La Commission de la population et du développement ouvre le débat sur les liens entre la structure par âge dans le monde et le développement durable
La Commission de la population et du développement a ouvert ce matin les travaux de sa cinquantième session qui a pour thème spécial « Évolution de la structure par âge de la population et développement durable ».
Cette session d’une semaine est l’occasion de débattre et de parvenir à un accord sur les questions de population qui sont au cœur même de la vision du développement durable au-delà de 2017, a résumé la Présidente de la Commission, Mme Ayla Ahmed Saif Al-Thani, du Qatar. Aujourd’hui, on vit plus longtemps et en meilleure santé, s’est félicitée Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, Chef de cabinet du Secrétaire général de l’ONU. Comprendre les tendances démographiques est essentiel pour promouvoir le développement durable dans l’intérêt de tous, a-t-elle fait valoir.
Le vieillissement de la population et le déclin démographique sont devenus les questions clefs pour un nombre croissant d’États, a précisé M. Wu Hongbo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales. Ces changements sont reflétés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a souligné M. Hongbo. Deux des mégatendances actuelles, à savoir la migration internationale et l’urbanisation, étaient absentes des objectifs du Millénaire pour le développement mais sont fermement ancrées dans les objectifs de développement durable.
Depuis la Conférence internationale sur la population et le développement, tenue au Caire en 1994, le dividende démographique offre une façon très différente d’examiner les voies du développement durable dans les pays ayant un pourcentage important de jeunes, a renchéri M. Babatunde Osotimehin, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). « Le développement ne se fait qu’avec les personnes », a-t-il insisté.
La transition démographique, caractérisée par une mortalité et une fécondité peu élevées, est un phénomène universel, mais le moment auquel elle intervient et sa rapidité –ainsi que ses conséquences sur le développement durable– varient considérablement d’un pays et d’une région à l’autre.
À l’heure actuelle, la part de jeunes et d’enfants dans la population croît moins rapidement que celle des personnes âgées de plus de 65 ans. Le taux de croissance des jeunes est particulièrement élevé en Afrique et dans certaines parties de l’Asie et de l’Amérique latine. La proportion de personnes âgées est la plus élevée en Europe et dans d’autres pays développés, comme le Japon, ce qui montre que la transition démographique s’y est enclenchée plus tôt.
Plus précisément, à l’échelle mondiale, le nombre des individus âgés de 65 ans ou plus devrait être multiplié par 2,6 entre 2015 et 2050 pour passer de 608 millions à près de 1,6 milliard. Bien que le nombre de jeunes âgés de 15 à 24 ans dans le monde ait augmenté pour atteindre aujourd’hui environ 1,2 milliard, leur part dans la population mondiale devrait diminuer lentement et passer d’un peu plus de 16% aujourd’hui à moins de 14% en 2050.
Lors du débat général qui a suivi la présentation des rapports du Secrétaire général sur la question*, une trentaine de délégations, souvent au niveau ministériel, ont passé en revue les principales tendances dans leur pays, avant de souligner le rôle essentiel des politiques axées sur la population, la santé, l’éducation, l’emploi et la protection sociale en réponse aux changements constatés.
Pour le Groupe des 77 et la Chine, la réalisation du droit au développement durable, « universel et inaliénable », est un préalable pour répondre aux besoins des populations. Le Groupe reconnaît le besoin d’intégrer dans les « dynamiques de planification de la population » l’analyse des changements de la structure par âge de la population et la disponibilité de données démographiques précises et fiables, surtout pour les pays les moins avancés (PMA) où les jeunes devraient représenter 25 à 30% de la population en 2060. Or ces pays continuent de montrer des carences dans le domaine de l’éducation, les filles continuant d’ailleurs de faire face à toutes sortes de discriminations.
Vivant la même situation, les pays de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) considèrent que ce dividende démographique offre une occasion unique d’augmenter l’investissement social dans les adolescents et les jeunes, essentiel pour promouvoir le développement, a indiqué le représentant de la CELAC. La région arabe a connu une évolution importante en matière de population en raison notamment des conflits, a expliqué le Ministre de la planification du développement et de la statistique du Qatar, en évoquant les pressions sur les infrastructures des pays d’accueil des migrants.
En revanche, consciente du vieillissement de sa population, de ses faibles taux de fécondité, de ses nouveaux cadres parentaux et de la migration, l’Union européenne a reconnu que cette situation exige des mesures d’adaptation et une solidarité intergénérationnelle en vue de garantir le bien-être de tous et une répartition équitable des ressources aujourd’hui et sur le long terme. Dans la foulée, le Secrétaire d’État au développement et à la francophonie de la France, a réagi face à « la montée des conservatismes qui entendent réassigner les femmes à leur rôle unique de mère et à la sphère domestique ». Il a apporté tout son soutien à l’initiative « She decides » lancée par les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark et la Suède.
La Commission poursuivra demain son débat général à partir de 10 heures.
* E/CN.9/2017/2 à 4
MESURES POUR LA POURSUITE DE LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT AUX NIVEAUX MONDIAL, REGIONAL ET NATIONAL
THÈME SPÉCIAL DE LA CINQUANTIÈME SESSION DE LA COMMISSION, ÉTABLI SUR LA BASE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT ET DES PRINCIPALES MESURES POUR LA POURSUITE DE SON APPLICATION (E/CN.9/2017/2, E/CN.9/2017/3 ET E/CN.9/2017/4)
Déclarations liminaires
Aujourd’hui, on vit plus longtemps et en meilleure santé que jamais auparavant, s’est félicitée Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI, Chef de cabinet du Secrétaire général de l’ONU. Comprendre ces tendances démographiques est essentiel pour promouvoir le développement durable dans l’intérêt de tous.
La Conférence internationale du Caire sur la population et le développement a marqué un tournant, en ce qu’elle a placé pour la première fois les droits de l’homme au cœur même des questions de population et de développement, a-t-elle rappelé.
Cette cinquantième session ayant pour thème le lien entre l’évolution de la structure par âge de la population et le développement durable fait fond sur les accords et analyses précédents, a poursuivi Mme Ribeiro Viotti.
Évoquant la diversité des situations démographiques dans le monde, elle a souligné que les progrès réalisés dans l’accès à l’éducation et à la santé sexuelle et génésique ont permis d’améliorer les perspectives. Accompagnés d’investissements dans le capital humain, de tels progrès peuvent déboucher sur un dividende démographique, qui doit, lui-même, être accentué par la participation des femmes au marché du travail.
Si toutes les populations vieillissent, certaines se trouvent dans une étape avancée du processus, a fait remarquer le Chef de Cabinet. Or si l’on investit dans la personne, on pourra alléger les difficultés financières liées à ce vieillissement, a-t-elle assuré.
Une fille sur trois dans les pays en développement est mariée avant l’âge de 18 ans et au moins 215 millions à travers le monde n’ont pas accès à des méthodes modernes de planification familiale.
Mme Ribeiro Viotti a recommandé de soutenir davantage les mères pour qu’elles puissent mieux gérer leur vie familiale et leur vie professionnelle. Elle a rappelé que tous les gouvernements sont invités à faciliter une immigration sûre, ordonnée et réglementée.
Un engagement mondial est nécessaire pour conserver les acquis, a plaidé le Chef de Cabinet.
M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que le monde a connu une véritable révolution démographique depuis 1947 quand la Commission de la population a tenu sa première session. Pendant ces sept dernières décennies, nous avons été témoins d’une augmentation substantielle de la taille de la population mondiale et de changements spectaculaires dans sa répartition, par âge et par lieu de résidence. Dans le même temps, le monde a vu une augmentation remarquable de l’espérance de vie et une baisse du taux de fécondité qui ont transformé la vie des femmes et des hommes partout dans le monde.
Enrichies par ces tendances mondiales, les politiques de la population ont évolué au cours des années. Aux premières années de la Commission, le débat était dominé par la peur généralisée d’une croissance démographique rapide. Le scénario effrayant d’une population mondiale qui dépasse les capacités de production alimentaire, conduisant inévitablement à une famine généralisée, à des maladies et à la faim, avait été raconté dans l’ouvrage de Paul Ehrlich intitulé « The Population Bomb ».
Dans les années 80 et 90, le débat est passé de la réduction de la fertilité, au nom du contrôle de la population, aux droits de l’homme et au bien-être individuel. En conséquence, le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement de 1994 a offert une approche plus positive et plus inclusive des besoins, des aspirations et des droits des individus.
Aujourd’hui, comme la croissance démographique a ralenti voire s’est arrêtée dans de nombreux pays, le débat sur les questions de population vient encore de changer. Le vieillissement de la population et le déclin démographique sont devenus les questions clefs pour un nombre croissant d’États. Avec une fertilité égale voire inférieure au taux de remplacement, la migration internationale est devenue le principal moteur du changement démographique dans de nombreux pays.
En 2018, l’Assemblée générale tiendra une conférence intergouvernementale pour adopter le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Le Secrétaire général adjoint s’est dit heureux d’apprendre que la Commission pourrait choisir comme thème de sa session de 2018 « Villes durables, mobilité humaine et migration internationale ».
Le changement de contexte des politiques de la population est reflété dans le Programme 2030. Deux des mégatendances à savoir la migration internationale et l’urbanisation, étaient absentes des objectifs du Millénaire pour le développement mais sont fermement ancrées dans les objectifs de développement durable.
Les tendances de la population mondiale sont bien illustrées dans les estimations et projections de la Division de la population. Ces données sont présentées dans « les perspectives démographiques mondiales », une des publications les plus importantes du Département. En utilisant ces données, les gouvernements peuvent anticiper les grands changements dans la population et mettre en œuvre des politiques intelligentes qui répondent à leur réalité démographique.
La Commission, a conclu le Secrétaire général adjoint, doit s’adapter aux changements. Toutes les commissions techniques du Conseil économique et social devraient ajuster leurs programmes de travail pour contribuer au suivi et l’examen des objectifs de développement durable. Compte tenu de ses domaines d’expertise, la Commission peut faire beaucoup pour les sessions annuelles du Forum politique de haut niveau, a-t-il estimé.
M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a évoqué des évolutions extraordinaires en matière de population et de développement. Depuis la Conférence de 1994, l’accent a été mis sur les droits de l’homme, les droits de reproduction sexuelle et l’autonomisation des femmes. Dans le même esprit, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 se concentre sur l’égalité, l’inclusion et les droits de l’homme. « Le développement ne se fait qu’avec les personnes », a-t-il insisté.
La population vieillit dans différentes parties du monde, a reconnu le Directeur exécutif. Les différences dans les structures démographiques reflètent les différences en matière de développement humain et de santé. Les pays ont des points de départ très divers pour réaliser le Programme 2030, mais ils sont de plus en plus liés par Internet, les marchés, les flux de personnes et les responsabilités partagées en situation de crise, a-t-il relevé.
M. Osotimehin a dit qu’il fallait rester connecté à l’Accord de Paris sur les changements climatiques, tout comme aux Accords d’Addis-Abeba sur le financement du développement et de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe, car « c’est cela qui fera avancer les droits de l’homme », la dignité de tous à tous les âges de la vie et le processus démographique. Il y a des possibilités illimitées pour les pays de travailler ensemble, a-t-il assuré.
« Nous sommes unis par des aspirations communes de réduire les discriminations et les violences faites aux femmes », a poursuivi M. Osotimehin. Les veuves sont plus pauvres que les veufs, a-t-il déploré à titre d’exemple. Quant aux jeunes, ils doivent faire partie du développement humain de leur pays.
Les dividendes démographiques offrent une façon très différente d’examiner les voies du développement durable dans les pays ayant un pourcentage important de jeunes gens, a ajouté le Directeur exécutif en appelant à « plus d’investissements dans l’éducation des jeunes, y compris sexuelle ». Une fécondité ralentie aboutit à de meilleures conditions de santé, a-t-il noté.
D’après lui, chaque pays doit arriver à se transformer en tenant compte de la structure de la population. Les personnes âgées doivent pouvoir compter sur des retraites adéquates. Les jeunes au chômage doivent avoir des opportunités. Il faut « faire tomber les obstacles, y compris les mariages d’enfants, les grossesses précoces, le manque d’éducation sexuelle et de contrôle sur le corps », a-t-il conseillé.
« Les bons investissements peuvent aboutir à un développement durable », a conclu M. Osotimehin. Le monde se prépare au recensement 2020, a-t-il annoncé, en recommandant un nouveau modèle examinant les populations vieillissantes et la collecte de données statistiques indispensables pour aller de l’avant.
M. JOHN VILMOTH, Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales, a souligné qu’aujourd’hui certains pays doivent relever le défi d’une population jeune et croissante et d’autres celui d’une population vieillissante. Les changements dans la structure par âge sont dus aux succès des politiques visant à faire baisser les taux de fécondité et de mortalité. La Division, a promis son Directeur, continuera de fournir à la Commission les données dont elle a besoin, laquelle a reconnu la nécessité de discussions fondées sur des preuves objectives et impartiales.
Débat général
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur) a déclaré que son Groupe continue de soutenir les principes et objectifs du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, lequel constitue un document majeur et un cadre juridique de premier plan, y compris pour l’éradication de la pauvreté. Saluant le thème retenu pour cette cinquantième session, le représentant a dit reconnaître les liens entre changements de la structure par âge de la population et développement durable, et le besoin de définir des politiques en vue de soutenir une coopération de nature à renforcer les capacités des pays en développement.
Pour le Groupe des 77 et la Chine, les questions de population exigent une approche transversale aux niveaux national, régional et international. Le Groupe reconnaît le besoin d’intégrer dans les « dynamiques de planification de la population » l’analyse des changements de la structure par âge et la disponibilité de données démographiques précises et fiables, y compris s’agissant des conséquences sur les droits de l’homme et la qualité de vie, avec une attention particulière aux personnes vulnérables. En outre, a poursuivi M. Borja, nous reconnaissons les implications des changements de la structure par âge sur les « vulnérabilités climatiques » et la résilience des sociétés. Enfin, a-t-il ajouté, le Groupe des 77 et la Chine ont souligné que la réalisation du droit au développement durable, « universel et inaliénable », est un préalable pour répondre aux besoins des populations
M. CARMELO INGUANEZ, de l’Union européenne, a regretté que « très peu » des recommandations faites par le Secrétaire général dans son rapport aient été incluses dans la première mouture du projet de résolution. « Investir dans les soins de santé sexuelle et reproductive, y compris dans la planification familiale et l’éducation sexuelle et se doter de lois et de politiques réprimant la violence et la discrimination sont des éléments cruciaux pour la réalisation des droits humains pour tous, mais aussi pour permettre aux gouvernements de capitaliser sur les dividendes démographiques et de réaliser les objectifs de développement durable », a déclaré le représentant, pour qui il est déterminant d’abroger lois, pratiques et politiques discriminatoires. Pour exploiter le dividende démographique, une attention particulière doit être accordée à la réalisation des droits humains des enfants et des adolescents, indépendamment de leur orientation et identité sexuelles, et à l’instauration d’un environnement de nature à épanouir le potentiel des jeunes au cours de leurs cycles de vie successifs.
Consciente du vieillissement de sa population, de ses faibles taux de fécondité, de ses nouveaux cadres parentaux et de la migration, l’Union européenne a reconnu que cette situation exige des mesures d’adaptation et une « solidarité intergénérationnelle » en vue de garantir le bien-être de tous et une répartition équitable des ressources aujourd’hui et sur le long terme. L’Union européenne a pris des mesures pour rendre le marché du travail plus flexible, en augmentant la productivité et les performances économiques grâce à des investissements dans l’éducation et la recherche, en reconnaissant les défis posés par les migrations mais aussi leur caractère positif, en mobilisant une part plus large de la population en âge de travailler, y compris les femmes, et en intégrant les migrants dans des schémas gérés plus durablement. Un vieillissement de la population de meilleure qualité exige des finances publiques capables de garantir des retraites, des services de santé, des crèches et des soins de qualité. Sans une bonne protection sociale, des politiques de revenu minimal et un accès universel à la santé, aux moyens modernes de contraception et à la planification familiale, les personnes vivant dans la pauvreté, en particulier les parents seuls, les mères traditionnellement responsables de l’appui intergénérationnel et les personnes âgées, en particulier les femmes, risquent de rester piégées dans la pauvreté et l’exclusion sociale.
Dans les pays en développement, a poursuivi le représentant, où l’espérance de vie s’améliore et la population vieillit, le marché du travail et les systèmes de santé doivent pouvoir répondre à la fois aux besoins des nouveaux demandeurs d’emplois et à ceux d’une population vieillissante. Nous devons appuyer ces gouvernements et les aider à revoir leurs politiques en vue de réduire les inégalités. Le représentant a insisté sur la collecte de données pour affiner les politiques, l’impact de la démographie sur le développement étant « indéniable ».
Au nom des pays les moins avancés (PMA), M. ZAHID MALEQUE, Ministre de la santé et du bien-être familial de Bangladesh, a déclaré que, malgré les progrès, les taux élevés de fécondité et la baisse des taux de mortalité ont donné lieu à une démographie galopante dans les PMA qui ont la structure par âge la plus jeune au monde. La population de ces pays devrait passer de 954 millions de personnes en 2015 à 1,9 milliards en 2050 et à 3,2 milliards en 2100. Les jeunes devraient représenter 25 à 30% de la population en 2060. Or les PMA continuent de montrer des carences dans le domaine de l’éducation, les filles continuant d’ailleurs de faire face à toutes sortes de discriminations. Les PMA, a reconnu le représentant, doivent investir massivement dans l’éducation pour préparer leur jeunesse à un monde « mondialisé », versé dans les technologies de l’information et des communications et jonché d’innovations économiques. Les femmes doivent dans ce contexte, avoir accès à la santé, sexuelle et reproductive, pour réaliser tout leur potentiel. Le Ministre a reconnu la nécessité de renforcer les écosystèmes nationaux de collecte des données et à cet égard de mettre en place des approches novatrices, en particulier pour leur analyse, diffusion et utilisation dans les plans de développement. Le Ministre a donc insisté sur l’objectif 17.18 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui parle des capacités statistiques.
Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. JULIO OSCAR ROBLES, Vice-Ministre de la santé d’El Salvador, a plaidé pour l’autonomisation des populations vulnérables, à savoir celles dont les besoins sont reflétés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, les enfants, les jeunes, les personnes handicapées, les personnes vivant avec le VIH/sida, les personnes âgées, les populations autochtones, les réfugiés et les déplacés, et « tous les migrants, quel que soit leur statut migratoire ». À cet égard, il a rappelé l’importance de disposer de données démographiques ventilées par âge. La situation en matière de fertilité, de mortalité et d’urbanisation varie selon les pays, a-t-il souligné, d’où l’importance de prendre en compte les réalités démographiques de chacun pour déterminer les ressources nécessaires à la mise en œuvre du Programme 2030.
Les États membres de la CELAC, a poursuivi M. Robles, reconnaissent que les garçons et les filles, les adolescents et les jeunes, tout comme les personnes âgées, sont des détenteurs de droits et des parties prenantes dans le développement. Dans la région, a-t-il précisé, un quart de la population est jeune et ce dividende démographique offre une occasion unique d’augmenter l’investissement social dans les adolescents et les jeunes, essentiel pour promouvoir le développement. La CELAC réaffirme le besoin d’améliorer les mécanismes de régulation, de supervision et de contrôle des systèmes financiers internationaux et régionaux pour accompagner la croissance économique qui contribue au développement durable et à l’éradication de la pauvreté.
De même, a continué le Vice-Ministre, la CELAC réitère son engagement vis-à-vis du Consensus de Montevideo sur la population et le développement, conclu en 2013, et se réjouit de la tenue de la troisième Conférence régionale sur la population et le développement de l’Amérique latine et des Caraïbes, en El Salvador, en novembre prochain.
M. SALEH BIN MOHAMMAD AL NABIT, Ministre de la planification du développement et de la statistique du Qatar, a dit que la transition démographique est devenue un phénomène mondial avec des conséquences différentes dans chaque région. Notre plan de développement tient compte des éléments du rapport du Secrétaire général sur « l’évolution de la structure par âge de la population et du développement durable » notamment le plan 2017-2022. Le Qatar a connu un grand bond en avant depuis plus d’une décennie et est le premier pays arabe dans le classement 2016 en matière de population et de développement. Toutefois, le Ministre a souligné l’importance de la souveraineté des États dans la mise en œuvre des recommandations du rapport.
Notre politique de population et de développement a prévu une entité nationale qui initie de nombreuses activités à cet égard. Compte tenu des défis socioéconomiques et environnementaux auxquels les États font face, il ne faut pas oublier les jeunes et leur participation au développement, a indiqué M. Al Nabit qui a ajouté que comme le Programme 2030 promet une vie de dignité pour tous, pour y parvenir il faut la pleine coopération et une politique de développement adaptée à toutes les parties prenantes. Avant de terminer, il a mis en exergue l’importance de la collecte, de l’analyse et de l’utilisation des données pour pouvoir répondre aux priorités nationales.
M. ELIYA SIYAPHAZI ZULU, Directeur exécutif de l’Institut africain pour les politiques de développement de Nairobi, au Kenya, a fait un exposé technique sur le thème de « l’évolution de la structure par âge et le développement durable dans les sociétés jeunes ». Il a expliqué que la transition démographique est provoquée par la différence entre les taux de naissance et de décès. À cet égard, a-t-il précisé, la migration n’a pas autant d’effets sur les structures par âge, sauf la migration urbaine.
M. Zulu a comparé les situations en Afrique, en Amérique latine et en Asie. Les projections à moyen terme montrent que, d’ici à 2060, la taille de la population dans ces trois régions sera stabilisée et commencera à diminuer. En particulier, la population africaine en âge de travailler atteindra 44% d’ici à 2050, ce qui est déjà le cas dans les deux autres régions. Partout, la part des personnes âgées va doubler.
Un quart à un tiers de la croissance économique réalisée par « les tigres de l’Asie » au début du siècle s’explique par la façon dont ils ont utilisés la structure d’âge et la population en âge de travailler, a fait remarquer l’intervenant. Il a ensuite examiné des pyramides de populations dans des pays où la fécondité commence à diminuer. Des taux de fécondité élevés, a-t-il démontré, exigent qu’une part importante des ressources nationales soit consacrée aux besoins de base des enfants, ce qui laisse peu de place aux autres priorités.
Dans les pays avec des taux de naissance élevé, a insisté M. Zulu, il faut encourager l’accès au planning familial et lever les barrières. Pour bien utiliser les dividendes démographiques, il va falloir réformer le système éducatif et développer « une stratégie d’investissement comme le plan Marshall » pour permettre aux générations de jeunes africains de décoller. L’Afrique subsaharienne en particulier est très en retard par rapport aux autres régions, a-t-il souligné. Il a jugé essentiel de protéger les jeunes filles et d’adopter une politique de tolérance zéro face aux grossesses précoces.
Mme KAFFA RAKIATOU CHRISTELLE JACKOU, Ministre de la population du Niger, a dit que son pays enregistrait un taux d’accroissement intercensitaire de 3,9% et que plus de la moitié de la population a moins de 15 ans. Ainsi, on estime que si ces tendances se maintiennent, le Niger risquerait de passer au deuxième rang des pays les plus peuplés du continent africain aux environs de 2050. La nécessité d’inverser ces tendances s’impose afin de réaliser la transition démographique et tirer profit des avantages liés au dividende démographique. C’est pourquoi, le Gouvernement a mis en place de nombreux projets et stratégies sectoriels susceptibles de permettre de relever les défis: la stratégie de développement durable et de la croissance inclusive Niger 2035 relative à la transition démographique, le programme de repositionnement de la planification familiale, l’école des maris, et le programme adolescence « illimi » visant à sensibiliser les jeunes sur les conséquences des mariages et grossesses qui connaît des succès éclatants.
Au plan institutionnel, un Département ministériel chargé de l’entreprenariat des jeunes a été créé afin de promouvoir des initiatives et réduire le chômage des jeunes. Un conseil des personnes âgées a aussi été mis en place et des efforts ponctuels sont menés pour appuyer l’autonomisation des seniors. La population âgée serait de 10 millions en 2057. En matière d’immigration, une agence nationale a été créée afin de contribuer à l’immigration ordonnée, sûre et régulière. Afin de tirer profit du dividende démographique et réduire les inégalités entre les régions, le Niger avec l’appui de la Banque mondiale a mis en œuvre le projet régional « Autonomisation des femmes et le dividende démographique » et le projet « Appui à la population et à la santé. »
Bien que des dizaines de millions de personnes soient sorties de la pauvreté en Amérique latine et dans les Caraïbes, a dit Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO, Vice-Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, la région compte encore « plus de 180 millions de pauvres et plus de 70 millions d’indigents ». De même, si la lutte contre la discrimination et les inégalités entre les sexes a enregistré des progrès, la situation des femmes latino-américaines et caraïbéennes est encore loin d’être satisfaisante, a-t-elle regretté. En particulier, l’urbanisation rapide et intense pose de nouveaux défis.
Pour ce qui est de la mise en œuvre du Programme 2030, la Vice-Ministre a jugé essentielles les interventions dans les domaines de la population et du développement pour éliminer les principaux obstacles à la réduction de la pauvreté. Le Nicaragua, a-t-elle expliqué, valorise la participation des femmes et celle des jeunes, pour lesquels un plan national d’emplois dignes et décents a été élaboré. Le pays a ainsi resserré l’écart existant entre les sexes en matière d’éducation, de santé et d’autonomisation politique.
Mme CUI LI, Vice-Ministre de la santé nationale et de la Commission du planning familial de la Chine, a considéré que la population est « une question de développement stratégique pour l’humanité ». La Chine, a-t-elle expliqué, va rentrer dans une phase démographique décisive et présentera des caractéristiques uniques. La population va atteindre son maximum, elle va vieillir et l’urbanisation va s’accroitre. Le Gouvernement a mis au point un plan national pour la période 2016-2030 axé sur la personne, la coordination des politiques et le développement durable. La Chine, a-t-elle poursuivi, espère que le taux de natalité sera optimisé pour améliorer la qualité de vie de la population.
Mme Cui a reconnu que son gouvernement devait améliorer la recherche sur les liens entre population et développement durable. S’il faut investir dans la jeunesse et donner la priorité aux enfants en matière de santé et d’éducation, il faut aussi renforcer les politiques concernant le vieillissement pour permettre aux personnes âgées de participer à la vie politique, économique, culturelle et sociale du pays. Il faut améliorer les politiques de développement familial pour préserver l’harmonie et continuer de promouvoir les droits des femmes, notamment sur le marché du travail.
Au nom du Groupe des États arabes, M. SALEH BIN MOHAMMAD AL NABIT, Ministre de la planification du développement et de la statistique du Qatar, a dit que la transition démographique est devenue un phénomène et a rappelé l’importance de certains des principes de la Conférence internationale sur la population et le développement notamment le respect de la souveraineté nationale et des valeurs morales dans la mise en œuvre des programmes. Il a aussi insisté sur le droit au développement, à l’eau, à l’alimentation, à la bonne gouvernance, à l’égalité entre les hommes et les femmes, à la prévention de toutes les formes de discrimination et les droits des personnes handicapées.
Après avoir souligné l’énorme potentiel des jeunes en matière de développement, M. Al Nabit a jugé nécessaire d’actualiser les statistiques sur la population et de garantir pour ce faire un appui financier aux pays qui en ont besoin. La région arabe a connu une évolution importante en matière de population en raison notamment des conflits, a poursuivi M. Al Nabit, en parlant de conflits qui ont exercé des pressions, notamment sur les infrastructures des pays d’accueil des migrants. Il a appelé la communauté internationale à jouer « un rôle de coordination » s’agissant de l’accueil des migrants pour préserver la stabilité des pays. Le Ministre n’a pas manqué de dénoncer les 50 ans d’occupation israélienne des territoires palestiniens, y compris Jérusalem. Israël doit respecter le droit international, a tranché M. Al Nabit.
La part des citoyens de plus de 60 ans représente 20% environ de l’ensemble de la population nationale, a indiqué M. VALENTIN RYBAKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus. Le Gouvernement prend des mesures à la fois pour intégrer les personnes âgées dans la société et pour stimuler les naissances. Des mesures ont été prises pour améliorer les retraites et les services culturels et sportifs pour les seniors. De plus, a poursuivi le Vice-Ministre, le pays accorde la priorité aux valeurs de la famille, notamment pour ce qui est de l’éducation des enfants. Des aides, notamment au logement, sont offertes aux mères qui ont plus de deux enfants et des initiatives sont prises pour renforcer le rôle du père au sein du foyer. Le Bélarus, a-t-il conclu, continuera de perfectionner ses politiques pour surmonter ses problèmes démographiques.
M. JEAN-MARIE LE GUEN, Secrétaire d’État au développement et à la francophonie de la France, a déclaré que la transition démographique signifie avant tout que nous devons nous adapter au vieillissement de la population. La France a fait le choix d’adapter ses politiques sociales pour accompagner ce phénomène, qui touche d’ailleurs le continent européen, la plupart des pays développés et de plus en plus de pays émergents. En 2016, elle a adopté une loi essentielle pour adapter la société au vieillissement, dont la priorité est l’accompagnement à domicile afin que les personnes âgées puissent vieillir chez elles dans de bonnes conditions.
Tandis que la France et l’Europe sont touchées par le vieillissement, les jeunes n’ont jamais été aussi nombreux au plan mondial. C’est d’abord une bonne nouvelle: c’est le signe que la mortalité recule et cela témoigne de la vitalité des sociétés. C’est aussi une promesse pour l’avenir car une jeunesse dynamique peut accélérer le développement dans la société. La multiplication des start-ups en Afrique, par exemple, dont les idées essaiment sur d’autres continents, témoigne de la créativité et des potentialités offertes par la jeunesse.
Pour répondre aux attentes de cette jeunesse, pour en concrétiser les promesses, les politiques publiques doivent également se concentrer sur l’éducation, sur la formation professionnelle et sur l’emploi. Il faut donner aux jeunes en particulier les moyens de faire des choix libres et éclairés quant à leur vie sexuelle et affective, leur permettre aussi de faire des choix reproductifs libres.
Nous faisons face aujourd’hui, a rappelé le Secrétaire d’État, à la montée des conservatismes qui entendent réassigner les femmes à leur rôle unique de mère et à la sphère domestique. Parce que nous avons tous décidé de faire de l’égalité entre les femmes et les hommes une priorité, nous ne pouvons pas accepter de les renvoyer à un statut archaïque. Cela suppose d’intervenir sur des sujets difficiles: nous devons mettre en œuvre des stratégies en faveur de l’abandon des pratiques traditionnelles lorsqu’elles sont néfastes. Nous devons concentrer notre aide sur les interventions dont le rapport coût-efficacité est le plus élevé comme l’éducation à la sexualité et l’accès à la contraception et à l’ensemble des informations, produits et services de santé sexuelle et reproductive pour les jeunes. La France apporte son soutien à l’initiative « She decides » lancée par les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark et la Suède, a souligné le Secrétaire d’État.
Mon pays n’échappe pas au phénomène du vieillissement, a expliqué M. JAIME BURROWS, Vice-Ministre de la santé publique du Chili. En 2025, 20,11% de la population aura plus de 60 ans, tandis que 18,5% de la population aura moins de 15 ans. Vers 2020-2025, l’espérance de vie atteindra 83,36 ans pour les femmes et 77,19 ans pour les hommes. En outre, le taux global de fécondité est passé de 5 en 1950 à 1,85 en 2014. Entre-temps, le Chili a connu une augmentation du nombre des migrants qui représentaient 1,2% de la population en 2002 et 2,3% en 2014.
Le Gouvernement chilien a mis en place des politiques publiques pour donner aux personnes âgées une meilleure qualité de vie, a poursuivi M. Burrows. Il s’apprête à dévoiler ce mois-ci un plan national intersectoriel sur la démence. Par ailleurs, il consacre 29% de son budget de santé publique à la santé reproductive. En Amérique latine et dans les Caraïbes, a conclu le Vice-Ministre, les pays doivent s’engager ensemble sur la voie du développement durable à l’horizon 2030, à travers les 98 mesures prioritaires convenues en 2013 dans le Consensus de Montevideo.
M. ZAHID MALEQUE, Ministre de la santé et du bien-être familial du Bangladesh, a déclaré que le thème de cette année est extrêmement important pour son pays qui a une population de 160 millions et qui se trouve dans une transition démographique positive. Les enfants et les jeunes représentent 35% de la population, la population active, 59% et les personnes âgées, 8%. Le Gouvernement est pleinement engagé à exploiter le dividende démographique en prenant diverses mesures.
Il a beaucoup investi dans l’éducation des enfants et des jeunes en y allouant 17% du budget, soit l’allocation la plus élevée par rapport à tous les autres secteurs. Une attention spéciale est portée à l’éducation des filles et le pays a atteint l’éducation universelle dans le primaire avec un taux de 100%.
Le Bangladesh a aussi accordé une attention spéciale aux soins de santé primaires à travers les 18 000 cliniques communautaires qui donnent des médicaments et des conseils de santé gratuits. Toutes les maladies contagieuses comme les diarrhées, le choléra, le sida, la tuberculose sont sous contrôle. En conséquence, le taux de maternité a baissé de 542 à 170, la mortalité infantile de 132 à 43 alors que l’espérance de vie a augmenté à 70 ans et plus au cours des dernières années.
Le Gouvernement est engagé à assurer la sécurité et l’autonomisation des femmes. Un quota spécial pour les femmes est réservé dans tous les services publics et 60% dans l’éducation. Pour protéger les filles de la malnutrition et du mariage précoce, le Gouvernement a pris de nombreuses initiatives y compris l’interdiction du mariage avant 18 ans.
En raison du développement socioéconomique, le Bangladesh fait face à une urbanisation plus rapide et à l’heure actuelle, 30% du pays est urbanisé. Dans deux décennies, ce sera plus de 50% et le Gouvernement investit énormément dans les infrastructures et les services. Le vieillissement de la population est devenu graduellement une préoccupation même s’il est encore moindre par rapport à d’autres pays en développement. Toutefois, le Gouvernement a pris des initiatives pour le bien-être de la population âgée en créant des régimes de pension, des maisons de retraite et des centres médicaux.
Le Bangladesh profite déjà du dividende démographique grâce à la force de travail de la jeunesse. Près de 10 millions de personnes travaillent à l’étranger et envoient 15 milliards de dollars par an au pays qui est ainsi le deuxième récipiendaire des envois de fonds des migrants au monde. Le Ministre a aussi parlé des usines de vêtements qui emploient près de quatre millions de jeunes filles et rapportent 40 milliards de dollars par an soit 70% des exportations du Bangladesh.
M. JULIO OSCAR ROBLES, Vice-Ministre de la santé d’El Salvador, a indiqué que son pays avait lancé une véritable politique sociale pour améliorer les conditions de vie des différents segments de la population qui ont été exclus pendant des décennies. Un objectif fondamental est d’arriver à couvrir avec un système de santé intégré l’ensemble de la population salvadorienne. La mortalité maternelle a déjà baissé, passant de 56 à 27,4 pour 100 000 naissances entre 2009 et 2016.
En cette période de transition, El Salvador s’efforce d’exploiter au mieux le dividende démographique, a assuré le Vice-Ministre. L’Institut national de la jeunesse a formulé une série de programmes pour investir dans l’éducation, la formation et l’emploi qui doivent accompagner les jeunes dans la définition de leur projet de vie. Par ailleurs, le Gouvernement met l’accent sur la prévention de la violence parmi les jeunes, sur la citoyenneté intergénérationnelle et la promotion d’une culture de paix. À ce sujet, il considère que « les grossesses précoces représentent la forme de violence qui a l’incidence la plus marquée sur les aspirations personnelles et la santé des filles et des adolescentes ».
La dynamique démographique actuelle représente une opportunité pour le développement, le bien-être et la productivité des nations, a estimé Mme PATRICIA CHEMOR RUIZ, Secrétaire générale du Conseil national de la population du Mexique. Au Mexique, entre 1974 et 2016, le taux de croissance de la population a baissé de 3,5 à 1,26%, l’espérance de vie a gagné 14,6 ans, passant de 60,6 à 75,2 ans, et la mortalité infantile a diminué de 80,9 à 11,7 pour 1 000 naissances. Aujourd’hui, le pays promeut l’égalité des sexes dans tous les secteurs de la vie publique et accorde une attention particulière aux femmes âgées qui sont victimes de diverses formes de discrimination, d’abus, d’abandon et de marginalisation.
La santé est une composante essentielle du développement économique et du bien-être social de la population mexicaine, a poursuivi l’intervenante en assurant que l’objectif du Gouvernement était l’accès universel à la sécurité sociale. L’accent est mis sur la prévention des maladies incapacitantes et dégénératives, et sur le respect des droits de chacun en matière de santé sexuelle et reproductive, notamment pour éviter les grossesses précoces. L’appui au développement rural tient compte de la préservation de l’environnement, des ressources en eau et de la biodiversité.
Par ailleurs, a ajouté Mme Chemor Ruiz, le Mexique reconnaît le rôle positif des travailleurs migrants dans les pays d’origine, de transit et de destination. À ce sujet, il observe avec préoccupation les problèmes et la discrimination auxquels se heurtent les Mexicains résidant aux États-Unis et qui empêchent leur pleine intégration dans la société américaine.
M. JOSE MIGUEL DE LA ROSA, Sous-Secrétaire d’État à l’Autorité nationale du développement économique des Philippines a déclaré que, compte tenu du taux élevé de fertilité, l’évolution de la structure par âge de la population philippine est lente alors que la population active connaît une augmentation régulière, laissant présager un dividende démographique. Le pays a donc mis en place son plan de développement 2017-2020 qui inclut des politiques et des stratégies visant à réaliser le dividende démographique. La stratégie nationale comprend le renforcement du programme de gestion de la population pour accélérer la baisse de la croissance démographique, améliorer la qualité du capital humain pour une participation plus inclusive dans le développement national, maintenir la croissance économique ancrée sur l’utilisation des ressources humaines et la bonne gouvernance fondée sur la transparence, la responsabilité et les bonnes pratiques. La pleine mise en œuvre de la loi sur la responsabilité parentale et la santé reproductive est un élément clef.
S’agissant du capital humain, le Gouvernement continue à améliorer ses stratégies de santé publique avec un programme de couverture universelle. Le programme de transfert de fonds à l’intention des plus pauvres, ou « Pamilyang Pilipino Pantawid », encourage toujours les investissements dans diverses initiatives comme les services de santé infantile et maternelle ou encore l’éducation primaire et secondaire. Si la perspective d’un dividende démographique demeure éloignée, le pays considère que la période de transition est l’occasion de préparer la population, en mettant en place des préconditions socioéconomiques. Le Sous-Secrétaire d’État n’a pas voulu conclure sans demander aux pays développés d’aider les pays à revenu intermédiaire et les pays en développement à améliorer leur capacité d’accélérer le rythme du changement de la structure par âge et de se préparer au dividende démographique.
M. UNURBAYAR GOMBSUREN, Sous-Secrétaire d’État à l’Autorité nationale de l’économie et du développement de la Mongolie, a indiqué que non seulement son gouvernement a approuvé une stratégie sur le vieillissement de la population mais aussi sa vision du développement 2030 qui est en tous points conforme au Programme de développement durable à l’horizon 2030. Comme la Mongolie est un pays où les jeunes représentent 35% de la population, le Gouvernement se concentre sur le développement de « citoyens actifs » capables de contribuer au développement socioéconomique. Le pays n’épargne aucun effort pour créer un environnement juridique favorable à l’épanouissement de la jeunesse. Une loi, qui sere discutée au Parlement à la prochaine session, vise d’ailleurs à accroître les investissements dans la jeunesse et à donner aux jeunes toutes les occasions de s’engager activement et efficacement dans la vie socioéconomique. Le pays a aussi adopté la loi sur la protection de l’enfance, amendé sa loi sur les droits de l’enfant et approuvé le programme « Mères salariées » pour veiller à une croissance démographique viable.
La Mongolie commence à son tour à vivre une transition démographique, le nombre des plus de 60 ans devant doubler d’ici à 2028 et triplé d’ici à 2040. Le pays est donc conscient de la nécessité de s’atteler en même temps à la question du dividende démographique mais aussi à celles liées à la santé et à la protection sociale des personnes âgées. Le Gouvernement a donc adopté la loi sur le troisième âge qui servira de base juridique pour promouvoir la protection sociale des seniors et améliorer leur participation à la vie économique et sociale. Il offrira aussi aux personnes âgées des opportunités d’emplois de consultant dans les secteurs public et privé et appuiera la création d’entreprises par les seniors. La Mongolie doit aussi s’attaquer aux conséquences de l’exode rural: en 2016, 68,5% de la population vivait dans les villes et 45,5% dans la capitale.
Face au vieillissement de la population mondiale, on ne peut pas concevoir un développement durable qui exclut les personnes âgées, a averti M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine). Il a jugé nécessaire de mettre au point un instrument international juridiquement contraignant qui protège les droits de l’homme des personnes âgées. D’après lui, il est urgent de se pencher sur les groupes les plus vulnérables et de renforcer l’égalité et l’inclusion, en mettant l’accent sur les droits de l’homme et la problématique hommes-femmes, tel que spécifié dans le Consensus de Montevideo de 2013. Enfin, l’Argentine espère que le document final qui sera adopté à l’issue de cette session sera le reflet fidèle des progrès réalisés jusqu’à présent en matière de population et de développement.
M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a dit que le plan national de développement a tenu compte du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement et du Consensus de Montevideo. C’est dans ce cadre qu’est né le Conseil national du développement urbain et rural, avec la participation active de la société civile urbaine et rurale. Le Conseil, qui travaille sur une stratégie de mise en œuvre des objectifs du Programme 2030, repose sur sept composants notamment l’intégration des mesures techniques, l’articulation des priorités du Programme 2030 avec les exigences du plan national de développement, le renforcement et l’amélioration des ressources nationales et de la coopération internationale, l’amélioration de la statistique nationale pour une mise en œuvre efficace du Plan et l’alliance avec la société civile et la communauté internationale. Le Plan accorde aussi la priorité à la sécurité alimentaire en s’attaquant à la malnutrition des enfants. Il vise également à améliorer l’accès de microentreprises au crédit et à favoriser les financements innovants pour encourager la créativité. Sans le renforcement du secteur de la sécurité, il ne peut y avoir de développement, a reconnu le représentant.
La population a considérablement augmenté au pays, passant de 7,6 millions de personnes en 1950 à 31,4 millions en 2016, a expliqué M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou). En 2050, elle devrait se chiffrer à 40,1 millions. Aujourd’hui 27,5% de la population a moins de 15 ans et 9,9% plus de 60 ans. Le Pérou devrait bénéficier de ses dividendes démographiques après 2050, et, pour saisir l’occasion que représente cette évolution démographique, il est déterminé à élaborer des politiques publiques pour promouvoir un développement équilibré de la population. Il faudra s’assurer que la population en âge de travailler dispose des qualifications nécessaires pour exercer les nouvelles professions exigées par le marché du travail, dans le respect de l’environnement, a poursuivi le représentant. De même, il faudra améliorer les services dont ont besoin les enfants de moins de 15 ans, en particulier en matière de santé et d’éducation.
Représentant un sixième de la population mondiale, l’Inde, a dit son représentant, M. TANMAYA LAL (Inde) est une nation de jeunes. Près de deux-tiers des indiens ont moins de 35 ans. Deux-tiers de la population aurait aussi entre 15 ans et 65 ans. Les dirigeants indiens sont conscients de la chance énorme qu’est ce dividende démographique. Alors que les grandes réformes en cours et la force des institutions font de l’Inde l’une des économies au taux de croissance le plus rapide au monde, le pays devrait maintenir ce niveau de croissance grâce à son dividende démographique. L’Inde connaît aussi une hétérogénéité démographique considérable, entre les deux groupes d’États. Si les États aux populations jeunes se focalisent sur l’éducation, la formation et l’emploi, les autres aux populations vieillissantes requièrent que l’attention soit portée aux personnes âgées. Cette hétérogénéité offre l’avantage de s’attaquer aux problèmes grâce à une plus grande mobilité de la population active qui peut réduire le déséquilibre démographique. Sur une note plus positive, Les États relativement moins riches ont un dividende de croissance plus élevé qui leur permettra d’exploiter les opportunités économiques émergentes.
Après avoir décrit les initiatives prises par son pays en matière d’éducation, de formation, d’entreprenariat et d’innovation, le représentant a estimé que le succès de l’Inde, qui a réussi à sortir de la pauvreté des millions de personnes et à améliorer ses niveaux de développement, l’a aidée à réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement. La transformation en cours, qui se focalise sur le développement durable, contribuera assurément au succès collectif dans les objectifs de développement durable.
M. ANDRIAMISY HONORE FOLOZARA, Directeur de cabinet du Ministre de l’économie et du plan de Madagascar et Président du Conseil d’administration de l’Institut national de la statistique, a indiqué que son gouvernement, en coopération avec ses partenaires techniques et financiers, notamment le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), s’efforçait d’accélérer la réduction de la pauvreté en ciblant les femmes, les jeunes et les adolescents, en particulier ceux qui vivent dans les zones rurales et reculées. Madagascar, a-t-il précisé, est caractérisé par la jeunesse de sa population. Plus des deux tiers, soit 64% de la population ont moins de 25 ans et environ la moitié, à savoir 47% a moins de 15 ans. Les jeunes âgés de 10 à 24 ans représentent 32% de la population.
Les jeunes sont dans une situation de grande vulnérabilité et ne sont pas suffisamment armés pour améliorer leurs conditions de vie, a expliqué l’intervenant. Les jeunes ne sont pas suffisamment scolarisés et occupent des emplois précaires, notamment en milieu rural. Madagascar n’a pas pu effectuer de recensement de la population depuis 20 ans, a-t-il souligné. Ainsi, les estimations de la population malgache présentent un niveau d’incertitude élevé, ce qui rend difficile la connaissance réelle de l’évolution de la situation et de la dynamique démographique. Mais la nécessité de réaliser le prochain recensement est bien inscrite dans la politique du Gouvernement, a-t-il assuré en rappelant que le pays avait reçu 89,6% des contributions annoncées pour l’aider dans cette entreprise.
M. JUAN CARLOS MENDOZA GARCÍA (Costa Rica) a déclaré qu’en 2040, les personnes âgées seront plus nombreuses que le reste de la population. Aussi faut-il dès aujourd’hui prendre des mesures urgentes pour s’attaquer à cette situation. Le Gouvernement accorde ainsi toute son attention aux situations des populations vulnérables afin notamment d’éliminer la discrimination et les inégalités. Il a mis en place pour ce faire un instrument de coordination pour une aide systématique et efficace. Il se concentre aussi sur la situation des jeunes qui devraient jouir de tous leurs droits civiques et fondamentaux. Le Gouvernement est convaincu de la nécessité pour les jeunes d’exercer leurs droits sexuels et reproductifs et il a pour cela, mis en place une stratégie nationale de santé. Le Gouvernement a aussi mis en œuvre une politique d’égalité entre les sexes. Il dispose déjà d’une politique nationale sur le vieillissement qui a pour objectif entre autres d’éliminer les discriminations fondées sur l’âge et aider la population âgée à maintenir une vie active. Le représentant a reconnu que le régime de pensions est en difficulté, ce qui a poussé le Gouvernement à rechercher une solution globale à long terme.
M. SURYA CHANDRA SURAPATY, Directeur de la démographie nationale et du planning familial de l’Indonésie, a indiqué que la population de son pays avait connu une transition démographique avec la baisse des taux de fertilité et de mortalité, grâce au succès de ses politiques en matière de planning familial et d’accès à des soins de santé de qualité et à la scolarité obligatoire pendant 12 ans. En 2015, l’espérance de vie était de plus de 70 ans. L’importance du groupe en âge de travailler profite au développement du pays. Quant aux besoins des personnes âgées et des personnes handicapées, ils sont inclus dans les politiques nationales, y compris celles relatives aux catastrophes naturelles. L’Indonésie s’est engagée à promouvoir une économie durable qui profite à tous, à éliminer la pauvreté et à investir dans le capital humain en tenant compte des défis démographiques, comme le vieillissement de sa population.
Mme MAAYAN KEREN (Israël) a déclaré que son pays se trouve à la croisée du chemin démographique. Israël a une population âgée qui augmente rapidement et une espérance de vie parmi les plus longues au monde. Dans le même temps, le taux de fertilité est resté relativement élevé atténuant ainsi le vieillissement de la population. La croissance démographique rapide et l’évolution de la structure par âge soulignent la nécessité d’une stratégie intégrée et à long terme qui tienne compte de tous les groupes d’âge et de tous les secteurs de la société. Israël travaille à la pleine intégration des personnes âgées comme des membres actifs de la société et veille à qu’elles restent des atouts plutôt que des fardeaux. Israël est ainsi l’un des premiers pays à avoir relevé l’âge du départ à la retraite de 60 ans à 62 ans puis de 65 ans à 67 ans. De plus, les déductions obligatoires à verser aux régimes de pension pour presque tous les travailleurs ont été mises en place pour permettre à plus de personnes de faire des économies pour leur retraite.
La représentante a passé les mesures en faveur des personnes âgées, dans les domaines de la santé, de la formation et de la solidarité intergénérationnelle, avant de prévenir que pour exploiter les dividendes démographiques, il faut faire des investissements intelligents et s’atteler à une planification à long terme tenant compte des changements de la structure par âge et de leur impact sur le développement durable. Nous ne pouvons pas nous permettre de reculer sur la santé l’éducation et l’égalité entre les sexes. La représentante a conclu en évoquant sa grand-mère décédée l’année dernière, peu avant son cent-deuxième anniversaire. Après avoir subi l’holocauste et vécu les pires atrocités au monde, elle a refait sa vie, élevé une famille et même monté à pied tous les jours les escaliers de son appartement du troisième étage et « elle a fait tout ça avec un grand sourire lumineux ». La représentante a espéré que le monde que nous édifions sera un monde où l’on pourra atteindre un âge avancé, pourquoi pas 102 ans, dans la dignité, en bonne santé et avec un sourire grand et lumineux.
Agée de 22 ans et donc «la plus jeune dans la salle », Melle SANNE THIJSSEN, Ambassadrice des jeunes pour le santé et les droits sexuels et reproductifs des Pays-Bas, s’est dite étonnée des efforts qu’il faut encore déployés pour convaincre certaines personnes du plein potentiel et de la capacité des jeunes de décider de leur propre vie, y compris de leurs droits et de leur santé sexuels et reproductifs. Nous devons reconnaître, a-t-elle rappelé, que nous formons la plus grande cohorte de jeunes dans l’histoire. En 2050, nous serons 1,3 milliards de jeunes. Les jeunes, a-t-elle prévenu, ne peuvent être ignorés. Ils doivent être en mesure d’influencer les politiques et les programmes qui affectent leur vie.
Les droits et la santé sexuels et reproductifs des jeunes dans les situations humanitaires et les crises requièrent une attention particulière et investissements. La moitié des gens qui vivent dans ces situations ont moins de 20 ans et sont exposés aux mariages précoces, aux grossesses non planifiées et aux maladies sexuellement transmissibles. Les jeunes LGBT, a poursuivi l’Ambassadrice, exigent aussi une attention particulière, victimes qu’ils sont de discrimination et de violence. Défendre les droits et la santé sexuels et reproductifs des jeunes sans discrimination d’aucune sorte est la différence entre la peine et la prospérité. C’est pourquoi il est important que le droit des jeunes à ‘accéder à l’information, à l’éducation et aux services de santé sexuelle et reproductive soit garanti. Les jeunes ne pourront exploiter tout leur potentiel dans la croissance économique que lorsqu’ils auront le contrôle total de leur vie sexuelle et reproductive. Les filles pourront ainsi investir dans leur déduction et les jeunes femmes contribuer au marché du travail. Les changements dans les structures par âge, comme le vieillissement, le dividende démographique et l’urbanisation, exige une plus forte intégration des jeunes pour qu’ils soient en mesure d’améliorer leur communauté et de provoquer des changements positifs.
M. HANIF AHMADZAI, Directeur adjoint du Département des conférences internationales et des Nations Unies au Ministère des affaires étrangères de l’Afghanistan, a reconnu que les investissements et les interventions dans le domaine de la population et du développement, y compris l’accès à la santé sexuelle et reproductive, étaient essentiels pour éliminer les obstacles à la réduction de la pauvreté et apporter la prospérité. Sans ces investissements et interventions, les individus, les communautés et les sociétés souffriront.
Dans le cas de l’Afghanistan, la situation sécuritaire et la menace du terrorisme ont compliqué le maintien des progrès durement acquis, car la sécurité est le fondement du développement socioéconomique, de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire et des objectifs de développement durable. Pour réaliser nos objectifs, l’appropriation nationale et les partenariats seront essentiels, a souligné le représentant. Ceci est extrêmement important dans le cas de l’Afghanistan qui se trouve dans la décennie de la transformation 2015-2024. M. Ahmadzai a insisté sur les investissements dans la santé et l’éducation, la deuxième voie de la durabilité comme le dit le Programme d’action du Caire, en particulier s’agissant des jeunes. Le représentant a reconnu que le coût de l’inaction face à l’évolution de la structure par âge de la population, c’est la voie vers un héritage d’occasions manquées en termes de capacités humaines et de chances de développement.
Dans mon pays, 70% de la population a moins de 30 ans, a souligné M. JULIO CESAR ARRIOLA (Paraguay). C’est pour cela que les investissements centrés sur les enfants et les adolescents dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’élimination de la pauvreté sont prioritaires dans le plan national de développement 2030. Le Paraguay en est au début de sa transition démographique, a expliqué le représentant, et il lui faut à la fois se concentrer sur les jeunes et satisfaire les besoins de personnes âgées. Dans le cadre de la promotion des droits de l’homme des personnes âgées, M. Arriola a mentionné un programme de pension alimentaire pour les plus de 65 ans en situation de pauvreté. En juin prochain, a-t-il annoncé, le Paraguay accueillera la quatrième Conférence régionale intergouvernementale sur le vieillissement en Amérique latine et dans les Caraïbes. Il a également plaidé pour avoir des données ventilées par âge, sexe et autres caractéristiques pertinentes, compte tenu de la situation propre à chaque pays en développement.
Mme TONI-SHAE FRECKLETON, Députée de la Jamaïque, a déclaré que son pays se trouve actuellement au milieu de sa transition démographique avec un nombre d’enfants en déclin et une augmentation de la population active et des personnes âgées. Ces changements ont été pris en compte dans l’élaboration du plan national de développement à long terme « Vision 2030 ». Ce sont là des dynamiques, a-t-elle estimé, qui présentent à la fois des opportunités et des défis pour le développement durable. Passer les différentes étapes du dividende démographique et au-delà est un exercice difficile qui appelle des réformes non seulement en matière de développement social mais aussi en matière de croissance économique à long terme et de protection de l’environnement. La Jamaïque se trouve à une étape où elle a besoin de redoubler d’efforts pour recueillir les bénéfices de ce qui restent de son dividende démographique.
Pour les cinq prochaines années, la Jamaïque révisera et élaborera des politiques et stratégies pour faire face au défi de l’évolution démographique. Cela inclut des politiques sur la population, les jeunes, les personnes âgées, la migration internationale et le développement, les droits sexuels et reproductifs et la pauvreté. La révision de la politique nationale de la population se fera dans le contexte de la vision 2030 de la Jamaïque, des objectifs de développement durable et du Consensus de Montevideo pour refléter les liens entre la population et le développement. La révision de la politique utilisera les données recueillies et mènera à la finalisation de la réforme du marché du travail et des pensions et à la mise en œuvre des stratégies de protection sociale et de promotion de la croissance économique.
M. JERRY MATJILA (Afrique du Sud) a estimé que la réalisation du programme d’action de la Conférence du Caire était une pierre angulaire de la réalisation des objectifs de développement durable. Si l’épidémie de VIH/sida a eu un impact dévastateur dans un passé récent, le programme d’antirétroviraux a permis d’inverser la tendance, s’est réjoui le représentant. Aujourd’hui, la proportion de personnes âgées augmente en Afrique du Sud, alors que les 15-25 ans représentent la principale cohorte. Cette transition démographique, a-t-il résumé, alimente les politiques du gouvernement et ses efforts visant à réduire des inégalités économiques persistantes.
M. KAI SAUER (Finlande) a décrit son pays comme un pays où la structure par âge vieillit. Un Finlandais sur cinq a au moins 65 ans. Le taux de fécondité est bas et la chute du nombre des naissances s’est accélérée, entraînant à la baisse le nombre des enfants et des jeunes. L’espérance de vie continue en revanche d’augmenter alors que le taux de mortalité infantile et maternelle est bas depuis des décennies. La Finlande, a aussi rappelé le représentant, est un État providence dans la pure tradition nordique qui remonte à 80 ans. L’État providence est celui qui est le garant de l’assise financière et du bien-être de la population. Avec l’augmentation rapide du nombre des personnes âgées, la Finlande met en place un programme actif sur le vieillissement, sans oublier les personnes vulnérables et marginalisées, et l’égalité entre les sexes. À ce propos, on peut encore améliorer les choses, a estimé le représentant. Il est donc important que l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles restent au cœur de la mise en œuvre du Programme 2030. La Finlande a d’ailleurs fait une étape supplémentaire en adoptant la loi sur l’égalité devant le mariage qui est entrée en vigueur le 1er mars dernier. La Finlande s’enorgueillit aussi de son éducation sexuelle complète dispensée dans écoles et de la promotion qu’elle fait de l’accès à la santé sexuelle et reproductive, une politique qui se traduit par un taux extrêmement bas de grossesses précoces.
Le vieillissement de la population est un phénomène plus marqué au Japon qu’ailleurs, a expliqué Mme REIKO HAYASHI, Directrice du Département de la recherche et de la coopération internationale à l’Institut de recherche sur la population et la sécurité sociale du Japon. Une personne sur quatre a plus de 65 ans, la plus forte proportion au monde. Le déclin de la population est une tendance systématique, a-t-elle insisté, et d’ici à 2016 les personnes âgées représenteront 40% de la population. Le Japon doit s’adapter à cette évolution de la structure par âge.
L’espérance de vie au Japon est parmi les plus élevées au monde, grâce à une couverture universelle de santé, s’est félicitée Mme Hayashi. Mais le coût des soins médicaux sur le long terme augmente et la structure de la famille et du foyer évolue. En 2015, 41% seulement des personnes âgées vivaient encore avec leur famille. Une prise en charge communautaire est l’une des solutions recherchées pour faire face à cette situation. Depuis 2005, les tendances macroéconomiques sont telles que le taux de participation des personnes âgées au marché du travail a augmenté. Un système de régime de pension de qualité doit être préservé, a-t-elle encore averti, et les relations intergénérationnelles deviennent une question de plus en plus importante. Dans le cadre de sa coopération technique internationale, le Japon a lancé une initiative sur le vieillissement actif et le bien-être des personnes âgées en Asie.
M. ABDUL GHAFFAR KHAN (Pakistan) a déclaré que le Gouvernement, en gardant à l’esprit l’évolution de la structure par âge de la population, a élaboré différentes politiques pour améliorer l’accès à l’éducation, à la santé et aux opportunités économiques pour les différents segments de la population pakistanaise. Ces politiques sont entre autres la « Vision 2025 » qui est centrée sur les gens et qui prend en considération les ressources humaines en particulier les 117 millions de jeunes comme un atout pour la croissance et le développement. Le gouvernement a aussi réécrit la politique nationale de population pour l’aligner aux objectifs de développement durable avec les engagements de la planification familiale 2020 qui inclut l’augmentation du taux de prévalence de la contraception de 50% et donne un accès universel aux services de planification familiale. Pour les personnes âgées, le gouvernement a établi une institution qui offre un nombre varié de régimes comme la pension pour la vieillesse, la pension pour les personnes handicapées et les bourses de vieillesse.
Mme HELEN KUYEMBEH, Députée de la Sierra Leone, a dit que son pays était à la première étape de sa transition démographique avec 80% de la population soit 5,7 millions de personnes en dessous de 35 ans, et seulement 4% au-dessus de 65 ans et plus. Cela représente une poussée au sein de la population jeune du pays, avec un élan intégré de croissance de 3,2%, tel que prévu par le recensement de 2015. Le Gouvernement est conscient que c’est avec des investissements appropriés dans la santé, y compris la planification familiale, l’éducation, l’incitation économique, la création d’emploi pour les jeunes et la bonne gouvernance que le pays peut réaliser le dividende démographique qui créera une fenêtre d’opportunité pour faire rentrer le pays dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire avant 2035. La députée a énuméré ce qu’a fait son pays concernant l’égalité de genre, l’autonomisation des femmes et l’utilisation des méthodes modernes de planification familiale. Par ailleurs, le Gouvernement finalise sa politique nationale sur le vieillissement qui veillera à ce que les droits et les besoins des 60 ans et plus soient reconnus et respectés.