« Choqué » par les souffrances « presque incompréhensibles » au Yémen, le Chef des affaires humanitaires demande au Conseil de « lier l’acte à la parole » pour mettre fin au conflit
Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Stephen O’Brien, a avoué aujourd’hui aux membres du Conseil de sécurité qu’il est revenu « choqué » par les souffrances humaines « presque incompréhensibles » qu’il a vues au Yémen. Quatre Yéménites sur cinq ont besoin d’aide humanitaire et près d’1,5 million de personnes ont fui de chez eux. Plus de 1 000 enfants ont été tués ou blessés et le nombre de jeunes gens recrutés ou utilisés comme combattants ne cesse d’augmenter.
Les besoins sont « énormes », a prévenu le Secrétaire général adjoint, après que le Programme alimentaire mondial (PAM) a prévenu d’un risque de famine si les agences humanitaires n’obtiennent pas un accès immédiat et illimité aux gens dans le besoin et si la pénurie de ressources perdure. À ce jour, seuls 18%, soit 282 millions de dollars, du 1,6 milliard demandé ont été reçus et même si l’Arabie saoudite verse enfin les 274 millions de dollars promis en avril dernier, ce taux ne s’élèverait qu’à 33%.
Il faut des ressources additionnelles et substantielles et il faut des mesures immédiates pour mettre fin à une violence qui détruit la vie de millions de Yéménites. « La communauté internationale doit lier l’acte à la parole », a exigé le Secrétaire général adjoint.
Neuf ans jour pour jour après l’attentat terroriste qui a fait 22 morts et 100 blessés au Siège des Nations Unies à Bagdad en 2003, M. Stephen O’Brien a tenu à souligner la détérioration des conditions dans lesquelles travaillent les acteurs humanitaires pour porter assistance à plus de 100 millions de personnes dans le monde.
En cette Journée mondiale de l’aide humanitaire, le Secrétaire général adjoint a précisé qu’en 2014, le monde perdait 10 agents humanitaires par mois. En Syrie, 77 agents sont morts depuis le début du conflit et au Yémen, cette année, 5 agents ont été tués, de nombreux autres blessés et deux kidnappés. Ces 10 dernières années, 17 agents humanitaires sont morts au Yémen et 44 ont été enlevés.
Dans sa déclaration, M. Stephen O’Brien, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, a qualifié l’ampleur des souffrances humaines au Yémen de « presque incompréhensibles », « choqué » par ce qu’il a vu. Quatre Yéménites sur cinq ont besoin d’aide humanitaire et près d’1,5 million de personnes ont fui de chez eux. Plus de 1 000 enfants ont été tués ou blessés et le nombre de jeunes gens recrutés ou utilisés comme combattants ne cesse d’augmenter.
Les besoins sont « énormes » et l’aide humanitaire ne pourra pas seule répondre aux 26 millions de Yéménites. Les aéroports et les ports doivent être rouverts pour les importations de biens et l’arrivée des produits humanitaires. J’ai vu de mes propres yeux « l’angoisse » dans le regard des gens qui se demandaient d’où allait venir leur prochain repas, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, en décrivant les files d’attentes kilométriques pour du carburant et des gens qui attendent depuis plusieurs jours.
« J’ai visité l’hôpital de Al-Thawar où les lumières clignotent à cause du manque de carburant et où les patients dorment sur des cartons. » À Aden, des rues entières sont détruites et recouvertes de carcasses de tanks et de munitions non explosées. Le Gouverneur a indiqué que les gens reviennent doucement et que les services de base sont rétablis mais pas partout. Les gens sont « dépassés » par l’ampleur des destructions et l’idée de tout reconstruire. L’électricité indispensable pour les pompes à eau et les moulins est rare, s’est alarmé le Secrétaire général adjoint.
Rendant hommage aux acteurs humanitaires à l’occasion de cette Journée mondiale de l’aide humanitaire, il a prévenu qu’il faut faire plus et que le succès dépendra de la disponibilité de ressources adéquates. Aujourd’hui, le Programme alimentaire mondial (PAM) a prévenu, une nouvelle fois, que l’absence d’un accès immédiat et illimité aux gens qui ont besoin de toute urgence d’une aide alimentaire et la pénurie de fonds font courir à des millions de Yéménites le risque d’une famine.
À ce jour, a indiqué le Secrétaire général adjoint, seuls 18%, soit 282 millions de dollars, du 1,6 milliard demandé, ont été reçus. Les agences de l’ONU n’ont toujours pas reçu les 274 millions de dollars que l’Arabie saoudite a promis en avril dernier. Le versement de cette somme ne porterait qu’à 33% les fonds collectés. Il faut des ressources additionnelles et substantielles pour appuyer les Yéménites jusqu’à la fin de l’année et au-delà, a précisé le Secrétaire général adjoint.
M. O’Brien a affirmé qu’au cours de sa visite, il n’a cessé de souligner que la paix est « essentielle » pour mettre fin aux souffrances du peuple. Il a dit avoir rappelé qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit et que la paix ne pourra être obtenue que par « le dialogue des mots et pas celui des armes ».
La communauté internationale, a-t-il insisté, doit lier l’acte à la parole et prendre des mesures immédiates pour mettre fin à une violence qui détruit la vie de millions de gens dans le pays. Nous devons obtenir des parties qu’elles cessent les combats et qu’elles retournent à la table des négociations, « avant que ce ne soit trop tard » et qu’il n’y ait plus rien pour lequel se battre.
Alors que l’on réfléchit à l’action humanitaire en cette Journée mondiale, a conclu le Secrétaire général adjoint, nous voyons malheureusement une situation en détérioration et des souffrances inutiles « véritablement choquantes ». Nous devons agir. Nous devons faire plus pour que ceux d’entre nous qui peuvent influencer fassent en sorte que ceux qui commettent des abus contre ceux qui ne peuvent rien les cessent, et que ceux qui continuent soient punis.