Session de 2015,
25e & 26e séances, matin & après-midi
ECOSOC/6684

La réunion de l’ECOSOC avec les institutions de Bretton Woods, l’OMC et la CNUCED examine les moyens de coordination du financement du développement

 

Tous les acteurs sont invités à se mobiliser pour assurer le succès de la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement, en juillet prochain

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a entamé, aujourd’hui, sa Réunion spéciale de haut niveau avec la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), sur fond de croissance mondiale lente mais également en pleine phase de préparatifs du Sommet qui se tiendra en septembre prochain pour l’adoption du programme de développement pour l’après-2015.  À cette occasion, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a demandé de mobiliser les ressources nécessaires pour le financement du développement à tous les niveaux: national, international, public et privé.

« Cette réunion se tient à un moment crucial, juste après les réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, à Washington D.C., et la deuxième session d’élaboration du document final de la troisième Conférence sur le financement du développement », a noté le Président du Conseil économique et social, M. Martin Sajdik.

« Nous ne réussirons pas sans un partenariat global pour un développement revitalisé et renforcé », a averti le Secrétaire général en reconnaissant les « besoins de financement gigantesques » que nécessitera la mise en œuvre de l’ambitieux programme de développement pour l’après-2015.  Le thème de la réunion, basée sur une note du Secrétaire général, portait précisément sur « la cohérence, la coordination et la coopération dans le contexte du financement du développement durable et du programme de développement pour l’après-2015 ».

Cette réunion doit apporter une contribution importante au succès de la troisième Conférence sur le financement du développement qui se tiendra à Addis-Abeba en juillet prochain, a souhaité le Président de l’ECOSOC.  Le Secrétaire général a plaidé en faveur d’un nouveau cadre financier international « prévisible et efficace » pour le développement durable, qui soit aussi « cohérent et holistique ».

Le renforcement des partenariats entre les acteurs nationaux, internationaux, publics et privés, pour soutenir le financement du développement, est une nécessité à plusieurs titres.  Le Vice-Premier Ministre de la Turquie, qui s’exprimait en tant que Président du G-20, a expliqué cette exigence en soulignant tout d’abord la nécessité de remédier à l’insuffisance des ressources fiscales des pays en développement.

À cet égard, le Ministre des finances de la Colombie, comme d’autres, a plaidé en faveur d’une plus grande coopération en matière fiscale afin d’aider les pays en développement à collecter et à utiliser plus efficacement leurs recettes fiscales.  Cela exige cependant une plus grande compétence des fonctionnaires de l’administration fiscale.  Le représentant des États-Unis a aussi invité à lutter contre la fraude fiscale, grâce à la transparence des finances publiques, et à mieux partager les informations en matière fiscale sur le plan international.  La Ministre du commerce extérieur et de la coopération au développement des Pays-Bas a indiqué que son pays avait commencé à revoir 23 conventions fiscales avec les pays en développement.

L’aide financière directe des pays développés en faveur des pays en développement a été considérée comme étant un des moyens cruciaux de financer le développement durable.  Le Commissaire européen à la coopération internationale et au développement a assuré que l’Union européenne était engagée à fournir une aide publique au développement (APD) plus substantielle, tout en expliquant qu’on ne pouvait pas compter uniquement sur cette forme d’aide.  Il a recommandé d’utiliser tout le potentiel des initiatives privées, ainsi que celui de la science, la technologie et l’innovation.

Le rôle des migrants pour mobiliser des ressources privées et pour le transfert des technologies a été discuté lors des consultations régionales préparatoires à la Conférence d’Addis-Abeba, a indiqué le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales et Secrétaire général de cette Conférence, M. Wu Hongbo.

Les trois discussions interactives organisées au cours de cette première journée de débats ont permis d’examiner la « Situation économique mondiale et perspectives », les « Défis actuels et nouvelles possibilités pour la mobilisation de ressources financières et leur utilisation efficace pour le développement durable en route pour Addis-Abeba », et le « Partenariat mondial renouvelé pour le développement dans le cadre du programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015 ».

Sur la question de la mobilisation des ressources financières, le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a expliqué que le financement du développement ne devrait pas seulement reposer sur l’aide au développement, les impôts et le secteur privé, mais aussi sur le commerce.  Plusieurs délégations, dont celle du Groupe des 77 et la Chine, ont plaidé en faveur d’une aide au commerce et recommandé la mise en place d’un système commercial international équitable.

L’un des cofacilitateurs du processus préparatoire de la Conférence d’Addis-Abeba, le représentant de la Norvège, a invité à développer de nouvelles idées afin de réaliser l’objectif de traduire « des milliards en trillions », faisant ainsi référence au document adopté le 18 avril par les banques de développement, le FMI et la Banque mondiale. 

L’ECOSOC poursuivra demain, mardi 21 avril à 10 heures, son dialogue avec les institutions de Bretton Woods, l’OMC et la CNUCED.

RÉUNION SPÉCIALE DE HAUT NIVEAU AVEC LA BANQUE MONDIALE, LE FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL, L’ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE ET LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LE COMMERCE ET LE DÉVELOPPEMENT

Thème général « Cohérence, coordination et coopération dans le contexte du financement du développement durable et du programme de développement pour l’après-2015 » (E/2015/52)

Déclarations liminaires

M. MARTIN SAJDIK, Président du Conseil économique et social, a souligné que cette réunion se tenait à un moment crucial, juste après les réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale à Washington D.C. et la deuxième session d’élaboration du document final de la troisième Conférence sur le financement du développement.  En outre, a-t-il dit, une nouvelle série de négociations intergouvernementales sur le programme de développement de l’après-2015 sera engagée demain.  Il s’est félicité de tous les efforts entrepris cette année pour lancer une nouvelle ère de développement durable.  Il est important de renforcer les partenariats pour assurer l’adoption du programme de développement pour l’après-2015, a-t-il souligné, en mettant l’accent en particulier sur les efforts concertés aux niveaux local, national, régional et international.

C’est dans cette optique que nous avons choisi pour la réunion d’aujourd’hui le thème de la « Cohérence, la coordination et la coopération dans le contexte du financement du développement durable et du programme de développement pour l’après-2015 », a expliqué M. Sajdik.  Il a prôné la réorientation des schémas d’investissement et une meilleure coordination des investissements publics et privés, afin d’optimiser leurs effets sur le développement.  Il faut, a-t-il ajouté, que l’on mette en place un système économique mondial plus résilient et cohérent.

Le Président de l’ECOSOC a fait observer que l’économie mondiale avait connu en début d’année un ralentissement.  Tout en notant que les prévisions sont plus favorables pour les deux prochaines années, il a souligné les obstacles résultant des tensions géopolitiques, comme les crises en Ukraine, en Syrie, Iraq, Libye ou au Yémen.  Il a aussi parlé du drame des migrants et réfugiés qui, en fuyant leur pays sur des embarcations de fortune, périssent en mer et du chômage des jeunes.  Pour atténuer ces difficultés, il a conseillé de renforcer la coordination et la coopération entre les politiques internationales afin d’aligner les politiques macroéconomiques sur les objectifs de croissance équilibrée et créatrice d’emplois.

Il nous faut aussi travailler ensemble pour combattre la criminalité organisée, la traite des êtres humains, le blanchiment d’argent, la corruption et les transferts illicites de fonds, comme l’a démontré le treizième Congrès des Nations Unies sur la prévention du crime et la justice pénale qui vient de s’achever à Doha, au Qatar.  Le Président de l’ECOSOC a souligné l’importance de la bonne gouvernance, de la transparence au sein des institutions publiques, de l’état de droit et du respect des droits de l’homme, en expliquant que ce sont les fondements essentiels des sociétés pacifiques.  Le partenariat requis pour mettre la planète sur une voie durable, a-t-il précisé, inclut tous les acteurs, y compris la société civile, le secteur des affaires, les autorités locales, les parlements. 

Pour que ces mesures soient efficaces, il faudrait un mécanisme de suivi qui soit fondé sur l’expertise technique, y compris celle des protagonistes du processus de financement du développement, a estimé M. Sajdik.  L’ECOSOC a des atouts dans ce processus de suivi, a-t-il fait remarquer en citant son rôle de coordination, notamment par le biais du Forum politique de haut niveau.  L’ECOSOC a aussi un rôle en matière de responsabilité, avec le Forum de coopération au développement, a-t-il ajouté.  Enfin, il a invité les participants à la réunion d’aujourd’hui et de demain à apporter une contribution importante au succès de la troisième Conférence sur le financement du développement qui se tiendra à Addis-Abeba en juillet prochain.

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a affirmé que la Conférence d’Addis-Abeba était l’occasion d’élaborer un nouveau cadre financier international qui soit prévisible et efficace en vue de la réalisation du développement durable.  Il a ensuite mentionné les trois éléments clefs que les États Membres devraient rechercher à Addis-Abeba, portant respectivement sur la mise en œuvre d’un cadre de financement du développement durable cohérent et holistique, l’adoption de mesures concrètes dans les domaines cruciaux des infrastructures, de l’agriculture ou encore du soutien aux petites et moyennes entreprises, et un processus de suivi robuste afin de s’assurer qu’aucun pays ne soit exclus.

M. Ban a ensuite souligné l’ampleur des défis que doit relever la communauté internationale, en rappelant qu’une économie mondiale stable et inclusive ne suffisait pas pour garantir un développement durable.  « Nous devons faire en sorte que les ressources nécessaires pour le financement du développement à tous les niveaux –national, international, public et privé– soient disponibles. »  Il a ensuite détaillé le projet zéro de document final mis en circulation par les cofacilitateurs du financement du développement.  Ce projet, s’il souligne l’importance de combattre les flux illicites par le biais de réformes nationales et d’une coopération fiscale internationale, note également que ces initiatives devraient être complétées par davantage de délibérations au sein des Nations Unies afin qu’elles puissent bénéficier à tous les pays, y compris ceux en développement, a fait observer le Secrétaire général.  Ce projet, a-t-il dit, insiste sur la nécessité d’une aide au développement pérenne et officielle, d’un système commercial multilatéral équitable et d’une gouvernance globale pour le développement durable.

« Le programme de développement pour l’après-2015 est ambitieux et les besoins de financement sont gigantesques », a affirmé M. Ban.  « Nous ne réussirons pas sans un partenariat global pour le développement revitalisé et renforcé », a-t-il poursuivi, en appelant à tirer les leçons du partenariat actuel.  Seuls des efforts concertés de toutes les parties prenantes, y compris celles réunies aujourd’hui, a-t-il estimé, permettront de relever les défis avec succès.  « Nous devons travailler étroitement pour faire de 2015 l’année d’une action globale qui restera gravée dans les mémoires comme le point de départ d’une nouvelle ère pour le développement durable. »

M. ALI BABACAN, Vice-Premier Ministre de la Turquie, s’exprimant en tant que Président du G-20, a souligné que depuis la crise financière et économique de 2008, l’économie mondiale restait en berne, même si des perspectives de croissance sont positives dans certains pays développés notamment.  Il a noté que parmi les pays émergents, certains avaient connu une croissance soutenue, tandis que d’autres avaient enregistré un ralentissement de leur croissance.  Les politiques monétaires appliquées par les pays ont globalement montré leurs limites, ce qui invite à mettre en œuvre de nouvelles politiques monétaires plus à même de promouvoir la croissance.  Pour encourager la reprise économique mondiale, le Vice-Premier Ministre a suggéré que les gouvernements mettent en œuvre des réformes structurelles, notamment dans les secteurs du travail et de l’environnement des affaires, ainsi qu’en matière fiscale. 

M. Babacan a ensuite présenté les priorités de la présidence turque du
G-20, à savoir l’inclusion et les investissements et la mise en œuvre.  Il a expliqué que l’inclusion est importante au niveau national afin de permettre à tous les secteurs de la société de bénéficier des fruits de la croissance.  Dans ce contexte, il a appelé au renforcement du rôle des petites et moyennes entreprises (PME), secteur le plus à même de créer des emplois décents.  Il a annoncé qu’un forum mondial sur les PME sera organisé cette année pour la première fois par le G-20.  Il a également déclaré que l’initiative « Femme20 », plus connue sous son intitulé anglais « W20 » du G-20 vise à renforcer le rôle et l’efficacité des femmes dans le monde des affaires.  Lors du sommet de novembre prochain en Turquie, les membres du G-20 présenteront des propositions concrètes sur la question.    

Les investissements sont une priorité du G-20, a souligné M. Babacan, avant d’ajouter que chaque pays devrait préparer une stratégie d’investissements en vue d’être présentée et discutée en novembre prochain.  Comme les ressources fiscales ne sont pas toujours suffisantes, il faudrait envisager de renforcer les partenariats public-privé, notamment en prévision du futur programme de développement pour l’après-2015, a-t-il dit.  Le Vice-Premier Ministre a par ailleurs souligné que la mise en œuvre était un point crucial de la présidence turque du G-20.  Il a fait observer que les pays du G-20 s’étaient engagés à mettre en œuvre plus de 100 réformes structurelles censées stimuler la croissance économique mondiale et la faire croître de 2% d’ici à 2018. 

Cette année, les pays en développement à faible revenu sont également une priorité du G-20.  Il a aussi fait part de la volonté du G-20 de s’engager davantage dans le domaine de la sécurité alimentaire, en annonçant une réunion ministérielle à ce propos, avec pour point central des échanges la question du gaspillage et des pertes de la production alimentaire.  Il a aussi annoncé que le G-20 allait tenir à Istanbul, en octobre prochain, une réunion ministérielle sur l’accès à l’énergie durable pour tous.  Le Vice-Premier Ministre a en outre fait remarquer que les crises humanitaires sapaient les efforts de développement, détournant ainsi les ressources consacrées à l’aide publique au développement (APD).  La Turquie est affectée par la crise humanitaire résultant du conflit syrien, a-t-il indiqué avant d’inviter la communauté internationale à ouvrir la voie à une nouvelle aire sur le financement humanitaire.  Le Sommet humanitaire prévu à Istanbul en mai 2016 sera l’occasion de se pencher sur cette question, a-t-il assuré avant de conclure.

Débat ministériel sur le thème 1 « Situation économique mondiale et perspectives »

M. VACHÉ GABRIELYAN, Vice-Premier Ministre et Ministre de l’intégration économique internationale et des réformes de l’Arménie, a déclaré que le paysage du financement était devenu plus complexe et qu’il n’était plus concentré uniquement sur le financement public.  Les pays à faible revenu et à revenu moyen ont besoin plus que les autres du financement privé, en plus du financement public, a-t-il noté.  Selon une étude de McKinsey, a-t-il indiqué, les pays pourraient presque compenser le manque d’infrastructures en améliorant les bonnes pratiques et en utilisant mieux les infrastructures existantes.  L’Arménie, en tant que pays enclavé, a un besoin crucial de bonnes infrastructures de transport.  Le Vice-Premier Ministre a dénoncé le blocus imposé à son pays qui, a-t-il dit, entrave le bon fonctionnement de ces infrastructures.  Une solide coopération avec ses partenaires permettra à l’Arménie, a-t-il assuré, de surmonter ces difficultés.  M. Gabrielyan a exprimé l’appréciation de son pays pour les processus engagés dans ce sens à l’ONU et, en particulier l’ECOSOC, et il a émis l’espoir que 2015 marquera un véritable tournant pour ouvrir la voie vers un avenir plus durable. 

M. MAURICIO CÁRDENAS, Ministre des finances de la Colombie, a souligné le palmarès exceptionnel de son pays sur le plan économique et social, malgré des défis importants sur le plan international.  Ainsi l’an passé, l’économie colombienne a augmenté de 4,6% et le taux d’investissement représentait 30% du PNB, a-t-il indiqué.  Le plus important, a-t-il estimé, c’est que la Colombie a réussi à réduire son taux de pauvreté qui est passé de 40% en 2009 à 28% en 2014.  Cependant, l’économie internationale présente deux principales menaces pour des pays comme le sien.  La première est la chute des cours des produits de base, notamment miniers et énergétiques, qui pèse beaucoup sur les pays producteurs.  Le deuxième est la normalisation des politiques monétaires dans les pays qui ont adopté des politiques expansionnistes pour relancer leur économie, a-t-il dit, en donnant l’exemple de la maîtrise des taux d’intérêt aux États-Unis.

Plaidant en faveur de la mobilisation des ressources nationales, le Ministre colombien a souligné le rôle important que doit jouer l’administration fiscale.  En Amérique latine, 20% du PIB provient des impôts, tandis que cette part est de 34% dans les pays de l’OCDE.  C’est pourquoi il faudrait améliorer la procédure de recettes fiscales, notamment par le biais d’une coopération internationale en matière fiscale plus efficace.  Ainsi, l’échange d’informations à caractère fiscal devrait se faire de manière automatique.  Les pays en développement doivent aussi investir dans la collecte de données et la compétence de leurs fonctionnaires de l’administration fiscale, sachant que celle-ci doit en outre être dépolitisée.  Une autre façon d’améliorer le bénéfice des recettes fiscales est de redynamiser l’économie formelle et les emplois formels, a fait remarquer le Ministre.  Au niveau local, il faudrait améliorer nos propres banques de développement, a-t-il estimé, en donnant l’exemple de son pays qui vient de créer la Financière de développement international.

M. NEVEN MIMICA, Commissaire à la coopération internationale et au développement de l’Union européenne (UE), a signalé que la reprise dans la zone euro progressait, même si la croissance était obérée par un ajustement macroéconomique inachevé et un fort taux de chômage.  Nous pouvons et devons faire mieux, a-t-il dit.  Il faudrait que l’Union européenne libère des investissements privés et publics à hauteur de 315 milliards d’euros pour les trois prochaines années.  Il faudrait aussi que l’Union européenne prenne un engagement renouvelé pour les réformes structurelles dans tous les secteurs, comme l’énergie, les télécommunications et le transport.  En outre, il faudrait améliorer la responsabilité financière.  L’Union européenne est déterminée à poursuivre les processus internationaux en cours, notamment en matière de financement du développement, de développement durable et de changement climatique, a assuré le Commissaire européen.

M. Mimica a plaidé en faveur d’un véritable partenariat mondial pour soutenir le programme de développement pour l’après-2015.  L’Union européenne est engagée à fournir encore plus d’aide publique au développement (APD), a-t-il assuré, tout en expliquant qu’on ne pouvait pas compter que sur cette forme d’aide.  Il a recommandé d’utiliser tout le potentiel des initiatives privées, comme l’Union européenne qui a débloqué 40 milliards d’euros d’investissements dans les pays partenaires.  Il faudrait aussi utiliser le potentiel de la science, de la technologie et de l’innovation.  En même temps, a-t-il insisté, la Conférence d’Addis-Abeba devrait rester concentrée sur la mobilisation des ressources nationales et leur utilisation effective, notamment en créant des systèmes fiscaux transparents et efficaces et en luttant efficacement contre les transferts de fonds illicites.

Enfin, le Commissaire européenne a estimé que le commerce était l’outil le plus important pour la promotion du développement durable et pour la croissance.  L’Union européenne, qui est un leader mondial en matière d’aide au commerce, assure des mesures commerciales préférentielles importantes.  Il a ainsi cité l’initiative « Tout sauf des armes » qui offre un accès sans droits ni taxes aux produits des pays les moins avancés, à l’exception des armes et des munitions.  Avant de conclure, il a souligné l’importance de résoudre les problèmes d’inégalité et d’exclusion qui affectent en particulier les femmes.

Mme MAGDALENA ANDERSSON, Ministre des finances de la Suède, a mis l’accent sur deux domaines d’action importants, la lutte contre les changements climatiques et l’égalité homme-femme.  Lutter contre les conséquences des changements climatiques nécessite une réduction de l’utilisation des combustibles fossiles et des subventions à ces énergies, a-t-elle dit.  La Suède, a-t-elle indiqué, collecte une taxe sur les émissions de carbone depuis maintenant 20 ans.  Depuis 1991, le PIB a ainsi augmenté tandis que  les d’émissions de gaz à effet de serre étaient réduites de 20%.  Les économies avancées pourraient faire plus pour lutter contre ce phénomène tant sur le plan national que sur le plan international.  La Suède envisage d’augmenter sa contribution au Fonds vert pour le climat, a-t-elle annoncé. 

La Ministre a ensuite appelé à réfléchir aux compétences non utilisées dans le monde, à cause du manque de chances données aux femmes pour qu’elles participent à la vie économique.  Elle a donc demandé d’augmenter leur participation au marché du travail pour augmenter le potentiel de croissance mondiale.  Il faudrait mobiliser davantage de ressources pour assurer l’égalité entre les hommes et les femmes, a-t-elle estimé.  À Addis-Abeba, il faudrait lever les obstacles à leur participation, a-t-elle recommandé.  Quant à la mobilisation des ressources nationales, la Ministre a apprécié les propositions visant à augmenter les recettes fiscales grâce à la coopération internationale dans ce domaine.  Notant que l’APD était limitée, elle a suggéré qu’elle soit versée aux pays qui en ont le plus besoin. 

M. YASSINE BRAHIM, Ministre des investissements, du développement et de la coopération internationale et du développement de la Tunisie, a indiqué qu’en Tunisie, la chute des cours du pétrole était apparue comme une occasion positive qui avait obligé le Gouvernement à revoir sa politique de développement.  Le développement doit tenir compte de l’aspect sécuritaire, a-t-il dit.  Il a déploré la radicalisation des jeunes Tunisiens désœuvrés qui cèdent aux appels des extrémistes et des terroristes qui profitent de leur désœuvrement.  Le Ministre a ensuite rappelé que la Tunisie avait été le premier pays à vivre le « printemps arabe ».  Le Gouvernement tunisien, a-t-il cependant assuré, travaille de concert avec la communauté internationale pour promouvoir une croissance économique inclusive dans le pays.  Les réformes engagées dans cette optique prendront du temps avant de produire des fruits, a-t-il tout de même prévenu.

M. ABRAHAM TEKESTE, Ministre d’État des finances et du développement économique de l’Éthiopie, a estimé qu’avec le nouveau programme de développement était en cours d’élaboration, il souhaitait voir émerger un nouveau type de partenariat qui réponde mieux aux exigences que celui qui a prévalu dans le cadre de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  La mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) va nécessiter la mobilisation de toutes les ressources disponibles, a-t-il souligné.  À cet égard, le rôle du secteur privé sera plus important, a-t-il déclaré, en ajoutant que les institutions financières internationales devront aussi jouer un rôle de premier choix pour soutenir les pays en développement.  Rappelant la tenue, en juillet prochain, de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, il a invité la communauté internationale à ne pas oublier que la rencontre d’Addis-Abeba vise à forger un nouveau partenariat pour le développement, et que le succès de la Conférence devrait contribuer à celui du Sommet de septembre à New York, qui sera marqué par l’adoption du programme de développement pour l’après-2015, et à celui de la vingt et unième Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris en décembre.

M. MURAT KARIMSAROV (Kazakhstan), en sa qualité de Président du Club des scientifiques eurasiens pour l’économie, a présenté les conclusions d’une série de « conférences anticrises » organisées par cette association au Kazakhstan, et dont la principale initiative est la mise en place d’un « Plan mondial contre les crises » qui a vu le soutien d’institutions internationales telles que la Banque mondiale, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et bien d’autres.  Il a invité l’ECOSOC à s’impliquer dans la mise en œuvre de ce plan.

Discussion interactive

Ouvrant la discussion interactive, le représentant de l’Afrique du Sud, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a salué la tenue, du 13 au 17 avril dernier, de la seconde session des travaux d’élaboration du document final de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement.  Il a émis le vœu que le document final tiendra compte de la nécessité de respecter les politiques nationales en matière de financement du développement.  Il a aussi rappelé que les dernières crises financière et économique mondiale avaient permis de souligner le besoin de réformer la gouvernance des institutions de Bretton Woods, afin de les rendre plus réceptives aux attentes des pays en développement.  Le représentant a aussi mis l’accent sur la nécessité de placer le principe de la « responsabilité commune mais différentiée » au centre du programme de développement pour l’après-2015.  Il a par ailleurs appelé les pays développés à respecter leur engagement de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique au développement (APD). 

Le représentant de l’Équateur, s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a appelé, pour sa part, à adopter des politiques économiques qui appuient la création d’emplois.  Il a estimé que le financement du développement nécessitait une mobilisation des ressources nationales et internationales.  Le système de classification international des pays en fonction de leur PIB doit être réformé afin de tenir compte du caractère multidimensionnel de la pauvreté, a estimé le représentant.  Il a aussi appelé à la réforme des institutions de Bretton Woods pour assurer aux pays en développement une participation adéquate.  Il faudrait en outre respecter l’espace politique de ces pays, a-t-il dit ajouté, tout en plaidant pour un réaménagement des droits de tirages spéciaux du Fonds monétaire international (FMI).  Il a enfin salué le lancement, en février dernier, des activités du Comité spécial de l’Assemblée générale sur la restructuration de la dette, en souhaitant que ses travaux puissent aboutir à des accords plus justes entre débiteurs et créditeurs, et assurer la durabilité de la dette des pays en développement.

Une représentante du secteur des affaires a fait part de la volonté de ses pairs de contribuer activement au succès du futur programme de développement.  Elle a affirmé que la Chambre de commerce international travaillait en partenariat avec le G-20 pour promouvoir les petites et moyennes entreprises.

Le représentant de la Turquie a réaffirmé l’engagement de son pays à œuvrer pour l’essor des pays sans littoral.  Il a aussi appelé à la création d’un cadre politique propice au développement dans sa région.  

M. JEAN-FRANCIS ZINSOU (Bénin), s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a indiqué que la reprise économique qui avait eu lieu en 2012 et 2013 dans certains PMA s’était ralentie en 2014.  « Nous sommes très inquiets de la baisse de l’APD, en particulier celle orientée vers les PMA qui a enregistré en 2014 une réduction de 15% », a-t-il regretté.  M. Zinsou a aussi demandé des assurances sur la préparation du système des Nations Unies pour le soutien à la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.

Déclarations des représentants intergouvernementaux des parties prenantes institutionnelles

M. LUIS MANUEL PIANTINI MUNNIGH (République dominicaine), Vice-Président du Conseil du commerce et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a fait observer que la quatrième session de la CNUCED, qui se tiendra à Lima en mars 2016, aura une position privilégiée, en tant que forum politique et intellectuel, pour débattre des principales questions de développement.  La réalisation du développement doit être laissée à la compétence d’autres processus intergouvernementaux, comme le G-20 ou le Club de Paris, a-t-il précisé.

Le commerce international est un facteur clef pour assurer la mise en œuvre du programme de développement de l’après-2015, a estimé M. Munnigh.  Pour cela, le commerce doit être ouvert, universel, équitable, fondé sur des normes et ne pas être discriminatoire.  Le rôle du commerce en faveur du développement doit être dûment reflété dans le programme de développement pour l’après-2015, en tant que moyen clef de développement durable et de croissance inclusive.

Il a indiqué que la CNUCED avait développé un plan d’action qui se décline en six axes: une nouvelle génération de promotion et de facilitation des investissements; des incitations à l’investissement; des pactes régionaux d’investissement en faveur des objectifs de développement durable; de nouvelles formes de partenariat pour les investissements des objectifs de développement durable; le développement de mécanismes de financement innovants et la réorientation des marchés financiers; et un changement de l’état d’esprit dans le monde des affaires, associé à une expertise de qualité en matière d’investissements en faveur des objectifs de développement durable.

Le travail sur le commerce en faveur du développement reste un « chantier inachevé », a-t-il dit, en soulignant la stagnation du Cycle de négociations de Doha.  La cohérence systémique reste un grand défi, a-t-il prévenu, en invitant à dépasser le clivage Nord-Sud pour privilégier une nouvelle culture de relations économiques multilatérales.  Les processus pour le financement du développement et pour le programme de développement de l’après-2015 peuvent nous aider à aller en ce sens.  La mobilisation des ressources de développement, a-t-il souhaité, doit être ancrée dans un solide partenariat au développement.  Enfin, pour garantir la crédibilité de la gouvernance économique mondiale, il a rappelé le caractère central de l’ONU.

M. MAHMOUD MOHIELDIN, Secrétaire général et Envoyé spécial du Président chargé des Objectifs du Millénaire, du processus d’élaboration du programme de développement de l’après-2015 et du développement financier du Groupe de la Banque mondiale, a résumé les activités et les discussions récentes au Groupe de la Banque mondiale sur ces questions.  Les ministres, a-t-il dit, ont souligné l’importance d’une vision transformatrice pour mobiliser diverses sources de financement et pour mieux utiliser l’APD.  Le Comité a encouragé la Banque mondiale à être engagée dans ce processus, en renforçant les capacités des pays pour qu’ils puissent poursuivre les objectifs du développement et de la Banque mondiale.  Le Groupe va continuer d’appuyer la reprise dans les pays atteints par le virus Ebola, a-t-il aussi indiqué.

Le Comité a par ailleurs reconnu que la réalisation des objectifs de développement durable exigera que les pays luttent contre les conséquences des changements climatiques et préviennent les catastrophes naturelles.  Les ministres ont ainsi souligné l’importance du développement des énergies propres.  Ils veulent un renforcement de la coordination au sein du Groupe de la Banque mondiale et améliorer les résultats de celle-ci.  Pour les ministres, la Banque mondiale et le FMI doivent appuyer de manière significative les pays en difficultés, notamment ceux d’Afrique du Nord.  Pour eux, les agences de développement avaient besoin d’institutions actives et efficaces, de cadres de politiques efficaces et de leadership.

M. CALVIN MCDONALD, Secrétaire adjoint du Fonds monétaire international (FMI) et Secrétaire par intérim du Comité monétaire et financier international, a fait remarquer que si les économies avancées s’améliorent cette année, la croissance est plus lente que l’an dernier dans les pays émergeants.  Pour promouvoir une croissance équilibrée, il va falloir relever des défis mondiaux, a-t-il prévenu.  Le FMI a continué d’appuyer les efforts entrepris par ses États membres, notamment par des prêts et une aide afin de renforcer leurs capacités d’analyse.  Le FMI a aussi renforcé son cadre de prêt en révisant sa politique sur la limite de prêts.  En matière de politique fiscale, nous continuons à fournir des conseils pour, notamment, réduire le fardeau de dette extérieure, a assuré M. McDonald, tout en précisant qu’il faudrait aussi aider les pays à améliorer la gestion de leurs fonds publics.

Le FMI a par ailleurs approuvé une stratégie d’évaluation des différences d’impact des politiques macroéconomiques selon les pays concernés.  Des conseils sur les problèmes de dette seront également fournis, a-t-il encore indiqué.  M. McDonald a ensuite parlé de la mise en œuvre des réformes du FMI qui reste, a-t-il dit, une priorité absolue pour les membres du Comité.  Les membres sont déçus du retard de mise en œuvre des réformes de 2010 et demandent aux États-Unis de les ratifier au plus tôt.  M. McDonald s’est félicité de la participation du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, aux réunions de printemps, en soulignant que c’était la première fois qu’un Secrétaire général de l’ONU y participait.  Le FMI participera aux conférences des Nations Unies à venir à Addis-Abeba, New York et Paris, a-t-il enfin indiqué.

M. XIAOZHUN YI, Directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a assuré de l’intention de l’OMC de participer aux processus en cours en faveur du développement durable.  La croissance lente a un impact dans le monde entier, a-t-il noté, en précisant que si la croissance devait passer de 2,8% en 2014 à 3,3% en 2015 et éventuellement 4% en 2016, elle restera néanmoins en dessous du taux de 5,5% de 1990.  Nous n’avons pas encore pleinement exploré le potentiel du commerce pour stimuler la croissance mondiale, a-t-il fait remarquer avant d’inviter les gouvernements à en tirer davantage parti.  L’OMC estime qu’il ne faut pas seulement libéraliser le commerce mais le reconnaître plus largement comme un instrument de politique de développement. 

L’OMC devrait continuer à jouer son rôle pour le programme de développement de l’après-2015, a-t-il souhaité.  L’accord de facilitation du commerce peut améliorer le flux commercial dans le monde et réduire les coûts de transactions, en particulier dans les pays en développement.  Expliquant que la mise en œuvre du « Paquet de Bali » et la conclusion des négociations de Doha pourraient contribuer à réaliser les objectifs de développement durable, il a recommandé de faire avancer les négociations bloquées depuis plusieurs années, même si cela est difficile.  Le Directeur général adjoint de l’OMC a aussi parlé de l’aide au commerce, question qui fera l’objet d’un cinquième examen cet été, avant de se pencher sur le cas des pays les moins avancés (PMA).  Notant que les institutions privées internationales se sont retirées des PMA, il a déploré que les pays les plus pauvres soient laissés de plus en plus à la traîne.  La Banque africaine de développement estime qu’il manque 130 milliards de dollars pour le financement du développement en Afrique.  L’OMC aide les pays en développement à s’intégrer au système commercial multilatéral, a-t-il assuré, en prônant la cohérence des politiques au niveau mondial.

Débat thématique sur le thème 2 « Défis actuels et nouvelles possibilités pour la mobilisation de ressources financières et leur utilisation efficace pour le développement durable en route pour Addis-Abeba »

Mme LILIANNE PLOUMEN, Ministre du commerce extérieur et de la coopération au développement des Pays-Bas, a appelé à renouveler l’engagement en faveur de l’APD et à mobiliser les ressources nationales consacrées au développement, comme l’ont conclu les discussions des réunions de printemps des institutions de Bretton Woods à Washington.  « Nous avons commencé à réviser 23 conventions fiscales avec les pays en développement », a-t-elle indiqué.  Elle a aussi parlé de l’initiative des Pays-Bas visant à créer des banques d’eau, qui a été approuvée.

M. GEORGE TALBOT (Guyana), Cofacilitateur du processus préparatoire de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, a estimé qu’il faudrait réfléchir aux moyens de créer la confiance pour garantir que tous les acteurs soient engagés à réaliser le programme ambitieux du développement durable.  Un des défis à relever est celui de la compétence, a-t-il souligné.  Il faudrait également déterminer les exigences en matière de financement et les moyens de mobiliser les fonds nécessaires, a-t-il ajouté.  En outre, il faudrait définir le niveau de réponse que la communauté internationale, les gouvernements nationaux et les autres acteurs comme le secteur privé pourraient apporter. 

M. GEIR PEDERSEN (Norvège), Cofacilitateur du processus préparatoire de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, a invité à sortir de sa zone de confort pour parvenir à des résultats importants.  Il faudrait en effet des idées fraîches pour réaliser la perspective de passer « de milliards à trillions ».  Le représentant a demandé au secteur privé de changer de comportement afin d’agir de manière responsable. 

M. MUKHISA KITUYI, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), s’est dit convaincu que l’objectif ambitieux du développement durable était réalisable.  Il faudrait pourtant des progrès considérables pour que les PMA parviennent à une croissance de 9,4% sur une période de 15 ans.  Le financement du développement ne doit pas seulement reposer sur l’aide au développement, les impôts et le secteur privé, mais aussi sur le commerce, a-t-il dit.  C’est pourquoi, il a recommandé à la Conférence d’Addis-Abeba, de reconnaître pleinement l’importance du commerce et de l’innovation en tant que moteur de la croissance.  Il faudrait aussi prendre en compte la nécessité de renforcer les capacités, notamment grâce à une aide au commerce. 

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, qui est aussi le Secrétaire général de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, a indiqué que quatre consultations régionales sur cinq avaient déjà eu lieu en préparation de la Conférence d’Addis-Abeba.  Ces discussions ont encouragé les donateurs à tenir leur promesse de consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD.  En ce qui concerne le secteur privé, les discussions ont porté sur les obstacles à leur financement.  On a aussi parlé du rôle des migrants pour mobiliser des ressources privées et pour le transfert des technologies.  Les consultations régionales ont en outre appelé à réformer les institutions financières et économiques internationales, afin de permettre une plus grande participation des pays en développement aux organes de prise de décisions. 

Discussion interactive

Dans la discussion qui a suivi, les délégations ont mis l’accent sur la nécessité de financer le développement dans un cadre international juste et équilibré, notamment en ce qui concerne le commerce dont le rôle moteur a été souligné.  Les partenariats devraient inclure tous les acteurs, notamment le secteur des affaires et la société civile, ont-elles souhaité.

Le représentant du Canada, qui a prôné une attitude novatrice et créative dans le financement du développement, a cité l’exemple de l’implication de son pays dans de tels partenariats.  Le Canada, a-t-il précisé, travaille notamment avec le Forum économique mondial pour définir une « centrale de finance » qui constituera une plateforme d’expertise et de ressources.

Le représentant de l’Afrique du Sud, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a invité la communauté internationale à assurer un environnement propice aux efforts de développement des pays en développement.  Elle doit aussi trouver des solutions justes et durables aux problèmes des pays en développement, comme la crise de l’endettement.  Le commerce est un moteur de développement, a-t-il aussi souligné en demandant la mise en place de systèmes prévisibles, non discriminatoires et équitables. 

À son tour, le représentant de la Fédération de Russie a appuyé les efforts visant à mettre en place un système équilibré et juste de commerce international.  Il a en outre jugé indispensable de faire davantage participer le secteur privé à ce financement, tout en préservant un rôle auxiliaire et en veillant à ce qu’il respecte les principes de responsabilité sociale des entreprises.

Il faudrait que le suivi de la Conférence d’Addis-Abeba soit un processus intergouvernemental qui fasse participer la société civile, a plaidé, à son tour, le représentant de la société civile, qui a aussi reconnu le rôle moteur du commerce en matière de développement durable.  « Nous avons vraiment besoin d’un partenariat mondial renouvelé qui inclue tous les participants concernés, a enchaîné le représentant de la Suisse, avant d’appeler à mieux utiliser les ressources disponibles.

S’exprimant sur l’importance de la mobilisation des ressources nationales, le représentant des États-Unis a souligné en particulier le rôle des recettes fiscales.  Pour que le système marche, il faudrait que le régime fiscal soit bien conçu tant au plan des politiques et que des compétences de l’administration fiscale, a-t-il précisé.  De même, il a invité à lutter contre la fraude fiscale, grâce à la transparence des financer publiques, et à mieux partager les informations en matière fiscale sur le plan international.

De son côté, le Conseiller principal de la Banque mondiale a tenu à rappeler que les deux processus de financement parallèles pour le développement et la lutte contre les changements climatiques ne devraient pas être confondus.  Les pays sont libres d’imposer une taxe contre les émissions de gaz à effet de serre mais, a-t-il fait observer, il n’existe pas encore d’accord au plan international sur cette question.  On est encore loin d’un tel accord, a-t-il estimé.  Il a demandé par ailleurs que les subventions concernant les énergies fossiles, qui ont aujourd’hui bien diminué, soient mieux ciblées à l’avenir. 

Il existe finalement un grand nombre de fonds et d’instruments pour atténuer les risques de sous-développement, a résumé la représentante du secteur des entreprises, tout en prévenant qu’ils n’étaient pas bien utilisés.  Elle a suggéré de créer une « usine du développement », en se concentrant plus sur les compétences et le savoir-faire. 

De son côté, le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a mis l’accent sur l’importance de l’emploi pour arriver à l’objectif de réduction de la pauvreté, en rappelant qu’au cours des six dernières années, 13 millions d’emplois avaient été supprimés.  Le représentant de l’OIT a demandé de prévoir les moyens de relever les défis dans ce domaine, notamment pour répondre au problème de l’emploi des pauvres qui sont souvent contraints d’accepter n’importe quel travail.

Débat thématique sur le thème 3: « Partenariat mondial renouvelé pour le développement dans le cadre du programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015 »

M. HERVÉ DE VILLEROCHÉ, Vice-Doyen du Conseil exécutif et Directeur exécutif du Groupe de la Banque mondiale, a relevé que l’APD garde toute son importance dans l’optique du financement du programme de développement pour l’après-2015.  Il est important que le secteur privé joue un plus grand rôle, et que d’autres sources de financement innovantes soient également explorées.  La Banque mondiale, en coopération avec d’autres organisations et institutions internationales, a-t-il rappelé, vient de publier un rapport qui prône le passage d’un financement du développement à hauteur de milliards à un autre qui mobilise des milliers de milliards, notamment dans le contexte de la mise en œuvre du futur programme de développement.  Il a en outre souhaité que l’APD, en dépit d’une baisse, soit utilisée efficacement.  Les transferts des migrants et les investissements directs étrangers, a-t-il ajouté, sont d’autres mesures qui pourraient permettre d’assurer un financement adéquat du programme de développement pour l’après-2015.

M. JUAN MANUEL PERENA, Directeur exécutif de l’Agence mexicaine de la coopération internationale pour le développement, a rappelé que si la mise en œuvre des OMD était marquée par la dichotomie entre donateurs et bénéficiaires, le programme de développement pour l’après-2015 nécessite, quant à lui, un réel partenariat entre le Nord et le Sud.  Il a aussi estimé que la coopération Sud-Sud pourrait jouer un rôle de premier plan dans le cadre du futur programme de développement international.  Une bonne coopération Sud-Sud, a-t-il dit, est fondée sur la confiance mutuelle et la transparence.  M. Perena a en outre déclaré que les partenariats fonctionnent et peuvent avoir un effet multiplicateur, mais qu’ils ont besoin en amont d’un appui politique solide, et d’un appui technique adéquat.  Il faudrait aussi renforcer les capacités nationales des pays en développement pour assurer la disponibilité de données de qualité en vue d’assurer le succès du programme de développement pour l’après-2015, a-t-il préconisé.

M. MAGDY MARTINEZ-SOLIMAN, Administrateur adjoint et Directeur du Bureau des politiques et de l’appui aux programmes du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), s’est dit convaincu que la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, prévue à Addis-Abeba en juillet prochain, devrait permettre de renforcer la détermination de la communauté internationale dans les domaines où la mise en œuvre du Consensus de Monterrey aura été insuffisante.  « Il faudrait mobiliser les fonds et s’assurer que l’APD soit de qualité », a-t-il prôné.  Le secteur privé doit jouer un rôle plus important qui ne se limite pas à la simple philanthropie, a—t-il précisé.  M. Martinez-Soliman a par ailleurs indiqué que le développement durable passait aussi par le renforcement de la résilience des communautés à la prévention des risques de catastrophes.  

Mme BRENDA KILLEN, Directrice adjointe à la Direction de la coopération pour le développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a indiqué que les partenariats étaient la raison d’être de l’OCDE.  Elle a notamment cité le partenariat établi dans le cadre de la coopération au développement entre l’OCDE et l’ONU, lequel, a-t-elle suggéré, constitue un modèle très pertinent pour l’après-2015.  Mme Killen a aussi souligné que l’OCDE appelait à investir davantage pour établir des données.  Elle a ensuite fait observer que les facteurs de succès des partenariats à l’échelle mondiale résidaient dans un leadership de très haut niveau, l’implication des pays concernés et la prise en compte des spécificités et contextes de chaque pays.  Elle a ajouté qu’il faudrait non seulement s’entendre sur les principes, les cibles et les mécanismes d’application des partenariats, mais également sur les résultats, en établissant un lien entre les ressources engagées et les résultats escomptés.  

Discussion interactive

Dans la phase des échanges entre les panélistes et le public, la représentante de l’Azerbaïdjan a déclaré que l’APD restait essentielle pour la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  Elle a aussi estimé que les donateurs émergents comme son pays étaient une solution pour améliorer la qualité de l’APD.  Comme le souligne M. MAGDY MARTINEZ-SOLIMAN du PNUD, le rôle des donateurs émergents sera crucial.  Des ressources supplémentaires, a-t-il dit, sont nécessaires pour le programme de développement en cours d’élaboration. 

La représentante de l’Azerbaïdjan a aussi déploré le fait que les efforts de développement de l’Azerbaïdjan soient anéantis par l’occupation d’une partie de son territoire par l’Arménie.  La représentante de l’Arménie a rétorqué que l’Azerbaïdjan devrait se garder d’abuser des réunions de l’ONU pour faire des revendications qui relèvent de la compétence  d’autres instances.  Elle a aussi déploré le blocus économique dont l’Arménie est victime de la part de l’Azerbaïdjan et de la Turquie.  

S’exprimant au nom des pays les moins avancés, le représentant du Bénin a rappelé que les PMA formaient le groupe de pays se trouvant au bas de l’échelle du développement humain.  C’est au regard de leur performance économique que le programme de développement en cours d’élaboration sera évalué en 2030, a-t-il averti.  Compte tenu de l’assiette fiscale limitée des PMA, ce groupe de pays compte sur le soutien de la communauté internationale, notamment dans le cadre des restructurations nécessaires pour rendre leurs économies plus compétitives, a-t-il insisté. 

La représentante de l’OCDE a précisé que la qualité de l’aide était aussi une question cruciale, tout comme celle de la reddition des comptes de ceux qui la reçoivent.

« Nos économies sont victimes de chocs externes et méritent plus de soutien », a pour sa part souligné le délégué du Népal.  Il a évoqué le principe de responsabilité commune mais différenciée, établi lors du Sommet de Rio, pour inviter les pays développés, responsables de la plus grande part d’émissions de gaz à effet de serre, à soutenir les efforts d’adaptation du Népal qui voit des villages entiers engloutis par la fonte des neiges.  Il a précisé que ces fonds alloués pour assister les PMA dans le cadre de l’adaptation aux changements climatiques ne devraient pas être considérés comme une part de l’APD, mais plutôt comme une mesure compensatoire de la part des pays pollueurs.  

Le représentant du Bangladesh a aussi rappelé que le risque d’élévation de la mer due aux changements climatiques mettait en péril l’existence du tiers de sa population.  Il a ainsi appelé  la communauté internationale à faire preuve d’une plus grande solidarité.

La Banque mondiale contribue à la lutte contre les changements climatiques à travers le monde, a assuré son représentant.

Évoquant aussi la solidarité internationale, une représentante de la société civile a tenu à souligner que le développement durable était une question morale.  L’élimination de la pauvreté et de la faim est possible à condition que l’on assigne les ressources aux bons endroits, a-t-elle ajouté.  Lançant ensuite un appel en faveur de l’égalité entre les sexes, elle a estimé que l’on ne pouvait pas se payer le luxe de perdre le talent de la moitié des populations que représentent les femmes.

Le représentant de l’Agence mexicaine de la coopération internationale pour le développement a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 soit accompagné de mesures claires et concrètes pour son évaluation.   

 

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