En cours au Siège de l'ONU

Fin du débat sur l’état de l’économie et de la finance mondiales: prenons les mesures qui permettront une relance et une croissance durables, déclare Ban Ki-moon

AG/11237

Fin du débat sur l’état de l’économie et de la finance mondiales: prenons les mesures qui permettront une relance et une croissance durables, déclare Ban Ki-moon

18/05/2012
Assemblée généraleAG/11237
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

Débat thématique de haut niveau

Matin


FIN DU DÉBAT SUR L’ÉTAT DE L’ÉCONOMIE ET DE LA FINANCE MONDIALES: PRENONS LES MESURES

QUI PERMETTRONT UNE RELANCE ET UNE CROISSANCE DURABLES, DÉCLARE BAN KI-MOON


L’Assemblée générale a clos, cet après-midi, le débat de haut niveau qu’elle a tenu pendant deux jours sur l’état de l’économie et de la finance mondiales en 2012 par un appel lancé aux États Membres par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, qui leur a demandé de prendre des mesures concrètes pour aider les populations affectées par les effets de la crise économique et financière qui a vu le jour sur les marchés financiers et boursiers en 2008.


« Ces deux journées de discussions ont été riches et édifiantes, mais il s’agit, à présent, de transformer toutes ces réflexions en mesures concrètes afin d’améliorer les conditions de vie des populations qui, à travers le monde, ont été affectées par la crise », a souligné le Secrétaire général.  « De telles mesures sont en effet indispensables, car nous ne pourrons pas faire redémarrer l’économie mondiale sans développer des politiques et des visions qui soient à la hauteur des défis qui se posent », a-t-il ajouté. 


Avant de conclure ces deux journées d’échanges et de réflexion, au cours desquelles ont eu lieu un débat général et quatre tables rondes, et auxquelles ont participé plus d’une trentaine de chefs d’État, de ministres et d’experts de renommée mondiale, le Secrétaire général, qui a coprésidé cette rencontre de haut niveau aux cotés du Président de l’Assemblée générale, a appelé les participants à entendre et prendre en compte les demandes que les populations expriment dans la rue, au cours de manifestations, ou lors de consultations électorales.


M. Ban Ki-moon a également souhaité que ce débat de haut niveau contribue aux processus qui sont en cours à l’ONU dans les domaines de l’économie et du développement, et notamment aux négociations dans le cadre de la préparation de la prochaine Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Conférence Rio+20), qui aura lieu au mois de juin prochain à Rio de Janeiro, au Brésil.


Pendant les débats, plusieurs chefs d’État et ministres ont mis l’accent sur les inégalités qui se creusent entre les pays et sur la situation des populations les plus vulnérables, inégalités qui sont devenues encore plus criantes depuis 2008 et le déclenchement de la crise.  Des intervenants ont également attiré l’attention sur les difficultés particulières auxquelles font face les pays les moins avancés (PMA) et les autres pays en développement qui ont, du fait de la crise, perdu une partie de leurs revenus, notamment ceux tirés des secteurs du tourisme et des exportations.  L’impact de la crise qui sévit dans les pays développés, eux-mêmes victimes du surendettement et des déficits budgétaires, se traduit également pour les pays en développement par une baisse drastique des ressources provenant de l’aide publique au développement (APD), ont relevé de nombreux intervenants en appelant les pays industrialisés à tenir les engagements qu’ils avaient pris en la matière.


« Il était essentiel de se réunir aux Nations Unies pour examiner les questions qui se posent et envoyer au monde un message unifié sur les différents défis économiques auxquels nous faisons face et leur incidence sur le développement », a souligné aujourd’hui le Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, dans la déclaration qu’il a faite à la clôture des travaux.


« Les Nations Unies, grâce à leur capacité de rassemblement, qui en font un forum unique en son genre et universel, doivent adopter une position centrale lorsqu’il s’agit de parler d’économie mondiale et de gouvernance de l’architecture économique et financière mondiale », a souligné M. Al-Nasser.


Les quatre thèmes qui ont été examinés au cours des tables rondes organisées dans le cadre de ce débat de haut niveau ont porté, entre autres, sur la lutte contre le chômage et la pauvreté; la maîtrise de l’inflation et de la déflation; les mesures à adopter pour limiter les fluctuations des cours des denrées alimentaires, ainsi que les réformes à conduire afin d’apporter davantage de stabilité et de transparence dans le secteur financier.


Un résumé de ces deux journées de débat sera envoyé très prochainement à tous les États Membres.


Dans la perspective de la Conférence Rio+20, l’Assemblée générale compte tenir la semaine prochaine, à la date du 22 mai, un autre débat thématique qui donnera l’occasion aux États Membres et à des experts de parler du développement durable et de la promotion de l’économie verte.  Les détails de l’ordre du jour de ce débat thématique seront annoncés dans le Journal des Nations Unies.


DÉBAT THÉMATIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE THÈME « ÉTAT DE L’ÉCONOMIE ET DE LA FINANCE MONDIALES EN 2012 »


Débat de haut niveau (suite)


Mme KAMLA PERSAD-BISSESSAR, Premier Ministre de Trinité-et-Tobago, a affirmé que la fragilité mondiale actuelle présentait un risque réel sur les petites économies périphériques et d’autres pays en développement.  Les prévisions mondiales ne sont guère prometteuses, a-t-elle assuré, précisant que le Fonds monétaire international (FMI) envisageait une baisse de la croissance économique mondiale.  Elle passerait de 4% en 2011 à 3,5% en 2012 en raison de la faiblesse de l’activité au cours des deux derniers semestres.  Quelques succès, certes modestes, ont été néanmoins enregistrés grâce à une nouvelle approche du développement, a-t-elle dit, notant que les pays des Caraïbes tablaient sur une croissance de 3% en 2012, après une progression moyenne de 1,7% au cours du premier semestre de 2011.


Mme Persad-Bissessar a dénoncé le fait que les pays en développement se voient contraints de suivre les politiques économiques dictées par ceux du Nord sans qu’il soit tenu compte de leurs particularités économiques et des circonstances sociales.  Il est temps, a-t-elle déclaré, que les États en développement bénéficient d’une plus grande présence à la table des discussions en vue de partager leurs opinions, leurs idées et leurs expériences sociales.  « Nous devons modeler un paradigme économique qui puisse tenir compte de nos intérêts », a-t-elle dit.


Après avoir dressé un tableau général de la situation économique, financière et sociale de Trinité-et-Tobago, le Premier Ministre a souligné que l’objectif de son gouvernement était de bâtir une économie susceptible de générer une croissance endogène basée sur la connaissance et l’innovation, et d’accroître les niveaux de productivité et les exportations en vue de créer de plus grandes opportunités pour des emplois bien rémunérés à tous les niveaux.  Elle a mis l’accent sur l’importance d’une croissance économique forte, plus globale, et mieux ciblée sur des programmes sociaux, y compris le renforcement de la protection sociale et de l’accès à l’éducation.


M. WUNNA MAUNG LWIN, Ministre des affaires étrangères du Myanmar, a mis l’accent dans son intervention sur la nécessité pour la communauté internationale de faire face à la crise économique et financière qui affecte le monde en déployant des efforts plus importants au niveau mondial.  M. Lwin a également reconnu que les Nations Unies jouaient un rôle essentiel en vue de trouver des solutions communes qui puissent satisfaire tous les États.  Il a expliqué que le Gouvernement du Myanmar s’efforçait, pour combattre le chômage, de développer davantage d’industries et d’attirer les investissements étrangers directs en vue de créer un environnement favorable.  Le Gouvernement, a-t-il ajouté, accorde une grande priorité à la lutte contre la pauvreté et au développement rural.  Le Ministre a également demandé la levée le plus rapidement possible des dernières sanctions dont son pays est encore l’objet.  Il a, enfin, lancé un appel à tous les pays à mieux coopérer de façon à pouvoir faire face à des défis économiques mondiaux de plus en plus complexes et de plus en plus intégrés.


M. NICOLAS NAHAS, Ministre de l’économie et du commerce du Liban, a affirmé que la perception du risque et les conditions financières mondiales de plus en plus rendaient difficile l’accès au financement.  Des politiques appropriées sont essentielles pour créer un climat de confiance, a-t-il dit, plaidant pour une ouverture des marchés développés aux produits et à la main-d’œuvre de la région du Liban.  Il convient, a-t-il ajouté, de renforcer le capital humain et d’accroître le rôle du secteur privé. 


De même, a-t-il estimé, les décideurs politiques se rendent de plus en plus compte que les activités novatrices sont essentielles à la croissance économique.  Il a ainsi souligné l’importance de l’innovation, mise en évidence par la mondialisation et par l’évolution rapide des nouvelles technologies, en particulier des technologies de l’information et de la communication.  Le Ministre libanais a conclu son intervention en mettant l’accent sur la nécessité, pour la communauté internationale, de maintenir son soutien à la région du Moyen-Orient et de l’Asie occidentale.  


Table ronde 3: « Limiter les fluctuations des cours des produits de base et accroître la production, le commerce et les investissements ».


Cette troisième table ronde a entendu plusieurs intervenants mettre l’accent sur les problèmes et les pressions qu’ont entraînés les fluctuations des prix des denrées alimentaires ou des matières premières dans leur pays.


Plusieurs économistes et experts ont ensuite mis en garde contre les effets des politiques de barrières et des restrictions destinées à tenter de contrer ces fluctuations.


Avant l’ouverture de cette table ronde, les participants ont entendu une déclaration de M. ANDRY NIRINA RAJOELINA, Président de la transition de la République de Madagascar.  M. Rajoelina a souligné l’impact des crises économique et financière sur le processus de développement des pays les moins avancés (PMA).  Il a ensuite expliqué combien, dans les pays en transition politique comme Madagascar, les conséquences de la crise financière internationale avaient affecté les secteurs de la production, l’investissement et les principales sources de revenu.  Le Président malgache a insisté sur la nécessité d’une solution globale à cette crise à travers une coopération internationale mutuellement avantageuse.


M. LUC OYOUBI, Ministre de l’économie, de l’emploi et du développement durable du Gabon, qui coprésidait cette table ronde, a ensuite ouvert les exposés liminaires en présentant brièvement les difficultés de gestion politique et budgétaire que provoquent les fluctuations des denrées de base.  Citant en exemple le pétrole extrait au Gabon, M. Oyoubi a rappelé qu’en 1997, le prix du baril avait été estimé pour l’année suivante à 15 dollars.  À l’époque, le Fonds monétaire international (FMI) considérait que cette prévision était sous-estimée. Or, à la fin de l’année 1998, le prix moyen du baril avait chuté à 11 dollars.  Il a expliqué que cela avait posé des problèmes budgétaires importants pour le Gabon car les recettes prévues ne s’étaient pas concrétisées et les dépenses envisagées n’avaient pas pu être exécutées.


Mme MARIA KIWANUKA, Ministre des finances et de la planification du développement économique de l’Ouganda, a souligné à quel point les prix des matières premières dépendaient aussi de la croissance des pays industrialisés.  En Ouganda, les prix des denrées alimentaires n’avaient augmenté de 50% que l’année dernière, a-t-elle précisé.  Ce qui a donné lieu, à la fois, à des difficultés pour les ménages et à des pressions sur le Gouvernement, qui avait été contraint de maintenir un certain niveau de vie pour sa population.  La Ministre a aussi fait remarquer que toutes les recettes qui étaient tirées des exportations et des transferts de fonds avaient stagné depuis 2008 et le déclenchement de la crise économique et financière.


Mme VALENTINE RUGWABIZA, Directrice adjointe de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a mis l’accent sur les changements intervenus dans la situation du commerce mondial au cours des dernières années.  Elle a notamment insisté sur l’augmentation de la part des exportations en provenance des pays en développement sur la scène mondiale.  Cette part, a-t-elle précisé, atteignait 50% des exportations mondiales en 2010, soit une tendance qui témoigne des progrès enregistrés et de la part prise par les pays en développement dans les échanges internationaux, a-t-elle souligné.


Mme Rugwabiza a toutefois fait observer que cette tendance était en train de ralentir depuis l’année dernière et qu’il était de plus en plus question de pressions visant à protéger les économies des pays.  Dans ce contexte, elle a insisté sur la nécessité de maintenir l’intégrité du système commercial mis en place au cours des 60 dernières années, c’est-à-dire axé sur des règles de commerce multilatérales.  Rappelant l’impasse dans laquelle se trouve le Cycle des négociations de Doha, la Directrice adjointe de l’OMC a expliqué que les pays ne savaient pas exactement ce qui allait se passer et que cette incertitude se traduisait par une réticence à mettre en place des réformes. 


M. OTAVIANO CANUTO, Vice-Président du Réseau de la réduction de la pauvreté à la Banque mondiale, a mis en garde contre les interventions des États qui risquent d’aggraver la volatilité des prix.  Il a noté que, malgré la vague de libéralisation qui a eu cours dans les années 1980, les marchés des produits agricoles restaient soumis à des fluctuations, à des pressions et à une compétition croissante.  Cela a, d’une part, changé le visage de l’économie mondiale et, d’autre part, stimulé la mise en place de barrières commerciales, a-t-il précisé. 


S’agissant des ressources naturelles, il a expliqué que des pays exportateurs avaient imposé certaines restrictions visant à faire diminuer les prix au niveau national ou à faire augmenter les taxes à l’exportation.  En outre, on a assisté à toute une série de politiques commerciales destinées à traiter de la volatilité des prix, comme les restrictions des exportations, les politiques anti-monopoles ou les subventions.  En tentant de se protéger des chocs, les gouvernements n’ont parfois fait qu’exacerber l’augmentation des prix de ces matières premières car, compte tenu de l’importance sociale de ces denrées, la demande s’est accrue.


M. YILMAZ AKYÜZ, Chef économiste de l’organisation intergouvernementale « Le Centre Sud », a noté qu’après trois années de relance économique mondiale les scénarios ne demeuraient guère encourageants en raison, entre autres, de l’incertitude qui règne sur les marchés financiers.  Il a précisé que l’une des réactions à la crise financière avait été la mise en place de coupes dans les taux d’intérêt mais que cela avait créé « un tsunami de la monnaie », notamment entre l’euro et le dollar.  Ces coupes ont aussi eu des effets sur les taux de change entre les pays développés et les pays en développement.


Face à cette situation, M. Akyüz a estimé que le renforcement des infrastructures financières internationales et des mécanismes de surveillance n’avaient pas encore été achevés.  Le G-7, le G-8 et le G-20 semblaient être totalement incapables de résoudre ce problème, a-t-il estimé, avant d’insister sur la nécessité pour les Nations Unies de faire preuve d’un plus grand engagement en faveur du processus d’évaluation et de contrôle des activités entreprises en la matière.


Mme GILLIAN TETT, Responsable du bureau du quotidien économique « Financial Times » à New York, a fait remarquer qu’aujourd’hui, et pour la première fois dans l’histoire, un agriculteur africain pouvait obtenir des informations sur les prix des denrées alimentaires sur son téléphone portable.  Dans le même temps, les marchés des produits globaux intéressent aussi les investisseurs comme d’autres avoirs tels que les obligations et les actions.  On assiste donc à des achats à grande échelle de la part de riches investisseurs, de banques ou de fonds de retraite, a-t-elle expliqué.  Cette financiarisation de l’économie n’était pas mauvaise, a-t-elle reconnu, en souhaitant cependant que les marchés soient libres et démocratiques.


Lors du dialogue interactif qui a suivi, la représentante du Népal, qui s’exprimait au nom des PMA, a précisément mis l’accent sur la nécessité d’un fonctionnement plus juste des marchés.  Son homologue du Pakistan s’est demandé comment les efforts entrepris au niveau des banques et de la disponibilité du financement pourraient aider les pays en développement à renforcer leurs capacités de production et à améliorer leurs infrastructures. Il a appelé à des actions collectives pour contrer les effets de la crise économique mondiale.


Le représentant de l’Union européenne a demandé que davantage de progrès soient réalisés en vue de réduire les mesures tarifaires à l’exportation, tandis que le représentant du Viet Nam a insisté sur la nécessité d’éviter toute forme de protectionnisme et a appelé à la reprise des négociations de Doha.  Pour éviter la volatilité des prix, son homologue des Comores a, quant à lui, mis l’accent sur la nécessité d’une plus grande transparence et d’un meilleur partage de l’accès aux informations concernant les marchés alimentaires.  Les représentants du Népal, de la République démocratique populaire lao, de l’Ouzbékistan, de la République de Corée, de l’Algérie et du Maroc ont également pris part à ce dialogue.


Table ronde 4: « Accroître la stabilité, la prévisibilité et la transparence du secteur financier »


Présidée par le Ministre de l’économie et du commerce du Liban, M. NICOLAS NAHAS, cette table ronde s’inscrivait, a précisé ce dernier, dans le débat visant à partager les leçons apprises et à restructurer les règles des marchés et les comportements en vue de bâtir un avenir plus stable dans l’intérêt de toutes les composantes de la société.


M. ABDALLAH BIN SAUD AL THANI, Gouverneur de la Banque centrale du Qatar, a affirmé que les pays de la région européenne avaient pris des mesures importantes, mais qu’ils devraient les mettre en œuvre et offrir un appui plus massif à la gouvernance mondiale.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’adopter des politiques financières saines en vue d’améliorer la situation financière des banques et apporter des capitaux suffisants.  Le Gouverneur a souligné l’importance de s’attaquer aux défis structurels du système financier et d’entreprendre des politiques macroéconomiques appropriées. 


M. Al Thani a en outre détaillé certaines des mesures financières prises par les banques dans son pays.  Le Qatar, a-t-il en particulier souligné, attache une grande importance à la diversification économique.  Il tente de développer le secteur privé afin que celui-ci soit plus concurrentiel pour les infrastructures de haut niveau. 


M. JEAN-PIERRE DISERENS, Secrétaire général de la Convention des conseillers financiers indépendants, a affirmé que l’investisseur n’avait confiance ni dans le système financier tel qu’il existe aujourd’hui, ni dans les régulateurs qui veulent réglementer les marchés.  Il faut repenser totalement le système financier, le restructurer afin que l’investisseur puisse reprendre confiance, a-t-il dit, en précisant que l’investisseur était le moteur pour faire redémarrer l’économie.  Le système financier n’a pas besoin de plus de régulation, mais d’une meilleure régulation, a-t-il expliqué.  C’est ainsi, a estimé M. Diserens, que l’investisseur retrouvera confiance dans les marchés.   


M. RAVAGAN SEETHARAMAN, responsable du Groupe de la Banque de Doha, a expliqué que le monde changeait en raison des habitudes de consommation et des nouvelles technologies.  Le système financier ressemble à un jeu de casino, a-t-il constaté.  Les décideurs, a-t-il suggéré, devraient concentrer leur attention sur la stabilité macro-financière et examiner plus étroitement les risques systémiques.  M. Seetharaman a estimé que la crise dans la zone euro était une démonstration claire du conflit existant entre les politiques fiscales et monétaires.  Il a mis l’accent sur la nécessité pour les régulateurs et les institutions internationales d’œuvrer de concert pour identifier les risques mondiaux et planifier des réformes du secteur financier.


De même, les économies devraient intégrer les principes du développement durable dans leurs politiques et programmes afin d’éviter la perte des ressources environnementales.  Cela permettra également à ces économies de réaliser l’Objectif du Millénaire pour le développement visant à assurer la durabilité environnementale.  


M. HANI FINDAKLY, de Clinton Group Incorporated, a affirmé, sur la base des conclusions de la Commission d’enquête de la crise financière, créée par un mandat du Congrès des États-Unis, que le système financier américain était devenu aujourd’hui trop gros, trop concentré, trop opaque et en conflit avec ce qui est en vigueur.  Il a, de même, souligné les lacunes des agences de notation.  Il s’est dit préoccupé par les mesures prises jusqu’à présent, en faisant remarquer que, tout en étant nécessaires, elles demeuraient insuffisantes.  Les banques sont aujourd’hui trop grandes pour être efficaces, a-t-il dit, en soulignant la nécessité de les « restructurer ».  Il a, en outre, souligné l’importance d’un système bancaire unifié.  Les mesures législatives adoptées ne répondent pas pleinement à cette situation, a-t-il dit, en faisant observer que les trop grosses banques ne sont que des bombes à retardement.


M. WILLIAM BLACK, de l’Université du Missouri, a dénoncé les fraudes, les comportements économiques « pervers et leurs supers prédateurs » qui discréditent les marchés et les démocraties.  La criminalité des « cols blancs » remet en cause plusieurs théories économiques néo-classiques, a-t-il expliqué.  Elle crée des revenus économiques fictifs, entretenant des bulles dont l’éclatement provoque des dégâts systémiques à l’économie.  La crise mondiale était prévisible, a-t-il assuré.


Le délégué de l’Union européenne a mis l’accent sur la nécessité d’une meilleure séparation des risques et une plus grande coordination internationale.  Il faut renforcer la gouvernance mondiale, a-t-il dit, en notant que le Conseil de stabilisation mondiale avait un rôle essentiel à jouer à cet égard.  Il est important, a-t-il souligné, de travailler ensemble et de construire des institutions solides basées sur l’état de droit.


Le représentant de la Bolivie a plaidé en faveur d’une réforme profonde du système financier international, un nouvel ordre qui mette un terme au désordre actuel, basé sur un fonctionnent démocratique.  Les pays en développement et les pays émergents peuvent contribuer à la croissance sociale avec un visage social, a-t-il ajouté.  L’origine de la crise provient de l’avidité des pays développés, dont les bénéficiaires étaient les banques du Nord.  Les effets dévastateurs ont frappé les pays en développement, a-t-il souligné.


L’observateur du Saint-Siège a considéré, pour sa part, que les causes de la crise n’étaient pas seulement économiques et financières, mais qu’elles étaient aussi éthiques et morales.   


Déclarations de clôture


En sa qualité de Coprésident du débat de haut niveau sur l’état de l’économie  et de la finance mondiales en 2012, M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, s’est félicité de ce que cette rencontre ait permis la tenue d’une discussion « riche et édifiante », dont il s’agit maintenant de transformer les réflexions en mesures concrètes afin d’améliorer les conditions de vie des populations qui, à travers le monde, ont été affectées par la crise.  Alors que beaucoup de pays ploient sous le poids de la dette, Ban Ki-moon a rappelé que les difficultés actuelles offrent à la communauté internationale une opportunité de prendre de nouveaux engagements. Ceci est indispensable, car, a-t-il ajouté, « nous ne pourrons faire redémarrer l’économie mondiale sans adopter une politique et développer des visions qui soient à la hauteur des défis qui se posent.  Le Secrétaire général a appelé les participants à ce débat de haut niveau à entendre les demandes des populations dans la rue, au cours des manifestations, et à travers les urnes lors des consultations électorales.  Il a émis l’espoir que le résumé des débats de ces deux derniers jours sur l’état de l’économie et de la finance mondiales constitue un apport important pour la Conférence sur le développement durable de Rio, et pour le Sommet du G-20 prévue les 18 et 19 juin à Los Cabos, au Mexique.  M. Ban a souhaité que ces efforts permettent de renforcer la détermination de la communauté internationale et de galvaniser un soutien mondial à l’élaboration d’un programme promouvant un véritable changement en matière économique et financière.  Il a dit que la Conférence Rio+20 offrait une chance de mettre en branle une révolution conceptuelle sur la façon dont sont pensées les politiques mondiales, ce changement de paradigme pouvant permettre au monde de parvenir à une croissance économique équilibrée et dynamique.  


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, a estimé que ce débat de haut niveau sur l’état de l’économie et de la finance mondiales en 2012, auquel ont pris part de nombreux chefs d’État, ministres, experts et autres responsables gouvernementaux, avait été extrêmement productif et interactif.  Le Président de l’Assemblée s’est également félicité de la qualité de la contribution des experts de renommée internationale qui ont pris part aux discussions.


Notant que l’économie mondiale faisait encore face à de nombreux défis préoccupants, M. Al-Nasser a rappelé que la communauté internationale avait été le témoin, ces dernières années, d’une légère reprise économique, mais que celle-ci demeurait encore inégale et faible, tandis que sa durabilité était sujette à question.  « C’est la raison pour laquelle il était essentiel de se réunir aux Nations Unies pour examiner les questions qui se posent et envoyer au monde un message unifié sur les différents défis économiques auxquels nous faisons face et leur incidence sur le développement », a-t-il souligné.  Il a précisé qu’un résumé de ces deux journées de débat serait envoyé prochainement à tous les États Membres.


Le Président de l’Assemblée générale a ensuite passé en revue les quatre tables rondes organisées au cours de ces deux jours, mettant l’accent sur les principales conclusions qu’elles ont suscitées. 


Pour la première table ronde, qui s’est concentrée sur la lutte contre le chômage et la pauvreté, M. Al-Nasser a rappelé combien créer des emplois pour tous était une condition essentielle à la reprise.  Il s’est inquiété du taux élevé de chômage parmi les jeunes, en particulier dans les pays qui connaissent des difficultés nées de leur surendettement.  Il a noté que les débats avaient mis l’accent sur la nécessité de prendre des mesures politiques visant à garantir la création d’emplois décents pour tous ceux qui en ont besoin et à promouvoir des conditions sociales acceptables au niveau national.


Quant à la seconde table ronde, elle a examiné la question de la durabilité de la dette, et les participants à cet échange ont notamment mis en garde contre l’imposition de mesures d’austérité excessives qui pourraient faire obstacle à la reprise économique.  Dans ce contexte, le Président de l’Assemblée a insisté sur le besoin de continuer à améliorer les mécanismes multilatéraux de gouvernance économique et ceux de la surveillance financière pour éviter à l’avenir le déclenchement d’une crise.


S’agissant des débats de la troisième table ronde, dont l’objectif était l’examen des moyens et politiques qui permettraient de limiter les fluctuations des prix des produits de base, dont les produits alimentaires, le Président de l’Assemblée générale a rappelé que les gouvernements devaient créer un environnement propice aux affaires et qui encourage l’investissement.  Il a mis en garde contre la spéculation sur les cours des produits alimentaires et a souligné qu’il fallait que les pays évitent l’adoption de mesures protectionnistes.  Il faut d’autre part conclure de manière positive le Cycle de négociations commerciales de Doha avec un résultat équilibré, global et ambitieux, a déclaré M. Al-Nasser. 


Enfin, en ce qui concerne la dernière table ronde consacrée à une meilleure prévisibilité et transparence du secteur financier, le Président de l’Assemblée a rappelé que la communauté internationale avait déployé d’importants efforts pour tirer les enseignements de la crise financière qui a éclaté en 2008, mais qu’il fallait continuer à faire en sorte que le système financier international soit plus sur, plus transparent et plus stable.  


Avant de clore ces deux journées de débat thématique de haut niveau, le Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale a estimé qu’il était essentiel que les Nations Unies, grâce à leur capacité de rassemblement, qui en font un forum unique en son genre et universel, adoptent une position centrale lorsqu’il s’agit de parler d’économie mondiale et de gouvernance de l’architecture économique et financière mondiale.


M. Al-Nasser a ajouté que ce débat devrait contribuer aux processus en cours aux Nations Unies, notamment celui qui est en cours pour préparer la prochaine Conférence Rio+20 sur le développement durable, qui aura lieu au mois de juin, ainsi qu’à ceux ayant trait au suivi de la question du financement du développement et à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Instance permanente entend de nombreux témoignages sur les exactions et injustices vécues par les peuples autochtones

DH/5096

L’Instance permanente entend de nombreux témoignages sur les exactions et injustices vécues par les peuples autochtones

17/05/2012
Conseil économique et socialDH/5096
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Instance permanente sur les questions autochtones

Onzième session

14e séance – après-midi


L’INSTANCE PERMANENTE ENTEND DE NOMBREUX TÉMOIGNAGES SUR LES EXACTIONS

ET INJUSTICES VÉCUES PAR LES PEUPLES AUTOCHTONES


Avant de conclure cet après-midi le débat qu’elle a entamé mardi dernier* sur les droits de l’homme, l’Instance permanente sur les questions autochtones a décidé de tenir sa session de 2013 au Siège de l’ONU, à New York, du 20 au 31 mai, et d’organiser une réunion de trois jours sur le thème « Les jeunes autochtones, identité, défis et espoir: articles 14, 17, 21 et 25 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ».


Au cours du débat sur les droits de l’homme, le représentant de San Carlos Apache Tribe des États-Unis a dénoncé, à l’instar de nombreux autres orateurs, les exactions subies par les peuples autochtones.  Le Gouvernement américain, a-t-il dit, les dépossède de leurs territoires pour les donner aux grandes sociétés.  La représentante de Koani Foundation a ajouté que ces exploitations industrielles violent non seulement des sites sacrés mais ont aussi des conséquences graves sur l’environnement.


Pour les deux orateurs, les peuples autochtones souffrent des effets d’un changement climatique aggravé par « cette politique colonialiste ».  Réclamant des indemnisations, ils ont demandé aux Nations Unies de servir d’intermédiaire entre les peuples autochtones et les États-Unis. 


La représentante du Consejo nacional de Ayllus markas del Qullasuyu Conamaq a égrené, à son tour, les exactions de l’État bolivien et l’impunité dont bénéficient les auteurs de meurtres contre les autochtones.  « Il est faux de dire que tout va bien en Bolivie », a-t-elle tranché.  Le représentant du Tribal Welfare Society a invité le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones à se rendre en Inde pour constater de visu la situation des Adivasi, victimes de discrimination et de la violence perpétrées par des groupes extrémistes dans l’est et le centre de l’Inde.  À ce jour, 29 cas de violations des droits des Adivasi, 500 meurtres et 90 cas de coups et blessures sont restés impunis, a-t-il dit. 


La représentante de l’Asociacion de Descendientes de la Nacion Charrua a accusé l’État uruguayen de génocide contre les autochtones Charrua exterminés en 1831.  Elle a dénoncé l’absence de politique publique en faveur de ces peuples et le refus du Gouvernement de signer les instruments juridiques internationaux.  Les représentants de l’Ainu Association of Hokkaido et du Longhouse Treaty Nations ont dénoncé les politiques d’assimilation du Japon et des États-Unis. 


Ceux des autochtones des Caraïbes et de la New Future Foundation, Inc. ont demandé réparation pour les exactions commises lors des conquêtes espagnoles et les déversements de déchets toxiques par les États-Unis.  Les accusations ne se sont pas arrêtées là.  Le représentant du Comité de coordination des peuples autochtones d’Afrique a demandé une enquête internationale sur la situation des autochtones twas victimes de mauvais traitements et parfois réduits en esclave dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). 


De même, le délégué de l’Association pour l’intégration et le développement durable du Burundi a plaidé pour la réhabilitation sociale, civique et politique des Twas du Burundi.  La représentante de la Commission des juristes autochtones de l’Argentine a, quant à elle, demandé la révision des programmes d’histoire alors que celle des femmes autochtones du Nigéria a jugé indispensable de faciliter l’accès des peuples autochtones à la justice. 


Sur une note plus positive, une représentante des enfants autochtones a convoqué la cosmogonie guatémaltèque pour affirmer que « les configurations actuelles du ciel » présagent d’un avenir heureux pour les peuples autochtones.  « C’est une période pendant laquelle nous aurons la chance de nous réaliser », a-t-elle fait savoir. 


L’Instance permanente sur les questions autochtones fermera ses portes demain vendredi 18 mai, après l’adoption de son rapport.


*DH/5093 du 15 mai 2012

**E/C.19/2012/L.7


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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L’ONU célèbre le cinquième anniversaire de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones « triomphe de la justice et de la dignité humaine »

DH/5095

L’ONU célèbre le cinquième anniversaire de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones « triomphe de la justice et de la dignité humaine »

17/05/2012
Conseil économique et socialDH/5095
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Instance permanente sur les questions autochtones

Onzième session

Réunion commémorative de haut niveau - matin


L’ONU CÉLÈBRE LE CINQUIÈME ANNIVERSAIRE DE LA DÉCLARATION SUR LES DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES

« TRIOMPHE DE LA JUSTICE ET DE LA DIGNITÉ HUMAINE »


« Triomphe de la justice et de la dignité humaine », c’est par ces mots que le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme a célébré aujourd’hui, au Siège des Nations Unies à New York, le cinquième anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones –« Déclaration »- adoptée par l’Assemblée générale en 2007 après 20 ans de négociation.  Le Ministre des affaires étrangères de la Bolivie a qualifié le document de « meilleur moyen de corriger les déséquilibres nés des modes de consommation occidentaux » alors que le Président de l’Instance permanente sur les questions autochtones y a vu « un processus de guérison ».   


Parmi les organisations autochtones des sept régions du monde, certaines ont voulu passer à la vitesse supérieure, en avançant des idées dont celle d’un protocole facultatif à la Déclaration consacré spécifiquement aux ressources naturelles ou celle du lancement par l’ONU d’un véritable processus de décolonisation.


Célébration du cinquième anniversaire de la Déclaration


Si le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, M. Ivan Šimonović, a qualifié la Déclaration de « triomphe de la justice et de la dignité humaine », le Ministre bolivien des affaires étrangères, M. David Choquehuanca, a carrément affirmé que la mise en œuvre de ce document était le meilleur moyen de corriger les déséquilibres et les crises qu’ont entrainées les modes de consommation occidentaux.  Il a confié qu’en 1992, les Lakota du Dakota sont venus en Bolivie expliquer que selon leurs croyances, le chaos et l’abîme seraient suivis par des « guerriers de l’arc en ciel » qui redonneront vie à la planète. 


La mise en œuvre de la Déclaration, a insisté le Ministre bolivien, est l’occasion de « revenir sur la voie de la complémentarité, de l’identité, de l’équilibre et du non-temps » car personne n’a plus le temps du « bien-vivre » et de « l’écoute ».  « Même le Secrétaire général n’a plus le temps d’être avec nous », a dénoncé le Ministre. 


Dans son message vidéo, M. Ban Ki-Moon a salué la Déclaration en tant que « résolution phare » pour protéger les grands savoirs des autochtones en matière de préservation et de gestion de l’environnement.


L’ensemble des intervenants -États Membres, organisations autochtones et représentants du système de l’ONU- ont souhaité que ce cinquième anniversaire soit l’occasion de renouveler les engagements de manière à ce que le dixième anniversaire de la Déclaration soit l’occasion de célébrer encore plus d’acquis dans l’intérêt des droits de l’homme mais aussi des objectifs de développement durable, qui doivent être affinés au mois de juin à la Conférence Rio+20.


Si le Grand Chef Edward John, Président de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a associé la « Déclaration » à un processus de guérison, à un texte visionnaire donnant un nouvel élan aux droits des peuples autochtones, le Grand Chef Wilton Littlechild, Président du Mécanisme d’expert sur les droits des peuples autochtones, a rappelé que les services juridiques de l’ONU qualifient ce document « d’instrument solennel concernant des questions d’importance majeure qui nécessitent une attention soutenue ».  


Résumant les difficultés qui ont jalonné les 20 ans de négociation, M. Luiz Chavez, ancien Président du Groupe de travail sur les peuples autochtones, a rappelé que l’adoption de ce « document révolutionnaire » s’était heurtée à l’opposition de nombreux États qui refusaient de voir le mot « peuple » accolé à « autochtone ».  


Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones depuis le 26 Mars 2008 et professeur de droit international et des droits de l’homme à l’Université américaine de l’Arizona, M. James Anaya, a parlé du chemin qui reste à parcourir car « les violations des droits des autochtones qui trouvent leur source dans un passé d’oppression reste une réalité partout dans le monde ».


Le représentant du « Caucus de l’Arctique » a suggéré la rédaction d’un protocole facultatif à la Déclaration, consacré spécifiquement à la protection des ressources naturelles sur les terres autochtones.  Celui du « Caucus du Pacifique » a appelé l’ONU à aller au-delà de la Déclaration et à travailler à « une décolonisation dans la dignité ».


D’autres Caucus ont préféré parler du présent.  Le Caucus de l’Asie a fustigé une situation dans les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) où les droits des peuples autochtones se heurtent à l’industrie extractive et à la militarisation.  Les Caucus des « Jeunes » et des « Femmes » ont souligné le caractère essentiel de la Déclaration pour leur avenir.  Celui de l’Afrique a exhorté les pays du continent à harmoniser leur législation nationale avec les principes de la « Déclaration ».


« Régler les différends du passé est essentiel pour restaurer la confiance entre les gouvernements et les tribus », a prévenu Mme Jodi Gillette, Conseillère de la Maison blanche sur les questions autochtones et membre de la tribu Sioux Oglala Lakota.


Sont également intervenus pour illustrer leurs efforts et leur volonté de poursuivre la mise en œuvre de la Déclaration, les représentants de l’Union européenne, de l’Équateur, d’El Salvador, du Pérou, du Mexique, du Nicaragua, du Danemark, de l’Australie, de l’Allemagne, de la Slovénie, de la Norvège, de la Suède et de la Finlande, ce dernier mettant l’accent sur l’urgence de mobiliser les moyens pour sauver les langues autochtones qui disparaissent à un rythme inquiétant. 


Le Ministre bolivien des affaires étrangères a recommandé que la Conférence mondiale sur les peuples autochtones prévue en 2014, se tienne au niveau des chefs d’État les 22 et 23 septembre, avec la participation des autochtones de sept régions du monde. 


En début de séance, le Président de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser a remercié les participants pour s’être montré souples et avoir compris que la célébration du cinquième anniversaire de la Déclaration n’ait pu se faire dans la salle de l’Assemblée générale.  Ce changement de lieu a suscité un mouvement collectif de mauvaise humeur.  Beaucoup y ont vu une sorte de mépris à l’égard des peuples autochtones.


Outre un Fonds de contributions volontaires, créé en 1985, pour aider les représentants des peuples autochtones à participer aux réunions, l’ONU a trois structures consacrées à ces peuples à savoir l’Instance permanente sur les questions autochtones chargée de suivre la mise en œuvre de la Déclaration; le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones et le Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones qui, créé en 2007, dote le Conseil des droits de l’homme d’une compétence thématique.  


L’Instance permanente des questions autochtones débattra cet après-midi, à partir de 15 heures, de son programme de travail pour l’année 2013.  Elle devrait conclure ses travaux annuels demain, 18 mai.  


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge pour six mois le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei

CS/10652

Le Conseil de sécurité proroge pour six mois le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei

17/05/2012
Conseil de sécuritéCS/10652
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6773e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ PROROGE POUR SIX MOIS LE MANDAT DE LA FORCE

INTÉRIMAIRE DE SÉCURITÉ DES NATIONS UNIES POUR ABYEI


Le Conseil de sécurité, a prorogé, ce matin, pour six mois le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA).


Le Conseil, par sa résolution 2047 (2012), adoptée à l’unanimité, entend également réexaminer le mandat de la FISNUA après une période de quatre mois en vue d’une « restructuration éventuelle de la mission », au regard de l’application par le Soudan et le Soudan du Sud des décisions prises pour retirer leurs forces armées d’Abyei, activer les mécanismes nécessaires de sécurisation de la frontière et établir l’Administration de la zone d’Abyei.


Le Conseil exige des deux parties qu’elles achèvent « dans les plus brefs délais » de mettre sur pied l’Administration de la zone d’Abyei, notamment en ce qui concerne les nominations aux postes élevés, et de créer le Service de police d’Abyei, conformément aux engagements qu’ils ont souscrits dans l’Accord du 20 juin 2011.


Enfin, le Conseil de sécurité « exige de toutes les parties intéressées qu’elles ménagent au personnel humanitaire plein accès, en toute liberté, à ceux qui ont besoin d’assistance, ainsi que toutes facilités nécessaires à leurs activités, conformément au droit international humanitaire ».


Texte du projet de résolution S/2012/327


Le Conseil de sécurité,


Rappelant ses résolutions et les déclarations de son président concernant la situation au Soudan et au Soudan du Sud, en particulier ses résolutions 1990 (2011), 2024 (2011), 2032 (2011) et 2046 (2012),


Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’unité, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du Soudan et du Soudan du Sud, ainsi qu’aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies,


Réaffirmant également que les frontières territoriales des États ne sauraient être modifiées par la force et que les différents territoriaux doivent être réglés exclusivement par des moyens pacifiques,


Affirmant que l’application intégrale et immédiate de tous les points de l’Accord de paix global encore en suspens est pour lui une priorité,


Réaffirmant ses résolutions 1674 (2006) et 1894 (2009), relatives à la protection des civils en période de conflit armé, 1612 (2005), 1882 (2009) et 1998 (2011), relatives au sort des enfants en temps de conflit armé, 1502 (2003), relative à la protection du personnel humanitaire et du personnel des Nations Unies et 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009) et 1889 (2009) et 1960 (2010), portant sur la question des femmes, de la paix et de la sécurité,


Rappelant les engagements pris par le Gouvernement soudanais et le Gouvernement sud-soudanais dans l’Accord concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei, conclu le 20 juin 2011 par le Gouvernement soudanais et le Mouvement populaire de libération du Soudan, dans l’Accord sur la sécurité des frontières et le Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité, conclu le 29 juin 2011 par le Gouvernement soudanais et le Gouvernement sud-soudanais, et dans l’Accord relatif à la Mission d’appui au contrôle de la frontière, conclu le 30 juillet 2011 par le Gouvernement soudanais et le Gouvernement sud-soudanais,


Exprimant sa pleine adhésion à la décision que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a adoptée le 24 avril 2012, à sa trois cent dix-neuvième réunion, au sujet de la situation entre la République du Soudan et la République du Soudan du Sud, en vue d’apaiser les tensions et de favoriser la reprise des négociations sur les relations postsécession et la normalisation des relations, et en particulier à la Feuille de route présentée dans le texte de ladite décision,


Soulignant que les deux pays gagneront beaucoup à faire preuve de retenue et à emprunter la voie du dialogue au lieu de recourir à la violence et à la provocation,


Saluant l’assistance que continuent de fournir aux parties le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine et son président, Thabo Mbeki, les anciens Présidents Abdulsalami Abubakar et Pierre Buyoya, le Premier Ministre éthiopien, Meles Zenawi, qui assure la présidence de l’Autorité intergouvernementale pour le développement, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Soudan et le Soudan du Sud, Haïle Menkerios, et la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), dirigée par le général de corps d’armée Tadesse Werede Tesfay,


Saluant les efforts que déploie la FISNUA pour s’acquitter de son mandat et exprimant sa profonde reconnaissance aux pays qui fournissent des contingents,


Sachant qu’il importe que l’assistance fournie par les Nations Unies dans la région soit cohérente,


Saluant et appuyant les efforts que déploie l’Organisation des Nations Unies pour sensibiliser le personnel de maintien de la paix à la prévention et à la maîtrise du VIH/sida et d’autres maladies transmissibles dans toutes les opérations de maintien de la paix,


Profondément préoccupé par tous les actes de violence commis contre des civils dans la zone d’Abyei, en violation du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, notamment par le fait que de nombreux civils ont été tués ou déplacés,


Soulignant que le respect des droits de l’homme doit faire l’objet d’une surveillance efficace, et s’inquiétant que les parties ne coopèrent pas avec le Secrétaire général à cette fin,


Soulignant qu’il est urgent de faciliter la livraison de l’aide humanitaire à toutes les communautés de la zone d’Abyei qui sont dans le besoin,


Affirmant qu’il importe que les déplacés rentrent chez eux de plein gré, en toute sécurité et en bon ordre, et se réintègrent pour de bon, et que la sécurité règne pendant la saison des migrations, qui doit être placée sous le signe de la coopération,


Soulignant que la présence de policiers et de militaires dans la zone d’Abyei, qui constitue une violation de l’Accord du 20 juin et de la résolution 2046 (2012), risque de compromettre la sécurité de la migration des nomades Misseriya et le retour des déplacés Ngok Dinka, et empêche la FISNUA de s’acquitter pleinement de son mandat,


Profondément préoccupé par le retard pris dans la création de l’Administration de la zone d’Abyei,


Notant le manque de progrès dans la mise en place du Service de police d’Abyei, notamment de l’unité spéciale devant s’occuper des questions relatives à la migration des populations nomades,


Profondément soucieux qu’il reste des mines dans la région d’Abyei, ce qui empêche les déplacés de rentrer chez eux en toute sécurité,


Résolu à ce que le statut futur d’Abyei soit déterminé par voie de négociations entre les parties, dans le respect de l’Accord de paix global, et non par des actes unilatéraux de l’une ou l’autre partie, et demandant à toutes les parties de participer de façon constructive aux négociations devant aboutir à un accord final sur le statut d’Abyei,


Constatant que la situation qui règne actuellement à Abyei et le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud menace gravement la paix et la sécurité internationales,


Décide de proroger pour six mois le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), énoncé au paragraphe 2 de sa résolution 1990 (2011), modifié par sa résolution 2024 (2011) et, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, étendu aux attributions spécifiées au paragraphe 3 de sa résolution 1990 (2011);


Se félicite du retrait des militaires et du personnel de police du Soudan du Sud de la zone d’Abyei, conformément à la résolution 2046 (2012), exige du Gouvernement soudanais qu’il retire immédiatement et sans conditions tous les militaires et le personnel de police se trouvant encore dans la zone d’Abyei, et réaffirme que, conformément aux résolutions pertinentes, en particulier les résolutions 1990 et 2046, la zone d’Abyei sera démilitarisée, seules les forces de la FISNUA et du Service de police d’Abyei devant y être présentes;


Exige du Soudan et du Soudan du Sud qu’ils achèvent dans les plus brefs délais de mettre sur pied l’Administration de la zone d’Abyei, notamment en dépassant l’impasse en ce qui concerne les nominations aux postes élevés, et de créer le Service de police d’Abyei, conformément aux engagements qu’ils ont souscrits dans l’Accord du 20 juin 2011;


Engage le Soudan et le Soudan du Sud à faire régulièrement usage du Comité mixte de contrôle d’Abyei afin de pouvoir aller de l’avant dans la mise en œuvre de l’Accord du 20 juin 2011.


Réaffirme les décisions qu’il a arrêtées dans sa résolution 2046 selon lesquelles le Soudan et le Soudan du Sud doivent retirer sans condition toutes leurs forces armées de leur côté de la frontière, conformément aux accords conclus précédemment, et activer les mécanismes nécessaires de sécurisation de la frontière, à savoir le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière et la Zone frontalière démilitarisée et sécurisée, conformément à la carte administrative et sécuritaire présentée aux parties par le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine en novembre 2011, étant entendu que cette carte ne préjuge en rien de l’issue des négociations en cours sur les zones contestées et la démarcation de la frontière, et activer le Comité ad hoc prévu dans le cadre du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité;


Se félicite de l’action que mène le Secrétaire général pour aider les parties à mettre en place immédiatement un quartier général temporaire du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière;


Entend réexaminer le mandat de la FISNUA après une période de quatre mois aux fins d’une restructuration éventuelle de la mission au regard de l’application par le Soudan et le Soudan du Sud des décisions résultant de la résolution 2046 (2012) et des engagements qu’ils ont souscrits dans les Accords du 20 juin, du 29 juin et du 30 juillet 2011, notamment le retrait de toutes les forces de la Zone frontalière démilitarisée et sécurisée, l’opérationnalisation complète du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, et le parachèvement de la démilitarisation de la zone d’Abyei;


Demande à tous les États Membres, en particulier le Soudan et le Soudan du Sud, de garantir la libre circulation, sans entrave ni retard, à destination et en provenance d’Abyei et dans toute la Zone frontalière démilitarisée et sécurisée, de tout le personnel de la FISNUA ainsi que de l’ensemble du matériel, des vivres et des fournitures et autres biens, y compris les véhicules, matériel de transport aérien et pièces de rechange destinés à l’usage officiel exclusif de la FISNUA;


Note que l’accord sur le statut des forces, mentionné au paragraphe 4 de la résolution 1990 (2011), continue de s’appliquer mutatis mutandis à la FISNUA, et exige du Soudan et du Soudan du Sud qu’ils concluent immédiatement un accord sur le statut des forces avec le Secrétaire général et soutiennent pleinement l’Organisation des Nations Unies, notamment en délivrant des visas au personnel militaire et civil des Nations Unies quelle que soit leur nationalité, en facilitant l’installation des bases et la délivrance des autorisations de vol, et en fournissant un appui logistique;


Exige du Gouvernement soudanais et du Gouvernement sud-soudanais qu’ils facilitent le déploiement du personnel du Service de la lutte antimines des Nations Unies, ainsi que la détection et l’enlèvement des mines se trouvant dans la zone d’Abyei;


Exige de toutes les parties intéressées qu’elles ménagent au personnel humanitaire plein accès, en toute liberté, à ceux qui ont besoin d’assistance, ainsi que toutes facilités nécessaires à leurs activités, conformément au droit international humanitaire;


Prie le Secrétaire général de pourvoir à la surveillance effective du respect des droits de l’homme et de lui en rendre compte dans les rapports qu’il lui présente, et demande au Gouvernement soudanais et au Gouvernement sud-soudanais d’apporter au Secrétaire général leur plein concours à cette fin, notamment en délivrant des visas au personnel des Nations Unies;


Prie également le Secrétaire général de prendre les dispositions nécessaires pour que la FISNUA applique pleinement la politique de tolérance zéro adoptée par l’ONU en matière d’exploitation et de violences sexuelles et de l’avertir si de tels actes se produisent;


Souligne que l’amélioration de la coopération entre le Gouvernement soudanais et le Gouvernement sud-soudanais est essentielle pour la paix, la sécurité et la stabilité, ainsi que pour l’avenir des relations entre les deux États;


Prie le Secrétaire général de continuer de l’informer tous les 60 jours des progrès de la mise en œuvre du mandat de la FISNUA et de porter immédiatement à son attention toute violation grave des accords susmentionnés;


Prend note de l’action que mène le Secrétaire général pour assurer une coopération étroite entre les missions des Nations Unies présentes dans la région, notamment la FISNUA, la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud et l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour;


Décide de rester activement saisi de la question.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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L’état de l’économie et de la finance mondiales fait l’objet d’un examen critique au cours d’un débat thématique de haut niveau à l’ONU

AG/11235

L’état de l’économie et de la finance mondiales fait l’objet d’un examen critique au cours d’un débat thématique de haut niveau à l’ONU

17/05/2012
Assemblée généraleAG/11235
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

Débat thématique de haut niveau

Matin & après-midi


L’ÉTAT DE L’ÉCONOMIE ET DE LA FINANCE MONDIALES FAIT L’OBJET D’UN EXAMEN CRITIQUE 

AU COURS D’UN DÉBAT THÉMATIQUE DE HAUT NIVEAU À L’ONU


La communauté internationale doit trouver des solutions à long terme pour faire face aux effets de la crise économique et financière mondiale qui sévit depuis 2008, ont estimé aujourd’hui des chefs d’État, ministres et experts de renommée mondiale au cours d’un débat de haut niveau organisé au Siège des Nations Unies à New York.


Durant deux jours, à l’invitation conjointe du Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, et du Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, plus d’une trentaine de chefs d’État, de ministres et d’experts débattent des propositions et solutions que la communauté internationale pourrait mettre en œuvre pour permettre à l’économie mondiale de retrouver, après la crise économique et financière qui a affecté tous les pays depuis 2008, une croissance durable et qui profite à tous.


Outre un débat général, qui a occupé une grande partie de cette première journée de discussions sur l’état de l’économie et de la finance mondiales en 2012, quatre tables rondes doivent permettre aux délégations et aux experts d’échanger leurs vues sur cette question avant la tenue de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable qui s’ouvre à Rio de Janeiro, au Brésil, au mois de juin. 


Les quatre thèmes dont débattent les tables rondes portent, entre autres, sur la lutte contre le chômage et la pauvreté; la maîtrise de l’inflation et de la déflation; les mesures à adopter pour limiter les fluctuations des cours des denrées alimentaires, ainsi que les réformes à conduire afin d’apporter davantage de stabilité et de transparence dans le secteur financier.


« Le monde tel que nous le connaissions n’existe plus, et nous devons en créer un nouveau basé sur un modèle de croissance dynamique qui devra être équitable, durable et bénéficier aux générations actuelles et futures », a souligné, à l’ouverture des débats de ce matin, le Secrétaire général de l’ONU.  M. Ban Ki-moon a rappelé que la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, dont les travaux auront lieu à Rio du 20 au 22 juin, sera l’occasion de créer « un nouveau paradigme pour la croissance ».  Face aux défis qui attendent la communauté internationale, il s’est cependant dit inquiet du rythme et de l’ambition des négociations qui sont actuellement en cours en vue de la Conférence.


« Aujourd’hui, il s’agit de mettre en œuvre une politique efficace et coordonnée au niveau mondial, qui permettrait de mettre l’économie globale sur la voie du développement durable », a également insisté le Président de l’Assemblée

générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser.  Rappelant le rôle que l’ONU doit jouer dans le débat sur l’état de l’économie mondiale, il a invité les États Membres à proposer des mesures concrètes pour relever ses défis.


« Mais que peut faire l’ONU face à la situation dangereuse dans laquelle se trouve l’économie mondiale? » s’est interrogé l’ancien chef de la Réserve fédérale américaine, M. Paul Volcker.  Malgré la légitimité que lui donne sa composition, il a fait remarquer que l’Organisation n’avait pas d’autorité exécutive.  L’ONU n’a pas non plus le mandat, le poids, et le consensus politique dont elle aurait besoin pour pouvoir élaborer des mesures décisives en matière économique et financière, a estimé M. Volcker.


Pour le Président de la Commission européenne, M. José Manuel Barroso, les déséquilibres mis en exergue par la crise doivent être corrigés pour que la croissance reprenne de manière plus saine.  Alors que plusieurs intervenants se sont inquiétés de l’état de la dette souveraine en Europe et des politiques de rigueur et d’austérité envisagées dans l’Union européenne, M. Barroso s’est dit porteur d’un message encourageant.  « La crise a montré que nos niveaux de dettes sont insupportables.  Aussi devons-nous continuer à mener des réformes et à procéder à des investissements bien ciblés », a-t-il dit.


De l’avis du Lauréat du prix Nobel d’économie et Professeur à l’Université Columbia, M. Joseph Stiglitz, « aucune grande économie ne s’est jamais redressée d’une grave crise en mettant en place un plan d’austérité ».  Il a mis en garde les pays qui recourent à l’austérité comme panacée à la situation actuelle, en les prévenant que des réformes mal conçues pourraient exacerber encore plus les problèmes actuels.


Plusieurs délégations ont ensuite mis l’accent sur les inégalités entre pays et entre couches sociales et individus vivant dans la même société, qui sont  devenues encore plus visibles depuis 2008 et le déclenchement de la crise.  Des intervenants ont également attiré l’attention sur les difficultés particulières auxquelles font face les pays en développement.


Alors que ces derniers ont un réel besoin d’investissements directs étrangers (IED), « les politiques de restriction budgétaire ont amené les pays industrialisés à réduire l’aide publique au développement », a déploré le Ministre du rendement et des statistiques de l’Algérie.  En outre, peu a été fait pour mettre en place une meilleure réglementation du système financier mondial, pour inclure les pays en développement dans les processus de prise de décisions ayant trait aux questions économiques et financières ou pour instaurer des mesures d’allègement de la dette, a regretté de son côté le Président de Guyana, qui parlait au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).


Cet après-midi, deux tables rondes inscrites à l’ordre du jour du débat thématique de haut niveau ont été tenues parallèlement au débat général.  La première était axée sur le thème: « Lutter contre le chômage, créer des emplois (en particulier pour les femmes et les jeunes) et remédier à la pauvreté », tandis que la seconde a vu ses participants débattre du thème: « Réduire la vulnérabilité à l’égard de la dette, maîtriser l’inflation et la déflation ».


Les participants au débat de haut niveau de l’Assemblée générale sur l’état de l’économie et des finances mondiales en 2012 en poursuivront le débat général demain, vendredi 18 mai en matinée.  Ils prendront également part à deux tables rondes à partir de 9 heures. 


DÉBAT THÉMATIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE THÈME « ÉTAT DE L’ÉCONOMIE ET DE LA FINANCE MONDIALES EN 2012 »


Déclarations liminaires


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, s’est tout d’abord félicité de coprésider ce débat thématique de haut niveau portant sur l’état de l’économie mondiale aux cotés du  Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.  « Notre effort conjoint en vue de convoquer cette conférence est une illustration de la coopération en faveur d’une ONU forte », a souligné M. Al-Nasser.  Il a ensuite fait remarquer combien l’économie mondiale était à la croisée des chemins.  « Presque chaque jour, nous sommes conscients qu’il y a des questions économiques et financières auxquelles il nous faut répondre si nous souhaitons promouvoir une reprise robuste, durable et inclusive de l’économie mondiale.  Ce devra être une reprise qui accélérera le développement, améliorera l’emploi et sortira un milliard de personnes de la pauvreté », a-t-il ajouté.  M. Al-Nasser a ensuite rappelé que les conséquences de la crise économique et financière avaient eu un impact sévère aussi bien sur les pays développés que sur les pays en développement.  Ces derniers ont d’ailleurs été particulièrement touchés par des circonstances dont, tout d’abord, ils ne sont pas responsables.  En outre, partout et dans chaque pays, ce sont les franges les plus vulnérables de la société, c’est-à-dire les pauvres, qui ont été le plus frappées par la récession et les pertes d’emplois, a indiqué M. Al-Nasser.


« Aujourd’hui, les populations demandent plus de sécurité, plus de justice et d’emplois, ainsi que le respect de l’environnement », a-t-il noté.  En réagissant à ces exigences, les États Membres ont adopté des approches variées dans un monde aussi diversifié que celui dans lequel nous vivons aujourd’hui, a-t-il noté.  Cependant, a-t-il ajouté, « notre priorité générale doit être partagée par tous, et il s’agira de mettre en œuvre une politique efficace et coordonnée au niveau mondial qui permettrait de mettre l’économie mondiale sur la voie du développement durable ».  À cet égard, le Président de l’Assemblée a estimé que ce débat de haut niveau permettrait d’aborder ces questions de manière responsable et inclusive.  En outre, cette réunion de haut niveau réaffirme le rôle de l’ONU dans le débat mondial sur l’état de l’économie, a-t-il souligné.  M. Al-Nasser a ensuite mis l’accent sur la nécessité de transmettre un message fort et unifié à l’opinion mondiale et de proposer des mesures spécifiques pour pouvoir relever les défis économiques et financiers actuels.


Notant que toutes ces questions seront abordées au cours des quatre tables rondes inscrites au programme de travail de ces deux journées de débat thématique, le Président de l’Assemblée générale a ensuite détaillé aux délégations les thèmes centraux des débats.  Il a mis l’accent sur plusieurs points de préoccupation, en particulier le niveau de chômage des jeunes, qui atteint des niveaux et des taux inacceptables partout dans le monde, comme cela a été souligné au cours des travaux de la treizième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, qui s’est récemment tenue à Doha.  « Nos débats sur ces questions thématiques nous permettront de contribuer aux processus de l’ONU, comme celui menant à la prochaine Conférence Rio+20 sur le développement durable qui aura lieu au mois de juin, ainsi qu’au processus de suivi de la question du financement du développement et à celui concernant les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), a ajouté M. Al-Nasser, tout en notant que l’Assemblée générale devait répondre à l’appel des citoyens du monde, qui est surtout un appel à la sécurité et à la dignité.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que 200 millions de personnes avaient perdu leur emploi depuis le début de la crise financière et économique.  La pauvreté et les inégalités augmentent, a-t-il déploré.  Si nous avons déjà discuté de solutions à court terme, nous devons aussi aujourd’hui dresser un tableau d’ensemble de la situation actuelle, a-t-il demandé.  « Le monde tel que nous le connaissions n’existe plus, il a été brisé.  Nous devons en créer un nouveau, basé sur un nouveau modèle de croissance dynamique ».  Cette croissance doit être équitable, durable et bénéficier aux générations actuelles et futures, a précisé le Secrétaire général.  C’est ce qui va être débattu lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable qui se tiendra à Rio, au Brésil, le mois prochain.


« Rio+20 est l’occasion de créer un nouveau paradigme pour la croissance, en utilisant ce qui fonctionne bien et en se débarrassant de ce qui ne marche pas », a dit le Secrétaire général.  M. Ban a appelé à créer un nouveau paradigme basé sur des économies stables et des emplois décents.  Il y a 20 ans, le Sommet de la Terre a élaboré une feuille de route pour le développement durable, a rappelé le Secrétaire général, regrettant que cette route n’ait pas été suivie.  Il a expliqué que les menaces qui se dessinaient, il y a 20 ans, sont devenues une réalité.  « C’est pour cela que j’ai fait du développement durable ma première priorité », a-t-il souligné.


À Rio, a-t-il poursuivi, nous aurons l’occasion de définir la vision de l’avenir que nous voulons.  Nous devons nous mettre d’accord sur un processus permettant de définir des objectifs de développement durable faisant fond sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) après 2015.  Il nous faut établir des cadres de production et de consommation bien plus durables que ceux d’aujourd’hui, et trouver un accord pour parvenir à éliminer la faim.  Le Secrétaire général a aussi plaidé en faveur de l’accès universel à l’eau potable et de la préservation des ressources.  Il faut aussi concentrer les efforts à déployer sur l’amélioration de la vie en milieu urbain, a dit M. Ban.  Il est temps de reconnaitre que le capital humain et le capital naturel sont aussi importants que le capital financier, a-t-il souligné.


« Je suis très inquiet du rythme et de l’ambition des négociations qui sont en cours dans le cadre des préparatifs de la Conférence Rio+20 », a avoué le Secrétaire général.  Il a cependant dit qu’il appréciait le fait que le Bureau du processus préparatoire à la Conférence ait décidé d’ajouter à son programme de travail des journées supplémentaires pour la conduite des négociations.  M. Ban a rappelé qu’il faudrait créer 400 millions de nouveaux emplois d’ici 10 ans.  Les décideurs politiques doivent donc prendre les choses au sérieux, a-t-il dit.  Nous devons aussi nous attaquer au problème des inégalités en matière d’emploi, qui touchent en particulier les femmes et les jeunes.  Entre le « Réveil arabe » et le mouvement « Occupy Wall Street », nous avons vu les gens descendre dans la rue et protester, a relevé le Secrétaire général.


Ban Ki-moon a ensuite énuméré les six domaines dans lesquels un redressement durable est essentiel.  Il a tout d’abord rappelé que les marchés mondiaux doivent bénéficier à tous et pas seulement aux élites.  Nous devons aussi « apprivoiser » les prix volatiles de l’alimentation et de l’énergie, a-t-il ajouté.  En troisième lieu, il a appelé à renforcer la résilience des pays face aux chocs financiers.  Le Secrétaire général a également souligné la nécessité de rendre les secteurs financiers plus stables et mieux régulés.  En outre, il faut parvenir à inclure davantage la population dans le cadre financier, notamment en donnant aux gens un accès universel aux produits financiers.  En sixième lieu, le Secrétaire général a plaidé pour que l’aide au développement ne soit pas diminuée.


« Dans un mois, plus de 100 dirigeants mondiaux se réuniront à Rio, ainsi que 70 000 chefs d’entreprises, représentants d’organisations non gouvernementales et de groupes d’action sociale », a annoncé Ban Ki-moon.  Il s’agit d’une « chance historique », qui doit permettre aux dirigeants mondiaux de dépasser leurs différences, a souligné le Secrétaire général.  Il a appelé la communauté internationale à s’unir autour d’une vision commune de l’avenir.  « Nous devons saisir cette opportunité », a-t-il lancé.


Débat de haut niveau


M. JOSÉ MANUEL BARROSO, Président de la Commission européenne, a fait remarquer que l’Union européenne avait eu un débat ouvert et franc sur les questions débattues aujourd’hui à l’ONU, et il a mis l’accent sur les chapitres 9 et 10 de la Charte des Nations Unies, qui concernent la coopération économique et sociale « qui ne peut être oubliée ».  M. Barroso a ajouté que, depuis 2008, la crise financière avait renforcé les faiblesses du système économique existant et mis en évidence des déséquilibres importants.  Il a expliqué que les impacts de ces déséquilibres économiques existaient déjà avant la crise et devaient, à présent, être corrigés « si nous voulons que la croissance s’élève de manière plus saine ».  Il a ensuite rappelé que des risques à grande échelle avaient été pris par les investisseurs, et que cela avait créé une bulle, alimentée par des capitaux nationaux et internationaux, et que cette bulle avait éclaté, entraînant dans son sillage une récession et une augmentation de la dette souveraine des États qui a atteint des niveaux dramatiques.


Pour l’Europe, cela s’est traduit par la crainte, dans certains pays et pour certains gouvernements de la zone euro, de ne pouvoir honorer leurs dettes, voire de ne pouvoir la refinancer à des taux convenables dans certains cas.  M. Barroso a souligné que beaucoup avait été fait au cours des deux dernières années, mais qu’il fallait encore mener des réformes et procéder à des investissements dûment ciblés.  « La crise a montré que nos niveaux de dette sont insupportables et qu’il faut créer des emplois grâce à des réformes structurelles et des investissements ciblés », a-t-il souligné.  À cet égard, il a estimé qu’il fallait accélérer les réformes aux niveaux national et européen.  « L’Union européenne travaille très dur pour renforcer le marché unique et pour attirer des capitaux de l’ordre de 86 milliards d’euros chaque année au cours des deux prochaines années », a-t-il souligné.  L’Union européenne travaille également au renforcement de ses banques d’investissement et à l’élaboration de dispositifs d’appui à la création d’emplois. 


Avant de conclure, M. Barroso a déclaré qu’il transmettait aujourd’hui un message de confiance.  « Nous faisons de bons progrès pour établir une bonne base de relance et de croissance durable », a-t-il dit, rappelant que l’Union européenne avait besoin pour cela de l’appui des 27 démocraties qui la composent, ce qui est un élément essentiel pour le fonctionnement de l’Europe.  « L’euro est plus qu’une construction monétaire, c’est le prototype d’une construction de paix et c’est un projet politique qui permet d’agir en période de difficulté », a-t-il dit.  Rappelant ensuite que chaque pays était interdépendant des autres, M. Barroso a fait remarquer qu’aucun État ne pouvait prospérer sans partenaire et il a dit espérer qu’au niveau mondial toute forme de protectionnisme serait écartée et que les pays respecteraient les engagements pris à cet égard.


M. ALI BABACAN, Vice-Premier Ministre de la Turquie, a évoqué l’effondrement des grandes institutions financières et la récession du marché des actions, parmi les conséquences de la crise financière et économique mondiale.  Notant la lenteur de la reprise, il a indiqué que la Turquie craignait que les acquis actuels soient menacés par des emprunts excessifs.  Il a aussi souligné qu’il faudrait créer 21 millions d’emplois chaque année pour revenir au niveau d’emploi antérieur.  Des politiques axées sur le long terme sont donc nécessaires pour sortir de la crise, a-t-il dit.  Il a suggéré de prévenir le retrait prématuré des politiques fiscales et monétaires favorisant la croissance et l’expansion économique, invitant plutôt les pays à mener des réformes fiscales.  Le renforcement du secteur financier doit aussi être un objectif important, a-t-il ajouté, plaidant en faveur de la création d’un système d’établissements de crédit plus transparent.  Le Vice-Premier Ministre a indiqué qu’il faut aussi éviter les mesures protectionnistes.


« La zone euro est à l’épicentre de la crise », a rappelé M. Babacan, avant de souligner la nécessité d’une réforme fiscale et d’une plus grande solidarité entre les pays membres de cette zone.  En ce qui concerne la Turquie, elle a beaucoup progressé sur le plan économique, surtout au cours de la dernière décennie, a-t-il fait valoir.  Il a notamment évoqué à cet égard la lutte menée contre la pauvreté et les efforts déployés pour réduire les inégalités entre les sexes en Turquie.  Dans notre pays, les émissions de carbone ont aussi été réduites de 20% grâce à nos efforts, s’est-il réjoui.  Il a estimé que la Turquie avait été relativement épargnée par rapport à ce qui s’est passé dans de nombreux pays européens.  Le Vice-Premier Ministre turc s’est aussi félicité de l’activité du secteur privé, qui a grandement contribué à la croissance.  Il a signalé que la Turquie avait déjà réalisé les OMD, bien avant la date butoir de 2015.  Le Vice-Premier Ministre a expliqué les effets bénéfiques qu’ont eus sur la vie économique du pays les programmes sociaux ciblés, un régime fiscal favorable aux familles, et la libre concurrence.  L’accès aux services de santé a aussi été amélioré en Turquie, a-t-il dit.  Il a par ailleurs souligné l’aide qu’apporte son pays aux pays en développement, notamment par le biais de l’aide publique au développement.


M. PAUL VOLCKER, ancien chef de la Réserve fédérale des États-Unis, a noté les contrastes qui ont marqué les premières années du XXIe siècle.  Celles-ci ont en effet enregistré près d’une décennie de croissance économique et de progrès inattendus dans les pays « dits émergents », où des millions de personnes ont été sorties de la pauvreté.  M. Volcker a fait remarquer que presque tous les pays avaient bénéficié de cette économie mondiale de plus en plus intégrée. « Toutefois, a-t-il ajouté, nous savons aujourd’hui que l’épicentre de cette croissance exclusive nous a fait perdre de vue les déséquilibres et nous a, en quelque sorte, anesthésié face aux grandes disparités entre pays et face aux déficits fiscaux ».  Pour l’ancien chef de la Réserve fédérale américaine, il est évident que cette situation ne pouvait pas durer et allait mener à l’éclatement des bulles spéculatives et à une pression financière intenable.


« Aujourd’hui, a-t-il ajouté, nous sommes dans une situation dangereuse et la question est: que peuvent faire les nations représentées à l’ONU pour y faire face? ».  Malgré la légitimité de sa composition universelle, M. Volcker a fait remarquer que l’Organisation n’avait pas du tout d’autorité exécutive et manquait même de consensus politique pour prendre des mesures décisives.  Dans ce contexte, il a souligné que ces deux journées de débat pouvaient peut-être contribuer à améliorer cet état de chose.  Entre-temps, il a rappelé qu’il existait des organes internationaux qui ont pour mandat d’élaborer des approches pertinentes.  « Il s’agit d’instruments de persuasion et à qui a été donné une certaine autorité, tels que le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et le G-20 », a estimé M. Volcker.  Il a toutefois souligné que ces institutions rencontraient aussi des difficultés à parvenir à des conclusions fermes et à les mettre en œuvre dans les États souverains et indépendants qui sont représentés au débat d’aujourd’hui.  Avant de conclure, M. Volcker a encore mis l’accent sur la nécessité de conserver un marché ouvert en ce qui concerne les finances.  « C’est le processus de libéralisation du commerce qui nous a permis de connaître les bénéfices que nous avons connus et, aujourd’hui, aucun pays ne peut prétendre fermer la porte à ces échanges », a-t-il dit.


M. JOSEPH STIGLITZ, Lauréat du prix Nobel d’économie et Professeur à la « Columbia University » de la ville de New York, a estimé que la considération de la notion de produit national brut (PNB) ne permettait pas forcément de se faire une bonne idée de la performance économique ou du progrès social d’un pays.  Aux États-Unis, pays qui avait il y a quelques années un taux de chômage de 5,2%, la situation s’est beaucoup aggravée, de même qu’en Europe où ce taux dépasse maintenant les 10%.  « La politique d’austérité n’a pas fonctionné et ne fonctionnera pas », a affirmé M. Stiglitz.  « Aucune grande économie ne s’est redressée d’une grande crise en mettant en place un plan d’austérité », a-t-il expliqué.  Il a prédit que sur le long terme, les réformes structurelles ne permettraient pas de sortir l’Europe de sa récession.  Des réformes mal conçues pourraient même exacerber les problèmes, a-t-il averti.  « Les pare-feux ne fonctionneront pas si on jette de l’huile sur le feu à l’intérieur même de ces pare-feux », a dit de manière imagée Joseph Stiglitz.  Nous disposons aujourd’hui des mêmes ressources qu’avant la crise, mais la performance économique est cependant moindre, a relevé M. Stiglitz, expliquant que les marchés n’utilisent pas ces ressources de façon adéquate et que les gouvernements n’apportent pas les corrections nécessaires au système.  M. Stiglitz s’est inquiété des prévisions concernant la fin de la décennie, notamment en matière d’emploi et de chômage.  Les prévisions sont bien sombres, a-t-il dit.  


Le professeur Stiglitz a ensuite rappelé les conclusions auxquelles était parvenu un groupe d’experts qu’il avait présidé il y a quatre ans, et a espéré que ces recommandations aideraient à façonner une réponse à la crise.  Une crise globale nécessite une réponse globale, a-t-il tout d’abord rappelé.  Il a aussi souligné l’importance de la réglementation des marchés financiers, en mettant l’accent sur une meilleure gestion des flux de capitaux.  Au sein de ce groupe de travail, nous avons discuté de questions laissées de côté, comme la création d’un mécanisme de restructuration de la dette, a ajouté M. Stiglitz.  Il a aussi noté que le Fonds monétaire international (FMI) avait reconnu la responsabilité de l’inégalité entre personnes, groupes sociaux et pays dans l’instabilité économique et financière actuelle.  « Le besoin de réforme est encore plus clair aujourd’hui qu’il y a trois ans », a conclu Joseph Stiglitz.


M. DONALD RAMOTAR, Président du Guyana, s’exprimant au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a rappelé qu’il y a trois ans avait eu lieu une conférence internationale sur la crise économique et financière mondiale et son effet sur le développement.  Or, aujourd’hui, cette crise est toujours là et n’a pas trouvé de solution, a-t-il déploré, notant que le FMI avait considéré que l’économie mondiale était encore fragile et que les perspectives à moyen terme demeuraient sombres.  Dans ce contexte, il a estimé que parler de relance était un peu prématuré et que celle-ci était, en outre, encore extrêmement inégale. M. Ramotar a fait remarquer que les pays en développement continuaient d’être victimes des effets d’une crise qu’ils n’ont pas causée et que plus d’un milliard de personnes connaissaient maintenant continuellement la faim.  Il a expliqué que, pour les pays en développement, les effets négatifs de cette crise impliquaient, entre autres, des coupures dans les programmes sociaux, une réduction de l’aide publique eu développement (APD) et une diminution des volumes commerciaux internationaux.


Le Président du Guyana a ensuite noté qu’à plusieurs égards, les pays de la CARICOM reflétaient un certain nombre de ces effets: une croissance lente, un niveau d’endettement élevé, une baisse des revenus du tourisme, et le désengagement de certains pays du secteur financier.  « Les économies des pays de la CARICOM ont subi un impact important en ce qui concerne les services et les secteurs financiers, le commerce, le tourisme en provenance d’Amérique du Nord et d’Europe, et ont connu une baisse radicale des revenus tirés de leurs exportations », a dit M. Ramotar.  Il a ajouté qu’en outre, les pays des Caraïbes faisaient aussi face à des problèmes créés par d’autres pays en matière de changements climatiques.  Il a donc estimé que le rythme et la gamme des activités entreprises par la communauté internationale n’avaient pas été à la hauteur de l’urgence et de l’ampleur de la crise.  À titre d’exemple, il a cité le fait que peu a été fait pour mettre en place une meilleure réglementation du système financier mondial.  Les réformes préconisées ne tiennent pas compte des pays en développement, a-t-il déploré.  Au nom des pays de la CARICOM, il a souhaité que la communauté internationale accorde une attention particulière à des mesures d’allègement de la dette, ainsi qu’à une meilleure coopération s’agissant des questions liées aux mesures fiscales internationales.


M. BAMIR TOPI, Président de l’Albanie, a indiqué que son pays avait connu annuellement une croissance économique moyenne de 5,5% depuis 2009, ce qui a conduit à une amélioration des infrastructures, de plus grands investissements de capitaux étrangers, un meilleur réseau d’éducation et de santé, ainsi qu’une plus grande participation des femmes et des jeunes dans tous les aspects sociaux de la vie en Albanie.  Il a cependant reconnu que les effets de la crise mondiale se faisaient sentir sur l’Albanie, malgré son bon niveau de croissance par rapport aux pays de sa région.  M. Topi a estimé que, pour surmonter la crise, il faudrait d’abord améliorer les institutions de gouvernance de l’économie globalisée.  Nous sommes tous conscients que la globalisation et la division du travail sur l’échelle mondiale sont des éléments favorisant la crise, a-t-il dit.  La libéralisation du commerce a éliminé les obstacles aux mouvements des capitaux et des services, mais ces progrès sont exposés à la pression de la compétitivité internationale, a-t-il expliqué.


Le Président de l’Albanie a donc invité les participants au débat à élaborer plus en détail les régulations décidées pour faire face à la crise.  En outre, il faut accorder plus d’attention à la lutte contre la fraude et y consacrer plus de fonds, a-t-il demandé.  M. Topi a aussi souligné les effets bénéfiques de la mondialisation, qui sont supérieurs à ses coûts, a-t-il assuré.  Il a donc averti que le ralentissement du processus de mondialisation pouvait ralentir le développement mondial.  Pour conclure, il a rappelé la responsabilité collective qui pèse sur chaque pays de restaurer la stabilité économique mondiale.


M. RICARDO MARTINELLI BERROCAL, Président de la République de Panama, a estimé que l’impact de la crise économique et financière nécessitait la mise en place de politiques visant le rétablissement des équilibres fiscaux, ainsi que la création de programmes sociaux robustes.  Il s’agit, notamment, d’assurer une assistance aux chômeurs à travers des programmes adéquats, et de mettre en place des réformes qui permettent la relance, a dit M. Berrocal.  Il existe aujourd’hui une dépendance que l’on ne peut plus nier, car les pays sont interconnectés.  C’est pourquoi, a-t-il souligné, le besoin de réformes probantes est indispensable.  À cet égard, il a particulièrement insisté sur le besoin de mener rapidement ce type de réformes en ce qui concerne les problèmes nés dans le secteur financier, et il a exigé des stratégies de stimulation de la confiance et de la crédibilité au niveau mondial.


Rappelant le malaise qui se manifeste dans les économies développées, M. Berrocal a estimé que les économies émergentes devaient pour leur part  maintenir des politiques macro-économiques qui permettent d’éviter des effets de contagion.  Dans ce contexte, il s’est félicité des réformes et programmes mis en place dans les années 1990 dans plusieurs pays d’Amérique latine, car ceux-ci ont permis le passage à une économie dont la croissance au niveau régional, au cours de l’année 2012, est escomptée entre 3,5% et 4%.  Par ailleurs, il a rappelé que l’Amérique latine avait réduit la brèche des inégalités existant dans sa population à travers des programmes sociaux qui ont donné des opportunités réelles à 80 millions de ses citoyens.  S’agissant de la mise en œuvre de plans économiques destinés à consolider la situation fiscale des pays et à favoriser des ajustements dans les finances publiques, le Président panaméen a souligné que son gouvernement suivrait avec intérêt les décisions prises à cet égard en Grèce, en Italie, en Allemagne et en France.


M. NEBOJSA RADMANOVIC, Président de la Bosnie-Herzégovine, a indiqué que son pays avait une économie entièrement libérale et ouverte.  Si tous les pays de la région des Balkans ont connu en 2008 un taux de croissance économique de 5%, la Bosnie-Herzégovine accuse maintenant une récession causée par les effets de la crise mondiale, a indiqué M. Radmanovic.  Le Président a signalé que son pays connaissait un taux de chômage inquiétant de 25%, ainsi qu’un fort déficit de son  commerce extérieur.  Il y a peu d’investissements étrangers directs (IED) et la dette publique a augmenté, a-t-il ajouté, indiquant que la Bosnie-Herzégovine figure parmi les pays les plus pauvres de la région des Balkans.  Les niveaux très élevés de chômage et de pauvreté sont des facteurs de destruction de la stabilité sociale, a-t-il déploré, avant d’avertir que cela constituait un danger constant pour la stabilité politique du pays et de la région.  Il s’est toutefois prévalu du faible niveau d’endettement des secteurs publics et privés de son pays et de l’absence du problème du surendettement que connaissent un certain nombre de pays européens.


Bien que la situation économique des pays du sud-est de l’Europe soit difficile, il y a quand même des chances de stabilisation de ces économies si ces États bénéficient d’un certain soutien, a indiqué M. Radmanovic.  Le Président a mentionné l’appui politique et économique que son pays attend de la part de l’Union européenne.  Nous avons besoin de davantage d’investissements étrangers directs et d’un plus grand accès au crédit pour nous permettre de faire des investissements de fond, a-t-il expliqué, citant les secteurs qui nécessitent ces investissements comme l’énergie, les métaux, le bois et les industries alimentaires.  Outre le soutien direct à l’économie, il faut aussi renforcer la présence politique de l’Union européenne en Bosnie-Herzégovine et dans la région, a demandé le Président.  Il a espéré que les pays les plus riches de l’Union européenne allaient investir dans son pays et l’aider à atteindre une stabilité économique et politique.


Nous devons restructurer notre économie pour reconstruire nos capacités de production afin de moins dépendre du secteur financier, a-t-il aussi observé.  Il a prédit que le développement d’Internet, notamment, permettrait de proposer des modèles plus justes et plus équitables dans l’économie mondiale.


M. GUY NZOUBA-NDAMA, Président de l’Assemblée nationale de la République gabonaise, a fait remarquer que certaines économies émergentes se portaient mieux et devraient connaître une croissance relativement élevée.  En revanche, il a souligné que la croissance en Afrique subsaharienne, qui a atteint près de 5%, s’était faiblement améliorée.  Il a noté que le continent demeurait aussi confronté aux défis de l’insécurité alimentaire, du chômage des jeunes et de la dégradation de l’environnement.  Par ailleurs, dans plusieurs pays, les OMD ne seront pas atteints, a-t-il déploré.  Dans ce contexte, le Président de l’Assemblée nationale gabonaise a estimé que cette réunion était aussi une occasion unique de débattre des moyens de parvenir à une croissance durable qui soit profitable à tous, et plus particulièrement aux jeunes et aux femmes qui sont durement frappés par le chômage dans plusieurs pays. 


Au regard des réalités actuelles, M. Nzouba-Ndama a ensuite estimé que la logique quantitative de la croissance pure mesurée par le PNB devrait désormais être complétée par une logique axée sur la progression de la qualité et de la durabilité de la production des biens et des services.  Ces deux journées de dialogue peuvent, en outre, nous amener à repenser l’action de la communauté internationale en faveur des pays en voie de développement, a-t-il poursuivi, mettant particulièrement l’accent sur deux thématiques des discussions: le chômage et la création d’emploi, d’une part, et la lutte contre la pauvreté et la protection sociale, d’autre part.  « Il nous faut retrouver plus de solidarité entre les pays riches et les pays pauvres, mais aussi établir des partenariats novateurs entre le secteur public et le secteur privé afin de créer les meilleures conditions pour l’investissement et la production », a dit M. Nzouba-Ndama, avant de citer plusieurs efforts entrepris par le Gabon, qui veut devenir un pays émergent, pour réaliser une croissance et un développement durable.


M. KHALED BIN MOHAMMAD AL-ATTIYAH, Ministre d’État chargé des affaires étrangères du Qatar, a engagé les États Membres à créer un environnement international « juste, coopératif et mutuellement bénéfique ».  Il a plus particulièrement exhorté les pays développés à honorer leurs obligations internationales et à accorder davantage d’attention aux pays en développement.  Il faut faire plus en matière de renforcement des capacités des pays en développement dans les domaines de la gestion des ressources humaines et du développement scientifique et technique, entre autres.  Ces pays, a-t-il ajouté, doivent quant à eux attirer des investissements, créer des environnements législatifs et institutionnels appropriés, renforcer le secteur privé et consolider les partenariats public-privé.


Le Ministre des affaires étrangères du Qatar a ensuite indiqué que la Vision nationale 2030 du Qatar et sa Stratégie nationale 2011-2016 permettraient d’assurer le développement durable de la population qatarie.  En outre, des politiques idoines ont permis au pays d’absorber l’impact de la crise.  Le taux d’inflation n’a pas dépassé les 1,9%, et le Gouvernement devrait réaliser les OMD d’ici à la date butoir de 2015.  M. al-Attiyah a par ailleurs estimé que la communauté internationale se devait de promouvoir une coopération ouverte et inclusive afin de faciliter la réforme de l’économie mondiale et du système financier, et de réduire les écarts enter le Nord et le Sud, entre autres.  Il ne faut pas non plus négliger le partage des expériences, a-t-il ajouté.


Mme ANTONELLA MULARONI, Ministre des affaires étrangères et politiques de Saint-Marin, a salué « la prompte réaction des pays du G-20 et de leurs banques centrales » qui ont établi des mesures afin de juguler les effets catastrophiques de la crise économique mondiale qui a débuté en 2008.  Elle a reconnu que malgré de nombreux efforts menés à l’échelon national, régional et international, la communauté internationale n’a pas encore trouvé une stratégie coordonnée pour sortir de la crise.  La Ministre a regretté ensuite que de nombreux pays ne puissent pas participer aux processus de prise de décisions sur des sujets en rapport avec l’économie et la finance internationales, alors que, a-t-elle noté, ces pays sont affectés par les décisions prises dans ces domaines.  Elle a, de ce fait, souhaité que « ce débat de haut niveau puisse fournir des propositions qui permettraient de trouver de nouvelles stratégies et de nouvelles solutions », et mieux encore, a-t-elle précisé, « de renforcer la solidarité entre nations ». 


Mme Mularoni a par ailleurs reconnu que Saint-Marin est favorable au libre échange, « mais nous devons dans le même temps freiner la tendance à la spéculation, notamment en ce qui concerne les produits alimentaires et énergétiques », a-t-elle mis en garde.  Elle a également suggéré la mise en place de politique d’emplois durables, principalement en faveur des femmes et des jeunes, ainsi que l’accès aux financements pour les petites et moyennes entreprises (PME).  Dans cette même veine de propositions, elle a estimé que le poids de la dette des pays doit être réduit, et elle a mis en garde contre les risques d’une inflation qui pourrait toucher les classes les plus défavorisées si on se mettait à faire systématiquement tourner la planche à billets en imprimant un surplus de monnaie.  À contrario, en appliquant seulement des politiques monétaires basées sur l’austérité, a-t-elle prévenu, le monde court le risque de voir la récession s’accentuer et le taux de chômage augmenter.  Elle a en outre souhaité que les institutions financières redeviennent de vraies institutions de prêts qui soutiennent la croissance économique durable, tout en abandonnant les activités spéculatives et celles à haut risque.  La Ministre a poursuivi en critiquant les modes de consommation effrénée qui ont cours dans les pays développés, et elle a souhaité l’avènement de plus de cohérence et d’unité entre États pour la régulation des activités financières internationales.


M. ABDLHAMID TEMMAR, Ministre du rendement et des statistiques de l’Algérie, a noté que l’impact négatif de la crise mondiale sur les pays en développement met à nouveau en évidence l’inefficacité du système international de régulation financière.  Les mesures prises pour juguler les effets de la crise n’ont pas permis de trouver des solutions de fond, a-t-il regretté.  Alors que les pays en développement ont un réel besoin d’investissements directs étrangers (IED), le rôle des fonds spéculatifs (« hedge funds ») reste déterminant, a-t-il souligné.  Le Ministre a ensuite expliqué que les politiques de restriction budgétaire avaient amené les pays industrialisés à réduire l’aide publique au développement (APD), situation qui risque de durer, a-t-il averti.  Cette aide n’a en outre jamais atteint les niveaux promis ni n’a jamais répondu aux besoins des pays en développement.  En 2011, cet apport de ressources pour les pays en développement a baissé pour la première fois depuis 1997, s’est inquiété M. Temmar.  Cela contraste avec les besoins croissants en ressources financières de ces pays pour faire face à leurs besoins économiques, a-t-il noté.  Il a donc demandé aux pays développés de ne pas se dérober face aux engagements qu’ils ont pris.


Le Ministre du rendement et des statistiques de l’Algérie a ensuite parlé du problème de la financiarisation croissante des prix des produits de base et des produits alimentaires, qui a provoqué une grande volatilité de ces prix.  Nous estimons que la crise alimentaire mondiale est largement attribuable à ces pratiques spéculatives, a-t-il dit, avant de prôner l’adoption de mesures unilatérales appropriées par les pays.  Il a demandé que soit aménagé un espace politique et économique suffisant pour les pays en développement, afin de leur permettre d’atteindre les buts qu’ils se sont fixés.  Enfin, il a lancé un appel pour que soit instauré un système commercial multilatéral ouvert, transparent, équitable, non discriminatoire et orienté vers le développement.  M. Temmar a aussi plaidé en faveur d’une universalisation totale, et dans les meilleurs délais, de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). 


M. BAKHYTZHAN SAGINTAYEV, Ministre de l’économie et du développement du Kazakhstan, a fait remarquer que les perspectives économiques s’étaient améliorées au niveau mondial, « grâce notamment aux mesures prises aux États-Unis et dans la zone euro ».  Il s’est cependant inquiété du fait que la croissance du chômage et la réduction des dépenses sociales causent des tensions dans certains pays.


Mettant ensuite l’accent sur la situation du Kazakhstan, M. Sagintayev s’est félicité des efforts entrepris pour réduire la chute de la croissance.  De 10% avant la crise, celle-ci est en effet revenue à un niveau de 7,5% en 2011, alors que 14 milliards de dollars ont été investis dans des programmes visant à lutter contre la crise et dans des mesures ciblant notamment les PME et les projets industriels ou d’infrastructures.  D’autres mesures destinées à lutter contre le chômage ont également permis de maintenir le taux de celui-ci au-dessous de 5,5%, a précisé le Ministre.


Il a noté que beaucoup restait encore à faire, et que le Kazakhstan devait, entre autres, accélérer la diversification de son économie et sa modernisation.  À cet effet, il a précisé que le Gouvernement kazakh avait lancé un programme visant à développer l’industrie de transformation et de traitement des produits naturels du pays et à augmenter sa productivité.  La création de cet environnement propice a ainsi permis l’attrait d’investissements étrangers directs (IED) qui ont été de 160 milliards de dollars à ce jour, a-t-il précisé.  Toutes ces mesures ont été assorties de programmes de développement de l’éducation et de la santé publique destinés à augmenter et améliorer le niveau de vie de la population, a dit le Ministre en précisant que le revenu par tête au Kazakhstan est de 11 000 dollars.  Avant de conclure, il a invité tous les États Membres à participer au prochain Forum économique d’Astana, qui aura lieu en mai 2013.


M. MASHIUR RAHMAN, Conseiller économique du Premier Ministre du Bangladesh, a expliqué les difficultés que rencontre son pays depuis la crise financière de 2008, comme, par exemple, la réduction de ses exportations vers les marchés des grandes économies; la diminution du volume des envois de fonds de ses travailleurs migrants vivant à l’étranger; la baisse des ressources pouvant être allouées à la poursuite de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Nous, pays en développement, nous ne sommes pas responsables du déclenchement de la crise, mais nous en subissons le fardeau ainsi que les effets, qui se traduisent notamment par la hausse des prix de l’alimentation et du pétrole.  Nous sommes aussi victimes des incidences négatives des changements climatiques dont nous ne sommes pas responsables, a dit M. Rahman.  Il a souligné que l’interdépendance dans laquelle vit le monde actuel rend chacun plus vulnérable.  Il a aussi relevé la grande responsabilité qui incombe aux pays qui « occupent le plus de place dans l’économie mondiale ».


S’il a estimé que les institutions financières multilatérales avaient fait du mieux qu’elles pouvaient face à la crise, il a cependant aussi demandé qu’elles renforcent leurs capacités afin de pouvoir déceler suffisamment tôt les problèmes qui menacent les États qui en sont membres.  Ces institutions devraient aussi être plus démocratiques et plus responsables, a-t-il dit.  Pour répondre aux attentes de la communauté internationale, qui espère que la moitié des pays les moins avancés (PMA) sortiront de cette catégorie d’ici à 2020, il faut que les dirigeants mondiaux prennent des mesures dynamiques et conduisent des réformes visant à stabiliser l’économie mondiale, a dit le Conseiller économique du Premier Ministre du Bangladesh.  M. Rahman a aussi invité à améliorer la communication de ces institutions.


M. MONTEK SINGH AHLUWALIA, Vice-Président de la Commission de planification de l’Inde, a observé que les membres de la communauté internationale ne parvenaient pas à trouver un consensus sur la façon de relancer l’économie mondiale.  Notant les différences existant en matière de politique fiscale entre les pays, il a apprécié que le G-20 soit en train d’essayer de créer un système de coordination des politiques au sein de ce groupe de pays.  Les pays en développement ne peuvent pas se passer d’une croissance rapide, qui est essentielle pour leur permettre d’élever les niveaux de vie et de dignité humaine de leurs populations, a indiqué le représentant indien.  En Inde, la croissance du pays, qui était de 9% avant la crise, est redescendue à 7% ces trois dernières années, a-t-il noté.


La communauté internationale devrait songer à une solution viable au problème de la dette souveraine qui se pose aux pays de la zone euro, a poursuivi M. Ahluwalia.  Selon lui, il faudrait améliorer les règlementations des activités du secteur bancaire, en évitant de nuire aux pays en développement qui dépendent fortement des envois de fonds de leurs travailleurs migrants vivant à l’étranger.  Le Vice-Président de la Commission de planification de l’Inde a en outre estimé que la Banque mondiale devrait élargir les conditions régissant l’octroi de ses prêts et rendre ceux-ci plus importants pour qu’ils bénéficient au développement des infrastructures dans les économies en développement.  Il a aussi parlé de l’importance du commerce, moteur du développement.  Les négociations sur les changements climatiques sont elles aussi un autre enjeu de taille, a-t-il ajouté, avant de dire que l’Inde mise sur les résultats que pourra atteindre la prochaine Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), qui sera l’occasion de jeter les bases d’une économie verte et durable.  Enfin, le délégué a souligné le besoin urgent de prendre des mesures crédibles pour améliorer la gouvernance mondiale.


M. SEYED SHAMSUDDIN, Ministre des finances et de l’économie de la République islamique d’Iran, a estimé que l’examen des causes profondes de la crise économique et financière révélait qu’elle était due à des difficultés de fond.  Il a ainsi noté que le système économique mondial souffrait de lacunes en termes de gestion et de gouvernance et subissait la forte influence de la mondialisation financière, ainsi que la domination de certains États.  « On fait face à des distorsions qui entraînent une répartition inégale des bénéfices économiques mondiaux entre les États, ainsi qu’à une domination et une surconcentration des ressources », a-t-il dit.  L’Iran estime que la gouvernance mondiale manque d’efficacité et que les institutions économiques et financières ad hoc, comme celles de Bretton Woods par exemple, sont gérées « comme de simples entreprises par une petite poignée de pays: les États-Unis et les autres pays occidentaux, via des accords tacites », a accusé le Ministre iranien.  Une minorité gère donc le processus de mondialisation en ne tenant pas compte des intérêts de la majorité, composée de pays moins puissants et qui sont minoritaires dans la prise de décisions, a-t-il dit.


Dans ces conditions, a dit M. Shamsuddin, l’Iran fait remarquer que les crises se produisent de manière cyclique et deviennent finalement chroniques, faute de réponse adéquate.  Le Ministre a notamment estimé que les risques qui se posent dans la zone euro sont importants, et que ces risques sont accentués par des problèmes politiques et sociaux qui accompagnent les politiques d’austérité adoptées.  Dans ce contexte, il a appelé à réfléchir à des alternatives, notamment à un modèle financier islamique qui n’autorise pas les spéculations et les prises de risque inconsidérées.  Il a d’autre part fait remarquer la dominance sur les marchés financiers mondiaux d’une ou deux monnaies, et a estimé que ces devises n’offraient aucun résultat positif mais « seulement des déséquilibres ».  Pour le Ministre iranien, les fluctuations de ces devises créent en effet une instabilité au niveau mondial, et il faut garder à l’esprit qu’elles font courir au monde le risque d’une « guerre des devises ».  Il faudrait donc adopter une solution intermédiaire considérant les monnaies de réserve, a-t-il ajouté.  S’agissant du système financier et monétaire mondial, il a souhaité un renforcement des organes de surveillance et l’instauration de mécanismes d’alerte.


M. RUSLAN KAZAKBAEV, Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan, a rappelé les difficultés que son pays a rencontrées du fait de la crise économique mondiale.  Le PIB kirghize a diminué, et le taux de pauvreté a augmenté dans le pays, a-t-il notamment indiqué.  L’an dernier cependant, la situation a commencé à s’améliorer, et nous créons actuellement des conditions favorables au développement de relations commerciales avec le reste du monde.  En outre, dans notre pays, les investisseurs étrangers sont mis sur un pied d’égalité avec les investisseurs  nationaux, a dit M. Kazakbaev.  Le Ministre a aussi indiqué qu’il existait un projet de construction de voie ferrée entre la Chine et le Kirghizistan.  Étant un pays enclavé, nous souhaitons aussi développer notre transport aérien, a-t-il ajouté.  Il a également mentionné qu’une centrale hydroélectrique était actuellement en construction, afin de permettre au Kirghizistan de parvenir à un équilibre dans l’utilisation de ses ressources en eau et d’irriguer les terres arables de sa région.


M. Kazakbaev a poursuivi en indiquant que son pays mettait l’accent sur l’intégration régionale et la reconstruction de l’Afghanistan voisin.  Nous envisageons un échange de dettes extérieures avec l’Afghanistan, a-t-il signalé.  Étant donné la situation économique mondiale actuelle, le Ministre a aussi attiré l’attention de la communauté internationale sur la situation des pays les plus vulnérables, notamment les petits États insulaires en développement et les pays de montagnes, souvent enclavés.  En ce qui concerne son pays, il a reconnu que son isolement freine son développement.


Mme MARIA KIWANUKA, Ministre des finances, de la planification et du développement économique de l’Ouganda, a rappelé que de nombreux pays en développement, particulièrement en Afrique, étaient touchés par les déficits financiers, le déclin des investissements, le ralentissement de l’activité du secteur touristique, la baisse des envois de fonds provenant de l’étranger, la volatilité des prix de l’alimentation et les niveaux de chômage très élevés.  Même si les prévisions relatives à l’économie mondiale sont meilleures, l’avenir reste très incertain, a-t-elle commenté, faisant référence aux problèmes rencontrés récemment dans la zone euro.  La demande pour les produits d’exportation des pays en développement pourrait se réduire, a-t-elle averti.  Elle a aussi craint que les partenaires des pays en développement ne puissent pas remplir les engagements pris envers ces derniers.


La Ministre s’est aussi inquiétée de ce que certains pays en développement commencent à dépendre des marchés internationaux de capitaux pour financer leurs investissements dans les infrastructures.  Mais si le désordre qui règne sur ces marchés aboutit à limiter les capacités d’emprunt, ce sont les pays d’Afrique et même d’Europe qui vont en souffrir, a-t-elle prévenu.  Mme Kiwanuka a invité la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour éviter les conséquences négatives qu’entrainerait une nouvelle crise.  Elle a ainsi demandé que soit réformée la structure de gouvernance des institutions financières internationales, afin qu’y soient mieux représentés l’Afrique et les autres pays en développement.  Nous devons aussi réformer l’architecture financière internationale pour éviter les problèmes qui ont conduit à la crise financière et économique mondiale, a-t-elle préconisé.  La Ministre a enfin résumé les progrès en cours dans son pays qui a pu reprendre l’exécution du plan de rétablissement qu’il avait dû interrompre, alors qu’il était jusque là l’une des 20 économies ayant le taux de croissance le plus élevé au monde.


M. AUGUSTINE KPEHE NGAFUAN, Ministre des affaires étrangères du Libéria, a recensé les défis auxquels sont confrontées actuellement toutes les régions du monde et qui ont des conséquences négatives pour son pays.  En même temps, il a fait remarquer la croissance rapide des pays d’Afrique subsaharienne, qui serait, selon la Banque mondiale, de 5,3% en 2012 et de 5,6% en 2013.  Nous devons donc maintenant nous attacher à renforcer cette croissance, a-t-il dit.  Il a énuméré une série de mesures à prendre à cet effet, notamment en ce qui concerne l’augmentation de la consommation et la promotion de relations commerciales plus ouvertes.


Le Ministre s’est ensuite inquiété de la réduction importante des montants des promesses faites en termes d’aide publique au développement (APD), à cause de la crise de la dette en Europe et aux États-Unis.  L’appui budgétaire dont bénéficie le Libéria dans les domaines de la santé, de l’éducation et des infrastructures va en conséquence être réduit, ce qui aura des conséquences importantes sur la croissance, a-t-il prévenu.  À ce stade de la situation de notre pays, qui sort d’une période de conflit, c’est un grand risque que nous courons, a-t-il précisé.  Le Libéria va maintenant se concentrer sur la mise en place d’un environnement propice aux investissements étrangers, notamment en mettant sur pied un système fiscal favorable aux entreprises nationales comme aux entreprises étrangères, a annoncé M. Ngafuan.


Le Ministre a aussi attiré l’attention sur le fait qu’après 14 années de guerre civile, de nombreux jeunes se retrouvent sans formation ni éducation.  C’est pourquoi nous concentrons aussi nos efforts dans ce domaine, grâce à l’aide de nos partenaires, afin de permettre aux jeunes d’être préparés à entrer sur le marché de l’emploi, a-t-il dit.  Si l’aide que nous recevons devait diminuer, les jeunes seraient les plus touchés, a-t-il prévenu.  Enfin, le Ministre a demandé aux pays développés de bien réfléchir quand ils prennent des mesures protectionnistes et quand ils envisagent de réduire leur aide aux pays les moins favorisés, avant d’appeler de ses vœux un monde plus juste.


M. NIZAR BARAKA, Ministre de l’économie et des finances du Maroc, a estimé que les risques d’une rechute de l’économie mondiale étaient encore réels, notamment en raison de la situation de plus en plus grave de la dette souveraine en Europe.  Dans ce contexte, il a estimé que la communauté internationale devait redoubler d’efforts pour créer des emplois et relancer la croissance.  Il s’agit aussi de penser à une nouvelle distribution de la production et de l’emploi et de penser à des mesures qui tiendraient compte des intérêts communs à différents systèmes de production, a-t-il préconisé. 


S’agissant plus particulièrement du continent africain, le Ministre a fait remarquer que celui-ci avait à sa disposition différentes ressources, mais qu’il  continuait à souffrir d’une instabilité mondiale du fait du rythme des changements politiques et des exigences croissantes qui se posent au plan social.  M. Baraka a rappelé que, malgré un taux de chômage de moyen ramené à 8,9% grâce à une initiative nationale, le nombre de diplômés universitaires sans emploi demeurait important.  Il a souligné que l’Afrique, comme d’autres régions du monde, souffrait de crises, mais qu’il appartenait à la communauté internationale de réexaminer les modèles de développement existant afin de parvenir à réduire les écarts croissants entre le Nord et le Sud.


M. HAMAD BIN ABD AL-AZIZ AL-KAWARI, Ministre de la culture du Qatar, qui assure la présidence de la treizième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XIII), a rappelé que son pays venait d’accueillir cette la CNUCED XIII, qui avait comme thème « la mondialisation axée sur le développement en vue d’un développement durable ».  Au cours de cette Conférence, nous devions dégager des alternatives à la gouvernance actuelle en y promouvant plus d’éthique, a-t-il expliqué.  Plusieurs organisations de la société civile, ainsi que les pays membres du Groupe des 77 et la Chine et le Groupe ministériel de l’alliance pour les services, ont participé aux sept journées de la Conférence, s’est réjoui le Ministre.  Le Sommet de l’investissement, qui se déroulait en parallèle, a été consacré à l’augmentation des investissements dans les secteurs du développement et aux investissements durables, a-t-il indiqué.  Il a aussi parlé de la Réunion de haut niveau qui a été organisée sur le thème: « les femmes dans le monde en développement », et qui a été l’occasion d’illustrer l’importance d’un développement inclusif profitant à tous.


Pendant cette session de la CNUCED; nous avons examiné les conséquences de la crise économique et financière mondiale.  Nous avons réfléchi aux politiques qui permettraient de définir un nouvel agenda de développement, a indiqué M. Al-Kawari.  Le Ministre a aussi parlé des quatre tables rondes, des séminaires, et des symposiums qui ont permis d’évoquer toutes ces questions à Doha, ainsi que d’un évènement organisé sur les innovations et la technologie.  Il s’est félicité de l’adoption, à l’issue de la Conférence, de la Déclaration de Doha –le Manar de Doha- et du plan d’action de Doha.  Le compromis auquel les délégations sont parvenues sur le document final n’a pas été atteint facilement, a-t-il précisé.  Si la Conférence a été un succès, elle aurait pu l’être davantage si toutes les parties avaient adopté une vision plus large, a-t-il commenté, tout en reconnaissant que tous les États avaient redoublé d’efforts pour préserver l’esprit de partenariat.  Le principal succès de la CNUCED XIII est le souhait qui a été exprimé de renforcer le mandat de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, a dit M. Al-Kawari, en précisant que la CNUCED restait une plateforme d’échange de positions et de points de vue.  La CNUCED poursuivra donc l’examen des répercussions qu’a eues la crise économique mondiale sur les pays en développement, a dit le Ministre.  Elle continuera aussi à considérer le système de commerce multilatéral et les bénéfices que les pays peuvent en tirer comme étant le véritable moteur du développement, a dit le Ministre qatari. 


M. DESRA PERCAYA, Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), qui s’exprimait au nom du Président de l’ECOSOC, M. Milos Koterec, a fait remarquer que la communauté internationale demeurait toujours confrontée aux conséquences négatives de la crise qui a éclaté en 2008, et que les perspectives financières et économiques de différents pays restaient minées à cause des faiblesses dont souffrent différents secteurs et de la volatilité des prix des aliments et de l’énergie.  C’est la raison pour laquelle les pays et autres acteurs économiques et financiers doivent poursuivre les efforts en vue de replacer l’économie mondiale sur la voie de la croissance. 


Notant que la recherche de solutions adéquates était toujours en cours, il a réaffirmé que l’ECOSOC était totalement impliqué dans ce débat.  À titre d’illustration de cet engagement, M. Percaya a cité différents éléments soulignés et mis en évidence au cours de la dernière réunion annuelle qu’a eue l’ECOSOC avec les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), une réunion qui s’est tenue à New York, en mars dernier.  Celle-ci avait précisément pour thème la promotion d’une croissance économique et équitable et les participants y ont souligné plusieurs éléments pertinents pour le débat d’aujourd’hui, a relevé M. Percaya.  Il a cité, entre autres, la création d’emplois décents, qui doit figurer au cœur du développement et de la lutte contre la pauvreté, et la nécessité de se doter de politiques nationales pour promouvoir la croissance et la création d’emplois, ainsi que pour promouvoir l’éducation, la santé et le bien-être social.  Il a souligné que les débats de cette réunion annuelle avaient aussi mis l’accent sur les PME comme moteurs importants de la création d’emplois dans de nombreux pays. 


M. Percaya a ensuite précisé que la session de fond de l’ECOSOC, qui doit se dérouler au mois de juillet prochain à New York, se penchera sur la promotion des capacités productives, sur l’emploi et sur le travail décent, dans une perspective d’éradication de la pauvreté et de la promotion d’une économie durable et équitable ».  Avant de conclure, il a insisté sur la nécessité de faire en sorte que le chômage des jeunes ne se transforme pas en une expérience permanente d’inégalités sociales pour ceux-ci.  Beaucoup peut être fait pour sortir les jeunes du chômage et miser sur leur enthousiasme et leur dynamisme, a-t-il dit.


M. OCTAVIO ERRAZURÌZ (Chili), intervenant au nom de la Communauté des États de l’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a rappelé que les États Membres des Nations Unies avaient adopté en 2010 la résolution 65/313 par laquelle ils avaient décidé d’explorer les modalités les plus efficaces pour le suivi du processus intergouvernemental de la Conférence sur la crise économique et financière mondiale et ses incidences sur le développement.  Dans ce cadre, la CELAC soutient le débat thématique d’aujourd’hui, a-t-il dit.  Le représentant a remarqué que tous les membres de la communauté internationale, en particulier les pays en développement, avaient recherché des solutions à la crise, certains ayant recours à des politiques anticycliques et à des plans de stimulation fiscale.  M. Errazurìz a souligné que le nombre de réactions à la crise montrent la quantité de réponses dont dispose la communauté internationale.


Nous devons renforcer nos capacités de mobilisation des ressources financières, a poursuivi le représentant.  La CELAC est particulièrement préoccupée par la baisse de l’aide publique au développement (APD), a-t-il ajouté, indiquant qu’elle sera réduite de 2,7% en 2011 par rapport à 2010.  Il a exhorté les pays développés qui ne l’ont pas encore fait à honorer les engagements pris en la matière.  Les effets de la crise seront toujours ressentis tant qu’on ne s’attaquera pas à ses causes, a-t-il aussi relevé.  Cette crise exige une réaction mondiale et concertée de tous les pays, a-t-il dit.  M. Errazurìz a aussi appelé à compenser le déficit de ressources provenant du FMI et le manque de représentation des petites économies dans les institutions financières internationales.  En outre, il a jugé qu’il était temps de renforcer les liens entre le secteur financier et l’économie réelle.


Table ronde 1: « Lutter contre le chômage, créer des emplois (en particulier pour les femmes et les jeunes) et remédier à la pauvreté »


Cette table ronde a été l’occasion pour les États Membres de discuter des meilleurs moyens d’endiguer le chômage et de promouvoir la création d’emploi, dans les pays en développement notamment.  L’accent a été mis sur l’importance de la responsabilisation, de la formation et de la création de petites entreprises.  Les mérites de l’économie islamique ont également été évoqués, de même que le manque de préparation des jeunes au marché du travail.


M. AHMAD MOHAMED ALI AL-MADANI, Président de la Banque islamique de développement, a estimé qu’au lieu de réagir au chômage en cherchant un emploi, il faudrait plutôt prendre des initiatives « entrepreneuriales et rémunérées ».  Dire que la crise du chômage est liée à un mauvais marché du travail ne rend pas justice à sa capacité d’intégrer la libre entreprise.  Ceux qui prônent un tel concept encouragent l’inaction, a-t-il averti.  De l’avis de M. Al-Madani, il faut encourager chaque individu à concevoir une idée capable de déboucher sur la création d’une entreprise qui lui permettra de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille.  Les petites entreprises, a-t-il soutenu, peuvent réellement contribuer à la lutte contre le chômage.  M. Al-Madani a également souligné l’importance d’octroyer un niveau d’éducation suffisant pour satisfaire aux exigences croissantes du marché du travail et suivre l’évolution de « l’économie du savoir » et des technologies de l’information.  Une détente est également nécessaire afin de donner un coup d’élan à la coopération internationale et à la confiance mutuelle entre les peuples, a par ailleurs estimé le panéliste, qui s’est dit convaincu que l’ONU peut contribuer énormément en la matière.


Le Président de la Banque islamique de développement a par ailleurs affirmé que les principes de l’économie islamique pourraient être mis à profit pour endiguer le chômage.  Ces principes, a-t-il notamment expliqué, soulignent le fait que la personne humaine est une ressource freinée par le chômage et c’est pourquoi, il faudrait l’extraire du malaise qu’est la recherche d’emploi pour lui permettre de se rendre dans un autre pays pour gagner sa vie.  M. Al-Madani a également appelé à la création d’un programme de partenariat mondial de lutte contre le chômage qui serait dirigé par les institutions multilatérales de développement international, au lancement de programmes d’autonomisation économique destinés aux familles productives et à la rédaction d’un accord international sur la main d’œuvre née de l’immigration et de la fuite des cerveaux.


Après avoir fait le point sur la situation économique en Asie, M. HARUHIKO KURODA, Président de la Banque asiatique de développement, a observé que les forces économiques actuelles tendaient à favoriser les personnes qui ont du capital plutôt que celles qui occupent un emploi.  Il a engagé les décideurs politiques à adopter des politiques fiscales efficaces pour réduire les inégalités entre les gens.  Il faut dépenser davantage dans l’éducation et la santé en ciblant les ménages les plus pauvres.  Il faut également améliorer l’équilibre régional, notamment les transports et les infrastructures entre les régions développées et les plus pauvres.  Des réformes politiques s’imposent aussi de manière à ce que la croissance soit davantage tournée vers l’emploi.  La création des emplois plus productifs compte parmi les défis les plus importants que doivent relever la plupart des pays du monde, a-t-il notamment fait remarquer.  Il a également insisté sur la nécessité d’éliminer les distorsions du marché et d’appuyer les connaissances et la création.  Une croissance inclusive est à l’ordre du jour pour le monde entier, a-t-il souligné.


La consolidation fiscale est absolument essentielle, a lancé à son tour M. RINTARO TAMAKI, Vice-Secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  Il faut limiter les dépenses, augmenter les salaires dans certains contextes et ne pas éliminer la fourniture de services.  Les politiques macroéconomiques, a-t-il ajouté, jouent un rôle absolument essentiel pour sortir de la crise.  Il a également observé qu’il sera difficile de créer des emplois sans réformes structurelles d’envergure qui favorisent à la fois la création d’emplois et la croissance.


Concernant la situation des personnes sans emploi depuis un an ou plus, M. Tamaki a fait remarquer que leur nombre a triplé aux États-Unis et dans certains pays membres de l’OCDE.  Seule l’Allemagne a enregistré une baisse de cette catégorie de chômeurs, s’est-il indiqué.  Tout en maintenant le versement de subventions aux chômeurs de longue date, il est important d’y attacher des conditions de manière à lutter contre la dépendance.  Tournant ensuite son attention sur la situation des jeunes, le Vice-Secrétaire général de l’OCDE a appelé à l’adoption de politiques qui permettent de donner aux jeunes un meilleur départ sur le marché de l’emploi.  L’octroi de diplômes peut favoriser la transition vers le marché du travail et l’industrie de recyclage peut également être mise à profit, a-t-il ajouté.  Trop de jeunes achèvent leurs études sans être préparés au marché du travail, a fait observer M. Tamaki, en insistant sur l’importance de la parité.  


M. POONA WIGNAJARA, Président de l’Association des réseaux de perspectives sud-asiatiques, a indiqué qu’afin de faire face à la pauvreté qui prévaut dans sa région, son organisation avait mis l’accent sur la culture.  Pratiquement toutes les cultures insistent sur l’importance de l’épargne, a-t-il dit.  Le succès du Plan Marshall a reposé sur la capacité de travailler dur et d’épargner d’un pays qui avait été pratiquement entièrement détruit, a-t-il notamment commenté.  Il a également souligné que les femmes sont souvent les meilleures épargnantes des communautés villageoises de sa région, avant de mettre l’accent sur la nécessité de faire participer les pauvres au processus de prise de décisions.  Il faut miser sur une culture qui établit les valeurs d’une bonne gouvernance, le développement durable et la sécurité.  Il faut aussi faire le lien entre le développement durable pour tous, redéfinir ce qui est nécessaire pour assurer les cultures et garantir la sécurité en empêchant des pays de développer des programmes nucléaires secrètement.


M. STEPHEN YOUNG, Directeur mondial exécutif de Caux Round Table, a souligné, de son côté, l’importance de la notion de responsabilité, élément clef, selon lui, de tout nouveau paradigme capable de favoriser les partenariats entre les secteurs privé et public.  Seul le secteur privé, a-t-il précisé, est source de création de richesses, tandis que les gouvernements fonctionnent comme une sorte de super structure.  Il a argué que si les gouvernements font preuve d’irresponsabilité ou se livrent à la corruption, la croissance économique en pâtira.  En revanche, si le secteur privé est irresponsable, cela se traduit en échec pour tous.  Il a insisté sur la nécessité de responsabiliser le secteur public.  Si les gouvernements n’agissent pas de manière responsable, a-t-il dit, on ne peut s’attendre à ce que le secteur privé partage ses richesses.  M. Young s’est dit indigné par les fonds illicites en provenance des pays pauvres, en faisant référence aux détournements de fonds organisés par le Président égyptien Moubarak et sa famille.  Le principe de responsabilité vise à promouvoir la croissance.  Les conseils d’administration des entreprises doivent avoir des critères beaucoup plus strictes, de normes minimales de connaissances doivent être établies pour les hauts postes.  Les risques systémiques ne sont pratiquement jamais examinés et la question des rémunérations au sein des grandes entreprises, qui oblige nombre de responsables à adopter des stratégies d’investissements privés, n’a jamais été réglée.


Après ces présentations, le représentant du Gabon s’est dit déçu par le caractère trop général du débat.  Certaines interventions ont à peine abordé le sujet à l’ordre du jour, a-t-il regretté.  Il a réclamé des exemples concrets du rôle que peuvent jouer les incitations fiscales, expliquant que dans son pays, leur mise en place n’avait pas débouché sur les résultats escomptés.  Le représentant a par ailleurs suggéré que lors de l’organisation de ce genre de débat, il serait souhaitable de faire rédiger une étude précise sur le sujet à l’ordre du jour.  Pour sa part, le représentant des Émirats arabes unis a estimé qu’il était temps de disposer d’une étude internationale sur le système économique islamique.


En réponse à la question du représentant du Gabon, le Directeur de Caux Round Table a fait remarquer que l’on a souvent tendance à ignorer les possibilités de création d’emplois dans les zones rurales.  En Italie, 95% du PIB est créé par des entités de moins de 200 personnes, a-t-il notamment fait remarquer.  De son côté, le Vice-Secrétaire général de l’OCDE a indiqué que les subventions doivent être versées en premier lieu aux entreprises qui ont décidé d’augmenter leurs mains-d’œuvre.  Il a par ailleurs averti que le nombre croissant de chômeurs de longue durée allait créer un problème social notable.  Sur cette question, le représentant de la République de Corée a estimé que pour y remédier, il faudrait miser, entre autres, sur la diversification des industries.  Ne serait-il pas temps de revenir aux principes de l’éthique protestante? a lancé, de son côté, le représentant du Bangladesh.  Ce dernier a aussi fait observer que nombre de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable ou à l’électricité.  Il y a dans ces domaines la possibilité de créer de nombreux emplois, alors pourquoi les taux de chômage demeurent-ils si élevés, s’est-il interrogé. 


Évoquant la situation des jeunes, le représentant de la Tunisie a estimé que le moment était venu d’adopter une stratégie globale de lutte contre le chômage.  Il faut faire l’adéquation entre les systèmes scolaires et la formation professionnelle, et privilégier l’intensification de la création des petites et moyennes entreprises.  Comment la question du chômage et des emplois sera-t-elle examinée dans le contexte de l’économie verte? a demandé, à son tour, le représentant du Sri Lanka.  La représentante du Brésil a fait le lien entre la baisse de l’APD et la chute des possibilités dans de nombreuses régions du monde.  Pour que la croissance économique soit durable, a-t-elle ajouté, il faut des politiques sociales fermes de redistribution des revenus.  Le représentant de l’Australie a soulevé la question de l’achèvement du cycle de négociations de Doha, tandis que son homologue de l’Égypte s’est inquiété des répercussions des politiques d’austérité sur la création d’emplois.  La représentante du Lesotho a parlé des barrières culturelles et sociétales qui entravent la participation des femmes au marché du travail.  Le représentant de Cuba a, quant à lui, dénoncé les lacunes du néocapitalisme.


Cette table ronde était coprésidée par M. Augustine Kpehe Ngafuan, Ministre des affaires étrangères du Libéria, et M. Mashiur Rahman, Conseiller économique du Premier Ministre du Bangladesh.


Table ronde 2: « Réduire la vulnérabilité à l’égard de la dette, maîtriser l’inflation et la déflation »


Les experts et les délégations qui participaient à cette table ronde, que coprésidaient le Président adjoint de la Commission de la planification de l’Inde, M. Montek Singh Ahluwalia, et le Ministre de l’économie et des finances du Maroc, M. Nizar Barka, se sont en particulier attachés à identifier les points communs et les divergences qui existent entre pays développés et pays en développement face à la dette, à l’inflation et à la déflation.


M. NIZAR BARKA, Ministre de l’économie et des finances du Maroc, a affirmé que la vigilance concernant la durabilité de la dette était aujourd’hui de mise.  L’endettement ne représente plus un handicap dans les pays d’Afrique, a-t-il néanmoins souligné, en précisant qu’il restait beaucoup à faire, notamment en matière de gestion active de la dette.  Le Ministre a notamment expliqué que le Maroc avait conduit des réformes budgétaires importantes. 


La situation budgétaire du pays s’est améliorée de manière significative au cours des dernières années, a-t-il dit, en faisant remarquer que le taux d’endettement du Maroc se situe autour de 30% du produit intérieur brut (PIB).  M. Barka a assuré que, dans un contexte difficile, les institutions financières régionales et internationales avaient un rôle prépondérant à jouer pour aider les pays en développement à emprunter à un taux raisonnable.


M. ASHNI SINGH, Ministre des finances de Guyana, a estimé que pour les petits États en développement, la crise prenait une ampleur plus importante.  Ces pays représentent une menace systémique très faible, influencent peu les débats internationaux, voire pas du tout, tandis que leur voix reste modeste dans les couloirs des instances multilatérales. 


Les pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) sont les plus endettés du monde, a-t-il dit, car ils sont confrontés, notamment, à des obstacles naturels à la diversification de leur capacité de production.  S’il est bon, certes, de parler des grands pays dans ce genre de débat, il faut aussi attirer l’attention sur la situation des « petits États », a-t-il souligné.


M. ALAIN SIMPSON, ancien Sénateur américain et Coprésident de la Commission nationale pour la responsabilité et la réforme budgétaire des États-Unis, a rappelé que la dette américaine s’élevait à 16 trillons de dollars, la moitié étant publique, l’autre privée.  Autrement dit, si l’on dépense un dollar par seconde à partir de maintenant, il faudrait, a-t-il estimé, 32 700 années pour obtenir cette somme.  Même le nombre de rotations de la Terre autour du Soleil depuis que le monde existe n’atteint pas ce chiffre.  Le budget américain de la défense est de 750 milliards de dollars, a-t-il dit, sachant que le budget combiné de la défense des 14 autres pays les plus puissants militairement, y compris la Chine et la Fédération de Russie, n’est que de 540 milliards.


M. Simpson a expliqué qu’aux États-Unis, les systèmes de sécurité sociale, qui avaient été mis en place comme un supplément de revenu lorsque l’espérance de vie moyenne américaine était de 65 ans, sont désormais confrontés à des défis graves.  L’espérance de vie moyenne est aujourd’hui nettement plus élevée, a-t-il fait observer.  En outre, les États-Unis doivent faire face aux défis de l’obésité et des maladies chroniques non transmissibles, comme le diabète, ainsi qu’aux coûts élevés qui résultent des soins de santé. 


M. SUPACHAI PANITCHPADKI, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a souligné que si la plus grande machine économique du monde rencontrait de tels problèmes de dette, que pouvait-il en être pour les pays en développement?  L’accumulation de la dette extérieure dans les pays européens s’aggrave, ainsi que dans les pays d’Amérique latine et des Caraïbes.  Sur 128 pays en développement, 94 sont encore confrontés à des déficits de leurs comptes, a-t-il ajouté.  Dans les pays les moins avancés, la moyenne d’endettement est passée de 88% en 2008 à 90% en 2012, tandis que trois de ces pays sont en situation de détresse et 11 dans une situation de risques élevés.


Le Secrétaire général de la CNUCED a mis l’accent sur la nécessité de mettre en œuvre des réformes systémiques.  Il a notamment plaidé en faveur d’un moratoire temporaire pour attirer des capitaux et rembourser d’anciennes dettes.  De même, il conviendrait, a-t-il préconisé, d’améliorer les mécanismes d’alerte précoce, comme les agences de notation.  Pour s’attaquer à la vulnérabilité de la dette, il a mis l’accent sur la nécessité, de traiter la question des taux de change.


Mme DATO’ZALEHA KAMARUDDIN, Recteur de l’Université islamique internationale de la Malaisie, a observé que les économies majeures se trouvaient dans un piège en matière de liquidités.  Même les taux d’intérêt faibles ne semblent pas être en mesure de stimuler ces économies en détresse, a-t-elle dit.  Une spirale se crée et la situation se dégrade, a-t-elle ajouté.  La crise du dollar est particulièrement importante car les échanges sur les marchés des produits de base se font dans cette devise, et risque ainsi de causer une hyperinflation mondiale, a—t-elle également dit. 


Pour remédier à ce problème, il conviendrait, à court terme, de lutter contre l’hyperinflation potentielle pour que les populations n’en subissent pas les conséquences.  De même, il faut soutenir les entreprises du secteur agricole, a-t-elle ajouté.  À moyen terme, il est nécessaire, a-t-elle souligné, de mettre sur pied des banques publiques susceptibles de proposer des allègements de dette aux entreprises comme aux individus.  À long terme, il s’agirait de rétablir un lien entre les devises et l’or, tandis que les États devraient encourager des taux d’imposition faible en vue d’épargner les entreprises.  Elle a enfin insisté sur l’importance des valeurs spirituelles et éthiques.


M. DANIEL MITCHELL, Maître de recherche au Cato Institute, a affirmé que des taux d’imposition élevés sont inutiles, car, a-t-il dit, ils ne stimulent pas la croissance.  Selon lui, le fait de rejeter la faute sur les paradis fiscaux ne sert que de prétexte.  Le problème vient plutôt de la fuite des capitaux, a-t-il dit, en se déclarant également hostile à l’harmonisation des politiques fiscales et aux unions budgétaires.  Déficits et dettes ne sont que des symptômes, a-t-il dit, en mettant en particulier l’accent sur la nécessité d’appliquer la règle d’or budgétaire.


M. JEFFREY SACHS, Professeur « Columbia University », a expliqué que l’origine de la crise financière en Europe trouvait son origine dans les secteurs bancaire et privé, qui a suivi l’explosion de la bulle immobilière.  L’Europe est extrêmement dangereuse pour le reste du monde car les autorités ont été réticentes à entreprendre des réformes budgétaires.  Le système bancaire européen est en train de s’effondrer sous nos yeux, a-t-il fait remarquer.  Plusieurs facteurs exacerbent la situation, a-t-il dit, en citant par exemple les mouvements des capitaux, et contestant ainsi la position exprimée plus tôt par M. Mitchell sur les paradis fiscaux.  Il s’agit d’évasion fiscale, a-t-il dit, en précisant que le système était sapé par les paradis fiscaux.


Les pays riches ont une croissance lente car ils sont confrontés à une concurrence avec les pays émergents, a-t-il également indiqué, en évoquant une situation inextricable si l’on ne réforme pas les systèmes financiers.  Il faut mettre de l’ordre dans les politiques budgétaires et ne pas encourager le fait que le secteur financier ne soit pas réglementé et demeure hors de contrôle, entraînant ainsi une instabilité massive, a-t-il insisté.


Lors du débat qui a suivi, parmi les intervenants, le délégué de l’Union européenne a souligné que la vulnérabilité des pays en développement face à la dette continuait de s’exacerber.  Ces pays, a-t-il dit, doivent pouvoir avoir accès aux marchés afin qu’ils puissent gérer leur dette.  Il a également plaidé pour que les agences de notation puissent être soumises à des cadres de réglementation adéquats.


Pour le représentant de la République-Unie de Tanzanie, de nombreux pays en développement ont perdu espoir comme si le monde n’avait plus de solutions.  Ces solutions devraient être traitées de manière collective, a-t-il proposé, en notant que le moment de vérité, à cet égard, approchait.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Instance permanente discute des mesures incitatives et des sanctions collectives pour obtenir des multinationales le respect des droits des peuples autochtones

DH/5094

L’Instance permanente discute des mesures incitatives et des sanctions collectives pour obtenir des multinationales le respect des droits des peuples autochtones

16/05/2012
Conseil économique et socialDH/5094
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Instance permanente sur les questions autochtones

Onzième session

13e séance - après-midi


L’INSTANCE PERMANENTE DISCUTE DES MESURES INCITATIVES ET DES SANCTIONS COLLECTIVES

POUR OBTENIR DES MULTINATIONALES LE RESPECT DES DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES


Comment obtenir des multinationales le respect des droits des peuples autochtones?  C’est le débat qu’a tenu cet après-midi l’Instance permanente sur les questions autochtones, au cours duquel des appels ont été lancés pour des mesures incitatives et, en cas d’entêtement, pour des sanctions collectives.


Compte tenu du fossé entre recommandation et action, l’organisation néo-zélandaise « Te Runanga o Te Rarawa » et les autochtones « Rapanui du Chili » ont suggéré la création d’un mécanisme de surveillance international géré par les peuples autochtones eux-mêmes pour évaluer les obstacles au respect du principe de « consentement préalable, éclairé et libre ».  Une autre idée a été avancée, celle d’un tribunal mondial des peuples autochtones qui aurait pour mandat de juger les auteurs –États, entreprises ou individus- des violations des droits des peuples autochtones.


Les représentants des populations autochtones se sont en effet dits très préoccupés par l’impact environnemental des activités menées par les multinationales sur leurs terres, notamment dans la région du Pacifique où cet impact est amplifié par les conséquences des changements climatiques.  


À cet égard, un représentant des peuples autochtones d’Hawaï a suggéré la création d’un système qui devra non seulement évaluer le montant des dédommagements aux populations obligées d’émigrer en raison de l’élévation du niveau de la mer, mais aussi de s’assurer que les pays d’accueil respectent les spécificités linguistiques et culturelles des populations réfugiées.   


L’Instance a fait, depuis 2002, quelque 894 recommandations réparties dans 20 catégories relatives, entre autres, aux femmes, aux jeunes, aux enfants et aux indicateurs.  Dans le souci de passer de la théorie à la pratique, l’organisation philippine « Tebtebba Foundation » a jugé déterminant de réaffirmer les liens entre droits des peuples autochtones et objectifs de développement durable, en particulier à la veille de la Conférence Rio+20.  Le représentant des autochtones de l’enclave angolaise de Cabinda à l’ouest de la République démocratique du Congo (RDC) a, par exemple, estimé que son peuple est condamné à mort par un pétrole qui justifie « le terrorisme de l’État angolais ».


Favorable à la création d’un réseau autochtone pour évaluer les conséquences de l’industrie extractive, le représentant de « National Native Title Council » a demandé à l’Instance permanente d’organiser en 2013 un débat pour entendre les peuples qui ont vécu directement ces conséquences.  Comme il faut y sensibiliser les jeunes autochtones, le représentant de la jeunesse finno-ougrienne a souligné le potentiel des technologies de l’information et de la communication (TIC) et a invité l’ONU à diffuser les débats de l’Instance en direct dans le monde entier.  


L’industrie extractive n’a pas été la seule au banc des accusés.  L’impact sur les peuples autochtones des différends territoriaux a aussi été dénoncé.  Invoquant « la responsabilité de l’ONU de mettre fin à la colonisation dans le Pacifique », le représentant de l’Union nationale du peuple kanak de la Nouvelle-Calédonie a jugé déterminant que l’on mette en œuvre les recommandations que le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones a faites à l’issue de son voyage dans le territoire, en 2011.  Le représentant du Caucus du Pacifique a jugé essentiel que la poursuite de la décolonisation soit un des thèmes de la Conférence mondiale de 2014 sur les droits des peuples autochtones.


Celle de l’association des populations autochtones du Ryukus (AIPR) a demandé à l’ONU de mener une étude sur les droits des populations autochtones dans les zones frontalières disputées, en pointant le doigt sur le différend territorial qui oppose le Japon, Taïwan et la Chine.  Les représentants du Japon et de la Chine ont nié tout différend territorial, chacun estimant que l’Ile en question appartient à son pays.  


Une nouvelle fois, des appels ont été lancés pour que l’Instance accorde une attention particulière à la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, en particulier les articles relatifs au droit à l’autodétermination, aux ressources naturelles et à l’éducation.  Profitant de l’arrivée prochaine dans son pays du Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones, le représentant de « Global indigenous Caucus » a recommandé que les caucus régionaux soient autorisés à rendre compte aux organes de traités de l’ONU de toutes les violations dont sont victimes leurs peuples.


Présent aujourd’hui, le Rapporteur spécial a espéré que le Gouvernement israélien répondra favorablement à sa demande de visite pour enquêter sur un plan qui viserait à expulser 30 000 Bédouins arabes autochtones du sud d’Israël.


Pour ce débat, l’Instance était saisie d’une étude sur le devoir des États de protéger les peuples autochtones touchés par les activités de sociétés multinationales et d’autres entreprises commerciales et d’un rapport sur l’application des recommandations de l’Instance permanente.     


L’Instance était aussi saisie d’un rapport sur les activités du Fonds d’affection spéciale de l’ONU pour financer les activités relatives à la deuxième Décennie internationale des peuples autochtones (2005-2014) dont un système de bourses d’un montant moyen de 10 000 dollars.  Au 30 avril 2012, le Fonds disposait de 75 000 dollars ce qui est dérisoire si l’on considère que 1 700 demandes de financement ont été enregistrées depuis 2006.      


Demain, à partir de 10 heures, l’Instance permanente célèbrera le cinquième anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.


Travaux futurs de l’Instance permanente, notamment questions relevant du Conseil économique et social et questions nouvelles (E/C.19/2012/2)


Cette note présente un aperçu général des faits survenus dans les domaines d’activité de l’Instance permanente sur les questions autochtones depuis sa dixième session.  Y figurent également les activités et les priorités qui ont été recensées dans divers rapports des organismes des Nations Unies et d’autres organisations intergouvernementales ainsi que les activités menées et les rapports présentés par les membres et le secrétariat de l’Instance permanente.


Elle rappelle que le 21 décembre 2010, l’Assemblée générale a adopté la résolution 65/198 dans laquelle elle a pris la décision, d’une importance historique, d’organiser en 2014 une réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale, qui sera nommée Conférence mondiale sur les peuples autochtones.


Cette Conférence aura pour but de permettre un échange de vues et de pratiques de référence sur la réalisation des droits des peuples autochtones en vue, notamment, d’atteindre les objectifs de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.


Étude sur le devoir des États de protéger les peuples autochtones touchés par les activités de sociétés multinationales et d’autres entreprises commerciales (E/C.19/2012/3)


Cette étude examine les rapports qui existent entre les grandes entreprises et les peuples autochtones, les conséquences qu’ont les activités de ces entreprises pour les peuples autochtones et le devoir de protéger ces peuples face à l’exploitation de leurs ressources par ces entreprises.  De par leur échelle et leur envergure, l’exploration et l’exploitation des ressources menées sur leurs terres et territoires menacent les peuples autochtones et leurs communautés.


Le nombre de sociétés transnationales qui se livrent à l’exploration des ressources ne cesse de croître, et ces sociétés doivent commencer à appliquer des normes de responsabilité sociale dans le cadre de leurs projets.  Dans le même temps, au niveau national, les gouvernements doivent recourir aux normes internationales pour garantir les droits des peuples autochtones.


Le bien-être et l’avenir des peuples autochtones dépendent directement des politiques et des mesures mises en place par les États et les institutions internationales, mais aussi de l’exercice par ces peuples de leurs droits politiques et économiques, de l’exploitation de leur potentiel humain, du renforcement de leurs économies traditionnelles, de la protection de leur environnement et de la mise en place d’un système juridique régissant leurs relations avec les grandes entreprises.


Les entreprises privées ont pour habitude d’exploiter les ressources naturelles se trouvant sur les territoires des peuples autochtones, sans tenir compte des droits de ces peuples, en ignorant et en violant leurs droits individuels et collectifs et en les privant de leurs terres et de leurs ressources naturelles.  Dans beaucoup d’endroits du monde, les systèmes en place promeuvent des codes de conduite destinés à servir uniquement les intérêts des grandes entreprises.


Au niveau international, il existe des instruments destinés à protéger les droits au développement des peuples autochtones.  La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et la Convention concernant les peuples indigènes et tribaux dans les pays indépendants de 1989 (Convention nº169) de l’Organisation internationale du Travail (OIT) enjoignent aux États de reconnaître le droit inhérent des peuples autochtones à disposer de leurs terres et de leurs ressources et à s’autogouverner, et ne limitent pas ce droit aux domaines de l’économie traditionnelle et de la culture.


Le principe selon lequel les peuples autochtones devraient être consultés pour toute décision les concernant est désormais communément admis dans le cadre du droit international.  Historiquement, les rapports entre les peuples autochtones et les grandes entreprises qui opèrent sur leurs terres et leurs territoires ont toujours été conflictuels.


L’instauration entre les peuples autochtones et les grandes entreprises de rapports équitables et bénéfiques aux deux parties passe par la reconnaissance des droits des peuples autochtones sur leurs terres, leurs territoires et les ressources naturelles qui s’y trouvent.


Rapport du secrétariat de l’Instance permanente sur les questions autochtones sur l’application de ses recommandations (E/C.19/2012/7)


Ce rapport a pour objet, en dernière analyse, d’aider l’Instance à surveiller l’application de ses recommandations ainsi que de sensibiliser l’opinion aux résultats de cette application.


Entre ses première et dixième sessions, l’Instance permanente a formulé plus de 930 recommandations.


Au 31 janvier 2012, la base de données contenait 894 recommandations formulées par l’Instance permanente, entre ses première et neuvième sessions, à l’adresse des États Membres, des entités des Nations Unies, des institutions financières internationales, des organisations intergouvernementales, du secteur privé, de la société civile et des organisations représentant les peuples autochtones.


Sur les 894 recommandations énumérées dans la base de données, 411 –soit 46,2%– sont « en cours d’application ».  Pour 2,4% seulement des recommandations examinées dans les rapports, la rubrique pertinente indiquait une absence de mise en œuvre.  391 des recommandations sont signalées comme étant en cours d’application, appliquées ou en cours d’application/appliquées.  Seulement 5,4% portent la mention « recommandation rejetée », « application incomplète », « sans objet » ou « application non entamée ».  Plusieurs recommandations n’indiquent pas précisément les activités sur lesquelles elles portent.


La base de données ne comprend généralement pas d’informations concernant les recommandations qui mettent en cause plusieurs problèmes.  Il arrive aussi que les recommandations soient trop vagues et trop générales.  On observe également que de nombreuses recommandations de la liste sont informatives.  Certaines recommandations peuvent sembler répétitives. 


Les informations de la base de données relatives aux recommandations ne permettent pas d’évaluer les difficultés empêchant la mise en œuvre d’une recommandation.  L’examen de 894 recommandations et des précédents rapports permet d’en savoir plus sur les raisons pour lesquelles certaines recommandations sont plus difficiles à mettre en œuvre que les autres.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Libye: le Procureur de la CPI fait le point sur les affaires concernant Saif al-Islam Qadhafi et Abdullah Al-Senussi

CS/10651

Libye: le Procureur de la CPI fait le point sur les affaires concernant Saif al-Islam Qadhafi et Abdullah Al-Senussi

16/05/2012
Conseil de sécuritéCS/10651
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6772e séance – matin


LIBYE: LE PROCUREUR DE LA CPI FAIT LE POINT SUR LES AFFAIRES

CONCERNANT SAIF AL-ISLAM QADHAFI ET ABDULLAH AL-SENUSSI


La justice libyenne est prête à conduire des procès

justes et impartiaux, assure le représentant de la Libye


Le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), M. Luis Moreno-Ocampo, a présenté, ce matin au Conseil de sécurité, son troisième rapport en application de la résolution 1970 (2011), faisant ainsi le point sur les procédures en cours pour crimes contre l’humanité à l’encontre de Saif al-Islam Qadhafi, le fils de l’ancien dirigeant libyen, et de l’ancien chef des services de sécurité du pays Abdullah Al-Senussi.


De son côté, le représentant de la Libye, qui a exprimé la volonté de son gouvernement à coopérer avec la CPI, a assuré que le système judiciaire libyen reposait désormais sur de « nouvelles fondations » et était « prêt à mener des procès justes et impartiaux, conformément aux normes internationales en vigueur ».


La demande d’exception d’irrecevabilité présentée par les autorités libyennes témoigne de leur volonté de tenir les procès en Libye, a-t-il déclaré, en ajoutant: « tous les Libyens souhaitent que ces procès aient lieu en Libye ». 


Dans son exposé, le Procureur de la CPI a en effet rappelé que les autorités libyennes avaient arrêté Saif al-Islam Qadhafi, le 19 novembre 2011, puis déposé publiquement, le 1er mai dernier, une exception d’irrecevabilité concernant cette affaire, où le fils de l’ancien dictateur est poursuivi pour des crimes graves, notamment des meurtres et des viols, qui auraient été commis pendant la révolution de 2011, en particulier entre le 15 et le 28 février. 


À la suite de cette requête, a poursuivi M. Moreno-Ocampo, la Chambre préliminaire de la CPI a demandé des observations de la part des différentes parties ainsi que du Conseil de sécurité.  Pour le Procureur de la CPI, « il n’y a aucun doute sur la légalité des principes ». 


Une analyse de cette recevabilité ne constitue pas, selon lui, en vertu du Statut de Rome, « une évaluation du système judiciaire libyen dans son ensemble ».  Il a expliqué que son Bureau entendait plutôt « déterminer si les autorités nationales avaient mené ou menaient des enquêtes et des poursuites véritables au sujet des affaires sélectionnées ». 


Le Procureur a également souligné que, le 17 mars 2012, Abdullah Al-Senussi avait été arrêté par les autorités mauritaniennes, et qu’il faisait l’objet d’une demande d’extradition de la France et de la Libye, et d’une demande de remise de la CPI.  « C’est à la Mauritanie de décider », a-t-il dit, en précisant que son Bureau continuait de collecter des preuves concernant les crimes à caractère sexiste qui lui sont reprochés.


M. Moreno-Ocampo a mis l’accent sur le fait que son Bureau avait le mandat d’enquêter sur les personnes qui portent la plus grande responsabilité concernant les crimes les plus graves couverts par la juridiction de la Cour, tout en respectant les procédures judiciaires en vigueur dans le pays.  Il a assuré que son Bureau demeurait déterminé à travailler avec le Gouvernement libyen et le Conseil de sécurité en vue de garantir la justice pour toutes les victimes en Libye.


Le 26 février 2011, condamnant la violence et l’usage de la force contre des civils, le Conseil de sécurité, par sa résolution 1970 (2011), imposait une série de sanctions contre le régime de Mouammar Qadhafi et saisissait le Procureur de la CPI de la situation.


Au cours de la discussion qui a suivi sa présentation, le délégué du Pakistan a rappelé que la CPI, comme le stipule le Statut de Rome, jouait un « rôle complémentaire », la primauté devant être accordée aux autorités nationales.  Il a ainsi dit espérer que l’exception d’irrecevabilité formulée par les autorités libyennes serait accueillie favorablement.  « La lutte contre l’impunité est essentielle pour un pays comme la Libye qui s’est engagée dans la voie de l’état de droit », a affirmé le représentant de la France.  Pour les États-Unis, l’exception d’irrecevabilité marque un « moment unique »  tant pour la Libye que pour la CPI. 


Se félicitant, comme nombre de ses homologues, notamment de la coopération entre la Libye et le Bureau du Procureur, la représentante des États-Unis a invité le Gouvernement libyen à poursuivre sa coopération avec la CPI et l’a engagé à prendre toutes les mesures nécessaires contre Saif al-Islam Qadhafi.  Le délégué de la Fédération de Russie a, quant à lui, fait remarquer que des crimes avaient également été commis par des opposants de l’ancien régime libyen et qu’à ce jour, rien n’avait été dit sur les poursuites engagées à l’encontre des opposants du régime de Qadhafi, notamment les personnes impliquées dans la mort de l’ancien dirigeant libyen. 


Plusieurs délégations, comme celle du Maroc, ont salué les réformes judiciaires engagées par les autorités libyennes, telles l’adoption récente d’une loi sur la justice transitionnelle en Libye et la création d’une commission d’établissement des faits et de la réconciliation.  Le représentant de la Chine a évoqué, pour sa part, le sort des victimes civiles de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).  « La communauté internationale a le droit de connaître la vérité sur ces cas », a-t-il lancé.  Son collègue du Royaume-Uni a estimé que l’OTAN avait tout fait pour limiter le nombre de victimes civiles pendant le conflit en Libye, comme le soulignent, a-t-il dit, les rapports de la Commission d’enquête internationale de l’ONU et du Procureur de la CPI.


Le Procureur de la CPI a noté que le Gouvernement libyen s’était engagé en faveur d’une stratégie globale visant à répondre à tous les crimes commis en Libye et à mettre un terme à l’impunité qui y règne.  Alors que le Gouvernement libyen est confronté à des défis sur de nombreux fronts, cette stratégie globale doit rester une priorité s’il souhaite démontrer que l’impunité ne peut être tolérée, a-t-il déclaré. 


Il a notamment indiqué que le Gouvernement libyen avait récemment adopté une loi sur la justice transitionnelle qui a donné lieu, entre autres, à la création d’une commission d’établissement des faits et de réconciliation, une mesure susceptible, selon lui, de contribuer au renforcement de l’état de droit dans le pays.


LA SITUATION EN LIBYE


Déclarations


M. LUIS MORENO-OCAMPO, Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), qui présentait son troisième rapport au Conseil de sécurité, en application de la résolution 1970 (2011), a rappelé que les autorités libyennes avaient arrêté Saif al-Islam Qadhafi et avaient déposé publiquement une exception d’irrecevabilité concernant cette affaire, le 1er mai dernier. 


Les autorités ont fait valoir que le Procureur général libyen avait ouvert une enquête sur les crimes graves qui auraient été commis, notamment des meurtres et des viols, par Saif al-Islam Qadhafi pendant la révolution de 2011, en particulier entre le 15 et le 28 février. 


Les autorités ont également précisé que Saif al-Islam Qadhafi a été placé dans de bonnes conditions de détention, qu’il a été correctement nourri, qu’on lui a donné non seulement la possibilité de consulter des conseils de la CPI, mais aussi de se faire défendre par un avocat libyen de son choix, qu’il avait reçu la visite de membres d’organisations non gouvernementales et de sa famille et des soins médicaux et dentaires adéquats, et qu’il n’avait pas fait l’objet de violences physiques.


À la suite de cette requête, a poursuivi M. Moreno-Ocampo, la Chambre préliminaire a demandé des observations de la part des différentes parties ainsi que du Conseil de sécurité.  Pour le Procureur de la CPI, il n’y a aucun doute sur la légalité des principes. 


Une analyse de cette recevabilité ne constitue pas, en vertu du Statut de Rome, une évaluation du système judiciaire libyen dans son ensemble, a-t-il expliqué, en précisant que son Bureau entendait plutôt déterminer si les autorités nationales avaient mené ou menaient des enquêtes et des poursuites véritables au sujet des affaires sélectionnées.  Le Conseil de sécurité pourrait décider de présenter des observations, mais, a-t-il fait observer, il s’agit d’une question judiciaire qui sera tranchée par les juges de la Chambre préliminaire. 


M. Moreno-Ocampo a également souligné que, le 17 mars 2012, Abdullah Al-Senussi avait été arrêté par les autorités mauritaniennes, et qu’il faisait l’objet d’une demande d’extradition de la France et de la Libye, et d’une demande de remise de la CPI.  C’est à la Mauritanie de décider, a-t-il dit.  Le Bureau continue de collecter des preuves concernant les crimes à caractère sexiste contre des hommes et des femmes qui lui sont reprochés, a-t-il précisé.


Le Procureur de la CPI a également rappelé que la Commission d’enquête de l’ONU, dans son rapport publié le 2 mars 2012, avait indiqué avoir rassemblé des informations sur des milliers de crimes qui auraient été commis par les forces de Qadhafi, ainsi que sur des allégations de crimes perpétrés par des forces rebelles ou révolutionnaires.  La Commission d’enquête a en outre constaté que l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) n’avait pas délibérément pris des civils pour cible en Libye, et que, s’agissant des quelques objectifs visés dans des centres urbains, elle avait pris de nombreuses précautions pour éviter des pertes civiles.


Le Procureur de la CPI a noté que le Gouvernement libyen s’était engagé en faveur d’une stratégie globale visant à répondre à tous les crimes commis en Libye et à mettre un terme à l’impunité qui y règne.  Alors que le Gouvernement est confronté à des défis sur de nombreux fronts, cette stratégie globale doit rester une priorité s’il souhaite démontrer que l’impunité ne peut être tolérée, a-t-il déclaré. 


Il a notamment indiqué que le Gouvernement libyen avait récemment adopté une loi sur la justice transitionnelle qui a donné lieu, entre autres, à la création d’une commission d’établissement des faits et de réconciliation, une mesure susceptible, selon lui, de contribuer au renforcement de l’état de droit dans le pays.


M. Moreno-Ocampo a mis l’accent sur le fait que son Bureau avait le mandat d’enquêter sur les personnes qui portent la plus grande responsabilité concernant les crimes les plus graves couverts par la juridiction de la Cour, tout en respectant les procédures judiciaires en vigueur dans le pays.  Il a assuré que son Bureau demeurait déterminé à travailler avec le Gouvernement libyen et le Conseil de sécurité en vue de garantir la justice pour toutes les victimes en Libye.


M. SULJUK MUSTANSAR TARAR (Pakistan) a rappelé que la Cour pénale internationale, comme le stipule le Statut de Rome, joue un rôle complémentaire et c’est pourquoi, la primauté doit être accordée aux autorités nationales.  Il a dit espérer que l’exception d’irrecevabilité formulée par les autorités libyennes serait accueillie favorablement.  Si le procès des individus concernés se déroule en Libye, les autorités libyennes doivent garantir la protection de leurs droits et le bon fonctionnement des procédures judiciaires, a-t-il estimé.


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a affirmé que la décision du Conseil de sécurité de saisir la Cour pénale internationale de la situation en Libye avait permis de faire du respect de la justice et de la recevabilité un aspect clef de la nouvelle Libye.  Elle a estimé que l’exception d’irrecevabilité présentée par la Libye marquait un « moment unique » tant pour la Libye que pour la CPI, en se félicitant notamment de la coopération entre la Libye et le Bureau du Procureur.  Elle a invité le Gouvernement libyen à poursuivre sa coopération avec la CPI et l’a engagé à prendre toutes les mesures nécessaires contre Saif al-Islam Qadhafi. 


La Libye, a-t-elle ajouté, doit mettre sur pied un système judiciaire libre et équitable capable de faire respecter les droits de l’homme notamment.  La représentante a également évoqué la situation des personnes détenues par les milices, pour ensuite dénoncer les cas de violence sexuelle.  En outre, l’impunité pour les crimes commis à l’encontre des partisans du régime de Qadhafi n’est pas acceptable.  La réforme du secteur de la justice est essentielle, a-t-elle insisté.


M. SERGEY N. KAREV (Fédération de Russie) a fait remarquer que des crimes avaient également été commis par des opposants de l’ancien régime libyen et qu’à ce jour, rien n’a été dit sur les poursuites engagées à l’encontre des opposants de Qadhafi, notamment les personnes impliquées dans la mort de l’ancien dirigeant libyen.  L’emploi disproportionné de la force, quel qu’il soit, doit faire l’objet d’une enquête, a-t-il insisté, en rappelant que le Procureur doit enquêter sur tous les cas possibles de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre.  Le représentant a estimé qu’il revenait aux autorités libyennes d’organiser un procès national pour traduire en justice Saif al-Islam Qadhafi.  La compétence de la CPI complète mais ne remplace pas la compétence des juridictions nationales, a-t-il tenu à souligner.  M. Karev a néanmoins relevé que l’absence d’un système de justice efficace pouvait poser problème.  La question qui se pose ici, a-t-il indiqué, est de savoir si les autorités libyennes enquêtent réellement sur tous les crimes commis.  Il est important, a-t-il insisté, de respecter les garanties juridiques nécessaires pendant toute période postconflit.  La CPI, a-t-il ajouté, doit veiller au respect de ces garanties.


M. JOÃO MARIA CABRAL (Portugal) a salué les contacts entre la CPI et les autorités libyennes, ainsi que le rôle positif joué par la CPI pour prévenir davantage de violences dans le pays.  Il a indiqué que sa délégation suivrait de près les progrès des procédures.  Il s’est dit convaincu que dans son évaluation de la situation, la CPI adhèrerait aux plus hautes normes de respect des procédures.  Il a également dit attendre les rapports d’enquête sur les crimes sexuels, en mettant par ailleurs en garde contre toute mesure qui porterait préjudice aux victimes de tels crimes.  Les représailles sont inadmissibles et toute personne a droit à un procès équitable et il en va de même pour les civils perçus comme des partisans de Qadhafi, a-t-il ajouté.  La justice, a-t-il souligné, est la pierre angulaire d’une société juste et pacifique.


M. JOSÉ ALBERTO BRIZ GUTÉRREZ (Guatemala) a dit espérer que les prochaines élections en Libye établiraient des bases solides pour la reconstruction d’un État capable de garantir le respect des droits de l’homme et de l’état de droit.  Il a insisté sur l’importance, pour le Conseil de sécurité, de maintenir sa coopération avec la CPI et le Bureau du Procureur.  M. Briz Gutérrez a néanmoins appelé le Conseil de sécurité à faire preuve de prudence.  « Notre appui, a-t-il prévenu, ne doit pas se traduire par une ingérence dans les travaux de la CPI, et encore moins par des pressions ».  C’est pourquoi, ma délégation estime qu’il faudrait se montrer prudent dans les commentaires formulés à l’égard de l’exception d’irrecevabilité présentée par le Gouvernement libyen concernant Saif al-Islam Qadhafi.


Le représentant a salué l’implication du Gouvernement libyen dans le processus, en qualifiant de signe positif le fait que les autorités libyennes cherchent ainsi à démontrer que leur système judiciaire est capable de prendre en charge un défi aussi particulier.  Il a ensuite estimé que c’était à la Chambre préliminaire de se prononcer sur la recevabilité de la requête présentée par le Gouvernement libyen, et que quelle que soit sa décision, le Bureau du Procureur devra en tenir informé le Conseil de sécurité.  M. Briz Gutérrez a également appelé à la poursuite des enquêtes sur les cas de violation des droits de l’homme, de crimes contre l’humanité et de crimes sexuels commis en Libye.  Il a par ailleurs estimé que les centres de détention libyens devraient être contrôlés par les forces de sécurité nationales, en dénonçant notamment l’emploi fait, par des groupes non gouvernementaux, des centres de détention pour perpétrer des violations des droits de l’homme.


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a affirmé que les autorités libyennes avaient rappelé que le système de justice nationale était capable de garantir des procédures régulières pour tous les accusés, en conformité avec les normes internationales.  La priorité du système judiciaire national a été établie, a-t-il dit.  Le représentant du Maroc a salué l’adoption récente d’une loi sur la justice transitionnelle en Libye et la création d’une commission d’établissement des faits et de la réconciliation.  Le Maroc est prêt à apporter son concours dans ce domaine, a-t-il dit.  La nation libyenne a souffert pendant des décennies du fait de la répression des droits fondamentaux de la population et de la privation de ses ressources naturelles, a-t-il ajouté, en notant qu’elle avait fait montre de courage.  M. Loulichki a espéré que la Libye nouvelle saura se monter à la hauteur des espoirs nourris pas la population.


M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) s’est dit préoccupé par les informations faisant état de crimes commis par les forces de Qadhafi mais aussi par les forces révolutionnaires.  S’il est important de traduire en justice les membres de l’ancien Gouvernement qui aurait commis des crimes, il est tout aussi important, a insisté le représentant, que la justice soit perçue comme juste et impartiale et non comme la justice des vainqueurs.  Ayant pris bonne note du rapport du Procureur, il a dit attendre avec intérêt le rapport de suivi qui devrait paraître en novembre prochain.


M. CHRISTOPHE EICK (Allemagne) a appelé les parties concernées à faire en sorte que M. Abdullah Al-Senussi soit dûment traduit en justice pour tous les crimes qu’il a commis, comme homme fort du régime Qadhafi.  Il s’est ensuite dit préoccupé par le fait que M. Saif al-Islam Qadhafi soit toujours détenu à Zintan et que son transfèrement aux autorités libyennes soit toujours en suspens.  Après avoir noté l’exception d’irrecevabilité présentée par les autorités libyennes, le représentant a souligné l’importance de la justice transitionnelle et de la réconciliation nationale.  Il s’est par exemple dit préoccupé par le rythme avec lequel les milices et les autorités locales transfèrent les détenus aux autorités nationales.  Il a aussi dénoncé la lenteur avec laquelle les décisions sur la libération des détenus ou le lancement des poursuites sont prises.  Le représentant a également pointé le doigt sur les disparitions forcées et les actes de torture dans les centres de détention contrôlés par les conseils militaires locaux et sur les punitions collectives contre des communautés entières qui auraient fait allégeance au régime Qadhafi. 


M. MICHAEL TATHAM  (Royaume-Uni) a affirmé que la Libye se remettait sur pied.  La détermination et le sacrifice du peuple libyen ont permis d’organiser les premières élections démocratiques en une génération, a-t-il ajouté.  Les dirigeants libyens ont toujours été clairs quant à la question du respect des droits de l’homme, a—t-il dit, en les exhortant à tenir leurs engagements.  L’impunité n’est plus tenable, a-t-il déclaré, en précisant que le Royaume-Uni appuyait fermement la Cour pénale internationale (CPI) et les travaux de son Procureur.  Le représentant s’est félicité de la coopération de la Libye à l’égard de la CPI.  De même, a estimé le représentant du Royaume-Uni, l’OTAN a tout fait pour limiter le nombre de victimes civiles pendant le conflit en Libye, comme le soulignent les rapports de la Commission d’enquête internationale de l’ONU et du Procureur de la CPI.


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a déclaré que le rapport du Procureur de la CPI contenait des mentions prometteuses sur l’attitude positive d’États parties au Statut de Rome, mais aussi d’organisations telles qu’INTERPOL ou la Commission d’enquête des Nations Unies.  Le Gouvernement libyen a fait preuve de sa volonté de coopérer avec la Cour, s’est-il notamment félicité.


M. WANG MIN (Chine) a affirmé que le processus de transition politique en Libye était entré dans une phase critique et a appelé le Gouvernement intérimaire à faire avancer l’organisation des prochaines élections.  Le représentant a ensuite insisté sur la stricte mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a également évoqué le sort des victimes civiles de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).  La communauté internationale, a-t-il affirmé, a le droit de connaître la vérité sur ces cas.


M. MARTINS BRIENS (France) a estimé qu’à l’heure où les autorités syriennes poursuivent les violences à l’encontre des populations civiles, et souvent des enfants, le Conseil de sécurité doit réitérer son message sur la primauté du droit et la lutte contre l’impunité en toutes circonstances.  Il s’est félicité que la Cour pénale internationale (CPI) ait démontré sa capacité à agir vite et à exercer une pression sur ceux qui organisaient ou commettaient les exactions.  Elle nous a permis aussi de comprendre les rouages de la violence en Libye, a-t-il ajouté.  Plus d’un an après les faits, la communauté internationale tend parfois à oublier l’histoire.  Ces mandats d’arrêt, la clarté avec laquelle ils exposent les ordres donnés pour terrifier et martyriser les civils, sont là pour empêcher cette « relecture de l’histoire », a affirmé le représentant.


M. Briens s’est félicité que la communauté internationale et le Conseil de sécurité, face à la commission d’atrocités, puissent avoir recours à une institution judiciaire impartiale et indépendante, permanente et donc immédiatement opérationnelle, pour identifier les principaux responsables de crimes.  Après l’exemple libyen, l’inaction est, plus que jamais, inexcusable, a-t-il martelé.  Commentant par ailleurs le fait que les autorités libyennes aient demandé à juger elles-mêmes Saif al-Islam Qadhafi, il a estimé qu’il était « tout à l’honneur de ce pays émergent d’un conflit de souhaiter ainsi assumer ses responsabilités ».  Il a également encouragé les efforts des autorités libyennes pour transférer les personnes détenues par les milices sous leur contrôle.  Saluant le travail du Procureur de la CPI, M. Luis Moreno-Ocampo, le représentant a insisté sur la nécessité de poursuivre le processus initié par la résolution 1970.  La lutte contre l’impunité est essentielle pour un pays comme la Libye qui s’est engagée dans la voie de l’état de droit.  C’est ce que le Conseil vient de réaffirmer dans sa résolution 2040 à laquelle s’est référé le Procureur de la Cour, a souligné le représentant de la France.  La poursuite du processus, a-t-il souligné, nécessite à la fois une pleine coopération de la Libye avec le Bureau du Procureur et le plein soutien du Conseil de sécurité, du Secrétariat et de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) à l’action de la CPI.


M. KODJO MENAN (Togo) a espéré, s’agissant de la « question cruciale » de la coopération de la CPI avec les États africains, que la toute récente visite de la Présidente de l’Assemblée des États parties à Addis-Abeba permettra de renforcer les liens quant à l’objectif commun de la lutte contre l’impunité des auteurs de crimes odieux.  Une coopération de qualité entre la Cour et les États africains permettra de corriger « les équivoques » sur le principe de complémentarité, a-t-il dit, en estimant que les discussions en cours en vue de l’attribution éventuelle d’une compétence pénale à la Cour africaine des droits de l’homme n’en seront qu’enrichies.  Il s’est félicité, à cet effet, de la coopération entre le Bureau du Procureur et le Gouvernement libyen. 


Le représentant a, à son tour, espéré qu’à l’expiration du délai fixé par la résolution 1970, le 4 juin prochain, la Cour disposera des informations adéquates pour se prononcer sur l’exception d’irrecevabilité dont elle est saisie par les autorités libyennes.  Il a conclu en exprimant sa préoccupation face aux allégations de crimes à caractère sexiste imputés aussi bien aux forces fidèles au régime de Qadhafi qu’aux milices et groupes révolutionnaires, et face à l’existence de nombreux centres de détention secrets gérés par des brigades révolutionnaires et des actes de torture seraient commis.


M. VINAY KUMAR  (Inde) a espéré que le Procureur mènera des enquêtes « impartiales » sur les agissements de toutes les parties au conflit.  Le Procureur ne devrait pas se laisser influencer par des considérations non judiciaires.  Tous les auteurs de crimes couverts par le Statut de Rome doivent être tenus responsables de leurs actes, quelle que soit leur appartenance.  Les considérations politiques et autres ne sauraient exonérer personne de poursuites pour les crimes commis.  Il est également important, a jugé le représentant, de faire en sorte que toutes les actions du Procureur respectent scrupuleusement l’esprit et la lettre de la résolution 1970, en particulier le paragraphe 6 relatif aux États non parties au Statut de Rome.


M. AGSHIN MEHDIYEV(Azerbaïdjan) a estimé que le Conseil de sécurité ne devrait pas se montrer sélectif et demeurer indifférent au recours systématique à la violence et à l’emploi de forces militaires à l’encontre des civils.  Si tout porte à croire que de telles violations ont été commises, des enquêtes doivent alors être menées, a-t-il estimé.  Le représentant a ensuite salué la coopération « fructueuse » entre la CPI et la Gouvernement libyen.  En dépit des difficultés rencontrées, a-t-il fait remarquer, le Gouvernement libyen est en mesure de promouvoir la réconciliation nationale et de garantir, au sein du système judiciaire, la protection de droits de l’homme et des libertés fondamentales.  M. Mehdiyev s’est notamment félicité de l’adoption de la loi sur la justice transitionnelle.  Avant de conclure, il a demandé au Gouvernement libyen d’accélérer sa prise de contrôle des centres de détention du pays, ainsi que la fermeture des centres de détention non officiels.


M. IBRAHIM O. A. DABBASHI (Libye) a rendu hommage aux efforts fournis par le Procureur de la CPI et a salué son professionnalisme qui a aidé les autorités libyennes dans son combat contre l’impunité.  Il s’est félicité de la délivrance de mandats d’arrêt, qui, a-t-il dit, a eu des effets positifs sur la population.  Il a rappelé que le peuple libyen s’était rebellé contre le « tyran Qadhafi » après des décennies d’injustice, de violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales.  Les autorités libyennes ont fait de la justice l’une de leurs priorités et ont pris des mesures de réformes du système judiciaire, a-t-il expliqué.  Le système judiciaire libyen, a-t-il assuré, repose désormais sur de nouvelles fondations et est prêt à mener des procès justes et impartiaux, conformément aux normes internationales en vigueur.


Le représentant a souligné que les autorités libyennes avaient coopéré avec la CPI.  Le Gouvernement et le peuple libyens apprécient à sa juste valeur le rôle que peut jouer la CPI en l’absence de système judiciaire efficace, a-t-il dit.  Mais le statu quo n’est plus de mise, le régime judiciaire a été réformé et est désormais capable d’assurer des procès justes et impartiaux.  La Libye n’est pas partie au Statut de Rome et c’est pourquoi, la responsabilité de juger de crimes graves incombe aux autorités judiciaires nationales, a-t-il précisé. 


La demande d’exception d’irrecevabilité présentée par les autorités libyennes témoigne de leur volonté de tenir les procès en Libye.  Tous les Libyens souhaitent que ces procès aient lieu en Libye, a-t-il déclaré.  Ils espèrent bénéficier de la compréhension de la CPI et du Conseil de sécurité pour que ces procès se déroulent sur le territoire national libyen.  Le représentant a assuré que Saif al-Islam Qadhafi bénéficierait d’un avocat pour garantir sa défense lors de son procès, comme le prévoit le droit libyen.


Par ailleurs, le représentant a affirmé que les autorités libyennes étaient convaincues que le plan présenté par les dirigeants de l’OTAN cherchait à protéger les civils face aux violences perpétrées par Qadhafi.  Des erreurs ont pu être commises, mais celles-ci, a-t-il dit, peuvent intervenir partout et leur nombre était inférieur à ce qui pouvait être redouté, compte tenu de la violence des attaques des forces du régime Qadhafi.


Il a confirmé que les autorités libyennes progressaient au quotidien pour apaiser les tensions, étendre leur contrôle et avaient l’intention, d’ici à la fin de l’année, de transférer tous les centres de détention au Gouvernement central, de sorte que l’armée et la police nationales puissent assumer les fonctions actuellement exercées par les rebelles. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Ministre palestinien pour le développement, Mohammad Shtayyeh, craint que 2012 ne soit une année de vide politique pour la Palestine

AG/PAL/1230

Le Ministre palestinien pour le développement, Mohammad Shtayyeh, craint que 2012 ne soit une année de vide politique pour la Palestine

16/05/2012
Assemblée généraleAG/PAL/1230
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité pour l’exercice des droits

inaliénables du peuple palestinien

342e séance – après-midi                                   


LE MINISTRE PALESTINIEN POUR LE DÉVELOPPEMENT, MOHAMMAD SHTAYYEH, CRAINT QUE 2012

NE SOIT UNE ANNÉE DE VIDE POLITIQUE POUR LA PALESTINE


Le Comité des droits inaliénables du peuple palestinien se dit

particulièrement alarmé par la poursuite des colonies de peuplement en Cisjordanie


« La solution à deux États s’éloigne de jour en jour », a affirmé, cet après-midi, le Ministre chargé du Conseil économique palestinien pour le développement et la reconstruction devant le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.


Venu faire le point sur l’avancée du processus politique de paix, M. Mohammad Shtayyeh a également prévenu contre le risque d’une « sud-africanisation » de la Palestine, tout en soutenant par ailleurs que l’année 2012 sera une année de « vide politique » pour la Palestine.


« Washington se concentre actuellement sur la prochaine élection présidentielle, l’Europe est confrontée à la crise de l’euro et nombre de pays arabes sont très préoccupés par leurs propres affaires internes.  En outre, la première coalition politique israélienne ne semble pas disposer d’une plateforme politique pour faire face à la question palestinienne », a fait remarquer M. Shtayyeh, qui est également membre de la délégation palestinienne aux négociations de paix.


Pour régler le conflit israélo-palestinien, il importait d’arriver à une solution à deux États or, ce que fait Israël sur le terrain, a-t-il affirmé, c’est saper la création d’un État palestinien.


Les mesures imposées par Israël sur le terrain nous poussent à une solution à un État, vers la « sud-africanisation » de la situation palestinienne, une situation d’« apartheid », où les Palestiniens représenteraient 55% de la population totale de la zone tandis que les Israéliens, qui sont minoritaires, maintiendraient les rennes du pouvoir.


La situation sur le terrain, a-t-il déploré, n’est pas durable et ne laisse pas de place à l’optimisme.


M. Shtayyeh a par ailleurs rapporté que lors des dernières négociations en Jordanie, la délégation israélienne avait demandé que le tracé des frontières respectent les réalités démographiques sur le terrain, permettent à Israël de disposer d’une présence militaire le long du fleuve Jourdain et tiennent également compte des sites archéologiques.  À maintes reprises, la nécessité de maintenir le statu quo avait pourtant été soulignée.


Le Ministre palestinien a affirmé qu’il était plus urgent que jamais pour Israël de geler toutes ses activités de colonisation.  L’occupation de la Palestine, a-t-il fait observer, est très avantageuse économiquement pour Israël. 


Il a en effet indiqué, à titre d’exemple, que si Israël fournit 95% de l’électricité aux Palestiniens, il interdit à la Palestine de construire des usines électriques.


« L’autorité palestinienne ne contrôle nullement ses propres ressources et fonctionne dans un domaine extrêmement limité.  Pendant combien de temps pouvons-nous continuer à vivre avec une Autorité qui n’a pas de pouvoir? » a-t-il fait mine de s’interroger.


Il a exhorté la communauté internationale à adopter une nouvelle approche, « une approche de conviction et de pression », en estimant que le temps était venu pour le Quatuor de changer sa façon de travailler.  « Si on continue de demander à Israël de faire ceci ou cela, on n’obtiendra pas de résultats », a-t-il assuré. 


Dans une lettre adressée à l’Autorité palestinienne, M. Benjamin Netanyahu, tout en soutenant que la Palestine impose des conditions, a soutenu qu’Israël appuie la solution à deux États, a rappelé M. Shtayyeh.  Mais le Premier Ministre israélien n’a pas accepté le gel des colonies et a préféré confiner la création de l’État Palestinien aux frontières de 1967 sans faire aucune référence au sort de Jérusalem-Est, ni au sujet du sort des réfugiés, a martelé le Ministre palestinien.


Il a ensuite annoncé que les dirigeants palestiniens avaient demandé au Comité arabe de convoquer prochainement une réunion dans le but de rédiger une réponse à cette lettre.


De son côté, M. Pedro Nuñez Mosquera (Cuba), Vice-Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a relayé les inquiétudes exprimées par M. Shtayyeh, en se disant tout particulièrement préoccupé par l’intensification des activités de peuplement illégales israéliennes en Cisjordanie.  « Nous sommes tous particulièrement alarmés par la récente décision prise par Israël d’autoriser trois avant-postes de colonies », a-t-il déclaré, en rappelant que le Bureau du Comité l’avait dénoncée dans une déclaration publique. 


« En poursuivant sa politique du fait accompli et en modifiant le statut démographique des territoires palestiniens occupés, le Gouvernement israélien sape rapidement les perspectives d’une solution à deux États sur la base des frontières d’avant-1967.  Le Comité, a indiqué le Vice-Président, continuera d’appeler le Conseil de sécurité à entreprendre une action concrète pour qu’Israël soit tenu pour responsable de ses graves violations du droit international.


Inquiet par ailleurs de la lenteur du processus de réconciliation, comme par celui de l’admission de la Palestine en tant qu’État Membre des Nations Unies, le Comité s’est également déclaré alarmé, par la voix de son Président, par les informations selon lesquelles les institutions palestiniennes seraient touchées par une crise financière. 


Exhortant les donateurs internationaux à fournir une aide de toute urgence à l’Autorité palestinienne, le Vice-Président a assuré que l’occupation israélienne demeurait le principal obstacle à des institutions palestiniennes stables et à une économie prospère.  Évoquant le sort des prisonniers politiques palestiniens, M. Mosquera s’est dit toutefois soulagé d’apprendre que la grève de la faim, entamée par un certain nombre d’entre eux, avait pris fin après que leurs demandes principales ont été satisfaites par Israël.


Au cours d’un bref échange de vues, l’Observateur de la Palestine, les représentants de l’Indonésie, de l’Iraq, de la Turquie et du Sénégal se sont félicités de l’intervention de M. Shtayyeh. 


Le représentant de l’Iraq a notamment souhaité savoir si l’Autorité palestinienne comptait toujours se tourner vers l’Assemblée générale après que sa demande d’admission en tant qu’État Membre des Nations Unies auprès du Conseil de sécurité n’a donné aucune suite.  M. Shtayyeh a répondu que certaines « superpuissances » siégeant au sein du Conseil de sécurité avaient bloqué la demande d’admission.  Il a cependant rappelé que certains pays n’étaient devenus États Membres qu’après de nombreuses tentatives et que la candidature de la Palestine était toujours sur la table. 


L’Autorité palestinienne réfléchit actuellement à sa prochaine démarche, en consultation avec ses partenaires de la Ligue des États arabes et de l’Union européenne, avant de présenter éventuellement sa demande d’admission à l’Assemblée générale, a-t-il indiqué.


Avant de clore la séance, le Vice-Président du Comité a annoncé que la prochaine réunion internationale du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien se tiendra à Paris à la fin du mois de mai sur le thème de « L’autonomisation de la jeunesse palestinienne dans l’édification d’un État palestinien ».  Une réunion sur le rôle que peuvent jouer les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux des pays d’Asie et du Pacifique dans l’établissement d’un État palestinien indépendant, souverain et viable aura lieu à Bangkok, en Thaïlande, à la mi-juillet, au siège de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les « Small Five », groupe de petits États, retirent leur projet de résolution sur les méthodes de travail du Conseil de sécurité

AG/11234

Assemblée générale: les « Small Five », groupe de petits États, retirent leur projet de résolution sur les méthodes de travail du Conseil de sécurité

16/05/2012
Assemblée généraleAG/11234
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

108e séance – matin


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: LES « SMALL FIVE », GROUPE DE PETITS ÉTATS, RETIRENT LEUR PROJET DE RÉSOLUTION SUR LES MÉTHODES DE TRAVAIL DU CONSEIL DE SÉCURITÉ


L’Assemblée pourvoit des sièges vacants en nommant Mme Susan McLurg au Comité des contributions et M. Garmonin à la Commission de la fonction publique internationale


Les États Membres réunis au cours d’une séance de travail de l’Assemblée générale ont évité ce matin une « bataille procédurale », a déclaré le représentant de la Suisse, après que le groupe d’États réunis sous l’appellation  « Small Five » (S5) (Costa Rica, Jordanie, Liechtenstein, Singapour et Suisse) a retiré des travaux un projet de résolution* qui visait une amélioration concrète des méthodes de travail du Conseil de sécurité, et qui contenait notamment une proposition relative à l’usage du droit de veto.


Réunie pour procéder à diverses nominations, accréditer des organisations non gouvernementales et examiner le projet de résolution intitulé « Renforcement de la responsabilité, de la transparence et de l’efficacité du Conseil de sécurité », l’Assemblée générale n’a pas eu finalement à se prononcer sur ce texte jugé « très pragmatique », mais qui a suscité des « pressions importantes » pour en provoquer le retrait, a expliqué le Représentant permanent de la Suisse auprès des Nations Unies.


M. Paul Seger a indiqué que le projet de résolution faisait explicitement référence aux recommandations du Document final du Sommet mondial de 2005, aux termes duquel les États Membres recommandaient « que le Conseil de sécurité continue à adapter ses méthodes de travail de façon à ce que les États qui n’en sont pas membres participent davantage, le cas échéant, à ses travaux ».


M. Seger, dont le discours a été accueilli par des applaudissements, s’est longuement exprimé pour exposer les raisons qui ont conduit les « Small Five », groupe de petits pays, à proposer des recommandations pratiques qui visaient notamment à permettre une amélioration des rapports qu’entretient le Conseil de sécurité avec l’Assemblée générale et les autres organes principaux des Nations Unies.


« Les travaux du Conseil de sécurité nous touchent tous. »  « Est-ce trop demander que d’être plus impliqués et mieux informés des travaux du Conseil? », a demandé le représentant de la Suisse.  Il a estimé qu’une meilleure interaction du Conseil de sécurité avec les autres organes de l’ONU pouvait contribuer à améliorer l’efficacité et la légitimité des travaux du Conseil, car celui-ci serait alors mieux compris et plus soutenu sur le plan politique.


Pour justifier la démarche des « Small Five», le représentant de la Suisse a invoqué l’article 10 de la Charte des Nations Unies selon lequel l’Assemblée générale peut faire des recommandations au Conseil de sécurité.  « Notre texte respecte les rôles des organes principaux de l’ONU et reconnait que le Conseil reste maître de ses procédures », a-t-il précisé.


Rappelant les travaux déjà en cours au sein d’un groupe de travail sur l’amélioration des méthodes de travail du Conseil, il a affirmé que ces méthodes devaient être améliorées dès maintenant en suivant les recommandations pragmatiques des « Small Five ». « Tous les États Membres ont réagi positivement à ces recommandations », a-t-il indiqué.


Poursuivant ses explications, le représentant de la Suisse a replacé la question débattue dans le cadre de la réforme globale du Conseil de sécurité dont les États Membres discutent depuis plus de 20 ans.  « Cette réforme exigera une réforme des méthodes de travail du Conseil », a-t-il dit, tout en soulignant la différence entre l’amélioration des méthodes de travail, qui est un processus dynamique en cours, et la réforme elle-même, qui nécessitera un amendement de la Charte de l’ONU.  « Nous proposons seulement de combler certaines lacunes », a dit le délégué suisse, assurant que la position des S5 ne préjugeait en rien de la future réforme.


M. Seger a indiqué que le projet de texte proposé avait deux fois été révisé pour rassurer les délégations et prouver qu’il ne s’agissait que de « révisions pragmatiques ».  Ce texte n’aurait entraîné aucun amendement de la Charte des Nations Unies, a-t-il assuré, ce qui est d’ailleurs précisé dans le préambule du projet.


Pour justifier encore les intentions des S5, il a également fait observer que les recommandations de ce groupe d’États ne portaient que sur les méthodes de travail du Conseil dans sa composition actuelle et ne concernaient donc pas le Conseil tel qu’il sera réformé.


« Une majorité écrasante d’États Membres de l’ONU sont de petite taille, ou de taille moyenne, et ne siègeront peut-être jamais au Conseil », a également observé M. Seger.  Il a argué que s’il lui était permis d’être pris en compte, le texte des S5 aboutirait à une amélioration plus positive pour les petits pays que la réforme globale du Conseil.  « Que signifie une réforme globale si les États Membres ne sont même pas en mesure de se mettre d’accord sur quelques méthodes de travail? », a-t-il demandé.


Le représentant de la Suisse a par ailleurs indiqué que le projet de résolution aurait pu être adopté par une majorité simple des votants.


Présentant ensuite le contenu du texte, il a indiqué que son titre avait été modifié pour faire plus clairement référence au Somment mondial de 2005.  Le texte, très court, invite le Conseil à examiner vingt recommandations qui figurent en annexe.


Le projet de texte, qui en fin de compte a été retiré par les « Small Five » énumère les façons dont le Conseil de sécurité pourrait améliorer son soutien aux opérations de maintien de la paix et aux missions de politique spéciale.  Il prévoit aussi de renforcer la participation des pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police à ces opérations.


En outre, le projet de document fait une recommandation concernant la désignation du Secrétaire général de l’ONU, invitant notamment le Conseil de sécurité à tenir compte des résultats des consultations que peut tenir le Président de l’Assemblée générale à cet égard.  M. Seger a expliqué l’utilité d’en référer avec les 193 États Membres de l’ONU lorsqu’il s’agit de choisir le futur Secrétaire général.


Ce texte présente également une proposition majeure en recommandant que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (les « P5 ») s’abstiennent « de recourir au droit de veto pour bloquer une décision que le Conseil pourrait prendre pour prévenir ou faire cesser un génocide, des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité ».  Le texte invite également les membres permanents du Conseil à expliquer les raisons d’un recours au droit de veto ou de l’annonce d’y recourir, en particulier sur le plan de la conformité aux buts et principes de la Charte des Nations Unies et au droit international applicable.


« Notre groupe respecte complètement le droit de véto », a assuré le représentant de la Suisse.  Il a expliqué que les crimes visés par cette recommandation étaient définis par le Statut de Rome qui a instauré la Cour pénale internationale (CPI).


Le représentant de la Suisse a enfin évoqué « les fortes pressions exercées par les P5 ces dernières semaines afin que les S5, groupe de petits pays, ne présentent pas ce texte », car ils estimaient que cela créerait des divisions.  Il a assuré que cela n’était pas dans les intentions des « Small Five », qui souhaitent au contraire que le Conseil et l’Assemblée travaillent ensemble.


Le représentant a précisé que les pressions exercées par les membres permanents du Conseil et la menace d’utiliser des manœuvres procédurières pour empêcher un véritable examen du projet de texte avaient créé un certain malaise au sein des délégations.  Certains ont prétendu qu’il faudrait obtenir une majorité qualifiée, a-t-il dit, avant d’expliquer que les « Small Five » avaient préféré éviter une bataille procédurale aujourd’hui en retirant leur texte.


Il s’est cependant interrogé sur les raisons qui ont suscité tant d’émotion alors qu’il ne s’agissait que de recommandations pratiques.  « Il semblerait que les États Membres dans leur ensemble ne soient pas prêts à nous suivre, et nous sommes un peu déçus », a-t-il reconnu, « mais nous tiendrons compte des avis exprimés ».


Ce matin, l’Assemblée générale a entériné deux nominations proposées par sa Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, et elle a nommé Mme Susan McLurg, des États-Unis, en tant que membre du Comité des contributions, en remplacement de sa compatriote, Mme Lisa P. Spratt, démissionnaire.  Le mandat de Mme McLurg prendra effet le 16 mai 2012 et viendra à expiration le 31 décembre 2012.


L’Assemblée a également nommé M. Sergei V. Garmonin, de la Fédération de Russie, comme membre de la Commission de la fonction publique internationale pour pourvoir le siège laissé vacant par M. Yevgeny Vladimirovich Afanasiev, ressortissant du même pays, pour un mandat allant du 1er juin 2012 au 31 décembre 2012.


Enfin, l’Assemblée a décidé** d’accréditer les organisations intergouvernementales figurant dans une note du Secrétariat et de les inviter à participer, en qualité d’observateurs, aux travaux du Comité préparatoire de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable et à la Conférence Rio+20 elle-même.


Projet de résolution sur le « Renforcement de la responsabilité, de la transparence et de l’efficacité du Conseil de sécurité » (A/66/L.42/Rev.1)


Aux termes de ce projet de texte, l’Assemblée généraleinviteraitle Conseil de sécurité à examiner les mesures énoncées dans l’annexe à la présente résolution, qui visent à rendre ses travaux davantage conformes aux principes de la responsabilité, de la transparence et de la participation du plus grand nombre, afin de renforcer son efficacité, ainsi que la légitimité de ses décisions, et d’améliorer la mise en œuvre de celles-ci.


Au titre des recommandations à l’intention du Conseil de sécurité contenues dans l’annexe à ce projet de résolution, l’Assemblée générale inviterait plus spécifiquement le Conseil de sécurité à consulter les États Membres, par des moyens appropriés, en veillant à prendre en compte, dans le processus décisionnel, leur capacité de mettre en œuvre ses décisions, en particulier lorsqu’il s’agit de renouveler des mesures qu’il a déjà prises, sans préjudice de la nécessité d’agir rapidement.


L’Assemblée inviterait d’autre part le Conseil à continuer d’accroître la transparence des travaux de ses organes subsidiaires, notamment en augmentant la qualité et la fréquence de leurs rapports officiels et non officiels, en organisant à l’intention des États non membres du Conseil des séances d’information interactives sur les questions de fond, ainsi qu’en diffusant plus largement et rapidement les comptes rendus analytiques des séances.  De même l’inviterait-elle à offrir plus souvent l’occasion aux États Membres d’apporter, de façon informelle, leur contribution effective aux travaux de ses organes subsidiaires.


Par ce texte, en ce qui concerne la désignation du Secrétaire général, l’Assemblée recommanderait au Conseil de sécurité de contribuer à la mise en œuvre des mesures prévues par l’Assemblée générale dans sa résolution 51/241 du 31 juillet 1997 concernant la désignation du Secrétaire général, notamment en tenant compte des résultats des consultations que peut tenir le Président de l’Assemblée générale. 


Enfin, l’Assemblée générale inviterait les membres permanents du Conseil de sécurité de s’abstenir de recourir au droit de veto pour bloquer une décision que le Conseil pourrait prendre pour prévenir ou faire cesser un génocide, des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité, et à établir une pratique selon laquelle, dans certains cas, un État votant contre un projet de résolution pourrait déclarer que ce vote ne constitue pas un veto au sens du paragraphe 3 de l’Article 27 de la Charte. 


*     A/66/L.42/Rev.1

**    A/66/L.46


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: Lutter contre le trafic de drogues en Amérique centrale exige une coopération entre pays producteurs, pays consommateurs et pays de transit

AG/11232

Assemblée générale: Lutter contre le trafic de drogues en Amérique centrale exige une coopération entre pays producteurs, pays consommateurs et pays de transit

16/05/2012
Assemblée généraleAG/11232
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

Débat thématique – matin


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: LUTTER CONTRE LE TRAFIC DE DROGUES EN AMÉRIQUE CENTRALE EXIGE UNE COOPÉRATION

ENTRE PAYS PRODUCTEURS, PAYS CONSOMMATEURS ET PAYS DE TRANSIT


Au cours d’un débat de haut niveau sur le crime organisé, des délégations demandent

l’application de la règle de la responsabilité commune mais différenciée pour combattre ce fléau


L’Assemblée générale a organisé pour la première fois aujourd’hui, au niveau ministériel, et en présence du Secrétaire général de l’ONU, un débat thématique de haut niveau sur « la sécurité en Amérique centrale en tant que défi de dimension régionale et mondiale ».  Considérant que les pays de cette région sont pris dans l’étau formé par les pays producteurs de drogues d’une part et par ceux qui en sont consommateurs de l’autre, et alimentent la demande en stupéfiants, de nombreux intervenants ont plaidé en faveur de la reconnaissance et de l’application de la règle de la responsabilité commune mais différenciée dans les efforts de lutte contre ce fléau.


Tout en soulignant les progrès indiscutables accomplis par les pays d’Amérique centrale dans la consolidation de l’état de droit, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a souligné les nombreux défis qui restent à relever dans cette région devenue une plaque tournante des trafics de stupéfiants en direction de l’Amérique du Nord et de l’Europe, et où circulent aussi illicitement des armes légères et de petit calibre en même temps qu’y fleurissent des réseaux de transit d’immigrants illégaux contrôlés par des « passeurs ».


Ces défis se posent de manière particulièrement aigüe dans le triangle formé par El Salvador, le Guatemala et le Honduras, a constaté le Secrétaire général.  Coincés entre les pays producteurs de stupéfiants d’Amérique du Sud et les pays occidentaux consommateurs, l’Amérique centrale affiche désormais les taux d’homicides les plus élevés au monde.  Trente-neuf meurtres sont commis au Guatemala pour 100 000 citoyens, 72 pour 100 000 à El Salvador, et 86 pour 100 000 au Honduras, soit 10 fois plus que la moyenne mondiale, a déploré M. Ban.


Face à cette triste réalité, l’Assemblée générale s’est donc réunie aujourd’hui sous l’égide de son Président, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, du Qatar, dans un souci de promouvoir et de soutenir la mise en œuvre de la stratégie de sécurité de l’Amérique centrale, adoptée lors du Sommet des chefs d’État d’Amérique centrale qui s’est tenu en juin dernier, dans l’espoir d’en faire une « région sûre, paisible, évoluant dans un cadre de liberté, de démocratie et de développement ».


Les participants au débat thématique ont reconnu le rôle de leadership joué par le Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), qui est présidé par M. Arturo Corrales Alvarez, Ministre des affaires étrangères du Honduras.  Au cours d’un dialogue interactif, celui-ci a expliqué que plusieurs milliards de dollars avaient déjà été engloutis à ce jour dans les programmes de répression et de lutte contre la criminalité transnationale organisée, au détriment de projets éducatifs, de la promotion d’infrastructures de santé ou du renforcement des capacités dont la région a besoin.


Tous les pays d’Amérique centrale étaient respectivement représentés à un niveau élevé à ce débat par M. Mario Zamora Cordero, Ministre de la sécurité publique du Costa Rica; M. Carlos Raùl Morales Moscoso, Vice-Ministre des affaires étrangères du Guatemala; M. Alexandro Garuz Recuero, Vice-Ministre de la sécurité du Panama; M. Brìgido Ruiz, Vice-Ministre de l’intérieur et de la police de la République dominicaine; M. Douglas Mauricio Moreno Recinos, Vice-Ministre de la justice et de la sécurité publique d’El Salvador; Mme Aminta Granera, Chef de la Police nationale du Nicaragua; et par le colonel George Lovell, Vice-Ministre de la sécurité du Belize.


Le colonel Lovell a expliqué que les efforts déployés par les pays d’Amérique centrale pour faire face à l’insécurité grandissante avaient abouti à l’établissement d’une stratégie dite du « triangle » dans laquelle sont impliqués le Guatemala, El Salvador et le Honduras, qui sont les trois pays considérés comme étant les plus directement touchés par les violences.


M. Lovell a proposé aujourd’hui que cette stratégie puisse devenir celle du « rectangle », afin de prendre en compte les besoins spécifiques du Belize, pays qui fait face à des situations comparables à celles des trois États précédemment évoqués.


Dans un souci d’aller au-delà de la coopération régionale, M. Pietro Grasso, procureur de la lutte antimafia en Italie, a cité en exemple la coopération entre l’Italie et la Colombie, dans le cadre de laquelle une opération conjointe entre les deux pays a permis de démanteler, l’an dernier, un vaste réseau de trafiquants qui dissimulaient la cocaïne dans des blocs de marbres funéraires en partance pour la Calabre.  Cette opération a permis l’arrestation de 200 personnes et la saisie de 500 kilogrammes de cocaïne, s’est félicité le procureur.


DÉBAT THÉMATIQUE SUR LE THÈME « LA SÉCURITÉ EN AMÉRIQUE CENTRALE EN TANT QUE DÉFI DE DIMENSION RÉGIONALE ET MONDIALE: COMMENT PROMOUVOIR ET METTRE EN OEUVRE LA STRATÉGIE DE SÉCURITÉ DE L’AMÉRIQUE CENTRALE »


Déclarations liminaires


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de l’Assemblée générale, a relevé dans sa déclaration d’ouverture que les pays d’Amérique centrale font face à une vague de violence née de la criminalité transnationale organisée et du trafic de drogues.  Le trafic d’êtres humains, le trafic des migrants, et les enlèvements de personnes ont également fait leur lit dans les sociétés d’Amérique centrale, a-t-il noté.  Il a ensuite indiqué que les menaces criminelles qui affectent l’Amérique centrale sont en train de freiner le développement économique de la région, tout en corrompant aussi les processus politiques et légaux des pays touchés, y détruisant la confiance du public et sapant les avancées faites dans le domaine du développement. 


M. Al-Nasser a noté que l’Assemblée générale reconnaît que malgré les efforts permanents des États, d’organisations internationales, de la société civile et d’organisations non gouvernementales, la question de la production, du trafic et de la consommation de drogues à travers le monde continue de poser une sérieuse menace à la sécurité de la communauté internationale.  Il a également relevé que la « stratégie de sécurité régionale en Amérique centrale » représente une étape importante pour faire face à ces fléaux.  Cette stratégie, a t-il rappelé, a été adoptée au Sommet des chefs d’États de l’Amérique centrale qui s’est tenu en juin dernier, afin de créer une « région sûre, paisible, évoluant dans un cadre de liberté, de démocratie et de développement ».  M. Al-Nasser a également souhaité que l’équipe spéciale des Nations Unies sur la criminalité transnationale organisée et le trafic de drogues puisse permettre le renforcement de la sécurité régionale en Amérique centrale.  Le Président de l’Assemblée générale a indiqué que le débat thématique de haut niveau de ce jour se tient à un moment opportun, car la sécurité en Amérique centrale n’est pas une question qui interpelle seulement cette région, mais également de nombreux autres pays situés dans d’autres régions du monde, et qui sont affectés par l’insécurité en Amérique centrale.  Il a ensuite souligné que des solutions efficaces au problème qui se pose peuvent être trouvées à travers un partenariat entre nations.  


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a rappelé que les Nations Unies avaient de longue date travaillé avec les pays d’Amérique centrale en vue de promouvoir la paix, la liberté et le développement dans la région.  Si les conflits armés qui ont embrasé la région par le passé ont cessé, que la violence politique y est en chute libre, et que les progrès démocratiques y sont en voie de consolidation, il n’en reste pas moins que de nombreux défis demeurent, a-t-il fait observer.  Ces défis se posent de manière particulièrement aigüe dans le triangle formé par El Salvador, le Guatemala et le Honduras, où les violences se multiplient, alimentées par la criminalité transnationale organisée et le trafic de stupéfiants, a constaté le Secrétaire général.  Coincés entre les pays producteurs de stupéfiants et certains des pays grands consommateurs de l’hémisphère Nord, leur proximité géographique a encouragé la criminalité, a noté M. Ban.  La région héberge les taux d’homicides les plus élevés du monde: 39 meurtres pour 100 000 citoyens au Guatemala, 72 pour 100 000 à El Salvador, et 86 pour 100 000 au Honduras, soit 10 fois plus que la moyenne mondiale.  Dans les pays de la région, un homme sur cinquante, âgé de 20 ans, sera assassiné avant d’atteindre l’âge de 32 ans, ce qui correspond à 400 fois le taux d’assassinat constaté dans des pays à faible taux d’homicides.  Cette crise est encore aggravée par l’émergence de crimes nouveaux, a pointé le Secrétaire général: enlèvements, trafics de migrants et traite des êtres humains, sans compter la circulation illicite d’armes à feu.


Face à un tel fléau, la Stratégie sécuritaire d’Amérique centrale –adoptée par les dirigeants en juin 2011– marque un nouveau départ, et le Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA) joue à cet égard un rôle de leadership, a rappelé M. Ban.  Quant aux Nations Unies, a assuré le Secrétaire général, elles se tiennent prêtent à assister ces pays dans leurs efforts.  « Mais la drogue et le crime ne sont pas simplement une question entre le Nord et le Sud, ils concernent également l’Est et l’Ouest.  L’Amérique centrale est une passerelle en direction de l’Amérique du Nord, mais les Amériques sont aussi une étape vers l’Europe », a relevé M. Ban.  Aujourd’hui, a-t-il rappelé, la consommation de cocaïne en Europe est à peu près comparable à celle observée en Amérique du Nord.  En outre, l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest, deux régions vulnérables, constituent désormais deux des itinéraires privilégiées des trafics de stupéfiants vers l’Europe.  Tous ces phénomènes soulignent la nécessité d’aller au-delà d’une approche régionale, a poursuivi le Secrétaire général, qui a rappelé que c’est en gardant cette exigence à l’esprit qu’il avait établi, l’an dernier, un Groupe de travail sur la criminalité transnationale organisée et le trafic de stupéfiants.  Il a affirmé que les législations et les réglementations nationales doivent être harmonisées, et qu’un accent doit être mis sur la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent.  Les efforts entrepris par la communauté internationale seront intensifiés afin de pouvoir prêter assistance aux pays d’Amérique centrale, a promis en conclusion le Secrétaire général, lançant un appel à l’unité aux États Membres.


Mme PAOLA SEVERINO, Ministre de la justice de l’Italie, a salué la création, par le Secrétaire général des Nations Unies, de l’équipe spéciale des Nations Unies de lutte contre la criminalité transnationale organisée et le trafic de drogues.  Elle a précisé que cette équipe devrait permettre de fédérer les initiatives existant dans ces domaines.  La criminalité transnationale organisée met en péril la sécurité des citoyens et freine la croissance économique, a-t-elle expliqué.  Elle a ensuite souligné que la lutte contre ce fléau ne doit pas se faire de manière isolée, car la performance économique et la sécurité, ainsi que la stabilité politique sont liées.


La Ministre a souhaité une coopération internationale solide dans ce contexte, et la mise en place d’un large éventail de mesures.  Elle a notamment évoqué le besoin pour les pays de disposer d’une justice et d’institutions de police plus fortes, de lois plus efficientes, et d’apporter ou de recevoir un soutien au développement économique et social.  Mme Severino a indiqué que l’Italie parle des questions de criminalité et de trafic de drogues avec une expérience en la matière.  Elle a souligné que les conventions des Nations Unies sur le trafic des drogues et sur la criminalité transnationale organisée, ainsi que contre la corruption, sont les meilleures armes dont dispose la communauté internationale pour lutter contre ces phénomènes.  Par la suite, elle a évoqué le juge Giovanni Falcone, dont la commémoration de l’assassinat par la mafia aura lieu la semaine prochaine.  Giovanni Falcone a combattu la criminalité transnationale organisée en Italie, a-t-elle rappelé. 


Mme Severino a réaffirmé l’engagement de l’Italie dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée, et a également rappelé que l’Italie présente chaque année une résolution sur la criminalité devant l’Assemblée générale.  La Ministre italienne de la justice a ensuite annoncé que l’Italie va organiser, l’année prochaine, une session de formation de formateurs qui accueillera 20 officiers de police du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), et dont certains modules seront consacrés spécifiquement aux enquêtes concernant les crimes financiers impliquant les organisations criminelles.  Elle a dans ce cadre rappelé l’une des innovations du juge Falcone, à savoir la confiscation des biens issus de la criminalité transnationale organisée.  Grâce à cette initiative du juge Falcone, 1,8 milliard d’euros illicitement acquis ont déjà été recouvrés au 15 décembre 2011.  Ces fonds sont reversés aux projets de développements mis en place par des communes et des agences gouvernementales.  Ils servent à financer des programmes sociaux, a précisé la Ministre.


M. ARTURO CORRALES ALVAREZ, Ministre des affaires étrangères du Honduras et Président pro tempore du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), a rappelé que le SICA était le cadre institutionnel de l’intégration économique régionale des pays d’Amérique centrale que sont le Belize, le Costa Rica, El Salvador, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua et Panama.  Il a fait observer que l’Amérique centrale, grâce à sa situation géographique privilégiée entre le Nord et le Sud, pourrait faciliter cette intégration régionale et contribuer à la réalisation du développement économique des États concernés.  Or, a regretté le Ministre, notre région est dévoyée par les réseaux de criminalité transnationale organisée qui en font la plaque tournante de leurs trafics en tout genre.  Malgré les sommes colossales englouties dans la répression et la justice, qui s’élèvent à plus de 3 000 milliards de dollars à ce jour, les violences et les trafics illicites d’armes légères et de petit calibre ou de stupéfiants se poursuivent avec insistance.  Pour M. Alvarez, la seule solution à cette crise est d’engager une lutte sans merci contre ces trafics.  « Mais nous ne pourrons pas en assumer seuls les coûts, non seulement en raison de notre petite taille, mais aussi parce que nos pays ne peuvent pas être tenus pour responsables de la demande de stupéfiants qui a son origine dans d’autres pays », a prévenu M. Alvarez.  Aussi, a-t-il lancé un appel aux États Membres en faveur d’une action concertée et collective.


Débat ministériel


M. MARIO ZAMORA CORDERO, Ministre de la sécurité publique du Costa Rica, a rappelé que le Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA) apparait comme le cadre idoine de coordination des actions lancées par les pays de la région pour faire face à la criminalité transfrontalière organisée.  Il a estimé que la faiblesse des structures sociales et la pauvreté sont les causes profondes qui ont permis à la criminalité transfrontalière organisée de s’implanter dans les pays d’Amérique centrale.  Il a relevé que la suppression des visas entre pays d’Amérique centrale a également favorisé les flux de populations, ainsi que le trafic de migrants et de stupéfiants.  Il a ensuite souligné les efforts déployés par les institutions des pays de la région pour le renforcement des institutions de police et des structures et règles pénitentiaires, avec le soutien de l’Italie.


Le Ministre de la sécurité publique du Costa Rica a rappelé que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) estime que 40% des fonds reçus par les pays d’Amérique centrale pour les programmes de développement sont consacrés à la lutte contre la criminalité et la lutte contre les stupéfiants, ce qui sape les efforts de développement de la région.  C’est pourquoi, a-t-il expliqué, la coopération internationale est cruciale pour les pays d’Amérique centrale, a-t-il insisté.  Il a souligné que le Costa Rica a mis l’accent sur la prévention face à ces fléaux.  Il a rappelé que son pays a supprimé ses forces armées afin de reverser les ressources qui leur étaient affectées vers les secteurs de la santé et de l’éducation.  Il a en outre indiqué que le Costa Rica veut mettre l’accent sur la formation des forces de police et sur la législation ayant un rapport avec la criminalité organisée.  Il a ajouté que s’il ne parvient pas à disposer des ressources nécessaires à la lutte contre les activités criminelles, le Costa Rica ne pourra pas être efficace dans la conduite de différentes initiatives lancées à cet égard.  


M. CARLOS RAÙL MORALES MOSCOSO, Vice-Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a déclaré que son pays se trouvait dans une région qui est un pont entre deux autres zones géographiques.  Les cadres institutionnels sont faibles en Amérique centrale, ce qui constitue un terreau favorable à la délinquance, a-t-il noté.  En Amérique centrale, a-t-il rappelé, nous ne sommes ni de grands consommateurs, ni de gros producteurs de stupéfiants, mais nous sommes en revanche des pays de transit de la drogue, ce qui suppose l’adoption d’une approche collective pour mettre fin à cette situation.  Cependant, les mécanismes actuels n’ont engendré que davantage de problèmes économiques, a estimé le Vice-Ministre, pour qui les ressources engagées dans la répression auraient du être consacrées à la santé, à l’éducation ou encore au renforcement des capacités.  Il a donc recommandé l’établissement d’une structure judiciaire ayant juridiction régionale pour traiter de toutes les affaires liées à la criminalité transnationale organisée.  Un groupe d’experts pourrait réfléchir aux options possibles à cet égard, a-t-il proposé.  Par ailleurs, il a expliqué que la stratégie sécuritaire de l’Amérique centrale, qui regroupe 22 projets régionaux, devait être soutenue financièrement afin d’atténuer les souffrances des familles d’Amérique centrale.  La coresponsabilité des pays consommateurs et producteurs de drogues est donc plus que jamais nécessaire dans ce cadre, tout comme l’est la coopération directe avec le citoyen ordinaire, pour que celui-ci comprenne que nous luttons concrètement contre ce fléau, a dit M. Morales Moscoso.


M. ALEXANDRO GARUZ RECUERO, Vice-Ministre de la sécurité du Panama, a estimé qu’il est important, dans la lutte contre la criminalité transfrontalière organisée, d’impliquer les pays qui sont principalement concernés et qui sont ceux de l’Amérique centrale.  Il a rappelé les mesures prises au niveau régional pour lutter contre les fléaux découlant de ce phénomène, notamment des actions engagées dans le cadre du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), et a souhaité que les États qui souhaitent soutenir ces pays puissent adhérer à la stratégie sécuritaire d’Amérique centrale.  M. Garuz Recuero a également précisé que ce sont les mesures prises et menées de manière collective qui peuvent être les plus efficaces.


M. BRÌGIDO RUIZ, Vice-Ministrede l’intérieur et de la police de la République dominicaine, a mis dans son intervention l’accent sur la coordination au niveau régional, et a indiqué que son propre pays s’était lancé dans un plaidoyer vigoureux en faveur du renforcement de la sécurité en Amérique centrale.  À l’échelle nationale, le Gouvernement de la République dominicaine est parvenu, a-t-il dit, à limiter considérablement les violations de son espace aérien par les appareils utilisés par des narcotrafiquants grâce à l’installation de radars supplémentaires et le déploiement de vols de surveillance, et ce, dans le cadre d’une assistance technique venant des États-Unis, de l’Union européenne et de la Colombie, notamment.  Enfin, la République dominicaine, a affirmé M. Ruiz, est pleinement impliquée dans la mise en œuvre du « Plan de sécurité démocratique », dont les quatre volets principaux sont: la réforme et la modernisation de la police nationale, la sécurité des quartiers, la sécurité des municipalités, et la protection des victimes.


Le colonel GEORGE LOVELL, Vice-Ministre de la sécurité du Belize, a indiqué que les efforts engagés par son pays dans le cadre de la lutte contre la criminalité transnationale organisée se font dans un cadre bien organisé.  Il a expliqué que les efforts déployés par les pays de la région d’Amérique centrale pour faire face à ce fléau avaient donné lieu à l’instauration d’une stratégie dite du « triangle » dans laquelle sont impliqués le Guatemala, El Salvador et le Honduras.  M. Lovell a proposé que cette stratégie puisse passer de l’approche dite du « triangle » à celle dite du « rectangle », afin de prendre en compte les besoins du Belize, pays qui fait face à des situations comparables à celles de ces pays déjà impliqués dans la stratégie du « triangle ».


M. DOUGLAS MAURICIO MORENO RECINOS, Vice-Ministre de la justice et de la sécurité publique d’El Salvadora rappelé que dans la mise en œuvre de tous les projets entrepris à l’échelle régionale contre le crime transnational organisé, les pays d’Amérique centrale devaient mettre l’accent sur l’évaluation constante de la mise en œuvre.  Il a également souligné que l’approche régionale du SICA avait permis de garantir l’unité entre ses États Membres, « car nous avons identifié nos problèmes communs et su formuler des solutions coordonnées » dans un cadre institutionnel commun.  Mais il faut maintenant aller au-delà de la dimension régionale pour mettre en œuvre des projets répondant à la dimension internationale du trafic de stupéfiants, a préconisé le représentant salvadorien.  Il a indiqué que, lors de la réunion du SICA en date du 30 mars dernier sur le thème du développement durable et de la sécurité, les Présidents d’El Salvador, du Honduras et du Nicaragua avaient émis des réserves sur la question de la dépénalisation des drogues.  « Cette question pourrait être examinée au niveau international, et une discussion pourrait être organisée sous l’égide des Nations Unies afin d’y réfléchir de manière concertée », a suggéré le représentant en conclusion de son intervention.


Mme SIMONE MONASBIAN a lu un message du Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), M. Yury Fedotov.  Dans ce message, M. Fedotov a rappelé que dans ses statistiques pour l’année 2010, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) établit que le tiers des 18 500 homicides ayant eu lieu en Amérique centrale était attribuable à la criminalité transnationale organisée.  Il est du devoir de la communauté internationale, y compris les Nations Unies, d’apporter une assistance aux pays de la région, a-t-il souligné dans son message.  Il a précisé que cette assistance devrait se faire dans le cadre des conventions des Nations Unies pertinentes en la matière.  Il a également précisé que malgré le fait que l’Amérique centrale soit particulièrement touchée par ces fléaux découlant du crime transnational organisé, les solutions devraient être mondiales. 


Les pays d’Amérique centrale, a noté le Directeur exécutif de l’ONUDC, sont géographiquement situés entre les pays producteurs de drogues, au Sud, et au Nord, les pays dont les populations créent la demande en drogues et en stupéfiants.  Il a rappelé qu’aucune région du monde ne vit en autarcie, et que de ce fait, la nature interconnectée des activités de trafic des stupéfiants et la criminalité qui en résulte ont besoin que des solutions interrégionales soient adoptées et mises en œuvre pour y mettre un terme.  Il a ajouté que les pays d’Afrique de l’Ouest se trouvent désormais impliqués, étant utilisés comme zone de transit entre les pays producteurs de drogues d’Amérique et les pays consommateurs d’Europe.  Il a expliqué ainsi que l’ONUDC envisage de créer un lien entre les programmes qu’elle mène en Amérique et ceux mis en place en Afrique de l’Ouest.  L’ONUDC compte aussi renforcer ses programmes régionaux intégrés.  Dans ce contexte, M. Fedotov a évoqué la création, par l’ONUDC, d’un centre régional au Panama, et la mise en place d’un centre d’excellence au Mexique et en République dominicaine.  Il a expliqué que cette approche régionale vise également l’appropriation, par les pays concernés, de la lutte contre la criminalité transnationale organisée et le trafic de drogues.  Le Directeur exécutif de l’ONUDC a enfin rappelé que pour que ces initiatives soient couronnées de succès, tous les pays, dans toutes les régions du monde, doivent participer à l’effort de lutte contre la criminalité transnationale organisée et le trafic de drogues.


Table ronde interactive


Présentations des panélistes


Mme ABIGAIL BENZADON COHEN, Secrétaire générale du Conseil de la transparence contre la corruption du Panama, a indiqué que la criminalité transnationale organisée « gangrénait » l’état de droit en s’appuyant sur une culture de corruption dans tous les secteurs d’activité.  Elle s’est donc félicitée de l’existence de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, premier instrument juridique à formaliser la volonté de la communauté internationale de lutter contre ce phénomène.  Parmi les principales mesures prises par le Panama, Mme Cohen a cité la professionnalisation du système judiciaire, la modernisation des moyens d’enquête de police et la mise en place de programmes d’assistance aux victimes de crimes.  Elle s’est dite en outre favorable à l’échange de bonnes pratiques institutionnelles et juridiques entre États, comme c’est actuellement le cas dans le cadre du SICA.


Mme AMINTA GRANERA, Chef de la Police nationale du Nicaragua, s’est dite convaincue qu’aucun pays ne pouvait être efficace tout seul et a plaidé pour que tous les pays travaillent ensemble en matière de police.  Tous les projets mis en œuvre dans le cadre du SICA devaient couvrir l’ensemble des États membres de cette organisation, a-t-elle préconisé.  Au-delà de l’approche régionale entre pays concernés, la responsable de la Police nationale du Nicaragua a aussi insisté sur la nécessité d’impliquer tous les acteurs pertinents au niveau international.  Le fait de tenir un débat comme celui de ce jour dans cette enceinte est un appel en ce sens, a-t-elle poursuivi, soulignant l’importance de traiter à pied d’égalité tous les crimes transnationaux, qu’il s’agisse du trafic de stupéfiants ou d’armes légères et de petit calibre ou encore de la traite humaine.  Sur la base de son expérience de 33 ans dans la Police nationale nicaraguayenne, Mme Granera a assuré que les « espaces de sécurité » se construisent uniquement à partir des communautés et au service de ces mêmes communautés.  Toute stratégie doit donc s’appuyer sur l’inclusion de ces communautés, a-t-elle insisté.  Le travail policier et le travail de l’État doivent donc être communautaires, a-t-elle recommandé.  Par ailleurs, a-t-elle ajouté, le principe de la responsabilité commune mais partagée doit être assumé avec plus de vigueur que jamais, en gardant à l’esprit l’importance de « permettre à l’Amérique centrale de décider par où il nous faut commencer et quelle sera la voie à suivre ».


M. PIETRO GRASSO, Procureur de la lutte antimafia en Italie, a rappelé que l’État italien, ainsi que le Bureau national pour la criminalité transnationale organisée qu’il a établi, avait accumulé une expérience judiciaire considérable dans la lutte contre ce fléau, mais que ces efforts s’étaient traduits par l’assassinat de 12 juges et procureurs.  Exprimant le sentiment de solidarité de son pays vis-à-vis de l’Amérique centrale, M. Grasso a annoncé que l’Italie était prête à signer un protocole d’accord avec le SICA.  À l’heure actuelle, notre Gouvernement, a-t-il dit, rédige, en coopération avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et Interpol, une compilation de pratiques optimales qui servira de guide pratique aux magistrats et aux services de police du monde entier.  La coopération entre les polices de différents pays ne pourra cependant pleinement fonctionner qu’à partir du moment où les législations nationales auront été harmonisées entre elles, a-t-il cependant fait observer.  Le Procureur antimafia a cité comme exemple la coopération entre l’Italie, son pays, et la Colombie.  La Colombie s’est inspirée du modèle développé par l’Italie pour renforcer sa législation pertinente, a indiqué M. Grasso.  Dans ce contexte, des enquêtes ont été menées par le biais d’agents infiltrés dans le milieu du crime entre 2007 et 2011, et une opération conjointe entre les deux pays a permis de démanteler un immense réseau de trafiquants qui dissimulaient la cocaïne dans des blocs de marbres funéraires en direction de la Calabre.  L’opération a permis l’arrestation de 200 personnes et la saisie de 500 kilogrammes de cocaïne.


M. JUAN DANIEL ALEMAN GURDIAN, Secrétaire général du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), a rappelé que le SICA est un cadre de coopération des pays de la région, notamment en matière sécuritaire.  Il a expliqué que grâce au SICA, les objectifs et les intérêts sécuritaires sont passés du niveau local au niveau régional afin d’améliorer l’efficacité des mesures sécuritaires prises par chacun des pays d’Amérique centrale.  Il a noté que le fléau de la criminalité transnationale organisée n’a pas pour origine la région d’Amérique centrale, et il a estimé que le principe de la responsabilité commune mais différenciée demande une implication des pays des autres régions du monde pour faire face à ce fléau.  Il a notamment évoqué le soutien financier dont a besoin l’Amérique centrale pour faire face à ces maux, et il a souhaité l’harmonisation des traités existant en la matière à l’échelle internationale.  


Pour M. OSCAR FERNANDEZ-TARANCO, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, de l’ONU, les pays de transit des stupéfiants souffrent d’un taux de violence élevé qui résulte de la tentative, par les groupes criminels, de contrôler le trafic de drogues et ses revenus.  Il a estimé que les efforts internationaux pour faire face à ces fléaux doivent être inclusifs.  Il a rappelé le travail des Nations Unies en la matière, notamment la mise en place récente d’une équipe spéciale des Nations Unies sur la criminalité transnationale organisée et le trafic de drogues, dont les activités relèvent du Département des affaires politiques.  Il a également souligné l’existence du programme de lutte contre l’impunité que les Nations Unies ont lancé au Guatemala, en partenariat avec les autorités du pays.  Il a ensuite rappelé que les Nations Unies appuient le SICA dans son ambition de lutter contrer la criminalité transnationale organisée et le trafic de drogues, et a souhaité que les solutions à ce fléau puissent être trouvées dans un contexte de synergie.


M. JOHN FEELEY, spécialiste des questions de sécurité au Département d’État des États-Unis, a relevé que la lutte contre les fléaux liés à la criminalité transnationale organisée et au trafic de drogues devrait s’appuyer sur le partenariat dans la confiance.  Il a estimé que les solutions à ces fléaux viendront d’abord des pays d’Amérique centrale, et il a précisé que les États-Unis étaient prêts à y apporter leur contribution.  Il a annoncé, à cet effet, que les États-Unis allaient doubler le montant de 16 millions de dollars du fonds pour l’assistance à l’Initiative de sécurité pour l’Amérique centrale(CARSI).  M. Feeley a indiqué que ces fonds devraient appuyer des programmes de prévention de la violence et permettre de mettre fin a la main mise des gangs sur les rues et autres espaces urbains.  Il a rappelé que 7,7% du produit intérieur brut (PIB) collectif de l’Amérique centrale sont perdus, car ils vont au financement des efforts de lutte contre la criminalité transnationale organisée.  Il a évoqué des solutions, comme par exemple la mise en place de forces de police professionnelle disposant de personnels recevant des rémunérations adéquates, afin, a-t-il expliqué, que les jeunes ne se tournent vers la criminalité organisée comme source de revenus.  Il a également suggéré la mise en place d’institutions fortes et de structures sociales adéquates dans le cadre de l’amélioration de la lutte contre la criminalité transnationale organisée et le trafic de drogues en Amérique centrale.


Discussion interactive


Le représentant du Honduras a jugé qu’en Amérique centrale, les sommes recouvrées dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent devaient être réaffectées, pour au moins un tiers de leur montant, au renforcement des capacités des forces de police.  Rappelant que son pays avait perdu des juges, des procureurs et des journalistes dans le cadre de ses efforts de lutte contre la criminalité transnationale organisée, il a expliqué que les lois adoptées par le Honduras « et payées au prix fort » continuaient de mettre en danger la vie de tous ceux qui sont engagés dans ce combat.  Il a indiqué qu’il insistait sur ce point dans l’espoir d’attirer l’attention de la communauté internationale sur l’importance d’aider les pays d’Amérique centrale sur la base du principe de la responsabilité commune mais différenciée.


À cet égard, le représentant de l’Australie a expliqué que son pays organisait régulièrement des ateliers de formation en vue de faciliter l’échange de pratiques exemplaires, ateliers auxquels participent de hauts fonctionnaires de la police australienne.  Il s’est toutefois demandé quel était le degré de coopération régionale entre les pays d’Amérique centrale dans la conduite des enquêtes liées à la lutte contre le crime.


De son côté, le représentant de l’Allemagne a indiqué que son pays avait contribué, entre 2011 et 2016, à hauteur de 140 millions de dollars à la lutte contre la criminalité transnationale organisée dans la région d’Amérique centrale.  Rien qu’en 2012, l’Allemagne financera à cet égard des projets à hauteur de 50 millions de dollars, s’est-il félicité.  Le représentant s’est dit convaincu que la prévention et la sensibilisation des jeunes étaient essentielles, dans la mesure où les cartels s’appuient sur des mineurs pour mener à bien leurs trafics.  Au nom de son pays, il a en outre recommandé aux pays d’Amérique centrale de coopérer davantage avec les Nations Unies dans le cadre de la lutte contre l’impunité. 


Le représentant du Pérou a quant à lui mis l’accent sur l’impact qu’ont sur la biodiversité et l’environnement les trafics de stupéfiants, en raison de l’utilisation d’engrais chimiques dans la culture des plantes à stupéfiants et de l’occupation des sols par ces cultures très souvent illicites.  Aussi, a-t-il offert l’expertise du Pérou en matière de promotion de produits agricoles de substitution, comme le cacao ou le café. 


Le représentant du Mexique a quant à lui indiqué que son gouvernement menait ses activités de coopération sur la base du principe de responsabilité commune mais partagée et en insistant sur la régionalisation des projets ayant trait à la lutte contre la criminalité transnationale organisée.


Déclaration de clôture


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de l’Assemblée générale, a salué la reconnaissance et l’appui des initiatives adoptées par les chefs d’États d’Amérique centrale en juin dernier.  Il a relevé la nécessité de lancer une action à l’échelle mondiale contre la criminalité transnationale organisée et le trafic de drogues, fléaux dont les conséquences sont visibles en Amérique, mais également en Europe et en Afrique.  Il a souligné que les mesures prises doivent se baser sur une approche intégrée, car ces phénomènes, a-t-il expliqué, minent les activités économiques et les institutions des pays concernés.  Le Président de l’Assemblée a souhaité que cette approche puisse inclure le secteur privé et la société civile.  Il a reconnu que les pays de transit du trafic de la drogue paient un lourd tribut, car ils connaissent une hausse de la violence relative aux activités menées par les groupes criminels pour contrôler ce trafic et ses bénéfices.  Pourtant, a-t-il relevé, ces pays de transit ne sont ni producteurs ni demandeurs de stupéfiants.  Il a encouragé les États qui ne l’ont pas encore fait à adhérer aux conventions des Nations Unies pertinentes en ce qui concerne la lutte contre la criminalité transnationale organisée et le trafic de drogues.  Il a également souhaité la mise en place de mesures contre le blanchiment d’argent.  M. Al-Nasser a en outre annoncé la tenue, le 26 juin prochain, d’un débat thématique organisé au Siège des Nations Unies sur le thème: « les drogues et le crime comme menace au développement ».  Ce débat aura lieu à l’occasion de la célébration de la Journée internationale contre l’abus et le trafic illicite de drogues.  « C’est notre responsabilité commune de lutter contre ce fléau », a conclu le Président de l’Assemblée.  


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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