Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 14 mai 2024
(La version française du point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)
Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Farhan Haq, Porte-parole adjoint de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:
Gaza
Le Secrétaire général est consterné par l’escalade des activités militaires des Forces de défense israéliennes à Rafah et dans ses environs.
Cette évolution entrave encore davantage l’accès humanitaire et aggrave une situation déjà désastreuse. Dans le même temps, le Hamas continue de tirer des roquettes sans discernement. Les civils doivent être respectés et protégés à tout moment, à Rafah et ailleurs à Gaza. Pour les habitants de Gaza, plus aucun endroit n’est sûr désormais.
Le Secrétaire général réitère son appel urgent à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et à la libération de tous les otages. Il appelle à la réouverture immédiate du point de passage de Rafah et à un accès humanitaire sans entrave à l’ensemble de Gaza.
Territoire palestinien occupé
Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Martin Griffiths, a déclaré dans un message diffuse sur les réseaux sociaux que les parties doivent prendre toutes les précautions possibles pour épargner les civils –y compris le personnel de l’ONU et les travailleurs humanitaires– après qu’un membre du personnel de l’ONU a été tué et un autre blessé hier lorsque le véhicule de l’ONU dans lequel ils se trouvaient à bord a été heurté, alors qu’il se dirigeait vers l’hôpital européen de Rafah.
L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) rapporte que des familles continuent de fuir Rafah en quête de sécurité.
Selon l’UNRWA, en date d’hier, près de 450 000 personnes ont été déplacées de Rafah au cours de la semaine dernière. Les familles fuient partout où elles le peuvent, y compris vers les décombres et les dunes de sable.
Comme nous l’avons répété à maintes reprises, toutes les parties doivent respecter le droit international humanitaire à tout moment. Cela signifie que les civils doivent être protégés et que leurs besoins essentiels –notamment en nourriture, en logement, en eau et en santé– doivent être satisfaits, où qu’ils se trouvent à Gaza, qu’ils se déplacent ou qu’ils demeurent sur place.
Les familles déplacées de Rafah arrivent dans des sites dépourvus d’abris, de latrines et de points d’eau. Cependant, il est impossible d’améliorer la situation dans les sites de déplacement si les fournitures ne peuvent pas entrer à Gaza – et si l’ONU manque de carburant pour les transporter à l’intérieur de Gaza jusqu’aux familles qui en ont besoin.
Malgré cela, les efforts se poursuivent pour fournir une assistance vitale partout et chaque fois que cela est possible. Les partenaires humanitaires de l’ONU rapportent que les travaux se poursuivent pour rétablir les services de santé dans le complexe médical Nasser à Khan Younès, lequel devrait officiellement rouvrir dans les prochains jours.
L’hôpital a déjà commencé, la semaine dernière, à proposer des traitements d’hémodialyse aux patients qui ne peuvent plus être soignés à l’hôpital An Najjar de Rafah, celui-ci ayant cessé ses services.
Par ailleurs, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) signale qu’hier en Cisjordanie, des colons israéliens ont attaqué des camions humanitaires à destination de Gaza. Les colons ont déchargé et vandalisé les véhicules au poste de contrôle de Tarqumiya et près de la barrière près de Beit ‘Awwa. Plusieurs camions ont été endommagés.
Israël doit protéger contre la violence des colons israéliens et veiller à ce que toutes les allégations de violence des colons fassent l’objet d’une enquête et que les auteurs soient poursuivis.
Secrétaire général
Le Secrétaire général est actuellement à Mascate, à Oman.
À son arrivée hier soir, il a rencontré le Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères du Sultanat d’Oman, le cheikh Khalifah Al Harthy.
Au cours de sa visite officielle, le Secrétaire général devrait s’entretenir mercredi avec Sa Majesté le Sultan Haitham Bin Tarek. Une rencontre avec le Ministre des affaires étrangères, M. Sayyid Badr bin Hamad bin Hamood Albusaidi, est prévue demain avant son départ pour Bahreïn où il doit participer au Sommet arabe.
Pendant son séjour à Manama, le Secrétaire général prononcera une allocution lors du Sommet et devrait avoir plusieurs réunions bilatérales avec les dirigeants participant à l’événement. Les discussions porteront principalement sur la situation à Gaza et dans la région.
Soudan
Dans une déclaration publiée hier, le Secrétaire général dit être gravement préoccupé par l’irruption des combats à El-Fasher, qui mettent en danger plus de 800 000 civils. Il est alarmé par les informations faisant état de l’utilisation d’armes lourdes dans des zones densément peuplées, entraînant des dizaines de victimes civiles, des déplacements importants et la destruction d’infrastructures civiles. Il rappelle que les civils de la région sont déjà confrontés à une famine imminente et aux conséquences de plus d’un an de guerre.
Le Secrétaire général rappelle à toutes les parties leur obligation, en vertu du droit international humanitaire, de protéger les civils et les appelle à permettre à la population civile de se déplacer vers des zones plus sûres. Il demande également à toutes les parties de faciliter un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave à tous les civils dans le besoin à El-Fasher, au Darfour et au Soudan. Diriger intentionnellement des attaques contre la population civile et entraver délibérément l’aide humanitaire aux civils dans le besoin peuvent constituer des crimes de guerre.
Le Secrétaire général exhorte les parties à cesser immédiatement les combats et à reprendre sans plus tarder les négociations de cessez-le-feu.
La Coordonnatrice résidente et Coordonnatrice de l’action humanitaire au Soudan, Mme Clémentine Nkweta-Salami, sera l’invitée du point de presse de demain. Elle fournira plus de détails sur la situation humanitaire dans le pays.
Soudan du Sud
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) rapporte que plus de 7 millions de personnes au Soudan du Sud risquent de connaître des niveaux élevés d’insécurité alimentaire jusqu’en juillet.
Selon le dernier rapport de l’OCHA, au moins 79 000 personnes risquent de connaître des niveaux de faim catastrophiques – principalement dans des zones touchées par les conflits, les crises économiques et les chocs liés au climat.
Les partenaires humanitaires de l’ONU mobilisent également un soutien pour les personnes déplacées par les combats intercommunautaires dans le comté de Tambura, en Équatoria-Occidental.
Selon les estimations, 26 000 personnes ont fui jusqu’à présent et la plupart des zones résidentielles autour de la ville de Tambura sont désertes.
De son côté, la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) suit de près la situation à Tambura. Pour dissuader de nouvelles violences, elle a immédiatement déployé des Casques bleus supplémentaires pour renforcer le site. Elle a également triplé le nombre de patrouilles quotidiennes.
Actuellement, environ 200 Casques bleus effectuent des patrouilles quotidiennes pour assurer la sécurité de la population locale. La MINUSS continue également de collaborer avec les dirigeants communautaires et les partis politiques aux niveaux national et local pour résoudre pacifiquement tous les problèmes et réduire les tensions intercommunautaires.
Pendant ce temps, l’afflux de rapatriés et de réfugiés du conflit au Soudan continue de mettre à rude épreuve les services déjà limités aux points frontaliers et dans les communautés d’accueil.
Depuis le début de la guerre au Soudan en avril de l’année dernière, au moins 670 000 nouveaux arrivants ont été enregistrés au Soudan du Sud, dont 80% sont des rapatriés.
En outre, l’appel humanitaire de cette année pour le Soudan du Sud reste gravement sous-financé, mettant à l’épreuve les efforts de réponse. Seulement 11% des 1,8 milliard de dollars requis ont été reçus à ce jour, soit quelque 195 millions de dollars.
Haïti
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) indique que selon les premières évaluations réalisées par les organisations humanitaires, les attaques de groupes armés du 10 mai à Gressier, au sud de la capitale Port-au-Prince, ont provoqué le déplacement de quelque 4 400 personnes. Près des trois quarts d’entre elles ont trouvé refuge dans des familles d’accueil, tandis que d’autres se sont réfugiées dans sept sites de déplacement de fortune.
Cela porte à près de 10 000 le nombre total de personnes nouvellement déplacées à Port-au-Prince au cours des deux dernières semaines.
D’autres évaluations sont en cours et l’OCHA est en liaison avec ses partenaires pour coordonner la réponse.
L’UNICEF et ses partenaires ont aidé plus de 50 000 enfants et familles déplacés touchés par les attaques depuis fin février grâce à leurs cliniques mobiles à Port-au-Prince.
Libye
Le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), M. Karim Khan, a informé le Conseil de sécurité du travail de la Cour concernant la Libye.
Il a déclaré au Conseil que le parquet était enthousiaste à l’idée d’ouvrir un bureau à Tripoli. Il a toutefois ajouté qu’un changement de paradigme était encore nécessaire et que l’état de droit devait s’appliquer en Libye.
Cet après-midi, le Conseil de sécurité tiendra une réunion sur l’Ukraine, au cours de laquelle il entendra une intervention de la Directrice de la Division du financement et des partenariats du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Mme Lisa Doughten.
Maintien de la paix
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, est au Qatar, où il s’est entretenu aujourd’hui avec des responsables gouvernementaux pour discuter de questions liées au maintien de la paix, ainsi qu’à l’action contre les mines.
Demain, M. Lacroix arrivera en Afghanistan, où il sensibilisera aux conséquences des munitions explosives, notamment sur les communautés afghanes.
Il restera dans le pays jusqu’au 17 mai et sera accompagné de la Directrice du Service de la lutte antimines des Nations Unies, Mme Ilene Cohn.
M. Lacroix compte également explorer des stratégies efficaces pour éliminer les munitions explosives des communautés afghanes. La population afghane est menacée par les mines, et 81% des 821 victimes de munitions explosives signalées en Afghanistan entre janvier 2023 et mars 2024 étaient des enfants.
Chypre
L’Envoyée personnelle du Secrétaire général pour Chypre, Mme Maria Angela Holguín, a conclu cette semaine sa troisième visite dans l’île, ainsi que ses visites à Ankara et à Athènes.
Comme elle en a informé les médias à Chypre le 13 mai, elle préparera bientôt son rapport au Secrétaire général contenant ses conclusions et discutera avec lui de la voie à suivre.
En attendant, elle poursuit ses efforts pour trouver un terrain d’entente.
ECOSOC
Ce matin, le Secrétaire général s’est adressé, par message vidéo, à la réunion annuelle sur les activités opérationnelles pour le développement de l’ECOSOC – le Conseil économique et social.
Il a déclaré que nous nous trouvons à un moment charnière dans notre cheminement vers l’échéance de 2030 pour les objectifs de développement durable, ajoutant que le système de développement de l’ONU, dirigé par les coordonnateurs résidents, est essentiel pour y parvenir.
Le Sommet des ODD de l’année dernière a appelé à un plan de sauvetage et l’ONU change de vitesse pour accélérer l’action.
Nous soutenons le développement des capacités des pays, notamment les efforts visant à renforcer les environnements politiques et réglementaires.
Dans le même temps, le Secrétaire général a déclaré aux États Membres qu’il était profondément préoccupé par le financement du système, précisant que garantir un financement durable et prévisible était sa principale priorité pour le système cette année.
Contributions financières
L’Andorre et la Mongolie ont versé la totalité de leur contribution au budget ordinaire de l’ONU, amenant à 110 le nombre d’États Membres à en avoir fait de même.