Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 5 juin 2024
(La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)
Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:
Climat
Ce matin, au Musée d’histoire naturelle de New York, le Secrétaire général a prononcé une allocution spéciale sur l’action climatique. Il a déclaré que, selon le service Copernicus sur les changements climatiques de la Commission européenne, mai 2024 a été le mois de mai le plus chaud de l’histoire. Cela marque 12 mois consécutifs de mois les plus chauds de tous les temps.
« Notre planète essaie de nous dire quelque chose. Mais nous ne semblons pas écouter », a-t-il déclaré, ajoutant que nous sommes à un moment de vérité. Si nous n’accélérons pas l’action climatique, l’ensemble du budget carbone s’effondrera avant 2030. La vérité est que les émissions mondiales doivent baisser de 9% chaque année jusqu’en 2030 pour maintenir la limite de 1,5 degré Celsius.
Cependant, M. António Guterres a souligné que « si nous sommes le problème, nous sommes aussi la solution ». Il a rappelé que franchir le seuil de 1,5 degré Celsius pendant une courte période ne signifie pas que l’objectif à long terme sera atteint. « Cela signifie simplement que nous devons nous battre plus fort. »
C’est l’heure de la crise climatique, a déclaré le Secrétaire général, ajoutant qu’au cours des 18 prochains mois, les pays –en particulier le G20– doivent réduire leurs émissions, stimuler le financement de la lutte contre les changements climatiques et sévir contre l’industrie des combustibles fossiles. Le Secrétaire général a appelé les dirigeants de cette industrie à comprendre que s’ils ne sont pas sur la voie rapide de la transformation de l’énergie propre, ils conduisent leur entreprise dans une impasse, et nous entraînent tous avec eux.
Il a également exhorté les institutions financières à cesser de financer la destruction des combustibles fossiles et à commencer à investir dans une révolution mondiale des énergies renouvelables. En outre, il a appelé les sociétés de publicité et de relations publiques à cesser de prendre de nouveaux clients dans le domaine des combustibles fossiles, demandant aussi aux médias d’information et aux entreprises technologiques de cesser de faire de la publicité sur les combustibles fossiles.
Aujourd’hui, c’est la Journée mondiale de l’environnement. Le thème de cette année est « la restauration des terres, la désertification et la résilience à la sécheresse ». Dans son message, le Secrétaire général affirme que partout dans le monde, un cocktail toxique de pollution et de chaos climatique transforme des terres saines en déserts. Il nous avertit que nous sommes piégés dans un cycle mortel et qu’il est temps de nous en libérer.
Groupe des dirigeants pour la relance des ODD
Ce matin, le Secrétaire général a lancé le groupe des dirigeants pour la relance des objectifs de développement durable (ODD), composé de 10 membres, pour plaider au plus haut niveau afin que les pays en développement reçoivent les ressources financières dont ils ont besoin pour investir dans les ODD.
Le Groupe comprend les chefs d’État et de gouvernement de l’Afrique du Sud, de la Barbade, du Brésil, du Canada (coprésident), de l’Espagne, de la France, de l’Inde, de l’Italie, de la Jamaïque (coprésidente) et du Kenya.
Lors de sa première réunion, le groupe a examiné les recommandations et les mesures nécessaires pour remédier aux conditions financières désastreuses qui empêchent les économies en développement d’accélérer les progrès vers la réalisation des ODD. Au cours de l’année prochaine, le groupe des dirigeants cherchera de manière proactive à faire progresser le plan de relance des ODD. Il sera comme une alliance, veillant à l’alignement et à la hiérarchisation de l’ordre du jour.
En outre, il fera le lien entre les organes décisionnels et les processus de convocation essentiels au programme de relance des ODD.
Les pays en développement –et des milliards de personnes– sont confrontés aux pires perspectives économiques depuis plus d’une génération, a fait remarquer le Secrétaire général. Soulignant que le financement est le carburant du développement, il a demandé de veiller à ce que les pays ne soient pas obligés de tourner à vide.
Territoire palestinien occupé
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) affirme que depuis le 7 octobre, plus de 500 Palestiniens, dont près d’un quart sont des enfants, ont été tués en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. La grande majorité ont été tués par les forces israéliennes et 10, par des colons israéliens. Au cours de la même période, plus de 5 100 Palestiniens ont été blessés dans ces zones. OCHA a également enregistré plus de 940 attaques de colons israéliens contre des Palestiniens en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, depuis le 7 octobre.
Au cours des huit derniers mois, dans ces zones, les autorités israéliennes ont également démoli, confisqué ou obligé à l’auto-démolition de plus de 900 structures palestiniennes, dont près de 40% étaient des maisons habitées, conduisant au déplacement de plus de 2 000 personnes.
Dans le même temps, à Gaza, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) affirme que l’opération militaire israélienne en cours à Rafah entrave directement la capacité des agences d’aide à acheminer des fournitures humanitaires essentielles à Gaza, ainsi que la capacité de faire des rotations de personnel humanitaire essentiel.
L’Office a maintenu une présence à Rafah, en mettant l’accent sur la poursuite des missions à Kerem Shalom pour récupérer du carburant et des produits d’aide. Au cours de la période de cinq jours entre le 28 mai et le 1er juin, l’UNRWA affirme que seuls 232 camions d’aide humanitaire sont entrés par Kerem Shalom, soit une réduction significative par rapport à avant l’opération militaire de Rafah.
Iraq
Ce matin, Mme Ana Peyró Llopis, Conseillère spéciale par intérim et Cheffe de l’Équipe d’enquête des Nations Unies chargée de promouvoir l’obligation de rendre des comptes pour les crimes commis par Daech (UNITAD), a présenté aux membres du Conseil de sécurité le douzième et dernier rapport de l’Équipe. La résolution 2697 (2023) avait prolongé le mandat de l’Équipe d’enquête pour un dernier mandat d’un an non-prorogeable, soit jusqu’au 17 septembre 2024.
Mme Peyró Llopis dit que l’Équipe a commencé sa liquidation en vue de son retrait d’Iraq. Elle a ajouté que toutes les preuves et tous les documents recueillis par l’Équipe allaient rester dans le pays et que les États Membres pourraient les utiliser à l’avenir pour tenir les auteurs de Daech responsables des crimes commis en Iraq. Dix ans après que Daech s’est déclaré califat, en 2014, les appels à la responsabilité pour tenir les responsables des crimes qu’ils ont commis en Iraq demeurent, a-t-elle déclaré.
Soudan du Sud
La Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) indique que la situation à Malakal dans l’État du Nil supérieur est calme, bien que fragile, après l’épisode de violence de la semaine dernière. Les tensions se sont accrues sur le site de protection des civils près de la base de la Mission et au sein des communautés. La Mission indique qu’elle travaille étroitement avec les autorités afin de maintenir le calme et a, de manière proactive, déployé des gardiens de la paix autour dudit site afin de garantir la sécurité des déplacés. Les forces de sécurité gouvernementales patouillent dans la ville de Malakal, tandis que le couvre-feu imposé hier après l’incident a été levé.
République centrafricaine
La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) indique avoir intensifié ses patrouilles dans l’est du pays en vue de protéger les civils, y compris au sein du triangle Ouada-Ouandja-Sam Ouandja de la préfecture de Haute-Cotto. Les Casques bleus poursuivent leurs efforts de réhabilitation de l’axe Obo-Bambouti dans la préfecture de Haut-Mbomou afin de faciliter l’acheminement et la distribution de l’aide humanitaire en prévision de la saison des pluies. Une équipe onusienne d’évaluation des besoins en matière électorale est arrivée dans le pays, à la demande du Gouvernement. L’équipe doit mener de larges consultations afin de déterminer les domaines de soutien aux prochaines élections prévues en 2025 et 2026.
Afrique australe
Le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) indique que des millions de personnes dans la région pourraient fuir en raison des risques de famine pendant la saison sèche d’octobre à février. La région fait face à un grave déficit de précipitations en raison du phénomène El Niño, qui a conduit au mois de février le plus sec en 100 ans, avec seulement 20% des précipitations attendues. Avant même la sécheresse, l’insécurité alimentaire et les besoins humanitaires étaient à un niveau élevé à cause de défis socioéconomiques tels que la cherté des denrées alimentaires et les conséquences de la crise climatique. La fenêtre d’opportunités pour éviter une crise d’ampleur est en train de se refermer. Il est urgent d’apporter un soutien aux communautés confrontées à des récoltes en baisse.
Réfugiés
Selon un rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, près de 3 millions de réfugiés dans le monde vont devoir se réinstaller l’année prochaine, en raison principalement de l’émergence des nouveaux conflits et des conséquences des changements climatiques. La réinstallation des réfugiés se fait dans des pays qui ont accepté de les accueillir de manière permanente, à leur discrétion. Le Haut-Commissariat appelle les États à redoubler d’efforts afin que les réfugiés aux besoins les plus pressants puissent se réinstaller. Pour la neuvième année consécutive, les Syriens sont en tête desdits besoin, puisque près d’un million d’entre eux doivent se réinstaller. Ils sont suivis par les réfugiés d’Afghanistan (558 00), du Soudan du Sud (242 000), les Rohingya du Myanmar (226 000), du Soudan (172 000) et de la RDC (158 000). Ces besoins ont également cru de manière significative dans les Amériques.
Journée internationale
Aujourd’hui est la Journée internationale de la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Les produits de la pêche sont capitaux pour la sécurité alimentaire. Les efforts pour une pêche durable se heurtent aux activités de pêche illicites et non-réglementées.
Invité
L’invité du jour est le directeur du Programme alimentaire mondial en Haïti, M. Jean-Martin Bauer.