Le Conseil de sécurité dresse le bilan d’un mois de juin « productif mais difficile », comme en témoigne la situation au Burundi
Les membres du Conseil de sécurité ont dressé aujourd’hui le bilan de leurs travaux mensuels et constaté un mois « productif », avec pas moins de 26 réunions et de 22 textes adoptés, mais aussi un mois « difficile » au vu des évènements récents auxquels il a fallu réagir, comme la situation au Burundi.
Le Représentant permanent de la Malaisie, M. Ramlan Bin Ibrahim, qui présidait le Conseil de sécurité ce mois-ci, a expliqué que sa délégation avait voulu se concentrer sur trois questions: le maintien de la paix, la consolidation de la paix et les enfants en temps de conflit armé. Il a rappelé que l’examen de cette dernière question a abouti à la résolution 2225 (2015) qui inclut l’enlèvement au nombre des violations graves entraînant l’inscription sur la Liste en annexe du rapport du Secrétaire général, dite la « Liste de la honte ».
Comme l’ensemble de ses homologues, le Président du Conseil a regretté la dégradation de la situation au Burundi, au Soudan, au Soudan du Sud, en Ukraine ou encore au Yémen. Il a exprimé sa préoccupation face à la situation des migrants dans la Méditerranée. La protection des civils contre l’extrémisme violent reste aussi une tâche très importante du Conseil, a-t-il souligné, avant de saluer l’initiative de la Lituanie et de l’Espagne de convoquer, le mois prochain à Madrid, une réunion sur le Comité créé en vertu de la résolution 1373 (2001) relative à la lutte contre le terrorisme.
Au moment où l’ONU célèbre son soixante-dixième anniversaire, le Président du Conseil a salué le fait que les Nations Unies et le Conseil de sécurité aient été aux avant-postes du maintien de la paix et de la sécurité dans le monde, enregistrant de nombreux succès depuis leur création. Il a toutefois regretté que certains défis semblent difficiles à relever, plaçant en haut de la liste la question de Palestine et ses crises à répétition pendant presque toute l’existence de l’ONU. L’ONU est restée trop longtemps inefficace, s’est-il impatienté, refusant le statu quo. Il a dès lors demandé à toutes les parties de se réengager dans le règlement d’un conflit qui n’a que trop duré, encourageant aussi le règlement des autres conflits dans la région.
Le Conseil de sécurité, a-t-il poursuivi, devrait organiser des débats sur le Moyen-Orient pour examiner la situation des pays qui supportent le fardeau des réfugiés. Le Conseil devrait aussi s’attarder sur les implications futures des conflits en Afrique, dont l’émigration clandestine. Le Mali et le Burundi, a cité le représentant français. Si le premier dossier est porteur d’espoir, le second ne cesse d’inquiéter la France. Il faut rester vigilant sur le dossier burundais, a concédé le représentant de la Malaisie qui a rappelé que, le 26 juin, le Conseil de sécurité a tenu une réunion d’urgence pour demander aux parties d’engager un dialogue axé sur les mesures à prendre pour créer les conditions propices à la tenue d’élections libres, régulières, transparentes et crédibles.
Pourtant ce 28 juin et malgré les réticences de l’Union africaine et du Secrétaire général, le Burundi a tenu ses élections, a relevé la délégation des États-Unis en prévenant du risque de conflit car les consultations ne se sont déroulées « ni dans la transparence ni dans la régularité ». Mais, a plaidé le représentant de la Fédération de Russie, un nouveau report des élections aurait mené à un vide constitutionnel et au chaos.
Le chaos est également craint par plusieurs délégations au Darfour, comme cela a été mentionné hier lors du renouvellement du mandat de l’Opération hybride Union africaine-ONU au Darfour (MINUAD). Le représentant du Chili a insisté sur la coopération avec la Cour pénale internationale dont la Procureure a réaffirmé hier la validité du mandat d’arrêt contre le Président soudanais. Pour ce qui est du Soudan du Sud, plusieurs délégations ont exprimé leur vive inquiétude quant aux graves violations des droits de l’homme qui y sont commises, la Mission des Nations Unies (MINUSS) signalant notamment des cas de personnes brûlées vives, comme l’a rappelé le représentant des États-Unis. Ce dernier a aussi parlé de la situation au Yémen en demandant aux membres du Conseil de sécurité d’utiliser leur influence pour faire avancer le processus de Genève et obtenir une pause humanitaire.
Le délégué américain a aussi dénoncé le nombre de victimes en Syrie et a appelé à l’action. Le Conseil peut et doit agir pour protéger les civils en Syrie, a exigé son homologue de la Malaisie. Rappelant que les groupes terroristes, Daech et le Front el-Nosra, continuent de progresser et que ce mois-ci a été endeuillé par de terribles attentats terroristes en France et ailleurs, le représentant français a estimé que, plus que jamais, l’unité du Conseil de sécurité était nécessaire « pour faire barrage aux fanatiques ». Les membres du Conseil de sécurité ont tous exprimé leurs craintes face à la montée du terrorisme, notamment Daech qui s’approche de l’Asie centrale, a noté avec inquiétude le représentant russe. Il a profité du débat pour parler de la situation en Ukraine, accuser cette dernière de ralentir la mise en œuvre de l’Accord de Minsk et appeler les membres du Conseil de sécurité « qui répètent la propagande » à réfléchir à leur responsabilité et à éviter de dégrader l’atmosphère.
Le Président du Conseil pour le mois de juin a encouragé ses homologues à progresser dans les discussions sur le prochain Secrétaire général. Les membres du Conseil devraient être en mesure de dialoguer avec les candidats, a suggéré le représentant de l’Espagne et plaidant pour plus de transparence, son homologue britannique a souligné qu’il était plus que temps qu’une femme dirige l’ONU. Le représentant russe s’est tout de même étonné que cette question soit inscrite à l’ordre du jour, en juin et en juillet, alors que le mandat du Secrétaire général actuel n’expire qu’en 2016. À propos de mandat, son homologue de la Lituanie a dit craindre un vide après le départ de la médiatrice du régime des sanctions contre Al-Qaida.
Au mois de juillet, le Conseil de sécurité sera présidé par la Nouvelle-Zélande. Le représentant du Venezuela a souligné l’importance des échanges avec les organisations internationales, alors que son homologue russe plaidait pour une interaction constructive avec les pays hôtes des opérations de maintien de la paix dont la souveraineté a été défendue par le représentant de la Chine. Son homologue de la Lituanie a jugé malheureux que le Conseil s’écarte de sa pratique en refusant la participation des États non membres à l’examen des trois organes subsidiaires chargés des mesures antiterroristes.
Le délégué de l’Espagne a d’emblée indiqué qu’il travaille avec l’Angola à l’organisation d’un débat sur les méthodes de travail du Conseil, lequel aurait lieu au mois d’octobre, pendant la présidence espagnole du Conseil. L’Espagne entend aussi organiser un débat de haut niveau sur la résolution 1325 relative aux femmes et aux conflits armés. Le représentant du Royaume-Uni a souhaité des débats plus interactifs et plus conviviaux, conseillant même aux représentants permanents de s’appeler par leur prénom. Les membres du Conseil devraient avoir davantage de contacts officieux, a ajouté son homologue de la Nouvelle-Zélande.