En cours au Siège de l'ONU

Forum politique de haut niveau sur le développement durable,
Session de 2015, matin & après-midi
ECOSOC/6706

Le Forum politique de haut niveau se penche sur la mise en œuvre des « orientations de Samoa » et sur les moyens de sensibiliser le grand public au programme de développement pour l’après-2015

Le Forum politique de haut niveau sur le développement durable, convoqué sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), a poursuivi, aujourd’hui, les débats de sa session 2015 en examinant la mise en œuvre du programme d’action en faveur des petits États insulaires en développement et les moyens de sensibiliser le grand public, les jeunes en particulier, au programme de développement pour l’après-2015.

Ces thématiques ont été débattues dans le cadre de trois tables rondes qui avaient réuni panélistes, représentants d’États Membres, responsables politiques, scientifiques et experts en développement.

Ouvrant la première table ronde, le Président de l’ECOSOC, M. Martin Sajdik, a rappelé que les Orientations de Samoa –le programme d’action pour le développement des petits États insulaires en développement (PEID) adopté à Samoa en septembre 2014- reconnaissaient l’importance de partenariats authentiques et durables pour le développement durable de ces États qui, a-t-il rappelé, présentent des vulnérabilités uniques et particulières.

« Qu’est-il advenu des plus de 300 partenariats annoncés lors de la Conférence de Samoa », a interrogé l’animateur du débat, l’Ambassadeur des Seychelles chargé des changements climatiques et questions intéressant les PEID.  C’est une question à laquelle les intervenants ont apporté des éléments de réponse.  Le représentant des Samoa a ainsi indiqué que grâce à cette Conférence, « les PEID s’étaient sentis connectés au reste du monde comme jamais auparavant ».

Il a également souhaité que toutes les entités pertinentes des Nations Unies, notamment les commissions régionales, participent davantage aux efforts visant le développement des PEID, avant de suggérer la proclamation d’une « journée des PEID ».

De son côté, le Gouverneur de l’Autorité monétaire des Maldives a expliqué que le financement des projets d’infrastructure était une condition essentielle du développement durable d’un pays comme le sien, du fait de la grande dispersion géographique de la population et de leur économie basée sur le tourisme. 

D’autres intervenants ont mis l’accent sur le rôle important de suivi que doit jouer le Forum politique de haut niveau, à l’instar du représentant des Maldives qui, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, a demandé au Forum politique de se transformer en « forum d’action ».

Les participants aux deux tables rondes de l’après-midi se sont, quant à eux, penchés sur les moyens de sensibiliser le grand public et de former les jeunes au futur programme de développement, qui doit être adopté en septembre prochain.

« Le programme de développement pour l’après-2015 ne pourra être couronné de succès que s’il est compris et activement appuyé par les acteurs gouvernementaux comme non gouvernementaux », a ainsi déclaré le Vice-Président du Conseil, en lançant la discussion au sein de la première table ronde de l’après-midi.

Animée par la Secrétaire générale adjointe à la communication et à l’information, Mme Cristina Gallach, cette table ronde a permis de faire le point sur les stratégies de communication à mettre en place autour du futur programme de développement.

L’Ambassadeur Francis Lorenzo, de la République dominicaine, qui est également Président honoraire de South-South News, a ainsi souligné la nécessité de créer un programme qui soit compris par tous.  « On ne peut demander aux journalistes d’écrire des articles sur des choses qu’ils n’assimilent pas eux-mêmes », a-t-il dit.

Pour sa part, le Coordonnateur des initiatives contribuant au développement écologiquement durable au Ministère des affaires étrangères de l’Italie, M. Grammenos Mastrojeni, a avancé l’idée selon laquelle la stratégie de communication devrait être axée sur une corrélation vertueuse entre les individus et la planète.  « Ce qui est bon pour ma planète est bon pour moi, et ce qui est bon pour moi est bon pour ma planète », a-t-il résumé.

La dernière table ronde de la journée, qui était animée par le Directeur de l’École des cadres du système des Nations Unies à Turin (Italie), s’est concentrée sur la thématique de l’éducation et la formation au développement durable et sur la manière dont les institutions d’enseignement ou de formation peuvent contribuer audit programme de développement.

Le Forum politique de haut niveau tiendra demain, jeudi 2 juillet à partir de 10 heures, les trois dernières tables rondes de la première partie de cette session.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Table ronde 1: Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de Samoa): concrétiser la vision par des actes (E/HLPF/2015/2)

Introduisant la discussion de la matinée, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. MARTIN SAJDIK (Autriche), a rappelé que les Orientations de Samoa, programme d’action adopté à Samoa en septembre 2014, posent les jalons du développement durable des petits États insulaires en développement (PEID) pour la décennie à venir.  Ce programme a reconnu que les partenariats authentiques et durables sont essentiels au développement durable de ces États, a-t-il souligné, avant d’expliquer le rôle important du Forum politique de haut niveau dans le suivi de la mise en œuvre des Orientations de Samoa.

Qu’est-il advenu des plus de 300 partenariats annoncés lors de la Conférence de Samoa, a interrogé l’animateur du débat, M. RONALD JEAN JUMEAU, Ambassadeur des Seychelles chargé des changements climatiques et questions intéressant les PEID.

Reconnaissant l’écart qui existe entre les engagements pris à la table des négociations et les mesures mises en œuvre sur le terrain, Mme AZEEMA ADAM, Gouverneur de l’Autorité monétaire des Maldives, a appelé à le combler.  Elle a expliqué que le financement des projets d’infrastructure était une condition essentielle du développement durable de pays comme le sien, du fait de la grande dispersion géographique de la population et de leur économie basée sur le tourisme.  L’obligation pour l’État de fournir des moyens de transport et des services de base dans chaque île des archipels pèse lourd sur le budget national, a-t-elle fait remarquer.  Mme Adam a aussi expliqué qu’un petit pays avait intérêt à diversifier son économie, alors que les occasions sont limitées et qu’on les accuse facilement de devenir des paradis fiscaux.  Elle a donc plaidé en faveur de partenariats forts fondés sur le respect et les bénéfices mutuels, tels que ceux prévus dans les Orientations de Samoa, afin de mettre en œuvre les projets d’infrastructures.  Mme Adam a aussi demandé qu’une aide soit accordée aux PEID pour leur permettre de renforcer leurs capacités d’analyse des données.

Faisant référence au legs de la dernière Conférence sur les petits États insulaires en développement (PEID), M. ALIIOAIGA FETURI ELISAIA, Représentant permanent des Samoa auprès des Nations Unies, a remarqué que l’accent avait été mis sur les PEID en tant que pays qui ont besoin d’une attention spéciale et de partenariats authentiques.  « Les PEID se sont sentis connectés au reste du monde comme jamais auparavant », s’est-il réjoui.  Au moment où sont examinés les cadres du développement durable des 15 prochaines années, les PEID ont demandé que leurs vulnérabilités et leurs besoins particuliers soient intégrés dans le programme de développement pour l’après-2015.  Ils ont aussi insisté sur la nécessité de trouver des solutions novatrices à leurs problèmes de financement.

M. Elisaia a souhaité que toutes les entités pertinentes des Nations Unies, notamment les commissions régionales, participent davantage aux efforts visant le développement des PEID.  Il a aussi suggéré de proclamer une « journée des PEID » pour informer la communauté de l’ONU sur les enseignements tirés des partenariats mis en œuvre.  Il faut éviter les écueils du passé, a-t-il demandé en rappelant que les PEID se limitaient à établir des échanges entre eux.  Rappelant que la Conférence de Samoa avait adopté des « Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement », il a lancé un appel pour que l’on mette l’accent précisément sur l’accélération des progrès.

M. ANDREW DOWNES, Pro-Vice-Chancelier du Bureau de l’Université de la planification et du développement de l’Université des Antilles, Campus de Cave Hills (La Barbade), s’est concentré, pour sa part, sur les efforts à renforcer dans le secteur de l’éducation, en estimant que les institutions universitaires jouaient un rôle essentiel pour faire avancer ces pays.  Il a parlé des sept universités des Caraïbes qui participent au transfert de connaissances et de capacités.  « Nous avons aussi des instituts et des centres spécialisés sur la question du développement durable », a-t-il indiqué en insistant sur la qualité de la formation dispensée.  Cependant, a-t-il tempéré, nous sommes en deçà des 20% d’inscriptions nécessaires pour garantir un bond en matière de développement.  Il a misé sur le nouveau Réseau des Caraïbes pour la recherche, lancé en mai dernier, pour que des progrès soient réalisés dans la région sur les questions environnementales et l’innovation.

M. BEN GLASS, Président-Directeur général d’Altaeros Energies, Boston (États-Unis), a expliqué que son entreprise fournit des services de télécommunication à bas coût qui sont basés sur l’énergie renouvelable, à 1,3 milliard de personnes n’ayant pas accès à l’électricité, ainsi qu’à des industries à travers le monde.  Les petites et moyennes entreprises (PME) sont mieux à même d’aider les PEID, a-t-il estimé, tout en relevant les difficultés qu’elles rencontrent en termes de connectivité.  En outre, ces PME ne bénéficient pas de la reconnaissance mondiale dont jouissent les grandes sociétés.  M. Glass a donné un exemple de ce que peuvent cependant accomplir les PME en faveur des PEID: pour aider ces pays à lutter contre la pêche illégale, son entreprise a développé une application pour la surveillance des côtes.  C’est en nous rendant sur place que nous avons compris les besoins, a-t-il fait remarquer.  Ce qui est ressorti de la Conférence de Samoa, a-t-il estimé, c’est qu’il faut un réseau d’entreprises pour aider les PEID.

M. GUSTAVO FONSECA, Directeur des programmes au Fonds pour l’environnement mondial (FEM), a expliqué que ce mécanisme de financement permet aux pays en développement de respecter les engagements qu’ils ont pris en vertu de conventions internationales.  Nous essayons d’harmoniser nos stratégies avec le programme de développement pour l’après-2015, en proposant des « paquets d’assistance », a-t-il dit, en précisant que les efforts visaient aussi le renforcement des capacités pour contribuer à la mise en œuvre des Orientations de Samoa.  Un fonds a été établi aux Îles Cook, par exemple, pour promouvoir l’énergie renouvelable dans ce pays.  Nous avons aussi offert un financement à Samoa pour aider les communautés à réduire leur vulnérabilité face aux changements climatiques. 

Mme FLORENCE PIGNOLET-TARDAN, du Réseau des gouvernements régionaux pour le développement durable, La Réunion (France), a parlé de la coopération mise en place par le Conseil régional de la Réunion, en vantant les mérites de la coopération Sud-Sud entre La Réunion et celles qui l’entourent (Seychelles, Comores et Madagascar).  Elle s’est félicitée de la tenue récente de l’« Évènement Climat Énergie », le plus grand débat citoyen sur ce sujet qui a rassemblé 12 PEID.  Elle a espéré que ce débat créerait une forte synergie avec la COP21, car 86% de la population des PEID se disent très concernés par les effets des changements climatiques.  La représentante a aussi parlé des possibilités qu’offre le Fonds européen de développement pour mettre en œuvre des projets de pêche durable dans les pays de l’océan Indien.  Un « hub énergie » dans l’océan Indien a en outre été créé. 

Un autre projet a été mentionné par Mme Pignolet-Tardan: « Agrienergie Farm », qui met en place des serres photovoltaïques à l’épreuve des cyclones, en vue d’une agriculture durable.  La représentante a également donné l’exemple de La Réunion qui, depuis qu’elle est devenue un département français en 1946, s’est vue imposer un modèle européen non conforme aux exigences de l’île: on y a par exemple construit des maisons en béton, alors que le bois et les matériaux naturels étaient utilisés auparavant.  Elle a donc exprimé le souci actuel de l’île de faire marche arrière pour revenir aux ressources locales naturelles.  Elle a conclu en appelant à ne pas oublier de placer l’homme au centre de tous les efforts de développement.

Discussion interactive

L’échange avec les délégations et représentants de grandes groupes a été l’occasion, pour le représentant des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, d’insister sur les vulnérabilités uniques et particulières des PEID, notamment face aux fluctuations des marchés internationaux et aux chocs économiques extrêmes.  Les PEID sont en outre exclus des processus prise de décisions, a-t-il noté.  Le représentant a aussi souligné les ressources limitées que ces îles doivent consacrer aux infrastructures.  La dispersion des habitants sur plusieurs îles entraîne en outre des coûts élevés pour les services et le transport.  Les conséquences des changements climatiques, a-t-il averti, peuvent menacer l’existence même de ces pays.  C’est pourquoi, il a demandé au Forum politique de haut niveau de se transformer en « forum d’action ».  Il faut aussi, a-t-il ajouté, qu’il évalue les impacts des partenariats, en assurant une analyse régulière de ces projets.

Un mécanisme est essentiel pour garantir la mise en œuvre des programmes d’action adoptés en faveur du développement des PEID, a estimé le représentant de Vanuatu, au nom des 12 petits États insulaires du Pacifique.  Rappelant que l’ancienne Commission du développement durable était la seule instance chargée d’examiner cette mise en œuvre, il a insisté sur le suivi que doit faire le Forum politique de haut niveau.  Il a en même temps rappelé la nécessité d’éviter les doublons dans cet examen aux Nations Unies, comme l’a souligné le Corps commun d’inspection.

Le représentant de Vanuatu a en outre accordé une importance cruciale au cadre de partenariats en faveur des PEID, soutenu en ce sens par le représentant de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, qui s’est dit favorable à des engagements forts pour mettre en œuvre les Orientations de Samoa.  Il faut, a-t-il insisté, que tous les programmes d’action sur les PEID, adoptés tour à tour à La Barbade, Maurice et Samoa, se traduisent en mesures concrètes.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), la représentante de La Barbade a signalé le problème qu’entraîne pour ces pays le critère retenu pour donner accès à des financements basés uniquement sur le PNB par habitant.  Cela présente de sérieux inconvénients pour de nombreux PEID qui sont souvent des pays à revenu moyen, a-t-elle expliqué.  En ce qui concerne le suivi de la mise en œuvre des Orientations de Samoa, elle a plaidé en faveur du renforcement des capacités des pays en matière de statistiques, afin de leur permettre de prendre des décisions basées sur des données vérifiées.

L’objectif aujourd’hui est de passer de la théorie à la pratique, a souligné le représentant de la délégation de l’Union européenne, en citant l’exemple du Programme de l’Union européenne pour la région pacifique.  Celui-ci s’ajoute aux programmes bilatéraux que les pays membres de l’Union européenne établissent avec les PEID.  Des programmes thématiques sont également mis en place pour les zones Caraïbes et Afrique, a-t-il indiqué.  En outre, l’Union européenne consacre 20% de son budget à la coopération internationale pour la lutte contre les changements climatiques, sans compter son soutien au développement de l’énergie renouvelable.  L’Union européenne s’engage aussi dans le domaine de la gestion durable des pêches.  En ce qui concerne les PEID, il a souligné l’importance de l’appropriation nationale des programmes d’aide et la nécessité de tenir des dialogues régionaux.

Les nombreuses délégations qui ont participé à la discussion ont chacune mis l’accent sur les domaines d’action qui leur paraissent les plus importants.  Ainsi, le représentant de la Norvège a insisté sur l’aspect « paix et sécurité » des changements climatiques, tandis que son homologue de la Fédération de Russie a jugé crucial d’aider les PEID à renforcer leurs capacités, comme le fait son pays.  Ce sont par ailleurs la fiabilité énergétique et l’économie verte qui recueillent toute l’attention du Kazakhstan.

Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a, pour sa part, parlé du Forum sur l’énergie pour le développement inclusif qui vient de se tenir à Vienne.  Un des messages de cette conférence a été d’encourager une synergie, qui fait actuellement défaut, entre les efforts nationaux et régionaux dans ce domaine.  Le modérateur de la discussion, représentant lui-même un de ces pays -les Seychelles-, a estimé à cet égard qu’on devrait renforcer la coopération PEID-PEID dont on ne parle pas assez selon lui. 

Les questions de financement ont été évoquées à plusieurs reprises.  L’accès aux fonds reste très difficile, a ainsi souligné la représentante du Réseau des gouvernements régionaux pour le développement durable, avant de reprendre à son compte les exigences des jeunes concernant leurs besoins de formation et de participation pour mieux faire face aux enjeux de la planète.  La représentante du groupe des jeunes et des enfants a en effet demandé de reconnaître comme des partenaires égaux les jeunes insulaires qui accumulent les vulnérabilités, comme les jeunes handicapés.  « Nous avons un climat, un futur et une dernière chance.  Alors, travaillons de concert », a-t-elle lancé.  Il ne faut pas perdre la dynamique lancée à Apia (Samoa), a également demandé le représentant des États-Unis.

Table ronde 2: S’ouvrir vers le monde: communiquer sur l’agenda (E/HLPF/2015/2)

Ouvrant la table ronde, M. OH JOON (République de Corée), Vice-Président du Conseil économique et social, a rappelé que le programme de développement pour l’après-2015 ne pourra être couronné de succès que s’il est compris et activement appuyé par les acteurs gouvernementaux comme non gouvernementaux.  Il a ainsi souligné la nécessité d’entreprendre des efforts de communication autour de ce programme, qu’il a souhaités « créatifs » et innovants.

Ce point de vue a été partagé par l’animatrice de la table ronde, Mme CRISTINA GALLACH, Secrétaire générale adjointe à la communication et à l’information de l’Organisation des Nations Unies, qui a détaillé les efforts du Département de l’information visant à promouvoir les objectifs de développement durable.

Elle a notamment évoqué la conduite de campagnes de sensibilisation, dans plusieurs langues, ainsi que l’implication de figures connues du grand public.

M. FRANCIS LORENZO, Ambassadeur et Président honoraire de South-South News (République dominicaine), a souligné la nécessité de créer un programme qui soit compris par tous.  Il a appelé à établir un partenariat mondial entre les ONG, les célébrités et les experts afin de diffuser ce programme auprès du grand public.  « On ne peut demander aux journalistes d’écrire des articles sur des choses qu’ils ne comprennent pas », a-t-il dit, en insistant sur l’importance pour les journalistes d’être mieux informés sur les ODD.  Il faut diffuser ce programme le plus largement possible par le biais d’articles, mais aussi de films, a-t-il poursuivi.  Il est également nécessaire de raconter « davantage d’histoires et de donner un visage humain à notre travail ».  Enfin, il a suggéré que les journalistes écrivent des articles sur les négociations relatives au programme de développement et que les Nations Unies usent du « pouvoir transformateur de l’art » pour diffuser leur message.

M. GRAMMENOS MASTROJENI, Coordonnateur des initiatives contribuant au développement écologiquement durable au Ministère des affaires étrangères de l’Italie, a estimé que les êtres humains devraient se sentir concernés par le futur programme de développement, qui promeut « une nouvelle compréhension de la planète ».  La communication reste difficile en raison des partis pris, d’une réflexion trop partielle et du sentiment d’impuissance répandu parmi le grand public », a-t-il affirmé.

Afin d’y remédier, il a suggéré plusieurs pistes dont celle consistant à susciter un sentiment d’empathie.  « Mais ce sentiment est de courte durée et varie suivant les évènements », a-t-il dit, en expliquant qu’un ours polaire émouvra moins que les phytoplanctons, même si le sort de l’un et des autres sont liés.

La peur est un autre moyen de communication, a fait remarquer M. Mastrojeni, avant de mettre l’accent sur l’idée d’une corrélation vertueuse entre les individus et la planète.  « Ce qui est bon pour ma planète est bon pour moi, et ce qui est bon pour moi est bon pour ma planète », a-t-il résumé.  L’alimentation saine d’un individu, a-t-il expliqué, est bonne pour la planète.

M. MITCHELL TOOMEY, Directeur de la Campagne Objectifs du Millénaire, est revenu sur la campagne sur les OMD, qui est entrée dans sa dernière ligne droite dans les années 2013-2015.  Les réseaux sociaux, a-t-il dit, sont cruciaux pour propager le message clef de la campagne.  Quelque 7 millions de personnes ont ainsi été mobilisées.  Il a aussi indiqué que 3 000 bénévoles avaient fait du porte à porte dans la ville de Mexico pour savoir ce que ses habitants attendaient des OMD.  Il a souligné qu’il était donc important d’associer étroitement les acteurs de la société civile aux efforts de communication.

M. DAVID DROGA, Directeur publicitaire et fondateur de Droga5, New York, a détaillé les stratégies de communication les plus efficaces.  « Ce que vous voulez dire n’est pas forcément ce que votre interlocuteur veut entendre », a-t-il averti, tout en insistant sur la complexité des ODD.  Les efforts de communication doivent aboutir à un message suscitant l’émotion du grand public. « Il faut créer l’émotion pour susciter l’intérêt », a-t-il dit, en citant l’exemple d’une campagne autour de la loi d’assurance santé lancée par l’administration Obama qui avait donné la parole aux mères de célébrités.  

Mme EDITH LEDERER, Journaliste aux Nations Unies, a jugé que les ODD n’étaient pas très « vendeurs » et estimé qu’il serait difficile pour les journalistes d’écrire des articles sur ce sujet.  Elle a souhaité que 4 ou 5 objectifs principaux soient choisis parmi les 17 car ce nombre, a-t-elle fait remarquer, est trop élevé.

Mme MARIA MELINDA ANDO, Directrice du programme relatif aux technologies de l’information et des communications du Centre de l’Asie et du Pacifique des ressources et de la recherche pour les femmes (Philippines), a souligné l’importance de la liberté des médias et de l’accès à Internet.  Elle a aussi souligné l’acuité de la fracture numérique, qui pourrait entraver les efforts de communication autour du futur programme.  Les voix des plus marginalisés devraient être entendues, a estimé Mme Ando.  Un simple clic sur un réseau social, a-t-elle soutenu, peut contribuer à la promotion du changement social, comme l’ont fait de nombreux internautes au lendemain de la décision de la Cour suprême américaine sur le mariage homosexuel.

« Tous les êtres humains de la planète, en particulier les jeunes, doivent se sentir concernés par le programme de développement », a affirmé Mme MARY-JANE NCUBE, Directrice exécutive de Transparency International (Zimbabwe).  Elle a souligné la nécessité de sensibiliser également les enfants aux ODD.  Les efforts de communication doivent mettre l’accent sur l’universalité du programme pour être fructueux, a-t-elle ajouté.

Discussion interactive

La représentante du Mexique a indiqué que les ODD, à la différence des OMD, avaient été élaborés dans la plus grande transparence et bénéficié de l’apport d’acteurs de la société civile.  La communication permet également de rendre des comptes, a-t-elle dit, avant de souligner les efforts de son gouvernement en vue de mieux sensibiliser le public.  L’individu doit s’approprier ce programme, a-t-elle estimé avant de conclure.

La représentante de l’Allemagne, qui a rejeté l’idée de choisir 4 ou 5 objectifs, a demandé à M. Droga de présenter ses idées pour une stratégie de communication réussie concernant le programme de développement pour l’après-2015. « Il faut une campagne positive et inspirante », lui a répondu M. DROGA.

De son côté, la déléguée de la France a insisté sur la nécessité de diffuser le programme dans les langues appropriées.  La dimension politique des ODD, a-t-elle fait remarquer, est souvent occultée, alors qu’il s’agit d’une dimension essentielle.

Le représentant de la Norvège s’est dit surpris que le mot pauvreté n’ait pas été davantage mentionné cet après-midi.  S’il a estimé qu’il n’était pas nécessaire de faire connaître les 17 objectifs, son homologue du Libéria a déclaré que les citoyens du monde voulaient simplement que le développement devienne une réalité.  Les Nations Unies doivent convaincre les plus nantis de l’urgence qui s’attache à vaincre la pauvreté, a-t-il affirmé. 

Table ronde 3: S’ouvrir vers le monde: se former et apprendre pour le développement durable (E/HLPF/2015/2)

Cette troisième table ronde, qui était animée par M. JAFAR JAVAN, Directeur de l’École des cadres du système des Nations Unies à Turin (Italie), s’est concentrée sur une thématique clef, à savoir l’éducation et la formation au développement durable.

Comment les institutions d’enseignement ou de formation peuvent-elles apporter leur contribution au programme de développement pour l’après-2015?  Doivent-elles, par exemple, adapter leurs programmes scolaires ou universitaires?  Doivent-elles cibler certains groupes d’élèves ou d’étudiants?  Enfin, doivent-elles, d’emblée, offrir certaines matières incontournables?

Pour M. HANS WINKLER, Directeur de l’Académie diplomatique de Vienne (Autriche), il faudrait sans cesse garder à l’esprit que les institutions d’enseignement ou de formation ont la tâche de former les décideurs politiques de demain.  Au sein de l’Académie diplomatique de Vienne, il a été décidé d’adapter les programmes afin de cibler les futurs hommes politiques mais aussi le monde de l’entreprise, étant donné que de nombreux anciens étudiants de l’Académie rejoignent le secteur privé et celui des affaires.  S’agissant des matières à proposer, il a insisté sur la nécessité d’adopter une approche multidisciplinaire, qui inclurait à la fois des cours d’économie, de sciences politiques et d’histoire.  Il faut également trouver un équilibre entre des cours dispensés par du personnel académique et des cours données par des praticiens.

De son côté, M. ROMAIN MURENZI, ancien Ministre des sciences du Rwanda et Directeur exécutif de l’Académie des sciences du tiers monde (Italie), a tenu à rappeler que de nombreux pays, dont des pays en développement et des pays moins avancés, n’étaient pas prêts à mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  « Nombre d’entre eux se sont engagés à renforcer les capacités de leurs instituts ou de leurs universités mais ils manquent de doctorants et de professeurs.  Les infrastructures scientifiques et les laboratoires font également défaut », a-t-il souligné.

Mme MARIANNE BEISHEIM, Chercheuse principale à la Division des questions mondiales, au sein de l’institution « Stiftung Wissenschaft und Politik » (Allemagne), a alors axé sa présentation sur la mise en œuvre de partenariats locaux d’apprentissage ou de formation, notamment dans les pays en développement.  Dans le cadre de projets de recherche menés sur ces partenariats, son institution a notamment constaté que plusieurs facteurs contribuaient à leur succès, comme la consultation des communautés locales, le suivi et l’évaluation de leur fonctionnement, le partage des connaissances et la création de bases de données issues des expériences tirées de ces partenariats.  Tous ces éléments, a-t-elle souligné, peuvent être riches d’enseignements et apporter la formation nécessaire au personnel des Nations Unies.  

Discussion interactive

Au cours de la discussion interactive qui a suivi, le représentant du Libéria a rappelé qu’il existait une tradition ancienne d’échanges de professeurs entre les pays développés et les pays en développement.  « Des enseignants à la retraite de pays développés pouvaient s’installer dans des pays en développement pour y enseigner.  La formule a connu de nombreux succès et nous souhaiterions la voir renaître pour promouvoir le programme de développement durable », a-t-il dit.

Le représentant du Kazakhstan a, pour sa part, insisté sur la nécessité de créer un dialogue permanent avec les hauts responsables et directeurs des institutions d’enseignements des pays développés, telles que l’Académie de Vienne.  Rappelant que nombreux étudiants avaient été formés dans sa région, il a souligné que son pays était disposé à renouveler la coopération avec les régions du Sud en vue d’accueillir et de former des étudiants.  

Il est important d’encourager la mobilité des étudiants, a recommandé le représentant de l’Afrique du Sud, qui a toutefois insisté sur la nécessité d’offrir une formation qui débouche sur des emplois, en particulier des emplois qui contribuent au développement durable de leur pays.

Avant la conclusion des échanges, M. MURENZIA a repris la parole pour illustrer brièvement combien la mobilité internationale et la coopération étaient importantes pour les étudiants. « Un doctorat aux États-Unis coûte plus de 50 000 dollars par an.  Les sommes d’argent nécessaires pour suivre ou assurer une telle formation sont considérables », a-t-il fait observer.  L’Académie des sciences du tiers monde (Italie) qu’il dirige, a-t-il indiqué, peut compter sur des bourses, qui sont offertes notamment par les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  Ces bourses, a-t-il précisé, aident quelque 500 étudiants à devenir les experts du développement de demain.

 

 

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