Commission de la femme: les États demandent des statistiques pour avoir « un état des lieux précis » de la situation de la femme et prendre des décisions informées
Aujourd’hui à la Commission de la condition de la femme, les États et les experts ont unanimement souligné l’importance des statistiques ventilées par sexe pour faire un état des lieux précis de la situation de la femme et prendre des décisions informées pour les résultats escomptés dans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing.
La Commission a tenu une table ronde sur le thème: « Collecte de données et suivi des résultats: statistiques et indicateurs ventilés par sexe », avant de poursuivre son débat général et d’entendre des ONG se plaindre de leur mise à l’écart.
Pour saisir les besoins réels en matière d’égalité entre les sexes et d’autonomisation des femmes et s’attaquer, par exemple, à l’écart salarial, à la faible participation des femmes à la vie publique ou à la violence dont elles sont victimes, il faut des statistiques, a souligné la Secrétaire exécutive de l’Institut national pour les femmes du Mexique qui a présenté ces statistiques comme « un outil indispensable » pour définir les politiques publiques, faire un état des lieux précis de la situation et de prendre des décisions informées pour aboutir aux changements et résultats escomptés.
La qualité des données est tout aussi importante que leur quantité, a commenté la représentante de la Division des statistiques de l’ONU. Pour pouvoir produire des statistiques intéressantes et utiles, il faut se demander « pourquoi mesurons-nous »? a ajouté l’expert sud-africain. Le fait que la collecte et la diffusion des données ventilées par sexe prennent de l’ampleur a été salué mais dans de nombreux pays en développement, les bureaux des statistiques ont besoin de plus de moyens financiers et humains.
L’aide à ces pays fait justement partie des initiatives de la Banque mondiale, a expliqué la Statisticienne d’une institution qui travaille dans les 15 pays les plus pauvres du monde. De nombreuses délégations dont celles de la République centrafricaine, du Benin, du Zimbabwe, du Tchad, du Guyana et de la Mongolie ont d’ailleurs sollicité l’appui de la Banque mondiale pour améliorer leurs statistiques nationales, d’autant que, pour la représentante de l’Italie, le défi pour le succès du programme de développement post-2015 sera d’avoir des données pertinentes pour tous les objectifs.
La prise en compte dans les statistiques des groupes les plus vulnérables a été défendue à plusieurs reprises, entre autres par la représentante de Samoa, elle-même non voyante. La porte-parole de la Commission internationale des gays et des lesbiennes a dénoncé l’exclusion des homosexuels, des bisexuels et des transgenres des statistiques. « La faculté d’assumer son orientation sexuelle est directement liée au bien-être. Elle doit donc être prise en compte dans les politiques d’autonomisation des femmes », a-t-elle fait valoir, réclamant des données ventilées par orientation sexuelle, avec le soutien de la représentante des États-Unis. La collecte de données ventilées par âge et par zone géographique a été encouragée par le représentant d’Onusida.
Chaque pays doit avoir la latitude de développer des indicateurs qui soient basés sur les particularités de sa société, a argué son homologue de l’Iran. Il ne faut pas oublier que « les statistiques » ne sont pas seulement que des taux et des chiffres, et que derrière elles, se cachent des visages et de la souffrance, a ajouté la représentante de la Côte d’Ivoire.
De nombreuses ONG ont reproché à la Commission de la condition de la femme de les avoir exclues du processus de négociations de la Déclaration politique qu’elle a adopté en début de session et qui ne mentionne pas, au grand regret de la représentante de « Fundacion para estudio investigacion de la Mujer », la diversité et la multiplicité des droits de la femme, s’agissant en particulier de la santé sexuelle, du droit à l’éducation sexuelle et de la discrimination fondée sur la race et sur la religion. La représentante de la Coalition des femmes adolescentes a dénoncé le temps de parole extrêmement court que la Commission accorde à ces organisations.
La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, mercredi 18 mars, à partir de 10 heures.
SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »
Table ronde sur le thème « Collecte de données et suivi des résultats: statistiques et indicateurs ventilés par sexe »
La table ronde, qui était présidée par la Vice-Présidente de la Commission, Mme CHRISTINE LOEW, de la Suisse, et animée par Mme MARCELA ETERNOD ARAMBURU, Secrétaire exécutive de l’Institut national pour les femmes du Mexique, avait pour vocation de mettre en exergue l’importance des données statistiques pour faire une analyse précise de la situation des femmes dans chaque pays, région et dans le monde.
Comme l’a souligné la Secrétaire exécutive de l’Institut national pour les femmes du Mexique, les statistiques sont un outil indispensable pour définir les politiques publiques. Elles permettent de faire un état des lieux précis de la situation et de prendre des décisions informées pour aboutir aux changements et résultats escomptés. Les données statistiques ventilées par sexe sont nécessaires à l’évaluation de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing. Il faudra donc renforcer les capacités statistiques des États et des bureaux régionaux pour un programme de développement pour l’après-2015 soucieux de l’égalité entre les sexes.
Avec la Commission de statistiques des Nations Unies, les États ont compilé un certain nombre d’indicateurs généraux sur la santé et l’éducation des femmes, et des indicateurs spécifiques comme ceux sur la violence faite aux femmes, a reconnu Mme Arámburu qui a elle-même beaucoup travaillé sur les mécanismes statistiques régionaux et au sein de cette Commission. Mais il faut aller plus loin, a-t-elle prévenu. Plus nous progressons, plus nous aurons besoin de données fiables. Or la capacité des pays diffère. Il est indispensable d’établir des priorités dans les données à collecter. Mme Arámburu a cité les données statistiques sur le travail non rémunéré des femmes; sur les groupes de femmes les plus touchés par la pauvreté, sur la participation des femmes au secteur public et sur la violence faite aux femmes, dont les filles, les femmes autochtones, les femmes handicapées et au sein de la famille.
Comme ces données n’ont pas été produites de manière systématique, régulière et fiable, la Secrétaire exécutive a réclamé une approche « systématique » devant une situation où l’on manque même de données élémentaires ventilées par sexe ou par zone géographique. Maintenant que nous fermons le cycle des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) pour passer au programme de développement pour l’après-2015 », il faut être vigilant et exiger la prise en compte de l’autonomisation des femmes et l’égalité entre les genres au-delà de 2015. « Il faut des preuves empiriques pour assurer l’avenir des milliers et de millions de femmes », a-t-elle conclu avant de passer la parole aux panelistes.
Mme KEIKO OSAKI-TOMITA, Division des statistiques de l’ONU, a parlé du Groupe d’experts des Nations Unies et de l’extérieur chargé des statistiques ventilées par sexe (IAEG-GS) qui organise le Forum mondial de la parité et de la statistique et qui a publié la « Classification internationale des activités à prendre en compte dans les statistiques du budget-temps » une étude montrant la manière dont les hommes et les femmes utilisent leur temps.
L’IAEG-GS a retenu 52 indicateurs de base, regroupés en cinq domaines spécifiques: les structures économiques, la participation aux activités productives et l’accès aux ressources; l’éducation; la santé et les services y relatifs; la vie publique et la prise de décisions; et les droits de la femme et de la fille. Cette méthodologie est devenue la référence internationale pour toute étude sous-tendue par l’approche genre. L’IAEG-GS compte présenter, en octobre prochain, les résultats de la sixième étude sur le genre et l’entrepreneuriat. La collecte et la diffusion des données ventilées par sexe prennent de l’ampleur, a estimé Mme Osaki-Tomita, invoquant le fait que 150 pays dans le monde s’y emploient. Elle a aussi reconnu que les bureaux des statistiques des pays en développement ont besoin de plus de moyens financiers et humains.
Mme NGUYEN THI VIET NGA, Statisticienne au Bureau national des statistiques du Viet Nam, a présenté les résultats d’une étude menée en 2010 sur la violence faite aux femmes au Viet Nam, en adoptant la méthodologie que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) préconise et en tenant compte des 52 indicateurs. Les conclusions ont permis de voir que globalement, 32% de femmes ont expérimenté une forme quelconque de violence de la part de leur mari et de se faire une idée des différents types de violence: violence physique, violence sexuelle, violence psychologique et violence émotionnelle, lesquelles ont toutes une incidence sur la santé des femmes, a souligné l’experte. Dans le même temps, 10% des femmes interrogées ont avoué que la violence ne venait pas de leur époux, mais d’un autre homme, généralement un père ou un frère. L’étude était confidentielle et les victimes ont eu la possibilité de se faire soigner; le lieu de l’entretien étant en dehors du domicile familial.
« Que mesurons nous et où voulons-nous mesurer? » a demandé M. PALI LEHOHLA, Statisticien sud-africain. Quelles sont les innovations dans le domaine de l’égalité entre les sexes? Qui profitent de l’oppression? Quels sont les facteurs de l’oppression? Qui sont les opprimés? Si ce sont les femmes, que faisons-nous pour évaluer cette réalité? Les « bénéficiaires » de l’oppression des femmes sont les hommes et les facteurs de cette oppression sont « les systèmes patriarcaux et le mécanisme mondial du capital », a répondu le Statisticien qui faisant appel à sa science, a souligné que l’éducation montre de « grandes disparités » entre les sexes et entre les races. Il en va de même pour l’emploi et pour la santé. Quelque 43% des femmes s’occupent seules de leurs enfants, alors même que plus de 60% d’hommes affirment être mariés. L’écart homme-femme dans les responsabilités parentales est « énorme ». Ces quelques exemples, a dit le statisticien, illustrent la théorie qu’il faut avant tout réfléchir à la manière de changer ce paradigme et se poser en amont la question de savoir « pourquoi mesurons-nous », pour pouvoir produire des statistiques intéressantes et utiles.
Mme MASAKO HIRAGA, Statisticienne et Économiste à la Banque mondiale, a estimé qu’en cette année charnière d’élaboration du futur programme de développement pour les 15 prochaines années, les statistiques revêtent une importance « capitale ». Étant donné que l’égalité entre les sexes revient dans tous les débats, il est légitime que les statistiques et les données ventilées par sexe soient mises à contribution. La Banque mondiale a appuyé les statistiques dans de nombreux pays, notamment les 15 pays les plus pauvres du monde. En Éthiopie, la Banque soutient la première enquête statistique fondée sur l’approche sexospécifique. En partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation internationale du Travail (OIT), la Banque mènera une enquête pour évaluer, toujours selon l’approche sexospécifique, le travail et l’emploi dans le monde rural. Mettant l’accent sur l’importance des nouvelles technologies pour les statistiques, Mme Hiraga a parlé de l’utilisation des images satellites pour mesurer le niveau d’éclairage du Sénégal et établir ainsi précisément les besoins en électrification du pays. Pour revenir à l’égalité entre les sexes, elle a souligné que la qualité des données ventilées par sexe est tout aussi importante que leur quantité.
Il ne faut pas oublier que « les statistiques » ne sont jamais que des taux et des chiffres, et que derrière eux, se cachent des visages et de la souffrance, a rappelé la représentante de la Côte d’Ivoire. Les statistiques doivent être les outils de la compréhension des problèmes, de leurs corrélations et des actions à prendre pour les dépasser, a renchéri son homologue de la Suisse. Le défi pour l’après-2015 est d’avoir des données pertinentes pour tous les objectifs, a ajouté la représentante de l’Italie, avant que son homologue de la Finlande n’appelle la communauté à se pencher sur la question des indicateurs sans lesquels, aucune statistique ne serait utilisable. La représentante de la Suisse a suggéré un nouvel indicateur sur les conséquences sexospécifiques du divorce, alors que celle de l’Union européenne a rappelé que deux nouveaux indicateurs viennent d’être introduits pour mesurer l’écart entre les pensions de retraite et les revenus, en général.
Comment mesurer la violence faite aux femmes? Comment faire avancer la discussion sur cette question d’un point de vue statistique? S’il s’agit de travailler autant sur la quantité que sur la qualité des données, comme l’a dit la représentante du Gabon, il faut aussi savoir, a mis en garde la représentante du Bureau national des statistiques du Viet Nam, que ces questions ont une dimension « éthique » puisqu’on ne peut diffuser des données brutes au risque de violer l’anonymat des personnes interrogées, sans compter l’importance qu’il y a à distinguer violence physique, violence sexuelle, violence psychologique, violence émotionnelle et les cibles. En la matière, a relevé la représentante de l’Union européenne, les données des systèmes judiciaires ne suffisent pas parce que la plupart des victimes de la violence ne portent pas plainte.
La prise en compte dans les statistiques des groupes les plus vulnérables a été défendue à plusieurs reprises. Non voyante, la représentante de Samoa a plaidé la cause des femmes handicapées, alors que la porte-parole de la Commission internationale des gays et lesbiennes a dénoncé l’exclusion des homosexuels, des bisexuels et des transgenres des statistiques. « La faculté d’assumer son orientation sexuelle est directement liée au bien-être. Elle doit être prise en compte dans les politiques d’autonomisation des femmes », a-t-elle fait valoir, réclamant des données ventilées sur la base de l’orientation sexuelle. Pour pouvoir tenir compte des besoins spécifiques des femmes en fonction de leur orientation sexuelle, de leur éventuel handicap et de leur âge, il faut des données diversement ventilées, a renchéri la représentante des États-Unis. Chaque pays doit avoir la latitude de développer des indicateurs qui soient basés sur les particularités de sa société, a argué son homologue de l’Iran.
De nombreuses délégations dont celles de la République centrafricaine, du Benin, du Zimbabwe, du Tchad, du Guyana et de la Mongolie ont demandé à bénéficier de l’appui de la Banque mondiale pour améliorer leurs statistiques nationales. La volonté politique est alimentée par des données et pour cela, il faut les prémices d’une infrastructure de recherche efficace, a plaidé le Statisticien sud-africain. Les statistiques doivent être publiques et mises gratuitement à la disposition de la société civile, a plaidé, à son tour, la représentante de la Finlande.
Débat général
Mme MARIE-AURORE MARIE-JOYCE PERRAUD, Ministre de l’égalité des genres, du développement des enfants et du bien-être familial (Maurice), a indiqué qu’à Maurice, ces 20 dernières années ont permis de lutter contre les inégalités dans les domaines social, économique et politique. L’approche genre a été institutionnalisée dans le secteur public, en vertu d’une loi de 2008 qui a conduit à la formulation de politiques sectorielles du genre dans les Ministères. S’agissant de la violence contre les femmes, la Ministre a parlé d’un ensemble de mesures prises par le Gouvernement mauricien, y compris la mise en place d’un Comité sur la coalition nationale contre la violence domestique, placée sous la direction du Premier Ministre en personne. Elle a en outre relevé que malgré cette volonté politique, les défis persistent en matière d’autonomisation des femmes, notamment la féminisation de la pauvreté du fait du chômage; la sous-représentation des femmes au Parlement et autres instances de prise de décisions; et le patriarcat qui reste ancré dans la société. Elle a aussi déploré le manque de moyens pour faire face aux inégalités entre les sexes et la perte d’engouement des mouvements féministes.
Mme LEMINA MINT EL GHOTOB OULD MOMA, Ministre des affaires sociales, des enfants et de la famille de la Mauritanie, a affirmé que son gouvernement lutte contre toutes les formes de violence faite aux femmes. Elle a rappelé que son pays a ratifié toutes les Conventions internationales des droits de la femme, tout en respectant les préceptes de l’Islam. Elle a cité quelques progrès, notamment dans le domaine de la participation où on peut voir que 9 femmes sont ministres, 33, membres du Parlement et 6, maires. La Ministre a appelé au renforcement des capacités des femmes engagées en politique.
Mme ONITIANA REALY Ministre de la population, de la protection sociale et de la promotion de la femme de Madagascar, a déclaré que cette session coïncide malheureusement avec un contexte plus ou moins complexe où des régions malgaches font face aux effets des changements climatiques, où des femmes perdent leurs avoirs, voire leur vie, où des femmes et filles deviennent d’un jour à l’autre des sans-abris, où des milliers de filles risquent de perdre une année scolaire à cause des conséquences malheureuses des inondations. « Nous sollicitons vivement une coopération plus efficace avec tous nos partenaires pour que les effets induits des catastrophes naturelles auxquels nous faisons face n’affectent pas nos acquis relatifs à l’égalité entre hommes et femmes et à l’autonomisation des femmes », a demandé la Ministre. « Je reconnais que la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing n’a pas été pleine. Elle nécessite des actions intensifiées et cohérentes. Comme il est question du respect des droits des femmes, voilà ce que mon département est prêt à faire dans les prochains mois: concevoir une loi-cadre pour l’égalité femmes-hommes. Cette loi cadre obligera tous les ministères et les collectivités décentralisées à avoir une approche intégrée de l’égalité femmes-hommes dans leurs politiques et dans l’ensemble de leurs actions. » « Personnellement, je m’engage à mettre en place un processus qui aboutira à un consensus national afin de garantir la mise en application de cette loi-cadre pour l’égalité femmes-hommes. Elle sera construite en concertation avec tous les acteurs nationaux et internationaux », a déclaré la Ministre.
Mme EUGÉNIE YARAFA, Ministre des affaires sociales, de la promotion du genre et de l’action humanitaire de la Centrafrique, a déclaré que depuis 1996, soit un an seulement après la Conférence internationale de Beijing sur les femmes, la République centrafricaine est plongée dans une série de crises militaro-politiques. C’est dans ce contexte de crise permanente que la Déclaration et le Programme d’action de Beijing ainsi que les Objectifs du Millénaire pour le développement ont été mis en œuvre. En dépit de cette situation critique, beaucoup d’initiatives ont été prises et des avancées notables ont été enregistrées et méritent d’être consolidées, a ajouté la Ministre qui les a ensuite énuméré, notamment, l’adoption par le Gouvernement en 2013 d’un Plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité. Face à la crise qui perdure dans le pays, le Gouvernement a retenu diverses solutions dans sa feuille de route qui définit les actions prioritaires à mettre en œuvre pendant la transition. Les questions de genre et de développement y sont intégrées, a indiqué la Ministre pour laquelle « cette volonté politique ne peut être effective que si la sécurité et la paix sont rétablies et les ressources nécessaires à la mise en œuvre des programmes et projets en faveur des femmes mobilisées ». L’apport substantiel de la communauté internationale s’avère « indispensable », a-t-elle insisté.
Mme MARIE-FRANCOISE DIKOUMBA, Ministre déléguée chargée de la prévoyance sociale (Gabon), a affirmé que 20 ans après la Déclaration de Beijing, les progrès en faveur de la promotion de l’équité et l’égalité entre les hommes et les femmes se sont matérialisés par divers actions dans la reconnaissance de nombreux droits. Après en avoir cité quelques-unes, la Ministre a souligné que de manière générale, son pays s’attelle à la mise en œuvre des politiques visant à assurer non seulement l’autonomisation des femmes, mais avant tout, leurs droits à une vie digne et à l’abri des précarités.
Elle a réitéré l’adhésion de son pays à la « Déclaration d’Addis-Abeba pour l’accélération de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing pour des changements porteurs de transformation en faveur des femmes et des filles en Afrique ». C’est dans ce contexte, a-t-elle indiqué, que son Président a demandé la mise en œuvre immédiate de la Stratégie nationale d’investissement humain qui a pour objectif principal la lutte contre la pauvreté, les inégalités et l’exclusion sociale.
Mme MONICA MUTSVANGWA, Vice-Ministre de l’information, des médias et des services de diffusion du Zimbabwe, a affirmé à son tour que depuis le Programme d’action de Beijing, des progrès « remarquables » ont été enregistrés dans son pays. Le Gouvernement a adopté plusieurs mesures législatives, politiques et administratives pour faciliter la mise en œuvre des 12 domaines critiques du Programme. Ces mesures ont été renforcées par la nouvelle Constitution de 2013 qui contient des dispositions pour la promotion de l’égalité de entre les sexes et l’autonomisation des femmes et par la « Feuille de route pour une transformation socioéconomique durable 2013-2018, ZIMASSET » qui reconnaît clairement la centralité de la perspective genre pour réaliser l’agenda du développement du pays.
La Vice-Ministre a donné des exemples dans les domaines de la lutte contre la pauvreté; de l’économie, dont l’attribution aux femmes d’un quota de 20% dans le programme de réforme agraire; de l’éducation; de la santé et de la lutte contre la violence faite aux femmes. Elle a poursuivi sur les progrès en matière de participation à la vie publique qui montrent que les femmes ont atteint le taux de 34% au Parlement et sur la protection des filles et les mécanismes institutionnels.
M. IBRAHIM O. DABBASHI (Libye) a déclaré que malgré la situation difficile en Libye causée par la prolifération des armes et les combats, le Gouvernement reste déterminé à tenir ses engagements en vertu du Programme d’action de Beijing. Quel est le rôle des femmes libyennes dans les événements des quatre dernières années? Elles participent activement, a répondu le représentant, à la poursuite des objectifs de la révolution de 2011, notamment dans le domaine des droits de l’homme, et ce, malgré les tentatives des groupes extrémistes qui veulent les en empêcher. Les femmes ont fait l’objet de menaces de la part des milices de Kadhafi en 2011 et maintenant, de la part des milices armées qui profitent de l’insécurité, laquelle a fait augmenter le nombre des actes criminels, y compris contre les femmes. En 2014, des activistes politiques des deux sexes ont été menacés. Certains ont été contraints de fuir par crainte pour leur vie et leur famille.
Le conflit armé a conduit à l’arrêt des exportations pétrolières alors que c’est une source de revenus, entre autres pour faire avancer la cause des femmes. « J’aurais voulu vous présenter des statistiques mais la situation et la prise en otage des institutions par les milices a rendu impossible la collecte de données ». Le représentant a néanmoins avancé que 16% des membres du Sénat sont des femmes qui occupent aussi 39% des postes dans le système judiciaire. Elles jouent un rôle important dans les ONG au sein desquelles elles travaillent contre toute tentative d’imposer une législation qui est à l’encontre de leurs droits. La situation n’est pas idéale mais les femmes libyennes travaillent pour ancrer ces droits dans la Constitution.
Après avoir fait part des progrès enregistrés dans son pays, M. EDEN CHARLES, (Trinité-et-Tobago) a reconnu qu’il n’est pas surprenant que malgré cela, un certain nombre de défis persiste. Il a cité la criminalité et ses effets délétères sur la société qui contribuent à la violence domestique. Les femmes, a-t-il poursuivi, sont toujours sous-représentées dans le leadership et les postes de responsabilité. Le représentant a aussi parlé des limites liées aux capacités et aux ressources s’agissant de la collecte, de la ventilation et de l’analyse des données qui pourraient permettre de renforcer les mesures, de les suivre et de les évaluer. Le pays continuera donc à collaborer avec ses partenaires aux niveaux national, régional et international, a dit le représentant qui s’est félicité de ce qu’un objectif spécifique à l’égalité entre les sexes soit prévu dans le futur programme de développement pour l’après-2015.
Mme INDRANIE CHANDARPAL, Membre du Parlement du Guyana et Présidente de la Commission nationale des femmes et de l’égalité des genres, s’est dite fière d’annoncer que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) a été entièrement intégrée à la Constitution du Guyana. Une autre loi importante stipule désormais qu’au moins le tiers des candidats investis par les partis politiques pour des élections nationales ou régionales doivent être des femmes, une mesure qui apparait comme une étape vers la parité parfaite au Parlement. Elle a aussi parlé de la libéralisation de l’avortement et de la pénalisation du viol entre époux. La représentante a rappelé qu’en 2012 son pays figurait au 34e rang sur 134, en matière d’écart salarial.
La Ministre a tout de même reconnu que l’une des grandes préoccupations de son pays reste la violence faite aux femmes. Elle a de ce fait souligné l’importance d’impliquer les hommes et les garçons dans un dialogue sains pour y mettre un terme, comme l’a fait le Gouvernement avec le « Bureau des Hommes ». Parmi les autres défis, elle a cité la discrimination à l’égard des femmes autochtones, infectées par le VIH/sida, domestiques, rurales, handicapées et âgées. Elle a soulevé la question des ressources et la nécessité de respecter les engagements pris en matière d’aide publique au développement (APD).
M. EDWARD A. HEIDT, JR., Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a dit que le lien entre le genre et les catastrophes n’avait pas été bien saisi en 1995 à Beijing, mais cette question a été finalement prise en compte par les deux dernières sessions de la Commission de la condition de la femme. Il a affirmé que les catastrophes naturelles exacerbent souvent les inégalités et discriminations qui existent déjà. Il a ainsi noté que les violences augmentent après les catastrophes; les femmes et filles étant particulièrement menacées. Il a déclaré qu’introduire l’approche genre dans la prévention des risques de catastrophe peut sauver des vies et éviter des erreurs très chères. Il a aussi attiré l’attention sur le lien entre les inégalités entre les genres et le handicap, y compris la vulnérabilité particulière des femmes vivant avec un handicap, notamment dans les situations de catastrophes naturelles. Il a cité des actions que la Fédération mène dans certains pays du monde, notamment en faveur des femmes.
Mme INAS MEKKANI, Ligue des États arabes, a présenté les efforts que la Ligue déploie en coopération avec ONU-Femmes. Prenant la mesure du « moment historique » qui est la définition du nouveau cadre de développement pour l’après-2015, les pays arabes ont intégré l’objectif d’autonomisation des femmes dans leur plan d’action grâce à des politiques visant à protéger les femmes de toute forme de discrimination. Le rapport du Groupe arabe sera intégré à celui du Secrétaire général qui sera bientôt publié, a indiqué la représentante, en faisant de progrès « importants », en 20 ans et en dénonçant le fait que la région arabe connait aujourd’hui beaucoup de turbulences et de mouvements terroristes dont les femmes subissent les conséquences, en particulier les femmes palestiniennes et syriennes.
M. UFUK GOKCEN, Organisation de la Conférence islamique (OCI), a expliqué que le Secrétariat de l’OIC a inscrit les questions de l’autonomisation des femmes et de la violence qui leur est faite dans le Plan d’action « OCI 2015 ». En outre, l’Organisation procède actuellement à une évaluation de son Plan d’action pour la promotion de la femme (OPAAW) qui visait aussi à changer et corriger la mauvaise interprétation des normes et pratiques de l’Islam liées au rôle et au statut des femmes. Le représentant n’a pas pu conclure sans parler des graves implications de l’occupation militaire israélienne illégale de la Palestine et des mesures d’oppression sur la population palestinienne, en particulier les femmes et les enfants. En 2010, a-t-il aussi rappelé, l’OCI a pris la « décision historique » de créer au Caire, l’Organisation des femmes pour le développement qui deviendra opérationnelle dès que le nombre des ratifications nécessaires aura été obtenu. Le représentant a ensuite résumé les documents finaux de la Réunion ministérielle de l’OCI sur les femmes et ceux du Conseil des Ministères des affaires étrangères qui se sont toutes les deux tenues en 2014.
Mme FATIMATA DIA SOW, Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a dit que la formulation de la Vision Stratégique 2020 de la CEDEAO confirme l’engagement des dirigeants de ces pays à améliorer les conditions de vie des populations ouest-africaines et à promouvoir l’égalité des chances et de traitement entre les femmes et les hommes. Cependant, malgré tous les efforts, force est de reconnaître la persistance de défis multiformes à relever sur l’ensemble des secteurs de développement. La représentante a cité la dette, les conflits armés, le VIH/sida, les pratiques et croyances traditionnelles et culturelles et l’émergence de nouveaux phénomènes, notamment la récente crise d’Ebola, les groupes terroristes dans certains pays qui ciblent délibérément la jeune écolière ou la femme économiquement active. Tous ces défis constituent des contraintes majeures à l’atteinte des objectifs du Programme d’action de Beijing ainsi que des OMD. Face à cette situation, la CEDEAO a proposé aux chefs d’État et de gouvernement l’adoption d’un Acte additionnel pour l’égalité des droits entre les femmes et les hommes pour un développement durable en Afrique de l’Ouest et de deux nouveaux plans d’action sur le genre et le commerce, et sur le genre et la migration.
Mme O’CONNELL, Organisation internationale du développement du droit (IDLO), qui est l’unique organisation intergouvernementale de promotion de l’état de droit, a mis l’accent sur le fait que la loi est un outil fondamental pour l’autonomisation de la femme et l’égalité entre les sexes. La loi a le pouvoir de transformer les sociétés, en particulier lorsqu’elle s’accompagne de l’émancipation juridique des citoyens et de la pleine participation de la société civile. Tout comme les systèmes judiciaires forts peuvent protéger et offrir des opportunités aux femmes, les lois discriminatoires peuvent saper leurs droits et perpétuer les discriminations. Malheureusement, dans beaucoup de pays, le système judiciaire est utilisé comme outil d’oppression des femmes. Des facteurs politiques, économiques et sociaux continuent d’être un frein à un accès équitable des femmes à la justice, ce qui fait que trop souvent, les jugements ne sont pas alignés avec les normes internationales et constitutionnelles, et ne servent pas les intérêts des femmes. Les systèmes de justice traditionnelle, coutumière et informelle semblent être prédominants lorsqu’il s’agit des femmes, en particulier de l’héritage, du mariage, de statut personnel et de l’accès à la terre et à la propriété. En situation de guerre ou de paix, le silence qui entoure cette réalité et cette injustice est « assourdissant », s’est indignée la représentante, insistant sur le lien entre état de droit et développement. Il faut donner la possibilité aux femmes de devenir les agents du changement grâce à la loi et leur ouvrir les portes de la magistrature.
Mme KHAN, Organisation mondiale de la Santé (OMS), a déclaré qu’en dépit des améliorations, des défis existent dont les inégalités de revenus, d’éducation, de lieu et d’âge. Ces barrières empêchent les femmes et les filles d’accéder aux services de santé et à l’information dont elles ont besoin. À cela s’ajoutent la violence dont est victime une femme sur trois, sans compter leur vulnérabilité aux maladies non transmissibles. La représentante a rappelé que le Programme d’action de Beijing comporte un agenda global sur la santé des femmes. Il faut accélérer nos efforts pour faire des engagements et des stratégies mondiales une réalité pour les femmes et les filles. À l’avenir, il faudra s’attaquer aux inégalités, faciliter l’accès à des soins de qualité et améliorer la redevabilité. Après avoir plaidé pour une couverture de santé universelle dans chaque pays, elle a indiqué que la Stratégie globale sur la santé des femmes et des enfants restera le mécanisme clef par lequel l’OMS continuera à faire avancer la cause des femmes.
M. MALAYAH HARPER, Programme commun des Nations Unies sur le VIH et le sida (ONUSIDA), a réclamé un engagement « audacieux » contre le VIH/sida, en tant que partie intégrante d’un programme de développement pour l’après-2015 véritablement transformateur s’agissant de l’égalité entre les sexes. Il a aussi réclamé un objectif spécifique à cette égalité et à l’autonomisation des femmes et l’intégration de la thématique dans tous les autres objectifs, avec des cibles et des indicateurs, une exigence pour la collecte de données ventilées par sexe, par âge et par lieu de résidence. Il a enfin réclamé des réponses souples qui fassent appel aux forces des acteurs étatiques et non étatiques, améliorent la redevabilité et placent les gens, en particulier les femmes et les filles, au centre des efforts.
Les femmes ont-elles une meilleure situation? Oui. Les progrès sont-ils à la hauteur de nos attentes? Non, a répondu M. KEVIN CASSIDY, Organisation internationale du Travail (OIT). Le pourcentage des femmes sur le marché du travail n’a pas changé depuis la moitié de l’année 1995. L’écart salarial stagne à 23% et un autre écart émerge, celui entre les femmes qui ont des enfants et celles qui n’en n’ont pas. Quelque 800 millions de femmes dans le monde n’ont pas de congé de maternité. Tous ces chiffres sont connus et 20 ans après Beijing, il est temps d’en tirer les conclusions et de recadrer le débat. Il faut de nouvelles stratégies et de nouvelles méthodes. Il faut passer de l’indignation à l’action et de l’action aux résultats durables. Il faut une nouvelle vision du développement « qui voit clairement et reconnaît la valeur des immenses contributions et talents des femmes partout dans le monde ».
La représentante de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a estimé que l’objectif 3 du Millénaire pour le développement relatif à l’égalité entre les sexes n’a pas accordé l’attention requise aux inégalités que les femmes subissent en tant qu’agents économiques. Il en va de même pour l’objectif 8 relatif au partenariat pour le développement qui est resté » aveugle au genre », malgré la relation mutuelle entre égalité entre les sexes, émancipation économique et croissance économique et développement. Elle a donc espéré que le nouveau programme de développement pour l’après-2015 permettra de pallier les lacunes des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) tout en partant des acquis.
La CNUCED, a-t-elle dit, est convaincue que le commerce, qui n’est pas une fin en soi, est plutôt un moteur du développement dont les politiques peuvent et doivent être utilisées pour multiplier les chances des femmes et les émanciper. La CNUCED a étudié l’impact des politiques commerciales sur l’égalité entre les sexes dans sept pays. Elle a développé à l’intention des universités et des décideurs des pays en développement un kit pédagogique sur le commerce et le genre. Le cours en ligne inspiré du kit et lancé en janvier dernier, a déjà attiré 200 candidats. Le programme d’entreprenariat, Empretec, a déjà touché plus de 300 000 entrepreneurs dont 30% de femmes. Le « Women Business Award » continue de récompenser tous les deux ans un groupe de femmes entrepreneurs qui, ayant bénéficié d’Empretec, ont connu le succès grâce à leur créativité. La CNUCED est également fière que le guide sur l’émancipation des femmes entrepreneurs grâce aux technologies de l’information et des communications se soit hissé dans la liste des 100 meilleurs rapports sur le genre.
Mme YAMINA DJACTA, Directrice exécutive adjointe d’ONU-HABITAT, a indiqué que la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains et le développement urbain durable (Habitat III) qui se tiendra en Équateur en octobre 2016 sera le premier sommet mondial organisé après l’entrée en vigueur des objectifs de développement pour l’après-2015. Ce sera une occasion unique de discuter de la manière dont l’égalité entre les sexes peut se réaliser grâce à des villes durables et soucieuse de la dimension sexospécifique. La Conférence se concentrera sur la promotion de l’agenda d’une urbanisation qui renforce la transformation socioéconomique durable des villes avec des liens territoriaux et, urbains et ruraux forts.
La représentante de ACTION AID, qui travaille avec 15 millions de personnes dans 45 pays pour un monde sans pauvreté ni injustice, a demandé que l’on agisse pour mettre fin aux inégalités économiques dont les femmes sont toujours victimes. Vingt ans après la Conférence de Beijing, les femmes sont toujours majoritaires dans le travail rémunéré, le secteur informel, les bas salaires et les emplois, sans parler de la violence dans les domaines public et privé. « C’est inacceptable et cela doit changer. » En janvier 2015, « ACTIONAID UK » a lancé une enquête « Réduire l’écart » qui a montré que le revenu des femmes pourrait augmenter de 17 milliards de dollars dans le monde si leurs salaires et leur accès au marché du travail étaient le mêmes que ceux des hommes, et cela sans tenir compte du travail non rémunéré. Les inégalités économiques ne sont pas inévitables. Il faut donner un nouvel élan au Programme d’action de Beijing et obtenir de tous les États qu’ils soutiennent un objectif spécifique fort sur l’égalité entre les sexes dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015 et de trouver un accord sur le plein emploi et le travail décent.
La représentante d’Amnesty International, a demandé aux États de permettre à des organisations comme la sienne de participer au processus de prise de décisions de la Commission de la condition de la femme. Les États doivent dès à présent renforcer la protection des femmes contre la violence; mettre pleinement en œuvre l’agenda sur les femmes, la paix et la sécurité; renoncer à l’invocation « des coutumes, traditions ou autre considération religieuse » pour se départir de l’obligation de combattre la violence et d’éliminer les pratiques néfastes; respecter le droit de la femme de prendre une décision libre et informée sur sa sexualité; et protéger les défenseurs des droits de la femme. À son tour, elle a demandé l’inclusion d’un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015 et l’intégration de cette thématique dans tous les autres objectifs avec des cibles et des indicateurs.
La représentante de Asian-Pacific Resource and Research Centre for Women de la Fondation Momen Khan Memorial (ARROW) a demandé aux États et à la communauté internationale de consacrer l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive, et à des prix abordables. Ils doivent augmenter les dépenses de santé, légaliser l’avortement, prévenir la violence faite aux femmes et punir systématiquement les auteurs de cette violence. Les États et la communauté internationale doivent également combattre l’extrémisme religieux et la vulnérabilité face au changement climatique, à la migration, aux catastrophes, à la pauvreté et à l’insécurité alimentaire, en mettant l’accent sur les groupes marginalisés.
La représentante de Centre pour le leadership mondial des femmes et Coalition des femmes pour l’après-2015 a prévenu que contrairement à ce qui s’est passé cette année, les femmes des organisations féministes exigent désormais d’être associées aux négociations de la Commission. Il est essentiel de réfléchir ensemble aux défis et de voir comment aller de l’avant. La Coalition demande collectivement un monde sans pauvreté et sans inégalités compte tenu de leurs répercussions profondes et disproportionnées sur les femmes. La Coalition reconnait que la pleine réalisation des droits de la femme exige un plein accès à la santé dont la santé sexuelle et reproductive. La Coalition exige aussi la pleine participation des femmes à tous les niveaux de la prise de décisions et demande un modèle de développement centré sur la personne, a dit la représentante.
La représentante de Development alternatives with women for a new era (DAWN) a estimé que trop de femmes dans la région du Pacifique sont encore victimes de violence, notamment sur la violence fondée sur leur orientation sexuelle. Les jeunes femmes doivent pouvoir compter sur l’appui de tous les pays pour pouvoir pleinement jouir de leurs droits. DAWN affirme que « rien ne peut être décidé sans nous » à la Commission de la condition de la femme. DAWN attire l’attention sur les risques associés aux changements climatiques dans le Pacifique et demande à tous les pays de s’engager sur le climat parce qu’il faut un développement écologiquement viable qui tienne compte de l’égalité complète entre les sexes pour l’après-2015.
La représentante de European womens lobby, a, à son tour, demandé aux États de renouveler leur engagement en faveur du Programme d’action de Beijing, d’accélérer la mise en œuvre de tous les instruments sur les droits de la femme et d’investir dans ces droits et dans les organisations de femmes. Cet investissement est « l’engagement des engagements » pour un monde plus durable, plus démocratique et plus inclusif. Cet investissement, a-t-elle insisté, dépend de la volonté, du courage et de l’action politiques. C’est votre responsabilité, a-t-elle dit aux États, « aujourd’hui plus que jamais ». Les organisations de femmes appuient « la voie porteuse de transformations » mais elles continueront de mobiliser les femmes et les hommes de toute la planète pour un réel changement « maintenant et demain ».
La représentante de Fundacion para estudio investigacion de la Mujer, a dénoncé l’absence des femmes dans les négociations qui ont précédé l’adoption de la Déclaration politique de la Commission de la condition de la femme. En Amérique du Sud, des engagements importants ont été pris pour la promotion des droits de la femme qui ne sont pas reflétés dans la Déclaration. Il était pourtant important d’y inclure la diversité et la multiplicité des droits de la femme, s’agissant en particulier de la santé sexuelle, du droit à l’éducation sexuelle et de la discrimination fondée sur la race et sur la religion.
La représentante de HelpAge International, s’est exprimée au nom de 12 organisations de la société civile qui travaillent sur la défense des droits de la femme notamment la discrimination sur le marché du travail et la situation des femmes dans les conflits armés. Elle a demandé qu’une plus grande attention soit accordée à la situation des femmes plus âgées qui ont été ignorées dans les 12 domaines critiques du Programme d’action de Beijing. Y voyant là un parti pris, elle a réclamé la collecte de données statistiques ventilées par sexe et par âge.
La représentante de la Coalition des adolescentes, a expliqué que cette tranche d’âge est particulièrement vulnérable et touchée par de graves inégalités, notamment en termes de scolarisation. « Les fillettes n’ont pas accès à un avocat et leurs familles ignorent leurs problèmes dans la plupart des cas ». Il faut qu’il y ait des enquêtes sur cette question. Le fait que les femmes et les filles soient traitées comme des citoyens de seconde zone est un « crime contre l’humanité » qui mérite une mobilisation plus forte de la communauté internationale, a-t-elle plaidé avant de répondre à la Présidente de la Commission qui lui demandait de conclure et de dénoncer le peu de temps de parole accordé aux ONG.
La représentante de International Federation of University Women¸ a estimé que tous les États doivent adopter une législation contre la discrimination sur le lieu de travail, en appliquant le principe « à travail égal salaire égal ». Les États doivent faciliter l’accès à une éducation de qualité jusqu’au plus haut niveau. Les écoles, les centres de formation et autres institutions devraient proposer des programmes dans les domaines des affaires et des finances pour développer l’esprit d’entreprenariat chez les filles et les femmes qui d’ailleurs doivent être vivement encouragées à suivre les filières de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM) ainsi que celle des technologies de l’information et des communications. Les institutions du secteur de l’éducation devraient prévoir un troisième cycle à horaire flexible et enfin, les filles et les femmes devraient être assurées d’obtenir un emploi sûr et décent.
La représentante de International indigenous womens Forum, a demandé des données ventilées par ethnie et par sexe, l’examen du caractère particulier de la violence faite aux femmes autochtones, l’examen par la Commission de la condition de la femme de la question de l’autonomisation des femmes autochtones et l’adoption de politiques et de programmes sur le renforcement des capacités de ces femmes et de leur leadership et leur émancipation économique. Elle a aussi demandé l’inclusion des droits des peuples autochtones dans le programme de développement pour l’après-2015 et dans les 17 objectifs de développement durable. Elle a aussi estimé que tous les organes des traités des droits de l’homme devraient examiner la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.
La représentante de Pen International, la plus ancienne et la plus grande association mondiale d’écrivains avec 149 centres dans 100 pays, a demandé aujourd’hui que les objectifs de développement pour l’après-2015 incluent l’accès des femmes et des filles à une éducation de qualité, en particulier dans leur langue maternelle, avec des dispositions spécifiques sur la protection des défenseurs des droits de la femme et des journalistes.
La représentante de International Planned Parenthood Federation s’est dit choquée que 20 ans après Beijing, 225 millions de femmes dans le monde ne puissent toujours pas contrôler leur fertilité, à cause d’un manque d’accès à la contraception moderne. Il faut changer cette situation car ce changement est « une question de vie ou de mort ». Le programme de développement pour l’après-2015 doit refléter le lien inégalités entre les sexes, le non-respect des droits à la santé sexuelle et reproductive et le cercle vicieux de la pauvreté. Ce n’est qu’en réalisant leurs droits à la santé sexuelle et reproductive que les femmes, les hommes et les jeunes gens pourront prendre des décisions informées sur des aspects essentiels de leur vie qui détermineront leur personne, leur communauté et leur pays. Le Programme d’action de Beijing définit clairement l’éventail des droits de la femme et les principes de ces droits doivent être clairement reflétés dans le cadre de développement pour l’après-2015. La vie des femmes et l’avenir de notre monde en dépend, a conclu la représentante.
La représentante de International Trade Union Confederation, a indiqué que plus de 70 millions de femmes sont syndiquées et qu’au cours de ces 20 dernières années, elles ont gagné en droit et en protection. Mais, les promesses de Beijing n’ont pas toutes été réalisées et on ne peut attendre encore 20 ans. Que 2015 soit l’année d’une nouvelle architecture de l’économie nationale et mondiale où le travail décent, l’accès universel à la protection sociale, et un agenda économique de la viabilité environnementale sont les piliers. Que 2015 soit l’année de la justice fiscale qui offre les budgets pour la protection sociale, le salaire minimum, l’éducation pour tous et l’énergie renouvelable pour mettre fin au réchauffement climatique. La représentante a cité 11 mesures concrètes pour y arriver, dont la mise en œuvre de plusieurs règlementations de l’OIT.
La représentante de IPAS, a, à son tour, estimé que 2015 offre l’occasion de mettre en œuvre la recommandation du Programme d’action de Beijing sur la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse. Ce serait essentiel pour la « justice reproductive » et l’égalité entre les sexes car cela placerait la vie des femmes et des filles, leur santé et leurs droits au cœur du développement.