En cours au Siège de l'ONU

Débat de haut niveau, Trentième anniversaire de la Déclaration sur le droit au développement,
Matin & après-midi
AG/11827

Assemblée générale: les États soulignent le lien intrinsèque entre le Programme 2030 et la Déclaration sur le droit au développement adoptée il y a 30 ans

L’Assemblée générale a tenu aujourd’hui un débat de haut niveau pour commémorer le trentième anniversaire de la Déclaration sur le droit au développement au cours duquel le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a souligné que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 représente une occasion unique de répondre aux aspirations qui ont motivé l’adoption de la Déclaration.  

Adoptée par l’Assemblée générale, le 4 décembre 1986, la Déclaration sur le droit au développement comprend 10 articles énonçant des exigences essentielles: faire de l’individu le sujet central du développement, assurer une participation libre, active et utile, garantir la non-discrimination, répartir équitablement les bénéfices du développement, respecter l’autodétermination et la souveraineté sur les ressources naturelles, le tout dans un processus qui fait progresser l’exercice des autres droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels.

L’esprit de la Déclaration est reflété dans le Programme 2030, a dit le Secrétaire général de l’ONU.  L’accent que les 17 objectifs de développement durable mettent sur l’égalité, la participation, l’autonomisation et la promesse de ne laisser personne de côté font écho à la définition du droit au développement comme « un droit de l’homme inaliénable ».  Comme la Déclaration, le Programme 2030 reconnaît que chaque pays est responsable au premier chef de son développement économique et social, tout en affirmant que la coopération internationale et le partenariat sont essentiels à sa mise en œuvre.

Depuis l’adoption de la Déclaration, a poursuivi le Secrétaire général, le monde a spectaculairement changé: la population a augmenté de 50%, les anciennes divisions disparaissent, les économies émergentes jouent les premiers rôles dans le commerce international et l’impact des changements climatiques est largement reconnu.  Malgré cela, les pays développés et en développement font encore face à des problèmes, qu’il s’agisse des crises financières, de la mauvaise répartition de la croissance ou des inégalités croissantes.  Grâce au Programme 2030, la communauté internationale s’offre de nouvelles perspectives pour réaliser le droit au développement, a souligné M. Ban.

Le Programme 2030 témoigne de l’engagement mondial à sauver la planète et les peuples, a dit en écho le Président de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, des Fidji.  À bien des égards, la Déclaration sur le droit au développement a jeté les bases de textes importants comme le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et l’Accord de Paris sur le climat, a-t-il estimé, en soulignant l’importance de lutter contre la pauvreté et de placer la planète au cœur des efforts. 

« Le travail qui nous attend est clair: respecter le droit au développement », a ajouté le Président.  Au cours de cette soixante et onzième session, a-t-il assuré, l’Assemblée générale va s’efforcer de faire progresser les 17 objectifs de développement durable.  « Notre crédibilité dépend de la réalisation du Programme 2030 », a-t-il dit, en appelant les États Membres à placer leurs citoyens au centre de leurs programmes de développement.  Corriger les injustices historiques et répondre aux besoins des vulnérables est « essentiel ». 

La juste répartition des fruits du développement sans aucune discrimination et le droit de tous les individus et peuples à participer librement et pleinement à la prise de décisions sont dûment consacrés dans la Déclaration sur le droit au développement, a commenté, à son tour, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad al Hussein.  Ce sont les inégalités, l’exclusion et l’oppression qui ont étouffé le développement et nourri les tensions et les conflits dans le monde, a prévenu le Haut-Commissaire.  Appelant à un vrai sentiment d’urgence et décrivant le droit au développement comme « le noyau normatif » du Programme 2030, il a ajouté que l’anniversaire de la Déclaration rappelait au monde que les migrants, les autochtones, les autres minorités et les personnes handicapées ont le droit au développement.  Le véritable objectif de l’entreprise économique est d’améliorer le bien-être des peuples et non d’exploiter leur labeur pour s’enrichir, a tranché le Haut-Commissaire.

Justement, a poursuivi le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), M. Mukhisa Kituyi.  La Déclaration a ceci de visionnaire qu’elle va au-delà des indicateurs économiques dans sa conception du développement.  Elle répond à la question systémique de ne laisser personne sur le côté.  Le monde, a en effet constaté M. Kituyi, met du temps à comprendre les problèmes des pays émergents et des plus vulnérables, dont le fardeau de la dette.  Il a dénoncé certains accords sur les investissements qui nient aux pays la marge de manœuvre nécessaire pour répondre aux besoins de leurs peuples et mis en garde contre le rejet de la mondialisation qui n’est que l’illustration d’une indignation généralisée contre les inégalités croissantes.

Aujourd’hui des millions de gens vivent sans pouvoir réaliser leur droit à la dignité, à la liberté et à l’égalité des chances, ont reconnu plusieurs intervenants lors du débat qui a suivi.  Ils se sont dits préoccupés par l’absence de consensus sur les moyens de mettre en œuvre les objectifs universels.

Le Représentant spécial pour les droits de l’homme de l’Union européenne, M. Stavros Lambridinis, n’a pas pour autant adhéré à l’idée d’une norme internationale juridiquement contraignante.  Le Programme 2030, a-t-il argué, marque déjà un changement radical en faveur d’un développement plus équilibrée et devrait ouvrir la voie à l’intégration des droits de l’homme dans les politiques mondiales et nationales au cours des 15 prochaines années.

Le droit au développement doit être au centre de la mise en œuvre du Programme 2030, a continué d’insister la Ministre des affaires étrangères du Venezuela, Mme Delcy Rodriguez, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine et au nom des pays non alignés.  Le fossé entre pays développés et non développés reste à un niveau « inacceptable », s’est-elle impatientée, stigmatisant un modèle économique hégémonique qui cause des souffrances dans le monde entier.  Il faut, a-t-elle réclamé, un nouvel ordre mondial fondé sur la souveraineté et l’égalité entre tous les États.

Dans ce cadre, a estimé le Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, il faudrait peut-être réévaluer les critères d’allocation de l’aide publique au développement (APD).  M. Miguel Vargas Maldonado, qui s’exprimait, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a prévenu que l’accroissement de l’aide financière et technique sera « critique » car, a ajouté le Ministre des affaires étrangères de la Mongolie, M. Tsend Munkh-Orgil, le rythme de la croissance économique, pourtant de 8% depuis 2000 dans son pays, ne suffira pas à réaliser le Programme 2030.  L’importance de la lutte contre la corruption et les flux financiers illicites a été soulignée par le Président du Nigéria, M. Muhammadu Buhari.  Celle de la diminution des subsides aux combustibles et de l’augmentation du budget des programmes sociaux, a été mise en avant par le Vice-Président de l’Indonésie, M. Muhammad Jusuf Kalla. 

 

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