Vingt ans après le Sommet de la terre, la Conférence Rio+20 s’ouvre dans un climat d’impatience
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Conférence des Nations Unies
sur le développement durable « Rio+20 »
1re et 2e séances plénières
matin et après-midi
VINGT ANS APRÈS LE SOMMET DE LA TERRE, LA CONFÉRENCE RIO+20
S’OUVRE DANS UN CLIMAT D’IMPATIENCE
Le Secrétaire général salue un moment historique
susceptible d’aider l’humanité à façonner son avenir
RIO DE JANEIRO, BRÉSIL, 20 juin -- « Agissons dès maintenant! ». Présentée comme le plus grand événement jamais organisé par l’Organisation, la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20 s’est ouverte, aujourd’hui à Rio de Janeiro, par un appel du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, à créer un « nouveau modèle » qui garantirait un équilibre entre les impératifs de croissance économique et les « dimensions sociale et environnementale de la prospérité durable et du bien-être humain ».
« Nous devons agir avec vision et engagement, au sens le plus large », a déclaré M. Ban devant un parterre de plusieurs dizaines de chefs d’État et de gouvernement, leur signifiant qu’ils étaient sur le point d’approuver un document final susceptible de « guider nos efforts en faveur du développement durable pour les années à venir ». « Cette semaine, vous avez fait l’Histoire », leur a-t-il dit.
La veille, les États Membres avaient, au terme de longues négociations, finalisé un projet de document final que devront approuver les dirigeants mondiaux au terme de la Conférence Rio+20, vendredi 22 juin, même si certains d’entre eux l’ont déjà qualifié, aujourd’hui, d’« insuffisant », ne faisant qu’effleurer les questions clefs du développement durable.
Deux interventions, aussi fortes que symboliques, auront marqué l’ouverture de Rio+20. Celle, tout d’abord, le matin, de la jeune Brittany Trilford, lauréate du concours « Rendez-vous avec l’Histoire ». « Je suis ici avec du feu dans mon cœur », a-t-elle confié, en se déclarant « déconcertée et en colère devant l’état du monde ». « Êtes-vous ici pour sauver les apparences, ou êtes-vous ici pour nous sauver? », a lancé aux dirigeants de la planète cette étudiante néo-zélandaise de 17 ans.
Ensuite, dans l’après-midi, un message vidéo a été transmis aux conférenciers par des astronautes de la Station spatiale internationale. Ils leur ont adressé une « chaleureuse bienvenue de l’espace », d’où l’on peut contempler la « beauté de notre maison la planète », en saluant tous ceux qui cherchent à bâtir un « avenir durable pour tous ».
La Conférence Rio+20 fait suite au Sommet de la Terre, qui s’était tenu en 1992 dans la même ville, et au cours duquel le développement durable avait été défini comme étant fondé sur les trois piliers d’importance égale que sont la croissance économique, le bien-être social et la protection de l’environnement.
À partir d’aujourd’hui sont donc rassemblés dans la cité brésilienne près de 130 chefs d’État et de gouvernement, auxquels se joignent des milliers de dirigeants d’entreprise, de maires, de groupes de la société civile, de jeunes ou de représentants des populations autochtones, en vue de tenter de déterminer les moyens de réduire la pauvreté, de promouvoir la justice sociale et d’assurer la protection de l’environnement sur une planète de plus en plus peuplée.
Présidente du pays hôte de la Conférence, Mme Dilma Rousseff, a, lors du débat général, insisté sur la responsabilité qu’ont les chefs d’État et de gouvernement devant leurs peuples. « Nous devons nous engager pour garantir un avenir aux hommes et aux femmes de cette planète et le temps est une ressource que nous ne pouvons contrôler », a-t-elle dit, en exhortant à prendre « des mesures audacieuses » dans un monde qui a besoin de changements.
C’est précisément cette absence d’audace dans le projet de document final qui a été critiquée à plusieurs reprises au cours de la journée. Le représentant du groupe des organisations non gouvernementales a notamment fustigé l’incapacité des États à s’entendre sur un texte qui prenne en considération les limites de la capacité de la terre.
Le Président de la France, M. François Hollande, qui a jugé « appréciables » les résultats obtenus, a toutefois regretté, comme son homologue du Kenya, M. Mwai Kibaki, que les négociations n’aient pas abouti à la volonté de créer une institution des Nations Unies de l’environnement. M. Hollande a également déploré l’absence de mesures concrètes en matière de financements innovants.
La représentante de Saint-Vincent-et-les Grenadines a, quant à elle, relevé que, malgré 20 références dans le projet de document final, la notion d’« économie verte » n’a pas pu être clairement définie. À cet égard, le Premier Ministre chinois, M. Wen Jiabao, a souligné l’importance d’explorer des modèles efficaces d’économie verte, sachant, néanmoins, qu’« il ne peut pas y avoir de modèle uniforme ». Chaque pays doit adopter une politique économique verte qui tienne compte de ses particularités, a-t-il dit.
Les inquiétudes des petits États insulaires en développement face aux effets des changements climatiques, « cette calamité provoquée par l’homme », a précisé le Président de Kiribati, M. Anote Tong, ont été, par ailleurs, largement exprimées par leurs dirigeants. Le Premier Ministre de Tuvalu, M. Willy Telavi, a estimé indispensable que la communauté internationale appuie davantage les mesures prises en matière d’adaptation et d’atténuation des catastrophes naturelles.
Auparavant, le Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulaziz al-Nasser, avait expliqué que certaines recommandations contenues dans le prochain document final de Rio+20 seraient présentées devant l’Assemblée générale, cet automne. Il avait, en outre, exhorté les États Membres à réaliser les engagements importants pris dans le cadre d’Action 21 et des trois Conventions de Rio portant respectivement sur les changements climatiques, la biodiversité et la désertification.
Le Secrétaire général de la Conférence Rio+20, M. Sha Zukang, avait, lui, mis l’accent sur la nécessité de renforcer les institutions du développement durable à tous les niveaux, ainsi que la coopération au développement, et ce, dans un esprit de « partenariat véritable ».
La Conférence Rio+20 poursuivra son débat général, en plénière, demain, jeudi 21 juin à 10 heures, au Pavillon 5.
OUVERTURE DE LA CONFÉRENCE
Déclarations d’ouverture
BRITTANY TRILFORD, étudiante néo-zélandaise de 17 ans, lauréate du concours « Rendez-vous avec l’histoire » (« Date With History »), concours d’éloquence organisé dans le cadre de la campagne « TckTckTck », a indiqué qu’elle représentait les trois milliards d’enfants du monde entier, soit la moitié de la population mondiale. Elle s’est dite profondément préoccupée par la situation qui prévaut actuellement dans le monde. « Je suis ici avec du feu dans mon cœur. Je suis déconcertée et en colère devant l’état du monde. Nous sommes ici pour résoudre, ensemble, les problèmes que nous avons causés afin de veiller à ce que nous ayons un avenir », a-t-elle déclaré, dans son intervention de trois minutes chaleureusement applaudie.
Le cours des choses, a-t-elle dit, doit changer pour assurer un meilleur avenir aux jeunes. Tout en reconnaissant que les gouvernements et le secteur privé se sont engagés à lutter contre les changements climatiques et à protéger l’environnement, elle a estimé qu’il faudrait agir très vite pour faire face aux importants défis auxquels notre monde est confronté. « Je lance maintenant le compte à rebours », a-t-elle dit. En 1992, les gouvernements avaient fait des promesses importantes et pleines d’espoir, a rappelé Brittany Trilford. Ces promesses, a-t-elle noté, n’ont pas donné lieu à des résultats. Elle a exhorté les participants à la Conférence à adopter des mesures permettant de répondre aux attentes des générations futures. « Nous espérons que vous saurez, dans les prochaines 72 heures, placer nos intérêts devant tous les autres et faire avec audace ce qu’il faut. » Elle a invité les dirigeants à trouver des solutions qui inspireront l’espoir dans le monde entier. « Je suis ici pour me battre pour mon avenir », a-t-elle lancé, ajoutant, à l’adresse des dirigeants mondiaux: « Êtes-vous ici pour sauver les apparences? Ou êtes-vous ici pour nous sauver? »
M. MILOŠ KOTEREC (Slovaquie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé tout ce qui avait été réalisé dans l’élan du Sommet de la Terre de 1992, notamment les trois conventions adoptées pour protéger l’environnement mondial. La première Conférence de Rio avait aussi défini les principes clefs du programme d’action pour le développement, a-t-il rappelé, en soulignant l’importance qui avait été donnée à la protection de l’environnement, à l’élimination de la pauvreté et à la responsabilité particulière qui pèse sur les pays riches. Comment la Conférence Rio+20 pourra-t-elle exercer une influence durable? s’est-il interrogé. S’il y a des domaines où les progrès sont plus faciles, comme l’accès à l’eau potable et à une énergie durable, d’autres domaines exigent des compromis. Il faudra tenir compte du coût économique des lois environnementales, a-t-il averti.
Appelant à tirer les enseignements des conférences passées, M. Koterec s’est montré favorable à la mise en place d’institutions internationales, tout en prévenant qu’il faudrait accepter les compromis nécessaires. Nombre d’institutions existent déjà et il suffit de les renforcer, a-t-il estimé. M. Koterec a indiqué que l’ECOSOC avait établi des partenariats en faveur du développement durable et encourageait l’innovation. En outre, l’ECOSOC s’engage aux côtés de la société civile, en promouvant les liens entre le secteur public et le secteur privé, a-t-il ajouté. « Nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers », a-t-il lancé, avant de proposer un plan en trois points pour l’ECOSOC. Il a d’abord estimé que l’ECOSOC devrait tenir une réunion de haut niveau spécialement consacrée à la question du développement durable. Il a aussi proposé d’améliorer le suivi des sessions de l’ECOSOC en prévoyant une session spéciale d’intégration. Enfin, la session annuelle de l’ECOSOC doit être revitalisée, en organisant des séances sur toute l’année, a-t-il ajouté. « Nous avons besoin d’un Conseil économique et social plus fort », a estimé M. Koterec, avant de conclure.
Déclarations des grands groupes
Mme HALA YOUSRY, représentante du grand groupe des femmes, a indiqué que les Égyptiennes avaient été à l’avant-garde de la lutte pour l’égalité entre les sexes, qui est une condition essentielle pour le développement durable. Elle a regretté que le projet de document final de Rio+20 effleure à peine des questions clefs. Ce texte, a-t-elle fait remarquer, ne contient aucun engagement en matière de droit à la reproduction. Il ne prévoit pas non plus la création d’un haut commissariat pour la protection de nos filles, ne fait aucune mention de la destruction nucléaire et de l’extraction minière, et aucun objectif n’est souscrit pour que les femmes occupent des postes de haut niveau, a-t-elle également relevé. Le texte final, tel qu’il sera approuvé par la Conférence Rio+20, ne confère pas les moyens nécessaires et urgents pour relever les défis majeurs de notre époque, a-t-elle déploré. La Conférence nous offre ainsi beaucoup moins que ce que nous espérions, a-t-elle ajouté.
KARUNA RANA, représentante du grand groupe des enfants et des jeunes, a souligné que la planète avait été utilisée à mauvais escient pendant trop longtemps. Vingt ans de notre avenir se traduisent par 50 feuilles de papier, a-t-elle ironisé, en regrettant les paragraphes qui ont été éliminés du projet de document final. « Nous avons besoin, a-t-elle insisté, de développer les capacités pour protéger l’avenir des générations futures. » Elle a aussi appelé à reconnaître les responsabilités communes mais différenciées et à encourager le transfert de technologies vers les pays en développement. Le droit à l’eau et le droit à la santé sont aussi des éléments centraux de la justice, a-t-elle rappelé. « C’est l’avenir que nous voulons », a lancé la représentante, avant d’exprimer la déception des enfants et des jeunes qui jugent le résultat de la Conférence Rio+20 très insuffisant. La Conférence Rio+20 est un moment crucial dans l’histoire de nos vies, a-t-elle dit, en appelant, avant de conclure, à faire preuve de compassion et de sagesse.
Mme JOJI CARIÑO, représentante du grand groupe des peuples autochtones, a dressé les grandes lignes du style de vie des autochtones qui met l’accent sur le respect de la nature. Elle a engagé les délégations à renouveler les fils du dialogue avec la Terre nourricière et bâtir une nouvelle civilisation fondée sur le « bien-être ». Elle a par ailleurs estimé que la culture devrait être considérée comme une dimension essentielle du développement durable. Elle s’est dite très inquiète par le fait que le modèle actuel de développement continue de suivre une trajectoire dangereuse.
Parlant au nom du groupe des organisations non gouvernementales (ONG), M. WAEL HMAIDAN, a rappelé que toutes les études scientifiques démontrent que si nous ne changeons pas la façon dont fonctionnent nos sociétés dans les 5 à 10 années à venir, nous menacerons la vie et la survie de notre planète. Alors que le rêve de chacun est de préserver la planète, nous agissons complètement à l’inverse, a-t-il prévenu, en dénonçant l’incapacité des États de s’entendre sur un texte qui prenne en considération les limites de la capacité de la Terre. Le représentant des organisations non gouvernementales a fustigé le projet de document final de la Conférence Rio+20, lequel, a-t-il dit, ne correspond pas à la réalité. Il a indiqué qu’un millier d’ONG avaient déjà établi un contredocument intitulé « L’avenir que nous ne voulons pas » par lequel elles rejettent le projet de document final dont l’objectif ne vise pas à assurer l’avenir des générations futures. « Nous regrettons que certains pays utilisent le prétexte de la crise économique mondiale pour ne pas remettre en cause notre modèle de consommation. » Le représentant a jugé indispensable d’éliminer les subventions nuisibles privilégiant l’industrie des combustibles fossiles. « Nous vous enjoignons de trouver la volonté politique qui nous permettra de vous reconnaître comme nos véritables dirigeants mondiaux », a-t-il dit en conclusion.
M. DAVID CADMAN, représentant du grand groupe des autorités locales, a fait observer que les populations urbaines augmenteront à un rythme sans précédent dans un avenir proche, ce qui présentera des défis énormes en matière de qualité de vie. Il faut agir dès maintenant pour y faire face, a-t-il souligné. Le représentant a notamment estimé que les autorités locales devraient disposer de mécanismes de consultation efficaces pour garantir la bonne mise en œuvre des accords mondiaux et devenir de véritables parties prenantes dans le processus de développement durable.
Mme TRINE-LISE SUNDNES, représentante du groupe des travailleurs et des syndicats, a souhaité que la Conférence Rio+20 montre qu’il reste un espoir de solidarité mondiale. Outre une vision pour réaliser cet objectif, il faut proposer des mesures concrètes pour offrir un travail décent à chacun et parvenir à réaliser un avenir prospère à tous, a-t-elle précisé. Soulignant que le travail précaire était une réalité, elle a noté que les liens étaient brisés entre les entreprises et les communautés. Le groupe qu’elle représente renforce son action en faveur de l’équité sociale et du travail décent, a-t-elle expliqué. Au niveau national, des mesures doivent être prises par les gouvernements pour réaliser des transformations importantes, a-t-elle dit. Des mesures doivent également être adoptées au niveau international. Son groupe, a-t-elle assuré, continuera à exercer des pressions sur les gouvernements afin de faire changer les choses dans l’intérêt de tous.
Intervenant au nom du grand groupe des entreprises et de l’industrie, le représentant, M. KRIS GOPALAKRISHNAN, a rappelé la position des entreprises résultant de 18 mois de négociations entre les représentants du secteur privé dans le monde entier. Il a souligné qu’il était nécessaire de parvenir à un compromis visant à garantir une croissance ouverte et non exclusive. Il faut une approche basée sur les risques qui prenne en compte les opportunités qu’offre l’économie verte. Les entreprises et l’industrie doivent être impliquées dans élaboration des politiques au-delà de Rio et c’est pourquoi, nous nous tournons vers l’ONU pour obtenir ce cadre de participation, a insisté le représentant de ce groupe. Il a mis l’accent sur l’importance et le potentiel des nouvelles technologies pour trouver des réponses à nos défis en matière de développement durable. Il a également souligné le rôle crucial du secteur privé dans la diffusion de nouvelles technologies, en exhortant les gouvernements à encourager davantage de partenariats entre le secteur privé et le secteur public. La transition vers l’économie verte est une responsabilité partagée, a-t-il rappelé, en faisant remarquer qu’aucun groupe ne pouvait agir seul. Si nos efforts sont sincères, cette transition se fera tranquillement, a-t-il assuré avant de conclure.
M. YUAN TSEH LEE, représentant du grand groupe de la communauté scientifique et technique, a indiqué que l’ère de l’anthropogène était caractérisée par l’impact sans précédent des activités humaines sur la planète. Il a exhorté les dirigeants à agir dès maintenant pour contrer tout changement irréversible à l’environnement. Il a indiqué que, selon les différentes études en la matière, des changements à la fois individuels et systémiques sont nécessaires pour protéger la planète, éliminer la famine et les inégalités et garantir la justice. Le passage à la durabilité doit être accompagné de meilleures connaissances, a estimé M. Lee, pour qui une interface politico-scientifique doit accompagner toute prise de décision. La Conférence Rio+20 doit également être l’occasion de créer de nouveaux liens entre la communauté scientifique et la société, a-t-il ajouté
M. HARRY SARAGIH, représentant du grand groupe des agriculteurs, a rappelé que les agriculteurs des communautés autochtones étaient les plus touchés par les problèmes environnementaux. Il a plaidé en faveur de la participation des communautés les plus vulnérables, notamment en améliorant l’accès à la propriété foncière et aux marchés. La sécurité alimentaire doit être assurée aussi bien dans les zones urbaines que dans les zones rurales, a-t-il affirmé, en insistant sur la nécessité d’avoir des produits de qualité et de revoir l’approche actuelle de la consommation alimentaire. Il a aussi demandé d’agir en vue de parvenir à un équilibre alimentaire durable, notamment grâce à un cadre plus solide de gestion des différents secteurs et des techniques agricoles. S’il n’y a plus d’agriculteurs, il n’y aura pas d’aliments, ni d’avenir, a-t-il prévenu.
Débat général
M. EMOMALI RAHMON, Président du Tadjikistan, a présenté les efforts de promotion du développement durable du Tadjikistan dont le souci est de garantir l’indépendance énergétique d’un pays enclavé et montagneux. Il a indiqué que le Tadjikistan s’était doté d’une stratégie pour le développement durable qui s’appuie sur des initiatives en faveur de l’efficacité énergétique. Face à l’augmentation exponentielle de la consommation d’électricité indispensable au développement économique, le Président du Tadjikistan a mis l’accent sur le potentiel hydroélectrique de son pays dont les ressources en eau représentent 60% du territoire. Il a souligné le caractère indispensable de la coopération avec les pays voisins en matière de ressources en eau pour atteindre les objectifs de développement durable. Le Président du Tadjikistan a mis l’accent sur le développement durable des régions montagneuses qui, a-t-il dit, représentent la principale source d’alimentation des rivières. À cet égard, il a rappelé la proposition du Tadjikistan de créer un fonds international de protection des glaciers. Par ailleurs, il a appelé à prendre en considération les dommages croissants résultant de l’augmentation du nombre et de l’ampleur des catastrophes naturelles, en précisant que le budget de reconstruction à la suite d’une catastrophe est chaque année plus important au Tadjikistan.
M. ROBERT MUGABE, Président du Zimbabwe, a rappelé l’adoption, il y a 20 ans, d’Action 21 et des différents engagements pris lors du Sommet de la Terre, notamment en matière de consommation et de réduction des gaz à effet de serre. Dix ans plus tard, les États s’étaient engagés une nouvelle fois à garantir un avenir meilleur, mais nombreux ont été ceux qui sont revenus sur les engagements pris, a-t-il fait remarquer. Les Conférences de Cancún et de Copenhague, a-t-il précisé, n’ont guère été couronnées de succès. Si nous tardons à agir, nous ne pourrons pas fournir un avenir meilleur aux générations à venir, a-t-il averti.
M. Mugabe a notamment dénoncé l’absence de volonté politique pour fournir les moyens de mise en œuvre liés au renforcement de capacité, et a appelé à l’intensification des liens entre les trois piliers –économique, social et environnemental- du développement durable. Il s’est aussi inquiété de « l’affaiblissement du multilatéralisme en faveur de l’unilatéralisme ». Le Président Mugabe a également soulevé la question du principe de responsabilité commune mais différenciée, en faisant notamment observer que l’économie verte avait des significations différentes selon les pays. Il importe donc, a-t-il estimé, d’adopter une perspective commune afin d’éviter toute règle qui poserait problème et de mettre en place des dispositifs appropriés. Il a dit privilégier une souplesse politique qui permette à chaque pays de recenser les difficultés auxquelles il fait face, de pleinement maîtriser ses ressources et d’encourager un développement qui débouche sur la création d’emplois. L’économie verte ne signifie pas l’abandon de ressources naturelles qui peuvent être abondantes, telles que le charbon, a précisé le Président Mugabe, qui a estimé que l’économie verte ne doit pas être utilisée pour imposer des restrictions à l’exploitation des ressources. L’économie verte, a—t-il souligné, doit au contraire permettre de soulager les populations rurales et de répondre aux besoins de subsistance des populations. Le Président Mugabe a ensuite évoqué le programme de réforme foncière lancé au Zimbabwe, lequel, a-t-il dit, a permis au secteur agricole du pays de devenir plus rentable. Des programmes de protection de la faune et de la flore zimbabwéennes existent aussi.
Évoquant ensuite la crise financière, M. Mugabe a appelé à la mise en place de mécanismes de contrôle plus solides et a déploré que cette crise n’ait pas entraîné un engagement politique capable d’assurer la réforme du secteur financier. Il a également dit craindre que certains pays développés n’imposent des mesures « unilatérales et punitives » à l’encontre de certains autres, avant de dénoncer les « sombres nuages » du protectionnisme. Partisan d’une véritable alliance en matière de développement durable, le Président du Zimbabwe a appelé l’ECOSOC à jouer un rôle de premier plan pour promouvoir l’interdépendance des trois piliers du développement durable. Il a également estimé que le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) devrait jouer un rôle de premier plan. « Les clubs élitistes ne devraient pas avoir droit de cité, et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que cette Conférence ne s’ajoute pas à la longue liste des conférences qui ont suscité tant d’espoir mais qui sont restées lettre morte ». La Conférence Rio+20, a-t-il ajouté, doit prendre des mesures d’urgence pour garantir notre avenir collectif.
M. MOHAMED WAHEED, Président des Maldives, rappelant que son pays était « un des plus petits de la planète », a comparé les principes adoptés à la première Conférence de Rio en 1992 avec les mesures prises depuis lors pour les appliquer, en estimant qu’elles demeuraient insuffisantes. Il a regretté qu’on ne puisse pas garantir à des millions de personnes le droit à un avenir et à un environnement durables. Les Maldives veulent non seulement survivre mais aussi prospérer, a-t-il dit. Le Président a indiqué que les Maldives avaient remporté de francs succès, grâce à l’adoption d’une politique économique verte, et qu’ils étaient l’un des trois seuls pays ayant pu quitter la catégorie des pays les moins avancés (PMA). « Notre économie, basée sur le tourisme et la pêche, a connu une bonne croissance, a-t-il indiqué, en réaffirmant que son gouvernement restait attaché aux pratiques de pêches durables. Les Maldives constituent la plus grande réserve biologique dans les atolls, comme l’a reconnu l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), ce qui leur permet de promouvoir les pratiques de pêche durables et de protéger l’environnement, a assuré le Président.
M. Waheed a ensuite parlé de la transition démographique que connaît son pays. Il a expliqué que son importante population de jeunes devient la proie de la toxicomanie et de la criminalité, avant d’assurer que son gouvernement prenait toutes les mesures nécessaires pour surmonter ces difficultés. Les Maldives, qui sont également en transition démocratique, sont déterminées à promouvoir ces valeurs et à renforcer les institutions démocratiques. En matière de neutralité des émissions de carbone, les Maldives ont des objectifs ambitieux, a indiqué le Président, en précisant qu’ils entendaient couvrir 60% des besoins énergétiques, grâce à l’énergie solaire. Les petits États insulaires en développement (PEID) ont cependant besoin d’aide pour continuer sur cette voie, a-t-il fait remarquer. Sur les 194 îles composant les Maldives, 113 connaissent une grave érosion des plages et 110 ont des besoins critiques en eau. Enfin, le Président des Maldives a invité les participants à la Conférence Rio+20 à prendre des décisions audacieuses, en se basant sur la sagesse collective des peuples modernes et anciens.
M. MAHINDA RAJAPAKSA, Président du Sri Lanka, a fait le lien entre développement durable et stabilité politique, en rappelant que les ressources terrestres et marines appartiennent aux peuples et aux générations futures et qu’elles doivent être protégées en tant que telles. Si le Sri Lanka est sur la bonne voie du développement aujourd’hui c’est parce que nous avons mis en place les stratégies nationales nécessaires en garantissant la protection de notre environnement, a dit le Président du Sri Lanka. Il a appelé à adopter des politiques macroéconomiques qui soient respectueuses de l’environnement sans toutefois affaiblir le potentiel de développement des pays en développement.
Le Président du Sri Lanka a attiré l’attention sur les risques d’imposer aux pays en développement des normes environnementales trop contraignantes. Il a jugé injuste que les pays qui sont responsables des crises mondiales imposent aujourd’hui de nouvelles contraintes aux pays en développement. Il a estimé que la solution du développement durable résidait dans le développement d’un concept qui comprenne des objectifs d’atténuation de la pauvreté et d’efficacité énergétique ainsi que la garantie d’un meilleur niveau de vie pour chacun. Il a souhaité que la Conférence Rio+20 détermine des objectifs de développement durable qui reconnaissent le principe de responsabilité commune mais différenciée ainsi que les capacités respectives des États Membres.
M. AL HAJ ADAM YOUSUF, Vice-Président du Soudan, a tout d’abord rappelé les grandes lignes des engagements pris lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992, et a estimé que de nombreux Objectifs du Millénaire pour le développement n’avaient pu être réalisés à ce jour en raison du manque de mise en œuvre de ces engagements. Il a évoqué les effets des changements climatiques, notamment au Darfour, et qui, a—t-il expliqué, avaient provoqué des déplacements de population ainsi que des affrontements entre différents groupes de la société. Les activités des agriculteurs et des éleveurs ont pris une dimension toute autre, a-t-il ajouté.
M. Yousuf a ensuite passé en revue des nombreux défis auxquels est confronté son pays, surtout depuis la création du Soudan du Sud qui, a-t-il fait remarquer, avait engendré la perte de nombreuses ressources pétrolières. La création de ce nouvel État n’a pas été accompagnée de l’aide promise au Soudan au moment du référendum, a-t-il regretté. Le Vice-Président du Soudan a ensuite précisé que les zones productrices de pétrole connaissaient de nombreux défis liés à l’environnement, et a indiqué que le Soudan privilégiait les sources d’énergies renouvelables telles que l’éthanol et l’énergie solaire. Des lois pertinentes en la matière ont été adoptées, a-t-il fait savoir. Le Vice-Président du Soudan a souhaité une plus grande coopération entre les différents organes de l’ONU chargés du développement durable. Plus d’efforts et un engagement sincère sont également nécessaires pour lutter contre la dégradation de l’environnement, a-t-il ajouté.
M. ABDELKADER BENSALAH, Président du Conseil de la nation de l’Algérie, s’exprimant d’abord au nom du Groupe des 77 et la Chine, a réaffirmé l’engagement de ce Groupe en faveur des principes établis par la Conférence de Rio de 1992, en particulier la nécessité de renforcer le développement durable. Il a souhaité que le droit fondamental à un environnement durable reste au centre des politiques du développement. Le Groupe des 77 souligne la validité des principes de Rio et insiste sur leur mise en œuvre, notamment celui de la responsabilité commune mais différenciée, a-t-il précisé. M. Bensalah a aussi demandé de tenir compte des besoins particuliers des pays vulnérables comme les petits États insulaires en développement, avant d’appeler à resserrer l’écart qui existe entre les pays en développement et les pays développés.
M. Bensalah a également insisté sur la complémentarité des trois piliers du développement durable -économique, social et environnemental– en soulignant leur importance accrue depuis les crises financière et économique mondiales. L’économie verte, le principe de la responsabilité commune mais différenciée, les principes d’Agenda 21 et le Plan de mise en œuvre de Johannesburg doivent se baser sur les trois piliers du développement durable, a-t-il ajouté. M. Bensalah a aussi rappelé qu’il faudrait respecter la souveraineté des pays en matière énergétique, avant de souligner l’importance pour les pays en développement de se doter d’une économie verte. « La crise économique, a-t-il dit, ne peut pas servir d’excuse pour ralentir le nouvel élan en faveur du développement durable. » Outre un bon équilibre entre les trois piliers du développement durable, le cadre institutionnel doit être la base du développement durable sous l’égide des Nations Unies, a-t-il affirmé.
L’Algérie, a indiqué M. Bensalah, s’est dotée d’une stratégie ambitieuse de développement durable, qui a donné lieu notamment à la création d’institutions nationales compétentes en matière d’environnement. M. Bensalah a aussi mentionné un programme national de développement des énergies nouvelles, qui a pour objectif de couvrir 40% des besoins énergétiques par le biais d’énergies renouvelables, notamment de l’énergie solaire. Des ressources importantes sont aussi consacrées à la construction de barrages, à la lutte contre la désertification des sols et à la protection de la biodiversité. Appelant à aller au-delà des objectifs à court terme, M. Bensalah a souhaité que la communauté internationale s’engage dans une action collective pour atteindre les objectifs communs.
M. WILLY TELAVI, Premier Ministre de Tuvalu, a souligné la nécessité de respecter les engagements souscrits par le passé en matière de développement durable et de s’entendre sur de nouveaux engagements. Il a jugé indispensable de faire davantage pour sauver notre planète, en appelant à adopter des mesures ciblées pour protéger les océans et les mers qui sont une composante clef de l’économie de pays insulaires comme Tuvalu. Il a déclaré qu’avec une zone économique exclusive maritime de 900 000 km2 pour un territoire de 24 km2, l’économie verte de Tuvalu se résume en fait à une économie bleue. Évoquant les difficultés de son pays insulaire, le Premier Ministre de Tuvalu a cité la lutte contre la surpêche et à la pêche illégale.
Le Premier Ministre a mis l’accent sur l’importance des océans qui produisent la moitié de l’oxygène et absorbent une bonne partie du CO2. Il a appelé au renforcement des mesures dont bénéficient les petits États insulaires en développement comme Tuvalu, afin d’aider ces États à faire face à leurs vulnérabilités particulières. Illustrant les difficultés de son pays à faire face aux chocs économiques externes et aux changements climatiques, le Premier Ministre a indiqué que son pays avait connu en 2011 sa plus grave sécheresse. Il est indispensable que la communauté internationale appuie davantage les mesures en matière d’adaptation et d’atténuation des catastrophes naturelles. Il a indiqué que Tuvalu avait pour objectif de parvenir à assurer une énergie propre à 100% d’ici à 2020, avant d’exhorter les pays développés à respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement et de consacrer, notamment, 0,15% de leur PIB pour assister les pays les moins avancés, les petits États insulaires en développement et pays enclavés en développement.
M. BABURAM BHATTARAI, Premier Ministre du Népal, intervenant au nom des pays les moins avancés, a relevé que plus d’un tiers de la population vivait dans la pauvreté et que le monde actuel connaissait la plus grande inégalité qui ait jamais existé sur la planète. Les femmes continuent d’être traitées comme des citoyennes de deuxième classe, a déploré le Premier Ministre. Il est important, a-t-il souligné par ailleurs, de comprendre les causes profondes du sous-développement. Les défis actuels deviennent de plus en plus complexes, a-t-il dit, avant de mettre l’accent sur le Programme d’action d’Istanbul, adopté par la Conférence des Nations Unies sur les PMA, l’année dernière. Des moyens existent, mais cela ne suffit pas, a constaté M. Bhattarai, qui a insisté sur l’importance d’un engagement ferme de la part des États et de l’adoption d’une approche holistique capable de privilégier le capital humain.
Le Premier Ministre a également estimé nécessaire de prévoir des ressources financières pour appuyer les efforts consacrés par les PMA en matière de développement durable. L’économie verte, a-t-il estimé, constitue une nouvelle possibilité, celle d’avoir des emplois verts qui contribueront au développement des pays, tout en respectant les priorités nationales de chacun d’entre eux. Le Premier Ministre a ensuite indiqué que le Népal avait lancé un programme de développement durable et promouvait le tourisme durable dans le cadre de sa politique de croissance verte. Il a également parlé de la vulnérabilité de son pays face aux changements climatiques. Il ne faut plus se contenter des modèles habituels. Il faut agir dès maintenant pour sauver la planète et éliminer la pauvreté, a déclaré M. Bhattarai, qui a estimé que la Conférence Rio+20 devrait adopter un plan d’action ferme et donner espoir à des millions d’hommes et de femmes dans le monde.
M. FREUNDEL STUART, Premier Ministre de la Barbade, a rappelé qu’il y a 20 ans les dirigeants du monde avaient adopté Action 21 pour trouver un équilibre entre les besoins des populations et leurs obligations envers les générations futures. Même si beaucoup des engagements pris en 1992 n’ont pas été suffisamment mis en œuvre, le concept de développement durable est apparu comme un nouveau paradigme pour le développement, la communauté internationale reconnaissant collectivement qu’on ne pouvait pas résoudre les problèmes de la dégradation de l’environnement sans résoudre les problèmes socioéconomiques et, en particulier, celui de la pauvreté. Si notre monde est encore loin de réaliser un développement durable, il est cependant capable de procéder à des changements systémiques, a-t-il estimé. Il a espéré que la Conférence Rio+20 constituerait un temps fort pour renouveler la détermination dans ce sens.
Le Premier Ministre de la Barbade a expliqué que son gouvernement s’était engagé à faire de l’économie du pays la plus verte de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes. Une étude de grande ampleur a été menée à ce sujet, avec l’appui du secteur privé, de l’University of the West Indies et du Programme des Nations Unies pour l’environnement. Cette étude a conclu que, pour arriver à une économie verte dans le pays, il faudrait établir un système intégré de production, distribution, consommation et d’assimilation des déchets. « Nous sommes prêts à partager notre expérience avec les pays en développement, en particulier avec les petits États insulaires en développement », a assuré par ailleurs M. Stuart. En mai dernier, la Barbade, avec la coopération du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), avait organisé une conférence sur les moyens de parvenir à l’énergie durable dans les petits États insulaires en développement, qui a abouti à une déclaration d’engagement de ces pays. La Barbade s’est ainsi engagée à accroître de 29% la part des énergies renouvelables dans son bouquet énergétique et de 22% l’efficacité de l’utilisation des énergies.
M. Stuart a ensuite félicité les gouvernements qui ont promis d’aider les petits États insulaires en développement dans la mise en œuvre de leurs engagements ambitieux. En sa qualité de membre du Groupe de travail de haut niveau du Secrétaire général sur la viabilité de l'environnement mondial, il a plaidé en faveur de l’économie bleue, c'est-à-dire de la gestion durable des ressources marines. Expliquant ce que fait la Barbade dans ce domaine, il a indiqué que son pays avait participé à la création de la Commission de gestion de la mer des Caraïbes. Il a aussi rappelé que la Barbade avait accueilli en 1994 la première Conférence mondiale sur le développement durable des petits États insulaires en développement, en précisant qu’en 2014, se tiendra la Conférence Barbade+20.
M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre de Fidji, a mis l’accent sur les défis particuliers des petits États en développement en matière d’accès à l’énergie, de protection de l’environnement et d’adaptation aux changements climatiques. Il a rappelé les efforts communs des petits États insulaires du Pacifique qui se sont traduits par la création de « la voie du Pacifique ». Il a précisé que la voie du Pacifique était axée sur la volonté commune des îles du Pacifique de gérer leur patrimoine commun et d’atteindre ensemble leurs objectifs de développement durable. Pour faire face aux cyclones, qui sont de plus en plus fréquents et qui engendrent des conséquences dévastatrices pour la situation économique nationale, le Gouvernement de Fidji a décidé de lutter contre les changements climatiques en mettant en place des politiques réalistes adaptées à la situation particulière des petits États insulaires en développement.
Le Premier Ministre a tenu à rappeler que Fidji avait été le premier petit État insulaire à adhérer à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Il a souhaité que tous les programmes de développement établis au niveau international prévoient des mesures d’adaptation aux changements climatiques. Il a souligné l’importance des efforts entrepris dans la région du Pacifique pour faire face aux changements climatiques, dont des programmes de protection des terres face à l’élévation du niveau de la mer. En outre, il a assuré de la volonté de Fidji d’accueillir le troisième Sommet mondial des petits États insulaires en développement.
« Notre génération n’a pas uniquement consommé sa part des ressources naturelles, mais également celle des générations futures », a lancé d’emblée M. LYONCHOEN JIGMI YOEZER THINLEY, Premier Ministre du Bhoutan, qui a dénoncé les effets dévastateurs de la cupidité. On est en train de retourner à l’état de la survie du plus fort et l’extinction de l’homme approche, a-t-il prévenu. On évite de parler de la vie et de la mort « qui nous regarde droit dans les yeux » pour privilégier des euphémismes tels que l’économie verte et le développement durable, des notions qui, a-t-il dit, ne contribuent qu’à nous diviser. « Développement durable veut dire survie. Ce n’est pas un choix mais une nécessité absolue », a poursuivi M. Thinley, qui a souhaité que soit empruntée une voie « plus juste et plus durable ». Il a exhorté ensuite les États Membres à se mettre d’accord sur une vision permettant d’atteindre « l’objectif ultime qu’est le bonheur ». C’est sur cette nouvelle voie qu’il faut s’engager, a-t-il souligné.
Pour le Premier Ministre du Bhoutan, le bonheur est un sentiment d’harmonie profonde avec le monde naturel et un objectif universel. Le bonheur, a-t—il ajouté, permet de vivre bien, et le bien-être n’est pas le cumul de possessions, mais le fait de jouir d’une bonne santé, de la liberté et du désir de rechercher le bonheur. Selon M. Thinley, durabilité, bien-être et bonheur sont interdépendants et le moment est venu de reconnaître le caractère primaire de ce désir humain et de faire du développement durable le moyen de l’atteindre. Le Premier Ministre du Bhoutan a ensuite estimé que le projet de document final est bien en deçà de ce qui est nécessaire et a encouragé les États Membres à faire davantage pour mieux répondre aux attentes des populations. Il a par ailleurs fait savoir que le Bhoutan travaillait actuellement à la création d’un groupe de travail intergouvernemental d’experts qui sera chargé d’établir l’architecture du nouveau mécanisme pour le développement. La Conférence Rio+20 n’est pas seulement la dernière occasion pour l’humanité de prévenir sa propre extinction mais aussi l’occasion pour la civilisation de devenir véritablement florissante en privilégiant son bonheur, a-t-il rappelé avant de conclure.
M. DILEÏTA MOHAMED DILEÏTA, Premier Ministre de Djibouti, a indiqué que son pays avait accompli de nombreux progrès dans les secteurs du transport et du tourisme, qui lui ont permis d’atteindre un taux de croissance annuel de plus de 5% au cours des dernières années. Il a aussi signalé la mise en place d’une initiative nationale de développement social qui a entrainé l’exécution de nombreux projets. En matière de sécurité alimentaire, des projets agropastoraux ont été mis en œuvre et nous avons acquis des terres agricoles dans les pays voisins, a-t-il ajouté. En ce qui concerne l’accès à l’eau, qui est un problème à Djibouti à cause de la température élevée et de la faible pluviométrie, le Gouvernement de Djibouti a décidé de dessaler l’eau de mer en utilisant l’énergie éolienne. M. Dileïta a également mentionné la mise en place d’une nouvelle station d’épuration à Djibouti et la mise en œuvre d’un projet de réhabilitation de la forêt de mangroves. Il a ensuite énuméré les défis que son pays doit relever pour parvenir à un développement durable, comme les taux élevés de la pauvreté et du chômage des jeunes, ou encore une sécheresse sévère. Il a appelé la communauté internationale à prendre des décisions concrètes pour faire face aux défis du développement. La croissance économique doit profiter à l’ensemble des peuples et, c’est pourquoi, il faudrait améliorer la gouvernance internationale, a-t-il insisté.
M. WINSTON BALDWIN SPENCER, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères d’Antigua-et-Barbuda, a jugé utile d’évaluer ce qui a été fait depuis la Déclaration de Rio et Action 21, adoptés en 1992, sous l’angle de la croissance et de la protection de l’environnement. Il a comparé les attentes en matière de développement durable en 1992 à une autoroute à plusieurs voies qui s’est réduit depuis à un chemin étroit et dégradé. Il a dit que son pays était ici pour réaffirmer son engagement pour trouver des solutions centrées sur les personnes. En 2008, Antigua-et-Barbuda avait subi une déstabilisation massive de son économie en raison des crises économique et financière mondiales, a-t-il dit. Le Premier Ministre a exhorté le système financier international à prendre conscience de l’impact de ses décisions sur les capacités des petits États insulaires en développement à réaliser leur développement durable. Il a déclaré que le développement des économies vertes ne pourra se faire sans un accès à de bonnes conditions de prêts bancaires pour les citoyens et les entreprises.
Mme AMY ADAMS, Ministre de l’environnement de la Nouvelle-Zélande, a rappelé que son pays, qui abrite une grande réserve naturelle, participait à l’Alliance de recherche mondiale sur les émissions à effet de serre provenant des serres agricoles. Ces pratiques agricoles, qui augmentent ces émissions, doivent être limitées, a-t-elle recommandé. Par ailleurs, la Nouvelle-Zélande rejette les subventions versées dans certains domaines, notamment pour les combustibles fossiles, a-t-elle dit, en précisant que les montants importants actuellement versés à ce titre par certains pays pourraient être consacrés à des domaines prioritaires.
Mme Adams s’est dite préoccupée par le problème des pêches nocives, illicites et non réglementées, qui peuvent altérer l’état des stocks halieutiques. Elle a relayé l’appel lancé par les pays de la région du Pacifique pour que le document final de la Conférence Rio+20 reconnaisse la contribution importante des pays de cette région au développement durable. Elle a aussi plaidé pour que soit augmentée la résilience des petits États insulaires en développement comme la Nouvelle-Zélande, qui figurent parmi les économies les plus fragiles au monde. Avant de conclure, elle a demandé que la mise au point d’objectifs de développement durable à la Conférence Rio+20 ne nuise pas à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.
M. JORGE LARA CASTRO, Ministre des affaires étrangères du Paraguay, a déploré le fait que le mode de développement actuel privilégie le développement des marchés au détriment de la vie. Il a dénoncé également le fait que les pays d’Amérique latine produisent une part importante des produits alimentaires consommés dans le monde alors qu’une partie de leur population nationale souffre de malnutrition. Il faut construire des États indépendants et souverains et redéfinir de manière urgente les paradigmes du développement a estimé M. Castro. Un environnement sain est un droit pour tous et la nature ne peut être traitée comme une simple marchandise mais doit être utilisée de manière rationnelle et durable car, a-t-il ajouté, elle est la source de notre vie. Le Ministre paraguayen des affaires étrangères a ensuite souhaité que des objectifs précis soient définis et que des ressources financières soient mises à la disposition des pays en développement pour les aider à assurer leur développement durable. À moins d’y parvenir, a-t-il averti, il n’y aura pas de réponses de fond aux problèmes actuels.
M. Castro a également estimé que le principe de responsabilité commune mais différenciée doit cesser d’être une simple rhétorique. « Nos peuples, a-t-il souligné, refusent de payer les frais d’une crise qu’ils n’ont pas provoquée ». Le Ministre a ensuite parlé des importantes ressources hydriques que possède son pays et a souhaité que soit la création d’un système d’intégration énergétique solidaire, fondé sur la souveraineté des ressources énergétiques, afin de profiter au développement des peuples. Il faut aussi privilégier des accords contraignants en matière de changements climatiques et prendre des mesures à l’encontre de pays qui ne contribuent pas aux objectifs fixés en la matière, a-t-il par ailleurs estimé.
Mme LA CELIA PRINCE (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a regretté que nous continuions à agir comme si nous avions tout le temps d’agir, comme si des pays n’étaient pas lentement submergés du fait de l’élévation du niveau de la mer. « Soyons honnêtes, après de nombreuses heures de négociations, nous avons établi un document que seul un diplomate peut apprécier », a dit la représentante. Elle a dénoncé le projet de document final qui, a-t-elle fait remarquer, prend en compte les intérêts particuliers des différents groupes au détriment de la cohérence et de la cohésion de l’ensemble. « En perdant de vue la forêt, on ne voit que les arbres ». Elle a mis l’accent sur les besoins des petits États insulaires en développement qu’elle a qualifiés de groupe particulièrement vulnérable et de cas particulier du développement durable.
Elle a regretté que, malgré 20 références dans le projet de document final, la notion d’« économie verte » n’ait pas pu être clairement définie. Néanmoins, elle s’est dite optimiste que l’acceptation apparente de cette notion nous permettra des avancées significatives, tout en prévenant qu’elle ne pourra être appliquée de manière unique et uniforme par tous. Elle a invité les pays développés à s’abstenir d’imposer des normes subjectives de développement durable qui se traduiraient par des formes déguisées de contraintes commerciales. Elle a souligné la priorité accordée par Saint-Vincent-et- les Grenadines aux énergies solaire, éolienne et hydrologique. Elle a souhaité qu’aux objectifs d’intégration, de mise en œuvre et cohérence soient ajoutées les notions d’urgence, d’ambition et d’engagements.
M. HAMZA RAFEEQ (Trinité-et-Tobago) a fait remarquer qu’en dépit des engagements et des mesures pris au cours de ces dernières décennies, de nombreuses priorités sur les plans économique et social n’ont toujours pas été réglées. Il a souligné que son gouvernement s’était engagé à adhérer en faveur des principes de développement durable, ainsi qu’en faveur de l’inclusivité sociale, de l’équité et d’une meilleure participation des citoyens. En tant que petit État insulaire des Caraïbes « dont la situation économique dépend fortement de ressources en pétrole et en gaz qui, a-t-il rappelé, ne sont pas illimitées », son gouvernement doit trouver une voie équilibrée pour réaliser le développement durable. C’est pourquoi, il s’est d’ores et déjà engagé à inclure les résultats de la Conférence Rio+20 dans ses politiques, ainsi que les processus visant à définir les objectifs du développement durable (ODD). Il a également souhaité réaffirmer l’engagement de son pays en faveur de la mise en œuvre du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement, connu sous le nom de « Programme d’action de la Barbade ».
M. Hamza Rafeeq a aussi précisé que des initiatives mises en œuvre par son gouvernement abordaient plusieurs domaines thématiques identifiés comme prioritaires par la Conférence Rio+20, en particulier en ce qui concerne les deux thèmes principaux que sont l’établissement d’une économie verte et l’avancement du cadre institutionnel pour le développement durable. Trinité-et-Tobago tente, notamment, d’intégrer des technologies plus vertes et plus propres dans ses processus de fabrication industrielle et est sur le point de devenir le deuxième pays au monde, après le Qatar, à produire 100% de son électricité par le biais du gaz naturel. Sur le plan international, il a estimé que si un conseil pour le développement durable devait être créé, cela devrait se faire de façon claire tout en précisant la manière dont celui-ci pourra coopérer avec les organes existants comme la Commission du développement durable. À l’instar de la CARICOM, son pays est également en faveur du renforcement du PNUE, à condition que ce renforcement n’impose pas « de nouvelles négociations diplomatiques » ou de « nouvelles exigences » pour les petits États insulaires en développement, a-t-il précisé.
Mme Laura Chinchilla Miranda, Présidente du Costa Rica, a expliqué que, 20 ans avant le Sommet de la Terre, son pays avait déjà fait face à des défis liés au développement durable. Le Costa Rica possède en effet une biodiversité exceptionnelle et ses ressortissants se sont très tôt engagés à être un exemple pour le monde, a-t-elle expliqué. Il y a plus de 40 ans, le Costa Rica a ainsi adopté une série de mesures et de politiques favorables à un développement plus en harmonie avec la nature, a-t-elle fait remarquer. Grâce à ces mesures, plus de 25% du territoire costaricain bénéficient maintenant d’un régime de protection spéciale et 52% de la superficie totale du pays sont constitués de forêts. « Cela fait du Costa Rica l’un des cinq pays les plus verts au monde », a souligné sa Présidente. Elle a noté que ces mesures avaient été accompagnées d’un engagement éthique en faveur de la durabilité environnementale. À titre d’exemple économique de cet engagement, elle a cité le développement du tourisme écologique, « qui a permis de tripler les ressources du tourisme plus classique », a-t-elle dit, ou la production de bananes et de café certifiés « neutres du point de vue de leur empreinte carbone ».
Pour la Présidente du Costa Rica, l’exemple de son pays confirme que la protection de l’environnement ne sape pas la croissance mais peut, au contraire, en devenir l’un de ses principaux piliers. C’est une voie qui n’est pas simple, a fait remarquer Mme Chinchilla Miranda. Mais c’est la voie que le Costa Rica a choisie, a-t-elle assuré, tout en regrettant le fait que d’autres pays n’aient « toujours pas honoré leurs engagements et que son pays ait à subir les changements climatiques causés par l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre ». Avant de conclure, elle a estimé que la communauté internationale devrait apprendre à nouveau les principes sur lesquels doivent reposer ses efforts de développement.
M. MAHMOUD AHMADINEJAD, Président de la République islamique d’Iran, a affirmé que les plans et les programmes décidés de par le passé n’avaient toujours pas été appliqués. Le monde a besoin d’un nouveau plan innovant, a-t-il dit. Le Président iranien a dénoncé en particulier les conséquences néfastes, selon lui, de l’ordre mondial actuel, des crises économiques et du déclin des normes morales. « Faites attention! », a lancé M. Ahmadinejad, en critiquant le fait que soit accordée la priorité aux aspects matériels de l’être humain et que d’autres dimensions soient négligées. Selon le Président iranien, quelques pays essaient de garantir leur sécurité et leur confort au détriment de la santé et de la sécurité des autres, et s’attachent à justifier tous les moyens possibles pour atteindre leurs objectifs. Il a dénoncé une société matérialiste et capitaliste aux yeux de laquelle, notamment, la destruction de l’environnement et les actes immoraux sont justifiés et nécessaires.
M. Ahmadinejad a déploré le fait que les pays développés imposent leur modèle de développement aux autres. Dénonçant la mégalomanie et les notions matérialistes de certains pays, il a demandé: « Qui bénéficie de l’ordre international actuel? » « Quel pays peut progresser dès lors qu’il fait face à des problèmes non résolus? » Selon lui, le Conseil des droits de l’homme, le Conseil de sécurité, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) sont parvenus à leurs fins pour couvrir leurs problèmes. Il a mis l’accent sur la nécessité de mieux connaître les liens humains et sociaux. « Nous n’avons pas le droit de détruire l’environnement qui appartient à tous », a-t-il notamment dit. De même, « tous les êtres humains doivent pouvoir jouir de la liberté », en particulier de la liberté de foi, a-t-il estimé. L’ordre international doit être remodelé, notamment pour servir les aspirations naturelles et spirituelles de l’homme, a poursuivi M. Ahmadinejad. Un ordre humain doit être établi par les dirigeants de bonne foi, et ce jour est arrivé, a-t-il déclaré, avant de conclure.
M. ALPHA CONDE, Président la de Guinée, a regretté que le constat général, 20 ans après l’adoption d’Agenda 21, soit « bien en deçà des résultats escomptés » et que « les mutations véritables vers le développement durable restent encore à opérer ». Il a toutefois noté que l’espoir était permis et que son pays, la Guinée, avait l’ambition de placer le développement durable au cœur de son programme de développement économique et de faire, ainsi, la promotion d’une économie verte en Afrique de l’Ouest. Dans ce contexte, il a expliqué que la Guinée avait entamé une révolution silencieuse dans les provinces du pays à travers l’installation de centaines de systèmes photovoltaïques. De façon plus significative, il a expliqué que la position privilégiée de la Guinée en tant que « château d’eau » de l’Afrique de l’Ouest offrait un potentiel hydroélectrique capable de fournir une énergie propre à sa population et, au-delà, à toute la sous-région.
Pour ce faire, le Président guinéen a estimé qu’il était urgent de parvenir à un consensus international sur l’économie verte, « avec une feuille de route qui précise les objectifs et les actions à mener à chaque niveau et par chaque acteur ». « Le facteur clef sera de travailler ensemble, chaque acteur apportant son expertise et assumant ses responsabilités », a-t-il dit. M. Condé a aussi souligné qu’il était profondément convaincu que de nouveaux modèles économiques tels que celui adopté par la Guinée constituaient le futur de la « croissance verte » et du développement durable pour le siècle en cours. Avant de conclure, il a précisé que certains de ces modèles viendraient en partie des pays en développement, et parfois « de pays qui ne font que débuter leur ascension économique ». « En ce jour, c’est un Africain qui s’adresse à vous », a-t-il dit. « Et cet Africain qui se tient devant vous souhaite que nous soyons plus à l’écoute des cris de notre Terre. Cette Terre qui est notre mère à tous, nous nous devons de la soulager si nous souhaitons continuer à bénéficier de ses bienfaits », a-t-il conclu.
M. LEE MYUNG-BAK, Président de la République de Corée, a fait état du lancement dans son pays, après son élection en 2008, d’une stratégie en faveur de la croissance verte. Une loi sur la croissance verte et une loi sur la diminution des émissions de gaz à effet de serre ont été adoptées par l’Assemblée nationale, a-t-il expliqué. Le Président coréen a expliqué que, même en pleine crise économique mondiale, cette politique avait permis de créer 750 000 emplois au cours des trois dernières années. Il s’agit, a-t-il dit, d’une stratégie intégrée permettant de mettre en œuvre les trois piliers du développement durable.
M. Lee a en outre mis l’accent sur la nécessité de répondre aux défis mondiaux par une stratégie mondiale. Pour arriver à réaliser un développement durable grâce à la croissance verte, il faut, a-t-il ajouté, des technologies et des ressources nécessaires. L’avenir que nous voulons est à portée de main, a-t-il dit, en concluant: « N’oublions pas que nous sommes notre propre obstacle, mais que c’est aussi nous qui conduisons notre propre avenir ».
CÉRÉMONIE D’OUVERTURE
Mme DILMA ROUSSEFF, Présidente du Brésil et Présidente de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 », a rappelé aux chefs d’État et de gouvernement qu’ils ont une responsabilité devant leurs peuples. Cette responsabilité, a-t-elle précisé, consiste à faire en sorte que la Conférence de Rio soit une étape dans l’histoire. « Nous devons nous engager pour garantir un avenir aux hommes et aux femmes de cette planète et le temps est une ressource que nous ne pouvons contrôler », a-t-elle dit, en appelant à prendre « des mesures audacieuses » dans un monde qui a besoin de changements.
La Présidente brésilienne a ensuite rappelé qu’en 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio, les pays s’étaient mis d’accord sur les principes essentiels sur lesquels ils devaient agir en faveur du développement durable et en plaçant l’être humain au centre des efforts entrepris dans ce domaine. Ces principes ont notamment fait en sorte que l’éradication de la pauvreté soit devenue une décision politique, a-t-elle souligné. « Nous avons aussi reconnu le besoin de laisser de côté des modèles de consommation non durables », a-t-elle ajouté. Elle a cependant regretté le fait que la promesse de financement ayant pour objectif d’atténuer les coûts des mesures prises en faveur du développement durable n’ait pas abouti et que les engagements visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre qui faisaient partie du Protocole de Kyoto n’aient pas encore été mis en œuvre. « Le Brésil reconnaît que de nombreux résultats obtenus en 1992 n’ont toujours pas donné de suite et c’est pourquoi, nous avons la responsabilité d’agir pour changer les choses. » Il faudrait adopter de nouvelles approches à cet égard, a-t-elle ajouté.
Rappelant ensuite les effets des « pires crises économique et financière qu’ait connues le monde depuis la Seconde Guerre mondiale », Mme Rousseff a fait remarquer que, pour assurer une reprise économique à l’échelle planétaire, les seuls moyens étaient d’encourager la croissance économique et la création d’emplois. « Face à ces crises, la tentation est forte de donner la priorité aux intérêts nationaux or, nous ne pouvons pas nous le permettre », a-t-elle insisté, en notant que la Conférence Rio+20 était la preuve qu’il existe une volonté politique d’arriver à un accord pour une nouvelle vision de l’avenir.
Elle a ensuite cité plusieurs « changements radicaux » introduits par le Brésil dans les rouages de son économie. Ils ont notamment permis à des millions de personnes de sortir de la pauvreté, la création de 80 millions d’emplois et un « panachage économique équilibré », a-t-elle dit. En matière d’environnement, elle a fait remarquer que 75% des zones protégées sur le globe depuis 2003 se trouvent au Brésil et que son pays était parvenu, entre 2004 et 2011, à une diminution de 7% de la déforestation tropicale. « Nous savons que le développement durable est la meilleure réponse aux changements climatiques et que le développement durable signifie une croissance économique pour pouvoir distribuer la richesse, la création de nouveaux emplois pour les travailleurs et un accès à l’éducation, aux services de santé et à tous les services qui sont nécessaires pour assurer le bien-être des citoyens », a-t-elle souligné.
Revenant aux enjeux en matière de développement durable pour la communauté internationale, Mme Rousseff a estimé que le prix de l’inaction serait bien plus élevé que celui des mesures à prendre. À cet égard, elle a considéré que le projet de document final qui sera adopté par la Conférence Rio+20 était le résultat d’un compromis sur lequel il y avait un consensus. « Cela montre que nous ne voulons pas faire machine arrière et que nous voulons respecter les engagements pris en 1992 », a-t-elle dit. Elle aussi noté que ce texte comprenait des résultats importants. Il insiste notamment sur l’objectif d’éliminer la pauvreté et, pour la première fois pour un texte de cette ampleur, a-t-elle dit, il fait référence à l’égalité raciale et à la non-discrimination. En outre, elle a précisé que ce texte établissait aussi un forum de haut niveau au sein du système des Nations Unies, renforçait le PNUE et améliorait le rôle de la société civile dans processus de prise de décisions. Avant de conclure, Mme Rousseff s’est félicitée du niveau de mobilisation de la société civile, qui fait de cette Conférence « l’une des plus importantes en matière de participation des mouvements sociaux et de la société civile », a-t-elle dit.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a salué un moment historique et une conférence qui doit nous aider à façonner l’avenir de l’humanité toute entière. Il a regretté que les efforts entrepris depuis 1992 n’aient pas été à la hauteur de nos défis, parce que nous n’avons jamais réalisé que nous ne pouvions pas consommer à tout va au nom de la seule croissance. Le Secrétaire général de l’ONU a estimé que le moment était venu de créer un « nouveau modèle » qui garantisse un « véritable équilibre entre les impératifs d’une robuste croissance économique et de développement avec les dimensions sociale et environnementale d’une prospérité durable et du bien-être humain ». Illustrant l’ampleur du défi, il a indiqué qu’il nous faudra 50% d’aliments en plus, 45% d’énergie en plus et 30% d’eau en plus d’ici à 2030 pour faire face à la seule croissance démographique. Il s’est particulièrement inquiété de la situation des villes les plus vulnérables. Il a exhorté les dirigeants mondiaux à prendre conscience de leur responsabilité pour créer un mouvement mondial en faveur du changement.
« Nous devons agir avec vision et engagement, au sens le plus large », a-t-il dit, en soulignant que les dirigeants mondiaux étaient sur le point d’approuver un document final qui peut guider nos efforts en faveur du développement durable pour les années à venir ». « Cette semaine, vous avez fait l’Histoire », leur a-t-il dit.
La ressource qui nous fait le plus de défaut est le temps et nous n’avons plus le luxe de reporter à plus tard des décisions trop importantes, a ajouté le Secrétaire général. Après la Conférence Rio+20, il faudrait investir des milliards de dollars pour nous aider à changer les vies au niveau mondial. M. Ban s’est félicité de la volonté des États Membres de déterminer les objectifs de développement durable qui nous permettront de poursuivre nos efforts au-delà de 2015, date butoir de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il s’est félicité de la négociation d’un document qui met l’accent sur la sécurité alimentaire, la création d’emplois, l’accès à l’eau et à l’assainissement, les villes, l’autonomisation des femmes, et une éducation de qualité pour tous. M. Ban a estimé que l’heure avait sonné de faire le dernier grand pas et d’assurer le suivi de la mise en œuvre des objectifs de Rio+20, en s’engageant fermement à agir. « Nous ne devons pas demander à nos enfants et petits-enfants d’organiser une Conférence Rio+40 ou une Conférence Rio+60 mais agir plutôt dès maintenant avec une vision à long terme », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU. « Comme la plupart d’entre vous, je ne suis pas seulement le titulaire d’une fonction, en l’occurrence celle de Secrétaire général des Nations Unies, mais également un père, un grand-père et comme vous, je veux un monde où nos enfants pourront être heureux et prospères, un monde où tout le monde pourra avoir un travail décent et vivre dans la dignité… Un monde où chacun pourra respirer un air pur, boire une eau potable et manger à sa faim et aussi avoir confiance dans l’avenir. Ensemble, nous pouvons faire un pas géant vers cet avenir, ici même et tout de suite », a-t-il insisté, avant de conclure.
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, a affirmé que la Conférence Rio+20 était une occasion unique au cours d’une génération. C’est l’occasion, a-t-il dit, de transformer les idées et les aspirations en des actions robustes et des réalités quotidiennes. Le temps est venu de forger l’avenir pour les générations à venir. « L’avenir que nous voulons », a-t-il précisé. M. Al-Nasser a mis l’accent sur la nécessité de comprendre les raisons pour lesquelles nous avons été conduits à suivre un modèle de développement qui, en définitive, n’est pas durable. Bien que beaucoup de progrès aient été réalisés, de larges parties du monde en développement sont confrontées à la pauvreté, aux maladies et à des conditions de vie abjectes. Il faut, a-t-il ajouté, rechercher des solutions qui ne mettent pas en péril les futures générations, lutter pour un avenir où l’équité, l’égalité et la prospérité constituent la norme et non l’exception. Un tel avenir est possible, a poursuivi le Président de l’Assemblée générale, en soulignant, notamment, les progrès importants accomplis dans les domaines de la science et des technologies.
M. Al-Nasser a appelé les dirigeants mondiaux à faire preuve d’un grand esprit de coopération. Il a précisé que les négociateurs étaient déjà parvenus à obtenir un accord dans des domaines importants du développement durable. Le Président de l’Assemblée générale a estimé qu’il ne fallait pas laisser les crises économique et financière mondiales affaiblir la coopération en faveur du développement, celle-ci devant au contraire s’étendre. De même, a-t-il estimé, la communauté internationale a besoin d’un consensus de base sur les politiques clefs à long terme, des solutions puissantes et coordonnées devant être recherchées. M. Al-Nasser a ainsi souligné l’importance du rôle de l’Assemblée générale en vue d’aider à trouver un consensus mondial. Le Président de l’Assemblée générale a également estimé que le développement durable exigeait de repenser les institutions internationales. Ici, à Rio, les États Membres devront ainsi décider de revoir la conception de certaines des organisations et des organes intergouvernementaux. M. Al-Nasser a, par ailleurs, affirmé que certaines recommandations contenues dans le prochain document final de la Conférence Rio+20 seront présentées devant l’Assemblée générale cet automne. Il a, en outre, exhorté les États Membres à réaliser les engagements importants pris dans le cadre d’Agenda 21 et des trois Conventions de Rio portant respectivement sur les changements climatiques, la biodiversité et la désertification.
M. SHA ZUKANG, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, a fait remarquer qu’il existait des moments historiques marqués par une large participation et les engagements politiques pris. Le Sommet de la Terre de 1992 était l’un de ces moments car, a-t-il précisé, il a permis de lancer la notion de développement durable à travers le monde. « Aujourd’hui, nous vivons un autre de ces moments historiques, qui réunit les représentants des gouvernements et des principaux groupes, et celui-ci va nous permettre de relancer notre action et de donner un souffle nouveau à notre partenariat », a-t-il dit. À cet égard, il a estimé que la volonté politique montrait qu’en travaillant ensemble, la communauté internationale pouvait répondre aux différentes crises qui frappent notre monde et qui sont étroitement liées, a-t-il dit, en ajoutant que cette responsabilité incombait aux gouvernements, aux principaux groupes et, enfin, à tous.
Le Secrétaire général de Rio+20 a ensuite précisé, qu’au cours de ces deux dernières années de préparation de la Conférence, il avait pu constater les efforts entrepris en matière de développement durable. Il a noté qu’il y avait eu des succès importants depuis 1992, en particulier en ce qui concerne la réduction de la pauvreté, la santé maternelle et infantile, ou l’accès à l’eau potable et à l’électricité, mais que ceux-ci demeuraient encore insuffisants. Il a également noté qu’il faudrait aussi apporter une réaction qui soit à l’ampleur des crises auxquelles a été confronté le monde et qu’il faudrait donner, à cet égard, la priorité aux moyens de subsistance des populations. Pour ce faire, il a rappelé qu’il faudrait renforcer les institutions du développement durable à tous les niveaux, ainsi que la coopération au développement, et ce, dans un esprit de partenariat véritable. Avant de conclure, il a souligné que tous les pays devraient bénéficier de la croissance, du développement social et de la protection environnementale de façon simultanée. « Il n’y a qu’une planète. Une planète qui a un destin commun », a-t-il précisé.
Reprise du débat général
M. WEN JIABAO, Premier Ministre du Conseil des affaires d’État de la Chine, a appelé que l’humanité avait produit plus de biens depuis la révolution industrielle qu’au cours des milliers d’années qui ont précédé. « Ce que nous voulons aujourd’hui, c’est un monde vert et prospère sans discrimination, ni oppression et sans destruction de la nature par l’homme », a insisté M. Wen. Le Premier Ministre chinois a souligné la nécessité de parvenir à un meilleur équilibre entre développement économique, justice sociale et politique environnementale. Il a rappelé la responsabilité commune de tous les États de préserver l’environnement, tout en reconnaissant que les pays se trouvent à des étapes différentes de développement. Il a appelé les pays en développement à adopter des stratégies de développement durable qui soient adaptées à leur situation particulière. Il a exhorté les pays développés à abandonner des modes de consommation non durables et à aider les pays en développement à renforcer leurs capacités en matière de développement durable.
« Nous devons explorer des modèles efficaces d’économie verte », a suggéré le Premier Ministre de la Chine, en insistant qu’il ne pouvait pas y avoir de modèle uniforme. Il a estimé que chaque pays doit adopter une politique économique verte qui tienne compte de ses particularités. À cet égard, le transfert des technologies est important. Il est nécessaire d’améliorer le mécanisme de gouvernance internationale, a souligné le Premier Ministre chinois, qui a demandé à l’ONU de jouer un rôle central pour développer un cadre institutionnel pour le développement durable. Il a appelé les pays en développement à faire entendre plus avant leur voix, tout en estimant qu’il était nécessaire d’établir une structure qui amènerait à la même table les organismes internationaux, les gouvernements et le secteur public. « Plus la Chine se développera, plus elle contribuera à améliorer la situation économique dans le monde », a ajouté M. Wen, en précisant que son pays allait accorder 6 millions de dollars au Fonds d’affection du Programme des Nations Unies pour l’environnement pour aider les pays en développement à renforcer leurs capacités nationales dans le domaine de la protection de l’environnement. Avant de conclure, il s’est dit convaincu que la promotion du développement durable aura des retombées positives pour les générations actuelles et à venir.
M. MWAI KIBAKI, Président du Kenya, a affirmé que depuis l’adoption d’Action 21, des progrès relativement significatifs avaient été réalisés à l’échelle mondiale, mais que ceux-ci avaient été inégaux en termes de respect des objectifs de développement fixés et des engagements pris. Le Président kenyan a jugé important que les politiques favorables à l’économie verte ne prévoient pas d’obstacles au commerce et permettent l’aide au développement. M. Kibaki a espéré que pendant la Conférence Rio+20 un processus soit mis sur pied en vue d’envisager d’établir une stratégie de financement du développement durable. Il a, de même, souhaité un renforcement du cadre institutionnel de développement durable, en contribuant ainsi à mettre en œuvre les initiatives vertes aux niveaux national, régional et international. Le renforcement du Conseil économique et social est, à cet égard, essentiel, a-t-il estimé.
Le Chef de l’État kényan a, par ailleurs, plaidé en faveur d’une transformation du Programme des Nations Unies pour l’environnement, qui, a-t-il dit, doit devenir une organisation des nations pour l’environnement à part entière, en jouissant d’un statut identique aux autres institutions de l’ONU afin qu’elle puisse jouer pleinement son rôle sur les questions environnementales. Le Kenya s’engage à fournir des locaux et un appui à un conseil directeur élargi à proximité des bureaux actuels de l’Organisation à Nairobi, a ajouté le Président Kibaki.
M. MAHAMADOU ISSOUFOU, Président du Niger, a estimé que l’humanité n’avait pas encore réussi à gérer sa relation avec la nature. Il a fait remarquer que la pauvreté persistait à travers le monde, notamment en Afrique subsaharienne, et que près d’un quart de la population mondiale vivait encore avec moins de 2 dollars par jour alors que le PIB mondial avait été multiplié par 3. Dans ce contexte, il a considéré qu’un modèle de développement qui ne permettait pas d’éradiquer la pauvreté et la faim ne saurait préserver la nature. Il a ensuite déploré le fait que les engagements visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% par rapport à leur niveau de 1990 ne seraient probablement pas tenus, de même que la promesse faite par les pays industrialisés de porter l’aide publique au développement (APD) à 0,7% de leur PIB n’est pas maintenue.
M. Issoufou a ensuite expliqué qu’au plan national, son pays avait pris plusieurs engagements en matière de développement. Il a particulièrement mis l’accent sur la sécurité alimentaire, domaine dans lequel le Niger a mis en place une « véritable révolution verte », inspirée du Programme « Faim Zéro » de l’ancien Président brésilien Lula da Silva, a-t-il dit. Sur le plan international, le Président du Niger a estimé que la promotion d’une économie verte devait viser la réduction des inégalités et l’accroissement de l’APD à travers, notamment, des mesures innovantes comme la taxation des transactions financières internationales. En outre, a-t-il ajouté, la promotion de l’économie verte devrait permettre de créer plus d’emplois, en particulier pour les jeunes. Elle devrait aussi, dans sa transition, respecter les réalités économiques et sociales, ainsi que l’espace politique de chaque pays, a-t-il conclu.
M. OLLANTA HUMALA TASSO, Président du Pérou, a parlé des richesses naturelles dont jouit son pays et s’est félicité qu’il soit devenu un pôle attractif pour les investisseurs. Mais, a-t-il ajouté, il nous faut à présent concilier développement et protection de l’environnement. Le Président Tasso a déclaré qu’il entendait privilégier la création d’une nouvelle relation avec les activités extractives. Il a ensuite souligné la nécessité d’établir des règles environnementales et sociales claires. Le Pérou, a-t-il assuré, fera en sorte que sa croissance naturelle se fasse dans le respect de son patrimoine environnemental afin qu’elle profite à tous les Péruviens sans pour autant hypothéquer la qualité de vie des générations à venir.
M. Tasso a assuré que son Gouvernement allait améliorer les règles pour assurer une meilleure gestion de l’environnement. Le Pérou, a-t-il indiqué, entend également prendre des mesures pour les activités minières afin de mieux respecter l’environnement. La participation citoyenne sera encouragée et des fonds seront débloqués pour répondre à ces ambitions, a précisé le Président Tasso. Il a ensuite assuré que, sous sa présidence, le Pérou était devenu le premier pays à appliquer la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT), relative aux peuples autochtones et tribunaux.
M. FRANÇOIS HOLLANDE, Président de la France, a affirmé, d’emblée, qu’il avait tenu « personnellement » à venir à Rio, car, a-t-il dit, la Conférence Rio+20 présente un « enjeu décisif pour la planète ». « La France doit être un des pays qui montrent l’exemple », a-t-il déclaré, en exprimant son souhait de « prendre des engagements », de « tenir un langage de vérité et de volonté ». M. Hollande a constaté cinq avancées dans le projet de document de la Conférence, finalisé hier, en citant ainsi une feuille de route pour les objectifs de développement durable, un renforcement du Programme des Nations Unies pour l’environnement », un accord sur la préservation des océans, un débat engagé sur l’économie verte, et l’accent mis sur le social et la lutte contre la pauvreté. « Ce sont des résultats appréciables », a-t-il considéré, en saluant également l’action et la mobilisation de la société civile.
Néanmoins, ces résultats, « aussi appréciables soient-ils, sont en dessous de nos responsabilités et de nos attentes », a-t-il observé. Le Président français a ainsi regretté que les négociations n’aient pas abouti à la création d’une institution des Nations Unies de l’environnement, à laquelle la France est « très attachée ». Cette institution, qui pourrait être installée à Nairobi, en Afrique, renforcerait le rôle de ce continent dans ce domaine. M. Hollande a en outre déploré l’absence de mesures concrètes en matière de financements innovants, ceux-ci étant, à ses yeux, « indispensables ». « La France est déterminée à instaurer une taxe sur les transactions financières », a-t-il assuré. Si une telle taxe est créée, « la France prend l’engagement qu’une partie de ses revenus sera affectée au développement », a-t-il précisé.
« Nous avons besoin d’un sursaut, ici à Rio », a déclaré le nouveau Président de la France. « Personne, a-t-il dit, ne peut gagner seul contre les autres la grande bataille contre l’environnement ». De même, « il ne faut pas opposer le Nord et le Sud », car, a-t-il ajouté, « le développement durable est une cause planétaire, une question vitale pour le monde entier ». « Notre condition d’être humain, c’est de permettre à d’autres de vivre après nous et mieux que nous. C’est le sens de ma présence ici », a conclu le Chef de l’État français.
M. SEBASTIÁN PIÑERA ECHEÑIQUE, Président du Chili, a estimé qu’il était peut-être un peu « prétentieux » de vouloir « sauver la planète » car, a-t-il fait remarquer, elle a résisté à tout jusqu’ici. « Ce qui est en péril, par contre, c’est l’avenir des populations et c’est la raison pour laquelle nous devons changer nos modes de production et de consommation », a-t-il poursuivi. Le Président Piñera Echeñique a prévenu que si aucune action ferme n’était prise, le monde continuerait de perdre sa biodiversité et continuerait à polluer ses sols et ses mers, à détruire ses forêts ou à mettre en péril sa faune et sa flore. « Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons encourager la croissance économique, l’emploi, le développement social et la réduction des inégalités excessives, de même que des comportements plus respectueux de l’environnement, pour parvenir à un développement durable.
Pour parvenir à des résultats concrets, le Président du Chili a notamment mis l’accent sur la volonté de faire face à ces problèmes avec « unité, solidarité et collaboration ». « L’eau et l’énergie, par exemple, sont de plus en plus rares et nous devons prendre conscience qu’en agissant de manière solidaire, nous pourrons garantir l’accès à ces ressources à tous », a-t-il ajouté. Citant Victor Hugo, il a rappelé qu’« il n’est rien au monde d’aussi puissant qu’une idée dont l’heure est venue ». Avant de conclure, M. Piñera Echeñique a, une nouvelle fois, appelé la communauté internationale « à embrasser avec efficacité et enthousiasme la cause du développement durable ».
M. IDRISS DEBY ITNO, Président du Tchad, a souligné la vulnérabilité particulière de son pays qui doit faire face à une précarité environnementale, doublée d’une conjoncture économique difficile pour les pays africains en général. Il a cité les difficultés du Tchad face à l’avancée galopante du désert, en rappelant que son pays demeurait la dernière barrière entre le désert et la forêt tropicale du Congo, deuxième poumon de la planète. Il s’est félicité de l’initiative des pays de la sous-région intitulée « la Grande muraille verte » visant à contrer l’avancée du désert par le biais de programmes de reforestation.
En dépit de son entrée dans le cercle des pays producteurs de pétrole en 2003, les priorités du Tchad restent axées sur le développement du monde rural, a fait remarquer le Président Déby Itno, en mettant l’accent sur la nécessité de favoriser le passage des économies traditionnelles vers l’économie verte. Il a invité les délégations à participer, demain 21 juin, en marge de la Conférence Rio+20, à l’atelier sur la réhabilitation du Lac Tchad, mer intérieure aujourd’hui menacée de disparition. Le Président tchadien a souligné qu’il était urgent d’agir contre la dégradation des terres, la perte de la diversité biologique et les perturbations climatiques qui mettent à mal les efforts de développement économique et d’équité sociale des pays les plus vulnérables.
M. DENIS SASSOU-NGUESSO, Président du Congo, a estimé que 20 ans après le Sommet de la Terre, aucune avancée significative n’avait été enregistrée en matière de développement durable. Il a indiqué que l’Afrique disposait d’un important capital naturel qui, a-t-il précisé, abrite 40% de la diversité biologique et 20% des réserves forestières ainsi que d’importantes réserves hydrauliques, entre autres. Malgré ces atouts, a-t-il cependant déploré, son développement est compromis par le manque de moyens de mise en œuvre, notamment l’absence de financement. M. Sassou-Nguesso a également évoqué les défis liés aux effets néfastes des changements climatiques, notamment l’avancement du désert, l’assèchement du Lac Tchad, la perte de biodiversité, ainsi que la faible capacité du continent de résister aux catastrophes naturelles, sans oublier le problème du chômage chez les jeunes.
Le Président du Congo a ensuite appelé au respect des engagements déjà pris par les pays développés en matière de développement durable, notamment en ce qui concerne l’appui à la lutte contre les changements climatiques et l’aide au développement. En mettant en place ces mécanismes financiers innovants et en multipliant ses partenariats, a-t-il déclaré, l’Afrique attend que les moyens de mise en œuvre du développement durable soient établis une fois pour toutes ici, à Rio de Janeiro. M. Sassou-Nguesso a ensuite assuré que les dirigeants africains s’étaient engagés dans une vision écologique commune avec l’édification d’une muraille verte pour faire face au désert du Sahara, ainsi que le lancement de projets de protection de la biodiversité et d’atténuation des effets des changements climatiques, entre autres. La gestion durable des forêts représente un élément inestimable de la lutte contre les changements climatiques, a-t-il par ailleurs souligné. Son pays, a-t-il ajouté, a affecté 3,6 millions d’hectares à la conservation. Le Président du Congo a par ailleurs reconnu la nécessité de renforcer le PNUE en le transformant en Organisation de l’ONU pour l’environnement.
Le Grand-Duc Henri, Chef d’État Grand-Duché de Luxembourg, a estimé que Rio+20 offrait à la communauté internationale une nouvelle occasion de travailler ensemble à façonner l’avenir qu’elle souhaite. Rappelant les engagements pris par son pays à Rio, en 1992, et à Johannesburg, en 2002, il a noté que deux plans nationaux en faveur du développement durable avaient été adoptés par le Grand-Duché. En outre, 0,7% du revenu national brut luxembourgeois est consacré à l’aide publique au développement (APD). Un seuil qui a, par ailleurs, franchi 1% du revenu national brut, en 2000, et qui sera confirmé au cours des années à venir, a-t-il précisé.
Le Chef de l’État luxembourgeois a ensuite présenté d’autres initiatives prises par son pays en faveur du développement durable, en particulier le « Fonds climat et énergie », qui est alimenté par une taxe sur les carburants. Destiné au départ à financer des mesures domestiques au Luxembourg, ce Fonds vient aussi en aide aux pays en développement afin qu’ils puissent mettre en place des politiques d’adaptation en faveur de la lutte contre les changements climatiques. Soulignant ensuite que le développement durable est une obligation mais aussi une opportunité, le Chef de l’État luxembourgeois a estimé que si les gouvernements pouvaient s’engager en faveur d’une « déforestation zéro » ici à Rio, la Conférence Rio+20 adressera ainsi un signal fort. La Conférence sur le développement durable doit aussi, pour le Luxembourg, constituer un jalon important en faveur d’une implication plus forte de la société civile dans la gouvernance internationale. Avant de conclure, il a cité un proverbe brésilien selon lequel, face à la tâche, « la bonne volonté raccourcit le chemin ».
Mme DALIA GRYBAUSKAITĖ, Présidente de la Lituanie, a souligné qu’il était indispensable de développer une solidarité sans précédent pour atteindre les objectifs du développement. Elle a précisé que cette solidarité devrait accélérer les efforts pour agir à temps. Pour réussir, nous devons faire preuve d’intelligence, de délicatesse et de bon sens, a-t-elle insisté. Faire preuve d’intelligence c’est faire preuve d’efficacité, a-t-elle ajouté, en citant les efforts entrepris par son pays pour qu’il ne soit plus dépendant d’une seule source d’énergie extérieure. « Nous utilisons beaucoup la biomasse et nous avons accru la superficie de nos forêts de 11% ces dernières années », a-t-elle précisé. Faire preuve de délicatesse, c’est comprendre les besoins de chacun, a expliqué la Présidente de la Lituanie, en appelant à répondre aux besoins des plus vulnérables. Faire preuve de bon sens, c’est s’assurer que nos actions mènent à de véritables changements pour rendre nos économies plus vertes. « Nous pouvons assurer un avenir durable pour notre planète en prenant conscience du fait que même des mesures très modestes peuvent contribuer à des changements de taille », a-t-elle estimé.
M. HIFIKEPUNYE POHAMBA, Président de la Namibie, a estimé que les principes énoncés par la Charte des Nations Unies et la Déclaration des droits de l’homme devraient guider les travaux de la Conférence Rio+20. L’issue de cette Conférence, a-t-il estimé, doit garantir au peuple du monde qu’en tant que dirigeants, nous nous sommes engagés à trouver des solutions durables.
Le Président de la Namibie a ensuite fait savoir que le développement durable était consacré par la Constitution de son pays. Diverses initiatives ont été lancées en la matière, notamment un programme de gestion communautaire des ressources et des politiques de protection de l’environnement. Il a précisé que 44% du territoire national avaient pu bénéficier de ces programmes et que le littoral namibien avait reçu le statut de parc national. Un fonds environnemental et une commission environnementale ont également été mis sur pied.
M. Pohamba s’est par ailleurs félicité de la création du Fonds pour le climat vert. Il a également souscrit aux principes de la responsabilité commune mais différenciée, avant d’insister sur la nécessité de renforcer les moyens de mise en œuvre. Pour aller de l’avant, a-t-il suggéré, les pays développés devront développer les capacités de mise en œuvre des engagements pris. Avant de conclure, le Président Pohamba a appelé les États Membres à appuyer la proposition de la Namibie d’accueillir le Secrétariat du Fonds vert.
M. BONI YAYI, Président du Bénin, a fait remarquer que les défis globaux s’étaient accrus depuis 1992, en particulier en Afrique, tandis que la pauvreté et la précarité frappent encore 3,4 milliards d’individus aujourd’hui. Il a expliqué que son gouvernement mettait en place, avec ses partenaires du développement, ainsi que l’Union africaine, plusieurs projets en faveur du développement durable, notamment en ce qui concerne la protection de ses côtes, la gestion des forêts ou l’adaptation aux changements climatiques afin d’assurer la sécurité alimentaire. Dans ce contexte, il a appuyé les requêtes formulées par l’Afrique dans le cadre de Rio+20 et qui ont été présentées, cet après-midi, par M. Denis Sassou-Nguesso, Président du Congo.
En ce qui concerne les consultations menées sur le projet de document final, M. Yayi a salué la formule trouvée au sujet du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) mais il a estimé qu’il faudrait encore aller plus loin afin de transformer le PNUE en une institution spécialisée de l’ONU dotée de tous les moyens pour la réalisation des ambitions de la communauté internationale. Il a aussi salué le lancement d’un forum intergouvernemental de promotion du développement durable et a réaffirmé le soutien et la contribution de son pays à la définition des objectifs de développement durable. « Le Bénin s’associe au projet de document final avec une foi inébranlable envers l’avenir de l’humanité », a-t-il dit, « car il nous faut coopérer, nouer des partenariats gagnants et offrir une chance de survie à tous les peuples de la planète ». À cet égard, il a également appelé, dès la fin de la Conférence Rio+20, à mobiliser les moyens financiers qui permettront de mettre en œuvre les résultats et les décisions communes.
M. JANOS ADER, Président de la Hongrie, a déclaré que le Bassin des Carpates était une des régions les plus riches au monde en ressources. Elle compte, a-t-il précisé, des milliers de sources d’eau thérapeutique. Après avoir lutté contre les effets de la nature, l’homme doit aujourd’hui trouver la force de lutter contre la nature humaine pour réaliser les objectifs de développement durable. « Depuis la fin des années 1980, l’empreinte économique a dépassé les capacités biologiques de notre planète », a–t-il indiqué, en rappelant que les pays disposent des connaissances et technologies nécessaires pour résoudre les problèmes liés à l’environnement. M. Ader a assuré que la Hongrie était déterminée à mettre l’accent sur la gestion de l’eau. Il a rappelé que plus d’un milliard de personnes vivent sans avoir accès à l’eau potable et que la moitié des lits d’hôpitaux dans le monde sont occupés par des personnes touchées par des infections résultant d’eau non potable. C’est pourquoi, il a déclaré que les efforts de développement durable devraient être axés sur la protection de l’eau qui est, a-t-il rappelé, notre première source de vie.
M. ANOTE TONG, Président de Kiribati, a affirmé que l’objectif de la Conférence Rio+20 était de garantir un avenir meilleur pour nos enfants et nos petits-enfants. Les dernières décennies ont montré que « nous avons échoué », a-t-il dit, mettant en particulier l’accent sur les effets des changements climatiques. Il s’est notamment déclaré en faveur d’un développement durable qui profite à tous et non à une poignée d’entre nous. Le Président de Kiribati a plaidé pour qu’à un aucun moment ne soient ignorées les données scientifiques qui sont « déjà à notre disposition ».
M. Tong a dit intervenir au nom des pays les plus vulnérables, situés en première ligne, dont la survie future est menacée par les changements climatiques. Il a exhorté les membres de la communauté internationale à faire en sorte que les prochains pays sur la sellette ne subissent pas le même sort de ceux aujourd’hui exposés à cette calamité provoquée par l’homme. Le Président de Kiribati a, en particulier, défendu la notion de « développement vert dans un monde bleu ». Le pays a, ainsi, placé 300 000 km2 de sa zone marine exclusive en zone protégée.
M. JOSÉ MUJICA CORDANO, Président de l’Uruguay, s’est interrogé sur le mode de consommation actuel. Le monde dispose-t-il aujourd’hui, véritablement, de toutes les ressources matérielles pour permettre à l’ensemble de la population mondiale de consommer comme le fait la petite minorité de riches? Ce n’est plus l’homme qui gouverne, mais des forces déchaînées qui gouvernent l’homme, s’est inquiété le Président de l’Uruguay. Il a dénoncé la consommation excessive qui caractérise aujourd’hui nos sociétés et a lancé un appel en faveur de nouveaux modes de consommation, plus respectueux de la nature. On ne peut être indéfiniment dépendant du marché, a souligné le Président Cordano, qui a estimé, au contraire, qu’il faudrait prendre des mesures pour contrôler les marchés. À ses yeux, la crise de l’eau et « l’agression de l’environnement » résultent de la consommation excessive auxquelles se livrent la plupart de nos sociétés. Le développement ne peut aller à l’encontre du bonheur, a-t-il rappelé, car le bonheur dépend d’un environnement sain.
M. JOSÉ MANUEL DURÃO BARROSO, Président de la Commission européenne, a rappelé qu’il y a 20 ans, une jeune canadienne de 12 ans avait pris la parole à Rio et avait fait taire le monde pendant six minutes en disant qu’elle mettait les dirigeants mondiaux au défi de traduire leurs paroles en actes. Vingt ans après, même si des progrès ont été réalisés, plusieurs Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) n’ont pas été atteints et un sixième des habitants de la planète est victime de malnutrition. Alors que la population mondiale va atteindre neuf milliards en 2050, M. Barroso a déclaré que le développement durable porte aussi sur la solidarité intergénérationnelle et la solidarité. Mettant l’accent sur la nécessité de promouvoir une croissance ouverte à tous et favorable à l’environnement, M. Barroso s’est félicité que le document agréé reconnaisse que l’économie verte nous permettra de mieux gérer nos ressources environnementales.
« Il faut un modèle de développement qui reconnaisse les limites des ressources planétaires, tout en favorisant la création d’emplois décents », a préconisé M. Barroso, en appelant à établir des objectifs de gestion durable de l’eau, des terres arables et des océans. Le Président de la Commission européenne a mis l’accent sur les cinq priorités européennes qui sont l’énergie durable, l’eau, la gestion des écosystèmes, la protection des océans et l’efficacité des ressources dont la gestion des déchets. « On obtient de meilleurs résultats en se mettant d’accord sur des objectifs qui peuvent être mesurés », a ajouté M. Barroso en rappelant que les cinq domaines précités sont aussi des priorités clefs pour les objectifs de développement durable (ODD) qui devraient relayer les OMD après la date butoir de 2015. Il a appelé à mettre en place un cadre post-2015 qui soit axé sur les trois piliers du développement durable.
Par ailleurs, M. Barroso a exhorté tous les pays à prendre les mesures nécessaires pour mettre en place les politiques nationales propices au développement durable. Si l’APD doit continuer de représenter une ressource durable du développement durable, il est nécessaire d’adopter une stratégie financière appropriée, dont les sources de financements innovants, a-t-il suggéré. M. Barroso a indiqué que l’Union européenne était prête à atteindre son objectif de 0,7% du PIB consacrée à l’APD d’ici à 2015. « Pour 2012-2013, notre aide pour les trois piliers du développement durable se monte déjà à 8 milliards d’euros, a indiqué le Président de la Commission européenne. « Pour ce qui est de l’énergie durable, je vais proposer de mobiliser 400 millions d’euros dans les années qui viennent », a-t-il ajouté. M. Barroso a souligné l’importance d’établir un forum du développement durable qui garantira la participation régulière des chefs de gouvernement pour le suivi des engagements pris.
M. FERNANDO DA PIEDADE DIAS DOS SANTOS, Vice-Président de l’Angola, a affirmé que son pays s’associait à la position de l’Afrique exprimée en octobre 2011, laquelle identifie, notamment, les défis réels et urgents pour le continent. Depuis l’adoption d’Action 21 et les grandes conférences pertinentes qui ont suivi, l’Angola s’est engagée à mettre en œuvre les principales décisions qui en ont découlé. Après avoir énuméré certaines mesures prises par son pays pour assurer le développement durable, il s’est dit convaincu du fait que les décisions politiques qui seront adoptées dans le sillage de Rio+20 doivent être régies selon les principes de souveraineté, de légalité et de solidarité.
Le Vice-Président de l’Angola a également réaffirmé le principe de non-ingérence. Chaque État, a-t-il dit, est responsable de définir ses propres stratégies de développement. Il a estimé qu’Action 21 constituait la voie la plus efficace pour atteindre le développement durable, lutter contre la pauvreté et améliorer les conditions de vie. Il a également défendu l’option d’une économie verte, laquelle, a-t-il expliqué, permettra de lutter efficacement contre la pauvreté et garantira la sécurité alimentaire, répondra aux problèmes sociaux et améliorera la qualité de vie des groupes sociaux.
M. MARIANO RAJOY BREY, Président de l’Espagne, a estimé que le développement durable était la seule voie vers un monde au sein duquel, entre autres, de moins en moins de personnes souffriraient de pauvreté extrême et où l’utilisation des ressources naturelles n’imposerait pas d’hypothèque pour l’avenir. Pour l’Espagne, l’axe fondamental de la Conférence Rio+20 est le capital humain et l’utilisation responsable des ressources naturelles doit demeurer une priorité clef, a-t-il affirmé. Il a également considéré que la Conférence Rio+20 jetait les bases pour des objectifs de développement durable qui devront être intégrés dans la révision des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
En ce qui concerne le projet de document final, M. Rajoy Brey a estimé que les délégations étaient parvenues à un accord général sur plusieurs questions cruciales, en particulier au sujet de la modification des institutions des Nations Unies. Il a, à cet égard, rappelé que l’Espagne avait toujours plaidé en faveur du renforcement du Conseil économique et social (ECOSOC) et il a souligné que son pays, à l’instar de l’Union européenne, continuerait à œuvrer en faveur du renforcement du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) par le biais de l’Assemblée générale. En ce qui concerne l’économie verte, M. Rajoy Brey a considéré que celle-ci nécessiterait une collaboration étroite et renforcée entre les Gouvernements, les entreprises et les citoyens pour faire face aux défis globaux. Parmi ces défis, il a cité la croissance démographique dans le monde, ainsi que les défis que poseront en matière de production de denrées alimentaires 9 milliards d’individus à l’horizon 2050.
M. MELTEK SATO KILMAN LIVTUVANU, Premier Ministre de Vanuatu, a souligné qu’il était urgent de passer d’un modèle de consommation n’ayant fourni que des solutions à court terme à un nouveau modèle offrant des solutions à long terme. Il s’est dit satisfait que les priorités de la région du Pacifique en matière de développement durable aient été parfaitement reconnues et intégrées au projet de document final sur lequel les participants à la Conférence sont parvenus à un consensus. Il a remercié le Groupe des 77 et la Chine pour leur solidarité. Il a encouragé les partenaires au développement à aider Vanuatu à mettre en œuvre les objectifs agréés, notamment en ce qui concerne la gestion durable des ressources du Pacifique. « Notre développement ne sera possible qu’en se basant sur les réalités de l’économie bleue, a–t-il insisté, en se disant convaincu que les océans pouvaient nourrir toute la planète à condition d’assurer une gestion durable de ses ressources. Le Premier Ministre de Vanuatu a mis l’accent sur l’importance du principe de responsabilité commune mais différenciée en matière de réalisation du développement durable. « Nous savons que nous avons notre avenir entre les mains et c’est pourquoi, nous avons besoin d’un effort mondial pour aller au-delà des simples déclarations », a-t-il insisté.
M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Premier Ministre de la République centrafricaine, a affirmé que la déclaration consensuelle commune de l’Afrique pour Rio+20 avait pris en compte toutes les préoccupations du continent. Depuis le Sommet de la Terre de 1992, le Gouvernement centrafricain a pris des mesures majeures qui s’inscrivent dans le cadre d’Action 21, a-t-il dit, en faisant état de certaines d’entre elles. Il a déclaré également que la République centrafricaine manifestait toujours un intérêt particulier en faveur de la sauvegarde de l’environnement, du respect de la biodiversité, de la lutte contre les changements climatiques et de la désertification.
La République centrafricaine dispose d’un potentiel naturel riche et varié, a-t-il ajouté. La diversité des zones agro-climatiques devraient constituer un atout pour son développement. Néanmoins, les aléas climatiques soumettent encore les populations aux affres d’une paupérisation grandissante. Sur la question centrale, pour la Conférence Rio+20, de l’éradication de la pauvreté, il a souligné que son pays avait mis en œuvre une stratégie orientée sur le développement rural et la sécurité alimentaire. Il a en outre mis l’accent sur la nécessité pour son pays de bénéficier du soutien de la communauté internationale en vue de mettre en œuvre son programme de désarmement, de réinsertion des ex-combattants et de relancer son agriculture.
Convaincu qu’aucun pays ne peut affronter seul les défis du développement durable, M. MOHAI MOLDOVANU, Vice-Premier Ministre de la République de Moldova, a réaffirmé que son pays demeurait engagé en faveur des principes adoptés à Rio, en 1992. Il a notamment plaidé pour le renforcement de la coopération internationale et régionale en matière de développement durable. L’intégration de la République de Moldova dans l’Union européenne est « la seule voie » pour améliorer la situation économique et sociale du pays, a-t-il assuré. La République de Moldova s’aligne sur la position européenne en faveur d’une économie verte, a-t-il ajouté.
« Toutes les mesures prises par la République de Moldova dans le domaine du développement durable étaient basées sur les principes adoptés à Rio, en 1992, et la mise en œuvre de ces principes est une priorité stratégique pour le pays», a-t-il affirmé. Son pays, a-t-il dit, doit continuer à entreprendre de nombreux efforts pour atteindre les niveaux escomptés, tant sur le plan qualitatif que sur le plan quantitatif. Il a toutefois réaffirmé l’engagement de son gouvernement à utiliser les instruments de régularisation adéquats, à faire participer la population à la prise de décision et à faire appel aux nouvelles connaissances en matière de développement durable. Avant de conclure, il a appuyé la proposition visant à élaborer une feuille de route en vue de parvenir à une économie verte.
M. JEAN COULDIATY, Ministre de l’environnement et du développement durable du Burkina Faso, a appelé à une plus grande mobilisation de la communauté internationale pour faire face aux problèmes liés à la sécheresse. Il a insisté sur la mise en œuvre de l’objectif de zéro dégradation des terres d’ici à l’horizon 2020, ainsi que le lancement des négociations sur l’élaboration d’un protocole additionnel à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. Le temps est venu de prendre des mesures pour améliorer la gestion et la conservation des terres, a-t-il estimé. Le Ministre, qui s’est dit très préoccupé par les répercussions de la crise financière, ainsi que par les modes de consommation non durables, a demandé d’établir une coopération plus efficiente et moins contraignante.
Le Ministre a appuyé les principes de responsabilité commune mais différenciée et a plaidé en faveur d’un engagement politique renouvelé. M. Couldiaty a aussi souhaité la mise en œuvre d’un cadre juridiquement contraignant en matière de développement durable. Il a par ailleurs indiqué que son pays avait adopté un plan décennal en matière de consommation durable. Il a ajouté qu’un rapport national sur les 20 ans d’expérimentation en matière de développement durable vient d’être publié. Avant de conclure, M. Couldiaty a invité la communauté internationale à accorder le statut d’observateur à la « République de Taiwan » lors des travaux relatifs au développement durable.
M. KOICHIRO GEMBA, Ministre des affaires étrangères du Japon, a affirmé que son pays allait mettre en œuvre trois initiatives en faveur d’un avenir vert. Il a ainsi mis l’accent sur l’initiative de « ville future », caractérisée, a-t-il dit, par une planification urbaine qui assurerait la viabilité de l’environnement avec des technologies de pointe. Le Japon organisera également, l’an prochain, une conférence internationale sur la planification urbaine. En outre, le Japon va mettre en place un corps de volontaires de la coopération verte qui s’occupera des énergies renouvelables. Le Ministre a indiqué que son pays verserait également 3 »trois milliards de dollars aux pays en développement dans le cadre de l’adaptation aux catastrophes naturelles. Il a ajouté que l’expérience vécue par le Japon en matière de catastrophes naturelles l’avait incité à développer des technologies de prévention des catastrophes et de planification urbaine qu’il souhaitait faire partager aux autres pays.
M. FREDERICK MITCHELL Ministre des affaires étrangères des Bahamas, a expliqué que son pays avait fait le choix du développement durable et axait son action sur l’élimination de la pauvreté. Il a ensuite souligné combien le sort des Bahamas était étroitement lié à celui des océans qui forment le socle de leur activité économique. Il est important pour les Bahamas, a-t-il dit, d’établir un tourisme durable. Le Ministre a également fait remarquer que son pays avait réalisé des progrès importants dans différents domaines comme la protection de la biodiversité et la promotion des énergies renouvelables. Les Bahamas ont, par exemple, adopté une législation visant à encourager une gestion durable des écosystèmes, ainsi que des actions destinées à empêcher la pêche en haute mer ou à mettre en place un sanctuaire pour requins.
Rappelant l’importance d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le Ministre a cependant regretté que le PIB soit parfois utilisé pour limiter l’accès à l’aide et à d’autres sources de financement. « Il existe de nombreuses incohérences lorsque les organismes internationaux examinent les possibilités d’aider les Bahamas », a-t-il dit, en ajoutant que son pays mérite une attention adéquate de la part de la communauté internationale en raison des défis environnementaux spécifiques auxquels il doit faire face.
M. JAFAR ABED HASSAN, Ministre de la planification et de la coopération internationale de la Jordanie, a parlé des nombreuses avancées qui servent de moteur à la croissance économique, en se déclarant convaincu qu’il faudrait faire plus avec beaucoup moins. L’énergie que consomme son pays est importée à 96%, a-t-il indiqué. En dépit de la raréfaction de ses ressources en eau, la Jordanie accueille une importante population de réfugiés, a-t-il dit. Le Gouvernement jordanien fait de la question du lien qui existe entre les ressources en eau, la population et l’environnement une priorité. Il a indiqué qu’un projet de désalinisation de l’eau avait été mis sur pied et que son gouvernement privilégie également les transports durables. Le Ministre a aussi parlé de l’importance de l’éducation et de la création d’emplois. M. Hassan a par ailleurs estimé qu’il était essentiel de créer des mécanismes de financement verts et innovants qui soient capables de générer des revenus dans des secteurs clefs. Il a également souligné l’importance des partenariats.
M. NURLAN KAPPAROV, Ministre de la protection de l’environnement du Kazakhstan, a fait remarquer que son pays avait pris des mesures importantes visant à diminuer la pression sur l’environnement et que ces mesures s’intégraient dans une stratégie à long terme en faveur du développement durable qui sera en vigueur jusqu’en 2030. Notant que le Kazakhstan avait rempli la plupart de ses engagements en faveur des Objectifs du Millénaire pour le Développement, le Ministre a expliqué que son pays avait adopté, dans la foulée, plusieurs lois nationales en vue de renforcer la compétitivité économique et le développement de sources énergétiques renouvelables.
Toujours en matière d’environnement, le Ministre s’est félicité de la croissance de la superficie des parcs nationaux au Kazakhstan, qui a été multipliée par 20 au cours de ces dernières années. Il a cependant mis l’accent sur plusieurs défis qui demeurent pour son pays, comme le volume des déchets qui continue à augmenter, ainsi que les menaces que posent les changements climatiques en Asie centrale et qui entraînent notamment une baisse des ressources hydriques. Pour faire face à ces défis, le Ministre a estimé que la communauté internationale devrait agir de manière solidaire et établir des partenariats, en particulier, en matière d’énergie.
M. EDWARD NALBANDYAN, Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, a indiqué que son pays avait déployé tous les efforts possibles pour honorer ses engagements en matière de développement durable, et ce, malgré les sanctions imposées par « certains pays voisins ». Il a notamment indiqué qu’un comité spécial avait été créé pour appuyer la participation de l’Arménie à la Conférence Rio+20. L’Arménie, a-t-il assuré, accorde beaucoup d’attention au renforcement des mécanismes institutionnels internationaux existants en matière de développement durable.
M. Nalbandyan a par ailleurs signalé que l’exploitation de la mer Caspienne crée de nombreuses tensions dans la région. Il a dénoncé la croissance « impressionnante » du budget militaire de l’Azerbaïdjan. Ces attitudes militaristes posent un problème sérieux pour la stabilité et la sécurité de la région, a-t-il averti.
Mme VERA KOBALIA, Ministre de l’économie et du développement durable de la Géorgie, a fait remarquer que la communauté internationale était confrontée à d’énormes difficultés en matière de développement durable mais elle a invité celle—ci à saisir toutes les occasions qui se présentent, en particulier ici dans le cadre de Rio+20. Rappelant que son gouvernement avait l’ambition d’édifier une « Géorgie verte », où 60% de l’énergie serait produite par « des énergies propres », la Ministre a expliqué qu’il s’agirait là aussi d’une contribution internationale de son pays à encourager l’adoption de politiques économiques vertes par d’autres pays. La Géorgie, a-t-elle précisé, exporte notamment son électricité vers d’autres pays, dont la Turquie. Elle a aussi, en matière d’économie verte, mis l’accent sur le rôle particulier que peuvent jouer les entreprises dans ce domaine. À titre d’exemple, la Ministre a fait remarquer que les 25 centrales hydroélectriques qui sont en train d’être construites dans son pays étaient gérées par le secteur privé.
M. ALEMAYEHU TEGENU, Ministre de l’eau et de l’environnement de l’Éthiopie, s’est inquiété à la perspective que la crise économique n’entrave les efforts consacrés en matière de développement durable. La Conférence Rio+20 doit éviter à tout prix de revenir sur les engament pris il y a 20 ans. La communauté internationale, a-t-il estimé, doit au moins réaffirmer ces engagements et parvenir au consensus en matière de leur mise en œuvre. Pour l’Éthiopie, a-t-il indiqué, l’économie verte est l’unique outil réaliste capable d’assurer le développement durable. Le pays a ainsi mis sur pied une « stratégie économie verte » qui met l’accent sur l’emploi de technologies à faible consommation de carbone dans les transports. Il a rappelé que l’Union africaine avait souscrit à l’économie verte. Cependant, a-t-il ajouté, l’attachement du continent africain à ce principe ne suffira pas à lui seul pour le mener à bien.
Le Ministre a par ailleurs dit appuyer le principe de responsabilité commune mais différenciée. Il a également insisté sur l’importance d’établir des partenariats et de s’acquitter des engagements pris. Il a en outre appelé au renforcement du PNUE afin d’en faire une institution spécialisée, capable de coordonner l’action internationale en matière de développement durable.
M. BATKHISHIG BADAMDORJ, Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères et du Commerce de la Mongolie, s’est dit « fermement convaincu » que Rio+20 renforcera la volonté de tous en vue de parvenir à un développement durable et à des résultats équilibrés et pragmatiques. Notant que la communauté internationale devait encore relever de nombreux défis sur la voie du développement durable, il a souligné l’importance de tenir compte des besoins spécifiques des pays enclavés et sans littoral comme c’est le cas de la Mongolie.
Le Ministre a ensuite précisé que son pays avait souscrit aux résultats du Sommet de la Terre, en 1992, et s’était engagé dans la voie du développement durable en se dotant, notamment, de stratégies et de politiques économiques et sociales en la matière. Parmi les initiatives prises au cours des deux dernières décennies, la Mongolie a établi des programmes dans la lutte contre la désertification ou en faveur de la conservation des forêts, a indiqué son Ministre.
M. MIRKO SAROVIC, Ministre du commerce extérieur et des relations économiques de la Bosnie-Herzégovine, a souligné que son pays appuyait tous les efforts déployés par l’Union européenne dans le cadre de négociations de la Conférence Rio+20. « Seul le dialogue pourra être couronné de succès, et ma délégation, a-t-il fait savoir, est prête à établir une base solide en matière de développement durable ». Tout en insistant sur l’importance de l’investissement dans les infrastructures vertes, il a souhaité la création d’une infrastructure internationale pour appuyer la lutte contre la pauvreté. M. Sarovic a aussi indiqué que la Bosnie-Herzégovine mettait l’accent sur la gestion durable de ses montagnes. Il a ensuite souligné que la justice sociale était un élément essentiel du développement durable. Le Ministre a également parlé des variations climatiques qu’a récemment connues l’Europe. Il a ensuite souligné que la justice sociale était un élément essentiel du développement durable.
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