Soixante-treizième session,
5e séance plénière (reprise) – matin
AG/12074

Suite et fin du Sommet de la paix Nelson Mandela: l’Assemblée générale rend au leader sud-africain un hommage en forme d’inspiration pour agir

L’Assemblée générale a clos ce matin la deuxième partie du Sommet de la paix Nelson Mandela, une réunion de haut niveau ouverte lundi 24 septembre et au cours de laquelle plus de 150 orateurs auront salué le parcours exceptionnel de l’ex-Président de l’Afrique du Sud, tout en réfléchissant à la paix mondiale.

Pour rappel, l’Assemblée générale a adopté, au premier jour du Sommet, à la veille de l’ouverture de son débat général, une déclaration* politique proclamant la période 2019-2028 « Décennie Nelson Mandela pour la paix ».  Par ce texte, l’Assemblée exhorte tous les États Membres, durant les 10 prochaines années, à « redoubler d’efforts en faveur de la paix et de la sécurité internationales, du développement et des droits de l’homme ».

La réalisation du rêve démocratique de Nelson Mandela, après 27 ans de prison, et la réconciliation avec ses anciens ennemis, ont continué d’inspirer la quarantaine de représentants qui se sont exprimés aujourd’hui, dont quatre ministres et quelques organisations internationales.  Le mot « inspiration » est revenu sans relâche à la tribune.  À travers l’homme, le dirigeant, ses valeurs et son mythe, chaque nation a tiré de l’expérience de Madiba un élan pour ses propres luttes.

« Ses idéaux continueront à inspirer l’humanité » a parfaitement résumé le Ministre des affaires étrangères du Népal, M. Pradeep Kumar Gyawali.  « Le monde de paix qu’appelle Madiba est un monde où les enfants peuvent manger à leur faim et se vêtir », a insisté M. Mahamat Zene Cherif le Ministre des affaires étrangères du Tchad, pays où la paix, la sécurité, la justice sociale sont encore à conquérir comme dans l’Afrique du Sud d’avant la démocratie.

Par ailleurs, en début de séance, l’Assemblée générale a pris note (A/73/367/Add.1) du fait que la Guinée-Bissau a effectué les versements nécessaires pour ramener ses arriérés en deçà du montant calculé selon l’Article 19 de la Charte des Nations Unies.

Suite du sommet

Pour le Ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine, de la coopération internationale et de la diaspora du Tchad, M. Mahamat Zene Cherif, la carrure politique de Nelson Mandela, sa foi en la paix et la justice sociale sont une inspiration pour lui et son peuple.  Dans la région du lac Tchad, la paix, la sécurité, la justice sociale sont encore à conquérir, a-t-il déploré, et l’insécurité alimentaire fait des ravages.  « Le monde de paix qu’appelle Madiba est un monde où les enfants peuvent manger à leur faim et se vêtir », a-t-il soutenu.

Les idéaux de Nelson Mandela ne sont pas suivis par tous les États, a constaté le Ministre des affaires étrangères du Bélarus, M. Vladimir Makei.  Préoccupé notamment par l’absence de résultats dans le domaine du désarmement, il a regretté que des zones exemptes d’armes nucléaires n’existent pas dans toutes les régions du monde.  « Chacun d’entre nous doit se poser la question suivante: ai-je fait tout ce qui est en mon pouvoir pour assurer la paix et la sécurité internationales? » a-t-il lancé.

Le peuple du Népal a fait preuve d’une résilience sans pareille afin de parvenir à la paix par le biais du dialogue et en s’efforçant d’incarner les idéaux de Nelson Mandela, a pour sa part assuré le Ministre des affaires étrangères du Népal, M. Pradeep Kumar Gyawali.  « Il n’existe pas de recette miracle au règlement des conflits. »  Nelson Mandela a donné des leçons d’humilité et de compassion, en pardonnant même à ceux qui l’ont privé de liberté pendant de longues années.

Le Ministre et Secrétaire privé de la politique de la présidence du Nicaragua, M. Paul Oquist, a rappelé que Nelson Mandela a aussi encouragé à la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Pour le héros sud-africain, la révolution sandiniste a été « un modèle », a-t-il dit, évoquant une réunion entre M. Mandela et un haut responsable sandiniste.

« Être libre ne veut pas uniquement dire briser ses chaînes mais plutôt vivre dans la dignité », a déclaré à son tour le représentant de l’Iraq, citant Nelson Mandela.  La grande participation de la communauté internationale à ce sommet prouve, s’il le faut, que celle-ci partage les idéaux de l’ancien Président sud-africain.  Ayant éliminé les groupes terroristes sur son territoire, l’Iraq s’efforce aujourd’hui, en coopération avec le système des Nations Unies, d’inclure les objectifs de développement durable dans ses politiques. 

Ensuite, le représentant du Cambodge a évoqué la force de caractère de Nelson Mandela, « toujours prêt à combattre l’injustice ».  Son héritage montre à quel point la coopération est susceptible de favoriser la paix, a-t-il dit avant de souligner l’importance vitale que le grand homme accordait à l’éducation.  Les conflits sont générés par les humains et éclatent à la suite d’un manque de liberté, a estimé le représentant de la Thaïlande, invitant au respect mutuel, à la tolérance et à la vérité, sur la base de la réconciliation.  À son tour, le représentant du Myanmar a voulu rendre hommage à la contribution de Nelson Mandela, citant ses paroles relatives à la paix et à la réconciliation.

Le Sommet de la paix Nelson Mandela doit être l’occasion d’investir dans les valeurs héritées des grands leaders politiques internationaux, a indiqué la représentante des Émirats arabes unis.  C’est un homme qui a « fasciné » notre temps tant il a ouvert la voie vers la réconciliation de l’Afrique du Sud, a renchéri la représentante de l’Italie, qui brigue un siège au Conseil des droits de l’homme.

Pour le représentant du Burkina Faso, la Déclaration politique « confirme toute l’admiration des Nations Unies pour Nelson Mandela, non seulement dans son pays mais au-delà ».  Sa vie et son œuvre ont guidé tous les États Membres.  Elles nous enseignent que « quelle que soit la situation, il est possible de pardonner ».  « En ces temps d’inertie où l’audace nous manque parfois », qui mieux que Nelson Mandela incarne les valeurs essentielles sur lesquelles sont bâties les Nations Unies? a enchaîné son homologue du Bénin.  Alors que les inégalités au sein des pays se creusent, le plus bel hommage à lui rendre c’est de continuer à défendre ses valeurs.  « L’Afrique a une dette envers lui », a-t-il estimé.  Le représentant de l’eSwatini a vu en Nelson Mandela un « acteur révolutionnaire » et un défenseur des droits de l’homme, lauréat d’un prix Nobel de la Paix.

« La lumière de Madiba brille partout » car il reste une source d’inspiration pour le monde entier grâce à sa ténacité, a apprécié à son tour le représentant du Burundi.  Les Burundais lui sont personnellement reconnaissants pour sa médiation pour marquer la fin d’un conflit fratricide.

Nelson Mandela occupe une place spéciale dans le cœur des Éthiopiens, a souligné son homologue de l’Éthiopie.  Les trois derniers mois ont marqué un nouveau chapitre dans la réconciliation entre l’Éthiopie, l’Érythrée et Djibouti, s’est-il félicité.  C’est là un progrès majeur pour l’ensemble de la région, un vent qui permet d’espérer la fin des conflits africains.

Pendant les mouvements d’indépendance, les peuples d’Europe de l’Est n’ont cessé d’être de fervents défenseurs de la paix et de la sécurité des États, a témoigné la représentante de la Lettonie.  D’après elle, les vrais dirigeants sont ceux qui, comme Nelson Mandela, sont « prêts à se sacrifier pour la liberté de leur peuple ».  C’est son expérience en prison qui a enseigné à Nelson Mandela les stratégies qui l’ont amené à devenir Président, a relevé le représentant des Philippines.  Le représentant du Pakistan a salué en particulier la détermination de M. Mandela à défendre les plus démunis.  Toutefois, malgré les progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté, les dividendes de ces efforts continuent à ne pas être équitablement répartis, a-t-il regretté.  La coopération pour le développement a été marquée par la bourse qui porte le nom de Nelson Mandela, visant à permettre à des jeunes de tous les continents de poursuivre leurs études, a noté de son côté le représentant du Chili.

Si le représentant de l’Ukraine a rappelé l’expérience unique de son pays dans ses missions de maintien de la paix en Afrique, depuis 25 ans, la représentante de la Lituanie a utilisé l’œuvre politique de Nelson Mandela comme une référence absolue.  « Avons-nous tout fait pour promouvoir ses valeurs? » s’est-elle interrogée. 

 « Nelson Mandela nous a laissé un héritage à chérir », a déclaré le représentant des États-Unis.  Il n’a pas été épargné par l’adversité et pourtant n’a jamais cessé cette quête d’égalité et de justice que tous méritent, a-t-il ajouté.  « Malgré ses années d’emprisonnement, sa foi n’a jamais failli, et il a pardonné à ses bourreaux », a-t-il déclaré.  « À travers son exemple, nous savons que le changement est possible. »

« Alors que notre ordre moral est menacé chaque jour davantage, Nelson Mandela nous inspire à appliquer ses valeurs », a quant à lui déclaré le représentant de l’Allemagne, préoccupé par une nouvelle vague de populisme et de violence. 

Par ailleurs, la représentante de la Jordanie s’est souvenue que Nelson Mandela avait qualifié le conflit israélo-palestinien de « plus grand problème moral de notre temps ».  Pour elle, la situation actuelle du peuple palestinien fait écho à sa célèbre antienne: « Aussi longtemps que la pauvreté, l’injustice et les inégalités criantes persisteront dans notre monde, personne ne connaîtra le repos. »  Pour l’observateur de l’État de Palestine, le droit à l’autodétermination des peuples inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme était valable dans l’Afrique du Sud de l’apartheid et l’est tout autant aujourd’hui pour les Palestiniens.

Prenant la parole à son tour, la déléguée de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a appuyé le droit légitime du peuple palestinien à une vie digne sur son territoire.  « Ce peuple ploie sous le joug de l’occupation depuis des décennies et si l’on croit sincèrement en les idéaux de Mandela, il nous faut nous convaincre que notre liberté est incomplète sans celle des Palestiniens », a-t-elle voulu.  Elle a appelé à parvenir à la paix et la justice pour les peuples de Palestine, de la Syrie, du Yémen et pour la minorité rohingya au Myanmar.  Tant qu’il y aura un soutien au terrorisme, au radicalisme, aux discours de haine et de racisme, la paix demeurera un vain mot, a mis en garde le représentant de la République arabe syrienne.

Le représentant de la Pologne a mis en parallèle la fin du régime d’apartheid et la transformation pacifique du pays à deux dates phares de l’histoire polonaise: l’indépendance en 1918, et la libération du joug communiste en 1989.  Le centenaire de la naissance de Nelson Mandela nous remet en mémoire la fin de la Première Guerre mondiale et notamment le Traité de Versailles qui nous ont enseigné que la vengeance excessive contre le vaincu peut avoir des conséquences catastrophiques, a relevé l’observateur du Saint-Siège.

« Si l’on veut faire la paix avec l’ennemi, il faut travailler avec l’ennemi », a philosophé la déléguée de l’Union interparlementaire.  L’UIP commémorera dans quelques semaines le centenaire de la naissance de Madiba et le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Le représentant de Centre Sud s’est focalisé sur la contribution du « géant » Mandela à la justice sociale et à la défense des convictions dans la dignité.  Comment l’ONU aurait-elle pu adopter les objectifs du Millénaire (OMD) pour le développement si l’apartheid était encore de mise?  Au moment où nous sommes engagés sur le chemin de la réalisation du Programme 2030, mais aussi au moment où les droits de l’homme sont bafoués dans tant de conflits, saurons-nous nous montrer à la hauteur de Nelson Mandela, « cet homme qui n’a jamais cessé de croire, malgré l’immensité des épreuves, que l’amour jaillit plus naturellement du cœur humain que son opposé? » a demandé en conclusion la représentante de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

 

 

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