L’état de l’économie et de la finance mondiales fait l’objet d’un examen critique au cours d’un débat thématique de haut niveau à l’ONU
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Assemblée générale
Soixante-sixième session
Débat thématique de haut niveau
Matin & après-midi
L’ÉTAT DE L’ÉCONOMIE ET DE LA FINANCE MONDIALES FAIT L’OBJET D’UN EXAMEN CRITIQUE
AU COURS D’UN DÉBAT THÉMATIQUE DE HAUT NIVEAU À L’ONU
La communauté internationale doit trouver des solutions à long terme pour faire face aux effets de la crise économique et financière mondiale qui sévit depuis 2008, ont estimé aujourd’hui des chefs d’État, ministres et experts de renommée mondiale au cours d’un débat de haut niveau organisé au Siège des Nations Unies à New York.
Durant deux jours, à l’invitation conjointe du Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, et du Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, plus d’une trentaine de chefs d’État, de ministres et d’experts débattent des propositions et solutions que la communauté internationale pourrait mettre en œuvre pour permettre à l’économie mondiale de retrouver, après la crise économique et financière qui a affecté tous les pays depuis 2008, une croissance durable et qui profite à tous.
Outre un débat général, qui a occupé une grande partie de cette première journée de discussions sur l’état de l’économie et de la finance mondiales en 2012, quatre tables rondes doivent permettre aux délégations et aux experts d’échanger leurs vues sur cette question avant la tenue de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable qui s’ouvre à Rio de Janeiro, au Brésil, au mois de juin.
Les quatre thèmes dont débattent les tables rondes portent, entre autres, sur la lutte contre le chômage et la pauvreté; la maîtrise de l’inflation et de la déflation; les mesures à adopter pour limiter les fluctuations des cours des denrées alimentaires, ainsi que les réformes à conduire afin d’apporter davantage de stabilité et de transparence dans le secteur financier.
« Le monde tel que nous le connaissions n’existe plus, et nous devons en créer un nouveau basé sur un modèle de croissance dynamique qui devra être équitable, durable et bénéficier aux générations actuelles et futures », a souligné, à l’ouverture des débats de ce matin, le Secrétaire général de l’ONU. M. Ban Ki-moon a rappelé que la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, dont les travaux auront lieu à Rio du 20 au 22 juin, sera l’occasion de créer « un nouveau paradigme pour la croissance ». Face aux défis qui attendent la communauté internationale, il s’est cependant dit inquiet du rythme et de l’ambition des négociations qui sont actuellement en cours en vue de la Conférence.
« Aujourd’hui, il s’agit de mettre en œuvre une politique efficace et coordonnée au niveau mondial, qui permettrait de mettre l’économie globale sur la voie du développement durable », a également insisté le Président de l’Assemblée
générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser. Rappelant le rôle que l’ONU doit jouer dans le débat sur l’état de l’économie mondiale, il a invité les États Membres à proposer des mesures concrètes pour relever ses défis.
« Mais que peut faire l’ONU face à la situation dangereuse dans laquelle se trouve l’économie mondiale? » s’est interrogé l’ancien chef de la Réserve fédérale américaine, M. Paul Volcker. Malgré la légitimité que lui donne sa composition, il a fait remarquer que l’Organisation n’avait pas d’autorité exécutive. L’ONU n’a pas non plus le mandat, le poids, et le consensus politique dont elle aurait besoin pour pouvoir élaborer des mesures décisives en matière économique et financière, a estimé M. Volcker.
Pour le Président de la Commission européenne, M. José Manuel Barroso, les déséquilibres mis en exergue par la crise doivent être corrigés pour que la croissance reprenne de manière plus saine. Alors que plusieurs intervenants se sont inquiétés de l’état de la dette souveraine en Europe et des politiques de rigueur et d’austérité envisagées dans l’Union européenne, M. Barroso s’est dit porteur d’un message encourageant. « La crise a montré que nos niveaux de dettes sont insupportables. Aussi devons-nous continuer à mener des réformes et à procéder à des investissements bien ciblés », a-t-il dit.
De l’avis du Lauréat du prix Nobel d’économie et Professeur à l’Université Columbia, M. Joseph Stiglitz, « aucune grande économie ne s’est jamais redressée d’une grave crise en mettant en place un plan d’austérité ». Il a mis en garde les pays qui recourent à l’austérité comme panacée à la situation actuelle, en les prévenant que des réformes mal conçues pourraient exacerber encore plus les problèmes actuels.
Plusieurs délégations ont ensuite mis l’accent sur les inégalités entre pays et entre couches sociales et individus vivant dans la même société, qui sont devenues encore plus visibles depuis 2008 et le déclenchement de la crise. Des intervenants ont également attiré l’attention sur les difficultés particulières auxquelles font face les pays en développement.
Alors que ces derniers ont un réel besoin d’investissements directs étrangers (IED), « les politiques de restriction budgétaire ont amené les pays industrialisés à réduire l’aide publique au développement », a déploré le Ministre du rendement et des statistiques de l’Algérie. En outre, peu a été fait pour mettre en place une meilleure réglementation du système financier mondial, pour inclure les pays en développement dans les processus de prise de décisions ayant trait aux questions économiques et financières ou pour instaurer des mesures d’allègement de la dette, a regretté de son côté le Président de Guyana, qui parlait au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).
Cet après-midi, deux tables rondes inscrites à l’ordre du jour du débat thématique de haut niveau ont été tenues parallèlement au débat général. La première était axée sur le thème: « Lutter contre le chômage, créer des emplois (en particulier pour les femmes et les jeunes) et remédier à la pauvreté », tandis que la seconde a vu ses participants débattre du thème: « Réduire la vulnérabilité à l’égard de la dette, maîtriser l’inflation et la déflation ».
Les participants au débat de haut niveau de l’Assemblée générale sur l’état de l’économie et des finances mondiales en 2012 en poursuivront le débat général demain, vendredi 18 mai en matinée. Ils prendront également part à deux tables rondes à partir de 9 heures.
DÉBAT THÉMATIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE THÈME « ÉTAT DE L’ÉCONOMIE ET DE LA FINANCE MONDIALES EN 2012 »
Déclarations liminaires
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, s’est tout d’abord félicité de coprésider ce débat thématique de haut niveau portant sur l’état de l’économie mondiale aux cotés du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon. « Notre effort conjoint en vue de convoquer cette conférence est une illustration de la coopération en faveur d’une ONU forte », a souligné M. Al-Nasser. Il a ensuite fait remarquer combien l’économie mondiale était à la croisée des chemins. « Presque chaque jour, nous sommes conscients qu’il y a des questions économiques et financières auxquelles il nous faut répondre si nous souhaitons promouvoir une reprise robuste, durable et inclusive de l’économie mondiale. Ce devra être une reprise qui accélérera le développement, améliorera l’emploi et sortira un milliard de personnes de la pauvreté », a-t-il ajouté. M. Al-Nasser a ensuite rappelé que les conséquences de la crise économique et financière avaient eu un impact sévère aussi bien sur les pays développés que sur les pays en développement. Ces derniers ont d’ailleurs été particulièrement touchés par des circonstances dont, tout d’abord, ils ne sont pas responsables. En outre, partout et dans chaque pays, ce sont les franges les plus vulnérables de la société, c’est-à-dire les pauvres, qui ont été le plus frappées par la récession et les pertes d’emplois, a indiqué M. Al-Nasser.
« Aujourd’hui, les populations demandent plus de sécurité, plus de justice et d’emplois, ainsi que le respect de l’environnement », a-t-il noté. En réagissant à ces exigences, les États Membres ont adopté des approches variées dans un monde aussi diversifié que celui dans lequel nous vivons aujourd’hui, a-t-il noté. Cependant, a-t-il ajouté, « notre priorité générale doit être partagée par tous, et il s’agira de mettre en œuvre une politique efficace et coordonnée au niveau mondial qui permettrait de mettre l’économie mondiale sur la voie du développement durable ». À cet égard, le Président de l’Assemblée a estimé que ce débat de haut niveau permettrait d’aborder ces questions de manière responsable et inclusive. En outre, cette réunion de haut niveau réaffirme le rôle de l’ONU dans le débat mondial sur l’état de l’économie, a-t-il souligné. M. Al-Nasser a ensuite mis l’accent sur la nécessité de transmettre un message fort et unifié à l’opinion mondiale et de proposer des mesures spécifiques pour pouvoir relever les défis économiques et financiers actuels.
Notant que toutes ces questions seront abordées au cours des quatre tables rondes inscrites au programme de travail de ces deux journées de débat thématique, le Président de l’Assemblée générale a ensuite détaillé aux délégations les thèmes centraux des débats. Il a mis l’accent sur plusieurs points de préoccupation, en particulier le niveau de chômage des jeunes, qui atteint des niveaux et des taux inacceptables partout dans le monde, comme cela a été souligné au cours des travaux de la treizième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, qui s’est récemment tenue à Doha. « Nos débats sur ces questions thématiques nous permettront de contribuer aux processus de l’ONU, comme celui menant à la prochaine Conférence Rio+20 sur le développement durable qui aura lieu au mois de juin, ainsi qu’au processus de suivi de la question du financement du développement et à celui concernant les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), a ajouté M. Al-Nasser, tout en notant que l’Assemblée générale devait répondre à l’appel des citoyens du monde, qui est surtout un appel à la sécurité et à la dignité.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que 200 millions de personnes avaient perdu leur emploi depuis le début de la crise financière et économique. La pauvreté et les inégalités augmentent, a-t-il déploré. Si nous avons déjà discuté de solutions à court terme, nous devons aussi aujourd’hui dresser un tableau d’ensemble de la situation actuelle, a-t-il demandé. « Le monde tel que nous le connaissions n’existe plus, il a été brisé. Nous devons en créer un nouveau, basé sur un nouveau modèle de croissance dynamique ». Cette croissance doit être équitable, durable et bénéficier aux générations actuelles et futures, a précisé le Secrétaire général. C’est ce qui va être débattu lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable qui se tiendra à Rio, au Brésil, le mois prochain.
« Rio+20 est l’occasion de créer un nouveau paradigme pour la croissance, en utilisant ce qui fonctionne bien et en se débarrassant de ce qui ne marche pas », a dit le Secrétaire général. M. Ban a appelé à créer un nouveau paradigme basé sur des économies stables et des emplois décents. Il y a 20 ans, le Sommet de la Terre a élaboré une feuille de route pour le développement durable, a rappelé le Secrétaire général, regrettant que cette route n’ait pas été suivie. Il a expliqué que les menaces qui se dessinaient, il y a 20 ans, sont devenues une réalité. « C’est pour cela que j’ai fait du développement durable ma première priorité », a-t-il souligné.
À Rio, a-t-il poursuivi, nous aurons l’occasion de définir la vision de l’avenir que nous voulons. Nous devons nous mettre d’accord sur un processus permettant de définir des objectifs de développement durable faisant fond sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) après 2015. Il nous faut établir des cadres de production et de consommation bien plus durables que ceux d’aujourd’hui, et trouver un accord pour parvenir à éliminer la faim. Le Secrétaire général a aussi plaidé en faveur de l’accès universel à l’eau potable et de la préservation des ressources. Il faut aussi concentrer les efforts à déployer sur l’amélioration de la vie en milieu urbain, a dit M. Ban. Il est temps de reconnaitre que le capital humain et le capital naturel sont aussi importants que le capital financier, a-t-il souligné.
« Je suis très inquiet du rythme et de l’ambition des négociations qui sont en cours dans le cadre des préparatifs de la Conférence Rio+20 », a avoué le Secrétaire général. Il a cependant dit qu’il appréciait le fait que le Bureau du processus préparatoire à la Conférence ait décidé d’ajouter à son programme de travail des journées supplémentaires pour la conduite des négociations. M. Ban a rappelé qu’il faudrait créer 400 millions de nouveaux emplois d’ici 10 ans. Les décideurs politiques doivent donc prendre les choses au sérieux, a-t-il dit. Nous devons aussi nous attaquer au problème des inégalités en matière d’emploi, qui touchent en particulier les femmes et les jeunes. Entre le « Réveil arabe » et le mouvement « Occupy Wall Street », nous avons vu les gens descendre dans la rue et protester, a relevé le Secrétaire général.
Ban Ki-moon a ensuite énuméré les six domaines dans lesquels un redressement durable est essentiel. Il a tout d’abord rappelé que les marchés mondiaux doivent bénéficier à tous et pas seulement aux élites. Nous devons aussi « apprivoiser » les prix volatiles de l’alimentation et de l’énergie, a-t-il ajouté. En troisième lieu, il a appelé à renforcer la résilience des pays face aux chocs financiers. Le Secrétaire général a également souligné la nécessité de rendre les secteurs financiers plus stables et mieux régulés. En outre, il faut parvenir à inclure davantage la population dans le cadre financier, notamment en donnant aux gens un accès universel aux produits financiers. En sixième lieu, le Secrétaire général a plaidé pour que l’aide au développement ne soit pas diminuée.
« Dans un mois, plus de 100 dirigeants mondiaux se réuniront à Rio, ainsi que 70 000 chefs d’entreprises, représentants d’organisations non gouvernementales et de groupes d’action sociale », a annoncé Ban Ki-moon. Il s’agit d’une « chance historique », qui doit permettre aux dirigeants mondiaux de dépasser leurs différences, a souligné le Secrétaire général. Il a appelé la communauté internationale à s’unir autour d’une vision commune de l’avenir. « Nous devons saisir cette opportunité », a-t-il lancé.
Débat de haut niveau
M. JOSÉ MANUEL BARROSO, Président de la Commission européenne, a fait remarquer que l’Union européenne avait eu un débat ouvert et franc sur les questions débattues aujourd’hui à l’ONU, et il a mis l’accent sur les chapitres 9 et 10 de la Charte des Nations Unies, qui concernent la coopération économique et sociale « qui ne peut être oubliée ». M. Barroso a ajouté que, depuis 2008, la crise financière avait renforcé les faiblesses du système économique existant et mis en évidence des déséquilibres importants. Il a expliqué que les impacts de ces déséquilibres économiques existaient déjà avant la crise et devaient, à présent, être corrigés « si nous voulons que la croissance s’élève de manière plus saine ». Il a ensuite rappelé que des risques à grande échelle avaient été pris par les investisseurs, et que cela avait créé une bulle, alimentée par des capitaux nationaux et internationaux, et que cette bulle avait éclaté, entraînant dans son sillage une récession et une augmentation de la dette souveraine des États qui a atteint des niveaux dramatiques.
Pour l’Europe, cela s’est traduit par la crainte, dans certains pays et pour certains gouvernements de la zone euro, de ne pouvoir honorer leurs dettes, voire de ne pouvoir la refinancer à des taux convenables dans certains cas. M. Barroso a souligné que beaucoup avait été fait au cours des deux dernières années, mais qu’il fallait encore mener des réformes et procéder à des investissements dûment ciblés. « La crise a montré que nos niveaux de dette sont insupportables et qu’il faut créer des emplois grâce à des réformes structurelles et des investissements ciblés », a-t-il souligné. À cet égard, il a estimé qu’il fallait accélérer les réformes aux niveaux national et européen. « L’Union européenne travaille très dur pour renforcer le marché unique et pour attirer des capitaux de l’ordre de 86 milliards d’euros chaque année au cours des deux prochaines années », a-t-il souligné. L’Union européenne travaille également au renforcement de ses banques d’investissement et à l’élaboration de dispositifs d’appui à la création d’emplois.
Avant de conclure, M. Barroso a déclaré qu’il transmettait aujourd’hui un message de confiance. « Nous faisons de bons progrès pour établir une bonne base de relance et de croissance durable », a-t-il dit, rappelant que l’Union européenne avait besoin pour cela de l’appui des 27 démocraties qui la composent, ce qui est un élément essentiel pour le fonctionnement de l’Europe. « L’euro est plus qu’une construction monétaire, c’est le prototype d’une construction de paix et c’est un projet politique qui permet d’agir en période de difficulté », a-t-il dit. Rappelant ensuite que chaque pays était interdépendant des autres, M. Barroso a fait remarquer qu’aucun État ne pouvait prospérer sans partenaire et il a dit espérer qu’au niveau mondial toute forme de protectionnisme serait écartée et que les pays respecteraient les engagements pris à cet égard.
M. ALI BABACAN, Vice-Premier Ministre de la Turquie, a évoqué l’effondrement des grandes institutions financières et la récession du marché des actions, parmi les conséquences de la crise financière et économique mondiale. Notant la lenteur de la reprise, il a indiqué que la Turquie craignait que les acquis actuels soient menacés par des emprunts excessifs. Il a aussi souligné qu’il faudrait créer 21 millions d’emplois chaque année pour revenir au niveau d’emploi antérieur. Des politiques axées sur le long terme sont donc nécessaires pour sortir de la crise, a-t-il dit. Il a suggéré de prévenir le retrait prématuré des politiques fiscales et monétaires favorisant la croissance et l’expansion économique, invitant plutôt les pays à mener des réformes fiscales. Le renforcement du secteur financier doit aussi être un objectif important, a-t-il ajouté, plaidant en faveur de la création d’un système d’établissements de crédit plus transparent. Le Vice-Premier Ministre a indiqué qu’il faut aussi éviter les mesures protectionnistes.
« La zone euro est à l’épicentre de la crise », a rappelé M. Babacan, avant de souligner la nécessité d’une réforme fiscale et d’une plus grande solidarité entre les pays membres de cette zone. En ce qui concerne la Turquie, elle a beaucoup progressé sur le plan économique, surtout au cours de la dernière décennie, a-t-il fait valoir. Il a notamment évoqué à cet égard la lutte menée contre la pauvreté et les efforts déployés pour réduire les inégalités entre les sexes en Turquie. Dans notre pays, les émissions de carbone ont aussi été réduites de 20% grâce à nos efforts, s’est-il réjoui. Il a estimé que la Turquie avait été relativement épargnée par rapport à ce qui s’est passé dans de nombreux pays européens. Le Vice-Premier Ministre turc s’est aussi félicité de l’activité du secteur privé, qui a grandement contribué à la croissance. Il a signalé que la Turquie avait déjà réalisé les OMD, bien avant la date butoir de 2015. Le Vice-Premier Ministre a expliqué les effets bénéfiques qu’ont eus sur la vie économique du pays les programmes sociaux ciblés, un régime fiscal favorable aux familles, et la libre concurrence. L’accès aux services de santé a aussi été amélioré en Turquie, a-t-il dit. Il a par ailleurs souligné l’aide qu’apporte son pays aux pays en développement, notamment par le biais de l’aide publique au développement.
M. PAUL VOLCKER, ancien chef de la Réserve fédérale des États-Unis, a noté les contrastes qui ont marqué les premières années du XXIe siècle. Celles-ci ont en effet enregistré près d’une décennie de croissance économique et de progrès inattendus dans les pays « dits émergents », où des millions de personnes ont été sorties de la pauvreté. M. Volcker a fait remarquer que presque tous les pays avaient bénéficié de cette économie mondiale de plus en plus intégrée. « Toutefois, a-t-il ajouté, nous savons aujourd’hui que l’épicentre de cette croissance exclusive nous a fait perdre de vue les déséquilibres et nous a, en quelque sorte, anesthésié face aux grandes disparités entre pays et face aux déficits fiscaux ». Pour l’ancien chef de la Réserve fédérale américaine, il est évident que cette situation ne pouvait pas durer et allait mener à l’éclatement des bulles spéculatives et à une pression financière intenable.
« Aujourd’hui, a-t-il ajouté, nous sommes dans une situation dangereuse et la question est: que peuvent faire les nations représentées à l’ONU pour y faire face? ». Malgré la légitimité de sa composition universelle, M. Volcker a fait remarquer que l’Organisation n’avait pas du tout d’autorité exécutive et manquait même de consensus politique pour prendre des mesures décisives. Dans ce contexte, il a souligné que ces deux journées de débat pouvaient peut-être contribuer à améliorer cet état de chose. Entre-temps, il a rappelé qu’il existait des organes internationaux qui ont pour mandat d’élaborer des approches pertinentes. « Il s’agit d’instruments de persuasion et à qui a été donné une certaine autorité, tels que le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et le G-20 », a estimé M. Volcker. Il a toutefois souligné que ces institutions rencontraient aussi des difficultés à parvenir à des conclusions fermes et à les mettre en œuvre dans les États souverains et indépendants qui sont représentés au débat d’aujourd’hui. Avant de conclure, M. Volcker a encore mis l’accent sur la nécessité de conserver un marché ouvert en ce qui concerne les finances. « C’est le processus de libéralisation du commerce qui nous a permis de connaître les bénéfices que nous avons connus et, aujourd’hui, aucun pays ne peut prétendre fermer la porte à ces échanges », a-t-il dit.
M. JOSEPH STIGLITZ, Lauréat du prix Nobel d’économie et Professeur à la « Columbia University » de la ville de New York, a estimé que la considération de la notion de produit national brut (PNB) ne permettait pas forcément de se faire une bonne idée de la performance économique ou du progrès social d’un pays. Aux États-Unis, pays qui avait il y a quelques années un taux de chômage de 5,2%, la situation s’est beaucoup aggravée, de même qu’en Europe où ce taux dépasse maintenant les 10%. « La politique d’austérité n’a pas fonctionné et ne fonctionnera pas », a affirmé M. Stiglitz. « Aucune grande économie ne s’est redressée d’une grande crise en mettant en place un plan d’austérité », a-t-il expliqué. Il a prédit que sur le long terme, les réformes structurelles ne permettraient pas de sortir l’Europe de sa récession. Des réformes mal conçues pourraient même exacerber les problèmes, a-t-il averti. « Les pare-feux ne fonctionneront pas si on jette de l’huile sur le feu à l’intérieur même de ces pare-feux », a dit de manière imagée Joseph Stiglitz. Nous disposons aujourd’hui des mêmes ressources qu’avant la crise, mais la performance économique est cependant moindre, a relevé M. Stiglitz, expliquant que les marchés n’utilisent pas ces ressources de façon adéquate et que les gouvernements n’apportent pas les corrections nécessaires au système. M. Stiglitz s’est inquiété des prévisions concernant la fin de la décennie, notamment en matière d’emploi et de chômage. Les prévisions sont bien sombres, a-t-il dit.
Le professeur Stiglitz a ensuite rappelé les conclusions auxquelles était parvenu un groupe d’experts qu’il avait présidé il y a quatre ans, et a espéré que ces recommandations aideraient à façonner une réponse à la crise. Une crise globale nécessite une réponse globale, a-t-il tout d’abord rappelé. Il a aussi souligné l’importance de la réglementation des marchés financiers, en mettant l’accent sur une meilleure gestion des flux de capitaux. Au sein de ce groupe de travail, nous avons discuté de questions laissées de côté, comme la création d’un mécanisme de restructuration de la dette, a ajouté M. Stiglitz. Il a aussi noté que le Fonds monétaire international (FMI) avait reconnu la responsabilité de l’inégalité entre personnes, groupes sociaux et pays dans l’instabilité économique et financière actuelle. « Le besoin de réforme est encore plus clair aujourd’hui qu’il y a trois ans », a conclu Joseph Stiglitz.
M. DONALD RAMOTAR, Président du Guyana, s’exprimant au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a rappelé qu’il y a trois ans avait eu lieu une conférence internationale sur la crise économique et financière mondiale et son effet sur le développement. Or, aujourd’hui, cette crise est toujours là et n’a pas trouvé de solution, a-t-il déploré, notant que le FMI avait considéré que l’économie mondiale était encore fragile et que les perspectives à moyen terme demeuraient sombres. Dans ce contexte, il a estimé que parler de relance était un peu prématuré et que celle-ci était, en outre, encore extrêmement inégale. M. Ramotar a fait remarquer que les pays en développement continuaient d’être victimes des effets d’une crise qu’ils n’ont pas causée et que plus d’un milliard de personnes connaissaient maintenant continuellement la faim. Il a expliqué que, pour les pays en développement, les effets négatifs de cette crise impliquaient, entre autres, des coupures dans les programmes sociaux, une réduction de l’aide publique eu développement (APD) et une diminution des volumes commerciaux internationaux.
Le Président du Guyana a ensuite noté qu’à plusieurs égards, les pays de la CARICOM reflétaient un certain nombre de ces effets: une croissance lente, un niveau d’endettement élevé, une baisse des revenus du tourisme, et le désengagement de certains pays du secteur financier. « Les économies des pays de la CARICOM ont subi un impact important en ce qui concerne les services et les secteurs financiers, le commerce, le tourisme en provenance d’Amérique du Nord et d’Europe, et ont connu une baisse radicale des revenus tirés de leurs exportations », a dit M. Ramotar. Il a ajouté qu’en outre, les pays des Caraïbes faisaient aussi face à des problèmes créés par d’autres pays en matière de changements climatiques. Il a donc estimé que le rythme et la gamme des activités entreprises par la communauté internationale n’avaient pas été à la hauteur de l’urgence et de l’ampleur de la crise. À titre d’exemple, il a cité le fait que peu a été fait pour mettre en place une meilleure réglementation du système financier mondial. Les réformes préconisées ne tiennent pas compte des pays en développement, a-t-il déploré. Au nom des pays de la CARICOM, il a souhaité que la communauté internationale accorde une attention particulière à des mesures d’allègement de la dette, ainsi qu’à une meilleure coopération s’agissant des questions liées aux mesures fiscales internationales.
M. BAMIR TOPI, Président de l’Albanie, a indiqué que son pays avait connu annuellement une croissance économique moyenne de 5,5% depuis 2009, ce qui a conduit à une amélioration des infrastructures, de plus grands investissements de capitaux étrangers, un meilleur réseau d’éducation et de santé, ainsi qu’une plus grande participation des femmes et des jeunes dans tous les aspects sociaux de la vie en Albanie. Il a cependant reconnu que les effets de la crise mondiale se faisaient sentir sur l’Albanie, malgré son bon niveau de croissance par rapport aux pays de sa région. M. Topi a estimé que, pour surmonter la crise, il faudrait d’abord améliorer les institutions de gouvernance de l’économie globalisée. Nous sommes tous conscients que la globalisation et la division du travail sur l’échelle mondiale sont des éléments favorisant la crise, a-t-il dit. La libéralisation du commerce a éliminé les obstacles aux mouvements des capitaux et des services, mais ces progrès sont exposés à la pression de la compétitivité internationale, a-t-il expliqué.
Le Président de l’Albanie a donc invité les participants au débat à élaborer plus en détail les régulations décidées pour faire face à la crise. En outre, il faut accorder plus d’attention à la lutte contre la fraude et y consacrer plus de fonds, a-t-il demandé. M. Topi a aussi souligné les effets bénéfiques de la mondialisation, qui sont supérieurs à ses coûts, a-t-il assuré. Il a donc averti que le ralentissement du processus de mondialisation pouvait ralentir le développement mondial. Pour conclure, il a rappelé la responsabilité collective qui pèse sur chaque pays de restaurer la stabilité économique mondiale.
M. RICARDO MARTINELLI BERROCAL, Président de la République de Panama, a estimé que l’impact de la crise économique et financière nécessitait la mise en place de politiques visant le rétablissement des équilibres fiscaux, ainsi que la création de programmes sociaux robustes. Il s’agit, notamment, d’assurer une assistance aux chômeurs à travers des programmes adéquats, et de mettre en place des réformes qui permettent la relance, a dit M. Berrocal. Il existe aujourd’hui une dépendance que l’on ne peut plus nier, car les pays sont interconnectés. C’est pourquoi, a-t-il souligné, le besoin de réformes probantes est indispensable. À cet égard, il a particulièrement insisté sur le besoin de mener rapidement ce type de réformes en ce qui concerne les problèmes nés dans le secteur financier, et il a exigé des stratégies de stimulation de la confiance et de la crédibilité au niveau mondial.
Rappelant le malaise qui se manifeste dans les économies développées, M. Berrocal a estimé que les économies émergentes devaient pour leur part maintenir des politiques macro-économiques qui permettent d’éviter des effets de contagion. Dans ce contexte, il s’est félicité des réformes et programmes mis en place dans les années 1990 dans plusieurs pays d’Amérique latine, car ceux-ci ont permis le passage à une économie dont la croissance au niveau régional, au cours de l’année 2012, est escomptée entre 3,5% et 4%. Par ailleurs, il a rappelé que l’Amérique latine avait réduit la brèche des inégalités existant dans sa population à travers des programmes sociaux qui ont donné des opportunités réelles à 80 millions de ses citoyens. S’agissant de la mise en œuvre de plans économiques destinés à consolider la situation fiscale des pays et à favoriser des ajustements dans les finances publiques, le Président panaméen a souligné que son gouvernement suivrait avec intérêt les décisions prises à cet égard en Grèce, en Italie, en Allemagne et en France.
M. NEBOJSA RADMANOVIC, Président de la Bosnie-Herzégovine, a indiqué que son pays avait une économie entièrement libérale et ouverte. Si tous les pays de la région des Balkans ont connu en 2008 un taux de croissance économique de 5%, la Bosnie-Herzégovine accuse maintenant une récession causée par les effets de la crise mondiale, a indiqué M. Radmanovic. Le Président a signalé que son pays connaissait un taux de chômage inquiétant de 25%, ainsi qu’un fort déficit de son commerce extérieur. Il y a peu d’investissements étrangers directs (IED) et la dette publique a augmenté, a-t-il ajouté, indiquant que la Bosnie-Herzégovine figure parmi les pays les plus pauvres de la région des Balkans. Les niveaux très élevés de chômage et de pauvreté sont des facteurs de destruction de la stabilité sociale, a-t-il déploré, avant d’avertir que cela constituait un danger constant pour la stabilité politique du pays et de la région. Il s’est toutefois prévalu du faible niveau d’endettement des secteurs publics et privés de son pays et de l’absence du problème du surendettement que connaissent un certain nombre de pays européens.
Bien que la situation économique des pays du sud-est de l’Europe soit difficile, il y a quand même des chances de stabilisation de ces économies si ces États bénéficient d’un certain soutien, a indiqué M. Radmanovic. Le Président a mentionné l’appui politique et économique que son pays attend de la part de l’Union européenne. Nous avons besoin de davantage d’investissements étrangers directs et d’un plus grand accès au crédit pour nous permettre de faire des investissements de fond, a-t-il expliqué, citant les secteurs qui nécessitent ces investissements comme l’énergie, les métaux, le bois et les industries alimentaires. Outre le soutien direct à l’économie, il faut aussi renforcer la présence politique de l’Union européenne en Bosnie-Herzégovine et dans la région, a demandé le Président. Il a espéré que les pays les plus riches de l’Union européenne allaient investir dans son pays et l’aider à atteindre une stabilité économique et politique.
Nous devons restructurer notre économie pour reconstruire nos capacités de production afin de moins dépendre du secteur financier, a-t-il aussi observé. Il a prédit que le développement d’Internet, notamment, permettrait de proposer des modèles plus justes et plus équitables dans l’économie mondiale.
M. GUY NZOUBA-NDAMA, Président de l’Assemblée nationale de la République gabonaise, a fait remarquer que certaines économies émergentes se portaient mieux et devraient connaître une croissance relativement élevée. En revanche, il a souligné que la croissance en Afrique subsaharienne, qui a atteint près de 5%, s’était faiblement améliorée. Il a noté que le continent demeurait aussi confronté aux défis de l’insécurité alimentaire, du chômage des jeunes et de la dégradation de l’environnement. Par ailleurs, dans plusieurs pays, les OMD ne seront pas atteints, a-t-il déploré. Dans ce contexte, le Président de l’Assemblée nationale gabonaise a estimé que cette réunion était aussi une occasion unique de débattre des moyens de parvenir à une croissance durable qui soit profitable à tous, et plus particulièrement aux jeunes et aux femmes qui sont durement frappés par le chômage dans plusieurs pays.
Au regard des réalités actuelles, M. Nzouba-Ndama a ensuite estimé que la logique quantitative de la croissance pure mesurée par le PNB devrait désormais être complétée par une logique axée sur la progression de la qualité et de la durabilité de la production des biens et des services. Ces deux journées de dialogue peuvent, en outre, nous amener à repenser l’action de la communauté internationale en faveur des pays en voie de développement, a-t-il poursuivi, mettant particulièrement l’accent sur deux thématiques des discussions: le chômage et la création d’emploi, d’une part, et la lutte contre la pauvreté et la protection sociale, d’autre part. « Il nous faut retrouver plus de solidarité entre les pays riches et les pays pauvres, mais aussi établir des partenariats novateurs entre le secteur public et le secteur privé afin de créer les meilleures conditions pour l’investissement et la production », a dit M. Nzouba-Ndama, avant de citer plusieurs efforts entrepris par le Gabon, qui veut devenir un pays émergent, pour réaliser une croissance et un développement durable.
M. KHALED BIN MOHAMMAD AL-ATTIYAH, Ministre d’État chargé des affaires étrangères du Qatar, a engagé les États Membres à créer un environnement international « juste, coopératif et mutuellement bénéfique ». Il a plus particulièrement exhorté les pays développés à honorer leurs obligations internationales et à accorder davantage d’attention aux pays en développement. Il faut faire plus en matière de renforcement des capacités des pays en développement dans les domaines de la gestion des ressources humaines et du développement scientifique et technique, entre autres. Ces pays, a-t-il ajouté, doivent quant à eux attirer des investissements, créer des environnements législatifs et institutionnels appropriés, renforcer le secteur privé et consolider les partenariats public-privé.
Le Ministre des affaires étrangères du Qatar a ensuite indiqué que la Vision nationale 2030 du Qatar et sa Stratégie nationale 2011-2016 permettraient d’assurer le développement durable de la population qatarie. En outre, des politiques idoines ont permis au pays d’absorber l’impact de la crise. Le taux d’inflation n’a pas dépassé les 1,9%, et le Gouvernement devrait réaliser les OMD d’ici à la date butoir de 2015. M. al-Attiyah a par ailleurs estimé que la communauté internationale se devait de promouvoir une coopération ouverte et inclusive afin de faciliter la réforme de l’économie mondiale et du système financier, et de réduire les écarts enter le Nord et le Sud, entre autres. Il ne faut pas non plus négliger le partage des expériences, a-t-il ajouté.
Mme ANTONELLA MULARONI, Ministre des affaires étrangères et politiques de Saint-Marin, a salué « la prompte réaction des pays du G-20 et de leurs banques centrales » qui ont établi des mesures afin de juguler les effets catastrophiques de la crise économique mondiale qui a débuté en 2008. Elle a reconnu que malgré de nombreux efforts menés à l’échelon national, régional et international, la communauté internationale n’a pas encore trouvé une stratégie coordonnée pour sortir de la crise. La Ministre a regretté ensuite que de nombreux pays ne puissent pas participer aux processus de prise de décisions sur des sujets en rapport avec l’économie et la finance internationales, alors que, a-t-elle noté, ces pays sont affectés par les décisions prises dans ces domaines. Elle a, de ce fait, souhaité que « ce débat de haut niveau puisse fournir des propositions qui permettraient de trouver de nouvelles stratégies et de nouvelles solutions », et mieux encore, a-t-elle précisé, « de renforcer la solidarité entre nations ».
Mme Mularoni a par ailleurs reconnu que Saint-Marin est favorable au libre échange, « mais nous devons dans le même temps freiner la tendance à la spéculation, notamment en ce qui concerne les produits alimentaires et énergétiques », a-t-elle mis en garde. Elle a également suggéré la mise en place de politique d’emplois durables, principalement en faveur des femmes et des jeunes, ainsi que l’accès aux financements pour les petites et moyennes entreprises (PME). Dans cette même veine de propositions, elle a estimé que le poids de la dette des pays doit être réduit, et elle a mis en garde contre les risques d’une inflation qui pourrait toucher les classes les plus défavorisées si on se mettait à faire systématiquement tourner la planche à billets en imprimant un surplus de monnaie. À contrario, en appliquant seulement des politiques monétaires basées sur l’austérité, a-t-elle prévenu, le monde court le risque de voir la récession s’accentuer et le taux de chômage augmenter. Elle a en outre souhaité que les institutions financières redeviennent de vraies institutions de prêts qui soutiennent la croissance économique durable, tout en abandonnant les activités spéculatives et celles à haut risque. La Ministre a poursuivi en critiquant les modes de consommation effrénée qui ont cours dans les pays développés, et elle a souhaité l’avènement de plus de cohérence et d’unité entre États pour la régulation des activités financières internationales.
M. ABDLHAMID TEMMAR, Ministre du rendement et des statistiques de l’Algérie, a noté que l’impact négatif de la crise mondiale sur les pays en développement met à nouveau en évidence l’inefficacité du système international de régulation financière. Les mesures prises pour juguler les effets de la crise n’ont pas permis de trouver des solutions de fond, a-t-il regretté. Alors que les pays en développement ont un réel besoin d’investissements directs étrangers (IED), le rôle des fonds spéculatifs (« hedge funds ») reste déterminant, a-t-il souligné. Le Ministre a ensuite expliqué que les politiques de restriction budgétaire avaient amené les pays industrialisés à réduire l’aide publique au développement (APD), situation qui risque de durer, a-t-il averti. Cette aide n’a en outre jamais atteint les niveaux promis ni n’a jamais répondu aux besoins des pays en développement. En 2011, cet apport de ressources pour les pays en développement a baissé pour la première fois depuis 1997, s’est inquiété M. Temmar. Cela contraste avec les besoins croissants en ressources financières de ces pays pour faire face à leurs besoins économiques, a-t-il noté. Il a donc demandé aux pays développés de ne pas se dérober face aux engagements qu’ils ont pris.
Le Ministre du rendement et des statistiques de l’Algérie a ensuite parlé du problème de la financiarisation croissante des prix des produits de base et des produits alimentaires, qui a provoqué une grande volatilité de ces prix. Nous estimons que la crise alimentaire mondiale est largement attribuable à ces pratiques spéculatives, a-t-il dit, avant de prôner l’adoption de mesures unilatérales appropriées par les pays. Il a demandé que soit aménagé un espace politique et économique suffisant pour les pays en développement, afin de leur permettre d’atteindre les buts qu’ils se sont fixés. Enfin, il a lancé un appel pour que soit instauré un système commercial multilatéral ouvert, transparent, équitable, non discriminatoire et orienté vers le développement. M. Temmar a aussi plaidé en faveur d’une universalisation totale, et dans les meilleurs délais, de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
M. BAKHYTZHAN SAGINTAYEV, Ministre de l’économie et du développement du Kazakhstan, a fait remarquer que les perspectives économiques s’étaient améliorées au niveau mondial, « grâce notamment aux mesures prises aux États-Unis et dans la zone euro ». Il s’est cependant inquiété du fait que la croissance du chômage et la réduction des dépenses sociales causent des tensions dans certains pays.
Mettant ensuite l’accent sur la situation du Kazakhstan, M. Sagintayev s’est félicité des efforts entrepris pour réduire la chute de la croissance. De 10% avant la crise, celle-ci est en effet revenue à un niveau de 7,5% en 2011, alors que 14 milliards de dollars ont été investis dans des programmes visant à lutter contre la crise et dans des mesures ciblant notamment les PME et les projets industriels ou d’infrastructures. D’autres mesures destinées à lutter contre le chômage ont également permis de maintenir le taux de celui-ci au-dessous de 5,5%, a précisé le Ministre.
Il a noté que beaucoup restait encore à faire, et que le Kazakhstan devait, entre autres, accélérer la diversification de son économie et sa modernisation. À cet effet, il a précisé que le Gouvernement kazakh avait lancé un programme visant à développer l’industrie de transformation et de traitement des produits naturels du pays et à augmenter sa productivité. La création de cet environnement propice a ainsi permis l’attrait d’investissements étrangers directs (IED) qui ont été de 160 milliards de dollars à ce jour, a-t-il précisé. Toutes ces mesures ont été assorties de programmes de développement de l’éducation et de la santé publique destinés à augmenter et améliorer le niveau de vie de la population, a dit le Ministre en précisant que le revenu par tête au Kazakhstan est de 11 000 dollars. Avant de conclure, il a invité tous les États Membres à participer au prochain Forum économique d’Astana, qui aura lieu en mai 2013.
M. MASHIUR RAHMAN, Conseiller économique du Premier Ministre du Bangladesh, a expliqué les difficultés que rencontre son pays depuis la crise financière de 2008, comme, par exemple, la réduction de ses exportations vers les marchés des grandes économies; la diminution du volume des envois de fonds de ses travailleurs migrants vivant à l’étranger; la baisse des ressources pouvant être allouées à la poursuite de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Nous, pays en développement, nous ne sommes pas responsables du déclenchement de la crise, mais nous en subissons le fardeau ainsi que les effets, qui se traduisent notamment par la hausse des prix de l’alimentation et du pétrole. Nous sommes aussi victimes des incidences négatives des changements climatiques dont nous ne sommes pas responsables, a dit M. Rahman. Il a souligné que l’interdépendance dans laquelle vit le monde actuel rend chacun plus vulnérable. Il a aussi relevé la grande responsabilité qui incombe aux pays qui « occupent le plus de place dans l’économie mondiale ».
S’il a estimé que les institutions financières multilatérales avaient fait du mieux qu’elles pouvaient face à la crise, il a cependant aussi demandé qu’elles renforcent leurs capacités afin de pouvoir déceler suffisamment tôt les problèmes qui menacent les États qui en sont membres. Ces institutions devraient aussi être plus démocratiques et plus responsables, a-t-il dit. Pour répondre aux attentes de la communauté internationale, qui espère que la moitié des pays les moins avancés (PMA) sortiront de cette catégorie d’ici à 2020, il faut que les dirigeants mondiaux prennent des mesures dynamiques et conduisent des réformes visant à stabiliser l’économie mondiale, a dit le Conseiller économique du Premier Ministre du Bangladesh. M. Rahman a aussi invité à améliorer la communication de ces institutions.
M. MONTEK SINGH AHLUWALIA, Vice-Président de la Commission de planification de l’Inde, a observé que les membres de la communauté internationale ne parvenaient pas à trouver un consensus sur la façon de relancer l’économie mondiale. Notant les différences existant en matière de politique fiscale entre les pays, il a apprécié que le G-20 soit en train d’essayer de créer un système de coordination des politiques au sein de ce groupe de pays. Les pays en développement ne peuvent pas se passer d’une croissance rapide, qui est essentielle pour leur permettre d’élever les niveaux de vie et de dignité humaine de leurs populations, a indiqué le représentant indien. En Inde, la croissance du pays, qui était de 9% avant la crise, est redescendue à 7% ces trois dernières années, a-t-il noté.
La communauté internationale devrait songer à une solution viable au problème de la dette souveraine qui se pose aux pays de la zone euro, a poursuivi M. Ahluwalia. Selon lui, il faudrait améliorer les règlementations des activités du secteur bancaire, en évitant de nuire aux pays en développement qui dépendent fortement des envois de fonds de leurs travailleurs migrants vivant à l’étranger. Le Vice-Président de la Commission de planification de l’Inde a en outre estimé que la Banque mondiale devrait élargir les conditions régissant l’octroi de ses prêts et rendre ceux-ci plus importants pour qu’ils bénéficient au développement des infrastructures dans les économies en développement. Il a aussi parlé de l’importance du commerce, moteur du développement. Les négociations sur les changements climatiques sont elles aussi un autre enjeu de taille, a-t-il ajouté, avant de dire que l’Inde mise sur les résultats que pourra atteindre la prochaine Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), qui sera l’occasion de jeter les bases d’une économie verte et durable. Enfin, le délégué a souligné le besoin urgent de prendre des mesures crédibles pour améliorer la gouvernance mondiale.
M. SEYED SHAMSUDDIN, Ministre des finances et de l’économie de la République islamique d’Iran, a estimé que l’examen des causes profondes de la crise économique et financière révélait qu’elle était due à des difficultés de fond. Il a ainsi noté que le système économique mondial souffrait de lacunes en termes de gestion et de gouvernance et subissait la forte influence de la mondialisation financière, ainsi que la domination de certains États. « On fait face à des distorsions qui entraînent une répartition inégale des bénéfices économiques mondiaux entre les États, ainsi qu’à une domination et une surconcentration des ressources », a-t-il dit. L’Iran estime que la gouvernance mondiale manque d’efficacité et que les institutions économiques et financières ad hoc, comme celles de Bretton Woods par exemple, sont gérées « comme de simples entreprises par une petite poignée de pays: les États-Unis et les autres pays occidentaux, via des accords tacites », a accusé le Ministre iranien. Une minorité gère donc le processus de mondialisation en ne tenant pas compte des intérêts de la majorité, composée de pays moins puissants et qui sont minoritaires dans la prise de décisions, a-t-il dit.
Dans ces conditions, a dit M. Shamsuddin, l’Iran fait remarquer que les crises se produisent de manière cyclique et deviennent finalement chroniques, faute de réponse adéquate. Le Ministre a notamment estimé que les risques qui se posent dans la zone euro sont importants, et que ces risques sont accentués par des problèmes politiques et sociaux qui accompagnent les politiques d’austérité adoptées. Dans ce contexte, il a appelé à réfléchir à des alternatives, notamment à un modèle financier islamique qui n’autorise pas les spéculations et les prises de risque inconsidérées. Il a d’autre part fait remarquer la dominance sur les marchés financiers mondiaux d’une ou deux monnaies, et a estimé que ces devises n’offraient aucun résultat positif mais « seulement des déséquilibres ». Pour le Ministre iranien, les fluctuations de ces devises créent en effet une instabilité au niveau mondial, et il faut garder à l’esprit qu’elles font courir au monde le risque d’une « guerre des devises ». Il faudrait donc adopter une solution intermédiaire considérant les monnaies de réserve, a-t-il ajouté. S’agissant du système financier et monétaire mondial, il a souhaité un renforcement des organes de surveillance et l’instauration de mécanismes d’alerte.
M. RUSLAN KAZAKBAEV, Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan, a rappelé les difficultés que son pays a rencontrées du fait de la crise économique mondiale. Le PIB kirghize a diminué, et le taux de pauvreté a augmenté dans le pays, a-t-il notamment indiqué. L’an dernier cependant, la situation a commencé à s’améliorer, et nous créons actuellement des conditions favorables au développement de relations commerciales avec le reste du monde. En outre, dans notre pays, les investisseurs étrangers sont mis sur un pied d’égalité avec les investisseurs nationaux, a dit M. Kazakbaev. Le Ministre a aussi indiqué qu’il existait un projet de construction de voie ferrée entre la Chine et le Kirghizistan. Étant un pays enclavé, nous souhaitons aussi développer notre transport aérien, a-t-il ajouté. Il a également mentionné qu’une centrale hydroélectrique était actuellement en construction, afin de permettre au Kirghizistan de parvenir à un équilibre dans l’utilisation de ses ressources en eau et d’irriguer les terres arables de sa région.
M. Kazakbaev a poursuivi en indiquant que son pays mettait l’accent sur l’intégration régionale et la reconstruction de l’Afghanistan voisin. Nous envisageons un échange de dettes extérieures avec l’Afghanistan, a-t-il signalé. Étant donné la situation économique mondiale actuelle, le Ministre a aussi attiré l’attention de la communauté internationale sur la situation des pays les plus vulnérables, notamment les petits États insulaires en développement et les pays de montagnes, souvent enclavés. En ce qui concerne son pays, il a reconnu que son isolement freine son développement.
Mme MARIA KIWANUKA, Ministre des finances, de la planification et du développement économique de l’Ouganda, a rappelé que de nombreux pays en développement, particulièrement en Afrique, étaient touchés par les déficits financiers, le déclin des investissements, le ralentissement de l’activité du secteur touristique, la baisse des envois de fonds provenant de l’étranger, la volatilité des prix de l’alimentation et les niveaux de chômage très élevés. Même si les prévisions relatives à l’économie mondiale sont meilleures, l’avenir reste très incertain, a-t-elle commenté, faisant référence aux problèmes rencontrés récemment dans la zone euro. La demande pour les produits d’exportation des pays en développement pourrait se réduire, a-t-elle averti. Elle a aussi craint que les partenaires des pays en développement ne puissent pas remplir les engagements pris envers ces derniers.
La Ministre s’est aussi inquiétée de ce que certains pays en développement commencent à dépendre des marchés internationaux de capitaux pour financer leurs investissements dans les infrastructures. Mais si le désordre qui règne sur ces marchés aboutit à limiter les capacités d’emprunt, ce sont les pays d’Afrique et même d’Europe qui vont en souffrir, a-t-elle prévenu. Mme Kiwanuka a invité la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour éviter les conséquences négatives qu’entrainerait une nouvelle crise. Elle a ainsi demandé que soit réformée la structure de gouvernance des institutions financières internationales, afin qu’y soient mieux représentés l’Afrique et les autres pays en développement. Nous devons aussi réformer l’architecture financière internationale pour éviter les problèmes qui ont conduit à la crise financière et économique mondiale, a-t-elle préconisé. La Ministre a enfin résumé les progrès en cours dans son pays qui a pu reprendre l’exécution du plan de rétablissement qu’il avait dû interrompre, alors qu’il était jusque là l’une des 20 économies ayant le taux de croissance le plus élevé au monde.
M. AUGUSTINE KPEHE NGAFUAN, Ministre des affaires étrangères du Libéria, a recensé les défis auxquels sont confrontées actuellement toutes les régions du monde et qui ont des conséquences négatives pour son pays. En même temps, il a fait remarquer la croissance rapide des pays d’Afrique subsaharienne, qui serait, selon la Banque mondiale, de 5,3% en 2012 et de 5,6% en 2013. Nous devons donc maintenant nous attacher à renforcer cette croissance, a-t-il dit. Il a énuméré une série de mesures à prendre à cet effet, notamment en ce qui concerne l’augmentation de la consommation et la promotion de relations commerciales plus ouvertes.
Le Ministre s’est ensuite inquiété de la réduction importante des montants des promesses faites en termes d’aide publique au développement (APD), à cause de la crise de la dette en Europe et aux États-Unis. L’appui budgétaire dont bénéficie le Libéria dans les domaines de la santé, de l’éducation et des infrastructures va en conséquence être réduit, ce qui aura des conséquences importantes sur la croissance, a-t-il prévenu. À ce stade de la situation de notre pays, qui sort d’une période de conflit, c’est un grand risque que nous courons, a-t-il précisé. Le Libéria va maintenant se concentrer sur la mise en place d’un environnement propice aux investissements étrangers, notamment en mettant sur pied un système fiscal favorable aux entreprises nationales comme aux entreprises étrangères, a annoncé M. Ngafuan.
Le Ministre a aussi attiré l’attention sur le fait qu’après 14 années de guerre civile, de nombreux jeunes se retrouvent sans formation ni éducation. C’est pourquoi nous concentrons aussi nos efforts dans ce domaine, grâce à l’aide de nos partenaires, afin de permettre aux jeunes d’être préparés à entrer sur le marché de l’emploi, a-t-il dit. Si l’aide que nous recevons devait diminuer, les jeunes seraient les plus touchés, a-t-il prévenu. Enfin, le Ministre a demandé aux pays développés de bien réfléchir quand ils prennent des mesures protectionnistes et quand ils envisagent de réduire leur aide aux pays les moins favorisés, avant d’appeler de ses vœux un monde plus juste.
M. NIZAR BARAKA, Ministre de l’économie et des finances du Maroc, a estimé que les risques d’une rechute de l’économie mondiale étaient encore réels, notamment en raison de la situation de plus en plus grave de la dette souveraine en Europe. Dans ce contexte, il a estimé que la communauté internationale devait redoubler d’efforts pour créer des emplois et relancer la croissance. Il s’agit aussi de penser à une nouvelle distribution de la production et de l’emploi et de penser à des mesures qui tiendraient compte des intérêts communs à différents systèmes de production, a-t-il préconisé.
S’agissant plus particulièrement du continent africain, le Ministre a fait remarquer que celui-ci avait à sa disposition différentes ressources, mais qu’il continuait à souffrir d’une instabilité mondiale du fait du rythme des changements politiques et des exigences croissantes qui se posent au plan social. M. Baraka a rappelé que, malgré un taux de chômage de moyen ramené à 8,9% grâce à une initiative nationale, le nombre de diplômés universitaires sans emploi demeurait important. Il a souligné que l’Afrique, comme d’autres régions du monde, souffrait de crises, mais qu’il appartenait à la communauté internationale de réexaminer les modèles de développement existant afin de parvenir à réduire les écarts croissants entre le Nord et le Sud.
M. HAMAD BIN ABD AL-AZIZ AL-KAWARI, Ministre de la culture du Qatar, qui assure la présidence de la treizième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XIII), a rappelé que son pays venait d’accueillir cette la CNUCED XIII, qui avait comme thème « la mondialisation axée sur le développement en vue d’un développement durable ». Au cours de cette Conférence, nous devions dégager des alternatives à la gouvernance actuelle en y promouvant plus d’éthique, a-t-il expliqué. Plusieurs organisations de la société civile, ainsi que les pays membres du Groupe des 77 et la Chine et le Groupe ministériel de l’alliance pour les services, ont participé aux sept journées de la Conférence, s’est réjoui le Ministre. Le Sommet de l’investissement, qui se déroulait en parallèle, a été consacré à l’augmentation des investissements dans les secteurs du développement et aux investissements durables, a-t-il indiqué. Il a aussi parlé de la Réunion de haut niveau qui a été organisée sur le thème: « les femmes dans le monde en développement », et qui a été l’occasion d’illustrer l’importance d’un développement inclusif profitant à tous.
Pendant cette session de la CNUCED; nous avons examiné les conséquences de la crise économique et financière mondiale. Nous avons réfléchi aux politiques qui permettraient de définir un nouvel agenda de développement, a indiqué M. Al-Kawari. Le Ministre a aussi parlé des quatre tables rondes, des séminaires, et des symposiums qui ont permis d’évoquer toutes ces questions à Doha, ainsi que d’un évènement organisé sur les innovations et la technologie. Il s’est félicité de l’adoption, à l’issue de la Conférence, de la Déclaration de Doha –le Manar de Doha- et du plan d’action de Doha. Le compromis auquel les délégations sont parvenues sur le document final n’a pas été atteint facilement, a-t-il précisé. Si la Conférence a été un succès, elle aurait pu l’être davantage si toutes les parties avaient adopté une vision plus large, a-t-il commenté, tout en reconnaissant que tous les États avaient redoublé d’efforts pour préserver l’esprit de partenariat. Le principal succès de la CNUCED XIII est le souhait qui a été exprimé de renforcer le mandat de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, a dit M. Al-Kawari, en précisant que la CNUCED restait une plateforme d’échange de positions et de points de vue. La CNUCED poursuivra donc l’examen des répercussions qu’a eues la crise économique mondiale sur les pays en développement, a dit le Ministre. Elle continuera aussi à considérer le système de commerce multilatéral et les bénéfices que les pays peuvent en tirer comme étant le véritable moteur du développement, a dit le Ministre qatari.
M. DESRA PERCAYA, Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), qui s’exprimait au nom du Président de l’ECOSOC, M. Milos Koterec, a fait remarquer que la communauté internationale demeurait toujours confrontée aux conséquences négatives de la crise qui a éclaté en 2008, et que les perspectives financières et économiques de différents pays restaient minées à cause des faiblesses dont souffrent différents secteurs et de la volatilité des prix des aliments et de l’énergie. C’est la raison pour laquelle les pays et autres acteurs économiques et financiers doivent poursuivre les efforts en vue de replacer l’économie mondiale sur la voie de la croissance.
Notant que la recherche de solutions adéquates était toujours en cours, il a réaffirmé que l’ECOSOC était totalement impliqué dans ce débat. À titre d’illustration de cet engagement, M. Percaya a cité différents éléments soulignés et mis en évidence au cours de la dernière réunion annuelle qu’a eue l’ECOSOC avec les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), une réunion qui s’est tenue à New York, en mars dernier. Celle-ci avait précisément pour thème la promotion d’une croissance économique et équitable et les participants y ont souligné plusieurs éléments pertinents pour le débat d’aujourd’hui, a relevé M. Percaya. Il a cité, entre autres, la création d’emplois décents, qui doit figurer au cœur du développement et de la lutte contre la pauvreté, et la nécessité de se doter de politiques nationales pour promouvoir la croissance et la création d’emplois, ainsi que pour promouvoir l’éducation, la santé et le bien-être social. Il a souligné que les débats de cette réunion annuelle avaient aussi mis l’accent sur les PME comme moteurs importants de la création d’emplois dans de nombreux pays.
M. Percaya a ensuite précisé que la session de fond de l’ECOSOC, qui doit se dérouler au mois de juillet prochain à New York, se penchera sur la promotion des capacités productives, sur l’emploi et sur le travail décent, dans une perspective d’éradication de la pauvreté et de la promotion d’une économie durable et équitable ». Avant de conclure, il a insisté sur la nécessité de faire en sorte que le chômage des jeunes ne se transforme pas en une expérience permanente d’inégalités sociales pour ceux-ci. Beaucoup peut être fait pour sortir les jeunes du chômage et miser sur leur enthousiasme et leur dynamisme, a-t-il dit.
M. OCTAVIO ERRAZURÌZ (Chili), intervenant au nom de la Communauté des États de l’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a rappelé que les États Membres des Nations Unies avaient adopté en 2010 la résolution 65/313 par laquelle ils avaient décidé d’explorer les modalités les plus efficaces pour le suivi du processus intergouvernemental de la Conférence sur la crise économique et financière mondiale et ses incidences sur le développement. Dans ce cadre, la CELAC soutient le débat thématique d’aujourd’hui, a-t-il dit. Le représentant a remarqué que tous les membres de la communauté internationale, en particulier les pays en développement, avaient recherché des solutions à la crise, certains ayant recours à des politiques anticycliques et à des plans de stimulation fiscale. M. Errazurìz a souligné que le nombre de réactions à la crise montrent la quantité de réponses dont dispose la communauté internationale.
Nous devons renforcer nos capacités de mobilisation des ressources financières, a poursuivi le représentant. La CELAC est particulièrement préoccupée par la baisse de l’aide publique au développement (APD), a-t-il ajouté, indiquant qu’elle sera réduite de 2,7% en 2011 par rapport à 2010. Il a exhorté les pays développés qui ne l’ont pas encore fait à honorer les engagements pris en la matière. Les effets de la crise seront toujours ressentis tant qu’on ne s’attaquera pas à ses causes, a-t-il aussi relevé. Cette crise exige une réaction mondiale et concertée de tous les pays, a-t-il dit. M. Errazurìz a aussi appelé à compenser le déficit de ressources provenant du FMI et le manque de représentation des petites économies dans les institutions financières internationales. En outre, il a jugé qu’il était temps de renforcer les liens entre le secteur financier et l’économie réelle.
Table ronde 1: « Lutter contre le chômage, créer des emplois (en particulier pour les femmes et les jeunes) et remédier à la pauvreté »
Cette table ronde a été l’occasion pour les États Membres de discuter des meilleurs moyens d’endiguer le chômage et de promouvoir la création d’emploi, dans les pays en développement notamment. L’accent a été mis sur l’importance de la responsabilisation, de la formation et de la création de petites entreprises. Les mérites de l’économie islamique ont également été évoqués, de même que le manque de préparation des jeunes au marché du travail.
M. AHMAD MOHAMED ALI AL-MADANI, Président de la Banque islamique de développement, a estimé qu’au lieu de réagir au chômage en cherchant un emploi, il faudrait plutôt prendre des initiatives « entrepreneuriales et rémunérées ». Dire que la crise du chômage est liée à un mauvais marché du travail ne rend pas justice à sa capacité d’intégrer la libre entreprise. Ceux qui prônent un tel concept encouragent l’inaction, a-t-il averti. De l’avis de M. Al-Madani, il faut encourager chaque individu à concevoir une idée capable de déboucher sur la création d’une entreprise qui lui permettra de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Les petites entreprises, a-t-il soutenu, peuvent réellement contribuer à la lutte contre le chômage. M. Al-Madani a également souligné l’importance d’octroyer un niveau d’éducation suffisant pour satisfaire aux exigences croissantes du marché du travail et suivre l’évolution de « l’économie du savoir » et des technologies de l’information. Une détente est également nécessaire afin de donner un coup d’élan à la coopération internationale et à la confiance mutuelle entre les peuples, a par ailleurs estimé le panéliste, qui s’est dit convaincu que l’ONU peut contribuer énormément en la matière.
Le Président de la Banque islamique de développement a par ailleurs affirmé que les principes de l’économie islamique pourraient être mis à profit pour endiguer le chômage. Ces principes, a-t-il notamment expliqué, soulignent le fait que la personne humaine est une ressource freinée par le chômage et c’est pourquoi, il faudrait l’extraire du malaise qu’est la recherche d’emploi pour lui permettre de se rendre dans un autre pays pour gagner sa vie. M. Al-Madani a également appelé à la création d’un programme de partenariat mondial de lutte contre le chômage qui serait dirigé par les institutions multilatérales de développement international, au lancement de programmes d’autonomisation économique destinés aux familles productives et à la rédaction d’un accord international sur la main d’œuvre née de l’immigration et de la fuite des cerveaux.
Après avoir fait le point sur la situation économique en Asie, M. HARUHIKO KURODA, Président de la Banque asiatique de développement, a observé que les forces économiques actuelles tendaient à favoriser les personnes qui ont du capital plutôt que celles qui occupent un emploi. Il a engagé les décideurs politiques à adopter des politiques fiscales efficaces pour réduire les inégalités entre les gens. Il faut dépenser davantage dans l’éducation et la santé en ciblant les ménages les plus pauvres. Il faut également améliorer l’équilibre régional, notamment les transports et les infrastructures entre les régions développées et les plus pauvres. Des réformes politiques s’imposent aussi de manière à ce que la croissance soit davantage tournée vers l’emploi. La création des emplois plus productifs compte parmi les défis les plus importants que doivent relever la plupart des pays du monde, a-t-il notamment fait remarquer. Il a également insisté sur la nécessité d’éliminer les distorsions du marché et d’appuyer les connaissances et la création. Une croissance inclusive est à l’ordre du jour pour le monde entier, a-t-il souligné.
La consolidation fiscale est absolument essentielle, a lancé à son tour M. RINTARO TAMAKI, Vice-Secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Il faut limiter les dépenses, augmenter les salaires dans certains contextes et ne pas éliminer la fourniture de services. Les politiques macroéconomiques, a-t-il ajouté, jouent un rôle absolument essentiel pour sortir de la crise. Il a également observé qu’il sera difficile de créer des emplois sans réformes structurelles d’envergure qui favorisent à la fois la création d’emplois et la croissance.
Concernant la situation des personnes sans emploi depuis un an ou plus, M. Tamaki a fait remarquer que leur nombre a triplé aux États-Unis et dans certains pays membres de l’OCDE. Seule l’Allemagne a enregistré une baisse de cette catégorie de chômeurs, s’est-il indiqué. Tout en maintenant le versement de subventions aux chômeurs de longue date, il est important d’y attacher des conditions de manière à lutter contre la dépendance. Tournant ensuite son attention sur la situation des jeunes, le Vice-Secrétaire général de l’OCDE a appelé à l’adoption de politiques qui permettent de donner aux jeunes un meilleur départ sur le marché de l’emploi. L’octroi de diplômes peut favoriser la transition vers le marché du travail et l’industrie de recyclage peut également être mise à profit, a-t-il ajouté. Trop de jeunes achèvent leurs études sans être préparés au marché du travail, a fait observer M. Tamaki, en insistant sur l’importance de la parité.
M. POONA WIGNAJARA, Président de l’Association des réseaux de perspectives sud-asiatiques, a indiqué qu’afin de faire face à la pauvreté qui prévaut dans sa région, son organisation avait mis l’accent sur la culture. Pratiquement toutes les cultures insistent sur l’importance de l’épargne, a-t-il dit. Le succès du Plan Marshall a reposé sur la capacité de travailler dur et d’épargner d’un pays qui avait été pratiquement entièrement détruit, a-t-il notamment commenté. Il a également souligné que les femmes sont souvent les meilleures épargnantes des communautés villageoises de sa région, avant de mettre l’accent sur la nécessité de faire participer les pauvres au processus de prise de décisions. Il faut miser sur une culture qui établit les valeurs d’une bonne gouvernance, le développement durable et la sécurité. Il faut aussi faire le lien entre le développement durable pour tous, redéfinir ce qui est nécessaire pour assurer les cultures et garantir la sécurité en empêchant des pays de développer des programmes nucléaires secrètement.
M. STEPHEN YOUNG, Directeur mondial exécutif de Caux Round Table, a souligné, de son côté, l’importance de la notion de responsabilité, élément clef, selon lui, de tout nouveau paradigme capable de favoriser les partenariats entre les secteurs privé et public. Seul le secteur privé, a-t-il précisé, est source de création de richesses, tandis que les gouvernements fonctionnent comme une sorte de super structure. Il a argué que si les gouvernements font preuve d’irresponsabilité ou se livrent à la corruption, la croissance économique en pâtira. En revanche, si le secteur privé est irresponsable, cela se traduit en échec pour tous. Il a insisté sur la nécessité de responsabiliser le secteur public. Si les gouvernements n’agissent pas de manière responsable, a-t-il dit, on ne peut s’attendre à ce que le secteur privé partage ses richesses. M. Young s’est dit indigné par les fonds illicites en provenance des pays pauvres, en faisant référence aux détournements de fonds organisés par le Président égyptien Moubarak et sa famille. Le principe de responsabilité vise à promouvoir la croissance. Les conseils d’administration des entreprises doivent avoir des critères beaucoup plus strictes, de normes minimales de connaissances doivent être établies pour les hauts postes. Les risques systémiques ne sont pratiquement jamais examinés et la question des rémunérations au sein des grandes entreprises, qui oblige nombre de responsables à adopter des stratégies d’investissements privés, n’a jamais été réglée.
Après ces présentations, le représentant du Gabon s’est dit déçu par le caractère trop général du débat. Certaines interventions ont à peine abordé le sujet à l’ordre du jour, a-t-il regretté. Il a réclamé des exemples concrets du rôle que peuvent jouer les incitations fiscales, expliquant que dans son pays, leur mise en place n’avait pas débouché sur les résultats escomptés. Le représentant a par ailleurs suggéré que lors de l’organisation de ce genre de débat, il serait souhaitable de faire rédiger une étude précise sur le sujet à l’ordre du jour. Pour sa part, le représentant des Émirats arabes unis a estimé qu’il était temps de disposer d’une étude internationale sur le système économique islamique.
En réponse à la question du représentant du Gabon, le Directeur de Caux Round Table a fait remarquer que l’on a souvent tendance à ignorer les possibilités de création d’emplois dans les zones rurales. En Italie, 95% du PIB est créé par des entités de moins de 200 personnes, a-t-il notamment fait remarquer. De son côté, le Vice-Secrétaire général de l’OCDE a indiqué que les subventions doivent être versées en premier lieu aux entreprises qui ont décidé d’augmenter leurs mains-d’œuvre. Il a par ailleurs averti que le nombre croissant de chômeurs de longue durée allait créer un problème social notable. Sur cette question, le représentant de la République de Corée a estimé que pour y remédier, il faudrait miser, entre autres, sur la diversification des industries. Ne serait-il pas temps de revenir aux principes de l’éthique protestante? a lancé, de son côté, le représentant du Bangladesh. Ce dernier a aussi fait observer que nombre de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable ou à l’électricité. Il y a dans ces domaines la possibilité de créer de nombreux emplois, alors pourquoi les taux de chômage demeurent-ils si élevés, s’est-il interrogé.
Évoquant la situation des jeunes, le représentant de la Tunisie a estimé que le moment était venu d’adopter une stratégie globale de lutte contre le chômage. Il faut faire l’adéquation entre les systèmes scolaires et la formation professionnelle, et privilégier l’intensification de la création des petites et moyennes entreprises. Comment la question du chômage et des emplois sera-t-elle examinée dans le contexte de l’économie verte? a demandé, à son tour, le représentant du Sri Lanka. La représentante du Brésil a fait le lien entre la baisse de l’APD et la chute des possibilités dans de nombreuses régions du monde. Pour que la croissance économique soit durable, a-t-elle ajouté, il faut des politiques sociales fermes de redistribution des revenus. Le représentant de l’Australie a soulevé la question de l’achèvement du cycle de négociations de Doha, tandis que son homologue de l’Égypte s’est inquiété des répercussions des politiques d’austérité sur la création d’emplois. La représentante du Lesotho a parlé des barrières culturelles et sociétales qui entravent la participation des femmes au marché du travail. Le représentant de Cuba a, quant à lui, dénoncé les lacunes du néocapitalisme.
Cette table ronde était coprésidée par M. Augustine Kpehe Ngafuan, Ministre des affaires étrangères du Libéria, et M. Mashiur Rahman, Conseiller économique du Premier Ministre du Bangladesh.
Table ronde 2: « Réduire la vulnérabilité à l’égard de la dette, maîtriser l’inflation et la déflation »
Les experts et les délégations qui participaient à cette table ronde, que coprésidaient le Président adjoint de la Commission de la planification de l’Inde, M. Montek Singh Ahluwalia, et le Ministre de l’économie et des finances du Maroc, M. Nizar Barka, se sont en particulier attachés à identifier les points communs et les divergences qui existent entre pays développés et pays en développement face à la dette, à l’inflation et à la déflation.
M. NIZAR BARKA, Ministre de l’économie et des finances du Maroc, a affirmé que la vigilance concernant la durabilité de la dette était aujourd’hui de mise. L’endettement ne représente plus un handicap dans les pays d’Afrique, a-t-il néanmoins souligné, en précisant qu’il restait beaucoup à faire, notamment en matière de gestion active de la dette. Le Ministre a notamment expliqué que le Maroc avait conduit des réformes budgétaires importantes.
La situation budgétaire du pays s’est améliorée de manière significative au cours des dernières années, a-t-il dit, en faisant remarquer que le taux d’endettement du Maroc se situe autour de 30% du produit intérieur brut (PIB). M. Barka a assuré que, dans un contexte difficile, les institutions financières régionales et internationales avaient un rôle prépondérant à jouer pour aider les pays en développement à emprunter à un taux raisonnable.
M. ASHNI SINGH, Ministre des finances de Guyana, a estimé que pour les petits États en développement, la crise prenait une ampleur plus importante. Ces pays représentent une menace systémique très faible, influencent peu les débats internationaux, voire pas du tout, tandis que leur voix reste modeste dans les couloirs des instances multilatérales.
Les pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) sont les plus endettés du monde, a-t-il dit, car ils sont confrontés, notamment, à des obstacles naturels à la diversification de leur capacité de production. S’il est bon, certes, de parler des grands pays dans ce genre de débat, il faut aussi attirer l’attention sur la situation des « petits États », a-t-il souligné.
M. ALAIN SIMPSON, ancien Sénateur américain et Coprésident de la Commission nationale pour la responsabilité et la réforme budgétaire des États-Unis, a rappelé que la dette américaine s’élevait à 16 trillons de dollars, la moitié étant publique, l’autre privée. Autrement dit, si l’on dépense un dollar par seconde à partir de maintenant, il faudrait, a-t-il estimé, 32 700 années pour obtenir cette somme. Même le nombre de rotations de la Terre autour du Soleil depuis que le monde existe n’atteint pas ce chiffre. Le budget américain de la défense est de 750 milliards de dollars, a-t-il dit, sachant que le budget combiné de la défense des 14 autres pays les plus puissants militairement, y compris la Chine et la Fédération de Russie, n’est que de 540 milliards.
M. Simpson a expliqué qu’aux États-Unis, les systèmes de sécurité sociale, qui avaient été mis en place comme un supplément de revenu lorsque l’espérance de vie moyenne américaine était de 65 ans, sont désormais confrontés à des défis graves. L’espérance de vie moyenne est aujourd’hui nettement plus élevée, a-t-il fait observer. En outre, les États-Unis doivent faire face aux défis de l’obésité et des maladies chroniques non transmissibles, comme le diabète, ainsi qu’aux coûts élevés qui résultent des soins de santé.
M. SUPACHAI PANITCHPADKI, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a souligné que si la plus grande machine économique du monde rencontrait de tels problèmes de dette, que pouvait-il en être pour les pays en développement? L’accumulation de la dette extérieure dans les pays européens s’aggrave, ainsi que dans les pays d’Amérique latine et des Caraïbes. Sur 128 pays en développement, 94 sont encore confrontés à des déficits de leurs comptes, a-t-il ajouté. Dans les pays les moins avancés, la moyenne d’endettement est passée de 88% en 2008 à 90% en 2012, tandis que trois de ces pays sont en situation de détresse et 11 dans une situation de risques élevés.
Le Secrétaire général de la CNUCED a mis l’accent sur la nécessité de mettre en œuvre des réformes systémiques. Il a notamment plaidé en faveur d’un moratoire temporaire pour attirer des capitaux et rembourser d’anciennes dettes. De même, il conviendrait, a-t-il préconisé, d’améliorer les mécanismes d’alerte précoce, comme les agences de notation. Pour s’attaquer à la vulnérabilité de la dette, il a mis l’accent sur la nécessité, de traiter la question des taux de change.
Mme DATO’ZALEHA KAMARUDDIN, Recteur de l’Université islamique internationale de la Malaisie, a observé que les économies majeures se trouvaient dans un piège en matière de liquidités. Même les taux d’intérêt faibles ne semblent pas être en mesure de stimuler ces économies en détresse, a-t-elle dit. Une spirale se crée et la situation se dégrade, a-t-elle ajouté. La crise du dollar est particulièrement importante car les échanges sur les marchés des produits de base se font dans cette devise, et risque ainsi de causer une hyperinflation mondiale, a—t-elle également dit.
Pour remédier à ce problème, il conviendrait, à court terme, de lutter contre l’hyperinflation potentielle pour que les populations n’en subissent pas les conséquences. De même, il faut soutenir les entreprises du secteur agricole, a-t-elle ajouté. À moyen terme, il est nécessaire, a-t-elle souligné, de mettre sur pied des banques publiques susceptibles de proposer des allègements de dette aux entreprises comme aux individus. À long terme, il s’agirait de rétablir un lien entre les devises et l’or, tandis que les États devraient encourager des taux d’imposition faible en vue d’épargner les entreprises. Elle a enfin insisté sur l’importance des valeurs spirituelles et éthiques.
M. DANIEL MITCHELL, Maître de recherche au Cato Institute, a affirmé que des taux d’imposition élevés sont inutiles, car, a-t-il dit, ils ne stimulent pas la croissance. Selon lui, le fait de rejeter la faute sur les paradis fiscaux ne sert que de prétexte. Le problème vient plutôt de la fuite des capitaux, a-t-il dit, en se déclarant également hostile à l’harmonisation des politiques fiscales et aux unions budgétaires. Déficits et dettes ne sont que des symptômes, a-t-il dit, en mettant en particulier l’accent sur la nécessité d’appliquer la règle d’or budgétaire.
M. JEFFREY SACHS, Professeur « Columbia University », a expliqué que l’origine de la crise financière en Europe trouvait son origine dans les secteurs bancaire et privé, qui a suivi l’explosion de la bulle immobilière. L’Europe est extrêmement dangereuse pour le reste du monde car les autorités ont été réticentes à entreprendre des réformes budgétaires. Le système bancaire européen est en train de s’effondrer sous nos yeux, a-t-il fait remarquer. Plusieurs facteurs exacerbent la situation, a-t-il dit, en citant par exemple les mouvements des capitaux, et contestant ainsi la position exprimée plus tôt par M. Mitchell sur les paradis fiscaux. Il s’agit d’évasion fiscale, a-t-il dit, en précisant que le système était sapé par les paradis fiscaux.
Les pays riches ont une croissance lente car ils sont confrontés à une concurrence avec les pays émergents, a-t-il également indiqué, en évoquant une situation inextricable si l’on ne réforme pas les systèmes financiers. Il faut mettre de l’ordre dans les politiques budgétaires et ne pas encourager le fait que le secteur financier ne soit pas réglementé et demeure hors de contrôle, entraînant ainsi une instabilité massive, a-t-il insisté.
Lors du débat qui a suivi, parmi les intervenants, le délégué de l’Union européenne a souligné que la vulnérabilité des pays en développement face à la dette continuait de s’exacerber. Ces pays, a-t-il dit, doivent pouvoir avoir accès aux marchés afin qu’ils puissent gérer leur dette. Il a également plaidé pour que les agences de notation puissent être soumises à des cadres de réglementation adéquats.
Pour le représentant de la République-Unie de Tanzanie, de nombreux pays en développement ont perdu espoir comme si le monde n’avait plus de solutions. Ces solutions devraient être traitées de manière collective, a-t-il proposé, en notant que le moment de vérité, à cet égard, approchait.
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