En cours au Siège de l'ONU

7405e séance – matin
CS/11819

Aucun progrès tangible en vue d’une résolution du conflit au Darfour, affirme M. Hervé Ladsous devant le Conseil de sécurité

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, a dressé ce matin devant le Conseil de sécurité un tableau très sombre de la situation au Darfour, marquée par une suspension des négociations entre Gouvernement soudanais et groupes rebelles, une intensification des combats et un nombre sans précédent de personnes déplacées. 

« L’évolution de la situation au Darfour au cours des 12 derniers mois n’a démontré aucun signe d’amélioration ou de progrès tangibles en vue d’une résolution du conflit », a-t-il affirmé, dans le cadre de la présentation aux membres du Conseil de deux rapports du Secrétaire général, respectivement, sur le Soudan et le Soudan du Sud, et sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).

En ouverture, M. Ladsous a fait le point sur les négociations entre Khartoum et les groupes rebelles non signataires du Document de Doha.  Il a indiqué que les négociations directes à Addis-Abeba entre le Gouvernement, le Mouvement de libération du Soudan – tendance Minni Minawi (SLA-MM), et le Mouvement pour la justice et l’égalité – tendance Gibril (MJE - faction Gibril Ibrahim), avaient été suspendues en raison de divergences sur l’ordre du jour et les modalités de discussions.

« Le Gouvernement soudanais a notamment rejeté les propositions des groupes rebelles qui insistaient pour que les questions humanitaires, de réconciliation ainsi que d’autres points relatifs au développement et aux problèmes fonciers fassent l’objet de négociations séparées », a expliqué le Secrétaire général adjoint.  « Au cours des discussions, le Gouvernement soudanais a maintenu sa position selon laquelle le Document de Doha pour la paix au Darfour constitue le cadre exclusif de référence, tandis que les groupes rebelles ont réitéré que les dispositions de cet accord ne les engageaient pas nécessairement », a-t-il poursuivi.

Dans ces conditions, M. Ladsous a jugé plus que jamais nécessaire que le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine intensifient leur pression sur les parties en présence, afin qu’elles engagent des négociations directes en vue d’une cessation des hostilités, « première étape nécessaire vers un processus de paix global et définitif au Darfour ».

Il a par ailleurs accusé les groupes armés non signataires du Document de Doha de chercher à saboter le processus de paix.  « Ils veulent que les réfugiés restent dans leurs camps pour continuer à porter les armes en leur nom », a-t-il affirmé.

Abordant la situation sécuritaire au Darfour, M. Ladsous a déploré sa dégradation au cours des 12 derniers mois.  « Les combats entre les groupes armés non signataires et le Gouvernement du Soudan ont augmenté de manière significative », a-t-il indiqué, précisant que l’offensive en deux temps lancée l’année dernière par Khartoum avait affaibli les groupes armés et les avait isolés géographiquement, sans pour autant conduire à une victoire militaire décisive.  « Cela a causé une perte importante en vies humaines et des déplacements de population à grande échelle ».

La dégradation de la situation sécuritaire s’est accompagnée de la détérioration de la situation humanitaire, a déploré le Secrétaire général adjoint, précisant que 450 000 personnes environ avaient été déplacées en raison des violences, un nombre sans précédent depuis 2004.  « Le nombre total de personnes déplacées au Darfour dépasse désormais les 2,5 millions de personnes », a-t-il indiqué.

S’agissant de la protection des civils, priorité de la MINUAD, le Secrétaire général adjoint a précisé que la Mission avait établi des zones de protection à l’intérieur et autour de camps à Saraf Umra, Korma et Oum Barou au Darfour-Nord, ainsi qu’à Khor Abeche, au Darfour-Sud, grâce à des déploiements d’unités militaires et de police destinées à protéger les opérations humanitaires.

La MINUAD a également appuyé les efforts de médiation qui ont facilité la signature d’accords de cessation des hostilités intercommunautaires entre Ma’alia et Rizeigat, d’une part; et Ma’alia et Hammar au Darfour-Nord, d’autre part; entre Beni Hussein et Rizeigat au Darfour-Nord; et entre Salamat et Misseriya, au Darfour central.  « Cela montre à quel point la scène reste fracturée au Darfour », a dit M. Ladous.

Le Secrétaire général adjoint a par ailleurs expliqué que si la coopération avec le Gouvernement soudanais s’était améliorée, en ce qui concerne notamment la délivrance de visas, le refus opposé par Khartoum à la présence de la mission onusienne dans les zones de conflit empêchait celle-ci de s’acquitter pleinement de son mandat.    

S’agissant des capacités opérationnelles de la MINUAD, le Secrétaire général adjoint a affirmé que sa composante militaire avait fait l’objet de changements structurels et que la supervision des unités avait été améliorée.  « Certains soldats et commandants de la MINUAD ont été renvoyés en raison de comportements sur le terrain qui ont été jugés inadéquats ».

En conclusion, M. Ladsous a annoncé que les Nations Unies, l’Union africaine et le Gouvernement soudanais avaient entamé les discussions relatives à une stratégie de désengagement au Darfour.  Un groupe de travail conjoint a notamment été chargé d’élaborer une feuille de route pour un retrait graduel de la mission.  Son rapport devrait être soumis à l’attention du Conseil à la fin du mois de mai, a précisé le Secrétaire général adjoint.

S’adressant à son tour au Conseil, le représentant du Soudan, a affirmé que, contrairement aux affirmations du rapport onusien, l’accord de Doha avait été largement mis en œuvre, à l’exception de quelques points.  « Les informations du rapport du Secrétaire général selon lesquelles les négociations sont à l’arrêt sont inexactes », a déclaré M. Hassan Hamid Hassan, qui a jugé satisfaisants les progrès en vue de l’établissement de la paix et de la stabilité au Darfour.  « Toute information selon laquelle le Gouvernement du Soudan entraverait l’exécution du mandat de la MINUAD est fausse », a insisté le représentant du Soudan, précisant qu’à la date du 26 janvier 2015, il n’y avait eu que 21 demandes de visa en attente pour une mission qui compte plusieurs milliers de membres.

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