L’Assemblée générale demande au Secrétaire général de lui fournir davantage d’informations sur la création d’un poste de coordonnateur pour la lutte contre le terrorisme
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Assemblée générale
Soixante-sixième session
120e séance plénière - matin
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DEMANDE AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LUI FOURNIR DAVANTAGE D’INFORMATIONS
SUR LA CRÉATION D’UN POSTE DE COORDONNATEUR POUR LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME
L’Assemblée générale a achevé, ce matin, le troisième examen biennal de la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, adoptée le 8 septembre 2006, en demandant au Secrétaire général de lui fournir davantage de précisions sur sa proposition de désigner un coordonnateur des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme*.
Elle a également fait sien l’Appel** solennel lancé par le Président de l’Assemblée à l’occasion de la Trêve olympique et par lequel il invite tous les États Membres à manifester leurattachement à cette Trêve à l’occasion des Jeux olympiques etparalympiques de Londres en juillet et août 2012.
Aux termes de la résolution intitulée « Examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies », adoptée sans vote à l’issue de la réunion, l’Assemblée générale prend note de la proposition du Secrétaire général de désigner un coordonnateur des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et lui demande de fournir davantage de précisions à cet égard, pour pouvoir poursuivre l’examen de cette question sans tarder.
Le Secrétaire général recommandait*** en effet la désignation d’un coordonnateur qui serait responsable de la coordination stratégique, de la cohérence et de la mise en œuvre de la Stratégie, et également son conseiller principal pour les questions relatives à la lutte antiterroriste.
Dans sa résolution, l’Assemblée générale se déclare préoccupée par le fait que les terroristes, dans une société mondialisée, ont de plus en plus souvent recours aux nouvelles technologies de l’information et des communications. Elle s’inquiètede voir augmenter le nombre des enlèvements et des prises d’otages qui visent à obtenir des fonds ou des concessions politiques.
L’Assemblée se dit consciente qu’il faut redoubler d’efforts pour accorder la même attention à la mise en œuvre des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale: élimination des conditions propices à la propagation du terrorisme, prévention et lutte contre le terrorisme, renforcement des capacités de tous les États et rôle de l’ONU, et droits de l’homme.
Elle considère que c’est aux États Membres qu’il incombe au premier chef d’appliquer la Stratégie antiterroriste mondiale et encourage une mise au point plus poussée de plans nationaux, sous-régionaux et régionaux. Elle encourage égalementla société civile, notamment les organisations non gouvernementales (ONG), à entreprendre des efforts visant à renforcer l’action menée pour appliquer la Stratégie.
L’Assemblée générale rappelle également le rôle que joue le système des Nations Unies, en particulier l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, dans la promotion de la coopération internationale et du renforcement des capacités comme éléments de la Stratégie.
Elle invite notammenttous les États Membres à collaborer avec le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et à contribuer à l’exécution de ses activités par l’entremise de l’Équipe spéciale. Le représentant de l’Arabie saoudite s’est réjoui que le Centre, qui est hébergé dans son pays, soit devenu une réalité. « Sa création reflète la conviction que la lutte contre le terrorisme nécessite l’échange d’expériences et la collaboration », a-t-il affirmé.
L’Assemblée engage aussi les États, ainsi que les entités des Nations Unies qui s’emploient à soutenir la lutte contre le terrorisme, à continuer d’œuvrer pour la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales, ainsi que des droits de la défense et de la primauté du droit, tout en combattant le terrorisme.
Enfin, elle souligne que la tolérance et le dialogue entre les civilisations, et le renforcement de la compréhension entre les religions et les cultures sont parmi les moyens les plus efficaces de promouvoir la coopération et le succès dans la lutte contre le terrorisme.
Au cours du débat, le représentant du Sri Lanka a, en effet, prévenu que « l’attention dont bénéficie l’aspect sécuritaire de la question ne suffira pas à éliminer ce fléau ». Son homologue de la Tunisie a estimé, pour sa part, que la question de la réhabilitation sociale des personnes condamnées pour terrorisme n’était pas suffisamment prise en compte dans les mesures de lutte antiterroriste.
À l’issue du débat, les représentants d’Israël et de la Tunisie ont exercé leur droit de réponse.
La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
* A/66/L.53
** A/66/862
*** A/66/762 et A/66/762/Add.1
LA STRATÉGIE ANTITERRORISTE MONDIALE DES NATIONS UNIES
Rapport du Secrétaire général sur les activités menées par le système des Nations Unies pour appliquer la Stratégie » (A/66/762 et A/66/762/Add.1)
Déclarations (Suite)
M. Emmanuel OKAFOR (Nigéria) a annoncé que son pays appuie les initiatives internationales visant à renforcer la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme. Mais il est important d’éviter les doubles emplois et de veiller à ce que ces initiatives aillent dans le même sens afin de faciliter et de promouvoir la coordination, a souligné M. Okafor. Le Nigéria a participé à la formulation du Protocole de la Convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, datant de 1999, et adoptée à Alger, et a adhéré à la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre le terrorisme en 2004, a-t-il indiqué.
Au cours des derniers mois, le Nigéria a fait face à une recrudescence des actes terroristes dans le nord du pays. Mais le Nigéria ne se laisse pas intimider par ces attaques, a affirmé M. Okafor. Il s’est mis à élaborer des stratégies nationales et surtout à collaborer plus étroitement avec la communauté internationale. Il a pris des mesures pour renforcer ses capacités de répression du terrorisme à travers son arsenal juridique et réglementaire et pour renforcer le partenariat stratégique de lutte contre le terrorisme.
En janvier, le Nigéria et l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme des Nations Unies ont lancé le projet « Appui intégré de lutte contre le terrorisme », a poursuivi le représentant. En juin, l’Équipe spéciale a animé, au Nigéria, un atelier de formation sur les attentats-suicide et les stratégies de prévention dans le cadre du projet « Stabilisation et renforcement des capacités contre le terrorisme ». En outre, le pays a manifesté son intérêt à accueillir le lancement de la Stratégie sous-régionale en Afrique de l’Ouest cette année. Au plan national, a déclaré M. Okafor, le Président du Nigéria, M. Goodluck Jonathan, a signé la loi sur la prévention du terrorisme et la loi sur le blanchiment d’argent le 3 juin 2011, un texte dont l’objectif est notamment d’empêcher le financement du terrorisme.
M. ZDRAVKO TUVIĆ (Serbie) a indiqué que son pays s’apprêtait à entrer dans la phase finale des préparatifs du lancement d’un projet conjoint avec l’Union européenne et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) dont le but est le renforcement du régime juridique antiterroriste de la Serbie. Un programme d’activités a d’ores et déjà été mis sur pied pour assurer la bonne visibilité de ce projet, a-t-il ajouté, précisant que cette initiative serait élaborée en étroite collaboration avec les États membres de l’Union européenne.
M. Tuvić a ensuite fait savoir que la Serbie avait accueilli, l’année dernière, un atelier sur la lutte contre le financement des activités terroristes pour les États d’Europe du Sud-Est. La Serbie a également adopté, à la fin du mois d’avril dernier, un Plan national d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur le non-accès des acteurs non étatiques aux armes de destruction massive. Le représentant a aussi fait savoir que le processus d’adoption d’une loi sur le gel des avoirs terroristes serait enclenché dès la formation du gouvernement.
M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a fait savoir que différentes lois avaient été adoptées dans son pays dans le but de combattre les activités extrémistes, le terrorisme et son financement. Le Code pénal a été durci s’agissant de l’incitation à la haine raciale, religieuse ou interrégionale et de la conspiration de crimes terroristes. Le représentant a attiré l’attention sur l’importance qu’il y a à renforcer les capacités des autorités compétentes. Il a fait savoir qu’en 2011, son gouvernement avait établi un Comité d’État pour la sécurité nationale chargé de coordonner les activités des différentes autorités publiques et de promouvoir la coopération internationale.
Le Kirghizistan est particulièrement préoccupé par la sécurité et la stabilité régionales et accorde la plus haute attention à l’interaction avec le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale. Le représentant a aussi fait savoir que le Programme de coopération des États membres de l’Organisation de coopération de Shanghai avait été approuvé lors du Sommet tenu ce mois-ci. Il a précisé que ce Programme fournit des outils pour identifier, prévenir et combattre les différentes activités criminelles, dont le terrorisme.
M. YURI NIKOLAICHIK (Bélarus) a considéré que la corrélation entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée exigeait un renforcement de la coopération entre États, et ce, tant au sein du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, qu’à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) ou à Interpol. Il a mis l’accent sur la protection des frontières en tant que composantes de la lutte contre le terrorisme, soulignant que les dépenses du Bélarus dans ce domaine allaient en s’accroissant. Il a également exhorté ses partenaires à coopérer davantage dans ce domaine et à renforcer le régime juridique international, entre autres, par une convention ad hoc. Il s’est encore dit partisan d’une amélioration des mesures de prévention par l’échange de données et d’expériences, notamment dans le domaine du transport de matériaux chimiques ou nucléaires et de l’utilisation d’Internet à des fins terroristes.
M. ALEXANDRE GARCIA, Sous-Directeur des menaces transversales au Ministère des affaires étrangères de la France, a estimé qu’il était plus que nécessaire que la communauté internationale fasse front commun contre la menace du terrorisme. Il a jugé important de continuer à promouvoir la Stratégie antiterroriste mondiale qui, a-t-il affirmé, permettra de progresser dans de nombreux domaines, notamment le renforcement des capacités, éléments clefs pour assister les États les plus fragiles ou en crise. Il est impératif, a poursuivi le représentant, que la lutte contre le terrorisme se fasse dans le strict respect des droits de l’homme, meilleure garantie, selon lui, de l’efficacité de ce combat. Il a également estimé qu’il ne fallait pas non plus sous-estimer le rôle des victimes. Leurs voix et leurs messages doivent être pris en compte.
M. Garcia a ensuite appelé au renforcement de la coordination sur le plan international avec d’autres organisations qui ont mis sur pied un programme de lutte contre le terrorisme, notamment le Forum global de lutte contre le terrorisme et l’Union européenne. Il a par ailleurs estimé que la création d’un poste de coordonnateur permettrait d’éliminer les doubles emplois parmi les différentes entités onusiennes.
M. NEJMEDDINE LAKHAL (Tunisie) a réaffirmé son engagement en faveur de la lutte contre le terrorisme et a expliqué que son pays avait pris toutes les mesures pour transposer en droit interne les dispositions internationales. Outre une réforme profonde de sa législation et l’adhésion à la quasi-totalité des initiatives et actions dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, la Tunisie estime que cette lutte dépasse cependant les propres capacités d’un État. Le représentant a donc appelé à une coopération internationale et régionale renforcée.
Dans le cadre de ce troisième examen, il a également souligné la nécessité de mettre en œuvre de manière équilibrée tous les piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale. Il a voulu une approche multidimensionnelle fondée sur une coopération efficace entre les organisations internationales, régionales, sous-régionales, la société civile et les médias. Il a estimé que le terrorisme d’État devait être condamné vigoureusement car il se fait au mépris des principes les plus élémentaires du droit international. Il a aussi mis l’accent sur la réhabilitation sociale des personnes condamnées pour terrorisme, un sujet qui n’est pas suffisamment pris en compte, a-t-il estimé.
M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) a estimé que le terrorisme ne pouvait être combattu que par la coordination internationale et a appelé au renforcement du rôle de l’ONU en la matière. Il a estimé qu’une attention particulière devait être accordée aux piliers I « élimination d’un environnement propice au terrorisme » et IV « droits de l’homme » de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU. Le représentant a ensuite fait savoir que le Chili avait créé un département pour la lutte contre le terrorisme pour faciliter la coordination de la politique étrangère en la matière. Les autorités se penchent également sur les problèmes du bioterrorisme et du cyberterrorisme, a-t-il ajouté.
M. Errázuriz a souligné les importantes contributions que peuvent faire les organisations régionales et appelé à des initiatives qui tiennent comptent de la question de la « vulnérabilité culturelle ». Il a rappelé qu’en novembre 2011, le Chili a coorganisé un atelier sous-régional sur le bioterrorisme. Il a estimé nécessaire d’engager le dialogue entre les différents acteurs sociaux afin de répondre aux causes qui favorisent le terrorisme, dont la fracture sociale et le manque d’opportunité.
M. Al-AWADY (Iraq) a fait remarquer que, depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, son pays avait entrepris « tous les efforts possibles » pour combattre le terrorisme, notamment en incluant dans sa Constitution de 2005 un article condamnant quiconque glorifie le terrorisme ou prépare des actes terroristes. « L’Iraq ne veut pas être une base du terrorisme et c’est la raison pour laquelle il a ratifié tous les traités et toutes les conventions pertinentes », a expliqué son représentant.
Il a ajouté que son pays avait participé à plusieurs conférences et ateliers visant à favoriser le dialogue et la compréhension entre les peuples et les civilisations. « L’Iraq est convaincu que la coexistence pacifique entre ethnies est un moyen de lutter contre le terrorisme, un moyen conforme à la Stratégie antiterroriste mondiale », a-t-il souligné. Pour parvenir à l’égalité entre les différentes composantes de la société iraquienne, la Constitution du pays demande, par exemple, le respect des droits, des libertés et de la religion, ainsi que la liberté d’expression pour tous et sous tous ses aspects.
M. LIBRAN NUEVAS CABACTULAN (Philippines) a indiqué que la promotion du dialogue interculturel et interconfessionnel comptait parmi les plus importantes activités antiterroristes de son pays. Il a expliqué que l’amendement de la loi 2007 sur la sécurité humaine permettait dorénavant de traduire en justice les terroristes, tout en maintenant le respect des droits des personnes. Deux nouvelles lois ont été adoptées pour renforcer la législation relative au blanchiment d’argent et le financement du terrorisme est dorénavant passible de poursuites, a-t-il ajouté.
Le représentant a ensuite estimé que la lutte contre le terrorisme doit se faire sur la base d’informations fiables. Les Philippines ont ainsi organisé un atelier pour la création d’une équipe nationale capable d’évaluer la qualité des informations obtenues et d’améliorer la communication entre les enquêteurs. Le représentant a appelé les États Membres à redoubler d’efforts pour veiller à ce que les armes nucléaires et de destruction massive ne tombent pas entre les mains des terroristes.
Condamnant fermement toutes les formes de terrorisme et les activités qui en découlent, M. KAMEL REZZAG BARA (Algérie) a souligné que de tels actes ne sauraient être liés à un groupe ou à une civilisation en particulier. Il a estimé que le document contenant la Stratégie antiterroriste mondiale devrait pouvoir rester ouvert et faire l’objet de modifications en fonction de l’évolution du terrorisme. Il a insisté sur la mise en œuvre des quatre piliers de la Stratégie, de manière équilibrée et a mis l’accent sur le renforcement de la coopération internationale, régionale et sous-régionale, ainsi que sur le renforcement des capacités nationales. Il s’est félicité des initiatives entreprises pour le fonctionnement du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme.
D’un point de vue national, le représentant a souligné que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, adoptée en 2005 et qui renforce la cohérence et la solidarité nationales en Algérie, prévoyait une compensation pour toutes les victimes du terrorisme. La lutte contre le terrorisme ne pourra pas réussir si elle ne tient pas compte des sources profondes du terrorisme, a-t-il aussi souligné, expliquant que son pays avait mis au point des programmes d’éducation et des programmes culturels dans ce domaine, fondés sur les principes des droits de l’homme.
M. MILORAD ŠĆEPANOVIĆ (Monténégro) a souligné les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, depuis son adoption en 2006, notamment l’institutionnalisation de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme et la création du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme. Estimant cependant qu’il restait beaucoup à faire pour garantir l’application intégrale de la Stratégie, il a invité à galvaniser les efforts et la collaboration à tous les niveaux et entre toutes les parties prenantes. Dans le cadre de cette lutte, il a conseillé de bien combiner les éléments relatifs à la sécurité, à l’état de droit, au développement et aux droits de l’homme. M. Šćepanović a aussi mis l’accent sur le rôle crucial des Nations Unies dans ce domaine et, dès lors, la nécessité de bien coordonner les efforts de chaque entité du système. Le Monténégro partage pleinement la recommandation faite à cet égard par le Secrétaire général de nommer un coordonnateur des Nations Unies pour la lutte antiterroriste. De son côté, le Monténégro a adopté un cadre juridique et institutionnel qui permet de prévenir et de combattre le terrorisme, a assuré son représentant, ajoutant qu’il participe aussi à des activités menées dans la région.
M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a fait remarquer qu’Al-Qaida avait, certes, été affaibli mais s’est dit préoccupé par l’émergence de mouvements régionaux, en particulier dans la péninsule arabe, dans la corne de l’Afrique et dans le Sahel. Cela témoigne du fait que les réseaux terroristes demeurent capables de s’adapter pour poursuivre leurs opérations, a-t-il estimé. Dans ce contexte, il a considéré que la Stratégie antiterroriste mondiale, adoptée il à six ans, demeurait le cadre principal des efforts et que le consensus, ainsi que la détermination commune des pays à son égard, demeuraient plus fermes que jamais.
Il a ensuite appuyé l’appel lancé par le Secrétaire général en vue de la désignation d’un coordonnateur des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et a encouragé le Secrétariat à présenter une proposition étayée à cet égard afin d’atteindre un accord à ce sujet le plus rapidement possible. Il a ensuite souligné que la Nouvelle-Zélande participait de manière active aux efforts de coopération internationale et régionale, en particulier par le biais du Forum des îles du Pacifique et le partenariat avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) et le Forum global contre le terrorisme qui vient d’être créé. Notant le lien fort entre le terrorisme et d’autres menaces à la sécurité telles que la criminalité transnationale organisée, les conflits armés ou l’instabilité et la fragilité des États, il a exhorté l’ONU, au cours des deux années à venir, à attacher une plus grande attention à l’intégration d’une réaction à ces menaces qui sont souvent liées au terrorisme.
M. AHMED AL-JARMAN (Émirats arabes unis) a estimé que les progrès réalisés dans la mise en œuvre des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale demeurent insuffisants. Cela est principalement dû à la persistance des conditions propices au terrorisme, notamment l’agression et l’emploi illégal de la force, a-t-il affirmé. Il a exhorté les États Membres à renforcer la coopération et la coordination internationales en matière de lutte contre le terrorisme et son financement. Il les a aussi appelés à renforcer leurs efforts de lutte contre le trafic illégal d’armes et de stupéfiants, entre autres.
Le représentant a indiqué qu’outre l’examen continu de leur législation antiterroriste, les Émirats arabes unis prévoyaient l’ouverture, au mois d’octobre prochain, à Abu Dhabi, du Centre international d’excellence pour la lutte contre l’extrémisme violent. Ce Centre, a-t-il précisé, sera le premier forum international pour la coordination des efforts déployés sur les plans national, régional et international. M. Al-Jarman a appelé à une conférence internationale pour élaborer une définition claire du terrorisme et en identifier les causes principales.
M. AL AHMAD (Arabie saoudite) a considéré que le terrorisme constituait l’un des défis les plus importants de notre ère et que celui-ci ne pouvait se limiter à une religion, à une race, à une nation ou à une civilisation. Parmi les efforts entrepris par son pays, il a notamment cité la ratification de 14 des 16 conventions internationales en matière de lutte contre le terrorisme. S’agissant du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, il a rappelé que la proposition avait été avancée pour la première fois par le Roi Abdullah Bin AbdulazizAl-Saud lorsque l’Arabie saoudite avait accueilli la Conférence internationale sur la lutte contre le terrorisme, en 2005. Le représentant s’est réjoui aujourd’hui que ce Centre soit devenu une réalité.
« Sa création reflète la conviction que la lutte contre le terrorisme nécessite l’échange d’expériences et la collaboration », a-t-il dit. Il a également mis l’accent sur la nécessité de définir une stratégie mondiale à tous les niveaux et a accueilli avec satisfaction les travaux du Forum mondial de lutte contre le terrorisme. « L’examen de la Stratégie n’est pas un simple processus biennal routinier mais une exigence pour contrecarrer le fléau du terrorisme », a-t-il ajouté, notant que celui-ci s’est radicalisé et que des groupes travaillent aujourd’hui sans appui d’une quelconque organisation. Avant de conclure, il a estimé que la communauté internationale ne pouvait se taire face au terrorisme pratiqué contre le peuple palestinien qu’est le blocus de Gaza.
Mme SHEILA N. MWEEMBA (Zambie) a annoncé que la Zambie a fait des progrès considérables dans la réalisation des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale. Le Gouvernement sait, a-t-elle dit, que la mauvaise gouvernance peut conduire au terrorisme. Elle a donc entamé des réformes dans les médias, dans les secteurs électoral, judiciaire et constitutionnel. Le Gouvernement a aussi mis en place un partenariat avec le secteur privé et les organisations de la société civile, y compris les institutions religieuses, pour promouvoir le dialogue sur les questions d’intérêt commun comme la menace du terrorisme.
La Zambie continue à mettre en œuvre toutes les conventions internationales qu’elle a signées et à promouvoir des relations amicales et cordiales avec les autres pays. La Zambie, en tant que membre du Groupe antiblanchiment de l’Afrique orientale et australe (GABAOA), prend des mesures pour relever les divers défis. La représentante a exprimé la détermination de son pays à renforcer sa capacité à faire face aux menaces terroristes, grâce à des structures telle que l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme. Le pays est sur le point de créer un centre national antiterroriste et un centre de renseignement financier en vue de renforcer sa lutte contre le terrorisme. La représentante a appuyé la recommandation du Secrétaire général de créer un poste de coordonnateur.
M. AMAN HASSEN BAME (Éthiopie) a estimé que la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale n’avait pas encore débouché sur les résultats escomptés. Des mesures effectives sont donc nécessaires pour faire face aux conditions propices au terrorisme, renforcer les capacités des États et assurer le respect des droits de l’homme et de l’état de droit, a-t-il estimé. Le représentant a également estimé que les organisations internationales, régionales et sous-régionales devaient continuer de jouer un rôle clef dans la coopération. Il faut aussi des mesures à long terme et multisectorielles capables de faire face à toutes les facettes du terrorisme, a-t-il ajouté.
Le représentant s’est dit convaincu que le dialogue intercivilisationnel, interculturel et interconfessionnel comptait parmi les plus importants éléments de la lutte contre le terrorisme. Il a également estimé que la réaction de la communauté internationale face au recours croissant des terroristes à l’Internet demeurait insuffisante. M. Bame s’est félicité de l’intention du Secrétaire général de nommer un coordonnateur, y voyant là un moyen d’éliminer les chevauchements et les doubles emplois au sein de l’ONU. Il a insisté sur l’importance de lutter contre le financement du terrorisme et a fait savoir que l’Unité du renseignement financier de l’Éthiopie participait activement à l’échange d’informations relatives aux flux suspects de fonds. L’Éthiopie, a-t-il ajouté, a également intensifié sa coopération en matière d’échange d’informations, grâce à la conclusion de différents accords bilatéraux.
M. JOHN NGARUYE NDUNGUTSE (Ouganda) a révélé que son pays connait, depuis des années, les défis du terrorisme émanant, entre autres, de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). À cet égard, le Gouvernement a pris plusieurs mesures. Il adhère pleinement à la Stratégie antiterroriste mondiale et au plan régional, il met en œuvre le Plan de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). Au plan national, en 2002, le pays a adopté son plan antiterroriste qui prévoit la peine de mort pour les auteurs d’actes terroristes et leurs collaborateurs. L’Ouganda a aussi développé un programme d’information, de sensibilisation et de communication. Il suggère l’amélioration de la circulation des informations entre pays et l’aide au renforcement des capacités nationales.
M. PALITHA KOHONA (Sri Lanka) s’est dit particulièrement préoccupé de constater l’existence d’une source croissante de volontaires prêts à prendre part à des activités terroristes. Il importe donc de répondre aux conditions propices à la propagation du terrorisme car, a-t-il soutenu, l’attention dont bénéficie l’aspect sécuritaire de la question ne suffira pas à éliminer ce fléau. Une mise en œuvre plus équilibrée des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale s’impose.
M. Kohona a indiqué que le Sri Lanka venait de sortir de 27 années de terrorisme. Depuis, l’économie est en plein essor et le tourisme ne cesse de croître, s’est-il félicité. Il a expliqué que la marginalisation économique et le manque de perspective comptaient parmi les principaux facteurs du terrorisme et que son gouvernement avait dirigé des sommes importantes vers les anciennes zones de conflit. Depuis, l’économie de ces régions a enregistré une hausse de 22% contre 8,2% sur le plan national, a-t-il signalé.
Le représentant a estimé que l’incarcération à long terme des 11 700 combattants qui se sont rendus aux forces de sécurité du pays en 2009 s’avèrerait contre-productive et ne ferait qu’alimenter des sentiments de colère et d’amertume. Ces personnes se sont vues accorder l’occasion de poursuivre leur éducation et d’avoir accès à une formation technique afin de réintégrer la vie civile.
Le représentant s’est par ailleurs inquiété de l’existence, dans certains pays occidentaux, de groupes qui appuient ouvertement le terrorisme et continuent de lever des fonds et de provoquer des agitations contre le Sri Lanka.
M. AHMED SAREER (Maldives) a indiqué que pour aligner la législation sur les obligations internationales, les Maldives ont adopté en 2008 une nouvelle loi sur l’antiterrorisme. Il a appuyé la recommandation du Secrétaire général visant à désigner un coordonnateur pour la lutte contre le terrorisme. État insulaire en plein milieu de l’océan Indien, les Maldives se heurtent au fléau de la piraterie. Le pays se félicite que l’Association sud-asiatique de coopération régionale (ASACR) ait initié un effort pour lutter contre ce phénomène. Le pays n’a jamais changé de position: légitime ou pas, lorsqu’une idéologie est appuyée par le recours à la violence, elle ne peut être définie autrement que comme terrorisme. Le Gouvernement a placé la lutte contre le terrorisme au cœur de sa politique et cherche à établir des partenariats pour le partage des renseignements. Le Gouvernement multiplie en outre les initiatives sur le front de l’éducation, de la justice et le développement socioéconomique.
M. THIERRY ALIA (Bénin), intervenant au nom du Groupe des États d’Afrique, a estimé qu’il était impératif que des mesures soient prises au plan mondial pour combattre l’utilisation, par les groupes terroristes, des moyens de communication modernes, Internet en particulier. Il a également mis l’accent sur la nécessité d’intensifier les efforts pour combattre le financement du terrorisme, en particulier les rançons exigées avec les prises d’otages. Cette technique odieuse et cynique constitue une source importante de financement, a-t-il insisté.
Le représentant a signalé que le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT) constituait une contribution « remarquable » de l’Afrique aux efforts de la communauté internationale. Il s’est aussi félicité de la proposition du Secrétaire général de désigner un coordonnateur pour la lutte contre le terrorisme. M. Alia a cependant souhaité une coopération plus poussée entre États à travers, notamment la Convention d’entraide judiciaire et d’extradition contre le terrorisme. Il s’est félicité, dans ce cadre, de la mise en place du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme. Enfin, M. Alia a exhorté les États Membres à coopérer dans la recherche du compromis nécessaire à l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme.
M. IVAN KOEDJIKOV, Conseil de l’Europe, a estimé que la compréhension commune et le respect universel des valeurs fondamentales que sont les droits de l’homme, la démocratie et l’état de droit, sont une condition préalable et une base solide pour traiter des conditions favorables à l’horreur et à la destruction que répand le terrorisme. L’Europe n’est pas à l’abri de ce fléau, il peut même en être à l’origine, a reconnu le représentant. Le Conseil a donc développé des normes et procédures largement acceptées pour le partage des informations et l’assistance mutuelle comme en témoigne la Convention sur la cybercriminalité. Cette année pour la première fois, le mécanisme de suivi de la Convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme a été activé. Le Comité d’experts du Conseil sur le terrorisme travaille quant à lui, cette année, sur la coordination nationale, l’utilisation des techniques spéciales d’enquêtes et sur l’approche normative pour criminaliser la préparation d’actes terroristes par des personnes qui agiraient seules.
Le Conseil continue aussi son combat contre l’intolérance, le racisme et l’exclusion sociale. Il a ainsi publié un Livre blanc sur le dialogue interculturel. Son initiative sur la gouvernance d’Internet vise à garder cet outil comme un espace de liberté, de justice et de liberté pour éviter qu’il ne devienne l’instrument de l’extrémisme et du terrorisme. Le Conseil est aussi engagé dans l’assistance aux victimes du terrorisme comme en attestent plusieurs conventions, résolutions et recommandations.
M. WUCHTE, Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a indiqué que le nouveau Département des menaces transfrontalières de l’OSCE lui permettrait de mieux appuyer la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale. Il a expliqué que l’OSCE aide les pays à renforcer leurs systèmes juridiques et les aide à rédiger et à renforcer leur législation antiterroriste, conformément aux droits de l’homme et au droit international humanitaire. On ne pourra pas réussir notre lutte contre le terrorisme si celle-ci ne se fait pas dans le respect de ces droits, a-t-il affirmé.
Le représentant a indiqué que l’OSCE avait participé à la mise en œuvre de la Stratégie en Asie centrale et que son organisation était particulièrement apte à traiter des menaces transfrontalières. Il a affirmé que l’OSCE est le principal coordonnateur des activités antiterroristes et promeut une approche multidimensionnelle pour lutter contre la radicalisation qui conduit au terrorisme. L’OSCE accorde en outre une attention particulière au rôle de la société civile dans la lutte contre le terrorisme et un guide a été publié pour faciliter sa participation. Des efforts ont également été déployés pour renforcer la cybersécurité. En outre, le programme de sécurité des voyages de l’OSCE démontre son efficacité dans le domaine de la lutte antiterroriste.
Droits de réponse
Répondant à la Tunisie, la représentante d’Israël s’est dite scandalisée des propos du représentant tunisien, estimant que les « remarques antisémites » de ce dernier rappelaient une « période honteuse ». Elle a jugé consternant d’entendre l’Arabie saoudite donner une leçon sur le respect des droits de l’homme, pays où les femmes sont victimes de discrimination et où les homosexuels sont passibles d’une peine de prison voire d’une peine de mort. Quand on vit dans une maison de verre, on doit s’abstenir de jeter des pierres, a-t-elle lancé.
Le représentant de la Tunisie a affirmé que sa délégation n’avait fait que rappeler une vérité connue de tous. Israël, a-t-il affirmé, se présente comme une victime alors que c’est un agresseur. Il a notamment accusé Israël d’avoir recours à un terrorisme d’État dont son propre pays a été victime. Mais le plus grave c’est que le terrorisme d’État d’Israël ne fait même pas la distinction entre amis et ennemis. Le représentant a estimé qu’Israël était très mal placé pour affirmer, comme il l’a fait hier, que les mosquées sont des nids de terroristes.
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