Au cours d’un dialogue interactif, États Membres et experts soulignent liens inextricables entre l’harmonie avec la nature et le développement durable
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Assemblée générale
Soixante-septième session
Dialogue interactif sur le thème
« Harmonie avec la nature »
Matin
AU COURS D’UN DIALOGUE INTERACTIF, ÉTATS MEMBRES ET EXPERTS SOULIGNENT LIENS INEXTRICABLES
ENTRE L’HARMONIE AVEC LA NATURE ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
À l’occasion de la Journée internationale de la Terre nourricière, l’Assemblée générale a organisé, ce matin, un dialogue interactif sur le thème « Harmonie avec la nature » entre experts et représentants d’États Membres, dont la Ministre de la coordination du patrimoine de l’Équateur, Mme María Belén Moncayo, et le Ministre de l’économie et des finances de la Bolivie, M. Luis Arce. Ce débat a mis en évidence la nécessité d’intégrer les mesures de protection de la nature dans les politiques économiques et sociales, dans le but de parvenir à un véritable développement durable comme les États s’y sont engagés lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 » qui s’est tenue au Brésil, en juin 2012.
En vertu du Document final de cette Conférence, l’Assemblée générale s’est vue confier la tâche de définir les objectifs de développement durable et de proposer les moyens permettant d’en financer la mise en œuvre, a rappelé le Président de la soixante-septième session de l’Assemblée générale, M. Vuk Jeremić, avant de citer les diverses initiatives qui contribueront à établir l’Agenda pour le développement au-delà de 2015.
À l’ouverture de cette réunion, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a invité à prendre pleinement conscience du défi mondial que posent leschangements climatiques sans chercher à se voiler la face. « Quand on menace la planète, on menace la survie de l’humanité », a-t-il prévenu. M. Ban a salué, à cet égard, les nombreux mouvements lancés dans le monde pour la protection de l’environnement, en évoquant le cas de l’Équateur, qui a été le premier pays à reconnaître, dans sa Constitution, les droits de la nature.
Notant que les propositions innovantes émanaient des pays du Sud, la Ministre équatorienne de la coordination du patrimoine a appelé à s’attaquer aux modes actuels de production et de consommation pour mieux préserver la nature. Elle a vanté les mérites du système équatorien de redistribution des ressources destiné à réduire les inégalités, ainsi que l’utilisation croissante de l’énergie électrique dans son pays.
Le Ministre de l’économie et des finances de la Bolivie, dont le pays est à l’origine de la proclamation de la Journée internationale de la Terre nourricière, célébrée le 22 avril, a affirmé que le système capitaliste perturbait gravement l’harmonie avec la nature et qu’il était urgent de jeter les fondations d’un système économique plus éthique.
C’est dans cet esprit que les experts et délégations participant au dialogue animé par M. Andrew Revkin, journaliste au New York Times, ont exploré les différentes approches économiques susceptibles de fonder la relation qui existe entre les hommes et la Terre sur des bases plus éthiques. « Le point de départ est de reconnaître que la nature doit être prise en compte dans les processus économiques et sociaux », a expliqué un professeur de l’Université autonome de Barcelone. Pour le professeur de St. Lawrence University (New York), la notion de seuil environnemental au-delà duquel la croissance économique génère davantage de difficultés que de richesses est fondamentale. Il a invité à préserver les modèles d’« économie morale » pratiquée par les peuples autochtones qu’il a étudiés en Alaska. Une autre experte, la Directrice exécutive du Centre de droit de la Terre, a tout simplement invité à une refonte du système économique actuel afin que la nature ne soit plus considérée comme une marchandise.
Certaines délégations d’États Membres ont tenu à présenter les mesures prises au niveau national pour contribuer à une économie durable. Ainsi, le représentant de l’Ouzbékistan a signalé la création, dans son pays, d’un Institut de l’énergie solaire, tandis que son homologue du Nicaragua a présenté un nouveau modèle de développement qui vise à reposer essentiellement sur les énergies renouvelables.
Le Bénin a lancé, avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), un projet intitulé « 9MAA » (9 millions d’arbres pour 9 millions d’habitants) qui vise à améliorer le cadre de vie des populations, a indiqué sa représentante. Son pays, a-t-elle précisé, s’appuie sur les forêts non seulement pour leur contribution économique, mais aussi pour leur caractère sacré et culturel, un élément très important du développement durable. La diversité naturelle et culturelle du monde, ainsi que la contribution de toutes les cultures et civilisations au développement durable, a d’ailleurs été reconnue par le Document final de Rio+20, a fait remarquer le représentant de Cuba, qui s’exprimait au nom de la Communauté des États de l’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC).
Cette discussion interactive a aussi été l’occasion pour M. Jeremić de rappeler que l’Assemblée générale tiendra, le 16 mai prochain, un débat thématique sur la convergence des défis hydriques et énergétiques et les solutions pratiques à y apporter.
DIALOGUE INTERACTIF SUR LE THÈME « HARMONIE AVEC LA NATURE »
Déclarations liminaires
« La raison a permis à l’humanité de comprendre la structure de l’atome, d’explorer les océans et de trouver les remèdes à des maladies. Nous devons aujourd’hui utiliser notre raison pour trouver le moyen de vivre en harmonie avec la nature et non pas de la dominer », a affirméM. VUK JEREMIĆ, Pr ésident de la soixante-septième session de l’Assemblée générale, à l’ouverture du dialogue de haut niveau, en citant l’ancienne Premier Ministre britannique, Margaret Thatcher, décédée il y a quelques jours.
Plaidant pour une approche intégrée du développement durable respectant les écosystèmes de la terre, M. Jeremić a rappelé qu’à l’issue de la Conférence Rio+20, l’Assemblée générale s’était vue confier la tâche de définir les objectifs de développement durable et de présenter les moyens d’en financer la mise en œuvre. Le Président de l’Assemblée générale a ensuite mentionné les diverses initiatives qui contribueront à la conceptualisation de l’Agenda pour le développement au-delà de 2015, dont la présentation du rapport du Groupe de haut niveau des personnalités éminentes en mai prochain: « Ce que nous ferons dans les 1 000 prochains jours façonnera de manière décisive le travail de l’ONU pour les décennies à venir », a-t-il affirmé, en ajoutant qu’il veillerait à assurer la complémentarité de ces initiatives. M. Jeremić a également rappelé que l’Assemblée générale tiendra, le 16 mai prochain, un débat thématique sur la convergence des défis hydriques et énergétiques et les solutions pratiques à y apporter.
« L’harmonie avec la nature est comparable à l’entente avec un ami. Nous ne pouvons pas en même temps bénir sa main droite et lui couper sa main gauche », a conclu le Président de l’Assemblée générale, en faisant siens les mots de l’écologiste américain Aldo Léopold.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré qu’il était très affecté par le sort des victimes du séisme survenu samedi dernier en Chine, en saluant leur courage et leur offrant l’aide des Nations Unies. La Journée de la Terre nourricière nous rappelle que la Terre soutient la vie, a-t-il dit. C’est pourquoi, nous devons faire face à la vérité, en reconnaissant que les changements climatiques sont un véritable défi à l’échelle mondiale, a-t-il dit. Le Secrétaire général a averti que le monde était en train de perdre de la biodiversité, en dénonçant l’appauvrissement des stocks de poissons en raison de certaines pratiques de la pêche commerciale, et de l’acidité de l’eau qui menace cette source d’aliments. Quand on menace la planète, on menace la survie de l’humanité, a-t-il prévenu.
Parallèlement, le Secrétaire général a apprécié que des mouvements soient lancés en faveur de la protection de la nature. Il a parlé du cas de l’Équateur dont la Constitution reconnaît le droit de la nature. Le développement durable est la priorité des Nations Unies car c’est le problème majeur que connait le monde, a-t-il expliqué. M. Ban a, enfin, appelé à respecter la terre et la mer. Le programme de développement durable doit soutenir la terre et la mer et je suis à vos côtés pour soutenir les efforts entrepris en ce sens, a-t-il assuré.
M. LUIS ARCE, Ministre de l’économie et des finances de l’État plurinational de Bolivie, a déclaré que la Journée de la terre nourricière était cruciale pour l’édification de sociétés en harmonie avec la nature. Il a affirmé que le système capitaliste perturbait gravement cette harmonie. C’est pourquoi, il est urgent, a-t-il souligné, de jeter les fondations d’un système économique plus éthique, qui viendrait promouvoir la relation entre l’homme et la nature.
« Le système capitaliste est un système où tout le monde n’a pas sa place, où il y a peu de gagnants et énormément de perdants, dont la terre nourricière », a-t-il estimé. Citant Karl Marx, le Ministre a pointé la contradiction qui existe entre l’accumulation potentiellement illimitée du capital et la capacité limitée de la terre et plaidé pour un modèle économique alternatif, comme celui qui a été mis en place en Bolivie depuis 2006.
Le Ministre a exhorté les pays qui ont pillé la nature à réparer le dommage fait. Les marchés internationaux sont définis sur la base d’une logique coloniale et capitaliste, a-t-il dénoncé. « Dans cette logique, les pays pauvres deviennent les gardes forestiers des pays riches », a-t-il affirmé. La définition d’un système économique alternatif, respectueux de l’harmonie avec la nature, est essentielle, a-t-il rappelé.
Mme MARÍA BELÉN MONCAYO, Ministre de la coordination du patrimoine de l’Équateur, a rappelé que son pays présentait la plus grande biodiversité au monde. Elle a rappelé que, lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 », le Président de l’Équateur, M. Rafael Correa, avait proposé une « déclaration des droits de la nature ». Le Document final de Rio+20 intitulé « L’avenir que nous voulons » n’a pas été l’expression de la volonté politique que nous voulions, a-t-elle cependant regretté. Elle a parlé de « rhétorique » et d’« arrogance » de la part de pays qui se sont industrialisés très tôt et qui ont toujours une dette historique à l’égard des populations. Les propositions innovantes viennent des pays du Sud, a-t-elle fait observer, avant d’appeler à s’attaquer aux modes actuels de production et de consommation.
Partageant l’expérience de l’Équateur, Mme Belén Moncayo a expliqué qu’un processus inédit d’audit public de la dette extérieure avait été mis en place. Ainsi, en 2006, pour chaque dollar investi dans le secteur social, 1,8 dollar était consacré au paiement de la dette. Cette volonté de changement, a-t-elle dit remarquer, a donné lieu à un bouleversement démocratique. Elle a expliqué que l’Équateur misait sur un nouveau dispositif financier international permettant un redressement stratégique qui bénéficie à tous et non à une partie seulement de la population. Elle s’est félicitée des ressources injectées grâce à des investissements publics, tout en étant consciente que les ressources publiques ne suffisent pas. L’énergie électrique provenant des ressources hydriques augmente, a-t-elle aussi indiqué.
L’Équateur a connu un taux de croissance de 7,8% en 2011 et a l’un des taux de chômage urbain les plus faible de la région. Il dispose aussi d’un système de redistribution destiné à réduire les inégalités, le tout basé sur les droits de l’homme et la non-discrimination. L’Équateur a donc fait un grand pas vers la justice sociale, a fait valoir la Ministre, en précisant que les inégalités en termes de revenus ont chuté de sept points depuis 2006. Mme Belén Moncayo a aussi parlé des politiques de l’emploi qui mettent en valeur les talents des personnes. La culture, quatrième pilier du développement durable, permet de retrouver nos identités, a-t-elle ajouté.
L’expérience équatorienne a eu une grande influence sur le Document final de Rio+20, qui a demandé d’adopter une démarche intégrée de développement durable permettant de rétablir l’état et l’intégrité de la terre, a souligné la Ministre, en rappelant que la Constitution de l’Équateur était la première à avoir consacré le droit de la nature. Ce texte reconnaît que la nature a notamment le droit d’être restaurée. La Ministre a ensuite indiqué que son pays travaillait avec des « pays frères » dans ce domaine. Mme Belén Moncayo a enfin parlé de l’Alliance mondiale pour les droits de la nature qui a obtenu 1,5 million de signatures en soutien à la proposition de l’Équateur d’élaborer une déclaration universelle des droits de la nature. Avant de conclure son intervention, la Ministre a proposé de créer un groupe de travail chargé d’élaborer cette déclaration.
Table ronde: Débat au sujet de différentes approches économiques, dans le but de fonder la relation entre les hommes et la Terre sur des bases plus éthiques
Exposé des experts
Animé par ANDREW C. REVKIN, journaliste des questions environnementales au New York Times, la table ronde a permis d’explorer les différentes approches économiques susceptibles de fonder la relation entre les hommes et la Terre sur des bases plus éthiques.
Premier intervenant à s’exprimer, Dr. IAN MASON, Directeur des Départements de droit et d’économie à la School of Economic Science à Londres, s’est lancé dans un vibrant plaidoyer pour une économie ayant la justice pour principe constitutif. Les relations entre l’homme et la nature doivent être régies par des lois éthiques, fondées sur l’équité, a-t-il affirmé, en critiquant dans le même temps la conception de la Terre dans nombre de manuels d’économie.
« La Terre ne peut être considérée comme du capital. Elle n’est pas une marchandise qui peut s’acheter et s’échanger à loisir », a déclaré M. Mason. Il a ensuite déploré que des intérêts privés puissent acheter des portions de la Terre, qui est, a-t-il rappelé, la source de vie pour tous les êtres vivants.
« Personne ne peut être propriétaire de la Terre sans devoir assumer des responsabilités particulières, dont celle de prendre soin de la Terre et de la transmettre en bon état », a-t-il poursuivi, en précisant que cette responsabilité incombait tant aux gouvernements qu’aux entreprises. M. Mason a conclu son intervention en indiquant qu’être propriétaire de la Terre était un privilège qui ne pouvait être que provisoire.
M. FANDER FALCONI, Professeur à l’Université autonome de Barcelone, a, pour sa part, souligné les relations entre l’économie et l’environnement qui permettraient de mieux comprendre les crises internationales et trouver ainsi les réponses à y apporter. Le point de départ est de reconnaitre que la nature doit être prise en compte dans les processus économiques et sociaux. Il y a des cycles naturels mais tout n’est pas recyclable, a-t-il fait remarquer, ce qui fait qu’il y a une perte d’énergie et une pollution irréversible sur le plan environnemental. Il est, dès lors, nécessaire d’imposer des limites biophysiques aux aspects démesurés de la croissance économique.
M. Falconi a aussi invité à examiner les comportements de la société, notamment dans les pays du Sud dont les écosystèmes présentent une certaine fragilité. Il faut aussi examiner différentes questions interconnectées, comme la croissance économique, la répartition de la richesse et les conséquences de cette répartition. Si la biosphère est un cadre physique limité, les pays du Sud qui ont besoin de renforcer leurs capacités de développement rencontrent des limites physiques, a-t-il fait observer. Il est nécessaire de faire du développement une question avant toute politique, a-t-il souligné, en renonçant aux mythes anciens. Les solutions doivent être recherchées, a-t-il suggéré, par les citoyens eux-mêmes. Si les êtres humains ont des droits, les autres espèces de la planète aussi, a-t-il estimé.
L’expert a ensuite parlé de l’expérience de l’Équateur. Dans ce pays où les droits de la nature sont reconnus, des politiques publiques ont été adoptées pour concrétiser ces droits. Il existe aussi des indicateurs pour assurer le suivi de ces politiques, comme la mesure de l’emprunte écologique des populations. M. Falconi a observé que l’explosion des prix des matières premières oblige les pays du Sud à mettre davantage l’accent sur ces matières. Cela les contraint aussi à développer des produits qui nécessitent davantage d’innovation. Il a également insisté sur l’importance de renforcer les capacités humaines. Il a aussi parlé de l’Initiative Yasuni en vertu de laquelle les ressources pétrolières se trouvant dans le parc naturel Yasuni ne sont pas exploitées en échange d’une responsabilité internationale partagée. L’expert a enfin invité à oser « penser la prospérité sans croissance », avant de proposer de créer un ordre international permettant d’adopter des accords commerciaux clairs. Il a aussi proposé d’élaborer des politiques publiques de distribution de la croissance.
À son tour, Dr. JON ROSALES, de la St. Lawrence University de New York, a tout d’abord noté une augmentation des troubles endocriniens en raison des quantités de toxines présentes dans l’environnement. « Il y a une relation organique entre nos corps et l’environnement », a-t-il affirmé, en ajoutant qu’une même relation organique existait entre l’économie et la nature. Il a insisté sur la notion de seuil, au-delà duquel la croissance économique génère davantage de difficultés que de richesses. Malheureusement, a-t-il déploré, plusieurs seuils environnementaux ont d’ores et déjà été dépassés.
Dans un second temps, l’expert a présenté les principales conclusions des études qu’il a menées auprès de peuples autochtones dans deux villages en Alaska. Louant leur relation symbiotique avec la nature, il a indiqué que les valeurs de partage et d’entraide étaient au cœur des économies de ces villages. « Ce type d’économie morale est menacée par l’affaiblissement de ces cultures autochtones », a-t-il poursuivi, en dénonçant l’avidité et la cupidité qui caractérisent, selon lui, le système économique actuel.
En conclusion, M. Rosales a invité les États à mettre en place un réseau d’échanges d’études sur les différents seuils environnementaux précités et à préserver les modèles d’« économie morale » pratiquée par les peuples autochtones.
Enfin, Mme LINDA SHEEHAN, Directrice exécutive du Centre de droit de la Terre, a indiqué que les dommages infligés à l’environnement étaient en réalité des dommages que nous faisions à nous-mêmes. Elle a invité à une refonte du système économique actuel afin que la nature ne soit plus considérée comme une marchandise. Il faudrait, a-t-elle insisté, ne plus se limiter au vocabulaire utilisé actuellement pour le développement, lequel, a-t-elle dit, bride la réflexion.
« Plutôt que de parler de développement durable, il faudrait parler de communautés durables afin de souligner l’aspect humain qui doit être au cœur de toutes nos politiques », a poursuivi l’experte. Mme Sheehan a également plaidé pour un changement de paradigme qui mettrait l’intérêt public avant l’intérêt privé, en regrettant vivement que le système actuel sépare les individus en fonction de leur niveau de richesse.
Développant la notion clef de droits pour parvenir à un tel changement, Mme Sheehan s’est félicitée que plusieurs pays, comme l’Équateur, reconnaissent des droits à la nature. « La reconnaissance de droits de la nature est cruciale pour corriger la relation erronée qui s’est instaurée entre l’être humain et la nature », a-t-elle affirmé, en citant comme exemples prometteurs les initiatives prises par la ville de Santa Monica, en Californie, dans les domaines du retraitement des eaux, du développement de modes de production alimentaire locaux et de l’aménagement des zones urbaines.
Dialogue interactif
Après ces quatre exposés, plusieurs délégations ont présenté des observations en guise de dialogue avec les experts. Elles ont souligné la nécessité de prendre en compte les droits de la nature dans le contexte du développement durable. Il a aussi été fait remarquer que la Conférence Rio+20 avait fourni les instruments nécessaires pour parvenir à une harmonie avec la nature. Certains ont tenu à présenter les mesures prises au niveau national pour contribuer à un mode de vie durable, notamment par le développement de modes de production d’énergie renouvelable.
Le représentant de Cuba, au nom de la Communauté des États de l’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a rappelé que lors de la première réunion des Ministres de l’environnement de la CELAC, organisée à Quito (Équateur) en février 2012, il avait été affirmé qu’il faudrait, pour parvenir au développement durable, tenir compte de façon interdépendante du droit des peuples et des États au développement. Il a souligné notamment la nécessité de prendre en compte les droits de la nature et ceux des peuples autochtones. Un grand pas a été franchi lors de la Conférence Rio+20, avec la reconnaissance de l’expression « Terre nourricière » et de l’importance des droits de la nature dans le contexte du développement durable, a-t-il estimé. Le Document final de Rio+20 reconnaît aussi, s’est-il réjoui, la diversité naturelle et culturelle du monde, ainsi que la contribution de toutes les cultures et civilisations au développement durable.
La délégation de l’Union européenne a reconnu la relation qui existe entre le développement durable et l’harmonie avec la nature, telle qu’elle figure dans les directives de l’Union européenne et dans ses traités. Il a estimé que l’engagement de l’Union européenne en la matière ne faisait plus aucun doute. Relevant qu’on ne peut pas continuer à utiliser les ressources naturelles et les écosystèmes sans en supporter les conséquences, il a proposé de leur donner une valeur économique, afin de les intégrer dans les économies. Il faut poursuivre la discussion en se fondant sur des arguments scientifiques solides et non sur des idéologies, a-t-il aussi demandé.
Le représentant du Brésil a souligné l’importance de la contribution de la société civile et du monde académique à ce débat. Les êtres humains ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature, a-t-il rappelé, tout en soulignant que nous sommes encore loin d’atteindre les objectifs fixés par la communauté internationale il y a 20 ans ». Il a fait remarquer que l’impact des crises mondiales se fait particulièrement ressentir chez les pauvres et que le développement durable est donc la clef du redressement. « Rio+20 », a-t-il dit, nous a dotés des instruments nécessaires pour parvenir à une harmonie avec la nature. Cette Conférence a reconnu la nécessité de prendre des mesures plus appropriées afin de trouver des solutions favorables à la population. Le transfert et l’utilisation de la technologie sont la clef d’une production économique plus durable, a-t-il ajouté, avant de souligner également l’importance de la coopération dans ce domaine.
Le représentant de l’Ouzbékistan a parlé des initiatives lancées dans son pays pour garantir un développement économique respectueux de l’environnement. L’Ouzbékistan utilise les hydrocarbures tout en mettant l’accent sur les énergies alternatives, a-t-il dit, en mentionnant la création d’un Institut de l’énergie solaire. Cette année, l’Ouzbékistan organise, en outre, une conférence internationale sur les perspectives de l’énergie renouvelable.
De son côté, la représentante du Bénin a rendu hommage à la Terre et à son lien sacré avec les êtres humains. Elle a ensuite dénoncé la destruction du milieu naturel qui a été favorisée par l’industrialisation à outrance. Au Bénin, a-t-elle précisé, on a coutume de dire que « la terre ne ment jamais ». Elle continue d’être nourricière à la faveur de pratiques ancestrales qui assurent sa régénération constante. C’est pourquoi, elle a souligné l’importance de la préservation des forêts sacrées qui sont une richesse culturelle exceptionnelle et fondamentale pour l’identité des populations, en dehors du fait qu’elles constituent aussi des cadres de préservation de la biodiversité. Elle a également souligné l’importance des cérémonies et rituels pratiqués dans ces forêts, notamment pour conjurer les anomalies climatiques. Ces forêts sont donc des sortes de temples protégées contre les prédateurs en tout genre. Le Bénin a lancé, avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), un projet intitulé « 9MAA » (9 millions d’arbres pour 9 millions d’habitants) qui vise à améliorer le cadre de vie des populations dans toutes les communes.
« Notre terre nourricière est en danger », a constaté la représentante du Nicaragua qui a insisté sur la nécessité de s’acquitter des engagements pris pour agir dans ce domaine, notamment en modifiant les modes de production et de consommation. Il faut promouvoir l’inclusion sociale et le bien-être des êtres humains, pour parvenir à un « mode de vie durable mondialisé », a-t-elle estimé. La représentante a ainsi lancé un appel en faveur d’une déontologie à l’échelle planétaire. Dans cette optique, le Nicaragua a mis en œuvre un nouveau modèle de développement, avec un système énergétique qui dépend actuellement à 50% des énergies renouvelables. « La terre peut vivre sans nous alors que nous ne pouvons pas vivre sans elle », a-t-elle rappelé en conclusion.
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