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Assemblée générale: sur fond d’appels vibrants au multilatéralisme, le Chef de la diplomatie russe dénonce la polarisation de la scène internationale

AG/11564

Assemblée générale: sur fond d’appels vibrants au multilatéralisme, le Chef de la diplomatie russe dénonce la polarisation de la scène internationale

27/9/2014
Assemblée généraleAG/11564
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-neuvième session

15e & 16e séances plénières

Matin & après-midi                                         


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: SUR FOND D’APPELS VIBRANTS AU MULTILATÉRALISME, LE CHEF DE LA DIPLOMATIE RUSSE

DÉNONCE LA POLARISATION DE LA SCÈNE INTERNATIONALE


Des appels au multilatéralisme ont été lancés de toute part au quatrième jour du débat général de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, marqué, notamment, par l’intervention du Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, qui s’est élevé contre l’aspiration de quelques États à faire revivre des « blocs archaïques » « basés sur les conquêtes militaires » et des rivalités factices entre « amis et ennemis ».  Les dirigeants de la Libye, de l’Algérie, du Mali, de la République centrafricaine, de l’Afghanistan et du Soudan du Sud faisaient aussi partie des 28 intervenants que l’Assemblée a entendus aujourd’hui. 


Le Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey V. Lavrov, a exprimé sa perplexité devant la contradiction qui existe, selon lui, entre la nécessité d’une action collective pour répondre à des défis transnationaux et les visées de l’« alliance occidentale », avec à sa tête les États-Unis, qu’il a accusés d’« user unilatéralement de la force », partout où il en va de leurs intérêts.


Après les bombardements de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Yougoslavie, en Libye et en Iraq, a-t-il rappelé, l’Ukraine est devenue pour Washington le dernier théâtre d’une « révolution folklorique » destinée à provoquer des changements de régime inconstitutionnels et, par voie de conséquence, le « chaos » et l’« instabilité ».


Malheureusement, a expliqué le Ministre à l’Assemblée, ces tentatives d’expansion de la sphère d’influence géopolitique sont menées sans tenir compte des intérêts légitimes des pays européens.  Son homologue de l’Allemagne a, peu ou prou, prêté les mêmes intentions à la Fédération de Russie, qui aurait selon lui bouleversé les frontières de l’Europe en annexant la Crimée.


« C’est la violation même des droits de l’homme qui a poussé les populations de cette région à choisir l’autodétermination », a tranché M. Lavrov, qui, de manière plus large, a souhaité qu’à l’avenir, des discussions soient menées, « sans idéologie ni visée politico-militaire », dans la région euro-atlantique, discussions auxquelles tous les pays concernés devraient prendre part, « et pas seulement ceux de l’OTAN et de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) ».


L’objectif est simple, selon M. Lavrov: combler le déficit de démocratie dans les relations internationales et lutter contre les « stéréotypes centenaires d’unicité » dans les relations internationales.


Parallèlement, des appels insistants ont été lancés par des nations confrontées à des difficultés jugées insurmontables si elles se retrouvaient isolées sur la scène internationale, témoignant au besoin de la multiplication des crises graves et complexes au cours des dernières années.


Le Président de la Chambre des représentants de la Libye, M. Agila Saleh Essa, a estimé que le chaos actuel dans son pays, dont la capitale Tripoli est aux mains de groupes armés incontrôlables, ne serait pas arrivé si la communauté internationale avait pris à temps la pleine mesure de la situation, prêté assistance à son gouvernement pour qu’il mette sur pied une armée et une police fortes et exercé une pression pour obtenir le désarmement des milices.  « Du haut de cette tribune, j’affirme que détourner le regard du terrorisme qui sévit en Libye est inacceptable », s’est-il indigné, demandant un sérieux coup de main aux « amis de la Libye ».


Plaidant pour que l’ONU devienne « l’artisan de solutions durables aux problèmes globaux contemporains », le Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, M. Ramtane Lamamra, a rappelé les initiatives de son pays en faveur de la Libye voisine. 


Replaçant cette crise dans le contexte de la lutte transnationale contre les groupes terroristes qui sévissent au Sahel et leurs interconnexions avec les réseaux de la criminalité organisée, le Ministre algérien a estimé que l’assassinat, il y a quelques jours, du ressortissant français Hervé Gourdel exige plus que jamais un renforcement de la coopération antiterroriste à tous les niveaux.


Le Président du Mali, M. Ibrahim Boubacar Keita, a d’ailleurs remercié l’Algérie de sa « facilitation », qui a permis la signature conjointe, en juillet dernier, d’une feuille de route consensuelle et d’une déclaration de cessation des hostilités dans les régions du nord du Mali, où le rétablissement de l’autorité de l’État se poursuit.


C’est également sous les auspices d’un État voisin, le Congo-Brazzaville, qu’un accord de cessation des hostilités a pu être signé, toujours en juillet, par toutes les parties au conflit en République centrafricaine (RCA), a fait observer la Présidente du Gouvernement de transition de ce pays, Mme Catherine Samba-Panza.  Elle a toutefois expliqué que l’appropriation nationale devait maintenant primer avec le rapatriement, « en terre centrafricaine », du processus politique et des consultations autour d’un « nouveau pacte républicain » de refondation de l’État.


L’élection à la Présidence de M. Mohammad Ashraf Ghani Ahmadzi, qui prêtera serment lundi 29 septembre, a aussi été vue comme un signe d’« appropriation nationale » par le Ministre afghan des affaires étrangères.  Mais M. Zarar Ahmad Osmani a demandé à la communauté internationale de poursuivre la coopération entamée il y a une décennie dans les domaines vitaux de la sécurité, de la paix et de l’essor économique.


Enfin, le Président du Soudan du Sud, Salva Kiir, a invoqué quant à lui la « responsabilité morale collective » qui incombe aux États Membres d’apporter leur soutien aux initiatives de paix au Moyen-Orient et en Afrique, y compris dans son propre pays, touché depuis décembre 2013 par un conflit dont il a reconnu, devant l’Assemblée, qu’il résulte d’une « lutte de pouvoir » et « n’est en rien un conflit ethnique ».


Suite du débat général


Le Roi TUPOU VI du Royaume des Tonga a estimé que dans le cadre des travaux préparatoires du programme de développement pour l’après-2015, il faudrait opter pour une approche transformative visant à garantir des résultats tangibles pour les peuples et assurer les ressources financières pour leur réalisation.  Les objectifs de développement durable sur les océans et les ressources marines sont intimement liés à la question des changements climatiques et la survie des petits États insulaires en dépend.  Le Document final « Samoa, la Voie à suivre », qui a été adopté par les dirigeants des petits États insulaires, doit être intégré dans le futur programme de développement, a souligné le Roi.  Pour la mise en œuvre de ce programme, Tonga partage l’avis selon lequel il incombe en premier lieu aux États d’assurer la croissance économique, le développement social et la protection de l’environnement sur leur territoire national.  La réalisation de ces objectifs, a-t-il cependant reconnu, ne pourra se faire sans la participation active de toutes les parties prenantes à travers des partenariats durables. 


Les dirigeants des Îles du Pacifique ont adopté la Déclaration « Océans: source de vie et avenir » de Palaos.  Le bien-être du peuple de Tonga dépend en effet d’un développement durable et d’une bonne gestion des océans et des fonds marins.  Tonga a travaillé avec diligence pour veiller à ce que les activités dans l’océan pacifique soient gérées de manière responsable. 


Rappelant que Tonga avait été élu par acclamation au Conseil de l’autorité internationale des fonds marins, le souverain a indiqué que le Gouvernement avait promulgué une loi sur l’exploration des fonds marins et s’était joint à l’appel des États de la région pour que des négociations commencent d’ici à septembre 2015, sous l’égide de la Commission des Nations Unies sur la délimitation du plateau continental en vue de parvenir à un accord international sur la gestion et la conservation des océans et de leurs ressources.


Le Roi de Tonga se félicite de l’initiative du Secrétaire général de convoquer un Sommet sur les changements climatiques pour que des réponses efficaces y soient apportées.  Le rapport de 2013 sur les risques dans le monde a classé Tonga au deuxième rang des pays les plus vulnérables aux changements climatiques.  Le souverain a appuyé la proposition visant à ce que le Conseil de sécurité reconnaisse le lien entre sécurité internationale et changements climatiques et il a exhorté le Secrétaire général à nommer un Envoyé spécial chargé des questions liées aux changements climatiques. 


M. IBRAHIM BOUBACAR KEITA, Président du Mali, a déclaré qu’au moment où la phase de conception du programme transformateur pour l’après-2015 est entamée, il reste une tâche cruciale à achever: celle de veiller à la complète exécution des engagements importants pris antérieurement.  Il a souhaité qu’un véritable plaidoyer soit mené en faveur de l’accélération de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a salué, par ailleurs, l’approche « inclusive, universelle, ambitieuse et transformatrice » du thème de la présente session de l’Assemblée générale qui intègre non seulement toutes les composantes essentielles des OMD en souffrance mais également celles des objectifs du développement durable, arrêtés sur la base d’un processus intergouvernemental transparent.  Il s’est déclaré convaincu que l’élimination de la pauvreté à l’horizon 2030 devrait être l’une des cibles prioritaires des engagements de l’après-2015, en précisant que la contribution de l’Afrique à ce processus se trouve déjà formalisée dans la « position commune africaine sur le programme de développement pour l’après-2015, adoptée en juin dernier à Malabo, lors du Sommet de l’Union africaine.  Cette position fait de la durabilité sociale, économique et environnementale la clef de voûte de la politique de développement du continent.


Alors que nous approchons de l’échéance de 2015, a-t-il poursuivi, l’Afrique se trouve de nouveau confrontée à la terrible épidémie de la fièvre à virus Ebola qui sévit cette fois en Guinée, en Sierra Leone, au Libéria et dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest dont l’apparition fulgurante et l’ampleur ont mis à rudes épreuves tous les systèmes de santé publique déjà en place.  Les capacités individuelles de nos États, déjà fragiles et en pleine consolidation, ne suffiront pas à y faire face, a-t-il prévenu.


Au plan national et depuis l’amorce du processus de dialogue pour la paix et la réconciliation conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et à l’Accord préliminaire de Ouagadougou du 18 juin 2013 avec les groupes armés du nord du Mali, des évolutions significatives ont été enregistrées dans les domaines de la sécurité, du rétablissement de l’autorité de l’État, de la protection des droits de l’homme, du développement de l’action humanitaire, de l’exécution du mandat de la MINUSMA, de la coordination des actions de développement et du partenariat avec la communauté internationale.  


Dans ce contexte, le Gouvernement du Mali a engagé une large gamme d’actions couvrant la décentralisation, par une dévolution plus radicale de compétences jusque-là détenues par l’État central, la réconciliation nationale et le vivre ensemble, le développement effectif des régions du nord du Mali, la bonne gouvernance ainsi que la lutte contre la corruption et l’impunité. 


Aujourd’hui, se tissent à Alger, avec la facilitation de l’Algérie et l’accompagnement de la communauté internationale, les fils du dialogue inclusif intermalien sur une paix globale et définitive, a indiqué le Président.  « Il est à présent permis de croire en la conclusion, à brève échéance, d’un tel accord répondant aux aspirations profondes du peuple malien », a-t-il commenté, en précisant qu’un premier cycle de pourparlers directs tenu à Alger du 16 au 24 juillet 2014, avait permis d’aboutir à la signature conjointe d’une feuille de route consensuelle et d’une déclaration de cessation des hostilités dans les régions du nord du Mali.  Les discussions de la deuxième phase doivent conduire à se mettre d’accord sur une vision commune du futur, à apporter progressivement une solution à tous les points de divergences et à amorcer la phase finale devant se conclure par la signature de l’accord de paix en terre malienne.


Il a condamné « avec la dernière énergie » toutes les formes de terrorisme et d’extrémisme, ainsi que les avatars de grand banditisme, de narcotrafic et de crimes transnationaux et transfrontaliers qui les accompagnent.  « Le terrorisme, en particulier celui conduit sous la bannière de l’extrémisme religieux est complètement étranger à la société malienne », a-t-il tenu à préciser, en ajoutant que cette société est connue pour son ouverture, sa tolérance et pour sa pratique d’un islam modéré, fondé sur des valeurs d’humanisme et d’acceptation de la différence de l’autre.


Le Président malien s’est ensuite félicité des progrès accomplis sur la voie de la reconstruction et de la réconciliation nationale en Guinée-Bissau, estimant que la bonne tenue des élections présidentielles et législatives consacre le rétablissement de l’ordre constitutionnel dans ce pays.  Se disant cependant préoccupé par la situation en République centrafricaine, notamment la situation humanitaire, il a appuyé la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) dont, a-t-il espéré, le déploiement rapide permettra de mettre fin à l’escalade de la violence et de protéger les populations civiles.  Il s’est dit aussi inquiet des offensives du groupe terroriste « État islamique en Iraq et au Levant », qui mettent en péril la stabilité de toute la région du Moyen-Orient.


Concernant la réforme de l’Organisation des Nations Unies, le Président du Mali a déploré « l’érosion du multilatéralisme » dans le domaine du désarmement en particulier, et la paralysie prolongée dont souffre la Commission du désarmement, d’une part, ainsi que du manque d’avancée dans la réforme du Conseil de sécurité, dont les négociations intergouvernementales se poursuivent pourtant depuis deux décennies déjà.  « L’Afrique, malgré ses 53 États sur les 193 que compte l’ONU, reste, à ce jour, le seul continent à ne pas disposer de siège permanent au Conseil de sécurité.  Cette situation jure d’avec les valeurs d’égalité et de justice qui sont les idéaux prônés par notre Organisation », a-t-il souligné, en renvoyant à la position commune africaine, arrêtée à Ezulwini qui propose une solution juste et réaliste pour l’octroi de deux sièges permanents au continent, avec droit de veto, et de cinq autres sièges non permanents.  Le Conseil ainsi réformé reflétera mieux les réalités géopolitiques du monde actuel et réparera l’injustice historique faite à l’Afrique, a conclu le Président malien.  


M. SALVA KIIR, Président du Soudan du Sud, a exhorté les États Membres de l’ONU à apporter leur soutien aux initiatives de paix en Afrique et au Moyen-Orient, car il s’agit, selon lui, d’une responsabilité morale collective.  Il faut trouver des moyens appropriés pour mettre fin à ces conflits et pour ouvrir la voie à un monde dans lequel les peuples vivront dans la paix.  Pour y parvenir, le Président Kiir est d’avis que le Conseil de sécurité doit être renforcé de manière à pouvoir répondre aux attentes et défis du monde du XXI siècle.  C’est pourquoi il appuie la proposition de réformer le Conseil de sécurité pour le rendre plus inclusif et accorder un siège permanent à l’Afrique.


La quête du peuple du Soudan du Sud pour l’indépendance et la liberté a été difficile, a noté le Président qui dit avoir hérité d’un pays confronté à une multitude de problèmes, en particulier les faibles institutions nationales.  Il a remercié la communauté internationale pour le soutien qu’elle a apporté à son pays.  Le conflit de décembre dernier au Soudan du Sud, était une tentative manquée de coup d’État, a-t-il rappelé, en regrettant les pertes en vies humaines et le coup qu’il a porté aux relations entre communautés.  Le Président a remercié les Nations Unies et l’Union africaine pour leur prompte réaction afin de rétablir la paix et la stabilité au Soudan du Sud.  Son gouvernement, a-t-il assuré, s’engage à résoudre ce conflit par la voie pacifique.  À cette fin, des pourparlers sont actuellement en cours à Addis-Abeba avec les rebelles, a expliqué M. Kiir.  Grâce aux efforts intenses des médiateurs, un accord de cessation des hostilités a été signé et réaffirmé en mai 2014.  Le Président du Soudan du Sud a assuré que son gouvernement avait respecté cet accord, tandis que les rebelles l’avaient violé à de nombreuses reprises.  La communauté internationale, a-t-il souligné, doit exhorter les rebelles à signer le protocole relatif à cet accord.


S’agissant de la crise humanitaire et des violations des droits de l’homme qui ont résulté de cette tentative de coup d’état, le Président Kiir a assuré qu’une enquête avait été engagée en vue d’établir les responsabilités et qu’il  œuvrait pour mettre fin à l’impunité.  Il a également signé une nouvelle loi sur les médias ainsi que trois conventions des Nations Unies relatives aux droits de l’homme, dont celle sur les droits de l’enfant et celle sur l’interdiction de la torture.  Pour lui, le conflit au Soudan du Sud se résume à une lutte pour le pouvoir et n’est en rien un conflit ethnique, comme certains l’ont qualifié.  Les victimes innocentes du conflit ont besoin d’urgence d’aide humanitaire et il a remercié ceux qui avaient déjà apporté leur soutien.


Les conflits en cours au Soudan et au Soudan du Sud sont souvent liés et c’est pourquoi, son gouvernement travaille à améliorer les relations entre les deux pays, a souligné le Président Kiir. 


M. Kiir a indiqué que son gouvernement œuvrait à rétablir un climat de confiance pour que les personnes déplacées qui vivent dans les camps de la MINUSS puissent revenir chez elles.  S’agissant du mandat de la MINUSS, il a insisté pour que le Conseil réexamine la question de la réforme du secteur de la sécurité lors du renouvellement du mandat de la Mission en novembre prochain.


Mme CATHERINE SAMBA-PANZA, Présidente du Gouvernement de transition de la Républicaine centrafricaine, a rappelé que cette session se tient dans un contexte où son pays connaît toujours une situation préoccupante aux plans sécuritaire, humanitaire et économique qui interpelle tous les États Membres.  Elle s’est réjouie que ses appels à l’appui aux efforts de transition ne soient pas restés sans réponse puisque des « appuis multiformes nous ont été apportés grâce auxquels le pire a été évité ». 


Au titre des avancées perceptibles, elle a salué l’adoption de la résolution 2149 du Conseil de sécurité autorisant le déploiement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Républicaine centrafricaine (MINUSCA), qui a abouti, depuis le 15 septembre dernier, au transfert de l’autorité de la MISCA.  Elle a souligné que la réussite de cette Mission dépendra aussi de l’implication, à ses côtés, des forces de défense et de sécurité nationales susceptibles d’apporter un appui pour leur connaissance du terrain.  Elle a sollicité « la grande compréhension et la mansuétude » du Comité des sanctions du Conseil de sécurité pour que l’embargo sur les armes soit réexaminé.  Mme Samba-Panza a également appelé au désarmement de tous les groupes armés, à la réforme du secteur de la défense et de la sécurité et surtout, à la mise en œuvre du programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR), décidé au Forum de Brazzaville qui a abouti à la signature d’un accord.


Dans le domaine humanitaire, bien que le nombre des déplacés internes soit passé de 900 000 à 175 000, la situation reste préoccupante car tributaire de la situation sécuritaire fragile, notamment dans l’arrière-pays.  Elle a mis l’accent sur la nécessité de concentrer les efforts sur le retour des 400 000 réfugiés dans les pays voisins et d’améliorer les ressources mobilisées, qui ne couvrent que 48% des besoins humanitaires exprimés. 


Rappelant que le taux de croissance du pays a chuté à 36% en 2013, elle a signalé que, dans l’ensemble, les populations éprouvent encore d’énormes difficultés d’accès aux produits de première nécessité en raison aussi des tensions inflationnistes.


S’agissant du dialogue politique et de la réconciliation nationale, elle a mis l’accent sur « le désarmement des cœurs et des esprits », et a indiqué que le premier pas a été franchi à Brazzaville, le 23 juillet 2014, par la signature de l’Accord de cessation des hostilités par tous les acteurs de la crise.  « Il est désormais question de poursuivre le processus en terre centrafricaine en donnant d’abord l’occasion aux populations à la base de poser leur propre diagnostic de la situation du pays, assorti de leur vision de l’avenir, et en réunissant ensuite tous les acteur de la crise autour d’une table pour réfléchir au nouveau pacte républicain de refondation de l’État », a proposé Mme Samba-Panza.


Sur le plan international, elle a plaidé en faveur d’une plus grande mobilisation de la communauté internationale contre le terrorisme et notamment contre la secte Boko Haram, qui opère au Nigéria et au Cameroun, non loin des frontières de la Centrafrique, et contre la LRA, qui sévit encore sur le territoire de son pays.  Elle a attiré l’attention sur la situation des pays sans littoral comme le sien et exhorté à leur accorder une « aide conséquente afin d’alléger le poids lié à leur vulnérabilité économique, tout en facilitant la mise en œuvre du programme d’action d’Almaty ».  Enfin, elle a soutenu la position du Maroc sur la question du Sahara, conformément aux résolutions 1754(2007) et 2152 (2014) du Conseil de sécurité.


M. PROSPER BAZOMBANZA, Vice-Président du Burundi, a déclaré que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avaient constitué un pacte de solidarité mondiale dans les domaines économique et social.  Ainsi, le Burundi partage l’idée qu’il serait erroné d’abandonner les OMD et de remettre le compteur à zéro.  Au contraire, il faudrait, a-t-il estimé, poursuivre les réformes qui ont généré des progrès sans précédent et capitaliser sur ces progrès pour définir les objectifs du programme de développement pour l’après-2015 tout en renforçant le multilatéralisme et les réformes de l’ONU.  En dépit de difficultés, le Burundi, a assuré son Vice-Président, a accompli des progrès indéniables dans les domaines de l’éducation et de la santé grâce aux mesures de gratuité scolaire et des soins médicaux pour les enfants de moins de 5 ans.  Sur le plan politique, son pays continue le processus engagé pour la tenue prochaine d’élections présidentielles et générales prévues à partir du mois de mai 2015.  Grâce à l’adoption d’une feuille de route par les différents partis politiques, ces élections devraient être transparentes, libres et démocratiques, et le Code électoral a déjà été adopté par le Parlement.  La Commission électorale nationale indépendante a annoncé le calendrier électoral en juin dernier, a-t-il ajouté.


Au niveau de la bonne gouvernance, le Vice-Président est revenu sur les institutions mises en place au cours de la présente législature comme la Commission nationale indépendante des droits de l’homme et l’Institution de l’Ombudsman ainsi que la stratégie de lutte contre la corruption.  Il s’agit d’une œuvre de longue haleine et ce qui est important c’est qu’il existe une volonté politique pour aller de l’avant, a estimé le Vice-Président.  Le Parlement a adopté une loi relative à la Commission Vérité et Réconciliation, prévue par l’Accord d’Arusha de 2000, et des consultations sont en cours pour l’élection de ses 11 commissaires.  En outre, une commission ad hoc chargée de la sélection des candidats vient d’être mise en place par consensus général.  Pour ce qui est de la consolidation de l’aide au Burundi, le Vice-Président a fait observer que le Bureau des Nations Unies au Burundi terminera son mandat au 31 décembre 2014 pour transférer ses responsabilités à une équipe de pays des Nations Unies.  Le programme conjoint de transition a été présenté à l’organe habilité en mai 2014, dans les bureaux de l’ONU au Burundi.  Un comité de pilotage conjoint et une équipe technique de transition sont entrés en fonctions.


Au plan économique, le Burundi a tenu, en 2013, deux conférences sectorielles sur les domaines prioritaires, a indiqué le Vice-Président, en précisant que les résultats étaient mitigés.  C’est pourquoi, il a lancé un appel aux partenaires représentés ici pour qu’ils honorent les engagements pris lors de la Conférence de 2012 à Genève.  Pour l’après-2015, le Burundi axe ses efforts sur des secteurs clefs comme la bonne gouvernance, les inégalités, la croissance économique et l’emploi, l’accès aux services sociaux de base et la sécurité alimentaire.


Le Gouvernement du Burundi continuera à travailler au-delà de 2015, à redoubler d’efforts pour sauvegarder et renforcer les principes et les valeurs contenus dans la déclaration du millénaire qui constitue une fondation solide pour le programme de développement pour l’après-2015.


M. NARENDRA MODI, Premier Ministre de l’Inde, s’est félicité du chemin parcouru depuis la création de l’ONU, qui a mené pas moins de 69 missions de maintien de la paix depuis 1948 et fait du Casque bleu la couleur de la paix.  La démocratie tente désormais de trouver sa voix en Asie occidentale et en Afrique du Nord; la réussite de la Tunisie laissant croire que cela est possible, a-t-il espéré.  Il a salué les récents changements en Asie du Sud, notamment en Afghanistan, qui en est à un tournant historique de sa transition démocratique et de l’affirmation de son unité.  Le Népal est passé de la violence à la paix et la démocratie et la jeune démocratie de Bhoutan continue d’avancer.  


Soucieuse de jeter les bases d’un climat stable et propice au développement, a dit le Premier Ministre, l’Inde s’efforce de coopérer avec ses voisins, y compris le Pakistan.  L’Inde est disposée à un sérieux dialogue bilatéral dans une atmosphère paisible et à l’abri du terrorisme, pour promouvoir l’amitié et la coopération.  Le Premier Ministre a indiqué, à cet égard, que l’Inde a organisé d’importantes opérations d’aide aux victimes des inondations et offert une assistance au Cachemire occupé.


Dans le contexte des changements actuels dans le monde, M. Modi a exhorté ses pairs « à agir en fonction de l’appel de notre temps » dans le cadre d’un véritable partenariat international qui repose sur le dialogue et un engagement sincère.  La nouvelle formule de partenariat doit obligatoirement passer par une réforme des Nations Unies, notamment du Conseil de sécurité, pour rendre ces dernières plus démocratiques et plus participatives.  Une institution qui reflète les impératifs du vingtième siècle ne saurait être efficace au XXIe siècle », a-t-il tranché, en invitant à surmonter les différences et à monter un effort international concerté pour combattre le terrorisme et l’extrémisme. Comme symbole d’un tel effort, il a appelé à l’adoption de la Convention générale sur le terrorisme international.  « Nous devons garantir la paix, l’ordre et la stabilité dans l’espace et le cyberespace et œuvrer de concert pour que tous les pays observent les règles et normes internationales », a encore dit le Chef du Gouvernement indien, qui a ensuite appelé à impliquer davantage les pays fournisseurs de contingents aux opérations de maintien de la paix de l’ONU dans le processus de prise de décisions.


Dans une forme de boutade, M. Modi a voulu que le développement et l’autosuffisance se propagent aussi vite que les médias sociaux.  Pour ce faire, il incombe à chaque pays de prendre ses propres mesures et à chaque gouvernement d’assumer ses responsabilités vis-à-vis de la croissance et du développement.


Évoquant l’ampleur des besoins mondiaux, M. Modi a rappelé que 2,5 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’assainissement de base; 1,3 milliard à l’électricité; et 1,1 milliard à l’eau.  L’Inde, a-t-il affirmé, a mis ces besoins au cœur de son agenda de développement.  « L’élimination de la pauvreté doit demeurer au centre du programme de développement pour l’après-2015 », a-t-il encore déclaré, en invitant les pays développés à honorer leurs engagements en matière de financement et de transfert des technologies, d’un côté, et à tous les pays de faire preuve d’imagination et d’engagement au niveau national, en particulier en modifiant les modes de consommation.  « Une énergie non consommée est l’énergie la plus propre », a-t-il affirmé, en rappelant les enseignements et vertus des anciennes traditions indiennes du yoga.  Il a d’ailleurs proposé la proclamation d’une journée internationale du yoga.  


Pour SHEIKH HASINA, Premier Ministre du Bangladesh, les préconditions du développement durable sont la paix et la sécurité.  Or la situation sécuritaire volatile dans le monde continue à représenter un défi majeur pour le développement.  Dans ce contexte, elle a réaffirmé la solidarité du Bangladesh avec le peuple palestinien dans sa lutte pour l’autodétermination et a condamné les violences commises par Israël dans sa dernière offensive à Gaza.  Reconnaissant le rôle central de l’ONU pour préserver la paix et la sécurité internationales, le Bangladesh témoigne son soutien par sa contribution de troupes de maintien de la paix des Nations Unies avec un total de 128 133 Casques bleus, a rappelé le Premier Ministre.  Son gouvernement a également adopté une politique de tolérance zéro face au terrorisme et à la violence extrémiste ainsi qu’à la radicalisation religieuse.  Affirmant que les forces antilibération sont toujours actives au Bangladesh et qu’elles cherchent à détruire le tissu séculaire et progressiste de la nation, le Premier Ministre a justifié le renforcement du régime juridique de la lutte antiterroriste, et notamment la loi antiterroriste adoptée en 2013 et celle sur le blanchiment d’argent adoptée en 2012.  Le pays s’est également engagé dans la lutte contre l’impunité et la promotion de l’état de droit, ce qui a permis de traduire en justice les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, qui remontent à la guerre de 1971.


Au plan économique, le Bangladesh a intégré les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans ses plans quinquennaux successifs, a expliqué Sheikh Hasina.  À ce jour, le Bangladesh a atteint les six premiers objectifs et la pauvreté a baissé de 57% par rapport à 1991.  Le taux de croissance économique se situe autour de 6% depuis cinq ans et des investissements substantiels ont été faits dans les infrastructures et dans les projets de connectivité pour catalyser le développement économique.  De plus, le Bangladesh a passé des accords avec l’Inde, la Chine et le Japon pour développer des centrales électriques d’ici à 2021.  Actuellement 18 zones économiques sont en cours de développement pour encourager les investissements étrangers.  Le pays bénéficie d’un dividende démographique « évident » et sait qu’il faut investir dans la formation professionnelle et l’éducation, a souligné Sheikh Hasina.  Avec 50 millions de personnes connectées à l’Internet, le pays s’est résolument engagé sur la voie des nouvelles technologies, y compris dans les domaines de la santé et de l’éducation.  Il a également mis en place un programme de bourses pour l’éducation primaire dont bénéficient 12,8 millions d’enfants démunis et a distribué 318 millions de manuels scolaires pour les élèves du secondaire.  Actuellement l’accent est mis sur l’amélioration de la qualité de l’enseignement et l’autonomisation de la femme, a encore précisé le Premier Ministre. 


Pour Sheikh Hasina, la priorité pour le programme de développement pour l’après-2015 doit rester l’éradication de la pauvreté dans le monde.  Le nouvel agenda doit veiller à trouver un équilibre entre les trois piliers du développement durable, en tenant compte des spécificités nationales.  Il doit répondre aux aspirations de tous les peuples du monde et faire attention à n’abandonner personne à son sort, a demandé Sheikh Hasina ajoutant que l’agenda doit aussi renforcer le multilatéralisme et la coopération internationale.  Son succès dépendra largement des ressources qui y seront allouées ainsi que de la qualité des partenariats fondés sur le respect et la confiance mutuels et du respect du principe de la responsabilité commune mais différenciée, a-t-elle poursuivi.  Dans ce contexte, Sheikh Hasina a rappelé que certains pays développés n’honorent toujours pas les engagements pris en termes d’aide publique au développement (APD).  Elle a fait valoir que les pays les moins avancés (PMA) et ceux qui sont les plus exposés aux effets néfastes des changements climatiques, dont le Bangladesh, devraient pouvoir compter sur un soutien plus large en termes d’APD et de transferts de technologies.


On dit souvent, a estimé M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre des Fidji, que les élections sont la clef de la démocratie.  Mais à Fidji, a-t-il dit avoir constaté, cela n’a pas été le cas parce que le système électoral n’avait apporté pas apporter ni démocratie, ni justice, ni transparence ni bonne gouvernance.  Notre système visait seulement à renforcer le pouvoir des élites et à diviser la population en différents groupes communautaires.  Il nous fallait donc, a affirmé le Premier Ministre, une révolution pour nous mettre sur le chemin de la vraie démocratie, et depuis les élections d’il y a 10 jours, nous nous sommes lancés dans une série de réformes qui a transformé notre nation.  Tout le monde n’a pas compris ce que l’on voulait faire, a regretté le Premier Ministre, en rappelant que certains ont essayé de miner les efforts du pays par des sanctions et de dégrader la nature de la nouvelle gouvernance parce que « nous refusions d’accepter leurs prescrits et leur manque de subtilité envers nous ».  Mais la majorité des pays a reconnu notre droit de déterminer notre propre avenir et a fini par comprendre que nous travaillions en fait non pas pour l’élite au pouvoir mais pour l’intérêt commun, s’est réjoui le Premier Ministre. 


Depuis l’indépendance, il y a 44 ans, le voyage a été long et traumatisant, a-t-il souligné.  Le pays a connu quatre coups d’État, une rébellion, quatre constitutions et « 56 jours de honte » en 2000 quand les membres du Parlement ont été pris en otage.  Le pays s’est battu pour rester uni et avec ces dernières élections, il a tourné cette page de son histoire.  Avec notre démocratie, a insisté le Premier Ministre, nous sommes Fidjiens et pas membres de groupes ethniques et religieux distincts.  Le Premier Ministre a tenu à déclarer: mon gouvernement sera un gouvernement inclusif.  Je serai le leader de tous les Fidjiens, pour tous les Fidjiens, et je suis déterminé à n’abandonner personne à son sort ».  Tendant « la main de l’amitié » à ses opposants, il les appelés à travailler ensemble et de manière constructive au sein du Parlement pour améliorer la vie de tous les Fidjiens. 


En cette Année internationale des petits États insulaires en développement, le Premier Ministre a estimé qu’il faut plus d’efforts concertés pour renforcer les institutions du Forum du Pacifique et faire face aux énormes défis que sont la croissance démographique, l’exploitation non viable des ressources naturelles des océans et l’élévation du niveau de la mer causée par le changement climatique qui provoque déjà à Fidji l’évacuation des zones côtières.  L’Histoire, a prévenu le Premier Ministre, jugera sévèrement les grands pollueurs à moins qu’ils ne prennent des mesures immédiates et globales pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Du point de vue moral, il est tout simplement « inacceptable » de regarder les petits États insulaires se noyer à cause de la détermination « égoïste » des pays industrialisés à protéger leurs économies.  


Le sort du monde nous importe-t-il?  Donnons-nous vraiment de la valeur à  ce que nous déclarons ici à l’ONU? s’est emporté M. ENELE SOSENE SOPOAGA, Premier Ministre des Tuvalu, en racontant qu’un enfant lui a demandé un jour: « a-t-on un avenir? Pouvez-vous nous sauver? »  La façon dont cette Organisation répond à ces questions fondamentales suscite chez moi un sentiment mitigé, a avoué le Premier Ministre, découragé par le manque d’attention voire le mépris de ceux qui nient le phénomène du changement climatique, y compris dans la région du Pacifique.  Il faut, a encouragé le Premier Ministre, transformer l’élan du Sommet sur le climat en une réponse collective, stratégique et pragmatique à la question du changement climatique, et parlant de « Samoa, la Voie à suivre », le scénario écrit à la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement, le Premier Ministre a prévenu que le succès se mesurera à l’aune des actions concrètes qui seront menées, en tenant compte du « cas spécial » que sont ces pays.  Il est tout à fait urgent, a-t-il insisté, d’intégrer « Samoa, la Voie à suivre » dans le programme de développement pour l’après-2015 et dans le travail de tous les fonds et programmes de l’ONU, en mettant un accent particulier sur un accès simplifié aux financements des efforts contre le changement climatique.


Le Premier Ministre a en effet estimé que le critère utilisé pour sortir les pays de la catégorie des PMA doit être réexaminé minutieusement parce qu’il ne correspond en rien aux caractéristiques des petits États insulaires en développement (PEID).  Un de ces États peut parvenir à un revenu élevé par habitant ou un index élevé de développement humain mais il restera toujours un PEID.  On ne peut, s’est énervé le Premier Ministre, sortir de la catégorie des contraintes naturelles et des vulnérabilités écologiques qui caractérisent précisément les PEID.  Compte tenu des « ambiguïtés » qui entourent la recommandation sur la sortie de Tuvalu de la catégorie des PMA, le Premier Ministre a demandé le report de la gradation jusqu’à ce qu’une évaluation soit menée en prenant dûment compte du dernier rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et les autres documents sur Tuvalu. 


Le Premier Ministre n’a pas manqué d’appuyer la définition, dans le programme de développement pour l’après-2015,  d’un objectif spécifique aux océans et le lancement de négociations sur leur protection.  Il est revenu sur « la gravité et l’urgence » de la question du changement climatique, au nom d’un pays, qui est à peine à deux ou trois mètres du niveau de la mer.  Il a appuyé ici aussi la définition d’un objectif spécifique.  Il nous faut, a-t-il précisé, un nouveau Protocole au Sommet de Paris en 2015, pour inverser la tendance des émissions d’hydrofluorocarbures et maintenir l’augmentation de la température moyenne de la terre bien en-deçà de 1,5 degré Celsius.  Le Protocole doit inclure une assurance contre les pertes et dégâts dus au changement climatique et offrir les financements qu’il faut pour appuyer les efforts d’adaptation des PEID.  Le temps des demi-mesures est révolu, a averti le Premier Ministre.  Il faut que le Fonds vert pour le climat et les autres mécanismes de financement soient constitués ou reconstitués et que l’accès des PEID y soit simplifié.


M. AGILA SALEH ESSA, Président de la Chambre des représentants de la Libye, a rappelé qu’en dépit du courage qui a inspiré la révolution libyenne en 2011, les affrontements déchirent aujourd’hui son pays, « des frères ennemis » se livrent à des bains de sang et la destruction injustifiée des bâtiments publics et des propriétés privées offrent un spectacle désolant.  La Libye d’aujourd’hui est dans une situation différente de celle qui prévalait il y a trois ans, a-t-il reconnu. La plupart des activistes ont fui l’arène politique, en raison d’un isolement imposé de force ou des intimidations, des arrestations ou des assassinats perpétrés par les différents groupes armés. 


« Le Gouvernement n’a plus aucun contrôle sur ces groupes qui essaient d’imposer leur volonté par la force, commettant des violations des droits de l’homme, s’adonnant au chantage vis-à-vis des autorités pour avoir accès aux fonds et obtenir que la police et l’armée ne soient ni armées ni restaurées, a déploré le Président de la Chambre.  Le conflit entre groupes armés à l’intérieur ou en dehors de Tripoli a contraint le Gouvernement à évacuer son personnel de tous les locaux saisis par une coalition, dont fait partie une organisation terroriste prêtant allégeance à Al-Qaida.  L’« Aube de la Libye », a-t-il précisé, s’est emparé de Tripoli, a détruit l’aéroport et a causé des dégâts considérables aux avions au sol.


Cette situation, a estimé M. Essa, ne serait pas arrivée si la communauté internationale avait pris toute la mesure de la situation, prêté assistance au Gouvernement pour qu’il constitue une armée et une police fortes et exercé une pression pour obtenir le désarmement des groupes armés.  « Du haut de cette tribune, j’affirme que détourner le regard du terrorisme qui sévit en Libye est inacceptable.  Notre peuple ne peut plus tolérer les assassinats, les humiliations, les intimidations, la suppression des libertés et les violations répétées des droits de l’homme. » 


La communauté internationale doit rester aux côtés des autorités libyennes légitimes et mettre en œuvre la résolution 2174 du Conseil de sécurité en imposant des sanctions à ceux qui entravent le processus politique, compromettent la sécurité nationale et piratent les institutions de l’État.  « Ou alors, elle doit clairement dire que les Libyens doivent faire face seuls au terrorisme », a tranché le Président de la Chambre, tout en prévenant qu’elle devra alors s’attendre à payer les conséquences dont l’inévitable expansion du terrorisme en Afrique du Nord et dans la région du Sahel.


Nous avons besoin d’un sérieux coup de main de la part des « amis de la Libye » pour opérationnaliser l’armée et lui donner les moyens de combattre le terrorisme et l’extrémisme, qui s’étend de l’Algérie à l’Iraq.  Nous encourageons toutes les initiatives que les États membres, les Nations Unies, la Ligue des États arabes et l’Union africaine peuvent lancer pour aider les autorités légitimes à reprendre le contrôle de la situation », a ajouté M. Essa. 


Pour sa part, la Chambre des représentants et le Gouvernement sont déterminés à poursuivre la voie du dialogue et de la tolérance, à résoudre tous les problèmes et les divergences entre Libyens et à respecter le processus démocratique. Le Président de la Chambre a demandé l’aide de la communauté internationale pour renforcer les institutions de l’État dans le domaine sécuritaire, rétablir l’autorité de l’État dans la capitale et frapper de sanctions les autorités illégales qui entravent le processus politique.  Il a demandé une aide dans la lutte contre le terrorisme et dans le renforcement d’une culture du dialogue en Libye. 


M. TANASAK PATIMAPRAGORN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a dit que pour la Thaïlande, le développement ne se réduit pas au produit intérieur brut (PIB), mais, a-t-il expliqué, pour qu’il soit durable, il doit aller de pair avec la démocratie, les droits de l’homme, la paix et la sécurité.  La démocratie va au-delà des élections.  Elle doit s’appuyer sur le respect de l’état de droit, de la bonne gouvernance, de la transparence, de la reddition des comptes et de l’égalité d’accès de tous à la justice.  « Ces exigences n’étaient pas respectées dans mon pays avant le 22 mai », a affirmé le Vice-Premier Ministre.  Il a expliqué qu’avant cette date, la Thaïlande vivait une impasse politique marquée par un dysfonctionnement de la démocratie et un risque de bain de sang.  L’opposition politique, a-t-il ajouté, n’a pas su saisir la chance qui lui a été donnée et l’armée a dû intervenir pour sauver la démocratie thaïlandaise et prévenir l’instabilité dans le pays et la région tout entière, a affirmé M. Patimapragorn. 


La Thaïlande, a-t-il aussi affirmé, est maintenant dans une période de transition et reste engagée en faveur de la démocratie et des droits de l’homme.  « La Thaïlande ne tourne pas le dos à la démocratie, mais nous avons besoin de temps et d’espace pour permettre la réconciliation, mener des réformes politiques et renforcer nos institutions démocratiques », s’est défendu le Vice-Premier Ministre.  Il a noté qu’en plus de cette feuille de route en faveur du retour à la démocratie, la Thaïlande vit également le retour de la croissance économique.  Il a souligné que dans le monde aujourd’hui, aucune nation ne peut être un îlot de prospérité sans tenir compte des autres.  Il a ainsi invité la communauté internationale à un partenariat solide pour le programme de développement pour l’après-2015.  Il a, dans la même veine, assuré que la sécurité humaine est au cœur même du développement durable, déplorant ainsi les conflits qui ont cours au Moyen-Orient, en Syrie, en Libye, en Iraq et dans la bande de Gaza. 


Il a plaidé pour une paix durable entre Palestiniens et Israéliens, précisant que les premiers ont autant besoin d’un État reconnu par la communauté internationale que les seconds de vivre dans la paix.  M. Patimapragorn a rappelé que des soldats thaïlandais ont été associés à plusieurs missions de maintien de la paix à travers le monde, ajoutant que c’est cet engagement pour les causes des Nations Unies qui a conduit le pays à présenter sa candidature à un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période de 2015- 017, et au Conseil de sécurité pour la période 2017-2018.


M. FRANK-WALTER STEINMEIER, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a plaidé de manière vibrante en faveur d’un multilatéralisme au sein des Nations Unies mais aussi en dehors de cette enceinte, grâce à des initiatives unilatérales fondées sur la solidarité.  Ainsi, a-t-il annoncé, son pays organisera le mois prochain une Conférence à Berlin sur l’assistance humanitaire aux réfugiés syriens.  Mais seule l’ONU peut fournir le fondement de toute action de cet ordre, qui est le droit international, « auquel nous devons toujours revenir ».


Abordant le conflit qui sévit en Ukraine, il a jugé qu’il s’agissait de tout sauf d’un conflit régional.  « C’est en effet un conflit dans le cadre duquel un pays, mais pas n’importe lequel –un membre permanent du Conseil de sécurité– a modifié unilatéralement les frontières de l’Europe en annexant une région tout entière », a-t-il dénoncé.  En aucun cas, nous ne pouvons tolérer que le droit international soit bafoué que les clivages entre Est et Ouest émergent à nouveau, a tranché le Ministre.  Quelques semaines après avoir évité une confrontation militaire directe, nous devons maintenant œuvrer à la recherche d’un cessez-le-feu et, à terme, à une solution politique au conflit.  « Le monde, a-t-il dit, ne doit pas retomber dans les divisions qui l’ont affaibli pendant des décennies. » 


En cette époque hantée par « de vieux fantômes et de nouveaux démons », comme celui du terrorisme qui se réclame d’une vision déformée de l’islam, nous devons poursuivre deux voies simultanément: œuvrer à la recherche de solutions politiques en Ukraine, au Moyen-Orient et en Syrie, et relever les grands défis du XXI siècle.  La lutte contre le changement climatique, l’avènement d’un Internet plus sûr et respectueux des libertés individuelles et des données privées et un programme de développement pour l’après-2015 qui soit véritablement ambitieux, a précisé le Chef de la diplomatie allemande.


Avec sa reconversion vers les énergies renouvelables, l’Allemagne a ouvert une voie qui n’est pas forcément facile d’accès mais c’est celle que nous devons emprunter collectivement si nous voulons préserver nos ressources naturelles.  Mais pour cela, la première étape, c’est de constamment renforcer les Nations Unies, y compris son Conseil de sécurité, pour la rendre toujours plus pertinente dans le monde complexe d’aujourd’hui, a prévenu en conclusion le Ministre.


M. SERGEY V. LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a dit qu’il y avait, de nos jours, une contradiction entre la nécessité de faire des efforts collectifs pour trouver des réponses aux défis qui interpellent la communauté internationale, et l’aspiration de quelques États à affirmer leur domination et à faire revivre des « blocs archaïques » basés sur les conquêtes militaires et la logique erronée du « ami ou ennemi ».  L’alliance occidentale menée par les États-Unis, a-t-il noté, qui se dit championne de la démocratie, de l’état de droit et des droits de l’homme, rejette le principe démocratique d’égalité de tous les États comme le mentionne la Charte des Nations Unies, et essaye de décider pour tous de ce qui est bon ou mauvais, a-t-il ajouté.  « Washington a ouvertement déclaré son droit d’user unilatéralement de la force n’importe où pour défendre ses intérêts », a-t-il affirmé. 


La viabilité du système international a été sévèrement mise à mal par les bombardements de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Yougoslavie, en Iraq, les attaques en Libye et les opérations ayant été couronnées d’échec en Afghanistan, a dit le Ministre.  Il a dit avoir l’impression que le but de toutes ces « révolutions folkloriques » est de changer des régimes indésirables et de provoquer le chaos et l’instabilité.  L’Ukraine est aujourd’hui victime de ce type de politique.  Après que l’Occident a déclaré sa victoire sur la guerre froide et proclamé la fin de l’histoire, a dit M. Lavrov, les États-Unis et l’Union européenne ont opté pour l’expansion de leur sphère d’influence géopolitique sans tenir compte des intérêts légitimes des pays d’Europe.  L’Occident, a-t-il ajouté, a rejeté les propositions de la Fédération de Russie d’établir un traité de sécurité européen, répondant que seuls les membres de l’OTAN ont droit à la sécurité.  Il a aussi déploré l’expansion de l’OTAN, de plus en plus vers l’Est, malgré des promesses contre cette option, et il a déploré la construction, par l’OTAN, d’infrastructures militaires aux frontières de la Fédération de Russie.


Le Ministre a affirmé que les États-Unis et l’Union européenne ont soutenu le coup d’État en Ukraine, dénonçant les autorités autoproclamées de Kiev.  Il a relevé que c’est la violation des droits de l’homme qui a poussé les populations de la Crimée à faire le choix de l’autodétermination, un choix absolument libre, a-t-il indiqué.  M. Lavrov a regretté qu’aucune poursuite judiciaire n’ait été engagée contre les auteurs d’exactions de février dernier sur la place Maidan de Kiev, et dans d’autres régions et villes de l’Ukraine comme Odessa et Marioupol.  Il a déclaré que le bilan laissé par les Forces armées ukrainiennes dans le sud-est du pays a été volontairement atténué.  Il a également relevé que malgré l’adoption de la résolution 2166 (2014) du Conseil de sécurité, la mise en place d’une enquête précise et indépendante sur les circonstances du crash de l’avion de la Malaysian airlines, au-dessus de l’Ukraine, soit toujours reportée.  La Fédération de Russie a un grand intérêt à voir son voisin, l’Ukraine, revenir à la paix, a dit le Ministre, en notant que le chemin de la paix au sud-est de l’Ukraine est ouvert après l’Accord de paix signé récemment sur l’initiative des Présidents ukrainien et russe. 


M. Lavrov a convoqué l’histoire, rappelant qu’à l’établissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et la Fédération de Russie en 1933, les premiers avaient expressément demandé à leur vis-à-vis de s’abstenir de toute ingérence dans leurs affaires intérieures, et que son pays avait exigé la réciprocité de cette mesure, ce qui fut agréé.  Il a ensuite souhaité que cette exigence soit appliquée à l’échelle planétaire, demandant par la même occasion que l’Assemblée générale adopte une déclaration à cet effet.  Il a affirmé que le blocus de Cuba, mis en place par les États-Unis, était contre-productif, ajoutant que « la politique des ultimatums et la philosophie de la suprématie et de la domination ne cadrent pas avec les exigences du XXIe siècle ».  Il a souhaité que des discussions soient menées, sans idéologie ni visée politico-militaire, dans la région euro-atlantique, que tous les pays y prennent part, et non pas seulement les membres de l’OTAN et de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC).  Ces discussions doivent porter sur la sécurité de  l’Ukraine, de Moldova et de la Géorgie, au lieu, a-t-il précisé, du choix fallacieux du « avec nous ou contre nous ».  Nous voyons, a-t-il constaté, un déficit de démocratie dans les relations internationales et quelqu’un devrait mettre fin à ces stéréotypes centenaires de l’unicité dans les relations internationales.  Il a plaidé pour le triomphe du respect mutuel comme cela se vit au sein des pays du groupe BRICS (Brésil, Fédération de Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), de l’Organisation de Shanghai pour la coopération, du G-20 ou encore du Conseil de sécurité.


Sur la question de la crise libyenne, M. Lavrov a demandé à avoir « des informations authentiques » sur la question des armes chimiques ayant appartenu à l’ancien régime.  Après le bombardement du pays par l’OTAN, « en violation des résolutions du Conseil de sécurité », a-t-il dit, rien n’a été fait pour réparer les dommages créés, notamment la propagation des armes chimiques.  Il a invité le Secrétaire général des Nations Unies à prendre ses responsabilités sur cette question.  Il a voulu que la lutte contre le terrorisme s’appuie sur le droit international, ajoutant que les tentatives d’agir en marge de la Charte des Nations Unies ne contribueront pas à la réussite des efforts collectifs dans la lutte contre le terrorisme.  Il a ainsi souligné que la lutte contre les terroristes en Syrie doit se faire en coopération avec le Gouvernement syrien qui a fait savoir, a-t-il noté, sa disponibilité à y participer.  Il a rappelé qu’au début du printemps arabe, la Fédération de Russie avait mis en garde contre toute tentative de s’allier avec tous ceux qui se réclamaient ennemis du Président syrien. 


L’élimination du terrorisme passe par l’identification de ses causes profondes et la Fédération de Russie envisage de lancer, sous les auspices du Conseil de sécurité, une étude sur les menaces de l’extrémisme et du terrorisme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  Le Ministre a aussi estimé que l’absence d’une solution durable entre Israéliens et Palestiniens, depuis des décennies, est l’un des facteurs majeurs d’instabilité de la région, car cela permet aux extrémistes de recruter plus de djihadistes.  Il a terminé en indiquant que les personnels médicaux russes sont déjà à pied d’œuvre en Afrique contre le virus Ebola, et que davantage d’assistance sera envoyée pour appuyer la toute nouvelle mission des Nations Unies pour la réponse d’urgence à Ebola (UNMEER) en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria.


M. WANG YI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a rappelé que, comme l’illustrent les crises à Gaza, en Iraq, en République centrafricaine et au Soudan du Sud, le monde d’aujourd’hui est loin d’être pacifique.  Face à de telles situations, la priorité numéro un doit rester la recherche de solutions politiques à tous les conflits; l’action coercitive ne devant être autorisée que par le Conseil de sécurité.  Les intérêts et préoccupations de toutes les parties doivent être pris en compte dans les négociations, a-t-il aussi précisé, en ajoutant que la réconciliation nationale doit être promue, sous peine de voir surgir les tensions interethniques et communautaires.  Le multilatéralisme doit s’exercer sous l’égide des Nations Unies et dans le respect du droit international.  Autant de principes qui doivent, selon le chef de la diplomatie chinoise, guider le règlement des conflits, notamment celui qui sévit en Ukraine. 


M. Yi a exprimé le soutien de son gouvernement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Iraq, affirmant qu’il s’opposait au terrorisme sous toutes ses formes.  Là aussi, la coopération internationale doit prévaloir, le Conseil de sécurité devant assurer le leadership s’agissant des actions de lutte et de répression, mais aussi pour répondre aux causes profondes de ce fléau, a insisté le Ministre.  En ce qui concerne la crise dans la péninsule coréenne, la Chine, a-t-il dit, a appelé toutes les parties à agir de manière objective et impartiale et à rester engagées en faveur de l’objectif de dénucléarisation, et ce, au travers du dialogue et de la négociation dans le cadre des Pourparlers à Six.


Abordant la question du programme de développement pour l’après-2015, il a expliqué que selon lui, la priorité doit être la promotion du bien-être de l’humanité, avec un accent sur l’éradication de la pauvreté et la promotion du développement.  Ce programme doit être inclusif et promouvoir la justice et l’équité sociale.  Enfin, a ajouté M. Yi, il devrait privilégier la mise en œuvre, en renforçant notamment les partenariats.


Le Ministre a évoqué en conclusion le soixante-dixième anniversaire, l’année prochaine, de la victoire de la coalition « antifasciste » lors de la Seconde Guerre mondiale, la création des Nations Unies et la défaite de l’« agression japonaise » contre la Chine.  « Les faits historiques sont parfaitement clairs et les verdicts définitifs ont déjà été rendus.  L’Histoire ne saurait être falsifiée ni la vérité distordue.  Aujourd’hui, 70 ans après, faisons respecter ensemble la justice et la conscience humaine, de sorte que ceux qui tentent de nier l’agression et de plier l’histoire à leur vision des choses n’aient nulle part où se cacher.  « Ensemble, défendons la Charte des Nations Unies et les acquis de la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que l’idéal d’un monde libre et débarrassé de la guerre puisse s’enraciner dans nos cœurs et être transmis de génération en génération. » 


M. PASQUALE VALENTINI, Ministre des affaires étrangères et politiques de Saint-Marin, a regretté que la région de la Méditerranée ne cesse de voir « le massacre » de migrants d’Afrique et d’Asie.  Les données du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) montre l’ampleur de la tragédie mais aussi, a estimé le Ministre, la nécessité pour l’Europe de mieux partager le fardeau.  Balayant l’actualité préoccupante du monde, le Ministre en a conclu que les différences culturelles et religieuses et la multiplicité des traditions représentées aux Nations Unies ne devraient pas faire obstacle à la recherche des solutions.  Bien au contraire, elles devraient être vues comme une valeur permettant d’adopter une approche capable d’harmoniser les intérêts de toute la communauté internationale. 


Nous avons le devoir et la responsabilité, a estimé le Ministre, de travailler sans relâche pour définir le programme de développement pour l’après-2015.  Mais, a-t-il convenu, les simples appels ne suffiront pas.  Étant donné que la pleine mise en œuvre des OMD a souvent été obstruée par le manque d’intégration entre les aspects économique, social et environnemental, il nous faut un nouvel élan et un nouveau départ pour faire en sorte que ces éléments promeuvent, au sein de nos communautés et nos populations, une culture de la vie, de la tolérance, de l’acceptation et de la solidarité; étant entendu que la famille est le premier élément du processus visant à édifier une culture de l’inclusion.


Tous les États, a voulu le Ministre, doivent prendre l’engagement commun de promouvoir la protection de la famille car c’est là que les principales relations régissant la coexistence entre humains sont gérées et développées.  En conséquence, l’affaiblissement et la marginalisation de la famille sont souvent la cause de la grande confusion existentielle des jeunes générations avec les conséquences que l’on sait sur leur vie personnelle et sociale. 


M. ABDULLAH BIN ZAYED AL NAHYAN, Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis, s’est élevé contre toutes les formes d’extrémisme, de terrorisme et de divisions confessionnelles au Moyen et au Proche-Orient, qui posent plus largement des problèmes pour la paix et la sécurité internationales.  Au-delà de la menace de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), l’Afghanistan, la Somalie, le Yémen et la Libye, ainsi que les États de la région du Sahel, sont directement touchés par les groupes « Takfiri », qui ont exploité l’instabilité dans ces pays pour tenter d’y créer des sanctuaires et puisé des fonds, un soutien logistique et des entraînements.  Les Émirats, a-t-il dit, sont particulièrement préoccupés par la détérioration préoccupante des conditions de sécurité dans ces pays et les répercussions sur leurs voisins.  M. Nahyan a déploré les développements en Iraq, où l’EIIL a exploité les divisions confessionnelles causées par le précédent Gouvernement.  Et, en ce qui concerne la Syrie, il a plaidé pour qu’un soutien soit apporté à l’opposition syrienne modérée dans le cadre d’une stratégie efficace de lutte antiterroriste.


Le Ministre a évoqué la situation au Yémen, où les Houthis, « tentent de compromettre le processus politique et la légitimité constitutionnelle des autorités » et a exigé une action ferme et immédiate contre les tentatives de changer la réalité par la violence et la force.  Au-delà d’une coopération internationale pour mettre fin à de tels actes, a ajouté M. Nahyan, les Émirats sont convaincus qu’un appui devrait être apporté aux gouvernements en difficulté pour renforcer leurs capacités et les aider à répondre aux défis qui se posent à eux dans le domaine sécuritaire.  C’est pourquoi les Émirats assument leurs responsabilités, en particulier au sein du Forum mondial de lutte contre le terrorisme, et en coordination avec les autres organisations régionales et les pays concernés.  « En accueillant sur son sol le Centre Hedayah pour la formation, le dialogue et la recherche dans la lutte contre la violence extrémiste, notre pays continue de soutenir la communauté internationale dans l’échange des pratiques optimales sur cette question », a assuré le Ministre.


Celui-ci s’est par ailleurs élevé contre les déclarations faites ces derniers jours à l’Assemblée générale contre le Gouvernement égyptien actuel, « qui a été élu librement par son peuple », soulignant que la stabilité de la région dépendait en grande partie de la stabilité de l’Égypte.  Il a dénoncé le fait que la République islamique d’Iran ait hissé tout récemment son drapeau sur les îles d’Abou Mussa, ce que les Émirats considèrent comme une violation flagrante du mémorandum d’accord conclu par les deux pays.


Nous vivons dans un monde globalisé qui avance vers la multipolarité dans une époque caractérisée par des menaces sur l’espèce humaine, a déclaré M. BRUNO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, en jugeant que ni les États-Unis ni l’OTAN ne pourront inverser cette tendance par une nouvelle distribution des cartes et par le recours aux armes.  Mais, les a-t-il prévenus, en tentant de le faire, ils risquent de rendre ce monde ingouvernable.  Ni les énormes arsenaux d’armes nucléaires et classiques, ni les dépenses annuelles d’armement de 1 000 milliards de dollars, ni l’accroissement des budgets militaires imposés aux membres de l’OTAN ne sauraient combattre la pauvreté, la faim, les épidémies, les migrations et ou résoudre les crises de l’eau, de l’énergie, de la nourriture, de l’environnement et de l’économie. 


Elles ne feraient que mener à un chaos caractérisé par la déstabilisation voire la destruction des États, la prolifération des groupes extrémistes et violents, les déchirements entre nations, cultures et religions, lesquels ne manqueraient de menacer la paix et la sécurité internationales.  La mise en œuvre extraterritoriale des lois américaines au détriment d’autres nations souveraines est même plus agressive encore, a dénoncé le Ministre, en appelant à un nouvel ordre mondial qui ne ferait aucune place à la philosophie de la guerre et à l’exploitation des ressources naturelles.  Le Ministre a appelé à la fin de l’intervention en Syrie, jugeant inconcevable que les puissances occidentales encouragent, financent et arment des groupes terroristes au détriment d’un État tout en essayant de combattre les crimes que ces mêmes groupes commettent dans un autre État, en l’occurrence l’Iraq. 


Le Gouvernement américain viole le droit international lorsqu’il procède, au mépris de l’ONU, à des bombardements, en ignorant les frontières nationales et en cachant derrière des coalitions douteuses.  La tentative de déployer l’OTAN aux frontières russes aura de graves conséquences sur la paix, la sécurité et la stabilité en Europe, a prévenu le Ministre, qui a qualifié « d’immorales et d’injustes » les sanctions imposées à la Fédération de Russie. 


Le Ministre a aussi rappelé la situation des Palestiniens avant d’appeler à une réforme en profondeur du Conseil de sécurité au sein duquel les pays du Sud doivent avoir une représentation équitable.  Les Nations Unies doivent se réformer profondément et défendre les principes sur lesquels elles ont été créées.  Le Ministre a critiqué le manque de volonté politique des pays industrialisés pour faire avancer le développement, la voracité des multinationales et la mauvaise répartition des richesses.  Dans ce contexte, il a dit n’avoir que peu d’espoir s’agissant du programme de développement pour l’après-2015.  Mais, s’est-il résigné, il faut essayer d’avancer en sachant que le document ne doit pas être l’illustration d’un consensus entre quelques-uns mais le consensus lui-même.  Le Ministre a conclu en passant en revue les avancées de sa région en matière de coopération.  Il n’a pas manqué de dénoncer l’embargo américain imposé à son pays qui est parvenu à sa seizième année.


M. SEBASTIAN KURZ, Ministre des affaires étrangères de l’Autriche, a voulu offrir à l’Assemblée générale « le point de vue de la jeune génération », celle de l’après-guerre et de la chute du mur de Berlin, lorsqu’il avait trois ans, un évènement, a-t-il dit, qui a généré l’espoir et de nouvelles opportunités.  Si la guerre est revenue, dans les Balkans, deux après la chute du mur, aujourd’hui, a estimé le jeune Ministre, ces pays ont une vision européenne claire.  Or, le monde d’aujourd’hui, a-t-il regretté, prend une autre tournure, comme en témoigne la situation en Ukraine que personne n’aurait pu prévoir.  Ne revenons pas à la philosophie de la guerre froide où deux blocs se faisaient face, a-t-il plaidé.  Notre orientation politique doit s’éloigner de la logique « l’Europe ou la Russie » et épouser celle de « l’Europe et la Russie ».  Certains disent aujourd’hui que l’Ukraine ne se serait pas retrouvée dans cette situation si elle n’avait pas renoncé à son arsenal nucléaire.  Mais, s’est indigné le Ministre, cette façon de penser est dangereuse.  C’est plutôt le désir d’éviter les conséquences humanitaires des armes nucléaires qui devraient nous unir.  Le Ministre a donc espéré que la prochaine Conférence prévue à Vienne en décembre 2014 marquera un réel changement de direction dans les discussions internationale sur les armes nucléaires. 


Il a dénoncé, à son tour, la montée de l’extrémisme dans le monde, dont un nouvel élément: les combattants étrangers.  Il a appelé les gouvernements et le secteur privé à mettre en place des mesures préventives contre ce phénomène, à geler tout appui financier aux organisations terroristes et à lutter contre l’abus des médias sociaux en développant des modèles volontaires de restriction.  La résolution que le Conseil de sécurité vient d’adopter est un pas dans la bonne direction, il faut maintenant la mettre en œuvre.  La ligne de front, a alerté le Ministre, n’est pas seulement en Iraq et en Syrie.  Elle est dans nos propres sociétés occidentales. 


Le Ministre n’a pas caché la fierté de son pays d’organiser la deuxième Conférence sur les pays en développement sans littoral, en novembre de cette année, et a réitéré l’engagement de l’Autriche de travailler activement au sein de l’ONU et de ses organisations pour relever les défis mondiaux que ce soient comme Casques bleus, Président du Conseil économique et social (ECOSOC) ou comme membre du Conseil des droits de l’homme.  L’Autriche, a-t-il ajouté, est fière d’être l’hôte de l’Office des Nations Unies qui est devenu un point de repère dans le paysage viennois. 


ANTONI MARTI PETIT, Chef de Gouvernement de la Principauté d’Andorre, a déclaré que les deux guerres mondiales avaient démontré le caractère dangereux de l’unilatéralisme et que l’ONU était née de cette prise de conscience.  Toute solution s’éloignant des principes fondateurs de l’Organisation est vouée à l’échec, a-t-il assuré. C’est pourquoi son pays défend par exemple un règlement pacifique du conflit israélo-palestinien qui aboutisse à la coexistence pacifique de deux Etats dans des frontières sûres et reconnues.  Pour M. Petit, la situation en Iraq et en Syrie, où l’extrémisme de l’État islamique en Iraq et au Levant «  EIIL » s’est installé, exige une action de la communauté internationale et le refus de toute impunité.  Sur ce point, l’éducation et la sensibilisation sont deux instruments permettant une prise de conscience de la citoyenneté mondiale, a souligné le Chef du gouvernement. 


Pour sa part, a-t-il dit, Andorre a participé à l’Initiative mondiale Education pour tous, lancée par le Secrétaire général, et qui réconcilie les actions entreprises aux niveaux local et mondial.  Les citoyens d’Andorre peuvent avoir accès à l’éducation publique en France, en Espagne et en Andorre, ce qui représente un atout incomparable pour la diversité linguistique et multiculturelle, dont notre pays est sorti renforcé, s’est enorgueilli M. Petit.  Rappelant que son pays avait massivement ouvert l’économie d’Andorre aux investissements étrangers, il a indiqué tous les droits économiques existants des citoyens a été élargis à l’ensemble des étrangers présents sur le sol, en partant du principe qu’une société à deux vitesses était une société inacceptable.


C’est dans la lutte contre le changement climatique que nous constatons, plus que n’importe où ailleurs, l’impératif du multilatéralisme, a-t-il poursuivi.  « Dans les années à venir, nous nous efforcerons de développer des énergies renouvelables, mais sans un engagement au niveau mondial pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, les efforts consentis au niveau national ne connaîtront jamais le succès », a-t-il prévenu.  L’heure était venue, a-t-il dit par ailleurs, de se mobiliser contre l’épidémie d’Ebola et de venir en aide à la Sierra Leone, au Liberia et à la Guinée.


M. PHAM BINH MINH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a estimé que les défis majeurs auxquels la communauté internationale est aujourd’hui confrontée sont le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive, les risques dus aux armes nucléaires et les questions environnementales telles que la pollution et les changements climatiques.  Il a relevé que la paix et la sécurité sont des prérequis pour un développement durable, et a ajouté que le respect du droit international est le fondement de la paix et de la sécurité.  Il a ainsi appelé tous les États à respecter la Charte des Nations Unies, et à ne pas utiliser la force pour résoudre les différends internationaux.  Le Vice-Premier Ministre a ensuite appelé à la fin de l’embargo imposé à Cuba, et a émis le vœu de voir une solution durable au conflit israélo-palestinien.


M. Minh a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 soit orienté vers la résolution des inégalités sociales, la lutte contre la pauvreté, la réduction du fossé entre pays développés et pays en développement, et la construction d’une économie verte.  Il a invité l’ONU à poursuivre ses réformes, y compris le Conseil de sécurité qu’il a souhaité voir reformé afin de mieux refléter les défis mondiaux s’agissant de la paix et de la sécurité, notamment en modifiant les conditions d’accès et les méthodes de travail.  Il a aussi évoqué la question de la mer de Chine méridionale, faisant part de la volonté du Viet Nam de résoudre ce différend de manière pacifique conformément au droit international.  Il a enfin invité les délégués à soutenir les candidatures du Viet Nam au Conseil économique et social (ECOSOC) pour la période 2016-2018, et au Conseil de sécurité pour la période de 2020 à 2021.


M. EVANGELOS VENIZELOS, Vice Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a dit son souhait de voir l’ONU se réformer, y compris le Conseil de sécurité, afin de rendre l’Organisation mieux à même de « s’adapter aux changements perpétuels de notre époque et renforcer son caractère opérationnel et son efficacité dans l’exercice de la diplomatie préventive ».  Il a relevé que les changements climatiques sont parmi les sujets d’importance majeure à l’échelle internationale, et il a émis le vœu qu’un accord universel et juridiquement contraignant soit trouvé, car « la transition vers un nouveau modèle d’économie verte à faible intensité de carbone doit être accélérée », a-t-il affirmé. 


Le Vice-Premier Ministre a appelé à la mise sur pied d’une stratégie internationale pouvant contenir le virus Ebola et éviter une crise humanitaire sans précédent qui risquerait de provoquer l’effondrement du système de santé et le tissu social des États affectés.  Il a salué la création de l’UNMEER et a dit l’engagement de la Grèce à participer à cet effort mondial.  Il a par ailleurs indiqué qu’au vu des crises au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Europe de l’Est, une stratégie cohérente et globale était nécessaire, et il a appelé à un rôle prépondérant des Nations Unies et du Conseil de sécurité.  Il a aussi fait part de son inquiétude face à la crise ukrainienne, et il a dit son soutien à l’intégrité territoriale, à l’indépendance et la souveraineté de l’Ukraine.


M. Venizelos a en outre estimé qu’en tant que membre de la coalition internationale contre l’État islamique en Iraq et au Levant, la Grèce invite la communauté internationale à agir promptement contre les combattants terroriste étrangers et l’EIIL.  Il a aussi plaidé pour l’intégration des Balkans de l’ouest dans l’Union européenne, appelant aussi à la poursuite des discussions entre Belgrade et Pristina au sujet de la question du Kosovo.  Sur un tout autre plan, il a souhaité que l’ex-République yougoslave de Macédoine puisse se voir attribuer un nom consensuel.  Rappelant enfin que Chypre avait été envahie il y a quatre décennies par la Turquie, il a appelé à une solution définitive et durable à la question chypriote, une solution qui serait entérinée par un référendum populaire, a-t-il suggéré.


M. RI SU YONG, Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a estimé qu’en matière de paix et de sécurité internationales, les Nations Unies affichaient un retard considérable par rapport à d’autres domaines, comme l’illustre selon lui le cas du Conseil de sécurité.  Ainsi, un membre permanent cherche à devenir le « gendarme du monde », en imposant des blocus militaires et en cultivant des alliances militaires bilatérales parfaitement étrangères à la mission de l’ONU. 


« Ces stéréotypes et préjudices d’une autre époque trouvent leur expression la plus absurde dans la situation qui prévaut dans la péninsule coréenne », a affirmé M. Ri, qui a dénoncé les manœuvres militaires conjointes des États-Unis et de la Corée du Sud plus tôt cette année, visant selon lui à « occuper » la capitale de la RPDC, Pyongyang.  Pourtant, a-t-il rappelé, en janvier dernier, le Gouvernement de la RPDC avait proposé de mettre fin aux actes d’hostilité mutuels dans la péninsule coréenne, mais les manœuvres évoquées avaient manifestement pour but de torpiller ce geste de bonne volonté.  Nous avons saisi le Conseil de sécurité, mais il s’est détourné de nous, « fermant les yeux sur les agissements d’un de ses membres permanents », s’est-il indigné.


C’est une des raisons pour lesquelles ce Conseil doit être réformé de toute urgence, a plaidé le chef de la diplomatie nord-coréenne, pour qui il doit cesser de se livrer aux politiques de deux poids, deux mesures.  Il a en effet un Conseil qui ignore les meurtres de civils palestiniens innocents par Israël avec le parrainage d’un membre permanent, pourtant prompt à s’en prendre au Gouvernement syrien, de manière tout à fait sélective.  Le dossier nucléaire dans la péninsule coréenne devrait être résolu de manière pacifique, a-t-il affirmé, expliquant que la politique hostile poursuivie par les États-Unis depuis plus d’un demi-siècle a eu pour conséquence inévitable la nucléarisation de la RPDC, à des fins strictement « dissuasives ». 


S’élevant à nouveau contre la sélectivité, M. Ri a déclaré être fermement opposée à l’instrumentalisation des violations des droits de l’homme perpétrées à des fins politiques, comme les « changements de régime ».  Il a assuré en conclusion que la RPDC était tout à fait ouverte au dialogue et à la promotion des droits de l’homme avec les pays qui ne lui sont pas hostiles.  C’est dans le même esprit de coopération que la réunification des deux Corée devrait s’opérer, afin de « prévenir la guerre et de préserver la paix », a suggéré le Ministre.


M. RAMTANE LAMAMRA, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a indiqué que face à la crise multidimensionnelle qui persiste, la communauté internationale a besoin de vision et d’ambition pour faire de l’ONU « l’artisan de solutions durables aux problèmes globaux contemporains ».  Il a fait le pari que les nouveaux objectifs de développement durable « contribueront à la réalisation d’un monde qui rende possible la protection effective des droits, la participation inclusive de tous et le partage de la prospérité avec les régions déshéritées où vivent plus de 40% des personnes les plus démunies ».  Il a voulu que soit au rendez-vous la concrétisation rapide des engagements, s’agissant de l’aide publique au développement, du Consensus de Monterrey, de la Déclaration de Doha ou de la Conférence Rio+20.  Le Ministre a par ailleurs relevé que l’Algérie, en tant que coordonnateur du Groupe de travail des pays non alignés sur la revitalisation de l’Assemblée générale des Nations Unies, poursuivra ses efforts pour que cet organe, « le plus représentatif du système international », se réapproprie ses prérogatives.  Il a également promis que son pays allait continuer de travailler à la réforme du Conseil de sécurité, « en vue de mettre fin à l’injustice historique faite au continent africain et qui est au cœur du déficit de représentation et de légitimité du Conseil ». 


Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, le renforcement de la coopération et du partenariat entre l’Union africaine et les Nations Unies doit être encouragé, en particulier au titre du règlement des nombreux conflits et crises qui continuent d’endeuiller l’Afrique et « de retarder le parachèvement de sa décolonisation ».  Dans cette perspective, il a souhaité que l’évaluation d’ensemble que le Secrétaire général des Nations Unies va présenter, en avril 2015, sur la question du Sahara occidental, opposant le Royaume du Maroc et le Front Polisario, pourra « honorer la doctrine des Nations Unies en matière de décolonisation, ainsi que l’effectivité des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale ».  Il a rappelé l’appui de l’Algérie au « droit inaliénable du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination », et il a encouragé le Secrétaire général et son Envoyé personnel au Sahara occidental à intensifier leurs efforts pour assurer le succès de leur œuvre de paix. 


Le Ministre a ensuite indiqué qu’à la demande des parties maliennes, l’Algérie conduit une grande médiation entre le Gouvernement malien et les « mouvements du Nord ».  L’adoption d’une « feuille de route pour les négociations dans le cadre du processus d’Alger » et d’une « Déclaration de cessation des hostilités » ont balisé le terrain pour le lancement de négociations substantielles, depuis le 1er septembre, en vue de parvenir à un accord de paix global et définitif.  Le Ministre a précisé que le lancement de ces pourparlers a été un motif de satisfaction en ce qu’il a coïncidé avec la libération des deux derniers diplomates algériens retenus en otages pendant près de trois ans par un groupe terroriste. 


Sur la situation en Libye, il a déclaré que la double initiative de son pays est venue apporter une contribution de qualité à un sursaut collectif salutaire du peuple libyen « que nous appelons tous de nos vœux ». 


Cette difficile conjoncture régionale requiert une intensification des efforts de lutte contre les groupes terroristes qui sévissent au Sahel et les interconnexions qu’ils ont établies avec les réseaux du trafic de drogues et du crime organisé.  Assurant que son pays poursuivra sa coopération au sein du Forum mondial de lutte contre le terrorisme et, notant avec intérêt les résultats de la réunion du Conseil de sécurité sur le terrorisme et les combattants étrangers et la mobilisation internationale contre le terrorisme qui affecte l’Iraq et la Syrie, le Ministre a estimé que l’assassinat du ressortissant français, Hervé Gourdel, souligne l’exigence du renforcement de la coopération antiterroriste dans toutes ses dimensions. 


Il a conclu sur les bouleversements qui affectent la vie des peuples du Moyen-Orient et qui ajoutent de nouveaux questionnements à l’interpellation ininterrompue de la communauté internationale par la tragédie infligée au peuple palestinien.  Il a aussi lancé un appel en faveur de la non-prolifération nucléaire et a voulu que le soixante-dixième anniversaire de l’ONU, l’année prochaine, soit l’occasion d’un engagement renouvelé en faveur du multilatéralisme.


M. OLDEMIRO MARQUES BALÓI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, a déclaré que les expériences tirées de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) devraient servir à élaborer, « de manière inclusive », le prochain programme de développement durable.  « Déjà, attachons-nous à pérenniser ceux que nous avons accomplis dans le cadre des OMD », a-t-il recommandé, indiquant en outre que son pays avait lancé un processus de consultations sur le programme de développement durable pour l’après-2015 impliquant les différents ministères, la société civile et le secteur privé.  Précisant qu’à ce stade, les délibérations avaient souligné la nécessité, entre autres, de lier éradication de la pauvreté et amélioration des services publics, protection de la biodiversité et utilisation durable des ressources naturelles et de renforcer la coopération Sud-Sud, M. Baloi a plaidé pour l’émergence d’une vision commune du développement durable partagée aux niveaux sous-régional, régional et global.  « La conclusion sans délai du Cycle de négociations de Doha est indispensable pour que le développement durable devienne réalité », a-t-il encore noté avant d’insister sur l’importance qu’il y a à ce que les priorités de l’Afrique, « dont la croissance pourrait atteindre les 4% en 2014 », soient reflétées dans le prochain programme. 


Sur la menace terroriste, M. Baloi a salué la séance tenue le 24 septembre par le Conseil de sécurité sur le phénomène grandissant des combattants terroristes étrangers, considérant que la lutte contre ce fléau devait être ancrée dans le respect des buts et principes de la Charte des Nations Unies et s’attaquer aux causes profondes de l’embrigadement.  « Dans le monde qui est le nôtre, globalisé et interdépendant, l’action multilatérale, nécessaire à l’appréhension des défis globaux, doit être transparente et inclusive si elle veut être efficace », a considéré l’orateur.  C’est ainsi qu’il a appelé de ses vœux un renforcement du rôle de l’ONU, qu’il a qualifiée d’« épicentre du multilatéralisme ».  S’agissant de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, M. Baloi a jugé que pour accélérer la résolution des conflits, les deux organisations devaient mettre l’accent sur la diplomatie préventive et intensifier leurs activités de médiation.  Il a réservé un mot à l’attachement de son pays à l’application du principe du droit à l’autodétermination, seul moyen selon lui d’assurer à tous les peuples l’exercice de leurs droits fondamentaux.  « Nous notons avec satisfaction la nomination de l’ancien Président du Mozambique, M. Joaquim Alberto Chissano, en tant qu’Envoyé spécial pour les P5+ l’Espagne en vue de trouver une solution assurant au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination », a-t-il dit.


M. RUI MACHETE, Ministre d’État et des affaires étrangères du Portugal, a fait remarquer que son pays était candidat à un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2015-2017.  Le Portugal, a-t-il rappelé, a prouvé à travers ses actions, lors de son dernier mandat au Conseil de sécurité en 2011 et 2012, que la promotion des droits de l’homme était l’une de ses priorités.  Le pays est partie, sans réserves, à huit traités fondamentaux des droits de l’homme et à tous leurs protocoles facultatifs.


Le terrorisme, l’extrémisme et les groupes radicaux, dont l’État islamique en Iraq et au Levant (EIIL) est « un sinistre exemple », doivent être répudiés et condamnés de la façon la plus véhémente possible, a déclaré M. Machete.  À cet égard, il s’est félicité de l’adoption récente de la résolution du Conseil de sécurité sur les combattants terroristes étrangers.  La situation en Iraq ne peut pas être séparée du conflit prolongé en Syrie, où les niveaux de violence et de souffrance sont innommables.


Le Portugal préside actuellement le Forum pour le dialogue en Méditerranée occidentale (Dialogue 5+5), dont la Lybie est un partenaire important.  Préoccupé par la détérioration de la situation dans ce pays, le Ministre a estimé que la communauté internationale devait y aider le processus de transition politique et que toutes les parties libyennes devaient s’engager dans un véritable dialogue.


Les pays africains, a-t-il poursuivi, sont des partenaires politiques et commerciaux et le Portugal s’efforce de contribuer aux efforts internationaux visant à stabiliser les conflits ou à prévenir les risques sécuritaires en Afrique.  C’est ainsi qu’il participe à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  Le Portugal est également prêt à participer au renforcement de la sécurité dans le golfe de Guinée et à coopérer pour renforcer les capacités maritimes des pays de la région.


Dans le même esprit, M. Machete a salué la restauration de l’ordre constitutionnel en Guinée-Bissau et proposé la création d’une force de stabilisation, basée sur la mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans ce pays, et mandatée par l’ONU.


Par ailleurs, le Portugal a récemment adopté une nouvelle stratégie maritime centrée sur la « croissance bleue » qui va dans le sens des efforts de l’ONU pour une gestion durable des océans et de leurs ressources.  Le Ministre a plaidé pour l’adoption d’un instrument international, dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, relatif à la conservation et à l’utilisation durables de la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des juridictions nationales.  Enfin, le Portugal espère faire du portugais une langue officielle des Nations Unies.


M. LUBOMÍR ZAORÍÁLEK, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a indiqué que, cette année, son pays célébrait les 25 ans de son retour à la démocratie et à la liberté.  Or aujourd’hui, « l’intégrité territoriale de l’Ukraine, garantie par la Charte des Nations Unies et le Mémorandum de Budapest, a été violée par l’annexion russe de la Crimée et les activités des séparatistes pro-russes dans l’est du pays », a affirmé M. Zaoríálek.  Pour lui, il est de la responsabilité de la communauté internationale de réunir les conditions d’une désescalade des tensions ayant causé d’immenses souffrances parmi le peuple ukrainien et un nombre considérable de victimes innocentes, y compris celles ayant trouvé la mort dans le crash du vol de la Malaysian Airlines MH17. 


Concernant la situation dans le nord de l’Iraq et en Syrie, le Ministre tchèque des affaires étrangères a condamné les exactions commises par l’autoproclamé « État islamique » contre les minorités ethniques et religieuses, qu’il a qualifiées de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.  « Nous saluons la stratégie du Président Obama pour venir à bout de ce nouveau type de terrorisme et appelons par ailleurs toutes les parties au conflit syrien à cesser les violences et à coopérer sans conditions avec le nouvel Envoyé spécial en vue de parvenir à une sortie de crise durable », a-t-il encore déclaré.


Interpellant ensuite la communauté internationale et les Nations Unies, M. Zaoríálek a affirmé que la dignité des hommes, la possibilité pour tout un chacun de vivre une vie sûre et sans menace reposait, dans nombre de régions du monde, sur l’application du principe de la responsabilité de protéger.  « Nous sommes particulièrement attachés aux dimensions sous-jacentes de ce principe, nommément la prévention de la violence et le renforcement des capacités nationales », a-t-il précisé, rappelant l’engagement de longue date de la République tchèque dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Afin précisément de renforcer la prévention des conflits, il a appuyé le plan d’action « Les droits avant tout » lancé par le Secrétaire général des Nations Unies.  « Nous interprétons cette initiative comme un appel de l’ONU à ses organismes et aux États Membres pour qu’ils assurent partout le respect des droits de l’homme, une meilleure gouvernance, des élections libres et transparentes et une participation sans exclusive aux processus de décision, y compris celles ayant trait à la réalisation du développement durable », a dit M. Zaoríálek.


Le Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Jamaïque, M. ARNOLD NICHOLSON, a salué l’appui que la communauté internationale a apporté à la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement et à « Samoa, la Voie à suivre », qui se fonde sur le Programme d’action de la Barbade et la Stratégie de Maurice.  Les préoccupations de ces États, a-t-il fait valoir, devront figurer dans le programme de développement pour l’après-2015.  Ces États cherchent notamment à être pleinement intégrés dans le système commercial multilatéral et à renforcer leur participation dans les institutions financières internationales.


Les menaces posées par les changements climatiques sont « bien réelles pour ceux qui vivent dans les Caraïbes », a poursuivi M. Nicholson, avant de souligner la plus grande fréquence des ouragans dans sa région et leur impact financier sur des pays dont la situation économique est déjà difficile.


Mettant l’accent sur l’importance de l’égalité des sexes, le Ministre a dit qu’il fallait « déraciner » la violence contre les femmes, promouvoir leur autonomisation et leur participation au processus de prise de décisions à tous les niveaux.  Il a ensuite appelé l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime à aider les États Membres à élaborer un programme strict pour mettre fin à la traite des êtres humains, qui exploite en particulier les femmes et les enfants.  Sur le thème de la santé, M. Nicholson a jugé que la nature pandémique de la fièvre hémorragique Ebola ou du VIH/sida ou encore ces « tueuses silencieuses » que sont les maladies non transmissibles, méritent la même attention urgente que les autres défis mondiaux. 


Par ailleurs, les États des Caraïbes sont bien conscients des effets pernicieux de la prolifération des armes légères et de petit calibre, encouragée par le commerce des stupéfiants.  « C’est là que réside la cause principale de la peur et de l’insécurité de nos citoyens », a déploré le Ministre qui s’est tout de même félicité de la prochaine entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes.


La Jamaïque a nommé un candidat à la Cour internationale de Justice (CIJ) pour la période 2015 à 2024, a indiqué M. Nicholson qui a encouragé les États Membres à coopérer au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour le Mémorial permanent pour les victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves qui va être érigé en 2015.  Il a également salué le prochain lancement de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine.  À cet égard, les pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) estiment que la justice réparatrice est un élément important de ce processus, « pour remédier aux torts historiques qu’ils ont subis ».


M. ZARAR AHMAD OSMANI, Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan, s’est d’abord réjoui de la réussite de l’élection présidentielle ayant porté au pouvoir le futur président, M. Mohammad Ashraf Ghani Ahmadzi, qui prêtera serment le 29 septembre.  Il a voulu voir dans cette étape la preuve que son pays est sur la voie de l’appropriation nationale, même si, a-t-il reconnu, l’Afghanistan reste confronté à de nombreux défis en matière de sécurité et sur le plan économique.  Pour les relever, il s’est dit confiant dans le fait que le prochain gouvernement pourrait compter sur le soutien de la vaste majorité des Afghans. 


M. Osmani a déploré qu’au cours des 10 dernières années, le développement de son pays ait été sapé par les forces extrémistes et du terrorisme, ajoutant que seule une réponse globale permettra de venir à bout d’une menace désormais mondiale.  Remerciant au nom du peuple afghan pour l’assistance fournie au cours de la dernière décennie par la communauté internationale dans les domaines vitaux de la sécurité, de la paix et de l’essor économique, il a insisté sur la nécessité de poursuivre cette « coopération mutuelle » afin de consolider les acquis et pérenniser les partenariats.


M. Osmani a ensuite rappelé que le transfert des responsabilités aux forces nationales entamé en 2011 serait achevé à la fin de l’année.  « Les forces afghanes assurent la sécurité dans tout le pays en dépit des violences perpétrées de plus en plus souvent par des groupes armés composés de combattants étrangers », a-t-il ajouté, estimant que l’internationalisation du terrorisme au Moyen-Orient et dans d’autres régions du monde rendait l’appui de la Mission de l’OTAN en Afghanistan d’autant plus crucial.


Le Ministre afghan des affaires étrangères a également attiré l’attention sur les efforts politiques conduits par son gouvernement pour réconcilier tous les Afghans, en incitant les combattants à renoncer à la violence et à respecter la Constitution, qui consacre, a-t-il souligné, l’égalité des droits entre hommes et femmes.  Par ailleurs, sur les relations de l’Afghanistan avec les pays voisins, M. Osmani a condamné les tirs de roquettes depuis le Pakistan, « qui mettent en péril la coopération et la confiance entre nos deux nations ».


Évoquant l’avenir du pays, il a indiqué que pour s’engager sur la voie du développement durable, l’Afghanistan devrait miser sur la modernisation de son agriculture, l’exploitation, en coopération avec ses partenaires internationaux, de ses abondantes ressources naturelles, comme les minerais et les hydrocarbures, et la mise en œuvre de la Décennie de la transformation.  Sur ce dernier point, il a insisté sur la nécessité de mener de front le renforcement de la sécurité et du processus politique et de développement économique.  « À cette fin, les promesses de contributions faites en 2012 lors des Conférences de Tokyo et Chicago permettront d’accompagner les efforts du Gouvernement en matière économique et sociale. »  « L’Afghanistan aura besoin de ce soutien généreux de la part de la communauté internationale au cours des prochaines années », a-t-il déclaré.  


Enfin, revenant sur la coopération régionale, M. Osmani a souligné l’importance du Processus d’Istanbul sur la sécurité et la coopération régionales pour la paix et la stabilité en Afghanistan, qui regroupe 12 pays appuyés par 12 autres pays partenaires et pas moins de 9 organisations internationales.  « Une coopération élargie à ce niveau ne pourra que servir nos objectifs tant économiques que sécuritaires », a-t-il insisté.


Droits de réponse


Le représentant de l’Iran a répondu aux observations des Émirats arabes unis sur la question « des trois îles iraniennes dans le Golfe persique ».  À ce sujet,  les mesures prises par les autorités iraniennes ont toujours été menée sur la base des principes de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Iran.  « Toute affirmation contraire est considérée comme une ingérence dans les affaires intérieures de l’Iran », a-t-il dit.  L’Iran a toujours cherché à mener une politique de bon voisinage dans la région et souhaite éliminer tout malentendu qui pourrait exister entre les deux pays.


Le représentant du Pakistan a répondu aux remarques faites par le Premier Ministre de l’Inde qui a fait référence au « Cachemire occupé par le Pakistan ».  Le nom correct, a-t-il précisé, est « Jammu-et-Cachemire ».  Le Pakistan condamne le terrorisme sous toutes ses formes et cherche le dialogue.  Les Nations Unies sont le forum le plus approprié pour parler de cette question et le droit à l’autodétermination doit être exercé par le peuple de Jammu-et-Cachemire conformément aux résolutions de l’ONU.


Le représentant de l’Inde a rejeté les observations du délégué du Pakistan en rappelant que l’Inde est prête à « participer à un dialogue sérieux avec le Pakistan, dans une atmosphère pacifique sans l’ombre du terrorisme », et que le Pakistan doit créer un environnement approprié à cette fin.


Le représentant du Pakistan a souligné que ce n’est pas son pays qui a arrêté le processus du dialogue mais l’Inde.  Le Pakistan lui-même est « la plus grande victime du terrorisme ».


Le représentant de l’Inde a rejeté « toutes les remarques non sollicitées et injustifiées du délégué du Pakistan ».


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les questions de sécurité, du danger climatique et de la promotion du développement durable restent le principal souci des dirigeants au débat de l’Assemblée générale

AG/11563

Les questions de sécurité, du danger climatique et de la promotion du développement durable restent le principal souci des dirigeants au débat de l’Assemblée générale

Le débat général de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale s’est poursuivi aujourd’hui, portant notamment sur l’urgence que présentent certaines questions mondiales en matière de paix et de sécurité, comme l’épidémie d’Ebola, ou la montée d’un extrémisme extrêmement violent, ou encore les dangers créés par le réchauffement climatique, et les remèdes qui pourraient lui être apportés par la promotion du développement durable, cette question étant au centre de cette session qui verra se dessiner le programme de développement pour l’après-2015.

Qualifiée de « menace à la paix et à la sécurité internationales » par le Conseil de sécurité dans sa résolution du 18 septembre dernier, l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola a commencé au mois de mars 2014 en Guinée, a rappelé le Président de ce pays, M. Alpha Condé. 

Déplorant les graves conséquences de cette épidémie, qui fait de nombreuses victimes et entraîne un ralentissement de près de 2,5% de la croissance du pays, le Président guinéen a invité la communauté internationale à lancer rapidement des actions pour, notamment, renforcer les infrastructures et les systèmes de santé des pays affectés par la maladie.  La Guinée, a-t-il assuré, a installé un cordon sanitaire à tous les postes frontaliers et à tous les points de passage liant son territoire à l’extérieur.  M. Condé a cependant demandé que les pays affectés ne soient pas isolés ou placés en quarantaine par les autres.  « Seul le virus doit être isolé », a-t-il dit.

Du point de vue des différents intervenants, la communauté internationale et les Nations Unies ont été à la hauteur de la réaction rapide qu’exigeait la vitesse à laquelle se propage l’épidémie.  Les orateurs ont salué, à cet égard, l’envoi d’une mission d’urgence sur le terrain par l’Assemblée générale.  Cette réponse unanime a été vue comme un exemple de ce qu’il est possible de faire lorsque les États collaborent. 

Le Premier Ministre de Samoa, M. Tuilaepa Sailele Malielegaoi, a encouragé la communauté internationale à suivre cet exemple au moment où il faudra traiter d’autres problèmes mondiaux critiques.  Comme nombre d’intervenants, il a appelé tous les États Membres à travailler de concert pour trouver un remède au dérèglement climatique qui menace la planète.  Il a souligné la responsabilité première incombant aux pays qui sont les principaux émetteurs de gaz à effet de serre et le rôle indispensable de l’ONU dans la recherche d’une solution durable.  Samoa a accueilli, au début du mois, la troisième Conférence internationale des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement (PEID), a rappelé M. Malielegaoi avant de souligner les besoins de ces pays en termes de « partenariats authentiques et durables ».  Il a espéré que les priorités des PEID, exposées dans le document « Samoa, la Voie à suivre », ne seraient pas oubliées à cause des autres questions mondiales.

Parmi les sujets d’actualité brûlante, celui de la lutte contre le terrorisme et en particulier contre l’État islamique en Iraq et au Levant (EIIL) et Al-Qaida a aujourd’hui, de nouveau, retenu toute l’attention des chefs d’État et autres officiels.  Le Président iraquien, M. Fouad Massoum, a saisi cette occasion pour exprimer sa reconnaissance face à la mobilisation internationale en faveur de l’Iraq.  Il a souligné l’influence transfrontalière et internationale de l’EIIL, d’où le besoin, a-t-il plaidé, de former un front international uni contre ce groupe. 

De son côté, le Président de la Namibie, M. Hifikepunye Pohamba, a rappelé à la mémoire de la communauté internationale les 200 jeunes filles enlevées par Boko Haram au Nigéria en appelant à leur « libération immédiate et inconditionnelle ».

La journée a également été marquée par l’intervention de M. Mahmoud Abbas, Président de l’État de Palestine, qui a accusé Israël de « mener une nouvelle guerre de génocide contre le peuple palestinien », l’accusant de propager le racisme jusque dans les écoles.  M. Abbas a déclaré que la Palestine et les États du Groupe arabe étaient en contact avec les groupes réunis d’États Membres pour les mobiliser autour d’un projet de résolution qui serait présenté au Conseil de sécurité, et dont les termes viseraient notamment à mettre fin à l’occupation israélienne et à instaurer une solution à deux États, ceci sur la base d’un calendrier précis de mise en œuvre et conformément à la résolution 194 du Conseil de sécurité.  Il a espéré que ce texte serait adopté en cette Année internationale de la solidarité avec le peuple palestinien.

Le Liban, « pays situé au cœur des luttes de pouvoir régionales, est fier de rester un parangon de la diversité au Moyen-Orient », a déclaré pour sa part le Président du Conseil des ministres du Liban, M. Tammam Salam, tout en indiquant qu’il redoutait les conséquences des crises régionales actuelles sur son pays.  M. Salam a également exhorté la communauté internationale à faire en sorte qu’Israël mette fin aux violations qu’il commet contre la souveraineté libanaise.

Sujet au cœur de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, le programme de développement pour l’après-2015, a suscité beaucoup d’attente, aussi bien chez les pays en développement que parmi les pays développés.  Le Premier Ministre du Luxembourg, M. Xavier Bettel, a demandé que ce programme bénéficie aux deux catégories de pays, avant de souligner que le Luxembourg faisait partie des cinq pays industrialisés qui consacrent au moins 0,7% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement (APD).  Cela n’a pas suffi à rassurer son homologue du Guyana, M. Donald R. Ramotar, qui s’est plaint de l’insuffisance de l’APD et du manque de partenariats en faveur du développement.  Il a conseillé de prévoir, dans le programme pour l’après-2015, un engagement d’APD assorti d’une échéance.  De leur côté, plusieurs chefs d’État de pays africains ont demandé d’intégrer pleinement dans ce programme les préoccupations exprimées dans la Position commune africaine.

À la fin de la séance, les représentants de l’Inde, de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan ont exercé leur droit de réponse.

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, samedi 27 septembre, à partir de 9 heures.

Suite du débat général

M. HIFIKEPUNYE POHAMBA, Président de la Namibie, a ouvert sa déclaration en évoquant le défi que représente pour la communauté internationale l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest.  La Namibie, a-t-il annoncé, a contribué 11 millions de dollars namibiens à la lutte contre cette maladie.  M. Pohamba a ensuite appelé à la « libération immédiate et inconditionnelle » des 200 jeunes filles enlevées par Boko Haram au Nigéria.

Le Président namibien s’est félicité du thème retenu pour cette session de l’Assemblée: « Élaborer et concrétiser un programme de développement porteur de transformation pour l’après-2015 ».  La Namibie a réduit de plus de moitié la pauvreté extrême et inscrit 100% de ses enfants à l’école primaire.  L’accès à la santé s’est amélioré, et les cas d’infection au VIH se sont stabilisés, a indiqué le Président namibien.

Les pays en développement, en particulier l’Afrique et les petits États insulaires, continuent cependant de souffrir des effets délétères du changement climatique, a-t-il déploré.  Les inondations, les sécheresses et l’érosion des sols s’aggravent, se prolongent et sont plus fréquentes, a dit M. Pohamba en appelant les États à appliquer le Plan d’action et la Déclaration Namib, adoptés lors de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (COP11), tenue à Windhoek.  Il a également souhaité que les préoccupations exprimées dans la Position commune africaine soient pleinement intégrées dans le nouveau programme de développement.

La réforme du système des Nations Unies, en particulier celle du Conseil de sécurité, doit se faire rapidement pour refléter les réalités géopolitiques contemporaines, a poursuivi le Président.  M. Pohamba s’est inquiété de l’instabilité politique et des conflits armés au Soudan du Sud, en Somalie, au Mali et en République centrafricaine.  Mais il a jugé encourageant le fait qu’en République démocratique du Congo, la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et la brigade d’intervention de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) aient réussi à neutraliser les forces négatives qui sévissaient dans l’est du pays.

Enfin, le Président a demandé la pleine application de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  Il a fait remarquer que la Namibie avait déployé l’un des plus larges contingents de police féminins de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD). 

M. DONALD RABINDRANAUTH RAMOTAR, Président du Guyana, a fait part des progrès accomplis par son pays dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), citant notamment la baisse du taux de pauvreté, un meilleur accès des enfants à l’école et l’amélioration des services de santé.  Malgré l’impact de la situation financière internationale sur notre économie, nous avons réussi à maintenir une croissance au cours des huit dernières années, a-t-il ajouté.  Le Président guyanais a remarqué que les progrès avaient été inégaux selon les pays, certains, ravagés par des conflits, ayant même reculé sur la voie du développement.  Le monde aurait pu avancer davantage sur cette voie, a-t-il estimé, si les partenariats attendus avaient été formés. 

Les écarts entre les populations les plus pauvres et les plus riches dans le monde se creusent, s’est inquiété le Président.  Les 1% les plus riches possèdent 46% de la richesse mondiale, tandis que les 50% les plus pauvres détiennent seulement 0,7% de cette richesse.  Il a regretté l’insuffisance du transfert de ressources des pays développés vers les pays en développement.  En outre, a-t-il ajouté, les pays développés n’ont pas apporté le soutien qu’on attendait d’eux en termes de partenariats, comme le prévoyait pourtant l’OMD 8.  Seulement une demi-douzaine de pays développés ont tenu la promesse qu’ils avaient faite de consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement (APD), a-t-il aussi remarqué avec déception. 

Fort de ces constatations, le Président guyanais a invité les États Membres à intégrer, dans le programme de développement pour l’après-2015, un engagement à fournir l’APD promise à une certaine échéance.  Il a aussi souhaité que ce programme prévoie un cadre mondial de gestion des droits de la propriété intellectuelle qui place le développement en son centre.  Il faut également prévoir une architecture mondiale qui tienne compte des asymétries en termes de développement, ainsi qu’un cadre qui permette aux investissements du secteur privé d’être cohérents avec le programme de développement, a dit M. Ramotar.  Il a exprimé à cet égard son appréciation envers les recommandations faites par le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable.

Le futur programme de développement doit aussi être suffisamment souple pour traiter les besoins particuliers de pays comme les petits États insulaires en développement (PEID), a ajouté le Président.  Il a fait remarquer que les pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), qui deviennent des pays à revenu intermédiaire, ne peuvent plus de ce fait recevoir de financements à des taux préférentiels, alors qu’ils sont en outre très endettés.  Il a appelé la communauté internationale à reconsidérer cette approche en prévoyant un indice de vulnérabilité, ainsi qu’un allègement de la dette qu’ont accumulée ces pays pour rendre leurs économies durables.

M. Ramotar a ensuite abordé la question de Palestine, plaidant la cause du peuple palestinien, et il a évoqué les situations en Syrie et en Iraq en condamnant le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.  Il a aussi parlé de la situation en Ukraine en demandant d’inviter toutes les parties à la table de négociation.  S’agissant de la crise de l’Ebola, il a salué la réponse rapide et le leadership dont ont fait preuve Cuba et les États-Unis pour aider les pays de l’Afrique de l’Ouest.  Enfin, M. Ramotar a appelé de ses vœux la réforme du Conseil de sécurité et des institutions financières internationales.

M. NICOS ANASTASIADES, Président de Chypre, a souligné que malgré les différences entre États, le chemin menant à la paix, à la stabilité et à la démocratie ne peut être couronné de succès qu’en passant par les Nations Unies.  Il a estimé que le soixante-dixième anniversaire de l’ONU, qui sera célébré l’an prochain, constituera une étape importante de l’histoire de l’Organisation.  Il a souhaité que les situations en Libye, au Liban, en Syrie et en Iraq puissent trouver des solutions de la part de la communauté internationale.  Dans ce contexte, le Président chypriote a salué l’adoption, mercredi dernier, d’une résolution du Conseil de sécurité portant sur la nécessité de lutter contre le phénomène des combattants terroristes étrangers.  Il a en outre déclaré que des conflits qui perdurent peuvent souvent contribuer à la déstabilisation de toute une région.  Ceci se voit avec le conflit israélo-palestinien, a-t-il précisé.  Il a relevé que le droit des Israéliens à vivre dans un État ne saurait souffrir d’aucune contestation, et qu’il en est aussi ainsi, concernant celui des Palestiniens.

Sur un tout autre plan, M. Anastasiades a salué l’accord intervenu le 5 septembre dernier à Minsk, au Bélarus, dans l’optique de trouver une solution au conflit en cours dans l’est de l’Ukraine.  Il a rappelé que Chypre est située à la croisée des chemins entre l’Europe, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, et que c’est une zone qui est le siège de nombreux conflits.  Il a ajouté que cette situation géographique de Chypre relève du destin, et que le pays assume un rôle constructif dans la promotion des valeurs et des principes des Nations Unies.  Il a ainsi fait état des actions menées par Chypre dans les domaines de la lutte contre le terrorisme et les trafics humains, la non-prolifération d’armes de destruction massive, et de l’apport de son pays dans le cadre humanitaire.  Il a indiqué qu’hier par exemple, Chypre a secouru environ 350 réfugiés syriens qui voguaient sur un navire de pêche en mer Méditerranée.  Il a estimé ensuite que la découverte récente de gisements d’hydrocarbures aux alentours de son pays confère à la région une plus grande importance stratégique.

Le Président chypriote a ensuite rappelé que cette année 2014 marque le quarantième anniversaire de la division violente de Chypre, qui est une conséquence, a-t-il expliqué, de l’invasion et de l’occupation continue d’une partie de Chypre par la Turquie.  Il a rappelé que de nombreuses résolutions des Nations Unies ont condamné ce fait, et il a dit sa disponibilité à œuvrer pour le dialogue en vue de la réunification de Chypre et de son peuple, et pour trouver une voie pour libérer l’île de Chypre de la présence des troupes occupantes.  Il a précisé que le seul plan de sortie de cette crise serait que la République de Chypre évolue et devienne une entité formée de deux territoires fédérés jouissant des mêmes droits politiques, et bénéficiant d’une seule personnalité légale sur le plan international, tandis que ses habitants n’auraient qu’une seule citoyenneté. « 40 ans de séparation c’est plus que trop pour nous », a déclaré M. Anastasiades, ajoutant que le statu quo actuel ne profitait à personne.

Mme DALIA GRYBAUSKAITĖ, Présidente de la Lituanie, a fait remarquer que la nature de la sécurité mondiale avait considérablement changé.  Des acteurs non étatiques, des extrémistes religieux et des groupes criminels rebelles terrorisent la planète et menacent la sécurité des peuples pacifiques, s’est-t-elle inquiétée.  Certains États, a-t-elle regretté, appuient les terroristes et leur offrent refuge.  En outre, les moyens utilisés par ces groupes criminels aujourd’hui vont au-delà des normes de combat classiques.

La Présidente a estimé que la communauté internationale, qui doit tout mettre en œuvre pour contrer l’État islamique en Iraq et au Levant (EIIL) et Al-Qaida, doit aussi s’efforcer de « gérer les défis géopolitiques qui se posent en Europe de l’Est ».  « Il est de notre devoir de soutenir la paix, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine », a-t-elle ensuite estimé. 

Dans cet esprit, il appartient aux Nations Unies, à l’OTAN, à l’Union européenne et à d’autres organisations régionales et leurs États membres de s’efforcer de mettre fin aux conflits armés, aux tentatives de remise en question des frontières d’États souverains et à la création de conflits « gelés ».  Se référant aux « valeurs fondamentales qui unissent la communauté internationale », Mme Grybauskaitė a rappelé qu’une centaine d’États avaient apporté leur soutien à l’Ukraine et condamné l’occupation de la Crimée par la Fédération de Russie.  « La majorité écrasante de cette Assemblée ne reconnaîtra jamais les actes d’agressions illicites », a-t-elle déclaré.

M. ALASSANE OUATTARA, Président de la Côte d’Ivoire, a assuré que son pays saisirait le temps qui reste avant l’échéance de 2015 pour accélérer la réduction de la pauvreté, améliorer la santé maternelle et infantile, consolider les remarquables progrès enregistrés dans la lutte contre le VIH/sida et pour l’accès à l’enseignement primaire, et garantir l’accès à l’eau potable à tous les Ivoiriens.  Il a indiqué qu’en trois ans, son pays avait fait un bond qualitatif significatif dans la mise en œuvre des OMD.  Le programme de développement pour l’après-2015, a poursuivi le Président ivoirien, devra accorder une attention particulière aux priorités des pays en développement, notamment celles des pays africains, exprimées dans la position commune africaine.  Les négociations sur ce programme, a-t-il ajouté, doivent être inclusives, équilibrées et aboutir à des objectifs précis et mesurables, pour faciliter leur appropriation par les États et les régions.

Le Président ivoirien a fait remarquer que l’Afrique est devenue l’une des régions les plus attractives pour les investisseurs internationaux et les plus dynamiques au monde, avec un taux de croissance annuel de son PIB de 4,5% en moyenne au cours des 15 dernières années.  Il a cependant fait remarquer que le développement de l’Afrique est tributaire de son environnement sécuritaire.  Il a parlé à cet égard de la propagation sans précédent du terrorisme, depuis la corne de l’Afrique jusqu’à la bande sahélo-saharienne; l’explosion de la piraterie maritime; divers trafics criminels et, plus récemment, la résurgence de pandémies telles que la fièvre hémorragique Ebola.  Contrairement aux guerres d’hier, ces menaces transfrontalières n’épargneront à terme aucun État et aucune région, a-t-il prévenu.  La mobilisation internationale actuelle contre le terrorisme et l’extrémisme est salutaire, a dit M. Ouattara, tout en suggérant de l’étendre à l’Afrique. 

Le Président Ouattara a remercié ses partenaires bilatéraux et multilatéraux, en particulier le Président de la France pour le rôle déterminant qu’a joué ce pays dans le règlement des crises au Mali, en Guinée-Bissau et en République centrafricaine, ainsi que le Président des États-Unis pour les importantes mesures annoncées au Sommet États-Unis/Afrique et pour celles prises pour lutter contre Ebola.  M. Ouattara a cependant demandé aux grandes puissances et aux Nations Unies d’aller plus loin dans leur soutien au continent africain.  Il a plaidé notamment en faveur de la consolidation des partenariats avec l’Afrique, afin de mener ensemble la lutte contre la pauvreté tout en prenant en compte les trois dimensions du développement durable (économique, sociale et environnementale).  M. Ouattara a également souhaité un accord ambitieux sur le climat.

Pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, M. Alassane Ouattara s’est félicité du retour définitif de la Banque africaine de développement à Abidjan et de la solidité des institutions nationales, comme preuves de la confiance de ses partenaires.  La principale œuvre à parachever est le renforcement de la réconciliation nationale et la prise en charge des couches et des personnes les plus vulnérables de la population ivoirienne, a-t-il expliqué.  La Côte d’Ivoire d’aujourd’hui est une nation ambitieuse qui s’est fixée comme cap l’émergence, avec des institutions démocratiques et une gouvernance exemplaire, a souligné le Président Ouattara.

M. BORUT PAHOR, Président de la Slovénie, a jugé urgent de réformer les Nations Unies, tout particulièrement la composition du Conseil de sécurité, afin que nous soyons mieux en mesure de faire face aux nouvelles menaces à la paix et à la sécurité internationales.  « Alors que nous commémorons le centenaire du début de la Première Guerre mondiale, nous devons aussi nous rappeler que la Deuxième Guerre mondiale est aussi le fruit de l’échec de la Société des Nations », a-t-il estimé.  Le Président de la Slovénie a prévenu que la troisième guerre mondiale pourrait bien être le résultat d’une Organisation des Nations Unies obsolète et inefficace.  M. Pahor a appelé à repenser l’architecture de la sécurité internationale de manière à ce que les membres permanents du Conseil de sécurité exercent leur pouvoir de manière plus responsable.  Il a insisté que la communauté internationale devait parvenir à cette évolution avant que la paix internationale soit minée de manière irréversible. 

« Alors que nous commémorons le vingtième anniversaire du massacre de Srebrenica », a dit le Président de la Slovénie, il y a une urgence de mettre en place le principe de la responsabilité de protéger des civils dans des situations de conflits comme celles que nous voyons en Iraq, Syrie, Soudan du Sud et République centrafricaine.  Il a souligné l’importance de l’initiative prise par la France afin de convaincre les autres membres permanents de restreindre l’utilisation du droit de veto dans les cas d’atrocités graves et de crimes contre l’humanité.  Il a particulièrement souligné aussi l’importance de l’initiative « Les droits avant tout » du Secrétaire général tout en saluant cette démarche qui vise à ce que soient détectées le plus tôt possible les violations des droits de l’homme pour empêcher ainsi tous escalade et risques d’atrocités de masse.  Dans ce contexte, il a insisté sur le rôle essentiel que doit jouer la Cour pénale internationale pour traduire en justice les personnes responsables de crimes haineux.   

M. SALVADOR SÁNCHEZ CERÉN, Président d’El Salvador, a souligné les progrès accomplis par son pays dont témoigne l’évolution de son indice de développement.  Il a indiqué qu’El Salvador avait réduit à 13,6% la proportion des gens vivant dans l’extrême pauvreté et consacrait 14,8% de son PIB à des dépenses sociales.  Il a précisé que 93,7% des enfants salvadoriens étaient scolarisés au niveau du primaire et que le taux d’analphabétisme avait baissé de 5%.  Nous sommes parvenus à une importante diminution de la mortalité maternelle et nous avons amélioré nos systèmes sanitaires et l’accès de notre population à l’eau potable, s’est encore félicité le Président d’El Salvador.  M. Sánchez Cerén a jugé indispensable de réformer l’architecture financière internationale et les instruments de coopération internationale afin de mieux pouvoir répondre aux besoins des peuples du monde de la manière la plus transparente possible.  Il a exhorté l’ONU à maintenir les programmes et les ressources qu’elle investit en Amérique latine, et plus particulièrement en Amérique centrale, quel que soit le classement socioéconomique des pays. 

Le Président d’El Salvador a jugé indispensable de financer les efforts de développement de ces pays et tout particulièrement la mise en œuvre des objectifs de développement durable pour l’après-2015.  Il a dit l’importance de la résolution du Conseil des ministres du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA) qui rappelle que le financement du développement doit tenir compte des priorités établies par les pays destinataires.  Il a déclaré que son pays mettait tout en œuvre pour améliorer la qualité de vie de ses citoyens.  À cet égard, il a indiqué que la loi sur la protection sociale universelle était un outil inestimable pour garantir des services de base en tenant compte des besoins des groupes les plus vulnérables.  M. Sánchez Cerén a exhorté la communauté internationale à aider son pays à faire face à la crise liée au flux croissant d’enfants migrants qui se rendent aux États-Unis.  Il a de ce fait exhorté les Nations Unies à reconnaître que la question des migrations devra occuper une place pertinente dans les objectifs de développement durable de l’après-2015.   

M. ALPHA CONDÉ, Président de la Guinée, a déploré le fait que 14 ans après le Sommet du Millénaire qui avait adopté les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et à un an de la date butoir fixée pour la réalisation desdits objectifs, la communauté internationale n’a pas su créer toutes les conditions indispensables au développement souhaité.  Il a indiqué qu’il est indéniable que « seule une approche globale et concertée nous conduira vers une société exempte des tares inhibitrices du véritable progrès ».  Le Président Condé a ensuite rappelé que l’épidémie à virus Ebola, qui a commencé au mois de mars dernier en Guinée, continue de faire de nombreuses victimes, y compris parmi le personnel de santé.  Il a aussi souligné que cette épidémie avait conduit à l’organisation, à Conakry, en Guinée, d’un Sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’Union du fleuve Mano, qui a eu lieu le 1er  août dernier.  Il a relevé que ce Sommet avait permis d’adopter une stratégie commune de lutte contre la maladie, et lancé un appel pressant à la communauté internationale en vue d’une réponse coordonnée. 

Dans le cadre de la lutte contre le virus Ebola, M. Condé a indiqué que le Gouvernement guinéen a institué un cordon sanitaire qui institue un contrôle médical obligatoire à tous les postes frontaliers et tous les points de passage du pays, y compris dans les aéroports.  Il a indiqué que cette épidémie a provoqué un ralentissement des échanges commerciaux entre la Guinée et ses partenaires, avec comme conséquence, une perte de près de 2,5% sur les prévisions de croissance du pays.  Le Président Condé a ensuite salué la nomination d’un Coordonnateur du système des Nations Unies pour la lutte contre Ebola, et l’adoption, par le Conseil de sécurité, de la résolution 2177 (2014), coparrainée par 134 pays, et relative à la lutte contre l’épidémie à virus Ebola.  Il a invité la communauté internationale à engager des actions d’urgence pour, notamment, renforcer, les infrastructures et les systèmes de santé des pays touchés.  « Nous devons, dans un élan solidaire, œuvrer ensemble pour vaincre et isoler Ebola, mais non les pays affectés », a plaidé M. Condé.  Il a terminé son propos en émettant le vœu que le programme de développement pour l’après-2015, en cours de préparation, tiendra compte de la position commune africaine.

M. DENIS SASSOU NGUESSO, Président de la République du Congo, a dit que l’humanité vit dans la hantise des tensions et conflits qui prolifèrent un peu partout; du terrorisme, qui est devenu l’épouvantail des nations; des épidémies, anciennes et nouvelles, qui accablent les sociétés, singulièrement les plus pauvres, ainsi que des disparités persistantes entre les États et à l’intérieur des États, et des changements climatiques, qui menacent notre planète.

Le monde a besoin de paix et de sécurité en Afrique, singulièrement en Libye et dans la région sahélo-saharienne, au Soudan du Sud, en Afrique Centrale et dans la région des Grands Lacs, a dit le Président de la République du Congo.  L’Afrique a besoin du concours accru de la communauté internationale pour que la Somalie sorte définitivement de l’abîme, que le Mali recouvre son intégrité et son unité, que la République démocratique du Congo, qui connaît une accalmie certaine, ne replonge plus dans les violences qui l’ont meurtrie pendant de si longues années, a plaidé M. Sassou Nguesso.  Enfin, l’Afrique a besoin de ce concours pour qu’en République centrafricaine les évolutions encourageantes enregistrées ces dernières semaines soient consolidées pour permettre au peuple centrafricain de sortir de cette crise.  L’Afrique a en outre besoin de l’appui de la communauté internationale pour juguler la piraterie maritime qui se développe dans le golfe de Guinée et pour réduire le terrorisme qui s’étend du Sahel vers le sud du continent et tisse de nombreuses ramifications locales. 

Abordant la problématique des changements climatiques, M. Sassou Nguesso a insisté sur l’importance de permettre la mise en place des mécanismes de transfert de technologies et de financements innovants, d’assurer une capitalisation ambitieuse et une mise en œuvre réelle du Fonds vert pour le climat, et de veiller à l’intérêt de la promotion d’un programme positif de lutte contre le dérèglement climatique.  En réponse à l’exploitation illégale et au commerce illicite des produits de la faune et de la flore, le Congo organisera au cours du premier semestre de 2015, sous l’égide de l’Union africaine, et en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement, une conférence internationale sur l’exploitation illégale et le commerce illicite des produits de la faune et de la flore sauvage d’Afrique, a annoncé le Président congolais.

Au plan de la promotion et de la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales, le Président de la République du Congo a annoncé la candidature de son pays à un second mandat au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies pour la période 2015-2017, lors des élections qui auront lieu en novembre 2015.

M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’État de Palestine et Président du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), a fait remarquer que c’est en cette Année internationale de solidarité avec le peuple palestinien qu’Israël avait choisi de mener une nouvelle « guerre de génocide » contre ce peuple.  Il a dénoncé la guerre lancée par Israël contre Gaza, qui a détruit brutalement des vies, des maisons, des écoles et les rêves de milliers de Palestiniens, ainsi que les maigres espoirs de paix encore existant.  « En septembre 2012, je vous avais averti du danger en vous demandant d’éviter une nouvelle Nakba », a rappelé M. Abbas aux États Membres de l’ONU.  « Deux mois après, j’étais revenu devant vous après une nouvelle guerre contre la bande de Gaza qui avait fait de nombreux enfants martyrs. »

M. Abbas a fait remarquer que, cette fois, l’ampleur du crime de génocide était plus grande et que la liste des martyrs, en particulier des enfants, était plus longue.  En outre, environ un demi-million de personnes ont été déplacées et beaucoup de bâtiments, comme des écoles, des hôpitaux, des mosquées et des usines ont été détruits.  

« Au nom de la Palestine et de son peuple, j’affirme ici, aujourd’hui, que nous n’oublierons pas et ne pardonnerons pas, et que nous n’accepterons pas que des criminels de guerre restent impunis », a dit le Président de l’État de Palestine.  M. Abbas a en effet expliqué que les Palestiniens n’abandonneraient pas leur droit à se défendre, mais qu’ils ne perdront pas pour autant leur humanité, leurs valeurs et leur éthique.  Il a rappelé que cette guerre était survenue après huit mois de longues et difficiles négociations, dans lesquelles il s’était engagé de bonne foi et de manière constructive, tout en respectant ses engagements. 

M. Abbas a ensuite dénoncé les constructions de colonies israéliennes, la confiscation de terres palestiniennes, les démolitions de maisons, les campagnes de meurtres et d’arrestations, ainsi que les déplacements forcés de populations palestiniennes en Cisjordanie et le blocus imposé à Gaza, tout cela, pendant les mois de négociations.  La campagne d’occupation israélienne a visé en particulier la ville de Jérusalem, a-t-il ajouté.  Il a indiqué que le Gouvernement israélien n’avait pas respecté l’accord pris avec le Gouvernement américain pour la libération des prisonniers palestiniens.

Israël refuse de mettre fin à son occupation, rejette l’État palestinien, et refuse de trouver une solution juste pour les réfugiés palestiniens, a-t-il déploré.  « L’avenir que propose Israël pour le peuple palestinien est, au mieux, de vivre dans des ghettos isolés sur des terres fragmentées, sans frontières et sans souveraineté sur l’espace aérien, l’eau et les ressources naturelles », a dénoncé M. Abbas.

M. Abbas a condamné « le racisme du discours politique et médiatique d’Israël, y compris dans les écoles et dans les textes législatifs ».  Il a regretté également la politique israélienne qui consiste à affaiblir délibérément l’Autorité nationale palestinienne.  Les divisions internes palestiniennes, a-t-il rappelé, avaient été résolues il y a quelques mois, ce que le monde entier avait applaudi à l’exception d’Israël.

Il est naïf et erroné de croire qu’on peut revenir aux méthodes de travail d’avant, a déclaré le Président Abbas, rappelant les échecs passés.  Il est impossible, a-t-il souligné, de revenir au cycle de négociations qui n’a pas réussi à traiter les questions essentielles.  Il a estimé qu’il n’y avait ni crédibilité ni sérieux de la part d’Israël dans les négociations.  Il est temps, a-t-il ajouté, de fermer les chapitres de cette longue tragédie.  « Nous n’accepterons pas d’être toujours ceux à qui on demande de prouver nos bonnes intentions, en faisant des concessions aux dépens de nos droits. »

Abordant la question du terrorisme pratiqué dans la région, par des groupes comme l’EIIL, il a invité à adopter une stratégie crédible visant à éradiquer les causes politiques, intellectuelles, économiques et sociales du terrorisme.  Cela exige de mettre fin à l’occupation d’Israël de notre pays, a-t-il dit.

À la veille de la conférence qui se tiendra le mois prochain au Caire pour la reconstruction de la bande de Gaza, M. Abbas a réaffirmé que le succès de ces efforts passe par la fin du blocus qui étouffe cette région depuis des années.  Pour éviter le cycle de guerre et de reconstruction tous les deux ou trois ans, il a recommandé de se concentrer sur les questions essentielles en mettant fin à l’occupation et en laissant la Palestine accéder à l’indépendance.

Il a indiqué que la Palestine et le Groupe des États arabes avaient multiplié les contacts avec les différents groupes régionaux au cours des deux dernières semaines à l’ONU, ceci, pour préparer un projet de résolution visant à faire avancer la paix dans le conflit israélo-palestinien, et en vue de l’adoption du texte par le Conseil de sécurité.  L’objectif visé est de corriger les déficiences et insuffisances des efforts précédents, de mettre fin à l’occupation, et d’arriver à une solution à deux États, avec un État de Palestine ayant pour capitale Jérusalem-Est, ceci sur la base d’un calendrier précis de mise en œuvre, comme cela est prévu par l’Initiative de paix arabe.  Cet effort serait mené sur la base des termes de la résolution 194.  Toute la démarche serait liée à la reprise immédiate des négociations entre la Palestine et Israël, afin de parvenir à un accord sur la démarcation des frontières et sur les termes d’un traité de paix, a dit le Président de l’État de Palestine.  M. Abbas a espéré que ces efforts seraient largement soutenus, et a émis le vœu que cette résolution puisse être adoptée en cette Année de solidarité avec le peuple palestinien.  « L’heure de l’indépendance de l’État de Palestine a sonné », a lancé M. Abbas.

M. NEBOJŠA RADMANOVIĆ, Membre de la présidence de la Bosnie-Herzégovine, a insisté sur la situation économique difficile de son pays, marquée notamment par un taux de chômage de 25% et un déclin des investissements étrangers de 34% en 2013 par rapport au niveau atteint en 2012.  Il a indiqué que la croissance économique et le développement de la Bosnie-Herzégovine, nécessaires à la stabilisation sur le long terme du pays, ne pourront devenir réalité sans l’aide des pays développés.  Il a également dit que les principes de solidarité économique et de coopération mutuelle entre les nations étaient cruciaux pour briser le « cercle vicieux de la pauvreté » qui sape les fondements des sociétés affectées par le dénuement.

« La Bosnie-Herzégovine partage avec ses voisins les difficultés inhérentes au processus de rapprochement avec l’Union européenne », a-t-il relevé, ajoutant que son pays entretenait de bonnes relations avec les autres pays issus de l’ancienne Yougoslavie et appartenant à la région des Balkans.  M. Radmanović a ensuite regretté que la Bosnie-Herzégovine ne soit pas au même stade que d’autres pays s’agissant de l’appropriation du processus de développement durable conduit sous les auspices des Nations Unies.  « En 1992, lors de la première conférence de Rio, nous étions au commencement d’un terrible chapitre de notre histoire, marquée par un conflit tragique, dont les répercussions politiques et économiques se font encore sentir », a-t-il déploré, précisant cependant que son pays était aujourd’hui bien engagé sur le chemin du relèvement.

En conclusion, M. Radmanović a confié son espoir que la Bosnie-Herzégovine atteigne ses objectifs ultimes, qui sont de parvenir à une pleine intégration juridique au sein de l’Union européenne et d’atteindre le statut de pays développé.   

M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce de l’État indépendant de Samoa, a estimé que les changements climatiques étaient le problème mondial le plus pressant et le plus grand défi de notre époque, en particulier en ce qui concerne la sécurité des îles à faible altitude.  Il a recommandé d’aborder cette question de façon globale, sans quoi les conséquences seront très graves, et ce pour tous les pays.  Il a donc demandé à tous les États de travailler ensemble, sans porter de jugements sur certains.  Il a souligné l’importance qu’ont les prochaines conférences des parties à la CCNUCC prévues à Lima, en décembre 2014, et à Paris, en décembre 2015, en vue de permettre aux États Membres de parvenir à un accord ambitieux et juridiquement contraignant sur le climat.

Le Premier Ministre samoan a souligné que le récent Sommet sur le climat avait formulé un message clair et simple: les choses ne vont que s’aggraver si on n’agit pas dès maintenant.  Les changements climatiques sont un problème de société qui nécessite un leadership politique déterminé et tous les efforts de la société, a-t-il observé.  Il faut, a-t-il expliqué, une solution à l’échelle planétaire.  L’ONU est indispensable pour trouver une solution durable, a-t-il estimé.  Il a recommandé aux pays principaux émetteurs de gaz à effet de serre de se placer en première ligne de ce combat.

Venant à la question de l’épidémie d’Ebola, le Premier Ministre de Samoa a déploré les conséquences dramatiques de cette maladie pour les populations touchées.  Il a salué le nombre historique de coauteurs (134) de la résolution sur la paix et la sécurité en Afrique qui mentionnait Ebola, et qui a été adoptée jeudi dernier au Conseil de sécurité, et s’est félicité de celle adoptée le lendemain par l’Assemblée générale pour créer une mission d’urgence contre l’épidémie d’Ébola.  Il s’est félicité de la réaction rapide de la communauté internationale face à ce fléau, faisant remarquer que cela illustre ce qu’il est possible de faire lorsque les États collaborent et il les a encouragés à suivre cet exemple au moment de traiter d’autres problèmes mondiaux critiques.

Parlant aussi de la montée de l’extrémisme et du terrorisme, M. Malielegaoi a assuré que, malgré son isolement et son éloignement, Samoa se sentait concerné par ce problème du fait de l’interconnexion du monde actuel.  L’ONU doit s’engager à lutter contre les menaces à la paix et à la sécurité, notamment par le biais du Conseil de sécurité, a-t-il demandé.  Il a souligné l’importance de la paix internationale pour garantir les conditions propices au développement.

Samoa étant un petit État insulaire en développement (PEID), le Premier Ministre a rappelé les besoins particuliers de ces pays et leurs vulnérabilités particulières.  Il a combattu l’idée fausse selon laquelle les besoins de ces pays sont « minuscules » et que leur seule préoccupation sont les changements climatiques.  Rappelant que son pays vient d’accueillir la troisième Conférence sur les PEID, organisée sur le thème du développement durable des petits États insulaires grâce à des partenariats authentiques et durables, il a expliqué que cette rencontre avait été l’occasion de braquer les feux de l’actualité sur les problèmes des petites îles.  Il a espéré que les priorités des PEID, exposées dans le Document « Samoa la Voie à suivre », ne seraient pas oubliées à cause des autres questions mondiales.  Il a aussi indiqué que la Police de Samoa participe au maintien de la paix dans d’autres pays.  Enfin, il a demandé que le programme de développement pour l’après-2015 soit bien conçu, en veillant à ce que les indicateurs qui y figureront soient applicables aux PEID.  

M. MOHAMMED FOUAD MASSUM, Président de l’Iraq, s’est félicité du succès de la création d’un Gouvernement d’unité nationale en Iraq.  Il a dit que ce Gouvernement est une réaction du peuple iraquien face au danger représenté par l’État islamique en Iraq et au Levant (EIIL).  Il a rappelé que ce groupe terroriste occupe une partie du territoire iraquien, commettant de nombreuses atrocités contre la population, et ciblant des individus et des communautés sur la base de leur appartenance ethnique et religieuse.  Cette organisation terroriste, a-t-il déclaré, a d’énormes actifs financiers, et il a ajouté que la communauté internationale devrait s’atteler à mettre fin à l’exploitation illégale et au trafic des hydrocarbures auxquels se livre l’EIIL.  M. Massoum a souligné aussi que ce soi-disant califat attire de nombreux combattants venant de l’étranger, y compris de pays occidentaux.  M. Massoum a ensuite salué les appuis militaires apportés à son pays par les « pays amis de l’Iraq », ce qui aura permis, s’est-il félicité, que les forces gouvernementales reprennent du terrain sur l’EIIL.  Il a exprimé également l’appréciation du peuple iraquien face à la mobilisation internationale en faveur de l’Iraq, citant aussi comme preuve de cet engagement la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité, adoptée pour lutter contre le phénomène des combattants terroristes étrangers.

Le Président Fouad Massoum a par ailleurs dit que l’EIIL est un groupe qui a une influence transfrontalière et internationale, d’où le besoin, a-t-il plaidé, de former un front international uni contre ce groupe.  Éliminer le terrorisme en Iraq sera un pas important vers la paix dans le monde, a-t-il en outre indiqué.  Il a aussi souligné que le temps était venu de voir toutes les promesses et engagements pris au cours des rencontres internationales sur l’Iraq traduits en réalité.  Il a ensuite indiqué qu’il compatissait à la souffrance du peuple palestinien, souhaitant aussi que les négociations reprennent pour une paix durable au Moyen-Orient.  Il a également émis le vœu de voir les peuples libyen, yéménite et syrien connaître une paix durable qui mettra un terme à leurs souffrances, notant, dans ce contexte, que les foyers de tensions qui essaiment au Moyen-Orient sont des catalyseurs concourant aux actes terroristes.  Le Président iraquien a par ailleurs regretté que le Groupe de travail des Nations Unies sur les objectifs de développement durable n’ait pas intégré une question aussi importante que celle de la lutte contre le terrorisme comme un objectif spécifique à atteindre.  Il a terminé son discours en disant que les Iraquiens n’ont pas d’autre choix que de vaincre l’EIIL.  Notre pays a trop souffert depuis 10 ans, a-t-il conclu.

M. XAVIER BETTEL, Premier Ministre et Ministre d’État du Grand-Duché de Luxembourg, a rappelé que l’engagement, la solidarité et la responsabilité sont les trois mots clefs qui ont guidé la politique étrangère du Luxembourg sur une participation active à la coopération internationale.  Ces trois mots sont aussi l’approche qui doit nous guider pour répondre aux défis qui se présentent à nous à l’horizon 2015, où le programme de développement pour l’après-2015 doit faire fond des Objectifs du Millénaire pour le développement et aller plus loin, a souligné M. Bettel.  Ce programme doit être holistique, orienté vers l’action et universellement applicable.  Il doit bénéficier à la fois aux pays en développement et aux pays développés.  Il doit se fonder sur les droits de l’homme, donner aux secteurs sociaux, à la santé, à l’éducation toute l’importance qui leur revient.  Les questions de gouvernance, de justice, de paix et de sécurité doivent y trouver leur place, tout comme la protection de l’environnement, les modes de consommation et de production durables et une croissance économique soutenue, a dit le Premier Ministre luxembourgeois.

Le Luxembourg s’est engagé de longue date en faveur du développement.  Depuis l’an 2000, il se place dans le groupe des cinq pays industrialisés qui consacrent au moins 0,7% de leur revenu national brut à la coopération au développement.  En 2009, l’aide au développement a atteint le niveau de 1% du RNB luxembourgeois, a précisé M. Bettel.  Au second semestre de 2015, le Luxembourg, qui exercera la présidence du Conseil de l’Union européenne, n’épargnera aucun effort pour que lors de la Conférence de Paris sur le climat, prévue en 2015, nous puissions trouver un accord international sur le climat qui soit applicable à tous les pays, dans l’objectif de maintenir le réchauffement mondial en deçà de 2 degrés Celsius.  Le Luxembourg apportera aussi une nouvelle contribution de 5 millions d’euros au Fonds vert pour le climat.

Sur le conflit en Syrie, le Premier Ministre du Luxembourg a exigé que l’on mette un terme aux attaques indiscriminées contre les populations civiles, les écoles, les hôpitaux, ainsi qu’aux bombardements effectués avec des barils d’explosifs.  Il faut mettre un terme au déni d’assistance humanitaire, et à l’usage de la famine comme arme de guerre, a dit M. Bettel.  Le règlement durable de ce conflit passe par une solution politique, par une transition politique qui réponde aux aspirations légitimes du peuple syrien, dans la ligne du communiqué de Genève de juin 2012.  À Gaza, le cycle des violences doit aussi cesser, a ajouté le Premier Ministre du Luxembourg.  La solution à deux États, la coexistence pacifique d’États démocratiques, Israël et la Palestine, à l’intérieur de frontières reconnues, reste la seule voie possible à cet effet, a-t-il estimé.  Sur le continent africain, a ajouté le Premier Ministre, notre crédibilité est engagée, et notre responsabilité est de protéger.  Vingt ans après le génocide rwandais, l’indifférence n’est plus une option.

La crise en Ukraine s’est peu à peu transformée en un conflit qui montre à quel point sont révolus les temps où l’on pensait que la paix, sur le continent européen, était devenue une évidence.  Il faut mettre « maintenant » un terme à ce conflit, a exhorté M. Bettel en déclarant que la voie du dialogue et de la diplomatie doit primer.  M. Bettel a aussi dénoncé des graves violations du droit international et des crimes de guerre en mettant en exergue les violations et sévices commis à l’encontre des enfants dans les zones en conflit, afin de souligner la détermination de son pays dans la mise en œuvre de l’initiative « Enfants et conflits armés ».

M. MUHAMMAD NAWAZ SHARIF, Premier Ministre du Pakistan, a souligné que les inondations récemment survenues dans son pays avaient tué des centaines de personnes, déplacé des millions de gens, détruit et abîmé des maisons, des infrastructures, des troupeaux et des cultures.  Il a demandé à la communauté internationale de passer des engagements à l’action pour contrer les changements climatiques.

Pour éliminer la pauvreté d’ici à 2030, « nous devons aller au-delà des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) », a fait valoir le Premier Ministre.  Il a préconisé l’adoption d’une nouvelle approche pour éliminer les conflits et la violence, et réduire les inégalités à l’intérieur des nations et entre elles.  Pour sa part, le Pakistan a lancé sa « Vision 2025 », qui donne la priorité aux personnes.  De plus, le pays copréside le Groupe des Amis du Secrétaire général dans le cadre de l’initiative « L’énergie durable pour tous », a dit M. Sharif.

Il y a plus de 60 ans, a rappelé M. Sharif, l’ONU a adopté des résolutions favorables à la tenue d’un plébiscite au Jammu-et-Cachemire.  « Les habitants du Jammu-et-Cachemire attendent toujours la réalisation de cette promesse », a-t-il dit.  Le Pakistan, qui appuie leur droit à l’autodétermination, est prêt à œuvrer pour trouver une solution à cette question à travers des négociations.

Félicitant ensuite l’Afghanistan pour la conclusion de son processus électoral, le Premier Ministre a assuré que le Pakistan s’engageait à renforcer ses relations bilatérales avec l’Afghanistan sur la base d’une sécurité et d’une prospérité partagées.  Depuis 30 ans, le Pakistan accueille des millions de réfugiés afghans, a-t-il rappelé.  M. Sharif a dit que la communauté internationale devait continuer de promouvoir le rapatriement et la réintégration de ces réfugiés en Afghanistan.  En outre, le Pakistan, l’Afghanistan, l’Iran et d’autres pays de la région doivent, en coopération avec les Nations Unies, intensifier leurs efforts pour endiguer le trafic des stupéfiants.

« Nous combattons le terrorisme implanté sur le sol du Pakistan », a poursuivi M. Sharif.  Au cours des 13 dernières années, le Pakistan a sacrifié énormément de ressources humaines et financières à cette fin, a-t-il ajouté.  « Il est important de contrer le récit des extrémistes », a-t-il dit.  Les tensions interraciales et la diffamation des religions alimentent les conflits.  À ce sujet, le Pakistan appuie un dialogue constructif entre les religions.

Par ailleurs, le Pakistan reste le plus important pays contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, avec, notamment, 1 100 soldats en République centrafricaine, a relevé le Premier Ministre. 

M. Sharif a indiqué ensuite qu’il poursuivait une « politique de retenue et de dissuasion minimum crédible » en matière nucléaire.  Le Pakistan, en tant que « partenaire dans le régime international de prolifération », a ainsi participé au dernier sommet de La Haye et a établi un Centre d’excellence sur la question.  Notre pays souhaite avoir un plein accès à la technologie nucléaire civile et participer au Groupe des fournisseurs nucléaires, a indiqué M. Sharif.

M. JOSEPH MUSCAT, Premier Ministre de Malte, a plaidé pour un retour à des négociations substantielles s’agissant du conflit au Moyen-Orient.  « L’esprit qui prévaut actuellement ne conduit à rien, a-t-il dit.  Parlant de la situation en Syrie, il a indiqué que l’adoption de la résolution 2165 du Conseil de sécurité montrait que la communauté internationale pouvait présenter un front commun sur ce dossier.  Il faut maintenant agir, a-t-il dit.

En ce qui concerne la Libye, il a indiqué que la communauté internationale ne pouvait se permettre que ce pays tombe entre les mains des extrémistes.  Le désarmement et la réconciliation nationale sont des préalables pour que la Libye aille de l’avant, a-t-il affirmé.

M. Muscat a ensuite déclaré que la propagation de l’extrémisme et de l’intolérance constituait aujourd’hui la plus grande menace à la paix et à la stabilité internationales.  Il a également attiré l’attention des délégués sur les épreuves endurées par les migrants illégaux qui traversent à leurs périls la Méditerranée.  Jugeant qu’aucun pays ne pouvait seul régler la question de l’immigration illégale, il a plaidé pour une coopération plus étroite entre pays de départ, pays de transit et pays de destination ainsi que pour l’application de punitions plus sévères aux trafiquants.

« Le bassin méditerranéen a besoin de notre attention immédiate, pour qu’il redevienne un creuset de grandes civilisations et un havre de paix où les hommes de différentes croyances et traditions puissent se rencontrer, travailler et commercer dans la tolérance et la tranquillité », a déclaré M. Muscat.  Le Premier Ministre de Malte a ensuite rappelé qu’il ne saurait y avoir de paix en Europe s’il n’y avait pas de paix en Méditerranée.  « La paix en Méditerranée est un préalable à la stabilité mondiale », a-t-il conclu.

M. TAMMAM SALAM, Président du Conseil des ministres du Liban, a rappelé que le mois dernier des soldats et officiers de police libanais avaient été kidnappés par des terroristes qui s’en sont servis pour faire pression sur les autorités.  « Ils ont exécuté trois de leurs détenus de manière monstrueuse », a-t-il dit, précisant que ces crimes avaient entravé les négociations indirectes conduites par le Gouvernement libanais avec l’aide de pays amis.  « Nous ne céderons jamais à de telles pressions. »

Soulignant la nécessité d’une coopération régionale et internationale dans le combat contre le terrorisme, M. Salam a appelé « les amis et frères » de son pays à protéger le Liban des luttes de pouvoir régionales.  Il a ensuite déclaré que son pays suivait les travaux du Tribunal spécial pour le Liban et s’attendait à ce que la vérité éclate et que la justice soit appliquée.

Condamnant fermement les attaques perpétrées contre les communautés chrétienne et yazidie en Iraq, M. Salam a indiqué que son pays considérait que toute agression contre une personne du fait de sa religion constituait une offense faite à la dignité humaine.  « Le Liban est fier d’être le seul pays du monde arabo-musulman à avoir pour Président un chrétien, confirmant ainsi que, malgré les crises politiques, notre pays demeure un parangon de la diversité au Moyen-Orient », s’est-il félicité.  M. Salam a réitéré l’appel du Gouvernement libanais pour qu’un nouveau président chrétien soit élu le plus rapidement possible.

Pour illustrer l’ampleur de la situation à laquelle doit faire face le Liban avec la présence sur son sol d’un demi-million de personnes syriennes déplacées, soit un tiers de la population libanaise, il a indiqué que cela équivalait à l’afflux de 100 millions de réfugiés aux États-Unis.  Relevant le poids considérable que ce grand nombre de personnes déplacées réfugiées au Liban représente pour son pays, M. Salam a demandé à la communauté internationale de partager avec le Liban cet « énorme fardeau ».

M. Salam a ensuite réitéré sa préoccupation concernant l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie, avant de rappeler la politique de dissociation suivie par le Liban pour se protéger des conséquences des crises régionales.  M. Salam a également exhorté la communauté internationale à faire en sorte qu’Israël mette fin aux violations qu’il commet contre la souveraineté libanaise, coopère pleinement avec la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et se retire de la zone située au nord de Ghajar, des fermes de Shebaa, et des collines de Kfarshouba.  Il a ajouté qu’Israël avait saboté les efforts menés en vue d’un règlement pacifique au Moyen-Orient, qui aurait pour base la solution de créer deux États.

Le Levant semble aujourd’hui pris en otage par l’ignorance, l’extrémisme et l’obscurantisme, a reconnu M. Salam, avant de rappeler que cette région troublée était peuplée de gens ordinaires désireux de vivre libres et égaux au sein de pays libres et stables.  « L’humanité a une dette envers notre Levant, qui donna ses Lumières aux hommes lorsque les ténèbres, l’extrémisme et l’ignorance consumaient l’autre moitié du monde », a-t-il ajouté.  « Le monde doit cesser de compter nos morts et se montrer à la hauteur de ses obligations en cherchant à instaurer la paix dans cette région tourmentée du monde », a conclu M. Salam.

M. MOHD NAJIB TUN ABDUL RAZAK, Premier Ministre de la Malaisie, a remercié tous ceux qui ont aidé son pays au cours de cette année difficile, marquée par les tragédies survenues aux vols MH 370 et MH 17 de la Malaysia Airlines.  La Malaisie ne relâchera pas ses efforts pour que justice soit faite aux victimes de ces catastrophes et elle exhorte toutes les parties à coopérer aux enquêtes.  « Nous espérons que ces deux tragédies changeront, pour le mieux, le système mondial de l’aviation et que les pays s’uniront derrière de nouvelles normes de suivi des avions et de survol des zones de conflit par les appareils civils », a indiqué le Premier Ministre.

M. Najib Razak a rappelé qu’il y a quatre ans, à la tribune de l’ONU, il avait lancé un appel à la naissance d’un mouvement mondial des modérés contre le terrorisme, et que l’année dernière, il avait évoqué devant l’Assemblée le conflit entre les sunnites et les chiites qui déchire le monde musulman.  Aujourd’hui, les deux forces de l’extrémisme et de l’intolérance religieuse se sont données la main sous le même drapeau noir.  Deux pays sont fracturés par la guerre menée par l’État islamique dont les victimes sont aussi bien les sunnites que les chiites, les Yazidis ou les Kurdes, a déploré le Premier Ministre malaisien en dénonçant les mouvements terroristes qui défient la notion d’état et appellent nos jeunes dans un djihad illégitime.  « La Malaisie rejette l’État islamique, et l’extrémisme et la violence commis au nom de l’Islam », a dit le Premier Ministre.

La question est maintenant de savoir quelle sera notre réponse, a-t-il ajouté.  Dans le passé, quand le monde s’était mobilisé contre les extrémistes, nous avons lancé des guerres sans cependant planifier la paix.  Nous avons attaqué un seul ennemi pour malheureusement voir émerger un ennemi encore plus grand et plus féroce.  Nous devons restaurer la sécurité et l’État en Iraq et en Syrie.  Puis nous devons poursuivre des politiques qui cassent ces cycles vicieux qui font qu’un groupe obtient le pouvoir pour l’exercer contre les autres.  Les individus et les groupes religieux et ethniques ont besoin de sentir qu’ils ont une part dans la réussite de leurs pays, a préconisé M. Najib Razak.  Nous devons aussi mener des politiques inclusives, certes difficiles à concevoir ou appliquer, mais qui demandent pragmatisme et compromis.  La Malaisie est prête à partager son expérience dans la marginalisation de l’extrémisme, a indiqué le Premier Ministre. 

Dans les semaines à venir, la Malaisie se mobilisera aux côtés de ses partenaires pour mettre en mouvement un « programme des modérés » aux Nations Unies, et elle se portera candidate à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité.  Le programme dont nous parlons nous implique tous.  La lutte contre l’extrémisme n’est pas une lutte de Chrétiens contre des Musulmans, ou de Musulmans contre des Juifs, mais celle des modérés contre les extrémistes de toutes les religions, a précisé le leader malaisien.  Concernant la dernière guerre de Gaza, M. Razak a condamné les attaques indiscriminées d’Israël à Gaza.  De graves violations du droit international et des droits de l’homme ont été perpétrées à Gaza par Israël.  Nous ne les condamnons pas seulement pour les pertes en vies humaines mais aussi pour le message qu’elles véhiculent: à savoir que les religions ne peuvent pas coexister et que la communauté internationale ne peut pas appliquer la loi et protéger les Palestiniens, a déploré M. Najib Razak. 

La lutte contre les extrémistes doit être gagnée non seulement en Syrie et en Iraq, mais aussi en Grande-Bretagne, en Belgique, aux États-Unis et en Malaisie où nous avons tout fait pour que l’extrémisme ne prenne pas racine, a-t-il ajouté.  Le Premier Ministre a néanmoins reconnu que quelques Malaisiens avaient été attirés par les combattants terroristes étrangers qui les ont conduit en Iraq et en Syrie.  Tous les pays doivent éduquer leurs citoyens, y compris et si c’est nécessaire ceux qui sont dans le besoin et peuvent être des proies faciles de la propagande extrémiste, a préconisé le Premier Ministre. 

M. HASSAN SHEIKH MOHAMUD, Président de la Somalie, a commencé son intervention en parlant de sa réponse à un journaliste qui lui demandait de décrire la Somalie en 15 secondes.  Il lui a répondu que s’il pouvait penser à un problème quelconque, la Somalie l’avait – et souvent, en même temps, la guerre, la piraterie, des groupes terroristes, des inondations, la sécheresse, ou la famine... Cependant, il s’agit là de la Somalie d’hier, celle que l’on montre dans des films comme « Captain Philips ».  « Notre Somalie à nous » ne se résume pas à une succession de problèmes, ce n’est pas la Somalie des échecs.  « Nous sommes peut-être encore fragiles mais nous ne sommes pas un État battu », a déclaré Sheikh Mohamud.  En septembre 2012, au moment de la prise de fonctions du nouveau Gouvernement fédéral, qui est le fruit d’un consensus national, les défis à relever étaient multiples et la tâche était « effrayante ».  Tout était une priorité, depuis la sécurité jusqu’aux soins de santé; ou encore de la réforme économique à l’éducation.  Il fallait mettre en place les institutions de l’État tout en obtenant des bénéfices immédiats pour le peuple somalien, a expliqué le Président.  S’agissant de la lutte contre le groupe terroriste des Chabab, il a assuré que ce groupe connaîtrait une défaite militaire grâce aux efforts conjoints de l’Union africaine et des Forces de l’armée nationale somalienne.  Plus de 70% des régions du sud et du centre du pays ont été libérées des Chabab et sont passées sous contrôle du Gouvernement fédéral.

Au cours des deux dernières années, le Gouvernement somalien a jeté les bases de la stabilisation et des réformes à suivre, a dit le Président.  Le Gouvernement a formalisé la présence de la Somalie sur la scène internationale et renforcé le dialogue avec les pays voisins.  Il a également mis en place des structures de gouvernance et de contrôle et, à ce stade, a dit M. Mohamud, nous nous sentons encouragés par les progrès réels enregistrés à ce jour, qui ont permis de faire passer le pays du statut d’État failli à celui d’État naissant.  « Aujourd’hui la Somalie est un pays qui commence à s’unir en tant que nation, derrière la vision qui débouchera sur un État fédéral et uni à l’horizon 2016. », a-t-il affirmé, « mais il faut défendre ces acquis et pérenniser la sécurité ».  « Nous gagnons la guerre, mais nous devons aussi gagner la paix », a déclaré le Président expliquant que cela signifiait que les solutions ne peuvent pas se limiter à des interventions militaires.  Elles passent inconditionnellement par le dialogue national, la réconciliation et le pardon « qui sont les outils de ceux qui bâtissent des nations ».  Il a précisé qu’il restait déterminé à ne pas permettre que des idéologies extrémistes trouvent refuge en Somalie et que les Chabab soient remplacés par d’autres groupes extrémistes.  Les solutions doivent être cherchées par le biais de l’état de droit, sans oublier l’importance de la réconciliation politique.  Le Président somalien a aussi mis l’accent sur le fait que le terrorisme a une portée mondiale et qu’il faut y répondre au plan international.

Créer une Somalie fédérale et unifiée à l’horizon 2016, signifie la réussite de la réconciliation, l’adoption d’une constitution permanente par référendum, et des élections démocratiques, a expliqué le Président.  À cet effet, la Commission d’examen de la Constitution a commencé ses travaux en mai 2014, et la Commission électorale indépendante, chargée du processus garantissant la pleine participation de toutes les autorités fédérales, sera approuvée d’ici à la fin de l’année.  Cependant la situation humanitaire en Somalie reste extrêmement préoccupante avec plus de 3,2 millions de personnes dont la survie dépend toujours de l’aide alimentaire.  La situation est grave, et la réponse internationale reste sous-financée, alors même que d’ici à la fin de l’année les besoins sont estimés à un demi-milliard de dollars, a regretté le Président Mohamud. 

M. TOMISLAV NIKOLIĆ, Président de la Serbie, s’est inquiété des conséquences des changements climatiques en notant que la Serbie a été victime cette année d’inondations sans précédent.  Il a ensuite appelé les États Membres à trouver une solution durable à la question du Kosovo-et-Metohija en rejetant toute tentative de sécessionnisme.  « Même si l’Union européenne (UE) fait face à des difficultés, dont la crise de son élargissement, elle représente ce qu’il y a de mieux en Europe », a ensuite insisté le Président de la Serbie

Il a précisé que la Serbie est le pays de l’Europe comprenant le plus de personnes déplacées, citant le chiffre de 230 000 déplacés et réfugiés.  Il a ajouté que 58 000 réfugiés vivent en Serbie, dont 42 000 proviennent de Croatie et 16 000 de Bosnie-Herzégovine, avant de souhaiter que cette situation reçoive l’attention qu’elle mérite de la part de l’ONU et tout particulièrement du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).  M. Nikolić a mis l’accent sur la nécessité de respecter les droits des populations serbes dont celui qu’elles ont de rentrer chez elles et de retrouver leur domicile au Kosovo-et-Metohija, en Croatie, et en Bosnie-Herzégovine.  Le Président de la Serbie a dit la volonté de son pays de devenir un membre respectable de la famille européenne. 

Il a, en outre, indiqué que la Serbie se préparait à présider l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en 2015 en précisant que son pays utilisera cette présidence pour promouvoir la coopération mutuelle entre tous les pays de la région.  Le Président de la Serbie a dit qu’il fera tout pour aider à trouver une solution pacifique à la crise en Ukraine en appelant au respect de l’intégrité territoriale de ce pays.  Il a souhaité que tous les peuples frères slaves connaissent la paix et la tranquillité, en regrettant que certains pays portent atteinte à l’intégrité de la Serbie en y appuyant l’indépendance du territoire serbe du Kosovo-et-Metohija.  Il a appelé à respecter la résolution 1244 du Conseil de Sécurité. 

M. Nikolić a par ailleurs condamné les agissements de l’État islamique en Iraq et au Levant en s’inquiétant que de nombreux combattants rejoignant le groupe terroriste soient originaires des Balkans.  Il a indiqué que selon une étude, 140 combattants avaient rejoint l’État islamique depuis l’Albanie, 60 depuis la Bosnie-Herzégovine, et 150 depuis le Kosovo-et-Metohija.   Il a indiqué que la priorité pour la Serbie était la lutte contre la pauvreté, tout en gardant à l’esprit les objectifs d’accès à l’éducation, à la santé, à la parité entre les sexes, et à l’énergie renouvelable. 

M. MICHEL JOSEPH MARTELLY, Président d’Haïti, a salué l’action remarquable du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, pour son courage et son engagement dans la défense de la paix, ajoutant que son leadership a démontré qu’il y a toujours moyen de résoudre les différends à travers le dialogue, la compréhension et le respect mutuel.  Il a ensuite encouragé les Nations Unies à continuer à appuyer les bonnes relations entretenues entre les parties des deux rives du détroit de Taiwan et les approches pacifiques constructives, visant à établir une paix durable en Asie de l’Est et en mer de Chine orientale.  Soulignant que la Caraïbe a choisi d’emprunter la voie du dialogue, il a déclaré qu’il avait accepté volontiers de se mettre à la table des négociations avec la République dominicaine pour poser les vrais problèmes d’intérêt commun et résoudre des malentendus vieux d’un demi-siècle.  Il s’est ensuite réjoui qu’un certain nombre d’accords aient pu être trouvés sur des questions qui ne se sont pas toujours révélées faciles à résoudre, et a espéré pouvoir continuer sur cette lancée pour une meilleure compréhension entre les deux États se partageant la même île.  

M. Martelly a ensuite fortement plaidé, « en fonction des nouvelles réalités de ce siècle, pour des avancées concrètes dans les négociations pour la réforme des Nations Unies, plus particulièrement en ce qui a trait à l’élargissement du Conseil de sécurité à de nouveaux membres permanents ».  L’exemple d’inclusion doit commencer là où le droit de participation constitue un droit fondamental exprimé à travers la Charte des Nations Unies, a-t-il ajouté sur ce sujet.

Le Président haïtien a estimé que « la légitimité et la crédibilité de l’Organisation des Nations Unies dépendent de sa capacité d’agir rapidement et d’intervenir efficacement en reconnaissant la valeur ajoutée qu’apporte chaque État Membre », en recommandant d’aborder les problèmes avec pragmatisme.

Au plan national, M. Martelly a souligné que le peuple haïtien est à un tournant décisif de sa longue marche dans sa quête de stabilité, de démocratie et de progrès vers la consolidation des institutions démocratiques mise en place il y a 27 ans, par l’adoption de la Constitution de 1987.  Après plus de deux décennies ponctuées de catastrophes de tous genres, a-t-il dit, Haïti a enregistré des progrès indiscutables au cours de ces trois dernières années en ce concerne la consolidation de la démocratie et de l’état de droit, au renforcement institutionnel et à la protection des droits de l’homme, à la réduction de la pauvreté et à l’instauration des bases d’une croissance soutenue et d’un développement durable.  Sur le plan de la sécurité, la situation s’est améliorée, au point qu’Haïti est devenue l’un des pays les plus sûrs de la Caraïbe, s’est-il félicité, en réaffirmant sa position sur la nécessité d’un retrait progressif et ordonné des troupes des Nations Unies du sol haïtien.  Ce processus a d’ailleurs commencé, parallèlement au raffermissement des capacités opérationnelles de la Police nationale d’Haïti (PNH), qui lui permettront d’assurer la relève de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).  M. Martelly en a profité pour adresser un plaidoyer en faveur d’une meilleure coordination des actions des agences des Nations Unies avec les institutions nationale haïtiennes et en tenant compte des besoins réels du pays.

Le Président haïtien a fait état d’importantes réformes en vue de l’amélioration de l’environnement des affaires, qui ont eu pour résultats l’augmentation du flux de capitaux étrangers et du nombre de touristes.  « Nous sommes résolument tournés vers notre objectif de faire d’Haïti une destination d’investissements et non une destination humanitaire », a-t-il déclaré.

Sur le plan politique, il a indiqué que son pays réalisera des élections libres, honnêtes et transparentes, pour le renouvellement de ses institutions, démocratiques et constitutionnelles, en mettant l’accent sur les efforts personnels qu’il déploie pour trouver un consensus entre toutes les parties et institutions concernées par l’organisation des élections législatives et municipales.  

M. EMANUEL MORI, Président des États fédérés de Micronésie, a déclaré qu’il est venu s’exprimer à l’Assemblée générale « poussé par sa conscience ».  Pendant plus de 30 ans, s’est-il expliqué, les petits États insulaires en développement (PEID) n’ont cessé de mettre en avant la question des changements climatiques, « une question qui influence chaque jours nos décisions et qui affecte chaque aspect de la vie de nos îles ».  « Et que fait-on? »  Ces États, a répondu le Président, plaident pour une limitation de l’augmentation de la température de la planète qui soit bien en-deçà de 1,5ºC.  En prévision du Sommet de Paris sur le climat, prévu en 2015, les petits États insulaires ont proposé « un plan de travail pour renforcer les ambitions en matière d’atténuation » et régler ainsi les problèmes d’émissions avant 2020, date à laquelle devrait entrer en vigueur le nouveau traité sur les changements climatiques qui devrait être adopté dans la capitale française.  La Micronésie, a ajouté le Président, a aussi proposé d’amender le Protocole de Montréal pour limiter la production et la consommation des hydrofluorocarbures, qui sont des gaz à effet de serre extrêmement polluants et durables dans l’atmosphère.  Il s’agirait là d’une mesure d’atténuation à court terme qui offrirait à tous les atolls du monde une chance de survie.  « Le succès du Protocole de Montréal dans les six prochains mois est notre ticket d’entrée à un éventuel succès du Sommet de Paris », a estimé le Président. 

S’agissant du programme de développement pour l’après-2015, il a souligné l’importance des recommandations contenues dans « Samoa, la Voie à suivre » et en matière d’énergie, il a lancé un appel aux partenaires au développement pour qu’ils contribuent à la mise en œuvre de l’initiative SIDS Dock.  La Micronésie, a-t-il aussi souligné, doit recevoir des compensations pour ses ressources océaniques exploitées par des navires étrangers dans sa zone économique exclusive.  Nous devons respecter les règles et mettre fin à la pêche illégale, a tranché le Président qui a aussi plaidé pour la constitution du Fonds vert pour le climat.  Il a félicité l’Allemagne, la France et six autres nations pour leurs annonces de contribution au Fonds.    

M. CHARLES ANGELO SAVARIN, Président du Commonwealth de Dominique, a, après les bilans mitigés de la mise en œuvre du Programme d’action de la Barbade et de la Stratégie de Maurice en faveur des petits États insulaires en développement, espéré un changement dans la manière dont sera appliquée celle de « Samoa, la Voie à suivre ».  Il a attiré l’attention sur l’Initiative de l’énergie durable des petits États insulaires en développement (SIDS Dock), qui est une plateforme pour le développement de l’énergie durable.  Après avoir décrit les progrès de son pays, le Président a avoué que la Dominique, « l’île de la nature », n’est pas encore là où elle aspire à être.  Les changements climatiques sont toujours « une menace existentielle » pour les petits États insulaires, sans compter les tremblements de terre, les éruptions volcaniques, la sécheresse, les orages et leur lot de glissements de terrain et d’inondations. 

Devant tous ces défis, les pays des Caraïbes appellent leurs partenaires au développement à mettre en œuvre des politiques macroéconomiques et commerciales qui offrent aux petits États insulaires la chance de promouvoir la croissance économique, de réduire les inégalités de revenus, de diminuer les niveaux de pauvreté et de réaliser toutes les aspirations en matière de développement.  Ces politiques, a dit le Président, doivent inclure, mais ne pas se limiter au changement du critère de gradation pour assurer aux petits États insulaires un accès préférentiel aux financements concessionnels multilatéraux.  Ce nouveau critère doit tenir compte de la vulnérabilité inhérente aux petits États insulaires et de la nécessité de renforcer leur résilience face aux changements climatiques et aux errements du système financier, économique et commercial. 

Un instrument juridiquement contraignant sur les changements climatiques, a insisté le Président, serait un élément essentiel des mesures que doivent prendre les États Membres, dont un programme de développement pour l’après-2015 capable de s’attaquer à la pauvreté, au manque d’accès à l’éducation et à la formation, à la santé, à l’eau potable et à l’assainissement, et au caractère non viable et non inclusif du développement économique.  « Samoa, la Voie à suivre » devrait servir de feuille de route, a-t-il souligné.

M. GJORGE IVANOV, Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a tout d’abord souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 s’articule autour d’objectifs réalistes, validés scientifiquement et juridiquement contraignants.  Comme les dérèglements de la nature sont la conséquence d’une négligence humaine des lois naturelles, les défis lancés à l’ordre international résultent de violations du droit international, a poursuivi M. Ivanov.  Louant le modèle de coexistence harmonieuse qui prévaut dans son pays, et qui est basé sur le respect des droits de l’homme et de la diversité, il a déploré que la dignité des citoyens de son pays soit bafouée par un État membre de l’OTAN et de l’Union européenne.

Les valeurs les plus hautes des droits de l’homme sont le critère politique à respecter pour que mon pays devienne membre de l’Union européenne, a-t-il dit.  « En nous contraignant à abandonner l’identité macédonienne, le pays qui nous bloque le chemin de l’Europe nous demande l’impossible – contrevenir aux principes fondamentaux de l’Union afin de remplir les conditions pour en devenir membre », a regretté le Président.

Rappelant que la Cour internationale de Justice (CIJ) avait décidé que le blocage de l’intégration de son pays au sein de l’OTAN était illégal, il a indiqué que l’« ex-République yougoslave de Macédoine » avait toujours montré un farouche attachement au droit international.  « La République de Macédoine est prête pour un accord mutuellement acceptable dans le cadre des résolutions des Nations Unies, de l’Accord intérimaire et de la décision de la CIJ », a-t-il affirmé.  « La question de l’identité de notre pays n’a jamais fait partie de ce cadre, parce que l’identité n’est ni à discuter ni à négocier », a souligné le Président.

M. Ivanov a ensuite déploré que son « voisin du sud » continue, quotidiennement, de violer le droit international, précisant que la décision de la CIJ s’imposait à tous.  Les blocages opposés à notre intégration européenne et euro-atlantique sapent l’ordre juridique international, a-t-il déploré, mettant en garde, ce faisant, contre une érosion du droit international.  « Quand un État ne respecte pas ses engagements internationaux, il incite les autres États à en faire de même », a-t-il prévenu.

Indiquant que son pays voyait son avenir au sein de l’OTAN et de l’UE, le Président a affirmé que différer l’élargissement de l’Europe créait un vide au sein de la région historiquement la plus volatile. « La région du sud-est de l’Europe est toujours fragile, et la tempête n’est pas loin ».  En conclusion, M. Ivanov a jugé nécessaire que tous les pays de l’ouest des Balkans soient intégrés au sein de l’Union européenne « aussi vite que possible ».

M. IKILILOU DHOININE, Président des Comores, a déclaré que la présente session de l’Assemblée générale a lieu à un moment où « la sagesse aidant, à l’aune de son âge avancé, 69 ans déjà, notre Organisation doit être revigorée, revitalisée et plus engagée dans un monde sans cesse soumis à des défis et à des menaces qui, chaque jour qui passe, prennent de nouvelles formes, le plus souvent imprévisibles, les unes que les autres ».  Il a estimé que cette session offre également l’occasion d’une évaluation générale des performances de l’ONU et la maîtrise du processus qui ferait de 2015 l’année de la réforme, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de l’Organisation.

À travers une telle démarche, il a recommandé de prendre davantage en compte les nouvelles problématiques telles que celles liées à l’extrême fragilité des petits États insulaires en développement, conformément aux recommandations de la récente conférence de Samoa; et de veiller, d’autre part, à une meilleure représentation des pays en développement, et notamment ceux du continent africain.  Le Chef d’État comorien a signalé qu’il y a des zones de croissance économique appréciable en Afrique, mais qu’on y trouve aussi des espaces de grande pauvreté et de conflits, parfois sanglants, qui retardent le développement et le bien-être des peuples.

Parallèlement, a-t-il indiqué, l’ONU ne peut qu’intégrer la nécessité, pour le Conseil de sécurité, d’assumer la coordination de la lutte contre le terrorisme, nouveau fléau planétaire.  Il a ajouté qu’en tant que pays engagé et impliqué dans la Force en attente de l’Afrique de l’Est, les Comores mesurent pleinement les responsabilités du Conseil de sécurité pour « impulser, orienter et superviser la prévention et le règlement des conflits en Centrafrique, au Nigéria, au Mali, en Libye, en Syrie, en Iraq, en Ukraine et dans tous les pays en crise ».

Dans un tel contexte et notamment après les dernières sanglantes attaques armées lancées contre le peuple palestinien à Gaza, M. Dhoinine a réitéré la « nécessité impérieuse d’une solution équitable et urgente à la question posée par la situation en Palestine, qui a malheureusement et pratiquement le même âge que notre Organisation ».  Il a exhorté la communauté des nations à « s’autosaisir des sujets qui, s’ils ne sont pas résolus équitablement, feront perdre à notre Organisation sa crédibilité ».

À cet égard, le Président des Comores a réaffirmé la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores, composé de quatre îles, mais dont le processus de décolonisation reste encore à parachever.  Il a ensuite lancé un appel pour qu’une solution juste soit trouvée avec la France, qui soit conforme aux principes qui régissent l’ONU.  Il a indiqué que le Haut Conseil paritaire prévu dans la Déclaration de Paris a été institué et a lancé ses travaux en novembre 2013 et s’apprête à se réunir à la fin de l’année en cours pour, entre autres, traiter des questions de la circulation des personnes entre les quatre îles comoriennes, afin de mettre un terme aux drames qui endeuillent, quotidiennement, les familles.  Il a insisté qu’au-delà du contentieux territorial entre les Comores et la France, il est d’une « extrême urgence » de mettre un terme à cette tragédie humaine.  M. Dhoinine a également annoncé qu’il a récemment sollicité l’appui de la Commission de l’océan Indien, lors du quatrième Sommet des chefs d’État et de gouvernement de cette organisation sous-régionale, dont la France et les Comores sont membres. 

D’autre part, au moment où son pays négocie l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), il a préconisé l’intégration des Objectifs du Millénaire pour le développement non réalisés dans les nouveaux objectifs de développement durable et appelé à un renforcement des partenariats stratégiques pour le développement, à la mise en place d’un régime commercial international équitable, à la promotion d’investissements directs nationaux et étrangers, et à plus de mobilisation et d’engagement dans la lutte contre les changements climatiques. 

M. CHRISTOPHER J. LOEAK, Président des Îles Marshall, a exprimé sa préoccupation quant aux situations de crise qui prévalent actuellement en Ukraine, mais aussi en Syrie et en Iraq.  « Les dirigeants des nations n’ont pas d’autre choix que d’y répondre par une action rapide ou tourner le dos à un danger qui ne cesse de grandir », a-t-il prévenu.

M. Loeak a rappelé que les changements climatiques posent une menace existentielle aux pays du Pacifique et, par-delà, au reste du monde.  Plus qu’aucune autre menace, a-t-il dit, les changements climatiques exigent un leadership politique direct et un engagement de la part des dirigeants du monde entier, notamment s’agissant des émissions de gaz à effet de serre.  À cet effet, il a soutenu les États fédérés de Micronésie, les États-Unis et de nombreuses autres nations pour qu’elles encouragent une baisse de ces émissions en vertu du Protocole de Kyoto.  « J’assisterai en personne à la conférence sur le climat qui se tiendra à Paris en décembre prochain », a assuré le Chef d’État des Îles Marshall, qui a expliqué que ce combat était « personnel ».  « Il commence dans mon arrière-cour, où je dois repousser la montée des eaux et sauvegarder mon avenir, l’avenir de mes enfants et celui de mes petits-enfants », a-t-il poursuivi.

Le mois dernier, a rappelé le Président Loeak, les nations du monde entier se sont réunies à Apia, à Samoa, pour la troisième Conférence mondiale sur les petits États insulaires en développement, au cours de laquelle nous avons plaidé pour l’établissement de partenariats solides en faveur des petits États insulaires en développement.  M. Loeak a également exprimé son soutien à la formulation d’un objectif de développement durable sur les océans, et à la protection des pêcheries pour le bienfait des générations futures.  Le Président des Îles Marshall a par ailleurs rappelé que son pays subissait encore les conséquences des 67 essais nucléaires effectués sur son territoire entre 1946 et 1958, essais que les Nations Unies auraient pu empêcher, a-t-il estimé.  « Comme beaucoup d’autres questions, les Îles Marshall sont convaincues que la prise de conscience sur les conséquences catastrophiques des armes nucléaires devait sous-tendre toute réflexion sur la question du désarmement nucléaire. »

M. ANOTE TONG, Président de Kiribati, a, à son tour, insisté sur le fait que la question des changements climatiques est la question la plus urgente à résoudre pour son pays.  C’est « un défi existentiel » pour des pays à faible altitude comme le nôtre, et c’est la raison pour laquelle nous appelons à une action en faveur de l’adaptation aux effets du réchauffement de la planète et sommes en faveur d’engagements juridiquement contraignants pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.  La communauté internationale ne peut s’offrir de ne pas écouter notre histoire et ignorer le sort de nos populations, a prévenu le Président.  « Notre sort sera aussi le vôtre », a dit M. Anote Tong.  Le Président, qui a dit revenir d’une expédition dans l’Arctique, s’est avoué stupéfait par ce qu’il y a vu, à savoir, un lien très direct entre la destruction de cette région polaire et ce que subit la région équatoriale. 

La triste réalité est que « nous ne sommes pas du tout sur la voie du salut », a-t-il déploré.  Nous devons faire les choses différemment, et nous le devons à ceux que nous représentons, à savoir nos peuples.  Pour des pays comme Kiribati, a poursuivi le Président, les changements climatiques n’appartiennent pas à l’avenir, ils sont dans le présent.  On ne peut parler du développement durable sans parler de ce phénomène, et il est temps d’y travailler ensemble et de conclure des accords contraignants sur la promotion de l’énergie propre, un avenir plus vert pour nos enfants et des maisons plus vertes pour notre planète.  Kiribati, a indiqué le Président, a initié avec d’autres petites États insulaires la « Coalition des atolls sur les changements climatiques », dont la réunion inaugurale a eu lieu en juillet dernier. 

Les océans jouant un rôle pivot dans le développement durable des pays comme Kiribati, le Président a souligné la nécessité de réévaluer la nature des partenariats public-privé dans l’industrie de la pêche.  Un partenariat plus équitable fondé sur le respect mutuel, la bonne volonté, la justice et la redevabilité ne manquera pas de créer un environnement favorable au développement durable.  Au XXIe siècle, a prévenu le Président, les défis ont pris une nouvelle dimension.  Il ne s’agit plus de se battre pour sauver une espèce en danger par-ci et des stocks par-là.  Il s’agit aujourd’hui d’assurer la survie des peuples, des communautés, des villages, des villes et des nations.  Tout l’écosystème est en danger, et il nous faut un changement de paradigme et adopter des approches de développement porteuses de transformation.  « Il faut une action collective et déterminante.  Il faut un engagement et un leadership politiques forts.  Il faut agir maintenant », a conclu le Président.

M. SUSHIL KOIRALA, Premier Ministre du Népal, a rappelé que son pays était le cinquième plus important contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, et qu’il avait l’intention d’accroître la participation des femmes dans ces opérations.  Il a exhorté les États Membres à porter une attention particulière à la sécurité des soldats de la paix et à confier aux pays contributeurs de troupes des responsabilités proportionnelles à leurs contributions.  À cet égard, le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement, basé à Katmandu, devrait voir son rôle élargi, a-t-il dit.

En tant que pays en développement sans littoral, le Népal doit faire face à un certain nombre de défis, a ensuite expliqué le Premier Ministre.  Il a demandé à la communauté internationale d’honorer ses engagements vis-à-vis des pays les moins avancés (PMA) et d’appliquer le Programme d’action d’Istanbul.  En particulier, il a souhaité un accès immédiat des produits de ces pays aux marchés, en franchise de droits et hors quota.  L’objectif du Népal est de ne plus figurer sur la liste des PMA à compter de 2022, a-t-il indiqué.

M. Koirala s’est dit déterminé à « clore dignement » le chapitre du conflit armé au Népal.  Ainsi, la Commission de la paix et de la réconciliation et le Comité des disparitions contribueront-ils à prévenir de nouvelles violations graves des droits de l’homme.  « Il n’y aura pas d’amnistie générale pour les crimes graves », a-t-il en outre assuré.  Le Népal a réussi à intégrer les rebelles maoïstes armés dans un processus démocratique pacifique, et à passer d’une monarchie autocratique à un ordre républicain, a rappelé le Premier Ministre.  Tous les partis politiques, y compris les Maoïstes, œuvrent ensemble à la promulgation d’une constitution démocratique par l’Assemblée constituante. 

M. Koirala a ensuite estimé que le programme de développement pour l’après-2015 devrait incorporer les Objectifs du Millénaire pour le développement qui n’ont pas été atteints et prendre en compte les besoins et les priorités des pays les plus vulnérables et marginalisés.  « La corruption est le plus grand ennemi du peuple et une menace à la paix, à la stabilité et au développement », a-t-il ajouté.  C’est la raison pour laquelle le Gouvernement a souligné l’importance de la transparence, de la reddition de comptes, et d’une « tolérance zéro » pour ce fléau.

M. IRAKLI GARIBASHVILI, Premier Ministre de la Géorgie, a estimé que malgré le chemin considérable parcouru en 20 ans, la Géorgie reste toujours « une jeune démocratie » et qu’il y reste encore beaucoup à faire.  Les progrès enregistrés par le pays ont été possibles grâce à l’attachement du peuple géorgien aux valeurs démocratiques, à la coopération internationale, et au soutien que la communauté internationale et les organisations internationales n’ont cessé de lui apporter, a dit le Premier Ministre.  Il a indiqué que les deux dernières années avaient été marquées par des actions concrètes contre la corruption, l’impunité, et une économie qui ne profitait qu’à une minorité.  « Nous avons mis en place une véritable démocratie avec un système de gouvernance plus ouvert, plus responsable, qui défend l’état de droit », a affirmé le Premier Ministre.  Parallèlement des progrès considérables ont été enregistrés dans la plupart des secteurs, en particulier ceux de la santé et de l’éducation.  Il a également fait part de sa fierté suite aux élections parlementaires, présidentielle et municipales qui ont eu lieu en Géorgie durant cette période de deux ans.  Selon lui, il n’y a pas de retour en arrière possible, car les Géorgiens s’expriment désormais par les urnes.  La nouvelle Constitution du pays consacre la décentralisation des pouvoirs exécutifs, et le Parlement fonctionne désormais comme une véritable législature.  De plus, les droits de l’homme sont désormais défendus par le biais de la nouvelle stratégie et de son plan d’action, et il a été mis un terme à l’impunité, à la torture et aux mauvais traitements infligés dans les prisons, a ajouté M. Garibashvili qui s’est dit également défenseur des médias libres. 

Pour la Géorgie, les États-Unis restent un allié stratégique, et elle renforce également son intégration à l’Europe, en particulier à l’Union européenne, avec laquelle elle vient de signer un accord d’association.  Elle se sent également proche de l’OTAN, dont elle souhaite devenir membre dans un proche avenir.  Au plan économique, le pays s’est engagé sur la voie du développement durable et souhaite travailler avec la communauté internationale sur un ordre du jour du programme de développement pour l’après-2015. 

La Géorgie soutient l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine et souhaite que les accords de paix récents mettent un terme aux opérations militaires et marquent le début d’un processus de paix durable, a poursuivi le Premier Ministre qui a également demandé que l’ONU reste saisie de la question du droit au retour des personnes déplacées et des réfugiés d’Abkhazie, de Géorgie et des régions de Tskhinvali et d’Ossétie du Sud.  S’adressant aux peuples d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, il a déclaré qu’il rêvait d’un jour où ils vivraient tous ensemble dans la paix et la prospérité.  Il a dit que le Gouvernement géorgien souhaite la réconciliation et veut retrouver l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Géorgie.  « Nous devons trouver un moyen pour vous permettre de participer à notre succès, y compris les avantages qu’offre le nouvel accord d’association avec l’Union européenne », a dit le Premier Ministre aux populations des régions d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, avant de lancer un appel au Gouvernement russe pour qu’il respecte les obligations qui lui incombent en vertu du cessez-le-feu international de 2008 et pour qu’il se joigne à la quête de la paix, de la prospérité et de la réconciliation.  La Géorgie veut la paix et de bonnes relations avec la Russie, mais pas au prix de sa souveraineté et de son indépendance, a-t-il précisé.  Le Gouvernement géorgien a adopté une nouvelle approche avec, d’une part, un dialogue constructif avec la Russie sur la reprise des relations commerciales, économiques, culturelles et humanitaires, et, de l’autre, la recherche d’un règlement pacifique de la guerre d’août 2008 qui mette fin à l’occupation russe de certains territoires géorgiens, ceci sur la base du droit international.  Le Gouvernement regrette que malgré certains progrès, notamment au plan commercial, les efforts de réduction des tensions n’aient pas été accueillis avec le même esprit de coopération par la Russie, a dit le Premier Ministre géorgien.  « C’est à la Russie de mettre fin à son occupation du territoire géorgien et de commencer à s’engager sur la voie d’une paix durable », a estimé M. Garibashvili.

M.ELIO DI RUPO, Premier Ministre de la Belgique, a rendu hommage aux quatre personnes « sauvagement assassinées » au Musée juif de Bruxelles en mai dernier et aux milliers de victimes anonymes de la barbarie dans le monde.  La tragédie de Bruxelles est reliée aux évènements qui bouleversent la communauté internationale en ce moment, en Syrie, en Iraq, en Algérie et dans d’autres pays, a dit M. Di Rupo.  « Des terroristes assassinent chaque jour des innocents », s’est-il indigné.  La trajectoire de l’assassin du Musée juif, un « djihadiste » français qui a séjourné en Syrie puis s’est déplacé en Europe, est commune à beaucoup de combattants étrangers, a fait remarquer le Premier Ministre belge.  Ces criminels doivent être « mis hors d’état de nuire », a-t-il insisté, en se référant à la résolution adoptée mercredi dernier par le Conseil de sécurité.

La Belgique vient de décider l’envoi de six chasseurs F-16 en soutien à la lutte contre le terrorisme en Iraq et souhaite intensifier les échanges d’informations au niveau européen et au sein de l’OTAN, a dit M. Di Rupo, pour qui un effort préventif important doit être fourni pour empêcher le recrutement et le retour des candidats au djihad, notamment au niveau du contrôle des frontières.  Ce sont deux conceptions de la vie qui s’opposent, a poursuivi le Premier Ministre en défendant le respect des droits de l’homme, de la liberté et de la tolérance.  « Pour nous, la vie n’a pas de prix, pour eux elle ne vaut rien », a-t-il résumé en parlant des terroristes.  Toutefois les actions militaires ne suffisent pas, a-t-il concédé.  Il faut privilégier l’éducation, de même que l’ouverture à autrui et au monde pour « déradicaliser les radicaux violents ».

M. Di Rupo a fustigé ensuite « l’échec cuisant des responsables politiques qui ont privilégié la solution militaire et la soi-disant guerre préventive », à laquelle la Belgique avait refusé de participer.  « Comment ne pas voir que les frustrations et les humiliations ont encore renforcé le radicalisme? », a-t-il demandé.  Le renforcement de l’état de droit constitue la meilleure prévention des crises, a-t-il estimé.

Le Premier Ministre belge a évoqué « d’autres illustrations de ce principe », en particulier le bombardement massif de Gaza cet été.  Le statu quo n’est pas une option, et « il faut remettre le règlement du conflit israélo-palestinien tout en haut de l’agenda de la communauté internationale », a préconisé M. Di Rupo.  Pour ce qui est des printemps arabe, « force est de constater que, dans certains pays, le chaos et la terreur l’ont emporté sur la démocratie et que, dans d’autres, on assiste à un retour de l’autoritarisme d’État ».

Sur une note positive, le Premier Ministre belge a constaté que l’Afrique est en progrès constant, « loin de tous les clichés ».  En République démocratique du Congo (RDC), la mise hors d’état de nuire des bandes armées dans l’est du pays est une nécessité.  Ailleurs, il faut lutter contre le radicalisme religieux et soutenir les populations qui font face à l’épidémie d’Ebola.

Rappelant par ailleurs que six ressortissants belges ont péri dans le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines en juillet dernier, le Premier Ministre a noté que « les éléments actuellement connus sont accusateurs » et il a dit « attendre avec impatience le rapport final des experts indépendants ».  Enfin, il s’est félicité du fait que la communauté internationale, le G7 et l’OCDE commencent à se pencher sur l’évasion fiscale, qui est « un enjeu essentiel, à l’instar de la lutte contre la corruption », pour « la moralisation de la finance » au niveau mondial.

Mme KAMLA PERSAD-BISSESSAR, Premier Ministre de Trinité-et-Tobago, s’est réjouie que son pays ait réalisé 70% des 43 cibles contenues dans les huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  C’est pourquoi, dans la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, il faudra renouveler nos engagements afin de réaliser la totalité des OMD, notamment en matière d’accès aux médicaments, à la santé et à la viabilité à long terme de la dette, en particulier en ce qui concerne celle des petits États, a-t-elle indiqué.  Il faut aussi donner la priorité à l’opérationnalisation de « L’avenir que nous voulons », le document contenant les recommandations adoptées au Sommet Rio+20, qui comprennent des directives sur la lutte contre les maladies non transmissibles, les changements climatiques, et sur la nécessité d’aider les groupes marginalisés, y compris les femmes, les jeunes et les personnes handicapées. 

La troisième priorité est la revitalisation du partenariat mondial en appui au développement durable, a dit Mme Persad-Bissessar.  Celle-ci devra inclure la réforme des institutions financières internationales et la nécessité de réussir le bouclage du Cycle de négociations commerciales de Doha pour le développement.  La quatrième priorité est l’objectif de maintenir en dessous de 2ºC ou de 1,5 le niveau maximum du réchauffement climatique de la planète en limitant l’augmentation des émissions mondiales de gaz à effet de serre et d’atteindre, à Paris, un accord juridiquement contraignant sur les changements climatiques en 2015 qui devrait être appliqué à partir de 2020.

En tant que membre de la Communauté des États des Caraïbes, Trinité-et-Tobago appelle à ce que le programme de développement pour l’après-2015 se consacre à l’éradication de la pauvreté, à l’adoption d’une approche économique centrée sur les peuples et d’un programme qui prévoit des mesures, approches et critères aidant à compléter la notion de produit intérieur brut (PIB) par habitant comme mesure du développement par d’autres critères, notamment un indice de vulnérabilité.  Enfin a dit le Premier Ministre, Trinité-et-Tobago se propose d’abriter le secrétariat du Traité sur le commerce des armes.  Cette proposition a été déjà transmise à tous les États Membres, a ajouté Mme Persad-Bissessar.

M. ELMAR MAHARRAM OGLU MAMMADYAROV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, s’est tout d’abord enorgueilli du fait que l’économie de son pays représente 80% de l’économie du Sud-Caucase, situation qu’il a attribuée à une utilisation « prudente » des ressources disponibles et à la transition rapide effectuée vers une économie de marché dotée d’une composante sociale.  Il s’est aussi félicité du fait que le taux de pauvreté dans son pays était passé de 49% en 2004 à 5,3% en 2014.  Le Ministre a fait savoir que l’Azerbaïdjan compte désormais parmi les pays donateurs émergents, et a évoqué les activités de l’Agence pour le développement international de l’Azerbaïdjan.  La plus importante ONG du pays, la Fondation Heydar Aliyev, a également mis en œuvre de nombreux projets de développement dans plusieurs pays, a-t-il indiqué.

M. Mammadyarov a ensuite annoncé le lancement de la construction du « corridor gazier sud », un projet de 50 milliards de dollars qui, a-t-il expliqué, permettra de construire un réseau de pipelines à destination de l’Europe.  Conscient de l’importance que revêt le transport pour le développement durable, l’Azerbaïdjan a aussi lancé plusieurs projets d’infrastructure à l’échelle régionale, notamment le réseau ferroviaire Baku-Tbilissi-Kars.

Le Ministre a poursuivi son intervention en dénonçant « le fait que l’Arménie occupe 20% du territoire azéri et avait mené une campagne de nettoyage ethnique à l’encontre d’un million d’Azerbaïdjanais ».  Il a rappelé qu’en 1993, le Conseil de sécurité avait adopté quatre résolutions qui « réaffirment la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan et l’inadmissibilité du recours à la force pour l’acquisition de territoire ».  Il a affirmé que l’Arménie avait ignoré ces textes et viole régulièrement le cessez-le-feu.  Tout récemment, s’est-il indigné, plusieurs civils azerbaïdjanais qui se recueillaient sur la tombe de leurs proches « dans les territoires occupés » ont été pris en otage et torturés et certains ont même été tués par les Forces de sécurité arméniennes.  M. Mammadyarov a appelé la communauté internationale à jouer un rôle plus actif en vue de mettre un terme à l’impunité pour les crimes commis à l’encontre des populations civiles d’Azerbaïdjan.

Le Ministre est ensuite revenu sur le discours prononcé il y a deux jours, dans le cadre du débat général, par le Président de l’Arménie, et il a accusé ce dernier d’avoir déformé les faits et fait mauvais usage du « noble principe » d’autodétermination pour « masquer la tentative de l’Arménie d’annexer par la force des territoires de l’Azerbaïdjan ».  « La situation qu’il cherche à présenter comme l’autodétermination des Arméniens qui vivent en Azerbaïdjan n’a rien à voir avec le principe d’autodétermination telle que définie par la Charte de l’ONU », a dit M. Mammadyarov pour qui le principe d’autodétermination « exige au contraire le retour des Azerbaïdjanais déplacés dans la région du Nagorno-Karabakh », « où ils vivront aux côtés des communautés arméniennes dans la paix, la dignité et la prospérité au sein de l’Azerbaïdjan ».  Le Ministre s’est dit convaincu que cet objectif « peut être réalisé par des moyens politiques ».  Il a ensuite appelé l’Arménie à se rendre compte que « l’occupation militaire du territoire d’un autre État n’est pas une solution » et que dépendre du statu quo est un « grave et mauvais calcul ».

M. ERLAN A. IDRISSOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, s’est félicité de la tenue, il y a deux semaines à l’Assemblée générale des Nations Unies, d’une réunion informelle sur la Journée internationale contre les essais nucléaires.  Il a indiqué que le Président Nursultan Nazarbayev a lancé le projet ATOM, visant à abolir les essais nucléaires.  Il a précisé qu’il s’agissait d’une campagne d’éducation et de sensibilisation sur les dangers et les conséquences des essais nucléaires.  Il s’est félicité que plus de 100 000 personnes originaires de 100 pays avaient déjà signé la pétition en ligne du Projet ATOM, dont un des objectifs est de favoriser l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN).  Il a expliqué que la fermeture du site d’essai nucléaire de Semipalatinsk et le renoncement du Kazakhstan à son arsenal nucléaire, qui faisait de lui la quatrième puissance nucléaire mondiale, ont été des actes fondateurs de la nation kazakhe.  Il a indiqué que le Kazakhstan avait travaillé étroitement avec les États-Unis et la Fédération de Russie pour rendre sûres les infrastructures ayant servi aux essais nucléaires.  Par ailleurs, il a indiqué que la signature, en mai 2014, du protocole au Traité portant création d’une zone exempte d'armes nucléaires en Asie centrale par les cinq membres permanents du conseil de sécurité a été un tournant majeur pour la sécurité nucléaire dans la région.  Il a exhorté les P5 à ratifier ce protocole le plus rapidement possible.  En outre, il a indiqué que le Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) était la pierre angulaire du régime de non-prolifération.  Il a appuyé l’objectif d’un projet de convention sur une interdiction complète des armes nucléaires avant d’appeler à nouveau tous les États Membres à adopter la déclaration universelle visant à parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.

M. Idrissov a par ailleurs précisé que le Kazakhstan, nation forte de 130 groupes ethniques, organisait tous les trois ans, depuis 2003, un Congrès de représentants de religions traditionnelles du monde entier.  Il a précisé que le Kazakhstan avait initié l’établissement de la décennie internationale du rapprochement des cultures en précisant qu’un meilleur dialogue et un échange d’idées entre les différentes cultures ne pourra être que bénéfique à la sécurité internationale.  En outre, le Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan a dit que son pays attachait une grande importance à la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, qui se tiendra à Vienne en novembre 2014.  Il a rappelé que l’objectif de cette conférence sera notamment d’examiner et de mettre à jour le Programme d’action d’Almaty afin de parvenir à une nouvelle feuille de route prenant en compte les défis qui ont émergé depuis la première Conférence.  Il a indiqué qu’en 2015, devrait être achevée la construction de la section kazakhe du corridor de transit international entre l’Europe de l’Ouest et la Chine de l’Ouest, ce qui permettra de réduire de 10 jours la durée du transit entre ces deux zones.  D’ici à 2020, a-t-il ajouté, nous estimons que le transit de biens et marchandises atteindra 33 millions de tonnes annuelles sur cet axe.  Il a aussi annoncé l’ouverture, en novembre, d’une voie de chemin de fer Kazakhstan-Turkménistan-Iran-Golfe persique qui permettra de multiplier par 5 le tonnage de matériel transporté par voie ferrée pour parvenir à 10 millions de tonnes annuelles. 

M. ABDULAZIZ KAMILOV, Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan,  a averti que l’instabilité persistante en Afghanistan représente une grave menace pour la région d’Asie centrale.  Il s’est inquiété à la perspective que le retrait de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) ne s’avère contreproductif et a estimé que la seule façon « raisonnable » de résoudre le problème afghan est de trouver une issue politique au conflit et d’établir un gouvernement de coalition.

M. Kamilov a ensuite indiqué que le développement des transports et des communications, ainsi que le renforcement de la coopération économique régionale, sont des éléments essentiels pour assurer la stabilité et le développement durable en Asie centrale.  Il a expliqué que la mise en œuvre de projets d’infrastructures de transport à grande échelle permettra de relier la région avec les marchés internationaux.  Il a évoqué la construction du corridor « Ouzbékistan-Turkménistan-Iran-Oman », ainsi que la participation de son pays à la construction de la voie ferroviaire « Khairaton-Mazaree-Sharif », le seul chemin de fer, a-t-il précisé, qui relie l’Afghanistan au reste du monde.

Le Ministre a poursuivi son intervention en indiquant que l’utilisation durable des eaux des cours d’eau transfrontaliers Amudarya et Syrdarya est extrêmement importante pour maintenir le bien-être des populations d’Asie centrale.  Il a dénoncé les projets de « certains pays » qui promeuvent la construction d’importantes centrales hydroélectriques sans procéder, au préalable, « à des expertises internationales, véritablement indépendantes et professionnelles ».  Il a averti qu’à moins d’effectuer une analyse complète, la mise en œuvre de tels projets risque de changer le cours des rivières transfrontières, de mettre en péril la sécurité alimentaire, écologique, et la salubrité de l’eau en Asie centrale, et de provoquer des tensions dans la région.  En outre, a-t-il averti, la construction de centrales hydroélectriques de dimensions « grandioses » dans une région très montagneuse et dans une zone fortement sismique risque de provoquer une « catastrophe dévastatrice » pour l’humanité.

M. Kamilov s’est par ailleurs félicité du fait qu’au cours des 10 dernières années, le PIB de l’Ouzbékistan avait augmenté de plus de 8%.  Il a aussi indiqué que 60% des dépenses de l’État financent le développement social, dont 34,3% sont allouées à l’éducation.  Les femmes représentent 45,4% de la force de travail, et les taux de mortalité maternelle et infantile ont baissé, a-t-il ajouté.

M. ALI AHMED KARTI, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a demandé la levée des sanctions internationales politiques et financières imposées à son pays.  Il a expliqué cette démarche par le fait que le « Soudan participe activement à la paix et à la sécurité régionales ».  Il a pris l’exemple du Soudan du Sud, « où le Soudan a offert son appui humanitaire aux 100 000 personnes déplacés à cause du conflit dans ce pays ».  Le Soudan a aussi participé aux efforts déployés, au sein de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), à la recherche de solution à la crise dans ce pays, a dit M. Karti.  En Libye, le Soudan cherche activement, avec d’autres pays de la région, une issue à la crise libyenne.  Avec l’Égypte, a ajouté le Ministre, le Soudan poursuit le dialogue concernant la gestion des eaux du Nil bleu.  Avec le Tchad et en République centrafricaine, le Soudan mène des actions communes pour le contrôle des trafics d’armes et d’êtres humains, a annoncé M. Karti.

Passant à la situation au Moyen-Orient, le Ministre soudanais a demandé que des mesures rapides soient prises pour établir une paix durable dans la région et a « exigé » que des mesures soient prises en faveur des Palestiniens, dont les infrastructures ont été détruites par la guerre menée par Israël.  L’impunité d’Israël alimente les extrémistes du monde entier, a soutenu le Ministre soudanais des affaires étrangères qui a ensuite dénoncé « la persistance de la pauvreté et du chômage à quelques mois de la fin de la période réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement ».  Pour ce qui est du programme de développement pour l’après-2015, M. Karti a demandé que les partenaires au développement prennent des actions pour suspendre certains types de mesures de coercition, comme les sanctions unilatérales, « qui sont contraires à la Déclaration du Millénaire, adoptée par l’Assemblée en 2000 ».  Ce programme devra également prévoir des mesures d’annulation des dettes et bannir les politiques d’exclusion, tout en recommandant la facilitation des transferts de technologies, l’amélioration des relations Nord-Sud, et le renforcement du rôle de l’ONU, a souhaité M. Karti.

M. CARLOS RAÚL MORALES, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a déclaré que le programme « Faim Zéro » de son pays avait largement contribué à réduire la malnutrition chronique des enfants.  De même, grâce au « Pacte pour la paix, la sécurité et la justice », et en dépit d’une situation sécuritaire complexe, le nombre d’homicides a diminué de 25% au Guatemala entre 2011 et 2014.  Le pays se rapproche des niveaux de sécurité atteints après la signature des accords de paix en 1996.

Le Ministre a salué le travail accompli par la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG), dont le mandat prendra fin l’année prochaine, qui a consolidé les institutions et les poursuites pénales lancées contre les réseaux mafieux.  Il a ensuite fait remarquer que son pays avait progressé dans l’index de compétitivité établi par le Forum économique mondial.  Des mesures ont été prises pour réduire les procédures bureaucratiques et promouvoir une économie durable et des sources d’énergie renouvelable, a indiqué le Ministre guatémaltèque.

M. Morales a ensuite annoncé la signature d’un accord « historique » entre son pays et le Mexique pour lancer un projet de transport de gaz du Golfe du Mexique vers le Guatemala et l’Amérique centrale.  En outre, le Guatemala a négocié 15 accords bilatéraux importants avec le Belize lesquels vont renforcer les relations entre les deux pays.

La crise des enfants migrants d’Amérique centrale qui a récemment éclaté à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, « provoquée par divers facteurs, tant en Amérique centrale qu’aux États-Unis », a souligné combien il est important de progresser vers la prospérité dans la région, a poursuivi le Ministre.  Cette crise requiert, a-t-il estimé, une réponse stratégique pour s’attaquer aux racines structurelles du phénomène.  Le Honduras, El Salvador et le Guatemala doivent travailler ensemble, tandis que les États-Unis doivent gérer « de façon lucide » leur main-d’œuvre temporaire et s’efforcer de résoudre la situation des immigrants clandestins.  Avant tout, a-t-il ajouté, « nous devons éviter de criminaliser les migrants, car la migration n’est ni un crime, ni un pêché; ce sont les réseaux de traite des êtres humains qui sont criminels », et font la promotion de la corruption, de l’extorsion, des enlèvements, et des violences sexuelles, a dénoncé M. Morales. 

Enfin, a-t-il indiqué, le Guatemala appuiera la session extraordinaire de l’Assemblée générale en 2016 consacrée au problème de la drogue.  À ce sujet, M. Morales a dit que les objectifs retenus doivent être réalistes et mesurables.  « Il faut mettre fin aux trafics et aussi mettre fin aux fausses promesses », a-t-il espéré.

M. HARRY KALABA, Ministre des affaires étrangères de la Zambie, a fait part de la grave inquiétude qu’inspire à son pays la crise sanitaire urgente provoquée par l’irruption de l’épidémie d’Ebola dans certaines parties de l’Afrique, y voyant un défi pour l’humanité toute entière.  Il a appelé les États Membres à s’impliquer davantage pour trouver une issue à la crise.  Il a également souligné que les questions sanitaires mondiales sont d’importants paramètres pour juger le niveau de développement mondial et les besoins qui se posent.  La crise d’Ebola, ainsi que le paludisme, la tuberculose, le VIH/sida et les maladies non transmissibles nécessitent l’adoption d’une approche mondiale concertée, a-t-il estimé.

Après avoir dénoncé des actions du groupe terroriste Boko Haram et s’être inquiété de la situation en Ukraine, M. Kalaba s’est félicité des progrès réalisés dans le cadre des négociations pour la définition du programme de développement pour l’après-2015.  Il a insisté sur l’importance de répondre dûment à la question des moyens de mise en œuvre.  Si une réponse satisfaisante n’est pas trouvée, a-t-il averti, « nous encourons le risque de transformer ce noble effort en un exercice futile ».  Il a estimé que les problèmes posés par les changements climatiques, la pauvreté, l’emploi des jeunes et l’absence d’autonomisation des femmes, entre autres, méritent une attention particulière.

Le Ministre a ensuite indiqué que la Zambie redouble d’efforts pour mettre un terme aux mariages d’enfants et aux mariages forcés.  Il a expliqué que ce phénomène est principalement dû à la pauvreté de certaines familles et aux tentatives de certains criminels organisés de profiter de la vente de jeunes filles.  La Zambie a organisé, au mois de juillet de cette année, un symposium national de trois jours sur ce problème, a-t-il indiqué.  M. Kalaba a expliqué que l’éducation des filles et l’autonomisation socioéconomique des femmes comptent parmi les principales priorités de son gouvernement.

Il s’est ensuite inquiété du peu de progrès réalisés dans le cadre des négociations portant sur la réforme du Conseil de sécurité.  Il a par ailleurs annoncé que la Zambie avait été nommée à la tête du Groupe des pays en développement sans littoral.  Rappelant que le Programme d’action d’Almaty était arrivé à son terme et sera examiné lors du prochain sommet des pays en développement sans littoral, qui doit se tenir à Vienne, en Autriche, le mois prochain, il a appelé l’ensemble des États Membres à assurer le succès de cette conférence.

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, le représentant de l’Inde a dit que le peuple du Jammu-et-Cachemire avait pacifiquement choisi son destin et a rejeté les observations « non justifiées et indéfendables » faites au cours du débat par le Premier Ministre du Pakistan.

Prenant ensuite la parole pour exercer à son tour son droit de réponse, le représentant de l’Arménie a dit que « les autorités de l’Azerbaïdjan semblent commencer à croire en leurs propres mensonges », répondant ainsi à des accusations de l’Azerbaïdjan.  Personne ne pense que l’Arménie est dans le rôle du méchant concernant la question du Nagorno-Karabakh, a dit le représentant.  Il a parlé des débuts du conflit et a affirmé que la population du Nagorno-Karabakh avait exercé son droit à l’autodétermination.  Il a évoqué les grandes lignes de l’histoire récente de cette région.  Au moment de la dissolution de l’URSS, a-t-il dit, le Nagorno-Karabakh était déjà indépendant et toute ingérence de l’Azerbaïdjan dans cette région était de ce fait un acte d’agression, a-t-il stipulé.  Le représentant a ensuite affirmé que le site du Président azerbaïdjanais contient une vidéo dans laquelle il réclame une solution militaire au conflit.  Il a ensuite indiqué que des monuments médiévaux arméniens ont été détruits au cours du conflit.

À son tour, la représentante de l’Azerbaïdjan a accusé la délégation arménienne de déformer l’histoire et d’être « obsédée » par la volonté d’imposer un fait accompli.  Elle a dit que le Conseil de sécurité avait adopté plusieurs résolutions qui exigent « le retrait inconditionnel des forces armées des territoires azerbaïdjanais ».  L’Azerbaïdjan n’est en aucun cas responsable du fait que l’Arménie ne s’est toujours pas retirée d’une partie de son territoire, a-t-elle dit.  Comment l’Azerbaïdjan peut-il être l’agresseur si son territoire est occupé et quand un Azerbaïdjanais sur 8 est réfugié ou déplacé?  La déléguée a aussi déclaré que les attaques contre des civils sont le fait des forces arméniennes et a argué que les civils attaqués dans un incident récent se trouvaient en territoire international.  L’Arménie se présente comme une victime éternelle tout en niant son rôle dans le conflit, a-t-elle accusé.  La représentante a ensuite appelé la communauté internationale à examiner les faits.

Le représentant de l’Arménie est de nouveau intervenu dans le cadre des droits de réponse et a accusé l’Azerbaïdjan d’avoir procédé à des massacres et des bombardements au Nagorno-Karabakh.  Les Arméniens représentent une majorité au Nagorno-Karabakh a dit le représentant.  L’Arménie a par ailleurs accepté 650 000 réfugiés, a-t-il indiqué et aucun Azerbaïdjanais n’a de droit moral historique pour dire au peuple du Nagorno-Karabach comment être indépendant.

La représentante de l’Azerbaïdjan a repris, elle aussi, la parole et a dit que l’affirmation selon laquelle « le régime fantoche du Nagorno-Karabach est indépendant est un mensonge ».  Les dirigeants arméniens ont pratiqué des expulsions à grande échelle et un nettoyage ethnique, a-t-elle affirmé.  En revanche, a-t-elle dit, l’Azerbaïdjan est uni dans sa diversité.  Quand un chef d’État est fier de son implication dans des atrocités, aucune autre observation n’est possible, a-t-elle conclu en accusant les dirigeants arméniens de tueries.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

« Le monde doit stopper Ebola maintenant », déclare M. Ban Ki-moon lors d’une réunion de haut niveau sur la réponse de l’ONU à l’épidémie

SG/2207

« Le monde doit stopper Ebola maintenant », déclare M. Ban Ki-moon lors d’une réunion de haut niveau sur la réponse de l’ONU à l’épidémie

25/9/2014
Secrétaire généralSG/2207
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Réunion de haut niveau

« La riposte à l’épidémie à virus Ebola »

Matin


« LE MONDE DOIT STOPPER EBOLA MAINTENANT », DÉCLARE M. BAN KI-MOON LORS

D’UNE RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LA RÉPONSE DE L’ONU À L’ÉPIDÉMIE


« Le monde peut et doit stopper Ebola, maintenant », a déclaré, aujourd’hui, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.  Lors d’une réunion de haut niveau, qui s’est tenue en marge de la soixante-neuvième session de Assemblée générale, à New York, le Chef de l’ONU a demandé instamment aux États Membres de venir activement en aide aux peuples de la Guinée, du Libéria et de la Sierra-Leone qui, a-t-il souligné, font directement face à l’épidémie d’Ebola « la plus importante et mortelle que le monde ait connue ».


La réunion, marquée par la participation de la Directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Mme Margaret Chan, du Président de la Banque mondiale, M. Jim Kim, et du Président des États-Unis, M. Barack Obama, a été l’occasion de faire le point sur la situation en Afrique de l’Ouest et de mobiliser la communauté internationale.  Sur ce dernier point, l’Union européenne et ses États membres, le Japon, la Chine et le Timor-Leste ont fait d’importantes annonces de contributions financières.


M. Ban a assuré que le système de l’ONU dans son ensemble était à pied d’œuvre pour aider les pays les plus touchés à venir à bout d’Ebola.  Outre l’OMS et la Banque mondiale, « la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), ainsi que les institutions spécialisées, fonds et programmes des Nations Unies fournissent une assistance dans la région depuis des mois », a-t-il ainsi indiqué.


Avant cela, M. Ban avait rappelé qu’Ebola « fait rage », tuant chaque jour plus de 200 personnes, les deux tiers des victimes étant des femmes.  Il a ensuite précisé que la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola MINUAUCE, dirigée par son Représentant spécial, M. Anthony Banbury, aurait pour tâche principale d’appuyer les efforts de prévention à travers toute la région. 


« Chaque jour, chaque minute compte », a souligné avec gravité Mme Chan, en insistant sur la nécessité d’adjoindre aux centres de traitement une fourniture de soins respectueuse des réalités culturelles locales.  « Dans un monde humain, nous ne pouvons laisser les peuples d’Afrique de l’Ouest souffrir autant », a aussi déclaré la Directrice générale de l’OMS.


De son côté, M. Jim Kim a indiqué que la Banque mondiale avait approuvé et décaissé 105 millions de dollars il y a neuf jours et qu’elle demeurait engager à allouer un total de 40 millions à la riposte contre Ebola.  Il a par ailleurs cité les prévisions alarmistes de United States Centers for Disease Control and Prevention selon lesquelles un million de personnes au Libéria et en Sierra Leone pourraient être infectées d’ici à la fin de l’année, provoquant en outre un effacement des impressionnants gains de productivité réalisés ces dernières années par l’Afrique.  « Ce qui est en jeu, c’est rien moins que l’effondrement du continent », a-t-il averti.


Premier dirigeant politique à prendre la parole, le Président Barack Obama a souligné que l’épidémie d’Ebola était plus qu’une crise sanitaire: « Elle est une menace croissante à la sécurité régionale et globale », a-t-il affirmé.  Constatant qu’au Libéria, en Guinée et en Sierra Leone les systèmes de santé se sont effondrés, le Président américain a noté que si l’économie de ces mêmes pays continuait à ralentir au rythme actuel, c’est la région tout entière qui courrait à la catastrophe humanitaire.  « Il est dans l’intérêt de tous de stopper Ebola », a-t-il clamé.  M. Obama a interpellé les États Membres en les exhortant à mettre d’urgence à disposition davantage de services aériens, de matériel d’évacuation médicale, de docteurs ou encore de traitements.  Il a répété qu’agir vite pourrait faire la différence entre 10, 20 ou 30 000 morts et des centaines, voire des millions de victimes.


S’agissant des annonces de contributions, l’Union européenne, par la voix du Président de sa Commission, M. José Manuel Barroso, a promis 30 millions d’euros d’aide humanitaire.  « L’Union européenne est mobilisée depuis les premières phases de la crise et a déjà largement contribué à l’effort commun », a rappelé M. Barroso, qui a précisé qu’avec ce don supplémentaire de 30 millions, l’Union européenne avait déjà contribué à hauteur de près de 150 millions d’euros.  Il a toutefois signalé que le financement n’était pas tout, l’essentiel devant être, selon lui, de garantir que l’aide humanitaire parvienne jusqu’aux zones les plus touchées.  « Nous devons isoler la maladie, et non pas les pays », a-t-il insisté.


Le Ministre français des affaires étrangères, M. Laurent Fabius, qui a réaffirmé la détermination de la France à être au rendez-vous de la lutte contre Ebola, a indiqué que son pays consacrerait 70 millions d’euros à l’effort global.  « Ebola n’est pas qu’une épidémie, a-t-il dit, c’est une catastrophe », en rappelant l’attachement de la France aux pays touchés et le fait que ce sont des instituts français de recherche médicale qui ont identifié les premiers la maladie.


M. James Duddridge, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères du Royaume-Uni, a annoncé que les contributions de son pays atteignaient les 160 millions de dollars.  « L’Allemagne, pour sa part, a déjà fait don de 25 millions d’euros à l’UNICEF et à des ONG œuvrant sur le terrain », a fait savoir le Ministre allemand des affaires étrangères », M. Frank-Walter Steinmeier.  Son homologue de la République de Corée, M. Yun Byung-se, a indiqué que son gouvernement, pour l’heure, a alloué 5 millions de dollars à la riposte contre Ebola.  La Chine, par la voix de son Ministre des affaires étrangères, a indiqué qu’à ce stade, elle avait versé près de 40 millions de dollars d’aide pour le financement de la lutte contre l’épidémie.


Le Président de la Côte d’Ivoire, M. Alassane Ouattara, a expliqué que son pays se montrait solidaire avec les pays affectés depuis le début la crise.  « À ce stade, nous avons contribué à hauteur d’un million de dollars au Fonds de soutien mis en place par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO) ».  « Par ailleurs, nous envisageons, dès la semaine prochaine, la reprise du trafic aérien avec les pays voisins.  Nous avons également autorisé la réouverture de nos ports pour permettre aux contingents américains de se rendre dans les pays touchés », a ensuite détaillé M. Ouattara.  Il a aussi recommandé que l’effort porte sur la prévention dans les pays à risques, comme la Côte d’Ivoire, afin d’éviter une propagation qui deviendrait « incontrôlable » de la maladie.


Le Président de la Commission de la CEDEAO, M. Kadré Désiré Ouédraogo, est intervenu pour préciser que la CEDEAO avait réagi en mettant en place un comité ministériel composé des ministres de la santé de ses États membres, qui s’est réuni récemment à Accra, au Ghana, pour prendre des mesures de prévention.


Représenté par son Premier Ministre, M. Shinzo Abe, le Japon a annoncé une contribution de 40 millions de dollars pour soutenir les efforts de l’ONU et d’autres organisations de terrain pour faire face à Ebola dans toute l’Afrique de l’Ouest.  De son côté, Cuba, par la voix de son Ministre des affaires étrangères, M. Bruno Eduardo Rodriguez Parilla, s’est engagé à envoyer « gratuitement » quelque 300 docteurs et infirmières supplémentaires dans la région.  « Au nom de mon gouvernement et du peuple du Timor-Leste, nous verserons 1 million de dollars au titre de la coopération Sud-Sud », a annoncé pour sa part le Premier Ministre timorais, M. Kay Rala Xanana Gusmão.  Le Ministre nigérian des affaires étrangères, M. Aminu Wali, a indiqué que le Nigéria avait consacré 3,5 millions de dollars au Fonds de la CEDEAO.


Les trois pays les plus affectés par l’épidémie ont salué la décision que le Conseil de sécurité a prise en vertu de sa résolution 2177 (2014), qualifiant l’épidémie d’Ebola de menace à la paix et à la sécurité internationales.  Le Président de la Guinée, M. Alpha Condé, a ainsi estimé que la riposte contre Ebola devait être l’occasion de renforcer les infrastructures de son pays, du Libéria et de la Sierra Leone, afin de relancer durablement la croissance économique dans ces pays et de préserver la stabilité de la région.  Il a par ailleurs souligné la nécessité de mieux comprendre Ebola « pour que les gens en aient moins peur et apprennent à se protéger plus efficacement ».  « Ebola est une grave maladie, ce n’est pas une fatalité », a-t-il déclaré.


Pour sa part, le Président sierra-léonais, M. Ernest Bai Koroma, a mis l’accent sur l’urgence de la situation en comparant la réponse internationale devant être apportée à la diffusion de la maladie à celle réservée habituellement aux catastrophes naturelles. 


La Présidente du Libéria, Mme Ellen Johnson-Sirleaf, a insisté sur la dimension culturelle de l’épidémie.  S’adressant à la communauté internationale, elle a plaidé pour une approche consciente du poids des traditions: « La famille libérienne est au chevet de ses proches malades et elle ne comprend pas toujours que des étrangers leur demandent de s’éloigner de leur fils ou de leur mère en train de saigner ou de vomir », a-t-elle dit.  « Comprendre nos traditions, c’est mieux comprendre comment lutter contre la maladie de manière unie », a-t-elle dit.


Les participants à la réunion de haut niveau ont par ailleurs rendu un hommage unanime aux plus de 300 travailleurs sanitaires ayant perdu la vie depuis le début de l’épidémie.  Présidente de Médecins Sans Frontières International, Mme Joanne Liu a remercié les donateurs et le système des Nations Unies de leurs efforts tout en les invitant à faire suivre d’effets leurs promesses, sans tarder.  « Il est indispensable de maintenir une bonne qualité de soins dans un tel contexte de pénurie, de manque et de peur », a-t-elle fait observer.  « Aujourd’hui, Ebola est en train de gagner et ne pas agir vite, c’est se rendre complice de la maladie », a prévenu Mme Liu. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le développement, seule réponse durable face au désespoir, affirment plusieurs Chefs d’État et de gouvernement

AG/11562

Le développement, seule réponse durable face au désespoir, affirment plusieurs Chefs d’État et de gouvernement

25/9/2014
Assemblée généraleAG/11562
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-neuvième session

9e, 10e et 11e séances plénières

Matin, après-midi & soir                                   


LE DÉVELOPPEMENT, SEULE RÉPONSE DURABLE FACE AU DÉSESPOIR,

AFFIRMENT PLUSIEURS CHEFS D’ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT


Au deuxième jour du débat général de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, plusieurs chefs d’État et de gouvernement ont, aujourd’hui, insisté sur la nécessité de concentrer les efforts de la communauté internationale sur l’élimination de la pauvreté et la réduction des inégalités, deux fléaux qui alimentent l’extrémisme et le terrorisme. 


« Le monde aujourd’hui est à la croisée des chemins: soit la communauté internationale apporte son appui aux pays en développement, pour qu’ils puissent avancer et assurer la sécurité et la stabilité dans leurs régions respectives, soit nous aurons tous à supporter les conséquences de la montée des démons de l’extrémisme, de la violence et du terrorisme, qu’alimente le sentiment d’injustice et d’exclusion, et auquel aucun endroit au monde ne pourra échapper », a déclaré le Premier Ministre du Maroc, M. Abdelilah Benkirane, lisant l’allocution du Roi Mohammed VI.


« Le terrorisme puise ses racines dans la pauvreté, le chômage, la discrimination, l’humiliation et l’injustice, et prospère dans la culture de violence », a constaté pour sa part le Président de la République islamique d’Iran, M. Hassan Rouhani, qui a mis l’accent sur la nécessité de favoriser la justice et le développement.


Le Chef du Gouvernement italien, M. Matteo Renzi, a lui, exhorté les États Membres à « ne pas se voiler la face et à garder à l’esprit les erreurs du passé ».  « La communauté internationale, qui, hier, a été silencieuse à Srebrenica, doit retrouver une définition de l’espoir pour que cessent les bains de sang au Moyen-Orient et en Afrique », a-t-il dit.


Son homologue éthiopien, M. Hailemariam Dessalegn, a souligné pour sa part que l’efficacité du programme de développement pour l’après-2015 dépendrait, entre autres, de la réussite de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra à Addis-Abeba, en juillet 2015.


« La seule réponse durable au désespoir c’est le développement », a estimé le Président du Conseil européen, M. Herman Van Rompuy, qui a ensuite salué les engagements de l’ONU pour la promotion des objectifs de développement, la lutte contre les changements climatiques et le virus Ebola, « peste des temps modernes », selon lui.   


« L’après-2015 est déjà là et l’élaboration d’un programme de développement au-delà de cette échéance exige, au préalable, de faire un bilan de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) », a proposé le Président du Niger, M. Mahamadou Issoufou, qui a relevé que de « vastes écarts persistent » pour atteindre certains OMD. 


« Élaborer et concrétiser un programme de développement porteur de transformation pour l’après-2015 » est le thème du débat général de cette soixante-neuvième session.


Le Premier Ministre de la Norvège, Mme Erna Solberg, a demandé que les négociations relatives au programme de développement pour l’après-2015 incluent les questions relatives à la paix et à la stabilité et répondent au défi des changements climatiques.


Dans un discours passionné en faveur des petits États insulaires en développement, le Président des Palaos, M. Tommy Esang Remengesau, a critiqué le projet de programme de développement pour l’après-2015 et ses 17 objectifs, trop éparpillés.  « Un agenda sur tout est un agenda sur rien » et « les solutions à taille unique ne sont pas des solutions », a-t-il commenté, en réclamant que l’on se concentre sur une réponse « commune mais différenciée ».


Plusieurs intervenants, dont le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, M. Gaston Alphonso Browne, ont toutefois exhorté à une « démocratisation des Nations Unies », et ce, afin que « tous les pays aient voix au chapitre sur les questions qui les touchent directement ».


Dans l’objectif d’un renforcement de l’économie mondiale, le Premier Ministre de l’Australie, M. Tony Abbott, a préconisé, de son côté, une libéralisation des échanges, un investissement accru dans les infrastructures, ainsi que le renforcement et la modernisation du système fiscal international et des institutions économiques mondiales. 


Dans ce monde que d’aucuns ont décrit comme « de tous les dangers », des lueurs d’espoir subsistent toutefois.  Ainsi, le Président de la Colombie, M. Juan Manuel Santos Calderón, a-t-il annoncé qu’à l’issue de « près d’un demi-siècle de conflit, son pays « connaîtrait très bientôt la paix », grâce au processus de négociations entamé il y a deux années à La Havane avec les représentants des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).


S’agissant du développement de l’Afrique, le Président nigérien a estimé que le continent devait « sortir de l’échange inégal, du pacte colonial qui en fait un simple réservoir de matières premières ».


« L’Afrique sera le continent du XXIe siècle le jour où ses rapports avec les autres nations seront régis par le commerce équitable et non par l’aide publique au développement; le jour où naîtra une immense classe moyenne qui sera la conséquence d’une bonne gouvernance politique et économique », a-t-il dit. 


Par ailleurs, le Chef de l’État iranien a formé l’espoir que les négociations portant sur le programme nucléaire de son pays avec les gouvernements des « E3+3 » (Allemagne, France, Royaume-Uni, Chine, États-Unis, Fédération de Russie) aboutiraient à un « accord final dans la courte période encore impartie ».


L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain à partir de 9 heures.



Suite du débat général


Pour M. ISSOUFOU MAHAMADOU, Président du Niger, l’après-2015 est déjà là et l’élaboration d’un programme de développement au-delà de cette échéance exige, au préalable, de faire un bilan de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  En dépit des progrès remarquables enregistrés dans leur application, de vastes écarts persistent pour certains. 


S’agissant du Niger, il a réussi à atteindre certains objectifs comme la réduction de moitié des personnes souffrant de la faim ou encore la baisse de la prévalence du VIH/sida.  En ce qui concerne les autres objectifs, des efforts importants ont été réalisés mais ils n’ont pu être atteints en dépit de la mise en œuvre du Programme de renaissance en cours depuis l’élection de M. Mahamadou en 2011.  Il partage l’avis selon lequel les OMD non atteints doivent être retenus dans l’élaboration du programme post-2015, dans lequel le dividende démographique devrait être une priorité selon lui. 


Rappelant que ce programme sera dominé par les trois « D », défense (sécurité), démocratie et développement, M. Mahamadou a regretté que la paix et la sécurité mondiales étaient actuellement menacées par le terrorisme, le crime organisé, les revendications identitaires et par l’accroissement des inégalités qui ont pour conséquence l’aggravation de la pauvreté dans le monde.  « De l’Iraq à la Libye, de la Syrie au Nigéria, du Mali à la Somalie, les ennemis porteurs de la menace terroriste font un combat non conventionnel, asymétrique.  Ils mènent une propagande par les actes, cherchent à contrôler les populations par la terreur », a souligné le Président pour lequel la guerre menée contre eux n’est plus conventionnelle, mais une guerre au sein de la population.


Cela suppose une réforme des armées avec des forces spéciales capables de s’adapter aux méthodes de l’ennemi.  Pour éradiquer l’État islamique en Iraq et au Levant et le Front el-Nosra, pour neutraliser les organisations djihadistes en Libye, pour vaincre Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et les Mourabitoun au Sahel, pour chasser les Chabab de Somalie, pour étouffer Boko Haram au Nigéria, la communauté internationale doit se fixer un but commun et adopter une stratégie commune, en concertation avec les pays concernés, a expliqué M. Mahamadou.


En tant que pays voisin de la Libye, du Mali et du Nigéria, le Niger est très préoccupé par la situation qui prévaut dans ces pays.  Le Président est d’avis que pour neutraliser les milices libyennes et réconcilier tous les Libyens, former un gouvernement d’union nationale, il faudrait que la Mission d’appui actuelle des Nations Unies soit remplacée par une structure plus robuste, en l’occurrence une mission de stabilisation et d’édification des institutions et cette responsabilité revient à la communauté internationale.  Il a également annoncé la participation de son pays à la prochaine réunion de Niamey en octobre 2014 à laquelle participent le Bénin, le Nigéria, le Cameroun et le Tchad pour mutualiser les efforts de lutte contre Boko Haram.  M. Mahamadou salue en outre le dialogue intermalien inclusif qui se déroule actuellement sous l’égide de l’Algérie.


« L’avenir de l’Afrique est dans son union.  La meilleure façon de sortir des frontières héritées de la colonisation n’est pas de créer de nouvelles frontières sur des bases ethniques ou confessionnelles mais de dépasser les frontières actuelles par l’intégration », a affirmé le Président.  S’il partage l’avis selon lequel « l’Afrique est le continent du XXIe siècle » avec ses taux de croissance élevés, il a toutefois conditionné cette réalité par le fait que le continent doit sortir de l’échange inégal, du pacte colonial qui en fait un simple réservoir de matières premières.  Pour M. Mahamadou, l’Afrique sera le continent du XXI siècle le jour où ses rapports avec les autres nations seront régis par le commerce équitable et non par l’aide publique au développement; le jour où naîtra une immense classe moyenne qui sera la conséquence d’une bonne gouvernance politique et économique.


M. ANDREJ KISKA, Président de la Slovaquie, a affirmé que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le programme de développement pour l’après-2015 et le défi du climat devaient constituer davantage qu’une base théorique de discussion.  Ces objectifs doivent identifier, régler, proposer des solutions et résoudre les questions qui, dans une ou deux générations, pourraient mener l’espèce humaine à l’extrémité de sa propre existence, a-t-il déclaré.


Il a ensuite réaffirmé la primauté du multilatéralisme et de la coopération internationale dans tous les domaines, y compris face aux conflits.  M. Kiska a rappelé qu’il y a 20 ans, l’Ukraine avait abandonné son programme nucléaire en échange de garanties de sécurité et d’intégrité territoriales de la part des membres permanents du Conseil de sécurité – États-Unis, Royaume-Uni, Chine, France et Fédération de Russie. 


« Aujourd’hui, au lieu de marquer cette avancée majeure pour l’Europe, nous assistons à un conflit armé et à une instabilité politique dans ce pays », a déploré le Chef de l’État slovaque, pour qui le dialogue et l’approche diplomatique sont les seules réponses au conflit en cours, un dialogue auquel la Fédération de Russie doit prendre part.  « Aujourd’hui, au lieu de bâtir un monde exempt d’armes de destruction massive, nous encourageons ces pays à chercher leur sécurité dans le développement de leur arsenal nucléaire.  De manière regrettable, nous oublions la tragédie d’Hiroshima et Nagasaki », a-t-il dit.


En Ukraine, les Nations Unies doivent jouer un rôle majeur.  « Nous devons respecter l’intégrité et la souveraineté territoriales du peuple ukrainien, qui doit pouvoir décider de son sort de manière libre et indépendante.  Ce dont l’Ukraine a besoin aujourd’hui, c’est de rétablir la paix et la stabilité et de mettre en œuvre les réformes, tout en étant assurée des garanties d’inviolabilité de son territoire », a ajouté le Président.


Cette situation l’a conduit à se poser la question de savoir où, concrètement, se trouvait le « bouclier protecteur » des Nations Unies.  Qui aurait pu imaginer, il y encore un an, la montée en puissance de l’État islamique de l’Iraq et du Levant, a-t-il lancé, encourageant la communauté internationale à faire preuve d’unité et à empêcher cette organisation de consolider son pouvoir militaire et économique en Iraq.


Enfin, pour le Président slovaque, la réforme du secteur de la sécurité est un des facteurs déterminants d’une paix durable.  À cet égard, il a réitéré le soutien de son gouvernement auprès de l’Afghanistan, se félicitant de l’accord auquel étaient parvenus les deux candidats présidentiels. 


M. JOHN DRAMANI MAHAMA, Président du Ghana, a fait part de son impression de « déjà vu » face aux problèmes récurrents du monde et aux tensions qui essaiment à travers la planète.  Il a ainsi cité en exemple la situation en Iraq où des otages sont sauvagement abattus aujourd’hui, comme ils l’étaient en 2004, tout comme les récents combats à Gaza qui rappellent, a-t-il relevé, ceux de 2005 au même endroit. 


Il a en outre souligné que les récentes violences aux États-Unis, à la suite de supposées brutalités policières contre des noirs, semblaient rappeler les émeutes survenues à la suite de la mort du jeune Guinéen de 23 ans Amadou Diallo, abattu à New York en 1999 par des policiers.  Au vu de ces faits répétitifs, « sommes-nous en train de régresser ou alors faisons-nous du surplace en dépit de changements apparents? », s’est interrogé le Président.  Il a en outre rappelé que le deuxième Secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjöld, avait affirmé que « la recherche de la paix et du progrès est un travail de longue haleine, et que cette quête sera meublée de succès et d’échecs, mais qu’elle ne doit jamais être abandonnée ». 


M. Mahama a par ailleurs déclaré qu’en tant que Président de la Commission économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), il avait visité récemment les trois pays les plus affectés par le virus Ebola: la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone.  Il a déploré le fait que les malades soient isolés et parfois abandonnés faute de moyens pour leur prise en charge.  Il a dit avoir été choqué, dans ces trois pays, de constater que les aéroports étaient complètement vides du fait des interdictions de vols dont ils sont victimes. 


Il a rappelé que le virus Ebola ne connaissait pas de frontières, et que, de ce fait, le monde devait agir, comme l’a fait le Ghana qui a offert d’accueillir, à Accra, la base opérationnelle de la Mission des Nations Unies pour l'action d’urgence contre l’Ebola (UNMEER).  Il a souligné que le virus Ebola s’était répandu aussi rapidement en Afrique de l’Ouest en raison de la politique sous-régionale de fluidité des frontières qui est promue depuis plusieurs décennies. 


Il a aussi fait part de son inquiétude face à la politique de libre circulation des hommes et des biens, laquelle pourrait favoriser la circulation de maladies, de drogues, d’armes ou encore de terroristes.  Sur ce dernier point, le Président a dit sa crainte de voir le terrorisme s’installer durablement en Afrique, un continent qui compte 60% de sa population qui a moins de 35 ans, et qui stagne sous la pauvreté.  Il a jugé opportun que les pays du continent puissent coordonner leurs efforts pour lutter contre ce fléau. 


M. Mahama a ensuite évoqué les problèmes économiques de l’Afrique en général et du Ghana en particulier, rappelant que l’an dernier, dans ce même contexte, il avait appelé à des partenariats avec le continent, et non plus seulement à de la sympathie.  Sur un tout autre plan, il a déclaré qu’avec la commémoration du vingtième anniversaire de la Conférence mondiale sur les femmes de Beijing, le Ghana, qui fêtera également le quarantième anniversaire de la mise sur pied du Conseil national sur les femmes et le développement, était fier d’avoir, aujourd’hui, un nombre inégalé de femmes occupant des hautes fonctions dans l’administration publique. 


Le Président ghanéen a conclu son propos en invitant la communauté internationale à plus de compassion et de tolérance, et a souhaité une bonne année aux juifs, tout en présentant ses vœux aux musulmans qui vont célébrer, la semaine prochaine, la fête du sacrifice.


M. HASSAN ROUHANI, Président de la République islamique d’Iran, a déclaré d’emblée qu’il venait d’une région du monde où de nombreuses parties brûlaient sous le feu de l’extrémisme et du radicalisme.  « À l’est et à l’ouest de mon pays, des extrémistes menacent nos voisins, recourent à la violence et au bain de sang. Ils ne parlent pas une seule langue; n’ont pas la même couleur de peau ni la même nationalité; ils sont venus au Moyen-Orient du monde entier. »  Mais ils ont néanmoins une seule idéologie: « violence et extrémisme ».  Et un objectif unique: « la destruction de la civilisation, la montée de l’islamophobie et la création d’un terrain fertile pour de nouvelles interventions de forces étrangères dans notre région », a-t-il ajouté, en regrettant la mondialisation du terrorisme et le fait que les extrémistes du monde se sont trouvés les uns les autres sous le cri de ralliement « Extrémistes du monde, unissez-vous! »


Le Président iranien a affirmé que certains pays avaient aidé à la création de l’extrémisme et, à présent, ils n’arrivaient pas à y faire face.  Ce sont nos populations qui en paient le prix, a-t-il constaté, rappelant que l’anti-occidentalisme actuel était le résultat du colonialisme d’hier, et une réaction au racisme de jadis.  Certaines agences de renseignement ont mis les couperets dans les mains de fous qui, désormais, n’épargnent personne.  Tous ceux qui ont joué un rôle dans l’établissement et le soutien à ces groupes terroristes doivent admettre leurs erreurs, qui ont conduit à l’extrémisme, et présenter leurs excuses non seulement aux générations passées mais également futures, a-t-il déclaré.


M. Rouhani a affirmé que le terrorisme puisait ses racines dans la pauvreté, le chômage, la discrimination, l’humiliation et l’injustice, et prospérait dans la culture de violence.  En conséquence, pour l’extirper de nos sociétés, il importe de favoriser la justice et le développement, en faisant barrage à la distorsion des enseignements divins pour justifier la brutalité et la cruauté.  La douleur n’en est que plus forte lorsque ces terroristes font couler le sang au nom de la religion et décapitent au nom de l’islam, a-t-il insisté, en se déclarant étonné que ces groupes meurtriers se font appeler « islamiques », et, plus étonnant encore, que les médias occidentaux répercutent cette contrevérité, contribuant ainsi à alimenter la haine envers tous les musulmans, lesquels, à leur tour, perçoivent cette diffamation comme faisant partie d’un projet islamophobe.


Pour le Président iranien, l’agression militaire contre l’Afghanistan et l’Iraq, et l’ingérence dans le conflit syrien sont des exemples clairs d’une approche stratégique erronée au Moyen-Orient.  De la même façon, la démocratie ne saurait être transplantée de l’étranger: la démocratie est le produit de la croissance et du développement et non de la guerre et de l’agression, a-t-il expliqué, estimant que la démocratie n’était pas un produit exporté susceptible d’être commercialement importé de l’Ouest vers l’Est.  Dans une société sous-développée, une démocratie importée mène uniquement à un gouvernement faible et vulnérable, a-t-il jugé. 


Pour M. Rouhani, la région attend qu’une fois pour toutes, le monde occidental se mette du côté de ceux qui recherchent sincèrement la démocratie et allègent ainsi les souvenirs amers de son appui aux dictateurs.  L’expérience de la création d’Al-Qaida et des groupes extrémistes modernes a montré que l’on ne saurait se servir de tels groupes pour s’opposer à un État.  Il a rappelé que l’Iran avait invité tout le monde au « dialogue » face à l’action criminelle du 11 septembre 2001, et avait préconisé un « monde exempt de violence et d’extrémisme ».


Le Moyen-Orient a soif de développement et n’aime pas la guerre, et il y existe des personnalités politiques et des élites modérés qui jouissent de la confiance du peuple, a poursuivi le Président iranien.  Ils ne sont ni pro ni anti-occidentaux, et bien que conscients du rôle du colonialisme dans le sous-développement de leurs nations, ils recherchent réellement le développement de leurs nations. 


M. Rouhani a indiqué que les voix de ces dirigeants étaient les véritables voix de la modération dans le monde islamique.  Il a estimé que si les pays à la tête de la coalition agissaient pour perpétuer leur hégémonie dans la région, ils commettaient une erreur stratégique.  En revanche, si la douleur est ressentie par les pays de la région, ils sont les plus indiqués pour former une coalition et accepter la responsabilité de chef de file pour contrecarrer la violence et le terrorisme.  Et si d’autres nations désirent agir contre le terrorisme elles peuvent alors venir apporter leur appui.


Renvoyant à la proposition de son pays « Un monde exempt de violence et d’extrémisme », qui avait recueilli un soutien général, il a déclaré que dans une région tumultueuse et chaotique comme le Moyen-Orient, l’Iran était l’une des nations les plus tranquilles, sûrs et stables.


Il a estimé par ailleurs que la question nucléaire ne pouvait être résolue que par les négociations, négociations qui se poursuivent du reste entre l’Iran et les gouvernements des « E3+3 » avec sérieux et optimisme de part et d’autre.  Les observateurs internationaux ont remarqué que l’Iran avait honoré ses engagements en toute bonne foi.  Il a espéré néanmoins que les négociations en cours aboutiront à un accord final dans la courte période encore impartie.  Il a réitéré la détermination de son pays à mener son programme nucléaire, notamment d’enrichissement, et à pleinement jouir de ses droits nucléaires sur le sol iranien dans le cadre du droit international.


Les sanctions ne feront que créer des obstacles supplémentaires sur la voie de la coopération, a-t-il commenté, en demandant aux partenaires de comprendre cela et de ne pas faire de mauvais calculs dans le processus de négociations.  Le Président iranien a aussi prié les partenaires de faire preuve de souplesse afin de s’attaquer, ensemble, à des vrais problèmes à l’échelle de région, autrement plus graves, comme celui de l’extrémisme et du terrorisme.  Il a invité à mettre fin à cette « iranophobie trompeuse » car si cela ne se fait pas, la région deviendra encore plus chaotique car la solution viendra de l’intérieur de cette région-même, a-t-il conclu en citant des versets du Coran à ce propos.          


M. MOHAMED MONCEF MARZOUKI, Président de la Tunisie, a affirmé que son pays poursuivait sa transition pacifique et, après avoir lancé un dialogue national qui a débouché sur l’adoption d’une nouvelle constitution.  La Tunisie prépare actuellement des élections présidentielle et législatives d’ici à la fin de l’année.  Il a dénoncé des forces internes et externes qui continuent de saper les efforts de paix et de démocratisation, qui se sont notamment traduits par des assassinats politiques. 


Néanmoins M. Marzouki se dit confiant dans le fait que la Tunisie est un terrain fertile pour la transition démocratique tout en conciliant entre islam et démocratie.  Selon lui, la Tunisie est actuellement confrontée à une contre-révolution et cherche à se débarrasser des restes du despotisme.  Elle s’est engagée sur la voie du développement économique tout en étant respectueuse de l’environnement.  Pour le peuple tunisien, il s’agit de laisser le passé derrière et de se tourner résolument vers l’avenir, a estimé M. Marzouki.


Compte tenu de la situation géographique de la Tunisie, le pays est confronté à de réels problèmes de sécurité et de violence notamment des attentats terroristes.  La situation volatile en Libye affecte notamment la stabilité en Tunisie et M. Marzouki espère que la Libye parviendra rapidement à un État démocratique et stable sans intervention militaire externe. 


Il souhaite qu’elle puisse préserver le consensus national et la sécurité de tous ses citoyens.  Préoccupé par la propagation de la violence et de l’incitation à la haine dans certains pays du Moyen-Orient, M. Marzouki s’est dit scandalisé par « ces attaques contre nos frères chrétiens » et a dit avoir honte de telles pratiques qui vont à l’encontre de l’islam qui prêche la paix et la tolérance.  « Rien ne justifie cette violence qui a atteint des degrés sans précédent et il ne faut pas perdre de vue que nous appartenons tous à la famille humaine. » 


Il s’est dit déterminé à combattre ces actes qu’il impute en partie à cinq décennies de despotisme causant la pauvreté dans un camp et la richesse dans l’autre.  Toutefois, il ne pense pas que ces problèmes puissent se régler par la police et l’armée mais plutôt par la mise en place de régimes démocratiques et des économies qui bénéficient à la majorité de la population ainsi que par l’éducation.


Seules de telles politiques pourront aboutir à des sociétés unifiées et assurer un avenir meilleur aux peuples de cette région.  Il faut aboutir à la réconciliation interne et toute solution militaire risque de pérenniser la guerre.  Dans ce contexte, M. Marzouki a lancé un appel à la communauté internationale pour reconstruire Gaza et « prie Dieu » pour mettre fin au cauchemar en Syrie.


La Tunisie, en tant que membre des Nations Unies, estime qu’il est important d’avancer dans la réforme de l’ONU et soutient l’idée que le Brésil et l’Inde devraient obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité ainsi qu’un autre siège pour l’Afrique.  M. Marzouki est également revenu à la proposition qu’il avait faite l’année dernière à l’Assemblée générale, à savoir de créer une cour constitutionnelle internationale pour conseiller tous les peuples libérés et trancher sur les questions relatives à des élections irrégulières. 


Le Président tunisien a réitéré le fait que la démocratie devait être protégée et a espéré que cette proposition serait prise en considération.  M. Marzouki a également proposé que la Tunisie devienne le siège d’un des organismes onusiens.


M. JUAN MANUEL SANTOS CALDERÓN, Président de la Colombie, a déclaré que,  dans un monde marqué par des mauvaises nouvelles, le terrorisme et les maladies, il voulait apporter une lueur d’espoir à cette Assemblée: il espère, qu’après près d’un demi-siècle de conflit, la Colombie connaîtrait très bientôt la paix.  Si cela se réalise, alors l’espoir de paix est permis dans toutes les régions du monde, a assuré M. Santos Calderón qui s’est dit confiant dans le fait que cet objectif est à portée de main dans son pays. 


Le processus qui a eu lieu à la Havane au cours des deux dernières années avec les représentants des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) a été sérieux, réaliste, efficace et crédible et a conduit à des résultats concrets, a-t-il expliqué.  Un programme en cinq points a été convenu, et des accords ont d’ores et déjà été trouvés sur trois d’entre eux à savoir le développement rural global, la participation politique et le problème du trafic illicite de drogues. 


Revenant sur la question de la participation politique, M. Santos Calderón a expliqué que le but était d’élargir la démocratie, de promouvoir la participation des citoyens et de consolider la paix de manière à n’avoir jamais plus à associer « politique et armes ».  Il a également été convenu de démanteler les structures mafieuses de la drogue et de promouvoir un programme national de substitution des cultures et de développement alternatif.  L’accord prévoit en outre que les FARC mettent un terme aux relations qu’elles pourraient avoir avec les milieux de la drogue et qu’elles participent à la lutte contre ce problème. 


Les discussions sur les deux derniers points vont bon train et portent sur la question des victimes et la fin du conflit.  En effet, le conflit a fait des millions de victimes qui sont restées sans voix jusque-là et qui sont aujourd’hui placés au cœur du processus, a expliqué M. Santos Calderón.  Il s’agit de garantir leurs droits à la justice, à la réparation, à la vérité mais au-delà de tout, de faire en sorte qu’il n’y ait jamais plus de victimes, a précisé le Président.  Concrètement, dans un exercice inédit dans le monde, les victimes expliquent leurs cas et présentent leurs revendications devant des négociateurs du Gouvernement et du groupe rebelle.   Ce sont les principaux protagonistes et bénéficiaires de la paix, a assuré M. Santos Calderón.


De plus, un sous-comité formé de militaires et de police a été mis en place pour se pencher sur les modalités concrètes du cessez-le-feu bilatéral final, ainsi que sur la démobilisation et le désarmement, une fois l’accord final signé.  À ce moment-là, le plus grand défi de la Colombie sera de réintégrer ceux qui ont été démobilisés, d’assurer la présence de l’État dans les anciennes zones de conflit.  Ainsi, la Colombie compte sur le soutien de la communauté internationale et lui lance un appel en ce sens dès maintenant.


Au plan mondial, l’un des moteurs des conflits est le trafic illicite de drogues, et la Colombie a promu une discussion sérieuse sur les aspects et méthodes techniques et objectifs de la « guerre contre la drogue ».  Elle a obtenu un consensus des pays d’Amérique latine lors de la dernière session de l’Assemblée générale de l’Organisation des États américains (OEA) au Guatemala la semaine dernière.  C’est la preuve qu’il est possible d’avancer et de travailler ensemble et d’être mieux préparés pour la session spéciale des Nations Unies sur les drogues qui doit avoir lieu en 2016, a souligné le Président.


Pour son deuxième mandat, M. Santos Calderón s’est fixé des objectifs ambitieux, notamment de faire de la Colombie le pays le plus éduqué d’Amérique latine d’ici à 2025, ce qui s’inscrit dans l’approche du développement durable et de développement humain post-2015.  Il a affirmé que ces objectifs étaient réalisables compte tenu des bonnes performances économiques que connaît son pays, et il espère que le même scénario sera possible dans le reste du continent et dans les Caraïbes.


M. HERY RAJAONARIMAMPIANINA, Président de Madagascar, a dit la gratitude du peuple malgache pour l’attention particulière et les moyens que le système des Nations Unies a mobilisés pour contribuer à l’aboutissement du processus de sortie de crise à Madagascar.  En faisant le choix du retour à l’ordre constitutionnel par la voie des urnes, le peuple malgache a confirmé son attachement à la stabilité et à la sécurité, et participe à la construction de la paix et de la sécurité dans la région et partout dans le monde, a-t-il ajouté, avant de mettre l’accent sur la réconciliation nationale, socle de la cohésion sociale et pierre angulaire de la politique de développement du pays.  Pour cette raison, a-t-il dit, Madagascar souhaite accéder au Fonds pour la consolidation de la paix.


Le Président malgache a rappelé que 5% de la biodiversité mondiale se trouvait dans son pays, d’où la responsabilité de préserver cette richesse et d’en assurer une meilleure gestion pour les générations futures.  Il a souligné que dès le lendemain de sa prise de fonction en janvier dernier, il avait déclaré la guerre aux trafiquants de bois de rose ainsi qu’à tous ceux qui s’adonnent au commerce illégal des espèces protégées. 


Dans ce contexte, l’instauration d’une bonne gouvernance forestière a été le premier acte de toute une série de mesures concrètes prises à ce titre et un Comité interministériel chargé de l’assainissement de la filière a été mis en place dès juin 2014.  Les autorités sont également à pied d’œuvre pour concrétiser la politique de tolérance zéro contre les trafics de tous genres, liés aux ressources naturelles et espèces sauvages, a-t-il encore indiqué, en mettant en exergue les risques élevés en matière de piraterie, de terrorisme et autres trafics.  M. Rajaonarimampianina a appelé à des mesures à cet égard, dans le cadre d’une coopération internationale active pour protéger la zone de l’océan Indien.


Après plus de cinq années de crise politique assortie de sanctions et de mesures suspensives de toutes sortes, il a déclaré qu’il était clair que la majorité des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ne seraient pas atteints en 2015 à Madagascar, mais le pays s’est engagé à recentrer son développement sur la population.  Ainsi, l’insertion scolaire et socioprofessionnelle de près de 500 000 enfants et jeunes pour l’année 2014-2015 a pu être réalisée, et plus d’une centaine de centres de santé de base viennent d’être ouverts ces derniers mois à travers le pays. 


Particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique, le pays a pris des mesures d’atténuation qui vont de l’élaboration de cadres juridiques à la mise en place d’une politique de transition énergétique qui trouve son fondement dans les énergies renouvelables, au Plan des actions nationales d’adaptation et à la création de différentes structures de coordination des activités liées au changement climatique.


M. IVO JOSIPOVIĆ, Président de la Croatie, a dit que 2015, année du soixante-dixième anniversaire des Nations Unies, serait celle de la finalisation et du lancement du programme de développement pour l’après-2015 et celle d’un éventuel accord universel sur le changement climatique.  « Si le développement durable et la protection de notre planète sont au sommet de nos efforts, d’autres problèmes requièrent notre pleine attention », a-t-il dit.  Les guerres, les conflits armés, les catastrophes naturelles, la pauvreté et d’autres menacent en effet la vie et les droits de l’homme. 


La Croatie est profondément inquiète de la situation en Ukraine où une solution pacifique reste la seule issue, a ajouté M. Josipović.  Elle est attachée à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Elle est aussi gravement préoccupée par la propagation du terrorisme et de la violence dans le monde notamment au Moyen-Orient et en Afrique qui nécessite la politique de tolérance zéro et d’un effort mondial commun.  La Croatie apporte son appui aux efforts en cours pour former une coalition contre l’État islamique en Iraq et au Levant.  En outre, un accord de paix durable et stable entre Israéliens et Palestiniens est impératif, a déclaré le Président qui a plaidé pour la solution à deux États.


Cette situation globale place la question de la non-prolifération des armes de destruction massives au centre de notre attention, a continué M. Josipović.  À cet égard, la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2015 sera importante.  La Croatie souhaite la consolidation et le renforcement du Traité.  C’est au milieu de ces problèmes que nous devons surmonter des obstacles comme le dérèglement climatique, les catastrophes naturelles, la raréfaction et la dégradation des ressources naturelles en particulier la nourriture et l’eau potable. 


Mais l’on ne peut sérieusement se concentrer sur le développement durable sans la paix et la sécurité dont la responsabilité première revient aux États eux-mêmes, les organisations régionales et internationales qui ont les moyens, ont aussi l’obligation de les aider.  La consolidation de la paix peut aider les sociétés qui sortent de conflit.  À cet effet, les femmes jouent un rôle spécifique notamment dans la réalisation d’une résolution pacifique des conflits et du développement durable.  C’est pourquoi, la Croatie organisera le 26 septembre prochain une rencontre de haut niveau aux Nations Unies sur la dimension sexospécifique du développement durable dans le contexte de redressement après-conflit.


Avant de conclure, M. Josipović a réclamé un siège supplémentaire de membre non permanent au Conseil de sécurité pour le groupe des pays d’Europe orientale dans le cadre de la réforme nécessaire du Conseil.  Mais au final, il a dit que la consolidation de l’espace européen est seulement possible lorsque l’Europe du Sud sera stable et sécurisée et lorsque tous les pays de la région seront finalement admis au sein de l’Union européenne.    


M. HAJI HASSANAL BOLKIAH, Sultan de Brunéi Darussalam, a rappelé qu’en l’espace de quelques décennies, la communauté internationale avait compris qu’elle devait faire front uni pour relever les défis qui se posent à l’espèce humaine.  Dans ce contexte, a-t-il dit, l’ONU demeure l’enceinte privilégiée pour élaborer une réponse collective, ce qui est tout particulièrement vrai pour le programme de développement de l’après-2015.  Le Sultan a expliqué que son pays avait contribué activement aux efforts de formation et de renforcement des capacités sur les plans national et international, notamment dans les cadres de l’Initiative pour l’intégration de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) et du Programme d’enrichissement de l’anglais dans les pays membres de la même organisation.


Ces principes directeurs sont également ceux qui président à la « Vision nationale de Brunéi Darussalam 2035 », dédiée à l’amélioration de la qualité de vie de ses habitants.  Ensuite concernant le maintien de la paix, M. Bolkiah a indiqué que son pays avait fourni des contingents à l’opération des Nations Unies déployée au Liban et des missions internationales de surveillance dans le sud des Philippines. Vigoureusement opposé du terrorisme, le chef d’État a assuré que Brunéi Darussalam continuerait de participer aux initiatives de dialogues interreligieux et interculturels.


« Plus largement, le principe fondamental de respect et de confiance mutuels, d’application de l’état de droit et de promotion de la coopération devrait servir de base pour résoudre les conflits, afin de permettre au monde entier de jouir d’une paix et d’une stabilité continues. »


Là où la coopération internationale peut également faire une différence, c’est dans le renforcement des capacités pour prévenir et faire face aux catastrophes, a poursuivi le Sultan, qui a expliqué que son pays avait organisé l’an dernier, à destination des nations du Sud-Est asiatique, un programme d’entraînement militaire dans les domaines de l’assistance humanitaire et des secours en cas de catastrophes. 


Il a également affirmé que la coopération devait prévaloir en matière de commerce international.  Enfin, au sujet de la situation au Moyen-Orient, il a affirmé que la justice et la liberté étaient plus que jamais exigées pour la Palestine, dont le peuple doit pouvoir vivre dans la dignité et jouir du développement économique.  M. Bolkiah s’est dit encouragé par le respect, par les deux parties, du cessez-le-feu, jusqu’à présent.


M. ROBERT GABRIEL MUGABE, Président du Zimbabwe, s’est félicité du thème choisi pour la présente session de l’Assemblée générale, le qualifiant de « pertinent, approprié et à point nommé » et a noté que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avaient aidé à concentrer et à mobiliser les efforts de développement, bien que les résultats obtenus diffèrent d’une région à l’autre voire à l’intérieur d’un même pays.  Il est donc opportun de fixer des objectifs de développement durable pour parfaire la tâche, notamment en ce qui concerne la question fondamentale de l’élimination de la pauvreté qui demeure le défi majeur à l’échelle mondiale. 


M. Mugabe a fourni un aperçu du Programme pour une transformation socioéconomique durable (Zim-Asset), dont le programme vise à une croissance économique inclusive, à la génération d’emplois décents pour tous, à une énergie abordable et fiable, à la sécurité alimentaire, à une agriculture soutenable et au développement d’une infrastructure moderne fiable.  Ce programme contient également un volet de développement industriel avec des projets de développement économique durable et à visage humain. 


Le Président du Zimbabwe a également souligné que la justice sociale, la stabilité politique et le développement durable des pays africains pouvaient être mieux atteints à travers un appui à l’appropriation des moyens de production par les pauvres, qui représentent la majorité.  Le pays a d’ailleurs déployé des efforts sérieux pour jeter les bases de la production alimentaire durable grâce au programme de réforme foncière.  Ainsi, la majorité des personnes rurales ont été autonomisées pour contribuer à la sécurité alimentaire et des ménages.  « La possession et l’exploitation de leurs terres les ont transformés en maîtres de leur destinée, donnant par la même un véritable sens à notre indépendance nationale et à notre souveraineté indiscutable », a-t-il affirmé.


Toutefois, c’est précisément cette préoccupation d’autonomisation économique du peuple qui a fait du Zimbabwe une victime de machinations diaboliques des pays occidentaux, lesquels continuent à appliquer des sanctions unilatérales et illégales comme outil politique à des fins politiques à court terme, a-t-il estimé.  « Le changement de régime est une politique illégale diabolique d’ingérence dans les affaires internes de mon pays et rien de bon ne proviendra des obstacles élevés contre notre économie ou de la privation de nos citoyens des besoins de base », a-t-il dit.  Il a appelé à la levée immédiate et sans condition de ces « sanctions diaboliques qui violent les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies et devraient être condamnées par la communauté internationale ».


Dans le cadre de la mise en œuvre du programme de développement durable pour l’après-2015, M. Mugabe a proposé une réforme rapide des institutions de Bretton Woods, en particulier de leurs structures de gouvernance, et a déclaré qu’il était « grand temps » de remédier à leur « déficit de légitimité ».  De telles réformes doivent refléter les réalités actuelles et garantir la pleine expression et la participation des pays en développement dans leurs processus décisionnel et normatif.


Sur le continent, l’Union africaine s’efforce de rétablir la paix en République démocratique du Congo (RDC), au Soudan du Sud, en République centrafricaine et en Somalie, a-t-il poursuivi, encourageant à l’intensification de l’engagement de la communauté internationale et de l’appui à l’Afrique en matière de maintien de la paix et la stabilité, par l’amélioration des capacités de maintien de la paix, notamment la formation, la logistique et l’appui financier. 


L’Afrique est encore saisie de la question du Sahara occidental, dernier vestige colonial sur le continent, a-t-il remarqué, en soulignant que les Nations Unies ne devraient pas abdiquer leurs responsabilités en vue de la réalisation de l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.  Il a enfin fustigé la persécution du peuple palestinien par Israël », notamment la destruction brutale des infrastructures de la bande de Gaza alors que « le monde dit civilisé faisait la sourde oreille ».  Une paix durable au Moyen-Orient ne pourra être réalisée qu’avec la solution de deux États dans les frontières de 1967.  « Toute manœuvre tendant à un changement des réalités démographiques par le biais de colonies ou le recours à la force ne fera que prolonger les souffrances des Palestiniens », a déclaré M. Mugabe.    


M. OLLANTA HUMALA TASSO, Président du Pérou, a présenté la priorité de son pays, qui est de réduire toutes les formes de pauvreté et d’inégalités, en particulier les inégalités de genre, en luttant notamment en faveur de l’autonomisation des femmes, de l’accès à une éducation de qualité et de l’élimination de toutes les formes de violence axée sur le sexe et contre les enfants.  En même temps, l’objectif est une croissance durable avec des emplois stables dans le secteur formel.


Le Pérou est l’un des pays qui a le plus progressé dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), certains ayant été atteints avant la date butoir de 2015, s’est félicité le Président.  Se voyant déjà comme un pays émergeant, le Gouvernement péruvien a déployé des efforts extraordinaires dans des domaines comme la santé et l’éducation.


M. Humala s’est prévalu de l’augmentation du budget alloué aux dépenses sociales, ainsi que des efforts déployés dans le domaine de la sécurité publique dans un pays qui souffre depuis longtemps de corruption.  En ce qui concerne le problème de la drogue, il a appelé la communauté internationale à renforcer sa coopération pour lutter contre ce fléau.


Sur le plan économique, il a parlé du Programme national de diversification de la production qui vise une transformation de la structure économique du pays, ainsi que de l’amélioration de ses relations commerciales internationales.  Le Pérou a développé d’excellentes relations avec ses voisins, a-t-il poursuivi, faisant notamment référence au règlement récent d’un différend maritime avec le Chili.


M. Humala a rappelé que le Pérou accueillerait dans sa capitale, en décembre 2014, la vingtième Conférence des parties à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques (COP20).  Il a espéré qu’au-delà de la capitalisation du Fonds vert pour le climat, on parviendrait à un accord juridiquement contraignant.  Le coût du changement climatique pour le Pérou est évalué à 4% de son PIB annuel, a-t-il dit, ce coût pouvant atteindre 20% en 2050 si rien ne change.  Il a aussi mentionné que son pays avait ratifié le Protocole de Nagoya à la Convention sur la diversité biologique.


Enfin, le Président péruvien a mis l’accent sur la réforme nécessaire du Conseil de sécurité de l’ONU afin qu’il soit en mesure de répondre efficacement aux différentes crises.  La lutte contre le terrorisme relève de la responsabilité de la communauté internationale, dans le respect des droits fondamentaux et de la souveraineté des États, a-t-il ajouté. 


M. SHINZO ABE, Premier Ministre du Japon, a salué les efforts de l’ONU, auxquels son pays participe, pour la lutte contre l’épidémie d’Ebola qui sévit en Afrique.  Il a rappelé que lors de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD V), qui a eu lieu l’an dernier, le Japon avait prévu 500 millions de dollars aux questions liées à la santé en Afrique, et avait annoncé des programmes de formation qui bénéficient à 120 000 personnes du milieu de la santé. 


Depuis, il a envoyé des experts dans le cadre de la mission de l’Organisation mondiale de la Santé, a augmenté sa contribution financière à la lutte contre Ebola de 5 millions de dollars et a fourni 500 000 équipements de protection personnelle pour le personnel de santé.  Le Premier Ministre a annoncé aujourd’hui une contribution financière supplémentaire de 40 millions de dollars à ces efforts.  De plus, le Japon travaille sur un médicament « prometteur » qui pourrait être très utile pour la phase post-exposition au virus.


Le Premier Ministre a également fait part de la préoccupation de son gouvernement face à la menace pour l’ordre international que représente l’État islamique.  À ce stade, il faut, selon lui, mettre l’accent sur la prévention de l’extrémisme et rapidement faire face à la crise humanitaire dans la région.  Pour participer à ces efforts, le Japon va allouer 50 millions de dollars à l’aide humanitaire d’urgence.  En ce qui concerne la crise ukrainienne, le Premier Ministre a rappelé que l’enveloppe d’aide économique de 1,5 milliard de dollars, annoncée en mars dernier, était en cours de versement et que son pays envisageait d’autres aides à la reconstruction de l’est de l’Ukraine. 


Pour des raisons liées à son histoire, le Japon reste un fervent défenseur de la paix et ne cessera de combattre la « culture de la guerre » de manière proactive, a expliqué le Premier Ministre, illustrant son propos par des initiatives concrètes dans la bande de Gaza et à Mogadiscio.  La philosophie d’aide au développement des 60 dernières années reflète cette approche.  L’un des axes principaux de l’engagement japonais dans le monde est l’éducation parce qu’elle est, selon M. Abe, à la base de toute croissance économique, de toute société juste et équitable qui place l’homme en son centre.  Il a également fait part de l’engagement du Japon dans la lutte pour l’autonomisation et la promotion des femmes tant au plan national, qu’international, cause à laquelle il a alloué 1,8 milliard de dollars depuis l’année dernière sur une enveloppe de 3 milliards.  Le Japon veut également devenir l’un des principaux bailleurs de fonds d’ONU-Femmes.


M. Shinzo Abe a ensuite réitéré la « détermination » de son pays à intégrer le Conseil de sécurité en tant que membre non permanent lors de l’élection l’année prochaine, justifiant en partie cette volonté par les engagements sans relâche du Japon pour la cause de l’ONU au cours des 58 dernières années.  Allant plus loin, il a espéré que le soixante-dixième anniversaire de l’Organisation serait l’occasion de finalement « résoudre » la question de sa réforme pour qu’elle reflète la réalité du XXIe siècle.  À ce titre, le Japon ambitionne un poste permanent au sein du Conseil de sécurité.


M. HAILEMARIAM DESSALEGN, Premier Ministre de l’Éthiopie, a affirmé que si la communauté internationale fait ce qu’elle doit faire, « cette session de l’Assemblée générale pourrait s’inscrire dans l’histoire comme celle qui a permis de placer sous tutelle l’environnement, la justice économique et la responsabilité sociale ».  Alors qu’il reste moins de 500 jours avant la date butoir des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), l’Afrique, a-t-il observé, a enregistré une vigoureuse croissance économique depuis une décennie, contribuant à « changer progressivement la perception traditionnelle du continent ».  Mais des défis persistants rendent nécessaires d’avancer de manière décisive dans les négociations autour du programme de développement pour l’après-2015, en veillant au préalable à réaliser intégralement les OMD, a prévenu le Premier Ministre.


S’il s’est dit encouragé par les progrès réalisés jusqu’à présent dans le cadre de l’élaboration du programme, et notamment par le travail fourni par le Groupe de travail à composition non limitée sur les objectifs de développement durable, le Premier Ministre a déclaré attendre avec impatience le rapport de synthèse du Secrétaire général, qui devrait faciliter le dialogue et les négociations entre États Membres pour parvenir à un consensus agréé au niveau international. 


M. Dessalegn a exprimé sa conviction selon laquelle l’efficacité du programme pour l’après-2015 dépendrait, entre autres, de la réussite de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra à Addis-Abeba, en juillet 2015.  Pour lui, le défi posé par les changements climatiques exige sans aucun doute un leadership et un engagement politique à tous les niveaux.  « Nous n’avons pas d’autre choix que de nous montrer à la hauteur de ce défi en lançant les actions concrètes pour contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et démontrer la volonté politique indispensable pour parvenir à un accord juridiquement contraignant sur le climat. »


Préoccupé par la multiplication des conflits à travers le monde, le Chef du Gouvernement éthiopien a tout particulièrement évoqué la crise au Soudan du Sud, en rappelant que l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) faisait tout son possible, avec l’ONU, pour y mettre fin.  Mais, a-t-il ajouté, cette organisation se heurte à un défi qui s’est déjà posé dans des situations similaires, à savoir que le maintien de la paix est une gageure en l’absence d’engagement suffisant pour résoudre pacifiquement les conflits. 


La situation en Somalie voisine s’est toutefois améliorée, s’est félicité M. Dessalegn.  « Al-Chabab n’a peut-être pas encore été éradiqué, mais ce groupe a subi de sérieux revers », a-t-il affirmé.  « Toutefois, les progrès militaires sur le terrain ne pourront pas se pérenniser en l’absence de progrès dans l’arène politique, en particulier l’établissement d’administrations locales et le respect de l’état de droit et de l’ordre public dans les zones récemment libérées », a prévenu le Premier Ministre.  À cet égard, il s’est félicité que de telles administrations soient désormais ouvertes dans le centre et le sud-ouest de la Somalie, conformément à la Constitution fédérale provisoire.


M. MATTEO RENZI, Premier Ministre de l’Italie, s’est dit très ému de se trouver dans une enceinte, a-t-il dit, « où l’on sent qu’il est encore possible de construire un monde de paix ».  Il a ajouté que l’avenir ressemblait aujourd’hui à une menace: « l’avenir semble exempt de promesses ».  M. Renzi a souhaité que les États Membres « ne se voilent pas la face » et aient le courage de dire la vérité en se remémorant les erreurs du passé. 


« La communauté internationale, qui, hier, a été silencieuse à Srebrenica, doit retrouver une définition de l’espoir pour que cessent les bains de sang au Moyen-Orient et en Afrique », a encore déclaré le dirigeant italien.  Il a, de plus, souhaité que l’Italie soit « la place publique où débattre des solutions aux problèmes les plus urgents du monde ».


Sur la situation en Méditerranée, M. Renzi a affirmé que la priorité devait être d’empêcher une fragmentation définitive de la Libye.  « Un peuple ami souffre en traversant une période de transition qui semble ne jamais devoir finir. »  « Éteindre l’incendie en Libye, c’est empêcher qu’il ne s’étende à toute la Méditerranée », a-t-il encore souligné avant de rappeler que l’Italie continuerait d’apporter un appui « plein et entier » au Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye. 


Revenant sur la réunion du Conseil de sécurité sur le phénomène grandissant des combattants terroristes étrangers, le Premier Ministre italien a déclaré que l’État islamique en Iraq et au Levant représentait une menace « pour toute la communauté des hommes ».  « Non, la menace n’est pas liée à une quelconque religion », a-t-il insisté.  Évoquant ensuite une visite dans un camp de réfugiés syriens en Turquie, il a affirmé que « face à la douleur des victimes du fanatisme, il n’est plus possible de rester inerte, insensible ».  « Comme l’Italie l’a dit hier au Président Obama, seule une communauté unifiée gagnera cette bataille pour la civilisation », a en outre déclaré M. Renzi, qui a tenu à rendre hommage aux Casques bleus italiens déployés au Liban. 


Le dirigeant italien a à son tour assuré qu’il ne pourrait y avoir de paix dans les régions en proie au terrorisme « sans paix entre les enfants d’Abraham ».  Appelant ainsi à un « règlement définitif » du conflit israélo-arabe, il a réaffirmé le soutien « sans faille » de son pays à la situation des deux États. 


En ce qui concerne la crise en Ukraine, M. Renzi a jugé qu’elle menaçait le processus européen et la stabilité du continent.  Il a alors appelé les parties prenantes à s’inspirer de la réflexion de Machiavel, qui « estimait que reconnaître une occasion au milieu de la guerre, c’est saisir une opportunité pour en sortir par le biais du dialogue et de la réconciliation nationale ». 


Pour le Premier Ministre italien, la politique sera la seule voie possible en 2015 pour renforcer la gouvernance numérique, avancer sur la voie de l’égalité des sexes et lutter plus efficacement contre la discrimination religieuse.  Sur ce dernier point, il a déclaré que « jamais auparavant, autant de chrétiens n’ont été tués en raison de leur foi ».


Abordant le rôle de l’Italie au cours de la présente session de l’Assemblée générale, il a fait savoir qu’elle présenterait une nouvelle résolution concernant le moratoire sur la peine de mort.  À cet égard, il a expliqué que c’est à Florence, ville dont il fut le maire, que fut annoncée l’abolition de la peine capitale en Italie. 


Enfin, se référant à Dag Hammarskjöld, M. Renzia déclaré que si l’on ne peut pas choisir le cadre de sa destinée, « il ne dépend que de nous d’y insérer ce que nous souhaitons: les valeurs de paix et de tolérance et la force de transformation de l’éducation ».


M. HERMAN VAN ROMPUY, Président du Conseil européen, a relevé que, comparé à la même période, l’an dernier, le monde était devenu aujourd’hui plus dangereux.  Il a évoqué quelques sujets dramatiques de l’actualité internationale, notamment l’enlèvement de plus de 200 jeunes filles dans le nord-ouest du Nigéria il y a près de six mois, l’appareil de la Malaysia Airlines qui a été abattu au-dessus de l’Ukraine, ou encore la mort, la semaine dernière, d’un demi-millier de migrants à destination de l’Europe. 


Il a en outre déclaré que le fait le plus marquant en Europe aura été l’annexion de la Crimée en mars dernier, un fait qui, a-t-il expliqué, représente la plus grande menace pour la sécurité en Europe depuis des décennies.  Il a ensuite souligné que l’Europe restait solidaire de l’Ukraine et de sa population, et que cela justifiait les sanctions économiques prises sans hésitation contre la Fédération de Russie, même si ces décisions conduisent à des répercussions sur les économies des pays d’Europe. 


Il a précisé que ces sanctions n’étaient pas définitives, mais qu’elles pouvaient être revues s’il y avait des progrès tangibles.  M. Van Rompuy a estimé par ailleurs que la vie politique de l’Ukraine et sa prospérité devraient appartenir à ses citoyens.  Il a ajouté qu’avec la Fédération de Russie, son plus grand voisin, l’Union européenne se tenait prête à rétablir une base de confiance et de promesses tenues.


Le Président du Conseil européen a ensuite dit que les sujets les plus préoccupants de l’heure étaient l’Iraq, la Syrie et plus globalement le Moyen-Orient.  Il a noté que les actes de l’État islamique en Iraq et au Levant relevaient d’un retour à un passé barbare.  Pour lutter contre ce groupe terroriste, il a proposé que l’EIIL soit isolé, que ses financements soient bloqués, ainsi que son approvisionnement en armes.  Il a aussi plaidé pour que soient stoppés ses flux de fonds venant de la vente illégale de pétrole, ou encore les arrivées de combattants terroristes étrangers qui le renforcent. 


Il a fait part, en outre, de sa crainte face à la radicalisation visible en Europe, rappelant ainsi le cas du jeune Français qui est revenu de Syrie et qui a commis un attentat dans un musée juif à Bruxelles.  Il a aussi noté que la solution contre l’État islamique en Iraq et au Levant passait par la résolution des foyers de tension de toute la région, notamment en Syrie et entre Israéliens et Palestiniens, notamment par la réalisation de la solution à deux États. 


« La seule réponse durable au désespoir c’est le développement », a poursuivi le Président de la Commission européenne. 


Dans ce contexte, il a salué les engagements des Nations Unies pour la promotion des objectifs de développement, pour la lutte contre les changements climatiques et contre le virus Ebola qu’il a désigné comme la « peste des temps modernes ».  Il a rappelé, par ailleurs, que le monde commémorait en cette année le centenaire du début de la Première Guerre mondiale.  Il a déploré le fait que la violence est toujours visible entre États et à l’intérieur de ceux-ci, et il a émis le vœu que la peur qui anime l’humanité en ce moment soit surmontée, afin de restaurer la justice et la marche vers la paix.  


M. GASTON A. BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a plaidé pour une démocratisation des Nations Unies afin que tous les pays aient voix au chapitre sur les questions qui les touchent directement, comme les répercussions des changements climatiques sur leur développement.  Il a ajouté que les « petits États » dépendaient de la capacité des Nations Unies à faire respecter l’état de droit et à les défendre contre toutes les formes d’intrusion, de violation de leur souveraineté et de leurs droits fondamentaux. 


Évoquant le différend qui oppose, devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), son pays aux États-Unis depuis plus de 10 ans, il a déploré une perte de revenus ayant empêché Antigua-et-Barbuda d’améliorer le bien-être de ses habitants, de mieux résister aux effets néfastes de la crise financière comme du réchauffement de la planète.  « Notre petit État a été victime d’une atteinte à ses droits commerciaux », a-t-il lancé, jugeant que la démocratie et l’état de droit devaient être équitablement respectés « par le fort et par le faible ». 


M. Browne s’est par ailleurs penché sur le « blocus de Cuba », en condamnant toutes les politiques et pratiques discriminatoires prises en guise de représailles, lesquelles « en l’occurrence, empêchent Cuba d’exercer pleinement et librement son droit à participer aux affaires économiques et politiques de sa région ».  


S’agissant du programme de développement pour l’après-2015, M. Browne a attiré l’attention sur la nécessité d’accroître l’aide publique au développement, les pays du « monde développé » n’étant pas parvenus à atteindre la cible des 315 milliards de dollars qu’ils s’étaient fixés en décidant de consacrer 0,7% de leur PIB à cette aide.  « Mon propre pays et tous ceux regroupés au sein de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), ont été les témoins directs d’un déclin de l’aide, au point que nous avons dû dépendre de ressources non traditionnelles venues de Chine ou encore du Venezuela », a-t-il dit.  


Selon lui, l’heure est venue pour que les donateurs et les récipiendaires eux-mêmes prennent un nouvel engagement global en matière d’aide au développement, et que les institutions financières permettent « enfin » aux pays à revenu intermédiaire d’être éligibles aux prêts à taux réduits. 


Enfin, M. Browne a exhorté les Nations Unies et la communauté internationale à aider les nations de la CARICOM, dont les économies, depuis la crise de 2008, sont revenues au niveau où elles étaient dans les années 70, à redonner espoir aux jeunes générations.  « Si nous échouons de répondre à leurs aspirations, nous les condamnerons, au mieux, à une vie aux marges de la société et, au pire, à une existence de crime et de violence », a déclaré le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda. 


M. JABER AL-MUBARAK AL-HAMAD AL SABAH, Premier Ministre du Koweït, a tout d’abord souhaité que les pays arabes bénéficient d’une représentation permanente au sein du Conseil de sécurité, au regard notamment de leur poids démographique et de l’importance des questions se rapportant au monde arabe.


Il a ajouté que le Conseil n’assumait pas les fonctions qui lui ont été confiées, ce qui conduisait à l’aggravation de la situation dans plusieurs États du Moyen-Orient.  Il a en particulier mentionné « la dernière agression d’Israël dans la bande de Gaza qui a duré plus de 50 jours » et a appelé le Conseil à faire pression sur ce pays pour que celui-ci cesse le blocus de Gaza, ses activités de colonisation et sa politique de judaïsation de Jérusalem.


Abordant la crise en Syrie, le Premier Ministre a rappelé que son pays avait contribué à hauteur de 800 millions de dollars pour répondre aux urgences humanitaires en Syrie.  Il a ensuite plaidé pour la recherche d’une solution politique répondant aux aspirations des Syriens, conformément au Communiqué de Genève.


Se tournant vers la situation au Yémen, il a réitéré le soutien de son pays au dialogue national en cours et appelé à faire résolument face aux différentes formes de violence et de terrorisme.


En ce qui concerne le programme nucléaire iranien, le Premier Ministre du Koweït a plaidé pour une solution pacifique, qui garantirait pour l’Iran et tous les pays de la région le droit d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.


« Le Koweït réitère sa ferme position de principe qui consiste à rejeter toutes les formes de terrorisme et d’extrémisme, quelles qu’en soient les raisons, les motifs et les sources », a-t-il affirmé.  Il a ensuite condamné sans réserve les agressions et activités terroristes conduites par l’État islamique en Iraq et au Levant et apporté son soutien aux efforts de l’Iraq pour se débarrasser du fléau du terrorisme.


« Symbole de son engagement en faveur du soutien du rôle humanitaire joué par les Nations Unies, le Koweït a doublé le montant de ses contributions annuelles fixes volontaires à diverses organisations, en particulier l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour combattre la propagation du virus de l’Ebola en Afrique de l’Ouest », a-t-il affirmé.


En conclusion, le Premier Ministre s’est félicité de l’exceptionnel honneur que le Secrétaire général avait fait à l’Émir du Koweït en lui conférant le titre de « Leader humanitaire », reconnaissance du rôle éminent joué par le Koweït dans la sauvegarde de millions de vies.


M. VICTOR PONTA, Premier Ministre de la Roumanie, a dit que face aux « plus complexes et plus graves développements » de la sécurité internationale depuis la fin de la guerre froide, notamment les crises que le monde a connues depuis un an, la communauté internationale avait le devoir de confirmer, une fois de plus, son engagement en faveur des principes de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les pays, du non-recours à la force, de la solution pacifique de tous les problèmes entre États, conformément au droit international. 


Il a déclaré que la crise ukrainienne avait un impact sur la sécurité des pays d’Europe de l’Est, y compris celle de la Roumanie.  « La Roumanie rejette toute forme de pression externe envers les États d’Europe de l’Est qui ont des aspirations d’intégration au sein de l’Union européenne », a aussi déclaré M. Ponta. 


Le Premier Ministre a ensuite exprimé le soutien de la Roumanie à la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, et il a appelé la communauté internationale à condamner cette agression, tout en veillant à faire en sorte que cette crise ne se propage pas dans cette région qui a toujours constitué un pont entre l’Asie centrale et l’Europe. 


M. Ponta a appelé de tous ses vœux au respect du droit international et a réaffirmé sa solidarité à l’Ukraine, à la République de Moldova et à la Géorgie.  Il a en outre rappelé qu’en 2018, la Roumanie allait célébrer le centenaire de son existence, et que le peuple roumain avait résolument choisi la démocratie en 1989. 


Le Premier Ministre a par ailleurs souhaité que le futur programme de développement pour l’après-2015 ait, parmi ses préoccupations majeures, la lutte contre la pauvreté, la réalisation du développement durable, la bonne gouvernance et l’état de droit, tout en tenant compte des intérêts des générations présentes et futures.


M. TONY ABBOTT, Premier Ministre de l’Australie, a dit que malgré des échecs, l’ONU avait œuvré, depuis 70 ans, en faveur de la paix et du progrès, et que l’Australie avait été fière d’y apporter sa contribution.  Il a notamment relevé que l’Australie avait fourni, depuis 1947, plus de 65 000 personnels dans plus de 50 opérations de maintien de la paix. 


Il a indiqué aussi qu’avec 24 millions d’habitants, l’Australie était un pays relativement petit, mais qu’il représentait la douzième économie mondiale.  Il est suffisamment fort pour se rendre utile à l’échelle internationale, mais il est assez pragmatique pour savoir quelles sont ses limites, a-t-il dit. 


Il a évoqué un certain nombre de faits traduisant l’implication de l’Australie sur la scène internationale.  Il a ainsi fait état d’un don d’un milliard de dollars à l’Indonésie en 2004 après le tsunami qui avait dévasté la région, du soutien procuré au Japon après le tremblement de terre de 2011, ou encore, plus récemment, d’une aide de huit millions de dollars octroyés pour la lutte contre l’épidémie à virus Ebola.  M. Abbott a ensuite indiqué que l’Australie était présente en Iraq dans la lutte contre l’État islamique en Iraq et au Levant, et ce sur requête du Gouvernement iraquien, a-t-il précisé.


M. Abott a en outre affirmé qu’une économie mondiale plus forte, si elle ne pourrait éviter tous les problèmes du monde, permettrait néanmoins de surmonter plus facilement les défis auxquels la communauté internationale est confrontée.  Il a aussi proposé, dans le but de renforcer l’économie mondiale, de libéraliser davantage les échanges, d’investir plus dans les infrastructures, de renforcer et rendre plus moderne le système fiscal international et d’œuvrer au renforcement des institutions économiques mondiales. 


Il a souhaité également que le programme de développement pour l’après-2015 soit centré sur la croissance économique, car, a-t-il noté, la croissance rend les autres cibles sociales, y compris la lutte contre les changements climatiques, plus faciles à réaliser.  Il a cité le cas des pays d’Asie de l’Est qui ont, grâce à de solides avancées économiques, modifié les indicateurs sociaux de manière spectaculaire en une génération.  « Les gens y vivent plus longtemps, ils ont une meilleure éducation, ils sont plus riches et apprécient davantage les libertés et la stabilité que leurs parents n’ont pas connues », a-t-il déclaré. 


Le Premier Ministre australien a terminé son propos en affirmant qu’il ne devait pas y avoir de limites à ce que nous sommes capables de faire, notamment quand nous travaillons en synergie.


M. ALHADJI YAHYA A.J.J. JAMMEH, Président de la Gambie, a déploré l’« inertie lamentable » des Nations Unies alors que des États Membres puissants tirent avantage de l’Organisation au détriment d’autres plus faibles, « alors que des sanctions économiques et financières injustes sont imposées », que des pays sont pris à partie et voient leurs ressources naturelles pillées, et que des guerres sont menées au nom de la démocratie et des changements de régime.  Toutes ces situations vont dans le sens contraire des principes consacrés dans la Charte des Nation Unies, a-t-il dénoncé, avant d’encourager tous les États Membres à observer la plus grande retenue et à s’abstenir de l’usage de la force.


Saluant les propositions faites par le Groupe de travail à composition non limitée sur les objectifs de développement durable, le Président de la Gambie a souhaité que les cibles arrêtées jusqu’à présent reflètent un programme « intégré et transformatif » qui s’appuierait sur les gains obtenus dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) pour relever les défis d’aujourd’hui.  Mais, a-t-il ajouté, nous devons impérativement tirer aussi les leçons des échecs rencontrés dans la réalisation des OMD et renouveler le soutien de la communauté internationale en faveur des pays en développement encore à la traîne.


Au nombre des crises les plus urgentes à résoudre, figure pour M. Jammeh, la maladie à virus Ebola, qui a fait plus de 2 000 victimes en Afrique de l’Ouest, la plupart en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria.  Saluant l’aide déjà apportée par les États-Unis et la Fédération de Russie, il a déclaré que l’ONU devait prendre le leadership dans la mobilisation du soutien international contre l’épidémie.


En outre, a poursuivi le Président gambien, « le monde est désormais confronté à la forme la plus haineuse et la plus sanglante de terrorisme », dont les responsables « sont des vermines humaines sataniques et sadiques déguisés en militants islamistes au nom de la pureté de l’islam », mais ces « fils de l’infamie » et leur honteuse allégeance à la religion pacifique et noble qu’est l’islam sont une insulte à tous les musulmans.  Il s’est toutefois livré à une diatribe contre les critiques visant l’application de la loi islamique, la charia, dans les pays où l’islam est religion d’État, comme c’est par exemple le cas en Arabie saoudite. 


S’agissant de la situation au Moyen-Orient, elle demeure toujours instable, comme l’illustre le récent conflit à Gaza, qui a fait 2 000 victimes palestiniennes et 70 israéliennes, a noté le Président gambien, pour qui les Nations Unies doivent là aussi prendre la tête des efforts de paix.  Selon lui, elles doivent également jouer un rôle central dans la lutte contre les injustices associées à l’application unilatérale ou bilatérale de sanctions économiques et financières, parce qu’elle contrevient aux principes du droit international et du droit international humanitaire et des normes gouvernant la coexistence pacifique des États.  Il a cité à cet égard le cas de Cuba, demandant la levée de l’embargo imposé par les États-Unis.


Le Président de la Gambie a, en conclusion, demandé à l’ONU d’ouvrir une enquête impartiale et indépendante sur le naufrage des navires transportant de jeunes migrants africains à destination de l’Europe: « Si ces bateaux sont capables de traverser l’océan Atlantique et la Méditerranée sans heurts, pour ne s’abîmer que sur les côtes européennes, nous devons établir quelles forces meurtrières mystérieuses agissent dans cette zone ».


M. BRONISŁAW KOMOROWSKI, Président de la Pologne, a rappelé avec force que l’occupation de la Crimée et l’agression contre l’Ukraine constituaient des violations des normes du droit international et foulaient aux pieds les valeurs fondamentales défendues par les Nations Unies.


« Le contexte idéologique de ce conflit est un retour à une rhétorique issue de la première moitié du siècle dernier, un retour à la logique des zones d’influence, à la logique de la loi du plus fort et de l’impitoyable domination impériale sur les voisins plus faibles, censés devoir se comporter comme les satellites d’un pouvoir opérant une révision des fondations de l’ordre international civilisé », a-t-il dit.


Rappelant que l’Union européenne était devenue garante de la paix en Europe et bien au-delà de ses frontières, le Président a indiqué que ce qui s’était passé il y a six mois représentait une menace pour la sécurité du continent européen.  « Nous ne pouvons accepter la brutalisation de la vie internationale en n’importe quel endroit du monde », a déclaré M. Komorowski.


Puis, commentant les actes barbares commis par l’« État islamique en Iraq et au Levant », le Président de la Pologne a affirmé qu’il était du devoir des États qui adhéraient aux valeurs de la Charte des Nations Unies de protéger tous ceux qui étaient menacés par une telle violence.  « Tout doit être néanmoins fait pour que les actions que nous entreprenons respectent la Charte des Nations Unies. »


M. Komorowski a affirmé que son pays assumait des responsabilités croissantes dans les domaines de la coopération pour le développement, de l’aide humanitaire et de la protection du climat.  « Nous sommes prêts à partager notre expérience et nos idées lorsque nous siègerons au Conseil en tant que membre non permanent en 2018 et 2019 », a-t-il poursuivi.  Il s’est également dit en faveur d’une réforme qui augmenterait tout à la fois la représentativité du Conseil et son efficacité.


Mentionnant le principe de responsabilité de protéger approuvé par la communauté internationale en 2005, le Président de la Pologne a développé l’idée d’un mécanisme qui doterait le Conseil de la capacité d’agir dans les situations couvertes par ce principe, tout en évitant les abus de son mandat pour les situations y échappant.  « J’ai formulé ce vœu à cette même tribune deux fois déjà », a-t-il affirmé, ajoutant que cette idée pourrait être combinée avec une réforme plus large du Conseil.


M. ANDRIS BĒRZIŅŠ, Président de la Lettonie, a déclaré que l’agression de la Russie contre l’Ukraine avait défié les principes fondateurs des Nations Unies et qu’elle constituait « une menace contre la paix et la sécurité mondiales ».  « L’annexion illégale de la Crimée et de Sébastopol par la Russie est condamnée et ne sera pas reconnue par la communauté internationale », a-t-il affirmé.


M. Bērziņš a exhorté la Russie à retirer immédiatement ses forces armées du territoire ukrainien et à arrêter d’envoyer des armes et des mercenaires à des groupes terroristes.


Il y a 25 ans, a-t-il rappelé, les peuples baltes ont fait le choix de la liberté et de la démocratie.  Aujourd’hui, il faut empêcher l’émergence d’un « conflit gelé » dans les régions de l’est de l’Ukraine et rejeter toute tentative de diviser ce pays.


Par ailleurs, le règlement des conflits prolongés en Transnistrie, Abkhazie, Ossétie du Sud et au Haut-Karabakh doivent continuer de figurer en bonne place dans l’ordre du jour international.


Le Président a appuyé l’élargissement de la composition du Conseil de sécurité dans les deux catégories d’appartenance et jugé intéressante l’initiative de la France visant à limiter le recours au droit de veto.


Alarmé par l’impact négatif des idéologies extrémistes violentes en Syrie, en Iraq et dans d’autres pays, M. Bērziņš s’est félicité de l’adoption de la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité sur les combattants terroristes étrangers.  La Lettonie a déjà commencé à préparer des mesures pour empêcher leur recrutement et leur financement.


La Lettonie, a souligné le Président, prend part à des opérations de paix et de sécurité au Mali et en République centrafricaine.  Par ailleurs, son pays ayant été l’un des premiers à signer et ratifier le Traité sur le commerce des armes, il a prié tous les États Membres d’en faire autant.


Enfin, M. Bērziņš a estimé que le nouveau programme de développement devrait répondre aux défis mondiaux tels que les conflits, le terrorisme, les inégalités, l’absence d’état de droit, les changements climatiques et les catastrophes naturelles.  Il a annoncé que la Lettonie présiderait le Conseil de l’Union européenne pendant la première moitié de l’année 2015.     


M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a déclaré que lors de la précédente session, les attaques terroristes étaient à déplorer, comme celle qui a ciblé le centre commercial de Nairobi, au Kenya.  Voici que la présente session se tient dans un contexte tout aussi préoccupant, marqué par de graves menaces à la paix et la sécurité internationales, a-t-il déclaré, citant d’abord l’avancée de Boko Haram, qui étend son champ d’action à la frontière des pays voisins du Gabon, puis le virus Ebola qui endeuille l’Afrique.


« Mon pays, qui par le passé a gagné la bataille face à plusieurs crises du virus Ebola, se propose de mettre à disposition le Centre international de recherche médicale de Franceville dont l’expertise sur cette épidémie est avérée », a dit M. Bongo, qui s’est par ailleurs réjoui du thème de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale: « Élaborer et mettre en œuvre un programme de développement porteur de changements pour l’après-2015 ».  « Le Gabon est entré dans le processus de l’Agenda de Développement post-2015 dans le cadre de la mise en œuvre du Plan stratégique Gabon émergent » (PSGE), a ajouté le Président.


Ce plan, a-t-il expliqué, procède d’une vision, d’une approche qui a conduit à définir un programme de développement ambitieux, lequel intègre les préoccupations prises en compte dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et les défis liés aux changements climatiques et à la sécurité alimentaire.  Il accorde une place de choix à tout ce qui concourt à la mise en valeur du potentiel que constitue la jeunesse.  La stratégie mise en place par le Gabon vise à accélérer la transformation structurelle de son économie en passant, dans un avenir proche, d’une économie de rente à une économie d’industries et de services à forte valeur ajoutée.


Il est notoire que ces efforts ne peuvent prospérer que dans un environnement politique, économique et social où règne la bonne gouvernance, a continué le Président.  C’est dans cette optique, a-t-il dit, que le Gabon s’est doté d’instruments institutionnels, telle que la Commission nationale de la lutte contre l’enrichissement illicite, dont la mission est de garantir la transparence et l’obligation de reddition dans la gestion des deniers publics.  « Depuis, j’ai fait de la lutte contre la corruption un objectif prioritaire et, en ce moment même, des missions de contrôle et d’inspection d’envergure sont menées dans tout le pays avec des résultats conséquents », a indiqué M. Bongo Ondimba.


En outre, l’engagement du Gabon en matière de lutte contre les changements climatiques reste constant, compte tenu de la gravité du phénomène.  Il vise à diminuer d’ici à 2025 de plus de moitié les émissions de gaz à effet de serre produit par chaque Gabonais.  « C’est tout le sens de la rencontre que nous allons organiser à Libreville, du 18 au 19 mars 2015, pour une initiative des pays du Sud en faveur du climat », a-t-il dit. 


Le Président a ajouté que la planète devait être sauvée à Paris en décembre 2015.  Concernant la lutte contre le braconnage et le commerce illicite des espèces protégées, le Gabon est attaché à l’Initiative de Londres de février 2014 et organisera avec l’Allemagne, le 26 septembre 2014, un événement parallèle sur cette question.


M. JUAN CARLOS VARELA RODRÍGUEZ, Président du Panama, s’est réjoui de constater que l’Amérique était en paix.  Il a énuméré les défis principaux auxquels le continent doit faire face: inégalité, crime organisé, trafic de drogue, traite des êtres humains, et réglementation des flux migratoires vers les économies plus développées.


Depuis 500 ans, l’isthme de Panama a servi de point de passage pour les civilisations.  Alors qu’il marque le centenaire du canal cette année, le Panama, « pays de convergence », réitère son engagement à être une nation au service de la communauté internationale, a assuré M. Rodriguez.  C’est d’ailleurs dans cet esprit qu’a été entreprise l’expansion du canal.


En avril 2015, le Panama accueillera le Sommet des Amériques, en vue de promouvoir l’intégration et la paix sociale, l’équité et la prospérité.


Le Président, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, s’est engagé à consolider la démocratie au Panama au cours des cinq prochaines années, à renforcer l’état de droit et les institutions, et à stimuler la croissance économique et les investissements.  À ce sujet, il a exposé les mesures qui amélioreront la qualité de vie des Panaméens et feront avancer les objectifs du prochain programme de développement.   


M. JOSEPH KABILA KABANGE, Président de la République démocratique du Congo (RDC), a remercié la communauté internationale pour son appréciable appui technique et logistique dans la riposte contre l’épidémie d’Ebola qui a fait plus de 2 000 morts en moins de six mois sur le continent africain.  Il a précisé que la RDC, touchée pour la septième fois par Ebola, avait non seulement réussi à contenir cette nouvelle épidémie dans la province de l’Équateur, mais aussi apporté son concours à la lutte contre l’épidémie en Afrique de l’Ouest.  Fort de plus de 30 ans d’expérience de gestion des épidémies d’Ebola, la RDC va mettre en place, dès le mois d’octobre 2014, des centres de formation pluridisciplinaires pour former le personnel de santé aux besoins des pays africains en matière de lutte contre cette maladie, a insisté M. Kabila Kabange. 


Par ailleurs, il a dit l’importance de la paix et de la prévention des conflits avant de préciser que la RDC était à nouveau un pays debout.  M. Kabila Kabange a indiqué que la RDC était un pays où la paix se consolidait chaque jour davantage, un pays où l’économie est l’une des plus dynamiques du continent, avec un taux d’inflation proche de zéro, un taux de croissance au-dessus de la moyenne africaine depuis près d’une décennie avec des réserves de change en constante augmentation.  Il a dit que la RDC était un pays en pleine reconstruction, où les routes, les écoles, les hôpitaux et infrastructures sont construits en nombre et à un rythme sans précédent. 


Il a ajouté que la consolidation de la démocratie et le renforcement de la cohésion nationale demeuraient les objectifs prioritaires de la RDC.  Dans ce contexte, il a confirmé la tenue prochaine des élections, conformément au calendrier arrêté par la Commission électorale nationale indépendante.  Il a aussi cité la combinaison judicieuse du dialogue politique, de la diplomatie et de l’action militaire afin d’éradiquer les forces négatives présentes sur le territoire congolais.


M. Kabila Kabange a affirmé que la RDC travaillait à améliorer les conditions sociales de la population.  Il a dit que cela passait par l’amélioration du climat des affaires afin de stimuler les investissements, favoriser une plus grande création de valeur ajoutée locale et créer des emplois.  Le Président de la RDC a dit que la priorité de son pays était de préserver la stabilité.


Par ailleurs, M. Joseph Kabila Kabange a souhaité que l’Afrique soit mieux représentée dans les organes de décision de l’ONU, notamment au sein du Conseil de sécurité, en précisant que 6 des 10 économies les plus dynamiques du monde étaient africaines.   


M. ROSSEN PLEVNELIEV, Président de la Bulgarie, a indiqué que ces mois derniers, son pays et la région des Balkans avaient été victimes d’inondations sans précédent, conduisant des milliers de personnes à perdre leurs domiciles et leurs récoltes et faisant de nombreux morts.  Il a appelé les États Membres à répondre de manière urgente aux problèmes des changements climatiques.


Il a parlé de la participation de son pays aux travaux du Groupe de travail à composition non limitée sur les objectifs de développement durable et a appelé toutes les parties à maintenir leur engagement en faveur de l’élaboration d’un cadre ambitieux et tourné vers l’avenir.  Il a aussi insisté sur l’importance de combler les lacunes des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et de mettre notamment l’accent sur les jeunes, l’éducation, la santé et l’emploi.


M. Plevneliev a ensuite estimé que l’« annexion illégale » de la Crimée par la Russie et le conflit dans l’est de l’Ukraine représentaient la plus grave menace à la paix et à la sécurité en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale.  Il a également souligné que l’environnement sécuritaire dans la région de la mer Noire avait été gravement affecté. 


Le Président bulgare a sommé la Russie de cesser de fournir en armes les séparatistes et de les appuyer.  Il a ensuite espéré que les élections parlementaires qui doivent se tenir prochainement en Ukraine permettront de bâtir un pays démocratique et durable.  Le Chef de l’État bulgare a aussi salué la ratification des accords d’association de l’Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie avec l’Union européenne.  Les changements positifs constatés aujourd’hui dans la région des Balkans n’auraient jamais été possibles sans le moteur de l’intégration européenne, a-t-il affirmé.


Ensuite, M. Plevneliev a appelé le Conseil de sécurité à faire preuve d’unité pour trouver une issue au conflit en Syrie.  Il a condamné les meurtres perpétrés par l’« État islamique en Iraq et au Levant » à l’encontre des minorités ethniques et religieuses et a dénoncé les exécutions brutales de personnes innocentes.  Le Président s’est par ailleurs félicité du fait que le Traité sur le commerce des armes avait atteint, ce matin, les 50 signatures nécessaires à son entrée en vigueur.  Il a souligné que la mise en œuvre et l’universalisation de ce texte étaient de la plus haute importance.


M. Plevneliev a annoncé la candidature de son pays à un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021.  Il a fait part de sa préoccupation au sujet des incidents antisémites qui ont récemment eu lieu en Europe et a souligné qu’en tant que pays qui a sauvé 48 000 juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale, la Bulgarie condamnait fermement les manifestations récurrentes, « brutales et dégoutantes » d’antisémitisme.

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Le Président a aussi parlé de la réforme du Conseil de sécurité et a voulu qu’au moins un siège non permanent supplémentaire soit réservé au Groupe d’Europe orientale.  La Bulgarie brigue également un siège de membre non permanent pour la période 2018-2019.


M. Plevneliev a par ailleurs rappelé que le mandat du Secrétaire général Ban Ki-moon arriverait à son terme à la fin 2016 et a estimé que le moment était venu pour que le Groupe d’Europe orientale ait un représentant à la tête de l’ONU.


M. BUJAR NISHANI, Président de l’Albanie, a estimé que la situation géopolitique a changé radicalement en Europe.  L’ouest des Balkans, auquel appartient l’Albanie, est devenu non seulement important du point de vue géostratégique mais aussi une région qui vient de s’engager sur la voie de la stabilité politique, du progrès économique, de la coopération, des relations de bon voisinage et de la consolidation la paix.  La région est consciente des efforts qu’elle doit encore déployer contre la corruption et la criminalité organisée. 


Pour les pays de la région, l’élargissement de l’Union européenne est en effet une affaire de performance qui devrait leur permettre d’obtenir une pleine intégration à l’Union européenne.  L’Albanie y est parvenue en juin dernier et a considéré cette étape comme un encouragement à intensifier le processus de réformes qui devrait conduire à ouvrir les pourparlers sur une accession à l’Union européenne. 


Parmi les pays de la région, le Kosovo, a affirmé le Président, est devenu un facteur de paix et de stabilité dont l’indépendance a été reconnue par 108 États Membres de l’ONU, soit bien plus que la moitié de la composition de l’Assemblée générale.  L’Albanie appelle les autres pays à faire de même dans un geste qui aiderait non seulement le peuple du Kosovo à aller de l’avant mais qui contribuerait aussi à la paix et à la stabilité régionales. 


Ces deux dernières décennies, a aussi affirmé le Président, l’Albanie est passée d’un État totalitaire à une démocratie opérationnelle.  Les progrès sont évidents et surtout dans le domaine des droits de l’homme.  La candidature de l’Albanie à un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2015-2017 n’est donc qu’une conséquence logique du parcours du pays vers une société fondée sur les droits de l’homme.


De la même manière, une présence de l’Albanie au Conseil des droits de l’homme lui donnerait l’élan nécessaire pour accélérer le processus de démocratisation et élever les normes des droits de l’homme.  L’Albanie, a insisté le Président, est déjà soutenue par le Groupe des pays d’Europe orientale et elle apprécierait l’appui des autres États Membres.


Le Président a aussi indiqué que son pays avait activement participé aux consultations sur le programme de développement pour l’après-2015, soucieux d’y intégrer la voix des peuples.  L’Albanie, a-t-il dit, a accepté de « tester » l’idée de consacrer un objectif spécifique à la gouvernance et à l’état de droit, comme moyen de réaliser le développement durable.  Le Président a espéré que l’on exploitera l’expérience de son pays en la matière.


M. JÁNOS ÁDER, Président de la Hongrie, a parlé d’une bataille en train d’être perdue, celle des changements climatiques.  La première prise de conscience date de Tokyo, soit un siècle après les premiers signes d’un réchauffement climatique établis par des scientifiques suédois en 1896, a-t-il dit.  « Nous n’entendons pas les avertissements de Mère nature », a-t-il déploré, mentionnant les diverses aberrations climatiques qui ont eu lieu ces derniers années.  Une température record de 123 degrés a ainsi été relevée en Australie, la neige est tombée à Bethléem et le Danube a connu des inondations graves et répétées.


Le Président de la Hongrie s’est dit ensuite préoccupé par la tonalité des discours qu’il a entendus au sein des Nations Unies ces derniers jours en ce qui concerne les changements climatiques.  Pourquoi persistons-nous à ne pas voir les signaux que la planète nous envoie, s’est-il de nouveau interrogé tout haut, indiquant que la concentration de CO2 dans l’atmosphère n’avait jamais été aussi importante.


M. Áder a indiqué que les travaux de prévention qui auraient permis de protéger la ville de New York contre les effets d’un ouragan coûtaient quelques millions de dollars à comparer aux centaines de millions de dollars de dommages occasionnés par l’ouragan Sandy en 2012.  M. Áder a souhaité que les négociations de Paris en 2015 qui doivent aboutir à un accord sur les changements climatiques se soldent par un franc succès.


Nous allons devoir nous faire à l’idée que nos enfants vont vivre avec un environnement dégradé, même si nous avons du mal à accepter cette idée, a-t-il poursuivi.  Sur un ton résolument alarmiste, M. Àder a relevé que « nous n’étions pas à la vingt-quatrième heure, mais à la vingt-cinquième heure » en ce qui concerne les changements climatiques.  « Si vous voulez le calme, vous devez vous préparer à la catastrophe », a conclu le Président de la Hongrie.


M. ARTHUR PETER MUTHARIKA, Président du Malawi, a affirmé que les premières élections tripartites avaient eu lieu dans son pays en mai 2014, à l’issue d’un processus démocratique et pacifique.  Le Malawi a aussi célébré, au mois de juillet, le jubilé de son indépendance.  Malgré les progrès accomplis dans différents secteurs, de nombreux citoyens vivent toujours sous le seuil de pauvreté, a-t-il cependant dit. 


Le Président a rappelé que son pays avait présidé la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) d’août 2013 à août 2014 et, à ce titre, œuvré pour la paix et la stabilité dans la région.  Il a mentionné à cet égard le déploiement de la brigade de force d’intervention en République démocratique du Congo (RDC) sous les auspices de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), qui a obtenu notamment la reddition du groupe M23. 


À Madagascar, la Communauté de développement de l’Afrique australe a aussi joué un rôle crucial dans le retour à la normale sur le plan constitutionnel.  Le Président a ensuite parlé du soutien de son pays aux efforts internationaux de désarmement, notamment pour les armes de destruction massive.


Passant à la question du développement durable, M. Mutharika a salué le caractère inclusif du processus qui conduira au programme de développement pour l’après-2015.  Le Malawi figure parmi les 50 pays qui ont mené des consultations nationales pour apporter leur contribution à ce processus.  Il a souhaité que les objectifs de développement durable tirent les leçons des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


Le Malawi, a-t-il poursuivi, est en bonne voie pour atteindre 4 des 8 OMD, à savoir ceux qui concernent la réduction de la mortalité infantile, la lutte contre le VIH/sida, l’environnement et les partenariats en faveur du développement.  La non-réalisation des autres objectifs s’explique par le manque de ressources, a-t-il indiqué. 


Il a regretté à cet égard que les donateurs n’aient pas tenu leurs promesses, avant de plaider en faveur d’un partenariat mondial efficace pour le développement.  Le Président a demandé que le programme de développement pour l’après-2015 tienne compte des besoins spécifiques et des caractéristiques des pays en développement.


Enfin, il a appelé à élargir la composition du Conseil de sécurité, tant pour les sièges de membres permanents que ceux de membres non permanents, en incluant les pays en développement dans les deux catégories.  Il a aussi souligné la nécessité de placer les femmes, les filles et les personnes handicapées au centre du programme de développement pour l’après-2015. 


M. BARON DIVAVESI WAQA, Président de Nauru, a énuméré les défis que doivent relever les petits États insulaires en développement (PEID), tels que la pauvreté et les changements climatiques.  Il a attiré l’attention sur les problèmes environnementaux qui affectent les océans: les émissions de gaz à effet de serre qui réchauffent la planète et acidifient les océans, la surpêche et la pollution, entre autres.  La solution durable à ces problèmes, a-t-il noté, nécessite davantage de ressources et un niveau plus élevé de coopération de la part de la communauté internationale.  Reconnaissant que des pays comme le sien ne peuvent pas rester les bras croisés, il a indiqué par exemple que les parties à l’Accord de Nauru concernant la coopération dans la gestion des pêches d’intérêt commun prenaient des mesures pour améliorer la gestion des stocks de thon. 


Venant au programme de développement pour l’après-2015, le Président a prôné une approche qui donne la priorité au renforcement des institutions.  « Il nous faut, a-t-il expliqué, un engagement national sur le long terme, soutenu par des ressources réelles pour des institutions nationales dirigées par des nationaux. »  Il a recommandé de ne pas détourner l’attention des problèmes principaux, comme la surpêche, l’adaptation aux changements climatiques et le traitement des déchets.


S’il s’est félicité des engagements de réduction des émissions pris par les pays et les entreprises lors du Sommet sur le climat, il y a deux jours, il a fait remarquer que ces promesses seraient à la charge de futurs gouvernements qui seront au pouvoir dans 10 ans ou plus.  Les PEID, qui ne contribuent qu’à une fraction des émissions mondiales, ont entrepris de mettre en place des économies durables et ont fait des promesses ambitieuses en termes de réduction des émissions.  Il a indiqué que son pays avait ainsi décidé de réduire ces émissions de 50% d’ici à 2020.  Le Président, qui a aussi tenu à souligner les liens existant entre les changements climatiques et les conflits, a demandé au Secrétaire général de nommer un représentant spécial sur le climat et la sécurité.


Au sujet du Conseil de sécurité, il a soutenu son élargissement au niveau des deux catégories de membres et demandé une réforme de ses méthodes pour le rendre plus efficace.  Les Nations Unies, dans leur ensemble, doivent travailler pour les petits pays comme le sien, a-t-il ajouté, plaidant aussi la cause du peuple de Taiwan.  Enfin, il s’est inquiété face à l’insuffisance du financement de la solution aux changements climatiques.  On est loin de l’objectif des 100 milliards de dollars qui doivent être mobilisés d’ici à 2020, a-t-il noté à cet égard.


Suis-je un rêveur écervelé ou tout simplement pragmatique? a demandé M. TOMMY ESANG REMENGESAU, Président des Palaos.  Le temps nous le dira mais laissez-moi vous dire une chose, a-t-il répondu: « mon pays ne tombera pas sans se battre ».  Mon pays, s’est expliqué le Président, est fait de gens qui voient tous les jours l’impact réel des changements climatiques et qui regardent ses océans se faire polluer et ses stocks de poissons fondre.  C’est la raison pour laquelle, les dirigeants du Pacifique ont soutenu cette année la Déclaration des Palaos, « L’océan: vie et futur ».  C’est la raison pour laquelle avec Kiribati, les Îles Cook, la Nouvelle-Calédonie, les États-Unis, les États fédérés de Micronésie et les Îles Marshall, les Palaos sont en train de créer des zones maritimes protégées de tailles différentes pour inverser la tendance de la surexploitation des océans.  C’est la raison pour laquelle, les Palaos et d’autres pays du Pacifique se sont engagés à lancer, d’ici au mois de septembre 2015, des négociations sur un accord international relatif à la conservation et l’utilisation viable de la biodiversité marine dans les zones au-delà de la juridiction nationale.  C’est la raison pour laquelle, a ajouté le Président, nous demandons aux États Membres de consacrer aux océans un objectif à part entière dans le programme de développement pour l’après-2015. »


À ce stade, a estimé le Président, le projet de programme, et ses 17 objectifs, part dans tous les sens.  « Un agenda sur tout est un agenda sur rien » et « les solutions à taille unique ne sont pas des solutions. »  Le Président a voulu que l’on se concentre sur une réponse « commune mais différenciée ».  Il a annoncé que, dans les mois à venir, son pays créerait un sanctuaire marin car c’est en reconnaissant les océans comme un bien appartenant à chaque citoyen de la planète que l’on parviendra à une gestion mondiale de notre « zone économique exclusive mondiale ». 


Les changements climatiques sont notre « guerre silencieuse » et la question qui définira notre siècle, a prévenu le Président.  Une augmentation de 3,6% de la température de la planète est tout simplement « inacceptable » et si c’est tout ce que peuvent faire les dirigeants du monde, alors on ferait mieux de jeter l’éponge et d’arrêter de faire des enfants parce qu’ils n’auront pas d’avenir.  D’ici à 2015, on attend des dirigeants du monde qu’ils donnent une nouvelle orientation et, ce faisant, qu’ils ratifient le deuxième Amendement au Protocole de Kyoto.  La migration ne saurait être une option, car « personne ne part, personne ne perd son pays, personne ne devient un réfugié climatique », a prévenu le Président en paraphrasant une poétesse des Îles Marshall.


Nous n’appelons pas les pays développés à des actions que nous n’entreprenons pas nous-mêmes, a dit le Président qui a salué les États-Unis, le Japon, Taiwan, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Union européenne dont « le partenariat est un engagement ».  Pour sauver nos océans et arrêter la vague des émissions, nous devons créer un système durable de partenariats mondiaux, fondés sur le respect et dans ce cadre, a insisté le Président, les « moyens de mise en œuvre », qu’il s’agisse des océans, des changements climatiques ou de la biodiversité, sont une question récurrente et cruciale.  Sans des partenariats efficaces, rien ne sera possible, et sans des engagements juridiquement contraignants contre les changements climatiques, aucune transformation pour les générations futures ne sera possible.  En cette ère moderne, a conclu le Président, la seule façon de faire la différence est de dépasser les intérêts étroits. 


M. JAKAYA MRISHO KIKWETE, Président de la République-Unie de Tanzanie, a souhaité qu’une attention particulière soit portée au financement du programme de développement durable pour l’après-2015.  Il a ensuite demandé au Président de l’Assemblée générale d’utiliser ses bons offices pour revitaliser le processus de réforme des Nations Unies.


Le Président s’est dit préoccupé par les événements en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, en Europe de l’Est, dans la région des Grands Lacs et dans la Corne de l’Afrique.  De même, la menace du terrorisme, l’exploitation illicite des ressources naturelles, le braconnage, le trafic illicite des stupéfiants et des armes rendent le monde moins sûr.      


Il ne faut pas laisser faire Al-Chabab, Boko Haram, l’État islamique en Iraq et au Levant  et d’autres organisations terroristes, a dit M. Mrisho.  « Il ne faut pas laisser la Libye se désintégrer.  Les combats insensés en République centrafricaine et au Soudan du Sud doivent prendre fin. »


S’agissant de la question du Sahara occidental, « quels sont les insurmontables défis qui empêchent les Nations Unies de résoudre l’impasse »? a demandé le Président.  Il a souhaité que ce problème, qui a surgi à peu près en même temps que celui du Timor oriental, il y a près de 40 ans, soit réglé « une bonne fois pour toutes ».


Par ailleurs, le monde doit se dresser contre l’épidémie d’Ebola qui menace les pays d’Afrique de l’Ouest.  M. Mrisho a demandé quatre choses: que l’on continue d’assister les pays affectés jusqu’à ce que la propagation de la maladie soit maîtrisée; que l’on aide les pays voisins à renforcer leurs capacités en matière de surveillance, d’isolation et de traitement; que l’on intensifie les efforts pour trouver un remède et un vaccin; et que l’on arrête la stigmatisation qui se développe contre l’Afrique à cause d’Ebola.


En fait, a-t-il fait remarquer, « les pays affectés sont plus près de l’Europe qu’ils ne le sont du Kenya, de la Tanzanie ou de l’Afrique du Sud.  Annuler des visites dans ces parties de l’Afrique est incompréhensible ». 


M. STEPHEN HARPER, Premier Ministre du Canada, a indiqué que la paix ne se résumait pas à l’absence de guerre.  Lorsque règnent l’injustice et la misère, il ne saurait y avoir de paix, a-t-il dit.  Il a affirmé que le Canada cherchait à bâtir un monde où la primauté du droit et les droits de l’homme étaient sauvegardés.


« Nous pensons que la liberté, la prospérité et la paix forment un cercle vertueux », a-t-il poursuivi, avant de défendre vigoureusement les bénéfices résultant des échanges commerciaux entre les nations.  La libéralisation du commerce profite également aux pays en développement.  Pour illustrer son point de vue, M. Harper a cité une phrase du Président du Sénégal, M. Macky Sall, qui insistait sur l’importance des investissements pour les économies africaines.


Il a ensuite vigoureusement plaidé pour la poursuite des efforts visant à diminuer la mortalité maternelle et infantile, par le biais notamment de campagnes de vaccination.  La véritable mesure du progrès est le nombre de vies sauvées, a-t-il affirmé, ajoutant que la santé maternelle et infantile devait demeurer prioritaire.


Le Premier Ministre a affirmé que son pays appuierait financièrement l’initiative de l’ONU « Chaque femme, chaque enfant ».  En conclusion, M. Harper a appelé de ses vœux l’édification d’un monde où la vie, la liberté, les droits de la personne seraient préservés et la force brutale défaite.


M. MARK RUTTE, Premier Ministre et Ministre des affaires générales des Pays-Bas, a rappelé la tragédie qu’a été la mort en juillet dernier des 298 passagers du vol de la Malaysia Airlines MH17, parmi lesquels 196 ressortissants néerlandais.  Ces passagers seraient en vie si le conflit en Crimée et la déstabilisation de l’est de l’Ukraine n’étaient pas survenus, a-t-il poursuivi.  Il a demandé que les passagers décédés qui n’ont pas été identifiés le soient dans les plus brefs délais et que les restes et effets personnels des victimes soient rapatriés.  « Les causes de ce désastre doivent être élucidées et les responsables jugés », a déclaré M. Rutte.


S’agissant de l’épidémie d’Ebola, il a indiqué que son pays allait accélérer ses efforts humanitaires, avec une nouvelle contribution de 18 millions de dollars pour combattre le virus.  « Dans la même veine, les Pays-Bas continueront d’appuyer les missions de maintien de la paix de l’ONU », a-t-il affirmé.  Le Premier Ministre a ensuite insisté sur l’importance que les auteurs de violations des droits de l’homme soient traduits en justice.  « Nous devons cela aux passagers du vol MH17, mais également aux victimes de la violence en Syrie et en Iraq. »


Enfin, M. Rutte a indiqué que son pays était candidat à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité pour les années 2017 et 2018.  « Nous souhaitons aider à la modernisation et au renforcement du Conseil », a-t-il déclaré, ajoutant que son pays soutenait l’initiative française consistant à limiter l’usage du droit de veto lorsque des atrocités de masse sont commises.


M. QOHIR RASULZODA, Premier Ministre du Tadjikistan, a estimé que le programme de développement pour l’après-2015 devait s’inscrire dans le prolongement des Objectifs du Millénaire de développement (OMD) avec comme priorité l’élimination de la pauvreté et des inégalités.  Ce nouvel ordre du jour doit également intégrer les trois composantes du développement durable tout en tenant compte des principes de Rio+20 et des spécificités nationales. 


Le Forum politique de haut niveau sur le développement durable est, selon lui, capable de proposer une plateforme efficace et universelle pour la mise en œuvre du programme d’action du développement durable.  Il espère que ce Forum deviendra un relais important du dialogue en cours et des examens des objectifs de développement durable.  Le financement de ces objectifs est un autre aspect crucial à ne pas négliger.  Il préconise, à cet effet, de nouveaux partenariats mondiaux et souligne le rôle significatif que les commissions d’experts intergouvernementaux pourraient jouer en vue de créer un mécanisme onusien de promotion du développement durable et de transfert de technologies. 


Le Tadjikistan a déployé des moyens considérables pour réaliser les OMD, ce qui lui a permis de significativement réduire la pauvreté.  En tant que pays pilote de l’ONU, le Tadjikistan s’apprête à faire un examen de la mise en œuvre des OMD en 2015 et se dit prêt à étroitement collaborer avec les agences et programmes de l’ONU dans ce contexte.  Le Premier Ministre a proposé qu’un examen similaire soit fait à l’échelle mondiale pour évaluer la mise en œuvre de la Décennie internationale d’action 2005-2015 sous le thème « L’eau, source de vie » et de développer ensemble des recommandations spécifiques pour renforcer et reconduire cette action.


L’accès aux nouvelles sources d’énergie est également un facteur déterminant pour le développement durable, a souligné le Premier Ministre, ajoutant que son pays était en train de développer son potentiel énergétique avec un accent particulier mis sur les énergies renouvelables, dont notamment des stations hydroélectriques.  Le Tadjikistan soutient la réunion, du 3 au 5 novembre 2014 à Vienne, de la Conférence d’examen de la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty.  Le nouveau programme d’action devrait apporter aux pays les moins avancés sans littoral de nouvelles opportunités pour leur future intégration dans l’économie mondiale, a estimé le Premier Ministre.


Il a également abordé le problème de la lutte contre le trafic illicite de drogues et de leur production, domaine dans lequel son pays a acquis une expérience significative.  Fort de cette expérience, il s’apprête à organiser une conférence régionale sur cette question qui aura lieu à Douchanbé en 2015, un an avant la session spéciale de l’Assemblée générale de l’ONU sur la drogue.  Le Tadjikistan compte sur le soutien des Nations Unies, des États intéressés ainsi que des organisations internationales pour cette conférence. 


Abordant la situation en Afghanistan, le Premier Ministre a plaidé pour que ce pays soit inclus dans le processus régional de coopération en vue de faciliter le succès des efforts actuellement en cours de la communauté internationale.


M. KAY RALA XANANA GUSMÃO, Premier Ministre du Timor-Leste, a dit que 14 ans après l’indépendance de son pays, peu de choses avaient été réalisées par la communauté internationale dans la lutte contre la pauvreté et dans les domaines de l’éducation et de la production alimentaire dans les pays en développement.  Les pays fragiles et en guerre sont loin d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Pour répondre à ces défis, les Nations Unies doivent renforcer la coopération surtout au niveau régional, et respecter la souveraineté et la particularité de chaque État.  Toute action menée en dehors de ce cadre n’entraînerait que la poursuite des mesures du passé qui, dans la plupart des cas, ont échoué.


Après avoir assisté à sa quasi-destruction, le Timor-Leste connaît les conséquences et les cicatrices de la guerre, a-t-il dit, notant qu’immédiatement après le conflit, la société timoraise s’était réconciliée avec elle-même pour parvenir à la paix.  Au lieu d’alimenter la haine et la vengeance, il a entretenu les valeurs de solidarité et de tolérance, en fournissant les bases d’une paix politique et d’une véritable réconciliation avec l'Indonésie.  Le partenariat avec les Nations Unies dans la reconstruction du pays « nous a enseigné des leçons importantes, que nous avons partagées avec le monde, en particulier avec les États fragiles », a-t-il dit.


Le Premier Ministre s’est dit préoccupé par les développements à l’est et au sud de la mer de Chine.  Cette question est d’une importance vitale pour le Timor-Leste, a-t-il souligné, mettant l’accent sur la nécessité de mettre des frontières maritimes entre les pays d’une manière claire, en conformité avec le droit international.  


Mentionnant la « terrifiante épidémie d’Ebola » en cours en Afrique de l’Ouest, Mme ERNA SOLBERG, Premier Ministre de la Norvège, a souligné la nécessité de bâtir des systèmes de santé sur lesquels des individus comme Joséphine Finda Sellu puissent s’appuyer.  « Mme Sellu, infirmière chef dans un hôpital gouvernemental de la Sierra Leone, a vu 15 de ses infirmières mourir d’Ebola, néanmoins elle n’a jamais cessé de se battre », a-t-elle affirmé.


Elle a ensuite insisté sur le rôle de l’éducation, en particulier des jeunes filles, pour éliminer la pauvreté.  Condamnant fermement les attaques visant à priver les enfants de leur droit à l’éducation, elle a rendu hommage à Malala, l’écolière pakistanaise agressée par les Taliban.  « Si une écolière peut combattre les Taliban, alors la communauté internationale peut vaincre l’extrémisme et le terrorisme. »


Le Premier Ministre a condamné les violations du droit international commises par la Fédération de Russie et demandé que tout règlement du conflit en Ukraine respecte l’intégrité territoriale de ce pays.  Elle a déploré le fait que le Conseil ait échoué à répondre efficacement aux situations en Ukraine et en Syrie, en raison de la persistance « des croyances de certaines puissances dans les idées dépassées de jeux à somme nulle et de sphères d’influence ».


Mme Solberg a ensuite rappelé que la protection des droits de l’homme incombait en premier lieu aux États.  Elle a déploré à ce titre l’adoption de lois limitant la liberté d’expression et la persistance des discriminations, en particulier à l’encontre des minorités.


En conclusion, elle a demandé que les négociations relatives au programme de développement pour l’après-2015 incluent les questions relatives à la paix et à la stabilité et répondent au défi des changements climatiques.


M. ABDELILAH BENKIRANE, Premier Ministre du Maroc, a lu le discours du Roi du Maroc, MOHAMED VI, qui déclare que le thème focal de la question du développement humain durable pour l’après-2015 était un choix pertinent qui s’inscrivait au cœur des priorités de l’Organisation et constituait un point de rencontre où convergent les considérations économiques, sociales, environnementales, sécuritaires et politiques.


« Je suis venu porteur d’un appel à l’équité pour les pays en développement, surtout en Afrique, un appel pour une approche objective de la problématique du développement dans ce continent », souligne le Roi du Maroc, indiquant que le développement durable ne se décrète pas par des décisions ou des recettes toutes prêtes; pas plus qu’il n’existe un seul et unique modèle en la matière.


Le Roi a ainsi lancé un « appel pour le respect des spécificités de chaque pays, dans son itinéraire national, et de la volonté qui est la sienne d’édifier son propre modèle de développement.  Cela vaut surtout pour les pays en développement qui pâtissent encore des effets de la colonisation ».


Le souverain marocain ajoute que le colonialisme a causé de grands préjudices aux États qui en ont subi la tutelle et, même si de nombreuses années se sont écoulées depuis, il n’en demeure pas moins que les États coloniaux portent la responsabilité historique pour la situation difficile, parfois dramatique, que vivent certains États du Sud, surtout en Afrique.


« Aujourd’hui, après tous ces effets pervers, ces États n’ont pas le droit d’exiger des pays du Sud un changement radical et rapide selon un schéma étranger à leurs cultures, leurs principes et leurs atouts propres, comme si le développement ne pouvait se réaliser qu’à l’aune d’un modèle unique: le modèle occidental. »


Dans ce qu’il désigne comme son deuxième appel à la communauté internationale, le Roi Mohamed VI invite à davantage de réalisme et de sagesse dans les rapports avec ces États, dont il faut comprendre les circonstances ayant marqué leurs parcours respectifs vers la démocratie et le développement.


Mais, a-t-il insisté, « certains États occidentaux, qui n’ont demandé l’autorisation de personne pour coloniser les pays du Sud, au lieu d’apporter le soutien nécessaire aux peuples de ces pays, s’obstinent à leur imposer des conditions drastiques qui entravent leur évolution naturelle vers le progrès ».


Allant plus loin, le souverain souligne que les États occidentaux, et les institutions qui en dépendent, ne savent que donner des leçons, à profusion et dans le meilleur des cas, prodiguer quelques conseils.  Quant au soutien qu’ils concèdent, dit-il, il est très faible et systématiquement soumis à des conditions.


Dans ce contexte, et après avoir remis en question l’opération de notation et de classement des États, le Roi Mohammed VI préconise que le capital immatériel figure désormais parmi les principaux critères de mesure et de classement de la richesse des États, et réitère son discours de février dernier à Abidjan dans lequel il avait indiqué que « l’Afrique n’avait pas tant besoin d’aides humanitaires que de partenariats mutuellement bénéfiques », et appuyé la coopération Sud-Sud.


En conclusion, le souverain marocain déclare que le monde aujourd’hui est à la croisée des chemins.  « Soit la communauté internationale apporte son appui aux pays en développement, pour qu’ils puissent avancer et assurer la sécurité et la stabilité dans leurs régions respectives, soit nous aurons tous à supporter les conséquences de la montée des démons de l’extrémisme, de la violence et du terrorisme, qu’alimente le sentiment d’injustice et d’exclusion, et auquel aucun endroit au monde ne pourra échapper. »


Mme NATALIA GHERMAN, Vice-Premier Ministre etMinistre des affaires étrangères et de l’intégration européenne de la République de Moldova, a affirmé que les ambitions de son pays pour une étroite coopération avec l’Union européenne ne sauraient être exaucées si les bénéfices n’en étaient pas entièrement partagés avec les citoyens moldaves vivant dans la région de la Transnistrie.  Elle a indiqué que l’objectif poursuivi en Transnistrie restait le même: une solution politique basée sur le respect de la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Moldova et un statut spécial pour la région de la Transnistrie.


Mme Gherman a cité parmi les obstacles à la recherche d’un tel règlement la présence continue des forces militaires russes en Transnistrie, contrairement aux engagements internationaux pris.  « Nous attendons de la Fédération de Russie qu’elle finalise le processus de retrait sans plus tarder. »


Elle a ensuite déploré le fait que les exportations agricoles de son pays vers la Fédération de Russie fassent l’objet de restrictions injustifiées et remercié l’Union européenne pour son soutien au Gouvernement moldave dans l’atténuation des conséquences desdites restrictions.


Concernant la situation en Ukraine, elle a affirmé que les choix souverains de tous les membres de la communauté internationale devaient être respectés.  « Comme beaucoup d’autres pays, nous ne reconnaîtrons jamais l’annexion de la Crimée », a-t-elle ajouté.  Enfin, le Vice-Premier Ministre a indiqué que la République de Moldova avait pris des mesures concrètes pour soutenir les Nations Unies, l’Union européenne et l’OTAN dans la préservation de la paix, la sécurité et la stabilité en Europe et dans le monde.


M. PIERRE MOUKOKO MBONJO, Ministre des relations extérieures du Cameroun, a appelé de ces vœux un programme transformateur pour l’après-2015.  Il a indiqué que son gouvernement avait mis en œuvre, depuis 2010, une stratégie pour la croissance et l’emploi dans le but d’améliorer les conditions de vie de la population.  Le Ministre a toutefois indiqué qu’en dépit des progrès importants réalisés en la matière, il restait encore beaucoup à faire dans les domaines de l’éducation, la santé, l’accès à l’eau et à l’électricité et des routes.


M. Moukoko Mbonjo a estimé nécessaire de modifier la conception actuelle du développement.  Celui-ci ne devra plus être perçu comme un processus exogène, mais comme l’expression des souhaits et des besoins des populations ciblées, s’est-il expliqué.  Il a également jugé nécessaire de mettre en place un mécanisme de suivi des objectifs du nouveau système, et de réformer le mode de financement de l’aide au développement pour améliorer son efficacité. 


Le Ministre a aussi insisté sur la nécessité d’assurer la sécurité car « sans sécurité, il n’est point de développement possible ».  Il a par ailleurs indiqué qu’en raison de l’insécurité en République centrafricaine et des attaques de Boko Haram, le Cameroun accueille plus de 200 000 réfugiés.  Il a averti que si cette situation devait se prolonger, il n’est pas certain que les moyens du pays lui permettent d’y faire face.


M. Moukoko Mbonjo a ensuite appelé les parties au conflit en Afrique, au Moyen-Orient ou en Afrique orientale à la négociation, indiquant c’est la voie que le Nigéria et la Cameroun avaient choisie pour régler le différend qui les opposaient sur la presqu’île de Bakassi.


M. MANKEUR NDIAYE, Ministre des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur du Sénégal, a rappelé que le Président du Sénégal, M. Macky Sall, avait lancé l’ambitieux programme « Plan Sénégal émergent » qui constitue aujourd’hui et pour les années à venir le référentiel de la politique économique et sociale du pays.  Indiquant que le programme de développement pour l’après-2015 devrait être l’occasion d’un partenariat plus dynamique avec les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux, il a souligné l’importance que revêt à ce titre le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).


M. Ndiaye a rappelé que son pays ne comptait à ce jour aucun cas de virus Ebola et salué la décision du Secrétaire général de mettre en place une mission onusienne de réponse urgente au virus Ebola.


Concernant le dossier du Sahara occidental, il a réitéré le soutien de son pays à l’initiative du Maroc d’accorder une large autonomie au Sahara occidental, dans le cadre du respect de sa souveraineté et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Le Ministre a ensuite attiré l’attention de la communauté internationale sur les multiples enjeux liés à la tenue en 2015 d’élections présidentielles dans certains pays africains.


Se tournant vers le Moyen-Orient, le Ministre a renouvelé son soutien à une solution politique juste, négociée et pacifique, afin de parvenir à la création d’un État palestinien viable et indépendant vivant au côté d’Israël.


En conclusion, M. Ndiaye s’est exprimé en faveur de l’octroi à l’Afrique de deux sièges de membres non permanents au sein du Conseil de sécurité, ainsi que de deux sièges de membres permanents, « avec toutes les prérogatives attachées à ce statut, y compris le droit de veto ».


*  ***  *


À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Réuni au plus haut niveau, le Conseil de sécurité demande aux États Membres de se mobiliser contre les combattants terroristes étrangers

CS/11580

Réuni au plus haut niveau, le Conseil de sécurité demande aux États Membres de se mobiliser contre les combattants terroristes étrangers

24/9/2014
Conseil de sécuritéCS/11580
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

7272eséance – après-midi


RÉUNI AU PLUS HAUT NIVEAU, LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DEMANDE AUX ÉTATS MEMBRES

DE SE MOBILISER CONTRE LES COMBATTANTS TERRORISTES ÉTRANGERS


Il envisage d’élargir à ces individus le régime de sanctions visant Al-Qaida


Cet après-midi, au cours d’une réunion présidée par le Président des États-Unis, M. Barack Obama, et à laquelle ont pris part 24 chefs d’État et de gouvernement, ainsi que le Secrétaire général de l’ONU, le Conseil de sécurité a condamné l’extrémisme violent, la « violence fanatique » et la perpétration d’actes de terrorisme par des combattants étrangers, en exigeant de ceux-ci qu’ils désarment, mettent fin à leurs activités et cessent de participer à des conflits.


Dans la résolution 2178 (2014), adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, le Conseil exprime sa volonté d’élargir aux combattants terroristes étrangers, notamment ceux qui sont recrutés par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) et le Front el-Nosra, les sanctions qui frappent actuellement les individus et entités visés par le Comité contre Al-Qaida.


Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, il se déclare « fermement résolu à envisager » l’inscription, sur cette liste, des « groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida qui financent, arment, organisent et recrutent pour son compte ou qui soutiennent ses actes ou activités, y compris à l’aide des nouvelles technologies de l’information et des communications comme Internet et les médias sociaux ».


Cette réunion du Conseil, « la sixième à un si haut niveau depuis la création de l’ONU il y a 70 ans », a rappelé M. Obama, s’est déroulée dans une atmosphère lourde, marquée par l’annonce, quelques heures plus tôt, de l’exécution, en Algérie, d’Hervé Gourdel, un otage français enlevé par un groupe lié à l’État islamique d’Iraq et du Levant.  Une trentaine d’autres délégations se sont exprimées au cours du débat qui a suivi l’adoption de la résolution.


« Ce qui nous réunit aujourd’hui, c’est le nombre croissant d’individus, estimé à environ 15 000, qui se rendent dans les zones de conflit, notamment en Syrie et en Iraq, pour y combattre aux côtés de groupes comme l’EIIL ou le Front el-Nosra, et retournent ensuite dans leur pays d’origine avec pour intention d’y commettre des attentats contre leurs concitoyens », a expliqué le Président Obama.


Parmi ces combattants, on compte 500 « fanatiques britanniques », selon le Premier Ministre du Royaume-Uni, M. David Cameron, et environ 1 000 Français, « un chiffre en hausse de 50% depuis le début de l’année », a indiqué le Président de la France.  Pour M. François Hollande, la résolution 2178 (2014) articule une « stratégie mondiale » dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et adresse un « message de fermeté de la part de la communauté internationale ».


Alors que la coalition internationale a lancé des frappes aériennes contre des positions de l’EIIL, le Premier Ministre de l’Iraq, M. Haider Al-Abadi, nouvellement élu, a plaidé pour une assistance « militaire et sécuritaire », en précisant que son pays en avait besoin de toute urgence pour rétablir sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale.


M. Al-Abadi a assuré qu’il avait engagé une « transition pacifique » assorti d’un « échéancier politique précis ».  « Les missiles peuvent tuer des terroristes, mais c’est la bonne gouvernance qui en viendra à bout », a résumé, pour sa part, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, présent lors de ce débat.


« L’EIIL n’est pas seul dans cette campagne abjecte contre l’hu

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« L’espoir étant peu visible à l’horizon », le débat général de l’Assemblée s’ouvre par des appels à l’unité contre l’extrémisme radical et le terrorisme

AG/11560

« L’espoir étant peu visible à l’horizon », le débat général de l’Assemblée s’ouvre par des appels à l’unité contre l’extrémisme radical et le terrorisme

24/9/2014
Assemblée généraleAG/11560
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-neuvième session

6e, 7e &  8e séances plénières

Matin, après-midi et soir                                  


« L’ESPOIR ÉTANT PEU VISIBLE À L’HORIZON », LE DÉBAT GÉNÉRAL DE L’ASSEMBLÉE S’OUVRE PAR DES APPELS À L’UNITÉ CONTRE l’EXTRÉMISME RADICAL ET LE TERRORISME


Le débat général de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale s’est ouvert, aujourd’hui, par les appels de plusieurs dirigeants à l’unité dans la lutte contre l’extrémisme radical et le terrorisme international, fléaux qu’incarnent en particulier l’« État islamique en Iraq et au Levant », Al-Qaida et Boko Haram.


« L’espoir est peu visible à l’horizon. »  C’est par ce constat sombre que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a inauguré le débat général de la soixante-neuvième session, dont la première journée a rassemblé 37 chefs d’État et de gouvernement dont ceux des États-Unis, de la France, de l’Égypte, de la Jordanie, du Royaume-Uni et de la Turquie.


Jusqu’au 30 septembre, les délégations, avec à leur tête des chefs d’État et de gouvernement, des ministres ou des représentants, exposent leurs vues sur de grandes questions internationales.


« Des actes indescriptibles ont été commis, des innocents sont morts », a déploré M. Ban, qui présentait son rapport* sur l’activité de l’Organisation.  « Le spectre de la guerre froide est revenu nous hanter.  Le printemps arabe a en grande partie été emporté par un vent de violence. »


Pour le Secrétaire général, « jamais, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, n’y avait-il eu tant de réfugiés, de déplacés et de demandeurs d’asile.  Jamais auparavant l’ONU n’avait-elle été mise à contribution pour aider tant de gens ».  « Du point de vue des principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, cette année fut terrible. »


Le Secrétaire général a estimé que la menace que des groupes extrémistes faisaient peser sur la paix et la sécurité internationales était et exigeait une réaction multiforme de la communauté internationale.  « Nous devons agir avec détermination pour faire cesser les atrocités criminelles et parler ouvertement des origines de la menace », a-t-il affirmé.


Le Président des États-Unis, M. Barack Obama, a appelé à lutter contre le « cancer de l’extrémisme violent qui a ravagé de nombreuses parties du monde musulman », assurant que son pays rejetait toute suggestion d’un choc des civilisations.


M. Obama, qui devait présider un peu plus tard dans la journée une réunion de haut niveau du Conseil de sécurité sur les « combattants terroristes étrangers », a demandé qu’« ensemble » nous agissions « concrètement pour contrer la menace posée par des fanatiques religieux déterminés et les tendances qui nourrissent leur recrutement ».


Selon lui, quatre défis sont à relever à cet égard.  D’abord, l’État islamique en Iraq et au Levant « doit être affaibli, puis détruit ».  Ensuite, il convient d’établir un « nouveau pacte entre les peuples civilisés de ce monde pour éradiquer la guerre à sa source la plus fondamentale: la corruption des jeunes esprits par l’idéologie violente ».  En troisième lieu, il faut s’attaquer aux cercles vicieux des conflits sectaires qui créent des conditions propices au terrorisme.  Enfin, « les pays du monde arabo-musulman doivent se concentrer sur le potentiel extraordinaire de leur peuple, en particulier les jeunes ».


Par un malheureux télescopage de l’actualité illustrant cruellement le propos de son prédécesseur, le Président de la France, M. François Hollande, a annoncé avec émotion l’assassinat par un groupe lié à l’« État islamique » d’un ressortissant français enlevé en Algérie, Hervé Gourdel.  « La France luttera sans répit pour détruire DAECH et ses complices », a promis M. Hollande, pour qui « rien de durable ne sera engagé si la question syrienne n’est pas réglée ».


Son homologue égyptien, M. Abdelfattah Alsisi, a souhaité que l’on ne permette pas aux extrémistes d’utiliser abusivement l’Islam.  « Les terroristes, a-t-il observé, sont issus de sociétés différentes et ne sont pas reliés entre eux par une vraie foi. »  Il a proposé de résoudre les crises en appliquant les principes de l’égalité des citoyens et du respect de l’état de droit, et en confrontant de manière ferme les forces extrémistes et terroristes.


Pour le Roi Abdullah II de Jordanie, les terroristes et criminels qui visent la Syrie, l’Iraq et d’autres pays, ne sont que le reflet extrême d’une menace globale face à laquelle la communauté internationale a besoin de définir une stratégie collective.  Le Roi Abdullah a également appelé à se battre sur un autre front à l’échelle mondiale: la promotion du respect mutuel, entre et au sein des religions et des peuples.


Le Premier Ministre du Royaume-Uni, M. David Cameron, qui a préconisé une approche « globale, intelligente, inclusive et sans compromis », pour triompher des extrémistes, est revenu sur son idée de nommer un nouveau représentant spécial chargé de faire perdre à ces derniers la bataille idéologique.


Mais la méfiance à l’égard de l’ONU nourrie par les politiques du deux poids deux mesures, a été soulignée par M. Recep Tayyip Erdoğan, Président de la Turquie.  Cela ne sert pas la cause de la justice, a-t-il regretté, y voyant même une des causes principales de la montée du terrorisme.


Au cours de ce débat général, les orateurs sont également invités à s’exprimer sur le thème « Élaborer et concrétiser un programme de développement porteur de transformation pour l’après-2015 », choisi par le Président de la soixante-neuvième session, M. Sam Kahamba Kutesa.


Celui-ci a fait observer que les États Membres étaient rassemblés à un moment de prospérité historique sans précédent susceptible d’engager le monde sur la route vers le développement durable.  M. Kutesa a ainsi mis l’accent sur la nécessité d’atteindre le plus grand nombre de cibles des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), avant la date butoir, en 2015, et de formuler un nouveau programme de développement « ambitieux, transformateur et porteur de bénéfices concrets ».


L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, jeudi 25 septembre, à partir de 9 heures.


* A/69/1



OUVERTURE DU DÉBAT GÉNÉRAL


Présentation du rapport par le Secrétaire général (A/69/1)


Le Secrétaire général de l’ONU, M. BAN KI-MOON, a rappelé que, chaque année, à pareille époque, l’espoir emplit la salle de l’Assemblée générale mais que, cette année, « l’espoir est peu visible à l’horizon ».


« Des actes indescriptibles ont été commis, des innocents sont morts », a-t-il déploré.  « Le spectre de la guerre froide est revenu nous hanter. Le printemps arabe a en grande partie été emporté par un vent de violence. »


« Jamais, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, n’y avait-il eu tant de réfugiés, de déplacés et de demandeurs d’asile.  Jamais auparavant l’ONU n’avait-elle été mise à contribution pour aider tant de gens ».


Du point de vue des principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, cette année fut terrible, a poursuivi M. Ban.


Des barils d’explosifs aux décapitations, des civils délibérément affamés aux attaques dirigées contre des hôpitaux, des sites protégés des Nations Unies et des convois humanitaires, les droits de l’homme et l’état de droit sont assaillis de toute part.


Après la dernière tragédie de Gaza, le clivage entre Palestiniens semble plus profond que jamais.  « Si nous ne sauvons pas la solution des deux États, ce sont des hostilités permanentes qui nous attendent », a averti le Secrétaire général.


La situation en Ukraine et les environs demeure instable.


Au Soudan du Sud, la lutte pour le pouvoir politique a fait des milliers de morts et exposé des millions de personnes au risque de la famine.


La République centrafricaine est fracturée et traumatisée.


Le Mali et le Sahel continuent d’être aux prises avec l’insurrection, le terrorisme, le trafic de drogues et la criminalité organisée.


En Somalie, une coalition d’États africains affronte le groupe terroriste des Chabab.


Au Nigéria, Boko Haram poursuit de plus belle sa campagne sanguinaire, dont les conséquences sont terribles pour les femmes et les filles.


Le Secrétaire général a continué son tour d’horizon de la situation dans le monde en soulignant qu’en Iraq et en Syrie, « la barbarie atteint chaque jour de nouveaux sommets », et les pays de la région en subissent les conséquences par contagion.


Selon lui, la menace que des groupes extrémistes font peser sur la paix et la sécurité internationales est évidente et exige une réaction multiforme de la communauté internationale.  « Nous devons agir avec détermination pour faire cesser les atrocités criminelles et parler ouvertement des origines de la menace », a ainsi affirmé M. Ban.


Le signal « attachez vos ceintures » est allumé dans le monde, a-t-il averti.  En effet, des turbulences mettent chaque jour à l’épreuve le système multinational, les institutions nationales et les populations.


Soulignant que les droits de l’homme sont l’un des principaux moyens de riposte, le Secrétaire général a exhorté les États Membres à s’acquitter de leurs responsabilités vis-à-vis de leurs populations.


Pour être mieux à même de relever les défis qui se présentent, il a annoncé qu’après avoir demandé une évaluation des opérations de maintien de la paix, il nommerait dans les semaines qui viennent les membres d’un Groupe d’étude de haut niveau.


La cohésion du Conseil de sécurité est cruciale, a insisté M. Ban.  Quand le Conseil n’est pas uni dans l’action, comme dans le cas de la Syrie, « de grandes souffrances en résultent et sa crédibilité est entamée, de même que celle de l’Organisation ».


Les raisons d’espérer existent, a-t-il ensuite assuré, en évoquant l’adoption de la « Voie à suivre de Samoa » et la Conférence mondiale sur les populations autochtones.


De même, le Sommet sur le climat qui a eu lieu hier est un « évènement historique ».  « Nous devrons exploiter cette dynamique pour parvenir à un accord sérieux et universel à Lima en décembre et à Paris l’année prochaine », a dit le Secrétaire général. 


La mobilisation des fonds est cruciale pour la crédibilité de l’action climatique, ainsi que du programme de développement pour l’après-2015.  Pour M. Ban, « le moment est venu de réaligner les richesses et les besoins à l’échelle mondiale ».


Par ailleurs, pour répondre à l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, le Secrétaire général a rappelé avoir créé une opération sanitaire sans précédent, la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola.


À présent, a-t-il expliqué, « nous avons besoin de 20 fois plus de moyens pour les soins, la recherche et le transport, et de 20 fois plus de matériel ».


« Nous devons aussi combattre les virus de la peur et des idées fausses », a plaidé M. Ban.  Il a affirmé que les interdictions de voyager ou de transporter des marchandises n’empêcheront pas Ebola de se propager, mais qu’elles empêcheront le personnel et les fournitures d’arriver.  « Nous devons isoler les malades, pas les pays qui s’efforcent de faire face à l’épidémie », a-t-il ainsi résumé.


En conclusion, le Secrétaire général a déclaré qu’il y avait aujourd’hui plus de catastrophes causées par l’homme que de cataclysmes naturels.  « Certes, nous ne pouvons pas contrôler la nature, mais qui d’autres que nous est responsable de faire régner la paix et la justice dans le monde? ».


Déclaration d’ouverture du débat général


M. SAM KAHAMBA KUTESA, Président de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, a affirmé que cette session et l’année à venir allaient revêtir une importance capitale.  Il a ainsi cité le soixante-dixième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies, le vingtième anniversaire de la Conférence de Beijing sur les femmes, la date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et l’élaboration d’un programme du développement pour l’après-2015.


« Ensemble nous avons fait beaucoup au cours de ces 70 ans pour maintenir la paix et la sécurité internationales, promouvoir les droits de l’homme et le développement, mais beaucoup reste à faire », a déclaré M. Kutesa.  Le Président de l’Assemblée générale a estimé que le monde était totalement différent de ce qu’il était en 1945, au moment de la création de l’Organisation.  Il a ainsi mis l’accent sur l’importance de garantir la prospérité et de trouver des solutions aux défis auxquels se heurte l’humanité. 


Il a fait observer que les États Membres étaient rassemblés à un moment de prospérité historique sans précédent susceptible d’engager le monde sur la route vers le développement durable.  Le développement doit être possible dans les domaines social, économique et environnemental.


Depuis l’adoption de la Déclaration du Millénaire, en 2000, la vie de millions de personnes a changé à travers le monde, a-t-il dit.  Il faut continuer d’exploiter les OMD, a-t-il ainsi ajouté, citant les réalisations obtenues parmi les huit objectifs prioritaires.  Il a souligné la nécessité d’atteindre le plus grand nombre de cibles dans les mois qui restent avant la date butoir et de formuler le nouveau programme de développement, un programme ambitieux, transformateur et porteur de bénéfices concrets.  Avec l’élimination de la pauvreté et de la faim en son centre, il doit s’agir d’un programme qui promeuve une croissance inclusive et durable, la protection de l’environnement et le développement durable.


Notre plus grande responsabilité, a prévenu le Président de l’Assemblée générale, sera d’assurer les moyens adéquats pour la mise en œuvre du programme, en termes de financement, de technologies et de capacités humaines.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il expliqué, j’ai choisi « Donner et mettre en œuvre un programme de développement transformateur pour l’après-2015 » comme thème de cette session.  Une des questions principales en la matière sera le développement des infrastructures, à savoir l’énergie, les routes, les chemins de fer, le transport fluvial, les aéroports, les ports ou encore les technologies de l’information et des communications. 


Le Président a rappelé les défis: la pauvreté, les inégalités entre et au sein des pays, le manque d’accès aux marchés, la dette, la cherté des médicaments et les inégalités entre les hommes et les femmes.  Le Président de l’Assemblée générale a rappelé son intention d’organiser un débat sur l’autonomisation de la femme en février 2015. Il a aussi cité comme défis le chômage des jeunes, le VIH/sida, les maladies non transmissibles, l’épidémie d’Ebola et l’éducation, sans oublier les changements climatiques sur lequel il entend organiser une réunion de haut niveau en juin 2015.


Le Président de l’Assemblée générale a en outre indiqué qu’il tiendrait un débat thématique de haut niveau sur la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, en particulier pour combattre le terrorisme.  Enfin, M. Kutesa a insisté sur la nécessité de se concentrer aussi sur la revitalisation de l’Assemblée générale et la réforme urgente du Conseil de sécurité.


Débat général


Mme DILMA ROUSSEFF, Présidente du Brésil, a rappelé qu’elle intervient ici à la veille de l’élection présidentielle dans son pays, élection qui, a-t-elle affirmé, représente la célébration d’une démocratie arrachée à une dictature de près de deux décennies.  La « Grande transformation » dans laquelle nous sommes engagés a débouché sur une économie moderne et une société plus égalitaire, s’est-elle félicitée.


Mme Rousseff s’est aussi félicitée de ce qu’il y a quelques jours, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ait retiré le Brésil de la « carte mondiale de la faim », une transformation qui est le fruit de politiques économiques ayant permis la création de 21 millions d’emplois et une augmentation de 71% du pouvoir d’achat.  Aujourd’hui, 36 millions de Brésiliens ont pu s’extirper de la pauvreté extrême, dont 22 millions au cours de mon administration, a souligné Mme Rousseff.  La Présidente a aussi parlé des avancées dans le domaine de l’éducation, notamment de l’accès universel à l’éducation primaire, de la formation professionnelle de 8 millions de jeunes au cours des quatre dernières années et des politiques de discrimination positive pour faciliter l’inscription, dans les universités, d’étudiants pauvres, autochtones ou d’ascendance africaine.  Qui plus est, le Congrès a adopté une loi qui alloue 75% des revenus de l’exploration pétrolière dans la zone ante-salifère au secteur de l’éducation et 25% à celui de la santé.


La Présidente du Brésil a également parlé de la discipline fiscale, se félicitant que son pays ait su résister aux pires retombées de la crise économique de 2008.  Pendant la crise, s’est-elle enorgueillie, le Brésil a réussi à créer 12 millions d’emploi dans le secteur formel et à devenir une des principales destinations pour l’investissement étranger direct, tandis que sa dette extérieure est passée de 42% à 14%.  Mme Rousseff a jugé urgent de rétablir le dynamisme de l’économie mondiale et d’éliminer les disparités entre l’importance économique croissante des pays en développement dans l’économie mondiale et leur manque de représentation et de participation aux processus de prise de décisions des institutions financières internationales.  Les retards pris par ces dernières pour élargir aux pays en développement le droit de vote est « inacceptable ».  Ces institutions risquent de perdre toute légitimité et toute efficacité, a-t-elle notamment averti.


La Présidente a fait savoir que le Brésil avait accueilli, au mois de juillet dernier, le sixième Sommet des pays du Groupe BRICS et que des accords avaient été signés pour établir une nouvelle banque du développement et des réserves en cas d’imprévu afin de protéger les pays de la volatilité financière.  Chaque instrument aura un capital de départ de 100 milliards de dollars.


Mme Rousseff s’est ensuite inquiétée de l’incapacité de la communauté internationale de résoudre d’anciens conflits et de prévenir de nouvelles menaces dans le monde, constatant notamment que chaque intervention militaire mène non pas à la paix mais provoque à l’aggravation des conflits.  La Présidente s’est également dite préoccupée du fait que le Conseil de sécurité peine à promouvoir des solutions pacifiques aux conflits.  Elle a réclamé une « véritable réforme » de cet organe afin de mettre un terme à sa « paralysie actuelle ». 


Passant ensuite à la question des changements climatiques, Mme Rousseff a indiqué qu’entre 2010 et 2013, son pays « avait évité » d’émettre 650 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an.  Pendant la dernière décennie, a-t-elle poursuivi, le taux de déforestation a été réduit de 79% sans pour autant entraver le développement économique et l’intégration sociale dans le pays.  La Présidente a appelé les pays développés à démontrer sans équivoque leur engagement à répondre au défi des changements climatiques.  Elle a aussi appelé à la création d’un mécanisme pour faciliter le développement, le transfert et la dissémination de technologies propres.


La Présidente du Brésil a ensuite appelé la communauté internationale à combattre la discrimination et l’exclusion.  Elle a fait part de l’attachement de son gouvernement à l’autonomisation de la femme et des efforts qu’il déploie pour combattre la violence à leur encontre.  Mme Rousseff a aussi parlé de l’égalité raciale et de la lutte de son pays contre l’homophobie.  En la matière, elle a indiqué que la Cour suprême du Brésil reconnait désormais les unions de personnes du même sexe.  Elle a insisté sur l’importance de combattre la corruption et a évoqué la création sur Internet, du portail pour la transparence du Gouvernement  qui, a-t-elle expliqué, permet à tous les citoyens d’obtenir des informations sur les dépenses de l’État.  Une loi sur l’accès à l’information a récemment été adoptée, permettant ainsi aux citoyens d’obtenir des données du Gouvernement, à l’exception d’informations sur la souveraineté.


Mme Rousseff a aussi jugé essentiel de prendre des mesures pour protéger de manière effective les droits de l’homme, « non seulement hors ligne, mais également en ligne ».  Elle a rappelé qu’elle avait proposé, il y un an, la création d’un cadre de droits civiques pour la gouvernance et l’utilisation d’Internet, fondé sur les principes de la liberté d’expression, du respect de la vie privée, de la neutralité et de la diversité culturelle.  Elle s’est félicitée de ce que, depuis lors, la communauté internationale se soit engagée à renforcer l’architecture de gouvernance d’Internet.  Une mesure importante, à cet égard, a-t-elle estimé, a été la tenue, à l’initiative du Brésil, d’une réunion mondiale des parties prenantes sur l’avenir de la gouvernance d’Internet –NETmundial- à Sao Paulo, en avril dernier.


M. BARACK OBAMA, Président des États-Unis, a déclaré que les États Membres se réunissaient aujourd’hui à la croisée des chemins entre la guerre et la paix, entre le désordre et la réintégration, entre la crainte et l’espoir.  Après avoir souligné les progrès réalisés jusqu’aujourd’hui, qui font qu’au sud de Manhattan ou dans le village de sa propre grand-mère, à 200 kilomètres de Nairobi, on peut tenir dans une main plus d’informations que n’en détiennent les plus grandes bibliothèques.  M. Obama a rappelé une phrase qu’il a l’habitude de prononcer devant les jeunes Américains: « Aujourd’hui est le meilleur moment pour naître sur cette terre ».  Et pourtant, a-t-il ajouté, « il y a un malaise qui ne passe pas sur cette terre ».


Le monde a l’impression que les forces qui se rassemblent ont occasionné de nouveaux dangers, a déclaré le Président américain, citant l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, qui risque de se propager hors des frontières de la région, l’agression russe en Ukraine ou la brutalité du terrorisme en Syrie et en Iraq.  Chacun de ces problèmes requiert une action immédiate, a-t-il ajouté, relevant l’incapacité de la communauté internationale à faire face à un monde interconnecté. 


« Nous n’avons pas suffisamment contré l’intolérance, le sectarisme, ce désespoir qui nourrit le terrorisme à travers le monde », a estimé M. Obama.  Un choix est à faire entre « renouveler le système international qui a permis tant de progrès ou reculer face à l’instabilité », a-t-il dit, précisant que les États-Unis, pour leur part, avaient fait le « choix clair » de « l’espoir et non la crainte ».  « Nous ne voulons pas être fatalistes ou cyniques lorsqu’il s’agit de l’humanité », a-t-il dit.  « Nous œuvrons pour un monde tel qu’il devrait être, que nos enfants méritent. »


Le Président des États-Unis a affirmé qu’« ensemble, nous pourrons bloquer le cancer de l’extrémisme violent ».  « Nous devons assumer notre responsabilité de faire appliquer les normes internationales », a-t-il poursuivi.


M. Obama a rappelé qu’il y a 100 ans, une guerre mondiale avait coûté la vie à des millions de personnes.  Puis, a-t-il expliqué, il a fallu une autre guerre mondiale pour repousser les forces du fascisme.  Le Président américain a souligné que, récemment, les actions de la Russie en Ukraine avaient remis en question l’ordre de l’après-guerre.  Il s’agit là, a-t-il dit, d’une « vision d’un monde dans lequel la force fait le droit, où les frontières peuvent être redessinées par une autre nation ».  « L’Amérique défend d’autres valeurs », a-t-il soutenu, affirmant que « les grandes nations ne peuvent opprimer les plus petites » et que « les gens doivent être en mesure de choisir leur propre avenir ».


M. Obama a indiqué la volonté des États-Unis de renforcer les alliés de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et de respecter les engagements en faveur de la défense collective.  « Nous allons imposer un coût à la Russie pour l’agression, et contrer les mensonges avec la vérité », a-t-il dit appelant les autres « à nous rejoindre du bon côté de l’histoire ». 


Une autre voie est possible, celle de la diplomatie et de la paix, des idéaux que défend cette Organisation, a-t-il observé.  Si la Russie suit cette voie, « alors nous lèverons nos sanctions et saluerons son rôle pour relever les défis communs ».


M. Obama a indiqué qu’il se tenait devant les États Membres, aujourd’hui, pour exprimer l’engagement de son pays à investir sa puissance « dans le travail commun pour résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés au XXI siècle ».


S’agissant d’Ebola, il faut, a-t-il dit, un « effort plus large pour arrêter une maladie qui pourrait tuer des centaines de milliers de personnes, infliger des souffrances horribles, déstabiliser les économies, et qui se déplace rapidement à travers les frontières ».  « C’est pourquoi nous allons continuer à mobiliser d’autres pays pour prendre des engagements tangibles et concrets en vue de lutter contre cette épidémie et améliorer la sécurité sanitaire mondiale à long terme. »


Par ailleurs, a ajouté le Président américain, « l’Amérique vise une solution diplomatique à la question nucléaire iranienne, dans le cadre de son engagement à arrêter la propagation des armes nucléaires et à poursuivre la paix et la sécurité d’un monde qui en est exempt ».  « Ce n’est possible que si l’Iran saisit cette occasion historique. »  Il a ainsi lancé un message aux dirigeants et au peuple de l’Iran qu’il a qualifié de « simple »: « Ne laissez pas passer cette opportunité.  Nous pouvons parvenir à une solution qui répond à vos besoins en énergie tout en assurant le monde que votre programme est pacifique. »


Il a souligné que les États-Unis étaient engagés dans un programme de développement qui élimine l’extrême pauvreté d’ici à 2030.  « Nous assumerons notre part pour aider les gens à se nourrir, à développer leurs économies et à garantir des soins aux malades.  Si le monde agit ensemble, nous pouvons faire en sorte que tous nos enfants puissent profiter d’une vie d’opportunités et de dignité. »


Les États-Unis poursuivent également leur objectif de réduire de manière ambitieuse les émissions de carbone, a-t-il dit, notant qu’ils avaient augmenté leurs investissements dans l’énergie propre.  « Nous ferons notre part et aideront les pays en développement à faire la leur.  Mais nous ne pouvons réussir dans la lutte contre les changements climatiques que si nous sommes rejoints dans cet effort par toutes les grandes puissances.  C’est ainsi que nous pouvons protéger la planète pour nos enfants et nos petits-enfants. »


Alors que l’on se tourne vers l’avenir, « les risques d’un cycle de conflits pourraient faire dérailler ces progrès », a-t-il déclaré, citant « le cancer de l’extrémisme violent qui a ravagé de nombreuses parties du monde musulman ».


« Dans ce siècle, nous sommes confrontés à un type de terrorisme plus brutal » que la terreur utilisée par des groupes au XXe siècle, « qui a manipulé une des plus grandes religions au monde ».  « Avec un accès à la technologie qui permet aux petits groupes de faire beaucoup de mal, ils ont adopté une vision cauchemardesque divisant le monde entre les fidèles et les infidèles, tuant autant de civils innocents que possible, et utilisant les méthodes les plus brutales pour intimider les gens au sein de leurs communautés. »


Il a assuré que son pays rejetait toute suggestion d’un choc des civilisations.  « La croyance en une guerre de religion permanente est le refuge erroné des extrémistes qui ne peuvent ni construire ni créer quoi que ce soit, et colportent ainsi le fanatisme et la haine. »


« Ensemble, il nous faut agir concrètement pour contrer la menace posée par des fanatiques religieux déterminés et les tendances qui nourrissent leur recrutement », a-t-dit, soulignant la nécessité de relever quatre défis à cet égard. 


Tout d’abord, le groupe terroriste connu sous le nom d’État islamique en Iraq et au Levant doit être affaibli, puis détruit.  Aucun dieu n’avalise la terreur que ce groupe sème, a-t-il dit, précisant que « le seul langage que ces tueurs connaissent est celui de la force ». 


Par conséquent, a-t-il déclaré, « les États-Unis travailleront avec une large coalition en vue de démanteler ce réseau de la mort ».  « Dans cet effort, nous n’agissons pas seuls.  Et nous ne comptons pas envoyer des troupes américaines d’occupation de terres étrangères.  Au lieu de cela, nous allons soutenir les Iraquiens et les Syriens à se battre pour récupérer leurs communautés ».


M. Obama a annoncé que les États-Unis utiliseraient leur puissance militaire dans une campagne de frappes aériennes pour faire reculer l’« État islamique ».  « Nous allons former et équiper les forces qui luttent contre ces terroristes au sol.  Nous allons œuvrer à couper leur financement, et à arrêter le flux de combattants dans et hors de la région. »


Signalant que plus de 40 pays avaient proposé de se joindre à cette coalition, il a demandé au monde à se joindre à cet effort.  « Nous ne céderons pas aux menaces, et nous allons démontrer que l’avenir appartient à ceux qui construisent, non à ceux qui détruisent », a-t-il affirmé.


Deuxièmement, il est temps pour le monde, en particulier les communautés musulmanes, de toujours rejeter l’idéologie d’Al-Qaida et de l’« État islamique ».  « Le temps est venu d’établir un nouveau pacte entre les peuples civilisés de ce monde pour éradiquer la guerre à sa source la plus fondamentale: la corruption des jeunes esprits par l’idéologie violente. »  Cela signifie, a-t-il dit, de couper le financement qui alimente cette haine, de réparer l’espace que les terroristes occupent, y compris l’Internet et les médias sociaux.  « Nous devons offrir une vision alternative », a-t-il dit.


L’idéologie de l’« État islamique », d’Al-Qaida ou de Boko Haram ne périra dès lors qu’elle sera condamnée et combattue au grand jour, a estimé M. Obama.  Plus tard dans la journée, le Conseil de sécurité doit adopter une résolution qui souligne la responsabilité des États pour contrer l’extrémisme violent, a-t-il indiqué, notant que les résolutions devaient être suivies par des engagements concrets.


En troisième lieu, il convient de s’attaquer aux cercles vicieux des conflits sectaires qui créent des conditions propices au terrorisme, a-t-il dit, évoquant les antagonismes entre sunnites et chiites.  « Il est temps que les dirigeants politiques, civils et religieux rejettent les conflits sectaires », a-t-il déclaré.  « C’est un combat que personne ne gagne », a-t-il ajouté, constatant que la guerre civile brutale en Syrie avait déjà tué près de 200 000 personnes et fait des millions de déplacés et que l’Iraq était au bord du gouffre.


Ensemble, avec leurs partenaires, les États-Unis ont formé et équipé l’opposition syrienne à être un contrepoids face aux terroristes de l’« État islamique » et à la brutalité du régime Assad.  « Mais la seule solution durable à la guerre civile en Syrie est politique », a—t-il dit, mettant l’accent sur la nécessité d’assurer une transition politique inclusive qui réponde aux aspirations légitimes de tous les citoyens syriens, indépendamment de leur origine ethnique ou de leur religion.


Quatrièmement, « les pays du monde arabo-musulman doivent se concentrer sur le potentiel extraordinaire de leur peuple, en particulier les jeunes. »  Lorsque les jeunes ont les outils nécessaires pour réussir, les sociétés s’épanouissent, a-t-il affirmé, précisant que son pays collaborerait avec ceux qui promeuvent cette vision.  De même, lorsque les femmes participent pleinement à la vie politique ou à l’économie d’un pays, les sociétés sont plus susceptibles de réussir.  C’est pourquoi nous soutenons la participation des femmes dans les parlements et dans les processus de paix, dans les écoles et l’économie. 


Ces changements positifs ne doivent pas se faire au détriment des traditions ou de la foi, a-t-il assuré, affirmant que les États-Unis seraient un partenaire constructif et respectueux.  « Nous ne tolèrerons pas des refuges pour les terroristes » et « nous ne serons pas une puissance occupante », a-t-il notamment déclaré.


Le Président américain a, en outre, mis l’accent sur la nécessité de faire preuve d’initiative pour tenter de régler le conflit israélo-palestinien.  « Le panorama est sombre, mais les États-Unis ne renonceront pas à la quête de la paix. »  « Que les choses soient claires: le statu quo en Cisjordanie et à Gaza n’est pas durable », a-t-il lancé, avant d’ajouter: « Tant que je serai Président, nous défendrons le principe selon lequel les Israéliens, les Palestiniens, la région et le monde ne connaîtront la justice et la sécurité qu’avec deux États vivant côte à côte, dans la paix et la sécurité ».


« C’est ce que les États-Unis sont prêts à faire, a-t-il dit: prendre des mesures contre les menaces immédiates, tout en poursuivant l’objectif d’un monde où la nécessité d’une telle action est diminuée ».  « Si les États-Unis n’hésiteront jamais à défendre leurs intérêts, ils ne se déroberont pas face à la promesse de cette institution et sa Déclaration universelle des droits de l’homme, l’idée que la paix n’est pas simplement l’absence de guerre, mais la présence d’une vie meilleure. »


M. Obama a conclu en citant Eleanor Roosevelt pour qui les droits universels commençaient « dans de petits endroits, près de chez nous, dans des lieux si petits qu’ils ne peuvent être vus sur aucune carte du monde.  Pourtant, ils sont dans le monde de l’individu, le quartier où il habite, l’école ou le collège qu’il fréquente, l’usine, la ferme ou le bureau où il travaille. »


« En cette croisée des chemins, les États-Unis ne se détourneront pas de ce qu’il convient de faire », a ajouté le Président américain, qui a appelé les États Membres à se « joindre à cette mission commune, pour les enfants de demain et d’aujourd’hui ».


Le Président de l’Ouganda, M. YOWERI KAGUTA MUSEVENI, a déclaré que l’Afrique et son pays étaient en train d’émerger d’une « longue nuit de déclin » qui a duré cinq siècles, avec le commerce des esclaves, la colonisation, le néocolonialisme, le pillage et même le génocide.


La génération actuelle des dirigeants africains s’efforce de répondre aux distorsions que l’agression étrangère a provoquées dans les sociétés.  La classe moyenne africaine représente maintenant 313 millions de personnes qui ont porté les dépenses de consommation à 2,5 trillions de dollars. 


Parmi les maux qui ont gangréné l’Afrique, le Président a dénoncé la « pseudo-idéologie sectaire religieuse ou tribale » qui a inspiré la plupart des conflits en Afrique et sème encore le chaos en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.  Une telle idéologie devrait, selon lui, être bannie et traitée avec le mépris qu’elle mérite. 


Pour ce qui est de sa transformation socioéconomique, l’Ouganda construit des routes, des réseaux électriques, ferroviaires et de communication, ainsi que des systèmes d’éducation et de santé universels, a indiqué M. Museveni.  L’Ouganda a également intégré ses marchés dans les organisations régionales.


L’Afrique dans son ensemble et les pays africains pris individuellement deviennent des partenaires plus crédibles, a-t-il résumé.  L’Ouganda a besoin et se félicite de recevoir des investissements, des touristes, et, dans certains cas, de conclure des partenariats sécuritaires avec les États du monde et dûment approuvés par l’Union africaine.


Le Roi d’Espagne, DON FELIPE VI, a indiqué que l’on célèbrera bientôt le quarantième anniversaire du début de la « transition politique » qui a permis à son pays de passer d’une dictature à un système fondé sur les libertés et les droits.  Mis à part les effets de la crise, l’économie espagnole compte parmi les premières du monde, sans parler de la puissance culturelle du pays.  Le Roi d’Espagne a affirmé que la puissance de l’espagnol en tant que « langue universelle » contribue à une plus importante diversité linguistique et culturelle dans l’arène internationale.  L’espagnol doit assumer formellement sa position en tant que « langue officielle des Nations Unies mais aussi langue de travail utilisée et représentée ».  Le Roi d’Espagne a fait part de l’engagement de son pays à défendre la diversité culturelle « sous tous ses aspects et dans toutes ses manifestations ».  Le positionnement géographique de l’Espagne, a-t-il poursuivi, lui a permis de créer des liens privilégiés avec plusieurs parties du monde, à commencer par l’Europe qui, a-t-il appelé, doit être plus unie, plus portée à la cohésion et plus capable de garantir la prospérité de tous ses citoyens.


Le Roi d’Espagne s’est alarmé de la prolifération des conflits et de leur impact sur la population civile.  « Lorsque la brutalité triomphe dans une partie du monde, personne n’est à l’abri et nous sommes tous ses victimes », a-t-il affirmé.  Il a annoncé que l’Espagne s’est portée candidate à un siège non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2015-2016.  Il a rappelé qu’au cours des 25 dernières années, 130 000 membres des Forces armées espagnoles ont participé à des opérations de maintien de la paix et à des missions humanitaires de l’ONU.  Le Roi a aussi signalé qu’au cours des deux dernières décennies, l’Espagne avait consolidé son statut parmi les principaux contributeurs de la coopération pour le développement et a insisté sur la nécessité, en matière de développement, d’assurer l’égalité entre les sexes et d’inclure les femmes dans tous les aspects de la vie politique, sociale et économique.  Le Roi a précisé qu’au cours des 14 dernières années, l’Espagne avait versé 30 milliards de dollars pour appuyer le développement dans le monde, dont un milliard de dollars au Fonds espagnol pour les OMD.  L’Espagne a d’ores et déjà créé un Fonds pour les futurs objectifs de développement durable.


Felipe VI a appelé à contrer les effets néfastes des changements climatiques, se félicitant notamment que le Sommet sur le climat et la Conférence de Samoa sur les petits États insulaires en développement aient reconnu la priorité qu’il faut accorder à la capacité de réaction et de résilience des États.  Le Roi d’Espagne s’est félicité des progrès réalisés par l’Afrique et fait part de la solidarité de ses concitoyens avec les victimes de la maladie à virus Ebola.


Le Président de la Mauritanie, M. MOHAMED OULD ABDEL AZIZ, s’est félicité de constater que de nombreux pays du continent africain avaient enregistré des taux de croissance élevés de 5%, en dépit de la crise aigüe qui continue d’affecter le monde, « grâce à la politique économique éclairée » mise en œuvre par leurs gouvernements.  Ainsi, des projets générateurs de revenus ont-ils été appuyés pour lutter contre le chômage, en particulier dans les rangs des jeunes et des femmes.  De même, 2014 a été proclamée en Afrique « Année de l’autosuffisance alimentaire et de l’agriculture ».


L’Afrique, a poursuivi le Président, aspire à une coopération fructueuse avec ses partenaires pour ouvrir les marchés à ses produits agricoles et avoir accès aux technologies de préservation de l’environnement.  Si l’Afrique n’a pas été suffisamment entendue lors de l’élaboration des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), aujourd’hui « elle parle d’une même voix » pour faire prévaloir la justice, la bonne gouvernance et le respect des droits de l’homme, a assuré M. Aziz.  Le programme de développement pour l’après-2015 doit notamment s’articuler autour de la lutte contre la pauvreté et contre le sida et le paludisme.


L’apparition du virus d’Ebola en Afrique de l’Ouest constitue un défi majeur.  Estimant que « les mesures prises jusqu’à présent pour arrêter la propagation du fléau demeurent insuffisantes », le Président a lancé un appel pressant à la communauté internationale pour soigner les malades, renforcer les moyens de prévention et accroître les investissements dans le domaine de la recherche scientifique.


Par ailleurs, le phénomène complexe de l’immigration clandestine et les tragédies qu’il occasionne quotidiennement demandent une action immédiate, car la surveillance des frontières et les lois les plus strictes ne suffisent pas à arrêter les vagues d’immigrants du sud vers le nord.  M. Aziz a dit qu’il fallait garantir des conditions de vie décentes pour la jeunesse africaine.


L’élite politique africaine s’est engagée à promouvoir les libertés collectives et la démocratie, ce qui implique la participation de toutes les composantes de la société civile, notamment des femmes et des jeunes.  Se référant à la situation démographique spécifique du continent africain, le Président a souligné qu’en 2050, deux tiers des trois milliards d’habitants seront des jeunes, d’où l’importance de mettre l’accent sur les structures sociales et sur l’enseignement.


En outre, l’Afrique doit faire face à de nombreux défis en matière de sécurité, avec le terrorisme, le crime organisé, le trafic des armes et des drogues, et la traite des personnes.  Le Président a souhaité une coopération accrue entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil africain de paix et de sécurité.


La Mauritanie est préoccupée par la situation en Lybie où elle voit se dessiner « les prémices d’une guerre civile ».  De plus, face aux actes criminels perpétrés par Boko Haram au Nigéria, l’Afrique et la communauté internationale doivent conjuguer leurs efforts en vue d’éliminer « ce danger qui menace l’Afrique dans son ensemble ».


En République centrafricaine, où la situation reste tendue, « il faut bâtir la confiance et transcender tout ce qui est de nature à entraver le processus de paix », a poursuivi le Président.


Sur une note positive, il s’est félicité des progrès enregistrés dans la région des Grands Lacs, au Soudan du Sud et au Mali.


Le Sahel, qui a été l’une des premières régions à souffrir du terrorisme, a réussi, avec l’appui des pays africains et l’intervention déterminante de la France, à paralyser les activités illicites et à éloigner le danger du terrorisme des zones vitales, a constaté M. Aziz.  L’éradication du terrorisme au Sahel constitue un défi majeur auquel s’ajoutent les exigences du développement et de la lutte contre la pauvreté.  De même, la situation au Moyen-Orient est une source de grande inquiétude avec l’amplification du terrorisme.


Enfin, le continent africain aspire à renforcer sa présence dans les forums et les institutions internationaux pour qu’ils soient plus représentatifs des peuples.  « Le statut de membre permanent du Conseil de sécurité demeure le monopole d’un nombre restreint de pays », ce qui ne reflète pas les réalités contemporaines, a regretté M. Aziz.  L’Afrique doit se voir conférer une représentation permanente.


Mme MICHELLE BACHELET, Présidente du Chili, a déclaré que l’instabilité et le manque de cohésion sociale constituaient une menace à la paix, à la sécurité, au respect des droits de l’homme, au développement et à la démocratie.  « En d’autres termes, ils menacent tout ce en quoi nous croyons et qui forme le socle des Nations Unies et de notre engagement en tant que dirigeants ». 


Pour Mme Bachelet, l’ONU doit continuer d’être ce lieu incontournable où les plus grands défis peuvent être relevés.  Elle a souligné que le Conseil de sécurité aidait à prévenir les crises et à les résoudre, à travers notamment les opérations de maintien de la paix, qui, de plus en plus, « se concentrent sur la protection des civils ».  La Présidente chilienne a toutefois noté qu’à maintes reprises, les membres du Conseil n’étaient pas parvenus à des accords sur les crises les plus graves, en Syrie et en Ukraine notamment, sapant de fait la légitimité et la crédibilité du principal organe international de maintien de la paix et de la sécurité dans le monde.  Après avoir réaffirmé la nécessité de respecter l’intégrité territoriale et la souveraineté de tous les États Membres ainsi que les droits des minorités, elle a déclaré que le Chili demeurait convaincu de l’importance qu’il y a à élargir la composition du Conseil et de le réformer sur la base de la proposition française de renoncer au droit de véto dans les situations impliquant la responsabilité de protéger.


S’agissant du développement durable, Mme Bachelet a jugé que l’établissement de l’agenda du développement durable pour l’après-2015 devrait recevoir le soutien politique des gouvernements et sociétés de toutes les régions du monde.  Elle a ajouté que le processus en question représentait une opportunité à saisir pour, sur la base d’objectifs quantifiables et spécifiques, s’attaquer aux problèmes sociaux et économiques communs à l’ensemble des États.  Dans une allusion à la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, Mme Bachelet a insisté sur le fait que les femmes devaient être au cœur du nouveau mécanisme international de paix et de développement.  « Nous croyons que la pleine intégration des femmes dans tous les secteurs de la société est un préalable à la réalisation du développement et devrait par conséquent être une priorité de l’agenda pour l’après-2015 », a-t-elle ainsi dit. 


Mme Bachelet a indiqué que pour les Hispaniques, la cohésion sociale était la première priorité: « Les inégalités sont l’une des plus grandes menaces au développement comme à la sécurité internationale, car elles favorisent l’instabilité et nous empêche d’avancer sur la voie d’un développement inclusif en vue de mettre fin à l’exclusion et à la pauvreté ».  Se référant aux progrès réalisés par son pays, Michelle Bachelet a souligné l’importance des réformes fiscales pour pérenniser la gratuité de l’éducation et celle des réformes politiques pour renforcer le cadre démocratique et la légitimité des institutions.  « À terme, ce que nous voulons, c’est renforcer le droit d’avoir des droits », a-t-elle martelé.


Sur les changements climatiques, la Présidente du Chili, qui a rappelé qu’à l’instar d’autres nations d’Amérique du Sud, son pays s’était engagé à réduire de 20% son taux d’émissions à l’horizon 2020, a plaidé pour l’établissement de mécanismes de responsabilisation.  Enfin, elle a attiré l’attention sur la nécessité de renforcer le multilatéralisme dans au moins trois domaines fondamentaux: le renforcement du leadership politique du Secrétaire général de l’ONU, de la capacité d’action de l’Organisation sur le terrain et des partenariats au développement entre les pays, les organismes internationaux, la société civile et le secteur privé.


Mme PARK GEUN-HYE, Présidente de la République de Corée, a tout d’abord souligné l’urgence qui s’attache à la résolution du dossier du programme nucléaire nord-coréen, lequel constitue la plus grande menace à la paix dans la péninsule coréenne et en Asie du Nord-Est.  La République populaire démocratique de Corée (RPDC) reste le seul pays à avoir procédé à un essai nucléaire au XXI siècle, a-t-elle affirmé, ajoutant que ce programme s’apparentait à un rejet total du Traité sur la non-prolifération.  « La RPDC doit prendre la décision d’abandonner ses armes nucléaires », a asséné Mme Park, ajoutant que ce pays devait également s’engager sur la voie de l’ouverture, de la réforme et du développement économique.  « Si elle faisait ce choix, la République de Corée, aux côtés de la communauté internationale, apporterait un soutien résolu au développement de l’économie de la RPDC », a-t-elle promis.


Soulignant la transition difficile en cours en Asie du Nord-Est, et pointant les tensions grandissantes –historiques, territoriales et maritimes– que connaît la région, Mme Park a déploré qu’il n’existe pas de mécanisme de consultations multilatérales.  « Dans ce contexte, je vais promouvoir l’Initiative de coopération et de paix en Asie du Nord-Est, dont l’objectif est d’instaurer un climat de confiance et de coopération dans la région », a-t-elle assuré, prenant comme exemple la coopération multilatérale dans plusieurs domaines –sûreté nucléaire, lutte contre le crime organisé, acheminement de l’aide en cas de catastrophe naturelle– menée en Europe.  Elle a aussi rappelé qu’elle avait proposé la création d’un organe consultatif sur la sûreté nucléaire en Asie du Nord-Est. 


La Présidente de la Corée du Sud a affirmé que la situation des droits de l’homme en RPDC était très préoccupante et appelé de ses vœux la mise en œuvre par la RPDC et la communauté internationale des recommandations avancées par la Commission d’enquête sur les droits de l’homme et adoptées par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.  Elle a exhorté les agences de l’ONU et les pays concernés à apporter le soutien nécessaire aux déserteurs de la RPDC, afin qu’ils puissent librement choisir le pays de leur réinstallation.


Mme Park a ensuite jugé anormal qu’il y ait deux Corées en dépit d’un langage, d’une culture et d’une histoire communs.  « Alors que cette année marque le vingt-cinquième anniversaire de la chute du Mur de Berlin, la péninsule coréenne reste écrasée par le mur de la division », a-t-elle affirmé, mentionnant les dizaines de familles qui ont été séparées.  « J’appelle la communauté internationale à se tenir à nos côtés pour mettre à bas le dernier mur de division au monde », a-t-elle déclaré.  Rappelant qu’elle avait, il n’y a pas longtemps, proposé l’ouverture de couloirs entre les deux pays, Mme Park a indiqué que les blessures de la division ne seront guéries que lorsque les peuples du Nord et du Sud vivront ensemble en harmonie au sein d’un même habitat.  Elle a indiqué que la zone démilitarisée, construite autour de la démarcation militaire pour prévenir une résurgence du conflit, avait de fait fini par empêcher les allers et retours des personnes pendant 60 ans.


« J’espère construire à l’intérieur du symbole même de notre division un parc mondial d’une éco-paix, qui commencerait à réunir les peuples et les habitats divisés de la péninsule », a-t-elle affirmé.  Mme Park a espéré qu’en enlevant les barbelés dans certaines petites parties de la zone démilitarisée et en permettant les gens des deux côtés de vivre ensemble, un tel parc émergerait comme un lieu de vie et de paix.  La Présidente a précisé que le parc serait construit sous les auspices de l’ONU et toutes les parties –les deux Corées, les États-Unis d’Amérique et la Chine– ayant leur mot à dire.  « Une Corée unie serait le point de départ d’un monde sans armes nucléaires, offrirait une solution fondamentale à la question des droits de l’homme en RPDC et permettrait l’avènement d’une Asie du Nord-Est stable et coopérative », a-t-elle conclu.


M. CHEIKH TAMIM BIN HAMAD AL-THANI, Émir du Qatar, a indiqué que la région du Moyen-Orient avait connu une étape dangereuse pendant la guerre perpétrée contre « nos frères Palestiniens » et que rien ne garantit qu’une guerre similaire ne se reproduise à l’avenir.  Il a dénoncé le fait qu’Israël persiste dans sa politique d’occupation et ignore la volonté de la communauté internationale.  La conscience de l’humanité a été profondément choquée par les images tragiques des actes d’agression dans Gaza qui, a affirmé l’Émir, représentent un crime contre l’humanité.  Pour lui, Israël doit se rendre à l’évidence et reconnaître que la sécurité de son peuple passe par la paix.  Il a aussi appelé la communauté internationale à pousser Israël à lever le blocus et à réaliser le processus de reconstruction.


M. Al-Thani a insisté pour que la communauté internationale réponde aux aspirations du peuple palestinien, qualifiant d’inutiles et d’inacceptables les solutions temporaires et les accords fragmentés.  Le Conseil de sécurité doit assumer sa responsabilité morale et éviter la sélectivité dont il a fait preuve par le passé, a-t-il ajouté, tandis que la communauté internationale doit convaincre les Palestiniens que ceux qui ont tués leurs enfants à Gaza ne seront pas reçus dans les foras diplomatiques comme s’ils se comportaient en personnes civilisées.


L’Émir du Qatar s’est attardé sur la situation en Syrie, avertissant que « cette catastrophe humanitaire » devient de plus en plus dangereuse, faute d’une vision claire pour une solution à la crise.  Il a appelé la communauté internationale à œuvrer de concert pour mettre un terme aux effusions de sang et à « la destruction systématique de la Syrie par un régime qui offre pour seule option à son peuple le choix entre son maintien au pouvoir ou la destruction du pays ».  M. Al-Thani a dénoncé le fait qu’aucune ligne rouge n’ait été tracée devant le régime syrien et que le monde soit resté impassible alors que des femmes et des enfants syriens subissaient les armes chimiques.  Le Conseil de sécurité doit honorer ses engagements juridiques et humanitaires et protéger les Syriens à la fois contre les dangers posés par le terrorisme du régime et le crime de génocide qu’il commet et par les forces terroristes qui profitent de la misère et de l’absence de l’État et de la communauté internationale.


M. Al-Thani a affirmé que le terrorisme dont souffrent les sociétés arabes et islamiques est une offense à la religion, née d’interprétations superficielles et d’anathèmes.  Il a souligné que le terrorisme peut seulement être combattu dans son environnement social et qu’il faut donc éviter de pousser les sociétés « à être obligées de choisir entre le terrorisme et la tyrannie ou entre le terrorisme et la discrimination sectaire ».  Dans le cas de l’Iraq, les gens qui ont combattu le terrorisme se sont retrouvés marginalisés et maltraités par des milices terroristes sectaires.  Il est donc impératif de convaincre le peuple iraquien que lorsqu’il défend sa patrie, il défend ses droits, sa dignité et sa liberté, et il en va de même pour le peuple syrien.  L’Émir du Qatar a appelé la communauté internationale à appuyer fermement l’Iraq, soulignant que le maintien de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de ce pays dépend de la fin du conflit sectaire et de la réconciliation nationale.


M. Al-Thani a également appelé les États Membres à appuyer la réconciliation en Libye et a exhorté les forces politiques libyennes à se diriger vers la voie du dialogue national.  L’Émir s’est dit encouragé par l’issue du dialogue national au Yémen mais s’est inquiété du fait que « certaines forces » semblent être résolues à faire échouer le processus pour faire prévaloir des intérêts sectaires au lieu de la justice et de la bonne gouvernance.  Il a appelé le peuple yéménite à préserver les avancées du dialogue national et l’ONU à veiller à la mise en œuvre de ses décisions en la matière, en rebâtissant l’armée nationale et combattant les milices armées dans le pays, entre autres.


M. SERZH SARGSYAN, Président de l’Arménie, a tout d’abord indiqué que le 24 avril prochain les Arméniens à travers le monde commémoreront le centième anniversaire de l’événement le plus tragique de leur histoire, le génocide de 1915.  « Ce génocide a constitué un crime contre la civilisation et l’humanité, et sa condamnation inégale a ouvert la voie à d’autres crimes de masse », a-t-il poursuivi.  Le Président a tenu à remercier les pays, en les nommant un à un, qui ont reconnu et condamné d’une manière ou d’une autre le génocide arménien.  Il a également remercié les États-Unis, l’Union européenne et toutes les personnalités, entités publiques et organisations « qui ont publiquement appelé les choses par leur nom », puisque, a poursuivi M. Sargsyan, « le déni est l’une des phases du crime de génocide ».


Le Président de l’Arménie a affirmé que pendant un siècle les Arméniens ont attendu que la Turquie fasse preuve de courage, regarde sa propre histoire en face et reconnaisse le génocide arménien, afin de « soulager les prochaines générations du lourd fardeau du passé ».  « Au contraire, nous continuons d’entendre des messages ambigus, dans lesquels la victime et l’assassin sont mis sur le même pied d’égalité, falsifiant l’histoire », a-t-il affirmé.  Il a rappelé que l’Arménie n’avait jamais conditionné la normalisation de ses relations bilatérales avec la Turquie à la reconnaissance du génocide arménien, insistant, au contraire sur les Protocoles de Zurich, dont son pays est à l’origine, et qui sont en attente d’une ratification par le Parlement turc.


« Ankara affirme publiquement qu’il ne ratifiera ses protocoles que lorsque les Arméniens céderont la région du Nagorno-Karabakh, la libre Artsakh, à l’Azerbaïdjan, ce à quoi le peuple de l’Arménie et de l’Artsakh répond souvent ‘ l’enfer avec votre ratification ’ », a déclaré M. Sargsyan.  Il a précisé que cette expression, empruntée au langage courant, concentrait la lutte séculaire d’une nation entière et rappelait à tous ceux qui veulent mettre en jeu la terre des autres que la mère patrie est sacrée.  « C’est dans ces circonstances que les responsables d’Erevan considèrent sérieusement de se retirer ces Protocoles Arméno-turcs de l’ordre du jour du Parlement », a-t-il prévenu.


Le Président a ensuite rappelé qu’une église érigée en Syrie en mémoire des victimes du génocide arménien et qui contenait leurs restes avait été détruite par les terroristes.  Déplorant la détérioration constante de la situation en Iraq et en Syrie, il a tenu à attirer l’attention sur les dizaines de milliers d’Arméniens pris au piège à Alep.  « L’Arménie a souligné en de nombreuses occasions la nécessité de défendre la population arménienne de Syrie et les Yezidi du nord-ouest de l’Iraq », a-t-il déclaré, se disant encouragé par la position unie de la communauté internationale à ce sujet.


Revenant au conflit du Nagorno-Karabakh, il a déploré que le fait que la communauté internationale ait échoué à apprécier objectivement les déclarations belliqueuses et les diverses menaces brandies, au plus haut niveau de l’État azerbaidjanais, avait conduit à une situation où tout est permis.  « Le Président de l’Azerbaïdjan a désigné la nation arménienne toute entière comme l’ennemie public numéro un, et ce qui est vu comme un crime par le monde est considéré en Azerbaïdjan comme un fait glorieux », a-t-il asséné.  Rappelant que le droit à l’autodétermination des peuples était déterminant pour la résolution pacifique des conflits, et citant à ce titre le récent référendum en Écosse, le Président de l’Arménie a rappelé que « ce n’était pas une coïncidence que le droit de décider de son destin par un référendum était au cœur des propositions avancées par le Groupe de Minsk de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE)».


M. Sargsyan a détaillé les quatre résolutions adoptées par le Conseil de sécurité concernant la situation dans le Nagorno-Karabakh, avant de déplorer leur non-application et leur interprétation fallacieuse par l’Azerbaïdjan.  Il a rappelé qu’aucune de ces résolutions n’identifiait l’Arménie comme partie au conflit.  Les autorités de l’Azerbaïdjan n’appliquent pas les dispositions essentielles des résolutions du Conseil, y compris celles appelant au respect des normes humanitaires, a indiqué le Président, qui a, en outre, critiqué le traitement inhumain réservé aux civils arméniens prisonniers de guerre.


En conclusion, M. Sargsyan a rappelé que la coprésidence du Groupe de Minsk de l’OSCE était la seule entité spécialisée habilitée par la communauté internationale à traiter des questions afférentes au Nagorno-Karabakh, ce dont l’Azerbaïdjan est bien conscient.  « L’Azerbaïdjan cherche à importer le règlement du conflit dans d’autres enceintes en essayant de le dépeindre comme un conflit territorial ou en exploitant le facteur de la solidarité religieuse », a-t-il affirmé, ajoutant que cela ne manquait pas de sel puisque que l’Arménie entretient traditionnellement de très bonnes relations avec les pays musulmans.  


M. ABDELFATTAH AL SISI, Président de l’Égypte, a noté que le monde commençait à comprendre les circonstances qui avaient conduit les Égyptiens à sortir dans la rue pour se révolter contre les forces de l’extrémisme et de l’obscurantisme.  La montée de l’extrémisme et de la violence perpétrée au nom de la religion montre les vrais objectifs des groupes qui exploitent la religion, a-t-il remarqué.  Il a expliqué que l’édification d’un État civil démocratique en Égypte ne pouvait se faire qu’en organisant des élections législatives, après les élections présidentielles et un référendum constitutionnel.


Notre but, a-t-il précisé, est de construire une « Nouvelle Égypte », un État qui respectera les droits et les libertés, qui assurera la coexistence des citoyens sans exclusion ni discrimination, qui mettra en pratique l’état de droit, garantira les libertés d’opinion, de croyances et de culte.  Le Président a mentionné le programme ambitieux dont s’est doté son pays pour garantir son développement jusqu’en 2030, en se basant sur une économie de libre marché capable d’attirer les investissements.  Le « Nouveau Canal de Suez » est la preuve du sérieux de nos intentions, a-t-il dit, avant de lancer une invitation à participer à la Conférence économique qui se tiendra en Égypte en février 2015.


Le Président égyptien a demandé que l’on ne permette pas aux extrémistes d’utiliser abusivement l’Islam.  Les terroristes, a-t-il observé, sont issus de sociétés différentes et ne sont pas reliés entre eux par une vraie foi.  Il a voulu que l’on intensifie la coopération dans la lutte contre ce fléau.  Il a proposé de résoudre les crises en appliquant les principes de l’égalité des citoyens et du respect de l’état de droit, et en confrontant de manière ferme les forces extrémistes et terroristes.


L’Égypte et les pays voisins de la Libye ont lancé une initiative en vue de faire sortir ce pays frère de sa détresse, a-t-il poursuivi.  S’agissant de la Syrie, le Président égyptien a estimé qu’il était possible de mettre en place un cadre politique qui réponde aux aspirations du peuple sans pour autant faire de compromis avec le terrorisme.  Il a aussi placé de l’espoir dans la constitution du nouveau Gouvernement iraquien qui devrait apporter la stabilité et reprendre le contrôle de zones prises par l’organisation terroriste « EIIL ».  Le Président a plaidé en faveur d’un État palestinien indépendant, avant de déclarer qu’en tant que candidate à un siège non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2016-2017, l’Égypte plaidera en faveur des intérêts des pays en développement, en particulier ceux d’Afrique, ainsi que pour une réforme accélérée du système des Nations Unies.


Le Roi ABDULLAH II de Jordanie a mis l’accent sur le fait qu’en un an, les défis au Moyen-Orient ont significativement augmenté et a averti que ceux qui pensent que cela ne les concerne pas avaient tort.  « La sécurité de toute nation sera définie par le sort du Moyen-Orient », a-t-il affirmé dans son appel à une réponse collective concertée.  Pour le Roi, les terroristes et criminels qui visent la Syrie, l’Iraq et d’autres pays, ne sont que le reflet extrême d’une menace globale face à laquelle la communauté internationale a besoin de définir une stratégie collective.  La Jordanie a d’ores et déjà assumé un rôle de chef de file dans ce combat contre le terrorisme.  L’autre front sur lequel il va falloir se battre à l’échelle mondiale, selon lui, est la promotion du respect mutuel, entre et au sein des religions et des peuples.  « Les enseignements du véritable Islam sont clairs: les conflits et querelles sectaires y sont condamnés et l’Islam interdit la violence contre des Chrétiens et des autres communautés qui vivent dans les pays », a-t-il expliqué avant de réaffirmer que les Arabes chrétiens font intégralement partie du passé, du présent et de l’avenir de « sa » région. 


Dans cet esprit, la Jordanie s’apprête à présenter un projet de résolution pour demander qu’un nouveau crime international, qui tomberait dans la catégorie des crimes de génocide et de crimes contre l’humanité, soit prise en compte, sur la base des crimes horribles récemment commis contre certaines communautés religieuses en Iraq et en Syrie.  La radicalisation se nourrit, selon lui, de l’injustice, de l’insécurité et de la marginalisation et il appartient à « cette Assemblée » de définir un ordre du jour transformateur pour le développement de manière à permettre un avenir meilleur aux peuples à travers des programmes et des investissements concrets.


Abordant les crises régionales, il a estimé qu’il fallait trouver des solutions politiques basées sur le consensus pour une sortie de crise en Syrie, en Iraq et au Liban.  La Jordanie soutient un Iraq stable et uni avec un processus politique national inclusif.  Pour ce qui est de la Syrie, le Roi a estimé qu’il fallait trouver une solution politique basée sur des réformes qui offriraient à toutes les communautés un rôle dans la reconstruction de leur pays.  À cet effet, l’influence internationale est essentielle, selon lui, pour faire revenir l’opposition syrienne modérée et le régime actuel à la table des négociations.  Avec plus de 1,4 million de réfugiés syriens en Jordanie, le Roi a également mis en avant le poids énorme supporté par son pays et a affirmé qu’une telle crise de réfugiés représente une responsabilité mondiale et appelle une solution globale.


À ce stade, la réponse n’a pas été à la hauteur des besoins et un effort concerté est urgent pour apporter de l’aide humanitaire en Syrie et pour soutenir les pays d’accueil des réfugiés syriens.  Quant au conflit israélo-palestinien, le Roi a estimé que le premier pas était de reconstruire Gaza grâce à un effort international de taille, et, parallèlement, de ne ménager aucun effort pour régler « une fois pour toute » cette question sur la base de l’Initiative de paix arabe.


M. FRANÇOIS HOLLANDE, Président de la France, s’est ému de l’assassinat d’Hervé Gourdel, un ressortissant français enlevé en Algérie par un groupe qui se dit lié à DAECH et qui agit au nom de la barbarie.  Mais la France ne cédera jamais, a promis le Président.  Elle luttera sans répit pour détruire DAECH et ses complices.  Aujourd’hui, le terrorisme a changé de dimension et de prétention.  Des pays comme l’Iraq sont en danger.  Dès le mois d’août, la France a livré du matériel militaire aux forces engagées en première ligne contre DAECH.  « J’ai aussi décidé de répondre à la demande des nouvelles autorités iraquiennes de disposer d’un appui aérien.  Des opérations sont en cours », a indiqué le Président français.


M. Hollande a ajouté que rien de durable ne sera engagé si la question syrienne n’est pas réglée.  Le chaos provoqué par la répression brutale du régime a créé les conditions du terrorisme.  C’est pourquoi la France continuera d’apporter tout son soutien à l’opposition démocratique syrienne, seule représentante légitime du peuple syrien.  Cette crise nous concerne car les combattants étrangers qui rejoignent l’Iraq et la Syrie viennent de partout.  « Nous devons prendre des mesures pour lutter contre les filières terroristes, pour protéger nos jeunes de l’endoctrinement, prévenir leur embrigadement et tarir les financements. »


Le Président a estimé qu’il est urgent de trouver une solution au conflit israélo-palestinien.  Cet été, la troisième crise de Gaza a été la plus meurtrière avec plus de 2 000 morts.  La France souhaite que le Conseil de sécurité adopte une résolution permettant que les engagements pris par les parties lors du cessez-le-feu soient confortés.  Gaza ne peut rester une cache d’armes pour le Hamas et une prison à ciel ouvert pour sa population.  Il faut tout faire aujourd’hui pour que les négociations de paix aillent enfin à leur terme, qu’il n’y ait qu’une solution, celle de deux États.


Au Moyen-Orient, a poursuivi M. Hollande, il faut aboutir sur le dossier nucléaire iranien et trouver un accord solide qui donnera toute certitude que l’Iran ne se dotera pas de l’arme nucléaire.  Concernant la Libye, il a reconnu qu’une forme de chaos s’est installée et qui est un risque pour l’unité de la Libye et pour la stabilité de ses voisins.  Des initiatives doivent être prises par les Nations Unies pour aider les Libyens à reconstruire un État, désarmer les milices et chasser les terroristes. 


Le deuxième danger, a continué le Président français, c’est Boko Haram au Nigéria.  La France soutient les efforts du Nigéria, du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Bénin, pour lutter contre un mouvement qui est l’équivalent de DAECH en Afrique.  L’Afrique est un continent d’avenir qui demande la solidarité.  C’est le sens de l’engagement de la France aux côtés du Mali et en République centrafricaine, dans le cadre des Nations Unies.  En Afrique de l’Ouest, l’épidémie d’Ebola a déjà fait plus de 2 700 morts.  Notre devoir est d’agir et la France a déjà répondu en prenant la décision de créer un pont humanitaire depuis Dakar et en déployant en « Guinée forestière » un hôpital militaire.  L’Europe a débloqué 150 millions d’euros, a aussi rappelé le Président français.


En Ukraine, la France et l’Allemagne poursuivent leurs efforts pour renouer le dialogue et obtenir un règlement durable de la crise.  M. Hollande a terminé en parlant du dérèglement climatique.  Il a averti qu’il ne restait plus que 500 jours pour parvenir à un nouvel accord universel et ambitieux à la Conférence sur le climat (COP21) à Paris.  La France tiendra ses engagements sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et contribuera à hauteur d’un milliard de dollars à la capitalisation du Fonds vert pour le climat. 


M. ENRIQUE PEÑA NIETO, Président du Mexique, a salué le rôle multidimensionnel de l’ONU dans le monde.  Dans un monde caractérisé par tant de phénomènes qui ne connaissent pas de frontières, il faut déployer des efforts internationaux concertés pour en venir à bout.  Il a relevé que l’ONU doit changer pour s’améliorer.  Le monde a besoin, par exemple, d’un Conseil de sécurité qui soit plus représentatif de l’architecture internationale en pleine mutation.  Le Président a ainsi proposé l’augmentation du nombre de membres non permanents dotés du droit de se faire réélire immédiatement à la fin de leur mandat.  « Le monde a besoin d’un Conseil de sécurité où les membres permanents n’utilisent pas leur droit de veto en cas de violations du droit international humanitaire », a-t-il tranché.


Le Président a estimé que ce XXIe siècle a besoin d’une ONU dotée d’une nouvelle architecture.  Le changement n’est jamais facile, a-t-il reconnu, en prenant l’exemple du Mexique qui a connu une situation semblable.  Toute la classe politique et la société mexicaines étaient unanimes sur le besoin d’une restructuration profonde du pays mais la prise de risque a été difficile.  Le Président s’est donc félicité que le Mexique se soit finalement engagé dans des changements profonds grâce au « Pacte pour le Mexique » qui a permis des réformes profondes grâce à la volonté de toute une nation qui a osé le changement.  Revenant sur la situation des Nations Unies, le Président a relevé que de nombreux États reconnaissent la nécessité de réformer une organisation qui va célébrer son soixante-dixième anniversaire, l’année prochaine.  Néanmoins, a-t-il regretté, personne ne veut perdre ses privilèges alors qu’il faut une nouvelle ONU pour que le monde puisse compter sur une organisation efficace dans les domaines de la paix et du développement. 


Le Président a rappelé que le Mexique va accueillir, l’année prochaine, la première Conférence des États parties au Traité international sur le commerce des armes.  Il a souhaité que cet évènement soit l’occasion, pour la communauté internationale, de limiter les conséquences néfastes des armes sur les populations.  Il a également estimé que l’ONU devrait renforcer ses efforts pour un désarmement nucléaire complet.  Sur un tout autre sujet, le Président a dit espérer que le programme de développement pour l’après-2015 prenne en compte le fait que la pauvreté ne se mesure pas seulement à l’aune des revenus financiers.  Ce nouveau programme doit viser l’intégration économique et sociale. 


M. SAULI NIINISTÖ, Président de la Finlande, a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de faire face à ses responsabilités s’agissant des crises en Ukraine et en Syrie en estimant que cette situation démontrait la nécessité de réformer cette instance.  Il s’est dit heureux que l’Assemblée générale ait adopté le 24 mars dernier une résolution sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine, tout en regrettant que la condamnation de la Russie n’ait pas été plus forte.  Il a exhorté cette dernière à contrôler ses frontières avec l’Ukraine afin de prévenir l’afflux des armes et des combattants.


Le Président de la Finlande a exhorté la communauté internationale à ne pas abandonner le peuple syrien et a rappelé que la moitié des Syriens sont déplacés, dont 3 millions sont réfugiés dans des pays voisins.  Il a dit que le conflit syrien avait dangereusement affecté la sécurité de toute la région et estimé que « l’État islamique » n’est qu’une conséquence de ce conflit.  Ce défi ne pourra pas être relevé sans une coopération internationale la plus large.  Il a insisté sur le fait que la Finlande contribuera à ses efforts internationaux, avant d’exhorter le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale (CPI) de la situation en Syrie.  Alors que nous allons commencer les négociations intergouvernementales sur le programme de développement pour l’après-2015, le Président de la Finlande a souligné l’urgence qu’il y a à prendre des engagements pour répondre aux besoins de l’humanité et de la planète.    


M. SUSILO BAMBANG YUDHOYONO, Président de l’Indonésie, a salué les progrès que le monde a connus dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), même si, a-t-il déploré, ces succès diffèrent en fonction des régions, des pays et même des régions d’un même pays.  Il a indiqué que ces efforts internationaux de développement lui ont appris une leçon: le meilleur facteur de changement est la gouvernance, non pas la « bonne gouvernance », mais la « gouvernance intelligente », celle qui implique un leadership innovant et une participation publique active, deux éléments sans lesquels tous les efforts de développement resteraient vains.


M. Yudhoyono a déclaré que l’Indonésie a pu faire croître son revenu par habitant de 400% en une décennie, mais a regretté que malgré des avancées notoires, la communauté internationale n’ait pas pu réaliser certaines initiatives.  Il a évoqué les lenteurs à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou dans les négociations sur un programme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, après l’expiration du Protocole de Kyoto prévue en 2020.  Il a déploré les blocages dans la réforme de l’architecture financière internationale tout comme dans la réforme des Nations Unies.  Alors que le programme de développement pour l’après-2015 est en cours de finalisation, le Président a prévenu qu’il refusera tout programme qui mesurerait les succès à l’aune des seuls biens matériels, contribuant ainsi à déshumaniser et marginaliser les citoyens.  « Nous voulons un développement durable et équitable », a-t-il plaidé. 


Le Président a relevé que la croissance économique mondiale a permis aux pays d’Asie du Sud-Est, regroupé au sein de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), de renforcer leur collaboration.  Il a regretté les nombreux foyers de tensions, rappelant l’époque de la guerre froide que l’on croyait révolue.  Il a, dans ce contexte, appelé à la fin de la souffrance des Palestiniens et souhaité voir la solution à deux États se concrétiser.  Il a émis le vœu que la situation en Ukraine, en Iraq et en Syrie trouvera une solution durable.  M. Yudhoyono a indiqué que les appels à la coexistence pacifique, propres au XX siècle, sont désormais révolus, et que ce XXI siècle exige des dirigeants de « la passion » pour résoudre les problèmes du monde. 


Parmi ces problèmes, il a pointé le doigt sur l’« État islamique en Iraq et au Levant (EIIL) » dont l’idéologie n’épouse en rien les enseignements de l’Islam qui est une religion de paix.  Il a souligné que dans ce monde où l’extrémisme a le vent en poupe, l’Indonésie restait attachée aux valeurs de liberté, de tolérance, de modération et de multiculturalisme.  Il s’est félicité de la solution au conflit qui avait cours dans la province indonésienne d’Aceh depuis 30 ans.  Il a conclu son propos en invitant la communauté internationale à construire un nouveau monde de paix, de prospérité et de justice.


Mme CRISTINA FERNÁNDEZ DE KIRCHNER, Présidente de l’Argentine, a attribué la majeure partie des problèmes de la planète à l’absence de multilatéralisme et a donc salué la décision de l’Assemblée générale de créer un cadre juridique multilatéral applicable aux opérations de restructuration de la dette souveraine.  Elle a demandé la réforme des institutions financières internationales notamment du Fonds monétaire international (FMI) qui « a accompagné l’Argentine », selon la Présidente, lors de la dernière crise de la dette.  Mme Kirchner, qui a insisté sur le fait que la crise financière menace l’économie des pays émergents, a rappelé qu’en 2001, son pays avait déjà connu une crise de la dette au moment où il réalisait de nombreuses avancées économiques et sociales. 


Mon pays a « trois grandes affaires, a dit la Présidente, et personne n’a assumé la responsabilité de ce qui lui est arrivé ».  « Lorsque l’on doit 160% du PIB, ce n’est pas uniquement le pays endetté qui est coupable mais les créanciers aussi », a-t-elle souligné.  Elle a souligné que depuis 1976, l’Argentine a accumulé une dette sans précédent qui a fini par la faire imploser.  Nous avons réussi le développement tout en prenant en charge la dette que d’autres nous ont léguée et aujourd’hui, le FMI reconnaît que notre croissance économique est la troisième au monde, s’est enorgueillie la Présidente.


Mme Kirchner a affirmé que depuis 2003, son pays a remboursé plus de 190 milliards de dollars.  Nous avons également payé au Club de Paris une dette qui remonte à 1956, un moment, a ironisé la Présidente, où le Ministre actuel des finances n’était même pas encore né.  Nous avons restructuré la dette avec 92,4% des créanciers et nous sommes arrivés à un accord avec « Repsol », lorsque nous avons décidé de récupérer nos actifs pétroliers, alors même que l’accès aux marchés des capitaux nous était interdit, a précisé la Présidente.


À cause de la complicité du système judiciaire des États-Unis, l’Argentine est aujourd’hui harcelée par les fonds vautours.  Malgré ce harcèlement et ce « terrorisme financier », a promis la Présidente, l’Argentine veut et va payer ses dettes.


La Présidente est aussi revenue sur les attentats de 1992 et de 2011 dont son pays a été victime et qui l’ont poussé à solliciter finalement la coopération de la République islamique d’Iran.  Dès que nous avons signé le mémorandum, les institutions juives nous ont accusés de complicité avec « l’État terroriste d’Iran ».  Mais, s’est demandée la Présidente, où sont ces institutions juives et tous ceux qui nous accusaient lorsque le Secrétaire d’État américain a rencontré lundi dernier son homologue iranien à l’hôtel Waldorf Astoria de New York? 


Attribuant les pressions sur l’« EIIL » à la conversation qu’elle a eue avec le pape François, la Présidente a dit: « il nous faut plus de colombes de la paix pour bâtir un monde plus sûr.  Il nous faut davantage de respect international ».  L’on ne combat pas le terrorisme avec les tambours de la guerre, a-t-elle prévenu, et si cette Assemblée reprend son leadership, je suis convaincue que nous pourrons construire la paix et, en somme, léguer à nos enfants un monde meilleur.


« Qui vend des armes aux terroristes? » s’est interrogée la Présidente, en se disant « très méfiante » après tout ce qui s’est passé, ces dernières années.  « Nous vivons une troisième guerre, des guerres ciblées dans lesquelles les populations civiles finissent par être les seules victimes. »  Au sujet de la souveraineté des Îles Malvinas, elle a déclaré: « Il n’y aura pas de solution, tant que le vote des cinq membres permanents du Conseil de sécurité vaudra plus que celui des autres pays ».


M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Président de la Turquie, s’est alarmé du nombre d’enfants tués et mutilés lors des conflits actuels, notamment dans la bande de Gaza.  Ceux qui essayent d’attirer l’attention sur ces atrocités sont traités de partisans du terrorisme, a-t-il dénoncé.  À ceux qui accusent des pays de violer la liberté de la presse, il a répondu en rappelant le nombre de journalistes tués en Palestine.  De l’avis du Président turc, ceux qui ne réagissent pas aux meurtres de femmes et d’enfants participent directement à ces crimes contre l’humanité.  Les politiques de deux poids deux mesures mènent à un manque de confiance grave et entraînent une méfiance à l’égard des Nations Unies.  Cela ne sert pas la cause de la justice, a-t-il regretté, y voyant même une des causes principales de la montée du terrorisme.


Les problèmes en Iraq se propagent au-delà de ses frontières, a-t-il fait remarquer, regrettant que ce pays devienne une sorte de sanctuaire pour les terroristes.  Il a assuré que la Turquie accompagnerait le peuple iraquien dans sa quête de stabilité et de paix.  Il a aussi attiré l’attention sur le même débordement constaté en Syrie.  Le moment est venu de passer des paroles aux actes, a-t-il dit en interpellant l’ONU.  « Le monde est plus grand que les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité qui ont rendu l’ONU inefficace. »  Le Président Erdoğan a regretté que l’ONU n’ait pas réussi à trouver de solution en Syrie et en Palestine.  On se concentre sur des questions sélectives, comme les morts par armes chimiques, mais on n’accorde pas la même attention aux 200 000 personnes tuées par des armes classiques, a encore dénoncé le Président.


De même, a-t-il poursuivi, l’ONU n’a rien fait lors du coup d’État en Turquie.  Les Nations Unies sont incapables de prendre une position ferme face aux agissements incontrôlés en Iraq, a-t-il ajouté.  Il a appelé les Nations Unies à faire preuve de plus de courage pour être du bon côté de l’histoire.  Le Président turc a condamné fermement l’invocation de l’Islam pour justifier le terrorisme. 


Réitérant la position de son pays qui est d’éviter toute ingérence dans les affaires intérieures des États, il a plutôt invoqué les raisons humanitaires et morales.  La Turquie a accueilli 1,5 million de réfugiés syriens, a-t-il indiqué, en se désolant du manque d’appui des autres pays.  Les pays européens « riches et forts » n’en ont accueilli que 130 000.  Le Président a aussi parlé du nombre des blessés de Gaza qui sont soignés dans les hôpitaux turcs, ainsi que de l’accueil fourni à 30 000 Yézidis et aux Kurdes.  « Nous avons ouvert nos frontières aux Juifs qui ont été expulsés de l’Europe, il y a 500 ans, nous avons toujours protégé les Chrétiens et aujourd’hui nous ouvrons les portes à ceux qui sont dans le besoin, indépendamment de leur religion ou de leur race », a résumé le Président.  Il en a déduit que la Turquie était devenue l’un des pays les plus généreux du monde en termes d’aide humanitaire.


Après avoir rappelé que son pays souffre du terrorisme depuis 30 ans, il a souligné qu’il était l’« un des rares à avoir dit que l’antisémitisme est un crime contre l’humanité », demandant qu’on le reconnaisse aussi pour l’islamophobie.  Il a espéré des solutions aux problèmes de Chypre et à l’occupation territoriale de l’Azerbaïdjan.  Il a conclu en rappelant la candidature de son pays à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité.


Le Président de la Bolivie, M. EVO MORALES AYMA, a déclaré que « la Terre nourricière et l’humanité sont frappées par des crises créées par un capitalisme inhumain et prédateur ».  C’est la raison pour laquelle il faut bâtir sans retard un monde nouveau et un programme de développement pour l’après-2015 en harmonie avec la nature.


La Bolivie propose au monde le bien-vivre et la création d’une culture de la vie et de la solidarité, a dit M. Morales.  La Terre nourricière étant « manipulée et transformée en marchandise », il faut réagir avec une autonomisation économique des pauvres et des marginalisés.


Chaque pays a le droit de décider de ses stratégies de développement.  Les écosystèmes de la mer et de la terre doivent être renforcés et les droits des peuples autochtones respectés « face aux encouragements mercantiles ». 


En particulier, le Président a défendu le droit fondamental à l’eau, source de vie.  Or, aujourd’hui, 3 milliards de personnes vivent dans les régions où la demande en eau dépasse l’offre.  En 2050, ce seront 4 milliards de personnes qui souffriront de pénurie d’eau dans le contexte des changements climatiques.  Grâce à son programme intitulé « Mon eau », la Bolivie a déjà atteint l’objectif du Millénaire pour le développement dans ce domaine.


M. Morales a évoqué ensuite son combat « contre les forces méprisantes du capital et des marchés, le pouvoir omniprésent des banques et des usuriers, et les fonds vautours qui volent en toute impunité les pays en développement ».  Pour éliminer la faim et la pauvreté dans le monde, il faut transformer les structures financières « d’exclusion » que sont le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.  « Nous appelons cela: éliminer le colonialisme financier », a-t-il ajouté.


Par ailleurs, M. Morales a vilipendé « les pays qui promeuvent les conflits pour protéger leurs intérêts impérialistes ».  Après avoir dénoncé la cruauté et la barbarie d’Israël et les crimes et les « actes de génocide » commis dans la bande de Gaza, il a insisté pour que la Palestine soit reconnue en tant que membre de plein droit des Nations Unies.


L’avenir de la Syrie doit être déterminé par le peuple syrien, a poursuivi le Président.  Il a rejeté l’ingérence des États-Unis en Iraq qui a provoqué la guerre dans ce pays ainsi que la violence extrême des terroristes en soulignant que « rien ne justifie la violence fratricide ».  Lorsque les États-Unis interviennent, a-t-il martelé, « ils laissent derrière eux la destruction, la misère et la mort », et « laissent les richesses entre les mains de quelques entreprises transnationales ».


« La guerre contre la guerre ce n’est pas la même chose que la guerre pour la paix, c’est une formule perverse », a estimé M. Morales.  Il a critiqué « le discours de guerre » du Président Obama qui est aussi, selon lui, « un discours de fanatisme extrémiste ».  Il a également qualifié le blocus contre Cuba d’« acte de génocide ».


Enfin, le Président a rappelé que le droit historique du peuple bolivien en ce qui concerne son accès souverain à la mer a été foulé aux pieds pour favoriser les intérêts de certains.  La Bolivie a ainsi décidé de saisir la Cour internationale de Justice (CIJ) pour résoudre pacifiquement et de bonne foi un différend historique avec le Chili.


M. DANILO MEDINA SÁNCHEZ, Président de la République dominicaine, a cité des mesures fermes prises par son pays pour la lutte contre la pauvreté et les inégalités, en faisant en sorte que les citoyens soient au centre des politiques.  Nous avons établi un pacte national dont la priorité est l’éducation, a-t-il dit, avant de préciser que 4% du PIB est consacré à l’éducation publique.  Grâce à des milliers de volontaires et à un rythme sans précédent de construction d’écoles, l’analphabétisme sera bientôt réduit à néant, a précisé M. Sánchez.  Il a également mis l’accent sur des initiatives qui ont permis à son pays de sortir 528 061 personnes de la pauvreté au cours des 18 derniers mois.  Nous devons, à l’image de l’Union européenne, être en mesure de mettre de côté, une bonne fois pour toutes, la menace de la guerre, a dit le Président. 


Il a annoncé la conclusion prochaine d’un accord qualifié d’« historique » avec son voisin Haïti faisant des deux États, deux nations souveraines coopérant dans l’intérêt de leurs populations respectives.  Dans cette nouvelle étape nous aimerions pouvoir compter sur la communauté internationale, a-t-il dit, en particulier dans le domaine de l’état-civil, le but étant de fournir une pièce d’identité à chaque personne qui séjourne en République dominicaine.  Il a indiqué que de nombreux immigrés haïtiens vivant dans son pays n’ont pas de pièces d’identité car Haïti n’a pas les moyens techniques pour ce faire.


M. UHURU KENYATTA, Président du Kenya, a indiqué qu’au début du mois, son pays avait versé un million de dollars à la lutte contre la maladie à virus Ebola et que la semaine dernière, les ministres de la santé de l’Afrique de l’Est étaient venus à Nairobi pour définir les mesures à prendre pour que le virus ne se propage pas dans la région.  Il a affirmé que la suspension des vols aériens, y compris ceux de Kenya Airways, vers les capitales affectées, avait été décidée après les avertissements de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Il a reconnu que de telles mesures avaient isolé les pays touchés et porté atteinte à leur économie.  Notre intention n’était pas de faire du mal, a-t-il ajouté, mais en tant que plateforme régionale, les avertissements de l’OMS ne nous ont pas laissé beaucoup d’options.  Le Président Kenyatta a annoncé que les vols de Kenya Airways reprendront dès que des mesures « appropriées » seront mises en place.  Rien n’exige une action aussi urgente et déterminée de la part de la communauté internationale que la lutte contre ce virus « dévastateur ».  La crise Ebola souligne l’impératif de bâtir des États solides, capables de faire face aux crises et de répondre aux situations d’urgence, a ajouté le Président.


M. Kenyatta a réclamé un programme de développement pour l’après-2015 capable de prendre en compte l’interconnexion entre les défis sociaux, économiques et environnementaux de ce siècle.  Ce programme, a-t-il précisé, doit être universel, global et réceptif à chaque pays afin d’être véritablement transformateur.  Le Président a toutefois indiqué qu’un certain nombre de défis y font obstacle, notamment le terrorisme et l’extrémisme violent.  Nation aux premières lignes de la lutte régionale et internationale contre la terreur, le Kenya est conscient du fait que l’interconnexion entre démocratie et lutte contre le terrorisme présente de grands défis pour la sécurité et les institutions publiques.  Le Président a rappelé que les terroristes exploitent l’élargissement de l’espace démocratique, exerçant parfois une influence sur les politiciens locaux.  À moins d’établir un tampon efficace contre cette tendance, a-t-il averti, le Kenya aura du mal à concrétiser la démocratie et le programme de développement pour l’après-2015.


M. Kenyatta s’est inquiété de la fragilité de la Corne de l’Afrique.  En Somalie, a-t-il indiqué, le Kenya continue de sacrifier des vies et des ressources pour ramener la paix et nous agissons, confiants que la communauté internationale maintiendra son cap.  Le Président s’est alarmé du peu de progrès réalisés au Soudan du Sud.  Nous ne pouvons pas laisser tomber cette jeune nation et son peuple, a-t-il plaidé, et aucune nation n’a autant souffert des négligences de la communauté internationale que celle-là.  Il a appelé les dirigeants sud-soudanais à faire preuve d’un leadership « déterminé et éclairé » afin de parvenir à la paix sans plus de délais.


Revenant au programme de développement pour l’après-2015, M. Kenyatta a voulu que celui-ci épouse le principe de la « responsabilité première des pays en développement », sans quoi le programme serait voué à l’échec, a-t-il averti.  Il a estimé que l’agenda post-2015 doit s’attaquer en premier lieu à la pauvreté, la maladie et la faim et a voulu qu’il soit entièrement financé dès son entrée en vigueur.


Au cours de son intervention, le Président a parlé des politiques sociales lancées par son gouvernement.  Il a évoqué la Campagne « Beyond Zero » qui a été lancé par la Première Dame du Kenya pour renforcer la gestion des maladies chroniques évitables, dont le VIH/sida, et pour améliorer la santé maternelle et infantile.  Un programme de transfert de fonds à l’intention des orphelins, des enfants vulnérables, des personnes gravement handicapées et des personnes âgées cible 450 000 ménages à travers le Kenya.  Le Président a aussi fait part de l’attachement de son pays à la protection de la faune et de la flore et a indiqué que le Kenya œuvre toujours pour reconstituer le couvert forestier sur 10% de son territoire.


M. LUIS GUILLERMO SOLÍS RIVERA, Président du Costa Rica, a déploré la recrudescence des violations des droits de l’homme partout dans le monde et le fait que beaucoup restent impunies.  Il s’est notamment alarmé des agissements de l’« EIIL ».  Après avoir énuméré les autres situations de conflit et de crise qui entraînent de telles violations, il a attiré l’attention sur le cas de l’Amérique centrale où des millions de personnes traversent seules les frontières vers les États-Unis en prenant tous les risques.  Le Président a dénoncé la passivité, demandant aux Nations Unies de passer à l’action face aux États qui ne respectent pas les normes agréées.


Le maintien de la paix et de la sécurité internationales commence par l’instauration d’une culture de la paix, a-t-il rappelé, en soulignant ce que fait son pays, siège notamment de la Cour interaméricaine des droits de l’homme.  En outre, en tant que membre du Groupe des Amis de la médiation, le Costa Rica a joué le rôle de chef de file pour l’adoption de la résolution 6863 de l’Assemblée générale dont l’objectif était de souligner le rôle des organisations régionales et sous-régionales dans la médiation.  Le Président a insisté pour que les États règlent leurs différends par la voie pacifique et a exigé que les auteurs de crimes graves, comme les crimes contre l’humanité, soient traduits en justice, se disant défavorable à l’affaiblissement de la Cour pénale internationale.


Le Président costaricien a demandé au Conseil de sécurité d’adopter une mentalité proactive et d’être démocratique, efficace, transparent et inclusif.  Il a exhorté les membres permanents du Conseil de sécurité de ne pas utiliser leur droit de veto dans les cas de génocide, de crime contre l’humanité et de crime de guerre, se félicitant à cet égard de la proposition française d’un « code de conduite » pour guider l’exercice du droit de veto.  Il a demandé de favoriser la réélection du Costa Rica au Conseil des droits de l’homme.


M. Solís Rivera a condamné les attaques aveugles du Hamas contre Israël et les attaques commises par les Forces armées israéliennes.  Il a rejeté le transfert des armes classiques vers les zones actuelles de conflit.  Il a lancé un appel aux États pour qu’ils interdisent et restreignent ces transferts et condamné l’utilisation des armes à sous-munition en Syrie, rappelant que l’Amérique centrale est la première zone exempte d’armes à sous-munition dans le monde.  Il s’est dit prêt à négocier un nouvel instrument juridiquement contraignant sur les armes nucléaires. 


Il n’y aura pas de paix s’il n’y a pas de développement durable, si nous détruisons l’environnement et si nous ne garantissons pas tous les droits de l’homme, a prévenu le Président.  En ce qui concerne le programme de développement durable pour l’après-2015, il a dit attendre des cibles précises et orientées vers l’action.  Toute politique publique doit inclure les changements climatiques, a-t-il ajouté, en demandant de mobiliser l’engagement politique pour parvenir à un instrument juridiquement contraignant en 2015 sur le climat.  En tant que Président en exercice de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), région qui a été déclarée « zone de paix », il a réaffirmé l’importance du règlement pacifique des différends. 


M. ELBEGDORJ TSAKHIAGIIN, Président de la Mongolie, a rappelé que son pays a embrassé, il y a 25 ans, la démocratie, l’état de droit, l’économie de marché et une société ouverte comme voie du développement.  Les citoyens participent directement à la définition des priorités et aux affectations budgétaires.  Pour gagner la confiance des investisseurs et tracer le chemin du développement à long terme, le Mongolia Economic Forum, Business Summit and Discover Mongolia ont été créés et de nouvelles lois sur l’investissement pétrolier et la transparence budgétaire ont été adoptées.


S’agissant des changements climatiques, M. Tsakhiagiin a demandé l’opérationnalisation du Fonds vert pour le climat pour encourager la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Il a ajouté que la Mongolie vient d’adopter sa politique de développement vert.  En ce qui concerne les OMD, le Président a dit attendre du Groupe de travail de l’Assemblée générale ouvert sur les objectifs de développement durable un document tenant compte des besoins spécifiques des pays en développement sans littoral. 


M. Tsakhiagiin a aussi parlé du dernier Sommet Mongolie-Chine-Russie, une occasion de discuter des questions relatives au transport de transit, au développement des infrastructures et à la réduction des barrières commerciales.  La Mongolie redouble également d’efforts pour joindre l’Association de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) et a commencé le dialogue avec l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Le pays s’est aussi engagé de manière constructive au Sommet de l’Asie orientale.


Le Président a indiqué que la paix et la stabilité dans le nord-est de l’Asie, notamment dans la péninsule coréenne, constituait une priorité pour la Mongolie.  Il a exhorté à la reprise rapide des Pourparlers à six, arguant que la péninsule doit être une zone exempte d’armes nucléaires.  La réforme du Conseil de sécurité, a conclu le Président, devra refléter les nouvelles réalités politiques et économiques du monde.  Sur 193 États, 105 appartiennent au Forum des petits États et sur les 70 États qui n’ont jamais été élus membres du Conseil, 50 sont des petits États dont la Mongolie, a fait observer M. Tsakhiagiin, avant d’annoncer la candidature de son pays à un siège non permanent du Conseil, en 2022.


Le Président du Nigéria, M. GOODLUCK EBELE JONATHAN, a espéré que le programme de développement pour l’après-2015 reflètera les aspirations de toutes les régions du monde.  Pour sa part, l’Afrique souhaite que les nouveaux objectifs de développement durable soient centrés sur les personnes.  À ce sujet, le Président a salué les recommandations du Groupe intergouvernemental d’experts sur le financement du développement qui fournit une base solide aux négociations.


M. Jonathan a dénoncé le terrorisme vicieux et l’implication de combattants étrangers, que ce soit avec Al-Qaida au Maghreb, El Chabab en Somalie, Boko Haram au Nigéria ou l’« État islamique en Iraq et au Levant (EIIL) ».  Il s’agit d’un défi majeur qui requiert une réponse collective et une révision des outils des opérations de maintien de la paix. 


À ce sujet, les activités violentes et criminelles de Boko Haram continuent de menacer le peuple et le Gouvernement du Nigéria, s’est plaint le Président.  Par la terreur, les assassinats, les attentats et les enlèvements, Boko Haram s’efforce d’entraver le développement du nord-est du pays.  En avril dernier, a-t-il rappelé, des jeunes filles innocentes ont été arrachées à leur école à Chibok.  Il a remercié tous les pays et toutes les organisations qui ont manifesté leur solidarité avec le Nigéria et assuré que son gouvernement ne ménageait pas ses efforts pour obtenir leur libération.


Par ailleurs, M. Jonathan a considéré que l’incapacité du Conseil de sécurité à agir à l’unanimité pour répondre aux défis urgents en matière de paix et de sécurité internationales, en Syrie, en Iraq, en Ukraine, ou pour ce qui est de la situation entre Israël et la Palestine, plaidait en faveur d’une réforme du Conseil.  Il est impératif de profiter en 2015 du cinquantième anniversaire de la réforme de 1965 pour avancer sur ce dossier.


L’Afrique de l’Ouest est maintenant ravagée par le virus Ebola.  Si le Nigéria a été en mesure de réagir rapidement pour contrôler la propagation de la maladie, la situation au Libéria et en Sierra Leone requiert une action durable, collective et mondiale, a fait valoir le Président.  Grâce aux efforts concertés de ses professionnels de la santé, de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de ses partenaires internationaux, le Nigéria ne connaît pas aujourd’hui de cas d’Ebola, a-t-il affirmé.  En outre, le Nigéria a déjà dépensé 3,5 millions de dollars pour aider le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée à combattre la maladie. 


Enfin, M. Jonathan a assuré que la prochaine élection présidentielle, en février 2015, la cinquième depuis la fin du pouvoir militaire en 1999, sera conduite de façon démocratique.


M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, a dit que les crises en Afrique et ailleurs suscitent une vive inquiétude du fait que leur gravité a souvent été sous-estimée par la communauté internationale.  « Quand la sécurité s’effondre, les coûts humains sont énormes », a ajouté M. Kagamé, en notant qu’une structure de gouvernance qui ne serait pas construite de l’intérieur ne saurait s’enraciner.  Il a appelé la communauté internationale à tenir compte de l’importance de « l’identité nationale ». 


Le Président a estimé que le problème de nos sociétés est que « l’identité nationale » est souvent bien trop faible.  Le Rwanda est constitué d’un peuple très optimiste au « civisme exceptionnel », parce que son identité nationale est très forte.  Il a exhorté la communauté internationale à mieux prévenir les conflits, plutôt que de se limiter à une tâche de « gestion » des confits. 


M. JUAN ORLANDO HERNÁNDEZ, Président du Honduras, a rappelé la grave crise politique que son pays avait traversée en 2009.  Malgré cela et malgré la pauvreté et les catastrophes naturelles, le Honduras pratique la démocratie participative, a-t-il assuré.  Le pays s’est doté d’un Plan intitulé « Tous pour une vie meilleure » qui soutient les familles les plus pauvres et lutte contre la corruption, ainsi que d’une plateforme pour l’emploi et le développement économique, appelée « ZEDE ».  Ce cadre, qui a été adopté après une révision de la Constitution, couvre les domaines juridique, économique, administratif et politique, a-t-il précisé.  Sur le plan économique, par exemple, il a expliqué que le Honduras offre un marché ouvert régi par des règles simples, qui permet de créer de bons emplois.


Le Président a aussi parlé des Alliances public-privé, un modèle participatif d’entreprises publiques et privées.  « Nous construisons en outre un couloir logistique interocéanique pour relier l’océan Atlantique à l’océan Pacifique ».  M. Hernandez a expliqué le grave problème de la migration des enfants vers l’Amérique du Nord, beaucoup d’entre eux n’étant même pas accompagnés par un adulte.  « Notre pays est le territoire d’une guerre qui n’est pas la nôtre, a-t-il dit en appelant à s’attaquer au problème de la drogue, du côté des producteurs comme des consommateurs, et en soulignant que les enfants sont un maillon de ce trafic ».  Il a souhaité qu’un accord soit trouvé pour résoudre cette crise, sachant que le Honduras est seulement un point de passage du trafic de drogues, n’étant ni producteur ni consommateur.


Si on parle de ce qui se passe dans d’autres régions du monde, des situations que nous condamnons, on parle très peu des problèmes des millions de familles qui vivent dans le triangle noir en Amérique centrale, a regretté le Président.  Quelle est la différence entre les personnes déplacées à cause des violences dans d’autres régions et les personnes déplacées du fait de la violence causée par la criminalité transnationale organisée et le trafic de drogues?  La différence c’est que les premières viennent frapper à la porte des États-Unis, a-t-il répondu.  Il a donc demandé que la région cesse d’ignorer ce drame humain en Amérique centrale.


Venant aux questions de développement économique, le Président du Honduras a plaidé en faveur d’un traitement commercial égal à celui accordé aux pays d’Asie.  De combien d’argent a besoin un être humain pour être heureux?  Pour répondre à cette question, il a évoqué les entreprises humanitaires de l’un des hommes les plus riches du monde, Bill Gates, avant de l’inviter à venir travailler au Honduras.  Citant ensuite le pape François, il a souligné qu’on n’a jamais vu des déménageurs suivre un corbillard: personne n’est enterré avec ses biens.  Il y a un trésor que personne ne peut nous voler: ce n’est pas ce que nous avons économisé mais ce que nous avons donné aux autres, a dit le Président d’un pays où 43% de la population du Honduras vit avec moins d’un dollar par jour et où le Gouvernement fait des efforts pour les sortir de leur condition. 


M. FILIP VUJANOVIĆ, Président du Monténégro, a réaffirmé l’attachement de son pays à un système multilatéral efficace au centre duquel se situe une ONU forte dont il appuie le processus de réforme en cours.  Saisissant cette occasion, il a rappelé qu’en mars dernier, l’immeuble bio de l’ONU avait ouvert ses portes dans la capitale Podgorica.  En tant que membre du Conseil des droits de l’homme, le Monténégro continuera à se battre pour l’intégration de la dimension droits de l’homme dans tous les aspects du travail des Nations Unies, pour renforcer le rôle du Conseil en termes de réponse aux violations des droits de l’homme et pour préserver l’universalité des droits de l’homme et l’indépendance du système des droits de l’homme de l’ONU.  Le Monténégro accorde une priorité particulière à la défense des droits des plus vulnérables comme les droits des enfants, de la jeunesse, des personnes âgées, des handicapés ainsi que l’égalité entre les sexes et la lutte contre la discrimination.


Le Monténégro est également activement engagé sur les plans bilatéral et régional dans la promotion de la paix et de la sécurité en Europe de l’Est, qui sont un préalable au développement, selon M. Vujanović.  À cet égard, il a estimé que l’intégration de son pays à l’OTAN et à l’Union européenne contribuerait significativement à la stabilité et au développement de toute la région des Balkans.  En tant qu’adepte du désarmement, le Monténégro a ratifié, cette année, le Traité sur le commerce des armes, a encore rappelé le Président.  Il adhère pleinement à la responsabilité de protéger et salue l’initiative de la France pour un « code de conduite » relatif au recours au droit de veto en cas de génocide, de crime de guerre, de crime contre l’humanité et de nettoyage ethnique.  Pour ce qui est du programme du développement pour l’après-2015, le Monténégro préconise une approche basée sur le respect et la promotion des droits de l’homme, ainsi que sur le développement humain.


M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud, a rappelé que l’Afrique avait mis en place le « Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) dans la foulée de l’adoption des OMD.  La vision de l’Union africaine à l’horizon 2063, parallèlement au NEPAD, constituera la pierre angulaire du programme de développement pour le continent.  En termes d’OMD, l’Afrique du Sud a réalisé des progrès considérables, notamment pour ce qui est de l’accès à l’éducation primaire pour tous ou encore de l’autonomisation des femmes et de l’accès à la santé.  Il reste toutefois beaucoup à faire, a reconnu M. Zuma, ajoutant que cela s’appliquait en particulier au monde en développement.  En vue de continuer sur la lancée, il faut, selon lui,  s’attaquer aux causes sous-jacentes du sous-développement.  À cet égard, il a dit apprécier la rédaction d’un programme de développement pour l’après-2015 qui permettrait de terminer ce qui n’a pas pu être fait dans la réalisation des OMD. 


Il a réaffirmé que les pays développés devraient être des partenaires sûrs et honorer leurs engagements, s’agissant, entre autres, de l’objectif de consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement (APD).  M. Zuma a regretté les pertes en vies humaines liées au virus Ebola, ajoutant que cette épidémie aurait été évitée si elle avait eu lieu dans le monde développé.  Il est heureux que les Nations Unies déploient une mission pour coordonner les efforts, a-t-il dit, en assurant que son pays continuerait à fournir toutes les ressources à sa disposition pour aider les gouvernements des pays frappés par cette épidémie.


M. Zuma a invité les États Membres à réfléchir sérieusement à la réforme de l’Organisation des Nations Unies, et en particulier le Conseil de sécurité à l’occasion du soixante-dixieme anniversaire de l’ONU en 2015.  Il a dit espérer qu’il sera possible d’adopter à cette occasion un programme concret.  Parmi les questions critiques à aborder dans ce contexte, M. Zuma a cité celles du droit de veto et de la représentation de l’Afrique et d’autres régions au Conseil de sécurité.  En conclusion, il s’est engagé à marcher dans les pas de « Madiba », en Afrique du Sud comme dans le monde.  À cet égard, il a remercié l’Assemblée générale d’avoir créé le « Prix Nelson Mandela » des Nations Unies.


M. DIDIER BURKHALTER, Président de la Confédération Suisse, a mis l’accent sur les jeunes et leurs attentes notamment la dignité, la paix, la liberté, l’égalité, une formation et un travail.  « Les jeunes sont en droit d’attendre de nous tous, les représentants des nations, que nous soyons réellement unis à nous engager de toutes nos forces pour remettre demain, dans leurs mains, une humanité qui rime pleinement avec sécurité, liberté et prospérité », a-t-il estimé.  Il a abordé les questions du renforcement de la sécurité internationale.  Avec 50 millions de personnes déplacées, 75 millions de jeunes entre 15 et 24 ans sans travail et donc sans perspectives, et des vagues prenant d’assaut les règles du droit international, en particulier du droit humanitaire, qui sont ignorées, violées, submergées, M. Burkhalter a regretté qu’on assiste aujourd’hui à une atteinte inacceptable aux acquis que l’humanité a engrangés sur les ruines de deux conflits mondiaux.  Ce constat est particulièrement vrai au Moyen-Orient, notamment en Syrie et en Iraq où la Suisse condamne avec la plus grande fermeté les actes brutaux du groupe qui s’autoproclame « États islamique ».  « L’Islam peut être, et doit être, comme les autres religions, un message de paix, d’humanité et de fraternité », a poursuivi M. Burkhalter appelant toutes les nations à être unies et à veiller à la prééminence du droit sur la force. 


La Suisse, avec une soixantaine d’autres États, s’est engagée pour demander au Conseil de sécurité de saisir la Cour pénale internationale (CPI) de la situation en Syrie et s’engage à augmenter son aide humanitaire dans la région.  Elle appelle l’État iraquien à faire en sorte que les responsabilités soient établies, s’agissant des violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, et elle l’encourage à adhérer au Statut de la CPI.


Partant du principe que pour une paix durable il faut s’attaquer aux causes des conflits, la Suisse est convaincue que le défi posé par l’« État islamique autoproclamé » ne pourra être relevé dans la région que si la crise en Syrie est traitée dans son intégralité.  Elle appelle les parties à revenir à la table des négociations et à travailler à une solution politique.  En ce qui concerne la situation en Ukraine, le Suisse est en faveur d’une réponse pondérée de la communauté internationale qui laisse la place au dialogue et estime que se contenter d’isoler la Russie du reste de l’Europe ne résoudrait aucun problème et en créerait d’autres.  Il faut résoudre cette crise avec la Russie, pas contre elle, et la paix serait d’autant plus durable, selon M. Burkhalter, si l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui est présidée par la Suisse, parvient à reconsolider les bases de la sécurité coopérative entre les régions euro-atlantique et eurasienne.  Pour prévenir et gérer les tensions, il faut renforcer les capacités de médiation de l’ONU et des organisations régionales, dont l’OSCE, et mettre en commun des capacités et des forces.


M. Burkhalter a saisi l’occasion pour annoncer que la Suisse allait intensifier sa coopération internationale dans les domaines du développement et de l’humanitaire auxquels elle consacrera dès l’an prochain 0,5% de son revenu national brut.  Pour ce qui est de la réforme des Nations Unies, la Suisse souhaite que davantage d’organes se consacrent à la prévention des conflits et que l’on renforce les missions politiques spéciales.  Elle salue l’initiative de la France sur un accord volontaire des cinq membres permanents du Conseil de sécurité pour encadrer le recours au droit de veto en cas d’atrocités de masse.


M. IDRISS DEBY ITNO, Président du Tchad, a souligné que l’élaboration de l’agenda pour l’après-2015 avait été l’occasion pour les États Membres de revisiter en profondeur les OMD, en y apportant des réponses appropriées.  Il a indiqué que l’Afrique avait adopté une Position Commune qui s’inscrit dans la Vision 2063 du continent.  Le Président tchadien a aussi signalé que la décision de créer des mécanismes tels que la « Capacité africaine de réaction immédiate aux crises », ou la « Force régionale africaine pour le Sahel-Sahara et l’Afrique centrale » procède de cette volonté régionale et continentale de barrer la route au phénomène du terrorisme.  M. Deby Itno a aussi exhorté les pays de la Commission du bassin du lac Tchad à prendre les mesures nécessaires pour rendre opérationnelle la Force multinationale conjointe en vue de lutter contre les activités terroriste de Boko Haram.


Le Président tchadien a ensuite évoqué la tenue à Amdjaress, au Tchad, du Forum de paix et de réconciliation « entre les frères ennemis du Darfour ».  Il s’est aussi félicité de l’organisation, à Brazzaville, du Forum sur la réconciliation et le dialogue inclusif entre « les frères centrafricains », auquel, a-t-il précisé, le Tchad a pris une part active dans la recherche de solutions aux crises.  M. Deby Itno s’est aussi réjoui du dialogue intermalien et a noté avec satisfaction le processus de réconciliation engagé au Soudan du Sud pour ramener les Sud-Soudanais « à fumer le calumet de la paix ».


Le Chef de l’État tchadien a par ailleurs constaté que la « Libye Nouvelle » peine à exister depuis la chute du régime Qadhafi et a souligné que les « frères libyens » des différentes composantes politiques et sociales doivent comprendre que la paix ne peut provenir que des Libyens eux-mêmes.  Il a dénoncé le fait que la justice pénale internationale, « au lieu d’être neutre, impartiale et indépendante », semble consacrer plutôt la pratique des deux poids, deux mesures « en ne poursuivant que les faibles ».  M. Debys Itno a aussi souligné que le débat sur la réforme du Conseil de sécurité doit être mené à son terme.


Passant à la situation nationale, le Président a fait savoir que le Tchad s’est doté d’un Plan national de développement 2013-2015 et d’un Programme national de sécurité alimentaire qui visent à rendre opérationnel un développement résilient et émergent d’ici à 2025.  Il a précisé que le plan assure à chaque Tchadien un accès adéquat aux services sociaux de base.  Un Cadre national de dialogue politique a par ailleurs été créé en 2013 et le Tchad a adhéré au Mécanisme d’évaluation par les pairs de l’Union africaine et à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).


M. TOOMAS HENDRIK ILVES, Président de l’Estonie, a dit que nous avons besoin d’un effort concerté pour réaliser la paix et la stabilité en Europe et au Moyen-Orient, et pour restaurer la crédibilité du droit international.  L’« État islamique en Iraq et au Levant (EIIL) » pose des menaces aux peuples iraquiens et syriens et nous devons arrêter ces terroristes.  Nous aurions dû, a regretté le représentant, célébrer l’anniversaire du triomphe de la liberté et de la démocratie avec la chute du mur de Berlin, il y a un quart de siècle.  Mais en annexant la Crimée et en agressant l’Ukraine, un pays a choisi de violer la Charte des Nations Unies de 1945, les Accords d’Helsinki de 1975 et la Charte de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe de 1990, dont il est signataire.  Nous sommes ainsi devant un environnement complètement nouveau et jamais vu auparavant.   


La crise ukrainienne n’est pas seulement un conflit entre deux pays.  Elle n’est même pas un problème uniquement européen car si à la place des accords et des lois, la force brute s’applique dans les relations internationales, et si le changement des frontières par la force devient une norme acceptée, alors la stabilité du monde entier en sera menacée.  « C’est une vision du monde dans laquelle la force fait le droit alors que nous croyons que c’est le droit qui fait la force », a dit M. Ilves en reprenant une phrase du Président Obama. 


Cette évolution doit être fermement condamnée et la communauté internationale ne peut laisser la Crimée dans le statu quo.  Nous ne pouvons pas accepter les « conflits gelés » à des fins politiques.  L’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale doivent rester les droits fondamentaux des États et des nations et cela inclut le droit de ces États et nations de décider de leur avenir et de choisir leurs alliés.  Or, l’Ukraine a été agressée pour avoir fait ce choix. 


Le Président a dit avoir vu les signes avant-coureurs des événements en Ukraine, six ans plus tôt en Géorgie mais personne n’avait « entendu le réveil sonner ».  Nous devons prendre au sérieux la prévention des conflits et aider les pays qui ont fait le choix de la démocratie, de l’état de droit et des droits de l’homme.  Les situations récentes nous obligent à réexaminer le rôle des Nations Unies.  Comment un des objectifs principaux des Nations Unies, la paix et la sécurité internationales, pourrait-il être promu alors que des accords internationaux sont ignorés, des frontières sont changés et des territoires sont annexés par la force?  Comme le montre la situation en Syrie, nous ne pouvons pas ignorer la paralysie du Conseil de sécurité qui doit être réformé et ses méthodes de travail réexaminées.


Nous ne pouvons pas non plus accepter les arguments selon lesquels les droits de l’homme se fonderaient sur le contexte culturel de certains États alors qu’ils sont ancrés dans l’humanité et la dignité de chaque personne.  Membre de « Freedom Online Coalition », une communauté de 23 nations, l’Estonie, a dit son Président, demande que le programme de développement pour l’après-2015 reconnaisse l’importance des nouvelles technologies et des services en ligne comme une contribution majeure à la sécurité et la prospérité du monde.  La cybersécurité est importante non seulement pour la protection des droits mais aussi pour la prospérité économique.  Limiter l’accès ou censurer le contenu d’Internet n’est pas la réponse à la cyberinsécurité, a plaidé le Président. 


M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale, s’est inquiété de l’impact de la maladie à virus Ebola dans certains pays du continent africain.  Il a indiqué que lors de la remise de la deuxième édition du prix internationale UNESCO-Guinée équatoriale pour la recherche scientifique, son gouvernement avait annoncé un don de 2 millions de dollars pour financer les programmes de lutte contre cette maladie.  M. Obiang Obiang Nguema Mbasogo a insisté sur l’importance de renforcer le rôle de l’Assemblée générale et s’est inquiété de la prolifération des interventions qui foulent aux pieds le principe de non-ingérence.  Il faut clairement distinguer l’appui à un processus démocratique interne d’une ingérence sous la forme d’une pression, a-t-il commenté.  Le Président a souligné que la démocratie ne peut pas être importée mais doit, au contraire, être conforme aux valeurs positives des sociétés que seules les populations sont à même de définir. 


Le Chef de l’État Équato-Guinéen a indiqué que son gouvernement avait lancé un processus de gestion économique pour exploiter les ressources naturelles du pays.  Il a affirmé que la dernière réforme politique avait transformé la Guinée équatoriale en un État démocratique.  L’administration publique du pays se fait dans la transparence et les droits de l’homme sont protégés par des institutions fiables, a-t-il indiqué.  Un dialogue national sera par ailleurs organisé au mois de novembre prochain pour renforcer la démocratie dans le pays.


M. MAHINDA RAJAPAKSA, Président du Sri Lanka, a rappelé que son pays préside actuellement le Commonwealth, qui regroupe à lui seul plus d’un quart des États Membres de l’ONU.  Il a indiqué avoir proposé au Groupe de travail sur les objectifs de développement durable de consacrer un objectif à la réduction des inégalités au sein des pays et entre eux.  Le programme de développement pour l’après-2015 doit se focaliser sur la mise en œuvre, a-t-il ajouté, en demandant de faire preuve de volonté politique.  Il faut s’assurer que l’échec dans la réalisation de l’OMD nº8 relatif aux partenariats, ne se répète pas.  Le Président a prôné le renforcement des partenariats entre les pays développés et les pays en développement, afin que les pays du Sud aient les ressources et les technologies nécessaires. 


S’agissant du rôle des Nations Unies dans la promotion de la paix, de la sécurité et de la prospérité internationales, il a souhaité que le système améliore sa crédibilité.  Les droits de l’homme sont placés au centre des programmes alors que l’on n’essaye même pas de comprendre des questions qui sont souvent complexes, a-t-il fait remarquer.  Il faut que les droits de l’homme soient des concepts moraux et non des outils politiques.  Le Président a regretté qu’en cette période postconflit dans son pays,  le Sri Lanka fasse l’objet de programmes mal conçus du Conseil des droits de l’homme qui ne mesurent pas toute la portée des progrès réalisés.  C’est un contraste avec la façon dont sont traitées d’autres situations d’urgence dans le monde, a-t-il commenté.


Attaché au multilatéralisme, il a demandé a une dépolitisation du système des Nations Unies pour éviter qu’elles ne se retrouvent otages de ses principaux contributeurs budgétaires.  Il a souhaité que la réforme du Conseil de sécurité avance en 2015, année du soixante-dixième anniversaire de l’ONU. 


Passant à la question des changements climatiques, le Président a demandé au monde une réponse forte, basée sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée.  Après avoir appelé à la solidarité entre l’Asie et l’Afrique, il a parlé des efforts de son pays en matière de lutte contre le terrorisme.  Il s’est inquiété par ailleurs des conséquences des mesures économiques unilatérales prises contre les pays en développement et appelé à mettre fin à l’embargo contre Cuba.  Enfin, le Président a donné le détail des moyens mis en œuvre dans son pays pour progresser sur le plan du développement et de la démocratie.


Le Président du Venezuela, M. NICOLAS MADURO MOROS, a noté que les Présidents d’Amérique latine avaient tous parlé à l’Assemblée générale du besoin de refaçonner l’ONU en profondeur, compte tenu de l’importance que l’Organisation revêt pour l’humanité depuis sa création, il y a presque 70 ans.  L’ONU doit se démocratiser pour s’adapter à un monde multipolaire et respecter la souveraineté des peuples du monde qui veulent faire entendre leur voix.


Le projet Petrocaribe montre qu’un nouveau monde de paix, de coopération et de solidarité est possible, a dit le Président, avant de saluer « le nouveau régionalisme de l’Amérique latine ».  Il a rejeté le blocus économique contre Cuba, « un anachronisme de la guerre froide », et appuyé l’Argentine dans sa lutte contre le mécanisme de pillage des fonds vautours.  Dans le même esprit, il a préconisé « un plan de décolonisation de Porto Rico ».


Le Venezuela a mené à bien une révolution populaire démocratique, a rappelé M. Maduro, puis entamé un processus de libération sociale et politique pour surmonter la pauvreté.  Le pays est parvenu à la réalisation de pratiquement tous les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), notamment en matière d’éducation et d’emploi.


Le Venezuela possède la réserve pétrolière la plus grande de la planète, a ensuite rappelé le Président.  Le pétrole a été récupéré comme ressource naturelle pour le développement économique de la patrie et pour lutter contre l’impérialisme américain. 


D’après lui, le virus Ebola constitue la plus grande menace.  Si tous les États Membres de l’ONU avaient plus d’humanité, ils pourraient se concentrer sur cette lutte.  De même, les changements climatiques représentent une urgence.  « Il faut retrouver la qualité de vie pour l’être humain », a dit M. Maduro.


Évoquant les décisions adoptées par le Conseil de sécurité pour lutter contre le terrorisme, il a condamné les méthodes répugnantes des groupes terroristes.  Mais il a également dénoncé les attaques impérialistes et la « folle logique » des bombardements sans fin et « la course effrénée à la violence ».  « Seule une alliance respectant la souveraineté des nations permettra de lutter contre le terrorisme », a-t-il martelé.  « Les terroristes ne seront pas déracinés avec des bombes qui tuent des innocents ».


L’ONU doit être réformée pour rechercher une paix stable et une sécurité totale, a conclu M. Maduro.  Il a annoncé que le Venezuela prendra la présidence du Mouvement des pays non alignés l’année prochaine.  


Cette année, a dit M. DAVID CAMERON, Premier Ministre du Royaume-Uni, nous sommes confrontés à des épreuves « extraordinaires »: l’agression contre un État Membre de l’ONU, en Ukraine; la recherche de la paix au Moyen-Orient; la lutte contre Ebola en Afrique de l’Ouest; et la menace mortelle de l’« EIIL » en Syrie et en Iraq.  S’agissant de cette dernière épreuve, « les erreurs du passé ne devraient pas servir d’excuse à l’indifférence ou à l’inaction ».  Certes, a convenu le Premier Ministre, il faut tirer les leçons de l’expérience iraquienne, d’il y a 10 ans, mais « il faut en tirer les bonnes leçons », c’est-à-dire reconnaître la nécessité de se préparer minutieusement et de ne pas se précipiter dans un conflit sans un plan précis.  La bonne leçon est que nous devons agir mais agir différemment. 


Nous devons avoir une approche globale pour gagner la bataille des idées et non pas seulement la bataille militaire.  Nous devons nous montrer intelligents pour ne pas passer outre des gouvernements représentatifs et responsables.  Nous devons être inclusifs pour travailler avec tous les partenaires disposés à prendre part à la solution, y compris « potentiellement » l’Iran.  Nous devons refuser tout compromis pour triompher des extrémistes.


Commentant point par point ces éléments, le Premier Ministre a appelé à faire barrage aux « prêcheurs de la haine dans nos pays », à interdire les organisations qui incitent au terrorisme et la suppression des vidéos en ligne telles que celles que l’« EIIL » a fait circuler sur l’assassinat des otages.  Certains y verront une violation de la liberté d’expression et du doute intellectuel mais aurait-il fallu permettre aux nazis ou au Ku Klux Klan (KKK) de recruter dans les universités et les campus?  Nous voulons, a dit le Premier Ministre, que les Musulmans et leurs gouvernements arrachent leur religion des mains des extrémistes.  Nous devons mobiliser l’attention de la communauté internationale sur la nécessité de battre cette idéologie et c’est pourquoi le Royaume-Uni appelle à la nomination d’un nouveau représentant spécial sur l’extrémisme.


Les jeunes doivent voir l’attrait d’une voie différente, meilleure, plus ouverte et plus démocratique et sachons-le, a prévenu le Premier Ministre, l’échec à répondre aux aspirations des populations peut devenir le terreau où s’enracine l’extrémisme.  Il a illustré ses propos par l’exemple du Gouvernement de M. al-Maliki en Iraq.  Je sais, a-t-il dit, que certains voudraient que l’on passe un contrat avec le régime syrien pour défaire l’« EIIL » mais, s’est élevé le Premier Ministre, « les ennemis de mes ennemis ne sont pas mes amis, ce sont d’autres ennemis ».  Passer un pacte avec Bashar Al-Assad ne résoudra pas la problématique de l’« EIIL », parce que c’est la brutalité de son régime qui a été l’une des mœurs les plus puissantes des terroristes pour recruter.  « Mais nous sommes prêts à examiner toute option pratique pour aller de l’avant », a dit le Premier Ministre qui a douté qu’il doive revenir aujourd’hui à M. Al-Assad de diriger un gouvernement représentatif et responsable à Damas. 


Le Premier Ministre a confié qu’il a rencontré le Président iranien avec qui il a de « graves désaccords ».  Mais si le régime de l’Iran est prêt à contribuer à un Iraq et à une Syrie plus stables et plus inclusifs, nous devons accueillir cet engagement avec satisfaction.  En attendant le Royaume-Uni a pris des mesures novatrices pour, entre autres, pouvoir saisir les passeports, interdire aux suspects de voyager, retirer la nationalité britannique à ceux qui ont la double nationalité ou empêcher temporairement des nationaux de revenir sur le territoire. 


Le Premier Ministre a conclu en se disant peu convaincu que la menace extrémiste et islamiste pourrait être extirpée par des troupes occidentales au sol, même si l’approche intelligente et globale doit laisser une place à l’armée.  Le Conseil de sécurité a dûment été saisi d’une demande claire du Gouvernement iraquien pour un appui à son action militaire contre l’« EIIL ».  Nous avons désormais une base tout aussi claire dans le droit international pour agir, en a conclu le Premier Ministre, qui a promis de saisir son Parlement, dès ce vendredi, de la question d’une participation britannique aux frappes aériennes contre l’« EILL » en Iraq. 


Mme HELLE THORNING-SCHMIDT, Premier Ministre du Danemark, a dénoncé le fait que l’ordre international n’est plus respecté et s’est inquiétée de l’impact des changements climatiques, ainsi que des modes de consommation et de productions non durables d’une population mondiale qui approche les 7 milliards.  Elle a appelé les États Membres à trouver de nouveaux moyens de s’adapter aux nouveaux défis auxquels se voit confrontée la planète.  Elle a réclamé une coopération internationale plus forte en matière de paix et de sécurité, la conclusion d’un accord ambitieux sur les changements climatiques à Paris et l’adoption d’un programme de développement pour l’après-2015.


Le Premier Ministre a dénoncé les actes de « terreur lâches » perpétrés par l’« EIIL » et a fait savoir que le Danemark continue de contribuer activement aux efforts internationaux pour aider l’Iraq à y faire face.  Elle a jugé nécessaire de traiter les causes de cet extrémisme, en trouvant notamment une issue à la crise en Syrie.  Elle a averti du risque d’une transition politique exploitée par des extrémistes violents, mais a souligné que les gouvernements respectueux des droits de l’homme sont le seul moyen d’assurer la paix, la stabilité et la prospérité des sociétés. 


Mme Thorning-Schmidt a ensuite insisté sur la nécessité de combattre l’épidémie d’Ebola et a averti du risque que pose cette maladie à la paix et à la sécurité internationales.  Ce n’est pas un problème régional, mais une crise mondiale, a-t-elle souligné.  Le Premier Ministre a annoncé que le Danemark appuiera la construction de logements pour le personnel de santé dans les zones touchées et versera aussi un financement supplémentaire à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).


Elle a dénoncé l’opération militaire en Ukraine et a réclamé une solution politique à la crise.  La Fédération de Russie doit démontrer son engagement par des actes et non pas seulement par des mots, a-t-elle lancé, avant d’insister sur le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine.


Après avoir annoncé que le Danemark avait lancé une initiative pour la ratification de la Convention contre la torture, Mme Thorning-Schmidt est revenue sur la question des changements climatiques et a appelé à la conclusion, l’année prochaine, à Paris, d’un accord juridiquement contraignant pour réduire les émissions de CO2.  Elle a aussi fait savoir que son pays avait alloué 300 millions de dollars, auxquels s’ajouteront 100 millions de dollars cette année, à des activités de lutte contre les changements climatiques.


Concluant sur la question du développement, le Premier Ministre a voulu que les droits de la femme, notamment le droit à la santé reproductive, figurent dans le programme de développement pour l’après-2015.  Elle a fait part de son attachement à l’éducation, notamment pour les plus défavorisés et a insisté pour que l’ONU s’adapte au monde actuel.


Le Premier Ministre de l’Ukraine, M. ARSENIY YATSENYUK, a commencé par souligner que les États doivent mettre tout en œuvre afin de protéger leurs citoyens et d’instaurer la paix.  Il a rappelé les origines du conflit en Ukraine, soit une invasion menée par la Russie.  « Un membre permanent du Conseil de sécurité a violé la Charte de l’ONU », ce qu’il a jugé « tout à fait inacceptable ».  Il y a 20 ans, l’Ukraine a abandonné son arsenal nucléaire qui était le troisième du monde en ordre d’importance.  Au lieu de garanties de sécurité, d’intégrité territoriale et d’indépendance, l’Ukraine a vu des militaires russes sur son sol, s’est indigné M. Yatsenyuk.


De plus, la Russie a annexé la Crimée et déployé des soldats russes dans l’est de l’Ukraine, enfreignant par là même des accords internationaux et bilatéraux.  Le Premier Ministre a exhorté la Russie à retirer ses forces et à engager de véritables pourparlers de paix, conformément au Mémorandum de Minsk.  En juillet dernier, l’avion de ligne MH17 a été abattu par un missile sol-air russe et 298 passagers innocents ont péri.  « L’Ukraine pleure ces morts », a poursuivi M. Yatsenyuk.  « Les auteurs de ce crime contre l’humanité doivent être traduits en justice. »


Il a ensuite demandé aux États-Unis et à l’Union européenne de ne pas abandonner les sanctions qu’ils ont décrétées contre la Russie tant que l’Ukraine n’aura pas recouvré sa souveraineté sur la Crimée.  « Nous ne faisons pas confiance aux paroles, nous ne faisons confiance qu’aux actes », a-t-il déclaré.  En conclusion, le Premier Ministre de l’Ukraine a adressé le message suivant au Président russe Vladimir Poutine: « Vous pouvez gagner la bataille contre les troupes, mais vous ne gagnerez jamais contre une nation ukrainienne unie ».


M. RASHID MEREDOV, Ministre des affaires étrangères du Turkménistan, a souligné que les solutions militaires ne sont pas les seules qui doivent être apportées aux conflits.  Il a fait part de son appui à l’élargissement des mandats de maintien de la paix et a proposé l’adoption de démarches communes pour éviter les risques de confrontation.  Le Ministre a appelé les dirigeants d’Asie centrale à combattre la criminalité transnationale organisée et le narcotrafic.  Il a réclamé la tenue, sous les auspices de l’ONU, d’un forum sur la coopération en Asie centrale pour travailler plus en avant sur ce domaine.  Le Turkménistan est prêt à accueillir un tel forum dans sa capitale, dès l’année prochaine, a assuré le Ministre.  Il a aussi insisté sur l’importance de la diplomatie préventive et s’est dit convaincu de la pertinence du mandat du Centre régional des Nations Uniespour la diplomatie préventive en Asie centrale et a voulu que celui-ci puisse assumer un rôle plus important dans la région.


Le Ministre a souligné que l’instauration de la paix en Afghanistan est essentielle pour assurer le maintien de la paix et de la sécurité dans l’ensemble de la région.  Le Turkménistan a proposé la tenue sur son sol d’un dialogue national avec toutes les parties afghanes, visant notamment à définir des mesures pour aider l’économie du pays et le faire participer au processus d’intégration régionale.  Le Ministre a aussi parlé du projet de construction d’un gazoduc entre son pays, le Pakistan et l’Inde, entre autres, ainsi que de la construction, qui a débuté en mai dernier, d’un réseau ferroviaire entre le Turkménistan, l’Afghanistan et le Tadjikistan.  Il a aussi fait savoir que le Turkménistan fournit de l’électricité à l’Afghanistan dans des conditions très favorables et que son gouvernement compte en accroître la quantité.


Le Ministre a réclamé la poursuite du dialogue pour élargir les bases juridiques du régime de non-prolifération nucléaire et créer une zone exempte d’arme nucléaire en Asie centrale.  Il a prôné l’amélioration des dispositifs de l’ONU pour appuyer la non-prolifération, ainsi que la création d’un centre de désarmement régional en Asie centrale.  Il a aussi appelé à la relance des consultations sur la mise en œuvre des dispositifs de la résolution adoptée en mai 2013 par l’Assemblée générale et portant sur le transit de l’énergie.  Il a demandé l’institutionnalisation du Groupe d’experts sur la coopération énergétique.


Le Ministre du Turkménistan est revenu sur l’adoption, au début du mois, à l’issue d’une Conférence de haut niveau sur le rôle des transports et des corridors de transit, de la Déclaration d’Achgabat qui, a-t-il expliqué, jette les bases d’une coopération renforcée.  Il a aussi indiqué que son pays avait organisé, au mois de juin dernier, une conférence sur la migration et l’apatridie à l’issue de laquelle a été adoptée une déclaration qui énonce les mesures urgentes à prendre pour assurer la protection juridique de ces personnes. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sommet sur le climat: une centaine de dirigeants mondiaux s’engagent en faveur des mesures et d'un financement adéquats pour sauver la planète de la menace climatique

ENV/DEV/1457

Sommet sur le climat: une centaine de dirigeants mondiaux s’engagent en faveur des mesures et d'un financement adéquats pour sauver la planète de la menace climatique

23/9/2014
Couverture des réunionsENV/DEV/1457
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Sommet sur le climat 2014

matin & après-midi


SOMMET SUR LE CLIMAT: UNE CENTAINE DE DIRIGEANTS MONDIAUX S’ENGAGENT EN FAVEUR DES MESURES

ET D’UN FINANCEMENT ADÉQUATS POUR SAUVER LA PLANÈTE DE LA MENACE CLIMATIQUE


Il faut mobiliser la volonté politique nécessaire pour conclure, à Paris en 2015,

un accord ambitieux sur la réduction des émissions, s’accordent tous les participants


« Les États Membres doivent faire preuve de leadership en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre », a déclaré sans ambages le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, à l’ouverture du Sommet sur le climat, en demandant à la centaine de chefs d’État et de gouvernement réunis à New York de prendre les rênes pour instaurer un monde résilient et neutre en carbone d’ici à la fin du siècle.  Un appel qui a été entendu au vu des engagements solides exprimés tout au long de la journée, notamment les annonces de partenariats dans les domaines de la foresterie, de l’énergie et des transports.


Au cours du plus grand rassemblement de chefs d’État jamais organisé sur le problème des changements climatiques, aujourd’hui au Siège des Nations Unies, les dirigeants mondiaux se sont succédé à la tribune pour mobiliser la volonté politique des différentes parties en vue de négociations qui devraient aboutir sur un accord historique pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, lors de la vingt-et-unième Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21) qui se tiendra à Paris en décembre 2015.  Comme l’a expliqué le Président de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, M. Kahamba Kutesa, de l’Ouganda, le Sommet sur le climat avait aussi pour objectif de susciter des actions ambitieuses en vue de renforcer la résilience face aux changements climatiques, de réduire le niveau et les quantités des émissions atmosphériques de gaz à effet de serre, et de conduire le monde vers une économie plus propre et plus verte.  Le Président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), M. Rajendra Pachauri, a confirmé que les inquiétudes ressenties dans ce domaine étaient fondées.  L’influence humaine sur le système climatique de la planète n’est plus à démontrer, a-t-il dit.


M. Ban a appelé les dirigeants du monde à travailler de concert pour mobiliser les financements nécessaires et faire évoluer les marchés.  Il a aussi interpellé les institutions financières publiques et privées, les appelant notamment à contribuer à la capitalisation du Fonds vert pour le climat.  « Il faut tenir la promesse faite à Copenhague et mobiliser 100 milliards de dollars par an », a-t-il insisté avant de demander, comme plusieurs autres intervenants, que soit fixé un prix applicable aux émissions de carbone.  Beaucoup de participants ont plaidé en faveur de la rapide opérationnalisation du Fonds vert pour le climat des Nations Unies, tandis que le Président de la France, M. François Hollande, a annoncé l’octroi par son pays d’1 milliard de dollars à ce Fonds au cours des prochaines années.  Au total, 2,3 milliards de dollars ont été promis pour financer le Fonds vert pour le climat, principalement par la France et l’Allemagne.


En outre, une coalition formée de dirigeants de gouvernements, du monde des affaires et de la finance, des banques de développement multilatéral et de la société civile ont annoncé une mobilisation de plus de 200 milliards de dollars pour participer à ce financement, s’est félicité le Secrétaire général dans ses remarques de clôture.  Les banques privées n’étaient pas en reste, avec l’annonce de l’émission prochaine d’obligations vertes de l’ordre de 20 milliards de dollars, alors que dans le même temps, les compagnies d’assurance, les investisseurs institutionnels et les maires ont également fait des promesses, a noté M. Ban.


Le Secrétaire général a aussi salué le lancement, ce jour, d’une initiative globale de renforcement de la résilience climatique en faveur des petits États insulaires en développement du Pacifique, qui sont des pays qui souffrent particulièrement des conséquences des changements climatiques.


La participation et les engagements d’un nombre record de dirigeants mondiaux se sont joints à la mobilisation de personnalités telles que l’acteur Leonardo DiCaprio, tout nouveau Messager de la paix sur la question du climat nommé par l’ONU; l’ancienne Présidente irlandaise Mary Robinson, actuellement Envoyée spéciale des Nations Unies pour les changements climatiques; et Li Bingbing, actrice chinoise et Ambassadrice de bonne volonté du PNUE qui milite pour la protection des forêts.  Également engagé dans cette lutte en tant que Président de « Generation Investment Management » et de « Climate Reality Project », l’ancien Vice-Président américain, Al Gore, a fait appel à la volonté politique des États et des autres acteurs mondiaux, qui, a-t-il dit, est une « ressource renouvelable ».  Illustrant cette volonté politique, le maire de New York, M. Bill de Blasio, a indiqué que la ville avait déjà réduit de 19% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2005 et qu’elle s’est engagée à les réduire de 80% d’ici à 2050.  Le Président des États-Unis, M. Barack Obama, a pour sa part annoncé que les États-Unis allaient respecter l’engagement qu’ils ont pris de réduire, à l’horizon 2020, leurs émissions de gaz à effet de serre de 17% par rapport au niveau de 1990.


En concluant la journée, Mme Graça Machel, militante internationale pour les droits des femmes et des enfants et veuve de Nelson Mandela, a proposé d’examiner les annonces de contribution à la lumière du coût à payer par l’humanité en cas de non-action.  Elle a encouragé les chefs de gouvernements et les capitaines d’industrie « à prendre des décisions qui, si elles seront impopulaires, protégeront des millions de personnes et l’avenir de nos petits-enfants ».  Le Sommet sur le climat a été marqué par la projection de plusieurs vidéos, dont une réalisée par des jeunes qui souhaitaient interpeller les dirigeants du monde sur leurs responsabilités face à la crise climatique.  En outre, une jeune femme des Îles Marshall a fait le déplacement à New York avec son nourrisson pour exprimer, avec émotion et lyrisme à la fois, les préoccupations de la société civile.


À la veille du débat de haut niveau de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, qui commencera demain, le Président de la session a annoncé qu’il organiserait un évènement de haut niveau sur les changements climatiques en juin 2015, à mi-parcours entre la COP20, qui doit avoir lieu à Lima au Pérou en décembre 2014, et celle de Paris en décembre 2015.


SOMMET SUR LE CLIMAT 2014


Déclarations liminaires


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a averti qu’à l’heure actuelle, les rêves de toute la population mondiale sont en jeu.  Les changements climatiques, s’est-il alarmé, menacent la paix et la prospérité si durement gagnées, ainsi que les perspectives de bien-être pour plusieurs milliards de personnes.


Aujourd’hui, a-t-il plaidé, nous devons placer la planète sur une nouvelle voie.  Les changements climatiques sont la question déterminante de notre époque.  Ils définissent notre présent, et notre réaction définira notre avenir.  Le Secrétaire général a signalé que les conséquences humaines, environnementales et financières des changements climatiques sont en train de devenir insoutenables. Nous n’avons jamais auparavant affronté un tel défi.  Et nous n’avons jamais fait face à une telle situation.  L’opportunité qui se présente, c’est celle d’un avenir à faible émission de carbone, et un monde résistant aux chocs climatiques nous donnera les chances d’un meilleur avenir.  Ce serait un monde et un avenir plus propres, plus sains, et plus justes pour nous tous.  Le Secrétaire général a ensuite indiqué qu’un seul facteur fait obstacle à cette perspective, et ce facteur c’est « nous », les humains.


M. Ban a appelé les États Membres à faire preuve de leadership en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre.  La science, a-t-il signalé, indique que celles-ci doivent atteindre leur point critique le plus élevé d’ici à 2020 et pourraient ensuite baisser de manière notable.  D’ici à la fin de ce siècle, a-t-il insisté, nous nous devons d’avoir un bilan carbone neutre.  Le Secrétaire général a appelé les dirigeants à investir dans la création de sociétés capables de résister au réchauffement du climat afin de protéger l’ensemble des populations du monde, et « surtout les plus vulnérables ».  M. Ban a notamment exhorté l’ensemble des gouvernements à conclure, à Paris en 2015, un accord universel significatif sur le climat et à faire chacun leur part pour limiter la hausse des températures au niveau mondial à moins de 2°Celsius.  Pour ce faire, il les a notamment appelés à mobiliser des fonds et à investir dans les solutions climatiques déjà disponibles.  Les économistes ont démontré que cela peut se faire avec un coût supplémentaire minimal, et que les retombées de ce genre de mesures sur nos peuples et sur notre planète seront monumentales, a-t-il signalé.


Le Secrétaire général a aussi appelé les institutions financières à se montrer à la hauteur du défi.  Le secteur financier privé doit sortir de son apathie et des coulisses, et nous devons financer le Fonds vert pour le climat, a préconisé M. Ban.  Il a également appelé les États Membres à honorer l’engagement qu’ils ont pris de verser 100 milliards de dollars annuellement en faveur de la promotion de projets et de programmes de lutte contre les changements climatiques, une promesse qui a été prise à Copenhague.  Il les a également exhortés à fixer un prix sur les émissions de carbone.


Le Secrétaire général a ensuite indiqué que les Nations Unies entendent avoir un bilan carbone neutre d’ici à 2020.  Il a parlé de sa participation, dimanche dernier, à New York, à la manifestation populaire qui a eu lieu sur le climat.  J’ai été bouleversé par l’énergie de ces dizaines de milliers de personnes qui exigent que leurs dirigeants agissent et jouent de manière concrète le rôle de leadership qui leur revient, bref, qu’ils « dirigent ».  Nous ne sommes pas ici simplement pour parler ou faire de grands discours.  Nous sommes réunis ici pour écrire l’histoire, a conclu le Secrétaire général.


M. SAM KAHAMBA KUTESA, Président de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a souligné que ce Sommet sur le climat vise à mobiliser la volonté politique des États Membres et des autres acteurs afin que l’on parvienne à la conclusion d’un accord significatif à la vingt-et-unième Conférence des parties sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) qui aura lieu à Paris, en France, en décembre 2015.  Il a aussi relevé que le Sommet devrait également permettre de promouvoir des actions ambitieuses à mener sur le terrain afin de renforcer la résilience face aux changements climatiques, de réduire le niveau et les quantités des émissions de gaz à effet de serre et de conduire le monde vers une économie plus propre et plus verte.


M. Kutesa a en outre rappelé l’importance que revêtent les ressources financières, les transferts de technologies vertes et le renforcement des capacités, notamment en faveur des pays en développement, pour promouvoir la lutte contre les changements climatiques.  Soulignant la nécessité de mobiliser les financements publics et privés, et insistant qu’il est dans l’intérêt de toute la planète que le Fonds vert pour le climat soit financé de manière satisfaisante, M. Kutesa a promis qu’il continuerait à promouvoir et susciter la mobilisation politique sur la question du climat au cours de sa présidence de l’Assemblée générale, notamment en procédant à l’organisation d’un évènement de haut niveau sur les changements climatiques en juin 2015, qui se tiendra à mi-parcours, a-t-il expliqué, entre la COP20, qui doit avoir lieu à Lima, au Pérou, en décembre 2014, et celle de Paris, qui prendra place en décembre 2015.


À l’ouverture du Sommet sur le climat, M. BILL DE BLASIO, Maire de New York, a souligné qu’un grand nombre de personnes sont venues défiler dimanche, lors de la Marche citoyenne pour le climat organisée à New York.  La cause du changement climatique c’est nous-mêmes, a-t-il rappelé.  C’est la façon dont nous nous déplaçons à travers nos moyens de transport, et dont nous nous chauffons, par exemple.  Notre besoin mutuel de survie devrait susciter l’unité sur la question du changement climatique, a ajouté le Maire de New York.  Pour la ville de New York, les besoins sont pressants, a remarqué M. de Blasio en rappelant les ravages et les morts qu’avait provoqués l’ouragan Sandy il y a deux ans.  Le Maire de New York a indiqué que sa ville avait pris des mesures et mis en  œuvre les moyens nécessaires pour réduire de 19% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2005 grâce au plan élaboré par son prédécesseur, M. Michael Bloomberg, qui est désormais Envoyé spécial du Secrétaire général pour les villes et le changement climatique.  Mais nous devons aller plus loin, a demandé M. de Blasio qui s’est dit fermement attaché à réduire les émissions de gaz à effet de serre de New York de 80% d’ici à 2050.  Nous sommes, a-t-il précisé, la plus grande ville du monde à nous fixer de tels objectifs.  Il a appelé la communauté internationale à adopter des mandats clairs et audacieux, et a assuré que la ville de New York s’engage sur cette voie. 


M. RAJENDRA PACHAURI, Président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), a dit que le cinquième rapport du GIEC, publié en mars dernier, laisse voir, sans l’ombre d’un doute, que l’influence humaine sur le système climatique de la planète est claire et n’est plus à démontrer.  Pour limiter l’impact des activités humaines sur le climat, M. Pachauri a proposé que soit promu et soutenu l’usage de technologies propres et des énergies renouvelables, et que l’on lutte contre le déboisement et la destruction des forêts.  Les coûts des mutations et des changements à opérer dans le mode de vie des gens et le fonctionnement des économies sont certes élevés, a-t-il noté.  Mais, a-t-il mis en garde les dirigeants présents au Sommet, « attendez donc de voir quel serait le coût de l’inaction… ».


M. AL GORE, Président de « Generation Investment Management » et de « Climate Reality Project », a souligné qu’il y a une voie à suivre pour aller vers un avenir viable et prospère marqué par les progrès économiques.  Le prix de l’énergie solaire a beaucoup diminué en six années seulement, a-t-il fait remarquer.  À travers le monde, plus de 80% des gens vont vivre en utilisant des sources d’énergie sans carbone photovoltaïque, ce qui va leur coûter moins cher que l’usage de l’énergie à base de carbone.  M. Gore s’est félicité que les investisseurs réagissent, notant que le marché des obligations avait décuplé au cours des dernières années.  Les nations qui saisissent cette possibilité d’agir en matière climatique parviennent en outre à créer et fournir des emplois à leur population, et elles augmentent leur taux et la qualité de leur croissance économique et garantissent la prospérité pour les générations à venir, a-t-il ajouté.  Les démarches en cours devraient nous conduire à conclure un accord mondial sur le climat l’an prochain à Paris, a espéré M. Gore.  À ceux qui sont devenus cyniques quant à ce processus, il a rappelé qu’en toutes choses, le dernier « non » est généralement suivi du premier « oui ».  Concernant les changements climatiques, après ce « oui », la future génération humaine vivra dans le monde que nous avons créé, a relevé Al Gore.  Il a fait appel à la volonté politique des États et des autres acteurs mondiaux.


Mme LI BINGBING, actrice chinoise et Ambassadrice de bonne volonté pour le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a souligné que « lorsque l’on veut, on peut », lançant ainsi un appel à la mobilisation d’une plus grande volonté politique dans la lutte contre les changements climatiques.  Mme Li a rappelé qu’avant ce Sommet, plus de 2 500 vidéos ont été réalisées par des jeunes, à travers le monde, pour interpeller les dirigeants du monde sur leurs responsabilités face à la crise climatique actuelle, les invitant ainsi à répondre aux menaces que fait peser ce phénomène sur toute l’humanité. 


L’intervention de Mme Li Bingbing a été suivie par la projection d’une vidéo mettant en scène divers jeunes du monde qui ont exprimé l’inquiétude qu’ils ressentent face à un avenir marqué par les impacts des changements climatiques.  Les remarques et déclarations de tous étaient notamment ponctuées de questions, notamment de « pourquoi? », face à ce qu’ils perçoivent comme étant un manque de volonté et de détermination des dirigeants du monde.


M. LEONARDO DI CAPRIO, acteur de cinéma et Ambassadeur pour le changement climatique et la paix, a dit qu’il s’exprimait en tant que citoyen, parmi les milliards de personnes qui à travers le monde, veulent faire face à la crise.  En tant qu’acteur, je fais semblant de régler des problèmes dans des scénarii fictifs, a-t-il expliqué en notant que, souvent, on fait semblant, et on essaie d’ignorer le changement climatique en se convaincant qu’il n’est pas réel.  Mais chaque semaine nous voyons de nouveaux effets des changements climatiques qui prouvent que le mouvement s’accélère.  « Le changement climatique, ce n’est pas de la rhétorique, ce sont des faits réels.  Les scientifiques le savent, les gouvernements le savent, même l’armée américaine le sait », a fait remarquer l’acteur.  Il a estimé que les solutions à ce problème allaient au-delà des choix individuels, et il a invité les industries et les gouvernements à prendre des décisions à grande échelle sur le prix du carbone et l’élimination des subventions versées à la production ou la consommation de certaines énergies.  La bonne nouvelle, c’est que les énergies renouvelables sont non seulement une possibilité, mais aussi une opportunité économique.  L’urgence est immense, le message est urgent.  « Moi, pour gagner ma vie, je joue des rôles, je fais semblant, mais pas vous, qui ne pouvez pas vous le permettre.  Nous ne devons pas perdre notre élan.  Vous devez être courageux et honnêtes », a demandé le Messager de la paix de l’ONU aux dirigeants du monde.


Mme KATHY JETNIL-KIJINER, originaire des Îles Marshall, qui s’exprimait au nom de la société civile, a indiqué que son pays est formé de petites îles qui s’étalent sur plus de 2 millions de km2.  Elle a décrit certains faits survenus aux Îles Marshall et qui ont eu des résultats catastrophiques, citant à cet égard des vents de plus en plus dévastateurs et la répétition d’inondations.  Tout ceci témoigne de l’impact négatif que les changements climatiques ont sur les Îles Marshall, a dit Mme Jetnil-Kilner.  Elle a ensuite lancé un cri de détresse aux dirigeants du monde en les invitant, dans un langage imagé, « à ne pas oublier les petites gens », et à les « prendre à bord de leur canoë dans la course qui est engagée pour sauver l’humanité du naufrage ». 


La représentante de la société civile a, en outre, avec lyrisme et beaucoup d’émotion, lu un poème qu’elle a écrit à sa fille.  Dans ce texte, elle émet le vœu que sa descendance connaisse la même félicité que celle qu’elle a connue, tout en promettant de se battre jusqu’à sa dernière once d’énergie, et avec le soutien et la collaboration de toute la société, y compris des dirigeants, afin que les petites îles comme celles dont elle est issue, ne disparaissent pas.  Elle a terminé sa présentation en rassurant sa fille, lui disant qu’elle pourra désormais dormir en paix, son avenir étant assuré par les engagements et les actions de toute la communauté internationale.  La déclaration de la représentante lui a valu une ovation nourrie et des dirigeants du monde, debout, à la vue d’un nourrisson de trois mois qui était probablement la destinataire du poème récité par la représentante de la société civile.


ACTION NATIONALE ET ANNONCES DES AMBITIONS


Plénière 1


Au cours de la première séance plénière du Sommet sur le climat, qui était présidée par le Secrétaire général des Nations Unies, les États Membres, par la voix de leurs chefs d’État ou chefs de gouvernement, ont annoncé les ambitions qu’ils se sont fixées pour les années à venir afin de remédier aux conséquences du changement climatique, unanimement décrites comme « alarmantes ».


Cette séance plénière a en outre été marquée par un dialogue entre pays en développement et pays développés portant sur les mécanismes de financement qui faciliteraient la « transition verte » vers une économie sans carbone dont le monde a besoin.


Ouvrant le débat, M. José Manuel Barroso, Président de l’Union européenne, a indiqué que la Commission européenne avait proposé de parvenir à une cible de 40% de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030, par rapport au niveau d’émissions actuel, ainsi que des économies d’énergie de 30%. 


Cette ambition a été partagée par M. Sauli Niinistö, Président de la Finlande, qui a mentionné que son pays visait une réduction des émissions de gaz d’au moins 80% d’ici à 2050, tandis que Mme Helle Thorning-Schmidt, Première Ministre du Danemark, a indiqué que son pays examinait la possibilité de faire en sorte qu’aucune énergie fossile ne soit utilisée d’ici à 2050 au Danemark.


M. Enda Kenny, Premier Ministre de l’Irlande, a également retenu 2050 comme date à laquelle son pays devrait avoir réduit de 80% ses besoins de consommation électrique et en ce qui concerne les transports à base d’énergie polluante.


Évoquant les fléaux spécifiques auxquels ils font face, tels que la déforestation, la désertification ou les inondations, des pays en développement, en particulier africains, ont insisté sur la nécessité de voir que les efforts qu’ils mènent en vue d’atténuer les conséquences et l’impact du changement climatique soient soutenus par la communauté internationale.


Ainsi M. Hailemariam Desalegn, Premier Ministre de l’Éthiopie, a sollicité l’aide des partenaires de son pays afin que l’Éthiopie devienne, d’ici à 2025 « une économie à revenu intermédiaire à bilan carbone neutre ».


La Guinée, par la voix de sa Ministre de l’environnement, de l’eau et des forêts, Mme Hadja Kadiatou N’Diaye, a, pour sa part, appelé de ses vœux le renforcement des capacités des pays en développement.  Déplorant un « grave déficit de financement » des mécanismes d’atténuation des effets du changement climatique, elle a appelé les États développés à traduire dans les faits les promesses qui ont été faites à Copenhague en matière de ressources.


Le Premier Ministre de la Malaisie, M. Mohd Najib Tun Abdul Razak, a soutenu la même position.  Il a affirmé que son pays, qui est « en bonne voie pour atteindre la cible de réduire de 40% le niveau de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020 », n’avait pas reçu l’aide promise au titre de l’article 4.7 de la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques. 


« Nous nous sommes engagés à Copenhague de bonne foi, et nous attendons que toutes les parties honorent les engagements qui ont été pris vis-à-vis des pays en développement », a-t-il souligné.


Concernant l’adoption d’un accord sur la réduction du niveau des émissions de gaz à effet de serre à Paris en 2015, le Président de Madagascar, M. Hery Rajaonarimampianina, a indiqué que son pays, qui a augmenté la surface des aires protégées malgaches en la portant à plus de 10% de l’étendue du territoire national, était attaché aux principes de « responsabilité commune mais différenciée » et de « capacités distinctes ».


Pour sa part, M. Abdel Fattah Al Sisi, Président de l’Égypte, qui s’exprimait au nom du Groupe des États arabes, a souhaité la rapide « opérationnalisation du Fonds vert pour le climat des Nations-Unies ».  Cette demande a été reprise par M. Keith C. Mitchell, Premier Ministre de Grenade, qui a en outre demandé qu’un prix soit fixé pour les émissions de carbone.


M. Matteo Renzi, Premier Ministre de l’Italie, a indiqué que son pays allait porter sa contribution au Fonds vert « à un niveau significatif », alors que son homologue de Danemark a annoncé le versement d’une nouvelle allocation de 70 millions de dollars.  La contribution du Danemark au Fonds vert sera ainsi portée à 350 millions de dollars depuis 2010. 


L’Union européenne avait auparavant annoncé que 3 milliards d’euros seraient alloués aux pays en développement au cours d’une période de sept années afin de remédier aux conséquences du changement climatique.


Pour sa part, M. Shinzo-Abe, Premier Ministre du Japon, a indiqué que son pays œuvrait au renforcement des capacités des pays développés, et en particulier à celles des petits États insulaires en développement, par le biais notamment d’une assistance technique.  Le Japon devrait bientôt procéder au lancement de satellites chargés de collecter des données à l’échelle mondiale sur le changement climatique, lesquelles seront ensuite largement diffusées, a annoncé M. Abe.


Enfin, M. Sigmundur David Gunnlaugsson, Premier Ministre de l’Islande, a expliqué que son pays participait au développement de l’énergie géothermale en Afrique.  C’est une source d’énergie qui pourrait bénéficier à des centaines de millions de personnes, a-t-il estimé.


Plénière 2


La deuxième séance plénière du Sommet sur le climat, tenue en matinée, était coprésidée par le Président du Pérou, M. Ollanta Humala Tasso, hôte de la prochaine COP20, qui aura lieu à Lima, et le Président de la France, M. François  Hollande, hôte de la COP21, prévue à Paris en décembre 2015.  


Au cours de cette plénière, 37 intervenants se sont exprimés, avec une forte représentation de petits États insulaires en développement (PEID) qui ont mis en exergue les vulnérabilités dont ils souffrent du fait de leur nature géographique particulière.


Le Président des Seychelles, M. James A. Michel, marquant l’urgence de la situation pour les PEID, a estimé que le moment n’était plus aux discours, mais plutôt à l’action.  Il a indiqué que les petits États insulaires comme les Seychelles veulent lancer des actions contre la dégradation du climat et ses impacts, mais qu’ils ploient sous le poids de la dette, ce qui les empêche d’investir dans les programmes d’adaptation aux changements climatiques.  Il a ensuite invité la communauté internationale à tenir compte de l’index de vulnérabilité aux changements climatiques des PEID dans les prochains programmes de développement. 


Son homologue des Palaos, M. Tommy Esang Remengesau Jr., a fait le constat que la génération actuelle a échoué à laisser une meilleure planète à sa descendance, alors que le Président des États fédérés de Micronésie, M. Emmanuel Mori, a estimé que « les grands pollueurs qui ont créé le problème doivent maintenant y remédier ».  Il a aussi dit, à la suite de certains de ses pairs, que les États fédérés de Micronésie soutenaient la création d’un prix du carbone, comme l’a proposé la Banque mondiale.


Tonga, un autre PEID, est classé « numéro deux dans la liste des pays les plus vulnérables aux changements climatiques », a souligné son Premier Ministre, Lord Tu’Ivakano.  « Il est grand temps que la menace existentielle que le changement climatique fait  peser sur les pays insulaires en développement soit également perçue comme une menace à la paix et la sécurité internationales », a-t-il plaidé.


Ce point de vue également partagé par le Premier Ministre des Samoa, M. Tuilaepa Sailele Malielegaoi, qui a évoqué « les conséquences sécuritaires très importantes des changements climatiques » et déploré l’indifférence dont font preuve un grand nombre de pays à cet égard.  Il a pris en référence la création récente d’une mission d’urgence internationale de secours pour la lutte contre l’épidémie à virus Ebola pour souligner qu’« avec l’unité et la volonté, on peut toujours trouver une solution ».  « Les petits États insulaires en développement doivent indiquer au reste du monde la voie à suivre, et non pas suivre une voie indiquée par d’autres », a-t-il estimé en parlant de la lutte contre le changement climatique.  Il a en outre exprimé l’engagement des Samoa à réduire de 20% ses émissions de gaz à effet de serre et à produire des énergies renouvelables pouvant couvrir ses besoins d’ici à 2017.


Le Président des Philippines, M. Benigno Simeon Aquino III, a rappelé les derniers ravages causés par des typhons contre son pays, notant que « les Philippines supportent une part disproportionnée des conséquences des changements climatiques ».  Il a déploré le déficit de fonds et de technologies qui empêche son pays de mieux s’adapter aux conséquences néfastes des changements climatiques. 


Le Président de la Mauritanie, M. Mohamed Ould Abedl Aziz, a rappelé que 36 États africains figurent parmi les 50 pays les plus affectés par les conséquences des changements climatiques.  Il a relevé aussi que de grandes superficies de terres arables sont perdues chaque année en Afrique du fait de la désertification, notamment dans la région du Sahel.  M. Abdel Aziz, qui assume, en outre, la présidence de l’Union africaine (UA), a appelé les pays industrialisés à respecter leurs engagements en finançant le Fonds vert pour le climat et en favorisant le transfert de technologies propres vers les pays en développement. 


La Ministre de l’environnement d’Afrique du Sud a indiqué que son pays fera passer la part de l’énergie renouvelable de 2% à 42% de la consommation énergétique de son pays « dans quelques années ».


Le Président du Pérou, M. Ollanta Humala Tasso, a quant à lui émis le vœu que l’accord qui devrait être trouvé à la COP21 de Paris puisse être à la fois inclusif et équitable, tout en promouvant l’appui financier et technologique en faveur des pays en développement.


Le Premier Ministre du Tadjikistan, M. Qorhir Rasulzoda, a pour sa part lancé un appel afin que soient sauvés les glaciers des pays montagneux, dont le sien, tout appelant également la communauté internationale à trouver aussi des solutions durables pour la gestion des ressources hydriques, qui sont essentielles pour la survie des peuples des pays d’Asie centrale. 


Dans le cadre des solutions et des propositions avancées pour lutter contre les changements climatiques, le Président de la France, M. François Hollande, a annoncé que son pays allait octroyer 1 milliard de dollars au Fonds vert pour le climat au cours des prochaines années.  C’est une bataille contre le climat, mais aussi contre le temps qui passe que nous menons, a-t-il relevé, tout en invitant la communauté internationale à ne pas « laisser le temps décider à notre place ».  M. Hollande a dit souhaiter que la tenue de la COP21 de décembre 2015, à Paris, puisse donner lieu à des changements, étant donné, a-t-il indiqué, que Paris est une ville symbole de liberté et de révolution.


Le Premier Ministre et Ministre des affaires générales des Pays-Bas, M. Mark Rutte, a déclaré que son pays avait engagé des partenariats avec le secteur privé notamment, dans le but d’atteindre ses objectifs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2020.  Il a rappelé que le territoire des Pays-Bas est en majorité situé en dessous du niveau de la mer, et que l’une des ambitions nationales est de faire que l’aéroport d’Amsterdam, actuellement situé à 4 mètres sous le niveau de la mer, ne puisse pas, dans 100 ans, se retrouver à plus de 5 mètres sous le niveau de la mer.  Il a également annoncé que son pays allait annuler 14 millions de tonnes supplémentaires de crédits de carbone d’ici à 2020.


Le Premier Ministre de la Suède, M. Fredrik Reinfeldt, a, pour sa part, promis que la Suède réduirait de 40% le niveau de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020, en prenant en référence le niveau d’émissions de l’année 1990. 


Dans la perspective de la mutation vers l’économie verte, Sa Majesté Don Felipe VI, Roi d’Espagne, s’est félicité du fait que l’Espagne soit le premier pays au monde à avoir utilisé une énergie propre, l’énergie l’éolienne, comme première source de satisfaction de ses besoins énergétiques au cours de l’année dernière.


Plénière 3


La troisième séance plénière parallèle du Sommet sur le climat, présidée par le Président de l’Assemblée générale, M. Sam Kahamba Kutesa, a été l’occasion pour 18 chefs d’État et une dizaine de chefs de gouvernement de présenter les objectifs qu’ils se sont fixés pour faire face au problème posé par les changements climatiques, en donnant des exemples concrets de mesures prises pour l’avenir et de résultats encourageants déjà obtenus. 


D’emblée, des appels ont été lancés pour que les pays développés, c’est-à-dire ceux qui sont historiquement le plus responsable du changement climatique,  assument leurs responsabilités et tiennent leurs promesses en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de coopération internationale.  Ainsi, le Président de la Bolivie, M. Evo Morales Ayma, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, les a invités à financer la réponse à ce problème à hauteur de 70 milliards de dollars par an d’ici à 2016, pour passer ensuite à 100 milliards par an d’ici à 2020.


À l’instar de la plupart des chefs d’État, qu’ils soient de pays en développement ou développés, M. Morales Ayma a insisté pour que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) reste le principal forum de négociations, pour que l’on puisse aboutir en 2015 à la conclusion d’un autre protocole ou à des conclusions convenues, mais en tout cas, à un document ambitieux. 


Plusieurs autres pays latino-américains ont partagé les inquiétudes du Président bolivien quant au poids que font peser les pays développés sur les pays en développement, ceux-ci devant financer les mesures d’adaptation et d’atténuation au changement climatique alors qu’ils n’en sont que très peu responsables.  La Colombie, par exemple, ne contribue aux émissions de gaz à effet de serre qu’à hauteur de 0,037% du niveau mondial, a indiqué son Président, M. Juan Manuel Santos Calderón, avant de présenter les huit plans sectoriels colombiens de réduction des émissions dans des domaines comme le transport et l’extraction minière, ainsi que l’engagement de son gouvernement à protéger les forêts colombiennes.


Son voisin, M. Nicolás Maduro Moros, Président du Venezuela, s’est fermement élevé contre les modes de production et de consommation non viables promus par les pratiques du capitalisme, tout en faisant état des efforts déployés par son pays pour produire une énergie propre ainsi que pour assurer la conservation de ses forêts.


Faisant également valoir les mesures d’adaptation prises par son pays, Mme Dilma Roussef, Présidente du Brésil, a rappelé l’engagement pris en 2009 de réduire les émissions de 36% à 39% d’ici à 2020 et de réduire le taux de déboisement de 79% entre 2010 et 2020.  Nous avons aussi évité d’émettre 650 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an, a précisé Mme Roussef.  La lutte contre la déforestation n’est pas seulement menée sur le plan national brésilien, mais aussi dans le cadre de la coopération internationale avec les pays du bassin du Congo, a-t-elle ajouté.  « Il est possible de réaliser la croissance tout en protégeant l’environnement », ce qui est précisément « le message de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20 ».


Originaire de la même région latino-américaine, le Président du Costa Rica, M. Luis Guillermo Solís Rivera, a annoncé que son pays projetait de devenir neutre en émissions de carbone d’ici à 2021, ceci grâce à la création d’un système ferroviaire à énergie électrique complété par un nouveau système d’autobus dont les monteurs seront alimentés par des biocombustibles.  Le Costa Rica renforcera aussi l’utilisation des énergies renouvelables sur son territoire avec la réalisation du projet hydroélectrique Reventazón et l’utilisation de l’énergie la géothermique.


Pour le Chili, l’ambition nationale est de réduire de 20% ses émissions d’ici à 2020, ceci à condition de recevoir l’aide internationale promise, a précisé la Présidente du Chili, Mme Michelle Bachelet, en mentionnant les mesures prises à cette fin, comme la mise en place de programmes d’énergie moins polluante et la création d’un impôt sur les émissions de CO2 au-delà d’un certain seuil.


En ce qui concerne les petits États insulaires en développement (PEID), dont plusieurs chefs d’État se sont exprimés à cette séance, ils ont tiré la sonnette d’alarme face aux incidences dramatiques du changement climatique pour leurs petites îles dont les vulnérabilités sont beaucoup plus importantes qu’ailleurs.  Le Président des Comores, M. Ikililou Dhoinine, a plaidé en faveur de l’octroi d’un traitement différencié pour ces petits États et a vanté les mérites des partenariats bilatéraux, comme celui mis en place entre son pays et la Nouvelle Zélande pour utiliser la géothermie.  Il a rappelé à cet égard les nombreux engagements de partenariats pris dans le cadre de la Conférence sur les petits États insulaires en développement (PEID) tenue il y a 15 jours à Samoa.


Les pays les moins avancés, dont un grand nombre se trouvent en Afrique, sont eux aussi très vulnérables aux effets du changement climatique, ont fait remarquer les Vice-Présidents de l’Angola et du Burundi tout en présentant les plans nationaux d’adaptation de leurs pays.  Le changement climatique, « c’est une nouvelle forme d’agression contre le peuple africain », a estimé le Président de l’Ouganda, M. Yoweri Kaguta Museveni, avant d’expliquer que son pays a créé un Fonds pour protéger la biodiversité des zones humides et des forêts.


Mme Catherine Samba-Panza, Présidente par intérim de la République centrafricaine, « pays sans littoral qui cumule les vulnérabilités », selon ses propres mots, a fait remarquer l’engagement de la RCA dans le cadre de la CCNUCC, malgré sa faible contribution aux émissions et en dépit des conflits récents.


En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, son Président, M. Alassane Ouattara, a indiqué qu’elle projetait de passer, en termes de consommation énergétique, à une part d’énergie renouvelable de 5% en 2015 à 15% en 2020, et à 20% en 2030. L’utilisation de l’hydroélectricité va augmenter en Côte d’Ivoire à partir de 2018 grâce à la construction d’un nouveau barrage, a-t-il précisé.  Son homologue de la République du Congo, M. Denis Sassou Nguesso, s’est quant à lui prévalu de l’engagement qu’il a pris de planter un million d’hectares de forêts sur une période de 10 ans.


La Turquie s’est elle aussi engagée à augmenter sa couverture forestière de 3 millions d’hectares, a indiqué le Président Recep Tayyip Erdogan en mentionnant aussi son intention de modifier la consommation énergétique turque en y portant l’usage de l’énergie renouvelable à 30%.


Plusieurs présidents de pays de la région des Balkans ont également présenté leurs efforts nationaux d’adaptation qui sont modestes, mais constants, ont-ils noté.  Le Président de l’Albanie, M. Bujar Nishani, par exemple, s’est prévalu d’avoir lancé un programme visant à produire de l’énergie propre à un niveau qui couvrirait près de 100% des besoins nationaux.  Il a aussi parlé du lancement d’une initiative pilote en matière d’adaptation en Albanie.


Du côté des pays développés, malgré tous les efforts entrepris, il reste encore beaucoup à faire, a reconnu le Président de l’Autriche, M. Heinz Fischer. Il a indiqué que son pays était néanmoins en bonne voie, avec plus de 30% de son énergie et 70% de sa production électrique provenant de sources renouvelables.


Le Royaume-Uni, pour sa part, a multiplié par deux ses capacités en énergie renouvelables au cours des quatre dernières années, s’est félicité M. David Cameron, Premier Ministre du Royaume-Uni.  Le Royaume-Uni a aussi créé un centre financier de marché du carbone et a lancé la première banque verte d’investissements, sans compter les investissements effectués dans la capture du carbone et la construction d’une centrale nucléaire, a annoncé M. Cameron.


Clôture des séances plénières du matin


M. BARACK OBAMA, Président des États-Unis d’Amérique, a relevé que 5 ans après la COP15 de Copenhague, tenue en 2009, « notre compréhension de la question climatique a évolué ».  Aucune nation n’est protégée, a-t-il noté, ajoutant qu’aux États-Unis, la dernière décennie aura été la plus chaude jamais enregistrée sur le plan du climat.  Le climat change plus rapidement que les efforts que nous déployons pour y faire face, a-t-il ensuite souligné, indiquant aussi, à l’endroit de ses pairs: « nos citoyens manifestent dans les rues et nous ne pouvons pas faire la sourde oreille ».  Nous avons les connaissances scientifiques pour y faire face, a noté le Président des États-Unis qui a précisé que « nous sommes la première génération à ressentir les effets des changements climatiques et la dernière qui peut agir ».  Dans ce contexte, le Président Obama a indiqué que les États-Unis ont engagé un ensemble de mesures, comme par exemple, procéder à des investissements conséquents dans les sources d’énergie propres.  Il a expliqué notamment que les États-Unis utilisent aujourd’hui trois fois plus d’énergie éolienne qu’ils ne le faisaient en 2009, année où il a pris ses fonctions de Président.  Il a aussi affirmé que les progrès technologiques de ces dernières années ont permis de comprendre qu’« il ne doit pas y avoir de conflit entre choisir un environnement sain et assurer une croissance économique forte ».


M. Obama a par ailleurs déclaré que le Vice-Premier Ministre de la Chine, rencontré avant son allocution, et lui-même, avaient convenu qu’il est temps d’agir.  Il a ensuite appelé tous les pays à agir maintenant, « et pas l’année prochaine ».  Il a également annoncé que les États-Unis allaient apporter leur appui à 120 pays en développement afin de les aider à réduire leurs émissions de carbone, annonçant notamment des projets avec les pays d’Afrique dans le cadre de l’adaptation aux changements climatiques et dans la promotion d’une agriculture verte.  M. Obama a par ailleurs, exprimé sa volonté de voir le Fonds vert pour le climat être opérationnel au plus vite.  Le Président a dit que les États-Unis étaient prêts à jouer leur rôle de chef de file.  « Nous reconnaissons notre rôle dans le problème et nous sommes prêts à assumer notre part de responsabilité, et nous aiderons les pays en développement à apporter leur contribution pour la résolution de la question », a-t-il notamment affirmé.  Il a ensuite souligné que les pays émergents ont une contribution de plus en plus importante dans la production de gaz à effet de serre, et qu’ils devraient également agir en conséquence.  À cet effet, M. Obama a dit que la COP21 de Paris, prévue en 2015, devrait permettre d’arriver à un accord qui reflète les réalités économiques de la prochaine décennie, et il a précisé qu’il s’attendait à un accord à la fois inclusif et flexible.  Il a assuré que les États-Unis allaient, pour leur part, respecter l’engagement qu’ils ont pris de réduire, à l’horizon 2020, leurs émissions de gaz à effet de serre de 17% par rapport au niveau de 1990.  Il a conclu en appelant la communauté internationale « à placer les intérêts de nos enfants au-dessus des nôtres ».


M. JAKAYA MRISHO KIKWETE, Président de la République-Unie de Tanzanie, qui est aussi Coordonnateur du Comité des chefs d’État et de gouvernement africains sur les changements climatiques, a fait remarquer que les gains économiques des pays africains sont menacés d’être réduits à néant, car les capacités d’adaptation et d’atténuation de l’Afrique sont limitées.  Mais nous ne restons pas les bras croisés, a-t-il assuré en parlant notamment de ce qui est fait dans le domaine de la reforestation.  Il a plaidé en faveur d’un soutien pour l’Afrique, continent qui n’émet que 3% des gaz à effet de serre de la planète, alors qu’il absorbe 60 milliards de tonnes/métriques de dioxyde de carbone produits ailleurs.


L’Afrique demande aux pays développés de tenir leurs promesses, ce qui permettra de répondre aux besoins auxquels le continent fait face, a-t-il lancé.  Il a aussi demandé à chaque pays de participer aux efforts mondiaux visant à limiter à 2 degrés Celsius l’augmentation moyenne de la température du globe.  L’Afrique doit bénéficier d’investissements dans les équipements électriques ruraux et urbains, a-t-il ajouté.  Le Président tanzanien a aussi demandé que l’on aide l’Afrique à développer une agriculture résiliente par rapport aux changements climatiques.  Enfin, il a lancé un appel pour que la réunion de 2015, prévue à Paris, soit conclue de manière positive.  Il faut, a-t-il précisé, que le monde adopte un accord sur le climat juridiquement contraignant.


M. BARON DIVAVESI WAQA, Président de Nauru, a indiqué que les petits États insulaires en développement (PEID) s’étaient fixé des objectifs ambitieux en termes d’adaptation et d’atténuation des changements climatiques.  Nauru a présenté un rapport intitulé « Faire face aux conséquences des changements climatiques », a-t-il indiqué.  Il a appelé les pays développés à réduire leurs propres émissions et à offrir aux pays en développement les moyens de la mise en œuvre des réponses à ce problème.  Il a demandé la capitalisation initiale de 15 millions de dollars du Fonds vert pour le climat et un accès simplifié à ce fonds pour les pays en développement.  M. Waqa a aussi évoqué les initiatives qui aident des pays comme le sien à réagir face aux changements climatiques, comme l’initiative IRENA, qui fournit aux pays un cadre pour une transition rapide vers des sources non polluantes d’énergie, et SIDSDOC, initiative  qui offre également une coopération avec les petits États insulaires en développement.


M. ZHANG GAOLI, Vice-Premier Ministre de la Chine, a indiqué que son pays avait adopté un programme national et un plan national sur le changement climatique, pour respecter les cibles de réduction de son intensité carbone, qui ont été fixées à 40 ou 45% d’ici à 2020 par rapport à 2005.  Selon un rapport de la Banque mondiale, la Chine a contribué à hauteur de 58% à toute l’économie d’énergie sur la planète entre 1981 et 2010.  L’énergie renouvelable utilisée en Chine représente 24% de l’énergie renouvelable mondiale, a-t-il ajouté.  En tant que grand pays en développement, la Chine fera des efforts encore plus importants, afin de lutter contre le changement climatique, qui soient à la hauteur de ses capacités.  Nous annoncerons des mesures pour l’après-2020 sur le changement climatique dès que nous le pourrons afin de réduire l’intensité carbone de notre pays, augmenter la part des énergies non fossiles, et augmenter notre stock forestier.  Nous essaierons aussi d’arriver à un pic des émissions de CO2 le plus rapidement possible.  Afin de promouvoir la coopération Sud-Sud, le Vice-Premier Ministre de la Chine a annoncé que la Chine allait multiplier par deux son appui annuel en faveur de la création d’un fonds de coopération Sud-Sud sur les changements climatiques.  En outre, la Chine va fournir 6 millions de dollars pour appuyer les efforts menés par le Secrétaire général en faveur de cette coopération.


La Chine appuie la Conférence de 2015 qui se tiendra à Paris, afin qu’elle soit couronnée de succès à travers la conclusion d’un accord, a dit le Vice-Premier Ministre.  Il a proposé de s’en tenir au cadre de la CCNUCC, et a défendu le principe de la responsabilité commune mais différenciée.  Il faut aussi, a-t-il ajouté, tenir les engagements respectifs, les pays développés devant réduire davantage leurs émissions et transférer les technologies propres aux pays en développement.  Enfin, il a conseillé, pour l’avenir, de renforcer les mesures après 2020, tous les pays devant suivre la voie du développement à faible émission de carbone. 


Plénière 1 de l’après-midi


Dans le cadre de la séance plénière de l’après-midi, présidée par Mme Mary Robinson, Envoyée spéciale du Secrétaire général sur le climat et M. Manuel Pulgar Vidal, Ministre de l’environnement du Pérou, les intervenants ont été nombreux à souligner que les défis posés par les changements climatiques ne peuvent être relevés de manière individuelle par les pays, et en particulier par les pays en développement.  Le succès de la lutte contre les effets néfastes des changements climatiques passe par une approche collective, efficace et robuste de la question et par un véritable partenariat entre pays développés et en développement, se sont accordés les intervenants.  


Face à l’urgence de la situation, les dirigeants et représentants de nombreux pays dont le Paraguay, la Grèce, le Luxembourg, la Roumanie, le Pakistan, le Guatemala et le Portugal ont souhaité que ce Sommet ouvre la voie à l’adoption d’un accord ambitieux, réaliste, et même juridiquement contraignant en 2015 à Paris. 


Mme Aurélia Frick, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a mis en avant l’importance de la solidarité avec les pays en développement, dont l’existence d’un certain nombre d’entre eux est parfois menacée par les effets des changements climatiques.  Il ne saurait y avoir de solution nationale efficace à la question, et les notions dépassées de souveraineté ne s’appliquent pas lorsqu’il s’agit des changements climatiques, a-t-elle estimé.  Toute solution passe donc par une coopération multilatérale efficace.  Se ralliant à ce propos, le Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan a averti que l’inaction collective coûtera très cher.


Les représentants des pays en développement ont tous mis en avant à quel point les changements climatiques étaient un obstacle majeur au développement et plus particulièrement au développement durable et à la sécurité alimentaire.  Les Ministres des affaires étrangères du Lesotho, de la Guinée Bissau et du Libéria ont saisi cette occasion pour plaider la cause des pays les moins avancés et parler de leurs besoins particuliers.  De leurs côté, les représentants des États insulaires, comme Cuba, la Jamaïque et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, ont exprimé des revendications similaires mais ont mis en avant le fait qu’à court terme, ce sont ces îles qui sont les plus vulnérables aux effets des changements climatiques. 


Tous se sont accordés sur le fait que leurs pays ont des besoins concrets, et que leurs politiques nationales de développement durable ne sont pas envisageables sans l’aide de leurs partenaires et de la communauté internationale dont ils ont besoin pour les accompagner par le biais de l’apport d’appuis techniques et de financements.


Sur une note positive, la Ministre de l’environnement de l’Équateur, Mme Marcela Aguinaga, a rappelé, à l’instar d’autres pays en développement, que ces pays ne sont que marginalement responsables des émissions de gaz à effet de serre qui causent le réchauffement de la planète.  Elle a toutefois soutenu que cela ne devrait pas les empêcher d’opter résolument pour les énergies renouvelables et l’efficience énergétique.  Dans cet esprit, l’Équateur a décidé d’investir dans le reboisement et la construction de centrales hydroélectriques.  D’autres pays d’Amérique centrale et d’Afrique, comme le Guatemala et le Libéria ont également misé sur le reboisement et la remise en état de leurs forêts pour contribuer à la réduction des gaz à effet de serre.


Pour avoir été frappé par des catastrophes naturelles comme le cyclone Nargis qui a entraîné la perte de 138 000 vies humaines, le Myanmar a témoigné des effets néfastes et du coût élevé des changements climatiques par la voix de son Ministre des affaires étrangères, M. Wunna Maung Lwin, qui a fait un plaidoyer en faveur de la prise de mesures concrètes, collectives, et rapides car « l’inaction a un coût énorme ».  Au plan national, le Myanmar a misé sur le reboisement et la protection de plus de 10% de son territoire couvert de forêts, a-t-il indiqué. 


Le Pakistan, qui est également régulièrement frappé par des catastrophes naturelles, alors même qu’il fait partie des pays n’émettant que de très faibles émissions de CO2 dans le monde, a demandé que soit versé une enveloppe supplémentaire de 5 milliards de dollars par an, par la voix de son Ministre des affaires étrangères, M. Sartaj Aziz, pour que son pays puisse faire les investissements nécessaires dans l’aménagement du territoire, la promotion des énergies renouvelables et surtout pour la préservation de sa sécurité alimentaire.


En tant que représentante d’un État du monde industrialisé et développé, la Ministre de l’environnement de l’Allemagne, Mme Barbara Hendricks, a noté que « la paix n’est pas simplement l’absence de guerre », et qu’on ne pourra avoir de paix globale si l’on ne lutte pas contre les changements climatiques.  L’Allemagne s’est fixée des objectifs ambitieux d’ici à 2050, et elle a l’intention de présenter des mesures supplémentaires à la COP20, qui aura lieu à Lima, au Pérou, en décembre prochain.  Elle entend également ratifier la deuxième tranche du protocole de Kyoto début 2015, a annoncé Mme Hendricks.  Dans cet esprit, l’Allemagne lance un appel aux principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre pour qu’ils présentent des objectifs ambitieux à Paris en 2015, et elle invite tous les pays à se joindre à son initiative « Climate finance readiness program ».  Dans cet esprit, la Ministre a annoncé que l’Allemagne allait contribuer à hauteur de 100 millions de dollars supplémentaires au Fonds vert.  De son côté, le Luxembourg a annoncé une contribution de 5 millions d’euros, et la République tchèque une contribution de 5,5 millions de dollars à verser sur deux ans.


Comme l’ont relevé les représentants d’Israël et des Maldives, l’environnement ne connaît pas de frontières, ni les changements climatiques.  Allant plus loin, le Ministre israélien de la protection de l’environnement, M. Amir Peretz, a demandé au Secrétaire général de nommer un Envoyé spécial chargé de mettre en place un nouveau cadre de lutte contre les changements climatiques pour tous les pays du Moyen-Orient.  En tant « qu’homme de paix », il a estimé que les menaces climatiques soulignaient la nécessité et l’urgence de la relance des négociations entre Israël et la Palestine sous le leadership d’Abu Mazen.  « Commençons par l’environnement et les changements climatiques en tant que pont vers la paix entre Israël et la Palestine », a-t-il souhaité.


Plénière 2 de l’après-midi


La trentaine de pays qui ont participé à la deuxième plénière de l’après-midi, présidée par le Président du Ghana, et qui portait sur « L’Action nationale et les annonces des ambitions », ont fait part des divers engagements pris afin de réduire la quantité des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial et ont exprimé des vœux de succès pour le Sommet prévu à Paris en décembre 2015, au cours duquel un accord international contraignant devrait être trouvé.


Le Premier Ministre de la Belgique, M. Elio di Rupo, a dit que ce Sommet sur le climat devra apporter des réponses aux attentes des centaines de milliers de manifestants qui ont défilé en faveur de la résolution de la question climatique à travers les grandes villes du monde.  Il a ajouté que « 2015 devra être une année d’action » et a dit attendre que le prochain Sommet de Paris permette aux États Membres de parvenir à l’adoption d’un accord international contraignant sur le climat.  S’agissant de la Belgique, il a indiqué que son pays a pour objectif de réduire de 80% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, et de contribuer à réduire de 45% ces émissions au niveau de l’Union européenne.  


Le Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, M. Ramtane Lamamra, a énuméré les actions prises par son pays en révélant la mise en place en Algérie de 20 centrales thermiques fonctionnant au gaz naturel et produisant 400 mégawatts, projets dont la construction devrait s’étaler jusqu’en 2030.  L’Algérie prévoit aussi de capter 4 millions de tonnes de CO2, et a créé une « ceinture verte » en plus du « barrage vert » pour endiguer la désertification. 


La Ministre des affaires étrangères de l’Australie a réitéré l’objectif pris par son pays de réduire de 5% ses émissions à l’horizon 2020.  En outre, un fonds doté de 2,5 milliards de dollars a été mis en place en Australie pour promouvoir la rénovation des bâtiments afin de les rendre plus efficients en termes de conservation énergétique et aider à capturer les émissions de carbone issues des décharges.  La Ministre a reconnu que l’Australie est responsable, à hauteur de 1,5%, des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial.  C’est pourquoi, le pays a consacré 600 millions de dollars au soutien apporté aux pays en développement dans le combat qu’ils mènent pour réduire les effets des émissions de gaz à effet de serre.  Elle a terminé en déclarant que, le 12 novembre, aura lieu un sommet sur le climat dans le Pacifique, dont l’un des objectifs sera la protection des forêts tropicales dans les pays en développement.


Le Ministre des affaires étrangères du Suriname, M. Rabindre Parmessar, a, après avoir indiqué que son pays est « le pays le plus vert de la planète », énuméré les menaces que font peser sur le Suriname et ses 150 000 habitants les conséquences des changements climatiques.  Il faut protéger impérativement les forêts, les sources d’eau douce et les zones côtières, a-t-il préconisé.  Mais pour son homologue de l’Uruguay, M. Luis Almagro, le problème environnemental n’est pas un problème économique mais politique.  Il faut prendre les mesures qui s’imposent, a-t-il souligné.


Le Ministre du pétrole et des ressources minérales du Royaume d’Arabie saoudite, M. Ali Ibrahim al-Naimi, a dit que la transformation économique de son pays exige beaucoup d’énergie.  Dans le cadre de cette transformation, l’Arabie saoudite a néanmoins pris des mesures pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre par la capture du carbone présent dans l’atmosphère, la recherche et l’innovation, et la recherche de solutions à travers la coopération internationale.  Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis, M. Abdullah Bin Zayed Al Nahyan, a indiqué que son pays a développé l’énergie solaire et d’autres alternatives énergétiques propres comme contribution aux efforts mondiaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.  En outre, des millions de dollars destinés à la promotion de projets d’énergie renouvelable ont été investis par la coopération des Émirats arabes unis dans des pays étrangers, a ajouté le Ministre. 


Le Secrétaire permanent du Royaume de Thaïlande, M. Sihasak Phuangketkow a indiqué que, pour le développement économique du pays, le Gouvernement de la Thaïlande vise à parvenir à la « suffisance énergétique ».  La réforme du secteur de l’énergie est ainsi la priorité.  Ceci passera par l’augmentation de 25% la part des énergies alternatives propres dans la consommation thaïlandaise à l’horizon 2025. 


La Ministre canadienne de l’environnement, Mme Leona Aglukkaq, a dit que les grands pays économiquement développés et grands émetteurs de gaz à effet de serre doivent prendre plus de mesures de réduction des émissions de gaz polluants que les autres pays.  Le Canada, a-t-elle ajouté, a offert 1,2 milliard de dollars d’aide aux pays en développement pour les soutenir à faire face aux effets et aux conséquences des changements climatiques.  Au niveau national, le Canada prévoit la diminution de 23% des émissions causées sur son territoire par les camions et autres véhicules lourds et le retrait de la circulation de plus de deux millions de vieux véhicules légers par an. 


De nombreuses délégations, à l’instar de celle conduite par le Ministre des affaires étrangères de l’État de Palestine, M. Riad Malki, ont réitéré le fait que les émissions de gaz à effet de serre, les changements climatiques et les dégradations de l’environnement sont les conséquences du modèle de développement utilisé et imposé par les pays riches. 


Le Ministre de l’environnement et des ressources aquatiques de Singapour, M. Vivian Balakrishnan, a voulu que le monde parvienne à un nouvel accord sur les changements climatiques qui constituerait une base durable de travail acceptable pour toutes les nations.  Le Ministre des affaires étrangères du Sénégal, M. Mankeur Ndiaye, a demandé que tous les pays développés réduisent de 25% à 40% leurs émissions de gaz à effet de serre, qu’ils soient parties ou non au Protocole de Kyoto.


Clôture du Sommet sur le climat


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, s’est félicité du fait que le Sommet sur le climat ait permis d’écouter des annonces d’engagements solides en faveur de l’adoption d’un accord significatif et universel à Paris l’année prochaine, avec notamment le fait qu’une esquisse de cet accord qui sera présentée à Lima, au Pérou, en décembre prochain au cours de la COP20.  Il a également salué le fait que les dirigeants présents se soient prononcés clairement pour une limitation de l’augmentation de la température au niveau de la planète à 2 degrés Celsius au maximum, en réduisant de manière significative les émissions de gaz à effet de serre.  M. Ban a en outre salué les annonces de partenariats faites dans les domaines de la foresterie, de l’énergie et des transports.


Saluant toutes les promesses qui ont été faites aujourd’hui, le Secrétaire général a notamment salué l’engagement pris par les dirigeants des industries pétrolières, en partenariat avec les gouvernements et la société civile, d’identifier et de réduire les émissions de méthane dans l’atmosphère d’ici à l’année 2020.  Le Secrétaire général s’est par ailleurs félicité du fait que les dirigeants de nombreux pays aient annoncé leur volonté de financer le Fonds vert pour le climat, avec des promesses de financement initiales d’un montant de 1,15 milliard de dollars.  Dans la même veine, a-t-il relevé, une coalition formée de dirigeants de gouvernements étatiques, du monde des affaires et de la finance, des banques multilatérales de développement et de la société civile, ont annoncé une mobilisation de plus de 200 milliards de dollars pour financer la réduction des émissions de carbone et le renforcement de la résilience face aux changements climatiques.  Les banques privées n’étaient pas en reste, avec l’annonce de l’émission prochaine d’obligations vertes de l’ordre de 20 milliards de dollars et la promesse d’en doubler le marché pour qu’il atteigne 50 milliards de dollars d’ici à l’année prochaine.


En outre, les entreprises d’assurances pour leur part ont fait la promesse de doubler leurs investissements verts pour les faire passer à 82 milliards de dollars en 2015.  D’autre part, une coalition d’investisseurs institutionnels a promis de « décarboniser » 100 milliards de dollars d’ici à décembre 2015, a relevé M. Ban.  De même, le Secrétaire général a salué la mise en place d’une coalition de maires représentant 200 villes comptant un total de 400 millions d’habitants, et qui a promis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de leurs agglomérations de 12,4 à 16,4% chaque année.  Le prix du carbone aura été également un sujet récurrent au cours de ce Sommet, a noté le Secrétaire général.  Il a souligné qu’il s’agit là de l’un des outils les plus efficaces disponibles pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et promouvoir le développement et la croissance durables.


M. Ban a rappelé ensuite que les besoins d’adaptation sont de plus en plus importants et croissants pour l’essor des pays en développement et les petits États insulaires en développement (PEID) en particulier.  À ce propos, il a salué le lancement, ce jour, d’une initiative globale de renforcement de la résilience climatique en faveur des petits États insulaires en développement du Pacifique.  Le Secrétaire général a appelé les dirigeants présents au Sommet sur le climat à respecter les promesses faites aujourd’hui et a conclu que cette journée devrait rester dans les mémoires comme celle qui aura permis à la « famille humaine de faire le ménage dans sa maison, afin de s’assurer qu’elle soit vivable pour les générations futures ».


M. OLLANTA HUMALA, Président du Pérou, s’est félicité de la contribution du Sommet à la mobilisation de la volonté politique nécessaire en vue de la tenue de la COP20, que la capitale de son pays, Lima, accueillera du 1er au 12 décembre 2014.  Cette conférence doit tracer les lignes d’un accord clair et cohérent, en approuvant les règles de présentation des contributions nationales, a dit M. Humala.  Il a aussi espéré que la COP20 permettrait de prendre des décisions sur les mesures d’atténuation, d’adaptation aux effets des changements climatiques, et sur les financements.  Il a espéré que la Conférence de Lima rendrait possible la conclusion, en décembre 2015 à Paris, d’un accord qui permette un appui financier et technologique en faveur des pays en développement et qui permette de modifier les pratiques industrielles que le monde a connues depuis trop longtemps.  Le Président du Pérou a dit également attendre la contribution des organisations citoyennes, des peuples autochtones et des entreprises dans ce processus. 


Mme GRAÇA MACHEL, Fondatrice de « Graca Machel Trust » et militante internationale pour les droits des femmes et des enfants, a salué le courage et le rôle de chef de file des participants au Sommet sur le climat.  Elle a salué le sens de l’initiative du Secrétaire général de l’ONU, qui a permis de traiter de la question des changements climatiques, et elle s’est félicitée des engagements pris par de nombreux dirigeants présents en faveur de la préservation de la planète.  « Mais je serai franche », a-t-elle dit en faisant remarquer que « nous avons atteint un point décisif ».  « Nos engagements doivent être assez ambitieux pour ne pas tomber dans le précipice », a-t-elle préconisé.  Elle a avoué avoir un sentiment mitigé car, a-t-elle expliqué, si elle a noté un début de compréhension des enjeux, elle a aussi eu l’impression qu’il y a un écart entre l’ampleur de l’enjeu et la réaction des dirigeants du monde.  L’ampleur du défi est bien plus élevée que les engagements pris aujourd’hui, a-t-elle prévenu. 


Mme Machel a rappelé que le dimanche dernier, lors des marches citoyennes pour le climat, les personnes directement touchées par les changements climatiques ont fait entendre leurs voix.  Il faut que ces personnes restent au cœur de notre réponse, a-t-elle souhaité.  « Il faut que chacun se pose des questions difficiles et s’interroge sur ce qu’il faut faire pour reculer et ne pas tomber dans le précipice. »  Elle a donc proposé d’examiner les annonces de contribution à la lumière du coût à payer si rien d’efficace n’est fait.  « En tant que chefs de gouvernement et capitaines d’industrie, vous devez avoir le courage de prendre des décisions qui, si elles seront impopulaires, protégeront cependant des millions de personnes et l’avenir de vos petits-enfants », a-t-elle souligné.  Mme Machel a invité les dirigeants et tous les acteurs de la scène internationale et locale à dialoguer et travailler avec tous les membres de la société civile, notant en outre que, concernant les changements climatiques et leurs conséquences, il s’agit d’une question de droits de l’homme qui exige une réponse irréversible.


« Love song to the world », chanté par l’artiste britannique Natasha Bedingfield et accompagné par Toby Gadd, auteur compositeur, a conclu cette journée du Sommet sur le climat.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Conférence mondiale sur les peuples autochtones s’achève par un appel à transformer en réalité la Déclaration sur les droits des autochtones

AG/11558

La Conférence mondiale sur les peuples autochtones s’achève par un appel à transformer en réalité la Déclaration sur les droits des autochtones

23/9/2014
Assemblée généraleAG/11558
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-neuvième session

5e séance plénière – après-midi                            


LA CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES PEUPLES AUTOCHTONES S’ACHÈVE PAR UN APPEL À TRANSFORMER EN RÉALITÉ

LA DÉCLARATION SUR LES DROITS DES AUTOCHTONES


La première Conférence mondiale sur les peuples autochtones, qui avait débuté hier, s’est achevée aujourd’hui par un appel du Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, à « transformer en une réalité » la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, adoptée par l’Assemblée générale en 2007.


La Conférence mondiale a permis aux États, dans unDocument final adopté hier sans vote, de renouveler leur engagement en faveur de la Déclaration et de demander au Secrétaire général de commencer à élaborer un plan d’action à l’échelle de l’ensemble du système pour assurer une « approche cohérente de la réalisation des objectifs définis » dans la Déclaration.


« Il est de notre responsabilité collective de transformer la Déclaration en une réalité », a déclaré, lors de la séance de clôture, M. Eliasson.


S’il a célébré les réalisations de cette Conférence « sans précédent », il s’est souvenu également que les peuples autochtones restaient à la traîne en matière d’éducation, de santé, et même d’espérance de vie. 


M. Eliasson a assuré les représentants des peuples autochtones que le Secrétaire général et lui-même avaient l’intention de les engager de manière plus active dans l’ensemble du système des Nations Unies, en particulier dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015.


Dans la même veine, le Président de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, M. Sam Kahamba Kutesa, a estimé que l’adoption du Document final ouvrait un nouveau chapitre dans le dialogue entre les peuples autochtones et les États Membres. 


Le Document final servira, a poursuivi M. Kahamba, à aller de l’avant et à renforcer les engagements que la communauté internationale a déjà pris dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.


Selon lui, le Document final « représente un équilibre entre ce que souhaitaient les peuples pour la réalisation de leurs droits et ce que les États Membres pouvaient accepter ».


Avec quatre tables rondes, résumées ce soir par leurs coprésidents respectifs, la Conférence a été l’occasion pour une centaine de représentants des peuples autochtones de partager avec les États Membres et divers fonds et programmes des Nations Unies des perspectives et les meilleures pratiques sur la réalisation des droits des peuples autochtones.


Les intervenants autochtones, y compris des personnes handicapées, ont revendiqué une participation accrue aux travaux des Nations Unies et le respect de leurs connaissances, notamment en matière d’environnement durable.


Les peuples autochtones représentent plus de 5 000 groupes distincts dans quelque 90 pays.  Ils constituent plus de 5% de la population mondiale, soit environ 370 millions de personnes.  Or, ils souffrent de désavantages extrêmes et se battent pour rester sur leurs terres et préserver leur droit à leurs ressources naturelles.


Les difficultés qu’ils rencontrent dans des domaines tels que la culture, l’éducation, la santé, les droits de l’homme, et, de façon générale, le développement économique et social, ont été au cœur des échanges de vues.


La Conférence a permis aux membres des communautés autochtones de demander à l’Assemblée générale que tous leurs droits soient dûment pris en compte dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.



CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES PEUPLES AUTOCHTONES


Table ronde 3: « Les terres, territoires et ressources des peuples autochtones »


Les colonisations par invasion, les annexions et le néocolonialisme, conjugués à la rapacité des entreprises transnationales, ont conduit à la spoliation et à l’accaparement des terres et territoires ancestraux, ont constaté cet après-midi les intervenants à la table ronde sur les terres, territoires et ressources des peuples autochtones. 


La réparation des torts, l’indemnisation, la démilitarisation des territoires, la conclusion et le respect d’accords fonciers et de traités, ainsi que la consultation, ont été énumérés parmi les remèdes qu’il convient d’appliquer d’urgence compte tenu des répercussions du changement climatique en particulier.     


M. PITA SHARPLES, Ministre des affaires maories de la Nouvelle-Zélande, a déclaré que les Maoris avaient été colonisés et avaient perdu leur autodétermination et leurs droits sur leurs terres.  Il a fait état du Traité historique de Waitangi, signé en 1840 par la reine d’Angleterre et les chefs maoris.  Cet accord vise notamment à remédier aux injustices du passé, par l’octroi d’indemnisations entre autres, et la présentation d’excuses et la restitution des terres.  Certains Maoris ont pu exercer à nouveau leur autorité sur leurs territoires. 


Face aux conséquences des changements climatiques, M. Sharples a plaidé en faveur de la préservation du savoir maori et autochtone en général, notamment en matière de biodiversité.  La Nouvelle-Zélande estime à 37 milliards de dollars néo-zélandais les avoirs maoris, tandis que les entreprises autochtones contribuent à hauteur de 10,3 milliards de dollars néo-zélandais annuels au produit intérieur brut.  Il a mis en relief le potentiel économique maori, pour peu que la communauté bénéficie du soutien et de l’investissement adéquats, particulièrement dans les domaines des sciences et de l’innovation.


Mme JOAN CARLING, représentante de la Région autochtone asiatique et Membre de l’Instance permanente des questions autochtones, qui coprésidait la table ronde, a dénoncé la militarisation croissante des terres et des territoires autochtones.  Le document final de la Conférence mondiale donne des orientations stratégiques pour permettre aux États de respecter leurs obligations par rapport aux ressources autochtones. 


La reconnaissance du savoir traditionnel et de la conservation durable de la biodiversité est également cruciale pour empêcher les abus des sociétés transnationales et des entreprises.  Cela pourrait se faire par le respect, par ces sociétés, des Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme: mise en œuvre du cadre de référence « protéger, respecter et réparer » des Nations Unies. 


Elle a enfin plaidé en faveur de la concrétisation des dispositions de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et du Document final de la Conférence mondiale.


Le représentant des peuples autochtones d’Indonésie, qui s’exprimait au nom du Caucus de l’Asie, a souligné qu’en tant qu’êtres humains, les autochtones avaient l’obligation de respecter et de protéger les ressources naturelles.  Il a jugé impératif de reprendre le flambeau des « gardiens de la Terre » et de ne plus se faire complices d’activités qui « font mal à d’autres créatures vivantes ».  Malheureusement, a-t-il constaté, en Indonésie, une loi accorde « un pouvoir illimité » au Gouvernement pour l’exploitation minière et forestière, sans le consentement préalable des autochtones, en particulier dans l’île de Java.


Il a fustigé la corruption et l’abus de pouvoir dus à la rapacité humaine.  « Si l’État ne reconnaît pas nos droits, nous persévérerons pour les faire valoir. »  Paradoxalement, a-t-il encore déclaré, la crise climatique représente une opportunité pour les autochtones de Java de devenir visibles.  L’an dernier, la Cour constitutionnelle a rendu un arrêt historique restituant aux forêts leur caractère ancestral.


« La course vers l’Arctique ne doit pas devenir une condamnation à mort pour les peuples de la région », a dit la représentante du Caucus de l’Arctique, Mme ÁILE JAVO, qui s’est félicitée, par ailleurs, de l’engagement pris par les États au paragraphe 16 du Document final dans lequel les États reconnaissent que les institutions judiciaires des peuples autochtones peuvent jouer un rôle positif en matière d’accès à la justice et de règlement des différends. 


M. ROGER CHO, du Caucus du Pacifique, a estimé que l’adoption du Document final de la Conférence mondiale n’était qu’une étape dans la lutte des peuples autochtones et a souhaité que cette démarche aboutisse à une résolution établissant un haut-commissariat aux droits des peuples autochtones.


Le représentant de la Confédération indienne des peuples autochtones et tribaux de la zone nord-est, M. JEBRA RAM MUCHAHARY, a signalé pour sa part, l’ampleur de l’accaparement des terres autochtones dans l’État d’Assam, notamment avec la migration en provenance des pays voisins, allégation catégoriquement réfutée par le Ministre du Bangladesh chargé des affaires du traité de Chittagong, M. NABA BIKRAM KISHORE TRIPURA.


S’exprimant au nom des habitants des forêts, M. PAUL CHEPSOI, de l’Endorois Welfare Council (Kenya), a déploré le déplacement de son peuple par le Gouvernement kenyan.  Constatant la situation désespérée des Endorois, la Cour africaine des droits de l’homme a rendu un arrêt condamnant le Gouvernement kenyan et l’a enjoint de s’abstenir de tout acte hostile envers cette communauté, a-t-il conclu.


L’industrie extractive entraîne le déplacement forcé des communautés autochtones, dont les femmes et filles qui subissent des violences, y compris sexuelles, et souffrent de maladies souvent causées par la pollution et le déversement de produits chimiques, a témoigné la représentante du Forum international des femmes autochtones (FIMI), pour qui « la souveraineté sur les terres, territoires et ressources » est l’épicentre de l’autodétermination des communautés autochtones.


La Vice-Ministre aux affaires politiques et du dialogue citoyen du Costa Rica, Mme ANA GABRIEL ZÚÑIGA APONTE, a exhorté les États à régler la dette historique envers les autochtones.  Elle a encouragé à poursuivre la consultation au niveau international pour réparer les torts faits aux autochtones, dans le cadre d’une démarche juste et inclusive.


Pays de six millions d’habitants dont environ 116 000 autochtones, avec deux langues officielles, l’espagnol et le guarani, le Paraguay a établi l’Institut paraguayen de l’autochtone qui doit obligatoirement participer à tous les processus de consultation dans le but d’installer des mécanismes de suivi avec les autochtones.


Comme pour rappeler que l’on peut mourir pour défendre sa terre, le Vice-Ministre du développement stratégique des ressources naturelles du Pérou, M. GABRIEL QUIJANDRIA, a mentionné l’assassinat, il y a quatre jours, de quatre dirigeants ashaninka, de la communauté de Saweto, à la frontière avec le Brésil, et appelé à punir les auteurs.  


La garantie des droits des autochtones sur leurs territoires traditionnels a constitué un défi majeur pour le Nicaragua, a admis le Coordonnateur du Gouvernement de la région autonome caribéenne septentrionale.  Il a invité l’ONU à approfondir la question de l’autodétermination des peuples autochtones.


La Constitution reconnaît les Inuits et les Métis comme les peuples autochtones du Canada, a dit la Vice-Ministre du Canada aux affaires aborigènes et au développement du Nord, Mme COLLEEN SWORDS, précisant que les droits ancestraux et issus de traités « sont enchâssés dans la Constitution » et sont protégés encore davantage en vertu des lois fédérales, des ententes sur l’autonomie gouvernementale et les revendications territoriales et des décisions rendues par les tribunaux.


Elle a indiqué qu’à présent, plus de 600 000 kilomètres carrés de terres appartenaient aux autochtones.  Mme Swords a ajouté que le processus des revendications particulières, lesquelles portent sur d’anciens griefs des Premières Nations concernant les obligations du Canada en vertu de traités historiques, avait récemment fait l’objet d’une réforme en profondeur ayant mené à la création d’un tribunal d’arbitrage indépendant.  Ce tribunal a la capacité de prendre des décisions contraignantes sur les revendications particulières. 


Cependant, le chef PERRY BELLEGARDE, de la Fédération Saskatchewan et l’Assemblée régionale des Premières Nations, a vigoureusement critiqué le Canada, « seul État des Nations Unies à se sentir obligé de fournir une explication verbale et écrite de sa position par rapport au Document final ».  Il a insisté sur la nécessité d’obtenir le consentement préalable, libre et éclairé des peuples autochtones et de reconnaître les droits collectifs.


Le Chef de cabinet du Ministère des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, M. ESHAGH AL HABIB, a affirmé que la Conférence mondiale sur les peuples autochtones représentait la feuille de route des États Membres et des Nations Unies pour joindre le geste à la parole pour en faire une force de transformation réelle dans la vie des peuples autochtones.


En Papouasie-Nouvelle-Guinée, la propriété foncière est gérée par les communautés tribales, ce qui crée un système compliqué et unique à la fois, l’économie du pays reposant principalement sur le gaz et l’extraction, a dit le représentant de ce pays.  La consultation est en conséquence vitale et les préoccupations environnementales sont réglées par la négociation.  Le délégué a fait état de la fermeture d’une mine d’or en raison de conflits sur ses activités.


La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation FAO, du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), et de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a réitéré l’engagement de ces institutions à œuvrer de conserve avec la société civile et les gouvernements. 


Réunion-débat: « Priorités autochtones pour le programme de développement durable pour l’après-2015 »


Mme PATRICIA BALBUENA, Vice-Ministre de l’interculturalité du Ministère de la culture du Pérou, Coprésidente de la réunion-débat, a évoqué les objectifs de développement durable de son pays qui respecte l’identité de 52 peuples autochtones, y compris dans les forêts d’Amazonie.  Le Pérou a été le premier pays de la région à créer des instruments pour donner effet à la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Les connaissances ancestrales sont indispensables pour garantir un développement durable harmonieux, a-t-elle souligné.


Mme JANNIE LASIMBANG, Représentante de la région autochtone asiatique, Coprésidente de la réunion, a mis l’accent sur le paragraphe 37 du document final qui souligne que les peuples autochtones ont le droit de définir et d’élaborer des priorités et des stratégies en vue d’exercer leur droit au développement. 


À cet égard, les États Membres se sont engagés à « tenir dûment compte de tous les droits des peuples autochtones dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  Un tel engagement représente, selon elle, un espoir.  Toutefois, la mise en œuvre des droits reste un problème dans de nombreux endroits et une pauvreté systémique ne fait qu’aggraver les inégalités.


Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. WU HONGBO, a appuyé les efforts consentis par le Secrétaire général de l’ONU pour assurer un suivi efficace de la Conférence Rio+20.  Il a reconnu que le programme le développement n’avait pas toujours porté ses fruits pour les peuples autochtones et que les paradigmes de développement modernes avaient pu mener à la destruction des structures traditionnelles de ces peuples.


Il faut combler les lacunes et leur permettre de voir leurs droits et priorités mentionnés clairement dans le nouveau programme de développement.  Il reste un an seulement pour attendre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), or « les données disponibles montrent que les peuples autochtones se trouvent dans une situation socioéconomique pire que celle des populations non autochtones ».


Le représentant du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones a jugé essentiel d’intégrer ces droits dans « la feuille de route de la communauté internationale pour le développement dans les années qui viennent ».  Il faut que leurs voix soient entendues dans ce processus.  Les peuples autochtones peuvent contribuer de manière significative à la réalisation des OMD grâce à leur expérience.  Préoccupée par le fait que leur point de vue ne soit pas complètement illustré dans le texte des OMD, la représentante des peuples autochtones de la région saharo-sahélienne de l’Afrique, Mme SAOUDATA ABOUCRINE, a regretté les massacres et la stigmatisation dont ces peuples sont encore victimes, le fait qu’ils soient transformés en réfugiés ou « clochardisés ».  Elle a raconté l’histoire de sa grand-mère dont la maison a été récemment brûlée au Mali, « juste parce qu’elle est touareg ».  Elle a jugé prioritaires les objectifs suivants: l’accès à la terre, les services sociaux de base, la préservation de l’environnement, des programme de développement spécifiques, ainsi que la sécurité et la paix, « dans le respect du principe du consentement libre et préalable ».


Le Ministre des affaires étrangères du Guatemala a exposé la vision « partagée » de son pays d’ici à 2032 tenant compte des droits des peuples autochtones et définissant leurs priorités.


La représentante de l’Assemblée des peuples autochtones de l’Asie a craint « d’autres lacunes du même genre que dans les OMD pour le nouveau programme de développement ».  Ce programme doit explicitement aborder la question de la sécurité et des droits fonciers.


Son homologue de la région Pacifique a souligné que les peuples des îles dépendent des océans et de l’environnement marin.  Il a prédit « des exodes massifs à cause de l’élévation du niveau de la mer » et demandé à toutes les parties prenantes de prendre les mesures appropriées pour faire face aux changements climatiques.


Pour la Secrétaire générale du Secrétariat ibéro-américain et lareprésentante de l’Assemblée de la région d’Amérique latine et des Caraïbes, il faut mieux reconnaître l’interculturalité des peuples à l’intérieur des États qui ont tous adopté la Déclaration des Nations Unies.


De leur côté, les anciens Inuits ont constaté que l’axe de la Terre s’était déplacé et que des peuples étaient menacés d’extinction.  Ils préconisent une meilleure distribution des richesses.  


Au Népal, a expliqué le Ministre des affaires étrangères, les principes d’inclusion et de représentation proportionnelle à tous les niveaux possibles garantissent la participation des peuples autochtones.


Son homologue du Botswanaa reconnu que des parties marginalisées de la population méritaient une attention spéciale et promis l’inclusion sociale et l’équité dans les efforts de développement de son pays.


Le Chili espère arriver à 2015 en ayant rempli les OMD, a dit sa Ministre du développement social.  Mais il reste des défis à résoudre en matière d’équité, et des indicateurs doivent être mis en place pour réduire les écarts entre la population autochtone et le reste de la population.


L’Équateur est un État multinational et pluriculturel qui garantit aux peuples autochtones un accès libre à la terre et pratique la non-discrimination en matière d’accès à l’éducation et à la justice nationale et ancestrale, a indiqué à son tour la Ministre du développement social de ce pays.


La représentante de 41 nations indiennes a dénoncé « l’épidémie de violence contre les femmes et les jeunes filles autochtones », notamment en Alaska, malgré les mesures prises par les États-Unis.  Dans certaines communautés, « une femme sur 3 sera violée ».


Les États-Unis appuient un programme de développement pour l’après-2015 qui réponde aux besoins des groupes les plus vulnérables, a assuré la représentante du Bureau de l’engagement public à la Maison Blanche.  


Pour les peuples maoris de Nouvelle-Zélande, il faut créer « un environnement sûr inclusif où vibreraient les objectifs du développement durable » et mettre fin à l’intimidation des peuples autochtones.


Le Ministre adjoint des affaires étrangères de la Fédération de Russie a mentionné les grands axes de la politique de son pays en matière de santé, d’éducation et d’emploi en faveur des peuples autochtones.  Il a reproché aux autorités ukrainiennes de n’avoir « pas fait grand-chose pour améliorer le sort des Tatars de Crimée ».


« Nous n’avons pas encore trouvé de mécanisme pour canaliser les connaissances de populations autochtones », a reconnu le Secrétaire général de la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED).  Il faut organiser un dialogue pour voir comment baisser les coûts du commerce pour les peuples autochtones et leur apporter de nouvelles ressources.


Le représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) a souligné qu’il existe « des personnes chroniquement sous-nourries ».  L’amélioration des données ventilées et des indicateurs clefs en matière d’alimentation, la surveillance et le contrôle seront des facteurs importants pour l’après-2015.  Le but est la « Faim zéro » d’ici à 2025.


La représentante des personnes autochtones handicapées a insisté sur la notion qui consiste à « ne laisser personne à la traîne ».


Par ailleurs, la Commission de l’Union africaine réitère son engagement sans faille vis-à-vis de la promotion et la protection des droits des personnes autochtones, a assuré la déléguée.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée réfléchit aux succès, aux échecs et à l’avenir du programme sur la population et le développement, « un agenda qui a fait de la santé reproductive une priorité »

Soixante-neuvième session, Vingt-neuvième session spéciale,
1re séance - après-midi
AG/11556

L’Assemblée réfléchit aux succès, aux échecs et à l’avenir du programme sur la population et le développement, « un agenda qui a fait de la santé reproductive une priorité »

Vingt ans après l’adoption, en 1994 au Caire, du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, « un agenda qui a fait de la santé reproductive une priorité », plus de 100 chefs d’État et de gouvernement, de ministres, de représentants d’organisations internationales et d’ONG ont répondu présents à la session extraordinaire que l’Assemblée générale a convoquée aujourd’hui pour réfléchir aux succès, aux échecs et à l’avenir du Programme d’action après 2014, aidés par un « Plan directeur »* du Secrétaire général de l’ONU. 

En deux décennies, a rappelé aujourd’hui M. Ban Ki-moon, la mortalité maternelle a chuté de 50%.  Davantage de femmes peuvent choisir le nombre d’enfants qu’elles auront et le moment où elles les auront.  Mais les progrès sont inégaux, a tranché le Secrétaire général, face à la mise en œuvre d’un Programme d’action « qui a fait de la santé reproductive une priorité »: 800 femmes meurent chaque jour des suites d’une grossesse et d’un accouchement et 8,7 millions de personnes recourent chaque année à des avortements pratiqués dans des conditions dangereuses.   En résumé, il n’y a eu que peu de progrès dans la vie du milliard d’habitants des pays les plus pauvres. 

C’est pourquoi, a expliqué le Secrétaire général, nous nous attaquons à trois défis qui se complètent: l’intensification des efforts visant à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d’ici à fin 2015 dont les OMD 4 et 5 sur la santé infantile et maternelle; la définition des objectifs de développement durable (ODD) pour l’après-2015; et la conclusion d’un accord sur les changements climatiques avant la fin 2015.

Le « Plan directeur » que le Secrétaire général a soumis aux délégations pour la suite à donner au-delà de 2014 au Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement reposerait sur cinq piliers à savoir la dignité et les droits de l’homme; la santé; la mobilité et le lieu de résidence; la gouvernance et la responsabilisation; et la durabilité.  Le Programme d’action du Caire, « résultat d’un remarquable consensus dégagé entre 179 gouvernements », partait déjà de l’idée que le respect des droits de l’homme et de la dignité de l’individu, et notamment pour les femmes et les filles, et l’égalité des droits et l’accès de tous et toutes aux soins de santé et aux droits en matière de sexualité et de procréation sont une condition préalable du développement.

« Nos prédécesseurs du Caire avaient reconnu que la personne est au cœur du développement durable, a commenté, à son tour, le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  On ne peut parler de développement durable sans parler d’égalité entre les sexes, sans assurer la santé sexuelle et sans permettre aux jeunes de faire entendre leurs voix.  Ces questions doivent figurer au cœur du programme de développement pour l’après-2015, a insisté M. Osotimehin Babatunde, dans un appel relayé par le Président de la Bolivie, M. Evo Morales, au nom du Groupe des 77 et de la Chine.

Le programme de développement pour l’après-2015 doit faire de l’égalité entre les sexes un objectif à part entière et élaborer d’autres objectifs spécifiques sur les droits sexuels, y compris, a renchéri la Ministre de la coopération internationale au développement de la Suède, « celui de pouvoir choisir son conjoint, de pouvoir disposer de son propre corps ou de décider librement quand avoir des enfants ».  Mme Hillevi Engstrom a jugé que sur ces « questions cruciales », la communauté internationale a besoin d’un nouveau consensus.

Plusieurs délégations ont rejeté l’idée de renégocier de nouveaux engagements ou le Programme d’action du Caire lui-même.  Réduire les discussions sur la population et le développement à un débat sur les modes de contraception et les droits reproductifs, équivaut à « ignorer imprudemment la multiplicité des facteurs de développement interconnectés qui contribuent à cette question », a prévenu le Ministre des affaires étrangère de Saint-Vincent-et-les Grenadines, M. Camillo Gonsalves.

Mais si, a rétorqué l’ancienne Présidente de la Finlande, Mme Tarja Halonen, les gens ne peuvent pas décider eux-mêmes de leurs questions privées, dont les questions de santé sexuelle et reproductive, comment espérer qu’ils s’impliquent dans la gestion de leur collectivité et la protection de l’environnement?

Cette session extraordinaire, a voulu le Président de la soixante-neuvième de l’Assemblée générale, doit offrir à la communauté internationale une occasion cruciale et opportune de partager des idées et de renforcer l’engagement en faveur de l’amélioration des conditions de vie, de l’équité, de la dignité, d’une croissance économique soutenue et inclusive et du développement durable.  Les défis du développement exigent de nous, a averti M. Sam Kahamba Kutesa, une réponse coordonnée et systématique, à travers une plus grande coopération, un plus grand partenariat et un leadership mondial.

La session extraordinaire s’est terminée peu après minuit sans avoir entendu, faute de temps, une trentaine de pays.  Parmi eux, la Fédération de Russie, les États-Unis et le Sénégal ont exprimé leur mécontentement, peu convaincus par la proposition du Président de l’Assemblée générale de consigner leurs déclarations non lues dans le compte rendu de la session.  La représentante du Brésil s’était d’ailleurs étonnée que l’on ait donné la parole à des ONG, sans avoir épuisé la liste des États Membres, après que, bien avant, son homologue du Bélarus eut demandé au Président de l’Assemblée d’exiger des intervenants qu’ils respectent leur temps de parole pour pouvoir entendre tout le monde.

 

* A/69/62

 

 

SUIVI DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT AU-DELÀ DE 2014: NOTES DU SECRÉTARIAT (A/S-29/3, A/S-29/4 ET A/S-29/5)

Déclarations

M. SAM KAHAMBA KUTESA (Ouganda), Président de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, a estimé que cette session extraordinaire marque le couronnement des deux décennies passées à examiner la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence sur la population et le développement et de son suivi au-delà de 2014.  Ces examens ont montré que les pays ont fait des progrès considérables mais le voyage, qui a commencé, en avril, par des études nationales, des conférences régionales et des réunions internationales, ne s’arrête pas aujourd’hui. 

Les progrès remarquables dont le monde a été témoin depuis les conférences historiques de 1990 et 2000 ne sont pas à la hauteur des ambitions et des besoins, a tranché le Président.  Il faut faire plus pour améliorer la qualité de vie des gens et reconnaître qu’il est essentiel de répondre, avec un sentiment d’urgence, aux conclusions qui montrent que malgré les gains significatifs, obtenus depuis la Conférence du Caire, en matière de réduction de la pauvreté et de croissance économique, beaucoup de gens ont été abandonnés avec des besoins fondamentaux non satisfaits, des droits de l’homme peu respectés et un potentiel inexploité.

La pauvreté, la discrimination et les inégalités des revenus et des richesses menacent la croissance économique et le bien-être des populations, des sociétés et de notre planète.  Toutes ces questions sont pertinentes pour les discussions qui se tiendront demain au Sommet sur le climat et au cours du débat général qui suivra.  Ces défis communs doivent être relevés dans le programme de développement pour l’après-2015, a voulu le Président.

Les examens de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire montrent que l’investissement dans les droits de l’homme, les capacités et la dignité de l’homme est la base-même du développement durable.  Il faut donc de toute urgence, en a conclu le Président, trouver une réponse à la mauvaise répartition des revenus et des richesses, à l’inégalité entre les sexes, au manque d’autonomisation des femmes, à la violence sexuelle et à la discrimination.  Il faut se pencher sur le potentiel de la formation continue, l’investissement sur le renforcement des capacités des jeunes, les inégalités d’accès à la santé sexuelle et reproductive et sur la faiblesse des systèmes de santé. 

Compte tenu de la diversité des structures familiales et des modes de vie, nous devons, a poursuivi le Président, planifier et construire des villes viables et renforcer les liens entre les milieux urbain et rural.  L’impact de la dynamique démographique est si important qu’il faut mieux intégrer les plans de développement aux niveaux national, régional et international. 

Les défis du développement exigent de nous une réponse coordonnée et systématique, à travers une plus grande coopération, un plus grand partenariat et un leadership mondial que « j’entends promouvoir en tant que Président de cette Assemblée générale », a promis le Président. 

Cette session extraordinaire offre à la communauté internationale une occasion cruciale et opportune de partager des idées et de renforcer son engagement en faveur de l’amélioration des conditions de vie, de l’équité, de la dignité, d’une croissance économique soutenue et inclusive et du développement durable, a-t-il conclu.  

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, a rappelé que la Conférence du Caire sur la population et le développement s’est conclue par l’adoption d’un programme d’action insistant sur le fait que le développement devait être centré sur les gens.  Au Caire, il a été souligné que les sociétés étaient plus productives lorsque les femmes et les filles avaient accès à l’éducation.  « En deux décennies, près d’un milliard de personnes ont échappé à la misère », s’est félicité M. Ban, en ajoutant que la mortalité maternelle a été réduite de 50%.

« Nous avons progressé sur le plan de l’égalité des sexes et nous avons atteint la parité dans l’enseignement primaire », s’est-il encore félicité ».  Il a aussi noté que davantage de femmes peuvent choisir le nombre d’enfants qu’elles auront et le moment où elles les auront et que davantage de lois permettent à un plus grand nombre d’exercer les droits énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Charte des Nations Unies. 

Le Programme d’action du Caire a permis de faire une différence sensible dans la vie des gens, a insisté le Secrétaire général qui a néanmoins regretté que des millions de personnes souffrent encore de la faim et de la pauvreté et meurent de causes que nous aurions pu empêcher.  Il s’est inquiété de la hausse des inégalités entre pays et au sein des pays et a noté que depuis 1994, il n’y a eu que peu de progrès dans la vie du milliard d’habitants des pays les plus pauvres. 

Alors que nous célébrons le vingtième anniversaire de la Conférence du Caire, M. Ban a dit que nous ne pouvons plus nous contenter d’un développement à court terme.  C’est pourquoi, s’est-il expliqué, nous nous attaquons à trois défis qui se complètent: l’intensification des efforts visant à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d’ici à fin 2015, la définition d’objectifs de développement durable (ODD) pour l’après-2015 et la conclusion d’un accord sur les changements climatiques avant la fin 2015.

M. Ban a voulu que l’on n’oublie pas qu’une des priorités du Programme d’action du Caire est l’accès à la santé reproductive, en notant que 800 femmes meurent chaque jour des suites de la grossesse et de l’accouchement.  Il a aussi rappelé que dans les pays en développement, 8,7 millions de femmes recourent chaque année à des avortements pratiqués dans des conditions dangereuses.  Ces femmes ont un besoin urgent de notre protection, a dit le Secrétaire général.

Il faut faire face, a-t-il conclu, aux grandes tendances démographiques, dont l’urbanisation, la migration, le vieillissement de la population et la plus grande population de jeunes de l’histoire de l’humanité.  Nous devons respecter notre promesse de protéger les gens, notamment les filles et les femmes, d’éradiquer la pauvreté et de protéger la dignité de tous, a-t-il insisté.

M. OSOTIMEHIN BABATUNDE, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour le développement (FNUAP), a tout d’abord passé en revue les grandes lignes du Programme d’action du Caire, se félicitant notamment des progrès réalisés en matière de réduction de la mortalité maternelle.  Il nous reste cependant encore beaucoup à faire, car les femmes et les filles se trouvent encore trop souvent dans des situations particulièrement déplorables, a-t-il souligné.

M. Babatunde a plaidé pour l’équité, rappelant que le droit à la santé est un droit indiscutable.  Il a déploré que ce droit ne soit toujours pas une réalité pour une tranche importante de la population mondiale.  Des enfants de 10 ans sont mariées avec des hommes de 70 ans et doivent accoucher alors que leur corps n’est pas encore prêt, s’est-il indigné.  Des milliers de personnes n’ont toujours pas l’information nécessaire pour éviter d’être infectées par le VIH/sida et de nombreuses victimes de violence sexuelle n’ont toujours pas accès à des services de conseils.

Il est tout aussi inacceptable, a-t-il dénoncé, qu’à l’heure actuelle, plus de 200 millions de femmes n’aient pas accès aux services de planification familiale.  M. Babatunde s’est aussi inquiété des répercussions de l’inégalité entre les sexes et de l’aggravation de la violence sexuelle, qui, a-t-il relevé, est souvent utilisée comme une arme de guerre.  On ne peut se permettre que la moitié de la population reste à la traîne, s’est-il impatienté.

Le Directeur exécutif du FNUAP a aussi parlé de la situation des jeunes et de l’importance de leur fournir l’éducation et des perspectives nécessaires.  Or, s’est-il inquiété, 40% des chômeurs actuels sont des jeunes, plus de huit millions de jeunes ont subi un avortement pratiqué dans des conditions dangereuses et les infections par le VIH/sida persistent dans cette catégorie de population.

M. Babatunde a aussi insisté sur la nécessité de veiller au respect des droits des peuples autochtones, de créer des centres urbains « positifs » et de faire en sorte que la migration profite au développement.  S’agissant des changements climatiques, il a appelé à la modification des modes de consommation actuels et a jugé nécessaire de mettre un terme au gaspillage des ressources naturelles.

Nos prédécesseurs du Caire avaient reconnu que la personne est au cœur du développement durable, a-t-il enchaîné.  On ne peut parler de développement durable sans permettre aux jeunes de faire entendre leurs voix, sans parler d’égalité entre les sexes et sans assurer la santé sexuelle.  Ces questions doivent figurer au cœur du programme de développement pour l’après-2015, a insisté le Directeur exécutif du FNUAP.

M. EVO MORALES AYMA, Président de l’État plurinational de Bolivie, a dit que la pauvreté est un affront à la dignité et que son élimination est le défi qui se pose au monde d’aujourd’hui.  Dans un contexte marqué par la volatilité des prix des matières premières et des flux financiers, M. Evo Morales a exhorté les pays développés à appuyer les efforts des pays en développement pour lutter contre la pauvreté et les inégalités.  Il les a invités à respecter tous leurs engagements, dont ceux liés à l’aide publique au développement (APD).  Il a dit que cette aide devait être débloquée, avant de souligner la valeur ajoutée de la coopération triangulaire.  Il s’est félicité de l’adoption, il y a quelques jours, d’une résolution de l’Assemblée générale instituant un cadre juridique multilatéral pour les processus de la restructuration de la dette souveraine.

Le Groupe des 77 et la Chine insistent pour que les questions de population continuent d’être mises en œuvre de manière intégrale et soient au cœur des objectifs de développement pour l’après-2015.  La perspective du genre doit guider nos décisions, a-t-il dit, en notant les risques particuliers auxquels font face les femmes enceintes dans certaines régions du monde.  Il a précisé que dans ces régions deux tiers des personnes touchées par le VIH/sida sont des femmes.  Le Président a particulièrement appelé à la fin des mariages précoces et des mutilations génitales.  Il a exhorté la communauté internationale et les organisations pertinentes à fournir les ressources financières et techniques nécessaires pour aider les pays en développement à mettre en place une couverture santé universelle.

M. YOWERI KAGUTA MUSEVENI, Président de l’Ouganda, a indiqué que depuis 1992, son gouvernement avait réussi à faire baisser de manière sensible le taux national de pauvreté.  Donnant des exemples des avancées ougandaises, il a expliqué que les personnes infectées au VIH/sida ont accès à des traitements, un quota de 30% des sièges politiques a été réservé aux femmes, la parité dans l’éducation primaire a été atteinte, les travaux pour l’accès universel à l’éducation secondaire ont été lancés et les investissements dans la planification familiale ont été augmentés. 

Grâce à toutes ces mesures, s’est félicité le Président, l’espérance de vie est passée de 42 ans en 1990 à 55 ans aujourd’hui, dans un pays où les jeunes, représentant 78% de la population, ont un réel potentiel de moteur économique.  Un plan a d’ailleurs été lancé pour permettre à l’Ouganda de profiter de ce dividende démographique.

Mme MICHELLE BACHELET, Présidente du Chili, a rappelé que 842 millions de personnes dans le monde souffrent de malnutrition, sans oublier l’insuffisance pondérale qui frappe de nombreux enfants de moins de 5 ans.  Elle s’est aussi inquiétée de la faiblesse des services publics dont le manque d’accès à l’eau potable.  Les systèmes de santé doivent s’adapter aux changements démographiques, a-t-elle plaidé, évoquant notamment le vieillissement de la population.  Elle a insisté sur l’importance de la redevabilité et le renforcement des capacités pour que les gouvernements répondent vraiment aux besoins de la population.  Mme Bachelet s’est dite convaincue que la migration a beaucoup à apporter aux pays d’accueil.  C’est la raison pour laquelle le Chili s’est engagé à reconnaître aux migrants leurs droits.

M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine du Tchad, a affirmé que son pays a réalisé des progrès considérables dans la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.  Outre l’amélioration de la démocratie, le Ministre a cité l’amélioration du cadre juridique pour promouvoir l’accès à la santé et à l’éducation, notamment des femmes et des filles.  Il a cité la mise en œuvre des programmes de protection de l’environnement, en faveur des jeunes, pour les droits de la femme et favorables à l’accès à la santé productive.  Il s’est particulièrement félicité de l’adoption en 2002 d’une loi qui élargit la gamme des services de santé sexuelle.  En 2015, 15% du budget de l’État sera consacré à la santé, a-t-il promis, en réaffirmant l’adhésion du Tchad au nouveau Cadre d’actions au-delà de 2014. 

M. KEITH MITCHELL, Premier Ministre de la Grenade, a convenu que les défis en matière de développement exigent, pour les relever, une participation systématique de toutes les parties prenantes, donc un partenariat et un leadership mondial par le biais des Nations Unies.  Le Premier Ministre a dit l’engagement de son pays en faveur du Programme d’action du Caire et a appelé à l’inclusion des recommandations du rapport du Secrétaire général et des examens régionaux de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire dans le programme de développement pour l’après-2015.

M. GASTON BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a regretté que les résultats en matière de population et de développement ne soient pas à la hauteur de ce que l’on attendait il y a 20 ans.  Le niveau des inégalités entre pauvres et riches, entre les pays et au sein des pays est totalement « insoutenable », a-t-il dit, avant d’appeler les organisations internationales à accorder des prêts à des taux acceptables pour aider les pays en développement à combler leur retard.  Il s’est dit effrayé par la réalité du chômage des jeunes, avant de regretter, par ailleurs, que la communauté internationale n’ait pas réagi avec les moyens appropriés à la crise de l’épidémie d’Ebola.  Il a exhorté la famille des Nations Unies à mobiliser les moyens nécessaires pour aider les petits États comme Antigua-et-Barbuda à faire face au chômage des jeunes.  Ce qu’il faut c’est un effort mondial dans le long terme, a-t-insisté.      

M. WUNNA MAUNG LWIN, Ministre des affaires étrangères du Myanmar, a fait part de son attachement à l’exécution du Programme d’action du Caire et a appelé les États Membres à déployer plus d’efforts à cette fin.  Il a insisté sur l’importance du partenariat et a annoncé que, pour la première fois en 30 ans, le Myanmar avait organisé, en mars 2014, un recensement national afin de mieux planifier les programmes et mieux répondre aux besoins de la population.  Il en est ressorti que la population du pays compte une majorité de femmes et de nombreux jeunes.  Des programmes spéciaux seront donc élaborés à leur intention; le recensement ayant aussi permis au Gouvernement de collecter des données, entre autres, sur la mortalité maternelle et la migration.

M. IRAKLI GARIBASHVILI, Premier Ministre de la Géorgie, a indiqué que depuis l’adoption il y a 20 ans du Programme d’action du Caire, son pays avait réalisé des progrès considérables dans l’amélioration des conditions de vie de la population.  « Moins de femmes meurent en accouchant, davantage de grossesses non désirées sont empêchées et, de manière générale, les jeunes ont aujourd’hui plus d’opportunités que par le passé », a affirmé le dirigeant géorgien.  Il a attiré l’attention sur les efforts entrepris par son pays pour garantir à chaque citoyen un accès universel aux soins de santé de base.  « La Géorgie a également lancé une stratégie globale de protection sociale pour intensifier l’assistance portée aux personnes les plus pauvres et les plus vulnérables », a en outre souligné M. Garibashvili.  Il a annoncé à cet égard la mise en place d’un fonds de solidarité privé-public doté de ressources non budgétaires pour accroître l’aide aux plus pauvres. 

Concernant la situation des personnes handicapées, il a rappelé que son pays avait ratifié la Convention pertinente de l’ONU le 26 décembre 2013.  « Le 20 janvier dernier, le Gouvernement géorgien a adopté un nouveau plan d’action en vue d’assurer l’égalité des chances aux personnes vivant avec un handicap », a-t-il encore dit avant de s’attarder sur la situation des déplacés.  « Plus de 450 000 personnes ont été déplacées en Géorgie à cause des vagues successives de conflit », a notamment précisé M. Garibashvili, qui a déploré les violations du droit au retour des déplacés géorgiens.  « Le principal objectif de mon gouvernement demeure la promotion de l’intégration socioéconomique et l’amélioration des conditions de vie des déplacés jusqu’à ce que leur retour dans des conditions dignes et sûres soit possible », a-t-il déclaré.  Il a indiqué, qu’à cette fin, la Géorgie mettait en œuvre plusieurs plans d’action.

Pour M. FAURE ESSOZIMNA GNASSINGBÉ, Président du Togo, 20 ans après son adoption, le Programme d’action du Caire garde toute son importance.  Il a fait valoir les efforts togolais dans la plupart des domaines couverts par ce Programme, ce qui s’est traduit par des progrès notables dans le bien-être de la population.  Toutefois l’apparition de nouveaux défis liés à la mondialisation, aux différentes crises financières, aux changements climatiques, aux pandémies et à la croissance démographique a mis à mal l’économie et freiné la bonne mise en œuvre des programmes.  Le Togo s’est néanmoins doté des moyens nécessaires à la réalisation des objectifs de la Conférence du Caire, notamment d’un cadre institutionnel et juridique favorable à la croissance économique et à l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive. 

Entre 1998 et 2013, il a enregistré une baisse de 17% du taux de mortalité maternelle et de plus de 70% du taux de mortalité infantile, ainsi que d’une légère baisse de l’indice de fécondité et d’une diminution notable de la prévalence du VIH.  Avec une population où les jeunes représentent 60%, le Togo est face à un défi et, pour le relever, il a opté pour un système de volontariat et une incitation à l’entrepreneuriat pour faire reculer le chômage.  Face aux autres défis notamment ceux de la santé maternelle, de la mortalité néonatale et de la planification familiale, le Président a estimé que seule une approche multilatérale pouvait y apporter des solutions, approche pour laquelle l’ONU peut jouer un rôle important, selon lui.  Le Togo, a-t-il conclu, adhère entièrement à la position de l’Union africaine sur la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action au-delà de 2014, ce qui devrait se faire en cohérence avec les objectifs de développement durable en cours de finalisation.

Mme ISABEL DE SAINT MALO DE ALVARADO, Ministre des affaires étrangères du Panama, a noté que des millions de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté ces dernières années, avec un accès élargi à la santé et à l’éducation.  Elle a appelé à des efforts renouvelés de la communauté internationale pour assurer le plein exercice des droits économiques et sociaux de tous.  Elle a espéré que cette session extraordinaire permettra d’amener les délégations à travailler ensemble pour prendre conscience des défis démographiques et être en mesure d’y répondre grâce à un dialogue axé sur l’être humain en tant que sujet et objet du développement.  Elle a dit la nécessité de mettre l’accent sur les groupes les plus vulnérables dont les femmes et les filles, les personnes handicapées, les populations autochtones et les personnes âgées.

Elle s’est inquiétée de la persistance de profondes inégalités, arguant que la priorité de son gouvernement est la consolidation du système de protection sociale et un investissement massif dans le capital humain, dont des investissements dans la santé reproductive pour réduire les taux de mortalité maternelle et infantile au sein des populations autochtones. 

M. BARNABAS SIBUSIO DLAMINI, Premier Ministre du Swaziland, a déclaré que les grands axes politiques de son pays dans les domaines de la population, du genre et de la santé sexuelle et reproductive étaient ancrés dans les principes de la Conférence du Caire.  Il a ajouté qu’au plan législatif, le Swaziland avait adopté ces dernières années un ensemble de lois pour renforcer la protection des femmes et des filles, la lutte contre le trafic des êtres humains et le bien-être des enfants.  « Le pays a également adopté en 2005 sa Constitution qui consacre notamment une Charte des droits », a-t-il en outre précisé.  À son tour, il a mis en avant les programmes mis en œuvre pour répondre concrètement aux besoins en matière de planning familial comme de santé sexuelle et reproductive de tous les Swazis, « y compris les adolescents ». 

S’agissant de la lutte antisida, M. Dlamini a déclaré que les plus récentes enquêtes épidémiologiques indiquaient que la pandémie pouvait être maîtrisée si les moyens d’intervention actuels étaient renforcés.  Il a plaidé pour la promotion, auprès des adolescents et des jeunes, « de rites de chasteté et d’abstinence » et a conclu son allocution en exhortant les partenaires au développement à respecter, au-delà de 2014, les engagements financiers pris au titre du Programme d’action du Caire.

Malgré les progrès réalisés depuis 1994 et l’adoption du Programme d’action du Caire, Mme TARJA HALONEN, ancienne Présidente de la Finlande, s’est inquiétée de l’inégalité des progrès, de la violence à l’égard des femmes et des filles, des mariages forcés, des mutilations génitales et des avortements non médicalisés qui restent « la triste réalité ».  Si les gens ne peuvent pas décider eux-mêmes de leurs affaires privées, comment espérer qu’ils s’impliquent dans la gestion de leur collectivité et la protection de l’environnement? s’est-elle interrogée.  Elle a précisé que la Finlande a versé 58 millions de dollars au FNUAP en 2014, ce qui représente la plus importante contribution finlandaise à un organisme de l’ONU.

Il nous faut maintenant avancer courageusement dans la mise en œuvre du Programme d’action du Caire avec un appui encore plus fort aux services de santé reproductive et sexuelle, a-t-elle insisté, avant d’appeler à tout mettre en œuvre pour que chaque être humain puisse jouir de tous ses droits fondamentaux dont ses droits à la santé sexuelle et reproductive.

M. ENELE SOSENE SOPOAGA OBE, Premier Ministre de Tuvalu, a dit que le développement de son pays était limité par la petite taille du territoire, une population réduite, le peu de ressources naturelles, l’altitude par rapport au niveau de la mer, l’éloignement, les barrières commerciales, l’exposition aux crises mondiales, les catastrophes naturelles et une capacité d’adaptation limitée aux changements climatiques.  « Nous n’avons pas besoin d’autres chocs financiers ou d’autres défis environnementaux », s’est-il lamenté, même si son pays, avec l’aide de ses partenaires de développement, a fait des « gains significatifs » dans des domaines du développement et de la population comme l’éducation primaire, la mortalité infantile et la santé maternelle, la parité homme-femme, la lutte contre le VIH/sida, l’environnement et l’éradication de la pauvreté. 

Mais compte tenu de la petite superficie du pays, « un tiers de Manhattan », le contrôle de la croissance nette de la population est une priorité, a reconnu le Premier Ministre qui a ajouté que la capitale, Funafuti, concentre 57% de la population en 2014.  Cette concentration fait pression sur l’environnement déjà fragile, notamment sur l’accès à l’eau et à la nourriture, et la gestion des déchets, sans compter que pour les jeunes, le principal problème est l’emploi.  Le Gouvernement a choisi de les former dans les domaines techniques et maritimes, secteurs les plus offreurs d’emplois.

M. PROSPER BAZOMBANZA, Premier Vice-Président du Burundi, a, après avoir illustré les avancées de son pays en matière de dignité et des droits de l’homme, de santé, de santé sexuelle, et de population et de développement, indiqué que pour les années à venir, il s’agira d’accélérer les progrès vers l’accès universel à des services de santé sexuelle et reproductive de qualité et la jouissance des droits en la matière, en veillant à l’information et à l’éducation complètes des adolescents et des jeunes.  Il s’agira aussi d’adopter et d’appliquer des politiques pour réduire la mortalité maternelle, infantile et néonatale et d’accroître le taux de prévalence contraceptive à 60% au moins à l’horizon 2025.  Le Vice-Président a demandé que les conclusions et les recommandations du rapport du Secrétaire général, qui font état d’une « vision novatrice », soient incluses dans le programme de développement pour l’après-2015.

M. RASHID MEREDOV, Ministre des affaires étrangères du Turkménistan, s’est félicité de la décision de l’ONU de lancer un mécanisme de consultations nationales pour définir le programme de développement pour l’après-2015.  Il a expliqué qu’en janvier 2013, son gouvernement avait établi le Groupe de travail conjoint Turkménistan-Nations Unies dans le but de préparer et présenter des propositions en la matière.  Le Gouvernement a tout fait pour exploiter le potentiel de sa société et mettre en œuvre les objectifs de la Conférence du Caire.  Des programmes d’envergure ont été lancés dans les domaines de la santé, de la maternité et de la protection de l’enfance; le Turkménistan travaillant, de manière rapprochée, avec les agences spécialisées de l’ONU dont le FNUAP.

M. Meredov a rappelé que le Turkménistan a été un des premiers pays à adopter un programme national pour la santé reproductive.  Le pays a également adopté de nombreuses mesures pour protéger les droits des migrants, des réfugiés et des apatrides, a ajouté le Ministre, avant d’annoncer que, pour l’avenir, son gouvernement compte centrer ses efforts sur les liens entre migration, santé publique, urgences et traite des êtres humains.

M. JOHN DRAMANI MAHAMA, Président du Ghana, a cité des progrès considérables réalisés par son pays pour mettre en œuvre le Programme d’action du Caire.  Le Ghana a avancé dans le domaine de la protection sociale et notamment dans l’autonomisation des femmes, reconnues comme agent du changement.  La mortalité maternelle diminue constamment depuis 20 ans et a atteint un niveau de 350 morts pour 100 000 naissances en 2010.  Plusieurs mécanismes ont été mis en place pour réduire encore la mortalité maternelle et infantile, a assuré le Président, avant de rappeler l’annonce que son pays vient de faire sur la construction de 15 polycliniques qui devraient élargir l’accès à la santé dont la santé sexuelle.  La planification familiale du Ghana a en effet permis d’éviter 250 000 grossesses non voulues et 1 500 morts parmi les mères en couche.  

M. JUAN ORLANDO HERNANDEZ, Président du Honduras, a dit que son pays mettait l’accent sur les groupes vulnérables dans la mise en œuvre du Programme d’action du Caire au-delà de 2014.  Nous avons fait de grandes avancées en matière de réduction de la mortalité infantile et maternelle, a-t-il dit, et l’espérance de vie s’est améliorée.  Le Président a mis l’accent sur une loi sur l’égalité des chances et l’objectif de réserver 50% des postes publiques aux femmes.  Les lois sur les grossesses précoces et l’emploi des jeunes ont déjà eu une incidence positive sur des millions de jeunes, s’est-il réjoui.  Entre 2015 et 2115, la proportion de la population active dépassera le pourcentage de la population dépendante, ce qui créera un potentiel de création de richesses.

M. IVICA DAČIĆ, Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a indiqué que le vieillissement de la population est le phénomène démographique le plus remarquable que connaît le pays.  Il a aussi expliqué que la situation économique dans laquelle se trouve le pays avait provoqué une baisse du taux des naissances.  Le fait que la Serbie compte actuellement un travailleur pour chaque retraité, alors que ce taux était de 4 pour un il y a 30 ans, est particulièrement préoccupant.  M. Dačić a parlé de la création, en 2007, du Conseil sur le vieillissement et le troisième âge, chargé d’assurer la mise en œuvre des politiques pertinentes du Gouvernement.  Ce dernier accorde également la plus haute attention à l’autonomisation des femmes; le nombre de femmes occupant des postes de direction étant en hausse et le taux de mortalité des femmes enceintes ou en couche correspondant dorénavant à la moyenne dans le reste de l’Europe.

Le Ministre a aussi parlé de la migration, faisant notamment savoir que 30 000 Serbes, en majorité des jeunes et des diplômés du troisième cycle, quittent le pays chaque année.  Il est d’autant plus difficile pour nous d’accepter ce fait qu’à la fin du XIXe siècle, la Serbie avait le deuxième influx le plus important d’immigrants au monde, juste derrière les États-Unis, a commenté M. Dačić.  Il a appelé les États Membres à appuyer son gouvernement dans l’élaboration de stratégies nationales pour le développement et la population, dont la santé reproductive.

Mme NATALIA GHERMAN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République de Moldova, a dit avoir constaté que la mise en œuvre du Programme d’action du Caire a connu des résultats positifs dans le pays où l’arsenal juridique a été adapté.  C’est le cas de la République de Moldova qui a tenu compte, ce faisant, de son intégration à l’Europe et qui fait des droits de l’homme le socle de toute politique de développement.  Le pays, a-t-elle affirmé, est prêt à partager son expérience et ses meilleurs pratiques, en particulier avec les pays d’Europe du Sud.  La Ministre a aussi plaidé pour que l’on aide les migrants dans leur quête pour une vie meilleure et insisté sur le fait qu’une bonne politique de développement doit se fonder sur des données fiables.

Mme LEMINA MOMA, Ministre de la population, de la famille et de l’enfance de la Mauritanie, a dit que, dans son pays, la mise en œuvre du Programme d’action du Caire s’est traduite par des stratégies axées notamment sur une politique démographique à l’horizon 2O15.  Cette stratégie repose sur le secteur de l’éducation, en particulier celle des filles, les besoins particuliers des groupes vulnérables et la lutte contre la violence contre les femmes et les filles.  Le chantier est inachevé, a reconnu la Ministre qui a ajouté que l’objectif ultime est d’améliorer la condition de vie et le bien-être des générations futures.   

M. MAHENDRA BAHADUR PANDEY, Ministre des affaires étrangères du Népal, a souligné les écarts importants qui persistaient entre pays dans la réalisation du Programme d’action de 1994, en particulier pour ce qui est des pays les moins avancés (PMA).  Il a demandé des évaluations objectives des progrès réalisés et la mobilisation d’un soutien politique pour des actions concrètes aux plans national, régional et mondial.  Le Népal, qui a participé à la revue mondiale pour l’après-2014, a mis en place des programmes conformes à ses principes, notamment le Plan sur la population 2010-2013 qui intègre des questions de population et de développement dans les politiques de développement nationaux et sous-nationaux.  Pour le Népal, la priorité va à l’élimination de la pauvreté et au développement social et humain ainsi qu’à la protection des droits des groupes les plus vulnérables comme les femmes, les enfants, les personnes handicapées et les personnes âgées.  Le Ministre a mis l’accent sur le dividende démographique et sur la contribution des travailleurs migrants au développement des pays de destination et d’origine.

Mme KAMLA PERSAD-BISSESSAR, Premier Ministre de Trinité-et-Tobago, a souligné les domaines d’activité principaux de son gouvernement, soulignant que l’être humain est placé au centre de tous les efforts.  Une portion importante des ressources budgétaires est consacrée à l’éducation et aux programmes en faveur des femmes, en particulier les mères célibataires.  Ayant déjà réalisé l’OMD relatif à l’éducation, le but est maintenant celui « d’OMD Plus ».  Les enfants nés de familles défavorisées doivent pouvoir compter sur l’aide de leur gouvernement, s’est expliquée le Premier Ministre.  Les défis sont là mais les futures générations ont besoin d’égalité et d’équité.  Les partenaires au développement doivent donc contribuer au renforcement de la faculté des pays à mettre en œuvre leurs politiques.  Des programmes sont développés pour traiter des soins prénataux et néonataux et assurer ainsi que le pays n’abandonne personne à son sort.  Des investissements sont également prévus pour renforcer le respect des droits de l’homme car une approche holistique qui reconnaisse l’importance de ces droits et qui tienne compte de la dynamique des populations est plus que jamais nécessaire, a conclu le Premier Ministre.

Mme AIUBA CUERENEIA, Ministre du plan et du développement du Mozambique, a estimé que les droits à la santé sexuelle et reproductive méritent une attention particulière, et par exemple, la création d’établissements auxquels les jeunes auraient facilement accès.  Les inégalités entre les sexes commencent à être corrigées au Mozambique mais d’autres progrès sont nécessaires, a reconnu la Ministre.  Le respect des droits de l’homme et l’égalité entre les sexes ainsi que l’amélioration des conditions de vie de la population exigent une attention soutenue de la part des gouvernements, a-t-elle prévenu.

Mme LILIANE PLOUMEN, Ministre du commerce extérieur et de la coopération au développement des Pays-Bas, a dit que nous devons être fiers de ce qui a été fait depuis 20 ans notamment dans l’amélioration de l’accès à la santé, en particulier pour les femmes et les filles.  Mais nous ne pouvons pas rester les bras croisés et laisser le Programme d’action inachevé car la mortalité de femmes et de filles reste élevée dans plusieurs pays.  Il faut renouveler les promesses sur l’éducation sexuelle pour tous, mettre fin aux mariages précoces des jeunes filles et combattre les mutilations génitales féminines.  Il faut s’en donner les moyens.  Ce n’est pas facile mais il faut avoir un dialogue ouvert sur la base du Programme d’action du Caire, a exhorté la Ministre.

M. MOHAMMED NASIM, Ministre de la santé et du bien-être de la famille du Bangladesh, a indiqué que depuis la Conférence du Caire, son gouvernement avait réussi à atteindre un taux de fertilité de 2,3 par femme.  Il a ajouté que 32% des accouchements sont effectués en présence de professionnels et que ce taux devrait atteindre 50% en 2015.  Le Gouvernement espère aussi atteindre d’ici à 2015 un taux de 72% de prévalence de contraception et faire passer de 13,5% à 8% les besoins en planning familial qui ne sont pas satisfaits.  Le Ministre a expliqué que le Bangladesh centre actuellement ses efforts sur les services grâce à 13 000 cliniques communautaires.  Des succès certains ont été rencontrés en déléguant la planification au niveau local, a-t-il précisé.

La priorité est également accordée à la lutte contre le mariage précoce et le Gouvernement s’est engagé à faire respecter la loi contre le mariage des enfants.  Des mesures récentes prévoient notamment d’infliger une peine de deux ans aux parents qui contraignent leurs adolescentes à se marier.  M. Nasim a souligné que la question du financement représente un défi de taille et a insisté sur la nécessité pour les pays les moins avancés (PMA) d’obtenir un appui financier, technique et technologique afin de répondre aux exigences du développement, à commencer par les maladies non transmissibles et les changements climatiques.

Mme MAHABBAT BEKBOSYNOVA (Kazakhstan) a notamment souligné que son pays avait atteint, dès 2007, l’OMD relatif à l’éradication de l’extrême pauvreté et de la faim.  « Cette année, nous avons réalisé l’Objectif 5 en faisant reculer la mortalité maternelle de 55 pour 100 000 naissances en 1999 à 12,6 en 2013 », s’est-elle ensuite félicitée.  Après avoir souligné que l’ambition du Kazakhstan était d’offrir à la jeune génération les moyens de réaliser pleinement son potentiel et de répondre aux besoins et exigences de la nouvelle économie, Mme Bekbosynova a mis l’accent sur la nécessité de renforcer l’efficacité des institutions.  « L’évolution démographique exige que nous améliorions la planification des villes et leur durabilité et que nous renforcions les liens entre les villes et les campagnes », a par exemple estimé l’oratrice.  Enfin, la responsable kazakhe a demandé qu’il soit tenu compte des conclusions et recommandations du Secrétaire général dans l’élaboration du programme de développement pour l'après-2015.

M. MOGES JENSEN, Ministre du commerce et de la coopération au développement du Danemark, a estimé que le Programme d’action du Caire a considérablement amélioré la vie de beaucoup de gens mais que beaucoup d’autres ont été abandonnés à leur sort.  Les droits à la santé sexuelle et reproductive sont des conditions préalables à l’élimination de la pauvreté et au développement durable, a tranché le Ministre.  Il est impératif de mettre fin aux grossesses non désirées, à la mortalité maternelle, aux mutilations génitales féminines et aux mariages précoces et forcés.  Le rapport du Secrétaire général, a-t-il affirmé, montre que les gouvernements ont reconnu que l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive intégrée doit être une priorité dans le programme du développement pour l’après-2015.  Une éducation sexuelle complète est un outil très efficace pour lutter contre les grossesses non désirées et pour éviter les morts inutiles dues à un avortement pratiqué dans des conditions dangereuses, l’interruption de grossesse doit devenir légale.  Le Danemark, a promis le Ministre, continuera à apporter son ferme appui au Programme d’action du Caire.  L’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes doit être un élément central du programme de développement pour l’après-2015, a-t-il insisté.

M. SALIM MUSLIMOV, Ministre du travail et de la protection sociale de l’Azerbaïdjan, a tout d’abord souligné les difficultés économiques découlant de l’occupation par l’Arménie du territoire national.  Il a ensuite indiqué que le Président de l’Azerbaïdjan avait incorporé les objectifs du Caire dans sa politique économique.  Il a cité les bons indicateurs sociodémographiques de son pays, se félicitant en particulier de l’augmentation de l’espérance de vie.  Il a en outre attiré l’attention sur une nouvelle politique démographique visant à conforter les bons résultats enregistrés jusqu’à présent.  J’espère que les générations d’aujourd’hui jetteront les bases d’un programme d’action au-delà de 2014 qui soit le plus inclusif possible, a-t-il conclu, promettant que son pays y prendrait toute sa part.

M. TOMMY REMENGESAU, Président des Palaos, a rappelé l’urgence qu’il y a à combattre l’augmentation démographique, porteuse de graves risques tant sanitaires qu’écologiques.  « Tant que nous ne regarderons pas en face le défi démographique, nous tournerons en rond », a-t-il prévenu, ajoutant que « la catastrophe nous attend au tournant ».  Il a affirmé que si la population mondiale cessait de s’accroître, l’émission de gaz à effet de serre diminuerait, les droits de l’homme seraient mieux protégés, la situation économique s’améliorerait et l’avenir pourrait mieux être planifié.  « C’est peut-être le défi le plus important auquel nous devons faire face, plus grave que les changements climatiques ou la persistance des conflits », a-t-il asséné, en en soulignant notamment l’impact pour les petits États insulaires en développement.  Il a en conséquence invité les délégués à voir la réalité en face et à faire de la réduction de la population mondiale un objectif prioritaire.

M. ANDRIS PIEBALGS, Commissaire européen au développement, a mis l’accent sur l’importance des droits et capacités individuels en tant que moteurs dans tous les domaines du développement, comme il ressort clairement de l’examen de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.  Cet examen a également prouvé à nouveau que la pauvreté et les inégalités restent les principaux défis à relever.  En dépit des progrès considérables dans certains domaines comme la mortalité infantile et maternelle, il ne saurait y avoir de véritables succès en termes de développement sans que les droits de l’homme, l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes ne soient reconnus comme conditions préalables à tout développement inclusif et durable.  De plus, tout progrès en termes de développement suppose la pleine participation des jeunes, des personnes âgées et des groupes marginalisés.

Au cours des 20 dernières années, l’Union européenne s’est attachée à promouvoir tous ces aspects ainsi que d’autres actions dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’eau potable et de l’assainissement, ce qui a contribué à une réduction significative des inégalités.  Consciente des interrelations entre développement et droits de l’homme, l’Union européenne reste déterminée à s’orienter vers une approche basée sur les droits dans sa politique de développement.  L’une des priorités pour le développement durable et l’élimination de la pauvreté pour l’après-2014 doit être l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive dans le cadre de services intégrés et de qualité.  

L’Union européenne et ses États Membres poursuivent une politique active de promotion de l’égalité entre les sexes et de tolérance zéro face aux mutilations génitales féminines.  L’Union travaille avec ses partenaires dans le monde pour venir à bout de la violence basée sur le genre, y compris les mariages précoces.  Pour faire face aux dynamiques de population, elle préconise une approche basée sur les droits et des politiques qui tiennent compte des spécificités de genre ainsi que des investissement dans le capital humain tout au long de la vie.  Elle encourage, dans ce cadre, la collecte des statistiques sur la population. 

Mme PASCALE BOISTARD, Secrétaire d’État chargée des droits des femmes de la France, a dit que dans la perspective du programme de développement pour l’après-2015, les femmes devraient avoir le droit de disposer de leur corps, donc le droit à l’éducation et à l’information pour pouvoir choisir librement la contraception.  La France propose le droit universel à la santé sexuelle et reproductive, a réaffirmé Mme Boistard qui a également réclamé « l’égalité réelle » pour les femmes pour qu’elles puissent maîtriser leur destin.

M. JEAN ASSELBORN, Ministre des affaires étrangères et européennes du Luxembourg, a indiqué que son pays respecte et met en œuvre les principes et les recommandations du Programme d’action de la Conférence du Caire tant au niveau de ses politiques nationales qu’au niveau de ses politiques de coopération au développement et d’action humanitaire.  Il a rappelé que l’éradication de la pauvreté reste l’objectif fondamental de tout effort de coopération au développement, mais qu’elle doit être équitable et universelle.  Il a plaidé en faveur des droits sexuels et reproductifs et précisé que l’égalité des genres était une priorité transversale de la coopération luxembourgeoise.  Nous soutenons aussi, a-t-il ajouté, un grand nombre de projets spécifiques, notamment dans la lutte contre les violences basées sur le genre et les mutilations génitales féminines.  Le Ministre a aussi indiqué soutenir les efforts visant à donner accès à une éducation primaire et secondaire de qualité à tous les jeunes et à garantir leur transition dans le monde de l’emploi.  Le monde de l’après-2015 doit être libéré de toute stigmatisation et discrimination, a-t-il aussi recommandé.

M. Asselborn a par ailleurs prôné le renforcement des systèmes de santé, afin qu’ils soient complets et permettent d’éliminer les barrières économiques et sociales.  Le Ministre a insisté pour que les femmes aient un accès universel et équitable aux soins de santé sexuelle et reproductive sans discrimination ni stigmatisation.  Il a parlé de la nouvelle stratégie sectorielle du Luxembourg en matière de santé dans laquelle la santé sexuelle et reproductive sous toutes ses formes prend une place fondamentale et constitue un des piliers de la couverture santé universelle.  Le Ministre a ensuite appelé à maîtriser l’urbanisation en appliquant des solutions de développement durable et en trouvant un équilibre entre les poussées migratoires et le respect des droits et libertés fondamentales des migrants. 

La crise vient des pays développés mais ce sont les pays en développement qui payent le prix de la pauvreté, s’est indigné M. BRUNO RODRIGUEZ PARILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba.  Des millions d’êtres humains déjà victimes de la faim n’ont pas non plus accès à la santé ou à un logement décent.  Les riches continuent de spolier les ressources non renouvelables de la planète, mettant en danger l’environnement humain.  Pour sa part, Cuba compte tenir ses engagements en matière de développement et de population, notamment dans le cadre du Consensus de Montevideo. 

M. GERD MÜLLER, Ministre fédéral de la coopération économique et au développement de l’Allemagne, a rappelé que 300 000 femmes étaient mortes en 2013 en raison de complications liées à un accouchement et que 200 millions de femmes dans les pays en développement n’avaient pas accès à un moyen de contraception.  « L’Allemagne a apporté 4,3 milliards de dollars sur les 20 dernières années afin de mettre en œuvre le Programme d’action du Caire », a-t-il poursuivi, en soulignant que la dignité humaine est inviolable et que l’égalité des sexes doit devenir réalité.

M. SÉKOU TRAORÉ, Ministre du plan de la Guinée, a tout d’abord tenu à remercier la communauté internationale pour l’élan de générosité dont elle fait montre dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola qui frappe l’Afrique de l’Ouest.  Il a rappelé que 52% des Guinéens sont des femmes, dont une grande majorité d’analphabètes pauvres.  « Sept cent vingt-quatre décès de femmes sont enregistrés pour 100 000 naissances », a-t-il déploré, avant de rappeler qu’une grande majorité des femmes de son pays avaient subi des mutilations génitales.  Le Ministre a insisté sur la prise en compte de la dynamique démographique dans les politiques de développement.  Il a exhorté les pays concernés, s’ils veulent empocher le « dividende démographique », à prendre les décisions qui s’imposent dans les domaines de la bonne gouvernance et de la protection de l’environnement.  Concernant le Cadre d’action au-delà de 2014, il a invité les délégués à repenser le rôle de l’Afrique sur la scène internationale.

M. ARNOLD NICHOLSON, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, a dit que, dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015, le Programme d’action du Caire doit continuer de donner la priorité à la résilience des populations, la lutte contre les changements climatiques, la santé et l’éducation.  La Jamaïque s’est dotée d’un plan d’action pour la population jusqu’en 2015 et rejette l’idée de renégocier le Programme d’action, alors que les engagements pris n’ont pas tous été tenus.

M. GUNNAR BRAGI SVEINSSON, Ministre des affaires étrangères de l’Islande, a dit qu’il faut encore et toujours insister sur l’éducation sexuelle des femmes.  Il faut 150 dollars pour former une fille à l’école primaire, a indiqué le Ministre qui n’a pas manqué de saluer le travail du FNUAP, notamment dans la lutte contre les mutilations génitales.  À son tour, il a rejeté l’idée de nouvelles négociations et de nouveaux engagements.  Il faut d’abord réaliser ce qui a été convenu au Caire, a tranché le Ministre. 

Mme HASNA BARKAT DAOUD, Ministre de la promotion de la femme de Djibouti, a indiqué que des quotas avaient été mis en œuvre dans son pays pour remédier aux lacunes constatées dans l’égalité des genres.  « La Cour suprême a une femme pour présidente », s’est-elle réjouie avant d’aborder la question de la lutte contre le VIH/sida.  Elle a indiqué que les tests de dépistage étaient gratuits et a reconnu une légère féminisation de la maladie.  La Ministre a affirmé que « le planning familial avait été sorti du cadre médical pour être rattaché à la politique d’autonomisation des femmes qui est la priorité de mon pays ».  Elle a détaillé la lutte contre la violence faite aux femmes, en particulier les mutilations génitales, indiquant notamment qu’un dialogue avec les autorités religieuses avait été mené afin de s’attaquer aux mutilations les plus graves. 

Mme JULIE BISHOP, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a rappelé que les femmes payaient le tribut le plus lourd dans les conflits armés, et ce, alors que les normes censées protéger leurs droits sont remises en question.  Elle a affirmé que la violence contre les femmes était un fléau mondial, avant de souligner l’engagement de son pays afin que l’égalité des genres, l’autonomisation des femmes et l’accès à la sexualité reproductive et sexuelle soient inclus dans le programme de développement pour l’après-2015.  Mme Bishop a indiqué que son pays s’était, en outre, engagé à faire en sorte que 80% de ses activités de développement aient l’égalité des genres comme l’une des priorités.  « L’Australie est l’un des seuls pays à avoir nommé un ambassadeur pour la question de l’autonomisation des femmes », a conclu la Ministre.

M. SODNOMZUNDUI ERDENE, Ministre de la population, du développement et de la protection sociale de la Mongolie, a indiqué que son pays avait réalisé des progrès significatifs en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes, se félicitant notamment du fait que le nombre de femmes politiciennes avait triplé.  Le pays est doté de plusieurs lois pour protéger les droits de l’enfant et le Président de la Mongolie s’est engagé, en 2013, à mettre un terme à la violence domestique.  M. Erdene a aussi parlé de la tenue, en 2013, de la Réunion nationale de haut niveau sur la population et le développement qui a débouché sur l’adoption de la Déclaration d’Oulan-Bator destinée à appuyer les efforts déployés par le Gouvernement pour mettre en œuvre le Programme d’action du Caire ainsi que les Objectifs du Millénaire pour le développement relatifs à l’autonomisation des femmes.

Au titre des défis qui persistent, le Ministre a indiqué que les efforts réalisés en matière de réduction de la mortalité maternelle et infantile doivent être davantage concrétisés.  Une meilleure planification urbaine s’impose et les disparités entre les milieux ruraux et urbains doivent être comblées.  L’absence de perspectives d’emplois pousse en outre de nombreux Mongols à migrer.

Mme NGUYEN THI KIM TIEN, Ministre de la santé du Viet Nam, a dit que depuis 20 ans, la mortalité maternelle a baissé de trois quarts et la fécondité a baissé de moitié dans son pays.  Le Viet Nam est en passe de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) 4 et 5 relatifs à la santé maternelle et infantile.  La priorité actuelle du Gouvernement est de réduire le déséquilibre au sein de la population notamment entre le nombre des jeunes et des personnes âgées, d’élargir l’accès aux services de santé des minorités ethniques et d’introduire des programmes d’éducation sexuelle dans le cursus scolaire.

Mme MAXINE MCCLEAN, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Barbade, a dit que la mise en œuvre du Programme d’action du Caire doit être une priorité du programme de développement pour l’après-2015.  Après avoir énuméré les progrès de la Barbade en matière de santé maternelle et infantile notamment les soins rétroviraux gratuits pour les femmes avec pour résultat de maintenir à 2% le taux de transmission mère-enfant, la Ministre a indiqué qu’il faut toujours continuer le combat contre la violence à l’égard des femmes.  À cet effet, il faut promouvoir l’égalité homme-femme, a-t-il dit, et dans le cadre du programme pour développement de l’après-2015, il faut renforcer l’accès aux données statistiques.  

Mme LI BIN, Ministre de la santé publique et de la planification familiale de la Chine, a rappelé que le programme de planification familiale mis en œuvre dans son pays avait permis la diminution de la population.  L’espérance de vie est passée de 69 à 75 ans en 25 ans, s’est-elle félicitée.  Elle a affirmé que l’amélioration du sort des femmes en milieu rural, par le biais notamment d’un meilleur accès aux services de base, figurait parmi les priorités de la Chine.  Elle a souhaité que les questions démographiques soient incluses dans les discussions relatives au programme de développement pour l’après-2015, tout en demandant que les pays en développement reçoivent un soutien accru.  Enfin, Mme Li Bin a indiqué que la Chine appuyait les efforts déployés par les pays d’Afrique de l’Ouest touchés par l’épidémie d’Ebola.

M. SARTAJ AZIZ, Ministre des affaires étrangères du Pakistan, a rappelé que son pays pourrait devenir le cinquième pays le plus peuplé d’ici à 2050, avec plus de 300 millions d’habitants.  Il a précisé que le taux de fécondité était en baisse sur les dernières années, ce qu’il a expliqué par la politique de contrôle démographique de son pays.  « La lutte contre la mortalité maternelle est un autre des engagements du Pakistan », a-t-il poursuivi.  M. Aziz a souhaité que les questions de population et de développement soient incluses dans les discussions relatives au programme de développement pour l’après-2015.

M. LUIS ALMAGRO, Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a fait part des efforts réalisés par son pays pour réduire la pauvreté et atteindre l’égalité économique et sociale, en créant la plus grande inclusion possible.  Ainsi la pauvreté, a-t-il précisé, a été réduite des deux tiers.  Il a mentionné le Plan national pour les urgences sociales et le revenu citoyen, destiné à aider la population indigente et les enfants scolarisés, ainsi que le Plan pour l’égalité qui restructure le système de protection sociale.  La mortalité infantile s’est également réduite, passant de 12,2% à 8,6% au cours des trois dernières années.  Le Ministre a aussi parlé de la santé sexuelle et reproductive dont les services incluent l’avortement et la procréation médicalement assistée.  La loi uruguayenne a en outre légalisé le concubinage et le mariage des personnes de même sexe. 

M. Almagro a fait part de ce que fait son pays pour protéger les droits des personnes handicapées et des minorités ethniques.  L’Uruguay, a-t-il ajouté, promeut l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme, en intégrant la dimension sexospécifique de manière transversale dans toutes les politiques.  Une nouvelle loi sur les migrants a permis de faciliter le retour des Uruguayens expatriés.  Le Ministre a rappelé, à son tour, le Consensus de Montevideo qui reconnaît les droits sexuels et reproductifs, le respect de l’orientation sexuelle et l’identité du genre, l’éducation sexuelle complète, ainsi que l’importance des services de santé sexuelle et reproductive. 

M. URMAS PAET, Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, a déploré le fait que pour trop de femmes et de jeunes, l’accès à l’éducation et à la santé soit une illusion.  L’Estonie, a-t-il affirmé, travaille à l’égalité entre hommes et femmes et l’autonomisation des femmes et des filles.  Quelque 165 millions d’euros ont été consacrés à la lutte contre la violence contre les femmes et dans les années à venir, deux ONG estoniennes vont travailler en Afghanistan pour aider à améliorer l’éducation des femmes, et au Yémen, dans des programmes pour les femmes et les filles risquant un mariage précoce. 

Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT, Ministre des affaires étrangères du Guyana, a indiqué que son pays accorde la priorité à l’éradication de la pauvreté, l’amélioration des services de protection sociale, l’égalité homme-femme, l’autonomisation des femmes et l’égalité des chances.  La Ministre a aussi parlé de l’attention particulière accordée aux personnes âgées et aux exclus.  Le Guyana dispose de peu de moyens mais des progrès ont été possibles grâce à l’appui des partenaires.  Beaucoup reste à faire s’agissant des investissements dans les jeunes, en particulier la formation et l’apprentissage.  Les migrations constituent un autre dilemme sérieux pour le Guyana qui explore toutes les initiatives pouvant faire revenir les compétences guyanaises de l’étranger, a souligné la Ministre.

Mme DATO’ SRI ROHANI ABDUL KARIM, Ministre de la condition féminine, de la famille et du développement communautaire de la Malaisie, a annoncé que la Malaisie a réalisé la plupart des objectifs du Programme d’action du Caire.  Elle a ajouté que des politiques et programmes sont mis en place en ce moment afin de faire face à des conditions socioéconomiques en mutation et aux défis auxquels le pays fera face, dans la perspective de son passage à la catégorie des pays développés à l’horizon 2020.  Les facteurs du succès des politiques malaisiennes sont notamment la stabilité politique, une fonction publique efficace, une main-d’œuvre qualifiée, des ressources naturelles abondantes et des partenariats efficaces entre le Gouvernement, le secteur privé et les ONG.  Tous ces facteurs, a-t-elle relevé, ont conduit à une réduction significative de la pauvreté et à une couverture plus large des services de base tels que la santé et l’éducation.

Selon la Ministre, les politiques et programmes mis en place ont également permis une plus grande participation des femmes, que ce soit dans l’éducation où, par exemple, 68% des nouveaux étudiants à l’université sont des femmes pour 2013-2014, ou dans le domaine du travail où 52,2% des 264 entrepreneurs ayant bénéficié de microcrédits sont des femmes.  La Ministre a par ailleurs fait valoir les nombreux succès qu’a connus le secteur de la santé.  Ainsi, le pays, s’est-elle félicitée, a l’un des taux les plus bas de mortalité s’agissant des pays en développement, soit 4,6 décès pour 1 000 habitants.  En 2013, le pays était crédité d’une espérance de vie de 72,6 ans.  Parmi les problèmes auxquels le pays est confronté, Mme Abdul Karim a cité la baisse du taux de fécondité et le vieillissement de la population.  Elle a indiqué que des politiques de prise en charge des personnes âgées sont mises en œuvre.

M. ANDRES NAVARRO GARCIA, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a dit que l’adoption du Programme d’action du Caire a contribué à élargir le cadre du droit de la personne en République dominicaine, en relevant la conscience humaine dans le développement humain.  Il a indiqué que les progrès réalisés par la République dominicaine sont démontrés par l’évolution de son indice de développement.  Comme 38% des Dominicains ont entre 10 et 29 ans, le pays a mis l’accent sur les investissements dans les domaines de l’éducation et de la santé, et dans la réduction de la mortalité infantile et maternelle.  Il a cité une initiative visant à réduire le nombre de grossesses précoces grâce à une coopération avec la Banque américaine de développement.  Il a aussi cité l’objectif d’un accès universel à l’alimentation dans les écoles.  Il reste encore beaucoup à faire notamment en ce qui concerne l’élimination de la violence à l’égard des femmes.  

Mme LYNNE YELICH, Ministre d’État et des affaires étrangères et consulaires du Canada, a justifié la « clairvoyance » du Programme d’action du Caire par le fait qu’il soulignait l’importance de placer le bien-être de la personne au centre des enjeux de la population et du développement et qu’il reconnaissait que les succès durables seraient réalisés seulement si l’on aborde d’un seul front les questions relative aux populations, aux droits de la personne, à la croissance économique et au développement durable.  Pour le Canada, la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants demeure la priorité absolue en matière de développement, engagement réaffirmé par le Premier Ministre lors du sommet « Sauvons chaque femme, chaque enfant » en mai dernier à Toronto.  Cet engagement a été prouvé par l’allocation d’un budget additionnel de 3,5 milliards de dollars d’ici à 2020. 

La Ministre a également insisté sur la nécessité de mettre un terme à la pratique des mariages précoces et forcés des enfants.  Elle s’est dite encouragée de voir certains pays, où ces pratiques ont une forte prévalence, commencer à en parler et à prendre des mesures pour y mettre fin.  L’éducation et l’égalité des droits entre garçons et filles sont, selon elle, les pierres angulaires du développement et sont au cœur des programmes de protection de l’enfance canadiens.  Le Canada estime qu’une croissance économique et un développement durables sont possibles tout particulièrement lorsque tous les partenaires y participent.  C’est la raison pour laquelle le Gouvernement canadien collabore avec le secteur privé et la société civile pour susciter l’innovation et faire des investissements plus importants dans les pays en développement ainsi que pour élargir la portée de ses programmes et atteindre des résultats durables, a-t-elle expliqué.  Le Gouvernement soutient l’idée de systèmes résilients d’enregistrement des actes d’état civil et des statistiques parce qu’ils aident à transformer l’ensemble des programmes de développement durable.  Pour le Canada, les orientations définies par le Programme d’action du Caire demeurent d’actualité et les leçons tirées de la collaboration holistique devraient orienter les efforts à déployer après 2014.

Mme DUNYA MAUMOON, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a indiqué que son pays est sorti de la liste des PMA pour devenir un pays à revenu intermédiaire grâce à d’énormes efforts de lutte contre les inégalités.  La violence à l’égard des femmes reste un défi et le Gouvernement élabore actuellement un projet de loi sur la parité entre les sexes qui traitera de toutes les discriminations dont peuvent être victimes les femmes.  La Ministre a cité le lancement d’un recensement, il y a quelques jours, qui devrait permettre aux Maldives d’affiner leur lecture des besoins de la population.  Si le capital humain constitue la ressource la plus précieuse d’une nation, les Maldives sont attachées à protéger tout particulièrement les femmes et les enfants pour leur permettre de s’épanouir dans les meilleures conditions.

Mme HILLEVI ENGSTROM, Ministre de la coopération internationale au développement de la Suède, a demandé que le Programme d’action du Caire figure dans le programme de développement durable pour l’après-2015.  Elle s’est émue de ce que, chaque année, « 800 femmes meurent au cours de leur grossesse: ces drames devraient être évités grâce aux moyens dont nous disposons ».  « Les femmes restent systématiquement discriminées dans toutes les sociétés du monde alors que le développement durable ne saurait être atteint sans la pleine participation de la moitié de la population humaine », a-t-elle souligné.  Pour la Ministre suédoise, le programme de développement durable pour l’après-2015 devra faire de l’égalité des sexes un objectif à part entière et élaborer d’autres objectifs spécifiques relatifs aux droits sexuels, « y compris celui de pouvoir choisir son conjoint, de pouvoir disposer de son propre corps ou de décider librement quand avoir des enfants ».  Mme Engstrom a estimé que la communauté internationale avait besoin d’un nouveau consensus sur ces questions cruciales.

Mme CECILIA VACA, Ministre du développement social de l’Équateur, a notamment rappelé que, de tout temps, son pays a toujours été soucieux de progrès social et de l’unité.  « Ce véritable pacte social et politique a permis, ces dernières années, de réduire de manière considérable l’extrême pauvreté, qui touche aujourd’hui moins de 8% de la population totale ».  L’accès universel à l’éducation de base a été réalisé et celui à l’enseignement supérieur a été démocratisé au moyen, entre autres, de la gratuité de l’enseignement et de la promotion du mérite, a expliqué Mme Vaca.  Pour cette dernière, les acquis doivent refléter la volonté politique des États de placer au cœur des dispositifs le bien-être de l’être humain, « et ce dès sa naissance ». 

M. MICHEL BLOKLAND, Ministre de la santé du Suriname, a indiqué que son gouvernement avait réalisé des avancées notables dans les domaines de l’accès à l’éducation et à la santé maternelle et dans la sensibilisation au VIH/sida.  Une législation spéciale a été adoptée pour lutter contre la violence faite aux femmes.  Le Ministre a reconnu que le Suriname connaît un taux important de grossesses chez les adolescentes, phénomène qui les empêche d’atteindre leur plein potentiel.  La prévalence de maladies non transmissibles est un autre problème en hausse, notamment l’obésité et l’hypertension.  Le pays connaît en outre un taux « inacceptable » de violence sexiste.  M. Blokland a appelé à un véritable partenariat international pour lutter contre la pauvreté, à l’origine de nombreux maux.

M. OLEG MUSIY, Ministre de la santé de l’Ukraine, s’est particulièrement inquiété des conséquences de la guerre sur la population et les objectifs de développement.  Il a fustigé le comportement de la Fédération de Russie qui appuie les séparatistes et les terroristes au mépris du droit des populations.  Nous sommes un État pacifiste et nous avons désormais beaucoup de peine à garantir la santé de nos citoyens en raison de la tentative d’occupation de notre territoire par la Fédération de Russie.  « Parce que la terre est notre maison commune, le problème de la population ne peut plus être le problème d’un seul pays », a-t-il insisté. 

M. GAMINI L. PEIRIS, Ministre des affaires étrangères du Sri Lanka, a expliqué que la population de son pays croît au taux annuel de 0,8% et que selon les projections, d’ici à 2041, 24,8% de la population sera âgée de plus de 60 ans et 15,2% de moins de 15 ans.  La population active représentera 60% de la population totale, un « bonus démographique ».  Le Gouvernement met donc l’accent sur l’éducation, l’approvisionnement en eau et le développement des zones rurales où vit 80% de la population.  Des avancées notables ont pu être réalisées dans les domaines de l’accès à l’éducation primaire et de l’assainissement.  Le taux de mortalité maternelle et infantile a également chuté.

M. Peiris a indiqué que le Sri Lanka affronte de nouveaux défis, notamment une hausse des maladies non transmissibles, le vieillissement de la population et la nécessité de répondre à la situation des jeunes.  Il a précisé que 39% des dépenses publiques de santé sont consacrées au traitement et à la prévention des maladies non transmissibles et que des stratégies ont été lancées pour prévenir les plus importants facteurs de risque dont le tabagisme, la mauvaise alimentation et le sédentarisme.  Le Ministre a aussi parlé du Secrétariat national des personnes âgées qui, a-t-il précisé, a lancé des programmes pour permettre à ces dernières d’accéder à des soins de qualité et à des activités rémunératrices, entre autres.  Une campagne nationale a par ailleurs été lancée pour réduire le taux de transmission du VIH/sida de mère à enfant.  En outre, 76,9% des jeunes vivant en zone rurale, le Gouvernement déploie des efforts notables pour favoriser leur productivité.  Le Ministre a rappelé qu’en 2013, le Sri Lanka avait appelé l’ONU à déclarer « une journée internationale des compétences ».

M. PHANDU T. C. SKELEMANI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Botswana, a, après avoir énuméré les réalisations de son pays, déploré le fait que le statut à revenu intermédiaire du Botswana ait fait diminuer l’appui des donateurs.  Des efforts délibérés devraient être faits pour encourager l’appui des partenaires au développement à la mise en œuvre du Programme d’action du Caire au-delà de 2014.

Mme OLGA MARTA SÁNCHEZ OVIEDO, Ministre du plan et de la politique économique du Costa Rica, a cité, parmi les conditions indispensables d’un développement durable et inclusif, l’égalité des sexes, l’accès à la santé sexuelle et reproductive, les droits sexuels et reproductifs ainsi que les droits et l’autonomisation des personnes âgées et des jeunes.  Le Costa Rica a beaucoup progressé depuis 1994, grâce à l’adoption de lois, politiques et mécanismes institutionnels sur les thèmes de l’égalité du genre, de la lutte contre la violence faite aux femmes, du VIH, de l’enfance, de l’adolescence et de la vieillesse.  Nous assurons la promotion des droits de l’homme dans toutes leurs dimensions, a-t-elle précisé.

Selon la Ministre, il reste un grand chemin à parcourir pour la pleine réalisation des droits de l’homme de toutes les personnes.  Elle a souhaité, à cette occasion, réaffirmer les valeurs et principes de la Conférence du Caire et du Consensus de Montevideo.  Elle a indiqué que son pays luttait contre la pauvreté, les inégalités et l’exclusion, en promouvant le développement durable, la conservation de la biodiversité, ainsi que l’éducation sexuelle dès l’enfance.  Les discussions sur le programme de développement pour l’après-2015 sont le moment propice pour renouveler les engagements nationaux pris au Caire et à Montevideo, a-t-elle conclu.

M. JEAN-PASCAL LABILLE, Ministre des entreprises publiques et de la coopération au développement chargé de la politique urbaine de la Belgique, s’est dit préoccupé par les défis qui subsistent dans la poursuite du Programme d’action.  « Il faut une approche inclusive qui intègre tous les individus sans discrimination », a-t-il affirmé, avant de souligner les nombreuses lacunes concernant les jeunes.  Les investissements ciblés sur les jeunes dont l’éducation de qualité, y compris l’éducation sexuelle, sont les investissements les plus efficients, a-t-il poursuivi.

Il a également déploré que le taux de mortalité maternelle dû aux grossesses précoces et à la morbidité reste élevé particulièrement.  Le Ministre a cité les progrès importants accomplis par son pays au cours de ces 20 dernières années.  Il a jugé indispensable de mieux intégrer la dynamique des populations dans la planification du développement, en prenant en compte le défi de la croissance démographique.

Mme MERCEDES DEL CARMEN GULLEN VICENTE, Vice-Ministre de la population, de la migration et des affaires religieuses du Mexique, a dit que l’objectif de l’inclusion sociale constitue la stratégie principale du Mexique pour lutter contre la pauvreté et les inégalités.  Elle a cité la garantie d’un accès universel à l’éducation primaire et secondaire et les objectifs ambitieux en matière d’autonomisation des femmes et d’éducation des filles.

M. MONGI HAMDI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a indiqué que la Conférence du Caire avait marqué une étape importante sur la voie du développement durable.  « À la suite de cette Conférence, des progrès importants ont été réalisés, mais des inégalités persistent, frappant certaines catégories parmi les plus vulnérables de la population, dont les femmes et les filles », a-t-il ajouté avant de rappeler l’attachement de la Tunisie au plein respect des droits à la santé et à l’éducation pour tous et à la réalisation de l’égalité entre les sexes.  « Nos politiques nationales de population sont ancrées dans les principes du Programme d’action du Caire », a-t-il souligné, rappelant que son pays avait su, en pleine période de transition, engager les réformes sociales et économiques nécessaires pour parvenir à combler les inégalités les plus intolérables.  « Les principes républicains éclairent notre nouvelle Constitution », a-t-il encore dit avant d’estimer que les États Membres devraient saisir l’opportunité de l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015 afin d’évaluer l’ensemble des mesures prises aux niveaux national et régional.  

M. SAMURA M.W. KAMARA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone, a indiqué qu’en dépit de l’irruption de la maladie à virus Ebola, des progrès avaient néanmoins pu être réalisés en ce qui concerne l’accès aux soins de santé de base.  Le recours aux méthodes modernes de planification familiale a permis de faire baisser le taux de fertilité de 5,1% à 4,9%, tandis que le nombre d’accouchements effectués dans un centre médical est passé de 25% à 56%.  Il a aussi indiqué que l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticides était passée de 26% à 49%.

M. Kamara s’est félicité du fait que les femmes occupent 12,4% des sièges du Parlement et qu’elles représentent 65,7% de la population active du pays.  Un plan d’action national a par ailleurs été élaboré pour assurer la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, ainsi que de la résolution 1820 sur la violence sexuelle.  Le Ministre a reconnu la nécessité de renforcer les efforts déployés par son gouvernement pour combattre la mortalité maternelle et infantile.  Depuis 2007, les femmes enceintes ou qui allaitent et les enfants de moins de 5 ans ont accès à des soins de santé gratuits.  Le niveau de préparation du pays et sa capacité de réaction face à l’irruption du virus Ebola ont été gravement mis à l’épreuve.  D’importants enseignements ont néanmoins pu être tirés et la Sierra Leone se félicite de l’appui de ses partenaires internationaux.  M. Kamara a rappelé que la Sierra Leone a adopté la Déclaration d’Addis-Abeba sur la population et le développement en Afrique au-delà de 2014.

M. CÉLESTIN VUNABANDI KANYAMIHIGO, Ministre de la planification et de l’évaluation de la mise en œuvre de la révolution de la modernité de la République démocratique du Congo, a rappelé que son pays, qui sort de deux décennies de conflit armé, avait axé ses efforts sur la pacification.  Il a cependant fait remarquer que, depuis lors, le pays connaissait une croissance économique élevé, supérieure à 8%, ayant permis la mise en place de vastes programmes de réhabilitation des infrastructures de base.  Il s’est réjoui de la baisse spectaculaire du taux de mortalité maternelle, de la hausse du nombre d’accouchements assistés par une personne qualifiée ou encore de l’amélioration de l’éducation primaire « grâce notamment aux programmes gouvernementaux de reconstruction des écoles ».  « La Constitution de février 2006 consacre l’égalité entre hommes et femmes, et nous nous attachons désormais à supprimer de notre arsenal juridique toutes les dispositions discriminatoires à l’égard des femmes », a-t-il affirmé.  M. Kanyamihigo a déclaré que pour mieux lutter contre le fléau de la violence faites aux femmes, l’accent a été mis juridiquement sur la criminalisation accrue de ces délits.  Il a formé le vœu que le programme de développement pour l’après-2015 sera participatif.

M. SIMBARASHE MUMBENGEGWI, Ministre des affaires étrangères du Zimbabwe, a indiqué que l’urbanisation rapide et les migrations font partie des principaux défis des pays en développement.  Le Programme d’action du Caire a permis des progrès importants dans le domaine de l’autonomisation des femmes, la parité entre les sexes et l’éducation des filles mais le Zimbabwe doit encore faire de sérieux progrès pour faire face à des niveaux élevés de mortalité maternelle.  

Mme MAIKIBI KADIDIATOU, Ministre de la population, de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant du Niger, a déclaré que, 20 ans après l’adoption et la mise en œuvre du Programme d’action du Caire, le Niger a accompli d’énormes progrès dans la réalisation des objectifs liés à la gouvernance, à la santé, à l’éducation et à la promotion de la dignité et des droits de l’homme.  Cependant, la croissance démographique de 3,9% par an reste un défi « redoutable ».  « Nous sommes engagés à promouvoir une croissance économique accélérée et forte à travers des politiques économiques et sociales dans le cadre du Programme de Renaissance », a affirmé le Ministre, ajoutant « nous sommes résolus à explorer toutes les options pour réaliser ce défi, y compris le dividende démographique ». 

Le Niger nourrit de fortes attentes pour le programme de développement pour l’après-2015.  Plusieurs éléments doivent servir de base à l’élaboration des stratégies entrant dans ce cadre.  Il s’agit, a énuméré Mme Kadidiatou, du renforcement de l’application des textes institutionnels sur la dignité et les droits de l’homme, de la réduction des inégalités entre les différentes composantes de la population, de l’élaboration de politiques économiques de croissance durable basées sur l’éducation technique et professionnelle des jeunes et sur l’emploi, les jeunes étant une frange importante de la population.  La Ministre a aussi mis l’accent sur la santé sexuelle et reproductive. 

Mme SANDRA EDIEL GUEVARA PEREZ, Ministre du travail et de la prévoyance sociale d’El Salvador, a plaidé en faveur de l’intégration des résultats des conférences régionales d’examen de l’application du Programme d’action du Caire dans le débat sur le futur programme de développement pour l’après-2015.  El Salvador, a-t-elle indiqué, est totalement engagé dans la mise en œuvre du Programme d’action du Caire et tient, pour ce faire, compte des accords conclus lors de la première Conférence régionale sur la population et le développement pour l’Amérique latine et les Caraïbes, en Uruguay, qui sont consignés dans le Consensus de Montevideo.  Elle a regretté que, malgré les progrès accomplis au cours des 20 dernières années, de nombreuses personnes continuent de vivre dans la pauvreté extrême et à subir de grandes inégalités.  Elle a, dès lors, appelé à des mesures d’urgence pour y remédier.  Les questions relatives à la population et au développement sont étroitement liées aux réalités économiques, sociales et environnementales, a-t-elle fait remarquer, invitant les pays à renforcer la coopération sur le plan international ainsi que les alliances mondiales, régionales et sous-régionales.

Mme BATHABILE DLAMINI, Ministre du développement social de l’Afrique du Sud, a estimé que beaucoup restait à faire malgré les progrès réalisés.  Elle a notamment mis l’accent sur la nécessité de progresser dans l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive.  Elle a réaffirmé l’appui de l’Afrique du Sud à l’examen régional de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire et à la Déclaration d’Addis-Abeba.  Nous avons lancé un programme de planification familiale destiné à améliorer la santé reproductive et sexuelle », a insisté Mme Dlamani, avant de mettre l’accent sur la lutte contre le VIH/sida.

M. TEDROS ADHARNOM GHEBREYESUS, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a indiqué que ces 20 dernières années, son pays a fait des progrès remarquables dans la création des services de base pour toucher les plus vulnérables qui ont d’ailleurs été autonomisés par un accès élargi à de nouvelles opportunités.  L’Éthiopie a fait de son mieux pour traiter de toutes les formes de discrimination et protéger les droits fondamentaux des plus vulnérables.  Nous avons à présent l’occasion de faire en sorte, conformément aux recommandations de la quarante-septième session de la Commission de la population et du développement, que les caractéristiques essentielles et cruciales des défis auxquels le monde est confronté soient reflétées dans le programme de développement pour l’après-2015.  Il faudra ne pas oublier que malgré les gains, les défis sont encore « énormes » et les enjeux élevés.  L’inégalité entre les sexes continue d’empêcher l’accès des femmes à la santé reproductive et les pratiques traditionnelles néfastes continuent de compromettre leur bien-être et celui de leurs filles.  Le travail n’est pas fini, les progrès sont inégaux et il faut faire beaucoup plus, a encouragé le Ministre. 

Après avoir fait état des progrès remarquables que son pays a enregistrés dans la mise en œuvre du Programme d’action du Caire, le Ministre a appelé la communauté internationale à une action ambitieuse et à ne pas se laisser intimider par la difficulté des défis.  Nous y arriverons parce ce que c’est une cause qui vaut la peine d’être défendue.  C’est dans cet esprit, a-t-il dit, que l’Éthiopie avancera avec la foi que la coopération internationale se renforcera pour réaliser les priorités qu’elle s’est elle-même fixées et en assurer le succès dans la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.

Mme EMERINE KABANHSI, Ministre du développement communautaire, de la santé maternelle et infantile de la Zambie, a réaffirmé son soutien à l’examen régional africain pour la définition des objectifs au-delà de 2014.  Elle a mis l’accent sur les progrès de son pays en matière d’égalité entre les sexes, et de promotion des femmes et des fillettes tout en reconnaissant qu’il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine en Zambie.    

M. SEIF SELEMAN RASHIDI, Ministre de la santé et de la protection sociale de la République-Unie de Tanzanie, a déclaré que son pays était pleinement engagé dans l’intensification des efforts visant à améliorer la fourniture des services de santé dans les maternités.  Il a constaté qu’en dépit des progrès dans la réalisation des OMD, 12 millions de Tanzaniens vivent toujours sous le seuil de pauvreté.  Déplorant que la pauvreté endémique ait conduit à l’augmentation du nombre de mariages précoces et de morts parmi les jeunes mères, il a assuré que son pays s’efforçait de relever, aux côtés de ses partenaires régionaux et internationaux, le défi du renforcement des structures institutionnelles ainsi que du capital humain et technologique.  La mobilisation des ressources est indispensable à la pleine mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, a-t-il martelé.

Mme NATALIA PEDRO DA COSTA UMBELINA NETO, Ministre des affaires étrangères de Sao Tomé-et-Principe, a rappelé que son pays avait contribué à l’enquête mondiale pour l’examen du Programme d’action au-delà de 2014 et a souligné les progrès considérables qu’il a réalisés.  Elle a parlé des services intégrés en matière de santé sexuelle et reproductive; de l’augmentation des données démographiques et économiques aux fins de la planification; ou encore du cadre juridique favorable aux questions de genre.  Mais, a-t-elle reconnu, à son tour, il reste encore beaucoup pour satisfaire les besoins fondamentaux de la population, dont l’accès à un travail digne, à la protection sociale, à la santé et à l’éducation. 

Conscient de l’importance qu’il de tenir compte de la dynamique démographique dans la planification du développement, le Gouvernement de Sao Tomé-et-Principe met l’accent sur la participation systématique de toutes les parties prenantes, en particulier les jeunes qui représentent 38% de la population.  Il s’engage à poursuivre ses efforts et appelle à l’inclusion des recommandations de la revue au-delà de 2014 dans le programme de développement pour l’après-2015.

M. MARIO LOPES DA ROSA, Ministre des affaires étrangères de la Guinée-Bissau, a partagé la vision sur les défis que la Guinée-Bissau s’est fixé dont le premier est une croissance à deux chiffres dans les quatre prochaines années.  La réalisation de cet objectif passera par la réduction de la vulnérabilité économique et de la pauvreté, et la diversification des sources de revenus ainsi que le renforcement des programmes de sécurité alimentaire et diversification de la production de façon articulée et avec le développement des petites et moyennes entreprises et industries.  Le pays s’engage aussi, d’après le Ministre, à élargir l’accès à l’information sur la santé reproductive, la sexualité et la planification familiale, et à développer des programmes de formation et de renforcement des capacités des jeunes.  Il s’agira, ce faisant, de créer des emplois, de garantir l’égalité et la parité, d’améliorer la gestion des ressources naturelles et de protéger l’environnement.

Mme ALOHA NUÑES, Ministre des affaires autochtones du Venezuela, a indiqué que son gouvernement a lancé une campagne nationale contre la pauvreté extrême qui s’est accompagnée de politiques macrosociales sur la santé, la nutrition, l’éducation, la sécurité sociale et la coexistence pacifique.  Le but était d’éradiquer l’extrême pauvreté d’ici à 2019.  S’agissant de l’égalité et de l’équité, un cadre juridique a été mis en place qui fait du Venezuela le premier de la classe de la promotion et de la protection des droits de la femme.  Une infrastructure institutionnelle a été créée pour promouvoir l’égalité dans le pays et une nouvelle loi a été promulguée sur l’égalité des personnes infectées par le VIH/sida qui combat toutes les formes de discrimination.  De nombreux défis existent et il est important que les OMD soient perçus comme le point de départ et pas comme le point d’arrivée du développement futur de l’humanité.

M. PIERRE MOUKOKO MBONJO, Ministre des affaires étrangères du Cameroun, a indiqué que les initiatives prises par son pays en matière de population et développement permettent aujourd’hui au Cameroun de jouir d’un taux de croissance annuel de 5%.  Le pourcentage des femmes élues à l’Assemblée nationale est passé de 17 à 31% en l’espace d’une législature.  Le Ministre a jugé important de préserver la cellule familiale, constituée d’une mère et d’un père, et qui est la meilleure garantie de la bonne éducation des enfants.  Pour le Cameroun, la poursuite de la concrétisation des objectifs du Programme d’action du Caire est intimement liée à l’éradication de la pauvreté qui ne peut être réalisée sans une solidarité internationale agissante.

Mme NESTORINE SANGARE COMPAORE, Ministre de l’avancement des femmes et du genre du Burkina Faso, a fait part des progrès enregistrés par son pays au cours des 20 dernières années, notamment la réalisation d’une croissance économique soutenue de l’ordre de 6% en moyenne depuis 1984; la réduction de 39% du taux de mortalité maternelle; et l’augmentation du taux brut de scolarisation qui est passé de 33,8% à 81,3% entre 1993 et 2012.  Mais, a-t-elle reconnu, de nombreux défis restent à relever au triple plan économique, social et démographique, dont la garantie d’une croissance économique inclusive dans le cadre du développement durable; la réduction de la mortalité infantile et maternelle, la promotion de l’accès des jeunes et des couples à la santé sexuelle et reproductive ou la lutte contre les pratiques culturelles néfastes comme les mariages précoces et les mutilations génitales féminines.  

Le Gouvernement mise sur la maîtrise de la croissance démographique grâce à une nouvelle politique de population s’adressant spécifiquement aux questions liées à la fécondité, à la migration et à l’intégration des questions de population dans les plans et programmes de développement.  Dans ce contexte, le Burkina Faso salue l’engagement de la Banque mondiale et du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) qui ont bien voulu répondre à l’appel du Sahel à travers l’initiation du projet « Investir pour l’atteinte du Dividende démographique dans le Sahel ».  Le Burkina Faso, a conclu la Ministre, réaffirme son attachement au Programme d’action du Caire.

M. OMAR SEY, Ministre de la santé et du bien-être social de la Gambie, a souligné les efforts de son pays pour fournir des services de santé à tous les Gambiens à des prix abordables.  Il a cité une initiative de la Première Dame de la Gambie, intitulée « Save the babies » visant à améliorer la santé néonatale.  Il a précisé que le Gouvernement a investi beaucoup de moyens dans les ressources humaines, matérielles et financières et indiqué que la Gambie est l’un des pays les plus densément peuplés d’Afrique subsaharienne. 

M. PHILIP MULLER, Ministre de la santé des Îles Marshall, a indiqué qu’une stratégie de développement sur trois ans qui tient compte de toutes les questions relatives à la population a permis à son pays de faire d’énormes progrès dans la mise en œuvre du programme d’action de la CIPD.     

M. FULBERT AMOUSSOUGA GÉRO (Bénin) a assuré qu’à l’instar de nombreux pays, le Bénin n’était pas resté en marge des efforts engagés par la communauté internationale pour mettre en œuvre les décisions du Caire.  Il a ainsi rappelé qu’au lendemain de la Conférence, son pays a adopté sa Déclaration politique et établi des stratégies de croissance et de réduction de la pauvreté.  Le Président béninois a également souligné les politiques nationales établies en matière d’éducation, de santé et de promotion du genre, ajoutant que le renforcement de la lutte contre la violence à l’égard des femmes, de l’éducation des filles et de l’autonomisation des femmes constituait des acquis considérables pour le Bénin.

« Ces avancées ne sauraient cependant occulter l’existence de multiples défis liés à la réalisation du dividende démographique, à l’emploi des jeunes, à la mise en place d’un système de protection sociale efficace, à la recherche sur les maladies tropicales et à la prise en charge des migrations internationales », a poursuivi le Président du Bénin.  Dans cette perspective, il s’est réjoui du fait que le Cadre d’action à l’examen aborde « de manière cohérente la question des moyens nécessaires au renforcement des capacités individuelles et de résilience des populations ».  Le Bénin se joint au concert des Nations, a dit M. Amoussouga Géro, avant d’assurer l’Assemblée de la détermination de son pays à s’investir pleinement dans la réalisation des objectifs définis dans le Cadre. 

M. HISHAM BADR, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a expliqué que la Conférence du Caire de 1994 avait constitué un virage dans le traitement des questions démographiques, envisagées depuis sous l’angle qualitatif et non plus quantitatif.  « Avec 86 millions d’habitants, l’Égypte est l’un des pays africains les plus peuplés ».  « Notre Constitution consacre le fait que la démographie est un des éléments de base des plans nationaux de développement, y compris le Plan 2030 qui se concentre sur l’éducation des filles pour éviter les mariages précoces », a-t-il également indiqué.  Les jeunes sont le moteur du développement durable, a encore insisté le Ministre égyptien des affaires étrangères.

Mme HENRYKA MOSCISKA-DENDYS, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a estimé qu’une meilleure gestion et une innovation constante étaient nécessaires pour protéger tout un chacun contre les discriminations et la violence.  « Le Programme d’action du Caire est une plateforme d’action importante qui doit inspirer les politiques les plus importantes au niveau national visant l’amélioration des conditions de vie des groupes humains les plus vulnérables », a-t-elle ajouté avant d’appeler à un ajustement des politiques migratoires au marché du travail et à ses besoins.

M. GIAMPAOLO CANTINI, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie, a déclaré que les femmes et jeunes de tous les pays devaient être en mesure d’exercer leurs droits et tirer pleinement profit des progrès réalisés en matière de développement.  « Pour que le monde se développe, il faut lever les obstacles qui entravent l’avancement des plus pauvres d’entre nous, et lutter contre la violence sexiste et l’absence de perspectives ».  Pour M. Pistelli, les pays doivent planifier leurs stratégies de développement en les basant sur des statistiques systématiques prévoyant les évolutions démographiques.

M. FERNANDO BOLAÑOS, Vice-Ministre chargé des populations vulnérables du Pérou, a dit que l’un des facteurs les plus cohérents de l’élimination de la pauvreté est l’investissement de fonds publics adéquats dans des programmes sociaux.  Il a ajouté que le Pérou a promulgué des lois pour promouvoir les droits de la femme et continuera de s’engager dans la mise en œuvre du Programme d’action en gardant à l’esprit ses cinq piliers.

M. MARTIN DAHINDEN, Secrétaire d’État de la Suisse, a estimé que nous avions une opportunité exceptionnelle au cours de l’année à venir d’ancrer les thèmes liés aux défis du Programme d’action du Caire dans le programme de développement pour l’après-2015.  L’occasion est unique pour s’imprégner de l’esprit qui a guidé le consensus « révolutionnaire » de 1994 et, forts de cette volonté « visionnaire », aller de l’avant pour élaborer l’instrument qui nous permettra d’éradiquer la pauvreté, les discriminations et les inégalités, et de rendre accessible à tous un développement durable. 

M. SOMCHIT INTHAMITH, Vice-Ministre du plan et des investissements de la République populaire démocratique lao, a indiqué que son pays vise le statut de pays à revenu intermédiaire d’ici à 2020.  Il a cité la mise en œuvre d’un système statistique national en vue de mieux appréhender les réalités démographiques, économiques et sociales du pays.  Le Programme d’action du Caire est essentiel pour stimuler le développement économique et social dans le contexte de développement durable, a estimé le Vice-Ministre.

M. TOM ALWEENDO (Namibie) a appelé à la détermination des États Membres à mettre en œuvre les engagements pris lors de la Conférence du Caire, il y a 20 ans.  Il a mis l’accent sur les politiques menées par la Namibie dans des domaines clefs de la santé reproductive et maternelle et de l’aide aux femmes victimes de violence.  « La situation s’est améliorée pour de nombreuses catégories de la population, grâce également à la baisse du taux de natalité, l’un des plus faibles d’Afrique », a indiqué M. Alweendo, qui a précisé que plus de 10% du budget national était désormais consacré à la santé.  Il a toutefois reconnu qu’il était difficile d’intégrer les services de santé procréative et reproductive à la problématique des droits de l’homme.

M. X DENG DENG HOC YAI (Soudan du Sud) a déclaré qu’en matière de pauvreté, et d’accès à la santé et à l’éducation, les inégalités les plus marquées n’étaient plus tolérables.  « Nous devons trouver, comme l’y invite le Secrétaire général dans son rapport, les moyens de renforcer la résilience des populations pour avancer sur la voie du développement durable », a-t-il dit.  Après avoir plaidé pour l’édification de villes durables et le renforcement des liens entre villes et zones rurales, le représentant a assuré que son pays demeurait déterminé à contribuer activement à la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.  « Pour ce faire, nous devons tenir compte de l’examen auquel nous nous livrons au cours de cette session extraordinaire », a-t-il recommandé. 

M. ERSHAD AHMADI, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan, a souligné que la nouvelle Constitution de son pays était basée sur les principes de la démocratie, le pluralisme et la reconnaissance de l’importance des droits de l’homme, y compris l’égalité de droits entre hommes et femmes.  Reconnaissant que son pays reste confronté au défi de la sécurité, de l’instabilité et de la violence provoquant des migrations internes massives des zones rurales vers les centres urbains, il a affirmé que son gouvernement était résolu à améliorer les conditions de vie dans les villes et plaidé pour le respect mutuel des cultures, traditions et croyances de tous. 

M. VALENTIN RYBAKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a dénoncé la propagande en faveur des mariages homosexuels qui compromet l’idée de la démographie en faveur du développement.  « Aujourd’hui les bases familiales sont mises en péril et les valeurs familiales mises à mal », a –t-il dit en ajoutant que la famille était le meilleur garant d’un État solide.  C’est pourquoi, il a exhorté les États Membres à favoriser la préservation des valeurs familiales traditionnelles.

M. TEWODROS MELESSIE, International parenthood, a déclaré que le Programme d’action du Caire était l’avenir de la paix, la prospérité, l’intégrité de l’humanité.  Il faut reconnaître que nous avons accumulé des gains importants en matière de parité entre les sexes et qu’il ne faut plus revenir en arrière, a-t-il dit.

M. ANNE WAIGURU, Ministre du plan du Kenya, a déclaré que son pays garantit l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des personnes handicapées pour leur permettre de vivre une vie productive.

Pour Mme GISÈLE NGONDO (République du Congo) l’intérêt de cette rencontre réside dans sa capacité à donner une réponse collective à une question brulante, celle de l’accroissement rapide de la population mondiale.  Citant un rapport du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) paru au mois d’août 2014, il a rappelé que 40% des enfants dans le monde vivront sur le continent africain à la fin du siècle et que sa population devrait doubler en l’espace de 35 ans.  Par conséquent, l’Afrique mérite, selon lui, une attention particulière pour assurer que cette transition démographique ne représente pas un risque mais une opportunité à saisir.  La position africaine, adoptée à Addis-Abeba le 26 juin 2013, dans le cadre du processus d’examen du Programme d’action du Caire, devrait permettre à l’Afrique d’exploiter le dividende démographique à travers des outils plus efficaces et une approche systématique, globale et intégrée des questions de population et de développement.

Le Congo soutient le Programme d’action du Caire dans le cadre de la réalisation de ses priorités nationales de développement.  Avec quatre millions d’habitants sur un territoire de 342 000 km2, le Congo peut être qualifié de sous-peuplé.  Toutefois le pays connaît un accroissement démographique sans précédent puisque sa population a quadruplé avec les implications que l’on sait en matière de politique du développement et de maîtrise de cette croissance démographique.  Les politiques actuelles touchent notamment l’autonomisation des femmes et des jeunes et l’égalité entre les sexes, où le Congo a entrepris de maximiser les avantages du dividende démographique en investissant dans la création d’opportunités et la mise en place d’un environnement favorable à l’innovation et à l’esprit d’entreprise. 

Mme ANA CRISTINA GONZALEZ VELEZ, Red de salud de las mujeres de America latina y el Caribe, a plaidé pour la construction d’un nouveau modèle de développement durable « véritablement démocratique ».  « Les origines ethniques et les diverses orientations sexuelles sont des thèmes qui doivent être débattus dans l’élaboration des programmes de développement à tous les niveaux », a-t-elle dit.

Mme CATHERINE NYAMBURA, Action Health Incorporated, a dénoncé la violence et les mariages précoces qui exposent les femmes aux problèmes de santé les plus graves.  Elle a recommandé qu’en Afrique notamment, les États investissent dans cette véritable force de changement que sont les jeunes et les adolescents, qui représentent d’ailleurs l’essentiel de la population et qu’ils veillent à assurer l’accès de toutes et de tous à la santé procréative.

Mme SIVANANTHI THANENTHIRAN, de « Asia Pacific Resource Center for Women », a défendu l’autonomie individuelle et l’indispensable liberté de pouvoir décider avec qui se marier et quand et avec qui avoir des relations sexuelles.  « Nous pouvons imaginer un monde nouveau de promesses et d’espoirs », a-t-elle insisté, avant d’appeler à un plan d’action au-delà de 2014 capable d’accélérer la mise en œuvre de tous les objectifs relatifs à la population et au développement en mettant l’accent sur les besoins de tous les groupes marginalisés.

Mme DAREEN ABU LAIL, Global Youth Action Network, a indiqué que les jeunes de moins de 35 ans représentent 3,5 milliards d’habitants.  Elle a appelé à la lutte contre l’intolérance et pour le respect des droits de tous les jeunes.  Celle qui s’est présentée comme une jeune activiste arabe a fustigé la violence sexiste justifiée abusivement par la religion et la tradition.  Nous devons être courageux pour améliorer les conditions de vie des jeunes qui représentent la moitié de la population mondiale.

 

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Première Conférence mondiale: les États renouvellent leur engagement en faveur de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones

AG/11554

Première Conférence mondiale: les États renouvellent leur engagement en faveur de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones

22/9/2014
Assemblée généraleAG/11554
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-neuvième session

4e séance plénière – après-midi                            


PREMIÈRE CONFÉRENCE MONDIALE: LES ÉTATS RENOUVELLENT LEUR ENGAGEMENT EN FAVEUR

DE LA DÉCLARATION SUR LES DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES


Sous les applaudissements nourris des représentants des peuples autochtones, qui comptent environ 370 millions de personnes, les États Membres des Nations Unies ont, aujourd’hui, adopté sans vote le Document final* de la première Conférence mondiale sur les peuples autochtones dans lequel ils demandent au Secrétaire général de commencer à élaborer un plan d’action à l’échelle de l’ensemble du système pour assurer une « approche cohérente de la réalisation des objectifs définis dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ».


Pour le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-Moon, le succès de cette Réunion de haut niveau « historique » de l’Assemblée générale, qui, pour la première fois, rassemble jusqu’à demain plus de 1 000 délégués autochtones, des chefs d’État et de gouvernement, des responsables de l’ONU et d’institutions nationales des droits de l’homme, pour permettre un échange de vues et de pratiques de référence sur la réalisation des droits des peuples autochtones, y compris dans le but d’atteindre les objectifs de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, est « partie intégrante du progrès de l’humanité entière ».


Rappelant que « les peuples autochtones sont au centre du discours sur les droits de l’homme et le développement mondial », le Secrétaire général s’est dit encouragé par les engagements contenus dans le Document final et orientés vers l’action pour « réduire le fossé entre les promesses et les résultats ». 


Les États Membres, dans ce Document, l’invitent à accorder à un haut fonctionnaire du système des Nations Unies, d’ici à la fin de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, l’accès « aux plus hauts niveaux de la prise de décisions au sein du système ».  Ce fonctionnaire aura la « responsabilité de la coordination du plan d’action, de la sensibilisation aux droits des peuples autochtones au plus haut niveau possible et du renforcement de la cohérence des activités du système à cet égard ».


« La Conférence doit servir de tournant pour mener à la concrétisation de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones  », a affirmé, dans son allocution d’ouverture, le Président de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, M. Sam Kahamba Kutesa, pour qui le Document final est un « nouveau pacte entre les peuples autochtones et les États Membres ».


L’ONU travaille déjà en étroite collaboration avec les peuples autochtones pour faire progresser leurs droits, en particulier grâce au Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones, au Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones et à l’Instance permanente sur les questions autochtones.


Invitée spéciale de la Conférence, le prix Nobel de la paix et militante des droits des autochtones, Rigoberta Menchú, a rendu hommage à ceux qui ont perdu la vie depuis le début des négociations en 1982, du fait de graves violations des droits de l’homme, tels que le génocide, l’ethnocide ou le féminicide, des concepts, a-t-elle dit, qui ne sont pas encore mentionnés dans la Déclaration.


Bien que des progrès importants ont été réalisés depuis l’adoption par l’Assemblée générale, le 13 septembre 2007, de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, ces derniers continuent en effet de faire face à de nombreux obstacles à la pleine réalisation de leurs droits, beaucoup d’entre eux ayant du mal à rester sur leurs terres et conserver le droit de leurs ressources naturelles.


Fervent promoteur de cette Conférence mondiale, le Président bolivien Evo Morales a affirmé que le mouvement autochtone avait montré aux dirigeants du monde qu’ils devaient « gouverner le peuple avec le peuple » et qu’il fallait « se libérer politiquement pour se libérer économiquement ». 


Le nouveau Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad El Hussein, a souligné que l’objectif de cette Réunion de haut niveau était de permettre aux États Membres de « combler les écarts de mise en œuvre qui continuent d’amoindrir » la Déclaration.  Il a dès lors appelé à « agir pour renforcer la lutte contre la discrimination, l’exclusion et la mainmise sur les terres des peuples autochtones ».


L’Assemblée invite d’ailleurs le Conseil des droits de l’homme à passer en revue les mandats de ses mécanismes en place, en particulier le Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones, au cours de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, en vue de le modifier et de l’améliorer pour qu’il puisse « promouvoir plus efficacement le respect de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ».


D’aucuns ont insisté sur l’importance du consentement libre et éclairé dans toutes les décisions touchant aux terres, territoires et ressources autochtones, ainsi que le respect même de ces peuples.


« Nous devons entendre les voix qui ont été réduites au silence trop longtemps et restent trop souvent ignorées », a plaidé le Président de l’Estonie, M. Thomas Hendrik Ilves, qui a déploré le fait que les autochtones n’avaient pu participer aux négociations du Document final de la Conférence que dans les toutes dernières phases.   


La Conférence s’est poursuivie dans l’après-midi par deux tables rondes, la première sur l’action menée par le système des Nations Unies au service de la mise en œuvre des droits des peuples autochtones, la seconde sur l’application des droits des peuples autochtones aux niveaux national et local.


*A/69/L.1


CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES PEUPLES AUTOCHTONES - projet de résolution (A/69/L.1)


Déclarations liminaires


M. SAM KAHAMBA KUTESA (Ouganda), Président de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, a déclaré que la première Conférence mondiale sur les peuples autochtones était un évènement historique.  C’est le point culminant d’un dialogue dynamique intervenu entre les Nations Unies et les peuples autochtones depuis les 50 dernières années.


Le Président a souligné le caractère inclusif du processus préparatoire, qui est de bon augure pour les engagements pris lors de cette Conférence.


La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones représente un consensus mondial, a rappelé M. Kutesa.  Elle affirme notamment leur droit à l’autodétermination et accorde davantage de visibilité à leurs droits collectifs.


Le Président a salué les contributions de l’Instance permanente sur les questions autochtones, du groupe d’appui interorganisations sur les questions autochtones, du Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones et du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones. 


Un fossé profond sépare les engagements des réalités, a-t-il toutefois averti.  « La Conférence doit servir de tournant pour mener à la concrétisation de la Déclaration. »


Le projet de document final de la Conférence constitue « un nouveau pacte entre les peuples autochtones et les États Membres » qui se base sur la Déclaration.


Parmi les engagements, on retrouve un plan d’action à l’échelle du système et un appel lancé à l’amélioration de la participation des peuples autochtones, a précisé M. Kutesa.  Il s’agit d’une occasion unique pour les États Membres de communiquer davantage avec ces peuples et d’assurer le renforcement de leurs capacités.


En conclusion, le Président de l’Assemblée a exhorté les États Membres, les organisations intergouvernementales, la société civile et le secteur privé « à renouveler leurs promesses en faveur d’un partenariat stratégique avec les peuples autochtones pour les aider dans leur quête d’un avenir durable ».


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a qualifié d’historique cette première Conférence mondiale sur les peuples autochtones et a prononcé des paroles de bienvenue en plusieurs langues autochtones de différentes régions du monde.


« Cette semaine est la plus importante de l’année aux Nations Unies.  Et cette Conférence constitue l’un des événements les plus importants car elle est liée à plus d’un titre à notre travail le plus essentiel », a-t-il souligné.


Il a ajouté que les peuples autochtones étaient concernés à maints égards par les questions prioritaires de l’ordre du jour mondial.  Ils sont profondément connectés à la Terre nourricière dont le futur est au cœur du Sommet sur le climat qui s’ouvrira demain.


D’autre part, les peuples autochtones sont au centre du discours sur les droits de l’homme et le développement mondial, a ajouté le Secrétaire général.  Les délibérations et les décisions retentiront au sein de la communauté internationale avec des effets sur les vies des peuples autochtones.  En conséquence, le succès de cette conférence est partie intégrante du progrès de l’humanité entière.


Passant à l’espagnol, le Secrétaire général a rappelé que dans le cadre des préparatifs de cette Conférence, il avait eu des réunions avec de nombreux dirigeants autochtones pour « entendre ce qui les préoccupait et tirer des enseignements de leurs expériences ».


M. Ban a précisé qu’il s’était également rendu en Bolivie, pays selon lui qui a accompli de grands progrès en ce qui concerne les droits des peuples autochtones, soulignant que le Président Evo Morales avait insufflé un élan à cette importante Conférence.  Il a rappelé la relation de respect entre ces peuples et la nature, qui se résume dans l’expression du « bien-vivre » adoptée par la Bolivie, qui signifie vivre bien mais dans la simplicité.


Le Secrétaire général, qui a également visité le Costa Rica et la Nouvelle-Zélande, a affirmé que les peuples autochtones étaient préoccupés pour leurs terres, leurs ressources et leurs droits.  Il a réitéré son appel en vue de remédier à l’exclusion et à la marginalisation dont pâtissent les peuples autochtones de par le monde.  « Je vais continuer à rendre visite aux communautés autochtones et à écouter leurs dirigeants et l’ONU sera toujours votre maison », a-t-il assuré.


Se félicitant de l’adoption en septembre 2007 par l’Assemblée générale de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones lors de la première année de son mandat initial, M. Ban a rappelé que ce document contenait les normes minimales de survie, de dignité et de bien-être des peuples autochtones.


Il a salué le fait que chaque fois plus de pays reflétaient ces principes dans leurs législations et constitutions respectives et que les agences onusiennes mettaient au point des politiques spécifiques pour guider leur travail sur les peuples autochtones.  « Nous joignons nos forces à celles des peuples autochtones pour atteindre nos objectifs communs », a encore affirmé le Secrétaire général, avant de rendre hommage à l’Instance permanente sur les questions autochtones, au Mécanisme d’experts et au Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones.  Il a ensuite appelé les gouvernements à « non seulement faire des promesses mais surtout à les voir joindre l’acte à la parole ».


À cet effet, il s’est dit encouragé par le fait que le Document final de la Conférence « contient des engagements orientés vers l’action pour réduire le fossé entre les promesses et les résultats », et a espéré que les États Membres honoreront leurs engagements, notamment par la mise en œuvre de plans d’action nationaux pour « réaliser notre vision partagée ».  Il s’est également félicité des demandes directes qui lui sont personnellement faites et a assuré qu’il mènerait des consultations sur la voie à suivre.


Il a déclaré qu’il s’efforcerait également à faire en sorte que le système des Nations Unies propose des mesures concrètes pour que les peuples autochtones et leurs institutions puissent plus directement participer aux activités de l’ONU, car cela est « essentiel pour les communautés autochtones et pour notre monde ».


M. Ban a également souligné qu’il accorderait toute la considération requise en vue de la nomination d’un haut fonctionnaire sur les peuples autochtones, comme il est invité à la faire dans le Document final qui sera adopté ultérieurement.


Il a enfin noté que beaucoup de langues autochtones étaient en voie d’extinction, mais s’est félicité, en revanche, qu’outre les six langues officielles, la Déclaration avait été traduite en plus de 50 autres langues.


« Je compte sur vous pour parler d’une seule voix », a conclu le Secrétaire général, en invitant à « joindre vos voix en un chœur harmonieux pour garantir nos droits et protéger notre planète ».


M. EVO MORALES AYMA, Président de l’État plurinational de Bolivie, a félicité le Secrétaire général de l’ONU pour avoir facilité cette première Conférence mondiale sur les peuples autochtones et a rappelé les principes fondamentaux de la Terre nourricière, menacés par les modèles capitalistes.  Il a fait part de l’expérience bolivienne, à travers un mouvement social parti de la prise de conscience non seulement des autochtones mais d’autres secteurs de la société pour combiner, dans l’harmonie, la vie et la nature.


D’un point de vue historique en Bolivie, le mouvement autochtone a montré aux dirigeants du monde qu’ils devaient « gouverner le peuple avec le peuple ».  La Bolivie a été le seul pays à ériger en loi la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, incluse dans la Constitution adoptée à l’issue d’un référendum.  Plus important, a-t-il insisté, les ressources naturelles généreusement offertes par la Terre nourricière appartiennent à tous.


À cet égard, le Président Morales a indiqué que la nationalisation du pétrole avait permis de libérer le pays du joug des institutions financières internationales, y compris du Fonds monétaire international (FMI).  Le paradigme du « bien-vivre » veut simplement dire vivre en harmonie avec la nature en respectant la pluralité sociale, culturelle, économique et juridique des peuples, en exploitant les énergies communes pour le bien de tous, a expliqué le Président bolivien, qui fut le premier autochtone à être élu à la fonction suprême d’un pays.


Plaidant pour l’accès de tous, y compris des autochtones, à tous les services de base, il a mis l’accent sur l’expérience accumulée par son pays, qu’il partage avec les nombreuses nations qui manifestent un intérêt pour ce modèle.  Il a en particulier fait état de l’amélioration des systèmes de communication et d’échange et a appelé tous les gouvernements à trouver des solutions aux problèmes structurels, la pauvreté plus particulièrement.  Dans ce domaine, les nouveaux modèles de développement boliviens ont permis de faire chuter le taux de pauvreté de 38% à 17%, notamment par le partage des progrès scientifiques de notre époque.


En conclusion, M. Morales a invité à « se libérer politiquement pour se libérer économiquement ».


M. SAULI NIINISTÖ, Président de la Finlande, a dénoncé les tentatives de la Fédération de Russie d’empêcher des délégués des peuples autochtones de ce pays de se rendre à la Conférence.  Il a souligné qu’en Finlande, les autorités avaient l’obligation de négocier avec le Parlement sami pour appliquer le principe du consentement libre, préalable et informé dans les processus de prise de décisions concernant les affaires du peuple autochtone sami.  Le Président a illustré son propos en disant que les jeunes sami jouaient un rôle à cette Conférence.  Il a en outre mis l’accent sur l’importance de l’éducation, de l’information et de la communication pour ces jeunes autochtones.


Pour ce qui est du rôle de la Finlande en Arctique, M. Niinisto a déclaré qu’il fallait préserver le bien-être des peuples qui y vivent pour aider à contribuer à la stabilité économique et à renforcer leur compétitivité.  « Nous devons aussi lutter contre les conséquences des changements climatiques », a ajouté le Président, précisant que les industries comme la pêche, l’élevage, la chasse et le tourisme étaient vitales pour le développement économique en Arctique. 


Il s’est réjoui de la création du Conseil économique de l’Arctique, il y a deux semaines à Iqaluit, au Canada.  Les chefs d’entreprises de l’Arctique et les peuples autochtones travaillent ensemble pour renforcer les activités économiques et le développement économique.  Le savoir traditionnel et les petites entreprises joueront un rôle central dans ce travail, a estimé le Président finlandais.


M. HENRI DJOMBO, Ministre de l’économie forestière et du développement durable de la République du Congo, a rappelé, au nom du groupe des États d’Afrique, que ceux-ci avaient adopté une approche cohérente et progressive des questions relatives aux populations autochtones.  En Afrique, a-t-il ajouté, la question autochtone devrait être examinée à l’aune de l’histoire du continent car l’histoire des peuples autochtones varie d’une région à une autre, d’un pays à un autre.  Aujourd’hui, la conscience collective a fini par faire valoir la nécessité d’apporter une protection spéciale à ces communautés.  M. Djombo a rappelé aussi que la Déclaration des Nations Unies sur les peuples autochtones du 13 septembre 2007 avait été adoptée avec un large appui des pays africains.


La situation des populations autochtones a connu depuis lors des améliorations progressives et plusieurs pays africains reconnaissent désormais l’existence des peuples autochtones dans leurs territoires comme des groupes premiers, mais théoriquement marginalisés, a poursuivi le Ministre.  « Nos gouvernements, a-t-il ajouté, s’emploient à les intégrer socialement, à promouvoir et à protéger leurs droits en tant que citoyens à part entière et aptes à participer pleinement à la vie de nos nations dans le respect de leur culture et de leur langue. »


S’agissant de la République du Congo, le Gouvernement a adopté la loi portant sur la promotion et protection des droits des populations autochtones en février  2011 et depuis août 2013, le nouveau plan d’action national pour l’amélioration de la qualité de vie des populations autochtones.  D’autres textes prévoient des approches consultatives et participatives pour tenir compte du consentement libre informé et préalable des populations autochtones dans le but de leur faire bénéficier des avantages liés à la valorisation de ressources naturelles. 


M. Djombo a appelé la communauté internationale à mobiliser les moyens nécessaires pour investir dans le développement des infrastructures de base, à proximité du milieu de vie des populations autochtones qui inclurait la promotion des activités génératrices de revenus et les paiements pour les services environnementaux.  La République du Congo a en outre institutionnalisé le Forum international des peuples autochtones d’Afrique centrale comme plateforme d’intégration et de coopération dans le bassin du Congo sur les questions autochtones.


M. THOOMAS HENDRIK ILVES, Président de l’Estonie, a commencé par rappeler que les Estoniens autochtones étaient présents sur le territoire de son pays depuis des milliers d’années.  Connaissant les difficultés que rencontrent les peuples autochtones, il a jugé « malheureux que leur participation dans les instances onusiennes soit constamment remise en question ».


Ainsi n’ont-ils pas pu participer aux négociations du Document final de la Conférence dans les toutes dernières phases, a poursuivi le Président.  Il a toutefois salué le fait que le Document final réaffirme l’engagement des États Membres envers la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones qui comprend des résultats clairs à atteindre.  Il a espéré qu’il ouvrira la voie aux efforts futurs et sera rapidement mis en œuvre.


Les droits des peuples autochtones doivent être respectés, a insisté M. Ilves.  Nombre de pays donnent trop souvent la priorité aux biens matériels par rapport aux droits fondamentaux.  L’exploitation non durable et intensive des ressources naturelles et la recherche du profit se font au détriment de la culture de ces peuples.  Les Estoniens eux-mêmes ont été témoins de la marginalisation des populations autochtones.


« Le pire des scénarios serait qu’elles disparaissent », a-t-il ajouté, avant de préciser que les migrations intensives et des projets industriels avaient laissé des cicatrices profondes au sein des populations autochtones.


Le Gouvernement estonien a lancé en 1999 un programme spécial à l’appui des langues autochtones de l’Oural et de protection de l’environnement, et il a participé aux débats de l’Instance permanente et contribué au Fonds de contributions volontaires.


Le Président a salué en particulier la Nouvelle-Zélande et la Finlande qui incluent respectivement des représentants maoris et samis dans leurs délégations.  De même, il s’est félicité que l’Ukraine ait reconnu les Tatars de Crimée comme peuple autochtone.


« Nous devons entendre les voix qui ont été réduites au silence trop longtemps et restent trop souvent ignorées », a plaidé M. Ilves, déplorant « la mentalité de colonialisme » qui continue de refuser aux peuples autochtones le droit qu’ils ont de déterminer leur futur.


M. ENRIQUE PEÑA NIETO, Président du Mexique, a déclaré, au nom des États d’Amérique latine et des Caraïbes, que ceux-ci accordaient un intérêt particulier à la question autochtone car elle est à la base de leur identité et des réalisations socioéconomiques de toutes les nations.


L’objectif de la présente Conférence, a-t-il affirmé, consiste à arriver à un exercice concret de reconnaissance de tous les droits des autochtones dans tous les pays.


Le Mexique est convaincu que le Document final sera une feuille de route pour repositionner les droits des peuples autochtones dans l’ordre du jour international et renforcer l’attention de l’ONU à ce propos.  Avant tout, a-t-il dit, ces droits doivent être inclus dans le programme du développement durable pour l’après-2015, de sorte à œuvrer d’arrache-pied à les faire valoir et à éliminer les pratiques discriminatoires.


Le Mexique, quant à lui, s’emploie notamment à la construction d’infrastructures de base au sein des communautés autochtones, à l’accès à la justice, au renforcement de l’accès aux produits sans que cela affecte leur patrimoine culturel.


Le Président Peña Nieto a conclu en soulignant que les initiatives de développement de l’ONU encourageaient au partage des capacités et des expériences de tous les pays.


« Comment faire en sorte que 7 milliards de personnes puissent se voir enseigner leur relation avec la Terre », a demandé le Chef du Conseil des Chefs de la Nation Onondaga, M. OREN LYONS.  Il faut savoir que « nous sommes en danger en tant qu’espèce et comprendre que la nature est une autorité et qu’elle aura le dernier mot ».


« La responsabilité envers les générations futures nous a été confiée il y a déjà des milliers d’années », a poursuivi M. Lyons.  Tout va être déterminé par les décisions que l’Assemblée va prendre aujourd’hui.  « Nous sommes les gardiens des traditions et avons survécu grâce à la sagesse des anciens. » 


Il a transmis aux délégations le message urgent d’un messager venu à pied du nord du Groenland pour dire: « la glace fond » à une vitesse accélérée.  Un effet de domino est bel et bien en cours, a-t-il confirmé.


Déclarant qu’il faut entendre la voix collective des peuples autochtones, M. Lyons a prôné la réconciliation entre les peuples ainsi que la paix entre les États nations et la nature.  Il faut avoir foi dans les pouvoirs spirituels de l’univers et dans les lois de la création.  Il s’est dit convaincu que toute vie est sujette à ces lois.


Enfin, M. Lyons a supplié les dirigeants à faire preuve de bon sens et à adopter des décisions courageuses « alors que nous en avons encore le temps ».


Mme AILI KESKITALO, Présidente du Parlement sami de Norvège, a déclaré que la route avait été longue pour tous depuis la résolution décidant de la présente conférence, mais que ce voyage a été empreint d’inspiration et était ancré dans le pragmatisme.  Après avoir rendu hommage aux esprits des ancêtres, elle a affirmé que la Déclaration sur les droits des peuples autochtones devait être pleinement mise en œuvre, en pleine sincérité et bonne foi.


Elle a signalé qu’Alta, une petite bourgade sami, était devenue l’épicentre du processus global de préparation de la Conférence car les peuples autochtones s’y étaient mis d’accord sur leurs priorités communes.  C’est là où de nombreux dirigeants de la rébellion sami de 1852 ont été exécutés.  Alta est aussi un modèle de développement moderne car elle a marqué le début du processus de reconnaissance juridique du peuple sami et de mise en place de son propre parlement.


Le droit à l’autodétermination est un droit fondamental de tous les peuples, a-t-elle rappelé, en citant la Déclaration.  Le processus conduisant à la présente Conférence a prouvé que les peuples autochtones apportent beaucoup aux travaux de l’ONU.  « Nous participons en toute bonne foi et nous attendons la même chose pour faire progresser nos droits », a-t-elle prévenu.


La relation entre les peuples autochtones, les États Membres et l’ONU peut être fondée sur le respect et être mutuellement bénéfique, a affirmé Mme Keskitalo, qui a revendiqué le droit au développement conformément aux besoins et aspirations propres des peuples autochtones.


La Conférence est un petit pas dans le long voyage de ces peuples, a-t-elle dit, en plaidant notamment pour un renforcement de la coopération avec l’ONU, sans renoncer à leurs priorités. 


Le moment est venu pour persister dans la réalisation des aspirations communes des droits de l’homme, de la justice, d’une identité culturelle et d’un avenir meilleur pour la communauté mondiale, a conclu Mme Keskitalo. 


M. LUIS EVELIS, membre du Sénat de Colombie, a reconnu des progrès et la volonté de certains gouvernements d’inclure dans leurs lois tous les documents internationaux existants, y compris la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones d’Amérique latine et du monde.  Toutefois, « il existe encore de grands problèmes », a-t-il regretté, les peuples autochtones recherchant toujours une accréditation au niveau mondial.


Les peuples autochtones, a poursuivi le délégué, souffrent des conséquences des modèles de développement et du changement climatique, et cela s’exprime dans la misère, la souffrance et la faim.  Lorsque sera approuvé le document final de la Conférence sur la base de la Déclaration et des instruments internationaux existants, il conviendra d’inclure ses dispositions dans les législations nationales.


La communauté internationale a entendu les peuples autochtones et leur paradigme de développement, basé sur la relation avec la Terre « mère nourricière », a noté M. Evelis.  Il a recommandé d’élaborer des politiques différentes pour résoudre les obstacles et surmonter l’exclusion dont souffrent les jeunes, les femmes et les enfants des peuples autochtones dans toutes les régions du monde.


Soulignant l’importance d’agir avec des indicateurs de croissance, mais aussi de bien-être, il a recommandé à l’ONU de poursuivre ses efforts pour préserver l’avenir de l’humanité et sauver la planète.


M. ZEID RA’AD AL HUSSEIN, Haut Commissaire aux droits de l’homme, a souligné que l’objectif de cette réunion était de permettre aux États Membres de combler les écarts de mise en œuvre qui continuent d’amoindrir la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, et d’agir pour renforcer la lutte contre la discrimination, l’exclusion et la mainmise sur leurs terres dont les peuples autochtones continuent d’être victimes dans le monde.


M. Al Hussein a constaté que sept ans après l’adoption de la Déclaration, des données ventilées sur les autochtones n’existaient toujours pas, malgré l’impact sur leur vie de la pauvreté et de la marginalisation.  Il s’est inquiété du fait que dans les pays développés, le nombre de personnes autochtones incarcérées est « fortement disproportionné » comparé à leur nombre.


Dans un pays, s’est-il alarmé, les enfants autochtones ont 25 fois plus de chances d’être incarcérés que les autres.  Le Haut Commissaire s’est aussi préoccupé, d’une manière générale, du manque d’accès des autochtones à l’éducation, à l’eau potable et aux habitations et du taux élevé de mortalité maternelle et infantile dont ils pâtissent.  Il a ensuite appelé les États Membres à veiller au respect et à la protection des droits des peuples autochtones.


M. Al Hussein a aussi insisté sur la nécessité d’intégrer les droits des peuples autochtones dans toutes les initiatives internationales qui les concernent.  Le programme de développement pour l’après-2015 doit être « explicitement ancré » dans ces droits de manière à ce que les droits, les terres et les cultures autochtones ne soient plus sacrifiés au nom de concepts erronés de développement, a-t-il dit. 


Il a estimé que les contributions des peuples autochtones seraient  capitales pour le Sommet sur le climat ainsi que pour la Conférence mondiale 2015 sur la réduction des risques de catastrophe.  Les peuples autochtones, a-t-il notamment expliqué, peuvent être les détenteurs de savoir traditionnel capable d’atténuer l’impact de ces catastrophes.


Le Haut Commissaire a ensuite appelé les États Membres à élaborer des plans d’action nationaux qui s’accordent avec les objectifs de la Déclaration et à les mettre en œuvre en veillant à la pleine coopération des peuples autochtones. 


Il faut mettre immédiatement un terme à l’intimidation, à la persécution et parfois aux meurtres dont continuent d’être victimes les militants des droits des peuples autochtones dans certains pays.  M. Al Hussein s’est aussi dit préoccupé par des informations selon lesquelles des représentants autochtones avaient été empêchés de participer à la Conférence mondiale.


Dans ses remarques d’ouverture, la Présidente de l’Instance permanente sur les questions autochtones, Mme DALEE SAMBO DOROUGH, a affirmé que depuis l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution 66/296 en 2010 relative à la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, l’Instance avait tout fait pour assurer la pleine, juste et égale participation de tous les peuples autochtones au processus préparatoire de cette conférence.  Évoquant les débuts très lents, qui ont poussé certains à douter de l’engagement réel des Nations Unies en leur faveur, elle a rappelé cependant que depuis 2011, les experts membres de l’Instance avaient su faire en sorte qu’il y eût un véritable partenariat et un esprit d’inclusion entre États Membres, peuples autochtones, entités onusiennes, fonds et programmes. 


La Présidente de l’Instance est persuadée que sans la générosité de l’Instance, ce processus n’aurait pas pu déboucher sur la cérémonie d’ouverture d’aujourd’hui ni sur le programme substantiel de la conférence.  Elle espère que cet esprit de partenariat se poursuive aux niveaux régional et national ainsi qu’à celui des communautés autochtones.


Pour Mme Dorough, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones est un témoignage fort de ce qui peut se faire lorsque les États et les peuples autochtones travaillent main dans la main pour le respect de la Charte des Nations Unies et de ses principes, renforçant ainsi le système international des droits de l’homme.  Elle a notamment mis l’accent sur le droit à l’autodétermination, le principe de l’autonomie et de l’auto-gouvernance, les droits culturels et l’identité, les droits fonciers ainsi que le droit à la réparation.


Outre les objectifs énoncés dans le Document final, qui a été « trop rapidement négocié et avec une participation limitée et contrôlée des peuples autochtones », la Présidente de l’Instance a insisté sur l’importance du respect des normes du droit international et des principes du droit international coutumier pour tout futur dialogue, négociation ou mise en œuvre des droits de l’homme individuels et collectifs des peuples autochtones. 


De même, le droit au consentement préalable et éclairé, ainsi que le droit des peuples autochtones sur leurs terres, territoires et ressources, restent des éléments urgents et nécessaires à la survie et à la pérennité des peuples, nations et communautés autochtones, a-t-elle précisé.  « Pour tout futur dialogue nous devons convenir du fait que le consensus perd sa validité dès l’instant où il est utilisé pour saper les principes de justice, de démocratie et le respect des droits de l’homme, de l’égalité et de la non-discrimination ainsi que de la bonne foi », a averti Mme Sambo Dorough.  


Il ne faut pas perdre de vue, selon elle, que les peuples autochtones font partie des populations les plus vulnérables et les plus désavantagées dans le monde.  Par conséquent elle estime qu’il est profondément injuste qu’ils fassent les frais de la « pratique douteuse » qui permet au plus petit dénominateur commun de prévaloir.  Les droits de l’homme des peuples autochtones ne devraient pas être politisés ou autrement mis en jeu par des intérêts locaux, régionaux ou nationaux, a-t-elle encore souligné.


Mme RIGOBERTA MENCHU, dirigeante autochtone et Lauréate du prix Nobel de la paix, a indiqué que le 22 septembre était une journée sacrée sur le calendrier maya qui célèbre la force de l’être humain.


Elle a espéré l’adoption, aujourd’hui, d’une résolution satisfaisante pour les droits des peuples autochtones.  Elle a rappelé qu’elle avait participé à l’inauguration du groupe de travail sur cette question il y a 23 ans.  Depuis lors, des délégations se sont succédé à l’ONU et des progrès extraordinaires ont été réalisés dans la définition des droits des peuples autochtones. 


Cependant, si des milliers de peuples peuvent aujourd’hui réaffirmer leur identité, des jeunes et des enfants souffrent encore de la faim et de la misère, et des effets de la violence quotidienne au sein de leurs communautés pour protéger leurs terres et leurs fleuves.


« La paix pour nous, c’est l’équilibre, le respect mutuel, la réciprocité et la consultation », a déclaré Mme Menchu.  Elle a appelé les dirigeants des peuples autochtones à bien prendre leurs décisions dans l’intérêt de ces peuples. 


Elle a ensuite rendu hommage à ceux qui ont perdu la vie depuis le début des négociations en 1982, du fait de graves violations des droits de l’homme, telles « génocide, ethnocide et féminicide », des concepts qui ne sont pas encore mentionnés dans la Déclaration.


L’incertitude subsiste pour les peuples dans le domaine de la santé.  Il faut intégrer la science et la sagesse des peuples dans les programmes de développement et adopter une nouvelle approche en matière d’éducation dans un contexte multiculturel.  Il faut également lutter contre le racisme et la discrimination qui ébranlent l’intégrité de l’être humain.


Les peuples autochtones doivent renforcer leur participation active aux niveaux national et international et « lutter contre les délits de lèse humanité », a conclu Mme Menchu. 


Explications de position après le vote du projet de résolution (A/69/L.1)


L’Observateur du Saint-Siège a assuré que sa délégation avait fait preuve de bonne volonté pour que le Document final fût adopté mais il a réitéré ses réserves quant au paragraphe 13 qui se réfère à la santé sexuelle et génésique et aux droits en matière de procréation.  Il a rejeté tout recours à l’avortement.


La représentante du Canada a indiqué que sa délégation présenterait un texte écrit pour réaffirmer la position de son pays sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et notamment certains paragraphes qui le préoccupent.


Table ronde 1: « L’action menée par le système des Nations Unies au service de la mise en œuvre des droits des peuples autochtones »


Coprésidée par la Représentante permanente de la République tchèque, Mme EDITA HRDA, et le représentant de la région autochtone pacifique, M. GHAZALI OHORELLA, la première table ronde fut l’occasion, pour ses participants, d’examiner les moyens déployés par le système des Nations Unies en vue de faciliter la mise en œuvre des droits des peuples autochtones.  


« Nous avons réussi à dégager un consensus », s’est félicitée Mme Hrda, après l’adoption, ce matin, du Document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones.  Il s’agit d’un pas en avant sur la voie de la mise en œuvre des droits des peuples autochtones.


La route a été longue pour les peuples autochtones, a rappelé M. Ohorella.  Des lacunes persistent entre les engagements pris et la réalité.  « Nous avons à présent les ressources nécessaires pour participer pleinement à la réalisation de nos droits », a-t-il dit.  Il a proposé aux intervenants de créer une « conscience collective » à cette fin. 


Le Président du Fonds international de développement agricole (FIDA), M. KANAYO NWANZE, a insisté sur les raisons qui motivent sa politique: la question de l’égalité et la nécessité d’éliminer la pauvreté rurale.  Les 370 millions de personnes autochtones représentent 5% de la population mondiale, mais 15% de ceux qui vivent dans la pauvreté.  Leur autonomisation sociale et économique est indispensable pour leur avenir durable.  Le FIDA a financé des prêts en leur faveur à hauteur de 1,8 milliard de dollars.


Faute d’une action plus cohérente et mieux coordonnée au sein des Nations Unies, les peuples autochtones continueront d’être ignorés, a averti la Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones, Mme VICTORIA TAULI-CORPUZ.  Pendant très longtemps, ils se sont trouvés au milieu de conflits armés.  Aujourd’hui, la protection du droit à la vie et à la terre reste très fragile.  Le système des Nations Unies doit encourager le respect des dispositions de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones par la mobilisation de financements et par l’assistance technique, et en intégrant l’attention portée aux peuples dans tous les fonds et programmes. 


Mme Tauli-Corpuz a recommandé qu’il y ait « un travail de conscientisation » au sein du système sur les droits des peuples autochtones.  Quant au haut fonctionnaire qui sera désigné par le Secrétaire général, il devra s’efforcer de consulter les peuples autochtones dans l’exercice de son mandat.


Le représentant de la Région autochtone de l’Amérique centrale et du Sud et des Caraïbes, M. ATENCIO LOPEZ, a regretté que beaucoup d’organismes au sein du système des Nations Unies rechignent encore aujourd’hui à parler des droits des peuples autochtones, même si la thématique devient transversale.  Il a appelé tous les pays, à l’instar de la Bolivie, à intégrer le Document final dans leur droit interne.  Il voudrait voir le système reconnaître dans ce Document autant d’obligations que de droits et permettre la participation pleine et entière des peuples dans la mise en œuvre de leurs droits.  Il a souhaité que des « ambassadeurs autochtones » les y représentent.


Le Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay a évoqué 500 années d’histoire marquées par la spoliation et a exprimé « la volonté de rechercher la justice non seulement pour le passé mais aussi pour l’avenir ». 


Son homologue du Panama, autre pays multiethnique qui a, depuis 1952, une politique favorisant les populations autochtones, a affirmé que les États avaient l’obligation de garantir la participation des peuples autochtones.  De par ses lois, le Panama se trouve « à la pointe de cette thématique ».


L’Argentine, qui a aussi vécu « une histoire dure et difficile », a entamé un processus de reconnaissance des droits fonciers de ses populations autochtones, a expliqué le Directeur de l’Institut national des affaires autochtones.


Au Viet Nam, où vivent depuis longtemps en harmonie 54 ethnies, le racisme et la discrimination raciale sont interdits, a assuré le délégué de ce pays.  Il a réaffirmé son soutien aux efforts des Nations Unies et des États Membres pour une meilleure protection des droits et des intérêts des peuples autochtones.


Pour l’Assemblée autochtone de l’Asie, le Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones devrait se voir confier un mandat clair de suivi de la mise en œuvre de ces droits et tous les organes de traités devraient produire des recommandations générales relatives aux peuples autochtones.  De plus, il serait bien que les instances nationales et régionales des droits de l’homme désignent des points focaux. 


La représentante de l’Assemblée autochtone de l’Arctique a insisté sur « le consentement préalable donné librement et en connaissance de cause » des peuples autochtones.  Ces peuples « sont toujours affectés par des tierces parties qui ne vivent pas sur leur territoire ni au sein de leurs communautés ». 


Les droits des peuples autochtones sont des droits de la personne humaine, a souligné le délégué de l’Union européenne en insistant sur les principes d’inclusion et de cohérence et sur la lutte contre la discrimination sous toutes ses formes. 


Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Hongrie a fait remarquer que « des communautés hongroises qui sont des minorités nationales vivant dans les pays voisins » se heurtent à des difficultés semblables à celles que connaissent les peuples autochtones. 


Le Secrétaire d’État pour la coopération internationale et l’Amérique latine de l’Espagne s’est félicité de la participation des peuples autochtones dans l’élaboration du Document final et s’est engagé à faire de celui-ci une réalité. 


La représentante de la France a rappelé que son pays respectait les droits des peuples autochtones, consultés pour toutes les décisions concernant directement ou indirectement leur mode de vie.


Pour sa part, l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale a pour mandat d’appuyer la gouvernance démocratique partout dans le monde, y compris la participation des peuples autochtones et la représentation des groupes marginalisés dans les partis politiques.


La Nation Cherokee, « la plus grande nation tribale des Nations Unies », s’est dite attachée à la protection de sa souveraineté, à la préservation de sa culture et à l’amélioration de sa qualité de vie.  À son tour, la Nation Chickasaw a proposé l’élaboration d’un organe de surveillance au sein des Nations Unies pour assurer la mise en œuvre de la Déclaration.  Dans le même esprit, la Nation Navajo a souhaité avoir « une place à la table des négociations ».


Issu lui-même de la Nation Cherokee, le représentant des États-Unis auprès du Conseil des droits de l’homme a jugé prioritaire de protéger les droits des femmes et des enfants autochtones.  Les Nations Unies doivent reconnaître les gouvernements tribaux, distincts des organisations non gouvernementaux.  « La Conférence mondiale n’est pas une fin en soi; il s’agit d’un appel lancé en faveur de la mise en œuvre rapide des objectifs de la Déclaration. »  


Le Chef du Cercle Chakma a préconisé un dialogue plus direct avec l’Instance permanente sur les questions autochtones, ainsi que des contacts réguliers au plus haut niveau entre le Secrétariat, ses organes et les fonds et programmes des Nations Unies, d’une part, et les peuples autochtones, d’autre part.


Le Congrès national des premières nations d’Australie lutte pour des conditions de vie meilleure pour les aborigènes qui sont toujours privés du droit de choisir leur développement, mais jouissent d’une grande richesse spirituelle.


De même, la situation des femmes autochtones du Népal, où la Déclaration des Nations Unies n’est pas suffisamment internalisée, continue de s’aggraver avec la perte du contrôle des terres et des ressources ancestrales. 


Selon le Forum des peuples autochtones et la Fondation Kapaeeng du Bangladesh, les institutions des Nations Unies devraient jouer un rôle essentiel pour favoriser le dialogue entre les gouvernements et les peuples autochtones.


Par ailleurs, de nouveaux défis menacent le retour des Tatars de Crimée depuis l’occupation et l’annexion de la Crimée par la Fédération de Russie, a déploré leur représentant.  Il a demandé à l’ONU de créer une mission spéciale pour surveiller la situation en Crimée.


La Convention relative aux peuples indigènes et tribaux dans les pays indépendants de 1989 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) est un pilier du système international de protection des droits des peuples autochtones, a rappelé la représentante de l’OIT.


Pour sa part le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) œuvre en faveur d’une participation inclusive des populations autochtones, notamment dans le cadre de l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.


Pour l’Instance permanente sur les questions autochtones, il faut « faire fond sur les volontés affichées et les pratiques existantes » afin d’atteindre les objectifs définis dans la Déclaration.


Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, au nom du Groupe d’appui interinstitutions sur la question, a jugé que la participation des peuples autochtones était « un élément central du suivi qui sera donné au Document final » et qui aura un impact sur l’action au sein des Nations Unies.


Le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) accomplit un travail qui met notamment l’accent sur l’accès à des services et des modèles propres à autonomiser les femmes autochtones.


Les droits des personnes autochtones handicapées, notamment les enfants et les jeunes, ont également été défendus lors de cette table ronde. 


Table ronde 2: « Mettre en œuvre les droits des peuples autochtones aux niveaux national et local »


La reconnaissance effective et l’application concrète du principe de consentement préalable, libre et éclairé, sont la charpente de l’application du droit à l’autodétermination des peuples autochtones dans tous les domaines, a-t-il été souligné, cet après-midi, lors d’une deuxième table ronde intitulée « Mettre en œuvre les droits des peuples autochtones aux niveaux national et local », dans le cadre de la Réunion de haut niveau dite Conférence mondiale sur les peuples autochtones.


Avec la participation de ministres d’une quinzaine de pays, la table ronde a aussi permis à autant d’organisations de peuples autochtones issues de toutes les régions d’exprimer leur appui au Document final adopté par l’Assemblée générale dans la matinée, mais également d’émettre certaines critiques, notamment sur l’absence de mention de la problématique de la militarisation de certains territoires.  


M. DAVID CHOQUEHUANCA, Ministre des affaires étrangères de la Bolivie, qui coprésidait la table ronde, a expliqué le paradigme du « bien-vivre », rappelant que les langues autochtones ne disposent pas de mot pour exprimer la « race » ou pour dire « merci », et considèrent que tous les êtres humains sont frères et s’alimentent avec le lait de la Terre nourricière, à savoir l’eau, au même titre que les plantes et les animaux. 


Il s’est félicité de l’évolution de l’ONU qui a fini par travailler sur les droits des peuples, les droits collectifs, les droits environnementaux.  Dans ce contexte, l’édification d’États plurinationaux est fondamentale pour reconnaître pleinement les peuples d’origine et leurs propres autorités, ainsi que leurs croyances et principes de développement.


« Pendant 500 ans, nos savoirs ont été occultés et nos sentiments emprisonnés, donc tout dépend des autochtones pour sensibiliser les États alors que la Deuxième Décennie des peuples autochtones touche à sa fin et peu de choses y ont été entreprises pour mettre un terme aux discriminations et à la marginalisation des autochtones », a-t-il dit.  « Il est temps de reprendre en main le modèle de développement économique car celui qui prévaut a conduit à la crise, au chaos et à une pauvreté généralisée. »


Autre coprésident de la table ronde, M. JOSEPH OLE SIMEL (Kenya), représentant de la Région autochtone africaine, a estimé que la mise en œuvre du Document final aux plans national et local signifiait la fin de la surexploitation des terres ancestrales des autochtones et l’élaboration de législations foncières justes.  Le Kenya a adopté une constitution très progressiste avec une législation sur l’exploitation minière, a-t-il dit.


M. JAMES ANAYA, ex-Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones, a estimé que l’ONU était sur le point de vivre des changements fondamentaux si elle arrivait à faire en sorte que les autochtones ne fussent plus ignorés ou n’eussent pas à être l’objet de stéréotypes et de comportements discriminatoires, notamment dans les grands moyens d’information.  Il a mis l’accent sur la nécessité de renforcer la volonté politique pour mieux lutter contre cette ignorance et d’éduquer aussi bien l’opinion publique que les médias sur les droits des peuples autochtones. 


Mme SONIA MAIGA, Commissaire à la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), organe principal de promotion et de protection des droits de l’homme des peuples autochtones sur le continent, a rappelé que ces peuples étaient considérés comme barbares, sans culture ni savoir, ce qui a eu pour résultat l’exploitation éhontée de leurs ressources, de même que leur marginalisation et leur paupérisation. 


La Commission travaille d’arrache-pied pour relever le niveau de jouissance des droits des autochtones, organiser des ateliers de formation, enquêter sur les plaintes et œuvrer de concert avec les organisations onusiennes sur place.  Parmi les nouvelles politiques et bonnes pratiques, la Commissaire a indiqué, par exemple, que le Niger avait reconnu les droits des communautés pastorales, tandis que la Commission s’attaquait aux injustices passées.  Elle a aussi affirmé que la République centrafricaine était la seule à avoir ratifié la Convention 189 de l’Organisation internationale du Travail (OIT).


Du côté des États Membres, la Ministre du développement social de l’Équateur, Mme Cecilia Vaca, a fait observer que son pays s’employait à jeter les bases d’un État plurinational pour récupérer les langues maternelles et le savoir endogène.  Elle s’est félicitée, d’autre part, du fait que le Document final de la Conférence mondiale contienne un appel spécifique aux entreprises multinationales pour qu’elles soient plus responsables et rendent des comptes sur l’impact de leurs activités dans les pays dans lesquels elles sont présentes.


Le Ministre de la gouvernance coopérative et des affaires traditionnelles de l’Afrique du Sud, M. Pravin Gordhan, a annoncé la mise sur pied d’un Conseil des langues autochtones.  Le Suriname, par la voix de son Ministre du développement régional, M. Stanley Betterson, a fait état de la nomination d’un Commissaire présidentiel spécial sur les droits fonciers, lui-même descendant d’une tribu d’origine. 


Posant la question vitale de la participation des autochtones aux affaires qui les concernent, le Ministre des affaires étrangères du Danemark, M. Martin Lidegaard, a souligné que son pays avait tenté de savoir « qui était responsable de quoi », et établi des consultations et un dialogue avec les peuples autochtones sur cette base. 


Le Premier Ministre du Groenland, Mme Aleqa Hammond, a indiqué pour sa part que le peuple du Groenland était le seul de l’Arctique à jouir de son droit à disposer de lui-même.  Une Commission de réconciliation va ouvrir un dialogue généralisé pour mieux comprendre les agissements du passé et les surmonter, a-t-elle annoncé, se réjouissant de l’état des relations avec le Gouvernement danois. 


Dans le même esprit, le Ministre des affaires maories de la Nouvelle-Zélande, M. Pita Sharples a réaffirmé l’appui de son pays à la Déclaration de l’ONU et au Traité de Waitangi, socle du partenariat entre le pouvoir maori et la Nouvelle-Zélande.  Par l’application de ce traité, les plaintes des tribus vis-à-vis du Gouvernement néozélandais sont examinées, en particulier en ce qui concerne la restitution des terres.


S’engageant à la mise en œuvre de la Déclaration de l’ONU et du Document final fraîchement adopté, la Ministre des affaires étrangères de l’Australie, Mme Julie Bishop, a toutefois estimé qu’il ne suffisait pas de dire que les droits de l’homme étaient universels et s’appliquaient aux peuples autochtones, mais qu’il fallait les traduire dans la réalité afin de faire une différence dans la vie des autochtones. 


Le chef de la diplomatie de l’Ukraine, M. Pavolo Klimkin, a quant à lui vivement dénoncé le fait que l’agression de la Russie imposait des souffrances aux minorités, comme les Tatars de Crimée ou d’autres autochtones de la Péninsule de Crimée, qui font l’objet de discriminations persistantes. 


Son homologue de la Namibie, Mme Netumbo Nandi-Ndaitwah, a dit que son pays avait mis en place le plan de développement Vision 2030 aux fins de combattre la pauvreté et de le mettre sur la trajectoire de la prospérité, y compris ses peuples anciennement marginalisés.  La Namibie a connu un contexte de ségrégation raciale et un programme d’éducation des populations marginalisées a été mis en œuvre.


« Nous n’avons pas été découverts.  C’est un mensonge car nous avons toujours existé », a lancé, de son côté, la représentante du Caucus autochtone de l’Arctique, se félicitant néanmoins que le Document final inclut, dans ses paragraphes 7, 9, 21, 23 et 25, des engagements clairs des États.  « Avec l’exemple de l’autodétermination du Groenland, on a la preuve que des solutions viables sont possibles », a-t-elle déclaré.


Les représentants de plusieurs autres caucus, comme ceux de l’Asie ou de l’Amérique latine et des Caraïbes, ont mis l’accent sur la participation des autochtones dans les affaires qui les concernent ainsi que sur le droit collectif en tant que droit distinct, et à part entière.  


D’autres, comme celui du Pacifique, ont regretté que le Document final ne traitât pas réellement de la militarisation des terres et des territoires autochtones du Pacifique, qui a eu des effets dévastateurs sur les populations et compromet la durabilité de leur mode de vie. 


Une représentante de l’Association des peuples autochtones de Ryukyus a regretté que le Gouvernement japonais ne reconnaisse pas son peuple, lequel s’est opposé à l’établissement des bases militaires américaines sur ses terres au Japon. 


Exhortant à l’action et à l’instar du représentant du Congrès mondial amazigh, le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Canada, a constaté que les droits ne sauraient être appliqués isolément les uns des autres et a soutenu l’appel visant à la création d’un organe de mise en œuvre et de suivi de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones.  Il a préconisé un partenariat étroit entre ceux-ci et les États orienté vers l’action.  Le représentant du Congrès amazigh a également demandé l’octroi d’un certain nombre de sièges permanents à l’ONU avec statut d’observateur. 


Enfin, l’observateur de l’Union interparlementaire, a annoncé qu’il lancerait, demain, le résultat d’une enquête sur les parlementaires autochtones dans le monde.  Ce rapport montre que les autochtones n’ont, parfois, ni les encouragements ni les moyens nécessaires pour représenter leurs peuples.  L’Union interparlementaire lancera également un guide à l’usage des parlementaires autochtones.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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