En cours au Siège de l'ONU

ENV/DEV/1457

Sommet sur le climat: une centaine de dirigeants mondiaux s’engagent en faveur des mesures et d'un financement adéquats pour sauver la planète de la menace climatique

23/9/2014
Couverture des réunionsENV/DEV/1457
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Sommet sur le climat 2014

matin & après-midi


SOMMET SUR LE CLIMAT: UNE CENTAINE DE DIRIGEANTS MONDIAUX S’ENGAGENT EN FAVEUR DES MESURES

ET D’UN FINANCEMENT ADÉQUATS POUR SAUVER LA PLANÈTE DE LA MENACE CLIMATIQUE


Il faut mobiliser la volonté politique nécessaire pour conclure, à Paris en 2015,

un accord ambitieux sur la réduction des émissions, s’accordent tous les participants


« Les États Membres doivent faire preuve de leadership en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre », a déclaré sans ambages le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, à l’ouverture du Sommet sur le climat, en demandant à la centaine de chefs d’État et de gouvernement réunis à New York de prendre les rênes pour instaurer un monde résilient et neutre en carbone d’ici à la fin du siècle.  Un appel qui a été entendu au vu des engagements solides exprimés tout au long de la journée, notamment les annonces de partenariats dans les domaines de la foresterie, de l’énergie et des transports.


Au cours du plus grand rassemblement de chefs d’État jamais organisé sur le problème des changements climatiques, aujourd’hui au Siège des Nations Unies, les dirigeants mondiaux se sont succédé à la tribune pour mobiliser la volonté politique des différentes parties en vue de négociations qui devraient aboutir sur un accord historique pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, lors de la vingt-et-unième Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21) qui se tiendra à Paris en décembre 2015.  Comme l’a expliqué le Président de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, M. Kahamba Kutesa, de l’Ouganda, le Sommet sur le climat avait aussi pour objectif de susciter des actions ambitieuses en vue de renforcer la résilience face aux changements climatiques, de réduire le niveau et les quantités des émissions atmosphériques de gaz à effet de serre, et de conduire le monde vers une économie plus propre et plus verte.  Le Président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), M. Rajendra Pachauri, a confirmé que les inquiétudes ressenties dans ce domaine étaient fondées.  L’influence humaine sur le système climatique de la planète n’est plus à démontrer, a-t-il dit.


M. Ban a appelé les dirigeants du monde à travailler de concert pour mobiliser les financements nécessaires et faire évoluer les marchés.  Il a aussi interpellé les institutions financières publiques et privées, les appelant notamment à contribuer à la capitalisation du Fonds vert pour le climat.  « Il faut tenir la promesse faite à Copenhague et mobiliser 100 milliards de dollars par an », a-t-il insisté avant de demander, comme plusieurs autres intervenants, que soit fixé un prix applicable aux émissions de carbone.  Beaucoup de participants ont plaidé en faveur de la rapide opérationnalisation du Fonds vert pour le climat des Nations Unies, tandis que le Président de la France, M. François Hollande, a annoncé l’octroi par son pays d’1 milliard de dollars à ce Fonds au cours des prochaines années.  Au total, 2,3 milliards de dollars ont été promis pour financer le Fonds vert pour le climat, principalement par la France et l’Allemagne.


En outre, une coalition formée de dirigeants de gouvernements, du monde des affaires et de la finance, des banques de développement multilatéral et de la société civile ont annoncé une mobilisation de plus de 200 milliards de dollars pour participer à ce financement, s’est félicité le Secrétaire général dans ses remarques de clôture.  Les banques privées n’étaient pas en reste, avec l’annonce de l’émission prochaine d’obligations vertes de l’ordre de 20 milliards de dollars, alors que dans le même temps, les compagnies d’assurance, les investisseurs institutionnels et les maires ont également fait des promesses, a noté M. Ban.


Le Secrétaire général a aussi salué le lancement, ce jour, d’une initiative globale de renforcement de la résilience climatique en faveur des petits États insulaires en développement du Pacifique, qui sont des pays qui souffrent particulièrement des conséquences des changements climatiques.


La participation et les engagements d’un nombre record de dirigeants mondiaux se sont joints à la mobilisation de personnalités telles que l’acteur Leonardo DiCaprio, tout nouveau Messager de la paix sur la question du climat nommé par l’ONU; l’ancienne Présidente irlandaise Mary Robinson, actuellement Envoyée spéciale des Nations Unies pour les changements climatiques; et Li Bingbing, actrice chinoise et Ambassadrice de bonne volonté du PNUE qui milite pour la protection des forêts.  Également engagé dans cette lutte en tant que Président de « Generation Investment Management » et de « Climate Reality Project », l’ancien Vice-Président américain, Al Gore, a fait appel à la volonté politique des États et des autres acteurs mondiaux, qui, a-t-il dit, est une « ressource renouvelable ».  Illustrant cette volonté politique, le maire de New York, M. Bill de Blasio, a indiqué que la ville avait déjà réduit de 19% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2005 et qu’elle s’est engagée à les réduire de 80% d’ici à 2050.  Le Président des États-Unis, M. Barack Obama, a pour sa part annoncé que les États-Unis allaient respecter l’engagement qu’ils ont pris de réduire, à l’horizon 2020, leurs émissions de gaz à effet de serre de 17% par rapport au niveau de 1990.


En concluant la journée, Mme Graça Machel, militante internationale pour les droits des femmes et des enfants et veuve de Nelson Mandela, a proposé d’examiner les annonces de contribution à la lumière du coût à payer par l’humanité en cas de non-action.  Elle a encouragé les chefs de gouvernements et les capitaines d’industrie « à prendre des décisions qui, si elles seront impopulaires, protégeront des millions de personnes et l’avenir de nos petits-enfants ».  Le Sommet sur le climat a été marqué par la projection de plusieurs vidéos, dont une réalisée par des jeunes qui souhaitaient interpeller les dirigeants du monde sur leurs responsabilités face à la crise climatique.  En outre, une jeune femme des Îles Marshall a fait le déplacement à New York avec son nourrisson pour exprimer, avec émotion et lyrisme à la fois, les préoccupations de la société civile.


À la veille du débat de haut niveau de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, qui commencera demain, le Président de la session a annoncé qu’il organiserait un évènement de haut niveau sur les changements climatiques en juin 2015, à mi-parcours entre la COP20, qui doit avoir lieu à Lima au Pérou en décembre 2014, et celle de Paris en décembre 2015.


SOMMET SUR LE CLIMAT 2014


Déclarations liminaires


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a averti qu’à l’heure actuelle, les rêves de toute la population mondiale sont en jeu.  Les changements climatiques, s’est-il alarmé, menacent la paix et la prospérité si durement gagnées, ainsi que les perspectives de bien-être pour plusieurs milliards de personnes.


Aujourd’hui, a-t-il plaidé, nous devons placer la planète sur une nouvelle voie.  Les changements climatiques sont la question déterminante de notre époque.  Ils définissent notre présent, et notre réaction définira notre avenir.  Le Secrétaire général a signalé que les conséquences humaines, environnementales et financières des changements climatiques sont en train de devenir insoutenables. Nous n’avons jamais auparavant affronté un tel défi.  Et nous n’avons jamais fait face à une telle situation.  L’opportunité qui se présente, c’est celle d’un avenir à faible émission de carbone, et un monde résistant aux chocs climatiques nous donnera les chances d’un meilleur avenir.  Ce serait un monde et un avenir plus propres, plus sains, et plus justes pour nous tous.  Le Secrétaire général a ensuite indiqué qu’un seul facteur fait obstacle à cette perspective, et ce facteur c’est « nous », les humains.


M. Ban a appelé les États Membres à faire preuve de leadership en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre.  La science, a-t-il signalé, indique que celles-ci doivent atteindre leur point critique le plus élevé d’ici à 2020 et pourraient ensuite baisser de manière notable.  D’ici à la fin de ce siècle, a-t-il insisté, nous nous devons d’avoir un bilan carbone neutre.  Le Secrétaire général a appelé les dirigeants à investir dans la création de sociétés capables de résister au réchauffement du climat afin de protéger l’ensemble des populations du monde, et « surtout les plus vulnérables ».  M. Ban a notamment exhorté l’ensemble des gouvernements à conclure, à Paris en 2015, un accord universel significatif sur le climat et à faire chacun leur part pour limiter la hausse des températures au niveau mondial à moins de 2°Celsius.  Pour ce faire, il les a notamment appelés à mobiliser des fonds et à investir dans les solutions climatiques déjà disponibles.  Les économistes ont démontré que cela peut se faire avec un coût supplémentaire minimal, et que les retombées de ce genre de mesures sur nos peuples et sur notre planète seront monumentales, a-t-il signalé.


Le Secrétaire général a aussi appelé les institutions financières à se montrer à la hauteur du défi.  Le secteur financier privé doit sortir de son apathie et des coulisses, et nous devons financer le Fonds vert pour le climat, a préconisé M. Ban.  Il a également appelé les États Membres à honorer l’engagement qu’ils ont pris de verser 100 milliards de dollars annuellement en faveur de la promotion de projets et de programmes de lutte contre les changements climatiques, une promesse qui a été prise à Copenhague.  Il les a également exhortés à fixer un prix sur les émissions de carbone.


Le Secrétaire général a ensuite indiqué que les Nations Unies entendent avoir un bilan carbone neutre d’ici à 2020.  Il a parlé de sa participation, dimanche dernier, à New York, à la manifestation populaire qui a eu lieu sur le climat.  J’ai été bouleversé par l’énergie de ces dizaines de milliers de personnes qui exigent que leurs dirigeants agissent et jouent de manière concrète le rôle de leadership qui leur revient, bref, qu’ils « dirigent ».  Nous ne sommes pas ici simplement pour parler ou faire de grands discours.  Nous sommes réunis ici pour écrire l’histoire, a conclu le Secrétaire général.


M. SAM KAHAMBA KUTESA, Président de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a souligné que ce Sommet sur le climat vise à mobiliser la volonté politique des États Membres et des autres acteurs afin que l’on parvienne à la conclusion d’un accord significatif à la vingt-et-unième Conférence des parties sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) qui aura lieu à Paris, en France, en décembre 2015.  Il a aussi relevé que le Sommet devrait également permettre de promouvoir des actions ambitieuses à mener sur le terrain afin de renforcer la résilience face aux changements climatiques, de réduire le niveau et les quantités des émissions de gaz à effet de serre et de conduire le monde vers une économie plus propre et plus verte.


M. Kutesa a en outre rappelé l’importance que revêtent les ressources financières, les transferts de technologies vertes et le renforcement des capacités, notamment en faveur des pays en développement, pour promouvoir la lutte contre les changements climatiques.  Soulignant la nécessité de mobiliser les financements publics et privés, et insistant qu’il est dans l’intérêt de toute la planète que le Fonds vert pour le climat soit financé de manière satisfaisante, M. Kutesa a promis qu’il continuerait à promouvoir et susciter la mobilisation politique sur la question du climat au cours de sa présidence de l’Assemblée générale, notamment en procédant à l’organisation d’un évènement de haut niveau sur les changements climatiques en juin 2015, qui se tiendra à mi-parcours, a-t-il expliqué, entre la COP20, qui doit avoir lieu à Lima, au Pérou, en décembre 2014, et celle de Paris, qui prendra place en décembre 2015.


À l’ouverture du Sommet sur le climat, M. BILL DE BLASIO, Maire de New York, a souligné qu’un grand nombre de personnes sont venues défiler dimanche, lors de la Marche citoyenne pour le climat organisée à New York.  La cause du changement climatique c’est nous-mêmes, a-t-il rappelé.  C’est la façon dont nous nous déplaçons à travers nos moyens de transport, et dont nous nous chauffons, par exemple.  Notre besoin mutuel de survie devrait susciter l’unité sur la question du changement climatique, a ajouté le Maire de New York.  Pour la ville de New York, les besoins sont pressants, a remarqué M. de Blasio en rappelant les ravages et les morts qu’avait provoqués l’ouragan Sandy il y a deux ans.  Le Maire de New York a indiqué que sa ville avait pris des mesures et mis en  œuvre les moyens nécessaires pour réduire de 19% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2005 grâce au plan élaboré par son prédécesseur, M. Michael Bloomberg, qui est désormais Envoyé spécial du Secrétaire général pour les villes et le changement climatique.  Mais nous devons aller plus loin, a demandé M. de Blasio qui s’est dit fermement attaché à réduire les émissions de gaz à effet de serre de New York de 80% d’ici à 2050.  Nous sommes, a-t-il précisé, la plus grande ville du monde à nous fixer de tels objectifs.  Il a appelé la communauté internationale à adopter des mandats clairs et audacieux, et a assuré que la ville de New York s’engage sur cette voie. 


M. RAJENDRA PACHAURI, Président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), a dit que le cinquième rapport du GIEC, publié en mars dernier, laisse voir, sans l’ombre d’un doute, que l’influence humaine sur le système climatique de la planète est claire et n’est plus à démontrer.  Pour limiter l’impact des activités humaines sur le climat, M. Pachauri a proposé que soit promu et soutenu l’usage de technologies propres et des énergies renouvelables, et que l’on lutte contre le déboisement et la destruction des forêts.  Les coûts des mutations et des changements à opérer dans le mode de vie des gens et le fonctionnement des économies sont certes élevés, a-t-il noté.  Mais, a-t-il mis en garde les dirigeants présents au Sommet, « attendez donc de voir quel serait le coût de l’inaction… ».


M. AL GORE, Président de « Generation Investment Management » et de « Climate Reality Project », a souligné qu’il y a une voie à suivre pour aller vers un avenir viable et prospère marqué par les progrès économiques.  Le prix de l’énergie solaire a beaucoup diminué en six années seulement, a-t-il fait remarquer.  À travers le monde, plus de 80% des gens vont vivre en utilisant des sources d’énergie sans carbone photovoltaïque, ce qui va leur coûter moins cher que l’usage de l’énergie à base de carbone.  M. Gore s’est félicité que les investisseurs réagissent, notant que le marché des obligations avait décuplé au cours des dernières années.  Les nations qui saisissent cette possibilité d’agir en matière climatique parviennent en outre à créer et fournir des emplois à leur population, et elles augmentent leur taux et la qualité de leur croissance économique et garantissent la prospérité pour les générations à venir, a-t-il ajouté.  Les démarches en cours devraient nous conduire à conclure un accord mondial sur le climat l’an prochain à Paris, a espéré M. Gore.  À ceux qui sont devenus cyniques quant à ce processus, il a rappelé qu’en toutes choses, le dernier « non » est généralement suivi du premier « oui ».  Concernant les changements climatiques, après ce « oui », la future génération humaine vivra dans le monde que nous avons créé, a relevé Al Gore.  Il a fait appel à la volonté politique des États et des autres acteurs mondiaux.


Mme LI BINGBING, actrice chinoise et Ambassadrice de bonne volonté pour le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a souligné que « lorsque l’on veut, on peut », lançant ainsi un appel à la mobilisation d’une plus grande volonté politique dans la lutte contre les changements climatiques.  Mme Li a rappelé qu’avant ce Sommet, plus de 2 500 vidéos ont été réalisées par des jeunes, à travers le monde, pour interpeller les dirigeants du monde sur leurs responsabilités face à la crise climatique actuelle, les invitant ainsi à répondre aux menaces que fait peser ce phénomène sur toute l’humanité. 


L’intervention de Mme Li Bingbing a été suivie par la projection d’une vidéo mettant en scène divers jeunes du monde qui ont exprimé l’inquiétude qu’ils ressentent face à un avenir marqué par les impacts des changements climatiques.  Les remarques et déclarations de tous étaient notamment ponctuées de questions, notamment de « pourquoi? », face à ce qu’ils perçoivent comme étant un manque de volonté et de détermination des dirigeants du monde.


M. LEONARDO DI CAPRIO, acteur de cinéma et Ambassadeur pour le changement climatique et la paix, a dit qu’il s’exprimait en tant que citoyen, parmi les milliards de personnes qui à travers le monde, veulent faire face à la crise.  En tant qu’acteur, je fais semblant de régler des problèmes dans des scénarii fictifs, a-t-il expliqué en notant que, souvent, on fait semblant, et on essaie d’ignorer le changement climatique en se convaincant qu’il n’est pas réel.  Mais chaque semaine nous voyons de nouveaux effets des changements climatiques qui prouvent que le mouvement s’accélère.  « Le changement climatique, ce n’est pas de la rhétorique, ce sont des faits réels.  Les scientifiques le savent, les gouvernements le savent, même l’armée américaine le sait », a fait remarquer l’acteur.  Il a estimé que les solutions à ce problème allaient au-delà des choix individuels, et il a invité les industries et les gouvernements à prendre des décisions à grande échelle sur le prix du carbone et l’élimination des subventions versées à la production ou la consommation de certaines énergies.  La bonne nouvelle, c’est que les énergies renouvelables sont non seulement une possibilité, mais aussi une opportunité économique.  L’urgence est immense, le message est urgent.  « Moi, pour gagner ma vie, je joue des rôles, je fais semblant, mais pas vous, qui ne pouvez pas vous le permettre.  Nous ne devons pas perdre notre élan.  Vous devez être courageux et honnêtes », a demandé le Messager de la paix de l’ONU aux dirigeants du monde.


Mme KATHY JETNIL-KIJINER, originaire des Îles Marshall, qui s’exprimait au nom de la société civile, a indiqué que son pays est formé de petites îles qui s’étalent sur plus de 2 millions de km2.  Elle a décrit certains faits survenus aux Îles Marshall et qui ont eu des résultats catastrophiques, citant à cet égard des vents de plus en plus dévastateurs et la répétition d’inondations.  Tout ceci témoigne de l’impact négatif que les changements climatiques ont sur les Îles Marshall, a dit Mme Jetnil-Kilner.  Elle a ensuite lancé un cri de détresse aux dirigeants du monde en les invitant, dans un langage imagé, « à ne pas oublier les petites gens », et à les « prendre à bord de leur canoë dans la course qui est engagée pour sauver l’humanité du naufrage ». 


La représentante de la société civile a, en outre, avec lyrisme et beaucoup d’émotion, lu un poème qu’elle a écrit à sa fille.  Dans ce texte, elle émet le vœu que sa descendance connaisse la même félicité que celle qu’elle a connue, tout en promettant de se battre jusqu’à sa dernière once d’énergie, et avec le soutien et la collaboration de toute la société, y compris des dirigeants, afin que les petites îles comme celles dont elle est issue, ne disparaissent pas.  Elle a terminé sa présentation en rassurant sa fille, lui disant qu’elle pourra désormais dormir en paix, son avenir étant assuré par les engagements et les actions de toute la communauté internationale.  La déclaration de la représentante lui a valu une ovation nourrie et des dirigeants du monde, debout, à la vue d’un nourrisson de trois mois qui était probablement la destinataire du poème récité par la représentante de la société civile.


ACTION NATIONALE ET ANNONCES DES AMBITIONS


Plénière 1


Au cours de la première séance plénière du Sommet sur le climat, qui était présidée par le Secrétaire général des Nations Unies, les États Membres, par la voix de leurs chefs d’État ou chefs de gouvernement, ont annoncé les ambitions qu’ils se sont fixées pour les années à venir afin de remédier aux conséquences du changement climatique, unanimement décrites comme « alarmantes ».


Cette séance plénière a en outre été marquée par un dialogue entre pays en développement et pays développés portant sur les mécanismes de financement qui faciliteraient la « transition verte » vers une économie sans carbone dont le monde a besoin.


Ouvrant le débat, M. José Manuel Barroso, Président de l’Union européenne, a indiqué que la Commission européenne avait proposé de parvenir à une cible de 40% de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030, par rapport au niveau d’émissions actuel, ainsi que des économies d’énergie de 30%. 


Cette ambition a été partagée par M. Sauli Niinistö, Président de la Finlande, qui a mentionné que son pays visait une réduction des émissions de gaz d’au moins 80% d’ici à 2050, tandis que Mme Helle Thorning-Schmidt, Première Ministre du Danemark, a indiqué que son pays examinait la possibilité de faire en sorte qu’aucune énergie fossile ne soit utilisée d’ici à 2050 au Danemark.


M. Enda Kenny, Premier Ministre de l’Irlande, a également retenu 2050 comme date à laquelle son pays devrait avoir réduit de 80% ses besoins de consommation électrique et en ce qui concerne les transports à base d’énergie polluante.


Évoquant les fléaux spécifiques auxquels ils font face, tels que la déforestation, la désertification ou les inondations, des pays en développement, en particulier africains, ont insisté sur la nécessité de voir que les efforts qu’ils mènent en vue d’atténuer les conséquences et l’impact du changement climatique soient soutenus par la communauté internationale.


Ainsi M. Hailemariam Desalegn, Premier Ministre de l’Éthiopie, a sollicité l’aide des partenaires de son pays afin que l’Éthiopie devienne, d’ici à 2025 « une économie à revenu intermédiaire à bilan carbone neutre ».


La Guinée, par la voix de sa Ministre de l’environnement, de l’eau et des forêts, Mme Hadja Kadiatou N’Diaye, a, pour sa part, appelé de ses vœux le renforcement des capacités des pays en développement.  Déplorant un « grave déficit de financement » des mécanismes d’atténuation des effets du changement climatique, elle a appelé les États développés à traduire dans les faits les promesses qui ont été faites à Copenhague en matière de ressources.


Le Premier Ministre de la Malaisie, M. Mohd Najib Tun Abdul Razak, a soutenu la même position.  Il a affirmé que son pays, qui est « en bonne voie pour atteindre la cible de réduire de 40% le niveau de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020 », n’avait pas reçu l’aide promise au titre de l’article 4.7 de la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques. 


« Nous nous sommes engagés à Copenhague de bonne foi, et nous attendons que toutes les parties honorent les engagements qui ont été pris vis-à-vis des pays en développement », a-t-il souligné.


Concernant l’adoption d’un accord sur la réduction du niveau des émissions de gaz à effet de serre à Paris en 2015, le Président de Madagascar, M. Hery Rajaonarimampianina, a indiqué que son pays, qui a augmenté la surface des aires protégées malgaches en la portant à plus de 10% de l’étendue du territoire national, était attaché aux principes de « responsabilité commune mais différenciée » et de « capacités distinctes ».


Pour sa part, M. Abdel Fattah Al Sisi, Président de l’Égypte, qui s’exprimait au nom du Groupe des États arabes, a souhaité la rapide « opérationnalisation du Fonds vert pour le climat des Nations-Unies ».  Cette demande a été reprise par M. Keith C. Mitchell, Premier Ministre de Grenade, qui a en outre demandé qu’un prix soit fixé pour les émissions de carbone.


M. Matteo Renzi, Premier Ministre de l’Italie, a indiqué que son pays allait porter sa contribution au Fonds vert « à un niveau significatif », alors que son homologue de Danemark a annoncé le versement d’une nouvelle allocation de 70 millions de dollars.  La contribution du Danemark au Fonds vert sera ainsi portée à 350 millions de dollars depuis 2010. 


L’Union européenne avait auparavant annoncé que 3 milliards d’euros seraient alloués aux pays en développement au cours d’une période de sept années afin de remédier aux conséquences du changement climatique.


Pour sa part, M. Shinzo-Abe, Premier Ministre du Japon, a indiqué que son pays œuvrait au renforcement des capacités des pays développés, et en particulier à celles des petits États insulaires en développement, par le biais notamment d’une assistance technique.  Le Japon devrait bientôt procéder au lancement de satellites chargés de collecter des données à l’échelle mondiale sur le changement climatique, lesquelles seront ensuite largement diffusées, a annoncé M. Abe.


Enfin, M. Sigmundur David Gunnlaugsson, Premier Ministre de l’Islande, a expliqué que son pays participait au développement de l’énergie géothermale en Afrique.  C’est une source d’énergie qui pourrait bénéficier à des centaines de millions de personnes, a-t-il estimé.


Plénière 2


La deuxième séance plénière du Sommet sur le climat, tenue en matinée, était coprésidée par le Président du Pérou, M. Ollanta Humala Tasso, hôte de la prochaine COP20, qui aura lieu à Lima, et le Président de la France, M. François  Hollande, hôte de la COP21, prévue à Paris en décembre 2015.  


Au cours de cette plénière, 37 intervenants se sont exprimés, avec une forte représentation de petits États insulaires en développement (PEID) qui ont mis en exergue les vulnérabilités dont ils souffrent du fait de leur nature géographique particulière.


Le Président des Seychelles, M. James A. Michel, marquant l’urgence de la situation pour les PEID, a estimé que le moment n’était plus aux discours, mais plutôt à l’action.  Il a indiqué que les petits États insulaires comme les Seychelles veulent lancer des actions contre la dégradation du climat et ses impacts, mais qu’ils ploient sous le poids de la dette, ce qui les empêche d’investir dans les programmes d’adaptation aux changements climatiques.  Il a ensuite invité la communauté internationale à tenir compte de l’index de vulnérabilité aux changements climatiques des PEID dans les prochains programmes de développement. 


Son homologue des Palaos, M. Tommy Esang Remengesau Jr., a fait le constat que la génération actuelle a échoué à laisser une meilleure planète à sa descendance, alors que le Président des États fédérés de Micronésie, M. Emmanuel Mori, a estimé que « les grands pollueurs qui ont créé le problème doivent maintenant y remédier ».  Il a aussi dit, à la suite de certains de ses pairs, que les États fédérés de Micronésie soutenaient la création d’un prix du carbone, comme l’a proposé la Banque mondiale.


Tonga, un autre PEID, est classé « numéro deux dans la liste des pays les plus vulnérables aux changements climatiques », a souligné son Premier Ministre, Lord Tu’Ivakano.  « Il est grand temps que la menace existentielle que le changement climatique fait  peser sur les pays insulaires en développement soit également perçue comme une menace à la paix et la sécurité internationales », a-t-il plaidé.


Ce point de vue également partagé par le Premier Ministre des Samoa, M. Tuilaepa Sailele Malielegaoi, qui a évoqué « les conséquences sécuritaires très importantes des changements climatiques » et déploré l’indifférence dont font preuve un grand nombre de pays à cet égard.  Il a pris en référence la création récente d’une mission d’urgence internationale de secours pour la lutte contre l’épidémie à virus Ebola pour souligner qu’« avec l’unité et la volonté, on peut toujours trouver une solution ».  « Les petits États insulaires en développement doivent indiquer au reste du monde la voie à suivre, et non pas suivre une voie indiquée par d’autres », a-t-il estimé en parlant de la lutte contre le changement climatique.  Il a en outre exprimé l’engagement des Samoa à réduire de 20% ses émissions de gaz à effet de serre et à produire des énergies renouvelables pouvant couvrir ses besoins d’ici à 2017.


Le Président des Philippines, M. Benigno Simeon Aquino III, a rappelé les derniers ravages causés par des typhons contre son pays, notant que « les Philippines supportent une part disproportionnée des conséquences des changements climatiques ».  Il a déploré le déficit de fonds et de technologies qui empêche son pays de mieux s’adapter aux conséquences néfastes des changements climatiques. 


Le Président de la Mauritanie, M. Mohamed Ould Abedl Aziz, a rappelé que 36 États africains figurent parmi les 50 pays les plus affectés par les conséquences des changements climatiques.  Il a relevé aussi que de grandes superficies de terres arables sont perdues chaque année en Afrique du fait de la désertification, notamment dans la région du Sahel.  M. Abdel Aziz, qui assume, en outre, la présidence de l’Union africaine (UA), a appelé les pays industrialisés à respecter leurs engagements en finançant le Fonds vert pour le climat et en favorisant le transfert de technologies propres vers les pays en développement. 


La Ministre de l’environnement d’Afrique du Sud a indiqué que son pays fera passer la part de l’énergie renouvelable de 2% à 42% de la consommation énergétique de son pays « dans quelques années ».


Le Président du Pérou, M. Ollanta Humala Tasso, a quant à lui émis le vœu que l’accord qui devrait être trouvé à la COP21 de Paris puisse être à la fois inclusif et équitable, tout en promouvant l’appui financier et technologique en faveur des pays en développement.


Le Premier Ministre du Tadjikistan, M. Qorhir Rasulzoda, a pour sa part lancé un appel afin que soient sauvés les glaciers des pays montagneux, dont le sien, tout appelant également la communauté internationale à trouver aussi des solutions durables pour la gestion des ressources hydriques, qui sont essentielles pour la survie des peuples des pays d’Asie centrale. 


Dans le cadre des solutions et des propositions avancées pour lutter contre les changements climatiques, le Président de la France, M. François Hollande, a annoncé que son pays allait octroyer 1 milliard de dollars au Fonds vert pour le climat au cours des prochaines années.  C’est une bataille contre le climat, mais aussi contre le temps qui passe que nous menons, a-t-il relevé, tout en invitant la communauté internationale à ne pas « laisser le temps décider à notre place ».  M. Hollande a dit souhaiter que la tenue de la COP21 de décembre 2015, à Paris, puisse donner lieu à des changements, étant donné, a-t-il indiqué, que Paris est une ville symbole de liberté et de révolution.


Le Premier Ministre et Ministre des affaires générales des Pays-Bas, M. Mark Rutte, a déclaré que son pays avait engagé des partenariats avec le secteur privé notamment, dans le but d’atteindre ses objectifs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2020.  Il a rappelé que le territoire des Pays-Bas est en majorité situé en dessous du niveau de la mer, et que l’une des ambitions nationales est de faire que l’aéroport d’Amsterdam, actuellement situé à 4 mètres sous le niveau de la mer, ne puisse pas, dans 100 ans, se retrouver à plus de 5 mètres sous le niveau de la mer.  Il a également annoncé que son pays allait annuler 14 millions de tonnes supplémentaires de crédits de carbone d’ici à 2020.


Le Premier Ministre de la Suède, M. Fredrik Reinfeldt, a, pour sa part, promis que la Suède réduirait de 40% le niveau de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020, en prenant en référence le niveau d’émissions de l’année 1990. 


Dans la perspective de la mutation vers l’économie verte, Sa Majesté Don Felipe VI, Roi d’Espagne, s’est félicité du fait que l’Espagne soit le premier pays au monde à avoir utilisé une énergie propre, l’énergie l’éolienne, comme première source de satisfaction de ses besoins énergétiques au cours de l’année dernière.


Plénière 3


La troisième séance plénière parallèle du Sommet sur le climat, présidée par le Président de l’Assemblée générale, M. Sam Kahamba Kutesa, a été l’occasion pour 18 chefs d’État et une dizaine de chefs de gouvernement de présenter les objectifs qu’ils se sont fixés pour faire face au problème posé par les changements climatiques, en donnant des exemples concrets de mesures prises pour l’avenir et de résultats encourageants déjà obtenus. 


D’emblée, des appels ont été lancés pour que les pays développés, c’est-à-dire ceux qui sont historiquement le plus responsable du changement climatique,  assument leurs responsabilités et tiennent leurs promesses en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de coopération internationale.  Ainsi, le Président de la Bolivie, M. Evo Morales Ayma, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, les a invités à financer la réponse à ce problème à hauteur de 70 milliards de dollars par an d’ici à 2016, pour passer ensuite à 100 milliards par an d’ici à 2020.


À l’instar de la plupart des chefs d’État, qu’ils soient de pays en développement ou développés, M. Morales Ayma a insisté pour que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) reste le principal forum de négociations, pour que l’on puisse aboutir en 2015 à la conclusion d’un autre protocole ou à des conclusions convenues, mais en tout cas, à un document ambitieux. 


Plusieurs autres pays latino-américains ont partagé les inquiétudes du Président bolivien quant au poids que font peser les pays développés sur les pays en développement, ceux-ci devant financer les mesures d’adaptation et d’atténuation au changement climatique alors qu’ils n’en sont que très peu responsables.  La Colombie, par exemple, ne contribue aux émissions de gaz à effet de serre qu’à hauteur de 0,037% du niveau mondial, a indiqué son Président, M. Juan Manuel Santos Calderón, avant de présenter les huit plans sectoriels colombiens de réduction des émissions dans des domaines comme le transport et l’extraction minière, ainsi que l’engagement de son gouvernement à protéger les forêts colombiennes.


Son voisin, M. Nicolás Maduro Moros, Président du Venezuela, s’est fermement élevé contre les modes de production et de consommation non viables promus par les pratiques du capitalisme, tout en faisant état des efforts déployés par son pays pour produire une énergie propre ainsi que pour assurer la conservation de ses forêts.


Faisant également valoir les mesures d’adaptation prises par son pays, Mme Dilma Roussef, Présidente du Brésil, a rappelé l’engagement pris en 2009 de réduire les émissions de 36% à 39% d’ici à 2020 et de réduire le taux de déboisement de 79% entre 2010 et 2020.  Nous avons aussi évité d’émettre 650 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an, a précisé Mme Roussef.  La lutte contre la déforestation n’est pas seulement menée sur le plan national brésilien, mais aussi dans le cadre de la coopération internationale avec les pays du bassin du Congo, a-t-elle ajouté.  « Il est possible de réaliser la croissance tout en protégeant l’environnement », ce qui est précisément « le message de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20 ».


Originaire de la même région latino-américaine, le Président du Costa Rica, M. Luis Guillermo Solís Rivera, a annoncé que son pays projetait de devenir neutre en émissions de carbone d’ici à 2021, ceci grâce à la création d’un système ferroviaire à énergie électrique complété par un nouveau système d’autobus dont les monteurs seront alimentés par des biocombustibles.  Le Costa Rica renforcera aussi l’utilisation des énergies renouvelables sur son territoire avec la réalisation du projet hydroélectrique Reventazón et l’utilisation de l’énergie la géothermique.


Pour le Chili, l’ambition nationale est de réduire de 20% ses émissions d’ici à 2020, ceci à condition de recevoir l’aide internationale promise, a précisé la Présidente du Chili, Mme Michelle Bachelet, en mentionnant les mesures prises à cette fin, comme la mise en place de programmes d’énergie moins polluante et la création d’un impôt sur les émissions de CO2 au-delà d’un certain seuil.


En ce qui concerne les petits États insulaires en développement (PEID), dont plusieurs chefs d’État se sont exprimés à cette séance, ils ont tiré la sonnette d’alarme face aux incidences dramatiques du changement climatique pour leurs petites îles dont les vulnérabilités sont beaucoup plus importantes qu’ailleurs.  Le Président des Comores, M. Ikililou Dhoinine, a plaidé en faveur de l’octroi d’un traitement différencié pour ces petits États et a vanté les mérites des partenariats bilatéraux, comme celui mis en place entre son pays et la Nouvelle Zélande pour utiliser la géothermie.  Il a rappelé à cet égard les nombreux engagements de partenariats pris dans le cadre de la Conférence sur les petits États insulaires en développement (PEID) tenue il y a 15 jours à Samoa.


Les pays les moins avancés, dont un grand nombre se trouvent en Afrique, sont eux aussi très vulnérables aux effets du changement climatique, ont fait remarquer les Vice-Présidents de l’Angola et du Burundi tout en présentant les plans nationaux d’adaptation de leurs pays.  Le changement climatique, « c’est une nouvelle forme d’agression contre le peuple africain », a estimé le Président de l’Ouganda, M. Yoweri Kaguta Museveni, avant d’expliquer que son pays a créé un Fonds pour protéger la biodiversité des zones humides et des forêts.


Mme Catherine Samba-Panza, Présidente par intérim de la République centrafricaine, « pays sans littoral qui cumule les vulnérabilités », selon ses propres mots, a fait remarquer l’engagement de la RCA dans le cadre de la CCNUCC, malgré sa faible contribution aux émissions et en dépit des conflits récents.


En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, son Président, M. Alassane Ouattara, a indiqué qu’elle projetait de passer, en termes de consommation énergétique, à une part d’énergie renouvelable de 5% en 2015 à 15% en 2020, et à 20% en 2030. L’utilisation de l’hydroélectricité va augmenter en Côte d’Ivoire à partir de 2018 grâce à la construction d’un nouveau barrage, a-t-il précisé.  Son homologue de la République du Congo, M. Denis Sassou Nguesso, s’est quant à lui prévalu de l’engagement qu’il a pris de planter un million d’hectares de forêts sur une période de 10 ans.


La Turquie s’est elle aussi engagée à augmenter sa couverture forestière de 3 millions d’hectares, a indiqué le Président Recep Tayyip Erdogan en mentionnant aussi son intention de modifier la consommation énergétique turque en y portant l’usage de l’énergie renouvelable à 30%.


Plusieurs présidents de pays de la région des Balkans ont également présenté leurs efforts nationaux d’adaptation qui sont modestes, mais constants, ont-ils noté.  Le Président de l’Albanie, M. Bujar Nishani, par exemple, s’est prévalu d’avoir lancé un programme visant à produire de l’énergie propre à un niveau qui couvrirait près de 100% des besoins nationaux.  Il a aussi parlé du lancement d’une initiative pilote en matière d’adaptation en Albanie.


Du côté des pays développés, malgré tous les efforts entrepris, il reste encore beaucoup à faire, a reconnu le Président de l’Autriche, M. Heinz Fischer. Il a indiqué que son pays était néanmoins en bonne voie, avec plus de 30% de son énergie et 70% de sa production électrique provenant de sources renouvelables.


Le Royaume-Uni, pour sa part, a multiplié par deux ses capacités en énergie renouvelables au cours des quatre dernières années, s’est félicité M. David Cameron, Premier Ministre du Royaume-Uni.  Le Royaume-Uni a aussi créé un centre financier de marché du carbone et a lancé la première banque verte d’investissements, sans compter les investissements effectués dans la capture du carbone et la construction d’une centrale nucléaire, a annoncé M. Cameron.


Clôture des séances plénières du matin


M. BARACK OBAMA, Président des États-Unis d’Amérique, a relevé que 5 ans après la COP15 de Copenhague, tenue en 2009, « notre compréhension de la question climatique a évolué ».  Aucune nation n’est protégée, a-t-il noté, ajoutant qu’aux États-Unis, la dernière décennie aura été la plus chaude jamais enregistrée sur le plan du climat.  Le climat change plus rapidement que les efforts que nous déployons pour y faire face, a-t-il ensuite souligné, indiquant aussi, à l’endroit de ses pairs: « nos citoyens manifestent dans les rues et nous ne pouvons pas faire la sourde oreille ».  Nous avons les connaissances scientifiques pour y faire face, a noté le Président des États-Unis qui a précisé que « nous sommes la première génération à ressentir les effets des changements climatiques et la dernière qui peut agir ».  Dans ce contexte, le Président Obama a indiqué que les États-Unis ont engagé un ensemble de mesures, comme par exemple, procéder à des investissements conséquents dans les sources d’énergie propres.  Il a expliqué notamment que les États-Unis utilisent aujourd’hui trois fois plus d’énergie éolienne qu’ils ne le faisaient en 2009, année où il a pris ses fonctions de Président.  Il a aussi affirmé que les progrès technologiques de ces dernières années ont permis de comprendre qu’« il ne doit pas y avoir de conflit entre choisir un environnement sain et assurer une croissance économique forte ».


M. Obama a par ailleurs déclaré que le Vice-Premier Ministre de la Chine, rencontré avant son allocution, et lui-même, avaient convenu qu’il est temps d’agir.  Il a ensuite appelé tous les pays à agir maintenant, « et pas l’année prochaine ».  Il a également annoncé que les États-Unis allaient apporter leur appui à 120 pays en développement afin de les aider à réduire leurs émissions de carbone, annonçant notamment des projets avec les pays d’Afrique dans le cadre de l’adaptation aux changements climatiques et dans la promotion d’une agriculture verte.  M. Obama a par ailleurs, exprimé sa volonté de voir le Fonds vert pour le climat être opérationnel au plus vite.  Le Président a dit que les États-Unis étaient prêts à jouer leur rôle de chef de file.  « Nous reconnaissons notre rôle dans le problème et nous sommes prêts à assumer notre part de responsabilité, et nous aiderons les pays en développement à apporter leur contribution pour la résolution de la question », a-t-il notamment affirmé.  Il a ensuite souligné que les pays émergents ont une contribution de plus en plus importante dans la production de gaz à effet de serre, et qu’ils devraient également agir en conséquence.  À cet effet, M. Obama a dit que la COP21 de Paris, prévue en 2015, devrait permettre d’arriver à un accord qui reflète les réalités économiques de la prochaine décennie, et il a précisé qu’il s’attendait à un accord à la fois inclusif et flexible.  Il a assuré que les États-Unis allaient, pour leur part, respecter l’engagement qu’ils ont pris de réduire, à l’horizon 2020, leurs émissions de gaz à effet de serre de 17% par rapport au niveau de 1990.  Il a conclu en appelant la communauté internationale « à placer les intérêts de nos enfants au-dessus des nôtres ».


M. JAKAYA MRISHO KIKWETE, Président de la République-Unie de Tanzanie, qui est aussi Coordonnateur du Comité des chefs d’État et de gouvernement africains sur les changements climatiques, a fait remarquer que les gains économiques des pays africains sont menacés d’être réduits à néant, car les capacités d’adaptation et d’atténuation de l’Afrique sont limitées.  Mais nous ne restons pas les bras croisés, a-t-il assuré en parlant notamment de ce qui est fait dans le domaine de la reforestation.  Il a plaidé en faveur d’un soutien pour l’Afrique, continent qui n’émet que 3% des gaz à effet de serre de la planète, alors qu’il absorbe 60 milliards de tonnes/métriques de dioxyde de carbone produits ailleurs.


L’Afrique demande aux pays développés de tenir leurs promesses, ce qui permettra de répondre aux besoins auxquels le continent fait face, a-t-il lancé.  Il a aussi demandé à chaque pays de participer aux efforts mondiaux visant à limiter à 2 degrés Celsius l’augmentation moyenne de la température du globe.  L’Afrique doit bénéficier d’investissements dans les équipements électriques ruraux et urbains, a-t-il ajouté.  Le Président tanzanien a aussi demandé que l’on aide l’Afrique à développer une agriculture résiliente par rapport aux changements climatiques.  Enfin, il a lancé un appel pour que la réunion de 2015, prévue à Paris, soit conclue de manière positive.  Il faut, a-t-il précisé, que le monde adopte un accord sur le climat juridiquement contraignant.


M. BARON DIVAVESI WAQA, Président de Nauru, a indiqué que les petits États insulaires en développement (PEID) s’étaient fixé des objectifs ambitieux en termes d’adaptation et d’atténuation des changements climatiques.  Nauru a présenté un rapport intitulé « Faire face aux conséquences des changements climatiques », a-t-il indiqué.  Il a appelé les pays développés à réduire leurs propres émissions et à offrir aux pays en développement les moyens de la mise en œuvre des réponses à ce problème.  Il a demandé la capitalisation initiale de 15 millions de dollars du Fonds vert pour le climat et un accès simplifié à ce fonds pour les pays en développement.  M. Waqa a aussi évoqué les initiatives qui aident des pays comme le sien à réagir face aux changements climatiques, comme l’initiative IRENA, qui fournit aux pays un cadre pour une transition rapide vers des sources non polluantes d’énergie, et SIDSDOC, initiative  qui offre également une coopération avec les petits États insulaires en développement.


M. ZHANG GAOLI, Vice-Premier Ministre de la Chine, a indiqué que son pays avait adopté un programme national et un plan national sur le changement climatique, pour respecter les cibles de réduction de son intensité carbone, qui ont été fixées à 40 ou 45% d’ici à 2020 par rapport à 2005.  Selon un rapport de la Banque mondiale, la Chine a contribué à hauteur de 58% à toute l’économie d’énergie sur la planète entre 1981 et 2010.  L’énergie renouvelable utilisée en Chine représente 24% de l’énergie renouvelable mondiale, a-t-il ajouté.  En tant que grand pays en développement, la Chine fera des efforts encore plus importants, afin de lutter contre le changement climatique, qui soient à la hauteur de ses capacités.  Nous annoncerons des mesures pour l’après-2020 sur le changement climatique dès que nous le pourrons afin de réduire l’intensité carbone de notre pays, augmenter la part des énergies non fossiles, et augmenter notre stock forestier.  Nous essaierons aussi d’arriver à un pic des émissions de CO2 le plus rapidement possible.  Afin de promouvoir la coopération Sud-Sud, le Vice-Premier Ministre de la Chine a annoncé que la Chine allait multiplier par deux son appui annuel en faveur de la création d’un fonds de coopération Sud-Sud sur les changements climatiques.  En outre, la Chine va fournir 6 millions de dollars pour appuyer les efforts menés par le Secrétaire général en faveur de cette coopération.


La Chine appuie la Conférence de 2015 qui se tiendra à Paris, afin qu’elle soit couronnée de succès à travers la conclusion d’un accord, a dit le Vice-Premier Ministre.  Il a proposé de s’en tenir au cadre de la CCNUCC, et a défendu le principe de la responsabilité commune mais différenciée.  Il faut aussi, a-t-il ajouté, tenir les engagements respectifs, les pays développés devant réduire davantage leurs émissions et transférer les technologies propres aux pays en développement.  Enfin, il a conseillé, pour l’avenir, de renforcer les mesures après 2020, tous les pays devant suivre la voie du développement à faible émission de carbone. 


Plénière 1 de l’après-midi


Dans le cadre de la séance plénière de l’après-midi, présidée par Mme Mary Robinson, Envoyée spéciale du Secrétaire général sur le climat et M. Manuel Pulgar Vidal, Ministre de l’environnement du Pérou, les intervenants ont été nombreux à souligner que les défis posés par les changements climatiques ne peuvent être relevés de manière individuelle par les pays, et en particulier par les pays en développement.  Le succès de la lutte contre les effets néfastes des changements climatiques passe par une approche collective, efficace et robuste de la question et par un véritable partenariat entre pays développés et en développement, se sont accordés les intervenants.  


Face à l’urgence de la situation, les dirigeants et représentants de nombreux pays dont le Paraguay, la Grèce, le Luxembourg, la Roumanie, le Pakistan, le Guatemala et le Portugal ont souhaité que ce Sommet ouvre la voie à l’adoption d’un accord ambitieux, réaliste, et même juridiquement contraignant en 2015 à Paris. 


Mme Aurélia Frick, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a mis en avant l’importance de la solidarité avec les pays en développement, dont l’existence d’un certain nombre d’entre eux est parfois menacée par les effets des changements climatiques.  Il ne saurait y avoir de solution nationale efficace à la question, et les notions dépassées de souveraineté ne s’appliquent pas lorsqu’il s’agit des changements climatiques, a-t-elle estimé.  Toute solution passe donc par une coopération multilatérale efficace.  Se ralliant à ce propos, le Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan a averti que l’inaction collective coûtera très cher.


Les représentants des pays en développement ont tous mis en avant à quel point les changements climatiques étaient un obstacle majeur au développement et plus particulièrement au développement durable et à la sécurité alimentaire.  Les Ministres des affaires étrangères du Lesotho, de la Guinée Bissau et du Libéria ont saisi cette occasion pour plaider la cause des pays les moins avancés et parler de leurs besoins particuliers.  De leurs côté, les représentants des États insulaires, comme Cuba, la Jamaïque et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, ont exprimé des revendications similaires mais ont mis en avant le fait qu’à court terme, ce sont ces îles qui sont les plus vulnérables aux effets des changements climatiques. 


Tous se sont accordés sur le fait que leurs pays ont des besoins concrets, et que leurs politiques nationales de développement durable ne sont pas envisageables sans l’aide de leurs partenaires et de la communauté internationale dont ils ont besoin pour les accompagner par le biais de l’apport d’appuis techniques et de financements.


Sur une note positive, la Ministre de l’environnement de l’Équateur, Mme Marcela Aguinaga, a rappelé, à l’instar d’autres pays en développement, que ces pays ne sont que marginalement responsables des émissions de gaz à effet de serre qui causent le réchauffement de la planète.  Elle a toutefois soutenu que cela ne devrait pas les empêcher d’opter résolument pour les énergies renouvelables et l’efficience énergétique.  Dans cet esprit, l’Équateur a décidé d’investir dans le reboisement et la construction de centrales hydroélectriques.  D’autres pays d’Amérique centrale et d’Afrique, comme le Guatemala et le Libéria ont également misé sur le reboisement et la remise en état de leurs forêts pour contribuer à la réduction des gaz à effet de serre.


Pour avoir été frappé par des catastrophes naturelles comme le cyclone Nargis qui a entraîné la perte de 138 000 vies humaines, le Myanmar a témoigné des effets néfastes et du coût élevé des changements climatiques par la voix de son Ministre des affaires étrangères, M. Wunna Maung Lwin, qui a fait un plaidoyer en faveur de la prise de mesures concrètes, collectives, et rapides car « l’inaction a un coût énorme ».  Au plan national, le Myanmar a misé sur le reboisement et la protection de plus de 10% de son territoire couvert de forêts, a-t-il indiqué. 


Le Pakistan, qui est également régulièrement frappé par des catastrophes naturelles, alors même qu’il fait partie des pays n’émettant que de très faibles émissions de CO2 dans le monde, a demandé que soit versé une enveloppe supplémentaire de 5 milliards de dollars par an, par la voix de son Ministre des affaires étrangères, M. Sartaj Aziz, pour que son pays puisse faire les investissements nécessaires dans l’aménagement du territoire, la promotion des énergies renouvelables et surtout pour la préservation de sa sécurité alimentaire.


En tant que représentante d’un État du monde industrialisé et développé, la Ministre de l’environnement de l’Allemagne, Mme Barbara Hendricks, a noté que « la paix n’est pas simplement l’absence de guerre », et qu’on ne pourra avoir de paix globale si l’on ne lutte pas contre les changements climatiques.  L’Allemagne s’est fixée des objectifs ambitieux d’ici à 2050, et elle a l’intention de présenter des mesures supplémentaires à la COP20, qui aura lieu à Lima, au Pérou, en décembre prochain.  Elle entend également ratifier la deuxième tranche du protocole de Kyoto début 2015, a annoncé Mme Hendricks.  Dans cet esprit, l’Allemagne lance un appel aux principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre pour qu’ils présentent des objectifs ambitieux à Paris en 2015, et elle invite tous les pays à se joindre à son initiative « Climate finance readiness program ».  Dans cet esprit, la Ministre a annoncé que l’Allemagne allait contribuer à hauteur de 100 millions de dollars supplémentaires au Fonds vert.  De son côté, le Luxembourg a annoncé une contribution de 5 millions d’euros, et la République tchèque une contribution de 5,5 millions de dollars à verser sur deux ans.


Comme l’ont relevé les représentants d’Israël et des Maldives, l’environnement ne connaît pas de frontières, ni les changements climatiques.  Allant plus loin, le Ministre israélien de la protection de l’environnement, M. Amir Peretz, a demandé au Secrétaire général de nommer un Envoyé spécial chargé de mettre en place un nouveau cadre de lutte contre les changements climatiques pour tous les pays du Moyen-Orient.  En tant « qu’homme de paix », il a estimé que les menaces climatiques soulignaient la nécessité et l’urgence de la relance des négociations entre Israël et la Palestine sous le leadership d’Abu Mazen.  « Commençons par l’environnement et les changements climatiques en tant que pont vers la paix entre Israël et la Palestine », a-t-il souhaité.


Plénière 2 de l’après-midi


La trentaine de pays qui ont participé à la deuxième plénière de l’après-midi, présidée par le Président du Ghana, et qui portait sur « L’Action nationale et les annonces des ambitions », ont fait part des divers engagements pris afin de réduire la quantité des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial et ont exprimé des vœux de succès pour le Sommet prévu à Paris en décembre 2015, au cours duquel un accord international contraignant devrait être trouvé.


Le Premier Ministre de la Belgique, M. Elio di Rupo, a dit que ce Sommet sur le climat devra apporter des réponses aux attentes des centaines de milliers de manifestants qui ont défilé en faveur de la résolution de la question climatique à travers les grandes villes du monde.  Il a ajouté que « 2015 devra être une année d’action » et a dit attendre que le prochain Sommet de Paris permette aux États Membres de parvenir à l’adoption d’un accord international contraignant sur le climat.  S’agissant de la Belgique, il a indiqué que son pays a pour objectif de réduire de 80% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, et de contribuer à réduire de 45% ces émissions au niveau de l’Union européenne.  


Le Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, M. Ramtane Lamamra, a énuméré les actions prises par son pays en révélant la mise en place en Algérie de 20 centrales thermiques fonctionnant au gaz naturel et produisant 400 mégawatts, projets dont la construction devrait s’étaler jusqu’en 2030.  L’Algérie prévoit aussi de capter 4 millions de tonnes de CO2, et a créé une « ceinture verte » en plus du « barrage vert » pour endiguer la désertification. 


La Ministre des affaires étrangères de l’Australie a réitéré l’objectif pris par son pays de réduire de 5% ses émissions à l’horizon 2020.  En outre, un fonds doté de 2,5 milliards de dollars a été mis en place en Australie pour promouvoir la rénovation des bâtiments afin de les rendre plus efficients en termes de conservation énergétique et aider à capturer les émissions de carbone issues des décharges.  La Ministre a reconnu que l’Australie est responsable, à hauteur de 1,5%, des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial.  C’est pourquoi, le pays a consacré 600 millions de dollars au soutien apporté aux pays en développement dans le combat qu’ils mènent pour réduire les effets des émissions de gaz à effet de serre.  Elle a terminé en déclarant que, le 12 novembre, aura lieu un sommet sur le climat dans le Pacifique, dont l’un des objectifs sera la protection des forêts tropicales dans les pays en développement.


Le Ministre des affaires étrangères du Suriname, M. Rabindre Parmessar, a, après avoir indiqué que son pays est « le pays le plus vert de la planète », énuméré les menaces que font peser sur le Suriname et ses 150 000 habitants les conséquences des changements climatiques.  Il faut protéger impérativement les forêts, les sources d’eau douce et les zones côtières, a-t-il préconisé.  Mais pour son homologue de l’Uruguay, M. Luis Almagro, le problème environnemental n’est pas un problème économique mais politique.  Il faut prendre les mesures qui s’imposent, a-t-il souligné.


Le Ministre du pétrole et des ressources minérales du Royaume d’Arabie saoudite, M. Ali Ibrahim al-Naimi, a dit que la transformation économique de son pays exige beaucoup d’énergie.  Dans le cadre de cette transformation, l’Arabie saoudite a néanmoins pris des mesures pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre par la capture du carbone présent dans l’atmosphère, la recherche et l’innovation, et la recherche de solutions à travers la coopération internationale.  Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis, M. Abdullah Bin Zayed Al Nahyan, a indiqué que son pays a développé l’énergie solaire et d’autres alternatives énergétiques propres comme contribution aux efforts mondiaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.  En outre, des millions de dollars destinés à la promotion de projets d’énergie renouvelable ont été investis par la coopération des Émirats arabes unis dans des pays étrangers, a ajouté le Ministre. 


Le Secrétaire permanent du Royaume de Thaïlande, M. Sihasak Phuangketkow a indiqué que, pour le développement économique du pays, le Gouvernement de la Thaïlande vise à parvenir à la « suffisance énergétique ».  La réforme du secteur de l’énergie est ainsi la priorité.  Ceci passera par l’augmentation de 25% la part des énergies alternatives propres dans la consommation thaïlandaise à l’horizon 2025. 


La Ministre canadienne de l’environnement, Mme Leona Aglukkaq, a dit que les grands pays économiquement développés et grands émetteurs de gaz à effet de serre doivent prendre plus de mesures de réduction des émissions de gaz polluants que les autres pays.  Le Canada, a-t-elle ajouté, a offert 1,2 milliard de dollars d’aide aux pays en développement pour les soutenir à faire face aux effets et aux conséquences des changements climatiques.  Au niveau national, le Canada prévoit la diminution de 23% des émissions causées sur son territoire par les camions et autres véhicules lourds et le retrait de la circulation de plus de deux millions de vieux véhicules légers par an. 


De nombreuses délégations, à l’instar de celle conduite par le Ministre des affaires étrangères de l’État de Palestine, M. Riad Malki, ont réitéré le fait que les émissions de gaz à effet de serre, les changements climatiques et les dégradations de l’environnement sont les conséquences du modèle de développement utilisé et imposé par les pays riches. 


Le Ministre de l’environnement et des ressources aquatiques de Singapour, M. Vivian Balakrishnan, a voulu que le monde parvienne à un nouvel accord sur les changements climatiques qui constituerait une base durable de travail acceptable pour toutes les nations.  Le Ministre des affaires étrangères du Sénégal, M. Mankeur Ndiaye, a demandé que tous les pays développés réduisent de 25% à 40% leurs émissions de gaz à effet de serre, qu’ils soient parties ou non au Protocole de Kyoto.


Clôture du Sommet sur le climat


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, s’est félicité du fait que le Sommet sur le climat ait permis d’écouter des annonces d’engagements solides en faveur de l’adoption d’un accord significatif et universel à Paris l’année prochaine, avec notamment le fait qu’une esquisse de cet accord qui sera présentée à Lima, au Pérou, en décembre prochain au cours de la COP20.  Il a également salué le fait que les dirigeants présents se soient prononcés clairement pour une limitation de l’augmentation de la température au niveau de la planète à 2 degrés Celsius au maximum, en réduisant de manière significative les émissions de gaz à effet de serre.  M. Ban a en outre salué les annonces de partenariats faites dans les domaines de la foresterie, de l’énergie et des transports.


Saluant toutes les promesses qui ont été faites aujourd’hui, le Secrétaire général a notamment salué l’engagement pris par les dirigeants des industries pétrolières, en partenariat avec les gouvernements et la société civile, d’identifier et de réduire les émissions de méthane dans l’atmosphère d’ici à l’année 2020.  Le Secrétaire général s’est par ailleurs félicité du fait que les dirigeants de nombreux pays aient annoncé leur volonté de financer le Fonds vert pour le climat, avec des promesses de financement initiales d’un montant de 1,15 milliard de dollars.  Dans la même veine, a-t-il relevé, une coalition formée de dirigeants de gouvernements étatiques, du monde des affaires et de la finance, des banques multilatérales de développement et de la société civile, ont annoncé une mobilisation de plus de 200 milliards de dollars pour financer la réduction des émissions de carbone et le renforcement de la résilience face aux changements climatiques.  Les banques privées n’étaient pas en reste, avec l’annonce de l’émission prochaine d’obligations vertes de l’ordre de 20 milliards de dollars et la promesse d’en doubler le marché pour qu’il atteigne 50 milliards de dollars d’ici à l’année prochaine.


En outre, les entreprises d’assurances pour leur part ont fait la promesse de doubler leurs investissements verts pour les faire passer à 82 milliards de dollars en 2015.  D’autre part, une coalition d’investisseurs institutionnels a promis de « décarboniser » 100 milliards de dollars d’ici à décembre 2015, a relevé M. Ban.  De même, le Secrétaire général a salué la mise en place d’une coalition de maires représentant 200 villes comptant un total de 400 millions d’habitants, et qui a promis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de leurs agglomérations de 12,4 à 16,4% chaque année.  Le prix du carbone aura été également un sujet récurrent au cours de ce Sommet, a noté le Secrétaire général.  Il a souligné qu’il s’agit là de l’un des outils les plus efficaces disponibles pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et promouvoir le développement et la croissance durables.


M. Ban a rappelé ensuite que les besoins d’adaptation sont de plus en plus importants et croissants pour l’essor des pays en développement et les petits États insulaires en développement (PEID) en particulier.  À ce propos, il a salué le lancement, ce jour, d’une initiative globale de renforcement de la résilience climatique en faveur des petits États insulaires en développement du Pacifique.  Le Secrétaire général a appelé les dirigeants présents au Sommet sur le climat à respecter les promesses faites aujourd’hui et a conclu que cette journée devrait rester dans les mémoires comme celle qui aura permis à la « famille humaine de faire le ménage dans sa maison, afin de s’assurer qu’elle soit vivable pour les générations futures ».


M. OLLANTA HUMALA, Président du Pérou, s’est félicité de la contribution du Sommet à la mobilisation de la volonté politique nécessaire en vue de la tenue de la COP20, que la capitale de son pays, Lima, accueillera du 1er au 12 décembre 2014.  Cette conférence doit tracer les lignes d’un accord clair et cohérent, en approuvant les règles de présentation des contributions nationales, a dit M. Humala.  Il a aussi espéré que la COP20 permettrait de prendre des décisions sur les mesures d’atténuation, d’adaptation aux effets des changements climatiques, et sur les financements.  Il a espéré que la Conférence de Lima rendrait possible la conclusion, en décembre 2015 à Paris, d’un accord qui permette un appui financier et technologique en faveur des pays en développement et qui permette de modifier les pratiques industrielles que le monde a connues depuis trop longtemps.  Le Président du Pérou a dit également attendre la contribution des organisations citoyennes, des peuples autochtones et des entreprises dans ce processus. 


Mme GRAÇA MACHEL, Fondatrice de « Graca Machel Trust » et militante internationale pour les droits des femmes et des enfants, a salué le courage et le rôle de chef de file des participants au Sommet sur le climat.  Elle a salué le sens de l’initiative du Secrétaire général de l’ONU, qui a permis de traiter de la question des changements climatiques, et elle s’est félicitée des engagements pris par de nombreux dirigeants présents en faveur de la préservation de la planète.  « Mais je serai franche », a-t-elle dit en faisant remarquer que « nous avons atteint un point décisif ».  « Nos engagements doivent être assez ambitieux pour ne pas tomber dans le précipice », a-t-elle préconisé.  Elle a avoué avoir un sentiment mitigé car, a-t-elle expliqué, si elle a noté un début de compréhension des enjeux, elle a aussi eu l’impression qu’il y a un écart entre l’ampleur de l’enjeu et la réaction des dirigeants du monde.  L’ampleur du défi est bien plus élevée que les engagements pris aujourd’hui, a-t-elle prévenu. 


Mme Machel a rappelé que le dimanche dernier, lors des marches citoyennes pour le climat, les personnes directement touchées par les changements climatiques ont fait entendre leurs voix.  Il faut que ces personnes restent au cœur de notre réponse, a-t-elle souhaité.  « Il faut que chacun se pose des questions difficiles et s’interroge sur ce qu’il faut faire pour reculer et ne pas tomber dans le précipice. »  Elle a donc proposé d’examiner les annonces de contribution à la lumière du coût à payer si rien d’efficace n’est fait.  « En tant que chefs de gouvernement et capitaines d’industrie, vous devez avoir le courage de prendre des décisions qui, si elles seront impopulaires, protégeront cependant des millions de personnes et l’avenir de vos petits-enfants », a-t-elle souligné.  Mme Machel a invité les dirigeants et tous les acteurs de la scène internationale et locale à dialoguer et travailler avec tous les membres de la société civile, notant en outre que, concernant les changements climatiques et leurs conséquences, il s’agit d’une question de droits de l’homme qui exige une réponse irréversible.


« Love song to the world », chanté par l’artiste britannique Natasha Bedingfield et accompagné par Toby Gadd, auteur compositeur, a conclu cette journée du Sommet sur le climat.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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