Le Conseil de sécurité autorise la Mission de l’ONU en Colombie à aider le Gouvernement à organiser la surveillance du cessez-le-feu
En adoptant à l’unanimité de ses membres la résolution 2307 (2016), le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, d’autoriser la Mission des Nations Unies en Colombie à apporter, à part égale avec le Gouvernement colombien, l’aide nécessaire à la surveillance et à la vérification des accords de paix récemment conclus entre le Gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).
Créée le 25 janvier dernier, par la résolution 2261 (2016), et à la demande du Gouvernement colombien, la Mission des Nations Unies en Colombie est une mission politique composée d’observateurs internationaux non armés chargés de surveiller et de vérifier le dépôt des armes, et une composante du mécanisme tripartite qui assurera la surveillance et la vérification du cessez-le-feu et de la cessation des hostilités entre les deux parties.
D’ici la fin du mois, la signature de l’accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable, conclu le 24 août 2016 entre les parties, marquera le début des activités de la Mission, pour une période de 12 mois.
Conscient de la nécessité de déployer rapidement le mécanisme tripartite, le Conseil autorise ainsi la Mission à apporter « l’aide nécessaire à la préparation et à la gestion des installations des zones et points locaux provisoires pour la normalisation ».
Le Conseil de sécurité approuve également les recommandations détaillées du Secrétaire général concernant la dimension, les aspects opérationnels et le mandat de la Mission, y compris les coûts afférents à la mise en place et au fonctionnement du mécanisme tripartite, contenues dans son rapport sur la question*.
Il accueille avec satisfaction les contributions déjà présentées par des observateurs non armés, y compris par les États membres de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes.
Tous les membres du Conseil ont salué l’accord de paix « historique » signé entre le Gouvernement colombien et les FARC.
Cette résolution ne représente toutefois « qu’une étape supplémentaire dans le long voyage de la Colombie vers la paix », a rappelé le représentant du Royaume-Uni, son auteur principal. Les enjeux sont énormes et que la paix reste encore fragile, a renchéri son homologue des États-Unis.
Le Venezuela a offert les services de 100 Vénézuéliens au sein de la Mission, et l’Espagne a annoncé qu’elle enverrait 22 observateurs, dont 25% de femmes.
Pour sa part, la Nouvelle-Zélande a promis d’aider la Colombie à réaliser son objectif de devenir « un pays sans mines » avant 2021.
L’Uruguay s’est félicité du fait que le processus de paix ait été initié par et pour les Colombiens. Avec l’approbation du référendum organisé le 2 octobre prochain, « les Colombiens auront la possibilité d’ouvrir la porte qui conduira à un avenir meilleur », a conclu la représentante de la Colombie.
LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53)
Texte du projet de résolution (S/2016/774)
Le Conseil de sécurité,
Se félicitant de l’accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable conclu le 24 août 2016 entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP), et saluant la détermination des parties à parvenir à cet accord historique pour mettre un terme à plus de 50 années de conflit,
Se félicitant également des accords conclus le 23 juin 2016 entre le Gouvernement colombien et les FARC-EP, notamment l’Accord portant cessez-le-feu et cessation des hostilités bilatéraux et définitifs et dépôt des armes, qui prévoit la mise en place d’un mécanisme tripartite de surveillance et de vérification,
Rappelant la résolution 2261 (2016) mettant en place, pour une période de 12 mois, une mission politique (« la Mission ») qui sera la composante internationale dudit mécanisme et dont elle assurera la coordination,
Attendant avec intérêt la prochaine conclusion d’un accord sur le statut de la mission entre l’Organisation des Nations Unies et le Gouvernement colombien,
Ayant examiné le rapport en date du 19 août 2016 adressé au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2016/729),
1. Se félicite du rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en Colombie (S/2016/729) et approuve les recommandations qui y figurent concernant la dimension, les aspects opérationnels et le mandat de la Mission, y compris les recommandations formulées au paragraphe 36;
2. Est conscient de la nécessité de déployer rapidement le mécanisme tripartite et autorise la Mission à apporter, à part égale avec le Gouvernement colombien, l’aide nécessaire à la préparation et à la gestion des installations des Zones et Points locaux provisoires pour la normalisation au cours de la période de 12 mois autorisée par la résolution 2261 (2016);
3. Accueille avec satisfaction les contributions déjà présentées par des observateurs non armés, y compris par les États membres de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes et d’autres États, et attend avec intérêt de nouvelles contributions.
Déclarations
M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a salué un accord véritablement historique et « un processus qui apporte déjà les fruits de la paix ». Selon lui, « le Conseil de sécurité a montré beaucoup de souplesse et de délicatesse pour répondre rapidement à la demande de la Colombie ». Cette résolution ne se limite toutefois pas à des hommages et « il faut être sûr que l’accord historique se transforme en paix historique ». Ce n’est qu’une étape supplémentaire dans le long voyage de la Colombie vers la paix.
M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a reconnu le courage dont ont fait montre les deux parties durant ces quatre années de négociations et qui ont permis d’aboutir à un accord qui permettra de renforcer la paix dans la région. Il a réitéré que son pays était prêt à coopérer avec toutes les parties. En particulier, il s’est félicité du fait que le processus a été initié par et pour les Colombiens. « Voilà un exemple pour la communauté internationale », a-t-il conclu.
Après avoir salué l’appui du Conseil de sécurité à la mise en œuvre de l’accord de paix entre le Gouvernement de la Colombie et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a souligné le rôle des autres pays qui y ont aussi contribué: le Chili, Cuba, la Norvège et le Venezuela. Elle a ajouté que les États-Unis resteraient un partenaire de la Colombie en temps de paix.
Elle a indiqué que la mise en œuvre de l’accord faisait partie de la recherche d’une paix durable en Colombie. Elle a toutefois fait remarquer que les enjeux demeuraient énormes et que la paix restait encore fragile.
M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a dit que cet accord permettrait de mettre fin à un conflit de vieux de 50 ans en Colombie. Pour construire une paix stable et pérenne, il est important que la Colombie puisse bâtir à une société de paix, a ajouté le représentant. Il a rappelé que son pays avait accueilli plus de quatre millions de réfugiés Colombiens pendant la guerre. « Nous avons aussi subi les conséquences du conflit mais le Venezuela est fier d’avoir pu jouer ce rôle de garant qui a permis la signature de l’accord de paix. » Le travail et la tâche de la Mission politique spéciale sont difficiles, a averti le représentant, qui a jugé important que l’ONU agisse de manière unie, notamment dans le financement de la Mission.
Il faudra aussi aider à créer un espace politique et économique pour tous les combattants, ainsi qu’une dynamique de paix et de tolérance au sein de la société. Le représentant s’est par ailleurs dit préoccupé par les facteurs existants de violence, comme la présence de paramilitaires et le trafic des stupéfiants en Colombie.
Le succès de la mise en œuvre de la résolution devrait encourager les autres groupes encore en guerre à s’associer à l’accord, a-t-il affirmé. Le Venezuela offre les services de 100 observateurs vénézuéliens au sein de la Mission politique spéciale, a annoncé le représentant.
M. MURRAY McCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a déclaré qu’en adoptant la résolution, qui crée une Mission politique spéciale afin d’aider à surveiller et à vérifier l’accord de cessez-le-feu et le dépôt des armes en Colombie, le Conseil de sécurité assurait son rôle d’assurer l’avenir pacifique du pays. « Nous espérons que les activités de la Mission politique spéciale pourront contribuer à aider à donner la confiance à toutes les parties et que les éléments clefs de l’accord seront pleinement et effectivement mis en œuvre par les deux parties », a déclaré le Ministre.
Il a estimé que la réponse du Conseil de sécurité à la Colombie représentait aussi un modèle positif et inhabituel sur la manière dont cet organe devrait et pourrait interagir avec les États touchés par des conflits. « C’est rare pour un pays de venir volontairement au Conseil de sécurité pour lui demander son aide », a-t-il dit, ajoutant: « Cette démarche et la réponse du Conseil de sécurité ont montré un exemple d’une relation constructive qui peut exister entre le Conseil et les pays qu’il cherche à aider ».
« Des défis restent et la route est longue pour assurer la paix. Mais avec l’engagement de toutes les parties, nous sommes confiants que ces défis peuvent être relevés », a poursuivi le Ministre. Le peuple colombien aura l’occasion d’exprimer sa position sur l’accord de paix au cours du référendum du 2 octobre prochain. « Nous souhaitons qu’il choisisse la voie de la paix. »
En outre, M. McCully a promis que son gouvernement apporterait son aide à la Colombie à réaliser son objectif de devenir « un pays sans mines » avant 2021.
Après avoir félicité les parties et les efforts consentis par le Gouvernement de la Colombie et par les pays garants de l’accord et accompagnateurs du processus, M. LIU JIEYI (Chine) a estimé que cet accord permettra que la stabilité et une paix pérennes s’installent dans le pays et la région. Il a espéré que les Nations Unies, tout en respectant la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Colombie, faciliteront au plus vite le déploiement de la Mission.
M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a appuyé cette résolution qui fixe la taille, les aspects pratiques et le mandat de la Mission créée par le Conseil de sécurité et qui lui permettra de poursuivre son déploiement sur le terrain dans les meilleurs délais, dans le but d’être pleinement opérationnelle au moment de l’entrée en vigueur de l’accord de paix global et définitif.
L’adoption de cette résolution, « l’une des dernières pierres essentielles à l’édifice de la paix en Colombie, montre que l’ONU et le Conseil de sécurité ont été à la hauteur des attentes qui avaient été placées en eux », s’est félicité le représentant. Il a notamment salué « le courage et la clairvoyance » du Président colombien. Il a rappelé que la France se tient, à titre national, aux côtés du peuple colombien et qu’elle contribuera au processus sur le plan bilatéral.
M. FODÉ SECK (Sénégal), qui a rappelé l’adoption de la résolution 2261 (2016) en janvier dernier après la signature le 24 août 2015 de l’accord de paix en Colombie, s’est félicité de la confiance accordée par les deux parties au Conseil de sécurité.
Cette mission politique spéciale aura la tâche de surveiller la cessation des hostilités, le dépôt des armes et la mise en œuvre des mesures de séparation des armées, a rappelé le représentant, qui s’est réjoui du fait que la Colombie ait bien appris des leçons de son histoire de ces 50 dernières années.
M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a prié les deux parties en Colombie à mettre en application l’accord de paix et a souhaité plein succès au mécanisme tripartite de surveillance et de vérification de l’accord « portant cessez-le-feu et cessation des hostilités bilatéraux et définitifs et dépôt des armes entre le Gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie ».
M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a reconnu que le Conseil de sécurité avait été soucieux d’apporter le soutien nécessaire au Gouvernement colombien. Il a espéré que le peuple colombien sera satisfait de cet accord et qu’il sera véritablement mis en œuvre.
M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a félicité en particulier les parties qui se sont engagées à protéger les droits des enfants dans le processus de paix. À cet égard, il a souligné l’importance de la coordination avec tous les mécanismes de l’ONU en Colombie et appuyé pleinement le représentant spécial du Secrétaire général, M. Jean Arnault.
M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) s’est félicité de la conclusion de l’accord entre le Gouvernement de la Colombie et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) qui « est dans l’intérêt de tous les Colombiens ». Les Colombiens doivent être les premiers à prendre en charge la mise en œuvre de cette résolution, a dit le représentant, pour qui la communauté internationale a son rôle à jouer à travers la résolution adoptée aujourd’hui.
Le Japon s’attache également au développement économique et social ainsi que l’aide aux victimes en Colombie. Le Japon est heureux d’être le « compagnon de route » du peuple colombien vers la paix.
M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a annoncé que son pays enverrait 22 observateurs pour la Mission, dont 25% seront des femmes. Cette Mission devra concentrer ses efforts sur la surveillance du dépôt des armes, l’accord de cessez-le-feu, ainsi que sur l’aide aux victimes et le déminage, a rappelé le représentant.
M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) s’est félicité de l’adoption de la résolution en faveur d’une paix durable et stable en Colombie. Selon lui, « le Conseil de sécurité devrait continuer à jouer un rôle dynamique en appuyant les parties qui s’attachent à mettre en œuvre l’accord ». Il s’est dit convaincu que l’expérience de la Colombie permettra d’apporter la stabilité dans d’autres régions du monde touchées par des conflits.
M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a souligné l’importance cruciale de cet accord qui ouvre « une nouvelle page dans l’histoire du pays ». Il a salué la volonté politique des parties et les efforts de médiation consentis par les pays garants et accompagnateurs. Il a rappelé l’efficacité des moyens juridiques pour résoudre « même les problèmes les plus anciens et les plus sanglants ».
Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a remercié les États Membres de l’ONU pour leur engagement en faveur de la paix dans son pays. Elle s’est réjouie à la perspective de la signature, 26 septembre prochain, de l’accord final « pour mettre fin de façon définitive à plus de cinq décennies de conflit en Colombie ».
« Le processus de négociation a été ardu, complexe et non exempt de difficultés », a rappelé la représentante. Mais il a été « ouvert à tous » et « la pierre angulaire a été le souci de la protection des droits de l’homme ». L’accord a commencé à porter ses fruits, a-t-elle souligné, notant que le 10 septembre, les délégués du Comité international de la Croix-Rouge avaient reçu les premiers enfants mineurs libérés dans les rangs des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Enfin, avec l’approbation du référendum organisé le 2 octobre prochain, « les Colombiens auront la possibilité d’ouvrir la porte qui conduira à un avenir meilleur », a-t-elle prédit.