Réuni au niveau ministériel, le Conseil de sécurité constate les violations de l’accord de cessation des hostilités en Syrie, conclu le 9 septembre
À l’initiative du Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande, M. John Key, qui en présidait les travaux, le Conseil de sécurité a convoqué, ce matin, une réunion de haut niveau sur la crise en Syrie, au cours de laquelle ses membres, représentés par des chefs d’État, de gouvernement ou des ministres des affaires étrangères, ont constaté avec regret les violations de l’accord de cessation des hostilités conclu le 9 septembre par les États-Unis et la Fédération de Russie, coprésidents du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS).
Présent à cette occasion, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a regretté de voir cette « nouvelle opportunité » mise à mal par l’attaque « scandaleuse », perpétrée le lundi 19 septembre, contre un convoi humanitaire conjoint du Croissant-Rouge arabe syrien et de l’ONU. Le Secrétaire général s’est également dit alarmé par l’attaque meurtrière perpétrée quelques jours plus tôt près de Deir ez-Zor, tout en prenant note que les États-Unis ont admis rapidement qu’une erreur avait été commise lors de cette frappe aérienne.
Le Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, a regretté ce qu’il a qualifié d’« erreur » et d’« incident tragique ». Il s’est, en revanche, dit ému par les « changements de version » et des « volte-faces » de la Russie et de la Syrie, qui n’assument pas, selon lui, la « responsabilité » du bombardement de lundi. Pour rétablir la crédibilité du processus en cours, les avions militaires doivent immédiatement cesser de voler au-dessus des zones où l’aide humanitaire doit être acheminée, a-t-il martelé. Réagissant à ces commentaires, le Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov, a jugé qu’il était préférable de s’abstenir de porter des accusations en l’absence de preuves. Pour leur part, a-t-il dit, les forces russes ont transmis toutes les données relatives à cette attaque, « notamment des images vidéo filmées en temps réel ». Une enquête sera engagée pour déterminer les causes de cet incident, a-t-il assuré.
Le représentant de la République arabe syrienne a, de son côté, accusé les États-Unis de ne pas avoir tenu leur « promesse », d’il y a deux ans, de ne pas prendre pour cible des installations militaires syriennes et des infrastructures vitales du pays. Pour lui, les raids aériens en date du 17 septembre attribués aux forces américaines auraient fait 83 victimes et une centaine de blessés. Il a catégoriquement nié toute implication des forces gouvernementales dans l’attaque de lundi contre le convoi humanitaire.
Partisan d’une « évaluation commune » des violations de la trêve et des obstacles à l’accès humanitaire, le Ministre des affaires étrangères de la France, M. Jean-Marc Ayrault, a proposé au Conseil de sécurité d’établir un « nouveau mécanisme de surveillance efficace et crédible ». Il est cependant impératif, a-t-il ajouté, d’empêcher les groupes terroristes comme Daech ou le Front el-Nosra de faire fond sur la cessation des hostilités pour prospérer, une préoccupation reprise à leur compte par plusieurs membres du Conseil de sécurité.
Pour le Secrétaire général, la tragédie syrienne « nous déshonore tous » et l’échec collectif de la communauté internationale devrait « hanter » les membres de ce Conseil, qui demeure divisé sur le dossier du conflit syrien. Depuis les soulèvements populaires de février 2011 contre le régime du Président Bachar Al-Assad, a-t-il rappelé, 300 000 civils ont été tués.
Affirmant que « le destin d’une nation ne devrait jamais dépendre d’un seul individu », M. Ban a renvoyé dos à dos partisans et opposants du dirigeant syrien. Si certains insistent pour que le sort de M. Assad continue d’être exclu des négociations, alors « par définition, il ne s’agit pas d’un règlement négocié », pas plus que d’autres demandent le départ du Président syrien dès le début de la transition.
Le Secrétaire général a donc lancé un appel au Conseil de sécurité pour que l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales apporte son soutien « sans équivoques » aux propositions que s’apprête à faire aux parties l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, comme point de départ d’un nouveau cycle de pourparlers directs. Ces pourparlers ont pour objectif de déboucher sur le « processus de transition politique dirigé par les Syriens eux-mêmes » qu’appelait de ses vœux le Communiqué de Genève du 30 juin 2012.
M. de Mistura a indiqué qu’il avait travaillé sur un cadre de négociations futures reprenant les éléments suivants: il ne peut y avoir d’issue militaire au conflit; le consentement mutuel entre le Gouvernement syrien et l’opposition doit prévaloir dans le cadre du processus politique; et ce processus doit ouvrir la voie à une transition réelle dans la continuité.
L’Envoyé spécial de l’ONU s’est, pour l’heure, félicité de certains « points de convergence » entre les parties, notamment sur les principes de former un gouvernement de transition, d’établir un État pluraliste basé sur l’état de droit, et de garantir le respect des libertés fondamentales grâce à une nouvelle constitution. S’agissant d’un partage du pouvoir, il a plaidé, à cet égard, pour la mise en place d’« instruments de contrôle ».
Dénonçant les violations répétées des droits de l’homme par les autorités syriennes comme par les groupes d’opposition, le Secrétaire général a, par ailleurs, réitéré son appel au Conseil de sécurité pour qu’il renvoie la situation en Syrie devant la Cour pénale internationale (CPI). L’Espagne, par la voix de son Ministre des affaires étrangères et de la coopération, M. José Manuel Garcia-Margallo, a rappelé la proposition de Madrid en matière de lutte contre l’impunité, à savoir la création d’une juridiction internationale spécialisée pour connaître des crimes de terrorisme, dont le rôle serait complémentaire à celui de la CPI.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT
Déclarations
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que la tragédie syrienne « nous déshonore tous ». L'échec collectif de la communauté internationale devrait « hanter » tous les membres de ce Conseil de sécurité, alors que plus de 300 000 Syriens ont été tués, la moitié de la population du pays déracinée, et une grande partie de l’infrastructure civile détruite. Tandis que Daech et Al-Qaida s’efforcent d’exploiter davantage le chaos ambiant, les pays voisins de la Syrie accueillent des millions de réfugiés syriens, et nombre de ces réfugiés meurent en tentant d'atteindre l'Europe, a rappelé M. Ban. Les forces déchaînées par ce conflit déstabilisent la région entière, les attaques terroristes liées à la poursuite de cette crise frappent le monde entier et les violations des normes du droit international humanitaire sont commises de façon flagrante, a déploré le Secrétaire général. Pour lui, les attaques lancées sans distinction contre des civils, la tactique « médiévale » du siège, l'utilisation d'armes chimiques dans le cadre d’attaques récemment attribuées à Daech et au Gouvernement syrien, et la détention arbitraire et les actes de torture sont autant de défis aux résolutions de ce Conseil.
Conscient des divisions qui minent l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Secrétaire général a réitéré son appel pour l'unité internationale, lequel, a-t-il dit, a déjà fait la différence pour assurer la destruction du programme syrien d'armes chimiques, pour fournir l’aide humanitaire au-delà de signes de front et pour constituer le Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS), qui a ouvert la voie à l’adoption de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité. Ainsi, s’est félicité le Secrétaire général, la cessation des hostilités –« quoique fragile »– a commencé à la fin du mois de février, avec des résultats positifs pendant quelques mois.
Si l'accord conclu le 9 septembre entre la Fédération de Russie et les États-Unis représente pour M. Ban une « nouvelle opportunité », l’attaque, il y a deux jours, contre un convoi humanitaire conjoint du Croissant-Rouge arabe syrien et de l’ONU est « scandaleuse ». Il s’est également dit préoccupé par l'attaque meurtrière perpétrée peu de temps auparavant à Deir al-Zour, prenant acte de la reconnaissance rapide par les États-Unis de cette frappe. Le Secrétaire général a de nouveau exhorté tous ceux qui ont de l’influence à retrouver la voie des pourparlers politiques. « Dès qu'un nouveau cycle de négociations intra-syriens débutera, il devra se concentrer sur les questions fondamentales pour une transition viable », « afin de parvenir à un accord sur un cadre politique qui inclurait un organe de transition inclusif doté des pleins pouvoirs exécutifs. » L’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, a précisé le Secrétaire général, sera prêt, « dès que possible », à présenter aux parties un « projet de cadre de propositions » comme point de départ de négociations en vue de ce processus de transition politique dirigé par les Syriens. Il a demandé au Conseil de sécurité de lui apporter son soutien « sans équivoques ».
Affirmant que « le destin d’un pays ne devrait jamais dépendre d’un seul individu », M. Ban a souligné que si certains continuent d'insister pour que le sort du Président syrien soit exclu des négociations, alors « par définition, il ne s’agit pas d’un règlement négocié ». À l’inverse, si d’autres insistent pour que le Président syrien parte dès le début de la transition, il est également « difficile d’envisager une véritable négociation », a-t-il fait remarquer. Attirant ensuite l’attention sur les violations répétées des droits de l'homme par les autorités syriennes et les groupes d'opposition, le Secrétaire général a réitéré son appel au Conseil de sécurité pour qu’il renvoie la situation en Syrie devant la Cour pénale internationale (CPI). « Nous sommes à un tournant », a lancé M. Ban, en conclusion, en rappelant aux membres du Conseil de sécurité la responsabilité qui est la leur.
M. STAFFAN DE MISTURA, Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, a rappelé que l’ONU avait pris part ou initié de nombreuses tentatives de négociations de paix entre les parties syriennes au cours de ces dernières années.
Faisant un point sur l’état des dernières négociations en date, M. de Mistura a déclaré que, « malgré l’horreur sur le terrain », il avait noté des points de convergence dans les pourparlers intersyriens. Il a notamment indiqué que les parties étaient parvenues d’accord, verbalement, sur le principe de former un gouvernement de transition, d’établir un État pluraliste basé sur l’état de droit, et de garantir le respect des libertés fondamentales dans une nouvelle constitution.
Sur la base des recommandations du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS) de développer des propositions concrètes dans la perspective de la tenue de pourparlers directs, et non plus seulement de proximité, M. de Mistura a indiqué avoir travaillé sur un cadre de négociations futures basé sur les points suivants: il ne peut y avoir d’issue militaire au conflit; le processus politique entre le Gouvernement et l’opposition doit se baser sur le consentement mutuel; et ce processus doit être capable d’engendrer une transition politique réelle tout en préservant la continuité.
Toute transition viable doit mettre en place des instruments de contrôle du pouvoir exécutif, a par ailleurs estimé l’Envoyé spécial. Il a insisté sur le fait que le pouvoir devrait être partagé de façon réelle, tout en précisant que des organes de supervision collectifs devraient être créés pour vérifier le respect de la cessation des hostilités d’ici à l’adoption d’une nouvelle constitution. « Je sais que tout cela semble utopique », a-t-il déclaré, « mais sans cette base nous ne parviendrons à rien ».
S’il a insisté sur une « dévolution réelle du pouvoir », M. de Mistura a aussi appelé l’opposition à comprendre que la transition ne concerne pas le pouvoir d’une personne, mais un exercice différent du pouvoir en général. Avant de conclure, l’Envoyé spécial a insisté sur la nécessité de respecter l’accord du 9 septembre sur la cessation des hostilités conclu entre les États-Unis et la Fédération de Russie.
M. JOHN KEY, Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande, a expliqué qu’il avait convoqué cette réunion de haut niveau sur la Syrie pour une raison très simple: « aucune autre question ne demande d’attention plus urgente de la part des dirigeants du monde entier que celle-ci », la guerre civile dans ce pays étant, a-t-il dit, le conflit le plus dévastateur du XXIe siècle. Il s’est joint à la condamnation par le Secrétaire général de l’attaque perpétrée le lundi 19 septembre contre un convoi humanitaire. Personne ne peut profiter de la poursuite du conflit, a tenu à souligner le Premier Ministre néo-zélandais. Les autorités syriennes, qui ont débuté les hostilités, ne peuvent « remporter » cette guerre, a-t-il fait remarquer. Pour M. Key, le problème n’est pas lié à un manque de clarté dans la direction à suivre, puisque la voie de la cessation des hostilités a été ouverte par le Conseil de sécurité par la résolution 2254, adoptée en décembre dernier. Ce texte a identifié les étapes à suivre, ainsi qu’un échéancier: un cessez-le-feu à appliquer au niveau national; des négociations en vue d’une transition politique inclusive; et un « front uni » pour combattre Daech et les autres organisations terroristes parties au conflit.
Mais le calendrier fixé n’a jamais été respecté, a regretté le Premier Ministre, avant de se féliciter de l’accord conclu le 9 septembre dernier par les États-Unis et la Fédération de Russie. Il a exhorté les parties syriennes à respecter cet arrangement et le Conseil de sécurité à s’unir pour soutenir ces efforts. Le Chef du Gouvernement de la Nouvelle-Zélande a plaidé pour une solution politique qui prenne en compte les causes profondes du conflit et établisse une nouvelle forme de gouvernement inclusif en Syrie. Pour M. Key, une telle solution doit se garder d’un changement purement « cosmétique » concernant la question cruciale du sort du Président Bachar Al-Assad. Pour le Premier Ministre, toute partie insistant pour que des « lignes rouges politiques » soient tracées pour bloquer les compromis nécessaires sera considérée comme responsable des retards pris vers une transition véritable. Ces retards, a-t-il prévenu, pourraient se solder par des pertes de vies et des déplacements de population supplémentaires. Avant d’achever son intervention, il a appelé les pays ayant de l’influence sur les parties au conflit à assumer leur « responsabilité particulière » à cet égard, citant en particulier les États-Unis, la Fédération de Russie, l’Iran, l’Arabie saoudite et la Turquie.
M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a dénoncé les actes de terrorisme perpétrés en Syrie, qui sont le fruit « de l’ingérence politique dans les affaires intérieures de ce pays ». Nous sommes convaincus, a-t-il dit, qu’il n’y a pas d’alternative à une solution politique à la crise, en soulignant qu’il était nécessaire de mettre en œuvre la résolution 2254. En tant que coprésidente du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS), la Fédération de Russie se félicite, à cet égard, de l’accord conclu le 9 septembre dernier pour mettre en œuvre ce texte. La priorité, a-t-il insisté, est maintenant « de faire la distinction entre les forces d’opposition et les forces terroristes », pour veiller à ce que ces dernières soient exclues du processus de transition.
L’accord cherche également à garantir la sécurité des convois humanitaires de part et d’autre des lignes de front, en veillant au retrait des forces en présence sur le terrain. C’est pourquoi il a regretté que les forces d’opposition n’aient pas adhéré à cette demande, tout en assurant que les forces russes respectaient pleinement l’accord. Ainsi, a précisé le Chef de la diplomatie russe, au cours de la semaine passée, nous avons communiqué aux États-Unis 300 cas de violations commises par des groupes d’opposition. Ces informations « fiables » sont recueillies sur le terrain par un groupe de surveillance dépêché par la Russie, qui a documenté des échanges de tirs et l’utilisation de mortiers contre les forces gouvernementales.
Déplorant les « provocations », le Ministre russe des affaires étrangères a demandé des enquêtes rigoureuses et impartiales, notamment en ce qui concerne les attaques commises contre des convois humanitaires. Pour M. Lavrov, il faut s’abstenir de porter des accusations avant d’avoir réuni les éléments de preuve nécessaires. La partie russe, a-t-il poursuivi, a transmis toutes les données relatives à l’attaque du convoi humanitaire de lundi, notamment des images vidéo filmées en temps réel. Mais, malgré les appels au calme adressés par le Conseil de sécurité aux groupes d’opposition, les résultats tardent à se concrétiser. M. Lavrov a estimé qu’un certain nombre de groupes non étatiques qui sont parties au conflit devraient figurer sur la liste des organisations terroristes. Avant de conclure, il a mis l’accent sur l’importance de la reprise des pourparlers, en rappelant que la Fédération de Russie était prête à coopérer avec le Gouvernement syrien et les groupes d’opposition afin de les aider à trouver une solution viable et pacifique à la crise.
M. JOHN KERRY, Secrétaire d’État des États-Unis, a appelé les membres du Conseil de sécurité à axer les efforts en priorité sur les conséquences de la guerre en Syrie sur la population civile.
« J’ai écouté mon homologue russe et j’avais l’impression d’être dans un univers parallèle », a déclaré M. Kerry, en faisant référence à la déclaration faite, quelques instant plus tôt, par le Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov. Il a notamment rejeté la position de ce dernier, selon laquelle il ne doit pas y avoir de conditions préalables aux négociations de paix. « Le cessez-le-feu n’est pas une condition préalable », a affirmé M. Kerry, en précisant qu’il s’agissait d’un accord international qui avait été conclu quatre fois au cours de la crise syrienne, et brisé à quatre reprises. « Comment s’asseoir autour d’une table avec la délégation d’un régime qui bombarde des hôpitaux et utilise le chlore comme arme? » s’est-il interrogé.
Concernant les frappes aériennes qui ont touché la nuit dernière des installations médicales à Alep, le Secrétaire d’État américain a indiqué que seules la Russie et la Syrie avaient la capacité d’engager de telles frappes dans la zone. Il a également cité le bombardement, lundi 19 septembre, d’un convoi humanitaire conjoint du Croissant-Rouge arabe syrien et de l’ONU près d’Alep, qui a coûté la vie à 28 travailleurs humanitaires. « Ces attaques font peser un doute sur la volonté des Russes et des Syriens de respecter les engagements conclus à Genève », a déclaré le Secrétaire d’État américain, en rappelant l’accord sur la cessation des hostilités conclu à Genève le 9 septembre dernier.
M. Kerry a par ailleurs indiqué que les États-Unis avaient, quant à eux, immédiatement reconnu l’erreur commise à Deir ez-Zor, le 17 septembre. À l’inverse, le Secrétaire d’État américain a dénoncé les changements de versions et volte-faces de la Russie et de la Syrie concernant ce qui s’est exactement produit lors du bombardement d’un convoi humanitaire conjoint du Croissant-Rouge arabe syrien et de l’ONU à proximité d’Alep. « Il y a une responsabilité à assumer », a-t-il déclaré.
La communauté internationale ne doit pas donner satisfaction à ceux qui tentent de faire voler en éclat la cessation des hostilités, à savoir les groupes terroristes que sont le Front el-Nosra et Daech, mais aussi le Gouvernement syrien, a insisté M. Kerry. Le Secrétaire d’État américain a notamment accusé le Gouvernement syrien d’attaquer des cibles civiles lors de raids aériens sous prétexte de s’en prendre au Front el-Nosra.
M. Kerry a affirmé que ni Bachar Al-Assad et ses alliés, ni le Front el-Nosra et Daech ne croyaient en un cessez-le-feu. La communauté internationale ne doit cependant pas se plier à leur volonté, a-t-il prévenu. « Le cessez-le-feu, même s’il est difficile, est la meilleure chance de réduire les souffrances des Syriens », a-t-il assuré.
Pour rétablir la crédibilité du processus entamé à Genève en début de mois, il a estimé qu’il faudrait imposer aux avions militaires syriens de rester au sol afin d’éviter une nouvelle escalade du conflit. Il a également appelé à agir plus rapidement pour faire respecter l’accord de cessation des hostilités conclu à Genève le 9 septembre.
M. ABDEL FATTAH AL-SISI, Président de l’Égypte, a regretté que les efforts en faveur d’une solution politique au conflit en Syrie s’évanouissent, faisant ainsi du pays un « terreau » du terrorisme régional. Convaincu qu’il est impératif de « surmonter les divergences politiques » pour sauver ce pays, le Président égyptien a estimé que le problème actuel résulte du fait que, depuis trop longtemps, l’accent est mis sur les symptômes et non pas sur les causes profondes du conflit. Le Chef de l’État égyptien s’est félicité de l’accord conclu récemment par les États-Unis et la Fédération de Russie, coprésidents du GISS. Pour M. Al-Sisi, cet accord représente une « occasion unique » de mettre fin aux violences, même s’il a déjà été émaillé par des violations. Estimant qu’il ne saurait y avoir de place pour le terrorisme en Syrie, il a rejeté les tentatives de « contourner » les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
Miser sur une solution militaire au conflit ne conduira qu’à l’échec, a prévenu le Président de l’Égypte, en déclarant également son opposition au fait d’inclure des organisations terroristes à la recherche d’une solution politique. Pour le Président égyptien, l’expérience acquise lors de la Conférence du Caire, qui s’était tenue en juin 2015, a montré qu’il pouvait être possible de se mettre d’accord sur une feuille de route viable. En outre, l’Égypte a eu une expérience positive, à deux reprises, dans l’acheminement de l’aide humanitaire sur le terrain en Syrie. Soulignant la nécessité de relancer les négociations entre les parties au conflit, M. Al-Sisi a rappelé que la vision de l’Égypte était fondée sur deux piliers: empêcher l’effondrement des institutions syriennes et mettre en place un processus politique dirigé par les Syriens eux-mêmes. Il a, à cet égard, réaffirmé l’importance d’inclure des représentants du Gouvernement syrien et des groupes d’opposition dans le cadre des négociations.
M. PETRO POROSHENKO, Président de l’Ukraine, a jugé que le conflit syrien était une tragédie pour des millions de gens, et un défi sérieux pour la communauté internationale. Il a estimé que le Gouvernement syrien portait l’entière responsabilité de la situation qui prévaut actuellement dans le pays et des souffrances terribles du peuple syrien. Il s’est dit choqué par l’attaque qui a frappé un convoi humanitaire à Alep il y a deux jours, accusant le leadership du régime syrien d’avoir unilatéralement décidé de mettre fin au cessez-le-feu qui était en vigueur depuis une semaine. Cet acte est une preuve évidente de la culture de l’impunité qui attise le conflit syrien depuis déjà cinq ans, a expliqué M. Poroshenko, en ajoutant que cette absence évidente de reddition des comptes entachait la crédibilité du Conseil de sécurité.
Il a ensuite indiqué que c’est le soutien externe du régime d’Assad, notamment la Fédération de Russie, qui a grandement contribué au statu quo catastrophique et aux vagues récurrentes de violence en Syrie. Il a expliqué que ce scénario fait partie d’une politique délibérée qui vise « d’abord à susciter les hostilités, soulever des enjeux et ensuite se présenter comme un médiateur dans le processus de résolution. Dans le même temps, elle vise à saisir des territoires et sécuriser ses positions afin d’imposer une solution qui vous arrange ». Ce schéma semble familier pour l’Ukraine qui continue de servir de terrain d’expérience pour des scénarios russes similaires, a-t-il affirmé.
Le Président ukrainien a ensuite argué que les Nations Unies et le Conseil de sécurité étaient les premiers à avoir échoué à apporter la paix en Syrie. Cet échec sape toute la mission de l’ONU et met même à mal son existence. Il a souligné que l’inaction du Conseil de sécurité sur la question de l’agression armée russe contre l’Ukraine, et l’occupation de la Crimée, a permis aux dirigeants à Moscou d’utiliser la péninsule comme poste militaire avancé pour projeter la puissance russe en Syrie. Il a ainsi expliqué que les équipements militaires russes étaient déployés en Syrie à partir de navires basés en Crimée. Cette situation, a-t-il dit, laisse apparaître, une fois encore, la nécessité urgente de réformer le Conseil de sécurité, notamment le poids du « veto ». Aucun veto ne doit pouvoir bloquer l’action du Conseil de sécurité quand il s’agit d’atrocités de masse, a-t-il insisté, en appelant à lever cet obstacle afin que le Conseil puisse agir de manière plus efficace. Le Président ukrainien a en outre condamné l’usage d’armes chimiques en Syrie, en estimant que les auteurs devraient être poursuivis. Il a aussi condamné le refus d’accès humanitaire par les belligérants, en précisant qu’il s’agissait de graves violations du droit international humanitaire. La seule alternative en Syrie, a-t-il soutenu, est une solution diplomatique.
M. MACKY SALL, Président du Sénégal, a rappelé que le conflit syrien, qui a causé la mort de plus de 300 000 morts à ce jour, était responsable d’une des pires situations humanitaires de notre temps.
Afin de mettre un terme à cette situation, le Président du Sénégal a appelé les parties syriennes à redoubler d’efforts en vue d’obtenir la paix. « Le prix de la paix n’est jamais plus élevé que le coût de la guerre », a ainsi déclaré M. Sall.
Le Président du Sénégal a par ailleurs dénoncé le fait que le Conseil de sécurité n’était pas en mesure de prendre la moindre résolution décisive sur la crise syrienne, en raison du droit de veto. Il a, par conséquent, appelé de ses vœux une réforme du Conseil, notamment sur l’utilisation du droit de veto. « Il est temps que le Conseil se donne les moyens d’exercer les missions qui sont les siennes », a-t-il dit.
S’agissant de la paix en Syrie, M. Sall a déclaré que son pays soutenait tous les efforts du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS) pour trouver une solution au conflit. Il a également appuyé la mise en place d’un centre de commandement commun pour le partage d’informations pour la lutte contre le terrorisme.
Par ailleurs, le Président sénégalais a insisté sur l’importance de définir une stratégie « commune, globale et cohérente » pour faire en sorte que les terroristes, une fois mis hors d’état de nuire en Syrie, ne se réfugient pas en Afrique du Nord et dans le Sahel. En conclusion, M. Sall a appelé les États-Unis et la Russie à trouver un accord sur la crise syrienne.
M. SHINZO ABE, Premier Ministre du Japon, a appelé le Conseil de sécurité à promouvoir une transition politique dans laquelle la violence prendrait fin et l’accès humanitaire serait amélioré, sous l’égide de l’Envoyé spécial de l’ONU, M. Staffan de Mistura. Il a également invité le Conseil de sécurité à s’assurer que les responsables de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie répondent de leurs actes devant la justice.
Le Japon, a rappelé son Premier Ministre, offre une assistance non militaire afin de créer un climat propice à un règlement politique de la crise syrienne. Sur le plan humanitaire, le Japon a étendu son assistance à tous les Syriens à la fois à l’intérieur et hors du pays. Le Japon a également offert des formations professionnelles en faveur des femmes syriennes, et le pays a en outre apporté un soutien afin d’alléger le fardeau des pays voisins de la Syrie accueillant des réfugiés. Le Premier Ministre a par ailleurs mentionné les programmes que son pays soutient dans le cadre de la construction de sociétés plus résilientes face à l’extrémisme violent. Il a ainsi cité l’exemple d’un projet sur la création d’emplois dans le nord de la Jordanie, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), afin de faire face à la montée du chômage consécutive aux vagues d’arrivées de réfugiés syriens. De manière générale, le Japon a consacré 1,26 milliard de dollars à la Syrie, à l’Iraq et aux pays voisins entre 2011 et 2015. De plus, le Japon va débourser 1,13 milliard de dollars pour l’assistance à la Syrie, à l’Iraq et aux pays voisins au cours de la présente année.
M. AHMAD ZAHID BIN HAMIDI, Vice-Premier Ministre de la Malaisie, s’est déclaré « horrifié » par l’attaque perpétrée lundi près d’Alep contre des convois humanitaires associés à l’ONU. Il a affirmé que son gouvernement avait fourni une assistance financière pour les Syriens en détresse, notamment dans les zones frontalières, et offert d’accueillir des réfugiés. M. Hamidi a ensuite plaidé pour l’unité du Conseil de sécurité, au lendemain de l’accord conclu par les États-Unis et la Fédération de Russie le 9 septembre dernier, accord qui relance la possibilité d’un processus de transition politique inclusif en Syrie. Dans ce contexte, a poursuivi le Vice-Premier Ministre, une attention particulière doit être accordée à la protection des enfants, en rappelant que le tragique bombardement d’une maternité à Idlib avait littéralement « pulvérisé » des nouveaux-nés dans leurs incubateurs. En dépit de ces actes épouvantables, les parties semblent avoir « perdu toute raison et humanité », a-t-il déploré, avant de les exhorter à respecter le droit international humanitaire et à garantir la protection des civils et des infrastructures civiles. Pour le Gouvernement de la Malaisie, a-t-il dit, les efforts en cours pour une transition politique devraient s’aligner sur la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité et sur les dispositions de l’accord du 9 septembre.
Mme DELCY ELOINA RODRIGUEZ GOMEZ, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a déploré le fait que la communauté internationale semble avoir perdu de vue la dimension humanitaire de la crise syrienne. Elle a ajouté que cette situation dramatique avait principalement été causée par l’intervention de puissances étrangères, qui ont agi en violation flagrante de la souveraineté nationale et de l’indépendance de la Syrie pour « faire tomber son gouvernement légitimement élu, au mépris de la volonté des Syriens ».
La Ministre des affaires étrangères du Venezuela a également mis en doute les allégations concernant l’utilisation d’armes chimiques par le Gouvernement syrien et a appelé à établir la vérité sur cette question.
Mme Rodriguez Gomez a par ailleurs dénoncé l’attaque perpétrée par les États-Unis, le 17 septembre, contre l’armée syrienne, ajoutant que cette attaque avait permis à des groupes terroristes de gagner du terrain. Tout en appelant à faire la lumière sur les acteurs qui fournissent des armes à ces groupes terroristes, la Ministre a exhorté la communauté internationale à respecter la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de la Syrie.
M. RODOLFO NIN NOVOA, Ministre des relations extérieures de l’Uruguay, a constaté que tous les trois mois, le Conseil de sécurité tient un débat pour analyser la situation au Moyen-Orient, au cours duquel chaque État Membre souligne « avec emphase » la nécessité de trouver des solutions pacifiques aux conflits dans la région. Nous sommes réunis aujourd’hui, a-t-il dit, pour assumer la responsabilité qui incombe aux membres du Conseil de sécurité, qui doivent surmonter leurs divergences de vues pour répondre à la détresse de la population syrienne.
Le 3 mai dernier, le Conseil de sécurité avait réussi à adopter la résolution 2286 (2016) concernant la protection des hôpitaux et des personnels de santé. Pourtant, a regretté le Ministre, les attaques contre de telles cibles se poursuivent en toute impunité. M. Novoa a ensuite condamné l’utilisation de barils d’explosifs contre des civils, tout en fustigeant les attaques terroristes, qui ne sauraient, a-t-il insisté, reposer sur la moindre justification. Se disant préoccupé par l’impact déstabilisateur des groupes responsables de tels actes, le Chef de la diplomatie uruguayenne a lancé un appel à la mobilisation pour qu’il soit mis fin au trafic illicite d’armes. Avant de conclure, il a réitéré l’appui de son gouvernement aux efforts de l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie visant à relancer le processus de transition politique inclusif.
M. JEAN-MARC AYRAULT, Ministre des affaires étrangères et du développement international de la France, a souligné l’urgence qu’il y avait, après plus de cinq ans « d’une situation tragique », à agir de concert pour tenter de mettre un terme au conflit en Syrie. M. Ayrault a ainsi salué la signature de l’accord entre les États-Unis et la Russie, qui répond, a-t-il dit, à « l’urgence de sauver des vies », notamment à Alep, qualifiée de « ville martyre » et symbolisant « l’horreur de cette guerre ».
Constatant toutefois la reprise des hostilités ces derniers jours, le Ministre français des affaires étrangères a déploré qu’« encore une fois, le régime syrien s’est entêté dans sa fuite en avant militaire, pourtant vouée à l’échec ». M. Ayrault a en effet affirmé qu’après cinq ans de guerre et plus de 300 000 morts, il est évident que personne ne pourra l’emporter militairement. « Il n’y aura pas de vainqueur, sinon les organisations terroristes qui continueront à tirer profit du chaos généralisé », a-t-il déclaré, en appelant à garantir, en priorité, la pérennité de la cessation des hostilités et à soutenir l’accord conclu entre les États-Unis et la Russie.
M. Ayrault a souligné que les nombreuses violations de cette cessation des hostilités étaient principalement le fait du régime syrien et de ses alliés, y compris les bombardements ces derniers jours d’un convoi humanitaire conjoint du Croissant-Rouge arabe syrien et de l’ONU près d’Alep et d’installations médicales au sein de la ville. « Tous les bombardements sur les civils et groupes de l’opposition modérée doivent cesser », a exhorté le Ministre français des affaires étrangères, avant d’appeler à une surveillance étroite par le Conseil du respect de la cessation des hostilités. M. Ayrault a également appelé le Conseil à agir contre ceux qui ont utilisé des armes chimiques en Syrie, en particulier le régime de Bachar Al-Assad et Daech.
Le Ministre a également proposé au Conseil de sécurité d’établir un nouveau mécanisme de surveillance qui soit « efficace et crédible, pour partager une évaluation commune des violations de la trêve et des obstacles à l’accès humanitaire ». Ce n’est qu’une fois la trêve assurée, a-t-il dit, que les négociations pour une transition politique seront en mesure de reprendre afin d’aboutir à une Syrie « ouverte, démocratique et respectueuse de sa diversité ».
Enfin, le Ministre français des affaires étrangères a appelé à poursuivre la lutte contre les groupes terroristes que sont Daech et le Front el-Nosra, afin de les empêcher de tirer profit de la trêve. La France agit à l’heure actuelle militairement contre Daech et est prête à s’engager contre tous les groupes terroristes sévissant en Syrie, a-t-il rappelé. « Ce qu’il nous faut, c’est un sursaut de volonté, un sursaut de responsabilité, un sursaut d’unité pour mettre un terme à un conflit qui n’a que trop duré », a conclu M. Ayrault.
M. JOSÉ MANUEL GARCIA-MARGALLO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Espagne, a déclaré que c’est la volonté politique qui manque aujourd’hui pour mettre fin au conflit syrien car, a-t-il rappelé, la communauté internationale et les parties disposent de tous les outils nécessaires pour y parvenir. Après s’être attardé sur la détérioration de la situation humanitaire, il a rappelé que son pays avait proposé la création d’une juridiction internationale spécialisée pour connaître des crimes de terrorisme, dont le rôle sera complémentaire à celui de la Cour pénale internationale(CPI). Le Ministre espagnol des affaires étrangères a ensuite insisté sur la nécessité de faire obstacle aux flux de combattants étrangers en provenance « de nos pays » et de faire une distinction, dans le cadre du processus de transition politique, entre les mouvements modérés et les groupes extrémistes.
Plaidant pour le rétablissement du dialogue politique et de la réconciliation nationale, M. Garcia-Margallo a appelé de ses vœux le rétablissement d’une Syrie intégrée, dont la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale doivent être respectées. En conclusion, il a cité les mots prononcés par une autorité espagnole au lendemain de la guerre civile espagnole: « ceux qui auparavant choisissaient la liberté en perdant la terre et ceux qui choisissaient la terre en perdant la liberté ont choisi la voie qui mènera à la terre et à la liberté ».
M. BORIS JOHNSON, Ministre des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a dénoncé le « conflit barbare » en Syrie, en ajoutant qu’il ne pouvait y avoir de processus politique pour y mettre un terme sans l’obtention d’un cessez-le-feu réel.
Le régime de Bachar Al-Assad est responsable de la majorité des plus de 300 000 victimes de cette guerre, a estimé M. Johnson qui a également dénoncé les pratiques de ce régime, en particulier l’utilisation du chlore comme arme de guerre.
S’agissant de l’attaque récente contre un convoi humanitaire conjoint du Croissant-Rouge arabe syrien et de l’ONU près d’Alep, M. Johnson s’est rallié à la position exprimée par son homologue américain, selon laquelle « il ne peut y avoir que deux coupables ». Il a ainsi appelé à ce que toute la lumière soit faite très prochainement sur cette tragédie.
Toutefois, le Ministre s’est dit confiant qu’il est possible de mettre un terme à la crise syrienne. Saluant l’accord conclu le 9 septembre entre les États-Unis et la Fédération de Russie, M. Johnson a plaidé, dans la perspective d’une transition politique future, en faveur d’une Syrie plus ouverte et démocratique qui respecterait toutes ses minorités. Il a cependant insisté sur le fait qu’un cessez-le-feu réel ne pourrait être obtenu sans la bonne volonté des parties et des membres du Conseil de sécurité. Cette bonne volonté, a-t-il précisé, devra nécessairement passer par des compromis.
M. WANG YI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a demandé à la communauté internationale et à l’ONU d’appuyer les efforts déployés par les pays qui ont le plus d’influence sur les parties au conflit syrien pour parvenir à un règlement pacifique. Tous les membres du Conseil de sécurité ont reconnu qu’il était nécessaire de lancer un processus de transition politique, a rappelé le Chef de la diplomatie chinoise. La Chine, a-t-il ajouté, se félicité du récent accord conclu par les États-Unis et la Fédération de Russie. Toutefois, a déclaré le Ministre, la Chine regrette la frappe aérienne qui a causé des pertes en vies humaines près de Deir ez-Zor le week-end dernier et l’attaque meurtrière perpétrée contre un convoi humanitaire le lundi, 19 septembre.
M. MANUEL DOMINGOS AUGUSTO, Secrétaire d’État aux relations externes de l’Angola, a accueilli avec optimisme le récent accord sur la cessation des hostilités en Syrie, conclu par les États-Unis et la Fédération de Russie. Cet accord, a-t-il estimé, constitue une étape déterminante vers le dialogue politique, l’amélioration de la situation humanitaire et la lutte antiterroriste. Dans ce contexte, il est crucial que les parties prenantes internationales maintiennent leur volonté politique en vue d’obtenir un cessez-le-feu. « Il est temps de ramener à la table des négociations tous les acteurs régionaux pertinents et c’est pourquoi des efforts soutenus doivent être entrepris pour réaliser cet objectif. » Avant de conclure, M. Domingos Augusto a salué l’engagement du Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, et du Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Lavrov, en faveur d’un accord de cessez-le-feu, ainsi que la détermination de l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, pour faciliter la reprise des négociations. Il a émis l’espoir qu’elles seront « plus concluantes ».
M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a dénoncé le fait que les États-Unis soient revenus sur les promesses qui avaient été faites au régime syrien lors de la formation, il y a environ deux ans, d’une coalition militaire américaine dans le pays.
Tout en affirmant que cette coalition et les raids aériens auxquels elle se livre régulièrement en Syrie ne bénéficient d’aucune légitimité internationale, M. Ja’afari a en effet rappelé la promesse faite par les États-Unis, à cette époque, à son gouvernement, que la coalition ne prendrait pas pour cible des installations militaires syriennes et des infrastructures vitales du pays.
Tout en saluant l’accord conclu entre les États-Unis et la Fédération de Russie le 9 septembre, le représentant syrien a déclaré que cette promesse avait été rompue, notamment lors du bombardement par la coalition américaine, samedi dernier 17 septembre, d’installations militaires syriennes à Deir ez-Zor. Il a précisé que 83 personnes avaient trouvé la mort pendant ces 50 minutes de raids aériens, qui ont également fait plus de 100 blessés. « Cette agression a ouvert la voie aux groupes terroristes pour rentrer sur le site militaire de l’armée syrienne », a-t-il déploré, tout en accusant la coalition américaine de n’avoir rien fait pour enrayer –et d’avoir même contribué– à l’essor de Daech et des groupes terroristes dans son pays depuis le début du conflit.
Le représentant syrien a ensuite rejeté catégoriquement les allégations selon lesquelles le régime de Bachar Al-Assad serait responsable de l’attaque perpétrée contre le convoi humanitaire lundi 19 septembre ou encore d’avoir utilisé du chlore comme arme de guerre.
Outre l’illégalité des frappes de la coalition américaine, le représentant a également condamné l’illégalité des interventions militaires turques dans l’est de la Syrie, au mépris de l’intégrité territoriale du pays et sans la moindre légitimité internationale.
Le représentant syrien s’est toutefois prononcé en faveur d’une réconciliation nationale, un processus qui devra être fondé, selon lui, sur le désarmement des combattants étrangers et leurs départs, afin que le Gouvernement syrien puisse de nouveau assumer les services de base en faveur de sa population.
Concluant son intervention, M. Ja’afari a soulevé la question de savoir comment des groupes terroristes ont été capables de sévir dans son pays pendant plusieurs années sans bénéficier d’un soutien extérieur.
La déléguée des États-Unis a réagi aux propos du représentant de la Syrie qui contestait les accusations du Secrétaire d’État américain relatives à l’attaque perpétrée contre un convoi humanitaire, lundi, 19 septembre. Comme l’a souligné M. John Kerry, a-t-elle dit, les faits ne relèvent pas d’une opinion particulière.
Le représentant de la Turquie a demandé la parole « pour exercer le droit de réponse » de sa délégation, se disant déçu par la déclaration du représentant syrien, qu’il a rejetée. Par ailleurs, a-t-il ajouté, l’issue de cette réunion aurait été « meilleure » si d’autres voix que celles des membres du Conseil avaient pu se faire entendre. Son pays, a assuré le représentant, continuera de soutenir les aspirations démocratiques du peuple syrien.