Les organisations non gouvernementales soulignent la vulnérabilité aggravée de certaines femmes face à la violence sexiste

FEM/1951

Les organisations non gouvernementales soulignent la vulnérabilité aggravée de certaines femmes face à la violence sexiste

14/03/2013
Assemblée généraleFEM/1951
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la condition de la femme

Cinquante-septième session

14e séance – matin


LES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES SOULIGNENT LA VULNÉRABILITÉ AGGRAVÉE

DE CERTAINES FEMMES FACE À LA VIOLENCE SEXISTE


La Commission de la condition de la femme

est saisie d’un projet de résolution sur la situation des femmes palestiniennes


La Commission de la condition de la femme a achevé, ce matin, son débat général après avoir entendu les représentants d’une quinzaine d’organisations non gouvernementales (ONG), qui ont attiré l’attention sur la situation des femmes les plus exposées à la violence sexiste.  Elle a également entendu le représentant de Fidji, qui a présenté un projet de résolution sur « la situation des Palestiniennes et l’aide à leur apporter », dont l’objectif est de promouvoir les droits économiques et sociaux des femmes palestiniennes et de faire entendre leurs voix.


Les femmes peuvent être doublement la cible de violence sexiste, d’une part, parce qu’elles sont femmes et, d’autre part, parce qu’elles appartiennent à un groupe marginalisé ou minoritaire, ont expliqué plusieurs représentants d’ONG.  C’est le cas notamment des femmes âgées, a cité la représentante de HelpAge International, en soulignant la nécessité pour les États de combler le vide juridique en matière de violence à l’encontre de cette catégorie de femmes.  Elle a également proposé de collecter des données concernant les femmes de plus de 49 ans.   


La vulnérabilité des adolescentes est une autre source de préoccupation, a estimé la représentante de Public Health Institute et de Coalition des adolescentes, elle-même adolescente.  Quatorze millions de filles sont mariées avant d’avoir atteint l’âge de 18 ans, sont battues, victimes de trafic ou d’esclavage sexuel, a-t-elle alerté.  Ces adolescentes ne disposent pas d’informations sur leurs droits sexuels et de santé génésique et, souvent, sont exposées à de sérieux risques.  Les châtiments corporels sur les enfants, qui sont admis dans 41 pays, a fait remarquer la représentante de Defense for Children International, doivent être éliminés.  Les représentantes des organisations Asia Pacific Forum on Women, Law and Development et Forum international des femmes autochtones ont, quant à elles, plaidé en faveur d’une meilleure protection des femmes autochtones.  Celle de la Fédération canadienne des femmes diplômées des universités(FCFDU), a attiré l’attention sur la violence accrue dont font l’objet les prostituées, les femmes lesbiennes ou transsexuelles.


D’autres intervenants, qui parlaient au nom des organisations l’Association pour les droits de la femme et le développement (AWID) et Amnesty International, ont souligné les risques que courent celles qui militent contre la violence à l’encontre des femmes et des filles, en particulier pour défendre leurs droits sexuels et de la santé génésique.  Les femmes écrivains ou journalistes, qui défendent la liberté d’expression, sont, elles aussi, victimes d’actes de violence, a dénoncé la représentante de PEN International.


À quelques jours de l’ouverture des travaux de la Conférence finale des Nations Unies pour un traité sur le commerce des armes, deux délégations d’ONG ont attiré l’attention sur le rôle des armes de petit calibre dans la violence à l’encontre des femmes.  La Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté a demandé que le futur traité sur le commerce des armes tienne compte de la parité entre les sexes et de la violence à l’encontre des femmes et des filles.


Cette séance a ainsi conclu le débat général de la Commission qui portait cette année sur le thème prioritaire « Élimination et prévention de toutes les formes de violence à l’encontre des femmes et des filles ».  À la veille de la clôture de la session, la Présidente de la Commission, Mme Marjon Kamara, du Libéria, a lancé un appel aux délégations pour qu’elles déploient tous les efforts nécessaires permettant à la Commission d’adopter, demain, des conclusions agréées.  « Le monde a les yeux sur nous », a-t-elle rappelé, en soulignant qu’il était important de parvenir à un accord sur les moyens de prévenir et d’éliminer le fléau de la violence à l’encontre de toutes les femmes et filles dans le monde.


La Commission de la condition de la femme se réunira demain, vendredi 15 mars, à 15 heures.


* E/CN.6/2013/L.4
SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »


c) Transversalisation de la problématique hommes-femmes, situations et questions de programme


Suite et fin du débat général


En début de séance, M. ELIESA TUILOMA (Fidji), au nom du G-77 et de la Chine, a présenté le projet de résolution intitulé « La situation des Palestiniennes et l’aide à leur apporter » (E/CN.6/2013/L.4).  Il a notamment expliqué que ce texte vise en premier lieu à promouvoir les droits économiques et sociaux des femmes palestiniennes et à faire entendre leurs voix. Ce projet de résolution jette également les bases fondamentales du rôle que pourraient jouer les Palestiniennes en matière de résolution de conflit, a-t-il indiqué.


Mme SUSAN SOMERS, représentante de HelpAge International, a souligné que les femmes âgées sont victimes de plusieurs types de discrimination, du fait notamment de leur sexe et de leur âge.  Les données sur les femmes sont rarement collectées au-delà de 40 ans, a-t-elle indiqué, en précisant que les femmes âgées étaient souvent exclues des mesures prises en faveur des femmes.  Les femmes âgées sont pourtant victimes de violence et d’abus, a-t-elle fait remarquer.  Elle a aussi regretté que les normes juridiques internationales existantes ne prévoient pas la violence à l’encontre des personnes âgées, à l’exception du Comité pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes qui a formulé une recommandation générale sur les femmes âgées.  La représentante a salué les pays, comme le Kenya, qui ont adopté des dispositions législatives pour protéger les femmes âgées.  Elle a appelé tous les États à lancer des campagnes de sensibilisation pour changer les attitudes à l’égard des femmes âgées.  Il faut aussi collecter des données sur les femmes de plus de 49 ans, a-t-elle ajouté.


Mme HARRIETTE WILLIAMS BRIGHT, de Femmes Africa Solidarité (FAS), a appelé les États Membres à adopter des plans d’action nationaux pour mettre en œuvre les engagements internationaux en faveur de la protection des femmes, en fixant des objectifs précis assortis de calendriers et d’indicateurs.  Elle s’est inquiétée de ce que certains États fassent machine arrière dans ce domaine.  Elle a dénoncé les mutilations génitales féminines et demandé aux États de garantir aux femmes la jouissance de leurs droits sexuels et de santé génésique.   « Nous sommes solidaires avec nos sœurs qui souffrent de conflits », a-t-elle assuré, en insistant sur la situation des femmes en République démocratique du Congo, au Mali, en Somalie, au Soudan, au Soudan du Sud et en République centrafricaine.  La représentante a aussi exhorté les États à faire leur possible pour mettre un terme à la prolifération des armes de petit calibre.  En outre, elle a insisté pour que les questions sur l’égalité entre les sexes soient intégrées au programme de développement durable de l’après-2015.


Mme NEEMA LANDEY, de Young Women’s Caucus, s’est dite gravement préoccupée par la violence perpétrée à l’encontre des femmes par l’intermédiaires des médias sociaux.  Ces médias sont devenus une plateforme pour la prolifération des pires formes de violence à l’encontre des femmes, s’est-elle inquiétée.  C’est pourquoi, elle a exhorté les États Membres à créer des mécanismes pour enrayer ce phénomène.  Il importe également d’éduquer les éducateurs afin de mettre un terme à la promotion des stéréotypes sociaux, a ajouté la représentante qui a, par ailleurs, fait observer que la violence était souvent encouragée ou acceptée par les femmes.  Elle a aussi souhaité des investissements accrus pour financer les programmes qui répondent aux causes mêmes de la violence.  Il est également important d’accorder une attention particulière aux groupes à haut risque.  La tradition ou la culture ne peuvent justifier certaines pratiques préjudiciables aux femmes, en particulier les mutilations génitales féminines, a-t-elle souligné.  La représentante a également exhorté les États Membres à éliminer la pauvreté et à démanteler les réseaux de la traite des êtres humains.


Mme GEETHA LAKMINI FERNANDO, de l’Asia Pacific Forum on Women, Law and Development, a fait le point sur les débouchés de l’atelier stratégique de la société civile de la région Asie-Pacifique qui a été organisé en février 2013 à Bangkok, en prévision de la tenue de la cinquante-septième session de la Commission.  Elle a précisé que cet atelier avait porté sur la situation des femmes les plus marginalisées, notamment les femmes autochtones, handicapées, migrantes ou appartenant à des minorités.  Elle a demandé aux États Membres de coopérer avec les mouvements autonomes de femmes, afin de lutter plus efficacement contre la violence faite aux femmes.  Des mesures s’imposent également pour assurer l’accès à toute une gamme de services multisectoriels des victimes de la violence.  Elle a également estimé que les politiques de prévention devraient accorder une attention particulière aux répercussions négatives de la mondialisation, du développement, de la militarisation et de la montée des fondamentalismes.


Mme HELEN HAKENA, de l’Association pour les droits de la femme et le développement (AWID), a souligné les risques que courent les femmes militant contre la violence dont sont victimes les femmes et les filles.  Notre plaidoyer est contesté par la police et les membres des communautés, a-t-elle expliqué, en précisant que les femmes qui militent en faveur des droits de la santé génésique sont particulièrement la cible de discrimination.  « Nous sommes, chaque jour, la cible d’actes de violence », a-t-elle insisté.  Elle a ensuite voulu savoir comment les gouvernements s’acquittaient de leurs obligations de protéger et de promouvoir les droits fondamentaux des femmes, notamment les droits de celles qui dénoncent les violations par les acteurs étatiques et non étatiques.  Elle aussi s’est élevée contre le patriarcat qui est, selon elle, à la base de la violence systématique contre les femmes et l’impunité des actes qu’elles subissent.


Mme ROSE CUNNINGHAM, du Forum international des femmes autochtones, a rappelé que les États s’étaient engagés à garantir la protection des femmes et des filles autochtones, celles-ci étant particulièrement touchées par la violence sexuelle et l’exploitation économique.  Elle a demandé aux gouvernements d’adopter une perspective multisectorielle pour tenir compte des droits des peuples autochtones.  La représentante a exhorté la Commission de la condition de la femme à encourager des politiques publiques qui prévoient la participation des femmes autochtones.  Il faut également que les organes des Nations Unies soient mieux informés par les États Membres des problèmes spécifiques de ces femmes, a-t-elle souligné.  Il faudrait aussi, a-t-elle recommandé, renforcer la mise en œuvre des lois nationales visant l’élimination de la violence à l’encontre des femmes de manière générale. 


Mme ANUSHA SANTHIRASTHIPAM, de Soroptimist International, s’est inquiétée du nombre croissant de meurtres de femmes qui sont perpétrés dans le monde et de l’impunité dont jouissent leurs auteurs.  Elle a souligné que les traditions et les cultures ne pouvaient être invoquées pour justifier certains actes nuisibles commis à l’encontre des femmes.  La représentante a engagé les États Membres à adopter des lois spécifiques pour criminaliser le « féminicide » et protéger les victimes.  Elle les a également appelés à lancer des campagnes de sensibilisation

pour promouvoir une culture de respect.  La représentante a aussi engagé les organes de l’ONU à mener des recherches pertinentes sur le « féminicide » et à lancer des politiques effectives dans le but d’appuyer les efforts lancés pour éliminer ce fléau.


S’exprimant au nom de Public Health Institute et de la Coalition des adolescentes, MYERS LEÓN, adolescente, a fait remarquer que les décideurs ne tenaient que rarement compte de la situation des personnes appartenant à sa catégorie.  Quatorze millions d’adolescentes sont mariées avant d’avoir atteint l’âge de 18 ans, battues, victimes de trafic ou d’esclavage sexuel, a-t-elle rappelé.  Elles manquent souvent d’information concernant leurs droits sexuels et de santé génésique et, de ce fait, sont exposées à de grands risques, en particulier pendant un accouchement.  Elle a souhaité que les traditions culturelles qui tolèrent la violence à l’encontre des adolescentes soient éliminées.  Les États Membres doivent impliquer les adolescentes lors de l’élaboration de politiques et de programmes les concernant.  La représentante a également appelé les États Membres à s’engager à assurer la mise en œuvre de toutes les conventions relatives à la question de la violence à l’encontre des femmes qu’ils ont ratifiées.


Mme ANNIE MATUNDU MBAMBI, de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, s’exprimant aussi au nom de 14 autres organisations, s’est élevée contre la militarisation en tant que source de violence à l’encontre des femmes et des filles.  Elle a donné l’exemple de la République démocratique du Congo où de nombreux acteurs, y compris les Forces de sécurité de l’État et les groupes de rebelles armés, commettent des actes de violence sexiste en toute impunité.  Les armes sont utilisées pour empêcher que les femmes participent activement à la vie politique et économique du pays, a-t-elle déploré.  Elle a placé beaucoup d’espoir dans les résultats de la Conférence des Nations Unies pour un traité sur le commerce des armes, qui se tiendra au cours des deux prochaines semaines au Siège de l’ONU.  Elle a demandé aux États Membres de négocier, à cette occasion, un traité contraignant qui tienne compte de la parité entre les sexes et de la violence à l’encontre des femmes.  Ce futur instrument devrait faire obligation aux États de refuser un transfert international d’armes pour prévenir la violence à l’encontre des femmes.  Le document final de la Commission de la condition de la femme devrait, quant à lui, contenir une référence aux armes, a-t-elle estimé.  Avant de conclure, elle a rappelé que, conformément à la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, les femmes devraient contribuer au règlement des conflits. 


Mme LUCINA KATHMANN, de PEN International, principale association mondiale des écrivains œuvrant pour la liberté d’expression, a réaffirmé que cette liberté était un droit humain fondamental.  Les femmes écrivains jouent un rôle crucial dans l’édification d’une société pluraliste et plus égale, a-t-elle souligné, tout en déplorant que ces femmes soient trop souvent victimes d’actes de violence dont sont responsables à la fois des acteurs étatiques et non étatiques.  Des études sur ce sujet sont menées en Fédération de Russie, au Pakistan, au Libéria et au Mexique où, a-t-elle rappelé, des femmes écrivains ou journalistes ont été victimes d’actes de violence.  C’est pourquoi, elle a demandé aux États de mieux protéger les femmes appartenant à cette catégorie et de mettre fin à l’impunité de ces attaques.


Mme NOELENE NABULIVOU, de COC Pays-Bas, a dénoncé l’impunité dont bénéficient les auteurs d’actes de violence à l’encontre des femmes et des filles et a appelé les délégations à réagir contre ce phénomène.  Même lorsque des lois existent, a-t-elle fait remarquer, des actes de misogynie, d’homophobie et de « transphobie » sont commis.  Elle a expliqué que bien souvent, les lesbiennes ne dénoncent pas les violences dont elles sont victimes par peur de subir des représailles et à cause du manque de confiance que leur inspirent les autorités.  La représentante a ensuite exhorté les délégations à dénoncer les violences liées à l’identité et à l’orientation sexuelle.


Mme AVIS SRI-JAYANTHA, du Defense for Children International, a fait observer que si les châtiments corporels étaient la forme de violence la plus courante dont sont victimes les filles, ils étaient rarement mentionnés dans les décisions adoptées par les États Membres pour enrayer le fléau de la violence faite aux femmes.  Elle a indiqué que le châtiment corporel était pénalisé par la législation de nombreux pays, mais demeurait légal dans 41 États, « notamment dans le contexte de la charia ».  Quatre-vingt-un États autorisent par ailleurs les châtiments corporels qui sont commis dans les établissements scolaires, a-t-elle indiqué.  La représentante a ensuite appelé les États Membres à adopter des mesures et des programmes pour mettre un terme à ces pratiques.  Elle a souhaité que les conclusions agréées contiennent une référence spécifique aux châtiments corporels.


Mme ISABEL APAWO PHIRI, de la Commission des Églises pour les affaires internationales du Conseil œcuménique des Églises, a réaffirmé la position que son organisation avait exprimée lors de la Conférence de Beijing, en 1995.  Elle a regretté qu’à ce jour, les institutions qui devraient être solidaires avec les femmes n’aient toujours pas pris de mesures déterminées en leur faveur.  Les femmes en marge de la société doivent lutter pour leur dignité et des conditions de vie décente, a-t-elle noté, en ajoutant que la violence à l’encontre des femmes est souvent exacerbée par les pratiques religieuses.  Les droits des femmes sont des droits fondamentaux universels et indivisibles, a-t-elle rappelé.  La société civile a un rôle crucial pour contribuer à faire changer les comportements et les mentalités, a-t-elle insisté avant de conclure.


M. JOSÉ LUIS DIAZ, d’Amnesty International, a souhaité que les conclusions concertées qui seront adoptées à l’issue de la présente session de la Commission de la condition de la femme traitent de toutes les formes de violence, y compris de la violence conjugale.  Elles devront aussi tenir compte des groupes de femmes à risque, comme les femmes qui sont exposées à des violences en raison de leur identité sexuelle.  Il a souhaité que les conclusions concertées appellent les gouvernements à mettre pleinement en œuvre les engagements pris en vertu des instruments internationaux sur la protection des droits des femmes.  Il a aussi demandé de faire en sorte que les États ne se contentent pas d’invoquer les coutumes, les traditions et les religions pour justifier que ces engagements ne pouvaient être honorés.  Le représentant a aussi plaidé en faveur d’une meilleure information et d’un réel accès des femmes aux droits sexuels et de santé génésique.  Il a enfin appelé à protéger les militantes des droits des femmes qui sont prises pour cibles par des attaques.


Mme LINDA MACDONALD, de la Fédération canadienne des femmes diplômées des universités (FCFDU), a déploré le manque de coordination qui caractérise, selon elle, les plans d’action adoptés par les États Membres pour enrayer la violence faite aux femmes.  Elle a insisté, à cet égard, sur l’importance que revêt l’accès à la justice, la collecte de données ainsi que l’accès aux soins.


La représentante a ensuite appelé les États Membres à adopter des stratégies précises pour répondre aux cas de tortures dont sont victimes les femmes aux mains d’acteurs non étatiques, ainsi que pour mettre un terme à la prostitution forcée.  Elle a déploré que ces deux fléaux ne figurent pas encore dans les conclusions agréées de la Commission de la condition de la femme.  Elle a également déploré que le rapport du Secrétaire général ne mentionne pas les femmes lesbiennes ou transsexuelles.  Il faudrait, a-t-elle ajouté, accorder une attention particulière aux femmes autochtones.


M. MAGNUS HOLTFODT, du Forum for Women and Development (FOKUS), a déploré l’absence, dans certains États, de lois spécifiques pour lutter contre la violence à l’encontre des femmes.  Même lorsque ces lois existent, leur application est souvent limitée, a-t-il regretté.  Le représentant a ensuite souhaité qu’un instrument juridique contraignant sur la violence à l’encontre des femmes soit élaboré.  Il a également appelé à la création d’un mécanisme indépendant de mise en œuvre des conventions existantes sur la question.  Le représentant s’est dit profondément préoccupé par la forte augmentation de la traite des êtres humains dans le monde.  Après avoir salué les « pays du Nord » disposant de lois sanctionnant les clients et considérant les prostituées comme des victimes, a exhorté les autres États à en faire de même.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge pour 12 mois le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye

CS/10939

Le Conseil de sécurité proroge pour 12 mois le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye

14/3/2013
Conseil de sécuritéCS/10939
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6934e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ PROROGE POUR 12 MOIS LE MANDAT

DE LA MISSION D’APPUI DES NATIONS UNIES EN LIBYE


La MANUL aidera le Gouvernement libyen

à déterminer les besoins et les priorités dans le pays


Par l’adoption de sa résolution 2095 (2013), le Conseil de sécurité a prorogé, ce matin, pour une nouvelle période de 12 mois, le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) en tant que mission politique spéciale intégrée.  Réuni en présence du Premier Ministre libyen, M. Ali Zeidan, le Conseil a également allégé certaines des dispositions concernant l’embargo sur les armes à l’encontre de la Libye.


« La Libye est déterminée à édifier un état démocratique, en respectant l’état de droit et les droits de l’homme, et à contrôler les flux d’armes », a affirmé, ce matin, le Premier Ministre libyen, M. Ali Zeidan, dont le Gouvernement a prêté serment le 14 novembre 2012.  « Nous mettons actuellement en œuvre un programme de justice, ainsi qu’un programme de réconciliation nationale à tous les niveaux », a-t-il souligné. 


Aux termes de la résolution 2095 (2013), adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité, la MANUL aidera désormais le Gouvernement libyen à déterminer les besoins et les priorités dans tout le pays, à y répondre en donnant des conseils stratégiques et techniques, selon qu’il conviendra, et à appuyer l’action que mène la Libye dans la gestion de la transition démocratique, dans la promotion de l’état de droit, dans le rétablissement de la sécurité, dans la lutte contre la prolifération illicite des armes, ainsi que dans la coordination de l’aide internationale.


Le Conseil a également décidé d’alléger certaines des dispositions concernant la fourniture de matériel militaire non létal et toute assistance technique, formation ou aide financière à la Libye en la matière lorsque celles-ci sont destinées à un usage humanitaire ou de protection; ou quand elles ont pour but exclusif l’aide au Gouvernement libyen pour la sécurité ou le désarmement.


Avant d’adopter cette résolution, le Représentant spécial et Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), M. Tarek Mitri, du Liban, a fait un exposé sur les développements récents de la situation en Libye.  Le Représentant permanent du Rwanda auprès des Nations Unies, M. Eugène-Richard Gasana, a ensuite présenté aux membres du Conseil le rapport sur les activités du Comité établi par la résolution 1970 (2011) pour superviser les mesures de sanctions.


« Le 17 février, le peuple libyen est descendu dans les rues pour marquer le second anniversaire de sa révolution.  Des manifestants se sont aussi réunis sur la Place de la liberté de Benghazi pour demander la fin de la marginalisation politique et socioéconomique de l’est du pays.  Ces événements n’ont pas déstabilisé le pays, et les manifestants ont témoigné un sentiment de fierté envers les promesses de la révolution », a souligné M. Tarek Mitri. 


Dans ce contexte, il s’est réjoui que le Président libyen, M. Mahommad al-Magariaf, et le Premier Ministre, M. Ali Zeidan, aient pris contact avec l’ensemble du spectre politique de l’est du pays.  Il a, cependant, mis en évidence la controverse et les divisions politiques qui persistent actuellement en Libye au sujet de la proposition de loi visant à exclure de la vie politique ceux qui, par le passé, ont agi de façon corrompue. « La MINUL a appelé à la prudence en ce qui concerne l’adoption de cette loi et a transmis au Président un mémoire dans lequel elle répète la nécessité de respecter les normes internationales en la matière », a-t-il dit.


Le 5 mars, une séance de travail du Congrès général national, destinée à débattre de ce projet de loi, s’est terminée par des incidents de démonstration de force et par des manœuvres d’intimidation armée.  En outre, une chaîne de télévision et d’autres institutions ont été victimes de groupes armés.  M. Tarek Mitri a fermement condamné ces faits, ainsi que la tentative d’assassinat du Président qui a suivi.


Il s’est aussi dit grandement préoccupé par le fait que des milliers de détenus ne fassent toujours pas l’objet d’une procédure judiciaire ou soient détenus dans des fermes ou des habitations privées. Il a cependant précisé que le Gouvernement libyen avait pris des mesures pour accélérer les entrevues avec les personnes détenues, ainsi que leur transfert vers des installations contrôlées par l’État.


Enfin, le Chef de la MANUL a souligné que les problèmes sécuritaires en Libye demeuraient importants et constituaient la principale source de préoccupation de la population.  « Le pays déborde d’armes et de munitions dont le contrôle n’est pas garanti, et cela menace également la sécurité régionale étant donné que les frontières sont poreuses », a-t-il dit.


Dans son rapport*, qui présente le travail accompli par la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) au cours des six derniers mois, et dont étaient saisis les membres du Conseil, le Secrétaire général souligne que le relèvement du secteur de la sécurité « reste, de loin, la tâche la plus ardue à laquelle les autorités libyennes doivent faire face ».  


« Nous sommes à un tournant historique, et la Libye est déterminée à édifier un pays démocratique avec tous ses partenaires du monde entier », a indiqué, ce matin, le Premier Ministre libyen, M. Ali Zeidan.  « Nous contrôlons les flux d’armes; et nous renforçons les contrôles dans les ports et les aéroports.  Nous contrôlons aussi l’entrée de nouvelles armes par les frontières », a-t-il dit. 


De son côté, le Représentant permanent du Rwanda auprès des Nations Unies, M. Gasana, a présenté aux membres du Conseil de sécurité le rapport sur les activités du Comité établi par la résolution 1970 (2011), lequel couvre la période allant du 9 novembre 2012 au 14 mars 2013.


Le Comité, qu’il préside, a ainsi reçu, le 15 février, le rapport final du Groupe d’experts créé par la résolution 2040 (2012). 


S’agissant de l’embargo sur les armes, le Groupe d’experts, chargé notamment d’aider le Comité à s’acquitter de son mandat, a conclu qu’en dépit d’efforts louables, la plupart des défis qui se posent en termes de mise en œuvre, persistent.


Dans ce contexte, a expliqué M. Gasana, le Groupe d’experts a noté que le secteur libyen de la sécurité était dans un processus d’édification.  Le Groupe a de même constaté que la prolifération d’armes en provenance de Libye se maintenait de manière préoccupante, au vu de son ampleur persistante. 


Concernant le gel des avoirs, le Groupe d’experts a concentré ses efforts sur les avoirs cachés de deux entités inscrites sur la liste: la « Libyan Investment Authority », et la « Libyan Africa Investment Portfolio », ainsi que sur les avoirs des individus inscrits sur la liste, dont la plupart sont supposés être détenus sous d’autres noms ou noms d’emprunt à l’étranger.  Le Groupe a aussi mentionné l’état d’application des clauses des résolutions du Conseil ayant trait au gel des avoirs par certains États Membres.


Le Comité est disposé à assurer le suivi de cinq des huit recommandations formulées par le Groupe d’experts, a ajouté M. Gasana, précisant que deux autres avaient été traitées par le Conseil de sécurité.


Ce matin, le Conseil de sécurité a, en outre, décidé de proroger, pour une période de 13 mois, le mandat du Groupe d’experts créé par la résolution 1973 (2011), et modifié par la résolution 2040 (2012).


*     S/2013/104


-


LA SITUATION EN LIBYE


Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’appui des Nations Unies en Libye S/2013/104)


Texte du projet de résolution S/2013/156


Le Conseil de sécurité,


Rappelant ses résolutions 1970 (2011) du 26 février 2011, 1973 (2011) du 17 mars 2011, 2009 (2011) du 16 septembre 2011, 2016 (2011) du 27 octobre 2011, 2017 (2011) du 31 octobre 2011, 2022 (2011) du 2 décembre 2011 et 2040 (2012) du 12 mars 2012,


Réitérant son attachement indéfectible à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la Libye,


Réaffirmant ses résolutions 1674 (2006) et 1894 (2009) sur la protection des civils en période de conflit armé, 1612 (2005), 1882 (2009), 1998 (2011) et 2068 (2012) sur le sort des enfants en temps de conflit armé et 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009) et 1960 (2010) sur les femmes et la paix et la sécurité,


Espérant bien que l’avenir de la Libye reposera sur la réconciliation nationale, la justice, le respect des droits de l’homme et l’état de droit,


Soulignant l’importance de favoriser la pleine et égale participation de toutes les composantes de la société libyenne, y compris les femmes, les jeunes et les minorités, au processus politique de l’après-conflit,


Rappelant la décision qu’il a prise dans sa résolution 1970 (2011) de saisir le Procureur de la Cour pénale internationale de la situation en Libye et l’importance de la coopération pour amener à répondre de leurs actes les responsables de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, y compris les auteurs d’attaques dirigées contre la population civile,


Se disant vivement préoccupé par les informations faisant état de violences sexuelles commises durant le conflit en Libye contre des femmes, des hommes et des enfants, y compris dans les établissements pénitentiaires et les centres de détention, et par le recrutement et l’emploi d’enfants dans les situations de conflit armé, en violation du droit international applicable,


Se disant préoccupé par le fait qu’il n’est pas organisé de procédure judiciaire pour les personnes détenues pour des raisons liées au conflit, dont beaucoup dans des conditions échappant toujours à l’autorité de l’État, se disant vivement préoccupé par les informations faisant état de violations des droits de l’homme et de violences dans les centres de détention, et prenant note des mesures prises récemment par le Ministère de la justice pour régler ces questions,


Réaffirmant que le retour volontaire et durable, en toute sécurité, des réfugiés et des personnes déplacées sera un facteur important de la consolidation de la paix en Libye,



Se déclarant préoccupé par la prolifération illicite dans la région d’armes et de matériel connexe de tout type provenant de Libye, en particulier d’armes lourdes et légères, d’armes de petit calibre et de missiles sol-air portables, et des répercussions négatives qu’elle a sur la paix et la sécurité régionales et internationales,


Rappelant à tous les États Membres les obligations résultant de ses résolutions 1970 (2011) et 1973 (2011), modifiées par ses résolutions ultérieures, en particulier les obligations portant sur les armes et le matériel connexe de tout type,


Se déclarant préoccupé par la multiplication des atteintes à la sécurité, en particulier dans l’est de la Libye et le long de ses frontières méridionales,


Rappelant la création, le 16 septembre 2011, de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) et réaffirmant que l’ONU devrait coordonner les efforts déployés par la communauté internationale pour accompagner, dans le respect du principe de l’appropriation nationale, le processus de transition et de renforcement des institutions dirigé par les Libyens eux-mêmes, le but étant de bâtir une Libye pacifique, démocratique, indépendante et unie,


Considérant que la tenue d’élections crédibles et la participation sans exclusive aux travaux de rédaction de la Constitution sont essentielles à une transition pacifique en Libye, et réaffirmant que la MANUL est prête à apporter son assistance à cette entreprise à la demande du Gouvernement libyen,


Soutenant le Gouvernement libyen dans sa volonté de renforcer la sécurité régionale et saluant à ce propos l’accord conclu par la Libye, le Niger, le Soudan et le Tchad en vue de prendre des mesures aux fins de la création d’une commission mixte de la sécurité des frontières, ainsi que la rencontre le 12 janvier 2013 à Ghadamès des Premiers Ministres libyen, tunisien et algérien, qui a débouché sur l’adoption de mesures communes pour lutter contre la criminalité organisée et les mouvements illicites,


Prenant note des priorités du Gouvernement libyen en matière d’assistance internationale dans les domaines de la réforme du secteur de la sécurité, l’état de droit et la justice transitionnelle, et saluant le concours apporté par la MANUL à cet égard, notamment lors des rencontres tenues à l’initiative du Gouvernement libyen avec ses partenaires internationaux à Londres le 17 décembre (2012) et à Paris le 12 février (2013),


Prenant note du rapport du Secrétaire général sur la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (S/2013/104), y compris la recommandation tendant au renouvellement du mandat de la MANUL pour une période de 12 mois,


Prenant note du rapport final du Groupe d’experts présenté en application de l’alinéa b) du paragraphe 10 de la résolution 2040 (2012) et des conclusions et recommandations qui y sont formulées,


Conscient que la Charte des Nations Unies lui confie la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales,


Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,


1.    Se félicite de l’évolution favorable de la situation en Libye, notamment de la tenue le 7 juillet 2012 d’élections nationales, de la création du Congrès général national et du transfert pacifique du pouvoir entre le Conseil national de transition et le premier gouvernement d’union nationale démocratique, ce qui laisse présager un avenir démocratique, pacifique et prospère pour les Libyens;


2.    Compte que les travaux de rédaction de la constitution se dérouleront sans exclusive et redit qu’il importe que la période de transition soit placée sous le signe de l’attachement à la démocratie, à la bonne gouvernance, à l’état de droit, à la réconciliation nationale et au respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales de tous en Libye;


3.    Demande au Gouvernement libyen de promouvoir et de protéger les droits de l’homme, surtout en ce qui concerne les femmes, les enfants et les personnes appartenant à des groupes vulnérables, conformément aux obligations à lui faites par le droit international, y compris le droit des droits de l’homme, et demande que les auteurs de violations graves du droit international humanitaire et du droit des droits de l’homme, y compris les violences sexuelles et atteintes et violences sur la personne d’enfants, soient amenés à répondre de leurs actes en application des normes internationales, et exhorte tous les États Membres à coopérer étroitement avec le Gouvernement libyen pour l’aider à mettre fin à l’impunité de ces violations;


4.    Demande au Gouvernement libyen de continuer à coopérer pleinement avec la Cour pénale internationale et le Procureur de la Cour, et à leur apporter toute l’aide voulue, comme le prescrit la résolution 1970 (2011);


5.    Se dit profondément préoccupé par les informations faisant état de représailles, de détentions arbitraires en méconnaissance de la légalité, d’emprisonnements illégaux, de mauvais traitements, de tortures et d’exécutions extrajudiciaires qui ne cessent de lui parvenir, demande au Gouvernement libyen de prendre toutes les mesures nécessaires pour accélérer le cours de la justice, faire en sorte que les détenus soient placés sous l’autorité de l’État et empêcher les violations des droits de l’homme et les atteintes à ces droits, demande la libération immédiate de tous les ressortissants étrangers détenus illégalement en Libye, et insiste sur le fait que c’est le Gouvernement libyen qui est responsable au premier chef de la protection de la population en Libye, ainsi que des ressortissants étrangers, y compris les migrants africains;


6.    Engage la Libye et les États voisins à poursuivre l’action qu’ils mènent en vue d’instaurer une coopération régionale propre à stabiliser la situation de la Libye et d’empêcher des éléments de l’ancien régime libyen et des groupes extrémistes violents d’utiliser leur territoire pour planifier, financer ou commettre des actes de violence, ou d’autres actes illégaux, visant à déstabiliser la Libye et les États de la région, et note qu’une telle coopération serait bénéfique pour la stabilité dans la région du Sahel;



Mandat des Nations Unies


7.    Décide de proroger le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye pour une nouvelle période de 12 mois, sous la conduite du Représentant spécial du Secrétaire général, et décide également que, les principes de l’appropriation nationale étant scrupuleusement respectés, le mandat de la Mission en tant que mission politique spéciale intégrée consistera à aider le Gouvernement libyen à déterminer les besoins et les priorités dans tout le pays, à y répondre en donnant des conseils stratégiques et techniques, selon qu’il conviendra, et à appuyer l’action que mène la Libye en vue de :


a)    Gérer la transition démocratique, notamment en offrant des conseils et une assistance techniques lors du processus électoral libyen et lors de l’élaboration, de la rédaction et de l’adoption de la nouvelle constitution de la Libye, ainsi que l’aide nécessaire pour accroître la capacité, la transparence et la responsabilité des institutions, donner des moyens d’action à toutes les composantes de la société libyenne, en particulier aux femmes et aux minorités, et favoriser leur participation à la vie politique, notamment aux travaux de rédaction de la constitution, et contribuer à l’essor de la société civile libyenne;


b)    Promouvoir l’état de droit et veiller au respect et à la protection des droits de l’homme, conformément aux obligations juridiques internationales faites à la Libye, surtout en ce qui concerne les femmes et les personnes appartenant à des groupes vulnérables, comme les enfants, les minorités et les migrants, y compris en aidant le Gouvernement libyen à veiller à ce que les détenus soient traités avec humanité, dans le respect de la légalité, à réformer les institutions judiciaires et pénitentiaires et à les rendre transparentes et responsables, en l’aidant à arrêter et mettre en œuvre une stratégie globale de justice transitionnelle, à œuvrer à la réconciliation nationale et à assurer la poursuite des activités d’identification, de séparation et de réintégration des enfants touchés par le conflit armé;


c)    Rétablir la sécurité publique, notamment en donnant des conseils et une assistance stratégiques et techniques au Gouvernement libyen pour lui permettre de se doter d’institutions compétentes et de bien coordonner l’action de l’État en matière de sécurité, et d’appliquer une politique nationale cohérente en vue de l’intégration des ex-combattants dans les forces nationales de sécurité libyennes, ou de leur démobilisation et réintégration dans la vie civile, notamment dans le système éducatif et dans la vie professionnelle, et de mettre en place des institutions de défense, de police et de sécurité compétentes, responsables et respectueuses des droits de l’homme, qui soient accessibles aux femmes et aux groupes vulnérables;


d)    Lutter contre la prolifération illicite de toutes armes et de matériel connexe de tout type, en particulier d’armes lourdes et légères, d’armes de petit calibre et de missiles sol-air portables, notamment en élaborant une stratégie coordonnée à cette fin, éliminer les restes explosifs de guerre, exécuter des programmes de déminage et de destruction des munitions classiques, sécuriser et contrôler les frontières de la Libye et mettre en œuvre les conventions internationales sur les armes et les matières chimiques, biologiques et nucléaires, en coordination avec les organismes compétents des Nations Unies, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et les partenaires internationaux et régionaux;


e)    Coordonner l’aide internationale et mettre en place des organismes publics dans tous les secteurs énoncés aux alinéas a) à d) du paragraphe 7, y compris en appuyant le mécanisme de coordination correspondant du Gouvernement libyen, en conseillant le Gouvernement pour l’aider à déterminer les besoins prioritaires en matière d’aide internationale, en faisant participer les partenaires internationaux selon qu’il conviendra, en offrant une aide internationale au Gouvernement libyen, en procédant à une répartition nette des tâches entre tous ceux qui fournissent une aide à la Libye et en établissant entre eux des voies de communication régulières et fréquentes;


8.    Engage la MANUL à continuer d’appuyer les efforts tendant à promouvoir la réconciliation nationale, un dialogue politique ouvert à tous et des processus politiques visant à promouvoir la tenue d’élections libres, régulières et crédibles, la justice transitionnelle et le respect des droits de l’homme dans toute la Libye;


Embargo sur les armes


9.    Décide que les fournitures de matériel militaire non létal destiné exclusivement à un usage humanitaire ou de protection, de même que l’assistance technique ou la formation connexes, ne nécessiteront plus l’approbation du Comité, contrairement à ce que prévoyait l’alinéa a) du paragraphe 9 de la résolution 1970 (2011);


10.   Décide que les fournitures de matériel militaire non létal et toute assistance technique, formation ou aide financière ayant pour but exclusif l’aide au Gouvernement libyen pour la sécurité ou le désarmement ne nécessiteront plus de notification préalable au Comité ni l’absence de décision négative de ce dernier, contrairement à ce prévoyait l’alinéa a) du paragraphe 13 de la résolution 2009 (2011);


11.   Exhorte le Gouvernement libyen à continuer d’améliorer le contrôle des armes et du matériel connexe qui sont fournis, vendus ou transférés à la Libye conformément à l’alinéa c) du paragraphe 9 de la résolution 1970 (2011) ou à l’alinéa a) du paragraphe 13 de la résolution 2009 (2011), y compris en utilisant des certificats d’utilisateur final, et exhorte les États Membres et les organisations régionales à apporter une aide au Gouvernement libyen pour renforcer l’infrastructure et les mécanismes en place à l’heure actuelle à cette fin;


12.   Condamne les violations des mesures visées par les résolutions 1970 (2011) et 1973 (2011), et modifiées par ses résolutions ultérieures, qui, selon certaines informations, continueraient de se produire, et rappelle le mandat du Comité, défini au paragraphe 24 de la résolution 1970 (2011), qui est d’examiner les informations faisant état de violations ou du non-respect de ces mesures et d’y donner la suite qui convient;


Gel des avoirs


13.   Donne pour instruction au Comité, en consultation avec le Gouvernement libyen, de revoir continuellement les autres mesures imposées par les résolutions 1970 (2011) et 1973 (2011), modifiées par la résolution 2009 (2011), s’agissant de la Libyan Investment Authority (Autorité libyenne d’investissement) et du Libyan Africa Investment Portfolio, et décide que le Comité, en consultation avec le Gouvernement libyen, lèvera la désignation de ces entités dès que ce sera réalisable, afin que les avoirs soient mis à la disposition du peuple libyen et utilisés à son profit;


Groupe d’experts


14.   Décide de proroger pour une période de 13 mois le mandat du Groupe d’experts créé au paragraphe 24 de la résolution 1973 (2011) et modifié par la résolution 2040 (2012), entend revoir le mandat du Groupe d’experts et prendre les mesures qui s’imposent concernant une éventuelle prorogation de ce mandat au plus tard 12 mois après l’adoption de la présente résolution, et décide que le Groupe d’experts sera chargé de faire ce qui suit:


a)    Aider le Comité à s’acquitter de son mandat, tel que défini au paragraphe 24 de la résolution 1970 (2011);


b)    Réunir, examiner et analyser toutes informations provenant des États, d’organismes des Nations Unies compétents, d’organisations régionales et d’autres parties intéressées concernant l’application des mesures édictées dans les résolutions 1970 (2011) et 1973 (2011), et modifiées par les résolutions 2009 (2011) et 2040 (2012) ainsi que par la présente résolution, en particulier les violations de leurs dispositions;


c)    Faire des recommandations sur les décisions que le Conseil, le Comité, le Gouvernement libyen ou d’autres États pourraient envisager de prendre pour améliorer l’application des mesures pertinentes;


d)    Remettre au Conseil un rapport d’activité au plus tard 90 jours après la nomination du Groupe d’experts, et lui remettre un rapport final comportant ses conclusions et recommandations au plus tard 60 jours avant la fin de son mandat;


15.   Prie instamment tous les États, les organismes compétents des Nations Unies, dont la MANUL, et les autres parties intéressées de coopérer pleinement avec le Comité et avec le Groupe d’experts, en particulier en leur communiquant toutes informations à leur disposition sur l’application des mesures prescrites par les résolutions 1970 (2011) et 1973 (2011), et modifiées par les résolutions 2009 (2011) et 2040 (2012) ainsi que par la présente résolution, en particulier les violations des dispositions de celles-ci;


16.   Engage le Groupe d’experts, tout en gardant à l’esprit que la MANUL est chargée d’aider le Gouvernement libyen à lutter contre la prolifération illicite de toutes armes et de matériel connexe de tout type, en particulier d’armes lourdes et légères, d’armes de petit calibre et de missiles sol-air portables, et à sécuriser et à contrôler les frontières de la Libye, à poursuivre et à mener à bien rapidement les enquêtes qu’il mène sur les violations des sanctions, notamment sur les transferts illicites d’armes et de matériel connexe à destination et en provenance de la Libye et sur les avoirs des personnes visées par le gel des avoirs prévu par les résolutions 1970 (2011) et 1973 (2011), modifiées par les résolutions 2009 (2011) et 2040 (2012) ainsi que par la présente résolution, et invite la MANUL et le Gouvernement libyen à aider le Groupe à enquêter en Libye, notamment en lui communiquant des renseignements, en facilitant ses déplacements et en lui donnant accès aux installations de stockage des armements, selon qu’il conviendra;



Présentation de rapports et réexamen


17.   Exprime son intention de revoir le mandat du Comité dans le cas où les mesures imposées par les résolutions 1970 (2011) et 1973 (2011), et modifiées par les résolutions 2009 (2011) et 2040 (2012) ainsi que par la présente résolution, seraient levées par une décision qu’il prendrait à l’avenir;


18.   Prie le Secrétaire général de lui faire rapport tous les 90 jours sur la mise en œuvre de la présente résolution, y compris sur tous les éléments qui composent le mandat de la MANUL;


19.   Décide de rester activement saisi de la question.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sierra Leone: le Représentant exécutif du Secrétaire général souligne les progrès réalisés depuis dix ans et les défis qu’il reste à relever

CS/10937

Sierra Leone: le Représentant exécutif du Secrétaire général souligne les progrès réalisés depuis dix ans et les défis qu’il reste à relever

13/3/2013
Conseil de sécuritéCS/10937
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6933e séance – après-midi


SIERRA LEONE: LE REPRÉSENTANT EXÉCUTIF DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SOULIGNE LES PROGRÈS

RÉALISÉS DEPUIS DIX ANS ET LES DÉFIS QU’IL RESTE À RELEVER


Le temps est venu d’entamer une reconfiguration

du mandat du BINUCSIL, estime M. Jens Toyberg-Frandzen


Le Représentant exécutif du Secrétaire général en Sierra Leone, M. Jens Toyberg-Frandzen, a souligné, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, que si le pays avait réalisé des « progrès remarquables » depuis la fin de la guerre, il restait néanmoins des défis à relever, nécessitant en particulier une reconfiguration du mandat du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (BINUCSIL). 


Grâce aux progrès réalisés, il est désormais « approprié d’entamer une reconfiguration de la mission et de transférer progressivement les responsabilités à l’équipe de pays des Nations Unies, au Gouvernement sierra-léonais, aux institutions nationales, aux organisations de la société civile, ainsi qu’aux partenaires bilatéraux et internationaux », a déclaré M. Toyberg-Frandzen, qui présentait le rapport du Secrétaire général sur le BINUCSIL*.


Dans son rapport, M. Ban Ki-moon, qui recommande que le mandat du BINUCSIL, qui vient à expiration le 31 mars, soit prorogé pour une période de 12 à 18 mois, présente des recommandations, ainsi qu’un calendrier pour la relève, le retrait et la stratégie de désengagement de celui-ci. 


Cette période, écrit-il, est « cruciale », car elle permettra au Bureau de « consolider les gains réalisés jusqu’à présent » en réalignant son mandat sur les trois domaines critiques restants: les bons offices, l’appui au secteur de la sécurité et le renforcement des institutions nationales de promotion et de protection des droits de l’homme.


« Malgré les signes de progrès réels accomplis dans le pays, il reste encore des problèmes épineux à régler, qui concernent notamment le renforcement des capacités des institutions du secteur de la sécurité, la lutte contre la criminalité transnationale organisée et le trafic de stupéfiants, et le projet de révision de la Constitution », observe le Secrétaire général dans son rapport.  « L’appui nécessaire pour régler ces problèmes passe par une reconfiguration du mandat du BINUCSIL », assure-t-il.


Le Secrétaire général précise qu’« à la fin du mandat du BINUCSIL, il faudra veiller à assurer une transition en douceur, si possible sans discontinuité, tandis que le Coordonnateur résident reprendra la tête des opérations en remplacement du Représentant exécutif ».


Au cours de son exposé, le Représentant exécutif, M. Toyberg-Frandzen a rappelé qu’en application de la résolution 2065 (2012) du Conseil de sécurité, une mission d’évaluation technique interinstitutions des Nations Unies avait été déployée en Sierra Leone au mois de janvier dans le but de faire des propositions pour la relève, le retrait et la stratégie de désengagement.


Le chef du BINUCSIL est également revenu sur la tenue, le 17 novembre, des élections présidentielles, législatives et locales, dont le succès, a-t-il dit, « montre que la Sierra Leone est déterminée à consolider la paix chèrement acquise ».  Le pays, a-t-il ajouté, a réalisé des « progrès remarquables » depuis la fin de la guerre il y a plus de 10 ans. 


Au cours de cette période, la Sierra Leone « fut en mesure de restaurer puis de consolider l’autorité de l’État, de mettre en œuvre des programmes de reprise nationale, y compris l’élargissement des services publics, ainsi que les réformes dans le domaine de la gouvernance et des secteurs de la sécurité ».


Pour M. Toyberg-Frandzen, la transition du BINUCSIL vers l’équipe de pays des Nations Unies représente une étape dont la Sierra Leone et la communauté internationale peuvent être fiers. 


« L’engagement fort des Sierra-Léonais et de leurs gouvernements successifs a été essentiel aux réalisations du pays et au succès du travail des Nations Unies depuis plus de 15 ans », a-t-il déclaré.  Toutefois, a-t-il ajouté, « des défis subsistent qui exigent de plus grands efforts de la part des parties prenantes et la poursuite de l’engagement de la communauté internationale ».


Le Représentant exécutif a ainsi non seulement mis l’accent sur un désengagement progressif du BINUCSIL, mais a aussi plaidé pour un renforcement de l’aide des Nations Unies et des autres partenaires internationaux en vue d’assurer la poursuite du développement de la Sierra Leone.


Il est, a-t-il estimé, important de clarifier le fait que les Nations Unies resteront en Sierra Leone et continueront de l’appuyer.  Ce message doit être transmis à leur équipe de pays et à l’assistance apportée par leurs partenaires internationaux.


L’unité et la cohésion nationales doivent être renforcées, a dit M. Toyberg-Frandzen en soulignant la nécessité de s’attaquer aux racines du conflit.  Il s’est ainsi félicité de l’initiative du Président Ernest Bai Koroma concernant la révision de la Constitution de 1991, qui permettra de garantir un système inclusif de gouvernement.


Les institutions nationales de la Sierra Leone, y compris les secteurs de la justice et de la sécurité, la Commission nationale de lutte contre la corruption, et la Commission d’enregistrement des partis politiques, doivent être renforcées afin de leur permettre d’assumer leurs responsabilités respectives avec efficacité et de gagner la confiance de la population, a préconisé le Représentant exécutif du Secrétaire général.


De son côté, le Président de la formation spécifique pour la Sierra Leone de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Guillermo Rishchynski, du Canada, a estimé que la communauté internationale devait résister à la « tentation de déclarer victoire prématurément » en Sierra Leone.  Il est important, a-t-il souligné, de « faire connaître clairement, à tous les acteurs nationaux, la nature de la transition opérée par les Nations Unies en Sierra Leone ».


Venu présenter les observations tirées de la mission menée par la Commission, à la fin février, en Sierra Leone, il a salué la tenue pacifique du processus électoral du mois de novembre et a considéré que les nouvelles priorités du Gouvernement sierra-léonais, contenues dans son Plan d’action pour la prospérité, témoignaient « d’un changement d’orientation salutaire » pour se concentrer sur les efforts visant à favoriser la croissance, à améliorer les services et à renforcer le capital humain. 


Concernant l’intention du Président Koroma de procéder à un examen de la Constitution –examen qui avait été proposé initialement par la Commission de la vérité et de la réconciliation, a-t-il rappelé-, M. Rishchynski a insisté sur la nécessité d’assurer que ce « processus délicat sur le plan politique » soit ouvert à tous et ait une portée nationale. 


Il a ensuite cité plusieurs questions encore en suspens qui exigeront une action à plus long terme, notamment le chômage dont souffrent les jeunes, la croissance des secteurs de l’extraction minière et de l’agriculture, et la gestion rigoureuse des investissements dans ces secteurs. 


« Un large éventail d’interlocuteurs ont dit craindre de plus en plus de conflits éventuels au niveau des collectivités si les grands investissements ne font pas l’objet d’une gestion rigoureuse », a-t-il prévenu. 


M. Rishchynski a d’autre part observé que la Sierra Leone demeurait vulnérable aux effets déstabilisateurs de la criminalité transnationale organisée et du trafic de drogues.


Rappelant que les Nations Unies jouissaient d’une bonne réputation en Sierra Leone, il a ensuite insisté sur la nécessité de veiller à une transition graduelle sur le terrain. 


« De nombreuses parties prenantes ont insisté sur l’importance de l’aide apportée par le BINUCSIL au processus de révision constitutionnelle et sur la nécessité de maintenir l’assistance technique au profit du secteur de la sécurité », a-t-il noté. 


En outre, de nombreux enjeux auxquels est confrontée la Sierra Leone ont une dimension régionale.  « Cette situation met en relief la nécessité d’un engagement politique des Nations Unies au niveau régional, après que le BINUCSIL aura terminé son mandat », a-t-il conclu.


Le Représentant permanent de la Sierra Leone auprès des Nations Unies, M. Samura Kamara, a quant à lui, expliqué que son pays était à la croisée des chemins et a appelé les membres du Conseil de sécurité à prendre en compte les différents défis auxquels sera confrontée la Sierra Leone lorsqu’il s’agira de décider ou non de réduire la présence du BINUCSIL. 


« Les conséquences immédiates et futures d’une éventuelle réduction de la présence du Bureau doivent être pesées, compte tenu de la situation actuelle du pays et de celle de ses voisins immédiats », a-t-il dit. 


« Nous ne souhaitons pas demeurer indéfiniment à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, mais les circonstances font que nous devons pouvoir continuer à compter sur le Conseil pour être guidés sur des questions sensibles et complexes, ainsi que sur leurs dimensions sous-régionales. »


Pour faire avancer ses aspirations au développement et répondre aux défis posés par la consolidation de la paix, par la sécurité et par les questions liées au processus démocratique, la Sierra Leone attend avec intérêt l’appui du BINUCSIL « même si celui-ci doit passer par une phase de transition », a dit M. Kamara. 


Le représentant a exhorté les membres du Conseil à prendre en compte les conséquences à court et à long termes de ce processus de transition sur les gains acquis jusqu’à présent.


Enfin, M. Kamara a indiqué le soutien de la Sierra Leone à un processus de transition harmonieux et sans heurt du mandat BINUCSIL vers l’établissement d’un système de coordonnateur résident des Nations Unies, ceci, en fonction des besoins.


* S/2013/118


LA SITUATION EN SIERRA LEONE


Dixième rapport du Secrétaire général sur le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (S/2013/118)


Dans ce rapport, qui porte sur la période allant du 1er septembre 2012 au 28 février 2013, M. Ban Ki-moon décrit les activités du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (BINUCSIL) et présente des recommandations, ainsi qu’un calendrier pour la relève, le retrait et la stratégie de désengagement de celui-ci. 


Le Secrétaire général recommande que le mandat du BINUCSIL soit prorogé pour une période de 12 à 18 mois.  Cette période, estime-t-il, est « cruciale » car elle permettra au Bureau de consolider les gains réalisés jusqu’à présent en réalignant son mandat sur les trois domaines critiques restants, à savoir les bons offices, l’appui au secteur de la sécurité et le renforcement des institutions nationales de promotion et de protection des droits de l’homme.


Les élections présidentielles, législatives et locales, qui se sont tenues le 17 novembre 2012 en Sierra Leone, ont constitué le principal événement de la période à l’examen.  « Cette consultation, qui était la troisième organisée depuis la fin de la guerre civile en 2002, a été considérée aux niveaux national et international comme un succès pour le peuple et les institutions de la Sierra Leone », se réjouit le Secrétaire général.


Comme par le passé, ces élections se sont jouées essentiellement entre le parti de l’opposition, le Sierra Leone People’s Party (SLPP), et le parti au pouvoir, le All People’s Congress (APC).  De façon générale, les élections se sont déroulées dans le calme, et le taux de participation a été de 87% des 2 millions d’électeurs enregistrés.


Le 23 novembre, la Commission électorale nationale a annoncé que le Président sortant, Ernest Bai Koroma (APC), avait remporté l’élection présidentielle avec près de 59% des suffrages tandis que le général de brigade à la retraite Julius Maada Bio du SLPP en avait remporté 37%, les autres candidats se partageant les autres voix.


Immédiatement après, le SLPP a déclaré que plusieurs irrégularités s’étaient produites durant la tenue du scrutin et a saisi la Cour suprême.  Toutefois, le 3 décembre, à l’issue d’un entretien du Président Koroma et du général de brigade à la retraite Bio, l’APC et le SLPP ont publié une déclaration commune pour annoncer que l’élection d’Ernest Bai Koroma n’était plus contestée.


Le Secrétaire général décrit ensuite l’évolution des conditions de sécurité dans le pays, ainsi que la situation économique et sociale de la Sierra Leone.  Il aborde aussi les activités de soutien du BINUCSIL aux institutions démocratiques du pays.


De façon générale, la situation est restée calme dans le domaine de la sécurité.  Le 22 septembre, la Commission nationale pour les armes légères a organisé la destruction de 4 773 fusils et autres armes à feu, qui avaient été rassemblés de 2004 à 2007 dans le cadre du projet de remise des armes pour l’aide au développement géré par le PNUD.


S’agissant de l’économie, le produit intérieur brut (PIB) réel sierra-léonais devrait progresser de 15% en 2013 et sa croissance continuera d’être soutenue en raison de l’ouverture de deux sites importants d’extraction du minerai de fer dans la province du nord.


Malgré les signes de progrès réels accomplis dans le pays, le Secrétaire général estime néanmoins qu’il reste encore des obstacles à la paix et des problèmes épineux à régler, notamment le renforcement des capacités des institutions du secteur de la sécurité, la lutte contre la criminalité transnationale organisée et le trafic de stupéfiants, le chômage des jeunes, la corruption, et le projet de révision de la Constitution.


« L’appui nécessaire pour régler ces problèmes passe par une reconfiguration du mandat du BINUCSIL », conclut M. Ban Ki-moon.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale rend hommage à la mémoire du Président Hugo Chávez, « chantre de la solidarité », et change le nom du Conseil d’administration du PNUE

AG/11345

L’Assemblée générale rend hommage à la mémoire du Président Hugo Chávez, « chantre de la solidarité », et change le nom du Conseil d’administration du PNUE

13/03/2013
Assemblée généraleAG/11345
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                        

Soixante-septième session                                  

67e séance plénière – après-midi


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE REND HOMMAGE À LA MÉMOIRE DU PRÉSIDENT HUGO CHÁVEZ, « CHANTRE

DE LA SOLIDARITÉ », ET CHANGE LE NOM DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DU PNUE


Après avoir rendu hommage à la mémoire du Président Hugo Chávez, en présence du Ministre vénézuélien des affaires étrangères et du Secrétaire général de l’ONU, l’Assemblée générale a changé le nom du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) qui s’appelle désormais « Assemblée des Nations Unies pour l’environnement du PNUE ».


Les délégations se sont succédé à la tribune pendant plus de deux heures pour rendre hommage à la mémoire du Président vénézuélien, mort le 5 mars dernier à l’âge de 58 ans.  Le Président de l’Assemblée générale, M. Vuk Jeremić de la Serbie, avait émis le vœu que les États oublient leur « opposition personnelle ou politique » et s’inclinent ensemble devant l’image d’un leader progressiste et défenseur acharné du « Global South ».


C’est précisément la vingtaine de pays de ce « Monde du sud » qui, avec émotion, a déclaré que le nom d’Hugo Chávez restera dans l’histoire comme celui du chantre de la solidarité et de la coopération entre les peuples et, surtout entre les nations du Sud.  Cet héritage en fait incontestablement aux yeux du monde en développement un « leader international ».


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a en effet salué l’un des dirigeants qui a su faire la différence dans son pays, dans sa région et dans le monde, et dont l’attachement aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) s’est traduit par des « progrès incontestables » au Venezuela mais également par des actes de solidarité avec d’autres nations.  Hugo Chávez, a rappelé le Secrétaire général, a joué un rôle de leadership dans l’intégration régionale de l’Amérique du Sud.


Avant les interventions, les délégations ont pu visionner en boucle un petit film où apparaissaient des visages de jeunes du monde entier rendant un dernier hommage au Président vénézuélien. 


Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant de Fidji a vu aujourd’hui en Hugo Chávez, l’incarnation d’un dirigeant qui va jusqu’au bout de la voie qu’il a choisie.  Lui faisant écho, son homologue de la République islamique d’Iran, au nom du Mouvement des pays non alignés, a insisté sur l’engagement jamais démenti du Président Chávez en faveur de la paix, de l’égalité sociale, de l’indépendance politique et de l’égalité souveraine.  Des qualités qui ont fait que le Venezuela était pressenti pour prendre la présidence du Mouvement entre 2015 et 2018.


Les représentants du Pérou, au nom de l’UNASUR et de l’Uruguay, au nom du Mercosur, ont naturellement souligné le rôle crucial d’Hugo Chávez dans l’intégration régionale de l’Amérique du Sud.  Il ne fait pas de doute, à leurs yeux, que sans le dévouement du Président vénézuélien, des initiatives comme l’Alba, la CELAC, l’UNASUR ou encore la Banco del Sur ne se seraient jamais concrétisées.


Hugo Chávez a ouvert un chapitre nouveau dans les relations entre pays, a acquiescé le représentant de Guyana, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).  Son homologue du Tchad, au nom du Groupe des États d’Afrique, a confié que des millions d’Africains pleurent la mort prématurée du leader le plus charismatique et le plus visionnaire, comme l’a dit la représentante du Cuba, au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes.  « On se souviendra de Chávez comme d’un leader honnête, capable de prendre des risques et révolutionnaire qui « était la réincarnation de Simon Bolivar ».


« Notre pays a connu un processus révolutionnaire sans pareil, qui a même transcendé nos frontières », s’est réjoui le Ministre des affaires étrangères du Venezuela, M. Elias Jaua Milano.  Il n’a pas manqué de dénoncer la campagne de diabolisation dont a été victime le Président Chávez et les deux tentatives de coup d’État fomentées par « des forces impérialistes » auxquelles il a survécu.  Le Ministre a prévenu que son pays est plus que jamais « déterminé à poursuivre la révolution bolivarienne ». 


Au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, le représentant de la Finlande a dit la disposition de son Groupe à travailler avec le Venezuela pour la paix, la prospérité et la croissance.  Le représentant de la Moldova, au nom du Groupe des États d’Europe orientale a également pris la parole ainsi que ceux de Saint-Vincent-et-les-Grenadine, du Chili, de l’Égypte, des Seychelles, de l’Argentine, d’El Salvador, de la Syrie, du Brésil et du Belarus.


En fin de séance, l’Assemblée générale a adopté une résolution* par laquelle elle change le nom du Conseil d’administration du PNUE en « Assemblée des Nations Unies pour l’environnement du PNUE », étant entendu que ce changement ne modifie ni ne modifiera le mandat, les buts et les objectifs du Programme des Nations Unies pour l’environnement, ni les rôles et les fonctions de son organe directeur.  Les représentants du Brésil, du Viet Nam et de l’Indonésie ont expliqué leur position.


La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies. 


*A/67/784


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: les appels se multiplient pour que les hommes assument une plus grande part de responsabilités familiales

FEM/1950

Commission de la condition de la femme: les appels se multiplient pour que les hommes assument une plus grande part de responsabilités familiales

12/03/2013
Assemblée généraleFEM/1950
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la condition de la femme

Cinquante-septième session

11e & 12e séances – matin & après-midi


COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME: LES APPELS SE MULTIPLIENT POUR QUE

LES HOMMES ASSUMENT UNE PLUS GRANDE PART DE RESPONSABILITÉS FAMILIALES


Des panélistes, appuyés par des États Membres, soulignent la nécessité de réfléchir

aux moyens d’alléger le fardeau des femmes assurant à domicile les soins aux malades atteints du VIH/sida


À deux jours de la clôture de sa session annuelle, la Commission de la condition de la femme a entendu de nombreuses délégations qui ont insisté sur la nécessité d’adopter des politiques d’envergure pour aider les femmes à concilier vie professionnelle et vie familiale, mais également pour inciter les hommes à assumer une plus grande part des responsabilités familiales.  Les délégations ont également souligné l’importance d’un engagement politique plus ferme pour venir en aide aux femmes qui consacrent l’essentiel de leur temps aux soins de personnes atteintes du VIH/sida.


Ces appels ont été lancés, au cours des deux tables rondes que la Commission a consacrées, aujourd’hui, à l’évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre des conclusions convenues à la cinquante-troisième session de la Commission sur « Le partage équitable des responsabilités entre les femmes et les hommes, notamment en ce qui concerne les soins dans le contexte du VIH/sida ».


La première table ronde était organisée autour du thème « Normes et stéréotypes sexistes, socialisation et inégalité des rapports de pouvoir; et partage et conciliation des tâches professionnelles et familiales », tandis que la deuxième table ronde portait sur la question des « Soins dispensés dans le contexte du VIH/sida, et reconnaître et apprécier la prestation de soins non rémunérés ».


Les intervenants, au cours de la première table ronde, ont relevé que les malades atteints du VIH/sida étaient soignés par des femmes, le plus souvent à la maison, les empêchant ainsi d’occuper un emploi rémunéré et, par conséquent, d’avoir une indépendance financière.  Ils ont également constaté que la participation plus active des femmes sur le marché du travail ne s’est pas traduite par une plus grande implication des hommes dans les tâches familiales. 


« Le débat sur la répartition des tâches entre les hommes et les femmes est un débat de fond sur le plan de la justice sociale et les politiques nationales ont longtemps oublié cette question, en se concentrant plutôt sur les moyens de faire passer les femmes d’un cadre privé à l’espace public », a notamment fait observer M. Luis Mora, chargé des questions de la parité à la Division des droits de l’homme et de la culture au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).


Venu dresser les grandes lignes de la politique de congé parental mise en œuvre par la Suède depuis 1974, M. Niclas Jarvklo, du Comité gouvernemental sur les hommes et l’égalité entre les sexes de la Suède, a expliqué que celle-ci avait été conçue pour aider les hommes à développer une « masculinité axée sur les soins ». 


Plusieurs problèmes structurels persistent, a-t-il fait remarquer, en précisant qu’ils étaient liés à la fois au fait que plus de femmes travaillent maintenant à temps partiel et à l’écart salarial entre les hommes et les femmes.  Lorsque le congé parental est une option pour les hommes en Suède, ceux-ci ont tendance à ne pas l’utiliser, a-t-il dit, citant en particulier la carrière du père de famille. 


À l’instar de la Colombie, plusieurs délégations ont également estimé qu’il était nécessaire d’élaborer des politiques de conceptualisation de la valeur du travail non rémunéré des femmes. 


Cette première table ronde a aussi été l’occasion pour certaines délégations d’attirer l’attention sur la fracture numérique qui existe entre les hommes et les femmes.  Les abonnements de téléphonie mobile souscrits par les hommes dans le monde dépassent de 300 millions ceux des femmes.  « Plus les technologies sont efficaces et sophistiquées, plus le fossé numérique se creuse entre les femmes et les hommes », s’est notamment inquiété le Directeur exécutif de The Communication Initiative.


La majorité des intervenants à la deuxième table ronde ont insisté sur un engagement politique plus ferme pour valoriser le travail des femmes prestataires de soins aux personnes atteintes du VIH/sida.  Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), jusqu’à 80% de l’ensemble des soins de santé et 90% des soins pour les affections liées au VIH/sida sont fournis à domicile – presque toujours par des femmes.


« Les soins qui sont assurés par les femmes au foyer sont invisibles, banalisés et non valorisés », a regretté la représentante du Sénégal, tandis que la panéliste de Shibuye Community Health Workers, Mme Violet Shivutse, a fait observer que bien souvent ce ne sont pas les malades, mais les prestataires de soins qui comptent parmi les personnes les plus défavorisées d’une communauté.


À l’instar de la représentante de l’Union européenne, plusieurs délégations ont donc estimé qu’il faudrait réfléchir à l’idée de rémunérer la prestation de soins mais également d’impliquer davantage les hommes dans les tâches à la maison.


La Commission de la condition de la femme reprendra ses travaux en séance plénière, jeudi 14 mars, à partir de 10 heures.


SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »


ii) Thème de l’évaluation: Évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre des conclusions convenues à la cinquante-troisième session de la Commission sur « Le partage équitable des responsabilités entre les femmes et les hommes, notamment en ce qui concerne les soins dans le contexte du VIH/sida »


Table ronde 4: Normes et stéréotypes sexistes, socialisation et inégalité des rapports de pouvoir; et partage et conciliation des tâches professionnelles et familiales


La modératrice de la table ronde, Mme IRINA VELICHKO (Bélarus), Vice-Présidente de la Commission, a invité les intervenants à partager leurs expériences positives et à aborder les lacunes dans la mise en œuvre des 54 recommandations adoptées en 2009 lors de la cinquante-troisième session de la Commission de la condition de la femme.  Il faut examiner les initiatives et politiques sensibles à l’égalité entre les sexes qui ont été lancées dans le monde en vue d’éliminer les stéréotypes, dans les domaines de l’éducation, de l’économie, du leadership et des médias, a-t-elle précisé.


Mme FATOU SOW SARR, Maître de conférences à l’IFAN/Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal), a rappelé que du fait de la confluence des cultures musulmanes et chrétiennes, le Sénégal est une société patriarcale au sein de laquelle subsistent toutefois des aspects du modèle traditionnel matrilinéaire.  Elle a affirmé que des progrès notables avaient été accomplis dans son pays en matière d’accès à l’éducation et de représentation politique des femmes.  Aujourd’hui, la parité a pratiquement été atteinte au niveau primaire et 42% des bacheliers sont des femmes, s’est-elle félicitée.  Mme Sarr a indiqué que le Gouvernement du Sénégal avait déployé des efforts notables pour rapprocher les établissements scolaires des familles et consacré beaucoup de ressources pour le recrutement des enseignants.


Passant à la participation des femmes à la vie publique et politique, la panéliste a indiqué que 43,3% des sièges à l’Assemblée nationale sont occupés par des femmes, un taux qui place le pays au sixième rang mondial et au troisième rang en Afrique en matière de représentation politique des femmes.  Mme Sarr a précisé que toute liste qui n’alterne pas des candidats hommes et femmes est considérée comme irrecevable.


La panéliste a ensuite expliqué que c’est en 1959 qu’une association de femmes avait revendiqué, pour la première fois, la parité au Sénégal et que, malgré les obstacles créés par le Président de l’époque, M. Mamadou Dia, leur combat a abouti à l’adoption de la loi sur la parité du 14 mai 2010.  Mme Sarr a également parlé des acquis réalisés sur le plan juridique suite à l’adoption, en 2009, d’une loi qui permet aux femmes de prendre leur conjoint et enfants en charge.


Au titre des défis qui demeurent, la panéliste a souligné le manque d’harmonisation de la loi avec les engagements pris par le Sénégal en matière d’octroi de la nationalité, de puissance paternelle et de choix du domicile conjugal.  Les engagements en termes budgétaires concernant l’égalité entre les sexes encore font défaut, et des problèmes subsistent en ce qui concerne l’autonomie du ministère chargé de l’égalité entre les sexes par rapport au parti au pouvoir, a-t-elle fait savoir.  Les hommes, au Sénégal, a-t-il ajouté, ne s’impliquent pas dans les efforts.


Mme Sarr a ensuite fait observer que les partis politiques sont souvent réticents à accepter l’arrivée massive des femmes, de peur qu’elles prennent les places des hommes qui s’y trouvent déjà.  Il existe donc toujours un risque de recul dans ce qui est fait en matière de parité, a-t-elle averti.  La montée des intégrismes risque également de faire obstacle à la mise en œuvre de la loi sur la parité, a-t-elle fait remarquer.


M. WARREN FEEK, Directeur exécutif de The communication Initiative, a présenté le rôle des médias pour éliminer les stéréotypes concernant la parité.  Les médias jouent un rôle capital dans ce domaine, a-t-il soutenu, en expliquant que sans l’égalité entre les hommes et les femmes dans les médias, il est impossible de mettre fin aux stéréotypes à l’égard des femmes.  En 1995, 12% des femmes étaient représentées aux postes de direction dans les médias.  Ce taux est passé à 27%, selon une étude couvrant 59 pays, qui avait été publiée en 2011.  Pour toutes les catégories confondues, les femmes ne représentent que 15% du personnel dans les médias en République démocratique du Congo, et 27% au Malawi et au Zimbabwe, a-t-il fait remarquer.  En 2003, la proportion de source féminine dans l’actualité était de 17% en Afrique du Sud.  Entre 2003 et 2010, elle n’a progressé que de 2%.  La chaîne BBC a analysé la façon dont les femmes sont représentées dans les médias pour aboutir à la conclusion que rien n’a changé depuis 10 ans dans un grand nombre de pays.  Il y a toujours une femme pour deux hommes dans les médias.


Venant aux médias sociaux, l’expert a indiqué qu’avec 100 millions d’utilisateurs en 2008, Facebook compte aujourd’hui près d’un milliard d’abonnés.  Twitter compte, pour sa part, 200 millions d’utilisateurs par mois.  Le monde a énormément changé en termes de communication, a fait remarquer M. Feek.  Mais, a-t-il observé, il y a 300 millions de femmes de moins par rapport aux hommes qui ont un abonnement de téléphonie mobile.  Dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, les femmes utilisent moins Facebook et ont moins de comptes Twitter, a-t-il signalé, indiquant que la participation des femmes aux nouveaux moyens de communication a baissé.  En ce qui concerne les personnes occupant des postes techniques ou d’ingénieurs à la BBC, 25% seulement sont des femmes.  M. Feek a conclu que plus les technologies sont efficaces et sophistiquées, plus le fossé se creuse entre les femmes et les hommes.  Les médias peuvent pourtant jouer un rôle important pour mieux diffuser, par exemple, les normes existantes en matière de parité et informer sur les traitements disponibles contre le VIH/sida.  Il a invité à suivre les tendances dans ce domaine, en rappelant qu’il était facile d’obtenir des informations à partir des médias sociaux.


Dialogue interactif


Comment concilier davantage la vie professionnelle et la vie familiale?  Comment les encourager à utiliser davantage les technologies de la communication?  Telles étaient certaines des questions soulevées par les délégations au cours d’un débat qui a également porté sur les défis liés à l’octroi des soins aux malades atteints du VIH/sida.


La représentante de l’Union européenne a constaté que les femmes étaient souvent responsables de l’éducation de leurs enfants, ce qui limite la possibilité de rechercher un emploi.  Les hommes, qui sont pères de famille, continuent, au contraire, à privilégier leur vie professionnelle.  C’est pourquoi, il faudrait déployer davantage d’efforts pour réconcilier la vie professionnelle et la vie personnelle des deux parents afin que les pères de famille libèrent de certaines tâches à la maison, leurs épouses qui travaillent, a souligné la représentante de l’Allemagne.  Celle de la Chine s’est interrogée, quant à elle, sur le meilleur moyen d’inciter les hommes à s’acquitter de leurs responsabilités familiales.


Son gouvernement, a assuré la représentante de la Suisse, s’est engagé à ouvrir un plus grand nombre de crèches pour aider les femmes à concilier leur vie professionnelle et vie familiale.  Pour encourager les femmes à concilier vie professionnelle et vie familiale, le Kazakhstan a introduit dans son Code du travail une disposition sur le travail à distance.


Intervenant à nouveau, la délégation de l’Allemagne a expliqué que son gouvernement avait lancé une politique spéciale dans le but d’inciter les hommes à faire carrière dans les professions où les femmes sont surreprésentées.  Des programmes d’enseignement pour faciliter l’administration des soins sont dispensés aux jeunes garçons, a-t-elle ajouté.


La représentante de Tuvalu a indiqué que son gouvernement avait promulgué une loi sur le congé paternel, en précisant cependant qu’elle était rarement utilisée à cause de l’état d’esprit, tant des hommes que des femmes du pays.  Ce ne sont pas seulement les hommes, mais également les femmes qu’il faut sensibiliser car, souvent, elles contribuent à perpétuer les stéréotypes, a–t-elle affirmé.


L’une des panélistes, Mme Sarr, a fait observer que la question du partage des tâches familiales ne se posait pas de la même manière pour les pays développés que pour les pays en développement.  Les cellules familiales élargies qui sont une caractéristique des sociétés africaines n’opposent pas mari et femme pour les tâches ménagères, a-t-elle expliqué.


Si la représentante du Sénégal s’est interrogée sur le meilleur moyen de réduire la fracture numérique entre hommes et femmes, son homologue du Ghana a voulu connaître les raisons du faible nombre de femmes qui utilisent les technologues de l’information et de la communication.  Leur sous-représentation semble être universelle, y compris dans les pays développés, a-t-elle constaté.


Ce qu’il faut, c’est collecter des données et interroger les femmes qui ont réussi à percer dans le domaine sur les raisons de leur réussite et les défis qu’elles ont rencontrés sur leur chemin, a conseillé le Directeur exécutif de The Communication Initiative.


Le représentant des Philippines a fait observer, de son côté, que si les médias sociaux ont la capacité de renforcer l’autonomisation des femmes, ils peuvent également les représenter d’une manière très dérogatoire, image qui nourrit souvent la violence dont elles sont victimes.


À ces commentaires, le Directeur exécutif de The Communication Initiative a répondu que la valeur des médias sociaux tenait au fait que ces médias placent le contrôle du contenu entre les mains des utilisateurs et non pas entre celles des directeurs de rédaction.


Mais alors, qu’en est-il de la qualité des informations reçues par l’intermédiaire des médias sociaux et comment s’assurer que ces médias contribueront à la réalisation de nos objectifs? a demandé la représentante du Paraguay.


Le représentant du Maroc, rappelant que les personnes ayant un manque d’éducation ne pouvaient utiliser aisément les médias sociaux, a voulu savoir s’il était utile, dans ce cas, d’abandonner les modes de communication traditionnels.


Sur cette question, la représentante du Cameroun a indiqué que son gouvernement avait lancé un programme de sensibilisation dans les communautés rurales en faisant appel à des conteurs traditionnels.  Le Rwanda a, pour sa part, lancé un programme de radio communautaire, a ajouté la représentante de ce pays.


La panéliste de l’Université Cheikh Anta Diop a expliqué que l’utilisation de téléphone portable avait permis de « libérer » de nombreuses femmes.  Au préalable, c’était les hommes qui contrôlaient la communication par téléphone fixe, a-t-elle indiqué.


La représentante de l’Afrique du Sud s’est ensuite penchée sur les défis liés aux soins de malades à domicile.  Lui emboîtant le pas, son homologue du Kenya a indiqué que dans son pays, 90% des soins dispensés aux malades atteints du VIH/sida sont assurés à domicile et que 90% des soins dispensés à domicile concernent des personnes âgées, dont la majorité sont des femmes.


Les personnes assurant ces soins doivent être reconnues et rémunérées, a souligné la délégation du Kenya, tandis que la représentante de l’Afrique du Sud a assuré que son gouvernement versait des subventions aux personnes qui fournissent des soins à domicile.


Prenant la parole à nouveau, la représentante du Rwanda a indiqué que son gouvernement avait ouvert des centres de soins gratuits pour les personnes atteintes du VIH/sida.  Le délégué de la République islamique d’Iran a expliqué que les orphelins du VIH/sida étaient pris en charge par l’État et que son pays avait également créé des centres de soins pour les toxicomanes.  La représentante du Nigéria a mis en avant la législation promulguée par son gouvernement pour lutter contre la discrimination dont sont victimes les personnes atteintes du VIH/sida sur le marché du travail.


Résumant les discussions, M. LUIS MORA, chargé des questions de genre à la Division des droits de l’homme et de la culture au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a souligné l’ancienneté du débat sur la répartition des tâches entre les hommes et les femmes.  C’est un débat de fond sur le plan de la justice sociale, a-t-il expliqué.  Les politiques publiques ont longtemps oublié cette question, se concentrant plutôt sur les moyens de faire passer les femmes de la sphère privée à l’espace public, a-t-il fait remarquer.  Les femmes, a-t-il dit, n’entrent pas dans la sphère publique sur un pied d’égalité avec les hommes.  Tout en notant les effets positifs de ces politiques, il a souligné la surcharge considérable qui est imposée aux femmes.  Comme l’a indiqué Mme Sarr, il pourrait y avoir un retour de manivelle, a-t-il fait observer.


L’expert a également souligné la dichotomie entre le public et le privé, deux secteurs qui, en ce qui concerne les femmes, ne suivent pas la même voie.  L’impact du travail des femmes sur l’économie nationale n’est pas mesuré, a-t-il indiqué.  Comment pouvons-nous conceptualiser la valeur du travail des femmes non payées? a-t-il demandé.  M. Mora a souligné que les femmes qui travaillent et qui sont mères de famille, en particulier celles qui ont des enfants de moins de 5 ans, sont en permanence actives.  Ces femmes, a-t-il noté, ne trouvent jamais le temps de se reposer.  L’expert a aussi expliqué que chacun avait sa propre façon de comprendre les normes sociales de parité.  La participation des femmes dans les médias et la façon dont les médias peuvent être utilisés pour faire changer les mentalités sont des questions très importantes.


Les femmes n’évoluent pas non plus sur un pied d’égalité avec les hommes concernant la santé reproductive pour laquelle elles n’ont pas toujours de choix.  Avant de conclure, M. Mora a estimé que l’on avait trop tendance à mettre l’accent sur la législation.  Les mesures politiques nationales doivent être très complètes et non discriminatoires.  Il faudrait aussi, a-t-il souhaité, tenir compte de la mondialisation du travail domestique.


M. NICLAS JARVKLO, du Comité gouvernemental sur les hommes et l’égalité des genres de la Suède, a centré son intervention sur l’évolution des politiques de congé parental dans son pays et les enseignements tirés dans ce domaine.  En Suède, on cherche à asseoir la stabilité de l’économie sur la participation des deux parents à la vie active, a-t-il indiqué, en précisant que l’égalité entre les hommes et les femmes avait été institutionnalisée dès les années 1970.  Le congé parental, qui date de 1974, a été conçu pour aider les hommes à développer une « masculinité axée sur les soins ».  Les hommes sont des parents très actifs, a fait remarquer l’expert.  Il a toutefois indiqué que des problèmes structurels subsistaient puisque les femmes sont plus nombreuses à travailler à temps partiel, et il existe toujours des écarts de salaires.


Actuellement, les parents suédois ont droit à 16 mois de congé parental, 13 mois étant rémunérés à 80% du salaire.  Ce système motive les femmes à commencer à travailler avant de devenir mères.  En 2011, a rappelé M Jarvklo, le nombre des pères ayant pris un congé maternel a augmenté de 24%.  Le Gouvernement a également mis en place une prime d’égalité entre les hommes et les femmes sous forme d’abattement fiscal, qui a connu des succès mitigés.  Il a donc été décidé d’effectuer le paiement de cette prime de manière automatique.


Deux grands défis restent à relever pour renforcer l’utilisation par les hommes du congé parental, a expliqué l’expert.  Il faut d’abord prévoir un congé pour chaque parent, comme en Islande où le congé est de 5 mois par parent et de 12 mois au total.  Les décideurs suédois doivent aussi s’attaquer aux différences entre les couches de la population, notamment quand elles sont liées au niveau d’éducation.  Lorsque le congé parental est une option pour les hommes, ceux-ci ont tendance à ne pas l’utiliser, a prévenu M. Jarvkol.  Il a invité à parler davantage de ce congé et souligné son importance pour les hommes, pour les femmes et pour l’ensemble de la société. 


Mme LUCIA ZACHARIÁŠOVÁ, Directrice de la Division pour l’égalité entre les sexes au Ministère du travail et des affaires sociales de la République tchèque, est intervenue sur la question de l’investissement public dans le rôle des femmes en tant qu’auxiliaires de vie.  Elle a indiqué qu’une loi antidiscrimination en matière d’emploi et de sécurité sociale est entrée en vigueur dans son pays en 2009, année au cours de laquelle le Comité pour la conciliation des vies professionnelle et familiale avait vu le jour.  Elle a également insisté sur l’importance de la participation de la société civile.  Un vaste réseau a par ailleurs été établi dans l’ensemble du pays pour appuyer la garde des enfants et aider les femmes à devenir des citoyennes à part entière.  Une ligue a également été lancée pour appuyer les hommes qui assurent des soins, tandis que le projet « Comment être papa? » vise à promouvoir la valeur de la paternité, tout en luttant contre la discrimination dont sont victimes les femmes sur le marché du travail.


La panéliste a ensuite expliqué qu’en République tchèque, le congé parental est de trois ans, l’un des plus longs de toute l’Europe.  Il peut cependant avoir un impact négatif sur la parité car, dans la majorité des cas, c’est la femme qui profite de ce qui a, ensuite, un impact négatif sur sa position sur le marché du travail, a-t-elle fait observer.  Mme Zachariášová a par ailleurs indiqué qu’un projet de loi, en cours d’élaboration, avait pour objectif de créer un système de garderies alternatives au sein des entreprises.  Elle a précisé que les entreprises qui décideront de prendre part à cette initiative bénéficieront d’une politique d’incitation fiscale.  Cette initiative permettra également de renforcer les liens entre employés et employeurs, a-t-elle ajouté.


Après les interventions de panélistes, plusieurs délégations ont énuméré les mesures prises pour garantir un meilleur partage des responsabilités entre les hommes et les femmes.  Beaucoup ont expliqué comment fonctionnait leur système de congé parental, avant d’interroger les experts sur les moyens de renforcer l’efficacité de cette mesure.


Dialogue interactif


En République de Corée, où les pères peuvent désormais prendre un congé de paternité, la durée de ce congé ne cesse d’augmenter, s’est réjouie la représentante de ce pays.  L’Ouganda a créé une commission chargée de l’égalité des chances et prévu, dans sa législation, le congé de paternité.  La représentante ougandaise a reconnu que les femmes assuraient elles-mêmes les soins de leur enfant.  Il est difficile, a-t-elle dit, de faire changer les choses dans une société patriarcale. 


La représentante de l’Italie a assuré que son pays s’était engagé à lutter contre la baisse du taux de fécondité, à augmenter les emplois pour les femmes et à encourager la participation des hommes aux tâches familiales.  Elle a notamment indiqué que des services de garderie d’enfants de haute qualité avaient été mis en place.  En outre, des audits familiaux visent à promouvoir des solutions mieux adaptées pour les familles.  Elle a aussi indiqué que le congé de paternité était obligatoire pour les pères.  L’expert de la Suède a fait remarquer que son pays connaissait un taux de naissances beaucoup plus élevé que dans la plupart des autres pays européens, ce qui est sans doute une conséquence de la politique de l’égalité entre les sexes.


La représentante du Burkina Faso a parlé des mesures prises dans son pays pour inciter les hommes à s’impliquer dans les soins domestiques.  Cela permet aussi aux femmes de recevoir des soins de santé, sans attendre l’autorisation de leur père ou de leur mari.  Une autre initiative appelée « L’école des maris » va être expérimentée au Burkina Faso, sur l’exemple de ce qui est fait au Mali.


Les femmes en Colombie consacrent 22 heures par semaine à des activités non rémunérées, contre 14 heures pour les hommes, a indiqué la représentante de ce pays.  Les différences sont encore plus importantes en zone rurale.  Nous essayons d’intégrer ces activités dans notre produit national brut (PNB) afin de les rendre plus visibles, a-t-elle assuré.


Aux Philippines, une formation avant le mariage est dispensée afin de promouvoir l’égalité des sexes, a indiqué la représentante de ce pays, avant d’ajouter que les familles bénéficiaient de divers services, financiers ou autres, comme la planification familiale. 


Après avoir rappelé que son pays avait récemment adopté une loi régissant le congé parental, la représentante de l’Australie a demandé des précisions sur les mécanismes qui permettent d’inciter les pères à prendre ce congé.  Il faut encourager le rôle de la paternité dans la famille, a renchéri la représentante du Mexique.  Lutter contre les stéréotypes est un moyen d’inciter les pères à prendre leur congé parental, a expliqué l’experte de la République tchèque.


La représentante du Kenya, dont le pays est bien avancé dans le domaine du congé parental, a demandé comment les pères utilisent leur congé de paternité en Suède.  L’expert suédois a répondu que si certains pères utilisent ce temps pour partir en vacances, la majorité l’utilise pour s’occuper des enfants.  En Allemagne, une étude a révélé que plus il y a d’enfants au foyer, plus les pères utilisent leur congé de paternité.  Mais ce sont surtout les jeunes pères qui le demandent. 


Intervenant au nom de la société civile, la représentante du Lobby des femmes européennes a parlé de l’impact des mesures d’austérité en temps de crise économique sur les femmes.  L’indépendance des femmes est compromise et leur pauvreté augmente, a-t-elle fait observer, en expliquant que les femmes devaient aussi supporter une charge plus lourde à la maison.  Les femmes se trouvent en outre limitées dans la recherche d’un emploi du fait de ces services et des soins qu’elles offrent à la maison.  À cet égard, l’experte de la République tchèque a reconnu la nécessité d’offrir plus facilement des modes de garde des enfants en âge préscolaire.


Comment se fait le contrôle de la qualité des soins apportés aux enfants, a enchaîné la représentante de la Confédération internationale des syndicats qui s’est montrée en faveur d’un congé parental neutre.  Les travailleurs ne doivent pas être sanctionnés s’ils choisissent de fournir des soins à la maison.  Inversement, ils doivent pouvoir accéder à des services de soins lorsqu’ils occupent un emploi.  Elle a aussi invité à faire le lien entre la violence au travail et dans la famille. 


L’expert suédois a lui aussi souligné la nécessité de la participation de la femme sur le marché du travail.  Il a plaidé en faveur d’un investissement à long terme dans l’égalité homme-femme.  Beaucoup d’hommes, a-t-il dit, s’opposent à l’égalité entre les sexes.  C’est pourquoi, il est important de mieux sensibiliser à cette question et de faire comprendre les avantages que représente cette égalité pour toute la société. 


Venue résumer ces interventions, Mme RENATA KACZMARSKA, Point focal sur la famille à la Division des politiques sociales du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a insisté sur l’importance d’élaborer de bons cadres juridiques et d’inclure la valeur des activités domestiques dans le PNB des pays.  Les cadres normatifs élaborés doivent déboucher sur l’adoption de politiques publiques de qualité, notamment en matière de congé de paternité et de système de garde d’enfant, a-t-elle ajouté.  Mme Kaczmarska a par ailleurs constaté que l’augmentation de la participation des femmes sur le marché du travail ne s’est pas traduite par une plus grande implication des hommes dans les tâches familiales.  Il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine, à commencer par l’utilisation du congé de paternité, a-t-elle estimé.  Mme Kaczmarska a également insisté sur l’importance des activités de sensibilisation et sur la participation des hommes à l’élaboration de politiques relatives à la conciliation des vies professionnelle et familiale.


Table ronde 5: Soins dispensés dans le contexte du VIH/sida, et reconnaître et apprécier la prestation de soins non rémunérés


M. FILIPPO CINTI (Italie), Vice-Président de la Commission de la condition de la femme, qui assurait le rôle de modérateur de la table ronde, a espéré que ce dialogue permettrait de formuler des recommandations en vue d’accomplir des progrès concrets en termes d’accès à la prévention du VIH, au traitement, aux soins et au soutien.  Il a appelé les délégations et les experts à partager les expériences en ce qui concerne l’accès aux soins de santé en matière de VIH/sida et les moyens d’alléger la responsabilité des femmes et des filles dans ce domaine.


Mme VIOLET SHIVUTSE, fondatrice et Directrice de Shibuye Community Health Workers, qui est le point focal de GROOTS Kenya, a présenté les efforts de plaidoyer et d’intervention des personnes assurant des services de soins au Kenya.  Elle a indiqué qu’une politique pour la rémunération des prestataires de soins avait été adoptée par le Gouvernement kényan dans le passé.  Cette politique avait toutefois provoqué une « fragmentation » du travail de ces personnes, permettant à certaines d’entre elles seulement d’être rémunérées.  Mme Shivutse a ensuite expliqué que les 17 000 prestataires de soins que compte le Kenya avaient créé une alliance afin de pouvoir parler d’une seule voix.  Le rôle de plaidoyer de cette alliance a notamment permis de veiller à ce qu’une dimension communautaire soit intégrée dans le plan stratégique de lutte contre le VIH/sida du Kenya.  Ceci a permis aux prestataires d’obtenir de petites subventions et d’être considérés comme des agents actifs et non pas comme de simples bénéficiaires du développement, s’est-elle félicitée.  Mme Shivutse a par ailleurs estimé que la prestation de soins contribuait à l’autonomisation des femmes et que cette question méritait donc d’être intégrée aux objectifs de développement durable post-2015.


Mme BABY RIVONA, Coordonnatrice nationale de Ikatan Perempuan Positif Indonesia (IPPI - Indonesian Positive Women Network), a fait part des progrès accomplis par l’Indonésie dans la prévention du VIH/sida et dans le traitement, les soins et le soutien apportés aux femmes vivant avec le VIH/sida.  Des études ont notamment été menées sur la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant, sur les enfants vivant avec le VIH/sida, ainsi que sur la violence à l’encontre des femmes vivant avec le VIH/sida.  IPPI a aussi lancé des campagnes de sensibilisation sur les problèmes des femmes vivant avec le VIH/sida.  « Nous participons également au processus d’établissement du rapport national que l’Indonésie présente au Comité sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes », a-t-elle ajouté.  Reconnaître le droit des femmes vivant avec le VIH/sida ne permet pas seulement de donner à ces femmes un accès aux soins, mais surtout de respecter tous les droits des femmes et de lutter contre la violence dirigée contre elles, a assuré Mme Rivona.  Soulignant le rôle important des groupes de femmes vivant avec le VIH/sida, elle a demandé aux gouvernements de leur offrir un appui financier.  Un projet de loi sur la parité a donné lieu à des débats très vifs car, a-t-elle fait remarquer, ce texte va à l’encontre de la culture indonésienne.  Mme Rivona, qui est elle-même atteinte du VIH/sida, a lancé un appel aux décideurs afin qu’ils fassent participer les femmes affectées par le VIH/sida aux consultations sur leurs futures décisions.


Dialogue interactif


Les échanges de vues qui ont suivi ces premières présentations ont notamment été l’occasion pour plusieurs délégations de souligner la nécessité d’une plus grande volonté politique pour alléger le fardeau des femmes assurant des soins.


« Les soins qui sont assurés par les femmes au foyer sont invisibles, banalisés et non valorisés », a regretté la représentante du Sénégal, qui a par ailleurs constaté que les femmes atteintes du VIH/sida étaient plus réceptives à l’idée de se voir prodiguer des soins.  C’est un moyen pour elles de protéger leurs enfants et de préserver leur famille.  La prise en compte effective de la dimension sexospécifique à toutes les étapes de la lutte contre le VIH/sida doit devenir une réalité, a-t-elle estimé, ce que la représentante de la Pologne a soutenu.


La représentante de la Société internationale du SIDA a, pour sa part, fait observer que de nombreuses femmes prestataires de soins sont également chefs de famille.  Son homologue du Rwanda a indiqué que plusieurs femmes atteintes du VIH/sida avaient mis sur pied une coopérative afin de subvenir aux besoins de leurs enfants.


Le Gouvernement du Burkina Faso, a indiqué sa représentante, a ouvert plusieurs centres de soins pour les personnes atteintes du VIH/sida.  Il existe également des agents de santé communautaire qui servent de lien entre les malades et la communauté.  N’étant pas rémunérées, ces personnes jettent souvent l’éponge, a-t-elle regretté.


En la matière, la panéliste de Shibuye Community Health Workers a fait observer que bien souvent ce ne sont pas les malades, mais les prestataires de soins qui comptent parmi les personnes les plus défavorisées d’une communauté.


À son tour, la représentante de l’Union européenne a insisté sur des efforts permettant d’atténuer le fardeau imposé aux femmes prestataires de soins.  Il faut envisager de rémunérer la prestation de soins mais également réfléchir au moyen d’impliquer davantage les hommes, a-t-elle estimé.


Le représentant du Maroc a indiqué que dans son pays, les ONG assuraient une grande partie du suivi psychologique des personnes atteintes du VIH/sida.  Pour sa part, son homologue de l’Équateur a précisé que son gouvernement assurait la gratuité des soins prodigués aux personnes atteintes du VIH/sida.


Existe-t-il des médicaments abordables dans les pays en développement qui permettraient de soulager le fardeau des femmes prestataires de soins? a demandé, à son tour, la représentante du Soudan.  « Le seul véritable traitement c’est la prévention », a rappelé la panéliste de l’Indonesian Positive Women Network.


La représentante de la République démocratique du Congo (RDC) s’est par ailleurs inquiétée des violences qui sont parfois infligées aux personnes atteintes du VIH/sida.  Certains maris ne comprennent pas qu’il peut y avoir des couples « sérodifférents » et que leurs épouses sont donc libres de suivre un traitement, a-t-elle fait remarquer.  Au Brésil, a indiqué son représentant, une coalition parlementaire d’hommes a été formée pour lutter contre la violence faite aux femmes atteintes du VIH/sida.


Intervenant au nom des pays nordiques, la représentante de la Finlande a souligné l’importance de respecter les droits des malades, notamment ceux des migrants.  Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a-t-elle dit, plus de 72% des soins prodigués aux personnes atteintes du VIH/sida sont assurés à la maison. 


Mme JANTINE JACOBI, Directrice de la Division pour l’égalité entre les sexes au Secrétariat d’ONUSIDA, résumant la discussion, a fait remarquer que les patients atteints du VIH/sida préfèrent rester chez eux.  L’échange de vues a soulevé les problèmes de marginalisation et de stigmatisation qui persistent dans ce domaine, a-t-elle noté.  Mme Jacobi a aussi relevé que les systèmes nationaux ne sont pas toujours ouverts à tous les groupes, en particulier les migrants.  Les gouvernements, outre leur responsabilité de s’attaquer aux causes premières du VIH comme la pauvreté, doivent prendre des mesures visant à réduire les coûts des traitements.  On pourrait aussi parler du rôle des hommes, a-t-elle ajouté.  Elle a souligné la nécessité d’améliorer les conditions de vie des personnes qui soignent les malades à la maison, en leur assurant par exemple une rémunération.  Mme Jacobi a aussi noté que les délégations avaient insisté sur l’importance de l’autonomisation économique et politique des femmes vivant avec le VIH/sida, ainsi que sur la nécessité de lutter contre les inégalités sexuelles.  La discussion de cet après-midi, a-t-elle remarqué, n’a pas mentionné le cas des personnes âgées qui apportent des soins à des malades ou qui bénéficient de soins.


M. FRANCISCO GUILLÉN MARTÍN, Directeur adjoint de la Division des comptes nationaux au Bureau national des statistiques et de géographie du Mexique (INEGI), a fait un exposé sur les « comptes satellites » relatifs aux prestations de soins non rémunérées au Mexique, c’est-à-dire les soins et le soutien fournis à la maison.  Une part du travail non rémunéré est consacrée aux soins de santé et s’ajoute aux soins hospitaliers payants, a-t-il fait observer.  Le Bureau national des statistiques et de géographie du Mexique s’est interrogé sur le coût de ce travail pour les foyers et pour le marché.  M. Martín a indiqué que 34,1% des heures passées à accomplir un travail non rémunéré sont consacrées à l’alimentation, tandis que 16,4% de ce temps sont consacrées aux soins.  Les soins de santé non rémunérés représentent 1% du produit intérieur brut (PIB) au Mexique, a-t-il ajouté.  Ces soins sont répartis en trois catégories: les soins aux malades temporaires, les soins aux malades chroniques et les soins aux personnes handicapées physiques ou mentales.  M. Martín a aussi précisé que, selon les études réalisées, 3 malades du VIH/sida sur 10 seulement obtiennent des soins, que ce soit en milieu hospitalier ou à domicile.


Mme SOUAD TRIKI, économiste tunisienne et experte sur les questions de genre et de développement, conférencière à la retraite de l’Université de la Tunisie, a expliqué comment les données recueillies dans un sondage de 2005 avaient été utilisées pour traduire les politiques publiques tunisiennes en mesures concrètes.  Elle a précisé que cette enquête avait mis en évidence le temps consacré par les femmes à des travaux productifs et aux soins prodigués à la maison.  Cette étude a également révélé que la productivité agricole des femmes était bien plus élevée que celle des hommes.  Mme Triki a précisé que les femmes consacrent ainsi 8 fois plus de temps que les hommes à l’éducation et aux soins des enfants et autres personnes à charge, en précisant que la charge la plus importante revenait aux femmes mariées.  La panéliste a ensuite indiqué que les résultats de cette enquête avaient permis au Gouvernement tunisien d’intégrer une dimension sexospécifique à de nombreuses politiques nationales.  Toutefois, le manque de volonté politique, la fin du règne du « régime Ben Ali » et le vide institutionnel que connaît actuellement la Tunisie, ont créé une quantité de défis de taille.  En outre, l’aggravation de l’autoritarisme de l’État a bloqué toute initiative en matière d’intégration du genre, a déploré Mme Triki.  La panéliste a par ailleurs évoqué les défis liés au vieillissement de la population, lequel donne lieu à une augmentation du nombre de personnes à charge.  Elle a ensuite estimé que les enquêtes sur l’« emploi du temps » méritent d’être lancées à intervalles réguliers.


Dialogue interactif


L’échange de vues qui a suivi les interventions des panelistes a été centré sur les moyens d’évaluer et de tenir compte du travail non rémunéré des femmes dans le contexte du VIH/sida.


Pour répondre à une question de la délégation de l’Italie sur l’existence d’une méthode internationale commune pour évaluer le travail non rémunéré, le panéliste du Mexique a expliqué la méthode qui consiste à comptabiliser les heures en multipliant le chiffre ainsi obtenu par la rémunération moyenne d’une personne travaillant à domicile.  Le niveau de spécialisation est apprécié en fonction de la condition physique du patient, a-t-il ajouté.  Il a aussi indiqué que chaque « micro-donnée » est analysée et évaluée en fonction de son caractère représentatif, afin d’éviter des erreurs.


L’économiste tunisienne a indiqué que le travail non rémunéré des Tunisiennes avait été évalué en 2005 et représentait 47,3% du PIB cette même année.  « Nous avons utilisé la même méthode que celle de l’expert mexicain -méthode de « l’input »-, mais une autre méthode est possible -celle de « l’output »- qui mesure la production non marchande des foyers en essayant de leur affecter les prix du marché.  Elle a aussi parlé des enquêtes « emploi du temps » utilisées dans les procédures de divorce au Canada pour apprécier la valeur économique du travail effectué par les femmes dans les foyers.


La représentante de la Colombie, soulignant l’importance du recueil des données sur le travail non rémunéré, a voulu savoir comment ces données étaient utilisées pour guider les décisions politiques.  L’Institut national des femmes du Mexique en tient compte dans les formations qu’il dispense, a répondu l’expert du Mexique


De son côté, la représentante de la Suisse a invité à tenir compte du fait que le travail non rémunéré prive les femmes de couverture sociale.  La représentante du Kenya a soulevé le cas des femmes vulnérables autres que les personnes handicapées, comme les femmes vivant avec le VIH/sida qui s’occupent de malades du sida.


La représentante de l’Institut international du développement social de l’Inde a présenté les mesures de sensibilisation sur le VIH/sida qu’elle a prises dans les zones rurales et tribales.  L’Institut a contribué à réduire les stéréotypes concernant la maladie, à fournir des soins aux patients et à l’autonomisation des filles et des femmes, a-t-elle ajouté.


Concluant la discussion, Mme PAZ LOPEZ, Conseillère technique de UN Women Mexico, a souhaité que le travail non rémunéré des femmes devienne plus visible.  Elle a fait remarquer que les enquêtes sur cette question n’étaient pas menées régulièrement, ce qui ne permet pas de disposer de données fiables.  En outre, elles ne tiennent pas toujours compte du facteur inégalité, comme le handicap, a-t-elle ajouté.  Mme Lopez a salué les efforts entrepris en Amérique latine où 19 pays ont établi des systèmes d’évaluation par le biais d’enquêtes et de questionnaires.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Éliminer les mutilations génitales féminines et combattre la traite des femmes sont des objectifs de prévention de la violence aux femmes et aux filles, insistent les délégations

FEM/1949

Éliminer les mutilations génitales féminines et combattre la traite des femmes sont des objectifs de prévention de la violence aux femmes et aux filles, insistent les délégations

11/03/2013
Assemblée généraleFEM/1949
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la condition de la femme

Cinquante-septième session

9e & 10e séances – matin & après-midi


ÉLIMINER LES MUTILATIONS GÉNITALES FÉMININES ET COMBATTRE LA TRAITE DES FEMMES SONT DES OBJECTIFS

DE PRÉVENTION DE LA VIOLENCE AUX FEMMES ET AUX FILLES, INSISTENT LES DÉLÉGATIONS


Deux expertes de l’ONU partagent leur expérience dans la lutte contre la traite

des femmes et des filles et contre la discrimination à l’égard des femmes dans le droit et la pratique


Les efforts menés pour prévenir et éliminer la pratique nuisible des mutilations génitales féminines et pour combattre la traite des femmes et des filles étaient, aujourd’hui, au centre du débat général à la Commission de la condition de la femme qui entame sa deuxième semaine de session.  Plus de 60 intervenants -représentants d’États Membres, d’organisations internationales, d’institutions du système des Nations Unies et d’organisations non gouvernementales– se sont exprimés sur les moyens de prévention de la violence à l’encontre des femmes et des filles, thème prioritaire de cette cinquante-septième session de la Commission.


L’adoption par consensus, le 20 décembre 2012, par l’Assemblée générale des Nations Unies de la résolution sur l’intensification de l’action mondiale visant à éliminer les mutilations génitales féminines a été saluée par la Ministre de la promotion de la femme et du genre du Burkina Faso, Mme Nestorine Sangaré/Compaoré.  Cette résolution, qui est la première à avoir été adoptée sur la question, appelle les États à condamner ces pratiques, à lutter contre l’impunité et à lancer des campagnes d’éducation pour les combattre.  La Ministre a assuré que son gouvernement avait adopté des mesures pour éliminer l’excision.


D’autres délégations ont expliqué comment leurs pays avaient progressé dans ce domaine, comme la Ministre des services sociaux du Kenya, Mme Naomi Shaban.  Son pays, où 27,1% des femmes subissent encore cette pratique, enregistre aujourd’hui des progrès dans la mise en œuvre des mesures prises pour l’éradiquer.  Le Togo a promulgué une loi en 2012 interdisant les mutilations génitales féminines, a assuré, pour sa part, laMinistre de la promotion de la femme du Togo,Mme Ayawavi Djigbode Dagban-Zonvide.


Dénonçant la persistance des mutilations génitales féminines comme une « pratique culturelle archaïque », le représentant de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) s’est félicité d’une prise de conscience croissante à ce sujet dans le monde musulman.  La seconde Conférence islamique des ministres chargés des droits de l’enfant, qui s’était déroulée à Khartoum en 2009, a souligné que les mutilations génitales féminines sont une violation des droits des femmes et des filles.  Outre ces mutilations, a-t-il ajouté, les mariages d’enfants et la violence à l’encontre des femmes sont souvent, de manière erronée, associés à des traditions musulmanes.  Il a appelé à faire une distinction claire entre ces pratiques traditionnelles et la religion.


La traite des êtres humains, autre forme de violence subie par les femmes et les filles, a été largement évoquée au cours de ce débat général, en particulier sous l’angle de la prévention.  La représentante du Bélarus a souligné que 75% des victimes de la traite étaient des femmes et des filles.  La Rapporteure spéciale sur la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants, Mme Joy Ngozi Ezeilo, a expliqué que la prévention de la traite passait par la lutte contre ses causes premières, la lutte contre la demande et la promotion d’une migration sûre.  Elle a insisté sur la sensibilisation du public et la participation des victimes à l’élaboration de mesures de prévention de ce fléau. 


Une réunion sur la traite des personnes aura lieu, le 13 mai prochain, au Siège des Nations Unies, a rappelé la représentante du Bélarus, pays membre du Groupe d’amis unis contre la traite des êtres humains.  Ce sera une occasion pour ONU-Femmes et pour tous ceux qui œuvrent en faveur de la promotion de la condition de la femme de s’engager encore plus activement pour la lutte contre la traite des femmes, a-t-elle lancé.  Cette question a été intégrée au nouveau plan national pour le développement, a assuré la représentante du Bélarus, tandis que celui du Myanmar précisait que son pays avait adopté une loi et un plan d’action triennal pour lutter contre la traite des personnes. 


Le représentant de l’Ukraine a souligné, quant à lui, l’importance des lignes téléphoniques « SOS » pour victimes d’abus, de viols et de traite des personnes qui existent désormais dans son pays.  Son homologue de la République de Moldova a indiqué que des centres avaient été créés dans le pays pour répondre aux besoins des victimes de la traite.  De son côté, la représentante de la Malaisie a présenté les campagnes de sensibilisation menées dans son pays sur les droits des femmes, en particulier en cas d’exploitation et de traite.


À un autre niveau, la Vice-Présidente du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes dans le droit et dans la pratique, Mme Frances Raday, a fait observer que les femmes exerçant un rôle politique devenaient souvent la cible d’actes de violence, car, a-t-elle fait remarquer, elles menacent les structures du pouvoir établies par les hommes.  La Vice-Présidente a notamment évoqué les abus dont sont victimes, dans certaines régions, les femmes candidates, les dirigeants politiques ou les défenseurs des droits de l’homme.  Si la violence contre les femmes militantes s’est particulièrement faite ressentir lors de la transition politique dans certains pays en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, elle a salué la législation des pays d’Amérique latine qui interdit le harcèlement et la violence à l’encontre des femmes candidates.


La Commission de la condition de la femme organisera demain, mardi 12 mars, deux tables rondes.  La première, intitulée « Normes et stéréotypes sexistes, socialisation et inégalité des rapports de pouvoir; et partage et conciliation des tâches professionnelles et familiales », se réunira à 10 heures.  La deuxième, qui aura pour thème « Les soins dispensés dans le contexte du VIH/sida et la nécessité de reconnaître et d’apprécier la prestation de soins non rémunérés », aura lieu à 15 heures.


SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »


Suite du débat général


Mme NESTORINE SANGARÉ/COMPAORÉ, Ministre de la promotion de la femme et du genre du Burkina Faso, a regretté que les sociétés tolèrent les violences à l’encontre des femmes et qu’elles ne sanctionnent pas assez les auteurs de ces actes.  Elle a cependant exprimé l’espoir de voir ce phénomène éradiqué, en appelant la communauté internationale à prendre la mesure de la gravité et de réaffirmer les engagements pris pour l’éliminer.  La Ministre a salué l’adoption par l’Assemblée générale, le 20 décembre 2012, de la résolution visant à intensifier l’action mondiale pour éliminer les mutilations génitales féminines.  Dans la lutte contre la violence à l’encontre des femmes, le Burkina Faso, a-t-elle poursuivi, agit tout d’abord sur les plans politique et juridique. 


Le Gouvernement a présenté, en 2010, son sixième rapport national sur la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Il a aussi adopté une politique nationale du genre, ainsi que des mesures de lutte contre l’excision.  En ce qui concerne la gouvernance économique, le Gouvernement du Burkina Faso s’est engagé à prendre des mesures fortes pour réduire les inégalités liées au genre.  Il a ainsi établi un programme spécial d’emploi des jeunes et des femmes.  Un autre programme sur l’autonomisation économique et l’entreprenariat féminin sera mis en œuvre en 2013, a ajouté la Ministre, en précisant que ces mesures étaient menées en collaboration avec la société civile.  Cependant, il existe encore des obstacles aux efforts, entrepris, a-t-elle fait remarquer, en citant la pauvreté et la montée des extrémismes religieux.  C’est pourquoi, le Gouvernement a mis l’accent sur l’intégration du genre dans les politiques publiques, a-t-elle indiqué.


Mme MARIA ANTONIETA BOTTO DE FERNANDEZ, Ministre des affaires féminines du Honduras, a indiqué que son pays a adopté un plan d’action national pour la période 2010-2020.  En outre, il a réalisé diverses initiatives pour la promotion de la femme dans la société, notamment en encourageant la participation des femmes à la vie publique et politique et en adoptant un projet consacré à l’élimination de la violence à l’égard des femmes.  Au plan juridique, le Code pénal a été amendé et un plan national contre la violence à l’égard des femmes a été établi pour répondre à l’objectif national de bannir la violence dans la société. 


M. BADRI PRASAD NUEPANE, Ministre des femmes, de l’enfance et du bien-être social du Népal, a indiqué que la Constitution de son pays garantit l’égalité entre les hommes et les femmes.  Cette égalité ne pourra être réalisée de manière effective que lorsque les droits à la santé procréative seront pleinement reconnus, a-t-il affirmé, en expliquant pourquoi son pays s’efforçait d’augmenter le nombre de services fournis dans ce domaine.  Le Népal a adopté un plan d’action sur l’autonomisation des femmes et un autre sur la violence faite aux femmes, a-t-il ajouté.  Parmi les autres mesures prises en faveur des femmes, le Gouvernement a créé un centre de crise pour protéger les victimes de cette violence, et promulgué, en 2009, la loi sur la violence conjugale, a assuré le Ministre.  Il a aussi parlé des services spécialisés mis en place en faveur des femmes migrantes.  Le Népal, a rappelé le Ministre, a été un des premiers pays de sa région à avoir élaboré un plan d’action national en application de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  Le Népal s’était aussi engagé à mettre en œuvre le Programme d’action de Beijing.  Avant de conclure, le Ministre a appuyé les efforts de la Commission de la condition de la femme visant, à l’issue de la session en cours, à adopter un document final axé sur l’avenir.


Mme NAOMI SHABAN, Ministre des services sociaux du Kenya, a indiqué qu’une femme sur cinq dans son pays, parmi les groupes d’âge de 15 à 49 ans, était victime des violences, qui revêtent, a-t-elle dit, différentes formes.  Bien que les mutilations génitales féminines soient encore largement pratiquées, avec un taux de 27,1%, on note cependant une légère baisse.  Diverses mesures ont été prises pour renforcer l’arsenal juridique en vigueur en matière de lutte contre les violences à l’encontre des femmes, qu’elles soient commises au sein de la famille ou dans un espace public.  Les lois sur le mariage, la violence conjugale, les mutilations génitales féminines, et la lutte contre la traite des personnes ont été renforcées, a assuré la Ministre. 


Des mesures axées particulièrement sur l’égalité entre les hommes et les femmes ainsi que sur la lutte contre le VIH/sida ont aussi été prises, et des ressources adéquates ont été allouées au titre du budget national pour les mettre en œuvre.  En outre, des centres d’accueil pour les victimes de la violence, des cliniques de soins, des numéros verts et des formations pour la police pour lui permettre de mieux répondre à ce fléau ont été mis en place.  L’élimination de la violence reste néanmoins un défi.  Le Gouvernement du Népal estime qu’il est nécessaire de prendre de nouvelles mesures pour actualiser les données en la matière.


Mme AYAWAVI DJIGBODE DAGBAN-ZONVIDE, Ministre de la promotion de la femme du Togo, a recensé tous les efforts déployés par son pays depuis 1975 pour réaliser les objectifs fixés en matière d’égalité des sexes, mentionnant notamment la mise en place d’un cadre institutionnel de lutte contre les violences basées sur le genre.  Elle a signalé que 13 centres d’écoute avaient été créés dans le pays, afin de répondre à la violence à l’encontre des femmes.  En 2012, a-t-elle ajouté, 263 femmes victimes de cette violence ont été prises en charge et les auteurs des violences ont été sanctionnés.  Les actions des organisations de la société civile contribuent à renforcer les mesures prises par le Gouvernement, a assuré la Ministre.  Elle a également mentionné la loi du 16 novembre 2012 qui interdit les mutilations génitales féminines.  Outre la Constitution du Togo qui consacre l’égalité des sexes, la Ministre a indiqué que le Code de la famille de 1980 avait été révisé en ce sens en 2012, de même que le code pénal dont les dispositions répriment désormais le harcèlement sexuel et la violence conjugale.  La Ministre a ensuite parlé de la Stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre, adoptée en 2008 et révisée en 2012.  En ce qui concerne les actions de proximité, elle a indiqué qu’une fête nationale d’abandon de l’excision avait conduit nombre d’exciseuses à abandonner leur pratique.  Le Gouvernement du Togo a aussi mené des enquêtes sur les différentes formes de violence aux femmes, qu’elles soient psychomorale, économique, physique ou institutionnelle.


Mme SHIRIN SHARMIN, Ministre des affaires de la femme et des enfants du Bangladesh, a fait remarquer que les violences à l’égard des femmes constituaient un obstacle majeur pour le développement.  La lutte contre les violences à l’encontre des femmes nécessite à la fois un cadre juridique efficace et des mesures de sensibilisation, de mobilisation des ressources et des formations à l’intention du personnel du secteur judiciaire et de la police.  Les efforts doivent aussi être coordonnés, notamment en matière d’éducation sur les droits de l’homme et de l’égalité entre les hommes et les femmes, qui reste très importante.  Au Bangladesh, des mesures ont été prises comme la création des centres de prise en charge des femmes victimes de violence.  Le Bangladesh participe à l’initiative UNITE pour redoubler d’efforts dans la lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles.


Mme BAHIYA JAWAD AL-JISHI, Vice-présidente de la Haute Chambre du Parlement et membre du Conseil suprême de la femme, a souligné que la formation des femmes était une priorité essentielle dans son pays.  Le Bahreïn a adhéré à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes en 2002, et le Comité compétent dans ce domaine a passé en revue toutes les lois en vue d’identifier les dispositions discriminatoires à l’égard des femmes.  Le Parlement examine aussi la législation nationale en vue de mieux protéger les victimes de la violence à l’encontre des femmes et des filles.  En outre, le Ministère de l’éducation procède actuellement à la révision des programmes scolaires pour sensibiliser les enfants à la question de la parité, a assuré la Ministre. 


Mme Al-Jishi a aussi indiqué qu’un prix est décerné tous les deux ans à une institution privée qui excelle dans le domaine de la lutte contre la violence à l’encontre des femmes et qui œuvre en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes.  Le Gouvernement de Bahreïn déploie aussi beaucoup d’efforts pour donner aux femmes les compétences nécessaires afin de leur permettre de réagir face à la violence et de plaider elles-mêmes en faveur de leurs droits.  L’indépendance sociale et économique des femmes est en outre essentielle à la prévention de la violence à leur encontre, a souligné la Ministre, avant de signaler les campagnes menées par son gouvernement pour sensibiliser le public. 


Mme RASHID NAUBETOV, Secrétaire de la Commission nationale des politiques familiales et démographiques du Kazakhstan, a déclaré que le Kazakhstan était le premier pays des membres de la Communauté des États indépendants (CEI) à lancer une initiative nationale en faveur des femmes.  « Plus les femmes participent au processus de prise de décisions, plus la qualité des décisions prises est meilleure », avait déclaré le Président du Kazakhstan qui fait de la lutte pour la parité l’axe central de sa politique de promotion de la femme, a-t-elle assuré.  Le Kazakhstan est le 35 pays sur 135, à avoir créé un centre contre les violences à l’encontre des femmes et avoir adopté une politique vigoureuse en faveur des femmes. 


En 2002, le Gouvernement a promulgué une loi pour aider les femmes qui créent une entreprise.  La contribution des femmes à la vie économique du pays est estimée à 40%.  Toujours en 2002, on a enregistré une augmentation de 4% du nombre des femmes parlementaires.  Elles occupent aussi 11% des postes dans les services publics.  Un plan d’action national pour la promotion des femmes au processus de prise de décisions a également été adopté.  En février 2013, trois femmes ont été nommés à des postes politiques.  Le réseau national des femmes dans le pays comprend 78 ONG, a précisé la représentante.


Mme ANTONINA MIKO MIKUE (Guinée équatoriale) a rappelé que son pays avait ratifié la quasi-totalité des instruments internationaux et régionaux en matière de lutte contre la violence à l’encontre des femmes.  Son pays, a-t-elle assuré, travaille actuellement à l’harmonisation de ces instruments avec sa législation nationale.  Elle a également indiqué que le poste de Secrétaire d’État pour la condition de la femme avait été promu en poste de Ministre de la femme.  Le pays s’est également doté d’un plan d’action national pour promouvoir l’égalité entre les sexes à tous les niveaux.  La représentante a également mentionné la création de tribunaux pour les affaires familiales et les infractions commises par des mineurs, qui sont notamment compétents pour connaître des questions de mariages précoces et traditionnels. 


Mme Mikue a indiqué que le Parlement examinait actuellement un projet de loi sur la protection des femmes et des filles contre la violence.  Ce texte prévoit, entre autres, la mise en place de foyers d’accueil pour les victimes d’actes de violence, a précisé la représentante.  Elle a également rappelé que son gouvernement avait lancé, en 2011, une étude sur la violence domestique, dans le cadre d’une recherche plus large sur la démographie et la santé.  Il ressort de cette étude que ce phénomène reste largement répandu en Guinée équatoriale.  Pour lutter contre la violence, le Ministère de l’éducation a lancé un programme à l’intention des enseignants des cycles primaire et secondaire sur tous les aspects ayant trait aux droits de l’homme dans le contexte de la vie familiale.  Concrètement, ce programme contribue à la sensibilisation des élèves à ces questions, a-t-elle expliqué.


Mme YVONNE TOWIKROMO, Directrice du Bureau national pour la politique du genre au sein du Ministère des affaires domestiques du Suriname, a indiqué que son gouvernement avait adopté une stratégie multidimensionnelle pour garantir aux femmes la jouissance de leurs droits.  Ainsi, une nouvelle loi a fait du viol conjugal et de la violence au sein des familles des délits.  Un projet de loi sur le harcèlement sexuel sur le lieu de travail est actuellement à l’examen, a-t-elle ajouté.  En ce qui concerne la sensibilisation, la représentante a indiqué qu’un concours de rédaction sur la fin de la violence à l’encontre des femmes avait été organisé et des émissions télévisées permettent à des autorités religieuses de s’exprimer sur la violence à l’encontre des femmes.  Le Gouvernement du Suriname travaille à l’élaboration d’une politique intégrée sur la violence dans les familles, a-t-elle ajouté. 


Mme Towikromo a souligné que la sensibilisation des hommes et des garçons était la meilleure arme pour lutter efficacement contre la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Une organisation non gouvernementale du Suriname, « Des hommes rencontrent des hommes », œuvre en ce sens.  Le Suriname estime que l’appui aux victimes et aux survivants doit faire l’objet d’une stratégie complète.  Un bureau d’aide aux victimes a ainsi été créé, qui fournit des services de santé et des conseils juridiques, et une ligne téléphonique pour les victimes a été mise en place, a assuré Mme Towikromo.  En outre, des arrangements ont été pris pour faciliter le témoignage des enfants.  Mme Towikromo a émis l’espoir que le document final de la présente session de la Commission de la condition de la femme mettra l’accent sur des actions concrètes permettant d’éliminer la violence à l’encontre des femmes et des filles.


M. CARLOS ENRIQUE GARCÍA GONZÁLEZ (El Salvador) a indiqué que son gouvernement avait consenti de nombreux efforts en vue de réduire les violences à l’égard des femmes.  La situation des femmes salvadoriennes est critique, a-t-il reconnu, en faisant remarquer qu’en 2012, le pays avait enregistré une augmentation des cas de violences sexuelles à raison de 225 cas par mois en moyenne.  La traite des femmes est aussi en évolution constante, a-t-il dit.  C’est pourquoi, le Gouvernement a promulgué une loi spéciale visant à éliminer la violence.  Cette loi, a-t-il précisé, prévoit des mesures de prévention plus fermes.  Les femmes doivent aussi jouer leur rôle de citoyennes, a estimé le représentant.  En outre, le Gouvernement d’El Salvador a adopté une politique axée sur l’émancipation économique, la santé sexuelle des femmes, la prise en charge des violences sexistes et la promotion des droits des femmes, a-t-il indiqué.  La coordination est le mot clef et la justice a un rôle important à jouer dans ces efforts, a souligné M. Gonzalez avant de conclure.  


Mme GRETA GUNNARSDÓTTIR (Islande) a demandé aux États qui ont émis des réserves à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes de les retirer sans tarder.  L’élimination de la violence à l’encontre des femmes et des filles doit être la priorité des gouvernements, a-t-elle demandé, en mettant l’accent sur la violence domestique.  L’Islande a autorisé la police à expulser l’auteur d’une telle violence de chez lui et de prendre des mesures d’éloignement, a-t-elle indiqué, en regrettant que ce système ne soit pas assez utilisé.  Les hommes et les garçons doivent devenir des agents du changement car ils ont une responsabilité dans ce domaine, a estimé la représentante.  Il faut accuser les auteurs des violences et non pas les victimes des actes de violence, a-t-elle insisté, en dénonçant l’impunité dans ce domaine. 


Mme Gunnarsdóttir s’est aussi dite très préoccupée par la violence à l’encontre des femmes et des filles dans des situations de conflit, comme en République démocratique du Congo et en Syrie.  Elle a appelé à la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  L’Islande, a-t-elle assuré, a axé ses efforts sur l’éducation sexuelle de manière globale et l’autonomisation des jeunes.  Une campagne a été lancée dans les écoles pour mettre en pratique le droit des jeunes de décider librement des questions concernant leur santé sexuelle et génésique.  Elle a cependant déploré une violence accrue des jeunes par le biais d’Internet à laquelle le Gouvernement tente de répondre en se réservant la possibilité de restreindre la diffusion en ligne d’une pornographie humiliante. 


Mme IRINA VELICHKO (Bélarus) a mis l’accent sur la traite des femmes, en dénonçant les mesures administratives qui l’encouragent dans certains pays.   Elle a rappelé que 75% des victimes de ces trafics dans le monde étaient des femmes et des filles.  ONU-Femmes et les ONG internationales et nationales doivent axer davantage leurs efforts à la lutte contre la traite des femmes et des filles, a estimé la représentante.  Le Bélarus, a-t-elle indiqué, a intégré cette question dans son nouveau plan national.  Rappelant qu’une réunion sur la traite des personnes aura lieu, le 13 mai prochain, au Siège des Nations Unies, la représentante a émis l’espoir que ce sera une occasion pour ONU-Femmes et pour tous ceux qui œuvrent pour la promotion de la condition de la femme de s’engager encore plus en faveur de la lutte contre la traite des femmes.


M. JOSEPH GODDARD (Barbade) a assuré que son gouvernement avait fait de l’autonomisation des femmes une priorité.  Il a indiqué que la Barbade révisait actuellement sa loi sur la violence conjugale en vue d’y intégrer de nouvelles mesures sur la protection des femmes.  L’institution nationale chargée des questions de l’égalité entre les hommes et les femmes travaille sur l’élaboration d’un protocole d’intervention en cas de violence conjugale, a-t-il aussi indiqué.  « La violence à l’encontre des femmes et des filles ne sera pas tolérée et il n’y aura pas d’impunité pour les auteurs de cette violence », est le message clair adressé par le Gouvernement de la Barbade, a assuré le représentant.  Reconnaissant aussi la contribution importante de la société civile dans ce domaine, il a parlé d’une manifestation, organisée chaque année, pour sensibiliser sur ces questions.  Il a aussi mentionné la campagne « Ruban blanc » qui permet aux femmes et aux hommes de s’élever publiquement contre la violence à l’encontre des femmes et des filles.  En outre, un centre d’accueil qui fournit un soutien psychosocial aux victimes de cette violence a été créé.


M. EDUARDO ULIBARRI (Costa Rica) a souhaité qu’au terme de ce débat, la Commission de la condition de la femme soit en mesure d’adopter une résolution qui appelle au renforcement des droits des femmes.  « Nous devons lancer, en 2014, une réflexion sur les défis restant à relever en matière de violence à l’encontre des femmes tant dans un lieu public qu’à la maison », a-t-il proposé.  Le Costa Rica a déployé une série de mesures pour la promotion de la femme, notamment en matière de prévention, de prise en charge, d’éducation et de formation.  Le Costa Rica a connu une nette diminution des « féminicides » au cours de ces dernières années, a-t-il indiqué mais les violences sur les femmes liées aux trafics de drogue restent critiques et sont devenues la principale cause de détention des femmes dans le pays, a révélé M. Ulibarri.


M. KYAW TIN (Myanmar) a assuré que les femmes jouissaient d’une égalité de droit et de fait dans son pays.  Au cours du processus de transition vers une démocratie pacifique, le Gouvernement a pris des mesures visant à mieux protéger les femmes, a-t-il indiqué.  Le Gouvernement a redoublé d’efforts pour lutter contre la discrimination et la violence à l’encontre des femmes en mettant en œuvre les dispositions de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Il se prépare par ailleurs à présenter les quatrième et cinquième rapports périodiques en application de cette Convention, a fait remarquer le représentant.  M. Tin a assuré que son pays œuvrait pour mettre fin aux inégalités qui existent entre les hommes et les femmes.  La meilleure façon de garantir la protection des femmes et des enfants dans les conflits armés est de mettre un terme au conflit, a-t-il fait remarquer, en donnant l’exemple de son pays qui a mis fin au conflit avec presque tous les groupes armés.  Le Myanmar collabore avec les pays voisins pour mettre un terme à l’exploitation sexuelle.  Le représentant a aussi parlé d’une loi et du plan d’action triennal que son pays a adoptés pour lutter contre la traite des personnes.


M. HAMID AL BAYATI (Iraq) a expliqué que les quatre dernières décennies de guerre, de violence, de terrorisme et de sanctions économiques en Iraq avaient donné lieu à une flambée de la violence dont sont également victimes les femmes, notamment dans la région du Kurdistan.  La nouvelle Constitution iraquienne, en vertu de son article 29, garantit la protection de la famille, y compris la protection contre la violence.  Les dispositions de l’article 29, a-t-il précisé, constituent une base juridique pour la protection de la maternité, de l’enfance, des personnes âgées et des jeunes. 


En 2009, le Comité de protection de la famille a été mis en place, présidé par le Ministère d’État pour les questions relatives à la femme, a rappelé le représentant, en faisant remarquer que 16 institutions provinciales chargées de la protection de la famille relèvent du Ministère de l’intérieur.  De son côté, le Ministère de la femme a présenté au Parlement un projet de loi sur la protection des femmes contre toute forme de violence ainsi que des propositions d’amendements du Code pénal iraquien, a assuré M. Al Bayati.  En ce qui concerne le Kurdistan, le représentant a affirmé que des institutions avaient été mises en place pour combattre la violence à l’encontre des femmes comme le Haut Conseil pour les affaires de la femme et le Conseil de suivi des droits de la femme.


« Nous devons porter un regard juste, égalitaire, tolérant et respectueux, empreint de notre détermination à adopter et appliquer une politique de tolérance zéro à l’égard de toutes les formes de violence faite aux femmes et aux filles, y compris celles exercées en temps de crise ou de conflit comme arme de guerre », a souligné Mme ISABELLE PICCO (Monaco).  C’est ainsi que le Gouvernement de Monaco adhère au Plan d’action francophone, qui traduit l’engagement ferme des pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) auprès d’ONU-Femmes, a-t-elle précisé. 


Mme Picco a fait remarquer que les chefs d’État et de gouvernement de l’OIF, réunis à Kinshasa en octobre dernier, avaient réaffirmé et renforcé leur volonté de parvenir à la pleine et égale participation des femmes à la vie politique, économique, sociale et culturelle des États, notamment par le biais de l’égalité d’accès à l’éducation et à l’emploi.  « L’éducation et l’emploi sont des moyens essentiels pour que nous parvenions ensemble à définir une approche globale et systématique de lutte contre toute violence sexiste », a-t-elle insisté.  Elle a également mis l’accent sur la nécessité de promouvoir la prévention, la sensibilisation et la mobilisation de tous, en particulier des hommes, des jeunes garçons et des chefs religieux.


M. PALITHA T.B. KOHONA (Sri Lanka) a rappelé la prévalence des violences à l’encontre des femmes au niveau mondial.  Au Sri Lanka, les femmes ont obtenu leurs droits politiques depuis 1935.  La vie des femmes a connu, au cours des décennies qui ont suivi, d’importants changements en matière d’éducation, de santé et d’infrastructures.  L’espérance de vie des femmes est maintenant de 96 ans et celle des hommes de 77 ans.  Les femmes représentent la majorité du personnel des services de santé et hospitaliers.  En milieu rural, elles bénéficient de nombreuses mesures qui les aident à bien mener leurs activités économiques.  Des coordonnateurs ont été placés dans tous les ministères pour veiller au respect de la parité.  Le Sri Lanka, conscient de la protection dont ont besoin les femmes et les filles après la guerre, a développé une série de mesures pour qu’elles retrouvent une vie normale le plus tôt possible. 


M. PETER WITTIG (Allemagne) a souligné que la violence à l’encontre des femmes ne pouvait être éliminée qu’à long terme.  L’Allemagne a choisi de suivre une approche axée sur les droits de l’homme qui comprend les droits à la santé et l’égalité d’accès aux soins de santé.  Il a indiqué que l’Allemagne a été un des premiers États à signer, en mai 2011, la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’encontre des femmes et la violence domestique.  En août 2012, l’Allemagne a publié son premier rapport sur l’appui aux femmes affectées par la violence et leurs enfants.  Le représentant a aussi mentionné le plan d’action national de son pays sur la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  Il a aussi fait part de la mise en place d’une ligne téléphonique qui permet aux femmes victimes de cette violence d’obtenir des conseils.  Il est très important que les Nations Unies continuent à agir contre la violence à l’encontre des femmes et des filles, a-t-il insisté, en appuyant pleinement la campagne du Secrétaire général « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’encontre des femmes ».  Il a enfin espéré que la Commission de la condition de la femme adopterait un document final « puissant » sur le thème prioritaire de la prévention de la violence à l’encontre des femmes et des filles.


M. RON PROSOR (Israël) a déclaré qu’une société qui ne donne pas de place aux femmes était appelée à s’effondrer.  Une communauté qui n’est pas sûre pour une femme n’est sûre pour personne, a-t-il fait remarquer.  C’est pourquoi, nous devons aider toutes les femmes à pouvoir jouer de la musique et à danser, a insisté le représentant d’Israël qui a assuré qu’Israël avait, depuis longtemps, créé des centres pour accueillir les femmes victimes d’actes de violence.  Les programmes de formation et de sensibilisation aux droits des femmes doivent commencer dès la classe de la maternelle pour mettre un terme aux violences dont elles sont victimes.  M. Prosor a assuré que dans son pays, les hommes jouaient un rôle crucial dans la lutte contre la violence à l’encontre des femmes.  Il a indiqué que l’Agence israélienne de coopération et de développement international avait organisé des cours sur la violence à l’encontre des femmes, qui avaient été dispensés par 120 professionnels dans 25 différents pays.  Des cours d’autonomisation ont aussi été organisés en Afrique et en Amérique latine, a-t-il ajouté avant de conclure. 


M. JOSÉ LUIS CANCELA (Uruguay) a souhaité que la Commission de la condition de la femme arrive à adopter des conclusions importantes à l’issue de sa cinquante-septième session.  Il a réaffirmé les engagements pris par son pays en matière de lutte contre la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Il a mentionné les différentes lois adoptées pour la combattre, notamment celles sur la violence sexuelle, la violence faite aux femmes et aux filles handicapées.  L’Uruguay s’est également doté d’un Code de l’enfance et de l’adolescence ainsi que de lois sur l’atteinte à la pudeur en cas d’enlèvement, sur les crimes sexuels en cas de génocide, sur le harcèlement sexuel sur le lieu de travail et le lieu d’enseignement. 


Le représentant a aussi mentionné le système de formation et d’information des fonctionnaires pour les sensibiliser à ces questions.  Il a expliqué que, grâce à un programme décentralisé, les dispositifs d’intervention pour répondre à la violence à l’encontre des femmes sont disséminés sur tout le territoire.  M. Cancela a également parlé d’un service de prise en charge téléphonique des femmes victimes de violence, ainsi que de la prise en charge des femmes handicapées, des lesbiennes et des femmes transexuelles.  La loi de 2012 a légalisé l’avortement, afin que cette pratique soit assurée en toute sécurité.  En outre, des services spécialisés ont été créés pour prévenir la violence familiale.  Avant de conclure, le représentant a reconnu que la société civile dans son pays jouait un rôle clef dans ce domaine, notamment pour le suivi de la mise en œuvre des textes pertinents.


M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a indiqué que son gouvernement avait adopté sa politique sur la promotion de la condition de la femme, sur la base des instruments de l’arsenal juridique international.  À ce jour, 40% des membres du Parlement sont des femmes.  En 2015, leur représentation atteindra 50%, a-t-il fait remarquer.  Des portefeuilles ministériels importants sont tenus par des femmes, notamment les ressources minières.  Au Mozambique, le VIH/sida et les violences sexistes posent toujours des menaces sérieuses pour les femmes.  À cet égard, le représentant a cité le plan d’action multisectoriel sur le VIH/sida, pour la période 2011-2015, que son gouvernement a adopté pour prévenir la discrimination et la stigmatisation des femmes qui en sont touchées.   


M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a rappelé le profond changement qu’a connu la condition de la femme en Malaisie depuis son indépendance en 1957, ainsi que l’engagement de son gouvernement à combattre la violence contre les femmes et les filles.  La Malaisie a adopté une série de mesures, et continuera à œuvrer dans cette voie, pour promouvoir la condition de la femme, son développement et sa participation active à la société, a-t-il indiqué.  Ces mesures se traduisent notamment par un meilleur accès à l’éducation et aux opportunités de travail qui ont fait des Malaisiennes de véritables partenaires du développement national à l’horizon 2020, a précisé le représentant.  Après avoir ratifié les instruments juridiques internationaux et régionaux dans ce domaine, la Malaisie s’est engagée dans un processus d’harmonisation de ces instruments avec ses cadres juridique et politique et ses programmes nationaux.  À titre d’exemple, le représentant a rappelé que la lutte contre la violence à l’encontre des femmes était l’un des 13 domaines prioritaires du programme d’action national pour la promotion de la condition de la femme. 


Le représentant a également souligné les amendements du Code pénal qui se basent sur une interprétation plus large du viol et des peines plus sévères contre les responsables des actes de violence.  Il a ensuite passé en revue les actions de prévention menées par son gouvernement comme la mise en place de centres de crise dans les hôpitaux publics ou encore d’une ligne d’appels gratuite pour l’assistance aux victimes de violence domestique, ainsi que les différentes campagnes de sensibilisation du grand public sur les droits des femmes en cas de problèmes matrimoniaux, de divorce, d’allocations, de harcèlement sexuel, de viol ou d’exploitation et de traite.


M. ROBERT G. AISI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a fait remarquer qu’aucun pays, ni aucune ville dans le monde n’était épargné par le phénomène de la violence contre les femmes sous toutes ses formes et par le harcèlement sexuel.  À l’instar d’autres délégations, il a estimé que des actions internationales et nationales décisives s’imposaient pour venir à bout de la violence à l’encontre des femmes et des filles et que l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes restaient des priorités dans l’Agenda pour le développement post-2015.  En Papouasie-Nouvelle-Guinée, les femmes représentent environ 50% d’une population totale de sept millions de personnes caractérisée par son manque d’homogénéité, ses 800 langues locales et ses traditions multiples.  Compte tenu de cette diversité, il n’est pas facile de traduire les exigences d’une communauté mondiale dans la vie quotidienne, ce qui se traduit notamment par une augmentation de la violence domestique, des obstacles au développement politique et économique des femmes, le harcèlement sexuel ou encore la polygamie, a expliqué le représentant.  Selon une étude récente, près des deux tiers des femmes en Papouasie-Nouvelle-Guinée sont victimes de violences domestiques.  Évoquant le cas récent de la jeune mère qui avait été brulée vivante selon des rites de sorcellerie, le représentant a affirmé que la police avait arrêté certains des responsables qui seront traduits en justice et que de tels actes de sorcellerie seront désormais sanctionnés par la nouvelle loi pénale. 


Le Gouvernement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée prend la mesure de la lutte contre toute forme de violence à l’encontre des femmes, tout en reconnaissant qu’il s’agit d’un processus de longue durée exigeant un engagement constant, des ressources, des efforts concertés et une volonté politique.  À ce stade, certaines décisions clefs ont été prises comme la politique de tolérance zéro de la violence prévue dans le plan de développement pour la période 2011-2015, ou encore les objectifs ambitieux de la Stratégie nationale de santé pour la période 2011-2020, qui définit les mesures à prendre pour éliminer la violence basée sur le genre et réduire l’impact du VIH/sida sur les femmes victimes de violences sexuelles, a indiqué le représentant.  M. Aisi a également cité la loi sur la protection familiale qui va criminaliser la violence domestique, ainsi que la coopération et les partenariats bilatéraux et multilatéraux dans ce domaine. 


M. VLADIMIR LUPAN (République de Moldova) a énuméré les mesures prises par son gouvernement et par la société civile de son pays, qui étaient à l’origine des résultats obtenus en matière de lutte contre la violence à l’encontre des femmes en République de Moldova et qui avaient été salués par la communauté internationale.  Les violences faites aux femmes vont de pair avec un mauvais fonctionnement du secteur de la justice et l’absence d’état de droit, a-t-il fait remarquer.  « La République de Moldavie est le premier pays de sa région à donner un rôle au secteur de la justice dans la lutte contre la violence à l’encontre des femmes », a-t-il dit.  Le Gouvernement a aussi créé des centres pour les auteurs d’actes de violence ainsi qu’un système de protection des victimes, notamment les victimes de la traite des personnes, a assuré le représentant.  En matière de lutte contre la traite, notre pays est passé de la catégorie 3 à la catégorie 2, selon un rapport du Département d’État des États-Unis, s’est-il réjoui.


M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela) a rappelé le décès du Président Hugo Chávez Frías, « leader mondial de la lutte pour la justice et défenseur par excellence des droits de l’homme », qui avait déclaré qu’il était « un promoteur de la condition de la femme » et qu’il se battait pour que toutes les femmes vénézuéliennes prennent la place qu’elles méritent dans l’édification d’un État socialiste.  Le socialisme du XXIe siècle a en effet une dimension féministe, a assuré le représentant, en précisant que l’égalité entre les sexes faisait partie intégrante des transformations démocratiques.  Il a démontré que le Président Chávez avait créé des conditions favorables à la réalisation de cette égalité en présentant les diverses lois qui ont été adoptées à ce sujet.  Il a cité la loi sur la paternité et la maternité responsables, la loi sur l’allaitement, ainsi que la loi qui a créé les comités d’égalité entre les hommes et les femmes.  Il a aussi énuméré les institutions qui s’occupent de ces questions, comme le Ministère du pouvoir populaire pour les femmes, l’Institut national des femmes, la Banque de développement pour les femmes, le service national des droits de la femme, ainsi que les tribunaux spécialisés pour connaître des droits de la femme.  Des bureaux et des lignes téléphoniques d’aide aux victimes ont aussi été mis en place.  Actuellement, 50% des postes de la fonction publique sont occupés par des femmes, s’est félicité M. Valero Briceño, avant d’ajouter que les conseils communaux comptaient même 60% de femmes. 


M. GAREN A. NAZARIAN (Arménie) a souligné le lien entre l’objectif d’atteindre l’égalité entre les hommes et les femmes et la mise en œuvre des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).  Les violences faites aux femmes persistent dans de nombreuses régions du monde, a-t-il regretté.  L’Arménie a une longue expérience en matière d’accueil des femmes, victimes de la violence.  Elle a ainsi accueilli des femmes réfugiées dans le pays, à la suite du conflit dans le Nagorny Karabach, a-t-il précisé.  L’Arménie insiste sur la nécessité de tenir responsables les auteurs de ces actes de violence.    


M. ARAYA DESTA (Érythrée) a estimé que les discussions sur la prévention de la violence à l’encontre des femmes et des filles, au cours de la présente session de la Commission de la femme, ont été fructueuses.  Il a espéré qu’elles permettraient d’adopter un document par consensus.  Il a souligné l’importance de la participation active des femmes à la lutte de 30 ans pour l’indépendance dans son pays, ce qui a contribué à transformer la place qu’elles occupent dans la société.  Le viol est désormais punissable d’une peine d’emprisonnement de 15 ans maximum, a fait remarquer le représentant, avant d’indiquer que la législation érythréenne interdisait le mariage des mineurs, de même que les mutilations génitales féminines. 


La traite des personnes est également une question prioritaire en Érythrée, a-t-il assuré.  Le représentant a fait remarquer que l’autonomisation économique et politique était une des mesures de prévention permettant de réduire les risques de violence à l’encontre des femmes.  Dans cette optique, les dispositions législatives érythréennes garantissent l’égalité de salaire entre les femmes et les hommes, ainsi qu’un accès égal des filles et des femmes à l’éducation.  La participation des familles et des communautés est essentielle, a-t-il dit, en soulignant la nécessité de sensibiliser le public.


M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan)a expliqué que la Stratégie nationale pour le développement durable de son pays, qui couvre la période 2013-2017, permettra d’adopter des mesures pour réduire le nombre de mariages précoces, ainsi que les cas de violence faite aux femmes, tout en promouvant, entre autres, la création de « traditions positives » et l’appui aux familles.  Il a également mis l’accent sur le Plan national d’action pour l’égalité entre les sexes, pour la période 2012-2014, ainsi que la création de la Stratégie nationale pour l’égalité entre les sexes en vigueur jusqu’en 2020. 


M. Kydyrov a aussi indiqué que des amendements notables avaient été apportés à la législation nationale en 2012 dans le but de renforcer les mesures répressives contre tout mariage forcé, en particulier avec une mineure de moins de 16 ans.  Des mesures ont également été adoptées pour améliorer les services de prévention de la violence domestique, a-t-il indiqué.  Le représentant a ensuite rappelé la présentation, en 2012, devant le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, du quatrième rapport périodique du Kirghizistan.  Il a précisé que cela avait été possible grâce à l’efficacité du bureau d’ONU-Femmes, qui a été créé dans le pays en 2012.


M. CHRISTOPHER GRIMA (Malte) a indiqué que son gouvernement avait renforcé la prévention contre la violence à l’encontre des femmes et des filles, notamment grâce à la loi sur la violence dans les familles et la loi sur l’égalité homme-femme.  En outre, la Commission sur la violence domestique a été créée pour offrir des services aux victimes et aux coupables, ainsi qu’une formation aux professionnels travaillant dans ce domaine.  Le 21 mai 2012, Malte avait signé la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’encontre des femmes et la violence domestique, plus connue sous le nom de « Convention d’Istanbul », et s’attèle maintenant à la ratifier.  Le représentant a aussi mentionné la création d’un comité interministériel sur la criminalité et la prévention de la violence.  En outre, des centres d’accueil permettent d’offrir aux femmes et à leurs enfants victimes de violence de trouver, temporairement, un endroit sûr. 


Le système sanitaire prévoit des soins gratuits et spécialisés aux victimes de cette violence, a ajouté M. Grima.  Il a assuré que son pays était très engagé à mettre en œuvre les textes issus de la Conférence du Caire de 1994, le Programme d’action de Beijing et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Il a toutefois précisé que toute discussion ou référence au droit de la reproduction ne devrait se faire en dehors du cadre du droit à la vie, qui est le droit le plus fondamental.  La législation maltaise qualifie d’illégal l’avortement comme moyen contraceptif, a-t-il indiqué.  Le représentant a insisté, avant de conclure, sur la nécessité de continuer à lutter contre le harcèlement dont sont la cible les femmes et les filles.


M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a souligné la nécessité de libérer la femme de toute peur et affirmé que c’était là l’un des objectifs de la « révolution tunisienne ».  C’est une responsabilité collective qui exige la vigilance de la société civile, du Gouvernement et des médias, a-t-il indiqué.  Le Gouvernement tunisien a la volonté politique de promouvoir une culture de tolérance, a-t-il assuré.  Le représentant a ensuite indiqué qu’une stratégie nationale avait été adoptée pour prévenir les comportements violents au sein des familles.  Cette stratégie insiste sur le problème de la violence sexiste, ainsi que sur l’octroi de soins physiques et psychologiques aux victimes, a précisé le représentant.  M. Khiari a par ailleurs appelé la communauté internationale à agir de manière décisive pour mettre un terme aux violations des droits de l’homme des femmes palestiniennes incarcérées dans des prisons israéliennes.


Mme MATHURINE BERTILLE FELICITÉ DOUDY, Directrice de la coopération au Ministère de la promotion de la femme et de l’intégration de la femme au développement de la République du Congo, a indiqué que, dans son pays, les études menées au cours des cinq dernières années révèlent l’ampleur du phénomène tant en milieu rural qu’en zone urbaine.  Elle a précisé que les violences subies par les Congolaises sont de nature physique, psychologique, sexuelle, verbale et économique.  Ainsi, 61% des jeunes filles sont victimes de harcèlement sexuel dans les établissements d’enseignement supérieur, 37% ont eu des rapports sexuels forcés et 3% ont subi le viol.  Une des conséquences de ces violences est que 29% des victimes abandonnent leurs études, a regretté la Ministre. 


Dans le cadre du suivi de la Conférence de Beijing et de son Programme d’action, le Gouvernement du Congo a lancé plusieurs activités comme la formation et l’information de toutes les couches de la société, l’autonomisation des femmes par l’appui aux activités génératrices de revenus pour le renforcement de leurs capacités, ainsi que l’élaboration d’un projet de loi sur les violences sexuelles.  Des propositions ont aussi été faites en vue de réviser les dispositions discriminatoires de certaines lois, comme le Code de la famille, a assuré Mme Doudy.


Pour M. YURIY SERGEYEV, (Ukraine), la violence à l’encontre des femmes et la violence domestique ne devraient pas être considérées comme des questions d’ordre privé dans la mesure où elles constituent une atteinte aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales.  L’Ukraine a incorporé les dispositions de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes dans son droit interne, notamment à travers la loi sur la prévention de la violence domestique et celle sur le travail social avec des familles, des enfants et des jeunes.  Le représentant a précisé que dans la législation ukrainienne, la notion de « discrimination basée sur le genre » équivaut à la « discrimination contre les femmes » telle que définie dans la Convention et couvre à la fois la discrimination directe et indirecte.


En interdisant ces deux types de discrimination, l’État assure la promotion de l’égalité entre les sexes, a précisé le représentant.  Il a également rappelé le rôle fondamental que jouent les ONG ukrainiennes, financées par des donateurs internationaux, dans la promotion des meilleures pratiques dans la lutte contre la violence.  À cet égard, il a mentionné les centres d’accueil pour victimes, le travail avec ceux qui commettent des actes de violence ainsi que les numéros rouges SOS pour victimes d’abus, de viols et de traite des personnes qui existent désormais en Ukraine.


M. IBRAHIM O. A. DABBASHI (Libye) a déclaré que la violence à l’encontre des femmes était la conséquence du fait qu’on ne s’en tient pas aux normes morales dans les différentes sphères de la vie.  Il a réaffirmé l’engagement de la Libye en faveur de la mise en œuvre des instruments internationaux sur la question, condamnant ainsi toutes les formes de violence à l’encontre des femmes et des filles.  Il a déploré que des dizaines de femmes et de filles libyennes aient été victimes de viols et violences systématiques par les hommes de main de Qadhafi au cours de la révolution de 2011.  Le Ministère libyen des affaires sociales a mis en place des programmes de réhabilitation sociale et psychologique pour ces femmes, a-t-il assuré. 


En ce qui concerne la violence domestique, le représentant a estimé qu’en Libye, cette forme de violence restait limitée à des cas individuels qui sont traités par les tribunaux.  La Libye refuse de lier la violence à l’encontre des femmes à toute tradition sociale ou préceptes religieux, a déclaré le représentant.  Il a défini la violence à l’encontre des femmes comme une « activité immorale commise par un homme contre une femme », mais qui n’est pas la manifestation d’une culture et d’une religion, a-t-il insisté.  Sa délégation ne peut appuyer, au cours de la présente session de la Commission de la condition de la femme, la formulation de principes qui, a-t-il prévenu, ne pourraient faire l’objet d’un accord et qui sont contraires aux préceptes de l’Islam.


Mme TERESA MORAIS (Portugal) a indiqué la lutte contre la violence sexuelle figure au centre du Programme gouvernemental pour l’égalité entre les sexes.  Aussi, le Plan contre la violence domestique en est à sa quatrième édition et le Plan contre le trafic des êtres humains, à sa deuxième, tout comme le Programme sur l’élimination des mutilations génitales.  L’année dernière, le pays a investi, en particulier, dans la prévention de la violence domestique et la protection des victimes.  Par exemple, pour aider les femmes qui ne peuvent rentrer chez elles, le Gouvernement a établi des partenariats avec les mairies pour ouvrir l’accès de ces femmes à des logements à loyer modéré.  En ces temps de crise économique, le Portugal prête aussi une attention particulière à l’accès des femmes victimes de violence domestique à l’emploi.  Des points focaux et des centres de formation se sont multipliés dans le pays, a affirmé la représentante.  


Mme JOY NGOZI EZEILO, Rapporteure spéciale sur la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants, a dénoncé la traite des personnes qui fait des femmes et des filles des esclaves domestiques.  La traite est directement liée à la violence dont elles sont la cible et résulte souvent des causes de cette violence, comme la pauvreté et la discrimination sexiste.  La traite, a estimé la Rapporteure spéciale, est utilisée pour intimider les victimes et les soumettre à des abus sexuels et psychologiques.  On rencontre des difficultés au niveau des pays pour lutter efficacement contre la traite en tant que violence à l’encontre des femmes, a-t-elle noté.  Soulignant les causes premières de la violence à l’encontre des femmes, elle a fait observer que pauvreté et violence se renforçaient mutuellement.  Pendant longtemps, la lutte contre la violence sexiste n’a donné aucun résultat significatif, a-t-elle regretté.  En tant que Rapporteure spéciale sur cette question, a rappelé Mme Ngozi Ezeilo, elle a pour rôle de promouvoir un cadre basé sur la protection, la poursuite en justice, la peine, la prévention et la promotion de la coopération internationale –les « cinq P »-, le recours, le rétablissement et la réintégration –les « trois R »- et les capacités, la coordination et la coopération ou les « trois C ».


Dans ses rapports à l’Assemblée générale, Mme Ngozi Ezeilo a examiné les différentes mesures de prévention dans le cas de la traite des êtres humains, comme la lutte contre les causes premières de la traite, la lutte contre la demande, ainsi que la promotion d’une migration sûre.  La lutte contre la pauvreté et la discrimination sexiste est fondamentale comme moyen de prévention, a-t-elle estimé, en ajoutant que la traite résulte du manque de protection des droits fondamentaux.  Elle a estimé que la poursuite des efforts dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qui traitent des aspects de la pauvreté contribuait à la lutte contre la traite des êtres humains.  En promouvant l’autonomisation des femmes, les OMD contribuent aussi à la lutte contre la demande de la traite.  La Rapporteure spéciale a insisté sur la sensibilisation du public comme moyen de prévention et sur la participation des victimes de la traite à l’élaboration de mesures de prévention de ce fléau.  Elle a aussi demandé de renforcer le droit à réparation des victimes. 


Mme FRANCES RADAY, Vice-Présidente du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes dans le droit et dans la pratique, a affirmé que l’élimination de la violence faite aux femmes dans la sphère publique était une condition préalable essentielle pour assurer leur accès équitable aux sphères politique et économique ainsi que leur participation sur un pied d’égalité au processus de prise de décisions.  Elle a fait savoir que le Groupe de travail présentera, en 2013, son premier rapport thématique au Conseil des droits de l’homme, lequel portera sur la vie publique et politique et accordera une attention particulière aux situations de transitions politiques.  Mme Raday a fait observer que les femmes sont souvent sujettes à des actes de violence dans les sphères politique et publique car, a-t-elle affirmé, elles menacent les structures de pouvoir masculines existantes.  La Vice-Présidente a notamment évoqué les abus dont sont victimes, dans certaines régions, les femmes candidates, les dirigeants politiques ou les défenseurs des droits de l’homme.  Elle a également fait observer que la violence contre les femmes militantes s’était particulièrement fait ressentir lors de la transition politique dans certains pays en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.  Bien qu’elles aient été reconnues comme des acteurs clefs de ces révolutions non violentes, les femmes de ces régions ont souvent fait l’objet d’actes de violence commis par des acteurs étatiques et non étatiques, a-t-elle déploré.


Mme Raday s’est ensuite félicitée de ce que la législation dans les pays d’Amérique latine interdise le harcèlement et la violence à l’encontre des femmes candidates et les pressions exercées à l’encontre de leur famille.  Elle a également salué l’inclusion dans la nouvelle constitution de certains pays d’Afrique de clauses spécifiques sur la violence à l’encontre des femmes.


La Vice-Présidente du Groupe de travail a également invité la Commission de la condition de la femme à mettre l’accent sur l’obligation des États de prévenir, d’enquêter et de traduire en justice les auteurs de violences commises à l’encontre des femmes exerçant des activités politiques ou publiques.  La capacité des femmes à participer au processus de prise de décisions politiques est essentielle aussi bien pour l’égalité des chances que pour l’épanouissement des peuples, a-t-elle notamment souligné.


Mme Raday a ensuite fait observer que si les technologies de l’information et de la communication avaient permis d’ouvrir de nouveaux espaces politiques et publics, elles avaient cependant contribué à encourager le harcèlement, la violence, voire même les meurtres de femmes. C’est pourquoi, elle a appelé les États et les institutions intergouvernementales à prendre des mesures pour répondre à la violence faite aux femmes par l’entremise de moyens techniques.  La Vice-Présidente a indiqué que le Groupe de travail présentera son deuxième rapport périodique au Conseil des droits de l’homme en juin 2014.  Ce document, qui portera sur la vie sociale et économique des femmes, mettra l’accent sur le harcèlement sur le lieu du travail, et au sein des institutions d’éducation, ainsi que sur la prostitution et les droits successoraux des femmes et des filles, a-t-elle précisé.


Dialogue avec les délégations


À la suite de ces interventions, la représentante de l’Union européenne a reconnu que la violence et la discrimination à l’encontre des femmes constituaient les causes principales de la traite.  La Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne interdit la traite, a-t-elle indiqué, en ajoutant qu’un poste de coordonnateur sur cette question avait été récemment créé.  Elle a demandé aux expertes de présenter des exemples de lois qui avaient été appliquées et de lacunes constatées.


Répondant à cette question, la Rapporteure spéciale sur la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants, a indiqué qu’elle avait préparé un rapport sur le « droit au recours utile » devant être présenté au Conseil des droits de l’homme.  Elle a relevé, à cet égard, les difficultés que rencontrent les victimes de la traite à obtenir réparation pour le préjudice subi, en expliquant que pour ce faire, elles doivent par exemple séjourner dans le pays où l’acte a été commis pendant la période nécessaire à la suite qui sera donnée à la procédure engagée.  Lorsque des mineures sont impliquées, il faut agir dans l’intérêt de l’enfant, a-t-elle ajouté.


Il nous faut éliminer les causes premières de cette forme de violence, a lancé à son tour la représentante de la Chine dont le pays a adopté une loi sur cette question.  Nous avons aussi une entité chargée de ce problème composée de 26 représentants d’instances du Gouvernement, a-t-elle ajouté.  La Rapporteure spéciale sur la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants, a indiqué qu’elle avait exprimé son intention d’effectuer une mission en Chine qui est à la fois un pays d’origine et de destination.  « Nous sommes ici pour suggérer des améliorations dans le cadre de lutte contre la traite des êtres humains », a-t-elle expliqué.


La Vice-Présidente du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes dans le droit et dans la pratique a, pour sa part, invité à ne pas sous-estimer le rôle des pays de destination et de résidence.  Ces pays doivent assumer leurs responsabilités jusqu’à ce que les femmes puissent rentrer en toute sécurité dans leur pays d’origine.  Elle a appelé les États à prendre des mesures fermes pour enquêter et sanctionner ceux qui sont à l’origine de la traite.


Au nom du Groupe d’amis unis contre la traite des êtres humains et au nom de son pays, la représentante du Bélarus a remercié les expertes pour leurs efforts dans ce domaine.  Elle a rappelé que l’Assemblée générale organisera, le 13 mai 2013, une réunion de haut niveau sur la traite des êtres humains.  Elle a aussi soulevé le problème du trafic d’organes et de parties du corps, qui est une nouvelle facette de la traite.  Comment protéger les victimes contre ces pratiques? a-t-elle demandé.  La Rapporteure spéciale sur la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants, a reconnu que ce phénomène prenait de l’ampleur et a appelé à y réagir.


Reprise du débat général


Mme MANANA KOBAKHIDZE (Géorgie) a affirmé que son gouvernement avait réalisé de nombreux progrès en matière de lutte contre la violence faite aux femmes, et qu’il s’était par ailleurs engagé à ratifier la Convention d’Istanbul « le plus rapidement possible ».  Des initiatives ont d’ors et déjà été lancées en matière d’octroi de services et un centre d’appel est en cours de construction dans la région ouest du pays avec l’appui d’ONU-Femmes, a-t-elle indiqué.  La représentante a aussi insisté sur la nécessité d’assurer un suivi parlementaire afin de veiller à ce que les fonds affectés soient effectivement utilisés pour financer la lutte contre la violence faite aux femmes.  En outre, la mise en place prochaine, en Géorgie, de mécanismes de saisine qui seront utiles pour les femmes victimes de violence en temps de conflit, a par ailleurs indiqué Mme Kobakhidze.


Mme KHANGEZIWE MABUZA (Swaziland) a passé en revue les progrès réalisés dans son pays en termes de prévention et de lutte contre la violence à l’encontre des femmes, en particulier la violence domestique.  Elle a rappelé que, selon une étude récente, une femme sur cinq, âgée entre 15 et 49 ans, est battue par son partenaire, alors qu’un homme seulement sur 200 fait l’objet du même type de violence.  Pour la représentante, il existe un lien incontestable entre, d’une part, la violence basée sur le genre et la santé reproductive, la transmission du virus du VIH/sida et, d’autre part, la pauvreté.  « Nous sommes conscients que le pouvoir de prise de décisions d’une femme qui vit dans une relation abusive est limité et cela a des conséquences graves tant sociales, économiques que démographiques » a-t-elle déclaré. 


Pour combattre la violence à l’encontre des femmes, le Swaziland a adopté un ensemble de lois dont celle sur la protection et le bien-être de l’enfant et la loi sur la protection des femmes et des filles.  Par ailleurs, deux projets de loi sur les violences domestiques et sexuelles et sur les « pouvoirs dans le cadre du mariage » sont actuellement examinés par le Parlement.  Au plan institutionnel la représentante a notamment mentionné la mise en place d’unités de protection de l’enfant dans les commissariats de police.  Son gouvernement est déterminé à lutter contre le problème de la violence et s’engage à améliorer les systèmes de collecte de données statistiques sur les violences basées sur le genre ainsi que le processus de gestion des cas de violence à l’encontre des femmes, a assuré Mme Mabuza.


Mme SHORNA-KAY RICHARDS (Jamaïque) a affirmé que son pays avait fait des progrès significatifs en termes sociaux et économiques grâce à une législation progressiste, ce qui a contribué de manière positive à l’accès des femmes à des postes de responsabilité et à leur autonomisation.  Il n’en demeure pas moins, comme dans le reste du monde, que la violence domestique reste un problème.  Avec l’élection de la première femme au poste de Premier Ministre en janvier 2012, le Gouvernement jamaïcain a réaffirmé son engagement à redoubler d’efforts pour mettre un terme à la violence contre les femmes, a rappelé la représentante.  Ainsi, la Jamaïque réaffirme ses obligations en vertu des différents instruments juridiques internationaux et régionaux en matière des droits de l’homme, y compris la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, le Programme d’action de Beijing et la Convention de Belém do Para.  Cet engagement se traduit dans les politiques nationales, comme le plan de développement « Vision 2030 » et la politique nationale pour l’égalité entre les sexes. 


La Jamaïque s’est dotée d’un plan d’action national contre la violence basée sur le genre et intensifie la collecte et le traitement de données statistiques sur cette question en vue de pouvoir en tenir compte dans la définition de ses futures politiques sociales.  Toutes les questions liées à l’égalité entre les sexes dépendent directement du Premier Ministre, a également précisé la représentante, ce qui témoigne, selon elle, de la priorité que la Jamaïque y accorde.  De plus, des actions de sensibilisation sont menées dans les écoles, les institutions responsables sont renforcées ainsi que des centres et des services d’accueil sont mis en place pour les victimes d’actes de violence sans oublier la nouvelle législation qui vient soutenir ces efforts au plan national.  Dans le cadre de ce combat pour la défense des droits des femmes et la lutte contre la violence, la Jamaïque salue le travail des ONG et de la société civile et souhaite renforcer les partenariats dans ce domaine.


M. SHIN DONG-IK (République de Corée) a déclaré que la violence à l’encontre des femmes et des filles était un des défis les plus notables de notre époque.  Il a indiqué que son gouvernement avait promulgué, en 2010, une loi sur la prévention des agressions sexuelles et la protection des victimes.  En outre, l’Assemblée nationale a amendé, l’an dernier, la loi pénale en vigueur afin que tous les cas d’agression sexuelle soient poursuivis ex officio pour prévenir toute pression sur les victimes qui les conduirait à renoncer aux poursuites.  M. Shin a également indiqué que compte tenu du taux important de récidives qui est caractéristique des « crimes sexuels », son gouvernement a renforcé les restrictions pour l’emploi des agresseurs à haut risque.  Des mesures préventives ont également été adoptées, notamment l’usage de bracelets électroniques, un suivi obligatoire suite à leur libération de prison et la castration chimique.


Le représentant a ensuite indiqué que son gouvernement accordait une attention particulière à la prévention de l’exploitation sexuelle et de la violence à l’encontre des enfants.  La loi en la matière a été renforcée pour que les auteurs de tels actes soient poursuivis même si les victimes ne déposent pas de plaintes, a-t-il précisé.  M. Shin a également évoqué l’adoption, en 2011, d’un plan pour la prévention de la violence domestique qui vise, entre autres, à renforcer la réaction des forces de l’ordre ainsi que la formation du personnel d’enquête.  Un plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité est par ailleurs en cours d’élaboration.  M. Shin a précisé que ce plan national prévoyait des mesures pour appuyer les femmes qui ont été victimes d’« esclavage sexuelle militaire » pendant la Deuxième Guerre mondiale.


M. WANG MIN (Chine) a estimé que davantage d’attention devrait être accordée à l’élimination de la pauvreté féminine et au développement des femmes et a appelé à ce que les objectifs de développement durable mettent l’accent sur l’élimination de la pauvreté chez les femmes.  Il faudrait procéder à une évaluation globale de la Déclaration de Beijing lors de son vingtième anniversaire, a-t-il insisté.  Le représentant a également souhaité le renforcement de la coordination des efforts déployés par l’ONU en matière d’élimination de la violence à l’encontre des femmes.  Il aussi engagé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour enrayer ce fléau.  Une société qui tolère la violence contre les femmes est une société désespérée, a-t-il affirmé.


M. Wang a ensuite évoqué le lancement dans plusieurs provinces de Chine d’un nouveau cycle pour le développement des femmes.  Il a également indiqué que plusieurs lois avaient été amendées afin de criminaliser la violence faite aux femmes et d’assurer leur protection sur leur lieu de travail.


Mme SANJA ZOGRAFSKA-KRSTESKA (ex-République yougoslave de Macédoine) a expliqué que son pays soutenait des politiques orientées vers l’action, ainsi que des recommandations qui se concentrent sur les causes structurelles et les facteurs de risques de la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Elle a également mis l’accent sur la nécessité de renforcer la mise en place et les moyens de services multisectoriels face à ce phénomène.


Son pays, a-t-elle rappelé, a été le dix-septième pays à se rallier aux engagements pris dans le cadre de la campagne « Engageons-nous contre les violences » d’ONU-Femmes.  « Mon gouvernement, a-t-elle assuré, s’est ainsi engagé à mettre en œuvre un plan stratégique de prévention de la violence domestique pour la période allant de 2012 à 2015 ».  Cette mise en œuvre est confiée à un organe national qui assure la coordination des différents acteurs de cette lutte, tels que les ministères, les députés et les organisations de la société civile, a précisé Mme Zogfraska-Krsteska. 


Le Gouvernement axera ses efforts, cette année, sur l’amélioration du cadre législatif et institutionnel, notamment en renforçant les capacités des juges et des procureurs dans les dossiers de violence domestique.


M. EVGENY ZAGAYNOV (Fédération de Russie) a engagé la Commission de la condition de la femme à élaborer un document final équilibré et exhaustif portant sur le thème prioritaire de la présente session, à savoir l’élimination et la prévention de la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Il a également estimé qu’il incombait à chaque État d’élaborer sa politique en matière de lutte contre la violence faite aux femmes.  Le représentant a ensuite assuré que son gouvernement prenait en considération les recommandations du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes lors de l’élaboration de ses politiques. 


Le représentant a indiqué que la Fédération de Russie avait créé récemment un conseil de coordination sur les questions sexospécifiques.  Il a ajouté qu’un projet de loi sur la prévention des violences domestiques et conjugales était en cours d’élaboration.  M. Zagaynov a précisé que ce texte visait à répondre au problème de la récidive.  Il a également fait savoir que des centres de crise avaient été ouverts dans le pays et qu’une ligne téléphonique était mise à la disposition des victimes, de même que toute une gamme de services d’urgence.  Le représentant a également annoncé que la Fédération de Russie avait signé, en 2012, le Protocole facultatif sur la vente d’enfants, la prostitution et la pornographie impliquant des enfants.


M. PHAM VINH QUANG (Viet Nam) a indiqué que la Stratégie nationale du Viet Nam pour l’égalité entre les sexes, qui couvre la période 2011-2020, met l’accent sur la création de nouveaux modèles de prévention et d’atténuation des conséquences de la violence sexiste, en promouvant, notamment, la communication et la sensibilisation.  Dans ce cadre, les femmes ont accès à des services de soins et de conseil ainsi qu’à des programmes d’éducation, de formation et de gestion.  Un système de réseau et d’abris leur permet également d’apprendre à surmonter la violence, a précisé le représentant.  M. Quang a également cité un programme national pour la protection de l’enfant pour la période 2011-2015.


Au titre des défis qui persistent, le représentant du Viet Nam a mis l’accent sur le problème de la violence domestique dans les zones rurales, ainsi que la discrimination dont sont victimes les femmes dans les régions reculées du pays.  De nombreux hommes et femmes acceptent les préceptes de la patriarchie et font, par conséquent, un amalgame entre l’égalité des sexes et les stéréotypes sexistes, a-t-il déploré.  De plus, malgré les informations qui leur sont communiquées, de nombreuses femmes n’ont toujours pas pleinement conscience de leurs droits.  Le représentant a également indiqué que des problèmes d’ordre économique, ainsi que la dépendance à l’alcool ou au jeu sont d’autres facteurs qui contribuent à la violence faite aux femmes et aux filles.  M. Quang a expliqué qu’afin de surmonter ces défis, le Viet Nam a renforcé la loi sur l’égalité entre les sexes et a adopté de nouvelles mesures pour préciser les responsabilités civiles, administratives et pénales de la discrimination à l’encontre des femmes.  Le Gouvernement du Viet Nam s’attache également à promouvoir les bonnes coutumes et pratiques, a ajouté le représentant.


Mme MAYA DAGHER (Liban) a rappelé que l’égalité entre les sexes était un droit et la condition sine qua non pour atteindre le développement durable, la bonne gouvernance, ainsi que la paix et la stabilité.  C’est la raison pour laquelle le Liban estime que l’égalité des sexes doit être placée au cœur des travaux de préparations de l’Agenda pour le développement post-2015.  Malgré des progrès réalisés depuis l’adoption du Programme d’action de Beijing, Mme Dagher a déploré le fait que la violence à l’encontre des femmes et des filles demeurait un problème universel qui affecte toutes les classes sociales et toutes les cultures. 


La prévention de ces violences faites aux femmes et aux filles est un domaine relativement nouveau, a-t-elle poursuivi.  Cette prévention exige de meilleures connaissances afin de pouvoir identifier les causes sous-jacentes du phénomène et de mettre en œuvre des stratégies multisectorielles, qui impliquent aussi les hommes et les garçons.  Au Liban, les services publics travaillent en étroite coopération avec les organisations de la société civile et les institutions internationales afin de promouvoir l’égalité des sexes, ainsi que les droits des femmes et des filles, a-t-elle assuré.  À cet égard, le Liban a défini des domaines d’action prioritaires, à savoir l’éducation, les services publics, ainsi que le renforcement de la participation des femmes à la politique, en particulier dans le cadre des prochaines élections parlementaires du mois de juin.


Mme IDELTA MARIA RODRIGUES, Secrétaire d’État à la promotion de l’égalité des sexes du Timor-Leste, a expliqué que le Plan national de développement de son pays pour la période allant de 2011 à 2030 contenait une partie axée sur la lutte contre les violences domestiques, ainsi qu’une politique de tolérance zéro à l’égard des violences perpétrées au sein des ménages ou dans les écoles. 


Selon des statistiques nationales établies en 2010, 38% des femmes du Timor-Leste déclarent avoir subi des violences physiques depuis l’âge de 15 ans.  Dans la plupart des cas, ces violences ont été commises par leur mari ou par leur partenaire.  Seulement 27% des victimes de violences ont pu compter sur un membre de leur famille pour les héberger à la suite d’un acte de violence et à peine 20% des victimes ont été aidées financièrement par leur famille.     


Le Timor-Leste possède aujourd’hui une loi spéciale sur la violence domestique.  Ce texte a vu le jour après 10 années de consultations avec le Ministère pour la promotion de l’égalité des sexes et le Forum des femmes du Timor oriental, avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la population et la contribution d’acteurs clefs comme les églises.  Cette loi prévoit une protection, l’établissement de foyers d’accueil et la fourniture de services aux victimes.  Le texte donne également une définition très large de la violence, qui peut s’exercer aussi de manière psychologique ou économique, a-t-elle précisé.


Mme MONIA AL-SALEB (République arabe syrienne) a assuré que la prévention de la violence à l’encontre des femmes et des filles constituait une priorité pour son pays.  La Syrie est un des premiers pays à avoir adopté des lois visant à protéger les femmes contre toutes les formes de violence, a-t-elle rappelé.  Le Gouvernement syrien promeut l’autonomisation des femmes, notamment par le biais d’un programme sur le renforcement des capacités des femmes rurales et d’un centre pour les femmes chefs d’entreprises.  Malgré ces efforts, certains États occidentaux et de la région exercent des pressions sur les droits des femmes, a dénoncé la représentante.  Elle a expliqué que ces États, en adoptant des mesures unilatérales contre le peuple syrien, portent atteinte aux moyens de subsistance de la population. 


Les Syriennes sont les principales victimes de ces mesures, a regretté la représentante.  Elle a aussi déploré que ces mêmes États appuient les groupes armés en Syrie qui incitent à un extrémisme caractérisé par l’apostasie, qui commettent des crimes contre les femmes, les empêchent de participer à la vie publique et politique et leur infligent des violences sexuelles.  Elle a donc invité la communauté internationale à mettre un terme à l’intervention de ces États.  La représentante a aussi dénoncé la marginalisation constante des Syriennes vivant dans le Golan syrien occupé du fait des forces israéliennes, en ajoutant que ces femmes subissaient des viols et agressions diverses.


Mme SELMA MANSOURI (Algérie) a indiqué qu’en janvier 2012 son gouvernement avait adopté une loi qui réserve aux femmes un tiers des sièges dans toutes les assemblées politiques du pays.  Elle a également fait savoir que toute une série de stratégies avait également été adoptées pour apporter une solution durable au problème de la violence contre les femmes, y compris la Stratégie nationale en faveur des femmes pour la période 2009-2014.  La représentante s’est félicitée de ce qu’à la suite de ces mesures politiques, les femmes algériennes représentent à présent la majorité des étudiants dans les cycles de l’enseignement secondaire et supérieur et qu’elles sont également bien représentées dans les professions médicales et juridiques.  La représentante a par ailleurs fait savoir que les victimes de violence avaient accès à des centres d’accueil où elles peuvent suivre des programmes de réinsertion dans le but de pouvoir espérer trouver un emploi.


Mme ALIA AL-MUZAINI (Koweït) a appelé à mieux cibler les efforts mondiaux pour éviter la violence à l’encontre des femmes et des filles, comme le préconise le Secrétaire général dans son rapport sur cette question.  Elle a mentionné les lois adoptées dans son pays pour limiter la violence à l’encontre des femmes et des filles, ainsi que les stratégies lancées pour lutter contre les causes de cette violence.  Elle a souligné le rôle des institutions éducatives pour développer une culture de la tolérance.  Il faut aussi renforcer le rôle des observatoires de la violence et disposer de plus de données sur ce fléau, a-t-elle estimé.  La représentante a rejeté les tentatives visant à associer une religion à certaines formes de violence. 


Elle a assuré, par ailleurs, que le Koweït appuyait les efforts du Secrétaire général visant à réduire la souffrance des femmes dans le monde, en particulier des femmes palestiniennes.  La représentante a jeté la lumière sur l’absence de services de base dont souffrent les Palestiniennes, ainsi que sur la situation difficile des femmes en Syrie, appelant notamment ONU-Femmes à y remédier.  Enfin, elle a espéré que les conclusions de la Commission de la condition de la femme tiendraient compte de la diversité culturelle, sans tenter d’imposer des conclusions qui s’écarteraient de ce qui avait été agréé auparavant sur le plan international.


Mme HELEN ALVARÉ (Saint-Siège) a affirmé que plus la dignité de la femme est promue et protégée, plus la famille, la communauté et la société dans son ensemble peuvent s’épanouir.  Elle a déploré que dans « de nombreuses parties du monde », les femmes sont les premières victimes d’idéologies qui glorifient la disponibilité sexuelle de leur corps.  Elle a également dénoncé la prolifération de publicités qui avilissent et sexualisent leurs corps, les transformant en de simples marchandises pour satisfaire la perversion et la luxure d’autrui.


Mme Alvaré a appelé à la promotion d’une culture qui veille à la protection des « sans défense ».  Elle a notamment estimé que l’avortement ne pouvait être considéré comme une solution à la violence que subissent les femmes.  En répondant à la violence par la violence, a-t-elle estimé, on ne fait qu’augmenter le traumatisme social et aggraver la violence dans nos sociétés.  Il faudrait, a-t-elle estimé, mettre sur pied des structures plus appropriées pour aider les victimes de la violence, ainsi que pour protéger les enfants.  Des efforts sont également nécessaires pour éduquer les hommes quant au mal intrinsèque qu’est la violence faite aux femmes, a-t-elle ajouté.


Mme PAOLA MANACORDA, Association internationale des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS), a souligné qu’il était important de veiller à ce que la crise économique actuelle n’aggrave ni la vulnérabilité sociale et économique des femmes, ni la violence à leur encontre.  Elle a plaidé pour qu’on encourage une participation plus large et plus équitable des femmes au dialogue social.  Il faut aussi inclure la dimension sexospécifique dans les plans de relance et prendre en considération les données ventilées par sexe avant toute décision concernant les dépenses sociales.  La représentante a aussi plaidé pour que les projets de microfinance fassent dûment partie des plans de relance et pour que les politiques économiques assurent véritablement l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale.  


Mme ANITA L.DEFRANTZ, Comité international olympique (CIO), a affirmé que le CIO est à l’avant-garde des efforts de lutte contre le harcèlement et les abus sexuels dans le sport, comme en atteste la création dès 1995, de la Commission femme et sport.  Le Code éthique du CIO interdit expressément « tout harcèlement » qu’il soit « physique, professionnel ou sexuel ».  Les nouveaux Jeux olympiques de la jeunesse, qui associent le sport à un programme culturel et éducatif, sensibilisent les jeunes athlètes au harcèlement et aux abus sexuels et encouragent le débat autour de l’image corporelle et des troubles alimentaires. 


Les Jeux de Londres, a-t-elle rappelé, ont été une étape importante vers la réalisation de l’objectif d’égalité hommes-femmes.  Avec l’ajout de la boxe féminine à ces Jeux, les femmes ont concouru, pour la première fois, dans tous les sports olympiques.  De plus, avec l’intégration de femmes dans les délégations d’Arabie saoudite, du Qatar et de Brunei-Darussalam, tous les comités nationaux olympiques (CNO) ont envoyé des athlètes féminines.  Chaque année, le CIO remet le Trophée « femme et sport » à des personnes qui ont apporté une grande contribution à la participation des femmes dans le sport et l’administration sportive.  Le CIO offre aussi une aide technique et financière aux plus de 200 CNO pour soutenir des programmes en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles.  Avec le HCR, il a lancé des initiatives en Ouganda, au Panama, au Venezuela et au Kenya.


Mme AJAY MADIWALE, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a tenu à mettre en évidence l’impact qu’ont les catastrophes naturelles sur les femmes et les filles.  « Chaque année, les catastrophes naturelles perturbent la vie de plus de 200 millions de personnes à travers le monde, dont la majorité d’entre elles sont des femmes et des filles », a-t-elle dit.  L’une des conséquences méconnues de ces catastrophes est la dévastation provoquée par la violence basée sur le sexe qui s’ensuit.  Elle se produit dans les camps de réfugiés, dans les foyers d’accueil, au sein des ménages ou dans la rue.  Face à la fréquence de plus en plus grande des catastrophes naturelles, il s’agit d’un problème que la communauté internationale ne peut plus ignorer, a-t-elle souligné. 


L’an dernier, la FICR et la Croix-Rouge canadienne ont lancé un rapport conjoint sur la violence dans le cadre de catastrophes intitulé « Ce qui est prévisible peut être évité ».  Il présente une série de bonnes pratiques destinées aux acteurs humanitaires et se base, par exemple, sur des expériences concrètes de la part de sociétés nationales dans le cadre d’interventions en Haïti ou au Honduras.  Avant de conclure, elle a lancé un appel afin que toutes les parties engagées dans la gestion de crises ou dans les opérations au lendemain d’un sinistre fassent de la prévention de ces violences une priorité.


Mme FIAMMA ARDITI MANZO, Ordre militaire souverain de Malte, a affirmé que l’Ordre, par le biais de son organisation d’aide humanitaire « Malteser International », était déterminé à promouvoir les droits des femmes et à éliminer les discriminations à leur encontre.  Elle a cité plusieurs exemples de cet engagement.  En Inde, Malteser collabore avec l’organisation « Unnati », dans le nord-est du pays, dans le cadre d’un projet qui permet aux femmes de développer leurs capacités de dirigeantes et de réclamer leurs droits.  En République démocratique du Congo (RDC), où le viol est souvent utilisé comme un instrument de guerre, l’Ordre militaire souverain de Malte a développé des centres de santé qui fournissent des soins médicaux et une aide psychologique aux victimes pour les aider à surmonter cette terrible expérience.  « Pouvoir parler avec des psychologues est crucial dans le processus de guérison et dans le traitement du traumatisme », a-t-elle souligné.  Elle a également réaffirmé l’appui de l’Ordre à la Déclaration de Beijing.  « L’Ordre militaire souverain de Malte poursuivra ses efforts en vue de faire du monde un lieu meilleur et plus sûr pour les femmes et les filles.  Lorsque ces objectifs seront réalisés, les familles et les communautés seront infiniment en meilleure santé que celles dans lesquelles les femmes sont opprimées ou abusées », a-t-elle dit avant de conclure.       


M. MENSAH-WILLIAMS, Union interparlementaire-UIP, a indiqué que la réunion annuelle de l’Union interparlementaire, la semaine dernière, avec la participation de plus de 200 parlementaires de 43 pays, avait débattu du renforcement du rôle des parlementaires dans la lutte contre les violences à l’encontre des femmes, et les violences subies par les femmes au plan politique, ainsi que les moyens permettant de les prévenir et de les éliminer.  Les parlementaires devraient voter des lois qui sanctionnent les différentes formes de violence.  L’adoption de lois ne suffit pas à éliminer la violence à l’encontre des femmes et des filles, a reconnu M. Mensah-Williams.  Il faudrait également des ressources adéquates pour en assurer la mise en œuvre, a-t-il fait remarquer. 


C’est pourquoi, a-t-il estimé, les parlementaires peuvent contribuer à la mise en œuvre de la législation en offrant leurs bons offices pour impliquer toutes les parties concernées que sont la police, les forces de l’ordre, les fournisseurs de soins de santé, les travailleurs sociaux, les dirigeants religieux et communautaires.  Les parlementaires pourraient aussi faire la différence par la sensibilisation des femmes sur leurs droits et en envoyant un message clair que la violence ne peut pas être tolérée.  M. Mensah-Williams a précisé que, pour agir concrètement et faire changer les mentalités en faveur de l’amélioration de la condition de la femme, la mise en œuvre de ces lois nécessite des ressources adéquates.  « Nous devons bâtir des partenariats et des alliances, en y faisant participer les hommes et les garçons, pour mettre fin à la violence dont sont victimes les femmes.  Avant de conclure, il a souligné le rôle des médias dans la sensibilisation de la violence politique à l’égard des femmes.  Nous devons changer de culture par le biais de lois protectrices à l’égard des femmes en politique.


MmeAMIERAH ISMAIL (Organisation de la coopération islamique–OCI) a rappelé la création récente, au Caire, en Égypte, de l’Organisation pour le développement de la femme.  Elle a précisé que son statut était soumis aux procédures de ratification des États membres de l’OCI et qu’une fois que cette institution sera opérationnelle, elle pourra lancer des campagnes pour lutter contre la violence faite aux femmes et aux fillettes.  La représentante a également indiqué que la Commission permanente indépendante des droits de l’homme, qui avait été créée en 2011, avait la capacité d’être un « organe formidable » pour la protection des droits de femme au sein des pays membres de l’OCI.


L’observatrice de l’OCI a ensuite dénoncé la persistance des mutilations génitales féminines (MGF), qu’il a qualifiées de « pratique culturelle archaïque ».  Elle a fait savoir qu’il existait, au sein du monde musulman, une prise de conscience croissante au sujet de cette « terrible pratique ».  Elle a notamment indiqué que la seconde Conférence islamique des ministres chargés des droits des enfants, qui s’était déroulée à Khartoum en 2009, avait souligné que les mutilations génitales féminines sont une violation des droits des femmes et des fillettes.  La représentante a fait observer qu’outre ces mutilations, les mariages d’enfants et la violence à l’encontre des femmes sont souvent présentés, de manière erronée, comme faisant partie des traditions musulmanes.  Il importe donc de faire davantage de sensibilisation au niveau local pour dissocier ces pratiques de la religion, a-t-elle estimé.  L’observatrice de l’OCI a également appelé à l’organisation de plus de campagnes d’information au sujet des mutilations génitales féminines, avec l’aide, notamment, des médias, des réseaux sociaux et d’envois massifs de SMS.


M. KEVIN CASSIDY, Organisation internationale du Travail (OIT), a rappelé que, depuis plusieurs décennies, l’OIT émet un certain nombre d’avis sur les programmes et les politiques qui visent à éliminer sur le lieu de travail la discrimination fondée sur le sexe.  L’une des principales priorités de l’agenda pour un travail décent de l’OIT consiste à promouvoir les emplois décents et productifs et des possibilités de revenu égales pour les femmes et les hommes, a-t-il souligné.


S’agissant, par exemple, du harcèlement sexuel sur le lieu de travail, M. Cassidy a souligné qu’entre 40 et 50% des femmes de l’Union européenne avaient subi des avances sexuelles, des contacts physiques ou des propositions verbales non sollicitées ou d’autres formes de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail.  Dans les pays d’Asie-Pacifique, ce taux est de 30 à 40%.


Les chercheurs de l’OIT mesurent également l’incidence globale de la violence au travail tandis que les gouvernements sont épaulés pour rédiger et appliquer de nouvelles lois.  Les différents outils développés par l’OIT en la matière constituent un ensemble de ressources pour tous ceux qui veulent mettre un terme à ce type de violence à l’égard des femmes, a-t-il assuré.


Mme JANTINE JACOBI, ONUSIDA, a déclaré que les femmes victimes de violence risquaient beaucoup de contracter le VIH/sida, et celles qui en sont déjà atteintes subissent des discriminations et des stigmatisations liées à la violence.  À ce jour, 49% des adultes vivant avec le VIH/sida sont des femmes, et en Afrique subsaharienne, 58% des séropositifs sont des femmes.  Les filles âgées entre 15 et 24 ans sont particulièrement vulnérables avec un taux de prévalence deux fois plus élevé que chez les garçons de même tranche d’âge.  Cette disparité est encore plus marquée en Afrique où 3,1% des jeunes femmes vivent avec le VIH/sida contre 1,3% pour les garçons.  À chaque minute qui passe, une jeune femme est contaminée.  Toujours en Afrique, les filles comptent les 22% des nouvelles contaminations au VIH.  Les rapports sexuels restent le mode de transmission dominant des nouveaux cas.  La violence et les menaces de violences à l’encontre des femmes compromettent leur faculté à refuser les rapports sexuels ou l’utilisation des préservatifs ou encore l’emploi des seringues lorsqu’elles ont un ou plusieurs partenaires toxicomanes. 


Les femmes, ayant déjà été victimes des violences sexuelles ou physiques dans leur enfance et adolescence, auraient tendance à multiplier les partenaires sexuels ou à prendre des substances nocives.  Certaines femmes porteuses du VIH/sida dans certains pays ont révélé qu’elles avaient été forcées de subir la stérilisation.  La peur du rejet, de l’abandon ou de la violence constitue un frein à la prévention du VIH et à son traitement.  Beaucoup de femmes refusent le test de dépistage ou la divulgation de leur condition de séropositive à leur partenaire, ce qui peut compromettre leur accès au traitement et empêche la prévention.  Il faut dès lors réduire l’écart entre la lutte contre les violences à l’encontre des femmes et les programmes de lutte contre le VIH/sida, y compris la prise en charge des victimes de viol.  Il est également important de renforcer l’autonomisation des femmes, de changer les normes culturelles et sociales, de mener une éducation sexuelle, de développer et de mettre en œuvre des lois, des politiques et des programmes pour promouvoir l’égalité entre les sexes, et d’interdire les violences à l’encontre des femmes et de protéger leurs droits.


Mme CAI CAI, de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a expliqué que les commissions régionales des Nations Unies offraient un cadre idéal pour évaluer les mesures prises aux plans international et national en termes de lutte contre la violence à l’encontre des femmes.  Elle a parlé d’un projet de la CESAP qui prévoit d’améliorer les statistiques et les indicateurs sur cette violence et de partager les expériences sur le plan régional.  Les commissions régionales ont aussi pris des initiatives pour lutter contre cette violence dans le cadre de leur contexte régional.  La Commission économique pour l’Afrique (CEA) a réalisé plusieurs études sur la violence à l’encontre des femmes afin de fournir aux États des données exactes, a-t-elle indiqué.  La CEA offre aussi un cadre de dialogue politique sur l’autonomisation économique des femmes.  En ce qui concerne la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), elle dispose de banques de données d’un observatoire sur l’égalité entre les sexes.  La Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a rappelé Mme Cai, aide les pays de sa région à renforcer leurs capacités de protection des droits des femmes.  Les commissions régionales sont prêtes à travailler en collaboration avec ONU-Femmes et les autres institutions onusiennes pour parvenir à éliminer la violence à l’encontre des femmes et des filles, a assuré la représentante, qui a ajouté que la CESAP continuera à assister les pays de la région d’Asie-Pacifique à mettre en œuvre les engagements pris au niveau international.


M. MOHAMED ELKEIY, Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a déclaré que la leçon à tirer des bouleversements actuels dans divers endroits du monde était que « l’exclusion n’est pas durable, la discrimination n’est pas viable, et que les politiques irrationnelles conduisent à la marginalisation d’importantes composantes des communautés nationales ».  « L’égalité entre les hommes et femmes devrait ainsi être perçue comme un principe économique et aussi comme une condition pour une croissance soutenue et pour garantir la stabilité », a-t-il indiqué.  Par ailleurs, l’absence de l’égalité des chances entre hommes et femmes implique un énorme gaspillage de potentiel de développement où des segments entiers de la population sont exclus des activités de production et de consommation.


Selon de récentes études, a fait remarquer M. Elkeiy, près de la moitié de la population féminine de plus de 15 ans reste économiquement inactive.  Lorsque les femmes ont du travail, elles gagnent moins que leurs homologues masculins pour le même emploi.  « Il n’y aura pas de vrai développement avec de telles données, il n’y aura pas de vrai développement, ni de prospérité durable sans transcender cet instinct immoral de négliger et d’isoler celui ou celle qui est perçu(e) comme différent(e), faible ou vulnérable, et il n’y aura pas de développement si l’on reconduit automatiquement ce statu quo qui est fait de cette pratique irrationnelle de l’exclusion fondée sur le sexe, l’origine ethnique, l’orientation sexuelle, la classe sociale et l’origine géographique, a-t-il estimé. 


Les politiques économiques devraient être proactives pour parvenir à l’égalité entre les hommes et les femmes et l’inclusion sociale.  Les politiques commerciales ont tendance à avoir d’importants effets de redistribution au sein de l’économie, ce qui peut amplifier ou réduire les disparités entre les groupes en fonction de facteurs tels que le sexe, l’origine ethnique et géographique ainsi que l’orientation sexuelle, a regretté M. Elkeiy.  C’est lorsque les décideurs prendront en compte ces différences que les politiques économiques pourraient jouer un rôle essentiel pour réduire les inégalités entre les hommes et les femmes, a-t-il conclu.


Mme AISA KACYIRA, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), a fait observer que l’urbanisation généralisée de la planète allait souvent de pair avec une augmentation de l’insécurité dont sont principalement victimes les pauvres et les femmes.  Elle a fait observer que la sécurité des femmes et le « droit de cité » sont étroitement liés, et que l’absence de garanties est un obstacle de taille à la réalisation de l’égalité entre les sexes et au développement urbain durable.  Mme Kacyira a dénoncé la banalisation dont sont victimes les femmes dans les espaces publics et le fait que la dimension sexospécifique soit rarement prise en compte au cours des différentes étapes de la planification urbaine.  


De l’avis de la Directrice exécutive d’ONU-Habitat, il faudrait accorder une attention particulière au sentiment de peur que peuvent ressentir les femmes et les filles car, a-t-elle affirmé, celui-ci fait obstacle à l’exercice de leur droit de profiter des espaces publics.  Elle a souhaité qu’un cadre institutionnel juridique soit établi pour assurer la sécurité des femmes et des filles, aussi bien au sein des villes que des petites communes et pour prendre en compte lors des préparatifs pour l’élargissement des agglomérations.  Mme Kacyira a ensuite appelé la Commission, les gouvernements et la société civile à assurer la pleine participation des femmes au processus de planification urbaine, ainsi que dans la gestion et la gouvernance des villes.  Une dimension sexospécifique doit être intégrée à tout programme de planification urbaine et il importe également de promouvoir et de protéger le droit des femmes à la propriété foncière, a-t-elle ajouté.


Mme SUSANNA CAMUSSO, Confédération générale italienne du travail (CGIL), a affirmé que le problème de la violence faite aux femmes sur leur lieu de travail est un phénomène d’ampleur qui demeure sous-estimé.  Elle a également fait observer que c’est un problème qui préoccupe des millions de femmes et qui a un impact disproportionné sur les plus vulnérables d’entre elles, notamment les employées domestiques, les migrantes et les femmes ayant un emploi précaire.  Elle a souhaité l’adoption, sur le plan international, de mesures d’urgence pour aider ces catégories de femmes à résister à cette « violence massive » et pour établir des stratégies de prévention et d’élimination de ces pratiques.


Mme Camusso a par ailleurs dénoncé les structures actuelles du marché du travail qui représentent, selon elle, un obstacle de taille à l’autonomie et à l’autonomisation des femmes.  La représentante a également critiqué l’adoption de mesures d’austérité qui ont résulté en une perte importante de services et d’emplois publics.  Les femmes occupent un grand nombre d’emplois dans le secteur public dans de nombreux pays et dépendent aussi beaucoup des services publics, a-t-elle fait observer.  La représentante a ensuite insisté sur la nécessité d’adopter une approche qui privilégie la prévention par le biais de l’éducation de tous, les poursuites judiciaires et l’octroi d’une aide aux victimes.


Droits de réponse


Exerçant son droit de réponse, le représentant de l’Azerbaïdjan a regretté que l’Arménie ait allégué accueillir des réfugiés en raison d’une agression de la part de l’Azerbaïdjan.  Il a fait valoir que les Nations Unies ne reconnaissent que l’agression menée par l’Arménie contre son pays.  Il a estimé que l’Arménie ne pouvait couvrir par ses allégations les déplacements massifs qu’elle a provoqués.  Les hostilités entre les deux pays ont été menées sur le territoire de l’Azerbaïdjan uniquement, ce qui permet de comprendre que les déplacements à l’intérieur de l’Arménie ne sont pas liés à ce conflit, a-t-il rappelé.


Exerçant son droit de réponse par rapport à la déclaration de la délégation de la République de Corée, le représentant du Japon a expliqué sa position sur le thème des femmes de plaisir.  Le Premier Ministre japonais a exprimé sa compassion pour ces femmes et pour leurs souffrances, a-t-il rappelé.  Cette question, a-t-il dit, ne doit pas devenir un point de friction diplomatique.  Le Japon s’engage à déployer tous les efforts pour éliminer les violations aux droits des femmes, a-t-il assuré.


La représentante de la République arabe syrienne a également exercé son droit de réponse, à la suite des commentaires formulés par la délégation du Koweït.  Si le Gouvernement koweïtien était soucieux du bien-être de la femme syrienne, il aurait dû exercer des pressions sur les groupes salafistes de son pays pour empêcher que des salafistes armés se trouvant au Koweït aillent combattre en Syrie, comme les organisations crédibles l’ont prouvé, a-t-elle lancé.  Elle s’est par ailleurs inquiétée de la situation des femmes koweïtiennes qui ne peuvent pas exercer leurs droits civiques et subissent des violences sexuelles.  Elle a exhorté le Gouvernement du Koweït à reconnaître à ces femmes l’exercice de leurs droits fondamentaux, en particulier du droit à la liberté d’expression.


Répondant à la délégation de l’Azerbaïdjan, la représentante de l’Arménie a regretté la politique de propagande menée par l’Azerbaïdjan qui, a-t-elle affirmé, a forcé des milliers d’arméniens à quitter leur foyer dans le Haut-Karabakh.  Elle a appelé à défendre les droits des populations de cette région.  Elle a demandé à l’Azerbaïdjan d’éviter cette pratique qui consiste à détourner le débat.


Le représentant de la République de Corée a aussi exercé son droit de réponse pour rappeler à la délégation du Japon que la question de la responsabilité du Gouvernement japonais concernant les « femmes de plaisir » n’avait pas encore été tranchée.  Il a exhorté le Gouvernement du Japon à reconnaitre sa responsabilité et à prendre des mesures de réparation pour les victimes, comme l’a recommandé la communauté internationale.


Après le départ des interprètes, le représentant du Japon a ajouté que cette question concernant la Seconde Guerre mondiale avait déjà été réglée par des instruments internationaux. 


Reprenant la parole, le représentant de la République de Corée a fait valoir que le crime contre l’humanité n’a jamais été évoqué dans le cadre du règlement entre la Corée et le Japon.  Le Traité de paix de San Francisco n’a pas réglé cette question, a-t-il fait remarquer.


Le représentant de l’Azerbaïdjan a repris la parole pour réaffirmer la position de son gouvernement concernant le Haut-Karabakh. 


À nouveau, le représentant de l’Arménie a fait observer que cette question ne relevait pas de la compétence de la Commission de la condition de la femme.  Il a également dénoncé la pratique de mariages de filles dès l’âge de 12 ans en Azerbaïdjan.


Mme CHRISTINA SELBY, Working Group on Girls, a affirmé que grâce à l’éducation, les jeunes filles pouvaient devenir les modèles pour leur communauté.  Elle a invité la Commission de la condition de la femme à demander aux États Membres d’assurer l’égalité entre les filles et les garçons en matière d’éducation.  Une fille éduquée peut réfuter les croyances culturelles selon lesquelles les garçons sont plus importants et plus utiles que les filles, et si les filles parviennent à subvenir à leurs besoins économiques comme le font leurs frères, on parviendra peut-être à mettre un terme aux avortements sélectifs, à la traite et au mariage d’enfants, a fait remarquer la représentante, qui s’est dite convaincue que l’éducation permettait également de faire baisser le taux de mutilations génitales féminines. 


Mme PIERRETE PAPE, Lobby européen des femmes, a insisté sur l’adoption de politiques proactives et la mise en œuvre des engagements pris pour éliminer la violence faite aux femmes.  Elle a fait observer que de nombreux engagements avaient été pris aux niveaux européen et national, mais que les organisations de femmes qui travaillent sur le terrain attendent toujours l’adoption de mesures concrètes.  La représentante a plus particulièrement dénoncé l’absence de service d’appui, le manque de campagnes de prévention et de sensibilisation, ainsi que l’absence de mesures de protection des victimes et la persistance de l’impunité des actes de violence à l’encontre des femmes. 


Mme Pape a également dénoncé l’émergence de différentes formes d’antiféminisme et le manque de volonté politique pour répondre au problème de l’inégalité entre les sexes.  L’Europe doit être mobilisée pour mettre un terme au mythe selon lequel l’égalité entre les sexes a été réalisée et faire preuve d’un leadership fort pour tracer la voie vers la réalisation des droits des femmes et l’égalité entre les sexes, a-t-elle affirmé.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ONU célèbre en chanson la Journée internationale de la femme

FEM/1947-OBV/1186

L’ONU célèbre en chanson la Journée internationale de la femme

08/03/2013
Couverture des réunionsFEM/1947
OBV/1186
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commémoration de la Journée

internationale de la femme

matin


L’ONU CELEBRE EN CHANSON LA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME


« One Woman », première chanson produite par l’Organisation, est un message d’unité et de solidarité pour les droits des femmes


« Nous sommes une femme. »  C’est sur ce refrain que l’ONU a célébré, ce matin à New York, la Journée internationale de la femme en lançant une chanson*, produite par l’Organisation et interprétée par 25 artistes du monde entier.  Vingt-cinq voix de femmes, de toutes origines, qui appellent à l’unité et à la solidarité pour défendre les droits de toutes.


C’est devant une salle comble, et malgré la neige qui tombe depuis la nuit dernière sur New York, que l’ONU a projeté, ce matin, le clip vidéo qui réunit ces 25 artistes, lançant ainsi la première chanson produite par l’Organisation.  Sous le titre « Une femme.  Une chanson pour ONU-Femmes », les paroles appellent tout un chacun à lutter pour les droits des femmes et à défendre l’égalité entre les sexes.  


« Dans mon pays, la neige est souvent considérée comme un signe de bon augure », a fait remarquer le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon.  Saluant les participants à cette séance commémorative, il a considéré que ce signe, aujourd’hui, montrait que « rien ne peut nous arrêter dans notre lutte pour l’autonomisation des femmes et l’égalité entre les sexes ».  « Cette chanson, a-t-il ajouté, nous rappelle que si nous sommes unis, nous rencontrerons des succès. » 


« Je sens dans cette salle une force, une énergie, un dévouement et un dynamisme très forts.  Cette salle est d’ailleurs trop petite pour faire place à toute votre énergie », a–t-il dit. 


La cérémonie de ce 8 mars, qui avait pour thème « Une promesse est une promesse: Il est temps d’agir pour mettre fin à la violence à l’encontre des femmes », pouvait être visionnée dans une deuxième salle du bâtiment temporaire de la pelouse nord, qui avait accueilli autant de personnes.


« Aujourd’hui, nous rendons hommage aux défenseurs et aux pionnières, à tous ceux qui font avancer la cause de l’égalité pour les femmes et pour les filles dans le monde.  Nous célébrons aussi les efforts entrepris en faveur des femmes pour qu’elles puissent jouir pleinement de leurs droits fondamentaux », a ajouté M. Ban.


Le Secrétaire général a rappelé que les femmes étaient souvent « moins rémunérées que les hommes pour un travail identique », que « leur rôle inestimable au sein des ménages n’est pas valorisé » et que nombre d’entre elles « sont opprimées ou laissées pour compte, victimes d’agressions choquantes et violentes perpétrées par des maris, des pères, des collègues ou d’autres personnes en qui elles devraient avoir confiance ».  


« La violence à l’encontre des femmes n’est pas un phénomène inévitable », a-t-il ajouté, en appelant les États à renforcer la collecte de données sur le phénomène, à fournir un accompagnement juridique aux victimes, à dénoncer, à sanctionner et à traduire les auteurs de ces actes en justice.  Il a aussi réaffirmé qu’il était pleinement engagé à collaborer avec tous les dirigeants du monde et tous les autres acteurs dans ce combat, notamment par le biais de sa campagne « Unissons-nous pour mettre fin aux violences contre les femmes », le Réseau des dirigeants masculins pour lutter contre la violence à l’encontre des femmes, ainsi que la campagne « Engageons-nous » d’ONU-Femmes.


Le Secrétaire général a cependant regretté que le Fonds d’affection spéciale des Nations Unies à l’appui de la lutte contre la violence à l’encontre des femmes ne pourra, cette année, satisfaire que seulement 1% des demandes reçues et c’est pourquoi, il a appelé les États Membres à apporter leur soutien à ce Fonds et à ONU-Femmes.


La Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité de sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), Mme Michelle Bachelet, a ensuite rappelé plusieurs avancées majeures réalisées en faveur des droits des femmes et de l’égalité au cours des 20 dernières années, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes de 1979 ou la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité du Conseil de sécurité.


« Nous ne pouvons pas faire marche arrière.  Nous devons continuer à aller de l’avant.  Nous le devons à des millions de femmes qui luttent pour leurs droits dans le monde », a-t-elle dit.  « Nous sommes à un tournant historique.  Jamais, auparavant, nous n’avons été les témoins d’une telle dynamique, d’une telle indignation et d’autant d’appels pour le changement.  Jamais, auparavant, nous n’avions pu sensibiliser immédiatement à travers le monde ce que les nouvelles technologies ont réussi, en l’espace de quelques secondes, à faire pour faire connaître les atrocités et les horreurs de la violence dont sont victimes des femmes et des filles.  Des femmes, des hommes et des jeunes ont élevé leur voix dans chaque région du monde pour dire: Trop, c’est trop.  Les populations exigent qu’on mette immédiatement fin à l’impunité. 


Elle a fait remarquer qu’il ne pouvait y avoir de paix et d’égalité sans que les droits des femmes et que leur participation équitable ne fussent garantis.  Elle a, entre autres, mis l’accent sur la réalisation des droits sexuels et reproductifs.  « On assiste à une transformation sociale en ce qui concerne les croyances, les attitudes et les comportements.  Si nous agissons avec courage, conviction et détermination, nous pouvons faire en sorte que les violences à l’égard des femmes deviennent rares et ne soient pas tolérées. »


Elle a annoncé que 50 gouvernements, ainsi que la Commission européenne, s’étaient engagés à prendre des mesures concrètes pour combattre les violences à l’encontre des femmes et des filles.  Elle a aussi souligné que la cinquante-septième session de la Commission de la condition de la femme était une occasion unique pour prendre un tel engagement.


De son côté, le Représentant permanent de la France auprès des Nations Unies, M. Gérard Araud, a lui aussi souligné que les droits sexuels et reproductifs des femmes étaient « souvent niés, quelles que soient les sociétés, les cultures ou les religions ».  En France, a-t-il expliqué, environ 600 000 femmes sont victimes de violences domestiques, dont près de 200 000 à caractère sexuel.


Face à ce constat, a-t-il dit, « la France a décidé de renforcer son appareil législatif contre les violences ».  Ainsi, le délit de harcèlement sexuel a été confirmé et renforcé dans le Code pénal, le dispositif contre les mariages forcés sera amélioré, tandis qu’un nouveau délit, l’incitation à subir une mutilation génitale, sera reconnu. 


À cet égard, a précisé l’Ambassadeur Araud, la France s’inscrit dans le cadre ouvert par le Groupe des États d’Afrique, lequel a fait adopter une résolution sur l’élimination des mutilations génitales féminines par l’Assemblée générale.


Le représentant de la France a également insisté sur la nécessité d’encourager la coopération régionale.  Il a en particulier rappelé que la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, un « texte fondamental », a-t-il dit, adopté à Istanbul en 2011, constituait la première convention contraignante qui traite de la question des violences faites aux femmes.


M. Araud a également fait observer que les femmes étaient les « premières et principales victimes des conflits armés », subissant des « violences sexuelles intolérables, utilisées comme armes de guerre ou de destruction, physique et morale, des populations ».


Il a ainsi souligné que l’intervention française au Mali était guidée par la volonté de répondre aux violations graves des droits fondamentaux de la personne humaine commises par des groupes armés dans le nord du pays, « en particulier à l’encontre des femmes ».


« Le Secrétaire général a pris la mesure de ces violences », a-t-il poursuivi, en précisant qu’il avait créé le poste de Représentant spécial pour les violences sexuelles.  « Il soutient pleinement ONU-Femmes et veille au déploiement de conseillères et conseillers de protection des femmes dans les opérations de maintien de la paix.  Enfin, il a fait de la participation des femmes à la résolution des conflits une priorité de l’Organisation des Nations Unies. »


Au sein de l’Organisation, le cadre normatif pour les droits de la femme s’est élargi, s’est félicité M. Araud, en citant notamment le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, que préside, a-t-il dit, une Française, Mme Nicole Ameline. 


Le représentant de la France, qui a salué l’adoption récente par l’Assemblée générale d’une résolution importante sur l’élimination de toutes les formes de violence à l’encontre des femmes, a souhaité que la cinquante-septième session de la Commission de la condition de la femme « profite de cet élan en adoptant des conclusions agréées, fortes et ambitieuses ».


Cette cérémonie a ensuite été suivie d’un débat très riche et très actif autour des interventions de quatre femmes: Mme Patricia Brownell, de l’ONG « International Network for the Prevention of Elder Abuse »; Mme Annie Banda, coordonnatrice nationale du « Fonds d’affection spéciale des Nations Unies à l’appui de la lutte contre la violence à l’encontre des femmes »; Mme Nisha Varia, de l’organisation « Human Rights Watch »; et Mme Victoria Tauli-Corpuz, ancienne Présidente de l’Instance permanente sur les questions autochtones.


*     http://song.unwomen.org/


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: avis divergents sur les taux de remboursement des pays contributeurs de troupes et frustrations face à la faible application du principe de responsabilité

AG/AB/4059

Cinquième Commission: avis divergents sur les taux de remboursement des pays contributeurs de troupes et frustrations face à la faible application du principe de responsabilité

8/3/2013
Assemblée généraleAG/AB/4059
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Cinquième Commission                                       

24e & 25e séances – matin & après-midi                      


CINQUIÈME COMMISSION: AVIS DIVERGENTS SUR LES TAUX DE REMBOURSEMENT DES PAYS CONTRIBUTEURS

DE TROUPES ET FRUSTRATIONS FACE À LA FAIBLE APPLICATION DU PRINCIPE DE RESPONSABILITÉ


La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a donné lieu aujourd’hui à des avis divergents sur la manière d’appréhender les propositions relatives à l’ajustement des taux de remboursement des pays fournisseurs de contingents.  Elle a aussi fait état de frustrations face aux lacunes dans l’application du principe de responsabilité au sein du Secrétariat de l’ONU et a, par ailleurs, encouragé ce dernier à passer à une nouvelle stratégie informatique.  Les délégations ont enfin accueilli avec quelques questions le projet de construction du bâtiment de la division d’Arusha du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux. 


S’agissant de l’ajustement des taux de remboursement des pays fournisseurs de contingents, le Groupe consultatif de haut niveau de l’Assemblée générale propose un nouveau système dans lequel ce taux serait fixé de façon empirique, à partir de données sur les principales dépenses communes venant s’ajouter au coût des contingents supporté actuellement par les pays fournisseurs.  Les données seraient collectées auprès des 10 pays retenus parmi les 20 plus importants fournisseurs et représentant collectivement au moins 50% de l’ensemble du personnel déployé au cours des trois années précédant l’enquête. 


Ces recommandations doivent-elles être prises telles quelles ou comme une base de discussions.  Les avis ont divergé.  Grande contributrice de troupes et membre du Groupe consultatif de haut niveau, l’Inde a jugé que la Commission doit saisir cette occasion de venir à bout d’une question en suspens depuis des décennies.  Elle a été rejointe par l’Union européenne, les États-Unis, le Japon, la Norvège et le Canada.


Appuyé par Fidji, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, l’autre grand contributeur de troupes, à savoir le Pakistan, a prévenu qu’une démarche visant à adopter tel quel le train de mesures ne saurait être la bonne manière d’aborder « des questions fondamentales ».


Le Président du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a indiqué que les recommandations entraîneraient des dépenses de 17,7 millions de dollars pour l’exercice allant du 1er juillet 2012 au 30 juin 2013 et de 42,4 millions de dollars pour l’exercice allant du 1er juillet 2013 au 30 juin 2014 pour l’ensemble des budgets des opérations de maintien de la paix. 


« L’application du principe de responsabilité va bien au-delà d’une déclaration de principe sur un site Internet », a tancé le Canada au cours du débat qu’a ensuite tenu la Commission sur cette question.  En règle générale, les délégations se sont étonnées du caractère abstrait des propositions pour aller de l’avant. 


Les choses trainent, a relevé Fidji, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, en s’inquiétant, par exemple, des lacunes dans l’évaluation des performances.  Il n’a pas été le seul à douter de la crédibilité d’un système qui conclut que seul 1% du personnel ne répond pas ou ne répond que partiellement aux attentes.


La Commission s’est aussi penchée sur la nouvelle stratégie informatique proposée.  La Suisse a estimé qu’une mise en œuvre par étape des 11 recommandations du Corps commun d’inspection, est plus réaliste qu’une mise en œuvre simultanée.


Selon le Comité des Commissaires aux comptes, le Secrétariat de l’ONU compte plus de 70 services informatiques et 2 000 applications informatiques.  La nomination d’un directeur général et la création du Bureau de l’informatique n’ont pas permis de changer une Organisation qui fonctionne davantage comme un réseau d’organisations que comme une entité unique, globale et homogène.


La Commission a enfinexaminé le plan de construction du bâtiment de la division d’Arusha du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux, dont la durée est estimée à 5 ans et trois mois pour un budget prévisionnel de 8,79 millions de dollars.


Fidji, la Côte d’Ivoire et la République-Unie de Tanzanie se sont étonnées que le Secrétaire général ne parle pas de la mise en recouvrement d’1,5 million de dollars correspondant au reliquat du crédit de 3 millions de dollars ouvert, que recommande le CCQAB.


La Commission tiendra sa prochaine réunion lundi 11 mars à partir de 10 heures.


ASPECTS ADMINISTRATIFS ET BUDGÉTAIRES DU FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES


Rapport du Groupe consultatif de haut niveau créé en application de la résolution 65/289 de l’Assemblée générale pour examiner les taux de remboursement aux pays fournisseurs de contingents et d’autres questions connexes (A/C.5/67/10)


Dans ses conclusions et recommandations, le Groupe consultatif de haut niveau précise qu’il s’est essentiellement attaché à élaborer un système crédible, prévisible et équitable de remboursement.  Il recommande d’abord à l’Assemblée générale de continuer à appliquer la double stratégie consistant à approuver des versements complémentaires au titre du coût des contingents lors des deux derniers exercices budgétaires, tout en déterminant les économies à réaliser dans les budgets des opérations de maintien de la paix.


En conséquence de quoi, le Groupe consultatif recommande de poursuivre le versement complémentaire égal à 6,75% du taux de base de 1,028 dollar par personne et par mois, du 1er  avril 2013 au 30 juin 2014.  À compter du 1er avril 2013, lorsque le gros matériel visé dans les mémorandums d’accord pertinents est manquant ou ne fonctionne pas et que cela nuit à la faculté des contingents de s’acquitter de leurs obligations, le taux de remboursement aux pays fournisseurs de contingents ou d’effectifs de police devrait être réduit en proportion.


Proposant ensuite un nouveau système, le Groupe consultatif recommande à l’Organisation de conserver la structure du taux de base standard par personne pour le remboursement des coûts liés au déploiement des contingents et unités de police constituées.  Le taux de remboursement devant être fixé de façon empirique et il conviendrait, pour ce faire, de collecter des données sur les principales dépenses communes venant s’ajouter au coût des contingents actuellement pris en compte et que supportent les pays qui fournissent des contingents.  Plus précisément, ces renseignements devraient porter sur les soldes et indemnités, l’habillement, le paquetage et l’équipement; les frais médicaux avant déploiement; les frais de transport intérieur et la formation exigée par l’Organisation.


Le Groupe consultatif propose de solliciter ces données auprès des 10 pays qui seront retenus parmi les 20 plus importants fournisseurs de contingents ou d’effectifs de police et représenteront collectivement au moins 50% de l’ensemble du personnel déployé au cours des trois années précédant l’enquête.  L’Assemblée serait alors saisie des données par catégorie de coût, pour chaque pays de l’échantillon.  Un examen complet d’un nouvel échantillon de pays serait fait tous les quatre ans.


Quant à la prime de risque, le Groupe consultatif recommande que le montant global annuel de ces primes n’excède pas 10% du montant qui serait versable à 10% de l’effectif moyen déployé durant l’exercice considéré.  Ces primes seraient versées directement aux membres des contingents intéressés à la fin de leur période de service; le Secrétaire général se prononçant sur leur octroi chaque trimestre.


S’agissant des primes au titre des capacités habilitantes essentielles, le Groupe consultatif recommande de verser une prime pour la fourniture d’une quantité limitée de capacités habilitantes essentielles pour lesquelles la demande est importante mais l’offre restreinte.  Le montant global annuel de cette prime n’excéderait pas 15% du montant qui serait versé à 10% de l’effectif moyen déployé durant l’exercice budgétaire considéré.


Le Groupe consultatif consacre une partie de son rapport au respect des obligations.  Il recommande de décrire dans le détail le « contrat » passé par les pays fournissant des contingents, l’ensemble des États Membres et le Secrétariat de l’Organisation dans un document énonçant les obligations réciproques.  Il recommande aussi de faire en sorte que les organes intergouvernementaux pertinents continuent d’examiner les moyens de renforcer le rôle des pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police dans la détermination de la dimension militaire des mandats de maintien de la paix.


Il conviendrait aussi, dit-il, d’examiner les fonctions de planification stratégique et de commandement des missions de maintien de la paix, y compris le processus de constitution des forces, dans l’objectif de mettre en place l’architecture optimale nécessaire pour tenir compte de la complexité des mandats des opérations contemporaines de maintien de la paix et des besoins particuliers des différentes missions.


Le Secrétariat devrait également redoubler d’efforts en vue que les membres des contingents et des unités de police constituées arrivent dûment équipés sur le théâtre des opérations pour exécuter les activités prescrites de maintien de la paix.  Il conviendrait aussi d’accroître encore l’efficacité et la productivité de la chaîne et des moyens logistiques et d’accorder immédiatement une priorité accrue à la formation préalable au déploiement des contingents et effectifs de police affectés à des opérations de maintien de la paix.


Enfin, le Groupe consultatif recommande d’accélérer les enquêtes sur les fautes présumées et les éventuelles procédures disciplinaires, dans la mesure du possible, et prendre rapidement des sanctions fermes lorsque des manquements se produisent.


Dans son Rapport sur la mise en œuvre du rapport du Groupe consultatif (A/67/713), le Secrétaire général indique que si l’Assemblée générale approuvait les recommandations du Groupe consultatif, elle devrait prendre note du fait que les mesures immédiates occasionneraient des dépenses de 17,7 millions de dollars pour l’exercice allant du 1er juillet 2012 au 30 juin 2013 et de 42,4 millions de dollars pour l’exercice allant du 1er juillet 2013 au 30 juin 2014 pour l’ensemble des budgets des opérations de maintien de la paix.


L’Assemblée devrait aussi approuver, au titre du budget du compte d’appui aux opérations de maintien de la paix, l’ouverture d’un crédit additionnel de 534 900 dollars pour l’exercice allant du 1er juillet 2012 au 30 juin 2013 pour financer deux emplois de temporaire (1 P-5 et 1 agent des services généraux), et l’ouverture d’un crédit de 1 365 500 dollars pour l’exercice allant du 1er juillet 2013 au 30 juin 2014 pour financer deux emplois de temporaire (1 P-5 et 1 agent des services généraux) aux fins de la réalisation de l’enquête selon les nouvelles modalités.  Enfin, l’Assemblée devrait retirer le questionnaire qu’elle avait approuvé dans sa résolution 63/285.


Dans ses commentaires, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (A/67/749) ne voit pas d’objection mais il promet de formuler des observations et des recommandations additionnelles une fois que l’Assemblée générale se sera prononcée.


Déclarations


Intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. PETER THOMSON (Fidji) a dit avoir encore des questions sérieuses au sujet de certains commentaires et recommandations.  Il a dit attendre avec intérêt de pouvoir en discuter pendant les négociations informelles. 


M. THOMAS MAYR-MARTING, Union européenne, a salué le travail constructif du Groupe consultatif, en soulignant que l’Union a un intérêt particulier à soutenir un système de maintien de la paix efficace dans la mesure où la plupart de ses membres est à la fois contributeur financier, de troupes ou de moyens logistiques.  En tant qu’organisation régionale, l’Union européenne a un rôle bien établi à jouer pour faire avancer la cause de la paix et de la sécurité, ce qui se traduit par une coopération continue avec les Nations Unies et d’autres organisations régionales comme l’Union africaine.  M. Mayr-Harting a, en conséquence, appelé tous les acteurs à saisir cette « occasion unique » pour revitaliser leur partenariat.  Pour l’Union européenne, les recommandations du Groupe consultatif sont un paquet intégral qu’elle est prête à adopter en tant que tel.  Les autres États Membres devraient en faire de même « pour éviter de retomber dans les négociations difficiles du passé ».


Intervenant au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (Groupe CANZ), M. NICOLAS CHAPDELAINE (Canada) a accueilli avec satisfaction le rapport du Groupe consultatif, qui est l’expression d’un consensus important entre les experts sur la mise en place d’un système équitable, prévisible et viable.  Nos délégations estiment que ce rapport s’avèrera utile pour le renforcement du partenariat plus général qui doit exister entre les Nations Unies, les États Membres et ceux d’entre eux qui fournissent des contingents et des effectifs de police.  Selon lui, le Groupe consultatif est parvenu à formuler des recommandations claires et fondées sur des arguments solides. 


Le représentant a salué le fait que le Groupe consultatif propose des solutions devant permettre de répondre à des préoccupations urgentes, grâce à une approche non seulement novatrice mais aussi fondée sur la compréhension de ce qu’il est pratique et possible d’accomplir.  Les recommandations, a estimé le représentant, incluent des changements relativement simples et rapides à mettre en œuvre.  Face aux risques d’une approche fragmentée, le représentant s’est félicité de recommandations qui visent à s’attaquer à une série d’enjeux interdépendants et indissociables, qui sont au cœur du maintien de la paix moderne et qui doivent tous faire l’objet d’un examen rigoureux. 


M. ENRIQUE ROMAN-MOREY (Pérou) a qualifié de « fondamental » le rapport du Groupe consultatif, pour les pays fournisseurs de contingents et pour l’Organisation dans son ensemble.  Il a estimé que ce rapport peut servir de base à un système équitable et durable.  Mais, a-t-il tempéré, il faut l’examiner dans le détail, car « il s’agit d’êtres humains au service de l’ONU » dont il faut protéger l’intérêt.  Le représentant s’est donc dit préoccupé par la proposition de faire passer les roulements du personnel de maintien de la paix de 6 à 12 mois.  Des économies seraient faites certes mais l’efficacité des troupes pourrait être affectée, a-t-il prévenu.  Quant à la proposition de sanctionner les contingents dont le matériel n’est pas en bon état, il a demandé que l’on fasse la distinction entre les hommes et le matériel s’agissant du remboursement.  Le Pérou, a avoué le représentant, ne peut donc pas accepter le caractère « intégral » défendu par certains, du train de mesures. 


M. STEPHEN LIEBERMAN (États-Unis) a rappelé la difficulté qu’il y a eu de concilier les vues des pays fournisseurs de contingents qui demandent depuis longtemps un ajustement du taux de remboursement et le remplacement d’un système jugé trop fastidieux et compliqué, alors que d’autres États jugent qu’aucune augmentation n’est justifiée.  Les oppositions étaient tellement controversées, a dit M. Lieberman, que nous avons presque échoué à adopter certains budgets d’opérations de maintien de la paix.  C’est dans ce contexte, a-t-il aussi rappelé, que l’Assemblée générale a confié un mandat au Groupe consultatif.  Saisi du rapport de ce dernier, le représentant a appelé, à son tour, à adopter ce train de mesures qui, selon lui, est de nature à améliorer l’efficacité du maintien de la paix.  Rejeter ces recommandations reviendrait à prolonger l’impasse dans laquelle nous nous trouvons, a prévenu le représentant.


M. TOSHIHIRO AIKI (Japon) a rappelé que le Groupe consultatif a pour vocation de trouver des solutions acceptables et que, compte tenu de sa composition, il devrait pouvoir bénéficier de la confiance et du soutien de tous les États Membres.  Il serait donc de l’intérêt collectif de respecter le travail du Groupe consultatif et d’adopter sans plus tarder ses recommandations qui, selon le représentant, posent les bases d’un système équitable, prévisible et viable car fondé sur des données actualisées.


M. MANJEEV SINGH PURI (Inde) a rappelé que son pays a fait partie du Groupe consultatif qui représente la première tentative de traiter de la question du taux de remboursement, de façon ciblée.  Les recommandations du Groupe représentent, selon lui, une occasion de venir à bout de cette question en suspens depuis des décennies.  Il n’est tout simplement pas envisageable de la reporter une nouvelle fois.  Tous les acteurs du maintien de la paix, a souligné le représentant, ont la responsabilité de préserver cet instrument vital qu’est le maintien de la paix, en dépassant leurs intérêts nationaux « comme le font les Casques bleus depuis des décennies ».  Il va falloir, a encouragé le représentant, faire preuve de la volonté politique nécessaire et traduire l’engagement réel en faveur du maintien de la paix des Nations Unies, a conclu le délégué qui a tenu à rappeler que les recommandations du Groupe consultatif ont été adoptées par consensus.


M. NOEL GONZÁLEZ SEGURA (Mexique) a dit espérer que l’objectif du Groupe consultatif est réellement d’optimiser les moyens humains et matériels dont disposent les opérations de maintien de la paix.  Il a insisté que l’objectif principal de cette discussion est de doter l’Organisation des moyens nécessaires pour mener ses opérations de maintien de la paix.


M. MASOOD KHAN (Pakistan) a estimé que le rapport du Groupe consultatif doit faire l’objet de nouvelles négociations pour rendre les recommandations acceptables par toutes les parties.  Il a jugé qu’une démarche visant à adopter tel quel le train de mesures ne saurait être la bonne manière d’aborder « les questions fondamentales » des opérations de maintien de la paix.  Il faut entendre les préoccupations de tous les États Membres, a-t-il tranché.


M. SUL KYUNG-HOON (République de Corée) a salué le travail du Groupe consultatif et estimé que ses propositions sont « raisonnables ».  Le rapport peut servir de base à un système équitable et durable, a dit le représentant, tout en revenant sur la recommandation sur la période de relève et les taux de remboursement des matériels endommagés.  Il faut que le nouveau système se fonde sur la base empirique claire, d’où l’importance de collecter des informations fiables en temps et en heure.  Le représentant a néanmoins dit partager l’avis selon lequel les recommandations représentent un train de mesures « intégral ».


M. PATRICIO TROYA (Équateur) a souhaité que l’on ne fasse pas de différence entre les pays qui fournissent une contribution financière et ceux qui fournissent des troupes.  Le rapport du Groupe consultatif n’est pas « intouchable » et n’a pas vocation à se substituer aux délibérations de la Cinquième Commission.  Le moyen de parvenir à des recommandations acceptables par tous est, a tranché le représentant, une négociation constructive, franche, respectueuse des uns et des autres, de bonne foi et tournée vers le consensus.   


Mme JACOBSEN TAKAHASHI (Norvège) a, à son tour, estimé que les recommandations du Groupe consultatif étaient des recommandations équilibrées de nature à nous permettre d’aller de l’avant de manière pérenne.


EXAMEN DE L’EFFICACITÉ DU FONCTIONNEMENT ADMINITRATIF ET FINANCIER DE L’ONU


Deuxième rapport du Secrétaire général sur l’application du principe de responsabilité au Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies A/67/714)


Dans ce rapport, le Secrétaire général met en évidence les progrès accomplis au cours de l’année écoulée dans plusieurs domaines et propose un plan d’action à effet immédiat visant à renforcer l’application du principe de responsabilité, en mettant particulièrement l’accent sur la gestion globale des risques et sur un cadre conceptuel de gestion axée sur les résultats.  Selon la structure de gouvernance définie par ce cadre, le Secrétaire général adjoint à la gestion est officiellement chargé de mettre en œuvre la gestion axée sur les résultats au Secrétariat.


La structure de gouvernance pour la gestion axée sur les résultats repose notamment sur les « référents processus » des différents secteurs concernés par la mise en œuvre de la gestion axée sur les résultats, qui se verront confier des tâches particulières à cette fin, et les dispositifs de contrôle des résultats obtenus par ces fonctionnaires.


Pour appuyer le haut fonctionnaire chargé de la mise en œuvre de la gestion axée sur les résultats, le Conseil d’évaluation de la performance des hauts fonctionnaires, organe de contrôle des résultats des hauts fonctionnaires et de l’Organisation, s’acquittera de ses fonctions dans le cadre de réunions régulières ou, au besoin, exceptionnelles.


Cette structure de gouvernance se distingue de celles qui ont été proposées dans le passé car la présente proposition s’inscrit au contraire dans la volonté du Secrétariat de simplifier les structures de l’Organisation consacrées à l’appui aux programmes.


Le Secrétariat prévoit que la mise en place de la gestion axée sur les résultats se fera au gré d’améliorations successives, pour lesquelles il conviendra d’accorder une attention particulière à la difficulté qu’il y a à définir et contrôler les résultats du Secrétariat de telle manière que l’Organisation soit en mesure de communiquer aux parties prenantes les informations sur les résultats qu’elles attendent.


Une attention doit aussi être accordée à la difficulté qu’il y a à obtenir des données relatives aux effets propres aux interventions du Secrétariat et à évaluer et décrire l’impact de celles-ci (autrement dit, comment savoir quelles réalisations sont précisément imputables à l’action du Secrétariat?).


Dans ce rapport, le Secrétaire général décrit brièvement les différentes étapes du cycle des programmes –planification, établissement des budgets, suivi, évaluation et établissement de rapports– vues sous l’angle de la gestion axée sur les résultats.


Dans ses commentaires, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (A/67/776) dit qu’il n’est pas en mesure, à ce stade, de recommander à l’Assemblée générale l’approbation du cadre conceptuel.  Il prend note, cependant, des progrès accomplis dans l’élaboration de ce cadre.  En outre, il dit ne pas très bien comprendre comment, dans la pratique, le cadre conceptuel, dans sa forme actuelle, améliorera concrètement l’application du principe de responsabilité et le fonctionnement organisationnel.  Tout en estimant que la question doit faire l’objet d’un examen plus approfondi, le Comité ne voit pas d’intérêt à la reprise des travaux du Groupe de travail sur la gestion axée sur les résultats.


S’agissant des progrès accomplis jusqu’ici dont le Secrétaire général parle dans son rapport, le Comité consultatif considère que, sept ans après l’adoption de la première résolution de l’Assemblée générale sur la question et deux ans après l’adoption d’une définition du principe de responsabilité, les considérations présentées dans le rapport du Secrétaire général demeurent pour l’essentiel abstraites et ne sont pas suffisamment accompagnées de détails pratiques sur les mesures de responsabilisation effectivement prises et sur l’effet de la mise en œuvre de ces mesures.


À l’instar du Secrétaire général, il considère qu’il ne suffit pas, pour faire naître une telle culture de responsabilité, d’en proclamer l’importance dans un document ou de publier une déclaration de principes sur un site Web.  Le Secrétaire général, conseille-t-il, doit multiplier, diversifier et intensifier les efforts menés dans ce domaine afin que la culture de la responsabilité s’enracine dans les valeurs fondamentales de l’Organisation.


Le Comité consultatif dit attendre avec intérêt de prendre connaissance, dans le prochain rapport du Secrétaire général, de l’effet que ces mesures auront eu.  Il souligne que, pour garantir la bonne application du principe de responsabilité et de transparence, il est indispensable d’énoncer clairement quels sont les fonctionnaires habilités à prendre des décisions et mesures particulières et de définir la source de cette délégation de pouvoir dans chaque cas.


Le Comité consultatif considère aussi qu’un système d’évaluation et de notation dans lequel aussi peu de fonctionnaires obtiennent des résultats insatisfaisants ou doivent améliorer leur performance n’est pas crédible.  Il importe donc d’éliminer cette faille fondamentale pour qu’un système viable de récompenses et sanctions puisse être mis en place.


Déclarations


Intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. PETER THOMPSON (Fidji) a fait siennes les préoccupations du CCQAB s’agissant de l’absence dans le rapport du Secrétaire général d’un plan concret.  Ce deuxième rapport ne répond pas plus que le premier aux demandes de l’Assemblée générale, a-t-il tranché.  Il s’est étonné que seuls 59 membres du personnel ont été reconnus responsables de mauvais comportements et que seulement 1% du personnel n’ait pas du tout répondu ou répondu partiellement aux attentes, durant le cycle d’évaluation annuel 2011-2012.  Ce pourcentage ne peut refléter la réalité et il met en cause la crédibilité même du système de gestion de la performance, a prévenu le représentant.


Il s’est en effet inquiété de la lenteur des progrès dans l’évaluation des performances et la gestion basée sur les résultats.  Il a relevé le manque de précision dans la question relative à la délégation de pouvoir.  Il est « indispensable » de savoir « qui prend quelle décision » et ce dans chaque domaine, s’est-il impatienté.  Il a insisté sur une bonne application de la résolution A/66/257 pour promouvoir une plus grande transparence au Secrétariat, renforcer le dialogue avec les États Membres et améliorer l’efficacité et l’efficience du fonctionnement administratif et budgétaire de l’Organisation.  La présentation d’un rapport annuel sur les progrès accomplis est précisément une façon essentielle de renforcer cette responsabilisation, a conclu le représentant. 


M. GERTON VAN DEN AKKER, Union européenne, a pris note des progrès accomplis mais a reconnu néanmoins qu’il reste encore du travail à faire pour promouvoir « une culture de l’imputabilité » aux Nations Unies et démontrer l’engagement au plus haut niveau.  L’Union partage l’avis du CCQAB qui souhaite que les futurs rapports du Secrétaire général sur cette question présentent davantage de détails et d’indicateurs de performance sur des mesures spécifiques mises en place pour améliorer la mise en œuvre du principe de responsabilité.


Intervenant au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (Groupe CANZ), M. NICOLAS CHAPDELAINE (Canada) s’est félicité des progrès réalisés en matière de promotion de la responsabilisation depuis le Sommet mondial de 2005.  Il a néanmoins reconnu que beaucoup de progrès restaient à accomplir.  La responsabilisation va bien au-delà d’une déclaration de principe sur un site Internet, a-t-il tancé, en espérant que le prochain rapport présenterait des informations sur les conséquences des mesures pratiques prises.  Il s’est inquiété des lacunes dans le mécanisme de délégation du pouvoir.  Le système d’évaluation des performances, a-t-il avoué, est un autre souci.  Le représentant s’est montré sceptique face à des chiffres selon lesquels 1% seulement du personnel n’a pas répondu ou répondu que partiellement, aux attentes, durant le cycle d’évaluation annuel 2011-2012.  Il a aussi noté que la décision d’annuler le salaire n’a été prise que dans 10 cas depuis 2007.  De tels systèmes d’évaluation ne peuvent être pris au sérieux, a prévenu le représentant qui a voulu que ce débat permette de faire en sorte que les ressources de l’ONU soient utilisées de la manière la plus efficace et la plus efficiente possible. 


M. MATTHIAS DETTLING (Suisse) a estimé qu’une organisation qui applique le principe de la responsabilité est une organisation qui se donne les moyens d’honorer ses engagements vis-à-vis de ses partenaires.  Sa gestion gagne en prévisibilité et sa légitimité en est renforcée.  L’amélioration du système d’application du principe de responsabilité doit donc être un objectif prioritaire de l’administration des Nations Unies, a estimé le représentant.  Après l’examen du rapport du Secrétaire général, il a vu, à son tour, qu’il reste beaucoup à faire.  « Confiné en grande partie dans le conceptuel, le principe de responsabilité peine toujours à être traduit au sein du Secrétariat en des mesures concrètes ayant un impact tangible », a-t-il dénoncé. 


Il a en outre regretté que le Secrétariat n’ait toujours pas présenté un plan clairement défini indiquant les objectifs à atteindre, la répartition des responsabilités et un calendrier de mise en œuvre.  Abordant également le cadre conceptuel visant à établir une gestion axée sur les résultats et la création d’une structure de gouvernance, le représentant a estimé que le projet présenté doit être affiné et inclure des indicateurs de performance pertinents et quantifiables, un système de suivi et d’évaluation des progrès réalisés.  La Suisse propose par conséquent que le Secrétariat retravaille sa proposition et le fasse en tirant parti de l’expertise existante auprès des organes compétents, comme le Comité des Commissaires aux comptes.


M. NOEL GONZÁLEZ SEGURA (Mexique) a salué la mise en place d’un nouveau système qui privilégie la transparence et la reddition des comptes.  Il a estimé que la promotion de la responsabilisation est un processus qui nécessite beaucoup de temps.  Il a souhaité des informations détaillées sur les initiatives, en prévenant que la mise en place d’une véritable culture de responsabilisation ne peut se limiter à énoncer les principes généraux.  Pour établir une culture de responsabilité et de reddition des comptes, il faut accompagner les activités du Bureau de la déontologie, a insisté le représentant du Mexique, avant d’appeler à une politique qui décourage les pratiques de corruption, notamment dans le domaine des achats.  Il a jugé indispensable de promouvoir la responsabilisation du personnel au-delà du domaine financier.  


Reprenant la parole pour répondre à certaines questions et critiques des États Membres, M. YUKIO TAKASU, Secrétaire général adjoint à la gestion, est revenu sur les reproches quant au caractère « conceptuel » du cadre de gestion et a dit attendre les apports spécifiques des États Membres.  Pour ce qui est de l’application du principe de la responsabilité, il a estimé que tous les fonctionnaires devaient être impliqués dans cette démarche.  S’agissant de la délégation de pouvoirs, il a souligné qu’il s’agissait d’une question complexe et qu’il fallait simplifier les procédures actuelles pour pouvoir les inclure dans UMOJA.


BUDGET-PROGRAMME DE L’EXERCICE BIENNAL 2012-2013


Rapport du Comité des commissaires aux comptes sur la manière dont les questions relatives à l’informatique et aux communications sont traitées au Secrétariat (A/67/651)


Le Comité rappelle d’abord que le Secrétariat compte plus de 70 services informatiques et utilise près de 2 000 applications informatiques; les budgets des différents services informatiques étant estimés, en 2010, à 774 millions de dollars par an.  Le Comité avoue qu’il n’est pas en mesure de confirmer ce chiffre, sachant en outre que celui-ci ne donne qu’une vision tronquée de la réalité.  Par exemple, il ne comprend pas les budgets d’investissement ni les dépenses effectives.


Dans ses conclusions, le Comité constate que la nomination d’un directeur général et la création du Bureau de l’informatique et des communications n’ont pas permis de fédérer les forces de l’Organisation autour d’une vision d’avenir commune.  L’ONU fonctionne davantage comme un réseau d’organisations que comme une entité unique, globale et homogène, ce qui signifie que la transformation ne peut être le fait d’un service informatique central, surtout si celui-ci n’a pas l’autorité nécessaire pour procéder aux changements voulus.


Le Comité a fait plusieurs constations et d’abord que lasécurité informatique de l’ONU comporte des lacunes et que l’autonomie dont jouissent les entités du Secrétariat et le modèle d’activité qui en résulte n’ont pas été suffisamment pris en compte lors de la conception et de la mise en œuvre d’une transformation centralisée facilitée par les TIC. 


Le Comité poursuit et dit que la stratégie informatique n’a pas donné une ligne directrice claire, ni révélé pourquoi il était essentiel de modifier l’architecture informatique.  Le dispositif de gouvernance et de responsabilité et les mécanismes de financement n’ont pas été à la hauteur des ambitions de l’Administration en matière de transformation facilitée par les TIC. 


Les attributions du Directeur général de l’informatique et des communications en matière de définition des orientations stratégiques, de transformation du modèle d’activité et de direction n’ont pas été clairement définies, ni correctement expliquées et comprises au sein du Secrétariat, et elles n’ont pas non plus été nettement séparées des activités de gestion au jour le jour des opérations informatiques. 


L’Administration, dit encore le Comité, ne possède pas de stratégie relative aux applications informatiques alors que le Secrétariat en utilise près de 2 000 différentes et que nombre d’entre elles ont été développées localement et font double emploi.  Le personnel du Bureau de l’informatique et des communications s’occupe principalement d’assurer la bonne marche au quotidien des opérations informatiques au lieu de s’occuper de la transformation du modèle d’activité.


Le Comité recommande donc une stratégie institutionnelle claire et détaillée qui soit soutenue et promue par la direction exécutive et des mécanismes de gouvernance et de responsabilité efficaces pour mener à bien la transformation du modèle d’activité.


Ce faisant, l’Administration devrait recenser les changements qui doivent être apportés à la répartition des responsabilités et au mode opératoire du Secrétariat et mettre en exergue les aspects stratégiques du poste de directeur général de l’informatique et des communications, examiner s’il est nécessaire de créer un poste de directeur des technologies et définir clairement la répartition des responsabilités entre ces deux postes.


Les entités, bureaux et programmes de l’ONU devraient hiérarchiser leurs dépenses informatiques afin de trouver le juste équilibre entre les activités de transformation, d’amélioration et de direction, la conception et la mise en œuvre de directives, cadres, politiques et normes institutionnels, et la fourniture de services opérationnels.  L’Administration devrait préciser clairement comment le plan comptable utilisé dans Umoja permettra de suivre et contrôler efficacement les dépenses informatiques et examiner s’il existe des moyens d’améliorer les informations sur les dépenses informatiques en attendant la mise en œuvre d’Umoja.


L’Administration devrait aussi se doter d’une stratégie de gestion des applications afin de réduire les risques de sécurité et de maîtriser les dépenses, sachant qu’elle devrait également porter sur les progiciels intégrés et prévoir la conversion des données nécessaires.  Enfin, elle devrait orienter une partie de ses ressources vers des activités plus stratégiques et envisager d’assurer les services d’appui quotidien en recourant à d’autres modalités de dotation en personnel.


Dans son Rapport sur la suite donnée aux recommandations du Comité des commissaires aux comptes (A/67/651/Add.1), le Secrétaire général indique que l’Administration a accepté toutes les recommandations du Comité des commissaires aux comptes et promet que dans le rapport qu’il présentera à l’Assemblée générale à sa prochaine session, il donnera des précisions sur l’état d’application de toutes les recommandations formulées par le Comité.


Dans ses commentaires, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (A/67/770) estime que les recommandations du Comité des commissaires aux comptes faciliteront l’examen, par l’Assemblée générale, de l’avancement de grands chantiers tels qu’Umoja et des décisions relatives aux investissements informatiques. 


Le Comité estime que l’on devrait demander aux commissaires aux comptes de procéder à des évaluations de ce type à un stade plus précoce du cycle de mise en œuvre des grands projets de façon à déceler les problèmes plus rapidement, à en rendre compte plus tôt à l’Assemblée et à prendre sans tarder des mesures correctives.


Dans les conclusions de son rapport très détaillé, le Comité consultatif se dit convaincu qu’il est dans l’intérêt de l’Organisation d’axer dans la mesure du possible ses efforts et ses ressources sur l’application d’Umoja pour que cet important projet puisse porter ses fruits.  Il préconise une approche par étapes dans la formulation d’une nouvelle stratégie TIC.  Il s’agirait, s’explique-t-il, de revoir d’abord la stratégie TIC pour qu’elle tienne compte de tous les aspects nécessaires à la mise en œuvre d’Umoja, puis de s’attaquer en un second temps à toutes ses autres facettes.


Une telle approche permettrait à l’Organisation de répondre aux besoins urgents en ce qui concerne Umoja, tout en lui donnant la possibilité de tester et d’appliquer certains des principaux aspects de la stratégie TIC à titre pilote.  Elle pourrait ainsi absorber de manière plus progressive les changements significatifs que la mise en œuvre d’une stratégie TIC complète et la modernisation et le renforcement des capacités TIC au sein du Secrétariat ne manqueraient pas d’entraîner pour ce qui est des modes de fonctionnement et de la culture institutionnelle.


Le Comité consultatif estime que c’est la prérogative du Secrétaire général que de proposer une approche adaptée en ce qui concerne la formulation d’une nouvelle stratégie TIC.  Il est d’avis que toute proposition soumise à l’Assemblée générale pour examen devrait être fondée sur une analyse détaillée des besoins de l’Organisation, notamment des départements et bureaux au Siège, des bureaux extérieurs, des commissions régionales et des lieux d’affectation hors Siège.  Toute nouvelle stratégie devrait être assortie d’un plan d’action détaillé réaliste et d’une analyse coûts-avantages pleinement justifiée.


La proposition devrait aussi comprendre des détails sur les arrangements de gouvernance et de gestion des TIC, et notamment les lignes hiérarchiques et les devoirs de chacun, ainsi que sur le directeur exécutif du projet.  Le Comité consultatif juge essentiel de désigner un responsable de la mise au point et de l’application de la stratégie TIC.  Il estime qu’il est tout aussi important que ce directeur exécutif soit doté des pouvoirs nécessaires pour assurer la mise en œuvre de la stratégie avec l’approbation de l’Assemblée générale.


Rapport du Corps commun d’inspection sur la gouvernance des technologies de l’information et des communications dans les organismes du système des Nations Unies (A/67/119)


Le rapport contient une analyse comparée des différents dispositifs, pratiques et processus en matière de gouvernance des TIC dans les organismes du système des Nations Unies, en vue de recenser les meilleures pratiques et les enseignements tirés, et de promouvoir ainsi une gouvernance efficace dans ce domaine.


Le rapport présente 11 recommandations: une recommandation à l’intention des organes délibérants des organismes du système, neuf à l’intention des chefs de secrétariat de ces organismes et une à l’intention du Secrétaire général de l’ONU en sa qualité de Président du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination (CCS).


Le Corps commun d’inspection estime que pour être efficace, un cadre de gouvernance des TIC doit avoir un comité de pilotage des TIC composé de hauts responsables de l’ensemble des secteurs de l’organisme et dont le fonctionnement sera réexaminé périodiquement.  Il suppose aussi un encadrement solide de l’infrastructure de gouvernance des TIC par la direction, de préférence au niveau du responsable adjoint de l’organisme (recommandation).


Le Corps commun plaide pour la création d’un directeur de l’informatique de rang élevé, doté d’attributions et de compétences globales.  Il serait responsable d’une stratégie globale répondant aux besoins et priorités opérationnels de l’organisme et permettant de rentabiliser pleinement l’investissement dans les TIC.


Un mécanisme bien structuré pour suivre la mise en œuvre de la stratégie est fondamental, dit le Corps commun d’inspection qui préconise aussi des efforts soutenus pour surveiller les coûts afférents aux TIC et conduire des évaluations des principaux investissements après la mise en œuvre.


Aux organes délibérants, il recommande de demander aux chefs de secrétariat de présenter les stratégies TIC globales aux États.  Il estime que le Secrétaire général, en sa qualité de Président du Conseil des chefs de secrétariat (CCS), devrait rationaliser le réseau TIC du CCS en recensant et en ciblant les problèmes communs et en fournissant des orientations précises au réseau, de manière à améliorer la coopération et la coordination entre les organismes du système.


Dans sa réponse, le Conseil des chefs de secrétariat (A/67/119/Add.1) approuve largement l’analyse et les conclusions du Corps commun d’inspection qui apportent des éléments de référence utiles et préconisent une démarche axée sur les « meilleurs pratiques » en matière de gouvernance des TIC.  La plupart des organismes constatent avec satisfaction que, pour la majorité, les recommandations formulées dans le rapport ont déjà été appliquées et que, pour les autres, des dispositions ont été prises pour les mettre en œuvre.


Les organismes se réjouissent en outre de la solide collaboration observée entre le Corps commun d’inspection et leurs responsables informatiques.


Déclarations


M. PETER THOMSON (Fidji), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné l’importance, pour l’ONU, de se doter d’une bonne infrastructure des TIC qui est cruciale pour le processus de prise de décisions.  Le représentant a regretté que, 4 ans après avoir eu l’aval de l’Assemblée générale, l’Organisation n’ait pas réussi à mettre en œuvre une stratégie opérationnelle.  La duplication et la fragmentation continuent à caractériser la collecte de données et des informations, ce qui a provoqué une hémorragie des ressources et des conséquences négatives sur le coût des opérations.  La stratégie actuelle a échoué parce qu’elle n’avait pas de direction claire et ne décrivait pas en quoi les changements en TIC étaient essentiels pour les besoins du travail de l’Organisation. 


Toute future stratégie TIC doit être conforme au système de planification des ressources d’Umoja, aux Normes IPSAS et à la stratégie globale d’appui aux missions, a-t-il encore demandé.  Il a aussi souhaité qu’il soit tenu compte de la nature autonome de certaines entités de l’ONU et de leurs exigences spécifiques en termes de TIC. 


Il a encouragé tout effort visant à consolider le cadre opérationnel pour la sécurité des TIC de l’ONU et demandé que le plan d’action général du Secrétariat dans ce domaine soit immédiatement et entièrement appliqué, et que la Charte de la sécurité de l’information soit adoptée sans plus attendre.


M. MATTHIAS DETTLING (Suisse) a prévenu que la mise en place d’une nouvelle stratégie informatique est une entreprise complexe qui nécessitera du temps.  Il est prématuré, a-t-il jugé, de prévoir une discussion à la prochaine session principale de la Cinquième Commission.  À l’instar du CCQAB, il a estimé qu’une mise en œuvre par étape des différents aspects de la stratégie est plus réaliste qu’une approche qui viserait à mettre en œuvre ces différents aspects de manière simultanée.  La priorité doit être donnée à la sécurité informatique puis au développement et à la mise en œuvre rapide d’une stratégie d’ensemble sur les nombreux logiciels et applications utilisés dans le Secrétariat.  Il faudra enfin s’attaquer à la transparence des dépenses liées aux TIC.  


Le représentant a appelé à des mesures concrètes sur ces trois questions et le plus rapidement possible.  S’agissant de la durée, il a jugé fondamental de déterminer l’équilibre optimal entre contrôle et marge de manœuvre.  Pour ce faire, s’est-il expliqué, il faut, entre autres, procéder à une analyse poussée de l’environnement dans lequel cette stratégie doit se déployer, de la culture de l’Organisation et des besoins concrets auxquels il faut répondre.  Le deuxième point que nous jugeons clef pour une telle stratégie réside dans l’architecture institutionnelle et le système de gouvernance TIC et de son intégration dans la stratégie plus large de communication de l’Organisation.  Enfin, a-t-il dit, nous trouvons qu’il serait opportun de mener une analyse de la manière dont l’engagement des technologies informatiques contribue à améliorer l’efficacité de l’ONU.


FINANCEMENT DU MÉCANISME INTERNATIONAL APPELÉ À EXERCER LES FONCTIONS RÉSIDUELLES DES TRIBUNAUX PÉNAUX


Rapport du Secrétaire général sur la construction d’un nouveau bâtiment pour la division d’Arusha du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux (A/67/696)


Le Secrétaire général indique que le coût total du projet est estimé à 7 737 362 dollars, et avec une marge de 15% pour les dépenses imprévues, à 8 787 733 dollars.  Il écarte, chiffres à l’appui, l’idée de construire une structure temporaire qui serait à long terme plus coûteuse pour l’Organisation.  Le Secrétaire général rappelle que, l’année dernière, l’Assemblée générale a ouvert un crédit initial de 3 millions de dollars dont 362 020 dollars auront été dépensés d’ici à la fin de l’année.


Ainsi resteront 2 637 980 dollars, qui devront être utilisés en 2014 et 2015.  Le Secrétaire général rappelle que pour la construction des nouveaux bureaux à Nairobi et à Addis-Abeba, un compte spécial pluriannuel avait été utilisé et sachant que la construction du nouveau complexe d’Arusha ne sera pas terminée avant la fin de 2015, il propose un compte spécial du même type. 


Le Secrétaire général invite donc l’Assemblée à décider que le compte spécial pluriannuel des travaux de construction en cours sera utilisé pour comptabiliser les dépenses afférentes au projet et qu’un état devra lui être communiqué tous les ans dans le cadre du rapport du Secrétaire général jusqu’à la fin du projet.


Dans ses commentaires, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (A/67/768) recommande à l’Assemblée de créer le compte spécial pluriannuel, compte tenu de l’expérience des récents projets de construction entrepris par l’Organisation, l’Assemblée devrait aussi approuver la mise en recouvrement d’un nouveau montant de 1 500 000 dollars correspondant au reliquat du crédit de 3 millions de dollars ouvert pour la construction du nouveau bâtiment.


Le Comité consultatif rappelle que le montant des réserves pour imprévus approuvé dans le cadre de projets de construction donne au Secrétaire général les moyens de faire face à des dépassements budgétaires imprévus pendant la phase de mise en œuvre.  Les éventuels dépassements doivent d’abord être financés au moyen des économies rendues possibles par des mesures d’efficience.  Le Comité compte donc que le projet sera exécuté dans la limite des ressources approuvées afin d’éviter de procéder à des prélèvements sur le montant de la réserve pour imprévus.  Il encourage le Secrétariat à utiliser au maximum le matériel de bureau récupérable afin d’éviter des coûts connexes supplémentaires.


En outre, le Comité consultatif recommande que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général de faire figurer des informations sur les coûts connexes dans les prévisions de dépenses globales des futurs projets de construction et de rénovation. 


Déclarations


M. PETER THOMSON (Fidji), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a insisté sur l’importance qu’accorde son Groupe au bon avancement des travaux.  Il a dit apprécier les efforts en ce sens.  Il a tout de même regretté que le rapport du Secrétaire général ne donne pas d’informations sur la mise en recouvrement de 1,5 million de dollars pour cette année, et souhaiterait avoir des précisions sur cette question.  Il est important que ce projet soit appuyé par un budget permettant d’éviter les dépassements, a-t-il insisté, en appuyant l’idée de créer un compte spécial pluriannuel.


Intervenant au nom du Groupe des États d’Afrique, M. BROUZ COFFI (Côte d’Ivoire) a invité le Secrétaire général à poursuivre ses efforts pour s’assurer que ce projet soit conclu dans les temps et dans les limites des ressources approuvées.  Il a remercié le Gouvernement de la République-Unie de Tanzanie pour avoir offert le terrain et autres moyens nécessaires à l’aboutissement du projet.  Il a rappelé que conformément au paragraphe 7 de la résolution 66/240 A de l’Assemblée générale, l’ouverture de crédit de 1,5 million de dollars a été reportée dans l’attente du rapport dont la Commission est saisie aujourd’hui.  Pourquoi le rapport n’aborde pas cet élément clef? s’est-il étonné. 


Il a appuyé la recommandation du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires de voir le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) se pencher sur ce projet, et a demandé des informations actualisées sur le recrutement du responsable de projet.  Le représentant a conclu en invitant la Commission à autoriser les sommes demandées pour éviter au Secrétaire général de soumettre une nouvelle demande à l’Assemblée générale. 


M. TUVAKO N. MANONGI (République-Unie de Tanzanie) a rappelé que son pays s’engageait à soutenir et faciliter les travaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) et du Mécanisme résiduel, ce qui se traduit notamment par le fait qu’il va accueillir le nouveau siège à Arusha.  En vue de faciliter l’achèvement des travaux de construction du nouveau bâtiment, il a suggéré des consultations étroites entre son pays et l’équipe de gestion du projet.  Il a noté, à son tour, que la décision de reporter la mise en recouvrement de 1,5 million de dollars pour cette année ne figure pas dans le rapport du Secrétaire général.  Pourquoi? a-t-il demandé.  Il a jugé nécessaire d’approuver le budget révisé de 8,79 millions de dollars pour permettre au Secrétaire général de prendre les mesures nécessaires sur les éléments budgétaires.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale nomme M. Vinay Kumar, de l’Inde, membre du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires

AG/11344

L’Assemblée générale nomme M. Vinay Kumar, de l’Inde, membre du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires

08/03/2013
Assemblée généraleAG/11344
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                        

Soixante-septième session                                  

66e séance plénière – matin


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE NOMME M. VINAY KUMAR, DE L’INDE, MEMBRE DU COMITÉ CONSULTATIF

POUR LES QUESTIONS ADMINISTRATIVES ET BUDGÉTAIRES


Elle prend note du règlement d’une partie des arriérés de la Dominique,

de Sainte-Lucie, des Seychelles et du Soudan dans leur contribution au budget de l’ONU


L’Assemblée générale a tenu, ce matin, une brève séance de travail pour procéder, sur recommandation de sa Cinquième Commission (administrative et budgétaire), à la nomination de M. Vinay Kumar, de l’Inde, comme membre du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), pour un mandat qui prend effet aujourd’hui, vendredi 8 mars 2013, et viendra à expiration le 31 décembre 2013.


M. Kumar, dont la nomination avait reçu l’approbation et le soutien du Groupe des États d’Asie et du Pacifique, assurera ainsi la fin du mandat de Mme Namgya Khampa, également de l’Inde, démissionnaire.


Le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires est un organe subsidiaire de l’Assemblée générale, composé de 16 membres, et chargé d’examiner le projet de budget du Secrétaire général et de donner son avis à l’Assemblée sur toute question administrative ou budgétaire qui lui est soumise.  Le Comité examine aussi les budgets administratifs des institutions spécialisées et les rapports des commissaires aux comptes sur les états financiers de l’ONU et des institutions spécialisées.


En début de séance, le Président a annoncé que quatre États Membres: la Dominique, Sainte-Lucie, les Seychelles et le Soudan, ont effectué les versements nécessaires au titre de leur contribution au budget de l’ONU pour ramener leurs arriérés en deçà du montant calculé selon l’Article 19 de la Charte des Nations Unies.  Aux termes de cet article, « un Membre des Nations Unies en retard dans le paiement de sa contribution aux dépenses de l’Organisation ne peut participer au vote à l’Assemblée générale si le montant de ses arriérés est égal ou supérieur à la contribution due par lui pour les deux années complètes écoulées ».  Ces quatre pays retrouvent ainsi la jouissance de leur droit de vote à l’Assemblée générale.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

États Membres, ONG et experts soulignent que l’autonomisation économique et l’éducation des femmes pourraient contribuer à l’élimination de la violence dont elles sont victimes

FEM/1946

États Membres, ONG et experts soulignent que l’autonomisation économique et l’éducation des femmes pourraient contribuer à l’élimination de la violence dont elles sont victimes

07/03/2013
Assemblée généraleFEM/1946
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la condition de la femme

Cinquante-septième session

7e & 8e séances – matin & après-midi


ÉTATS MEMBRES, ONG ET EXPERTS SOULIGNENT QUE L’AUTOMISATION ÉCONOMIQUE ET L’ÉDUCATION DES FEMMES

POURRAIENT CONTRIBUER À L’ÉLIMINATION DE LA VIOLENCE DONT ELLES SONT VICTIMES


Les panélistes d’une table ronde préconisent

d’inclure dans l’Agenda pour le développement post-2015 un « objectif genre »


La quatrième journée de débat général de la Commission de la condition de la femme a été l’occasion pour nombre de délégations de voir dans l’autonomisation économique et l’éducation des femmes non seulement des moyens clefs pour éliminer la violence dont elles sont victimes, mais également pour contribuer au développement et, ainsi, à la croissance économique de leur pays.


Les délégations ont également participé à une table ronde organisée autour du thème « Questions clefs d’égalité des sexes à inscrire dans le cadre de développement pour l’après-2015 » au cours de laquelle de nombreux appels ont été lancés pour créer un « objectif genre » à part entière.


Dans son rapport sur la « Prévention de la violence à l’égard des femmes et des filles »*, le Secrétaire général avait invité la Commission à réfléchir aux liens qui existent entre l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et la violence à l’égard des femmes et des filles dans le cadre de structures de développement futures.


De nombreux programmes scolaires, dit-il dans son rapport, ont contribué à une réduction de la violence.  L’enseignement supérieur peut également contribuer à sensibiliser et à former de futurs professionnels amenés à être confrontés à des situations de violence à l’encontre des femmes et des filles.  Pour le Secrétaire général, l’école peut aussi être un excellent moyen de remettre en cause les stéréotypes sexuels et de promouvoir les valeurs que sont l’égalité des sexes et les droits de l’homme.


Aujourd’hui, le représentant de la Croatie a souligné l’importance que revêt le rôle de l’éducation en matière d’autonomisation car, a-t-il fait observer, « l’accès des femmes à l’éducation permet non seulement de leur donner le pouvoir d’agir mais également de contribuer au développement et à la croissance économique de leur pays ».  Son homologue de la Suisse a vu dans l’éducation des filles une « condition préalable à l’autonomie des femmes.  « Les filles, a insisté la délégation suisse, doivent pouvoir bénéficier d’une éducation éclairée et exempte de stéréotypes fondés sur le sexe ».


« Les femmes sont la clef du développement et de la croissance économique, mais pour qu’elles puissent participer pleinement au développement de leurs sociétés, il faut qu’elles se sentent en sécurité, à la fois à la maison et à l’extérieur », a souligné pour sa part la représentante du Royaume-Uni.  Consciente du fait que l’inégalité entre les sexes est au cœur du problème de la violence contre les femmes, cette dernière a notamment préconisé une plus grande participation des femmes aux niveaux politique et économique. 


En la matière, le représentant de la Colombie a fait savoir que son pays avait adopté un cadre législatif « solide » pour permettre aux femmes de mieux participer au développement économique et social et à la vie publique et politique.  Ce cadre, a-t-il précisé, comprend un plan d’action multisectoriel impliquant 17 institutions nationales et 32 provinces.


À son tour, le représentant du Pakistan a expliqué que les efforts de son gouvernement en faveur de l’autonomisation des femmes se concentraient sur la réduction de la féminisation de la pauvreté, l’élimination de la violence à l’encontre des femmes et la protection des droits de celles-ci.   


La représentante de la Grèce a indiqué, de son côté, qu’en dépit de la crise économique qu’il traverse, son pays œuvre pour encourager la participation politique des femmes aux plans local, régional et national ainsi que dans les différents syndicats. « Des politiques spécialisées ont également été lancées pour encourager la participation des femmes dans les secteurs où elles sont encore sous-représentées », a-t-elle précisé.  Si les femmes slovènes comptent « parmi les plus émancipées de l’Union européenne », a fait remarquer la déléguée de la Slovénie, une étude récente a néanmoins révélé qu’une femme sur deux, âgée de 15 ans ou plus, avait été victime d’un acte violent au moins une fois dans sa vie.  Pour faire face à cette situation, il faudrait, a-t-elle estimé, accorder une attention toute particulière à l’élimination des normes et des stéréotypes discriminatoires. 


Dans le cadre de la table ronde qui a été organisée dans l’après-midi, les délégations et de nombreux représentants d’organisations non gouvernementales ont prôné une intégration de toutes les questions relatives aux femmes dans l’Agenda pour le développement post-2015, en insistant particulièrement sur la nécessité de remédier aux causes sous-jacentes de la violence à l’encontre des femmes. 


Le fait que la question de la violence contre les femmes n’ait pas été prise en compte lors de l’élaboration des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) a également été commenté à plusieurs reprises par les panélistes invités à cette table ronde, à commencer par le Sous-Secrétaire général et Directeur exécutif adjoint des politiques et programmes à ONU-Femmes, M. John Hendra, qui a conclu qu’il s’agissait là de « l’OMD manquant ».


« Il est essentiel d’établir un objectif pour l’égalité entre les sexes car c’est seulement lorsque nous aurons créé un agenda pour le développement fondé sur le plein respect des droits de l’homme, que l’on pourra créer un monde exempt de discriminations et de violences où hommes et femmes, filles et garçons pourront vivre dans la dignité et être capables de faire leurs propres choix », a-t-il souligné.


La Commission de la condition de la femme célèbrera demain, vendredi 8 mars à partir de 10 heures, la Journée internationale de la femme.  Elle poursuivra son débat général, lundi 11 mars, à partir de 10 heures.


* E/CN.6/2013/4


SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »


a) Réalisation des objectifs stratégiques, mesures à prendre dans les domaines critiques et autres mesures et initiatives


Suite du débat général


M. MANU SAREEN, Ministre de la parité et des cultes et de la coopération nordique du Danemark, a rappelé que les droits des femmes continuaient d’être bafoués et que les traditions conservatrices et la misogynie faisaient obstacle à l’égalité entre les sexes.  Les violences à l’encontre des femmes et des filles peuvent revêtir des formes différentes selon les pays ou régions mais aucun de ces pays, ni aucune région du monde, y compris le Danemark, n’en est épargné, a-t-il rappelé.  En dépit des progrès accomplis dans la lutte contre les violences à l’encontre des femmes et des filles, 7 femmes sur 10 font l’expérience de violence physique et sexuelle à un moment de leur vie.  De tels actes de violence sont souvent commis par leur conjoint ou partenaire, a précisé M. Sareen.  Dans les conflits modernes, les femmes et les filles sont devenues la cible des brutalités et des violences sexuelles. 


Alors que l’égalité entre les femmes et les hommes est garantie dans la Constitution de 139 pays, des lois inadéquates et l’absence de mise en œuvre font que ces garanties restent des promesses creuses, a fait remarquer le représentant du Danemark.  La cause des violences et des restrictions aux droits sexuels et à la reproduction des femmes reste la domination et la discrimination à l’égard des femmes, les privant ainsi du droit de décider de leur corps.  La communauté internationale doit mettre en œuvre les conventions et les traités en vigueur, en particulier la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Au Danemark, le Gouvernement a mené avec détermination le combat contre la violence domestique avec pour objectif « zéro violence » à l’encontre des femmes et des filles.  Il a aussi lancé, en 2012, le « programme pour un partenariat égal » qui vise à accroître la sensibilisation sur la violence domestique et à renforcer les capacités des autorités municipales dans ce domaine.  Des mesures ont également été adoptées pour aider les victimes des traites de personnes et contre leurs auteurs.       


Mme MARIA FILOMENA LOBÃO TELO DELGADO, Ministre de la famille et de la promotion de la femme de l’Angola, a déclaré que son pays avait pris des mesures pour combattre la violence à l’égard des femmes, citant notamment l’adoption en 2011 de la loi contre la violence domestique, le plan de lutte contre la violence domestique, le plan d’action familial et de la politique nationale en matière d’égalité entre les sexes.  De même, un système intégré d’indicateurs sexospécifiques a été créé.  C’est un outil innovant pour assurer un suivi plus efficace des mesures prises et du travail des centres de conseil pour les familles.  Il existe aujourd’hui 27 centres de ce type et 7 centres d’accueil en Angola où le Gouvernement a aussi développé un programme de formation pour les agents qui travailleront au sein du Département de la prévention et de la lutte contre des violences à l’encontre des femmes et des enfants.  L’une des tâches principales de ce Département est de mener des études pour diagnostiquer les causes des violences à l’égard des femmes et des violences sexuelles à l’égard des filles.  Avant de conclure, la représentante de l’Angola a fait remarquer que le taux de prévalence du VIH/sida dans le pays était de 2,1% et qu’en 2012, le Gouvernement avait porté le nombre des centres de dépistage à 834, les traitements antirétroviraux pour adultes à 184, pour les enfants à 136 et les services pour la prévention de transmission de la mère à l’enfant à 347.  Un demi-million de tests pour le VIH/sida ont été conduits la même année, signalant 22 313 positifs.  En outre, 250 000 femmes enceintes ont été soumises à un dépistage avant leur accouchement. 


Mme SOFIA M. SIMBA, Ministre du développement communautaire, du genre et des enfants de la République-Unie de Tanzanie, a indiqué que son gouvernement s’était doté d’un Plan national pour l’élimination de la violence à l’encontre des femmes et des enfants, ainsi que d’un Plan d’action pour l’élimination des mutilations génitales féminines.  Elle a précisé que ces deux initiatives seront en vigueur jusqu’à 2015.  D’autres programmes visent à enrayer la violence sexuelle à Zanzibar, a-t-elle ajouté.  Mme Simba a indiqué qu’un réseau spécial de femmes avait été créé dans le but de sensibiliser les forces de police et que l’accès des femmes au système judiciaire avait été renforcé. 


La Ministre a également fait observer que pendant la grossesse ou après la naissance d’un enfant, les femmes étaient souvent victimes de violence du fait de leur conjoint ou partenaire.  C’est pourquoi, le Gouvernement tanzanien a établi un programme pour aider les hommes à prendre conscience de leurs responsabilités de père, a-t-elle indiqué.  Sur le plan international, la Ministre a estimé que la mise en œuvre des engagements posait problème.  Son gouvernement avait également lancé, l’an dernier, la « Campagne du Kilimandjaro », un vaste programme de sensibilisation sur la nécessité d’enrayer la violence faite aux femmes.


Mme AYNUR SOFIYEVA, Vice-Présidente du Comité d’État pour la famille, les femmes et les enfants de l’Azerbaïdjan, a parlé des campagnes de sensibilisation menées dans son pays sur les questions des femmes.  Elle a assuré que le Gouvernement veillait à assurer une bonne coordination entre les instances étatiques chargées de ces questions.  L’intégration des femmes réfugiées et déplacées, qui représentent aujourd’hui un million de personnes dans le pays à la suite de l’occupation du territoire par l’Arménie, est un des objectifs prioritaires du Gouvernement azerbaïdjanais, a-t-elle souligné.  Ces femmes reçoivent des services qui visent à réduire leur taux de chômage et à éliminer toutes les formes de violence dont elles sont victimes.  Mme Sofiyeva a ajouté qu’une ligne téléphonique pour les femmes victimes de la violence avait été installée en 2012.  Elle a aussi passé en revue ce qui est fait pour permettre aux femmes de participer à la vie sociale.  En Azerbaïdjan, 11 centres d’aide à la famille et aux enfants qui luttent contre les problèmes sociaux ont été mis en place, a-t-elle indiqué. 


Mme ZETTA MAKRI, Secrétaire générale pour l’égalité entre les sexes auprès du Ministère de l’intérieur de la Grèce, a déclaré que l’égalité entre les sexes représentait en soi un droit fondamental et un objectif prioritaire pour toute démocratie moderne.  Cette égalité est également un levier pour le développement, la compétitivité et la cohésion sociale de toute société, a-t-elle ajouté.  La Grèce a opté pour une double approche de la défense des droits de la femme et son autonomisation.  Elle a adopté, d’une part, des politiques spécialisées pour promouvoir l’égalité entre les sexes qui encouragent la participation des femmes dans les secteurs où elles sont encore sous-représentées, et, d’autre part, des politiques publiques de lutte contre toute forme de discrimination à tous les niveaux. 


La Grèce s’est également dotée d’un plan d’action national pour prévenir et combattre la violence à l’encontre des femmes qui comprend, notamment, des centres de conseil et d’accueil pour les femmes et les filles victimes de violence, des campagnes de sensibilisation et des actions de coopération concrètes avec les acteurs de la société civile, a précisé Mme Makri.  Son Secrétariat, a-t-elle dit, œuvre aussi pour encourager la participation politique des femmes aux plans local, régional et national ainsi que dans les différents syndicats.  Elle a assuré que son gouvernement ne perdait pas de vue les intérêts particuliers de la femme, en dépit des temps difficiles de crise économique que le pays traverse.


Pour M. JAN DOBEŠ, Vice-Ministre pour l’inclusion sociale et les opportunités égales au Ministère du travail et des affaires sociales de la République tchèque, l’élimination de la violence à l’encontre des femmes est une condition préalable pour réaliser l’égalité entre les sexes dans toute société de droit.  C’est pourquoi, la République tchèque appuie fermement tout effort contribuant à l’adoption des conclusions acceptées sur le thème prioritaire, à la fin de la présente session de la Commission de la condition de la femme.  Il a rappelé que son pays s’était doté d’un Plan d’action national en 2011 pour combattre la violence domestique, qui est l’une des formes les plus communes de violence dans son pays. 


Le suivi de l’application de ce Plan d’action est assuré par le Comité pour la prévention de la violence domestique qui comprend des experts indépendants, des représentants d’ONG et des fonctionnaires publics pour garantir son indépendance et le caractère multidisciplinaire des mesures prises, a précisé le Vice-Ministre.  Il a également passé en revue les différents textes de loi adoptés dans ce domaine.  Pour M. Dobeš, les échanges des meilleures pratiques entre différents pays sont essentiels pour pouvoir venir à bout du problème de la violence à l’encontre des femmes à l’échelle mondiale.  Dans ce cadre, son pays organise une manifestation parallèle avec le Pérou, la Zambie, ONU-Femmes et l’ONG norvégienne « Alternative à la violence », a-t-il indiqué.


Mme MIRSADA ČOLAKOVIĆ (Bosnie-Herzégovine) a plaidé en faveur de la ratification universelle de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Le Gouvernement de la Bosnie-Herzégovine, a-t-elle indiqué, a lancé un plan d’action visant à promouvoir l’égalité entre les sexes dans tous les secteurs de la société, notamment le marché du travail.  Elle a également cité le Plan d’action pour la communauté rom et l’adhésion de son pays à la Décennie pour l’inclusion sociale des Roms pour la période 2005-2015.  Mme Čolaković a précisé que les femmes roms participaient activement au sein du Comité rom, établi par le Conseil des ministres de la Bosnie-Herzégovine.


Mme MARCELA HUAITA, Vice-Ministre de la femme du Pérou, a indiqué que son pays avait adopté une politique publique dont l’objectif est l’élimination de toute forme de discrimination à l’encontre des femmes, conformément à ses obligations au titre de la Convention sur cette question.  Depuis 2011, le Code pénal péruvien sanctionne les « féminicides », le tourisme sexuel et le harcèlement sexuel, a-t-elle indiqué.  Mme Huaita a aussi parlé du Plan contre la violence pour la période 2009-2015, qui traite de la question de la violence à l’encontre des femmes de façon intersectorielle et vise à impliquer les communautés locales dans les actions menées. 


Dans 32 commissariats chargés de questions de la famille, des femmes agents de police reçoivent les femmes victimes de la violence et leurs enfants.  La Vice-Ministre a aussi indiqué qu’un programme de protection des victimes et des témoins de la traite des personnes avait été mis en place.  Des centres d’urgence pour les femmes ont également été créés afin de dispenser des services juridiques, psychologiques et sociaux.  En termes de ressources financières, elle a précisé que 20% du budget du Ministère de la femme et des populations vulnérables sont alloués pour les activités en matière de prévention de la violence à l’encontre des femmes.


Mme ROSSANA HERMOZA, Vice-Ministre pour l’égalité des femmes et la non-discrimination du Paraguay, a indiqué que le Ministère paraguayen des femmes avait créé deux postes de vice-ministre chargés respectivement de la promotion de la non-discrimination et de la protection des femmes.  À Asuncion, la capitale du Paraguay, un centre de protection a été établi pour offrir un appui juridique et toute une gamme d’autres services aux victimes de la violence.  Deux autres foyers sont en cours de construction dans le pays et une ligne téléphonique d’urgence a également été installée.  Mme Hermoza a aussi souligné le lancement de campagnes de sensibilisation à l’intention des hommes et des professionnels de l’éducation.  Le Gouvernement du Paraguay a en outre promulgué, au mois de décembre dernier, une loi contre la traite des personnes.  Mme Hermoza a ajouté qu’un projet de loi pour prévenir et sanctionner la violence contre les femmes est actuellement à l’examen au sein du parlement.


Mme NIURKA PALACIO, Vice-Ministre du développement social du Panama, a rappelé que son pays avait adopté en 2012 une politique pour l’égalité des chances afin de promouvoir la condition de la femme.  La mise en œuvre de cette politique est assurée par un réseau de mécanismes gouvernementaux.  Le Panama s’est également doté d’un plan national contre la violence domestique, d’une loi sur la violence conjugale et d’une autre sur les droits de la santé reproductive.  Des mesures sont prises pour renforcer les compétences des auxiliaires de justice afin qu’ils soient formés à ces questions, a indiqué la Vice-Ministre.  Elle a aussi mentionné l’existence de centres d’orientation et d’appui psychosocial et l’installation de lignes téléphoniques à numéro vert au Ministère du développement social, à l’Institut de la femme et au Cabinet présidentiel.  En 2011, une loi sur la traite avait été adoptée, a-t-elle ajouté.  Le Gouvernement travaille avec l’Institut des statistiques, ONU-Femmes et le Fonds des Nations Unies pour la population et le développement pour intégrer la parité dans l’élaboration d’outils permettant de mesurer l’impact des mesures adoptées.  Le Panama œuvre aussi en vue de mieux sensibiliser la société à la nécessité de mettre fin à la violence à l’encontre des femmes.  Enfin, la Vice-Ministre a assuré que son pays veillait au respect des femmes dans des situations particulières, comme les femmes autochtones, les femmes migrantes et les femmes handicapées.


Mme PRISCILLA JOSEPH MAKUACH, Vice-Ministre des femmes, des enfants et du bien-être social du Soudan du Sud, a indiqué que depuis la séparation de son pays du Soudan, plusieurs questions postréférendaires n’avaient toujours pas été résolues, à commencer par la question de l’autodétermination de la population d’Abyei.  Elle a précisé que l’insécurité dans cette région avait donné lieu au déplacement forcé des personnes, en particulier des femmes et des enfants, qui sont trop terrifiés pour regagner leurs villages.  Mme Kuch a également affirmé que 32 000 personnes, pour majorité des femmes et des fillettes, étaient retenues de force par les Misseriyas et soumises à des actes de violence.


La Vice-Ministre du Soudan du Sud a ensuite affirmé que l’égalité entre les sexes comptait parmi les principales priorités de son gouvernement.  L’égalité des femmes est consacrée dans la Constitution du Soudan du Sud, de même que leur droit d’obtenir un salaire égal pour un travail égal, ainsi que celui de participer sur un pied d’égalité à la vie publique et politique du pays.  Le Gouvernement a également adopté une politique pour l’autonomisation économique des femmes.  Mme Kuch a ensuite souhaité que les discussions sur l’élaboration de l’Agenda pour le développement post-2015 prennent en compte la corrélation entre le problème de la violence contre les femmes et le développement.


M. SHAIGAN SHAREEF MALIK, Secrétaire fédéral au Ministère des droits de l’homme du Pakistan, a présenté les efforts entrepris par son pays pour éliminer la violence à l’encontre des femmes et des filles et pour faire participer les femmes à la vie sociale et politique.  Il a souligné à cet égard que le Pakistan avait élu la première femme Premier Ministre dans le monde musulman et comptait 90 femmes parmi les membres du Parlement.  M. Malik a expliqué que les efforts en vue de l’autonomisation des femmes se concentrent sur la réduction de la féminisation de la pauvreté, l’élimination de la violence à l’encontre des femmes et la protection des droits de celles-ci.  Il a assuré que les hommes et les garçons étaient impliqués dans ces efforts. 


M. Malik a également parlé des mesures prises pour éliminer la traite des personnes et pour améliorer la santé génésique des femmes et des filles.  Le Parlement a créé une commission nationale de la condition de la femme qui passe en revue les lois sous l’angle de la parité et a approuvé un programme qui permet aux femmes d’acquérir des qualifications et de trouver un emploi, a indiqué M. Malik.  Le Gouvernement veille à donner des moyens aux agricultrices, notamment en les dotant de titres de propriété foncière.  Avant de conclure, il a indiqué que, pour honorer la lutte d’une fille pakistanaise pour le droit à l’éducation de toutes les filles au Pakistan, le Gouvernement a déclaré le 10 novembre « Journée de Malala » et 2013 a été déclarée « Année de la fille ».


Mme HIROKO HASHIMOTO (Japon) a indiqué que son gouvernement prenait des mesures pour mieux sensibiliser la société japonaise à la question de l’élimination de la violence à l’encontre des femmes.  Une loi sur la prévention de la violence conjugale et la protection des victimes a été adoptée.  Le Japon organise, chaque année entre le 12 et le 25 novembre, une campagne pour l’élimination de la violence faite aux femmes.  Des prospectus pédagogiques sont distribués auprès des jeunes et les professionnels de l’éducation sont appelés à suivre des programmes de formation, a indiqué la représentante.  Mme Hashimoto a également expliqué que de nouvelles mesures avaient été lancées pour combattre la violence à l’encontre des femmes dans les régions touchées par le tremblement de terre du 11 mars 2011.  Des bureaux chargés de services consultatifs ont été ouverts, de même que des abris temporaires d’urgence.  Les femmes peuvent également obtenir des soins auprès de professionnels hautement formés.


Mme Hashimoto a ensuite indiqué que sur le plan international, le Japon organisait chaque année, dans la sous-région du Mekong, des séminaires régionaux sur la prévention de la traite qui sont accompagnés de projets de prévention et d’aide aux victimes dans les pays concernés.  Le Japon s’est par ailleurs engagé à appuyer le Fonds d’affectation spéciale créé pour appuyer la lutte contre la violence à l’encontre des femmes, a assuré la représentante.


Mme GLORIA BENDER, Représentante internationale spéciale sur les questions des femmes au sein du Ministère des affaires étrangères de l’Argentine, s’est dite partisane d’une approche holistique systématique dans la lutte contre toutes les formes de violence à l’encontre des femmes et des filles.  Cette approche, a-t-elle dit, doit inclure des lois et des mesures appropriées mais aussi mettre l’accent sur la protection des victimes, sur la collecte de données et sur la réalisation d’enquêtes.  L’Argentine a ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et son Protocole facultatif, ainsi que la Convention interaméricaine sur la prévention, la répression et l’élimination de la violence contre la femme, dite Convention de Belém Pará.


Mme Bender a ensuite présenté plusieurs lois nationales qui ont pour objectif de lutter contre les violences faites aux femmes.  L’une d’elles étend, par exemple, la définition de la violence à des actes de nature psychologique ou économique, aux affaires patrimoniales et à la violence d’ordre symbolique.  En outre, le Code pénal argentin, amendé en novembre dernier, fait du « féminicide » une circonstance aggravante du meurtre.  Elle a ensuite mis l’accent sur la nécessité d’assurer une assistance d’urgence aux femmes victimes de la violence.  Après avoir lancé une ligne téléphonique d’urgence gratuite à Buenos Aires, l’Argentine mettra à disposition des victimes de la violence un numéro d’appel national –le 137– très prochainement. 


Depuis octobre dernier, le Ministère public argentin offre aux femmes le droit d’être représentées gratuitement par un avocat dans les affaires de violence.  D’autres initiatives permettent aussi de sensibiliser toutes les franges de la société, comme le programme « Ville sans violence à l’encontre des femmes », lancé dans la ville de Rosario, dans la province de Santa Fe.  Concernant la collecte des données, elle a cité un accord signé entre le Conseil des femmes de l’Argentine et l’Institut national des statistiques.  Cet accord devrait permettre d’établir un registre des cas de violences à l’encontre des femmes au niveau national. 


Mme SY DEFINE, Ministre de la condition de la femme du Cambodge, a déclaré que son pays avait contribué activement à l’adoption des Déclarations de l’ASEAN, de Vientiane en 2012, d’Hanoï en 2010 et de Jakarta en 2004, relatives à la promotion de la femme et leur autonomisation.  Elle a précisé que le Cambodge disposait d’une Constitution garantissant l’égalité entre les sexes et de lois sur la prévention de la violence domestique et la protection des victimes ainsi que sur la suppression de la traite des êtres humains et l’exploitation sexuelle.  Elle a cité le lancement d’un programme pilote en 2012 visant à assister les femmes victimes de la violence et les aider à ester en justice. 


Elle a indiqué que son ministère conduisait, par le biais d’un processus participatif et inclusif, le développement du deuxième plan national (2013-2017) visant à prévenir la violence à l’égard des femmes.  Elle a précisé que ce plan, axé sur plusieurs piliers –prévention primaire; protection et services juridiques; lois et politiques; capacités; suivi et évaluation– serait adopté en mai 2013 en s’appuyant sur les évaluations du premier plan national.  Elle a mis l’accent sur l’organisation de formations destinées au personnel de la fonction publique, aux autorités locales, ainsi qu’au secteur privé et à la société civile pour faire face à la violence à l’égard des femmes.  Elle a aussi insisté sur les études lancées par son gouvernement pour mieux identifier les causes et les conséquences de la violence à l’encontre des femmes.


Mme KADIGA ABUELGASIM HAG HAMAD, Sous-Secrétaire au Ministère du bien-être et de la sécurité sociale du Soudan, a rappelé que la Constitution soudanaise de 2005 avait accordé à la femme tous ses droits politiques, économiques et sociaux.  Le Gouvernement soudanais veut lutter contre la discrimination à l’égard des femmes par tous les moyens, a-t-elle assuré.  Le Soudan a adopté une stratégie nationale pour lutter contre la violence à l’encontre des femmes.  Par un décret, le Gouvernement a prévu d’augmenter le nombre de femmes agents de police et une unité spéciale de la police a été créée pour les questions relatives aux femmes et aux enfants.  La représentante a aussi parlé de ce qui est fait pour lutter contre la violence au Darfour et pour lutter contre le VIH/sida.  La Commission des droits de l’homme du Soudan compte beaucoup de femmes spécialisées sur ces questions, a-t-elle ajouté.  Mme Hamad a aussi signalé l’augmentation du nombre de femmes au Parlement et indiqué que 68,7% des filles et des femmes étaient scolarisées.  Avant de conclure, elle a plaidé pour la levée du blocus international imposé à son pays qui ralentit les efforts en vue d’améliorer la situation des femmes.


M. ALVYDAS PUODŽIUKAS (Lituanie) a souligné la nécessité d’adopter des mesures de prévention systémique pour enrayer le fléau qu’est la violence contre les femmes.  En 2012, un candidat lituanien avait été élu pour siéger comme expert au sein du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes pour la toute première fois de l’histoire du pays, s’est-il réjoui.  Le représentant a par ailleurs fait savoir qu’une loi sur la protection des victimes de violence domestique avait été promulguée par son gouvernement, lequel a décidé, compte tenu de la gravité de ce problème, d’en faire une question d’intérêt public.  Un nouveau cadre a été élaboré pour établir des centres d’assistance aux victimes.  M. Puodžiukas a précisé que 16 centres spécialisés existaient actuellement dans différentes municipalités du pays auprès desquels les victimes peuvent obtenir des conseils juridiques et un appui psychologique.


Mme RARINTHIP SIRORAT, Ministre du développement social et de la sécurité humaine de Thaïlande, a déclaré qu’en dépit des mesures prises, le défi principal est de changer la perception générale qui confine la violence à l’égard des femmes et des filles dans la sphère privée.  L’autre défi reste l’écart entre le cadre juridique et sa mise en œuvre.  Il y a aussi la structure patriarcale de la société qui établit un rapport inéquitable du pouvoir entre les hommes et les femmes favorisant ainsi les violences à l’égard des femmes.  Pour y remédier, le Gouvernement a concentré ses efforts sur le renforcement des capacités des fonctionnaires à tous les niveaux, notamment en ce qui concerne les questions des femmes.  Les officiers de police ont aussi reçu des formations sur la prise en charge des victimes pour qu’elles bénéficient d’une protection effective et pour que leurs cas soient traités avec professionnalisme.  Les droits de l’homme ont été en outre introduits dans le cursus de formation des futurs policiers. 


La Thaïlande a également placé la promotion de l’égalité des sexes au premier rang de son onzième Plan national de développement des femmes.  C’est ainsi que la Princesse Bajrakitiyabha Mahidol a été nommée Ambassadrice de bonne volonté de ONU-Femmes.  Par ailleurs, la Thaïlande joue un rôle actif au niveau international en prenant part dans la moitié de la campagne mondiale pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes en 2010.  En outre, le Secrétaire permanent du Ministère de la justice et le Procureur général ont rejoint le Réseau des hommes visant à mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles du Secrétaire général des Nations Unies.


Mme FAREEDA ABDULLA AL-OBAIDLY, Vice-Présidente du Conseil d’administration du Conseil suprême pour les affaires familiales du Qatar, a rappelé que son pays avait ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et la Convention sur la prévention de la criminalité transnationale organisée, et promulguée une série de lois sur la protection des femmes.  Nous avons aussi revu les lois sur la famille.  Le Gouvernement a en outre intégré la lutte contre la violence à l’encontre des femmes et des filles dans les différentes politiques nationales, faisant ainsi intervenir toutes les institutions nationales. 


La représentante a aussi parlé des services destinés aux femmes qui sont maintenant plus faciles d’accès.  Elle a mentionné les instances particulièrement impliquées dans la lutte contre la violence à l’encontre des femmes, comme l’Institution pour la protection de la femme et de l’enfant.  Le nombre de centres d’accueil pour les femmes a augmenté dans toutes les régions du pays, a-t-elle ajouté.  Enfin, elle a indiqué que le Qatar avait créé une commission chargée de revoir les lois relatives à la violence à l’encontre des femmes et des filles. 


Mme JANA LOVSIN, Directrice du Bureau pour l’égalité des chances de la Slovénie, a estimé que l’adoption de lois et de mesures visant à éliminer la violence contre les femmes doit être accompagnée de campagnes de sensibilisation et de formation.  Elle a ensuite affirmé que les femmes slovènes comptaient parmi les plus émancipées de l’Union européenne.  Plus de 65% des femmes sont employées à plein temps et 70% des juges du pays sont des femmes, s’est-t-elle félicitée.  La représentante a cependant fait savoir que malgré ces avancées, une étude récente avait révélé qu’une femme sur deux, âgée de 15 ans ou plus, avait été victime d’un acte violent au moins une fois dans sa vie.  Pour faire face à cette situation, Mme Lovsin a estimé qu’une attention toute particulière doit être accordée à l’élimination des normes et des stéréotypes discriminatoires.  La représentante a expliqué que ses concitoyennes se consacraient davantage aux responsabilités familiales que leur conjoint.  Le Gouvernement de la Slovénie a ainsi lancé une campagne en 2012 pour engager les hommes à participer davantage au partage des tâches.


Au niveau international, Mme Lovsin a estimé que la résolution 1325 du Conseil de sécurité devrait être pleinement mise en œuvre.  Elle a également estimé que la situation en Syrie devrait être renvoyée devant la Cour pénale internationale.


Mme SYLVIE DURRER (Suisse) a invité à s’attaquer aux causes profondes de la violence à l’encontre des femmes et des filles, c’est-à-dire aux inégalités entre les sexes.  Elle a souhaité que l’on accorde une attention particulière aux femmes victimes d’une double discrimination du fait de leur âge, de leur origine ethnique ou de leur religion.  L’éducation des filles est une condition préalable à l’autonomie des femmes, a-t-elle fait observer, en précisant que les filles devraient bénéficier d’une éducation éclairée et exempte de stéréotypes fondés sur le sexe.  La prévention de la violence à l’encontre des femmes passe aussi par le droit à la libre disposition de son corps et à l’accès à la contraception, a-t-elle estimé, en invitant à prévenir les grossesses non désirées et les avortements pratiqués dans des conditions insalubres. 


La Suisse rappelle que tous les États ont un devoir de diligence et doivent, à ce titre, mener les enquêtes et les poursuites nécessaires, afin de décourager la violence à l’encontre des femmes et des filles.  La représentante a aussi plaidé pour que soient garantis les droits des victimes à la réparation et à la réhabilitation.  La Suisse a élaboré un plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, a-t-elle ajouté.  Au plan national, la Suisse accorde une attention à toutes les formes de violence à l’encontre des femmes et des filles et offre des services aux victimes.  La représentante a également parlé des programmes sociaux éducatifs qui visent à modifier les comportements et à éviter la récidive des auteurs de la violence.


Mme ANGESE GAILE (Lettonie) a appelé à des efforts, à une volonté politique et à un engagement fermes, au niveau international, pour traiter des causes sous-jacentes de la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Elle a souligné que la participation politique des femmes et leur émancipation économique étaient essentielles pour établir des relations de respect et d’égalité dans la société.  La Lettonie, qui présidait le Conseil d’administration d’ONU-Femmes en 2013, réaffirme son engagement en faveur d’une plus grande participation politique et économique des femmes, aux niveaux national et international.  La Lettonie, a assuré sa représentante, est prête à se joindre à l’initiative « Partenariat pour un avenir égal » (« Equal Futures Parnership ») et pour contribuer à la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Elle entend aussi prendre part à des projets similaires à ceux auxquels elle a contribué pour les femmes en Afghanistan et en Iraq.


Mme DORESDAY KENNETH LUI, Directrice des affaires féminines de Vanuatu, a rappelé qu’une étude réalisée, en 2010, dans son pays avait démontré que 60% des femmes interrogées avaient été victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire et 30% parmi elles disaient en outre avoir subi des abus sexuels avant l’âge de 15 ans.  C’est notamment l’une des raisons pour lesquelles l’égalité de sexes avait été intégrée dans le Plan national d’action de Vanuatu pour la période allant de 2012 à 2016.  L’objectif, a-t-elle précisé, est d’accélérer les efforts dans deux domaines: l’instauration d’un quota de 30% de femmes députées au Parlement et l’intégration de la dimension sexospécifique dans tous les processus de prise de décisions politiques du Gouvernement. 


Depuis 2009, Vanuatu est doté d’une « loi sur la protection de la famille », qui punit toute forme de violence basée sur le sexe.  Dans ce contexte, le Gouvernement de Vanuatu collabore actuellement avec les différentes communautés du pays afin de mettre en œuvre les dispositions de ce texte concernant les services juridiques et le soutien aux victimes.  En outre, le Centre pour les femmes de Vanuatu, une institution créée en 1992, fournit une assistance aux femmes victimes de violence.  Composé de 41 comités, ce Centre développe un réseau national de lutte contre cette forme de violence, et ce, avec l’aide des hommes, qui sont de plus en plus nombreux à s’investir dans cette lutte, a-t-elle précisé.


Mme SHEILA ROSEAU, Directrice exécutive de la Direction des affaires du genre d’ Antigua-et-Barbuda, a expliqué que son pays était sur la voie du progrès en termes d’élimination de toute forme de violence à l’encontre des femmes et de leur autonomisation.  Pour son gouvernement, tout investissement en ce sens joue un rôle de catalyseur pour le développement du pays.  L’une des priorités du Directorat des questions des femmes est précisément la lutte contre la violence dont elles sont toujours victimes, notamment la nouvelle loi de 2010 dont s’est doté le pays.  De plus, ONU-Femmes, par l’intermédiaire de son bureau régional dans les Caraïbes, a aidé le Gouvernement d’Antigua-et-Barbuda à formuler son plan d’action stratégique national pour éliminer la violence à l’encontre des femmes.  Ce plan a été approuvé par le Gouvernement en début d’année, a précisé la représentante.  Parmi les actions en cours, elle a cité la formation d’infirmières spécialisées dans la prise en charge de victimes de violences sexuelles et de violence domestique ainsi que la mise en place de cellule de soutien psychologique au sein des forces de police.


Mme HELENA REARDON-BOND, Directrice politique du Bureau gouvernemental pour l’égalité du Royaume-Uni, a souligné l’impact dévastateur des violences à l’encontre des femmes sur l’individu, mais également sur la société dans son ensemble, les services de santé, le système de justice pénale ainsi que sur l’économie d’un pays.  « Nous assurons un leadership tant au plan national qu’au plan international pour mettre un terme à la violence à l’encontre des femmes et des filles », a assuré la représentante.  Illustrant son propos, elle a expliqué que la stratégie nationale « Call to End Violence Against Women and Girls » était financée de manière régulière à hauteur de 40 millions de livres sterling pour assurer des services de spécialistes aux victimes de violence domestique, pour lancer des campagnes de sensibilisation et de prévention au niveau national, pour mettre en place des mesures interdisant les mariages forcés ou encore pour combattre le phénomène des mutilations génitales féminines. 


Pour Mme Reardon-Bond, l’inégalité entre les sexes est au cœur du problème de la violence contre les femmes.  Par conséquent, le Royaume-Uni cherche à assurer une plus grande participation des femmes aux niveaux politique et économique.  À cet égard, elle a cité les efforts en cours pour venir à bout des inégalités salariales entre hommes et femmes ou encore pour mettre en place la politique de congé parental flexible.  Pour ce qui est de l’action menée au plan international dans ce domaine, la représentante a expliqué que le Royaume-Uni apportait une aide directe aux victimes des violences dans le cadre de 21 de ses 28 programmes d’aide bilatérale.  Mme Reardon-Bond a souligné que les femmes étaient la clef du développement et de la croissance économique, mais pour qu’elles puissent participer pleinement au développement de leurs sociétés, « il faudrait qu’elles se sentent en sécurité, à la fois à la maison et à l’extérieur ».


Mme VIVIANA PAREDES MENDOZA, Vice-Ministre du service national pour les femmes du Chili, a parlé des différentes mesures législatives prises par le Gouvernement chilien depuis la création, en 1991, du Bureau national pour les questions des femmes (SERNAM) qui est le seul mécanisme pour la promotion de la femme dans le pays.  La création de tribunaux pour les familles dans le cadre de travail du SERNAM en fait partie.  Le Chili figure parmi les premiers pays au monde à adopter une telle mesure, s’est réjouie Mme Mendoza.  Elle a ajouté que la politique gouvernementale pour combattre les violences à l’égard des femmes avait fait reculer le nombre des meurtres des femmes qui est passé de 57 en 2008 à 34 en 2012, y compris les cas de meurtre d’adolescentes.  La campagne de prévention de la violence chez les jeunes explique en partie ce recul, a déclaré la Ministre.  Le Chili a également adopté, en 2011, la loi contre la traite des personnes.  Cette loi prévoit la création de centres d’accueil et prévoit la prise en charge des femmes victimes de la traite et de leurs enfants.  En 2013, le SERNAM prévoit d’ouvrir trois autres centres pour les femmes adultes victimes de violence sexuelle.  


M. MARTIN SAJDIK (Autriche) a présenté les mesures prises par son gouvernement pour éliminer la violence à l’encontre des femmes et des filles, en précisant que les organisations non gouvernementales avaient apporté une contribution importante à ces efforts.  Il a mentionné notamment une loi sur la violence domestique qui donne à la police le pouvoir d’expulser du domicile familial l’auteur de la violence.  En vertu de ce texte, la victime de la violence domestique reçoit une aide et est protégée contre toute atteinte à sa sécurité.  En 2009, le Code pénal autrichien a été amendé pour qualifier de crime la violence que subit de manière soutenue un membre de la famille.  La loi sur le harcèlement, qui date de 2006, prévoit des poursuites pénales, ainsi que des mesures renforcées sur le plan civil. 


Le représentant a affirmé que la tradition, les religions, les croyances et les pratiques coutumières ne peuvent en aucun cas justifier les violations des droits des femmes.  L’Autriche appuie les efforts internationaux visant à éliminer les pratiques préjudiciables aux femmes comme les mutilations génitales féminines, a-t-il indiqué.  Le représentant a aussi souligné l’importance d’un plan spécifique sur la traite des femmes, mis en place dans son pays.  L’Autriche contribue au Fonds d’affectation spéciale pour les personnes victimes de la traite des êtres humains de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, a-t-il ajouté, avant d’assurer que son gouvernement était fermement engagé en faveur de la campagne du Secrétaire général « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes ».


M. RODOLFO REYES RODRIGUEZ (Cuba) a, dans un premier temps, dénoncé les conséquences du blocus unilatéral imposé par les États-Unis sur les femmes.  Il a ensuite indiqué que les femmes cubaines représentaient 67% des diplômés universitaires, 65,6% des professionnels techniques et 56% des juges du pays.  Le représentant a par ailleurs fait savoir que des mesures intersectorielles avaient été prises par son gouvernement pour enrayer le problème de la violence à l’encontre des femmes.  Cette initiative repose sur la coordination des travaux de plusieurs ministères, notamment ceux de la santé, de l’éducation, de l’intérieur et de la justice, ainsi que du Centre national pour l’éducation sexuelle, le Centre d’études sur la femme et l’Institution nationale de radio et de télévision, a-t-il précisé.  La Fondation des femmes cubaines joue également un rôle important, a-t-il ajouté.  Le Gouvernement de Cuba, a aussi indiqué M. Rodriguez, œuvre actuellement pour intégrer une dimension de la prévention dans le droit interne du pays.


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a indiqué que son pays avait adopté un cadre législatif solide pour permettre aux femmes de mieux participer à la vie sociale et politique.  Il a précisé qu’un plan d’action multisectoriel dans ce domaine impliquait 17 institutions nationales et 32 provinces.  Une loi garantit le droit des femmes à vivre à l’abri de la violence, a-t-il ajouté.  D’autres lois ont été adoptées pour assurer l’autonomisation des femmes, notamment en reconnaissant leur contribution non rémunérée et en prévoyant pour elles une couverture sociale.  En outre, des mesures ont été prises pour éliminer la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Le Président de la Colombie a pour objectif de garantir la parité entre les hommes et les femmes, a-t-il assuré. 


M. Osorio a ensuite mentionné les services qui ont été mis en place pour les femmes et les filles, victimes de la violence conjugale et sexiste.  Toute personne peut dénoncer les violences conjugales, a-t-il précisé.  La Colombie a élaboré différentes stratégies pour détecter et prévenir la violence à l’encontre des femmes, pour favoriser l’éducation des filles et des femmes, pour prévenir le tourisme sexuel et pour encourager l’emploi des femmes.  Avant de conclure, le représentant a souligné l’engagement de son pays dans la campagne du Secrétaire général « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes ».


Mme MARIE-LOUISE POTTER (Seychelles) a rappelé que son gouvernement avait lancé, l’an dernier, une campagne de sensibilisation intitulée « Journée orange » qui engage le public à porter des vêtements de couleur orange, le 25 de chaque mois, pour attirer l’attention sur le problème de la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Elle a également indiqué qu’une loi était en cours d’élaboration pour criminaliser la violence domestique.  En décembre dernier, un atelier de formation avait été organisé à l’intention des juges et des policiers du pays.


La représentante a ensuite indiqué que, selon une étude menée en 2006 dans les Seychelles, une femme sur quatre avait été victime au moins une fois dans sa vie de violence « modérée » de la part de son conjoint.  Cette étude a également conclu que la violence domestique touche 90% des femmes.  Mme Potter a ensuite rappelé que le Gouvernement des Seychelles avait lancé en 2010 une stratégie nationale pour la violence domestique, et que le tout premier plan d’action national en la matière était en cours d’élaboration.


M. RANKO VILOVIĆ (Croatie) a indiqué que son gouvernement avait établi, en 2010, un plan d’action national en application de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Il s’est inquiété du fait que l’impunité pour les actes de violence sexuelle commis en temps de guerre demeurait élevée.  Les auteurs de ces actes doivent être traduits en justice car on ne peut tolérer le crime de viol, a-t-elle insisté.  Le représentant a ensuite mis l’accent sur l’importance de veiller à l’intégration d’une dimension sexospécifique au sein de tous les organes administratifs de l’État en veillant à une plus grande implication des hommes dans toutes les activités de promotion de l’égalité entre les sexes.  Il a souligné l’importance du rôle de l’éducation, qui permet non seulement d’assurer l’autonomisation des femmes, mais également de promouvoir la croissance économique et le bien-être des ménages.  M. Vilović a ensuite indiqué que son gouvernement travaillait actuellement à l’élaboration d’un plan d’action national pour veiller à la mise en œuvre de l’initiative internationale « Partenariat pour un avenir égal » (« Equal Futures Partnership »).


Mme SOON-YOUNG YOON, du Comité des organisations non gouvernementales de la Commission de la condition de la femme, a indiqué que plus de 5 000 participants d’organisations non gouvernementales (ONG) s’étaient portés bénévoles pour manifester aujourd’hui en face du Siège de l’ONU contre la violence à l’encontre des femmes.  Énumérant les différentes formes de violence à l’encontre des femmes et des filles, elle a dénoncé en particulier la traite des travailleurs migrants.  La représentante a ensuite présenté les conclusions du Forum des ONG qui a eu lieu le 3 mars et auquel ont participé plus de 800 représentants de la société civile et des gouvernements d’États Membres.  Trois messages ont été exprimés à cette occasion.  La représentante a expliqué tout d’abord que les principales causes de cette violence résidaient dans les inégalités entre les hommes et les femmes.  Elle a aussi appelé à mobiliser les médias et à utiliser la communication pour impliquer les jeunes, les hommes et les femmes dans la lutte contre la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Il faut utiliser non seulement les réseaux sociaux mais aussi les méthodes plus traditionnelles et le dialogue direct, a-t-elle précisé.  Les ONG souhaitent quitter la présente session de la Commission avec un espoir nouveau, grâce à l’engagement des gouvernements en faveur de solutions novatrices, a-t-elle dit en conclusion.


Mme HARKRISTUTI HARKRISNOWO (Indonésie) a signalé que les femmes migrantes, les femmes handicapées, les femmes âgées ou encore les femmes atteintes du VIH/sida étaient particulièrement vulnérables à la violence.  Elle a ensuite indiqué que son pays disposait de plusieurs lois pour enrayer le fléau de la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Des informations sur les services destinés aux victimes sont par ailleurs disponibles sur Internet et des centres de soins ont été ouverts dans plusieurs districts du pays, a-t-elle fait savoir.


La représentante a ensuite indiqué que 25% du budget national était consacré à l’éducation.  Le Gouvernement s’attache également à renforcer la capacité des centres de soins.  Des programmes de microfinancement ont également été élaborés à l’intention des femmes rurales.  Mme Harkrisnowo a également mis en avant la coopération du Gouvernement indonésien avec la société civile et les médias dans ce domaine.  Des programmes de lutte contre la traite et les pires formes de travail d’enfants existent également dans le pays, a-t-elle ajouté.


Mme ADRIENNE DIOP, représentante de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a indiqué que la CEDEAO continuait d’accorder une grande attention aux situations postconflit dans la région.  Les expériences ont montré que les hommes en uniforme ne peuvent seuls garantir le rétablissement de la paix et de la sécurité, a-t-elle noté.  Il faudrait que tous soient impliqués dans ces efforts, en précisant que les femmes y avaient un grand rôle à jouer.  « Nous travaillons avec nos partenaires au Mali pour que les femmes et les filles qui subissent des sévices sexuels bénéficient d’un appui suffisant », a-t-elle assuré.  La CEDEAO met aussi en œuvre des programmes d’appui en faveur des femmes agricultrices et de celles qui créent de petites entreprises.  La représentante a également parlé des efforts de la CEDEAO dans la lutte contre les mariages précoces, ainsi que pour augmenter le niveau de formation professionnelle des filles et des femmes.  Enfin, elle a mentionné la création du Centre de la CEDEAO pour le développement et la parité, qui siège à Dakar, au Sénégal.


Table ronde 3: Questions clefs d’égalité des sexes à inscrire dans le cadre du développement pour l’après-2015


La modératrice de la table ronde, Mme IRINA VELICHKO (Bélarus), Vice-Présidentede la Commission de la condition de la femme, a invité les participants à la table ronde à réfléchir sur les moyens permettant d’intégrer les questions des femmes dans l’Agenda pour le développement post-2015.  Comme il a été décidé, l’année dernière, à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), a-t-elle rappelé, des objectifs de développement durable doivent être fixés pour la période post-2015.  Comment intégrer l’égalité entre les hommes et les femmes au futur programme de développement durable?  Quels sont les objectifs et les indicateurs qui aideraient à promouvoir la responsabilisation dans ce domaine?  Comment faire pour que les mesures envisagées soient plus efficaces? a demandé Mme Velichko en lançant la discussion.


M. JOHN HENDRA, Sous-Secrétaire général et Directeur exécutif adjoint des politiques et programmes à ONU-Femmes, et Coprésident de l’Équipe spéciale du Groupe des Nations Unies pour le développement sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a estimé qu’avant de se pencher sur l’élaboration du cadre post-2015, il est important de se pencher sur les réalisations et les retards dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a fait observer que les OMD étaient bien adaptés aux contextes et aux besoins locaux, en notant que les inégalités existant au sein d’un même pays n’étaient pas toujours clairement identifiées.  Les objectifs internationaux ont été considérés comme des objectifs nationaux et il y a également un déséquilibre entre les responsabilités des pays du Sud et les engagements des pays du Nord, a-t-il ajouté.  La question de la violence contre les femmes, qui est une des violations les plus graves des droits de l’homme, n’a pas été prise en compte.


M. Hendra a ensuite indiqué qu’un consensus émergeant prônait l’élaboration d’un Agenda pour le développement post-2015 qui soit fondé sur le respect des droits de l’homme.  Il a également rapporté que lors du Dialogue politique de Vienne sur l’égalité entre les sexes, qui a eu lieu au mois de décembre dernier dans le cadre des préparatifs pour la tenue, en 2014, du Forum pour la coopération en matière de développement, des appels avaient été lancés pour définir un objectif sur la seule question des femmes et pour intégrer également une perspective sexospécifique dans tous les autres aspects de l’agenda.  Le Sous-Secrétaire général a aussi affirmé qu’un consensus s’était dégagé pour réaffirmer que les dispositions de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes constituent les normes minimales sur la base desquelles il faudrait établir l’ensemble des objectifs de l’Agenda pour le développement post-2015.


Le nouveau cadre et l’objectif concernant la question des femmes doivent avoir pour objectif d’éliminer la violence dont les femmes et les filles sont victimes, a-t-il souligné.  Les terribles exemples de ces actes de violence, s’ajoutant aux défaillances des systèmes judiciaires et des forces de l’ordre se font ressentir dans toutes les sociétés et à tous les niveaux du développement, s’est-il indigné.  À l’instar de la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Michelle Bachelet, le Sous-Secrétaire général a souligné que la fin de la violence contre les femmes représentait en effet « l’OMD manquant ».  C’est pourquoi, il est important de l’intégrer à tout nouveau cadre pour le développement, a estimé M. Hendra.  Il a également estimé que cet objectif pour la question des femmes devrait permettre d’élargir les choix et les opportunités pour les femmes, leur permettre de participer pleinement aux processus de prise de décisions, et de définir des indicateurs précis, ventilés par sexe, âge, revenus et emplacement géographique.


« Il est essentiel d’établir un objectif pour l’égalité entre les sexes car c’est seulement lorsque nous aurons créé un agenda pour le développement, fondé sur le plein respect des droits de l’homme, que l’on pourra créer un monde exempt de discrimination et de violence où hommes et femmes, filles et garçons pourront vivre dans la dignité et être capables de faire leurs propres choix », a souligné M. Hendra.


Mme ANITA NAYAR, Membre du Comité exécutif de « Development Alternatives with Women for a New Era » (DAWN), a analysé les résultats de concertations résultant de trois mécanismes.  Elle a d’abord présenté les conclusions d’un groupe d’experts convoqués par ONU-Femmes, qui se sont interrogés sur les moyens d’aller au-delà du troisième Objectif du Millénaire pour le développement, relatif à l’égalité entre les hommes et les femmes.  Les droits des femmes doivent constituer un objectif à part entière, ont exprimé les experts, afin de parvenir à l’élimination de toute forme de violence à l’encontre des femmes et toute discrimination à leur égard.  D’autres questions, comme le partage des ressources, devront être intégrées dans le programme de développement pour l’après-2015.  Mme Nayar a aussi rendu compte des discussions qui ont eu lieu lors du Dialogue Asie-Pacifique sur la base du rapport de la Banque asiatique de développement (BAsD) qui considère les réformes économiques comme des facteurs d’inégalités dans la région.  Il n’y a pas de lien entre la croissance économique et le développement en ce qui concerne les femmes, a expliqué l’experte.  Malgré la réduction du taux de pauvreté en Inde et en Chine, les femmes continuent à être plus pauvres que les hommes.  C’est pourquoi, il faudrait adopter des politiques économiques globales qui prévoient des systèmes de protection sociale offrant aux femmes des services de santé reproductive, a-t-elle recommandé. 


En ce qui concerne la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), l’experte a regretté que les États Membres n’aient pas traité de la question des femmes dans le domaine de l’agriculture.  Elle a souhaité que les gouvernements s’attaquent au problème de la sécurité alimentaire qui est une source d’inégalités pour les femmes.  Elle a aussi relevé que Rio+20 n’avait pas établi de lien entre l’égalité entre les sexes et les changements climatiques.  On sait pourtant que les femmes jouent un rôle essentiel dans les efforts de réduction des émissions de carbone, a-t-elle fait observer.  Par ailleurs, Mme Nayar a estimé qu’il n’y avait aucune raison pour négocier les droits à la santé reproductive des femmes, comme cela avait été le cas à Rio.  « Mon corps n’est pas un champ de bataille politique », a-t-elle lancé en reprenant un slogan.  Le programme de développement pour l’après-2015 sera-t-il pertinent dans le contexte de crise actuelle? s’est interrogée Mme Nayar.  Il est important, a-t-elle estimé, de lutter contre la distribution inique des biens, qu’il s’agisse des terres ou de la propriété intellectuelle.  Il n’y a pas d’investissements suffisants en faveur des droits des femmes, a-t-elle regretté, en espérant cependant que l’Agenda pour le développement post-2015 comblerait cette lacune.


Mme CAREN GROWN, économiste à l’American University et Conseillère sur le genre à l’Agence américaine pour le développement international, a insisté sur la nécessité de prendre des mesures pour que les priorités stratégiques en matière d’égalité entre les sexes et de développement soient traduites en actes.  Elle a également estimé que les pays devraient disposer d’une marge de manœuvre suffisante pour décider des politiques à adopter.  Il faudrait, a-t-elle souligné, créer des mécanismes de reddition des comptes efficaces.  Les actions devraient être axées sur des résultats, notamment en matière d’éducation secondaire, de réduction du taux de mortalité maternelle, d’accès des femmes à la technologie, et également pour éliminer les écarts entre hommes et femmes en matière d’accès à la propriété et de revenus.  Il faudrait aussi plus de femmes à la tête d’entreprises et dans les processus de prise de décisions, sans toutefois oublier la lutte contre la violence dont sont victimes les femmes et les filles, a-t-elle ajouté.


Les inégalités structurelles entre hommes et femmes exacerbent la féminisation de la pauvreté et la pauvreté des femmes contribue, à son tour, à renforcer l’inégalité entre les sexes, a fait observer Mme Grown.  Elle a cependant noté que cela n’entrait pas toujours en compte dans les discussions sur l’élimination de la pauvreté extrême.  La panéliste a également regretté qu’à ce jour, seulement deux pays ont procédé à une collecte de données ventilées par sexe sur la propriété des terres et autres biens immobiliers et sur les acquis financiers.  Elle a également déploré l’absence d’indicateurs sur la qualité de participation des femmes à la vie publique et politique de leur pays et sur leur capacité à prendre part au processus de prise de décisions à tous les niveaux.  Les pays doivent aussi explorer les moyens de mobiliser davantage de ressources pour financer les mesures prises en faveur des femmes, a-t-elle dit avant de conclure.


Dialogue interactif


Au cours du débat qui a suivi les interventions des experts, les délégations et de nombreux représentants d’organisations non gouvernementales ont prôné une intégration de toutes les questions de genre dans le programme de développement pour l’après-2015, en insistant particulièrement sur la nécessité de remédier aux causes sous-jacentes de la violence à l’encontre des femmes.  Ils ont notamment recommandé de définir des objectifs précis pour pallier le manque d’éducation des femmes et des filles, le manque d’accès aux services de santé sexuelle et reproductive, ainsi que pour éliminer les obstacles à l’autonomisation des femmes.


« Il faut saisir l’occasion qui nous est donnée pour placer l’égalité des sexes au centre du futur programme de développement », a posé d’emblée le représentant des Philippines.  La représentante de la Suisse a appelé à une « forte intégration » des questions de l’égalité entre les sexes dans les futurs objectifs de développement durable.  Il faut aussi que les femmes jouent un rôle central dans l’élaboration de ce programme, a demandé la représentante de l’Italie, à l’instar de la représentante de la Coalition des femmes pour l’après-2015 qui a insisté sur la nécessité d’écouter la voix des femmes dans un débat qui est, a-t-elle rappelé, dominé par les hommes.


« Il ne faut pas se contenter de reprendre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et d’en ajouter d’autres », a demandé la représentante du Forum Asie-Pacifique, plaidant pour une réelle responsabilisation et des engagements précis de la part des États, notamment pour la redistribution des terres au profit des femmes, question également chère à la représentante de Womenin Law and Development in Africa (WILDAF).  Il faut toutefois respecter une certaine continuité avec les OMD, a rappelé la représentante de l’Australie.  Le représentant d’ONU-Femmes a estimé que l’Agenda pour le développement post-2015 devrait être universel et privilégier la qualité plutôt que la quantité.


Dans la définition des futurs objectifs de développement durable, il faudrait prendre en compte les causes de la violence à l’encontre des femmes, a dit le représentant de l’Union européenne.  Il faut également « s’attaquer aux causes sous-jacentes de la violence sexuelle et sexiste », a ajouté le représentant du Royaume-Uni qui a appelé à promouvoir des transformations de fond dans la vie des femmes et des filles.  Les OMD ne se sont pas attaqués aux causes profondes des inégalités, a reconnu la représentante de la Norvège, qui s’exprimait au nom des autres pays nordiques.  Elle a souhaité que le nouveau cadre de développement reflète notamment les droits à la santé sexuelle et reproductive.  Ces droits ont été invoqués par de nombreux intervenants qui ont appelé à laisser les femmes et les filles contrôler leur corps et prendre les décisions qui les concernent.


Le représentant de l’Union européenne a plaidé pour l’intégration de l’éducation des femmes et des filles dans l’Agenda pour le développement post-2015.  La représentante de la Thaïlande a toutefois averti qu’une éducation émaillée de stéréotypes risquait de faire obstacle aux efforts en faveur de l’égalité des sexes.  Plaidant également pour l’élimination des stéréotypes concernant les femmes et les filles, le représentant de Malte a demandé de faire davantage participer les hommes à la vie de famille.


Les représentantes de la Norvège, de la Suisse, parmi d’autres, ont demandé de mettre l’accent sur la participation des femmes à la vie sociale et politique.  Sans cette participation, les efforts d’autonomisation des femmes resteront insuffisants, a expliqué leur homologue du Zimbabwe.  Le représentant de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a préconisé une participation plus active des femmes à la préparation et à la gestion des catastrophes naturelles.  Le représentant d’ONU-Femmes a signalé quelques progrès en matière de représentation des femmes dans la politique.


Quelles sont les activités à développer pour que la voix des femmes soit mieux entendue, a demandé la représentante d’Israël?  Quels sont les indicateurs qui renseignent efficacement sur l’égalité entre les sexes, ont voulu savoir les représentantes du Maroc et de la Suisse.  « Nous n’avons pas assez d’informations sur la participation des femmes dans les instances locales ou sur les taux de femmes diplômées de l’enseignement supérieur », a fait remarquer la représentante d’American University.


« Il faut aider l’Afrique à atteindre les objectifs de développement », a lancé pour sa part la représentante de l’Afrique du Sud, en attirant l’attention sur la condition des femmes sahéliennes qui ont du mal à atteindre les OMD.  Elle a souligné la nécessité d’offrir à ces femmes des soins de santé gratuits pendant la grossesse, ce qui permet une diminution du taux de prévalence du sida.  Les OMD seront évalués de manière mitigée dans un cas comme le nôtre à cause des conséquences des conflits, a fait observer le représentant de la République démocratique du Congo.  La représentante du Nigéria a évoqué, quant à elle, le grave problème de la mortalité maternelle en Afrique, qui est « une sorte de roulette russe » car une femme ne sait jamais si elle va survivre à un accouchement.  Elle a également regretté que les discussions n’aient pas abordé la question des femmes handicapées.


La représentante d’El Salvador a proposé d’intégrer les trois dimensions – politique, économique et physique, de l’autonomie des femmes dans l’Agenda pour le développement post-2015, idée qu’a partagée le représentant de la Chine qui a mis l’accent sur l’élimination de la pauvreté.  La représentante du Brésil a proposé de considérer le travail invisible des femmes comme un travail productif.  De nombreux États intègrent le travail non rémunéré dans la comptabilisation du revenu national, a répondu la représentante d’American University.  Enfin, la représentante de la République islamique d’Iran a demandé de respecter davantage les identités nationales et souligné la nécessité de respecter la famille, qui est la base de la société.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.