En cours au Siège de l'ONU

L’ECOSOC débat des moyens de répondre aux attentes des jeunes et de mettre leur créativité au service du développement économique et social

ECOSOC/6565

L’ECOSOC débat des moyens de répondre aux attentes des jeunes et de mettre leur créativité au service du développement économique et social

27/03/2013
Conseil économique et socialECOSOC/6565
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

matin & après-midi


L’ECOSOC DÉBAT DES MOYENS DE RÉPONDRE AUX ATTENTES DES JEUNES ET DE METTRE

LEUR CRÉATIVITÉ AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL


Le Président de l’ECOSOC annonce l’organisation

de forums régionaux de la jeunesse à l’automne 2013


« Cessez d’avoir peur de donner des pouvoirs aux jeunes », a lancé, ce matin, aux États Membres, la représentante de la jeunesse pour le Programme alimentaire mondial (PAM), Mme Adora Svitak, à l’ouverture du Forum du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) dont l’objectif était de contribuer à mieux répondre aux besoins économiques et sociaux des jeunes et à exploiter tout le potentiel de leur créativité. 


Les jeunes, qui représentent 20% de la population mondiale, forment un des groupes les plus vulnérables aux problèmes économiques, sociaux et environnementaux et sont trois fois plus nombreux que les adultes à être confrontés au chômage.  C’est pourquoi, en organisant ce Forum, l’ECOSOC voulait ainsi explorer les opportunités qui s’offrent aux jeunes âgés de 15 à 24 ans.


Dans son discours d’ouverture, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a reconnu que l’ONU n’œuvrait pas suffisamment en faveur des jeunes.  Il a cependant demandé aux jeunes d’agir de manière responsable pour aider les Nations Unies àfaire face à la dégradation écologique d’une planète « surexploitée », qui risque « d’être détruite ».  Il a invité également les jeunes à suivre les travaux de l’ONU sur Twitter@UN et à envoyer des tweets à son Envoyé pour la jeunesse, à l’adresse Envoy@AhmadAlhendawi.  « Je vous encourage à continuer dans votre propre voie et, quel que soit le lieu où vous vous trouvez, vous pouvez soutenir les idéaux des Nations Unies, à savoir la paix, le développement et les droits de l’homme », a encore insisté M. Ban.


Présentant les principales recommandations des trois tables rondes de la journée, intitulées respectivement « Les jeunes: Moteur de l’économie créative », « l’utilisation des médias sociaux pour faire avancer les choses » et « Créer la rumeur: Utiliser les médias sociaux pour faire avancer les choses », Mme Jessica Lawrence, de l’organisation New York Tech Meetup, a appelé à lutter contre les stéréotypes pour attirer et fournir une plus grande visibilité aux femmes scientifiques.  « Prétendre que les filles préfèrent les princesses aux robots relève des stéréotypes et des clichés qu’il faut combattre », a-t-elle dit.


La deuxième table ronde, a-t-elle ajouté, a souligné la nécessité de garantir la liberté d’expression et d’encourager un meilleur accès des jeunes aux marchés locaux, notamment par le biais de crédits.  La troisième table ronde a été l’occasion de mettre l’accent sur la nécessité d’exploiter toutes les opportunités des réseaux sociaux –ceux-là mêmes qui ont donné lieu au « printemps arabe »- pour faire entendre les voix des jeunes et leur permettre d’être des acteurs de la transformation dans le monde.


Si Mme Agora Svitak a estimé que les jeunes constituaient la meilleure « ressource naturelle » de la planète à condition que leur audace et leur imagination ne restent pas confinées, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Néstor Osorio, de la Colombie, a appelé à investir dans l’éducation des jeunes.  Illustrant son propos, il a rappelé que Thomas Edison n’avait que 32 ans lorsqu’il a inventé l’ampoule électrique, qu’Isaac Newton avait publié son premier article sur les lois de la physique à l’âge de 24 ans et que Bill Gates et Mark Zuckenberg n’avaient que 20 ans lorsqu’ils ont créé respectivement Microsoft et Facebook.

M. Osorio a souligné l’importance d’un secteur de l’éducation qui soit capable de répondre aux besoins du marché du travail, en notant cette contradiction de voir, d’un côté, 75 millions de jeunes de 15 à 24 ans sans emploi et, de l’autre, des entreprises se plaindre du manque de personnel qualifié dans le domaine de la technologie.  Sur ce point, le Secrétaire général a rappelé qu’il avait lancé, l’année dernière, l’initiative « L’éducation d’abord », qui vise à scolariser tous les enfants et à améliorer la qualité de l’éducation, avant d’annoncer qu’il envisageait de convoquer, en 2014, un comité directeur sur l’éducation à Washington D.C..  Pour sa part, le Président de l’ECOSOC a exprimé sa volonté de décliner ce premier Forum en forums régionaux dont le premier aura lieu à l’automne 2013.    

En fin de journée, l’Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse, M. Ahmad Alhendawi, a pris la parole pour expliquer son rôle.  Il est chargé, a-t-il dit, de mettre en place des canaux de communication permettant aux jeunes de contribuer aux travaux de l’ONU et de mettre leur créativité au service du développement dans le monde.  Soulignant le pouvoir des médias sociaux, M. Wael Ghonim, pionnier de la révolution numérique du 25 janvier 2012 en Égypte, a exhorté les jeunes à ne pas sous-estimer leur influence pour le changement. 


De son côté, la Conseillère spéciale pour les questions relatives à la jeunesse mondiale du Département d’État des États-Unis, Mme Zeenat Rahman, a présenté les initiatives de son ministère pour promouvoir les initiatives technologiques et protéger la propriété intellectuelle et les innovations des jeunes, notamment des jeunes filles.  Dans ses remarques de clôture, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales (DAES), M. Wu Hongbo, a expliqué la possibilité qu’ont les jeunes de participer aux travaux de son Département, par le biais notamment d’un programme des jeunes délégués.


Ce premier Forum de la jeunesse, réuni sur le thème « Former les innovateurs de demain: Tirer parti de la science, de la technologie, de l’innovation et de la culture pour les jeunes d’aujourd’hui », s’est conclu avec la proposition du Président de l’ECOSOC de tenir des forums régionaux de la jeunesse, à l’automne prochain.  L’ECOSOC, en collaboration avec l’Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse, mettra également en place une plateforme virtuelle permettant aux jeunes de commenter et de participer à ses travaux, a-t-il annoncé.


FORUM DE LA JEUNESSE: « FORMER LES INNOVATEURS DE DEMAIN: TIRER PARTI DE LA SCIENCE, DE LA TECHNOLOGIE, DE L’INNOVATION ET DE LA CULTURE POUR LES JEUNES D’AUJOURD’HUI »


Déclarations liminaires


Dans sa déclaration liminaire, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a déclaré que ce Forum –qui intervient un an après un premier débat de l’ECOSOC sur les moyens de faire face au chômage des jeunes- avait pour but d’examiner les moyens de mettre la science, la technologie, l’innovation et la culture au service de l’amélioration de la vie des jeunes.  Il a souligné la nécessité d’investir dans la jeunesse, en rappelant que Thomas Edison n’avait que 32 ans lorsqu’il a inventé l’ampoule électrique, qu’Isaac Newton a publié son premier article sur les lois de la physique à l’âge de 24 ans, et que Bill Gates et Mark Zuckenberg n’avaient que 20 ans lorsqu’ils ont créé respectivement Microsoft et Facebook.  Il a ajouté que Michelangelo avait terminé sa statue de David à 29 ans, alors Celia Cruz, de Cuba; Bob Marley, de la Jamaïque; et Miriam Makeba, de l’Afrique du Sud sont devenus très tôt des voix pour la jeunesse à travers le monde.  Si des jeunes ont laissé une marque durable sur la science, la technologie et la culture, ils représentent également l’espoir et le changement, mais, a-t-il fait remarquer, ils continuent d’être confrontés à des défis immenses en matière d’emploi et d’éducation.  Illustrant leurs difficultés, il a précisé que le taux des jeunes risquant d’être au chômage était trois fois plus élevé que celui des adultes et que plus de 75 millions de jeunes étaient actuellement sans emploi.  En Europe et au Moyen-Orient, plus de la moitié des jeunes de 15 à 24 ans sont sans emploi, a-t-il ajouté.  Cette situation se traduit par une perte de capacité productive, un mal-être social et un stress pour les jeunes et leur famille, a-t-il fait observer. 


Le chômage, a expliqué le Président de l’ECOSOC, est lié à l’accès limité à une éducation qui réponde aux besoins du monde du travail et à la difficulté de permettre aux jeunes de contribuer au développement de leur société.  Il a estimé que la science, la technologie, l’innovation et la culture avaient le potentiel de résoudre tous ces défis en mettant l’accent sur la contradiction de voir, d’un côté, un chômage des jeunes et, de l’autre, des entreprises se plaindre du manque de personnel qualifié dans le domaine de la technologie.  M. Osorio a mis l’accent sur l’importance des réseaux sociaux -ceux-là même qui ont promu le printemps arabe- pour faire entendre les voix des jeunes et leur permettre d’être des acteurs de la transformation de la région.  Il a souligné l’importance des nouvelles technologies, en rappelant que les jeunes avaient besoin d’opportunités économiques.  Soulignant le rôle de l’ECOSOC pour faire entendre la voix des jeunes, M. Osorio a indiqué que l’ECOSOC avait décidé, avec la collaboration de l’Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse, M. Ahmad Alhendawi, de mettre en place une plateforme virtuelle permettant aux jeunes de commenter et de participer aux travaux de l’organe économique et social de l’ONU. 


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a accueilli aux Nations Unies les jeunes qui participaient au Forum de la jeunesse, organisé par le Conseil économique et social, en leur lançant « C’est votre maison !».  C’est vous qui allez diriger ce monde, leur a-t-il rappelé, en leur demandant si l’ONU œuvrait suffisamment en faveur des jeunes.  « Non ! », ont-ils répondu.  Est-ce que l’ONU peut faire davantage pour les jeunes? « Oui ! » se sont-ils exclamés.  Le Secrétaire général a reconnu cette réalité en expliquant avoir désigné, pour la première fois dans l’histoire des Nations Unies, un Envoyé pour la jeunesse, M. Ahmad Alhendawi.


« Travailler avec les jeunes est une de mes plus grandes priorités », a assuré M. Ban.  Il a invité les jeunes à réunir leurs compétences et leur compassion pour aborder les terribles problèmes de notre monde.  Il a parlé du chômage des jeunes qui touche 74 millions de personnes âgées de 15 à 25 ans.  En outre, des dizaines de milliers de jeunes sont affectés par les conflits.


Les jeunes vont hériter d’une planète transmise par des générations qui ont trop souvent exploité ses ressources au lieu de les protéger, a fait remarquer le Secrétaire général.  Nous sommes à un tournant et nous risquons de sombrer, a-t-il prévenu.  C’est pourquoi, il a proposé aux jeunes de travailler ensemble pour protéger la planète, en faisant appel à leur sens de la responsabilité.  Il a souhaité pour eux une planète plus écologique et hospitalière.  En cette période charnière, vous pouvez nous aider à répondre aux défis en agissant en tant que citoyens du monde, a-t-il lancé aux jeunes.


Le Secrétaire général, notant les tablettes et téléphones portables utilisés par les participants dans la salle, s’est félicité que les jeunes recourent aux réseaux sociaux pour faire entendre leur voix.  Beaucoup de jeunes n’ont pas accès à cette technologie, a-t-il noté.  Les femmes et les filles, a-t-il insisté, ont le même potentiel que les hommes et les garçons en matière de science et de technologies.  C’est pourquoi, l’éducation est importante.


La République de Corée avait été dévastée dans les années 1950 à cause de la guerre, a rappelé M. Ban, en expliquant qu’il n’y avait plus de salles de classe pour les élèves.  Faisant part de son expérience personnelle, il a indiqué que, par les jours de pluie, les élèves s’abritaient sous les arbres pour continuer leur cours.  Il a exprimé sa gratitude aux Nations Unies pour l’assistance fournie à son pays pendant cette période.


« L’éducation d’abord », initiative que le Secrétaire général avait lancée l’an dernier, vise à scolariser tous les enfants et à améliorer la qualité de l’éducation.  Il a aussi annoncé qu’il envisageait de convoquer, en 2014, un comité directeur sur l’éducation à Washington D.C..  M. Ban a appelé à assurer une éducation à tous les jeunes, en soulignant l’effet multiplicateur de l’éducation dispensée aux femmes qui la transmettent ensuite à leurs enfants.


Rappelant que son Envoyé pour la jeunesse était âgé de 29 ans, le plus jeune Envoyé de l’histoire des Nations Unies, le Secrétaire général a présenté les quatre principes clefs de son plan d’action: la participation, la sensibilisation, le partenariat et l’harmonie.


Son Envoyé, a-t-il poursuivi, va ouvrir de nouvelles voies de communication entre les jeunes et les Nations Unies.  Le Secrétaire général a ensuite invité les jeunes à suivre les travaux des Nations Unies sur Twitter@UN et à envoyer des tweets à son Envoyé à l’adresse suivante: Envoy@AhmadAlhendawi.  L’Envoyé travaille aussi sur une application pour portable, afin de favoriser le dialogue avec les jeunes, a-t-il indiqué.  Les jeunes auront aussi leur mot à dire dans l’élaboration du programme de développement post-2015, a-t-il ajouté.


En ce qui concerne le partenariat, le Secrétaire général a expliqué que c’est une composante cruciale du programme de travail de l’Envoyé.  Au titre de l’harmonisation, il a souhaité que M. Alhendawi coordonne au mieux les activités menées afin de leur donner le plus grand impact.  Avant de conclure, M. Ban a adressé le message suivant aux jeunes: « Je vous encourage à continuer dans votre propre voie et quel que soit le lieu où vous vous trouvez, vous pouvez soutenir les idéaux des Nations Unies, à savoir la paix, le développement et les droits de l’homme ».


Mme ADORA SVITAK, Représentante de la jeunesse pour le Programme alimentaire mondial (PAM), a regretté que la contribution des jeunes était trop souvent négligée alors qu’ils représentent 20% de la population mondiale et, dans de nombreux pays, ils représentent même la moitié de la population.  Elle s’est inquiétée des clichés qui véhiculent sur les jeunes et a demandé aux États Membres de respecter la résolution de l’Assemblée générale les appelant à intégrer les vues exprimées par les jeunes dans leurs politiques nationales.  Elle a exhorté les gouvernements à cesser d’avoir peur de donner des pouvoirs aux jeunes.  Mme Svitak a insisté, à cet égard, sur les programmes d’autonomisation de jeunes égyptiens visant à les aider à devenir des dirigeants communautaires.  Elle a également souligné l’importance de l’Internet qui, a-t-elle fait remarquer, permet aujourd’hui aux jeunes d’accéder à des connaissances dont ils avaient été jusque-là privés.  Elle a estimé que les jeunes constituent la meilleure « ressource naturelle » à condition que leur audace et leur imagination ne restent pas sous-utilisées.  À l’âge de 15 ans, a rappelé Mme Svitak, elle avait déjà publié trois livres sur les questions relatives aux jeunes.


Déclarations de clôture


Mme ZEENAT RAHMAN, Conseillère spéciale pour les questions relatives à la jeunesse mondiale du Département d’État des États-Unis, a indiqué que des services de conseils à l’intention des jeunes avaient été créés dans plusieurs ambassades américaines.  Elle a ajouté que les ambassadeurs des États-Unis étaient invités à être prêts à répondre aux attentes des jeunes.  À cet égard, elle a cité plusieurs programmes destinés aux jeunes, dont les bourses Fullbright.  Les États-Unis souhaitent faire contribuer leurs partenaires à la mise en œuvre de ces programmes, notamment le secteur privé.  Elle a assuré que le Gouvernement américain soutenait la compétition Apps4Africa, lancée en 2009 en tant que programme annuel visant à soutenir les initiatives technologiques qui permettent de résoudre les problèmes de sociétés.  Au cours de ces dernières années, les jeunes ont contribué à la création de téléphones mobiles, de sites Internet, d’applications d’ordinateurs pour s’attaquer aux problèmes climatiques, de la société civile, et du secteur privé.  Le Département d’État américain soutient les jeunes femmes scientifiques par le biais de programmes comme le programme intitulé « Partnership Opportunities for Water Women Engineers and Researchers (POWWER) », a-t-elle souligné.  Elle a précisé qu’une partie du partenariat pour l’eau des États-Unis annoncé par l’ancienne Secrétaire d’État Hillary Clinton, avait pour objectif d’aider les participants à former les dirigeants scientifiques de demain au Maroc et en Tunisie.  Elle a aussi cité les efforts de son pays pour protéger la propriété intellectuelle et les innovations des jeunes.  Le Secrétaire d’État John Kerry, a-t-elle dit, s’est félicité récemment que les jeunes soient en mesure pour la première fois dans l’histoire de l’humanité d’agir de manière globale.  Les États-Unis s’engagent à appuyer ce mouvement, a-t-elle ajouté.


Présentant l’ensemble des principaux messages et recommandations issues des trois tables rondes de la journée – « Les filles et les jeunes femmes et la science », «  Les jeunes en tant que moteur de l’économie créative » et « L’utilisation des médias sociaux pour faire avancer les choses », Mme JESSICA LAWRENCE, Directrice générale, New York Tech Meetup, a indiqué que le débat sur « les filles et les jeunes femmes et la science » avait abouti à des recommandations visant à attirer et maintenir les femmes dans le domaine de la science afin que le monde ne se prive pas de la moitié de sa population scientifique.  Elle a appelé à travailler contre les stéréotypes à tous les niveaux et à fournir un espace plus grand à la visibilité des femmes scientifiques.  « Prétendre que les filles préfèrent les princesses aux robots relève de stéréotypes et de clichés qu’il faut combattre », a-t-elle dit.  Parmi les autres recommandations, elle a souligné la nécessité d’encourager des femmes scientifiques célèbres à promouvoir le rôle des autres femmes dans le domaine de la science. 


Résumant ensuite la deuxième session qui portait sur « Les jeunes: Moteur de l’économie créative », Mme Lawrence a indiqué que la discussion avait montré combien les questions de culture et de liberté d’expression étaient importantes.  Elle a aussi souligné la nécessité de développer une économie créative qui ait une incidence sur l’avenir et d’arrêter la fuite des cerveaux en Ouganda.  Il faut aussi militer pour arriver à une meilleure participation des jeunes dans les industries culturelles et encourager l’accès des jeunes créateurs aux marchés locaux, notamment en leur proposant des crédits.  La discussion a également encouragé à échanger les informations et mettre au point des mécanismes de collaboration.  Encourager l’appropriation individuelle est une autre nécessité, a rappelé Mme Lawrence.


La troisième table ronde, intitulée « Créer la rumeur: Utiliser les médias sociaux pour faire avancer les choses », s’est concentrée sur les médias sociaux, a expliqué Mme Lawrence.  La discussion a rappelé, a-t-elle fait remarquer, que ces médias peuvent être utilisés à des fins moins louables.  Mme Lawrence a insisté pour que les très nombreuses vidéos téléchargées contribuent plutôt au bien.  L’apathie et le cynisme sont les deux grands ennemis, ont souligné certains intervenants, a-t-elle noté.  Mais, a-t-elle insisté, nous pouvons agir ensemble et nous exprimer à l’unisson.  Mme Lawrence a relevé qu’il ne faudrait pas forcément parler la même langue pour se comprendre.  « Il reste cependant encore beaucoup à faire, mais ce travail, nous pourrons l’accomplir ensemble », a-t-elle assuré.


Concluant son intervention, la Directrice générale de New York Tech Meetup a estimé qu’il faudrait investir en faveur des jeunes pour réduire le fossé générationnel.  Les participants à ce Forum avaient répondu clairement au Secrétaire général lorsqu’il leur avait demandé si les Nations Unies œuvraient suffisamment en faveur des jeunes: « Non, les Nations Unies n’en font pas assez! »  « Nous vivons à une époque où vous pouvez lancer un mouvement avec Internet, à l’aide de votre ordinateur.  Alors ne laissez pas passer cette opportunité, nous avons besoin de vous », a-t-elle dit


Pionnier de la révolution numérique en Égypte, M. WAEL GHONIM a indiqué qu’il avait eu la chance d’être parmi ceux qui ont su développer à un moment opportun une plateforme virtuelle par laquelle 30 000 Égyptiens ont pu s’exprimer immédiatement après la mort d’un jeune égyptien.  Il a expliqué que c’est sa volonté d’agir en défi du statu quo qui l’a poussé à voir le changement dans son pays.  « Vous tous, grâce à la technologie, pouvez faire des choses qui étaient, auparavant, impensables », a-t-il dit.  Depuis l’âge de 17 ans, il a entendu de nombreuses personnes lui dire que ce qu’il faisait ne servait à rien.  « Avant la révolution, j’ai dit aux Égyptiens lors d’une conférence qu’une révolution allait avoir lieu en citant l’exemple d’un immigré bangladeshi qui a développé des vidéos lucratives aux États-Unis pouvant toucher aujourd’hui des centaines de milliers de personnes.  S’appuyant sur cette expérience, il a créé une ONG à vocation éducative, « Nabadat » (poul en français), pour améliorer l’éducation des jeunes.  En s’adressant aux jeunes dans la salle, il leur a dit: « Vous devez commencer à croire en vous et à votre capacité de créer des choses qui auront une incidence positive sur tout le monde ».


M. AHMAD ALHENDAWI, Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse, a constaté que tous sont convaincus de l’importance des jeunes dans le domaine de l’innovation.  Les jeunes ne sont pas seulement des consommateurs des technologies, mais ils sont présents aux deux bouts de la chaîne.  Peut-on parler des questions des jeunes sans parler des médias sociaux ou des technologies de l’information?»  « Non! » a-t-il répondu.  Comment allons-nous faire pour que l’ONU utilise aussi ces instruments et rapproche son travail des jeunes?  Les Nations Unies ont le mandat d’unir les peuples, a-t-il rappelé.  Il n’existe sur la planète qu’une seule Organisation des Nations Unies, a-t-il rappelé.


On ne peut pas parler des jeunes sans faire mention des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et du programme de développement post-2015, a-t-il aussi fait observer.  « C’est vous qui devez nous dire ce que les Nations Unies doivent faire.  Vous devez contribuer au développement de notre monde. »  L’Envoyé du Secrétaire général a invité les jeunes à définir leur rôle à cet égard, afin de faire partager le bénéfice social du développement aux sociétés et aux communautés.  Il a mis l’accent sur l’importance des petits changements qui finiront par changer le monde.  Facebook a commencé comme outil pour établir des connections sur un campus universitaire et, aujourd’hui, c’est le monde entier qui est connecté, a-t-il noté.  C’est pourquoi, il a appelé les jeunes à examiner comment, dans leur travail quotidien, ils peuvent contribuer à forger un meilleur avenir.


Formulant des observations finales, M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, s’est félicité du succès de cet évènement et de la décision de faire du Forum de la jeunesse une manifestation officielle de l’ECOSOC.  Il a souligné les priorités exprimées aujourd’hui en vue de favoriser la participation des jeunes aux travaux des Nations Unies.  Il a rappelé que le programme de développement durable au-delà de 2015 résultait des recommandations de la Conférence Rio+20 qui avait pour thème « L’avenir que nous voulons ».  Faisant remarquer que la planète compte aujourd’hui 7 milliards d’habitants et ce chiffre atteindra probablement 9 milliards en 2050, le Secrétaire général adjoint a averti que les rythmes de consommation actuels sont tels qu’ils nécessiteront en 2050 trois planètes comme la terre pour répondre à nos besoins.  Évoquant le gaspillage des ressources, il a indiqué que 16 personnes meurent de faim toutes les minutes, dont 12 sont des enfants.  Cela ne peut pas durer, a-t-il dit.


Pour le Département des affaires économiques et sociales (DAES), votre voix est importante, a assuré M. Wu.  Le Secrétaire général adjoint a illustré son propos en précisant que le DAES avait mis au point, en lien avec l’Envoyé pour la jeunesse, le plan d’action du Secrétaire général en faveur des jeunes.  Le Département organise aussi des activités visant à faire participer les jeunes, notamment le programme des jeunes délégués ou la publication du rapport mondial interactif sur la jeunesse, a-t-il indiqué.  L’emploi des jeunes nous préoccupe beaucoup, a ajouté M. Wu, en plaidant en faveur de mesures permettant d’encourager la créativité et les stages.  Avant de conclure, il a souligné que la participation à ce Forum était « vitale ».


M. NÉSTOR OSORIO, Président du Conseil économique et social, a souligné la réalité des promesses qu’offrent la science, la technologie, l’innovation et la culture.  Il a invité les gouvernements à améliorer les incitations pour que les jeunes s’orientent davantage vers ces domaines, en récompensant la prise de risque, en créant des environnements propices à un accès égal aux opportunités, en garantissant les droits de propriété et en s’assurant que leurs pays soient ouverts sur le monde.  M. Osorio s’est dit très inspiré par les vues exprimées aujourd’hui, par la passion des jeunes ainsi que par leur vision de l’avenir.


Le Président de l’ECOSOC a aussi souhaité entendre les voix des jeunes d’autres régions du monde, afin qu’ils contribuent au débat et aux décisions.  Dans la foulée, il a annoncé que le Forum des jeunes de l’ECOSOC se tiendrait, à partir de l’automne 2013, dans différentes régions et qu’il durerait dorénavant deux jours afin d’entendre toutes les voix.  Le Forum des jeunes devrait devenir partie intégrante de l’ordre du jour officiel de l’ECOSOC, a-t-il ajouté.   


Avant de clôturer le Forum, M. Osorio a invité les jeunes à participer activement aux plateformes des médias sociaux de l’ECOSOC.  Sur Facebook, d’une part, à l’adresse www.facebook.com/unecosoc, et sur Twitter, d’autre part, à l’adresse www.twitter.com/unecosoc (Hashtag #InnovateYourFuture).  Il leur a aussi demandé de soutenir la campagne Thunderclap (www.thunderclap.it/InnovateYourFuture).  « Nous devons poursuivre nos efforts avec le même enthousiasme que celui dont vous avez fait preuve aujourd’hui », a-t-il dit, avant d’inviter les jeunes à faire entendre leur voix lors de la session annuelle de l’ECOSOC, qui aura lieu en juillet prochain à Genève.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Maintien de la paix: le Comité des 34 ajourne la conclusion de sa session afin d’examiner deux propositions visant la clôture de ses travaux

AG/PK/215

Maintien de la paix: le Comité des 34 ajourne la conclusion de sa session afin d’examiner deux propositions visant la clôture de ses travaux

27/3/2013
Communiqué de presseAG/PK/215
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité spécial des opérations                              

de maintien de la paix                                     

Session de fond de 2013                                    

232e séance – après-midi


MAINTIEN DE LA PAIX: LE COMITÉ DES 34 AJOURNE LA CONCLUSION DE SA SESSION

AFIN D’EXAMINER DEUX PROPOSITIONS VISANT LA CLÔTURE DE SES TRAVAUX


Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix ou « Comité des 34 » a décidé, cet après-midi, d’ajourner une nouvelle fois la conclusion de sa session de fond de 2013.  Les délégations ont jusqu’au 26 avril, au plus tard, pour examiner deux propositions visant « à sortir de l’impasse ».


« Deux propositions ont été faites: l’une venant de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay et du Mexique; tandis que l’autre émanait du Mouvement des non-alignés.  Elles visent à sortir de l’impasse actuelle et à obtenir un résultat positif pour la session », a expliqué, cet après-midi, la Présidente du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, Mme Joy Ogwu, du Nigéria.


Le Comité des 34 aurait dû théoriquement clôturer ses travaux le 15 mars dernier en adoptant le projet de rapport de sa session de fond, entamée le 19 février.  Ce document contient les propositions, recommandations et conclusions du Comité en ce qui concerne le maintien de la paix.


Le 15 mars*, le Comité avait cependant décidé d’ajourner ses travaux jusqu’au 28 mars, au plus tard, afin de permettre des consultations élargies avec les délégations, ainsi qu’avec d’autres parties prenantes.


Cet après-midi, Mme Ogwu a proposé aux délégations de suspendre à nouveau la session, et que celles-ci se retrouvent dans un mois, au plus tard le vendredi 26 avril.  « Il serait toutefois préférable de se mettre d’accord dans un laps de temps plus court », a-t-elle suggéré, appelant les délégations à faire preuve de « détermination politique ».


« Chacun, aux Nations Unies, parle des difficultés du Comité des 34 et nous ne pouvons pas nous permettre d’en rester là », a-t-elle insisté.


Le représentant de l’Égypte, qui s’exprimait au nom du Mouvement des non-alignés, ainsi que celle de l’Union européenne, ont appuyé cette nouvelle proposition d’ajournement de la Présidente. 


« Pour aboutir à un rapport négocié, nous avons estimé que nous devions faire une proposition de compromis.  L’objectif de l’effort que nous consentons est d’aller de l’avant », a souligné le représentant égyptien au nom du Mouvement des non-alignés. 


De son côté, la représentante de l’Union européenne a émis l’espoir que les consultations du mois à venir soient « constructives ».  « Le temps presse », a-t-elle rappelé, « et de nombreuses consultations ont déjà eu lieu sans véritable progrès ».  « Au cas où ces nouvelles consultations n’aboutiraient pas », a-t-elle ajouté, « il faudra examiner une manière de conclure la session ».  


Le Comité des 34 devrait à nouveau se réunir avant le 26 avril.  La tenue de cette réunion sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.


* Voir communiqué de presse AG/PKO/214 du 15 mars 2013


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: fin du débat sur la Commission de consolidation de la paix sur fond de crise en Guinée-Bissau et en République centrafricaine

AG/11353

Assemblée générale: fin du débat sur la Commission de consolidation de la paix sur fond de crise en Guinée-Bissau et en République centrafricaine

27/3/2013
Communiqué de presseAG/11353
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                         

Soixante-septième session                                  

70e séance plénière – matin


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: FIN DU DÉBAT SUR LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX

SUR FOND DE CRISE EN GUINÉE-BISSAU ET EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE


Une dizaine de délégations a conclu ce matin le débat, entamé hier, sur les réalisations de la Commission de consolidation de la paix (CCP), sur fond de crise en Guinée-Bissau et en République centrafricaine, inscrits à l’ordre du jour de la Commission.  La place centrale que doit accorder la CCP à l’appropriation nationale a de nouveau fait l’objet de plusieurs observations.


Le représentant de la Guinée s’est ainsi félicité des « progrès encourageants » enregistrés par la CCP au cours de l’année 2012, tout en estimant que ces résultats pouvaient être encore améliorés, notamment en ce qui concerne l’interaction de la CCP avec les autorités des pays inscrits, à l’instar du sien, à son agenda.


Il a appelé la Commission à envisager la mise en place d’un cadre permanent de concertation entre les organisations sous-régionales, comme l’Union du fleuve Mano, et les Présidents des formations pays de la Guinée, de la Guinée-Bissau, du Libéria et de la Sierra Leone.


Les efforts déployés par le Bureau d’appui de la CCP en Côte d’Ivoire, au titre de l’élaboration d’une stratégie de réforme du secteur de la sécurité (RSS) en collaboration avec l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), ont été salués par la représentante du Sénégal.


Elle a toutefois jugé important de veiller à ce que la planification de la consolidation de la paix soit axée sur la demande et les besoins des États.  La représentante de la Norvège, notant que l’appropriation nationale est un élément clef de l’initiative du Secrétaire général intitulée « Des moyens civils à la hauteur des situations postconflictuelles », s’est félicitée du soutien du Comité d’organisation de la CCP à cette initiative.


La situation en Guinée-Bissau et en République centrafricaine exige, a tranché le représentant de la Fédération de Russie, que les États analysent d’abord l’efficacité et la pertinence de la CCP dans ces pays.  De toute évidence, le maintien de la paix n’y a pas fonctionné et l’on voit que les recettes qui ont su faire leurs preuves ailleurs ne peuvent être appliquées partout.


Même si l’environnement de la consolidation de la paix varie de pays en pays, l’on voit tout de même des points communs, a estimé pour sa part le représentant du Népal, un pays fort de « son expérience en maintien de la paix à l’extérieur et en consolidation de la paix à l’intérieur ».  Il a jugé bon que le Groupe de travail sur les leçons apprises de la CCP soit renforcé et que ses conclusions soient mieux intégrées dans les activités de consolidation de la paix.


S’agissant plus particulièrement de la situation en Guinée-Bissau, le représentant du Portugal s’est dit convaincu que la formation spécifique de la CCP pouvait fournir un soutien politique au Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS) et faciliter le dialogue dès qu’un accord politique plus large permettra d’aller de l’avant.


Outre la Guinée-Bissau et la République centrafricaine, la CCP a à son ordre du jour le Burundi, la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone.  Pour ce qui est du financement, la représentante de la Suède a fait remarquer que le Fonds pour la consolidation de la paix n’a qu’un rôle complémentaire.  Le Fonds étant en réalité, un mécanisme catalyseur, il ne saurait être la principale source de financement de la consolidation de la paix, a renchéri la représentante de la Norvège.  Son homologue du Pakistan a tout de même souhaité que la base des donateurs du Fonds soit élargie. 


Pour l’examen de ces questions, l’Assemblée était saisie du rapport d’activité de la Commission de consolidation de la paix* et du rapport du Secrétaire général sur le Fonds pour la consolidation de la paix**.


DÉBAT SUR LE RAPPORT DE LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX (CCP) ET SUR LE RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL RELATIF AU FONDS POUR LA CONSOLIDATION DE LA PAIX (A/67/711 ET A/67/715)


Suite des déclarations


Mme SIGNE BURGSTALLER (Suède) a invité le Bureau d’appui pour la consolidation de la paix à activer ses réseaux, pour renforcer son activité principale de soutien au Comité organisationnel de la CCP et aux formations spécifiques à des pays.  Il faudrait ainsi établir des partenariats avec les acteurs internationaux comme les institutions financières internationales et les organisations régionales.  En ce qui concerne le Fonds pour la consolidation de la paix, elle a rappelé que depuis sa création en 2006, la Suède était un des donateurs principaux.  En tant que Présidente du Groupe consultatif du Fonds, la Suède se concentre sur les résultats, sur le contrôle et l’évaluation, ainsi que sur le rôle du Fonds dans l’architecture de consolidation de la paix.  La représentante s’est félicitée de ce que le Fonds ait renforcé ses activités en matière de contrôle et d’évaluation.  Le Fonds joue un rôle complémentaire à celui des autres mécanismes lorsqu’une action mondiale est nécessaire, a-t-elle estimé. 


La Suède a aussi présidé la formation Libéria, a rappelé Mme Burgstaller, en soulignant l’expérience ainsi acquise par son pays.  Elle a par ailleurs mis l’accent sur l’importance de la coopération entre l’ONU et les institutions financières internationales, comme la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.  Notre expérience a également démontré la nécessité d’intégrer les efforts de consolidation de la paix aux structures de coordination de chaque pays.  C’est pourquoi, a-t-elle estimé, la CCP et le Fonds doivent renforcer les mesures de coordination dans le cadre d’« Unis dans l’action ».  La CCP doit aussi prendre en compte les priorités nationales des pays inscrits à son ordre du jour, a-t-elle ajouté. 


Mme SEWA LAMSAL ADHIKARI (Népal) a souligné que l’expérience de son pays en matière de maintien de la paix à l’extérieur et de consolidation de la paix dans le pays montre que les femmes ne sont pas seulement celles qui souffrent le plus lors d’un conflit mais qu’elles sont aussi des pacificatrices et le fondement même de la cohésion sociale.  S’appuyant sur les résolutions 1325 et 1820 du Conseil de sécurité, le Népal a préparé son Plan national d’action pour faire des femmes une partie intégrante de la consolidation de la paix.  Il est clair, a reconnu Mme Adhikari, que le développement et la sécurité se renforcent mutuellement et qu’il doit y avoir un équilibre délicat entre les deux pour mener un pays vers une phase de postconflit.  La CCP doit placer l’appropriation nationale au cœur de ses activités pour assurer paix et développement.  De la même manière, la coordination et la cohérence sont vitales.  Il faut aussi une synergie entre la CCP et le Fonds pour avoir un maximum d’impact sur le terrain.  La représentante a appelé à une augmentation substantielle des contributions au Fonds.


Même si l’environnement de la consolidation de la paix varie de pays en pays, l’on voit tout de même des points communs.  C’est la raison pour laquelle, a estimé la représentante, le Groupe de travail sur les leçons apprises doit être renforcé et utilisé pleinement.  Une meilleure intégration de ses conclusions dans les activités de consolidation de la paix ne peut qu’améliorer l’efficacité sur le terrain. 


M. LUIS AUGUSTO FERNANDES GASPAR DA SILVA (Portugal) a mis l’accent sur les défis en matière de consolidation de la paix en Guinée-Bissau, en Sierra Leone, au Burundi et en République centrafricaine.  S’agissant de la Guinée-Bissau, il s’est dit convaincu que la formation de la Commission de consolidation de la paix pour ce pays pouvait fournir un soutien politique au Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS) et faciliter le dialogue dès qu’un accord sera intervenu.  Il a souligné qu’il était indispensable que la restauration de l’ordre constitutionnel soit accompagnée d’un engagement de la communauté internationale en faveur de la stabilité et du développement de la Guinée-Bissau.  La formation de la CCP a aussi comme rôle de promouvoir et de faciliter un tel engagement, a-t-il, insisté. 


M. da Silva a estimé que des progrès étaient nécessaires pour définir le rôle politique des présidents des formations de la CCP en tenant compte de celui des autres acteurs du système de l’ONU -en particulier les représentants spéciaux du Secrétaire général– afin d’éviter tout double emploi et d’encourager la complémentarité.  Dans ce contexte, il a salué l’amélioration observée en 2012 de l’interaction entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix.  Soulignant les domaines prioritaires, M. da Silva a estimé que les débats sur les questions transfrontalières, notamment la criminalité transnationale organisée en Afrique de l’Ouest, ont été prometteurs en offrant une dimension régionale aux travaux de la Commission.  Il a salué aussi la contribution de l’Union du fleuve Mano à ces débats.  Quelle que soit la diversité des situations, il y a des principes fondamentaux et des leçons apprises qui doivent guider nos travaux, a insisté le représentant du Portugal avant de mettre l’accent sur la priorité du renforcement des institutions nationales.


M. MAMADI TOURÉ (Guinée) s’est félicité des « progrès encourageants » enregistrés par la CCP au cours de l’année 2012, tout en estimant que ces résultats pouvaient être encore améliorés, notamment en ce qui concerne l’interaction de la CCP avec les autorités des pays inscrits à son agenda, l’accompagnement politique et ses méthodes des travail.  Il a estimé que les autorités nationales doivent être « étroitement » associées à la préparation et à la conduite des travaux de la CCP.  M. Touré a aussi exhorté la CCP à redoubler d’efforts dans le domaine de la mobilisation de ressources, notamment en assistant les pays inscrits à son agenda dans la mise en place de dispositifs nationaux capables d’attirer un soutien financier et technique durable.


Le représentant de la Guinée a ensuite fait savoir que « l’étroite collaboration » entre son gouvernement et le Fonds pour la consolidation de la paix avait débouché sur des avancés significatives dans le domaine de la réforme du secteur de la sécurité, surtout après la mise à la retraite de 3 928 soldats.  Malgré ses « maigres moyens », la Guinée avait contribué au financement du quart de l’enveloppe globale.  Le représentant a également expliqué que le Fonds avait permis de financer le recensement biométrique des effectifs de l’armée, initiative qui, a-t-il expliqué, avait permis d’identifier les réformes nécessaires pour la réorganisation du système de gestion des ressources humaines de l’armée. 


En outre, le déploiement à Conakry d’un conseiller de haut niveau et d’une équipe d’experts pour l’appui stratégique de la réforme du secteur de la sécurité (RSS)a permis d’enregistrer une plus grande implication des parties prenantes nationales dans la mise en œuvre efficace d’une stratégie de RSS, s’est-il félicité.  M. Touré a par ailleurs appelé la CCP à envisager la mise en place d’un cadre permanent de concertation entre les organisations sous-régionales, comme l’Union du fleuve Mano, et les Présidents des formations pays de la Guinée, de la Guinée-Bissau, du Libéria et de la Sierra Leone.


M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a constaté que malgré les efforts déployés, l’aide apportée aux pays inscrits à l’ordre du jour de la CCP reste fragmentée.  Il a engagé la CCP à coordonner les questions transversales examinées par une multitude d’organes.  La situation en Guinée-Bissau et en République centrafricaine, a-t-il dit, mérite que les États Membres analysent attentivement l’efficacité et la pertinence de la CCP dans ces pays.  De toute évidence, a-t-il tranché, le maintien de la paix n’y a pas fonctionné et l’on voit que les recettes qui ont su faire leurs preuves ailleurs ne peuvent être appliquées partout.


La CCP doit de se pencher sur les problèmes propres à chaque pays et, à ce titre, il a vu dans le règlement de problèmes sociaux une mesure capable de permettre aux pays de surmonter leurs « contradictions politiques ».   Après avoir salué l’ambition du travail à venir de la CCP, le représentant a fait savoir que la Fédération de Russie continuera de verser 2 millions de dollars par an au Fonds pour la consolidation de la paix, amenant ainsi à 10, sa contribution totale.


M. HUGH DUGAN (États-Unis) a noté les avancées de la consolidation de la paix en Sierra Leone et au Libéria et a dénoncé les évènements en République centrafricaine.  Il a estimé que la collaboration entre les Nations Unies et d’autres organisations internationales, le secteur privé et les organisations philanthropiques est indispensable.  D’autres partenariats sont à explorer, a-t-il dit.  Il a surtout exhorté la CCP à déterminer de meilleures formes de collaboration avec les pays inscrits à son ordre du jour où les résultats sont mitigés.  La CCP doit se concentrer sur la collaboration avec les gouvernements.  En ce qui concerne le Fonds pour la consolidation de la paix, des efforts supplémentaires doivent être déployés afin de combler les lacunes parce que les donateurs traditionnels ne peuvent pas tout assumer. 


M. KNUT LANGELAND (Norvège) a estimé que les résultats mitigés de la CCP démontrent que la consolidation de la paix est un processus pour lequel il n’y a pas de réponse facile.  Il a invité à conjuguer patience et détermination politique.   La CCP doit se concentrer sur l’appropriation nationale du processus de paix et la réconciliation, a-t-il estimé, soulignant la nécessité pour ces processus d’inclure tous les segments de la société, notamment les femmes.  À cet égard, il a demandé la pleine application du Plan d’action en sept points.


L’appropriation nationale est un élément clef de l’initiative sur les moyens civils à la hauteur des situations postconflictuelles, a poursuivi M. Langeland, se félicitant du soutien du Comité d’organisation de la CCP à cette initiative.  Il a aussi salué les efforts de la CCP pour développer des partenariats plus forts avec tous les acteurs, dont les institutions financières internationales.  Il faut aussi solliciter les fondations, les organisations philanthropiques et le secteur privé, a-t-il conseillé.  Les partenariats sont essentiels à la mobilisation des ressources, a-t-il souligné, avant de saluer la contribution du Fonds pour la consolidation de la paix.  Ce Fonds est un fonds catalyseur.  Il ne doit donc pas être la seule source de financement des processus de consolidation de la paix dans les pays, a-t-il dit, encourageant donateurs traditionnels et non traditionnels, dont les économies émergentes, à y contribuer.  Il a aussi suggéré d’examiner la manière de mobiliser les ressources nationales dans les pays concernés, comme la fiscalité.  La CCP, a-t-il conclu, fait partie intégrante de la famille des Nations Unies.  Sur le terrain, elle doit donc appuyer l’équipe de pays et le Représentant spécial du Secrétaire général.


Mme FORTUNA DIBACO CIZARE (Éthiopie) a tout d’abord salué les efforts consacrés par la CCP pour améliorer ses rapports avec les principaux organes de l’ONU ainsi que ses méthodes de travail.  Elle a engagé la CCP à inscrire d’autres pays émergeant d’un conflit à son ordre du jour.  Elle a souhaité que les cadres élaborés par la CCP et le Fonds continuent de s’aligner sur les besoins et les priorités identifiés par les pays eux-mêmes.  Elle a également voulu que la participation de la société civile du « Monde du Sud » soit utilisée de manière adéquate.  Mme Cizare a salué l’attention que la CCP accorde à la mobilisation des ressources et la création de partenariats, ainsi qu’à la coordination de l’aide et au renforcement des liens avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.  Il importe également d’impliquer les fondations, les organisations philanthropiques et le secteur privé, a-t-elle ajouté, à son tour, avant de se féliciter de ce que 88% des projets du Fonds pour la consolidation de la paix soient sur le point d’être mis en œuvre.


M. MANIEMAGEN GOVENDER (Afrique du Sud) a déclaré que les progrès réalisés ont permis des résultats concrets pour les pays figurant à l’ordre du jour.  Ils méritent le plein appui des États Membres.  Il a aussi souligné l’importance de l’appropriation nationale dans le processus de consolidation de la paix et a, à cet égard, noté les gains majeurs réalisés en Sierra Leone.  Des progrès ont aussi eu lieu au Burundi pour ne parler que du renforcement de la cohésion sociale, a-t-il souligné.  Par ailleurs, les événements en République centrafricaine sont préoccupants.  L’Afrique du Sud appuie les déclarations du Conseil sur ce sujet et appelle au respect des Accords de Libreville.  Avant de conclure, le représentant a espéré que le Fonds pourra reprendre son travail au Libéria.  


Mme FATOU ISIDORA MARA NIANG (Sénégal) a souligné que de nombreux défis demeurent, notamment en ce qui concerne la création d’emplois pour les groupes vulnérables comme les jeunes et les femmes, la restauration de l’administration décentralisée et du fonctionnement de l’entité gouvernementale, ainsi que la fourniture de services publics.  Elle a rappelé que la CCP devra jouer pleinement son rôle d’organe consultatif en renforçant sa collaboration avec le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social et l’Assemblée générale ainsi que ses liens avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.


La représentante s’est réjouie des efforts déployés par le Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Côte d’Ivoire, au titre de l’élaboration d’une stratégie de réforme du secteur de la sécurité en collaboration avec l’Opération des Nations Unies dans ce pays (ONUCI).  « La maîtrise nationale et le renforcement des capacités des États touchés par les conflits doivent rester au cœur des activités de consolidation de la paix si l’on veut répondre durablement aux besoins de ces pays », a-t-elle déclaré.  À cet égard, elle a jugé important de veiller à ce que la planification de la consolidation de la paix soit axée sur leurs demandes et leurs besoins.  Cela passe par la prise en compte des priorités définies par ces États, mais aussi par la mise en œuvre de politiques viables visant l’autonomisation des acteurs nationaux, en particulier les jeunes.  Enfin, le Sénégal encourage la CCP à promouvoir l’égalité entre les sexes.


M. MASOOD KHAN (Pakistan) a constaté la nécessité de renforcer le rôle de la CCP dans la conception et la mise en œuvre des mandats et activités de l’ONU liés à la consolidation de la paix.   Le Comité d’organisation de la CCP devrait engager des discussions pour se trouver à la CCP une niche dans le processus de prise de décisions de l’ONU s’agissant de la consolidation de la paix.  Le représentant a rappelé qu’alors qu’il présidait le Conseil de sécurité, en janvier dernier, ce dernier a adopté la résolution 2086 qui consacre la centralité de la CCP comme organe consultatif et mobilisateur de ressources pour les activités de consolidation de la paix.  La résolution qui était proposée par le Pakistan découle de son expérience de membre fondateur de la CCP et grand contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.  La résolution, a insisté le représentant, clarifie le lien entre maintien et consolidation de la paix.  Elle contribue à l’établissement de partenariats forts pour une réponse collective aux défis d’imposition, de maintien et de consolidation de la paix.


Le représentant s’est félicité que les formations pays affinent leur rôle dans le sens de l’appropriation nationale et lancent des initiatives de mobilisation des ressources par le biais d’institutions financières internationales et de sources non onusiennes.  Il a aussi fait remarquer que le Fonds pour la consolidation de la paix, auquel son pays contribue, est une composante essentielle de l’architecture de la consolidation de la paix.  La base des donateurs à ce Fonds doit être élargie, a-t-il lancé, demandant aussi aux États Membres et au Secrétariat de l’ONU de fournir des ressources et une souplesse opérationnelle au Fonds.  M. Khan a enfin salué l’initiative du Secrétaire général de renforcer les capacités civiles.


M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a indiqué que le Fonds pour la consolidation de la paix avait joué un rôle extrêmement important pour stabiliser son pays après les violences interethniques de 2010 et avait permis de créer la première démocratie parlementaire dans la région.  Depuis, le Fonds a octroyé 10 millions de dollars au Kirghizistan, ce qui a permis au Gouvernement de faire participer les femmes et les jeunes au maintien de la paix et de lancer des programmes de réconciliation entre les communautés, en mettant l’accent sur la gestion des ressources communes, notamment les ressources hydriques.  Le représentant a fait savoir que l’évaluation du Bureau d’appui au maintien de la paix menée en 2012 avait démontré qu’une plateforme sur la lutte contre l’exclusion politique et économique existe bel et bien au Kirghizistan.  Suite à ce processus, il a néanmoins été relevé que le pays a besoin d’un appui financier supplémentaire de la part de ses partenaires.


M. Kydyrov a ensuite remercié le Secrétaire général pour la réponse positive à la lettre que lui a adressée, le 26 septembre 2012, le Président kirghize pour réclamer la prolongation de l’appui du Fonds, notamment en matière de renforcement de l’état de droit, de protection des droits de l’homme et de renforcement des relations interethniques.  Le représentant a par ailleurs annoncé que le Conseil de défense du Kirghizistan a approuvé, il y a quelques jours, la création de l’Agence publique pour les gouvernements locaux et les relations interethniques, ainsi que le Concept pour le renforcement de l’unité nationale et des relations interethniques.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sierra Leone: le Conseil de sécurité proroge le mandat du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (BINUCSIL) jusqu’au 31 mars 2014

CS/10961

Sierra Leone: le Conseil de sécurité proroge le mandat du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (BINUCSIL) jusqu’au 31 mars 2014

26/3/2013
Conseil de sécuritéCS/10961
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6942e séance – matin


SIERRA LEONE: LE CONSEIL DE SÉCURITÉ PROROGE LE MANDAT DU BUREAU INTÉGRÉ DES NATIONS UNIES

POUR LA CONSOLIDATION DE LA PAIX EN SIERRA LEONE (BINUCSIL) JUSQU’AU 31 MARS 2014


Le Conseil de sécurité a, ce matin, prorogé le mandat du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (BINUCSIL) jusqu’au 31 mars 2014, tout en demandant au Représentant exécutif du Secrétaire général dans ce pays d’établir un plan de transition pour le 30 mai 2013 au plus tard.


Dans sa résolution 2097 (2013), adoptée à l’unanimité, le Conseil de sécurité a décidé en outre que, « compte tenu des vues du Gouvernement sierra-léonais et de l’évolution de la situation sur le terrain au lendemain des élections qui se sont déroulées avec succès en 2012 », le retrait du BINUCSIL devrait être complètement achevé le 31 mars au plus tard.


Le Conseil de sécurité a ainsi suivi les recommandations faites par le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, dans son rapport* sur le BINUCSIL, qui a été présenté le 13 mars dernier.


Le Secrétaire général y proposait en effet que le mandat du BINUCSIL soit prorogé pour une période de 12 à 18 mois. 


Cette période, estime-t-il, est « cruciale » car elle permettra au Bureau de consolider les gains réalisés jusqu’à présent en réalignant son mandat sur les trois domaines critiques restants, à savoir: les bons offices, l’appui au secteur de la sécurité et le renforcement des institutions nationales de promotion et de protection des droits de l’homme.


Dans la résolution adoptée ce matin, le Conseil de sécurité engage le BINUCSIL, le Gouvernement sierra-léonais et les partenaires bilatéraux et multilatéraux à charger un groupe directeur de définir le soutien que la communauté internationale pourrait apporter à la Sierra Leone pendant la transition, en particulier en ce qui concerne le transfert de toutes les fonctions résiduelles confiées au Bureau.


Après l’adoption unanime de la résolution par les membres du Conseil, le représentant de la Sierra Leone a exprimé la satisfaction de son gouvernement pour les efforts déployés par le Conseil de sécurité en vue de mettre le pays sur la bonne voie. 


Il a également dit que la Sierra Leone était pleinement engagée en faveur de la pleine mise en œuvre de cette résolution.


*     S/2013/118


LA SITUATION EN SIERRA LEONE


Dixième rapport du Secrétaire général sur le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (S/2013/118)


Texte du projet de résolution S/2013/181


Le Conseil de sécurité,


Rappelant ses résolutions antérieures et les déclarations de son président concernant la situation en Sierra Leone, en particulier les résolutions 2005 (2011) et 2065 (2012) et la déclaration du 30 novembre 2012,


Remerciant le Secrétaire général de son dixième rapport, daté du 27 février 2013 (S/2013/118), et prenant note des recommandations qu’il y formule,


Saluant les progrès notables accomplis par le Gouvernement et le peuple sierra-léonais sur la voie de la paix et de la stabilité ainsi que du développement à long terme du pays,


Rendant hommage à la Sierra Leone pour avoir organisé et mené à bien les élections présidentielle, législatives, locales et de district en novembre 2012, prenant note en particulier du rôle important joué par les institutions électorales, les partis politiques, les organisations de la société civile, les partenaires internationaux, ainsi que les observateurs nationaux et internationaux, et félicitant le peuple sierra-léonais de s’être rendu en masse aux urnes, ce qui montre à quel point il est attaché à la démocratie,


Mesurant l’importance de ce que le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (BINUCSIL), l’équipe de pays des Nations Unies et les partenaires bilatéraux et internationaux ont fait pour aider la Sierra Leone à préparer les élections, prenant note en particulier des efforts déployés pour améliorer la capacité et l’efficacité des institutions de promotion de la démocratie, des institutions électorales et des institutions de sécurité du pays, pour faciliter le dialogue politique entre l’ensemble des forces vives du pays, promouvoir une tradition de non-violence et garantir la pleine et entière participation de toutes les couches de la société, et en particulier des femmes, au processus électoral, sur un pied d’égalité et en toute sécurité,


Se déclarant satisfait des progrès que le Gouvernement continue de réaliser dans la mise en œuvre du Programme pour le changement, en particulier des mesures qu’il a prises pour maintenir la stabilité macroéconomique, promouvoir l’égalité des sexes, favoriser la participation des jeunes, améliorer l’accès à la justice et le respect des droits de l’homme, et renforcer sa gestion des industries extractives, et saluant le concours précieux que le BINUCSIL, l’équipe de pays des Nations Unies et la communauté internationale apportent à la réalisation des objectifs prioritaires de la Sierra Leone en matière de consolidation de la paix et de développement, en particulier dans le cadre de la Vision commune des Nations Unies pour la Sierra Leone et de la Vision commune des Nations Unies pour la transition,


Appréciant les efforts faits pour mettre au point le Programme pour la prospérité de la Sierra Leone, y compris en procédant à une évaluation de la fragilité dans le cadre du New Deal pour l’engagement dans les États fragiles, soulignant la nécessité de maintenir le lien entre paix, sécurité et développement dans la planification future afin de pérenniser les progrès accomplis à ce jour, et soulignant également l’importance pour le système des Nations Unies et les partenaires bilatéraux et internationaux de continuer à apporter un appui intégré au Programme pour la prospérité afin d’assurer la coordination et l’efficacité de l’assistance internationale,


Réaffirmant son ferme appui au Tribunal spécial pour la Sierra Leone et le remerciant de nouveau de l’œuvre qu’il accomplit, saluant le verdict rendu dans le procès en appel de Charles Taylor, priant le Tribunal de tout faire pour achever ses travaux le 30 septembre 2013 au plus tard, prenant acte de la subvention spéciale imputée sur le budget ordinaire de l’Organisation des Nations Unies qui lui a été octroyée à titre exceptionnel pour la période allant du 8 décembre 2012 au 31 décembre 2013, demandant aux États Membres de contribuer généreusement au financement du Tribunal et de la mise en œuvre de l’Accord portant création d’un Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone,


Saluant le rôle joué par l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et l’Union du fleuve Mano dans la réalisation des objectifs de consolidation de la paix et de développement de la Sierra Leone, et engageant ces organisations et d’autres organisations régionales à poursuivre le dialogue dans le sens de la consolidation de la paix et de la sécurité régionales,


Ayant conscience des problèmes persistants que sont la criminalité transnationale organisée et la corruption, et soulignant la nécessité pour les acteurs nationaux et internationaux de continuer à soutenir la Cellule de lutte contre la criminalité transnationale organisée pour que son action s’inscrive dans la durée,


Se félicitant du rôle joué par la formation Sierra Leone de la Commission de consolidation de la paix et du Fonds pour la consolidation de la paix à l’appui de la consolidation de la paix en Sierra Leone,


1. Décide de proroger jusqu’au 31 mars 2014 le mandat du BINUCSIL;


2. Décide que, compte tenu des vues du Gouvernement sierra-léonais et de l’évolution de la situation sur le terrain au lendemain des élections qui se sont déroulées avec succès en 2012, et conformément aux recommandations formulées par le Secrétaire général dans son rapport (S/2013/118), le retrait du BINUCSIL devrait être complètement achevé le 31 mars 2014 au plus tard;


3. Prie le Secrétaire général de l’informer régulièrement de l’évolution de la situation sur le terrain et de lui présenter, le 15 septembre 2013 au plus tard, un rapport faisant le point sur la stratégie de fin de mandat du BINUCSIL et le transfert des responsabilités à une équipe de pays des Nations Unies;


4. Engage le BINUCSIL, le Gouvernement sierra-léonais et les partenaires bilatéraux et multilatéraux à charger un groupe directeur de définir le soutien que la communauté internationale pourrait apporter à la Sierra Leone pendant la transition, en particulier en ce qui concerne le transfert de toutes fonctions résiduelles confiées au BINUCSIL, et dont la nécessité s’imposerait après le retrait de celui-ci, demande au Représentant exécutif du Secrétaire général d’établir un plan de transition pour le 30 mai 2013 au plus tard, et prie le Secrétaire général de lui faire le point de ces activités de planification dans son prochain rapport;


5. Encourage le Gouvernement sierra-léonais à réfléchir, en coordination avec le BINUCSIL, l’équipe de pays des Nations Unies, les partenaires multilatéraux et bilatéraux, la Commission de consolidation de la paix et les autres acteurs concernés, à la nature et à l’étendue des activités ainsi qu’au rôle susceptibles d’être confiés aux Nations Unies une fois que le Bureau aura achevé son mandat;


6. Prie le BINUCSIL d’axer ses activités pendant la période considérée sur la facilitation du dialogue politique, notamment en apportant un appui au Gouvernement, surtout en ce qui concerne le projet de révision de la Constitution, le secteur de la sécurité ainsi que la consolidation et la pérennisation des institutions des droits de l’homme;


7. Engage l’équipe de pays des Nations Unies et les organismes des Nations Unies qui la composent à intensifier leurs activités et leur programmation pendant la phase de transition et après la liquidation du BINUCSIL et à prendre en compte ces activités dans la planification d’un nouveau plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement, et prie instamment le Secrétaire général de veiller à voir s’opérer en bon ordre la transition entre le BINUCSIL et le nouveau Coordonnateur résident et la direction de l’équipe de pays des Nations Unies;


8. Prie le Secrétaire général d’affecter un conseiller pour la paix et le développement pour épauler le Coordonnateur résident dans son action, et demande au Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest d’exercer ses bons offices pour apporter, selon que de besoin, un concours au Gouvernement sierra-léonais et au prochain Coordonnateur résident;


9. Accueille favorablement le projet de révision de la Constitution de 1991, qui sera notamment l’occasion de réfléchir aux mesures à prendre pour cimenter la cohésion nationale, et demande à toutes les parties de participer de manière constructive à cette entreprise, dans un esprit d’ouverture et de transparence, afin d’aider à bâtir un système de gouvernance ouvert à tous;


10. Demande aux institutions électorales de la Sierra Leone, en particulier à la Commission électorale nationale et la Commission d’enregistrement des partis politiques, de continuer à susciter un climat d’ouverture politique au cours des prochaines années dans la perspectives des élections locales et nationales prochaines et futures, en veillant à ce que les préparatifs et la tenue du scrutin se déroulent dans le calme, de manière crédible et sans exclusive, en multipliant les actions d’information et d’éducation à l’intention de l’électorat, et en favorisant le règlement des différends par le dialogue, la tolérance politique et la non-violence;


11. Engage instamment à adopter le projet de loi sur l’égalité des sexes, toutes modifications utiles devant être envisagées, le but étant de renforcer les droits des femmes et d’élargir leur participation à la vie politique, à la fois comme électrices et candidates;


12. Encourage le Gouvernement sierra-léonais à poursuivre la mise en œuvre de son plan stratégique en faveur de l’égalité des sexes et de son plan d’action contre la violence sexiste et à poursuivre son action en faveur de l’emploi et de l’autonomisation des jeunes, ainsi que de la réduction des inégalités socioéconomiques;



      13.   Salue l’œuvre accomplie par la Commission des droits de l’homme de la Sierra Leone, réaffirme l’importance de son impartialité et de son indépendance, et encourage les partenaires internationaux à continuer d’apporter un concours financier et technique à ses travaux afin de la pérenniser;


14. Exhorte la Commission indépendante des médias à veiller au strict respect du code de bonne pratique des médias en vigueur et encourage la révision du code de conduite des médias, l’objectif étant de renforcer les rouages de la démocratie en Sierra Leone;


15. Demande au Gouvernement sierra-léonais de veiller à ce que ses forces de l’ordre, en particulier la Police nationale, continuent de faire face de façon impartiale, proportionnée et efficace aux menaces contre la sécurité et s’attachent à respecter en toute circonstance les normes des droits de l’homme et du droit international applicables, salue l’action menée par la Commission de lutte contre la corruption, et exhorte le Gouvernement à accélérer la mise en place de la Commission indépendante d’examen des plaintes contre la police;


16. Demande au Gouvernement sierra-léonais de continuer à renforcer l’efficacité de la Cellule de lutte contre la criminalité transnationale organisée, notamment en levant tout doute quant à sa pérennisation, et de resserrer la coordination avec les pays de la région au sein de l’Initiative côtes de l’Afrique de l’Ouest;


17. Réaffirme que les industries extractives peuvent jouer un rôle important dans le développement économique de la Sierra Leone, encourage le Gouvernement sierra-léonais et les partenaires internationaux à mieux protéger les droits des travailleurs et à renforcer les capacités nationales nécessaires à l’établissement d’une réglementation transparente et au contrôle de ces industries ainsi qu’à la perception des recettes correspondantes, et à régler les questions relatives à la propriété foncière afin de trouver des arrangements mutuellement avantageux pour les collectivités locales et le secteur privé, et demande au Gouvernement de s’attaquer à la corruption;


18. Souligne que c’est au Gouvernement sierra-léonais qu’incombe au premier chef la responsabilité de la consolidation de la paix, de la sécurité et du développement à long terme du pays, et invite instamment les autorités nationales à poursuivre les activités de mise en œuvre dans le respect des stratégies prioritaires du Programme pour le changement, à mettre au point le Programme pour la prospérité et à commencer à le mettre en œuvre;


      19.   Demande aux partenaires internationaux de continuer à apporter un appui financier et technique à la Sierra Leone pendant la période de retrait du BINUCSIL et après, conformément au Programme pour le changement et au Programme pour la prospérité qui sera mis en place par la suite, notamment en renforçant les moyens des institutions politiques, des institutions de sécurité, des institutions des droits de l’homme et des institutions garantes de l’état de droit, en œuvrant à asseoir la bonne gouvernance et le respect du principe de responsabilité, en favorisant l’égalité des sexes et l’égalité sociale, en renforçant la protection des droits de l’homme, en accompagnant les mesures d’autonomisation des jeunes et en intensifiant la lutte contre la criminalité transnationale organisée, y compris les activités illicites telles que le blanchiment d’argent et le trafic de drogues;


20. Demande à la Commission de consolidation de la paix de continuer à apporter son appui au Gouvernement sierra-léonais, en collaboration avec le BINUCSIL et l’équipe de pays des Nations Unies, en particulier en s’efforçant de mobiliser des ressources destinées au Programme pour la prospérité, et notant la demande qu’il a formulée dans sa résolution 2065 (2012), à savoir que la Commission revoie les modalités de sa coopération avec la Sierra Leone une fois les élections terminées et compte tenu du retrait progressif du BINUCSIL, demande à la Commission de revoir ces modalités en vue de réduire ses activités;


21. Décide de rester activement saisi de la question.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale place l’appropriation nationale et le renforcement des capacités institutionnelles et humaines au cœur de la consolidation de la paix

AG/11351

L’Assemblée générale place l’appropriation nationale et le renforcement des capacités institutionnelles et humaines au cœur de la consolidation de la paix

26/03/2013
Assemblée généraleAG/11351
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                         

Soixante-septième session                                  

69e séance plénière – matin


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE PLACE L’APPROPRIATION NATIONALE ET LE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS INSTITUTIONNELLES ET HUMAINES

AU CŒUR DE LA CONSOLIDATION DE LA PAIX


L’examen, aujourd’hui, à l’Assemblée générale du rapport d’activité* de la Commission de consolidation de la paix (CCP) a été l’occasion pour de nombreuses délégations d’insister sur l’importance de l’appropriation nationale et du renforcement des capacités institutionnelles et humaines des pays sortant d’un conflit.  Ces commentaires ont été faits à la lumière de la situation en Guinée-Bissau et en République centrafricaine où l’ordre constitutionnel a été interrompu.  Ces deux pays font partie des six inscrits à l’ordre du jour de la CCP. 


L’Assemblée générale a également adopté sans vote une résolution** sur la coopération entre l’ONU et la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), dans laquelle elle se félicite, entre autres, des efforts déployés par les pays lusophones et la communauté internationale pour favoriser le rétablissement de l’ordre constitutionnel en Guinée-Bissau.  Ce texte a été présenté par le Mozambique.


En début de séance, les délégations ont rendu hommage à la mémoire de Zillur Rahman, Président du Bangladesh, mort le 20 mars 2013.  Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a salué le travail que Zillur Rahman a accompli en faveur de son peuple pendant plus de 50 ans, et les « contributions majeures » qu’il a faites à la transition démocratique de son pays. 


Se succédant à la tribune, les représentants des cinq groupes régionaux et du pays hôte, mais également du Sri Lanka et du Bangladesh, ont salué le « courage et l’abnégation » de celui qui a su faire avancer la démocratie et le développement économique et social dans son pays.


Au cours du débat sur la Commission de consolidation de la paix (CCP), plusieurs délégations, dont celle de l’Ukraine, se sont inquiétées de l’évolution de la situation en Guinée-Bissau et en République centrafricaine où l’ordre constitutionnel a été interrompu, neutralisant ainsi, a fait observer la représentante du Brésil, les efforts de consolidation de la paix et affaiblissant la confiance des partenaires internationaux.   


Alors que le Burundi, la Guinée-Bissau, le Libéria et la Sierra Leone sont également inscrits à l’ordre du jour de la CCP, le représentant du Nigéria a constaté avec inquiétude que « sept ans après la mise en place de l’architecture de consolidation de la paix des Nations Unies, les processus restent des entreprises fragiles ».  Mais l’accompagnement n’est possible que s’il existe un véritable engagement des autorités nationales à s’attaquer aux racines de l’instabilité, a souligné le représentant de l’Union européenne.


Son homologue du Japon a suggéré que l’on recherche des moyens plus souples de travailler avec le personnel des ambassades, « source précieuse d’expertise », puisqu’il travaille déjà dans l’aide au développement. 


Le représentant du Nigéria a appelé la CCP à concentrer son travail sur le renforcement des capacités institutionnelles et humaines afin que les pays puissent véritablement s’approprier les efforts de consolidation de la paix.  Son homologue de l’Union européenne a reconnu que le devoir de la communauté internationale est de s’aligner sur les stratégies nationales.  Le représentant de l’Indonésie a estimé que la tenue d’une session annuelle plus institutionnalisée du Comité d’organisation permettrait de renforcer la coordination avec les capitales.


Au niveau régional, le représentant de l’Égypte a rappelé que sa délégation avait proposé la création d’un centre de l’Union africaine pour la reconstruction et le développement postconflit afin de renforcer les capacités du continent en la matière.  Son homologue de la Sierra Leone a affirmé que l’engagement de son pays avec la CCP et le Fonds pour la consolidation de la paix a été pour le moins fructueux.  Il a rappelé que lors de sa dernière visite en Sierra Leone, qui est en train d’articuler ses priorités pour les cinq années à venir, le Président de la formation a fait ressortir la nécessité pour la CCP de continuer d’appuyer l’emploi des jeunes, la réforme du secteur de la sécurité, le processus de révision constitutionnelle, la gestion des ressources naturelles, la lutte contre le trafic de drogues et le développement du secteur privé .


À l’instar de l’Égypte et de l’Union européenne, plusieurs délégations ont estimé qu’en ces temps de crise financière, la Commission de consolidation de la paix doit trouver des voies alternatives de mobilisation des ressources en engageant le secteur privé et en forgeant des partenariats avec les institutions financières internationales. 


Dans son rapport***, le Secrétaire général se félicite de ce que le Fonds pour la consolidation de la paix ait reçu, en 2012, des contributions d’un montant total de 80,5 millions de dollars contre 58,1 millions de dollars en 2011.


L’Assemblée générale poursuivra son débat sur la CCP et le Fonds demain, mercredi 27 mars, à partir de 10 heures.


*   A/67/715-S/2013/63

**  A/67/L.54

*** A/67/711


DÉBAT SUR LE RAPPORT DE LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX (CCP) ET SUR LE RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL RELATIF AU FONDS POUR LA CONSOLIDATION DE LA PAIX (A/67/711 ET A/67/715)


Déclarations


M. RANKO VILOVIĆ (Croatie) a tout d’abord salué le nouveau format du rapport de la CCP et l’accent porté sur les résultats, ainsi que sur les défis qui persistent.  Il a fait observer que l’efficacité de la Commission de consolidation de la paix (CCP) dépend, dans une large mesure, de la responsabilité collective et individuelle et de la participation de l’ensemble de ses membres.  Il a donc encouragé une contribution plus volontariste aux travaux et aux objectifs de la CCP et réclamé une plus grande cohésion entre les composantes politiques, de sécurité et de développement du mandat de la CCP qui doit promouvoir la coopération et la participation du secteur privé et des fondations.  Il a jugé également important de renforcer les relations avec les institutions financières internationales. 


La CCP ne doit pas perdre de vue l’objectif principal qui est d’améliorer les conditions de vie des populations, de consolider la paix et de faciliter le développement économique des pays inscrits à son agenda.  Les travaux devraient être caractérisés par plus de prévisibilité et favoriser la continuité institutionnelle.


Le représentant s’est félicité de l’attention accordée par le Fonds pour la consolidation de la paix à l’autonomisation des femmes et a encouragé celui-ci à allouer 15% de son budget aux programmes allant dans ce sens.  Il s’est également dit favorable aux activités qui peuvent être complétées par la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale.  Il a jugé crucial de veiller à l’impact des institutions nationales sur la consolidation de la paix.


M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie), au nom du Mouvement des non-alignés, a appuyé l’accent que la CCP met sur les relations avec les principaux organes des Nations Unies, la mobilisation des ressources, l’amélioration de la cohérence et de la coordination entre tous les acteurs, le travail de ses différentes configurations et la recherche d’une meilleure méthode de travail.  Il a également souligné la nécessité urgente d’une synergie plus étroite entre la CCP et le Fonds pour la consolidation de la paix.


M. THOMAS MAYR-HARTING, de l’Union européenne, a déclaré que la consolidation de la paix est une entreprise à long terme qui dépasse la gestion de la crise à court terme et englobe les efforts à long terme en faveur de la stabilité et de l’édification d’États fondée sur la prévention des conflits grâce au développement économique et social durable, qu’il s’agisse du renforcement des capacités institutionnelles et celles de la société civile ou des réformes structurelles.  Il n’y a pas de formule unique face à des situations fluctuantes et complexes, a reconnu M. Mayr-Harting, reconnaissant ainsi les grands défis à relever. 


En conséquence, les efforts doivent continuer pour exploiter le plein potentiel, en matière de consolidation de la paix, du rétablissement et du respect de l’ordre constitutionnel en Guinée-Bissau et de l’organisation des élections en Guinée.  La situation en République centrafricaine mérite toute notre attention, a-t-il rappelé, en arguant aussi que les modifications apportées à la présence des Nations Unies en Sierra Leone et au Burundi doivent être surveillées de très près. 


Nous ne devons pas non plus perdre de vue l’élément le plus important qui est l’appropriation nationale.  Le devoir de la communauté internationale, a insisté le représentant, est de s’aligner sur les stratégies nationales.  L’accompagnement ne peut être possible que s’il existe un véritable engagement des autorités nationales à s’attaquer aux racines de l’instabilité.  En ces temps de crise financière, a conclu le représentant, la consolidation de la paix doit trouver des voies alternatives de mobilisation des ressources en engageant le secteur privé et en forgeant des partenariats avec les institutions financières internationales. 


M. OSAMA ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a vu dans la stratégie de sortie de la Mission de consolidation de la paix en Sierra Leone (UNIPSIL), l’occasion pour la CCP de faire la liaison entre les équipes de pays de l’ONU, le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, mais également de tirer profit de l’expérience accumulée pour empêcher les pays concernés de sombrer à nouveau dans un conflit.  Le représentant a insisté sur la nécessité de poursuivre les efforts visant à améliorer les méthodes de travail de la CCP. 


Il a à son tour mis l’accent sur l’importance de l’appropriation nationale et des cadres de coopération avec les institutions financières régionales et internationales.  Il importe également, a-t-il poursuivi, de trouver des méthodes de financement novatrices et de renforcer la coordination avec le Fonds pour la consolidation de la paix, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque africaine de développement, a-t-il aussi estimé.


À l’instar du rapport de la CCP, M. Mahmoud a engagé les membres de la CCP à être plus actifs et à renforcer la coordination avec le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social. L’amélioration des méthodes de travail de la CCP devait déboucher sur une plus grande efficacité et une plus grande crédibilité de la Commission.  Le représentant a rappelé que son pays a proposé la création d’un centre de l’Union africaine pour la reconstruction et le développement postconflit afin de renforcer les capacités du continent en la matière.


M. WANG MIN (Chine) a estimé incontournable que la CCP respecte la souveraineté des pays qui doivent avoir la latitude de prendre les rennes des efforts.  La CCP doit donc établir ses priorités en fonction des priorités identifiées par les pays eux-mêmes.  Il faut donc renforcer les capacités institutionnelles et humaines pour que la CCP puisse s’y appuyer.


Le représentant a engagé la CCP à renforcer sa coordination avec les autres organes de l’ONU, notamment l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et l’ECOSOC; ainsi qu’avec la Banque mondiale, le FMI, l’Union africaine et les organisations sous-régionales.  La CCP doit revoir certaines de ses méthodes de travail et renforcer notamment son interaction avec les représentants du Secrétaire général et les missions qui opèrent sur le terrain.  Le représentant a, à son tour, jugé important d’explorer des moyens de financement novateurs.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a salué les importantes contributions que la Commission de consolidation de la paix (CCP) et le Fonds pour la consolidation de la paix ont réalisées en 2012 pour améliorer la coordination au sein du système de l’ONU, pour renforcer les partenariats avec les acteurs extérieurs au système, pour stimuler le développement des capacités nationales et pour mieux mobiliser les ressources en faveur des pays sortant d’un conflit.  La représentante a cependant estimé qu’il y avait encore de la marge pour de plus amples améliorations, en ajoutant que la meilleure définition de la consolidation de la paix était le développement des capacités nationales dans le souci de permettre aux pays concernés de pouvoir progressivement concevoir et mettre en œuvre eux-mêmes leurs politiques nationales. 


S’agissant tout particulièrement de la Guinée-Bissau, la représentante a rappelé que le coup d’État militaire d’avril 2012 avait neutralisé les efforts de consolidation de la paix et affaibli la confiance des partenaires internationaux.  Mme Ribeiro Viotti a espéré que des mesures décisives soient prises pour rétablir la coopération entre ce pays et la communauté internationale.  Par ailleurs, elle s’est félicitée que le Fonds ait atteint en 2012 un nouveau record de contributions, ce qui démontre le niveau de confiance que lui accorde la communauté internationale.  Mme Ribeiro Viotti a appelé à une meilleure intégration des activités de consolidation de la paix au sein du système des Nations Unies, en espérant que l’année 2013 sera marquée par des échanges plus fréquents entre l’Assemblée générale et l’ECOSOC sur cette question.  Elle a également souhaité la tenue de débats réguliers entre le Conseil de sécurité et les configurations spécifiques aux différents pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix.


M. JUN YAMASAKI (Japon) a souligné que la CCP doit trouver des domaines concrets dans lesquels elle peut apporter sa valeur ajoutée, et l’un de ces domaines, d’après le représentant, est sa relation avec le Conseil de sécurité.  Maintenant que les missions de l’ONU en Sierra Leone, au Libéria et au Burundi sont en transition, il est de la plus haute importance, a estimé le représentant, que le Conseil de sécurité et les présidents des configurations travaillent étroitement pendant l’année. 


Le représentant a aussi estimé que la CCP doit s’engager beaucoup plus avec les acteurs sur le terrain.  Il a suggéré que l’on recherche des moyens plus souples de travailler avec le personnel des ambassades qui est source précieuse d’expertise en matière de consolidation de la paix puisqu’il travaille déjà à l’aide au développement. 


Enfin, le représentant a conseillé à la CCP de réaligner ses réunions autour des formations pour générer un impact sur le terrain.  Le travail du Comité d’organisation et du Groupe de travail sur les enseignements tirés devrait être organisé en relation étroite avec le travail des configurations qui, à leur tour, doivent essayer de mettre en évidence des mesures de suivi que leurs États membres pourraient mettre en œuvre. 


S’agissant du Fonds de consolidation de la paix, le représentant a appelé à l’amélioration de son positionnement stratégique par le renforcement du dialogue et de la coopération avec les partenaires pertinents sur le terrain.   


M. SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a rappelé les trois piliers de la « nouvelle » architecture de consolidation de la paix, que sont la coopération intergouvernementale de la Commission, l’appui pratique du Secrétariat fourni par le Bureau d’appui à la consolidation de la paix et le financement catalytique du Fonds de consolidation de la paix.  C’est aux États Membres, a-t-il dit, de donner à cette architecture les moyens de faire son travail et la chance  de faire ses preuves, y compris en s’engageant pleinement dans ses formations spécifiques.  Le Bureau d’appui doit, de son côté, continuer à renforcer son assise dans l’architecture institutionnelle des Nations Unies, en utilisant efficacement les moyens dont il dispose.  La Commission, a fait remarquer le représentant, tire sa légitimité en grande partie du fait que l’accompagnement politique, l’appui à la mobilisation des ressources et à la cohérence des partenaires internationaux est apporté à la demande des pays inscrits à son ordre du jour.


Le représentant du Luxembourg, qui préside la Formation Guinée, a indiqué que lorsque les parties prenantes se seront mis d’accord sur les modalités pour les élections et que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) aura présenté un nouveau calendrier, le Président pourra convoquer les élections.   C’est à ce moment, a-t-il dit, que la communauté internationale et les membres de la Formation Guinée devront assister dans l’organisation de ces élections.  La Guinée a franchi des étapes importantes pour son développement en 2012, en parvenant au point d’achèvement de l’initiative des pays pauvres très endettés et en signant l’accord pour accéder aux crédits du 10ème Fonds européen de développement.  Des efforts ont également été entrepris dans les secteurs de la sécurité et de défense, lesquels bénéficient d’une appropriation au plus haut niveau.  Les défis auxquels est confrontée la Guinée en matière de consolidation de la paix sont communs à ceux des pays de la sous-région, a fait observer le représentant.  Les Formations Guinée, Sierra Leone et Libéria - trois pays membres de l’Union du Fleuve Mano-  ont entamé un échange avec la Secrétaire générale de cette organisation afin d’identifier des priorités et sujets qui représentent un intérêt partagé au niveau régional.  Avant de conclure, il a assuré que le Luxembourg versera 520 000 dollars au Fonds de consolidation de la paix pour l’année 2013.


M. YUSRA KHAN (Indonésie) a estimé que l’impact des travaux de la CCP sur le terrain s’était amélioré au cours de l’année écoulée.  Il a toutefois constaté, à l’instar du rapport de cet organe, qu’à moins de renforcer l’engagement et le leadership national et de répondre aux racines de l’instabilité, l’accompagnement politique de la CCP ne pourra être efficace.  Il a appelé la CCP à collaborer davantage avec les fondations et le secteur privé, mais également à identifier les domaines de collaboration susceptibles d’être renforcés et améliorés.  Le représentant a aussi appelé au renforcement de capacités des six pays qui figurent à son ordre du jour.  Il a appuyé l’appel de la CCP à une meilleure intégration des objectifs de consolidation de la paix et de développement, y voyant l’occasion d’améliorer la cohérence, l’allocation des ressources et les résultats, tout en simplifiant les procédures auxquelles doivent se soumettre les États concernés. 


M. Khan a par ailleurs estimé que la tenue d’une session annuelle plus institutionnalisée du Comité d’organisation permettrait de renforcer la coordination avec les capitales et d’améliorer le travail de la CCP.  À l’instar du rapport du Secrétaire général, il a appelé le Fonds pour la consolidation de la paix à accorder la priorité aux pays qui figurent à l’ordre du jour de la CCP.


M. EMMANUEL OKAFOR (Nigéria) s’est inquiété des événements récents survenus dans deux pays inscrits à l’ordre du jour de la CCP, soulignant ainsi le caractère non linéaire du processus de consolidation de la paix.  C’est un processus à facettes multiples qui doit se concentrer de façon active sur la paix durable, a-t-il dit.  Il a estimé que la nature de chaque conflit dépasse la capacité collective à répondre efficacement en termes de diplomatie préventive.  Sept ans après la mise en place de l’architecture de consolidation de la paix des Nations Unies, les processus dans ce domaine restent des entreprises fragiles, a-t-il fait remarquer.  Il a estimé que ces processus ne peuvent pas remplacer une stratégie pour une solution à long terme.  Le soutien de la communauté internationale aux processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) pour les deux pays cités plus haut n’est pas suffisamment fort, a-t-il dit, avant d’appeler les membres de la Commission à fournir un soutien financier, technique et institutionnel approprié aux processus de DDR dans ces pays.


M. Okafor a ensuite demandé que le travail de la CCP se concentre sur le renforcement des institutions nationales, afin que les pays puissent s’approprier les efforts de consolidation de la paix.  Il a aussi demandé aux membres de la CCP de soutenir ces pays par des contributions concrètes comme des ressources financières et le partage d’expériences.  La CCP devrait aussi renforcer davantage la coopération interinstitutions et les partenariats avec toutes les parties prenantes, a-t-il ajouté.  Enfin, Il a souligné l’importance cruciale du financement et, dès lors, du Fonds pour la consolidation de la paix.


M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a souligné l’importance du renforcement des capacités nationales et de la mobilisation de ressources pour assurer le succès de la consolidation de la paix.  Sans capacités nationales, il ne peut y avoir de gouvernance; et sans ressources, il ne peut y avoir de développement, a-t-il insisté.  Il s’est félicité des progrès réalisés au Libéria, en Sierra Leone et au Burundi, avant d’engager la CCP à intensifier ses efforts dans les trois autres pays qui figurent à son ordre du jour afin de prévenir toute rechute dans un conflit.  M. Haniff a également estimé nécessaire de continuer à renforcer le rôle consultatif de la CCP auprès du Conseil de sécurité, ainsi que sa coordination, sur le terrain, avec les autres entités de l’ONU.  Il a aussi appelé la CCP à tirer davantage profit de l’expérience des pays émergeant d’un conflit, notamment en matière de revitalisation économique, de gouvernance et de réconciliation nationale.  M. Haniff a conclu en appelant à davantage de contribution au Fonds pour la consolidation de la paix.


M. JOSÉ ALBERTO BRIZ GUTIÉRREZ (Guatemala) s’est dit satisfait du nouveau format du rapport de la CPP qui, en application des recommandations de l’Examen de 2010, présente notamment une analyse approfondie.  En tant que pays ayant surmonté un conflit interne en 1996, le Guatemala appuie l’aide qu’apporte la communauté internationale à la consolidation de la paix, a-t-il dit.  Il a apprécié les travaux des formations de pays, insistant sur la nécessité pour les agents nationaux de faire preuve de détermination pour que les activités de la CCP aient les effets recherchés.  Il s’est félicité que la Commission ait redoublé d’efforts en matière de mobilisation des ressources.  Le suivi de la situation politique des pays par la CCP est également très important, a-t-il ajouté.


Le représentant a ensuite appelé, une nouvelle fois, la CCP à utiliser tout son poids politique pour garantir la cohésion de la communauté internationale sur le terrain.  Les résultats obtenus grâce à elle devraient lui permettre de promouvoir les mécanismes permettant de renforcer la cohérence internationale.  Le représentant a aussi lancé un appel aux États pour qu’ils fournissent un appui croissant au Fonds pour la consolidation de la paix. 


M. SHEKOU MOMODOU TOURAY (Sierra Leone) a souligné que l’engagement de la Sierra Leone avec la CCP et le Fonds pour la consolidation de la paix a été pour le moins fructueux.  Le pays est maintenant en train d’articuler ses priorités pour les cinq années à venir, en mettant déjà l’accent sur la croissance économique, les services sociaux et le renforcement du capital humain.  Le représentant a donc demandé à la CCP d’appuyer les aspirations de son pays.  Il a rappelé que lors de sa visite en Sierra Leone, en février dernier, le Président de la formation a fait ressortir la nécessité d’appuyer l’emploi des jeunes, la réforme du secteur de la sécurité, le processus de révision constitutionnel, la gestion des ressources naturelles, la lutte contre le trafic de drogues, et le développement du secteur privé .


M. THOMAS GÜRBER (Suisse), présidence de la « formation Burundi », a, dans un premier temps, estimé que les acteurs de consolidation de la paix devaient occuper une place plus centrale et plus stratégique dans l’architecture globale de l’ONU.  Les efforts de la CCP doivent se focaliser sur l’impact concret sur le terrain ainsi que sur le travail de ses six formations spécifiques.  Il a appelé au renforcement des partenariats avec les acteurs du système des Nations Unies et les institutions financières internationales. Les liens avec le secteur privé devraient également être davantage explorés, a-t-il ajouté. 


M. Gürber a aussi estimé que les résultats positifs de la Conférence des partenaires au développement du Burundi, qui s’est tenue au mois d’octobre dernier, avaient démontré à quel point des partenariats bien menés peuvent « faire la différence ».  En conséquence, la question de la transition des missions de l’ONU et du rôle de la CCP dans ce processus devait être mieux appréhendée.


Le représentant a engagé la CCP à mieux faire valoir sa capacité de principale tribune d’échanges sur la consolidation de la paix.  Il s’est notamment dit favorable à la prise en compte des questions liées à la consolidation de la paix dans le programme de développement post-2015 et a appelé la CCP à débattre de cette question.  Mais la Commission ne devrait pas se contenter que des processus onusiens.  Le potentiel du processus de Busan autour du G7+ et du « New Deal » pour la consolidation de la paix devait être exploré et discuté au sein de la CCP.  Après tout, les six pays figurant sur l’agenda de la Commission ont tous souscrit au « New Deal ».


M. YURIY SERGEYEV (Ukraine) a déclaré que la CCP doit se pencher sur la situation des deux pays inscrits à son ordre du jour où l’ordre constitutionnel a été interrompu.  La consolidation de la paix est un des piliers de la contribution de l’Ukraine dans la sécurité et la paix internationales.  L’Ukraine est présente dans plus de 20 missions des Nations Unies et compte envoyer une nouvelle génération d’unités de police à la Mission au Libéria.  C’est dans ce contexte que l’Ukraine espère servir la Commission pendant la période 2014-2015, dans la catégorie de l’Assemblée générale.   


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Le Conseil de sécurité examine la situation au Libéria, qui entre dans une phase de transition avec le retrait progressif de la Mission de l’ONU

CS/10958

Le Conseil de sécurité examine la situation au Libéria, qui entre dans une phase de transition avec le retrait progressif de la Mission de l’ONU

25/3/2013
Conseil de sécuritéCS/10958
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6941e séance – après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ EXAMINE LA SITUATION AU LIBÉRIA, QUI ENTRE DANS UNE PHASE

DE TRANSITION AVEC LE RETRAIT PROGRESSIF DE LA MISSION DE L’ONU


En saluant les progrès du Libéria, La Représentante spéciale de Ban Ki-moon

prévient que la paix dépendra du bon partage des fruits des progrès accomplis par le pays


Le Conseil de sécurité a entendu cet après-midi un exposé sur la situation au Libéria, qui « a su démontrer au monde son engagement en faveur d’une paix durable » selon les termes de Mme Karin Landgren, la Représentante spéciale du Secrétaire général et Coordonnatrice des opérations des Nations Unies au Libéria.  Mme Landgren a fait siennes les paroles prononcées par le Ministre des affaires étrangères du Libéria, M. Augustine Ngafuan, qui a estimé, il y a deux mois, en marge d’un séminaire organisé sur le thème de la période post-Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui débutera après l’année 2015, que le Libéria était passé d’un « État-paria à celui de partenaire » et d’un statut de « pays à problèmes à celui de pays à solutions ».


Tout en se félicitant du chemin parcouru par le Libéria depuis la signature de l’Accord de paix d’Accra en août 2003, Mme Landgren a prévenu qu’une paix durable ne sera pas possible sans un accès équitable de tous les Libériens aux fruits des progrès accomplis par le pays.  « Il est plus important que jamais, alors que la Mission des Nations Unies au Libéria réduit sa présence, de surmonter les profonds clivages du passé et de construire un avenir où tout le monde a les mêmes chances politiques, économiques et sociales », a-t-elle insisté.  


Dans ce contexte, elle a particulièrement salué le lancement en décembre 2012 de l’initiative « Vision 2030 » du Gouvernement libérien, qui trace la voie à suivre pour parvenir à la cohésion sociale et au développement économique et social au cours des 20 prochaines années.


Mme Landgren a également salué la réforme en cours de la Constitution libérienne, qui doit être soumise à un référendum en 2015, alors que la Commission foncière est parvenue à rédiger un projet de droits fonciers qui devrait permettre au Libéria de faire face à une des principales sources d’instabilité et de conflit.  Elle s’est félicitée du lancement, le 12 janvier 2013 à Gbarnga, dans le Comté de Bong, du Premier Pôle pour la justice et la sécurité visant à faciliter aux Libériens l’accès aux instances judiciaires et aux organes de sécurité, en précisant que le développement des Deuxième et Troisième Pôles, prévu dans les Comtés de Grand Gedeh et de Maryland, tiendra compte de l’évolution qu’aura permis, au bout de six mois, et dans sa zone d’impact, le Premier Pôle dans les domaines concernés.


Alors que le rapport soumis par le Secrétaire général au Conseil de sécurité met l’accent sur le problème de l’impunité, Mme Landgren s’est félicitée de quelques progrès accomplis en matière de redevabilité, en précisant que la Cour suprême est revenue sur cinq décisions prises par une commission d’enquête judiciaire et a suspendu deux juges pour corruption.  Alors que le prix Nobel Leymah Gbowee a démissionné de la présidence de l’Initiative de réconciliation nationale en octobre, faisant part de sa déception face à la corruption et au népotisme qui règnent de manière généralisée au Libéria, la Commission de lutte contre la corruption a conclu l’examen du premier cas dont elle a été saisie, en traduisant en justice, pour détournement de fonds, l’Inspecteur général de la Police nationale et quatre autres personnes.  


Dans son intervention, le Président de la Configuration Libéria de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Staffan Tillander, de la Suède, a rappelé que la Commission s’était rendue le mois dernier au Libéria et en Sierra Leone.  Faisaient partie de cette mission des représentants de l’Australie, du Bangladesh, du Canada, de l’Égypte, du Japon, du Koweït, de la Norvège, de la Suède et du Royaume-Uni.


Cette visite, a dit M. Tillander, a permis de consulter le Gouvernement libérien sur les moyens par lesquels on pourrait accélérer les progrès concernant la réforme du secteur de la sécurité, de l’état de droit, et du processus de réconciliation nationale, conformément à la résolution 2066 (2012) du Conseil de sécurité.


M. Tillander a insisté que le concept de « Pôle sécurité et justice » doit être mis en œuvre dans le cadre d’une approche holistique, coordonnée et équilibrée de la justice et de la sécurité, y compris en ce qui concerne l’ensemble de la chaîne des institutions et des normes qui font l’état de droit.  En matière de réconciliation nationale, autre priorité essentielle de la consolidation de la paix dans le pays, le rôle et le mandat des différents acteurs et institutions impliqués dans la mise en œuvre de la Feuille de route doivent être clarifiés, a-t-il préconisé.


Les fonds gouvernementaux alloués devraient être rendus disponibles en temps opportun, a recommandé M. Tillander, notant que le financement des mécanismes basés sur la Feuille de route permettrait aux partenaires internationaux d’appuyer une mise en œuvre coordonnée des programmes en cours.  L’échange d’expériences avec d’autres pays qui ont connu une situation similaire pourrait également être utile au processus de réconciliation au Libéria, a-t-il ajouté.


Conformément à la résolution 2066 (2012) du Conseil de sécurité, la Force de la MINUL est entrée dans la deuxième phase de son processus de retrait et les Casques bleus ont quitté deux des 15 Comtés libériens et en quitteront deux autres au mois d’avril.  À la date du 18 février 2013, 1 130 soldats onusiens avaient été rapatriés du Libéria, portant l’effectif militaire de la MINUL à 6 822 soldats, dont 183 femmes.  Au 1er février, l’effectif civil de la Mission était de 1 664 personnes (pour un maximum autorisé de 1 817 personnes), dont 24% de femmes.  En octobre 2012, la MINUL a transféré pour la première fois une de ses installations aux autorités libériennes.  Ce transfert a eu lieu à Robertsport, dans le Comté de Grand Cape Mount, et un deuxième a eu lieu en janvier à Foya, localité située aux frontières avec la Guinée et la Sierra Leone.  Mme Landgreen a indiqué que la MINUL et le Gouvernement libérien se réuniront prochainement afin d’estimer les coûts de cette transition d’ici à mi-2015.  


Pour l’examen de la situation au Libéria, les délégations étaient saisies du rapport périodique du Secrétaire général sur la MINUL (S/2013/124).  Outre les situations politique, sécuritaire, humanitaire, économique et des droits de l’homme, le rapport aborde aussi les questions régionales et la contribution de la MINUL.  « Améliorer le système de justice pénale, lutter contre l’impunité dont jouissent les auteurs des crimes et renforcer l’accès à la justice et aux services de sécurité pour tous les Libériens restent particulièrement importants pour la consolidation de la paix », souligne le Secrétaire général dans ses observations.  Il précise que la croissance du produit intérieur brut (PNB) libérien en valeur réelle devrait atteindre 9,3% en 2012, contre 8,7% en 2011, ceci grâce aux exportations de caoutchouc, de bois et de minerai de fer, à la multiplication des concessions et à l’expansion du secteur de la construction.



LA SITUATION AU LIBÉRIA


Vingt-cinquième rapport périodique du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies au Libéria (S/2013/124)


Dans les observations qu’il fait à la fin de ce rapport, le Secrétaire général se félicite que le Libéria continue de faire de grands pas pour consolider la paix et la stabilité en saluant la volonté qu’a le Gouvernement d’aplanir les querelles qui divisent toujours les Libériens.  Le Secrétaire général salue particulièrement le lancement de l’initiative « Vision 2030 » du Gouvernement libérien, qui trace la voie à suivre pour parvenir à la cohésion sociale et au développement économique et social au cours des 20 prochaines années.  Il précise que la Présidente du Libéria, Mme Ellen Johnson-Sirleaf, a organisé une conférence nationale pour lancer cette initiative traitant, entre autres, de questions liées à la régularité du système politique, à la sécurité, à l’état de droit et à la réconciliation nationale et visant à permettre au Libéria de réaliser ses ambitions économiques et sociales. 


Ban Ki-moon note que les réformes constitutionnelles se sont accélérées grâce à la création en août du Comité de réforme constitutionnelle chargé de conduire un processus consultatif à l’échelle nationale en vue de réviser la Constitution du Libéria.  La réforme du système électoral a progressé, et le Gouvernement a ouvert des consultations à Monrovia avec la société civile, les partis politiques et les législateurs, au sujet de la Feuille de route pour la réconciliation nationale.  


Ban Ki-moon juge indispensable que le Libéria, avec le concours de ses partenaires, continue à s’attaquer aux questions qui mettront le pays sur la voie du progrès à long terme.  Pour être pérennes, les réformes doivent refléter la volonté du peuple et être menées avec la participation active des Libériens.  Pour qu’il y ait stabilité à long terme, il faudra en outre que le secteur libérien de la sécurité puisse être autonome et ait la confiance des citoyens.  Le professionnalisme du secteur de la sécurité devra être assuré par la mise en place de mécanismes effectifs de contrôle et de sanctions, l’adhésion aux principes démocratiques, et le respect des droits de l’homme.


M. Ban note que les consultations prévues avec le grand public n’ont pas pu avoir lieu faute de moyens financiers, et qu’en octobre 2012, le prix Nobel Leymah Gbowee a démissionné de la présidence de l’Initiative de réconciliation nationale, faisant part de sa déception face à la corruption et au népotisme généralisés.  En décembre 2012, la Présidente du Libéria, Mme Johnson-Sirleaf, a nommé M. George Weah, ancien candidat à la présidence et à la vice-présidence en 2005 et 2011 sous les couleurs du parti « Congrès pour le changement démocratique » (CDC), Ambassadeur pour la paix et l’a chargé de superviser les efforts de réconciliation nationale.


Le 17 janvier, le Sénat a reçu un courrier de l’ancien Président Charles Taylor demandant que le Gouvernement lui accorde les avantages financiers et matériels ainsi que la protection diplomatique dont bénéficient habituellement les anciens chefs d’État.  Cette requête est actuellement à l’étude.  Le 22 janvier, se sont ouvertes les plaidoiries dans la procédure d’appel intentée par M. Taylor devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone pour contester sa condamnation à une peine de réclusion de 50 ans pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en Sierra Leone.


Les Gouvernements du Libéria et de la Côte d’Ivoire ont continué à renforcer leur coopération pour maintenir la sécurité des frontières.  Lors d’une réunion à Abidjan, en octobre 2012, la Présidente Johnson Sirleaf et le Président Alassane Ouattara ont convenu de mener des opérations conjointes et de réactiver la Commission de coopération ivoiro-libérienne de 1972, pour traiter de questions économiques, politiques, judiciaires, sociales et culturelles.  Entre le 23 décembre 2012 et le 3 janvier 2013, les Forces armées du Libéria et de Côte d’Ivoire ont effectué des patrouilles conjointes sur le fleuve Cavally.


Par ailleurs, l’opération « Restore Hope » à laquelle participent le Groupe d’intervention d’urgence de la Police nationale libérienne, le Bureau de l’immigration et de la naturalisation, et les Forces armées du Libéria, a été reconduite pour au moins 90 jours.  Lancée par le Gouvernement en juin 2012, cette opération en est à sa troisième reconduction et a permis d’atténuer les problèmes de sécurité, d’arrêter 30 individus armés et de saisir sept caches d’armes.


L’économie libérienne a continué à croître à un rythme soutenu grâce à la hausse des exportations de produits de base et à l’augmentation de l’investissement direct étranger.  La croissance du produit intérieur brut en valeur réelle devrait atteindre 9,3% en 2012, contre 8,7% en 2011, grâce aux exportations de caoutchouc, de bois et de minerai de fer, à la multiplication des concessions et à l’expansion du secteur de la construction.


Au 1er février, la Police nationale comptait 4 417 personnes, dont 767 femmes.  L’académie de police a compté 245 diplômés en 2012, dont 48 femmes. La formation de 303 recrues supplémentaires a été retardée jusqu’à la mi-février, faute de financement.  Pendant la période à l’examen, 13 projets visant à appuyer la mise en œuvre du plan stratégique de la police nationale ont été menés à bien et ont axé leurs activités sur l’amélioration de l’efficacité opérationnelle, les capacités d’enquête et de formation, et la responsabilité administrative.


Les Forces armées du Libéria –qui fourniront une section de soldats libériens à la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA)- ont continué de participer à l’initiative commune concernant la sécurité des frontières dites « Operation Restore Hope », le long de la frontière du Libéria avec la Côte d’Ivoire.


Un certain nombre d’initiatives visant à améliorer l’accès des Libériens à la justice continuent de progresser.  Le Pôle pilote pour la justice et la sécurité à Gbarnga, appuyé par le Fonds pour la consolidation de la paix, est sur le point de devenir opérationnel et apportera à la région des services de probation et les services d’un groupe d’enquête sur les crimes liés à la violence sexuelle et sexiste.  Face au problème que pose l’impunité persistante des crimes et des violations des droits de l’homme, Ban Ki-moon se réjouit que les récentes flambées de violences collectives aient débouché sur des arrestations.  Il rappelle qu’il est important, pour la consolidation de la paix, d’améliorer le système de justice pénale, de lutter contre l’impunité, et de renforcer l’accès à la justice et aux services de sécurité pour tous les Libériens. 


Conformément à la résolution 2066 (2012) du Conseil de sécurité, la Force de la MINUL est entrée dans la phase suivante de son retrait.  Au 18 février, 1 130 soldats avaient été rapatriés du Libéria, portant l’effectif militaire de la MINUL à 6 822 soldats, dont 183 femmes.  Au 1er février, l’effectif civil de la Mission était de 1 664 personnes (pour un maximum autorisé de 1 817 personnes), dont 24% de femmes, indique le Secrétaire général.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Conseil de sécurité: le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient estime qu’il y a une ouverture pour une initiative politique importante

CS/10957

Conseil de sécurité: le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient estime qu’il y a une ouverture pour une initiative politique importante

25/3/2013
Conseil de sécuritéCS/10957
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Conseil de sécurité

6940e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE COORDONNATEUR SPÉCIAL POUR LE PROCESSUS DE PAIX AU MOYEN-

ORIENT ESTIME QU’IL Y A UNE OUVERTURE POUR UNE INITIATIVE POLITIQUE IMPORTANTE


L’ONU est engagée et prête à jouer son rôle pour forger les conditions

d’un retour des parties à des négociations significatives, déclare Robert Serry


Le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Robert Serry, a estimé, ce matin devant le Conseil de sécurité, qu’il existait aujourd’hui une « ouverture pour développer une initiative politique sérieuse et importante en vue de parvenir à une solution négociée à deux États », laquelle « servira au mieux les intérêts, les droits et les aspirations des Israéliens et des Palestiniens ».


« Les mois à venir ne seront pas faciles », a déclaré M. Serry, qui présentait l’exposé mensuel du Secrétariat sur la situation au Moyen-Orient. 


« Les deux parties doivent faire montre de volonté politique et de détermination à faire des progrès, une action concertée de la communauté internationale, y compris de la région, étant nécessaire pour appuyer leurs efforts », a-t-il ajouté, assurant que l’ONU était « engagée à jouer son rôle pour forger les conditions d’un retour à des négociations significatives au cours de la période à venir ».


« Tandis que les peuples du Moyen-Orient font face à une période de défis et de turbulences extraordinaires, l’établissement de bases nécessaires à un processus de paix israélo-palestinien crédible reste une priorité essentielle pour les Nations Unies », a souligné le Coordonnateur spécial.


Selon M. Serry, la visite dans la région, la semaine dernière, du Président des États-Unis, M. Barack Obama, constitue une « occasion importante pour revitaliser les efforts vers une solution à deux États ». 


Il a précisé que M. Obama avait rencontré les dirigeants des deux parties, ainsi que le Roi Abdallah II de Jordanie, « au centre des initiatives de dialogue des dernières années ».  Dans son sillage, le Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, s’est entretenu avec le Président palestinien, M. Mahmoud Abbas, à Amman, avant de se rendre à Jérusalem pour y rencontrer le Premier Ministre israélien, M. Benyamin Netanyahu.


M. Serry a déclaré que l’ONU se félicitait de la poursuite de l’engagement américain en faveur du processus de paix, appréciant que M. Obama ait « fortement réaffirmé » la position des États-Unis, en faveur de la solution à deux États, exprimée dans son discours du 21 mars.  Le Président des États-Unis a jugé cette solution « nécessaire, juste et possible » et a appelé à l’établissement d’un « État indépendant et viable de Palestine », tout en soulignant le « droit des Israéliens à insister sur leur sécurité ».


« Le Président des États-Unis, a ajouté Robert Serry, a également rappelé qu’il avait déjà proposé des principes concernant les questions du territoire et de la sécurité, dont il pense qu’ils sont susceptibles de servir de base à des négociations ».  M. Obama a en outre invité les États arabes à prendre des mesures en vue de la normalisation de leurs relations avec Israël, a constaté M. Serry.


Un autre « signal d’espoir », selon le Coordonnateur spécial, est le fait, salué le 22 mars par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, que les Gouvernements d’Israël et de la Turquie aient convenu de rétablir des relations normales entre leurs deux pays.


M. Serry a expliqué que le Premier Ministre israélien Netanyahu, dont la composition du Gouvernement a été confirmée par la Knesset le 18 mars, et le Président palestinien Abbas avaient « réaffirmé leur attachement à la solution à deux États, seul espoir d’avenir pour les Israéliens et les Palestiniens, alors qu’indéniablement ils divergent sur les modalités et la façon d’y parvenir ».


« Il incombe aux Nations Unies et à la communauté internationale, de les aider à combler ces différences », a-t-il dit.  « Il est maintenant temps pour nous tous de nous rassembler pour une action concertée et de soutenir une initiative internationale sérieuse, y compris grâce à un Quatuor revitalisé qui engage plus largement les partenaires arabes et régionaux, et les autres parties prenantes clefs », a déclaré Robert Serry.


M. Serry a dit néanmoins craindre que cette ouverture ne dure pas « si la situation volatile prévalant sur le terrain n’est pas traitée d’urgence ».  « Les deux parties devraient prendre des mesures constructives et œuvrer à inverser les tendances négatives », a-t-il ajouté.


Le Coordonnateur spécial est ainsi revenu sur les violences qui ont lieu sur le terrain au cours du mois écoulé, et qui se sont maintenues à des « niveaux et des taux élevés ».  M. Serry s’est aussi dit préoccupé par la situation des prisonniers palestiniens détenus en Israël.


« L’ONU réitère que les personnes placées en détention administrative sans inculpation doivent faire l’objet de procédures judiciaires conformes aux normes internationales ou être immédiatement libérées », a-t-il affirmé, rappelant également l’importance du plein respect, par toutes les parties, de l’accord conclu le 14 mai 2012.


À Gaza, a-t-il poursuivi, la période considérée a connu un « sérieux revers dans la mise en œuvre du cessez-le feu négocié le 21 novembre » avec, le 21 mars, des tirs de roquettes en direction d’Israël.  En guise de représailles, Israël a annulé l’extension de la limite de pêche imposée aux pêcheurs de la bande de Gaza, la ramenant à trois miles nautiques, et a restreint la circulation des Palestiniens dans et en dehors de la bande de Gaza, et a fermé le point de passage de Kerem Shalom.


M. Serry a également évoqué la situation en Syrie, qui « continue de se détériorer ».  « La quête par les deux parties au conflit d’une victoire militaire et leur mépris total pour la vie et la protection des civils sont très préoccupants pour les Nations Unies », a-t-il déclaré.  Comme l’a dit le Secrétaire général à maintes reprises, les chances d’une issue en Syrie demeureront minces et même impossibles tant que les parties ne renonceront pas à la violence pour s’engager vers une solution politique », a-t-il rappelé. 


Il a estimé qu’une « position consensuelle de la communauté internationale et une position commune du Conseil de sécurité » étaient essentielles pour un règlement politique en Syrie.  Le Représentant spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue des États arabes, M. Lakhdar Brahimi, « travaille sans relâche pour atteindre cet objectif » et compte sur « l’unité du Conseil de sécurité et un soutien significatif aux efforts qu’il déploie ».


Parallèlement, « l’ONU fait de son mieux pour répondre aux conséquences humanitaires tragiques du conflit, qui, chaque jour, continuent de croître de façon spectaculaire », a ajouté M. Serry, précisant que près de 1,2 million de réfugiés en provenance de Syrie tentaient de trouver la sécurité dans les pays voisins.


M. Serry a en outre souligné que, la semaine dernière, le Secrétaire général avait annoncé sa décision de mener une enquête sur l’utilisation présumée d’armes chimiques en Syrie, agissant ainsi à la demande du Gouvernement syrien, puis des Gouvernements de la France et du Royaume-Uni.  « Il estime que toutes les allégations doivent être prises au sérieux », a précisé le Coordonnateur spécial.


Au Liban, la démission du Premier Ministre Najib Mikati, survenue le 22 mars, a laissé planer davantage d’incertitudes sur le processus politique à un moment de tensions accrues dans l’ensemble du pays, a poursuivi M. Serry.


Il a indiqué que le Secrétaire général avait appelé toutes les parties au Liban à rester unies derrière le Président, M. Michel Sleiman; à collaborer avec les institutions de l’État; à maintenir le calme et la stabilité; à respecter les principes d’engagement de la Déclaration de Baabda sur le dialogue et la pacification politique; et à soutenir le rôle des Forces armées libanaises dans le maintien de l’unité nationale, de la souveraineté, et de la sécurité du pays.


Enfin, a souligné le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, la situation dans la zone d’opération de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et le long de la Ligne bleue est restée « généralement stable », bien que les violations israéliennes de l’espace aérien libanais se fussent poursuivies « à un niveau élevé ».


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Assemblée générale: les délégations profitent de la Journée internationale des victimes de la traite transatlantique pour dénoncer les formes contemporaines d’esclavage

AG/11349

Assemblée générale: les délégations profitent de la Journée internationale des victimes de la traite transatlantique pour dénoncer les formes contemporaines d’esclavage

25/03/2013
Assemblée généraleAG/11349
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Assemblée générale                                         

Soixante-septième session                                  

68e séance plénière - après-midi


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: LES DÉLÉGATIONS PROFITENT DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DES VICTIMES

DE LA TRAITE TRANSATLANTIQUE POUR DÉNONCER LES FORMES CONTEMPORAINES D’ESCLAVAGE


L’Assemblée générale a tenu, cet après-midi, une séance spéciale pour la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite atlantique des esclaves, dont le thème, cette année, est « Libre à jamais: Célébrer l’émancipation ».  La séance a été marquée par une prestation du Ballet national du Cameroun et par neuf interventions dont celle du Secrétaire général de l’ONU, dans lesquelles ont été dénoncées les formes contemporaines d’esclavage.


M. Ban Ki-moon a d’abord rappelé que, cette année, l’ONU expose la copie originale de l’Acte d’émancipation du 1er janvier 1863, signée de la main d’Abraham Lincoln.  Les noms des résistants et des abolitionnistes sont restés dans l’Histoire mais aujourd’hui, a dit le Secrétaire général, nous écoutons la voix des victimes sans nom, transmise par la musique et la poésie des Africains du continent et de la diaspora, les écrivains et les jeunes qui étudient le passé pour créer un monde meilleur. 


Le Secrétaire général a souligné que le Siège de l’ONU se trouve à quelques kilomètres à peine d’un cimetière où reposent 419 esclaves.  Il a terminé sur les mots d’Aimé Césaire, dont le centième anniversaire est célébré cette semaine: «  gardez-vous de vous croiser les bras en l’attitude stérile du spectateur, car la vie n’est pas un spectacle ».


Les orateurs se sont en effet succédé à la tribune pour dénoncer les formes contemporaines d’esclavage.  Dans son message, le Président de la soixante-septième session de l’Assemblée générale, M. Vuk Jeremić, a rappelé que le travail forcé et le travail des enfants, la traite des êtres humains, l’exploitation sexuelle des femmes et le recrutement d’enfants soldats ont tous été répertoriés par les Nations Unies comme des nouvelles formes d’esclavage. 


Le Président de l’Assemblée a attribué à l’héritage triste et tenace du commerce des esclaves, les profondes inégalités économiques et sociales, la haine, le racisme et les préjudices auxquels demeurent confrontées encore trop de personnes d’ascendance africaine dans le monde. 


La représentante de Grenade, Mme Dessima Williams, n’a pas dit autre chose lorsque, au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, elle a stigmatisé des formes contemporaines du concept de « races supérieure et inférieure ».   


Le meilleur moyen de rendre hommage aux victimes de la traite transatlantique, a renchéri le représentant de la Finlande qui, au nom du Groupe des États d’Europe occidentale, est de redoubler d’efforts pour combattre ces nouveaux fléaux.  Il reste encore beaucoup à faire, a reconnu M. Jarmo Viinanen.


Quelque 2,5 millions de personnes dans le monde en sont victimes, a précisé le représentant du Qatar, M. Yousef Sultan Laram, au nom des États de l’Asie et du Pacifique, avant qu’au nom du Groupe des États d’Afrique, son homologue du Tchad, M. Ahmad Allam-Mi, ne réclame la pleine application de la Déclaration et du Programme d’action de Durban contre la discrimination raciale et du Plan d’action sur la traite des êtres humains.


Cette traite a été qualifiée d’« ignominie pour l’humanité » par la représentante des États-Unis qui reprenait ainsi les propos de son Président, M. Barack Obama.  Aux côtés d’Abraham Lincoln, le Directeur de l’Institut d’études culturelles internationales de l’Université de Binghamton à New York, M. Ali Mazrui, a voulu que l’on place également Martin Luther King et Nelson Mandela ainsi que d’autres histoires d’émancipation comme en Haïti.  N’oublions pas non plus le printemps arabe et ses aspirations. 


Cette année, la commémoration de la Journée internationale coïncide avec les 220 ans du décret français sur la libération des esclaves d’Haïti; les 180 ans de l’abolition de l’esclavage au Canada, les 170 ans de la Loi sur l’esclavage indien ou encore les 160 ans de l’abolition de l’esclavage en Argentine et les 125 ans au Brésil.


L’Assemblée générale a d’abord commencé par proclamer le 25 mars 2007, Journée internationale de célébration du bicentenaire de l’abolition de la traite transatlantique des esclaves*.  À partir du 25 mars 2008, la journée est devenue Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves**.


Dans la même résolution, l’Assemblée se félicite de l’initiative prise par les États membres de la Communauté des Caraïbes d’ériger, dans l’enceinte de l’ONU, un mémorial permanent destiné à témoigner de la tragédie de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.


Aujourd’hui encore, des appels ont été lancés pour que l’on alimente le fonds de contributions volontaires créé pour l’érection du mémorial permanent.


* A/RES/61/19

 ** A/RES/62/122


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Conseil de sécurité: Belgrade et Pristina ont ouvert un chapitre historique de leurs relations, se félicite le Chef de la mission de l’ONU au Kosovo

CS/10954

Conseil de sécurité: Belgrade et Pristina ont ouvert un chapitre historique de leurs relations, se félicite le Chef de la mission de l’ONU au Kosovo

22/3/2013
Conseil de sécuritéCS/10954
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Conseil de sécurité

6939e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: BELGRADE ET PRISTINA ONT OUVERT UN CHAPITRE HISTORIQUE

DE LEURS RELATIONS, SE FÉLICITE LE CHEF DE LA MISSION DE L’ONU AU KOSOVO


Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), M. Farid Zarif, a déclaré, ce matin devant le Conseil de sécurité, qu’un important pas en avant avait été fait lorsque le dialogue engagé sous les auspices de l’Union européenne entre les autorités de Belgrade et celles de Pristina est passé à un haut niveau politique.


Ces réunions ont représenté un « nouveau chapitre essentiel, et même historique », dans l’effort collectif visant à permettre aux parties de se libérer du poids du conflit passé, a déclaré M. Zarif, qui présentait le rapport* sur la MINUK du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki moon.


M. Zarif a ainsi demandé aux membres du Conseil de sécurité d’user de leur autorité et de leur influence sur les dirigeants politiques des deux parties pour « envoyer un signal très clair » leur montrant qu’ils sont « prêts à appuyer et à récompenser des actions constructives ».


Le 19 octobre, le dialogue engagé entre Belgrade et Pristina, sous les auspices de l’Union européenne, est entré dans une nouvelle phase avec la tenue, à Bruxelles, d’une première rencontre au sommet entre les Premiers Ministres Ivica Dačić et Hashim Thaçi, une rencontre qui était parrainée par la Haute-Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Mme Catherine Ashton.


Les deux officiels serbe et kosovar, M. Dačić et M. Thaçi, étaient du reste présents aujourd’hui lors de la séance de travail du Conseil de sécurité.


M. Dačić a appelé à poursuivre un dialogue constructif avec Pristina et s’est déclaré prêt à mettre en œuvre les accords conclus à ce jour entre les deux parties.  Le Premier Ministre serbe a estimé que l’ONU devrait continuer à coordonner l’action de tous les acteurs internationaux engagés dans le territoire du Kosovo-Metohija. 


Le rôle de la MINUK dans la stabilisation de la situation est irremplaçable, a-t-il dit.  L’Administration de la MINUK à Mitrovica est la seule présence internationale légitime dans laquelle le peuple du Nord-Kosovo et Metohija a confiance, a-t-il souligné.  M. Dačić a aussi demandé le renforcement du mandat de la Mission et de la présence de l’EULEX.


Pour M. Thaçi, le dialogue initié peut réussir « si la Serbie fait preuve d’un minimum de volonté politique ».  Il a en revanche prévenu que les négociations ne sauraient porter sur les « lignes rouges » que sont les questions de la souveraineté, du statut politique et de l’intégrité territoriale du Kosovo.  M. Thaçi a en particulier regretté que dans le cadre du dialogue, « la Serbie bloque la pleine mise en œuvre des accords signés jusqu’ici et avance un plan exigeant l’autonomie territoriale des Serbes du Kosovo et la création d’une entité distincte ».


Dans son exposé, le Représentant spécial du Secrétaire général avait également indiqué que, parallèlement à cette période de progrès politiques encourageants, des défis importants subsistent sur le terrain, dont ceux posés par des incidents sécuritaires.  M. Zarif est ainsi revenu sur les tensions qui se sont poursuivies dans le nord du Kosovo pendant la période couverte par le rapport, mais aussi au cours des deux derniers mois.


Cette tension est notamment causée par le rétablissement temporaire, par des Serbes du Kosovo, de barrages routiers dans le nord de la province, en signe de protestation contre certains éléments de l’accord sur la gestion intégrée des points de passage; ainsi que contre la construction de logements destinés aux rapatriés albanais du Kosovo dans le nord de Mitrovica; et les restrictions à la liberté de circulation de hauts responsables serbes au Kosovo.


Le Chef de la MINUK a, de même, fait état d’actes de vandalisme visant des sites religieux et d’autres actes d’intolérance religieuse, dont des dégradations matérielles et des vols commis à l’intérieur d’églises orthodoxes, ainsi que des profanations de tombes situées dans des cimetières orthodoxes.


Au cours du débat qui a suivi son intervention, la plupart des délégations du Conseil de sécurité ont salué les progrès importants accomplis dans le dialogue entre Belgrade et Pristina sous les auspices de l’Union européenne.


La France a souhaité que la Serbie et le Kosovo puissent trouver un accord qui leur permettra de concrétiser leur avenir européen et de contribuer à la stabilisation des Balkans.


Si le dialogue doit permettre de continuer de régler le problème du Kosovo à long terme, le dernier mot appartiendra cependant au Conseil de sécurité, a insisté, de son côté, la Fédération de Russie.


Plusieurs délégations, comme celles des États-Unis, se sont réjouies des progrès réalisés par le Kosovo pour moderniser son secteur judiciaire.  La représentante américaine a ainsi encouragé le Gouvernement du Kosovo à poursuivre, avec la collaboration de la Mission État de droit menée au Kosovo par l’Union européenne (EULEX), des réformes dans ce domaine, afin d’améliorer la confiance du public dans l’administration de la justice.


Intervenant en fin de séance, le représentant de la Fédération de Russie a dit espérer que les prochains rapports du Secrétaire général comporteront une « analyse objective » de la situation de la population serbe du Kosovo.


* S/2013/72


RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ


Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (S/2013/72)


Dans ce rapport, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, fait le point des activités menées par la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), et de l’évolution de la situation entre le 16 octobre 2012 et le 15 janvier 2013.


Le Secrétaire général constate qu’un pas en avant important a été accompli lorsque le dialogue engagé sous les auspices de l’Union européenne entre les autorités de Belgrade et celles de Pristina est passé à un haut niveau politique.


Il félicite les dirigeants des deux parties de s’être engagés sur cette voie semée d’embûches mais cruciale pour le règlement des problèmes les plus ardus qui font obstacle à l’amélioration de leurs relations.


La démarche constructive et le pragmatisme qui caractérisent à ce jour cet engagement à un haut niveau sont encourageants, de même que les premiers résultats obtenus, qui sont d’ores et déjà visibles sur le terrain.  Même si de nombreux obstacles restent à surmonter, la reprise des pourparlers est un signal fort qui exprime la volonté des deux parties de dialoguer pacifiquement et de se libérer du poids du conflit passé, souligne Ban Ki-moon.


Il exhorte les autorités de Belgrade et de Pristina à entretenir cet élan et à rester déterminées face aux difficultés qui pourront surgir dans la recherche de solutions aux problèmes les plus épineux.


S’agissant de la situation dans la partie nord de Mitrovica, il convient, écrit-il, de rester attentif et d’agir de façon coordonnée afin de régler les problèmes en faisant preuve de bonne foi et éviter ainsi de futures tensions, et de faire en sorte que la population locale continue de bénéficier des services municipaux essentiels.


Parallèlement à ce processus politique de haut niveau, il importe, préconise M. Ban,  tout autant de déployer des efforts fondés et durables pour favoriser la réconciliation et renforcer la confiance entre les communautés au Kosovo.  La présence des acteurs internationaux joue un rôle primordial dans la réalisation de cet objectif, mais il faut aussi, pour l’atteindre, qu’à tous les niveaux les dirigeants politiques, les organisations non gouvernementales locales et la société civile fassent preuve de volonté et y contribuent de bonne foi.


Le rapport du Secrétaire général contient également, en annexe, le rapport présenté par la Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité au Secrétaire général sur les activités de la Mission État de droit menée au Kosovo par l’Union européenne (EULEX).


EULEX a poursuivi ses activités d’observation, d’encadrement et de conseil dans le domaine de l’état de droit et s’est acquittée des fonctions prévues dans son mandat visant à faire appliquer la loi.  Des formations collégiales composées de juges locaux et de juges d’EULEX ont rendu des décisions sur un certain nombre d’affaires de grande importance concernant des crimes de guerre, de corruption ou de criminalité organisée, ou en sont saisies.


Au cours de la période considérée, EULEX s’est employée activement à appuyer les processus législatifs au Kosovo, ainsi que le dialogue entre les autorités de Pristina et de Belgrade, qui a été engagé sous les auspices de l’Union européenne.


L’accord sur la gestion intégrée des points de passage a commencé à être mis en œuvre  le 10 décembre aux postes 1 et 3 (points de passage de Rudnica/Jarinjë et Merdarë/Merdare) et le 31 décembre aux postes 5 et 31 (points de passage de Končulj/Dheu i Bardhë et Bërnjak/Tabalije).


L’Équipe spéciale d’enquête a continué ses travaux d’investigation, menés dans le cadre de son mandat, sur les allégations figurant dans le rapport du Rapporteur spécial du Conseil de l’Europe, M. Dick Marty, qui porte sur la traite d’êtres humains et le trafic d’organes humains.


La découverte de deux grenades à main à proximité du poste 31 (Bërnjak/Tabalije), dans la municipalité de Zubin Potok, constitue une menace grave pour le personnel et les moyens d’EULEX déployés dans la région, indique le document.


Déclarations


M. FARID ZARIF, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a fait état d’une évolution positive de la situation depuis le dernier exposé qu’il a fait devant le Conseil de sécurité, le 27 novembre 2012, ceci grâce au dialogue politique de haut niveau engagé entre Belgrade et Pristina et facilité par l’Union européenne. 


Depuis le mois d’octobre, les Premiers Ministres Ivica Dačić et Hashim Thaçi, présents aujourd’hui dans cette salle, ont tenu au total sept séries d’entretiens à Bruxelles, a indiqué M. Zarif.  En outre, les Présidents Tomislav Nikolić et Atifete Jahjaga se sont rencontrés pour la première fois le 6 février, marquant ainsi un engagement politique complet de la part des deux parties, a déclaré M. Zarif.


Selon le chef de la MINUK, ces réunions ont représenté un nouveau chapitre essentiel, et même historique, dans l’effort collectif visant à surmonter les obstacles créés par le conflit qui a eu lieu dans le passé.  Les dirigeants ont fait montre d’un courage politique et d’une vision d’avenir et méritent, à cet égard, une forte reconnaissance pour avoir su s’engager dans un processus si difficile, mais cependant indispensable.


Parallèlement à cette période de progrès politiques encourageants, des défis importants ont subsisté sur le terrain, y compris des incidents sécuritaires, ainsi qu’une fréquente rhétorique incendiaire venant de différents bords, a relevé le Représentant spécial du Secrétaire général.


M. Zarif a ainsi souligné la nécessité de faire en sorte que ce processus puisse être utilisé au maximum de son potentiel, et qu’il soit accompagné d’un travail cohérent et constant sur le terrain.  La MINUK, pour sa part, continue de mener un très large examen de toutes ses activités afin d’en renforcer la coordination avec celles des autres partenaires internationaux.  Le dialogue politique se trouve à une étape cruciale, et il est indispensable qu’il enregistre des progrès, a-t-il insisté.


Le Chef de la MINUK est ensuite revenu sur les tensions qui se sont poursuivies dans le nord du Kosovo pendant la période couverte par le rapport, mais aussi au cours des deux derniers mois.  Il a précisé que la MINUK et ses partenaires continuaient d’appeler Belgrade et Pristina à accroître de façon significative leur communication avec la population vivant dans le nord.


La tension qui y prévaut est notamment causée par le rétablissement temporaire, par des Serbes du Kosovo, de barrages routiers dans le nord de la province.  Ces actes ont été commis en signe de protestation contre certains éléments de l’accord sur la gestion intégrée des points de passage, la construction de logements destinés aux rapatriés albanais du Kosovo dans le nord de Mitrovica, et les restrictions à la liberté de circulation de hauts responsables serbes au Kosovo.


M. Zarif a, à ce sujet fait état d’actes de vandalisme visant des sites religieux et d’autres actes d’intolérance religieuse, dont des dégradations matérielles et des vols commis à l’intérieur d’églises orthodoxes, ainsi que des profanations de tombes situées dans des cimetières orthodoxes.


Le Représentant spécial a estimé que les incidents et les tensions qui continuent de se produire sur le terrain illustraient le besoin de redoubler d’efforts.  Il est impératif que les problèmes, inévitables, et les revers enregistrés sur le terrain, même s’ils créent beaucoup de difficultés aux populations affectées, ne sapent pas le climat et la possibilité d’avancer dans la conduite des négociations politiques les plus essentielles, a-t-il dit. 


M. Zarif a ainsi demandé aux membres du Conseil de sécurité d’user de leur autorité et de leur influence sur les dirigeants politiques de toutes les parties pour envoyer un signal très clair.  Les membres du Conseil doivent faire comprendre aux parties qu’ils sont unis, et leur montrer qu’ils sont prêts à soutenir et à récompenser des actions constructives.


Un travail efficace et cohérent de la part de toutes les présences internationales est nécessaire en vue de promouvoir et d’appuyer les conditions permettant aux pourparlers politiques d’atteindre leur plein potentiel, a conclu le Représentant spécial.


M. IVICA DAČIĆ, Premier Ministre de la Serbie, a salué les efforts déployés par la communauté internationale pour instaurer un climat propice aux pourparlers entre Belgrade et Pristina sous les auspices de l’Union européenne.  Comme l’indique le rapport du Secrétaire général, la situation est encore sensible pour la communauté serbe au Kosovo-Metohija, a-t-il noté avec inquiétude, tout en assurant que la Serbie était déterminée à travailler en vue de consolider la paix, la sécurité et la stabilité de la région.  Il a expliqué que la politique serbe était de rechercher un compromis et de défendre les intérêts nationaux, dans le respect des droits tant des Serbes que des Albanais vivant au Kosovo-Metohija.


Nous nous opposons donc aux démarches unilatérales, a-t-il dit, donnant l’exemple de la décision prise par l’Assemblée du Kosovo de demander, par le biais de l’Albanie, aux organes internationaux compétents l’attribution d’un indicatif téléphonique international de pays pour le Kosovo, alors que les négociations sur la question des télécommunications sont en cours.  Il a appelé à poursuivre un dialogue constructif avec Pristina et s’est dit prêt à mettre en œuvre les accords conclus jusqu’à présent.


La Serbie souhaite accomplir des progrès significatifs dans les pourparlers entre Pristina et Belgrade, a déclaré le Premier Ministre.  Il a fait part des résultats d’une réunion ayant eu lieu récemment à Bruxelles, qui a été l’occasion de réaffirmer la position de la Serbie relative aux spécificités du territoire du Kosovo-Metohija, telles qu’elles sont reconnues par la résolution 1244 du Conseil de sécurité.  Il a ajouté que les communautés serbes et autres devraient jouir d’une certaine autonomie. 


Le Premier Ministre serbe a estimé que l’ONU devrait continuer à coordonner l’action de tous les acteurs internationaux engagés dans le territoire du Kosovo-Metohija.  Le rôle de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) dans la stabilisation de la situation y est irremplaçable, a-t-il dit, plaidant pour que le financement de la MINUK soit maintenu.  L’Administration de la MINUK à Mitrovica est la seule présence internationale légitime dans laquelle le peuple du Nord-Kosovo et Metohija a confiance, a-t-il souligné.  Il a aussi demandé le renforcement du mandat de la Mission et de la présence de l’EULEX.


La Serbie est aussi favorable au renforcement de la composante politique de la MINUK, en particulier en ce qui concerne l’importance de la communauté serbe, a indiqué M. Dačić.  Il a demandé que la protection de l’héritage culturel et religieux serbe soit prise en compte, notamment en considérant la position de l’Église orthodoxe serbe.  La réalisation du droit au retour des Serbes doit entrer dans les faits, a-t-il estimé.


Il a ensuite parlé de la commémoration, il y a quelques jours, du neuvième anniversaire du pogrom de mars qui avait fait 19 morts et entraîné 400 expulsions de Serbes, et avait provoqué un nettoyage ethnique.  M. Dačić a souligné qu’aucune des 51 000 personnes qui ont pris part à ce pogrom n’en a été reconnue responsable.  Il a donc demandé que des enquêtes soient menées. 


Le Premier Ministre a regretté que la situation sur le terrain ne se soit pas améliorée, soulignant notamment les restrictions à la liberté de mouvement, le manque de sécurité et l’impossibilité d’utiliser la langue serbe au Kosovo-Metohija.  En janvier, 102 tombes serbes ont été détruites ou endommagées dans des cimetières orthodoxes et personne n’en a été tenu responsable, a-t-il déploré.  Il a aussi dénoncé les vols et les intimidations à l’encontre des Serbes, les arrestations et les détentions illégales, ainsi que le passage à tabac de jeunes serbes par les Kosovars.  Tous ces actes constituent des pressions inacceptables sur la population serbe.  C’est inacceptable sur le plan des valeurs sur lesquelles est basée l’Union européenne, a souligné le Premier Ministre de la Serbie.  Même le Président de la Serbie a été interdit d’entrer au Kosovo-Metohija pour participer à la liturgie de Noël, a-t-il rappelé.


Il a aussi regretté la lenteur du processus de retour des Serbes déplacés, signalant que seulement 302 personnes de nationalité serbe ont pu rentrer au Kosovo en 2012, par rapport à 464 en 2011.  Le pillage des maisons des personnes qui sont rentrées chez elles et les intimidations dont elles sont victimes affectent la sécurité de leur retour, a-t-il ajouté.  M. Dačić s’est aussi préoccupé des privatisations menées au Kosovo, notamment celles des entreprises détenues par les membres de la communauté serbe, comme le complexe minier de Trepca. 


Il a appelé le Conseil de sécurité à se pencher sur le nombre de plaintes déposées contre la police du Kosovo concernant le manque d’efficacité des enquêtes qu’elle mène.  Il a aussi souligné le manque de développement de l’état de droit.  Il a à cet égard mis en doute la neutralité de l’EULEX et demandé que la MINUK s’occupe de la question.


Le Premier Ministre serbe a conclu son intervention en démontrant l’importance de la présence de la KFOR à Metohija.  La MINUK doit continuer à être présente au Kosovo et à Metohija, a-t-il ajouté, soulignant le rôle irremplaçable que joue l’ONU pour garantir la légitimité du processus de recherche de solutions.  Les réunions tenues jusqu’à présent à Bruxelles sont la preuve de la volonté de la Serbie et de son engagement dans ce sens, a-t-il ajouté.  La Serbie est déterminée à avancer vers un avenir européen et à agir en vue de l’établissement d’une paix durable entre les Serbes et les Albanais.  Elle est aussi engagée à poursuivre le processus de réconciliation.  La Serbie n’est cependant pas prête à accepter la politique du deux poids deux mesures ni les humiliations qu’on veut lui faire subir, a souligné M. Dačić.


M. HASHIM THAÇI, du Kosovo, a rappelé qu’il y a quelques semaines, les citoyens et les institutions du Kosovo ont célébré « dignement » le cinquième anniversaire de la « Déclaration d’indépendance ».  Le Kosovo « indépendant et souverain » est une réalité acceptée, et un des plus grands succès des Nations Unies en matière d’édification d’un État, a-t-il estimé.  Le Kosovo, a affirmé le Premier Ministre, « est désormais reconnu par la moitié des membres des Nations Unies » dont la géographie montre un processus irréversible.  D’autres pays comptent se joindre à un mouvement qui est la « décision la plus juste » que l’on peut prendre à l’égard du Kosovo et de ses citoyens. 


Cette décision, a insisté le Premier Ministre, ne découle que du droit des citoyens à un État, lequel droit a été confirmé par la Cour internationale de Justice (CIJ).  Elle découle aussi du rôle constructif du Kosovo dans le renforcement de la paix et de la stabilité dans la région des Balkans et de son engagement à mettre en œuvre le plan Ahtisaari et à assurer la protection des minorités selon les normes internationales les plus élevées.


Après être entré à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, le 27 février dernier, le Kosovo est devenu membre du Conseil régional de coopération, qui en compte 46.  Le Kosovo, a estimé le Premier Ministre, est donc arrivé à un point de non-retour s’agissant de son intégration à l’Union européenne.  Le Premier Ministre a aussi indiqué qu’en janvier dernier, le Conseil de l’Europe a adopté une résolution qui ouvre la voie à l’établissement de relations directes avec le Kosovo.  À ce jour, 34 des 47 membres du Conseil ont reconnu le Kosovo. 


Sur le plan intérieur, le Premier Ministre a affirmé que la situation se caractérise par la stabilité politique et économique.  « Des progrès considérables », a-t-il aussi estimé, « ont été faits sur la protection du patrimoine culturel et religieux ».  Le 12 février dernier, le Gouvernement a signé un texte portant création du Conseil de surveillance et de mise en œuvre qui permettra de mieux veiller sur les institutions du patrimoine serbe. La création de ce Conseil a été parmi les priorités de l’étude de faisabilité sur le début des négociations relatives à l’Accord d’association et de stabilisation.  Il contribue aussi à la normalisation des relations entre les institutions du Kosovo et l’église orthodoxe serbe. 


Le Ministre des communautés et des rapatriements a, de son côté, continué à financer les initiatives pour la réintégration des minorités, a affirmé le Premier Ministre.  Le Kosovo a pris également des mesures sérieuses pour intégrer les Serbes qui vivent dans le nord.  Malheureusement, les pratiques destructrices des structures parallèles serbes de sécurité et de justice continuent de faire obstacle aux efforts d’intégration, a-t-il estimé.  Il a appelé la Serbie « à les démanteler et à cesser de créer des tensions au Kosovo ».


Il a attiré l’attention sur la création le 18 mars dernier, d’un Groupe de travail sur le passé et la réconciliation qui, à cause des relations « anormales » avec la Serbie, « aura un travail difficile à accomplir ».  Toutefois, le Premier Ministre s’est dit convaincu que le dialogue initié sous les auspices de la Haut-Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, peut réussir « si la Serbie fait preuve d’un minimum de volonté politique ».  Il a prévenu que les négociations ne sauraient porter sur les « lignes rouges » que sont la souveraineté, le statut politique et l’intégrité territoriale.


Le Premier Ministre a estimé que le plan Ahtisaari est l’offre la plus généreuse qui ait pu être faite aux Serbes du Kosovo.  Il leur assure un large espace, la possibilité de s’autogouverner et la capacité d’exercer leurs droits politiques, socioéconomiques et culturels.  En conséquence, depuis cinq ans, a-t-il dit, de plus en plus de Serbes participent à la vie politique du Kosovo, consolidant ainsi la stabilité interethnique.  Il a donc regretté que dans le cadre du dialogue, « la Serbie bloque la pleine mise en œuvre des accords signés jusqu’ici et avance un plan exigeant l’autonomie territoriale des Serbes du Kosovo et la création d’une entité distincte ».  La Serbie, a encore dénoncé le Premier Ministre, propose aussi une association des municipalités serbes du Kosovo qui serait dotée des pouvoirs législatif et exécutif élus aux suffrages directs.  C’est là le moyen de créer une autre Republika Srpska au sein du Kosovo, avec les conséquences que l’on sait, a prévenu le Premier Ministre.


Il s’est donc félicité de ce que le 11 février dernier, le Parlement européen ait adopté une résolution qui encourage les cinq membres de l’Union européenne qui ne l’ont pas encore fait de reconnaître le Kosovo, un texte qui « rejette la division territoriale et qui réaffirme l’esprit du plan Ahtisaari. »   


M. ROBERT KAYINAMURA (Rwanda) a dit espérer que les dirigeants des deux parties feront des progrès supplémentaires dans les questions en suspens, notamment concernant le nord du Kosovo.  La situation au Kosovo est relativement calme, mais les tensions qui prévalent dans le nord pourraient entraîner des violences intercommunautaires qui constitueraient un coup grave porté à la paix, s’est-il inquiété.


Le représentant a mis l’accent sur le fait que des améliorations avaient eu lieu, citant le cas de la police du Kosovo.  M. Kayinamura a souhaité que la communauté internationale maintienne son appui à la MINUK et à EULEX pour que les deux missions puissent poursuivre l’exécution de leur mandat.


M. KODJO MENAN (Togo) a déclaré que son pays se félicite du chemin parcouru dans le processus de normalisation de la relation entre la Serbie et le Kosovo, mené sous les auspices de l’Union européenne.  Le Togo espère que cette dynamique va se poursuivre afin de parvenir au règlement rapide de la question sensible et complexe du maintien des structures parallèles serbes au Nord du Kosovo et, à terme, à celle ayant trait au statut final du Kosovo.  Les protagonistes doivent faire preuve de beaucoup plus d’ouverture et de flexibilité, dans l’optique d’une solution gagnant-gagnant, a exhorté le représentant du Togo qui a indiqué que son pays restait préoccupé par les tensions interethniques, toujours perceptibles au nord du Kosovo, en particulier à Mitrovica-Nord.  Elles font peser la crainte d’une remise en cause des efforts de réconciliation, a-t-il dit.  Le Togo estime par ailleurs qu’il est indispensable qu’une attention particulière soit accordée à l’impact que le processus de réconciliation pourrait avoir au niveau local.  À cet égard, M. Menan a invité les autorités religieuses et la société civile de la Serbie et du Kosovo à s’impliquer davantage dans le rapprochement entre les différentes communautés. 


Il a aussi indiqué que la situation d’insécurité compromet les efforts de rapprochement des communautés serbe et kosovare et influent négativement sur les décisions que peuvent prendre les personnes déplacées et les réfugiés originaires du Nord du Kosovo concernant leur retour et leur réinstallation.  Le Togo est également préoccupé par le phénomène de la corruption et de la criminalité organisée qui se développe à grande échelle, en particulier dans le nord du Kosovo.  À cet effet, le représentant a appelé les autorités kosovares à tout mettre en œuvre pour lutter efficacement contre ce fléau.  « Nous estimons que la Mission européenne sur l’état de droit au Kosovo (EULEX) devrait disposer d’effectifs appropriés pour se concentrer davantage sur la prévention et la répression de ce fléau », a-t-il dit.  « Concernant les allégations de trafic d’organes humains, nous invitons, de nouveau le Kosovo et ses voisins, à laisser travailler l’équipe spéciale d’enquête d’EULEX et à coopérer pleinement avec celle-ci », a indiqué M. Menan.  Avant de conclure, il a espéré que « les enquêtes menées par le Procureur Williamson pourront être conclues rapidement, et de la manière la plus impartiale possible, pour faire définitivement la lumière attendue sur cette affaire qui divise des peuples et des opinions ».


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a salué le rôle que jouent les Nations Unies comme garantes de la stabilité et de la neutralité au Kosovo et dans la région.  Il a pris note des progrès accomplis par les parties dans le dialogue en cours, qui est passé d’une discussion principalement technique à un dialogue politique prometteur.  Relevant cependant les incidents mentionnés dans le rapport du Secrétaire général, il a appelé à mettre véritablement en œuvre sur le terrain les résultats de ce dialogue.  Il a regretté que les discussions menées le 20 mars à Bruxelles n’aient pas permis aux parties de parvenir à un accord sur la situation dans le nord du Kosovo.  Cette situation est préoccupante, a-t-il estimé, relevant l’utilisation d’explosifs dans cette région, ainsi que les mauvais traitements infligés aux Serbes du Kosovo au cours de la période des célébrations de noël et du nouvel an le 7 janvier dernier.  Il a appelé les autorités locales à mener les enquêtes nécessaires.


M. Rosenthal a également exprimé sa préoccupation face au non-paiement des salaires des employés de l’administration locale de Mitrovica.  Il a ensuite plaidé en faveur d’un financement adéquat de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) pour lui permettre d’exécuter au mieux son mandat et de maintenir une présence forte de l’ONU au Kosovo.  Le représentant a aussi regretté les actions menées contre les communautés minoritaires du Kosovo et a appelé à y garantir la sécurité, la stabilité et le respect des droits de l’homme.  Il a enfin invité à lutter contre l’impunité en ce qui concerne le trafic d’organes humains.


M. LOTFI BOUCHAARA (Maroc) a estimé que des progrès avaient été réalisés dans différents secteurs, certes techniques, mais qui ont une charge politique très symbolique.  Sur la base de cet élan, il a encouragé les parties à continuer de négocier en vue d’obtenir des résultats satisfaisants sur les questions concernées dans les meilleurs délais.  Il est essentiel que les deux dirigeants maintiennent le cap, a-t-il dit. 


Le représentant marocain a estimé que la dynamique de réconciliation et la construction de la confiance devraient être poursuivies et renforcées.  S’agissant en particulier de la question du patrimoine culturel et religieux, il a jugé essentiel qu’un esprit de tolérance religieuse prévale entre les deux parties.


M. LI BAODONG (Chine) a rappelé que sa délégation avait toujours plaidé en faveur du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Serbie.  Il a soutenu le dialogue et la négociation entre les parties en vue de parvenir à une solution acceptable.  À cet égard, il s’est félicité des discussions qui ont eu lieu récemment à Bruxelles, espérant que les parties parviendraient à trouver une solution durable au Kosovo pour arriver à une situation stable dans les Balkans.


Notant que les tensions persistent dans le nord du Kosovo, il a demandé aux parties de s’abstenir de toute action pouvant entraîner une escalade.  M. Li a ensuite salué le travail de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), appuyant les efforts qu’elle déploie pour exercer le mandat que lui a confié le Conseil de sécurité.  La coordination avec l’EULEX doit être renforcée, a-t-il demandé.  Enfin, il s’est préoccupé du problème de trafic d’organes humains, invitant l’ONU à jouer le rôle qui lui revient pour mener les enquêtes nécessaires.


M. GÉRARD ARAUD (France) s’est dit attaché à la réalité d’un Kosovo souverain, pacifique, démocratique et multiethnique, et vivant en paix avec ses voisins.  Il a souhaité que la Serbie et le Kosovo puissent trouver un accord qui leur permettra de concrétiser leur avenir européen et de contribuer à la stabilisation des Balkans.  Il a salué  les progrès importants accomplis dans le dialogue entre Belgrade et Pristina.  M. Araud a estimé qu’il fallait aller vers une solution à long terme sur la question du nord du Kosovo, en appelant la Serbie à démanteler les structures parallèles qu’elle y entretient.  Le Kosovo doit donner de son côté des assurances de sécurité et d’autonomie substantielles qui permettent d’emporter l’adhésion des populations serbes concernées, ce qui passe par un degré de décentralisation de compétences dont l’ampleur devra être agréée par les deux parties, a-t-il encore dit.


Il a jugé important que les accords techniques conclus soient mis en œuvre, et que l’on puisse trouver un accord, en particulier sur les autres sujets identifiés, notamment l’énergie et les télécommunications.  Si les conditionnalités définies dans les conclusions du Conseil européen de décembre 2012 sont remplies, nous pourrons franchir de nouvelles étapes du rapprochement européen des deux pays, c’est-à-dire le lancement des négociations d’adhésion à l’Union européenne avec la Serbie et celles sur un Accord de stabilisation et d’association avec le Kosovo, a-t-il dit.  Il a jugé fondamental de consolider les droits des différentes communautés dans l’ensemble du Kosovo, de protéger leur patrimoine culturel et religieux, et de garantir le retour des 18 000 réfugiés et déplacés internes dans de bonnes conditions de sécurité et de réinsertion. 


M. Araud a appelé toutes les parties à coopérer avec les organisations internationales.  Il a jugé essentiel que les autorités du Kosovo coopèrent activement avec le Représentant spécial de l’Union européenne, M. Zbogar, et la mission EULEX en matière d’état de droit, tout particulièrement en ce qui concerne l’enquête sur les allégations de trafic d’organes humains.  Au moment où l’Union européenne, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) adaptent leur présence sur le terrain, le représentant de la France a invité la MINUK à en faire de même dans un esprit de subsidiarité, afin de contribuer à une évolution pacifique des comportements, en accord avec les autorités kosovares, sans se laisser instrumentaliser par les défenseurs du statu quo.


Mme ROSEMARY DI CARLO (États-Unis) a félicité les deux parties pour le dialogue qu’elles ont entamé sous les auspices de la Haute-Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Mme Catherine Ashton, un dialogue qui permet d’améliorer les relations entre Belgrade et Pristina.


La représentante des États-Unis s’est félicitée des progrès réalisés au cours des sept séries de réunions qui ont eu lieu, et laissent espérer un accord prochain concernant le nord du Kosovo.  Elle s’est également réjouie de la mise en œuvre de la première étape de l’accord sur la gestion intégrée des points de passage, ce qui montre que ce dialogue portait ses fruits. 


Elle s’est aussi félicitée des progrès réalisés par le Kosovo pour moderniser son secteur judiciaire.  Elle a encouragé le Gouvernement du Kosovo, avec la collaboration d’EULEX, à poursuivre ses réformes dans ce domaine, afin d’améliorer la confiance du public dans l’administration de la justice.


Mme Di Carlo a ajouté que les États-Unis continuaient d’appuyer l’Équipe spéciale d’enquête à poursuivre ses travaux d’investigation, menés dans le cadre de son mandat, sur les allégations figurant dans le rapport du Rapporteur spécial du Conseil de l’Europe qui porte sur la traite d’êtres humains et le trafic d’organes humains.  La représentante s’est en outre dite préoccupée par les incidents sécuritaires qui se poursuivent, en particulier dans le nord du Kosovo, actes qui, a-t-elle dit, constituent une menace à la paix et à la sécurité et ne peuvent être tolérés. 


Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a salué les avancées enregistrées lors de la plus récente session du dialogue mené entre les autorités de Belgrade et celles de Pristina sous les auspices de l’Union européenne et espéré qu’elles pourront être concrétisées dès la prochaine réunion, prévue le 2 avril.  Un long chemin vers la paix et la stabilité a été parcouru depuis l’établissement en 1999 de la MINUK par la résolution 1244, a ajouté Mme Lucas.  Le contexte dans lequel la Mission et les autres présences internationales, dont EULEX, a radicalement changé, a-t-elle noté.  Mais même si les conditions de sécurité au Kosovo évoluent favorablement et que la situation sécuritaire y est restée calme, plusieurs faits graves ont été signalés, notamment des actes de violence contre des Serbes et des incidents visant le personnel, les moyens et les projets menés par le Bureau administratif mis en place par les autorités kosovares à  Mitrovica-Nord. 


« Nous sommes préoccupés par les récents actes de vandalisme visant des sites religieux orthodoxes, et nous condamnons fermement tout acte d’intolérance », a dit la représentante.  Mme Lucas a ajouté que si le nombre total d’incidents touchant des groupes minoritaires a diminué (361 cas signalés en 2016 par rapport à 406 cas en 2011), il convient de redoubler d’efforts pour garantir une cohabitation harmonieuse entre les différentes composantes de la population du Kosovo.  Mme Lucas a déclaré que la prorogation du mandat d’EULEX jusqu’en 2014 permet à la Mission de l’Union européenne de poursuivre ses initiatives de renforcement des capacités dans le secteur de l’état de droit,  d’aider les autorités kosovares à engager des poursuites contre les auteurs de crimes de guerre et à intensifier la lutte contre la criminalité organisée et la corruption.


M. PHILIP TATHAM (Royaume-Uni) a invité « ceux qui n’ont pas encore reconnu le Kosovo » à le faire.  Il s’est félicité des conditions que le Kosovo a établies pour arriver à un accord d’association avec l’Union européenne.  Saluant l’implication de Mme Ashton, Haute-Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, notamment en ce qui concerne la gestion intégrée des frontières et le soutien au dialogue entre les parties, il a rappelé « l’hommage qu’elle a rendu aux deux premiers ministres pour leur courage dans le dialogue mené depuis cinq mois ».  Vous êtes à la veille d’un accord historique qui ouvrira un nouveau chapitre, a lancé le représentant.  De son avis, il est crucial de conclure un accord le 2 avril et de le mettre en œuvre immédiatement après.  « La Serbie devra faire en sorte que les communautés locales acceptent l’accord, tandis que le Kosovo devra travailler à faire respecter les droits de toutes ses communautés ethniques », a dit le représentant.


Il a espéré que la tendance à la baisse du nombre d’incidents allait se poursuivre.  Il a exprimé sa préoccupation en ce qui concerne la violence qui a suivi la suppression d’un monument serbe, au mois de janvier, et demandé que les responsables soient traduits en justice.  Le Kosovo doit lutter contre ce genre d’incident et mener systématiquement des enquêtes, a-t-il aussi demandé.  Il a ajouté que le Royaume-Uni reste engagé à soutenir le processus de retour des déplacés, par le biais de projets bilatéraux.  Il a en outre appuyé le travail accompli par l’Équipe spéciale chargée d’une enquête sur le trafic d’organes humains.  Prévenir la violence sexuelle est une autre priorité du Gouvernement britannique, a-t-il ajouté, notamment au Kosovo.  Enfin, le représentant a demandé au Représentant spécial d’examiner les économies qui pourraient être faites dans le budget de la MINUK.


Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a salué les progrès accomplis dans le dialogue de haut niveau entre Belgrade et Pristina, qui eu lieu à Bruxelles il y a deux jours, sous les auspices de l’Union européenne.  Elle a reconnu en particulier les efforts de la Serbie en faveur du dialogue et de la normalisation des relations, avant d’inviter les deux parties à poursuivre leurs efforts dans ce sens.  La Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) doit poursuivre la mise en œuvre du mandat important qui lui a été donné dans ce domaine, a-t-elle déclaré, soutenant la coopération de la MINUK avec la Force du Kosovo et l’EULEX dans le respect de la neutralité.  La représentante s’est dite préoccupée par la situation financière de l’Administration de la MINUK à Mitrovica et appelé à lui fournir les fonds nécessaires à l’exécution de ses tâches.


Elle a aussi exprimé son inquiétude face aux graves incidents qui surviennent sur le terrain.  Les efforts visant la réconciliation et l’instauration de la confiance sont aussi importants que la poursuite du dialogue, a-t-il prévenu.  Elle a demandé que l’accent soit mis sur le respect des droits de l’homme des membres de toutes les communautés au Kosovo, en vue de mettre un terme aux actes d’intolérance et de permettre le retour des personnes déplacées.  Elle s’est inquiétée en particulier des cas d’apatridie de certains déplacés qui n’ont aucun document d’identité, soulignant l’assistance technique utile que la MINUK apporte dans ce domaine.  La protection du patrimoine culturel et religieux doit aussi rester une priorité pour la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a-t-elle ajouté.


M. KIM SOOK (République de Corée) s’est félicité du dialogue de haut niveau engagé entre Belgrade et Pristina pour l’amélioration de leurs relations.  Le représentant coréen a encouragé les deux parties à poursuivre ce dialogue afin qu’elles puissent régler leurs différends.


La situation sécuritaire est restée relativement stable et calme, a-t-il constaté, tout en relevant néanmoins les incidents et les tensions qui prévalent dans le nord du Kosovo et qui constituent une source de préoccupation.  Il a encouragé la MINUK à renforcer sa coopération avec d’autres agences internationales et avec les autorités locales pour tenter d’apaiser la situation sur le terrain.  Il a, de même, encouragé les autorités de Pristina, en collaboration avec EULEX, à renforcer l’état de droit au Kosovo.


M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) s’est dit encouragé par l’engagement des deux parties à trouver une solution pacifique.  Il les a exhortées à maintenir l’élan de ce dialogue et à faire les compromis nécessaires.  Il a espéré que le nouveau cycle de négociations, prévu le 2 avril, déboucherait sur un accord.  La pleine mise en œuvre de l’accord sur les points de passage devrait régler les problèmes de violence, a-t-il estimé.  Le représentant a ensuite noté que la situation en matière de sécurité est restée calme, sauf dans le nord du Kosovo.


Le représentant a demandé que des enquêtes complètes soient menées sur tous les incidents et que des poursuites judiciaires soient lancées.  Il a aussi demandé de régler le problème des profanations de tombes et de la détérioration de sites culturels et religieux.  Nous félicitons le Secrétaire général d’avoir tout fait pour promouvoir la réconciliation, a-t-il dit, avant d’inviter les dirigeants politiques des « deux pays » à préparer leurs populations à des compromis difficiles.


M. AGSHIN MEHDIYEV (Azerbaïdjan) a félicité les dirigeants de Belgrade et de Pristina pour leur détermination à faire des progrès substantiels dans le dialogue engagé sous les auspices de l’Union européenne.  Le représentant a jugé important que la MINUK maintienne et développe le rôle clef qu’elle joue dans la coordination des efforts internationaux dans le cadre du statut neutre prévu dans la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité.


Le délégué a estimé en outre que le retour volontaire des personnes déplacées au Kosovo avait montré peu de signes de progrès.  La préservation de la riche diversité culturelle de la région et de son patrimoine religieux doit être un principe clef à respecter.  De même, l’état de droit et l’administration de la justice doivent être renforcés, a-t-il dit. 


Tout en notant l’absence de consensus sur la question au Conseil, M. GARY QUINLAN (Australie) s’est dit « fier que son pays ait été l’un des premiers à reconnaître l’indépendance du Kosovo en 2008 ».  Il a salué les efforts des Premiers Ministres Dačić et Thaçi qui ont permis d’élever au plus haut niveau politique la question du dialogue entre Belgrade et Pristina, ceci sous la médiation de l’Union européenne.  Il s’est dit encouragé par leur contribution constructive à sept cycles de négociations, y compris un qui a eu lieu à Bruxelles cette semaine.  Il a salué la rencontre entre les Présidents Nikolic et Jahjaga début février.  Il s’est félicité de l’implication décisive de la Haute-Représentante européenne, Mme Ashton, qui a permis de promouvoir le dialogue entre Belgrade et Pristina sur les aspects pratiques de la mise en œuvre de l’accord sur la gestion intégrée des points de passage et la nomination d’attachés de liaison qui partageront les locaux de la délégation de l’Union européenne à Belgrade et à Pristina.


Alors que la situation sécuritaire reste fragile dans le nord du Kovovo, en particulier à Mitrovica-Nord, le représentant australien a particulièrement condamné les actes de vandalismes commis contre des sites culturels et religieux. Il a dit que les réactions appropriées des autorités locales, la condamnation des violences par tous les acteurs politiques, et l’intervention de la KFOR ont permis de prévenir de plus amples incidents.  Il a souhaité que l’on permettre aux personnes déplacées et aux réfugiés de retourner chez eux, tout en appelant les communautés serbes orthodoxes et musulmanes à respecter la diversité.  Il a dit que les travaux de la MINUK étaient complémentaires aux efforts de l’Union européenne en matière de primauté du droit, ainsi qu’à ceux de la KFOR et de l’OSCE, et aidaient à promouvoir la stabilité et à soutenir le dialogue politique direct entre Pristina et Belgrade.  Il s’est dit encouragé par les progrès réalisés lors des discussions de Bruxelles du 20 mars, en espérant que le prochain cycle de négociations, qui se tiendra en avril sous la médiation de l’Union européenne, sera l’occasion d’avancer sur des questions sensibles comme les institutions de gouvernance du Kosovo.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a affirmé que la position de son pays sur la notion de non-reconnaissance de l’indépendance du Kosovo était restée inchangée.  Le dialogue qui a lieu entre Belgrade et Pristina sous l’égide de l’Union européenne doit permettre de continuer de régler le problème du Kosovo à long terme, a-t-il dit, précisant que le dernier mot reviendrait au Conseil de sécurité.


Le représentant russe a qualifié également de « grosse erreur » la décision des autorités kosovares de créer un bureau chargé de l’administration de Mitrovica-Nord, une mesure qui va avoir pour effet de créer des tensions supplémentaires dans cette zone, a-t-il prévenu.


M. Churkin s’est en outre dit préoccupé par les incidents qui ont marqué la célébration du Noël orthodoxe au Kosovo et par la montée de la montée de l’intolérance religieuse, faisant état de pogroms et de nombreuses profanations de tombes.  Il a indiqué en particulier que les Kosovars avaient déplacé un mémorial à la mémoire des victimes de la Seconde Guerre mondiale. 


Le représentant russe a déclaré qu’il espérait que les prochains rapports du Secrétaire général comporteront une analyse objective de la situation de la population serbe du Kosovo.  Il faut tenir compte de la population serbe locale lorsque l’on examine la situation dans le Nord du Kosovo, a-t-il insisté.  Il a notamment observé que, dans le rapport, EULEX attachait beaucoup d’importance à l’enquête de l’Équipe spéciale sur les allégations figurant dans le rapport du Rapporteur spécial du Conseil de l’Europe qui porte sur la traite d’êtres humains et le trafic d’organes humains.  Ce n’est pas suffisant, a-t-il déclaré. Il faut des résultats, a-t-il ajouté.  M. Churkin s’est dit aussi inquiet de la montée de la rhétorique autour d’un « Grande Albanie ».


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, les délégations soulignent, à l’Assemblée générale, la nécessité de renforcer leur coopération dans le domaine de l’eau

AG/11347

À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, les délégations soulignent, à l’Assemblée générale, la nécessité de renforcer leur coopération dans le domaine de l’eau

22/03/2013
Assemblée généraleAG/11347
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                        

Dialogue interactif de haut niveau                        

sur la coopération dans le domaine de l’eau

matin & après-midi


À l’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE L’EAU, LES DÉLÉGATIONS SOULIGNENT, À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE,

 LA NÉCESSITÉ DE RENFORCER LEUR COOPÉRATION DANS LE DOMAINE DE L’EAU


Plus de 90% des habitants de la planète

vivent dans des pays qui doivent partager leurs ressources en eau


« L’eau est vitale.  Les États Membres doivent coopérer afin de protéger cette ressource fragile », a exhorté, ce matin, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à l’occasion du Dialogue interactif de haut niveau de l’Assemblée générale sur la coopération dans le domaine de l’eau.


En cette Journée mondiale de l’eau*, dont l’ONU célèbre, cette année, le vingtième anniversaire, l’Assemblée générale organisait deux tables rondes consacrées à la coopération dans le domaine de l’eau.  Au cours des échanges de vues, de nombreux pays ont estimé que cette coopération est cruciale pour le développement durable, pour la lutte contre la pauvreté et pour l’égalité entre les sexes.


2013 a été proclamée « Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau » par l’Assemblée générale**.  Le thème de cette année a pour objectif de sensibiliser aux défis que représente la gestion des ressources en eau.  L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) est chargée, sur la base de son approche multidisciplinaire, d’organiser un grand nombre de manifestations.


Plus de 90% de la population mondiale vivent dans des pays qui doivent partager leurs ressources en eau avec leurs voisins, lesquelles sont concentrées dans des bassins hydrographiques transfrontaliers.  « C’est pourquoi la coopération dans le domaine de l’eau n’est plus un choix mais une nécessité », a souligné la Directrice de l’UNESCO, Mme Irina Bokova.  Elle s’exprimait par vidéoconférence depuis La Haye, aux Pays-Bas, où elle participait à un Forum de haut niveau, organisé à l’occasion de cette Journée mondiale.


À New York, la première table ronde du Dialogue de haut niveau, animée par le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, a examiné les défis et les possibilités en matière de coopération.  Les échanges de vues au sein de la deuxième table ronde, qu’animait la responsable scientifique de l’Institut de Stockholm pour l’environnement, Mme Annette Huber-Lee, ont exploré les moyens de répondre à ces défis, par le biais de la coopération, après 2015.


« Aujourd’hui, 780 millions de personnes dans le monde n’ont pas d’eau potable et 2,5 milliards de personnes n’ont pas accès à des services d’assainissement de base, en particulier des latrines, a rappelé le Vice-Secrétaire général. 


Depuis La Haye également, le Président d’ONU-Eau, M. Michel Jarraud, a estimé que la question de l’eau devrait être prioritaire dans l’Agenda pour le développement post-2015.  ONU-Eau est un mécanisme interorganisations, créé en 2003, pour promouvoir la cohérence et la coordination des initiatives du système des Nations Unies dans le domaine de l’eau. 


La population mondiale devrait augmenter de 2 à 3 milliards de personnes au cours des 40 prochaines années, entraînant ainsi une importante augmentation des besoins alimentaires.  Selon ONU-Eau, l’eau destinée à l’agriculture constitue la plus forte pression sur les ressources en eau douce de la planète. 


« Il faudrait des investissements de plusieurs dizaines de milliards de dollars pour assurer un accès à des ressources hydriques à l’échelle mondiale », a estimé le Premier Ministre du Tadjikistan, M. Okil G. Okilov.


Dans ce contexte, de nombreuses délégations ont insisté, au cours de la table ronde du matin, pour que les questions de l’eau soient abordées de façon globale et avec un grand nombre d’acteurs. 


L’eau devrait être un objectif unique et spécifique du développement durable et de l’Agenda pour le développement post-2015, a insisté l’Afrique du Sud.  Le secteur privé, la société civile et les femmes devraient être associés à l’élaboration des politiques.  « Ce sont les femmes et les filles qui passent, chaque jour, de nombreuses heures à procurer de l’eau à leurs familles », a rappelé la Finlande.


L’organisation NetWater a proposé qu’une journée spéciale, qui serait organisée entre la célébration de la Journée internationale de la femme, le 8 mars, et celle de la Journée mondiale de l’eau, le 22 mars, soit proclamée « Journée internationale de la femme et de l’eau ».


L’Inde et la Chine ont fait remarquer qu’elles devaient, à elles deux, nourrir 38% de la population mondiale avec seulement 4% de ressources mondiales en eau douce, pour l’Inde, et 9% des terres arables mondiales pour la Chine. 


« Est-ce que nous allons, à l’avenir, nous battre pour l’eau ou est-ce que nous allons coopérer dans ce domaine? » a demandé le représentant de la Suisse.  La « diplomatie de l’eau », qui encourage une gestion équitable de cette ressource, est, a-t-il dit, devenue indispensable.


Dans l’après-midi, plusieurs délégations ont attiré l’attention sur les tensions et les risques de conflits potentiels liés à l’eau, et ce, dans de nombreuses régions du monde.  Au Burkina Faso, par exemple, la construction d’un barrage sur un fleuve transfrontalier suscite l’opposition de ses voisins.  « La coopération multilatérale et bilatérale doit aider les pays à résoudre leurs différends », a estimé sa Ministre de l’eau.  De son côté, la Slovénie a plaidé pour qu’un dialogue sur les bassins hydrographiques transfrontaliers soit engagé afin de faire de l’eau un facteur de coopération et de paix.


*A/RES/47/193

 **A/RES/65/154 et http://www.un.org/fr/events/worldwateryear/



DIALOGUE INTERACTIF DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SUR LA COOPÉRATION DANS LE DOMAINE DE L’EAU


Déclarations d’ouverture


M. VUK JEREMIĆ (Serbie), Président de la soixante-septième session de l’Assemblée générale, a rappelé que l’eau couvrait 70% de la surface de la Terre, en soulignant que cette « ressource » était indispensable à la vie de tous.  Il a précisé que le slogan choisi cette année pour marquer la Journée mondiale de l’eau, « L’eau, source de vie », souligne la nécessité pour l’ensemble de la planète de s’unir et de s’entendre sur la meilleure façon de renforcer la coopération en matière d’eau.  Il a fait observer que les sources en eau potable représentaient uniquement 4% des ressources hydriques de la planète et que des pressions croissantes sont exercées sur cette « ressource précieuse » en raison de la croissance démographique mondiale, du développement économique non durable et des changements climatiques.  En outre, la réalisation de l’ensemble des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), à commencer par l’élimination de la pauvreté, ne peut se faire sans eau propre, ni assainissement, a ajouté M. Jeremić.


Cette question doit être la plus urgente de nos priorités, car la date butoir de 2015 approche à grande vitesse, a insisté le Président de l’Assemblée générale qui a ensuite dit attacher beaucoup d’importance à l’évènement spécial sur le suivi des efforts consacrés à la réalisation des OMD, prévu en septembre prochain en marge du débat général de l’Assemblée générale.  M. Jeremić a également appelé le Groupe de travail chargé d’élaborer les objectifs de développement durable post-2015, à se pencher sur les dimensions sociale, économique et environnementale de l’eau.  Comme le rappelle le Document final de la Conférence Rio+20, l’eau est au cœur du développement durable, a-t-il souligné.  M. Jeremić a ensuite indiqué qu’un débat thématique sera organisé, le 16 mai, à l’Assemblée générale sur le thème « Le développement durable et les changements climatiques: des solutions concrètes sur le lien entre l’énergie et l’eau ». 


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a estimé que les débats de ce Dialogue de haut niveau contribueraient aux discussions de la Conférence internationale de haut niveau sur la coopération dans le domaine de l’eau, qui aura lieu, en août, au Tadjikistan, ainsi qu’au Sommet sur l’eau qui se déroulera, en Hongrie, en octobre prochain. 


« L’eau est la vie.  Elle est vitale pour le bien-être des citoyens et de la planète.  C’est également un élément clef du développement durable », a souligné M. Ban, en rappelant qu’aujourd’hui, une personne sur trois vit dans un pays où la pression hydrique est modérée et qu’en 2030, près de la moitié de la population mondiale pourrait être confrontée à une pénurie en eau.  « C’est la raison pour laquelle nous devons coopérer pour protéger cette ressource fragile », a-t-il ajouté.


Le système des Nations Unies, à travers le mécanisme d’ONU-Eau et ses 30 pays membres, renforce la coopération dans ce domaine, tant au niveau mondial qu’au niveau local, a précisé le Secrétaire général.  Il en est de même des partenariats du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui encourage la conclusion d’accords de partage de l’eau, comme par exemple, dans le bassin du Nil.


M. Ban a ensuite mis l’accent sur la nécessité de renforcer la coopération et l’innovation dans l’agriculture.  « Il faut réconcilier les exigences entre les besoins domestiques et industriels », a-t-il dit.  Son objectif « Défi Faim zéro », a-t-il indiqué, vise à promouvoir une agriculture pérenne, notamment par le partage des bonnes pratiques et d’une utilisation adéquate des ressources d’eau nécessaires.


Le Secrétaire général a regretté le peu de progrès enregistrés jusqu’ici en matière d’assainissement.  Tandis que nous sommes à moins de 1 000 jours de la date butoir pour l’achèvement des OMD, a-t-il fait remarquer, il est essentiel que la communauté internationale redouble d’efforts dans le domaine de l’eau et de l’assainissement.  Il a rappelé qu’hier, le Vice-Secrétaire général de l’ONU avait lancé un appel urgent à l’action dans le domaine de l’assainissement.  Environ 2,5 milliards de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès à des services d’assainissement de base.  « Cette situation a un coût humain –on compte 4 500 décès d’enfants par jour résultant de ce problème-, a-t-il précisé, ainsi qu’un coût en matière de productivité. »  « L’eau est notre ressource commune.  Utilisons-la de manière intelligente et gaspillons moins », a-t-il insisté avant de conclure.


M. OKIL GHAYBULLOYEVICH OKILOV, Premier Ministre du Tadjikistan, a fait observer que trop de gens manquaient d’accès à l’eau potable et que ce serait très coûteux d’assurer l’accès d’une population à des ressources hydriques.  Il a estimé qu’il faudrait des investissements s’élevant à « plusieurs dizaines de milliards de dollars » pour répondre à ce problème à l’échelle mondiale.  M. Okilov a également insisté sur l’importance de veiller à l’usage rationnel et à la gestion intégrée des ressources hydriques.  Il s’est dit encouragé de constater qu’un nombre croissant de pays accordent une attention à ces questions.  Cependant, dans de nombreux cas, les plans nationaux de gestion des ressources hydriques n’ont pas été coordonnés avec les pays voisins.  Ils n’ont pas non plus été intégrés à des stratégies régionales et demeurent, de ce fait, inefficaces.  C’est pourquoi, le Premier Ministre du Tadjikistan a appelé à l’élaboration de stratégies de coopération et à la création de partenariats, non seulement entre les États, mais également entre différents secteurs économiques et les usagers des ressources en eau.


M. Okilov a ensuite attiré l’attention sur la situation dramatique de la région d’Asie centrale où la dégradation de la mer d’Aral a provoqué une détérioration de la situation économique, sociale et environnementale.  Cette situation, a-t-il ajouté, s’est aggravée par les effets des changements climatiques, notamment la fonte des glaciers.  Le Premier Ministre a rappelé qu’au cours des cinq dernières années, le Tadjikistan avait mis en œuvre une douzaine de projets pour améliorer l’accès de la population à l’eau potable.  Il a par ailleurs fait observer que 90% des catastrophes naturelles de la planète étaient liées à l’eau et que d’ici à 2025, les pays développés consommeront 50% d’eau supplémentaires, et les pays en développement 18%.  En outre, selon les prévisions, 1,8 milliard de personnes vivront dans des pays confrontés à une pénurie totale des ressources en eau et deux tiers de la population mondiale connaîtra également des contraintes liées au manque de ressources hydriques.


Avant de conclure, M. Okilov a émis l’espoir que la Conférence internationale sur la coopération en matière d’eau, qui se tiendra à Dushanbe du 20 au 22 août prochain, sera l’occasion d’adopter une nouvelle approche et une stratégie pour renforcer la coopération dans ce domaine, en plaçant l’eau au centre des objectifs de développement durable.


Intervenant par vidéoconférence depuis La Haye, aux Pays-Bas, Mme IRINA BOKOVA, Directrice générale de l’UNESCO, a résumé les temps forts des débats intervenus dans la capitale néerlandaise à l’occasion de la célébration de cette Journée mondiale de l’eau.  Elle a noté que la contribution du secteur privé, en particulier les partenariats avec celui-ci, avait été largement soulignée.  « Le secteur public est au cœur de l’innovation et sa contribution dans ce domaine est importante », a-t-elle rappelé.  Elle a ensuite précisé que les liens entre l’eau et la lutte contre la pauvreté, ainsi que les liens entre l’eau et l’ensemble des Objectifs du Millénaire pour le développement durable, en particulier ceux ayant trait aux questions des femmes et de l’égalité entre les hommes et les femmes, avaient très souvent été mentionnés.  Le Forum de haut niveau, organisé à La Haye, a également mis l’accent sur la coopération dans le domaine de l’eau.  « Plus de 90% de la population mondiale vivent dans des bassins hydrographiques transfrontaliers, et c’est pourquoi, a-t-elle souligné, la coopération n’est plus un choix mais une nécessité. »


Toujours depuis La Haye, M. MICHEL JARRAUD, Coprésident d’ONU-Eau, a tenu à rappeler que la question de l’eau était essentielle au développement durable et qu’elle devait donc être intégrée de manière prioritaire dans l’Agenda pour le développement post-2015.  Les délégations peuvent compter sur l’ensemble du système des Nations Unies pour garantir que les résultats en la matière soient les meilleurs possibles, a-t-il assuré.


M. RASHID AHMED BIN FAHAD, Ministre de l’environnement des Émirats arabes unis, a rappelé que son pays était situé dans une région aride, marquée par l’absence des pluies, de cours d’eau importants et de nappes aquatiques suffisantes.  Cette situation géographique s’accompagne d’autres défis comme la croissance démographique, a-t-il fait observer.  Dans ce contexte, l’insuffisance des nappes d’eau ne permet pas de répondre aux besoins dans le domaine de l’agriculture et d’assurer pleinement la sécurité alimentaire de la population.  Il est essentiel, a-t-il souligné, de rationaliser la consommation en eau et d’utiliser des techniques modernes pour mieux répondre à ces besoins. 


Le Ministre a aussi réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la coopération internationale pour une gestion plus efficace des ressources en eau.  Il a rappelé que les Émirats arabes unis avaient accueilli, en 2008, le Forum mondial de l’eau, et organisent actuellement la tenue de la Conférence mondiale sur le dessalement, prévue en 2015.  La coopération internationale est cruciale pour assister les pays confrontés à des défis dans le domaine de l’eau, dont la majorité sont des pays en développement, qui ne disposent pas des moyens matériels et humains nécessaires pour assurer la gestion de cette ressource.  « La coopération n’est pas une option mais une nécessité », a-t-il dit, en prévenant que tout retard dans ce domaine aura un coût énorme, à la fois financier et humain.


« L’eau est un don précieux à la Terre nourricière, à l’humanité et à la nature », a déclaré d’emblée M. JOSÉ ZAMORA, Ministre de l’environnement et de l’eau de la Bolivie.  Il a dénoncé le fait qu’à l’heure actuelle, 884 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et que plus d’un milliard de personnes n’ont pas accès à des conditions d’hygiène de base.  Il a assuré que la Constitution de la Bolivie garantissait le droit à l’eau et que, grâce aux efforts de son gouvernement, l’accès à l’eau potable avait été étendu à plus d’un million de personnes au cours des six dernières années.  En 2012, le pays a réalisé l’Objectif du Millénaire consacré à l’accès à l’eau potable, s’est-il félicité, tout en reconnaissant qu’il restait cependant encore « beaucoup à faire » en matière d’assainissement.  La Bolivie s’est donc fixée pour objectif d’assurer un accès universel à des services d’assainissement de base d’ici à 2025.  Le Ministre a ensuite insisté sur l’importance de renforcer la coopération internationale en matière d’eau ainsi que la législation et les politiques publiques pertinentes.


Pour que l’eau soit un véritable bien public, a déclaré M. Zamora, il faudrait que cette ressource soit assurée au niveau local et mettre l’accent sur la gestion transparente des services responsables.  Outre le contrôle et la gestion de l’eau, le Ministre a engagé les États Membres à prendre en compte la « culture de l’eau » des différentes communautés et populations.  Il a estimé qu’il était important de promouvoir une solidarité et la coopération pour mieux gérer les ressources hydriques.  M. Zamora a également insisté sur la nécessité de privilégier la coopération communautaire et la participation sociale plutôt que le capital.  Si l’objectif était de garantir un développement durable, a-t-il fait observer, toutes les expériences en matière de privatisation de l’eau avaient échoué.  L’« exploitation capitaliste », a-t-il dit, n’est pas compatible avec une gestion durable des ressources en eau.  Dans le cadre d’une telle exploitation, les systèmes de coopération ne peuvent pas fonctionner car, au lieu d’assurer une bonne gestion de ces ressources, ils se limitent à les fournir.  Lorsque les investissements privés représentent plus d’importance que la vie des êtres humains, la population risque alors de sombrer dans la pauvreté, a-t-il affirmé. 


Le Ministre a cité en exemple son propre pays où les organismes financiers internationaux ont tenté, à une époque, de promouvoir la privatisation de l’eau.  Une telle expérience ne doit pas être renouvelée, a insisté M. Zamora, qui a par ailleurs mis en garde les États Membres contre toute tentative de promouvoir de nouveau la privatisation de l’eau en recourant à des traités de libre échange.  L’eau n’est pas un commerce mais un droit et c’est pourquoi, cette ressource ne doit pas être limitée qu’à un petit groupe de pays et de populations au détriment de tous les autres, a-t-il souligné.  « C’est la société et l’État, et non pas les marchés, qui pourront garantir le droit fondamental à l’eau », a-t-il rappelé en conclusion.


Mme MAMOUNATA BELEM/OUÉDRAOGO, Ministre de l’eau, des aménagements hydrauliques et de l’assainissement du Burkina Faso, a déclaré que le succès de l’Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau et de la Journée mondiale de l’eau dépendrait de l’implication et des engagements d’un grand nombre d’acteurs, en particulier les enfants, les jeunes, les femmes, les secteurs économiques, la société civile, les organisations internationales et les organismes de financement internationaux.  « C’est l’affaire de tous », a-t-elle souligné.  « Nous devons nous engager plus que jamais pour que la ressource que constitue l’eau fasse l’objet d’une gestion qui intègre les besoins des différents usagers et la disponibilité de la ressource dans un esprit d’équité et de durabilité », a-t-elle insisté.   


Au Burkina Faso, a précisé Mme Ouédraogo, la création de l’Agence de l’eau du bassin du Nakanbé, en 2007, a permis d’engager les acteurs de l’eau à une gestion concertée, intégrée, équilibrée et durable des ressources en eau du bassin.  L’Agence vise également à mieux satisfaire les besoins de tous les usagers de cette ressource.  Depuis toujours, l’eau est la cause d’innombrables conflits, qui peuvent surgir à tout moment, a fait remarquer la Ministre.  C’est pourquoi, il est essentiel que cette ressource fasse l’objet d’une gestion quantitative et qualitative « efficace, exigeante dans ses objectifs et pragmatique dans ses moyens ».  Elle a également souligné que le Burkina Faso avait toujours besoin du soutien de la communauté internationale, notamment pour progresser davantage vers une déconcentration des services de gestion de l’eau afin d’adopter une gestion plus dynamique par le biais d’une approche holistique qui établirait un équilibre avec les demandes concurrentes.


M. FEDERICO RAMOS DE ARMAS, Secrétaire d’État pour l’environnement de l’Espagne, a indiqué qu’en Afrique et en Asie, les femmes devaient parcourir, en moyenne, six kilomètres par jour pour pouvoir approvisionner leur famille en eau.  Il a également fait observer que le prix moyen payé par les habitants de certaines agglomérations pour s’approvisionner en eau était parfois 10 fois supérieur au prix payé par les habitants des grandes métropoles telles que Londres ou New York.  Se voulant néanmoins optimiste, il a estimé que la communauté internationale n’avait jamais disposé d’autant de données et de connaissances sur la gestion de l’eau pour lui permettre de répondre à ce problème.  Il a ensuite insisté sur l’importance que revêt la coopération internationale et a appelé l’ONU à jouer un rôle important en la matière.  Toute la population doit avoir un accès suffisant et universel à l’eau et à l’assainissement, a-t-il insisté.


M. Ramos de Armas a ensuite rappelé que son gouvernement avait créé, en 2008, le Fonds de coopération pour l’eau et l’assainissement, lequel avait contribué, depuis sa création, à la mise en œuvre de nombreux programmes en Amérique latine.  Il a également cité la tenue de la Conférence des directeurs ibéro-américains chargés de la gestion de l’eau qui avait permis d’établir un mécanisme de coopération en matière de gestion de l’eau, associant les secteurs public et privé.  Un programme de formation avait également été lancé en 2007.  M. Ramos de Armas a ensuite indiqué qu’une autre rencontre aura lieu, en septembre prochain au Portugal, pour définir les moyens de renforcer les capacités dans ce domaine.  L’Espagne, a-t-il rappelé, dispose d’une vaste expérience en matière de gestion en eau, notamment pour la désalinisation de l’eau de mer.  Pour qu’il y ait une croissance économique, il faudrait garantir l’accès universel à l’eau en toute sécurité, a-t-il estimé.


Table ronde: « Préparer le terrain – Difficultés, défis et possibilités en matière de coopération dans le domaine de l’eau »


Avant d’animer ce dialogue, M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, a expliqué que, lorsqu’il était Président de l’Assemblée générale, il avait l’habitude de lever le verre d’eau qui était déposé sur son pupitre pour rappeler que l’eau douce qu’il contenait était un luxe.  Aujourd’hui, 780 millions de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable et 2,5 milliards de personnes n’ont pas accès à des services d’assainissement de base, en particulier des latrines, a-t-il regretté.


M. ZAFAR ADEEL, Directeur du Réseau international pour l’eau, l’environnement et la santé de l’Université des Nations Unies, a expliqué que les travaux de ce Réseau établissaient un lien clair entre la sécurité hydrique et le développement durable, ainsi qu’avec la nutrition, la faim et la sécurité énergétique.  « Nous considérons qu’un excellent point de départ pour l’Agenda pour le développement post-2015 serait d’envisager la sécurité hydrique comme un objectif de développement durable », a-t-il dit.  Par ailleurs, ONU-Eau suggère que la sécurité hydrique soit inscrite à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté.  L’ONU, a-t-il estimé, devrait renforcer les capacités de ses organes et programmes en la matière, et appuyer les efforts des États en vue de parvenir à la sécurité hydrique.


M. BALÁZS MEDGYESY, Commissaire gouvernemental pour la Stratégie de l’Union européenne pour la région du Danube, a expliqué que le Danube était le bassin hydrographique international de la planète qui subit le plus l’impact négatif des changements climatiques.  Il a fait observer que la gestion de l’eau représentait un défi important.  C’est pourquoi, il faudrait établir des systèmes de planification fiables.  Il a ensuite expliqué que la Stratégie de l’Union européenne repose sur l’intensification des efforts bilatéraux et multilatéraux déployés pour renforcer la gestion des cours d’eau à l’échelle européenne.  Les États membres de l’Union européenne doivent notamment harmoniser leurs politiques nationales dans ce domaine, a-t-il indiqué.  M. Balázs a précisé que la Stratégie accordait une place centrale à l’innovation afin de rechercher une solution qui puisse répondre à toutes les pénuries possibles.  Il n’y a pas d’alternative à la coopération dans le domaine de l’eau et, c’est pourquoi, il est important d’encourager une bonne gouvernance des services chargés de cette ressource.


Mme USCHI EID, Vice-Présidente du Conseil consultatif du Secrétaire général des Nations Unies sur l’eau, a recommandé un examen plus approfondi des questions liées à l’eau, en tenant compte des interactions qui existent entre l’eau, l’alimentation et l’énergie.  Elle a fait remarquer que les demandes mondiales en ressources en eau continuaient d’augmenter.  « En 2030, si cette courbe ascendante se maintient, la planète sera privée de 40% des réserves en eau.  C’est pourquoi, il faudrait veiller à prendre des décisions en connaissance de cause », a-t-elle insisté.  « Nous ne pouvons pas ignorer l’incidence de nos politiques sur d’autres secteurs -  Il faut, dès maintenant, mettre un terme au gaspillage de cette ressource et de celle de l’alimentation », a-t-elle dit.  Pour y parvenir, il faudrait améliorer la cohérence des politiques, en particulier au sein des Nations Unies.  Elle a notamment suggéré la mise en place d’un système de coordination entre l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ONU-Eau et le Conseil consultatif du Secrétaire général sur l’eau.  Elle a aussi proposé l’établissement d’indices innovants qui permettraient notamment de comparer l’utilisation de l’eau pour la production énergétique avec celle de l’eau à d’autres fins.


Dialogue interactif


Au cours de cet échange de vues, une douzaine de délégations ont souligné la nécessité d’aborder les questions de l’eau de façon globale et de faire participer un grand nombre d’acteurs à l’élaboration des mesures qui seraient prises pour assurer une gestion efficace de cette ressource.  Il faudrait, ont-elles estimé, adopter une approche en faveur de la rationalisation et de la coopération.


« La gestion de l’eau doit être abordée aux niveaux local, national, régional et mondial, en y impliquant tous les acteurs, y compris le secteur privé et le monde académique », a insisté la représentante de l’Afrique du Sud.  La gestion efficace de l’eau pour que chacun puisse y avoir accès devrait, a-t-elle dit, constituer un des objectifs de développement durable.  L’Afrique du Sud est largement concernée par les questions liées à la gestion de l’eau, a-t-elle expliqué, car le pays doit veiller, au quotidien, à une bonne utilisation des ressources, en particulier par les différentes industries nationales, avec en tête le secteur minier.


La Finlande, qui s’exprimait au nom des pays nordiques, a mis l’accent sur le rôle des organisations non gouvernementales, ainsi que sur la contribution des groupes les plus vulnérables à l’élaboration du programme de développement post-2015.  Son représentant a rappelé que les femmes et les filles devraient absolument être prises en compte.  « Ce sont elles qui passent, chaque jour, de nombreuses heures à procurer de l’eau à leurs familles », a-t-il rappelé.  Son homologue de la Suisse a mis en évidence l’initiative de « La Paix Bleue » et sa notion de la « diplomatie de l’eau », qui encourage la gestion équitable de cette ressource.  C’est une question clef pour la région du Moyen-Orient et celle de l’Asie centrale, où le niveau de l’eau des grands fleuves a décliné de 50% entre 1960 et 2010.  « Est-ce que nous allons, à l’avenir, nous battre pour l’eau ou pour coopérer », a-t-il demandé. 


« Le droit à l’eau découle des droits de l’homme et du droit à une vie digne et saine », a insisté le représentant de l’Union européenne, en rappelant que 780 millions d’individus dans le monde n’ont toujours pas accès à l’eau potable.  « 60% de la surface de l’Union européenne étaient situés dans des bassins fluviaux transfrontaliers, comme le Danube ou le Rhin », a-t-il expliqué.  C’est dans ce contexte que l’Union européenne a lancé une initiative de coopération par laquelle les États membres ont pris des engagements très importants.


Le représentant de l’Ouzbékistan a ensuite exposé différents problèmes sociaux, démographiques et économiques provoqués par l’assèchement de la mer d’Aral, en Asie centrale.  Face à cette situation, son pays a dû prendre différentes mesures de gestion de l’eau.  Il a affirmé que la culture du coton, par exemple, n’occupait plus que 25% des cultures irriguées dans le pays.


« L’Inde doit nourrir environ 17% de la population mondiale avec seulement 4% des ressources en eau douce », a expliqué son représentant.  Dans ce contexte, il a plaidé pour l’établissement concerté d’un objectif de rationalisation de l’eau et qui serait fixé à 20%.  « La Chine ne dispose que de 9% des terres arables du monde mais entretient 21% de la population mondiale », a renchéri sa représentante, qui a aussi souligné l’importance d’une coopération internationale en matière de sécurité alimentaire.  Intervenant à son tour, l’Observateur de l’État de la Palestine a aussi mis l’accent sur la coopération.  Il a cependant fait remarquer qu’Israël utilisait le comité créé à cet effet pour renforcer son occupation et obtenir plus de 80% des eaux souterraines du territoire palestinien.


De son côté, le représentant de l’Allemagne a expliqué que son pays était un important bailleur de fonds bilatéral, avec près de 600 millions de dollars consacrés à des projets dans le domaine de l’eau.  Il a annoncé que l’Allemagne comptait introduire dans le cadre des travaux de la Troisième Commission -chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles- un projet de résolution sur l’assainissement visant à appuyer le mandat du rapporteur spécial sur cette question dans le cadre des objectifs pour l’après-2015.


Les représentants du Mexique et de Singapour se sont également exprimés au cours de ce dialogue.  Un responsable de l’ONG « Toilet Hackers » a réaffirmé, pour sa part, le rôle du secteur privé dans le bon fonctionnement des infrastructures d’assainissement.


Résumant cet échange de vues, la Vice-Présidente du Conseil consultatif du Secrétaire général sur l’eau a estimé, à l’instar de l’Afrique du Sud, que l’eau devrait être un objectif de développement unique et spécifique.  Elle a insisté sur les économies d’eau et le recyclage. 


Le Commissaire gouvernemental pour la Stratégie de l’Union européenne pour la région du Danube, a précisé que 11 domaines prioritaires avaient pu être établis dans le cas du Danube et que les 14 pays concernés pouvaient ainsi définir un agenda pour le développement et des stratégies transversales.


Le représentant du Réseau international pour l’eau, l’environnement et la santé de l’Université des Nations Uniesa, quant à lui, encouragé les délégations à consulter le site Internet d’ONU-Eau*, en particulier les notions concernant la sécurité hydrique. 


Clôturant ce dialogue interactif, le Vice-Secrétairegénéral de l’ONU a rappelé que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) contenaient des aspects transversaux.  « L’accélération des efforts en matière d’eau aura un effet sur l’ensemble des objectifs », a-t-il affirmé.


Table ronde 2: « Explorer les propositions, les stratégies et les solutions coopératives pour l’après-2015 »


« La coopération en matière de gestion des ressources en eau peut contribuer, indéniablement, à assurer à chacun l’accès à l’eau potable, a déclaré d’emblée la modératrice de cette deuxième table ronde.  La Directrice du Centre Asie et responsable scientifique à l’Institut de Stockholm pour l’environnement, Mme ANNETTE HUBER-LEE, a insisté sur une « véritable collaboration » entre gouvernements, secteur privé et société civile.  Elle a estimé qu’il faudrait apprendre à agir grâce à des réseaux, à partager les expériences et à échanger l’information, afin de mieux répondre aux défis qui se posent.


Mme KUSUM ATHUKORALA, Présidente de l’organisation NetWater, a estimé que les efforts à entreprendre dans le cadre de l’Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau devraient être axés sur la bonne gouvernance et le renforcement des capacités.  Pour garantir une justice sociale et plus d’équité en matière de gestion des ressources en eau, il faudrait, a-t-elle souligné, disposer de davantage de données sur l’eau, en particulier des statistiques ventilées par sexe.


Cette Année internationale exigera de nouvelles stratégies, a-t-elle estimé, en mettant l’accent sur le rôle des femmes et des jeunes sur ces questions.  Mme Athukorala a regretté cependant que les investissements qui encouragent la participation des jeunes et des femmes aux initiatives sur l’accès à l’eau restent insuffisants.  Elle a proposé qu’une journée spéciale, qui serait organisée entre la célébration de la Journée internationale de la femme, le 8 mars, et celle de la Journée mondiale de l’eau, le 22 mars, soit proclamée « Journée internationale de la femme et de l’eau ».


M. JEREMY BIRD, Directeur général de l’Institut international de gestion de l’eau, a appelé à l’élaboration d’un objectif de développement durable spécifique à l’eau et a engagé les États Membres à lutter contre la pénurie d’eau.  Il faudrait également mettre l’accent sur la dignité humaine, par le biais, notamment, de la construction de toilettes et autres installations sanitaires, a estimé le panéliste.  Ce dernier a aussi attiré l’attention sur l’importance de traiter les fosses sceptiques, en rappelant qu’en Inde, 80% de la pollution en surface était liée à des défaillances dans ce domaine.


Pour le panéliste, il convient de se pencher sur la question des déchets dans son ensemble et de ne pas se limiter à examiner la seule question de l’assainissement.  M. Bird a également parlé des revers que peuvent provoquer les changements climatiques sur les familles cherchant à s’extirper de la pauvreté.  Les gouvernements doivent prendre les mesures nécessaires pour combattre la dégradation de l’environnement et procéder à une collecte d’indicateurs « pratiques ».  Répondant à une question de la modératrice concernant les pertes d’écosystème qui risquent de se produire pendant l’irrigation des champs, M. Bird a indiqué que les méthodes traditionnelles utilisées par les populations autochtones en la matière étaient très utiles pour parvenir aux solutions concernant la question de l’eau.


Mme KARIN KRCHNAK, du Fonds mondial pour la nature (WWF-États-Unis), a estimé que la gestion des nappes aquifères devrait prendre en compte l’équilibre délicat qui existe entre les besoins à satisfaire et les écosystèmes à préserver.  Elle doit aussi prendre en compte les activités liées à ces ressources.  En matière de pêche, par exemple, elle a fait remarquer que des millions de personnes dans le monde dépendaient de cette activité pour survivre.  Elle a ensuite mis l’accent sur la création de partenariats visant à améliorer la gestion des ressources en eau douce.  Les ONG, les entreprises privées et les organismes gouvernementaux doivent joindre leurs efforts pour trouver une solution aux problèmes liés à la question de l’eau, a-t-elle insisté.  Ils doivent également, a-t-elle ajouté, établir des objectifs clairs pour assurer une gestion efficace des ressources en eau, et pour définir des indicateurs précis dans ce domaine. 


Pourquoi ne parvient-on pas à passer des paroles aux actes? a demandé la Directrice de l’eau à la Banque mondiale, Mme JULIA BUCKNALL.  Les États privilégient actuellement la politique de l’autruche et refusent de reconnaître que nous sommes en train de consommer notre épargne d’eau douce, a-t-elle regretté.  Elle a également noté que les personnes qui souffrent le plus du manque de services en eau peuvent difficilement se faire entendre.  La panéliste n’a pas caché son indignation devant le fait que dans certains villages en Inde, par exemple, des gens sont équipés d’iPads, alors qu’ils ne disposent pas des services d’assainissement de base.


Mme Bucknall a ensuite fait observer que les normes de sauvegardes actuelles avaient été établies en Europe du Nord à une époque où les ressources en eau étaient abondantes et où la population mondiale n’était que de deux milliards.  Elle a ainsi préconisé d’établir un seul indicateur qui pourrait s’appliquer partout dans le monde, que la région soit aride ou pluvieuse et que les autorités disposent de suffisamment d’équipements ou non.  L’indicateur unique souhaité par Mme Bucknall permettrait de déterminer combien de personnes vivent dans des régions de bassins surexploités et de s’assurer que l’eau tirée de ces bassins ne dépasse pas le niveau d’eau qui y est déversé.


M. JASON MORRISON, Directeur technique de l’initiative « CEO Water Mandate » du Pacte mondial, a assuré que les entreprises avaient pris conscience de la nécessité d’agir dans le domaine de la gestion de l’eau.  « L’eau fait partie des cinq principaux facteurs de risques matériels pour les entreprises », a-t-il précisé.  Le panéliste a expliqué qu’une entreprise qui utilise l’eau de manière très efficace et autonome dans le cadre de ses activités peut très bien opérer dans un bassin versant où la gestion des ressources n’est pas assurée de manière efficace.  Il a illustré son point de vue par le cas d’une entreprise sud-africaine qui utilisait, chaque jour, 18 millions de litres d’eau pour ses activités.  L’entreprise a constaté qu’en investissant dans les capacités de gestion du bassin versant où elle opérait, elle pouvait économiser l’eau et en utiliser deux fois moins qu’auparavant.


Dialogue interactif


L’échange de vues qui a suivi a été l’occasion pour les délégations d’insister sur la nécessité de faire figurer la question de l’eau au centre des politiques de développement à venir, mais également sur l’importance que revêt la coopération internationale en matière de gestion des ressources hydriques.  Plusieurs délégations ont par ailleurs attiré l’attention sur les différends entre États pouvant résulter de l’utilisation des ressources que renferment les bassins hydrographiques transfrontaliers.  La question de la sécurité humaine a également été soulevée à plusieurs reprises.


Le représentant de la Turquie a noté que les pressions exercées sur les bassins hydrographiques transfrontaliers avaient tendance à augmenter du fait des pénuries croissantes en eau douce.  Un dialogue sur les bassins hydrographiques transfrontaliers s’impose afin de faire de l’eau un facteur de coopération et de paix, a renchéri le représentant de la Slovénie, qui a estimé qu’une bonne gestion de l’eau avait un « potentiel immense » en matière de règlement de conflit.


En la matière, la Ministre de l’eau et de l’assainissement du Burkina Faso a cité en exemple l’opposition d’un « pays voisin » à la construction d’un barrage sur un fleuve transfrontalier, que réclamait pourtant la population burkiné.  La coopération multilatérale et bilatérale doit pouvoir jouer dans ce type de situation pour aider les pays à résoudre leurs différends, a estimé la Ministre.  Rappelant, de son côté, le détournement du cours des fleuves Tigre et Euphrate et l’impact que cela avait eu sur son pays, le représentant de l’Iraq a appelé à l’élaboration d’un cadre juridique international pour gérer les cours d’eau internationaux dont l’ampleur et le débit, a-t-il expliqué, peuvent être gravement affectés par la construction de barrages en amont.


« Ce qu’il nous faut, c’est une véritable diplomatie de l’eau », a commenté à son tour le représentant de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui a par ailleurs fait observer que la technologie occupait une place de choix dans toutes les initiatives liées à la bonne gestion de l’eau.


Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a misé sur l’adoption d’approches créatives.  L’éducation et le renforcement des capacités revêtent par ailleurs une importance notable si l’on souhaite répondre à l’ampleur des défis qui se posent, a-t-il ajouté.  Il faudrait, toutefois, encourager des changements de comportement culturel car l’éducation, à elle seule, ne suffit pas, a réagi la panéliste du Sri Lanka qui a fait observer que dans certains villages, les toilettes sont parfois utilisées comme grange à riz ou étable pour des chèvres.


À cet égard, une représentante de la société civile a appelé les États Membres à fixer la date butoir de 2030 pour assurer l’accès de tous à l’hygiène et à l’assainissement.  Ce sont ces deux questions qui auront le plus d’impact sur la vie des défavorisés, a-t-elle notamment fait observer.


À son tour, la représentante de la Géorgie a attiré l’attention sur la nécessité de mettre un terme à la mauvaise gestion des systèmes municipaux de gestion des déchets, tandis que son homologue de la Jordanie a insisté sur la nécessité d’optimiser les ressources hydriques en élaborant de bonnes politiques d’offre et de demande qui sachent tenir compte de l’incidence des ressources hydriques et alimentaires.


Le représentant du Brésil a mis en avant, de son côté, l’importance du partage des expériences alors que son homologue du Kirghizistan a appelé à l’adoption de mesures qui puissent bénéficier aux pays en développement et a estimé que l’énergie hydroélectrique avait le potentiel de résoudre les problèmes que connaît sa région.  La Directrice du Fonds mondial pour la nature a insisté, pour sa part, sur l’importance du cofinancement de projets de gestion en eau.


Si cela est vrai, il faut cependant convaincre, d’abord, des décideurs d’investir dans les bassins versants et dans les technologies propres et de mettre un terme aux investissements dans les projets pétroliers qui sont à l’origine de nombreux problèmes liés à la pollution des eaux, a fait remarquer la représentante de l’ONG Water Keeper Alliance.


S’inquiétant quant à lui de l’impact négatif des changements climatiques sur l’avenir de la côte ouest de l’Afrique, le représentant du Bénin a appelé les États Membres à investir dans la promotion et la construction d’habitats humains viables.


La notion de sécurité humaine semble emboiter le pas à celle de développement durable, a commenté le représentant du Maroc, qui s’est demandé s’il n’y a pas là un risque de porter un coup à la substance même des objectifs du développement durable.  Le Directeur général de l’Institut international de gestion de l’eau a estimé, pour sa part, que plusieurs aspects du développement durable prennent déjà en compte cette question de sécurité, en particulier la sécurité alimentaire.


Clôturant cet échange interactif, le Président de l’Assemblée générale, M. VUK JEREMIĆ, a souhaité que les consultations des États Membres sur l’eau permettent de définir un objectif de développement durable pour l’eau.  L’accès universel à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène doit, a-t-il insisté, être une priorité pour tous.  Il a évoqué le rôle que peuvent jouer les femmes et les populations autochtones en la matière.  M. Jeremić a également indiqué qu’il était nécessaire de renforcer les liens entre l’eau, l’agriculture et l’alimentation, avant d’appeler à une plus grande cohésion des politiques adoptées.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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