Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 16 août 2024
(La version française du point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)
Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Farhan Haq, Porte-parole adjoint de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:
Déplacement du Secrétaire général
La semaine prochaine, le Secrétaire général va entamer une série de visites dans les îles du Pacifique et en Asie de l’Est.
Il sera au Samoa, du 21 au 23 août, où il a prévu un entretien avec la Première Ministre, Mme Fiamē Naomi Mata’afa, dans le cadre d’une visite qui se focalisera sur l’impact des changements climatiques.
Le Secrétaire général séjournera ensuite à Auckland, en Nouvelle-Zélande, les 23 et 24 août. Il aura un entretien avec le Premier Ministre, M. Christopher Luxon, avant de s’envoler vers les Tonga où il restera du 24 au 27 août pour participer au Forum des îles du Pacifique et s’entretenir avec le Premier Ministre, M. Siaosi 'Ofakivahafolau Sovaleni, et d’autres dirigeants présents au Forum.
Le Secrétaire général se rendra sur des sites pour mesurer l’impact du tsunami de 2022 et sensibiliser l’opinion publique à l’importance des mesures d’action climatique, dont les systèmes d’alerte précoce, l’adaptation et l’atténuation. Il en profitera pour souligner l’impact de la montée du niveau de la mer dans la région et au-delà. Dans les deux pays du Pacifique, le Secrétaire général parlera avec les représentants des communautés locales et de la société civile, dont les jeunes gens.
Il partira alors pour le Timor-Leste où, du 28 au 31 août, il prendra part à la commémoration du vingt-cinquième anniversaire de la consultation populaire, qui avait été organisée par les Nations Unies, et s’entretiendra avec le Premier Ministre, M. Kay Rala Xanana Gusmão, le Président, M. José Ramos-Horta et d’autres hauts-responsables.
À Singapour, les 1er et 2 septembre, M. Guterres va rencontrer le Président, M. Tharman Shanmugaratnam et le Premier Ministre, M. Wong Lawrence.
Enfin en Chine, du 2 au 5 septembre, il va, entre autres, participer à l’édition 2024 du Sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) à Beijing et souligner l’importance de la coopération Sud-Sud pour faire naître de la solidarité et pousser les progrès dans les objectifs communs de développement. Le Secrétaire général a aussi prévu des entretiens avec de hauts-responsables du Gouvernement.
Déplacements de la Vice-Secrétaire générale
Ce soir, la Vice-Secrétaire générale s’envole pour le Caire, en Égypte, pour participer et faire une déclaration liminaire à la quarante-troisième Conférence mondiale du scoutisme, à l’invitation de l’Organisation mondiale du mouvement scout.
Elle a aussi prévu des entretiens avec des hauts-responsables du Gouvernement et d’autres parties prenantes ainsi que la visite de projets visant à renforcer l’adaptation aux changements climatiques dans la région côtière du nord et dans le delta du Nil.
Mardi 20 août, elle partira pour Oulan-Bator en Mongolie pour participer au Forum mondial des femmes, à l’invitation du Gouvernement national. Elle aura des entretiens avec des responsables du Gouvernement, des communautés nomades et autres parties prenantes.
Conférence de presse du Secrétaire général sur la polio à Gaza
Le Secrétaire général a déclaré que Gaza est en chute libre humanitaire.
S’il semblait que la situation ne pouvait s’empirer pour les Palestiniens de Gaza, les souffrances s’aggravent désormais alors que le monde regarde.
Ces dernières semaines, le virus de la polio a été détecté dans des échantillons d’eaux usées à Khan Younès et à Deïr el-Balah, ce qui veut dire qu’il se propage, en menaçant des centaines de milliers d’enfants.
La polio n’a que faire des lignes de rupture et elle n’attend pas.
Prévenir et contenir sa propagation va nécessiter un effort urgent, coordonné et massif.
L’ONU est prête à lancer une campagne vitale de vaccination à Gaza pour plus de 640 000 enfants de moins de 10 ans.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a approuvé l’acheminement de 1,6 million de doses de vaccin.
L’UNICEF coordonne la fourniture des vaccins et du matériel pour la chaîne du froid nécessaire à la conservation des vaccins.
L’UNRWA, le plus grand pourvoyeur de soins de santé à Gaza, a mobilisé ses équipes médicales pour administrer les vaccins et va contribuer à la logistique.
Toutefois, les problèmes sont énormes.
Les systèmes de santé, d’eau et d’assainissement à Gaza sont décimés.
La majorité des hôpitaux et des centres de soins primaires ne fonctionne plus.
Les gens fuient constamment pour leur propre sécurité.
Les vaccinations de routine sont gravement perturbées par le conflit, accélérant la propagation d’autres maladies évitables comme la rougeole et l’hépatite A.
L’ONU sait comment mener une campagne de vaccination efficace contre la polio.
Compte tenu des destructions généralisées à Gaza, 95% au moins de la couverture vaccinale sera nécessaire à chacun des deux cycles de la campagne pour prévenir la propagation de la polio et sa flambée.
Les efforts de vaccination vont mobiliser 708 équipes dans les hôpitaux et les centres de soins primaires, dont beaucoup fonctionnent à peine, et 316 équipes communautaires de sensibilisation dans tout Gaza.
L’ONU sait que le succès d’une campagne dépend de la capacité de transporter les vaccins et le matériel de la chaîne du froid à chaque étape; de la présence à Gaza de spécialistes de la polio; de la disponibilité du carburant pour que les équipes puissent faire leur travail; et de services Internet et téléphoniques fiables pour informer les communautés sur la campagne. Il faut aussi augmenter la quantité d’argent liquide à Gaza pour payer les agents de santé.
Le succès d’une campagne dépend surtout de la sécurité des agents de santé, des enfants et de leurs familles qui doivent pouvoir se rendre dans les établissements de santé, et de ces établissements eux-mêmes. Ces derniers doivent être protégés des bombardements.
Le Secrétaire général a appelé toutes les parties à donner des garanties concrètes tout de suite, en instaurant des pauses humanitaires pendant la campagne.
Soyons clairs, a-t-il dit: la vaccination ultime contre la polio, c’est la paix et un cessez-le-feu humanitaire immédiat.
En tout état de cause, une pause polio est un impératif.
Il est impossible de mener une campagne de vaccination alors que les armes grondent partout.
La polio dépasse la politique. Elle transcende les divisions. Il est donc de notre devoir de nous unir, de nous mobiliser et de ne pas nous battre contre les gens mais contre la polio pour triompher de ce vicieux virus qui, à défaut de mesures adéquates, aurait un effet désastreux non seulement sur les enfants palestiniens à Gaza mais aussi sur les pays voisins et la région.
Gaza
Aujourd’hui à Jérusalem, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Tor Wennesland, a exhorté toutes les parties à accorder la priorité à la protection des civils, à conclure un accord de cessez-le-feu et de libération des otages à Gaza et à mettre en œuvre ses dispositions sans retard ni condition préalable, conformément à la résolution 2735 du Conseil de sécurité.
Il s’est dit encouragé par la persévérance des dirigeants des États-Unis, de l’Égypte et du Qatar comme médiateurs et par leur appel aux deux parties pour qu’elles concluent un accord de cessez-le-feu et de libération des otages. La fin de ce cauchemar n’a que trop tardé, a-t-il pressé.
Territoire palestinien occupé
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) indique que le nouvel ordre d’évacuation donné ce matin par l’armée israélienne a encore réduit de 11% la zone humanitaire qu’a désignée Israël.
Six pâtés de maisons sont concernés par ce nouvel ordre à Deïr el-Balah et à Khan Younès, dont deux dans la zone désignée par Israël à Al Malwasi, dans l’ouest de Khan Younès.
Plus de 120 sites de déplacés, abritant 170 000 personnes, sont concernés. Le nouvel ordre concerne aussi des infrastructures humanitaires, dont l’entrepôt du Programme alimentaire mondial (PAM), alors qu’il y a déjà un problème grave de capacité de stockage à Gaza qui affecte la faculté de l’ONU de recevoir et d’acheminer l’aide.
Nombreux sont les déplacés concernés par le nouvel ordre d’évacuation à être arrivés récemment dans la zone, après avoir obéi aux ordres précédents. L’OCHA a déployé une petite équipe qui a vu des milliers de personnes en fuite, dont beaucoup de femmes et d’enfants. Elles partaient vers Deïr el-Balah sans destination précise. Une nouvelle fois, elles ont dû partir dans la précipitation sans savoir où aller, cernées par la mort et la dévastation.
Rien qu’au cours de ce mois d’août, l’armée israélienne a donné huit ordres d’évacuation à des dizaines de milliers de gens à Khan Younès et, dans une moindre mesure, dans le nord de Gaza. La pénurie de matériel pour abris, dont des tentes et des produits d’hygiène comme des bidons et du shampoing, et l’accès limité aux sites, exacerbent les conditions de vie des familles déplacées, les rendant de plus en plus vulnérables alors qu’elles luttent pour satisfaire leurs besoins les plus élémentaires.
Liban
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) indique que les hostilités en cours et les échanges de tirs quotidiens à travers la frontière méridionale continuent d’affecter les civils des deux côtés de la frontière.
L’OCHA note qu’au Liban, 110 000 personnes ont été déplacées depuis octobre, dont 35% sont des enfants. Selon les estimations, près de 150 000 personnes restent à moins de 10 kilomètres de la Ligne bleue.
Depuis octobre de l’année dernière, 16 attaques contre des services de santé ont été signalées, et 21 ambulanciers ont été tués pendant les hostilités, indique l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Les infrastructures d’eau, d’électricité et de télécommunications et les routes dans le sud du Liban ont été gravement endommagées. Vingt-trois pour cent de la population souffre désormais d’insécurité alimentaire, contre 19% en mars 2024.
L’ONU et ses partenaires continuent d’intensifier leurs efforts de secours, en soutien à la réponse menée par le Gouvernement. Mais un financement supplémentaire est nécessaire de toute urgence. Les partenaires humanitaires ont besoin de 110 millions de dollars pour continuer de répondre aux besoins des personnes touchées par le conflit jusqu’à la fin de l’année. Avant l’escalade des hostilités en octobre 2023, on estime que 3,7 millions de personnes avaient déjà besoin d’une aide humanitaire. Le Plan de réponse humanitaire pour le Liban de 2024 n’est financé qu’à hauteur de 25%, avec 670 millions de dollars sur les 2,72 milliards de dollars nécessaires.
L’ONU exhorte toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et souligne que les civils et les infrastructures civiles doivent être protégés à tout moment.
Ukraine
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) indique que les attaques dans les régions de Donetsk, Kharkiv, Kherson et Sumy en Ukraine continuent d’avoir des répercussions sur les civils. Les frappes ont endommagé des maisons, des écoles et des infrastructures énergétiques et ont touché un point de distribution d’aide dirigé par le Gouvernement.
Les gens continuent de quitter les zones de première ligne alors que les hostilités se poursuivent. En complément des efforts des autorités locales et des premiers intervenants, les organisations humanitaires fournissent une aide humanitaire d’urgence aux communautés de première ligne et aux personnes déplacées dans les régions de Donetsk et de Sumy et ailleurs.
L’ONU et ses partenaires ont enregistré 1 800 évacués pour une aide en espèces dans la seule région de Sumy depuis le 6 août. En juillet, plus de 3 millions de dollars d’aide en espèces ont été versés à plus de 10 000 personnes dans les régions de Donetsk et de Sumy.
Soudan
La Coordonnatrice de l’action humanitaire au Soudan, Mme Clémentine Nkweta-Salami, a salué aujourd’hui la décision des autorités soudanaises de rouvrir le point de passage d’Adré entre le Tchad et le Darfour.
Le point de passage d’Adré est une voie humanitaire essentielle pour l’acheminement d’une aide d’urgence à des millions de personnes -notamment des vivres, des fournitures nutritionnelles, des médicaments et des abris.
Ce point de passage était fermé depuis février et les partenaires humanitaires utilisaient le point de passage frontalier de Tine pour se rendre au Darfour septentrional depuis le Tchad, mais la saison des pluies en cours a rendu cette route en grande partie impraticable.
Mme Nkweta-Salami a indiqué que l’ONU a plaidé sans relâche pour la réouverture du point de passage d’Adré, car c’est la voie la plus efficace et la plus courte pour acheminer l’aide humanitaire au Soudan à l’échelle et à la vitesse requises, en particulier au Darfour.
L’insécurité alimentaire au Soudan a atteint des niveaux records, avec près de 26 millions de personnes souffrant de faim aiguë. Le 1er août, des conditions de famine ont été confirmées dans le camp de déplacés de Zamzam, près d’El-Fasher, au Darfour septentrional. Les experts en sécurité alimentaire avertissent que les civils de 13 autres localités dans d’autres régions du Soudan sont menacés de famine.
Plus de sept mois après le début de l’année, l’appel humanitaire pour 2024 de 2,7 milliards de dollars pour le Soudan n’est financé qu’à hauteur de 37%, avec 1 milliard de dollars reçus.
Soudan du Sud
La Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a organisé la toute première audience judiciaire virtuelle du pays dans sa base de Malakal, dans le Haut-Nil.
La MINUSS a soutenu le déploiement de tribunaux mobiles dans les zones reculées, afin de surmonter les obstacles auxquels est confronté le système judiciaire du Soudan du Sud. En effet, le manque d’infrastructures, de magistrats et de mobilité peut entraîner de longs retards dans la délivrance de la justice et la responsabilisation.
L’audience, qui concernait une allégation de meurtre, s’est déroulée en présence de témoins, de représentants de la MINUSS et d’autres personnes, tandis que le juge de la Haute Cour présidait le procès via une connexion en direct depuis Djouba. La MINUSS estime qu’il s’agit d’un jugement historique car il a permis d’économiser du temps et des ressources et a été rendu conformément aux lois du pays.
Nigéria
Au Nigéria, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) attire l’attention sur le sort de 3,7 millions de personnes déplacées de force et sur la nécessité d’accélérer la mise en place de solutions durables pour elles.
Lors d’une visite dans le pays, le Haut-Commissaire assistant chargé des opérations, M. Raouf Mazou, et la Haute-Commissaire assistante chargée de la protection, Mme Ruvendrini Menikdiwela, se sont engagés à accroître l’autonomie des personnes déplacées de force notamment en soutenant le Gouvernement, en aidant les communautés déplacées à retrouver un emploi, en veillant à ce qu’elles aient accès aux services publics, y compris les programmes de protection sociale, et en mettant en place des instruments financiers pour encourager les investissements dans les communautés à risque.
Le HCR travaille d’ores et déjà avec le Gouvernement pour aider les communautés déplacées à cultiver des milliers d’hectares de terres, à développer des systèmes d’irrigation, à résoudre la question de la sécurité alimentaire et à augmenter l’emploi rural.
Bangladesh
Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, M. Volker Türk, et le dirigeant intérimaire du Bangladesh, M. Muhammad Yunus, ont discuté, hier, d’un large éventail de mesures de soutien que le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU pourrait apporter au Gouvernement intérimaire et à la transition, notamment sur les questions de responsabilité. Une équipe se rendra à Dacca la semaine prochaine pour discuter des domaines de soutien et des modalités d’une enquête sur les violations des droits humains commises dans le contexte des violences et des troubles récents. Le Haut-Commissaire est fermement déterminé à soutenir le Gouvernement intérimaire et le peuple du Bangladesh dans une transition réussie qui renforce la protection des droits humains.