités congolaises dans ce contexte et prend note des mesures prises par celles-ci pour appréhender Bosco Ntaganda;


14.   Demande à la MONUSCO de continuer d’œuvrer, de concert avec l’équipe de pays des Nations Unies et les autorités congolaises, à voir adopter et mettre en œuvre le programme de consolidation de la paix dans les provinces non touchées par le conflit et la prie de continuer à transférer à l’équipe de pays, lorsque cela est possible, certaines des fonctions dont elle s’acquitte dans ces provinces;


15.   Exhorte les autorités congolaises à veiller à ce que les élections provinciales et locales se déroulent dans les délais requis et de façon crédible, pacifique et transparente, ce qui signifie veiller au respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, garantir la participation pleine et entière des femmes au processus électoral, renforcer les échanges et la coopération avec la société civile, ménager un accès équitable aux médias, notamment aux médias contrôlés par l’État, assurer la sécurité de tous les candidats et celle des observateurs électoraux et des témoins, des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et des intervenants de la société civile, y compris les femmes;


16.   Décide que la MONUSCO prêtera son concours à l’organisation et à la tenue d’élections provinciales et locales, sous forme d’un appui technique et logistique, conformément au paragraphe 7 de la résolution 1991 (2011), décide également que cet appui sera évalué à l’aune des progrès accomplis par les autorités congolaises pour renforcer la crédibilité de la Commission électorale nationale indépendante, se doter de plans opérationnels viables de nature à mobiliser un soutien international, adopter un calendrier électoral réaliste et continuer à garantir le plein accès des observateurs et des représentants des partis politiques à tous les bureaux de vote et à toutes les activités électorales, rappelle qu’il importe que le Représentant spécial du Secrétaire général encourage et facilite un dialogue politique ouvert à tous et transparent entre toutes les parties prenantes congolaises, y compris les associations de femmes, appuie la création de la Cour constitutionnelle par les autorités congolaises, engage le Comité d’accompagnement pour les élections à se réunir plus régulièrement afin de mieux suivre et d’adapter l’aide internationale au processus électoral et prie le Secrétaire général de lui rendre compte des progrès accomplis dans son rapport de novembre;


17.   Se félicite des mesures que le Gouvernement de la République démocratique du Congo a prises en vue d’enquêter sur les violations des droits de l’homme qui auraient été commises à Kinshasa dans le cadre des élections du 28 novembre 2011, exhorte le Gouvernement de la République démocratique du Congo de poursuivre les auteurs de ces violations, demande au Gouvernement de la République démocratique du Congo de protéger et de promouvoir les droits de l’homme de chacun dans tout le pays et de veiller au respect des libertés et droits fondamentaux, y compris la liberté d’expression et la liberté de réunion pacifique, dans la perspective des prochaines élections provinciales et locales prévues pour 2013, et décide que la MONUSCO continuera de constater et dénoncer les violations des droits de l’homme et à y donner suite, notamment en usant des bons offices du Représentant spécial du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo, selon les besoins;


18.   Exige de tous les groupes armés, en particulier les mutins de l’ex-CNDP et du mouvement M23, les FDLR, la LRA et l’Alliance des forces démocratiques/Armée nationale de libération de l’Ouganda (ADF/NALU), qu’ils cessent immédiatement de commettre des actes de violence et des violations des droits de l’homme contre la population civile en République démocratique du Congo, en particulier sur la personne de femmes et d’enfants, y compris le viol et les autres formes de violence sexuelle ainsi que le recrutement d’enfants, et se démobilisent;


19.   Condamne la mutinerie récemment menée par Bosco Ntaganda et le soutien extérieur apporté à tous les groupes armés, et exige que toutes les formes d’appui qu’ils reçoivent cessent immédiatement;


20.   Demande instamment au Gouvernement de la République démocratique du Congo, avec l’appui de la MONUSCO, de poursuivre son action contre les groupes armés, en particulier les mutins de l’ex-CNDP et du mouvement M23, de rétablir l’ordre et de traduire les auteurs de violations en justice, tout en assurant la protection de la population civile, et de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité, en particulier les effets que peut avoir le retour des personnes déplacées et des réfugiés et les éventuelles tensions sociales découlant de litiges fonciers;


21.   Réaffirme son soutien aux initiatives prises par l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine pour faciliter l’action régionale contre la LRA et pour protéger les civils, engage les parties concernées à renforcer la coopération pour aider à faire face à la menace que la LRA constitue pour les civils, se félicite des mesures prises par la MONUSCO pour favoriser l’échange d’informations et la coordination avec ceux qui mènent des opérations militaires contre la LRA et pour promouvoir et faciliter les défections au sein de la LRA, engage la MONUSCO, s’il y a lieu et dans la limite de ses capacités, à se coordonner étroitement avec les missions des Nations Unies déployées dans toute la région où sévit la LRA et à leur fournir des conseils techniques, en vue de concourir à la stratégie régionale mise en œuvre par les Nations Unies pour régler le problème posé par la LRA, en particulier dans le domaine du désarmement, de la démobilisation, du rapatriement, de la réinstallation et de la réintégration (DDRRR), et encourage la MONUSCO à approfondir ses relations avec les communautés touchées par les opérations de la LRA et avec les partenaires humanitaires et à garder à l’examen la coordination et le déploiement des ressources dont elle dispose pour en assurer l’efficacité maximale;


22.   Souligne qu’il faut de toute urgence faire des progrès dans l’action menée pour faire face à la menace que posent les groupes armés étrangers et nationaux, notamment en favorisant l’avancement de la procédure de DDRRR, prie instamment la communauté internationale et les donateurs d’appuyer le Gouvernement de la République démocratique du Congo et la MONUSCO dans les activités de DDRRR, demande au Gouvernement de la République démocratique du Congo et auxÉtats voisins de continuer à se mobiliser en faveur de ces activités et exhorte le Gouvernement à avancer dans l’exécution du programme national de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) des derniers éléments armés congolais dans l’est de la République démocratique du Congo, avec l’appui de la MONUSCO;


23.   Engage le Gouvernement de la République démocratique du Congo à continuer de coopérer avec la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé et avec la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, et à honorer sans tarder l’engagement qu’il a pris d’adopter et de mettre en œuvre un plan d’action visant à mettre fin au recrutement et à l’emploi d’enfants dans les FARDC, en étroite collaboration avec la MONUSCO;


24.   Engage la MONUSCO à entretenir des rapports plus étroits avec la population civile pour faire mieux connaître et comprendre son mandat et ses activités et pour recueillir des informations fiables concernant les violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme commises contre des civils;


25.   Se félicite des mesures prises par les autorités de la République démocratique du Congo pour assurer la traçabilité et la certification des minerais, invite à plus de coopération dans la région, demande la démilitarisation des zones minières de République démocratique du Congo et la professionnalisation de la police minière congolaise et son déploiement dans les zones en question, demande à la MONUSCO d’aider les autorités congolaises compétentes à empêcher que tout appui soit apporté aux groupes armés, en particulier grâce au produit d’activités économiques illicites et du commerce illicite des ressources naturelles, notamment en effectuant des contrôles inopinés et des visites périodiques sur les sites miniers, les itinéraires commerciaux et les marchés, dans le voisinage des cinq comptoirs pilotes, et engage le Gouvernement de la République démocratique du Congo à améliorer encore la transparence de l’administration des contrats afférents aux droits miniers ainsi que les systèmes de recouvrement des impôts et de comptabilité fiscale;


26.   Exige de toutes les parties qu’elles coopèrent pleinement avec les activités de la MONUSCO et qu’elles veillent, conformément aux dispositions applicables du droit international, à ce que le personnel des Nations Unies et le personnel associé puissent exécuter leur mandat et accéder pleinement, immédiatement, en toute sécurité et sans entrave à tous ceux qui ont besoin d’aide et à ce que l’aide humanitaire puisse être acheminée, en particulier pour les personnes déplacées, sur l’ensemble du territoire de la République démocratique du Congo, y compris les zones où sévit la LRA, et prie le Secrétaire général de lui signaler sans délai tout manquement à ces exigences;


27.   Remercie les pays qui ont fourni des contingents ou des effectifs de police ou apporté d’autres contributions à la MONUSCO, demande aux États Membres de s’engager à fournir, et de fournir effectivement, à la Mission les moyens dont elle a encore besoin, en particulier des moyens aériens militaires, et rappelle qu’il importe de mener d’étroites consultations avec les pays fournissant des contingents ou des effectifs de police;


28.   Prie le Secrétaire général de lui faire rapport, au plus tard le 14 novembre 2012, le 14 février 2013 et le 24 mai 2013, sur les progrès accomplis sur le terrain, y compris sur les progrès accomplis sur la voie de la réalisation des objectifs énoncés au paragraphe 4 ci-dessus, les critères qu’il est recommandé d’utiliser pour mesurer les progrès et les répercussions du programme de DDRRR sur les effectifs des groupes armés étrangers, et prie également le Secrétaire général de joindre des annexes thématiques au rapport qu’il présentera en novembre concernant l’évaluation du processus électoral, tel que visé au paragraphe 15, et les nouvelles méthodes qui pourraient être mises en œuvre dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité, tel que visé au paragraphe 9 ci-dessus, et au rapport qu’il présentera en février pour faire le point sur la mise en œuvre de la Stratégie internationale d’appui en matière de sécurité et de stabilisation, tel que visé au paragraphe 7 ci-dessus, et sur la stratégie et l’action engagées afin que la responsabilité de certaines tâches actuellement accomplies par la MONUSCO soit effectivement transférée à des membres de l’équipe de pays des Nations Unies;


29.   Décide de rester activement saisie de la question.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité renouvelle le mandat de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) jusqu’au 31 décembre 2012

CS/10686

Le Conseil de sécurité renouvelle le mandat de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) jusqu’au 31 décembre 2012

27/06/2012
Conseil de sécuritéCS/10686
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6791e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ RENOUVELLE LE MANDAT DE LA FORCE DES NATIONS UNIES CHARGÉE

D’OBSERVER LE DÉSENGAGEMENT (FNUOD) JUSQU’AU 31 DÉCEMBRE 2012


Le Conseil de sécurité a, ce matin, décidé de renouveler pour une période de six mois allant jusqu’au 31 décembre 2012, le mandat de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), créée en mai 1974 pour superviser le cessez-le-feu prévu par la résolution 338 (1973) du Conseil de sécurité et l’Accord sur le désengagement des forces israéliennes et syriennes du 31 mai 1974. 


Par sa résolution 2052 (2012), adoptée ce matin à l’unanimité, le Conseil, « se déclarant gravement préoccupé par toutes les violations de l’Accord sur le désengagement des forces, en particulier celles perpétrées le 1er mars par les Forces armées arabes syriennes, lesquelles ont pénétré dans la zone de séparation », « demande aux parties concernées d’appliquer immédiatement sa résolution 338 (1973) du 22 octobre 1973 ».


La résolution de 1973 appelait au cessez-le-feu et à des négociations en vue « d’instaurer une paix juste et durable au Moyen-Orient ».


En renouvelant le mandat de la FNUOD pour une période de six mois, le Conseil de sécurité a suivi la recommandation formulée par le Secrétaire général dans son rapport sur les activités de la Force au cours des six derniers mois.  Ce rapport précise notamment que, au 11 mai 2011, l’effectif de la FNUOD comprenait 1 035 membres.


LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT


Rapport du Secrétaire général sur la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (S/2012/403)


Texte du projet de résolution (S/2012/484)


Le Conseil de sécurité,


Notant avec préoccupation que la situation au Moyen-Orient est tendue et semble devoir le rester tant que l’on ne sera pas parvenu à un règlement d’ensemble de la question du Moyen-Orient sous tous ses aspects,


Ayant examiné le rapport du Secrétaire général sur la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement en date du 30 juin 2012 (S/2012/403), et réaffirmant sa résolution 1308 (2000) du 17 juillet 2000,


Se déclarant gravement préoccupé par toutes les violations de l’Accord sur le désengagement des forces, en particulier celles perpétrées le 1er mars par les Forces armées arabes syriennes, lesquelles ont pénétré dans la zone de séparation,


Déplorant vivement les événements des 5 et 12 mars, au cours desquels des coups de feu ont été tirés sur les équipes du Groupe d’observateurs au Golan, notamment le 12 mars, où un soldat se trouvant dans le secteur Bravo a tiré des coups de feu dans la zone de limitation,


Se déclarant préoccupé par ce qui s’est passé le 26 février, lorsque des soldats se trouvant dans le secteur Alpha ont tiré des coups de feu en direction de la zone de séparation,


Convenant avec le Secrétaire général que ce qui se passe ailleurs en République arabe syrienne a commencé à avoir des répercussions dans la zone de responsabilité de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement,


1.    Demande aux parties concernées d’appliquer immédiatement sa résolution 338 (1973) du 22 octobre 1973;


2.    Demande également à toutes les parties de coopérer pleinement avec les opérations de la Force et d’assurer la sécurité ainsi que l’accès immédiat et sans entrave du personnel des Nations Unies s’acquittant de son mandat, en application des accords existants;


3.    Souligne que les deux parties ont l’obligation de respecter pleinement et scrupuleusement les termes de l’Accord sur le désengagement des forces de 1974 et appelle les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à prévenir toutes violations du cessez-le-feu et incursions dans la zone de séparation;


4.    Se félicite de ce que la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement fait pour appliquer la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard de tous actes d’exploitation ou de violence sexuelles et veiller à ce que son personnel se conforme strictement au code de conduite des Nations Unies, prie le Secrétaire général de continuer à prendre toutes mesures nécessaires à cet égard et à le tenir informé, et demande instamment aux pays qui fournissent des contingents de prendre des mesures préventives et disciplinaires pour que ces actes fassent l’objet d’enquêtes en bonne et due forme et soient dûment sanctionnés toutes les fois que leur personnel serait en cause;


5.    Note les progrès considérables qui ont été réalisés dans la mise en œuvre des recommandations issues de l’évaluation de la capacité opérationnelle de la Force, comme le prévoit la résolution 2028 (2011), pour ce qui est d’entretenir et de moderniser l’équipement et les infrastructures de la Force;


6.    Décide de renouveler pour une période de six mois, soit jusqu’au 31 décembre 2012, le mandat de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement;


7.    Prie le Secrétaire général de lui présenter, à la fin de cette période, un rapport sur l’évolution de la situation et sur les mesures prises pour appliquer la résolution 338 (1973).


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Cedaw: les États parties élisent 11 des 23 membres du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, dont un homme, candidat de la Finlande

FEM/1910

Cedaw: les États parties élisent 11 des 23 membres du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, dont un homme, candidat de la Finlande

26/06/2012
Assemblée généraleFEM/1910
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Convention sur l’élimination de toutes les formes

de discrimination à l’égard des femmes

Dix-septième Réunion des États parties

1re séance

Matin & après-midi


CEDAW: LES ÉTATS PARTIES ÉLISENT 11 DES 23 MEMBRES DU COMITÉ POUR L’ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION

À L’ÉGARD DES FEMMES, DONT UN HOMME, CANDIDAT DE LA FINLANDE


Les États parties à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, connue sous son acronyme anglais « CEDAW », ont élu, au cours de leur dix-septième Réunion, 11 des 23 membres du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.


Sur les 24 candidatures retenues, sept membres ont été élus au premier tour du scrutin: Mme Noor Al-Malki Al-Jehani du Qatar (102 voix), Mme Nicole Ameline de France (116), Mme Hilary Gbedemah du Ghana (95), Mme Nahla Haidar du Liban (127), Mme Silvia Pimentel du Brésil (128), Mme Bianca Pomeranzi de l’Italie (132), et Mme Zou Xiaoqiao de la Chine (129).  Ces candidates ont recueilli plus de la moitié des voix des 185 États parties présents au cours du scrutin.


Au cours du second tour du scrutin organisé cet après-midi, Mmes Barbara Bailey de la Jamaïque (102 voix), et Dalia Leinarte de la Lituanie (97 voix) ont été élues.  Les deux derniers postes à pourvoir ont nécessité la tenue d’un troisième tour de vote, les autres candidats n’ayant pas pu obtenir la majorité absolue des suffrages exprimés, soit 93 voix à partir des votes des 184 États parties prenant part au scrutin.  


Pour ce troisième tour de scrutin, il fallait, pour être élus, que les candidats obtiennent la majorité absolue requise de 92 voix sur les 183 États parties votant.  Mme Theodora Oby Nwankwo du Nigéria a été élue en obtenant 99 voix, tandis que M. Niklas Bruun de la Finlande en a reçu 92.  Il sera ainsi le seul homme élu membre de ce Comité spécialisé sur le traitement de questions ayant trait à la discrimination à l’égard des femmes.


Les nouveaux membres sont élus pour un mandat d’une durée de 4 ans qui prend effet le 1er  janvier 2013 et s’achève le 31 décembre 2016.


Ils siégeront au Comité aux côtés des 12 autres membres dont le mandat prendra fin le 31 décembre 2014.  Il s’agit de Mmes Ayse Feride Acar de la Turquie, Olinda Bareiro-Bobadilla du Paraguay, Meriem Belmihoub-Zerdani de l’Algérie, Naela Mohamed Gabr de l’Égypte, Ruth Halperin-Kaddari d’Israël, Yoko Hayashi du Japon, Ismat Jahan du Bangladesh, Violeta Neubauer de la Slovénie, Pramila Patten de Maurice, Maria Helena Lopes de Jesus Pires du Timor-Leste, Patricia Schulz de la Suisse, et Dubravka Simonovic de la Croatie.


À l’ouverture de cette dix-septième Réunion des États parties à la CEDAW, la représentante du Secrétaire général des Nations Unies, Mme Kohonen Sheriff, a rappelé que depuis la dernière Réunion, tenue le 28 juin 2010, le Comité a tenu six sessions et examiné les rapports de 43 États parties.  En outre, un autre État a adhéré à la Convention, portant le total de ses signataires à 187 États.  Dans le même temps, on dénombre 104 pays qui ont ratifié la Convention ou son Protocole facultatif.  


Cette dix-septième Réunion des États parties à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes était présidée par Mme Paulette Bethel, des Bahamas, représentant le Groupe des pays d’Amérique latine et des Caraïbes.  Mme Bethel a été élue en même temps que trois Vice-Présidentes: Mme Yana Boiko de l’Ukraine, élue au nom du Groupe des États d’Europe de l’Est, Mme Tanisha Hewanpola de l’Australie, pour le Groupe des pays d’Europe de l’Ouest et autres États, et Mme Fatima Alfeine des Comores, représentant le Groupe des États d’Afrique.


Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes tient deux sessions par an.  Les 23 experts du Comité, qui y siègent à titre personnel, ont pour tâche de surveiller l’application de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies en 1979 et entrée en vigueur depuis 1981.  Après l’examen des rapports nationaux, le Comité transmet aux États parties des observations finales.  Il formule également des recommandations générales sur certaines questions que couvre la Convention.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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L’Assemblée générale parle de la drogue et du crime comme de véritables menaces au développement

AG/11257

L’Assemblée générale parle de la drogue et du crime comme de véritables menaces au développement

26/06/2012
Assemblée généraleAG/11257
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

Débat thématique

Matin & après-midi


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE PARLE DE LA DROGUE ET DU CRIME COMME DE VÉRITABLES MENACES AU DÉVELOPPEMENT


L’Assemblée générale a organisé aujourd’hui un débat thématique sur « les drogues et le crime comme menaces au développement » et lancé officiellement l’édition 2012 du Rapport mondial sur les drogues publié par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC).  Le débat et le lancement du Rapport coïncident avec la Journée internationale de la lutte contre l’abus et le trafic de drogues.


Comme l’a dit son Président, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, la drogue et la criminalité organisée ont des effets particulièrement dévastateurs sur les pays en développement et compromettent les efforts menés pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  La drogue détruit la confiance entre le public et l’État, et entre le public et la justice.  Elle alimente la violence, les guerres et le terrorisme, tout facteur contraire au développement d’un État, s’est alarmé M. Al-Nasser.


Les activités liées à la drogue contribuent à la désintégration sociale et tuent le capital social sans lequel aucun développement n’est possible, a renchéri M. Raymond Yans, Président de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS).  Les flux illicites en provenance des pays en développement représentent 7 à 8 fois le montant de l’aide publique au développement (APD), a précisé le Directeur du Programme des institutions internationales et de la gouvernance mondiale du Conseil des États-Unis sur les relations étrangères.


M. Stewart Patrick a classé les pays en trois catégories: Les États très vulnérables comme la Guinée-Bissau, la Somalie et la République démocratique du Congo (RDC); les « États gruyères », très efficaces au niveau des institutions mais pâtissant d’un niveau élevé de corruption; et les « États mafieux » dotés d’instruments de souveraineté mis au service des activités criminelles comme le Libéria de Charles Taylor ou encore la République populaire démocratique de Corée.


Les Afghans, a-t-il dit à titre d’illustration, ont versé, cette année, près de 2,5 milliards de dollars de pots-de-vin.  Avec 90% de la production mondiale, l’Afghanistan est l’exemple du principe « drogue ne rime pas avec développement ».  Ce n’est que l’avancement socioéconomique du pays et de la région qui permettra de libérer les populations de la culture de l’opium, ont unanimement reconnu les délégations, ce qui suppose une meilleure coordination de l’aide internationale.


Le Président de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) a d’ailleurs rappelé que son institution plaide depuis longtemps pour une plus grande intégration des programmes de lutte contre le trafic et l’abus de drogues dans les stratégies de développement.


Les principes de telles stratégies devraient être étudiés au treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale qui se tiendra à Doha, en 2015, exactement à la date butoir pour la réalisation des OMD.


De retour de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 », le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a rappelé qu’au début de son deuxième mandat, en janvier dernier, il avait défini cinq objectifs impératifs pour guider la lutte mondiale contre le fléau de la drogue à savoir la mise au point d’une nouvelle voie pour la croissance et le développement durables; le renforcement des efforts collectifs de prévention; la création d’un monde plus juste, plus sûr et plus équitable, fondé sur les droits de l’homme universels; l’appui aux pays en transition; l’offre de meilleures chances aux femmes et aux jeunes.


Nous sommes face, a précisé le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), M. Yury Fedotov, à une menace de proportion mondiale qui représente quelque 320 milliards de dollars.  Même si la consommation globale de drogues semble s’être stabilisée au cours des cinq dernières années, elle augmente dans certains pays en développement, a-t-il dit, en présentant l’édition 2012 du Rapport mondial sur les drogues. 


DÉBAT THÉMATIQUE SUR LE THÈME « LES DROGUES ET LE CRIME COMME MENACE AU DÉVELOPPEMENT »


Session d’ouverture et lancement du Rapport mondial sur les drogues


Déclarations


Le Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, a rappelé que le débat d’aujourd’hui coïncide avec la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues, « pour montrer notre détermination à créer un monde débarrassé de la drogue ».  La drogue, a-t-il souligné, a sapé nos efforts pour le développement durable, la démocratie et la stabilité politique.


Les réseaux criminels alimentent la violence, les guerres et le terrorisme et aucune nation n’est à l’abri, s’est alarmé M. Al-Nasser.  La drogue détruit la confiance entre le public et l’État, le public et la justice, en même temps qu’elle compromet les progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).


L’Assemblée générale a pris note de la vulnérabilité des États face à la drogue.  En 2005, dans le Document final du Sommet mondial, les États Membres avaient exprimé leurs graves préoccupations face aux effets néfastes du commerce illicite des drogues sur le développement, la paix, la sécurité et les droits de l’homme.


Plus récemment, l’Assemblée générale a pris des initiatives visant à réduire le trafic de drogues et ses impacts.  Ces initiatives constituent le cadre de la stratégie globale contre le phénomène.  Le système des Nations Unies joue également un rôle clef, a dit le Président, en saluant la publication du rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) qui donne un aperçu global de la situation au plan international.


Il faut, a-t-il plaidé, des mesures urgentes et conjointes.  Il faut des réponses pratiques et efficaces à tous les niveaux, et des réponses globales basées sur la coopération et la collaboration.  « Les résultats de ce débat seront versés aux documents de travail du treizième Congrès international sur la drogue qui se tiendra à Doha, au Qatar en 2015, a-t-il déclaré.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que les drogues illicites apportent beaucoup de malheur à des millions de personnes dans le monde, tout en créant une richesse phénoménale pour les réseaux criminels.  Alors qu’il rentre de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 », le Secrétaire général a expliqué combien la drogue et le crime vont à l’encontre du développement durable.  Il a reconnu le fléau de la drogue et du crime en Amérique centrale, région qui connait les taux de criminalité les plus élevés au monde.  En ce qui concerne l’Afghanistan et certaines parties du Myanmar, ce sont les efforts de développement qui pâtissent de la culture du pavot et de l’opium, ainsi que d’autres drogues illicites.  Le Secrétaire général a aussi parlé des conséquences de ces problèmes en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale où c’est la gouvernance qui est affectée, invitant à promouvoir l’état de droit pour aider ces pays à poursuivre en justice les criminels, tout en respectant les droits de l’homme.


Les piliers du développement durable doivent contenir des éléments de lutte contre la drogue et le crime, tout en garantissant que les mesures de contrôle et les stratégies de lutte contre la criminalité soient sensibles aux exigences du développement, a demandé le Secrétaire général.  M. Ban a aussi fait remarquer que, si l’on veut diminuer les stocks, il faut arriver à réduire la demande.  Le Secrétaire général a rappelé qu’au début de son deuxième mandat, en janvier dernier, il avait défini cinq objectifs impératifs pour guider la lutte mondiale contre ces fléaux: mettre au point une nouvelle voie pour la croissance et le développement durables; renforcer les efforts collectifs de prévention; créer un monde plus juste, plus sûr et plus équitable, fondé sur les droits de l’homme universels; soutenir les pays en transition; donner plus de place aux femmes et aux jeunes et leur offrir de meilleures chances.


M. YURY FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), a, présentant l’édition 2012 du Rapport mondial sur les drogues, estimé que le débat d’aujourd’hui sur la drogue et le crime en tant que menace au développement est essentiel d’autant plus que la date butoir des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) approche à grands pas. 


De l’Europe à l’Afrique, en passant par les Amériques et l’Asie, la drogue tue quelque 200 000 personnes par an.  Nous sommes face, a prévenu le Directeur exécutif, à une menace de proportion mondiale qui représente quelque 320 milliards de dollars. 


En plus ou moins 100 pages, l’édition 2012 du Rapport mondial sur les drogues offre une étude globale des mouvements et des flux.  Il fournit une analyse statistique détaillée de la consommation de drogues, des différents marchés et des facteurs sous-jacents du problème.


Le Rapport, a poursuivi le Directeur exécutif, montre que la consommation globale de drogues semble s’être stabilisée au cours des cinq dernières années, même si elle augmente dans certains pays en développement. 


Quelque 230 millions de personnes soit 5% de la population adulte mondiale ont consommé de la drogue en 2010.  La production mondiale d’opium a approché les 7 000 tonnes en 2011, soit une augmentation par rapport à 2010 quand une maladie a détruit la moitié des plantations en Afghanistan.


C’est ce pays, a souligné le Directeur exécutif, qui reste le plus grand producteur d’opium dans le monde, avec 90% de la production mondiale annuelle.  S’agissant de la cocaïne, les plantations ont diminué de 18% entre 2007 et 2010 et de 33% entre 2000 et 2010.  Le cannabis reste la drogue de prédilection.


Malheureusement, a regretté le Directeur exécutif, notre tentative de travailler avec les États Membres pour réduire les plantations et la production a été compromise par l’augmentation des drogues synthétiques.


Il a signalé une tendance émergente en Europe centrale: celle de la consommation de désomorphine ou crocodile pour remplacer la pénurie d’héroïne.  Il a aussi signalé, sur les marchés européens, un recours accru à de nouvelles substances psychoactives qui échappent au mandat de l’UNODC.


Nous devons avoir plus de données car nous ne pouvons agir sans bien comprendre le problème, a prévenu le Directeur exécutif qui a rappelé que la réponse de son Office se fonde sur les conventions des Nations Unies contre la drogue.


L’Office, a-t-il dit, contribue à la création de partenariats interinstitutions comme en témoigne le Groupe de travail sur le trafic de drogues et la criminalité organisée, créé en 2011 par le Secrétaire général. 


L’UNODC a aussi créé une série de programmes intégrés pour lui et ses partenaires.  Son programme régional pour l’Afghanistan et les pays voisins a connu ses premiers succès.  Plus récemment, l’Office a lancé un programme de pays pour l’Afghanistan et un programme régional pour le Sud de l’Europe orientale.  Les programmes pour l’Ouest et le Centre de l’Asie sont étroitement liés à d’autres initiatives régionales.  L’UNODC développe aussi des programmes pour l’Afrique australe et l’Asie du Sud.


Mais si nous voulons relever tous ces défis de manière globale, a encore prévenu le Directeur exécutif, il nous faut travailler sur la demande.  En la matière, l’approche de l’UNODC se fonde sur la prévention, le traitement, la réhabilitation, la réintégration et la santé, a-t-il rappelé. 


« Défis posés par l’intégration du contrôle des drogues dans les initiatives de développement, et moyens d’améliorer les efforts coordonnés de la communauté internationale pour atténuer les conséquences défavorables des drogues illicites sur le développement »


Table ronde 1


La discussion du matin était présidée par M. LUIS ALFONSO DE ALBA (Mexique) qui a formulé l’espoir de voir définis des objectifs de lutte contre la drogue et le crime pour après 2015, date butoir pour les OMD.  Il a souligné, à cet égard, l’importance de la coopération entre États, souhaitant que l’action commune soit renforcée.  M. de Alba a demandé aux délégations de partager leurs expériences, dans le but de mettre au point des outils permettant de mieux lutter contre cette criminalité.  Une conférence des ministres de l’intérieur et de la justice de la région a récemment été organisée au Mexique, a-t-il signalé.


Si la lutte contre la drogue ne fait pas partie des OMD, ce phénomène a un impact négatif important sur le développement et sur les jeunes, a fait remarquer Mme CARMEN BUJAN, Présidente de la Commission des stupéfiants.  Elle a expliqué que la criminalité prive le développement durable de ressources précieuses.  Dans la lutte contre ce fléau, on doit agir à la fois pour réduire l’offre et diminuer la demande, a-t-elle aussi observé.  Mme Bujan a exhorté les États à agir dans ce sens, tout en demandant aux entreprises, aux familles et aux organisations de la société civile de participer aux campagnes de prévention et de traitement de ce problème.  Si on constate une certaine réduction de la consommation de drogues dans les pays développés au cours des dernières années, le problème est au contraire en train de s’aggraver dans les pays émergents.  Mme Bujan a averti que si l’on examine l’incidence de la drogue sur la sécurité des pays, le problème est beaucoup plus complexe qu’on le croit.  La lutte contre la drogue exige d’abord que l’état de droit soit renforcé, puis que l’on s’attache à lutter contre la pauvreté, facteur qui alimente le trafic de drogues.


La Commission des stupéfiants, qui siège à Vienne, a adopté cette année 12 résolutions, portant notamment sur le développement durable, la lutte contre le VIH/sida, l’égalité des sexes, les politiques agricoles et le développement rural, comme les cultures de substitution.  Le traitement et la réinsertion des toxicomanes, ainsi que le traitement médical, sont d’autres sujets abordés par la Commission, a indiqué sa Présidente.  Elle a aussi parlé de la Déclaration et du Plan d’action adoptés en 2009 par la Commission, qui visent à renforcer la lutte contre la drogue, documents qui ont ensuite été entérinés par l’Assemblée générale.  Couvrant une période d’action de 10 ans, ces textes constituent un cadre de coopération internationale de lutte et de contrôle des drogues.  Mme Bujan a évoqué « la responsabilité commune » des États dans ce domaine.


M. RAYMOND YANS, Président de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), s’est dit alarmé par les chiffres de la consommation de drogues et la violence qui y est associée.  Les activités liées à la drogue contribuent à la désintégration sociale et tue le capital social sans lequel aucun développement n’est possible.  La prévention, a-t-il dit, doit être au cœur de toute politique de contrôle des drogues et les volets « traitement et réhabilitation » doivent être renforcés en même temps que l’on aligne les législations nationales sur les Conventions internationales.


Étant donné qu’il s’agit d’une question multisectorielle, la coopération est essentielle, a souligné M. Yans.  Les programmes liés à la santé, à l’éducation et à l’état de droit, par exemple, doivent comprendre un volet « lutte contre la drogue ».  Les services de détection et de répression doivent être dûment appuyés et les secteurs de la santé et de l’éducation doivent avoir pour objectif de réduire la demande de drogues.  Les programmes de développement, a-t-il insisté, doivent inclure tous les aspects du contrôle des drogues et pas seulement la répression.  Il a estimé que le contrôle des drogues et la régulation de leur consommation pour raison médicale sont essentiels pour le développement sociétal.


M. OTAVIANO CANUTO, Vice-Président et Chef du Réseau de la réduction de la pauvreté et de la gestion économique de la Banque mondiale, a indiqué que les coûts du trafic de stupéfiants représentent près de 8% du produit intérieur brut (PIB) mondial.  M. Canuto a expliqué que la prévention de la violence exige une forte détermination politique des États et une concertation internationale.  Faisant le constat des conséquences adverses du trafic de drogues, il a souligné qu’il promeut la violence et le crime, entretient une culture de méfiance dans la population, affaiblit des institutions déjà faibles, encourage la corruption et a un impact négatif sur l’environnement et les affaires.


En ce qui concerne les actions à mener, M. Canuto a proposé de suivre une approche basée sur les faits, afin de bien définir les risques.  C’est là où la dépendance à l’égard de l’opium est la plus grande qu’il faut introduire des cultures légales et soutenir les agriculteurs, a-t-il dit.  L’approche doit aussi être holistique, en renforçant la prévention et la justice pénale.  Il ne faut pas seulement se concentrer sur le personnel de répression, mais renforcer l’état de droit à tous les niveaux, selon M. Canuto.  Il a encore appelé à partager les gains de l’éradication du trafic de drogues avec ceux qui sont les plus touchés.  En outre, les stratégies à long terme doivent être complétées par des mesures à moyen terme, a-t-il ajouté.


M. MAGED ABDELAZIZ, Secrétaire général adjoint et Conseiller spécial pour l’Afrique du Secrétaire général, a rappelé que depuis quelques années, l’Afrique de l’Ouest se trouve désormais au centre des trafics de drogues entre l’Amérique et l’Europe.  Cela a donné comme résultat que ces pays sont devenus également des pays consommateurs.  Près de 2,5 millions de consommateurs sont recensés dans cette partie du monde.  Ces trafics affaiblissent l’état de droit, la stabilité régionale et les efforts de développement.  La criminalité organisée est apparue et fait désormais peser le terrorisme sur cette partie du continent africain. 


Pour faire face à cette situation, les Nations Unies ont un rôle à jouer notamment dans la mise en œuvre des initiatives prises par les organisations sous-régionales.  Les efforts des uns et des autres doivent être mis en commun pour une feuille de route globale.  Néanmoins, certaines organisations ont besoin de plus d’appui que d’autres comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Elle a besoin d’un appui, en particulier du transfert des technologies, pour la surveillance en mer et sur les côtes, et le partage des informations.   


La discussion qui a suivi a souligné la nécessité de garantir le développement économique et social des pays producteurs pour diminuer leur dépendance à la culture du pavot.  De même pour les pays de transit qui dépendent, eux, du trafic de drogues.  Cela implique de soutenir les efforts de ces pays non seulement par le biais de la coopération internationale mais aussi par une lutte efficace contre l’abus et le trafic de drogues dans les autres pays.  Car s’il y a des pays producteurs, des pays consommateurs et des pays de transit, « chacun est simultanément, selon des proportions variables, producteur, transitaire et consommateur », a relevé le représentant de la France.  Son homologue du Luxembourg a précisé que, avec le développement des drogues synthétiques, les pays de transit sont en train de devenir des pays producteurs.


Lançant le débat, le Ministre des affaires étrangères du Guatemala a expliqué que son pays est un lieu de transit entre le plus grand pays consommateur de drogues et le plus grand pays producteur de drogues.  La drogue produite dans la zone andine est acheminée vers les États-Unis qui absorbent 40% de la production mondiale, a-t-il ajouté.  De son côté, le Guatemala, qui a connu récemment une augmentation sensible de la consommation de drogues, veut continuer à lutter contre le trafic tout en lançant néanmoins un appel à la communauté internationale pour qu’elle intensifie la coopération.


Le Guatemala et les pays d’Amérique centrale font preuve d’une grande solidarité dans la lutte contre le trafic de drogues, par rapport au niveau international de coopération, a remarqué le Directeur exécutif de l’UNODC, qui animait le débat.


En Amérique du Sud, le volume de cultures de pavot détruites a représenté la moitié de toutes les cultures, alors qu’en Afghanistan il n’a représenté que 2% des cultures, a comparé le Directeur adjoint du Service fédéral de contrôle des drogues de la Fédération de Russie.  Selon lui, le problème en Afghanistan est sous-estimé.


Plusieurs intervenants se sont en effet alarmés du niveau élevé de production de drogues en Afghanistan, où, selon les chiffres de l’UNODC, 6 000 tonnes d’opium sont produites chaque année.  « Usine mondiale de production des opiacées », l’Afghanistan continue d’être le centre planétaire de production de drogues, s’est inquiété le représentant russe.  Il a remarqué que la production d’opium ne diminue pas en moyenne sur plusieurs années, même si elle peut baisser d’une année sur l’autre.  Le commerce d’opium continuera de constituer une part importante de l’économie afghane, représentant actuellement 1/6 de son PIB, a-t-il précisé.  Il s’est aussi inquiété des conséquences du retrait des forces de la coalition.


Le Ministre de la lutte contre les stupéfiants de l’Afghanistan s’est pourtant réjoui d’avoir pu réduire de façon importante la culture du pavot dans son pays, cette réduction ayant augmenté de 300% par rapport à l’an dernier.  Il a indiqué que 41 membres des forces de police ont perdu la vie dans les actions de lutte contre le trafic de drogues.  Expliquant que la pauvreté, le chômage et le manque de moyens de subsistance alternatifs rendent vulnérable la population face à ce trafic, il a indiqué que son gouvernement met en place un programme de substitution pour réduire la dépendance des exploitants agricoles à la culture du pavot.  Actuellement, seulement 50% de l’opium afghan est cultivé.  Nous avons saisi cette année 542 tonnes d’opium, soit trois fois plus que l’an dernier, a-t-il ajouté.  Plus de 2 000 suspects ont été arrêtés, soit 24% de plus que l’an dernier, et 50 fonctionnaires corrompus ont été arrêtés.


Un développement de l’Afghanistan et de la région est un élément crucial de la lutte contre le trafic de drogues, a pour sa part indiqué le Directeur adjoint de la réduction de la demande au Bureau de la politique nationale de contrôle de la drogue des États-Unis.  Seul un développement durable pourra libérer ce pays de la culture de l’opium, a-t-il estimé.  Les États-Unis ont lancé le Projet « Arc-en-ciel 2 » qui vise l’élimination de l’opium en Afghanistan et qui correspond à la stratégie adoptée par l’Union européenne en 2010.  Le représentant américain a aussi demandé que le Conseil de sécurité de l’ONU aborde cette question, soulignant l’obligation pour la communauté internationale d’assurer la sécurité pour toutes les nations.


Le Directeur de l’Agence de contrôle des drogues du Tadjikistan a, lui aussi, plaidé pour que la communauté internationale joigne ses efforts à ceux de l’Afghanistan, afin de régler ses problèmes sociaux et de développement.  De façon générale, il a appelé la communauté internationale à conjuguer ses efforts pour lutter contre la drogue, invitant l’ONU à jouer le rôle de centre de coordination dans ce domaine.  Autre pays de transit, le Tadjikistan joue le rôle de zone tampon entre un pays producteur et des pays consommateurs.  Le Directeur a témoigné de l’engagement de son pays, en signalant notamment que le Tadjikistan a adhéré aux conventions de l’ONU et qu’il a réussi à intercepter un volume important de drogues.


Le nombre de consommateurs de stupéfiants de type amphétamine dépasse maintenant celui de consommateurs d’opiacées et de cocaïne réunis, a également observé le représentant du Tadjikistan.  Le Ministre afghan a soulevé le problème de la production de produits chimiques nécessaires à la transformation de l’opium en héroïne et en morphine.  Un litre d’acide acétique se paye 700 dollars en Afghanistan, alors qu’il coûte presque 100 fois moins à produire.


Le Directeur de la Police nationale italienne a prévenu que l’Europe est désormais alimentée en drogues par des pays d’Afrique qui sont devenus des plateformes importantes de transit.  Les organisations criminelles ont conclu des accords avec des cartels de drogues pour pénétrer les marchés nationaux.  L’Union européenne, dont les pays membres fournissent 1/3 du budget de l’UNODC, est en effet impliquée dans des projets en Afrique et recherche de nouvelles coopérations avec l’Office en Amérique latine et dans les Caraïbes, a indiqué son représentant.  La délégation de l’Allemagne a parlé, en particulier, de la promotion de cultures de substitution en Asie.


Le représentant de la France a appelé à mettre en œuvre de manière plus efficace les outils juridiques élaborés par les Nations Unies, ainsi que les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité.  L’action coordonnée doit se baser sur les conventions des Nations Unies, a d’ailleurs rappelé le Directeur exécutif de l’UNODC.  Le représentant des États-Unis, qui s’est réjoui de ce que la consommation de drogues dans son pays ait baissé de 30% au cours des 30 dernières années, a aussi parlé de la formation que dispense son pays dans le cadre de la coopération internationale et de son appui aux efforts de l’UNODC.


Table ronde 2


Mme BAJRAKITIYABHA MAHIDOL, Princesse de la Thaïlande et Présidente de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale, a axé son intervention sur les conséquences néfastes de ces trafics sur l’ensemble de la société.  Les trafics entraînent l’injustice surtout à l’égard des plus vulnérables pris dans un cercle vicieux.  Pour y faire face, a-t-elle estimé, les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) doivent être remis au centre des préoccupations. 


D’après Mme Mahidol, un état de droit solide et une justice impartiale sont deux des panacées contre le trafic de drogues.  Elle a donc regretté que la lutte contre ce fléau ne figure pas dans les OMD et que par conséquent, aucune ressource n’ait été prévue.  Elle a donc appelé à un changement de paradigmes qu’elle a espéré voir à Doha en 2015, au Congrès international sur la lutte contre le trafic de drogues.  Nous devons en même temps revisiter les différents traités des Nations Unies qui offrent différents leviers pour combattre ce fléau, a-t-elle estimé.


Elle a encouragé tous les États à mettre en place une justice sociale, et en la matière, la Thaïlande est disposée à partager son expérience.  La menace de la criminalité organisée est réelle.  Il faut que l’UNODC reçoive tous les moyens pour faire face à ces menaces, a plaidé la Princesse Mahidol.


M. BRUCE JONES, Directeur du Centre sur la coopération internationale de l’Université de New York et Directeur du Programme de gestion de l’ordre mondial de la Brookings Institution, a indiqué que malgré une absence de données, l’impact du crime et de la drogue sur le développement était notable.  Parmi les effets les plus notables, il a cité l’érosion des institutions de l’ordre public, phénomène qui sape par la suite la capacité de l’État à agir.  Il a estimé que la Guinée-Bissau était un « exemple spectaculaire » de ce phénomène.  M. Jones a plaidé pour une meilleure intégration des programmes de développement et de sécurité pour consolider l’état de droit.


On se concentre trop sur la santé et l’éducation, domaines certes importants, au détriment des institutions de l’ordre public, a-t-il prévenu.  Il a également insisté sur la nécessité de réagir au niveau international et réclamé un accord multilatéral sur les envois de fonds.


M. FRANCIS FORBES, Directeur exécutif de l’Agence de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) pour le crime et la sécurité, a indiqué que les Caraïbes continuaient d’être utilisées comme une zone importante de transit des drogues provenant d’Amérique latine destinées à l’Amérique du Nord et à l’Europe.  Le trafic de drogues, a-t-il déploré, représente au moins 29 milliards de dollars par an dans l’économie de la région.  Il a lié ce fléau à la corruption, à l’absence d’état de droit et au trafic d’armes.  À ces défis, il a ajouté celui de la traite des êtres humains dans la région.  Pour combattre ces trafics, le Directeur exécutif a recommandé le renforcement du système judiciaire des pays concernés et la modernisation des législations.  Il a voulu que l’on fasse le parallèle entre trafic de drogues et trafic d’armes légères.


M. STEWART PATRICK, Directeur du Programme des institutions internationales et de la gouvernance mondiale du Conseil des États-Unis sur les relations étrangères, a indiqué qu’après la libéralisation du commerce, d’autres types de criminalité transnationale organisée avaient vu le jour en plus des activités de contrebande.  Il a également fait observer que les statistiques en matière de criminalité transnationale organisée manquent de précisions, les entités concernées ne publiant pas de rapports trimestriels et certains États concernés cherchant à gonfler les chiffres afin d’obtenir davantage d’aides.


Le panéliste a ensuite indiqué que les flux illicites en provenance des pays en développement représentent 7 à 8 fois le montant de l’aide publique au développement (APD) qui leur est destinée.  Il a également fait une distinction entre les États vulnérables.  Il a par exemple indiqué que la Guinée-Bissau, la Somalie ou encore la République démocratique du Congo (RDC) étaient très vulnérables à la criminalité organisée.  D’autres États vulnérables sont en revanche de « véritables gruyères » très efficaces au niveau des institutions mais pâtissent d’un niveau élevé de corruption.  Enfin, a enchainé M. Patrick, il y a les « États mafias » où tous les instruments de souveraineté sont déployés dans l’intérêt d’activités criminelles comme ce fut le cas au Libéria pendant le règne de Charles Taylor ou encore en République populaire démocratique de Corée à l’heure actuelle.


Le panéliste a indiqué, à titre d’exemple, que les Afghans avaient versé près de 2,5 milliards de dollars de pots-de-vin.  Un autre obstacle à la lutte contre la criminalité organisée découle du fait que les États sont peu enclins à partager des données sensibles.


Outre l’obtention de meilleures données, le panéliste a plaidé pour qu’un meilleur usage soit fait des nouvelles technologies pour accroître la transparence.  Il a évoqué les programmes qui permettent de signaler anonymement le versement de pot-de-vin ou d’envoyer des textos pour vérifier l’origine d’un médicament. 


M. Patrick a également estimé qu’il fallait envisager d’accorder au Conseil de sécurité la possibilité d’imposer des sanctions pour des activités n’ayant pas trait au terrorisme.  Il a aussi estimé que davantage d’efforts devaient être déployés pour combattre le blanchiment d’argent.


Cette deuxième table ronde a été présidée par M. Jim McLay, Représentant permanent de la Nouvelle-Zélande auprès des Nations Unies, qui a d’emblée dénoncé le fait que les revenus du trafic de drogues sont 80 fois plus importants que le produit national brut (PNB) de son pays.  Le monde ne reste toutefois pas les bras croisés, même si les experts prédisent que « nous sommes en train de perdre la bataille contre ce fléau ».  Le débat s’est alors focalisé sur les voies et moyens dont disposent les États dans cette lutte.


Pour le Honduras, la victoire passe par la coopération entre pays d’Amérique centrale.  C’est aussi la conviction du représentant de l’Ouzbékistan qui a appelé la Fédération de Russie, les États-Unis et les autres pays présents en Afghanistan à mettre au service de la lutte contre la culture du pavot les moyens de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS). 


Il faut des réponses holistiques, globales et transversales, ont argué les représentants de l’Ukraine et de l’Australie qui fonde sa stratégie sur les partenariats, en particulier avec les pays de la région Asie-Pacifique.


Ces partenariats, aux yeux de l’Australie mais aussi du Japon et de l’Inde doivent viser le renforcement des capacités de la police des pays dits « vulnérables » qui doivent lutter en même temps contre le corollaire du trafic de drogues, à savoir le trafic d’armes, a souligné le Suriname, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), et celui de l’Ukraine.  La meilleure des préventions est de cibler les pays de destination et de renforcer les contrôles des frontières, a estimé l’Australie.


La question de la demande a été soulevée par l’Inde, le Sri Lanka et la République démocratique populaire lao.  Ils se sont heurtés à la position de la Finlande qui préfère combattre les trafiquants plutôt que les consommateurs.  En Ouzbékistan, a expliqué son représentant, la politique de « confiscation » a permis de mettre la main sur quelque 5,4 tonnes de drogues en 2011.  La même politique est appliquée en Australie où la saisie de l’argent des trafiquants sert, entre autres, à équiper les unités concernées.  Une politique forte contre le blanchiment a aussi été défendue par le représentant de l’Australie tout comme ses homologues de la Colombie et de la Norvège.


Il faut, ont plaidé plusieurs pays, mettre en place une « communication stratégique » entre les pays.  Un partage d’informations entre les services concernés est la clef de la solution, ont acquiescé l’Égypte et l’Arménie.


Des appels ont été lancés pour que l’UNODC renforce son assistance technique aux pays, en particulier pour la mise en œuvre des conventions pertinentes de l’ONU.  Outre l’aide de l’UNODC, des délégations comme l’Inde, ont souligné celle de la société civile, des médias et des ONG.  La représentante de l’Autriche a attiré l’attention sur l’Académie contre la corruption qui est devenue une référence mondiale. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité débat de la protection des civils dans les conflits armés au cours d’une réunion dominée par la situation en Syrie

CS/10683

Le Conseil de sécurité débat de la protection des civils dans les conflits armés au cours d’une réunion dominée par la situation en Syrie

25/06/2012
Conseil de sécuritéCS/10683
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6790e séance – matin & après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DÉBAT DE LA PROTECTION DES CIVILS DANS LES CONFLITS ARMÉS

AU COURS D’UNE RÉUNION DOMINÉE PAR LA SITUATION EN SYRIE


À l’occasion de la présentation du neuvième rapport du Secrétaire général sur la protection des civils dans les conflits armés, le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui un débat public au cours duquel une cinquantaine de délégations ont pris la parole pour discuter des recommandations exprimées par M. Ban Ki-moon.


Dans son rapport, le Secrétaire général a notamment invité le Conseil de sécurité à prendre les devants s’agissant des attaques et des ingérences visant les installations et le personnel de santé, ainsi que de prévenir les déplacements de population.  Le rapport aborde également la question du respect du droit international par les groupes armés non étatiques, et sur cette question, le Secrétaire général a « invité tous les États Membres à se garder d’adopter une législation, des politiques ou autres mesures nationales qui pourraient dissuader les intervenants humanitaires de nouer un dialogue à des fins humanitaires avec les groupes armés non étatiques ».  Concernant cette recommandation, le Secrétaire général a tenu à souligner qu’elle ne constituait en aucun cas une reconnaissance de ces groupes armés non étatiques par la communauté internationale et par les Nations Unies.


S’agissant de la protection des civils dans le cadre des opérations de maintien de la paix, le rapport du Secrétaire général engage les États hôtes à travailler plus en amont avec les missions de maintien de la paix en vue de protéger les civils.  Enfin, M. Ban revient sur l’obligation de rendre des comptes.  Il indique à cet égard que s’il est d’abord du devoir des États de tenir, au niveau national, redevables ceux qui violent le droit international humanitaire, le Conseil de sécurité peut cependant demander ou ordonner la mise sur pied de commissions internationales d’enquête ou de missions d’établissement des faits qui agiront à l’intérieur de ces États connaissant des situations de conflit.


Dans son exposé oral du rapport, le Secrétaire général a cité plusieurs conflits où les civils se retrouvent en première ligne, et il a notamment évoqué le cas de la Syrie.  De nombreuses délégations sont revenues sur la situation qui prévaut dans ce pays.  Condamnant « les attaques disproportionnées auxquelles se livre le régime syrien » contre sa population, le Royaume-Uni a invité le Conseil de sécurité à agir de « façon robuste » en Syrie, exprimant le souhait que le plan en six points élaboré par M. Kofi Annan puisse trouver un second souffle et que les résolutions 2042 et 2043 du Conseil de sécurité soient respectées. 


Plaidant également pour un renforcement des pressions exercées sur la Syrie afin de mettre en œuvre le plan Annan, les États-Unis ont, pour leur part, jugé « regrettable que le Conseil fasse le choix de l’inertie plutôt que celui de l’action ».  La délégation de la France a, elle aussi, invité le Conseil de sécurité à agir et à adresser « un message ferme aux autorités syriennes sur la nécessité de respecter leurs engagements envers la communauté internationale ».  Le représentant de la France a demandé par ailleurs que Bashar Al-Assad et les autres responsables des atrocités commises contre les civils en Syrie répondent de leurs actes devant la justice.


Un certain nombre de délégations ont exprimé leurs préoccupations face à certaines dérives constatées dans des opérations menées au nom de la protection des civils.  Ainsi la Fédération de Russie s’est dite inquiète devant une approche de la protection des civils fondée sur le concept de la « responsabilité de protéger », qu’elle a jugé « ambigu ».  La délégation russe a par ailleurs rappelé que tout recours à la force pour défendre les civils devait se faire dans le respect de la Charte des Nations Unies, suivie en cela par celle de l’Inde, qui a pour sa part rappelé la nécessité que le Conseil n’autorise que des réponses proportionnées de la part de la communauté internationale dans ce type de situation.  Le représentant de l’Inde a par ailleurs appelé le Conseil de sécurité à ne pas céder constamment à la tentation d’un recours au chapitre VII, qui autorise l’usage de la force. 


Le représentant de la Chine a, de son côté, souligné que la protection des civils ne devait pas servir de prétexte à des changements de régimes et a dénoncé à cet égard la manière abusive dont ont été interprétées et appliquées certaines dispositions des résolutions du Conseil.  S’exprimant sur la question de l’utilisation de drones pour éliminer certaines personnes jugées dangereuses, mais dont les frappes affectent aussi des populations civiles innocentes, le représentant a souhaité que la communauté internationale se saisisse de ce sujet pour l’examiner de manière attentive.


Face à la situation actuelle en Syrie, plusieurs délégations ont exprimé le souhait que le Conseil de sécurité saisisse la Cour pénale internationale (CPI) de la question.  S’agissant précisément de cette instance, le Liechtenstein a proposé  de tenir un forum pour faire avancer les questions qui se posent en matière de coopération entre le Conseil de sécurité et la CPI.  Un nouveau groupe de travail pourrait ainsi être créé et serait alors chargé, en tant qu’organe subsidiaire du Conseil, de traiter des relations entre le Conseil de sécurité et la CPI, a suggéré son représentant.  La Fédération de Russie s’est déclarée opposée à toute démarche unilatérale prise au nom d’une quelconque théorie de protection des civils et a rejeté l’idée de créer de nouveaux mécanismes au sein du Conseil de sécurité qui viendraient s’ajouter à ceux déjà existants.


LA PROTECTION DES CIVILS DANS LES CONFLITS ARMÉS


Rapport du Secrétaire général sur la protection des civils dans les conflits armés (S/2012/376)


Dans ce neuvième rapport sur la protection des civils en période de conflit armé, le Secrétaire général rappelle que, malgré certains progrès, la situation sur le terrain reste marquée par les manquements fréquents des parties aux obligations que leur fait le droit international humanitaire de protéger les civils.  Après avoir détaillé les différentes situations préoccupantes du point de vue de la protection des civils, telles que celles prévalant en Syrie, en République démocratique du Congo ou bien encore à Gaza, M. Ban fait le point dans le présent rapport sur l’action du Conseil de sécurité dans ce domaine.


S’agissant de l’intervention en Libye, il indique que la décision du Conseil d’autoriser toutes mesures nécessaires pour protéger la population, dans sa résolution 1973 (2011), a permis d’éviter que des civils soient tués ou blessés.  « Toutefois, le fait que son application a pu être perçue comme dépassant le cadre de la protection des civils a suscité chez certains États Membres des inquiétudes qui continuent de teinter les débats du Conseil sur cette protection et les questions connexes dans d’autres situations », ajoute le Secrétaire général.  Il indique également que le Conseil de sécurité a continué à prévoir des dispositions sur la protection des civils dans la plupart de ses résolutions concernant des situations particulières.


Dans ce rapport, M. Ban se félicite que la nécessité de mieux enregistrer les victimes civiles fasse l’objet d’une attention croissante, et il constate avec satisfaction que la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) s’est engagée à mettre en place une cellule de suivi, d’analyse et d’intervention pour les victimes civiles.  S’agissant de la responsabilité pénale individuelle, le Secrétaire général rappelle dans son rapport qu’il a été recommandé d’établir une liste de pointage pour guider l’action du Conseil auprès de la Cour pénale internationale (CPI) lorsqu’il envisage une saisine de la Cour.


Parmi ses recommandations relatives au respect du droit international, le Secrétaire général engage vivement le Conseil à appliquer des mesures ciblées contre les dirigeants des parties coupables d’attaques et autres ingérences visant les établissements de soins, les transports sanitaires et le personnel de santé ou le déplacement des civils, en violation du droit international applicable.  Il engage également les parties à un conflit à s’abstenir d’utiliser des engins explosifs ayant un large rayon d’action dans les zones densément peuplées.


Dans son rapport, M. Ban invite tous les États Membres à se garder d’adopter une législation ou des politiques qui pourraient dissuader les intervenants humanitaires de nouer un dialogue à des fins humanitaires avec les groupes armés non étatiques, notamment quand il s’agit d’activités visant à promouvoir le respect du droit international humanitaire.  Concernant la protection des civils par les missions de maintien de la paix et d’autres missions des Nations Unies, M. Ban engage les États Membres qui fournissent des contingents et des effectifs de police aux missions ayant pour mandat de protéger les civils à utiliser, avant le déploiement, les modules de formation pertinents mis au point par le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de l’appui aux missions.


Le Secrétaire général engage aussi les parties au conflit à ne pas entraver les activités humanitaires par des obstacles physiques tels que les points de contrôle ou des retards dans la délivrance de titres de voyage, d’autorisations de projets ou de documents d’enregistrement officiels.


Enfin, au chapitre de l’obligation de rendre des comptes, M. Ban invite le Conseil de sécurité à jouer un rôle plus actif en prenant des mesures appropriées au niveau international, dans les cas où les autorités nationales se révèlent incapables de prendre les mesures nécessaires pour faire respecter cette obligation.  Dans cette perspective, et en conclusion de ce rapport, il engage le Conseil de sécurité à examiner les recommandations émanant de l’atelier sur l’obligation de rendre des comptes organisé en novembre 2011 par la Mission permanente du Portugal et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, est venu présenter son neuvième rapport sur la protection des civils en période de conflits armés.  Trop de personnes meurent, en nombreux endroits, a affirmé le Secrétaire général, indiquant que des civils innocents étaient affectés par les violences jusque dans des lieux supposés être des sanctuaires, tels que les écoles et les hôpitaux.  Le Secrétaire général a cité l’exemple de l’Afghanistan, où la mission des Nations Unies fait état d’une augmentation du nombre de victimes civiles.  Il a également évoqué les attaques dont font l’objet les civils en Somalie, au Soudan, au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo et en Côte d’Ivoire.  En Syrie, le Secrétaire général a affirmé que les forces du Gouvernement syrien et les groupes armés combattent sans sembler se préoccuper des populations civiles.  Les attaques sont de plus en plus brutales et fréquentes, a indiqué M. Ban Ki-moon, rappelant que des observateurs de l’ONU avaient risqué leur vie pour rendre compte de ce qui se passe dans ce pays, à savoir des attaques contre les civils et des exécutions illégales.  


Le Secrétaire général a ensuite affirmé que le Conseil de sécurité avait fait d’importants progrès au cours des 18 derniers mois, indiquant qu’il était possible de voir combien « l’unité des membres du Conseil de sécurité avait permis de mettre un terme aux violences et soutenir la démocratie en Côte d’Ivoire ».  Le Conseil a également montré une plus grande volonté d’avoir recours à des sanctions ciblées contre ceux qui violent le droit international humanitaire et le droit des droits de l’homme, a-t-il ajouté.  Pour le Secrétaire général, les verdicts rendus par la CPI contre Charles Taylor et Thomas Lubanga durant les derniers mois ont marqué « des progrès importants pour la justice internationale ».


M. Ban Ki-moon a ensuite salué le rôle continu joué par le Groupe d’experts sur la question de la protection des civils.  Il a conclu son propos en évoquant les propositions contenues dans son rapport.  D’abord, les parties engagées dans un conflit doivent faire respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme, et toute violation de ces droits nécessite l’attention et l’action de la communauté internationale, a expliqué M. Ban Ki-moon.  En second lieu, il y a un besoin urgent d’aller vers des interactions plus fréquentes avec les groupes non étatiques pour qu’ils respectent les normes de protection des civils, a-t-il dit, en soulignant que cela ne signifie cependant pas qu’il y a une reconnaissance de ces groupes.  Il s’agit simplement de faire en sorte que ces groupes prennent conscience de la nécessité de respecter le droit international humanitaire.  En troisième lieu, les missions de maintien de la paix, qui sont mandatées pour protéger les civils, doivent pouvoir disposer des ressources et des forces nécessaires pour accomplir leur tâche, a fait savoir le Secrétaire général.  En quatrième lieu, il faut œuvrer beaucoup plus à la facilitation de l’arrivée de l’aide humanitaire, car il en va de la survie de populations prises au piège des conflits, a-t-il poursuivi.  Enfin, quand les autorités nationales ne parviennent pas à protéger les civils, ni à prendre les mesures nécessaires pour poursuivre en justice ceux qui perpètrent des crimes de guerre et violent les droits de l’homme, j’exhorte le Conseil de sécurité à exercer un leadership fort pour une réponse au niveau international, a dit M. Ban.


Mme VALERIE AMOS, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence du système de l’ONU, a détaillé la situation alarmante en cours en Syrie et appelé toutes les parties prenantes à permettre un accès sans entrave des organisations humanitaires afin de fournir les premiers secours à la population civile qui en a besoin.  « Il est impératif que les civils puissent fuir les zones de combat », a-t-elle ajouté.  Elle a ensuite cité d’autres situations préoccupantes du point de vue de la protection des civils, y compris celle qui se pose au Mali où près de 174 000 civils ont dû fuir le pays, en raison des récents combats dans le nord du pays.  Mme Amos s’est néanmoins réjouie de la réduction de 21% du nombre de victimes en Afghanistan pendant les premiers mois de 2012 par rapport à la même période en 2011.


Faisant fond sur les recommandations du rapport du Secrétaire général, elle a plaidé pour que soit élaboré un traité sur le commerce des armes robustes afin de renforcer les régulations portant sur le commerce et les transferts d’armements, régulations qui à l’heure actuelle sont insuffisantes.  Mme Amos a ensuite exhorté le Conseil à adopter une approche plus énergique et systématique afin d’appeler les parties en Syrie à s’abstenir d’utiliser des engins explosifs dans les zones habitées.  Le Conseil devrait également envisager d’autres actions plus fermes, comme l’imposition de sanctions ciblées à l’encontre des parties qui font usage d’engins explosifs en violation du droit international applicable.


La Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires a ensuite appelé de ses vœux un décompte plus systématique des victimes civiles.  Un tel décompte permettrait de mieux prendre la mesure des actions nécessaires pour une meilleure protection des civils tout en offrant aux parties à un conflit la possibilité de prendre davantage conscience des conséquences de leurs actions, a-t-elle ajouté.  Enfin, Mme Amos a souhaité que les auteurs des violations des droits de l’homme les plus sérieuses rendent compte de leurs actes, aussi bien au niveau national qu’à l’échelle internationale.  Elle a ensuite exhorté le Conseil à faire fond sur les recommandations de l’« Atelier sur l’obligation de rendre compte », qui s’est tenu en novembre 2011.  L’établissement d’une liste de pointage pour guider l’action du Conseil auprès de la Cour pénale internationale (CPI) lorsqu’il envisage une saisine de la Cour serait une avancée dans la bonne direction, a conclu Mme Amos.


M. IVAN SIMONOVIC, Sous-Secrétaire général au Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, a rappelé que malgré les efforts déployés pour ramener le calme en Syrie, la situation se détériore dans ce pays.  M. Simonovic a réitéré l’appel lancé par le Conseil de sécurité pour envoyer le cas de la Syrie à la Cour pénale internationale.  Il s’agirait ainsi de rappeler aux parties et différents acteurs en Syrie qu’ils devront rendre des comptes sur leurs violations des droits de l’homme, du droit international humanitaire, et des règles de protection des civils, a-t-il poursuivi.  Pour M. Simonovic, la communauté internationale doit assumer ses responsabilités et agir à l’unisson pour éviter de futures violations.


Les commissions d’enquête constituent d’importants mécanismes pour promouvoir la mise en exergue des responsabilités, en ce qui concerne les violations des droits de l’homme et du droit humanitaire lorsque les autorités nationales ne sont pas en mesure de prendre les mesures appropriées, a-t-il dit.  Il a rappelé qu’en Syrie, la commission mise sur pied poursuivait son mandat.  M. Simonovic a indiqué que le Conseil de sécurité pouvait avoir un rôle important dans le renforcement de l’impact que peuvent avoir les travaux des commissions d’enquête en demandant aux États et autres acteurs de coopérer avec ces organes d’investigation, de façon à faire plus solidement usage des informations et des analyses qu’elles délivrent.  La justice et la protection des victimes peuvent être promues en appuyant la mise en œuvre des recommandations faites par les commissions d’enquête, a-t-il poursuivi.


M. Simonovic a ensuite évoqué certaines mesures prises par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme pour renforcer la protection des civils dans des théâtres de conflit où une action internationale plus robuste a été mandatée.  À cet égard, il a cité la cellule d’intervention et d’analyse des victimes civiles, qui va être créée en Somalie.  Il a par ailleurs évoqué le mécanisme d’atténuation des victimes civiles, qui a été mis en place par la Force internationale d’assistanceet de sécurité en Afghanistan.  Tous ces mécanismes peuvent être des moyens efficaces pour rendre compte des incidents qui débouchent sur des victimes civiles.


M. Simonovic a ensuite évoqué la politique de diligence appliquée en République démocratique du Congo, qui a débouché sur des progrès tangibles dans les comportements des troupes des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).  Au Soudan du Sud, la Mission des Nations Unies (MINUSS) a pu convaincre le Gouvernement de se lancer dans des exercices de désarmement volontaire, s’est-il félicité.  Après avoir évoqué ce programme de désarmement en cours, M. Simonovic s’est joint aux appels lancés pour l’adoption d’un traité sur le commerce des armes.  Il a par ailleurs évoqué le blocus de Gaza.  À cet égard, il a indiqué que la protection des civils nécessitait la levée des blocus, et a appelé les parties à éviter les provocations aux frontières et les ciblages de civils.


M. PHILIP SPOERRI, du Comité international des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a estimé que le phénomène des violences exercées à l’encontre des travailleurs humanitaires et des patients bénéficiaires des soins dispensés dans les centres humanitaires ne recevait pas l’attention nécessaire alors que son impact négatif est avéré.  Il a cité l’exemple de l’enlèvement et du meurtre d’un responsable du CICR, au Pakistan, qui a privé des milliers de personnes d’un accès aux soins dont ils avaient besoin.  Le CICR a documenté des centaines d’incidents de cette nature dans les 16 pays dans lesquels il opère, a-t-il poursuivi.  Il a indiqué que le CICR a adopté en novembre 2011 une résolution sur ce sujet intitulée « l’accès aux soins en danger » dans laquelle il appelle les États à apporter une réponse efficace à ces violations du droit international humanitaire.  Les États en situation de conflit portent la responsabilité première dans la garantie de l’accès aux soins dans les zones de combat, a rappelé M. Spoerri.


M. Spoerri a ensuite évoqué les conséquences désastreuses de l’absence de contrôle véritable sur le transfert d’armes conventionnelles, estimant que la négociation et l’adoption d’un robuste traité sur les armes devraient faire obligation aux États d’évaluer si les armes qu’ils transfèrent ne seront pas utilisées pour commettre des violations du droit international humanitaire.  Il a ensuite déploré que la situation du marché mondial d’armements ne soit que très peu conforme aux exigences du droit international humanitaire, malgré les avancées enregistrées dans ce domaine.  Le Conseil de sécurité a un rôle essentiel à jouer pour rappeler aux parties à un conflit l’obligation qui leur incombe s’agissant de l’accès humanitaire, a-t-il déclaré.  Il a aussi jugé essentiel que toutes les parties prenantes comprennent et respectent le rôle des différents acteurs opérant sur le terrain, y compris le CICR.


M. HAROLD CABALLEROS, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a tout d’abord rappelé que la prévention des conflits était le meilleur moyen de protéger les populations civiles de la violence armée.  Puis il s’est félicité qu’un nombre croissant de résolutions du Conseil de sécurité mettant en place des opérations de maintien de la paix contiennent des dispositions explicites sur la protection des civils.


Le Ministre guatémaltèque a ensuite indiqué que le Guatemala, qui vient d’adhérer au Statut de Rome de la CPI, se montrerait encore plus inflexible sur l’obligation, pour les responsables gouvernementaux ou groupes armés non étatiques qui attaquent délibérément les populations civiles lors des conflits armés, de rendre des comptes à la justice.  M. Caballeros a ensuite apporté le soutien de son pays au concept de « responsabilité de protéger », mentionné dans le rapport du Secrétaire général, et qui a certains aspects communs avec la protection des civils.  Enfin, le Ministre des affaires étrangères du Guatemala s’est dit favorable à l’intégration de modules sur la protection des civils lors de l’entraînement, avant leur déploiement, des contingents de troupes mis au service des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, dont le mandat comprend des dispositions relatives à la protection des civils.


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) s’est inquiété de voir l’accès humanitaire limité ou bloqué dans les zones où il est nécessaire.  Ces entraves sont inacceptables, a-t-il ajouté.  Il s’est ensuite élevé contre la dégradation de la situation des civils en Syrie, rappelant que le régime avait pris pour cible la population, avec à ce jour près de 15 000 civils tués.  Condamnant « les attaques disproportionnées auxquelles se livre le régime syrien », il a invité le Conseil de sécurité à agir de « façon robuste » en Syrie, notamment pour donner un second souffle au plan Annan, et il a demandé le respect des résolutions 2042 et 2043.  Par ailleurs, le représentant a rappelé les sentences prononcées contre Charles Taylor et Thomas Lubanga, qui permettent de voir la façon dont la communauté internationale peut exiger des comptes aux auteurs de crimes contre des populations civiles.  « Nous sommes toujours inquiets de la situation en RDC, où les civils pâtissent de l’insécurité, et nous travaillons pour que la Mission de stabilisation puisse œuvrer à la protection des civils dans ce pays », a-t-il poursuivi.  Le Royaume-Uni se félicite du processus de transition au Yémen, a ajouté le représentant.  Insistant sur la nécessité d’une protection robuste des civils, le représentant a expliqué que son pays se faisait « le champion de la protection des civils ».  Il a ensuite évoqué la nécessité de mener des efforts pour prévenir les exactions et les violences sexuelles.  Le Royaume-Uni appuie le processus devant mener à la conclusion d’un traité sur commerce des armes, a-t-il annoncé.  Il a conclu en indiquant qu’il est impératif pour le Conseil de continuer à travailler sur tous les théâtres de conflit pour en protéger les civils


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a fait part des réserves de son pays s’agissant des points du rapport du Secrétaire général relatifs au respect des règles internationales de protection des civils par les groupes armés non étatiques et à l’établissement de contacts directs entre lesdits groupes et les Nations Unies.  « Les recommandations contenues dans le rapport sont en contradiction avec les principes du Gouvernement colombien s’agissant d’éventuelles négociations de paix », a-t-il déclaré.  M. Osorio a aussi indiqué que la recherche d’un meilleur respect du droit international humanitaire par les groupes armés non étatiques ne devait pas faire passer sur un second plan le respect accru du droit international par les parties à un conflit armé, y compris les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution.


Il a aussi déploré que le rapport prenne pour postulat la proposition  « éminemment discutable » que pour tout conflit armé interne à un pays, les Nations Unies devraient prendre contact avec les groupes armés non étatiques afin de les convaincre de respecter le droit international humanitaire.  M. Osorio a qualifié d’« inadmissible » la recommandation faite dans le rapport que les États s’abstiennent « de prendre des mesures érigeant en infraction le dialogue engagé par les organisations humanitaires avec certains groupes armés non étatiques ou entravant d’une autre manière l’action humanitaire ».


Le représentant a ensuite rappelé l’approche adoptée par son gouvernement, selon laquelle tout dialogue entre les Nations Unies et un groupe armé illégal reconnu internationalement comme étant une organisation terroriste ne devait être mené qu’après que l’État concerné ait donné son consentement.  Un respect accru du droit international humanitaire par les groupes armés non étatiques ne peut résulter du seul engagement direct entre lesdits groupes et les Nations Unies, a estimé M. Osorio, rappelant dans un deuxième temps la détermination de son gouvernement d’entamer des négociations de paix.  Mais les groupes armés doivent d’abord cesser leurs attaques contre les civils, a-t-il ajouté.  M. Osorio a ensuite rappelé, dans le droit fil du rapport du Secrétaire général, que le renforcement de la protection des civils était principalement une question de volonté politique.  Une garantie efficace des droits des civils dans les périodes de conflit ne requiert pas un engagement des groupes armés non étatiques, mais bel et bien la détermination de ces derniers d’abandonner la lutte armée afin d’atteindre leurs buts par les moyens du débat démocratique ou de se conformer au droit applicable s’ils décident de la poursuivre, a conclu M. Osorio.


M. KOKOU NAYO M’BEOU, Ministre conseiller et Coordonnateur politique (Togo), a relevé que les violences délibérées ou accidentelles infligées aux civils dans les situations de conflit armé constituent une grande source d’inquiétude pour le Conseil de sécurité.  Il a rappelé qu’en Afrique, les situations à l’est de la République démocratique du Congo (RDC); en Somalie; au Soudan; au Soudan du Sud; dans les zones où sévit l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), et en Côte d’Ivoire, durant la dernière crise postélectorale en 2011, ont révélé le degré de violences et d’atrocités que les combattants font subir aux populations civiles.  M. Nayo M’Béou a ajouté que le non-respect du principe de proportionnalité et l’utilisation d’armes lourdes et d’engins explosifs dans les zones peuplées expliquent le nombre très élevé de civils tués dans les conflits armés. 


Il a précisé que ce sont les personnes vulnérables: femmes, enfants, vieillards et handicapés, qui font les frais de ces violences.  Il a ensuite indiqué que « ce qui se passe en ce moment en Syrie, où les populations sont prises entre les feux de l’artillerie lourde et des bombardements, par des avions de combat, n’est ni acceptable, ni justifiable ».  Il a, dans ce contexte, souligné que la protection des civils dans les conflits armés ne doit pas être une simple préoccupation pour la communauté internationale.  Il a ainsi invité le Conseil de sécurité à s’engager, tant sur les plans politique que juridique, à mettre fin à ces atrocités, ceci, notamment en appliquant des sanctions ciblées contre les auteurs des actes de violences à l’encontre des civils, afin de mettre fin à l’impunité, a-t-il précisé.  Il a également exhorté tous les pays à appliquer les dispositions des instruments juridiques internationaux en matière de protection des civils en situation de conflit armé.


M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a dit que les attaques contre les civils sont inacceptables, où qu’elles soient commises.  Il a dénoncé les stratégies consistant à utiliser les populations comme des boucliers ou des instruments de guerre.  Le représentant a évoqué la menace que posent les mines et autres engins explosifs, qui causent une hausse de victimes indiscriminées et de larges déplacements de populations.  La situation des civils se détériore dans de nombreuses zones de conflit, a ajouté le représentant en évoquant les régions citées par le Secrétaire général dans son rapport. Il a ensuite tenu à rendre hommage aux agents de la paix que sont les Casques bleus et les agents humanitaires.  Le représentant du Portugal a ensuite insisté sur le fait que les mandats de protection des civils dans les zones de conflit armé soient assortis des moyens nécessaires à leur mise en œuvre.  Il a souligné que la tendance était à la multiplication de mandats qui ne sont pas accompagnés des ressources dont leur mise en application a besoin.  S’agissant du déploiement de troupes de maintien de la paix sur le terrain, il a insisté sur l’importance que ces troupes parlent la langue du pays où elles sont déployées.  Le Portugal souhaite par ailleurs insister sur la responsabilisation: les auteurs de crimes contre les civils doivent être traduits en justice, a dit le représentant en insistant que ce soit la norme et non pas l’exception.  Le représentant s’est félicité de la création de tribunaux internationaux, comme fut le cas par exemple en Sierra Leone.  Ce type de juridiction montre que l’on peut agir, a-t-il dit.  Pour conclure, il a affirmé que le Conseil de sécurité devait avoir recours à tous les instruments à sa disposition et utiliser tous ceux dont il dispose, conformément à la Charte.


M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) a déclaré que le Conseil de sécurité discute du thème de la protection des civils depuis une décennie.  Cependant, a-t-il fait remarquer, des appréhensions et des antagonismes existent parmi les États Membres des Nations Unies sur la question.  Des questions ont été soulevées au sujet du rôle, du mandat, de la capacité, ainsi que de l’incapacité du Conseil à se pencher objectivement sur ce thème, a indiqué M. Tarar.


En dépit de certaines réserves, la nécessité de protéger les civils a obtenu un large consensus, ceci de manière objective et non politisée, a-t-il ajouté.  « Malheureusement, a déploré le représentant, nous assistons à une tendance à sortir la protection des civils de son contexte et à inclure des rapports sélectifs sur cette question et sur d’autres. »  Les deux derniers rapports du Secrétaire général sur la protection des civils, y compris celui examiné aujourd’hui, ont été élargis à des situations qui ne peuvent pas être décrites comme des conflits armés et sont donc en dehors du mandat du rapport, a estimé M. Tarar.  D’autre part, les rapports ne font pas justice aux situations qui sont inscrites à l'agenda du Conseil, y compris les situations où un peuple subit une occupation étrangère, a-t-il regretté. 


Le représentant a également déclaré que le rapport du Secrétaire général fait des références injustifiées sur le Pakistan, et que sa délégation les rejette.  Il s’est dit déçu que « les auteurs de ce rapport aient clairement violé leur mandat en y mentionnant le Pakistan ».  « Cette anomalie doit être rectifiée », a-t-il exigé.  D’après lui, le défi posé par la protection des civils est exacerbé par les inégalités de la réponse internationale dans de nombreuses situations.  Dans certaines situations, on voit une réponse rapide et même robuste, alors que dans d’autres, les auteurs d’abus contre les populations jouissent d’une totale l’immunité, a accusé le représentant. 


Le Secrétaire général, conformément à son mandat, devrait prendre des mesures impartiales, non biaisés et non politisées dans toutes les situations de conflit armé, en particulier ceux qui sont à l’ordre du jour du Conseil depuis des décennies, a préconisé M. Tarar.  Le représentant a ajouté que la protection des civils est inscrite dans les dispositions de nombreux mandats donnés à des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Le Pakistan est un pays contributeur de troupes de premier plan à ces missions, a-t-il rappelé.  « À ce titre, nous avons également besoin d'une évaluation minutieuse de tous les aspects juridiques de la protection des civils dans les opérations de maintien de la paix », a dit M. Tarar.  À la fin de son intervention, il a dit qu’il espérait que « les futurs rapports élaborés sur ce sujet soient apolitiques, objectifs et soient rédigés en respectant strictement le mandat donné à cet égard au Secrétariat ».


M. GÉRARD ARAUD (France) a souligné que l’année écoulée a connu d’importants développements en matière de protection des civils.  En effet, le Conseil de sécurité a été capable, pour protéger les civils, de réagir dans l’urgence et sur la base de principes clairs, a soutenu le représentant de la France qui a cité « l’exemple libyen » pour illustrer son propos.  « Pour protéger efficacement les civils », a-t-il ajouté, « nous devons donner à ces opérations les moyens de faire face au défi qui se pose ».  Il a souligné deux initiatives allant dans ce sens que sont, premièrement, l’établissement par le Secrétaire général d’une « politique de diligence » raisonnable en matière de protection des droits de l’homme qui permet de s’assurer que les forces de sécurité nationales suspectées de graves violations des droits de l’homme ne reçoivent pas le soutien des missions des Nations Unies, et deuxièmement, la mise en place, au sein de l’AMISOM et de la FIAS, de cellules chargées de répertorier et d’identifier les victimes civiles.  M. Araud a ensuite mentionné la Syrie, où « la communauté internationale a pour l’instant échoué à protéger efficacement la population civile après 15 mois d’une répression féroce qui a fait près de 15 000 morts, en grande majorité des civils ».  Il a regretté que « le régime sanguinaire de Bashar Al-Assad continue de violer quotidiennement ses engagements et de menacer la paix et la sécurité internationales ».


« Il est maintenant plus que jamais nécessaire que le Conseil adresse un message ferme aux autorités syriennes sur l’indispensable respect de leurs engagements et les conséquences auxquelles elles s’exposeraient si elles persistaient.  Les responsables des atrocités commises en Syrie, et en premier lieu Bashar Al-Assad, répondront de leurs actes devant la justice », a souligné le représentant de la France. 


En République démocratique du Congo (RDC), les mesures innovantes mises en place par la MONUSCO sont indispensables et doivent être étendues, a estimé M. Araud.  À moyen et long termes, assurer la protection des civils exige un engagement dans la durée des autorités congolaises, a-t-il préconisé.  Au Mali enfin, la communauté internationale ne peut pas rester les bras croisés.  La CEDEAO, l’Union africaine et les pays du champ travaillent actuellement à l’élaboration d’une stratégie visant à restaurer l’ordre constitutionnel dans la capitale, Bamako, et à préserver l’intégrité territoriale du pays.  Il appartiendra au Conseil de sécurité d’apporter son soutien à ces initiatives, a indiqué le représentant.  Sur tous les terrains de conflit, a poursuivi M. Araud, la situation des journalistes reste également très préoccupante.  « Depuis l’adoption par le Conseil de la résolution 1738 (2006), il y a maintenant six ans, près de 300 journalistes et professionnels des médias ont perdu la vie dans des zones de conflits.  L’impunité dont jouissent les auteurs de violence contre les journalistes est estimée à 90% des cas répertoriés, et c’est inacceptable », s’est indigné le représentant.  Le Conseil de sécurité doit continuer de suivre la question avec attention, et ne devra pas craindre de prendre de nouvelles initiatives pour mettre fin à cette situation intolérable, a souligné M. Araud.  Il a conclu en disant que « la protection des civils passe également par la lutte contre l’impunité dont jouissent les responsables des atrocités commises sur les populations ».


M. AGSHIN MEHDIYEV (Azerbaïdjan) a regretté qu’en dépit des normes et mesures internationales adoptées pour la protection des civils dans les conflits armés, « beaucoup d’entre eux fuient toujours les violences, ce qui les oblige ainsi à devenir des personnes déplacées trouvant refuge dans des camps de réfugiés où ils sont souvent sans défense contre des attaques armées ».


Pour sa délégation, les plus grands risques encourus par les civils sont liés à l’inaction et à l’impunité.  « La meilleure dissuasion consiste à mettre un terme à la culture de l’impunité et à faire comparaitre en justice les responsables de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocides et autres violations du droit international humanitaire », a estimé le représentant.  À cet égard, il a salué le message clair que les récents procès de Charles Taylor et Thomas Lubanga avaient envoyé pour dire clairement que ces crimes ne sont jamais oubliés ou pardonnés même lorsqu’ils sont commis par des personnes influentes.  Pour l’Azerbaïdjan, la sécurité des personnes reste une condition préalable à toute paix et règlement politique durables, ainsi que pour toute aide au développement dans les situations postconflit, a dit le représentant.  Face à l’augmentation constante du nombre des personnes déplacées au cours des 15 dernières années, le représentant a préconisé des campagnes de sensibilisation à l’ampleur que revêt ce problème à l’échelle mondiale.  Il a espéré que la Convention de l’Union africaine sur la protection et l’aide aux personnes déplacées contribuera à ce processus.  Il a également appelé la communauté internationale à prendre en compte l’importance de la reconnaissance du droit au retour et celle des mesures pratiques relatives à son application.  Pour M. Mehdiyev, ce droit au retour représente un rejet catégorique des acquis potentiels de tout nettoyage ethnique et offre aux personnes déplacées un recours en justice pour retrouver leurs terres et leurs foyers.  Il a saisi cette occasion pour dénoncer « les actions des forces armées arméniennes perpétrées en Azerbaïdjan dans les années 1990 et leurs conséquences sur la population civile ».


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a rappelé que la protection des civils dans les situations de conflit armé était une tâche complexe mettant à l’épreuve l’intégration des différentes composantes des opérations de maintien de la paix.  Les mandats élaborés par le Conseil de sécurité doivent, à ce titre, être clairs et réalistes, a-t-il poursuivi, avant d’appeler à une meilleure coordination entre les opérations sur le terrain et le Siège des Nations Unies.  Le représentant du Maroc a ensuite jugé urgent le développement de mécanismes de coordination entre les missions de maintien de la paix et les différents acteurs nationaux et locaux afin de permettre, lors de la phase de retrait des missions, aux gouvernements d’assurer la sécurité et la protection des civils.  Il convient de généraliser le recours aux modules de formation prédéploiement et en cours de mission pour les Casques bleus, a-t-il déclaré.


Rappelant que la protection des civils était intimement liée à une réforme du secteur de sécurité, M. Loulichki a estimé crucial de mener à leur terme les programmes de « désarmement, de démobilisation et de réinsertion » (DDR) des ex-combattants.  Il a ensuite rappelé que lors d’un débat du Conseil de sécurité en mai 2011, le Maroc avait attiré l’attention sur la militarisation des camps de réfugiés qui rend difficile la distinction entre combattants et non-combattants et entravent l’action des acteurs humanitaires.  Il s’est ensuite réjoui que le rapport du Secrétaire général réaffirme le fait que l’ouverture du dialogue avec ces entités n’en constitue pas une reconnaissance politique.  Le contrôle de populations civiles par les acteurs non étatiques constitue un défi considérable pour la communauté internationale, a conclu M. Loulichki.


M. SERGEY N. KAREV (Fédération de Russie) a condamné fermement les attaques délibérées contre les civils, tout en soulignant l’importance du respect scrupuleux, par toutes les parties à un conflit, des obligations qui leur incombent au regard du droit international en matière de protection des civils.  Il a expliqué que la protection des civils n’exigeait pas d’aller au-delà de la Convention de Genève, et a émis des doutes quant à la nécessité de créer de nouvelles catégories de problèmes.  Par ailleurs, le représentant s’est inquiété d’une approche de la protection des civils fondée sur le concept ambigu de « responsabilité de protéger ».  Il a rappelé que la responsabilité de la protection des civils revenait aux parties aux conflits, et s’est élevé contre l’idée consistant à mettre en place des critères pour évaluer la protection des civils.  Il a indiqué que la Fédération de Russie rejette tout élément intrusif de cette nature dans les relations internationales.  Tout recours à la force pour défendre les civils doit se faire dans le respect de la Charte des Nations Unies, a-t-il expliqué.  La Fédération de Russie s’oppose à toute démarche unilatérale prise au nom d’une quelconque théorie de protection des civils et rejette l’idée de créer de nouveaux mécanismes au sein du Conseil de sécurité qui viendraient s’ajouter à ceux déjà existants, a-t-il conclu. 


M. PETER WITTIG (Allemagne) a affirmé que le rôle du Conseil de sécurité devait être renforcé lorsque les États non parties au Traité de Rome échouaient à prendre les mesures nécessaires à la mise en œuvre de l’obligation de rendre compte.  Il s’est en conséquence félicité de la proposition faite par le Secrétaire général en vue de l’établissement d’une liste de pointage pour guider l’action du Conseil auprès de la Cour pénale internationale lorsqu’il envisage une saisine de la Cour.  Préoccupé par les attaques à l’encontre des travailleurs humanitaires, le représentant a appelé le Conseil à jouer un rôle plus énergique dans la prévention de tels incidents.  Il a ensuite plaidé pour un engagement plus systématique des groupes armés non étatiques dans la protection des populations pour un respect accru des normes internationales relatives à la protection des civils, tout en étant entendu qu’un tel engagement ne signifierait pas une reconnaissance de ces groupes.  Concernant les négociations à venir sur un éventuel traité sur le commerce des armes, le représentant a appelé de ses vœux l’élaboration d’un texte robuste et efficace, juridiquement contraignant, et avec un champ d’application large.


Il a ensuite exprimé les préoccupations de son pays vis-à-vis de certaines situations humanitaires en cours, comme celles prévalant dans les États soudanais du Nil bleu et du Kordofan du Sud.  Concernant la situation en Syrie, le représentant de l’Allemagne a rappelé les violations systématiques des droits de l’homme commises par les autorités syriennes ainsi que l’enrôlement d’enfants « qui serait le fait de l’armée syrienne ».  Nous condamnons également les violations commises par les groupes d’opposition, a-t-il conclu. 


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a rappelé que l’Inde était fermement engagée en faveur du droit à la vie.  L’Inde a une longue expérience de protection des civils dans les missions de maintien de la paix, a-t-il ajouté.  Un certain nombre de résolutions adoptées par le Conseil de sécurité ont des dispositions pour permettre aux contingents onusiens de protéger les civils dans les zones de conflit, a-t-il rappelé.  Il est indispensable de faire le bilan de ce qui a pu être réalisé à ce jour, a préconisé le représentant.  Il a salué le rapport du Secrétaire général, qui évoque notamment la nécessité d’un meilleur respect du droit international humanitaire par les groupes non étatiques impliqués dans des conflits, ainsi qu’une responsabilisation accrue de toutes les parties.  S’agissant des normes, le représentant a expliqué que la protection des civils devait respecter les aspects fondamentaux de la Charte des Nations Unies.  Par ailleurs, l’Inde souligne la nécessité d’une réaction de la communauté internationale qui soit toujours proportionnée à la situation à laquelle elle fait face  sur le terrain dès qu’il s’agit de protéger les civils, a insisté le représentant.  L’Inde tient par ailleurs à souligner que le Conseil de sécurité doit résister à la tentation d’avoir constamment recours au chapitre VII de la Charte des Nations Unies.  Le Conseil de sécurité doit respecter les institutions politiques internationales et nationales et ne pas se servir de ses prérogatives à des fins purement politiques.  Par exemple, le Conseil ne devrait pas servir d’outil à des changements de régimes, a-t-il conclu.


Mme SUSAN RICE (États-Unis) s’est dite « révoltée » par les attaques délibérées à l’encontre des travailleurs humanitaires.  Elle a ensuite apporté le soutien de son pays aux efforts pour une meilleure obligation de rendre des comptes et un renforcement de la justice internationale.  Si elle s’est réjouie des récentes condamnations de M. Thomas Lubanga et de M. Charles Taylor, elle a rappelé que les responsables de nombreuses violations du droit international, y compris le génocide au Darfour, demeuraient « en fuite ».  Elle a aussi déploré que le Conseil ne se soit pas suffisamment attaqué au défi que représentent les attaques contre les journalistes.


Le Conseil a montré qu’il peut agir lorsque des civils sont menacés, a déclaré Mme Rice, citant à l’appui « l’exemple libyen ».  Elle a rappelé que les résolutions 1970, puis 1973, cette dernière autorisant le recours à la force, avaient permis au peuple libyen de choisir son avenir.  La situation en Syrie est un échec patent du Conseil, a estimé Mme Rice, ajoutant que la situation était devenue de plus en plus dangereuse pour la stabilité internationale.  « Il est déplorable que le Conseil fasse le choix de l’inertie plutôt que celui de l’action », a-t-elle déclaré, plaidant pour un renforcement des pressions exercées sur la Syrie afin de mettre en œuvre le plan en six points de M. Kofi Annan.  Elle a en conclusion exhorté le Gouvernement du Soudan « à mettre un terme à ses bombardements dans les zones frontalières avec le Soudan du Sud ». 


M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) a salué le rapport du Secrétaire général et les mesures concrètes qu’il suggère au Conseil de sécurité.  Le Conseil de sécurité a connu un certain nombre de progrès en termes d’actions visant à réduire les effets des conflits, a-t-il souligné, évoquant par exemple la création de la MINUSS en République du Soudan du Sud.  S’agissant de la MINUAD (Darfour) et de la MONUSCO (République démocratique du Congo), le représentant a souligné que les mandats donnés à ces misions contenaient des dispositions et des stratégies en faveur de la protection de civils.  Les efforts de protection des civils ne doivent pas être utilisés à mauvais escient, a poursuivi le représentant, en dénonçant les approches sélectives et les deux poids deux mesures.  À cet égard, il a regretté le silence du Conseil sur le sort que subissent certaines populations civiles, comme les Palestiniens. 


Le représentant s’est par ailleurs inquiété de l’utilisation par certains États Membres, de drones pour procéder à l’élimination de personnes soupçonnées de représenter une menace, préoccupation dont le rapport du Secrétaire général se fait l’écho.  Les opérations de maintien de la paix doivent être menées à bien, conformément aux principes de la Charte, a ensuite expliqué le représentant.  S’agissant des agents de la paix, le représentant a rappelé toute l’importance, déjà mise en avant par le Secrétaire général, de donner au personnel de santé et aux travailleurs humanitaires les moyens de pouvoir travailler sans entraves.  En conclusion, il a rappelé que les États restaient les premiers responsables de la protection des civils à l’intérieur de leurs frontières, et que la responsabilité devrait d’abord être recherchée au plan national.  


M. LI BAODONG (Chine) a déclaré qu’un certain nombre de controverses ont entouré certains mandats récents du Conseil de sécurité avant de rappeler que toutes les parties à un conflit devaient veiller à protéger les civils, même si la responsabilité principale en incombe aux gouvernements.  Il a ensuite déclaré que l’utilisation de drones, comme armes, s’agissant de la protection des civils, méritait un examen attentif de la communauté internationale. 


Le représentant de la Chine a souligné qu’aucune partie ne devrait interpréter les résolutions du Conseil de sécurité à la lumière de ses propres souhaits ou prendre des mesures qui outrepassent les dispositions clairement édictées par lesdites résolutions.  La protection des civils ne doit pas être le prétexte à se livrer à des changements de régimes, a-t-il averti.


Le représentant a plaidé pour une utilisation du recours à la force qui évite les pièges de la sélectivité et de la pratique du deux poids deux mesures, rappelant que le principe d’équité devrait être celui qui conduit les efforts du Conseil.  « Les interventions militaires sont contreproductives et attisent les braises », a-t-il conclu.


M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a abordé la question de la protection des civils en premier lieu sous l’angle de la responsabilité des parties au conflit, y compris les groupes armés non étatiques, à l’égard des populations civiles.  Puis, il a reconnu que les mécanismes développés et déployés par la communauté internationale pour protéger les civils ne sont pas suffisants.  M. Wenaweser a félicité le Secrétaire général pour son initiative visant à lancer un examen des processus adoptés par les commissions d'enquête et d’établissement des faits.


Ces outils d’investigation sont de plus en plus utilisés ces dernières années et ont montré leur grande valeur, a-t-il estimé.  Le représentant a ajouté ensuite qu’un élément central en matière de responsabilité est l’utilisation plus cohérente du pouvoir qu’a le Conseil de sécurité de renvoyer certaines situations à la Cour pénale internationale (CPI).  En outre, a-t-il dit, les pratiques antérieures cherchant à exempter les ressortissants de certains pays de la juridiction de la Cour doivent être reconsidérées, car elles empiètent sur les pouvoirs octroyés à la CPI en vertu du Statut de Rome.  La non-coopération avec la CPI quand le Conseil lui a envoyé un dossier est un problème pour le Conseil lui-même, a estimé le représentant.  Il pourrait être utile d’organiser un forum pour faire avancer les questions qui se posent en matière de coopération avec la CPI.  Un nouveau groupe de travail pourrait ainsi être créé et serait alors chargé, en tant qu’organe subsidiaire du Conseil, de traiter des relations entre le Conseil de sécurité et la CPI, a-t-il suggéré.  Il a aussi appelé le Gouvernement de la Libye à libérer sans tarder le personnel de la CPI détenu en Libye.


M. PAUL SEGER (Suisse) a dénoncé la violence généralisée perpétrée contre les civils comme étant une tendance inacceptable et inquiétante.  Il a insisté sur la nécessité, pour le Conseil de sécurité, que se dégage à nouveau en son sein un consensus sur la question de la protection des civils.  Il s’agit de rappeler constamment aux parties que même dans les guerres il y a des limites, a-t-il expliqué.  La Suisse estime qu’il revient au Conseil de sécurité de promouvoir une vision positive de l’aide humanitaire, cela de façon neutre et non politisée.  Le représentant a expliqué que la protection des civils nécessitait d’agir de concert, et de coordonner l’action des membres du Conseil de sécurité, des autres acteurs, des États Membres et de la société civile.


Le représentant a ensuite évoqué la situation en Syrie et a demandé au Conseil de sécurité d’en saisir la Cour pénale internationale.  Il a par ailleurs évoqué les groupes armés non étatiques qui présentent un défi persistant à la promotion d’une protection efficace des civils dans les zones de conflit.  Il a indiqué que la Suisse adhérait à la position exprimée par le Secrétaire général sur la nécessité de convaincre les acteurs non étatiques de mieux respecter le droit international et de permettre aux organisations et travailleurs humanitaires d’accéder aux populations qui ont besoin d’assistance.  


M. MOOTAZ AHMADEIN KHALIL(Égypte) a indiqué que le Président égyptien nouvellement élu, M. Mohamed Morsi, s’était engagé à respecter les traités internationaux signés et ratifiés par l’Égypte, et les droits de l’homme.  Il a ensuite rappelé que toutes les parties à un conflit devaient respecter le principe de proportionnalité, avant d’appeler le Conseil de sécurité à prendre les mesures nécessaires afin que les responsables de violations des droits de l’homme répondent de leurs actes devant la justice.


Le principe du respect de la souveraineté et de la culture des pays où sont déployées des opérations de maintien de la paix des Nations Unies doit guider l’action de ces missions, a ensuite déclaré le représentant.  Plaidant pour un suivi rigoureux de la protection des civils en temps de conflit, le représentant a exhorté à la mise en œuvre de la résolution de la Ligue des États arabes concernant la protection des civils en Syrie.  Le Conseil doit d’autre part prendre des mesures afin que soit levé le blocus de Gaza, qui est une véritable punition collective infligée aux habitants, a-t-il conclu.


M. GARY FRANCIS QUINLAN(Australie) a déclaré, au sujet de la situation en Syrie, que cibler délibérément des civils est « inacceptable et constitue une violation des lois et normes internationales ».  Il a souligné que les responsables de ces violations devraient en rendre compte, et a évoqué des situations similaires en République démocratique du Congo, au Mali, au Soudan et au Soudan du Sud.  Il a ensuite appelé la communauté internationale à reconstruire le consensus sur la protection des civils, estimant que ce consensus est vital.  Il a en outre établi trois points essentiels en rapport avec la protection des civils.  Il a ainsi relevé que cette protection devrait faire partie intégrante des capacités des personnels des opérations de maintien de la paix.  C’est dans cette optique, a-t-il noté, que l’Australie apporte son appui à l’élaboration d’un guide de l’Union africaine sur la protection des civils. 


Il a par la suite soutenu que les armes légères sont la pire des armes de destruction massive comme en témoigne le nombre de civils tués et blessés par jour.  Il a ajouté que toute action visant à réduire le nombre de victimes passe par un traité sur le commerce des armes incluant les petites armes et les munitions.  Il a dans la foulée annoncé que l’Australie va soutenir la participation des délégations de 50 pays en développement à la Conférence des Nations Unies sur le traité relatif au commerce des armes qui aura lieu à New York du 2 au 27 juillet prochain.  Enfin, il a décrié l’utilisation de puissants explosifs dans les zones à forte densité de population et a appelé les États à s’engager pour cette cause.


M. RON PROSOR (Israël) a estimé que ce débat sur la protection des civils est symbolisé par l’échec de la communauté internationale à défendre les civils en Syrie.  « Le peuple syrien nous regarde avec des yeux de supplication, il est désespéré, nous sommes son seul espoir », a-t-il ajouté.  Il a également appelé le Conseil de sécurité à ne pas rester sourd aux appels d’Hadeel Kouki, une étudiante syrienne de 20 ans arrêtée l’an dernier par la police secrète syrienne parce qu’elle distribuait des tracts appelant aux marches pacifiques, et qui a témoigné devant le Conseil des droits de l’homme en mars dernier. 


Il a ensuite indiqué que le Président syrien, M. Bashar Al-Assad, n’est pas isolé dans la « répression de son peuple ».  Il a cité le Secrétaire général de l'organisation chiite Hezbollah, M. Hassan Nasrallah, et le Président iranien, M. Mahmoud Ahmadinejad, comme des complices et conseillers du Président syrien.  Il a en outre déclaré que grâce à l’aide de l’Iran, le Hezbollah détient aujourd’hui un arsenal de près de 50 000 missiles capables d’atteindre Israël et même au-delà.  Il a expliqué que ces missiles sont stockés dans des hôpitaux et écoles, afin que les civils puissent servir de bouclier en cas d’attaque.  Il a indiqué que des actions similaires étaient en cours dans la bande de Gaza d’où des roquettes sont tirées, faisant ainsi de nombreuses victimes parmi les civils israéliens.  M. Prosor a par ailleurs attiré l’attention du Conseil sur certaines nations et organisations qui soutiennent l’incitation à la haine.  Il a décrié le fait que certains pays qui s’en prennent aux civils durant les conflits armés se permettent, par la suite, de venir s’exprimer aujourd’hui devant le Conseil de sécurité.


M. JARMO VIINANEN, s’exprimant au nom de la Suède, de la Finlande, de la Norvège, de l’Islande et du Danemark, a salué l’évaluation réaliste et les recommandations concrètes présentées par le Secrétaire général dans son rapport.  Les pays nordiques condamnent particulièrement les atrocités continues en Syrie, a dit M. Viinanen.  « Les obstacles continuellement posés à l’accès humanitaire, en dépit de l’engagement qui a été pris de respecter le cessez-le-feu, sont simplement inacceptables », a déclaré le représentant.  Se ralliant au reste de la communauté internationale, les pays nordiques appellent le Gouvernement syrien à immédiatement mettre un terme à la violence et aux attaques contre des civils et à pleinement coopérer avec l’Envoyé spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue des États arabes pour la Syrie, M. Kofi Annan, avec la Mission de supervision des Nations Unies en République arabe syrienne, ainsi qu’avec la Commission d’enquête mandatée par le Conseil des droits de l’homme, a dit M. Viinanen.  Il a également condamné les attaques contre les moniteurs des Nations Unies et a rappelé que les autorités syriennes étaient responsables de la sécurité et de la sûreté du personnel de la Mission. 


Les pays nordiques lancent un appel à toutes les parties aux conflits existant dans le monde à respecter leurs obligations internationales et ils demandent aux autorités nationales de prendre toutes les mesures possibles pour assurer que les responsables des violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme soient poursuivis en justice.  À cet égard, le représentant a rappelé que le renforcement des capacités nationales de justice et de sécurité contribue par ailleurs à renforcer l’état de droit  et le respect des droits de l’homme.  Il a félicité la Cour pénale internationale et le Tribunal spécial pour la Sierra Leone pour leurs procès historiques dans la lutte contre l’impunité, à savoir les cas de Charles Taylor et de Thomas Lubanga.  À l’avenir, il faudrait avoir plus souvent recours à des commissions d’enquête, et le Conseil devrait soutenir la CPI en cas de non-coopération ainsi que pour le financement des situations qui sont portées devant elle.


Constatant à regret que la situation en matière de protection des civils dans les conflits armés n’a pas évolué depuis le dernier débat public du Conseil de sécurité, M. KAZUO KODAMA (Japon) a particulièrement dénoncé l’usage d’explosifs dans des zones densément peuplées de Syrie et du Soudan du Sud.  Il a mis l’accent sur les conséquences que cela avait sur les civils qui cherchent à fuir et deviennent ainsi des personnes déplacées.  Ce phénomène fait qu’un conflit initialement interne finit par toucher les pays voisins et le reste de la région.  Ce constat a amené le représentant à soulever trois points à savoir la nécessité d’améliorer l’efficacité de la mise en œuvre des mandats ayant une composante de protection des civils; l’accès humanitaire et la poursuite des responsables de ces violences. 


Pour la délégation du Japon, il est urgent d’assortir les mandats relatifs à la protection des civils de ressources adéquates.  S’agissant de la question de l’accès humanitaire, le délégué a insisté sur le fait que pour assurer la protection des civils, il est indispensable de pouvoir y accéder rapidement et sans obstacle.  Malheureusement, parfois le climat politique, y compris les sanctions des Nations Unies, rendent les négociations sur l’accès humanitaire compliquées a-t-il reconnu.  Cependant, l’aide humanitaire ne devrait en aucun cas faire l’objet d’une quelconque politisation et les pays hôtes devraient faire preuve de coopération compte tenu des responsabilités qui leur incombent en termes de protection des civils.  Enfin, il a abordé l’importance qu’il y a à poursuivre les responsables de la violence contre les civils.  À cet égard, le Gouvernement japonais se félicite de ce que le Conseil des droits de l’homme ait adopté une résolution ce mois-ci pour demander une enquête sur ce qui s’est passé à El-Houleh, en Syrie.  Le représentant a lancé un appel au Gouvernement syrien pour qu’il coopère avec cette Commission.


M. MATEO ESTREME (Argentine) a appelé au respect du droit international humanitaire et il a rappelé que les parties engagées dans un conflit devraient assurer la protection des civils, comme le prévoient les Conventions de Genève.  Le représentant a ensuite souligné combien les principes de distinction et de proportionnalité étaient cruciaux, ajoutant que leur respect pouvait également permettre de réduire le nombre de personnes déplacées par les conflits armés.  Il a par ailleurs précisé que le non-respect par une partie à un conflit de ses engagements ne saurait justifier que l’autre partie manque elle aussi à ses obligations.  Commentant le rapport du Secrétaire général, le représentant a indiqué que son pays rejoignait les commentaires qui y figurent au sujet de la distinction entre protection des civils dans les conflits armés et responsabilité de protéger.  Mais, a-t-il ajouté, il faut garder à l’esprit que la prévention reste le meilleur moyen d’éviter tant les violations du droit humanitaire dans les conflits armés que les types de crimes à partir desquels est mise en œuvre la responsabilité de protéger (crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocide et nettoyage ethnique).  S’agissant de l’aide humanitaire, le représentant a invité les parties à tout mettre en œuvre pour en faciliter l’accès.  Le représentant a exprimé toute sa préoccupation face aux attaques délibérées dont certains lieux d’assistance peuvent faire l’objet.


M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a appelé toutes les parties prenantes en Syrie, y compris l’opposition armée, à cesser de recourir à la violence, avant de plaider pour un accès sans entrave de l’aide humanitaire dans le pays afin qu’une assistance soit apportée aux personnes qui en ont le plus besoin.


Le représentant a ensuite affirmé que le Conseil de sécurité « avait pris ses responsabilités en Libye » en ce qui concerne la protection des civils, et « que la mise en œuvre de la résolution 1973 du Conseil avait été conforme à la lettre de ladite résolution ».  Faisant fond sur les distinctions établies par le Secrétaire général dans son rapport entre le concept de protection des civils dans les conflits armés et celui de « responsabilité de protéger », M. Mayr-Harting a invité la communauté internationale à affiner sa compréhension de ces deux concepts au regard notamment de leur mise en œuvre.


Le représentant a ensuite plaidé pour un recours accru aux commissions d’enquête et d’établissement des faits, et pour une saisine de la Cour pénale internationale des situations pour lesquelles ces commissions ont été établies. Jugeant nécessaire que les missions de maintien de la paix des Nations Unies soient en mesure d’accomplir leurs tâches relatives à la protection des civils, M. Mayr-Harting s’est félicité de l’établissement de modules de formation spécifique pour les troupes de maintien de la paix.


Un financement adéquat de ces missions doit en outre être prévu, a poursuivi le délégué.  Rappelant que le succès d’une mission de maintien de la paix s’évaluait à l’aune de la protection des civils, M. Mayr-Harting a en conclusion plaidé pour une meilleure interaction entre les missions des Nations Unies et les organisations humanitaires et pour un renforcement des capacités du pays hôte.


Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a apporté son appui aux cinq impératifs mis en avant par le Secrétaire général dans son rapport sur la protection des civils dans les conflits armés.  Elle a invité le Conseil de sécurité à réitérer ses appels en faveur de plus de respect accru envers le droit international humanitaire avant de juger vitale l’assistance apportée par les opérations de maintien de la paix aux gouvernements dans leurs tâches visant la protection des civils.  Le Département des opérations de maintien de la paix a mis au point, à cette fin, des modules de formation sur la protection des civils à destination des troupes des missions de la paix, a relevé Mme Dunlop.


Elle a ensuite estimé que l’aide apportée par les Nations Unies aux États concernés afin qu’ils s’engagent sur la voie de la réconciliation était la meilleure contribution que les Nations Unies puissent apporter à la protection des civils.  Avec le concept de « responsabilité de protéger », le Brésil a appelé la communauté internationale à faire preuve d’un engagement renouvelé pour se saisir des outils établis par la Charte des Nations Unies pour la prévention des conflits et le règlement pacifique des différends, a-t-elle poursuivi.  En conclusion, elle s’est félicitée de ce que le Secrétaire général ait fait de 2012 l’année de la médiation.


M. ANASTASSIS MITSIALIS (Grèce) a souligné le rôle crucial joué par les journalistes dans les zones de conflit « pour la collecte d’informations impartiales ».  Ils doivent être protégés au même titre que les civils, a poursuivi M. Mitsialis, qui a rappelé la pertinence de la résolution 1738 du Conseil sur cette question.  Il a déploré que cinq ans après l’adoption de cette résolution, les professionnels de l’information continuent d’être victimes d’attaques dans les zones en conflit.


Le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes constitue un effort louable en vue de lutter efficacement contre les attaques dont ils sont victimes, a-t-il relevé.  Il a ajouté qu’un cadre légal existait pour punir de telles attaques, mais qu’il restait à être mis en œuvre de manière efficace.  « Il est de notre devoir de protéger les journalistes qui travaillent dans les zones de conflit », a conclu M. Mitsialis.


Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a déclaré que la communauté internationale ne saurait se soustraire au devoir de trouver les voies et moyens de contribuer à la protection des civils en Syrie.  Rappelant que le Conseil de sécurité avait endossé la proposition en six points de l’Envoyé spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue des États arabes le 14 avril dernier en adoptant la résolution 2042 (2012), Mme Lucas a souligné que le Gouvernement syrien n’avait pas rempli une des principales conditions pour une mise en œuvre du plan Annan, qui est de « mettre fin à l’utilisation des armes lourdes dans les agglomérations ».


La représentante du Luxembourg a ensuite mentionné les appels lancés pour une réduction du mandat de la Mission de supervision des Nations Unies en Syrie (MISNUS) et invité le Conseil à se rappeler de ce qui était advenu après le retrait des observateurs de la Ligue des États arabes en janvier dernier.  « La crise n’a fait que s’intensifier », a indiqué à cet égard Mme Lucas.  Elle a ensuite jugé qu’il est « impératif » de continuer à lutter contre l’impunité de ceux qui se rendent coupables de violations du droit international humanitaire en période de conflit.  Le Luxembourg reste persuadé que la mise en œuvre de commissions internationales d’enquête ou de missions d’établissement des faits, et la saisine de la Cour pénale internationale présentent un caractère dissuasif et préventif, a-t-elle conclu.


Le Prince ZEID RA’AD ZEID AL HUSSEIN (Jordanie), qui s’exprimait en tant qu’observateur du Réseau de sécurité humaine (RSH), ainsi qu’au nom de son pays, a rappelé que ce réseau est un groupe transrégional d’États qui militent en faveur d’une approche holistique de la sécurité, qui est centrée sur les personnes, et dont l’une des priorités est précisément la protection des civils dans les conflits armés.  Le Réseau encourage le Conseil de sécurité à continuer à se pencher sur cette question tout en la dissociant d’autres discussions d’ordre politique qui pourraient nuire au potentiel du cadre d’action existant dans ce domaine.  Le RSH appelle également le Conseil à veiller davantage au respect des normes et obligations nationales pour la protection des civils.  Le Prince Zeid Al Hussein a reconnu les progrès réalisés dans certains domaines, notamment en y incluant les outils nécessaires aux missions de maintien de la paix pour leur permettre de répondre aux obligations de leur mandat en termes de protection des civils.  Ainsi, le recours aux sanctions ciblées et les récents verdicts de la Cour pénale internationale et du Tribunal spécial pour la Sierra Leone, ainsi que la prochaine Conférence des Nations Unies sur le traité sur le commerce des armes sont des développements dont il faut se féliciter, a-t-il dit.  Il n’en demeure cependant pas moins que les membres du Réseau sont profondément préoccupés par le fait que, depuis l’adoption de la dernière déclaration présidentielle du Conseil de sécurité sur la protection des civils, les différentes situations que l’on observe sur le terrain n’ont que peu évolué.  Par conséquent, les membres du Réseau partagent l’avis du Secrétaire général qui a demandé que l’on redouble d’efforts pour relever les cinq défis majeurs qu’il a identifiés dans ses deux derniers rapports, et ils saluent les recommandations qu’ils contiennent.


Le Prince Zeid Al Hussein a également attiré l’attention sur les risques croissants auxquels sont confrontés les journalistes et autres professionnels des médias dans les conflits armés.  Compte tenu du rôle essentiel qu’ils jouent pour couvrir la situation dans laquelle se trouvent des civils, ainsi que les violations du droit humanitaire et des droits de l’homme, il a indiqué que les membres du Réseau exigent plus d’actions de la communauté internationale dans l’application de la résolution 1738 (2006), ainsi que dans celle des recommandations qu’a faites le Secrétaire général pour que le Conseil de sécurité adopte un rôle plus proactif par rapport aux attaques lancées par certaines parties à des conflits contre des facilités hospitalières.  Il a également dénoncé l’usage d’explosifs dans des zones densément peuplées.  Abordant la question des difficultés d’accès que rencontrent les travailleurs humanitaires, le Prince Zeid Al Hussein a insisté sur l’impact direct que cela peut avoir sur la réponse humanitaire et il a relevé que ce phénomène affecte en particulier les groupes les plus vulnérables.  Il a également dénoncé les violences dont sont régulièrement victimes les personnels humanitaires.  Compte tenu de cette réalité, les membres du Réseau tiennent à souligner les potentiels dangers qu’entraîneraient une « bunkérisation » des opérations humanitaires et un recours à des escortes armées.


M. MARGUS KOLGA (Estonie) a expliqué que la situation des civils dans de nombreux conflits montre que les parties ne respectent pas le droit international humanitaire.  Il a rappelé que les femmes et les enfants restent les principales victimes des conflits armés.  Le représentant a ensuite dénoncé les violences sexuelles et les violations des droits des enfants.  Il s’est félicité du fait que le Secrétaire général ait consacré une large partie de son rapport à la question de la responsabilité des parties.  Lorsque les autorités nationales sont incapables de protéger leur propre peuple et de poursuivre ceux qui perpètrent les actes commis contre les civils, il revient à la communauté internationale d’intervenir, a estimé le représentant.  À cet égard, il a rappelé que le Conseil avait une responsabilité en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.  Le représentant a ensuite félicité le Secrétaire général d’avoir sollicité l’attention du Conseil de sécurité sur l’accès de l’aide humanitaire aux personnes en difficulté dans les situations de conflits armés.  Lorsque des millions de gens sont des réfugiés et de déplacés dans un conflit, ces personnes dépendent de l’aide extérieure, a-t-il souligné.  À cet égard, il a indiqué que la Syrie comptait jusqu’à 1,5 million de personnes ayant besoin d’aide humanitaire.


M. LUIS ALFONSO DE ALBA (Mexique) s’est réjoui de l’amélioration du cadre normatif qui est à la disposition du Conseil de sécurité pour la protection des civils.  Le respect du droit international et une obligation accrue de rendre des comptes sont au cœur de la protection des civils dans les conflits armés, a-t-il poursuivi.  Le représentant a ensuite jugé fondamental que les États qui ne l’ont pas fait adhèrent aux instruments internationaux pertinents.


Il a appelé le Conseil de sécurité à s’emparer de manière plus énergique du défi posé par le placement d’engins explosifs dans les zones de peuplement dense et a souhaité que les négociations à venir sur le traité sur le commerce des armes soient fructueuses.  Préoccupé par les attaques contre les centres de soins et leur personnel, M. De Alba a condamné toutes les entraves posées à l’accès humanitaire.  Enfin, il a rappelé que la Cour pénale internationale était habilitée à se saisir de situations en cas de carence d’un État et que le Conseil de sécurité pouvait également saisir la Cour.  « L’inaction du Conseil compromet la légitimité de l’ensemble du système onusien », a averti le délégué mexicain.


« Ce document montre à tous que, trop souvent, le respect de la protection des civils est inexistant », a déploré d’entrée M. GUILLERMO E. RISHCHYNSKI (Canada).  « En Syrie », a-t-il dit, « des civils sont massacrés par leur gouvernement.  Dans le monde entier, des femmes et des filles continuent d’être victimes de violences sexuelles.  Des hôpitaux et les travailleurs de la santé sont visés par des attaques.  Des personnes qui en ont pourtant désespérément besoin n’ont pas accès à une aide humanitaire.  Dans de telles circonstances, les États Membres et le Conseil de sécurité doivent redoubler leurs efforts pour protéger les personnes les plus vulnérables ».


Il a poursuivi en rappelant qu’il y a un an le Conseil a exprimé son soutien à la protection des civils dans les conflits par l’adoption de la résolution 1973 (2011).  Le Canada a pris des mesures politiques et militaires cruciales à l’appui de ces efforts, a dit le représentant.  « Pour chaque réussite, il existe cependant de nombreux cas où il aurait été possible de faire plus », a continué le représentant.  « En Syrie, si nous espérons qu’une entente sur le Plan d’action en six points de M. Kofi Annan améliorera la capacité des acteurs humanitaires, cela ne suffira cependant pas à régler la crise.  Le Conseil doit agir promptement et résolument afin de faire respecter le plan en six points de l’Envoyé spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue des États arabes sur la Syrie ou s’employer à trouver d’autres solutions diplomatiques à la crise ».  Il a ainsi demandé « l’adoption de sanctions strictes contre M. Al-Assad et son régime ».


En outre, le Canada est profondément préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).  Le représentant a aussi déclaré que « les efforts en vue d’une protection internationale doivent tenir compte des vulnérabilités et des capacités particulières des personnels et des groupes visés et que l’action en faveur de la participation pleine et entière, active et constructive des femmes au processus de paix peut contribuer au maintien ainsi qu’à la promotion de la paix et de la sécurité.  « De plus, nous devons nous attacher à défendre les droits des minorités religieuses vulnérables, et le Canada est en train de mettre sur pied un bureau chargé de promouvoir la protection de la liberté de religion à l’échelle mondiale », a révélé M. Rishchynski.


Mme GABRIELE JUEN (Autriche) a mis l’accent sur les dangers auxquels sont de plus en plus confrontés les journalistes dans les zones en situation de conflit.  Elle a rappelé que toutes les parties aux conflits ont pour obligation d’assurer la protection des civils, y compris celle des journalistes et autres professionnels des médias.  Par conséquent, l’Autriche souhaite une approche plus proactive du Conseil de sécurité sur cette question.  S’agissant du problème de l’impunité, qui reste largement répandue, il faudrait, a dit Mme Juen, systématiquement rappeler aux États Membres leur obligation de traduire les responsables de violations du droit humanitaire international et des droits de l’homme en justice.  Par conséquent, dans des cas comme celui de la Syrie, le Conseil de sécurité devrait promouvoir et faire usage de tous les mécanismes existants aux plans national et international en termes de lutte contre l’impunité.  Pour sa part, l’Autriche a l’intention de présenter une résolution sur la sûreté des journalistes au Conseil des droits de l’homme, dont l’un des éléments clefs sera la question de la lutte contre l’impunité.


Abordant également le problème du recours aux explosifs dans les zones fortement peuplées, l’Autriche partage les préoccupations du Secrétaire général relatives à leur impact humanitaire.  À la veille de la Conférence des Nations Unies sur un traité sur le commerce des armes, l’Autriche tient à rappeler qu’il faut parvenir à un résultat ambitieux, robuste et juridiquement contraignant pour réglementer le commerce international des armes.


M. PALITHA T. B. KOHONA (Sri Lanka) a expliqué que la protection des civils renvoie aux violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire en situation de conflits armés.  Il a noté que la responsabilité de protéger est limitée aux violations que constituent les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, ou à ce qui peut être considéré comme génocide ou nettoyage ethnique.  Il a ensuite décrié les actions de propagande que mènent les groupes rebelles et terroristes à travers les médias électroniques, et qui peuvent déformer la réalité des faits.  M. Kohona a souligné que le Sri Lanka a toujours respecté le principe de protection des civils depuis 1999.  Il a étayé son point de vue en rappelant les mesures de protection au cours du conflit mené contre les terroristes du mouvement des Tigres de libération de l’Eelam Tamoul.  Il a indiqué que pendant la dernière offensive contre ce groupe armé, entre 2006 et 2009, le Sri Lanka a collaboré étroitement avec les agences onusiennes, ainsi qu’avec le Comité international de la Croix-Rouge et d’autres représentants de la communauté internationale et de la société civile. 


Il a rappelé que le Gouvernement sri-lankais n’a jamais cessé d’apporter son soutien à la population des zones contrôlées par les rebelles.  Il a également noté que le Gouvernement avait adopté une politique de « zéro victime civile » au cours de ce conflit, en dépit du fait que les groupes rebelles ont utilisé des milliers de civils comme boucliers humains.  Il a ainsi expliqué que les rebelles Tamouls se sont servis des populations pour bloquer les avancées militaires de l’armée officielle durant les trois décennies qu’ont duré les combats.  Il a enfin invité la communauté internationale à s’investir davantage dans la prévention des conflits et à répondre de manière appropriée aux situations qui mettent en péril la vie des civils.


M. JOSÉ LUIS CANCELA (Uruguay) a aussi appelé au renforcement du consensus sur la protection des civils.  Il a déploré les attaques dont les civils peuvent faire l’objet comme les violences sexuelles, les déplacements, les disparitions forcées, les tortures et attaques contre les hôpitaux.  L’Uruguay estime qu’il y a une impérieuse nécessité de faciliter l’accès à l’aide humanitaire, et souligne par ailleurs l’importance de procéder à un recensement des victimes, a dit le représentant.  Les recensements peuvent notamment permettre de définir les mesures qui pourront mettre un terme aux préjudices dont les civils font l’objet.  Il a ensuite évoqué les négociations relatives à l’élaboration d’un traité sur le commerce des armes, affirmant que la dimension humanitaire devrait être prioritaire dans le futur texte.  Ainsi, les transferts d’armes ne devraient pas pouvoir être autorisés s’il existe un risque de violation du droit international humanitaire, a-t-il expliqué.  Pour conclure, le représentant a souligné la nécessité d’assurer la protection des groupes vulnérables.


M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela) a tout d’abord indiqué que la protection des civils se trouvait à la confluence du droit des réfugiés, du droit humanitaire et des droits de l’homme.  Rappelant que la diplomatie et le dialogue étaient la meilleure garantie pour la protection des civils, il a estimé que l’emploi de la force n’était pas la solution, et qu’il devait être réservé aux cas les plus extrêmes, et ce, dans le respect permanent du principe de proportionnalité.


M. Valero Briceñoa ensuite affirmé que la protection des civils dans les conflits armés ne pouvait être décidée sur une base discrétionnaire.  « C’est pourtant ce que le Conseil de sécurité a fait à plusieurs reprises en choisissant les civils qui méritaient protection et les civils qui ne la méritaient pas », a-t-il souligné, citant à l’appui la résolution 1973 du Conseil de sécurité relative à l’intervention en Libye.  « Pourquoi la protection des civils n’est pas invoquée lorsque les drones américains tuent des dizaines de civils en Afghanistan, au Yémen et au Pakistan? » a demandé M. Valero Briceño.


Concernant la situation en Syrie, le représentant du Venezuela a apporté son soutien à l’initiative de la Fédération de Russie visant à organiser une conférence internationale sur la Syrie, avec la participation des acteurs clefs au Moyen-Orient.  En conclusion, M. Valero Briceño a vivement critiqué le concept de « responsabilité de protéger » en raison des actions néocoloniales qui ont pu être menées en son nom.


M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a d’abord rappelé que la distinction entre groupes combattants et civils était parfois délicate à opérer sur le terrain.  Il a ensuite affirmé que la principale raison de l’échec de la protection des civils trouvait son origine dans les manquements des parties à leurs obligations juridiques et morales, car, a-t-il expliqué, bien souvent la politique prime.  En tant que pays contributeur de contingents, l’Indonésie tient à rappeler le rôle important des Casques bleus.  Il faut veiller à ce que les Casques bleus bénéficient d’un équipement approprié, a dit le représentant.  Il a ensuite souligné l’importance de la prévention et de la résolution 1265 du Conseil de sécurité, qui note l’importance d’étudier les causes de conflits armés.  Enfin, il a évoqué la question de l’accès humanitaire, soulignant qu’il s’agissait là d’une question cruciale.  Il faut assurer un accès sûr et sans entraves des fournitures et du personnel humanitaire aux personnes qui sont dans le besoin, a affirmé le représentant. 


« Depuis l’adoption de la résolution 1265 (1999), la protection des civils a occupé une place de choix dans l'ordre du jour du Conseil de sécurité », a constaté le représentant adjoint de la République de Corée, M. DONGIK SHIN.  Le Conseil a depuis fait des progrès significatifs sur cette question de diverses façons, a-t-il estimé.  Néanmoins, la communauté internationale constate l’échec de la protection des civils dans de nombreuses parties du monde.  « Le principe le plus important est le respect des droits de l’homme internationalement reconnus et du droit humanitaire », a-t-il réitéré.  En d’autres termes, aucune violation des droits de l’homme et du droit humanitaire ne devrait rester impunie sous quelque prétexte que ce soit. 


« La violence sexuelle contre les femmes et les filles dans les conflits armés constitue par ailleurs l’une des plus horribles des violences commises contre les civils et de la civilisation elle-même, et elle mérite une attention particulière », a dit le représentant.  La délégation de la République de Corée est ravie que le Conseil ait fait des progrès significatifs dans la dissuasion contre la violence sexuelle, y compris l’adoption des résolutions 1820 (2008), 1888 (2009) et 1960 (2010).  En outre, l’accès aux civils touchés par un conflit armé pour fournir une aide humanitaire, satisfaire les besoins essentiels et assurer la sécurité doit également être garanti.  Le représentant a estimé que de tels efforts pour protéger les civils doivent faire partie intégrante de toutes les missions des opérations de maintien de la paix de l’ONU. « Il y a un besoin vital de renforcer les mandats des opérations de maintien de la paix en matière de protection des civils en vue de relever les défis complexes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui », a terminé M. Dongik Shin.


M. A. K. ABDUL MOMEN (Bangladesh) a rappelé que dans les situations qui ne tombaient pas sous le coup des Conventions de Genève de 1949 et de leurs Protocoles additionnels, les civils restaient protégés par les principes fondamentaux du droit humanitaire comme par les principes éthiques et religieux. Condamnant les attaques à l’encontre des personnels de santé et les entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire, le représentant a indiqué que le rejet du droit international par les forces d’occupation en Palestine était une honte pour l’humanité.


Il s’est ensuite réjoui que sur les 16 missions de maintien de la paix des Nations Unies, huit comprennent dans leurs mandats des dispositions relatives à la protection des civils.  Il a également appelé de ses vœux la finalisation par le Secrétariat des nouvelles directives sur la protection des civils dans la conduite des opérations de maintien de la paix, telles qu’elles ont été demandées par le Conseil de sécurité.


M. Momen a également plaidé pour un dialogue plus étroit entre le Conseil et les pays contributeurs de troupes qui peuvent fournir des informations précieuses en provenance du terrain.  Soulignant le rôle pivot que peut jouer le personnel féminin en uniforme dans la protection des civils, le délégué a salué l’action de l’unité de police du Bangladesh entièrement féminine dans les missions des Nations Unies en Haïti et en République démocratique du Congo.


M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie) a rappelé que la responsabilité de la protection des civils incombait aux États, mais que la communauté internationale avait une responsabilité en la matière si les États ne respectent pas leurs obligations.  Il a ensuite évoqué la situation des Palestiniens qui continuent de subir un blocus illégal de Gaza depuis six ans.  Concernant la Syrie, le représentant a appelé le Gouvernement en place à mettre un terme à la violence, rappelant que la tragédie humanitaire y touche 1,5 million de personnes.  La Turquie continuera d’appuyer le plan en six points de l’Envoyé spécial conjoint ONU/Ligue des États arabes, M. Kofi Annan.  S’agissant du dialogue avec les groupes armés non étatiques, évoqué dans le rapport du Secrétaire général, le représentant a indiqué qu’il fallait prendre garde à ne donner aucune légitimité aux organisations terroristes, et il a rappelé que le terrorisme constitue une grave menace aux droits de l’homme et que les gouvernements ont l’obligation de le combattre.


M. JORGE TAGLE (Chili) a indiqué que les attaques contre les agglomérations nécessitaient une attention particulière de la part du Conseil de sécurité.  Rappelant que plus de 9 000 civils avaient été tués par l’armée syrienne depuis le début de la crise, il a appelé toutes les parties à s’engager dans la voie du dialogue et à mettre en œuvre le Plan en six points, auquel le Chili apporte son soutien.  Le délégué a souligné que l’utilisation de drones avait fait jusqu’à présent des centaines de victimes.  Ces attaques brouillent la distinction entre combattants et non-combattants et portent atteinte au principe de proportionnalité, a-t-il averti, plaidant pour que les attaques par les drones soient conduites dans le respect du droit international relatif à la protection des civils. 


M. CARLOS D. SORRETA (Philippines) a rappelé qu’aujourd’hui 75% des pertes humaines liées à un conflit étaient des civils, ce qui représente un fait nouveau par rapport aux conflits du passé où les victimes étaient avant tout des militaires.  Le représentant a indiqué que son pays attendait avec impatience la Réunion de haut niveau sur l’état de droit qui aura lieu en septembre.  Il a par ailleurs souligné que les conflits idéologiques éclatent lorsque dans un pays les règles de l’état de droit sont faibles.  Enfin, le représentant a insisté sur la nécessité d’un règlement pacifique des différends en évoquant la commémoration des 30 ans de la résolution 3710 de l’Assemblée générale sur cette question. 


M. ESHAGH AL HABIB (Iran) a indiqué qu’en dépit des avancées enregistrées, la protection des civils dans les conflits armés restait marquée par de considérables échecs, notamment dans les territoires occupés par des forces étrangères.  Concernant la situation en Libye, il a rappelé que les mesures autorisées par le Conseil avaient dépassé le cadre de la protection des civils avant de dénoncer « l’influence exercée par certains membres du Conseil, qui exacerbent les conflits ».  La résolution de la crise syrienne doit se faire sur la base du plan en six points proposé per l’Envoyé spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue des États arabes, a-t-il poursuivi.


M. Al Habib a ensuite tenu à attirer l’attention des membres du Conseil sur les bombardements indiscriminés dont sont victimes les populations civiles en Afghanistan et au Pakistan, avant d’inviter le Conseil à prendre des mesures de protection  des civils sur une base impartiale.  Enfin, il a indiqué que les accusations d’Israël selon lesquelles l’Iran fournirait des armes au Hamas et à la Syrie étaient sans fondement.  « Le régime criminel israélien continue d’exclure de la protection du droit international un million et demi de Palestiniens à Gaza », a-t-il déclaré en condamnant cette situation.


M. IBRAHIM O. A. DABBASHI (Libye) a dénoncé « les gouvernements totalitaires qui attaquent leur propre peuple », indiquant que « toute la question était de savoir comment empêcher les tyrans d’utiliser des armes lourdes pour tuer les civils ».  Il s’agit là d’un défi nouveau, a-t-il indiqué.  Le représentant a ensuite évoqué les graves expériences subies par le peuple libyen, du fait des crimes commis par l’ancien régime, rappelant longuement « les atrocités perpétrées ».  Aujourd’hui, la situation en Syrie est encore pire, a poursuivi le représentant.  « Les peuples victimes d’un tyran ont le droit de le traduire en justice », a-t-il indiqué.  Le représentant a ensuite invité le Conseil de sécurité à ne pas rester indifférent aux souffrances du peuple syrien et à parler d’une seule voix pour agir.  Il a par ailleurs appelé à l’adoption de mesures efficaces contre le régime syrien, « consistant par exemple à suspendre les relations diplomatiques avec lui et expulser ses ambassadeurs de tous les pays du monde ».  Il a par ailleurs souhaité que les crimes commis en Syrie soient renvoyés à la Cour pénale internationale.


M. GAREN NAZARIAN(Arménie) a déclaré qu’il était de la responsabilité de l’Azerbaïdjan de protéger les civils arméniens devenus des refugiés depuis le conflit du Nagorno-Karabakh.  La région frontalière entre les deux pays s’est transformée en champ de bataille, a-t-il déploré, ajoutant que l’occupation de la province par l’Azerbaïdjan s’était traduite par des attaques répétées contre les civils.


Il a ensuite affirmé que les concepts de protection des civils dans les conflits armés et de responsabilité de protéger avaient en partage le même fondement juridique, qui est le rejet de la force.  Revenant sur la situation dans le Nagorno-Karabakh, le délégué arménien a déclaré que seules des négociations permettraient d’aller au delà du statu quo actuel.  La résolution durable de ce conflit devra traiter de ses racines profondes tout en apportant des garanties solides en matière de protection des civils, a-t-il conclu.


M. BASHAR JA’AFARI(Syrie) a estimé que la protection des civils dans les situations de conflit ne devait pas faire l’objet d’une approche sélective et discrétionnaire.  Il n’y a pas de civils qui méritent une protection tandis que d’autres ne la mériteraient pas, a-t-il poursuivi, ajoutant que la protection des civils ne pouvait servir de prétexte à un projet politique.  Il a ensuite affirmé que l’occupation israélienne en Palestine contrevenait aux droits des Palestiniens de vivre en liberté sur leur territoire.  Il ne faut pas faire l’amalgame entre la protection des civils et les menaces à la paix et à la sécurité, a déclaré le représentant syrien, avant de mettre en garde contre les interprétations de concepts aussi vagues que la responsabilité de protéger.


Le représentant de la Syrie a ensuite critiqué le rapport du Secrétaire général pour avoir mis sous le boisseau la coopération entre son pays et les Nations Unies, ainsi que les agissements des groupes armés qui agissent à l’intérieur de la Syrie.  Les groupes affiliés à Al-Qaida ont poussé les Chrétiens de la ville d’Homs à fuir en grand nombre, a-t-il relevé.  Il a indiqué que seule la voie du dialogue permettra de mettre fin aux violences en Syrie et de mettre en œuvre le plan Annan.


Le représentant a ensuite critiqué les menées de certains pays au Moyen-Orient qui tentent d’y faire triompher les intérêts exclusifs d’Israël.  Rappelant que la Libye n’avait pas changé, malgré le changement de régime, il a informé les membres du Conseil que des terroristes wahhabites financés par l’Arabie saoudite s’entraînaient en Lybie dans des camps avant d’être envoyés en Syrie.


La Coordonnatrice des secours d’urgence du système de l’ONU a procédé à la clôture de l’examen de la question à l’ordre du jour en faisant une rapide synthèse des préoccupations exprimées par les délégations au cours du débat.


Exerçant son droit de réponse, le représentant  du Maroc a repris la parole pour faire part de sa consternation devant le parallèle dressé par un État Membre ce matin entre la situation au Sahara occidental et d’autres situations.  Un tel parallèle, politiquement motivé, est sans fondement, a-t-il poursuivi, rappelant que le Maroc était un État de droit.


Exerçant son droit de réponse, le représentant d’Israël a trouvé « stupéfiante et de mauvaise foi » l’intervention du représentant de la Syrie, qui accuse Israël de tous les maux pour mieux exonérer le Gouvernement syrien de ses responsabilités. 


Le représentant de la Syrie lui a alors répondu en rappelant les centaines de résolutions onusiennes qui ont condamné Israël pour ses agissements dans les territoires occupés.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À l’écart de l’agitation médiatique, quatre tables rondes ont permis de débattre, au plus haut niveau, de « l’après-Rio+20 »

ENV/DEV/1312

À l’écart de l’agitation médiatique, quatre tables rondes ont permis de débattre, au plus haut niveau, de « l’après-Rio+20 »

22/06/2012
Couverture des réunionsENV/DEV/1312
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Conférence des Nations Unies

sur le développement durable « Rio+20 »

Aperçu des tables rondes


À L’ÉCART DE L’AGITATION MÉDIATIQUE, QUATRE TABLES RONDES ONT PERMIS DE DÉBATTRE,

AU PLUS HAUT NIVEAU, DE « L’APRÈS-RIO+20 »


RIO DE JANEIRO, BRÉSIL, 22 juin -- Quatre tables rondes de haut niveau se sont déroulées, du 20 au 22 juin, au RioCentro, le site de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, dans la cité brésilienne.  Elles ont, chacune, réuni plus d’une quarantaine de chefs d’État, chefs de gouvernement, ministres ou responsables d’organisations intergouvernementales, d’entités du système des Nations Unies et de la société civile qui ont, d’ores et déjà, débattu de « l’après-Rio+20 ». 


Organisées parallèlement au débat général de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable et, quelque peu, plus à l’écart de l’agitation médiatique, l’objectif de ces tables rondes était de réfléchir, pendant les travaux de la Conférence, à « l’après-Rio+20 » en anticipant les difficultés qui se présenteront dans la mise en œuvre des résultats escomptés dans quatre domaines clefs.


Ceux-ci concernaient les objectifs de développement durable; l’économie verte, la question du développement durable et l’élimination de la pauvreté; le dispositif institutionnel du développement durable; les ressources financières, la technologie et le renforcement des capacités. 


Ces échanges, qui ont été coprésidés au plus haut niveau par des chefs d’État, dont le Prince Albert II de Monaco; des chefs de Gouvernement, dont le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, M. Winston Baldwin Spencer, ou des ministres comme Mme María Ignacia Benítez, en charge de l’environnement au Chili, visaient à offrir un « regard prospectif sur la mise en œuvre des résultats de la Conférence ».


« La question essentielle que nous devons nous poser est la suivante: lorsque nous rentrerons dans nos capitales, quel effet les résultats de la Conférence auront-ils sur les mesures prises à tous les niveaux? Comment parviendrons-nous à tourner le dos définitivement à l’idée que la vie continue telle qu’auparavant? », pouvait-on lire dans la note d’information préparée à l’intention de ces tables rondes*.


Table 1: Objectifs de développement durable


Cette première table ronde, organisée dans l’après-midi du 20 juin et coprésidée par le Prince Albert II de Monaco et le Président du Mozambique, M. Armando Emílio Guebuza, était axée sur les objectifs du développement durable, destinés à compléter les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), adoptés à New York lors du Sommet de 2000. 


Comment faut-il définir ces objectifs pour qu’à la fois ils soient acceptés universellement et que les pays y adhèrent individuellement parce qu’ils se rattachent à leurs propres priorités? Cette question a été au cœur des échanges, plusieurs chefs d’État ou de gouvernement appelant à renouveler de manière urgente et forte les engagements pris à Rio, en 1992, lors du Sommet Planète Terre.


Parmi ceux-ci, le Ministre de l’énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement du Maroc, M. Fouad Douiri, a mis l’accent sur le transfert de technologies à des coûts abordables.  De même que la Représentante personnelle du Roi de la Thaïlande, la Princesse Chulabhorn Mahidol, qui a annoncé la volonté de son pays de mettre en place un centre de coopération régionale dans ce domaine.


Plusieurs intervenants, à l’instar du Président du Tadjikistan, M. Emomali Rahmon, ont souhaité que les objectifs du développement durable soient concrets et transparents, qu’ils se concentrent sur les femmes et les enfants, et qu’ils accordent une place prioritaire aux ressources naturelles, en particulier aux ressources vitales en eau.  L’année 2013 a été proclamée par l’Assemblée générale de l’ONU « Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau », à l’initiative du Tadjikistan, a-t-il rappelé, en invitant les pays à saisir cette occasion de sensibilisation.


La présidente de l’ONG internationale « Fonds mondial pour la nature (WWF) », Mme Yolanda Kakabadse, a suggéré différentes mesures pour préserver les forêts du globe dans le respect des droits des populations autochtones; tandis que le patron de la compagnie sud-africaine d’électricité Eskom, M. Brian Dames, a souligné le caractère essentiel des énergies durables. 


De son côté, le Ministre de la coopération internationale de la Norvège a appelé à garantir l’accès à l’énergie à 1,3 milliard de personnes qui en sont encore privées.  Plusieurs pays, dont les Émirats arabes unis et la Zambie, ont réaffirmé l'importance de l'énergie pour le développement durable et se sont prononcés en faveur de l’initiative « Énergie durable pour tous » de l’ONU.


Table 2: Économie verte et question du développement durable et de l’élimination de la pauvreté


De quelles capacités et de quelle aide les gouvernements auront-ils besoin pour élaborer et mettre en œuvre des politiques économiques vertes répondant à leur situation et à leurs priorités particulières? Et de quelle manière la communauté internationale peut-elle le mieux appuyer les pays qui s’efforcent de mettre au point et d’appliquer des politiques économiques vertes?


Avant de tenter de répondre à ces questions, plusieurs participants à cette seconde table ronde, organisée le 21 juin au matin, ont rappelé que la notion d’« économie verte » n’avait pas encore été définie et qu’il existait, à la lecture du projet de document final, des divergences entre les pays concernant les conséquences de l’économie verte sur le développement durable.   Le Ministre de l’environnement du Soudan, M. Hassan Abdel Qader Hilal, a tenu à réaffirmer, au nom des pays arabes, le droit des peuples sous occupation à jouir du développement durable.


Un certain nombre de pays en développement, de petits États insulaires en développement (PEID) et de pays arabes, dont l’Égypte, ont ensuite insisté sur la nécessité de fournir à ces pays une assistance dans la transition vers l’économie verte, notamment à travers l’aide publique au développement (APD) et également par le biais d’initiatives dans le domaine de la propriété intellectuelle ou de l’appui à la recherche, par exemple.  Ils ont aussi appelé à ce que la transition vers l’économie verte ne soit pas synonyme de nouvelles obligations pour ces pays ou de frein à leur accès aux marchés des pays industrialisés.


« La transition vers l’économie verte va exiger des investissements considérables », a prévenu le Premier Ministre de la Barbade, M. Freundel Stuart, dont le Gouvernement s’est engagé à créer un centre des innovations et des technologies et à mettre en place un régime fiscal et budgétaire propice à cette transition.


M. Jeffrey Sachs, professeur à l’Université Columbia et Rapporteur du Dialogue sur le développement durable, organisé par le Gouvernement brésilien en marge de la Conférence, a invité les pays à promouvoir des réformes fiscales encourageant la protection de l’environnement.  Il a abordé la question d’une taxe modeste sur le carbone et d’autres substances nocives pour l’environnement et a noté que l’idée d’une taxe sur les transactions financières faisait son chemin, sauf à Wall Street ou dans le Centre de la finance à Londres.


Au nom de l’un des neuf « grands groupes » identifiés en 1992 lors du Sommet de la Terre, M. Johan Rockström, de l’Institut de l’environnement de Stockholm, a souligné que la communauté scientifique et technique reconnaissait sa responsabilité dans la transition vers l’économie verte et qu’elle pourrait aider celle-ci à travers des recherches orientées vers des résultats et l’action.


L’économie verte créera de nouveaux emplois et modifiera favorablement la qualité des emplois, a soutenu le Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), M. Juan Somavía.  Tandis qu’au nom du groupe des agriculteurs, M. Ron Bonnett, de la Fédération canadienne de l’agriculture, a rappelé la nécessité de veiller à ce que l’aide cible efficacement les fermiers des pays en développement.  Il a plaidé pour des stratégies de durabilité à long terme impliquant différents ministères, comme ceux de la santé, du transport et de l’agriculture.


Table 3: Dispositif institutionnel du développement durable


Le même jour, dans l’après-midi, les débats – coprésidés par les Présidentes Dalia Grybauskaitė, de la Lituanie, et Laura Chinchilla Miranda, du Costa Rica, ont été axés sur la mise en œuvre et le suivi des engagements politiques.  Plusieurs intervenants ont appelé à la mise en place d’un cadre institutionnel fort, en particulier après 2015, date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


Comment aider un nouvel organe intergouvernemental de développement durable à obtenir, à un niveau élevé de prise de décisions, une participation active et un suivi des résultats de la Conférence? Et comment le renforcement du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’un des résultats attendus de la Conférence, peut-il être réalisé?


Plusieurs intervenants ont plaidé en faveur d’une transformation du PNUE en une agence spécialisée des Nations Unies, tandis que d’autres ont déploré le fait que le projet de document final de Rio+20 n’ait pas été, selon eux, « plus ambitieux » à ce sujet et n’ait pas répondu aux attentes de la société civile et des « grands groupes » à cet égard. 


Plusieurs hauts responsables de pays moins avancés (PMA) et de petits États insulaires ont rappelé leurs besoins en matière de financements et de technologie dans le cadre des dispositifs institutionnel de développement durable, tandis que la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, l’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, a appelé à la prise en compte des difficultés de celles-ci en matière d’accès à l’eau, à l’agriculture et à l’assainissement dans l’élaboration des dispositifs.


Table 4: Ressources financières, technologie et renforcement des capacités


Cette dernière table ronde, qui se tenait le vendredi 22 juin au matin, a été l’occasion, pour les hauts dignitaires des petits États insulaires en développement, de mettre l’accent sur les défis particuliers auxquels ils devront faire face sans transfert de technologies et ou de renforcement adéquat de leurs capacités nationales.


Les intervenants ont aussi eu, une nouvelle fois, l’occasion d’entendre deux rapporteures du Dialogue sur le développement durable organisé avec la société civile.  Mmes Gro Harlem Brundtland, ancien Premier Ministre de la Norvège, et Nawal Al-Hosany, Directrice en charge de la durabilité pour l’organisation « MASDAR », ont ainsi expliqué les attentes en termes de création d’emplois pour les jeunes et les femmes, d’éducation et d’accès à l’eau, à la propriété foncière, ainsi qu’aux énergies durables.  L’attention des participants a également été attirée sur les exigences en matière de planification urbaine.  Elles ont ainsi, au nom de la société civile, appelé les dirigeants mondiaux à identifier des initiatives environnementales et écologiques novatrices pour les villes et leur population.


Outre les personnes citées, de nombreux autres chefs d’État, chefs de gouvernement, ministres et chefs de délégations ont pris la parole au cours de ces tables rondes.  Elles ont aussi pu compter, entre autres, sur la présence des hauts responsables du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (UN-Habitat), de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), du Programme alimentaire mondial (PAM), de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), de l’Organisation maritime internationale, de l’Organisation météorologique mondiale, de l’Université des Nations Unies, de la Banque africaine de développement, ainsi que de la Commission économique des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique.


Pour les « grands groupes », les participants ont également entendu les représentants du groupe des travailleurs et syndicats; des peuples autochtones; des enfants et des jeunes; des entreprises et de l’industrie; des autorités locales; des femmes; ainsi que des organisations non gouvernementales.  Plusieurs d’entre eux ont mis l’accent sur la participation exceptionnelle de la société civile à la Conférence Rio+20.


*A/CONF.216/4


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Rio+20: les chefs d’État et de gouvernement de la planète renouvellent leur engagement politique en faveur du développement durable

ENV/DEV/1310

Rio+20: les chefs d’État et de gouvernement de la planète renouvellent leur engagement politique en faveur du développement durable

22/06/2012
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Conférence des Nations Unies

sur le développement durable « Rio+20 »

5e et 6e séances plénières                                  

matin et après-midi


RIO+20: LES CHEFS D’ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT DE LA PLANÈTE RENOUVELLENT

LEUR ENGAGEMENT POLITIQUE EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT DURABLE


« Le travail commence maintenant », affirme M. Ban Ki-moon,

pour qui la Conférence de l’ONU sur le développement durable est un succès


RIO DE JANEIRO, BRÉSIL, 22 juin -- Réunis pendant trois jours à Rio de Janeiro, « avec la participation pleine et entière de la société civile », pour ce qui est considéré comme la plus grande Conférence de l’ONU de l’histoire, les dirigeants mondiaux ont, aujourd’hui, renouvelé leur engagement politique en faveur de la promotion d’un « avenir durable sur les plans économique, social et environnemental, pour notre planète comme pour les générations actuelles et futures ».


« Le travail commence maintenant », a déclaré le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, dans son discours de clôture de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), laquelle, a-t-il dit, fut « un succès ».


Présidente du pays hôte de Rio+20, le Brésil, Mme Dilma Rousseff, a affirmé que le Document final* de la Conférence traduisait l’évolution d’une conception partagée du développement durable et représentait le fondement de l’Agenda pour le développement durable du XXIe siècle.  « Rio+20 est un point de départ.  Ce n’est ni une limite ni un plafond.  C’est une nouvelle épopée qui doit au contraire être guidée par l’ambition d’édifier une nouvelle société durable qui sera léguée aux enfants d’aujourd’hui et de demain. »


Dans ce document final d’une soixantaine de pages, intitulé « L’avenir que nous voulons », adopté par acclamation dans la soirée, les chefs d’État et de gouvernement, qui se déclarent « déterminés à affranchir d’urgence l’homme de la faim et de la pauvreté », conviennent d’établir des objectifs de développement durable « concrets », « ambitieux » et « d’envergure mondiale », tout en demeurant « résolument attachés » à la réalisation « intégrale et rapide » des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


En vue de formuler ces objectifs de développement durable qui devront être adoptés par l’Assemblée générale des Nations Unies, ils préconisent la mise en place d’un « mécanisme intergouvernemental transparent et participatif » et « ouvert à toutes les parties prenantes ». 


De même, ils affirment l’importance de l’autonomisation des femmes, du droit à l’eau et à l’alimentation, adoptent un cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables et reconnaissent le potentiel de l’économie verte.


Le texte qui, au terme de longues négociations, avait été finalisé à la veille de l’ouverture de la Conférence, le 19 juin, réaffirme les principes énoncés en 1992 dans la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement et les plans d’action passés, tels Action 21 ou le Plan de mise en œuvre du Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg.


Les dirigeants mondiaux y plaident pour un renforcement des trois dimensions -économique, sociale et environnementale- du développement durable.  Réaffirmant le rôle du Conseil économique et social (ECOSOC), ils décident également de créer une « instance politique de haut niveau », qui remplacera à terme la Commission du développement durable, et qui sera chargée d’assurer le suivi des activités de développement durable.


S’agissant du pilier « environnement » du développement durable, ils se disent déterminés à renforcer le rôle du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) en tant qu’autorité mondiale reconnue en la matière.


Pour ce qui est du financement du développement durable, ils se sont entendus pour mettre en place un « processus intergouvernemental sous les auspices de l’Assemblée générale » chargé d’en mesurer les besoins et d’examiner l’efficacité, la cohérence et les synergies des instruments et cadres existants, tout en évaluant d’autres initiatives.


« Ici, à Rio, vous avez reconnu les défis », a lancé le Secrétaire général à l’adresse des dirigeants du monde.  « Et vous avez renouvelé votre engagement à les relever, pour le bénéfice de l'humanité tout entière, maintenant et à l’avenir. »


Vingt ans après le Sommet Planète Terre à Rio, la Conférence des Nations Unies sur le développement durable aura compté plus de 45 000 participants.  Pas moins de 188 délégations d’États Membres, dont une centaine étaient conduites par des chefs d’État et de gouvernement, mais aussi des organisations non gouvernementales, des dirigeants d'entreprise, des élus, des groupes de la société civile, des jeunes, des représentants de populations autochtones, se sont retrouvés dans la cité brésilienne pour tenter de déterminer les moyens visant à réduire la pauvreté, promouvoir la justice sociale et assurer la protection de l’environnement sur une planète de plus en plus peuplée.


« Vous avez tendu la main à la société civile et au secteur privé pour qu’ils collaborent avec vous.  Et ils ont répondu », s’est félicité M. Ban.


De fait, près de 700 engagements d’un montant total de 513 milliards de dollars ont été annoncés pendant la Conférence, non seulement par des gouvernements, mais aussi par des banques multilatérales de développement, des entreprises, la société civile pour financer des initiatives en faveur du développement durable dans des domaines tels que ceux de l’énergie, des transports, de la réduction des catastrophes, de la désertification, de l’eau, des forêts ou de l’agriculture.


« Ces chiffres énormes donnent une idée de l’ampleur et de la croissance de l’investissement dans le développement durable », a commenté le Secrétaire général.  « Ils font partie d’un mouvement mondial croissant pour le changement. »


« Le développement durable est la seule option pour l’humanité », a observé, de son côté, le Secrétaire général de la Conférence Rio+20, M. Sha Zukang, pour qui les résultats « très importants » obtenus vont jeter « les bases permettant d’appliquer l’économie verte et d’éliminer la pauvreté ».


Le Président de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulazziz Al-Nasser, a mis en avant le « rôle central » de celle-ci pour « stimuler le débat et encourager une prise de conscience du grand public. »


« Le plus grand acquis reste la réhabilitation de la diplomatie multilatérale en tant que meilleur outil pour garantir un avenir meilleur pour tous », a relevé le représentant de l’Algérie, au nom du Groupe des 77 et la Chine. 


Dans une autre explication de position, son homologue du Danemark, au nom de l’Union européenne, a regretté que le Document final ne fût pas plus ambitieux, par exemple en prévoyant une date butoir pour la réalisation des objectifs fixés.  Il s’est cependant félicité que le texte reconnaisse le rôle de premier plan que joue l’économie verte dans la lutte contre la pauvreté.


Auparavant, tout au long de la journée, s’étaient exprimés une cinquantaine d’États Membres dans le cadre du débat général.  « Il est temps d’être pragmatique mais aussi optimiste », avait déclaré la Secrétaire d’État américaine, Mme Hillary Rodham Clinton, qui a assuré qu’un avenir plus prospère était « à portée de main ».  Il ne faut pas, a-t-elle dit, se limiter à travailler à une planification à long terme du développement durable.


« Notre avenir est un péril que nous avons créé nous-mêmes », s’est alarmé le Ministre du développement durable, de l’énergie, des sciences et de la technologie de Sainte-Lucie, M. James Fletcher, qui a mis en garde contre l’adoption de mesures graduelles.  « Ce sont des politiques d’urgence qui s’imposent, a-t-il dit, en faisant part, comme beaucoup d’autres intervenants, de son attachement au principe de responsabilité commune mais différenciée.


Le Président Macki Sall, du Sénégal, a pour sa part insisté pour que la notion d’économie verte ne se limite pas à une simple déclaration d’intentions mais se traduise plutôt par une réelle modification de nos modes de consommation et de production.


Par ailleurs, depuis mercredi à RioCentro, le site de la Conférence, quatre tables rondes de haut niveau dont chacune avait réuni plus d’une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement, ministres ou responsables d’organisations intergouvernementales, d’entités du système des Nations Unies et de la société civile, ont permis de débattre, déjà, de « l’après-Rio+20 », en anticipant les difficultés qui se présenteront dans la mise en œuvre des résultats escomptés dans quatre domaines clefs.


*A/CONF.216/L.1


CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE (RIO+20)


Suite et fin du débat général


MSWATI III, Roi du Swaziland, a souligné qu’il était essentiel de réaffirmer le principe de responsabilité commune mais différenciée, afin d’assurer l’équité dans toutes les initiatives orientées vers le développement  durable.  Il s’est particulièrement inquiété des conséquences négatives des changements climatiques sur la productivité agricole et la suffisance alimentaire.  Il a estimé que le transfert de technologies était indispensable pour aider les économies en développement à faire face aux impératifs et objectifs du développement.  Le Swaziland, a-t-il assuré, s’est engagé à créer des emplois dans de nombreux secteurs et à assurer l’accès à l’éducation et aux services de santé. 


Le Roi Mswati III a insisté sur la nécessité de s’appuyer sur les conventions et accords déjà conclus et de renforcer les institutions multilatérales qui existent pour progresser dans la voie du développement durable.  « Alors que la crise économique a mis à mal nos efforts de promotion d’un développement durable, il est essentiel pour les pays en développement, en particulier les pays enclavés comme le sien, de recevoir une aide de la communauté internationale pour que les efforts entrepris ne soient pas réduits à néant », a déclaré le Roi Mswati III.  Dans un pays où 52% de la population a moins de 20 ans, le secteur de l’éduction constitue la plus importante part du budget national, a précisé le Roi Mswati III, qui s’est dit conscient du potentiel que représentent les jeunes de son pays.


M. ARMANDO EMÍLIO GUEBUZA, Président du Mozambique, a estimé que les défis de l’avenir exigent des solutions structurelles allant au-delà de la seule question de l’environnement.  Il a évoqué notamment les problèmes de la pauvreté et des effets des changements climatiques.  Il a aussi indiqué que le Mozambique avait reculé dans les progrès réalisés dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier à la suite des différents phénomènes météorologiques.  Le Président Guebuza a cependant estimé que l’économie verte offrait à son pays la possibilité de surmonter les divers défis auxquels il est confronté, même si elle comporte certaines « difficultés de réalisation ».  Il a fait part de la volonté de son pays de jouer son rôle dans le cadre des efforts collectifs et a appelé à la mise en place d’un dispositif institutionnel pour veiller à la réalisation du développement durable.  M. Guebuza a par ailleurs indiqué que les zones protégées représentent 24% du territoire mozambicain.


M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale, a fait remarquer qu’il était devenu évident, face à la surexploitation des ressources naturelles, que les habitants de la planète étaient aujourd’hui confrontés à des difficultés qui mettent en danger leur existence.  Il a rappelé qu’à Rio, en 1992, les pays riches s’étaient engagés à aider le continent africain et les pays les moins avancés à faire face aux difficultés liées aux conséquences des changements climatiques.  La Guinée équatoriale, a-t-il dit, appuie la proposition visant à créer, en Afrique, une institution qui s’occupera exclusivement du développement durable. 


Après 20 années d’efforts en vue d’offrir une sécurité sur la planète terre, le Président Obiang Nguema Mbasogo a émis l’espoir que la Conférence Rio+20 soit « la rencontre de l’homme avec lui-même ».  Il a également prévenu que la crise et la situation des pays en développement ne pourront être résolues sans le concours des pays développés.  « L’accès aux technologies, par exemple, ne se fera qu’avec la bonne volonté des pays qui disposent de ces technologies », a-t-il dit.  Dans ce contexte, il a appelé la communauté internationale à agir de manière solidaire.


M. MACKY SALL, Président du Sénégal, s’est inquiété que malgré les cris d’alarme des pionniers de l’écologie en 1972 et les mises en garde des scientifiques, l’état de la planète n’a cessé de se détériorer en mettant en péril la vie de millions de personnes.  Il a estimé que le temps était venu de surmonter nos divergences et nos intérêts particuliers dans l’intérêt de tous.  Il a souhaité que les objectifs d’économie verte ne se transforment pas en de nouvelles entraves aux efforts de développement des pays en développement.


Le Président Sall a également insisté pour que la notion d’économie verte ne se limite pas à une simple déclaration d’intentions mais se traduise plutôt par une réelle modification de nos modes de consommation et de production.  Il a rappelé que l’aide pour permettre aux pays en développement de faire face aux changements climatiques et pour bénéficier des technologies doit être adaptée aux besoins des pays bénéficiaires.  Il a jugé indispensable que le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) soit transformé en une véritable organisation mondiale de l’environnement.  Le Président a parlé également des efforts du Sénégal pour substituer le gaz butane au charbon de bois et protéger sa biodiversité.  Parmi les autres mesures prises, il a cité la protection d’aires marines, le développement d’une muraille verte, l’électrification des zones rurales.


M. TOMISLAV NIKOLIĆ, Président de la Serbie, a constaté qu’une croissance fondée sur l’exploitation intensive des ressources ne pouvait continuer.  Il a réclamé un programme clair et bien ciblé pour l’avenir et a vu dans l’économie verte un moyen d’atteindre un développement durable capable, entre autres, de créer des emplois et de valoriser le capital naturel.  Mais pour relever tous les défis actuels, a-t-il souligné, il faut une meilleure coordination et revoir les cadres institutionnels existants de manière à éliminer les doubles emplois et à utiliser au mieux les ressources financières.  L’organisation de réunions de haut niveau contribuera, a-t-il estimé, à trouver des solutions à ces questions.


Le Président Nikolić a ensuite souligné le rôle que les institutions régionales seront amenées à jouer.  De l’avis du Président Nikolić, le moment est venu d’opérer une transition dans les modes de production et de consommation, mais également de créer des objectifs pour assurer un véritable changement vers le développement durable.  Des solutions financières innovantes s’imposent également.  Pour le Président de la Serbie, la Conférence Rio+20 doit être l’occasion de changer les habitudes.


Mme HELLE THORNING-SCHMIDT, Premier Ministre du Danemark, a estimé que la croissance verte et les emplois verts étaient des outils essentiels pour pouvoir sortir de la crise actuelle.  Rappelant que le Danemark assurait actuellement la présidence du Conseil de l’Union européenne, elle a assuré que l’Union européenne avait multiplié les efforts pour préparer sa contribution à la Conférence Rio+20, en établissant des mesures concrètes avec un échéancier.  « Nous appuyons la transformation du PNUE en institution spécialisée », a-t-elle dit.  Mme Thorning-Schmidt a aussi plaidé en faveur d’une économie verte inclusive, qui place l’être humain au cœur des efforts.  Elle a également souligné l’importance de l’égalité entre les hommes et les femmes, ainsi que le caractère crucial de la participation de la société civile et des entreprises au processus de développement.  Le Premier Ministre danois a regretté que l’importance des droits reproductifs ne soit pas assez reconnue dans le projet de document final de Rio+20.


Le Danemark a été parmi les tous premiers donateurs à consacrer 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement, a rappelé Mme Thorning-Schmidt.  Elle s’est aussi prononcée en faveur d’une taxe planétaire sur les transactions financières.  D’ici à 2050, le Danemark devrait atteindre l’objectif de ne plus dépendre des énergies fossiles comme source d’énergie.  Son pays a aussi lancé, conjointement avec la République de Corée et le Mexique, le Forum mondial sur la croissance verte.  Mme Thorning-Schmidt a enfin mentionné une nouvelle loi européenne qui vise à améliorer l’efficacité énergétique de 20% d’ici à 2020.  Cette loi devrait permettre de faire de grandes économies et, dès lors, d’augmenter considérablement le revenu national brut.


M. FREDERIK REINFELDT, Premier Ministre de la Suède, rappelant que la mondialisation a créé des défis mais a également offert des opportunités, a fait observer que la croissance de ces 15 dernières années avait permis à 400 millions de personnes de sortir de la pauvreté.  Il a déclaré que le respect des droits de l’homme et de la bonne gouvernance était un élément essentiel de la mise en œuvre du développement durable, en soulignant tout particulièrement les droits économiques et sociaux de 3,5 milliards de femmes et de filles.


Le Premier Ministre de la Suède a indiqué que des mesures incitatives prises par son gouvernement avaient contribué à une meilleure croissance, tout en veillant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Il a souligné qu’il était essentiel d’assurer l’accès à l’énergie, à l’eau et à l’assainissement aux populations.  La Suède est convaincue, a-t-il dit, que la notion de développement durable doit devenir plus concrète et plus facile à mesurer.


M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre de Samoa, a noté que des divergences subsistaient en ce qui concerne le projet de document final, certains estimant qu’il s’agit d’un document sélectif et d’autres un grand pas en avant.  Mais malgré ses lacunes, a-t-il assuré, Samoa estime qu’il est équilibré.  Pour le Premier Ministre, le succès de la Conférence Rio+20 ne doit pas être mesuré à l’aune de ce projet de document final mais dans la manière dont les objectifs seront intégrés au niveau local, avec l’aide des partenaires pour le développement.  M. Malielegaoi a ensuite indiqué que son pays accordait une grande importance à l’agriculture biologique pour mieux respecter l’environnement et a précisé que des femmes, chefs d’entreprises, fournissaient désormais des huiles biologiques à de grandes sociétés cosmétiques. 


Samoa s’est en outre engagé dans un programme ambitieux en matière d’énergie renouvelable et devrait devenir carbone neutre d’ici à 2020.  Le pays a cependant besoin d’expertise supplémentaire dans ce domaine, a indiqué le Premier Ministre.  Il a également fait remarquer que l’exploitation des ressources minérales des fonds marins offrait de nouvelles perspectives économiques pour les pays comme le sien.  Avant de conclure, M. Malielegaoi a annoncé que Samoa sera prochainement retiré de la liste des pays les moins avancés.  Il a aussi souligné le rôle que jouent les partenariats pour accélérer les progrès en matière de développement dans son pays.


Mme HILLARY RODHAM CLINTON, Secrétaire d’État des États-Unis, a déclaré qu’il ne faudrait pas se limiter à travailler pour une planification à long terme du développement durable, mais se concentrer plutôt sur des mesures immédiates.  « Il est temps d’être pragmatique mais aussi optimiste », a-t-elle dit, en assurant qu’un avenir plus prospère est à portée de main.  Elle a appelé à prendre des décisions en se basant sur la recherche scientifique et sur des partenariats innovants.  Mme Clinton a relevé que le projet de document final de la Conférence Rio+20 reprenait beaucoup de propositions et de principes importants.  Mais cette Conférence va surtout nous amener à adopter une nouvelle façon de penser, a-t-elle dit.   « Il faut penser grand et de manière différente » pour utiliser au mieux le potentiel du marché, a-t-elle précisé.


Dans les années 1960, l’aide au développement représentait 70% des flux vers les pays en développement, contre 13% aujourd’hui.  Mme Clinton a expliqué cette évolution par le fait que les investissements du secteur privé ne sont pas parvenus à une croissance équilibrée.  Elle a indiqué que les États-Unis s’étaient engagés à consacrer 20 millions de dollars à des projets sur les ressources énergétiques propres en Afrique et au-delà de cette région, dans le cadre de l’initiative de l’énergie propre pour tous.  Les cuisines propres permettent notamment d’améliorer la santé des femmes et des enfants, a-t-elle fait observer.  La Secrétaire d’État américaine a aussi rappelé les efforts à mener collectivement dans une série de domaines, comme la gestion des déchets, la déforestation et l’adaptation aux changements climatiques.  Tout en poursuivant l’objectif de réduire la quantité de polluants de l’air, nous devons continuer à travailler de concert pour résoudre la question du CO2, a-t-elle averti.


« Nous devons aussi penser différemment en ce qui concerne le développement des villes, là où se trouve l’essentiel de la croissance », a insisté Mme Clinton, en se félicitant de l’initiative de la durabilité urbaine lancée l’an dernier aux États-Unis.  Elle a également invité à intégrer les travailleurs du secteur informel dans l’économie nationale, ainsi que les femmes qui sont, a-t-elle rappelé, des « moteurs essentiels du développement durable ».  La Secrétaire d’État américaine s’est félicitée, à cet égard, de l’appel lancé par ONU-Femmes à la Conférence Rio+20 et des mentions sur ce sujet figurant dans le projet de document final de la Conférence.  Elle s’est félicitée de ce que le projet de document final ait parlé des droits reproductifs de la femme, mais elle aurait souhaité un appui plus vigoureux sur cette question.  Elle a assuré que les États-Unis continueraient à travailler pour que ces droits soient respectés dans les décisions internationales.  Enfin, Mme Clinton a souhaité que les entreprises veillent à ce que leurs chaînes d’approvisionnement et d’emballage soient respectueuses de l’environnement.


M. NVEN MIMICA, Vice-Premier Ministre de la Croatie, a rappelé que le Sommet Planète Terre, qui s’était tenu à Rio en 1992, était la première conférence à laquelle avait participé la Croatie après son accession à l’indépendance.  Même si le projet de document final ne répond pas à toutes nos attentes, il contient cependant des éléments qui permettront d’élaborer des stratégies pour traduire les engagements de la Croatie en actions concrètes à tous les niveaux.  Il a salué l’accent mis sur la notion d’économie verte et l’importance d’une croissance inclusive favorable à la création d’emplois décents.  En temps que pays méditerranéen possédant plus de 1 000 îles, la Croatie se félicite qu’ait été reconnue l’importance de protéger la mer et les zones côtières.  Il a estimé que la création d’un forum de haut niveau pour le développement durable sera de nature à promouvoir des actions plus coordonnées et cohérentes aux niveaux international, régional et national.  


Mme CHULABHORN MAHIDOL, Vice-Premier Ministre de la Thaïlande, a indiqué que le développement durable avait été mis en œuvre dans son pays depuis « très longtemps » et que le Gouvernement thaïlandais avait pour objectif principal de satisfaire les besoins de la population en harmonie avec l’environnement.  Elle a souligné le rôle central que joue la santé humaine dans le développement durable.  Mme Mahidol a vu dans la tenue de Rio+20 la possibilité de prendre des décisions audacieuses pour les générations présentes et à venir.  Elle a par ailleurs souligné que le renforcement des capacités, les technologies et l’innovation ainsi que le transfert d’énergies propres sont les fondements essentiels du développement durable.  Mme Mahidol a aussi estimé que les pays devraient pouvoir mettre en place leurs propres politiques pour réaliser le développement durable.  La Thaïlande appuie l’idée d’adopter un processus pour définir des objectifs du développement durable, complétant les Objectifs du Millénaire pour le développement après 2015.


LE CARDINAL ODILO PEDRO SCHERER, observateur du Saint-Siège, Envoyé spécial du pape Benoît XVI, a invité à s’engager envers une distribution plus juste des biens de ce monde.  La personne humaine doit aussi être placée au cœur des efforts de développement durable, comme le prévoit le premier principe de Rio.  Chaque vie humaine, de la conception jusqu’à la mort naturelle, a la même valeur et la même dignité, a-t-il affirmé.  Insistant sur l’importance du respect de la dignité humaine, le cardinal Scherer a demandé de promouvoir des modèles de production et de consommation responsables, le partage des biens communs et l’accès aux biens de base.  Mgr Scherer a aussi plaidé en faveur de la destination universelle des biens et du principe de subsidiarité.  Dans les relations internationales, il a demandé de pratiquer le transfert de technologies, la promotion d’un système commercial mondial juste, le respect des engagements pris au titre de l’aide au développement et l’élaboration de nouveaux instruments financiers qui placent la dignité humaine et la préservation de l’environnement au cœur des activités économiques.


Le cardinal Scherer a ensuite rappelé que le droit à l’eau, à l’alimentation, à la santé et à l’éducation sont intrinsèquement liés au droit à la vie et au droit au développement.  Il a averti contre le risque de promouvoir une conception du droit à la santé qui menace gravement la dignité de la personne humaine.  « Imposer la mort aux vies humaines les plus vulnérables, dans le sanctuaire le plus sûr que constitue le ventre d’une mère, ne devrait jamais être présenté comme relevant des soins de santé ou de la santé », a-t-il dit.  Mgr Scherer a enfin appelé à affronter les crises économique et financière avec honnêteté et courage.  Il faut réfléchir au sens de l’économie et à ses objectifs, a-t-il dit, en appelant à passer à un modèle de développement économique humain.  Ce sont des êtres humains qui sont chargés de veiller sur la nature, responsabilité qui a une dimension éthique.  Cela implique une solidarité entre les êtres humains, y compris envers ceux qui ne sont pas encore nés.


M. PETER ŽIGA, Ministre de l’environnement de la Slovaquie, a mis l’accent sur la nécessité de s´attaquer aux difficultés des pays les plus vulnérables.  Il s’est prononcé en faveur de la création d’une institution internationale qui pourra régler les problèmes les plus graves auxquels les pays se heurtent dans la mise en œuvre du développement durable.  En même temps, il a invité les pays donateurs à utiliser leurs ressources de la manière la plus efficace possible en évitant les doubles emplois.  Le Ministre a souhaité la transformation du Programme des Nations Unies pour l’environnement en une organisation chargée de tous les aspects du développement durable avec pour mission d’améliorer le partenariat avec le secteur de la recherche scientifique, d’évaluer la mise en œuvre des instruments internationaux et de fournir aux pays les plus vulnérables les capacités et technologies nécessaires.  M. Žiga a estimé que la reconnaissance du concept d’économie verte « nous invite à trouver un équilibre entre la croissance économique et la préservation de nos ressources naturelles ».


M. PETER KENT, Ministre de l’environnement du Canada, a estimé que les succès réalisés jusqu’à présent n’étaient qu’un prologue au règlement de problèmes d’envergure.  Il a estimé que le meilleur moyen d’aller de l’avant était de s’entendre sur des cibles mondiales afin de permettre à tous d’atteindre un « parfait équilibre » en croissance économique, société et protection environnementale.  Le Ministre a ensuite passé en revue les différentes mesures lancées au Canada en matière de développement durable.  Il a notamment évoqué les programmes de lutte contre la pollution atmosphérique et de règlementation de l’usage de produits dangereux.  Des réglementations sectorielles ont également été imposées en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre et le pays veille à la protection de l’eau, du sol et de la biodiversité.  M. Kent a également évoqué la gestion du Grand Nord du Québec, qui est, a-t-il dit, le « projet de conservation le plus important créé à ce jour ».


M. TOMAS CHALUPA, Ministre de l’environnement de la République tchèque, a expliqué que le projet de document final de Rio+20 tenait compte d’une « mosaïque de perspectives ».  Il a appelé à mettre l’accent sur les « trois C », à savoir la coopération, la créativité et la cohésion.  En ce qui concerne la créativité, le Gouvernement tchèque entend mettre en place un cadre propice à l’investissement et au secteur privé.  Le Ministre a souligné qu’il était important de renforcer la cohésion dans les efforts menés aux plans national, régional et international.  Le Ministre a aussi insisté sur l’importance de développer davantage la coopération internationale.  La République tchèque, a-t-il indiqué, a mis en place des projets visant une utilisation viable des ressources et une économie d’énergie.


M. ALI YOUSIF ABDULNABI ALSHUKRI, Ministre de la planification de l’Iraq, a déclaré que les Iraquiens se sont toujours préoccupés de l’utilisation responsable de leurs ressources, en rappelant que le « Code de Hamurabi » de 1790 avant Jésus Christ contenait les premières lois de protection de l’environnement de l’histoire de l’humanité, qui prévoyaient de sévères peines pour ceux qui négligent les rives du Tigres et de l’Euphrate.  Il a rappelé que le régime de Saddam Hussein a mis au second rang les questions environnementales au profit de la militarisation.  L’Iraq, a indiqué son Ministre de la planification, a établi un plan national de développement pour les périodes 2007–2010, 2010-2014 et 2013–2017, ainsi que la stratégie de réduction de la pauvreté, qui avait été lancée 2009.  Illustrant les efforts de son pays, il a cité la baisse du taux de chômage de 28% à 11% entre 2004 et 2011, alors que le niveau de pauvreté est passé de 23% à 16% entre 2004 et 2010.  Il a souhaité que l’on respecte les spécificités des pays dont l’économie est basée sur l’exportation d’hydrocarbures, en rappelant que la notion d’économie verte ne se traduise pas par de nouvelles contraintes commerciales ou technologiques pour les pays en développement. 


M. JAMES FLETCHER, Ministre du développement durable, de l’énergie, des sciences et de la technologie de Sainte-Lucie, a estimé que les réponses apportées en matière de développement durable devaient être urgentes et décisives.  « Notre avenir est un péril que nous avons créé nous-mêmes », s’est alarmé M. Fletcher qui a, par ailleurs, mis en garde contre l’adoption de mesures graduelles.  Ce sont des politiques d’urgence qui s’imposent, a-t-il rappelé.


Le Ministre a fait part de son attachement au principe de responsabilité commune mais différenciée, et a souscrit à la position selon laquelle les changements climatiques posent le plus grand défi pour le développement durable.  Il a notamment indiqué que l’intensification des intempéries aura une incidence sur le tourisme de son pays, principal moteur de l’économie nationale.  Sainte-Lucie, a-t-il poursuivi, s’était engagée à assurer un avenir plus sûr pour ses citoyens, et accorde une attention particulière aux énergies renouvelables.  M. Fletcher a également qualifié d’essentiel le transfert de technologies vers les pays en développement.


Mme SVANDIS SVAVARSDOTTIR, Ministre de l’environnement de l’Islande, a déclaré que « le développement durable était un appel à la justice et à l’inclusion ».  Se disant modérément satisfaite des résultats de la Conférence Rio+20, elle a reconnu que ce n’était qu’une étape vers le but ultime de développement durable.  L’Islande, qui était encore un petit État insulaire en développement il n’y a pas si longtemps, a réussi à se développer en prenant le contrôle de ses ressources marines, a-t-elle expliqué.  À cet égard, la Ministre a insisté sur l’importance de la préservation des océans, en appelant les États à prendre un engagement politique fort.  Les océans ne connaissent pas de frontières, a-t-elle fait remarquer. 


La Ministre islandaise de l’environnement a soutenu l’initiative du Secrétaire général intitulée « Énergie durable pour tous », mais aurait aimé que le projet de document final exprime un appui plus fort à ces efforts.  Elle a annoncé la conclusion d’un accord entre l’Islande et la Banque mondiale qui vise le développement géothermique en Afrique.  La Ministre a aussi plaidé en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes en tant que condition essentielle du développement durable.  Elle a cependant exprimé sa déception que la vision commune formulée à Rio+20 n’inclue pas les droits reproductifs, alors que ces droits ont déjà fait l’objet d’accords sous l’égide des Nations Unies.  « Nous ne pouvons pas accepter un recul en matière de droits des femmes », a-t-elle insisté.


M. DOUGLAS UGGAH EMBAS, Ministre  des ressources naturelles et de l’environnement de la Malaisie, a rappelé que son pays s’était engagé à assurer une couverture forestière d’au moins 50%.  Il a précisé que 44 îles étaient protégées.  La Malaisie, a-t-il assuré, est déterminée, à réduire ses émissions de CO2 de 40% entre 2005 et 2020 à condition de pouvoir bénéficier de transferts des technologies nécessaires de la part des pays développés.  Le Ministre a réaffirmé l’engagement de la Malaisie en faveur du développement durable, lequel, a-t-il dit, s’est traduit par l’adoption de plans de développement, notamment le dixième plan pour la période 2011-2015.  Il a indiqué que son pays œuvrait pour atteindre les Objectifs de Millénaire pour le développement bien avant la date butoir de 2015.  Le taux de pauvreté est passé de 17% en 1990 à 3,6% en 2010. 


M. SALEH AMNISSI, Ministre de l’environnement de la Libye, a souhaité que la Conférence Rio+20 débouche sur des résultats concrets pour répondre aux défis qui se posent à l’heure actuelle.  Il a souhaité la réalisation d’un développement durable capable de régler les problèmes de la génération présente sans préjudicier les besoins des générations à venir, tout en déplorant le peu de progrès réalisés jusqu’à présent.  Le Ministre libyen de l’environnement a ensuite regretté que le régime précédent n’ait pas mis ses importantes recettes pétrolières au service du développement d’infrastructures nationales.  Il a comparé la dépendance économique de son pays envers « une seule ressource épuisable » à un cheminement dans une voie sombre.  Le Gouvernement actuel entend développer d’autres secteurs économiques.  Il a expliqué que la Libye connaissait une pénurie d’eau et faisait face au phénomène de la sécheresse. 


M. Amnissi a par ailleurs appelé à l’adoption de politiques d’appui pour aider les pays en développement à atténuer les effets des changements climatiques.  Il faut également limiter l’utilisation d’énergies non renouvelables.  Mais, a-t-il ajouté, il ne faut pas nous voiler la face.  Les énergies fossiles demeurent le principal moteur économique du monde, et la plupart des pays en développement n’ont pas les moyens de financer les technologies nécessaires pour utiliser des énergies propres.  Le Ministre a ensuite appelé au renforcement du PNUE et exhorté à une véritable définition de la notion d’économie verte.


Mme ROVANA PLUMB, Ministre de l’environnement et des forêts de la Roumanie, a salué les efforts menés pour concilier les intérêts divers lors des négociations du projet de document final de Rio+20.  Les deux thèmes de cette Conférence -économie verte et renforcement du cadre institutionnel du développement durable- sont d’une importance égale, a-t-elle estimé.  Le cadre institutionnel du développement durable doit permettre une mise en œuvre efficace des priorités que nous aurons définies, a-t-elle expliqué.  Elle s’est aussi félicitée des objectifs de développement durable qui ont été fixés dans le projet de document final.  Le cœur même du développement durable c’est le développement humain et le progrès, a souligné la Ministre.  Mme Plumb a également insisté sur les droits des femmes, en mettant l’accent sur la nécessité de promouvoir l’égalité entre les sexes dans tous les secteurs de la société.  «  Nous devons aussi encourager la création d’emplois et stimuler le secteur privé afin qu’il génère des emplois verts », a-t-elle ajouté.  Avant de conclure, la Ministre a assuré que la Roumanie avait été très active dans les efforts de développement durable, notamment au cours de sa présidence de la session 2011 de la Commission du développement durable des Nations Unies.


M. MARIO DE MARCO, Ministre du Tourisme, de la culture et de l’environnement de Malte, a rappelé que la population de Malte présentait la plus haute densité du monde avec une des plus petites réserves en eau par habitant.  Il a fait remarquer que Malte, au cours des millénaires, avait appris à survivre et prospérer au milieu de forces externes, indépendantes de son contrôle.  Fort de cette histoire, Malte a un intérêt particulier pour la protection des océans et pour la prévention de toutes les pressions sur les ressources en eau, résultant des changements climatiques.  L’économie bleue est aussi une voie vers le développement durable, a insisté M. de Marco, en souhaitant que l’on accorde plus d’attention à la protection de la biodiversité marine.  Il a indiqué que Malte produisait 65% de son eau douce en dessalant l’eau de mer, pour un coût équivalent à 5% de la consommation nationale d’électricité. 


Mme LISEL ALAMILLA, Ministre des forêts, des pêches et du développement durable de Belize, a qualifié le développement durable d’impératif moral, tout en constatant qu’il pouvait revêtir différentes significations pour différents États.  Elle a expliqué que Belize accordait une attention particulière au renforcement économique, à la fourniture de services sociaux de qualité, à la modernisation de l’État et de la gouvernance ainsi qu’à la protection de l’environnement.  Belize, a rappelé Mme Alamilla, a été confronté à de nombreux défis en matière de lutte contre la pauvreté et de développement durable, notamment à cause de la limite de ses capacités humaines et de son cadre institutionnel.  La Ministre s’est inquiétée du taux de chômage élevé que connaît Belize et de l’augmentation des homicides et du trafic de drogues.  La pêche et la collecte illégale de bois posent également problème.  Mme Alamilla a ensuite expliqué que son pays s’était doté d’une vision à long terme pour assurer son développement durable d’ici à 2030, ainsi que d’une stratégie de lutte contre la pauvreté et de développement des zones rurales.  Elle a également souhaité des interventions spécifiques et l’adoption de nouvelles modalités capables de privilégier la coopération.


M. ARSENIO BALISACAN, Ministre de la planification économique et sociale des Philippines, a estimé que le projet de document final de Rio+20 était « le texte minimum qui pouvait être accepté par toutes les parties prenantes du développement durable dans le monde ».  Les Philippines, qui demeurent engagées en faveur du développement durable, estiment que les populations doivent être placées au centre des efforts, a indiqué M. Balisacan.  Son gouvernement, a-t-il poursuivi, a établi un programme d’application d’Agenda 21, qui a permis la création d’un Conseil du développement durable.  Mais il reste encore beaucoup à faire, a-t-il reconnu, en mettant notamment l’accent sur la nécessité de créer un fonds de développement vert.  Les caractéristiques géologiques des Philippines rendent le pays vulnérable aux changements climatiques, a-t-il dit, en plaidant en faveur de mesures d’adaptation pour augmenter la résilience de la population.


Le Ministre a estimé que l’économie verte était une option utile.  Parmi les mesures à prendre pour y parvenir, il a souhaité que des efforts soient menés en vue d’arriver à un financement à long terme du développement durable, notamment par la création d’un fonds de développement vert qui aidera les pays à réhabiliter leur capital naturel.  L’égalité entre les sexes, l’autonomisation des femmes, les droits reproductifs et les droits de succession sont également des domaines où les efforts doivent être renforcés, a-t-il insisté.  Avant de conclure, le Ministre s’est prononcé en faveur du renforcement du PNUE, afin de continuer à intégrer le pilier environnemental dans les processus de développement.  Il a aussi demandé que des objectifs clairs de développement durable soient fixés.


M. NARIMAN UMAROV, Ministre de la protection de la nature de l’Ouzbékistan, a précisé que les dépenses annuelles en matière d’éducation constituaient 10 à 12% du PIB.  Il a précisé que des réformes radicales et le développement des soins de santé avaient permis de réduire de moitié la mortalité maternelle et de deux tiers la mortalité infantile. « Grâce à nos réformes économiques, nous bénéficions d’un taux de croissance moyen de 7 à 9% par an.  Le Ministre a indiqué que l’Ouzbékistan avait mis en œuvre avec succès un programme de modernisation économique basée sur la réduction de l’intensité énergétique et l’utilisation croissante des sources d’énergies renouvelables.


En conséquence, les quantités d’eau utilisée pour l’irrigation ont été diminuées de 30 à 20%. L’Ouzbékistan, pays d’Asie centrale qui compte 30 millions d’habitants, accorde la priorité à la sécurité alimentaire, a-t-il dit, en rappelant que l’Ouzbékistan était dépendant des politiques des pays voisins pour ses ressources en eau.  Soulignant l’importance déterminante de l’eau pour les objectifs de développement durable, la sécurité alimentaire, la santé, l’agriculture, et le développement rural, M. Umarov a insisté sur l’importance de garantir une utilisation raisonnable et équitable des sources d’eau transfrontalières, en se basant sur les normes et principes du droit international relatif aux cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation.  


M. PETER ALTMAIER, Ministre fédéral de l’environnement, de la protection de la nature et de la sûreté nucléaire de l’Allemagne, a estimé que l’économie verte devrait combiner la croissance économique avec une gestion efficace et durable des ressources de la planète.  Elle doit créer des millions d’emplois et donner un nouvel élan au développement des pays, a-t-il ajouté.  Le Ministre a assuré que l’Allemagne était prête à s’engager dans un partenariat avec tous les pays qui emprunteront cette voie.  L’Allemagne entend également fermer toutes ses usines nucléaires d’ici à 2022.  Elle envisage de produire, d’ici à 2050, au moins 80% de l’électricité consommée dans le pays à partir des sources d’énergies renouvelables.  La transformation des systèmes énergétiques de la planète est particulièrement importante, a par ailleurs souligné M. Altmaier.


Le Ministre a ensuite fait savoir que sa délégation aurait préféré que le projet de document final contienne des objectifs plus ambitieux, notamment en ce qui concerne la protection des océans.  On ne peut se permettre d’attendre 2025, a-t-il dit, en rappelant que des mesures concrètes s’imposaient dès maintenant.  Après avoir évoqué l’impact des villes sur le développement durable, le Ministre a appelé à la transformation du PNUE en une institution mondiale de plein droit.  Il s’est par ailleurs félicité de la décision du Secrétaire général de nommer un représentant spécial pour les jeunes.


M. HASAN MAHMUD, Ministre de l’environnement et des forêts du Bangladesh, a estimé que des progrès durables ne seront possibles que si on assure le développement durable, la croissance économique et la protection de l’environnement.  « Nous devons également mettre en valeur les ressources humaines », a-t-il aussi indiqué.  Au Bangladesh, le Gouvernement œuvre pour éliminer la pauvreté tout en protégeant l’environnement.  « Nous avons fait des progrès significatifs », a-t-il dit, tout en expliquant les difficultés rencontrées sur cette voie du fait, notamment, de catastrophes naturelles.  Le Ministre a demandé un engagement fort au niveau international pour atténuer les conséquences dévastatrices des changements climatiques.  Le Ministre a aussi suggéré de donner accès aux pays en développement aux marchés internationaux.  Le texte du projet de document final de la Conférence Rio+20 n’a pas répondu à toutes les attentes, a noté le Ministre, qui a souhaité que de nouveaux engagements soient pris après cette Conférence dans le but de poursuivre la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Enfin, il s’est félicité de ce que le projet de document final donne une place aux objectifs du développement durable.  Il a estimé cependant que les questions des ressources en eau et des changements climatiques n’ont pas été suffisamment traitées à la Conférence Rio+20.


Rappelant que la communauté internationale s’était réunie à Rio pour surmonter la dichotomie entre la préservation et le développement économique et social, M. MARCIN KOROLEC, Ministre de l’environnement de la Pologne, a expliqué que son pays avait acquis une certaine expérience dans ce type de transition.  Il y a 20 ans, la Pologne s’est lancée dans la voie du développement durable et ce choix s’illustre, aujourd’hui, par une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 200%, tandis que ses émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 30%, a-t-il dit.  En outre, le taux d’efficacité d’utilisation des ressources naturelles nationales a augmenté de 15%.  « Cela démontre qu’une croissance économique et une croissante verte sont possibles conjointement si des outils efficaces et des politiques adéquates sont mises en place », a-t-il ajouté. 


Au nombre des outils innovants en faveur du développement durable, le Ministre a cité la mise en place du « Fonds national pour la gestion de l’environnement et de l’eau » qui apporte un soutien financier à des projets dans ces deux domaines et qui est approvisionné par des taxes et des amendes imposées sur l’utilisation des ressources environnementales.  Chaque année, environ 250 millions de dollars sont ainsi accordés à des projets sous la forme de prêts préférentiels et la Pologne a pu rapidement observer les résultats spectaculaires de projets financés par ce Fonds national, a-t-il expliqué.  Avant de conclure, il s’est dit convaincu du succès de Rio+20 et a estimé que les résultats de la Conférence aideraient l’humanité à faire face aux défis de la manière la plus innovante possible.


M. VIVIAN BALAKRISHNAN, Ministre de l’environnement et de l’eau de Singapour, a estimé que la poursuite du développement social et économique devrait se faire de manière équilibrée.  Les solutions miracles applicables à tous n’existent pas en ce qui concerne l’économie verte, a-t-il indiqué.  Le Ministre a expliqué que le plan de planification intégrée à long terme de Singapour mettait l’accent sur la protection de l’environnement et privilégiait la dimension holistique.  La bonne gestion des déchets, a-t-il ajouté, a été possible grâce à l’emploi de technologies appropriées.  M. Balakrishnan a, par ailleurs, insisté sur la nécessité de coordonner à l’échelon international l’ensemble des efforts déployés en matière de développement durable.  Il a également engagé l’ONU à fixer une direction claire pour la communauté internationale.


Mme CATHERINE GOTANI HARA, Ministre de l’environnement et de la gestion des changements climatiques du Malawi, a indiqué que son pays avait adopté sa vision du développement durable pour 2020, ainsi qu’une stratégie de croissance et de développement qui fournit un cadre visant à intégrer les trois dimensions -économique, social et environnementale- du développement durable.  Elle a appelé à renforcer la productivité et la diversification pour arriver à éliminer la pauvreté.  Pour la Ministre, toutes les initiatives prises dans le cadre du développement durable n’ont aucun sens si la communauté internationale ne prend pas en compte les lacunes d’Agenda 21 et n’arrive pas à conclure rapidement le Cycle de négociations de Doha.  La transition vers l’économie verte doit être appuyée par un train de mesures appropriées et, notamment, un appui financier, a-t-elle estimé.  La Ministre a souligné également la nécessité de coordonner la mise en œuvre des mesures visant le développement durable, grâce à un cadre institutionnel fort.  À cet effet, elle a voulu que la Conférence Rio+20 encourage le renforcement des institutions de développement durable.  Mme Gotani Hara a souhaité, avant de conclure, que le PNUE garde son siège à Nairobi, y compris pendant la mise en œuvre de sa transformation.


M. CORRADO CLINI, Ministre de l’environnement de l’Italie, a appuyé le projet de document final de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable.  Son pays qualifie ce texte de « nouveau chapitre dans les efforts communs en faveur du développement durable », a-t-il ajouté.  En ce qui concerne la transition vers une économie verte, il a cependant précisé que l’Italie aurait souhaité que cette notion soit adoptée avec un appui plus large et a mis l’accent sur le rôle du secteur privé en la matière. 


Le Ministre s’est ensuite félicité du Cadre décennal d’action sur les modes de consommation et de production durables et a également rappelé quelques engagements importants de son pays dans les domaines de l’eau, de la sécurité alimentaire, de la nutrition et de l’assainissement.  L’Italie a d’ailleurs fait le choix de consacrer l’Expo 2015 de Milan à la question de « l’alimentation de la planète et de l’énergie pour la vie », a-t-il dit, avec l’ambition d’y fournir une plateforme pour les technologies dans ces deux domaines.  Il a aussi, à cet égard, réaffirmé les engagements de l’Italie en faveur de la coopération internationale et le transfert de connaissances et il a annoncé une contribution de 6 millions de dollars de la part de l’Italie pour des projets et des activités consacrés, en particulier, aux questions des changements climatiques.


M. STANISLAS KAMANZI, Ministre des ressources naturelles du Rwanda, a rappelé qu’il y a 20 ans, lors du Sommet Planète Terre à Rio, le développement durable n’était pas une priorité du Gouvernement rwandais.  Celui-ci, a-t-il expliqué, était plutôt concentré sur la mise en œuvre de programmes d’exclusion politique, sociale et économique qui ont culminé avec le génocide de 1994.  Le nouveau Gouvernement, a ajouté le Ministre, est résolument engagé en faveur du développement durable et l’a placé au cœur de sa stratégie nationale de développement.  Une évaluation récente a montré que les efforts engagés ont contribué à diminuer de 12% le taux de pauvreté jusqu’en 2012.  Avec l’appui de ses partenaires, le Gouvernement rwandais a cherché à faire en sorte que les efforts en vue du développement reposent sur des principes promouvant la bonne gouvernance, la participation aux processus de prise de décisions, l’égalité entre les sexes, en insistant sur le rôle clef de l’autonomisation des femmes et le partenariat avec le secteur privé.


M. ZALMAI RASSOUL, Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan, a rappelé que 20 années de querelles et de conflits internes avaient provoqué d’importantes souffrances au peuple afghan et que les lacunes en matière d’égalité, tout comme le terrorisme, demeuraient des difficultés de taille.  Malgré ces obstacles, il a cité plusieurs progrès réalisés sur la voie du développement durable, notamment en matière d’éducation, d’infrastructures, d’agriculture, en ce qui concerne l’autonomisation des communautés locales et la place des femmes dans l’économie. 


Pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a assuré le Ministre, l’Afghanistan entend gérer ses ressources naturelles de manière durable tout en créant des emplois.  Il a également précisé que la pleine transition du leadership afghan demeurait une priorité de son gouvernement, ainsi que la pleine sécurisation du territoire d’ici à la fin 2014, et le développement social et économique à long terme.  Pour faire face à ces ambitions et, en tant que pays enclavé en développement, l’Afghanistan a besoin de l’appui de la communauté internationale, a indiqué son Ministre des affaires étrangères.  « Ces tâches ne pourront être réalisées sans des moyens de mise en œuvre consistants », a-t-il ajouté.


Mme ROXANA SOBENES, Ministre de l’environnement et des ressources naturelles du Guatemala, a expliqué que son pays souffrait gravement des catastrophes naturelles qui, a-t-elle dit, sont la cause des changements climatiques.  Le Guatemala, a-t-elle souligné, est un des pays les plus vulnérables de la planète à ce phénomène.  Les changements climatiques et économiques au niveau mondial rendent plus difficiles encore les efforts du Guatemala pour relever les défis liés à la lutte contre la pauvreté.  Il est ainsi nécessaire, a estimé le Ministre, de pouvoir compter sur la coopération internationale.  La Conférence Rio+20 est une occasion pour réaffirmer notre engagement en faveur du développement durable, a poursuivi Mme Sobenes. 


M. KOSSIVI AYIKOE, Ministre de l’environnement et des forêts du Togo, a regretté le fait que, malgré les nombreux efforts déployés dans le cadre des diverses conventions des Nations Unies pour la protection de l'environnement, le réchauffement climatique n’ait pas reculé.  Il a rappelé que le Togo, tout comme le reste du monde, était durement affecté par ce fléau qui met notamment en péril ses efforts de développement.  Les inondations et les sécheresses récurrentes provoquent ainsi, chaque année, des pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants et détruisent les infrastructures économiques et sociales, a-t-il dit. 


Le Ministre a ensuite mis l’accent sur les difficultés que rencontre le Togo dans la mobilisation des ressources financières pour l’exécution de son programme d'investissement agricole et pour la mise en valeur et la gestion de ses ressources naturelles, en particulier les énergies renouvelables.  Dans ce contexte, il s’est interrogé sur la comptabilité des modèles de financement de l'économie classique avec les exigences et les réalités de l'économie verte.


M. FRANCISCO ALVAREZ DE SOTO, Vice-Ministre des affaires étrangères du Panama, s’est félicité que tous les pays aient pu discuter et se mettre d’accord sur des objectifs mondiaux de développement durable.  Il faut, a-t-il souligné, que la Conférence Rio+20 réaffirme l’engagement en faveur du développent durable.  Le Panama est venu à Rio avec un message positif, a-t-il assuré.  Le Ministre a mis l’accent sur la nécessité de renforcer le mandat du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et de lancer un forum politique de haut niveau pour un suivi des progrès réalisés.  Le Panama, qui occupe le huitième rang dans le monde en matière de biodiversité, a notamment mis en œuvre un programme de travail visant à préserver l’environnement tout en créant des emplois a-t-il ensuite dit. 


Mme CLAUDIA SARLENO, Vice-Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a d’abord souligné qu’il n’y avait pas de développement sans démocratie, en appelant la communauté internationale à exprimer son appui au Président paraguayen victime, a-t-elle dit, d’un coup d’État au moment où se tient la Conférence Rio+20.  Elle a ensuite fustigé « un capitalisme marqué par une relation erronée entre la Terre nourricière et l’être humain ».  C’est un capitalisme qu’elle a jugé « pervers » et « qui s’est déguisé en vert avec l’intention de s’imposer dans cette Conférence ».  Vingt ans après le Sommet Planète Terre à Rio, les problèmes ne cessent de s’aggraver, a-t-elle regretté.  L’appel lancé, à l’époque, par Fidel Castro pour éliminer la faim en payant la dette écologique est toujours en vigueur, a-t-elle dit.   


« Ce sont les mêmes pays capitalistes qui, avec leurs modes de consommation destructeurs et irrationnels, ont perpétué la violation la plus flagrante contre l’écologie et les droits de l’homme », a-t-elle poursuivi.  Elle a ensuite estimé que le Nord capitaliste avait essayé, durant la Conférence Rio+20, de trouver un nouvel accord en vue de « se décharger sur le Sud ».  Elle a affirmé que, dans la lutte contre les changements climatiques, les mesures et les promesses demeuraient insuffisantes.  « L’État du Texas, avec ses 23 millions d’habitants, a une empreinte écologique plus profonde que toute l’Afrique subsaharienne.  L’empreinte de New York et celle de ses habitants équivalent à celles des populations de l’ensemble des 50 pays les moins avancés du globe », a-t-elle soutenu.  Dans ce contexte, elle a encore fustigé le non-respect des obligations des pays développés au titre de l’aide publique au développement (APD) et le fait qu’ils aient rejeté la proposition de créer un fonds destiné à appuyer la transition des pays en développement vers le développement durable.


Mme SILVIA REVORA, Sous-Secrétaire d’État à l’environnement et au développement durable de l’Argentine, a engagé les États Membres à adopter des mesures claires pour tracer la voie vers le développement durable.  Elle a rappelé que le principe de responsabilité commune mais différenciée avait été décidé lors du Sommet Planète Terre et a estimé que les États devraient exercer leur souveraineté sur leurs ressources naturelles.  Mme Revora a ensuite rejeté les « activités unilatérales » dans les « îles Malvinas » par le Royaume-Uni qui, a-t-elle affirmé, exploite des ressources non renouvelables.   La Sous-Secrétaire d’État a par ailleurs mis en garde contre la tentation d’imposer des modèles de développement, en arguant que lorsqu’ils sont mis en œuvre de manière irresponsable, ceux-ci peuvent causer de nombreux dommages.  L’Argentine, a-t-elle aussi fait savoir, ne souhaite pas non plus que la notion d’économie verte devienne une forme de protectionnisme vert.  L’économie verte, a-t-elle estimé, ne doit pas se substituer aux autres priorités en matière de développement mais servir d’outil pour réaliser un développement durable.  Mme Revora a ensuite appelé au renforcement du PNUE et à une meilleure coordination des différents organes pertinents en matière de développement durable.  En outre, il faudra veiller à ce que les objectifs du développement durable viennent compléter les OMD, a-t-elle ajouté.


M. YAGUB EYYUBOV, Vice-Premier Ministre de l’Azerbaïdjan, a indiqué que son pays avait adopté une stratégie de développement durable qui vise à éliminer la pauvreté, à protéger l’environnement et à garantir une économie verte.  « Nous avons ainsi adopté la Stratégie Azerbaïdjan 2020 qui contient tous les éléments du programme de développement.  Le Vice-Premier Ministre a aussi parlé des activités de l’organisation azerbaïdjanaise IDEA qui œuvre en faveur de la protection de l’environnement et mène, à ce titre, des projets dans ce domaine et dans celui de l’éducation.  Énumérant les progrès accomplis par son pays, M. Eyyubov a indiqué que le niveau de pauvreté avait baissé de 50%, que le taux de croissance avait été multiplié par 3 et que des millions d’emplois avaient été créés.  Il s’est aussi prévalu d’une bonne note par plusieurs agences de notation.


M. Eyyubov a ensuite averti des risques que représente l’énergie nucléaire dans les zones sismiques actives, en citant notamment le cas d’une centrale nucléaire, particulièrement dangereuse, située en Arménie.  En réponse aux « provocations proférées contre son pays par l’Arménie », il a expliqué que ce pays avait tenté de justifier l’occupation des terres de l’Azerbaïdjan.  Plus d’un million d’individus ont ainsi été chassés de leur foyer en Azerbaïdjan, a-t-il déploré.  Il a indiqué que, au lieu de retirer ses forces d’occupation, l’Arménie continue à exploiter les ressources azerbaïdjanaises.  Il a donc demandé que l’Arménie retire ses troupes d’occupation de son pays, comme l’ont déjà exigé plusieurs résolutions.


SHEIKHA LUBNA AL QASSIMI, Ministre du commerce extérieur des Émirats arabes unis, a indiqué que l’économie de son pays avait connu une croissance de 400% depuis le Sommet Planète Terre de 1992 et avaient réussi à diversifier leur base économique.  Désormais, a-t-elle notamment fait savoir, le pétrole ne représente qu’un quart du PIB des Émirats.  Elle a également parlé des avancées réalisées en matière de parité entre les hommes et les femmes.  Aujourd’hui, a-t-elle précisé, 60% des femmes font partie de la population active, y compris dans le secteur judiciaire et des forces armées.  Elle a indiqué par ailleurs que les Émirats disposent de zones protégées et veillent à une utilisation efficace de l’énergie et de l’eau.


Diverses initiatives ont également été lancées dans le domaine de l’économie verte, notamment l’imposition de normes pour l’utilisation de l’air conditionné et la promotion d’énergies renouvelables.  La Ministre a également indiqué que Dubaï s’était doté d’un système de métro propre et qu’Abu Dhabi consacrera le mois de janvier 2013 à la durabilité.  Elle a toutefois reconnu qu’il était difficile pour les Émirats de baisser, de manière significative, leurs émissions de gaz de carbone car la climatisation y est nécessaire, de même que les systèmes de désalinisation de l’eau.  Mme Al Qassimi a souhaité qu’il y ait une meilleure définition du système mondial de gouvernance des ressources hydrauliques.


M. MOHAMMED ALTOBI, Ministre de l’environnement et des affaires climatiques d’Oman, a indiqué que le Sultanat d’Oman portait un grand intérêt à la question du développement durable.  La mise en œuvre du plan quinquennal pour le développement du pays tient compte de la protection de l’environnement, de la croissance économique et de la justice sociale, a-t-il assuré.  Le Ministre a expliqué que son pays cherchait aussi à combiner les exigences du développement dans tous les domaines avec celles de la protection de la nature et des ressources naturelles, en conformité avec les efforts internationaux entrepris dans ce sens.  Il a précisé que son gouvernement œuvrait aussi pour éviter que le développement des projets industriels ait un impact négatif sur les écosystèmes, notamment en utilisant les énergies renouvelables et des techniques respectueuses de l’environnement.  Le Ministre a enfin déclaré appuyer les objectifs de développement durable, qui sont définis par la Conférence Rio+20, et qui, selon lui, représentent le meilleur moyen de préparer un avenir pour l’être humain.


Mme MARIA MUTAGAMBA, Ministre de l’eau et de l’environnement de l’Ouganda, a estimé que le projet de document final de la Conférence Rio+20 représentait la promesse d’un avenir meilleur pour les générations à venir.  Elle a noté qu’en 20 ans, et malgré des réalisations considérables en matière de développement durable, les progrès enregistrés avaient été très inégaux entre les régions, les secteurs et les groupes sociaux.  L’Afrique accuse notamment un retard sur de nombreux plans en raison, entre autres, de l’absence de moyens de mise en œuvre, a-t-elle souligné. 


La Ministre a ensuite présenté plusieurs progrès réalisés par son pays en deux décennies.  Celui-ci a notamment réduit de moitié la pauvreté et doublé le financement national de son budget.  Toutefois, l’Ouganda demeure marqué par un taux de chômage élevé et un accès très inégal aux ressources.  Elle a rappelé que l’élimination de la pauvreté en Afrique dépendait de la possibilité de produire à long terme et d’opérer des échanges commerciaux tant au sein du continent qu’avec le reste du monde.  « Le moment est venu d’éliminer les modèles de croissance dépassés et d’améliorer les conditions de vie des populations, tout en réduisant les risques et les difficultés écologiques », a-t-elle dit.  En ce qui concerne l’accès aux ressources, elle a remercié le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, d’avoir inclus l’Ouganda parmi les pays qui pourront bénéficier de l’initiative « Énergie pour tous ».


M. JOSEPH SAMESAY, Ministre de l’agriculture, des forêts et de la sécurité alimentaire de la Sierra Leone, a réclamé l’adoption de mesures concertées à long terme afin de maintenir l’aptitude de la planète à supporter la population humaine, tout en atténuant les risques environnementaux et la paupérisation des ressources, et ce, sur la base du principe de responsabilité commune mais différenciée.  Il a ensuite expliqué que la Sierra Leone avait récemment mis sur pied un cadre de développement social sur cinq ans.  Quinze zones protégées ont été établies dans le pays et un programme de santé a par ailleurs permis de réduire de 50% le taux de mortalité maternelle et infantile, s’est-il félicité.  Le Ministre a cependant indiqué que des défis persistaient en ce qui concerne le renforcement des secteurs public et privé.  M. Samesay a ensuite salué l’initiative « Énergie durable pour tous » lancée par le Secrétaire général de l’ONU, et a par ailleurs plaidé pour l’adoption de mesures d’atténuation des risques destinées à promouvoir l’investissement.  Il a en outre estimé que le transfert de technologies vers les pays en développement devrait se faire sur la base de termes favorables.  Enfin, le Ministre a dit appuyer le renforcement du rôle du PNUE.


M. MOK MARETH, Ministre de l’environnement du Cambodge, a indiqué que son pays avait établi un plan-cadre national pour la croissance économique qui a fixé sept priorités de développement, dont l’écotourisme, la production d’énergie renouvelable et la gestion des ressources axées sur les communautés.  Le Cambodge prend également des mesures en vue de faire face aux conséquences des changements climatiques, a-t-il dit.  Le Ministre cambodgien de l’environnement a appelé les pays développés à augmenter le niveau de leur aide publique au développement et à assister les pays en développement à développer leurs capacités de résilience.  Il faut aussi une meilleure coopération entre les pays en développement et les pays développés pour assurer une économie verte, a-t-il estimé.  M. Mareth a aussi précisé que son gouvernement continuait à mettre en œuvre sa politique de décentralisation en faveur du développement durable.  Il a également appuyé la transformation du PNUE en institution spécialisée de l’environnement.


M. JUMA BIN AHMED ALKAABI, Ministre pour la municipalité et de la planification urbaine de Bahreïn, a estimé que la Conférence Rio+20 représentait une « nouvelle étape dans laquelle s’est engagée l’humanité pour protéger la planète et mettre en place une coopération internationale au service du développement ».  Il a cependant estimé que de nombreux efforts demeuraient nécessaires dans plusieurs domaines, en particulier en faveur de la protection de l’environnement.  Il a, à cet égard, rappelé que les principes verts constituaient les fondements du développement durable.


Le Ministre a ensuite présenté un certain nombre d’initiatives mises en place dans son pays en faveur du développement durable et de la lutte contre la pauvreté.  Il a notamment cité l’adoption de différentes lois spéciales et la création d’institutions gouvernementales chargées de la mise en œuvre des politiques et stratégies en faveur du développement durable.  Le Bahreïn est ainsi parvenu à améliorer plusieurs indices nationaux, notamment pour améliorer l’accès à l’éducation et aux soins de santé.


M. RAYBURN BLACMOORE, Ministre des travaux publics, de l’énergie et des ports de la Dominique, a assuré que son pays était attaché aux objectifs du développement durable et de l’économie verte.  Il a souligné la vulnérabilité croissante de la Dominique face aux catastrophes naturelles, dont les ouragans, les inondations et glissements de terrain.  Il a exprimé sa gratitude au Gouvernement du Danemark et au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour l’assistance technique dont son pays bénéficie afin de répondre aux besoins de la population en matière énergétique.  Il a ensuite exhorté la communauté internationale à soutenir la mise en œuvre de la Déclaration de la Barbade pour l’énergie pour tous.  Il a cité un projet de développement de la géothermie avec la coopération de l’Union européenne qui, a-t-il dit, permettra de répondre non seulement aux besoins de la Dominique, mais aussi à ceux des îles de la région. 


M. ALFRED LADU-GORE, Ministre de l’environnement du Soudan du Sud, a rappelé que la guerre qui a frappé son pays avait non seulement fait de nombreux morts parmi la population mais avait aussi décimé le bétail.  Certains pensent que nous allons faire faillite ou connaître le même sort que la Somalie, a-t-il dit, en invitant la communauté internationale à mieux s’informer de la situation dans laquelle se trouve son pays.  « Il est important, a-t-il souligné, de préserver l’environnement pour permettre à notre pays de connaître la prospérité ».  Il a rappelé que des forêts très denses, des montagnes et la savane, mais aussi des zones marécageuses très étendues, composaient le paysage de son pays.  Notre population vit des ressources de ces zones, a-t-il indiqué, tout en attirant l’attention sur les difficultés pour son pays d’assurer à la fois le développement et la protection de l’environnement.


Le Ministre a ensuite dénoncé l’agression du régime de Khartoum sur son pays à Abyei et à Panthou qui entrave son développement et porte atteinte à l’environnement, en appelant la communauté internationale à prendre des mesures concrètes pour éviter une escalade de la violence.  La contamination des sources d’eau souterraines par le pétrole, qui cause la perte d’un important bétail, est une autre grave préoccupation pour son pays, a indiqué M. Ladu-Gore.  Avant de conclure, le Ministre a appuyé le renforcement du rôle du PNUE en le dotant de fonds qui lui permettraient de mener des projets d’envergure. 


M. MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN, Ministre des relations internationales et des frontières du Nicaragua, a regretté que la Conférence Rio+20 n’ait pu parvenir à un accord sur des mesures héroïques et généreuses qui sont pourtant indispensables pour sauver l’humanité.  Les ressources et les technologies disponibles doivent être mieux réparties, a-t-il insisté.  Le Ministre a félicité le Brésil pour avoir su mener des négociations qui ont permis d’inclure dans le projet de document final le principe de responsabilité commune mais différenciée.  Il a estimé que la notion d’économie verte n’est qu’un nouvel outil capitaliste visant à privatiser les ressources naturelles et maintenir la pauvreté. 


M. d’Escoto Brockmann a regretté que la communauté internationale ne soit pas parvenue à un document contraignant.  Après Copenhague, Cancún et Durban, la Conférence Rio+20 sera une nouvelle occasion manquée, a dit M. d’Escoto Brockmann en appelant les dirigeants à s’inspirer des valeurs des peuples originaux et de leurs capacités à vivre en harmonie avec leur environnement.  Il a félicité le Président Hugo Chavez pour avoir fait de son pays, le Venezuela, un centre névralgique de la révolution écologique et humanitaire en Amérique du Sud et Eva Morales, d’avoir fait adopter en Bolivie le principe de la protection de la Terre nourricière.  Par ailleurs, il a demandé que la langue portugaise devienne la septième langue officielle de l’ONU.  


M. JOSÉ RAMOS-HORTA (Timor-Leste) a déclaré que le projet de document final est encore loin de refléter l’ampleur du problème, en particulier pour faire face à l’importance des conséquences dévastatrices des changements climatiques.  Il a donc suggéré la création de plans au niveau régional comme, par exemple, un fonds asiatique pour le développement durable qui fonctionnerait sur le modèle de la Banque asiatique pour le développement et serait habilité à octroyer des ressources financières aux pays qui sont exposés à de grandes difficultés.


M. Ramos-Horta a ensuite indiqué que son pays s’était doté de divers plans d’action pour faire face aux changements climatiques, préserver les ressources naturelles du pays et protéger l’environnement en général.  Il a également précisé que le plan stratégique de développement du Timor-Leste avait été lancé en 2011.


M. MARTIN FRICK, Directeur du Bureau des affaires étrangères du Liechtenstein, a souligné la nécessité de garantir une qualité de vie pour tous, tout en respectant les limites de la planète.  Il nous faut des mesures communes et visionnaires, a-t-il déclaré, en rappelant qu’il n’existe pas d’alternatives aux accords multilatéraux pour avancer dans le domaine du développement durable.  Il a ajouté que le Liechtenstein consacre déjà 0,67% de son PIB à l’aide publique au développement avec l’objectif d’atteindre le niveau de 0,7%. 


M. Frick a souligné l’importance fondamentale du Pacte international pour les droits économiques sociaux et culturels (PIDESC) pour permettre à chaque personne de réaliser son plein développement.  Il a regretté que les délégations participant à la Conférence Rio+20 aient manqué l’occasion de s’entendre sur la création d’un mécanisme robuste pour assurer le suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  La création d’un organisme qui garantirait le meilleur équilibre entre les trois piliers du développement durable est indispensable, a-t-il estimé avant de conclure.


« C’est de l’avenir dont on a besoin et non pas de l’avenir que nous voulons qu’il faut parler », a lancé d’emblée M. SEBASTIAN MARINO, Planificateur national pour l’environnement de Palaos.  Ce dernier a indiqué que son pays avait adopté de nombreuses mesures pour privilégier l’usage d’énergies renouvelables et réduire le taux de ses émissions de gaz de carbone.  Il a également souligné le rôle essentiel que jouent les océans et l’économie bleue, notamment pour les petits États insulaires comme le sien.  Il a notamment expliqué que Palaos avait décidé de limiter la pêche dans ses eaux territoriales, mis sur pied un plan de contrôle des navires et créé le premier sanctuaire de requins au monde.  M. Marino a ensuite appelé les navires de pêche à respecter les lois de Palaos, en précisant que la pêche, tout en étant nécessaire pour la survie des populations, doit se faire de manière durable et responsable.  Il a souhaité que l’on mette fin à la pêche pour les ailerons de requins, avant de rappeler que de nombreux stocks de poissons avaient atteint des niveaux critiques.


Tout en s’associant aux objectifs de développement durable agréés à Rio, M. ROBERT AISI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a exhorté la communauté internationale à ne pas perdre de vue les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a déclaré que pour des pays comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée qui dépend des ressources marines, la notion d’économie bleue vient compléter celle d’économie verte.  Il a souligné la difficulté de traduire les bénéfices de la croissance économique par l’amélioration des indicateurs socioéconomiques, en rappelant que la Papouasie-Nouvelle-Guinée n’était qu’au 148 rang sur 182 pays de l’Indice de développement humain (IDH) du PNUD.  Son pays, a-t-il dit, entend protéger la diversité et les spécificités culturelles de la population de la Papouasie-Nouvelle-Guinée tout en s’ouvrant au monde.  M. Aisi a indiqué que son gouvernement avait mis en place un programme national de développement des mangroves pour protéger les côtes et atténuer, ainsi, les effets des changements climatiques.   


Mme MARLÈNE MOSES (Nauru) a indiqué qu’au cours des 10 dernières années, son pays avait dû faire face à l’impact du déclin économique mondial, avant de dénoncer l’absence d’une répartition équitable des richesses.  Elle a estimé que la crise la plus grave à laquelle est confronté le monde était sans doute la crise de la gouvernance.  Elle a notamment pointé du doigt le manque de confiance dans le système de gouvernance international.  On ne peut plus se permettre d’attendre que les plus privilégiés d’entre nous passent enfin à l’action, a-t-elle déclaré.  Il faut bâtir un système économique juste et insuffler un nouvel élan à la gouvernance mondiale.  La représentante a ensuite appelé à la mise en œuvre de l’économie bleue, convaincue que cela contribuera à prévenir la rupture des stocks des ressources halieutiques des mers et océans dans le monde.


M. SONATANE TAUMOEPEAU-TOPOU (Tonga) a mis l’accent sur les attentes particulières des petits États insulaires en développement (PEID) dont l’existence est menacée par les conséquences dévastatrices des changements climatiques, dont l’élévation du niveau de la mer.  Après le Plan d’action de la Barbade, adopté en 1994 et celui de Maurice en 2005, il a espéré que le troisième Sommet des PEID en 2014 sera l’occasion d’accorder une attention particulière au développement durable de cette catégorie de pays.  M. Taumoepeau-Topou a souligné qu’il était impératif de renforcer l’ONU pour répondre aux attentes des PEID et prendre en compte l’économie bleue.  Il a cité l’objectif de Tonga de parvenir d’ici à 2020 à assurer que 50% de la consommation d’énergie proviennent de sources d’énergies renouvelables. 


M. ELMI DUALEH (Somalie) a demandé que le développement soit juste, équitable et inclusif.  La situation de la Somalie s’est détériorée ces deux dernières années, arrivant ainsi en queue de liste des pays les moins avancés selon l’Indice de développement humain du PNUD.  Le pays a souffert d’instabilité à cause de l’organisation terroriste Al Chabaab, qui est liée à Al-Qaida, et à cause de la piraterie au large des côtes somaliennes.  Le représentant a aussi parlé de la désertification et des effets de la sécheresse, qui entraînent la raréfaction de l’eau, la faim et l’exode des populations.  Le représentant a remercié ceux qui sont venus en aide à son pays pendant la sécheresse qui avait duré huit ans, notamment le Brésil.  Il a aussi apprécié tous ceux qui luttent contre la piraterie au large de ses côtes, ainsi que les forces de l’AMISOM, la Force de l’Union africaine en Somalie.


Tout n’est cependant pas perdu, car il y a « une lumière au bout du tunnel », a déclaré M. Dualeh, en évoquant la tenue, ces derniers jours, d’une réunion à Nairobi pour les signataires du processus visant à mettre fin à la période de transition en Somalie.  Les signataires ont convenu d’un projet de constitution qui sera adopté et promulgué prochainement, ainsi que de la création de plusieurs comités importants pour mener à bien la fin de la période de transition d’ici au 20 août 2012.  Le représentant a conclu son intervention en demandant à toutes les personnes présentes de prier pour l’avenir de la Somalie.


Explications de position


Au nom du Groupe des 77 et la Chine, le représentant de l’Algérie a déclaré que l’équilibre qui caractérise ce document ouvrait de nouveaux horizons pour s’entendre sur les divers volets de la mise en œuvre du développement durable.  Le plus grand acquis reste la réhabilitation de la diplomatie multilatérale en tant que meilleur outil pour garantir un avenir meilleur pour tous.  Le représentant du Groupe des 77 et la Chine a remercié l’efficacité du Brésil pour l’organisation de cet événement, ainsi que les fonctionnaires du Secrétariat de l’ONU et tous ceux qui ont contribué de près ou de loin au succès de cette Conférence. 


Le représentant de la Bolivie a rejeté la notion d’économie verte comme nouvel outil de privatisation de la nature et de la société sous couvert d’objectifs de développement durable.  Il a rejeté tout recours à cette notion comme moyen de justifier la privatisation de la nature et de ses ressources.  Faisant sien le paragraphe 56 du document, il a insisté pour que chaque pays dispose, en fonction de ses circonstances et de ses priorités nationales, d’une diversité d’approches, de visions, de modèles et d’outils pour parvenir au développement durable, en mettant l’accent sur le droit souverain des pays de choisir leur propre approche du développement durable. 


Il a insisté sur la nécessité de rappeler les droits de la Terre nourricière et des peuples autochtones.  Il a espéré que les États Membres respecteront l’engagement pris aux termes du paragraphe 56 sans essayer d’introduire de nouveaux éléments non agréés à Rio.  Il a indiqué que la mise en place de mécanismes novateurs de financement ne pouvait pas être interprétée comme un feu vert à des marchés carbones ou à la commercialisation de fonctions et cycles de la nature.  S’agissant du renforcement des capacités scientifiques et technologiques nationales aux fins du développement durable mentionné au paragraphe 272 du document, le représentant de la Bolivie a souhaité que ce renforcement concerne aussi les savoirs ancestraux et les connaissances traditionnelles des peuples autochtones. 


Le représentant du Danemark, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a indiqué que l’Union aurait préféré un document final plus ambitieux, contenant notamment une date butoir pour la réalisation des objectifs fixés.  Il s’est cependant félicité que le document final de Rio+20 reconnaisse le rôle de premier plan que joue l’économie verte dans la lutte contre la pauvreté.  Il a également apprécié que le document reconnaisse la nécessité d’adopter des instruments de mesure qui ne se limitent pas au PIB.  Il a aussi dit attendre avec impatience la mise en œuvre des objectifs du développement durable et s’est félicité du renforcement du PNUE qui aura désormais une composition universelle.  « Nous continuerons à travailler en vue de créer une organisation des Nations Unies sur l’environnement », a-t-il ajouté.  « Nous sommes convaincus que la bonne gouvernance et l’autonomisation des femmes sont des conditions sine qua non pour le développement durable », a ajouté le représentant.  Il nous incombe maintenant de relever le défi en appliquant les mesures prévues dans le document final, a-t-il dit.


Le représentant de l’Équateur s’est rallié au consensus sur le document final de la Conférence Rio+20.  Il a néanmoins signalé ses réserves sur le paragraphe 225 qui fait référence à la rationalisation des subventions sur les combustibles fossiles.  Il a signalé que l’Équateur ne peut prendre aucune mesure qui soit contraire aux dispositions de sa Constitution.  Il a également indiqué que sa délégation ne pouvait accepter de mécanismes d’évaluation et d’examen des politiques nationales.  Par ailleurs, le représentant a réaffirmé la notion de développement défini par l’Équateur ainsi que le respect des droits de la nature tels que cela figure dans sa Constitution. 


La représentante du Venezuela a également émis plusieurs réserves sur certains paragraphes du document final qui, de par leur nature, a-t-elle précisé, sont contraires à la Constitution de son pays.


Elle a ensuite expliqué que, dans la matinée du 19 juin, la Vice-Ministre des affaires étrangères vénézuélienne avait été victime d’une agression par un représentant de l’ONG Greenpeace.  Elle a demandé que cet incident fasse l’objet d’une enquête de la part de l’ONU, conformément aux règles qui régissent la participation des ONG aux travaux de l’Organisation des Nations Unies.  Notant que son pays avait toujours plaidé en faveur de la participation de la société civile aux instances multilatérales, elle a qualifié cette agression d’acte inacceptable.  


Le problème qu’elle a soulevé fera l’objet d’une enquête en bonne et due forme de la part des Nations Unies, lui a ensuite assuré le Président de la Conférence.


La représentante de l’Islande, qui s’exprimait également au nom de la Norvège, a regretté l’absence, dans ce texte, de libellés rappelant l’engagement collectif en faveur des droits reproductifs des femmes.  Elle a fait observer que ceux-ci avaient été inclus dans le Programme d’action du Caire et le Programme d’action de Beijing et étaient, par conséquent, « non négociables ».


Le représentant du Pérou a salué l’accord intervenu sur la création de mécanismes de nature à favoriser la mise en œuvre urgente du développement durable.  Cet accord démontre qu’il n’y a pas de crise, ni de difficulté qui pourraient nous faire reculer, a-t-il dit.  Dans un contexte de crise économique et environnemental, Rio+20 a été l’occasion de nous rappeler l’importance du renforcement du pilier environnemental du développement durable, a-t-il ajouté.


Le représentant du Canada a estimé que les engagements pris en faveur du droit à l’eau potable et à l’assainissement, qui doit être réalisé progressivement pour nos peuples, tels qu’ils figurent au paragraphe 121 étaient conformes à l’article 11 du Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels, relatif à l’amélioration des conditions d'existence.  Néanmoins, il a fait remarquer que ce droit ne pouvait inclure les questions liées aux sources d’eau transfrontalières.


Tout en saluant l’intégration de référence à la santé sexuelle et génésique, la représentante des États-Unis a regretté qu’il n’y ait pu y avoir de consensus sur la question des droits reproductifs des femmes.  


Le représentant du Kenya a jugé équilibré le résultat de la Conférence Rio+20, malgré les difficultés rencontrées au cours des négociations.  Il a appelé à transformer ce document en mesures concrètes, souhaitant que chacun joue son rôle.


Le représentant de la Suisse a estimé qu’il faudrait faire preuve d’ambition pour prendre des engagements forts, notamment pour renforcer le cadre institutionnel du développement durable et le cadre de sa gouvernance.  « Nous avons raté une chance historique », a-t-il dit, en estimant que le document final reflétait un compromis mais ne constituait pas l’engagement dont nous avons besoin.  Il a enfin exprimé l’espoir que les délibérations serviront de catalyseur pour des actions allant au-delà du document final.


L’observateur du Saint-Siège a réaffirmé sa position selon laquelle la personne humaine est au centre même du développement durable, comme le prévoit le premier principe issu du Sommet Planète Terre de 1992.  Il a ajouté que la famille était indispensable pour jouir du développement, en précisant qu’elle était fondée sur le mariage entre un homme et une femme et qu’elle constituait la cellule fondamentale de la société.  C’est en son sein que les valeurs sont apprises et transmises.  Sur le chapitre santé, population et autonomisation des femmes, l’observateur du Saint-Siège a réitéré ses réserves qui figurent dans le rapport de la Conférence internationale sur les femmes et la Déclaration de Beijing.  Il a réaffirmé la position du Saint-Siège en ce qui concerne les termes « santé reproductive » et « santé sexuelle », en rappelant que l’avortement et l’accès à l’avortement ne font pas, selon lui, partie de ces notions.  L’observateur du Saint-Siège a aussi réaffirmé le rôle indispensable des parents dans l’éducation des enfants.  En ce qui concerne la planification familiale, il a dit ne pas accepter ses méthodes ni ses services, en estimant qu’ils ne respectent pas la liberté et les droits des personnes concernées.  Enfin, il a espéré que les gouvernements chercheront à promouvoir une plus grande solidarité avec les plus pauvres.


Le représentant du Congo a tenu à souligner que les pays africains s’étaient engagés en vue d’assurer le succès de la Conférence Rio+20, en estimant que celle-ci constituait une « étape cruciale qui doit conduire vers un développement durable véritable ».  Il a considéré que la consolidation et le renforcement du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), qui a réuni les délégations autour d’un consensus, devrait naturellement conduire celles-ci vers la mise en place d’une organisation qui puisse renforcer les deux autres piliers du développement que sont le développement économique et le développement social.


Le représentant du Chili a estimé que le document adopté aujourd’hui était « un texte significatif qui présente avec précisions les éléments essentiels d’un avenir prospère et durable ».


Son homologue du Nicaragua a, pour sa part, suggéré que les pays ne devraient pas revenir sur des thèmes centraux qui avaient été débattus lors du Sommet Planète Terre, en 1992 à Rio, en citant notamment l’économie verte, les droits reproductifs ou les institutions pertinentes des Nations Unies.


Déclarations de clôture


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général de la Conférence Rio+20, s’est dit fier de cette grande réalisation et a remercié le Brésil pour son leadership.  « Nous allons entrer dans la phase suivante de nos travaux en utilisant le cadre d’action », a-t-il souligné.  Le processus de lancement des objectifs de développement durable est le témoignage concret de notre engagement envers l’avenir que nous voulons. »  Rio+20 a donné des résultats très importants, jetant les bases permettant d’appliquer l’économie verte et d’éliminer la pauvreté, a-t-il ajouté.  « Vous avez aussi décidé de renforcer le PNUE et de créer un forum de haut niveau pour traiter des questions de développement durable », a résumé M. Zukang.  « Vous avez donné pour tâche aux Nations Unies la mission d’explorer les différentes options possibles pour le transfert des technologies », a-t-il ajouté.  Il s’est aussi réjoui des 692 contributions volontaires annoncées en faveur du développement durable, qui viendront compléter le document final.  Le développement durable est la seule option pour l’humanité, a-t-il conclu.


M. NASSIR ABDULAZZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a estimé qu’un long chemin a été parcouru depuis 1992 pour arriver à une apogée historique à Rio en 2012.  Il a rappelé le rôle central de l’Assemblée générale pour stimuler le débat et encourager une prise de conscience du grand public, tout en mettant l’accent sur la nécessité de préserver le pilier environnemental du développement durable.  Il s’est dit conscient des déceptions des uns et des autres, en rappelant que la « distribution équitable » de celles-ci était une constante des négociations multilatérales ».  Il s’est dit persuadé que dans les années à venir, les décisions et les efforts pour promouvoir le développement durable et l’économie verte se baseront sur les résultats de Rio+20.  Il a salué la contribution du Gouvernement du Brésil et de la ville de Rio pour le succès de cette Conférence en se disant impatient d’y revenir pour la coupe du monde de football, en 2014, et les Jeux olympiques de 2016.  


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a affirmé, dans son allocution de clôture, que la Conférence Rio+20 avait été un succès.  « Les discours sont terminés.  Maintenant, le travail commence », a-t-il déclaré.  « Vous, les États Membres, les dirigeants du monde, avez renouvelé votre engagement en faveur du développement durable », a-t-il dit, en notant que le document final offrait une « base solide pour le bien-être social, économique et environnemental ».  Il est désormais de notre responsabilité de s’en inspirer, a-t-il ajouté.


Pour M. Ban, « la Conférence Rio+20 a réaffirmé les principes fondamentaux et les engagements essentiels, et nous a donné une nouvelle direction ».  Il a souligné que les dirigeants mondiaux avaient « convenu d’établir des objectifs universels de développement durable en vue de créer une architecture internationale plus forte pour soutenir le développement durable ».  De même, ils ont « affirmé l’importance de l’autonomisation des femmes, le droit à l’eau et à l’alimentation, et la nécessité de lutter contre la pauvreté », adopté un cadre de 10 ans sur la consommation et la production durables, et reconnu le potentiel des économies vertes.


« Vous avez tendu la main à la société civile et au secteur privé pour qu’ils collaborent avec vous.  Et ils ont répondu », a déclaré le Secrétaire général à l’adresse des participants à la Conférence, en précisant que près de 700 engagements d’une valeur totale de centaines de milliards de dollars avaient été annoncés publiquement à Rio par les gouvernements, les banques multilatérales de développement, le secteur privé et la société civile.  « Ces chiffres énormes donnent une idée de l’ampleur et de la croissance de l’investissement dans le développement durable.  Ils font partie d’un mouvement mondial croissant pour le changement », a-t-il commenté.


Le Secrétaire général, qui a estimé que « notre tâche est maintenant de créer une masse critique » et « un élan irrésistible », a rappelé que « le chemin à parcourir est long et difficile ».  En effet, a-t-il expliqué, « trop de gens demeurent pauvres, affamés et vulnérables aux maladies facilement évitables », tandis que la base environnementale qui permettrait d’améliorer leurs chances de prospérité est l’objet d’une « menace sans précédent ».  « Nous ne pouvons plus nous permettre de consommer des ressources rares par imprudence », a-t-il dit.  « Nous ne pouvons plus polluer par négligence les écosystèmes fragiles.  Nous ne pouvons plus hypothéquer notre avenir pour nos besoins à court terme. »


« Ici, à Rio, vous avez reconnu les défis », a poursuivi le Secrétaire général.  « Et vous avez renouvelé votre engagement pour y faire face, dans l’intérêt de l’humanité tout entière, maintenant et à l’avenir. »


Pour M. Ban, « Rio+20 nous a donné une plateforme solide sur laquelle il faut bâtir ».  « Le travail commence maintenant », a-t-il répété, en conclusion.


« Le Document final est devenu un nouveau cadre pour le développement durable », a déclaré Mme DILMA ROUSSEFF, Présidente du Brésil et Présidente de la Conférence Rio+20, pour qui, avec l’adoption de ce texte, un « pas historique » a été franchi vers un monde plus juste, plus équitable et plus prospère.


Pour Mme Rousseff, le Document final n’est pas en deçà de celui adopté en 1992 lors du Sommet Planète Terre, ni des conclusions adoptées en 2002 à Johannesburg, ni, a-t-elle enchaîné, de toutes les autres négociations de l’ONU.  Ce Document final, a-t-elle affirmé, traduit l’évolution d’une conception partagée du développement durable et représente le fondement de l’Agenda pour le développement durable du XXI siècle.


Par ce Document, a-t-elle poursuivi, la lutte contre la pauvreté figure au centre des ambitions pour l’avenir que nous voulons.  Des objectifs du développement durable ont été fixés et un forum de haut niveau conduira les travaux de l’ONU dans le domaine de la durabilité et assurera la mise en œuvre de ces objectifs. Mme Rousseff a également indiqué que le PNUE sera désormais capable d’aider les pays les plus pauvres à mettre en œuvre leur politique de développement durable.  La Présidente du Brésil a aussi évoqué le plan décennal de production et de consommation, avant d’indiquer qu’un traité spécifique sera en outre négocié pour veiller à la protection des espèces marines.


Mme Roussef a ensuite salué les pays en développement qui ont pris des engagements concrets en faveur du développement durable, et ce, malgré l’absence des ressources financières que devaient verser les pays développés.  Dans la foulée, elle a également annoncé, sous une salve d’applaudissements que le Brésil contribuera à hauteur de 10 millions de dollars à la lutte contre les effets des changements climatiques dans les pays d’Afrique et les États insulaires les plus vulnérables.


La Conférence « Rio+20 » a connu la plus importante participation de l’histoire, avec 12 000 représentants de 200 pays qui ont répondu présent et près de 30 000 personnes se sont rendues au Sommet des peuples.  Elle a également expliqué qu’au cours des Dialogues sur le développement durable, une initiative originale organisée par le Brésil, 1 300 000 votes avaient été reçus par Internet.  Ces recommandations de la société civile ont ensuite été retransmises aux participants des quatre tables rondes de la Conférence. 


La Présidente a également évoqué les manifestations populaires qui se sont déroulées dans les rues de Rio, y voyant le « portrait de la participation citoyenne à la Conférence ».  « Rio+20, a-t-elle poursuivi, c’est aussi un legs intangible, celui de la mobilisation de toute une génération.  Comme en 1992, a-t-elle soutenu, cette Conférence aura un effet de transformation sur les générations ».  « On prétendait que le multilatéralisme agonisait, mais « Rio+20 » a démontré que le système multilatéral est irremplaçable », s’est félicitée la Présidente du Brésil.  « Il faut maintenant donner un véritable effet à ce qui a été décidé.  L’heure, a-t-elle souligné, est maintenant à l’action ».


« Rio+20 est un point de départ.  Ce n’est ni une limite ni un plafond.  C’est une nouvelle épopée qui doit au contraire être guidée par l’ambition d’édifier une nouvelle société durable qui sera léguée aux enfants d’aujourd’hui et de demain. »


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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