Fin du débat général: la Présidente de l’Assemblée générale se félicite de la « quasi-unanimité » des États Membres autour du multilatéralisme
Plus d’une centaine de chefs d’État et de gouvernement, à l’exception notable du Président américain, ont défendu haut et fort le multilatéralisme, au cours du débat général de l’Assemblée générale qui se tenait cette année sur le thème « Faire de l’ONU une organisation pour tous: une force mondiale fondée sur des responsabilités partagées, au service de sociétés pacifiques, équitables et durables* ».
Dans son bilan en sept points de cette dernière semaine, la Présidente de l’Assemblée, Mme María Fernanda Espinosa-Garcés, de l’Équateur, s’est félicitée de ce que les dirigeants du monde se soient accordés à « la quasi-unanimité » pour dire que le multilatéralisme est l’unique réponse aux problèmes de l’humanité.
Au premier jour du débat général, le 25 septembre, le Président Donald Trump avait déclaré: l’Amérique choisira toujours l’indépendance plutôt que la gouvernance internationale. Le Chef d’État avait invité chaque pays à « défendre ses propres traditions et ses propres cultures ». Nous ne voulons pas vous imposer notre manière de vivre, mais respectez notre souveraineté, avait-t-il lancé, avant la mise au point du Président français.
L’unilatéralisme, avait plaidé M. Emmanuel Macron, nous conduit directement au repli et au conflit, à la confrontation généralisée de tous contre tous, et nuit à chacun et même, à terme, à « celui qui se croit le plus fort ». La loi du plus fort ne protège aucun peuple contre quelque menace que ce soit, a insisté le Président, « quand bien même elle s’habillerait d’une forme de légitimité là où elle a perdu toute forme de légalité ».
Ensemble, en tant que gardiens du bien commun, avait renchéri le Secrétaire général de l’ONU, nous avons le devoir de promouvoir et de soutenir un système multilatéral réformé, redynamisé et renforcé et renouveler notre attachement à un ordre fondé sur des règles, qui place l’Organisation des Nations Unies en « son centre et s’appuie » sur les institutions et les traités qui donnent vie à la Charte. M. António Guterres avait en effet relevé un « déficit de confiance » à l’égard des institutions nationales mais aussi entre États ou dans l’ordre mondial fondé sur des règles.
Aujourd’hui, la Présidente de l’Assemblée générale s’est réjouie de ce que les dirigeants du monde aient profité du débat général pour insister sur le fait que « face à des défis communs, il faut des réponses communes » qu’il s’agisse des conflits, du terrorisme, de la prolifération nucléaire, des changements climatiques, de la pauvreté, des migrations ou encore de l’impact des nouvelles technologies.
Nous sommes mis au défi de traduire toutes les idées et les engagements pris en actions concrètes, marquées par une plus grande efficacité et un plus grand impact dans la vie des gens, surtout dans la vie de ceux qui ont le plus besoin de cette Organisation », a ajouté la Présidente de l’Assemblée.
Les dirigeants du monde n’ont pas oublié de célébrer le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et, à ce titre, l’observateur du Saint-Siège a rappelé que la reconnaissance de la dignité intrinsèque de tout être humain est le socle sur lequel les piliers des Nations Unies sont vissés. Le monde doit revenir à une vision globalisante de la personne humaine, de la dignité humaine et des droits de l’homme parce que toute vision réductrice conduit inévitablement à la déshumanisation et à l’exclusion. Il est aussi revenu sur les « notions discutables » des droits de l’homme contraires à la culture de nombreux pays et faisant courir le risque que les formes modernes de la colonisation idéologique ne gagnent en force au détriment des plus pauvres et des plus vulnérables.
Le débat général a été ponctué par quelque 400 manifestations parallèles dont les Réunions de haut niveau sur l’élimination des armes nucléaires, sur la lutte contre la tuberculose et sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles lesquelles ont abouti à l’adoption de Déclarations politiques et ministérielles.
Les rideaux étant tombés sur le débat général, les six grandes commissions entrent en scène dès demain, mardi 2 octobre. L’Assemblée sonnera la fin de cette première partie de session, le 17 décembre 2018. En attendant, elle reprendra demain à partir de 10 heures, sa Réunion de haut niveau intitulée « Sommet de la paix Nelson Mandela ».
*A/73/250
Suite et fin du débat général
M. VLADIMIR MAKEI, Ministre des affaires étrangères de la République du Bélarus, a estimé que nous vivons une époque paradoxale, entre optimisme et pessimisme. Il a salué les accords sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur les changements climatiques ou encore le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Le Ministre a argué que tous ces Accords visent à transformer le quotidien des gens et à protéger la planète dans le cadre d’une mondialisation équitable et basée sur le principe « gagnant-gagnant ». La recherche des réponses à nos problèmes communs ne peut être réalisée que par des actions collectives, a-t-il souligné. L’ONU, a-t-il souligné, est l’instance désignée pour la coopération internationale.
Au cœur de l’Europe et membre de l’Union économique eurasienne, le Bélarus cherche à établir des partenariats solides avec l’Union européenne. Mais il souffre aujourd’hui des conséquences du conflit en Ukraine, des tensions croissantes dans la région, des « sanctions et contre-sanctions » qui occasionnent des pertes économiques indirectes. Le Ministre a milité pour une architecture commerciale « juste et non discriminatoire », soucieuse des intérêts de tous. L’Union économique eurasienne et l’Union européenne doivent coopérer plus étroitement. Un développement durable qui ne laisse personne de côté nécessite, a insisté le Ministre, un soutien aux pays à revenu intermédiaire car il est tout simplement injuste que le revenu par habitant soit le seul étalon-mesure du niveau de développement.
Le Ministre a poursuivi en attirant l’attention sur les efforts que fait son pays pour devenir un leader dans le domaine des technologies de l’information. Ces technologies, s’est-il expliqué, sont un « moteur » du développement socioéconomique même s’il est vrai qu’elles représentent un danger pour le marché du travail, obligeant les pays à s’adapter. Les Nations Unies, a estimé le Ministre, devraient établir des réseaux de coopération sur la numérisation et le développement durable. La véritable prospérité, a reconnu le Ministre, ne se fera pas sans sécurité. Il s’est donc félicité des efforts déployés par l’ONU pour créer un front commun contre le terrorisme. II a indiqué que le Bélarus organisera, en octobre prochain, une réunion de haut niveau sur la lutte contre le terrorisme dans l’ère numérique.
Le Ministre s’est aussi inquiété du fait que notre monde est confronté à des menaces et à des défis qui font craindre une nouvelle guerre froide et pointent vers une crise de la diplomatie. Le Conseil de sécurité, a-t-il déploré, est devenu une arène de confrontation. Or, stabilité veut dire fin du chaos géopolitique et respect de la souveraineté nationale, a tranché le Ministre. Cela veut dire aussi non-ingérence dans les affaires intérieures des États. Ces derniers doivent s’écouter les uns les autres et se montrer prêts au compromis, a conclu le Ministre.
M. ELDIRDIRI MOHAMED AHMED, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a rappelé que le dialogue national organisé par le Président du Soudan en 2014 a débouché sur un Gouvernement d’union nationale dont fait partie le Mouvement de libération du Soudan. Le Ministre a remercié, une nouvelle fois, les partenaires du Soudan pour leurs contributions, se félicitant en particulier du partenariat entre l’Union africaine et l’ONU au Darfour. Si le Gouvernement s’attache à réaliser les objectifs de développement durable, il subit les conséquences des sanctions unilatérales, du fardeau de la dette et la méfiance des investisseurs étrangers. Le Ministre s’est réjoui que son pays ait été retiré de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme mais a en revanche dénoncé la partialité de la Cour pénale internationale (CPI). La politisation des organes des Nations Unies, a-t-il prévenu, ne peut qu’influencer négativement sur le travail et la réputation de l’Organisation.
M. Ahmed s’est attardé sur la question des réfugiés, au nombre de plus de trois millions au Soudan et dont 70% des besoins sont pris en charge par le Gouvernement. Il a exhorté la communauté internationale à prêter main forte à son pays. Il l’a aussi appelé à appuyer les efforts régionaux contre les changements climatiques comme la « Ligne verte » des pays riverains du Nil. Revenant aux questions politiques, le Ministre a souligné la contribution du son Président à l’Accord de paix du 25 juin au Soudan du Sud. Il a insisté sur les efforts de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et son principe « problèmes africains, solutions africaines ». La séparation entre le Soudan et le Soudan du Sud n’a pas été sans heurt mais les efforts du Président soudanais ont fait naître l’espoir, a ajouté le Ministre. En 40 jours, s’est-il enorgueilli, nous avons résolu de nombreuses questions qui étaient en suspens depuis des années. Toutes les conditions sont réunies pour une relation plus solide et pour résoudre d’autres problèmes dont la question d’Abyei.
M. DENIS RONALDO MONCADA COLINDRES, Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, a regretté que trois ans après l’adoption du Programme 2030, le monde soit plongé dans une crise due au capitalisme sauvage, aux ingérences, aux violations répétées du droit international et de la souveraineté des peuples, aux tentatives de coup d’État et de déstabilisation. Le Nicaragua, a affirmé le Ministre, a résisté à de multiples coups de force mais a triomphé. Ces coups de force ont, fruit de « l’interventionnisme », ont tout de même laissé de nombreuses séquelles, comme les morts et les dégâts économiques. Le terrorisme qui s’est caché sous le masque des manifestations pacifiques a emporté des vies humaines, sans oublier de détruire biens publics et privés.
Pourtant, le Nicaragua est un facteur de la stabilité régionale, comme en attestent la paix et la sécurité qui y règnent, et les indicateurs politiques de la pauvreté, de l’égalité entre les sexes et de la sécurité des biens et des personnes. Notre pays est un rempart contre la criminalité organisée, les narcotrafiquants et le terrorisme, s’est vanté le Ministre, en insistant sur les principes d’indépendance et de souveraineté, conformément à la Charte des Nations Unies, et en condamnant, une nouvelle fois, tout ingérence étrangère. Après avoir fait le point des efforts déployés pour accélérer la réalisation des objectifs de développement durable, le Ministre a dénoncé la politique des États-Unis qui est de freiner le développement socioéconomique du Nicaragua, en demandant aux institutions financières internationales de barrer l’accès au crédit.
Le Ministre a pris l’exemple du rapprochement dans la péninsule coréenne et l’accord sur le dossier nucléaire iranien pour illustrer l’importance du dialogue et de la diplomatie, « moyens les plus appropriés pour résoudre les problèmes et pièces essentielles de l’action multilatérale ». Le Ministre a dénoncé le blocus imposé à Cuba, manifesté sa solidarité avec la Bolivie et le Venezuela et réitéré le soutien de son pays à tous les efforts de décolonisation dans le monde, qu’il s’agisse des Palestiniens, des Sahraouis, des Portoricains et des habitants des îles Malvinas. La réalisation des objectifs de développement durable exige la fin des mesures coercitives unilatérales, a insisté le Ministre.
Mgr PAUL RICHARD GALLAGHER, Secrétaire pour les relations avec les États du Saint-Siège, a saisi l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme pour rappeler que la reconnaissance de la dignité intrinsèque de tout être humain est le socle sur lequel les piliers des Nations Unies sont vissés. Le monde doit revenir à une vision globalisante de la personne humaine, de la dignité humaine et des droits de l’homme parce que toute vision réductrice de la personne humaine conduit inévitablement à la déshumanisation et à l’exclusion, ouvrant la voie aux inégalités, à l’injustice et aux attaques. Ce soixante-dixième anniversaire est aussi l’occasion de renouveler notre engagement commun en faveur des droits qui découlent de la dignité inhérente. Or, dans le monde actuel, un enfant sur 10 travaille, une personne sur trois est détenue sans procès, 29% des enfants de moins de 5 ans n’ont pas de certificat de naissance et 250 millions de femmes mariées ont moins de 15 ans. Il est « scandaleux », s’est emporté Mgr Gallagher, que les droits de l’homme continuent ainsi d’être violés, 70 ans après la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il est aussi revenu sur les « notions discutables » de ces droits, lesquelles sont contraires à la culture de nombreux pays et constituent une tendance qui fait courir le risque, qu’au nom même des droits de l’homme, les formes modernes de la colonisation idéologique ne gagnent en force au détriment des plus pauvres et des plus vulnérables.
Mgr Gallagher a surtout dénoncé l’interprétation de plus en plus étroite du droit à la vie, une tendance très en vogue dans les discours qui refusent de reconnaître la valeur et la dignité intrinsèques de la vie humaine à tous les stages de sa conception, de son développement et de sa fin. Cette approche semble vouloir créer une hiérarchie des droits de l’homme, en relativisant la dignité humaine, en accordant plus de valeur voire plus de droits aux forts et aux riches et en rejetant les faibles. Malheureusement, cette idéologie prévaut dans de nombreux organes du système des Nations Unies. Elle mène à de graves inégalités et injustices, ignore l’enfant dans le ventre de sa mère et traite la vie des personnes âgées et des personnes handicapées comme un fardeau pour la société. Réduire la dignité d’une personne à sa faculté de s’exprimer et de s’affirmer est toujours une grave erreur et un signe que la société perd sa propre faculté à reconnaître la valeur et l’importance de chaque vie humaine quel que soit son degré de vulnérabilité. La même déshumanisation, a poursuivi le prélat, intervient quand les gens sont réduits aux crimes qu’ils ont commis, au pays d’où ils viennent ou à leur productivité. La qualité d’une civilisation se mesure à la manière dont elle traite les plus faibles, les indigents, les personnes âgées et les personnes handicapées, et par la place qu’elle leur offre dans la société.
Le prélat s’est félicité de l’issue des négociations sur les pactes mondiaux sur les réfugiés et pour les migrations, avant de se désoler de la situation au Moyen-Orient, en particulier en Syrie. Il s’est aussi inquiété des conflits en Afrique, soulignant le lien entre la culture de la paix, le désarmement et la non-prolifération. Même si le concept de « responsabilité de protéger » n’a été adopté qu’en 2005, il a toujours été à la base des Nations Unies, a estimé Mgr Gallagher qui a appelé à une mise en œuvre « pleine, impartiale et cohérente » du concept. Il a aussi encouragé les dialogues interculturels et interconfessionnels, arguant que « le terrorisme n’est pas l’excroissance d’une religion mal comprise mais bien le fruit d’une profonde pauvreté spirituelle ».
Le prélat est ensuite passé à l’égalité entre les sexes, jugeant contradictoire de promouvoir l’autonomisation de la femme tout en voulant supprimer son potentiel unique, au nom d’intérêts particuliers ou idéologiques. L’avancement de la femme veut dire respect absolu de sa dignité intrinsèque et reconnaissance de son rôle non seulement dans les différentes sphères de la société mais aussi dans la famille. Le prélat a conclu en exprimant l’engagement de l’Église catholique à non seulement promouvoir la protection de l’enfant mais aussi à lui créer un environnement sûr dans ses propres institutions « pour combattre le fléau odieux des atteintes sexuelles et de la violence contre les enfants ».
M. VIRASAKADI FUTRAKUL, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a exprimé sa vision du monde: « un monde volatile, incertain, complexe et ambigu », auquel l’ONU doit s’adapter pour remplir ses missions de maintien de la paix, de développement et des droits de l’homme. La Thaïlande soutient les efforts pour réformer le Conseil de sécurité et le rendre plus représentatif, plus inclusif et plus démocratique. Elle soutient aussi les efforts du Secrétaire général pour corréler davantage la paix et la sécurité avec le développement durable. « Car c’est bien le développement économique et social des communautés et des peuples qui est au centre du maintien de la paix. »
Depuis 1950, plus de 27 000 policiers et militaires thaïlandais, hommes et femmes, ont participé aux opérations de l’ONU « et nous ferons davantage », a promis le Vice-Ministre, notamment au sein de la Mission au Soudan du Sud. L’année dernière, la Thaïlande a été l’une des premières nations à signer et ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et la semaine dernière, elle travaillait à la ratification du Traité d’interdiction complète des armes nucléaires (TICE), dans la droite ligne de l’objectif de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) de faire de la région une zone exempte d’armes nucléaires. Dans cette optique, la Thaïlande soutient totalement les efforts de dénucléarisation de la péninsule coréenne et espère que tout le bassin indo-pacifique sera un jour exempt d’armes de destruction massive. « Un voyage de 1 000 lieues démarre avec un seul petit pas », a déclaré le Vice-Ministre.
S’agissant du développement, il a soutenu le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement face aux objectifs de développement durable et sur un modèle de partenariat public-privé. Mais « s’engager pour ces objectifs est une chose et les réaliser localement, une autre chose », a fait remarquer M. Futrakul. « Nous devons devenir le changement que nous souhaitons à tout le monde », a-t-il déclaré, en paraphrasant le Mahatma Gandhi.
Les changements climatiques sont un phénomène que la Thaïlande combat de front et est particulièrement engagée dans la réalisation du quatorzième objectif de développement sur l’exploitation durable des océans, elle est la première nation asiatique à se joindre à un projet global de nettoyage des océans dans les zones à fort développement touristique, comme Bangkok, Koh Samui, Koh Tao et Phuket.
M. MAHAMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a estimé que les défis internationaux sapent les fondations mêmes du monde tel que nous le connaissons et les principes qui régissent les relations internationales. Ils sapent les efforts de la communauté internationale pour atteindre les objectifs du Programme 2030. En tant qu’institution universelle, les Nations Unies devraient pouvoir mener à bien leur noble mission et les États Membres devraient honorer les engagements du Programme 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.
La réponse à la menace terroriste et à l’extrémisme violent doit être mondiale, avec les Nations Unies comme coordonnateur, a poursuivi le représentant. Les efforts doivent se concentrer sur l’élimination des infrastructures terroristes, des sources de financement et des réseaux sociaux qui servent aux recrutements à et la propagande. Les Nations Unies, a insisté le représentant, sont la plateforme le plus importante pour dégager un consensus sur les questions principales de la sécurité internationale et du développement, a-t-il déclaré.
Le Tadjikistan soutient la stratégie pour le règlement et le renforcement de la paix en Afghanistan. Nous devons renforcer notre assistance au Gouvernement afghan et renforcer notre appui pendant la Décennie de la transformation de l’Afghanistan 2015-2024. Le Tadjikistan entend prendre part à la réhabilitation des infrastructures économiques et sociales de l’Afghanistan, en connectant les routes et en construisant un « pont énergétique » CASA-1000.
Le représentant a noté que 2018 est une année importante pour la gestion de l’eau, avec le huitième Forum mondial de l’eau au Brésil, le lancement de la Décennie de l’eau à New York et la Conférence internationale de haut niveau sur la mise en œuvre de la Décennie internationale d’action sur le thème de « L’eau pour le développement durable ». Chacune de ces manifestations a eu un impact profond et a contribué à un certain nombre d’objectifs de développement durable, s’est-il félicité. La Conférence internationale de Douchanbé, qui s’est tenue du 20 au 22 juin 2018, a par exemple réuni 1 500 personnes de 111 pays différents, qui ont multiplié les propositions. Le Tadjikistan présentera d’ailleurs cette année un projet de résolution sur l’examen à mi-parcours de la Décennie.
M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a déclaré que l’Ouzbékistan connaît actuellement des transformations « radicales et dynamiques », marquées notamment par l’adoption de « stratégies d’actions » quinquennales et des mesures significatives pour rationaliser le système national de protection des droits de l’homme et des libertés, ainsi que pour renforcer le système judiciaire. Des mesures visent également à libéraliser l’économie pour créer des conditions propices à l’entrepreneuriat libre, à l’inviolabilité de la propriété privée et à l’amélioration du climat des affaires.
Le représentant a dit craindre que le système multilatéral soit à l’épreuve et a jugé essentiel de renforcer le rôle central des Nations Unies. Outre l’appui qu’il accorde à la réforme en cours de l’Organisation, l’Ouzbékistan est prêt à contribuer aux efforts de promotion de la paix. Il s’est d’ailleurs porté candidat pour siéger au Conseil des droits de l’homme de 2021 à 2023. Le représentant a engagé les États Membres à appuyer l’initiative du Président Shavkat Mirziyoyev concernant l’élaboration d’une convention sur les droits des jeunes, rappelant, dans la foulée, l’adoption, en juin 2018 de la Déclaration de Samarcande à l’issue de la Conférence internationale sur le rôle de la jeunesse dans la lutte contre l’extrémisme religieux et le terrorisme. Un forum asiatique sur les droits de l’homme est également prévu en novembre.
Passant ensuite à la situation régionale, le représentant a indiqué que grâce aux efforts des pays de la région, il a été possible d’instaurer, dans un laps de temps relativement court, une atmosphère politique « fondamentalement nouvelle », de renforcer le niveau de confiance politique et d’assoir des relations de bon voisinage. Il a expliqué que cette nouvelle donne a permis de réaliser des progrès significatifs dans la démarcation des frontières, la gestion de l’eau et l’utilisation conjointe des réseaux de transport. Plus précisément, 12 points de passage ont pu être ouverts le long de la frontière de l’Ouzbékistan, dont les relations commerciales avec les États de la région ont augmenté de 20% en 2017 et de 50% pendant les six premiers mois de 2018. La tenue d’un forum économique régional est d’ailleurs prévue en mars 2019, à Tachkent.
Le représentant a insisté sur l’importance « historique » de la résolution de l’Assemblée générale sur le renforcement de la coopération dans la région d’Asie centrale et a proposé l’élaboration d’un nouveau projet de texte sur la promotion du tourisme durable dans cette même région qui est, a-t-il rappelé, traversée par la Route de la soie. L’Ouzbékistan a par ailleurs initié la création d’un fonds d’affectation spéciale multipartite pour la sécurité humaine dans la région de la mer d’Aral. Enfin, le représentant a souligné que l’avènement d’un Afghanistan stable est crucial pour assurer le développement durable de l’Asie centrale et a rappelé que l’Ouzbékistan avait accueilli, en mars de cette année, une Conférence sur l’Afghanistan qui a débouché sur l’adoption unanime de la Déclaration de Tachkent.
Pour M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon), faire de l’ONU une organisation au service des sociétés pacifiques, équitables et durables, est un grand défi à relever, dans un contexte mondial marqué par différentes menaces et à un moment où les valeurs et idéaux prônés par la Charte des Nations Unies sont souvent mis à rude épreuve. Mais malgré tous ces obstacles, il s’est dit convaincu que le multilatéralisme est l’approche idéale pour la construction d’un ordre mondial plus apaisé, plus juste et plus inclusif.
À cet égard, il a estimé primordial que l’Organisation se modernise et se dote de moyens appropriés en vue d’offrir des réponses adéquates aux nombreux et complexes impératifs qui s’imposent au monde, aujourd’hui. Il s’est félicité, dans ce contexte, des réformes menées par le Secrétaire général depuis le début de son mandat visant à redéployer l’architecture et les moyens de l’Organisation. II a appelé à accélérer le rythme de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, porteur, selon lui, de progrès politiques et socioéconomiques. Il a insisté pour que la lutte contre la pauvreté demeure au « centre de nos actions ».
Au Gabon, « nous sommes résolument engagés » dans un processus de réformes visant à accélérer la diversification de l’économie: il s’agit de passer d’une économie de rente à un modèle de production durable et diversifié. Le représentant a estimé que faire de l’ONU une organisation au service des sociétés pacifiques exige également de la communauté internationale de faire preuve de plus d’abnégation dans la lutte contre le terrorisme et les autres menaces transnationales, telles que la piraterie ou le braconnage.
À cet effet, il a souhaité que les conclusions des travaux de la Conférence sur la lutte contre le financement du terrorisme en avril dernier à Paris contribueront significativement à renforcer les actions de la coalition internationale contre ce phénomène. À cet égard, il s’est dit préoccupé que dans plusieurs régions en Afrique, des bandes extrémistes telles que Boko Haram et les Chabab, bien qu’affaiblies, continuent de semer la terreur et la désolation. De même au Sahel, où les djihadistes s’allient aux réseaux de trafiquants, les attentats terroristes ne cessent de saper les efforts de développement.
Ces faits démontrent la nécessité d’accélérer le renforcement des capacités tant nationales, régionales que sous-régionales, afin de doter les États des moyens d’assurer efficacement leur sécurité. C’est l’occasion, a estimé le représentant, d’appeler au renforcement des capacités des forces constituées à l’échelle régionale, telles que le G5 Sahel et l’AMISOM. Si les mesures sécuritaires sont indispensables, elles demeurent cependant insuffisantes pour éradiquer complètement les activités des nébuleuses terroristes. Il est essentiel de renforcer la coopération internationale, a dit le représentant qui s’est félicité de la tenue en juillet dernier, à Lomé, du Sommet conjoint des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) sur la paix, la sécurité, la stabilité contre le terrorisme et l’extrémisme violent.
Réaffirmant la volonté de son pays de continuer à remplir ses engagements et de contribuer aux efforts visant à l’instauration d’une paix durable en République centrafricaine, le représentant a souligné la nécessité d’une solution politique sur la base de la feuille de route de Libreville du 17 juillet 2017. Il a également souligné les nombreux défis sécuritaires et humanitaires en Afrique centrale, évoquant les séries de consultations du Président gabonais Ali Bongo Ondimba avec ses pairs en marge du sommet de l’Union africaine de Nouakchott. M. Biang a aussi évoqué la question du Sahara occidental, estimant que l’initiative marocaine est un « cadre idéal pour parvenir à une solution de compromis acceptable par toutes les parties ».
Sur les changements climatiques, il a rappelé que son pays a apporté un appui financier substantiel pour l’opérationnalisation de l’Initiative africaine pour l’adaptation (IAA) lancée en 2015. Pour finir, il a réitéré la portée cruciale du multilatéralisme dans la réponse aux défis à relever et aux besoins du monde actuel.
M. OLOF SKOOG (Suède) a dit que trop souvent le Conseil de sécurité n’est pas à la hauteur des espoirs. Au Yémen et en Syrie, l’accès humanitaire est continuellement refusé et le droit international humanitaire est honteusement bafoué. En Syrie, nous devons traduire en justice les responsables des crimes contre la population civile. Au Yémen, il n’y a pas de solution militaire. Mais au lieu de s’engager dans un processus politique, nous constatons l’escalade du conflit et la détérioration de la situation humanitaire. La souffrance des Rohingya continue au Myanmar. La Mission d’établissement des faits de l’ONU a présenté des preuves solides de la gravité des atrocités commises par les militaires du Myanmar. La communauté internationale doit prendre sa responsabilité et agir pour mettre fin à l’impunité.
Au Moyen-Orient, le processus de paix reste une illusion. La situation s’aggrave et le droit international humanitaire continue d’être méprisé. Soixante-dix ans après le Plan de partition de l’ONU et malgré les résolutions du Conseil de sécurité, la promesse de la solution des deux États semble s’éloigner. Par ailleurs, l’annexion illégale de la Crimée et l’agression contre l’est de l’Ukraine constituent elles aussi des violations du droit international. Les engagements pris dans les accords de Minsk doivent être respectés. En l’absence de solutions politiques, les efforts humanitaires doivent être renforcés et protégés.
S’agissant de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, le représentant s’est inquiété du large fossé entre les engagements et les réductions des émissions de gaz à effet de serre. L’Europe a fait des progrès importants mais elle doit faire faire plus. La Suède, a conclu le représentant, a adopté un cadre climatique visant zéro émission avant 2045. La Suède fera sa part pour mobiliser les 100 milliards de dollars nécessaires par an.
Face à l’ampleur des crises systémiques –changements climatiques, terrorisme, migrations et inégalités– aucun pays ne saurait isolément apporter de réponse, a prévenu M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) pour qui l’Organisation des Nations Unies est la seule capable de relever l’ensemble des défis.
Mais si son pays a contribué à les bâtir, ces institutions internationales ne sauraient rester figées alors que trop de gens demeurent exclus des processus de décision économiques, sociaux et politiques qui affectent leurs vies. Pour cette raison, le Canada soutient la mise en œuvre des réformes, essentielles, conduites par le Secrétaire général António Guterres.
Tout en saluant le Programme 2030, le représentant a souhaité de nouvelles façons de faire pour lever les barrières entre les gouvernements d’une part et la société civile et le secteur privé de l’autre, entre le Nord et le Sud, entre les états d’esprit dits traditionnels et novateurs.
Nous devons procéder différemment au sein des Nations Unies et nos gouvernements doivent apporter davantage de résultats aux populations sur le terrain, a-t-il insisté; développer un plus grand sens de l’urgence; reconsidérer notre approche du risque; et aussi mieux identifier les opportunités.
Citant les changements climatiques, le représentant du Canada a rappelé que la réponse via l’adaptation d’infrastructures plus vertes et plus résilientes coûteraît « 26 billions de dollars d’opportunités », une chance à saisir pour tous, a-t-il martelé. Car les pays en développement ne sauraient être punis pour une situation qu’ils n’ont pas créée, a—t-il dit en reprenant les propos du Premier Ministre canadien.
Le Canada préside cette année le G7, le Groupe des pays les plus industrialisés, une occasion d’abattre les barrières et d’apprendre des autres, a-t-il souligné, en estimant que cette organisation devait s’emparer de l’adaptation aux changements climatiques et améliorer les capacités de reconstruction.
L’engagement du Canada en faveur du multilatéralisme, en particulier du maintien de la paix au sein du système des Nations Unies, impose de soutenir la réforme d’un système bâti par nos grands-parents pour mieux l’adapter aux défis du XXIe siècle, a-t-il également relevé.
Concernant les droits humains et la légalité internationale, le représentant a dénoncé l’annexion et l’occupation illégales de la Crimée et les crimes commis au Myanmar, en Syrie, en Ukraine et au Venezuela, et renouvelé le profond engagement du Canada à améliorer la situation humanitaire des millions de personnes touchées par ces conflits.
Afin de mieux répondre à ces menaces, le Canada compte obtenir un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité en 2012-2022, qui lui permettrait de contribuer effectivement à l’élaboration d’une riposte globale, a-t-il conclu.
M. JEAN-CLAUDE FELIX DO REGO (Bénin) a estimé que face à un monde de plus en plus agité, en proie à des crises et difficultés de toutes sortes, les pays ont le devoir d’agir de façon concertée et avec une forte détermination. Il s’est réjoui du thème de la session, qui place les nations devant leurs responsabilités et les engage à œuvrer ensemble, dans un cadre multilatéral, pour trouver les solutions idoines et durables aux défis contemporains.
Remettre en cause le multilatéralisme serait une « erreur fatale dans un monde désormais interconnecté ». C’est pourquoi le représentant a dit attendre « avec enthousiasme » l’adoption, en décembre prochain à Marrakech, du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, qui démontre « la force du multilatéralisme et notre capacité à nous retrouver sur des enjeux difficiles qui dépassent le cadre étroit de nos souverainetés nationales respectives ». S’agissant des objectifs de développement durable, il a estimé que l’amélioration de la bonne gouvernance est une condition primordiale pour leur réalisation. Au Bénin, la lutte contre l’impunité et la corruption sont ainsi au cœur des actions du Gouvernement et de l’ensemble des institutions du pays.
Dans un autre registre, le représentant a invité les Nations Unies à examiner dans un esprit « positif et de coopération » la possibilité d’adopter un instrument international contraignant sur la problématique de la restitution des biens culturels. Il a, en effet, regretté que bon nombre des œuvres qui témoignent du riche passé du Bénin, notamment l’histoire de l’esclavage et la richesse des arts et cultures du patrimoine vaudou, soient à l’étranger dans des collections publiques et privées.
Sur le volet de la paix et de la sécurité internationales, un axe majeur stratégique et constant de la politique étrangère du Bénin, le représentant a souligné que les opérations de maintien de la paix sont l’un des moyens les plus importants dont disposent les Nations Unies. Il a rappelé, à cet égard, qu’en dépit de ses capacités et moyens limités, le Bénin s’associe depuis plusieurs décennies aux initiatives internationales visant à prévenir les crises et maintenir la paix. Il s’est félicité, dans ce contexte, des actions initiées par le Secrétaire général pour renforcer l’efficacité des opérations de paix. Il s’est cependant dit préoccupé par la diminution constante des ressources du maintien de la paix, estimant que le principe « faire plus avec moins » n’est pas adapté à la complexité croissante des menaces auxquelles font face les soldats de la paix aujourd’hui sur le terrain. Pour finir, il a regretté le peu de progrès enregistrés sur la question de la réforme du Conseil de sécurité et a réaffirmé son soutien au Consensus d’Ezulweni réclamant notamment l’attribution à l’Afrique de deux sièges permanents avec droit de veto.
Mme MARIA HELENA LOPES DE JESUS PIRE (Timor-Leste) a déclaré que son pays illustre parfaitement l’importance d’un ordre mondial basé sur le droit international. La représentante a rappelé que le Timor-Leste célèbre l’an prochain, le vingtième anniversaire de la consultation populaire qui a mené à son indépendance. Elle a rendu hommage à feu Kofi Annan pour son rôle dans les négociations entre le Portugal et l’Indonésie, lesquelles se sont conclues par la signature de l’Accord du 5 mai 1999, qui a ouvert la voie au référendum d’autodétermination, sous l’égide de l’ONU.
Récemment, a poursuivi la représentante, l’Organisation a de nouveau été amenée à jouer un rôle essentiel pour le futur du Timor-Leste. Pour la première fois dans l’histoire, a-t-elle expliqué, une commission de conciliation, établie en 2016 dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, est parvenue à résoudre le différend qui l’opposait depuis longtemps à l’Australie. Ce processus, a ajouté la représentante, s’est soldé par l’adoption, le 6 mars dernier, en présence de l’actuel Secrétaire général, d’un traité bilatéral sur la délimitation des frontières maritimes.
En ces temps troublés, marqués notamment par la montée des tensions liées à des différends maritimes, la représentante a estimé que le succès de cette « première conciliation historique » revêt une signification très importante. Elle a appelé les États Membres à envisager de recourir à ce même procédé pour résoudre leurs différends.
La Représentante du Timor-Leste a mis en garde contre la tentation de relâcher les efforts face aux changements climatiques. Les États insulaires en développement de la région du Pacifique en subissent les conséquences de plein fouet.
Sur le plan national, la représentante a rappelé que, le 12 mai dernier, le Timor-Leste a organisé des élections législatives, dans un « environnement pacifique ». Elle a enfin espéré que le portugais, dont elle a rappelé qu’il était parlé par plus de 250 millions de personnes dans le monde, devienne un jour l’une des langues officielles de l’ONU.
M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a rappelé le « jour extraordinaire » qu’a été pour son pays le 23 septembre dernier, avec la tenue de la troisième élection présidentielle multipartite. « L’élection s’est déroulée pacifiquement et sans heurt avec un taux de participation de 89%. C’est un moment qui a rempli de fierté chaque citoyen. » Il a rappelé que le processus rapide de démocratisation va de pair avec un développement économique également robuste. L’un des pays les plus pauvres au monde lors de son indépendance en 1965, les Maldives sont aujourd’hui un pays à revenu intermédiaire élevé, avec l’un des plus hauts indicateurs de développement humain de la région. « Un véritable succès. »
Le représentant a déclaré que les efforts de développement des petits États insulaires en développement comme le sien ont besoin d’un appui renforcé, s’agissant en particulier du transfert des technologie et du renforcement des capacités. L’ONU devrait être plus efficace dans l’apport des soutiens, a-t-il dit, en exhortant le Secrétariat à soutenir l’Assemblée et l’aider à équilibrer l’allocation des ressources financières.
Le représentant a insisté sur la nécessité que tous les pays, « petits et grands », reviennent à des relations amicales. Il a déploré que les efforts de réforme du Conseil de sécurité n’aient pas encore produit les résultats escomptés. L’ONU doit être une institution au sein de laquelle chaque État doit se sentir le bienvenu.
Droits de réponse
Le représentant de l’Iran a dénoncé les contrevérités de la déclaration de l’Arabie saoudite, « un pays qui appuie le terrorisme plus que de raison ». Citant WikiLeaks, il a affirmé que l’Arabie saoudite est le principal bailleur de fonds des groupes terroristes implantés au Royaume-Uni. En décembre 2016, a ajouté le représentant, le Congrès américain a voté une loi autorisant les familles des victimes à poursuivre en justice l’Arabie saoudite dont 16 ressortissants figuraient parmi les auteurs des attaques terroristes du 11 septembre 2001. Tout le monde sait que l’Arabie saoudite appuie Daech et Al-Qaida, et les destructions qu’elle occasionne au Yémen ont-elles apporté la paix? Le blocus du Qatar a-t-il apporté la stabilité? La création de groupes terroristes au Liban, en Syrie et ailleurs vise-t-elle la stabilité? Dire que l’Iran envoie des missiles balistiques au Yémen est un mensonge, s’est emporté le représentant. Ce que l’Iran veut, c’est la stabilité au Yémen et ce sont les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite que le Conseil des droits de l’homme accuse de violations des droits de l’homme au Yémen. L’Iran sera toujours un voisin juste et loyal pour des voisins justes et loyaux et, à ce propos, il revendiquera toujours sa souveraineté sur les îles d’Abou Moussa, de Grande Tombe et de Petite Tombe.
Ces trois îles appartiennent aux Émirats arabes unis, a rétorqué leur représentante qui a envisagé de saisir la Cour internationale de Justice (CIJ). L’ingérence iranienne dans les affaires arabes est tout simplement inadmissible, s’est-elle emportée à son tour. L’Iran est le parrain du Hezbollah et des houtistes auxquels il livre des missiles balistiques, des mines antipersonnel et autres armes, dans ce qui constitue une menace directe contre le Yémen, l’Arabie saoudite et la mer Rouge. Notre appui au Gouvernement légitime du Yémen est parfaitement légal, a tranché la représentante qui a demandé à la communauté internationale de barrer l’accès des houtistes aux armes iraniennes.
L’Iran continue d’ailleurs de lancer des missiles balistiques contre des villes saoudiennes, a embrayé la représentante de l’Arabie saoudite qui a cité le nombre de 119. Elle a dit l’attachement de son pays à un règlement pacifique du conflit au Yémen et appelé l’Iran à faire preuve de responsabilité au lieu de soutenir les groupes terroristes.
La répétition de ces accusations « extravagantes » nous rappelle le mot d’ordre de Goebbels, a ironisé le représentant de l’Iran: « un mensonge répété 1 000 fois devient la vérité ». Malheureusement, a-t-il dit, nous sommes à l’ère numérique et la vérité éclate à la face du monde. C’est bien l’Arabie saoudite qui soutient les groupes terroristes, ce sont bien les Émirats arabes unis qui mènent une offensive contre les civils au Yémen et les trois îles du Golfe persique appartiennent bien à l’Iran, a répété le représentant.
Son homologue de Vanuatu a répondu à l’Indonésie que les allégations sur les violations des droits de l’homme en Papouasie occidentale doivent faire l’objet d’une enquête. Le représentant a rappelé que le Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme attend toujours la réponse de l’Indonésie à sa demande d’aller en Papouasie occidentale pour évaluer la situation.
Le représentant de l’Indonésie a reproché à Vanuatu de vouloir remettre en cause les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale des États. Ce pays, a-t-il accusé, accueille des séparatistes indonésiens alors même qu’ils ont un casier judiciaire lourd. Les populations de la Papouasie occidentale ont confirmé, dès 1945, leur appartenance à l’Indonésie, et cette position est non négociable, a tranché le représentant. Quant aux droits de l’homme, il a conseillé à Vanuatu de balayer devant sa porte. Soutenir des séparatistes, a prévenu le représentant, c’est franchir la ligne rouge et l’Indonésie ne saurait le tolérer.
À son tour, le représentant de l’Arménie a dénoncé les propos de l’Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh. L’Arménie veut le retour des réfugiés mais seulement « dans le cadre d’une démarche globale ». Or, l’Azerbaïdjan continue de faire une lecture sélective des résolutions du Conseil de sécurité et, mû « par la haine », il n’a pas hésité à lancer une offensive militaire qui a créé des tensions dans toute la région. Le conflit du Haut-Karabakh perdure parce que les populations sont privées de leur droit à l’autodétermination, a affirmé le représentant au nom d’un pays attaché aux pourparlers de paix. L’Azerbaïdjan devrait renoncer à ses déclarations belliqueuses, a-t-il déclaré.
Il vaut toujours mieux se taire quand on n’a rien à dire, a conseillé à son tour le représentant de l’Azerbaïdjan qui a accusé l’Arménie de propager des mensonges qui en réalité ne méritent pas de réponse. Mais, s’est lancé le représentant, il est important d’insister sur le fait que le Haut-Karabakh restera une partie intégrante de l’Azerbaïdjan, malgré les actes terroristes et les revendications illégales. C’est l’Arménie qui occupe le Haut-Karabakh au mépris du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité. Ce sont les Arméniens qui se livrent à des actes illicites. Ce sont les politiques et pratiques arméniennes qui relèvent de la discrimination ethnique et c’est l’Arménie qui fait une mauvaise lecture du droit des peuples à l’autodétermination, qui refuse les négociations pragmatiques et qui encourage l’escalade, a accusé le représentant.
Son homologue de la Syrie a rejeté les « allégations fallacieuses et mensongères » conformes au rôle du Canada auprès des groupes terroristes, dont les Casques blancs affiliés au Front el-Nosra.
Déclaration de clôture
Mme MARÍA FERNANDA ESPINOSA-GARCÉS, Présidente de l’Assemblée générale, a commencé par exprimer ses condoléances au Gouvernement et au peuple indonésiens après le séisme et le tsunami du 28 septembre, ainsi qu’à la Barbade et au Japon également frappés par des catastrophes naturelles.
La Présidente a remercié les 121 chefs d’État et de gouvernement, les 9 vice-présidents et vice-premiers ministres, et les ministres et représentants qui ont pris la parole pendant le débat général qui vient de se terminer. Résumant celui-ci, elle a souligné sept points.
Tout d’abord, s’est-elle félicitée, les dirigeants s’accordent à la quasi-unanimité pour dire que le multilatéralisme est l’unique réponse aux problèmes que l’humanité affronte. En second lieu, elle a salué la prouesse logistique qui a permis à l’Assemblée d’être « le théâtre » de centaines de réunions entre chefs d’État et de gouvernement et ministres, permettant de consolider les liens bilatéraux et de renforcer les groupes politiques et régionaux.
Troisièmement, Mme Espinosa-Garcés a évoqué les visions et les expériences partagées cette semaine sur des thèmes d’intérêt commun lors de plus de 400 évènements parallèles. Quatrième point: des déclarations politiques ont été adoptées qui reflètent l’engagement des États au plus haut niveau à éradiquer la tuberculose et combattre les maladies non transmissibles. Ensuite, sept et quatre pays respectivement ont signé et ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, portant à 69 et 19 le nombre de ceux ayant signé ou ratifié cet instrument.
Sixièmement, a poursuivi la Présidente, les dirigeants ont profité du débat général pour présenter au monde les accomplissements et les défis nationaux et régionaux majeurs, sur les thèmes les plus sensibles de la conjoncture internationale, tout comme sur le développement durable, la consolidation de la paix ou les droits de l’homme. Enfin, il n’y a pas que les chefs de gouvernement qui se sont réunis, puisque des centaines d’activistes et de leaders d’organisations sociales étaient également présents.
Des conflits au terrorisme et à la prolifération nucléaire; des changements climatiques et des catastrophes naturelles à l’augmentation des inégalités et de la pauvreté; de la migration et des réfugiés à la santé et à l’éducation, l’impact des nouvelles technologies et le monde du travail; il a été reconnu que nous faisons face à des défis communs qui requièrent des réponses communes, a insisté Mme Espinosa-Garcés.
D’après elle, « le développement durable et la menace des changements climatiques sont les thèmes les plus mentionnés par les dirigeants pendant le débat ». Une « clameur » s’est ainsi élevée à l’Assemblée en faveur d’actions rapides et efficaces pour le financement et la mise en œuvre de l’Accord de Paris.
Les dirigeants du monde entier ont également évoqué la célébration du soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. « À juste titre, ils ont appelé à réaliser une fois pour toutes l’égalité des sexes comme condition du développement durable et de la paix. »
Mme Espinosa-Garcés s’est également réjouie du fait qu’une grande majorité d’États Membres ont exprimé leur appui au pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Par ailleurs, elle a salué la Déclaration politique adoptée au Sommet de la paix Nelson Mandela, le 24 septembre.
Ce débat général, a reconnu la Présidente, a aussi été « illuminé » par des évènements positifs, comme les accords de paix signés entre l’Érythrée, l’Éthiopie et Djibouti, ou les efforts prometteurs entrepris pour la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
« Nous sommes mis au défi de traduire toutes les idées, les engagements pris et les défis posés en actions concrètes, marquées par une plus grande efficacité et un plus grand impact dans la vie des personnes, surtout dans la vie de celles qui ont le plus besoin de cette Organisation », a-t-elle conclu.