Face au niveau sans précédent de mobilité humaine, l’Assemblée générale adopte la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants

Soixante et onzième session,
3e à 7e séances plénières - matin, après-midi & soir    
AG/11820

Face au niveau sans précédent de mobilité humaine, l’Assemblée générale adopte la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants

La « Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants » a été adoptée aujourd’hui sans vote par l’Assemblée générale, lors d’une réunion plénière de haut niveau consacrée à la gestion des déplacements massifs de réfugiés et de migrants, un phénomène mondial qui prend de plus en plus d’ampleur.

L’Assemblée propose également un cadre d’action global et des mesures en vue de l’adoption de deux pactes mondiaux en 2018.

« Nous sommes déterminés à sauver des vies humaines.  Notre tâche est avant tout morale et humanitaire », déclarent d’emblée les États Membres dans ce document, qualifié de « percée » dans les efforts collectifs par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.  « Mais nous sommes aussi déterminés à trouver des solutions durables et à long terme », affirment les États.  Les États reconnaissent la responsabilité partagée qui leur incombe de gérer les déplacements sans précédent de réfugiés et de migrants « avec humanité, sensibilité et compassion », et en veillant à répondre aux besoins de chacun.  « Notre arme sera la coopération internationale. »

Avec cette déclaration politique, l’Assemblée approuve, à la veille de l’ouverture de son débat général annuel, un ensemble d’engagements en trois volets: le premier s’applique aussi bien aux réfugiés qu’aux migrants, le second est axé sur les réfugiés et le troisième sur les migrants.  « Nous le faisons en prenant en compte la différence des réalités, des capacités et des niveaux de développement des pays et en respectant les priorités et politiques nationales », précisent les États.

Réaffirmant leur attachement au droit international, ils soulignent que la mise en œuvre de la Déclaration et de ses appendices devra être conforme à leurs droits et obligations en vertu de ce droit.

L’Appendice I à la Déclaration propose un cadre d’action global pour les réfugiés et définit des mesures en vue de l’adoption d’un pacte mondial sur les réfugiés en 2018.  L’Appendice II énonce des mesures en vue de l’adoption d’un pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières en 2018.

Le Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, des Fidji, a annoncé qu’il s’engagerait en faveur des préparatifs pour la tenue d’une conférence intergouvernementale sur les migrations internationales en 2018.  Il a appelé les États Membres à maintenir à la hausse leurs ambitions.

En 2015, les migrants étaient plus de 244 millions, leurs effectifs progressant à un rythme plus rapide que ceux de la population mondiale.  On dénombre environ 65 millions de personnes déplacées de force, dont plus de 21 millions de réfugiés, 3 millions de demandeurs d’asile et plus de 40 millions de personnes déplacées dans leur propre pays.

« Nous devons placer les droits de l’homme de tous les réfugiés et migrants au cœur de nos engagements », a affirmé le Secrétaire général.  « Nous devons changer la façon dont nous parlons des réfugiés et des migrants », a ajouté M. Ban.  C’est la raison pour laquelle l’ONU lance, aujourd’hui, une nouvelle campagne intitulée « Ensemble- respect, sécurité et dignité pour tous ».

Le Président de la précédente session de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, du Danemark, a salué cette initiative visant à contrer la xénophobie et l’intolérance.

S’exprimant au nom du Représentant spécial du Secrétaire général pour les migrations internationales, M. Peter Sutherland, le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, a rappelé qu’il y a un an, les États Membres s’étaient engagés à faciliter des migrations sûres et responsables en adoptant le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Pour le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Filippo Grandi, la Déclaration de New York « marque un engagement politique avec une résonance sans précédent ».  Elle comble la lacune du partage véritable des responsabilités.  Le cadre de réponse face au problème des réfugiés est très important, a insisté M. Grandi en encourageant « l’engagement d’acteurs multiples dans le cadre d’arrangements prévisibles avant qu’une crise n’éclate ».

M. Ban Ki-moon et le Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), M. William Lacy Swing, ont signé ce matin l’Accord sur les relations entre l’ONU et l’OIM.  « Si les 244 millions de migrants internationaux devraient peupler un pays, celui-ci serait le sixième le plus important du monde en termes de population », a fait observer M. Swing.

« L’amère vérité est que ce Sommet a été organisé parce que nous avons largement échoué », notamment auprès du peuple syrien, s’est indigné le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Al Hussein.  Il a jugé honteux que les victimes de crimes abominables soient amenées à souffrir davantage à cause de notre incapacité à les protéger.  « Une épidémie d’amnésie est au cœur de cet effondrement moral », a averti le Haut-Commissaire.  Beaucoup semblent avoir oublié les deux guerres mondiales.  « Que se passe-t-il quand la peur et la colère sont alimentées par des demi-vérités et des mensonges purs et simples?  La haine s’accumule », a-t-il répondu.

Ambassadrice de bonne volonté de l’ONUDC pour la dignité des survivants de la traite des êtres humains, Nadia Murad Basee Taha, a rappelé qu’elle avait survécu au « génocide yézidi » perpétré par Daech, qui l’a réduite en esclavage.  Elle a demandé à la communauté internationale de mettre fin au terrorisme et de maintenir ouvertes les frontières pour les populations fuyant de telles violences.

Un jeune représentant des Volontaires syriens des Pays-Bas (SYVNL) a cité, à son tour, un jeune réfugié palestinien, apatride comme lui.  « Nous vivons au bord de l’enfer.  Cela fait tellement longtemps que nous attendons le jour où l’on entendra notre voix.  J’espère que ce sera aujourd’hui. »

Parallèlement aux sessions plénières, au cours desquelles se sont relayés toute la journée les chefs d’État et de gouvernement, six tables rondes de haut niveau ont été organisées sur les causes des déplacements massifs de réfugiés, les facteurs de la migration, l’action et la coopération internationale, la lutte contre la vulnérabilité des réfugiés et des migrants et les deux pactes mondiaux envisagés. 

Il faut, a souligné le Président de l’Union européenne, M. Donald Tusk, ne plus reproduire la situation qui a prévalu en 2015 avec plus 1,5 million de migrants illégaux.  L’Union européenne, a-t-il assuré, poursuit sa coopération avec la Jordanie et le Liban concernant la situation résultant du conflit syrien, et elle a créé de nouveaux partenariats avec les pays d’Afrique.  Elle est déterminée, a-t-il dit, à poursuivre sa coopération avec la Turquie et les pays des Balkans de l’Ouest. 

Pour sa part, le Premier Ministre de la Grèce, M. Alexis Tsipras, a rappelé que les pays ne pouvaient faire face seuls aux déplacements massifs.  Soit la communauté internationale trouvera une solution fondée sur le droit, soit elle échouera, a-t-il averti, en évoquant le risque de « trahison de ses valeurs » par l’Europe.

Le Liban, qui accueille 1,5 million de réfugiés syriens alors qu’il compte seulement 4 millions d’habitants, est « menacé d’effondrement », a affirmé le Président du Conseil des ministres de ce pays, M. Tammam Salam.  Il a demandé à la communauté internationale et aux Nations Unies de mettre en place, dans les trois mois, un plan logistique détaillé pour le retour des réfugiés syriens présents au Liban et de mobiliser dès maintenant les financements nécessaires.

La Jordanie a accueilli plus de 1,3 million de réfugiés syriens ces dernières années, soit l’équivalent de 20% de sa population, alors que les camps ne peuvent accueillir que 10% d’entre eux, a indiqué, à son tour, le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’expatriation de ce pays, M. Naser Judeh.  La Jordanie doit être appuyée quand elle assume ses responsabilités  face aux réfugiés, car elle le fait au nom de la communauté internationale dans son ensemble, a-t-il ajouté.

« La situation actuelle n’est pas juste », a renchéri le Ministre des affaires étrangères de la Turquie, M. Melvüt Çavuşoğlu.  Avec plus de 3 millions de personnes, la Turquie accueille la plus large population de réfugiés au monde, tout en continuant de lutter contre le trafic des migrants, a-t-il affirmé.

Les Palestiniens représentent 40% des réfugiés de longue date, a rappelé, pour sa part, le Premier Ministre de l’État de Palestine, M. Rami Hamdallah.

Le Chef du Gouvernement de l’Italie, M. Matteo Renzi, a également souligné que son pays, au premier plan des opérations de sauvetage en Méditerranée, avait accueilli des vagues de migrants et de réfugiés.

Le Ministre pour la coopération économique et le développement de l’Allemagne, M. Gerd Müller, a précisé que 10 pays riches assumaient à l’heure actuelle 80% du financement de l’aide aux réfugiés.  Il a proposé la création d’un fonds des Nations Unies pour les réfugiés, assorti d’une dotation initiale de 10 milliards d’euros.

Le Sommet des dirigeants sur les réfugiés, organisé demain sous l’égide du Président américain, M. Barack Obama, a pour objectif de renforcer la Déclaration de New York adoptée aujourd’hui, a précisé le Secrétaire d’État des États-Unis, M. John Kerry.

Il est temps pour la communauté internationale d’agir, a déclaré le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Eliasson, lors de la cérémonie de clôture.  Des efforts déterminés et collectifs doivent être entrepris pour gérer les déplacements massifs de réfugiés et de migrants dans le monde.  « Nous devons contrer les forces polarisantes qui visent à instiller la peur et à nous diviser entre Eux et Nous. »   

RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU SUR LA GESTION DES DÉPLACEMENTS MASSIFS DE RÉFUGIÉS ET DE MIGRANTS

Déclarations d’ouverture

M. PETER THOMSON, Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a exhorté tous les peuples à reconnaître la contribution positive faite par les migrants dans les pays d’accueil.  L’adoption, aujourd’hui, de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants marquera une avancée significative et reflète notre engagement collectif à relever le défi mondial que pose le phénomène de la migration, a-t-il souligné, avant d’engager tous les États Membres à mettre en œuvre les éléments de ce document.  L’adoption, l’an dernier, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 a donné effet à un cadre transformatif véritable au niveau mondial, marqué par l’obligation « de ne laisser personne de côté », a rappelé le Président, qui a ainsi insisté sur l’importance de ne pas négliger, dans ce contexte, les droits des migrants et des réfugiés. 

Mis en œuvre efficacement, le Programme mettra fin à la pauvreté extrême et permettra, a estimé le Président de l’Assemblée générale, de soutenir la paix, d’accroître les opportunités à l’échelle locale, de lutter contre les changements climatiques et de répondre aux causes profondes des déplacements de populations.  Aussi, M. Thomson a-t-il donné l’assurance qu’il prendrait à la lettre l’engagement pris en vertu de la Déclaration de New York de débuter un processus propice à un Pacte mondial « pour des migrations sûres, ordonnées et régulières », ainsi que pour un Cadre d’action global pour les réfugiés.  Il a également annoncé qu’il s’engagerait en faveur des préparatifs pour la tenue d’une conférence intergouvernementale sur la migration en 2018, appelant dès lors les États Membres à maintenir à la hausse leurs ambitions dans le cadre de ces processus.

« Bien trop nombreux sont ceux qui fuient les conflits et la violence », a déploré  le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. MOGENS LYKKETOFT.  C’est un défi dont l’ampleur est sans précédent, et qui ébranle notre conscience collective et nous pousse à agir.

Malheureusement, a reconnu M. Lykketoft, certains pays portent de manière disproportionnée le poids de cette responsabilité partagée.  Il faut combler le déficit persistant en matière de financement humanitaire, a-t-il insisté.

2016 a été une année porteuse de transformations, s’est-il félicité.  Ainsi, a-t-il dit, la Déclaration de New York témoigne-t-elle de l’engagement collectif de la communauté internationale.  M. Lykketoft a appelé tous à faire en sorte que les engagements soient honorés  « sans retard ».  

Il a salué la nouvelle campagne du Secrétaire général visant à contrer la xénophobie et l’intolérance. 

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que le sommet d’aujourd’hui représentait « une percée » dans nos efforts collectifs entrepris pour répondre aux défis de la mobilité humaine.

De très nombreuses personnes se déplacent, a reconnu M. Ban.  Certaines fuient la guerre, d’autres cherchent des opportunités.

« Les réfugiés et les migrants ne doivent pas être perçus comme un fardeau; ils offrent un potentiel énorme, à condition qu’on veuille bien le déverrouiller », a-t-il dit.

« Nous devons placer les droits de l’homme de tous les réfugiés et migrants au cœur de nos engagements », a affirmé le Secrétaire général.

Quand nous traduirons en actes la Déclaration de New York, a souligné M. Ban, plus d’enfants pourront aller à l’école.  Plus de travailleurs pourront trouver des emplois à l’étranger, au lieu d’être victimes de trafiquants criminels.  

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 fait progresser ces objectifs.

La Déclaration, adoptée aujourd’hui, rallie tous les partenaires autour d’engagements collectifs: protéger les droits de l’homme de tous les réfugiés et migrants; augmenter l’appui aux pays les plus touchés; aider les personnes désespérées dans des crises prolongées; garantir une éducation aux enfants; améliorer les opérations de recherche et de sauvetage; accroître le financement humanitaire et la réinstallation des réfugiés.

M. Ban a également fait remarquer que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) rentrait formellement dans le système des Nations Unies.

« Nous devons changer la façon dont nous parlons des réfugiés et des migrants », a assuré M. Ban.  « Nous devons parler avec eux.  Le dialogue est important ».

C’est la raison pour laquelle l’ONU lance, aujourd’hui, une nouvelle campagne intitulée « Ensemble -respect, sécurité et dignité pour tous », a annoncé M. Ban.

« Ensemble, nous pouvons répondre à la xénophobie et transformer la peur en espoir, a-t-il précisé.

« Avec des actions courageuses pour mettre en œuvre la Déclaration de New York, nous pourrons nous assurer que nous ne laissons de côté aucun réfugié ou migrant », a conclu le Secrétaire général.

M. JIM YONG KIM, Président de la Banque mondiale, a rappelé que la collecte de données relatives à la situation des réfugiés et des migrants devrait impérativement s’améliorer afin de pouvoir mieux répondre aux besoins de ces populations en détresse.  C’est dans cette perspective que l’institution financière qu’il dirige s’emploie à soutenir la mise en place de systèmes d’alerte précoce, y compris dans des pays en conflit, comme le Yémen.  La Banque mondiale, a-t-il poursuivi, s’efforce également d’aider les pays hôtes à mieux organiser l’accueil des réfugiés, comme c’est le cas en Jordanie, où elle a l’ambition d’établir des zones économiques spéciales.  La Banque mondiale, a assuré M. Jim, continue d’appuyer le financement de solutions pérennes, notamment des politiques agricoles viables, citant par exemple l’Afghanistan.

M. FILIPPO GRANDI, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a indiqué, à titre d’exemple, que la semaine dernière le nombre de réfugiés fuyant le Soudan du Sud avait dépassé la barre du million de personnes.

« Ce Sommet ne saurait être plus urgent », a insisté M. Grandi.  Il faut parler à la fois des réfugiés et des migrants.  S’il y a beaucoup de caractéristiques communes,  les réfugiés doivent néanmoins avoir un statut particulier.  « Il est temps de reconnaître que nous ne pouvons pas adopter les mêmes approches qu’auparavant », a-t-il fait remarquer.

Pour le Haut-Commissaire, « la Déclaration de New York marque un engagement politique avec une résonance sans précédent ».  Elle comble la lacune du partage véritable des responsabilités.

Le cadre de réponse face au problème des réfugiés est très important, a estimé M. Grandi.  « Nous devons encourager l’engagement d’acteurs multiples dans le cadre d’arrangements prévisibles avant qu’une crise n’éclate. »  Il a reconnu, en particulier, qu’il y avait un rôle immense à jouer pour le secteur privé. 

Le monde est choqué par les images des personnes qui fuient en grand nombre et périssent pendant leur traversée en mer, a souligné M. Grandi.  « Il faut que les déplacements forcés puissent être gérés avec courage et prévision ».

M. WILLIAM LACY SWING, Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a déclaré que les migrations constituaient un phénomène d’ampleur mondiale, avec un milliard de migrants sur sept milliards d’habitants.  « Si les 224 millions de migrants internationaux devraient peupler un pays, celui-ci serait le sixième le plus important du monde en termes de population », a-t-il fait observer.  Quant au montant total des envois de fonds annuels par des migrants, il équivaut au produit intérieur brut (PIB) d’un pays européen de taille intermédiaire et excède de loin l’aide actuelle au développement.  La thèse soutenue par l’OIM, a-t-il précisé, c’est que les migrations sont nécessaires à l’épanouissement des économies et des sociétés, à condition toutefois d’être menées de manière responsable et humaine.

Il s’est ainsi félicité que, dans ce contexte, l’ONU se soit dotée, pour la première fois de son histoire, grâce à la signature de plusieurs accords cardinaux en 2015, d’un mandat officiel en matière de migrations, et se soit rapprochée encore davantage de l’OIM dans le cadre d’un accord d’association.  Cet accord, a-t-il dit, reflète la confiance cultivée par les deux organisations au cours d’une histoire commune de 65 ans.  M. Swing a affirmé, avant de conclure, que l’Organisation qu’il dirige continuerait de tenir informés ses États Membres du statut de ses négociations avec le Secrétariat de l’ONU dans trois domaines spécifiques: la poursuite d’un modèle économique rentable; la capacité et la souplesse opérationnelles; et la fourniture rapide d’une aide sur le terrain. 

M. ZEID RA’AD AL HUSSEIN, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a averti que ce sommet ne devait pas se réduire à des discours et des bonnes intentions.

« L’amère vérité est que ce sommet a été organisé parce que nous avons largement échoué », a relevé le Haut-Commissaire.  « Nous avons échoué auprès du peuple syrien, pour ne pas avoir arrêté la guerre à ses débuts; échoué auprès de ceux qui vivent dans des zones de conflits chroniques, pour la même raison; échoué auprès de millions de migrants qui méritent tellement mieux que des vies marquées par l’indignité et le désespoir. »

M. Al Hussein a jugé honteux que les victimes de crimes abominables soient amenées à souffrir davantage à cause de notre incapacité à les protéger.  C’est « détestable », a-t-il dit, de traiter comme des criminels des femmes, des hommes et des enfants, et de les détenir pendant des mois.

« Nous pouvons changer cela », a affirmé le Haut-Commissaire.  « Ici, lors de ce Sommet. »  Ensemble – respect, sécurité, dignité pour tous. 

Toutefois, a-t-il déploré, « les défenseurs de ce qui est juste et bien sont aujourd’hui débordés dans trop de pays par des bigots, qui cherchent à gagner ou à conserver le pouvoir en maniant les préjugés et la tromperie, aux dépens des plus vulnérables, et, en fin de compte, de ceux qui les appuient au départ ».

« Une épidémie d’amnésie est au cœur de cet effondrement moral », a averti le Haut-Commissaire.  Beaucoup semblent avoir oublié les deux guerres mondiales.  « Que se passe-t-il quand la peur et la colère sont alimentées par des demi-vérités et des mensonges purs et simples? La haine s’accumule », a-t-il répondu.

S’adressant à ceux qui s’opposent à un plus grand partage des responsabilités et qui promeuvent la rupture, M. Al Hussein a dit: « Nous continuerons de vous montrer du doigt ».  « Vous aurez à répondre du jugement de Nous, les peuples ». 

S’exprimant au nom de M. PETER SUTHERLAND, Représentant spécial du Secrétaire général pour les migrations internationales, M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, a rappelé qu’il y a un an, les États Membres s’étaient engagés à faciliter des migrations sûres et responsables en adoptant le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a regretté qu’en période de crise, il n’ait pas été possible de se rassembler autour des principes fondamentaux de l’ONU.  C’est pourquoi, a-t-il déclaré, le Représentant spécial présentera prochainement aux États Membres des directives pour retrouver l’élan nécessaire à la mise en œuvre du Pacte mondial pour les migrations, en demandant qu’ils apportent leur soutien en ce sens.

Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive d’ONU-Femmes, s’exprimant au nom du Groupe mondial sur la migration, a assuré que le Groupe se tenait prêt à appuyer les États Membres dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qu’il s’agisse des objectifs de développement durable ou des engagements pris dans la Déclaration de New York.

Mme Mlambo-Ngucuka a indiqué que le Groupe mondial sur la migration travaillait en collaboration étroite avec les groupes de travail thématiques et les équipes spéciales pour élaborer des outils et des directives sur un grand nombre de questions couvertes par la Déclaration.

« La vie d’hommes, de femmes et d’enfants dépend des actions pour lesquelles nous nous engageons », a-t-elle assuré.  Face aux déplacements massifs de réfugiés et migrants, l’approche du Groupe est centrée sur les personnes et fondée sur les droits de l’homme et elle tient compte de la problématique hommes-femmes. Il est important, a souligné Mme Mlambo-Ngcuka, de reconnaître la valeur culturelle et économique des femmes et des filles réfugiées et migrantes.  

M. YURY FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a déclaré que la communauté internationale ne pouvait se permettre de voir la pire crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale devenir une opportunité pour des organisations criminelles.  Il s’est félicité de l’adoption de la Déclaration de New York, laquelle, a-t-il précisé, reprend à son compte des recommandations de l’ONUDC.  M. Fedotov a ensuite rappelé l’obligation pour les États Membres de garantir les droits de toutes les victimes, y compris celles qui sont en situation irrégulière.  À ce jour, a-t-il rappelé, 156 pays ont fait de la traite humaine un crime à part entière, comme le stipulent les Protocoles contre la traite humaine et contre le trafic illicite de migrants.  Si la mise en œuvre de ces instruments constitue un défi, 142 États se sont cependant engagés à mettre fin au trafic de migrants, a fait remarquer le Directeur exécutif, en demandant aux États de respecter leurs propres législations.

M. MATS GRANRYD, Directeur général de GSMA, représentant du secteur privé, a indiqué que GSMA réunit près de 800 opérateurs mobiles et 300 entreprises dans le secteur général de la téléphonie mobile.  Ils connectent 4,8 milliards de personnes dans le monde, dont des millions de personnes déplacées.

La téléphonie mobile, a expliqué M. Granryd, est « un atout précieux pour apporter des services qui peuvent sauver des vies ».  Parfois, a-t-il dit, des réfugiés préfèrent un accès Wifi à d’autres services de base.  La téléphonie mobile offre des outils pédagogiques.  Elle permet l’accès à des soins de santé. Elle a soutenu les efforts entrepris dans le domaine humanitaire. 

Le représentant a indiqué qu’une charte avait été signée par plus de 100 opérateurs mobiles pour améliorer les préparations aux catastrophes et contribuer au relèvement.

Il a préconisé des solutions systémiques, chaque acteur jouant son rôle, « pour réduire les souffrances et préserver la dignité de ceux qui se déplacent ».

Mme ENI LESTARI ANDAYANI ADI, observatrice de l’Alliance internationale des migrants, a témoigné de la crise qui affecte sa propre famille en Indonésie, où des millions d’autres personnes dans le besoin font face chaque jour au chômage, à l’absence d’éducation, à l’érosion des services de base, à la perte de terres arables et à l’appauvrissement généralisé.  Elle a expliqué qu’elle-même n’avait pas eu d’autre choix que de partir à l’étranger travailler comme domestique, « pour rembourser les dettes de ses parents et payer la scolarité de ses frères et sœurs ».  Devant le peu de cas fait à la condition des migrants, l’intervenante a adressé un message « clair »: « celui de ne pas parler de nous sans notre participation », en affirmant que les populations concernées par l’exil forcé avaient des réponses à donner et des voix à faire entendre, sur les liens entre migrations, développement et droits de l’homme.  Elle a donc demandé aux États Membres de s’engager en faveur de la justice et d’un développement à la fois respectueux de familles déchirées et opposé à l’exploitation des migrants.  Mme Adi a plaidé, avant de conclure, pour la mise en œuvre en 2018 du Pacte mondial pour les migrations. 

M. MOHAMMED BADRAN, représentant des Volontaires syriens des Pays-Bas (SYVNL), a repris les mots d’un jeune réfugié palestinien, apatride comme lui.   « Nous vivons au bord de l’enfer.  Cela fait tellement longtemps que nous attendons le jour où l’on entendra notre voix.  J’espère que ce sera aujourd’hui. »

Les jeunes réfugiés en Europe sont confrontés quotidiennement à la colère et à la peur, a témoigné M. Badran.  Les portes nous sont fermées, nous n’avons pas le droit à l’enseignement supérieur, mais cela ne nous empêchera pas d’agir, a-t-il assuré. 

« Crise après crise, conférence après conférence, il semblerait que l’inaction soit la seule chose sur laquelle la communauté internationale puisse se mettre d’accord », a regretté le jeune homme.  « Si les dirigeants du monde ne trouvent pas aujourd’hui une solution à la crise syrienne et à la crise des réfugiés, alors ce sommet ne sera pas différents des autres. »

M. Bardan a espéré que la communauté internationale s’accorde à mettre un terme à la violence maintenant, à garantir des routes sûres pour tous les réfugiés, à autonomiser les réfugiés sur des projets les concernant, et à fournir un enseignement supérieur à tous les jeunes réfugiés.   

Mme NADIA MURAD BASEE TAHA, Ambassadrice de bonne volonté de l’ONUDC pour la dignité des survivants de la traite des êtres humains, a rappelé qu’elle avait survécu au « génocide yézidi » perpétré par Daech, qui l’a réduite en esclavage, elle et 6 500 autres femmes et enfants de sa communauté, après avoir tué sa mère et six de ses frères.  Elle a évoqué son calvaire, en affirmant qu’elle aurait « souhaité que les viols qu’elle a subis aux mains de 12 terroristes fussent 12 balles dans ma chair ».  En dépit des horreurs qu’elle a endurées, elle s’est toutefois estimée « chanceuse » en comparaison au sort de bien d’autres de ses compagnes d’infortune. 

Après avoir expliqué qu’elle était reconnaissante de l’accueil que lui avait fait l’Allemagne, elle a justifié sa présence aujourd’hui à la tribune de l’Assemblée générale par sa volonté de faire passer un message de la part de toutes les victimes du monde entier.  Elle a voulu aussi rappeler aux États Membres que toute action de leur part est susceptible d’avoir un impact positif ou négatif sur la vie  de migrants.  Mme Yazda a ensuite plaidé non seulement pour une réponse aux causes profondes de l’immigration, mais aussi pour l’éradication du terrorisme et de l’instabilité, et l’ouverture de poursuites contre les auteurs de crimes de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.  Affirmant que Daech était à l’origine du déplacement de millions de personnes au Moyen-Orient, l’intervenante a demandé, avant de conclure, à la communauté internationale de mettre fin au terrorisme et de maintenir ouvertes les frontières pour les populations fuyant de telles violences.

Déclarations

M. SAULI NIINISTÖ, Président de la Finlande, a rappelé que plus de 30 000 personnes étaient déplacées chaque jour et que le monde se trouvait face à des besoins croissants en matière humanitaire, faisait état d’un déficit de 13 milliards de dollars.  Il a rendu hommage aux agences spécialisées des Nations Unies, telles que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ou l’Organisation internationale pour les (OIM).  Il a souligné les droits des migrants, et notamment des femmes et des enfants, touchés de manière disproportionnée par les déplacements massifs non contrôlés et souvent victimes de violences et de trafics.  La Finlande s’attache, pour sa part, au sort des migrants et ou réfugiées handicapées.  « Nous n’en sommes qu’au début des déplacements massifs et il faut pour traiter la question s’attacher aux causes de ces mouvements et, notamment, mieux défendre les droits de l’homme et l’état de droit. »  En outre, il ne faut pas voir les migrants uniquement comme un fardeau, sachant que la mobilité peut aussi contribuer à la croissance.  À cet égard, a-t-il recommandé, il faut mettre en œuvre pleinement le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. FELIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, a affirmé que son pays était un pays d’accueil des réfugiés et des migrants, en particulier d’Afrique.  Le Président mozambicain a mis l’accent sur la question de la main-d’œuvre, qui est une réalité actuelle et historique.  Il a plaidé pour l’établissement d’un cadre visant à encourager les États africains à mettre en œuvre les politiques nationales et régionales en la matière, en soulignant l’importance, à cet égard, de la coopération régionale et internationale.

Le Mozambique, a indiqué M. Nyusi, a reçu récemment plus de 23 000 personnes qui demandaient asile, en provenance notamment de la région des Grands Lacs et d’autres régions du continent.  Le Mozambique, a-t-il assuré, est engagé à accorder l’assistance nécessaire à ces citoyens.

M. RAIMONDS VĒJONIS, Président de la Lettonie, s’est félicité de l’adoption de la déclaration sur les réfugiés et migrants avant de rappeler que la crise mondiale des déplacements massifs se poursuit et représente une charge énorme.  Elle exige une volonté politique de chacun sur la base du principe de responsabilité partagée, afin d’aider les réfugiés et appuyer ceux qui les reçoivent. 

La Lettonie travaille avec les autres pays de l’Union européenne pour mettre au point une politique commune d’accueil et de réinsertion, sachant qu’aucun pays ne peut seule traiter des problèmes de migrations.  Il faut une réponse mondiale et la Lettonie continuera d’aider les Nations Unies à renforcer leur système de réponse, a indiqué le Président.  En même temps, les États ont besoin de coopération pour lutter contre les abus et assurer leur sécurité.  Il faut que chaque pays puisse décider de ceux qu’il souhaite admettre à l’intérieur de ses frontières.  Il ne faut pas oublier les causes qui sont à la base des mouvements massifs de population.  À cet égard, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un instrument crucial pour traiter des causes profondes des déplacements massifs de populations. 

M. MICHEL TEMER, Président du Brésil, a rappelé que c’est la première fois que l’Assemblée générale traite ensemble de questions liées aux réfugiés et aux migrants.  Pour M. Temer, seules des solutions négociées et inclusives empêcheront le déplacement de personnes.  Il a mis l’accent sur la nécessité pour les États de garantir les droits inhérents à chaque citoyen, y compris ceux des migrants et des réfugiés.  Si nous abandonnons ces droits, nous abandonnerons notre propre humanité et notre engagement à l’égard de la civilisation elle-même, a prévenu le Président brésilien.

Les migrants continuent d’apporter une grande contribution au continent sud-américain, en rappelant, en particulier, que le Brésil fut le premier pays organisateur des Jeux olympiques à accueillir une délégation de réfugiés.  Au Brésil, a-t-il également dit, les réfugiés ont accès aux services publics, à l’emploi et aux soins de santé.  

M. LI KEQIANG, Président du Conseil d’État de la Chine, a rappelé la participation aux Jeux olympique de Rio, pour la première fois, d’une équipe d’athlètes réfugiés, y voyant un signe du respect qui est dû aux migrants et réfugiés.  Les déplacements massifs touchent à la paix et la sécurité internationales, surtout du fait de l’augmentation sans précédent des rythmes des mouvements de populations, laquelle nuit à la relance de l’économie mondiale et donne des occasions au terrorisme international.  Mais les déplacements massifs de populations représentent aussi une crise humanitaire.  De nombreux réfugiés et déplacés perdent la vie, d’autres souffrent de la faim ou de maladies.  La communauté internationale doit aider les réfugiés et montrer clairement qu’elle souhaite les aider, d’où qu’ils viennent. 

À cette fin, une coopération internationale accrue est nécessaire et des organisations comme l’OIM doivent jouer un rôle à part entière.  Tous les États –de départ, de transit ou d’accueil- doivent consentir les efforts nécessaires.  Il faut aussi traiter la question du terrorisme et s’attaquer aux causes profondes des mouvements de populations.  La Chine, qui reste un pays en développement, entend prendre sa part à ses efforts.  Il faut créer des synergies qui permettront de trouver des solutions globales à la crise des réfugiés et des migrants. 

M. NICOS ANASTASIADES, Président de Chypre, a affirmé que son pays appuyait le Document final du Sommet sur les larges mouvements de réfugiés et de migrants qui souligne, a-t-il dit, l’engagement collectif visant à gérer de l’afflux massif de réfugiés et de migrants.  Il a appelé à concentrer les efforts en faveur des pays qui en ont besoin pour que le développement durable de ceux-ci puisse devenir une réalité.  Il faut, a-t-il ajouté, créer les conditions économiques et sociales de ces pays pour dissuader leurs ressortissants à les quitter.

Le Président chypriote a plaidé pour que, collectivement, l’on regroupe les efforts contre le trafic de personnes et tout ce qui facilite le terrorisme.  Il a ainsi rappelé les efforts de l’Union européenne en ce sens.  Chypre, a-t-il conclu, s’efforcera de mettre en œuvre efficacement les engagements contractés lors de cette réunion de haut niveau d’aujourd’hui.  

M. TOOMAS HENDRIK ILVES, Président de l’Estonie, a estimé que la réunion de ce jour permettait de s’attaquer aux défauts de la gouvernance mondiale face aux migrants et réfugiés.  La communauté internationale doit s’engager à faire plus.  La crise actuelle n’est en effet pas sans précédent: il y a eu après la fin de la Seconde Guerre mondiale des flux de réfugiés beaucoup plus importants et les agences concernées ont pu alors engager l’équivalent de 50 milliards de dollars d’aujourd’hui.  Le Président de l’Estonie a toutefois rappelé que la crise actuelle concerne un nombre sans précédent d’enfants, auxquels il faut assurer une vie normale.  L’Estonie fait beaucoup en ce sens, notamment au sein de l’Union européenne.  Accueillir les enfants des migrants et réfugiés et leur offrir une éducation et des chances égales contribue à construire un monde plus sûr, a affirmé M. Ilves, qui a cité en exemple les programmes d’assistance financés par l’Estonie pour les enfants réfugiés dans les camps de Jordanie.  Il faut aussi s’attaquer aux causes profondes des migrations, comme la pauvreté et les conflits.  En ce sens, l’Estonie contribue ainsi aux efforts de résolution pacifique des différends. 

M. WILLIAM SAMOEI RUTO, Vice-Président du Kenya, a affirmé que la ville de New York, les États-Unis et beaucoup d’autres villes dans le monde étaient le produit des mouvements des personnes et de la migration.  Tant que l’insécurité, la famine et la pauvreté existeront, la migration se poursuivra, a-t-il dit.  Au cours de ces dernières années, le Kenya, a-t-il expliqué, a accueilli des centaines de milliers de réfugiés et de personnes déplacées, devenant ainsi l’un des 10 premiers pays au monde à accorder un tel accueil. 

M. Ruto a indiqué que plus de 170 000 réfugiés bénéficiaient des institutions kenyanes, en particulier des établissements scolaires.  Le Gouvernement du Kenya, a-t-il assuré, s’acquitte de son obligation visant à venir en aide aux personnes en détresse, en évoquant à cet égard les conséquences de la situation en Somalie.  La communauté internationale a une dette face à l’égard des peuples de Somalie, a-t-il dit, en invitant à appuyer la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) afin de faciliter le rapatriement en bonne marche des réfugiés somaliens. 

M. IDRISS DEBY ITNO, Président du Tchad, a rappelé que la réunion d’aujourd’hui se plaçait dans droite ligne du Sommet mondial sur l'action humanitaire d’Istanbul tenu en mai dernier, lors duquel les dirigeants du monde se sont engagés à faire progresser le Programme d’action pour l’humanité élaboré par le Secrétaire général.  Il a rappelé que l’Afrique et, notamment le Tchad, illustre bien les problèmes humanitaires d’aujourd’hui.  Ainsi, le Tchad accueille depuis 2003 des centaines de milliers de réfugiés, étant en Afrique le troisième pays pour le nombre de réfugiés accueillis, avec plus de 750 000 personnes, auxquels s’ajoutent quelque 130 000 Tchadiens revenus de la République centrafricaine du fait de la crise dans ce pays.  En outre, le Tchad a été l’un des premiers pays à ratifier la Convention de l’Union africaine sur les réfugiés en Afrique.

Outre les crises au Darfour, en République centrafricaine et en Libye, le Tchad subit depuis 2015 une nouvelle crise humanitaire provoquée par les atrocités commises par le groupe terroriste Boko Haram, a rappelé M. Deby Itno.  Pour y faire face, le Tchad a élaboré, avec ses partenaires, un important plan de réponse, qui reste toutefois très largement sous-financé.  Le Président a salué la visite de haut niveau, effectuée l’été dernier conjointement par les États-Unis, l’Union européenne et les Nations Unies, pour attirer l’attention sur la situation dans la région du Lac Tchad.  La communauté internationale, a–t-il insisté, doit se pencher sur les diverses causes de ces crises humanitaires, afin d’agir sur les racines du mal plutôt que d’avoir à en gérer les conséquences. 

M. ABDEL FATTAH AL SISI, Président de l’Égypte, a rappelé qu’une loi sur la lutte contre la traite des êtres humains avait été promulguée en Égypte en 2010.   Des services de réinsertion ont été établis, en précisant qu’ils venaient s’ajouter aux efforts de sécurité et des forces armées pour prévenir la criminalité.   L’Égypte, a—t-il déclaré, assume sa responsabilité d’accueil des nombres plus importants de réfugiés et de demandeurs d’asile qui arrivent.  Cinq millions de personnes ont ainsi été enregistrées, celles-ci étant traitées, a-t-il dit, comme des ressortissants égyptiens, qui bénéficient  des mêmes droits au logement et à la santé.  

M.  Sisi a également appelé à mettre un terme à la migration clandestine en s’attaquant à ses racines.  Il a plaidé pour une bonne gouvernance des pays d’accueil et d’origine, tout en déplorant les manifestations croissantes de xénophobie et de racisme dans le monde.  L’Égypte, a-t-il conclu, souhaite que soit élaborés et adoptés deux instruments en faveur des réfugiés et des migrants.  

M. FAYEZ MUSTAFA Al-SARRAJ, Président du Conseil présidentiel et Premier Ministre du Gouvernement d’accord national de la Libye, a fait état d’une situation sans précédent du fait des conflits, de la détresse, des catastrophes naturelles ou des changements climatiques, en rappelant le rôle des réseaux criminels dans les déplacements massifs et illégaux de populations.  De tels réseaux contribuent à aggraver la situation en Libye.  La Libye ne peut pas traiter seule de cette situation sans s’attaquer à ses causes profondes, ce qui exige, a-t-il dit, un effort international.  La Libye souhaite toutefois apporter sa contribution pour apaiser les souffrances des réfugiés dans le respect des principes du droit international humanitaire mais aussi de la souveraineté nationale des États.  La Libye souhaite pouvoir, avec l’appui de la communauté internationale, « fermer la porte sur le commerce de la mort », ce qui l’aidera aussi à se reconstruire.  La migration illégale ne peut être traitée exclusivement sous l’angle de la sécurité: il faut améliorer la situation dans les pays d’origine de la migration.  La mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 contribue à résoudre ces problèmes, de même que celle de l’Accord de Paris sur le climat.

M. ROSEN PLEVNELIEV, Président de la Bulgarie, a estimé que le renforcement récent des relations entre les Nations Unies et l’Organisation internationale pour les migrations allait permettre d’accroître la coordination entre les différents acteurs du système onusien sur la question des déplacements massifs de réfugiés et de migrants. 

M. Plevneliev a par ailleurs déclaré que cette question ne pourrait pas être résolue à moins de s’attaquer aux causes profondes de ces déplacements massifs, y compris en trouvant des solutions durables aux conflits en cours au Moyen-Orient et en Afrique. 

Le Président bulgare a en outre insisté sur le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme, notamment dans la gestion des frontières par les États face à l’afflux de réfugiés et migrants.  Sur ce point, il a indiqué qu’une gestion efficace des frontières devrait impérativement prendre en compte les droits des demandeurs d’asile, ainsi que la prévention et la lutte contre la migration irrégulière et les trafiquants de migrants.  

À ce titre, M. Plevneliev a précisé que son pays agissait dans le plein respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme et accordait une importance toute particulière à la protection des groupes de réfugiés et de migrants les plus vulnérables, dont les femmes, les enfants et les personnes vivant avec un handicap.

Le Président bulgare, après avoir indiqué que son pays avait établi un programme national de réinstallation des réfugiés, a fortement encouragé les États n’ayant pas encore mis en œuvre de tels programmes à le faire le plus rapidement possible.

M. LUIS GUILLERMO SOLÍS RIVERA, Président du Costa Rica, a estimé qu’une collaboration étroite entre les pays d’origine, de transit et de destination était nécessaire.  Les femmes et les enfants sont les plus vulnérables, de même que les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres.   M. Solís Rivera a expliqué que le Costa Rica fut d’abord un pays de migrants, en soutenant qu’ils avaient contribué à l’enrichir.  Néanmoins, depuis ces derniers mois, le Costa Rica est devenu un pays de transit, notamment pour des personnes en provenance du Brésil.  

Pour le Président Solís Rivera, sans l’apport des réfugiés et des migrants, la réalisation du développement durable sera impossible.  Le Costa Rica, a-t-il ajouté, a adopté la Déclaration de San José, laquelle appelle à traiter le phénomène croissant des déplacements forcés dus à la violence et à la criminalité dans le Triangle du Nord de l’Amérique centrale.  

M. ENRIQUE PEÑA NIETO, Président du Mexique, a affirmé que les migrants symbolisaient la force de ce qui a fait l’humanité à toutes les étapes de son histoire: ils ont enrichi et renforcé les cultures.  L’Histoire montre qu’aucune barrière ne peut arrêter le mouvement des personnes ou celui des cultures et des idées.  Pour chaque rivière, il existe un pont; pour chaque obstacle, un moyen de le surmonter.  Le Mexique est un pays d’origine, de transit, de destination et de retour des personnes et il est fier de sa diversité culturelle, fruit de nombreuses migrations et les Mexicains sont convaincus que ce métissage est l’avenir de l’humanité, a déclaré le Président Peña Nieto.  Pour toutes ces raisons, le Mexique se félicite de la réunion historique de ce jour, qui montre que les migrants, leur dignité et leur bien-être doivent être placés au centre des discussions mondiales. 

Pour le Mexique, la Conférence intergouvernementale de 2018 sur la migration internationale devra adopter une approche « droits de l’homme », et une approche de responsabilité partagée entre pays d’origine, de transit, de destination et de retour, et reconnaître ainsi la contribution des migrants au développement économique et social, mettre l’accent sur l’inclusion sociale des migrants, mettre en place un cadre de gouvernance de la migration et assurer une plus grande coopération internationale pour que les États accordent une plus grande importance à la migration, en tenant compte des changements climatiques et des phénomènes naturels qui sont les causes de la migration.  Le Mexique a offert d’accueillir, en 2017, une réunion préparatoire à cette conférence.  Les migrations ne représentent pas seulement le passé et le présent de l’humanité mais aussi son avenir, a souligné M. Peña Nieto.

M. DAVID ARTHUR GRANGER, Président de Guyana, a rappelé que la crise actuelle des réfugiés et migrants représentait un défi majeur pour la communauté internationale.  Afin d’y faire face, a-t-il ajouté, les États doivent s’attaquer aussi bien aux causes profondes des déplacements massifs de réfugiés et migrants qu’à leurs conséquences. 

Estimant que les conflits entre États constituent l’un des principaux facteurs de ces déplacements, le Président de Guyana a appelé la communauté internationale à remédier aux causes des conflits existants et à faire en sorte de prévenir l’éclatement de nouveaux conflits dans le monde.

M. Granger a par ailleurs indiqué que les catastrophes naturelles, y compris celles engendrées par les changements climatiques, étaient également un facteur important à l’origine des déplacements massifs de réfugiés et migrants.  Il a notamment mentionné le tremblement de terre qui a frappé Haïti il y a six ans, provoquant la mort et le déplacement de milliers de personnes.  Tirant les leçons de cette tragédie, le Président du Guyana a appelé la communauté internationale à apporter un soutien humanitaire rapide et soutenu aux pays victimes de telles circonstances. 

M. JOSEPH MUSCAT, Premier Ministre de Malte, a souligné l’acuité de cette question des migrants et des réfugiés pour son pays, membre de l’Union européenne et au centre de la Méditerranée.  Ainsi, Malte a-t-il placé la migration au centre de sa politique étrangère.  Le pays, a-t-il précisé, reçoit un grand nombre de réfugiés et de personnes ayant besoin d’une protection internationale.  

M. Muscat a appelé à mettre le principe de la solidarité au centre d’une politique globale de la migration.  Ce problème, a-t-il dit, nécessite une stratégie collective ainsi qu’une approche à long terme.  La communauté internationale doit intensifier son appui aux pays d’origine, de transit et de destination grâce à une politique de développement mieux gérée.  Il a jugé regrettable que des migrants et des réfugiés tombent entre les mains de réseaux criminels organisés et c’est pourquoi, a-t-il souligné, il faudrait établir une coopération régionale efficace contre ce phénomène.  Le Premier Ministre de Malte a, de même, insisté en particulier sur le rôle du secteur privé pour traiter de la question de la migration.   

M. ROCH MARC CHRISTIAN KABORÉ, Président du Burkina Faso, Présidant du Conseil des ministres, a appelé à une coopération efficace pour « contrôler les flux massifs de réfugiés et de migrants ».  À cette fin, il a souligné la nécessité de s’attaquer aux racines du phénomène migratoire, la pauvreté, la misère, le chômage, les inégalités, l’exclusion ou encore les violations des droits de l’homme.  Le Président burkinabé a également déploré le fossé grandissant entre monde développé et en développement, qui contribue lui aussi « aux départs massifs de populations ».

Pour M. Kaboré, les efforts de la communauté internationale doivent porter sur la mise en œuvre des ODD, tout en gardant à l’esprit que les réfugiés et les migrants, « accueillis avec dignité », peuvent contribuer au développement tant de leur pays d’accueil que de leur pays d’origine.  « Tout mécanisme de gestion qui ne prendrait pas cette dimension en compte est incontestablement voué à l’échec », a-t-il estimé avant de recommander le renforcement, « le cas échéant », des instruments juridiques et cadres institutionnels nationaux, régionaux et internationaux pertinents.

Le Président du Burkina Faso a, par ailleurs, indiqué que son pays, avec l’appui du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) notamment, avait pu accorder toute l’aide nécessaire aux 33 000 de personnes qui a avaient été déplacées au Mali et que son pays a accueillies en tant que réfugiés.  Il a ajouté qu’avec près d’un tiers de sa population vivant dans d’autres pays, le Burkina Faso mesurait « à sa juste valeur » la contribution des émigrés au développement national et au rapprochement entre les peuples.

M. TAMMAM SALAM, Président du Conseil des ministres du Liban, a affirmé que son pays était en grand danger du fait qu’il accueille 1,5 million de réfugiés syriens alors qu’il compte seulement quatre millions d’habitants.  Il a insisté sur la situation sans précédent du Liban et de l’effort de sa population, en rappelant que le pays a dépensé, depuis 2011, 15 milliards de dollars qu’il n’a pas pour aider la population syrienne, pour tenter d’assurer la stabilité et l’ordre avec des moyens qu’il n’a pas, et pour assurer l’éducation de presque autant d’enfants syriens qu’il y a d’enfants libanais.  Il a rappelé à cet égard que, depuis le début de la crise en Syrie, plus de 100 000 bébés syriens étaient nés au Liban, avant d’ajouter qu’il y avait aujourd’hui davantage de Syriens nés au Liban qu’il n’y en a dans le reste du monde.  Il est impensable que le Liban puisse, seul, relever un tel défi, a poursuivi M. Salam, qui a demandé un effort massif de la communauté internationale. 

Le Liban est menacé d’effondrement, a affirmé M. Salam, avant de demander à la communauté internationale et aux Nations Unies de mettre en place dans les trois mois un plan logistique détaillé pour le retour des réfugiés syriens présents au Liban et mobiliser dès maintenant les financements nécessaires, afin de pouvoir le mettre en œuvre dès que les conditions sur place le permettront.  Quand le monde fera-t-il quelque chose pour le Liban, et quand les Nations Unies agiront-elles pour coordonner les efforts menés en faveur des migrants et des réfugiés et pour assumer sa responsabilité première, celle du maintien de la paix et la sécurité internationales ? a encore demandé M. Salam.

M. DONALD TUSK, Président de l’Union européenne, s’est félicité de la tenue de cette réunion de haut niveau, laquelle poursuit un objectif ambitieux.  Il n’existe pas de problème plus aigu que la situation des migrants, a-t-il dit.  C’est pourquoi, il est important de trouver les ressources nécessaires pour faire face aux problèmes humanitaires déclenchés par cette vague de migrants sans précédent.

M. Tusk a souligné que la Déclaration de New York plaidait pour une approche pragmatique permettant d’œuvrer dans le cadre d’un partage des responsabilités.  Il faut, a-t-il dit, ne plus reproduire la situation qui a prévalu en 2015 avec plus 1,5 million de migrants illégaux.  L’Union européenne, a-t-il assuré, poursuit sa coopération avec la Jordanie et le Liban concernant la situation résultant du conflit syrien, et elle a créé de nouveaux partenariats avec les pays d’Afrique.  Elle est déterminée, a-t-il dit, à poursuivre sa coopération avec la Turquie et les pays des Balkans de l’Ouest.  Il a enfin plaidé pour un engagement politique et une responsabilité pratique.

M. MUHAMMAD JUSUF KALLA, Vice-Président de l’Indonésie, a constaté un flux sans précédent de migrants issus de conflits.  Il a dénoncé comme intolérable la passivité des États face à ce qui se passe en Méditerranée.  L’Indonésie n’a pas ratifié la Convention de 1951 sur les réfugiés mais en a accueilli des centaines de milliers depuis les années 1970, a affirmé le Président, qui a ajouté que la situation actuelle n’avait pas beaucoup de rapport avec celle de 1975 quand l’Indonésie a accueilli des milliers de réfugiés vietnamiens.  Il a appelé au partage du fardeau dans la région de l’Asie du Sud-Est et à la lutte contre les migrations irrégulières, avant d’appeler à la coopération internationale.  Faisant remarquer que la démographie évolue, il a également constaté que certains pays ont besoin de main-d’œuvre.  L’Indonésie, qui signera le pacte mondial, estime qu’il faut assurer la protection des travailleurs migrants, y compris dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

M. LARS LØKKE RASMUSSEN, Premier Ministre du Danemark, a appelé à prévenir la migration en tentant d’éviter l’émergence de conflits violents.  Il faut, a-t-il dit, équilibrer les besoins des populations locales avec les besoins des populations migrantes.  La Déclaration de New York est, à ses yeux, une étape importante.  Il convient ainsi d’agir dans un cadre international fondé sur les droits de l’homme et de fournir une protection aux réfugiés.  Si nos efforts ne sont pas unis pour lutter contre l’immigration illégale, nous sapons notre action en faveur de cette protection, a-t-il prévenu.  

M. Rasmussen a annoncé que le Danemark augmenterait de façon record au cours des prochaines années son assistance humanitaire, l’élevant à plus de 250 millions de dollars par an.  Enfin, le Premier Ministre danois a mis l’accent sur la nécessité d’aider les pays de transit à lutter contre la traite des êtres humains et l’exploitation.

M. ALEXIS TSIPRAS, Premier Ministre de la Grèce, a rappelé que les pays ne pouvaient faire face seuls aux déplacements massifs.  Soit la communauté internationale trouvera une solution fondée sur le droit, soit elle échouera, a-t-il averti, en évoquant le risque de trahison par l’Europe de ses valeurs.  L’Europe se pose la question de savoir s’il lui est encore possible de préserver sa cohésion sociale et sa sécurité sans violer la Convention de Genève de 1951, a fait observer M. Tsipras, qui a affirmé que, pour la Grèce, la réponse était « oui ».  Le Premier Ministre a ensuite rappelé que les services d’asile de son pays, qui n’existaient pas il y a encore trois ans, dont désormais les quatrièmes par le nombre des dossiers traités dans l’Union européenne.

Le Premier Ministre a cité l’accord mis en place comme un moyen de lutter contre l’immigration illégale, tout en ajoutant que le système mis en place ne tiendra que si les promesses faites à son pays sont tenues et si la responsabilité est réellement partagée.  La Grèce a également besoin de renforcer la coopération avec des pays d’Asie et d’Afrique pour que ne soient pas inclues dans des programmes d’accueil des personnes qui n’en ont pas besoin.  M. Tsipras a mis en garde contre l’échec de telles politiques et le risque d’ouvrir la voie à des mouvements nationalistes xénophobes qui « montreront leur vrai visage ».  Si la communauté internationale ne fait pas l’effort nécessaire, il y aura des répercussions à la fois sociales et politiques partout et pas seulement en Grèce, a-t-il encore averti.

M. GIORGI KVIRIKASHVILI, Premier Ministre de la Géorgie, a affirmé que son pays subissait le fardeau que posent les personnes déplacées à l’intérieur de ses frontières, en soulignant que les conflits en Abkhazie et en Ossétie du Sud avaient déclenché des vagues de déplacements.  Les Géorgiens ethniques continuent de subir des violations de leurs droits dans ces régions, a-t-il dit, en accusant notamment la Fédération de Russie d’être responsable de cette situation.  De même, a-t-il ajouté, la Géorgie continue d’enregistrer des dizaines de milliers de demandes d’asile de la part d’autres pays du monde.

La gravité de la situation mondiale des migrants et des réfugiés exige une réponse coordonnée et de s’attaquer aux causes profondes du problème, a-t-il également déclaré.  La violation du droit international est l’une des causes profondes du déclenchement des conflits, a-t-il notamment précisé.  Le Premier Ministre de la Géorgie a rappelé que lors du Sommet mondial sur l’action humanitaire d’Istanbul, en mai dernier, les dirigeants du monde avaient préconisé une approche nouvelle pour faciliter des situations durables pour les personnes déplacées à l’intérieur, et en préservant leur dignité et leur sécurité.

M. XAVIER BETTEL, Premier Ministre du Luxembourg, a souligné qu’il appartient aux responsables politiques de trouver un équilibre entre les impératifs humanitaires et le devoir d’engager une réflexion plus profonde sur les réponses à trouver à moyen et long termes.  Outre la multiplication des crises politiques dans le monde, a-t-il poursuivi, « nous devons prendre en compte les grandes tendances de ce siècle, et qui doivent aussi être anticipées: l’évolution exponentielle de la démographie dans certaines régions du monde, les changements climatiques et les conséquences qui en résultent, la propagation rapide des technologies qui appellent à une mobilité plus fluide. »  Il a ainsi prôné la solidarité, laquelle peut prendre la forme de l’accueil de migrants ou de personnes déplacées.  Elle peut également se matérialiser par une aide financière ou encore incarner un appui en ressources humaines ou matérielles.  Chaque État, a-t-il estimé, peut contribuer à tous ces volets de solidarité proportionnellement à son produit intérieur brut (PIB) et à sa population.

Pour M. Bettel, l’augmentation des moyens alloués à l’aide humanitaire est indispensable pour sauver des vies.  « Elle doit aussi être complétée très vite par une aide au développement qui répond aux besoins des crises complexes et prolongées. »  « En allouant 1% du revenu national brut (RNB) à la coopération au développement, le Luxembourg contribue à éradiquer la pauvreté », a assuré le Premier Ministre du Luxembourg.  En plus de l’aide humanitaire et la coopération au développement, il a également proposé d’autres initiatives comme celle du Sommet de La Valette entre l’Union européenne et l’Afrique. 

Notant que dans certains États, le manque de perspective entraine une émigration économique, M. Bettel s’est demandé s’il ne serait pas pertinent d’envisager la simplification de certaines règles de migration légale pour permettre des flux ordonnés et contrôlés plutôt que de laisser cette gestion aux mains des réseaux criminels.  Évoquant ensuite la résurgence des voix xénophobes et une montée du racisme, il a souligné que le populisme se nourrit de la peur d’un peuple qui l’écoute si on ne lui propose pas de solutions alternatives.  « La peur ne peut être contrecarrée que par un signal fort et clair au plus haut niveau politique », a-t-il conclu en souhaitant que cette journée soit l’occasion de lancer ce type de message encourageant, pragmatique et constructif.

M. MILO ĐUKANOVIĆ, Premier Ministre du Monténégro, a rappelé que la région des Balkans se trouvait comme d’habitude en situation d’accueillir de nombreux réfugiés.  Notant qu’il n’y avait pas eu de mouvement d’une telle ampleur depuis la fin de La Seconde Guerre mondiale, il a appelé au partage du fardeau.  Son pays, a-t-il fait remarquer, a su accueillir, lors de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie, des réfugiés venus de toutes les républiques de ce pays, soit presque 20 000 personnes, l’équivalent du cinquième de la population du Monténégro.  L’Union européenne a alors su apporter à son pays une assistance.

Le Monténégro n’est pas affecté actuellement par le flot des réfugiés car il n’est pas directement sur l’itinéraire qu’ils empruntent, a fait observer M. Đukanović, mais il négocie actuellement son processus d’intégration à l’Union européenne.  Le Premier Ministre s’est félicité de l’accord conclu entre l’Union européenne et la Turquie.  M. Đukanović a aussi insisté sur la nécessité de réduire la pauvreté.  Tout en reconnaissant que cela est plus facile à dire qu’à faire, il a réaffirmé que son pays, qui a signé le Pacte mondial pour les migrants, apportera sa contribution à l’effort mondial.

M. AHMAD ZAHID HAMIDI, Premier Ministre de la Malaisie et Ministre des affaires intérieures, a souligné que son pays accueillait quelque 150 000 migrants et réfugiés, provenant de 54 pays différents.  M. Hamidi a notamment mis l’accent sur les problèmes que pose la réintégration de ces personnes, laquelle peut prendre plusieurs années, en appelant en particulier l’Organisation internationale pour les migrations à se pencher sur cette question très sérieuse.   

Le Premier Ministre a également proposé que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) examine la possibilité de créer des cartes d’identité pour ces réfugiés.  

M. SABAH KHALED ZAHID HAMIDI Al SABAH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït, a insisté sur la nécessité d’un travail collectif pour relever le défi de la migration et des réfugiés.  Il a souligné le rôle qui incombe au Nations Unies pour trouver des mécanismes novateurs aptes à répondre de manière efficace à ce défi et a mis l’accent sur la nécessité d’appliquer les instruments internationaux.  Il a appelé à lutter contre l’intolérance et la xénophobie à l’encontre des migrants et souligné l’injustice dont souffrent depuis plusieurs décennies les réfugiés palestiniens, en demandant à la communauté internationale de continuer à leur fournir appui et protection par l’intermédiaire de l’UNRWA.  La Déclaration politique qui vient d’être adoptée représente un pas important, a assuré le Vice-Premier Ministre, avant de rappeler que l’ONU devra rester l’organisation pertinente pour traiter de ces défis.

Mme MARIA ÁNGELA HOLGUÍN CUÉLLAR, Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a mis l’accent en particulier sur les victimes du crime organisé dans le cadre des déplacements de migrants en Amérique latine.  Les pays de transit sud-américains, a-t-elle expliqué, ne sont pas en mesure pour l’instant d’activer des mécanismes d’accueil durable de ces populations, les migrants cherchant eux-mêmes à gagner les pays développés.  Pour la Ministre colombienne des affaires étrangères, la coopération internationale est essentielle, de même que la transparence pour gérer ces problèmes.

La Ministre a souligné le travail de son pays en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations, laquelle a permis d’obtenir des résultats concrets et rapides en faveur des populations migrantes.  Elle a plaidé pour l’établissement international d’un système sûr et transparent pour protéger tous les migrants.

M. NASER JUDEH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’expatriation de la Jordanie, a rappelé que son pays avait collaboré avec l’Irlande à l’organisation de la présente réunion et s’est félicité de l’adoption de la Déclaration politique, en souhaitant qu’elle puisse être menée à bien d’ici à 2018.  La Jordanie est le deuxième pays dans le monde par le nombre des réfugiés qu’elle accueille, en ajoutant que le pays avait ouvert son cœur et ses bras à ceux qui fuyaient les horreurs de la guerre et les abus odieux contre la dignité humaine.  La Jordanie a constitué un véritable lieu sûr pour de nombreux flux migratoires, a déclaré M. Judeh, qui a souligné la complexe et ancienne question des réfugiés palestiniens, dont le droit à rentrer dans leur pays doit être reconnu.  La question de Palestine est au cœur de nombreux confits dans la région et à l’origine de l’apparition de formes d’extrémisme, a encore rappelé le Vice-Premier Ministre.  La communauté internationale doit assumer ses responsabilités, a-t-il dit, en insistant pour que l’UNRWA soit en mesure de poursuivre ses travaux.

La Jordanie a accueilli plus de 1,3 million de réfugiés syriens ces dernières années, soit l’équivalent de 20% de sa population, alors que les camps ne peuvent accueillir que 10% d’entre eux, et que le reste s’installe au milieu de la population, a poursuivi M. Judeh.  La Jordanie a assumé ses responsabilités et a offerts services, éducation et emplois aux réfugiés syriens comme aux réfugiés palestiniens, malgré une situation économique difficile, alors que des États beaucoup plus riches et puissants n’ont pu accueillir qu’une poignée de tels réfugiés.  La crise migratoire syrienne ne se limite pas aux pays voisins, c’est une crise internationale, a-t-il expliqué

M. Judeh a ajouté que l’aide internationale ne permettait de satisfaire que 35% des besoins de ces réfugiés.  La Jordanie doit être appuyée quand elle assume ses responsabilités face aux réfugiés, car elle le fait au nom de la communauté internationale dans son ensemble.  M. Judeh a aussi mis l’accent sur la nécessité d’une solution politique à la crise en Syrie sans quoi la frustration qui augmente, chez les jeunes en particulier, risque de favoriser l’extrémisme.  

M. PROSPER BANI, Ministre de l’intérieur du Ghana, a indiqué que son pays accueillait plus de 21 000 réfugiés et demandeurs d’asile provenant de 26 États du monde.  Le Ghana, a—t-il dit, est confronté à des phénomènes migratoires internes et dirigés vers d’autres pays.  Le Ministre a insisté sur l’importance de renforcer la coopération internationale en la matière, sachant que les déplacements forcés engendrent des problèmes humanitaires et de développement. 

Le Ministre a mis l’accent sur la nécessité d’assurer la participation des réfugiés à la gouvernance locale.  Le Ghana, a-t-il dit, s’efforce de promouvoir les bénéfices et de réduire les coûts de la migration, tout en garantissant la sécurité des migrants.  Les questions des droits de l’homme, sont traitées, de même que les efforts sont déployés pour lutter contre la xénophobie et le racisme.

M. RAMI HAMDALLAH, Premier Ministre de l’État de Palestine, a rappelé que les Palestiniens représentaient 40% des réfugiés de longue date.  Il a dit porter l’histoire des souffrances des réfugiés palestiniens chassés de leurs terres depuis 1948 pour les plus anciens, qui souffrent de voir dénier leur droit au retour ou à une compensation pour la perte de leurs terres.  Mais il s’est voulu aussi porteur d’un message d’espoir de la part de ces réfugiés, qui croient toujours en les principes d’humanité et la justice, et sont solidaires des autres réfugiés.  M. Hamdallah a demandé que les déclarations faites dans cette salle soient traduites en actions, afin de subvenir aux besoins humanitaires de tous les réfugiés et leur garantir une vie digne. 

Il a rendu un long hommage à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qu’il a présenté comme un exemple des solutions offertes aux réfugiés.  Pour les Palestiniens, l’UNRWA vaut beaucoup plus que son action, elle représente la vie même, a-t-il affirmé.  Mais sa présence depuis 65 ans est aussi la démonstration de ce qui se passera si la communauté internationale ne parvient pas à trouver des solutions aux déplacements massifs et à leurs causes profondes.  M. Hamdallah a également salué l’assistance apportée aux réfugiés palestiniens par la Jordanie, le Liban et la Syrie, ainsi qu’aux bailleurs de l’UNRWA, auxquels il a demandé de combler le manque de fonds.

M. MATTEO RENZI, Chef du Gouvernement de l’Italie, a rappelé que son pays avait accueilli des vagues de migrants et de réfugiés et fut au premier plan des opérations de sauvetage en Méditerranée.  Il s’est félicité du fait que le principe de la responsabilité partagée était une idée aujourd’hui bienvenue aux Nations Unies.  Il a défendu la mise en place d’un véritable partenariat et la nécessité d’aider l’Afrique à s’attaquer aux causes de la migration, comme la pauvreté ou l’absence de débouchés.

Le Ministre a appelé à la solidarité et à l’engagement plein et entier de la communauté internationale.  Il a remercié la société civile pour son appui aux mesures prises dans son pays pour l’accueil des migrants.  L’Italie, a-t-il ajouté, plaide pour l’instauration de couloirs humanitaires pour les réfugiés.  Il a lancé un appel visant à protéger les migrants, qui sont parmi les personnes les plus vulnérables, l’Italie ayant l’intention de rechercher des partenaires dans ce sens pour sa prochaine présidence du G7, l’an prochain.

M. RENE SADI, Ministre de l’administration territoriale du Cameroun, a rappelé que le Sommet d’Istanbul de mai dernier avait reconnu la nécessité de trouver une solution appropriée à la question des réfugiés et des migrants.  Il a reconnu que les raisons à l’origine des migrations suscitaient la compassion mais que la masse des migrants et refugiés suscitait l’inquiétude et provoquait le repli dans les États d’accueil.  Les migrants sont en outre perçus comme des concurrents pour l’emploi ou une menace pour la sécurité.  Mais réfugiés et migrants ne sont-ils pas les deux faces d’un même problème et ne font-ils pas partie de la même humanité, qui leur confère les mêmes droits qu’aux autres? a-t-il demandé.

Le Cameroun accueille pour sa part environ 350 000 réfugiés et migrants et a une tradition d’accueil et de tolérance.  Le Gouvernement camerounais a pris les mesures qui s’imposaient pour assurer leurs besoins essentiels, avec l’appui de la population, mais aussi des pays amis et des organisations internationales, dont le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.  Toutefois, les besoins restent énormes et le Cameroun demande à la communauté internationale de soutenir les efforts des pays d’accueil.  Mais tant que les conflits, internes ou internationaux persisteront, que la pauvreté se perpétuera et que des solutions ne seront pas trouvées aux conséquences des changements climatiques, il sera difficile d’empêcher des hommes de prendre des risques insensés pour tenter de trouver ailleurs une vie meilleure, a conclu M. Sadi.

M. GUILLAUME LONG, Ministre des affaires étrangères et de la mobilité humaine de l’Équateur, a appelé à analyser les causes systémiques de la crise des migrants et des réfugiés.  La situation provoquée par les pays du Nord qui contribue à ériger des murs et à causer des morts doit cesser, a-t-il dit.  Si l’on ne s’attaque pas aux grandes injustices de ce monde, aucune solution ne sera trouvée à cette situation, a-t-il ajouté. 

Il a fait état des mesures prises en faveur des migrants dans son pays, soulignant notamment qu’ils avaient le droit de vote.  L’Équateur est le pays de la région qui connaît le plus grand nombre de réfugiés, a-t-il expliqué, précisant qu’il n’avait pas de ghettos.

Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères et de la culture du Liechtenstein, a affirmé que son pays s’engageait de façon active pour lutter contre les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire et contre l’impunité, qui sont responsables de mouvements de réfugiés.  Elle a appelé les États à adhérer au Code de conduite mis en place pour lutter contre l’impunité pour les auteurs de crimes atroces.  Le Liechtenstein assure traditionnellement une protection pour les enfants dans les situations de conflit, notamment dans le cadre de programmes en faveur des enfants réfugiés dans les pays voisins de la Syrie.

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères de la Hongrie, a appelé à opter pour une démarche équilibrée et de bon sens plutôt que de céder à l’émotion.  Ce que l’on connaît actuellement est une menace considérable à la sécurité, a-t-il estimé.  Le droit à une vie sûre est un droit fondamental, a-t-il dit, en affirmant que des migrants s’étaient attaqués à son pays.  M. Szijjártó a insisté sur la nécessité de traiter les causes du problème et d’aider là où cette aide est absolument nécessaire.  Il faut aussi mettre un frein aux politiques qui engagent les gens à se lancer sur les routes, a-t-il ajouté. 

Le Ministre a dressé le constat de flux migratoires sans vérification, sans réglementation, dans le grand désordre.  La protection des frontières est aujourd’hui remise en cause, a-t-il regretté, en évoquant les infiltrations de groupes terroristes.  Il a appelé à éviter de montrer du doigt les pays qui cherchent à protéger leurs frontières et à renforcer le rôle de la diplomatie préventive en Hongrie.

M. JEAN-MARC AYRAULT, Ministre des affaires étrangères de la France, a déclaré que les migrations contribuaient à la diversité de l’humanité et à son enrichissement.  Face à la montée des peurs, il faut rappeler que les réfugiés sont des femmes et des hommes comme nous qui ont, avant tout, besoin de protection.  La crise actuelle de réfugiés et de personnes déplacées est la plus importante que le monde ait connu depuis la fin de la seconde guerre mondiale, a rappelé le Ministre français des affaires étrangères, qui a rappelé que les 65 millions de réfugiés et de déplacés actuels représentaient l’équivalent de la population de la France.

C’est en Syrie que la situation est la plus grave, a ajouté le Ministre, pour qui la réponse collective n’a pas pour l’instant été à la hauteur.  Il est pourtant possible de donner à ces réfugiés syriens les moyens de reconstruire leur pays, après les avoir accueillis dans la dignité et le respect du droit international, et après avoir aidé les pays qui les accueillent, comme la Jordanie, le Liban ou la Turquie, ou encore les pays du Lac Tchad pour les réfugiés fuyant les exactions de Boko Haram.  Quant aux migrants, il ne s’agit pas d’empêcher des personnes qui veulent quitter leur pays de le faire, il s’agit de leur donner les moyens de rester.

La France participe à l’effort mondial en faveur des réfugiés syriens, au sein de l’Union européenne, mais aussi à titre individuel.  Concernant l’Afrique, la France entend investir 20 milliards d’euros sur cinq ans pour les pays africains les plus pauvres dans le cadre d’un programme de lutte contre les migrations irrégulières.  Grâce à cet accompagnement, l’Afrique pourra plus facilement absorber sa croissance démographique.  La France accueille en outre des réfugiés, notamment de Syrie, dans le cadre d’engagements volontaristes qui doivent encore être portés à la vitesse supérieure.  Chaque pays doit prendre sa juste part pour soulager les pays voisins, préserver le droit d’asile et prendre en compte les causes profondes des migrations, dans le respect des valeurs de diversité et d’ouverture qui sont au centre de la Charte des Nations Unies.

M. ABDALLAH ALBERT TOIKEUSE MABRI, Ministre des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, a affirmé que les déplacements massifs mettaient à mal les capacités de réponse des pays d’accueil et suscitaient parfois au sein des populations d’accueil des sentiments négatifs de xénophobie, de racisme ou de discrimination.  L’action pour relever les défis que soulèvent ces déplacements massifs n’en sera plus efficace que si elle s’attaque à leurs causes profondes.

Il a appelé à renforcer sur les plans régional et international les mécanismes de diplomatie préventive pour empêcher les conflits, encourager un règlement pacifique des différends et consolider la paix.  Il s’agit également de promouvoir l’état de droit et le respect des droits de l’homme.

M. SHINZŌ ABE, Premier Ministre du Japon, a déclaré que les Nations Unies et leurs institutions devraient travailler ensemble pour remplir leurs engagements pris dans la Déclaration de New York.  Pour sa part, le Japon a fourni une assistance aux communautés dans le monde entier qui accueillent des réfugiés syriens, et a coordonné ses efforts avec les organismes des Nations Unies à cet égard. 

La promotion de l’aide au développement a été à la base des actions entreprises pour inciter les réfugiés à devenir autonomes, a-t-il dit, en citant l’exemple d’un projet de création d’emplois au Liban pour les jeunes réfugiés.  Ces projets visent à fournir de façon transparente le soutien que son pays, dans un premier temps, a pourvu en assurant un financement d’urgence suivi d’une aide au développement à plus long terme.  Au cours des trois prochaines années, le Japon fournira 2,8 milliards de dollars d’aide financière, a-t-il dit.

Mme LILJA ALFREÐSDÓTTIR, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de l’Islande, a rappelé qu’il y a 11 siècles, un groupe d’hommes et de femmes nordiques ont entrepris un voyage périlleux à la recherche d’une nouvelle vie, s’installant ainsi en Islande qui était non peuplé à l’époque.  Elle a indiqué qu’aujourd’hui, des millions de gens sont en mouvement parce qu’ils n’ont pas d’autres alternatives, vivant dans l’extrême pauvreté, manquant d’accès aux services les plus élémentaires, ou alors sont forcés de se déplacer, fuyant parfois la guerre.

Elle a appelé à faire face aux causes profondes des déplacements des populations.  Là où les inégalités en sont la cause, nous devons rechercher à augmenter l’équité, a-t-elle suggéré en plaidant en outre pour l’éradication de la pauvreté et assurer l’accès aux opportunités pour tous.  En plus, nous devrons assurer un cadre adéquat et juste aux mouvements des populations, a ajouté Mme Alfreðsdóttir.  Parmi les causes majeures de déplacements massifs des populations, elle a souligné la place centrale qu’occupent les changements climatiques et des guerres.  Sur ce dernier point, elle a invité le Conseil de sécurité à agir de manière plus unie et plus rapidement.  La Ministre a par ailleurs indiqué que l’Islande a consacré 2,4 millions de dollars en 2016 pour les activités du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en Syrie.  Elle a également indiqué que son pays s’apprêtait à accueillir de nouveaux réfugiés syriens s’ajoutant à ceux qui y ont été accueillis cette année.

Mme NENEH MACDOUALL-GAYE, Ministre des affaires étrangères de la Gambie, a déploré les tragédies mondiales qui découlent de désaccords politiques et de divisions idéologiques.  Elle a préconisé de s’atteler aux causes profondes de la migration.  Après avoir salué les pays qui ont ouvert leurs frontières et accueilli des réfugiés et des migrants, elle a appelé les pays frappés par des conflits et les pays d’origine « à faire montre de compassion pour préserver leurs populations de la mort et de la destruction ». 

Il faut tenir compte de la nécessité de garantir le partage des responsabilités et contribuer généreusement au Fonds mondial, a poursuivi la Ministre.  L’assistance humanitaire et l’assistance au développement devraient être renforcées, notamment pour aider des pays d’accueil.  Il faut également envisager les aspects positifs de la migration.  Enfin, elle a appelé l’Assemblée à se pencher sur le problème de la traite des êtres humains.

M. PIERROT DELIENNE, Ministre des affaires étrangères et des cultes d’Haïti, a annoncé que son gouvernement avait élaboré, l’an dernier, un cadre d’orientation de la politique migratoire pour la période 2015-2030.  Ce document est basé sur le respect des droits de l’homme et la mise en œuvre des moyens appropriés pour faire de la migration un choix possible et non une nécessité, a-t-il expliqué, en assurant de la volonté de l’État haïtien de s’engager à matérialiser ses objectifs.  Rappelant que la question migratoire était devenue l’un des thèmes majeurs de la politique extérieure d’Haïti, le Ministre a déclaré que les autorités travaillent « d’arrache-pied » à créer des conditions favorables à la sédentarité d’une population très attachée à son pays d’origine et à sa culture.  C’est pourquoi il est important que le pays dispose de davantage de moyens et de possibilités en vue de concrétiser son programme de développement socioéconomique, a ajouté M. Delienne. 

À cet égard, a-t-il dit, la catégorisation d’Haïti dans le groupe des pays pauvres très endettés (PTTE) le pénalise lourdement, le privant d’accès à plusieurs sources de financement externe.  Compte tenu de cette situation, et de l’insuffisance des ressources internes, le pays est confronté à de nombreux problèmes économiques qui pèsent lourdement sur la stabilité politique et favorisent la migration.  Dans ce contexte, a plaidé le Ministre, il est urgent de financer le développement ».  Si le Gouvernement haïtien s’efforce d’accroître les recettes internes, d’attirer les investissements, il serait bienvenu pour le pays d’avoir accès, à brève échéance, au crédit sur le plan international, a insisté le Chef de la diplomatie haïtienne.

Mme JEAN KALILANI, Ministre pour la parité du Malawi, a déclaré que les réfugiés et migrants avaient besoin de l’aide de la communauté internationale dans son ensemble pour jouir de leurs droits les plus élémentaires.  Le Malawi, a-t-elle affirmé, est attaché à fournir un accès à l’éducation aux réfugiés résidant sur son territoire et à les intégrer économiquement, tout en travaillant à leur réinstallation future.

Mme Kalilani a indiqué que son pays avait accueilli de nombreux réfugiés dans les années 1970 et 1980, tout en soulignant que ces réfugiés sont depuis lors revenus dans leur pays d’origine.  Aujourd’hui, a-t-elle précisé, son pays accueille environ 27 00 réfugiés et demandeurs d’asile.

La Représentante du Malawi a par ailleurs appelé les États Membres de l’ONU à respecter les droits des réfugiés et migrants et à leur fournir une protection adaptée.  Elle s’est toutefois dite consciente des contraintes que font peser sur les pays d’accueil les déplacements massifs de réfugiés et migrants.  À ce titre, elle a insisté sur l’importance de mettre en œuvre des politiques de réinstallation.

Mme MAKALE CAMARA, Ministre des affaires étrangères de la Guinée, a appelé la communauté internationale à trouver des solutions durables et communes aux problèmes causés par les déplacements massifs de réfugiés et migrants.  Ces problèmes, a-t-elle estimé, exigent de s’attaquer aux causes profondes des déplacements.

Mme CAMARA a par ailleurs insisté sur la nécessité de renforcer la résilience des pays d’accueil et de créer un environnement favorable au retour des réfugiés.  Elle a aussi appelé à accroître les fonds alloués à la création d’emplois pour les jeunes et à l’autonomisation des femmes, afin de prévenir les déplacements massifs de ces deux catégories de population.

Elle a en outre insisté sur la nécessité de respecter la dignité humaine et les droits de l’homme des réfugiés et migrants.  Cela suppose, a-t-elle dit, de lutter contre le racisme et la xénophobie dont ils sont souvent victimes dans les pays d’accueil, mais aussi contre leur exploitation, les difficultés d’enregistrement, la précarité dans les camps de détention de réfugiés et la situation alarmante des enfants et femmes, qui constituent plus de la moitié des réfugiés. 

La Guinée appelle à renforcer encore davantage la coopération entre les Nations Unies et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  Elle appelle également tous les États à signer, ratifier et mettre en œuvre tous les accords internationaux sur la protection des migrants.

Mme FRANCES FITZGERALD (Irlande) a déploré les conflits et la violence qui sont les principaux responsables des mouvements migratoires.  Elle a rappelé que la pauvreté avait poussé un certain nombre d’Irlandais à partir à la recherche d’opportunités meilleures.  Ce défi grave exige aujourd’hui de la communauté internationale qu’elle œuvre ensemble et « évite de tourner le dos au nombre croissant de personnes qui se massent à nos portes ». 

L’Irlande est prête à répondre à l’appel lancé ici et à appuyer les instances des Nations Unies qui s’attachent à répondre aux besoins des réfugiés, a assuré la Ministre.  Le pays dispose d’un programme de réinstallation nationale depuis l’an 2000.  Elle a annoncé sa participation à un financement pluriannuel à hauteur de plus de 6 millions de dollars l’an prochain.  Enfin, a-t-elle ajouté, il faut œuvrer en faveur de la stabilité dans les pays d’origine et alléger les conflits.

Mme LIDUVINA MAGARIN, Vice-Ministre des Salvadoriens de l’étranger, a défendu les droits de l’homme des réfugiés et des migrants, en particulier des enfants et des adolescents.  On ne peut pas se fonder exclusivement sur les données existantes à propos des flux migratoires, a-t-elle considéré.  Il faut aborder les questions sous tous leurs aspects, notamment structurels, car « il n’y a pas de réponse unique ».  Il faut également prendre en compte les risques encourus par les personnes vulnérables qui sont souvent victimes de la traite ou de l’exploitation sexuelle au cours de leur voyage.  Par ailleurs, il est important de créer des conditions propices à leur accueil.  Pour sa part, a indiqué la Vice-Ministre, El Salvador a offert d’accueillir des réfugiés cubains.

M. GERD MÜLLER, Ministre pour la coopération économique et du développement de l’Allemagne, a rappelé que la population de réfugiés et migrants dans le monde a presque doublé en quelques années.  Il a souligné que l’immense majorité de ces réfugiés se trouvait actuellement dans les pays les plus pauvres, notamment au Soudan du Sud, au Kenya et en Éthiopie.  Parallèlement, il a précisé que 10 pays riches assumaient à l’heure actuelle 80% du financement de l’aide aux réfugiés.  « Plus de pays doivent accueillir plus de réfugiés et plus de pays doivent fournir un appui financier », a par conséquent déclaré le Ministre.

M. Müller a en outre indiqué que 20 milliards de dollars étaient nécessaires pour pourvoir aux besoins de base des réfugiés dans le monde.  Or, a-t-il déploré, seulement 8 milliards de dollars sont actuellement disponibles.  Le Ministre allemand pour la coopération économique et le développement a ainsi appelé à plus de transparence et de suivi concernant les engagements et l’utilisation des fonds alloués à l’aide aux réfugiés.  À ce titre, il a proposé la création d’un fonds des Nations Unies pour les réfugiés, assorti d’une dotation initiale de 10 milliards d’euros.

Mme ANTOINETTE DINGA-DZONDO, Ministre des affaires sociales du Congo, a rappelé que l’Afrique accueillait actuellement 12 millions des 17 millions de réfugiés dans le monde.  Le Congo, a-t-elle ajouté, accueille pour sa part 53 000 réfugiés, issus principalement des pays voisins, dont la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et le Rwanda. 

La Ministre a en outre déclaré que son pays était attaché à la tenue de réunions tripartites avec les pays d’origine des réfugiés et la représentation du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), dont la plus récente a eu lieu les 8 et 9 novembre 2016, à Brazzaville.  Cette réunion, a-t-elle précisé, a porté sur le sort des réfugiés rwandais présents au Congo, dans la perspective de l’entrée en vigueur de la clause de cessation du statut de réfugié dont l’échéance est fixée au 31 décembre 2017.

Par ailleurs, Mme Dinga-Dzondo a appelé à renforcer la coopération entre les pays d’origine, de transit et d’accueil, avec l’appui des institutions du système des Nations Unies.  Elle a réaffirmé l’attachement de son pays à la promotion et la protection des droits des réfugiés et des migrants.

M. ABRAHAMANE SYLLA, Ministre des Maliens de l’extérieur, a indiqué que son pays comptait 500 000 déplacés à l’intérieur du pays et 150 000 réfugiés dans les pays voisins du fait de la crise au nord du pays, « aggravée par l’occupation, en 2012, des deux tiers du territoire national par des groupes terroristes et narco-jihadistes qui ont soumis les populations locales à toutes sortes de brimades et de violations graves de droits humains ».  Le Président du Mali a pris des engagements fermes allant dans le sens de la poursuite des actions et des programmes humanitaires en faveur de l’allègement de la souffrance des populations du nord du pays, a-t-il expliqué. 

Le Ministre a préconisé un certain nombre de mesures comme solutions durables aux situations qui sont à l’origine de déplacements massifs des populations, telles que la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et de l’Accord de Paris sur le climat.  L’approche du Mali concernant la gestion des flux migratoires réside dans l’intensification du dialogue entre les pays de départ, de destination et de transit, liant les impératifs de sécurité, de développement, de respect de la dignité humaine et de solidarité, a-t-il continué.  Le pays, « qui ambitionne de faire de la migration un atout pour son développement », s’est doté, il y a deux ans, d’un document de politique nationale de migration assorti d’un plan d’action pour mieux gérer le phénomène, et, notamment, contribuer à la création d’emplois pour les jeunes.

Mme KOLINDA GRABAR-KITAROVIĆ, Présidente de la Croatie, a indiqué que la Croatie, avec les pays voisins, avait progressé pour mettre au point des stratégies en vue de gérer et financer la crise migratoire, « même si le problème majeur n’est pas résolu ».  Pour elle, la Convention de 1951 et son Protocole pourraient être complétés, compte tenu de la situation actuelle.  Elle a souligné l’importance de partager les responsabilités et de trouver des réponses collectives.

C’est une question qui va au-delà de la dimension humanitaire avec des répercussions économiques et sociales et sur les droits de l’homme, a-t-elle considéré.  Il faut s’atteler aux causes profondes des migrations, notamment dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il faut également se concentrer sur les politiques d’admission et éviter que les migrants n’entament des traversées dangereuses.  Pour sa part, la Croatie a dépensé près de 20 millions d’euros dans le cadre de l’assistance aux migrants.  Elle a souhaité « tout mettre en œuvre pour que personne ne doive abandonner son foyer en quête de sécurité ».

M. JOHN MCCALLUM, Ministre pour l’immigration, les réfugiés et la citoyenneté du Canada, a salué la diversité de son pays à laquelle contribuent les immigrants.  Le Ministre pour les réformes démocratiques du Canada est lui-même un réfugié afghan, a-t-il fait remarquer.  Le défi doit être relevé dans le respect des droits de l’homme. 

Soulignant le besoin de nouveaux partenariats, le Ministre s’est félicité que l’OIM se joigne officiellement à la famille des Nations Unies.  Il a appelé de ses vœux « une vision globale plus équilibrée et un engagement collectif plus fort à l’égard des personnes déplacées dans le monde entier ».  Les deux pactes mondiaux ambitieux envisagés pour 2018 devraient nous permettre de mettre en commun nos points forts, a-t-il espéré.

M. GENNADIY GATILOV, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a appelé à lutter contre les causes profondes des déplacements massifs de réfugiés, notamment en trouvant les moyens d’éviter l’éclatement de conflits. 

Toutefois, il a mis en garde contre les ingérences extérieures dans les affaires intérieures d’États souverains, qui ont, selon lui, contribué à déstabiliser les États du Moyen-Orient.  De telles déstabilisations, a-t-il affirmé, sont à l’origine de la crise actuelle des réfugiés en Europe.  M. Gatilov a par conséquent estimé que les États ayant participé activement à ces ingérences devraient assumer la responsabilité première de l’aide aux victimes et aux migrants.

Le Ministre a ainsi dénoncé la promotion du concept de partage de la responsabilité en matière de réfugiés et de migrants, qu’il a qualifiée de tentative visant à faire assumer cette responsabilité à ceux qui ne sont pas à l’origine des déplacements massifs. 

M. Gatilov a par ailleurs appelé à tout mettre en œuvre pour éviter que les pays d’accueil ne fassent rentrer sur leur sol des terroristes parmi la population de réfugiés.  Il a ainsi dénoncé l’instrumentalisation des réfugiés par les groupes terroristes.

Avant de conclure, M. Gatilov a rejeté les allégations faites par les délégations de la Géorgie et de l’Ukraine lors du Sommet qui ont proféré des attaques injustifiées à l’encontre de son pays.  Ces pays, a-t-il soutenu, n’assument pas leur responsabilité pour la situation qui avait poussé des milliers de personnes à quitter leur foyer.

M. YERZHAN ASHIKBAYEV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a réaffirmé l’attachement de son pays à garantir les droits des réfugiés, qui bénéficient notamment d’un accès à l’éducation identique à celui des citoyens kazakhs. 

M. Ashikbayev a par ailleurs indiqué que son pays avait adhéré et participait à plusieurs initiatives internationales récentes visant à aider les réfugiés dans le monde.

Le Vice-Ministre kazakh a d’autre part appelé la communauté internationale à s’attaquer aux causes profondes des déplacements massifs, y compris les changements climatiques et les conflits, dans le respect du principe de non-ingérence et de souveraineté des États.

M. LINAS ANTANAS LINKEVIČUS, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, a évoqué « la crise la plus grave de l’histoire moderne » en matière de migration.  Sauver des vies humaines doit être une première priorité, mais il s’agit aussi de détruire les réseaux de traite et de condamner les activités criminelles qui entourent la migration.  Pour lui, le phénomène ne sera pas éliminé si l’on ne s’intéresse pas à ses causes profondes, en prenant en compte les menaces à la sécurité et les conflits armés responsables de la fuite des personnes.  Il faut mettre en place des initiatives pour protéger les hommes et les femmes.

M. SHAW KGATHI, Ministre de la défense, de la justice et de la sécurité du Botswana, a souhaité s’attacher aux causes responsables des mouvements migratoires.  Son pays, a-t-il précisé, avait offert une protection à des demandeurs d’asile pendant les luttes d’indépendance en Afrique subsaharienne.  Aujourd’hui, il accueille 233 000 réfugiés avec l’aide du HCR.  Le Ministre a regretté que l’insécurité règne en maître de par le monde et que bien des pays soient menacés par le terrorisme.  De plus, a-t-il constaté, les mauvais résultats économiques et les changements climatiques ont des répercussions profondes sur les pays en développement.  L’insécurité alimentaire est souvent une cause première du déplacement forcé de personnes. 

M. MILENKO SKOKNIC, Vice-Ministre des affaires étrangères du Chili, a appelé à prendre en compte l’aspect multidimensionnel de la question des déplacements massifs de réfugiés et de migrants. 

Tout en rappelant le rôle important joué par le Chili dans l’accueil d’un grand nombre de réfugiés et migrants issus du continent sud-américain, M. Skoknic a réaffirmé l’attachement de son pays au principe de la responsabilité partagée et à la coopération internationale sur la question des déplacements massifs.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a appelé à s’attaquer aux causes profondes des flux de migrants dans le monde, tout en insistant sur le concept de responsabilité partagée pour la gestion de ces flux.

Le représentant de la Nouvelle-Zélande a déclaré que son pays mobilisait actuellement tous les efforts nécessaires pour lutter contre les migrations clandestines et la traite des êtres humains dans la région pacifique.  Il a par ailleurs souligné l’importance des initiatives visant à réduire les risques de catastrophes naturelles, qui sont une source importante de déplacements dans la région.

M. Van Bohemen a enfin appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à faire davantage d’efforts pour mettre fin aux conflits en Iraq, en Syrie et au Soudan du Sud, tous trois responsables de nombreux déplacements massifs.

M. RY TUY (Cambodge) a invité la communauté internationale à s’intéresser aux causes profondes des vastes mouvements de populations.  Il faudrait s’assurer que cette réunion aille au-delà des engagements et trace la voie pour la réalisation de nos objectifs, a-t-il recommandé.  Au lendemain de la guerre civile qui a déchiré son pays il y a 30 ans, le programme de réintégration des déplacés cambodgiens établi par le Gouvernement avait été mené avec succès en application des engagements pris lors d’une conférence internationale organisée à Genève en juillet 1979.  Il portait sur les réfugiés et les déplacés d’Asie du Sud-Est.  Le représentant a ensuite salué l’accord de partenariat, signé ce matin entre l’ONU et l’OIM, tout en invitant l’OIM à apporter un soutien technique et assurer le secrétariat des négociations visant à établir un pacte mondial pour des migrations sûres, régulières et ordonnées, ainsi qu’à la conférence intergouvernementale qui devrait l’adopter en 2018.

M. IGOR CRNADAK, Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, a évoqué « les tensions sans précédent dans les pays d’accueil » et les barbelés « qui n’ont pas leur place en Europe ».  « Nous avons vu comment le système de Schengen a été paralysé et comment les frontières se sont refermées », a ajouté le Ministre.  Nous sommes face à un problème qui requiert une approche humanitaire et des solutions durables, et qui n’ignore pas le principe du partage des responsabilités.  Les personnes déplacées doivent contribuer au développement à long terme, a ajouté le Ministre.  La  Bosnie-Herzégovine reconnaît que les migrations et les réfugiés ont des situations différentes, mais qu’il convient de les examiner ensemble et de se concentrer davantage sur les moyens de venir en aide aux pays d’origine.

M. ANIS BIROU, Ministre en charge des Marocains vivant à l’étranger et des affaires migratoires du Maroc, a salué les valeurs humanitaires consacrées dans la Déclaration.  Il a souligné l’importance de lutter contre la violence, l’ignorance, le racisme, la haine et la xénophobie.  Le Maroc est devenu un pays stable après avoir été un pays de transit, grâce à sa politique fondée sur les droits de l’homme, a-t-il expliqué et diverses lois ont été adoptées dans ce cadre.  M. Birou a souhaité une approche internationale de la migration.  Il s’est encore dit « profondément préoccupé devant la montée de la xénophobie dans certains pays hôtes ».

Mme MARIA ANDREA MATAMOROS, Ministre adjointe des affaires étrangères du Honduras, a dénoncé les personnes impliquées dans le trafic de migrants fuyant les violences dans son pays et en Amérique centrale.  Elle a en outre rappelé que la migration n’était pas un problème en soit, mais qu’il convenait d’éliminer les causes des migrations forcées et irrégulières.

Mme Matamoros s’est ainsi félicitée de la coopération régionale en matière migratoire dans le cadre du Plan de l’Alliance pour la prospérité du Triangle du Nord, initié par le Honduras, El Salvador et le Guatemala, avec l’appui des États-Unis.  Suite au lancement de ce Plan, le Honduras a alloué un milliard de dollars à des initiatives visant à réduire les flux de migrants issus du Honduras, a indiqué Mme Matamoros.  Toutefois, elle a précisé qu’entre 2015 et 2016, plus de 120 000 ressortissants de son pays avaient été détenus par les États-Unis et renvoyés au Honduras, après avoir tenté de gagner le nord du continent, soit une moyenne de 6 000 personnes par mois.

La Ministre adjointe des affaires étrangères du Honduras s’est prononcée en faveur de la promotion d’une migration régulière et sûre sur le continent.  Elle a ainsi appelé les pays de la région à respecter les droits fondamentaux des migrants et les a invités à lutter contre les discriminations à leur encontre.

M. FAUSTIN-ARCHANGE TOUADÉRA, Président de la République centrafricaine, a indiqué que les déplacements massifs étaient principalement causés par les conflits et les catastrophes naturelles.

La dernière crise en République centrafricaine, a rappelé M. Touadéra, a été à l’origine du déplacement d’environ 900 000 personnes, ce qui a eu des conséquences terribles pour le développement du pays et a contribué à sa déstabilisation. 

Soulignant que la République centrafricaine s’était désormais engagée sur la voie de la réconciliation nationale, le Président a appelé la communauté internationale à continuer de soutenir son pays et les pays africains en général, notamment dans le but de prévenir les conflits et de réduire les risques de catastrophes naturelles. 

M. Touadéra a en outre insisté sur la nécessité de développer des stratégies adaptées en matière de retour des réfugiés, pour éviter que ces derniers ne contribuent à la déstabilisation des pays d’origine.

M. FRANÇOIS BEYA KASONGA, Directeur général de la Direction générale des migrations, a rappelé que son pays avait ratifié toutes les conventions protégeant les réfugiés et accordait une importance particulière au respect du droit international des réfugiés et du principe de non-refoulement.  Il a également rappelé que la RDC avait accueilli plus de deux millions de réfugiés rwandais suite au génocide qu’a connu le pays en 1994, mais aussi des centaines de milliers de réfugiés issus de l’Angola et du Soudan du Sud.

Le représentant de la RDC a en outre indiqué que les combats menés par des groupes armés en provenance de pays étrangers à l’intérieur de son pays avait occasionné le déplacement forcé de près de deux millions de personnes en RDC et la fuite d’un demi-million de réfugiés congolais dans les pays voisins.

M. Beya Kasonga a par conséquent déploré le fait que le principe de partage des responsabilités dans la réponse apportée à ces grands mouvements de population n’ait pas été respecté par la communauté internationale.  Il a ajouté que le manque de financement entravait la mise en œuvre de solutions durables en ce qui concerne le rapatriement et la viabilisation des zones de retour des réfugiés et déplacés internes.  Il a par ailleurs insisté sur la nécessité de mieux soutenir les communautés d’accueil locales et les pays qui accueillent le plus grand nombre de réfugiés.  Cette responsabilité, a-t-il ajouté, ne peut plus être assumée uniquement par les pays africains.

M. ILYAS MOUSSA DAWALEH, Ministre de l’économie et des finances de Djibouti, a regretté que malgré le fait que les différentes causes à l’origine de ces déplacements massifs soient identifiées et reconnues, la communauté internationale éprouve des difficultés pour les prévenir ou en assurer une gestion efficace.  Les pays africains et l’Union africaine ont toujours accordé une attention particulière à la protection des réfugiés et des migrants en se dotant d’instruments juridiques régionaux pertinents.  Malgré cette prise de conscience précoce, force est de reconnaître que les initiatives continentales ou régionales ont essentiellement eu des résultats mitigés car bien qu’il y eut un renforcement des mécanismes de secours à l’endroit des vies en détresse, nous n’avons pas pu inverser la courbe toujours aussi importante du nombre de migrants et de réfugiés.

Avec quatre camps, Djibouti accueille aujourd’hui près de 20 000 personnes dont un peu plus de 17 000 ayant le statut de réfugiés et plus de 3 000 demandeurs d’asile.  Havre de paix dans une zone tourmentée, Djibouti fait face également ces dernières années à la recrudescence des migrants économiques à destination des pays du golfe estimés à près de 100 000 et dont bon nombre n’ont eu la vie sauve qu’à l’intervention de nos garde-côtes qui se sont portés au secours des embarcations de fortune en perdition.  Entre mars 2015 et juillet 2016, Djibouti s’est retrouvée être l’une des seules voies d’évacuation des ressortissants étrangers et de sortie pour les personnes tentant de fuir les combats au Yémen, pays voisin, et a accueilli près de 36 000 personnes.

Mme ANAMARIA DIÉGUEZ, Vice-Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a souligné qu’il était nécessaire de parvenir à un consensus pour traiter de la question des déplacements massifs de migrants et réfugiés.  Il faudrait, a-t-elle estimé, traiter de manière distincte la question des migrants de celle des réfugiés.  Les migrants qui quittent le Guatemala pour une vie meilleure aux États-Unis ne le font pas parce qu’ils sont maltraités, a-t-elle fait remarquer.  Elle a précisé que le migrant choisit un autre chemin pour trouver de meilleures opportunités économiques tandis que le réfugié fuit souvent un danger.  « Un migrant apporte une valeur ajoutée à la société d’accueil », a-t-elle insisté.  

M. SHRI M. J. AKBAR, Ministre des affaires extérieures de l’Inde, a rappelé que près de 250 millions de personnes se sont déplacées en 2015, ce qui représente un habitant sur 13.  Aux pays qui ne souhaiteraient pas accueillir de réfugiés, il a rappelé qu’aucun réfugié ne souhaite le devenir par choix.  « Nous sommes tous des migrants d’une manière ou d’une autre », a tenu à rappeler le Ministre des affaires étrangères de l’Inde avant de préciser que l’Inde avait toujours été un pays de transit ou de destination.  Il a souligné qu’il était urgent de lutter contre le terrorisme partout dans le monde, tout en faisant observer que le terrorisme était devenu la cause principale de déplacement de population.

M. ABDOLREZA RAHMANI FAZLI, Ministre de l’intérieur de la République islamique d’Iran, a prôné une réponse coordonnée de la communauté internationale face aux déplacements massifs des populations.  Il a fait observer qu’en raison de sa position géographique, l’Iran accueillait un flux de réfugiés depuis trois décennies.  Le pays s’est abstenu de fermer ses frontières, acceptant ainsi toutes ces personnes en dépit d’un manque total d’appui international à cause des sanctions dont il est victime.  Le Ministre s’est ensuite félicité de la prise en charge dont bénéficient ces réfugiés, en notant que leur taux d’alphabétisation est ainsi passé de 6% à 67%.  Il a aussi indiqué que la République islamique d’Iran avait lancé un appel afin que la communauté internationale prenne des mesures pour organiser des rapatriements volontaires et la réintégration des migrants et réfugiés dans leur pays d’origine.

M. YEMANE GEBREAB, Conseiller politique principal du Président de l’Érythrée, a déclaré que la communauté internationale doit s’attaquer aux causes profondes des déplacements forcés de populations.  Dans cette perspective, il a appelé à instaurer un monde plus juste, et à mettre fin aux sanctions et pressions diverses injustifiées à l’encontre de pays tiers.  Il faut en outre se garder, a-t-il préconisé, d’exploiter la détresse des populations déplacées à des fins politiques.  Avant de conclure, M. Gebreab a plaidé pour une responsabilité partagée entre nations, dans l’optique de la protection des droits des migrants et autres réfugiés à travers le monde. 

M. ABELARDO MORENO FERNANDEZ, Ministre adjoint des affaires étrangères de Cuba, a estimé que les images choquantes de personnes désespérées traversant la mer Méditerranée pour gagner l’Europe étaient la conséquence directe d’actions délibérées de déstabilisation menées par l’OTAN au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ainsi que du sous-développement persistant des pays africains.  Pour lui, les principaux promoteurs de tels mouvements de populations doivent assumer leurs responsabilités pour la catastrophe humanitaire qu’ils ont provoquée.  Ceux qui ont échappé aux conflits et à la misère provoqués par d’autres ne peuvent être simplement parqués comme des animaux aux marges des pays « civilisés », ni considérés comme des criminels de fait ou des terroristes potentiels.

On ne freinera pas les flux massifs de réfugiés ou de migrants en les qualifiant de criminels ou en construisant de gigantesques murs, ni en mettant en place des barrières administratives, voire militaires.  Au contraire, les grandes puissances industrielles doivent renoncer à leurs intérêts hégémoniques et assumer leurs responsabilités au titre de la paix et de la sécurité internationales.  Il faut aussi modifier de manière importante un ordre économique international injuste.

Pourquoi le monde développé ferme-t-il les yeux sur la contribution substantielle des migrants à son niveau actuel de prospérité alors que ces derniers sont victimes de discriminations sociale, économique et culturelle? a demandé le Ministre adjoint.  Pour Cuba, la coopération internationale est essentielle et doit se manifester notamment par une responsabilité partagée des États dans le domaine de la migration, tout en respectant les principes d’égalité souveraine des États et les autres fondements de la Charte des Nations Unies, ainsi que l’intégrité, la dignité et le bien-être des migrants. 

Le Ministre adjoint des affaires étrangères a ensuite dénoncé des mesures qui vont à l’encontre de ce type de coopération, comme le Cuban Adjustment Act ou la politique des « pieds secs, pieds mouillés » des États-Unis, qu’il a présentés comme des programmes invitant directement au trafic d’êtres humains et à la migration irrégulière en provenance du territoire cubain.  La réunion de ce jour ne produira des effets tangibles que si des engagements sont pris pour traiter les causes des migrations et des flux de réfugiés, s’ils ne se limitent pas à des tentatives pour contrôler ces mouvements et si la solidarité et la coopération sont renforcées, a conclu le Ministre adjoint.

M. LUBOMÍR ZAORÁLEK, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a déclaré que la migration est souvent la conséquence de contraintes sur les migrants eux-mêmes et les pays d’origine des migrants.  Il a souligné qu’il était nécessaire de promouvoir un avenir meilleur dans le monde entier de façon à ce que chaque personne puisse vivre une vie décente dans son propre pays.   Il a insisté sur la responsabilité des pays d’origine de garantir la qualité de vie et la sécurité de ses citoyens.  Il a souligné les risques et les incidences négatives des infiltrations des flux de migrants par des extrémistes violents.  Les droits des pays de transit doivent être respectés, a insisté le Ministre tchèque des affaires étrangères, avant de préciser qu’il n’existait pas de réponse toute faite.  « Ce n’est qu’en travaillant ensemble, pays de destination et pays de transit, que nous arriverons à mieux répondre à cette question », a insisté M. Zaorálek.

M. IBRAHIM LA-JAAFARI, Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, a rappelé que son pays n’avait jamais fermé la porte à ses frères syriens qui ont fui le terrorisme en Syrie malgré les difficultés auxquelles est confronté l’Iraq.  Il a précisé que l’Iraq accueillait actuellement 250 000 réfugiés syriens.  Notant qu’aucun pays ne peut faire face au terrorisme seul, il a appelé la communauté internationale à se tenir aux côtés de l’Iraq pour lutter contre le terrorisme, ses causes et conséquences.  Il a notamment mis l’accent sur les programmes de réhabilitation des femmes et jeunes filles qui, a-t-il rappelé, ont été traitées de façon dégradante par l’État islamique.     

M. ANTONIO GARCIA REVILLA, Directeur au Ministère des affaires étrangères du Pérou, a souhaité que la question des déplacements massifs des populations occupe une place de choix dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a appelé au respect des droits des populations déplacées, en soulignant que cette question revêtait une importance majeure pour son gouvernement.  Il a aussi dit souhaiter que le Conseil de sécurité parvienne à des décisions consensuelles sur cette question d’ici à la fin de l’année.  

MGR PIETRO PAROLIN, Secrétaire d’État du Saint-Siège, a déclaré que seule une action commune permettra à la communauté internationale de faire face aux défis importants et complexes posés par les déplacements massifs de réfugiés et de migrants.  Pour y parvenir, Mgr Parolin a indiqué que le Saint-Siège préconisait le dialogue interfrontalier et la coopération entre les États, les organisations internationales et les agences humanitaires.  À cet égard, il a notamment insisté sur l’établissement de partenariats avec les organisations à caractère religieux et les communautés religieuses, qui sont souvent les premières à répondre sur le terrain à la crise des réfugiés et migrants.

Le représentant du Saint-Siège a également insisté sur la nécessité d’entreprendre des efforts multilatéraux pour résoudre les causes profondes des déplacements massifs et forcés de population à travers le monde, y compris les conflits, la violence, les violations des droits de l’homme, la dégradation de l’environnement, l’extrême pauvreté, le trafic d’armes, la corruption et les malversations financières.  Mgr Parolin a aussi appelé les États à s’engager à protéger les réfugiés et migrants contre la violence et les discriminations auxquelles ils font souvent face, notamment les plus vulnérables d’entre eux, ainsi qu’à leur fournir un accès à des soins de santé de qualité.  Le représentant du Saint-Siège a conclu son intervention en appelant à la solidarité internationale en faveur des réfugiés et migrants, appel que le pape François lui a confié le soin de relayer à l’occasion du présent Sommet.

M. THOMAS BACH, Président du Comité international olympique, a rappelé qu’aux derniers Jeux olympiques de Rio, pour la première fois, une délégation formée d’athlètes réfugiés avait participé à la compétition.  Leur participation avait permis d’envoyer le message selon lequel malgré leurs souffrances, ils peuvent participer à la vie sociale et enrichir la famille olympique, a-t-il indiqué. 

La flamme olympique est certes éteinte, mais les actions du CIO en faveur des réfugiés vont continuer, a promis son Président.  Il a souligné que le sport pouvait devenir l’élément qui élimine les barrières et facilite la cohésion sociale dans les pays accueillant des réfugiés.  Le CIO, a-t-il assuré, va mettre sur pied des sites sportifs sûrs pour les enfants réfugiés, afin que le « sport puisse véritablement contribuer à l’édification d’un monde meilleur ».

M. ANDREJ KISKA, Président de la République Slovaque, a souligné le devoir moral des pays prospères d’aider les migrants qui n’ont eu parfois que quelques heures pour quitter leur pays et sauver leur vie.  Le Président a insisté sur la nécessité de trouver les meilleures solutions et salué l’accord que viennent de signer les Nations Unies et l’Organisation internationale des migrations (OIM).  La Slovaquie, qui assume actuellement la présidence du Conseil de l’Union européenne, prône des politiques durables en matière de migration. 

M. MUHAMMADU BUHARI, Président de la République fédérale du Nigéria, a argué que la migration n’est pas un crime mais bien l’expression d’une liberté fondamentale consacrée par le droit international humanitaire.  Il a salué la détermination de la Jordanie, du Liban et de l’Allemagne à accueillir un grand nombre de migrants, tout en reconnaissant les risques.  Il a rappelé que l’insurrection de Boko Haram a entraîné le déplacement de 600 000 personnes rien qu’au Nigéria.

M. GJORGE IVANOV, Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a déclaré que les millions de migrants qui se massent aux frontières européennes est une situation qui exige une approche distinguant les aspects sécuritaires et socioéconomiques de la migration ainsi qu’un nouveau leadership.  Soulignant les tensions entre plusieurs pays européens à cause de l’afflux de migrants et le fait que l’Union européenne a besoin de pays stables dans les couloirs de migration, le Président a indiqué que son pays a créé une entité militaro-civile pour canaliser le flux des migrants et gérer leurs aller-retours.  La migration c’est comme les inondations, elle nécessite des digues pour contrôler les flux aux portes de l’Europe et trier migrants et terroristes.  « Nous sommes les garants de la sécurité européenne dans la région des Balkans », a-t-il estimé.  Notre message est qu’on a besoin d’aide pour sécuriser les couloirs à l’extérieur des frontières européennes.  Nous n’avons ni les capacités ni les ressources pour faire face à ce défi.  « Le courage européen est rare mais nous sommes prêts à relever le défi », a affirmé M. Ivanov.

M. MAHAMADOU ISSOUFOU, Président de la République du Niger, a souligné que son pays fait partie des théâtres des déplacements massifs de réfugiés et de migrants, à cause des crises libyenne et malienne et du terrorisme de Boko Haram.  Le Niger est aussi un pays de transit vers l’Europe comme en atteste le fait qu’environ 100 000 personnes ont traversé le pays en 2015.  Le Niger, comme d’autres pays, subit enfin les effets des changements climatiques avec des phénomènes extrêmes d’inondation et de sécheresse rendant vulnérables, chaque année, des centaines de milliers de personnes.  Face à ces défis, le Niger demande une mobilisation conséquente de la communauté internationale.  Nous souhaitons, a précisé le Président, un règlement rapide de la crise libyenne qui doit passer par le rassemblement et la réconciliation de tous les Libyens dans le cadre d’un Gouvernement d’Union nationale inclusif.  Le Niger souhaite aussi la stabilisation de la situation au Mali et pour ce faire, il juge indispensable le renforcement du mandat de la Mission des Nations Unies « car la situation n’est pas une situation classique » de maintien de la paix.  Pour revenir à la question de la migration, le Niger a proposé un plan d’action au Sommet Europe-Afrique de la Valette dont le financement lui permettra de contribuer à mettre fin au drame des migrants dans le Sahara.

M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud, a estimé qu’il faut partager équitablement la responsabilité de soulager le fardeau des réfugiés et des migrants.  Les personnes forcées à fuir doivent être traitées de la même manière qu’il s’agisse de déplacements massifs de réfugiés et de migrants ou de déplacements de petits groupes.  Il a rappelé que l’Afrique subsaharienne accueille un grand nombre de déplacés et que l’Afrique du Sud est le pays qui a reçu le plus grand nombre de demandeurs d’asile sur la continent africain.  En matière déplacements massifs de réfugiés et de migrants, il faut tirer les leçons de la crise libyenne, a conseillé le Président.

M. BORUT PAHOR, Président de la République de Slovénie, a souligné la nécessité de lutter contre les migrations clandestines et les réseaux criminels qui les exploitent.  Il faut aussi contrer les attentes et la fausse image que se font les migrants et les réfugiés des pays de destination.  Pays de transit, la Slovénie est confrontée à un flux sans précédent de migrants fuyant des conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  Depuis octobre 2015, la Slovénie a vu passer 500 000 migrants, soit 25% de sa population.

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, a dit que l’élément manquant dans cette crise de déplacements massifs de réfugiés et de migrants est la distinction nécessaire entre la migration économique et les réfugiés.  On ne peut pas apporter d’aide si on ne fait pas cette distinction.  La Pologne accueille plus d’un million de migrants économiques de l’Europe de l’Est.  Entretemps, près d’un million de Polonais ont quitté leur pays à la recherche d’une vie meilleure ailleurs.  Le Président a dénoncé l’exploitation de la question des migrations à laquelle se livrent certains politiciens, leur conseillant de plutôt lutter contre les stéréotypes attachés aux migrants économiques.  Pour ce faire, deux tâches nous attendent, a dit le Président, et d’abord éliminer les causes profondes des flux de population, rétablir le droit de chacun à la vie et mettre fin aux conflits à visée impérialiste.  Deuxièmement, il faut arriver à coopérer pour éliminer les causes sous-jacentes des déplacements massifs de réfugiés et de migrants.  La Pologne est disposée à participer à ces efforts.

M. BARON DIVAVESI WAQA, Président de Nauru, a dit que les défis des déplacements massifs de réfugiés et de migrants sont les conséquences de faits économiques délibérés et le résultat d’une croissance mal répartie.  Tous les dirigeants ont la responsabilité de protéger le bien-être de leur population.  Nauru, a affirmé le Président, est une oasis de paix qui a contribué à régler la question de la migration dans la région du Pacifique.  Nous avons accueilli des demandeurs d’asile dans le cadre de processus de gestion de la crise des réfugiés, mis en place un système d’identification neutre et un examen rapide des demandes d’asile.  Le but est de trouver les moyens de permettre aux migrants de s’installer durablement dans leur pays d’accueil.

M. MARCELO REBELO DE SOUSA, Président du Portugal, a estimé que l’on parle beaucoup d’accueil des réfugiés et des migrants sans mettre pourtant l’accent sur les moyens de les intégrer.  Il a mis en avant les efforts de son pays pour scolariser les enfants migrants et faciliter leur accès aux services sociaux de base.  Il a parlé d’un mécanisme permettant à des étudiants syriens d’accéder à l’université.  La Déclaration de New York, a-t-il dit, n’est pas un aboutissement mais le début d’un voyage qui est l’un des défis les plus complexes de notre époque.

Notant que 65 millions de personnes ont été déplacées de force en 2015, M. MACKY SALL, Président du Sénégal, a prévenu que seule une approche globale et concertée permettra de résoudre une question aussi complexe que les déplacements massifs de réfugiés et de migrants.  Nous devons faire en sorte que la situation des migrants dans leur pays d’accueil ne soit pas remise en cause par le phénomène conjoncturel des réfugiés, a insisté le Président.  Il a jugé prioritaire de travailler à des solutions durables aux flux migratoires clandestins et de lutter contre les réseaux criminels qui exploitent ces flux, en s’appuyant sur la résolution 2240 (2015) du Conseil de sécurité.  

DON FELIPE VI, Roi d’Espagne, a dit que ceux qui ont été obligés de fuir de chez eux doivent pouvoir compter sur notre solidarité.  Nous devons les aider, entre autres, à préparer leur retour dans leurs pays d’origine.  Dans ces pays, il faut contribuer à la consolidation de la démocratie et de l’état de droit et l’Espagne est prête à travailler à l’élaboration du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Le Roi d’Espagne a souligné les défis qui restent à relever sur les plans économique, culturel et religieux.  Après s’est vanté de l’expérience de son pays dans l’accueil des migrants et des réfugiés, il a voulu que les pays travaillent de concert contre la traite des êtres humains et offrent l’appui nécessaire aux pays d’origine et de transit.  Le concept de  responsabilité partagée est l’idée fondamentale pour résoudre cette crise de déplacements massifs de réfugiés et de migrants, a-t-il insisté.

M. ELADIO RAMÓN LOIZAGA LEZCANO, Ministre des affaires étrangères du Paraguay, a estimé que la crise actuelle est une crise humanitaire et politique.  Les migrants ont besoin de la protection des États et des Nations Unies, a dit le Ministre, en insistant sur les conventions internationales pertinentes et sur la situation particulière des d’enfants non accompagnés en Amérique latine.  Le Paraguay, a rappelé le Ministre, célèbre, cette année, les 80 ans de la migration japonaise dont les acteurs ont fait de la société paraguayenne une société plus diverse et plus ouverte.  Le Paraguay est favorable à une migration sûre et digne assortie de mesures de régularisation qui contribuent à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il faut rejeter le racisme, la xénophobie et l’intolérance, a conclu le Ministre.  

M. ANTONI MARTÍ PETIT, Premier Ministre d’Andorre, a estimé que la migration est un phénomène positif qui bénéficie aux pays de destination comme aux pays d’origine.  Andorre, qui a longtemps été une économie de montagne fondée sur l’autosuffisance, est devenue une société accueillant des milliers de migrants dont la contribution a été déterminante dans la croissance économique élevée que connaît le pays depuis 70 ans.  Le Premier Ministre a appelé à la lutte contre les réseaux criminels de la traite des êtres humains.   

M. PETRO POROSHENKO, Président de l’Ukraine, a rappelé que son pays est victime d’une agression armée qui a forcé plus d’un million d’Ukrainiens à fuir.  La Déclaration adoptée aujourd’hui, a-t-il dit, est source d’espoir pour des millions de réfugiés et de migrants parce qu’elle appelle à la mise en place d’un cadre de coordination des efforts internationaux pour organiser leur accueil.  Dans le contexte du conflit dont est victime son pays, le Président a appelé à un mécanisme international contraignant de responsabilité pour protéger les déplacés.

Écoutons le cri des migrants et des réfugiés, a encouragé M. ENELE SOSENE SOPOAGA, Premier Ministre de Tuvalu, en appelant à des solutions à long terme pour protéger leur dignité.  Rappelant que s’agissant de son pays, la migration est principalement causée par les effets des changements climatiques, il a voulu que les Nations Unies tendent leur main, sachant que le flux des migrants est une bonne chose pour autant qu’il soit géré correctement.  Il a tout de même appelé les migrants à respecter les lois des pays d’accueil et à éviter d’y imposer de nouvelles valeurs.  Le Premier Ministre a voulu que l’on tienne compte de la situation particulière des pays insulaires en développement et de leurs migrants.  Il faut prendre des mesures le plus rapidement possible car 22,5 millions de personnes fuient chaque année ou 62 000 chaque jour à cause de l’élévation du niveau de la mer. 

M. RIMBINK PATO, Ministre des affaires étrangères de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a indiqué que son pays compte des réfugiés et des migrants dont la majorité refuse d’être réinstallée dans le pays.  Depuis 2012, l’objectif principal est de lutter contre les trafics des migrants, dans un contexte où les conséquences des changements climatiques s’abattent sur le pays.  Le fait que ce phénomène entraînera le déplacement massif des personnes n’est pas « une abstraction », a-t-il averti.  Il a appelé à la ratification universelle de l’Accord de Paris sur le climat et annoncé que, cette semaine même, son pays déposera ses instruments de ratification.  Il a aussi insisté sur l’attachement de son pays à la Déclaration adoptée aujourd’hui, compte tenu ses problèmes de ressources.  Il n’a pas oublié de rappeler les pays d’origine à leur responsabilité et de souligner la nécessité d’améliorer les données sur la migration pour des politiques plus affinées. 

M. ROBERT MUGABE, Président du Zimbabwe, a salué l’adoption de la Déclaration de New York et le fait qu’elle souligne la nécessité de s’attaquer aux causes profondes des flux migratoires actuels.  Même s’il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau, la magnitude de ces flux, en fait un phénomène sans précédent, a souligné M. Mugabe qui y voit pourtant une opportunité pour forger des stratégies durables bien plus efficaces qu’auparavant.  Constatant que la plupart des réfugiés qui ont « atterri sur les côtes européennes » sont originaires de pays aux prises avec des conflits armés comme la Syrie, l’Iraq, l’Afghanistan ou la Libye, il a appelé à un retour à la Charte des Nations Unies pour favoriser le règlement pacifique des conflits, regrettant que trop souvent les États Membres optent trop vite pour la force avant d’épuiser tous les outils pacifiques, ce qu’il a imputé en large partie aux « intérêts nationaux étroits de certaines puissances mondiales ».  M. Mugabe est également revenu sur la contribution positive des migrants à la croissance inclusive et au développement, un point repris dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a averti des risques de xénophobie et de préjugés à des fins politiques.  La lutte contre ce phénomène relève de la responsabilité collective, a-t-il souligné. 

MOHAMMED BIN NAIF BIN ABDULAZIZ AL SAUD, Prince héritier de l’Arabie saoudite, a expliqué que son pays est le troisième donateur d’aide humanitaire et au développement au monde.  L’Arabie saoudite a été le principal pourvoyeur d’aide au peuple syrien depuis le début de la crise.  À ce jour, le pays offre une éducation gratuite à 145 000 écoliers et étudiants syriens.  Les mêmes efforts sont faits en faveur des réfugiés yéménites.

CHEIKH MOHAMMED BIN ABDULRAHMAN BIN JASSIM AL-THANI, Ministre des affaires étrangères du Qatar, a appelé à des solutions politiques urgentes aux conflits et aux crises humanitaires qui en découlent.  Il s’est inquiété des menaces qui pèsent sur un pays avec l’accueil des réfugiés.  La région vit des problèmes de réfugiés depuis des décennies avec l’expérience du peuple palestinien, a rappelé le Ministre, avant d’exhorter la communauté internationale à trouver une solution juste et durable à la question palestinienne.  Entre 2012 et 2015, a-t-il souligné, 600 000 enfants réfugiés ont reçu une aide du Qatar, a souligné le Ministre qui a appelé à extirper les racines de la crise des réfugiés.

M. JUAN CARLOS VARELA RODRÍGUEZ, Président du Panama, a dit que son pays n’échappe en rien à la crise des déplacements massifs de réfugiés et de migrants, plus de 30 000 migrants passant chaque année les frontières pour aller vers les pays du nord.  On ne peut pas arrêter les migrations mais on peut en améliorer la gestion, a argué le Président pour qui les flux irréguliers de migrants ont deux facettes: la facette humanitaire et les trafics.  Il faut aider les clandestins et trouver les raisons qui les poussent à quitter leur pays.  Une coordination est nécessaire, s’agissant en particulier du partage des informations sur la migration.  Le Président a salué la nouvelle dimension des relations entre Cuba et les États-Unis qui devrait déboucher sur une nouvelle donne, entre autres, la migration.

M. PERRY GLADSTONE CHRISTIE, Premier Ministre des Bahamas, a noté que la migration régulière a fait une contribution « inestimable » à son pays.  Avec une population de 600 000 âmes, nous continuons de recevoir des migrants des pays de la région notamment de Cuba et d’Haïti, s’est-il félicité, soulignant que la politique est de protéger les intérêts nationaux et le bien-être social de la population dans le respect des droits des migrants.  Le Premier Ministre a appelé à la lutte contre la traite des personnes et le trafic des migrants.

Mme SHEIKH HASINA, Premier Ministre du Bangladesh, a affirmé que le respect et la confiance mutuels, la responsabilité partagée et l’inclusion étaient des principes indispensables pour appréhender de manière globale le problème des migrations massives.  Elle a ajouté que les droits des migrants devaient être garantis dans toutes les situations et ce quel que soit leur statut juridique.  Mme Hasina a estimé que la mobilité humaine doit être perçue plus positivement, son pays ayant proposé la création d’un pacte mondial sur la migration en vue, notamment, d’améliorer la gestion des déplacements de réfugiés et de migrants.  Selon elle, ce pacte doit faire partie du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et être à la fois ambitieux et réalisable.  Après avoir insisté sur l’importance de dépasser les discours politiques axés exclusivement sur l’identité des peuples, Mme Hasina a réitéré sa volonté de mettre au point un pacte mondial qui tiendrait compte des besoins de protection des futurs déplacés climatiques, qui se compteront bientôt par millions. 

M. MUHAMMAD NAWAZ SHARIF, Premier Ministre du Pakistan, a souligné que ce sont les pays en développement, dont le Pakistan, qui accueillent le plus de réfugiés et de migrants.  Dans ce contexte, il s’est félicité de l’adoption aujourd’hui de la Déclaration de New York qui vise un partage plus équitable du fardeau.  Le Pakistan a été l’hôte « généreux » de millions de réfugiés au cours des dernières décennies et abrite actuellement 2,5 millions de réfugiés afghans.

M. CHRISTIAN KERN, Chancelier de l’Autriche, a appelé au respect des droits de l’homme et les traités internationaux sur les réfugiés et les migrants.  Il a jugé urgent de lutter contre les trafiquants et les réseaux criminels et a indiqué que son pays organisera le 24 septembre 2016, à Vienne, un sommet régional sur la coordination entre pays des Balkans.  « Il faut lutter contre toutes les causes de déplacements massifs de réfugiés et de migrants qu’il s’agisse des changements climatiques, de l’absence d’opportunités, des inégalités économiques et de toutes les sources de conflits » a insisté le Chancelier autrichien.

Mme ERNA SOLBERG, Premier Ministre de la Norvège, a dit que la migration doit être volontaire et non forcée.  Pour sa part, la Norvège a augmenté son budget d’aide aux réfugiés de plus de 25% cette année et appelle à une distinction claire entre réfugiés et migrants économiques.  La Norvège appelle aussi à une plus grande coopération pour répondre à la situation des personnes qui ne peuvent pas bénéficier du droit d’asile.  Le Premier Ministre a reconnu l’importance de l’aide publique au développement (APD) pour atteindre les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La Norvège a d’ailleurs augmenté de 70% son aide mondiale au secteur de l’éducation, laquelle se chiffre en 2016 à 425 millions de dollars.  La Norvège appelle les partenaires internationaux à la coopération « car on ne résout pas les problèmes en construisant des murs ».

M. STEFAN LÖFVEN, Premier Ministre de la Suède, a rappelé que beaucoup de Suédois ont émigré aux États-Unis au XIXe siècle dont un cinquième est rentré au pays.  Le Premier Ministre a appelé à la lutte contre les migrations forcées.  Il a insisté sur une croissance inclusive et une paix durable.  Face au flux des réfugiés et des migrants, il a estimé que la capacité de réaction de l’Union européenne doit être améliorée, entre autres, par la mise en place d’un mécanisme d’alerte rapide. 

M. ALEXANDER DE CROO, Vice-Premier Ministre de la Belgique, a insisté sur la responsabilité partagée de tous les États, des pays d’origine, de transit et de destination, d’organiser un meilleur accueil des réfugiés et des migrants.  Il a insisté sur la solidarité internationale pour mettre fin aux conflits violents qui poussent les gens à fuir massivement.  Il a particulièrement insisté sur la responsabilité première des États de tout mettre en œuvre pour que leurs citoyens ne soient pas contraints de migrer.  Il a indiqué que la Belgique consacrera en 2016, 92 millions d’euros à l’accueil des réfugiés, dont 65 millions seront consacrés spécifiquement aux réfugiés syriens. 

M. DON PRAMUDWINAI, Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a appelé à une réponse coordonnée et ordonnée aux déplacements massifs de réfugiés et de migrants et concomitamment à une démarche visant à s’attaquer aux facteurs et causes de ces déplacements massifs.  

M. MALCOLM TURNBELL, Premier Ministre de l’Australie, a parlé de son pays comme d’une « nation d’immigration » fondée sur l’engagement commun et les valeurs partagées de la démocratie, de la liberté et de l’état de droit, comme en atteste sa politique migratoire.  L’Australie accueille chaque année 190 000 migrants, a souligné le Premier Ministre.  « La diversité est un investissement dans la lutte contre la marginalisation et l’extrémisme » a-t-il poursuivi, arguant que cette diversité aide la communauté à s’unir face à l’extrémisme.  Si le Premier Ministre a reconnu l’importance qu’il y a à sécuriser les frontières pour faire face aux flux migratoires clandestins, il a néanmoins appelé à davantage de mesures contre le trafic des migrants.  Une coopération internationale forte s’impose, selon lui, pour faciliter des flux migratoires réguliers et sûrs, mais surtout pour faire en sorte que les migrants puissent rentrer chez eux en toute sécurité. 

Le Premier Ministre a également appelé à « soutenir au lieu de dupliquer » le travail de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et du Haut- Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).  L’Australie, qui encourage les efforts régionaux, est coprésidente du Processus de Bali, lequel contribue à renforcer la coopération entre ses 45 membres dans la protection des migrants et des réfugiés et la lutte contre les passeurs et la traite des personnes.  L’Australie salue l’élan actuel, tant au niveau des Nations Unies que de la communauté internationale, pour faire en sorte qu’il y ait un meilleur partage des responsabilités, a conclu le Premier Ministre.  « Tous les pays doivent jouer leur rôle » et l’Australie est prête à assumer le sien.

M. PERFECTO RIVAS YASAY, Secrétaire d’État aux affaires étrangères des Philippines, a salué l’adoption de la Déclaration et souligné qu’avec près de 10 millions de Philippins travaillant à l’étranger, son pays accorde un intérêt particulier à la question du bien-être et de la sécurité de ses ressortissants à l’étranger.  Il a insisté sur la notion de contribution positive des migrants à la croissance inclusive et au développement durable à la fois pour les pays d’origine, de transit et de destination.  Pour M. Yasay, ce Sommet marque un moment important dans la lutte contre la perception négative des migrants et pour le rôle positif des migrants dans le développement durable.  Ce Sommet représente avant tout un jalon pour renforcer le cadre de gouvernance des flux migratoires dans le monde.  Les Philippines invitent les États à commencer sans plus tarder le processus de négociations du pacte mondial sur les migrations sûres, ordonnées et régulières.

Mme TERESA MAY, Première Ministre du Royaume-Uni, a dit que la communauté internationale doit agir à l’unisson pour faire face aux défis actuels.  Elle a rappelé que le Royaume-Uni reste le deuxième donateur mondial de l’aide aux réfugiés et aux migrants.  « Nous sauvons des millions de vies chaque année », s’est félicitée Mme May qui a ajouté qu’il faut une solution politique plus efficace face à la crise actuelle et des efforts plus soutenus pour mettre un terme aux conflits.  La crise, a-t-elle estimé, est exacerbée par les migrations économiques et les migrations non contrôlées qui ne sont ni dans l’intérêt des migrants ni dans celui des pays d’accueil et de transit.  Elle a proposé trois solutions et d’abord que les réfugiés ne fassent pas de demande d’asile dans le premier pays dans lequel ils arrivent.  Il faut ensuite faire la distinction entre réfugiés et migrants économiques et enfin obtenir de tous les pays qu’ils contrôlent mieux leurs frontières pour réduire les flux clandestins de migration.

M. ABDRABUH MANSOUR HADI MANSOUR, Président du Yémen, a dit que son pays était le seul de la région à avoir signé la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et son Protocole de 1967.  Aujourd’hui, le Yémen accueille environ un million de réfugiés et de demandeurs d’asile: plus de 14 000 personnes sont arrivées de Somalie et d’Éthiopie ces derniers mois.  Les déplacements massifs de réfugiés et de migrants, a prévenu le Président, ne peuvent être résolus sans traiter de leurs causes profondes.  Il a prôné une meilleure coordination des efforts internationaux et le partage des responsabilités notamment les défis économiques et sociaux.  Comment peut-on attendre du Yémen qu’il gère à la fois un coup d’État, les attaques des milices houties et le flux de réfugiés qui arrivent en masse depuis la Corne de l’Afrique?, s’est impatienté le Président.  Il a dénoncé le fait que les réfugiés soient parfois recrutés comme mercenaires, affirmant que plusieurs enfants somaliens ont été arrêtés pour avoir participé au conflit.  Le Président a appelé la communauté internationale à être solidaire du Yémen qui compte désormais trois millions de déplacées à cause « des attaques terroristes ».

La Turquie est au carrefour de la migration clandestine, a affirmé M. MEVLÜT ÇAVUŞOĞLU, Ministre turc des affaires étrangères.  Avec plus de trois millions de personnes, la Turquie accueille la plus large population de réfugiés au monde, tout en continuant de lutter contre le trafic des migrants.  Le pays a d’ailleurs réussi, ces six derniers mois, à faire baisser de 95% la migration clandestine dans la Mer Egée mais ses efforts unilatéraux ne suffiront pas à régler ce problème mondial.  Il faut, a dit le Ministre, une meilleure stratégie contre la migration clandestine et il la faut maintenant.  Le Ministre a proposé une stratégie en trois volets consistant d’abord à traiter les causes des déplacements, « ce qui n’est pas une option mais une obligation ».  Il faut trouver une solution politique au conflit syrien et savoir que si l’on ne résout pas les problèmes structurels des pays les moins avancés (PMA), les gens continueront de chercher une meilleure vie ailleurs.  Le deuxième volet consiste à apporter l’appui nécessaire aux pays de transit, en particulier les pays voisins d’une zone de conflit et, à cet égard, l’aide financière à la réinstallation est fondamentale. 

À ce propos, a souligné le Ministre, la Turquie a dépensé plus de 12 milliards de dollars pour les réfugiés syriens alors que la contribution de la communauté internationale a stagné à 512 millions.  « Nous continuerons à faire ce que nous pouvons mais, avouons-le, la situation actuelle n’est pas juste. »  Le troisième volet est de stopper la rhétorique négative comme la xénophobie, le racisme ou l’islamophobie au risque de voir l’extrémisme s’aggraver et alimenter le terrorisme.  Les politiciens occidentaux doivent faire preuve de la plus grande prudence, a conseillé le Ministre.

M. HILLARY ONEK, Ministre des secours et de la préparation en cas de catastrophes, a dit l’importance des partenariats solides aux niveaux régional et national pour mieux gérer les flux de réfugiés.  Nous devons passer des solutions humanitaires à d’autres solutions plus adaptées des conflits prolongés.  L’Ouganda, a promis le Président, continuera à accueillir des réfugiés en s’appuyant sur un système d’enregistrement précis et des aides à leur autonomisation.

M. PRAKASH SHARAN MAHAT, Ministre des affaires étrangères du Népal, a rappelé le caractère multidimensionnel du phénomène migratoire qui doit être sûr, ordonné et respectueux des droits de l’homme.  Des réponses humanitaires appropriées doivent être apportées à ces populations qui contribuent de manière significative à la croissance des pays d’accueil comme des pays d’origine, grâce aux fonds envoyés par les migrants.  Le Ministre a insisté sur la situation des pays en développement, qui prennent en charge de très nombreux réfugiés, alors qu’ils sont confrontés au manque de ressources et de capacités.  C’est le cas du Népal, a souligné le chef de sa diplomatie, qui a réaffirmé le droit des réfugiés à rentrer chez eux s’ils le souhaitent.  Il s’est dit impatient de voir la mise en œuvre de la Déclaration adoptée aujourd’hui.

Qualifiant la crise des migrants de « crise des responsabilités et des valeurs », M. YUN BYUNG-SE, Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a rappelé que les déplacements forcés de populations sont liés à des facteurs divers, qui vont des conflits à la pauvreté, en passant par la violence et le terrorisme.  Dans ce contexte, seule une approche globale et holistique peut permettre de répondre à la crise actuelle, a-t-il affirmé.  À court terme, la communauté internationale doit renforcer la protection et l’assistance humanitaire auprès des gens qui ont en besoin, indépendamment de leur statut.  Pour sa part, la République de Corée, « première nation d’Asie à mettre en œuvre le Pacte des réfugiés », a continué d’améliorer le processus de détermination du statut et le traitement réservé aux demandeurs d’asile.  Le pays estime qu’il faut mener de front la coopération au développement et l’assistance humanitaire.  Aussi les autorités coréennes ont-t-elles multiplié par 10 fois l’assistance financière réservée aux réfugiés au cours des cinq dernières années.  Enfin, a fait valoir le chef de la diplomatie coréenne, au travers de l’initiative « Une vie meilleure pour les filles », son pays a mis un accent particulier sur l’autonomisation des femmes migrantes.

Mme SIMONETTA SOMMARUGA, Chef du Département fédéral de la justice et de la police de la Suisse, a déclaré que son pays mettait l’accent sur la protection des réfugiés les plus vulnérables, y compris la protection économique et sociale des personnes déplacées « cela en tenant compte également des besoins du pays d’accueil ».  Elle a par ailleurs souligné que l’histoire montre qu’il existe deux manières de réagir à des situations de crise d’une ampleur mondiale, le repli sur les préoccupations strictement nationales ou la prise de décisions courageuses et innovantes qui font avancer la cause de la diplomatie multilatérale.  La Convention de Genève a vu le jour au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il faut s’en souvenir, a-t-elle encore indiqué.  Pour Mme Sommaruga, le seul combat à mener est celui de la dignité humaine.

M. VLADIMIR MAKEI, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a souligné l’importance de respecter « à la lettre » les principes de la Charte de l’ONU dans le cadre de la gestion « difficile » des déplacements massifs de réfugiés et de migrants.  Il revient aux pays d’accueil d’assurer la protection juridique des réfugiés, qui souvent sont les personnes les plus vulnérables socialement, « les plus exposées à la criminalité transnationale organisée et à la vindicte xénophobe des populations locales ».  M. Makei a toutefois noté que les intérêts des pays d’accueil doivent être pris en compte au cours de la crise, y compris pour permettre aux migrants de contribuer à la croissance économique de ces pays.  Il a également rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 invite la communauté internationale à miser de manière coordonnée sur l’apport des migrants réguliers pris en charge de façon responsable.  L’aide humanitaire doit être corrélée au financement du développement durable, a-t-il encore dit.  Il a conclu en se disant confiant dans la capacité de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) de permettre la meilleure exécution possible des mesures que nous nous apprêtons à prendre au titre de la Déclaration finale.

Mme MARIE LOUISE POTTER (Seychelles) a demandé une solution juste et durable aux problèmes rencontrés par les réfugiés et les migrants et en particulier le respect de leurs droits « ce qui est la seule manière de les protéger de l’exploitation et de la traite des êtres humains ».  Il faut en outre que les flux migratoires se fassent en fonction de la capacité d’accueil des pays de destination, ce qui suppose des flux contrôlés et sûrs, a-t-elle poursuivi.  Pour cela, la communauté internationale doit s’attaquer aux causes profondes des déplacements massifs, notamment les conflits armés et les catastrophes naturelles, et veiller au strict respect du droit humanitaire international, ce qui va dans le même sens.

M. PENDUKENI IIVULA-ITHANA, Ministre de l’intérieur et de l’immigration de la Namibie, a expliqué que son pays accueille 3 388 réfugiés, la plupart ayant fui des conflits dans la région.  Le Gouvernement fournit à ces populations et aux demandeurs du droit d’asile un refuge sûr, une éducation, ainsi que des soins médicaux, a-t-il expliqué.  Il ne s’agit toutefois pas d’une activité tenable sur le long terme pour la Namibie, a dit le Ministre qui a demandé à la communauté internationale de se pencher d’urgence sur les causes profondes des déplacements massifs.  L’État namibien vient, pour sa part, de lancer le premier « profil de migration » dans le pays en juin 2016, ce qui lui a permis d’éclairer la manière dont les migrants contribuent à la croissance économique et au développement du pays, en facilitant leur entrée sur le marché du travail à des postes où le pays manque cruellement de personnel qualifié.  « Ceci nous a donné la possibilité de diriger des migrants vers des secteurs d’activité économique, tout en formant le personnel local dans les domaines où sévit le chômage », a ajouté M. Iivula-Ithana.

M. FIRUDIN NABIYEV, Directeur du Service de la migration de l’Azerbaïdjan, a d’abord souhaité que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 réduise au moins de 50% les déplacements forcés dans les délais impartis.  Il a souligné que son pays fait face à un grand problème de déplacement interne en raison de l’occupation arménienne.  L’Azerbaïdjan, qui a une population totale de 9,7 millions d’habitants, est un des pays qui porte le plus lourd fardeau au monde en matière de déplacements.  Il a regretté que l’Arménie ait profité de la crise actuelle de migrants et de réfugiés pour installer des Arméniens de la Syrie dans les territoires occupés d’Azerbaïdjan.  C’est une violation de la Quatrième Convention de Genève et de ses protocoles facultatifs, a dénoncé M. Nabiyev qui a conclu en faisant le bilan des mesures mises en œuvre par son gouvernement pour les déplacés.  Durant les 20 dernières années, près de 6 milliards de dollars ont été dépensés pour résoudre les problèmes sociaux de ces déplacés.

M. SALAHUDDIN RABBANI, Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan, a estimé que le moment est venu d’apporter une réponse internationale au phénomène mondial des déplacements massifs de réfugiés et de migrants.  Pour avoir connu des conflits armés depuis plus de 20 ans, son pays est devenu un pays d’origine de réfugiés, a rappelé le Ministre qui a remercié les pays voisins pour l’accueil qu’ils leur ont offert.  Depuis quelques années, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a joué un rôle déterminant pour aider les réfugiés afghans.  Néanmoins, nombre d’entre eux continuent à se heurter à des conditions humanitaires et sécuritaires difficiles.  Le Ministre a saisi cette occasion pour lancer un appel à la communauté internationale pour qu’elle veille au respect et à l’égalité des droits des réfugiés et leur protection.

L’Afghanistan, a-t-il dit, travaille avec les pays de la région pour trouver une solution durable à la question des réfugiés afghans et favoriser leur réinstallation et/ou leur retour.  Pour le Ministre, il faut également combattre les discours de haine et la xénophobie, et, à cet égard, il a salué la campagne mondiale lancée par le Secrétaire général.  « Nous aspirons tous à vivre dans la paix et la prospérité et à assurer un avenir meilleur à nos enfants et aux générations à venir, indépendamment de nos pays d’origine ou de notre religion » a fait valoir M. Rabbani.

Mme SUSANA MALCORRA, Ministre argentine des affaires étrangères, a appelé à des mesures concrètes pour mettre un terme à la crise migratoire actuelle, « la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale ».  Passer à l’action est le meilleur moyen de surmonter l’indifférence, a-t-elle dit, arguant que la migration fait partie de « l’ADN sociale » de l’Argentine qui est dotée d’une société diverse s’enrichissant depuis toujours de l’intégration sans heurts de millions d’étrangers.  Sans solidarité ni tolérance, la coexistence pacifique n’est pas possible, a prévenu Mme Malcorra qui a appelé à « conjuguer nos efforts et à prendre des engagements forts ».  Dans ce cadre, elle a mentionné le programme de visas humanitaires mis en place par l’Argentine « pour accueillir celles et ceux qui fuient la guerre en Syrie ».  Grâce à ce programme, l’Argentine octroie aux migrants et aux réfugiés les mêmes droits civiques que les Argentins, a-t-elle expliqué, soulignant l’ambition de son pays de contribuer activement à un développement durable « inclusif et pluriel ».

M. ABDSUSALAM HADLIYEH OMER, Ministre des affaires étrangères de la Somalie, a remercié les autorités kenyanes d’avoir commencé à accueillir, il y a près de 20 ans, un nombre considérable de réfugiés somaliens.  Il a voulu que l’on s’attaque aux causes profondes des déplacements massifs de réfugiés et de migrants et que l’on entende le récit de ces derniers pour mieux comprendre le voyage périlleux dans lequel ils se sont embarqués.  La guerre, la sécheresse et la famine se sont abattues sur la Somalie, qui aujourd’hui parvient à convaincre des réfugiés de revenir, a-t-il affirmé.  M. Omer a souligné l’importance d’accélérer  la mise en œuvre de l’Accord tripartite liant la Somalie, le Kenya et le HCR destiné à accompagner la réinstallation progressive et volontaire d’environ 200 000 réfugiés somaliens.

M. JOHN KERRY, Secrétaire d’État des États-Unis, s’est dit convaincu de la nécessité de déployer davantage d’efforts pour venir en aide aux personnes qui fuient les conflits et les catastrophes.  Il a expliqué que la réunion, que son pays organise demain, a pour objectif de renforcer la Déclaration adoptée aujourd’hui.  Rappelant que 65 millions de personnes ont été contraintes de fuir, il a estimé qu’il y va de l’intérêt de tous de faire en sorte qu’elles puissent trouver un nouveau pays et bénéficier de l’aide humanitaire nécessaire.  À cet égard, il a insisté sur la nécessité de mettre en place des couloirs de sortie.  Affirmant qu’il s’agit là d’une responsabilité « qui nous incombe à tous », il a invité les États Membres à mettre en œuvre des politiques pour gérer les déplacements massifs de population, en étroite collaboration avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et dans le respect des normes fixées.  M. Kerry a également mis l’accent sur le fait que les agents humanitaires devraient pouvoir apporter l’aide sans entrave.

Les États-Unis, a-t-il dit, applaudissent la décision prise cette année d’associer l’OIM aux efforts de l’ONU.  Il a lancé un appel à la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général chargé des questions relatives aux réfugiés.  Avant de conclure, M. Kerry a expliqué qu’à la réunion prévue demain, le Président Obama va souligner l’écart entre les fonds nécessaires et les fonds disponibles pour l’aide humanitaire, soulignant que les États-Unis sont le plus grand donateur actuel.  Mon pays est disposé à travailler avec tous les pays pour venir en aide aux réfugiés dans le monde, a affirmé le Secrétaire d’État.

M. ALBERT KOENDERS, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a remarqué que l’équivalent de quatre fois la population de son pays est aujourd’hui réfugiée et qu’il est urgent de remédier à ce problème.  Pour lui, tous les pays ont la responsabilité partagée d’éliminer les raisons qui poussent ces personnes « à tout laisser derrière elles ».  Pour cela, il a cité quatre priorités à savoir qu’il faut tenir compte des causes des déplacements forcés; que les enfants et les personnes les plus vulnérables méritent une attention particulière; qu’une réaction mondiale nécessite une action effective de la part des Nations Unies et de chacun de ses États Membres; et qu’il faut pouvoir arriver à des flux migratoires ordonnés et sûrs.  Les Pays-Bas estiment que la Déclaration adoptée aujourd’hui est une bonne base pour une action collective; toutefois, il faut souligner que les pays d’accueil sont les premiers responsables de l’intégration réussie de leurs réfugiés.  La responsabilité étant partagée et immédiate, les Pays-Bas n’attendront pas la signature des deux pactes en 2018 pour agir, a promis le Ministre en lançant un appel pour que l’on divise par trois, d’ici à 2030, le nombre des réfugiés actuel, soit 65 millions.

M. IVICA DAČIĆ, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a fait observer que neuf mois après avoir pris la décision d’organiser ce Sommet, la situation s’est aggravée et est devenue encore plus compliquée à gérer.  Se référant au rapport du Secrétaire général, il a relevé qu’environ 50 000 personnes avaient perdu la vie dans la recherche d’une existence meilleure ailleurs.  Selon lui, la communauté internationale n’a pas réussi à résoudre les problèmes posés par les déplacements massifs de réfugiés et de migrants car elle ne s’attaque pas assez aux causes profondes de la crise.  Il a également souligné la nécessité de mettre fin aux conflits qui débouchent sur des catastrophes humanitaires, comme le conflit syrien.

Pour M. Dačić, la montée de la xénophobie, du racisme et de l’intolérance, ainsi que le manque de ressources pour le règlement de la crise des migrants sont inacceptables « dans un monde qui n’a jamais été aussi riche ».  Il a indiqué qu’au cours de l’année et demie écoulée, plus de 700 000 réfugiés et migrants avaient transité par son pays, assurant que, face à cette situation, la Serbie s’était montrée accueillante et solidaire.  M. Dačić a expliqué que la Serbie accueille sur son sol 250 000 réfugiés et déplacés, soit le nombre le plus important en Europe.  Revenant sur les conséquences de la guerre en ex-Yougoslavie, il a déploré, qu’à ce jour, seuls 4 000 des centaines de milliers de personnes expulsées, il y a près de 20 ans, du Kosovo, aient regagné leur foyer.

Le Premier Ministre serbe a assuré que la Serbie et ses voisins ont pris des mesures pour lutter contre l’immigration clandestine le long de la route des Balkans et pour mettre fin aux activités des passeurs.  C’est en tenant compte de la vulnérabilité des personnes que nous avons renforcé les contrôles aux frontières et orienté le flux de réfugiés et de migrants vers les points de passage légaux, a-t-il encore déclaré.

M. EDGAR CHAGWA LUNGU, Président de la Zambie, a rappelé que son pays accueille depuis longtemps, « depuis au moins l’indépendance en 1966 », des réfugiés des pays voisins comme de ceux de la Corne de l’Afrique.  La Zambie a accueilli des centaines de milliers de Sud-Africains et d’Angolais au plus fort des conflits que subissaient ces pays.  La Zambie croit en la coexistence pacifique des anciens réfugiés jouissant de droits équivalents aux citoyens zambiens, a-t-il affirmé.  Il a assuré que son pays continuerait à conduire une politique d’ouverture en faveur des réfugiés, basée sur l’accès à l’emploi et à l’éducation.  M. Lungu a en outre indiqué que la Zambie, en coopération avec le HCR, a lancé une étude sur « l’économie des réfugiés », étude sur la base de laquelle seront élaborées les futures politiques d’intégration du pays.  Il faut changer la perception du réfugié qui n’est pas un fardeau, a-t-il conclu, soulignant la contribution positive que le réfugié peut apporter au développement du pays où il a « librement choisi de vivre ».

M. RODOLFO NIN NOVOA, Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a invité les États Membres à prendre des engagements communs dans le respect du principe de solidarité internationale.  Il a ajouté que, pendant des décennies, son pays a accueilli des millions de personnes d’horizons divers et variés.  Nous constatons une augmentation du nombre de personnes désireuses de s’installer dans notre pays pour y vivre une vie meilleure, a-t-il encore noté.  M. Novoa a expliqué que l’Uruguay a mis en place un cadre législatif fondé sur la reconnaissance et le respect des droits fondamentaux des réfugiés et des migrants et que la politique migratoire de son pays repose sur l’accès à l’emploi.  Égalité de traitement et de droits entre réfugiés et ressortissants uruguayens, intégration socioculturelle, égalité entre hommes et femmes et protection des migrants vulnérables sont quelques-uns des piliers de notre politique, a-t-il énuméré.  M. Novoa a insisté sur l’importance du plein respect du principe de non-refoulement pour que les migrants puissent s’épanouir et participer au développement et à la croissance économique du pays d’accueil.  « Il faut en finir avec l’apatridie sur la base des conventions pertinentes », a-t-il conclu.

M. LAZAR COMANESCU, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, s’est félicité de l’adoption de la Déclaration de New York et de l’accord qui fait officiellement entrer l’Organisation internationale pour les migrations (OMI) dans la famille des Nations Unies.  Pour sa délégation, il est nécessaire de changer le récit des migrations en mettant fin aux stéréotypes et en s’unissant autour d’un ensemble de valeurs communes pour s’ajuster à des sociétés multiethniques et culturelles en perpétuelle évolution.  Le Ministre s’est déclaré favorable à une approche holistique et globale qui prendrait en compte les conséquences et les causes profondes du phénomène.  M. Comanescu a déclaré que son pays continuerait à faire partie de la réponse européenne, en privilégiant des solutions combinant les instruments humanitaires, économiques et de développement, ainsi qu’un dialogue politique et des partenariats.  La Roumanie poursuivra sa participation à l’assistance aux frontières, ainsi que ses opérations de sauvetage en mer Méditerranée, a conclu le Ministre.

M. HAMAD ELGIZOULI, Commission du Soudan pour les réfugiés, a réitéré la volonté de son pays de coopérer avec la communauté internationale pour assurer le succès et la mise en œuvre de la Déclaration adoptée aujourd’hui.  Par sa situation géographique, le Soudan ne cesse d’accueillir des réfugiés au nombre de 2 millions aujourd’hui, a expliqué le Ministre ajoutant que la mobilité humaine et les problèmes de la traite et du trafic illicite de personnes sont à l’origine de la mise en place d’une nouvelle loi sur les migrations et de l’amendement de la loi sur les visas.  Le Processus de Khartoum suivi de la Conférence de Rome de 2014 s’inscrivent dans les efforts du Soudan mais les recommandations de ces deux conférences n’ont pas encore été mises en œuvre faute de moyens, a regretté le représentant qui a lancé un appel à l’aide à la communauté internationale.

Insistant sur la notion de responsabilité partagée, il a souligné que les situations humanitaires exigent des pays donateurs qu’ils contribuent à soulager les personnes déplacées.  Il a insisté sur la nécessité de garder les frontières ouvertes et de mettre un terme au statut de réfugié de longue durée.  Invoquant l’exemple du Tchad avec ses 230 000 réfugiés, il a indiqué que son pays s’apprête à signer un accord tripartite pour assurer leur retour.  

M. BUSHATI, Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, a indiqué que son pays continue de faire face aux difficultés liées à l’accueil de réfugiés depuis 30 ans, rappelant les déplacements qui ont résulté du conflit avec l’Azerbaïdjan.  Il faut, a-t-il dit, trouver des solutions politiques durables et veiller à un accès sans entrave de l’aide humanitaire dans toutes les régions du monde.  Préoccupé par la situation au Moyen-Orient qui n’a pas épargné les Arméniens qui avaient trouvé refuge dans de nombreux pays arabes après le génocide, le Ministre a expliqué que son pays accueille actuellement des réfugiés syriens et facilite les procédures de naturalisation.  Toutefois aucun pays ne peut faire face à de tels flux migratoires en faisant cavalier seul, a-t-il estimé, en saluant, en conséquence, l’adoption de la Déclaration de New York qui consacre le partage des responsabilités.

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a indiqué que son pays émettait de sérieuses réserves sur la Déclaration adoptée ce matin, « issue d’un sommet auquel la Syrie n’a pas été invitée à participer ».  Le représentant a insisté sur le fait que le Secrétariat général des Nations Unies doit faire en sorte que les pays hôtes des conférences tenues ne privent aucun autre pays d’y prendre part.  Il a vivement rejeté le paragraphe 19 de la Déclaration qui fait référence aux réfugiés syriens alors que la Déclaration concerne tous les pays du monde et pas seulement un pays.  Le représentant a dénoncé les tentatives d’exploiter la situation des réfugiés dans des jeux politiciens où « des Syriens et des Syriennes sont traités comme des marchandises ou une monnaie d’échange ».  « On ne joue pas avec leur accueil ou leur expulsion », s’est énervé le représentant.  Pour lui, la solution à la crise des réfugiés syriens passe par la mise hors d’état de nuire des terroristes et l’établissement des responsabilités des pays « qui sapent sciemment la souveraineté de la Syrie en aidant les terroristes à sévir sur son territoire ».

M. KHEIMAS JHINAOUI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a attiré l’attention sur l’accueil dans son pays de nombreux réfugiés libyens et syriens.  Nous sommes aux côtés du peuple libyen dans la lutte contre les agissements destructeurs des groupes terroristes et pour l’unité de la Libye et la stabilité des pays voisins, a-t-il ajouté.  Il a par ailleurs indiqué que la Tunisie et l’Italie ont l’intention de faire toute la lumière sur la disparition des centaines de Tunisiens, en 2011, le long des côtes italiennes.  Il a conclu en estimant que seule une migration ordonnée et sûre permettra le respect des droits des réfugiés quels que soient leur situation et leur statut.  À son tour, il a souligné l’importance de s’attaquer aux causes profondes des déplacements massifs, « y compris les déplacements forcés et les crises prolongées ».

M. THORBJORN JAGLAND, Secrétaire général du Conseil de l’Europe, a axé son intervention sur l’Europe et ses voisins dans le contexte de la crise migratoire actuelle.  Rappelant que le droit international voudrait que tous ceux qui mettent un pied sur le sol européen, indépendamment de leur origine et de leur statut, bénéficie d’une protection et de certains droits, il a regretté que cela ne soit pas le cas actuellement puisque certains refusent de s’y soumettre et préfère passer le fardeau à d’autres.  Sans coopération, les États européens risquent d’aggraver les problèmes, a-t-il averti, se montrant particulièrement préoccupé par le sort des enfants et demandant des actions « significatives », entre autres, contre leur détention et pour leur accès à l’école, au logement et une protection.  Ces enfants, en particulier les enfants non accompagnés, doivent avoir le droit de retrouver leurs familles sur le continent européen, a poursuivi M. Jagland qui a regretté que la législation européenne actuelle entrave ce type de regroupement familial.

Je ne pense pas que le monde ait compris la gravité de la crise à laquelle nous sommes confrontés, s’est impatienté le Secrétaire général.  Ce monde qui nous semble mieux organisé que jamais nous paraît pourtant plus chaotique que jamais, a dit M. Jagland, en plaidant pour un financement adéquat des organisations comme le HCR et le Programme alimentaire mondial (PAM).

M. DOMINIQUE DE LA ROCHEFOUCAULD-MONTBEL, Ordre de Malte, s’est félicité de ce que le rôle des institutions religieuses et confessionnelles dans l’aide humanitaire, y compris aux migrants, aux réfugiés et aux déplacés, ait été consacré dans le Document final du Sommet humanitaire d’Istanbul.  Au nombre des actions à entreprendre, l’orateur a cité l’intégration dans les sociétés d’accueil pour permettre aux migrants de devenir un « atout ».  Il a également attiré la nécessité de suivre l’itinéraire des migrations et de veiller au respect des droits humains.  Selon lui, une action immédiate de la part des États et des organisations internationales est également nécessaire pour permettre aux réfugiés et aux migrants de faire appel des décisions de justice, pour renforcer la cohérence des politiques entre les pays les plus développés et pour mettre en œuvre des projets dans le pays d’origine et encourager les candidats au départ à rester chez eux plutôt qu’à risquer leur vie dans des traversées dangereuses.  M. de La Rochefoucauld-Montbel a également plaidé contre le populisme ambiant et pour une implication concertée et constructive des médias.

Mme HISSA ALTHANI, Ligue des États arabes, a affirmé que les flux migratoires sont un sujet de préoccupation grave, notamment dans les pays de sa région et a fait part des efforts de la Ligue des États arabes, notamment la réunion du Caire à laquelle le HCR a participé ainsi que le Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.  La Déclaration adoptée aujourd’hui appelle à une vision commune pour assurer la sécurité et la stabilité des pays et à veiller au respect du droit au retour des réfugiés, en particulier les Palestiniens de Syrie, a souligné la représentante.  À ce titre, elle a lancé un appel à l’Office de travaux et de secours des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA) pour qu’il veille au respect de leurs droits.  Elle a en outre souligné que les migrations sûres ne peuvent se faire sans coopération.  Elle n’a pas manqué d’appeler à la lutte contre la xénophobie et le racisme et pour la dignité des migrants et des réfugiés.  Tous ces aspects de la question de déplacements massifs relèvent de la responsabilité de tous, a conclu l’oratrice, en insistant une dernière fois sur le respect des droits des migrants et des réfugiés quel que soit leur statut juridique. 

M. LAMBERTO ZANNIER, Secrétaire général de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a estimé qu’il faut veiller à ce que les questions relatives à la migration ne divisent plus la communauté internationale et mettre en exergue l’importance qu’il y a à respecter les droits des réfugiés et des migrants.  Il faut non seulement répondre à l’urgence mais aussi s’attaquer aux éléments déclencheurs de la migration.  La frontière entre le migrant et le réfugié est de plus en plus ténue, a souligné l’orateur, avant de dire que l’OSCE a pour vocation de trouver les moyens de faire en sorte que le dialogue se substitue à la confrontation car les pays ont intérêt à faire de ce défi un véritable actif, sans oublier, dans ce contexte, qu’il faut traiter de la question sécuritaire et punir ceux qui exploitent les migrants.  L’OSCE, a affirmé l’orateur, peut amener ses membres à négocier un plan comme la Convention de Palerme et ses protocoles.  En attendant, elle exhorte ses membres à réformer les lois sur la migration et à lutter contre les préjugés attachés aux minorités. 

M. YVES LETERME, Observateur de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, a déclaré que la communauté internationale devait relever trois défis, à commencer par celui de répondre aux besoins immédiats de millions de migrants et de réfugiés.  Elle devrait en outre se pencher sur les causes profondes des conflits violents et sur les facteurs de pauvreté, qui forcent des millions de personnes à l’exil chaque année.  À cette fin, l’Assemblée générale devrait s’employer à la négociation du cadre d’action global pour les réfugiés et du pacte mondial pour des migrations sûres, régulières et ordonnées.  Elle devrait promouvoir un « discours à contre-courant » pour à démystifier « les mensonges du populisme » et identifier les opportunités offertes par la crise actuelle.  Ainsi, au-delà de la « crise des réfugiés », demandons-nous si ces réfugiés et ces migrants peuvent devenir les nouveaux agents de la démocratisation et du développement et des sujets actifs de nos institutions, a ajouté M. Leterme.

M. SABER CHOWDHURY, Président de l’Union interparlementaire, a constaté que les gens fuient de plus en plus leur pays, une situation préoccupante parce que ces migrants n’ont pas le droit de vote puisqu’ils ne sont pas inscrits sur les listes électorales des pays d’accueil.  Les parlementaires, a dit l’orateur, ont le devoir de rappeler les droits civiques, en particulier le droit de vote, de toutes les personnes, y compris les migrants et les réfugiés.  Les parlementaires veulent voir un changement de perception sur les migrants et les réfugiés, un changement qui devrait assurer une plus grande interaction dans un monde globalisé.  Nous devons, a encouragé l’orateur, combattre toutes les formes de discrimination dont sont victimes les migrants qu’il s’agisse des lois et dans la pratique.  Nous devons aussi nous attaquer aux conflits prolongés et aux changements climatiques qui poussent les gens à fuir.  Le Programme 2030 peut nous aider à trouver un terrain d’entente et en la matière, le rôle des parlementaires sera déterminant, a conclu l’orateur en invitant les Nations Unies et gouvernements à faciliter la migration régulière.

M. AS SY, Secrétaire général de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a rappelé que les débats actuels portent sur des situations réelles dans lesquelles se retrouvent des millions de personnes qui ont fui leur pays ou leur maison.  Aujourd’hui même à Alep, des membres de la Fédération internationale ont été tués, « ce qui est un fait inacceptable ».  Il faut mettre un terme aux conflits et à la violence, a-t-il exigé avant de demander que les pays cessent de se préoccuper du statut juridique des migrants et réfugiés alors qu’il est question de leur porter secours.  M. SY a exhorté tous les États à prendre les mesures nécessaires pour que les réfugiés et les migrants puissent se déplacer en toute sécurité.  Il faut conjuguer les efforts pour lutter contre la discrimination et la xénophobie, a encore demandé M. Sy qui a assuré que les volontaires de sa Fédération sont présents sur le terrain à la fois dans les pays d’origine, de transit et de destination.

Pour Mme MICHAELLE JEAN, Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), lorsqu’on parle de réfugiés et de migrants, « on ne parle pas de statistiques mais d’êtres humains », une réalité qu’elle a vécue pour être passée par là quand elle a quitté Haïti avec sa famille pour échapper au régime de François Duvalier.  Je suis « consciente », a-t-elle confié, de la chance que j’ai eue de trouver refuge au Canada.  Sachant d’où je viens, je pense « à ceux et celles qui affrontent encore le pire, poussés par le désespoir et qui ne sont qu’une froide statistique dans la rubrique réfugiés et migrants ».  Nous arrivons dépossédés certes, mais riches de tout ce que nous sommes, a souligné la Secrétaire générale.

Elle a plaidé pour une approche humaniste, soucieuse de la dignité des réfugiés et des migrants et des droits fondamentaux de la personne.  Une approche, a-t-elle dit, multilatérale, dans le contexte de laquelle les leaders mondiaux se demandent pourquoi, en 2014, on a franchi le cap des 65 millions de déplacées.  Il faut agir sur les causes profondes, une priorité pour l’OIF, a-t-elle expliqué.  La Secrétaire générale a parlé des programmes d’accompagnement mis en place dans les pays francophones, notamment dans les domaines de l’éducation et de l’emploi des femmes et des jeunes.  Il faut, a-t-elle encouragé, combattre l’indifférence et renouer avec la tradition de l’accueil et la volonté de mieux se connaître.  Mme Jean a en effet dénoncé les tendances actuelles à la xénophobie et aux discours racistes à des fins électorales.  Elle a lancé un appel au partenariat et à la coordination et à une meilleure harmonisation des actions pour mieux répondre aux besoins « de ces populations en danger car l’histoire nous jugera ».

Mme IRENE KHAN, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit au développement (OIDD), a dit que l’origine des migrations se trouve dans l’absence d’état de droit, de justice et de bonne gouvernance.  Pourtant, les personnes qui fuient ces situations ne trouvent pas pour autant la paix parce qu’ils doivent faire face aux préjugés et à la discrimination.  La Déclaration de New York, a-t-elle estimé, fournit une base solide pour la protection des droits des réfugiés et des migrants.  Ce n’est qu’un premier pas et celui qui suivra sera essentiel, a-t-elle prévenu, avant d’annoncer trois axes d’action: pas de compromis avec le respect de l’état de droit, la conjugaison du développement avec les droits des personnes déplacées et l’investissement dans l’état de droit comme partie intégrante du droit au développement.  Le mariage entre l’ONU et l’OIM illustre la volonté de trouver une solution aux déplacements massifs de réfugiés et de migrants et l’OIDD est prête à y contribuer.

M. EMMANUEL ROUX, INTERPOL, a dit que son organisation s’engage à aider les États Membres à arrêter les trafiquants et la traite de personnes.  En 2015, 18 personnes ont été arrêtées pour des délits liés à la traite de personnes notamment des femmes et enfants munis de faux papiers.  Ce trafic, a-t-il souligné, génère plus de 8 milliards de dollars par an et la stratégie d’Interpol est de donner aux États Membres les outils et le savoir-faire nécessaires pour lutter contre ce phénomène.  Un manuel pour l’Afrique de l’Ouest a été élaboré, a-t-il dit en exemple. 

M. PATRICK GOMES, Secrétaire général du Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), a indiqué que l’absence de paix et d’opportunités économiques sont des éléments qui conduisent aux déplacements massifs des populations.  Il a également noté la montée du phénomène des réfugiés climatiques.  Face à cette situation, il a appelé à la solidarité internationale, saluant la prise en compte de cette problématique dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  M. Gomes a également prôné la mise en œuvre du Plan d’action de La Valette, et une plus grande collaboration entre pays d’origine, de transit et d’accueil.  Il a rappelé qu’en 2015, le montant total des envois de fonds des migrants vers les pays en développement, soit 422 milliards de dollars, représentait plus du triple de l’aide publique au développement (APD).  De ce fait, il a insisté sur l’importance de baisser les coûts de ces transferts.  Il faut plus d’actions et moins de paroles, a-t-il souhaité.  

Le Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), M. PETER MAURER, a salué le fait que la Déclaration adoptée aujourd’hui engage les États à traiter chaque migrant et chaque réfugié avec humanité, tout en rappelant les normes élevées du droit international régissant la protection et l’assistance à leur apporter.  Il a indiqué que, chaque jour, dans diverses régions du monde, le CICR est témoin des souffrances qui poussent les gens à fuir dont la majorité reste dans son pays.  Le monde compte en effet 41millions de déplacés. 

Par ailleurs, la plupart des réfugiés se trouvent dans les pays voisins, a-t-il poursuivi.  En fuyant, les gens courent le risque d’être détenus, les familles d’être séparées et les proches d’être portés disparus.  À la première tragédie de la fuite s’ajoutent d’autres tragédies.  En réalité, la violence non refrénée et les violations du droit international humanitaire sont deux des principaux moteurs des déplacements forcés, a affirmé M. Maurer.  Les parties aux conflits armés, étatiques ou pas, attaquent sans distinction, détiennent arbitrairement, torturent, violent, forcent au déplacement et détruisent maisons, hôpitaux et écoles.  L’effet cumulatif de cette violence fait que les gens ne peuvent plus accéder aux services sociaux de base ou maintenir un mode de vie durable.  Dans les endroits qui ne sont pas en proie à des conflits armés, les homicides, la violence sexuelle et les intimidations forcent les gens à partir, empêchant les investissements dans les services sociaux de base.

Pour traiter des causes profondes des déplacements massifs, nous devons travailler ensemble à un meilleur respect du droit international humanitaire, du droit des réfugiés, des droits de l’homme et d’autres cadres juridiques qui protègent les personnes contre la violence, a préconisé le Président du CICR.  Pour répondre aux besoins des migrants et des réfugiés, les États doivent faire en sorte que les politiques qu’ils mettent en place ne génèrent pas de souffrances supplémentaires.  « Ne pas nuire » est un principe essentiel, a-t-il rappelé, invitant les décideurs politiques à écouter les gens et les communautés affectés, et insistant sur le fait que les solutions doivent être trouvées ensemble.  Le CICR, a-t-il souligné, a des connaissances précieuses, l’expertise et les ressources nécessaires pour éclairer les politiques et la pratique des États.  Cette expérience doit être exploitée dans les pactes que les États doivent négocier au cours des deux prochaines années.

M. MICHAEL SPINDELEGGER, Directeur général du Centre international pour les politiques migratoires, a estimé que les discriminations et les préjugés dont souffrent les migrants et les réfugiés sont autant un défi qu’une chance dans le cadre de la responsabilité partagée car cette responsabilité passe par la mise en place d’un cadre normatif de protection des droits.  Les pays de transit et d’accueil doivent le comprendre et savoir que le principe selon lequel le degré de responsabilité est en fonction des ressources disponibles est acquis.   

M. IYAD AMEEN MADANI, Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a rappelé que 5,2 millions de réfugiés Palestiniens constituent une part importante du nombre de réfugiés dans le monde compte tenu du conflit le plus long de l’histoire moderne.  Il faut être plus volontariste pour résoudre les crises avant qu’elles n’explosent et le système humanitaire doit être révisé pour répondre aux besoins des déplacés, a poursuivi le Secrétaire général qui a aussi plaidé pour un appui aux pays d’accueil.  L’OCI n’est pas en reste et travaille à l’autonomisation des réfugiés, a-t-il affirmé, en estimant que la mise en œuvre du Programme 2030 doit accorder la priorité au drame des réfugiés, « un échec de la communauté internationale ». 

M. LHOU LMARBOUTH, Président de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée, a indiqué que la Méditerranée, berceau des civilisations, est devenue un cimetière pour tous ceux qui sont contraints à l’exil.  Soutenir les réfugiés et les migrants relève de la responsabilité commune de la communauté internationale, tout particulièrement en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, a-t-il souligné.  Le Président s’est félicité de l’action du Maroc, qui a régularisé la situation de dizaines de milliers de réfugiés.  Attirant en outre l’attention sur le phénomène grandissant des réfugiés climatiques, l’Observateur a déclaré que son organisation place beaucoup d’espoirs dans la prochaine Conférence des États parties à la Convention-cadre sur les changements climatiques (COP-22), qui se tiendra à Marrakech en novembre prochain.  M. Lmarbouth a cité comme exemple de ce type de migration l’assèchement du Lac Tchad, qui déplace les populations entières.

M. JOE THOMAS, Directeur exécutif de Partenaires dans le domaine de la population et du développement, a rappelé que l’histoire de la civilisation repose sur la mobilité humaine.  À cet égard, le Programme de développement durable à l’horizon 2030, s’est-il félicité, reconnaît pleinement la contribution positive des migrants à la croissance inclusive.  L’observateur a également noté que la Déclaration de New York, adoptée aujourd’hui, dénonce les formes multiples de discrimination à l’encontre des femmes et filles migrantes, dont la contribution considérable et le leadership au sein de leurs propres communautés devraient inciter les États Membres à garantir leur participation aux processus les concernant.  Partenaires dans le domaine de la population et du développement a par ailleurs exhorté tous les pays à répondre vigoureusement à la vulnérabilité des migrants et des réfugiés au VIH/sida et aux autres besoins médicaux spécifiques, notamment en mettant à leur disposition des soins de santé sexuelle et reproductive.

M. ERNESTO SAMPER PIZANO, Président de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), a déploré le sort réservé aux migrants du monde entier, qui se heurtent aujourd’hui « aux murs du Mexique, du Maroc ou d’Israël ».  Il a plaidé pour une finalisation rapide du pacte mondial, se félicitant déjà des réglementations internationales qui s’efforcent de réduire le fardeau de l’exil.  Le Président a lancé un appel vibrant à la « citoyenneté du monde ».

M. NARINDER KAKAR, Université de la paix, a jugé qu’il est temps que la communauté internationale se mette d’accord sur la crise des migrants, « au nom du principe de la responsabilité partagée ».  Il a estimé que la communauté internationale peut mobiliser suffisamment de ressources pour relever le défi.  Tous les efforts doivent être déployés pour empêcher les conflits et tous les moyens doivent être investis dans l’éducation pour faire régner la paix.  L’Université de la paix offre des bourses d’études à une centaine de réfugiés dans la ville de San José, au Costa Rica.  Leur formation est tournée vers la paix et la sécurité, offrant des cours sur les solutions pacifiques durables et le renforcement de capacités en matière de dialogue.  Il est nécessaire de financer l’éducation, a insisté l’orateur, en appelant au dépassement des niveaux actuels et à la prévisibilité des financements.

M. JOSEPH TEO CHOON HENG (Singapour) a dit que tout engagement dans le cadre de la Déclaration de New York doit prendre en compte les droits et les obligations, les capacités et les ressources de chaque État Membre.

Déclarations de clôture

Cette journée fut « historique », a déclaré M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, lors de la cérémonie de clôture.  Il a félicité les États Membres d’avoir adopté par consensus la Déclaration de New York.  Les déplacements massifs de réfugiés et de migrants présentent l’un des défis les plus importants de notre époque, a-t-il rappelé. 

M. Eliasson a salué les États Membres qui ont adopté individuellement des approches positives.  « Ils ont sauvé la vie de migrants en mer », a-t-il souligné.  « Ils ont traité humainement les migrants.  Ils ont protégé les réfugiés. »  Toutefois, a-t-il averti, aucun État ne peut gérer seul ces problèmes transnationaux.  

« Nous devons œuvrer ensemble, plus que jamais », a-t-il poursuivi en évoquant la dure réalité que vivent les réfugiés et les migrants.  La situation requiert aujourd’hui une attention et une action urgentes.    

Lors des séances plénières et des tables rondes, les États ont souligné l’aspect central des droits de l’homme pour les migrants et les réfugiés et réaffirmé leurs obligations internationales.  Ils se sont engagés à lutter contre la discrimination et la violence sexiste à laquelle sont confrontées partout les femmes et les filles, a résumé le Vice-Secrétaire général.

Beaucoup d’États ont mis en exergue les conséquences négatives de la migration irrégulière.  Ils ont demandé davantage de coopération pour combattre le trafic des migrants et des réfugiés.  Ils ont reconnu la pression exercée sur les pays qui accueillent un grand nombre de réfugiés.

Aujourd’hui encore, a poursuivi M. Eliasson, les États Membres ont partagé des idées en vue d’accroître l’assistance financière, en prenant en compte les aspects humanitaire et de développement.  Il s’est dit encouragé par le fait que plusieurs pays participent aux efforts visant à trouver des alternatives pour admettre des réfugiés. 

« Nous devons aussi nous rallier derrière l’appel contenu dans la Déclaration et visant à garantir à tous les enfants migrants et réfugiés un accès à l’éducation dans les quelques mois qui suivent leur arrivée », a insisté M. Eliasson. 

Les programmes de développement, a-t-il dit, sont cruciaux.  À cet égard, le Programme de développement à l’horizon 2030 a reconnu la contribution de la migration au progrès économique.  « Nous devons engranger cette énergie positive. »

Le Secrétaire général a lancé, ce matin, une campagne mondiale pour combattre la xénophobie, « Ensemble- respect, sécurité et dignité pour tous », a rappelé M. Eliasson.

Beaucoup d’États ont déclaré leur intention d’incorporer les réfugiés et les migrants dans leur planification du développement, a-t-il constaté.  En même temps, il faut qu’ils honorent leurs engagements en matière d’aide publique au développement.

Dans les domaines de la paix et de la sécurité, il a dit avoir entendu avec espoir « un appel fort pour la prévention et le règlement des conflits armés ».  Par ailleurs, le rôle que peuvent jouer la société civile et le secteur privé a été reconnu. 

Compte tenu de l’urgence de tous ces défis, a enjoint le Vice-Secrétaire général, « la mise en œuvre de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants doit commencer maintenant, chez soi et au niveau international ».  Les États Membres ont fixé d’importantes dates butoir.  Ainsi, deux pactes mondiaux sur la migration et sur les réfugiés devraient être adoptés d’ici à 2018.

Le système des Nations Unies va se mobiliser pour suivre ce processus, a assuré M. Eliasson.  Une étape importante, a-t-il ainsi signalé, vient d’être franchie avec la signature de l’accord sur les relations entre l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’ONU. 

Il est temps pour la communauté internationale d’agir, a déclaré M. Eliasson.  Des efforts déterminés et collectifs doivent être entrepris pour gérer les déplacements massifs de réfugiés et de migrants dans le monde. 

« Nous devons prévenir et résoudre rapidement les crises politiques.  Nous devons répondre aux crises humanitaires.  Nous devons nous engager dans un débat informé.  Nous devons protéger les droits de l’homme de tous.  Nous devons nous attaquer aux causes profondes et nous assurer que personne n’est laissé de côté.  Et nous devons contrer les forces polarisantes qui visent à instiller la peur et à nous diviser entre Eux et Nous », a conclu le Vice-Secrétaire général.  

M. PETER THOMSON, Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, a remercié les États Membres de leur participation au Sommet d’aujourd’hui, qui reflète la gravité de la crise à laquelle le monde fait face, mais aussi les engagements collectifs à y trouver des « solutions humaines globales ».  Mais l’action doit se poursuivre, a-t-il affirmé, en soulignant l’importance de la mise en œuvre universelle du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui permettra de s’attaquer aux causes profondes des déplacements de populations.  Avant de conclure, le Président a enjoint aux États Membres de maintenir leurs ambitions au plus haut niveau dans le cadre de cet engagement « pour le bien commun de l’humanité ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte l’ordre du jour de sa 71e session dont la partie principale s’achève le 12 décembre

Soixante et onzième session,
2e séance plénière – après-midi
AG/11819

L’Assemblée générale adopte l’ordre du jour de sa 71e session dont la partie principale s’achève le 12 décembre

L’Assemblée générale a adopté* cet après-midi l’ordre du jour de sa soixante et onzième session dont la partie principale s’achève le 12 décembre et comprend le débat général traditionnel prévu cette année, du 20 au 26 septembre, sur le thème « Les objectifs de développement durable, force universelle de transformation du monde ».  En présence du Secrétaire général de l’ONU, l’Assemblée a aussi rendu hommage au premier Président de l’Ouzbékistan indépendant, décédé le 2 septembre dernier.

La partie principale de la soixante et onzième session, qui commencera le 20 septembre, sera suspendue le lundi 12 décembre 2016, après que l’Assemblée générale aura examiné les 172 inscrits à son ordre du jour et répartis entre sa plénière et ses six grandes commissions.  Ces dernières sont tenues de terminer leurs travaux entre le 3 novembre pour la Première Commission chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale et le 9 décembre, pour la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires.  Le représentant de l’Arménie s’est dissocié du consensus sur l’inscription du point 37 relatif à « La situation dans les territoires occupés de l’Azerbaïdjan » qui doit être examiné à la plénière de l’Assemblée générale.

Au cours de ses travaux, l’Assemblée préconise qu’il soit tenu compte du Yom Kippour, le 12 octobre, du Diwali, le 31 octobre, du Gurpurab, le 14 novembre, sans oublier la Journée du Vesak dont la date reste à déterminer.

Cet après-midi les États Membres ont aussi observé une minute de silence à la mémoire du Président de l’Ouzbékistan, Islam Karimov, décédé le 2 septembre dernier.  Le Président de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, des Fidji, a salué « le fer de lance » de l’Ouzbékistan moderne.  Le Secrétaire général s’est incliné devant un homme qui, premier Président de l’Ouzbékistan indépendant, a su engranger des progrès notables dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et a fermement appuyé les Objectifs de développement durable, sans oublier son soutien à la zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale.  Le Secrétaire général a rappelé que lors de sa visite en Ouzbékistan, en juin 2015, il avait exhorté la communauté internationale à intensifier son appui aux efforts contre la dégradation de la mer d’Aral.

Au nom de leur Groupe régional respectif, les représentants de l’Algérie, du Kazakhstan, de l’Estonie, du Brésil et du Portugal ont joint leur voix à l’hommage.  La mort du Président Karimov est une perte immense pour le peuple ouzbek qui pleure celui qui a pris les rênes du pays dès l’accession à l’indépendance, a déclaré le représentant de l’Ouzbékistan.  Islam Karimov, a-t-il souligné, est à l’origine de la Constitution qui est en tout point conforme aux principes démocratiques et de l’état de droit.  Il a doté le pays d’une armée réformée et garante de l’indépendance du pays et d’une politique étrangère basée sur la non-ingérence et le respect de la souveraineté des États. 

*A/71/250

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La solution des deux États, Israël et la Palestine, est aujourd’hui menacée, explique le Secrétaire général au Conseil de sécurité

Conseil de sécurité
7772e séance – matin
CS/12520

La solution des deux États, Israël et la Palestine, est aujourd’hui menacée, explique le Secrétaire général au Conseil de sécurité

« La solution des deux États court le risque d’être remplacée par la réalité à un État de violence perpétuelle et d’occupation », a averti ce matin le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée au Moyen-Orient, et, en particulier, à la question palestinienne.

Il y a 23 ans, presque jour pour jour, que le premier Accord d’Oslo a été signé entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).  Malheureusement, a regretté le Secrétaire général, « nous sommes plus éloignés que jamais de ses objectifs ».

En dépit des avertissements de la communauté internationale et de la région, les dirigeants de part et d’autre n’ont pas pris les mesures difficiles nécessaires pour la paix, a-t-il souligné.

« Les implantations des colonies sont illégales au regard du droit international », a insisté M. Ban.  Il a jugé la politique d’Israël à cet égard « diamétralement opposée à la création d’un État palestinien ». 

Le Secrétaire général a demandé aux dirigeants palestiniens de mettre un terme à la « glorification du terrorisme ».  

Il a encouragé la tenue d’élections locales à Gaza et en Cisjordanie qui pourraient donner un nouvel élan à la démocratie palestinienne.   

Gaza est toujours bouclée et « c’est une bombe à retardement », a résumé le Secrétaire général, après avoir évoqué les besoins humanitaires considérables et demandé davantage d’assistance pour accélérer la reconstruction en cours.

Les 15 membres du Conseil ont rebondi sur la déclaration du Secrétaire général pour rappeler que la solution des deux États était la seule possible, même si elle est aujourd’hui menacée.  Ils ont reconnu en particulier que l’expansion des colonies israéliennes sapait cette perspective.

Le Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, M. Murray McCully, a dit que le moment était venu pour le Conseil de sécurité et la communauté internationale de prendre des mesures pratiques pour aider les deux parties à avancer. 

La France a annoncé qu’elle organisera le 19 septembre prochain à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, une réunion de travail au niveau des hauts fonctionnaires « afin d’effectuer un premier point d’étape sur les travaux engagés et d’identifier les mesures qui permettront de préserver la solution des deux États et de faire progresser les conditions d’une reprise du processus de paix ».  

Pour la Fédération de Russie, qui œuvre activement avec les parties au conflit, en coopération étroite avec les partenaires de la région, « toute nouvelle initiative doit compléter les efforts entrepris dans le cadre du mécanisme avéré du Quatuor ».

À cet égard, l’Égypte a indiqué qu’elle continuerait de soutenir l’Initiative de paix arabe et toutes les initiatives de la communauté internationale, dont les efforts français et russes et ceux du Coordonnateur spécial du Secrétaire général, M. Nikolay Mladenov. 

D’autres pays, dont le Japon et l’Espagne, ont souligné l’importance du rétablissement de la confiance des deux parties à travers le développement économique et social de la Palestine.  Le Sénégal a ainsi estimé que l’absence de toute perspective de développement était un fléau propice à la résurgence d’un nouveau conflit.

Pour sa part, la représentante des États-Unis a consacré la moitié de son intervention à la situation en Syrie et au dernier accord « dont l’objet est de créer un environnement propice aux négociations sur une transition politique pour la Syrie ».  À ce sujet, elle a demandé à la Fédération de Russie « qu’elle tienne ses promesses et empêche le Président Bashar Al-Assad d’utiliser les tactiques barbares qui sont sa marque de fabrique ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

Le Secrétaire général de l’ONU, M. BAN KI-MOON, a rappelé qu’il y a 23 ans, presque jour pour jour, le premier Accord d’Oslo a été signé entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).  Malheureusement, a-t-il déclaré, « nous sommes plus éloignés que jamais de ses objectifs ».

Le Secrétaire général a formulé des vœux pour une guérison rapide de l’ancien Président israélien Shimon Pérès.

« La solution des deux États court le risque d’être remplacée par la réalité à un État de violence perpétuelle et d’occupation », a ajouté M. Ban.  En dépit des avertissements de la communauté internationale et de la région, les dirigeants de part et d’autre n’ont pas pris les mesures difficiles nécessaires pour la paix.

Les attaques et les ripostes ne servent pas la cause de la paix, a poursuivi le Secrétaire général.

La politique qui dure depuis plusieurs décennies et qui a réinstallé plus de 500 000 Israéliens dans le territoire palestinien est « diamétralement opposée à la création d’un État palestinien », a-t-il affirmé ensuite. 

Le Secrétaire général s’est dit « troublé » par les dernières déclarations du Premier Ministre israélien qui dépeint ceux qui s’opposent à l’expansion des colonies de peuplement comme des partisans de la purification ethnique.  D’après lui « c’est inacceptable et choquant ».

« Les implantations des colonies sont illégales au regard du droit international », a clairement indiqué M. Ban.  L’occupation doit cesser.  La communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité et le Quatuor, considèrent que l’élargissement des colonies constitue « un obstacle à la paix », a poursuivi le Secrétaire général.

Choqué par le fait que des parties palestiniennes choisissent toujours de louer des actes méprisables, le Secrétaire général a demandé aux dirigeants palestiniens de mettre un terme à la « glorification du terrorisme ».

Par ailleurs, le Secrétaire général a constaté que le processus électoral était de plus en plus menacé.  Il s’est dit préoccupé par la décision prise, la semaine dernière, par la Haute Cour palestinienne qui a suspendu tous les préparatifs pendant que les délibérations sur une pétition pour annuler les élections se poursuivent.

Pourtant, a-t-il estimé, les élections locales à Gaza et en Cisjordanie pourraient donner un nouvel élan à la démocratie palestinienne.

Se tournant vers la situation à Gaza, M. Ban a constaté des progrès depuis le cessez-le-feu de 2014.  Cependant, il reste 65 000 personnes déplacées et 5 000 maisons à reconstruire.  Il faut davantage d’assistance pour accélérer la reconstruction en cours, a-t-il plaidé.

Le Mécanisme de reconstruction a permis l’entrée de plus d’1,5 million de tonnes de matériaux de construction, ce qui a permis de promouvoir les importations à Gaza et de stimuler le secteur privé.

Israël affiche des inquiétudes sécuritaires légitimes s’agissant de la contrebande, a reconnu le Secrétaire général.  Il a toutefois assuré que le Mécanisme était surveillé de près et il a encouragé Israël et l’Autorité palestinienne à poursuivre leur coopération avec les Nations Unies pour ce qui est de l’importation de matériaux de reconstruction, vitaux pour la population.  

Les besoins humanitaires de Gaza sont considérables.  Plus de 1,3 million de personnes ont besoin d’une aide, a précisé M. Ban.  L’accès humanitaire demeure essentiel, mais l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) se heurte toujours à de grands défis financiers.

En général, a-t-il résumé, Gaza est toujours bouclée et « c’est une bombe à retardement ».  L’instabilité et le risque d’escalade de violence sont manifestes.  Les privations humaines sapent les rêves et les ambitions et alimentent l’extrémisme.

L’absence d’un gouvernement d’unité nationale inhibe la réalisation de la fin de l’occupation et l’établissement d’un État souverain, a poursuivi le Secrétaire général.  Or, des progrès durables à Gaza ne peuvent être obtenus que sur la base de l’unité palestinienne, de la fin des activités militantes et de la levée des restrictions aux mouvements.

Par ailleurs, M. Ban a indiqué qu’il restait préoccupé par la violation de la ligne de cessez-le-feu et les affrontements dans les zones de séparation au Golan.  Il a jugé les tirs des Forces armées syriennes particulièrement inquiétants et il a demandé à Israël et à la Syrie de respecter les termes de l’accord de désengagement. 

En conclusion, il a encouragé les deux parties à insister sur des décisions politiques positives.  Il a appelé les parties prenantes internationales à œuvrer vers un règlement négocié de l’occupation et établissement d’une Palestine viable et démocratique qui vive en paix avec Israël.

M. MURRAY MCCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a rappelé que la solution des deux États était la seule possible.  Il a estimé que les deux parties étaient loin de répondre aux attentes de la communauté internationale.  Il a dit que le moment était venu pour le Conseil de sécurité et la communauté internationale de prendre des mesures pratiques pour aider les deux parties à avancer. 

Il s’est particulièrement inquiété de la poursuite des activités de colonies de peuplement israélienne en ajoutant que l’approbation, le 31 août 2016, d’un nouveau projet de construction de 463 unités de logement en Cisjordanie était en contradiction avec les obligations internationales d’Israël et l’engagement de ce pays à trouver un accord avec les Palestiniens.  Le Ministre des affaires étrangères a dit que le moment était venu de pousser les deux parties à faire des progrès et au Conseil de sécurité d’agir.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a rappelé au Conseil de sécurité sa responsabilité de permettre au peuple palestinien de jouir de son droit international.  « La réalité sur le terrain, 23 ans après la signature des Accords d’Oslo, est que nous sommes face à un pseudo-État fait de colonies illégales qui compte 500 000 colons installés avec l’appui des autorités israéliennes qui ont pris possession des terres et détruit les habitations originales palestiniennes. »

Le représentant égyptien a ajouté que la confiscation de terres, la judaïsation de Jérusalem et la construction d’un mur de séparation constituaient aujourd’hui les principaux freins à l’avènement d’une solution des deux États.  Il a jugé inadmissible de faire du peuple palestinien un responsable de cette situation.  Il a indiqué que l’Égypte continuerait de soutenir l’Initiative de paix arabe et toutes les initiatives de la communauté internationale, dont les efforts français et russes et ceux du Coordonnateur spécial. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a affirmé, qu’à la veille du début du segment ministériel de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, le bilan de l’année écoulée suscitait un constat sans appel, avec la marginalisation inexorable de la solution des deux États, une solution qui, a-t-il dit, se trouve aujourd’hui menacée.  La colonisation israélienne constitue l’une des principales menaces à la mise en œuvre d’une solution des deux États, soulignant que l’entreprise de colonisation mine en morcelant son futur territoire la perspective d’un État palestinien.  

La radicalisation des opinions publiques, les actes de violence, les incitations à la violence et le terrorisme minent gravement eux aussi la perspective de voir coexister deux États, un d’Israël et un État de Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité.  Des progrès dans la réconciliation palestinienne sont également indispensables et urgents.

Après deux années d’interruption des négociations, la France plaide vigoureusement pour la nécessité d’un accompagnement international renouvelé au processus de paix et à la sauvegarde de la solution des deux États, a ajouté M. Delattre.  C’est dans ce contexte que la France a présenté aux parties et à ses principaux partenaires une initiative visant à recréer une mobilisation politique collective en faveur du processus de paix.

Cette approche se veut à la fois progressive et collective.  Il est ainsi de la responsabilité de la communauté internationale d’engager les parties à revenir à la table des discussions en recréant autour d’elle un climat favorable et un calendrier positif, avec une batterie d’incitations en ce sens.  L’approche doit être également collective parce qu’il convient de veiller à articuler notre initiative à chaque étape avec les efforts existants, notamment ceux du Quatuor et de nos partenaires arabes.  En outre, la France a toujours souhaité que le Conseil de sécurité joue le moment venu un rôle clef pour accompagner et conforter le processus de négociations.

Selon le représentant français, la conférence ministérielle qui s’est tenue à Paris le 3 juin dernier a marqué une étape décisive en permettant de poser un premier jalon.  La France, a-t-il déclaré, organisera le 19 septembre prochain à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, une réunion de travail au niveau des hauts fonctionnaires afin d’effectuer un premier point d’étape sur les travaux engagés et d’identifier les mesures qui permettront de préserver la solution des deux États et de faire progresser les conditions d’une reprise du processus de paix.  

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) s’est dit préoccupé par l’absence de progrès dans le conflit israélo-palestinien.  Les parties n’ont pris aucune mesure pour inverser les tendances qui menacent la solution des deux États.  Il a considéré en particulier que la poursuite de la construction de colonies par Israël entravait la paix.  « Des signaux politiques forts doivent être donnés pour échapper au cercle vicieux d’affrontements violents qui sape les espoirs du peuple palestinien », a-t-il souhaité.  

Il faut prendre des mesures urgentes, a dit le représentant, en lançant un nouvel appel aux parties pour qu’elles reprennent des contacts sur la base des aspirations des uns et des autres.  La recherche de solutions liées à des questions relatives à la paix et à la sécurité s’avère prioritaire, a-t-il insisté.  Sans négliger les difficultés existantes, il s’est refusé de perdre espoir.  Les parties doivent déterminer un nouveau calendrier fixe avec des mesures concrètes privilégiant la lutte contre le terrorisme et l’unité du Gouvernement palestinien.

Les tensions et possibilités de conflits sont élevées, a reconnu M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie).  D’après lui, toute nouvelle initiative doit compléter les efforts entrepris dans le cadre du mécanisme avéré du Quatuor.  Il a attiré l’attention du Conseil sur les recommandations contenues dans le rapport du Quatuor en date du 1er juillet.  Il a également confirmé l’importance de l’Initiative de paix arabe.

Le représentant a considéré que l’absence d’unité interpalestinienne constituait un obstacle supplémentaire vers un règlement.  Il s’est dit préoccupé par la situation humanitaire et économique dans les territoires palestiniens occupés, en particulier à Gaza, ce qui joue en faveur de la radicalisation de l’opinion publique.  « Il faut mettre fin à la violence et cesser les activités de colonisation », a-t-il insisté.

La Russie œuvre activement avec les parties au conflit, en coopération étroite avec les partenaires de la région, a assuré le représentant.  Les dirigeants russe et israélien envisagent de se rencontrer à Moscou pour parler des moyens optimaux de débloquer le processus de paix.  

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a noté qu’il était de plus en plus difficile pour les Palestiniens d’obtenir un permis de construire pour leurs maisons en Cisjordanie alors que les colonies de peuplement israéliennes se développent.  Il a dénoncé une politique israélienne qui consiste à briser l’état d’esprit palestinien et à rendre la vie impossible aux Palestiniens pour qu’ils décident de partir.

Il s’est inquiété des frustrations qui vont attiser la radicalisation.  Il a salué la pertinence de l’initiative française en appui au Quatuor diplomatique avant d’exhorter le Conseil de sécurité à utiliser tous les leviers à sa disposition pour sauver la paix.

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a regretté la réticence de la communauté internationale à appliquer les décisions adoptées.  Il a dit que le non-respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire retardait tout progrès vers la paix et diminuait l’importance de mécanismes tels que le Quatuor, dont les recommandations restent largement ignorées par le Gouvernement israélien.   

Il a dit que le Conseil de sécurité, le Quatuor et les autres parties prenantes avaient l’obligation morale de mettre fin à une occupation illégale qui dure depuis 50 ans.  

M. KORO BESSHO (Japon) a déclaré qu’en dépit des initiatives en faveur de la solution des deux États, peu de progrès ont été vus.  Le Japon est préoccupé de la poursuite de la violence contre les civils, des attaques terroristes et des incitations à la violence.  Le Japon est aussi très inquiet de la poursuite de la politique d’expansion des colonies qui constitue une violation du droit international et érode la viabilité de la solution des deux États. 

La violence est fondamentalement incompatible avec une solution pacifique.  La communauté internationale doit agir pour faire face à la très grave situation humanitaire et garantir les besoins de relèvement de la population de Gaza, et encourager la reprise des négociations.

Étant donné la difficulté de la situation actuelle sur le terrain, créer un environnement favorable à la solution des deux États pourrait paraître comme une approche indirecte.  Cependant, au cours de la cinquième réunion ministérielle de l’Unité consultative à quatre parties de l’Initiative de paix et de sécurité, à Jéricho, le 7 septembre, il a été souligné que celle-ci cherche à soutenir une économie durable en Palestine qui est un pilier de la viabilité de la solution des deux États. 

Ce projet qui vise à créer un environnement favorable ne semblerait pas être le plus court chemin vers la solution des deux États.  Cependant, la coopération des quatre parties dans le cadre de cette initiative a duré 10 ans, indépendamment des aléas de la situation politique.  Celle-ci joue un rôle important dans le rétablissement de la confiance des deux parties à travers le développement économique et social.  Le Japon continue d’être engagé pour la paix et la prospérité dans la région, a terminé le représentant.  

M. GORGUI CISS (Sénégal) a dénoncé la poursuite inacceptable de la colonisation et de ses activités connexes, dont la démolition et la confiscation des maisons palestiniennes.  Il a par exemple évoqué la destruction du système d’adduction d’eau mis en place par l’UNICEF dans la vallée du Jourdain.

« Les enfants palestiniens continuent de payer un lourd tribut à ce conflit », a déploré le représentant.  Il a condamné l’usage disproportionné de la force et les assassinats extrajudiciaires, « qui ne font qu’attiser la haine et la violence ».  Il a attiré l’attention sur la situation critique de trois jeunes palestiniens.

Le représentant a évoqué la situation humanitaire catastrophique à Gaza, où les trois quarts des maisons sont encore à réhabiliter à la suite de la dernière guerre de 2014.  Il a réitéré son appel en faveur d’une protection internationale du peuple palestinien et voulu faire de 2017 « l’année de la fin de l’occupation ».  

Selon lui, l’absence de toute perspective de développement est un fléau propice à la résurgence d’un nouveau conflit.  Enfin, il s’est fait l’écho du dernier rapport du Quatuor et souhaité que l’on procède au transfert de compétences à l’Autorité palestinienne.  Il a espéré qu’en dépit de leur report, les élections locales se tiendraient bientôt.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a condamné toutes les attaques terroristes.  Elle s’est dite alarmée par le nombre de roquettes tirées depuis la Syrie vers le Golan et depuis Gaza vers Israël, et par la violence sur les réseaux sociaux.  Elle a également exprimé sa préoccupation face à l’usage excessif de la force par les Israéliens et par les attaques menées contre les Forces de défense israéliennes.

« La communauté internationale peut consentir un investissement tangible dans la stabilité de la région », a affirmé Mme Power.  En particulier, « Gaza a besoin de davantage de soutien ».  Le déficit de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pourrait déstabiliser encore la région et il faut éviter une crise humanitaire qui aurait un impact à long terme.

La représentante s’est opposée aux activités de colonies de peuplement israéliennes et elle a repris à son compte les préoccupations exprimées à cet égard par le Secrétaire général et par les membres du Conseil de sécurité.  Elle s’est inquiétée de « la légalisation rétroactive des avant-postes au titre du droit israélien ».

« Si le Gouvernement israélien poursuit ses démolitions, cela aura un impact terrible sur la vie des Palestiniens déjà déplacés », a averti Mme Power.  L’accélération des activités de colonisation et de destruction sapant la possibilité d’une solution des deux États, il faut prendre des mesures significatives pour stabiliser la situation et inverser la tendance.  En tant que membre du Quatuor, les États-Unis soutiennent les recommandations formulées dans son dernier rapport.

Abordant ensuite la situation en Syrie, Mme Power est revenue sur le récent accord dont l’objet est de créer un environnement propice aux négociations sur une transition politique pour la Syrie.  Elle s’est tournée vers la Fédération de Russie « pour qu’elle tienne ses promesses et empêche le Président Bashar Al-Assad d’utiliser les tactiques barbares qui sont sa marque de fabrique ».  Elle a exhorté toutes les parties à adhérer à cette cessation des hostilités.

Les progrès vers une solution politique dépendent du respect par toutes les parties de la cessation des hostilités, a insisté la représentante.  « La cessation des hostilités n’est qu’un volet car l’aide humanitaire doit aussi être acheminée ».  Les convois des Nations Unies doivent pouvoir avoir accès à 600 000 Syriens qui vivent dans des zones assiégées et Damas doit fournir une approbation immédiate, a-t-elle martelé.  De même, « toute partie à ce conflit qui tente de maintenir sa légitimité devrait prendre ses distances avec les groupes terroristes qui menacent la sécurité collective ».

Les États-Unis ont insisté au cours des négociations avec la Russie sur deux aspects parallèles, a précisé Mme Power.  Il faut redoubler d’efforts contre les terroristes et « faire en sorte que les forces d’Assad ne bombardent plus les zones de l’opposition ».  Si toutes les parties respectent leurs obligations, le processus politique a une chance, a-t-elle conclu.    

M. DOUGLAS NICOMEDES ARCIA VIVAS (Venezuela) a déclaré que la perspective d’un État palestinien souverain et de la solution des deux États ne cessait de s’éloigner.  Il a dit qu’un des obstacles principaux au dialogue était la politique immorale de colonisation de la Puissance occupante.  Il a fustigé le recours à la force et à des subterfuges administratifs par Israël pour développer des colonies de peuplement.  Il a cité la destruction de 600 logements palestiniens cette année pour faire place à la construction de colonies de peuplement israélienne. 

« Depuis octobre 2015, l’occupation israélienne s’est traduite par 218 morts et 17 000 blessés du côté des Palestiniens, alors que 500 mineurs sont en détention administrative », a insisté le représentant du Venezuela.  Dans ce contexte, il a exhorté l’ONU à redoubler d’efforts pour soutenir le peuple palestinien face à cette crise humanitaire.  Il a dénoncé l’attitude agressive de la Puissance occupante « qui fait tout pour ne pas parvenir à la paix ». 

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) s’est inquiété de l’accélération perturbante de certaines politiques israéliennes qui érodent la viabilité de la solution des deux États.  Illustrant son propos, il a indiqué que 800 logements avaient été détruits et 1 000 Palestiniens déplacés cette année. 

Il a également dénoncé la politique d’expansion d’Israël.  Citant les conséquences de cette politique, il a précisé que 90% de l’eau de Gaza n’était pas potable et même inutilisable pour l’agriculture.  En outre, il a particulièrement salué le travail du Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient. 

« Nos séances d’information se transforment en véritables débats », a noté M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne), en demandant à ce que le Conseil se penche sur ses méthodes de travail.  Il est urgent de défendre la viabilité de la solution des deux États, a-t-il déclaré ensuite.  L’expansion des colonies et la situation humanitaire grave sont très préoccupantes.  L’impasse du processus de paix sape de plus en plus la confiance entre les parties.  « Nous devons donner une lueur d’espoir pour une résolution politique du conflit avant qu’il ne soit trop tard. »

Le représentant a condamné les attaques, les attentats et les incitations à la violence.  Il a souligné l’importance de résoudre les rivalités interpalestiniennes, et appuyé l’initiative française visant à organiser une conférence internationale pour relancer le processus de paix.  Il faut prendre des mesures pour rétablir la confiance, a-t-il ajouté  en saluant la signature d’un accord sur l’électricité le 13 septembre dernier, « un petit pas dans la bonne direction ».  Enfin, la communauté internationale doit exploiter les synergies entre les différentes initiatives.

M. WU HAITAO (Chine) a jugé urgent de sortir de l’impasse en trouvant une solution basée sur les frontières de 1967 avec Jérusalem comme capitale de la Palestine.  Il a invité Israël à faire preuve de bonne volonté en cessant ses activités de colonisation et en levant son blocus contre la Bande de Gaza.  Le représentant de la Chine a aussi appelé à entendre les légitimes attentes d’Israël en matière de garantie de sécurité.  

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a exprimé sa profonde préoccupation face à l’escalade en cours non seulement au niveau des discours mais aussi sur le terrain.  La fusillade dans un camp de réfugiés à Jérusalem-Est, le 5 septembre, ainsi que les allégations de « nettoyage ethnique » par les dirigeants des deux côtés, le 9 septembre, ne servent pas l’objectif de la reprise des pourparlers de bonne foi.  Ces agissements ne contribuent pas à restaurer un climat de confiance entre les deux parties qui est nécessaire à la recherche de possibles négociations entre M. Benjamin Netanyahu et M. Mahmoud Abbas, à Moscou, à Luxembourg ou ailleurs.

Le représentant a indiqué que les deux parties devaient faire montre d’une véritable retenue et s’abstenir de recourir à la force qui pourrait conduire à la violence et accroître le nombre des victimes, et empêcher tout ce qui peut jouer en faveur des extrémistes qui essaient de saper les fragiles perspectives de paix.  Personne ne peut raisonnablement soutenir que relever ce défi est possible sans aborder ses causes profondes comme le statut non résolu du conflit israélo-palestinien, qu’utilisent en premier lieu les terroristes dans la région. 

En outre, le représentant a regretté la décision de suspendre les élections municipales palestiniennes prévues le 8 octobre.  La réconciliation entre les Palestiniens est une condition importante pour obtenir un accord viable avec Israël.  Mais il a ajouté que si la création d’un État palestinien stable, pacifique et démocratique était dans l’intérêt à long terme d’Israël, le processus d’expansion des colonies actuel et la légalisation des postes avancées pourraient saper les efforts de la communauté internationale en vue de parvenir à des progrès concrets dans le processus de paix. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité demande à la communauté internationale de poursuivre ses efforts afin de renforcer la prise en main du pays par les Afghans

Conseil de sécurité,
7771e séance – matin
CS/12518

Le Conseil de sécurité demande à la communauté internationale de poursuivre ses efforts afin de renforcer la prise en main du pays par les Afghans

Préoccupé par l’état de la sécurité en Afghanistan, le Conseil de sécurité a, ce matin, demandé à la communauté internationale de poursuivre ses efforts et ses actions afin de renforcer la prise en main et la direction du pays par les Afghans et à toutes les parties politiques d’œuvrer de concert afin d’assurer un avenir pacifique et prospère pour le peuple afghan. 

Dans une déclaration lue par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de Septembre, le Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle Zélande, M. Murray McCully, le Conseil de sécurité a également réaffirmé son soutien à un processus de paix et de réconciliation dirigé et contrôlé par les Afghans en vue de parvenir à une paix et une stabilité durables dans le pays et demandé à tous les acteurs nationaux, régionaux et internationaux de coopérer à cet égard.

Par ailleurs, le Conseil de sécurité a condamné les activités terroristes perpétrées par les Taliban, y compris le Réseau Haqqani, ainsi que par Al-Qaida, les groupes affiliés à l’EIIL (Daech) et d’autres groupes armés illégaux, avant de réaffirmer son soutien au Gouvernement et tout particulièrement aux Forces nationales de défense et de sécurité afghanes, dans leur tâche visant à sécuriser le pays et dans leur lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.

Le Conseil a réaffirmé que l’avenir de l’Afghanistan repose sur la construction d’un État stable, sûr et autosuffisant sur le plan économique, à l’abri du terrorisme et des stupéfiants, et fondé sur la primauté du droit, des institutions démocratiques solides, ainsi que la garantie et le respect des droits et des obligations du citoyen. 

Le Conseil a adopté cette déclaration présidentielle lors de l’examen du dernier rapport* du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et d’un débat qui a vu l’intervention d’une trentaine de délégations. 

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, M. Tadamichi Yamamoto, qui présentait ce rapport, a déclaré que les progrès réalisés par le peuple afghan depuis 15 ans étaient une source d’espoir malgré la persistance de difficultés issues de 40 ans de guerre.  Il a ajouté que le succès de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan, qui doit se tenir le 5 octobre 2016, devra donner au Gouvernement afghan le temps et l’espace pour avancer vers plus de stabilité.  

De son côté, M. McCully a estimé que l’Afghanistan souffrait depuis 35 ans de sa propre mauvaise gouvernance et que les divisons entre le Chef de l’exécutif afghan, M. Abdullah Abdullah, et le Président, M. Ashraf Ghani, ainsi que les dysfonctionnements au sein du Gouvernement menaçaient les progrès réalisés depuis 15 ans. 

Réagissant à ces propos, le représentant de l’Afghanistan a invité les délégations à ne pas se mêler de gouvernance interne de son pays.  

Par ailleurs, le représentant russe s’est dit préoccupé par l’augmentation de l’influence de l’État islamique, notamment dans le nord du pays, en s’étonnant que les États-Unis n’aient pas accepté une formule concernant l’EIIL dans le projet de déclaration présidentielle. 

Dans ce contexte, il a appuyé la ligne adoptée par le Gouvernement afghan en matière de réconciliation nationale, en regrettant à l’instar de nombreuses délégations que les négociations -qualifiées d’incontournables- avec les Taliban n’avaient pas encore pu avoir lieu.

Résultat des affrontements des derniers six mois, le nombre de victimes parmi les enfants a augmenté (18%) par rapport à 2015 et s’est établi à 1 509 (388 morts et 1 121 blessés), principalement en raison des affrontements sur le terrain et des engins non explosés.  Le nombre total de victimes des confrontations a atteint 5 166 entre le 1er janvier et le 30 juin 2016, soit le chiffre le plus élevé depuis 2009. 

* S/2016/768

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (S/2016/768)

Déclarations

M. TADAMICHI YAMAMOTO, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, a déclaré que les progrès réalisés par le peuple afghan depuis 15 ans étaient une source d’espoir malgré la persistance de difficultés issues de 40 ans de guerre.  Il a dit que le succès de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan, qui doit se tenir le 5 octobre 2016, devra donner au Gouvernement afghan le temps et l’espace pour avancer vers plus de stabilité.  

M. Yamamoto s’est inquiété des tensions au sein du Gouvernement qui se sont exacerbées au cours de la période considérée, depuis que le Chef de l’exécutif, M. Abdullah Abdullah, a critiqué publiquement l’action du Président, en jugeant que les consultations menées par ce dernier sur plusieurs nominations clefs avaient été insuffisantes et que la mise en œuvre de l’accord de 2014 portant création du Gouvernement d’union nationale était incomplète. 

Citant les faits positifs, le représentant du Secrétaire général a salué les progrès du programme de réformes du Gouvernement.  Il s’est félicité des initiatives du Président pour lutter contre la corruption et a demandé des comptes à ceux qui se sont rendus coupables de tels crimes, ainsi que dans d’autres domaines, dont la responsabilisation, l’architecture de paix et les négociations pour la mise en place d’un nouveau programme du Fonds monétaire international (FMI) notamment pour ce qui est de la récolte des impôts.  Il a aussi souligné les progrès de la planification du Gouvernement pour promouvoir la place de la femme.

Tout en s’inquiétant de la persistance d’attaques qui sont une menace à la stabilité et la sécurité, M. Yamamoto a noté que les Forces nationales de sécurité afghanes répondaient de manière de plus en plus efficace aux différentes attaques et font preuve d’une meilleure gestion des territoires conquis. 

Il a indiqué que le nombre de victimes parmi les enfants avait considérablement augmenté (18%) et s’était établi à 1 509 (388 morts et 1 121 blessés), principalement en raison des affrontements sur le terrain et des engins non explosés.  S’inquiétant de la quantité de personnes nouvellement déplacées depuis janvier 2016, le Représentant spécial a prévenu que le Gouvernement devrait bientôt prendre en charge les besoins d’un million de personnes. 

« La stabilité politique doit être maintenue et les élections doivent avoir lieu », a déclaré M. Yamamoto, avant de souligner l’importance d’un projet de décret dont l’adoption devrait permettre de réaliser certaines réformes électorales et d’aller de l’avant. 

Notant que les combats qui se sont intensifiés cet été laissent craindre un conflit sans fin, le Représentant spécial a appelé à renforcer la confiance entre le Gouvernement et les Taliban pour préparer le terrain à des pourparlers sur le fond.  

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a reconnu que les affrontements armés et les attentats-suicides avaient récemment augmenté dans son pays, faisant de nombreuses victimes civiles, ce qui met à l’épreuve sa résilience, et mène le processus de paix à l’impasse.  En même temps, grâce à l’appui continu de la communauté internationale, nous avons progressé pour renforcer la capacité, la stabilité, le professionnalisme et la pérennité des Forces nationales afghanes de défense et de sécurité, a-t-il indiqué. 

L’Afghanistan a également réalisé des progrès en matière de commerce régional, de lutte contre la corruption, de gouvernance, de respect de l’état de droit et des droits de l’homme, de réforme juridique, de gestion des finances publiques, et dans les domaines bancaires, de la planification du développement, de l’inclusion sociale et du développement du secteur privé, a poursuivi le représentant.

Alors que les groupes terroristes font face à la pression internationale, ils ont recours à des attaques désespérées de plus en plus fréquentes, a toutefois fait remarquer M. Saikal.  Les attaques terroristes ont gagné en ampleur.  Environ 189 personnes, dont de nombreux jeunes, ont perdu la vie et 435 personnes ont été blessées lors des derniers attentats.  Il a condamné « l’attitude lâche des terroristes qui tentent de compenser leurs pertes du printemps ».  « Nous avons des preuves que la plupart des attaques ont été préparées à l’extérieur de l’Afghanistan », a-t-il ajouté.  

Craignant que les Taliban et les autres groupes terroristes ne multiplient leurs attaques « pour gagner en visibilité », le représentant a jugé que les efforts actuels n’étaient pas à la hauteur de la complexité des tactiques de terreur qui évoluent constamment.  Il faut examiner les efforts de lutte antiterroriste pour remédier aux lacunes et aux failles dans leur mise en œuvre, a-t-il plaidé.

Les attaques brutales des Taliban se sont poursuives dans plusieurs parties du pays « pour créer une géographie politique durable », a déploré M. Saikal.  Toutefois, selon lui, les factions extrémistes n’ont pas les capacités nécessaires pour tenir, et il a annoncé que la mobilité et l’efficacité des Forces nationales de sécurité afghanes s’étaient encore améliorées.  À cet égard, il a compté sur le soutien essentiel des partenaires internationaux.

Par ailleurs, M. Saikal s’est félicité du résultat du Sommet de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) qui s’est tenu à Varsovie en juillet dernier.  Le pays s’est engagé à raffermir les institutions sécuritaires et à promouvoir l’autonomisation des femmes dans tous les aspects de la vie afghane.  Des mesures ont également été prises pour protéger les enfants des effets des conflits armés.

En dépit des efforts du Groupe de coordination quadrilatérale, a regretté le représentant, « le Pakistan n’a pas encore saisi l’occasion d’être un artisan de la paix »; il doit prendre les mesures qui s’imposent face aux Taliban.

Le 21 septembre, nous allons célébrer le deuxième anniversaire de l’accord portant création du Gouvernement d’union nationale, s’est félicité le représentant.  Le Conseil de sécurité, a-t-il assuré, « peut compter sur l’élite politique qui est prête à préserver les intérêts nationaux de l’Afghanistan ». 

Enfin, M. Saikal a présenté les points saillants des résultats de l’Afghanistan en matière de développement, dont les projets entrepris avec les partenaires régionaux.  À cet égard, la Conférence de Bruxelles du 5 octobre sera l’occasion de présenter les accomplissements du pays.

En conclusion, a-t-il réitéré, la situation sécuritaire en Afghanistan évolue et le rôle du pays dans la lutte contre le terrorisme demeure essentiel.  

M. MURRAY MCCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a déclaré que les activités des Taliban continuaient de constituer une menace existentielle pour le Gouvernement afghan.  Il a précisé que le sommet de l’OTAN, qui s’est tenu à Varsovie les 8 et 9 juillet, avait été l’occasion pour les membres de l’organisation et les pays contributeurs à la Mission d’appuyer le maintien de la présence de celle-ci en Afghanistan, avec sa structure actuelle, au-delà de 2016. 

M. McCULLY a jugé utile de se demander pourquoi la paix nous échappait toujours en Afghanistan en estimant que ce pays souffrait depuis 35 ans de sa propre mauvaise gouvernance.  « Si la formation d’un programme d’union nationale en 2014 avec un programme de réforme avait suscité des espoirs, les divisons et les dysfonctionnements au sein du Gouvernement menacent les progrès réalisés depuis 15 ans », a estimé le Ministre des affaires étrangères.

Dans ce contexte, il a demandé au Président afghan, M. Ashraf Ghani, et au Chef de l’exécutif, M. Abdullah Abdullah, de surmonter leurs divisions dans l’intérêt du peuple.  « Comment un gouvernement qui ne se parle pas peut engager des négociations avec d’autre parties? », s’est interrogé M. McCully.  Par ailleurs, il a jugé indispensables des négociations entre l’opposition armée et le Gouvernement. 

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a salué l’unité du Conseil de sécurité pour appuyer le Gouvernement de l’Afghanistan.  Il a dit l’importance de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan, qui doit se tenir le 5 octobre 2016, et qui sera l’occasion pour le Gouvernement afghan de présenter son nouveau Cadre national pour la paix et le développement dans le pays. 

S’inquiétant de la fragilité de la situation sécuritaire, il a condamné fermement tout acte terroriste.  Il s’est félicité de l’adoption par le Gouvernement afghan du Plan d’action national afghan pour les femmes et la paix et la sécurité et de la mise en œuvre d’une stratégie nationale sur la question de la violence à l’égard des femmes.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a salué les quelques signes de progrès réalisés en Afghanistan durant la période à l’examen.  Cependant, a-t-il regretté, les tensions politiques qui existent entre plusieurs hauts fonctionnaires sapent le Gouvernement d’unité nationale.  Il a demandé aux dirigeants d’unir leurs efforts et de se concentrer sur la promotion de l’état de droit et de la bonne gouvernance et de renforcer la coordination entre les forces de sécurité.  Selon lui, « promouvoir un processus dirigé par les Afghans devrait être une priorité ».

Le représentant a déploré l’accroissement des hostilités et les « signaux inquiétants » concernant l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations de paix entre le Gouvernement et certains groupes armés.  Il ne peut y avoir de progrès tangibles sans coopération régionale, a-t-il ajouté.  En outre, la situation humanitaire a retenu toute son attention, notamment le nombre élevé de personnes déplacées.  Il a insisté sur la nécessité de mettre pleinement en œuvre le plan national sur les femmes, la paix et la sécurité.

M. Yelchenko a également souhaité que la communauté internationale profite de la prochaine Conférence de Bruxelles pour appuyer le développement socioéconomique de l’Afghanistan, en utilisant au mieux les mécanismes et les acteurs existantes, tel l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), y compris pour faire face aux menaces sécuritaires communes.

M. ALEXIS LAMEK (France) a déclaré qu’à l’approche du deuxième anniversaire du Gouvernement d’union nationale en Afghanistan, il était important de souligner et de soutenir les progrès importants enregistrés par le Gouvernement depuis septembre 2014.  À la veille de la Conférence de Bruxelles, le soutien de la communauté internationale dans la poursuite de cette transition demeurait essentiel.  Le rôle joué par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) à cet égard est évidemment central, a ajouté M. Lamek.

Les défis que l’Afghanistan restent nombreux et divers, a poursuivi le représentant et ce contexte fragile rend le maintien de l’unité du Gouvernement afghan d’autant plus indispensable pour faire face à ces défis.  Le Concept de « processus de paix dirigé par les Afghans » demeure plus que jamais valable parce qu’il n’y a pas de processus de paix qui peut être imposé de l’extérieur.  Des pressions accrues doivent être exercées sur les Taliban par tous ceux qui ont une influence sur eux, afin de donner une chance à un règlement politique, a affirmé M. Lamek.

Il a aussi indiqué qu’il était important que l’Afghanistan travaille avec ses partenaires de la région à une feuille de route pour une paix durable.  « La France appelle également tous les pays de la région à soutenir activement et sans ambigüité la stabilisation de l’Afghanistan et à contribuer positivement à l’établissement d’une paix durable dans ce pays », a exhorté le représentant, qui, avant de terminer a réitéré que le soutien des Nations Unies, notamment à travers la MANUA, était crucial aujourd’hui alors même que l’afflux de réfugiés renvoyés du Pakistan risquait de confronter le Gouvernement afghan et sa population à une situation humanitaire très difficile dans le court terme, et à des problématiques de réintégration à plus long terme.

« La situation en Afghanistan, malgré tous les efforts, ne prête pas à l’optimisme », s’est alarmé M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie).  Préoccupé par l’augmentation de l’influence de l’État islamique, notamment dans le nord du pays, il s’est étonné du fait que les États-Unis n’aient pas accepté une formule concernant l’EIIL dans le projet de déclaration présidentielle.  Il a espéré que les autorités afghanes prendront toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité.

Le représentant a appuyé la ligne adoptée par le Gouvernement afghan en matière de réconciliation nationale, constant toutefois que l’objectif de faire participer les Taliban n’a pas été atteint pour l’instant et qu’il n’y a pas eu de discussions avec le parti islamique extrémiste d’Afghanistan.  Selon lui, « la responsabilité première concernant la situation sécuritaire incombe aux États-Unis et à ses alliés de l’OTAN qui pour le moment ne sont pas arrivés aux résultats escomptés ».  Il a espéré que le maintien des soldats américains et les accords conclus lors du sommet de l’OTAN à Varsovie permettront de renforcer la sécurité.

Par ailleurs, a poursuivi M. Churkin, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour lutter contre les stupéfiants.  À cet égard, Le processus d’Istanbul pourrait générer de nouvelles idées mais il ne devrait pas être un doublon par rapport à d’autres processus.  

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a mis l’accent sur trois aspects dont la sécurité politique, la protection des civils, notamment des enfants et le développement économique de l’Afghanistan.  Il s’est inquiété des conséquences de l’offensive des Taliban qui déstabilise de nombreux districts et fait 5 166 victimes civiles (1 601 morts et 3 565 blessés) entre janvier et juillet 2016, ce qui représente une hausse de 4% par rapport à la même période en 2015 et le bilan le plus lourd établi par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) depuis 2009.

Dans le domaine du développement économique, il s’est félicité de l’adhésion de l’Afghanistan à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en estimant que cette démarche permettra d’ouvrir de nouvelles opportunités de prospérité.  Il a salué les propositions du Gouvernement s’agissant de l’actualisation des résultats concrets que doit permettre d’obtenir le Cadre de responsabilité mutuelle en vue de l’autonomie en 2017-2018.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) s’est inquiété de la menace croissante que constitue l’État islamique en Afghanistan ces derniers mois.  Il a souligné la coopération entre l’Afghanistan et l’Égypte dans le domaine de la lutte contre la traite des êtres humains et l’immigration illégale.  Il a aussi cité la construction du barrage de l’amitié qui permettra d’asseoir la stabilité et d’améliorer les conditions de vie des Afghans.   

« L’Afghanistan se heurte encore à bien des difficultés, mais la communauté internationale ne peut pas se désengager », a fait valoir Mme MICHELE J. SISON (États-Unis).  Elle doit continuer à coopérer avec le Gouvernement afghan et ses voisins.  Au niveau sécuritaire, elle a condamné les attaques répétées des Taliban, en particulier l’attentat contre l’Université américaine afghane.  Les enfants font partie des plus vulnérables, a-t-elle rappelé, et 1 509 d’entre eux ont déjà été tués ou blessés cette année.  De plus, une nouvelle génération afghane est à nouveau orpheline.

Les États-Unis sont prêts à épauler les autorités afghanes pour riposter à ces attentats, a assuré la représentante.  Le Président américain, M. Barack Obama, a décidé de maintenir la présence de 8 400 soldats en Afghanistan jusqu’en 2018. 

En outre, « les États-Unis réfléchissent à toutes les solutions possibles pour que les Taliban s’assoient à la table de négociation », a-t-elle indiqué, avant d’encourager la coopération régionale.  Il faut appuyer les Afghans qui sont en quête d’un règlement négocié, et « les pays de la région doivent cesser d’accueillir les terroristes ».  Elle a également demandé aux voisins de l’Afghanistan de garantir un retour volontaire des personnes déplacées.

« Nous devons tous investir dans la stabilité politique du pays, même si les tensions accrues entre le Président, M. Ashraf Ghani, et le Chef de l’exécutif, M. Abdullah Abdullah, rendent cet objectif plus difficile à atteindre », a affirmé la déléguée.  En dépit de leurs divergences, les deux dirigeants sont attachés à un pays dont l’avenir est plus sûr et prospère, a-t-elle cependant tenu à assurer.  « Le progrès est possible », a-t-elle dit, en louant les dirigeants pour leur lutte contre la corruption.

D’après la représentante, les membres du Conseil de sécurité ont intérêt à ce que les conditions économiques et sociales soient en place pour le développement du pays.  Elle a encouragé les pays à faire des promesses d’aide lors de la Conférence de Bruxelles du 5 octobre.  Elle les a notamment appelés à renouveler leur engagement en faveur de l’éducation et des soins de santé. 

Pour sa part, le Gouvernement afghan doit renouveler ses propres engagements pour attirer les investissements étrangers.  « Les membres du Conseil ne peuvent pas l’oublier: la sécurité de l’Afghanistan, c’est notre sécurité », a-t-elle conclu.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a reconnu qu’il restait encore beaucoup de défis à relever comme la lutte contre la pauvreté, la mise en œuvre des réformes politiques, notamment électorales, et, en particulier, la situation sécuritaire.  À cet égard, il a dépeint un tableau morose des attaques terroristes aveugles contre des civils.  Il a jugé cruciale la lutte contre le terrorisme.

Le Gouvernement afghan tend la main à ses voisins et respecte ses engagements internationaux dans le domaine économique, a constaté le représentant.  Il a espéré que les femmes occuperont la place qui leur revient de droit dans la société et qu’elles seront protégées contre la violence.  La Conférence de Bruxelles, a-t-il conclu, est « le gage de la détermination de la communauté internationale » qui compte bien épauler l’Afghanistan. 

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a estimé que l’instabilité dont nous sommes témoins en Afghanistan requiert l’appui renouvelé de la communauté internationale pour surmonter les défis politiques et sécuritaires de ce pays.  Le représentant de l’Uruguay a déploré les tensions au sein du Gouvernement afghan.  Il a estimé que la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan, qui doit se tenir le 5 octobre 2016, marquera un jalon pour que le peuple afghan accomplisse des progrès dans le domaine des droits de l’homme et de la croissance économique.

Il s’est particulièrement inquiété de la recrudescence de la violence qui a fait 5 166 victimes civiles (1 601 morts et 3 565 blessés) entre le 1er janvier et le 30 juin 2016 et 245 000 cas de personnes nouvellement déplacées depuis janvier 2016.  Il s’est aussi dit préoccupé par la persistance de taux élevés de malnutrition et la difficulté d’accéder aux soins de santé.

M. KORO BESSHO (Japon) a salué les efforts de l’Afghanistan dans la lutte contre la corruption, la transparence et le développement économique et agricole.  Mais des défis persistent, s’est attristé le représentant, dans le domaine politique et sécuritaire, en rappelant l’attentat du 23 juillet dernier et le rapport de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan faisant état du nombre le plus élevé de victimes civiles en six mois depuis 2009. 

Le Japon reste aussi préoccupé par la poursuite des enlèvements, des assassinats et des affrontements militaires et la montée de la tension entre le Président, M. Ashraf Ghani, et le Chef de l’exécutif, M. Abdullah Abdullah.  Le processus de paix est essentiel pour la sécurité future mais il n’y a pas eu de progrès réels dans ce domaine.

Le trafic de drogue reste un problème grave dont le profit va dans l’escarcelle des Taliban et d’autres groupes rebelles provoquant ainsi des nombreuses conséquences négatives.  Le Japon, la Fédération de Russie et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) ont soutenu des programmes de formation de lutte contre le trafic de drogue pour la police afghane et des pays de l’Asie centrale, mais il reste beaucoup à faire face aux défis imposés par ce trafic. 

Le représentant a exhorté les acteurs politiques à tous les niveaux à travailler ensemble et à soutenir le Gouvernement d’unité nationale pour faire face aux nombreuses difficultés de l’Afghanistan.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a jugé indéniable que l’Afghanistan a été transformé depuis 2001 même si beaucoup reste à faire.  Il a salué la conclusion du Sommet de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) tenu à Varsovie les 8 et 9 juillet, qui a été l’occasion de confirmer un financement international pour les Forces nationales de sécurité afghanes jusqu’en 2020. 

Il a dit que les réformes électorales sont indispensables pour rétablir la confiance du peuple afghan.  Il a ajouté que la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan, qui doit se tenir le 5 octobre 2016, marquera un jalon en permettant au Gouvernement afghan de montrer sa détermination en matière de réforme et à la communauté internationale de réaffirmer son soutien à l’Afghanistan.  Il a jugé essentiel de bonnes relations entre le Pakistan et l’Afghanistan.

M. WU HAITAO (Chine) a estimé que la communauté internationale devait redoubler d’efforts pour appuyer le processus de réconciliation nationale, « condition sine qua non pour résoudre les problèmes auxquels fait face l’Afghanistan ».  En tant que « bon ami » de l’Afghanistan, la Chine a participé activement à des mécanismes pour arriver à cette fin, a-t-il précisé.  

La communauté internationale devrait appuyer les forces nationales de sécurité afghanes pour renforcer leurs capacités, en particulier dans la lutte contre le terrorisme, a poursuivi le représentant.  Il faut également aider le pays en matière de bonne gouvernance.  « Toutes les parties doivent œuvrer de concert dans la reconstruction du pays. »  Promouvoir le développement socioéconomique est essentiel pour assurer la stabilité, a-t-il résumé.  

« Force est de constater que la situation politique reste fragile, tandis que la situation sécuritaire continue de se dégrader », a dit M. GORGUI CISS (Sénégal).  Heureusement les efforts conjugués du Gouvernement, de ses partenaires régionaux et de la communauté internationale atténuent les effets de ces crises.

Le représentant a déploré le nombre de pertes civiles sans précédent enregistré par la Mission de l’ONU du fait de la poursuite des affrontements armés et des attentats.  Soulignant l’importance de surmonter l’impasse entre le Gouvernement afghan et certains groupes armés, il a considéré que l’appui des troupes afghanes par l’OTAN s’avérait plus que jamais nécessaire.  Enfin, il a encouragé le Gouvernement dans ses efforts pour la promotion des femmes et la protection des enfants.

M. SAIKAL (Afghanistan) a repris la parole pour souligner que le débat sur la gouvernance à Kaboul relevait des affaires intérieures de l’Afghanistan.  « Les deux dirigeants nationaux ont déjà fait preuve de leur leadership il y a deux ans en établissant un Gouvernement d’unité nationale », a-t-il indiqué. 

M. DOUGLAS NICOMEDES ARCIA VIVAS (Venezuela) s’est dit très préoccupé par l’augmentation des confrontations armées qui se sont traduites par 5 166 victimes civiles (1 601 morts et 3 565 blessés), soit le bilan le plus lourd établi par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) depuis 2009. 

Dans ce contexte, il a jugé essentielle la reprise de négociations directes entre les Taliban et le Gouvernement.  Il s’est inquiété aussi de la présence de l’État islamique.  Saluant les progrès de la coopération régionale entre l’Afghanistan, l’Inde et la République islamique d’Iran dans de nombreux domaines, il s’est toutefois inquiété de l’impact du trafic de drogue sur la stabilité du pays. 

Il s’est en outre félicité de la collaboration entre les services de répression de l’Afghanistan, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan et l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) et de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a rappelé que son pays avait décidé de maintenir un engagement actif dans la Mission de l’OTAN en Afghanistan.  Ces derniers mois, a-t-il constaté, les perspectives de paix n’ont pas été encourageantes.  Il faut donc renouveler les efforts visant à mettre en place les conditions favorables à un processus de paix mené par les Afghans eux-mêmes.  Pour ce faire, le représentant a jugé « essentiel » que les pays de la région coopèrent de manière plus étroite et plus constructive.  S’agissant du renforcement des institutions et de la consolidation du développement socioéconomique, il a estimé que la prochaine Conférence de Bruxelles sera un moment crucial pour l’avancement du pays vers l’autosuffisance et la réduction de sa dépendance à l’aide internationale. 

Pour réaliser les objectifs ambitieux dans les domaines de la démocratie, du développement social, de la santé, des droits des femmes et des filles, de la migration et de la sécurité, l’appui financier de la communauté internationale restera déterminant, a reconnu le représentant.  Mais, a-t-il prévenu, la volonté de l’Afghanistan le sera tout autant. 

Dans l’esprit des principes d’engagement et de responsabilité mutuels qui sous-tendent le partenariat entre l’Afghanistan et la communauté internationale, il est important que tous les plans de réforme soient mis en œuvre concrètement et efficacement.  C’est ce que les donateurs attendent pour confirmer leur aide mais c’est surtout ce que le peuple afghan réclame.  Le représentant a donc espéré que les divergences qui viennent d’émerger au sein du Gouvernement disparaîtront et que l’unité nationale prévaudra.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a dit que le rapport du Secrétaire général dépeignait un tableau très sombre de la situation économique et sécuritaire de l’Afghanistan.  Elle a prévenu que tous les efforts internationaux ne pourront se substituer à la stabilité politique interne.  Elle a dit que la détérioration de la situation sécuritaire était une source de préoccupation pas seulement pour les voisins mais aussi pour la communauté internationale dans son ensemble. 

La représentante pakistanaise a affirmé dit que la paix ne pourrait être obtenue sans un dialogue entre les Taliban et le Gouvernement afghan.  Elle a dit que le Groupe de coordination quadrilatérale, composé de l’Afghanistan, de la Chine, des États-Unis  et du Pakistan, devait montrer un front uni.  Elle s’est inquiétée de la montée de Daech en Afghanistan.  Elle a indiqué que le Pakistan allait clôturer une partie de sa frontière pour faire face au problème des attaques transfrontalières. 

M. HEIKO THOMS (Allemagne) s’est dit préoccupé de l’augmentation du nombre des victimes civiles comme l’a montré le rapport du Secrétaire général.  Le représentant a tout de même salué la politique nationale en matière d’atténuation des victimes civiles du Gouvernement afghan qui devrait être mise en œuvre.  Il est aussi important que la communauté internationale continue de prêter attention à la situation dans ce pays. 

La Conférence sur l’Afghanistan à Bruxelles offrira l’occasion de souligner une fois de plus son appui politique et financier au pays qui aura aussi l’occasion de présenter ses réalisations et les défis restant dans la mise en œuvre de son programme de réforme.

M. Thoms a rappelé que l’Afghanistan était le plus grand engagement à l’extérieur de l’Allemagne en termes civils et militaires, laquelle continuera son soutien.  Cependant, il est crucial qu’une gouvernance inclusive, efficace et réformatrice reste la priorité après la Conférence de Bruxelles.  Cela inclut des progrès dans la réforme électorale pour ouvrir la voie aux élections législatives et des conseils des districts. 

Les réformes économiques sont également très importantes pour contrer le ralentissement de la croissance économique.  Le représentant a encouragé le Gouvernement dans ses efforts de lutte contre la corruption et a indiqué que le processus de paix et de réconciliation était l’unique voie pour la stabilité à long terme de l’Afghanistan et de la région.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a rappelé que cette année la communauté internationale continuait de se mobiliser en faveur de l’Afghanistan.  En juillet dernier, le Sommet de Varsovie a apporté la preuve du maintien de l’appui international aux efforts de l’Afghanistan en matière de sécurité. 

À la veille de la Conférence de Bruxelles, la communauté internationale attend désormais avec attendre avec intérêt la stratégie nationale de développement du Gouvernement afghan.  Dans la capitale belge, la communauté internationale réfléchira à l’appui qu’elle peut offrir et l’Australie tient à souligner les énormes défis que l’Afghanistan doit encore relever pour que les réformes initiées par le Gouvernement se répercutent sur l’Afghan moyen s’agissant en particulier de la réduction de la pauvreté, de l’accès aux services sociaux de base ou de l’emploi. 

Mme JOANNE ADAMSON, Déléguée de l’Union européenne, a dit que les préparations de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan exigeaient l’assurance qu’il y ait une voie politique stable pour aller de l’avant.  Elle a souligné la nécessité de faire des compromis et des concessions pour assurer une solution viable et durable.  Cela demande une perspective à long terme et une approche réaliste qui reconnaît l’importance des défis et exige un appui durable et prévisible de la communauté internationale fondé sur les principes de responsabilité mutuelle.

Mme Adamson a ajouté que la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan était axée sur trois volets: des progrès substantiels dans la capacité de l’État et des institutions par la mise en œuvre efficace des réformes du Gouvernement d’unité nationale; un soutien international qui devrait rester au niveau actuel ou près du niveau actuel jusqu’en 2020, et l’accroissement de l’efficacité de l’aide en appui au nouveau cadre de développement de l’Afghanistan; et un appui régional au processus politique visant la stabilisation, la paix et la coopération économique transfrontalière. 

Après la Conférence, a poursuivi Mma Adamson, « nous sommes sûrs d’arriver à une vision commune et à un cadre de développement pour les années à venir sur la base des plans de mise en œuvre crédibles ».  Le Cadre national de paix et de développement de l’Afghanistan est un document stratégique qui définit les priorités du développement et oriente les programmes de développement du Gouvernement et des donateurs.  L’adhésion du Gouvernement, des arrangements pour une mise en œuvre efficace et des résultats rapides détermineront son succès. 

La lutte contre la corruption reste également un défi majeur et des mesures effectives qui ont conduit aux résultats actuels sont d’une importance capitale comme la création d’un cadre de l’état de droit qui inclut un système juridique fonctionnel et un cadre de maintien de l’ordre respectueux du droit civique.  Ce sont les préconditions pour le respect, la protection et la promotion des droits de l’homme, et en particulier les droits des femmes et des enfants. 

M. TANMAYA LAL (Inde) a estimé que les efforts entrepris par la communauté internationale pour aider l’Afghanistan dans sa lutte contre le terrorisme n’étaient pas suffisants.  « Il faut procéder différemment et de façon plus cohérente », a-t-il dit.  « Le Conseil de sécurité doit trouver les moyens d’inverser la situation sécuritaire qui se détériore », afin de préserver les acquis du peuple afghan de ces 15 dernières années.  Les groupes et les individus qui attaquent le peuple et le Gouvernement afghans ne doivent pas pouvoir trouver refuge dans « le voisinage de l’Afghanistan », a-t-il insisté. 

À ce sujet, la mise en œuvre effective du régime de sanctions du Conseil de sécurité, contre l’État islamique, Al-Qaida et les Taliban s’avère essentiel.  Le fait que les Taliban, « une entité proscrite », ne figurent pas sur la liste comme terroristes « reste un mystère », a avoué le représentant.  Souhaitant une fois de plus en comprendre la raison, il a condamné « la pratique du secret dans l’univers souterrain du Conseil de sécurité ».

Par ailleurs, M. Lal a évoqué le partenariat de développement qui lie son pays à l’Afghanistan et réaffirmé son engagement avec la communauté internationale pour aider le pays.             

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a réaffirmé son appui au processus de paix conduit par les Afghans, tout en condamnant les attentats perpétrés par les Taliban et par d’autres groupes terroristes.  Il a mis en garde contre l’émergence de Daech en Afghanistan et la menace posée par d’autres groupes extrémistes comme le Mouvement islamique d’Ouzbékistan et le Mouvement islamique du Turkistan oriental.  Aujourd’hui, a-t-il insisté, il est plus important que jamais d’appuyer le Gouvernement afghan dans sa lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.

Au cours de la dernière décennie, a indiqué le représentant, l’Iran a dépensé des millions de dollars pour aider l’Afghanistan à réaliser près de 300 projets, que ce soit pour des infrastructures ou pour le renforcement des capacités en matière de ressources humaines.  Cette coopération régionale se poursuit aujourd’hui.  Il a engagé les donateurs, les autorités afghanes et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) à combattre de concert les stupéfiants, une source de revenus importante pour les terroristes et les groupes extrémistes. 

Enfin, l’Iran continue de participer aux travaux de la Commission tripartite pour le rapatriement volontaire des réfugiés afghans.  Pour sa part, l’Iran a enrôlé l’année dernière 386 000 étudiants afghans dans ses écoles et universités, indépendamment de leur statut juridique.    

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a mis l’accent sur trois questions à savoir la réconciliation, la Conférence de Bruxelles à venir et l’égalité hommes-femmes.  Il a salué la qualité de la réponse des forces afghanes aux différents types de menaces et d’attaques.  Il a dit l’importance de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan, qui doit se tenir le 5 octobre 2016, et qui sera l’occasion pour la communauté internationale de réaffirmer son soutien au Gouvernement afghan. 

Il a notamment félicité le Gouvernement afghan pour avoir continué d’élaborer le Cadre national pour la paix et le développement en Afghanistan.  Il a salué aussi la prise en compte de la problématique hommes-femmes dans la réforme du secteur de la sécurité avant de souligner les progrès réalisés pour que des millions de femmes aient accès à des services de base.  Néanmoins, il a estimé que la position des femmes restait précaire en Afghanistan en insistant sur le fait que celles-ci devaient jouer un rôle essentiel dans la reconstruction du pays.    

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a rappelé la contribution de son gouvernement pour la période 2017-2020 qui inclut 195 millions de dollars alloués à la sécurité et 270 millions de dollars en aide au développement.  Le représentant a précisé qu’il s’agissait d’une contribution totale de 465 millions de dollars en financement à venir. 

Il a ajouté que dans le cadre de son programme d’aide au développement axé sur l’éducation, la santé et les droits de la personne, le Canada donne la priorité aux droits des femmes et des filles.  Il a estimé que les progrès pour les femmes et les filles vont servir à faire avancer les droits, la sécurité et l’autonomisation de tous les Afghans. 

Le représentant a ensuite indiqué que le Canada était préoccupé par la détérioration de la sécurité en Afghanistan au cours de la dernière année.  Mais le Canada demeure résolu à soutenir les Forces nationales de défense et de sécurité afghanes et continue de souligner l’importance d’augmenter le nombre de femmes recrutées dans les rangs et d’assurer la protection des femmes et des enfants. 

Il a déclaré que le Canada appuyait pleinement le processus de paix et de réconciliation mené par les Afghans et a appelé les Taliban à se joindre à la table de négociation.  Il a aussi dit qu’il était absolument essentiel que le processus de paix comprenne une participation significative des femmes afghanes. 

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) s’est félicité de l’engagement continu de la communauté internationale pour ce qui est de fournir une assistance en matière de sécurité et de développement à l’Afghanistan.  S’il a noté avec préoccupation que la sécurité restait fragile, il a constaté que les Forces nationales de sécurité afghanes amélioraient leurs capacités à la lumière des enseignements tirés du passé.  Il a par ailleurs estimé que le processus de paix et de réconciliation devait se poursuivre en tant que processus dirigé par les Afghans eux-mêmes.   À cet égard, il a jugé très important que les Taliban viennent s’assoir à la table des négociations.

En tant que pays cochef de file des mesures de renforcement de la confiance contre le terrorisme dans le cadre du Processus d’Istanbul, la Turquie a organisé un cours spécial sur la protection des infrastructures à Ankara, en juillet dernier, a indiqué le représentant.  Le pays se prépare à organiser d’ici à la fin de l’année deux évènements sur la radicalisation et les aspects financiers de la lutte contre le terrorisme.     

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité réaffirme son soutien au Gouvernement afghan et, en prévision de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan qui se tiendra le 5 octobre 2016 et sera coparrainée par l’Union européenne et le Gouvernement afghan, demande à la communauté internationale de poursuivre ses efforts civils et ses actions en faveur du développement pour aider le Gouvernement et le peuple afghans, conformément au Cadre de responsabilité mutuelle en vue de l’autonomie, afin de renforcer la prise en main et la direction du pays par les Afghans.

Le Conseil souligne l’importance des progrès accomplis par l’Afghanistan et demande à toutes les parties politiques d’œuvrer de concert afin d’assurer un avenir pacifique et prospère pour le peuple afghan.

Le Conseil se déclare de nouveau préoccupé par l’état de la sécurité en Afghanistan, condamne les activités terroristes perpétrées par les Taliban, y compris le Réseau Haqqani, ainsi que par Al-Qaida, les groupes affiliés à l’EIIL (Daech) et d’autres groupes armés illégaux, et réaffirme son soutien au Gouvernement et tout particulièrement aux Forces nationales de défense et de sécurité afghanes, dans leur tâche visant à sécuriser le pays et dans leur lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.

Le Conseil réaffirme son soutien à un processus de paix et de réconciliation dirigé et contrôlé par les Afghans en vue de parvenir à une paix et une stabilité durables dans le pays et demande à tous les acteurs nationaux, régionaux et internationaux de coopérer à cet égard.

Le Conseil réaffirme son soutien sans réserve aux activités menées par la MANUA aux fins de l’exécution de son mandat, conformément à la résolution 2274 (2016), ainsi qu’au Représentant spécial du Secrétaire général.

Le Conseil fait de nouveau part de son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de l’Afghanistan et réaffirme que l’avenir de l’Afghanistan repose sur la construction d’un État stable, sûr et autosuffisant sur le plan économique, à l’abri du terrorisme et des stupéfiants, et fondé sur la primauté du droit, des institutions démocratiques solides, ainsi que la garantie et le respect des droits et des obligations du citoyen. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité prolonge jusqu’à la fin 2016 le mandat de la Mission de l’ONU au Libéria

Conseil de sécurité,
7770e séance – matin
CS/12517

Le Conseil de sécurité prolonge jusqu’à la fin 2016 le mandat de la Mission de l’ONU au Libéria

Le Conseil de sécurité a, ce matin, prorogé jusqu’au 31 décembre 2016 le mandat de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL).

Le Conseil, par la résolution 2308 (2016), adoptée à l’unanimité de ses membres, a également décidé de maintenir l’effectif autorisé des composantes militaires et de police de la MINUL à 1 240 et 606 agents, respectivement.

Par cette résolution, le Conseil se dit également prêt à envisager le retrait de cette Mission, créée en 2003, et « le passage à une présence des Nations Unies permettant de continuer d’aider le Gouvernement libérien à consolider la paix ».

Texte du projet de résolution S/2016/772

Le Conseil de sécurité,

Rappelant les résolutions 1509 (2003), 2190 (2014), 2215 (2015), 2239 (2015) et 2288 (2016) sur la situation au Libéria ainsi que la résolution 2284 (2016) sur la situation en Côte d’Ivoire et la résolution 2295 (2016) sur la situation au Mali,

Se félicitant des progrès accomplis dans l’ensemble sur la voie d’une paix, d’une sécurité et d’une stabilité durables au Libéria,

Saluant l’action menée par le Gouvernement libérien, en particulier la Police nationale libérienne, le Bureau de l’immigration et de la naturalisation et les Forces armées du Libéria, en vue d’assumer la responsabilité pleine et entière de la sécurité sur l’ensemble du territoire, qui lui sera transférée par la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) conformément à la transition en matière de sécurité qui s’est achevée le 30 juin 2016,

Soulignant qu’il n’y aura de stabilité durable au Libéria que si le Gouvernement veille à ce que les institutions nationales soient efficaces, responsables et réactives, en particulier pour assurer l’état de droit et appuyer la réconciliation nationale, constatant avec inquiétude que le Gouvernement libérien n’a pas prouvé qu’il avait suffisamment progressé à cet égard et encourageant les États Membres et les organisations multilatérales à renforcer leur assistance,

Notant avec préoccupation le risque de conflit au sujet des ressources naturelles du Libéria et les différends relatifs à la propriété foncière, et notant également que des problèmes de corruption continuent de menacer la stabilité et l’efficacité des institutions publiques,

Encourageant toutes les parties prenantes à faciliter la tenue d’élections pacifiques et sans exclusive au Libéria et insistant sur le fait que la responsabilité de la sécurité et de la conduite d’élections libres, équitables, transparentes et sûres en 2017 incombe aux autorités libériennes,

Se félicitant de l’action menée par le Gouvernement libérien pour resserrer la coopération, y compris en matière de sécurité, auprès des gouvernements et des organisations de la sous-région et notant la coopération entre la MINUL, l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA),

Considérant que la situation qui règne au Libéria continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de proroger jusqu’au 31 décembre 2016 le mandat de la MINUL, tel qu’énoncé aux paragraphes 10 et 16 de la résolution 2239 (2015);

2.    Décide de maintenir l’effectif autorisé des composantes militaire et de police de la MINUL à 1 240 et 606 agents, respectivement;

3.    Affirme qu’il est prêt à envisager, sur la base de l’examen qu’il effectuera, d’ici au 15 décembre 2016, de la capacité globale du Libéria d’assurer des conditions de stabilité et de sécurité sur le terrain, le retrait de la MINUL et le passage à une présence des Nations Unies permettant de continuer d’aider le Gouvernement libérien à consolider la paix et, à cet égard, rappelle la requête qui avait été faite au Secrétaire général d’organiser une mission d’évaluation au Libéria en vue de formuler des recommandations d’ici au 15 novembre 2016 et demande également au Secrétaire général d’inclure une mise à jour sur les modalités proposées au sujet du transfert de la force d’intervention rapide régionale, comme souscrit par le paragraphe 41 de la résolution 2295 (2016);

4.    Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Président de la 71e session de l’Assemblée générale choisit comme thème « les objectifs de développement durable: un élan universel pour transformer notre monde »

Soixante et onzième session ,
1re séance plénière – après-midi
AG/11815

Le Président de la 71e session de l’Assemblée générale choisit comme thème « les objectifs de développement durable: un élan universel pour transformer notre monde »

Accompagné de ses deux petites-filles, Grace, 7 ans et Mirabelle, 5 ans, le Président élu de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson des Fidji, a annoncé comme thème de sa présidence: « Les Objectifs de développement durable, un élan universel pour transformer notre monde ».  Grace et Mirabelle seront de jeunes adultes à l’échéance du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  De quel monde hériteront-elles? s’est demandé le Président élu.  En première ligne des défis climatiques ou des risques de catastrophes, le point de vue des Fidji ne pourra qu’enrichir notre réflexion, a répondu le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.

La soixante et onzième session de l’Assemblée générale doit être l’année où les roues de la réalisation de tous les 17 objectifs de développement durable se mettent en branle, a souhaité le Président élu, premier Président à prêter serment et à être tenu au respect d’un Code de conduite adopté quelques heures plus tôt par l’Assemblée générale.  

M. Peter Thomson s’est engagé à faire comprendre aux gens dans le monde que les 17 objectifs de développement durable sont leurs droits et leurs responsabilités, « la recette » d’un monde durable pour eux et pour leurs enfants.  Il a espéré des directives claires pour une action efficace et intégrée du système de l’ONU en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Président élu a promis d’aligner l’ordre de l’Assemblée générale avec le Programme 2030 et de travailler étroitement avec le Président du Conseil économique et social (ECOSOC).  Il a aussi promis d’œuvrer au succès de la Conférence Habitat III en octobre prochain et de promouvoir un résultat transformateur pour la santé des océans à la Conférence sur le quatorzième objectif de développement durable en juin 2017.

M. Thomson a dit avoir déjà formé une équipe sur les objectifs de développement durable au sein de son Bureau.   Mes petites-filles Grace et Mirabelle, qui ont 7 et 5 ans aujourd’hui, seront de jeunes adultes à l’échéance de ces objectifs en 2030.  De quel monde hériteront-elles? s’est demandé le Président élu.  D’un monde où la perte de biodiversité limite les possibilités de vie?  D’un monde où les niveaux de CO2 auront fait grimper la température au-delà des 2 degrés agréés?  D’un monde où les modes de production et de consommation auront échappé à tout contrôle?  D’un monde où la pauvreté, les inégalités et la mauvaise gouvernance auront poussé les gens à la violence ou à la fuite?  Ou hériteront-elles du monde envisagé dans le Programme 2030?

Les perspectives des Fidji, en première ligne des défis climatiques ou des risques de catastrophes ne pourront qu’enrichir nos débats, a répondu le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, saluant un Président qui sera un pont entre deux secrétaires généraux.

Je fais, a conclu le Président élu, « la déclaration solennelle d’exercer en toute honnêteté, loyauté, discrétion et conscience les fonctions qui m’ont été confiées en ma qualité de Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, de m’acquitter de ces fonctions et de régler ma conduite en ayant exclusivement en vue les intérêts de l’Organisation des Nations Unies, et ce, dans le respect de la Charte des Nations Unies et du Code de conduite du Président de l’Assemblée générale, sans solliciter ni accepter d’instructions d’aucun gouvernement ou autre autorité extérieure à l’Organisation, en ce qui concerne l’accomplissement de mes devoirs. »

M. Peter Thomson est ainsi le Premier Président de l’Assemblée générale à prêter serment et à être tenu au respect d’un Code de conduite.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Président sortant de l’Assemblée générale clôture la 70e session en se félicitant une nouvelle fois du Programme 2030 et de l’Accord de Paris sur le climat

Soixante-dixième session,
118e séance plénière – après-midi
AG/11813

Le Président sortant de l’Assemblée générale clôture la 70e session en se félicitant une nouvelle fois du Programme 2030 et de l’Accord de Paris sur le climat

« Nous avons commencé la soixante-dixième session par le plus grand Sommet de l’histoire des Nations Unies lequel a adopté le Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a rappelé le Président sortant, dans sa déclaration de clôture.  M. Mogens Lykketoft a ajouté à ce succès l’Accord de Paris sur le climat.  « Aujourd’hui le coup de marteau marque la fin d’une session particulièrement productive », a commenté le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.

Dans un monde de pauvreté, de défis climatiques, de conflits, de déplacements forcés, d’inégalités entre les hommes et les femmes et d’injustice sociale, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord « historique » de Paris sur le climat ont ouvert la voie à une transformation « révolutionnaire » de nos modes de production et de consommation.  « Nous n’avons pas d’autre choix », a prévenu le Président sortant.  « Il s’agit d’une nécessité absolue. »

Il est évident, a-t-il poursuivi, que la réalisation du Programme 2030 exigera que l’on inverse la tendance du maintien de la paix et de la sécurité et des droits de l’homme.  La détérioration de la situation de ces droits est malheureusement observée dans de nombreux pays alors que l’on commémore le dixième anniversaire du Conseil des droits de l’homme. 

Le maintien de la paix doit être réévalué et il faut une tolérance zéro pour les cas d’abus et d’exploitation sexuelle commis par les soldats de la paix.  Il faut aussi de meilleurs financements pour la médiation, la prévention et la consolidation de la paix afin de réduire le nombre des conflits et des coûteuses opérations de maintien de la paix.

Le Conseil de sécurité qui est supposé être le garant de la paix et de la sécurité internationales ne parvient pas toujours au consensus et est parfois contraint à l’inaction, a regretté le Président sortant qui a estimé que le monde a besoin des grandes et des petites puissances pour réitérer les exploits du Programme 2030, de l’Accord de Paris et des avancées sur le nucléaire iranien mais aussi pour mettre en œuvre la feuille de route pour la Syrie, gagner la lutte contre le terrorisme, cesser la course aux armements et relancer les négociations sur le désarmement. 

Le Conseil de sécurité doit être réformé pour mieux refléter les réalités géopolitiques du XXIsiècle et il faut que tous les acteurs, y compris les cinq membres permanents du Conseil, changent le scénario et se montrent prêts aux compromis.

Le Président sortant a conclu en se disant « fier » d’avoir ouvert une nouvelle ère de transparence pour la sélection du futur secrétaire général de l’ONU.  Mais, a-t-il prévenu, la transparence et l’ouverture doivent aller au-delà de ce processus de sélection.  Il a dénoncé l’impasse dans la question de la participation de la société civile aux réunions de l’ONU, en particulier le fait que la réunion sur le VIH/sida ait été assombrie par le refus de voir participer les ONG focalisées sur les questions liées aux LGBT.  Il n’a pas non plus manqué de dénoncer la manière dont se déroulent les négociations à la Commission administrative et budgétaire.

Les États ont fait beaucoup au cours de cette session, a tout de même souligné le Secrétaire général de l’ONU.  M. Ban Ki-moon est revenu sur le processus de sélection de son successeur, « une des innovations les plus remarquables » de cette session.  L’Assemblée générale a en effet enclenché un processus qui jette la lumière sur ce qui était largement un processus « opaque », a dit le Secrétaire général.  Les dialogues informels avec les candidats ont aidé les États à mieux comprendre leur vision et ont donné aux gens dans le monde le sentiment d’être plus impliqués dans le processus.  Quel que soit le résultat, il est clair que ce nouveau processus a établi une nouvelle norme qu’on ne peut plus renier.  La soixante et onzième session partira de tout ce qui a été accompli au cours de cette session pour résoudre les conflits, protéger les droits de l’homme et avancer vers une prospérité pour tous sur une planète saine, a conclu le Secrétaire général.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte le texte de la prestation de serment et le Code de conduite de ses futurs présidents

Soixante-dixième session,
117e séance plénière – matin
AG/11812

L’Assemblée générale adopte le texte de la prestation de serment et le Code de conduite de ses futurs présidents

L’Assemblée générale a adopté aujourd’hui le texte de la prestation de serment et le Code de conduite inclus dans une résolution* décrite comme « une percée » ou « le triomphe du consensus » sur la revitalisation de ses travaux.  À six jours de son Sommet sur « les déplacements massifs des réfugiés et des migrants », l’Assemblée a dû par ailleurs recourir à un vote pour inscrire à son ordre du jour un point sur la sensibilisation de l’opinion mondiale au drame des migrants en situation irrégulière.

Le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, du Danemark, a jugé opportun que sa dernière résolution porte sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée dont « le point le plus marquant » est sans conteste la transparence et la responsabilité du Bureau du Président.  La résolution comprend en effet le texte de la prestation de serment et le Code de conduite auxquels est désormais soumis le Président de l’Assemblée générale.

« Je fais la déclaration solennelle d’exercer en toute honnêteté, loyauté, discrétion et conscience les fonctions qui m’ont été confiées…, de m’acquitter de ces fonctions et de régler ma conduite en ayant exclusivement en vue les intérêts de l’ONU… et du Code de conduite… ».  Ce Code impose entre autres au Président de l’Assemblée générale de s’abstenir d’utiliser sa fonction ou les ressources qui lui sont attachées dans son intérêt personnel, d’accorder un traitement préférentiel injustifié à un État, une organisation ou une personne quels qu’ils soient, d’entraver les travaux de l’Organisation, d’adopter une conduite partisane, partiale ou entachée de préjugés et de nuire à la confiance que les États Membres placent dans l’intégrité des travaux de l’Organisation.  Dans la résolution, L’Assemblée décide aussi que ses présidents devront faire une déclaration de situation financière lorsqu’ils entreront en fonctions ou quitteront leurs fonctions, dans le respect obligatoire du dispositif de transparence financière. 

Cette résolution est un autre exemple de l’action effective, opportune et décisive qui peut être menée au nom de l’Assemblée générale, a insisté le Président de la soixante-dixième session.  Le représentant de l’Union européenne a salué « une percée » propre à améliorer l’image des Nations Unies en général et du Bureau du Président de l’Assemblée générale en particulier.  Au nom du Groupe « Accountability, Coherence and Transparency (ACT) », le représentant de l’Estonie s’est particulièrement félicité des dispositions sur la sélection et la nomination du Secrétaire général et d’autres chefs de secrétariat, exhortant le Conseil de sécurité à ne pas décevoir les attentes des autres États Membres des Nations Unies quant à la nouvelle norme d’ouverture et de transparence pour le processus de sélection du futur secrétaire général. 

En effet, a commenté le représentant du Brésil, la résolution adoptée 10 mois après d’intenses négociations reflète un engagement commun en faveur de processus décisionnels plus inclusifs et plus démocratiques.  Il a insisté sur les dispositions relatives à la nomination des hauts responsables de l’ONU de manière conforme aux règlements intérieurs et à la Charte et au principe selon lequel aucun ressortant d’un État ou d’un groupe d’États ne devrait avoir le monopole des hautes fonctions dans le système des Nations Unies.  Son homologue de la Colombie s’est attardé sur la disposition relative à la nécessité d’assurer une répartition juste et équitable entre les sexes sur une base géographique aussi large que possible.  Coprésident du Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, le représentant de la Croatie a salué « le succès commun » qu’est l’adoption de la résolution.  C’est, a-t-il dit, « le triomphe du consensus », « l’exemple de ce qu’on peut accomplir quand on travaille ensemble » grâce à « des compromis créatifs ». 

Le Secrétariat a indiqué que l’adoption de cette résolution se traduira par des dépenses supplémentaires de 454 000 dollars sur le budget 2018-2019. 

À six jours du Sommet sur « les déplacements massifs des réfugiés et des migrants », l’Assemblée générale a dû recourir à un vote –82 voix pour, 9 contre (Bolivie, Iran, Lesotho, Nicaragua, Fédération de Russie, Syrie, Tanzanie, Venezuela, Zimbabwe) et 21 abstentions- pour inscrire à l’ordre du jour de sa prochaine session le point « Sensibilisation de l’opinion mondiale au drame des migrants en situation irrégulière, en particulier au drame des migrants en situation irrégulière en particulier les demandeurs d’asile syriens, dans le bassin méditerranéen ». 

Une trentaine de délégations a expliqué son vote.  Les représentants de la Syrie, de la Fédération de Russie, du Bélarus, de la Chine, du Venezuela, de l’Iran, de l’Équateur ou de Cuba se sont opposés au texte au motif que la mention « en particulier les demandeurs d’asile syriens » politise la question des réfugiés dans le bassin méditerranéen.  Ils ont rappelé avec d’autres que 80% des réfugiés arrivés en Europe cette année ne viennent pas de Syrie et qu’il est par conséquent inapproprié de se concentrer sur les réfugiés de nationalité syrienne. 

Un avis contraire a été exposé par les représentants du Canada, des États-Unis, d’Haïti, de l’Italie, du Maroc, du Japon, du Costa Rica, de la Colombie, du Qatar, de l’Arabie saoudite ou encore de Singapour.  Leur homologue de la Turquie a estimé que le drame que vivent 4,8 millions de réfugiés syriens appelle à l’unité. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Libye: « l’économie de guerre doit devenir une économie de paix », déclare le Représentant spécial du Secrétaire général

7769e séance – après-midi
CS/12515

Libye: « l’économie de guerre doit devenir une économie de paix », déclare le Représentant spécial du Secrétaire général

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, M. Martin Kobler, a affirmé, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, que, depuis son dernier exposé, le « paradoxe » de ce pays était « devenu encore plus évident ».

Après avoir fait le point sur la situation sécuritaire et politique de la Libye, M. Kobler a insisté sur l’urgence de résoudre la crise économique. 

Le pays, a-t-il ainsi souligné, dispose d’un potentiel énorme, d’immenses ressources naturelles et d’une jeune population impatiente de refaçonner forme à son avenir.  Et pourtant, les Libyens font la queue devant les banques pour retirer leur limite quotidienne de 200 dinars, soit environ 40 dollars, et acheter des produits de première nécessité de plus en plus chers.

« Avec peu de perspectives, une insécurité rampante et une corruption endémique, la tentation pour les jeunes de quitter le pays ou de joindre des groupes armés peut être trop forte », a-t-il constaté. 

Abordant la situation sécuritaire, M. Kobler a déploré l’attaque menée par des unités de l’Armée nationale libyenne, commandées par le général Khalifa Haftar, contre les terminaux et les ports pétroliers du Croissant pétrolier, qui va priver la Libye de sa seule source de revenus et accroître la division du pays.  

« Les ressources naturelles libyennes appartiennent à tous les Libyens », a déclaré le Représentant spécial.  « Elles doivent être protégées et légalement exportées sous l’autorité du Conseil de la présidence. »  Il a appelé à une cessation immédiate des hostilités.  Il a précisé qu’il avait essayé, en vain, de contacter le général Haftar pour l’encourager à accepter le dialogue.

Sur une note positive, les forces loyales au Conseil de la présidence ont réalisé des progrès impressionnants pour bouter l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) de son dernier bastion en Libye, à Syrte.  « Très bientôt, l’EIIL n’aura plus de territoire en Libye », a-t-il assuré.  Il a remercié en particulier les États-Unis pour leur soutien aérien qui a renforcé l’aptitude du Conseil de la présidence à vaincre l’EIIL.

M. Kobler a expliqué qu’il avait convoqué une réunion avec les principaux ministres du Gouvernement d’entente nationale pour élaborer un plan après la libération de Syrte.  « Les efforts de reconstruction de Syrte doivent servir de modèle pour d’autres endroits tels que Benghazi », a-t-il souhaité.

Par ailleurs, la Libye reste une plaque tournante pour des milliers de migrants.  Cette année, 112 000 migrants ont atteint les côtes italiennes; 3 000 se sont noyés et plusieurs milliers sont morts en route dans le désert.    

« Cette perte insensée de vies humaines est inacceptable », s’est écrié M. Kobler.  La lutte contre le terrorisme et le flux de migrants sont les symptômes du manque d’institutions unifiées et effectives en Libye.

En outre, la situation de sécurité à Tripoli reste très fragile.  Les progrès ne seront possibles que si tous les acteurs de sécurité libyens tombent d’accord sur une hiérarchie unique avec le Conseil de la présidence comme commandant suprême de l’armée libyenne.

M. Kobler a fait ensuite le point sur la situation politique.  Après des mois d’impasse, la Chambre des représentants a décidé, le 22 août, de rejeter le Gouvernement d’entente nationale.  Néanmoins, M. Kobler y a vu une nouvelle opportunité pour solliciter l’approbation d’un gouvernement d’unité. 

Le rôle du dialogue politique libyen conserve son importance, a-t-il estimé.  Bien qu’il y ait des divergences, c’est la seule façon d’avancer dans la transition.   « Il n’y a pas d’alternative », a-t-il insisté. 

L’appui au Conseil de la présidence doit se refléter dans la pratique sur le terrain.  Il ne doit pas y avoir d’institutions parallèles libyennes en dehors du Gouvernement d’entente nationale et « il ne faut pas leur dérouler le tapis rouge ».  Tous les membres du Conseil de la présidence doivent se mettre d’accord sur une nouvelle liste et, notamment, réserver 30% des postes à des femmes.  À cet égard, M. Kobler a appelé de ses vœux la présence d’observateurs libyens et internationaux.  

Sur la question de la réconciliation nationale, le Représentant spécial a indiqué que la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL) avait lancé, le 31 août, un cycle de discussion pour « aider les Libyens à trouver en eux-mêmes la volonté de pardonner et de surmonter le passé, et de bâtir un avenir ensemble ». 

En Libye, 70% de la population est âgée de moins de 35 ans et la fuite des cerveaux constitue un problème très grave pour la Libye.  

Enfin, M. Kobler a parlé de la situation économique.  « Nos efforts ne seront couronnés de succès que si les Libyens traitent de la crise économique croissante », a-t-il souligné.  « Le pays est au bord du gouffre. »

La production pétrolière est à son point le plus bas, avec seulement 200 000 barils par jour, comparé à 1,4 million avant la révolution.  Le pays enregistre un déficit budgétaire de 75%.

La Libye ne pourra pas dépendre longtemps de ses réserves étrangères, a averti le Représentant spécial.  « L’économie de guerre doit devenir une économie de paix », a-t-il continué.  Il est indispensable de rouvrir les oléoducs.

Constant que les divisions politiques s’approfondissaient plus que jamais, il a jugé qu’une action forte était nécessaire pour convaincre les parties prenantes libyennes d’instaurer des institutions ouvertes et participatives.

En conclusion, M. Kobler a dit attendre avec intérêt la réunion ministérielle sur la Libye, qui se tiendra le 22 septembre prochain, en marge de l’Assemblée générale.

M. Ramlan Bin Ibrahim, de la Malaisie, est revenu sur les travaux du Comité du Conseil de sécurité établi par la résolution 1970 (2011) concernant la Libye, couvrant la période allant du 7 juin au 14 septembre, notamment la notification déposée au Comité par le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques concernant l’embargo sur les armes et sur laquelle le Conseil n’a pas pris de « décision négative », le 15 juin 2016. 

Le 23 août, le Comité a approuvé la demande d’extension de l’exemption d’interdiction de voyager pour six mois supplémentaires.  Le Comité a également reçu, le 29 août, une notification concernant les mesures gel des avoirs et restrictions commerciales sans faire d’objection.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité autorise la Mission de l’ONU en Colombie à aider le Gouvernement à organiser la surveillance du cessez-le-feu

7768e séance – matin  
CS/12514

Le Conseil de sécurité autorise la Mission de l’ONU en Colombie à aider le Gouvernement à organiser la surveillance du cessez-le-feu

En adoptant à l’unanimité de ses membres la résolution 2307 (2016), le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, d’autoriser la Mission des Nations Unies en Colombie à apporter, à part égale avec le Gouvernement colombien, l’aide nécessaire à la surveillance et à la vérification des accords de paix récemment conclus entre le Gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).

Créée le 25 janvier dernier, par la résolution 2261 (2016), et à la demande du Gouvernement colombien, la Mission des Nations Unies en Colombie est une mission politique composée d’observateurs internationaux non armés chargés de surveiller et de vérifier le dépôt des armes, et une composante du mécanisme tripartite qui assurera la surveillance et la vérification du cessez-le-feu et de la cessation des hostilités entre les deux parties. 

D’ici la fin du mois, la signature de l’accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable, conclu le 24 août 2016 entre les parties, marquera le début des activités de la Mission, pour une période de 12 mois.

Conscient de la nécessité de déployer rapidement le mécanisme tripartite, le Conseil autorise ainsi la Mission à apporter « l’aide nécessaire à la préparation et à la gestion des installations des zones et points locaux provisoires pour la normalisation ».

Le Conseil de sécurité approuve également les recommandations détaillées du Secrétaire général concernant la dimension, les aspects opérationnels et le mandat de la Mission, y compris les coûts afférents à la mise en place et au fonctionnement du mécanisme tripartite, contenues dans son rapport sur la question*.

Il accueille avec satisfaction les contributions déjà présentées par des observateurs non armés, y compris par les États membres de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes.

Tous les membres du Conseil ont salué l’accord de paix « historique » signé entre le Gouvernement colombien et les FARC.   

Cette résolution ne représente toutefois « qu’une étape supplémentaire dans le long voyage de la Colombie vers la paix », a rappelé le représentant du Royaume-Uni, son auteur principal.  Les enjeux sont énormes et que la paix reste encore fragile, a renchéri son homologue des États-Unis. 

Le Venezuela a offert les services de 100 Vénézuéliens au sein de la Mission, et l’Espagne a annoncé qu’elle enverrait 22 observateurs, dont 25% de femmes.

Pour sa part, la Nouvelle-Zélande a promis d’aider la Colombie à réaliser son objectif de devenir « un pays sans mines » avant 2021.

L’Uruguay s’est félicité du fait que le processus de paix ait été initié par et pour les Colombiens.  Avec l’approbation du référendum organisé le 2 octobre prochain, « les Colombiens auront la possibilité d’ouvrir la porte qui conduira à un avenir meilleur », a conclu la représentante de la Colombie. 

 

*S/2016/729

LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53)

Texte du projet de résolution (S/2016/774)

Le Conseil de sécurité,

Se félicitant de l’accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable conclu le 24 août 2016 entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP), et saluant la détermination des parties à parvenir à cet accord historique pour mettre un terme à plus de 50 années de conflit,

Se félicitant également des accords conclus le 23 juin 2016 entre le Gouvernement colombien et les FARC-EP, notamment l’Accord portant cessez-le-feu et cessation des hostilités bilatéraux et définitifs et dépôt des armes, qui prévoit la mise en place d’un mécanisme tripartite de surveillance et de vérification,

Rappelant la résolution 2261 (2016) mettant en place, pour une période de 12 mois, une mission politique (« la Mission ») qui sera la composante internationale dudit mécanisme et dont elle assurera la coordination,

Attendant avec intérêt la prochaine conclusion d’un accord sur le statut de la mission entre l’Organisation des Nations Unies et le Gouvernement colombien,

Ayant examiné le rapport en date du 19 août 2016 adressé au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2016/729),

1.    Se félicite du rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en Colombie (S/2016/729) et approuve les recommandations qui y figurent concernant la dimension, les aspects opérationnels et le mandat de la Mission, y compris les recommandations formulées au paragraphe 36;

2.    Est conscient de la nécessité de déployer rapidement le mécanisme tripartite et autorise la Mission à apporter, à part égale avec le Gouvernement colombien, l’aide nécessaire à la préparation et à la gestion des installations des Zones et Points locaux provisoires pour la normalisation  au cours de la période de 12 mois autorisée par la résolution 2261 (2016);

3.    Accueille avec satisfaction les contributions déjà présentées par des observateurs non armés, y compris par les États membres de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes et d’autres États, et attend avec intérêt de nouvelles contributions.

Déclarations

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a salué un accord véritablement historique et « un processus qui apporte déjà les fruits de la paix ».  Selon lui, « le Conseil de sécurité a montré beaucoup de souplesse et de délicatesse pour répondre rapidement à la demande de la Colombie ».  Cette résolution ne se limite toutefois pas à des hommages et « il faut être sûr que l’accord historique se transforme en paix historique ».  Ce n’est qu’une étape supplémentaire dans le long voyage de la Colombie vers la paix.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a reconnu le courage dont ont fait montre les deux parties durant ces quatre années de négociations et qui ont permis d’aboutir à un accord qui permettra de renforcer la paix dans la région.  Il a réitéré que son pays était prêt à coopérer avec toutes les parties.  En particulier, il s’est félicité du fait que le processus a été initié par et pour les Colombiens.  « Voilà un exemple pour la communauté internationale », a-t-il conclu.   

Après avoir salué l’appui du Conseil de sécurité à la mise en œuvre de l’accord de paix entre le Gouvernement de la Colombie et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a souligné le rôle des autres pays qui y ont aussi contribué: le Chili, Cuba, la Norvège et le Venezuela.  Elle a ajouté que les États-Unis resteraient un partenaire de la Colombie en temps de paix. 

Elle a indiqué que la mise en œuvre de l’accord faisait partie de la recherche d’une paix durable en Colombie.  Elle a toutefois fait remarquer que les enjeux demeuraient énormes et que la paix restait encore fragile. 

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a dit que cet accord permettrait de mettre fin à un conflit de vieux de 50 ans en Colombie.  Pour construire une paix stable et pérenne, il est important que la Colombie puisse bâtir à une société de paix, a ajouté le représentant.  Il a rappelé que son pays avait accueilli plus de quatre millions de réfugiés Colombiens pendant la guerre.  « Nous avons aussi subi les conséquences du conflit mais le Venezuela est fier d’avoir pu jouer ce rôle de garant qui a permis la signature de l’accord de paix. »  Le travail et la tâche de la Mission politique spéciale sont difficiles, a averti le représentant, qui a jugé important que l’ONU agisse de manière unie, notamment dans le financement de la Mission. 

Il faudra aussi aider à créer un espace politique et économique pour tous les combattants, ainsi qu’une dynamique de paix et de tolérance au sein de la société.  Le représentant s’est par ailleurs dit préoccupé par les facteurs existants de violence, comme la présence de paramilitaires et le trafic des stupéfiants en Colombie. 

Le succès de la mise en œuvre de la résolution devrait encourager les autres groupes encore en guerre à s’associer à l’accord, a-t-il affirmé.  Le Venezuela offre les services de 100 observateurs vénézuéliens au sein de la Mission politique spéciale, a annoncé le représentant.  

M. MURRAY McCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a déclaré qu’en adoptant la résolution, qui crée une Mission politique spéciale afin d’aider à surveiller et à vérifier l’accord de cessez-le-feu et le dépôt des armes en Colombie, le Conseil de sécurité assurait son rôle d’assurer l’avenir pacifique du pays.  « Nous espérons que les activités de la Mission politique spéciale pourront contribuer à aider à donner la confiance à toutes les parties et que les éléments clefs de l’accord seront pleinement et effectivement mis en œuvre par les deux parties », a déclaré le Ministre.   

Il a estimé que la réponse du Conseil de sécurité à la Colombie représentait aussi un modèle positif et inhabituel sur la manière dont cet organe devrait et pourrait interagir avec les États touchés par des conflits.  « C’est rare pour un pays de venir volontairement au Conseil de sécurité pour lui demander son aide », a-t-il dit, ajoutant: « Cette démarche et la réponse du Conseil de sécurité ont montré un exemple d’une relation constructive qui peut exister entre le Conseil et les pays qu’il cherche à aider ». 

« Des défis restent et la route est longue pour assurer la paix.  Mais avec l’engagement de toutes les parties, nous sommes confiants que ces défis peuvent être relevés », a poursuivi le Ministre.  Le peuple colombien aura l’occasion d’exprimer sa position sur l’accord de paix au cours du référendum du 2 octobre prochain.  « Nous souhaitons qu’il choisisse la voie de la paix. » 

En outre, M. McCully a promis que son gouvernement apporterait son aide à la Colombie à réaliser son objectif de devenir « un pays sans mines » avant 2021.

Après avoir félicité les parties et les efforts consentis par le Gouvernement de la Colombie et par les pays garants de l’accord et accompagnateurs du processus, M. LIU JIEYI (Chine) a estimé que cet accord permettra que la stabilité et une paix pérennes s’installent dans le pays et la région.  Il a espéré que les Nations Unies, tout en respectant la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Colombie,  faciliteront au plus vite le déploiement de la Mission.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a appuyé cette résolution qui fixe la taille, les aspects pratiques et le mandat de la Mission créée par le Conseil de sécurité et qui lui permettra de poursuivre son déploiement sur le terrain dans les meilleurs délais, dans le but d’être pleinement opérationnelle au moment de l’entrée en vigueur de l’accord de paix global et définitif.

L’adoption de cette résolution, « l’une des dernières pierres essentielles à l’édifice de la paix en Colombie, montre que l’ONU et le Conseil de sécurité ont été à la hauteur des attentes qui avaient été placées en eux », s’est félicité le représentant.  Il a notamment salué « le courage et la clairvoyance » du Président colombien.  Il a rappelé que la France se tient, à titre national, aux côtés du peuple colombien et qu’elle contribuera au processus sur le plan bilatéral.

M. FODÉ SECK (Sénégal), qui a rappelé l’adoption de la résolution 2261 (2016) en janvier dernier après la signature le 24 août 2015 de l’accord de paix en Colombie, s’est félicité de la confiance accordée par les deux parties au Conseil de sécurité. 

Cette mission politique spéciale aura la tâche de surveiller la cessation des hostilités, le dépôt des armes et la mise en œuvre des mesures de séparation des armées, a rappelé le représentant, qui s’est réjoui du fait que la Colombie ait bien appris des leçons de son histoire de ces 50 dernières années.

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a prié les deux parties en Colombie à mettre en application l’accord de paix et a souhaité plein succès au mécanisme tripartite de surveillance et de vérification de l’accord « portant cessez-le-feu et cessation des hostilités bilatéraux et définitifs et dépôt des armes entre le Gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie ».

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a reconnu que le Conseil de sécurité avait été soucieux d’apporter le soutien nécessaire au Gouvernement colombien. Il a espéré que le peuple colombien sera satisfait de cet accord et qu’il sera véritablement mis en œuvre.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a félicité en particulier les parties qui se sont engagées à protéger les droits des enfants dans le processus de paix.  À cet égard, il a souligné l’importance de la coordination avec tous les mécanismes de l’ONU en Colombie et appuyé pleinement le représentant spécial du Secrétaire général, M. Jean Arnault.

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) s’est félicité de la conclusion de l’accord entre le Gouvernement de la Colombie et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) qui « est dans l’intérêt de tous les Colombiens ».  Les Colombiens doivent être les premiers à prendre en charge la mise en œuvre de cette résolution, a dit le représentant, pour qui la communauté internationale a son rôle à jouer à travers la résolution adoptée aujourd’hui. 

Le Japon s’attache également au développement économique et social ainsi que l’aide aux victimes en Colombie.  Le Japon est heureux d’être le « compagnon de route » du peuple colombien vers la paix.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a annoncé que son pays enverrait 22 observateurs pour la Mission, dont 25% seront des femmes.  Cette Mission devra concentrer ses efforts sur la surveillance du dépôt des armes, l’accord de cessez-le-feu, ainsi que sur l’aide aux victimes et le déminage, a rappelé le représentant.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) s’est félicité de l’adoption de la résolution en faveur d’une paix durable et stable en Colombie.  Selon lui, « le Conseil de sécurité devrait continuer à jouer un rôle dynamique en appuyant les parties qui s’attachent à mettre en œuvre l’accord ».  Il s’est dit convaincu que l’expérience de la Colombie permettra d’apporter la stabilité dans d’autres régions du monde touchées par des conflits.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a souligné l’importance cruciale de cet accord qui ouvre « une nouvelle page dans l’histoire du pays ».  Il a salué la volonté politique des parties et les efforts de médiation consentis par les pays garants et accompagnateurs.  Il a rappelé l’efficacité des moyens juridiques pour résoudre « même les problèmes les plus anciens et les plus sanglants ». 

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a remercié les États Membres de l’ONU pour leur engagement en faveur de la paix dans son pays.  Elle s’est réjouie à la perspective de la signature, 26 septembre prochain, de l’accord final « pour mettre fin de façon définitive à plus de cinq décennies de conflit en Colombie ».

« Le processus de négociation a été ardu, complexe et non exempt de difficultés », a rappelé la représentante.  Mais il a été « ouvert à tous » et « la pierre angulaire a été le souci de la protection des droits de l’homme ».  L’accord a commencé à porter ses fruits, a-t-elle souligné, notant que le 10 septembre, les délégués du Comité international de la Croix-Rouge avaient reçu les premiers enfants mineurs libérés dans les rangs des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).  Enfin, avec l’approbation du référendum organisé le 2 octobre prochain, « les Colombiens auront la possibilité d’ouvrir la porte qui conduira à un avenir meilleur », a-t-elle prédit.  

 

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