Soixante-quatorzième session,
9e et 10e séances plénières - Matin et après-midi
AG/12196

Les Nations Unies rappelées à leurs responsabilités par les pays, petits et grands, intervenant au quatrième jour du débat général

Applaudissements et murmures de désapprobation ont résonné plus que d’ordinaire dans la grande salle de l’Assemblée générale.  Qu’il s’agisse de la situation au Jammu-et-Cachemire, des effets dévastateurs des changements climatiques, ou de la survie des petits États insulaires en développement, la quatrième journée du débat général a donné lieu à des prises de position tranchées de la part de pays aussi différents démographiquement qu’économiquement, avec pour principal point commun une critique larvée du rôle des Nations Unies face aux crises que traverse le monde. 

L’ONU a certes permis d’éviter que la troisième guerre mondiale n’éclate, mais « force est de constater que le nombre de conflits sur la planète n’a pas diminué depuis sa création, pas plus que les tensions entre pays », a froidement constaté le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Lavrov.  À ses yeux, la situation actuelle tient à la réticence des pays « autoproclamés vainqueurs de la guerre froide » à prendre en compte les « intérêts légitimes » des autres États et à accepter le « cours objectif » de l’histoire.  Sans mettre explicitement l’ONU et son Conseil de sécurité devant leurs propres limites, M. Lavrov a notamment appelé la communauté internationale à soutenir l’adoption d’une déclaration russo-américaine de haut niveau sur l’irrecevabilité de la guerre nucléaire, « qui par définition ne peut avoir de vainqueur ». 

Le risque de confrontation nucléaire a également pesé dans les propos prononcés par le Premier Ministre du Pakistan, M. Imran Kahn, venu dénoncer avec force la révocation, par l’Inde, du statut particulier du Jammu-et-Cachemire.  Fustigeant l’« arrogance » de son homologue indien, M. Narendra Modi, le Premier Ministre pakistanais a alerté du risque d’un « bain de sang » en cas de répression, avant d’appeler la communauté internationale à l’action.  « L’Inde doit lever ce couvre-feu inhumain qui dure depuis 55 jours, libérer les prisonniers politiques, et retrouver la trace des 13 000 garçons dont on est sans nouvelles », a-t-il lancé sous les vivats de ses partisans.  Dans ce « moment charnière », qui voit deux puissances dotées de l’arme nucléaire se faire face, a-t-il de plus constaté, l’ONU est « mise à rude épreuve » car c’est elle qui doit « garantir le droit des Cachemiri à l’autodétermination ». 

Avant lui, et sans jamais faire référence au Jammu-et-Cachemire, le Premier Ministre indien avait présenté son pays comme « une nation éprise du message de paix de Buddha », tout en lançant une mise en garde appuyée contre le terrorisme.  Il a cependant déploré le manque d’unanimité entre nations sur cette question et a appelé à donner « une nouvelle direction » au multilatéralisme et aux Nations Unies. 

Dans le même esprit, mais à une autre échelle, le Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, M. Timothy Harris, s’est inquiété de « l’affaiblissement du système multilatéral », grâce auquel les petites nations peuvent être entendues aux Nations Unies.  Enjoignant à l’ONU d’adopter une approche plus cohérente au regard des questions liées au développement durable, M. Harris a souligné le manque de ressources des petits États insulaires en développement (PEID) et leur difficulté à se concentrer sur la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) alors que leur existence même est menacée par le réchauffement climatique.  « Les petits États se trouvent en première ligne dans une guerre qu’ils n’ont ni commencée, ni voulue.  C’est injuste, c’est inique.  Nous avons besoin d’une aide plus importante et cette aide nous est due », a-t-il plaidé.

Même son de cloche de la part du Vice-Président de Maurice, M. Paramasivum Pillay Vyapoory, qui a jugé essentiel d’établir un partenariat « plus réactif et ciblé » avec ces États à revenu intermédiaire pour leur permettre de bénéficier de financements concessionnels et de subventions.

« Dans les Caraïbes et le Pacifique, nous sommes aux premières loges, mais prenez garde, les autres sont juste derrière nous », a pour sa part averti la Première Ministre de la Barbade, Mme Mia Amor Mottley, dans une intense dénonciation du « comportement destructeur » des pays responsables des émissions de dioxyde de carbone.  Face à cette « absence de volonté politique », elle a rappelé que, depuis trois décennies, les PEID tirent vainement le signal d’alarme.  À telle enseigne, a-t-elle observé avec ironie, qu’au lendemain du Sommet Action Climat, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié un rapport sur les océans et la cryosphère confirmant que « certaines des plus graves conséquences des changements climatiques ne pourront être évitées ». 

Tout aussi incisif, le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, M. Gaston A. Browne, a souhaité poser la question brûlante du statut des « réfugiés climatiques », estimant que les perspectives pour l’avenir imposent qu’ils soient pleinement reconnus en tant que réfugiés, notamment quand ils passent les frontières.  Il a donc proposé à l’Assemblée générale de confier cette question à des commissions dédiées chargées de s’accorder sur une définition commune, à verser au droit international.  Conscient de la résistance que cette proposition rencontrera de la part des « gouvernements qui nient la réalité des changements climatiques », il a averti qu’en l’absence d’une réponse des Nations Unies, « alors désunies », il les rendrait « à jamais responsables des catastrophes qui ne manqueront pas de s’abattre sur nos pays ».

Dans ce scepticisme ambiant, le Premier Ministre de Samoa, M. Tuilaepa Malielegaoi, a détonné en se réjouissant de l’adoption par l’Assemblée générale de la Déclaration politique sur l’examen à mi-parcours des « Orientations de Samoa », dont l’objectif est d’accélérer la réalisation de l’agenda du développement durable des PEID.  Toutefois, a-t-il nuancé, « adopter la Déclaration, c’est facile, mais se l’approprier, c’est courageux ». 

De cette quatrième journée, on retiendra également l’intervention du Ministre des affaires étrangères de la Chine, M. Wang Yi, qui s’est engagé à maintenir l’ouverture du commerce mondial et du régime multilatéral de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  « Face aux vents contraires du protectionnisme, nous ne devons pas rester les bras croisés », a-t-il notamment affirmé. 

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, samedi 28 septembre, à partir de 9 heures.

Suite du débat général

M. PARAMASIVUM PILLAY VYAPOORY, Président par intérim de Maurice, a fait part de son inquiétude au sujet des changements climatiques qui continuent de perturber les économies et les moyens de subsistance.  C’est pourquoi son pays s’est lancé dans le développement de transport à faible émission de carbone et compte inaugurer prochainement un réseau de train léger.  Maurice compte aussi doubler l’utilisation des énergies renouvelables d’ici à l’horizon 2030.

Il a jugé essentiel d’établir un partenariat plus réactif et ciblé pour traiter les problèmes spécifiques liés aux petits États insulaires en développement (PEID) qui, considérés comme des États à revenu intermédiaire, peinent désormais à bénéficier de financements concessionnels et de subventions.  Cette situation est d’autant plus exacerbée que nos efforts pour diversifier nos économies et développer notre compétitivité à l’international, notamment en matière de services financiers, se heurtent à un terrain de jeu inégal, a-t-il déploré.  Il a appelé à se pencher sur cette problématique, pour que les pays comme Maurice ne soient pas pris dans le « piège » des pays à revenu intermédiaire.

Au-delà des manifestations de bonne volonté et de soutien, des actions ciblées sont requises pour la réalisation des objectifs arrêtés pour 2030 afin de ne laisser personne de côté, a-t-il par ailleurs développé.  Il a indiqué qu’en dépit de moyens limités, Maurice travaille dans le sens de l’éradication de la pauvreté, la promotion de l’égalité des sexes et l’amélioration de la qualité de l’éducation.

Abordant la situation des océans, il a alerté que ceux-ci continuent de se détériorer à un rythme alarmant, pointant l’acidification des océans et la pression des activités de pêches qui, a-t-il prévenu, représentent une véritable menace à la ressource marine.  Il a expliqué que son pays s’attelle à développer une pêche durable et à bannir l’utilisation du plastique.  Nous sommes également résolument engagés dans la mise en œuvre du processus » du Comité préparatoire chargé d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale, a-t-il ajouté.

M. Vyapoory a aussi alerté que la piraterie, le trafic de drogue et d’êtres humains ainsi que le pillage de la ressource marine avaient atteint des proportions alarmantes dans « cette partie » de l’océan Indien », et a jugé urgent de traiter cette problématique qui porte atteinte à la sécurité et à la stabilité de la région et au-delà.  En sa qualité de Président de la commission de l’océan Indien (COI), Maurice a organisé ces deux dernières années des réunions au niveau ministériel pour traiter de cette question.

Sur le volet des réformes de l’organisation mondiale, il a salué les progrès réalisés dans le cadre des négociations intergouvernementales et exhorté à redoubler d’efforts pour faire avancer les réformes du Conseil de sécurité pour qu’il soit plus représentatif et reflète la réalité de notre temps.  Sur le registre de la décolonisation, il a salué l’action de l’Assemblée générale, qui a toujours joué un rôle central dans ce sens, tout en regrettant que quelques réminiscences de cette pratique subsistent toujours.  Il a ainsi appelé le Royaume-Uni à se retirer de l’archipel des Chagos, conformément à une résolution adoptée récemment par l’Assemblée générale.  S’agissant de l’île Tromelin, il a appelé à résoudre le différend dans le cadre d’un règlement pacifique et de l’esprit d’amitié qui a toujours caractérisé les relations entre Maurice et la France.  

« Le succès de la mission des Nations Unies dépend de leur capacité à renforcer le multilatéralisme afin de promouvoir la paix et la prospérité dans le monde », a commencé M. MUHAMMAD JUSUF KALLA, Vice-Président de l’Indonésie.  « Dans un monde où les défis sont de plus en plus graves et complexes, nous devons tous nous unir et les relever ensemble.  Aucun pays, quelle que soit sa taille, ne peut les affronter seul », a-t-il ajouté.  « Depuis plus de sept décennies, le multilatéralisme nous a sauvé de la tragédie d’une guerre mondiale », a-t-il notamment affirmé.  Et le multilatéralisme a assuré la prospérité économique et des avancées technologiques sans précédents dans le monde.  Il s’est dit convaincu que le monde sera plus stable, plus pacifique et plus prospère, à condition d’honorer les valeurs du multilatéralisme.

Le Vice-Président s’est ensuite livré à un vibrant plaidoyer pour la paix dans le monde, dénonçant notamment les guerres et les conflits qui détruisent l’espoir d’atteindre les objectifs de développement durable.  Il a pointé « les attaques qui ont détruit des installations civiles et des infrastructures économiques au Moyen-Orient ».  Il a aussi prévenu que la paix ne serait pas possible dans la région sans solution pour la Palestine et a réaffirmé le soutien de son pays pour une « solution des deux États » avec une « Palestine unie ». 

Poursuivant, M. Kalla a affirmé que l’Indonésie est en passe de devenir une des plus grandes nations contributrices aux forces de maintien de la paix des Nations Unies.  Face à la complexité des tâches auxquelles sont confrontés les Casques bleus, il a jugé nécessaire de mieux préparer les forces au déploiement, mais aussi de mieux gérer la préparation du déploiement, notamment en maîtrisant les compétences non techniques.  Il a aussi appelé à renforcer le rôle des femmes au sein des forces de maintien de la paix et a annoncé que l’Indonésie avait accueilli, pour la première fois, un programme de formation régionale sur les femmes, la paix et la sécurité.

Le Vice-Président a ensuite mis en avant l’importance de renforcer le « régionalisme durable ».  Il a indiqué que depuis plus de 50 ans, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) s’évertue à promouvoir une culture du dialogue, la coopération et le règlement pacifique des différends dans la région.  « Nous souhaitons élargir la culture de coopération développée au sein de l’ASEAN à la région indopacifique afin de la rendre pacifique, stable et prospère », a-t-il indiqué.  Il a ensuite évoqué l’adoption, en juin 2019, par les dirigeants de l’ASEAN de l’« Outlook on the Indo-Pacific » qui servira de guide pour développer la coopération avec les pays de la région.

Continuant, M. Kalla a insisté sur l’importance de travailler sans relâche pour atteindre les objectifs de développement durable.  « Il ne reste que 11 ans pour les réaliser », s’est-il inquiété, avant de souligner l’importance que revêtent les partenariats internationaux.  Il a fait savoir qu’en 2018, le taux de pauvreté en Indonésie est pour la première fois passé sous la barre des 10%.  L’inégalité recule avec un coefficient de Gini passé de 0,414 à 0,324, et 223 millions.  Mais des difficultés persistent avec 18,7 millions d’enfants d’âge scolaire ne recevant pas assez de soutien.  

M. Kalla s’est par ailleurs préoccupé de constater que des engagements pris en vertu de la Charte ne sont pas respectés, voire sont violés par « un État Membre », insistant sur l’importance de respecter la souveraineté des États.  Il a indiqué que l’Indonésie est candidate à la présidence du Conseil des droits de l’homme pour la période 2020-2022, avant de passer en revue les actions de son pays sur ce dossier.

Il a terminé son intervention en revenant sur l’importance capitale du multilatéralisme, en citant un proverbe africain: « Si vous voulez aller vite partez seul, si vous aller loin, partez ensemble! »  Son intervention a été accueillie par des applaudissements nourris.

M. THOMAS MOTSOAHAE THABANE, Premier Ministre du Lesotho, a réaffirmé l’attachement de son pays au Programme de développement durable à l’horizon 2030 comme en atteste son deuxième plan stratégique pour le développement 2019-2023.  Le Lesotho, a ajouté le Premier Ministre, a aussi été parmi les 47 pays qui se sont soumis à l’examen du Forum politique de haut niveau pour le développement durable.  Le Premier Ministre a tout de même prévenu que la réalisation des objectifs fixés échappera aux pays comme le sien si l’assistance requise ne leur est pas offerte.  La collaboration avec les partenaires au développement, les institutions financières et le secteur privé est « capitale », a-t-il insisté.  Quant aux changements climatiques, le Premier Ministre a fait part de l’engagement de son pays de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 10% grâce aux ressources internes et de 25% grâce à l’aide extérieure d’ici à 2030.  Ici aussi, il a appelé à l’assistance internationale pour renforcer les capacités d’adaptation.

L’année dernière, a rappelé le Premier Ministre, j’ai souligné que la paix, la sécurité et le développement économique ne seront pas possibles dans des pays comme les nôtres sans une réforme des lois et des institutions nationales.  Les lois et institutions « archaïques » héritées de nos « maîtres-colons » sont bien loin des réalités du XXIsiècle.  Aussi, le dialogue national sur le « Lesotho que nous voulons » touche-t-il à sa fin.  Le Parlement terminera bientôt l’élaboration de la loi portant création de l’organe chargé de mettre en œuvre les réformes.

Plaidant aussi pour la réforme du Conseil de sécurité, conformément au consensus d’Ezulwini, le Premier Ministre a souligné que « nos Nations Unies » devraient être une organisation qui protège la souveraineté de tous les États Membres et empêche toute ingérence dans leurs affaires intérieures.  Une organisation, a-t-il précisé, qui s’oppose aux sanctions injustes comme celles imposées au Zimbabwe.  Le Premier Ministre a demandé à tous les États de se rallier derrière le Zimbabwe et l’appel à mettre fin à des sanctions qui ont si longtemps « mutilé » l’économie et la vie du citoyen ordinaire.

« Cette année, la plus grande élection a eu lieu dans la plus grande démocratie du monde », a déclaré avec fierté M. NARENDRA MODI, Premier Ministre de l’Inde, qui a précisé qu’il avait été réélu pour un deuxième mandat par un nombre record d’électeurs.  Quand un pays en développement réussit la plus grande campagne d’assainissement du monde, avec plus de 110 millions de toilettes installées en cinq ans, ses réalisations et résultats suscitent l’inspiration du monde, a poursuivi M. Modi, en parlant de son « initiative pour une Inde propre ».  Quand un pays en développement gère avec succès le plus grand système d’assurance maladie qui couvre plus de 500 millions de personnes à hauteur de 500 000 roupies en traitements gratuits par an, il montre la voie à suivre au reste du monde.  Quand un pays en développement met en place le plus grand système d’inclusion financière, avec l’ouverture de 370 millions de nouveaux comptes bancaires pour les personnes démunies en cinq ans, les systèmes qui en résultent inspirent la confiance dans les pauvres du monde entier.  Enfin, s’est-il encore réjoui, quand un pays en développement lance le plus grand programme d’identification digitale pour ses citoyens, en leur offrant une identité biométrique, leur permettant ainsi de jouir de leurs droits et de récupérer 20 milliards de dollars grâce à la lutte contre la corruption, les systèmes modernes qui en résultent donnent un nouvel espoir au monde. 

Le Premier Ministre a également annoncé une importante campagne récemment lancée en Inde pour interdire les plastiques à usage unique, et une autre initiative pour promouvoir la conservation de l’eau, mais aussi assurer l’approvisionnement en eau à 150 millions de foyers.  Au cours des cinq prochaines années, le gouvernement Modi a aussi l’intention de construire 125 000 kilomètres de nouvelles routes et, d’ici à 2022, de construire 20 millions d’habitations pour les pauvres.  De plus, l’Inde vise à éradiquer la tuberculose d’ici à 2025, et non pas 2030.

À la question de savoir comment l’Inde est parvenue à atteindre de tels résultats en si peu de temps, le Premier Ministre a répondu en évoquant la culture millénaire de son pays qui « voit la divinité dans chaque être et recherche le bien-être de tous ».  Dès lors, l’approche de M. Modi se fonde sur le bien-être public à travers la participation de tous et son leitmotiv est « des efforts collectifs pour la croissance de tous et avec la confiance de tous ».  Cette approche ne se limite pas aux frontières de l’Inde, a-t-il précisé, en ajoutant qu’elle ne se fonde pas non plus sur la pitié ou la prétention.  Elle est inspirée par un profond sens du devoir, a expliqué M. Modi.

Il a souligné que les rêves que ces efforts cherchent à exaucer pour 1,3 milliard d’Indiens sont les mêmes dans le monde entier, dans chaque pays et dans chaque société.  Ces efforts sont les nôtres, mais leurs fruits sont pour tous, pour le monde entier, a prêché le Premier Ministre, qui a indiqué que cette conviction ne cesse de se renforcer en pensant aux autres pays qui, comme l’Inde, cherchent à se développer.

M. Modi a ensuite indiqué que, du point de vue des émissions par habitant, la contribution de l’Inde au réchauffement climatique est relativement faible.  Cela ne l’empêche pas de faire partie des pays chefs de file dans les efforts de lutte contre ce problème, notamment par la création d’une alliance solaire internationale et la mise en place de la coalition pour des infrastructures résilientes aux catastrophes naturelles.

Poursuivant, le Premier Ministre a mis en garde contre le terrorisme qui représente « l’un des plus grands défis » pour le monde et l’humanité.  Le manque d’unanimité entre nations sur cette question porte atteinte aux principes mêmes qui ont servi de base à la création de l’ONU, a-t-il regretté, en appelant la communauté internationale à faire front commun contre le terrorisme.  Il a également appelé à donner « une nouvelle direction » au multilatéralisme et aux Nations Unies.

M. LEE HSIEN LOONG, Premier Ministre de Singapour, a souligné combien les institutions multilatérales et le respect « des systèmes et des règles » étaient essentiels pour la survie des petits États comme le sien.  « Un système basé sur des règles impose des responsabilités à tous les pays et crée un environnement stable pour tous », a-t-il estimé.  Dans un monde de plus en plus polarisé, le Premier Ministre a ainsi plaidé en faveur du multilatéralisme pour faire face aux problèmes complexes d’envergure globale, de l’éradication de la pauvreté aux pandémies, en passant par les changements climatiques.

Tous les pays sont confrontés au problème du développement, a-t-il poursuivi.  « Mais il est très difficile pour chaque pays de se développer et de progresser dans son coin », a ajouté le Chef de Gouvernement, précisant que la croissance se fondait sur le commerce, les investissements et la technologie, au sein d’un ordre international à la fois ouvert et régulé.  Le Premier Ministre a souligné que l’ouverture par les pays développés de leurs marchés intérieurs au cours des dernières décennies avait permis à la Chine, à l’Inde et à d’autres économies d’Asie du Sud-Est, dont Singapour, de connaître la croissance économique.  Parallèlement, les pays développés ont été en mesure d’accéder à de nouveaux marchés pour écouler leurs biens et produits dans les pays en développement, a-t-il ajouté. 

À l’heure où de nombreux pays en développement d’Afrique et d’Amérique latine empruntent cette même voie, le Premier Ministre a jugé important que les marchés des pays développés leur soient ouverts.  Maintenir cette ouverture, a-t-il insisté, aura un effet bien plus grand sur le développement de ces pays que l’aide étrangère et l’assistance technique.  Or, le Premier Ministre a déploré la vision de plus en plus dominante selon laquelle le libre-échange et la globalisation ont accentué les inégalités.  « En réalité, le libre-échange et la globalisation ont amélioré la vie de milliards de personnes dans le monde », a-t-il argué, appelant à ne pas faire de ce système le « bouc émissaire » des difficultés économiques éprouvées par certains pays.

Cela ne veut pas dire que le système multilatéral est parfait, a nuancé le Premier Ministre, citant les difficultés croissantes éprouvées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour conclure des accords commerciaux, ce qui suppose un consensus de ses 164 membres.  Le Premier Ministre a donc appelé à réformer l’OMC, dont les règles ont, selon lui, été créées pour une économie mondiale basée sur l’agriculture et l’industrie lourde, et non, comme c’est le cas actuellement, sur les services digitaux et la propriété intellectuelle.  Pour pallier ces lacunes et le manque de ressources des institutions financières internationales, telles que la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement, le Chef de Gouvernement a notamment appelé les États Membres à lancer des initiatives régionales de libre-échange et de construction d’infrastructures, à l’image du de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, signé le 8 mars 2018.

M. MARJAN ŠAREC, Premier Ministre de Slovénie, a estimé que dans le nécessaire ajustement en cours du nouvel ordre mondial, il est impératif de respecter les principes fondamentaux qui ont toujours guidé l’action des Nations Unies, tels la souveraineté et l’égalité entre États, la sécurité collective, le développement du droit international, la résolution pacifique des conflits, la coopération internationale et le respect des droits de l’homme.  Nationalisme et populisme offrent des formules faciles et tentantes, mais apporter des solutions authentiques aux problèmes est autrement plus complexe et requiert un large consensus, a-t-il souligné.  Cette semaine encore, les États ont, dans l’ensemble, réaffirmé leur foi dans le multilatéralisme, s’est-il félicité, pointant trois domaines où celui-ci est plus nécessaire que jamais: l’état de droit et les droits humains, les changements climatiques et les objectifs de développement durable et, enfin, le défi posé par les nouvelles technologies.

M. Šarec a appelé à garder à l’esprit que, pour que le système fonctionne, chaque État doit agir selon les règles définies par la Charte.  Respecter le droit international est une obligation incontournable, a-t-il insisté.  La protection des droits humains au cours des 70 dernières années a fait des progrès impressionnants, mais personne ne doit les prendre pour acquis.  Il faut ainsi non seulement créer des opportunités pour la jeunesse, mais aussi prendre en compte le vieillissement de nombre de sociétés et les droits des personnes âgées.  Par ailleurs, l’espace tend à se restreindre de façon alarmante pour les militants des droits de l’homme dans le monde.  Or, il est impératif de garantir justice et reddition de comptes pour toute violation du droit international humanitaire et des droits humains, a-t-il souligné.

S’agissant de la prévention de conflit, le Premier Ministre a indiqué que la Slovénie continuera d’appuyer la stabilité et l’intégration européenne des Balkans occidentaux.  Il s’est également soucié de la persistance de l’impunité et a indiqué que la Slovénie avait lancé une initiative sur la négociation d’un traité multilatéral sur l’extradition et la fourniture d’une assistance juridique mutuelle pour appuyer les poursuites nationales pour les crimes internationaux les plus graves.  Il a précisé que la négociation du texte débutera au printemps prochain.

Concernant les changements climatiques et le développement durable, a-t-il enchaîné, force est de noter que le climat évolue plus rapidement que prédit et la jeunesse mondiale, mobilisée, réclame une action immédiate.  La COP25, en fin d’année, au Chili, sera déterminante pour l’avenir de l’humanité et de la planète et nous devrons reconnaître le « droit de vivre dans un environnement sain ». 

Il s’est préoccupé du fait que l’épuisement des ressources naturelles, dont l’eau, accentue les inégalités et les risques de conflit.  Ceci appelle à repenser les modèles économiques pour les rendre plus durables à l’instar de l’économie circulaire, a-t-il estimé.  Il faut aussi faire tout notre possible pour éliminer toutes les formes de pauvreté et d’inégalité, promouvoir des sociétés pacifiques et inclusives et atténuer les causes des migrations dans les pays en développement. 

Enfin, M. Šarec a jugé indispensable de se pencher sur l’importance des nouvelles technologies: elles peuvent apporter d’immenses bénéfices en termes de productivité et de qualité de vie, mais ouvrent en même temps de nouveaux risques pour les pays et les individus.  Selon les estimations, environ 80% de notre travail dans l’avenir sera effectué grâce à l’intelligence artificielle (IA) et nous devons mieux nous préparer à ces réalités.  La Slovénie a proposé sur ce point, avec le soutien de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), d’accueillir le premier centre international de recherches sur l’IA en Europe qui travaillera notamment sur la gouvernance et les politiques devant encadrer l’intelligence artificielle.

M. IMRAN KHAN, Premier Ministre du Pakistan, a commencé par rappeler que son pays est aujourd’hui « confronté à un moment difficile ».  Malgré cela, a-t-il dit, le Pakistan fait face à des problèmes urgents comme les effets des changements climatiques.  Il a déploré à cet égard le « manque de sérieux » de certains dirigeants, ceux-là mêmes qui « peuvent faire beaucoup mais ne se rendent pas compte de l’urgence de la situation ».  Selon le dirigeant, le Pakistan figure parmi les 20 nations du monde les plus affectées par ce fléau.  Il a notamment averti que les glaciers de l’Himalaya, d’où proviennent 80% des eaux du Gange et des fleuves indiens, fondent rapidement.  « Si rien n’est fait, une catastrophe est prévisible », a-t-il mis en garde.  Rappelant que son pays a pour objectif de planter dix milliards d’arbres pour lutter contre le réchauffement climatique, il a souhaité que les pays riches soient « poussés à faire plus » pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Dans ce cadre, a-t-il dit, « les Nations Unies doivent agir et être au premier plan sur ces questions ».

Le deuxième problème évoqué par M. Khan est celui de la fuite des capitaux des pays pauvres vers les pays riches.  « Tous les ans, des milliards de dollars sont ainsi détournés par les élites du monde en développement et se retrouvent dans des fonds offshore, de comptes de banques occidentales et des propriétés onéreuses achetées dans des pays riches », a-t-il dénoncé, y voyant « une façon d’appauvrir le monde en développement ».  Il a ainsi déclaré avoir dû, après son élection, consacrer la moitié des revenus du pays au service de la dette, « le pays ayant été pillé par les élites précédemment au pouvoir ».  « Nous avons besoin de l’aide des pays riches, ils ne peuvent permettre un tel détournement alors que nous avons besoin de cet argent pour les objectifs de développement durable », a-t-il affirmé, appelant de ses vœux « un système de dissuasion » sous l’égide de l’ONU et une interdiction effective des paradis fiscaux.

Le Premier Ministre pakistanais a ensuite abordé la question de l’islamophobie, qui touche, selon lui, plus d’un milliard de personnes dans le monde, à commencer par les nombreuses minorités musulmanes.  Pourquoi ce phénomène s’est-il développé?  Parce qu’après les attentats du 11 septembre, « certains leaders ont parlé d’islam radical », a-t-il relevé, assurant que « le terrorisme n’a pourtant rien à voir avec la religion ».  Cela étant, la marginalisation des communautés musulmanes peut conduire à des formes de radicalisation, comme c’est le cas en Europe, a poursuivi M. Khan, rappelant avoir vécu au Royaume-Uni lorsqu’il était joueur de cricket professionnel.  Il a également regretté le manque de compréhension de la religion islamique en Occident.  « Quand on s’en prend au prophète, les musulmans réagissent et on dit que l’islam est intolérant.  Mais il faut savoir ce que notre prophète représente pour nous », a-t-il fait valoir.  « Quand on se moque de lui, qu’il est insulté, la douleur du cœur est pire que la douleur physique », a-t-il insisté, demandant qu’on « n’utilise pas la liberté de parole pour peiner les musulmans ».

M. Khan s’est dès lors longuement attardé sur le point « le plus critique » de son intervention, à savoir la situation au Cachemire.  Il a indiqué qu’à son arrivée au pouvoir, il s’était efforcé de démanteler les groupes armés utilisés dans la guerre des Occidentaux contre l’ex-Union soviétique.  Il a dit avoir aussi souhaité une amélioration des relations de son pays avec l’Inde.  « J’ai dit au Premier Ministre indien Narendra Modi que nous avions les mêmes problèmes et qu’il fallait travailler ensemble.  Il m’a répondu que l’Inde faisait face à des attaques terroristes venues du Pakistan », a-t-il expliqué.  Entre-temps, a-t-il ajouté, « un jeune radicalisé de 20 ans s’est malheureusement fait exploser contre un convoi indien » au Cachemire, ce qui a entraîné des bombardements, une « campagne de haine » de l’Inde contre le Pakistan et la révocation, par New Delhi, du statut spécial du Cachemire.  Accusant le parti nationaliste hindou Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) de M. Modi, une organisation inspirée, selon lui, par Benito Mussolini et Adolf Hitler, d’être « responsable de l’épuration clinique des musulmans en Inde », le dirigeant pakistanais a vu dans cette idéologie la raison du couvre-feu imposé au Cachemire.  « C’est ainsi que 900 000 soldats sont stationnés dans la région et que des millions de personnes sont enfermées comme des animaux », s’est-il indigné, accusant son homologue indien d’être « aveuglé par son arrogance ».  « S’est-il demandé ce qu’il arrivera lorsque le couvre-feu sera levé?  Pense-t-il que le peuple du Cachemire va accepter le changement de statut de cette région? » a-t-il interrogé l’assistance, prédisant « un bain de sang » parce que « les gens vont descendre dans rue ».  Selon lui, le Pakistan sera alors accusé de ce soulèvement, de même qu’il sera accusé « lorsque que les 180 millions de musulmans d’Inde se radicaliseront », non pas à cause de l’islam mais « en raison de l’absence de justice ».

« Nous sommes à un moment charnière », a renchéri le Premier Ministre pakistanais, parce que « deux puissances dotées de l’arme nucléaire vont se retrouver face à face ».  Mais avant d’en arriver là, « les Nations Unies ont une responsabilité à assumer », a-t-il lancé, sous les applaudissements.  Rappelant que l’Organisation a été créée au sortir de la Seconde Guerre mondiale pour garantir la paix et la sécurité internationales, il a dit avoir « l’impression que nous sommes à nouveau à Munich en 1939 ».  Dans ce contexte explosif, « que va faire la communauté mondiale? » a-t-il demandé.  « Si les choses tournent mal, préparez-vous au pire!  Ma conviction est qu’il n’y a qu’un seul Dieu et que nous nous battrons jusqu’au bout.  Et quand un pays doté de l’arme nucléaire se bat jusqu’au bout, cela a des conséquences sur le monde entier », a-t-il encore averti, ajoutant que « ce n’est pas une menace, mais une mise en œuvre ».  À ses yeux, du fait de cette situation, l’ONU est mise à rude épreuve « car c’est vous qui devez garantir le droit des Cachemiris à l’autodétermination.  Pour M. Khan, « l’heure est venue d’agir ».  « L’Inde doit lever ce couvre-feu inhumain qui dure depuis 55 jours et libérer les prisonniers politiques, ainsi que les 13 000 garçons dont nous sommes sans nouvelles », a-t-il conclu.

M. KYRIAKOS MITSOTAKIS, Premier Ministre de la Grèce, a déclaré que, au cours de la décennie écoulée, l’histoire de son pays et de son peuple avait été marquée par une série d’infortunes qui ont mis à rude épreuve la volonté et le courage de la nation.  « Mais nous avons lutté et persévéré et, l’été dernier, débuté un nouveau chapitre dans notre saga, un chapitre qui démontrera une fois de plus de quel bois nous sommes faits », s’est enorgueilli le Chef de Gouvernement.  Il a rappelé que, lors des dernières élections, le 7 juillet 2019, les électeurs grecs ont donné à son parti, Nouvelle démocratie, le soutien nécessaire à la formation d’une nouvelle majorité gouvernementale et le mandat pour placer le pays sur une nouvelle trajectoire.  Une trajectoire qui donnera naissance à une société plus productive et prospère capable d’offrir à son peuple de nouvelles opportunités pour lui permettre de réaliser ses aspirations.  « En l’espace de trois mois, nous avons mis fin aux contrôles du capital, lancé des mesures pour relancer la privatisation et attirer l’investissement, et adopté une législation pour réduire les impôts, ouvrir les marchés et réduire la bureaucratie.  Et nous ne faisons que commencer! »  Selon le Premier Ministre, une nouvelle aube s’est levée sur la Grèce, réchauffée par la « lumière de la raison » et portée par les « vents du changement et de l’espoir ». 

En Grèce, le développement durable est une question étroitement liée à la gestion effective de l’un des défis principaux qui se posent aujourd’hui, à savoir la crise des réfugiés.  Il a indiqué que la situation géographique du pays le prédispose à l’affluence des flux migratoires et que son gouvernement déploie des efforts et des ressources considérables afin d’accueillir les réfugiés et les migrants avec humanité.  Mais, a-t-il prévenu, nous sommes en train d’atteindre les limites de notre capacité à répondre à ce problème.  « Les pays d’entrée ne peuvent, ni ne doivent, assumer le fardeau de la pression migratoire à eux seuls.  La gestion de ces flux est un défi européen qui suppose une action collective, une approche globale et des solutions ambitieuses fondées sur un partage équitable des responsabilités et non sur des ordres du jour xénophobes », a-t-il souligné.

Après avoir insisté sur le fait que son pays ne pouvait assumer seul un tel fardeau, M. Mitsotakis a affirmé que l’accord signé entre l’Union européenne (UE) et la Turquie doit être respecté.  « La Turquie doit faire davantage pour remplir ses obligations.  La récente hausse spectaculaire du nombre de migrants traversant la mer Égée est inacceptable », a-t-il tranché.  Quant à l’UE, si elle doit continuer de soutenir la Turquie financièrement, elle doit aussi se doter rapidement de nouvelles règles applicables à tous les pays d’accueil pour les demandeurs d’asile, a poursuivi le Chef de Gouvernement grec.  « Aucune nation européenne ne peut être membre de l’espace Schengen, tout en refusant d’assumer la part qui lui revient au titre des arrangements conclus au sujet de la crise migratoire.  La solidarité n’est pas une avenue à sens unique! » a-t-il martelé.

M. Mitsotakis a ensuite rappelé qu’aucun progrès tangible dans les relations entre pays voisins ne saurait être accompli sans pleinement respecter le droit international.  « Quarante-cinq ans se sont écoulés depuis l’invasion et l’occupation turque illégales de plus d’un tiers du territoire chypriote.  Un accord global et viable conforme aux résolutions du Conseil de sécurité devrait mettre fin à une telle « injustice », a-t-il analysé.  Il a salué les efforts du « Président Anastasiades et du leader chypriote turc Akıncı » pour s’entendre sur les termes de la reprise des négociations en vue de résoudre le différend chypriote.  « C’est à eux de décider ce qui est bon pour leurs communautés.  Ils n’ont nul besoin de tutelle étrangère », a-t-il estimé. 

Pour le Premier Ministre, la seule solution acceptable est l’évolution de la République de Chypre en une fédération bizone et bicommunale dotée de l’égalité politique, avec « une souveraineté, une représentation juridique internationale et une citoyenneté uniques ».  Si la Grèce, a ajouté M. Mitsotakis, est prête à reprendre les négociations, elle n’en est pas moins opposée aux activités de forage « illégales » en Méditerranée orientale, en particulier dans la Zone économique exclusive de Chypre.  De plus, a ajouté le Chef de Gouvernement, les récentes actions et déclarations de la Turquie au sujet de l’ouverture de Varosha « sous Administration chypriote turque » constituent une violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, lesquelles appellent au retour de tous les habitants légaux à Varosha, sous Administration onusienne.

M. ANDREW HOLNESS, Premier Ministre de la Jamaïque, a dévoilé dès l’entame de son intervention les principaux indicateurs de son pays durant ces trois dernières années qui illustrent la bonne performance de son économie.  C’est d’abord une baisse record du chômage qui est de 7,8%, 18 trimestres consécutifs de croissance économique, une faible et stable inflation en plus de la réduction de la dette rapportée au PIB de 147% à 95 %.  Ces chiffres ont été rendus possibles à la faveur des mesures adoptées par son pays qui croit fermement dans l’investissement dans le capital humain.  En 2017, la Jamaïque a révisé son programme national de réduction de la pauvreté avec pour objectif de réduire sa prévalence à moins 10% à l’horizon 2030.  Quant au programme HOPE qui s’attelle à la formation de jeunes, il a bénéficié à quelque 26 000 d’entre eux en l’espace de trois ans.

Cependant, la sécurité et la criminalité et leur impact sur les objectifs économiques restent un défi majeur pour le pays, a alerté le Premier Ministre.  En dépit de programmes ambitieux mis en place pour débarrasser la rue des armes à feu et promouvoir des investissements dans l’amélioration des systèmes de contrôle à la frontière, « nous n’avons pas les capacités à nous seuls d’endiguer le flux des armes », a-t-il reconnu.  De fait, les liens entre le crime organisé, le commerce illégal de la drogue et la prolifération illicite du trafic des armes légères requièrent une action transnationale, régionale et multilatérale.  C’est pourquoi, la Jamaïque ne compte pas uniquement sur les États voisins, mais également sur l’appui de l’ONU et son rôle pivot en matière de paix et sécurité internationales.

M. Holness a indiqué que l’instabilité et l’insécurité affectent non seulement les investissements directs mais ont également un impact sur la croissance du PIB, les revenus, l’emploi et les dépenses publiques.  Se référant au Dialogue de haut niveau sur le financement du développement et le Sommet sur les objectifs de développement durable tenus aux Nations Unies la veille, il a souligné la nécessité pressante de mobiliser davantage de capitaux.  « On ne peut parler de progrès durables sans une quantité et une qualité d’investissements public et privé », a-t-il insisté.  C’est dans cet esprit que le Canada et la Jamaïque continuent d’être le fer de lance d’initiatives à travers le groupe d’amis concernant le financement des objectifs de développement durable et que son pays travaille avec des partenaires comme le Danemark pour attirer davantage d’investissement dans les infrastructures durables.

Le Premier Ministre a également évoqué les problèmes liés au surendettement des pays à revenu intermédiaire comme la Jamaïque et les autres pays voisins dans les Caraïbes.  C’est dans ce contexte qu’il a salué l’examen de mi-parcours des petits États insulaire en développement (PEID) dans le cadre des Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de SAMOA).  Il y a vu une opportunité de rendre le mandat plus opérationnel.

Sur le volet des changements climatiques, il a exhorté à plus d’actions sur les plans national et mondial pour traiter cette problématique et s’est dit honoré de rejoindre la France et le Qatar pour diriger le volet finance climat et prix du carbone issu du Sommet Action climat 2019 de l’ONU.  Il a, par ailleurs, rappelé que la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer va célébrer cette année ses 25 ans, de même que l’Autorité internationale des fonds marins dont le siège est abrité par son pays.  À cet égard, il a dit se réjouir des perspectives des conclusions en 2020 des négociations pour un traité international portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale. 

Pour finir, il a réitéré la foi de son pays dans les valeurs du multilatéralisme, soulignant que le développement durable pour tous est réalisable uniquement à travers des efforts concertés et le partenariat. 

« Le monde dans lequel nous vivons change rapidement », a constaté M. QOHIR RASULZODA, Premier Ministre du Tadjikistan, en ouverture de son discours.  Le terrorisme, la criminalité transnationale organisée et le trafic de drogues illicites sapent la paix et la sécurité internationales, aggravent les conflits et déstabilisent des régions entières, a-t-il renchéri.  Dans le même temps, ces phénomènes nuisent aux efforts déployés pour promouvoir et protéger les droits humains et le développement durable, a déploré le dirigeant, assurant que son pays fait tout son possible pour combattre ces fléaux.

Fort de son expérience en matière de consolidation de la paix, de prévention du terrorisme et de lutte contre le trafic des stupéfiants, le Tadjikistan a ainsi accueilli, en mai 2019, à Douchanbé, une conférence de haut niveau consacrée à la coopération régionale et internationale dans ces domaines.  Les questions du terrorisme et de l’extrémisme étaient également au programme de la cinquième Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), organisée en juin 2019, également dans la capitale tadjike.  Par ailleurs, a-t-il ajouté, le pays s’est doté, dès 1999, d’une agence de contrôle des drogues et a adopté en 2013 une stratégie nationale antidrogues pour la période 2013-2020, le but principal étant de tarir l’une des principales sources de financement du terrorisme.  Dans le prolongement de ces efforts, le Président tadjik a souhaité que l’ONU apporte son soutien à sa proposition de création d’une commission composée de représentants des forces de l’ordre des pays de la « Route du Nord » et d’experts de la lutte contre le trafic de stupéfiants. 

Abordant la question de la situation en Afghanistan, pays dont dépend, selon lui, la sécurité et la stabilité de l’Asie centrale, M. Rasulzoda a rappelé que le Tadjikistan avait toujours défendu le principe de relations pacifiques et stables avec cette nation amie.  C’est ainsi, a-t-il dit, que le Tadjikistan apporte une contribution au développement socioéconomique de l’Afghanistan en construisant des voies de transport bilatérales, en créant un « pont énergétique » entre les deux pays et en fournissant de l’électricité à la population afghane.  Parallèlement, le Tadjikistan soutient les autorités afghanes dans leurs efforts destinés à établir un processus de négociation de paix. 

Le Chef du Gouvernement tadjik a ensuite fait le point sur l’état d’avancement de son pays dans la réalisation des objectifs de développement durable.  Affirmant soutenir l’appel lancé par le Secrétaire général de l’ONU sur la nécessité d’une action urgente pour la mise en œuvre, en temps et en heure, du Programme 2030, il a indiqué que le Tadjikistan avait adopté à cette fin une stratégie nationale de développement pour la période 2016-2020.  Il s’est toutefois déclaré préoccupé par le « nouveau défi » représenté par les changements climatiques, qui vient aujourd’hui compliquer la réalisation des objectifs de développement durable.

Dans ce contexte alarmant, M. Rasulzoda a indiqué que son pays avait connu une augmentation de la température de 1 degré Celsius, au cours des 60 dernières années.  Le Tadjikistan a également connu une importante réduction de la superficie des glaciers qui, a-t-il expliqué, sont d’une importance essentielle pour l’ensemble de l’Asie centrale.  Il a jugé nécessaire de renforcer la coopération internationale afin de développer des mesures de prévention et de créer des fonds d’assistance pour les pays affectés.

Dans le même ordre d’idées, il s’est prononcé pour le développement d’une « économie verte », en appui des efforts de développement durable.  À cet égard, il a rappelé que 98% de l’énergie produite par son pays provenait de centrales hydroélectriques.  Le Premier Ministre a également annoncé que, dans le cadre du « Processus de Douchanbé », le Tadjikistan accueillera, en juin 2020, la deuxième Conférence de haut niveau sur la mise en œuvre de la Décennie internationale d’action, laquelle sera consacrée à la stimulation des actions et des partenariats liés à l’eau.

« Le monde a besoin d’une coopération multilatérale très forte et les Nations Unies doivent être renforcées », a estimé Mme ERNA SOLBERG, Première Ministre de la Norvège.  Son pays « veut prendre toutes ses responsabilités », c’est pourquoi il est candidat à un poste de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2021-2022.  Dans la foulée, elle a appelé à accroître le nombre de sièges au Conseil de sécurité, aussi bien des membres permanents que des non permanents, afin de garantir la représentativité et d’asseoir la légitimité de l’organe auprès des populations.

« Les conséquences de l’instabilité nous affectent tous », a-t-elle avisé, avant de prévenir que les zones de conflit sont un terreau pour le terrorisme.  « Il n’y a pas d’idéologie ou de religion unique derrière le terrorisme », a-t-elle constaté.  Faisant référence à la tuerie d’Utøya, elle a rappelé que la Norvège a aussi été victime de la radicalisation en ligne et qu’elle avait pris part à l’Appel de Christchurch.

Revenant sur la longue expérience de la Norvège dans l’organisation de négociations de paix, Mme Solberg a réaffirmé le soutien de son pays à la solution des deux États.  Elle s’est félicitée des actuels pourparlers entre les États-Unis et les Taliban et a prôné un vrai dialogue interafghan pour aboutir à une paix durable. 

Elle a ensuite appelé à garantir le financement des forces de maintien de la paix de l’ONU.  Elle a dressé la liste des contributions norvégiennes et insisté sur l’importance de la participation des femmes parmi les Casques bleus.

Dans son intervention, Mme Solberg a par ailleurs indiqué que le budget humanitaire de son pays a cru de 65% depuis 2013.  En tant que Présidente du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), la Norvège insiste aussi pour la nécessité d’un développement inclusif.  Elle consacre 1% de son produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique au développement, 20% de cette somme allant aux pays les moins avancés (PMA).

« Les changements climatiques ont des conséquences sécuritaires », a affirmé la Première Ministre, qui a appuyé la nomination d’un représentant spécial des Nations Unies pour le climat et la sécurité.  La Norvège appuie aussi l’initiative visant à protéger la forêt amazonienne, tout en espérant pouvoir travailler avec le Brésil contre le déboisement.

Mme Solberg a aussi parlé des nombreuses initiatives pour la protection de l’océan.  « Nous partageons l’inquiétude des petites îles comme Tuvalu qui sont gravement menacées », s’est-elle inquiétée avant de rappeler que « les pays les plus affectés par les changements climatiques sont aussi les pays qui émettent le moins de carbone ».

 « Nier l’existence des changements climatiques n’en déminue pas la réalité », a d’emblée fait valoir Mme MIA AMOR MOTTLEY, Première Ministre de la Barbade, avant d’exprimer sa solidarité avec le Gouvernement et le peuple des Bahamas, durement frappés par l’ouragan Dorian.  Une catastrophe qui, à ses yeux, représente malheureusement la « nouvelle normalité du climat ».  Mais les changements climatiques ne se limitent pas seulement aux ouragans et aux inondations.  Ils sont aussi responsables de sécheresses et d’incendies, et menacent « notre capacité à vivre » ainsi que « la survie de nos océans, si précieuse pour la vie humaine ».  De fait, c’est le monde de nos enfants qui est en jeu, a-t-elle insisté, saluant au passage le mouvement des jeunes en faveur d’une justice climatique et sa chef de file Greta Thunberg.  « Contrairement aux adultes, eux comprennent les risques qu’encourt notre planète », a commenté Mme Mottley, pour qui « la participation des jeunes à cette bataille signifie que la guerre sera gagnée ».

Reste à savoir si cette victoire sera remportée à temps pour nos peuples et si les petits États insulaires survivront à cette catastrophe avant que des solutions se fassent jour pour inverser le dérèglement climatique, a poursuivi la Chef du Gouvernement de la Barbade.  « Dans les Caraïbes et le Pacifique, nous sommes aux premières loges, mais prenez garde, les autres sont juste derrière nous », a-t-elle lancé.  À ses yeux, ce qui nous empêche de suivre la science est « l’absence de volonté politique ».  En effet, cela fait trois décennies que les petits États insulaires en développement tirent le signal d’alarme, mais nous en sommes toujours au même point.  Elle ainsi a jugé ironique qu’au lendemain du Sommet Action Climat 2019, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ait publié un rapport sur les océans et la cryosphère confirmant que certaines des plus graves conséquences des changements climatiques ne pourront être évitées.  « Et pourtant nous continuons à avoir ce comportement destructeur », a-t-elle déploré, pointant le peu de réactions des pays responsables des émissions de dioxyde de carbone.

Les pays des Caraïbes ne sont pas confrontés qu’à ce seul défi.  Ils doivent aussi faire face à la fraude bancaire, aux flux illicites d’armes à feu, aux maladies non transmissibles, entre autres menaces pour leur stabilité, a poursuivi la dirigeante.  Pour y répondre, ils ne font pas la mendicité mais réclament des mesures fiscales afin de parvenir au développement durable, a-t-elle soutenu, plaidant pour un ordre international juste et équitable, « bâti sur des principes de justice pour tous et non pour certains seulement ».

En dépit de leur petite taille, les 14 pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) réussissent à jouer un rôle de premier sur le plan niveau international.  Mme Mottley s’est ainsi déclarée fière de Saint-Vincent-et-les Grenadines, qui est devenue la plus petite nation jamais élue au Conseil de sécurité.  Elle a également rappelé l’appel au dialogue lancé par la CARICOM dans la crise vénézuélienne, jugeant que le peuple de ce pays doit pouvoir décider seul de son avenir, conformément aux principes de non-ingérence, d’interdiction du recours à la force, de respect de l’état de droit et des droits de l’homme consacrés par la Charte de l’ONU.  Avant de conclure, elle a estimé qu’il est grand temps que la communauté internationale reconnaisse les petits États insulaires en développement (PEID) comme des partenaires à part égale sur le plan international et tienne compte de leurs besoins spécifiques en matière de développement.  C’est pourquoi la Barbade continue de voir dans les Nations Unies le meilleur mécanisme pour garantir la paix, la sécurité et le développement durable pour tous les pays, et en particulier les plus vulnérables.  

Pour M. EDI RAMA, Premier Ministre et Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de l’Albanie, qu’on approuve ou rejette le multilatéralisme, peu importe: « l’important c’est qu’il existe ».  Le nationalisme peut sembler attrayant parfois, mais la plupart des questions à traiter sont essentiellement transnationales et nous nous trouvons, bon gré mal gré, dans un contexte où la distinction entre les intérêts nationaux et les priorités mondiales est bien mince, voire inexistante, a-t-il constaté.  Le monde offre d’infinies possibilités mais présente tout autant de risques et de menaces nouvelles qui émergent à l’horizon, sous une couche d’ozone qui s’amenuise et un climat qui fait fondre les glaciers.  Les migrations illégales, la radicalisation et l’extrémisme, le crime organisé et le trafic de personnes défient la démocratie et la sécurité.  Mobiliser les seules capacités nationales suffit d’autant moins que sur le plan international comme national, la politique souffre d’un déficit de confiance, a-t-il dit.

M. Rama a ensuite fait savoir que la semaine dernière, il avait dû annuler son départ pour New York en raison d’un violent tremblement de terre en Albanie qui a causé de nombreux dégâts, ce qui montre qu’en dépit des progrès de la science, il reste impossible de prédire les séismes à l’avance – ce qui est sans doute, hélas, le cas également pour le climat.  Ces dernières années, l’Albanie a connu des hivers extrêmement rigoureux et des étés brûlants, a-t-il indiqué, soulignant que les changements climatiques sont déjà advenus et défient le présent.

Mais pour être un petit pays, l’Albanie mesure pleinement sa responsabilité mondiale notamment en tant que membre de l’OTAN: elle a déployé des troupes au Kosovo, en Bosnie, au Mali ou en Afghanistan pour essayer de rendre le monde meilleur et deux de ses soldats ont trouvé la mort au cours d’une mission en Lettonie.  En dépit de ces pertes, le pays reste prêt à prendre ses responsabilités en Iraq pour participer aux efforts de stabilisation.  Par ailleurs, l’Albanie reste attentive à toute forme de discrimination, d’antisémitisme et veille à maintenir la tolérance interreligieuse et à renforcer le rôle des femmes dans les activités de paix.  Depuis un siècle, le pays s’illustre pour l’harmonie entre ses communautés musulmane, juive et chrétienne, a ajouté le Ministre.

Compte tenu de ces expériences, l’Albanie escompte un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité pour 2022-2023.  Elle n’entend pas non plus se détourner de ses responsabilités régionales.  M. Rama a notamment parlé de la situation dans les Balkans occidentaux qui ont connu les pires maux du XXe siècle, à savoir le communisme et les guerres interethniques, faisant de cette région, la plus sous-développée au cœur de l’Europe.  Il a rappelé le rôle joué par son pays dans la signature de l’Accord de Prespa qui a mis un terme au différend entre la Grèce et la Macédoine du Nord.

Il a, cependant, prévenu que le conflit ouvert entre la « République du Kosovo » et la Serbie risque d’entraver tout le développement régional.  Il a affirmé que l’indépendance du Kosovo est un fait irréversible, jugeant « impardonnable que le Kosovo, pays de deux millions d’habitants, demeure isolé ».  Il a critiqué le strict régime de visa, auquel sont soumis les « citoyens kosovars » pour se rendre dans un pays de l’Union européenne, et réclamé un régime d’exemption totale de visa. Il a insisté sur les impératifs d’intégration et d’ouverture, mettant en garde contre l’isolement qui fomente la rancune et la perte d’espoir.

M. Rama a aussi souhaité une réponse positive aux désirs de l’Albanie et de la Macédoine du Nord de rouvrir les pourparlers d’accession à l’UE.  Il a rappelé qu’à une époque, l’Albanie était considérée comme « la Corée du Nord de l’Europe » mais qu’elle cherche à présent à bâtir un avenir prospère dans la droite ligne du Programme 2030, grâce, notamment à sa stratégie nationale pour le développement et l’intégration 2015-2020 et à son agenda d’intégration européenne.  Il a aussi parlé de la mise en œuvre du plan d’action sur les Roms, les Égyptiens, les LGBTI et les personnes handicapées et des progrès réalisés pour promouvoir l’égalité entre les sexes.

Le Ministre s’est ensuite attardé sur la réforme judiciaire « sans précédent » que connaît le pays.  Les juges et les procureurs corrompus ont été retirés et de nouvelles institutions mises sur pied dans le but de combattre la corruption et la criminalité organisée aux plus hauts niveaux.

L’ouragan Dorian est « une tragédie générationnelle » pour les Bahamas, s’est lamenté M. HUBERT MINNIS, Premier Ministre des Bahamas.  Il a rappelé que celui-ci avait décimé ou dévasté, le 1er septembre dernier, des pans entiers des îles Abacos et de Grand Bahama, les deuxième et troisième centres les plus peuplés de l’archipel.  Or ce pays magnifique, composé de nombreuses îles de faible élévation, fait aujourd’hui face à une grave menace.  « Une menace que nous n’avons pas causée », a souligné le Premier Ministre.  Et, a-t-il alerté, « c’est une menace à laquelle nous ne pouvons pas survivre tous seuls ».

Au cours des 30 dernières années, les ouragans sont devenus de plus en plus meurtriers dans la région, a fait remarquer M. Minnis.  Comme le dit lui-même le Secrétaire général, ils sont comme « suralimentés ».  Les Bahamas ont été frappées en 2015, 2016 et 2017.  Cependant, Dorian a dépassé ce que nous avons vu jusqu’à présent, a témoigné le Premier Ministre.  Les eaux naturellement tièdes des Bahamas, rendues plus chaudes par l’émission de gaz à effet de serre, se sont transformées en « instruments de mort et de destruction ».  L’ouragan furieux, avec des vents d’une force inégalée, est resté stationnaire pendant des heures au-dessus des îles, certaines communautés ayant même subi son courroux pendant 30 heures d’affilée.  Il a officiellement coûté la vie à 56 personnes mais le bilan est sans doute plus lourd car quelque 600 personnes demeurent portées disparues, sans doute emportées par les eaux.  East End, à Grand Bahama, est en ruines.

L’ouragan, a poursuivi M. Minnis, a représenté « l’apocalypse » pour certaines communautés.  Le Premier Ministre a remercié tous ceux qui se sont portés au secours des Bahamas.  Selon lui, les petits pays insulaires des Caraïbes, de l’Atlantique, du Pacifique et de l’océan Indien se trouvent en première ligne et risquent d’être engloutis dans « un abysse créé, au départ, par l’activité humaine et, de plus en plus, par l’inaction ». 

Le dirigeant a évoqué la dégradation des coraux et de la mangrove, l’érosion des terres, les fluctuations des marées et la myriade de conséquences du réchauffement climatique.  Il a ajouté sa voix à celle de nombreux dirigeants et citoyens du monde pour exhorter les nations assemblées ici à gérer l’urgence climatique mondiale comme « le plus grand défi auquel l’humanité fait face ».  Il s’agit là d’un défi qui risque également d’avoir un impact dévastateur sur nombre de pays développés, a-t-il mis en garde.

À cet égard, les Bahamas appuient la stratégie globale du Secrétaire général et souhaitent que les institutions financières internationales accordent des prêts à des conditions favorables aux pays gravement affectés par les chocs extérieurs provoqués par les changements climatiques.  M. Minnis a appelé à l’application intégrale des Orientations de Samoa et à un financement renforcé du développement durable.  Il a demandé une alternative au revenu national brut par habitant comme indicateur unique du niveau de développement d’un pays et que l’on tienne compte des réalités locales uniques de chacun.

En conclusion, le Premier Ministre a invité les voyageurs du monde entier à se rendre dans l’une ou plusieurs des 14 autres grandes îles des Bahamas, dont Nassau ou New Providence, qui ont échappé à l’ouragan.  Les revenus touristiques, a-t-il assuré, joueront un rôle crucial dans la reconstruction des zones affectées.  Il a vu une lueur d’espoir dans le fait que le phare iconique de Hope Town sur Elbow Cay, à Abaco, construit en 1863 par les habitants, et « symbole de fierté », a survécu à l’ouragan Dorian.

« Nous venons tous ici prêts à monter sur scène et à nous exprimer mais la question fondamentale est de savoir si nous sommes aussi venus pour écouter », a lancé d’emblée M. TIMOTHY HARRIS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis.  Il a souligné que c’est grâce au multilatéralisme que les petites nations peuvent être entendues aux Nations Unies.  « C’est pourquoi l’affaiblissement du système multilatéral nous inquiète », a-t-il ajouté.

Le Premier Ministre a assuré que les petites nations étaient déterminées à atteindre les objectifs de développement durable mais que les ressources, pour ce faire, venaient souvent à manquer.  Il a appelé l’ONU à adopter une approche plus cohérente au sujet des questions liées au développement durable.

M. Harris a notamment indiqué qu’il est très difficile pour les petits États insulaires en développement (PEID) de se concentrer sur la réalisation des objectifs de développement durable alors que leur existence-même est menacée par le réchauffement climatique.  « Soyons clairs: les changements climatiques ont été causés par la course à la croissance et à l’industrialisation des pays développés », a-t-il assené.  « Pendant trop longtemps, les pays riches ont été autorisés à émettre des gaz à effet de serre sans aucune restriction. »

« Et pourtant, a-t-il déploré, ce sont les pays en développement qui sont les premières victimes des changements climatiques ». « Les petits États, comme Saint-Kitts-et-Nevis, se trouvent en première ligne dans une guerre qu’ils n’ont ni commencée, ni voulue.  C’est injuste!  C’est inique!  Nous avons besoin d’une aide plus importante et cette aide nous est due », a-t-il martelé.

« Hier la République dominicaine, aujourd’hui les Bahamas, chaque coup est plus dévastateur que le précédent! » s’est exclamé M. Harris en référence aux deux puissants cyclones ayant frappé les Caraïbes ces deux dernières années.  Il a rappelé que son pays avait fourni un appui aux Bahamas sous forme de personnel de sécurité et d’aide financière et a invité les autres nations à fournir des « preuves tangibles » de leur solidarité.  « Nous sommes fatigués des vaines promesses! »

Poursuivant, le Premier Ministre a demandé la fin du classement des pays sur la base de leur PIB pratique qui limite, selon lui, l’accès à certains financements.  Il a également appelé à l’établissement d’une « stratégie bleue » afin de protéger les océans, notant que ceux-ci sont non seulement très importants pour la sécurité´ alimentaire mais recèlent également un potentiel économique inexploité.

M. Harris s’est également insurgé contre les listes noires des paradis fiscaux émises par l’Union européenne, indiquant que celle-ci représentent un fardeau pour les PEID, de même que les politiques d’atténuation des risques des banques correspondantes qui, a-t-il affirmé, représentent une menace existentielle pour les économies de nos pays.

Préoccupé par la persistance de la crise au Venezuela, il a par ailleurs appelé les parties à reprendre les pourparlers facilités par la Norvège.

M. WANG YI, Conseiller d’État et Ministre des affaires étrangères de la Chine, a déclaré qu’au cours des 70 dernières années, la Chine a changé sa destinée grâce à des efforts inlassables.  En l’espace de quelques décennies, des dizaines de millions de personnes ont rejoint la classe moyenne et la Chine est parvenue à réaliser ce que d’autres pays ont mis des siècles à accomplir.  La clef de notre succès, a-t-il affirmé, repose sur notre allégeance au pouvoir centralisé du Parti communiste chinois, ainsi qu’en une philosophie de développement axée sur la personne.  Aujourd’hui, s’est-il enorgueilli, la Chine est devenue le moteur du développement mondial et un socle pour la stabilité mondiale.

Le Ministre s’est opposé à toute forme d’hégémonisme et de harcèlement, et a souligné que la Chine défendra toujours le droit au développement des pays en développement et veillera à faire entendre leur voix au sein de la gouvernance internationale.

Dans ce monde globalisé, les pays s’élèvent ou tombent ensemble, a-t-il poursuivi, prévenant qu’une mentalité à somme nulle et les politiques du chacun pour soi mèneront au désastre.  Il s’est engagé à maintenir l’ouverture du commerce mondial et du régime multilatérale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Il a averti que l’unilatéralisme et le protectionnisme posent des menaces majeures à l’ordre international.  Face aux vents contraires du protectionnisme, nous ne devons pas rester les bras croisés, a-t-il dit.

Poursuivant, le Ministre a appelé à ne pas oublier les enseignements de la Grande Dépression: les provocations et les menaces de conflits commerciaux qui bouleversent les chaînes d’approvisionnement industriels mondiaux sapent le régime de commerce multilatéral et l’ordre économique mondial et risquent même de plonger le monde dans une récession, a-t-il averti.  La Chine, a-t-il signalé, s’engage à résoudre les différends d’ordre économique et financier de manière calme, rationnelle et complète, mais aussi à faire preuve du plus haut degré de patience et de bonne volonté.  Et si « l’autre » partie fait preuve de mauvaise foi ou manque de respect pour les règles de la négociation, a-t-il averti, nous devrons prendre les mesures qui s’imposent pour protéger nos intérêts et la justice internationale.

« Je ne saurais être plus clair: la Chine est un pays avec une civilisation cinq fois millénaire, 1,4 milliard d’habitants travailleurs et un territoire de 9,6 millions de kilomètres carrés.  La Chine ne se verra jamais ostracisée par des menaces, ni assujettie par la pression », a affirmé le Ministre.  Face à un unilatéralisme galopant, il a appelé à ne pas rester les bras croisés.  L’ordre international, a-t-il insisté, doit respecter les lois et les règles et toute violation de cet ordre risque de faire sombrer le monde dans le chaos.

Le Ministre a estimé que les avancées scientifiques et techniques ne sauraient être le monopole d’un seul pays, et que personne ne doit empêcher les innovations d’autrui.  Il a dénoncé l’imposition de sanctions unilatérales.  Il a également averti que tout retrait unilatéral du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire aura de nombreuses répercussions négatives, et s’est d’ailleurs opposé au déploiement de missile à portée intermédiaire dans la région Asie-pacifique.  Il a ensuite annoncé que la Chine avait enclenché le processus pour lui permettre d’adhérer au Traité sur le commerce des armes.

Dans son intervention, le Ministre chinois a aussi appelé à préserver le Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien, et à établir une plateforme de dialogue pour les pays du Golfe.  Il a voulu que la question palestinienne occupe une place prioritaire dans l’agenda international, pour ensuite appeler à l’avènement d’un Afghanistan uni et réconcilié.  Dans la péninsule coréenne, a-t-il enchaîné, l’opportunité pour un règlement politique de la question ne doit pas être manquée de nouveau.  Selon lui, les avancées en « zigzag » des 20 dernières années démontrent qu’il faut lancer des processus parallèles et établir un mécanisme de paix afin de tenir compte des préoccupations de chacun et de renforcer la confiance.  Il a espéré que les États-Unis répondront aux ouvertures de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).

Il s’est ensuite félicité qu’avec les efforts de médiation de la Chine, la Birmanie et le Bangladesh ait atteint une nouvelle compréhension commune sur la relance du travail pour le retour des personnes déplacées.  Le Ministre chinois espère par ailleurs une résolution pacifique du différend qui oppose l’Inde et le Pakistan au sujet du Cachemire.

Il a appelé à placer le développement au cœur du cadre politique global, avec un accent sur certains domaines prioritaires tels que la réduction de la pauvreté, les infrastructures, l’éducation, et la santé publique.  Nous devons, a dit le Ministre, construire une économie mondiale ouverte, fondée sur la coopération Nord-Sud, et aider les pays en développement à mieux s’intégrer aux chaînes industrielles et de valeur mondiale.  L’initiative « Une Ceinture, une Route » de la Chine, vise d’ailleurs à réaliser un développement vert, propre, durable et axé sur l’être humain et le Gouvernement chinois espère que les pays se saisiront de l’opportunité qu’elle offre d’insuffler un nouvel élan au Programme 2030.  Il a par ailleurs affirmé que la Chine avait joué son rôle en ce qui concerne les changements climatiques et fait le point sur les contributions de son gouvernement à la lutte contre Ebola.

Le Ministre des affaires étrangères de la Chine a conclu par une citation eu Président Xi Jinping: « Le monde où nous vivons est plein d’espoir et de défis.  Nous ne devons pas abandonner nos rêves à cause de la complexité de la réalité, ni cesser la poursuite de nos idéaux parce qu’ils nous semblent trop loin à atteindre. »

L’ONU a certes permis d’éviter que la troisième guerre mondiale n’éclate, a reconnu M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, mais force est de constater que le nombre de conflits sur la planète n’a pas diminué depuis sa création, pas plus que les tensions entre pays.  Parallèlement, de nouvelles menaces ont fait leur apparition, a-t-il ajouté, telles que le terrorisme international, le trafic de drogue, les changements climatiques, l’immigration illégale et le fossé grandissant entre les riches et les pauvres. 

Aux yeux de M. Lavrov, la situation actuelle tient « avant tout à la réticence des pays qui se sont autoproclamés vainqueurs » de la guerre froide à prendre en compte les « intérêts légitimes » des autres États et à accepter le « cours objectif » de l’histoire.  « Il est difficile pour l’Occident de prendre acte de l’affaiblissement de sa position dominante dans les affaires du monde », a déclaré le Ministre.  M. Lavrov a ensuite accusé les pays occidentaux de s’opposer à l’avènement d’un « monde polycentrique », en s’accrochant à leurs privilèges et en imposant à d’autres des codes de conduite basés sur une « interprétation occidentale étriquée » du libéralisme.

C’est dans cette logique, a poursuivi le Ministre, que les pays occidentaux préfèrent désormais parler de « règles », plutôt que de « droit international ».  Selon lui, le concept de règles masquerait la volonté des pays occidentaux de réviser les normes du droit international qui ne leur conviennent plus.  « Par exemple, quand c’est à leur avantage, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est important, et quand ça ne l’est plus, il est déclaré illégal », a dénoncé M. Lavrov.  Pour justifier ses « règles révisionnistes », a-t-il enchaîné, l’Occident a recours à la « manipulation de l’opinion publique », à la « dissémination de fausses informations », au « deux poids, deux mesures sur les droits de l’homme », à la « suppression des médias indésirables » et au « bannissement de journalistes en exercice ».  Le Ministre a également accusé les anciens pays du bloc soviétique de modeler leur conduite sur celle des Occidentaux.  Tout cela s’accompagne de tentatives de « privatiser les secrétariats » des organisations internationales, pour faire avancer des « idées non consensuelles », au détriment des mécanismes universels, a déploré M. Lavrov.

Le Ministre russe a notamment dénoncé les tentatives des États-Unis de miner les résolutions du Conseil de sécurité sur un certain nombre de sujets, comme dans le dossier nucléaire iranien, où Washington s’est retiré du Plan d’action global commun, alors qu’il avait été approuvé par le Conseil dans sa résolution 2231 (2015).  M. Lavrov a également cité les décisions unilatérales américaines concernant Jérusalem et le Golan arabe syrien, en violation des résolutions correspondantes du Conseil.

Lorsque que les forces de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ont bombardé la Libye, également au mépris d’une résolution du Conseil, elles étaient sans doute mues par cette même logique des « règles », a ironisé le Ministre, avant de dénoncer les « motifs cachés » des Occidentaux dans la lutte contre le terrorisme.  « Certains pays ont érigé en règle le fait de couvrir les terroristes et même de coopérer avec eux sur le terrain, comme c’est le cas actuellement en Afghanistan, en Libye et en Syrie », a-t-il dénoncé.

L’Occident semble également disposer de ses propres règles en ce qui concerne les Balkans, a en outre déclaré M. Lavrov qui a soutenu que les pays occidentaux tentent de saper les résolutions du Conseil concernant le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine.  De même, a-t-il dit, ces pays ont octroyé illégalement au Secrétariat de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) certaines fonctions, en violations de la Convention sur les armes chimiques. 

Aux yeux de M. Lavrov, cette « révision constante » du droit international se manifeste également dans les tentatives visant à « ajouter le Venezuela à la liste des pays dont l’indépendance a été réduite à néant, sous nos yeux, par suite des agressions ou des coups d’État venus de l’extérieur ».  Le Ministre s’est ainsi opposé au retour à la « règle de la doctrine Monroe » en Amérique latine, en vertu de laquelle des régimes souverains du continent subissent « le chantage militaire, la coercition illégale et le blocus », comme c’est toujours le cas de Cuba.

En Europe, M. Lavrov a dénoncé la « règle de l’OTAN », qui continue, selon lui, de « chercher des ennemis », en acheminant ses infrastructures militaires aux portes de la Russie et en augmentant son budget militaire, « qui dépasse pourtant de plus de 20 fois celui de la Russie ».  Le haut responsable a appelé l’OTAN à « retourner aux accords sur la mise en place d’une sécurité égale et indivisible à l’ère de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ».  Fort heureusement, a-t-il dit, certains leaders européens responsables se sont exprimés en faveur d’un tel retour, comme le Président français, lors de sa rencontre avec son homologue russe en août dernier.

M. Lavrov a ensuite fustigé l’attitude des États-Unis qui, après leur retrait du Traité sur les systèmes antimissiles balistiques, ont selon lui « détruit » le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, « avec le soutien écrasant de l’OTAN », endommageant ainsi le système de stabilité stratégique en vigueur depuis des décennies.  « Désormais, les États-Unis remettent en question le futur du traité New START, en refusant de ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires », a-t-il ajouté, accusant Washington d’avoir abaissé son seuil de recours à l’arme nucléaire dans sa doctrine militaire et de transformer le cyberespace et l’espace extra-atmosphérique en théâtre de confrontation militaire.

En dépit des « nombreuses initiatives » de la Russie et de la Chine en vue de prévenir une nouvelle escalade des tensions, la réaction des États-Unis et de ses alliés n’a pas été encourageante, a regretté le Ministre, appelant la communauté internationale à soutenir l’adoption d’une déclaration russo-américaine de haut niveau sur l’irrecevabilité de la guerre nucléaire, « qui par définition ne peut avoir de vainqueur ».

Dans cette même logique, M. Lavrov a annoncé que la Russie proposerait, lors de la présente session de l’Assemblée, un projet de résolution intitulé « Renforcement et développement des accords concernant les systèmes de contrôle des armements, le désarmement et de non-prolifération ». 

Le haut responsable a ensuite fait un tour de table des différents conflits en cours.  S’agissant de l’Ukraine, M. Lavrov a appelé les parties à s’en tenir strictement aux dispositions des différents accords conclus à Minsk.  En Syrie, il a appelé à tirer parti des succès remportés contre le terrorisme pour relancer le processus politique, sous l’égide de l’ONU.  Quant au golfe Persique, le Ministre a appelé à une désescalade des tensions.

En conclusion, M. Lavrov s’est livré à un plaidoyer en faveur de la « désidéologisation de la coopération entre États » pour faire face aux menaces communes.

M. SABRI BOUKADOUM, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a fait remarquer que le chemin est encore long pour les pays à faible revenu pour réaliser les objectifs de développement durable.  Quelle sorte de monde allons-nous léguer à nos enfants?  Qu’allons-nous faire pour mettre un terme aux agressions continues contre la nature? s’est inquiété le Ministre.  Il a confirmé l’engagement de l’Algérie à agir dans le cadre d’un monde de paix et de coexistence pacifique où le multilatéralisme est « la voie privilégiée ».  Tout en posant la question de l’équilibre du développement et des intérêts entre les pays avancés et en développement, il a jugé essentielle la lutte contre les changements climatiques.

L’Afrique, surtout la région du Sahel et du Sahara, a été particulièrement touchée par la désertification et la sécheresse, alors que le continent émet le taux le plus faible de gaz à effet de serre, s’est alarmé M. Boukadoum.  « Il incombe aux pays industrialisés de régler cette dette climatique », a-t-il jugé.  D’après lui, la réalisation des objectifs de développement durable dépend de la façon dont chaque membre de la communauté internationale assume ses responsabilités, compte tenu de ses spécificités nationales.

Le Ministre a ensuite mis l’accent sur la réforme de l’ONU.  La modernisation des mécanismes et la revitalisation de son action ne peuvent être reportées, a-t-il martelé.  Il a critiqué la politique de deux poids, deux mesures et l’impunité qui ont eu un impact négatif sur l’autorité morale du système multilatéral et le respect du drapeau de l’ONU.  Le cadre formulé par l’Union africaine pour la réforme du Conseil de sécurité est « digne d’intérêt », a reconnu M. Boukadoum, avant d’annoncer que l’Algérie présidera la Conférence du désarmement début 2020.

Déplorant les crises anciennes et émergentes dont souffre le monde arabe, le Chef de la diplomatie algérienne a regretté l’absence de règlement des crises selon les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international, ce qui contribue, selon lui, à l’extrémisme.  Ainsi, pour l’Algérie, la question palestinienne est centrale et étroitement connectée à beaucoup d’autres crises.  Malheureusement, a regretté M. Boukadoum, les résolutions du Conseil de sécurité n’ont pas été mises en œuvre sur le terrain.  « Face à l’impunité de l’occupant israélien, le peuple palestinien innocent reste privé de ses droits les plus essentiels. »  Sur une note positive, le diplomate a mentionné la poursuite de la construction de l’Union du Maghreb arabe, lancée en Algérie il y a 30 ans.

Le Ministre a également regretté la non-résolution de la question du Sahara occidental.  Il a espéré que l’esprit du dialogue prévaudra entre le Maroc et le Front POLISARIO, pour que le peuple sahraoui puisse exercer son droit légitime à l’autodétermination.  S’agissant de la crise libyenne, l’Algérie a souligné à de nombreuses reprises les obstacles qui entravent le règlement de la crise libyenne et considère qu’il faut entamer un processus de réconciliation « loin de toute ingérence étrangère ».  Au sujet de la Syrie, où M. Boukadoum a constaté des développements positifs ces derniers temps, il a mis l’accent sur l’exigence d’une politique de réconciliation nationale. 

Au Mali, a poursuivi le Ministre, il faut mettre en œuvre l’Accord de paix signé en 2015, inspiré du processus d’Alger.  « Beaucoup reste à faire », a-t-il relevé, et en tant que Président du mécanisme de suivi de cet accord, l’Algérie est déterminée à accompagner les parties maliennes pour mettre un terme à la crise.  De façon générale, le manque de sécurité dans la région du Sahel ne fait qu’augmenter le pouvoir de nuisance des groupes terroristes, a-t-il averti, avant d’indiquer que l’Algérie a mis en place une politique globale qui lutte contre ce fléau international. 

Selon M. Boukadoum, « l’interprétation erronée des convictions religieuses » dont souffre l’Islam a contribué à augmenter la haine dirigée contre les musulmans et la diaspora musulmane.  Enfin, s’agissant de la migration, il faut savoir que le respect des droits de l’homme doit être à la base de toutes les politiques dans le cadre d’une approche globale équilibrée qui prenne en compte les causes fondamentales de ce problème et les intérêts des pays d’origine, de transit et de destination.  Malheureusement, la Méditerranée est devenue « un grand tombeau », a constaté le Ministre algérien, tout en souhaitant qu’elle réoccupe sa place d’antan en tant qu’espace de coopération.

M. JEREMIAH MANELE, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur des Îles Salomon, a estimé que les Nations Unies fournissent une plateforme pour un dialogue mondial, nécessaire pour aborder les défis complexes auxquels fait face la communauté internationale.  Sur la relation de son pays avec les Nations Unies, le Ministre a appelé à ce que les îles Salomon ne soient plus gérées par le Bureau de pays des Nations Unies aux Fidji, estimant que les Îles Salomon méritaient de disposer de leur propre bureau de pays.

M. Manele a ensuite rappelé que les changements climatiques et les catastrophes naturelles impactent tous les pays, et mettent la vie des gens en danger.  Les pays insulaires du Pacifique et des Caraïbes seront toujours au premier plan face aux événements climatiques, a-t-il rappelé, avant d’exhorter à une action climatique « urgente et collective ».  Il a notamment insisté sur la responsabilité partagée d’avoir un océan en bonne santé et a appelé les nations pratiquant la pêche hauturière à éliminer la pêche illicite non déclarée et non réglementée.

Le Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur des Îles Salomon a ensuite abordé la question de la paix et de la sécurité, rappelant que la paix n’est pas seulement l’absence de guerre, mais aussi l’absence de faim et l’accès aux services de base.  Il a également souligné que son pays, qui a fourni 12 officiers de police à l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), est prêt à déployer davantage d’officiers auprès des différentes missions de maintien de la paix de l’ONU.  En tant que bénéficiaire de la Mission régionale d’assistance aux Îles Salomon (RAMSI) durant les 14 dernières années, son pays sait ce que cela signifie de rendre le type d'assistance dont son peuple a bénéficié.

Poursuivant, M. Manele a appelé à rendre le Conseil de sécurité davantage représentatif, pertinent et efficace pour faire face aux réalités d'aujourd'hui.  Il a également voulu qu’un siège non permanent soit réservé aux petits États insulaires en développement (PEID). 

Il a ensuite appelé à répondre aux causes profondes de la pauvreté, à fournir des besoins de base à tous et à s’assurer que les pauvres ont accès aux ressources productives, dont le crédit, l’éducation et la formation.  Il a également remercié l’Australie et la Nouvelle-Zélande pour les opportunités d’emploi offertes aux jeunes salomonais, ainsi que Cuba pour la formation de ses étudiants en médecine, et a appelé à la levée de l’embargo dont ce pays est l’objet. Par ailleurs, il a réaffirmé la souveraineté indonésienne sur la Papouasie.

M. Manele a également abordé la question des centaines de milliers de personnes qui meurent chaque jour d’une maladie non transmissible et de maladies telles que le paludisme, appelant à intensifier l'urgence de combattre et de renverser l'épidémie des maladies non transmissibles.

« Rien n'est plus fort qu'une idée dont l'heure est venue », a-t-il conclu en citant Victor Hugo, et d’ajouter que la lutte contre les changements climatiques et contre les maladies non transmissibles est une idée dont le moment est venu.

M. KHEMAIES JHINAOUI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a, dès le début de son allocution, rendu un hommage à Beji Caid Essebsi, le premier Président Tunisien démocratiquement élu, décédé récemment.  Il a expliqué que ce dernier avait amorcé la transition démocratique de la Tunisie en s’appuyant sur le dialogue, la citoyenneté et le respect des libertés et droits fondamentaux de tous les Tunisiens.  Il a ajouté que depuis 2011, la Tunisie s’est lancée sur la voie de la démocratie, grâce à sa nouvelle Constitution.

Le 15 septembre 2019, a-t-il poursuivi, la Tunisie a pu organiser l’élection présidentielle sous la houlette de la Commission électorale indépendante et d’observateurs indépendants de diverses organisations internationales qui ont déclaré que ces élections avaient été intègres et transparentes.  Nous espérons que le même niveau de transparence et d’intégrité prévaudra au second tour, a déclaré le Ministre tunisien.  Nous espérons également que cette élection va déboucher sur une plus grande représentation des femmes et des jeunes, un choix national qui démontre la maturité de notre État, a-t-il ajouté.

Disant croire fermement aux efforts multilatéraux, M. Jhinaoui a constaté que les défis actuels montrent la nécessité d’unir nos efforts pour faire face aux défis de la pauvreté, de l’intégration, de l’éducation de qualité, des changements climatiques.  La participation aux mécanismes multilatéraux, et en particulier à l’ONU, et ses ambitions de participer à la réalisation des objectifs de paix et de développement durable sera l’une des priorités de la Tunisie.  La Tunisie entend relever ces défis en développant des relations de coopération et de partenariat, a-t-il indiqué.

Le Ministre de la Tunisie a ensuite abordé la question de l’extrémisme violent et du terrorisme, qui ont connu une montée à travers le monde.  Il a rappelé que le terrorisme tire parti des crises et met en péril la paix et la stabilité.  Les efforts consentis par la Tunisie dans la lutte contre ce fléau ont été couronnés de succès mais, a-t-il prévenu, les groupes terroristes ont montré qu’ils étaient à même de se reconstituer.  Tout cela nécessite des efforts collectifs pour mettre un terme à ces agissements terroristes.  M. Jhinaoui a également souligné que le combat contre le terrorisme passe par la lutte contre les idéologies terroristes et la protection des jeunes face à la propagande de ces organisations terroristes.

La région arabe est toujours aux prises avec l’instabilité et cela mérite notre attention, a poursuivi le Ministre tunisien.  Il a constaté que l’évolution de la situation en Libye est alarmante, et a appelé « ses frères libyens » à mettre un terme aux affrontements et à résoudre le différend par la voie politique.  Également, la Tunisie accorde une grande importance à la question de la Palestine, qui demeure l’une des crises les plus graves, et appelle la communauté internationale à prendre ses responsabilités face à ce problème.  La Tunisie appelle également à redoubler d’efforts pour résoudre la crise en Syrie et au Yémen, mais aussi à la levée des sanctions contre le Soudan, ce qui lui permettrait de s’engager sur la voie de développement.

Enfin, la Tunisie a déclaré qu’elle s’attellera à protéger la paix et la sécurité au Conseil de sécurité qu’elle rejoindra au 1er janvier 2020.

Mme DELCY RODRÍGUEZ GÓMEZ, Vice-Présidente du Venezuela, a apporté de « très bonnes nouvelles » de son pays.  Avant tout, a-t-elle affirmé, « le Venezuela est en paix ».  En ont été témoins les 120 délégations qui ont récemment participé au Sommet des pays non alignés à Caracas.  La Vice-Présidente a dénoncé la guerre médiatique déchaînée pour stigmatiser le Venezuela, et les tentatives de coups d’État et d’assassinats.  Les médias du monde ne parlent pas du système de protection sociale qui existe au Venezuela, a-t-elle déploré, car il menace le modèle de suprématie capitaliste. 

Mme Gómez a ensuite dénoncé « la marchandisation barbare » de l’Amazonie par le Président du Brésil, Jair Bolsonaro, qui utilise son idéologie extrémiste « pour attenter à notre poumon naturel » et le terrorisme économique qui vise le Venezuela.  Elle a également reproché aux États-Unis d’avoir adopté plus de 350 mesures coercitives unilatérales contre son pays entre 2015 et 2019, les accusant de s’approprier illicitement des richesses et d’imposer un « blocus financier complet » qui se fait notamment ressentir dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la nutrition.

Chiffres à l’appui, elle a affirmé que les trois derniers présidents américains avaient augmenté leurs frappes militaires illégales dans le monde, sans l’autorisation du Conseil de sécurité.  Et le Président Donald Trump a brisé tous les records avec le largage de 121 bombes en moyenne chaque jour, s’est-elle indignée.  De plus, le Département du Trésor américain, ce « Pentagone économique », impose avec la prééminence du dollar « un autre type de terreur » aux peuples.  Du fait de l’embargo, les pertes de l’économie du Venezuela se chiffreraient à 130 000 millions de dollars.  C’est du vol éhonté, s’est-elle indignée.

La Vice-Présidente a fustigé « l’odieuse suprématie » de l’Administration de Donald Trump qui a « étiré ses griffes impériales » contre les révolutions du continent, notamment à Cuba.  Jamais les États-Unis ne nous feront plier! a-t-elle lancé, en les priant de faire preuve de « moins d’arrogance et davantage de tolérance ».  Mme Gómez a condamné la relation spéciale qui existe entre le premier producteur de cocaïne au monde, la Colombie, et le premier consommateur de cette drogue, les États-Unis.  En plus, d’après elle, la Colombie a tué et fait disparaître des gens au Venezuela, tandis que le Président colombien, Ivan Duque, « assaille » les accords de paix conclus dans ce pays.  Elle a donné les coordonnées géographiques de l’emplacement de camps en Colombie et ailleurs en Amérique centrale où, a-t-elle affirmé, des gens sont en train d’être formés pour attaquer le Venezuela.  La Colombie, a-t-elle relevé, est le pays avec le plus grand nombre de déplacés internes, soit 7,8 millions de personnes.  Et six millions de Colombiens vivent au Venezuela.  Accusant le Président Duque, en tant qu’instrument des États-Unis, de préparer une incursion armée contre son pays, Mme Gomez a affirmé disposer de preuves. 

Revenant sur les événements de janvier dernier, la Vice-Présidente a critiqué les gouvernements qui ont reconnu Juan Guaidó, qu’elle a qualifié d’« impérialiste artificiel », comme Président « autoproclamé », alors que le Président Nicolás Maduro, a-t-elle affirmé, reçoit l’appui des deux tiers des membres de l’Assemblée générale. 

Elle a récusé « l’unilatéralisme groupé » de l’Organisation des États américains, pour ensuite vivement rejeter les régimes de sanctions imposés dans le monde.  Celles-ci sont devenues l’arme de domination de prédilection du XXIe siècle, a-t-elle dit.  La Vice-Présidente a ensuite réclamé la tenue d’une enquête sur les violations et les crimes contre l’humanité commis par les États-Unis.

M. JOSÉ ULISSES CORREIA E SILVA, Premier Ministre de la République de Cabo Verde, a dressé le portrait d’un pays qui a connu de nombreux progrès, et qui veut poursuivre sur la voie du développement.  De pays très pauvre, Cabo Verde est désormais devenu un pays à revenu intermédiaire et aspire, légitimement, au développement.  Cabo Verde a toujours eu une relation difficile mais passionnée avec la nature, et ses ressources, considérées à une époque comme une nuisance, sont à présent devenues des atouts: la mer est devenue un atout pour le tourisme et l’économie; le vent et le soleil, qui signalaient une sécheresse, produisent désormais de l’énergie renouvelable; et son emplacement, distant du reste du monde, positionne désormais Cabo Verde comme une plateforme connectant l’Afrique à l’Europe, aux États-Unis et au Brésil.  Cabo Verde n’a pas inventé un nouveau pays, mais a su s’y adapter.  Ce pays a su, a expliqué son Premier Ministre, dépasser les défis et entreprendre un engagement patriotique en faveur du développement.

Le pays fait cependant face aux mêmes défis que tous les autres petits États insulaires en développement sur les plans économique, social et environnemental, à commencer par les aléas climatiques mais également à cause de sa condition d’archipel volcanique.  Il a aussi évoqué les défis liés au fait que Cabo verde fait désormais partie des pays à revenu intermédiaire.  Notre objectif n’était pas d’être radié de la liste des pays les moins avancés pour crouler sous des conditions financières et de coopération encore plus pénalisantes, a-t-il indiqué.

Poursuivant, le Premier Ministre a entrepris de présenter les actions qui ont été menées par son pays en matière d’égalité des genres et d’équité, du droit à l’éducation pour tous, de protection sociale et de soins aux plus vulnérables, d’autonomie et d’autosuffisance, d’eau et de transition énergétique.  Il a notamment indiqué que 70% de la population consomme de l’eau dessalée, un taux qui devrait prochainement atteindre 90% et qu’une stratégie de transition énergétique est en train d’être mise en œuvre.  Il s’est également enorgueilli du fait que Cabo Verde est le premier pays africain à faire partie de l’Alliance pour la décarbonisation des transports.

M. Silva a appelé à des mesures concrètes pour faire face aux changements climatiques et à mettre en œuvre des réponses effectives face au défi de la pauvreté.  Cette génération d’acteurs politiques ne dispose pas de tout le temps au monde et doit être redevable devant l’humanité, a-t-il souligné.  Et il est temps pour nous d’entreprendre des actions concrètes, mesurables et engagées pour réaliser les aspirations de nos peuples et nos besoins mondiaux. 

M. MAHATHIR BIN MOHAMAD, Premier Ministre de Malaisie, a appelé à revigorer les efforts multilatéraux qui incarnent les Nations Unies.  Le droit de veto contredit tous les principes des droits de l’homme et sape l’objectif de l’ONU, a-t-il ajouté, notant qu’en raison de leurs divisions idéologiques, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité n’ont pas pu régler les problèmes ou conflits mondiaux.  « Pendant combien de temps encore cette poignée de pays pourra-t-elle exercer son pouvoir?  Éternellement? » a-t-il lancé.  Selon lui, le droit de veto conduit à la course aux armements et ces cinq pays ne cessent de s’armer pour garder leurs privilèges et leur pouvoir, une situation qui, a-t-il affirmé, empêche l’ONU d’atteindre ses objectifs de paix et de sécurité dans le monde.  Il a estimé que le droit de veto ne doit pas être valide que si au moins deux membres permanents l’utilisent. 

Le Premier Ministre a poursuivi en s’attardant sur la situation au Moyen-Orient.  Il a indiqué que l’État d’Israël est « un fait accompli » que son Gouvernement accepte, mais a rejeté l’accaparement des terres arabes par cet État.  M. Mohamad a aussi regretté que les réfugiés rohingya ne veulent plus revenir au Myanmar pour ensuite demander à l’Inde de discuter avec le Pakistan du cas de Jammu-et-Cachemire. 

S’agissant de la question du développement, M. Mohamad a estimé que les pays anciennement colonisés devraient avoir le droit de réaliser leur propre développement.  Il a dénoncé les règles commerciales imposées par les pays riches qui font obstacle au commerce et que les pays en développement sont forcés d’accepter « comme dans le cas du partenariat transpacifique ».  Il a également dénoncé la demande faite par les pays riches aux pays en développement de lever les taxes à l’importation.  Comment pourrons-nous financer notre industrialisation? a-t-il demandé.  Il a également critiqué avec véhémence la mesure européenne interdisant l’entrée de l’huile de palme sur ce continent, affirmant qu’il n’existe pas de preuve que celle-ci est toxique. 

Le Premier Ministre a en outre dénoncé les sanctions commerciales imposées à certains pays en développement.  Il a notamment expliqué que les sanctions américaines contre l’Iran avaient fait perdre beaucoup d’argent à la Malaisie et a jugé nécessaire de les réglementer.  Avant de terminer, il a dénoncé les pays riches qui ne paient pas leurs contributions au budget ordinaire de l’ONU.  Cela est scandaleux, a-t-il dit.

M. ALLEN MICHAEL CHASTANET, Premier Ministre de Sainte-Lucie, s’est dit encouragé par l’appui du Secrétaire général à l’initiative « Dette contre adaptation au climat » de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CELAC) qu’ont défendue les petits États insulaires en développement.  Cette initiative, a-t-il expliqué, permettra de nous ménager l’espace fiscal nécessaire mais aussi de créer un fonds de résilience pour financer des projets d’adaptation.  Il devient troublant, a en effet avoué le Premier Ministre, que chaque fois que nous nous réunissons ici, c’est dans le contexte d’un autre événement climatique extrême.  Il a dit avoir vu de ses propres yeux la dévastation aux Bahamas.  Mais, a-t-il demandé, avons-nous oublié ce qui s’est abattu sur la Dominique en 2017 quand l’ouragan Maria a causé des pertes estimées à 226% du PNB?  Avons-nous oublié Antigua-et-Barbuda détruite par l’ouragan Irma?  Avons-nous oublié les îles Vierges britanniques et Anguilla?

Aux Bahamas, a dit le Premier Ministre, j’ai vu des gens pleurer, hurler, mais après les premières « reflexes » d’empathie et de secours, rester sans voix.  Nous devons leur montrer par nos actions que nous les entendons, que nous les voyons et que nous ne les oublions pas.  Or aujourd’hui, malgré les preuves accablantes, nous avons échoué, a tranché le Premier Ministre.  En tant que leaders mondiaux, nous échouons à agir avec le sentiment d’urgence requis, laissant la poignée de sceptiques masquer la menace réelle et existentielle qui pèse sur la vie des gens.  Que faisons-nous pour mettre en œuvre avec effet immédiat les solutions de résilience?  Où est l’engagement à reconnaître que ce n’est pas la faute d’une planète en surchauffe mais bien celle de ceux qui la surchauffent? 

Compte tenu de la lutte pour notre survie, a poursuivi le Premier Ministre, il est de plus en plus évident que l’architecture financière internationale est beaucoup trop lente pour s’attaquer à la « nouvelle norme » des petits États insulaires.  L’incapacité, voire la réticence à changer le statu quo des pays qui sont sortis de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) et à créer de nouveaux véhicules de financement est simplement « intolérable ».  Devant cette situation, nous sommes obligés, s’est résigné le Premier Ministre, d’envisager nos propres options d’où l’initiative de la CELAC.  Nous espérons sincèrement, a-t-il dit, que nous saurons convaincre les États Membres de l’embrasser. 

Nous ne sommes pas, a précisé le Premier Ministre, une région qui reste assise sur ses mains en attendant les secours.  Mais, a-t-il admis, notre ambition en matière de développement durable se fracasse sur des problèmes « insurmontables » dont beaucoup résultent de règles et de systèmes incapables de créer les mécanismes dont nous avons besoin pour relever nos défis.  Certaines de ces règles imposent des restrictions aux États sans preuve crédible sur les prétendus crimes commis.  Nos îles sont mises sur des listes noires, avec le risque de souiller durablement notre réputation.  Des pays comme Sainte-Lucie, qui ont l’ambition de devenir autosuffisants et de se départir de l’aide, ne peuvent pas participer au secteur des services financiers, un domaine où ils ont pourtant un avantage comparatif. 

Mais pressée d’aller de l’avant, Sainte-Lucie, a indiqué le Premier Ministre, a noué un nouveau partenariat avec le Forum économique mondial en vertu duquel elle sera le premier pays à mettre en œuvre la « feuille de route du financement ».  Le Forum s’engage donc à actionner ses nombreux réseaux et à promouvoir une compréhension commune des obstacles qui limitent les flux de capitaux vers Sainte-Lucie, s’est réjoui le Premier Ministre. 

Aujourd’hui, s’est réjoui, M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre et Ministre des affaire étrangères de Samoa, l’Assemblée générale va adopter la Déclaration politique sur l’examen à mi-parcours des « Orientations de Samoa » dont l’objectif est d’accélérer la réalisation de l’agenda du développement durable des petits États insulaires en développement.  Adopter la Déclaration, c’est facile, mais se l’approprier, c’est courageux, a prévenu le Premier Ministre, qui a ajouté: concrétiser les promesses et mettre les contributions au service d’une pleine mise en œuvre des Orientations d’ici à 2024, « ça, c’est la marque d’un vrai leader ».  Pour un leader du Pacifique, a-t-il dit, mon message aujourd’hui est le même que celui que je transmets depuis 21 ans du haut de cette tribune: les changements climatiques, qui incarnent les aspirations et les priorités de Samoa pour aujourd’hui et demain.  Désormais, a poursuivi le Premier Ministre, la science a parlé et son message est fort et clair: les changements climatiques sont réels, ils sont là, ils ont un impact plus fréquent et plus profond, ils portent un risque sécuritaire plus grave que beaucoup ne le croient.  Les changements climatiques, a insisté le Premier Ministre, c’est ce phénomène qui peut signer la mort des atolls et des petits États insulaires. 

Les changements climatiques, a-t-il aussi prévenu, traversent les frontières « sans être invités ».  Ils ne connaissent pas la discrimination: ils touchent tous les pays même si les petits États insulaires ont des vulnérabilités spéciales et uniques.  Il a souligné que les changements climatiques sont un problème mondial qui exige une réponse mondiale: il doit nous unir plutôt que nous diviser.  Les solutions, s’est impatienté le Premier Ministre, sont connues et pourtant, l’ambition fait défaut.  Il a voulu que l’on remplace l’approche « donateur-victime » par celle de « partenariat ».  Pointer un doigt accusateur sur ceux qui ont commis des fautes par le passé ne fera pas revenir l’environnement de nos aïeux, a-t-il dit.  Il faut nous concentrer non pas sur hier mais sur aujourd’hui et demain.  Nous devons travailler ensemble avec un sentiment d’urgence, se fondant sur la science mais aussi et surtout sur ce que nous dicte notre conscience et sur notre volonté politique. 

L’unité autour des intérêts communs est plus que jamais nécessaire, a souligné le Premier Ministre.  Seuls la coopération et les efforts conjoints nous mèneront au respect des droits de l’homme, à la paix et à la sécurité et à un véritable développement durable et les Nations Unies sont particulièrement bien placées pour coordonner les initiatives mondiales.  Le Premier Ministre s’est félicité de la facilité pour la résilience du Pacifique (PRF) qui change véritablement la donne, en débloquant des dons prévisibles, constants et accessibles pour la préparation aux risques de catastrophe.  Il a aussi fermement appuyé l’idée de créer un bureau multipays des Nations Unies dans le Pacifique Nord. 

M. CHARLOT SALWAI TABIMASMAS, Premier Ministre de Vanuatu, a tout d’abord exprimé sa solidarité envers le peuple des Bahamas, durement touché par l’ouragan Dorian, avant de louer les objectifs de la soixante-quatorzième session de dynamiser les efforts multilatéraux pour l’éradication de la pauvreté, une éducation de qualité, l’action pour le climat et l’inclusion.  Des objectifs d’autant plus importants, à son sens, que « la poursuite de l’unilatéralisme par certains pays constitue un risque pour la sécurité du monde ». 

En 39 ans d’existence, a-t-il poursuivi, le Vanuatu a connu une croissance économique soutenue étayée par une bonne stabilité macroéconomique et un gouvernement responsable et efficace.  Mais son pays, a-t-il nuancé, est toujours considéré comme le pays le plus vulnérable au monde face aux catastrophes naturelles et aux bouleversements extérieurs de l’économie mondiale.  Il a expliqué que cette réalité « dure et complexe » rend ardue la réalisation des objectifs de développement durable.

Évoquant le rapport du GIEC qui annonce un réchauffement planétaire de 3 degrés Celsius, M. Salwai a dit craindre que les Petits États insulaires en développement comme le Vanuatu continuent à subir des catastrophes naturelles, l’élévation du niveau des mer, les sécheresses et l’acidification des océans.  Ces défis constituent une menace pour leurs objectifs de développement durable et accroissent la dépendance de pays comme le mien à l’égard du système multilatéral, a-t-il indiqué.

Il a ensuite précisé que loin d’être un producteur majeur de gaz à effet de serre, le Vanuatu n’en ménage pas moins ses efforts pour réduire la hausse des températures mondiales en s’engageant à produire 100% de son électricité par des énergies renouvelables à l’horizon 2030.

De plus, alors que la santé des océans est menacée par « des activités humaines irresponsables », a poursuivi le Premier Ministre, le Vanuatu a mis en place une politique de l’océan et de planification de l’espace marin pour la protection et l’usage durable des ressources océaniques, tout en interdisant l’usage des plastiques à usage unique sur son territoire.  Des mesures qui figureront en bonne place sur son rapport à la deuxième conférence des Nations Unies sur les océans au Portugal en 2020. 

M. Salwai a en outre présenté cinq domaines qui nécessitent un partenariat entre les Nations Unies et les autres instances multilatérales tels l’accès au financement subventionné pour les pays vulnérables comme le Vanuatu, l’augmentation du financement pour combattre les changements climatiques et la reconstitution du Fond vert pour le climat, ainsi que des instruments de financement innovants pour les risques de catastrophes naturelles.  Il a en outre souhaité une révision de la gestion des risques par les grandes banques internationales qui, a-t-il affirmé, nuisent aux banques nationales et aux échanges économiques.  Il a espéré, enfin, réduire les obstacles qui limitent les investissements sur leurs marchés.

Poursuivant, le Premier Ministre a fait savoir que 60% de la population du Vanuatu a moins de 15 ans.  Cette jeunesse constitue selon lui un atout pour le développement du pays qui implique, en priorité, un effort d’investissement dans l’enseignement technique et supérieur, garantissant la productivité et de l’emploi de cette génération.

La santé publique constitue aussi un défi pour la Vanuatu, dont la géographie archipélagique rend difficile l’accès aux soins, a regretté M. Salwai, qui précisé que la recrudescence des maladies non transmissibles grève lourdement les ressourcés, « rivalisant avec le montant alloué aux soins de santé primaires » et exige de nouvelles infrastructures et une formation des personnels de santé.

Le Premier ministre a par ailleurs déploré que la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et la Papouasie occidentale « luttent toujours pour leur autodétermination » et a appelé les puissances administrantes à respecter le processus de décolonisation, en particulier en Polynésie française, où il a souhaité la tenue d’un référendum semblable à celui du Nouvelle-Calédonie.  Il a également sollicité le recours au système onusien pour « trouver une solution aux abus des droits de l’homme commis en Papouasie occidentale », et a appuyé le projet d’une visite d’évaluation par la Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU dans cette province. 

Au terme de son propos, M. Salwai a déploré que les petits États insulaires, dépourvus d’armée et de puissance nucléaire, soient « ridiculisés, regardés de haut et de travers par la communauté internationale, alors que leurs préoccupations sont aussi les préoccupations de l’humanité ».

Mme SHEIKH HASINA, Première Ministre du Bangladesh, a rappelé que son pays est souvent cité comme un miracle de développement.  En dépit des turbulences qui perturbent l’ordre international et les appréhensions suscitées par le ralentissement de la croissance économique mondiale, le Bangladesh n’a cessé de prospérer ces 10 dernières années, a-t-elle indiqué.  « Selon le Spectator Index 2019, il a enregistré la plus forte croissance économique sur une liste de 26 pays au cours des 10 dernières années, avec une hausse de 188% de son produit intérieur brut (PIB), qui est passé de 102 milliards de dollars en 2009 à 302 cette année », a fait valoir la Chef du Gouvernement.  Entre 2005-2006 et 2017-2018, les exportations du Bangladesh ont été multipliées par trois, atteignant 37 milliards de dollars, tandis que ses investissements sont passés de 26% à 31,5% du PIB.  Au cours de la même période, les investissements dans le secteur privé ont été multipliés par 5 pour atteindre 70,8 milliards de dollars, et la réserve en devises par 9, totalisant désormais 33 milliards de dollars.

Mme Hasina a également assuré que son pays pouvait s’enorgueillir d’un des taux de pauvreté les plus rapidement en baisse au monde, lequel est tombé de 41,5% en 2006 à 21,4% en 2018, et l’extrême pauvreté de 24% à 11,3%, en grande partie grâce à des projets de développement rural axés sur les besoins des communautés locales.  Un des éléments déterminants de la success story du Bangladesh a été, selon la Première Ministre, de lutter contre les inégalités en offrant à tous une sécurité sociale, un travail décent et une inclusion financière, en mettant aussi l’accent sur la qualité de l’éducation, sachant que la scolarisation est désormais universelle. 

Après avoir annoncé la construction en cours de la toute première usine nucléaire dans son pays, « à des fins strictement civiles et pacifiques », Mme Hasina a dit que l’action de son gouvernement contre les changements climatiques était consacrée par le plan Delta 2100, qui met l’accent sur la sécurité alimentaire, la sûreté des eaux, la viabilité environnementale, la gestion des catastrophes et la croissance économique soutenue du delta du Bangladesh.  En tant que deuxième pays contributeur de troupes et de personnel de police le plus important, a-t-elle observé, le Bangladesh continue de répondre à l’appel de l’Organisation pour doter les opérations de paix des personnels compétents.  Le Gouvernement soutient aussi l’agenda Action pour le maintien de la paix.

La Chef du Gouvernement a ensuite évoqué la question « regrettable » de la crise des Rohingya, qui n’est toujours pas résolue.  « Nous continuons d’accueillir 1,1 million de réfugiés rohingya contraints de quitter le Myanmar en raison des atrocités commises contre eux », a-t-elle dit en rappelant que la crise est maintenant entrée dans sa troisième année mais que pas un seul de ces réfugiés n’a pris le chemin du retour en raison du climat qui règne dans l’État rakhine.  Soulignant à quel point cette situation est devenue intenable, la Première Ministre a rappelé le plan en cinq points qu’elle avait présenté lors de la précédente session de l’Assemblée générale des Nations Unies, à savoir que le Myanmar doit manifester une volonté politique claire à l’appui d’un retour durable des Rohingya; qu’il doit instaurer la confiance parmi cette population en renonçant à toutes pratiques et législations discriminatoires; qu’il doit garantir la sécurité et la sûreté des Rohingya en déployant des observateurs civils en provenance de la communauté internationale dans l’État rakhine; et que cette même communauté internationale doit veiller à répondre aux causes profondes du problème rohingya et à tenir pour responsables de leurs actes les auteurs d’atrocités et de violations des droits de l’homme.

M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a rappelé que son pays continue, deux ans plus tard, à souffrir des dégâts de l’ouragan Irma, illustration des « terribles réalités des changements climatiques ».  Dans les îles, les conséquences des changements climatiques sont « notre Hiroshima annuel », a-t-il insisté, et dans cette guerre qu’elles n’ont pas initiée, les populations sont désarmées.  Elles sont victimes des États qui, par leurs politiques destructrices du climat, tuent les petites îles à coup de tempêtes brutales.  En dépit de l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, chacun doit comprendre que, même si cette maigre ambition était atteinte, les dégâts déjà infligés par les changements climatiques continueraient de se faire sentir pendant 1 000 ans.  Le Premier Ministre a appelé l’Assemblée à prendre en compte le dernier rapport du GIEC sur les océans.  Dans les îles, a-t-il ajouté, nous sommes parvenus à la triste conclusion qu’au moins 30 générations et plus subiront les conditions déjà créées par les émissions de gaz à effet de serre d’une poignée de pays.

Cette année marque le trentième anniversaire de la Convention des droits de l’enfant, mais les activités de quelques pays tournent ce document en dérision quand il appelle à « améliorer les conditions de vie des enfants pauvres ».  Le Premier Ministre a dûment félicité Greta Thunberg et tous les jeunes qu’elle a su motiver à travers le monde pour mettre en garde leurs gouvernements contre les effets des changements climatiques.  La protection des intérêts économiques pétroliers aux dépends d’une justice climatique est « inique », a-t-il martelé.  Le nombre de « refugiés climatiques » déjà existants et les perspectives d’avenir imposent de leur attribuer un statut et la reconnaissance du statut de « réfugié » quand ils passent les frontières.  Le Gouvernement d’Antigua-et-Barbuda propose donc à cette Assemblée de confier cette question à ses commissions pertinentes qui s’emploieront à s’accorder sur une définition du « réfugié climatique », laquelle doit être dûment versée au droit international.  « Mon gouvernement sait pertinemment que cette proposition rencontrera la résistance de ceux qui nient la réalité des changements climatiques », s’est-il résigné.  Mais si cette question reste ignorée aux Nations Unies, alors des nations désunies seront à jamais coupables des catastrophes qui ne manqueront pas de s’abattre sur nos pays, faute d’un cadre global adéquat pour gérer les mouvements transfrontaliers.  Les petites îles seront les premières frappées mais, tôt ou tard, les changements climatiques finiront par faire des victimes dans les grands territoires, non seulement sur leurs côtes mais aussi au cœur des continents.  Le processus a déjà commencé.

Par ailleurs, le Premier Ministre a déploré la discrimination subie par les petits États insulaires qui se voient disqualifiés de l’accès à certains prêts préférentiels, fondés sur le critère du revenu par tête.  Ce revenu est artificiellement élevé, compte tenu de notre faible population, a expliqué le Premier Ministre qui a réclamé de nouveau la levée de ces critères.  Il a également dénoncé le système de taxation de l’Union européenne, « anticoncurrentiel », alors que les États insulaires se sont alignés sur les normes de l’OCDE.  Le GAFI -Groupe d’action financière- comme le Forum mondial de l’OCDE ont estimé que la plupart de ces pays sont parfaitement alignés sur les normes bancaires internationales.  Pourtant, a dénoncé le Premier Ministre, on voit toujours des établissements se retirer ou menacer d’exclure les Caraïbes des systèmes de paiements internationaux.  Les échanges bancaires sont un bien public mondial, un droit fondamental qui doit être accordé à tous les pays et toutes les régions, a rappelé le Premier Ministre.

M. KEITH ROWLEY, Premier Ministre de Trinité-et-Tobago, a énuméré les défis pressants de notre époque et en particulier celui de l’impact des changements climatiques, y compris dans sa région.  Pour en venir à bout, il a suggéré de recourir à des solutions collectives et au multilatéralisme plutôt qu’à des approches unilatérales, préconisant à cet effet le renforcement des partenariats à travers le respect mutuel et la coopération.  Parlant de l’expérience des 60 dernières années à Trinité-et-Tobago, M. Rowley n’a pas hésité à dire que son peuple en est le plus grand atout.  L’objectif du pays est de parvenir à une société dans laquelle les besoins fondamentaux de tous sont satisfaits, chaque individu respecté et des opportunités créées pour tous.  Cela signifie qu’il va falloir garantir la sécurité alimentaire, parvenir à l’élimination de la pauvreté et des inégalités, lutter contre la discrimination et permettre l’accès à la santé.  C’est dans cet esprit que Trinité-et-Tobago a adopté sa stratégie nationale de réduction de la pauvreté qui est à la fois collaborative, durable et pertinente pour toutes les parties concernées, a expliqué le Premier Ministre.

L’une des priorités de son gouvernement est d’assurer la consolidation et la stabilité de l’économie en restant intégré dans l’architecture financière et commerciale mondiale.  M. Rowley a exprimé ses préoccupations par rapport à l’intégration unilatérale des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) dans la liste des « juridictions fiscales non coopératives » par certains partenaires internationaux.  Pour lui, ce terme risque d’avoir des répercussions négatives sur la réputation et les économies des petits États insulaires en développement comme le sien.  Par conséquent, il a exhorté les partenaires internationaux de Trinité-et-Tobago à adopter une approche plus « collaborative, juste et équitable ».  Dans la même veine, il s’est dit alarmé par le déclin progressif des services offerts par les banques correspondantes des banques internationales.  C’est particulièrement problématique pour les États de la CARICOM parce que cela menace leur stabilité financière et représente un frein pour leur développement durable et leurs efforts de lutte contre la pauvreté.  Dès lors, les pays de la CARICOM exhortent les banques internationales à reprendre leur collaboration avec les pays concernés dans le cadre d’une relation financière mutuellement acceptable, a déclaré le Premier Ministre.

M. Rowley a également plaidé en faveur de nouveaux paramètres pluridimensionnels pour l’accès des pays à des financements à des conditions de faveur.  Le système des Nations Unies pour le développement devrait, selon lui, opter pour une approche pluridimensionnelle de l’aide au développement qui corresponde mieux aux besoins spécifiques et aux priorités nationales de chaque pays.

En réponse à la menace des changements climatiques, son gouvernement s’oriente vers une approche concertée de manière à pouvoir contrecarrer leurs effets négatifs.  Le Premier Ministre a néanmoins souligné l’importance d’une approche collaborative et des partenariats dans ces efforts pour pouvoir remplir les obligations internationales, en ligne avec la législation, les politiques et les priorités nationales.  Compte tenu de l’importance des fonds marins pour son pays, M. Rowley a espéré l’entrée en vigueur rapide de la Convention des Nations Unies sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine dans les zones se trouvant au-delà des juridictions nationales.

Attaché à la paix et la sécurité de la région, il s’est dit préoccupé par la situation au Venezuela, un pays qui se trouve à 7 miles marins des côtes de Trinité-et-Tobago.  À l’instar des autres pays de la CARICOM, il a appelé à une désescalade urgente des tensions et la mise en place d’une plateforme de négociation pour un règlement pacifique de la crise vénézuélienne.  À ce sujet, il a estimé que les initiatives de la Norvège, de la CARICOM et du Mécanisme de Montevideo méritaient d’être soutenues.  Il s’est d’ailleurs dit « peiné » par le retrait récent de l’une des parties de cette initiative, en espérant que cela ne sera que temporaire parce qu’il « appartient uniquement aux Vénézuéliens de s’approprier leur situation, et que les membres dans cette enceinte ne peuvent que les accompagner et les aider sur la voie de la sécurité et de la stabilité politique ».  Trinité-et-Tobago a jusque-là accueilli 16 000 réfugiés vénézuéliens, a précisé le Premier Ministre, en insistant sur les défis que cela représente pour des petites nations comme la sienne.

Avant de conclure, M. Rowley a plaidé pour la représentation des PEID au Conseil de sécurité par l’octroi d’un siège qui serait attribué à tour de rôle à un pays de chaque région.  Trinité-et-Tobago est d’ailleurs candidat au Conseil de sécurité pour la période 2027-2028.  S’il était élu, ce serait la deuxième fois pour le pays, a précisé le Premier Ministre.

Mme RALPH E. GONSALVES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, s’est particulièrement inquiété de la rapide accélération des changements climatiques, qu’il a qualifiée de « manifestation de l’échec du multilatéralisme ».  Face à cette menace, le Premier Ministre a regretté que, chaque année, de nombreuses personnes souffrent et meurent « parce que les indispensables actions attendues au niveau mondial sont sabotées par des acteurs égoïstes à la courte vue qui nient la réalité des changements climatiques ».  Il a relevé que les ouragans sont les manifestations les plus violentes des changements climatiques, avant de citer les conséquences catastrophiques des inondations, de la dégradation des sols, de la sécheresse, des glissements de terrain, de l’érosion des côtes et toutes les autres manifestations climatiques qui détruisent les vies et les capacités de production des nations vulnérables, en particulier des PEID.  Il a estimé que les trois conventions internationales relatives respectivement à la biodiversité, à la désertification et à la dégradation des sols constituent un ensemble intégré indispensable à la préservation de notre existence.  Il a salué la conférence organisée cette semaine par le Secrétaire général pour confronter la paralysie du monde face à l’accélération des changements climatiques. 

En ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre, le Premier Ministre a souligné l’importance d’avoir des objectifs contraignants pour limiter le réchauffement à moins de 1,5 degré Celsius.  Il a appelé à des investissements dans la protection de l’air et dans les énergies renouvelables avant d’appeler à adapter les opportunités de financement pour s’attaquer aux priorités des nations les plus vulnérables.  M. Gonsalves a estimé que l’incapacité des principaux émetteurs de gaz à effet de serre à s’entendre sur des objectifs d’atténuation constitue un acte d’hostilité à l’égard de l’existence même des petits États insulaires.  Les nations industrialisées qui tuent les petits États insulaires en raison de leur inaction en matière de changements climatiques ne peuvent prétendre être les amies des PEID, a-t-il dit. 

Par ailleurs, M. Gonsalves s’est inquiété de l’émergence d’une « nouvelle vague d’interférences hégémoniques, unilatérales et interventionnistes » qui menace de toucher toutes les nations.  Illustrant son propos, il a dénoncé les tentatives coordonnées d’imposer, depuis l’extérieur, un changement de régime au Venezuela.  « Nous observons la mise en place d’un blocus illégal contre le Venezuela, similaire à celui qui frappe Cuba et que nous dénonçons chaque année comme une manœuvre immorale et anachronique. »  Face à ce constat, le Premier Ministre a demandé que le principe du droit international cesse d’être appliqué de manière sporadique et sélectif.  Alors que Saint-Vincent-et-les Grenadines célèbre cette année le quarantième anniversaire de son indépendance qui avait succédé à 216 années de loi coloniale, le Premier Ministre a dit que son pays continue de réévaluer ses défis et opportunités en développant des liens avec le continent africain. 

Par ailleurs, le Premier Ministre s’est dit très fier que l’Assemblée générale ait élu cette année son pays en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité.  Il a précisé que son pays sera le plus petit du monde à avoir un siège au Conseil de sécurité avant d’estimer que cette présence constitue une reconnaissance de la capacité des petits États insulaires de participer aux débats les plus importants.  Il a espéré que la présence de son pays au Conseil de sécurité permettra de réformer les méthodes de travail afin que les priorités du Conseil de sécurité reflètent mieux les réalités mondiales contemporaines. 

« La révolution du grand peuple soudanais a triomphé, emportant avec elle à trois décennies abominables d’oppression et de discrimination », a d’emblée déclaré M. ABDALLA HAMDOK, Premier Ministre du Soudan.  Avec cette victoire héroïque, où les valeurs humaines de coexistence et la cohésion sociale ont prévalu, le Soudan a écrit un nouveau chapitre de sa glorieuse histoire marquée par le courage et les sacrifices.  Il a rappelé que c’est à partir de décembre 2018 et trois mois durant que les vaillants Soudanais, hommes et femmes, armés de leur unité et de leur volonté inébranlable, ont manifesté pacifiquement contre un des régimes les plus brutaux dans l’histoire de l’humanité.

Il a également indiqué que si « Liberté, égalité, fraternité » représente la devise de la grande révolution française et continue de servir les forces de libération de l’humanité depuis le XVIIIsiècle, la révolution soudanaise s’en est inspirée sous la bannière « Liberté, paix et justice » pour se libérer du carcan et de l’ignominie.

M. Hamdok a assuré que son pays ouvre désormais un nouveau chapitre en matière de relations étrangères.  Cette nouvelle approche dans ses relations avec les États régionaux voisins ainsi que tous les pays à travers le monde repose sur un esprit de fraternité guidée en cela par sa ferme croyance en les valeurs humaines et l’héritage issue de la sagesse soudanaise, a-t-il indiqué.  De même, le Soudan est déterminé à respecter ses engagements reposant sur les principes de l’état de droit, des droits de l’homme ainsi que sur les efforts visant à éradiquer toute forme de discrimination, d’exploitation, d’injustice et d’inégalité. 

« Nous, au sein du Gouvernement de transition du Soudan, croyons fermement que les relations entre États doivent être bâties sur les piliers de l’intérêt commun des nations et d’une coopération significative pour la réalisation de ces mêmes intérêts » pour vivre tous ensemble dans la prospérité et la paix, a-t-il dit.

Avec cette révolution, a-t-il poursuivi, le Soudan entend mettre fin à une sombre ère d’isolationnisme international et régional qui lui a valu une longue série de sanctions internationales et d’être inscrit sur la liste noire des États soutenant le terrorisme.  « Le peuple soudanais n’a jamais parrainé ni soutenu le terrorisme », a-t-il martelé.  Au contraire, le peuple soudanais a résisté à ces actes défendus par l’ancien régime.  Ces sanctions ont également ravagé notre peuple.  Il a appelé les États-Unis à retirer le Soudan de la liste des États soutenant le terrorisme et de ne plus punir le peuple soudanais victime d’actes commis par un régime vicieux.  Il a souhaité que cet « appel juste » soit suivi d’une « rapide réponse » afin de permettre à son gouvernement d’aller de l’avant dans les efforts de « reconstruction et de développement ». 

Conscient des énormes défis auxquels son pays fait face, notamment mettre fin à la guerre civile et instaurer une paix durable sur l’ensemble du territoire, deux objectifs de la plus haute importance, le Soudan compte d’ailleurs mettre en place une justice holistique et traiter les causes profondes à l’origine des divisions, à commencer par la marginalisation économique et la discrimination ethnique, culturelle et religieuse.  Le Premier Ministre a aussi fait part de sa détermination à édifier un nouvel État reposant sur l’état de droit, un développement équilibré avec des orientations claires pour protéger les droits de l’ensemble du peuple soudanais.  Mon gouvernement, a-t-il assuré, n’épargnera aucun effort pour remettre le pays sur les rails du développement afin de réaliser le Programme 2030.

M. ANTONIO RIVAS PALACIOS, Ministre des relations extérieures du Paraguay, a réaffirmé le droit au développement de tous les peuples et exprimé sa solidarité avec les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement.  Il a salué la conclusion récente des négociations des accords de libre-échange entre le MERCOSUR et l’Union européenne, ainsi qu’avec les pays de l’Association européenne de libre-échange (AELE).  À travers le Programme 2030, a-t-il assuré, nous cherchons un nouveau modèle de gouvernance pour le pays, où tous puissent bénéficier du « bien-être social ».

À l’occasion de l’Année internationale des langues autochtones, célébrée en 2019, le Ministre a souligné que les 19 langues autochtones qui survivent au Paraguay font partie de son identité nationale.  Son pays, a-t-il dit, a montré à maintes reprises sa ferme volonté de consolider sa démocratie.  Préoccupé par « la tragédie » au Venezuela, l’exode et la crise régionale qu’elle engendre, il a jugé nécessaire d’unir les forces en faveur de la restauration de la démocratie dans ce pays.

Abordant la crise migratoire et humanitaire en Amérique latine, M. Rivas Palacios a indiqué que le Paraguay est « un pays de portes ouvertes, qui croit au potentiel de la migration pour contribuer au développement économique, social et culturel de tous les pays ».  Fidèle à cette conviction, le Ministre a appelé à un traitement digne des migrants, et en particulier des enfants et des jeunes.

En tant que pays en développement sans littoral, a—t-il enchaîné, le Paraguay est sévèrement affecté par les effets adverses des changements climatiques.  Récemment, a déploré M. Rivas Palacios, 100 000 hectares de forêts ont été dévastés par des feux qui ont détruit une grande partie de la diversité écologique de la région dite du « Gran Chaco Americano ».  En partenariat avec le Fonds vert pour le climat, le Gouvernement paraguayen s’est engagé à établir un fonds spécial destiné à la reforestation, et, par là même, à la lutte contre la pauvreté extrême qui affecte les secteurs les plus vulnérables de la société.  C’est dans ce cadre également que s’inscrit le projet hydroélectrique intitulé « Itaipu Binacional » que le Paraguay partage avec le Brésil. 

M. GUDLAUGUR THÓR THÓRDARSON, Ministre des affaires étrangères de l’Islande, a rappelé la responsabilité des États Membres de veiller au respect des principes, droits et obligations de la Charte des Nations Unies.  Nous avons besoin de préserver le système international fondé sur le droit avec l’ONU au centre, a-t-il indiqué, avant d’appeler à la poursuite de la réforme de l’Organisation.  Les États, petits et moyens, devraient assumer plus de rôle sur la scène mondiale.  L’année dernière, a-t-il rappelé, l’Islande est devenue membre du Conseil des droits de l’homme et durant son mandat, a promu activement l’égalité des genres, les droits des enfants et des LGBTI.  Nous avons aussi plaidé pour la réforme plus que nécessaire du travail et de la composition de ce Conseil dans lequel nous continuons de voir certains membres élus émettre des jugements et voter alors que leurs prestations en matière de droits de l’homme au plan national devraient faire l’objet de procès.  Certes, les États Membres sont diverses et font face à différents défis, mais les groupes régionaux et les États Membres devraient s’assurer que ceux qui sont élus au Conseil des droits de l’homme soient vraiment engagés à respecter ces droits, a-t-il affirmé. 

Passant à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, M. Thórdarson a indiqué que la durabilité a été la clef de la survie de son pays depuis longtemps.  Il s’est préoccupé de l’impact des changements climatiques « un des défis les plus importants de notre époque ».  Dans l’Arctique, ainsi qu’en Islande, nous sommes témoins de la fonte des glaces, et les mers et la vie marine changent rapidement.  « Ce qui se passe en Arctique ne restera pas en Arctique », a averti le Ministre, raison pour laquelle l’Islande est fermement attachée à mettre en œuvre l’Accord de Paris et vise à atteindre la pleine neutralité carbone avant 2040. 

Le Ministre a également souligné que le lien entre les changements climatiques, les droits de l’homme, le développement et la sécurité est évident dans de nombreux conflits et exige une approche holistique.  Il a appelé le Conseil de sécurité à jouer un rôle plus actif afin de prévenir et résoudre les crises, et être à la hauteur de sa responsabilité en vertu de la Charte des Nations Unies.  En Syrie, au Yémen, en Arabie saoudite, en Libye, au Sahara occidental, en Israël et en Palestine, au Venezuela, au Myanmar, en Ukraine et en Géorgie, ces conflits et autres conflits prolongés, ainsi que la défiance qui ne cesse d’augmenter entre les grandes puissances, exigent un engagement plus grand, une pensée créative et plus de ressources, a-t-il souligné.  Il a appelé à mettre ces efforts au service du contrôle des armes, du désarmement et de la non-prolifération, mais également des technologies émergentes, de la cybersécurité et des menaces hybrides.

Habitat naturel de l’Everest, a rappelé M. PRADEEP KUMAR GYAWALI, Ministre des affaires étrangères du Népal, mon pays est au cœur des changements climatiques.  Baromètre de ces changements, l’Himalaya subit la fonte de ses glaciers et l’asséchement de son eau douce à un rythme de plus en plus soutenu.  D’ici à la fin du siècle, un tiers des glaciers de l’Hindou Kouch et de l’Himalaya auront fondu même si on réussit à bloquer l’augmentation de la température à 1,5 degré Celsius.  Le climat produit des catastrophes qui répandent la désolation partout.  Cette année, a rappelé le Ministre, les inondations et les tornades ont emporté avec eux plusieurs Népalais.  Le Gouvernement du Népal a donc décidé de convoquer en avril 2020 un dialogue sur les changements climatiques qui sera le premier épisode du dialogue de Sagarmatha créé par le pays pour parler des questions vitales du monde contemporain. 

Le Népal, qui s’emploie à mettre pleinement en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, se heurte au problème des ressources.  Nous réclamons donc, a dit le Ministre, une assistance technique et financière, des investissements et toute autre forme de soutien pour tous les pays les moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral.  Pays hôte du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement, le Népal, a-t-il poursuivi, appelle au renforcement des approches régionales dont le Processus de Katmandou.  Conformément à son attachement à la Charte des Nations Unies, mon pays, a ajouté le Ministre, a rendu les services les plus dévoués, les plus fiables et les plus professionnels aux opérations de paix des Nations Unies, ces six dernières décennies.  Nos Casques bleus se sont déployés sans restriction aucune même dans les situations fragiles et caractérisées par des menaces asymétriques. 

Le Ministre a donc appuyé la Déclaration d’engagements communs en appui à l’initiative « Action pour le maintien de la paix ».  Les opérations de paix, a-t-il martelé, doivent être dotées de ressources prévisibles, adéquates et durables pour leur succès.  Le remboursement en temps voulu des pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police est essentiel pour que « notre brave personnel » puisse donner le meilleur de lui-même, y compris dans les situations difficiles.  Les pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police doivent aussi avoir accès aux postes de leadership tant au Siège de l’ONU que sur le terrain. 

Après avoir souligné que les leçons apprises du tremblement de terre en 2015 ont conduit son pays à se concentrer sur la résilience des infrastructures, le Ministre a ajouté que même privé de littoral, le Népal s’inquiète de la santé des océans car il croit au lien « organique » entre ces derniers et les montagnes.  Il a estimé que l’instrument juridiquement contraignant actuellement en négociation sera une étape essentielle pour la protection et la conservation de la biodiversité marine.  Pour illustrer l’attachement de son pays aux droits de l’homme, le Ministre a rappelé la candidature népalaise à une réélection au Conseil des droits de l’homme pour la période 2021-2013. 

M. PALAMAGAMBA KABUDI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération est-africaine de la République-Unie de Tanzanie, a indiqué que les priorités de son gouvernement sont d’éradiquer la corruption, d’instituer une éthique et une discipline au sein du service public, et de renforcer la collecte des impôts afin d’accélérer la croissance socioéconomique.  Il s’agit également d’améliorer la qualité de l’éducation, et de lutter contre la pauvreté et le chômage.  En juillet dernier, la Tanzanie a présenté au Forum politique de haut niveau un examen national volontaire des progrès réalisés en matière d’objectifs de développement durable. 

Au titre des mesures ainsi prises au niveau socioéconomique, le Ministre a relevé que depuis 2015, la scolarisation des enfants a augmenté de 32,5%.  Depuis 2017, le Gouvernement a recruté plus de 18 000 enseignants.  De plus, la couverture sanitaire de la population est passée de 20% à 33%.  De nouveaux hôpitaux, dispensaires et centres sanitaires ont été construits ou réhabilités à travers le pays et l’accès aux médicaments a augmenté.  Dans le secteur de l’énergie, un vaste programme d’électrification rurale a été lancé.  Aujourd’hui, 67% de la population a accès à l’électricité, contre 50% en 2015, s’est encore félicité M. Kabudi.  De même, 71% des Tanzaniens ont accès à l’eau potable.  De plus, 2 000 kilomètres de routes ont été construites et les grands ports de Dar es-Salaam, Zanzibar, Mtwara et Tanga ont été élargis, tout comme les aéroports. 

En matière environnementale, le chef de la diplomatie tanzanienne a indiqué que 38% des terres sont protégées, et, cette année, le Gouvernement a porté à 24 le nombre de parcs nationaux, afin de protéger les écosystèmes, les forêts et la biodiversité.  En juin dernier, l’usage de sacs en plastique a été interdit dans tout le pays.  Enfin, pour réduire l’impact des changements climatiques, la Tanzanie investit dans les énergies renouvelables, a poursuivi M. Kabudi. 

Le pays reste en outre engagé à promouvoir la démocratie, la bonne gouvernance, les droits de l’homme et l’état de droit.  Depuis le 1er juillet 2019, le Gouvernement a mis en œuvre un modèle de réformes pour améliorer « l’environnement économique » en Tanzanie.  C’est sur ce thème général que la Tanzanie a assumé, au mois d’août, la présidence de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).  À ce titre, le Ministre a appelé la communauté internationale à demander la levée des sanctions unilatérales imposées au Zimbabwe, qui affectent négativement aussi les autres pays de la région. 

M.SOROI EOE, Ministre des affaires étrangères de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, s’est réjoui de la récente visite du Secrétaire général dans la région du Pacifique, pour témoigner « des défis de développement durable, de nos vulnérabilités et de nos atouts », et « sonner le clairon de l’offensive contre l’impact néfaste des changements climatiques ».

Il a confirmé l’importance du programme 2030 pour son pays et décrit des progrès mesurés dans le domaine de l’éducation, de la santé publique, de l’égalité des sexes, de la paix et de la sécurité, tout en reconnaissant que beaucoup reste encore à faire, dans la perspective de l’examen national volontaire de la Papouasie-Nouvelle-Guinée lors du Forum politique de haut niveau pour le développement durable de juillet 2020.

L’objectif des mesures gouvernementales, a précisé le Premier Ministre, est d’encourager les citoyens à prendre part à l’avancée du pays vers le développement, visant l’indépendance économique et l’autosuffisance dans les 10 ans, tout en assurant la protection de nos importantes ressources naturelles.

Il a expliqué que ce processus passe par la revitalisation du secteur agricole, représentant 80% du pays, grâce à une meilleure productivité des communautés rurales, tandis que des plans sectoriels sont menés dans la pêche, l’exploitation forestière, les mines, le gaz et le pétrole et les produits industriels de base. 

Le Premier Ministre a confirmé son souhait de développer le traitement en aval des ressources naturelles afin de gagner de la valeur ajoutée; et d’étoffer les ressources humaines et matérielles nécessaires à l’industrialisation de l’économie, d’accueillir des investisseurs étrangers, « dans le but d’accéder au rang de pays à revenu intermédiaire en 2030 ».

Ensuite, il a annoncé la révision et la réforme du corp de lois régissant les ressources renouvelables et non renouvelables, dont les carences actuelles lèsent la population.  Il a aussi cité la construction d’infrastructures de transport et de communication assurant l’accès des citoyens au marché des produits de base et des services, mentionnant avec satisfaction l’achèvement du câble de fibre optique sous-marin entre Port Moresby et Sidney, Australie.

Poursuivant, le Premier Ministre a indiqué que dans un but de bonne gouvernance, son pays entend bientôt mettre en place une commission indépendante de lutte contre la corruption et une réforme du secteur public qui pourrait inclure des partenariats avec le secteur privé.  Essentielles, à ses yeux, au développement socioéconomique de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, des mesures favorables aux femmes et jeunes filles, améliorant l’égalité entre les sexes dans le monde du travail, sont mises en œuvre, ainsi qu’une stratégie nationale contre les violences liées au genre. 

M. Eoe, s’est ensuite félicité de la célébration de 18 ans de paix ininterrompue dans la région autonome de Bougainville depuis la signature de l’accord de paix de 2001 entre le Gouvernement et les habitants de la région, au terme d’un conflit qui a coûté de nombreuses vies et nécessité l’intervention des Nations Unies.

Il a insisté sur l’engagement de son pays en faveur de l’Accord de Paris, ainsi qu’envers la gestion forestière durable de sa forêt primaire, le recours aux énergies renouvelables hydroélectriques et solaires, et l’adéquation climatique de ses infrastructures.

La protection de l’océan, « ressource vitale de l’économie, de la société et de la culture de la Papouasie-Nouvelle-Guinée » est aussi au cœur des priorités de M. Eoe, qui a confirmé l’extension des droits sur son plateau continental dans la zone du plateau d’Otong Java en mars 2017, œuvre d’une commission trilatérale inédite réunissant les États fédérés de Micronésie et les Îles Salomon.  À ce succès s’ajoute l’engagement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée à combattre la pêche irrégulière, a-t-il indiqué. 

Dans la perspective de la seconde Conférence sur les océans de juin 2020, le Premier Ministre a exhorté tous les participants à « s’élever au-dessus de leurs considérations nationales mesquines et à accorder à ce patrimoine commun leur protection collective et un usage durable ».

M. SIMEON OYONO ESONO ANGUE, Ministre des affaires extérieures et de la coopération de la Guinée équatoriale, a estimé que l’ONU devait se réformer pour continuer d’être utile à l’humanité, y compris à travers l’élargissement du Conseil de sécurité afin de réparer l’injustice historique faite au continent africain.  N’oublions pas, a-t-il dit, que les thèmes africains occupent les deux tiers de l’ordre du jour du Conseil.  Le Ministre a également appuyé le programme de réforme des opérations de maintien de la paix. 

Préoccupé par les effets des changements climatiques en Afrique, notamment quand ils contribuent aux conflits armés et aux déplacements forcés de populations, M. Esono Angue a salué l’Accord de Paris qui doit permettre de faire face à cette menace.  Les changements climatiques, a-t-il insisté, détruisent les maigres infrastructures africaines, diminuent la production agricole, font augmenter le prix des denrées, réduisent les ressources hydriques et les moyens de subsistance des populations côtières.

Le chef de la diplomatie équato-guinéenne a rappelé que son pays est exposé à « des tentatives de déstabilisation dans l’objectif de faire tomber les autorités légitimes afin de s’emparer des ressources naturelles et des richesses qui appartiennent au peuple », ce qui aurait des conséquences sur toute une région, a-t-il prévenu.  Néanmoins la Guinée équatoriale résiste, même si elle traverse une crise économique due à la chute du prix du pétrole.  Et l’économie se diversifie, a rapporté M. Esono Angue. 

En conclusion, le Ministre a salué l’opportunité que le fait d’avoir occupé pendant deux ans un siège non permanent au Conseil de sécurité aura présenté à la Guinée équatoriale.  Sous sa présidence en février 2019, par exemple, le Conseil a adopté à l’unanimité une résolution pour faire taire les armes en Afrique.  En conclusion, il a invité tous les États à participer au mois de novembre prochain à la conférence que son pays organisera sur ce thème. 

Droits de réponse

La représentante de la Serbie a vivement critiqué l’appel de l’Albanie à reconnaître un État indépendant au Kosovo.  Le Kosovo n’est pas un État indépendant et n’est pas membre de l’ONU, a souligné la délégation, qui a rappelé que la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité déclare que le Kosovo est une province de la Serbie. 

La représentante de l’Albanie a soutenu qu’on ne peut pas remettre en cause le statut du Kosovo: c’est un État indépendant et souverain reconnu par 116 membres de l’ONU et qui est partie à des dizaines d’organisations internationales et régionales.  C’est un partenaire fiable dans la région et une démocratie vivante, a-t-elle affirmé, notant également que le Kosovo dispose d’un cadre constitutionnel pour protéger ses minorités.  L’Albanie considère d’ailleurs que si le Kosovo devenait membre de l’ONU, ce serait un succès de la communauté internationale. 

Le représentant de l’Iran a dénoncé les propos tenus hier par le Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite.  Les « despotes saoudiens » ne peuvent plus cacher leurs échecs qu’en accusant l’Iran, a-t-il affirmé.  Le délégué a accusé l’Arabie saoudite de financer Daech et a rappelé que 15 des 18 personnes qui ont commis les attentats du 11 septembre 2001 venaient d’Arabie saoudite.  L’Arabie saoudite cherche à exporter l’idéologie takfiri en corrompant des dirigeants étrangers, a imposé un blocus économique contre ses voisins, mène une guerre criminelle contre le Yémen en commettant des crimes de guerre et a aidé l’Iraq dans sa guerre contre l’Iran, a dit le délégué.  Il a ensuite appelé l’Arabie saoudite à éviter toute erreur de calcul.  Le régime saoudien est une menace à la paix et la sécurité dans le monde, a-t-il affirmé. 

Ces propos ont été rejeté par le représentant de l’Arabie saoudite qui a accusé le régime iranien de parrainer des actes terroristes dans de nombreuses parties du monde.  Il a appelé à mettre un terme au programme nucléaire et balistique iranien et aux soutiens militaires et financiers de l’Iran au Yémen et en Syrie.  Le régime iranien, a-t-il encore accusé, a attaqué avec 25 missiles des sites et des champs pétroliers en Arabie saoudite.  Il a également affirmé que l’attaque iranienne contre le drone américain est un acte terroriste international de l’Iran. 

Les machinations d’Israël et de l’Arabie saoudite contre l’Iran sont connues de tout le peuple arabe, a rétorqué le représentant de l’Iran.  Il a affirmé que l’Iran n’est pas responsable des mauvais choix de l’Arabie saoudite de ces dernières années et a estimé que la répression des mouvements démocratiques dans le golfe Persique est la faute des Saoudiens.  L’idéologie takfiri saoudienne veut mener à l’extinction toutes les autres croyances du monde, a-t-il dit, avant de rappeler que le meurtre de Jamal Khashoggi et l’esclavage des milliers de femmes en Arabie saoudite ont ému le monde entier. 

Le représentant de l’Arabie saoudite a réagi en disant que son pays cherche la paix et la sécurité dans la région et ne va pas traiter avec l’Iran.  Les armes iraniennes prennent pour cible le monde entier en s’attaquant aux sources énergétiques, mais nous sommes capables de nous défendre, a averti le représentant.  Même si l’Iran dépense des milliards de dollars au Yémen, nous ne permettrons pas que ce pays puisse s’infiltrer ni dans la région ni en Arabie saoudite. 

La représentante de l’Inde a vu dans la déclaration du Premier Ministre du Pakistan est une déformation de la réalité et une promotion de la division.  C’est une incitation à la haine, s’est-elle alarmée.  Les mots qu’il a utilisés démontrent une mentalité moyenâgeuse.  Parler de guerre nucléaire aux Nations Unies n’est pas digne d’un chef d’État.  Le Pakistan est sur la liste des pays les plus violents au monde et son Président a dans le passé ouvertement soutenu Oussama Ben Laden.  En outre, le Premier Ministre pakistanais se fait passer pour un défenseur des minorités alors que ces dernières subissent la conversion forcée et sont victimes de pogroms. 

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